Résistance - archivesroyalistes.org · des peines de prison sanc tionneront tout manquement aux...

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Sanctions Ils veulent bien faire, ils font n'im porte quoi. Qui ? Nos parlemen taires. Pourquoi ? Parce qu'ils réfléchissent et légifèrent dans une hâte brouillonne. A quel propos ? A propos de la Toile, objet (utile) de toutes les convoiti ses et de tous les fantasmes. Ainsi, l'Assemblée natio nale a adopté en deuxième lecture un texte disposant que les éditeurs de service en ligne doivent pouvoir identi fier toutes les personnes mo rales et physiques auxquelles ils offrent un site - par exemple celui de notre revue Cité. De fortes amendes et des peines de prison sanc tionneront tout manquement aux dispositions prévues par le législateur, l'hébergeur étant notamment tenu de constituer la liste de tous les hébergés et de la tenir à la disposition du public. Mais la disposition qui est encore en navette parlemen taire aurait pour effet de fournir gratuitement d'énor mes fichiers de clients aux commerçants plus ou moins scrupuleux qui opèrent sur la Toile, sans que les héber gés puissent s'y opposer. Voulant moraliser le marché, on favorise le marché aux voleurs. Il est encore temps de s'opposer à ce texte imbécile. HISTOIRE Des royalistes dans la Résistance isbonne La victoire des ultras dees La culpabilité humaine p.9 DU 3 AVRIL AU 16 AVRIL 2000 30' année - Numéro 747 20 F

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S a n c t i o n s

Ils veulent bienfaire, i ls font n'imp o r t e q u o i . Q u i ?N o s p a r l e m e n

ta i res . Pourquoi ? Parceq u ' i l s r é f l é c h i s s e n t e tl é g i f è r e n t d a n s u n e h â t ebrouillonne. A quel propos ?A propos de la Toile, objet(utile) de toutes les convoitises et de tous les fantasmes.

A ins i , l 'Assemb lée na t ionale a adopté en deuxièmelecture un texte disposantque les éditeurs de service enligne doivent pouvoir identifier toutes les personnes morales et physiques auxquellesils offrent un site - parexemple celui de notre revueCi té . De for tes amendes e tdes peines de prison sanctionneront tout manquementaux dispositions prévues parle législateur, l'hébergeuré t a n t n o t a m m e n t t e n u d ec o n s t i t u e r l a l i s t e d e t o u s l e shébergés et de la tenir à ladisposition du public.

Mais la disposition qui estencore en navette parlementaire aurait pour effet defournir gratuitement d'énormes fich ie rs de c l i en ts auxcommerçants p lus ou moinsscrupuleux qui opèrent surla Toile, sans que les hébergés puissent s'y opposer.Voulant moraliser le marché,o n f a v o r i s e l e m a r c h é a u xvoleurs. Il est encore tempsde s 'opposer à ce tex tei m b é c i l e .

H I S T O I R E

Des royalistesdans la

Résistance

isbonne

La victoired e s u l t r a s

d e e s

La culpabilitéh u m a i n e

p.9

DU 3 AVRIL AU 16 AVRIL 2000 ■ 30' année - Numéro 747 ■ 20 F

Tribune

Eh, la France ITon armée fout le camp...

de la francophonieLe Corps européen (CE) appelé maintenant Eurocorps est-il l'avenir de

1 Armée française ? Cette question n'aura pas de réponse ici,mais ce qui est d ores et déjà sûr, c'est que l'Eurocorps n'est pas l'avenir

de la langue française.

Ainsi, Alain Richard, lem i n i s t r e d e l a D é f e n s enationale, a, en réponseà J a c q u e s M y a r d(député des Yvelines),

justifié l'emploi de l'anglaiscomme la langue « opérationnelle » de ce corps, disposition qu'il juge naturelle puisque cette unité agissait « dansu n e n v i r o i m e i n e n t O T A N o u

européen ».Qui a donné cet accord alors

que la Constitution françaiseen son article 2 dispose que« La langue de la Républiqueest le français » ? « Les Étatsmembres du CE » répond lem i n i s t r e , c e s o n t a i n s i l e srep résen tan ts d 'un vagueassemblage d'États qui sousc o u v e r t d ' u n e d é c i s i o n t e c h n i

q u e e t d e c i r c o n s t a n c e o n te x c l u n o n s e u l e m e n t l e f r a n

çais mais aussi l'allemand,langues des deux pays fondateurs du Corps européenappelé alors Corps franco-allemand, au profit exclusif del'anglais.

a u c T e . A « ^ x j n a c c a e f t T ^ A N O a c N O . n A h

SOMMAIRE : p.2 : Eh. la France I Tonarmée fout le camp... de la francophonie- p.3 : La victoire des uttras - Agonie ? -p.4 : Bâton-La crise du logement social

p . 5 : K o s o v o a n 1 - p . 6 / 7 : D e sroyalistes dans la Résistance - p.8Philibert - De la raison dans l'Histoire -p 9 : La culpabilité humaine - p.10/11 :1^ 19e congrès de la NAR - p. 12 :E d i t o r i a l D e s h o m m e s s a n simpor tance

RÉDACTION-ADMINISTRATION17, ruedes Petits-Champs,

7 5 0 0 1 P a r i sTé léphone:01 .42 .97 .42 .57Télécopie: 01.42.96.05 53

Dir. publication : Yvan AU MO NTCom. parit. 51700-ISSN0151-5772

L'anglais se voit de plusaffubler d'une nouvelle distinction linguistique, à savoir :celle de « langue opérationnelle ». Seuls les sigles anglo-américains « UN » sur lesvéhicules de nos casques bleuset « KFOR » de ceux de nosmilitaires engagés en Yougoslavie sont apparents. LaFrance n'est ainsi plus visibledans un monde où l'image etla représentation symboliquepriment.

Mais notre ministre ajoute :« ia place de la langue âan-çalse au sein du Lutur coips deréaction rapide européen nedevrait pas être oublié », nousvoilà rassurés ! Toutefoisl'emploi du conditionnel tempère cette modeste garantie etlaisse prévoir de nouvellesdéconvenues qui seront expliquées par des nécessités opérationnelles, techniques, fonctionnelles, tactiques, stratégiques, etc. Ces explicationsseron t , soyons-en cer ta ins ,m o u v a n t e s e t c o m m e u n e

organ isa t ion dé fens ive submergée... élastiques.À quoi sert la francophonie

si la France n'est plus audible,si sa politique n'est plus affirmée en français par ses représ e n t a n t s c i v i l s o u m i l i t a i r e s ?Si la France ne parle plusfrançais, quelle influence,quelle vision du monde pouv o n s - n o u s t r a n s m e t t r e a u x

pays qui ont le français enpa r t age ? R ien , s i non desparoles creuses d'une nationsans avenir, sans saveur, sansgénérosité qui ne croit pluspouvoir, même symboliquement, changer le monde.

Alors, ce n'est vraiment pas

la peine de chanter la Francophonie avec un grand « F »dans de grands-messes alorsque de façon subreptice legouvernement accepte l 'anglo-américain comme la langue del ' e f f i c a c i t é a u s e i n d e s e smissions premières, la défenseet la diplomatie.

Ces responsables « franç a i s » s o u h a i t e n t , d e t o u t el'évidence des faits, fondre lesFrançais et le français dans lemodèle anglo-saxon. Ce nouveau paradis de l'homme nouv e a u s o u m i s a u x d i k t a t s d e l anouvelle économie déréglée etparlant la langue unique etobligatoire ; celle de « l'efR-cacité opérationnelle » pourreprendre l'expression humiliante, pour tout francophone,du min is t re de la Défense.

C'est aux citoyens de refuserl a m o r t a i m o n c é e d ' u n e l a ngue, d'une civilisation et de sedresser pour que la visionouverte au monde que représ e n t e e n c o r e l a F r a n c e d e l aL i b e r t é p u i s s e c o n t i n u e rd'offrir une voie autre quec e l l e d e l ' é c o n o m i e d e m a r c h ésans règle et sans espoir.

Lisbonne

M a r c F A V R Ed ' É C H A L L E N S

Marc Fav re d 'Écha l l ens es t admin i st rateur de l 'associat ion Défense de /atangue française (8 rue Roquépine,75008 Paris).

P r o m o t i o n l i b r a i r i eBelles éditions - Disponibles en quantité limitée.

♦ Ernest Renan - Qu 'est-ce qu 'une Nation .''prix franco : 100 F.♦ Louis XrV - Mémoires pour l'instruction du jDauphin - prixfranco : 100 F.♦ Benjamin Constant - De l'esprit de conquête - franco : 100 F.♦ Michel de L'Hospital - Discours pour ia majorité deCharles IX- prix franco : 96 F.♦ Maréchal Lyautey - Paroles d'action - prix franco : 110 F.♦ Henri Massis et de Tarde - Les Jeunes gens d'aujourd'hui-prix franco : 100 F.

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ROYALISTE, 17, rue des Petits-Champs, 75001 PARIS - OOP 18 104 06 N Paris

L a v i c t o i r e d e s u l t r a s

Rouges

Les ultra-libéraux ont gagné. Et Lionel Jospin acapitulé. Telle est l'affligeante conclusion dusommet économique et social de Lisbonne qui

annonce, entre autres catastrophes, la liquidationde nos services publics.

Ce fut un reniementdans la grande tradition jospiniste.

Un ren iement en ca t imini, loin de Paris qui

r e t e n t i s s a i t e n c e v e n d r e d i 2 4mars des slogans lancés contreAllègre et son enseignement àl'américaine par des dizainesd e m i l l i e r s d e m a n i f e s t a n t s .Un reniement avec des phrasesalambiquées et des parolesmensongères ; en jospinienbasique, modernisation estsynonyme de libéralisation,adaptation signifie liquidation,réal isme veut d i re t rah ison.

Quand Jospin jospine, il croitq u e n o u s n e c o m p r e n o n s p a sl'infra-verbiage libéral qui sec a c h e s o u s s e s d é c l a m a t i o n s

classiques. Mais, en trois ans,nous sommes devenus parfait e m e n t b i l i n g u e s e t l e scitoyens distraits ont été avertis par la presse jospinistee l l e - m ê m e d e s c i r c o n s t a n c e sde la capitulation.

Capitulation totale, due àl'isolement du chef de gouvern e m e n t « s o c i a l i s t e » . S o u s

l'égide de Tony Blair, liquida-

V o u s a v e z u n ea d r e s s e i n t e r n e t ?

D o n n e z - l a n o u s :n o u s v o u s i n s c r i r o n s a us e r v i c e d e s d é p ê c h e sd'"Actualités royalistesCe service est gratuit.

N o t r e a d r e s s e ;

[email protected]

teur du travaillisme anglais, la« troisième voie » a effacé la« deuxième étape » qu'onnous présentait en septembrecomme la doctrine rajeunie dusocialisme à la française. Laligne idéologique des Quinzeréunit le droitiste Aznar et lesocial-démocrate Schroder surdes mots d'ordre qui réjouissent Jacques Chirac. On saitavec quel bonheur notre président se prépare à se présentercomme la synthèse de l'appa-ratchik de la corporation agricole et de l 'al lumé de la« startup » (1).Capitulation en gros. Lionel

Jospin n'a pas discuté leconcept à la mode de « nouvelle économie » - cette illusion américaine répandue enFrance par un sémillant ministre devenu gibier de jugesd'instruction. Il a entériné lapromesse mensongère d'une« économie de la connaissance » favorisant la cohésionsociale - car cette économie, àsupposer qu'elle existe tellequ'on l'imagine, sera nécessairement réservée à l'élite dusavoir et du pouvoir. Il nes'est pas inquiété du sérieuxdes déc la ra t i ons annonçan tune croissance à 3 %, alorsque les l ibéraux ont pourprincipe de se soumettre auxaléas de la conjoncture. 11 acouvert l ' imposture d'un« plein emploi » qui seréduira à ce que les anglo-saxons nomment la « pleineemployabilité » du chômeure n a t t e n t e d ' u n t r a v a i l à

n'importe quelles conditions età n'importe quel bas prix.

Capitulation dans le détail,puisque les Français se sont« résignés » selon le motd'Hubert Védrine à ce que lechancelier autrichien participen o r m a l e m e n t a u x t r a v a u x d e s

Quinze. Capitulat ion sanscondition puisque Lionel Jospin a déclaré que les servicespublics français « doiventévoluer » et qu'il fallait doncprocéder à la libéralisationaccélérée des secteurs du gaz,de l'électricité, de l'eau, desservices postaux, des transports « y compris l'utilisationet la gestion de l 'espacea é r i e n » e t d e s t é l é c o m m u n ic a t i o n s .

La déc la ra t ion fma le du sommet a imonce également queles régimes de protectionsociale devront être « adaptésdans le cadre d'un État socialactif de manière à ce qu'il soiti n té ressan t de t r ava i l l e r » ,charabia qui laisse entrevoirune privatisation elle aussiaccé lé rée . Sous l ' u top iemoderniste de l'Internet, sousle slogan de l'économie de laconnaissance que contredit lesaccage effectif de l'enseignement public dans notre pays,un programme prémédité derégression sociale qui seraconçu et appliqué dans unetotale indifférence à l'égardd e s d i z a i n e s d e m i l l i o n sd'Européens qui sont privésde travail et qui vivent dans lapauvreté.

Le peuple français n'acceptera pas cette sauvagerie.

Sylvie FERNOY(1) Start up : entreprise hautementspéculative, utilisant les techniquesmodernes de l'informatique et de lac o m m u n i c a t i o n .

Agonie ?

Comme ils doivent souff r i r ! Te l f u t l e c r i d ucoeur de la pr incesseC h a n t a i d e F r a n c e ,alors qu'un dirigeant dela NAR lui exposait

voici quelques armées les diff i c u l t é s d u P a r t i c o m m u n i s t efrançais.

Telle est notre pensée, aprèsle congrès d'un parti qui n'enfmit pas de mourir. Nousn'oublions pas notre dénonciat i o n d u t o t a l i t a r i s m e n i n o sc o m b a t s c o n t r e l e s s t a l i n i e n s .Mais dans nos plus violentespolémiques nous avons gardétoute notre admiration pour lesr é s i s t a n t s c o m m u n i s t e s e tnotre sympathie pour tout unpeuple militant qui cachaits o u s u n l o u r d s e c t a r i s m e u n e

générosité vraie et un patriot i sme fe rven t .

Nous voulions publier notreanalyse du congrès de Marti-g u e s . N o u s l e f e r o n s e nd'autres occasions, pour quenos critiques ne soient pasconfondues avec les parolesarrogantes, cyniques, tombéesde la bouche des hiérarquessoc ia l is tes .

Littéralement abject, lemépris de tel apparatchik sousle coup d'une condamnationpénale, de tel sénateur fabiu-sien, de tel courageux dirigeant qui insulte anonymement des électeurs qu'il sollicitera aux prochaines municipales.

Parmi ces messieurs, beaucoup d'anciens communistes,naguère d'obédience trotskiste,qui ont trahi leurs convictionset qui, maintenant, participentallègrement à la liquidation dusocialisme français. Ces renégats font un calcul efficace etrentable à t rès court terme. I ls

apprendront bientôt, à leursdépens, que la mort du Partin'a pas détruit la passion communiste de la justice.

A n n e t t e D E L R A N C K

Royal is te 747 Royaliste 747

Medef

B â t o n

Volant de victoire en victoire, le Medef poursuitson offensive généralea v e c u n e v i o l e n c einouïe. Et les syndicatscontinuent de négocier,

a v e c u n e b o n n e v o l o n t é -désarmante. Actuellement, labataille porte sur l'assurance-chômage. Le 17 mars, DenisKessler (première gâchettechez le baron Seillière) a proposé que soit offert à chaquechômeur un « service personnalisé » à la manière anglo-saxonne : après bilan de sesc o m p é t e n c e s , t o u t c h ô m e u rqui refuserait « une ou piu-sieurs offres d'empiois » verr a i t s e s a l l o c a t i o n s r é v i s é e s àla baisse. C'est reprendre lepréjugé, actualisé récemmentpar Alain Mine, selon lequelles chômeurs seraient pour laplupart des paresseux.

E n f a i t , l e M e d e f v e u tcontraindre les travailleurs priv é s d ' e m p l o i à a c c e p t e rn'importe quoi et propose desupp r imer l e p r i nc i pe del'assurance-chômage au profitd'un système punitif où l'ondonnerai t à chois i r entre unpetit bout de carotte et un groscoup de bâton. Dans la foulée,le Medef a présenté le 22 marsson projet sur la médecine dutravail, qui pose le principed'un « contrat de partenariat » entre l'entreprise et unm é d e c i n l i b é r a l . O n d e v i n eque les congés-maladie et les« indemnisations spécifiques » l i ées aux acc i den t sseraient réduites au minimumpar des praticiens soucieux dene pas perdre la confiance deschefs d'entreprise.

Régime du placement forcé.D e s t r u c t i o n d e l a m é d e c i n e d ut rava i l i ndépendante . Lesconfédérations ouvrières protestent, mais acceptent de disc u t e r s u r l ' i n a c c e p t a b l e . Aquand la rupture ?

Rétrospective

L a c r i s edu logement social

mpasse

Au moment où le Parlement discute un projet deloi relatif à la solidarité et au renouvellementurbain, il est bon de se rappeler des efforts

précédents et de certaines bonnes intentions quipavent le parc du logement social depuis une

vingtaine d'aimée.

M a r i a D A S I L V A

" ^ n 1945 la situation du

H logement est catastrophique. Entre 1945-1950 laj priorité est â la remise

' ™ en route de l'appareilproductif, mais la construction,en 1946, â Marseille, de la« cité radieuse » de Le Cor-busier symbolise l'habitat collectif industriel et fonctionna-liste des années 50-60, tandisque la loi de 1948, en instaurant une réglementation desloyers et l'institution de l'allocation logement, marque ledébut de l ' intervent ionnismed'État.

A partir de 1950, le logement devient une prioriténationale. La crise du logement atteint son paroxysme :il faut non seulement reconst ru i re e t amél io re r l ' hab i ta tmais aussi faire face à l'exoderural, ainsi qu'au début du« b a b y b o o m » . L ' a b b éP i e r r e r é v è l e à l a F r a n c el'ampleur de la crise. On voitalors apparaître à la périphériedes villes des chantiers spectaculaires comme ceux de Sarcelles, Nancy (Le Haut duLièvre), de la Coumeuve (lacité des 4000). L'arrivée d'unmillion de rapatriés d'Algérieaccentuera la pression.

Malgré un contexte de crise(décolonisation, guerre civile,décollage industriel...) l'effortconsacré au logement, et singulièrement au logementsocial, est quantitativementconsidérable : 72 000 logements en 1950, 412 000 en1965, 550 000 au début des

années 70). L'intervention étatique aboutit â la constitutionprogressive et impressionnanted'un appareil législatif etréglementaire, d'un systèmede fmancement, de programmation et de production. Entre1965 et 19*75, l 'att i tude del'État évolue. La politique dulogement est désormais unec o m b i n a i s o n d ' i n t e r v e n t i o n srég lementa i res , de subventions, d'épargne privée et deslo i s du ma rché . L ' access i on âla propriété ainsi que l'investissement immobilier de rapport se développent.

Si cette période a apporté lapreuve qu'une nation peutrelever, dans un contexte diffic i le un te l déf i soc ia l , sonbilan comporte aussi desombres : des logementspériurbains mal construits,éloignés des lieux de travail etde la vie urbaine, un dépérissement des grands ensembles,une ségrégation socio-économique qui réserve les sites lesp lus demandés à ceux qu ipeuvent en payer le prix. Croisés avec le vieil l issement de la

population, la transformationdu modèle familial, la montéede l'accession â la propriété,conjugués avec le ralentissemen t de l a c ro i ssance écono

mique et du pouvoir d'achat,la montée des lois du marché,les ingrédients de la crise quenous connaissons depuis lesannées 80 sont en place.

De fait, depuis vingt ans, lacrise du logement n'a cessé deprendre une tournure de plus

en plus dramatique : c'est 200à 500 000 personnes quiseraient totalement exclues dulogement et d'après la Fondation Abbé Pierre 5 millions deperso imes son t touchées â desdegrés divers par le mal-logem e n t .

C'est pourtant une gaucheissue en grande partie du mouvement associatif et municipalqui inspira les politiques de laville et du logement censéesdepuis plus de vingt ans luttercontre la ségrégation sociale,la dégradation du milieu etl'insécurité. Les rapports etplans pour sauver, réinventerla v i l le , la rendre hab i tab len'ont pas manqué, ni mêmeles milliards. La multiplicationdes dispositifs, commissions,observatoires, l'apparition demétiers n'ont pas non plusenrayé les processus d'exclusion du logement et de dégradation de l'habitat.

Alors qu'attendre de l'actuelprojet de loi et de son ambition de solidarité ? Rien. Puisque la précarisation a de beauxjours devant elle, puisque ladégradation du service publicva se poursuivre, puisque lasoumission des organismesHLM aux lo is du marché etaux régies de la gestion privées'accentuera encore et puisquep l u s a u c u n a c t e u r n e c r o i tsérieusement au progrèssoc ia l .

Arrêtons de croire quel'ultime avatar du cynismepourra produi re aut re choseque la désespérance. Le logement es t un d ro i t f ondamenta l .La révolte pourrait bien led e v e n i r .

K o s o v o a n 1

Un an après les accords de Rambouillet et ledébut de l'opération « force alliée », le ton n'en

finit pas de monter au Kosovo et tout autour,prélude à de nouvelles interventions.

J e a n L U I G N É

a f o r c e d ' i n t e r v e n t i o n

al l iée au Kosovo, sousc o m m a n d e m e n t O TA N ,

I e s t f o r t e d ' e n v i r o n• 4 0 0 0 0 h o m m e s d o n t

30 000 son t e f fec t i vement s tat i onnés au Kosovo e t d i x m i l l ee n M a c é d o i n e c o n s t i t u a n t l aréserve stratégique. Du 19mars au 10 avril, une partie dec e s d e m i e r s s o n t e n t r é s a uKosovo pour participer à desm a n o e u v r e s i n t i t u l é e s« Riposte dynamique ». Il nes 'ag issa i t pas seu lementd' impressionner les mi l i tantsalbanophones ou serbophonesde plus en plus remuants àt r a v e r s l a p r o v i n c e . C e l an'aurai t pas suffi conmie onl ' a v u l o r s d e s r e c u l a d e s d eM i t r o v i c a . L a s i t u a t i o n n ' e s t

pas seulement électrique auxa b o r d s d e l ' e n c l a v e s e r b ed e m e u r é e a u K o s o v o . E l l el'est â travers toute la province ; elle l'est soudain dansune enclave albanophone âl ' i n t é r i e u r d e l a S e r b i e e l l e -même (60 000 persoimes ?),proche de la Macédoine ; ellel'est toujours autant au Monténégro. Et l'on reparle de laV o ' i v o d i n e a u x c o n fi n s d e l aHongr ie . Pourquoi ce retouru n a n e n a r r i è r e ?

Parce qu'aucun problème defond n'est réglé. On a pétrifiéla situation sous une chape deplomb. Les fumées se dissipant, on retrouve les réalitésde toujours.

Les frappes aériennes du 24mars au 20 juin 1999 étaientcensées imposer la mise eno e u v r e d e s a c c o r d s d e R a mb o u i l l e t . C e s a c c o r d s p r é

voyaient une « autonomiesubstantielle » du Kosovo etune entière liberté de circulation des forces de l'OTAN surl'ensemble du territoire del'ex-Yougoslavie. Ce dernierpoint avait décidé de la rupture. Pourtant il y avait lâquelque logique : si leKosovo ne doit pas devenu"indépendant, et si a fortiori illui est interdit de constituerune « grande Albanie », ildoit demeurer dans l'ensembleyougoslave, par exemplecomme une troisième république fédérée avec la Serbie etle Monténégro. La seule alternative à l'indépendance estdonc la réforme de l'ex-You-goslavie dans son ensemble.Ce qui suppose parallèlementl'inculpation de M. Milosevicdevant le tribunal pénal international de La Haye (il 1 estdepuis le 22 mai 1999 maisles Américains viennent seulement de mettre sa tête â prix).Celui-ci semble reprendre cesjours-ci du poil de la bête,comme par hasard...

Les États-Unis doivent doncclairement décider ce qu'ilsveulent : une grande Albaniecomme on leu r en p rê tel'intention et donc automatiquement l'indépendance duMonténégro et peut-être desrecti f icat ions de frontièresavec la Serbie et la Macédoine. Ou bien une nouvellefédération rénovée de l'ex-Yougoslavie avec Milosevicen moins. Tant qu'on n aurapas choisi, il n'y aura aucunesécurité ni aucune administrat ion digne de ce nom au

K o s o v o . C e n ' e s t n i l a f a u t edes albanophones, ni des serbophones, ni du général Clark,ni du contingent français, nide M. Kouchner. Les respons a b i l i t é s s o n t c l a i r e m e n t àWashington.

Faute de mieux : car on peuts'étonner que l'Europe ne sesaisisse pas de ce problème âbras le corps. Washington, sil'on y était de bonne foi etque l'on n'y intriguait pasavec les uns et avec les autres,aurait raison de reprocher auxEuropéens de ne pas savoir,e u x , c e q u ' i l s v e u l e n t . E nréalité, ceux-ci savent ce dontils ne veulent pas : indépendance du Kosovo ou grandeAlbanie, qui seraient des calamités pour toute l'Europe,mais ils ont peur de vouloir cequ'ils veulent, c'est-â-dire unenouvelle ingérence dans lesaffa i res in té r ieures de l 'ex -Yougoslavie.

Résultat : ils risquent commepar le passé d'avoir â nouveaul'ingérence, mais au profit dela solution dont ils ne veulentpas ; le regroupement ethnique, sous la forme d'une intervent ion ter rest re au sud-est dela Serbie.

I l sera in téressant de vo i r ce

qu'en pensera le nouveau maît r e d u K r e m l i n q u i a s umagnifiquement retourner leprécédent de l'interventionalliée au Kosovo au profit desa propre intervention enTchétchénie. Pour entériner savic to i re â Moscou, ne pourrions-nous pas lui demanderun petit coup de pouce intéressé à Belgrade au risque dele voir jouer dans la main desÉtats-Unis ?

Y v e s L A M A R C K

B R E V E S♦ RUSSIE - lekaterinbourg est enpasse de devenir un lieu de pèlerinage pour les Russes. La maisond e l ' i n g é n i e u r I p a t i e v, d a n slaquelle a été assassinée la familleimpériale russe en 1918, n'e.xisteplus. Située en plein centre-ville,e l l e a é t é r a s é e e n 1 9 7 7 , B o r i sEltsine étant alors premier secrétaire du PC de la ville. Depuis,malgré les promesses des nouvelles autor i tés de laisser construireune ca thédra le sur le te r ra in , cedernier est caché à la vue du publicpar d'énormes panneaux de bétongris. Cela n'empêche pas les fidèles d'avoir construit un petit édificeprovisoire en bois où est célébré unoffice religieux quotidien qui attirede plus en plus de pèlerins, ycompris des classes entières amenées par leurs écoles.♦ ITALIE - Sévère échec pour lespartisans de l'abrogation de l'exilqui frappe les héritiers du trôned'Italie. S'appuyant sur le Rappopsur les droits Jjumains qui qualifiaitc e t e x i l c o m m e « u n c h â l i m o n t

crue! qui ne pieut avoir de placedans une Europe moderne » legroupe conservateur des députéseuropéens avait déposé une motionqui appelait l'Italie à abolir cettemesure. Cette motion a été repoussée par le Parlement européen par256 voix contre 173 et 13 abstent i o n s . C e t t e d é c i s i o n a u r a i t é t éprovoquée en partie par une déclaration du prétendant, il y a troisans, au sujet des lois raciales de lat é r i o d e m u s s o l i n i e n n e . S i t e l é t a i te cas, on pourrait faire remarquer

aux députés européens qu'unedéc lara t ion , même maladro i te , nesuffit pas à justifier une mesureinique comme l'exil, frappant despersonnes seulement coupablesd'être les fils de leur père.♦ M A R O C - L e r o i d u M a r o cM o h a m m e d V I a e f f e c t u é e nFrance une visite de quatre jours,la première visite d'État qu'ileffectue à l'étranger depuis sona c c e s s i o n a u t r ô n e . 11 é t a i t a c c o m

pagné de sa soeur cadette laprincesse Lalla Hasna. Reçu par leprésident de la République avecdes honneurs tout à fait particuliers, le roi a tenu, lors de sonallocution, à évoquer d'abord lamémoire de son père le roi Hassan 11 et sa participation, en 1999à Paris, quelques jours avant sam o r t , à l a f ê t e n a t i o n a l e d u 1 4juillet, participation qui « donnaitune dimension inédite à ia communauté de nos idéaux et à ia r ichesinpuiarité de nos destinées ».Soulignant les liens privilégiés quiunissent la France et le Maroc leroi a souligné « ia force et iaiépitimité du partenariat différent,ambi t ieux et novateur que ieMaroc et /a France veulent prom o u v o i r e t c o n s t r u i r e e n s e m b l e ,[... ] c 'est ie projet qui me mobilisedésqrmaisi^.♦ AUSTRALIE - Au grand éton-n e m e n t d e s m é d i a s l o c a u x , l eséjour de quinze jours que la reineÉlisabeth a effectué en compagniedu duc d'Édimbourg en Australie aété le plus populaire de ses voyages depuis sa première visite en1954. 11 est vrai qu'il survientaprès le référendum historique dumois de novembre dernier qui a vule projet d'instauration de la république repoussé par une nettemajorité d'Australiens.

H]es lycéennes, desécrivains, des ducs etd e s c o m t e s , d e s

commerçants et desofficiers supérieurs, desespions et desdynami teurs , des

propagandistes, des maquisards, des gensde droite et d'autres plus à gauche : telsétaient les royalistes dans la Résistance,à Londres et à Alger, à Paris, dans leVercors, sur les fronts de Normandie etd'Alsace - dans les prisons vichystes etdans les camps de la mort. François-Marin Fleutot a retrouvé des centaines deces patriotes. Dans un livre qui vient deparaître, i l évoque ou raconteprécisément leur histoire et révèle lerôle, modeste ou décisif, que jouèrent leshommes et les femmes de notre traditiondans la libération de la France.

Des royalistesdans la Résistance

rançois-Marin Fleutot adonné à son ouvrage letitre adéquat. Non pas« L a R é s i s t a n c e d e s

royalistes », qui laisserait supposer l'existence d'unefraction organisée au sein del a F r a n c e c o m b a t t a n t e . N i« La Résistance royai iste »,car il y aurait eu soupçond ' u n e t e n t a t i v e d ' a n n e x i o nd'une histoire qui est celle detous les rés is tants , s i d i f féren ts , qu i l ' on t éc r i te , ma is« D e s r o y a l i s t e s d a n s l aR é s i s t a n c e » .

Ces cinq mots signifient quela Résistance, pour les royalist e s d e s a i m é e s n o i r e s c o m m epour leur historien, est principe transcendant et cause unifiante pour toutes les famillesspirituelles et toutes les traditions politiques qui y ont participé. Parmi ces dernières, il yeut « des royalistes » : desfemmes e t des hommes detradition royaliste, mais pastous les royalistes ; des résistan ts f i dè les à l ' i dée monarch ique mais qui, trop nombreux,ne sont pas tous recensés.

Pas de gloriole, donc, ni detimidité. Jusqu'à présent, l'histoire des royalistes pendantl'Occupation se limitait à cellede l'Action française, et l'onse contenta i t , comme je l 'a ifait dans mon histoire du royalisme, de citer quelques nomsde royalistes , résistants et derelever quelques-unes de leursa c t i o n s . L ' e x c è s d ' h u m i l i t éconfortait le préjugé courant :u n m o n a r c h i s m e m a s s i v e m e n t

rallié au maréchal Pétain, résumant la trahison de la droite etdes hautes classes.

F r a n ç o i s - M a r i n F l e u t o tn'ignore pas les égarements deMaurras, et cite les « grandsn o m s » d e l a « v i e i l l eFrance » qui se perdirent dansla politique de collaboration(Femand de Brinon) et desanciens royalistes qui seretrouvèrent à la Mil ice - àc o m m e n c e r p a r s o n c h e f ,Joseph Damand. L'Occupation fut une période de guerrecivile, qui divisa tous lescamps et toutes les classes : laCollaboration rassembla aussides communistes renégats(Jacques Doriot), toute unegauche pacifiste, des socialistes comme Marcel Déat. Il yeut aussi dans la Résistance,des gens de droite, des nobles,des bourgeois, des royalistes.

Des royalistes humbles ouglorieux, héros et martyrs, detous âges et conditions, entous lieux où des Françaisrésistèrent, dans toutes les formes et formations de combat,à tous les moments de laRésistance - de juin 1940jusqu'aux dernières campagnes de la guerre de libération.

Parmi les résistants des premiers jours ? Daniel Cordier,le futur secrétaire de JeanMoulin, le duc de Choiseul-Praslin, dont François-MarinFleutot brosse un magnifiqueportrait, l'alsacien Paul Dun-gler, qui fondera le réseauM a r t i a l .Parmi les Quatre-vingt qui

votèrent contre les pleins pouvoirs au maréchal Pétain ? Le

marquis Pierre de Chambrunet le marquis Léonel de Mous-tier - ce qui montre que lesfossoyeurs de la IIP République n'étaient pas monarchist e s , m a i s r é p u b l i c a n i s t e sc o m m e P i e r r e L a v a l e t P h ilippe Pétain.

Parmi les mani festants du 11novembre 1940 ? Edwige deSain t -Wexe l , Jean Ebste in-Langevin, Jacques Dupont ettant d'autres jeunes royalistesparisiens.

P a r m i l e s o f fi c i e r s e t l e sofficiers supérieurs ? Charlesde Gau l l e es t de t r ad i t i onroyaliste, comme le général deLattre de Tassigny, le généralde Montsabert, comme le capitaine Philippe de Hautecloque,futur général Leclerc, commele l ieutenant Claude Hett ier deBoislambert, qui fut le premiermilitaire à rejoindre de Gaulleà Londres.

O n r e n c o n t r e d e n o m b r e u xroyalistes dans les réseaux derenseignement, ainsi le célébréGilbert Renault/ Colonel Rémyqui fonde la Confrérie Notre-Dame, Jean Eschbach (réseauA j a x ) , C l a u d e L a m i r a u l t(réseau Jade-Fitzroy), Jean-Louis Vigier (ORA), Hubertde Lagarde qui permit, entreautres exploits, la destructionde l a d i v i s i on SS Hohens tau f -fen en mai 1944, ou encoreBernard de Chalvron (Super-NAP).

D ' a u t r e s e x e r c e n t d e h a u t e sresponsabilités dans les ForcesF rança i ses de l ' I n t é r i eu r :ainsi Hubert de Lagarde quireprésente le BCRA au Comitémilitaire d'action (COMAC) et

le colonel du Jonchay, chef decabinet de Dejussieu-Pontcar-ral, chef de l'Armée Secrète.

Deux royalistes parmi lesprincipaux auteurs d'attentats :Colette, qui blessa Laval, etBonnier de la Chapelle qui tuaD a r l a n .

Des royalistes aussi parmi lesprêtres résistants : l'abbé deDar te in , p récepteur dudeuxième comte de Paris, lePère de Nauroy, aumônier ducommando Kieffer, l'abbé Cordier à Alger.

D a n s l e s M o u v e m e n t s , l ecolonel Dutheil de la Rochére

figure parmi les fondateurs duréseau/mouvement du Muséede l 'Homme, Char les d 'Aragon est à Combat.

B ien en tendu, on re t rouvedes royalistes partout où l'oncomplote, partout où l 'onespionne, partout où l'on sebat avec des pains de plasticou à l 'a rme lourde.

A Londres, voici Élisabethde Miribel qui tape le texte del ' a p p e l d u 1 8 J u i n a v a n td'aller représenter la Francelibre au Québec. A Vichy, lecolonel Groussard, figureemblématique des services

secrets, tisse sa trame en compagnie d'autres royalistes. AAlger, Henri d'Astier de laVigerie, Alfred Pose, MarcJacquet jouent un rôle majeurdans les complots de l'année1942. Du Brésil, Georges Bern a n o s l a n c e l e s m e s s a g e spatriotiques et révolutionnairesque nous connaissons. AParis, la librairie Au voeu deLouis Xlll est un point der e n c o n t r e t r o p c o n n u : e n1943, plus de cinquante résistants seront capturés dans laboutique transformée en souricière par la Gestapo. A Parisencore, un tout jeune résistant,royaliste fervent, PhilippeBoiry, participe à l'attaque del'hôtel Meurice où von Chol-titz sera fait prisonnier. EnNormandie, Raymond Tribou-let, chargé d'administrer lepremier territoire libéré, seh e u r t e i m m é d i a t e m e n t a u xAméricains et impose, contreleur volonté, le Franc français- expression de la nation souveraine. Dans les Maquis, onrencontre Jacques Perret,coeur chouan sur la poitrme,qui racontera dans un de seslivres comment et pourquoi ilf i t « Bande à par t » , maisaussi Romans-Petit, qui commande dans les Glières tandisque d'autres royalistes dirigentdes unités du Maquis dans leTant, en Bourgogne, dans lesVosges, dans le Jura, enBigorre où s'illustre la « compagnie Lav arène » - du nomde son chef, Bernard de Lava-réne qui rejoindra avec seshommes la colonne Schneiderintégrée à l'armée de Lattre.

Que de martyrs. Honoréd'Estienne d'Orves, fusillé à laprison du Cherche-Midi, Jacques Renouvin, chef des groupes francs de Combat, mort àMauthausen, Raymond Tou-blanc, membre du réseau royaliste de l'Anjou, longuementtorturé par la Gestapo àA n g e r s , m o r t à N e u e n -g a m m e . . .

Ces noms, relevés parmi tantd'autres, indiquent que cesroyalistes, engagés dans toutesles résistances, s'inscrivaientde multiples manières dans latradition royaliste. Pour certains, de vieil le noblesse, leroyalisme se confondait toutsimplement avec le service del'État et le dévouement à lapatrie. D'autres étaient issusde la Ligue d'Action françaiseou des Camelots du roi (parexemple Michel de Camaret,parachuté en Bretagne en1944), ou diffusaient avant laguerre le Courrier royal ducomte de Paris. Beaucoupappartenaient à la vieille droitecatholique, d'autres avaientrejoint la démocratie chrétienne après leur rupture avecl 'Ac t i on f r ança i se (EdmondMichelet) ou se proclamaients o c i a l i s t e s m o n a r c h i s t e s . Tr è speu constituèrent des groupesspécifiquement royalistes, etl'on peut supposer que leursm o t i f s t e n a i e n t p l u s à l ac o n f i a n c e m u t u e l l e q u ' à l aconviction politique. Tous luttèrent, comme leurs ainés del a G u e r r e d e 1 8 7 0 e t d e l aGrande Guerre, parce que leurfidélité royaliste plus ou moinsa f f i rmée e t a f f i chée n ' ava i t desens que dans une Francel ibre, assurant la l iber té detous ses habitants. Cette primauté de la patrie impliquaitun engagement hic et nunc,dans des groupes et au seind 'un i tés où se re t rouvaient desh o m m e s e t d e s f e m m e s d etoutes traditions. Les plus antic o m m u n i s t e s f u r e n t l o y a u xa v e c l e s c o m m u n i s t e s - l aréciproque n'est pas toujoursvérifiée -, les plus hostiles aux« P-D » (membres du Part iDémocrate Populaire) rejoignirent parfois les groupes deTémoignage chrétien.Tous furent des rés is tants

parmi les autres résistants, quine songèrent jamais à constituer une force autonome, nimême identifiable, capable depeser sur le jeu politique àLondres dans la capitale libérée. Même à Alger, l'actionmenée par certains royalistese n f a v e u r d u c o m t e d e P a r i s

n'était pas conçue dans laperspective d'une restaurationmonarchique mais selon lalégalité républicaine et pour lalibération du pays.

C ' e s t c e t t e d i s c r é t i o n n a t urelle qui explique que lesroyalistes aient été aussi facilement oubliés après la Libérat i o n . L ' e f f a c e m e n t f u t d ' a u t a n tplus rapide et complet que lesprincipales formations politiques avaient intérêt à inscrirel a R é s i s t a n c e d a n s l ' a f f r o n t ement entre la droite (supposéepétainiste) et une gauche quin'était pas exempte de gravese r r e m e n t s . C h a r l e s M a u r r a s e tses disciples facilitèrent cetteopération de normalisation ens 'obst inant dans la défense dumaréchal Pétain et de Vichy.

C e l a d i t , F r a n ç o i s - M a r i nFleutot n'a pas écrit un livrede réparation et de compensation. Il ne s'agit pas d'équilibrer l'Action française, ou derelever le prestige royaliste aud é t r i m e n t d e s a u t r e s f a m i l l e spo l i t i ques . I n te r rogé pa rl 'auteur au cours de sa recherche sur mes parents, je peuxtémoigner de sa méfiance àl 'égard de lu i -même et auxminutieuses précautions qu'ila prises dans ses vérifications.Je sais aussi que les lecteursde son manuscr i t ont fa i t ta i releurs premiers sentiments, def i e r t é e t d e r e c o n n a i s s a n c e ,p o u r r e c h e r c h e r d a n sl'angoisse les erreurs, les facil i tés e t les fa i l l es de ce tex tequi leur paraissait trop beaup o u r ê t r e t o u t à f a i t v r a i .Passée l'épreuve, il m'apparaiteffectivement comme la plusbelle page de l'histoire desroyalistes.

François-Marin Fleutot noushonore, sans dévalor iser enquoi que ce soit les autresfailles politiques qui participèrent à la Résistance, et enéclalrpt de façon nouvelle,parfois surprenante (je pensea u x p a g e s s u r V i c h y ) c e sannées te r r i b les . Démarcheprudente, rigueur dans l'établissement des faits, volontéde comprendre et de fairecomprendre la complexité del'époque, sens du récit : voicil'ouvrage d'un historien.

B e r t r a n d R E N O U V I N

François-Marin Fleutot

Des royalistesd a n s l a R é s i s t a n c e

Prix franco 140 F

Royal iste 747 Royaiiste 747

Oriaina

P h i l i b e r tD e l a r a i s o n

d a n s r h i s t o i r e1 faut savo i r qu i t te r lesroutes balisées de la polit i que « respec tab le »pour s'aventurer sur lesc h e m i n s i n c e r t a i n s d e l a

marginalité. Bruno Fuligninous avait déjà régalé d'unesucculente géographie descryp ta rch ies , improbab lesroyaumes nés de la fantaisieou du rêve. Aujourd'hui, i ln o u s o f f r e l a s a v o u r e u s e b i ographie de Philibert Besson,« député, visionnaire et mart y r » .

Cet enfant du Velay devaitconnaître un dest in s ingul ier.Br i l lan t é tud iant , sans rech igner à la plaisanterie et à laprovocation ; engagé volontaire durant la Grande Guerre,sans être dupe de la propagande patriotarde ; ingénieuroptant pour la marine, sansc e s s e r d e c h é r i r s a r i v i è r e e tses montagnes, Philibert futbientôt piqué par la mouchede la politique, pour sa plusgrande gloire et sa plus grandem i s è r e .

La carrière lui importait peu.I l avait des idées, des idéestout à fait excentriques ; mettre le progrès au service desp l u s p a u v r e s , c o n s t r u i r el'Europe pour rendre la guerreimpossible, créer l'Europa unem o n n a i e c o m m u n e ! D e l a

pure folie ! Et pourtant, lesp a y s a n s d e l a H a u t e - L o i r el'élurent député en 1932. C'estensuite que les choses se gâtèrent. Déchu en 1935, PhilibertBesson prît le maquîs, efficacement protégé par ses électeurs, ridiculisant à qui mieuxm i e u x l a m a r é c h a u s s é e . To u tcela tournera bientôt au tragique. Au tragi-comique aussi,lorsque l'on .sait que c'estAntoine Pinay qui reprendrasa circonscription !

P a t r i c k P I E R R A N

Bruno Fuli^i - « Le Feu follet dela République », avec une préfaced'André Sanlini Èd. Guénégaud -prix franco : 149 F.

L'État met de la raison dans l'histoire passée,présente et à venir. Il est par conséquent toujoursmoderne et modemisatetir - à moi qu on en

fasse tm instrument de l'idéologie ou unemachine étrangère au droit.

Duisque la République estune pédagogie, selon lajuste maxime de ClaudeN i c o l e t , l e s c i t o y e n s .Inscrits ou non à l'uni

versité, sont tous des étudiants. Progressant dans lesavoir pol i t ique à mesurequ'ils prennent de l'âge, ilsmesurent chaque jour l'étendue de leurs ignorances. Combien, parmi les rédacteurs denotre journal éminemmentpolitique, ont lu Max Scheleret Guglielmo Ferrero ?

D ' o ù l a n é c e s s i t é , h i e rbanale, aujourd'hui contestée,de se donner de bons maitres,guidant nos pas dans lesbibliothèques et étudiant pourn o u s t o u t c e q u e n o u sn'aurons jamais le temps deconnaître. Simone Goyard-Fabre est de ceux-ci. Professeur émérite de philosophie,el le a consacré sa vie â laphilosophie politique moderneet les ouvrages qu'elle aconsacrés â Montesquieu, àLocke, â Kant et surtout àJean Bodin forment, avec biend ' a u t r e s l e c t u r e s e t r é f l e x i o n ssavantes, la boime et bellematière d'un manuel qui traitetout simplement de l'État (1).

Grâce â elle, nous sommese n m e s u r e d e f a i r e e n t o u t e so c c a s i o n s n o s r é v i s i o n s c i v i

ques sur les structures étatiques, les formes institutionnelles, les principaux éléments dela ph i losoph ie po l i t i que .L'exposé des enjeux et desoeuvres est limpide, si l'on faitl ' e f f o r t d ' une l ec tu re a t t en t i ve .

Ma is i l se ra i t dommage deconsidérer cet ouvrage commeun simple instrument decul ture générale. SimoneGoyard-Fabre est au coeur desquestions cruciales lorsqu'ellefait le lien entre la théorienaissante de la souveraineté etl'esquisse de la citoyenneté,lorsqu'elle expose la relationentre l'État et le peuple légalement constitué en tant que tel,â partir de la multitude - oulorsque, évoquant l'histoire del'État, elle permet de comprendre comment il s'affirmedans le monde moderne et lestructure partiellement enorganisant les nations. Nousvoici au point capital ; l'Étatest moderne dans son conceptet dans sa réalisation historique, et modemisateur dans samise en oeuvre de l'histoire.Le républicanisme kantientrouve son principe dans lafonct ion t ranscendanta le del'État. L'État selon Hegel, estla réalisation de la raison dansl'histoire, selon le droit - cetÉtat rationnel et effectif trouvant sa plénitude dans lamonarch ie cons t i t u t i onne l l e .

Cette modernité de l'État estaujourd'hui radicalement récusée. A la suite des philosophesde la post-modernité, au vudes é ta tLsmes ca r i ca tu raux e tdes totalitarismes qui utilisents o n e f f i c a c e « a p p a r e i l »contre ses principes et ses fuisjuridiques, on affume quel'État est aujourd'hui dépasséet l'on promet un monde sanssouveraineté.

L'État a coimu bien descrises, et celle que nousvivons n'aimonce pas la mortde 1 État. Déjà, en appliquantles thèses de « l 'É ta tmodeste » et de la gestion« pragmatique », les actuelsdirigeants politiques nous fontdurement éprouver ce quimanque ou risque de manquer.L'État qui se retire ne favorisepas l'affranchissement deshommes, mais au contraireleur régression vers l'état denature - celui de la guerre detous contre tous où l'on perdsa liberté et parfois sa vie.Telle est la conséquence pratique de l'irrationalisme, malheureusement vérifiée par lestragédies du siècle, et de cettehaine de l'État qui est toujoursla haine de l'universel.Contre le nihilisme ambiant,

Simone Goyard-Fabre affirmela nécessité de faire valoir lamodernité de l'État, capablede se réformer selon la raisoncritique que le porte à être« ceffe structure fondamentalede la coexistence humaine quiest suscepdbie d'en devenir iaforme universelle ». Magnifique perspective.

Yves LANDEVENNEC(1) Simone Goyard-Fabre - « L'État,figure moderne de la politique » -coll. Cursus, Armand Colin 1999 -prix franco : 85 F.

Royal istevous plait ?Faites- le connaître

à v o s a m i s .

A b o n n e m e n t d ' e s s a i3 m o i s = 2 5 F

dees

Royal is te 7478

La culpabilitéh u m a i n e

Repentance, pardon, justice, culpabilité, iimocence... Lesdébats actuels ne cessent de renvoyer à des notionsénigmatiques sans lesquelles notre humanité ne seraitpas pensable. Qu'il s'agisse d'un éventuel jugement dePinochet, du bilan du communisme, du caractèreunique de la Shoah, et plus prosa'iquement encore des

procès pour pédophilîe, l'actualité se charge de mettre enscène une sorte de tribunal métajudiciaire où toutes lescatégories de la conscience sont pesées, jaugées. RécemmentLe Monde des débats publiait successivement deux interventions de Jacques Derrida et d'Edgar Morin sur le pardon, oùle premier affirmait que pardoimer ne pouvait que s'opérerhors de toute raison alors que le second répondait que c'étaitau con t ra i re en t re r dans les ra i sons e tdéraisons d'autrui. S'il y a débat jusqu'aurisque d'une incompréhension réciproque,c'est que le domaine de la consciencehumaine est surdéterminé par le scandale dumal, qui apparaît toujours comme en excès,alors même que l'on voudrait défmitivementlui régler son compte en établissant le règned'une impossible iimocence.

Nous avons déjà évoqué ici le dernier livrede Marie Balmary (1) qui exposait avecforce en quoi le mal est un excès dontl'homme à lui tout seul ne peut supporter lefardeau. D'où le recours â une transcendance, diabolique ou divine. L'actuelle propension â faire procès de tout, et à vouloirabsolument rétablir une justice originelleaprès que les coupables aient été désignés etchâtiés, est en soi une entreprise démesuréeparce qu'elle ne prend pas la mesure del'excès et s'expose â faire de la terre habitée un gigantesqueprétoire â la merci de ce nouveau pouvoir conquérant qui estcelui des juges. Certes la justice humaine est nécessaire, maiselle doit savoir reconnaitre ses limites et se défier de latentation de mettre fm â la démesure du mal, car pour lecoup c'est elle qui s'enflerait de démesure au point de fairesurgir le spectre d'un nouveau cauchemar.Entendons-nous. Le pouvoir des juges est préférable sansdiscussion, â celui des tyrans. Il vaut mieux vivre dans unm o n d e o ù l a n o t i o n d e c r i m e c o n t r e l ' h u m a n i t é e s tc la i rement déf in ie que dans l 'un ivers naz i ou s ta l in ien,quand l'innommable avait force de droit. Le régimedémocratique se justifie par sa seule fmalité directe qui estde faire respecter le droit des individus. Mais le mondenouveau dans lequel nous sommes entrés recèle ses proprestentations inédites, â l'ombre du droit et de la démocratie.René Girard l'a clairement perçu au point de mettre en gardecontre la tentation de transgresser les interdits fondateurs âl'intérieur d'un monde qui s'est clairement émancipé de labarbarie d'autrefois, en se reconnaissant globalement dansles catégories de la Bible après qu'avait été enfin reconnuel'ignominie du meurtre des innocents.

Là où le règne du droit est acquis, il y a risque de domierle sentiment aux individus qu'ils seraient fondamentalementLnnocents et que la justice aurait pour fonction de leurdonner acte de leur innocence, en désignant clairement lesfauteurs de trouble qui l'auraient atteinte de quelque façon.Soyons plus clairs. Récemment, la revue Synapse s &s\. faitel'interprète de l'inquiétude des psychiatres et des psychanalystes d'un « activisme Juridique hystérisé », dont O.Labergère donne deux exemples frappants. Le premier

par Gérard Leclerc

concerne la propension actuelle d'un grand nombre d'Américains â obtenir la preuve qu'ils ont été victimes d'incestedans leur petite enfance. On essaie par le moyen del'hypnose de faire resurgir la scène primitive où les parentsd e s a d u l t e s d ' a u j o u r d ' l i u i s e s e r a i e n t r e n d u s c o u p a b l e sd'abus sexuel à leur égard. Il y a ainsi une véritableobsess ion cp i i se repo r te su r l es pauv res pa rc in t s p résuméscoupables et donc respoasables du mabctre de leurs rejetonsau jou rd 'hu i , pour tan t b ien avancés dans la v ie . Au t reexemple singulier qui donne tout autant â réfléchir sur unedérive profonde : la multiplication des procès contre lesproducteurs de tabac dont des fumeurs invétérés veulentfaire la cause exclusive de tous les désagréments que leurtabagisme a provoqués. D'un côté comme de l'autre, il s'agitde trouver des coupables sur lesquels on se défausse de sapropre responsabilité.

O. Labergère prend cela très au sérieux : « Ces anecdotestragi-comiques ne sauraient inspirer uniquement aux cliniciens et aux thérapeutes que nous sommes l'ironie distanteque suscitent habituellement les dérives de ia modernitésociale outre-Atlantique. Elles nous semblent au contrairesusceptibles de Jeter une lumière crue sur ia structure et les

déterminismes d'un discours victimoiogiquequi a subrepticement envahi le champpsychiatrique européen et risque de serendre complice de l'inflation du malaisevictimaire dans ia civi l isation ». L'hommecontemporain ne veut plus être coupable.Ou même, comme le voulait Freud, être endette. Mais le projet qui consiste â recouvrerune impossible innocence ou â faire reculertoujours plus le péché originel est nonseulement démesuré, mais fondamentalement impossible. Il ne peut retentir dans lapsyché contemporaine qu'avec des effetsperturbateurs, avec une violence retournéecontre les autres sur lesquels sont rejetéestoutes les causes du mal.

Il est grave de rejeter toute responsabilitéet de fuir toute culpabilité comme traumatisante. L'utilisation parodique de l'irmocencedivine, qui est celle du Christ, est, en fait,

un déni d'humanisation. Régulièrement, revient dans lesmédias l'accusation faite au judéo-christianisme d'avoirculpabilisé l'humanité en la confrontant sans cesse avecl'abîme du péché. C'est spécialement lancinant en ce quiconcerne le domaine de la sexualité. Avant les interdits poséspar la culture biblique et la théologie de la chute et de larédemption, il n'y aurait eu que les verts paradis de lajouissance pure et de l'érotisme solaire. La méprise estd'évidence radicale. Mais il est difficile de le faire admettre.L'enjeu est pourtant grave. Si l'on ne veut plus deculpabilité, on trouvera des émissaires qui â nouveau serontstigmatisés pour rétablir la paix et l'unité du corps social.Plus avant, on remettra en cause la notion même de loi. Sansloi, il n'y a plus ni faute, ni culpabilité mais il n'y a plusd'humanité non plus.

La grande discussion qui émerge donc de l'actualité devraêtre poussée plus avant. Trop souvent elle permet aux uns dese défausser sur les autres. Aussi la repentance voulue par lepape Jean-Paul II est pour beaucoup l'occasion de réglerleurs comptes avec le christianisme, alors qu'en fait, deproche en proche, elle ne devait épargner personne. C'esttoute l'histoire humaine qui crie la nécessité d'une repentance et l'espoir d'un pardon sans que l'un et l'autren'inhibent le courage de refonder l'avenir. La tâche estlourde mais qui a jamais prétendu que, faute de pouvoiréchapper au manque et â la défaillance dans une problématique innocence, il était facile ou simple d'assumer notrec o m m u n e h u m a n i t é ? _

(1) Marie Balmary - Abe/ ou /a traversée de /'Edenfranco : 135 F) - Voir RovaJislexe 737.

Grasset (prix

Royaliste 747

Nouvelle Action RoyalisteL e s e r v i c e d e l ' E t a t

Notre 19^ CongrèsRéuni à Paris le 19 mars, le 19® congrès de la N.A.R. a adopté le texte desmotions qu'avait élaboré, la veille, la Commission Nationale du Projet sur

les deux thèmes retenus pour les travaux de cette année. Le Congrès aégalement adopté à la majorité absolue la Déclaration de Politique

Générale présentée par le Comité Directeur.

Déclaration de politique généraleLa violence économique,

sociale et polit ique frappedurement et de mul t ip lesmanières des fractions de plusen plus larges de la population, confrontées au chômage,à l'exploitation et au harcèlement moral dans le travail, auxi n c e r t i t u d e s n é e s d e l a f l e x i b ilité et de la précarité croissante, à la ségrégation urbaine,à la disparition ou à la défaillance des services publics, à ladictature des firmes monopolistes qui absorbent et détruis e n t n o m b r e d e p e t i t e s e tmoyennes ent repr ises industrielles et agricoles.

Cette violence, provoquéep a r l ' u l t r a - l i b é r a l i s m e , e s taggravée par l'affaiblissementde la résistance syndicale,minée par la stratégie de collaboration de la CFDT et par lesconcessions de la CGT : c'estdans un climat de déroute ques'engagent les discussionsa u t o u r d ' u n e « r e f o n d a t i o nsociale » voulue par le Medefet qui risque de se traduire parla destruction du système dedroits qui assure encore auxsalariés une protection minima le .

C e t t e v i o l e n c e t r o u v e s acause p r i nc ipa le dans l adémission des autorités politiques de notre pays.

Lionel Jospin et son gouvernemen t se son t d i sc réd i t és . Au

mépris de leur propre tradition

d e s o c i a l i s m e c o n s e r v a t e u r ,attaché aux services publics,garant du patrimoine industriele t f m a n c i e r d e l a n a t i o n ,défenseur des acquis sociaux,les dirigeants de la gauche ontlivré aux affairistes privés,français et étrangers, les banques et les entreprises nationales, et ruinent de l'intérieur lesservices publics subsistants. Ilsveulent maintenant appliquerles préceptes ultra-libéraux àl ' é d u c a t i o n n a t i o n a l e , àl 'administ rat ion f iscale, à laprotection sociale - les bénévoles assurant depuis longtemps une part de l'administration de la misère.

L e s e f f e t s d é s a s t r e u x d e l a« gestion » gouvernementaleont été jusqu'à présent masq u é s p a r l ' a m é l i o r a t i o nconjoncturelle de la croissanceéconomique en 1998 et par lareprise des derniers mois de1999, par les manipulationsstatistiques, et par l 'annoncede réformes qui n'améliorente n r i e n l a s i t u a t i o n s o c i a l e(ainsi la « parité ») ou qui sevident peu à peu de leur sensau fil des négociations avecles groupes de pression : ainsila réforme de la justice et cellede l ' aud iov i sue l .

Le président de la Républiq u e n e j o u e p a s s o n r ô l ed'arbitre et ne veille pas aur e s p e c t d e l a C o n s t i t u t i o np u i s q u ' i l a p e r m i s q u e l a

guerre soit menée contre laYougoslavie sans autorisationdu Parlement. Faisant échoaux revendications des groupes de pression agricoles etindustriels, i l se satisfait desurenchérir sur la gestion dugouvemement, en attendant dese lancer dans une nouvellecampagne électorale.

L'alternance d'équipes « dedroite » et « de gauche » ausein d'une coalition idéologique et politique ultra-libérale,l'hégémonie qu'elle exerce etles moyens de propagandedont elle dispose étouffent lavie démocratique dans notrepays. Pourtant de nombreuxcitoyens, qui se sont abstenusou qui ont voté blanc auxélections européennes et auxélections partielles, et qui participent aux grèves et auxmanifestations antigouvernementales, souhai tera ient unchangement radical d'orientation politique. C'est dans cetteperspective révolutionnaireque s ' inscr i t la Nouvel leAction royaliste, dans sa fidélité aux principes de la Révolution de 1789, oeuvre de sesancêtres politiques, et auxconquêtes de la Libérationpour laquelle tant de royalistesont lutté.

P o u r a s s u r e r l e s c o n d i t i o n sd'une politique de progrèss o c i a l , l a N o u v e l l e A c t i o nroyaliste s'engage de manière

très précise et déterminée dansles combats qui s'annoncent.

Elle défend et défendra lesretraites par répartition. Elles'oppose à la création defonds de pension, quel quesoit l'habillage sous lequelcette réforme sera présentée.

Elle défend le secteur public.Elle s'oppose à toute nouvelleprivat isat ion rampante oudéclarée et propose un nouveau programme de nationalisation des secteurs-clés.

Elle défend l'indépendancede la politique étrangère de laFrance, fondée sur la dissuasion nucléaire. Elle s'opposeaux fusions entre entrepriseseuropéennes. E l le demandeque l'État reprenne la maîtrisede la politique industrielledans le secteur de l 'armement.

Elle défend la fonction publiq u e , v o u é e a u s e r v i c e d el'État, gardien de l'intérêtgénéral. Elle s'oppose auxcorporatismes et aux féodalitésqui démembrent l'administrat i on . E l l e demande l a m i se enoeuvre de mesures dest inées àr é t a b l i r l a d i s t i n c t i o n e n t r e l e

pouvoir politique et les fonct i o n s a d m i n i s t r a t i v e s , e t àséparer l'administration publique et les intérêts privés.

E l l e d é f e n d e t d é f e n d r a l e

principe de l'unité nationale,qui n'est pas contradictoirea v e c l a d é c e n t r a l i s a t i o n . E l l es'opposera à un référendumorganisé en Corse, qui seraitant iconst i tut ionnel, et à toutsystème de consultation desseuls Corses, par lequel ontenterait de détourner la procédure ré férenda i re .

E l l e r é a f f i r m e s a f i d é l i t é a ucomte de Par is , chef de lamaison de France.

L 'État , dans sa fonct ionadministrative, a pour tâche lam i s e e n o e u v r e d e l a r a i s o njuridique. Servir l'État consisteà rendre le droit effectif, pourl e b i e n - ê t r e d e t o u s l e scitoyens, grâce aux lois votéespar le Parlement.

La fonction publique rassemble les serviteurs de l'État, descollectivités territoriales et desétablissements hospitaliers quiassuren t , sous l ' au to r i té dupouvoir exécutif et sous lecontrôle des élus, les missionsd'intérêt général qui leur sontc o n f i é e s .

La Nouvelle Action royalisteconstate que l'État n'est plusaujourd'hui en mesure de remplir sa fonction essentielle.

L'esprit de démission quirégne chez les détenteurs del'autorité politique leur faitperdre la capacité de dirigereffectivement l 'administrat ion.I l s ' e n s u i t u n e c o n f u s i o nc r o i s s a n t e e n t r e l e p o u v o i rpolitique et la fonction administrative, qui tient au fait quele personnel politique estmajoritairement issu de lahaute fonction publique. L'util i s a t i o n d e s t e c h n i q u e s d u« management » accroît laconfusion entre l'exécutiondes tâches administratives etles modes de gestion privés,entre le rôle des fonctionnaireset celui des travailleurs dusecteur privé.

Sous l'influence désastreusede l'idéologie libérale-libertaire, la multiplication des« instances de régulation »aboutit au démembrement del'État, tandis qu'une décentralisation incontrôlée conduit âla reconstitution ou au renforcement des féodalités locales.Trop de ministres sont choisisen fonction de leurs attachesrégionales, de leurs particularités, ou se comportent commeles représentants de groupesd ' i n t é r ê t s . L a t e n d a n c eancienne et fâcheuse à la collusion entre un ministère et unsyndicat (exemples : l'agriculture, l'enseignement) ne cessepar ailleurs de s'aggraver.

Masquées par le verbiageultra-libéral et les invocationsâ une modernité jamais définie, ces conceptions corporatistes, féodales et particularis-tes représentent une immenserégression, qui menace lesfondements de notre existence

c o l l e c t i v e .

Pour que l'État redevienne leserviteur de l'intérêt général,pour que les syndicats puissent re t rouver leur rô le revendicatif, il faut proscrire l'association implicite et antidémocratique d'un ministère particulier et d'une organisationsyndicale ou professionnelleaux fins de gestion d'un secteur d'activité. Pour que chaque ministre retrouve, dans ladirection des affaires qui luisont confiées, le souci du biencommun, il faut proscrire lec h o i x d e s m i n i s t r e s e n f o n ction de critères étrangers â samission politique.

Pou r que l e Pa r l emen tretrouve la plénitude de sonrôle, il faut supprimer lesorganes de « régulation »,plus ou moins indépendants del'État, mais trop sujets auxpressions des intérêts privés.P o u r r e t r o u v e r u n e c l a i r e d i stinction entre le pouvoir politique et les fonctions administ ra t i ves , i l impor te que ,comme pour un magistrat ouun m i l i t a i re , l ' é lec t ion d 'unfonctionnaire appartenant auxgrands corps de l'État entraîneipso fac to sa démiss ion del ' admin is t ra t ion - ce qu iimplique en contrepartie lacréat ion d 'un statut de l 'é lu.

Pour rétablir une indispensable séparation entre les activités privées, économiques etfinancières, et l'administrationpublique, les membres desgrands corps de l'État qui sontembauchés par une entrepriseprivée doivent démissionner,et non plus bénéficier d'unemise en congé. Pour que lafonction publique retrouve sapleine définition, selon le statut qui établit les obligations etles droits de chaque fonctionna i re , i l f au t renoncer auxexpédients d'une contractuali-sation qui tend â se généralis e r .

Il faut également pemiettre etfavoriser une mobilité profes-sioimelle et géographique, etmettre en oeuvre le principede parité de traitement entreles trois fonctions publiques,afin de garantir une plusg r a n d e c o h é r e n c e d a n s l ef o n c t i o n n e m e n t d e s s e r v i c e spublics aux différents échelonsa d m i n i s t r a t i f s e t c r é e r a i n s iune culture générale de servicep u b l i c . _

D é f e n s e n a t i o n a l e e ti n d u s t r i e d ' a r m e m e n t

De par son histoire et sasituation présente, la Franceest une puissance mondialea t t a c h é e â l a d o c t r i n e d el'équilibre entre les nations et,en toute logique, hostile â lac o n s t i t u t i o n d e b l o c s e t âl'hégémonie d'une nation surl e s a u t r e s .

L a d é f e n s e n a t i o n a l e ,appuyée sur une industried'armement indépendante,c o n s t i t u e u n e c o m p o s a n t eessentielle de la souverainetéde la France. Ayant fai t ,depuis 1958, de la stratégie dedissuasion nucléaire le pivotde sa défense, la France s'estdotée d'établissements derecherche, d'expérimentationet d'établissements industrielsaptes â lui assurer la pleine etentière liberté de décision ence domaine .

C'est pourquoi l'État a toujours développé et contrôlél'industrie d'armement dont lam o d e r n i s a t i o n , c o n d u i t edepuis plusieurs décennies, aplacé la France parmi les premières puissances industriellesexportatrices, confirmant ainsison statut de puissance mond i a l e .

* *

Depuis 1990, la donne internationale a été profondémentbouleversée.

Les États-Unis sont sortisrenforcés de ce séisme et, parune augmentation massive descrédits de recherche et deprogrammation, affirment clairement leur volonté hégémonique. Toutefois, leur force vientaussi de l'effacement ou durenoncement des autres puissances mondiales.

La Russie, malgré son imposant arsenal nucléaire, ne dispose ni de la doctrine de sonemploi, ni des moyens financiers pour soutenir le développement de capacités industrielles adaptées à son rang.L'Union européenne, aprèsavoir montré son impuissanceâ organiser politiquementl'Europe a fait soumission àl'ordre américain.

La France, quant â elle, voitsa liberté d'action devenirdangereusement inférieure â sapuissance réelle. Les gouvernements successifs posent desactes qui hypothèquent notre

indépendance et vident de sensla stratégie de dissuasionnucléaire. Ils tentent, â traversune impossible défense européenne, de masquer l'intégration de notre potentiel militairedans l'Otan, instrument de lasuprématie américaine.

* *

La Nouvelle Action royalister é a f f i r m e : s o n a t t a c h e m e n t âune politique étrangère indépendante, le bien-fondé de las t r a t é g i e d e d i s s u a s i o nn u c l é a i r e e t l a n é c e s s i t é d emaintenir au plus haut niveautechno log ique son indus t r i ed ' a r m e m e n t .

En conséquence, la NouvelleAction royaliste :♦ Est hosti le aux fusions entreentrepr ises européennes, telcelui de E.A.D.S., incohérentes sur le plan économique etindustr ie l , at tentatoires â laliberté des nations et des personnes, et particulièrementdangereuses sur le plan stratégique.♦ Préconise les coopérationsinternationales, nécessaires â laprésence française dans lemonde et financièrement justif i ées . Ce qu i imp l ique desaccords entre États pour lamise en route des programmesd'armement et le recours â desstructures juridiques et industrielles souples (type G.I.E.),respectueuses des culturesindustrielles et nationales desentreprises impliquées dansc e s p r o g r a m m e s .

♦ Demande que l 'Étatreprenne la maîtrise de lapolitique industrielle dans lesecteur de l 'a rmement .

- e n p r e n a n t l e c o n t r ô l edirect de l'ensemble des entrepr ises produ isant exc lus ivement des armements.

- e n e x e r ç a n t u n e t u t e l l e

rigoureuse sur les entreprisesayant des activités de product i o n d ' a r m e m e n t s .

- en reprenant l'effort derecherche, de défense et derespect des programmations enmatière d'équipements.♦ Exige l'interdiction pour lesi n d u s t r i e l s d e l ' a r m e m e n t d ed é t e n i r d e s i n t é r ê t s d a n s u n

groupe de communication.

Royal is te 7471 0 1 1

Royaliste 747

Editorial

D e s h o m m e ssans importance

Un homme quelconque,chef d'un gouvernementc o n s t i t u é d ' h o m m e s e t d e

femmes sans importance. Voilàqui prive le remaniement minist é r i e l d e t o u t i n t é r ê t .

On pourrait même changer dePremier ministre sans que lecours profond des choses en soitchangé pour autant. Passer deJospin en Fabius, ou de Bayrouen Douste-Blazy, nous obligeraitsimplement à mesurer le degréd'insignifiance, à comparer lesinfluences (ici l'agriculture, et làles compagnies d'assurance), àé v a l u e r l ' e f f i c a c i t é d a n s l e s a c

cage de tout ce qui assurel'existence de notre pays.

Inscrits à gauche ou à droite,ces personnages ni bêtes niméchants, qui eurent naguèredes convictions, et peut-être desfidélités, ne méritent plus unepolémique mais, de temps àautre, un relevé quasi administrat i f de leur carr ière et de leurspositions. Quant à ces dernières,il semble que nous assistions àl'aboutissement du processus dedémission intellectuelle et politique. Celles et ceux qui jouentaux dirigeants politiques sontm a n i f e s t e m e n t d e v e n u s d e s i mples agents de l'idéologie américaine. Refus du Politique, velléité plus ou moins consciented'en finir avec l'histoire, moralisme manichéen, pragmatisme,apologie de la compétition etc u l t e d u c o n s e n s u s q u is'exprime dans l ' inflation de« contrats », de « chartes » etde « pactes » : tel est le fatrasqui s'est imprimé dans la mental i té dominan te .

De simples commis, pour desaffaires qui se mènent ailleurs.Qu'importe le nom du ministrede la Défense, si notre armée est

intégrée dans les opérations del'OTAN ? Qu'importe la personnal i té du min is t re des f inances puisque notre sort dépenddes spéculateurs de Wall Streetet des banquiers de Francfort ?A quoi rime les déclarationsd ' i n t e n t i o n s u r l a c o h é s i o nsociale, le développement économique, la ville, l'environnement puisque Jacques Chirac etLionel Jospin ont complètementaccepté, le 24 mars à Lisbonne,les principes et les implicationsdu libéralisme anglo-saxon qui

nous vaudron t , en t re au t rescatastrophes, la destruction denos derniers services publics.

De simples délégués à la gestion de budgets minimalistes,chargés de réduire les personnels, de restreindre les moyens,de diminuer les investissements.Frénésie de la rétention, quiprovoque la dégradation del'enseignement public, du système hospitalier, la désorganisation de la Poste, et qui plongeune partie de la population dansdes souffrances d'autant plusintolérables que la corruptions'étale et que la richesse de lan a t i o n s ' a c c r o î t .

Ce paradoxe cruel n'a jamaisété accepté. Il est aujourd'hui

vivement dénoncé par des centaines de milliers de grévistes etde manifestants. Il le sera bientô t de man iè re v io len te s i oncherche encore à les distraire pardes remaniements qui ressemblent à des parties de chaisesmusicales, des histoires de cor-neculs municipales, des effetsd'images et des promesses mensongères.

Comme Alain Juppé, LionelJospin ne se rend pas compteque la ligne ultra-libérale estultra-minoritaire dans notre pays- comme partout ailleurs - etque seule une conjoncture politique très particulière permetd'imposer aux Français ce dontils n'ont jamais voulu. Mais lesvotes de rejet ne suffisent pas etla révolte sociale ne sera pasdécisive tant que les forces antilibérales ne parviendront pas às'organiser autour d'un projetc o m m u n .

Ces forces ex is tent . E l les setrouvent dans les bases niil itan-tes du RPR, du Parti socialiste,du Parti communiste, des confédérations ouvrières - et plus largement encore dans les légionsde citoyens déçus par ces organisations.

Ces fo rces son t ac tue l lementdispersées dans divers mouvements et regroupements qui seréunissent de manière plus oumoins ponctuelle pour contester« l'horreur économique ». Ellesretrouveront leur cohérence etleur pugnacité dés que pourra serenouer l'alliance patriotique etrévolutionnaire entre les gaullistes, les communistes, les royalistes et les socialistes qui ontpréservé en eux le souci politique et le sens de la nation.

Défense de la patrie. Révolution par la loi selon le programme inscrit dans le Préambule consti tut ionnel de 1946.Cela suffit pour créer un vastemouvement populaire et chasserles élites irresponsables et incapables. Cela suffit, à conditionqu'un fédérateur soit en mesured'incarner le projet commun.

B e r t r a n d R E N O U V I N

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