RÉSIDENCE DE CRÉATION SUR LA SCÈNE DU … · Un récit puissant, brutal, qui derrière le...

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RÉSIDENCE DE CRÉATION SUR LA SCÈNE DU THÉÂTRE Publié le 23/10/2015 à 03:53, Mis à jour le 23/10/2015 à 08:43 Théâtre - Représentation le 4 novembre Le 04/11/2015 Séance de travail pour Jacques Allaire et ses acteurs. Au commencement était le verbe : les mots et le texte d'Alain Julien Rudefoucauld «Le Dernier Contingent» «J'ai rencontré par hasard ce roman, pris sur la table des nouveautés de la rentrée 2012 chez mon libraire, avant de partir en tournée du spectacle «La Liberté pour quoi faire ?». Je voulais pour agrémenter mon voyage une lecture «sans destination», pour le plaisir», explique Jacques Allaire. Et puis le verbe a percuté et résonné dans l'esprit du metteur en scène. Plus tard, comme à son habitude de création, il a laissé les sensations prendre la place des mots, et les sensations ont donné naissance aux dessins qui seront les images de la pièce qui sera présentée sur la scène des Trois-Ponts le mardi 4 novembre. D'ici là, toute l'équipe travaille d'arrache-pied, tous les jours de ces vacances, dans le cadre de la résidence de création soutenue par le théâtre. Après les premières esquisses, il a fallu trouver les comédiens, dénichés aux quatre coins de France : six jeunes acteurs aussi différents que la jeunesse de notre pays et qui incarnent avec

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RÉSIDENCE DE CRÉATION SUR LA SCÈNE DU THÉÂTRE Publié le 23/10/2015 à 03:53, Mis à jour le 23/10/2015 à 08:43

Théâtre - Représentation le 4 novembre Le 04/11/2015

Séance de travail pour Jacques Allaire et ses acteurs. Au commencement était le verbe : les mots et le texte d'Alain Julien Rudefoucauld «Le Dernier Contingent»

«J'ai rencontré par hasard ce roman, pris sur la table des nouveautés de la rentrée 2012 chez mon libraire, avant de partir en tournée du spectacle «La Liberté pour quoi faire ?». Je voulais pour agrémenter mon voyage une lecture «sans destination», pour le plaisir», explique Jacques Allaire. Et puis le verbe a percuté et résonné dans l'esprit du metteur en scène. Plus tard, comme à son habitude de création, il a laissé les sensations prendre la place des mots, et les sensations ont donné naissance aux dessins qui seront les images de la pièce qui sera présentée sur la scène des Trois-Ponts le mardi 4 novembre. D'ici là, toute l'équipe travaille d'arrache-pied, tous les jours de ces vacances, dans le cadre de la résidence de création soutenue par le théâtre. Après les premières esquisses, il a fallu trouver les comédiens, dénichés aux quatre coins de France : six jeunes acteurs aussi différents que la jeunesse de notre pays et qui incarnent avec

puissance les six adolescents du roman. Des jeunes déjà bien cabossés par la vie, massacrés par la famille, la société, les institutions, victimes de la guerre invisible que l'époque mène contre ses propres enfants. Leurs voix se succèdent, se superposent et charrient la violence de notre époque, l'impuissance de la justice, de la police, des éducateurs, la démission des parents. Le discours est sombre et semble renforcé par la pénombre qui règne sur la scène où une immense cage occupe l'espace comme la prison où la société enferme les rêves de ses jeunes. Les dialogues sont crus et brutaux, l'ambiance sonore est entêtante et pourtant, ces jeunes perdus sont lumineux, leurs corps éblouissants de vie et le travail de Jacques Allaire nous invitent à un vertigineux voyage au bout de la nuit. Comme il le dit avec ferveur : «Le théâtre doit être une expérience ! Pour les acteurs, pour les spectateurs» ! On ne va pas au théâtre, on le vit ! Alors laissez vous tenter par l'expérience, mardi 4 novembre, à 20 h 30 !

La Dépêche du Midi  

 

 

Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau / d’après Alain Julien Rudefoucauld / mes Jacques Allaire 

LE  DERNIER  CONTINGENT 

Publié le 26 octobre 2015 ‐ N° 237 

 

Après  sa  création  à  Castelnaudary,  l’adaptation  théâtrale  du  roman  d’Alain  Julien  Rudefoucauld 

signée par Jacques Allaire sera présentée à la Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau. Une 

réflexion sur l’adolescence. 

 

Le Metteur en scène Jacques Allaire 

« Je dis  souvent que  je ne  fais pas de mises en  scène.  Je veux dire par  là que  je ne cherche pas à 

monter  des  pièces,  ou  des  textes,  pour  faire  des  spectacles.  Je  ne  travaille,  en  fait,  qu’à  des 

préoccupations.  Pour moi,  le  théâtre  ne  naît  donc  que  lorsque  ces  préoccupations  –  qui  sont  de 

l’ordre de la pensée philosophique, morale, plastique… – croisent le désir de quelqu’un qui me passe 

commande  d’un  spectacle, me  sollicite  pour  créer  à  partir  de  ces  choses  qui m’habitent.  Ainsi,  la 

création  du Dernier  Contingent s’est  dessinée  dans  le  cadre  d’une  résidence  au  Théâtre  de 

Castelnaudary, en partenariat avec la Scène nationale de Sète qui assure la production déléguée du 

projet. Ces deux théâtres, comme moi, souhaitaient explorer la question de l’adolescence. 

 

 Un théâtre de préoccupations 

C’est un  thème qui m’intéresse profondément. Car  je ne  comprends pas pourquoi  les  jeunes gens 

d’aujourd’hui se laissent écraser et enfermer par des séries de nécessités liées au monde structuré, 

sécurisé des adultes. Aucune de  leurs aspirations personnelles ne parvient à prendre  le dessus.  La 

pression  et  les  angoisses  de  l’âge  adulte  se  déposent  en  effet  de  façon  tellement  forte  sur  les 

adolescents, que ces derniers ne conçoivent plus leur existence comme une aventure : ils se mettent 

directement à vivre comme des retraités. Voilà de quoi parle Le Dernier Contingent, spectacle dans 

lequel  j’essaie  de  faire  apparaître  les  motifs  plastiques  qui  se  dégagent  du  roman  d’Alain  Julien 

Rudefoucauld. Cela, sans considérer ce texte de façon narrative ou psychologique, mais en élaborant 

une sorte de rêve. Un rêve fait de sensations qui vise à engendrer une œuvre totale. » 

 

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat 

 

 

"Le Dernier Contingent" : dans la tête de six adolescents à la dérive 

Par Stéphane Hilarion   

publié le 27/10/2015 à 08H45 

 

 

Les 6 comédiens du "Dernier Contingent" de Jacques Allaire en cage sur la scène du Théâtre Scènes 

des 3 Ponts à Castelnaudary (Aude) 

  

Pour sa dernière création, le metteur en scène Jacques Allaire a choisi d’adapter librement le 

roman d’Alain Julien Rudefoucauld "Le Dernier Contingent" paru en 2012. L’histoire de six 

adolescents à peine sortis de l’enfance et déjà en perdition. Un monde de bruit et de fureur où se 

mêlent noirceur et beauté. 

Reportage : JM.Escafre, V.Banabéra, A.Vaillant 

  

Publié en 2012, "Le Dernier Contingent" d’Alain Julien Rudefoucauld a été distingué dès sa sortie par 

le Prix France Culture/Télérama. Un roman constitué à partir de monologues de six ados à peine 

sortis de l’enfance, mais déjà bien cabossés par la vie. 

  

Un récit puissant, brutal, qui derrière le portrait de ces enfants accidentés par la vie, pointe du doigt 

les défaillances des services de l’Etat, l’impuissance de la Justice, de la Police, des éducateurs et la 

démission des parents. 

  

Une vision très noire accentuée par la mise en scène de Jacques Allaire qui a choisi d’enfermer les six 

jeunes comédiens dans une cage. Jacques Allaire qui éclabousse aussi les adultes qui projettent sur 

les ados leur vision anxiogène du monde, les incitant presque selon lui à préparer leur retraite avant 

de vivre leur vie… 

  

Le spectacle est coproduit par la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau, Le Parvis ‐ Scène 

nationale Tarbes‐Pyrénées, L’Estive ‐ Scène nationale de Foix et de l’Ariège et le Théatre Scènes des 3 

Ponts de Castelnaudary ou aura lieu la première représentation le 4 novembre prochain.  

 

"Le Dernier Contingent" 

Mise en scène de Jacques Allaire 

Librement inspiré du roman éponyme d’Alain Julien Rudefoucauld (Tristram‐2012) 

Avec Edward Decesari, Evelyne Hotier, Chloé Lavaud, Gaspard Liberelle, Paul Pascot et Valentin 

Rolland 

 

Agenda  

Le 4 Novembre 2015 à Castelnaudary 

les 3 et 4 décembre 2015 à Sète 

du 21 au 29 janvier 2016 à Foix 

et les 2 et 3 février 2016 à Tarbes 

 

  

Comédie dramatique adaptée et mise en scène par Jacques Allaire d'après le roman éponyme de 

Alain Julien Rudefoucauld, avec Edward Decesari, Evelyne Hotier, Chloé Lavaud, Gaspard Liberelle, 

Paul Pascot et Valentin Rolland. 

 

Le temps s’est arrêté. L’Histoire est écrite. Les barbares s’attaquent, jalousement et sans espoir de 

réussite, à un modèle parfait. Pourquoi donc écrire encore du théâtre ou du roman ? 

 

Jaillis d’un texte lapidaire, "Le Dernier contingent" signé d’Alain Julien Rudefoucauld, six jeunes gens 

sont capturés, encagés et libérés par Jacques Allaire, metteur en scène du périlleux, observateur 

inquiet des dégâts de la bien‐pensance, qui les fait vivre, sous nos yeux, jusqu’à la limite du 

supportable. 

 

Il y a Sylvie, Malid, Marco, les autres, le dehors, les torches de la Sécurité, les chiens. Il y a des pères 

qui sautent du balcon à force de regarder le même mur, des mères qui se prostituent, des enfants 

qui ont pour seule lumière celle du réfrigérateur, seule éducation, la violence, seul espoir, 

l’aggravation soudaine et accélérée de la situation. Les murs sont tapissés, comme les vêtements, à 

même la peau. Il n’y a même pas de nudité possible. 

 

Que faire de cette longue peine, la vie ? Se servir de drogues, d’instincts, de poisons au supermarché 

permissif des parents ? Ou aller vers la cave de la cave, au tout dernier sous‐sol ? 

 

Dans une scénographie sidérante, Jacques Allaire, aidé de Dominique Schmitt, règle et dérègle cet 

opéra moderne en hurlement majeur, sous les lumières acides de Christophe Mazet qui déshabillent 

les corps vêtus par Wanda Wellard. 

 

Ce conte défait, des comédiens l’incarnent avec fureur : Edward Decesari, le géant‐petit garçon, Paul 

Pascot, Gaspard Liberelle, Chloé Lavaud, Evelyne Hotier, Valentin Rolland, tous remarquables, avec 

David Lavaysse, auteur‐compositeur‐interprète, créateur de la partition musicale, auprès de 

Guillaume Allory. 

 

Cette époque, qui s’aime tant et se croit éternelle, se déchire sur scène comme un tissu usé, d’un 

bruit terrible que ne peuvent couvrir les mots. Un choc, et une réalité jaillie du rêve, dont on ne 

devrait jamais assez se méfier. 

 

  

 

Christian‐Luc Morel 

 

Jacques Allaire : un Dernier Contingent aussi violent que puissant  Publication : 4 décembre 2015 

 

  

Par Nicolas Vidal 

 

 Jacques Allaire est un metteur en  scène  singulier qui ne  recule devant aucune de  ses  convictions. 

Toujours prêt à discuter, à débattre, à s'insurger et à nous secouer sans ménagement dans chacune 

de ses pièces. 

 

Il nous a bluffé avec « La liberté pourquoi faire ? » sur ce texte de Georges Bernanos qu'il a magnifié 

de  sa  vision  artistique  tout en décuplant  la  violence poétique du  texte.  Il  nous a agacé dans « Les 

damnés de la terre », adaptation du texte de Frantz Fanon malgré une mise en scène remarquable, la 

pièce endosse un parti pris qui manque quelque peu de profondeur dans son approche historique. 

Jacques  Allaire  s'est  attaqué  cette  fois‐ci  au  Dernier  contingent,  texte  de  l'auteur  Alain  Julien 

Rudefoucauld, livre qu'il a pioché " pour se détendre" dans une librairie. Mais la sagacité du metteur 

en  scène  est  sans  limite  et  il  a  décidé  d'en  faire  une  pièce  mettant  au  service  de  son  talent  sa 

pugnacité, son art et son intelligence toute entière ( Lire l'interview de Jacques Allaire sur ce lien ) 

Quel  résultat  formidable  que  ses  7  jeunes  comédiens  triés  sur  le  volet  dans  différentes  écoles  de 

théâtre qui portent un texte à bout de bras, jouant de leurs corps et de leurs statures pour plonger le 

spectateur dans "une tragédie remarquable de la modernité".  

  

Des  jeunes gens confrontés à un destin tout tracé, étouffés par  la pression sociale,  la société ultra‐

libérale et les malheurs de l’existence. Ils sont là, engoncés dans une cage en fer, enfermés dans leur 

jeunesse,  dans  leurs  tourments  adolescents  et  leurs  espoirs  vains.  Ils  se  croisent,  se  frottent,  se 

poussent  en  criant,  pleurent,  gémissent,  discutent  et  s'agressent.  Tout  est  un  fracas  de  jeunesse 

bafouée et de complaintes puériles qui  saisissent aux  tripes au  fil des minutes. On sent peu à peu 

s'étioler  la  fine  couche  de  naïveté  au  contact  rêche  d'une  existence  qui  se  durcit. 

Les dialogues sont violents. La vulgarité est omniprésente. Il est question pour Jacques Allaire de "ce 

monde suspendu de l'adolescence qui se pervertit ».  Car il est aussi un esthète de la langue et de la 

formule.  

 

Le Dernier Contingent s’interroge aussi sur le rapport aux adultes qui est traité de façon brutale mais 

très  intéressante.  Rien  n'est  laissé  au  hasard  dans  cette  pièce  construite  depuis  les  dessins  de 

Jacques Allaire, griffonnés çà et là sur des cahiers. 

 

Tout  est  là  devant  le  spectateur  qui  n'a  qu'à  se  servir  de  ce  contingent  de  jeunesse  fracassée  et 

perdue derrière des grillages, cachée sous des lambeaux de tissus et d’habits. Il y aussi cette dérision 

permanente sur le plateau qui flirte avec des moments de totale absurdité. On pense alors perdre le 

fil des choses mais c’est pour mieux retrouver la puissance du texte qui ressurgit de l’autre côté de la 

scène.  Dans  un  cri,  une  lumière  ou  un  simple  regard.  Et  la  musique  qui  enveloppe  le  plateau, 

omniprésente et lancinante telle l’atmosphère promise au fatum, « J’ai entendu ce type de sons dès 

le début de ma lecture » explique Jacques Allaire. Car même s’il conteste le concept même de l’idée, 

tout est  savamment pesé et  réfléchi  dans  son  travail.  La mise en  scène de  Jacques Allaire est  à  la 

parfaite conjonction de l’atmosphère et de la tension. Les éclairages sont précieusement disposés de 

part  et  d’autre  pour  mettre  en  lumière  le  beau,  le  laid,  le  sordide,  la  mort  et  la  folie.  Ne  vous 

méprenez pas sur  les  intentions et  la quintessence de cette pièce car Jacques Allaire parle d’espoir 

pour  les  jeunes  générations  et  souhaite  ardemment  leur  faire  prendre  conscience  qu'ils  ont  leur 

avenir entre leur mains. De façon brutale certes mais avec un fol enthousiasme qui nous passionne. 

" Et  la  cage  ? »  lui  lance  une  dame  dans  l'assistance  après  la  pièce  dans  le  majestueux  foyer  du 

Théatre  Molière.  Jacques  Allaire  fronce  les  sourcils  et  répond  avec  cette  assurance  bienveillante 

"Rien ne les empêche de sortir de la cage....rien...". Jacques Allaire a cette verve artistique qui fascine 

et qui questionne. On ne sort jamais indifférent d’une pièce de Jacques Allaire. 

 

Cette fois‐ci dans la froide humidité d’une nuit sétoise, on est reparti le coeur battant, assailli par les 

questions et tout émoustillé d’avoir vu une belle et violente pièce. Aimez‐la, détestez‐la, chérissez‐la 

mais courrez‐voir la dernière création de Jacques Allaire en vous accrochant de toute force à la cage 

en fer du Dernier Contingent et les 7 jeunes comédiens qui méritent à eux seuls le détour. 

   

Articles en ligne : 

 

http://issuu.com/bscnewsmagazine/docs/bsc‐news‐novembre‐

2015_8d8c9827811ebe/19?e=6836481%2F31403863  

 

http://culturebox.francetvinfo.fr/theatre/le‐dernier‐contingent‐dans‐la‐tete‐de‐six‐adolescents‐a‐la‐

derive‐229829  

 

Le Dernier contingent – Un disque de David Lavaysse : http://lavaysse.com/#le‐dernier‐contingent