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Patrimoine géologique Commission Patrimoine Géologique de Réserves Naturelles de France 2007

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Patrimoine géologique

Commission Patrimoine Géologiquede Réserves Naturelles de France 2007

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La géologie, une science de la natureAux côtés de la zoologie, de la bota-nique, de la biologie, la géologie estune des sciences fondamentales de lanature dans laquelle on retrouve lesdifférentes disciplines historiques quesont la pétrographie, la paléontologie,la tectonique, la géomorphologie…L’ambition de la géologie est de com-prendre et d’expliquer le fonctionne-ment de notre planète. En décryptantla mémoire des roches, le géologuecherche aussi à découvrir les évène-ments géologiques et biologiques quiont marqué l’histoire de la Terre.Reconstituer le passé permet ainsi demieux appréhender le présent et d’envisager le futur.

Notion d’objet géologiqueDans leur approche conservatoire du vivant, les naturalistes onteu l’aide du juridique par l’établissement de listes d’espècesprotégées réglementairement, parce qu’ils ont su distinguer desespèces (et des milieux) rares, menacés, en voie de disparition,permettant de légitimer l’émergence d’un droit adapté. Pourle monde minéral, les géologues rencontrent des difficultés àsuivre ce modèle, car ce sera plus telle forme ou tel gisementexceptionnel d’un minéral ou d’un fossile qui retiendront l’attention et l’intérêt,que l’espèce minérale, le genre ou l’espèce de fossile eux-mêmes. Il faut donc tra-vailler différemment en proposant les notions d’objet géologique, de géotopeet de géosite, avec une évaluation de leur intérêt patrimonial.

Certains de ces objets géologiques se distinguent des autres, sont donc remarqués etcela pour diverses raisons. Par leur exemplarité, leur rareté, leur unicité, leur lisibi-lité, leur état de conservation, leur potentialité pédagogique ou touristique, pour leur

intérêt scientifique… voireleur beauté. Ce sont lesobjets géologiquesremarquables. Ils peuvent être remarqués, àl’évidence, par tout un cha-cun, par l’image qu’ils offrenttout simplement, par leuresthétique ; ils le sont aussibien sûr, par leur intérêtscientifique déduit de leuranalyse. Enfin, ils se trouvent

Les Nations Unies ontproclamé 2008, annéemajeure du triennium« Année Internationale dela Planète Terre ». L’Homme dépendcomplètement de laplanète dont il est issu etdont il a besoin pour savie. Envisager undéveloppement durable,c’est d’abord s’appuyer surl’ensemble desconnaissances acquises,dans le domaine desgéosciences notamment.Problèmesenvironnementaux,évolution des climats, criseénergétique… lesgéosciences contribuent àla compréhension et auxsolutions.

Patrimoine géologique

A noter

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« La géodiversitéreprésente l’ensemble deséléments des sous-sols, solset paysages qui, assemblésles uns aux autres,constituent des systèmesorganisés, issus deprocessus géologiques(C. Sharples, 1995). Celaconcerne autant lesphénomènes passés de laTerre (traces de vie,d’écosystèmes etd’environnements),observables dans les sous-sols, sols et paysages, queles phénomènes courantsactuels (biologiques,climatiques,atmosphériques) quiagissent sur ces mêmessous-sols, sols et paysages(R. Eberhard, 1997) ».[extraits cités dans DeWever et al., 2006].

Mot clé

Exemple d’objet géologiqueremarquable à l’échelle du

paysage, ici les robines dans laRN géologique de Haute-

Provence © M. JONIN

0 Ma65 Ma

250 Ma

540 Ma

2500 Ma

4100 Ma

3800Ma Début de la Vie

4550 Ma Formation de la Terre

Quaternaire

Néogène

Paléogène

Crétacé

Jurassique

Trias

Permien

Carbonifère

Dévonien

Silurien

Ordovicien

Cambrien

RN TM71

RN Saucats-La Brède

RN LuberonRN Essonne

RN Ste Victoire

RN Cap Romain

RN ToarcienRN Hettange-Grande

RN Pte de Givet

Astroblème Rochechouard

RN Vireux-Molhain

RN Groix

23 Ma

65 Ma

145 Ma

200 Ma

250 Ma

300 Ma

360 Ma

415 Ma

445 Ma

490 Ma

PALÉOZOÏQUE

MÉSOZOÏQUE

CÉNOZOÏQUE

CÉNOZOÏQUE

MÉSOZOÏQUE

PALÉOZOÏQUE

PROTÉROZOÏQUE

ARCHÉEN

HADÉEN

RN H

aute

-Pro

venc

e

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Patrimoine géologique

Rythme de création desRN à dominantegéologique depuis 1976

• 1976-1985 : 6 RN (5 RNN et 1 RNV)• 1986-1995 : 14 RN (6 RNN et 8 RNV)• 1996-2005 : 3 RN (0 RNN et 3 RNV)• Depuis 2006 : 1 RN (0 RNN et 1 RNR)

RNV : Réserve NaturelleVolontaireDepuis la loi du 27 février2002 relative à ladémocratie de proximité,les anciennes RNV sontdevenues des RNR(Réserve NaturelleRégionale), sauf si lepropriétaire a demandé leretrait de l’agrément dontil bénéficiait.

Chiffres clés

bien sûr dans la nature, in situ, mais aussi ex situdans les collections publiques et privées. Dans l’approche patrimoniale du monde miné-ral, ces objets géologiques remarquables serontdistingués et conservés. Ils sont les équiva-lents des « espèces protégées » pourla faune et la flore.

Le patrimoine géologiqueLes objets géologiques et les géo-sites remarquables constituent lepatrimoine géologique, complémentincontournable du patrimoine biologique.Dans la plupart des réserves naturelles crééespour protéger un patrimoine biologique remar-quable, la structure géologique conditionne lecadre environnemental, le paysage. Dans la RNNde la Vallée de Chaudefour (Auvergne), parexemple, la morphologie glaciaire s’impose avantles habitats, la flore et la faune.

Ce patrimoine géologique est fragile par nature, soumis àdes phénomènes d’altération et d’érosion. En ce sens, il se rap-proche du patrimoine archéologique pour les problèmes de conservation. Toutedégradation est définitive, contrairement au patrimoine biologique quipeut faire l’objet de programmes de restauration ou de réintroduction.

Les réserves naturelles présentant un intérêtgéologiqueUne enquête menée en 1995 pour les RN et en 2001 pour les RNV par la Com-mission Patrimoine géologique de RNF retient 56 réserves naturelles pré-sentant un patrimoine géologique identifié. Il ne s’agit pas là d’unbilan exhaustif, mais d’une simple situation résultant de cette enquête.Parmi elles, 11 RNN et 11 RNR ont été créées sur le fondementscientifique d’un patrimoine géologique qu’il convenait de préser-ver. A signaler que les 10 anciennes RNV créées depuis la loi de 1976 sont deve-nues des RNR et une nouvelle RNR a été créée depuis la loi de 2002 sur un sited’intérêt géologique. Ce sont donc 22 sites du réseau qui sont principalementvoués à ce patrimoine.La RNNG de Saucats-La Brède en Aquitaine est la première de ces RNNcréée en 1982.

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Qu’est-ce qu’un « objetgéologique » ? C’est, très concrètement,tout d’abordl’affleurement, « matériaude base » du géologue,mais c’est aussi beaucoupplus. Les roches, lesminéraux, les fossiles, lesformations, les structures…sont des objetsgéologiques accessibles àdiverses échelles. Echellecentimétrique pour telcristal ou tel fossile, échellemétrique pour unaffleurement ou uneformation, échellehectométrique pour tellestructure, échellekilométrique pour unpaysage. Mais aussi,échelle microscopique(microfossiles,microstructures…) ouplanétaire (chaînes demontagnes…). Ces objetsgéologiques sont lestémoins non renouvelablesdu fonctionnement et del’histoire de notre planète.Ils permettent de décrire,de comprendre,d’interpréter, finalementde reconstituer cettehistoire mais aussid’essayer d’envisager lefutur.

Mot clé

Un géosite remarquable dans une RN : leméandre encaissé des Templiers dans la RNN des

gorges de l’Ardèche est tout à la fois un géosite etun objet géologique remarquable, l’objet- c’est-à-

dire le méandre – faisant le paysage © RNNGA

Un « géotope » ou « géosite » correspond à un espace délimité qui offre la possibilité d’observerdes éléments et/ou des phénomènes géologiques présentant un intérêt pour la compréhension dessciences de la Terre » (De Wever et al., 2006). Les géosites contiennent des objets géologiques. Unaffleurement est un géosite, un paysage peut l’être aussi. Et bien sûr, il sera distingué des géositesremarquables, de la même façon qu’il est distingué des objets géologiques remarquables. Ces termes sont utilisés depuis longtemps déjà, même s’ils ne sont pas encore très connus. Géotope ales faveurs de certains, des Suisses et des Allemands notamment. Géosite, plus largement utilisé, estretenu par l’Union internationale des sciences géologiques (IUGS) et par l’UNESCO. Il n’est pasfondamental de chercher à distinguer l’un et l’autre et les deux termes seront utilisés indifféremment.

A noter

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Le patrimoine géologiquedes réserves naturellesLa répartition des réserves naturelles sur un territoire national géologiquement trèsvarié permet de penser qu’a priori on trouvera dans le réseau une tranche consé-quente du temps de notre histoire géologique et un bon échantillonnage deformations et phénomènes géologiques.L’âge de la Terre étant d’environ 4,55 milliards d’années et les plus anciennesroches de France ayant 2,1 milliards d’années (socle icartien de Bretagne et Nor-mandie), les réserves naturelles doivent pouvoir offrir environ 1 milliard d’annéesde cette histoire. Toutefois, si la géodiversité est là, nous sommes loin d’atteindreun objectif satisfaisant de conservation du patrimoine géologique. En effet, moinsde 10% des réserves ont pour origine la prise en compte du patrimoine géolo-gique. Cela étant, nombre d’objets géologiques remarquables detoutes échelles s’observent dans les réserves naturelles deFrance et un premier inventaire permet d’avoir une idée du patrimoine géolo-gique ainsi conservé.

Les formations sédimentaires et les stratotypesLes formations sédimentaires sont les plus largement dominantes dans lesréserves naturelles (28 sur les 56 RN reconnues pour abriter un patrimoine géo-

logique remarquable). Parallèlement, elles montrentégalement un intérêt paléontologique. Parmi ces forma-tions, les stratotypes d’unité (1) se distinguent.

Le réseau protège 8 stratotypes d’unitédispersés entre -380 et -15 millionsd’années :– un de l’ère primaire (Paléozoïque) : Givétien (RNNPointe de Givet),– quatre de l’ère secondaire (Mézozoïque) : Hettan-gien (RNN Hettange-Grande), Toarcien (RNN Toar-cien), Barrémien (RNN Géologique de Haute-Pro-vence), Aptien (RNN Luberon),

– et trois de l’ère tertiaire (Cénozoïque) : Stampien (RNN Sites géologiques de l’Es-sonne), Aquitanien et Burdigalien (RNN Saucats-La Brède).

Le stratotype du Givétien (étage du Dévonien moyen) est inclus dans lepérimètre de la RNN de la Pointe de Givet. Les calcaires de Givet forment une bar-rière naturelle imposante dans le paysage des Ardennes. Ils correspondent à unesédimentation marine dans un environnement récifal. La RNN de la Pointe de Giveta toutefois été créée pour la protection d’une flore remarquable sur divers affleu-rements calcaires qui présentent un intérêt géologique majeur.

La RNN d’Hettange-Grande a été créée pour protéger le stratotype del’Hettangien (début du Jurassique), choisi pour la présence d’un niveau àgrande richesse paléontologique (gastéropodes, bivalves, etc.). Les fossiles marins

Patrimoine géologique

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RN multisites• RNNG de Haute-Provence : 18 sites + périmètre deprotection / 59 communes(52 dans les Alpes de HauteProvence et 7 dans le Var /230 000 ha• RNNG Luberon : 28 sites / 20 communes /400 ha + périmètre deprotection sur 27communes sur 70 000 ha • RNN des sites géol. del’Essonne : 6 sites / 6 communes / 5 ha+ périmètre de protectionde 25 ha• RNN du Toarcien : 2 sites / 1 commune /61 ares• RNN de la Pointe deGivet : 9 sites / 6communes / 354 ha• RNNG de Saucats-LaBrède : 3 sites / 2 communes /75,5 ha• RNN F. Le Bail/Groix : 2 sites / 1 commune / 42 ha

Chiffres clés

RNNG Saucats-La Brède.Burdigalien, Pont Pourquey

© M. JONIN

(1) Un stratotype d’unitéest le plus souvent unaffleurement-type deroches sédimentairesfossilifères, qui constitue laréférence mondiale pourcaractériser la divisionstratigraphique de base ouétage de l’échelle destemps géologiques ; c’estl’étalon en quelque sorte.

Note

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se sont accumulés dans des grès. Au toit de cet ensemble gréseux, appelé Grèsd’Hettange, une discontinuité sédimentaire s’observe séparant les deuxétages Hettangien et Sinémurien ; cela correspond à un arrêt de lasédimentation entre deux phases de dépôts, qui représente un évé-nement à valeur régionale.

La RNN du Toarcien assure la conservation du stratotype du Toar-cien, étage du Jurassique inférieur créé par Alcide d’Orbigny en 1849...Un siècle et demi après la création de l’étage, cette coupe offre toujours ungrand intérêt pour la communauté scientifique. En particulier, 28 des34 horizons à ammonites délimités au sein de l’étage àl’échelle régionale ont été reconnus sur la coupe stratotypique de la réserve.

Six affleurements caractérisant le stratotype du Stampien (Oli-gocène) sont regroupés dans la RNN des sites géologiques de l’Essonne. Il s’agitde dépôts marins diversifiés : calcaires grossiers, sables coquilliers, contenantdes fossiles variés, notamment mammifères et poissons (Sables de Fontaine-bleau), de dépôts lagunaires et lacustres (Calcaire d’Etampes). C’est la mémoirede la dernière avancée de la mer sur le Bassin de Paris.

La RNN de Saucats-La Brède a été créée pour la conservation des stratotypesde l’Aquitanien et du Burdigalien (Miocène inférieur). Une autre par-tie de la réserve correspond à la fin du Miocène moyen.

Enfin, deux autres RNN abritent un stratotype d’unité, la RNN géologique duLuberon qui englobe le stratotype de l’Aptien (Crétacé) dans son péri-mètre de protection et la RNNG de Haute-Provence qui protège le stratotypedu Barrémien (Crétacé).

En complément de ces stratotypes historiques, on définit aujourd’hui des strato-types de limite (2) entre les étages qui fixent le niveau précis où débute un étage.

Ainsi, l’ancienne carrière de marbre griotte de Coumiac,classée en RNR, est le site repère international dela limite Frasnien-Famennien (Dévonien supérieur).

Tous ces stratotypes sont des références internationales de lastratigraphie. Il s’agit, bien sûr, d’objets géologiques remar-quables dont l’intérêt patrimonial est évident, mais leur inté-rêt est principalement d’ordre scientifique, peu attractif etpeu lisible pour l’amateur qui n’en possède pas la clé de lec-ture. Cela étant, si la conservation des stratotypes historiquesest souhaitable, s’agissant là d’un authentique patrimoine, iln’y a pas là pour autant un objectif majeur pour l’avenir desréserves naturelles.

En ce qui concerne la RNR du four à chaux de Pontlevoy, près de Blois, c’est unsite éponyme non pas d’un stratotype mais d’un faciès : le facies pontilevien quiévoque le souvenir de la mer des faluns qui, au Miocène, étendait un bras jusque dansl’Orléanais.

Harpoceraspseudoserpentinum,ammonite du Toarcieninférieur © Studio Dupiter

Repère scellé et fixematérialisant un stratotype delimite. Clou d’or de la RNRCoumiac, qui marque la limiteentre le Frasnien et leFamennien il y a 375 millionsd’années. © M. JONIN

(2) Un stratotype delimite est un affleurementoù il est possible derepérer les limitessupérieure et inférieure dedeux étages consécutifs. Ils’insère dans un ensemblecontinu de couches, lesunes sous-jacentes et lesautres sus-jacentes à lalimite. Un repère scellé etfixe matérialise ce pointsur le terrain : le « cloud’or ».

Note

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Les formations sédimentaires peuventêtre également remarquables par leurnature. Ainsi, la RNN de Bois du Parcpermet de pénétrer au cœur d’unrécif fossile jurassique. Les spec-taculaires falaises de Bonifacio (RNCdes Bouches de Bonifacio) correspon-dent à d’anciennes dunes sous-marines exondées à l’issue d’unelongue histoire géologique, toutcomme celles observables dans lanouvelle RNR des Carrières d’Orivalcréée en 2008. L’immense dalle cal-caire de la RNN des Hauts Plateauxdu Vercors, au delà de son imageimpressionnante de muraille rocheuse,représente un modèle sédimentaire reconnu et visité par lesgéologues pétroliers du monde entier.

Le poudingue de Cesson, dans la RNN de laBaie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) est remar-quable par la nature des galets contenus(roche magmatique) dont la datation numérique per-met de faire l’hypothèse d’une chaîne de montagnes(orogène) antérieure. Il marque le début du cycle brio-vérien, vers -600 Ma.

Enfin, au-delà de l’intérêt géologique principal lié à lanature ou à la signification de la formation, les ensemblessédimentaires ont aussi, le plus souvent, un intérêt paléon-tologique, un intérêt pétrographique (par exemple lesCalcaires « griottes » de Jujols), un intérêt paléoenviron-

nemental. Ainsi, les dunes continentales de la RNN de La Truchère-Ratenelle sont lamémoire d’un désert froid il y a 5000 ans. De même, les blocs visiblessur l’estran de la RNN de la Falaise du Cap Romain sont des roches transportées pardes radeaux de glaces flottantesdérivant le long des côtes de lamer de la Manche à la fin d’uneglaciation quaternaire, objetsgéologiques très ordinaires dansleur lieu d’origine mais quideviennent remarquables sur lacôte normande par leur modede mise en place.

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Récif fossile à polypiers de la RNN de Bois du Parc. © Th. BARRAL

RNN Hauts Plateaux duVercors. © A. CHIFFAUT

Falaises de Bonifacio, RNC des Bouchesde Bonifacio © M. JONIN

Une enquête du BRGM(1981) a retenu44 stratotypes historiquesen France ; 8 sontprotégés dans le réseaudes RNF.

5 clous d’or ont étéreconnus en France, unseul est protégé par uneRNR (Coumiac).

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Poudingue de Cesson, RNNBaie de St-Brieuc © M. JONIN

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Les gisements paléontologiquesCe sont des géosites dont les fossiles sont les objets géologiques remarquables.Ils sont nombreux dans le réseau (28 sur 56 RN). La fossilisa-tion reste un phénomène exceptionnel et même s’il peut apparaître que les fos-siles sont nombreux dans les formations sédimentaires, il faut bien admettrequ’ils ne représentent qu’une toute petite partie des innombrables organismesvivants qui ont peuplé la planète depuis près de 4 milliards d’années. Certains sontrares, uniques, exceptionnels, beaux… Au-delà, beaucoup servent à dater lesformations, à décrire les paléoenvironnements, à comprendre l’évolution de la viesur Terre, à décrypter l’histoire géologique…

Du Stéphanien à l’actuel se succèdent de nombreux environ-nements sédimentaires et leurs fossiles associés dans la RNNGde Haute-Provence. Cette réserve est difficile à présenter en quelques mots tantest vaste son territoire et long le temps géologique concerné. Richesse et diver-sité sont ainsi les qualificatifs les mieux adaptés pour évoquer son patrimoine géo-logique. Les chaînes subalpines offrent une pile sédimentaire qui atteint parfoisplus de 4000 mètres d’épaisseur. Des sites comme la dalle à ammonites deDigne, les ichthyosaures de la Robine et de Prads, les siréniens de Castellane, lestratotype du Barrémien, le pli du Vélodrome…, ont rendu la réserve célèbretant auprès du grand public que des spécialistes.

La RNN de Vireux-Molhain, connue localement sous l’appellation de « Mur desdouaniers », est un des plus petits sites mis en réserve. Il s’agit avant tout d’un talusroutier mais surtout d’un célèbre gisement paléontologique étudiédepuis le 19e siècle pour sa riche faune de trilobites. Ces fossiles exclu-sivement marins ont totalement disparu à la fin de l’ère primaire (Paléozoïque).Excellents fossiles stratigraphiques, ils permettent une datation précise des couchesgéologiques et de bonnes corrélations. Si l’affleurement ne saurait retenir l’atten-tion du voyageur béotien, les riches collections exposées à Bogny-sur-Meusemontrent la richesse patrimoniale conservée ex situ..

La RNN de la falaise du Cap Romain pro-tège un ensemble de roches calcaires et mar-neuses d’âge jurassique (Bathonien supé-rieur, 165 Ma), témoins précieux et fragilesd’une mer peu profonde en climat tropical.L’intérêt paléontologique de la falaise duCap Romain, connu dès 1821, a été soulignépar Alcide d’Orbigny qui fut le premier àremarquer son caractère exceptionnel en1852. A la base de la falaise et localementsur l’estran, l’érosion naturelle met en évi-dence de remarquables récifsd’éponges fossiles dans les for-mations jurassiques. Plusieurs généra-tions de récifs se sont succédées et ont recou-vert progressivement les fonds marinsenvironnants, avant l’enfouissement brutalet l’asphyxie des coraux par des apports de

La célèbre dalle à ammonitesde Digne-les-Bains a sacopie …au Japon ! La qualitépédagogique des sites de cetteréserve associée à la beauté despaysages, sont un véritableatout pour découvrir l’histoiredes Alpes et apprendre lagéologie.© M. JONIN

RNN de Vireux-Molhain.Asterobyge sp., espèce detrilobite © B. GIBOUT

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sable. La conservation de cet épisode de concurrence et d’inter-action entre la sédimentation et la vie sur les fonds marins estexceptionnelle par sa rareté.

Dans la RNNG de Saucats-La Brède, les fossiles permettant la définitionde deux stratotypes du Miocène inférieur sont divers et nom-breux : algues, végétaux, invertébrés et vertébrés, notamment les bivalves et gas-téropodes sont particulièrement bien représentés. Ils sont les témoins des paléo-milieux et des oscillations du niveau marin d’un golfe peu profondde l’océan Atlantique, dans les conditions subtropicales de l’époque.

Avec ses 28 sites fossilifères exceptionnels d’âgesEocène, Oligocène et Miocène, la RNNG du Luberonmontre une remarquable richesse en vertébrés fossiles,notamment des poissons, mais aussi des oiseaux, reptiles, amphibiens,crocodiles, tortues et mammifères… dans un état souvent excep-tionnel de préservation. L’occurrence de la fossilisation de vertébréscontinentaux est très rare d’où le grand intérêt scientifiquede ces gisements. Par exemple, le bassin oligocène d’Apt- For-calquier est un des sites majeurs de France pour la décou-verte d’oiseaux fossiles (cormoran, ibis, colibri, grue...). Ces mêmes niveaux calcairesoligocènes, en très fines pla-quettes et d’origine lacustre,

contiennent également des fossiles de végé-taux et d’insectes parfaitement conservésmême dans leurs éléments les plus fins(fleurs, graines, ailes, soies des insectes…). Ces végétaux et insectes fossiles constituenten termes de géodiversité, les groupes lesmieux représentés et on peut estimer à plu-sieurs centaines le nombre d’espèces pré-sentes dans ces niveaux. La réserve préserveaussi trois dalles portant à leur surface descentaines d’empreintes de pas fos-silisées de mammifères herbivores et car-nivores (rhinocéros, gazelles, hyènes…) et

d’oiseaux de l’ère tertiaire (Cénozoïque).De tels sites sont très raresà l’échelle de la planète.

Quatre sont connus en France et laréserve du Luberon, dans ce contexte, constitue l’un des territoires lesplus riches du monde.

D’autres réserves protègent également des vertébrés fossiles. En région Languedoc-Roussillon, une action conservatoire en faveur de sitesd’importance géologique initiée dès 1980 par l’ASPROGEO (association pour laprotection et la mise en valeur du patrimoine géologique) a permis la mise enréserve naturelle volontaire (outil juridique disparu remplacé par les RNR) dequatre sites paléontologiques remarquables de l’Hérault. Montredon, Robiac,

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Les formations calcaires de laRNN de la falaise du CapRomain ont enregistré unépisode exceptionnel de

l’histoire géologique de laNormandie, avec l’apparition

des éponges constructrices, leurconquête des fonds marins auJurassique moyen (Bathonien

supérieur) et leur asphyxie parenfouissement sous les sables,évènement se déroulant il y a

165 millions d’années. © J. AVOINE

RNNG du Luberon (1987, Provence ),empreinte de grenouille dans les calcaires enplaquettes © P. CABROL

Melongena lainei, fossileemblématique de la RNNG de

Saucats-La Brède.

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Saturnin-Garimond et Aumelas sont de riches gisements de mammifères de l’Eo-cène et du Miocène qui ont été retenus comme niveaux de référence dela chronologie mammalienne lors d’un congrès international qui s’est tenuà Mayence en 1987.La RNR de La Lieude offre une dalle avec des pistes de reptiles pré-mammaliens du Permien, le plus bel ensemble connu enEurope. Ce site est malheureusement en danger aujour-d’hui par manque de gestion.Les sédiments karstiques de l’ancienne mine de phosphatede Lavergne (Quercy) ont fourni une riche faune fossile de ver-tébrés continentaux (3 espèces nouvelles décrites) de L’Eo-cène supérieur ; la mise en réserve en 1992 a permis d’arrê-ter les pillages (40 tonnes de déblais volés depuis 1980 !).La RNR d’Itteville est célèbre grâce à la faune originale demammifères d’espaces ouverts (petits cervidés, suidés, rhino-céros coureurs, carnivores), découverte en 1987 sous le Calcaired’Etampes qui surmonte les Sables de Fontainebleau. Sonintégration à la RNN de l’Essonne en 2009 permettra de sau-vegarder durablement cet aspect de la paléontologie du Stampien.

On citera également lacélèbre Montagne Sainte-Vic-toire, toile de fond du pay-sage d’Aix-en-Provenceimmortalisée par PaulCézanne. La masse de cal-caire blanc, site classé depuis1964, domine la RNN de laSainte-Victoire. Le site deRoques-Hautes, dans lesargiles rouges du Crétacé,est un gisement fossilifèreparticulièrement riche enœufs, souvent regroupés enpontes, appartenant à plu-sieurs espèces de tita-

nosaures de la fin de l’ère secondaire (mésozoïque).

La RNR de Menat est un ancien cratère d’explosion dont leremplissage par des sédiments particulièrement fins (spiculesd’éponges et diatomées) a permis la conservation d’une fauneet d’une flore riche et diverse conférant à ce site un inté-rêt paléontologique exceptionnel pour le Paléo-cène continental européen.

Dans la RNN des sites géologiques de l’Essonne, à Saulx-les-Chartreux, a été mise au jour une des plus grandesforêts connues de taxodiacées fossiles témoignantd’un milieu continental lors du dernier épisode du Stampien.

Mâchoire de rhinocéroscoureur sans corne(Cadurcotherium cayluxi)présent dans les sablescontinentaux du Stampiensupérieur sur le site d’Itteville(RNNG Essonne) © S. ANDRIEUX

Œufs de dinosaures dans les argiles rouges, RNN Ste-Victoire © M. JONIN

Bois silicifié (Taxodiacée). RNNSites géologiques de l’Essonne © RNN Sites géologiques del’Essonne

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Les gisements minéralogiquesPresque toutes les roches sont formées de minéraux. L’état cristallin du mondeminéral est commun. Il y a des minéraux rares, on en découvre encore des nou-veaux de temps à autre. Il y a surtout des gisements minéralogiques qui montrentdes formes peu communes et exceptionnelles d’espèces minérales plus ou moinsordinaires qui peuvent représenter un patrimoine géologique remarquable. L’es-thétique et l’aspect curieux de nombre de formes minérales font que l’attraitest fort pour les amateurs, collectionneurs et marchands, depuis toujours.

Malgré cette pression anthropique, assez curieusement, trèspeu de réserves naturelles ont été créées pourassurer la protection de tels gisements.

C’est le cas de la RNN François-Le Bail de l’île de Groix (du nom ducélèbre minéralogiste breton). Créée en 1982, principalementpour préserver des sites minéralogiques historiquement très forte-ment pillés (glaucophane, lawsonite… plus de soixante espècesminérales identifiées), elle conserve, sur deux sites de l’île, deremarquables et rares affleurements de rochesmétamorphiques du faciès « schistes bleus » quicorrespondent à un ancien plancher océanique et témoignent dela fermeture d’un océan en relation avec la formation de la chaînehercynienne. Il s’agit là d’un patrimoine unique au niveau

national et l’intérêt des affleurements de l’îlejustifierait une zone de protection au-delà deslimites actuelles de la réserve.

La grotte du TM 71 (Pyrénées) « avance mas-quée » en 1987 derrière les initiales de sesdécouvreurs. Il s’agit d’un réseau karstique sur 11 km qui n’aquasiment pas été perturbé par des incursions humaines. Lesconcrétions y sont remarquables voire exceptionnelles commeles aragonites bleues en bouquets, les stalag-mites blanches à section triangulaire et le célèbre,et unique au monde, disque sur fistuleuse appelé

« les cymbales ». La cavité montre aussi des traces intactes de la présence de l’oursdes cavernes.

La RNR du Puy de Marmant garde le souvenir des zéolithes décrites par le grand miné-ralogiste Alfred Lacroix (les échantillons sont conservés ex situ dans les collections uni-

versitaires).

La RNR de Longeville-lès-Saint-Avold ne protège pas que deschauves-souris, elle offre debelles minéralisations, notam-ment de cuivre.

Patrimoine géologique

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Gros plan sur la glaucophaniteà épidote et grenat dans la

RNN de François le Bail (Ile deGroix.)

© R.P. BOLAN

Parmi les délicates concrétionsde la RNN du TM71, la rarearagonite bleue est observée

© Ph. MORÉNO

Grenat de Costabonne,RNN de Prats-de-Mollo

© Y. HEMERYC

Disque sur fistuleuse, les cymbales. Milieuextrêmement fragile, laRNN de la Grotte du TM71(Pyrénées) ne peut accueillirdes visiteurs qu’en nombrelimité. © P. CABROL

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Patrimoine géologique

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Les phénomènes magmatiquesLes phénomènes magmatiquesn’ont pas retenu suffisammentl’attention pour justifier à euxseuls la création de réservesnaturelles. Cependant,quatre d’entre ellesmontrent des appareilsvolcaniques remar-quables.

Si la RNR du Cratère du Mont-Bar préserve une tourbière,elle est installée dans le cra-tère d’un petit appareil strom-bolien dont la morphologieest parfaite dans le paysage.

La RNC de Scandola corres-pond à un ancien complexevolcanique édifié à la fin del’ère primaire (Paléozoïque),aujourd’hui partiellement

effondré en mer, ce qui permet de pénétrer en bateau au cœur de l’édifice et d’encomprendre la formation.

La RNR du Puy de Marmant est une cheminée volcanique typique de la Limagne,résultant d’un phréatomagmatisme (mise en contact d’un magma basaltique à1200°C avec une nappe phréatique).

Enfin, la dépression topographique de la RNR de Menat corres-pond à un cratère d’explosion (maar), témoin du plus ancien volca-nisme d’Auvergne.

Le métamorphisme et la tectoniqueLe métamorphisme engendre des séries de roches très diverses et sou-vent remarquables par leurs textures, leurs structures, leurs minéra-logies caractéristiques.

Une seule action conservatoire a été menée jusqu’à pré-sent : la Réserve Naturelle nationale François Le Bail à l’île de Groixpour protéger les schistes bleux à glaucophane.

Les schistes de la RNN de Jujols correspondent à d’anciens sédi-ments finement lités du Cambrien, métamorphisés au cours de l’oro-genèse hercynienne durant laquelle ils ont acquis une remarquableschistosité. Cet ensemble de caractères a conduit les géologuesrégionaux à en faire une formation de référence en définissant la for-mation des Schistes de Jujols (RNN de Jujols).

La RNN de Nohèdes permetd’observer d’intéressantsmélanges magmatiques dans legranite de Quérigut. © B. LAUMONIER

RNN Scandola. Orgues rhyolitiques © F. BIORET

Nombre de RNN selonla classification del’UNESCO basée surl’intérêt géologiqueprincipal

A paléobiologie 11B géomorphologie 29C paléoenvironnement 3D pétrologie 4E stratigraphie 11F minéralogie 3G structural 5

Les chiffres clés

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Les temps géologiques sont ponctués depériodes orogéniques qui aboutissent à la for-mation de chaînes de montagnes. La dyna-mique de la croûte terrestre engendre des forcesqui vont brutalement casser les formations oulentement les déformer. Les structures géolo-giques qui en résultent, failles et plis, consti-tuent parfois des objets géologiques remar-quables, à toutes les échelles.

L’astroblème de Chassenon-Rochechouart, undes plus grands points d’impact demétéorites connus au monde, est unobjet géologique unique en France qui seraprochainement classé en RNN.

La géomorphologieDans 24 réserves la géomorphologie s’impose comme un élé-ment fort du patrimoine naturel. Les phénomènes responsables de ces modelés caractéristiques sont divers : modelésglaciaires (4 RN), modelés littoraux (6 RN), modelés fluviaux (5 RN), modelés kars-tiques (4 RN), modelés tropicaux (1 RN)…

Depuis que la loi de 2002 donne aux régions la possibilité de créer des RNR sur lefondement d’un patrimoine géologique reconnu, une RNR a ainsi été créée par larégion Bretagne sur le Sillon de Talbert (2006). Il s’agit d’un géomorphosite : uneflèche littorale à pointe libre qui s’avance en mer sur près de3 km, l’une des plus remarquables de France.

Perspectives de conservationAmélioration des connaissancesIl est sans doute paradoxal que le patrimoine le plus ancien soit le plus tardive-ment reconnu ! Si le patrimoine géologique n’a pas été oublié par la loi de1976 relative à la protection de la nature, il faut bien admettre qu’il est resté le« parent pauvre » des réserves naturelles durant cette trentaine d’années. La loi de 1995, dite « loi Barnier », a envisagé un renforcement de sa protection avec

la perspective d’une liste nationale des sitesgéologiques protégés, mais elle est restée sansdécret d’application. La loi de février 2002(relative à la démocratie de proximité) changeenfin significativement la situation. D’une partle patrimoine géologique apparaît ès qualitédans le texte de la loi, d’autre part il est expres-sément indiqué que les réserves naturelles régio-nales peuvent être créées pour le protéger,enfin l’inventaire national du patrimoine natu-rel prend une dimension législative et intègreexplicitement le patrimoine géologique.

Patrimoine géologique

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RNNG de Haute-Provence. Pli du Vélodrome, Miocène.

© F. HOULETTE

Canyon d’Oppelette vu d’avion.RNNG du Luberon

© H. VINCENT

Il reste beaucoup à fairepour la reconnaissance etla préservation dupatrimoine géologique :• inventaires ethiérarchisation des sitesd’intérêt géologique• politique de protectionvolontariste, passant parune législation adaptée etun statut juridiquepermettant une réelleprotection, avec une réelleapplication de laréglementation,• aménagement des sites,entretien, surveillance, cequi nécessite des moyenshumains et financiers,• information et éducationdans le domaine de laprotection du patrimoinegéologique.

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Dans le même temps, des expé-riences ici et là, la création de laConférence Permanente duPatrimoine Géologique (CPPG),l’élaboration d’une base dedonnées nationale informatiséeet d’une méthodologie de tra-vail appropriée ont permis d’en-visager une approche pragma-tique des problèmes.

Aujourd’hui, l’actualité est à l’inventaire national. Il a été lancé offi-ciellement par le ministère le 5 avril 2007, c’est le premier travail indispensable. Ilsera nourri par les inventaires régionaux, inventaires évalués qui distingue-ront chacun la part nationale de leur patrimoine. Une validation nationale sera faitepar le MNHN et un groupe d’experts. Alors la liste nationale – obligation liée à laloi Barnier – pourra être arrêtée et, sur cette base, politique et stratégie pourront s’en-visager : créations de RNN « géologiques », nouveaux « sites classés d’intérêt géo-logique », maîtrise foncière… Réserves Naturelles de France peut prendre part à cet inventaire au niveau dechaque région, par le réseau des réserves « dites géologiques » et ses géologues, parla mobilisation des géologues des comités scientifiques de toutes les réserves, par l’ac-tion militante et mobilisatrice de chacun ; le grand avantage est que ses acteurs ontla double compétence : connaissance géologique et culture « patrimoine naturel ».

Evaluation de la valeur du patrimoinegéologiqueLes objets géologiques et les géosites remarquables sont assez nombreux dans notreenvironnement minéral et doivent être soumis à une évaluation.A l’échelle régionale sont ainsi évalués : l’intérêt géologique principal, l’intérêt géo-logique secondaire, l’intérêt pédagogique, l’intérêt pour l’histoire de la géo-logie, la rareté à l’échelle régionale, enfin l’état de conservation. Une note estattribuée par des géologues spécialistes de la région concernée et validée parun groupe d’experts (commission régionale du patrimoine géologique) dési-gnés par le CSRPN (conseil scientifique régional du patrimoine naturel).

Finalement, on aboutit à une hiérarchisation des sites d’intérêtgéologique qui permet, selon une échelle perfectible mais admise,d’évaluer la dimension nationale (voire internationale), régionale oulocale du patrimoine géologique identifié. Cette méthodologie a été vali-dée par la CPPG du ministère chargé de la protection de la nature (cf. DeWever et al, 2006).

Le patrimoine étant l’héritage, cette approche basée sur l’évaluation per-met d’en estimer la valeur et, au service d’une politique conservatoire,de fixer les enjeux et les stratégies souhaitables.

Dans une évaluation prospective d’un site on peut noter des intérêtsannexes qui, au final, en renforcent l’argumentation pour une mesure conserva-toire.

Stries glaciaires sur la RNN desAiguilles rouges. © J. RAVANEL

Falaises de sables ocreux ©RNNG du Luberon

Typologie (pour l’intérêt géologique principal)

Dans les RNN Dans l’ensemble « géologiques » des 56 RN ayant un

patrimoinegéologique identifié

Roches sédimentaires 10 RNN sur 11 28 RN sur 56Roches magmatiques 3 RN sur 56Roches métamorphiques 1 RNN sur 11 Géomorphosites 24 RN sur 56

Les chiffres clés

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Politique nationale de conservationLa conservation nécessite d’abord qu’un statut juridique approprié soitdonné aux géosites pour une protection efficace des objets géologiques. Le statutde Réserve Naturelle est le seul véritablement adapté aujourd’huipar la possibilité d’une réglementation inscrite dans l’acte de classement.

Les géosites étant souvent ponctuels, il est souvent pertinent de proposer desréserves multisites, ce qui permet de mieux appréhender l’intérêt géologiqued’un secteur et de justifier les moyens d’une conservation active.

Dans certaines conditions, notamment lorsqu’un site ne nécessite ni surveillanceattentive ni gestion régulière, il est possible d’utiliser le « site classé » dela loi de 1930 mais cette possibilité devra être examinée et réfléchie avec leministère chargé de la protection de la nature dans le cadre de la politique natio-nale de protection qui devrait être définie dans les prochaines années.

L’objectif idéal serait que les géosites majeurs de notre territoire – mémoire de sonhistoire géologique – rejoignent le réseau des réserves naturelles actuellement essen-tiellement biologiques. A ce titre, si les stratotypes historiques constituent un patri-moine international incontestable, ils peuvent aussi représenter une facilité d’actionau détriment d’autres objets plus divers, plus représentatifs de la géodiversité natio-nale. La future politique de protection du patrimoine géologique national devradonc veiller au respect d’un juste équilibre entre les différents géo-sites et catégories d’objets géologiques remarquables.

Rappelons enfin que le Conseil de l’Europe a décidé en 2004 de prendre encompte la notion de zones d’intérêt géologique (ZIG) dans le réseau Emeraude

des zones d’intérêt spécial pour la conservation (ZISC).

Lutte contre les menacesLa conservation du patrimoine géologique est guidée par sescaractéristiques propres : les objets géologiques sont lestémoins non renouvelables de l’histoire de notreplanète et le temps inexorablement les fait disparaître ; ils’agit là de vulnérabilité naturelle. S’y ajoute une vulnérabilité anthropique. En effet,certains objets sont beaux, curieux, rares, précieux… et doncrecherchés par des collectionneurs … et bien sûr par des mar-chands, dès lors qu’il y a valeur économique. Ce qui historique-ment a été acceptable ne l’est plus par les excès de toutes

Patrimoine géologique

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Musée in situ de la vallée desSiréniens. RNNG de Haute-

Provence © M. JONIN

La notation allant de 0 à 3, onremarquera l’intérêt

patrimonial majeur de cegéosite, ce qui traduit bien larareté, l’unicité des « schistes

bleus » de Groix dans lagéologie régionale voire

nationale.

Intérêt géologique principal 3 4 12Intérêt géologique secondaire 3 3 9Intérêt pédagogique 3 3 9Intérêt pour l’histoire de la géologie 0 2 0Rareté dans la région 3 2 6État de conservation 3 2 6TOTAL 42 sur 48Intérêt(s) annexe(s) : biologique 2 1 2

Intérêts Note Coefficient Résultat

Exemple d’une évaluation patrimoniale : RNN François Le Bail-Ile de Groix (Morbihan)

Recommandations duConseil de l’Europe auxEtats membres (mai2004).Dans le cadre de laStratégie pour la diversitébiologique et paysagère, leConseil de l’Europe arecommandé auxgouvernements des Etatsmembres d’intégrer laconservation et la gestiondu patrimoine géologiquedans leurs objectifs etprogrammes nationaux.1 - Identification des zonesd’intérêt géologique (ZIG).2 - Définition d’unestratégie de protection etde gestion.3 - Renforcement desinstruments juridiques.4 - Education etinformation sur lepatrimoine géologique.5 - Développement de lacoopération internationale.6 - Augmentation descrédits.7 - Rapport au Conseil del’Europe en 2009 etévaluation.

A noter

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sortes et la conservation du patrimoine géologique ne pourra faire l’impasse surcette importante question qui reste entière.

Mise en valeur des sitesLe patrimoine géologique reconnu contribue le plus sou-vent à l’identité des territoires. Il représente une richessecomplémentaire des autres patrimoines. Mis envaleur, il permet de comprendre les paysages, de retrouver lesliens entre architecture et géologie locale, de retrouver lajuste place de l’Homme dans son environnement.La mise en valeur des géosites et des objets géologiquesremarquables qu’ils renferment participe pleinement à laconservation du patrimoine géologique.Outre les problèmes classiques de surveillance et de signa-lisation, la conservation des géosites veille à maintenirles objets accessibles et lisibles, ce qui veut dire par exemple, « rafraî-chir » éventuellement les affleurements (c’est-à-dire décaper les altérations desurface) ou encore éviter l’embroussaillement voire une végétalisation non sou-haitable (en étant bien évidemment attentif à la flore concernée).

Collections et écrits originauxParfois, lorsque les objets géologiques remarquables sont trop vul-nérables, la question se pose de les conserver in situ dans unmusée de site ou de les extraire pour une conser-vation ex situ dans les collections d’un musée existant oucréé à cette occasion.Depuis toujours des collections de fossiles, de minéraux, de roches…sont constituées par des amateurs et des scientifiques. Elles sont dansdes situations très variées : stockées dans des lieux privés plus oumoins connus, bien archivées par des amateurs éclairés, souvent col-laborateurs de la recherche, utilisées dans les laboratoires univer-sitaires où elles sont le matériel d’une recherche active ou récente,conservées dans des collections universitaires et dans des musées,avec des statuts divers… Tout cela recouvre une réalité mal connue qu’il convientd’examiner avec rigueur et méthode ; comme pour les sites, il faut inventorier,évaluer et envisager une conservation durable responsable. Cette démarche estindispensable parce que chaque échantillon a une valeur patrimoniale propre etun intérêt a priori pour la recherche et, dès lors qu’il est égaré ou mal référencé,il est perdu à tout jamais. Il en est de même pour les écrits originaux des géologuesqui n’ont pas toujours été complètement exploités scientifiquement et dont lesconditions d’élaboration (conditions d’affleurement des formations) ont parfoisdisparu aujourd’hui. Collections et écrits originaux constituent le patrimoineex situ dont l’importance est complémentaire de celle du patrimoine in situ.Les réserves naturelles ont souvent à gérer de telles situations et elles sont bienplacées pour les assumer; cette autre forme de conservation relève de leur mis-sion et de leur responsabilité. De plus, attentives au patrimoine géologique de leursterritoires, elles devront organiser des fouilles de sauvetage de leur patrimoinegéologique chaque fois que l’érosion naturelle ou des travaux d’aménagementdans leur aire d’influence viendront mettre au jour et menacer des objets géolo-giques remarquables conservables ex situ.

Le Géobidule de Thouars ©RNN Toarcien

La conservation des collectionsdes références peut être inscritedans le plan de gestion oudans les statuts de la réserve. © RNN Saucats-La Brède

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Aujourd’hui, la terre de demain

6 bis rue de La GougeB.P. 100

21803 Quétigny cedexTéléphone : 03 80 48 91 00Télécopie : 03 80 48 91 01

[email protected]

Massif armoricain

Massifcentral

Ardennes

PyrénéesCorse

Bassin d'Aquitaine

Bassin de Paris

Alpes

Provence

Jura

Languedoc

100 km

massifs hercyniensterrains post-hercyniens non déformésterrains post-hercyniens déformés

réserves naturelles nationales et de Corseréserves naturelles régionales

volcanisme tertiaire et quaternaireRN créées sur le fondement scientifiquedí un patrimoine géologique à préserver

Dune Marchand

Vireux-Molhain Pointe de Givet

Hettange Grande

Longeville-lès-St-Avold

IttevilleSites géologiquesde l’Essonne

Grotte aux oursBois du Parc

Ravin de ValboisIle du Girard

La TruchèreVal d’Allier

Menat

Puy de Marmant

Vallée de Chaudefour

Tourbière des Dauges

Falaise duCap Romain

Baie de St-Brieuc

Venec

François le BailGrand Pierre et VitainFour à chaux

de Pontlevoy

Toarcien

Baie de l’Aiguillon

Saucats-La Brède

Etang de Cousseau

Banc d’ArguinCourant d’Huchet

Lavergne

Néouvielle

Cratère du Mont Bar

SixtAiguilles Rouges

Hauts de ChartreuseIle de la

Platière Hauts Plateauxdu Vercors

Ramières du Val de DromeGorges de

l’ArdècheHaute Provence

Luberon

Ste-Victoire

SaturninGarimondRobiac

AumelasLa LieudeCoumiac

Montredon

Grotte du TM71

JujolsPrats de Mollo

Scandola

Bouches deBonifacio

Carrièresd’Orival

Iroise

Sillon deTalbert

Nohèdes

les réserves naturelles présentant un patrimoine géologique remarquable

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