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REQUIEM de Frédéric LEDROIT

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REQUIEMde Frédéric LEDROIT

Bureau Interprofessionnel du Cognac (BNIC)

Communiqué

Produit de luxe par excellence, le Cognac est, dans le monde entier, symbole de l’art de vivre à la française.Cette eau-de-vie de vin issue d’un terroir argilo-calcaire unique qui lui confère fraî-cheur, équilibre parfait des arômes floraux et fruités se révèle gourmande.L’élaboration du Cognac rythme la vie de notre superbe région : en septembre, les grappes gor-gées de soleil attendent d’être cueillies puis pressées. Le vin blanc qu’elles donneront a alors le privilège d’être distillé via un procédé qui, depuis la naissance du Cognac, n’a pas changé. Pen-dant les mois d’hiver, la campagne charentaise est alors délicatement parfumée par les effluves qui émanent des alambics en cuivre. L’eau-de-vie issue d’une double distillation est alors ensuite transférée dans des fûts en bois de chêne qui vont lui offrir leurs propriétés naturelles et la parer d’une couleur et d’un bouquet aromatique extraordinaire. Le temps est alors maître d’œuvre. Le maître de chai entre ensuite en scène. Magicien du Cognac, il assemble différentes eaux-de-vie d’âges et de crus différents, créant, tel un peintre ou un musicien, une véritable harmonie.Elaborée avec la plus grande attention et patience, Le Cognac vous invite à l’éveil des sens, aux alliances subtiles des saveurs et de la gastronomie.

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION

Les dimanchesmusicaux

L di h

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J’écoute souvent Frédéric LEDROIT, en notre cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême, dont il

est l’organiste. Je l’écoute tout particulièrement après le temps de l’homélie. Voici que le

silence s’établit et, dans le silence, s’élève peu à peu la musique de l’orgue, qui fait écho

à la Parole de Dieu et aux paroles du prédicateur, de l’évêque chargé de commenter l’Évangile.

J’écoute Frédéric LEDROIT en train d’improviser son propre commentaire et je sais alors

comment la voix vivante du Christ se fait entendre de façon intérieure. Car l’orgue fait appel à

l’intériorité et l’intériorité elle-même choisit des relais humains. J’écoute, et je perçois parfois la

fluidité d’Olivier MESSIAEN, qui évoque des chants d’oiseaux ou le bruit d’une cascade légère,

parfois la gravité éclatante de Jean-Sébastien BACH, qui rend sensible la grandeur de Dieu, par-

fois aussi les variations méditatives de Gabriel FAURÉ, accordées aux intermittences du cœur.

Frédéric LEDROIT participe ainsi au mystère de la liturgie. Il communie à la Parole de

Dieu dont il a été l’auditeur. Il devient un acteur de la célébration, tout en restant caché derrière

le grand orgue qui est placé à l’entrée de notre cathédrale. Il ne préside pas. Il s’efface, mais il

n’est pas du tout séparé, il ne se prend pas pour un artiste qui resterait dans ses hauteurs et qui

prendrait plaisir à dominer de loin le peuple des baptisés ordinaires. Il est uni, par la musique

de l’orgue, à ce qui s’accomplit dans le chœur, autour de l’autel.

Et le Requiem qu’il nous présente aujourd’hui est inséparable de ce charisme qui fait de

lui un organiste heureux de célébrer, à sa manière qui est exceptionnelle, la beauté du monde

et la grandeur de Dieu. Que l’on écoute avec attention chacune des séquences de cette œuvre

superbe, du Prélude à l’acclamation finale de l’In paradisum, en passant par tous les autres

éléments de cette construction musicale et liturgique !

On y percevra une sorte de dialogue intérieur qui ne cesse pas de se déployer, par

vagues successives, à travers des alternances de paroles, de chants, de silences et de prières.

Frédéric LEDROIT est un homme habité, qui laisse s’exprimer au dehors ce qui s’est déjà inscrit

en lui. Car il écrit musicalement ce qui lui est dicté non pas par une muse, mais par un esprit

vivant auquel il obéit.

Et cet esprit est multiple. Frédéric LEDROIT porte en lui un imaginaire païen par lequel

il communie au mystère du monde, aux déferlements de l’océan, aux murmures des ruisseaux,

aux souffles plus ou moins légers du vent, sans oublier les chants des oiseaux dans la forêt. Il

sait, comme tout artiste, qu’aucune création humaine ne peut se séparer de ce grand œuvre de

l’univers dont le Dieu vivant est la source. Et parfois, on sent bien que son imagination le porte

LA BEAUTÉ DU MONDE, LA GRANDEUR DE DIEU ET LA MUSIQUE DE L’ORGUE

par Monseigneur Claude DAGENS,

évêque d’Angoulême,

membre de l’Académie française

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plutôt du côté des romantiques, heureux de plonger dans l’immensité du cosmos pour le laisser

chanter la gloire du Créateur.

À l’horizon de ce cosmos plus ou moins païen se devine une présence mystérieuse, puis-

sante et parfois redoutable. Ce n’est pas tout à fait le Dieu saint de la Bible, Celui qui se révèle au

prophète Élie dans le murmure d’une brise légère. C’est plutôt le Maître souverain des siècles, ou

l’ordonnateur du monde, tel que Platon le présente, la source transcendante du Beau et du Bien, le

Dieu des philosophes et des savants, le grand Architecte de l’Univers, le principe suprême de tous

les spiritualismes.

Et pourtant Frédéric LEDROIT sait très bien que Dieu n’est pas seulement Celui que nous

cherchons, mais Celui qui vient à notre rencontre, qui s’ouvre à nous et qui donne à son Fils de

prendre chair de notre chair, jusqu’à mourir de notre mort, aux portes de Jérusalem.

Ce Requiem a des dimensions cosmiques et, en son centre, et comme en creux, il laisse

émerger une présence qui ne s’impose pas : celle du Ressuscité, qui s’est affirmé lui-même comme

la « lumière du monde » : « Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas

dans les ténèbres. Il aura la lumière qui conduit à la vie. » (Jean 8,12)

Il y a évidemment une grande différence entre cette lumière personnelle du Verbe fait chair

et ce que l’on appelle les « lumières », lorsqu’on veut évoquer le travail de la raison qui chasse les

ignorances et les peurs.

Frédéric LEDROIT est un disciple du Christ, « lumière du monde ». Je souhaite que ce

Requiem puisse éclairer de l’intérieur tous ceux et celles qui cherchent une lumière plus forte que

toutes nos ténèbres. Comme on le chante à Taizé :

« Jésus, le Christ, lumière intérieure,

Ne laisse pas mes ténèbres me parler,

Jésus, le Christ, lumière intérieure,

Donne-moi d’accueillir ton amour. »

Claude DAGENS

Le 27 mai 2012en la fête de la Pentecôte

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Au cœur du VIIIe arrondissement de Paris marqué par l’architecture haussmanienne, en

l’église de La Madeleine, célèbre pour ses grands concerts de musique sacrée, Frédéric

Ledroit prépare son public à vivre une grande épopée. Un requiem où la virtuosité du musi-

cien et la créativité du compositeur se confondent pour rendre un hommage bouleversant à la vie.

Otto Klemperer écrivait « La musique est infinie. Elle est le langage de l’âme ». Frédéric Ledroit

pourrait rajouter « le langage spirituel de l’âme » tant les variations et les pièces qui seront présentées

manifestent chez l’homme de l’art les grâces que la vie délivre, les contradictions qu’elle procure et

les peines qu’elle assène.

La Charente, département où Frédéric Ledroit est titulaire du Grand Orgue de la Cathédrale

d’Angoulême, s’enorgueillit d’accueillir l’un des plus grands maîtres contemporains de la composi-

tion et de la diffusion de la musique sacrée. Pour le croyant, le mélomane sensible aux expressions

les plus subtiles de la foi et de l’art sacré, chaque représentation de cet organiste de renom est un

pèlerinage fougueux à la recherche de l’absolu, une invitation à redécouvrir le perpétuel renouvel-

lement des plus grands chefs d’oeuvre pour orgue. Le temps d’un concert, l’artiste dévoile le monde

intérieur qui l’anime, laissant apparaître une inspiration prolifique, et une générosité qui convie le

public à un cœur à cœur avec l’œuvre.

Eloignées de toute image désuète ou élitiste, les compositions et les interprétations de Frédé-

ric Ledroit baignent dans la lumière de la créativité, et reflètent le talent et l’originalité d’un auteur

reconnu pour la qualité de ses improvisations. Le répertoire de M. Ledroit ne cède rien à la mode ;

il ne s’abstrait pas non plus des richesses créatrices de notre temps.

Témoignage d’une vie marquée par la foi, l’œuvre de M. Ledroit est aussi la manifestation

puissante d’un talent au service de l’amitié. En offrant ce requiem à un large public, le musicien rend

hommage à celles et ceux qui ont partagé les grands moments de sa vie. A la lumière de la foi, ce «

merci » destiné à ses maîtres, à ses amis, est une prière de reconnaissance à l’adresse de son public,

des fidèles de son œuvre et de cet absolu divin révélé dans chacune des pièces écrites par l’auteur.

Frédéric Ledroit inscrit son nom dans la prestigieuse lignée des compositeurs qui vouent leur

génie à l’écriture des plus belles partitions de la musique sacrée. Je suis à la fois honoré et heureux,

à mon tour, de rendre hommage en quelques lignes à l’un des Charentais les plus investis au service

d’une diffusion artistique et culturelle sans frontières.

Michel BOUTANT

Sénateur de la Charente

Président du Conseil général

REQUIEM DE FRÉDÉRIc LEDROIT à l’église de La Madeleine à Parisdimanche 24 juin 2012

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La cathédrale d’Angoulême domine paisiblement le fleuve Charente tandis que les

sonorités du grand orgue animé par son organiste, Frédéric LEDROIT, résonnent en

son chœur, faisant vibrer nos âmes à l’unisson.

C’est aussi au bord du fleuve, au milieu des îles de la commune de Vouharte, qu’il

réside. Inspiré sans doute aussi par la beauté de cette nature, il nous fait partager avec talent,

virtuosité et poésie sa passion pour la musique ; interprétant, composant ou improvisant

avec sensibilité et originalité.

D’une grand créativité, libre et fantaisiste, ce musicien maîtrise parfaitement son art et

c’est un privilège de pouvoir écouter, connaître et apprécier un tel artiste.

Sa dernière création, le Requiem pour piano et orgue, représente une étape essentielle, un

long cheminement spirituel et philosophique, marquant une œuvre déjà reconnue mondia-

lement.

L’artiste, aussi bien que l’homme, passionné, bouillonnant… «habité», ne manquera

pas de bouleverser et de conquérir son auditoire.

Frédéric LEDROIT offre avec générosité une inspiration sans limite, au service de

créations musicales audacieuses et novatrices qu’il nous fait découvrir pour notre plus grand

plaisir.

Jérôme LAMBERT

Député de la Charente

Vice-Président de la Commission des Affaires européennes

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En venant assister à la création du Requiem, Opus 50, de Frédéric Ledroit, l’« Asso-

ciation des amis de l’orgue de la Charente » salue non seulement son directeur

artistique mais surtout un musicien exemplaire aux multiples talents. Compositeur,

improvisateur, interprète, pédagogue, Frédéric Ledroit sublime tout ce qu’il touche.

Son inspiration, résolument tournée vers ce qui est positif, est en effet pétrie de philosophie,

de poésie, de générosité, d’humanisme et d’amour.

Avec la livraison de cette œuvre importante inspirée de lux aeterna – la lumière per-

pétuelle -, ce magicien nous laisse entrevoir, outre les terres de sa pensée, une spiritualité

profonde et généreuse qui nous entraîne dans un voyage envoûtant et bouleversant à la fois.

Sans aucun doute, sa créativité est source de lumière, sa virtuosité et son talent surgissant de

ce chef d’œuvre universel, l’œuvre de sa vie.

Le chœur Pro-Homine, dirigé par Marie-Christine Pannetier, ainsi que les quatre solistes

(la soprano Jeanne Crousaud, la mezzo-soprano Elena Gabouri, le ténor Mathieu Muglioni,

le baryton Ciro Greco) seront accompagnés par l’organiste de la Madeleine, François-Henri

Houbart, par Jean-Pierre Ferey au piano et par Frédéric Ledroit lui-même au grand-orgue.

Ce Requiem bénéficie en effet d’une instrumentalisation rare : double chœur, quatre solistes,

deux orgues et piano, symboles de la dualité de l’homme entre immortalité et mortalité. La

seule présence tragique de l’orgue dans le Prélude s’ouvrira bientôt à un dialogue émouvant

avec le piano puis les chœurs. Succédant à la peur terrible du jugement dernier (Dies Irae),

jaillira bientôt un somptueux hymne d’adoration (Sanctus) avant que ne s’épanouissent les

prières collectives et que ne s’ouvre un paradis pur et éternel (in paradisium).

Découvrez et partagez avec émotion et passion ce moment rare.

C’est tout le bonheur que nous vous souhaitons !

Olivier CAzENAVE

Président de l’«Association des amis de l’orgue de la Charente »

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« L’orgue ! Le seul concert, le seul gémissement,

Qui mêle aux cieux la terre,

La seule voix qui puisse, avec le flot dormant,

Et les forêts bénies,

Murmurer ici-bas quelque commencement

Des choses infinies… »

La musique a en elle-même quelque chose de miraculeux, entre l’esprit et

la matière. Et comme le dit merveilleusement Victor Hugo, l’orgue, cette

voix puissante ou évanescente, synthétise toutes les voix de la création.

Cette voix, Frédéric Ledroit la porte en lui.

Du grand orgue de la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême à l’Eglise de

La Madeleine, l’interprète grave et éblouissant de Duruflé, le musicien lyrique et

sobre réhabilitant Joseph Bonnet, l’improvisateur fascinant, capable de la plus

éclatante virtuosité et de la plus élevée des libertés, s’était jusque là simplement

laissé entrevoir.

Mais je savais que toute interprétation de Frédéric Ledroit est une prière. Prière

joyeuse et heureuse, à l’image d’un homme généreux et viscéralement optimiste.

Frédéric Ledroit est une force aimante qui va. Et dans ses interprétations, c’est

la vie qui jaillit, une fête des sens et de l’esprit, en un mot, ce que les mystiques

appellent la Joie.

Il fallait bien aller au bout de ce chemin, que sa Messe pour un siècle nou-

veau dessine et que ce Requiem accomplit. Il fallait bien que l’inspiration se libère

pleinement. Rien de morbide, de languissant ou de funeste dans cette œuvre, qui

est au contraire le témoignage intime de toutes les forces de la vie, parfois antago-

niques, toujours foisonnantes, sources permanentes d’une lumière inaltérable. Ce

Requiem est une apparition, qui nous mène de la perfection de l’esprit à la grâce.

Samuel CAzENAvE

Conseiller municipal d’Angoulême

Président de la Maison des Festivals

«Ecrire un Requiem au XXIe siècle est certainement une aventure

inédite mais formidable. Et il ne m’étonne pas de Frédéric Ledroit

d’avoir accompli cette œuvre emblématique.

Au-delà des mots, sa création musicale a toujours été pour moi,

une aspiration à la joie, à la joie de vivre, à la joie d’être ensemble, tout en nous

révélant cependant à chaque instant le long chemin si difficile mais si merveilleux

que représente la vie d’un être humain. Frédéric a su et saura nous transmettre

encore et toujours par sa création, par son énergie formidable cette dignité d’être

que nous recherchons tous.

Merci de nous faire découvrir et partager ton œuvre».

Jérôme ROyER.

Maire de Jarnac

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IntroductIon

J’ai toujours été attiré par les grands textes sacrés et les ouvrages philosophiques. Si j’ai choisi d’écrire

une messe de Requiem, ce n’est surtout pas pour satisfaire une curiosité morbide, que l’on peut trou-

ver chez quelques romantiques déprimés ou certains théologiens aux idées masochistes des temps

anciens, absurdes moralistes de l’Inquisition confondant la vie avec la souffrance. J’ai avant tout cher-

ché un moyen de me rapprocher de ma foi par un pèlerinage intérieur, une quête évidente et indispensable.

Je pense que la musique est avant tout spirituelle. C’est par elle que j’ai puisé mon besoin de Dieu, et qui a

donné un sens à ma vie.

Que dire du sentiment réconfortant à écouter les grandes œuvres prophétiques de Jean-Sébastien Bach ?

Ecrire un Requiem, c’est d’abord écrire une œuvre monumentale pour la vie. Que ce soit pour nos défunts,

pour qui nous espérons une renaissance éternelle, ou pour le réconfort des vivants et leur accompagnement

dans une recherche de l’absolu.

A travers ma musique, je livre ainsi un voyage intérieur, souvent conflictuel, allant de mes doutes à mes

convictions, et qui me permettrait de me débarrasser des futilités temporelles, pour ne garder que l’illumina-

tion, préparation intérieure à l’éclosion, recherche de la légèreté, libération, vibration cosmique et universelle.

Adolescent, j’étais terrorisé à l’idée de la mort et de devoir faire mon service militaire. J’ai pu échapper au

service militaire mais je ne pourrai pas échapper à la mort. La peur de la mort, c’est la peur de l’inconnu, ce

grand saut dans le vide, dans un monde où nous sommes tellement sûrs de tout : Quelle leçon d’humilité !

J’ai choisi le latin uniquement par goût artistique, jugeant la langue plus musicale que le français. Comme

pour ma « Messe pour un Siècle Nouveau », je partage les prières en deux groupes : prières intimes (Pie Jesu,

Ave Maria, Lux aeterna…) et prières collectives.

Je trouve raisonnable de croire en Dieu. A notre petite échelle il y a toujours relation de cause à effet, cela

me semble universel. Pour cette raison, moi qui suis paresseux de nature, j’ai toujours travaillé mon art avec

acharnement, intimement persuadé que le talent que j’avais reçu était redevable et que mon mérite et ma

reconnaissance à Dieu, ne pouvaient se concevoir sans un travail intense et régulier.

Mes idées musicales viennent souvent au cours de mon sommeil et m’obligent à quitter le lit à toute hâte

pour ne rien oublier. L’écriture de mon Requiem m’a rendu encore plus exigeant qu’auparavant et je peux

dire que j’ai écrit des dizaines de Sanctus, de Kyrie et autres pièces que j’ai déchirés, avant de ne garder que

ce que j’estimai être le meilleur.

Ce qui est le plus insatisfaisant dans l’inspiration, c’est qu’elle vient toujours quand on s’y attend le moins. Si

j’ai beaucoup déchiré de fausses bonnes idées, lorsque j’écris une page que j’estime réussie, alors vraiment, je

peux dire que cela vient d’un seul coup, sans rature, dans un seul élan, comme si cela m’était dicté, comme

si je ne faisais que réécrire quelque chose qui avait toujours existé.

Je vis la création ainsi : entre l’impatience du chercheur insatisfait, et l’urgence du découvreur qui ne veut pas

en perdre une miette. Dans ma hâte, cela me conduit le plus souvent à écrire à l’envers, de l’idée finie à son

début, et c’est pour cela que la plupart de mes manuscrits ne sont lisibles que par moi même.

J’ai pu constater dans mon métier d’organiste que la voix pouvait être le plus beau des instruments, comme

le pire !

En écrivant des œuvres vocales de caractère sacré, j’assouvis le besoin d’entendre de belles prières interpré-

tées par des ensembles vocaux de qualité.

Je suis persuadé que la communion avec le divin ne peut pas se satisfaire de médiocrité, et que seul le beau

peut élever les âmes.

Quand on me reproche mon goût artistique pour le grand art, soit disant élitiste, et que l’on me demande

d’expliquer en quoi la grande musique sacrée est incomparable à la chansonnette d’église, je reste souvent

décontenancé ! Il me semble alors que le bon sens et le bon goût devraient se rejoindre naturellement et sans

explication. Comment peut-on expliquer la différence entre une affreuse croûte et un chef-d’œuvre, entre un

parfum subtil et une odeur nauséabonde, entre un bon plat et des œufs pourris ?

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La musique sacrée doit avant tout bouleverser, et tant pis si elle n’est pas « agréable ». Je pense qu’elle ne doit

pas se réduire à ces infirmités musicales que l’on nous impose trop souvent le dimanche.

J’écris cela sans amertume mais avec toute la conviction d’un chrétien en quête d’élévation par la beauté.

La prière est une vibration universelle, passerelle d’un état physique à la transcendance de l’âme vers l’illu-

mination spirituelle. La prière n’est pas un état passif ou une séance d’hystérie collective, mais un acte volon-

taire, un travail intérieur, une recherche de la perfection sensorielle vers un état de grâce.

En composant cette œuvre, j’ai eu l’impression d’avoir fait plusieurs fois le tour du monde : monde intérieur,

voyage intemporel.

A l’arrivée, en fin d’écriture de chaque pièce, je ressentais bien plus que de la fatigue : un chaos intérieur.

Plus rien d’autre n’avait d’importance, il fallait retrouver ses sensations et replonger dans cette plénitude, dans

mon idéal. Je vivais une incroyable expérience dans mon inconscient, chaînon invisible vers le nectar céleste.

Cette œuvre, c’est aussi mes rides, mon histoire.

Avoir un toit, c’est important, mais avoir à manger, c’est indispensable !

Avec cette composition, j’ai récolté les graines de ma nourriture spirituelle.

J’ai dédié chacune de ces prières à mes maîtres et amis ; ceux qui m’ont tant apporté, que ce soit par leur

exemple ou leur soutien indispensable. Leur enseignement spirituel ou artistique, intimement liés pour moi,

et leurs belles âmes rayonnantes, ont contribué à mon bonheur, à mon inspiration, et à mon optimisme indé-

fectible. Je leur témoigne ma gratitude et mon attachement.

Mais je dédie le Requiem en entier à mon épouse qui, depuis notre lointaine enfance, écoute mon œuvre

musicale et me guide à travers ses critiques toujours pertinentes. La moindre pièce musicale de ma main à

toujours eu la primauté de son écoute, et j’ai souvent eu l’occasion, grâce à notre complicité, de corriger la

partition pour l’améliorer jusqu’à son aboutissement.

I have always been attracted by big sacred texts and by philosophical works. If I have chosen to write a

Requiem mass, it is certainly not to satisfy a morbid curiosity, the sort that you could find among some

depressed romantics, or among certain theologians with ancient masochistic ideas, absurd moralists

of the Inquisition, confusing life with suffering. Above all else, I’ve searched for a way to get closer to

my faith by an inner pilgrimage, a clear and essential quest.

I think that music is before all else, spiritual. It is through music that I have drawn on my need for God,

and it has given a sense of direction to my life.

What can be said about the comfort of listening to the great prophetic works of Johann Sebastian Bach?

To write a Requiem is firstly to write a monumental life work. - whether it is for our deceased, for those

whom we wish eternal life or rebirth, or for the comfort of the living, in caring for them as they search

for the absolute. Through my music I demonstrate an inner journey, often conflictual, passing between

my doubts and my convictions, allowing me to shake off all that is worldly and superficial., in order

to seek enlightenment, inner preparation for birth and creation, searching for lightness, liberation, a

vibration both cosmic and universal.

As a teenager I was terrified by the idea of death, and of having to do my military service. I was able to

escape the military service, but I could not escape death.The fear of death is the fear of the unknown,

this great jump into the void, in a world where we are so sure of everything. What a lesson in humility !

I’ve chosen to write completely in Latin as a matter of artistic taste, believing it to be more musical a

language than French. For my ‘’Messe pour un siècle nouvelle’’ (Mass for a New Century) I divided the

prayers into two parts: personal prayers and collective prayers.

I find belief in God to stand up to reason. At our level there is always a relation between cause and

effect, this seems to be universal to me. For this reason, being lazy by nature, I’ve always worked ener-

getically at my art, personally persuaded that the talent that I have received stands as a debt that I

owe to God. In order to demonstrate my recognition and gratitude to Him I have had to put in a lot of

consistent hard work.

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My musical ideas often come during my sleep, and I feel forced to get up out of bed quickly, so as not

to forget anything. The writing of my Requiem was definitely more demanding than anything that

I’ve done before, and I wrote dozens of Sancti, Kyries, and other pieces, which I later tore up, keeping

only those pieces which I regarded to be the best ones. The thing that I find most unsatisfactory about

inspiration is that it always seems to come when you are least expecting it.

It is only once I have got rid of many unsatisfactory ideas (all of which seemed good at the time),

that I realise that the piece which finally emerges simply comes in one sole coup – without corrections

or deletions – it is as if it had been dictated to me, as if I only had to write down something which

already existed. I see creation in this way, between the impatience of an unsatisfied researcher and

the urgency of a discoverer who doesn’t want to lose any of it. In my haste I am often driven to write

back-to-front, with the finished idea at the start, and for that reason, most of my manuscripts are rea-

dable by myself alone.

I have noticed in my work as an organist that the voice can be the most beautiful of instruments, as

well as the worst! In writing some vocal works of a sacred character I satisfy the need to hear beautiful

prayers interpreted by good-quality vocal ensembles. I believe that communion with the divine cannot

be achieved with mediocrity, only beauty can be truly uplifting.

When I’m reproached for my artistic tastes, for liking too much ‘high art’, that is to say being elitist,

and I’m asked to explain myself; why the big sacred works appear incomparable to the lesser church

songs, I am often left disconcerted. It seems to me that good sense and good taste concur naturally, and

there is no explanation to give. How can one explain the difference between some shabby old thing

and a masterpiece, between a delightful perfume and a foul smell, between a delicious meal and a

plate of rotten eggs ?

Sacred music must above all else have the power to overwhelm, and if it is not ‘nice’, well that is just

too bad ! I don’t think it should be reduced to the feeble musical offerings that are so often imposed

upon us of a Sunday.

I write this without bitterness, but with all the conviction of a Christian who seeks to be uplifted by

beauty. Prayer is a universal vibration, a bridge between the physical state and the transcendence of

the soul towards spiritual illumination. Prayer is not a passive state, nor is it an act of collective hys-

teria, but instead it is a voluntary action, an endeavour to search after sensory perfection in order to

obtain a state of grace.

In composing this work it felt like I had travelled several times around the world – an interior world,

a timeless travel.

At the end , finishing each piece of writing, I felt more than simply tired. I felt an inner sense of chaos.

Nothing else had importance any more. I had to rediscover my feelings and sensations, and to plunge

back into the fullness of it all. I was undergoing an incredible experience in my subconscious, an invi-

sible link towards the ‘heavenly nectar.’ This work also shows my wrinkles. It is my story.

To have a roof, that’s important, but to have something to eat, that is essential. With this composition

I have harvested the seeds of my spiritual nourishment. I have dedicated each of these prayers to my

teachers and my friends, those who have brought me so much, either by their example or through their

indispensable support. Their spiritual or artistic teaching, intimately linked for me, and their beautiful

shining souls have contributed to my happiness and wellbeing, to my inspiration and my unfailing

optimism. I testify to my gratitude and attachment to them. But I dedicate the Requiem as a whole to

my wife, who since our distant childhood, has listened to my musical work, and has guided me with

discerning criticism throughout. Even the smallest piece of music that I have written has always had

the benefit of her listening. I have often taken the opportunity, brought about by our partnership, of

altering a piece in order to arrive at a more successful conclusion.

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Prélude (à François-Henri Houbart, titulaire du Grand orgue de L’église de la Madeleine)

Prélude (to François-Henri Houbart, organist at the Church of the Madeleine)

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L’orgue, utilisé seul, introduit la messe de façon tragique, presque théâtrale.

Si la foule souffre de la perte de l’être aimé, un autre plan sonore de la partition fait entendre au pédalier, un

rythme fracassant et régulier : Dieu œuvre.

J’imaginais alors, les coups de masse du grand forgeron, créateur perpétuel. Image étourdissante de celui qui

est présent avec nous, mais en même temps présent dans le passé, et présent dans le futur.

Le tragique se transforme en triomphe de la vie en perpétuelle création. Les âmes sont aspirées par Dieu et

se mêlent, bienheureuses, pour l’éternité.

The organ, used alone introduces the mass in a tragic fashion, almost theatrically.If the crowd suffers

over the loss of a loved one, another resonant theme of the score is heard at the pedals; a thunderous, regular

rhythm, the work of God.

I was imagining the huge hammer blows at the forge of the perpetual creator. It is a stunning image that is with

us in the present, but at the same time is present in the past and present in the future.

Tragedy transforms itself into the triumph of life, perpetually created. The souls are drawn up by God, and

mingle in eternal bliss.

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Cette première prière est introduite au piano par des

gammes aigues qui se croisent et se poursuivent à

l’orgue. J’ai eu la vision d’un miroir qui ne reflétait

personne et qui se franchissait comme une porte, pas-

sage de la vie terrestre à la vie céleste. Les gammes,

étincelles sonores, éclairaient le passage.

On retrouve cet élément musical une seconde fois

dans l’Hostias, puis une troisième fois dans le Lux

Aeterna, au milieu des chants d’oiseaux au piano.

Les deux solistes, baryton et ténor, entament la messe

par un récitatif plein de tristesse. Un accord parfait à

l’orgue vient l’interrompre, accord se frottant à une

dissonance extrême représentant la lumière de Dieu,

le buisson ardent de Moïse. Cet éclair insoutenable,

c’est aussi la puissance infini du créateur.

Cette période musicale sera reprise de nouveau à trois

reprises, symbolisant la Trinité, perfection divine.

La première fois, dans l’introït, il représente Dieu tout

puissant, Christ Pantocrator ; la seconde fois, dans le

Dies Irae, le Dieu de colère et enfin la troisième fois,

dans le Tuba mirum, celui qui juge et qui console

avec un regard plein de bonté.

2 Introït (en hommage posthume, à mon MaîtreXavier darasse)

Requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis.Te decet hymnus, Deus, in Sion et tibi reddetur votum in Jerusalem.

Exaudi orationem meam ; ad te omnis caro veniet.Requiem aeternam etc.

Introît (in posthumous homage to my masterXavier Da rasse)

Le repos éternel donne-leur, Seigneur, et la lumière éternelle luise pour eux.A toi, Dieu, reviennent les louanges de Sion ; c’est à toi que Jérusalem doit rendre grâce.Ecoute ma prière, toute chair se tournera vers toi. Le repos éternel etc.

Lord, grand them eternal res ; and let the perpetual light shine upon them.Thou shalt have praise in Zion, O God : and homage shall be paid to Thee in Jerusalem.Hear my prayer, all flesh shall come before Thee.Lord, grant them eternal rest etc.

Vient ensuite un épisode purement instrumental confié d’abord au piano et reposant sur une pulsation lente

et régulière dans le grave, battements du cœur symbolisant la vie. Cette pulsation est aussi une préparation

spirituelle, un élargissement de l’espace-temps pour une compréhension totale.

L’orgue reprend cette pulsation, étoffée par des filaments de doubles-croches au manuel, tandis que le piano

expose les deux thèmes principaux de l’introït.

Les basses chantent en litanie « Requiem », renforcées peu à peu par le reste du chœur. La soprano soliste

vient interrompre l’ensemble à deux reprises. La première fois, après avoir chanté sur « Et c’est à toi que les

vœux sont offerts, à Jérusalem », elle raccourcit Jérusalem par Jésus (trois fois), symbolisant la Trinité.

Le chœur chante avec douleur sur le thème principal « écoute ma prière » avant la deuxième intervention de la

soprano. Celle-ci reprend l’imploration du chœur et la complète par « toute chair viendra à toi ». Par la suite, le

piano amplifie la prière tandis que l’orgue reprend le thème principal. Alors que le chœur chante à nouveau

cette phrase de façon dramatique, en ff, l’orgue et le piano se répondent avec fracas sur des accords brutaux.

17

Les éléments s’apaisent enfin sur un ostinato au piano et aboutissent sur un accord doux tenu à l’orgue. Cette

éclaircie céleste fait entendre les voix féminines, telles des anges, dans le miroitement du piano. Elle reprennent

le début de la prière : « Donne-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière perpétuelle brille sur eux ».

This first prayer is introduced at the piano by high scales that cross and chase each other at the organ.

I had the image of a mirror that was reflecting no-one, and that

was like a door, allowing the passage between the terrestrial and the

celestial life.The scales, like sparks of sound, light the passage.This

element can be found a second time in the Hostias, and then a third

time in the Lux Aeterna in the middle of birdsong on the piano.

The two soloists, baritone and tenor initiate the mass by a recitative

full of sadness. A perfect chord on the organ is interrupted by a

chord that scrapes to create extreme dissonance, representing the

light of God, the burning bush of Moses. This unbearable lightning

strike is also the infinite power of the Creator.This musical phase will

be repeated three times, symbolising the Trinity, divine perfection.

Next to appear is a purely instrumental episode , at first played just

on the piano, and resting on a slow regular beat played at a low

pitch, representing a heartbeat, the symbol of life.

This beating is also a spiritual preparation, a widening of time and

space to allow for total comprehension.

The organ takes up this beat, supplemented by the threads of semi-

quavers at the keyboard, while the piano displays the two main the-

mes of the introït.

The bass sections sing in litany, ‘’Requiem’’ reinforced little by little

by the rest of the choir.The soloist soprano interrupts the group twice.

The first time, after having sung on ‘’Et c’est à toi que les voeux sont

offerts, à Jérusalem’’ ( ‘’And this is to you that the wishes are sent, in

Jerusalem’’), she shortens Jerusalem to Jesus, three times, represen-

ting the Trinity.

The choir sings sorrowfully on the principal theme, ‘’écoute ma

priére’’ (‘’listen to my prayer’’)

before the soprano intervenes for the second time.This recaptures

the supplication of the choir, and supplements it with ‘’toute chair

viendra à toi’’ (‘’all that is flesh will come to you.’’)

Next the piano accompanies the prayer, while the organ takes up the

main theme.

While the choir sings this phase again, in a dramatic fashion, for-

tissimo, the organ and the piano respond with dramatically forceful

chords.

The elements finally calm down to an ostinato on the piano, and

lead onto a gentle chord held on the organ.

This heavenly respite comes through female voices, those of angels,

in the shimmering of the piano.

They take up again the start of the prayer, ‘’Donne-leur le repos

éternel Seigneur, et que la lumière perpétuelle brille sur eux.’’ (‘’

Give them eternal rest, Lord, and let the everlasting light shine upon

them.’’)

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Kyrie (à Philippe Mottet)

Kyrie (to Philippe Mottet)

Les solistes débutent une première partie sur un trille doux au piano. Ils chantent une large phrase tourmen-

tée suivie, sous forme de réponse, par le chœur f, dans une citation à peine déguisée du Sanctus grégorien

de la messe des morts. C’est le lien du pénitent, en quête de rédemption, au jugement du Seigneur, Dieu de

l’univers.

L’ensemble est repris de façon plus étoffé, avec des broderies en doubles-croches, accompagnant les solistes

à l’orgue puis au piano, rejoint bientôt par le chœur pp .

Une partie centrale fait entendre le chœur en ff, accompagné par l’orgue, sur « Christe eleison ». Les deux

solistes hommes développent cette période sur le murmure des voix féminines. L’ensemble vocal termine

cette partie centrale à nouveau en ff.

Un retour du trille pianistique du début fait entendre les deux solistes, baryton et ténor, conclure la prière «

Kyrie eleison » dans une solitude poignante.

The soloists start the first part with a sweet trill at the piano. They sing a large tormented phrase to

follow, in the form of a response, with the choir forte , in a quotation barely disguised as a Sanctus

from the Mass for the Dead. It is the bond of the penitent seeking redemption before the judgement

of the Lord, God of the Universe. The whole thing comes again more substantially, with the added

adornment of some semiquavers, accompanying the soloists, first on the organ, and then on the

piano, soon to be joined by the choir, pianissimo.

A central part is taken up by the choir, fortissimo, accompanied by the organ on ‘’Christe eleison.’’

The two male soloists develop this phase while female voices murmur. The vocal ensemble finishes

this central part, again reverting to fortissimo. The pianistic trill returns as the two soloists, bari-

tone and tenor, conclude the prayer, ‘Kyrie Eleison’ in poignant solitude.

3Kyrie eleison, Christie eleison, Kyrie eleison.

Seigneur, prends pitié,Christ, prends pitié,Seigneur, prends pitié.

Lord, have mercy upon us.Christ, have mercy upon us.Lord, have mercy upon us.

19

20

dies irae (à Michel Harmand, Maire de Mansle)

Dies irae (to Michel Harmand, Mayor of Mansle)

En composant cette page, j’ai songé à une vague libérée par un tsunami, vague immense, avançant lente-

ment mais régulièrement et dévastant toute chose, tout être, dans une fureur majestueuse et implacable.

Huit notes, obsédantes, sont posées et répétées dans un bouillonnement de plus en plus intense.

Le délire des croyants, happés par un rythme obsédant qui martèle les paroles menaçantes de l’Apocalypse,

aboutit, dans une accumulation de matériaux musicaux (octaves en batteries et gammes furieuses au piano,

accords incisifs sur des rythmes hachés à l’orgue), à la lumière libératrice du Souverain suprême, au son de

l’orgue en tutti.

In composing this page I thought of a wave released by a tsunami, a huge wave advancing slowly

but regularly, and devastating everything, every being in a majestic and implacable fury. Eight

haunting notes are set down and repeated in a fury that grows ever more intense.The delirium of

believers, caught by the haunting rhythm that pounds out the menacing words of the Apocalypse,

leads , in an accumulation of musical materials (octaves on the drums, and furious scales on the

piano, piercing chords on the chopped rhythm of the organ) to the liberating light of the Supreme

Sovereign, to the sound of the organ en tutti.

4Dies irae, dies illa, Solvet saeclum in favilla, Teste David cum Sibylla. Quantus tremor est futurus, Quando judex est venturus, Cuncta stricte discurus

Jour de colère que ce jour-là où se réduira le monde en poussière selon les oracles de David et de la Sibylle.Quelle terreur nous saisira lorsque le juge viendra tout strictement examiner

The day of wrath, that dayWill dissolve the world in ashesAs foretold by David and the sibyl !How much tremor there will be,when the judge will come,investigating everything strictly !

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tuba mirum (en hommage posthume, à mon Maître Paul Brunet)

Tuba mirum (in posthumous homage to my master, Paul Brunet)

Le baryton solo chante avec puissance « Une trompette, qui retentira, éclatante parmi les tombes de tout pays,

rassemblera l’humanité devant le trône », tandis que la trompette de l’orgue, menaçante, reprend quatre fois

un motif sinistre qui vient se perdre dans le tourment.

Les voix d’hommes du chœur poursuivent la prière par « Mort et nature seront frappées de stupeur quand

toute créature ressuscitera pour rendre compte au juge ».

Un contrepoint se développe alors et se mêle à l’orgue qui conduit l’ensemble, toujours plus douloureux,

plus tendu, vers l’aigu.

Le chœur, accompagné par l’orgue, va grimper marche par marche sur un rythme pesant, insistant, en enton-

nant : « Le grand livre sera produit qui contiendra tout ce sur quoi le monde sera jugé.

Quand donc le juge siègera. Tout ce qui est caché apparaîtra… » A ce moment, seule une note acide est tenue

à l’orgue. Le chœur entreprend une vocalise tandis que l’orgue grimpe encore d’un ton. Cette interruption à

deux reprises est là pour appuyer la dernière phrase de la prophétie. L’ensemble vocal vient, pour finir, se

perdre dans l’éclat divin en chantant, menaçant : « Rien ne restera impuni ».

The solo baritone sings powerfully ‘’Une trompette, qui retentira, éclatante parmi les tombes de tout

pays, rassemblera l’humanité devant le trône’’ ( ‘’A trumpet will sound out among the tombs in

every land, gathering all of humanity before the throne.’’), while the trumpet of the organ, mena-

cingly comes in four times with a sinister motif that loses itself in the torment.The men’s voices of

the choir continue the prayer by, ‘’Mort et nature seront frappées de stupeur quand toute créature

ressuscitera pour rendre compte au juge.’’ (‘’ Death and nature will be struck with fear when every

creature is resurrected to stand before the Judge.’’)

A counterpoint is then developed, and blended by the organ which leads the ensemble ever more

sorrowfully and tensely towards the high notes. The choir, accompanied by the organ, climbs step

by step with a heavy, insistent rhythm in launching into, ‘’Le grand livre contiendra tout ce sur

quoi le monde sera jugé. Quand donc le juge siègera. Tout ce qui est caché apparaîtra e sera pro-

duit qui…’’ (‘’ The great book will contain everything on which the world will be judged. All that

is hidden will be revealed...’’)

At this moment only one sharp note is held on the organ. The choir starts to vocalise, while the

organ climbs still one tone higher.This interruption is there twice to back up the last phrase of the

prophecy. The vocal ensemble finishes by singing, menacingly, ‘’ Rien ne restera impuni.’’ (‘’No-

thing will go unpunished.’’)

5

Tuba mirum spargens sonum Per sepulchra regionum, Coget omnes ante thronum.Mors stupebit, et natura,Quum resurget creatura Judicanti responsura.Liber scriptus proferetur, In quo totum continetur Unde mundus judicetur.Judex ergo quum sedebitQuidquid latet apparebit,Nil inultum remanebit.

La trompette, soudainement sonnant parmi les sépulcres, rassemblera tous les humains devant le trône. La mort sera dans l’effroi, comme la nature, lorsque ressuscitera la créature pour que le Juge l’entende ! Le livre tenu à jour sera apporté, livre qui contiendra Tout ce sur quoi le monde sera jugé. Quand donc le juge tiendra séance, tout ce qui est caché sera connu et rien ne demeurera impuni.

The trumpet, scattering a wondrous soundthrough the sepulchres of the regions,will summon all before the throne.Death and nature will marvel,when the creature arises,to respond to thr Judge.The written book will be brought forth,in which all is contained,from which the world shall be judged.When therefore the judge will sit,whatever hides will appear :nothing will remain unpunished.

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domine Jesu (à Michel roubinet

Domine Jesu (to Michel Roubinet)

La prière est composée de deux parties distinctes.

Dans la première partie, un thème sinistre est entonné à l’orgue, sur la voix humaine, tandis que le ténor

implore le Seigneur, soutenu par des accords obstinés au piano. Cette partie est reprise avec le thème de

l’orgue traité en canon au piano, évoquant l’ombre triste et douloureuse du croyant livré à ses remords et à

la vision de l’enfer.

La seconde partie, à l’opposé de la première, poursuit Saint-Michel jusqu’à la lumière Sainte. Des guirlandes

aigues, au piano, accompagnent le soliste joyeux et empressé. L’orgue illumine l’ensemble qui se précipite

dans une accélération subite « Seigneur Jésus Christ », jusqu’à la cadence puissante de l’Amen final.

6Domine Jesu Christe, rex gloriae,libera animas omnium fidelium defunctorum de poenis inferni et de profundo lacu, libera eas de ore leonis, ne absorbeat eas Tartarus, ne cadant in obscurum. Sed signifer sanctus Michael repraesentet eas in lucem sanctam.Quam olim Abrahae promisisti et semini ejus.Domine Jesu Christe, Amen.

Seigneur Jésus Christ, roi de gloire, délivre les âmes de tous les fidèles défunts des tourments de l’enfer et du lac sans fond, délivre-les de la gueule du lion, que ne les engloutisse pas le Tartare, et qu’ils ne tombent pas dans les ténèbres.Mais que le porte-étendard Saint-Michel les conduise dans la lumière sainte que jadis à Abraham tu promis, ainsi qu’à sa descendance.Seigneur Jésus Christ, Amen

Lord Jesus Christ, King of glory, deliver the souls of the faithful departed from the pains of hell, and the bottomless pit ; deliver them from the jaw of the lion, lest hell engulf them, lest they be plunged into darkness.But let the holy standard-bearer Michael lead into the holy light, as Thou didst promise Abraham and his seed.

The prayer is composed of two distinct parts. In the

first part a bleak theme is launched by the organ over

the human voice, while the tenor beseeches the Lord,

supported by some persistent chords on the piano. This

part is repeated with the theme of the organ played as

a canon on the piano, evoking the idea of a sad and

painful shadow overhanging the believer who is filled

with remorse and the vision of hell.

The second part, in opposition to the first follows St.

Michael towards the holy light. A garland of high notes

is played on the piano which hurries into a sudden

acceleration of ‘’Seigneur Jésus Christ’’ (‘’Lord Jesus

Christ’’), until the powerful cadence of the final Amen.

23

Hostias (à Samuel cazenave)

Hostias (to Samuel Cazenave)

Je souhaitai, pour cette partie de la messe, créer un climat impalpable en utilisant dans l’aigu du piano des

batteries de doubles-croches avec des échanges octaviés donnant ainsi l’impression d’un déplacement lent

fluide. Je pense aux mouvements gracieux des calamars ou des raies Manta. Nous sommes dans le mystère de

la communion du Christ. L’orgue ajoute un scintillement multicolore sur des staccatos de croches tandis que

la main gauche et la pédale accompagnent la soliste. Une période tragique interrompt l’ensemble sur le tutti

de l’orgue : la vie est arrachée à la mort ! Ce passage titanesque fait apparaître les bienheureux ressuscités

avec le retour du thème de la porte transparente en miroir, passage vers l’éternité.

Hostias et preces tibi, Domine, laudisofferimus ; tu suscipe pro animabus illis quarum hodie memoriam facimus ; fac eas, Domine, de morte transire ad vitam. Quam olim Abrahae promi-sisti et semini ejus.

Ces hosties et ces prières de louanges qu’à toi, Seigneur, nous offrons, accepte-les pour les âmes dont aujourd’hui nous faisons mémoire ; fais-les passer, Seigneur, de la mort à la vie que jadis à Abraham tu promis, ainsi qu’à sa descendance.

Lord, in praise we offer to Thee sacrifices and prayers, do Thou receive them for the souls of those whom we remember this day ; Lord, make them pass from death to life. As Thou didst promise Abraham and his seed.

7

I hoped for this part of the mass to create an

impalpable climate using the high notes of

the piano to launch assaults of semiquavers

with some octave exchanges giving the im-

pression of slow, fluid movement. I think of

the graceful movements of squid, or of Man-

ta rays. We are in the mystery of communion

with Christ. The organ adds a multicoloured

sparkling with the staccatos of quavers, while

the left hand and the pedal accompany the

soloist. A tragic period disrupts the whole

piece with the organ en tutti. - life is snat-

ched by death. This titanic passage brings

about the joy of the resurrected with the re-

turn of the transparent mirror-door, the pas-

sage towards eternity.

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Sanctus (to François-Henri Houbart, organist at the Church of the Madeleine)

Sanctus (à François-Henri Houbart titulaire du Grand orgue de L’église de la Madeleine)

Cette acclamation est préludée au piano dans un registre minimaliste avec pour motif principal le nombre d’or

: do (1), fa (6), do (1), sol (8), nombre posé par Dieu dans l’univers comme s’il était le début de tout. Et si

le Seigneur avait créé l’univers avec juste une pensée, une intuition ? Un nombre posé dans le néant comme

la première semence, seule véritable alchimie, formule divine, au delà de tout être et toute chose. La seule

véritable création ne viendrait-elle pas de rien, ce dont l’homme est incapable ?

Il se trouve que se sont les notes fondamentales de la gamme, issues du très ancien mode grec : le tritonique.

Les musiciens savent que ce sont les seules notes (sauf exception) autorisées à être doublées dans une tona-

lité, et qu’elles sont aussi utilisées pour la cadence parfaite. Peut-être est-ce le lien le plus fondamental avec

l’architecture ou la peinture ?

En tentant de mettre en musique ces notes « parfaites », je témoigne de ma foi en Dieu, nullement gêné d’ima-

giner qu’Adam et Eve n’étaient que deux infimes virus.

On sait que les organismes simples sont immortels, qu’ils se divisent pour se multiplier, et que la complexité

issue de l’évolution a fait apparaître la mort. Peut-être que les deux virus, « Adam et Eve », ont commis un

dérèglement ? Pour Saint-Augustin, le « mal » est un dérèglement de l’homme.

Tout comme l’univers qui est en expansion, la vie se transforme, évolue pour tendre à la perfection. La

seconde partie est confiée au chœur et à l’orgue. L’orgue reprend le prélude et déchaîne les éléments, ac-

compagné des percussions du pédalier faisant apparaître la puissance du créateur, le martèlement du grand

forgeron : l’architecte de l’univers.

Le chœur acclame la prière avec force et suit l’évolution du motif qui va toujours plus haut, plus fort, pour

atteindre la plénitude et l’émerveillement.

8Sanctus, sanctus, sanctus,Domine Deus Sabaoth.Pleni sunt coeli et terra gloria tua.Hosanna in excelsis.Benedictus qui venit in nomine Domini.Hosanna in excelsis

Saint, saint, saint,Le Seigneur dieu des armées.Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.Hosanna au plus haut des cieux.Béni soit celui qui vient au nom du Sei-gneur, Hosanna au plus haut des cieux.

Holy, holy, holyLord God of hosts.Heaven and earth are full of Thy glory.Hosanna in the highest.Blessed is He who cometh in the name of the lord.Hosanna in the highest.

This acclamation is preluded at the piano in a minimalist register, using as a motif the golden number

: do (1), fa (6), do (1), sol (8), a number put down by God in the universe as if it were the start of eve-

rything. And what if God had created the universe with just one thought, one sole intuition ? A number

placed in the void like the very first seed, the one true alchemy, formula divine above everyone and eve-

rything.The one true creation, wouldn’t it come from nothing- of which man is incapable ?

The fact is that these are the fundamental notes of the scale coming from a very old Greek mode - the

tritonic. Musicians know that they are the only notes, barring exceptions, that can be doubled in a key,

and they are also used for perfect cadence. Could it also be the most important bond with architecture

or painting ?

By trying to put these perfect notes into music I am showing my faith in God, not at all embarrassed to

believe that Adam and Eve were just two tiny specks.

We know that simple organisms are immortal, that they simply divide themselves in order to reproduce,

and that the complexity that has come from evolution has led to the occurrence of death. Maybe the two

organisms, Adam and Eve did something wrong or dysfunctional. For St Augustin , that which is wrong

is an effect of the dysfunction of man.

Exactly like the universe which is in expansion, life transforms itself, evolving to strive for perfection.The

second part is given to the choir and the organ. The choir takes up again the prelude and stirs up the

elements accompanied by the percussion of the pedalboard,giving the idea of the power of the Creator,

the hammering of the smith, the architect of the universe.

25

Pie Jesu (to Father Michel Boullet)

Pie Jesu (au Père Michel Boullet)

En composant cette page, j’ai eu la vision d’un être solitaire, ermite à l’écart de tous, dans l’immensité d’un

désert plat ou le soleil écrasant, irradie le sable brûlant. Rien ne semble l’atteindre, il s’adresse, replié sur lui

même, à Jésus, son frère, son prophète.

Si tout est immobile autour de lui, sa prière, elle, est agitée, désespérée. Il a perdu le défunt qu’il pleure,

et qu’il confie au Seigneur dans l’espoir d’un repos éternel. L’orgue est le paysage imaginaire sur des notes

extrêmes, du grave à l’aigu, symbolisant l’infini et le dénouement.

Tel un baobab, dont les branches semblent des racines ardentes qui puisent leur énergie dans la désolation

d’un ciel intérieur, poussières incandescentes, larmes rougeoyantes.

Le Pie Jesu semble une prière jumelle au Kyrie et pourtant je les trouve séparées par un fossé.

Le Kyrie grec semble sortir de l’ancien testament, nous supplions Dieu de nos péchés avec crainte et humi-

lité.

Le Pie Jesu latin, nous renvoie au nouveau testament : on implore Jésus. C’est aussi une demande de pardon

mais j’en ressens surtout un appel au secours : Jésus, consolateur des hommes, entends ma prière.

9Pie Jesu, Domine,Dona eis requiem.Pie Jesu, Domine,Dona eis requiem sempiternam.

Jésus plein de pitié, Seigneur,Donne-leur le repos,Jésus plein de pitié, Seigneur,Donne-leur le repos pour toute l’éternité.

Gentle Lord Jesus,grand them rest.Gentle Lord Jesus,grand them eternal rest.

26

In composing this page I had the vision of someone being alone, a hermit, away from everything, in the enor-

mity of the desert with the sun beating down, shining on the burning sand. Nothing seemed to reach him. He

was left to turn to himself, to Jesus, his brother, his prophet. If everything around him is immobile, then his

prayer itself is agitated, despairing. He has lost the dead for whom he cries, and whom he entrusts to the Lord

in the hope of eternal rest.

The organ is the imaginary landscape on the extreme notes, low to high, symbolising infinity and conclusion.

Like a baobab tree whose branches seem to be glowing roots, drawing their energy from the desolation of an

inner sky, burning dust, reddened tears.The Pie Jesu seems to be like a twin prayer to the Kyrie, and yet I find

that there is a gulf of difference between them.The Greek Kyrie seems to come out of the Old Testament ; we

are appealing to God about our sins, through fear and humility.The Latin Pie Jesu brings us back to the New

Testament ; Jesus is called upon. It is also a demand for forgiveness, but I feel that above all it is a cry for help:

Jesus, consoler of men, hear my prayer.

27

Quand j’ai entrepris l’écriture d’une messe des morts, je souhaitai commencer par l’Agnus Dei, et ce fut le

cas. Je pensais que seule la réussite de cette pièce mériterait que je m’investisse totalement dans l’ensemble

de l’œuvre.

C’est survenu instantanément. Je fumais un havane devant mon piano et je n’avais que la main gauche de

libre, alors, paresseusement, j’ai commencé à jouer une sorte de valse lente et monotone. Je crois que le

thème est arrivé d’un coup, intérieurement, pendant ce temps là. J’étais alors totalement transporté par cette

fameuse tonalité de do dièse mineur. J’entendais une soprano dramatique qui me bouleversait et m’apportait

en même temps une joie infinie. Comme une délivrance, le chœur répondait à cette voix délicieuse, comme

la main du tout puissant, tirant vers lui cette âme magnifique pour la conduire jusqu’à la Jérusalem céleste.

J’ai par la suite respecté la tradition en reprenant trois fois l’Agnus Dei sous forme de variations. L’ensemble,

cependant, est coupé par une partie instrumentale ou le piano et l’orgue se mêlent dans le drame puis dans

l’apaisement.

A la troisième variation, le thème du chœur, étiré, ainsi que la mélodie de la soprano, se rejoignent dans la

lumière divine.

Agnus Dei (to Jeanine and Michel Coquet)

Agnus dei (à Jeanine et Michel coquet) 10Agnus Dei, qui tollis peccata mundi : dona eis requiem.Agnus Dei, qui tollis peccata mundi : dona eis requiem.Agnus Dei, qui tollis peccata mundi : dona eis requiem sempiternam.

Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, Donne-leur le repos.Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, Donne-leur le repos.Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, Donne-leur le repos éternel.

Lamb of God, that takest away the sins of the world, grand them rest.Lamb of God, that takest away the sins of the word, grand them eternal rest.

When I started to write a prayer for the dead, I

wanted to begin with the Agnus Dei, and this I did. I

was thinking that only if this piece succeeded could I

go on to invest myself totally in the whole work.

It happened straightaway! I was smoking a Cuban

cigar at the piano, and I only had my left hand free,

so lazily I started to play a sort of slow, monotonous

waltz. I think the theme came to me there and then,

at that moment. I was totally taken by the key of C

sharp minor. I could hear a dramatic soprano dis-

turbing me, but at the same time bringing me a sense

of great joy.

Like a liberation, the choir responded to this delight-

ful voice, like the hand of the all-powerful, pulling

towards Him this magnificent soul up to a heavenly

Jerusalem.

Next I respected tradition by repeating three times the

Agnus Dei in the form of variations.

The whole, however, is cut by an instrumental part,

where the piano and the organ combine, first in the

drama, then in the appeasement.

In the third variation, the theme of the choir,

stretched, as well as the soprano’s melody joins in the

divine light.

28

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Ave Maria (to Father Patrick Braud)

Ave Maria (au Père Patrick Braud)

Il me semble que rien ne peut rem-

placer une mère pour consoler les

hommes. J’ai donc désiré placer

l’Ave Maria dans ce Requiem en

chant d’action de grâce, après la

communion.

Le baryton chante la prière, apaisé

et solennel, tandis que l’orgue l’ac-

compagne à la main gauche avec

une même formule rythmique, insis-

tant sur les contretemps. La main

droite dialogue en contre-chant

avec la voix.

It seems to me that nothing can re-

place a mother when men need to be

consoled. I therefore wanted to place

the Ave Maria in this Requiem as a

song of thanksgiving after the com-

munion.

The baritone sings the prayer, so-

lemn and appeased, while the organ

gives the accompaniment with the

left hand, with the same format,

emphasising the off-beats.The right

hand works to create a type of dia-

logue with the voice.

11Ave, Maria, gratia plena, Dominus tecum : benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui, Jesu.Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis nostrae. Amen.

Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de vos entrailles est béni.Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.

Hail Mary, full of grace, the Lord is with three ; blessed art thou amongst women,and blessed is the fruit of thy womb, Jesus.Holy Mary, Mother of God, pray for us sinners, now and at the hour of our death. Amen.

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Lux aeterna (to Father Claude Dagens, Bishop of Angoulême of L’academie Française)

Lux aeterna (au Père claude dagens, Evêqued’Angoulême, de l’académie Française)

Le ténor chante en solo l’une des prières les plus réconfortantes de

la messe, soutenue par la voix des saints (chant lointain des voix

féminines). J’ai mis l’accent sur « Que la lumière éternelle luise pour

eux, Seigneur, en compagnie de tes saints dans l’éternité… ». J’ai

imaginé un lieu idéal en confiant au piano les chants d’oiseaux, le

ruissellement doux d’une cascade d’eau sur les rochers, les insectes

multicolores, le bruissement des feuilles, et toute autres couleurs

sonores, entrecoupées parfois par le miroitement du passage (in-

troït), pour s’y fondre.

La musique devient paysage merveilleux rempli de senteurs, de

couleurs, de mouvements gracieux : la vie prend forme, elle se

réalise sous sa forme idéale.

L’orgue est la tendresse, le piano le paradis, l’ensemble est un

baume pour l’être en peine. Il s’y plonge pour guérir son âme sous

le regard bienveillant de Dieu.

Il se fond dans ce lieu idéal, sans armure, héros nu livré à sa fragi-

lité, émouvant dans sa sincérité, sans honte, sans avidité.

Nu et magnifiquement humain puisqu’enfin libre dans son enveloppe réincarnée.

Nietzsche écrivit : « Dieu aurait honte d’être habillé ». Il n’a donc plus honte, habillé de l’essence divine, il se

présente face au Seigneur, tel qu’il est vraiment, dans l’enchantement de l’Eden.

The tenor sings solo one of the most comforting prayers of the mass, supported by the voice of saints

(distant female voices); I put the accent on ‘’Que la lumière éternelle luise pour eux, Seigneur, en

compagnie de tes saints dans l’éternité…’’ ( ‘’ Let the eternal light shine upon them, Lord, in the

company of your saints through eternity...’’).

I imagined an ideal place, putting the sound of birdsong on the piano, a soft stream of water on

the rocks, multicoloured insects, the rustle of leaves, and all sorts of sound-colours, punctuated at

times by the shimmering of a passage (introït) to blend in with it.

The music becomes a wonderful landscape, full of pleasant smells, colours, graceful movements;

Life takes shape, it takes on an ideal form.

The organ is tenderness, the piano paradise, the whole thing is a balm for the troubled being. He

absorbs it to cure his soul under the benevolent eye of God. He blends in with this ideal world,

armourless, a naked hero, delivered to his weakness, moving in his sincerity, having neither shame

nor greed. Naked and magnificently human, since he is finally free in the shroud of his reincar-

nation.

Nietzsche wrote, ‘’God would be ashamed to be clothed’’ He is thus no longer ashamed, dressed in

divine spirit, he presents himself to the Lord like he really is, in the delight of Eden.

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Lux aeterna luceat eis, Domine, Cum Sanctis tuis in aeternum, quia pius es.Requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis. Cum sanctis tuis in aeter-num, quia pius es.

Le repos éternel donne-leur, Seigneur, et la lumière perpétuelle luise pour eux grâce à ta pitié.Que la lumière éternelle luise pour eux, Seigneur, en compagnie de tes saints dans l’éternité, grâce à ta pitié.

Let the perpetual light shine upon them, O Lord, with Thy saints for ever, for Thou art merciful.Lord, grand them eternal rest ; and let the perpetual light shine upon them for thou art merciful.

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Libera me (to Jérôme Royer, Mayor of Jarnac)

Libera me (à Jérôme royer, Maire de Jarnac)

Alors qu’il n’avait que huit ans, mon fils

Jean dit à mon épouse, au cours d’un re-

pas ou nous parlions de la santé précaire

de son arrière grand-mère : « mourir, c’est

renaître à l’envers ».

Ses propos m’ayant été rapportés, je suis

resté sans réponse, épaté par cet enfant

devenu philosophe.

A présent, je pense que cela ne correspond

pas à notre religion chrétienne. Le Libera

me nous l’enseigne : il y aura un jour de

jugement terrible pour les mauvais et pour

les tièdes.

Certains crimes ignobles ne peuvent pas

être réparés par la justice de l’homme et

aucune sanction ne peut-être appropriée.

Dans ce cas, il ne nous reste plus qu’à

espérer une justice divine. Les écrits ne

parlent pas de deuxième chance, de degrés

inférieurs ou supérieurs. Il y a le paradis

ou l’enfer et peut-être une sorte de mise

à niveau au purgatoire, ce dont je doute :

Dieu sait tout, il ne peut pas hésiter, il ne

peut pas douter.

La prière s’ouvre sur le chœur à l’unisson

avec les basses du piano en percussions.

L’ensemble vocal s’adresse à Dieu dans la

crainte du jour de terreur ou le monde sera

jugé par le feu. Et si le feu dont parle le «

Libera me, Domine », produisait le même

effet que les volcans qui balayent tout par

leur fureur et forment de nouvelles terres

Libera me, Domine, de morte aeterna, in die illa tremenda : Quando coeli movendi sunt et terra. Dum veneris judicare saeculum per ignem.Tremens factus sum ego, et timeo :dum discussio venerit atque ventura ira.Dies illa, dies irae, calamitatis et miseriae, dies magna et amara valde.Dum veneris judicare saeculum per ignem.Requiem aeternam dona eis Domine, et lux perpetua luceat eis.Libera me, etc.

Délivre-moi, Seigneur, de la mort éternelle, quand viendra le jour de terreur ou le ciel s’ébranlera ainsi que la terre, lorsque tu viendras juger le monde par le feu.Cela me rend tout tremblant, et j’ai peur du jugement qui viendra et de la colère à venir quand tu viendras juger le monde dans le feu.Ce jour- là sera jour de colère, de calamité et de misère, ce jour-là sera le plus long et le plus amer.Le repos éternel donne-leur, Seigneur, et la lumière perpétuelle luise pour eux.Délivre-moi, etc.

Deliver me, O Lord, from eternal death in that awful day when the heavens and earth shall be shaken ; when Thou shalt come to judge the world by fire.I am seized with fear and trembling, until the trial shall be at hand, the wrath to come.That day, that day of wrath, of calamity and misery, agreat day and exceeding bitter when Thou shalt come to judge the world by fire.Lord, grant them eternal rest ; and let the perpetual light shine upon them.Deliver me, etc.

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fertiles et propices à une vie foisonnante ?

Cette période se conclut sur une imitation sou-

tenue par l’orgue. Le piano suspend le temps

par des batteries de triples croches dans le

grave alors que l’orgue esquisse une mélodie

sombre et hésitante. Les deux solistes hommes

poursuivent la mélodie de l’orgue dans la ter-

reur tandis que le piano fait entendre, dans

l’aigu, le son du tocsin. On retrouve par la

suite le chœur, soutenu par l’orgue, utiliser à

nouveau les huit notes du Dies irae pour une

ultime variation, alors que le piano développe

un chant trépidant en doublure dans la basse :

« Ce jour-là sera jour de colère, de calamité et

de misère… ». Après un long point d’orgue, le

piano seul remonte d’une tierce et entraîne le

chœur vers l’espoir, dans une éclaircie céleste.

L’ensemble vocal chante, dans la forme « cho-

ral », les paroles réconfortantes du Requiem

aeternam : « Donne leur, Seigneur, le repos

éternel, et que la lumière perpétuelle luise

pour eux ».

La prière se conclut sur un da capo.

Although he was only eight years old, my son Jean said to my wife, during a meal at which we were

discussing the failing health of his great-grandmother, ‘’ mourir, c’est renaître à l’envers’’ (‘’ dying

is re-birth, back-to-front.’’). His words were reported to me. I was left without an answer, astonished

by this child who had become a philosopher.

At present I think that this does not fit in with our Christian religion.The Libera shows us that there

will be a terrible judgement day for the wicked and the half-hearted.

Certain ignoble acts cannot be fixed by the justice of man, and no other sanction is appropriate. In

these cases we are left with the hope of divine justice. The scriptures do not mention a second chance,

there is no talk of greater or lesser degrees. There is heaven and there is hell, and perhaps a sort of

decision-making area called purgatory, but this I doubt – God knows everything; for Him there is no

doubt, no hesitation.

The prayer opens with the choir in unison with the low notes of the piano providing percussion. The

vocal ensemble addresses God in fear of the day of terror when the world will be judged by fire. And

what if the fire, speaking through the ‘’Libera me, Domine’’ produces the same effect as the volcanoes

that sweep all before them with their fury, making new fertile earth and bringing forth abundant

life ?

This period concludes with a supporting imitation on the organ. The piano suspends time with a

battery of demisemiquavers played on the low notes while the organ outlines a sombre, hesitant

melody. The two male soloists follow the melody of the organ in terror , while the piano brings about

the sound of alarm on the high notes. Next we find the choir, supported by the organ, again using

the eight notes of the Dies Irae in a final variation, while the piano develops a lively song , lining it in

the low notes, ‘’Ce jour-là sera jour de colère, de calamité et de misère…’’ (‘’ That day will be one of

anger, disaster, woe...’’ ) . After a long note held on the organ (point d’orgue), the piano alone rises

again by a third, and leads the choir towards hope in the brightness of heaven. The vocal ensemble

sings, in the form of a chorale, the comforting words of the Requiem aeternam, ‘’Donne leur, Sei-

gneur, le repos éternel, et que la lumière perpétuelle luise pour eux’’ (‘’Give them, Lord, eternal rest,

and let the everlasting light shine upon them.’’) The prayer concludes with a da capo.

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In paradisum (to Olivier Cazenave, President of L’association des amis de l’orgue de la Charente)

In paradisum (à olivier cazenave, président de l’association des amis de l’orgue de la charente)

Lorsque j’étais enfant et que je me trouvais confronté à une situation qui me semblait insurmontable, je trou-

vais le réconfort dans mes rêves. Je rêvais que je me trouvais sur un radeau sur une mer déchaînée et que,

malgré la force des éléments, j’étais bien dans mes couvertures chaudes. Avoir foi en Dieu permet de se pré-

munir de tout, et malgré les souffrances endurées, de garder dans l’obscurité la lumière de l’âme éblouie par

l’espérance, irradiée des paroles du Christ.

L’orgue débute la prière sur la cellule thématique utilisée dans l’Introït, le Dies irae et le Tuba mirum, décri-

vant, sans l’accord, la lumière de Dieu, dans un apaisement retrouvé. Cette formule se développe tout au long

de la partition s’interrompant à deux reprises, notamment dans un passage pour baryton solo : « Que le chœur

des anges t’accueille », « …et que Lazare, jadis si pauvre… ». Lazare, simple humain, ressuscité!

Ce qui me plaît le plus et qui donne force à ma foi dans cette belle prière qui conclut ce Requiem, j’ai voulu

le transcrire en musicien : je pense que tout chrétien, même ceux qui se sentent abandonnés de Dieu, doit

transmettre que « Dieu est amour ».

Le chant se développe tout au long de la partition et se conclut sur une plénitude heureuse. Les éléments se

déchaînent et s’amplifient, le chœur se dédouble en huit voix pour un enfantement. Plus qu’une résurrection,

l’être tout entier connaît et ressent sa propre naissance. Il se métamorphose, il devient lumière, il se fond en

Dieu pour une renaissance infinie. Alors, chaque individu vit son apocalypse, sa révélation : cette explosion

n’a rien à voir avec la destruction, mais cette énergie, dégagée de toute enveloppe, laisse derrière elle un

cocon fragile vers l’aboutissement absolu, la métamorphose de la nymphe à l’être ultime, état perpétuel de

l’aimé et de l’aimant, pour l’éternité, et révélé dans la gloire de Dieu.

When I was a child, seeking comfort when troubled, I found solace in my dreams. I dreamt that I was

on a raft, on a raging sea, yet despite the force of the elements, I was safe beneath my warm covers.

Having faith in God allows one to be protected in all situations, and despite the need to endure suffe-

ring, to keep one’s soul sparkling with hope, even in the darkness, lit up by the words of Christ.

The organ starts the prayer with the same theme used in the Introït, the Dies Irae and the Tuba

Mirum, describing in harmony the light of God in a new-found appeasement. This formula develops

throughout the score, being interrupted twice, notably in a passage for solo baritone, ‘’Que le chœur

des anges t’accueille’’ (‘’May you be received by angels.’’ ‘’…et que Lazare, jadis si pauvre…’’ (‘’And

Lazarus, once so poor...’’) . Lazarus, an ordinary man, brought back to life.

The thing which pleases me most and which strengthens my faith in this beautiful prayer which

concludes the Requiem, I wanted to transcribe as a musician – I think that all Christians, even those

who feel abandoned by God, must transmit the idea that ‘’ Dieu est amour.’’ (‘’God is love.’’)

The song is developed throughout the score and finishes blissfully.The elements are aroused and inten-

sify, the choir separates into high voices for a birth. More than a resurrection, the whole being knows

and feels his own birth. He is metamorphosised. He becomes light. He merges in God for an infinite

rebirth. In this way each individual lives his apocalypse, his revelation. This explosion has nothing

to do with destruction, but this energy, freed from all its outer layers, leaves behind a fragile cocoon,

in the pursuit of its ultimate outcome, the metamorphosis of the nymph into the supreme being; the

perpetual state of the loved and the loving, for eternity, revealed in the glory of God.

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In paradisum deducant te angeli, in tuo adventu suscipiant te martyres,et perducant te in civitatem sanctam Jerusalem.Chorus angelorum te suscipiat, et cum Lazaro quondam paupere aeternam habeas requiem.

Qu’au paradis les anges te conduisent, qu’à ton arrivée les saints martyrs t’accueillent et te guident jusqu’à la cité sainte de Jérusalem.Que le chœur des anges t’accueille, et qu’avec Lazare, jadis si pauvre, tu connaisses le repos éternel.

Into Paradise may the Angels lead thee : at thy coming may the Martyrs receive thee, and bring thee into the holy city Jerusalem.May the Choir of Angel receive thee and with Lazarus, once poor, may thou have eternal rest.

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Frédéric Ledroit est né à Angoulême le 26 juin 1968.Dès son initiation au piano, à l’âge de 6 ans, Frédéric Ledroit aborde la musique en improvisant sans relâche. Il développe sa technique instru-mentale avant tout par une approche de créateur. Il écrit ses premières compositions tonales à l’age de 10 ans s’inspirant de la musique qu’il entend ou qu’il étudie. Ses professeurs du conservatoire d’Angoulême le remarquent et en particulier ses deux maîtres d’orgue qui l’incitent à suivre les cours de composition dans la classe d’Yves Claoué (auteur de l’opéra Patmos sur un texte de Cocteau). Ce dernier lui fait étudier l’orchestration

Frédéric LEDROITcompositeur

et devient un révélateur pour son élève en lui faisant découvrir les différents courants musicaux du 20e siècle.Frédéric Ledroit écrit avec frénésie plusieurs œuvres instrumentales dont un quatuor à cordes, des mélodies et un recueil pour piano sur une technique d’écriture sérielle ou dodécaphonique.Plus tard, avec l’étude approfondie de l’orgue, il découvre la monodie grégorienne, les modes grecs et enfin les modes à transposition limitée de Messiaen. Cette période va s’avérer décisive pour lui et lui permet d’inventer, après avoir « digéré » ces différents procédés d’écriture, son propre style.Il se plait, par ailleurs, à créer des œuvres pour orgue d’autres compositeurs contemporains qui l’emmènent vers de nouvelles destinations. Il rencontre un complice et ami indispensable à son évolution, Etienne Rolin, avec qui il improvise régulièrement en concert. Il se produit pour la première fois aux USA ou il joue en réci-tal d’orgue ses propres œuvres ainsi que celles d’Etienne Rolin qui l’accompagne pour l’occasion. Ce voyage lui permet de rencontrer François Rossé pour qui il créera deux pièces d’orgue. Cette rencontre lui apportera de nouvelles idées musicales tournées vers l’Orient et en particulier vers la musique traditionnelle indienne. Il compose à son retour 2 œuvres pour orgue (commande d’état), un opéra pour enfants ainsi qu’une com-mande pour un orchestre de 250 étudiants musiciens issus des principaux pays Européen. Louis Robilliard, alors son professeur d’orgue au conservatoire de région de Lyon, l’encourage encore davantage à composer et lui permet de créer son prélude à l’Agnus Dei (Messe pour un siècle nouveau) à l’auditorium Maurice Ravel qui est très remarqué.Xavier Darasse, son professeur d’orgue au conservatoire supérieur de musique de Lyon, après en avoir entendu parler de façon très élogieuse, lui demande à entendre ses œuvres d’orgue. Il devient alors un guide bienveillant et s’enthousiasme de l’imagination débordante de son élève, de sa fougue naturelle et de ses facilités d’écriture.Il entre ensuite en classe de composition au conservatoire de région de Bordeaux et dans la classe d’impro-visation de Pierre Pincemaille. C’est une période ou Frédéric Ledroit développe un style très personnel alliant lyrisme, recherche mélodique et travail intense sur le plan harmonique et formel.Il a depuis écrit une soixantaine d’opus pour toutes formations instrumentales (concerto, symphonie, duos piano et orgue, guitare, harmonéon, oeuvres d’orgue associés au basson, saxophone, alto, violon, cuivres, etc., avec une prédilection pour la musique sacrée dont 2 ouvrages considérables : Messe pour un siècle nouveau pour baryton, soprano, chœur et orgue, et son Requiem dans une instrumentation unique pour 4 solistes, double chœur, piano et orgue.

critiques à propos de ses compositions

« Une poésie souveraine, aux colories paradisiaques, aux sonorités évanescentes : du grand art » Jean Gal-lois (les petites affiches)« Ses œuvres pour orgue sont de la plus haute inspiration » Jean Aubain (CNR de Versailles)« la richesse harmonique d’un Duruflé, mélodique d’un Poulenc » Michel Roubinet (diapason)« Autre grand moment au souffle libre, l’écriture des oppositions de Frédéric Ledroit…à fleur de sentiment avec une maîtrise totale d’écriture bien en avance sur demain. » Le Dauphiné libéré

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DISCOGRAPHIE (extrait)

LEDROIT - REQUIEM Direction Marie-Christine Pannetier Jeanne Crousaud, soprano, Anna Destraël, mezzo Mathieu Muglioni, ténor, Ciro Greco, baryton Groupe Vocal Pro Homine A paraître février 2013 Jean-Pierre Ferey, piano François-Henri Houbart et Frédéric Ledroit aux Orgues de l'Eglise de La Madeleine à Paris

LEDROIT MESSE POUR UN SIECLE NOUVEAU

Direction Eliane Lavail Martine Boutant, soprano, Patrick Boutant, baryton

Ensemble Vocal d'Aquitaine Frédéric Ledroit

au Grand Orgue de la Cathédrale d'Angoulême

Skarbo DSK2005

« … la richesse harmonique d’un Duruflé, mélodique d’un Poulenc, pour un résultat néanmoins résolument autonome et d’une retenue et d’une modération de ton reflétant la longue maturation de l’œuvre… »

Michel Roubinet, Diapasons, Octobre 2001

DUO PIANO ET ORGUE Jean-Pierre Ferey, piano

Frédéric Ledroit Grand Orgue de la Cathédrale d'Angoulême

FRANCK, LIPATTI LEDROIT, DUPRE

Skarbo, DSK4054

Jean-Pierre Ferey, piano

Frédéric Ledroit, Grand Orgue de la Cathédrale d'Angoulême, harmonium

WIDOR, BOËLLMANN BARBER, GIGOUT

Skarbo, DSK4078

… les admirables oppositions, Opus 48, de Frédéric Ledroit : vous aimerez ce trityque inspiré, hautement significatif avec sa fusion liminaire ou se combattent et s’attirent les deux instruments… du grand art.

Jean Gallois « les petites affiches » 12/2005

Les interprètes jouent ce répertoire avec un goût très sur, de l’humour quand il en faut, de la maitrise aussi, dans la manière de construire une pâte sonore agréable et inventive. Frédéric Munoz, ResMusica.com

Une mise en place exemplaire… dans une splendide interprétation Thierry Adhumeau, Le Monde de la Musique, mars 2009

INTEGRALE DES SYMPHONIES DE WIDOR

CDs disponibles chez tous les bons disquaires, en vente par correspondance,

et en téléchargement légal sur tous les grands sites

www.skarbo.fr

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Artise charentaise née en 1966 à Angoulême, Rose Marie Ledroit s’est perfectionnée à l’école des Beaux-Arts d’Angoulême auprès de José Bartolini en sculpture et dans diverses autres disciplines (dessin, fusain…). Très jeune, elle a eu la chance de rencontrer Suzy Bartolini et Marie Amalia, grandes spécialistes de la peinture sur verre en France qui lui ont donné le secret de cette tech-nique vénitienne du 16e siècle. Elle s’est donc logiquement spécialisée dans la réalisation des Icônes peintes sur verre (fixés).

Rose Marie Ledroit nourrit sa passion par de nombreux voyages à l’étranger, par la lecture d’ouvrages historiques et artistiques, et ouvrages religieux qui guident cette artiste dans un che-minement spirituel riche et vivant.

Ses expositions connaissent chaque fois un vif succès et cette technique peu connue suscite beaucoup d’intérêt.

Tél. 06 86 34 05 96

Rose Marie LEDROITArtiste

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Frédéric LedroitChevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres

Titulaire des Grandes Orgues de la Cathédrale d’Angoulême

www.fredericledroit.fr