REPUBLIQUE DU BURUNDI PROJET D’AMENAGEMENT DES …

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SCCD: G .G. FONDS AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT Langue: Français Original: Français REPUBLIQUE DU BURUNDI PROJET D’AMENAGEMENT DES BASSINS VERSANTS (PABV) RAPPORT D’EVALUATION DEPARTEMENT DE L’AGRICULTURE ET DE DEVELOPPEMENT RURAL OCAR REGION CENTRE-OUEST DECEMBRE 2005

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SCCD: G .G.

FONDS AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT Langue: Français Original: Français

REPUBLIQUE DU BURUNDI

PROJET D’AMENAGEMENT DES BASSINS VERSANTS (PABV)

RAPPORT D’EVALUATION

DEPARTEMENT DE L’AGRICULTURE ET DE DEVELOPPEMENT RURAL OCAR REGION CENTRE-OUEST DECEMBRE 2005

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TABLE DES MATIERES Page DONNEES DE BASE, EQUIVALENCES MONETAIRES, SIGLES ET ABREVIATIONS, (i-x) LISTE DES TABLEAUX, LISTE DES ANNEXES, FICHE DE PROJET, RESUME ANALYTIQUE, MATRICE DU PROJET 1. ORIGINE ET HISTORIQUE DU PROJET 1 2. LE SECTEUR AGRICOLE 2

2.1 Caractéristiques principales 2 2.2 Importance du secteur dans l’économie 3 2.3 Les institutions agricoles 4 2.4 Régime foncier 5 2.5 Structuration du monde rural 5 2.6 Problématique du genre 7 2.7 Profil de la pauvreté 8 2.8 Financement du monde rural 9 2.9 Potentialités et contraintes du secteur agricole 10 2.10 Politique et stratégie de développement rural 11 2.11 Interventions des bailleurs de fonds dans le secteur agricole 11

3. LE SOUS-SECTEUR FORESTIER 14

3.1 Caractéristiques principales 13 3.2 Importance du sous secteur dans l’économie 15 3.3 Institutions du sous-secteur 15 3.4 Contraintes et Potentialités du sous-secteur 16 3.5 Stratégie nationale de développement du sous secteur 17

4. LE PROJET 18 4.1 Concept et bien-fondé du projet 18 4.2 Zone d’intervention et bénéficiaires du projet 20 4.3 Contexte stratégique 21 4.4 Objectifs du projet 22 4.5 Description du projet 22 4.6 Production, marchés et prix 26 4.7 Impact sur l’environnement 28 4.8 Impact social 30 4.9 Coûts du projet 30 4.10 Sources de financement et calendrier des dépenses 31

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5. EXECUTION DU PROJET 33 5.1 Organe d’exécution 33 5.2 Dispositions institutionnelles 33 5.3 Calendrier d’exécution et de supervision 34 5.4 Dispositions relatives à l’acquisition des biens, travaux et services 35 5.5 Dispositions relatives aux décaissements 37 5.6 Suivi-évaluation 37 5.7 Rapports financiers et rapports d’audit 38 5.8 Coordination de l’aide 38

6. DURABILITE ET RISQUES DU PROJET 39 6.1 Charges récurrentes 39 6.2 Durabilité du projet 40 6.3 Principaux risques et mesures d’atténuation 40

7. AVANTAGES DU PROJET 41 7.1 Analyse financière 41 7.2 Analyse économique 41 7.3 Analyse de l’impact des aspects intersectoriels 42 7.4 Analyse de la sensibilité 43

8. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 43 8.1 Conclusions 43 8.2 Recommandations 44

Le présent rapport a été rédigé par MM. Abdoulaye DAGAMAISSA, Expert Forestier, Abdourahmane DIAW, Analyste Financier, M. TRAORE, Environnementaliste et par deux Consultants Agroéconomiste et Agronome, à la suite d’une mission effectuée au Burundi du 14 au 31 octobre 2005. Pour tout renseignement, s’adresser à M. A. DAGAMAISSA (poste 2495), M. A. DIAW (poste 2580), M. M. TRAORE (poste 3308), M. D. KEITA, Chef de Division par intérim (poste 2086) ou M. C.R. SPENCER, Directeur, OCAR (poste 2036).

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SIGLES ET ABREVIATIONS APRODEC : Association pour la promotion et le développement AR : Antennes régionales BIF : Franc burundais BNDE : Banque nationale de développement économique BRB : Banque de la république du Burundi CEFDHAC : Conférence des écosystèmes forestiers denses humides d’Afrique centrale COOPEC : Coopératives d’épargne et de crédit CPELP : Centre pour la protection de l’environnement et de lutte contre la pauvreté CSLP-I : Cadre de stratégie intérimaire de croissance économique et de lutte contre la

pauvreté DAO : Dossiers d’appel d’offres DSPAR : Document de stratégie pays axé sur les résultats FAD : Fonds africain de développement FDC : Fonds de développement communal FED : Fonds européen de développement FIDA : Fonds international pour le développement agricole FRPC : Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance FOSA : Etude prospective des forêts d’Afrique GVT : Gouvernement HIMO : Haute intensité de main d’œuvre IDH : Indice de développement humain IMF : Institutions de microfinance INCEN : Institut national pour l’environnement et la conservation de la nature ISABU : Institut des sciences agronomiques du Burundi ISTEEBU : Institut des statistiques et d’études économiques du Burundi LR : Liste restreinte MINAGRIE : Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage MINATET : Ministère de l’aménagement du territoire, de l’environnement et du tourisme ML : Monnaie locale OCIBU : Office du café du Burundi ONG : Organisations non gouvernementales OPEP : Organisation des pays producteurs de pétrole OTB : Office du thé du Burundi PAIBV : Projet d’aménagement intégré des bassins versants PIB : Produit intérieur brut PNUD : Programme des Nations unies pour le développement PRASAB : Programme de réhabilitation et d’aménagement du secteur agricole du

Burundi PRDMR : Programme de relance et de développement du monde rural RIM : Réseau des institutions de microfinance SRD : Société régionale de développement TDR : Termes de référence TRE : Taux de rentabilité économique UC : Unités de compte UCODE : Union pour la coopération et le développement UE : Union européenne USAID : Agence américaine pour le développement international

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EQUIVALENCE MONETAIRES (Novembre 2005)

Unité monétaire = Francs Burundais (BIF)

1 UC = 1.5447,62 BIF 1 UC= 1,4458 US$

EXERCICE FISCAL

1er janvier – 31 décembre

UNITES DE MESURE

Système métrique

LISTE DES TABLEAUX

Page Tableau 4.1 Résumé des coûts estimatifs du projet par composante 30 Tableau 4.2 Résumé des coûts du projet par catégorie de dépenses 31 Tableau 4.3 Sources de financement 31 Tableau 4.4 Dépenses par catégorie et par source de financement 32 Tableau 4.5 Calendrier des dépenses par composante 32 Tableau 4.6 Calendrier des dépenses par source de financement 32 Tableau 5.1 Calendrier d’exécution et de supervision 34 Tableau 5.2 Dispositions relatives à l’acquisition des travaux, biens et services 35 Tableau 6.1 Evolution des charges récurrentes par source de financement 40

LISTE DES ANNEXES Annexe 1 Carte de la zone du projet Annexe 2 Organigramme du projet Annexe 3 Liste provisoire des biens et services Annexe 4 Taux de rentabilité économique Annexe 5 Résumé des opérations de la Banque au Burundi Annexe 6 Termes de référence du Directeur du projet Annexe 7 Résumé du plan de gestion environnemental et social

Document de Travail Coûts détaillés du projet par composante Comptes d’exploitations forestières et agricoles Production, superficie et rendement.

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FONDS AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT AGENCE TEMPORAIRE DE RELOCALISATION

BP 323 – 1002 TUNIS BELVEDERE TUNISIE Tél : (216) 71 333 511 – Fax : (216) 71 351 933

FICHE DE PROJET

Date : Décembre 2005

Les renseignements ci-dessous ont pour but de fournir quelques indications générales à tous les fournisseurs, entrepreneurs, consultants et autres personnes intéressées par la fourniture des biens et services au titre des projets approuvés par le Conseil d’Administration du Groupe de la Banque. De plus amples renseignements peuvent être obtenus auprès de l’organe d’exécution du Donataire. 1. PAYS : BURUNDI 2. TITRE DU PROJET : Projet d’aménagement des bassins versants

(PABV) 3. LIEU D’IMPLANTATION : Provinces de Gitega, Bururi, Rutana, Muyinga,

Kirundo et Cankuzo. 4. DONATAIRE : République du Burundi 5. ORGANE D’EXECUTION : Département des Forêts au Ministère de

l’Aménagement du Territoire, de l’Environnement et du Tourisme

Bujumbura (Burundi) – Tel : (257) 22.49.79 Fax : (257) 22.89.02 6. DESCRIPTION DU PROJET : 7. COUT TOTAL : 10,44 millions d’UC - Devises : 5,65 millions d’UC - Monnaie locale : 4,79 millions d’UC 8. DON DU GROUPE DE LA BANQUE - FAD Devises : 5,41 millions d’UC Monnaie locale : 3,59 millions d’UC Total : 9,00 millions d’UC 9. AUTRES SOURCES DE FINANCEMENT - Gouvernement : 1,07 million d’UC - Bénéficiaires : 0,37 million d’UC 10. DATE D’APPROBATION : Février 2006 11. DATE PROBABLE DE DEMARRAGE DU PROJET ET DUREE : Mai 2006 ; 5 ans

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12. ACQUISITIONS DES BIENS ET SERVICES

Les biens, travaux et services financés par la Banque seront acquis selon les procédures suivantes : Appel d’offres national (AON) : Acquisition des travaux de construction des bâtiments ; acquisition des véhicules, des motos et des vélos et acquisition du mobilier de bureaux et autres équipements (matériel informatique, photocopieurs, fax, téléphone, équipements de communication, etc.). Procédure de passation des marchés communautaires : Acquisition des travaux de production des plants, de mise en place des plantations, d’installation des fossés anti-érosifs, d’ouverture et d’entretien des pares-feux et des pistes forestières. Divers : L’encadrement des associations et les formations des populations locales et des cadres du projet se feront sur la base de conventions signées entre le projet et des institutions spécialisées présentes dans le pays. La fourniture en semences, engrais, plants forestiers et fruitiers se fera également sur la base de conventions signées entre le projet et les fournisseurs agréés au plan national. Les fournitures diverses nécessaires au fonctionnement du projet seront acquises selon des procédures acceptables pour la Banque. 13. SERVICES DE CONSULTANT REQUIS Liste restreinte : Acquisition des services de l’assistance technique (aménagement forestier, gestion administrative et financière et développement communautaire), des prestataires chargés de la formation spécialisée, de l’audit annuel des comptes, de la passation des marchés, des études et des consultations de courte durée (mise en place du système comptable, mise et place du dispositif de suivi environnemental, revue à mi-parcours et évaluation finale). 14. CATEGORISATION ENVIRONNEMENTALE : Le projet est classé en catégorie II.

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RESUME ANALYTIQUE 1. HISTORIQUE DU PROJET 1.1 Les ressources forestières du Burundi ont été sérieusement dégradées depuis le début de la crise socio-politique qu’a connue le pays depuis une décennie. Ainsi, plus de 30.000 ha de boisement et 10.000 ha de forêts naturelles ont été détruits, ramenant le taux de couverture forestière du pays de 8% à 5%. La surexploitation des terres arables, le surpâturage, le labour sur des fortes pentes et les phénomènes d’érosion sous toutes ses formes sont à la base de la dégradation des ressources naturelles (sols, forêts, etc.). L’absence de technologies appropriées de fertilisation des terres, d’aménagement des bassins versants, de gestion des forêts et des boisements, de production de la biomasse, la faiblesse des structures chargées de la gestion et du contrôle des ressources et la faible implication des populations constituent un frein à la protection des ressources de l’environnement pour un pays surpeuplé comme le Burundi. Par ailleurs, avec la guerre, le pays a perdu plusieurs cadres et plusieurs infrastructures ont été détruites, tout comme plusieurs réalisations en matière de protection des ressources et de restauration du couvert végétal. 1.2 L’absence d’interventions urgentes risque d’entamer les quelques ressources qui existent encore et ne fera qu’accentuer le phénomène d’érosion des bassins versants, causant ainsi des risques d’éboulement, des pertes importantes des terres de cultures et de la fertilité des sols. La biodiversité qui est déjà menacée va s’en ressentir. Aussi, les feux de brousse vont s’accentuer avec la recherche de nouvelles terres agricoles et de nouveaux pâturages. Les besoins des populations en bois de chauffe et de service vont connaître des proportions importantes avec le retour des populations réfugiées dans les pays voisins suite au retour de la paix. Pour mettre en œuvre cette stratégie, le Gouvernement a sollicité l’appui de la Banque pour financer le projet d’aménagement des bassins versants (PABV). Le projet a été identifié par une mission de la Banque au Burundi en juin 2004 et préparé en juin 2005. Le présent rapport d’évaluation a été rédigé suite à une mission qui a séjourné au Burundi du 14 au 31 octobre 2005, sur la base des informations recueillies par les missions d’identification, de préparation et d’évaluation, des documents consultés et/ou collectés auprès des partenaires financiers et projets en cours d’exécution et des discussions tenues avec les Autorités du pays, les partenaires au développement, les responsables des Ministères techniques, du Département des Forêts et des ONG, ainsi que les populations rurales des provinces visitées à travers leurs associations et groupements. 2. OBJET DU DON

Le don d’un montant de 9 millions d’UC sera utilisé pour financer 96% des coûts en devises et 75% des coûts en monnaie locale.

3. BUT ET OBJET DU PROJET L’objectif sectoriel du projet est de contribuer à la sécurité alimentaire à travers la restauration du capital productif sol. Plus spécifiquement, le projet vise à protéger les bassins versants, à accroître les productions forestières et agro-pastorales et à augmenter les revenus des populations rurales de la zone du projet. Le projet vise à atteindre cet objectif par la réalisation de plantations forestières (domaniales, communautaires et privées), la promotion de l’agroforesterie pour améliorer la fertilité des sols et diversifier la production, la formation et la sensibilisation des populations, l’organisation et l’implication des groupements et associations de producteurs dans les activités, ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles du Département des Forêts.

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4. REALISATIONS DU PROJET Les principales réalisations attendues du projet sont : (i) stages de formation de 20 cadres du Département des forêts en inventaire et en aménagement forestier ; (ii) stages pour 35 cadres et techniciens (dont 20% de femmes) des Inspections forestières et des Directions provinciales de l’agriculture et de l’élevage en agroforesterie, conservation des eaux et du sol et planification ; (iii) environ 2.000 paysans dont 40% de femmes formés en agroforesterie et en lutte anti-érosive ; (iv) 50 paysans et cadres du Département des forêts dont 25% de femmes effectueront des voyages d’études ; (v) 46.800 paysans dont 35% de femmes encadrés pour les activités d’agroforesterie, de développement des espèces fourragères et de diversification de la production ; (vi) finalisation et validation du document de politique forestière et du Code forestier ; (vii) une dizaine de plans simples d’aménagement communautaire des boisements élaborés et mis en œuvre avec les populations rurales ; (viii) mise en place et entretien de 15.000 ha de plantations domaniales ; (ix) création d’environ 5.550 ha de boisements communautaires et/ou privés ; (x) installation de 600.000 mètres d’ouvrages anti-érosifs suivant les courbes de niveau ; (xi) amélioration de 5.800 ha de pâturages naturels ; (xii) plantation de 3.000 ha d’espèces fourragères et à usage multiples et (xiii) réalisation de 600 ha d’exploitations agricoles pour la production vivrière, le maraîchage, l’arboriculture fruitière et l’apiculture. 5. COUTS ESTIMATIFS DU PROJET

Le coût total du projet est estimé à 16.135 millions BIF, soit 10,44 millions UC, hors taxes et hors douanes. Ce coût se répartit en 8.741 millions BIF en devises, soit 5,65 millions UC et 7.394 millions BIF en monnaie locale, soit 4,79 millions UC.

6. SOURCES DE FINANCEMENT

Le projet sera cofinancé conjointement par un don du FAD à hauteur de 9,00 millions d’UC, soit 86%, ainsi que par le Gouvernement de Burundi pour 1,07 millions d’UC (10%) et les bénéficiaires à hauteur de 0,37 million d’UC (4%). 7. EXECUTION DU PROJET Le projet sera géré par le Département des forêts qui aura une équipe, basée à Mahwa dans la province de Gitega. L’équipe sera représentée sur le terrain par deux antennes localisées à Mahwa et à Muyinga. Le Département des Forêts assurera l’exécution, la coordination générale du projet et le suivi-évaluation interne de ses activités. L’équipe comprendra un personnel qualifié comprenant un Directeur de projet, un ingénieur agroforestier, un responsable du suivi-évaluation, un ingénieur agronome, un gestionnaire comptable, un responsable chargé de la gestion administrative, un responsable du matériel roulant, deux comptables et un cartographe. 8. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 8.1 Conclusions : Compte tenu de l’état de dégradation des ressources forestières, des problèmes environnementaux sur la quasi-totalité des collines du pays et du niveau de pauvreté des populations dans ces zones, le Projet d’aménagement des bassins versants (PABV) s’inscrit parfaitement dans le cadre des domaines prioritaires du pays en matière de réduction de la pauvreté. La tendance à la dégradation du couvert végétal sur les collines peut conduire, en l’absence d’interventions urgentes et de mesures adéquates, à la disparition totale des forêts naturelles restantes avec des conséquences graves sur le climat, les habitations, la production agricole et la satisfaction des besoins des populations en produits forestiers essentiels. Le projet permettra de renforcer les capacités nationales en matière

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de gestion durable des ressources forestières et pastorales par la formation de 2.000 paysans en agroforesterie et lutte anti-érosive, des voyages d’études pour 50 paysans et cadres, la sensibilisation et l’encadrement de 46.800 paysans dans les activités d’agroforesterie, de développement des espèces fourragères et de diversification de la production dans leurs exploitations. Le projet, en plus de la protection de l’environnement, contribuera à une augmentation de la production forestière par la réalisation de 15.000 ha de plantations domaniales, 1.800 ha de boisements communautaires et 3.750 ha de boisements privés. Il contribuera à une augmentation annuelle des revenus des populations estimée à 761.474 BIF. Le projet permettra en année de croisière (5ème année), la production de 9.875 tonnes additionnelles de cultures vivrières et maraîchères. Les autres avantages du projet résident dans la création de 28.600 emplois dont 11.400 au bénéfice des femmes, la protection et l’amélioration de 5.800 ha de pâturages naturels par l’intégration agro-sylvo-pastorale. Tel qu’il est conçu, le projet est techniquement réalisable, et est viable du point de vue financier, économique, social et environnemental. Le taux de rentabilité s’établit à 15%. 8.2 Recommandation : Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, il est recommandé qu’un don FAD n’excédant pas 9 millions d’UC soit octroyé à la République du Burundi dans le but d’exécuter le projet sous réserve de la satisfaction des conditions énoncées dans le Protocole d’Accord de Don.

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BURUNDI / PROJET D’AMENAGEMENT DES BASSINS VERSANTS (PABV) MATRICE DU PROJET

OBJECTIFS RESULTATS ATTENDUS BENEFICIAIRES INDICATEURS DE

PERFORMANCE INDICATEURS CIBLES HYPOTHESES/

RISQUES BUT SECTORIEL 1. Contribuer à la promotion de la sécurité alimentaire

Augmentation de la production agricole

Populations des Provinces de Gitega,Rutana, Bururi, Kirundo, Muyinga et Cankuzo 2,61 millions d’habtsdont 58% de femmes

1. Niveau de production agricole

4.000 tonnes additionnelles de banane, agrumes, maïs, avocat, pomme de terre, oignon, tomate et haricot en 2008 et au total 9.875 tonnes en 2010

Sécurité dans la zone du projet

OBJECTIFS DU PROJET 1. Protéger durablement les bassins versants, accroître les productions forestières et agropastorales et augmenter les revenus des bénéficiaires

1.1 Amélioration de la fertilité des sols et protection des bassins versants

150.000 ménages des provinces couvertes dont 58% dirigés par des femmes

1. Superficie des collines plantées 2. Mètres linéaires d’ouvrages anti-érosifs mis en place 3. Superficies des champs Restaurés et mis en Culture 4. Emplois temporaires créés

1.1 8.000 ha de crêtes plantées en 2008 et 15.000 ha au total en 2010 1.2 250 km linéaires d’ouvrages installés en 2008 et 600 km au total en 2010 1.3 2.000 ha de champs de cultures restaurés en 2008 et 5.000 ha au total en 2010 dont 35% appartenant à des

femmes 1.4 10.000 emplois temporaires créés en 2008 et 28.600 au total en 2010 dont 40% pour

les femmes

Aléas climatiques (sécheresse) Faiblesse des capacités institutionnelles

REALISATIONS 1. Les productions agricoles et pastorales ont augmenté

1.1 Les terres de culture sont fertilisées par application d’intrants, et des techniques agroforestières

150.000 ménages des provinces couvertes dont 58% de femmes

1.1 Superficie de parcelles de production de semences 11.2 Superficie de pâturages naturels restaurés et de haies paddocks installées

1.1 250 ha de parcelles en 2008 et 600 ha en 2010 1.2 2.000 ha restaurés et 45 ha de haies en 2008 et au total 5.800ha et 145 ha de haies en 2010

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1.2 L’agroforesterie est

ancrée dans les habitudes des populations, notamment des femmes

Producteurs de la zone du projet dont 40% de femmes

Superficie des champs soumis aux techniques d’agroforesterie

1.1 1.200 ha améliorés avec des techniques d’agroforesterie en 2008 et 3.000 ha au total en 2010 ; 1.2 1.500 ha sont plantés en espèces à usages

multiples en 2008 et 3.000 ha en 2010 1.3 250 ha de plantations fruitières installées en 2008 et 600 ha au total en 2010

2. Les capacités des populations bénéficiaires sont renforcées

2.1 Les cas de feux de brousse sont rares et les paysans pratiquent la lutte anti-érosive et l’agroforesterie

Producteurs de la zone du projet dont 40% de femmes

Nombre de personnes sensibilisées et formées parmi les populations bénéficiaires

2.1 1.000 paysans relais formés en 2008 et 2.000 au total en 2010 dont 40% de femmes 2.2 25.000 producteurs encadrés en 2008 et 46.800 en 2010 dont 40% de femmes 2.3 50 cadres et membres des associations participent aux voyages

d’études en 2008 dont 45% de femmes

3. Les capacités du Département des forêts et des DPAE sont renforcées

3.1 Le Département des forêts est équipé et ses cadres et ceux des DPAE formés

Département des Forêts et DPAE

Nombre de cadres formés et équipements acquis dont 35% de femmes

3.1 75 cadres et techniciens formés en 2008 dont

40% de femmes 3.2 Matériels techniques,

informatiques, de bureau, de communication et moyens logistiques acquis en 2007

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3.3 24 cadres recrutés en 2006 dont 35% de femmes

RESSOURCES DISPONIBLES

MOYENS DE VERIFICATION

Renforcement des Capacités

2,04 million d’UC

Rapports du projet

Conservation et amélioration des ressources Amélioration des productions

5,72 millions d’UC 1,72 millions d’UC

Rapports de supervision et de revue à mi-parcours

Gestion du projet 0,96 millions d’UC Rapports de formation DAO, Contrats

Total 10,44 millions d’UC PV de réception, Décisions de recrutement

SOURCES DE FINANCEMENT

Rapports d’audit Rapport d’achèvement

FAD Gouvernement et Bénéficiaires

9,00 millions d’UC 1,07 millions d’UC 0,37 million d’UC

4. ACTIVITES/INTRANTS Production de plants Travaux de plantations Formations, stages et voyages d’études Equipements en moyens logistiques et matériels divers Lancement des AO des formations Préparation des voyages d’études et d’échanges

Recrutement du personnel et de l’assistance technique Exécution des travaux et suivi

Total 10,44 millions d’UC

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1. ORIGINE ET HISTORIQUE DU PROJET 1.1 Les ressources forestières du Burundi ont été sérieusement dégradées depuis le début de la crise socio-politique qu’a connue le pays depuis une décennie. Ainsi, plus de 30.000 ha de boisement et 10.000 ha de forêts naturelles ont été détruits, ramenant le taux de couverture forestière du pays de 8% à 5%. La surexploitation des terres arables, le surpâturage, le labour sur des fortes pentes et les phénomènes d’érosion sous toutes ses formes sont à la base de la dégradation des ressources naturelles (sols, forêts, etc.). L’absence de technologies appropriées de fertilisation des terres, d’aménagement des bassins versants, de gestion des forêts et des boisements, de production de la biomasse, la faiblesse des structures chargées de la gestion et du contrôle des ressources et la faible implication des populations constituent un frein à la protection des ressources de l’environnement pour un pays surpeuplé comme le Burundi. Par ailleurs, avec la guerre, le pays a perdu plusieurs cadres et plusieurs infrastructures ont été détruites, tout comme plusieurs réalisations en matière de protection des ressources et de restauration du couvert végétal. 1.2 Les populations sont bien conscientes de l’état de dégradation de leur capital productif. Elles se rendent comptent que l’absence d’interventions urgentes risque d’entamer les quelques ressources qui existent encore et ne fera qu’accentuer le phénomène d’érosion des bassins versants, causant ainsi des risques d’éboulement, des pertes importantes des terres de cultures et de la fertilité des sols. La biodiversité qui est déjà menacée va s’en ressentir. Aussi, les feux de brousse vont s’accentuer avec la recherche de nouvelles terres agricoles et de nouveaux pâturages. Les besoins des populations en bois de chauffe et de service vont connaître des proportions importantes avec le retour des populations réfugiées dans les pays voisins suite au retour de la paix. C’est pour ces raisons que la protection et l’aménagement des bassins versants par des plantations et des dispositifs anti-érosifs sont devenus urgents et qu’ils ont été retenus comme priorités dans le Cadre de la stratégie intérimaire de croissance économique et de lutte contre la pauvreté (CSLP-I). Pour mettre en œuvre cette stratégie, le Gouvernement a sollicité l’appui de la Banque pour financer le projet d’aménagement des bassins versants (PABV). Le projet a été identifié par une mission de la Banque au Burundi en juin 2004 et préparé en juin 2005. Le présent rapport a été rédigé suite à une mission d’évaluation qui a séjourné au Burundi du 14 au 31 octobre 2005. 1.3 Le PABV a tenu compte des informations recueillies sur le terrain par les missions d’identification, de préparation et d’évaluation, des documents consultés et/ou collectés auprès des partenaires financiers et projets en cours d’exécution et des discussions tenues avec les Autorités du pays, les partenaires au développement - notamment la Banque mondiale, l’Union européenne, la Coopération technique belge, la Coopération allemande, le PNUD, la FAO, le FIDA, les responsables des Ministères techniques, du Département des Forêts et des ONG, ainsi que les populations rurales regroupées au sein d’associations de gestion de forêts communautaires et de groupements de producteurs des provinces visitées. Il est conforme à la politique forestière en vigueur dans le pays et à la stratégie nationale de réduction de la pauvreté dont les priorités sont, entre autres, la réduction des pertes en espèces végétales et animales, la restauration des espaces dégradés et la gestion participative des formations forestières. Il est également conforme à la vision de la Banque, à sa politique relative au développement agricole et rural, ainsi qu’à sa stratégie d’intervention au Burundi pour la période 2005-2007. Il cadre aussi avec les objectifs du FAD X axés sur la réduction de la pauvreté.

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2. LE SECTEUR AGRICOLE 2.1 Caractéristiques principales 2.1.1 Le secteur rural et agricole constitue la base de l’économie nationale. Il occupe 94% de la population active du pays, fournit 95% de l’offre alimentaire et plus de 90% des recettes en devises. Sur la période 2000-2004, ce secteur a représenté plus de 50 % du PIB au prix du marché. Il est de ce fait, la principale source de croissance de l’économie, le garant de la sécurité alimentaire et le moteur de la croissance des autres secteurs économiques. Il est caractérisé par une agriculture de subsistance pratiquée par près de 1,2 millions de ménages faiblement monétarisés et exploitant chacun de 0,5 ha à 1 ha de terre en moyenne. Jusqu’à la veille de la crise, les importants investissements consentis dans le secteur ont engendré des résultats encourageants dans les différents sous-secteurs (cultures vivrières et industrielles). Toutefois, les performances obtenues n’ont pas pu être pérennisées. En effet, suite à l’instabilité socio-politique, plusieurs champs ont été détruits et des exploitations abandonnées. L’insuffisance et la désorganisation des services d’appui au secteur, comme le financement du monde rural, la recherche, la vulgarisation et l’encadrement technique, constituent des freins pour la modernisation de l’agriculture. 2.1.2 L’agriculture est très diversifiée grâce à un climat tropical tempéré, avec deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches. Elle est dominée par les cultures vivrières qui occupent 90% des terres cultivées, destinées essentiellement à l’autoconsommation. L’exiguïté de l’espace agricole, d’une part, et la forte pression démographique en milieu rural, d’autre part, ont engendré une intense utilisation des terres qui s’est manifestée par un appauvrissement poussé des sols et une régression de la jachère et des pâturages. Les pratiques culturales sont de type traditionnel, basées presque exclusivement sur le travail manuel. L’usage des intrants agricoles (engrais, semences améliorées, pesticides, intrants d’élevage, amélioration génétique, etc.) est peu pratiqué. La transformation et la conservation post-récolte sont encore au stade élémentaire. Les rendements actuels constatés sont de 0,6 t/ha pour le haricot, 1,4 t/ha pour le maïs, 6,88 t/ha pour la pomme de terre, 20 t/ha pour la tomate, 4,5 t/ha pour l’oignon, 6 t/ha pour la banane, 3,5 t/ha pour les agrumes et 8,25 t/ha pour l’avocat. 2.1.3 L’Elevage est en majorité de type extensif. Il contribue à hauteur de 5% du PIB. Les effets des pillages (vols et abattages anarchiques), exacerbés par la situation de guerre, ont porté un grand préjudice aux effectifs des élevages. Il est estimé que plus de 20% du bétail a été perdu et que les pertes sur le petit bétail sont encore plus importantes. L’élevage est peu intégré à l’agriculture. La priorité sera donnée à la reconstitution du cheptel et à l’amélioration génétique des races animales. Un programme intégré de reconstitution du cheptel inclurait le petit élevage très prolifique et à cycle court pour obtenir rapidement des résultats susceptibles de relever le niveau de vie des familles rurales. Pour le gros bétail, il s’agirait d’améliorer la vache locale par des croisements avec des géniteurs hautement productifs. Les techniques de conduite des troupeaux, spécialement la stabulation permanente pour le gros bétail, le porcin et la volaille, permettront de valoriser les résidus des récoltes et d’augmenter la productivité des animaux en termes de produits d’élevage et de fumure organique. 2.1.4 Les Forêts naturelles et artificielles, d’une importance capitale dans le maintien des équilibres écologiques et hydrologiques couvrent environ 206.000 hectares. Les formations forestières limitrophes des agglomérations et des sites d’installation des sinistrés ont été endommagées par les feux de brousse à la recherche de terres cultivables et de nouveaux pâturages et par la coupe anarchique pour couvrir les besoins des ménages en bois d’énergie et bois d’œuvre. Suite à la faiblesse des structures chargées de la gestion quotidienne de cette ressource et la faible implication des populations riveraines, le taux de déboisement annuel continue au rythme de 2% par an. Le bois

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énergie fournit 97% de l’énergie consommée dans le pays, soit environ 6 millions de m³ du volume total consommé au niveau national. 2.1.5 La Pêche représente un élément important de par son apport protéinique dans l’alimentation. La quantité de poisson pêché a baissé de 32% en 2000, avant d’enregistrer une certaine hausse suite à l’amélioration de la situation sécuritaire qui a permis l’accès au Lac Tanganyika. Le problème majeur dans ce sous secteur est la surexploitation des ressources halieutiques et l’usage de filets à petites mailles qui ont un impact négatif sur les captures, la biodiversité et les ressources génétiques. La pisciculture s’est implantée progressivement dans le pays et occupe davantage les marais, les bas fonds et la majorité des réservoirs d’eau. La première activité consisterait à encadrer les pêcheurs, à moderniser les équipements de pêche et à faciliter l’accès au crédit. Les actions à mener à long terme viseraient à mettre en place des techniques de conditionnement et de conservation du poisson pour réduire les pertes encourues en périodes de surproduction et lors du transport. Pour les régions éloignées de la côte, il faudrait relancer la pisciculture en remettant en état les étangs abandonnés et en créant de nouveaux aménagements. 2.2 Importance du secteur dans l’économie 2.2.1 L’Agriculture constitue la principale activité économique. Elle occupe plus de 80 % de la population et de la main d'œuvre et fournit plus de 40% du PIB. Les terres potentiellement agricoles couvrent 2,35 millions d’hectares. Les cultures de subsistance dominant la production agricole sont les bananes, les tubercules, les légumineuses et les céréales. Les cultures vivrières dont les récoltes sont destinées essentiellement à l’autoconsommation des populations occupent 90% des terres cultivées contre 10% pour les cultures industrielles. Les cultures industrielles, constituées essentiellement du café, du thé et du coton, représentent les principales cultures de rente, source de revenus pour le pays et les populations rurales. L’évolution de l’agriculture est devenue aléatoire à cause du problème de gestion et de l’exploitation anarchique du patrimoine foncier. La pression démographique a provoqué l’atomisation et la surexploitation des propriétés, conduisant à la baisse de la fertilité des terres et à la dégradation des sols. Un plan de relance du secteur a été préparé avec pour objectif de rétablir et surpasser les niveaux de production d'avant la crise. Le faible niveau de production s’explique au niveau du secteur par l’insécurité alimentaire, les pénuries de semences de qualité, les fortes pressions sur l’environnement, le faible développement des moyens de transformation et de conservation des produits agro-alimentaires et l’exode rural. 2.2.2 Les cultures vivrières (céréales, légumineuses, racines, tubercules et banane plantain) contribuent pour à 80 % au PIB agricole environ, avec une production totale estimée, en 2001, à 3,7 millions de tonnes. Avant la crise de 1993, ce sous-secteur couvrait 95 % des besoins alimentaires de la population. Le déficit alimentaire global était évalué, en 2000, à 325.000 tonnes de céréales dont 148.000 tonnes non couvertes. Cette baisse est imputable à la diminution des superficies emblavées, à la destruction et/ou à l’abandon des infrastructures et des unités de production durant la guerre civile. De même, la pénurie d’intrants agricoles (engrais, semences, pesticides, etc.) et la déstabilisation des services d’appui à la production (recherche, vulgarisation, encadrement) ont fortement affecté la performance du sous-secteur agricole. 2.2.3 Les cultures industrielles (café, thé, coton et palmier à huile essentiellement) occupent environ 10% des superficies cultivées, fournissent plus de 80 % des recettes en devises et représentent en moyenne 10% de la valeur ajoutée agricole. La principale culture d’exportation est le café. Elle est pratiquée par 600.000 planteurs et la production nationale qui a enregistré une moyenne annuelle de 30.000 tonnes, avant 1993, est tombée à 15.000 tonnes en 2001. La filière café est en voie de libéralisation totale. Le thé est le second pourvoyeur de devises après le café (10% des recettes). La production du thé, qui a chuté entre 1993 et 1997, passant de 6.000 tonnes,

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en 1992, à environ 4.000 tonnes en 1997, a pu se redresser et même dépasser le niveau de 1992. Elle a été évaluée à 7.000 tonnes en 2000. La production de coton-fibres, qui atteignait 5.000 tonnes en moyenne avant la crise, n’a été que de 2.600 tonnes en 2000. La production d’huile de palme a été évaluée à 7.000 tonnes en 2000. La baisse de la production de la plupart des cultures industrielles est occasionnée notamment par la destruction ou l’abandon des plantations et le pillage des usines de conditionnement. De même, l’indisponibilité des intrants agricoles et des pièces de rechange des usines sur le marché local a entraîné une chute des rendements à tous les niveaux. 2.3 Les institutions agricoles : 2.3.1 Les activités agricoles relèvent du Ministère de l’Agriculture et de l’élevage (MINAGRIE). Le Ministère de l’Aménagement du territoire, de l’environnement et du tourisme (MINATET), ainsi que le Ministère du Développement communal jouent également un rôle à travers des actions telles la reforestation pour le premier et l’hydraulique rurale pour le second. Le MINAGRIE est organisé en quatre Directions générales (DG) : (i) DG de l’agriculture, (ii) DG de l’élevage, (iii) DG du suivi-évaluation, et (iv) DG de la vulgarisation agricole. Il compte quinze Directions provinciales de l’agriculture et de l’élevage (DPAE), établies dans chacune des provinces du pays et sur lesquelles repose l’ensemble du système d’encadrement technique et de vulgarisation agricole. Chaque DPAE coiffe une cellule de génie rural, une cellule d’élevage, une cellule d’agrosylviculture et une cellule de vulgarisation et formation. Les DPAE ont remplacé la plupart des Sociétés régionales de développement (SRD). 2.3.2 Les structures de recherche agronomique et de technologie alimentaire comprennent l’Institut des sciences agronomiques du Burundi (ISABU), la faculté d’agronomie, le Centre national de la technologie alimentaire (CNTA) et l’Institut régional de recherche agronomique et zootechnique (IRRAZ). L’Institut agronomique du Burundi (ISABU) est la principale institution nationale s’occupant de la recherche agronomique et de la recherche forestière. Son rôle est de fournir des technologies pour la production ou la conservation des ressources, mais également de construire une capacité propre pour fournir au Gouvernement des informations techniques et socio-économiques pour la définition des politiques et la planification. En dehors de ces structures, d’autres organismes interviennent aussi dans le secteur agricole au niveau de l’encadrement des populations et de la commercialisation. Il s’agit de sociétés parapubliques tels que l’Office du thé du Burundi (OTB), la Compagnie de gérance du coton (COGERCO) ou l’Office des cultures industrielles du Burundi (OCIBU). 2.3.3 Ces structures jouent un rôle important dans l’encadrement technique des producteurs, l’amélioration des moyens de production et l’augmentation des revenus des exploitants, et partant la valeur ajoutée du secteur agricole. Elles disposent d’un noyau de cadres ayant une grande expérience en matière de développement rural, de protection de l’environnement et de gestion de projets. Cependant, la crise que vit le Burundi depuis plusieurs années a fortement désorganisé leurs programmes d’intervention, réduit l’impact de leurs actions et affaiblit leur capacité d’intervention. Cette crise a eu, de ce fait, un impact négatif sur l’encadrement des populations à cause du nombre réduit de personnel et du manque de moyens financiers, matériels et logistiques. Le retour à la paix dans le pays et l’appui des différents partenaires aidera à l’amélioration des conditions de travail et des résultats de ces différentes institutions.

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2.4 Régime foncier 2.4.1 La question foncière est cruciale au Burundi compte tenu de la rareté des terres arables face à la pression démographique. La législation foncière est réglementée par la loi du 1er septembre 1986 portant «Code foncier du Burundi». Elle reconnaît le droit de propriété foncière ainsi que les droits de copropriété, d’emphytéose, d’usufruit et d’hypothèque. Les terres se répartissent entre deux régimes fonciers : les terres domaniales gérées par l’Etat et celles relevant de la propriété privée constatée par un certificat d’enregistrement ou reconnue aux titulaires par la coutume. La plupart des terres agricoles ont un statut relevant du droit privatif coutumier. L’héritage du droit de propriété est partagé entre les fils du vivant de leur père, les filles en sont exclues. Pour les terres à vocation pastorale, le code foncier reconnaît aussi bien les droits privatifs individuels que collectifs coutumiers. Dans les régions densément peuplées, il n’existe presque plus de propriétés privées à vocation pastorale. L’exploitation des terres est basée sur trois modes de faire valoir : i) le mode de faire valoir direct où l’ayant droit exploite lui-même sa propriété ; ii) la location, consistant en la cession temporaire d’un droit d’usage moyennant paiement ; et iii) le don de terre, comprenant soit des cadeaux entre personnes, le plus souvent apparentées, soit des transferts de terres communales non encore mises en valeur à des particuliers. 2.4.2 Le régime foncier est assujetti à plusieurs sources de droit, la coutume, qui est par essence orale, et le droit positif relevant de plusieurs codes : le code foncier, le code de l'environnement et le code forestier. Ces différents codes ne sont pas harmonisés et sur le fond n'accordent que des droits limités à ceux qui en sont les bénéficiaires. Il en résulte une insécurité foncière, accentuée par les mouvements de populations lors des troubles qui ont jalonné l'histoire du pays. Cette insécurité est une entrave sérieuse à la valorisation du patrimoine foncier et au développement de l’agriculture. Pour répondre à cette préoccupation, une version révisée du code foncier visant à moderniser et à harmoniser les instruments juridiques de gestion des terres a été finalisée et attendait d’être adoptée. Il ressort qu’avec l’avènement de la démocratie dans le pays, le retour à la paix et les élections pluralistes de 2005, ce texte doit encore faire l’objet d’une nouvelle révision. Toutefois, un des éléments importants qu’on pouvait relever dans ce projet de loi est relatif à la participation de trois représentants des associations et groupements d’agriculteurs et d’éleveurs, de deux représentants des ONG et de deux représentants des organisations de femmes dans la Commission foncière nationale composée de 15 membres (soit 47% de représentants de la société civile). Cette commission assiste le Ministre ayant les terres dans ses attributions dans l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de la politique foncière nationale et dans le suivi de la bonne application de la législation foncière. Au niveau de chaque commune, il existe une commission foncière communale composée de 10 membres dont trois des associations, deux femmes, un représentant du Conseil communal, deux représentants des services techniques et deux personnes choisies pour leurs compétences particulières en la matière. Elle est chargée de tous les aspects liés à la gestion des terres. 2.5 Structuration du monde rural 2.5.1 Les coopératives agricoles et les associations et groupements se sont constituées au gré des opportunités, sous l'instigation des projets publics et des activités des ONG. Il en est né des associations d'épargne et de crédit, de l'Union pour la Coopération et le Développement (UCODE), des comités de gestion de la chaîne de solidarité communautaire et des associations diverses de femmes, de producteurs et des intervenants aux activités connexes à l'agriculture. Les germes de leur faiblesse se trouvent dans les raisons profondes qui ont fondé leur constitution (occasions) et dans leur gestion. Cette faiblesse organisationnelle influe sur la capacité des producteurs à s'ériger en véritables interlocuteurs des pouvoirs publics et des privés pour la défense de leurs intérêts. Elle a également eu un impact sur leur capacité à prendre en charge les fonctions abandonnées par le

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secteur public, notamment l'approvisionnement en intrants et à mobiliser des financements en vue de la diversification ou de l'amélioration de la production et de la productivité. 2.5.2 L’organisation du monde rural consiste essentiellement en des mouvements associatifs et coopératifs de divers intérêts collectifs (production, commercialisation, développement communautaire, gestion des terroirs et transformation des produits). Ces associations sont pour la plupart organisées sous forme d’ONG. La promotion et l’encadrement de ces groupements relèvent du Ministère du développement communal (MDC). Les interventions du MDC consistent en : i) la structuration des coopératives et des associations formelles existantes; ii) la création de nouvelles structures viables et autonomes; iii) la promotion des associations de production; iv) l’appui aux services d’approvisionnement et de commercialisation et v) le développement de la collecte de l’épargne et de l’accès au crédit. En plus du MDC, d’autres organismes parapublics interviennent dans la structuration du monde rural. Ainsi, dans le domaine agricole, l’initiation et l’encadrement des mouvements associatifs sont appuyés par les projets de développement, les Sociétés régionales de développement (SRD), les Directions provinciales de l’agriculture et de l’élevage (DPAE), et les organismes spécialisés (Office du thé du Burundi, COGERCO, Office du Café du Burundi, etc.). Ces différentes structures ont contribué efficacement à l’expansion des associations et des groupements. En ce qui concerne la promotion féminine, les actions y afférentes relèvent de deux Ministères, le Ministère de l’action sociale et de la promotion de la femme et le Ministère de l’artisanat, de l’enseignement des métiers et de l’alphabétisation des adultes. On compte actuellement plus de 1.000 associations féminines couvrant divers domaines d’activités dans le pays. Celles-ci ont initié plusieurs actions qui ont été parrainées par différents donateurs et couvrant le commerce, l’artisanat, l’alphabétisation, l’agriculture et l’élevage. 2.5.3 Il a été répertorié trente cinq (35) organisations nationales présentes dans le secteur rural. Ces structures couvrent en général une ou plusieurs provinces et prennent de plus en plus une part active dans le développement rural et la protection de l’environnement. Parmi ces dernières, on note l’Alliance burundaise pour la coopération et le développement (ABCD) qui intervient dans les provinces de Ngozi, Mwaro, Bururi, Gitega, Muyinga et Makamba ; l’Association burundaise pour l’évaluation des impacts environnementaux (ABEIE) présente au niveau national ; l’Association pour la promotion et le développement communautaire (APRODEC) dans la province de Kirundo ; la Centrale d’encadrement des apiculteurs du Burundi (CEABU) présente au niveau national, le Centre pour la protection de l’environnement et de lutte contre la pauvreté (CPELP) qui intervient dans les provinces du Bururi, Makamba et Rutana ; Help Channel Burundi (HCB) dans la province de Kirundo et l’Association pour la promotion des cultures vivrières (APROCUVI) dans les provinces de Gitega et Bururi. 2.5.4 L’efficacité des structures susmentionnées reste mitigée en raison notamment de la faiblesse de l’encadrement technique, du soutien financier et de la coordination entre les différents intervenants. En outre, les problèmes nés de la crise socio-politique ont aussi affecté les activités de ces associations. Par ailleurs, elles ne disposent pas de suffisamment de moyens et leurs interventions se limitent à la résolution des problèmes isolés et ponctuels, sans possibilité de suivi ou d’accompagnement ultérieur des bénéficiaires. En outre, leur financement provient, pour l’essentiel, des bailleurs de fonds extérieurs. Malgré les contraintes qu’il connaît, le mouvement associatif burundais constitue le meilleur vecteur pour la vulgarisation des thèmes techniques, la formation, l’encadrement et la sensibilisation des populations. Par ailleurs, à travers ces structures, les besoins spécifiques de certains groupes particuliers, notamment les femmes chefs de ménage, peuvent être ciblés et satisfaits.

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2.5.5 A côté des organisations nationales, interviennent également des ONG internationales, comme Action Aid International, Agro-action-allemande (AAA) et Catholic Relief Services (CRS) à Kirundo, Africare à Gitega, le Conseil norvégien des réfugiés (CNR) à Makamba et Kirundo, l’Association française pour les volontaires du progrès (AFVP) à Bujumbura, INADES-Formation au niveau national, Tear Fund basé à Kirundo, Australian Relief Program (ARP) dans les provinces de Muyinga et Cankuzo et la GTZ dans la province de Rutana. Ces ONG sont spécialisées dans la promotion des associations, la formation, l’éducation environnementale et l’encadrement des populations dans les activités de production. En général, elles sont bien intégrées au niveau des collectivités locales et disposent des ressources humaines et financières adéquates pour réaliser leurs objectifs. 2.6 Problématique du genre 2.6.1 La proportion des femmes dans la population s’est considérablement accrue durant la crise et représenterait près de 58% de la population du Burundi en 2002. La loi burundaise n’est pas discriminatoire à l’égard de la femme et la nouvelle constitution préconise une représentativité des femmes dans les instances politiques d’au moins 30%. Le Burundi a, en outre, ratifié par le décret-loi no 1/006 du 4 avril 1991, la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Cependant dans la pratique, la femme est victime de la conception que les traditions ont de sa place dans la société qui est de se consacrer aux travaux domestiques. Environ 1% seulement de la population féminine est salariée. Elles sont présentes dans la Fonction publique où elles occupent, dans des proportions de 19, 55, et 85% de l’effectif des postes de cadres supérieurs, moyens et subalternes, respectivement. Dans les institutions qui ont marqué la fin de la transition en août 2005, la proportion des femmes dans les instances de décision a nettement augmenté : 7 femmes ministres sur 20, soit 35%, 1 Vice-présidente de la République, 1 Présidente de l’Assemblée nationale et 2 Vice-présidentes du Sénat. Le pourcentage de femmes parlementaires, qui a toujours oscillé entre 13 et 20% est passé à 30% au sein de la nouvelle Assemblée nationale, élue en juillet 2005. 2.6.2 Les femmes constituent la frange de la population qui a le plus souffert des affrontements interethniques et de la crise socio-politique qui en a résulté. Selon une étude conduite par le FNUAP dans le pays, plus d’un tiers des femmes vivant dans les camps étaient veuves. Elles ont le plus souvent la responsabilité de chef de famille. Cette situation renforce la vulnérabilité des ménages, d’autant plus que, selon la tradition burundaise, les femmes ne peuvent pas posséder des terres et ne peuvent pas en hériter non plus ni de leurs maris ni d’aucun parent. Conscient de la situation, le Gouvernement déploie des efforts pour engager des réformes profondes au niveau du code de la famille et des modes de succession. Avec le soutien des Organisations humanitaires et du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, le Gouvernement met en œuvre des projets de promotion économique de la femme intégrant le thème de la paix et de la réconciliation nationale. 2.6.3 Le Gouvernement du Burundi a adopté en septembre 2003 une politique nationale de genre (PNG) avec des objectifs et des actions à mener en vue d’une intégration des femmes dans toutes les politiques, les programmes et les projets des différents ministères. Dans le domaine de l’agriculture, les objectifs de la politique nationale reposent sur : (i) la promotion de l’accès des femmes aux facteurs de production dont la terre, les intrants agricoles et d’élevage et les nouvelles techniques agricoles et (ii) la facilitation de l’accès des femmes au crédit, à l’information et aux technologies appropriées de transformation agroalimentaire. Au plan de l’éducation et de la santé, le Gouvernement vise la scolarisation pour tous d’ici 2015, la réduction du taux d’analphabétisme à 10% en 2015 et du taux de mortalité infantile à 50% en 2010, ainsi que l’amélioration de la santé reproductive. Des efforts ont été engagés pour améliorer le cadre juridique et institutionnel des

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activités économiques des femmes (révision du code des personnes et de la famille, approbation de la loi de la succession et les régimes matrimoniaux). Le Gouvernement envisage de renforcer son action en vue d’améliorer l’accès de la femme à l’éducation formelle, de vulgariser et appliquer les lois favorisant l’égalité des genres, renforcer le planning familial et promouvoir un système de crédit adapté aux besoins des femmes. 2.6.4 Les femmes jouent un rôle important dans la production agro-sylvo-pastorale du pays (97% de la population active). Elles participent aux travaux dans les exploitations agricoles et assurent la production maraîchère et la conduite du petit élevage. En matière de production forestière, elles participent, au même titre que les hommes, à la production des plants, à leur mise en place et à l’entretien des plantations. L’augmentation des revenus des femmes contribuera à améliorer la sécurité alimentaire et le bien-être des ménages, dans la mesure où elles consacrent l’essentiel de leurs revenus à la famille, en particulier aux enfants. La division traditionnelle du travail lui confie la plupart des travaux agricoles sur le vivrier, en plus des lourdes corvées de recherche de bois et d'eau, d'entretien de l'habitation, de soins des enfants et les fastidieux et pénibles travaux de mouture des grains. 2.7 Profil de la pauvreté 2.7.1 Selon les données disponibles, la proportion du nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est passée de 35,3% en 1993 à 68% en 2002. Les causes de l’aggravation de la pauvreté résultent de la chute de la production, notamment celle du secteur agricole, consécutive à la persistance de l’insécurité, à la destruction massive des infrastructures de production, à la diminution de la fertilité des sols et à la désorganisation des circuits commerciaux. Le faible niveau de l’investissement domestique et la baisse de l’aide extérieure ont amplifié le chômage et l’exode rural vers les centres urbains. Le chômage et la marginalisation qui en ont résulté ont été accentués par l’arrivée sur le marché de l’emploi des jeunes diplômés et les déflatés des entreprises publiques et privées qui, face aux difficultés de la crise, ont procédé à des compressions du personnel. 2.7.2 L’incidence de la pauvreté a été plus marquée en zone rurale (68,7%) qu’en zone urbaine (66%) en 2002. Plus de 40% des populations rurales, vivant dans l’extrême pauvreté, tirent leurs revenus de l’agriculture vivrière, contre seulement 7,9% des ménages dont le chef travaille dans le secteur public ou parapublic. Cette situation traduit le lien étroit entre la pauvreté et la pression démographique sur la disponibilité des terres cultivables. La gestion du foncier et les modes de succession actuels favorisent le morcellement des propriétés et la baisse des rendements. La crise socio-politique a fortement déstabilisé les familles et créé des conditions encore plus difficiles pour les ménages, renforçant ainsi les déséquilibres existants entre les genres en termes d’accès et de contrôle des ressources. En outre, elle a augmenté le nombre de femmes chefs de ménage se traduisant par un accroissement de la pauvreté du fait que les femmes sont désavantagées pour accéder aux moyens de production, notamment la terre. L’incidence de la pauvreté est plus élevée chez les femmes chefs de ménages, qui représentent 22% de l’ensemble des ménages, tandis que les veuves sinistrées de guerre sont estimées à 26,3% (CSLP intérimaire). En effet, en 2002, environ 97% des femmes chefs de ménages étaient occupées dans les activités agricoles et d’élevage. Le taux d’alphabétisation des femmes est de 27% comparé à celui des hommes qui était de 48% en 2001. Il convient de noter, également, que la pandémie du VIH/SIDA, qui a rapidement progressé avec la crise, constitue un vecteur important de paupérisation. La situation est d’autant plus préoccupante que la maladie affecte plus les personnes en âge de travailler se traduisant par un accroissement significatif des décès avant l’âge de 40 ans. D’après la 2ème enquête sur le VIH, réalisée en 2002, la séroprévalence est respectivement de 9,4% ; 10,5% et 2,5% en milieu urbain, semi-urbain et rural.

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2.7.3 Des efforts importants doivent être faits pour assurer la promotion de la femme à travers des interventions multidirectionnelles touchant à la fois l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base, la formation, l’accès à l’emploi et à l’information, ainsi que la réforme du cadre juridique. La lutte contre la pauvreté et la promotion de la femme figurent parmi les priorités du Gouvernement définies dans le Cadre stratégique intérimaire de réduction de la pauvreté (CSLP-I). 2.8 Financement du monde rural

2.8.1 Le secteur rural, qui concentre plus de 90% de la population vivant encore d’une agriculture de subsistance, est marqué par l’absence de financement qui hypothèque toute perspective d’investissement à long terme dans les technologies et dans l’accès à la terre. Le manque de crédit qui se traduit par une faible utilisation des outils modernes de production, associé à la faible organisation du monde rural et au manque d’intrants agricoles, rend difficile le passage d’une agriculture de subsistance vers une agriculture orientée vers le marché. Actuellement moins de 5% de la population rurale a accès au crédit ou à d’autres services financiers. Devant les risques élevés inhérents au secteur rural qui le rendent non attractif pour les banques commerciales, des initiatives sont menées par des Institutions de micro-finance (IMF), comme les Coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC), les Associations sans but lucratif (ASBL), certains établissements financiers et des ONG qui apportent des services de proximité aux populations les plus pauvres du pays. En 2004, ces IMF ont collecté environ 4,5% des dépôts du système bancaire, octroyé 8,9% des prêts et elles disposent de 157 guichets ou caisses répartis dans tout le pays. 2.8.2 Les IMF les plus importantes sont regroupées au sein du Réseau des institutions de micro-finance (RIM) qui a pour objectif le développement des services financiers au niveau des populations démunies. Le RIM, soutenu par la Banque nationale de développement économique (BNDE), qui représente 90% du volume d’activité du secteur a mobilisé en 2004 près de 2,5 milliards de BIF et octroyé environ 9,6 milliards de BIF à 52.955 bénéficiaires. Le montant minimum de crédit moyen octroyé est de 30.000 BIF et le maximum de 500.000 BIF. Le taux de recouvrement de ces IMF est d’environ 95%, avec une forte disparité entre elles. Parmi ces IMF on note : (i) la Coopérative d’épargne et de crédit mutuelle (CECM) dans les provinces de Bujumbura et Cibitoke ; (ii) le Conseil pour l’éducation et le développement (COPED) dans les provinces de Buriri, Rutana et Makamba ; (iii) TWITEZIMBERE «développons-nous, nous-mêmes» évoluant dans toutes les provinces du pays ; (iv) le Fonds de solidarité des travailleurs de l’enseignement (FSTE) ; (v) l’Union pour la Coopération et le Développement (UCODE) dans les provinces de Ngozi, Kayanza, Muyinga et Kirundo ; (vi) les Coopératives de solidarité pour l’épargne et le crédit (COSPEC) dans la province de Cibikote ; (vii) la Fédération nationale des coopératives d’épargne et de crédit du Burundi (FENACOBU), regroupant une centaine de COOPEC ; et (viii) le Fonds de développement communal (FDC) dans les provinces de Ruyigi et Cibitoke. Les structures les plus actives interviennent dans la formation de leurs membres avec l’appui de certains partenaires. 2.8.3 A ces IMF s’ajoutent les volets crédits des projets de développement agricole. Plusieurs projets, financés par certains partenaires financiers, notamment la FAO, le FIDA, le PNUD et la Banque mondiale, prévoient dans leur plan d’opération des activités de crédit. Cependant, la situation de crise a entraîné le ralentissement ou l’arrêt de l’exécution de la plupart de ces projets. Par ailleurs, la Banque nationale de développement économique qui est un établissement financier de crédit, est de plus en plus actif dans le secteur de la micro-finance. 2.8.4 Le secteur de la micro-finance est jeune et connaît des difficultés liées au manque de professionnalisme des acteurs, à l’absence d’environnement juridique et à la faiblesse de la mobilisation des ressources financières. Le dynamisme de la micro-finance est renforcé par la perspective de sortie de la crise, qui secoue le pays depuis une décennie, mais également par la

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volonté des populations à acquérir leurs propres moyens de production pour combattre la pauvreté qui ne cesse de gagner du terrain. Le secteur est néanmoins confronté à plusieurs contraintes, dont notamment : (i) l’absence d’un cadre légal et réglementaire qui constitue un handicap majeur au développement des activités ; (ii) la faiblesse des ressources financières, et (iii) et le manque de ressources humaines et de moyens logistiques. 2.8.5 Toutefois le secteur dispose de beaucoup de potentialités dont les plus importantes sont : (i) la volonté de la part du Gouvernement de se doter d’une politique en micro-finance ; (ii) l’existence d’un tissu d’institutions de micro-finance qui est en train de s’organiser autour des initiatives du RIM ; (iii) un potentiel de financement important au regard des besoins des filières agricoles et (iv) la présence des IMF fortes en esprit d’initiatives et à la recherche de rentabilité. Les IMF qui constituent des relais privilégiés pour atteindre les populations rurales doivent continuer à recevoir un appui technique et financier de la part des bailleurs de fonds pour améliorer leur capacité d’organisation et de mobilisation de l’épargne qui servira par la suite au financement des activités du monde rural. 2.8.6 Le Gouvernement, conscient du rôle important que la micro-finance joue dans la lutte contre la pauvreté, a entrepris d’élaborer une politique nationale dont l’objectif est de contribuer de manière durable à l’amélioration des conditions de vie des populations exclues du système bancaire classique et à l’amélioration de leurs revenus, à travers une offre pérenne de produits et services financiers de qualité. Pour ce faire, six principes directeurs classés en trois axes d’orientation et trois axes opérationnels ont été définis. Les axes d’orientations portent sur : (i) la mobilisation des ressources internes locales ; (ii) l’appui sur la politique de décentralisation en cours et (iii) le développement et le financement des filières agricoles. Quant aux axes opérationnels, ils insistent sur la nécessité de confier la gestion du crédit aux institutions spécialisées, d’appliquer les taux du marché lors de l’octroi de prêt et de désengager les services de l’Etat des activités d’opérateur technique en micro-finance. Pour réglementer le secteur, le Gouvernement a élaboré un projet de décret portant sur la réglementation des activités de micro-finance au Burundi. 2.9 Potentialités et contraintes du secteur agricole 2.9.1 Le Burundi présente beaucoup d’avantages au point de vue climatique avec ses ressources hydrologiques abondantes qui sont sous exploitées pour pallier les aléas climatiques et les effets des sécheresses saisonnières. Les autres potentialités du secteur concernent notamment une main d’œuvre abondante et laborieuse, une biodiversité importante, une bonne fertilité des terres dans certaines régions (l’Ouest et le Centre) et une pluviométrie favorable pouvant permettre deux saisons culturales. La disponibilité de terres d’extension dans certaines régions et dans les marais, la maîtrise des cultures industrielles, la bonne disposition des agriculteurs à adopter des technologies modernes de production sont autant de facteurs de croissance de la production, de la productivité agricole et du maintien de l’équilibre biologique. 2.9.2 Cependant, sous la pression démographique, les exploitations agricoles s'amenuisent de plus en plus. La terre devient de moins en moins fertile, suite aux phénomènes de dégradations physico-chimiques et biologiques, notamment par l'érosion et les pratiques culturales inadéquates. L’ajustement des systèmes de production à la pression démographique et à de nouveaux besoins se fait au détriment de la jachère, des pâturages et des boisements. Les principales contraintes du secteur sont : (i) une forte pression sur les ressources naturelles (plaines de l’Imbo et Bujumbura rural) se traduisant par une réduction de la couverture forestière ; (ii) une déforestation massive et une faible protection des aires protégées et des réserves naturelles ; (iii) une forte érosion des pentes causant la dégradation accélérée des terres cultivables et la baisse de la fertilité des sols ; (iv) un manque d’infrastructures de collecte et de mobilisation des ressources en eau pour les besoins d’irrigation, (v)

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un faible recours aux intrants d'intensification lié à la rareté et aux coûts élevés de ceux-ci ; (vi) une insuffisance des moyens de stockage et de transformation des produits agricoles ; (vii) un manque réel de professionnalisation agricole ; (viii) une faible performance des services en charge du secteur, notamment la recherche agronomique et les systèmes d’encadrement et de vulgarisation ; (ix) une insécurité foncière et (xi) des difficultés d’accès au crédit. 2.10 Politique et stratégie de développement rural 2.10.1 Pour la relance de la croissance économique, le Gouvernement a axé sa stratégie de lutte contre la pauvreté sur la réhabilitation du secteur primaire productif qu’est le secteur agricole. A cette fin, une politique sectorielle a été adoptée en avril 1999 afin de mieux orienter les interventions sur une période de 11 ans (1999-2011). Pour concrétiser cette politique, des plans d’action triennaux glissants (1999-2001, 2002-2004 et 2005-2007) ont été élaborés pour guider la relance de la production. Cependant, la persistance du conflit, l’insécurité et l’insuffisance des ressources financières et matérielles n’ont pas permis leur application. Le défi majeur sera d’accroître les rendements pour augmenter la production marchande locale et exportable ainsi que les revenus des populations. 2.10.2 L’objectif global retenu vise à entreprendre des actions rapides pour faire face aux effets néfastes de la crise, en relançant la production et à jeter les bases d’une croissance durable de l’agriculture pour le moyen et le long termes. Les actions à mener dans le court terme concernent la relance des centres semenciers, le renforcement des mesures de mobilisation et d'encadrement des populations autour des méthodes culturales modernes et la relance du secteur de l'élevage par la reconstitution du cheptel décimé pendant la crise. Il est également retenu la reconstitution de la fertilité des sols, la protection de l’environnement et la gestion des ressources forestières, la stratégie d'intégration des activités d'élevage, d'agriculture et d'agroforesterie, la relance et la diversification de la production des cultures de rente (café, thé, coton, riz) et autres (fruits, légumes, fleurs, etc). A ces actions, s’ajoutent l’accès au crédit agricole et le renforcement de l'appui aux producteurs à travers la diffusion des innovations et des résultats de la recherche. Les résultats attendus sont : (i) une sécurité alimentaire assurée en termes de disponibilité, d’accessibilité et de stabilité ; (ii) une pauvreté rurale et urbaine réduite par l’augmentation du pouvoir d’achat des populations et des conditions de vie des ménages et (iii) des ressources naturelles réhabilitées, mieux protégées et rationnellement exploitées. 2.11 Interventions des bailleurs de fonds dans le secteur agricole 2.11.1 Le Burundi bénéficie de l’aide des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux pour le développement du secteur agricole (BM, BAD, FIDA, UE, FAO, PNUD, USAID, Coopération française, Coopération technique belge, Coopération allemande, etc.). Les principales interventions des bailleurs de fonds en cours d’exécution portent sur le développement agricole, l’élevage, la pêche, l’aménagement des bassins versants et des marais, la protection de l’environnement et le renforcement des capacités. 2.11.2 Dans le cadre du PRASAB de la Banque Mondiale qui couvre 10 provinces sur les 16 du pays, le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) finance des activités de protection de l’environnement pour un montant de 5 millions de $US pour une gestion durable des terres à travers des organisations et associations de producteurs. Ce volet s’exécute en même temps qu’un financement de l’IDA de 35 millions de $US qui vise un appui aux investissements de production et de gestion durable des terres, un appui aux sinistrés et aux organisations communautaires de base, le renforcement des capacités et un appui institutionnel au Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement et celui de l’Agriculture et de l’élevage avec un accent particulier sur la recherche agricole.

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2.11.3 A travers le Programme de relance et de développement du monde rural (PRDMR) du FIDA, des activités d’aménagement du territoire et de protection de l’environnement sont financées dans les provinces de Cibitoke, Gitega, Karuzi et Kayanza avec un volet d’aménagement des marais. A ces actions s’ajoute le repeuplement du cheptel à travers une chaîne de solidarité communautaire. Dans un nouveau programme cofinancé par le FIDA, l’OPEP et le Fonds de Survie Belge pour une enveloppe de 33 millions de $US, intitulé Programme transitoire de reconstruction post-conflit (PTRPC), ratifié par le Gouvernement en mai 2005, il est prévu des actions de réhabilitation et de développement de l’agriculture et de conservation de l’environnement rural dans les provinces de Bujumbura rural, Bururi et Ruyigi pour une durée de 7 ans. 2.11.4 Quant à l’Union européenne, son assistance au Burundi s’inscrit dans le contexte post-conflit et vise à soutenir la relance économique et la lutte contre la pauvreté. Depuis la reprise de sa coopération en 2000 avec le pays, l’aide européenne a représenté un volume financier de 285 millions d’euros, auxquels s’ajouteront 115 millions d’euros prévus dans le cadre du 9ème FED. Les domaines de concentration de son assistance concernent, entre autres, le développement rural qui prévoit, en plus des projets de soutien direct à la production agricole pour une sécurité alimentaire durable, une assistance technique pour appuyer le désengagement de l’Etat des principales filières agricoles. Il est également prévu un projet de développement rural intégré pour la réinsertion des réfugiés et un appui aux initiatives privées dans toutes les filières agricoles proposées. 2.11.5 La FAO finance depuis quelques années un projet de protection des bassins versants et de préservation des marais dans les provinces de Kirundo, Gitega et Karuzi. Ce projet a développé des actions et des stratégies de gestion communautaire des boisements par les associations qui les ont réalisés à travers les travaux HIMO. Elle a financé des activités d’intégration agro-sylvo-zootechnique et a encadré 7.000 familles rurales pour l’aménagement des bassins versants en amont et des marais en aval dans trois provinces. La FAO a participé à l’élaboration de la politique nationale de sécurité alimentaire, aux travaux préliminaires de révision du Code forestier et du Code foncier et à l’élaboration d’un système national de vulgarisation agricole. Le PNUD financera des activités de lutte contre la dégradation des terres et le renforcement des systèmes agro-pastoraux en collaboration avec la FAO. 2.11.6 La Coopération technique belge a un programme de 5 millions d’Euros d’appui aux sinistrés pour le développement et l’aménagement de 6 marais dans la province de Ruyigi. Un nouveau projet d’aménagement des marais et des bassins versants avec un accent particulier sur la foresterie et l’agroforesterie est en cours d’élaboration. Quant à la coopération allemande, à travers GTZ, elle intervient dans la province de Rutana dans le cadre d’un projet de sécurité alimentaire pour un montant total de 10 millions d’euros. L’assistance de la France s’est concentrée sur l’accompagnement des dynamiques de sortie de crise en soutenant le processus de paix, l’état de droit, la réhabilitation des infrastructures et le renforcement des administrations financières dans le cadre de programme post-conflit et du programme social d’urgence du Gouvernement. 2.11.7 Dans la perspective de la reprise des activités de la Banque au Burundi, suite à l’apurement des arriérés du pays, en octobre 2004, le portefeuille a été assaini. Ainsi sept (7) projets âgés qui ont été inactifs durant cinq ans correspondant à la période des sanctions, ont été annulés et un seul projet dans le secteur rural, à savoir le projet agropastoral de Bututsi, n’a pas été annulé du fait de son importance socio-économique pour la région et du retour massif des réfugiés dans la zone. Ce projet a été reformulé en 2005 pour l’adapter aux conditions actuelles du pays. L’opération d’assainissement du portefeuille répond au souci de reconstituer progressivement un nouveau portefeuille performant et conforme aux efforts engagés par le pays pour la relance économique et la lutte contre la pauvreté. Actuellement, le portefeuille comprend (5) projets, dont trois (3) ont été approuvés au cours du second semestre 2004 et deux (2) en juin et décembre 2005, pour un montant

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de 32,5 millions d’UC. Ces opérations concernent le projet d’appui institutionnel de renforcement des capacités en gestion économique, le programme d’appui aux réformes économiques et à la gouvernance comprenant un appui aux structures de promotion de la gouvernance, un projet multisectoriel de réhabilitation des infrastructures et de réinsertion socio-économique, une opération d’urgence, suite à la sécheresse qui frappé le Nord du pays en 2005 et un projet de réhabilitation et d’extension des infrastructures hydrauliques en milieu rural. Le Burundi a également bénéficié d’un appui dans le cadre du programme régional d’aménagement du Lac Tanganyika d’un montant de 4,96 millions d’UC. 2.11.8 Les activités du projet de reforestation de Bukirasazi achevé en décembre 2000, ont été maintenues grâce au Budget extraordinaire d’investissement qui a permis d’assurer le suivi, l’entretien des plantations réalisées et la protection du couvert végétal dans sa zone d’intervention. Malgré les effets de la crise, les réalisations du projet ont été quelque peu sauvegardées et ces actions méritent d’être renforcées. Ce projet a donné des résultats probants en matière de protection des bassins versants, de reconstitution du couvert végétal, de promotion de la forestière communautaire et privée, de l’agroforesterie et de lutte contre les feux de brousse. La préservation de ces acquis constitue un volet important du nouveau projet. 2.11.9 Avant la crise en 1993, l’exécution des projets était globalement satisfaisante avec des taux de décaissement supérieurs, en moyenne, à 60%. Il est évident que les capacités nationales en matière de gestion et de suivi des projets se sont érodées avec le déficit de ressources induit par la crise. Cette situation affectera le nouveau portefeuille si des actions de renforcement des capacités ne sont pas entreprises. En effet, les retards accusés dans la mise en vigueur des projets approuvés, en décembre 2004, résultent, essentiellement, des problèmes de coordination au sein de l’administration et de la faiblesse des capacités. Outre ces deux facteurs, la performance du nouveau portefeuille pourrait être limitée par : (i) la faible maîtrise et compréhension des procédures de la Banque par les chefs de projets, (ii) la lenteur dans la mise en place des cellules d’exécution des projets ; et (iii) l’absence d’une structure de la Banque sur place, permettant d’assurer un suivi de proximité des projets. En conséquence, la Banque devra assurer une présence soutenue sur le terrain, par le biais des missions de supervisions fréquentes, et mettre un accent particulier sur le renforcement des capacités institutionnelles, en sensibilisant et en formant le personnel impliqué dans la gestion des projets aux procédures de la Banque en vue d’améliorer le suivi et la performance du portefeuille. 2.11.10 Les principales leçons tirées de l’exécution des projets financés par la Banque et les autres partenaires peuvent être résumées ainsi qu’il suit : (i) la nécessité pour tous les projets de disposer d’un personnel qualifié pour l’exécution des activités ; (ii) le besoin de renforcer les capacités des populations et de tous les acteurs impliqués ; (iii) la nécessité de mettre en place des systèmes de gestion financière et de suivi-évaluation efficaces et (iv) l’importance de l’implication des populations dans le processus de développement des plans d’action et dans la mise en œuvre des activités.

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3. LE SOUS SECTEUR FORESTIER

3.1 Caractéristiques principales 3.1.1 La distribution géographique des forêts varie considérablement sur l’ensemble du territoire national. La végétation se présente sous divers types de formation que sont les forêts des bassins du Congo et de la Crête du Nil, les savanes arborées et arbustives, les steppes et les galeries forestières, les peuplements artificiels ou plantations tampons et les arbres isolés qui ont remplacé les formations naturelles dégradées sur les collines. Ces forêts couvrent actuellement 50.000 ha contre une superficie de 104.000 ha il y a environ 30 ans. 3.1.2 Les forêts ombrophiles de montagne jouent un rôle fondamental dans la régularisation du régime des eaux et la protection des bassins versants sur les fortes pentes contre l'érosion. Un grand nombre de rivières prennent leur source dans les forêts de montagne : Kibira est source de la Ruhwa, la Kaburantwa, la Gitenge, la Ruvubu, la Mpanda et la Nyabihondo, tandis que la forêt de Bururi donne sa source à la Jiji et la Siguvyaye. Pour protéger les bassins versants, les forêts de montagne freinent l'érosion sur les pentes à forte inclinaison. Ces formations permettent l'alimentation en eau d'une grande partie des terres agricoles, la conservation des sols et surtout la régulation des cours d'eau, afin d'accroître les surfaces irriguées dans la plaine de l'Imbo. Elles évitent ensuite l’envasement des cours d'eau et partant, la pollution du Lac Tanganyika. 3.1.3 Les savanes arborées et arbustives de l'Est tapissent des sols constitués de dalles latéritiques, qu'on retrouve aussi bien sur les versants que sur les sommets des collines. Les divers types de savanes, malheureusement soumis aux feux de brousse répétés, jouent un rôle clé dans la conservation des sols à vocation forestière. Ces divers types de savanes protègent les sols des vallées propices à l'agriculture de marais. A l'exemple du Parc National de la Ruvubu, les savanes de l'Est sont des écosystèmes qui ont pu sauvegarder une richesse faunistique diversifiée. Dans le domaine de la grande faune, les savanes du Parc National de la Ruvubu représentent le dernier endroit au Burundi où l'on trouve encore certains animaux. Leur superficie actuelle serait de 90.800 ha dont 52.800 ha protégés au niveau des parcs nationaux de la Ruvubu et de la Rusizi. Les galeries forestières sont des franges boisées peu larges, distribuées tout au long des rivières. On les trouve presque partout au Burundi. Elles occupent, dans les savanes de l'Est les fonds des vallées et remontent sur les talus. Elles sont installées sur des sols plus ou moins humides, depuis des fonds marécageux jusqu'aux parties supérieures exondées des talus. 3.1.4 Les boisements artificiels publics existant au Burundi diffèrent aussi bien en espèces qu’en âge. Ils comprennent les blocs semi-industriels installés à partir de 1980 et constitués d’espèces comme le Callitris (24.000 ha), l’Eucalyptus (16.000 ha) et le Pinus (15.000 ha). La superficie totale de ces boisements couvrait 78.280 ha en 2000, soit 2.8% du territoire national. Plusieurs efforts ont été consentis dans la mise en place de plantations communales, de boisements privés et de promotion de l’agroforesterie. Ces divers types de plantations ont beaucoup contribué à la satisfaction des besoins des populations en produits ligneux et non ligneux et au maintien de la fertilité des terres de cultures. Ainsi en 2000, il a été inventorié environ 31.000 ha de micro-boisements privés, 7.600 ha sous régime d’agroforesterie et de 3.400 ha de haies paddocks. Le nombre total des boisements était estimé à 4.800 parmi lesquels 611 boisements constitués d’Eucalyptus ayant plus de 10 hectares et occupant 60% de la superficie totale. 3.1.5 Les forêts naturelles et artificielles sont d’une importance capitale dans le maintien des équilibres écologiques et hydrologiques. Ces formations ont beaucoup évolué dans le temps. En effet, à l’époque coloniale, les mesures de protection avaient permis de ralentir la dégradation des formations naturelles sous l’effet de la collecte du bois et de la recherche des terres pour

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l’agriculture. En vue de subvenir aux besoins de la population en bois et en même temps préserver les boisements communaux et les formations naturelles, les autorités coloniales imposèrent à la population la création des boisements dits économiques à proximité des centres administratifs et des centres miniers importants. Dans les années 80, le gouvernement a manifesté de nouveaux efforts de conservation et de restauration des forêts et des espaces naturels avec l’ouverture de l’Institut National pour la Conservation de la Nature (I.N.C.N) et la création des parcs nationaux et des réserves naturelles que sont les forêts de la Crête Congo-Nil, de Rumonge, de Kigwena et de Bururi. 3.2 Importance du sous secteur dans l’économie 3.2.1 Le bois énergie fournit 97% de l’énergie consommée, soit environ 6.115.000 m³ du volume total consommé au niveau national. En même temps qu’elles jouent un rôle socio-économique, il leur est attribué un rôle de régulation des ressources hydriques et un rôle de protection des sols sur les pentes. Or ces forêts sont l’objet actuellement d’une forte pression humaine qui menace leur existence et qui a un impact négatif sur les terres de cultures. Environ 30.000 ha de boisement et 10.000 ha de forêts naturelles ont été détruits, ramenant le taux de couverture forestière du pays de 8% à 5%. En plus de leur exploitation pour les besoins énergétiques, ces forêts constituent néanmoins le réservoir du pays pour les activités agricoles et pastorales qui sont la base de l’économie du pays. Le tourisme dans les réserves et parcs nationaux est une source de quelques revenus aux populations. Le secteur forestier fournit 2 % du PIB et 6 % des emplois d’après l’Etude prospective des forêts d’Afrique FOSA-FAO 2001. 3.2.2 Selon les résultats de cette même étude, la ressource forestière représentera plus de 600.000 ha en 2020, soit 16 millions de m³ de bois sur pied, à condition que le pays continue à financer le reboisement. Les projections de la FAO sur la demande en bois d’ici l’an 2020 indiquent que les besoins en bois de feu au Burundi seront de l’ordre de 15 millions de m³ et ceux en bois de service de 959 milliers de m³. Le bois devrait donc continuer à être l’élément central de toute stratégie des énergies domestiques. Au niveau de la transformation du bois, la capacité d'exploitation demeure limitée et les produits sont de faible qualité. A l'horizon 2020, le secteur forestier répondra aux attentes sociales de la manière suivante : 208.000 emplois supplémentaires seront créés par l'industrie forestière. Cette dernière fera vivre près de 1.250.000 personnes, soit plus de 20% de la population burundaise. Pour cela, le pays devra prendre des mesures stratégiques visant l'amélioration de la technologie. Les unités de fabrication de meubles pour le marché local utilisent en moyenne un personnel artisanal variant entre 40 et 150 personnes. La deuxième transformation emploie de façon contractuelle environ 220 personnes et environ 145.000 artisans interviennent dans le secteur. La part de l’industrie forestière dans le développement socio-économique du pays est modeste. Toutefois, avec la politique de libéralisation économique entamée par le gouvernement, il est probable que dans un futur proche, cette contribution va s’accroître. 3.3 Institutions du sous secteur 3.3.1 La responsabilité de conserver et gérer les ressources forestières et environnementale relève du Ministère de l’Aménagement du territoire, de l’environnement et du tourisme. Toutefois, cette responsabilité est partagée à certains niveaux avec les Ministères de l’Agriculture et de l’élevage, du Développement communal et de l’artisanat, du Commerce et de l’industrie, de l’Énergie et des mines, des Travaux publics, de l’Education nationale et très récemment les ONGs nationales et internationales. Avec le décret n°100/186 du 20 décembre 2002 portant réorganisation du Ministère de l'Aménagement du territoire, de l'environnement et du tourisme, la Direction générale de l'Aménagement du territoire, de l'environnement et du tourisme est chargé d'élaborer la politique du gouvernement en matière d'aménagement du territoire et de l'environnement et d'assurer le suivi de

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son exécution en collaboration avec les autres partenaires pour un développement durable. Pour ce faire, elle coordonne, contrôle et évalue les activités des directions et services qui lui sont rattachés, notamment le Département de l'environnement, le Département du génie rural et de la protection du patrimoine foncier, le Département des forêts et celui de l'Aménagement du territoire. 3.3.2 Le Département de l'environnement et du tourisme est chargé de participer à l'élaboration de la politique nationale en matière d'environnement, l'élaboration des normes environnementales et du plan d'action environnementale et sa promotion, de même que le suivi de la mise en œuvre des conventions internationales. La Direction du génie rural et la protection du patrimoine foncier est chargée de développer des techniques d'aménagement des terres irrigables, des marais et des bas fonds, et celles de la protection et de la restauration du patrimoine foncier. Elle est aussi chargée de la conception et la vulgarisation des méthodes de conservation des eaux et sols à travers un aménagement participatif et intégré des bassins versants, ainsi que le contrôle de leur application. 3.3.3 Le Département des forêts est chargé de mettre en œuvre la politique du Gouvernement en matière de développement, gestion et aménagement des forêts naturelles et artificielles et la protection de l'environnement. Sur le terrain, le Département est représenté par les Inspections régionales des forêts et les forestiers provinciaux. Au niveau du terroir, l'action du MINATET est prolongée vers les exploitations agricoles par les Inspections forestières et les Directions provinciales de l'agriculture et de l'élevage dans le cadre de l’intégration agro-sylvo-zootechnique. D’autres structures interviennent dans le secteur, notamment avec le financement des partenaires financiers du pays et l’intervention de plusieurs ONG nationales et internationales, des associations et des groupements de femmes, etc. 3.3.4 Cependant avec la crise, à l’image de toutes les institutions du pays, tous les services de planification et de gestion du développement du Ministère ont perdu la plupart de leurs cadres (décès de certains et départ vers d’autres pays ou institutions). Ces services manquent de moyens humains, matériels et financiers. Les cadres expérimentés n’y restent pas longtemps et s’orientent vers des institutions plus rémunératrices. Ceux qui sont restés ne sont pas en nombre suffisant et n’ont pas les capacités requises et les moyens pour la mise en œuvre de la politique gouvernementale. La faible capacité de ces institutions provient également de l’absence de motivation des cadres due au faible niveau des salaires, au manque de formation, au faible niveau de connaissance en approche participative et au manque de coordination entre les différents acteurs du sous secteur. Les ressources financières dont elles disposent sont la plupart des financements d’activités de projets de développement par des partenaires extérieurs. La crise qu’a connue le pays ne permet pas au Gouvernement de subvenir aux besoins importants de ressources de fonctionnement normal des institutions malgré la présence d’un noyau de cadres compétents ayant une expérience avérée dans leurs domaines de compétence. 3.4 Contraintes et potentialités du sous secteur 3.4.1 En plus des contraintes globales du secteur agricole, viennent s’ajouter certaines contraintes spécifiques au sous secteur, notamment une forte pression sur les ressources forestières ayant entraîné une exploitation incontrôlée et partant la dégradation des écosystèmes forestiers. On peut également citer le manque de ressources humaines, de moyens matériels et financiers pour un meilleur suivi des activités de protection des ressources, de même qu’un manque de législations forestière et environnementale adéquates et actualisées. La faible performance de la recherche forestière, des systèmes de vulgarisation et des autres services en charge du sous-secteur et l’insuffisance de la coordination intersectorielle essentielle en matière de protection des ressources naturelles sont également citées. La surexploitation des terres arables, le surpâturage, le labour sur les fortes pentes et les phénomènes d’érosion qui s’en suivent sont à la base de la dégradation des ressources forestières et

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de l’environnement causant la dégradation accélérée des terres cultivables et la baisse de la fertilité des sols. Les défrichements répétés, les feux de brousse permanents, la mise en culture des terres marginales, le prélèvement abusif du bois pour ses différents usages et l'occupation anarchique des terres constituent également des facteurs de dégradation de l’environnement. L’absence de technologies appropriées de fertilisation des terres et la faible maîtrise des techniques d’aménagement des bassins versants, des forêts et des boisements ont entraîné une baisse des productions agricole et forestière. 3.4.2 Malgré ces contraintes, le sous secteur recèle des potentialités qui sont : (i) l’existence d’une population ayant une tradition de pratiques agroforestières et d’installation de boisements privés ; (ii) la promotion d’associations et groupements notamment dans la production des plants, la mise en place et l’entretien des plantations forestières, et (iii) un environnement climatique favorable permettant l’intensification des systèmes agricoles et pastoraux par la pratique de l’agroforesterie. L’existence de politiques et textes en cours de révision, la volonté politique du gouvernement exprimée dans le CSLP-I avec comme objectif principal la promotion d’une croissance forte et la réduction de la pauvreté qui passe par un aménagement des bassins versants et une protection de l’environnement, ainsi que la mise en œuvre de plusieurs initiatives des partenaires financiers du Burundi en matière de gestion constituent également des potentialités du sous secteur. 3.5 Stratégie nationale de développement du sous secteur 3.5.1 La stratégie du gouvernement en matière de gestion des ressources naturelles et de protection de l'environnement met l’accent sur l’implication des populations dans la gestion du patrimoine forestier, la promotion de l’agroforesterie et de la foresterie privée et la protection des crêtes dénudées. La politique forestière du Burundi en vigueur vise l'éradication du phénomène de dégradation de la ressource dans le cadre d'un plan global de préservation et de conservation. Dans cette optique, les objectifs visés sont : (i) la réduction des pertes en espèces végétales et animales ; (ii) la restauration des espaces dégradés ; (iii) la gestion participative des formations naturelles et artificielles et (iv) le développement de l'écotourisme. Les efforts de protection et de conservation de ces ressources désormais canalisés par cette politique devront être marqués par le souci permanent d'orienter les ressources vers la population qui en est le bénéficiaire actuel et futur. 3.5.2 Trois objectifs spécifiques se dégagent de cette orientation, à savoir : la reconstitution du couvert végétal détruit et le développement du patrimoine forestier jusqu'à une couverture de 15 % du territoire national en 2012, le renforcement de la gestion du patrimoine forestier et la structuration de la filière bois. Dans le domaine des formations naturelles, il s’agit de développer l'agroforesterie autour de la forêt naturelle pour limiter les pressions sur les espèces floristiques, de concevoir et de mettre en œuvre des projets générateurs de revenus. Ceci passe par l’implication des populations et des administrations locales dans la gestion des ressources naturelles en général et des ressources forestières en particulier. Concernant les formations artificielles, les stratégies suivantes seront adoptées : la planification de l'extension de l'espace boisé sur les terres encore vacantes, l'adaptation de la sylviculture aux besoins réels de la population, la promotion de l'agroforesterie et de la recherche forestière, la décentralisation de la gestion des boisements et la réduction à tous les stades de la filière des pertes dues à des défauts d'organisation et à des techniques peu rentables. 3.5.3 Le cadre légal ayant trait à la gestion des ressources forestières se compose de textes légaux relevant du droit interne et des conventions internationales ratifiées par le Burundi. Au niveau du droit interne, plusieurs textes sont disponibles pour infléchir les pratiques anthropiques menaçant les forêts en consacrant des aspects de conservation et de gestion. Ces textes de loi sont : (i) le décret - loi n° 1/6 du 3 mars 1980 portant création des parcs nationaux et des réserves naturelles du Burundi; (ii) le décret-loi N° 01 / 02 du 25 mars 1985 portant code forestier; (iii) le décret-loi N° 01/ 08 du 1er

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septembre 1986 portant code foncier du Burundi ; (iv) le décret N° 100/47 du 3 mars 1980 portant création et organisation de l’Institut national pour la conservation de la nature ( INCN) devenu Institut national pour l’environnement et la conservation de la Nature ( INECN) par le décret 100/188 du 5 octobre 1989 et (v) le code de l’environnement. Pour chacun de ces textes légaux, des dispositions permettant d’assurer la conservation et l’utilisation durable des ressources forestières sont indiquées. 3.5.4 La stratégie nationale pour la conservation de la biodiversité mise en place dans le cadre de la mise en oeuvre de la Convention sur la diversité biologique et les Changements Climatiques a pour objectifs : (i) la réalisation d'un programme de sensibilisation et d'éducation à la sauvegarde de l'environnement ; (ii) la mise en œuvre d’une stratégie de conservation de la biodiversité à travers la protection et la restauration du couvert végétal, la mise en défens des forêts naturelles et l'extension des boisements artificiels et (iii) l’exécution d’un programme d'action contre la dégradation des terres et la désertification. A ces axes sont liés la protection et la conservation des eaux et des ressources aquatiques. D’une manière générale, les lacunes les plus importantes et les contraintes liées à l’application et à l’efficacité des textes légaux peuvent être résumées comme suit : (i) plusieurs lois manquent de textes d’application (politique forestière, code foncier et code forestier) ; (ii) la plupart de ces lois ne prennent pas suffisamment en compte la nécessité d’une approche participative indispensable pour l’élaboration d’une législation environnementale efficace et (iii) l’inefficacité de certains textes qui tient au fait que les moyens humains et matériels nécessaires à leur mise en œuvre font défaut. Il est à noter que le code foncier, le code forestier et le code de l’environnement sont en cours de révision pour les adapter aux contextes socio-politique, économique et écologique actuels. 4. LE PROJET 4.1 Concept et bien-fondé du projet 4.1.1 Le Projet d’aménagement des bassins versants (PABV) est basé sur les axes stratégiques du Cadre de stratégie intérimaire de croissance économique et de lutte contre la pauvreté (CSLP-I) du Burundi. Il constitue un des secteurs prioritaires du pilier 1 du Document de stratégie pays axé sur les résultats du Burundi préparé par la Banque pour la période 2005-2007 qui consiste à contribuer à améliorer les conditions de vie des populations en milieu rural. Le projet participe à cette réalisation par la promotion de la sécurité alimentaire dans le pays, la contribution du secteur rural à la croissance de l’économie nationale, la création d’emplois et l’amélioration générale des conditions de vie des populations rurales. Plus spécifiquement, le projet est conçu pour lever les contraintes auxquelles les sous-secteurs sont confrontés (paragraphes 2.9 et 3.4). Les plantations domaniales envisagées permettront de protéger les crêtes dénudées contre l’érosion, tandis que les plantations communautaires et l’agroforesterie assureront la restauration de la fertilité des sols, l’approvisionnement des populations en produits forestiers et l’augmentation des productions agricoles, pastorales et forestières. L’utilisation des travaux HIMO pour les plantations et les parefeux permet de générer des emplois et d’augmenter les revenus des populations rurales. Elle favorise également la formation des populations et leur participation à la réalisation des travaux techniques. Les actions de conservation des eaux et du sol, l’approvisionnement des populations en semences améliorées et en intrants agricoles permettront une augmentation de la productivité et de la production. 4.1.2 Le projet revêt un caractère spécifique avec ses impacts sur la réduction de la pauvreté à travers l’augmentation de la production agricole et pastorale, la satisfaction des besoins des populations en produits forestiers ligneux et non ligneux, la création d’emplois, l’augmentation des revenus et sur la préservation de l’environnement par l’augmentation de la fertilité des sols, la protection des bassins contre l’érosion et le renforcement des capacités pour une meilleure gestion des ressources forestières. Les programmes de formation envisagés permettent à l’administration

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forestière, aux services techniques impliqués, aux ONG et aux groupements et associations d’acquérir des compétences nécessaires à la gestion durable des ressources et de l’environnement. 4.1.3 Le projet a été conçu en s’inspirant des enseignements tirés de l’exécution des projets antérieurs financés par la Banque (projet de reforestation de Bukirasazi et projet agropastoral de Bututsi) et d’autres partenaires comme la FAO, le FIDA, la Coopération allemande et la Coopération belge. Ces projets avaient mis l’accent sur la formation des paysans en foresterie rurale et en agroforesterie. Leurs activités dans leurs zones d’intervention ont apporté un changement dans le comportement des communautés villageoises vis-à-vis de la gestion des ressources forestières, la protection de l’environnement, la fertilisation des sols, la lutte contre l’érosion et la diversification des cultures. L’encadrement rapproché adopté par ces projets a encouragé les femmes à s’investir dans les activités d’agroforesterie, la production des plants et la plantation d’arbres forestiers qui leur ont servi à améliorer leur alimentation et à augmenter leurs revenus. Les activités du projet, à travers l’ouverture et l’entretien des pare-feux et des pistes forestières ont contribué à réduire les impacts négatifs des feux dans les plantations et à faciliter les déplacements dans le pays. 4.1.4 La conception du projet d’aménagement des bassins versants résulte de l’analyse avec les populations des problèmes forestiers et environnementaux, exacerbée par une sécheresse qui a touché la partie Nord-Est du pays depuis un certain temps. Ces problèmes touchent à un large éventail de questions liées aux mouvements importants des populations, à leur installation dans les zones forestières et dans les plantations pendant toute la période de la crise et à la dégradation continue des ressources qui s’en est suivie. Les infrastructures routières, surtout les pistes de desserte, ont continué à se dégrader par le manque d’entretien régulier et elles sont devenues de plus en plus impraticables. A cet effet, le projet vise à développer les options stratégiques d’utilisation durable des terres et de gestion rationnelle des ressources à base communautaire pour diminuer le phénomène de l’érosion, réduire la pression sur les ressources et faire profiter à la population les revenus qu’elle pourrait tirer de la réalisation des activités. Le choix des espèces à planter et des techniques de conservation des eaux et du sol à promouvoir a été basé sur les expériences acquises au Burundi, dans les pays voisins et au Sahel par des projets similaires, en fonction des types de sols, de l’état de dégradation des terres et des besoins spécifiques des populations (bois de feu, de service ou d’œuvre, espèces fourragères, espèces fruitières, espèces de protection et de fertilisation du sol, etc.). 4.1.5 Les actions du PABV soutiendront celles déjà en cours dans le cadre du Projet agropastoral de Bututsi (2005-2007), reformulé en avril 2005 et qui met l’accent sur l’accroissement des revenus des petits producteurs, à travers notamment : (i) le soutien à la production agricole et animale à travers la reconstitution du cheptel ; (ii) la protection du patrimoine foncier ; et (iii) le développement des activités féminines génératrices de revenus. Ce projet renforcera également les actions envisagées dans le cadre de l’aide d’urgence aux victimes de la sécheresse dans les provinces de Kirundo et Muyinga octroyée au Burundi en 2005 par la Banque. Dans sa conception, le projet a tenu compte des leçons tirées de l’exécution des projets financés par la Banque et les partenaires au Burundi et au Rwanda, notamment dans le cadre du renforcement des capacités des populations et des services techniques, l’implication des bénéficiaires et des partenaires techniques (ONG, associations, groupements de producteurs) dans le choix des sites d’intervention du projet et dans la réalisation des activités de plantations et d’exécution des travaux de conservation des eaux et sols. C’est pourquoi tous les aménagements seront exécutés à la demande des bénéficiaires et réalisés avec des techniques simples, adaptées et facilement maîtrisables par les populations. En plus, l’élaboration des manuels de procédures comptables et de passation des marchés communautaires et la mise en place d’un dispositif de suivi-évaluation renforcé vont contribuer à une meilleure gestion financière et technique du projet.

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4.1.6 Enfin, la conception du projet résulte de consultations avec l’ensemble des parties prenantes, y compris les partenaires financiers et techniques qui ont exprimé leurs avis sur le projet pendant sa préparation et son évaluation. Ces consultations ont été menées à travers des visites de terrain, des entretiens et des ateliers. Elles ont permis de mesurer l’importance de la dégradation des bassins versants, de déterminer les actions techniques à entreprendre et de mieux cibler la zone d’intervention du projet. Dans son approche, le projet privilégie une démarche participative locale et met en avant l’expérience, la motivation et l’engagement des populations pour leur implication dans l’exécution des activités du projet. Durant son exécution, le projet poursuivra cette approche participative, en tenant compte à chaque étape des avis et préoccupations des populations tout en privilégiant le partenariat entre tous les acteurs. 4.2 Zone d’intervention et bénéficiaires du projet 4.2.1 Le Projet d’aménagement des bassins versants sera exécuté dans les provinces du pays, touchées par le phénomène de dégradation des ressources en sols et en couvert végétal et où la sécheresse a sévi de nombreuses années (partie Nord-Est). Ces bassins constituent des zones importantes de production agricole, pastorale et forestière. Sur le plan administratif, la zone du projet couvre les provinces de Bururi, Rutana, Gitega, Kirundo, Muyinga et Cankuzo, qui totalisent une population d’environ 2,61 millions d’habitants, soit 36% de la population totale du pays qui est estimée à 7,3 millions d’habitants en 2004. Ces provinces ont été choisies en tenant compte de l’acuité des problèmes environnementaux, de la sécheresse endémique dans les régions du Nord-Est, des réalisations du projet de reforestation de Bukirasazi et de l’intervention des autres partenaires. Avec une population essentiellement rurale, un taux de croissance démographique élevé, une exploitation moyenne paysanne de 0,80 ha par habitant et une consommation énergétique moyenne de 2,93 kg de bois par personne et par an, cette zone a été sérieusement touchée par la sécheresse et les effets de la guerre. La zone connaît une alternance de la saison pluvieuse (octobre à mai) et de la saison sèche (juin à septembre). La pluviométrie annuelle moyenne se situe entre 500 mm et 1.200 mm. La saison des pluies, commençant en septembre, dure entre 6 à 9 mois, entrecoupée par une petite saison sèche en janvier. Son relief accidenté lui confère un climat tropical d'altitude, chaud et humide sur les basses altitudes et, humide et tempéré sur les montagnes. Les terres de ces provinces sont généralement pauvres. 4.2.2 Ces provinces ont subi les effets néfastes du conflit et connaissent aujourd’hui une forte augmentation de la pauvreté. Certaines provinces comme Rutana dont le pourcentage de pauvres était déjà assez élevé avant la crise (plus de 50%), ont atteint des niveaux encore plus inquiétants avec plus de 70% de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. En l'absence de dispositifs anti-érosifs dans les exploitations agricoles et d'aménagement des bassins versants, la dégradation des sols et la perte de leur fertilité constituent de sérieuses menaces aux productions agricoles, pastorales et forestières. L'exploitation de ces terres (absence de jachères, réduction et/ou disparition dans certains cas de l'apport de matières organiques et manque d'engrais minéral) accentue les phénomènes de dégradation et d'appauvrissement des sols. 4.2.3 Les bénéficiaires du projet sont les populations rurales, notamment les femmes dans les provinces couvertes, généralement constituées en groupements et associations de producteurs travaillant dans les plantations domaniales et communautaires ou des paysans individuels intervenant dans leurs exploitations. Ces groupements et associations, avec l’appui des projets et des ONG, s’organiseront progressivement. Les groupes cibles ont besoin de formation, d’information et d’appuis techniques, financier et organisationnel pour mener à bien les projets communautaires. La population qui serait directement touchée par les activités du projet est d’environ 150.000 ménages. Cependant, les actions du projet toucheront indirectement la quasi-totalité de la population de la zone d’intervention, notamment à travers la protection des crêtes

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dénudées, les plantations diverses, l’ouverture et l’entretien des pistes et pare feux, la restauration des pâturages, l’intensification de l’agriculture par la diversification de la production, la promotion de l’agroforesterie, le maraîchage et l’apiculture. 4.2.4 Les populations visées par le projet sont en général pauvres, avec des revenus moyens annuels inférieurs à 100 $ EU et défavorisées en matière d’accès aux services sociaux de base. En général, les ménages sont vulnérables, mais plus particulièrement les 58% qui sont dirigés par les femmes. Celles-ci, qui constituent la majorité dans ces provinces, sont actives dans les activités de maraîchage, de production de plants et de commercialisation du bois et du charbon. L’incidence de la pauvreté dans les provinces concernées par le projet atteint 68,7% de la population. De même, la proportion des populations n’ayant pas accès à l’eau potable est de 57% contre une moyenne nationale de 47% et celle des populations n’ayant pas accès aux services de santé est de 30% contre une moyenne nationale de 23%. 4.2.5 L’encadrement, la formation, la vulgarisation et les activités de microfinance, assurés dans la zone du projet, relèvent du domaine des projets de développement, des structures nationales de vulgarisation (DPAE) et des ONG nationales et internationales (cf.para. 2.5.2, 2.5.3, 2.5.5 et 2.8.2). Ces organisations jouent un rôle important dans la promotion du développement communautaire, l’encadrement des paysans et le développement des organisations socioprofessionnelles. Cependant, leurs capacités d’intervention doivent être renforcées par la formation en développement communautaire, en planification et en gestion. 4.3 Contexte stratégique 4.3.1 Le Burundi est classé parmi les pays les plus pauvres du monde avec un revenu annuel par habitant estimé à environ 83 $EU et un très bas niveau de développement humain dont l’indice (IDH) n’a jamais dépassé 0,341. La pauvreté y est un problème préoccupant, avec plus de 68% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté en 2002. Pour assurer une croissance économique durable et soutenue, le Gouvernement a axé ses choix stratégiques sur la lutte contre la pauvreté, tout en préservant l’environnement. Le projet d’aménagement des bassins versants du Burundi cadre parfaitement avec la stratégie d’intervention de la Banque au Burundi stipulée dans le Document de Stratégie par pays (DSP) pour la période 2005-2007 à travers son pilier I et avec le Cadre de stratégie intérimaire de croissance économique et de lutte contre la pauvreté (CSLP-I) du Gouvernement qui visent à promouvoir la bonne gouvernance, à assurer une croissance économique soutenue, à améliorer la capital humain et les conditions de vie des populations, à restaurer et à sauvegarder les écosystèmes. Il cadre bien avec la vision de la Banque, son Plan Stratégique et les objectifs du FAD X axés sur la réduction de la pauvreté. 4.3.2 Dans le cadre du développement rural, le CSLP-I vise la relance du secteur pour assurer une sécurité alimentaire pour tous, un accès universel aux services sociaux et des ressources naturelles réhabilitées, mieux protégées et rationnellement exploitées. La mise en œuvre du projet contribuera à atteindre les objectifs fixés dans le cadre de la politique nationale de sécurité alimentaire et de développement du secteur agricole, ainsi que la préservation de l’environnement qui constituent des priorités du Gouvernement. Le PABV est la deuxième opération de la Banque dans le domaine de la foresterie et de l’environnement après celui de reforestation de Bukirasazi. A ce titre, il envisage de lever les contraintes institutionnelles, techniques, socio-économiques et environnementales. Il répond au souci du Gouvernement de gérer durablement les ressources et de protéger l’environnement pour améliorer les revenus des populations, renforcer la sécurité alimentaire, protéger le capital sol, renforcer les capacités de l’administration forestière et celles des communautés locales.

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4.4 Objectifs du projet L’objectif sectoriel du projet est de contribuer à la sécurité alimentaire à travers la restauration du capital productif sol. Plus spécifiquement, le projet vise à protéger les bassins versants, à accroître les productions agricoles, pastorales et forestières et à augmenter les revenus des populations rurales de la zone du projet. Le projet vise à atteindre cet objectif par la réalisation de plantations forestières (domaniales, communautaires et privées), la promotion de l’agroforesterie et la vulgarisation des technologies appropriées pour améliorer la fertilité des sols et diversifier la production, la formation et la sensibilisation des populations, l’organisation et l’implication des groupements et associations de producteurs dans les activités, ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles du Département des Forêts. 4.5 Description du projet 4.5.1 Le projet d’aménagement des bassins versants s’articule autour de quatre composantes que sont : le renforcement des capacités, la conservation et l’amélioration des ressources, l’amélioration des productions agro-sylvo-pastorales et la gestion du projet. Composante Renforcement des capacités 4.5.2 La mise en oeuvre de l’aménagement des bassins versants et des activités de protection de l’environnement nécessite des actions importantes de formation et de sensibilisation de l’ensemble des acteurs impliqués dans le processus. Cette composante a pour objectif de renforcer les capacités des cadres du Département des forêts ainsi que celles des populations locales pour une meilleure gestion des plantations domaniales et communautaires et un aménagement durable des exploitations familiales. Avec l’appui technique des Délégations provinciales de l’agriculture et de l’élevage et les Inspections forestières régionales, le projet mettra en place un programme de sensibilisation des paysans et des paysannes à l’amélioration des techniques culturales, à la conservation des eaux et des sols et à la gestion des plantations. Par ailleurs, le projet organisera des sessions de formation au profit des agri-éleveurs sur l’amélioration des pâturages et la production de fourrage. 4.5.3 Formation et encadrement technique : Une vingtaine de cadres du Département des forêts recevra une formation locale de courte durée en inventaire et en aménagement forestier dans des institutions spécialisées et 35 cadres et techniciens forestiers et des DPAE, dont 40% de femmes participeront à des stages nationaux en agroforesterie, conservation des eaux et des sols et planification. Ces stages seront animés par des institutions spécialisées, telles que l’ICRAF. Au total, 16 cadres du MINATET et du MINAGRIE participeront à des conférences, séminaires régionaux ou internationaux. Le projet renforcera les capacités du Département des forêts et des DPAE pour l’exécution, le suivi-évaluation et la supervision des activités du projet à travers la formation de leur personnel. Les cadres du département bénéficieront également de formation en collecte et conditionnement des semences et de ressources nécessaires pour la sensibilisation des populations pour la lutte contre les feux de forêts et la promotion de foyers améliorés. 4.5.4 Un total de 2.000 paysans sera formé en agroforesterie, à la lutte anti-érosive, à la passation des marchés communautaires, à la gestion et supervision de ces marchés et en techniques HIMO. Des voyages d’études seront organisés pour 50 paysans et cadres du Ministère et du département des forêts, dont 45% de femmes, en Afrique de l’Ouest et dans la sous-région pour voir les expériences de ces pays en matière de conservation des sols, protection des bassins versants et aménagement des marais. Environ 46.800 paysans regroupés en associations, dont 40% de femmes, seront encadrés pour les activités d’agroforesterie, de développement des espèces fourragères et de diversification de la production dans leurs exploitations et de commercialisation de bois. Le projet

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financera des programmes de formation et de sensibilisation à l’intention des associations des paysans et groupements des producteurs, notamment ceux des femmes, dans le cadre du renforcement de leurs capacités à travers leurs organisations. Ces activités seront coordonnées par un expert en développement communautaire, sensible aux questions du genre, qui sera recruté sur les ressources du projet. L’encadrement des bénéficiaires et leur formation seront menés par des prestataires de services (ONG et autres institutions) avec lesquels le projet signera des conventions. Les institutions de microfinance de la zone du projet bénéficieront de sessions de formation en gestion et seront équipées en matériels divers pour leur permettre d’assister les bénéficiaires dans la constitution des caisses d’épargne et de crédit. 4.5.5 Equipement et Construction : Compte tenu du sous-équipement du Département des forêts et de sa faible capacité d’exécution des activités, le projet le dotera en équipements informatiques et bureautiques, en logiciels d’inventaires forestiers et en matériels de communication. Il l’équipera également en matériels techniques d’inventaire forestier et en matériels de collecte et de traitement des semences forestières et fruitières. Le projet l’appuiera pour le suivi-évaluation avec un véhicule tout terrain et 18 motos pour les forestiers des provinces. Suite à l’étude de la FAO sur l’approvisionnement des centres urbains en bois et en charbon, il sera créé et équipé à titre pilote, deux centres multifonctionnels de commercialisation du bois à Bujumbura, sous la responsabilité du Département des forêts. La gestion de ces centres sera assurée par les associations de commerçants de bois qui seront au préalable formées par le projet. 4.5.6 Assistance Technique : Le projet recrutera un bureau d’études fournissant les services d’un expert en aménagement forestier pour vingt quatre (24) personnes-mois, un expert en gestion administrative et financière pour une durée de douze (12) personnes-mois et d’un expert en développement communautaire pour une durée de douze (12) personnes-mois. Ce bureau d’études fournira également les services d’un consultant pour la révision de la politique forestière et du code forestier pour une durée de quatre (4) personnes-mois. Le Bureau d’études sera chargé d’élaborer des plans simplifiés d’aménagement participatif des boisements communautaires en collaboration avec le Département des Forêts. Composante Conservation et amélioration des ressources 4.5.7 Cette composante consiste à restaurer le couvert végétal au niveau des crêtes des collines dénudées, à préserver les terres contre l’érosion, à réhabiliter et entretenir les pistes forestières. 4.5.8 Plantations domaniales et communautaires: Le projet financera la mise en place de 15.000 ha de plantations domaniales déjà répertoriées par le Département des forêts pour protéger les crêtes dénudées contre l’érosion. Il financera également, à la demande des populations, la création de 1.800 ha de boisements communautaires. La production des plants pour les diverses plantations sera entreprise par des groupements et associations de producteurs, notamment celles des femmes, ayant déjà une expérience en la matière et fera l’objet de marchés suivant les procédures de passation de marchés communautaires. Les plants produits seront achetés par le projet et mis en place en utilisant des travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO). Toutes les plantations du projet feront l’objet de cartographie pour les besoins futurs d’aménagement et de gestion des boisements. Les plantations communautaires feront l’objet de contrats de gestion entre l’administration forestière et les collectivités locales. 4.5.9 Conservation des eaux et du sol : Le projet financera l’installation de 600.000 mètres linéaires d’ouvrages anti-érosifs (diguettes suivant les courbes de niveau, haies anti-érosives, cordons pierreux, tranchées végétalisées, etc.) sur les pentes et les terres de cultures menacées par l’érosion.

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Ces ouvrages permettront de freiner les eaux de ruissellement et par conséquent de réduire l’érosion des sols, de favoriser une sédimentation des particules fines pour augmenter la rétention de l’eau et d’améliorer l’infiltration des eaux et partant la recharge de la nappe. L’association des boisements avec ces aménagements et la plantation d’herbes fixatrices permettront de protéger les terres de cultures contre l’érosion et d’améliorer leur fertilité. D’autres actions biologiques et agronomiques visant à la fois la conservation des sols et l’augmentation de la production agricole sont prévues dans le cadre du projet. Les travaux seront exécutés par les populations à travers leurs associations dont celles des femmes qui recevront des formations dans le cadre du renforcement de leurs capacités. 4.5.10 Les pistes forestières : Environ 35 km d’anciennes pistes en état de dégradation seront réhabilitées et 100 km de nouvelles pistes seront ouvertes dans les nouvelles plantations. Environ 250 km de pistes et pare-feux seront entretenues pendant la durée du projet. Ces activités seront réalisées selon la méthode HIMO par les populations qui ont acquis une expérience en la matière dans les projets de reforestation de Bukirasazi, de la FAO et de la Banque mondiale. 4.5.11 Le suivi technique de la réalisation des plantations sera effectué au niveau de chaque province par le projet qui recrutera à cet effet 3 ingénieurs et 6 techniciens pour la mise en œuvre de cette composante. L’encadrement des associations et groupements de producteurs, dont 40% de groupements féminins, sera assuré par des ONG. Les ingénieurs et les techniciens seront dotés de motos (9). Compte tenu du manque d’effectifs dans la fonction publique, ce personnel requis sera recruté par le projet sur une base contractuelle. Le Gouvernement mettra à la disposition du projet les deux camions et les deux tracteurs acquis dans le cadre de l’exécution du projet de reforestation de Bukirasazi pour l’exécution des travaux. Le projet financera la mise en état de fonctionnement normal de ces véhicules.

Composante Amélioration des productions agro-sylvo-pastorales 4.5.12 Cette composante vise l’augmentation de la production forestière, agricole et pastorale par des activités de restauration de la fertilité du sol et de diversification de la production et la restauration du couvert végétal. Les actions envisagées permettront aux bénéficiaires d’augmenter leurs revenus et assurer la sécurité alimentaire dans les provinces couvertes par le projet. Pour diversifier les sources de revenus et satisfaire les besoins alimentaires des populations, le projet fera la promotion d’activités génératrices de revenus tels que l’apiculture, le maraîchage et l’arboriculture fruitière. Compte tenu du manque de personnel technique pour la couverture de la zone d’intervention et des besoins d’encadrement des populations en agroforesterie, le projet recrutera 6 techniciens, dont au moins 2 femmes, qui seront dotés de motos et les services d’une ONG pour la réalisation des activités de cette composante. 4.5.13 Productions forestières : En plus des plantations domaniales et communautaires, le projet aidera à la réalisation de 3.750 ha de plantations privées pour la satisfaction des besoins des populations en produits forestiers. Les semences forestières, destinées aux groupements et associations de producteurs, seront achetées par le projet auprès de la Centrale de graines du Département des forêts et autres centres semenciers agréés sur la base de conventions qu’ils signeront avec le projet. Les travaux de pépinière et de plantation seront assurés par les associations/groupements de bénéficiaires. 4.5.14 Productions vivrières et maraîchères : Ce programme comprendra la réalisation de parcelles de démonstration de fertilisation du sol, de cultures en bandes alternées sur les terrasses et d’ouvrages anti-érosifs dans les exploitations familiales. Le projet mettra à la disposition des agriculteurs des semences vivrières et des plants de qualité répondant à leurs besoins. A cette fin, une convention sera conclue entre l’ISABU et le projet pour la fourniture de 83.400 plants

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d’agrumes et 83.400 plants d’avocat et de 5.000 tonnes de semences améliorées de base (maïs, haricot, pomme de terre, oignon et tomate). Le projet aidera à la vulgarisation de technologies adaptées dans les exploitations agricoles, la fourniture de ruches améliorées et l’approvisionnement en semences agricoles et maraîchères, surtout auprès des groupements de femmes/veuves chefs de familles. La production de fumure organique, l’amendement calcaire pour améliorer le pH du sol et l’application de urée seront vulgarisés sur les parcelles de démonstration. 4.5.15 Production pastorale : L’intégration agro-sylvo-pastorale consistera à la réalisation de 145 ha de haies paddocks et la mise en place de 3.000 ha d’espèces fourragères et à usages multiples permettant d’améliorer 5.800 ha de pâturages naturels dans la zone du projet. Ces activités visent la réduction de la dégradation des terres à vocation de parcours du bétail, l’augmentation des disponibilités en fourrage pour le bétail pour réduire la pression du cheptel sur les boisements, l’amélioration de la fertilité des sols et des systèmes de production. Pour ce faire, les associations d’éleveurs seront chargées des travaux de mise en place des plants et de leur entretien. Composante Gestion du projet :

4.5.16 Elle sera assurée par le Département des forêts qui aura une équipe, basée à Mahwa dans la province de Gitega. Le Département des Forêts assurera également la coordination générale du projet et le suivi de ses activités. L’équipe sera dirigée par un Directeur de projet, Ingénieur des Forêts expérimenté et mis à disposition par le Ministère pour toute la durée du projet. Elle comprendra, entre autres, un ingénieur agroforestier - chef de l’équipe technique, un responsable du suivi-évaluation, un ingénieur agronome, un responsable financier, un responsable chargé de la gestion administrative, un responsable du matériel roulant, deux aide-comptables et un cartographe. L’équipe aura également un personnel d’appui composé de deux secrétaires, cinq chauffeurs et un planton. Elle sera représentée par deux antennes, localisées à Mahwa pour les provinces de Bururi, Rutana et Gitega et à Muyinga pour les provinces de Kirundo, Muyinga et Cankuzo. Au niveau provincial, le projet travaillera en étroite collaboration avec les Directions provinciales de l’agriculture et de l’élevage, les ONG et les associations de producteurs. Chaque antenne comprendra un Ingénieur forestier jouant le rôle de Chef d’antenne, un responsable du suivi-évaluation, un secrétaire, un chauffeur et un planton-gardien. Le projet recrutera tout le personnel contractuel nécessaire pour son exécution, y compris un spécialiste en passation des marchés pour onze (11) mois. 4.5.17 Un logiciel de gestion financière et comptable sera acquis et un consultant recruté pour une durée de deux personnes-mois afin de mettre en place ce logiciel et former le personnel comptable et financier. Des consultations de courte durée seront également prises en charge par le projet pour l’élaboration des manuels de procédures administratives, financières et comptables (deux personnes-mois). La Direction du projet et les antennes seront dotées de mobiliers de bureaux, matériels informatiques et bureautiques. Le projet financera l’acquisition de deux véhicules pick-up double cabine pour la supervision des activités, ainsi que l’acquisition de vingt (20) lots d’ordinateurs, trois (3) ordinateurs portables, cinq (5) photocopieurs, et du matériel et mobiliers de bureau pour toute l’équipe du projet. Le projet prendra en charge les coûts de fonctionnement de tous les équipements, moyens de locomotion et infrastructures du projet. 4.5.18 Le Gouvernement mettra à la disposition du projet, les infrastructures (bureaux et logements) pour abriter l’équipe d’exécution du projet. Le Gouvernement fournira également des bureaux fonctionnels pour l’antenne de Muyinga. Le projet prendre en charge les coûts de réhabilitation des ces bâtiments. Le Gouvernement cédera au projet six véhicules à l’état neuf acquis sur les ressources de projets antérieurs pour les besoins de cette opération. Il mettra également à la disposition du projet le personnel fonctionnaire nécessaire pour son exécution normale (un Directeur national du projet, deux

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Chefs d’antennes, un ingénieur agroforestier, un cartographe et deux aides-comptables). Ce personnel sera payé par le Gouvernement et percevra des primes de rendement payées par le projet. 4.5.19 Le projet financera les charges de fonctionnement qui comprennent divers éléments tels que l’entretien des bâtiments, des moyens logistiques et des équipements divers, l’achat de carburant, les assurances, l’acquisition de fournitures de bureau et fournitures diverses, les frais divers de gestion, les indemnités de déplacements, les frais de réunion, et de suivis divers (suivi externe, impact du projet, etc.). Il sera organisé un atelier de démarrage du projet et des sessions de planification décentralisées des activités. 4.6 Production, marché et prix 4.6.1 Production : Les boisements productifs sont estimés à 6.250 ha et consistent essentiellement en des espèces feuillues comme l’Eucalyptus. Pour ce dernier, le taux de prélèvement aux différentes éclaircies se présente comme suit : 50% lors de la première éclaircie à la septième année; 50% du reste lors de la deuxième éclaircie à la quatorzième année ; 50% du reste lors de la troisième éclaircie à la vingt cinquième année et le reliquat lors de la coupe finale à la vingt huitième année. L’accroissement moyen annuel est de 15m³/ha/an pour la première éclaircie, 30m³/ha/an pour les 2ième et 3ième éclaircies et 25 m³/ha/an pour la coupe définitive. 4.6.2 La production estimée pour l’Eucalyptus est de 404.688m³/an pendant 5 ans, soit au total 2,02 millions de m³. Pour l’agroforesterie qui consiste en la plantation de 450 ha de Grevillia et 150 ha de Cedrela, les rendements de ces deux essences sont estimés respectivement à 20 m³/ha/an et à 15m³/ha/an. La production attendue est de 225.000 m³/an pendant 5 ans pour le Grevillia, soit 1,12 million de m³ et 63.000 m³/an pendant 5 ans pour le Cedrela, soit 0,3 million de m³. Cette production sera valorisée sous forme de bois d’œuvre. 4.6.3 Avec une superficie de 600 ha d’exploitations agricoles, le projet produira, en année de croisière (5ème année), 9.875 tonnes additionnelles, dont 2.800 de banane, 1.700 d’agrumes, 1.350 d’avocat, 116 de maïs, 954 de pommes de terre, 480 d’oignon, 2.400 de tomate et 75 de haricot. Il vulgarisera auprès de 750 exploitations des techniques d’amélioration de la productivité agricole. 4.6.4 Marché : Le marché des produits forestiers est libre, l’offre est fluide et difficile à estimer car la part importante est auto-consommée. Le bois constitue jusqu’aujourd’hui le principal combustible pour les populations rurales et urbaines à faible et moyen revenus. Il représente aussi pratiquement la seule source d’énergie possible pour plusieurs types d’industries comme les briqueteries et/ou tuileries, les usines à thé, les boulangeries- pâtisseries, les restaurants etc. Le bois de feu qui représente environ 86% de la consommation annuelle du bois est utilisé par plus de 92% de la population. 4.6.5 En matière de débouchés des produits forestiers, la ville de Bujumbura est de loin le plus important par rapport aux villes de l’intérieur. Les bois d’œuvre sont généralement sciés en long par des scieurs professionnels privés qui travaillent pour le compte des commerçants capables de négocier auprès des services de l’Etat un permis de coupe dans les boisements publics. Le bois d’œuvre produit est vendu principalement au niveau du marché du bois de Bujumbura. Ce bois provient essentiellement des provinces du Nord (Ngozi et Muyinga). Il existe également bon nombre de petites menuiseries pour la transformation qui travaillent à leur propre compte, principalement autour du marché de bois de Bujumbura.

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4.6.6 Le charbon de bois provient essentiellement de l’Eucalyptus et constitue la principale source d’énergie pour les ménages ruraux et urbains. Le bois est carbonisé sur place dans les plantations par des charbonniers spécialisés, puis vendu à des commerçants grossistes qui assurent son transport jusqu’aux lieux de distribution vers les centres urbains où il est acheté par les commerçants détaillants qui approvisionnent les ménages. Le bois de feu ou de service est normalement commercialisé par des petites entreprises privées qui emploient des bûcherons. Lorsque le bois se trouve sur un terrain domanial, il faut en général obtenir un permis d’abattage auprès du Département des forêts qui équivaut à 5% du prix d’achat du produit et s’acquitter d’une taxe communale de 100 BIF par sac ainsi qu’une taxe municipale de 100 BIF par sac. Les boisements et forêts de l’Etat sont soumis à un aménagement réglé par ordonnance ministérielle et les ventes de bois sont réglementées. Les boisements et forêts des communes sont gérés conjointement par les communes et le Département des forêts, ce dernier effectuant les ventes de bois pour le compte des communes. De même les boisements des particuliers supérieurs à 10 ha sont soumis à un plan d’aménagement. 4.6.7 La consommation journalière de produits forestiers au Burundi est estimée à 2,93 kg par personne pour le bois, à 0,68 kg pour le charbon de bois et à 1,32 kg pour les déchets végétaux. Ceci correspondant à une consommation annuelle totale de 7,2 millions de tonnes de bois, 1,7 millions de tonnes de charbon de bois et 3,3 millions de tonnes de déchets végétaux. Cette demande croît régulièrement chaque année au prix d’une déforestation de plus en plus accentuée des collines. De même, selon des projections de la FAO sur la demande en bois d’ici l’an 2020, les besoins en bois de feu au Burundi seront de 15.220 milliers de m3 et ceux en bois de service de 959 milliers de m3. Toutes ces projections permettent d’affirmer que la production en produits forestiers induite par le projet n’aura pas de problème d’écoulement. Elle permettra non seulement d’atténuer la pression sur les ressources forestières du pays mais aussi de satisfaire une partie des besoins de la population à travers tout le pays. 4.6.8 La production agricole induite par le projet sera en grande partie auto-consommée. Le surplus commercialisable sera écoulé sur les marchés locaux, dans les centres urbains les plus proches, et éventuellement vers Bujumbura pour de plus grandes quantités, surtout en ce qui concerne les exploitants de la province de Gitega qui en effet exportent des produits vivriers vers Bujumbura et d’autres provinces limitrophes. Le centre de Gitega constitue un débouché très important aux productions vivrières de la province et des provinces frontalières à l’Est (telle que Ruyigi et Rutana). 4.6.9 Prix : Au Burundi, à part les produits d’exportation comme le café et le thé dont les prix sont fixés annuellement, les prix des autres produits agricoles et ligneux sont libéralisés et se négocient librement. Cependant le tarif du bois d’œuvre sur pied et le m³ des produits forestiers issus des plantations domaniales et vendus par le Département des forêts sont fixés par ordonnance ministérielle et s’élève à 4.350 BIF pour le m³ de bois d’œuvre, à 1.400 BIF pour le bois de feu, à 6.400 BIF pour les poteaux et à 2.950 BIF pour le bois de service. Le bois d’œuvre et les autres produits forestiers une fois transportés jusqu’à Bujumbura se négocient à 8.000 BIF pour le sac de charbon de 30 à 40 kg, à 3.600 BIF pour la planche de Grevillia, à 4.000 BIF pour la planche d’Eucalyptus et à 3.000 BIF pour la planche de Cedrela. L’analyse de l’évolution du prix des produits forestiers au cours des cinq dernières années révèle une hausse annuelle d’environ 20%. Il est prévu que cette hausse se maintiendra durant les prochaines années du fait de la croissance démographique et du retour des réfugiés suite à l’instauration de la paix. En ce qui concerne la production agricole, les prix moyens des différentes spéculations relevés sur les marchés sont les suivants : 121 BIF/kg pour la banane (verte), 290 BIF/kg pour les agrumes, 206 BIF/kg pour l’avocat, 241 BIF/kg pour le maïs (sec en graines), 424 BIF/kg pour les haricots (secs), 257 BIF/kg pour la pomme de terre, 697 BIF/kg pour les oignons et 371 BIF/kg pour la tomate.

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4.7 Impact sur l’environnement 4.7.1 Le projet classé en catégorie environnementale II et répertorié sous les rubriques « Reboisement et plantations forestières à petite échelle » et « développement de bassins versants ». Ses impacts potentiels sur le milieu biophysique et humain seront atténués et/ou optimisés dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de gestion environnementale et sociale (PGES) dont le résumé figure en annexe 7. 4.7.2 Impacts positifs. Le projet vise essentiellement à arrêter et à inverser le processus de dégradation des ressources forestières pour assurer une protection des bassins versants. Les activités d’aménagement des bassins versants et de gestion des ressources naturelles permettront de restaurer les écosystèmes dégradés et de créer des conditions favorables au développement de la production agricole. En effet, les techniques de reboisement combinant l’installation de haies vives, les terrasses antiérosives, l’installation de cultures pérennes et l’assolement permettront de lutter efficacement contre l’érosion des sols. La promotion de la production du compost et la stabulation des animaux pour la production du fumier contribueront à l'amélioration de la fertilité des sols et à l’augmentation de la production agricole. L’encadrement et la sensibilisation des producteurs à l’entretien collectif des boisements et à l’utilisation rationnelle des intrants induiront des effets positifs sur le milieu biophysique. L’élaboration de plans simplifiés d’aménagement de forêts villageoises permettra aux communautés rurales de la zone du projet de prendre réellement en charge la gestion des ressources naturelles au sein de leurs terroirs. L’adoption de systèmes permettant de mieux gérer les feux de brousse et de réduire leur ampleur induira des effets bénéfiques sur les ressources de l’environnement. 4.7.3 La mise en place de plantations de protection des crêtes dénudées des collines et d’ouvrages anti-érosifs jouera un rôle important dans la protection des bassins versants, la reconstitution des ressources forestières et de la biodiversité, tout en contribuant à l’augmentation du taux de couverture végétale du pays. D’autres actions d’accompagnement tels que l’arboriculture fruitière, l’apiculture et le maraîchage permettront aux populations, d’avoir des sources intermédiaires de revenus. Du point de vue socio-économique, l’amélioration de la productivité des systèmes de production, la diversification des spéculations et la promotion de l’agroforesterie garantiront une agriculture durable et auront des effets bénéfiques sur les conditions de vie des populations, tout en assurant une meilleure gestion des ressources. En plus des revenus, le projet offrira à travers les travaux de haute intensité de main d’œuvre, au plus grand nombre, une opportunité de formation aux différentes techniques de production de plants et de reboisement, et contribuera à élever leur niveau de connaissance en matière de gestion des ressources naturelles. 4.7.4 Impacts potentiels et mesures d’atténuation/optimisation : Les travaux d’entretien de pare-feux et de réhabilitation des pistes pourraient générer des nuisances diverses (diffusion de poussières et de fumée, ouverture de zones d’emprunt, etc.). Des mesures d’atténuation appropriées seront prises lors des travaux afin de prévenir toute dégradation ou nuisance éventuelle. La formation aux techniques de production des plants, la mise en place des plantations et autres activités de diversification permettront d’impliquer davantage les populations dans la gestion des bassins versants. Afin de garantir la continuité des activités de reboisement et prévenir une éventuelle rupture de stocks, le projet apportera un soutien en équipements à la Centrale des graines qui assurera une fourniture régulière de semences de qualité aux structures de production de plants. L’utilisation d’essences agroforestières à usages multiples sera encouragée (ex : le Macadamier d’Australie, le Moringa oleifera, le Leucaena leucocephala et le Neem). La mise en place des boisements communautaires pourrait susciter beaucoup d’enthousiasme au départ. Dans la pratique cependant, il pourrait arriver que les communes, soucieuses d'assurer la réussite du programme de plantation, aient tendance à augmenter leur demande en début de campagne mais ne seraient pas en

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mesure de tenir leurs engagements au moment de la plantation. D’où la nécessité de leur conseiller de reboiser chaque année une surface modérée (5 à 10 ha maximum) afin de pouvoir en assurer les entretiens indispensables (surveillance, éclaircies et nettoyage des plantations, pare-feu). Dans le cadre des plantations domaniales, l’utilisation de l’approche HIMO facilitera l’importation de la main d’œuvre d’une colline à l’autre pour les travaux de plantation des crêtes sans affecter outre mesure les coûts de reboisement. 4.7.5 L’introduction des essences fruitières, de façon participative dans le cadre de la mise en œuvre du volet agroforesterie du projet, permettra d'accroître les superficies boisées dans la zone du projet et d’améliorer les revenus des populations. Il s'agira d'encourager la multiplication de micro-boisements privés et de plantations d’arbres fruitiers à usage multiples et à forte valeur économique. Le choix judicieux des essences de reboisement est important, car il a été observé que des espèces, tel que le Pinus patula, auront tendance à étouffer le sous-bois, et réduire l’activité microbiologique nécessaire à l’évolution du profil pédologique des sols. Elles peuvent cependant se révéler efficaces pour la protection des crêtes déjà dénudées et présentant des affleurements rocheux. Les sols souffrent en général d’une acidité aluminique (pH 2 à 4), d’où la nécessité d’une correction au moyen d’amendements calcaires et/ou d’apport de fumure organique. A cet égard, l’intégration de l’élevage dans les systèmes de production agricole sera accentuée. Seront aussi privilégiées, les espèces à croissance rapide et fixatrices d’azote pour protéger les sols et améliorer leur fertilité qui pourrait aussi bénéficier de la promotion du compostage et des fosses fumières destinées à augmenter la disponibilité en engrais organiques. L’utilisation des feux dans la régénération des pâturages au sein des paddocks doit être rigoureusement circonscrite afin d’éviter tout débordement. L’adoption et la vulgarisation des plans simples d’aménagement forestier devraient contribuer à réduire les pratiques d’exploitation précoce des boisements et le non-respect des règles de sylviculture. Les dangers de la monoculture à grande échelle et la réduction de la biodiversité seront évités en augmentant le nombre d’espèces plantées. 4.7.6 Les boisements communautaires seront réalisés à proximité des plantations domaniales et seront soumis au régime de gestion participative appelé « cogestion » ou gestion contractuelle, caractérisée par l’existence d’un plan concerté d’aménagement simple et de gestion des boisements dégageant des quotas de prélèvement annuels qui consacrent une marge maximale de maintien et de restauration du potentiel productif pour une durée de 7-10 ans. Il est recommandé de relancer parallèlement les initiatives de réduction des consommations de bois et d’économie d’énergie à travers la re-dynamisation de l’utilisation des foyers améliorés, la promotion de l’utilisation des produits substituts du bois (énergie solaire, gaz, briquettes, etc.) à travers une intense collaboration avec les services compétents. 4.7.7 Suivi environnemental : La surveillance environnementale sera assurée par la Direction de l’Environnement, qui veillera à ce que l’application effective des mesures produise les effets attendus sur la base d’indicateurs de suivi préalablement définis au moyen d’une consultation de courte durée. Seront concernés, des indicateurs spécifiques tels que la qualité des sols, les phénomènes d’érosion, l’évolution des peuplements, etc. Un autre prestataire de services ayant les outils et la compétence nécessaires sera sollicité pour procéder à l’évaluation effective des effets des mesures d’atténuation du projet dans le cadre des activités de suivi-évaluation du projet. Une allocation budgétaire de 110 millions BIF a été faite pour couvrir les activités de suivi environnemental et social.

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4.8 Impact social 4.8.1 Les actions envisagées dans le cadre du projet entraîneront un accroissement du revenu moyen net de 63.456 BIF en année de croisière (5ème année). Le projet générera des salaires d’environ 5,6 milliards de BIF aux populations (hommes et femmes) travaillant sur les chantiers de travaux à haute intensité de main d’œuvre. Cette augmentation des revenus soulagera les populations les plus pauvres de la zone du projet, notamment les femmes chefs de ménages et les veuves sinistrées de guerre, qui pourront faire face à certaines dépenses d’alimentation, de santé et d’éducation. Le projet induira 28.600 emplois temporaires pour l’ensemble de ses activités. Il permettra aux populations de s’impliquer davantage dans l’aménagement des bassins versants et de satisfaire leurs besoins quotidiens en produits ligneux sans s’attaquer aux formations naturelles et aux plantations domaniales. La promotion de pépiniéristes privés et l’encadrement des groupements et associations de planteurs seront des avantages du projet. La mise en place des plantes fourragères donnera de l’alimentation au bétail et au petit cheptel qui pourra profiter aux populations. La formation de 2.000 paysans dont 40% de femmes, l’encadrement de 46.800 producteurs dont 58% de femmes et les échanges d’expériences qui toucheront 50 membres des associations, dont 40% de femmes, permettront de renforcer leur capacité et d’améliorer la structuration du monde rural. 4.8.2 Le projet accordera une place importante aux femmes qui tireront les bénéfices de la plupart des activités d’agroforesterie, de maraîchage, d’apiculture et de production de plants forestiers, agroforestiers et fruitiers. Il leur permettra d’augmenter leur production agricole à travers l’encadrement de leurs associations et groupements pour l’utilisation des techniques de conservation des eaux et du sol. La vulgarisation des foyers améliorés réduira le temps de recherche du bois qui est l’une de leurs principales corvées. Les dispositifs anti-érosifs permettront la maîtrise de l’eau et son utilisation efficace dans les champs de culture. 4.8.3 Les activités du projet contribueront à la réduction de la pauvreté dans sa zone d’intervention par une augmentation de la production suite à l’aménagement des bassins versants qui aura un impact positif sur la fertilité des sols et la rétention des eaux. L’implication des populations dans l’exécution des travaux à haute intensité de main d’œuvre leur procurera des ressources financières qui amélioreront leurs conditions de vie. L’ouverture des pistes et des pare-feux contribuera au désenclavement de la zone et facilitera l’évacuation des productions agricoles. 4.9 Coûts du projet 4.9.1 Le coût total du projet est estimé à 16.135 millions de BIF, soit 10,44 millions d’UC, hors taxes et hors douanes. Ce coût se répartit en 8.741 millions de BIF en devises, soit 5,65 millions d’UC et 7.394 millions de BIF en monnaie locale, soit 4,79 millions d’UC. Les tableaux 4.1 et 4.2 ci-dessous, donnent un résumé des coûts du projet par composante et par catégorie de dépenses.

Tableau 4.1 : Résumé des coûts estimatifs du projet par composante

Composantes millions de BIF millions d'UC % M. L Dev. Total M. L Dev. Total Dev. Renforcement des capacités 945 2.002 2.947 0,61 1,30 1,91 68Conservation et amélioration des ressources 3.125 4.316 7.441 2,02 2,79

4,81

58

Amélioration des productions agro-sylvo-pastorales 1.268 1.155 2.423 0,82 0,75

1,57 48

Gestion du projet 1.033 344 1.377 0,67 0,22 0,89 25Coût de base 6.371 7.817 14.188 4,12 5,06 9,18 55Imprévus physiques 379 546 925 0,25 0,35 0,60 58Provision pour hausse des prix 644 378 1.022 0,42 0,24 0,66 36Total 7.394 8.741 16.135 4,79 5,65 10,44 54

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Tableau 4.2 : Résumé du coût du projet par catégorie de dépenses

Catégories Millions de BIF Millions d’UC % M. L Devises. Total M. L Devises Total Devises I. Investissement 1. Travaux 3.728 4.497 8.225 2,42 2,91 5,33 552. Biens 421 961 1.382 0,27 0,62 0,89 703. Services 3.1 Formation et sensibilisation 423 519 942 0,27 0,34 0,61 563.2 Encadrement par les ONG 368 316 684 0,24 0,21 0,45 473.3. Etudes 20 20 40 0,01 0,01 0,02 503.4 Consultation de court terme 98 213 311 0,06 0,14 0,20 703.5 Audit 62 62 124 0,04 0,04 0,08 503.6 Assistance technique 0 590 590 0,00 0,38 0,38 100II. Charges récurrentes 4. Personnel 423 0 423 0,27 0,00 0,27 05. Fonctionnement 828 640 1.468 0,54 0,41 0,95 43Coût de base du projet 6.371 7.818 14.189 4,12 5,06 9,18 55Imprévus Physiques 379 546 925 0,25 0,35 0,60 58Provision hausse des prix 644 377 1.021 0,42 0,24 0,66 36Coût total du projet 7.394 8.741 16.135 4,79 5,65 10,44 54

4.9.2 Les coûts ont été estimés sur la base des prix en vigueur au Burundi au mois d’octobre 2005. Il a été appliqué un taux d’imprévus physiques de 10 % sur les travaux et équipements. Une provision pour hausse des prix de 4 % sur les coûts en monnaie locale et de 2% sur les coûts en devises a été appliquée sur l’ensemble des catégories. L’enveloppe totale correspondant aux imprévus physiques (925 millions de BIF) et à la provision pour hausse des prix (1.021 millions de BIF), se chiffre à 1,26 millions d’UC, soit environ 12 % du coût total du projet. 4.10 Sources de financement et calendrier des dépenses 4.10.1 Le projet sera cofinancé conjointement par un don du FAD à hauteur de 9,00 millions d’UC, soit 86%, ainsi que par le Gouvernement de Burundi pour 1,07 million d’UC soit 10% et les bénéficiaires à hauteur de 0,37 million d’UC, soit 4% conformément aux tableaux 4.3 et 4.4 ci-après. Le Gouvernement prendra en charge le coût des locaux du projet, des six véhicules 4X4, de deux camions et de deux tracteurs acquis dans le cadre de projets antérieurs. Il financera également les salaires du personnel détaché et une partie des frais de fonctionnement de l’équipe d’exécution du projet. Les bénéficiaires prendront en charge une partie des coûts des travaux relatifs aux plantations privées, à l’agroforesterie et à la conservation des eaux et à leur entretien.

Tableau 4.3 : Sources de financement

Sources millions de BIF millions d'UC % Mon. loc. Devises Total Mon. loc. Devises Total Total Don du FAD 5.551 8.352 13.903 3,59 5,41 9,00 86Gouvernement 1.275 389 1.664 0,83 0,24 1,07 10Bénéficiaires 568 0 568 0,37 0,00 0,37 4Coût total du projet 7.394 8.741 16.135 4,79 5,65 10,44 100

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Tableau 4.4 : Dépenses par catégorie et par source de financement (millions UC) Sources de financement Don FAD GVT BNF Total M.L Dev. Total M.L Dev. Total M.L M.L Dev. Total CATEGORIES I. Investissement 1. Travaux 1,59 2,91 4,50 0,57 0,00 0,57 0,26 2,42 2,91 5,332. Biens 0,27 0,43 0,70 0,00 0,19 0,19 0,00 0,27 0,62 0,893. Services 3.1 Formation et sensibilisation 0,27 0,34 0,61 0,00 0,00 0,00 0,00 0,27 0,34 0,613.2 Encadrement par les ONG 0,24 0,21 0,45 0,00 0,00 0,00 0,00 0,24 0,21 0,453.3. Etudes 0,01 0,01 0,02 0,00 0,00 0,00 0,00 0,01 0,01 0,023.4 Consultation de court terme 0,06 0,14 0,20 0,00 0,00 0,00 0,00 0,06 0,14 0,203.5 Audit 0,04 0,04 0,08 0,00 0,00 0,00 0,00 0,04 0,04 0,083.6 Assistance technique 0,00 0,38 0,38 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,38 0,38II. Charges récurrentes 4. Personnel 0,22 0,00 0,22 0,05 0,00 0,05 0,00 0,27 0,00 0,275. Frais fonctionnement 0,30 0,41 0,71 0,18 0,00 0,18 0,06 0,54 0,41 0,95Coût de base du projet 3,00 4,87 7,87 0,80 0,19 0,99 0,32 4,12 5,06 9,18Imprévus physiques 0,26 0,29 0,55 0,01 0,02 0,03 0,02 0,29 0,31 0,60Hausse des prix 0,33 0,25 0,58 0,02 0,03 0,05 0,03 0,38 0,28 0,66Coût total du projet 3,59 5,41 9,00 0,83 0,24 1,07 0,37 4,79 5,65 10,44

4.10.2 Le don du FAD couvrira 84 % du coût total du projet, soit 9,00 millions d’UC, dont 5,41 millions d’UC en devises et 3,59 millions d'UC en monnaie locale. Il couvrira 96 % des coûts en devises et 75% des coûts en monnaie locale. 4.10.3 Les dépenses du projet s’effectueront conformément aux calendriers des dépenses indiqués dans les tableaux ci-dessous (y compris les provisions pour imprévus physiques et hausse des prix).

Tableau 4.5 : Calendrier des dépenses par composante (en millions UC)

Composante 2006 2007 2008 2009 2010 Total Renforcement des capacités 0,74 0,70 0,22 0,24 0,15 2,05 Conservation et amélioration des ressources 0,83 1,14 1,23 1,19 1,21 5,60 Amélioration des productions agro-sylvo-pastorales 0,43 0,33 0,33 0,34 0,37 1,80 Gestion du projet 0,65 0,10 0,08 0,08 0,08 0,99 Total 2,65 2,27 1,86 1,85 1,81 10,44

Tableau 4.6 : Calendrier des dépenses par source de financement (en millions UC)

Sources de financement 2006 2007 2008 2009 2010 Total Don du FAD 1,91 2,16 1,70 1,64 1,59 9,00Gouvernement 0,70 0,04 0,08 0,12 0,13 1,07Bénéficiaires 0,04 0,07 0,08 0,09 0,09 0,37Total 2,65 2,27 1,86 1,85 1,81 10,44

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5. Exécution du projet 5.1 Organe d’exécution 5.1.1 La coordination générale du projet incombera au Département des Forêts, sous la responsabilité d’un Directeur de projet, qui signera un contrat de performance. L’équipe du projet sera chargée de la gestion des activités quotidiennes liées à son exécution, entre autres : la passation des marchés, la préparation des DAO, des TDR et des lettres d’invitation ; la coordination et la supervision des activités des différents opérateurs qui interviennent dans l’exécution des activités ; le contrôle et la réception des biens, services et travaux acquis dans le cadre du projet ; la préparation des demandes de paiement ; la consolidation et la préparation des comptes ; l’élaboration des programmes d’activités et des budgets, des rapports trimestriels d’avancement et des rapports annuels d’exécution des programmes; le suivi et l’évaluation interne des activités réalisées et la concertation avec les services des Ministères concernés, les autres partenaires au développement et la société civile sur le déroulement de ses activités, la réalisation des études d’impact et la gestion du compte spécial. 5.1.2 En plus du Directeur du projet, l’équipe d’exécution comprendra un ingénieur agroforestier - chef de l’équipe technique, un responsable du suivi-évaluation, un ingénieur agronome, un responsable financier, un responsable chargé de la gestion administrative, un responsable du matériel roulant, deux aide-comptables et un cartographe. Elle aura également un personnel d’appui composé de deux secrétaires, cinq chauffeurs et un planton. Elle sera représentée sur le terrain par deux antennes, localisées à Mahwa et à Muyinga. Au niveau provincial, l’équipe travaillera en étroite collaboration avec les Directions provinciales de l’agriculture et de l’élevage. Chaque antenne comprendra un Ingénieur forestier jouant le rôle de Chef d’antenne, un responsable du suivi-évaluation, un/une secrétaire, un chauffeur et un planton-gardien. L’équipe sera appuyée par une assistance technique pour l’exécution des activités du projet, qui comprendra un expert en aménagement forestier, un expert en gestion administrative et financière et un expert en développement communautaire. Un spécialiste en passation de marchés sera également recruté. L’équipe d’exécution sera dotée en moyens techniques, financiers et matériels nécessaires à la bonne exécution des activités. 5.2 Dispositions institutionnelles 5.2.1 L’orientation et le pilotage des activités du projet seront assurés par un comité de pilotage qui sera présidé par le Directeur Général de l’Aménagement du territoire, du tourisme et de l’environnement, représentant son Ministre. Ce comité sera composé d’un représentant de chaque ministère concerné par le projet. Il s’agit notamment des Ministères des finances, de l’Agriculture et de l’élevage et de la planification du développement et de la reconstruction, du Directeur du Département des forêts, du Directeur général de l’Institut national pour l’environnement et la conservation de la nature, du Directeur général de l’Institut des sciences agronomiques du Burundi, du Directeur du Génie rural et de la protection du patrimoine foncier, de deux représentants d’ONG et de quatre représentants d’associations et groupements de producteurs dont 50% de femmes. Le Secrétariat de ce comité sera assuré par le Directeur du projet. Le Comité a pour tâches d’approuver les programmes d’activités et les budgets annuels, de veiller à l’application des recommandations des différentes missions, en particulier les missions de supervision de la Banque. Il sera destinataire des rapports périodiques des activités du projet, des rapports d’audit des comptes et des rapports de suivi-évaluation. Il se réunira au moins deux fois par an et pourra s’adjoindre toute personne dont les compétences pourront servir à une meilleure exécution et une gestion harmonieuse du projet. Au niveau de chaque province, il sera constitué un comité local de coordination présidé par le Directeur provincial de l’agriculture et d’élevage et composé de quatre membres des associations et de groupements de producteurs, de deux représentants des ONG et de trois responsables techniques provinciaux, dont 40% de femmes. Les

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représentants de ces comités provinciaux de coordination siégeront au Comité de pilotage. Ces comités se réuniront une fois par trimestre et participeront à la planification des activités et au choix des sites. Les représentants des bailleurs de fonds qui ont des opérations dans les provinces couvertes participeront dans ces comités en tant qu’observateurs. 5.2.2 L’exécution des activités de productions des plants et des travaux HIMO pour les plantations, l’ouverture et l’entretien des pistes et parefeux, ainsi que la mise en place des ouvrages anti-érosifs seront assurées par les groupements et associations de producteurs sélectionnés par appel à la concurrence. La gestion des plantations communautaires sera assurée par les groupements et associations de producteurs avec lesquels le Département des forêts signera des conventions de gestion communautaire des ressources. Les activités d’agroforesterie, d’apiculture, de plantations fruitières et de dispositifs anti-érosifs dans les champs de cultures se feront par les propriétaires des parcelles avec l’encadrement technique du projet. Les formations seront assurées par des institutions spécialisées sur la base d’une liste restreinte. La fourniture des semences améliorées et des plants sera assurée par l’ISABU et les centres semenciers spécialisés avec lesquels le projet signera des conventions dont les projets seront soumis à l’approbation préalable de la Banque. L’équipe du projet travaillera en étroite collaboration avec les Directions provinciales de l’agriculture et de l’élevage (DPAE) des provinces couvertes pour une meilleure coordination des interventions. 5.2.3 La gestion financière du projet sera assurée conformément aux dispositions en vigueur dans le pays et celles de la Banque Africaine de Développement. Le système comptable en place est jugé satisfaisant. Un manuel de procédures administratives, financières et comptables et un manuel de passation des marchés communautaires seront élaborés au démarrage du projet en conformité avec les règles de procédures de la Banque Africaine de Développement. 5.3 Calendrier d’exécution et de supervision Le projet sera exécuté sur une période de cinq années selon le calendrier prévisionnel d’exécution présenté dans le tableau 5.1 ci-dessous.

Tableau 5.1 : Calendrier d’exécution et de supervision Activités/Actions Responsable Début Fin Approbation par le Conseil FAD 02/2006 02/2006 Signature du Protocole de Don GVT/FAD 04/2006 04/2006 Note générale d’acquisition GVT/FAD 05/2006 05/2006 Recrutement personnel du projet GVT/Partenaires 05/2006 07/2006 Premier décaissement GVT/FAD 06/2006 08/2006 Mission de lancement/ateliers FAD/Partenaires 06/2006 08/2006 Préparation LR et DAO CEP 06/2006 12/2006 Mise en place Comptabilité/Manuel de procédures Consultant/CEP 12/2006 02/2007 Démarrage des activités GVT/CEP/Partenaires 06/2006 08/2006 Supervision technique et financière FAD Chaque 6 mois Revue à mi-parcours FAD/CEP/Consultants 06/2008 07/2008 Audit des comptes Consultant 06/2007 06/2010 Mission Rapport d’achèvement FAD/Partenaires 10/2010 12/2010

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5.4 Dispositions relatives à l’acquisition des travaux, biens et services 5.4.1. Les dispositions relatives à l’acquisition sont résumées dans le tableau 5.2 ci-après. Toute acquisition de biens, travaux et services financés sur le FAD se fera conformément aux règles de procédure de la Banque pour l’acquisition des biens et travaux ou selon les cas, aux règles de procédure de la Banque pour l’utilisation des consultants, en utilisant les dossiers-types d’appels d’offres appropriés.

Tableau 5.2 :Dispositions relatives à l’acquisition des travaux, biens et services (en millions d’UC) AON Autres L. R F. Autre que

FAD Total

1. Travaux 1.1 Construction Bâtiments 0,34 [0,34] 0,57 0,91 [0,34] 1.2 Travaux dans les plantations domaniales et communautaires

3,60 [3,24] 3,60 [3,24]

1.3 Travaux d’agroforesterie et de conservation des eaux et sols

0,16 [0,15] 0,16 [0,15]

1.4 Production de plants forestiers et agroforestiers

1,60 [1,60] 1,60 [1,60]

2. Biens 2.1 Matériel roulant 0,17 [0,17] 0,20 0,37 [0,17] 2.2 Équipement informatique et de bureau

0,40 [0,40] 0,40 [0,40]

2.3 Matériels agricoles 0,03 [0,03] 0,03 [0,03] 2.4 Intrants agricoles 0,19 [0,19] 0,19 [0,19 3 Services 3.1 Formation/sensibilisation 0,65 [0,65] 0,65 [0,65] 3.2 Encadrement par les ONG 0,47 [0,47] 0,47 [0,47] 3.3 Études 0,03 [0,03] 0,03 [0,03] 3.4 Consultations de courte durée 0,21 [0,21] 0,21 [0,21] 3.5 Audit 0,09 [0,09] 0,09 [0,09] 3.6 Assistance technique 0,39 [0,39] 0,39 [0,39] 4. Divers 4. Personnel 0,29 [0,29] 0,01 0,30 [0,29] 6. Fonctionnement 0,75 [0,75] 0,29 1,04 [0,75] Total 2,54 [2,54] 5,20 [4,83] 1,63 [1,63] 1,07 10,44 [9,00] Note : - La liste restreinte s'applique à l'utilisation des consultants uniquement.

- "Autre" renvoie à AOR, marchés communautaires, Consultation de fournisseurs à l'échelon international ou national, Marché gré à gré ou Travaux en régie.

- Les chiffres entre parenthèses concernent les montants financés par le FAD. - Financements autres que le FAD : financement par le Gouvernement selon ses procédures. 5.4.2. Les lois et réglementations nationales concernant la passation des marchés au Burundi ont été examinées et jugées acceptables. 5.4.3 Travaux : L’acquisition des travaux de construction des bâtiments, d’un montant de 0,34 million et de production de plants forestiers et agro-forestiers d’un montant total de 1,60 million d’UC se fera selon les procédures d’appel d’offres national (AON). Les travaux seront exécutés en plusieurs endroits et regroupés en plusieurs lots. Le montant de chaque marché ne dépassera pas 35.000 d’UC. En conséquence, ils ne vont pas susciter l’intérêt des entreprises extérieures au pays.

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L’acquisition des travaux dans les plantations domaniales et communales (opération de plantation et d’entretien des jeunes plants, ouverture et entretien des pare-feux, ouverture annuelle des pistes d’accès et des coupe-feux), d’un montant de 3,60 millions d’UC, d’agroforesterie et de conservation des eaux et sols (installation de courbes de niveau et de fossés anti-érosifs), d’un montant total de 0,16 million d’UC se fera selon la procédure de passation des marchés communautaires. Les travaux seront réalisés par la méthode HIMO avec la participation des bénéficiaires, dans le cadre des travaux d’agroforestrie et de conservation des eaux et sols, sous forme de matériaux locaux et de main d’œuvre. 5.4.4 Les modalités de passation des marchés communautaires seront définies dans un manuel de procédures qui sera proposé par le Gouvernement et devra être approuvé par la Banque avant sa mise en application. La conformité aux règles d’acquisition du FAD, notamment les « Directives pour la passation des marchés communautaires » sera requise dans les dispositions de ce manuel. 5.4.5 Compte tenu du nombre important de petits contrats qui seront traités dans le cadre des marchés communautaires et de la nécessité d’accélérer la mise en oeuvre des infrastructures communautaires, les contrats relatifs à l’acquisition des travaux, d’un montant maximum de 35.000 UC, seront approuvés par l’équipe du projet et seront soumis à un examen à posteriori par le FAD. Les documents d’acquisition, y compris les demandes de listes de prix, les fiches d’évaluation et d’attribution des contrats seront conservés au Département des forêts pour examen périodique par les missions de supervision. Les informations sur le processus d’acquisition seront collectées par l’équipe d’exécution chaque trimestre et seront détaillées dans le rapport d’avancement trimestriel du projet à soumettre au FAD. 5.4.6 Biens : L’acquisition de véhicules et des motos, d’un montant de 0,37 million d’UC, de mobilier de bureaux, d’équipement (matériel informatique, photocopieurs, fax et téléphone) d’un montant total de 0,40 million d’UC et de matériel agricole d’un montant total de 0,03 million d’UC se fera selon les procédures d’appel d’offres national (AON). Les fournisseurs sont disponibles sur place et la nature des biens et le montant maximum de chaque marché (50.000 UC) ne susciteront pas l’intérêt des entreprises extérieures au pays. La fourniture de semences améliorées et de plants d’agrumes d’un montant de 0,19 million d’UC se fera sur la base de convention avec l’ISABU et les centres semenciers spécialisés. Ces derniers sont les seuls organismes à même de fournir les semences et plants de qualité. 5.4.7 Services: L’acquisition des services des prestataires chargés de la formation et de la sensibilisation, d’un montant de 0,65 millions d’UC, de l’encadrement d’un montant de 0,47 million d’UC, de l’assistance technique, d’un montant de 0,39 million d’UC, des études de 0,03 million d’UC et des audits annuels d’un montant de 0,09 million d’UC se fera sur la base d’une liste restreinte. La procédure de choix sera celle qui repose sur l’évaluation technique avec la prise en compte du prix de la proposition. Les consultations de court terme allant de quelques semaines à un ou deux mois, d’un montant total de 0,21 million d’UC, se fera selon la procédure de gré à gré. 5.4.8 Divers : Le personnel contractuel du projet d’un montant de 0,29 million d’UC sera recruté selon une procédure compétitive. Leurs indemnités seront prises en charge par le FAD. Les fournitures diverses nécessaires au fonctionnement du projet, d’un montant de 0,75 million d’UC, seront acquises par consultations de fournisseurs à l’échelon national. Le montant de chaque marché ne dépassant pas 20.000 UC. 5.4.9 Le texte d’une note d’information générale sur l’acquisition (NGA) adopté avec le Gouvernement du Burundi sera émis pour publication dans Development Business, dès approbation par le Conseil d’administration de la proposition de don.

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5.4.10 Procédures d’examen : Les documents suivants seront soumis à l’examen et à l’approbation de la Banque avant d’être publiés : i) notes d’information spécifique sur l’acquisition ; ii) Dossiers d’appel d’offres ou lettres d’invitation aux Consultants ; iii) Rapports d’évaluation des offres des entreprises et fournisseurs ou des propositions de consultants comportant les recommandations sur l’attribution des marchés. L’avis préalable de la Banque sur le rapport d’analyse technique des offres relatives aux consultants est requis ; iv) Projet de contrats, si ceux-ci ont été modifiés et incorporés dans les dossiers de l’avis d’appel d’offres. 5.5 Dispositions relatives aux décaissements 5.5.1 La gestion financière des ressources du Don sera assurée conformément aux règles de procédures du Fonds africain de développement (FAD). Les ressources destinées au fonctionnement du projet seront déposées dans un compte spécial ouvert auprès de la Banque de la République du Burundi (BRR). Ce compte sera approvisionné par un versement initial sur la base d'un programme de dépenses de 4 mois d'activités, élaboré par l’organe d'exécution et préalablement approuvé par la Banque. Il sera reconstitué périodiquement, sur présentation d'une demande et après justification de l'utilisation d'au moins 50 % du transfert précédent, conformément aux procédures de la Banque. Les décaissements au titre de la passation des marchés des biens, services et travaux seront faits par paiement direct aux fournisseurs, prestataires de service et entreprises concernés. 5.5.2 Les fonds du FAD destinés au fonctionnement du projet et ceux de la contrepartie gouvernementale seront logés dans deux comptes ouverts à cet effet à la Banque de la République du Burundi (BRB). Le compte spécial et le compte destiné à recevoir la contrepartie du Gouvernement feront l'objet d'audit annuel au même titre que les activités du projet. La gestion financière et la comptabilité du projet seront gérés à l’aide du logiciel professionnel qui sera acquis dès le démarrage du projet. Le budget du projet sera géré et suivi par catégorie de dépenses. 5.6 Suivi et évaluation 5.6.1 Le suivi-évaluation interne des activités du projet, qui est permanent, sera exécuté par l’équipe constituée à cet effet au niveau du Département des forêts et composée des responsables de suivi-évaluation, sous la supervision du Directeur du projet, et avec l’appui de l’assistance technique, et des ministères concernés par les activités du projet. Il sera réalisé, à cet effet, un suivi des activités et des réalisations par rapport au contenu de la matrice du projet. Un accent particulier sera donné au suivi des impacts sur l’environnement ainsi que les mesures prises pour leur atténuation et les impacts socio-économiques sur les groupes cibles (hommes et femmes). A cet effet, le projet effectuera, dès son démarrage, une enquête socio-économique de base désagrégée par genre pour déterminer la situation de référence des bénéficiaires et définir les indicateurs de performance à suivre. Un suivi continu des effets et impacts du projet sur les groupes cibles sera ainsi réalisé, à travers la constitution d’échantillons représentatifs des bénéficiaires hommes et femmes dans chacune des provinces. Deux autres enquêtes seront réalisées, à la 3ème année et la dernière année du projet pour apprécier la performance et l’impact du projet sur la base des différents indicateurs retenus. 5.6.2 Le suivi-évaluation couvrira également le taux de réalisation des infrastructures et aménagements ; l’implication effective des ONG et des communautés de base ; l’utilisation des moyens humains, financiers et matériels du projet. Un planning détaillé des différents travaux prévus et des formations sera établi pour toute la durée du projet, et fera l’objet d’une évaluation régulière dans le cadre des rapports d’exécution trimestriels à soumettre à la Banque, auxquels il sera annexé. 5.6.3 Pour la gestion des informations issues du suivi-évaluation, il sera mis en place un système d’information et de gestion. Ce système comprendra : (i) une base de données désagrégée par genre qui va comporter les données du cadre logique du projet, le détail des activités des différentes

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composantes, le détail des réalisations, les informations sur les bénéficiaires, les acquisitions des biens et services, les données socio-économiques, la situation de l’environnement, etc. ; (ii) un système d’information permettant de suivre l’historique des différentes interventions du projet et des caractéristiques socio-économiques des sites et bénéficiaires (hommes et femmes) du projet, et (iii) un tableau de bord permettant de suivre les principaux indicateurs de performance du projet pour une meilleure planification de ses activités. Des rapports trimestriels sur l’état d’avancement du projet, comportant les informations pertinentes fournies par le système d’informations, seront préparés par l’équipe du suivi-évaluation et communiqués régulièrement aux différents acteurs concernés (Banque, Comité de pilotage, ministères concernés, etc.). 5.6.4 Suivi-évaluation externe : Il sera assuré par un comité technique de suivi-évaluation externe du projet, composé de la Direction Générale de l’Aménagement du territoire, de l’environnement et du tourisme (Président), des responsables de l’Institut national pour l’environnement et la conservation de la nature (INECN), de la Direction de l’environnement et de la Direction du suivi-évaluation du Ministère de l’Agriculture et de l’élevage. Ces structures veilleront à la coordination entre les différentes interventions, d’une part, et assureront la concordance entre les objectifs nationaux et ceux du projet, d’autre part, en vue de proposer, le cas échéant les ajustements nécessaires. Ce comité effectuera des missions sur le terrain et élaborera un rapport de suivi recommandant les actions à mettre en œuvre pour lever les contraintes éventuelles constatées et améliorer les impacts du projet. Ce rapport de suivi doit être communiqué au FAD pour information. En plus des missions de supervision de la Banque, prévues deux fois par an, il est également prévu, au cours de la troisième année d’exécution, une évaluation à mi-parcours des acquis du projet par rapport aux objectifs assignés. 5.6.5 Rapports : Le Département des forêts soumettra à la Banque les rapports suivants : (i) rapports trimestriels d’avancement, (ii) rapports annuels d’activités, (iii) rapports financiers annuels, (iv) rapport d’évaluation à mi-parcours et (v) rapport d’achèvement du projet, qui sera présenté à la Banque à la fin du projet. Elle fournira un rapport semestriel sur le suivi des autres questions transversales. 5.7 Rapports financiers et rapports d’audit

Le service financier du projet tiendra un système de comptabilité pour l’ensemble de ses activités. Il tiendra des registres comptables séparés où figureront clairement toutes les dépenses engagées par le FAD et la contrepartie gouvernementale. Des consultants seront recrutés en première année pour : (i) élaborer un manuel de procédures administratives, comptables et financières et mettre en place un système informatisé de gestion financière ; et (ii) élaborer un manuel de passation de marchés communautaires. Des cabinets d’audit externes seront recrutés pour vérifier et valider une fois par an la comptabilité, les fonds de roulement et les comptes du projet. Les rapports d’audit sont soumis au Gouvernement et au FAD, six mois après la fin de l’exercice budgétaire concerné. La non soumission du rapport d’audit entraînera la suspension des décaissements. 5.8 Coordination de l’aide 5.8.1 Au cours de la préparation du présent projet, les actions prévues ont été discutées en détail avec tous les partenaires financiers qui sont représentés à Bujumbura et qui interviennent pour la plupart dans le sous-secteur forestier et environnemental. Les actions de tous ces partenaires sont complémentaires et l’objectif ultime reste le même, à savoir la lutte contre la pauvreté et la préservation de l’environnement. Leurs expériences et les leçons tirées de l’exécution des projets similaires ont été prises en considération dans la conception du projet (cf. para 4.1.3 et 4.1.5).

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5.8.2 Un Cadre de partenariat Gouvernement/partenaires au développement, relatif aux appuis budgétaires, a été initié par l’Union européenne, la Belgique, la France, le PNUD, la Banque mondiale. Ce cadre, qui a été signé par le Gouvernement, vise à accroître l’efficacité de l’aide, à travers notamment : (i) le renforcement du dialogue entre le Gouvernement et les partenaires afin de tenir compte des priorités du Gouvernement énoncées dans le CSLP ; (ii) la convergence des procédures des partenaires ; (iii) la cohérence et la complémentarité entre les conditionnalités des différents bailleurs, en retenant dans les programmes d’appui budgétaire les critères et les indicateurs tirés du CSLP, de la FRPC, du programme de réforme et des documents de politique sectorielle ; (iv) l’amélioration de la prévisibilité des flux de l’appui budgétaire des partenaires ; et (v) le renforcement des capacités de l’administration économique et financière du Burundi. 5.8.3 Pour atteindre les objectifs du Cadre de partenariat, les bailleurs de fonds ont invité le Gouvernement à organiser de manière concomitante les revues des finances publiques et du CSLP. Au terme de ces évaluations conjointes, les partenaires signataires présenteront au Gouvernement un aide-mémoire commun explicitant leurs appréciations et leurs recommandations. Au cours du dialogue qui s’en suivra, les parties prenantes devront parvenir à un consensus sur l’évaluation de la performance du Gouvernement en matière de réduction de la pauvreté et des réformes des finances publiques. La Banque a signé le Cadre de partenariat, conjointement, avec les autres partenaires au développement. Ce cadre de partenariat permettra également une concertation sur les interventions sectorielles des différents bailleurs de fonds. Ainsi, les interventions dans le sous secteur forestier et environnemental seront coordonnées entre les partenaires au niveau de la Direction générale de l’Aménagement du territoire, de l’environnement et du Tourisme. Le présent projet s’insère parfaitement dans l’ensemble des actions des autres bailleurs et s’exécutera en harmonie et e, complémentarité avec les différentes actions en cours ou prévues. 6. Durabilité et risques du projet 6.1 Charges récurrentes : Les charges récurrentes sont estimées à 1,69 millions d’UC dont 1,25 million d’UC financé par le FAD, 0,36 million d’UC par le Gouvernement et 0, 08 par les bénéficiaires, durant les cinq années du projet. Elles comprennent l’entretien des bâtiments du projet, du matériel et équipements et du matériel roulant, et les salaires du personnel. A la fin du projet, le Gouvernement ne supportera que les frais d’entretien du matériel et les salaires des surveillants des boisements domaniaux. Le personnel du projet, autres que les fonctionnaires en détachement, n’induit pas de charges récurrentes car il sera recruté selon des contrats à durée déterminée ne dépassant pas la durée du projet. Les charges récurrentes après la fin du projet, estimées annuellement à 155 millions de BIF, seront financées par le Budget extraordinaire d’investissement (BEI) alimenté en ce qui concerne le sous secteur forestier principalement par : (i) les recettes provenant des taxes forestières ; (ii) les recettes provenant des autorisations de transports du bois et autres produits forestiers ; (iii) trente pour cent du montant des amendes et transactions forestières; (iv) trente pour cent du montant des recettes provenant des permis de coupe ; (v) les recettes provenant de l’exploitation de la faune ; (vi) les subventions allouées par l’Etat ; et (vii) les dons et legs. Les recettes générées par les différentes taxes sont estimées à 350 millions de BIF. L’évolution des charges récurrentes durant les cinq années du projet est donnée dans le tableau ci-après :

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Tableau 6.1 : Evolution des charges récurrentes par source de financement (millions d’UC)

Sources de financement 2006 2007 2008 2009 2010 TotalFAD 0,21 0,28 0,27 0,25 0,24 1,25Gouvernement 0,04 0,04 0,08 0,10 0,10 0,36Bénéficiaires 0,00 0,00 0,00 0,04 0,04 0,08Total Coûts récurrents 0,25 0,32 0,35 0,39 0,38 1,69

6.2 Durabilité du projet Le projet s’inscrit dans le cadre de la durabilité de ses activités. En effet, l’objectif est de restaurer le couvert végétal sur les bassins versants tout en sécurisant la fertilité des terres et les productions agricoles, pastorales et forestières. Les populations bénéficiaires participeront directement à la planification et à la mise en œuvre de toutes les activités du projet. Cette implication des populations et leur responsabilisation dans la gestion des plantations communautaires est de nature à garantir la durabilité des actions, à renforcer leur capacité de sauvegarde de l’environnement et à leur procurer des ressources additionnelles. Les recettes générées par les taxes forestières permettront au Gouvernement d’assurer un suivi régulier et l’entretien des réalisations des projets de foresterie et de gestion environnementale et d’envisager des actions d’envergure pour la protection des bassins versants et de l’environnement en général. La formation envisagée des populations et des cadres de l’administration forestière renforcera leur capacité et créera les conditions d’un développement durable du sous secteur, en favorisant l’émergence de groupements et associations de producteurs plus dynamiques et de professionnels forestiers mieux équipés pour assurer la gestion durable des ressources. Les expériences acquises dans l’exécution du projet de reforestation de Bukirasazi et des autres projets similaires montrent que l’adhésion des populations aux programmes d’aménagement des bassins versants constitue le gage de la durabilité des actions. Les aménagements qui seront exécutés à la demande des bénéficiaires, seront réalisées avec des techniques simples, adaptées et facilement maîtrisables par les populations. 6.3 Principaux risques et mesures d’atténuation Les principaux risques prévisibles sont les suivants : a. La fragilité du processus de paix tant au niveau interne qu’au niveau sous régional constitue un risque majeur qui pourrait entraver la bonne exécution de la stratégie de la Banque au Burundi en général et limiter l’impact du projet. Même si des progrès importants ont été réalisés, au plan de la consolidation du processus démocratique, il n’en demeure pas moins que la paix interne reste encore fragile. La mise en oeuvre de la FRPC, en 2004, jugée satisfaisante par les deux revues conjointes FMI/IDA/BAD, en dépit du contexte politique et de forte pression sociale, constitue une marque de la détermination du Gouvernement à restaurer les équilibres fondamentaux de l’économie. La volonté du Gouvernement à consolider la paix ainsi que le soutien envisagé par la communauté internationale devraient permettre de créer les conditions d’une mise en œuvre satisfaisante de l’assistance de la Banque au Burundi ; b. Les aléas climatiques, notamment la sécheresse, qui ont perturbé l’équilibre écologique du pays ces dernières années peuvent constituer un risque pour la réussite des activités, notamment les plantations et activités d’agroforesterie. Avec les actions de maîtrise de l’eau prévues à partir des retenues collinaires et les actions de lutte contre l’érosion des sols, ce risque pourrait être atténué ; c. La faiblesse des capacités institutionnelles est également un risque qui pourrait entraver la réalisation des objectifs assignés au projet. Les éléments d’atténuation de ce risque sont illustrés par le soutien de plusieurs partenaires au développement dans le secteur. L’ampleur de la faiblesse

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des capacités ainsi que les besoins immenses dans ce domaine est une des justifications de la composante relative au renforcement des capacités. Ce risque sera atténué par les programmes de sensibilisation, d’encadrement et de formation prévus par le projet. 7. Avantages du projet 7.1 Analyse financière 7.1.1 Le projet contribuera d’une manière appréciable à l’amélioration des revenus des bénéficiaires du projet par l’utilisation rationnelle, soutenue et durable des ressources forestières et le développement des activités génératrices de revenus. Les comptes d’exploitation forestière prévisionnels ont été établis pour une exploitation type d’un hectare de plantation d’Eucalyptus et des recettes additionnelles générées par le Grevillia, et le Cedrela, dont les tableaux détaillés figurent dans le document de travail. L’analyse comparative des situations avec et sans projet montre que le revenu des exploitants forestiers a augmenté. Cette augmentation par rapport à la situation sans projet est de 1,09 millions de BIF. Les activités de foresterie induites par le projet généreront également des taxes supplémentaires estimées à 350 millions de BIF. 7.1.2 En ce qui concerne les spéculations agricoles, le projet touchera au total 750 exploitations agricoles (soit une superficie de 600 ha au total à raison de 0,8 ha par exploitation) et contribuera à l’amélioration des revenus des bénéficiaires du projet. Trois modèles d’exploitation ont été établis : le modèle 1 avec une prédominance banane (sous système banane), le modèle 2 avec une prédominance agrumes (sous système agrumes) et le modèle 3 avec une prédominance avocat (sous système avocat). En année 5 du projet, la marge nette pour l’exploitation type banane passera de 2.132.563 BIF (sans projet) à 4.395.732 BIF (avec projet), soit une marge additionnelle de 2.263.169 BIF. La marge nette pour l’exploitation type agrumes passera de 2.388.296 BIF à 5.200.699 BIF, soit une marge additionnelle de 2.812.403 BIF et celle du type avocat passera de 2.320.963 BIF à 5.023.865 BIF, soit une marge de 2.702.903 BIF. Les pourcentages d’augmentation de la marge nette sont de 106% pour le modèle I (type banane), de 118% pour le modèle 2 (type agrumes) et de 116% pour le modèle 3 (type avocat). 7.2 Analyse économique 7.2.1 L’analyse économique a été effectuée sur la base de la comparaison entre la situation sans projet et la situation avec projet. Les avantages économiques du projet découleront de la hausse de la production de bois de chauffe, d’œuvre et de services, ainsi que sur celle des spéculations agricoles qui feront l’objet d’intensification, à savoir la banane, les agrumes, l’avocat, le maÏs, les haricots, la pomme de terre, l’oignon et la tomate. Avec le projet, les productions forestières additionnelles sont de 2,02 millions de m³ pour l’Eucalyptus, 1,12 millions de m³ pour le Grevillia et 0,3 million de m³ pour le Cedrela. Au niveau des spéculations agricoles, la production additionnelle est estimée à 9.875 tonnes au total dont 2.800 tonnes de bananes, 1.700 tonnes d’agrumes, 1.350 tonnes d’avocat, 116 tonnes de maïs, 74 tonnes de haricot, 954 tonnes de pomme de terre, 480 tonnes d’oignons et 2.400 tonnes de tomate. A partir de l’année de croisière (5ème) du projet, ces productions additionnelles contribueront à la sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté dans les six provinces concernées par le projet. Les revenus avec projet s’établissent à 839.155.318 BIF comparativement aux revenus sans projet de 375.335.518 BIF, soit des revenus additionnels de 463.819.800 BIF. Le revenu moyen par tête s’établit à 761.474 BIF par an. 7.2.2 Le projet bénéficiera à l’économie du pays à travers d’autres effets plus difficilement quantifiables, notamment la conservation des eaux et des sols, l’amélioration des conditions de travail du Département des forêts, la préservation du patrimoine forestier, la protection des bassins

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versants et la constitution d’un corps d’encadreurs spécialisés dans le domaine de la gestion des ressources forestières, ainsi que l’amélioration des techniques culturales et l’utilisation des technologies appropriées de fertilisation des terres par les exploitants agricoles bénéficiaires du projet. L’impact économique du projet a été aussi apprécié en fonction du nombre d’emplois générés et du montant total des salaires versés. Les normes d’utilisation de la main d’œuvre sont basées sur la méthode à haute intensité de main d’œuvre. La répartition des emplois durant toute la durée du cycle de production-exploitation-transformation (33 ans), selon les normes du BIT, montre qu’environ 28.600 emplois seront créés. Les salaires versés seront d’environ 5,6 milliards de BIF. 7.2.3 L’évaluation de la contribution du projet à l’économie nationale repose sur les hypothèses suivantes : (i) l’évaluation des avantages nets du projet est estimée sur une période de 33 ans; (ii) les charges comprennent les coûts d’investissement, les coûts d’entretien et de fonctionnement des infrastructures, le coût de renouvellement des équipements et les coûts variables additionnels de l’exploitation type retenue ; (iii) le coût des investissements, de renouvellement des équipements et les prix des produits forestiers utilisés sont des prix constants (excluant les impôts, droits de douanes, imprévus physiques et hausses de prix) ; (iv) les coûts d’aménagement des plantations domaniales ont été estimés à un quart de leur valeur dans la mesure où ces boisements sont des biens publics et, en général, elles sont à la charge de l’État. En outre, la formation et les activités relatives à l’appui institutionnel ont été exclues des coûts du projet parce que les avantages découlant directement de ces activités ne peuvent pas être facilement quantifiés en termes monétaires ; (v) les prix économiques utilisés sont les prix financiers car les produits ne font pas l’objet de transactions internationales; et (vi) les imprévus physiques et financiers n’ont pas été pris en compte dans les coûts économiques du projet. En termes de rentabilité, le projet affiche un taux de rentabilité économique (TRE) d’environ 15%, et la valeur actualisée nette (VAN) est de 4,2 milliards de BIF au coût d’opportunité du capital de 12%. 7.3 Analyse de l’impact des aspects intersectoriels 7.3.1 Lutte contre la pauvreté : Les actions envisagées dans le cadre du projet entraîneront un accroissement du revenu moyen net des paysans encadrés, de 63.456 BIF. Cet accroissement des revenus soulagera les populations les plus pauvres de la zone du projet, qui pourront désormais supporter certaines dépenses d’alimentation, de santé et d’éducation. Le projet induira 28.600 emplois temporaires dans les travaux de plantations domaniales et communautaires, de conservation des eaux et du sol et de production de cultures vivrières. Le projet favorisera la promotion et le renforcement des capacités des associations de producteurs (hommes et femmes) de boisements privés. Cette situation entraînera une amélioration des indicateurs socio-économiques et une réduction sensible de l’incidence de la pauvreté. Les activités génératrices de revenus comme l’apiculture, le maraîchage et l’arboriculture fruitière participeront à la croissance économique, notamment au bien-être des femmes et des enfants. 7.3.2 Les genres : Les femmes tireront largement profit des actions financées par le projet à travers des emplois à temps plein ou partiel, des formations dispensées aux associations et paysans (dont 40% de femmes) et leur participation au sein des comités locaux de coordination des provinces. En outre, la commercialisation des produits forestiers et vivriers leur permettra d'améliorer leurs revenus et leurs conditions de vie, tout en sauvegardant l'environnement. Les femmes tireront profit de l’encadrement des structures spécialisées qui leur permettront de se raccorder aux réseaux des institutions d’épargne et de crédit, afin de financer des activités rémunératrices et d’accroître les revenus de la famille, mais aussi, de générer des investissements favorables à une meilleure intégration dans l’économie de marché.

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7.3.3 L’approche participative et gouvernance locale : La participation de toutes les parties prenantes découlera : (i) de la création d’une capacité d’autogestion des ressources forestières et pastorales et des boisements communautaires ; (ii) de la responsabilisation accrue des paysans et du développement des ressources humaines conduisant à une meilleure organisation du sous-secteur et (iii) de la participation à la protection de l’environnement, notamment celle des zones sensibles (crêtes dénudées et bassins versants). L’implication des bénéficiaires, notamment les femmes, à la prise de décision au niveau des comités, groupements et associations favorisera une bonne gouvernance locale. Enfin, l’implication de plusieurs producteurs et autres opérateurs en amont et en aval du projet (pépiniéristes, multiplicateurs de semences, exploitants forestiers, commerçants et transporteurs de bois et charbon), favorisera la promotion du secteur privé, ce qui engendrera une distribution de revenus additionnels aux hommes et aux femmes.

7.4 Analyse de sensibilité

7.4.1 L’analyse de sensibilité a été effectuée à partir d’un certain nombre d’hypothèses : (i) l’augmentation des coûts du projet ; (ii) la réduction des bénéfices additionnels du projet dus, soit à la baisse des rendements considérés, soit à celle des prix des produits ; (iii) la survenance des deux hypothèses ainsi évoquées, c’est-à-dire la réduction des bénéfices et l’augmentation des coûts ; et (iv) le retard de deux ans dans la mise en exploitation. Des tests de sensibilité effectués, il ressort les résultats suivants:

Situation T R E

Augmentation des coûts du projet de 10% 14,7% Baisse de rendements entraînant une réduction des bénéfices de 10% 14,1% Augmentation des coûts et réduction des bénéfices de 10 % 13,8% Retard de deux dans la mise en exploitation 12,9%

7.4.2 Ces tests de sensibilité permettent de conclure que le projet reste viable malgré l’augmentation des charges. La sensibilité du TRE à la baisse des recettes sera mitigée par un suivi constant dans l’exécution de toutes les actions du projet afin d’en maintenir le niveau de production de croisière escomptée.

8. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

8.1 Conclusions

8.1.1 Le projet d’aménagement des bassins versants du Burundi s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’intervention de la Banque au Burundi, ainsi que dans le programme de développement du Gouvernement. En effet, le secteur occupe une place prioritaire dans le cadre stratégique intérimaire de croissance économique et de lutte contre la pauvreté (CSLP-I), qui traduit la vision de développement à long terme du Gouvernement avec comme objectif principal la promotion d’une croissance forte et la réduction de la pauvreté. Les actions prévues visent à inverser la tendance de dégradation des terres et des ressources forestières par la plantation de boisements domaniales sur les crêtes des collines dénudées, à protéger les sols contre les effets de l’érosion en installant des dispositifs anti-érosifs, à impliquer les populations dans l’aménagement intégré des bassins versants et par la pratique de l’agroforesterie et autres activités génératrices de revenus leur procurant des ressources financières pour satisfaire leurs autres besoins. Le projet constitue un outil important de mise en œuvre de la stratégie nationale en matière de gestion des ressources naturelles, de protection de l’environnement et de renforcement des capacités. 8.1.2 Le projet permettra de renforcer les capacités nationales en matière de gestion durable des ressources forestières et pastorales par la formation de 2.000 paysans en agroforesterie et lutte anti-érosive, des voyages d’études pour 50 paysans, la sensibilisation et l’encadrement de 46.800 paysans dans les activités d’agroforesterie, de développement des espèces fourragères et de diversification de la production dans leurs exploitations. Le projet, en plus de la protection de

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l’environnement, contribuera à une augmentation de la production forestière par la réalisation de 15.000 ha de plantations domaniales, 1.800 ha de boisements communautaires et 3.750 ha de boisements privés. Il contribuera à une augmentation annuelle des revenus des populations estimée à 761.474 BIF. Le projet permettra en année de croisière (5 ème année), la production de 9.875 tonnes additionnelles de cultures vivrières et maraîchères. Les autres avantages du projet résident dans la création de 28.600 emplois dont 11.400 au bénéfice des femmes, la protection et l’amélioration de 5.800 ha de pâturages naturels par l’intégration agro-sylvo-pastorale, ainsi que la réhabilitation de 35 km d’anciennes pistes en état de dégradation et l’ouverture de 100 km de nouvelles pistes dans les nouvelles plantations. Tel qu’il est conçu, le projet est techniquement réalisable, et est viable du point de vue financier, économique, social et environnemental. Le taux de rentabilité s’établit à environ 15%. 8.2 Recommandations Compte tenu de ce qui précède, il est recommandé qu’un don FAD n’excédant pas 9 millions d’UC soit octroyé à la République du Burundi pour le financement du projet, tel que décrit dans le présent rapport, sous réserve des conditions préalables au premier décaissement suivantes : (i) Fournir au FAD la preuve de la nomination d’un Directeur de projet/ingénieur forestier, de

deux Chefs d’Antennes/ingénieurs forestiers, d’un ingénieur agroforestier, dont les qualifications et les expériences auront été au préalable approuvées par le Fonds (Para. 4.5.18);

(ii) Fournir au FAD la preuve de la mise à disposition par le Gouvernement des infrastructures de

l’ancien Projet de reforestation de Bukirasazi à Mahwa pour abriter l’équipe du projet à Mahwa et Muyinga (Para. 4.5.18).

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ANNEXE 1 : BURUNDI : PROJET D’AMENAGEMENT DES BASSINS VERSANTS (PABV) : CARTE DE LA ZONE DU PROJET

Cette carte a été établie par le personnel du Groupe de la BAD exclusivement à l’usage des lecteurs du rapport auquel elle est jointe. Les dénominations utilisées et les frontières figurant sur la carte n’impliquent de la part du Groupe de la BAD et de ses membres aucun jugement concernant le statut légal d’un territoire ni aucune approbation ou acceptation de ses frontières.

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RÉPUBLIQUE DU BURUNDI PROJET D’AMENAGEMENT DES BASSINS VERSANTS

ANNEXE 2

ORGANIGRAMME DU PROJET

MINISTERE DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE, DE L’ENVIRONNEMENT ET

DU TOURISME

Service technique Service administratif et financier

Antenne Mahwa Antenne Muyinga

Equipe d’Exécution

Associations de producteurs, ONG, Institutions partenaires

Comité de pilotage

Département des forêts

Unité de suivi-évaluation

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RÉPUBLIQUE BURUNDAISE PROJET D’AMENAGEMENT DES BASSINS VERSANTS

ANNEXE 3

LISTE PROVISOIRE DES BIENS ET SERVICES (en millions d’UC)

FAD M.L Devises Total Catégories I. Investissement 1. Travaux 1,59 2,91 4,502. Biens 0,27 0,43 0,703. Services 3.1 Formation et sensibilisation 0,27 0,34 0,613.2 Encadrement par les ONG 0,24 0,21 0,453.3. Etudes 0,01 0,01 0,023.4 Consultation de court terme 0,06 0,14 0,203.5 Audit 0,04 0,04 0,083.6 Assistance technique 0,00 0,38 0,38II. Charges récurrentes 4. Personnel 0,22 0,00 0,225. Frais fonctionnement 0,30 0,41 0,71Coût de base du projet 3,00 4,87 7,87Imprévus physiques 0,26 0,29 0,55Hausse des prix 0,33 0,25 0,58Coût total du projet 3,59 5,41 9,00

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ANNEXE 4

RÉPUBLIQUE BURUNDAISE PROJET D’AMENAGEMENT DES BASSINS VERSANTS

TAUX DE RENTABILITE ECONOMIQUE Années Investissement

Dépenses d'exploitation Recettes d'exploitation

additionnelle Recettes additionnelles nettes

1 2,698 81 692 1,189 147 1163 1,078 247 2314 1,040 300 3475 1,039 50 354 4636 50 354 4637 50 444 6468 50 444 8319 50 444 1,014

10 50 444 1,01411 50 444 1,01412 50 354 46313 50 354 46314 50 444 3,88815 50 444 3,88816 50 444 3,88817 50 444 3,88818 50 444 3,88819 50 354 46320 50 354 46321 50 354 46322 50 354 46323 50 354 46324 50 354 46325 50 533 13,83626 50 533 13,83627 50 533 25,25528 50 619 25,25529 50 619 25,25530 50 354 12,55631 50 354 12,55632 50 354 12,55633 50 354 12,556

TRE 15,29

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ANNEXE 5 RESUME DES OPERATIONS DE LA BANQUE AU BURUNDI

PROJETS PAR SECTEUR Guichet Date d’approb.

Date signature

Date de clôture

Montant approuvé (MUC)

Montant décaissé (MUC)

Taux décaissement (%)

Montant annulé (MUC)

Montant non décaissé (MUC)

Statut

SECTEUR RURAL 1. Projet agropastoral de Bututsi

FAD

14/12/1988

28/5/1989

31/12/2007

6,46

2,77

42,95

0.0

3,68

Reformulé en avril 2005

SECTEUR SOCIAL

1. Projet multisectoriel de réinsertion socio- économique

2. Aide d’urgence contre la sécheresse

FAD FAD

13/12/2004 29/6/2005

12/1/2005 20/7/2005

31/12/2009

9,81 0.34

0.0 0.0

0.0 0.0

0.0 0.0

9.81 0.34

Actif

SECTEUR DES INFRASTRUCTURES 1. Projet de réhabilitation et d’extension des infrastructures hydrauliques en milieu rural

FAD

14/12/2005

-

-

12,00

-

-

-

12,00

Non encore mis en vigueur

MULTISECTEUR

1. Programme d’appui aux réformes économiques

et à la gouvernance (PAREG I)

2. Appui aux structures en charge de la gouvernance 3. Projet de renforcement des capacités institutionnelles

FAD FAD FAD

8/12/2004 8/12/2004 7/07/2004

12/1/2005 12/1/2005 17/9/2004

31/12/05 31/12/06 31/12/07

6.72 1.5 2.13

6.72 0.0 0,05

100 0.0 2,5

0.0 0.0 0.0

0.0 1.5 2,08

Achevé Actif Actif

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ANNEXE 6 RÉPUBLIQUE DU BURUNDI

PROJET D’AMENAGEMENT DES BASSINS VERSANTS

Termes de référence du Directeur du projet Titre :Directeur du projet Qualification et expérience : Ingénieur des eaux et forêts, le Directeur du projet doit jouir d’une expérience d’au moins dix ans dans la gestion des ressources naturelles en général et dans le secteur forestier en particulier. Il doit par ailleurs avoir une expérience dans la conduite d’une équipe pluridisciplinaire. Tâches : Le Directeur assure l’administration quotidienne du projet. A cet effet, il organise les sessions annuelles de planification, le contrôle et le suivi de l’exécution du programme de travail annuel et du budget y afférent en relation avec les agences d’exécution. Il élaborera un calendrier des acquisitions et les dossiers d'appel d'offres. Il assure la gestion du compte spécial et supervise l'établissement des états financiers annuels. Il coordonne le suivi-évaluation interne. Dans ce cadre, il définit les indicateurs spécifiques simples, d’ordre technique et organisationnel, pour l’ensemble du projet, en utilisant les indicateurs figurant dans la matrice comme référence. L’évaluation couvrira notamment le taux de réalisation des aménagements et infrastructures, l’implication effective des ONG et organisations socioprofessionnelles, et l’utilisation efficiente des moyens humains et matériels du projet. Le Coordinateur organise les missions de suivi externe, les missions de supervision périodiques et la revue à mi-parcours du projet. Le Directeur élabore les rapports d’activités trimestriels et annuels sur l’état d’avancement du projet, et les soumettra au Gouvernement et au FAD au plus tard 15 et 30 jours respectivement après la fin du trimestre et l’année concernés. Il veille à ce que les différents partenaires intervenant comme opérateurs techniques dans la réalisation des volets du projet adressent les rapports périodiques du projet. Au terme du projet, il rédigera le rapport d’achèvement selon le modèle de la Banque. Le Directeur veillera à ce que le service administratif et financier du projet tienne un système de comptabilité pour l’ensemble des activités, que soient élaborés : (i) les manuels de procédures administratives, comptables et financières, (ii) le système informatisé de gestion financière et (iii) le manuel de passation des marchés communautaires. Il s’assurera que des cabinets d’audit externes soient recrutés pour vérifier et valider une fois par an la comptabilité, les fonds de roulement et les comptes du projet. Il veillera à la soumission des rapports d’audit au Gouvernement et au FAD, au plus tard six mois après la fin de l’exercice budgétaire audité. Enfin, le Directeur s’assurera que les activités du projet sont en harmonie avec celles des autres bailleurs de fonds dans le secteur.

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Annexe 7 Page 1/5

REPUBLIQUE DU BURUNDI

PROJET D’AMENAGEMENT DES BASSINS VERSANTS (PABV)

Résumé du Plan de gestion environnementale et sociale 1. Brève description du projet Le projet vise à protéger les bassins versants contre l’érosion des sols par des plantations domaniales, à améliorer la fertilité des terres de cultures par la pratique de l’agroforesterie et à augmenter le potentiel ligneux par la mise en place de boisements communautaires et/ou privés. Ses principales réalisations portent sur: (i) le renforcement des capacités institutionnelles du Département des forêts par la formation de cadres et techniciens en aménagement forestier et en techniques de lutte anti-érosive ; (ii) l’encadrement des populations pour la lutte contre les feux de forêts, la conservation des eaux et des sols, l’agroforesterie, la promotion des foyers améliorés, ainsi que la promotion des espèces fourragères et de diversification de la production agricole dans leurs exploitations; et (iii) la réalisation de plantations forestières (domaniales, communautaires et individuelles). Les activités de reboisement viseront la protection des crêtes dénudées contre l’érosion par la mise en place et l’entretien d’environ 20.000 ha de plantations domaniales, de boisements communautaires et/ou privés sur environ 20% des terres disponibles. En outre, des travaux HIMO seront utilisés pour ouvrir de nouvelles pistes/pare-feux d’une part et réhabiliter les pistes forestières de l’ex-projet de reforestation de Bukirasazi en état de dégradation. Il est également prévu des actions visant l’intensification de la réalisation des ouvrages anti-érosifs, l’amélioration des pâturages, ainsi que la vulgarisation de techniques culturales adéquates. Des retenues collinaires seront installées pour la maîtrise de l’eau, notamment dans les périmètres maraîchers. Par ailleurs, le projet favorisera l’installation de haies paddocks, la plantation d’espèces fourragères et la production de fumure organique qui pourra être associée à de l’amendement calcaire pour améliorer le pH des sols. 2. Principaux impacts environnementaux et sociaux 2.1 Le manque de sources alternatives de revenus pourrait entraîner un manque d’adhésion stricte des populations aux règles de sylviculture, d’où le risque de céder à la tentation d’exploiter de manière précoce les arbres sans attendre leur maturité et au pire des cas par la méthode de coupe rase (coupe claire) des futures plantations communales. Ce qui pourrait, par ailleurs, entraîner l’érosion des sols en intensifiant les effets du ruissellement, l’altération des processus de décomposition de la matière organique et du recyclage des nutriments dans la structure des sols. Est également à prévoir, l’impact sur la faune qui se traduirait par la modification de la quantité et de la qualité des habitats à travers leur fragmentation par les opérations de coupe pouvant entraîner la fuite de certaines espèces ou le changement de leur comportement face aux agressions du milieu. L’adoption et la vulgarisation des plans simples d’aménagement forestier devraient contribuer à réduire les pratiques d’exploitation précoce des boisements et le non-respect des règles de sylviculture. 2.2 Les travaux d’entretien de pare-feu et de réhabilitation des pistes pourraient générer des nuisances diverses (diffusion de poussières et de fumées, ouverture de zones d’emprunt, etc.). La mise en place des boisements communautaires pourrait susciter beaucoup d’enthousiasme au départ. Dans la pratique, cependant, il pourrait arriver que les communes, soucieuses d'assurer la réussite de leur programme de plantation aient tendance à augmenter leur demande en début de campagne, mais elles ne seraient pas en mesure de tenir leurs engagements au moment de la plantation. D’où la

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Annexe 7 Page 2/5

nécessité de les amener à reboiser chaque année une surface modérée (5 à 10 ha maximum) afin de pouvoir en assurer les entretiens indispensables (nettoyages des plantations, travaux sylvicoles et pare-feux). 2.3 Le choix judicieux des essences de reboisement sera important, car il a été observé que des espèces, tel que le Pinus patula, auront tendance à étouffer le sous-bois, et réduire l’activité microbiologique nécessaire à l’évolution du profil pédologique des sols. Elles peuvent cependant se révéler efficaces pour la protection des crêtes déjà dénudées et présentant des affleurements rocheux. Le reboisement des crêtes dénudées des collines jouera un rôle important dans la protection des bassins versants, la reconstitution des ressources forestières et de la biodiversité, l’augmentation du taux de couverture végétale du pays. La mise en place de plantations de protection sous forme de boisements communautaires et privés et d’ouvrages anti-érosifs sur les flancs des collines permettra de sécuriser une agriculture durable dans les marais, tout en contribuant à la satisfaction des besoins des populations en bois de service, bois de chauffe et charbon de bois. Les différentes activités d’aménagement des bassins versants se traduiront par une production additionnelle en banane, haricot, mais, tomates oignon et agrumes. 2.4 L’implication des populations dans toutes les activités, à travers les travaux de haute intensité de main d’œuvre, aura des effets bénéfiques au plan socio-économique, en améliorant leurs conditions de vie et en assurant une meilleure gestion des ressources. Cependant, l’importation de la main d’œuvre d’une colline à l’autre pour le reboisement des crêtes dans le cadre des plantations domaniales pourrait peser lourdement sur les coûts de reboisement, mais qui seront atténués par l’utilisation de la technique HIMO. Le projet induira la création d’emplois additionnels et permettra aux populations de s’impliquer davantage dans l’aménagement des bassins versants et de satisfaire leurs besoins quotidiens en produits ligneux. L’ouverture des pistes forestières facilitera l’évacuation des productions agricoles et réduira les risques de propagation des feux. La mise en place des plantes fourragères donnera de l’alimentation au bétail et au petit cheptel qui pourra profiter aux populations. Le projet accordera une place importante aux femmes qui tireront les bénéfices de la plupart des activités d’agroforesterie, d’horticulture, d’apiculture et de maraîchage. 3. Programme d’optimisation et d’atténuation 3.1 Des mesures appropriées seront prises lors des travaux d’ouverture et de réhabilitation des pistes pare-feu pour en réduire les nuisances et éviter d’entraîner davantage de dégradation de la végétation existante ou la perturbation des sols. En général, ces sols souffrent d’une acidité aluminique (pH 2 à 4), d’où la nécessité d’une correction au moyen d’amendements calcaires et/ou fumure organique. A cet égard, l’intégration de l’élevage dans les systèmes de production agricole sera accentuée. Le projet favorisera l’introduction d’essences agroforestières à usages multiples (fertilisation, production de fourrage, fruits) telles que le Macadamier d’Australie, le Moringa oleifera, le Leucaena leucocephala et le Neem).etc. Le choix d’essences à croissance rapide et déjà connues des populations telles que Callitris calcarata, Pinus patula, Pinus kesiya, Eucalyptus spp., Grevilea robusta., Cedrela spp., etc. pourrait assurer plus de succès à l'opération. L’ouverture des pare-feux et l’entretien des pistes existantes permettront de limiter les risques de feux de brousse et de favoriser la productivité des plantations.

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3.2 Les dangers de la monoculture à grande échelle et la réduction de la biodiversité seront évités en augmentant le nombre d’espèces plantées. Seront aussi privilégiées, les espèces à croissance rapide et fixatrices d’azote pour protéger les sols et améliorer leur fertilité, qui pourraient aussi bénéficier de la promotion du compostage et des fosses fumières destinés à augmenter la disponibilité en engrais organiques. Les essences agroforestières constitutives des haies sont: Acacia elata, Acacia longifolia, Acacia melnoxylon, Albizia lebbeck, Casuarina equisetifolia et Cassia siamea, etc. Les courbes de niveau seront délimitées par des espèces herbacées telles que Setaria sphaculata, Tripsacum laxum et Pennisetum spp., et arbustives comme Calliandra calothyrsus et Leucaena leucocephala pour la confection des terraces au niveau des champs. Les boisements communautaires seront réalisés à proximité des plantations domaniales et seront soumis au régime de gestion participative appelé « cogestion » ou gestion contractuelle, caractérisée par l’existence d’un plan concerté d’aménagement simple et de gestion des boisements dégageant des quotas de prélèvement annuels qui consacrent une marge maximale de maintien et de restauration du potentiel productif pour une durée de 7-10 ans. Il est recommandé de relancer parallèlement les initiatives de réduction des consommations de bois et d’économie d’énergie à travers la re-dynamisation de l’utilisation des foyers améliorés et la promotion de l’utilisation des produits substituts du bois (énergie solaire, gaz, briquettes, etc.) à travers une intense collaboration avec les services compétents. 3.3 Dans le cadre des activités de maraîchage, l’utilisation des pesticides et autres insecticides sera régie par les mêmes précautions de sécurité écologique que les apports d’engrais et devront exclure les produits liposolubles, rémanents et à forte toxicité pour l’homme. Il est recommandé de réserver des superficies suffisantes au fonctionnement adéquat du système de haies de clôture des pâturages (paddocks), en association avec la culture fourragère à haute intensité de production, la valorisation des sous-produits agricoles, notamment par la mise en place d’unités de stockage de paille et des produits complémentaires tels que le traitement à l’urée et l’acquisition d’un matériel de conditionnement plus adapté. Cependant, l’utilisation des feux dans la régénération des pâturages au sein des paddocks devra être rigoureusement circonscrite afin d’éviter tout débordement. 3.4 Sur le plan social, l’équipe du projet identifiera sur le terrain en consultation avec les autorités locales, les mécanismes de concertation appropriés permettant de discuter des aspects du projet dérangeant les habitants et de trouver des solutions satisfaisantes pour tous les intervenants. L’équipe s’assurera également que les groupes défavorisés de la population ne seront pas exclus des processus de décision relatifs à la distribution des revenus en fonction de leurs niveaux d’implication respectifs dans la mise en œuvre du projet. 4. Programme de suivi et initiatives complémentaires 4.1 La surveillance environnementale sera assurée par la Direction de l’Environnement, qui veillera à ce que l’application effective des mesures produise les effets attendus sur la base d’indicateurs de suivi préalablement définis au moyen d’une consultation de courte durée. Seront concernés, des indicateurs spécifiques tels que la qualité des sols, les phénomènes d’érosion, l’évolution des peuplements, etc. Un autre prestataire de services ayant les outils et la compétence nécessaires sera sollicité pour procéder à l’évaluation effective des effets des mesures d’atténuation dans le cadre des activités de suivi-évaluation du projet. Une dotation budgétaire de 110 millions de BIF a été faite couvrir les activités de suivi environnemental et social.

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4.2 Le tableau suivant présente les indicateurs potentiels pertinents pouvant être utilisés pour assurer le suivi de la mise en œuvre du projet. Des indicateurs spécifiques devront être déterminés en fonction du contexte du projet, des principaux impacts, des coûts et des difficultés anticipées lors de la collecte et du traitement des données.

Composante Environnementale ou sociale

Indicateurs

Eau • Capacité de recharge et niveau statique des eaux souterraines. • Paramètres des Guidelines for Drinking-water Quality de l’OMS pour l’évaluation

des caractéristiques physico-chimiques des eaux souterraines et de la qualité des eaux de surface (en amont, sur le site et en aval)

• Nombre de travailleurs et travailleuses formés à l’utilisation sécuritaire des produits chimiques

Sols • Volume des sédiments en aval de la zone de projet • Concentration des composés organiques dans les sédiments

Écosystèmes • Superficie déboisée le long des cours d’eau • Superficie de forêt naturelle remplacée par des plantations forestières

Végétation • Nombre d’espèces indigènes et exotiques utilisées • Biomasse par habitant • Prélèvement annuel de volume de bois et selon le diamètre des arbres • Taux de régénération par espèce

Gestion des ressources naturelles et de la terre

• Nombre de conflits sociaux nécessitant des interventions légales ou administratives • Nombre de feux de brousse et superficie affectée • Changement de la disponibilité des produits forestiers par catégorie sur les marchés

locaux et lors des récoltes, avant et après le projet (quantité et qualité) • Superficie totale perdue pour l’agriculture et l’élevage

Maladies transmissibles

• Taux de prévalence du paludisme, des MST et des zoonoses • Nombre de sites de reproduction des vecteurs de maladie et densité des vecteurs

Maladies non transmissibles • Taux de prévalence des intoxications • Inventaire des lieux d’exposition des travailleurs, incluant les sites d’entreposage de

pesticides Division du travail • Temps consacré par les hommes, les femmes et les enfants aux activités de gestion

des produits forestiers ou de récolte, avant et après le projet Activités génératrices de revenus

• Proportion des revenus reçus et gérés par les hommes et les femmes des familles participant au projet, avant et après le projet

Accès aux et contrôle des facteurs de production

• Niveau de satisfaction des femmes à l’égard des décisions d’investissement du projet et des méthodes de gestion (enquête)

Implication des femmes dans l’organisation sociale

• Proportion de femmes et d’hommes impliqués dans les comités d’aménagement forestier

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5. Dispositions institutionnelles et besoins de renforcement des capacités

La mise en œuvre des mesures d’atténuation et de bonification des impacts environnementaux et sociaux du Projet de gestion des bassins versants sera participative et engagera la responsabilité de tous les acteurs impliqués afin de garantir la durabilité des investissements. Les orientations préconisées mettent ainsi l’accent sur : (i) la coordination et l’harmonisation des démarches de suivi environnemental adoptées par le projet et ses différents partenaires (autres projets et programmes intervenant dans la même zone), et (ii) l’organisation de concertations permettant de répartir les tâches entre les structures impliquées dans le suivi (organismes de recherche, services techniques, ONG, collectivités locales, organisations socio-professionnelles, etc.). Pour permettre à ces institutions de s’impliquer de façon efficace dans l’exécution du projet et dans les activités de suivi, il est prévu de procéder au renforcement de leurs capacités. Ainsi, le projet offrira aux experts de ces structures l’opportunité d’améliorer leurs compétences et d’élever leur niveau de maîtrise des problèmes de développement de l’élevage et de gestion de l’environnement lié à la mise en oeuvre du projet. 6. Consultations publiques et exigences de diffusion de l’information

Les bénéficiaires du projet seront étroitement associés à la conduite du suivi environnemental. Ceci leur permettra d’engager avec l’équipe de pilotage du projet des discussions sur les impacts des activités et sur d’éventuels réajustements à faire. La Direction du projet mènera une campagne soutenue de communication, consultation et sensibilisation en prenant des dispositions en vue de : a) consulter les hommes et les femmes affectés à toutes les phases du projet ; b) offrir l’opportunité à tous les groupes affectés (hommes et femmes) de participer aux consultations en proposant des mécanismes de consultation adaptés ; c) déterminer les comportements traditionnels en matière de droits et de responsabilités en foresterie et identifier les façons d’augmenter l’implication des groupes exclus; et d) informer les bénéficiaires du projet de la façon dont leurs préoccupations ont été ou seront prises en compte. 7. Estimation des coûts

Les principales activités à prendre en considération dans le cadre du PGES seront celles relatives à l’établissement de la situation de référence au niveau des sites de reboisement pour la détermination des indicateurs d’impact spécifiques, ainsi qu’aux missions de surveillance environnementale et de suivi des effets.

Estimation du coût des activités à mener dans le cadre du PGES

Désignation Montant (000) BIFDéfinition des indicateurs spécifiques de suivi environnemental 10.000 Mission de surveillance environnementale 100.000 Mesure des effets d’atténuation 80.000 Total 190.000