REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant...

30
L’Etude prospective du secteur forestier en Afrique (FOSA) République De Madagascar Ministère des Eaux et Forêts Philibert Rarivomanana Novembre 2000 Les points de vue exprimés sont ceux des auteurs et ne peuvent être attribués ni à la CE, ni aux institutions. Le document est présenté dans une édition simple, pour un unique souci de style et de clarté.

Transcript of REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant...

Page 1: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

L’Etude prospective du secteur forestieren Afrique

(FOSA)

République De Madagascar

Ministère des Eaux et Forêts

Philibert RarivomananaNovembre 2000

Les points de vue exprimés sont ceux des auteurs et ne peuvent être attribués ni à la CE, ni auxinstitutions.

Le document est présenté dans une édition simple, pour un unique souci de style et de clarté.

Page 2: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 2

RESUME

A l'heure actuelle, le reboisement entrepris n'arrive à compenser la dégradation forestière dueà l'action de l'homme : défrichement, feux de végétation, exploitation forestière etprélèvement.Cette situation est encore aggravée par la pression démographique galopante et la pauvreté dela majorité de la population. Si ce rythme de dégradation se poursuit, le capital forestier,reconnu par son niveau élevé d'endémicité et de diversité, risque de disparaître d'ici quelquesannées.Face à ces problèmes, des actions seront entreprises par l'état, à savoir :

• La promotion de reboisement par l’application du nouveau décret (N° 2000/383 du 7juin 2000) qui consiste à instaurer un cadre incitatif au reboisement (incitationsfoncières, financières, techniques) et à en déterminer le mode de gestionconformément au principe du désengagement de l'état du secteur productif.

• La poursuite de l’aménagement des forêts existantes et la délivrance des permisd’exploiter seulement dans des lots forestiers aménagés et aux exploitants ayant acquisun minimum de formation professionnelle.

• L’intensification du recouvrement des redevances forestières qui alimentent le FondsForestier National, seule source pérenne permettant de financer les activités forestièrespréconisées dans le Plan Directeur Forestier National.

• Le renforcement des contrôles forestiers pour une meilleure maîtrise de la filière bois àtravers la création des brigades de contrôle.

• Le renforcement de suivi et contrôle de l’origine des produits, l’étude sur lanormalisation et sur la fiscalité des pour une répartition équitable des recettes.

Pour améliorer la situation du secteur forestier, ces actions devraient être renforcées par :• La mise en œuvre de la politique sectorielle du développement rural.• La mise en œuvre de la politique énergétique.• La mise en œuvre de la politique environnementale.• La promotion de la recherche forestière.

Une limite importante dans le secteur forestier à Madagascar consiste en le niveaud’insuffisant fiabilité des données qui a restreint l’analyse à un seul scénario.Il est donc évident que la poursuite des actions pour l’amélioration du système de collecte desinformations devra pouvoir, non seulement contribuer à la fiabilité des données, maiségalement à leur utilisation.

INTRODUCTION

Le principal objectif du document national de prospective est d'examiner la situation future dusecteur forestier dans le pays. A partir de la situation actuelle, l'étude tentera de visualiserl'évolution la plus probable des forêts, des industries forestières et des institutions dans les 20

Page 3: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 3

années à venir et d'évaluer les conséquences probables, économiques, sociales,environnementales ou des faits nouveaux intéressant le secteur dans le pays. C'est ainsi que ledocument identifiera les principaux facteurs du changement (moteurs du changement) en feraune analyse critique pour prévoir l'influence probable sur le secteur. Le document préciserales hypothèses qui ont été formulées en ce qui concerne les changements politiques,institutionnelles et technologiques et tiendra compte particulièrement des liaisonsintersectorielles.

2. ETAT ACTUEL DU SECTEUR FORESTIER

2.1 Le contexte forestier

Le contexte favorise pas le développement des activités forestières. La pousséeenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le DomaineForestier National.Les forêts sont composées de Réserves Naturelles intégrales (RNI), de Réserves Spéciales(RS), de Parcs Nationaux (PN), de Stations Forestières (SF), de Forêts Classées (FC), deRéserves Forestières (RF), de Périmètres de Reboisement et de Restauration (PRR), des forêtsdomaniales, et de Mangroves. Ces catégories de forêts forment le Domaine forestier National.Les Réserves Naturelles Intégrales (RNI) sont au nombre de 8 et d'une superficie totale de328 822 ha soit 4,6 % des ressources forestières. Les Parcs Nationaux (PN) sont au nombre de15 et d'une superficie totale de 1 006 548 ha, soit 14,2 % des ressources forestières. LesRéserves Spéciales (RS) sont au nombre de 23 d'une superficie totale de 382 099 ha etreprésentent 5,4 % des ressources forestières. Les Forêts Classées (FC) qui sont au nombre de166 et ayant une superficie totale de 2735836 ha dominent à 38,6 % des ressourcesforestières. 89 Réserves Forestières (RF) existent à Madagascar ayant une superficie totale de1 494 939 ha soit 21 % des ressources forestières. Les Périmètres de Reboisement et deRestauration (PRR) sont au nombre de 151 pour une superficie totale 1 129 372 ha soit 15,9% des ressources forestières. 2 stations forestières occupant une superficie de 17 244 haexistent à Madagascar soit 0,3% des ressources forestières. Mais malgré cela la répartition ducouvert forestier reste insuffisant pour qu'il puisse jouer à la fois le rôle de régulateur dans lesystème agraire et satisfaire aux besoins quotidiens.

2.1.1 Le couvert forestier

Le couvert forestier constitue moins du quart de la superficie nationale. Les résultats del'Inventaire Ecologique Forestier National (IEFN) ont permis d'élucider et de mieux cerner lasituation actuelle des ressources forestières qui donne une couverture forestière de moins de23 % pour l'ensemble du pays bien que plus de 70% soit constitué de végétation.

Tab.1: Occupation du sol sur le territoire malgacheOccupation du sol Superficie

(%) (Ha)Formations forestièresVégétationAutres occupations du solNon classifié

22,672,7

4,20,5

13 260 00042 631.000

2 460.000307.000

Page 4: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 4

TOTAL 100 58 658.000

Une formation dominée par les forêts denses sempervirentes de l'Est et les forêts décidues del'Ouest sont en constante dégradation. Les formations forestières couvrent au total 13 260 000ha du territoire national correspondant à un taux de boisement de 22,6%, le taux est assezfaible pour permettre à la formation forestière de jouer le rôle de protection et de régulation del'écosystème terrestre.

Tab.2: Importance des ressources forestières à Madagascar en 1996Type de forêts Superficie

(%) (Ha)Forêts denses humides sempervirentes (Est, Sambirano et Centre) 43 5 721.000Forets sclérophylles des pentes occidentales (centre) 2 260.000Forêts et fourrés sclérophylles de montagne (centre) 1 81.000Forêts denses sèches décidues de l'Ouest 30 3 987.000Forêts denses sèches décidues du Sud 8 1 003.000Forêts xérophiles du Sud 11 1 444.000Mangroves 2 327.000Forêt ripicole et / ou alluvions 1 121.000Peuplements forestiers artificiels 2 316.000TOTAL 100 13 260.000

L'ensemble des 12,155 millions d'ha de ressources productives pourrait produire près de 2,037milliards de m3 (MEF, 2000). Mais, plus de la moitié de ces ressources auraient déjà subi unedégradation avoisinant le quart de celles-ci (24 % pour les forêts denses décidues de l'Ouest,23 % des forêts denses décidues du Sud et 32 % des forêts xérophiles du Sud).

2.1.2 Les contraintes au développement du secteur forestier

Les contraintes au dévéloppement du secteur forestier sont encore liées à des problèmeséconomiques souvent exogènes. Les contraintes socio-économiques exogènes au secteurforestier se manifestent souvent par la nécessité de recourir à l'exploitation, sous diversesformes, des ressources forestières.

Madagascar présente une topographie particulièrement accidentée et les surfaces cultivées nereprésentent que 4% de la surface totale alors que l'agriculture emploie 77% de la population.Ceci génère des conflits fonciers au niveau du monde rural et provoque la pauvreté d'unepartie importante de la population de façon relative. D'autant plus que le métayage est encoreune pratique courante qui prend de l'ampleur dans le système agraire. Les paysans acculés parces contraintes sont alors incités à la recherche de revenus supplémentaires à travers uneexploitation accrue, de caractère anarchique et souvent illégale, des ressources forestières. Parailleurs, la pression due au facteur démographique entraîne un décalage croissant entre d'unepart les besoins économiques et sociaux de la population et d'autre part les ressourcesforestières susceptibles d'y faire face :

• Le défrichement est l'une des principales causes de la dégradation des RessourcesForestières. Autorisé, il atteint en moyenne 350.000 ha/an mais le chiffre est peut-êtrebeaucoup plus important puisqu'une grande partie des pratiques réelles de "tavy" nesont pas toutes répertoriées..

Page 5: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 5

• Parallèlement, les feux de brousse contribuent à accélérer le phénomène d'érosion et àlimiter les initiatives de reboisement. Outre, le renouvellement du pâturage, les feuxpeuvent être dus à des opérations de nettoiement incontrôlées et d'extraction minière,au mécontentement populaire, à la lutte anti-acridienne ou à brouiller les pistes desvoleurs de bœufs. Les feux de brousse atteignent en moyenne 650.000 ha/an

• La migration populaire est également une contrainte majeure dont les besoinsénergétiques et de construction menacent les Ressources Forestières environnantes.Cette migration populaire pourrait entraîner l'envahissement des Aires Protégées et desForêts Classées avoisinantes.

En somme, la forêt constitue un champ de manifestation idéal de dérégulation des systèmespolitique, social ou économique ; quand l'un de ces systèmes fonctionne mal, c'est laRessource Forestière qui en subit les conséquences. Cependant, des contraintes techniques etfinancières persistent et peuvent bloquer les initiatives de rationalisation de la gestion de laressource forestière :

• Devant l'insuffisance des moyens humains et matériels propres à l'administrationforestière, le suivi et le contrôle de l'exploitation des forêts par le service forestier nesont pas toujours satisfaisants. Ce qui favorise le développement des prélèvementsillicites des Ressources Forestières ;

• Les données de base sur l'importance, le fonctionnement et la croissance desRessources Forestières ne sont pas toujours disponibles pour permettre l'élaboration etla mise en œuvre de plans d'aménagement forestier précis ;

• Le Reboisement, une des alternatives pour le maintien de la couverture forestière, estconfronté à des problèmes d'investissements. Le reboisement ne compense pas encorela dégradation puisqu'en général il ne permet de recouvrir que près de 0.40 % de lasurface totale annuelle détruite ou endommagée par les feux, les exploitations ou lesdéfrichements. Mais, par rapport au défrichement et à l'exploitation, le reboisementarrive quand même à compenser près de la moitié des forêts dégradées dans leFaritany d'Antananarivo et un peu moins de 10% dans le Faritany de Fianarantsoa,bien qu'il ne compense que près de 4% pour l'ensemble de Madagascar.

Tab.3: Importance de la surface totale détruite par les feux, les exploitations et lesdéfrichements et le reboisement par Faritany

Faritany Superficie moyenneen (Ha)Exploitée Incendiée Défrichée Reboisée Taux de

reboisementpar rapport à lasurface totaledétruite

Taux de reboisementpar rapport à lasurface exploitée etdéfrichée

Antananarivo 1645 314 349 328 1 100 0.35 55.75Antsiranana 3698 15 534 9 816 276 0.95 2.04Fianarantsoa 7457 93 474 2 099 891 0.86 9.32Mahajanga 8425 167 842 2 697 234 0.13 2.10Toamasina 25 120 8 298 9 214 370 0.87 1.08Toliara 11 054 66 214 1 511 115 0.15 0.92Total 57 399 66 5711 25 665 2 986 0.40 3.59

• Les exploitants forestiers sont rarement des professionnels et se comportent commedes opérateurs soucieux avant tout du profit à court terme. C'est pourquoi les moyens

Page 6: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 6

et méthodes d'exploitation qu'ils mettent en œuvre n'intègrent aucun souci depérennisation des Ressources associées souvent à des pratiques de corruption.

Le problème serait moins complexe si les contraintes institutionnelles n'existaient pas. Mais,le secteur forestier est encore caractérisé par des problèmes :

• Liés à l'insuffisance des moyens humains, matériels et financiers et reste dépendantdes bailleurs de fonds (70% constituent la contribution des Bailleurs de fonds et 30%proviennent de l'Etat dans le cas de la mise en œuvre des programmes ESFUM etBassin versant) ;

• Relatifs à la coordination de la gestion des Ressources Forestières à cause del'existence de multitude de programmes et d'institutions intégrées dans cette gestion ;

• De la non-effectivité de la décentralisation du pouvoir et la déconcentration desservices qui fait que les décisions sont encore très centralisées alors que les moyens decommunication font défaut ;

De compétence à cause de la situation démotivante du service forestier et l'absence d'unepolitique de recyclage de ses agents.

2.1.3 Le Plan d'Action Environnemental

Heureusement des efforts n cours constituent des atouts à valoriser. Des mesures ont été prises parles autorités malgaches en vue de la préservation des ressources naturelles et plus particulièrement des ressourcesforestièr. Madagascar a été le premier pays Africain à avoir défini un Plan d'ActionEnvironnemental et une stratégie nationale de conservation. Le secteur forestier malagasy1

dispose :• D'une base juridique et réglementaire cohérente avec les objectifs définis pour ce

secteur : la législation forestière et ses décrets d'application ;• D'un document d'orientation stratégique qui constitue la nouvelle politique forestière

depuis 1997 ;• D'un Plan Directeur Forestier National (PDFN) et de plusieurs Plans Directeurs

Forestiers Régionaux (PDFRs) : Antsiranana, Toamasina, Mahajanga, Toliara,Antananarivo et Fianarantsoa ;

• D'un Fonds Forestier National (FFN) et des Fonds Forestiers Régionaux (FFR) quirestent toutefois à réorganiser.

Dans le cadre de l’amélioration de la gestion des informations, différentes actions ont étéentreprises. Un système d’informations élaboré constitue un instrument de base utile d’unepart, pour entreprendre convenablement tous travaux de recherche, de planification et dusuivi-évaluation des activités courantes et d’autre part, pour prendre des décisions bien

1 La politique forestière, reconnue par tous, oriente la voie à suivre pour le développement du secteur forestier. La politique forestières'articule autour de 4 grandes orientations :

- Enrayer le processus de dégradation forestière- Mieux gérer les ressources forestières- Augmenter la superficie et le potentiel forestiers- Accroître la performance économique du secteur forestier

Sur la base de la politique forestière, le Plan Directeur Forestier National (PDFN) a été élaboré pour mettre en œuvre lesobjectifs définis dans cette politique. Les Plans Directeurs Forestiers Régionaux (PDFRs) existent dans six faritany.Le Fonds Forestier National (FFN) est considéré comme un outil qui doit servir de support à la mise en œuvre des approches stratégiques.Il présente des avantages dans la mesure où l'on espère qu'il pourrait permettre de générer les fonds qui contribueront à l'accroissement de laperformance du secteur forestier et du service forestier. Il devra améliorer la répartition des bénéfices au niveau des ressources et des acteurset ainsi contribuer à relancer les actions pour la régénération de la ressource.

Page 7: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 7

fondées à partir des informations fiables. C’est dans ce sens que les actions suivantes ont étéinitiées avec différents partenaires :

• L'élaboration du « Charte de gestion des informations environnementales » parl’ARSIE, Association Réseau du Système d’Informations sur l’Environnement, dontl’objectif est de mettre en réseau ses institutions membres et d’enrichir les bases dedonnées environnementales nationales afin de faciliter la fluidité, l’accès et ladisponibilité des informations sur l’environnement ;

• L’étude sur la mise en place d’une base de données permanente sur les espèces deflore et de faune malagasy sujettes au commerce international dont l’objectif principalest de capitaliser les informations afin d’établir une liste de ces espèces malagasy ;

• L’analyse « coût bénéfice » d’une étude devrait être menée du point de vueéconomique, social et surtout environnemental avant de s’engager à différents niveauxd’investissement. Tels ont été les cas de la création des Aires Protégées de Mantadiaau niveau de la population environnante et de l’analyse des impacts du systèmeferroviaire FCE sur l’économie régionale… ;

• L’étude pilote sur le bois énergie et sur les Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL)dont l’objectif consiste à instaurer et à gérer les bases de données nationales yafférentes ;

• La création d’un Groupe National de Travail (GNT) « élaboration des normesnationales pour la bonne gestion des forêts malgaches, plate-forme constituée decompatriotes bénévoles issus d’entités professionnelles diverses qui sont disponiblespour réfléchir ensemble sur un mode consensuel et proposer des solutions pertinentesconcourant à la gestion durable des ressources forestières à travers le développementdes normes nationales et la certification ;

• L’étude sur la définition du cadre global du Système d’Information dont l’objectif estde déterminer une stratégie qui devrait permettre, grâce à une gestion efficace etefficiente des informations techniques, administratives et opérationnelles, d’

améliorer le processus de prise de décision et de faciliter les communicationsinterne et externe.

Si tels ont été les atouts et les faiblesses du secteur forestier, ce dernier ne constitue pastoutefois un système indépendant. L’évolution et le développement de ce secteur dépendenten effet non seulement des facteurs endogènes mais également des facteurs exogènes(situation socio-économique du pays). L'ensemble de ces facteurs exogènes constitue ici cequ'on entend par les moteurs du changement.

3. LES MOTEURS DU CHANGEMENT

3.1 Les facteurs socio-économiqes

La réussite de la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté peutaméliorer le cadrage du secteur forestier.Madagascar met en œuvre depuis 1986 une politique économique orientée vers le libéralismequi a commencé à porter ses fruits depuis quelques années notamment en 1997 où le taux decroissance économique a dépassé celui de la croissance démographique.

Tab.4 : Evolution du taux de croissance du PIB en % entre 1994 et 1998

Page 8: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 8

1994 1995 1996 1997 1998PIB Constant 0,0 1,7 2,1 3,7 3,9PIB constant/hab - 2,6 - 1,3 - 0,7 + 0,5 + 0,8Source : D'après la SNLP, janvier 2000

Cependant, cette croissance est encore jugée insuffisante pour réduire les contraintes dues à lapauvreté. Ainsi, l'Etat au début de cette année a décidé de mettre en œuvre une stratégienationale de lutte contre la pauvreté qui peut avoir une incidence importante sur l'améliorationglobale du cadre exogène du secteur forestier. Cette stratégie tourne autour de la mise enœuvre de 3 grands axes :

• La mise en place d'un cadre économique, institutionnel et réglementaire favorable à lacroissance économique et la réduction de la pauvreté, (volet gouvernance) ;

• L'accélération de la croissance économique en faisant participer les pauvres, (voletcroissance économique) ;

• Le développement des capacités humaines et la réduction des inégalités au sein de lasociété. (volet développement des capacités humaines).

3.1.1 Les volets

Le volet gouvernance est une réponse aux contraintes institutionnelles du secteur forestier.L'axe stratégique correspondant au volet gouvernance s'articule autour de trois actionsstratégiques :

• La poursuite du rétablissement de l'équilibre macroéconomique,• La redéfinition des missions de l'Etat pour rendre ses institutions efficaces, et• L'incitation du privé pour constituer le moteur de la croissance.

La mise en œuvre de cette stratégie devrait donc permettre de lever dans le futur à la fois lescontraintes de l'investissement, des arrangements institutionnelles et faciliter ledésengagement de l'Etat des secteurs productifs.

Le volet croissance économique est constitué pour lever les contraintes liées aux facteurs etaux moyens de production. La mise en œuvre de cet axe stratégique est prévu d'être réaliséepar :

• L'accroissement de la productivité du secteur agricole,• La promotion des micro entreprises et les activités du secteur non structuré,• La promotion de l'industrialisation à forte intensité de main d'œuvre,• Le développement des infrastructures économiques de base (routes, transport, énergie,

eau, communication),• La sauvegarde de l'environnement.

Le volet développement des capacités humaines est constitué pour atténuer les effets négatifsde la croissance démographique galopante liés aux contraintes d'accès à l'éducation et à lasanté. Ce volet comporte trois actions stratégiques qui consistent à :

• Garantir l'accès des pauvres à l'éducation,• Assurer la fourniture des services de santé et d'approvisionnement en eau potable aux

pauvres,• Et maîtriser la croissance démographique.

Page 9: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 9

La mise en place des provinces autonomes pour accélérer le processus de décentralisation et de déconcentrationdes services techniques pourraient constituer à la fois un frein et un encouragement pour leverles contraintes énoncées dans les paragraphes précédents. La décentralisation du pouvoir dedécision et la déconcentration des services techniques pourraient avoir :- des effets positifs notamment :

• En permettant un allègement des procédures tant au niveau de la mise en concessiondes exploitations que dans l'effectivité de la responsabilisation des acteurs,

• En donnant les moyens aux techniciens de sortir de la pression des politiciens auniveau central,

• En conférant plus d'autonomie aux provinces autonomes et donc plus de marge demanœuvre par rapport à la mise en œuvre de la politique forestière et des plansdirecteurs forestiers régionaux.

- et des effets négatifs sur les enjeux financiers du fait que l’autonomisation institutionnellenécessite beaucoup de moyens que le processus n'a pas défini par avance. L'exploitation noncontrôlée des ressources naturelles notamment forestières risquerait d'être la premièreconséquence de l'expression de ces enjeux dans le pire des cas.

PADRLe PADR en appui au SNLP pour améliorer le secteur agricole et indirectement le secteurforestier. Trois projets en cours de mise en œuvre peuvent avoir des conséquences nonnégligeables sur le secteur forestier :

• La formulation et la mise en œuvre d'un référentiel national du développement ruralqui inclue le domaine de l'agriculture, de l'élevage et des forêts : Le Plan d'action pourle Développement Rural (PADR) ;

• La sécurisation foncière, et ;• La mise en œuvre de la stratégie nationale de transfert de gestion des ressources

naturelles aux communautés de base.

Les deux derniers projets peuvent constituer des moyens stratégiques pour la mise en œuvredu plan d'action pour le développement rural qui vise à :

• Assurer une bonne gestion du monde rural par la définition et la mise en œuvre desréformes institutionnelles. Le monde rural ne sera plus vu sous une approchesectorielle mais considéré comme un système qui forme un tout ;

• Inciter l'émergence des acteurs économiques, partenaires du développement rural.Même, si la mise en œuvre de cette orientation peut être considérée commecontradictoire avec la stratégie de transfert de gestion, elle peut contribuer à faciliter laresponsabilisation des acteurs notamment du secteur forestier dans la gestionforestière ;

• Accroître et promouvoir la production agricole avec une utilisation optimale ainsiqu'une gestion durable des ressources et des infrastructures. L'amélioration de laproduction agricole peut avoir des effets notables sur l'évolution des défrichements quisont en fait un système agricole extensif ;

• Assurer une disponibilité alimentaire suffisante dans toutes les régions notamment parla promotion des moyens de transport, le développement intégré et la maintenance desinfrastructures, le développement et organisation des marchés. Elle devrait permettred'augmenter la monétarisation des échanges tout en facilitant l'accès à la disponibilitémonétaire aux acteurs de l'exploitation et de la gestion forestière. En effet, la relativefaiblesse des marges attribuées dans les filières bois aux producteurs ne s'explique passeulement par leur faible capacité de négociation mais aussi et surtout à leur capacité à

Page 10: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 10

garder une disponibilité monétaire suffisante pour prévenir les utilisationsquotidiennes ;

• Développer les infrastructures sociales en vue d'améliorer l'accès aux services sociauxnotamment par l'accessibilité à l'eau potable, la disponibilité des services sociaux debase et l'amélioration des conditions d'habitation.

La mise en œuvre effective de ces 5 principales orientations (dont le nombre et le contenusont évolutifs) doivent être complémentaires avec la stratégie nationale de lutte contre lapauvreté pour améliorer le cadrage macroéconomique du secteur forestier.Le processus du PADR n'est pas seulement intéressant par la formulation de ses axes et de sesorientations. Il constitue vraiment un moteur du changement dans la mesure où :

• Le processus de formulation du référentiel, participatif, est évolutif dans le temps,• Les orientations et axes stratégiques constituent un référentiel national qui sert non

seulement à la coordination des actions liées au développement rural mais aussi à larépartition égalitaire des appuis et des financements,

• Logiquement, il devrait donc constituer un outil pour les réformes institutionnelles etla mise en œuvre de la décentralisation du pouvoir et la déconcentration des servicespublics.

Cependant, le développement de l'industrie forestière est lié à l'émergence des initiativesprivées qui sont pourtant confrontés aux facteurs économiques de production. A cause,surtout, du mauvais état des routes, du problème d'accès au crédit de financement pour lerenouvellement du matériel, et la faible potentialité d'absorption du marché local, ledéveloppement des industries forestières ne présente pas de perspective de développementsuffisante pour accroître la performance économique du secteur forêt. L'absence de normes oula non effectivité des normes existantes dans la filière bois en général, contribue à développerencore plus le secteur informel qui use des pratiques traditionnelles peu coûteuses et de faiblerendement. Ce souci de minimisation des risques et des coûts favorise alors l'exportationlégalisée de bois brut par l'abrogation de l'arrêté d'interdiction d'exportation et affaibli encoreplus la compétitivité des industries forestières exportatrices. L'insuffisance de formationprofessionnelle sur les métiers liés à la filière bois ne contribue pas au développement de larationalisation de l'exploitation forestière et des rendements de transformations. Une sombreperspective se profile malgré les tendances de l'investissement dans le secteur bois. En 1997,près de 0,24% seulement de la population active a été recensée comme travaillant dans labranche industrie du bois. Les projets agréés au titre du code des investissements prévoyaientun investissement de plus de 126 milliards de fmg (19,326 millions de $US).

Tab.5: Importance des investissements dans le secteur industriel de 1990 à 1997Type de projet Investissement en 106 FMG %Projet de création (1990-1997) 4 4496 35,04Projet d'extension, de diversification,amélioration de la qualité, réhabilitation

39 481 31,09

Agréments abrogés en zone franche(jusqu'à ce jour)

1 370 1,08%

Projets agréés en zones franches (1990 à cejour)

43 018 33,87

Total 126 995 100

3.1.2 Le tourisme écologique

Page 11: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 11

Le tourisme écologique est un marché pour rentabiliser les investissements consentis sur lesaires protégées et mener à terme la politique de conservation. Le tourisme écologique est l'undes services qui commence à rentabiliser les investissements consentis sur les aires protégées.Les recettes en devise qu'apportent le tourisme en général et l'écotourisme en particulier sontcomparables à celles des produits d'exportations. Entre 1993 et 1997 presque 500% de taux decroissance du revenu généré par le tourisme à Madagascar a été enregistré et l'écotourisme aprobablement contribué à ce rebondissement spectaculaire. Il faut noter que ces chiffres necomprennent pas les frais de transports internationaux, mais ils incluent les recettesbénéficiées par les prescripteurs de voyages, les hôtels, les transports intérieurs et leséchanges bancaires

Tab.6: Evolution des recettes touristiques ( en milliards de F.M.G)Année 1993 1994 1995 1996 1997Recettes 74 254 145 188 187 580 262 377 371 146Source : Ministère du tourisme, 1999

Une perspective rassurante se profile à l'horizon pour le tourisme écologique à condition queles tendances actuelles soient bien maîtrisées. L'Essor actuel du tourisme dans la grande île estdû entre autre aux mesures entreprises depuis le début des années 90 par les institutionsconcernées. Les plus importantes de ces mesures sont les suivantes :

• Création à la fin de l'année 1991 du Comité Nationale pour le Développement duTourisme (C.N.D.T) et de la Maison du Tourisme de Madagascar

• Sortie du code du tourisme ( Loi n° 95-017 du 25 août 1995), et refonte de lalégislation et de la réglementation applicable au secteur ( Décret n° 96-773 du 3septembre 1996)

• Libéralisation du trafic intérieur et régional achevé en 1994. Elle a permis l'arrivée de4 nouvelles compagnies : Air Austral de la Réunion, Air Mauritius, Inter Air del'Afrique du sud et le TAM de Madagascar qui desservent actuellement les réseaux.

Tab.7 : Raison du choix de Madagascar indiquée en pourcentagePourcentage Pour quelles raisons êtes-vous venus à Madagascar ?

Ecotourisme, Environnement Tourisme balnéaire Autre TOTALTourisme à titre principal 66,6 24,1 9,3 100Tourisme à titre secondaire 16,8 6,5 76,7 100TOTAL 41,7 15,3 43 100Source : MADIO, 1998

3.1.3 L’Energie à Madagascar

Des impacts de la fluctuation des prix des produits pétroliers au niveau mondial sur les stratégies de substitutionenvisagées dans le cadre de la déclaration de politique du secteur de l'énergie à Madagascar. La déclarationde politique sectorielle, approuvée par le gouvernement Malgache le 21 juin 19992., définit lesobjectifs globaux du secteur énergie suivant les sous secteurs hydrocarbures, électricité. Cesobjectifs ont trait à la libéralisation des deux sous secteurs et à l'accélération de l'accès àl'électricité (zone urbaine 15% en 2005 et zone rurale 5% en 2005).L'utilisation des produits pétroliers et de l'électricité comme produit de substitution, malgrél'amélioration attendue de l'approvisionnement (avec la libéralisation du commerce de

2 Note n°796/99-PM/SGG/CM du 16 /7/ 99

Page 12: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 12

produits pétrolier et la privatisation des entreprises d'état3) qui devrait inciter sa plus grandeutilisation, reste toutefois limitée du fait de la nécessité de mobiliser une somme importantepour l'achat des réchauds. Si l'on tient compte des fluctuations des prix des produits pétroliersdans le monde et de l'ampleur des investissements à faire pour exploiter l'énergie hydrauliqueou solaire, l'on devrait encore s'attendre à une plus grande utilisation du bois énergie auniveau des ménages et même de quelques secteurs.

3.1.4 La MECIE

Les impacts sur les ressources forestières du développement des infrastructures fait l'objetd'un suivi dans le cadre de la MECIE4. Dans le cadre du programme du secteur desTransports, plusieurs projets sont prévus concernant la réhabilitation et l'entretien desinfrastructures de transport et tous ses sous-secteurs (routier, ferroviaire, aérien, portuaire etmaritime). Les composantes de la première tranche de ce programme incluent les secteurs desroutes, des ports et fleuves et des aéroports.La deuxième tranche concerne l'appui aux transports terrestres, ferroviaires et transportsroutiers. La troisième tranche traitera des routes rurales secondaires et tertiaires, etéventuellement des pistes de desserte communales et villageoises d'une manière pilote etinclura un programme de développement des transports en milieu rural.La quatrième tranche sera une continuation de la première tranche et portera sur la poursuitede la réhabilitation du réseau principal et de la mise en œuvre de réformes de la gestion dusecteur des routes, et d'éventuels investissements complémentaires dans le secteur portuaire etfluvial. Le développement de ces infrastructures devrait faciliter le transport des diversproduits (forestiers, agricoles…).Ce programme a déjà fait l'objet d'une étude d'impact environnemental effectuée par leCNRE5dans le cadre du MECIE. Les mesures de sauvegarde de l'environnement par régionécologique et par type d'intervention ont été définies en décembre 1999 et ne devraient pascontribuer à créer des contraintes négatives au secteur forestier.

3.1.5 La sortie de la politique forestière précurseur du principe de la planificationstratégique des objectifs

Sur la base d'un bilan diagnostic qui rend compte de la situation de départ, une nouvellepolitique forestière fixant les orientations ou choix stratégiques et arrêtant les grands objectifsà atteindre aux fins de réguler l'usage des espaces boisés, de bien gérer les ressourcesforestières et de valoriser les produits extraits de la forêt a été définie. Tous ces éléments sontregroupés dans un document d'orientation de politique forestière (Décret 97 1200 du 02octobre 1997). La promulgation de cette politique forestière peut être considérée comme leprécurseur de l'adoption tacite du principe de la planification stratégique par objectif. Lesplans régionaux forestiers ont été élaborés sur le même principe. Cependant, jusqu'àmaintenant, les effets notables dûs à l'application de la politique forestière sur le secteur nesont pas perceptibles. Non pas car la politique est un échec, mais faute de moyens nécessairespour sa mise en œuvre.

3 Avec la libéralisation et la privatisation, l'approvisionnement des produits énergétique ne devrait plus êtreconditionné par les réserves en devises de l'Etat.4 Mise en compatibilité des investissements avec l’environnement, programme mené dans le cadre de la mise enœuvre du plan d'action environnementale.5 Centre National de Recherche sur l'Environnement

Page 13: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 13

3.1.6 Le progrès technologique freiné par l'absence de programme de recherche claire.

Aucun changement notable n'est à signaler au niveau du progrès technologique dans le secteurforestier. Les projets de recherches sont, surtout, cantonnées dans le domaine del'amélioration des rendements de transformation du bois énergie et dans les énergiesrenouvelables. Cependant, aucune orientation précise sur les projets prioritaires à développerpar l'Etat n'est connue. La recherche forestière est même en train de traverser une périodehouleuse avec la nécessité pour les institutions publiques d'améliorer leur performance pourpasser progressivement à l'autonomie financière. Le problème est justement localisé à ceniveau, car la recherche nécessite beaucoup de financement que l'Etat n'a pas toujours et quemalheureusement les prestations n'arrivent pas non plus à couvrir. La nécessité pour cesinstitutions de devoir faire des prestations contribuent à faire dépendre les thèmes à despriorités qui ne sont pas forcement celles du secteur forestier Malgache. On notera parexemple le peu d'efforts consentis pour la connaissance des qualités technologiques desinnombrables espèces malgaches alors que la rareté des espèces les plus exploitées estreconnue par tous.

4. LE SECTEUR FORESTIER EN 2020

4.1 Hypothèses

Trois hypothèses peuvent être formulées compte tenu de la situation actuelle et étant donnéeles contraintes et les tendances énumérées dans les secteurs qui constituent les moteurs duchangement :1ère hypothèse : Hypothèse optimiste (croissance) dans le meilleur des cas les contraintes tantdu développement de la ressource que sa gestion proprement dite sont partiellement outotalement levée. Les moteurs du changement contribuent favorablement à lever cescontraintes en même temps qu'ils suscitent le développement du secteur forestier.2ème hypothèse : Hypothèse 0 dans un contexte de statu quo où rien ne change, les paramètresrestent les mêmes.3ème hypothèse : Hypothèse pessimiste.

Contrairement à ce qu'on pourrait souhaiter la mise en œuvre des différents types destratégies nationaux contribuent à créer un phénomène qui accentue l'exploitation de laressource. Dans cette hypothèse pessimiste la prévision repose sur l'échec de la mise en œuvredes provinces autonomes et celui de la gestion communautaire ainsi que la privatisation et lalibéralisation. L'hypothèse est que compte tenu des besoins économiques mondiaux(application de l'ADPIC* qui élimine les frontières douanières), de la recherche de rentabilité(privatisation, délocalisation), de la stagnation du niveau de l'éducation au niveau national(constitue un frein au développement des techniques et technologiques et accentue lestendances dans le recours aux modes traditionnelles d'exploitation et donc à la réussite de lagestion communautaire) les performances économiques de la nation n'atteignent pas leschiffres prévus et génèrent une action en chaîne qui contribue à dégrader encore plus laressource.Comme les chiffres disponibles ne permettent pas de mesurer les tendances pour la premièreet la dernière hypothèse, la prospective présentée concerne donc le contexte de statut quoc'est-à-dire que les paramètres restent les mêmes.

Page 14: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 14

4.2 Etat des forêts et des plantationsLa plantation qui s'est développée avec la dynamique de l'état sera en perte de vitesse avec lapolitique de désengagement. La prospective des plantations forestières montre une tendance àla baisse du nombre de superficie reboisée par le secteur public. Ceci est normal dans uncontexte de désengagement de l'Etat et compte tenu du peu d’intérêt du privé pour lereboisement. Cependant, l'on ne sait pas pour le moment l'importance de l'implication duprivé pour conclure l'état des plantations d'ici 2020, étant donné que le cadre incitatif existe(décret 2000/383 du 07 juin 2000 : incitation financière, incitation technique et incitationfoncière), d'autant plus que des calculs économiques ont montré la rentabilité sur les espècesexotiques.Les plantations villageoises ont atteint jusqu'à maintenant un peu plus de 16000 ha mais ceschiffres ne considèrent que les surfaces plantées qui ne peuvent pas arriver à maturité comptetenu des menaces permanentes que sont les feux de brousse et le défrichement.

Fig.1 : Prospective 2020 des plantations par le secteur public à Madagascar

Les ressources devront logiquement diminuer avec la persistance des contraintes actuelles.L'exploitation forestière diminuera en surface faute de ressource.Les tendances de l'exploitation montrent également une diminution notable de près de 30%des surfaces faisant l'objet de prélèvement d'ici 2020. Ceci compte tenu de la diminution de laproductivité des ressources forestières et cela malgré l'augmentation des besoins en matériauxbois, conséquence de la croissance économique qui s'est amorcée et de la mise en œuvre de lapolitique d'incitation à la construction immobilière. La tendance serait donc une diminutionprogressive des surfaces à exploiter de 40 000 ha à 30 000 ha/an. Ceci suppose qu'unevalorisation des espèces devra s'opérer au niveau de la demande et que la recherche devraanticiper en proposant d'autres essences autochtones capables de suppléer les Ebènes,palissandres, ocotea ou canarium. Cette valorisation est d'autant plus probable que les besoinsen bois augmentant (à cause de la croissance et des différents programmes de développement

0

5 0 0

1 0 0 0

1 5 0 0

2 0 0 0

2 5 0 0

3 0 0 0

3 5 0 0

4 0 0 0

4 5 0 0

5 0 0 0

1 98

5

1 99

0

1 99

5

2 00

0

2 00

5

2 01

0

2 01

5

2 02

0

2 02

5

A n n é e

Supe

rfic

ie re

bois

ée (h

a)

S u p e r f ic ie r e b o is é eP r o s p e c t iv e 2 0 2 0 ( r e b o is e m e n t p a r s e c t e u r p u b lic )

Page 15: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 15

des infrastructures) la productivité par hectare doit nécessairement augmenter pour pouvoirsatisfaire la demande.

Fig. 2 : Prospective 2020 de l'exploitation forestière

Les feux de végétation qui font partie du système de production agricole augmenteront encoreun peu plus surtout si les techniques culturales ne se modernisent pas. Dans un contexte destatu quo les surfaces susceptibles d'être parcourues par les feux augmenteraient de plus de400 %pour passer de 12000 ha actuellement à un peu moins de 60000 ha en 2020.

Fig. 3 : Prospective 2020 des surfaces incendiées

0

200 000

400 000

600 000

800 000

1 000 000

1 200 000

1 400 000

1 600 000

1 98

9

1 99

1

1 99

3

1 99

5

1 99

7

1 99

9

Année

Surf

ace

en h

a

Feux de végétation Prospective 2020 (feux de végétation)

Le défrichement persistera également et surtout dans les zones enclavées. Le défrichementsuit également cette tendance avec une augmentation probable de près de 500 % en risquantde passer de 50000 ha actuellement à plus de 300000 ha d'ici 20 ans. Mais, de fortes réservessont à considérer au niveau du phénomène de défrichement. En effet, les chiffres actuels sont

020 00040 00060 00080 000

100 000

1 98

51

990

1 99

52

000

2 00

52

010

2 01

52

020

2 02

5

A nnée

Supe

rfic

ie e

xplo

itée

enha

Exp loitat ion fores t ière P rosp ect ive 2020

Page 16: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 16

bien en deçà de la réalité alors que les surfaces défrichées n'augmentent pas forcement d'annéeen année puisqu'une parcelle est utilisée au moins sur trois ans avant sa mise en jachère.

Fig. 4 : Prospective 2020 de la tendance des défrichements

4.2.1 Etat des industries forestières

La prospective du secteur industriel montre une tendance à la baisse du nombre d'entreprise etde l'emploi alors que le chiffre d'affaire et la production tendent à l'augmentation passantrespectivement de 200 à 1400 milliards de fmg et de 20 à plus de 140 millions de m3 d'ici2020. Dans ce contexte, la viabilité de l'industrie forestière passe par une mécanisation et uneprofessionnalisation du métier que malheureusement l'environnement macro-économiqueactuel ne permettrait pas faute de politique de financement et de programme dedéveloppement technologique. L'effet de cette contrainte serait alors l'augmentation desactivités informelles (méthode d'exploitation et de transformation traditionnelle) qui sedéveloppera compte tenu des enjeux financiers concernés par les volumes de production etdes chiffres d'affaires.

Fig.5 : Prospective 2020 de l'industrie du bois

05 0 0 0 0

1 0 0 0 0 01 5 0 0 0 02 0 0 0 0 02 5 0 0 0 03 0 0 0 0 03 5 0 0 0 0

1 98

5

1 99

0

1 99

5

2 00

0

2 00

5

2 01

0

2 01

5

2 02

0

2 02

5

A n n ée

Surf

ace

défr

iché

e en

ha

D é f r ich em en t P r o s p ec t iv e 2 0 2 0

Page 17: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 17

La demande devra dépasser l'offre compte tenu de la dégradation forestière, du cantonnementd'une partie des forêts et du faible développement de la plantation. La productivité des forêtsrestante a été évaluée à près de 293 millions de m3 sur pied (soit l'équivalent à de près de439,5 millions de m3 EBR) par l'ONE6. Or, la prospective de la demande montre unetendance à l'augmentation de près de 30 millions de m3 EBR par an soit près de 600 millionsde m3 EBR (Equivalent Bois Rond). Malgré l'importance des reboisements d'Eucalyptus àmême de se régénérer rapidement et le cantonnement d'une partie des forêts dans le domainenational, il est à craindre que la nécessité de la satisfaction des besoins en bois ne réduise ànéant tous les efforts et les moyens mobilisés dans le cadre tant du programmeenvironnemental, de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, que dans ledéveloppement industriel. En effet, la raréfaction du bois fera augmenter rapidement sa valeuret dans le cas où il n'y pas amélioration globale de l'environnement macro économique, lalogique économique des acteurs qui est fondé sur la maximisation du profit devra engendrerune exploitation sauvage dégradante de la ressource forestière.

6 Voir Rapport national sur le secteur forestier Malgache. Atelier d'Andasibe, Mars 2000.

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

AnnéeN o m bre (x 10)P ro duc t io n (x 100000 m 3 EB R )C hif f res d'af faires (en m illiards de fm g)Em plo i( x 100)T aux de valeur ajo utée (en %)P ro spec t ive 2020 (chif fre d'af faires en m ia de fm g)P ro spec t ive 2020 (em plo i x 100)P ro spec t ive 2020 (no m bre d'entreprise x 10)P ro spec t ive 2020 (taux de valeur ajo utée en %)P ro spec t ive 2020 (pro duc t io n x 100000 m 3 EB R )

Page 18: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 18

0

50000000

100000000

150000000

200000000

1 98

51

990

1 99

52

000

2 00

52

010

2 01

52

020

2 02

5

Année

Con

som

mat

ion

appa

rent

e m

3 EB

R

Consommation apparente Prospective 2020

Page 19: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 19

4.2.2 Implication sociale et économique

Sans une croissance plus élevée, le revenu par tête d'habitant aura tendance à stationner audeçà des 250$ par an. Ceci est trop peu élevé et fera persister les besoins monétaires desriverains de la ressource forestière ainsi que leur dépendance vis à vis des négociants urbains.Comme au niveau national la politique de développement des infrastructures decommunication ne définit pas d'une façon claire et précise les objectifs à court et à moyenstermes des réfections et des nouvelles constructions ! Il est impensable que d'ici 20 ans uneamélioration notable soit susceptible de désenclaver toutes les zones et permettre ainsi auxcommunautés gestionnaires des ressources de renverser la tendance de domination desspéculateurs urbains.

Fig. 6 : Prospective 2020 de la tendance du revenu

Page 20: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 20

Source: D'après la Stratégie Nationale de lutte contre la pauvreté, janvier 2000

4.2.3 La consommation d’énergie

La consommation énergétique reposera encore pendant quelques décennies sur le boisénergie. La prospective 2020 montre une augmentation de la consommation d'énergie tant auniveau des ménages que des autres utilisateurs en zone rurale ou en zone urbaine, sauf pour lebois de feu en zone urbaine. Les autres types de combustible augmentent également mais pasavec la même intensité (pente). Le gaz et l'électricité ont une pente faible frolant la stagnationtandis que le kérosène suit une courbe de la même façon que le bois de feu et le charbon debois. Ceci serait du au fait que le kérosène est utilisé pour le transport et pas forçemment pourles ménages. Or, le cas est exactement le contraire pour l'électricité et le butane. Puisquel'industrie ne connaît pas encore un essor industriel remarquable, la consommationénérgétique restera encore alors importante au niveau de ménages. Or, la situation actuelleengendre que les ménages soient encore contraint au choix du combustible le moins couteuxet pas forçemment le plus énérgétique ou le plus convivial. Cet état de fait devra s'ajouterpour accentuer les besoins en ressources forestières pour les 20 prochaines années.

0

10000

20000

30000

40000

50000

60000

70000

80000

90000

Année

PIB sect eur pr imaire PIB sect eur secondaire

PIB sect eur t ert iaire Prospect ion 2020 PIB Sect eur t ert iaire

Prospect ive 2020 PIB Sect eur pr imaire Propsect ive 2020 PIB Sect eur secondaire

Page 21: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 21

Fig.7 : Prospective 2020 de la consommation énergétique des ménages

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

1000

A nnée

Bois de feu(1000 t)

Charbon de bois(1000t)

Kérosène (x 100 m3)

Butane (x 100 t )

Electricité (x 0,1 GWH)

Pospect ive 2020 (bois de feu)

Prospective 2020 (charbon de bois)

Prospective 2020 (kérosène)

Prospective 2020 (Electricité)

Prospective 2020 (Butane)

Page 22: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 22

Fig. 8: Prospective 2020 de la consommation énérgétique à Madagascar

Fig.9: Prospective 2020 de la consommation énergétique des autres secteurs

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

A n n é e

B o is de f eu (10 0 00 0 t )C ha rbo n de bo is (1 0 00 t )P ro s pe c t iv e 20 2 0 (b o is de f eu x 1 0 00 0 0 t )P ro s pe c t iv e 20 2 0 (c ha rbo n de bo is x 1 00 0 t )

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

Année

Qua

ntité

Urbain Bo is de feu (1000 t)

Urbain Charbon (1000 t)

Rural Bo is de feu (1000 t)

Rural Charbon (1000 t)

Prospective 2020 (urbainbo is de feu)Prospective 2020 (Ruralbo is de feu)Prospective 2020 (urbaincharbon)Prospective 2020 (Ruralcharbon)

Page 23: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 23

4.2.4 Le cadre institutionnel

Compte tenu des différents programmes qui préconisent la réforme des institutions, le cadreinstitutionnel du secteur forestier devra pouvoir s'améliorer. Mais, des contraintes persistentpuisque comme il l'a été mentionné dans les moteurs du changement, le service forestier abesoin des compétences humaines et des outils nécessaires à la dynamisation du secteurforestier. Or, il n'existe pas de plan précis de formation du secteur forestier qui devraitpourtant contribuer à la mise en œuvre des différents programmes élaborés actuellement.

5. FACILITER LE CHANGEMENT : QUE FAUT-IL FAIRE ?

La prospective montre que, sans action précise pour faire changer les choses, la situation dusecteur forestier sera amenée à se dégrader. Cette dégradation se traduira par une diminution àla fois de la couverture forestière et de la productivité des forêts. En clair les ressourcesforestières ne pourront pas jouer l'un de ses rôles les plus importants qui est celui de satisfaireaux besoins socio-économiques de la population. Les méthodes classiques pour enrayer cettedégradation consistent à mettre en œuvre des mesures globales ou spécifiques pour fairechanger les choses. Ce document ne préconise pas la mise en œuvre de mesures pour changerles "moteurs" dans le bon sens. Mais, il peut proposer les bases des orientations à prendrepour améliorer la situation à l'intérieur du secteur forestier, en tenant compte d'unenvironnement exogène changeant mais qui exerce une influence permanente sur l'évolutionde la couverture et de la productivité forestière.

5.1 L’Intervention aux niveaux technique et technologique, économique etinstitutionnelle

5.1.2 Au niveau technique et technologique

Au niveau technique et technologique l'on ne pourra pas se passer de la recherche et de lacapitalisation des connaissances. Les parties antérieures de ce document montrent que lescontraintes sont d'abord liées au développement technique et technologique du secteurforestier. Le défrichement et l'exploitation forestière sont surtout dégradants parce que laressource n'arrive pas à compenser les extractions biologiques découlant de ces pratiques. Lesréponses à ces phénomènes ont consisté depuis longtemps à freiner l'ampleur des pratiquestout en espérant que la ressource se régénérera d'elle-même. C'est ainsi qu'on préconise desplans d'aménagement qui "oublient", souvent, de quelle manière doit-on agir pour reconstituer(le plus rapidement) la forêt. L'amélioration de la situation devra donc résulter d'undéveloppement plus important des connaissances techniques et technologiques forestièrespour la reconstitution de la ressource en sus de la mise en œuvre d'outil de gestion comme lagestion participative.Les conclusions de l'atelier d'Andasibe rejoignent celles qui découlent de cette étude qui sont :

• L'amélioration de la performance économique du secteur forestier, et• L'amélioration du système d'information.

Page 24: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 24

L'on pense que l'amélioration des connaissances sur les ressources forestières devra permettrede mieux les reconstituer donc de mieux les gérer. Un ensemble de mesures pour améliorer lasituation serait de :

• Capitaliser les connaissances sur les ressources forestières en commençant par lasylviculture des espèces (monographie) et les modes de traitements sylvicoles.

• Promouvoir la recherche sur les connaissances technologiques de certaines espècespour substituer celles les plus exploitées actuellement.

Un accent particulier devra être donné aux essences de bois d'énergie. Mais, d'une façongénérale, c'est la recherche forestière qu'il faudrait essayer de réorganiser pour qu'elle puisseeffectivement être un support aux actions de développement du secteur forestier.Tout ceci devra se faire sur la base de l'amélioration du système d'information forestière quiest déjà en cours.

5.1.3 Au niveau économique

Au niveau économique, le service forestier peut intervenir et non pas seulement attendrel'évolution du cadre macroéconomique globale. Cependant, l'amélioration des connaissancesau niveau de la ressource ne sera pas suffisante pour changer la situation. On a trop tendance à"simplifier" les choses en oubliant d'intégrer la dimension économique dans les actionsentreprises et à entreprendre dans le secteur forestier. La réalisation d'actions de protection debassin versant, la mise en œuvre de plan d'aménagement et la conduite d'opérationd'afforestation ne devront pas ignorer l'importance de la valeur économique des produits, desacteurs et des marchés.La priorisation des objectifs et des activités lors de la planification forestière devra tenircompte en premier lieu du principe de la rentabilité économique. Ainsi, pour diminuerl'influence des facteurs cruciaux un certain nombre de mesures doivent être mis en œuvre outout au moins devra faire l'objet d'une réflexion plus approfondie. Citons parmi ces mesures lanécessité de :

• La révision de la classification des produits forestiers suivant leur valeur économique,• La normalisation des produits forestiers• L'évaluation de la demande en produits forestiers (exploitation extractive et non

extractive) et• La promotion de l'écotourisme.

5.1.4 Au niveau institutionnel

Au niveau institutionnel, toute réforme doit s'accompagner d'un mécanisme de financementévitant le recours aux aides. La structure actuelle du service forestier n'a pas permis dechanger d'une façon significative les pressions sur les ressources. Dans une perspective d'uneamélioration de la situation, il est inconcevable que le service forestier ne puisse pas adaptersa façon de travailler avec les objectifs qu'elle recherche tout en tenant compte de sescontraintes au niveau méthodologique, matériel et financier. Si au niveau méthodologique lesmoyens devaient s'améliorer avec la mise en œuvre de système d'information plus élaboréequi jouit des résultats de la recherche. Au niveau matériel et financier, l'administration doit sedoter d'instrument financier qui lui permette, non pas, d'augmenter son budget defonctionnement, mais de pouvoir supporter ses actions techniques pour atteindre ses objectifs.Si au niveau actuel, on se penche plutôt sur l'aspect du recouvrement des taxes forestières et

Page 25: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 25

des procédures de son utilisation. L'on oublie souvent d'avoir préalablement défini les intitulésde son utilisation. En tant que moyen, le système de taxation devra pouvoir être affecté aufonctionnement des services (centraux et décentralisés) forestiers mais aussi à la recherche, laformation et surtout à la reconstitution de la ressource. Ainsi, tout programme de réformeinstitutionnelle qui ne se fonde pas sur un système de recherche d'autonomie financière nepourra que faire stagner la situation à l'hypothèse zéro.

5.1.5 Perspective des changements

Si les mesures préconisées sont effectivement appliquées l'on pourrait s'attendre à ce que lescontraintes soient progressivement levées. Si tel est le cas, les moteurs du changementpourront constituer un levier important pour l'amélioration de la performance économique dusecteur forestier. Cependant, comme toutes mesures, les effets ne pourront pas être immédiats.La capitalisation de la recherche sur les techniques et technologies forestières ne pourra sefaire avant une année. Elle est capitale pour la redéfinition des orientations de recherche. Or,ces orientations sont indispensables pour pouvoir réorganiser les structures déjà mises enplace. Incitation économique et réforme institutionnelle ne pourront donc pas avoir deconséquence visible dans le court terme. Entretemps, il est difficile de croire que les pressionspourront laisser un répit à la ressource. Il faut donc nécessairement mettre en place unsystème transitoire qui permettra de gérer d'une façon provisoire tout changement prévisible.

5.1.6 Responsabilisation des acteurs

Quel système provisoire mettre en place ? L'étude ne pourra évidemment pas apporter deréponse à cette question. Les solutions sont à rechercher au niveau non plus du serviceforestier uniquement, mais surtout des acteurs. Ces derniers doivent bien entendus êtreresponsabilisés.

6. CONCLUSION

Ce document constitue une première étude prospective du secteur forestier à Madagascar. Ellea permis de dégager les principales contraintes et avantages du secteur forestier et d’identifierce qu’on appelle les « moteurs de changement ». Les conclusions y afférentes peuvent à lafois ouvrir d’autres visions pour une meilleure gestion forestière et permettent déjà dedémarrer certaines options. Toutefois, l’étude montre une limite importante au niveau del’insuffisance et de la fiabilité des données qui a restreint l’analyse à un seul scénario. Il estdonc évident que la poursuite des actions pour l’amélioration du système de collecte desinformations devra pouvoir, non seulement contribuer à la fiabilité des données, maiségalement à leur utilisation. C’est dans cette perspective que cette étude devra être poursuivieet affinée.

Page 26: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 26

7. ANNEXESAnnexe 1 : Tableaux et figures

Tab.8: Importance des superficies de plantations villageoises dans les Faritany de Madagascaret par groupe d'opérateur jusqu'en 1998.Zone Antananarivo Antsiranana Fianarantsoa Mahajanga Toamasina Toliary TotalSuperficiereboisée avecle PARV

1 773,2 1 773,2

Superficiereboisée avecANAE

5 312 22 2 466 1 722 3 790 348 13 660

Superficiereboisée avecGTZ

200 200

Coopérationjaponaise

100 100

Superficiereboisée avecSAF-FJKM

500,17

Total 7 185,2 22 2 466 1 922 3 790 348 16 233,37Source: FAO, Ramamonjisoa 1999

Tab.9 : Estimation de la surface forestière par type de forêts en 103 HaTypes de forêts Antananarivo Antsiranana Fianarantsoa Mahajanga Toamasina Toliara Total %Forêts denses humidessempervirentes del'Est,du Sambirano et duCentre

111 1225 1086 629 2411 259 5721 43

Forêts clairessclérophylles despentes occidentales ducentre

17 0 127 0 0 116 260 2

Forêts et fourréssclérophylles demontagne du centre

7 48 11 25 0 0 81 1

Forêts denses sèchesdécidues de l'Ouest

3 97 0 2232 3 1640 3986 30

Forêts denses sèchesdécidues de Sud

0 0 0 0 0 1003 1003 8

Fourrés xérophilesdu Sud

0 0 0 0 0 1444 1444 11

Mangroves 0 57 1 207 0 63 327 2Forêts ripicoles et/oudes alluvions

3 0 1 46 0 72 122 1

Peuplementsforestiersartificiels

114 28 51 5 114 4 316 2

TOTAL 255 1455 1277 3144 2528 4601 13 260 100Source : IEFN 1996

Tab.10 :Situation de la branche industrie du bois, de papeterie et d'édition de 1994 à 19971994 1995 1996 1997

Page 27: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 27

Nombre 1452 1147 1243 851Production 164 267 301 325Chiffres d'affaires 170 278 300 331Emploi 18 100 16 430 17 580 17 400Taux de valeur ajoutée 40,4 37,3 38,1 41

Tab.11 :Consommation apparente de bois et produits dérivés (sauf panneaux et papiercartons) de 1989 à 2000 en m3 EBR.

Grumes Bois débités Bois de chauffage Charbon Consommationapparente

1989 29,595 655,798 1,297 833 311 430 2,296 6451990 28,860 1,439 347 1,650 566 682 420 3,803 1831991 82,428 2,273 126 9,010 279 3,083 600 14,451 4241992 90,180 2,247 255 5,658 631 3,011 240 11,009 2981993 53,514 250 256 143 847 1,329 340 1,778 9501994 108,315 114 359 1,304 180 2,141 870 3,670 7181995 141,750 3,502 170 16,380 000 5,856 000 25,881 9151996 62,709 237 809 4,349 615 8,194 700 12,846 8291997 51,281 127 507 3,261 572 6,146 000 9,588 3571998 144,774 196 409 4,254 541 7,690 920 12,288 6421999 112,784 179 003 2,572 768 6,219 600 9,086 1542000 127,079 226 118 5,252 852 8,514 590 14,122 639Taux de conversion utiliséCharbon: 1 m3 EBR = 10 m3/tonneGrume: 1 m3 EBR = 1.5 m3 grumeBois de chauffage : 1 m3 EBR = 0.78 stèresSciage: 1 m3 EBR = 1.8 m3 réel

Tab.12: répartition de la population par classe d'âge et par milieu de résidence pour l'ensembledu pays

GROUPED'AGES

MILIEU DE RESIDENCE

Ensemble Urbain Rural

Total Masculin Féminin Total Masculin Féminin Total Masculin Féminin00-04 2.234 605 1.121 953 1.112 652 431 461 216 780 214 6811.803 144 905 173 897 971

05-09 1.704 564 862 125 842.439 355 350 178 468 176 882 1.349 214 683 657 665 55710-14 1.526 022 772 329 753 693 347 490 171 813 175 677 1.178 532 600 516 578 01615-19 1.372 659 673 803 698 856 332 039 158 937 173 102 1.040 620 514 866 525 75420-24 1.118 519 542 830 575 689 278 150 132 188 145 962 840 369 410 642 429 72725-29 903 176 437 855 465 321 226 337 106 973 119 364 676 839 330 882 345 95730-34 789 734 388 896 400 838 199 041 96 256 102 785 590 693 292 640 298 05335-39 631 357 318 808 312 549 165 839 81 648 84 191 465 518 237 160 228 35840-44 488 602 245 455 243 147 129 678 64 698 64 980 358 924 180 757 178 16745-49 332 625 161 173 171 452 84 046 41 312 42 734 248 579 119 861 128 71850-54 306 080 147 585 158 495 71 344 34 790 36 554 234 736 112 795 121 94155-59 248 217 120 897 127 320 56 738 27 082 29 656 191 479 93 815 97 66460-64 218 913 108 106 110 807 45 963 21 672 24 291 172 950 86 434 86 51665-69 147 867 75 705 72 162 31 530 15 004 16 526 116 337 60 701 55 63670-74 111 744 58 599 53 145 22. 871 10 905 11 966 88 873 47 694 41 17975-79 54 183 28 062 26 121 11 951 5 521 6 430 42 232 22 541 19 69180 $ + 50 047 23 935 26 112 10 401 4 519 5 882 39 646 19 416 20 230Ensemble 12.238 914 6.088 116 6.150 798 2.800 229 1.368 566 1.431 663 9.438 685 4.719 550 4.719 135

Page 28: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 28

Tab.13: Population active occupée de plus de 10 ans par branche d'activitéProvince Ensemble Secteur Primaire Secteur Seccondarie Secteur Tertiaire Secteur non déterminéAntananarivo 1.460 930 1.031 790 130 563 273 087 25 490Antsiranana 420 396 361 660 17 570 34 298 6 868Fianarantsoa 1.044 088 874 561 84 729 59 988 24 810Mahajanga 558 989 491 391 16 854 38 471 12 273Toamasina 799 793 689 585 26 288 68 994 14 926Toliara 664 950 575 289 27 295 47 525 14 841TOTAL 4.949 146 4.024 276 303 299 522 363 99 208Source : RGPH INSTAT 1993

Tab.14: Situation macroéconomique de MadagascarAnnée PIB (produit intérieur brut en

milliard de fmgFinancepubliques

PNB(enmillions deUS$)

Ensemble(prix dumarché)

Secteur primaire (a) Secteursecondaire(a)

Secteurtertiaire(a)

Recettestotales en %du PIB

Dépensestotale en% du PIB

1980 854 21,7 18,51981 976,8 24,8 19,41982 1233,2 20,4 17,21983 1511,5 18,6 15,71984 1695 531 195 808,1 24,8 19 27941985 1893,2 592,7 224,6 899,1 25 18,5 27291986 2203,6 729,5 255 1030,8 23 18,1 31031987 2743,2 865,9 328,1 1243,7 22,3 15,3 23911988 3436,8 1020,6 401,2 1676,1 13,3 14 22631989 4005,3 1200,4 538,7 1963,2 15,2 16,4 23101990 4604 1357,1 599,3 2310,1 14,9 17 29221991 4913,7 1508,2 648,1 2477,5 16,2 23,6 24821992 5593,1 1727,1 715,5 2808,3 21,2 27,2 28631993 6450,9 2041,1 832,9 3221,6 23,8 26,4 32241994 9131,1 3342,6 1155,4 4202,5 23,3 21,5 28311995 13 478,7 4109,3 1716,9 6885,3 16,4 15,9 2992,61996 16 224,4 4.807 501 2046 631 8449,509 17,8 16,8 3844,51997 18 077,9 5266,2(b) 2244,5(b) 9389,3(b) 20,3 16,3 3435,21998 20406 5719,4(b) 2549,3(b) 10 674,4(b) 18,8 15,6 3667,81999 22 343,4(d) 6366,3(e) 2916,8(e) 12 228,4(e) 19,6 14,8 3651,92000 24 726,1(c) 4017,1(d)

(a): "Sans charges Non imputées"(b) : Prov(c) : projection(d): Estimation(e) : PrévSource: SPPM Min Fin Eco / INSTAT, 2000

Page 29: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 29

Tab.15 : Comparaison du nombre de touristes des îles de l'Océan Indien1992 1993 1994 1995 1996 1997

I LE Nombre des visiteurs 33 5400 37 4630 400 526 422 463 486 867 536 125MAURICE Taux de croissance annuel 11.7% 6.9% 5.5% 15.2% 10.1%LA Nombre des visiteurs 217 400 244 700 262 600 304 000 347 000 370 255REUNION Taux de croissance annuel 12.6% 7.3% 15.8% 14.1% 6.7%SEYCHELLES Nombre des visiteurs 98 547 116 180 109 901 120 716 130 955 130 070

Taux de croissance annuel 17.9% -5.4% 9.8% 8.5% -0.7%MADAGASCAR Nombre des visiteurs 53 655 55 102 65 839 74 619 82 681 100 762

Taux de croissance annuel 2.7% 19.5% 13.3% 10.8% 21.2%Source : O.M.T., 1998

Fig. 10 : :Evolution du nombre des touristes à Madagascar de 1988 à 1997

ANNEE

0

20000

40000

60000

80000

100000

120000

Nombre

Source, BDE, 1999

Fig. 11 : Répartition par pays d'origine des touristes ayant visité Madagascar en 1997

51%

2%3%4%4%6%

30%

France

Etats-unis

Suisse

Allemagne

Réunion

Italie

Autres

Tab.16: Evolution du nombre de visiteurs dans les aires protégées par catégorie1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 Moyenne %

Gratuit 19 39 24 127 597 292 363 173 204 0,6

Page 30: REPUBLIQUE DE MADAGASCARenvironnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National. ... financières persistent et peuvent bloquer les

- - 30

Cinéastes 18 32 20 23 0,1Etrangers non-résidents

3 722 7 457 9 302 16 475 19 514 25 528 35 924 20 013 17 242 49,9

Etrangers résidents 897 3 528 3 400 4 272 5 852 5 527 3 367 0 3355 9,7Groupe étudiantsNR

17 217 324 186 0,5

Nationaux 1 020 2 851 3 411 6 033 10 890 11 008 14 271 8 558 7255 21,0Guides 2 804 6 131 3 303 4079 11,8Enfants nationaux 134 779 731 1 250 2 532 1 263 3 104 2 629 1553 4,5Chercheurs 19 47 101 81 84 34 79 53 62 0,2Groupe d'élèves 87 261 449 7 998 2 465 3 842 4 445 2 159 2713 7,9Timbres 2 074 2 287 2181 6,3Grand Total : 5 898 14 962 17 418 36 236 41 934 50 333 70 007 39 519 34538 100

Annexe 2 : Liste des rapports et études

Ministère des Eaux et Forêts Rapport National sur le secteur forestier malgache :- Atelier d'Andasibe du 15 mars au 18 mars 2000. MEF, Antananarivo, Mars 2000. 18

pages +annexes- Ministère de l'énergie et des mines : Déclaration de politique du secteur de l'énergie à

Madagascar. Antananarivo. 1999.- PPIM : Présentation du programme pilote intégré de Mahajanga. 9 pages.- Le secteur forestier en Afrique centrale : analyse critique de la situation et défis du

développement pour l'an 2020. Document de travail.15 pages.- FAO : Collecte et analyse des données pour l'aménagement durable des forêts – joindre

les efforts nationaux internationaux : Actes de l'atelier sous régional sur les statistiquesforestières et perspectives pour le secteur forestier des îles de l'Océan Indien. Andasibe,Madagascar 15-18 mars 2000.

- Primature : Stratégie Nationale de Lutte contre la Pauvreté. Version préliminaire.Antananarivo. Janvier 2000. 106 pages.

- Danielson A. et Hammarkjold M : Etude prospective du secteur forestier en Afrique :Population, revenus et ressources forestières en Afrique : tendances et projections àl'horizon 2020. Février 2000