Réponse du Dr J.P. Haloua

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ANN CHIR MAIN/ANN HAND SURG 1994, 13, N° 5 COURRIER DES LECTEURS 355 vitesse de conduction sensitive paume-poignet. Ce n'est que si cette derni~re n'est qu'h la limite inf6- rieure de la normale que le test de l'annulaire peut apporter un compl6ment d'information h condition d'enregistrer aussi s@ardment les r6ponses du m6dian et du cubital pour calculer de vraies vitesses des fibres les plus rapides, l'aspect bifide d'un potentiel mixte n'6tant qu'un 616ment subjec- tif m~me si il est tr~s 6vocateur. Ainsi, il paralt difficile de proposer des conclu- sions aussi affirmatives 5 partir de r6sultats non chiffr~s et d'une technique beaucoup plus d61icate que ne le laissent entendre les auteurs. L'absence de faux positifs est d'ailleurs en contradiction avec la litt6rature (Redmond et Rivner, 1988), de m~me que manque une discussion (que vous sugg6rez) sur la sensibilit6 du test. Proposer d'embl6e sur ces m~mes r6sultats une intervention chirurgicale sans autre confirmation, et en particulier sans compl6- ment d'examen pour 61iminer soit une neuropathie plus diffuse soit une autre compression comme un syndrome de la travers6e thoraco-brachiale, paralt audacieux. I1 ne faut enfin pas oublier qu'outre les problbmes d'innervation, un hombre non n6gli- geable (10 % ?) de canaux carpiens cliniquement << vrais ~>6chappent au d6but du diagnostic 61ectro- physiologique. En effet, la symptomatologie initia- le peut n' atteindre que les fibres nerveuses de petit calibre ou n'atre due qu'h la souffrance permanente voire transitoire, d'un nombre insuffisant d'axones de gros diam~tre pour ~tre 61ectrophysiologique- ment d6celable. C'est dans ces cas qu'une infiltra- tion ~ vis6e ~ la fois diagnostique et th6rapeutique para~t la seule attitude convenable, en 6vitant les interpr6tations micro-neurophysiologiques. A l'6poque des r6f6rences opposables, toute affirma- tion non solidement 6tayde, donc discutable, me paralt d'une dangerosit6 toute particuli~re. Professeur S. METRAL REFERENCES 1. CHARLES N., VIAL C., CHAUPLANNAZ G., BADY B. -- Cli~ nical validation of antidromic stimulation of the ring finer in early electrodiagnosis of mild carpal tunnel syndrome. Electroencepha- logr Clin Neurophysiol, 1990, 76, 142-147. 2. HALOUA J.P., SOULIER F., COLLIN J.P. -- Potentiel sensitif de l'annulaire. Int6r6t dans le diagnostic 61ectromyographique du syn- drome du canal carpien. Ann Chir Main (Ann Hand Surg), 1994, 13, 64-70. 3. JOHNSON E.R. -- Sensory latencies to the ring finger : normal values and relation to carpal tunnel syndrome. Arch Phys Med Rehabil, 1981, 62, 206-208. 4. LAURITZEN M., LIGUORI R., TROJABORG W. -- Orthodromic sensory conduction along the ring finger in normal subjects and in patients with a carpal tunnel syndrome. Electroencephalogr Clin Neurophysiol, 1991, 81, 18-23. 5. REDMOND M.D., RIVNER M. H. -- False positive electrodia- gnostic tests in carpal tunnel syndrome. Muscle Nerve, 1988, 11, 511-517. 6. SIMPSON C.A. -- Ring finger testing in carpal tunnel syndrome. Muscle Nerve, 1990, 13,560. 7. UNCINI A., LANGE D.J., SOLOMON M., SOLIVEN B., MEER J., LOVELACE R.E. -- Ring finger testing in carpal tunnel syndro- me : a comparative study of diagnostic utility. Muscle Nerve, 1989, 12, 735-741. 8. VALLS J., LLANAS J.M. -- Orthodromic study of the sensory fibers innervating the fourth finger. Muscle Nerve, 1988, 11, 546-552. Rdponse du D r J.P. Haloua J'ai lu avec beaucoup d'attention la lettre du pr Metral. Elle traduit une mdconnaissance de la langue frawaise en g6n6ral et de certains principes de la rddaction m6dicale en particulier [ 1]. ~< Original : qui ne ressemble ~ aucun autre >> (Petit Larousse). Lc terme de ~ proc6d6 original >> s'applique done parfaitement 5 ce test dont la technique et les rdsultats ne sont pas comparables aux autres tests classiques et dont l'utilisation courante est r6cente. Les auteurs n'ont jamais eu l'intention de s'en attribuer la paternit6 et pas une seule phrase dans 1' article ne dit le contraire. Quant 5 la paternit6 r6elle, elle est difficile prouver. Les 6tudes de Simpson (1978) n'ont, semble-t-il, jamais 6t6 publi6es [3]. Nous avons choisi de citer la communication de Valls (1986) h laquelle Fun d'entre nous assistait, qui est la premiere commu- nication en langue franqaise, et dont nous avons utilis6 la technique orthodromique. Kimura a d6crit le premier le <<inching test >>et la phrase qui y fait rdf6rence ne dit pas autre chose. Les cri[iques techniques << majeures >> ne sont pas non plus justifi6es. Le mat6riel est obsolete ? Notre 6tude a d6but6 en 1988 avec le marne mat6- riel que celui de Valls, c'est-h-dire une 61ectrode de surface au poignet, eta fait l'objet d'une communi- cation ~ la soci6t6 d'61ectromyographie de langue

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ANN CHIR MAIN/ANN HAND SURG 1994, 13, N ° 5 COURRIER DES LECTEURS 355

vitesse de conduction sensitive paume-poignet. Ce n'est que si cette derni~re n'est qu'h la limite inf6- rieure de la normale que le test de l'annulaire peut apporter un compl6ment d'information h condition d 'enregistrer aussi s@ardment les r6ponses du m6dian et du cubi ta l pour ca lculer de vraies vitesses des fibres les plus rapides, l 'aspect bifide d'un potentiel mixte n'6tant qu'un 616ment subjec- tif m~me si il est tr~s 6vocateur.

Ainsi, il paralt difficile de proposer des conclu- sions aussi affirmatives 5 partir de r6sultats non chiffr~s et d'une technique beaucoup plus d61icate que ne le laissent entendre les auteurs. L'absence de faux positifs est d'ailleurs en contradiction avec la litt6rature (Redmond et Rivner, 1988), de m~me que manque une discussion (que vous sugg6rez) sur la sensibilit6 du test. Proposer d'embl6e sur ces m~mes r6sultats une intervention chirurgicale sans autre confirmation, et en particulier sans compl6- ment d'examen pour 61iminer soit une neuropathie

plus diffuse soit une autre compression comme un syndrome de la travers6e thoraco-brachiale, paralt audacieux. I1 ne faut enfin pas oublier qu'outre les problbmes d'innervation, un hombre non n6gli- geable (10 % ?) de canaux carpiens cliniquement << vrais ~> 6chappent au d6but du diagnostic 61ectro- physiologique. En effet, la symptomatologie initia- le peut n' atteindre que les fibres nerveuses de petit calibre ou n'atre due qu'h la souffrance permanente voire transitoire, d'un nombre insuffisant d'axones de gros diam~tre pour ~tre 61ectrophysiologique- ment d6celable. C'est dans ces cas qu'une infiltra- tion ~ vis6e ~ la fois diagnostique et th6rapeutique para~t la seule attitude convenable, en 6vitant les interpr6tat ions mic ro-neurophys io log iques . A l'6poque des r6f6rences opposables, toute affirma- tion non solidement 6tayde, donc discutable, me paralt d'une dangerosit6 toute particuli~re.

Professeur S. METRAL

REFERENCES 1. CHARLES N., VIAL C., CHAUPLANNAZ G., BADY B. - - Cli~

nical validation of antidromic stimulation of the ring finer in early electrodiagnosis of mild carpal tunnel syndrome. Electroencepha- logr Clin Neurophysiol, 1990, 76, 142-147.

2. HALOUA J.P., SOULIER F., COLLIN J.P. - - Potentiel sensitif de l'annulaire. Int6r6t dans le diagnostic 61ectromyographique du syn- drome du canal carpien. Ann Chir Main (Ann Hand Surg), 1994, 13, 64-70.

3. JOHNSON E.R. - - Sensory latencies to the ring finger : normal values and relation to carpal tunnel syndrome. Arch Phys Med Rehabil, 1981, 62, 206-208.

4. LAURITZEN M., LIGUORI R., TROJABORG W. - - Orthodromic sensory conduction along the ring finger in normal subjects and in

patients with a carpal tunnel syndrome. Electroencephalogr Clin Neurophysiol, 1991, 81, 18-23.

5. REDMOND M.D., RIVNER M. H. - - False positive electrodia- gnostic tests in carpal tunnel syndrome. Muscle Nerve, 1988, 11, 511-517.

6. SIMPSON C.A. - - Ring finger testing in carpal tunnel syndrome. Muscle Nerve, 1990, 13,560.

7. UNCINI A., LANGE D.J., SOLOMON M., SOLIVEN B., MEER J., LOVELACE R.E. - - Ring finger testing in carpal tunnel syndro- me : a comparative study of diagnostic utility. Muscle Nerve, 1989, 12, 735-741.

8. VALLS J., LLANAS J.M. - - Orthodromic study of the sensory fibers innervat ing the fourth finger. Muscle Nerve, 1988, 11, 546-552.

Rdponse du D r J.P. Haloua

J 'ai lu avec beaucoup d'attention la lettre du pr Metral.

Elle traduit une mdconnaissance de la langue frawaise en g6n6ral et de certains principes de la rddaction m6dicale en particulier [ 1].

~< Original : qui ne ressemble ~ aucun autre >> (Petit Larousse).

Lc terme de ~ proc6d6 original >> s 'appl ique done parfaitement 5 ce test dont la technique et les rdsultats ne sont pas comparables aux autres tests classiques et dont l'utilisation courante est r6cente.

Les auteurs n'ont jamais eu l'intention de s'en attribuer la paternit6 et pas une seule phrase dans 1' article ne dit le contraire.

Quant 5 la paternit6 r6elle, elle est difficile prouver.

Les 6tudes de Simpson (1978) n'ont, semble-t-il, jamais 6t6 publi6es [3]. Nous avons choisi de citer la communication de Valls (1986) h laquelle Fun d'entre nous assistait, qui est la premiere commu- nication en langue franqaise, et dont nous avons utilis6 la technique orthodromique.

Kimura a d6crit le premier le << inching test >> et la phrase qui y fait rdf6rence ne dit pas autre chose.

Les cri[iques techniques << majeures >> ne sont pas non plus justifi6es. Le mat6riel est obsolete ? Notre 6tude a d6but6 en 1988 avec le marne mat6- riel que celui de Valls, c'est-h-dire une 61ectrode de surface au poignet, e t a fait l 'objet d'une communi- cation ~ la soci6t6 d'61ectromyographie de langue

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ANN CHIR MAIN/ANN HAND SURG 356 COURR1ER DES LECTEURS 1994, 13, N ° 5

Fig. 1. m P o t e n t i e l n o r m a l .

Fig. 1. - - N o r m a l po ten t i a l .

F ig . 1. - - P o t e n c i a l n o r m a l .

Fig. 2. - - S t a d e I.

Fig. 2. - - S t a g e I.

F ig. 2. - - E s t a d o I.

Fig. 3. - - S t a d e I I .

F ig. 3. - - S t a g e II.

F ig. 3. - - E s t a d o II.

Fig. 4. - - S t a d e I I I .

F ig. 4. - - S t a g e III.

F ig. 4. - - E s t a d o III.

fran~aise en 1990 sur les 50 premiers patients. Elle a 6t6 compl6t6e sur les 74 patients suivants avec un mat6riel identique pour obtenir des r6sultats corn- parables.

L'intEr~t du recueil simultan6 de la r6ponse du neff m6dian et du neff ulnaire repose sur 1'analyse de la morphologie d'un trac6 pathologique dont on conna~t la normalit6.

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ANN CHIR MAIN/ANN HAND SURG 1994, 13, N ° 5 COURRIER DES LECTEURS 357

Fig. 5. - - Stade IV. Fig. 5. - - S tage IV.

Fig. 5. - - Estado IV. Fig. 6. - - S tade V.

Fig. 6. - - S tage V.

Fig. 6. - - Estado V.

Pour les raisons expliqudes darts l'introduction de l'article, nous n'avons pas choisi l'6tude compa- rative des vitesses de conduction sensitive du neff m~dian et du neff ulnaire recueillies au poignet par aiguille.

Un test non douloureux (61ectrode de surface) est de plus fore6ment reproduct ible . La seule remarque recevable concerne la pr6sentation des diff6rents stades d'un potentiel pathologique sous la forme de sch6mas. Les enregistrements sont donc ici reproduits (fig. 1 h 6).

La pr6sentation des tableaux de r6sultats sous- entend effectivement que la gravit6 du syndrome du canal carpien est proportionnelle au ralentisse- ment de la vitesse de conduction sensitive.

Fallait-il le prouver ? I1 est 6tonnant que 1' auteur mette en doute cette

notion qu'il a lui-mSme admise en 1986 [2].

Sur le plan diagnostique, les signes cliniques d 'un syndrome du canal carpien sont connus de tout bon clinicien, et la fiabilit6 des tests a dt6 rap- pel6e dans l'introduction. Toute rdpfitition ne peut qu' alourdir le texte [ 1].

Comment peut-on 6crire que l'aspect bifide d'un potentiel est subjectif alors qu'il a 6t6 retrouv6

constamment darts notre s6rie, une des plus impor- tantes de la litt6rature (200 sujets sains, 179 cas pathologiques) ?

Enfin, il s'agit, rappelons-le, d'un article sur un test 61ectromyographique et donc toute discussion sur les indications du traitement du syndrome du canal carpien (infiltration, etc.) est totalement hors sujet [1].

Mais pour r6pondre h l' auteur de la lettre, penser que l'indication chirurgicale est pos6e sans un exa- men clinique et 61ectrique complet h la recherche d'une autre cause est h tout le moins incorrect.

Et pour conclure , commen t mieux af f i rmer l' absence de faux positifs, sinon en op6rant un syn- drome du canal carpien sur un faisceau d'argu- ments et en constatant la disparition post-opdratoi- re des sympt6mes ?

Vous avez dit dangerosit6 ?

Docteur Jean-Paul HALOUA 21, boulevard Berthelot

63400 CHAMALII~RES

R E F E R E N C E S

1. FARFOR J.A. - - Cours 616mentaire de r6daction mddicale. Cah Mdd, 1976, 2, 10.

2. METRAL S., ROPERT A. - - Electromyographie. Encycl mdd-chir (Paris, France). Appareil locomoteur, 5-1986, 14001 R10, p. 10.

3. SIMPSON C.A. - - Ring finger testing in carpal tunnel syndrome. Muscle Nerve, 1990, 13, 560.