René Guénon - Autres signatures - Le Sphinx

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  • 7/22/2019 Ren Gunon - Autres signatures - Le Sphinx

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    Ren Gunon

    CRITSSOUS LA SIGNATURE

    Le Sphinx

    - Recueil posthume -

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    TABLE DES MATIRES

    Un ct peu connu de luvre de Dante................................................................. 2LInitiation Maonnique du F Bonaparte ............................................................ 4Les influences modernistes dans lInde................................................................. 10Le Rgime cossais Rectifi de 1776 1815 ......................................................... 20Les adversaires du symbolisme ............................................................................. 41La Stricte Observance et les Suprieurs Inconnus ............................................... 42 propos des Suprieurs Inconnus et de lAstral ................................................. 53M. Bergson et la Libre Parole .......................................................................... 63 Lnigme .......................................................................................................... 66Rponse M. Nicoullaud ....................................................................................... 78

    Lsotrisme de Dante............................................................................................ 83M. Nicoullaud rcidive ....................................................................................... 89Quelques documents indits sur lOrdre des lus Cons .................................... 94Dernire rponse M. Gustave Bord .................................................................. 112Rflexions propos du pouvoir occulte ........................................................ 119

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    Un ct peu connu de luvre de Dante

    Paru dans la France Antimaonnique, le 5 octobre 1911(non sign).

    On sait quil existe une mdaille sur laquelle leffigie de Dante estaccompagne des lettres F.S.K.F.T. On a essay de donner de ces initiales desinterprtations diverses, mais la plus vraisemblable est la suivante, qui se rapproche

    beaucoup de celle qua indique Aroux1, si elle ne lui est mme tout fait identique :Fidei Sanct Kadoch, Frater Templarius . En effet, lassociation della FedeSanta laquelle appartenait le pote, tait un Tiers-Ordre de filiation templire, ettait assez analogue, cette poque, ce que fut plus tard la Fraternit de la Rose-Croix .

    Au dbut de sa Divina Commedia, Dante raconte quil descendit aux enfers leVendredi-Saintde lan 1300, lge de Trente-trois ans ; cest lge du Rose-Croix,qui reprend aussi ses Travaux, symboliquement, le vendredi trois heures aprs-midi, et qui, au cours de son initiation, doit traverser dabord la Chambreinfernale . Dante parcourut tous les cercles infernaux en vingt-quatre heures, et

    atteignit alors le centre de la Terre, quil traversa en contournant le corps de Lucifer.Ny aurait-il pas quelque rapport entre ce corps de Lucifer, plac au centre de

    la Terre, cest--dire au centre mme de la pesanteur, symbolisant lattrait inversede la nature 2, et celui dHiram, plac de mme au centre de la Chambre du

    Milieu , et quil faut aussi franchir pour parvenir la Matrise ? La connaissance dece rapport mystrieux ne pourrait-elle pas aider dcouvrir la vritable significationde la lettre G ?

    Nous rappellerons seulement dautre part, sans y insister, la Croix que vit

    Dante dans la Sphre de Mars, ainsi que lAigle dans la Sphre de Jupiteret lchellemystique dans celle de Saturne. Cette Croix ne doit-elle pas tre rapproche de cellequi sert encore demblme plusieurs grades maonniques, dont certaines lgendesveulent rattacher lorigine aux Croisades ? Quant aux deux autres symboles, il esttrop facile dy reconnatre ceux du Kadosch Templier : on parvient au pied delchelle mystique par la Justice (Tsedakah), et son sommet par la Foi (Emounah).

    1 Dans un ouvrage intitulDante hrtique et albigeois.2 Simon et Thophane,Les Enseignements secrets de la Gnose, p. 42.

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    Ceux qui se livreraient des recherches approfondies sur ce ct trop peuconnu de luvre de Dante y feraient certainement de bien curieuses dcouvertes.Une tude de ce genre pourrait peut-tre intresser MM. Copin-Albancelli et LouisDast, qui se consacrent particulirement la reconstitution de lhistoire des Socits

    secrtes en gnral, et la dcouverte des liens qui les unissent travers le temps etlespace ?

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    LInitiation Maonniquedu F Bonaparte1

    Paru dans la France Antimaonnique, le 31 juillet 1913(article sign Clarin de Rive mais rdig (au moins en partie) par le Sphinx).

    Les principaux documents maonniques reprsentant Bonaparte en F M sontassez rares. Ils proviennent, en partie, du F Kiener, et consistent dans un tableauallgorique sous forme de carte-lettre publi par les soins du G O de France et

    citant :3 BERCEAU HISTORIQUE DES MYSTRES DE LA FRANC-MAONNERIE ou des

    Souverains ou Chefs dtats affilis la Maonnerie (Nous avons jadis tudisoigneusement ce tableau dansLa France Antimaonnique). Bonaparte est transport

    par un aigle et enlev au ciel des FF. Il est en coutume de gnral, bott, peronn,tenant laigle par le cou. Cet aigle soutient dans ses serres une querre, une rgle etune cl qui nous parat rellementsuspecte.

    Le F Kiener, prcit, nous a laiss deux petits tableaux qui ornent le muse de

    la France Antimaonnique.

    Lun deux intitul les CINQ ONCLES, reproduit dans une sorte de Croix de laLgion dhonneur.

    Cette croix est porte, symboliquement, dans les serres dun aigle avec cettelgende : RPUBLIQUE FRANAISE 1792. Au centre, le F Kiener a mnag, dans cesdeux croix, une toile flamboyante cinq branches, agrmente de la lettre capitale etritulique G, entoure par les quatre initiales traditionnelles J B M B

    1 Napolon Bonaparte (Ier Consul et Empereur), Protecteur de lOrdre desF M, n le 15 aot 1769.

    2Joseph-Napolon Bonaparte (Ex-Roi dEspagne), Grand-Matre de lOrdredes F M, n le 7 janvier 1768.

    1 Souviens-toi de ne jamais changer le chapeau de la Libert pour une couronne. Cest par cesprophtiques phrases que le Rcipiendaire Illumin accueillait, daprs le texte mme du clich de lpoque, le FBonaparte, lors de la Crmonie de son Initiation. Ncoutant que son ambition coupable et dsordonne, Bonapartechangeait, en effet, le chapeau de la Libert pour une couronne impriale et finissait, aprs une pope mondiale etsanguinaire, Sainte-Hlne, prisonnier de ces mmes Anglais quil avait tromps lors du sige de Toulon, ntantencore quofficier de la Garde Nationale Corse.

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    3Louis-Napolon Bonaparte (Ex-Roi dHollande), n le 1erseptembre 1784.

    4 Jrme-Napolon Bonaparte (Ex-Roi de Westphalie), n le 15 dcembre1784.

    5Lucien-Napolon Bonaparte (Prsident du Conseil des Cinq-Cents), n en

    1775.Joseph Kiener, R C, diteur, Place Maubert, 41.

    Le second tableau reproduit aussi dans une Croix de la Lgion dhonneur etsous le titre les CINQ NEVEUX ; il est galement soutenu par un aigle, avec la devise :RPUBLIQUE FRANAISE 1848.

    1Franois-Charles Joseph (fils de Napolon). N le 20 mars 1811.

    2Napolon Bonaparte (fils de Jrme). N le 9 septembre 1822.3Charles-Louis Napolon Bonaparte (fils de Louis). N le 20 avril 1808.

    4Lucien Murat(fils de Joachin Murat). N en 1803.

    5Pierre Bonaparte (fils de Lucien). N le 11 octobre 1815.

    Les vitrines des Collections des reliques napoloniennes rassembles par lePrince Victor Napolon et la Princesse Clmentine, Bruxelles, renferment descordons et un tablier de matres et un autre tablier portant les initiales SB Noustrouvons vraiment trange que ces princes aient runi dans ces vitrines des oripeauxfranc-maonniques quon ne se vante pas de conserver dans sa famille.

    Bonaparte croyant consolider son trne imprial, se rendit au camp deBoulogne, pour distribuer larme la Croix de la Lgion dhonneur. Au centre ducamp fut plac le sige antique du Roi Dagobert, qui servit de trne lEmpereur.Les dcorations qui devaient tre distribues aux Lgionnaires avaient t placesdans le casque de Duguesclin (au milieu des accessoires recueillis au Muse duGrand-Orient, on voit un casque de Rose-Croix, casque servant, pendant les tenues deRC, de casque de bienfaisance, de proposition, etc.).

    Nous avons jadis reproduit (25me anne, n 6, p. 65), un article de LAcacia

    intitul :La visite de Bonaparte lO de Nancy, qui ne laissait aucun doute sur laqualit maonnique de Napolon Ier.

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    Une nouvelle preuve nous est fournie par les documents que M. BenjaminFabre vient de publier dans son trs intressant ouvrage surFranciscus, Eques aCapite Galeato. Voici ce quil dit ce sujet (p. 250)2 :

    Il est sr que Bonaparte tait Maon. Pyron, un vrai chef de la Maonnerie,laffirme ou plutt le rappelle, en passant. Il ne prtend annoncer rien de bien

    nouveau, rien surtout qui puisse surprendre LEques a Capite Galeato, soncorrespondant. LEmpereur avait t autrefois admis dans un Rgime cossais. Enquel lieu et quand ? Bonaparte aurait t initi Malte, aprs la prise de cette le.Lhistorien Clavela recueilli cette tradition. Et donc les Frres du Rgime cossaistaient les Frres de sa Majest lEMPEREUR.

    2Un initi des socits secrtes suprieures (1753-1814)Franciscus, Eques a capite galeato

    laRenaissance Franaise, 3 rue de Solfrino, Paris.Un volume in-8 de prs de 500 pages, avec portrait etdocuments indits ; nombreuses reproductions en photogravure. Prix : 7 fr. 50.

    Un livre dune grande importance au point de vue antimaonnique a paru la semaine dernire la librairie laRenaissance Franaise. Il est crit par un nouveau venu, M. Benjamin Fabre, et ce nouveau venu dbute par un coup dematre. Il nous livre en effet une admirable collection de documents authentiques manant de lun des hauts initis qui

    prparrent la Rvolution et qui travaillrent ensuite invisiblement sous le Premier Empire, alors que le matre de laFrance croyait la vie maonnique concentre toute entire dans les Loges o lavait fait entrer ses officiers. Ilsimaginait tenir ainsi la Maonnerie. En ralit, il nen est que le vtement. De ce vtement il faisait son jouet sans sedouter que, malgr toute sa puissance, lui-mme tait le jouet de ce dont la Maonnerie nest que lenveloppement.

    M. Benjamin Fabre ne nous donne que le prnom et le surnom maonnique du hros de son livre. Franciscus,Franois ;Eques a capite galeato, le chevalier la tte casque. Quant au nom de famille, il ne veut pas le prononcer ;et cest par un sentiment trs louable. Il existe encore, en effet, des descendants dEques a capite galeato. Cest lun deces descendants qui a remis M. Benjamin Fabre les documents quil lui a donn mission de livrer au public pour

    rparer autant quil est possible le mal que son aeul a contribu faire. Cest l un trs noble exemple quil serait souhaiter de voir suivi. M. Copin-Albancelli, qui a crit la prface du livre de M. Benjamin Fabre, dit ce sujet :

    Il existe certainement dans plus dune famille des archives qui permettraient de jeter enfin une pleine lumiresur la Franc-Maonnerie, de montrer les liens qui lunissent aux autres Socits secrtes et de faire comprendre partoute llite de la nation lespce particulire de dangers auxquels les peuples modernes sont exposs. Les famillesnobles ont t les premires se laisser prendre au pige maonnique. Il appartient leurs reprsentants actuels derparer cette faute, souvent inconsciente, en fournissant aux gnrat ions daujourdhui les renseignements qui peuventles aider chapper aux consquences cres. Les services quils rendraient ainsi seraient certainement prcieux. On nesaurait douter en effet que les Puissances occultes ne prennent toutes les mesures possibles pour faire disparatre desarchives publiques tout ce que les chercheurs y trouveraient de documents vraiment rvlateurs sur le mcanisme desSocits secrtes. Cest pourquoi nous devons tre dautant plus reconnaissants aux hommes de grand cur et de hauteintelligence qui veulent bien ouvrir aux spcialistes le trsor de leurs archives familiales.

    Mais il aurait pu arriver que le descendant de la trs noble et vieille famille laquelle appartenait Eques capite

    galeato remit les documents en sa possession un homme insuffisamment instruit des choses de la Maonnerie. Il en at tout autrement. M. Benjamin Fabre sest form lcole de Barruel et de Crtineau-Joly. Il a admirablement comprisla thorie de M. Copin-Albancelli sur les socits superposes, thorie qui est combattue par certains antimaons, on nesait trop pourquoi. Les socits superposes existent en effet. Il est impossible de le nier puisque c est un fait. Lesantimaons dont nous parlons affirment que ce fait est sans importance. Mais alors, comment expliquer qu il soit si

    persistant ? Les adversaires de la thorie des socits superposes ne rpondent pas cette question, et pour cause.M. Benjamin Fabre, lui, ne sy est pas tromp. Aussi, la lumire de lide directrice que lui a fourni la thse

    de M. Copin-Albancelli, il a su tirer un merveilleux parti des prcieuses archives qui lui furent confies. cause de cela, son livre prsente un double intrt. Il se recommande par lorigine et limportance des

    documents quil verse larsenal de guerre antimaonnique et il peut contribuer puissamment aider les Franais chapper aux piges qui leur sont journellement tendus.

    Louvrage de M. Benjamin Fabre, crit M. Copin-Albancelli en terminant sa prface, fortement pens etsuprieurement conduit, doit prendre place cot de ceux de Barruel et de Crtineau-Joly. C est le plus bel loge quonen puisse faire .

    Nous avons tenu indiquer ds aujourdhui ce livre nos lecteurs. Nous y reviendrons tout loisir.Le Liseur

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    Voici le passage de la lettre du FPyron laquelle il est fait allusion ici, et quise trouve reproduite un peu plus loin (pp. 256-257) :

    Le Grand-Orient chercha sortir de sa lthargie, nomma un Grand-Matre,des Grands-Officiers dhonneur ; nous en fmes autant. Il prit des ntres ; nous prmesdes siens. Et nos batteries taient en prsence, lorsque Sa Majest lEmpereur et Roy,

    membre de notre Rit, dsira la runion de ces deux Rits en un seul corpsmaonnique.

    Ce projet dunification des divers Rites, sous les auspices du Grand-Orient,devait tre repris plus tard par le F Napolon III, lorsquil voulut imposer lemarchal Magnan comme Grand-Matre la Maonnerie franaise toute entire, cequi provoqua la protestation bien connue du F Viennet, Grand Commandeur duSuprme Conseil cossais.

    Mais revenons linitiation de Napolon Ier. Le F Clavel, dans son Histoirepittoresque de la Franc-Maonnerie (p.242), dit que lEmpereur avait t reuMaon Malte, lors du sjour quil fit dans cette le en se rendant en gypte. Ilraconte ensuite (pp. 244-245) lhistoire de la visite que Napolon fit incognito laLoge du faubourg Saint-Marcel. Cette histoire a t dj rappele par la France

    Antimaonnique propos de larticle prcdemment cit.

    La date de linitiation de Napolon, ou plutt du Gnral Bonaparte, estprcise par le F J. T. Lawrence,Past Assistant Grand Chaplain de la Grande LogedAngleterre, qui, dans un ouvrage intitul By-Ways of Freemasonry (p. 171) cite,

    parmi les souverains ayant appartenu la Maonnerie, Napolon Bonaparte, initi Malte en juin 1798.

    Cependant, daprs larticle deLAcacia, la visite lO de Nancy fut faite le3 dcembre 1797 ; cette contradiction apparente sexplique si lon admet queBonaparte, qui alors ntait que Matre , reut Malte, lanne suivante, les hautsgrades dunRgime cossais. Les FF Clavel et Lawrence paraissent donc avoir faitune confusion, et cette question reste rsoudre : o Bonaparte avait-il reu lesgrades symboliques ? Peut-tre est-ce dans une Loge militaire, mais nous n avonsrien trouv qui permette de laffirmer.

    Quoi quil en soit, signalons encore un autre document qui se trouve dans leMiroir de la Vrit, ddi tous les Maons, publi en 1800 par le F Abraham3. Cevolume se termine par deux pices de vers du F Boisson-Quency4.

    3 Ce F Abraham sintitule MATG (Matre tous grades), membre du G O de France, 1erFondateur et Vnrable de la RL deslves de la Nature ; mais le F Clavel (op. cit., p. 242) le traite dhommetar, et lme de la dissidence cossaise ; daprs M. Benjamin Fabre (op. cit., p. 249) ce juif se livrait au trafic deshauts grades maonniques . Voici ce quon trouve ce sujet dans Thory (Acta Latomorum, tome Ier, p. 249) : SUPRME CONSEIL DU 33me DEGR. 2 dcembre 1811. le Conseil fulmine contre quelques tablissementsirrgulirement forms, et dclare nuls et abusifs tous les Brefs, prtendus cossais, dlivrs par le nomm Antoine-

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    La premire (pp. 372-379) porte le titre suivant : Veni, Vidi, Vici : ODE AUTC ET TRF BONAPARTE, PREMIERCONSUL, sur le passage du Mont Saint-

    Bernard et la bataille de Marengo.

    La seconde (pp. 380-386) est un pome sur les exploits militaires, les vertussociales et maonniques (sic) du TC et TRF MOREAU, Gnral en chef,

    membre de la RL de la Parfaite Union, lO de Rennes.

    Le rapprochement de ces deux noms est assez singulier, lorsquon pense aurle que devait jouer, peine quatre ans plus tard, ce mme F Moreau dans lecomplot form contre le F Bonaparte par le chef royaliste George Cadoudal5.

    Maintenant, quel est leRgime cossais (de hauts grades) auquel Bonaparte futaffili, vraisemblablement, durant son sjour Malte ? Le F Hiram (Ch.M.Limousin), dans son Rsum de lHistoire de la Franc-Maonnerie (p.359) dit que

    Napolon semble avoir t le charg daffaires de la Stricte Observance ; mais LaFrance Antimaonnique a reproduit (25me anne, n 40, pp. 434-437), un article deLAcacia, relatif La L Le Centre des Amis (GODF), et dans lequel le F E.de Ribaucourt slve contre cette affirmation et semble donner entendre que le Riteauquel appartenait Bonaparte ntait autre que leRgime cossais Rectifi.

    Les Directoires de ce Rgime taient depuis longtemps en relations troitesavec le Grand-Orient de France, comme le montrent ces indications donnes parThory dans sesActa Latomorum :

    13 avril 1776. Trait dunion entre les commissaires respectifs du Grand-Orient et des Directoires cossais tablis (en 1774) selon le rgime de la MaonnerieRforme de Dresde (datant de 1755), Lyon, Bordeaux et Strasbourg.

    31 mai.Ce trait est adopt et sanctionn dans une assemble extraordinaire. (Tome Ier, p. 119 ;)

    6 mars 1781.Le Directoire cossais de Septimanie, sant Montpellier, ayantform, le 22 janvier prcdent, une demande daggrgation (sic) au GO conforme

    FirminAbraham, comme membre de la Loge des lves de Minerve, Paris (voir 1803, p. 214, article COSSE). cet endroit, nous lisons ce qui suit : GRANDE LOGE DE SAINT-JEAN. On fait lecture, dans la Grande Loge,dune lettre de Louis Clavel, Grand-Matre Provincial de lOrdre de Saint-Jean ddimbourgauprs de la Grande Logede Rouen, demandant tre autoris constituer une Loge cossaise Marseille. cette requte tait jointe la copiedun crit attribu la Grande Loge dcosse, par lequel cette dernire paraissait donner, une loge de Paris, nommeles lves de Minerve, le droit de dlivrer des constitutions. La Grande Loge dclare qu elle na jamais concd de

    pareils pouvoirs (Lawrie, The History of Freemasonry, p. 292.) Il y a probablement identit entre cette Loge deslves de Minerve et celle deslves de la Nature.

    4 Le F Boisson-Quency, Adjudant-Commandant, Membre de plusieurs Acadmies et Socits littraires ,tait Vice Orateur de la R L deslves de la Nature .

    5 Exil la suite de ce complot, le Gnral Moreau se rendit dabord en Amrique ; revenu en Europe, il fut tu Dresde, en 1813, en combattant contre sa patrie dans les rangs des Russes. On voit ce qu il faut penser des vertussociales que clbrait le F Boisson-Quency.

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    au trait fait avec les Directoires cossais en 1776, on arrte que ce mme concordatsera commun aux Directoires imptrants. (Ibid. p. 147.)

    Napolon, en favorisant le Grand-Orient, naurait donc fait que suivre lapolitique adopte par le Rgime cossais Rectifi ; mais il se peut quil ait t aussiaffili, par la suite, au Rite cossais Ancien et Accept, apport dAmrique en

    France par le F de Grasse-Tilly, en 1804, car cest sans doute de celui-ci que le FPyron, 33me, secrtaire de la Grande Loge Gnrale cossaise, parle dans sa lettre.Lattitude de Napolon tait assurment contraire aux intrts de ce dernier Rite,aussi bien qu ceux du Rite cossais Philosophique (dont la Mre-Loge avait tfonde en 1776), mais ne serait-ce pas prcisment parce que ces organisationsfaisaient concurrence au Rgime cossais Rectifi ? En envisageant la question souscet aspect, on parviendrait peut-tre claircir un peu ce curieux point dhistoire.

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    Les influences modernistes dans lInde*Paru dans la France Antimaonnique, le 31 juillet et le 11 dcembre 1913.

    Le Brahma-Samj

    On a signal la prsence, au rcent Congrs du Progrs Religieux de Paris, deM. Rabindra Nth Tagore, de Calcutta. Certains admirateurs de ce grand potemoderne du Bengale peuvent, avec quelque apparence de raison, stonner de le voirfigurer ainsi parmi tant de reprsentants avrs de toutes les nuances du

    protestantisme plus ou moins libral, et non seulement anglais, mais aussi et surtoutallemand, ce qui ne vaut pas mieux 1 . Dordinaire, en effet, ces tendancessharmonisent fort peu avec le caractre oriental en gnral et hindou en particulier ;mais on ne se souvient peut-tre pas assez que M. Rabindra Nth Tagore, dont la

    bonne foi nest dailleurs pas en question ici, est un des fils de Dvendra NthTagore, et le petit-fils de Dwrka Nth Tagore, lun des successeurs du fameux RmMohun Roy la tte du Brahma-Samj. Nous allons voir ce quest, ou plutt ce quefut cette association, qui compta parmi ses protecteurs feu le F Mahrja de Cooch-Behar,Past Senior Grand Warden de la Grande Loge dAngleterre, et membre de laSocit Thosophique.

    Pour viter tout reproche de partialit lgard duBrahma-Samj et de lespritqui animait ses fondateurs et ses propagateurs, nous citerons, en soulignant certains

    passages, ce qucrivait, il y a quelques annes, M. L. de Millou, conservateur duMuse Guimet2. Cet auteur nest assurment pas suspect : il est nettement favorableaux essais dimplantation dans lInde de linfluence europenne dinspiration

    protestante. Ajoutons que ses conceptions thologiques et mtaphysiques ne

    * [Reproduction de la reparution dans les tudes Traditionnellesdoctobre-novembre 1952 (sera remplac parla version originale parue dans la France Antimaonnique, si elle est retrouve). Le titre nest pas dorigine, il est deMichel Valsan, et la date renseigne est incertaine, ces lments varient selon les sources :

    - Michel Valsan :31/07 et 11/12 :Les influences modernistes dans l'Inde(rdit fautivement sous la signature Ren Gunon)

    - Xavier Accart :31/07 :Les socits initiatiques modernes dans l'Inde04/12 :Le Brahma-Samj

    - Bruno Hapel :11/12 :Inde, le Brahma-Samj, l'Arya-Samj(prcise en note que Valsan a chang de titre et a supprim des notes dans sa rdition).]

    1 On a peut-tre oubli de noter, comme un des symptmes de cette influence germanique ou tout au moinsgermanisante, la convocation ce Congrs de M. Edouard Schur, reprsentant du groupe Steiner en France, lexclusion des Thosophistes fidles la direction anglaise de la S Annie Besant.

    2 Dans un ouvrage surLe Brhmanisme, dit en 1905.

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    stendent gure au del de celles de son coreligionnaire M. Salomon Reinach et desautres illustrations de cette prtendue science des religions , science toutemoderne et moderniste, du pasteur Rville et de lex-abb Loisy aux FF GobletdAlviella3, Jeanvrot dit Malvert4, et autres.

    Voici donc ce que dit M. de Millou5 sur lorigine du Brahma-Samj (ou, en

    bengali,Bramo-Somaj) :

    Cest notre poque quil appartenait de slever plus haut (?) et dtendreles rformes, jusque-l purement dordre religieux et philosophique, la conditionmorale, intellectuelle et physique de la population6. Il est certain que le contact desEuropens, lexprience de leurs institutions, linfiltration, si superficielle quelle ait

    pu tre7, de leurs ides dans hautes classes en rapports frquents8 avec eux, lambitionde slever leur niveau9, surtout la fondation dcoles, de collges et duniversitso de jeunes Hindous reurent linstruction de matres europens 10, ont t pour

    beaucoup dans lextension de ce mouvement de rforme, que le gouvernement delInde11 a du reste encourag de tout son pouvoir.

    Lhonneur(?) du premier pas dans cette voie revient lillustre Rm MohunRoy12 (1774-1833). N Rdhnagar, dans le district de Murshidbd, dune grandefamille de Brhmanes, il fut lev dans le Vishnousme orthodoxe le plus fervent 13, cequi ne lempcha pas de se rvolter, ds son jeune ge, contre les superstitions et les

    pratiques cultuelles de ses coreligionnaires. A seize ans, il publiait un opuscule contrelidoltrie qui souleva un grand scandale parmi ses proches et lobligea quitter pourun temps la maison paternelle, temps dexil quil mit profit pour aller tudier la

    3 Le F Goblet dAlviella, Souverain Grand Commandeur du Suprme Conseil de Belgique, tait aussi prsentau Congrs du Progrs Religieux. Daprs le compte-rendu que donne laRevue Internationale des Socits Secrtes (ndu 20 aot 1913, p. 2822), il conclut limpossibilit dune religion universelle , tout en croyant quon pourraitarriver une entente et que le devoir envers lhumanit en serait la base .

    4 Cest sous ce pseudonyme de Malvert que le dfunt F Jeanvrot, qui fut membre du Conseil de lordre duGrand-Orient de France, publia un ouvrage de vulgarisation intitul Science et Religion.

    5 PP. 227-234 de louvrage cit.6 Les rformes dont il sagit ne sont peut-tre pas aussi bienfaisantes que voudraient le faire croire, dans lInde

    comme en France, les dfenseurs de linstruction protestante et obligatoire. Nous ferons dailleurs remarquer que lesBouddhistes avaient tent depuis longtemps, leurs risques et prils, certaines rformes dordre social, allant mme, en

    rejetant la distinction des castes tablies par la Loi de Manou, jusqu la ngation de toute hirarchie rgulire. Signalons, ce propos, un exemple de lignorance des Thosophistes en tout ce qui concerne lInde : dans un articleintituleKshattriya, publi parLe Thosophe (n du 16 aot 1913), un certain M. Lon Moreau affirme que les castesont t institues par le Seigneur Bouddha !

    7 Notons cet aveu en passant.8 Mais pas toujours agrables, tant sen faut !9 Plus dun Hindou ne pense-t-il pas que ce serait plutt sabaisser ?10 Tel le Central Hindu College de Bnars, fond par la S Annie Besant, et qui eut pourPrincipal, jusqu

    ces derniers temps, le F George Arundale.11 Il sagit, bien entendu, du gouvernement britannique12 En sanscritRma Mah Rja, le grand roi Rma .13 Il est remarquer que cest parmi les Vishnoustes que les Anglais trouvent le plus souvent, pour les besoins

    de leur domination, certaines complicits parfois inconscientes. Avant de prter son appui des mouvements tels quecelui dont nous parlons et dautres que nous avons dj dsigns, le Mahrja de Cooch-Behar, quoique bien jeuneencore cette poque, aurait d rflchir la signification minemment shivaste du sabre et du brin dherbe quifigurent dans les armoiries de sa famille et sur ltendard de ses tats.

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    littrature persane et arabe Ptna, le Brhmanisme savant Bnars, et leBouddhisme au Thibet. On dit mme quil apprit le grec, le latin et lhbreu afin de

    pouvoir lire tous les livres sacrs des autres religions dans leur langue originale14.

    La mort de son pre, survenue en 1803, laffranchit des mnagements quilavait d garder jusqualors, et il devint de plus en plus hardi dans ses controverses,

    tout en vitant soigneusement toute dmarche susceptible de lui faire perdu sa caste,ce qui non seulement let priv de la grande fortune qui devait tre lune de sesarmes les plus puissantes, mais encore lui et enlev toute considration et autoritauprs de ses compatriotes15. Il eut cependant le courage16 daccepter des fonctionsdu gouvernement 17 , et remplit pendant plusieurs annes la charge de Dvn ouconseiller des juges et des collecteurs dimpts des trois districts de Rangpour,Bhgalpour et Rmgard, fonction dans laquelle il sut rendre de signals services son

    pays18. ce moment, il fit paratre un nouveau livre surLIdoltrie de toutes lesreligions19.

    Pntr du dsir de ramener ses coreligionnaires la doctrine pure desVdas20, il avait fond Calcutta, en 1816, lAtmya-Sabh ou Socit Spirituelle21,

    pour la discussion des questions de philosophie et de religion 22 . LadmissiondEuropens ces runions, et la publication, en 1820, de son livre des Prceptesde Jsus , firent accuser Rm Mohun Roy de stre converti au Christianisme,accusation toute gratuite, car il resta toujours foncirement Hindou23 et neut dautreobjectif quune tentative de rconciliation entre les religions24.

    Les relations amicales quil avait lies, en 1828, avec le missionnaire

    anglican W. Adam, lui suggrrent lide dorganiser, sur le plan des services

    14 Peut-tre mme tait-il arriv connatre mieux ces autres religions que la sienne propre, et nous croyonssans peine ses admirateurs lorsquils nous disent qu il avait bien compris lOccident ; mais que vaut au juste cetloge pour un Oriental ?

    15 Admirons au moins lhabilet toute diplomatique de cette conduite ; il nest pas surprenant quelle ait attirlattention de lempereur de Delhi, qui jugea par la suite Rm Mohun Roy parfaitement apte dtendre ses droits devantle Parlement britannique, sans suspecter quun tel ambassadeur, tout en mnageant avant tout les susceptibilitsorientales, pouvait fort bien servirsurtoutles intrts occidentaux.

    16 Un autre mot, un peu plus discret, net-il pas t mieux appropri, si lon considre que Rm Mohun Roytenait sagrande fortune comme lune de ses armes les plus puissantes ? Ce nest pas nous qui lavons fait dire M.

    de Millou, pour qui la politique est peut-tre, comme pour certaines autres autorits scientifiques (?) que nouspourrions nommer, moins obscure que la thogonie et la cosmogonie, ou mme quun simple texte crit en turcancien.

    17 Duquel ? celui de Delhi ou celui de Londres ?18 Sagit-il de sapatrie, ou de lEmpire dont il tait lesujet, ou tout au moins leprotg ?19 Les Protestants ne traitent-ils pas aussi les Catholiques didoltres ?20 Comme le Protestantisme prtend ramener le Christianisme la doctrine pure de la Bible et de

    lvangile .21 cette occasion, il adressa un appel tous les croyants du seul vrai Dieu .22 Il admettait donc le principe protestant du libre examen, oubliant quil est, en Orient comme en Occident,

    des questions qui studient, mais ne se discutentpas.23 Jusqu quel point ? ne faudrait-il pas plutt admettre que, dans sa personnalit subtile et complexe, le

    Chrtien (protestant) et lHindou formaient deux parts assez distinctes, mais dont lune ne pouvait gure se dvelopperquan dtriment de lautre ?

    24 Exactement comme les promoteurs du Parlement des Religions de Chicago et des Congrs du ProgrsReligieux.

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    protestants 25, des assembles hebdomadaires consacres la lecture de textesvdiques, accompagne de sermons et de chants dhymnes 26 , et auxquelles lesfemmes taient admises ; ce qui lamena, en 1830, fonder sous le nom deBrahma-Sabh ou Brahmya-Samj la premire glise hindoue rforme27, dans un dificeconstruit et entretenu ses frais, o Hindous, Chrtiens et Musulmans pussent venir

    prier ensemble28. Cest sur ces entrefaites que lempereur de Delhi lui confra le titredeRja ou prince29, et lenvoya comme ambassadeur en Angleterre pour dfendre sesdroits devant le Parlement30, voyage au cours duquel Rm Mohun Roy mourut Bristol, en 183331.

    Mais son uvre ne prit pas avec lui. Aprs avoir vgt quelque temps sousles deux successeurs de Rm Mohun Roy, Dwrka Nth Tagore et RmachandraVidybgish, le Brahma-Samj prit un nouvel essor aprs la fusion avec lui de laTattwa-Bodhini-Sabh ou Socit pour lEnseignement de la Vrit 32 , queDvendra Nth Tagore, fils du prcdent, avait fonde avec quelques jeunes Hindous.

    Il prit alors le nom dAdhi-Brahma-Samj33

    , et enfin, en 1844, celui de Brahma-Samj de Calcutta, pour le distinguer de quelques autres Brahma-Samjs institusdans dautres localits. Le programme de cette religion peut se rsumer en adorationdun Dieu unique par un culte damour et de bonnes uvres34. Elle progressa sirapidement quen 1847, elle comptait 777 glises35 dans les diffrentes parties delInde. Cependant, des divergences de vues stant produites entre les membres de

    25 Voil linspiration du mouvement assez clairement dfinie.26 Comme la lecture de textes bibliques laquelle sont pareillement consacrs, en gnral, les services

    protestants dont il vient dtre question.27 Ici, le paralllisme voulu avec lglise chrtienne rforme prend vraiment un caractre un peu forc, car

    lHindousme orthodoxe, quil soit dailleurs vishnouste oushivaste, ne constitua jamais uneglise, au sens o ce motest toujours pris en Occident.

    28 Pourquoi pas aussi les Parsis et les Juifs ? Mais les Hindous, pour leur part, ne tardrent pas se rendrecompte quunsermon sur une morale plus ou moins vanglique, mais surtout et toujourspuritaine, ne pouvait, mmeassaisonn dune lecture vdique, constituer pour eux quun aliment intellectuel de la plus dplorable mdiocrit.

    29 Ce titre eut certes t plus convenable pour un Kshatriya de valeur que pour un Brhmane comme RmMohun Roy, qui tenait pourtant dautre part, sinon prcisment sa caste, du moins aux avantages fort apprciablesquelle pouvait lui procurer. Cette faiblesse bien humaine se rencontre d ailleurs souvent, mme en Europe, chez ceuxqui rclament avec le plus dinsistance labolition de tous les privilges dont la raison dtre plus ou moins profondechappe leur entendement ; on pourrait sans peine en trouver des exemples parmi les plus fameux politiciens de tousles temps et de tous les pays, mme lorsquils se sont dissimuls sous un masque pseudo-religieux ou pseudo-

    scientifique.30 Cela donnait en mme temps Rm Mohun Roy une occasion de se rendre dans ce pays, comme il le

    dsirait, sans se compromettre aux yeux de ses compatriotes, puisqu il ne franchissait ainsi la mer que sur lordre duSouverain reconnu (lEmpereur des Indes, au moins nominalement, protecteur et interprte deDharma (la Loi).

    31 Comme ou la vu ailleurs, le F Mahrja de Cooch-Behar mourut, lui aussi, en Angleterre, lorsquil y vintpour assister au Couronnement de Georges V. On dirait vraiment quil y a une sorte de puissance malfique inhrente laccomplissement de certains actes de loyalisme envers lEmpire qui a son centre Londres, et sur lequel le soleiltoujours luit , et envers son Gracieux Souverain, celui que les vrais Hindous appellent avec mpris leMlchha-Rja, le roi barbare .

    32Tattwa est proprement la Vrit envisage sous le point de vue de l Essence , (Tat), tandis que Satya estla mme Vrit envisage sous le point de vue de l Existence (Sat).

    33Adhi signifie Suprme.34 Ce programme ne comprend donc rien de plus que les deux formes prparatoires de Yoga qui sont dsignes

    par les noms de Bhakti-Yoga et Karma-Yoga ; peu dHindous sauraient sen contenter, et il aurait fallu y joindre dumoins une partie intellectuelle (Jnna-Yoga), galement prparatoire auRja-Yoga.

    35 Il eut t plus intressent dtre renseign sur le nombre desfidles que sur celui desglises.

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    cetteglise36, Dvendra Nth Tagore sen spara, en 185037, et se mit la tte dunenouvelle communaut qui se dnomma Brahma-Dharma ou Religion de Brahma38.Elle proclamait que son but tait, non de dtruire, mais de purifier lancienne religionet les murs, de corriger les vices et les abus de la socit, tout en tenant compte ducaractre et du temprament du Peuple39.

    Sur ces entrefaites, le Brahma-Samj reut une impulsion nouvelle parlaccession dans ses rangs dun jeune homme enthousiaste et plein didesgnreuses, Kehab Chander Sen (1838-1884), qui, pendant quelques annes, joua unsi grand rle dans la socit indienne par lnergie et le dvouement avec lesquels il

    poursuivi les deux rformes dont il stait fait le champion : linterdiction desmariages denfants et le droit pour les veuves de se remarier40 . Toutefois, soncaractre entier et autoritaire outrance lui cra bientt de telles difficults avec lesautres chefs de la communaut quil sen spara en 1866, pour fonder une nouvelle

    glise dite de la Nouvelle Dispensation 41. Lhistoire de cette glise tient tout

    entire dans celle de Chander Sen lui-mme ; elle ne prospra gure et ne survcutquavec peine la mort de son fondateur, qui, de son vivant, s tait alin les amitisles plus fidles par son autoritarisme, ses tendances vers le Christianisme protestant,et par la contradiction o il se mit avec ses propres doctrines en mariant sa fille, geseulement de quatorze ans, au Mahrja de Cooch-Behar, qui navait lui-mme queseize ans42.

    36 Il faut dire aussi que, ds cette poque, les Pitistes (ce nom, quon donna aux Hindous protestantiss et leurs inspirateurs europens, avait t attribu autrefois, en Allemagne surtout, un mouvement protestant auquel serattacha, entre autres, le trop clbre philosophe Emmanuel Kant), les Pitistes, disons-nous, taient peu prs aussimal vus dans lInde que le sont aujourdhui les Thosophistes ; et ce nest pas peu dire, car limpopularit dAnnieBesant gale presque celle dont le F Rudyard Kipling jouit dans Lahore, sa ville natale, impopularit telle que le grand homme anglo-indien a jug prudent de se rfugier en Belait, pardon, en Angleterre, sous la pro tectiondirecte de S. M. lEmpereur et Roi et de sa police mtropolitaine. Du reste, M. Rabindra Nth Tagore doit moins que

    personne ignorer cette histoire vridique de lauteur de Kim, bien connue dans les milieux littraires hindous o lui-mme occupe une place des plus distingues, avec une rputation incomparablement plus honorable que celle du FRudyard Kipling.

    37 Il saperut sans doute alors des tendances qui faisaient agir les Pitistes, et il se refusa tre consciemmentleur auxiliaire, ce qui est tout son honneur.

    38 Plus exactement Loi de Brahma .39 Pour tre tout fait juste envers Dvendra Nth Tagore, il convient dajouter ici que, par la suite, il devint un

    vritable Sannysi, et passa douze annes dans une retraite de lHimlaya ; verrons-nous quelque jour son fils suivre cetexemple ? Nen dsesprons pas, aprs avoir vu (ceci nest pas pour tablir une comparaison) le Swm Vivknandalui-mme, le disciple infidle de lillustre Rmkrishna, dont nous aurons loccasion de reparler, finir malgr tout sa vieen vritable Hindou.

    40 Ceux qui, dans lInde, rclament ces rformes et dautres semblables, en attendant peut-tre dobtenir, parlaction de la Co-Masonry (Maonnerie Mixte), lintroduction du divorce et du suffrage des femmes, ne peuventcertainement pas se ranger parmi ceux qui, quoique rformistes dans une certaine mesure, veulent, comme Dvendra

    Nth Tagore, tenir compte du caractre et du temprament du peuple .41 On voit quel point ce mouvement tait, comme le Protestantisme dont il suivait lesprit, sujet toutes les

    dissensions qui sont une consquence fatale de ladmission du libre examen.42 Lui aussi se rsignait donc, le cas chant, adopter l attitudepolitique qui consiste sacrifier ses principes

    certains avantages sociaux. Toutefois, il est permis de sourire en voyant assimiler des enfants dans lInde, des jeunesgens de seize et quatorze ans. Comme le Mahrja de Cooch-Behar tait g de 49 ans lorsqu il mourut Bexhill-on-Sea, en 1911, ceci nous reporte 1878.

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    Actuellement, le mouvement de rforme provoqu par le Brahma-Samj esttoujoursfortement entran vers le Christianisme43, et ouvertement encourag par le

    gouvernement et les socits de missions anglo-indiennes .

    Par cet exemple, nous voyons clairement, une fois de plus, commentlinfiltration protestante agit partout, sous des formes multiples et parfois difficiles

    saisir ; mais lInde est certainement, en raison de la mentalit et des conditionsdexistence mmes de son peuple, un des terrains les moins favorables cette action.Cest pourquoi les rcents procs de Madras ne nous ont aucunement surpris ; il yavait bien redouter la partialit possible du juge anglais en faveur de la T Ill SAnnie Besant et du Rv. C. W. Leadbeater, mais il nen est pas moins certain quelaffaire Alcyone devait ncessairement tourner leur confusion44.

    Une autre conclusion tirer de ce quon vient de lire, cest que certainespersonnalits, si remarquables quelles puissent tre divers gards, nont pourtant

    aucun titre tre qualifies de chefs des religions orientales

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    , ou mme dsignescomme leurs reprsentants autoriss, et que leur participation un Congrsquelconque, nengageant quelles-mmes, na en somme quune importance fortrelative46.

    43 Sous-entendu protestant. On sait, dailleurs, combien les Protestants de toute espce aiment se direChrtiens sans pithte, pour pouvoir plus aisment sinsinuer dans tous les milieux.

    44 Ds le commencement de 1912, le docteur M. C. Nanjunda Rao, professeur l cole de Mdecine deMadras, crivait ceci dans lArya-Bala-Samj Magazine de Mysore : Les agissements actuels des Thosophistes

    constituent une svre condamnation des mthodes adoptes pour glorifier ce jeune Krishnamurti (Alcyone) comme unsecond Christ qui vient sauver lhumanit afflige . LArya-Bala-Samj (Socit de la Force Aryenne) ne doit partre confondue avec lArya-Samj (Socit Aryenne) dont nous parlons plus loin, non plus quavec lArya-Bala-Bodhin(ducation de la Force Aryenne). Cette dernire organisation ne fut quune des nombreuse crations de la SocitThosophique (voirLe Lotus Bleu, n du 27 avril 1895, pp. 95-96). Ctait une Association de jeunes gens hindous ,un peu trop analogue, par certains cts, aux Y.M.C.A. ( Young Men Christian Associations, Associations chrtiennesde jeunes gens ) que les Protestants tablissent en tous pays, et o tous sont admis sans distinction confessionnelle, cequi fournit naturellement, aux promoteurs plus ou moins avous de linstitution, dexcellentes occasions de se livrer la

    propagande vanglique et biblique.45Revue Internationale des Socits Secrtes, n du 20 aot 1913, p. 2807, note 1.Dautre part, il ne faut pas

    confondre les religions orientales authentiques avec certaines pseudo-religions affectant un caractre orientaliste, tellesque le Bouddhisme clectique de M. Lon de Rosny, prsident de lAlliance Scientifique Universelle, ou que le

    Bouddhisme sotrique (?) des fondateurs de la Socit Thosophique. Il est assez curieux de noter que cest toujours

    du Bouddhisme que se recommandent de prfrence les orientalistes, tant officiels quofficieux, sans doute parce quecette doctrine, quils prennent, dailleurs sans la connatre parfaitement, pour lexpression la plus haute de lespritoriental, nen est en ralit quune dviation, dj semblable en cela, malgr la diffrence des temps et des lieux, ceque devait tre, bien des sicles plus tard, dans le monde catholique de lOccident, la religion rforme.

    46 Rappelons quauParlement des Religions, tenu Chicago en 1893, et prototype de tous les autres Congrsdu mme genre, on vit figurer le Mongol hindous (?) Gyanendra Nth Chakravarti, fondateur du Yoga-SamjdAllahbd, et lun des instructeur de la S Annie Besant (voirLa France Anti-maonnique, 25me anne, n 44, p.481) ; le Swm Vivknanda, qui dnatura le Vdntapour lamricaniser, mais que les Thosophistes considraientcomme un de leurs Frres de la race ane , et un prince parmi les hommes (Le Lotus Bleu, n du 27 janvier 1895,

    pp. 540-541) ; enfin lAngarika H. Dharmapla, missionnaire laque , du Mah-Bodhi-Samj (Socit de la GrandeSagesse) de Colombo (Ceylan), prsid par le Grand-Prtre de lglise Bouddhique du Sud(?), H. Sumangala, sousles auspices de S. S. Lozang Thub Dan Gya-Tcho, Grand Lama du Tibet (?), mais aussi, plus directement, du colonelOlcott, le rdacteur du Catchisme Bouddhique, qui se vanta davoir opr la rconciliation des Bouddhistes du Sudavec ceux du Nord (Le Lotus Bleu, n du 27 septembre 1894, pp. 347-350).Au Congrs du Progrs Religieux de Parisassistait galement un Bouddhiste, M. D. B. Jayatilaka, que les comptes rendus qualifient simplement de professeur ; est-ce un nouveau missionnaire laque de semblable provenance ?

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    LArya-Samj

    En 187047, le Swm Daynanda Saraswat fonda, sous le nom dArya-Samjou Socit Aryenne , une socit religieuse ayant pour but de ramener la religionet le culte la simplicit vdique primitive 48.

    Lauteur que nous avons dj cit, M. de Millou, dit ce sujet49

    : LArya-Samjnadmet lexistence et ladoration que dun seul Dieu unique

    (sic) ; cest une sorte de Brhmanisme philosophique bas sur les quatre Vdas, lexclusion des Brhmanas et des Pournas 50 . Il a inscrit dans son programmelinterdiction des mariages denfants, lamlioration de la condition des femmes etlinstruction du peuple51 ; uvre laquelle Daynanda Saraswat a consacre partestament sa fortune entire52 .

    M. Lalchand Gupta, dans un rcent article sur cette socit, publi par lIndian

    Review, parle en ces termes du Swmi Daynanda Saraswat:

    En instituant lArya Samj, Swmi Daynanda ne voulait pas seulementveiller lInde de son long sommeil, mais aussi conduire lhumanit vers le biencommun et la vie constitue. Les dons merveilleux et lessympathies cosmopolites duSwm sont bien connus. Ses critiques eux-mmes admiraient sa force de caractre. Iltait un patriote du monde, et il ne se laissa jamais enfermer dans les limitesartificielles dun troit nationalisme. Cependant, il tait aussi un vrai nationaliste, caril se plaisait toujours conseiller aux Hindous de se dvelopper selon leur propre

    ligne dvolution. Il prfrait la culture indigne limitation dun idal tranger ;mais, en mme temps, il ne sopposait jamais aux relations avec les trangers. Ilconsidrait volontiers lhumanit comme une seule famille, dont tout homme est unmembre. Cest lui qui, le premier, affirma que lInde peut donner le Spiritualisme lOccident, et que toute autre foi rpandue dans le monde doit son origine au Vdaternel. Pour des causes diverses, le thisme a eu son dclin dans le monde civilis, etla mission de Swm Daynanda tait defaire desthistes de sceptiques, ou mme dematrialistes. Son extrieur tait charmant et en mme temps indiquait la force devolont. Il tait, peut-tre, un de ces hommes qui sont gnralement mal compris parle peuple. Sur ce point, je pourrais dire que le pays ntait pas suffisamment avanc

    pour sassimiler, ou mme pour suivre ses enseignements. Ce nest pas chose facileque de bien comprendre un prophte, car il est quelquefois en avance dun sicle au

    47 Cest--dire, cinq ans seulement avant la cration de la Socit Thosophique aux Etats-Unis etlintroduction du nouveau Sat Bhai en Angleterre.

    48 Toujours comme les protestants prtendent les ramener la simplicit vanglique primitive .49Le Brhmanisme, p. 233.50 Ceci suffit caractriser la tendance moderniste de ce nouveau mouvement.51 Ce sont toujours peu prs les mmes revendications que formulent tous ces rformateurs ; et,

    raisonnablement, cela ne permet gure de prsenter, comme le fait M. de Millou, lArya-Samj comme n de laraction contre les tendances chrtiennes (lire protestantes) de Chander Sen et de plusieurs des Brahma-Samjsindpendants .

    52 Cette fortune servit, entre autres choses, linstitution du Daynanda Anglo-Vedic College de Lahore.

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    moins sur le peuple. Les motifs de Swm Daynanda nont pas reu leur justeinterprtation parce quils taient, et sont encore, trop bons pour tre admis par lamasse faible et ignorante. Mais je suis sr que, si ses ouvrages taient traduits enanglais, il serait sans doute bien compris de llite du monde occidental cultiv53.Parce que Swm Daynanda tait un vritable ami des hommes, il ne souffrait jamaisque personne scartt du sentier de la vertu. Il ne connaissait pas de compromis entrela vrit et lerreur. Pour lui, la vrit tait la seule voie digne dtre suivie, et, parsuite, il eut se mesurer avec dinnombrables difficults dans son uvre derelvement. Littralement, il fui le Luther de lInde. Luvre entreprise par lui fut

    poursuivie avec ardeur par lArya Samjpendant un certain temps ; mais, depuis plusde dix ans, il y a eu un trop grand talage desprit de parti chez les chefs delorganisation intitule Guru-Kula (Confrrie des Instructeurs) et dans les sections duCollge de lArya Samj tablies dans cette partie du pays (cest--dire dans le Sud,lIndian Review tant dite Madras) Ce que Swm Daynanda combattait le

    plus nergiquement, cest lesclavage intellectuel et spirituel dans lequel les masses

    sont tenues par les classes privilgies ; mais les chefs du mouvement semblentpropager le mal une fois de plus sous prtexte de contrle ! .

    Nous reproduirons cet extrait titre de document, et surtout pour les traitscaractristiques quon peut y relever et que nous avons souligns ; mais, bienentendu, nous faisons toutes rserves, mme et surtout au point de vue hindou, sur lesloges dcerns au Swm Daynanda Saraswat, le Luther de lInde, et son AryaSamj, dont les relations avec les fondateurs de la Socit Thosophique sont plusque suspectes. Les compromis entre la vrit et lerreur , lorsquils favorisent

    certains intrts et certaines combinaisons plus ou moins diplomatiques,nauraient-ils donc pas t si trangers que nous laffirme M. Lalchand Gupta, celuique le Colonel Olcott appelait un des plus nobles Frres vivants ?

    Les Sept Frres (Sat Bhai)

    Cette Socit fut introduite en Angleterre, vers 1875, par des officiers delarme des Indes. Elle emploie une srie de titres, de mots de passe et de devisessymboliques empruntes la tradition et la langue hindoues.

    Le Secrtaire actuel pour Londres est le F A. Cadbury Jones, 8, GoldenSquare. (Revue Internationale des Socits Secrtes, n du 15 novembre 1912, p.1108.)

    On trouve de curieux, renseignements sur ce sujet dans le roman du FRudyard Kipling intitul Kim, quon peut regarder, pour une bonne partie, commelautobiographie de lauteur dans la premire partie de sa vie. Ce livre est fortintressant lire ce point de vue, surtout quand on connat quelque peu lesvnements auxquels il fait allusion.

    53 Cela est rapprocher de ce que nous avons dit plus haut de Rm Mohun Roy.

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    Suivant ce que nous y voyons (p. 245 de la traduction franaise, dition duMercure de France, 1907), lancienne socit nomme Sat Bhai, et dont les membressappellent aussiFils du Charme, est hindi et tantric . On suppose dans le publicque cest une socit teinte, mais jai tabli par des notes quelle est encoreexistante , dit Babu Hurree, qui ajoute aussitt : Vous comprenez que cest tout demon invention . Ce quon comprend fort bien, en effet, cest que, si mme il existeencore des membres authentiques de lancienne socit, ils ne peuvent avoir aucunrapport avec celle qui fut soi-disant reconstitue par des Anglais et des gens que nousqualifierons seulement d anglophiles , pour viter de leur appliquer une pithte

    plus dure, et dont les pareils se trouvent aussi dans les rangs de la SocitThosophique. Nous signalons seulement, bien entendu, une certaine similitude entreles lments dont se composent ces deux organisations, sans prtendre pour cela lesrattacher lune lautre par une filiation plus ou moins indirecte ; et pourtant, lexamen de certains dtails, en tudiant de plus prs certains procds et certainesmanires dagir qui se retrouvent toujours les mmes, on serait presque tent de

    croire une origine commune.

    Nous avons vu que cest vers 1875, qui est galement, on sen souvient, la datede la fondation de la Socit Thosophique, que le nouveau Sat Bhai fut introduit enAngleterre par des officiers de larme des Indes, parmi lesquels on devaitvraisemblablement compter quelques-uns de ces colonels sans rgiment (p. 158)qui rendent au gouvernement britannique des services si importants et si varis dansdes emplois tels que ceux de chefs des services dinspection ethnologique,topographique, etc., et aussi dans la Maonnerie dimportation europenne (p. 152),

    o ils se rencontrent avec des FF Hindous tels que LL. AA. les Mahrjas deKapurthala et de Cooch-Behar54, et que le F Durga Charan Banerjee, chef de lapolice indigne, qui fut, en 1910, Dput Grand-Matre de la Grande Loge de Districtdu Bengale.

    Remarquons ce propos que J. C. Chatterjee, lcrivain thosophiste bienconnu55, a t nomm rcemment chef du service archologique du Kashmir ; peut-tre a-t-il, comme Babu Hurree, la louable ambition de devenirF. R. S. (pp. 232-233).

    Noublions pas non plus que nous avons vu, la tte de la Socit Thosophique, un colonel quelque peu dans le genre de ceux dont nous venons de parler. Il est vrai

    54 Le Mahrja de Cooch-Behar, mort en octobre 1911 en Angleterre, o il tait venu pour les ftes duCouronnement, tait, depuis 1887, Past Senior Grand Warden ou Premier Grand Surveillant Honoraire de la GrandeLoge Unie dAngleterre : il avait t aussi Dput Grand-Matre de la Grande Loge de District du Bengale (The

    Freemason, 21 octobre 1911). En 1870, il avait fond dans ses tats une branche du Brahma-Somaj, organisation dontnous parlons ci-dessus (ibid., 24 juin 1911). Il tait aussi membre de la Socit Thosophique, dont il organisagalement une branche dans sa capitale, le 6 aot 1590, avec lautorisation du Colonel Olcott (Le Lotus Bleu, dcembre1890) ; en 1893, il fut lu prsident de la branche de Darjeeling ( ibid., mars 1893). Son successeur, le Mahrjaactuel, est le F Rj Rjendra Naryan, qui fut investi des fonctions de Grand Porte-tendard de lOrdre du Secret

    Monitor, au Grand Festival qui eut lieu Londres le 23 mai 1911 (The Freemason, 20 mai et 3 juin 1911).55 Il est lauteur de Philosophie Esotrique de lInde et de Vision des Sages de lInde ; il vient de publier un

    nouvel ouvrage, The Hindu Realism (Le Thosophe, 1er aot 1913). Tous ces crits, malgr leurs titres et leursprtentions, sont plus souvent inspirs de la philosophie volutionniste (et trs exotrique) dHerbert Spencer que delantique doctrine orientale.

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    que celui-l tait amricain ; mais H.-P. Blavatsky ntait-elle pas devenue, elle aussi, citoyenne amricaine aprs avoir t garibaldien ? et pourtant, si legouvernement anglais a fait, comme laffirment des gens bien informs, les frais deses voyages au Thibet ou dans lHimlaya, son origine russe et la rivalit delAngleterre et de la Russie (voir pp. 317 et suivantes) prcisment dans ces rgionsdonnent penser que ces dplacements navaient pas pour but exclusif daller larecherche des inaccessibles Mahtms. En supposant mme que ceux-ci eussentexist rellement, ils risquaient fort de navoir jouer, en bien des circonstances,quun rle peu prs analogue celui du vieux Lama rouge dont Kim fut le chla.

    Nous avons de bonnes raisons de croire que, maintenant comme alors, leGrand jeu jamais ne sarrte dun bout lautre de lInde (p. 234), particuliremententre Adyar et Bnars, et que, dans cette dernire cit, il ne se joue pas seulementautour du temple jan des Tirthankers. Quoi quil en soit, signalons encore lesingulier procd dducation, ou dinitiation si lon veut, qui consiste essayer de

    faire voir des choses (pp. 204-207 et 230) ; on sait combien Mme

    Blavatsky a usde cette mthode lgard de ses disciples, sans doute pour voir, elle aussi, sil yavait des pailles dans les joyaux ; et, certes, elle a d en trouver abondamment, en

    juger par les rcits que nous pouvons lire dans les ouvrages de Sinnett, Le MondeOcculte etLe Bouddhisme sotrique. Il serait curieux de savoir si M. Leadbeater atent les mmes expriences sur son pupille Alcyone ; sil la fait, naurait-il pasrussi, pas plus que le mdecin des perles avec Kim ? on pourrait le supposer,daprs les hautes destines qui sont prdites au jeune initi, moins que lonnentende lui faire jouer quun simple rle de parade, ce qui, aprs tout, est bien

    possible aussi.Dans bien des socits plus ou moins sotriques, il y a, en effet, initis et

    initis ; il en serait ainsi notamment dans le Sat Bhai rnov, en croire le FRudyard Kipling, qui en donne les signes de reconnaissance et les mots de passe (enles transformant sans doute), avec les diffrences secrtes permettant de distinguer lesmembres des deux catgories (pp. 244-246). Il y a mme une remarquable analogieentre la turquoise des Fils du Charme et le fameux anneau des 33mes ; et,assurment, tout cela peut paratre digne de quelque rflexion.

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    Le Rgime cossais Rectifide 1776 1815

    Paru dans la France Antimaonnique, le 14 aot 1913 (non sign),le 19 et le 26 fvrier 1914 (sign le Sphinx).

    I

    Dans notre article surLinitiation maonnique du F Bonaparte, nous avons

    parl du trait dunion conclu, en 1776, entre le Grand-Orient de France et lesDirectoires du Rgime cossais Rectifi (alors Rite de la Maonnerie RformedAllemagne), et nous avons cit ce propos un passage des Acta Latomorum du FThory (Tome Ier, p. 119). Il nous a paru intressant, comme suite cet article, derunir ici les divers extraits du mme ouvrage se rapportant lhistoire gnrale de ceRite au cours des annes qui suivirent cet vnement.

    1777. SUISSE. cette poque, des sectaires de toutes les espces staientempars des Grandes-Loges dAllemagne1, et toutes, ou du moins la plupart, avaientdvi du but de la primitive institution : on ny trouvait que scissions, haines,divisions ; le mme esprit gagnait les Ateliers de leur constitution ; mais la Suisse saitse garantir de ces dsordres. Les Frres de lHelvtie Romande, qui travaillaient sousla constitution anglaise, se rapprochent de ceux de lHelvtie allemande, qui staientsoumis la constitution germanique. Assembls Zurich, il sentent le besoin derunir les diffrentes Loges suisses qui, jusqualors, avaient exist isoles etindpendantes, et instituent un centre national pour les diriger.

    Des confrences stablirent cette arme, et les confdrs stipulrent, en 1778,quen suivant sa division naturelle en deux langues, la Suisse serait maonniquementgouverne par deux Directoires Ecossais, savoir : leDirectoire Helvtique Allemand,sous la Grande-Matrise de M. le DocteurLavater2, la rsidence de Zurich, et le

    1 Allusion auxIllumins et organisations plus ou moins analogues et animes du mme esprit.2 Le Dr Lavater tait, daprs le F Thory, le fils du thologien du mme nom, Jean-Gaspard Lavater, qui

    refusa de participer au Convent de Paris en 1785. Ce mme Dr Dietholm Lavater, de Zurich, tait membre de la StricteObservance, sous le nom caractristique dEques ab sculapio (Ibid., Tome II, pp. 137 et 344). Daprs les fichesmanuscrites remises par le F Savalette de Langes lEques a Capite Galeato la veille du Convent de Wilhelmsbad(1782), le Dr Lavater serait, non pas le fils, mais le frre du thologien (voir pp. 96-97 de louvrage dj cit de M.Benjamin Fabre). Nous ne savons laquelle des deux assertions est errone.

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    Directoire Helvtique Romand, sous la Grande-Matrise de ....... 3, la rsidence deLausanne.

    Ces Directoires prirent part aux Convents assembls cette anne danslAllemagne, et celui qui se runit Lyon lanne suivante. (pp. 130-131.)

    1778. FRANCE. Le Directoire cossais de Strasbourg fonde une renteperptuelle pour lever, instruire, entretenir et tablir quatre orphelins, savoir : deuxcatholiques et deux luthriens.(p. 136)

    SUISSE. 17 mars. Le Directoire cossais Helvtique Romand publie, sesConstitutions ; son Rite tait purement philosophique et non pas hermtique. LesLoges de son aggrgation (sic) taient gouvernes par des Matres instruits, dont lechoix appartenait au Directoire. Ces Matres restaient en fonctions pendant troisannes (Const. du D. E. H. R., 4 vol. in-4, Ms., T. I.) (p. 137.)

    1779. SUISSE. 1er avril. Trait dunion entre les commissaires dunGrand-Orient de Genve et ceux du Directoire Helvtique Romand. Ce trait futratifi le 29 mars 1780. (p. 142.).

    1782. SUISSE. Les deux Directoires Helvtiques envoient des dputs auConvent de Wilhelmsbad4 . Le DocteurLavater, Grand-Matre, est nomm pour

    prsider la dputation.

    Novembre.Le Conseil de Berne interdit lexercice de la Franche-Maonnerie(sic) dans les tats de sa domination. Le Directoire Helvtique Romand, pour seconformer ces dfenses, prononce la dissolution de toutes les Loges du canton ; lui-mme donne lexemple de la soumission en discontinuant ses assembles ; mais il

    pourvoit au maintien de ses relations extrieures en rigeant un comit de troismembres investis des pouvoirs ncessaires, et qui ne devaient signer lacorrespondance quen caractres symboliques ; il prend encore dautres mesures pourla direction des Loges de sa constitution hors du territoire de Berne, en nommantauprs delles des Grands-Inspecteurs revtus de pouvoirs suffisants. (p. 154.)

    1785. SUISSE. Janvier. Confrence des Maons suisses, dans la ville de

    Zurich, pour dlibrer sur les rponses faire aux proponenda du Convent de Paris.Ils arrtent quils ne prendront aucune part aux oprations de cette assemble5.

    Aprs la fermeture du Convent de Paris, la commission intermdiaire,persuade que lassemble avait t peu nombreuse parce que le lieu de la

    3 Nous navons pu trouver le nom de ce personnage ; nous ignorons donc la raison pour laquelle le F Thory ajug bon de le remplacer par des points.

    4Cest ce Convent, o la Maonnerie Rforme devint le Rgime Rectifi, que fut institu, dit-on, soncinquime et dernier degr ou grade de lintrieur , celui de Chevalier Bienfaisant de la Cit Sainte. (Ibid. p. 299.)

    5 On sait que le Grand-Orient de Francenavait pas t invit envoyer des reprsentants ce Convent, runisur linitiative des membres de la XIIe classe du Rgime des Philalthes (Loge des Amis Runis), et prsid par le FSavalette de Langes, (1784 : ibid., p. 160.)

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    convocation (Paris) navait point t agrable la plupart des personnes invites,dpute M. Tassin de ltang, Lausanne, pour engager les Maons de cette ville donner asile au Convent des Philalthes lors de sa reprise, la Suisse ayant paru, au

    plus grand nombre, le lieu le plus convenable6.

    16 juillet. Le comit directorial dlibre quil ne peut consentir cette

    demande ; il persiste dans sa premire rsolution, en laissant cependant sesmembres la facult de prendre part isolment aux nouvelles oprations du Convent,soit quil se rassemble en Prusse ou dans toute autre partie de lAllemagne. (p. 168.)

    1788.ITALIE.Le roi de Sardaigne donne lordre auDirectoire Maonniquede la Lombardie de se dissoudre ; celui-ci transfre, par acte authentique, tous ses

    pouvoirs la Grande Loge cossaise de La Sincrit, Chambry. (p. 181.)

    1789. SUISSE. Cette anne, le Directoire Helvtique Romandfait un traitdalliance et damiti avec la Grande Loge dAngleterre.

    9 juin.Le mmeDirectoire perd son Grand-Chancelier, enlev par une mortsubite ; il tait dpositaire des archives de lOrdre, renfermes dans trois caisses. Lemagistrat, charg de lapposition des scells, en sauve deux ; mais la troisime, quicontenait les papiers les plus importants, tant tombe dans les mains dunfonctionnaire timide, le Directoire ne peut en obtenir la remise : cette circonstanceoccasionne une perte irrparable la Socit. On a prsum que cette portion desarchives avait t brle7. (p. 183.)

    1790.SAVOIE.11 janvier.La Grande Loge cossaise de Chambry ayantt force de suspendre ses travaux par ordre du gouvernement, les Loges de sajuridiction se divisent et passent, les unes sous le rgime du Grand-Orient de France,et les autres sous celui du Grand-Orient de Genve ; mais la majorit se range sousles bannires du Grand-Directoire Helvtique Romand. (p. 185.)

    1793. SUISSE. LeDirectoire Helvtique Romandsuspend ses travaux. LesLoges de la Lombardie agrges ce corps ferment leurs ateliers. Le Directoire

    Helvtique Allemanden fait autant. Celui-ci, dont les travaux se tenaient Zurich, lesa postrieurement repris et transports Ble, sous le magister (sic) de M. Burkart,

    ancien landamann et successeur du Docteur Lavater. Le Directoire HelvtiqueAllemandprofesse leRgime Rectifi, selon la doctrine du Convent de Wilhelmsbad.(pp. 193-194.)

    6 Cest peut-tre l ce qui a donn naissance une certaine lgende, daprs laquelle leRgime des Philalthesse serait conserv en Suisse jusqu nos jours ; mais la rponse du comit directorial enlve toute vraisemblance unetelle assertion.

    7 Il est singulier que lon trouve des histoires de ce genre dans un bon nombre de Rites maonniques ; celle-cinous rappelle celle de la perte et de la dcouverte des archives du Rite Primitif, imagine par lEques a Capite Galeato(pp. 30 et 54-56 de louvrage de M. Benjamin Fabre).

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    1794. SAVOIE. 20 mai. Victor-Amde-Marie de Savoie, roi deSardaigne, rend un dit par lequel il supprime la Franche-Maonnerie (sic) dans lesEtats soumis sa domination. (p. 195.)

    1808.FRANCE.Juin.LeDirectoire de Bourgogne, (Rgime Rectifi), dontle sige avait t prcdemment transfr de Strasbourg Besanon, nomme le prince

    Cambacrs la dignit de Grand-Maitre National de lOrdre des ChevaliersBienfaisants de la Cite Sainte. (p. 239.)

    1809.FRANCE.Mars.LeDirectoire dAuvergne (Rgime Rectifi), sant Lyon8, nomme le prince Cambacrs Grand-Matre National duRite des Chevaliers

    Bienfaisants de la Cit Sainte, en France.

    Mai. Le Directoire de Septimanie, sant Montpellier, en fait autant ; leprince accepte la dignit, et prte serment en cette qualit.

    Un conseil est tabli prs du Grand-Maitre National ; il est compos de M.Fesquet, chancelier de lOrdre, de M. le chevalier dAigrefeuille 9 , dput delarrondissement de Paris, reprsentant le Directoire du 5me ressort (Bourgogne), deM. Lajard, reprsentant les Directoires des 2me et 3me ressorts (Auvergne etSeptimanie), enfin de M.Monvel, secrtaire national de lOrdre. (pp. 242-253.)

    1810. SUISSE. 15 octobre. Fondation, Lausanne, du Grand-OrientHelvtique Romand10 . M. le chevalier Maurice Glaise est nomm Grand-MaitreNational. (P. 247.)

    1811. FRANCE. 24 juin. Le trait sign avec le Rgime Rectifi, par lescommissaires respectifs du Grand-Orient de France et des Directoires Ecossais, estsanctionn la majorit de dix-huit voix contre sept. (pp. 247-248.)

    Dans le Tome II (pp. 206-220), le F Thory donne le texte des traits conclus,

    en 1776 et 1781, entre le Grand-Orient de France et lesDirectoires cossais.

    Il nest fait aucune mention, dans les Acta Latomorum, de corps du Rgime

    cossais Rectifi ayant exist Malte, o aurait t initi le Gnral Bonaparte ; maiscela ne peut tre considr comme une preuve suffisante quil ny en ait jamais eu.

    8 On sait que cette site tait la rsidence du FWillermoz.9 Nous renverrons encore au livre de M. Benjamin Fabre pour ce qui concerne ce F Charles dAigrefeuille,

    cousin de lEques a Capite Galeato.10 Le Rgime profess par cette organisation nest pas indiqu ; mais il semble bien que ce soit l une suite de

    lancienDirectoire Helvtique Romand.

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    Dailleurs, sur les Rites de hauts grades qui ont pu tre pratiqus dans cette le vers lafin du XVIIIe sicle, nous ne trouvons dans cet ouvrage quune seule indication, quiest la suivante :

    1771.MALTE.Le nommKolmer, marchand jutlandais, lun des missairesdes Clercs de la Stricte-Observance, tablit Malte, dans lintrieur dune Loge de

    Francs-Maons, un Rite fond sur la magie, la cabale, la divination et les vocations.Le gouvernement de lle le fait chasser. Ce Kolmer se lia depuis, dit-on, avecWeishaupt, et laida composer les Rites de lIlluminatisme (sic). (Tome Ier, pp. 99-100.)

    On sait que les Clercs de la Stricte-Observance taient une scission de lOrdredu mme nom, forme dans lintention de rivaliser avec celui-ci. Les Clerici

    prtendaient possder seuls les secrets de lassociation ; ils enseignaient, commeKolmer, lalchimie, la magie, la cabale, etc. (Ibid., pp. 300 et 329.)

    Comme il est peu probable que le Rite tabli Malte en 1771 y ait t encoreen activit en 1798, la question de linitiation de Bonaparte dans les hauts gradesreste encore lucider dfinitivement ; comme pour son initiation aux gradessymboliques, il est vraiment difficile darriver sur ce point quelque prcision.

    On remarquera dailleurs que le F Thory ne fait aucune mention du RgimeEcossais Rectifi de 1794 1808, et cest prcisment dans cet intervalle que le FBonaparte dut y tre admis.

    II

    Si lhistoire de la priode qui va de 1794 1808 est fort obscure, il faut dire,dailleurs, que les origines mmes du Rgime Rectifi ne le sont gure moins ; ce quile prouve, cest que lesDirectoires dAuvergne (Lyon), dOccitanie (Bordeaux) et de

    Bourgogne (Strasbourg), aussi bien que celui de Septimanie (Montpellier), sontsouvent dsigns comme ayant t tablis sous le rgime templier de la StricteObservance. Cependant, en ce qui concerne les trois premiers, le trait dunion de1776 spcifie nettement quils avaient t tablis suivant le Rite de la Maonnerie

    Rforme dAllemagne ; quant au quatrime, ce mme trait ne lui fut appliququen 1781, et il semble que ce soit au Convent de Lyon (1778) quil ait adhr larectification qui, aprs celui de Wilhelmsbad (1782), devait remplacer partout laStricte Observance. On a peut-tre identifi tort lesProvinces en lesquelles celle-citait divise11 avec les Directoires cossais ayant mme juridiction ; mais cela ne

    11 Ces Provinces taient : 1. lAragon; 2. lAuvergne ; 3. lOccitanie ou Languedoc ; 4. Lyon ; 5. laBourgogne ; 6. la Grande-Bretagne ; 7. la Basse-Saxe, lElbe et lOder, la Pologne prussienne, la Livonie et laCourlande ; 8. lAllemagne suprieure, le P, le Tibre, lItalie et la Sicile ; 9. la Grce et lArchipel. Daprs larforme de Wilhelmsbad, la rpartition desProvinces devint la suivante : 1. la Basse-Allemagne, avec la Pologne et laPrusse (on lui donna ce rang parce quelle fut la premire en activit) ; 2. lAuvergne, avec Lyon ; 3. lOccitanie ; 4.lItalie et la Grce ; 5. la Bourgogne et la Suisse ; 6. lAllemagne suprieure ; 7. lAutriche et la Lombardie ; 8. la

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    veut pas dire quil ny ait pas eu, comme nous lavons indiqu ailleurs, des relationsplus ou moins directes entre ces divers rgimes, tout au moins jusquau jour o lespartisans de la rforme rpudirent officiellement tout attache avec les mystrieuxSuprieurs Inconnus, quels quaient pu tre les vritables motifs de cettedtermination peut-tre aussi grave que la suppression plus rcente du G A de lU

    par le Grand-Orient de France.

    Dautre part, ce qui nest gure fait pour claircir la question des origines, cestquil y eut en ralit plusieurs rectifications diffrentes, du moins avant le Convent deWilhelmsbad. Dans la Notice historique sur le Martinsisme et le Martinisme, par Un Chevalier de la Rose Croissante (le F Abel Thomas), qui sert de prface aux

    Enseignements secrets de Martins de Pasqually, et que nous avons eu dj plusieursoccasions de citer12, nous lisons ceci (p. 74) : Parmi lessystmes cossais rectifis,les plus connus sont : lcossais rectifi de Dresde, pratiqu en Allemagne avantltablissement de la Stricte Observance13 ; lcossais rectifi dit de Swedenborg14 ;

    lcossais rectifi de De Glayre15

    ; lcossais rectifi de Tschoudy16

    ; et lcossais

    Russie ; 9. la Sude. (Acta Latomorum, Tome II, pp, 134-135. Cf. Notice historique sur le Martinsisme et leMartinisme, p. 43.)

    12 VoirLa France Antimaonnique, 25me anne, n40, pp. 434-435, propos dun article du F E. deRibaucourt surLa L le Centre des Amis (reproduit pp. 435-437). Voir galement nos rcents articles relatifs laquestion des Suprieurs Inconnus (27me anne, nos 47, 49 et 51).

    13 La rforme de Dresde date en effet de 1755, et ce nest quen 1763 que le baron de Hundt fut reconnuGrand-Matre provincial de la Maonnerie rectifie en Allemagne (Acta Latomorum, Tome Ier, p. 82). Les statuts delOrdre Illustre de la Stricte Observance furent publis en 1767, poque o lonprtend, mais sans en donner dailleursla moindre preuve, que le baron de Hundt se fit catholique pour tre admis dans la Late Observance (ibid., Tome Ier, p.

    91, et Tome II, p. 127). Cest bien en 1754 (et non en 1743) que le baron de Hundt avait reu les hauts grades templiersdans le Chapitre de Clermont, install le 24 novembre de cette anne par le chevalier de Bonneville ; mais, si cest lquil puisa les principes et la doctrine de la (future) Stricte Observance , ce nest que par la suite, et certainement aprs1756, qu il sen fit laptre en Allemagne et tenta de raliser, dans une organisation superpose la Maonnerie, lesystme quil avait imagin (ibid., Tome Ier, pp. 68 et 71-72). Cf.La France Antimaonnique, 27me anne, n 25, p.292. Cette question est particulirement intressante ; nous y reviendrons donc pour la traiter part et avec plus dedtails, dans une tude consacre la Stricte Observance, ainsi que nous lavons dj annonc (27me anne, n 47, p.560).

    14 Le F Thory mentionne le Rite des Illumin Thosophes, fond pour la propagation du systme deSwedenborg, par Bndict Chastanier, qui ltablit Londres en 1767, et qui compose plusieurs grades, entre autrescelui de Sublime cossais de la Jrusalem Cleste (Acta Latomorum, tome Ier, pp. 89, 308 et 318). Le Rite desIlluminsdAvignon fut fond par le bndictin Dom Pernty (et non Pernetti), qui compose le grade hermtique de Chevalier duSoleil ou Prince Adepte (devenu le 28me cossais) ; on introduisit dans ce Rite lenseignement de la doctrine du

    Martinisme (?) et du Swedenborgisme (ibid., pp. 297 et 339), de mme que dans le Rgime des Philalthes, institu Paris, en 1773, par le F Savalette de Langes, et pratiqu dans lintrieurde laLoge des Amis Runis (ibid., pp. 110et 332).Nous nous demandons jusqu quel point ces divers rgimes peuvent tre qualifis dcossais, mais ce quil ya de certain, cest quils taient tous diffrents du Rite Swedenborgien restaur par feu le F John Yarker (cf. La

    France Antimaonnique, 27me anne, n 25, p. 298, et aussi pp. 292-293). Ce qui est non moins certain, c est queSwedenborg lui-mme ne fonda jamais ni glise, ni Rite maonnique.

    15 Comme ce rgime est aussi appel cossais rectifi suisse, et comme le nom de De Glayre nest pasmentionn par le F Thory, nous nous demandons si ce nom ne serait pas celui du Grand-Matre du Directoire

    Helvtique Romand(1778 : Tome Ier, p. 131) ; mais nous ne voyons pas pour quelles raisons il la cach plus que biendautres noms quil crit en toutes lettres (voir La France Antimaonnique, 27me anne, n 33, p. 386).

    16 Le baron de Tschoudy tait membre du Conseil des Chevaliers dOrient, tablissement fond (en 1762) parle nomm Pirlet, tailleur dhabits, en rivalit du Conseil des Empereurs dOrient et dOccident (Acta Latomorum, p.80). Auteur de ltoile Flamboyante, il voulut fonder un Ordre de ce nom, en 1766, Paris, o il mourut en 1769 (pp.94-95, 312 et 360). Il fut lun des aptres de la doctrine de Ramsay, el composa le grade de Grand cossais de Saint-

    Andr dcosse (devenu le 29me cossais) (pp. 305-306 et 307). En mourant, il lgua plusieurs manuscrits auxarchives du Conseil des Chevaliers dOrient, dont il tait membre, et entre autres louvrage intitul lcossais de Saint-

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    rectifi de Saint-Martin17 Dans ce dernier systme, il est question dune lgendechrtienne, celle du Chevalier Bienfaisant (le chevalier romain qui, de son pe,coupa en deux son manteau et en donna une moiti un pauvre, et qui fut canonissous le nom de saint Martin) de la Cit Sainte (Rome)18, lgende qui est une sortedadaptation des vertus charitables de lHospitalier de la Palestine19 et qui, dans lacirconstance, prsentait le grand avantage dchapper aux soupons desgouvernements20.

    Ceci est dit , propos du Conventque tinrent Lyon, en 1778, les DirectoiresdOccitanie, de Bourgogne et de Septimanie 21 , sons la prsidence du F J.-B.Willermoz, en vue dexaminer les divers moyens permettant une utilisationimmdiate du trait pass (en 1776) avec le Grand-Orient de France (p. 73)22. Ony prconisa diffrents systmes, entre autres lcossais rectifi suisse de De Glayre,et celui dont faisaient usage, depuis 1770, la Loge et le Chapitre de Saint-Thodorede Metz, sous le nom dcossais rform de Saint-Martin (p. 74), systme dont il

    vient dtre question. Le premier tait prsent par les Loges de la Suissefranaise (ou romande) et le Second par les dputs de la Province de

    Andr, condition de ne les pas faire imprimer ; mais le Conseil nen tint compte ; il publia (en 1780) et vendit cedernier ouvrage , contenant le dveloppement total de lArt Royal de la Franche-Maonnerie (pp. 95 et 367). Nousretrouverons le grade dcossais de Saint-Andr, qui appartient plusieurs rgimes ; cest aussi le nom du 2medegr du Rite des Clercs de la Stricte Observance (pp. 300, 305 et 329). Dans son ouvrage surLe Symbolisme

    Hermtique (pp. 115-156), le F Oswald Wirth a reproduit sous le titre Un Catchisme hermtico-maonnique, le Catchisme ou Instruction pour le grade dAdepte ou Apprentif Philosophe sublime et inconnu qui se trouve dansltoile Flamboyante du baron de Tschoudy (Tome II, pp. 234 et suivantes).Remarquons, propos de tous ces grades

    et systmes plus ou moins hermtiques, que le Rite pratiqu par le Directoire cossais Helvtique Romand en l778 tait purement philosophique et non pas hermtique (Acta Latomorum, Tome Ier, p. 137 ; cit dans La France

    Antimaonnique, 27me anne, n 33, p. 386).17 Le Chevalier de la Rose Croissante ajoute : La plupart des auteurs qui ont parl de ce dernier lont

    attribu faussement, cause dune homonymie, Louis-Claude de Saint-Martin, et M. Papus n a pas manqu derditer une erreur qui lui semblait servir sa thse. Nous verrons dailleurs que Saint-Martin a pris la peine de rfuterune lgende qui stait rpandue dans les divers milieux maonniques et qui est reproduite sans examen dans lesouvrages de la plupart des historiens franais et trangers.

    18 Ou Jrusalem ? Les Chevaliers Bienfaisants de la Cit Sainte sont aussi appels Chevalier du Saint-Spulcrede Jrusalem en Palestine (voir ci-dessous).

    19 Le 9me grade de la rforme de Saint-Martin portait dabord le nom de Chevalier de la Palestine ou delAurore (Acta Latomorum, Tome Ier, pp. 330-331).Dans ltoile Flamboyante du baron de Tschoudy, il est questiondun certain Ordre de la Palestine, qui aurait exist du temps de Ramsay, et dans les dogmes duquel ce novateur

    aurait puis une partie de son systme (ibid., p. 331).20 Contre lesystme templier.Daprs le Chevalier de la Rose Croissante (p. 75), Bode a prtendu que

    la police lyonnaise demanda la suppression de la fable templire (sur Pierre dAumont et ses compagnons) commeattentatoire la sret de ltat, et quelle avait menac de fermer les Loges duDirectoire, si ceux-ci ne renonaient pasausystme templier, que le gouvernement regardait comme une sorte de conspiration permanente contre les successeursde Clment V et de Philippe le Bel . Cest ce mme systme que le F Starck allait dnoncer, en 1780, commecontraire aux gouvernements et comme sditieux (27me anne, n 49, p. 287)

    21 CesDirectoires sont ici qualifis de templiers, et le F Willermoz de Grand-Matre provincial dAuvergne ;il est possible que ce F, membre du Rite des lus Cohens, ait t galement affili la Stricte Observance, mais nousnavons pu trouver nulle part le nom caractristique quil aurait d porter en cette qualit (voir le tableau, dailleurstrs incomplet, donn par le F Thory dans louvrage dj cit, Tome II, pp. 135-138). Remarquons que, daprslauteur de laNotice historique lui-mme, le rle de de Hundt tait fini ds 1775, la suite du Convent de Brunswick(pp.,58-6l ; cf. Acta Latomorum, Tome Ier, p. 117). Il mourut dailleurs peu aprs, le 8 novembre 1776, g de 54 ans(ibid., pp, 122-123).

    22 Ce Conventchoua par suite des manuvres des Philalthes auprs de la Grande Loge de Lyon et duDirectoire mme de Bourgogne (ibid). Cf.Acta Latomorum, Tome Ier, pp. 135-136.

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    Bourgogne . Aprs examen de ces systmes, lassemble labora le grade deChevalier Bienfaisant de la Cit Sainte (dit aussi Chevalier de la Bienfaisance), qui

    participe quelque peu des deux23, en se bornant tablir la connexion avec lOrdredes anciens Templierspar un enseignement historique24 dans le dernier des degrs quiconstituaient lOrdre intrieur, celui dEques Professus ou de Grand Profs25 (p.76).

    La Stricte Observance approchait de sa fin , que les manuvres desPhilalthes contriburent hter, car ce furent leurs affilis de la Province deBourgogne qui furent les premiers demander la prompte runion dun Conventcharg de rsoudre dfinitivement la question templire (p. 110). Ce Convent futouvert Wilhelmsbad, le 16 juillet 1782, sous la prsidence du duc Ferdinand deBrunswick (Eques a Victori), et, aprs avoir renonc tous Suprieurs Inconnus ,ainsi que nous lavons dj dit, il eut tudier cette question qui tait son principalobjet : LOrdre de la Stricte Observance descend-il des Templiers ? .

    Cette question agita lassemble pendant prs de vingt sances. Le FDitfurth de Wetzlar dclara tout fait insuffisantes les preuves produites dans le butdtablir que lOrdre descendait des Templiers Le F Bode (Eques a LilioConvallium), homme dune intelligence trs active, auquel la Stricte Observancedevait la meilleure partie de ce qui y avait de bon en elle, proposait, de son ct, quelon remanit tous les grades autres que les trois premiers dans un sens plus libral, etque lon mit fin des fables qui navaient aucun fondement Presque tous les Frresfurent davis quil fallait effectivement rformer les hauts grades et lorganisationgnrale de lOrdre, mais ils diffrrent sur le sens de cette rforme. De Beyerl(Eques a Fasci) demandait que lon annult tous les grades suprieurs aux trois

    premiers degrs, y compris lOrdre intrieur Templier, et que les Loges fussentrendues libres de sadministrer comme bon leur semblerait et de disposer de leursdeniers ; Ditfurth, que lon ajoutt simplement aux trois premiers grades un quatrimegrade o serait enseign tout ce qui a trait la Franc-Maonnerie ; il demandait aussique les Juifs fussent admis lavenir26. Ses propositions furent soutenues par Knigge.Willermoz tait davis que lon maintnt lOrdre intrieur, mais que lon lgitimt les

    23Lauteur ajoute en note : Ce grade se rapproche dailleurs davantage de lHospitalier Templier que duChevalier Bienfaisant de lcossais de Saint-Martin ; mais, aprs le Convent de Wilhelmsbad, il inclinera verslcossais de Saint-Andr. Il semble avoir fait confusion, car lcossais de Saint-Andr et le Chevalier Bienfaisantde la Cit Sainte sont deux grades distincts dans le Rgime cossais Rectifi. Quoi quil en soit, le grade de Chevalierde la Bienfaisance fut, sinon institu (comme le dit le F Thory). du moins transform au Convent de Wilhelmsbad, onous allons le retrouver (cf.La France Antimaonnique, 27me anne, n 33, p. 387, note 1).

    24 Voir leRituelpubli par Jean Kostka (le F Jules Doinel) dansLucifer Dmasqu (pp. 276-295).25Daprs notre auteur, ces dcisions expliquent les soupons des historiens maonniques qui conclurent des

    oprations du Convent de Lyon que le reniement du systme templieravait t plus apparent que rel. Leurs souponssont dautant mieux fonds que les Provinces franaises, et en particulier celle dAuvergne, reurent, comme par le

    pass, leurs instructions et leurs ordres de la Grande-Maitrise de Brunswick (pp.76-77). Cependant, le F deRibaucourt, dans son article dj cit, dit que la Stricte Observancenexista plus en France partir de 1778 , cest--dire du Convent de Lyon (voirLa France Antimaonnique, 25me anne, n 40, p. 436). On peut ajouter quelle cesse demme dexister en Allemagne, selon toute apparence, partir du Convent de Wilhelmsbad(1782).

    26 Cette dernire demande est rapprocher de ce que nous disions, au sujet des Juifs, dans notre prcdentarticle surLa Stricte Observance et les Suprieurs Inconnus (27me anne, n 47, p, 564, et n 49, p. 585).

  • 7/22/2019 Ren Gunon - Autres signatures - Le Sphinx

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    rectifications du Convent de Lyon en acceptant dune faon gnrale le Chevalier dela Bienfaisance ; Moth et Dietholm Lavater (Eques ab sculapio), que lonmnaget les diverses confessions chrtiennes, etc., etc Comme il fallait arriver une solution et que la discussion menaait de sterniser, le F Bode proposadabandonner le fond de la question27 et de se contenter de dcider des modificationsconformes lesprit du sicle et avantageuses toutes les religions. Cette propositionfut le signal dune sorte de transaction, par laquelle on seffora de contenter toutle monde, sans arriver dailleurs satisfaire personne. On arrta, en faveur de Bode,de Knigge et de Beyerl, que les Loges garderaient leur administration intrieure ;mais on dcida, en faveur de Ditfurth, que les trois grades symboliques travailleraientsous la surveillance du quatrime grade, celui de Matre cossais 28 , que, pourcontenter Willermoz et Dietholm Lavater, lon transforma en celui de Chevalier de la

    Bienfaisance, pratiqu en France et en Suisse depuis 1778, en dcrtant cependantque, si des motifs particuliers le requraient, il serait loisible toutes les Provinces et

    Prfectures de ne point faire usage de ce grade. Enfin, la direction centrale (de

    Brunswick) et les partisans templiers reurent satisfaction, en ce que le grade deChevalier de la Bienfaisance comporta dsormais un enseignement historique29 danslequel tait tablie la connexion des trois premiers grades avec lOrdre templier,reprsent par lOrdre intrieur et ses deux grades : le Novice et le ChevalierTemplier, (ce dernier) subdivis en quatre degrs :Eques,Armiger, Socius etProfs (pp. 114-117).

    Cest ce qui est indiqu dans la Capitulation suivante, que signa le ducFerdinand de Brunswick, prenant le titre dminence en sa qualit de Grand-Matre :

    Aux trois grades symboliques de la Maonnerie, on najoutera quun seul grade,celui-de Chevalier de la Bienfaisance. Ce grade doit tre considr comme le pointde communication entre lOrdre extrieuret lOrdre intrieur. LOrdre intrieurdoitse composer des deux grades de Novice et de Chevalier30. Les officiers des Loges

    peuvent former le comit de la Loge, et y prparer les objets traiter. On nexaminerapas sils sont revtus degrades cossais. Dans chaque district, laLoge cossaise doitexercer une surveillance immdiate sur les Loges symboliques. Les dcorations delOrdre intrieurdoivent tre conserves31 (pp. 117-118).

    27 Donc, en ralit, la question de lorigine de la Stricte Observance ne fut pas rsolue, pas plus que celle delexistence et des attributions des Suprieurs Inconnus ; on sen tint prudemment des mesures dune porte pratiqueimmdiate, et qui, quoi quon en ait dit, ne prjugeaient aucune solution dfinitive, mais supprimaient pour leursadhrents toute possibilit de relations directes avec les Suprieurs Inconnus.

    28 Il semble bien quil sagisse ici de lcossais de Saint-Andr, dont le nom, repris dans la suite, aurait alorsdisparu tout fait pour tre remplac par celui de Chevalier de la Bienfaisance ; sil en est ainsi, ce grade tait diffrent,malgr la similitude des noms (et contrairement ce que lauteur a dit plus haut), du grade intrieurde Chevalier

    Bienfaisant de la Cit Sainte, le mme prcisment qui est dsign un peu plus loin comme le Chevalier Templier.29 Cet enseignement nexistait prcdemment quau dernier degr de lOrdre intrieur, comme nous lavons vu

    plus haut.30 Remarquons que la dsignation de Templierne figure pas dans ce texte.31Lauteur renvoie Sindner, Widekind, Beyerl, Paganucci, etc