Remarques Sur Les Planches Publiées Par Leroquais

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  • 7/21/2019 Remarques Sur Les Planches Publies Par Leroquais

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    Remarque~ sur les planches publiees par Leroquais

    parDom P. ANTIN

    (Liguge)

    Les grands recueils laisses par Ie chanoine Leroquais sontd admirables instruments de travail, et leurs planches doi-vent aider la science ecclesiastique 1. S il y a une theologiede l image chez es Peres grecs et leurs epigones 2, es imagesde nos manuscrits peuvent a leur tour ~tre considerees ommeun ieu biblique ou theologique. L iconographie sert deja

    depuis longtemps a l histoire de la civilisation.On voudrait ici offrir simplement quelques remarques de

    detail concernant Ie tresor iconographique laisse par Lero-quais. L essentiel consiste dans six recueils de planches ointsa des volumes de texte. Ce sont :

    1 On a pu voir recemment l excellent usage qu a fait Ie Rme PereDom Pierre SALMON d images contenues dans des manuscrits, pourpreciser Ie costume et les insignes des prelats du haut moyen age:Etude sur les ins gnes du pontife dans Ie rit romain. Histoire et liturgie,Rome, 1955. La ferula~, bdton pastoral de l eve-que de RfJme, dansRev. des sc. relig., 1956, p. 313-327. Aux origines de la crosse deseve-ques, ans Melanges M. Andrieu, Strasbourg, 1956, p. 373-383.

    I Voyez les bibliographies de R. BERNARD, L image de Dieu d apresS. Athanase, Paris, 1952 et de H. CROUZEL, Theologie de l image deDieu chez Origene, Paris, 1956 (collection Theologie, vol. 25 et 34).Pour l image dans Ie Vieux Testament: L. KOEHLER, K. L. SCHMIDT,H. VAN DEN BUSSCHE, h. C. VRIEZEN ;pour S. Paul: J. M. BOVERpour Philon : J. GIBLET, H. WILLMS; pour les deux premiers siecles:A. STUCKER; pour S. Irenee: E. PETERSON; pour Clement d Alexan-drie : A. MAYER; pour S. Gregoire de Nysse : R. LEYS ; pour Guillaumede S.- Thierry: L. MALEVEZ. Pour une synthese agreable: DomJ. JUGLAR, Canticum novum. L action de grdces des fils de Dieu,Paris, ed. de la Source, 1950, p. 125-136.

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    B. Les breviaires manuscrits des bibliotheques publiques de

    France: Paris, 1934, 5 vol., plus les planches (140).H. Les livres d Heures manuscrits de la Bibliotheque Na-tionale. Paris, 1927, 2 v. plus pl. (130).

    H suppl. Supplement aux 1. d H. mss de la B.N. (Acqui-sitions recentes et donation Smith-Lesoue/). MA.con, Protat,1943. Planches (40) Ii. la suite du texte.

    Pont. Les pontiticaux mss des bibl. publ. de Fr. Paris, 1937,3 v plus pI (140).

    Ps. Les psautiers mss atins des b. p. de F. MA.con, Protat,1940-41,2 v. plus pl. (140).

    S. Les sacramentaires et les missels mss. des b. p. de F.Paris, 1924, 3 v. plus pl. (125).

    II Y aurait bien des choses nteressantes Ii. relever dans ces715 planches. Prenons es images representant la Ste Trinite.La peinture reproduite dans B. pl. 58 (je transcris les chif-Ires romains en arabes pour alleger les references) est inti-tulee par l editeur Le bapt~me de Jesus. Ce titre n est pas

    inexact, rnais il fallait souligner que l illustration se trouvein testa Sce Trinitatis (cf. B. t. 3, p. 306-7), dans Ie breviairede Salisbury ou du due de Bedford (1424-35), B.N. lat. 17294fol. 27r; vo. Cette fac;on biblique, tres moderne, d assemblerles trois Personnes est d un vir inter~t. Cela nous vaut detrouver, Ii. gauche du Baptiste, S. Hylayre (non Hylaire,comme on a imprime, p. 307 du t. 3), Ie Docteur poitevinauteur d un De Trinitate qui est un precurseur. II tient untexte liturgique: Gloria tibi Trinitas ~~qualis. Cette scene,tiree de Matthieu III, Marc I, Luc III est plus picturale quela mission indiquee par Mt. XXVIII, 18-20 dans notre f~teactuelle ou, dans notre messe votive, par Jean XV, 26-27 etXVI, 1-4.

    Nous sommes plus habitues aux autres images de la Tri-nite que nous offrent les planches de Leroquais. Ainsi B.pl. 54 (m~me breviaire, fol. 8), notre artiste, pour Ie Ierdimanche de l Avent, a figure line colombe unissant la bou..

    che du Pere et celIe du Fils, nu jusqu li. la ceinture et tenantla croix. lIs sont assis. Jesus repond: Ecce uenio aux sup-plications des patriarches. Dans S. pl. 101, harmonieux sche-ma pyramidal, la colombe etant un peu en l air (Missel ro-main de Tours. B.N. lat. 850 fol. 141). A la pl. 108 de S.,

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    grand livre ouvert entre Ie Pere et Ie Fils. La colombe s est

    posee sur ce livre (Melun, en 1489. B.N. lat. 880 t. 2 fol. 73).Dans H. pl. 49 (Heures de Marguerite d Orleans, du xve s.B.N. lat. 1156B, ol. 123) et dans B. pl. 67 (Paris, avant 1450.Chateauroux 2, fol. 106), nons avons deux variantes de S.pl. 108 : dans la premiere, la colombe est au dessus du grandlivre, l extremite de ses ailes atteint leg bouches du Pereet du fils; dans la seconde, elle apparait devant une croixque tient Ie Fils, ses ailes entre leg deux bouches. Le livreest de taille plus modeste.

    Dans H. pl. 71 (Paris xve s. B.N. lat. 1176, fol. 186), laTrinite a ete con.;,ue par l artiste comme une Piela. LePere tient sur ses genoux son Fils mort mais qui semblevouloir exprimer avec sa main droite, de sa plaie du cote,une goutte supr~me de sang redempteur; la colombe esta la bouche du Pere. Scene ragique I Par contraste, voici(S pl. 85. Paris xve s. Mazarine 412 fol. 1) Ie Pere en ma-jeste qui envoie avec une benediction l Enfant Jesus nu 3

    portant sur l epaule sa croix et dans sa main gauche fouetet clous; precede de la colombe, il descend vers la terre ouse rencontrent Misericordia et Veritas (belle Visitation), ous embrassent Iusticia et Pax, selon Ie ps. 84, 11-12.

    S. pl. 97 (Souvigny, xve s. B.N. lat. 828A fol. 19vo, maiormissa de Trinilale), Ie Pere assis tient devant lui Ie Filscrucifie; la colombe est entre leurs visages.

    S. pl. 59 (ermites de S. Augustin en 1362. Toulouse 91,fol. 121) rois Personnes barbues assises, dentiques, benissantun globe que tient la Personne mediane. H. pl. 9 (franciscainen 1380. B.N. lat. 757, fol. 222vo), es trois Personnes sonta~sises derriere une table. Sa nappe ne pend point, pourmontrer les plis semblables des trois robes. Chaque Per-sonne montre un livre ou on lit, d apres Jean VIII, 12 etXIV, 6 : Ego sum lux mondi via vila z (= el) veri as, et benitun calice. S. pl. 113 (romain en 1492. B.N. lat. 16827, fol.291), Ie Fils a line croix, Ie Pere un globe surmonte d une

    croix de Lorraine, l Esprit un livre.

    a Cf. DIDRON, Iconographie chret. Hist. de Dieu, Paris, 1843, p. 278fig. 75.

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    La plus antique effigie de la Trinite 4 chez Leroquais est

    dans Ie pontifical de Sherborne ou de S. Dunstan, datantdu xe s. finissant, B.N. lat. 943 fol. 5vo, 6, 6vo reproduitsPont. pl. 8-10. Chaque personne, debout, occupe une page.Le Pere porte une couronne a trois fleurons; sa barbe estlongue; il tient une croix triomphale, un livre ferme marquede deux croix. Le fils ales cheveux boucles, la barbe nais-sante; il tient une croix dont leg branches ne gout pointpartiellement a l interieur d un cercle, comme pour la croixdu Pere, et un livre clos marque de deux croix. L Espritest imberbe. Nimbe crucifere, comme pour Ie Pere et IeFils. II tient une sorte de long filament sinueux dirige versIe haut et comme duvete, vermilIon. Leroquais conjecture(t. 2 p. 10) une plume d oiseau. Mais si c etait une flamme?Dans sa main gauche, livre ferme non marque. lci seulement,l artiste a figure Ie sol, avec deux plantes, et un cadre orne.

    Examinons maintenant quelques images de Dieu Ie Pereseul. Dans Pont. pl. 103 (Poitiers, xve s. Tresor de la ca-

    thedrale, fol. 38) Ie titre de l editeur annonce Le Christen majeste. C est une inexactitude, corrigee a la table desplanches 0\1 on peut lire Dieu Ie Pere et au t. 2 p. 449 : Le Christ glorieux est ici Dieu Ie Pere. Sa barbe longueet chenue, sa tiare, ne laissent autun doute. Cette barbecaracterise Ie Pere (pl. 8, a la fin du xe s., comme nous ve-nons de Ie voir.) De m~me dans la scene du buisson ardentde H. suppl. pl. 21 (Heures pour Rouen ou petites Heuresd Anne de Bretagne, XVle s. debut. B.N.lat. nouv. acquis.3027 fol. 25vO). Mais on peut se demander si c est Ie Pereou Ie Fils que l artiste a voulu figurer en la Personne assezjeune du buisson dans Ps. pl. 54 (de Paris ou de la reinelngeburge, vers 1200. Chantilly, musee Conde 9 [1695] fol.12vo) ou dans Ps. pl. 116 (italien, apres 1350. B.N. lat. 772,fol. 49). Dans H. suppl. page xv, au mot Pere , Leroquaisdistingue tiare et couronne a l imperiale , sans renvoyeraux images respectives.

    , DIDRON, . 456 (et non 480, comme dit Leroquais, Pont. t. 2,p. 10). R. MAERE, Rev. d hisi. eccl., . 34, 1938, p. 613, a ete un peudistrait quand il a ecrit qu on avail ici rois personnages sembIa-hIes.

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    Rien de tres notable pour Ie Christ glorieux, imberbe ou

    avec line barbe legere. Ses symboles A et.Q I encadrent, ousont inscrits sur Ie globe ou sur un livre qu il tient. Parfoisil montre ses plaies. Dans S. pl. 54 (S.-Eloi Xllle s. Arras38 fol. 106) ses mains percees sont au dessus d un calicesurmonte de I hostie a sa droi te des tables de la loi a sagauche. Le globe est a ses pieds. Dans S. pl. 66 (romainXIVe s. B.N. lat. 848 fol. 153ter) Ie Christ largement barbu,assis dans line ample cathedre, tient un globe sur lequel ondistingue un port et des bateaux. Ailleurs (Ps. pl. 109.Salisbury XIVe s. B.N. lat. 765 fol. 21vo) il siege dans undecor prestigieux de castel gothique. Nous retrouvons enS. pl.ll0 (romain a I usage de Jean de Foix, ev~que deComminges en 1492. B.N. lat. 16827 fol. 137) Ie geste dela main droite pressant Ie c6te perf ore que nous avons admireen H. pl. 71.

    Pour les illustrations de I introit Ad te levavi (rer dimanchede I Avent), on peut se demander parfois devant qui Ie pr~tre

    est en priere. S. pl. 48 (S.-Corneille de Compiegne Xllle s.B.N.. lat. 17318 ol. 18), devant Ie Christ, semble-t-il. S. pl. 76(Lu~on XIVe s. B.N. lat. 8886 fol. 101), la barbe grisonnantefait hesiter, et incliner pour Ie Pere. S. pl. 81 (Paris xve s.Arsenal 621 fol. 1), un ev~que prie Ie Pere. S. pl. 89 (Paris,xve s. B.N. lat. 859 fol. 1), David prie Ie Pere, mais pl. 80(Glandeves et Embrun xve s. B.N. lat. 878 fol. 1), il prieIe Fils.

    Arr~tons-nous un instant devant line image du Messie-Roi I), tracee a la plume en marge du ps. 22 (Ps. pl. 18. AOdbert, abbe de S.-Bertin en 999. Boulogne-sur-mer 20 fol.29vo). Couronne, il tient sa lance et son bouclier 5. L artistea commente son croquis par deux inscriptions: Victoria,pres du fer de la lance, et Dominus potens in praelio. Cetexte se trouve ps. 23, 8.

    En S. pl. 53 (Mont S.-Eloi Xllle s. Arras 38 fol. 105vo),on voit, au pied de la croix oil Jesus est fixe, Adam v~tu

    .DIDRON, p. 167 fig. 51 montre un Jehovah en Dieu des combats.Miniature italienne, fin du XIIe s. Rapprocher p. 520 fig. 134:(~ rinite du mal. Miniature franc;aise, XlIIe s. , figure armee de deuxepees.

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    sortant de sa tombe et recucillant Ie sang divin dans un

    calice. De m~me Pont. pl. 29 (Mont S.-Eloi vers 1250. Arras49 fol. 42vo). Leroquais croit voir la Trinite dans ce fait quedeux mains celestes recueillent une colombe sortant de labouche de Jesus mourant. Ne serait-elle pas plutot sym-bole de l'ame qui s'echappe? (Cf. au martyrologe romain,10 fevrier: Ste Scholastique; 28 mars: S. Spes; 8 octobre:Ste Reparate). On aurait ici un hieroglyphe a double sensTradidit spiritum (Jean XIX, 30), l rendit l'ame ou lrendit l'Esprit.6 Adam, a demi v~tu, tient egalement uncalice, dans un missel dominicain du XlIIe s. 7 II apparaitsans calice en Ps. pl. 24 (Angers avant 1050. Amiens fondsl'Escalopier 2 fol. 11 ter va). Ici il tourne Ie dos a la croix,recroqueville, mais soulevant sa t~te vers Jesus. Et en B.pl. 4 (Cassin, vers 1100. Paris, Mazarine 364 fol. 24vo), est-ceAdam, ce petit homme au curieux bonnet phrygien, qui leveles mains avec tant de ferveur? Mais il est habille et nesort pas d'une tombe. Nul doute pour S. pl. 45 (S.-Remi

    de Reims, XlIIe s. Reims 229 fol. 10vo): Adam sort nu de

    .L'a.me sortant du mourant est figuree par un petit enfant. (Cf.DIDRON, p. 104, oil l'a.me de S. Martin, sur un vitrail de Chartres auXllle s. est un enfant nu mitre). Le ps. 130, 2 ne dit-il pas: Sicutablactatus super matre sua, ita retributio in anima mea, ce que laBible de Jerusalem traduit: Comme un enfant contre sa mere,mon a.me est en moi comme un enfant sevre. En B. pl. 45, vers1380, on voit S. Vincent de Saragosse sur son lit de mort exhalantun enfant que prennent deux anges. En Ps. pl. 47, vers 1300, pourune dormition de la Vierge, son a.me est une adolescente nue quedeux anges elevent sur une etoffe blanche. Dans Ie cas de Ad televavi an mam meam, frequemment illustre dans S. (pl. 48, 52, 63,76, 80, 81), l'a.me est un enfant nu. Cependant pl. 95, au xve S., ona prefere representer une elevation de l'hostie.

    7 Biblioth. de la vine de Lyon. Exposition de mss II peintures ...Catalogue descriptil par V. LEROQUAIS. Lyon, Octobre 1920, pl. XIVet p. 13. Dans la Rev. d'hist. eccl., t. 34, 1938, p. 613-614, R. MAEREa des reflexions interessantes sur la colombe du Christ expirant etsur Adam. -Un missel de S.-Denis, vcrs 1270-1280 (B.N. Lat. 1107fol. 290vO) presente Adam avec un calice d'or. J. PORCHER, Lesmss II peintures en France du Xllle au XVle s. Paris B.N., 1955,nO 28, p. 21, commente : La Vierge et S. Jean Ie regardent et fontun geste de surprise. Non. Tous deux regardent Ie Christ, et leurattitude exprime la douleur.

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    son sepulcre et tend leg bras vers son Sauveur. Ce theme

    a ete commente par S. Etienne de Muret (t 1124): Adamad pedes crucifixi depingitur ...Adam leuat manus ad Do-minum prae gaudio q~od habet quoniam ipse est in cruce.Mater nero Dei et S. Ioannes Euangelista qui iuxta pingunturtristes erant de passione psius et eis sua salus displicebat.Tantum est homo nescius in hoc saeculo (SententiarumLiber. LV, 2. P.L. 204, 1110). En Pont. pl. 7, il Y a sim-plement un vase au pied de la croix. L illustrateur du pon-tifical de Sherborne ou de S. Dunstan, a la fin du xe s., vou~lait-il rappeler I acetum? Le vase a parfum de la Madeleine?Serait-ce un calice a anses? On voit de tels calices dans IeDictionnaire d archeologie hretienne et de liturgie, article Ca-lice, par H. Leclercq, L. 2, 2e partie, Paris, 1910, col. 1596et SUi,T., ig. 1867, 1873, 1875, 1878 etc., jusqu a 1914.

    Dans ses titres ou ses analyses, Leroquais passe sur unelement notable des scenes de la Resurrection: leg gardes 8dlJ tombeau, bouleverses ou endormis (Mt. XXVIII, 4 et 13).

    Sans doute pensait-il avec S. Augustin que des temoinsdormants sont negligeables: Si nihil uiderunt, quomodotestes sunt? (In Ps. 63, 15. Corpus Christianorum 39, 817.47 ou P.L. 36, 768). En Ps. pl. 21 (d Odbert en 999, dejacite; fol. 109), Ie D majuscule de Domine (ps. 101) est ornede trois scenes en trois registres, plus une scene laterale,disposee verticalement, moins spectaculaire: 10 e Christ encroix, imberbe, leg yeux ouverts; un soldat lui tend uneeponge imbibee, tandis qu un autre perce Ie flanc droit duSauveur; 20 l ange, tenant un livre, et trois saintes femmesau tombeau; 30 quatre gardes armes culbutent terrorises.La bande verticale a gauche montre Ie Christ penche a angledroit comme pour tirer cinq morts, disposes en deux re-gistres, qui lui tendent leg bras (Mt. 27, 52). Ce n est pas ladescente aux limbes 9; Jesus n a pas sa longue croix triom-

    8 Gardes en S. pl. 8, IXe s. ; Pont. pl. 3, fin xe s. ; Pont. pl. 13,vers 1050 Ps. pl. 42, apres 1150 H. suppl. pl. 6, apres 1350; Ps.pl. 132, vers 1450 B. pl. 96, apres 1450 B. pl. 99, apres 1480.

    .Limbes en B. pl. 5, vers 1100; Ps. pl. 42, apres 1150; Pont.pl. 24, vers 1200 (Christ triomphant du monstre infernal, sans iguresde justes) ; Pont. pl. 25, vers 1200 Ps. pl. 78, verso 1250 Ps. pl. 108,vers 1300 (on y remarque, sur une terrasse fumantes, deux demons

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    phale. En B. pl. 33 (Belleville, avant 1350. B.N. lat. 10483fol. 375vo), deux images separees: Jesus, entre deux anges,sort du tombeau, et au dessous trois gardes culbutent.-L ange et trois femmes; au dessous, es trois gardes armesdorment.

    Signalons une legere gaucherie dans un titre de Leroquais(Ps. pl. 97. Magdebourg, en 1276. Metz 1200 fol. 7vo): An-ges musiciens. Anges portant les attributs de la Passion.L analyse, t. I, p. 270, precise que deux anges sonnent de

    la trompette. II fallait dire simplement : Anges du juge.went I). Ces musiciens font entendre la trompette supreme(Bible de Jerusalem sur Joel II, 1 et 1 Cor. xv, 52), tandisque deux autres anges presentent la sainte lance et la cou-ronne d epines 1.

    sonnant du cor -il rauco suon della tartarea tromba tandis qu unautre souffle dans deux longues trompettes et frappe sur un tam-bourin.)

    10Ces celestes trompettes de l eternite, nous les retrouvons enPs. pl. 45, apres 1150. Le Christ, entre A et D, presente ses plaies.Cinq morts nus surgissent de leur tombe; deux basculent vers lagueule enflammee de l Enfer oil cui sent deja deux damnes et linedamnee qui a deux serpents sur ses seins; a gauche des morts quiressuscitent, on voit des prelats et un roi; a droite, deux demonsligotent brutalement un eveque, un moine, un roi (vetus) et un hommenil. -En Ps. pl. 70, avant 1250, il n y a pas de trompette. Auxc~tes du Christ, deux anges doni l un tient la croix, l autre la lanceet la couronne. En bas, un ange emmene un eveque, un roi, unmoine, line reine, to ute line foule d oil emerge ine crosse; un demonvelu emmene enchaines un eve que, la crosse ournee vers la terre,un moine, une femme it la tete ceinte d un cercle qui chavire, et destetes, doni line tonsuree. Tous ces reprouves sont vetus. -EnPs. pl. 80, vers 1250, des anges sonnent leur grand olifant. Troismorts semblent assis dans leur tombe qu ils n enjambent pas encore.Un ange attire les ellis, vetus. Un autre, arme d un glaive, repousseles damnes, nus, mains croisees sur leur sexe. -En Ps. pl. 81, vcrs1250, des anges portent la croix, la colonne de la flagellation, la cou-ronne epineuse. Un ange pousse paternellement des petits elus nus;un demon pousse avec line trique des petits reprouves nus. Auxquatre angles de la composition, un ange sonne de la trompe. Qua-ire marts nus sortent du tombeaux, son couvercle sur l epaule. Cesont trois hommes et line femme. -En Ps. pl. 93, vcrs 1260, deuxanges sonnent de l olifant qu ils tiennent de la main droite ; dans lagauche, un porte.la croix, l autre la sainte lance; la couronne d epi-Des est en bracelet a son bras gauche. La Vierge et S. Jean prient

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    Un facheux laps us a fait intituler une nativite de NotreDame La naissance de S. Jean-Baptiste (Pont. pl. 88.A Etienne Loypeau, eveque de Lu~on, fin XIVe S. B.N. lat.8886 fol. 420), et une nativite du Baptiste La naissancede la Vierge (Pont. pl. 92. Meme ms. fol. 446vo). L erreurest partout: aux tables des planches, aux tables du t. 3,a l analyse t. 2 p. 154. L image de la pl. 88 precede a messepour la Nativite de la Vierge; Ie poupon que l on porte aen tete la couronne de la reine du ciel. A la pl. 92, S. Za-

    charie ecrit sur un rouleau Johannes Luc. 1, 63). Le nou-veau-ne embrasse un agnelet a nimbe crucifere u. Suit l in-troit De uentre.

    II y a line curieuse Immaculee Conception en H. suppl.pl. 40 (cf. table p. xxv, analyse p. 37), dans des Heures al usage de Chartres ou de Marie Chantault, avant 1550.B.N. Smith-Lesouef, 39, fol. 108. On y voit la Vierge avecquinze attributs. L artiste n etait pas grand clerc: sons larepresentation d une ville, il a ecrit cuntas Dei pour ciuitasDei, /loriut pour /loruit, putus pour puteus, et eluia speciosa

    le-Christ. Trois morts (une femme v8tue, deux hommes nus) sortentdu sepulcre. Un roi, un ev8que, un jeune homme et une jeune femmeaux couronnes egeres, une t8te anonyme, s eloignent du Christ en selamentant. -En S. pl. 54 (XIIIC s.), quatre anges eveillent leg mortsde leur trompette tournee droit vers Ie bas. Les morts, ou plutotIe mort, un moine v8tu. La Vierge et S. Jean prient. Deux anges

    tiennent la couronne d epines, un autre la lance, un autre leg troisclous. Dans six medaillons lateraux : Ie sein d Abraham; S. Pierre (1)pousse des elus, nus et nimbes par la porte etroite, tandis que Satanconsterne s en mord leg doigts; des saints au paradis; des elus re-gardent vers Jesus; Satan enfourne cinq damnes dans la gueule n-fernale. -En B. pl. 42, vers 1350, e Christ est assis sur une nueeentre Notre Dame et S. Jean. Un ange presente a lance et les troisclous, un autre la croix et la couronne. En bas, deux anges sonnentde la trompe; cinq morts ressuscitent, dans leur suaire ou nus. L unporte couronne. -En H. pl. 37 (xve s.), deux anges autour de Jesussonnent de la tromplette qu ils tiennent a deux mains pointee ver-ticalement vers la terre. Marie et Jean ntercedent. David tient unebanderolle; sa harpe est derriere lui. Cinq morts surgissent, nus.Cela precede: Ne reminiscaris. Domine ne in furore, debut des psau-mes de la penitence.

    11Autres nativites du Precurseur en H. pl. 18 (XIVe s. fin), en B.pl. 112 (xve s., fin), correctement ntitulees.

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    autour d un arbre qui n a rien d un olivier, oliua (Eccli.24, 19).Notons rapidement quelques aspects de la Synagogue per-

    sonnifiee, par opposition a l Eglise. En Pont. pl. 20 (ParisXIlle s. debut. Metz 1169 ol. 146), c est une femme qui vientde percer l agneau mystique en croix; sa lance s est brisee;Ie sang de l Agneau jaillit dans Ie calice que tient l Eglif;e.En Ps. pl. 69 (Paris, a Blanche de Castille et S. Louis, avant1250. Paris, Arsenal 1186 fol. 24), elle perd sa couronne,laisse choir les tables de la Loi ; sa lance se brise, mais sansrapport avec Jesus en croix. Vers 1260, un psautier decisterciennes, a Bale ou Constance (Besan

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    En H. pl. 71, en bas a gauche, Bethsabee au bain a unesuivante qui se retrouve pl. 77. En H. suppl. pl. 39, on voittrois suivantes. Ces deux dernieres images prefacent Ie psau-me de la penitence Domine ne in furore tuo. Ces suivantes,absentes de 2 Sam. XI, 2, pourraient venir de Dan. XIII, 15.

    Au bas de Pont. pl. 106 et dans l analyse, t. 2 p. 456, onnons annonce: La chasse de Ste Radegonde. C est unepeinture de 1484-1500, oil il semble bien qu on ait voulufigurer Ie tombeau de la sainte, porte sur piliers, en la cryptede l eglise poitevine a elle consacree. On voit un pauvre

    estropie se glisser sons Ie tombeau 1. Signalons une SteRadegonde en priere, Pont. pl. 90 (XIVe S. fin). Elle portecouronne et manteau seme de fleurs de lis; elle a un sceptredans les bras, ce qui est un pen embarrassant pour prier.

    Nous ne quitterons pas Ie chanoine Victor Leroquais sansI assurer de notre gratitude, qui ne saurait mieux se traduireque par des prieres a son intention.

    Et en guise de post-scriptum, corrigeons une coquille dansCh. Cahier, Caracteristiques des saints dans I art populaire,t. 1, Paris, 1867, p. 40. Lope de Vega fit peindre S. Isidorelaboureur avec un breuf au col entoure d epis selon ces pa-roles de S. Jerome: VOX Domini sustentans iugum. (Obrasno dramaticas, 1856, p. 151). Or nons lisons dans Jerome,In Habacuc III, 17 (P.L. 25, 1335B = Vallarsi 6, 667 =Martianay 3, 1640): Ubi plena sunt praesaepia, marufestaest fortitudo bonis (Prov. XIV, 4). Bos operarius est: bosDomini sustentans iugum, in cuius uestigium qui seuerit,

    beatus est.POST SCRIPTUM.Ajoutons a ce travail, envoye en fevrier 1960,

    quelques references a l ouvrage important de P. Thoby, Le crucifixdes origines au concile de Trente, Nantes, 1959.

    Sur Adam au pied de la croix (cf. Jer6me Ep. 46, 3 Labourt 2,p. 103, 5: Adam arrose du sang redempteur) voir les photos 209-210, 255: Adam au calice. Aux nOS 7, 99, qui tient Ie calice?Aux nOS 0, 208, Adam est sans calice. Aux nOS 2, 63, 265, un

    (ms. datant de 1499-1514). -H. suppl. pl. 23 est de la me-me epoque.B. pl. 121 est de la fin du xve s.

    15 Cf. Ps. pl. 42 (deux gardes sous Ie saint sepulcre supporte pardes piliers. Image du XIIe s., apres 1150).

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    calice seul est figure. N 52, Adam et Eve au pied de la croix.N 53, trois morts ressuscitent: celui du milieu n est pas force-ment Adam. lIs sont entre la Terre et Ie fleuve Ocean (pour cedernier, cr. nOS 8, 57). N 114, on hesite a voir Adam dans cepersonnage barbu, couche et accoude comme un fleuve. N 139,est-ce Adam, qui est recroqueville au pied de la croix?

    Resurrection des morts nO 35 en bas a gauche. Crucifie et Tri-nite nOS 33, 222, 271, 296. Sans colombe, nO 324.

    La femme du nO 57 serait Rome; celIe du nO 60 est Terra.N 131, Thoby voit Jean debout sur une baleine, symbole de

    Jonas, de Ia Resurrection. (Ne serait-ce pas un symbole de l Ocean,Ia Vierge etant sur la terre ferme?) cr. nO 137, Jonas a droite.Aux nOS 5, 56, 198, il Y a au pied de Ia croix un serpent ou undragon non sans rapport avec Ie monstre de Jonas.

    Abbaye S. MartinLiguge (la Vienne) France.

    SUMMARIUM

    Imagines a canonico Leroquais diligentissime collectae ecclesiasti-carum scientiarum peri tis perutiles sunt. Supra, lector nosier adno-tationes quasdam inveniet de tiguris SS. Trinitatis, Patris, Christi,S. Spiritus, Adam sub cruce, animae, sepulcri custodum, ad interosdescensus, aemonum tubicinum, iudicii angelorum, nativitatis B.V.M. et Baptistae, Concep ion s, Synagogue, David, Bethsabee, .Radegundis. Denique Caroli Cahier protertur te. t tus ubi uox probog legitur. Adduntur nonnulla de libro Thoby, e crucifix..., 1959.