Remarqu P ouv oir m diatique P ouv oir spirituel V ent de ... · politiques, dÕo sa recommandation...

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Le nouvel Economiste - n°1445 - Du 18 au 24 septembre 2008 - Hebdomadaire Quelle mouche a donc piqué l’ex-mi- nistre Alain Lambert, sénateur cen- triste partie prenante de la majorité de longue date, réputé et apprécié pour sa pondération toute notariale ? L’Alençonnais est sur tous les fronts. Bonus-malus, taxe sur l’épargne, dé- rive budgétaire : sur tous ces sujets,il n’a pas hésité à critiquer les derniè- res initiatives de l’exécutif.Au point de susciter les réprimandes téléphoniques de l’Elysée. Une ire présidentielle amplifiée sans doute par sa candidature transpartisane, lancée en free- lance, à la présidence du Sénat. “J’ai choisi tout simplement d’utiliser ma liberté de parole. Ici, on m’a conseillé de respecter la tradition et de m’assagir.Ne pensant pas avoir été élu pour cela, j’ai décidé qu’à 62 ans, que le moment était venu de m’émanciper”, explique, un large sourire malin aux lèvres, le sénateur qui n’a jamais paru aussi allègre et désinhibé que depuis qu’il s’est allégé de ses go- dillots. Celui qui dit “la vérité” “Vous ne me prendrez jamais en fla- grant délit de critiquer la personne du président. Bien au contraire, considé- rant énormément Nicolas Sarkozy, je n’aimerais pas qu’il échoue.Or,cela est consubstantiel à sa fonction, le Prési- dent rencontre dans la journée beau- coup plus de monde pour l’encenser que pour le critiquer.Et la motivation des flatteurs n’est pas de lui rendre service de façon désintéressée. Etant son ami, je me dois de lui dire la vérité. Même si cela m’oblige pour être entendu à par- ler fort par-dessus son entourage.” Pour Alain Lambert cette nécessité du parler vrai devient une urgence alors que le quinquennat a déjà entamé sa deuxième année. “Je veux protéger le Président du reproche qui lui sera fait immanquablement dans trois ans d’être le responsable de tout : la dette, les déficits, la hausse des impôts, les me- sures désagréables Il est encore temps de rectifier la trajectoire.” Mais pour ceux qui tirent ce genre d’alarme stridente, il y a plus de coups à pren- dre que de bons points à recevoir. “Je dérange et je vois bien que l’on cherche à m’isoler.Je ne souffre pourtant d’au- cun état d’âme et ne suis pas mû par une envie soudaine d’être désagréable. Je ne prétends pas non plus faire à moi tout seul autorité. Ma modeste démar- che s’inscrit dans celle ouverte par Ni- colas Sarkozy lors de sa campagne en abordant tous les sujets franchement et sans tabou. Dans les domaines où on me reconnaît une expertise – les finan- ces publiques – mes avis sont ceux d’un observateur,je pense,éclairé et averti.” Son dernier avertissement concerne la taxe sur l’épargne qui,il en est per- suadé, ne passera pas en l’état pour des raisons autant techniques que politiques, d’où sa recommandation de faire machine arrière. “Je n’ai pas peur de me positionner contre. Mais je ne suis pas quelqu’un de buté. Si l’on me donne des arguments convaincants, je me laisse attendrir.Les menaces ont pour effet d’accroître au contraire mon entêtement.” La posture de l’épicier Pour Alain Lambert, il y a un autre impératif. “Cessons de parler la langue de bois que les Français n’écoutent plus ni la langue technocratique que les Français ne comprennent pas. Un tel décalage devient dangereux pour notre démocratie.” Cette exigence de sim- plicité, Alain Lambert, fils d’un cor- donnier normand en a fait sa marque de fabrique. “Les solutions les plus rus- tiques sont les plus solides. Dans cette société à l’intelligence si élevé mais au sens pratique si absent, il faut être des épiciers.” Et pour les comptes de l’E- tat, la priorité est de surveiller les sorties estime Alain Lambert. “Avec 1 000 milliards d’euros tout compris,la France est la championne du monde des dépenses publiques rapportées au PIB. Il faut bloquer ces dépenses à ce ni- veau en euros courants jusqu’en 2012. Quand on a abusé et que l’on est en sur- poids, chacun peut comprendre qu’il faut se mettre au régime. Pas un euro en moins, pas un de plus : telle doit être la règle de façon à ce les agents publics puissent annoncer fièrement à leurs concitoyens qu’ils assurent,chaque an- née, le service au même prix. Si on ne change pas, un jour prochain, une agence de notation rétrogradera la dette française et on paiera plus cher les intérêts.” L’épicier Lambert reven- dique aussi le même bon sens pour plaider la suppression de l’ISF. “Les fumeurs frontaliers se rendent volon- tiers à l’étranger pour acheter des ciga- rettes moins chères du fait d’une fiscalité avantageuse. Les contribua- bles fortunés adoptent le même com- portement pour échapper au fisc. Et cela a pour effet de réduire les recettes fiscales.” L’ambition : réhabiliter le Sénat “Il ne faut pas se raconter d’histoires : les sénateurs savent parfaitement que l’image de l’institution à l’extérieur a besoin d’être réhabilitée. Cette amélio- ration ne se fera pas unique- ment avec des expositions culturelles, aussi merveilleuses soient-elles, mais essentielle- ment par du travail législatif de qualité.” Alain Lambert se fait fort de jouer cette carte. A titre d’illustration il propose à l’a- venir de ne pas adopter de texte nou- veau sans en abroger un ancien afin de stopper l’inflation législative. Le prochain renouvellement des in- stances dirigeantes du Sénat offre une occasion historique d’accélérer la mutation. “Le Sénat de par son rythme électoral se trouve déconnecté de l’exécutif ; c’est une chance qu’il doit saisir pour s’ affranchir de ce dernier.” Le moyen ? Elire à sa tête un esprit qui a déjà fait la preuve de son indé- pendance d’esprit. La conviction à partager s’exprime fortement : “Le Parlement est l’égal du gouvernement. Il ne doit pas vivre couché.” Des paro- les en l’air démenties au premier froncement de sourcils élyséens ? “Si ce n’était qu’un slogan, cela n’aurait aucun intérêt. Il ne suffit pas de pro- clamer que l’on veut renforcer le Parle- ment, il faut lui en donner les moyens. Je demande que l’exécutif mette à la disposition du Parlement la moitié des ressources humaines de contrôle et d’ex- pertise afin que la partie soit égale en- tre l’exécutif et le législatif. Ainsi aurons-nous une vraie démocratie mar- chant sur ses deux pieds. Et on aura ré- alisé l’équilibre nécessaire du pouvoir auquel le Président aspire.” Cette fois, pas de doute, Lambert a mangé du lion. [email protected] “Le Parlement est l’égal du gouvernement. Il ne doit pas vivre couché” “Cessons de parler la langue de bois que les Français n’écoutent plus ni la langue technocratique que les Français ne comprennent pas.” Remarqué Sénateur sans godillots “Libre et sans tabou” : Alain Lambert veut incarner le renouveau du Parlement - objectif de la réforme constitutionnelle - voulu par Nicolas Sarkozy. D.R

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Le nouvel Economiste - n°1445 - Du 18 au 24 septembre 2008 - Hebdomadaire8

Quelle mouche a donc piqué l’ex-mi-nistre Alain Lambert, sénateur cen-triste partie prenante de la majoritéde longue date, réputé et appréciépour sa pondération toute notariale ?L’Alençonnais est sur tous les fronts.Bonus-malus, taxe sur l’épargne, dé-rive budgétaire : sur tous ces sujets,iln’a pas hésité à critiquer les derniè-res initiatives de l’exécutif.Au pointde susciter les réprimandestéléphoniques de l’Elysée.Uneire présidentielle amplifiéesans doute par sa candidaturetranspartisane, lancée en free-lance,à la présidence du Sénat.“J’ai choisi tout simplement d’utiliser ma liberté de parole. Ici, onm’a conseillé de respecter la tradition etde m’assagir. Ne pensant pas avoir étéélu pour cela,j’ai décidé qu’à 62 ans,quele moment était venu de m’émanciper”,explique, un large sourire malin auxlèvres, le sénateur qui n’a jamaisparu aussi allègre et désinhibé quedepuis qu’il s’est allégé de ses go-dillots.

Celui qui dit “la vérit锓Vous ne me prendrez jamais en fla-grant délit de critiquer la personne duprésident. Bien au contraire, considé-rant énormément Nicolas Sarkozy, jen’aimerais pas qu’il échoue.Or,cela estconsubstantiel à sa fonction, le Prési-dent rencontre dans la journée beau-coup plus de monde pour l’encenser quepour le critiquer. Et la motivation desflatteurs n’est pas de lui rendre servicede façon désintéressée. Etant son ami,je me dois de lui dire la vérité.Même sicela m’oblige pour être entendu à par-ler fort par-dessus son entourage.” PourAlain Lambert cette nécessité duparler vrai devient une urgence alorsque le quinquennat a déjà entamé sadeuxième année. “Je veux protéger lePrésident du reproche qui lui sera faitimmanquablement dans trois ans d’être le responsable de tout : la dette,les déficits, la hausse des impôts, les me-sures désagréables Il est encore tempsde rectifier la trajectoire.” Mais pour

ceux qui tirent ce genre d’alarmestridente, il y a plus de coups à pren-dre que de bons points à recevoir.“Jedérange et je vois bien que l’on chercheà m’isoler. Je ne souffre pourtant d’au-cun état d’âme et ne suis pas mû parune envie soudaine d’être désagréable.Je ne prétends pas non plus faire à moitout seul autorité.Ma modeste démar-che s’inscrit dans celle ouverte par Ni-

colas Sarkozy lors de sa campagne enabordant tous les sujets franchement etsans tabou. Dans les domaines où onme reconnaît une expertise – les finan-ces publiques – mes avis sont ceux d’unobservateur, je pense,éclairé et averti.”Son dernier avertissement concernela taxe sur l’épargne qui, il en est per-suadé, ne passera pas en l’état pourdes raisons autant techniques quepolitiques, d’où sa recommandationde faire machine arrière. “Je n’ai paspeur de me positionner contre. Mais jene suis pas quelqu’un de buté. Si l’onme donne des arguments convaincants,je me laisse attendrir. Les menaces ontpour effet d’accroître au contraire monentêtement.”

La posture de l’épicier Pour Alain Lambert, il y a un autreimpératif.“Cessons de parler la languede bois que les Français n’écoutent plusni la langue technocratique que lesFrançais ne comprennent pas. Un teldécalage devient dangereux pour notredémocratie.” Cette exigence de sim-plicité,Alain Lambert, fils d’un cor-donnier normand en a fait sa marquede fabrique.“Les solutions les plus rus-tiques sont les plus solides. Dans cettesociété à l’intelligence si élevé mais ausens pratique si absent, il faut être desépiciers.” Et pour les comptes de l’E-tat, la priorité est de surveiller lessorties estime Alain Lambert. “Avec

1 000 milliards d’euros tout compris, laFrance est la championne du mondedes dépenses publiques rapportées auPIB.Il faut bloquer ces dépenses à ce ni-veau en euros courants jusqu’en 2012.Quand on a abusé et que l’on est en sur-poids, chacun peut comprendre qu’ilfaut se mettre au régime. Pas un euroen moins,pas un de plus : telle doit êtrela règle de façon à ce les agents publicspuissent annoncer fièrement à leursconcitoyens qu’ils assurent,chaque an-née, le service au même prix. Si on nechange pas, un jour prochain, uneagence de notation rétrogradera ladette française et on paiera plus cher lesintérêts.” L’épicier Lambert reven-dique aussi le même bon sens pourplaider la suppression de l’ISF. “Lesfumeurs frontaliers se rendent volon-tiers à l’étranger pour acheter des ciga-rettes moins chères du fait d’unefiscalité avantageuse. Les contribua-bles fortunés adoptent le même com-portement pour échapper au fisc. Etcela a pour effet de réduire les recettesfiscales.”

L’ambition : réhabiliter le Sénat “Il ne faut pas se raconter d’histoires :les sénateurs savent parfaitement quel’image de l’institution à l’extérieur abesoin d’être réhabilitée.Cette amélio-

ration ne se fera pas unique-ment avec des expositionsculturelles,aussi merveilleusessoient-elles, mais essentielle-ment par du travail législatifde qualité.” Alain Lambert sefait fort de jouer cette carte.

A titre d’illustration il propose à l’a-venir de ne pas adopter de texte nou-veau sans en abroger un ancien afinde stopper l’inflation législative. Leprochain renouvellement des in-stances dirigeantes du Sénat offreune occasion historique d’accélérerla mutation. “Le Sénat de par sonrythme électoral se trouve déconnectéde l’exécutif ; c’est une chance qu’il doitsaisir pour s’ affranchir de ce dernier.”Le moyen ? Elire à sa tête un espritqui a déjà fait la preuve de son indé-pendance d’esprit. La conviction àpartager s’exprime fortement : “LeParlement est l’égal du gouvernement.Il ne doit pas vivre couché.” Des paro-les en l’air démenties au premierfroncement de sourcils élyséens ? “Sice n’était qu’un slogan, cela n’auraitaucun intérêt. Il ne suffit pas de pro-clamer que l’on veut renforcer le Parle-ment, il faut lui en donner les moyens.Je demande que l’exécutif mette à ladisposition du Parlement la moitié desressources humaines de contrôle et d’ex-pertise afin que la partie soit égale en-tre l’exécutif et le législatif. Ainsiaurons-nous une vraie démocratie mar-chant sur ses deux pieds.Et on aura ré-alisé l’équilibre nécessaire du pouvoirauquel le Président aspire.” Cette fois,pas de doute, Lambert a mangé dulion.

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“Le Parlement est l’égal du gouvernement.Il ne doit pas vivre couché”

“Cessons de parler la langue de bois que les Français n’écoutent plus ni la languetechnocratique que les Français ne comprennent pas.”

Remarqué

Sénateur sans godillots“Libre et sans tabou” : Alain Lambert veut incarner le renouveau du Parlement - objectif de laréforme constitutionnelle - voulu par Nicolas Sarkozy.

Vent de travers

Borloo, graine de mutinLe ministre de l’Ecologie a des convictions et quelques revanches à prendre. Sarkozy l’a à l’oeil.

Jean-Louis Borloo est un mystère.Oùveut-il aller, quelle est son ambition,quel jeu joue-t-il ? Il a une bonne image,il est un des personnages les plus po-pulaires du gouvernement, il se situesur une ligne humano-centriste chèreau coeur des Français.Il avance comme

il peut sur le dossier compliqué de l’écologie,suscitant inévitablement descontroverses sur son Grenelle de l’en-vironnement : au sein de la majorité,ilfait grincer des dents avec ses créationsde malus,qui ne sont rien d’autre quedes taxes supplémentaires, même siquelques bonus viennent compenserles hausses de prix sur les produits dé-signés du doigt par les protecteurs de lanature.A la vérité, il rêverait,une foisses réformes bouclées, de faire autrechose, de s’envoler pour un autre mi-nistère (pourquoi pas le Quai d’Orsay)et de se préparer à prendre toute sa partà la prochaine présidentielle.L’ex-avo-cat de Bernard Tapie,qui se couchait etse levait tard, a su ressusciter Valen-ciennes puis faire sa place au gouver-nement,que ce soit sous Jacques Chirac

ou Nicolas Sarkozy,et même prendreles rênes,mine de rien,du plus ancienparti de France, le parti radical valoi-sien.Alors,pourquoi s’interdire un no-ble objectif ? Il s’en cache à peine.2012l’intéresse,que ce soit pour lui-mêmeou pour une personnalité qu’il soutien-drait,sur un créneau plus ouvert que ce-lui de l’actuel président.On ne le prendguère au sérieux dans le microcosme,qui préfère des méthodes politiquesplus classiques à celles,toujours un brinanticonformistes,de l’ami Borloo,che-veu en bataille et idées en pagaille.Mais il faudra sans doute compter aveclui.C’est pourquoi Nicolas Sarkozy,quine l’aime pas beaucoup,le ménage,tout

en tentant de contenir ses ambitions.Ilveut l’empêcher de devenir le patron dela nébuleuse centriste de la majorité.Mais il ne veut pas qu’il se mette à jouerles opposants de l’intérieur.Un subtiléquilibre qui convient pour l’instant àl’enfant terrible de la droite,mais pourcombien de temps ? Il a des convictions,de l’allant et quelques revanches àprendre. Il ne restera pas longtempstranquille. Cela n’a jamais été songenre.Plutôt perdre un combat que res-ter l’arme au pied.Pour l’heure,il veutgagner la bataille de Grenelle.Ensuite,vogue la galère.Qu’elle l’emmène auparadis ou en enfer.

Il s’en cache à peine. 2012 l’intéresse, que ce soit pour lui-même ou pour une personnalité qu’il soutiendrait,

sur un créneau plus ouvert que celui de l’actuel président

Pouvoirs d’aujourd’huiEconomique, administratif, politique, social, judiciaire, intellectuel, spirituel, médiatique

Par Sylvie Pierre-Brossolette

D.R

Le nouvel Economiste - n°1445 - Du 18 au 24 septembre 2008 - Hebdomadaire 9

Elle est maître de conférence en histoire de l’artà Paris-IV.Derrière ce chiffre sec, la Sorbonne,temple français qui a élevé la connaissance aurang des beaux-arts. Sous la houlette de Jean-Robert Pitte,ex-président de ladite université,la marque Sorbonne commence à s’exporter.Abou Dhabi est la première antenne ouvertedans un pays étranger.Dans un paysage derniercri – buildings, larges avenues et boutiques deluxe – conçu par les architectes les plus cotés,la Sorbonne-Abou Dhabi suscite une vive cu-riosité. Un an après son ouverture,VéroniqueGérard-Powell s’est rendue sur place, afin de

mener une mission d’évaluation. Son récit, pu-blié dans La Revue des deux mondes dirigée parMichel Crépu,permet de faire la peau à de très

nombreuses idées reçues liées à ce pays,de cul-ture musulmane. Certains eurent peur d’unecensure,voire d’une autocensure,sur le contenude l’enseignement pour ces programmes factu-rés 13 000 euros aux étudiants.“Erreur”,répond

cette historienne de l’art réputée à la biblio-graphie longue comme un manuscrit de Proust.Durant sept jours,en juin dernier,elle a arpenté

ce nouveau lieu de savoir et de transmission.Eten a retenu “l’énorme appétit de connaissance desétudiants”. Il se traduit,physiquement,“par uneimpressionnante bibliothèque contenant un nom-bre incalculable d'ouvrages, des plus sérieux aux

plus libertins.”Aux Emirats arabes unis - Etat leplus prospère et le plus progressiste de la région- on ne construit pas que “des routes, des hôpi-taux,des hôtels cinq étoiles, les dirigeants ont com-pris que l'économie de demain passerait par celledu savoir”,poursuit cette femme énergique.Tex-tes mis à disposition, salles confortables, plé-thore d’ordinateurs : la version “Emirats”de laSorbonne n’a vraiment rien à voir avec la vé-tusté de Paris-IV. Consultée pour bâtir les pro-grammes d’histoire de l’art, VéroniqueGérard-Powell a eu toute latitude.“L’origine dumonde de Gustave Courbet a sa place dans ce lieu,constate-t-elle, sans offusquer quelque étudiantque ce soit.”De retour à Paris,cette universitairede haute volée reste “interloquée par la qualitéet la volonté des autorités locales à mettre en placele plus bel outil d’apprentissage”.

[email protected]

Pouvoirs d’aujourd’huiEconomique, administratif, politique, social, judiciaire, intellectuel, spirituel, médiatique

A 40 ans, Bernard Devert a décidéd’abandonner son métier de promo-teur immobilier pour être ordonnéprêtre. Il n’en a pas pour autant ou-blié ses compétences professionnel-les. Vingt ans plus tard, celui quiofficie dans le diocèse de Lyon et vitdans un monastère de Rilleux-la-Pape, peut faire état d’un bilan édi-fiant.“En 20 ans,nous avons pu loger8 000 familles. Un horizon nouveaus’est ouvert pour elles.” Habité parune vraie vision de la ville et de l’ur-banisme, il vient de fêter sessoixante ans et a décidé de venir enaide aux mal logés avec conviction“chaque nuit, 80 000 personnes dor-ment dehors et 100 000 composent le118”, mais également avec profes-sionnalisme.Son association,“habi-tat et urbanisme”, détient unesociété foncière autorisée à faire ap-pel à l’épargne publique. Cette der-nière possède 1 500 logements enpleine propriété et en gère 4 000 au-tres. La structure créée il y a 20 ansest devenue une grosse machine,forte de 135 salariés et 2 000 béné-voles chargés de l’accompagnementsocial des familles relogées.L’an dernier, la société foncière a col-lecté 8 millions d’euros pour finan-cer ses opérations.“Notre démarche :dire aux investisseurs : quel sens vou-

lez-vous donner à votre épargne ?”Ceux qui souhaitent justement luidonner une dimension solidaire peu-vent, tout en faisant fructifier leurcapital, financer un projet social.Mieux encore, il vient de passer unaccord avec une compagnie d’assu-rance-vie, qui va désormais consac-rer 10 % de ses investissements auxprojets de la foncière habitat et ur-banisme.Au sein de l’Eglise, la démarche deBernard Devert n’est pas toujours

comprise. En permanence à la re-cherche de terrains ou d’immeublesà réhabiliter, il regarde avec intérêt

le patrimoine des paroisses. Or, cer-tains évêques ne sont pas forcémentenclins à transformer en logementssociaux des actifs immobiliers trèsbien situés. Qu’importe, il n’hésitepas,dans ce cas,à insister et insisterencore sur la nécessaire mixité so-ciale et ponctue son propos par cetimplacable constat sur la pauvreté :“Ce n’est pas grave de ne rien avoir, cequi est grave, c’est de ne compter pourrien.”

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Pouvoir spirituelPrêtre bâtisseurBernard Devert utlise son savoir-faire en matière immobilière pourloger les sans-abri.

“Notre démarche : dire aux investisseurs : quel sens voulez-vous donner

à votre épargne ?”

“Ce n’est pas grave de ne rien avoir, cequi est grave, c’est de ne compter pourrien.”

“Interloquée par la qualité et la volonté des autorités locales à mettre en place

le plus bel outil d’apprentissage”

Cheville ouvrière

Sorbonne d’ArabieVéronique Gérard-Powell, maître de conférence à la Sorbonne, vient de mener une mission pédagogique à Abou Dhabi.Exportatrice de la connaissance.

Pouvoir médiatique

Anchorman Vincent Parizot, 22 ans de micro, est l’atout de RTL dans les batailles matinales.

Jamais une rentrée radiophoniquene fut tant dramatisée.Les deux sta-tions privées - Europe 1 et RTL - sesont vues propulsées au premierrang des pages médias. Le prime-time de la FM – ce fameux 7/9h30 - apris les allures d’un match de boxe.Le départ de Christophe Hondelattedu fauteuil d’animateur de RTL ma-tin fut un coup dur pourJacques Esnous,patron del’information.Les résultatsMédiamétrie – 4 millionsd’auditeurs à l’écoute deRTL contre 2,3 millionpour Europe - placent la station de larue Bayard largement en tête devantses concurrents.Le départ d’Honde-latte pour cause de télévision fut uncasse-tête pour la station. L’embau-che de Marc-Olivier Fogiel par Eu-rope 1 accentua l’ampleur du défi.En homme de radio,peu soucieux decéder aux sirènes du vedettariat ca-thodique, Esnous et son PDG AxelDuroux ont alors opté pour un vété-ran du micro,Vincent Parizot.A 44 ans,cet homme affable, rond etrieur,affiche l’un des plus beaux par-

cours radiophoniques.Cet orléanais,diplômé de l’Institut de journalismede Bordeaux, a décroché en 1986 labourse Lauga,du nom d’un reporterd’Europe 1 mort en reportage. Unpasseport pour la radio du groupeLagardère. Il est alors devenu un en-fant d’Europe “qui m’a fabriquée,même si aujourd’hui j’ai RTL dans

les veines”, confie,devant un café, lenouvel anchorman du matin RTL.Après 20 ans d’Europe,celui qui suitdeux conseils : “adresse-toi à quel-qu’un et ne dis jamais quelque choseque tu ne comprends pas”, Parizotcède aux avances d’Esnous. Sa pre-mière affectation horaire ? Le jour-nal de 8 h. En août 2007, un titre derédacteur chef adjoint s’ajoute à sonCV : il anime RTL soir. Puis à la findu règne d’Hondelatte, il est choisipour lui succéder.Un pari,pour cettevoix familière des auditeurs mais to-

talement méconnue du grand public.Pari qu’il minimise : “J’ai plus devingt-deux ans d’antenne, j’ai fait tousles sujets, toutes les rubriques et je saisqu’en radio la notoriété a beaucoupmoins d’importance qu’en télévision.”Et d’ajouter,marrant,que“mon côténounours déplumé ne fait pas de moiun homme de télé.”

Le 7h / 9h30, une gigantesquecaisse de résonnanceExcellente audience en poche, RTLse doit de conserver son leadership.Mission réussie, selon les premierséchos. “Parizot, avec sa voix enthou-siaste, son rythme et sa façon de parlerà l’auditeur, est l’homme fait pour lejob”, décrypte la concurrence. Avecdes rendez-vous bien installés, “lachronique d’Alain Duhamel, l’inter-view de Jean-Michel Aphatie, les coupsde fil des auditeurs : les fondamentauxsont solides”. Le TF1 des ondes saitque les politiques viendront.Parizotn’est pas que l’homme-orchestre. Alui d’équilibrer les différents jour-naux : 7h, 7h30, 8h “afin qu’il n’y aitpas de conflit entre les équipes qui se ré-partissent les différents sons”. A Eu-rope 1, “j’ai vécu mes deux dernièresannées en observant les présentateursdu matin qui ne se parlaient pas,même

en conférence de rédac-tion”. Quoi qu’il en soit,le 7/9h30 est une gigan-tesque caisse de réso-nance, incontournablepour les gens de pouvoir.

“Un scoop lancé sur nos ondes sera re-pris aux 13h, aux 20h, sur le Web...”,poursuit, volubile qui a su gardé sonrythme de vie malgré un réveil à 4h,Vincent Parizot. En studio, cethomme très apprécié de la rédactionjongle avec les rendez-vous, les im-prévus. Tout en sachant, lucide :“Sans les 180 journalistes,malgré toutle talent du monde, je ne serais rien.”Et de marteler : “Je parle aux audi-teurs, c’est mon job.”

[email protected]

“Adresse-toi à quelqu’un et ne dis jamais quelque chose

que tu ne comprends pas”

“Je sais qu’en radio la notoriété a beaucoup moins d’importance qu’entélévision”, en réponse à son “pseudo-match avec Marc-Olivier Fogiel.”

D.R

VALE

NCO

/ S

IPA