Religion Et Realite / Sâdhou Sundar Singh

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RELIGION ., , ET REALITE

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méditaions du Sâdhou Sundar Singh

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RELIGION . , ,

ET REALITE

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H. '"'.

iVI. & Mme M. LARRIBA U l7 rue St Exupéry 38400 St lVlARTIN d'HERES Tél. : (76) 25.03.50

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RELIGION

ET RÉALITÉ

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RELIGION ET REALITE

Brèves' n~édirar~·ons sur Dieu, l' honznze e& la narure

PAR LE

SADHOU SUNDAR SINOH avec une introduct:ion de M. D.-H. St:reet:er

professeur à Oxford

'(-raduction de l'anglais par Mlle E. EBERLE

3. \iec 1 autori~ation de l'éditeur MacMillan & Co, ü Londres

ÉDITÉ P AR LE SECRÉTARIAT DE LA lVIISSION SUISSE AUX 1 TDES.

,Milli,. euarlia ftug61iqUI)

I.AUSANNE, 35, RUE DE BOURG

W 26

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usanu ll . Imp. Pacb~Varldel t'On

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RELIGION ET· RÉALITÉ

PREFA

.l 'ai n ote dans ce petit livre sous une forn1.e con­' r te quelques réflexions, fruit de mes médita­t ions. Je ne suis ni un philosophe ni un théologien ..

J.ai un humble serviteur du Seigneur qui prend plaisir à médi ter sur l'amour de Dieu et sur les merveilles de sa création. Il m'est impossible de

écrire entièrement la réalité de Dieu et de la réation, telle du moins que mes sens intérieurs

m e permettent de la saisir dans la prière et dans la n1.éditation. Les paroles ne sauraient exprimer es vérités profondes que l'âme ressent à ces heu­res solennelles. Mais les natures réceptives com­

rennent sans peine ces vérités ineffables. D'ail­leurs , le mots engendrent plus souvent des malen-

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tendus qu'ils ne donnent une l-éelle compréhell-.

sIon. Je suis inc.apable, je le répète, d'exprimer la

profondeur de mes sentiments et de mes pensées, lTIais je ferai de mon mieux pour en noter au lTIoins une partie. Si cette tentative peut venir eIl aide au lecteur, même dans une faible mesure, j'essayerai plus tard d'exposer d'autres idées et des expériences que, pour diverses raisons, j'hé­~ite à présenter actuellement au public.

Je désire témoigner ici toute la reconnaissance que je dois au Dr A. J. Appasamy, gradué des universités de Har"vard et d'Oxford, pour avoir collaboré à la traduction de ce volume de l'our­dou en anglais, ainsi qu'au Rev. R. ,,,r. Pelly, de Bishop's College, il Calcutta, qui a bien voulu relire Inon manu crit et me suggérer d'importan ­tes corrections.

S'undar .')ïngh .

. Sabathu. , ùnia. Hills J septembre 923.

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N 'l'R D r ,'l'ION_

Qu~est devenu le Sâdho u ? \ 1oilà, je présunle, la question que se posent plusieurs de ceux dont l'i­magination fut enflanunée, il y a quatre ans, par les paraboles, la personnalit.' ou même la furtive apparition de la robe safran du c.él 'bre J ndien, le Sâdhou Sundar Singh.

Il quitta l'Ano-leterre au mois de mai 1920 pour présider une série de réunions qui avaient été or­gani~ées à on intention en Amérique, puis en Austr-alie., d'où il rentra aux Indes en septem­bre. Les chrétiens de Colombo et de Bombay, où il aborda, avaient fait de grands préparatifs pour célébrer par une ovation publique « sa conquête de l'Occident » . Cet accueil ne fut naturellement pa~ du gOÎtt du ~âdhou et il désappointa beau­coup de gens qui lui gardèrent même rancune d'avoir refusé de se laisser porter sur le pavois. Il fuyait les foules et partit tout de suite pour le nord de l'Inde. L/été suivant. il se remit il l'œuvre

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au "fhibet sans avoir égard aux privations et aux. dangers qui l'attendaient. L'anecdote suivante re­produite en abrégé d'un journal indien, donnera une idée de la vie qu'il menait.

Un jour, dans la solitude de la montagne, une troupe de brigands assaillit le Sâdhou, le dé­pouilla de ses vêtements et allait évidemment le tuer. Cependant, impressionnés par son maintien, ils hésitèrent. Profitant du délai, le Sâdhou leur" parla très simplement de Dieu. 'roujours plus frappés, ils lui rendirent ses habits et l'emmenè­rent à leur caverne en lui tétTIoignant le désir d'en entendre davantage. Au bout d'un moment, ils apportèrent une nourriture grossière en l'invita.nt à en prendre sa part. On lui passa un bol dan~ lequel on allait verser du lait; avant de le faire remplir, le Sâdhou commença à essuyer le bol qui était extrêmement sale. Aussitôt le chef de la bande, plein de soUicitude .. le lui ôta des mains et rayant nettoyé à grands coups de langue, le lui ren­dit d'un geste poli! Or, en matière de vaisselle , les Indiens des castes supérieures sont plus déli ­cats que les grandes dames européennes ; chacun des nlembres de la famille a sa propre coupe qui ne sert à personne qu'à lui. Mais le Sâdhou, ne pen­sant qu'à l'intention courtoise, reçut le service­dans l'esprit qui l'avait dicté et il continua son discours et son repas.

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En 1922, il se rendit à l'invitation plusieurs . fois. répétée de venir en Suisse et en Suède, ce qui 1 ui permit de réaliser le rêve de sa vie. En se ren­lIant en Europe, il put, en effet, visiter les lieux sacrés de la Palestine, en compagnie de Sir Wil­liam \Vilcocks, bien connu comme l'instigateur du grand barrage d'Assouan. L'intérêt de Sir \iVilliam Wilcoks pour le Sâdhou s'était éveillé -qu 1il me soit permis de le dire en passant - à la lecture du volume « Le Sâdhou » que j'ai publié en collaboration avec le Dr A. J. Appasamy. En qui ttant la Suisse, où il fut reçu avec beaucoup· d'enthousiasme~ il prit le chemin de la Suède, et s'arrêta quinze jours en Allemagne. A Upsal, il fut l'hôte de l'archevêque Soederblom, qui le chargea d'une sorte de canlpagne missionnaire, et publia ensuite une étude psychologique sur les expériences mystiques de ~undar Singh. La personnalité du Sâdhou a d'ailleurs donné nais­sance sur le continent à toute une littérature, en français, en allemand et dans les langues scandi­naves. Il passa quelques jours en Danemark et en Norvège, si je ne fais erreur, et il visita aussi la H o lande. Puis il se re dit en Angleterre, mais il était si épuisé par son travail qu'il fut forcé de se reposer. Cependant, il réussit à prononcer une al­locution à la Convention de Keswick et à prési­der une réunion dans le pays de Galles avant de

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la

""'embarquer pour les Indes. l/été dernier, un faux bruit d'assassinat au Thibet se répandit dans la presse anglaise et continentale. Son père venait de mourir et la similitude des noms fut sans doute . ca use de cette erreur.

Quant à l'origine du présent volunle, je ne sau­rais Inieux faire que de citer la lettre que j'ai re­çue à ce sujet du Dr Appasamy :

« Le Sâdhou m'écrivit de le rejoindre à Sabathu dans le but de travailler avec lui à son nouveau livre. Sabathu est à environ deux ou trois heures de chemin de fer de Simla. C'est une station mili­taire à douze ou auinze cents mètres d'altitude.

~

S n père avait insisté sur rachat d'une maison où son fils pût se reposer, méditer ou étudier tran­quillement. Au lieu d'acquérir un <t. bungalow», comme son père le lui proposai t, le Sâdhou acheta une ancienne n1aison missionnaire pour le prix de cinq cents roupies. Pour y arriver, il faut traver­ser la partie la plus peuplée et la plus sale de la ville. Ses plus proches voisins appartiennent à la caste des balayeurs (vidangeurs) qui se livrent pal'fois au 111ilieu de la nuit à des querelles bruyantes ou qui font une musique sauvage, Ce­pendant, comme la maison est sur les confins dt' la ville, on jouit de l'autre côté d'un magnifique 'Coup d'œil sur les collines qui s'étendent à perte ~de vue, Cette maison me semble un symbole de;.;

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deux n10ndes avec lesquels le Sâdhou s'efforce de garder constamment le contact: le monde agité des hommes, monde malpropre et sordide parfois, et le monde de la nature, si beau et si calme.

La maison est occupée par un de ses amis, un lnédecin travaillant à l'asile des lépreux de Sa­hathu. Le Sâdhou monte dans cette retraite quand il éprouve le besoin de travailler dans la tranquillité.. d'étudier ou de se reposer. 11 a une chambre où il conserve precIeuse­ment les photographies de ses amis ou d'au­tres personnes qu'il a rencontrées dans le cours de ses voyages et où il garde aussi quelques livres, parmi lesquels j'ai remarqué les deux tomes d'un P1"éc,is de la Science~ récemment publié par le pro­fesseur J. A. Thomson. Le Sâdhou a lu ces deux volumes attentivement. Le médecin chez lequel habite le Sâdhou, lorsqu'il monte à Sabathu, est marié et père de quatre enfants. J'ai souvent pris g rand intérêt à observer le Sâdhou causant ou jouant avec les enfants. L'on entend dire parfois que le 0 âdholt devrait fondeI- une sorte de monas­tè re pour y fo rmer d 'autres sâdhous. Je crois q u'il serait très malheureux dans un entourage semblable car, quoique ascète, il aime beaucoup la vie de famille et jouit profondément d'un foyeL

Le Sâdhou avait achevé la cornposition de son uv rag e : « R éah:té e t Reli Kion » en ourdou. Il me

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raconta qu~il y avait travaillé environ douze heu res par jour pendant douze jours. Il gardait le manuscrit en main et me donnait la substance de chaque paragraphe en anglais; je transcrivai parfois mot à mot ce qu'il disait, d'autres fois je notais le contenu de ses paragraphes, employant, partout où c'était possible, ses expressions elles-

" memes. En lisant le manuscrit, je fus frappé de la clarté

de l'exposé. Les idées sur Dieu, sur l'homme, sur la nature, que la plupart d'entre nous trouvent dif­ficiles à expliquer m "'me à des gens accoutumés à un travail intellectuel, sont exprimées ici d'une­manière accessible aux esprits les plus simples~

'est ce qui m'assure que le livre sera accueilli par un très grand cercle de lecteurs. Ici et là, certai­nes phrases pourraient soulever des objections ùe la part des philosophes et des savants; mais 1 Sâdhou ne prétend "'tre ni l'un ni l'autre, et le­lecteur intelligent ne s"achoppera pas aux détail ; il saura apprécier la valeur de l'intuition religien-· s simple et directe qui anime tout le volume. »

B. H. ~"'treeter.

Q 'ueen.' s (~ollege .. O~1';fvrd7 le février 1924.

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T.

Le but de la Création

La Parole était au commencemen t ; la ParoJe était avec Dieu ct cette Pa­role était Dieu ... Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle.

Jean l : 1-;'-1.

Le Verbe éternel (la Parole, le Logos) existait avant le temps et avant la création de l'univers. Par lui toutes choses, animées et inanimées, re­çurent la vie. Il est impossible que les choses pri­vées de vie deviennent par elles-mêmes des êtres animés ou produisent des créatures vivantes. puisque la vie seule produit la vie. La source de toute vie est Dieu. Par sa puissance créatrice, Dieu a appelé toutes les· choses inanimées à l'exis­tence. Il leur a infusé la vie et à l'homme, la plus élevée de toutes les créatures, ~ il souffla un souf­fle de vie, et rhomme devint une âme vivante. »

" Dieu créa l'homme à son image même et à sa

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ressemblance et lui donna la domination sur toute la terre. })

1. Le but de Dieu en créant n'est pas de COlTI­hIer quelque lacune de son être, car il est parfait en lui-m~me. l'lIais il crée parce qu'il est dans sa nature de créer. Il donne la vie parce qu'impartir la vie est l'essence même de sa puissance, de sa vie créatrice et de son activité. Rendre les hom­mes heureux par sa création, et leur donner une joie véritable par sa présence qui est une so urce de vie, c'est là l'essence même de son amour. Le bonheur que nous trouvons dans la création a ses limites. Dieu seul peut répondre complètement aux besoins du cœur humain et le satisfaire d'une manière parfaite. Si cette joie fait défaut aux hOlumes, c'est le résultat de leur ign rance ou de leur désobéissance aux commandements de Dieu, ainsi que de leur révolte contre lui.

2. Les êtres qui peuplent les mondes, soit visi­bles soit invisibles, sont innomhrables. Par ces êtres innombrables, Dieu révèle ses attributs sans nombre. Chaque espèce, selon sa propre capacité" reflète quelque aspect de la nature de Dieu. Son amour paternel se révèle même dans les êtres pé­cheurs, puisqu'il leur donne l'occasion de se re­pentir et de jouir d'l1ne vie éternelle de paix et de bonheur en lui.

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11.

L'incarnation

LJn enfant peut lire le mot « Dieu » comme un nùlTI tout ordinaire, san avoir la moindre idée de la vérité qu'il recouvre. NIais ft mesure que son esprit mûrit, il commence à penser et à compren-Ir au moins quelque ch se du sens de ce terme .. l)e même., le novice dans la vie spirituelle, si sa­vant soit-il, se figure le Christ, la Parole faite chair, comme un grand homme ou un prophète, sans pouvoir dépasser cette conception. Mais en croissant en expérience religieuse, et en se ren-

ant toUjOlll-s mieux compte avec joie de la pré­sence du Sauveur, il réalise graduellement le fait

ue Christ, c'est Dieu venu en chair, et qu'en lui « habite corporellement toute la plénitude de la divinité ». (Col. 2 : 9). « l~n lui était la vie et la.. vie était la lumière des hommes » (Jean 1 : 4).

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2. Un homme ne peut pas par des paroles don­'ner une expression parfaitement adéquate de sa personnalité, quoiqu'il forge parfois des termes nouveaux pour exprimer ses idées, ~t il ne peut ·pas non plus le faire par des symboles et par des images. Le corps de même est incapable de mani­fester les qualités et les puissances de l'âme qui constituent la personnalité. En d'autres termes, beaucoup d'éléments de la personnalité humaine restent cachés aussi longtemps que l'homme est dans ce monde, car cette personnal i té ne se dé­voile que partiellement. Un être spirituel ne peut se développer pleinement que dans un monde spi­ri tuel dont toutes les conditions, extérieures aussi bien qu'intérieures, répondront à ses besoins et favoriseront ses progrès.

Ce qui est vrai d'une âme d'homme, l'est à bien plus forte raison du Verbe éternel; il lui était impossible de révéler entièrement sa divinité par un simple corps mortel, mais il s'est fait connaî­tre lui-même autant que cela était nécessaire pOttr le salut de l'homme. Sa gloire véritable ne sera manifestée dans sa plénitude que dans le ciel.

3. La question peut se poser : Comment pou­vons-nous croire à une réalité dans son essence 'sans la voir ni la connaître pleinement? Je ferai remarquer ici qu'il n'est pas indispensable que la réalité se présente à nous sous toutes ses faces

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pour nous faire croire à cette réalité. Ainsi, il y a dans notre corps des organes dont la vie dépend absolument et qui restent cependant cachés à nos yeux. Personne n ta jamais vu ni son cerveau, ni son cceur, Inais pourtant personne n~a jamais eu J'idée de nier leur existence. Si no us sommes in­capables de voir des o rganes aussi nécessaires à notre vie que le C(l~ur et le cerveau dont notre vie dépend pour une large part, combien plus difficile ne sera-ce pas de voir le Créateur de notre cer­veau et de notre cœ u r . dont no tre vie tout entière dépend!

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III.

La prière

1. Il Y a des plantes dont les feuilles et les fleurs . e replient sur elles-mêmes quand le soleil se cou­(.h~ et qu'i se déploient à nouveau le matin suivant, al1s~itôt qu'elles sentent la douce caresse de ses }-ayons. De cette manière, elles absorbent la cha­leur et la vie du solei l, s i nécessai res à leu t- crois-ance et à leur existence. De même dans la priè re,

nos cœurs s'ouvrent au soleil de justice; en même temp~, nous nous mettons à l'abri des dangers de l'obscurité et nous pouvons croître ju~qu'à la me­sur de la statlll-e parfaite de Christ.

2. Par la pl-ière, nous ne ppuv.ons changer les plan de Dieu comme quelques-uns semblent le croire, mais l'honune qui , prie subit lui-même un cJ:1angement. Notre âme, dont les aptitudes sont

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imparfaites, dans une vie aussi imparfaite que la nôtre, tend ainsi chaque jour ~l la perfection. L " oi­seau couve ses œufs, qui ne renferment tout d'a­bord qu'une sorte de liquide où l'on ne saurait distinguer quelque forn1e que ce soit. l\1ais dans la mesure où la mère continue ù couver, cette ma­tière inconsistante prend peu à peu la forme de la mère. Le changement s'est opéré non pas dans la mère, mais dans les œufs. De même, quand nous prions, ce n'est pas Dieu qui change, mais c'est nous qui sommes transformés à son image glo­rieuse et à sa ressemblance.

3. I-Ia vapelll-~ produite par la chale1.11- du soleil, s'élève au-dessus de la terre. Défiant, POUI- ainsi dire, la loi de la pesanteur, elle monte dans les airs pour en retomber plus tard et donner à la terre sa fécondité. De tnême, nos prières sincères, embrasées par le feu du "aint ~/sprit, ~'élèvent à Dieu, après avoir remporté la victoire sur le pé­ché, et redescendent sur la terre chargées des bé­nédictions divines.

4. Les cténophores ou anémones de mer sont d'une délicatesse telle que l'écume d'une vague les hriserait en nlorceaUx. Chaque fois qu'il y a "le moindre indice de l'approche d'une tempête" ils descendent dans les profondeurs de la mel-,. hors

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d'atteinte de l'ouragan et a l'abri du remous des vagues. (~'est ainsi qu'agit l'homme de prière lors­qu'il pressent les attaques de Satan et les coups de la tempête dans ce monde de péché et de souf­france ; il plonge immédiatement dans l' cé~n de l'an1oul- de Diel:, où règnent une paix et un calme éternels.

3. Un philosophe s'en alla tt-ouver un mystique. Ils restèrent assis en silence l'un à côté de l'autre pendant un moment. Comme le philosophe se le-­vait pour partir, le mystique lui dit: c Je ressens tout ce que vous pensez ». Mais le philosophe n~­pondit: «Pour moi, je ne puis pas même penser tout ce que vous Fessentez )}. Il est évident que la sagesse terrestre est incapable de sentir et de com­prendre les choses invisible dans leur réalité. Ceux-là seuls qui vivent en c nlmunion avec Dieu par la prière peuvent vraiment le connaître dans a réalité.

6. l-ia paix merveilleuse qu'éprouve l'homlne de prière, pendant qu'il prie, n'est pas le produit de sa propre imagination ou de sa réflexion, mais elle est le fruit de la présence de Dieu dans l'âme. La vapeur qui monte d'un étang ne peut pas former de grands nuages et retomber en pluie. Pour pro­duire des nuages gonflés de pluie qui désaltèrent la

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terre desséchée et la fertilisent, il faut toute ' la puissance de l'océan. Ce n'est pas de notre sub­conscient que nous vient la paix, mais de l'océan sans bornes de l'amour de Dieu, avec lequel nous entrons en contact par la prière.

7. Le soleil brille toujours au zénith. 1.., 'alter­nance du jour et de la nuit et le changement des saisons ne sont pas dûs au soleil,-mais à la rota­tion de la terre. De même le Soleil de Justice est « le même hier et aujourd'hui et le sera éternelle­ment». (Beb. 13 : 8). Que nous débordions de joie ou que nous soyons plongés dans les ténèhres, cela dépend de notre position à son égard. Si nous ouvrons nos cœurs à son action dans la mé­ditation et la prière, les rayons du ~oleil de ] us­tice guériront )es plaies de nos péchés et nous ren­dront une sant' parfaite. (Mal. 4 : 2).

8. Les lois de la nature son t les rTIoyens choisis par Dieu POlll- agi r sur J'homme et sur les autres créatuI-es en vue de leur progrès et de leur vrai bien. Les miracles ne sont pas en contradiction avec les lois de la nature. Il y a des lois de la na­ture qui sont si hautes qu'elles échappent ordinai­)-ement à notre entendement. Les miracles dépen­dent de ces lois supérieures. Pat- la prière, nous arrivons progressivement à savoir quelqu-e chose de ces lois supérieures.

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Le miracle des miracles c'est la paix et la joie qui font déborder nos âmes: cette paix peut nous paraître impossible dans un monde de douleur. et de péché. Mais l'impossible devient possible. Les pommiers ne prospèrent pas sous les tropiques; ni les manguiers dans les contrées neigeuses. Si ja­mais ce phénomène se produisait, nous le taxe­rions de miracle. Cependant, les plantes tropicales peuvent croître dans les pays froids, si on les place dans -des conditions appropriées.

9. Si tous les hommes avaient un esprit récep­tif et une oreille attentive, et s'ils pouvaient per­cevoir la voix de Dieu qui leur parle, il n'y aurait pas besoin d'évangélistes ou de prophètes pour leur annoncer la volonté de Dieu. Mais tous ne sont pas attentifs à sa voix, d'olt la nécessité d'envoyer des messagers de la Parole. Parfois, cependant, la prière est plus efficace que la prédi.­cation. Un homme priant avec ferveur dans une caverne peut apporter un puissant secours à d!au­tres hommes par sa prière. Il énlane de lui des influences qui se répandent dans toutes les direc­tions, agissantes quoique silencieuses, tout com­me les dépêches de la T. S. F. qui sont transmises pat- des moyens invisibles~ ou comme les paroles que nous prononçons et qui frappent les oreilles des. autres, grâce à de my~térieuses vibrations de l'air.

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la. JI arrive parfois qu'on trouve des arbres pleins de sève dans un terrain où il ne pleut presque ja­mais. En les examinant de près, on découvre que s'ils sont couverts de fraîche verdure et char­gés de fruits, c' est que leurs racines plongent dans le sol jusqu'à des nappes d'eau souterraines. Nous nous étonnons parfois de voir des homtnes de prière, remplis de paix , rayonnant de joie et POt-­

tant des fruits abondants au rnilieu d'un inonde de misère et de péché. C~est que par la prière les racines cachées de leur foi plongent jusqu'à la source d'eau vive et en til-ent l'énergie et la vie, portant du fruit jusque dans la vie éternelle. (Ps. l : 2 et 3).

II. L'extrémité des racines des arbres est si sensible que, cornme pal- instinct, elles se détour­nent des endroits où elles ne trouvent aucune nourriture et s'allongent du côté où elles rencon­tren t de la sève et de la vie. Les homrnes de prière possèdent eux aussi ce sens de discerne­ment. Par une intuition certaine, ils se détournent de la fraude et de l'illusion et trouvent la réalité dont dépend 1a vie.

12. Les hommes qui ne connaissent pas le tête à tête avec Dieu dans la prière ne sont pas dignes d'être appelés des hommes. Ils sont sernblables à des bêtes bien dressées qui font certaines choses, d'une certaine manière, à de certains moments.

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Parfois ils sont même pires que des hrutes, car ils ne réalisent ni leur propre néant;o ni le lien qui les rattache à Dieu, ni leurs devoirs envers Dieu et envers leurs semblables. l\rIais les hommes de prière acquièrent le droit de devenir enfants de Dieu ; ils sont façonnés par Dieu à son inlage et ù sa ressemblance.

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IV.

La Méditation

r. Le cerveal1 est un instrulnent trè ~ délicat et très sensible, lnuni de beaucoup de sens subtils, qui, dans la n1éditation, reçoivent des messages du ~onde invisihle et engendrent des pensées beal1conp plus élevées que celles qui pr ' occupent le commun des mortels. Le cerveau ne produit pas ces idées cie lui-même, mais il les reçoit du monde spirituel et invisihle, et les traduit dans un lan­g-age approprié à ia nature et aux circonstances ordinai res de l'holnnle.

Certaines perso nnes reçoivent des messages de ce genre en rêve, d'autres dans des visions, d'au­tres encore perl clan t rétat de vei Ile à l'heure de la Inéditation. La prière nous permet de distinguer l'utile de l'inutile parlni. les Inessages reçus de cette manière, car dans la prière véritable, la lu­lhière jaillit du sein de Dieu et illumine ce qu'il

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y a dans l'âtne de plus secret et de plus intinle : la conscience ou le sens moral. Les couleurs hril­lantes, une ITIusique exquise, des visions et de sons merveilleux nous viennent du nlonde in­visible et sont saisis par les organes les plus sensibles du cerveau. Les poètes et les pein­tres, sans pouvoit- en déterminer l'origine réelle, ssayent d'interpréter dans leur' œuvres ces réa­

lités invisibles qui les frappent .... 1ais l'homn1e qui médite pénètre pour ainsi dire jusqu'au cœur de ces réalités, qui le remplissent de joie; entre son àme et le monde spirituel d'où elles découlent il y a d'étroites affinit's.

2. Parfois, en visitant des sites nouveaux, il nous semble y être déjà venus, ~l Inoins que des liens mystérieux n'existent entre eux et nous. ()n peut donner trois explications de ce fait. La pre­tnière, c'est qu'une personne qui avait jadis visit: ces lieux y a pensé et, à notre insu, nous a conl­muniqué ses idées pat- 11n moyen mystérieux. ()u

hien nous avons vu des endroits semblables et leur souvenir peut s'être présenté à notre espri t sous une forme nouvelle. Ou enfin un reflet du monde invisible peut avoir effleuré notre pensée, car nos âmes sont en relation avec ce nlonde-Ià et souvent, sans que nous le sachions, nous en re­cevons des impressions. L'llnivers est une repré-

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sentation du monde invisible, en d'autres termes le monde matériel est ùne manifestation tangible du l-oyaume spirituel. La ressemblance qui existe ~ntre ces deux mondes frappe constam.ment notre pensée. Lorsque nous consacrons assez de temps à la méditation, nous discernons toujours plus nettelnent le lien qui unit ces deux mondes.

3. Cet dans la méditation que se révèle la con­dition véritable de l'ânle ; pendant que nous som­Ines dans cette attitude nous fournissons à Dieu en un certain sens l'occasion de s'adresser à nous et de nous combler de ses plus riches hénédic­tions.

Quel1e que soit notre idée ur ce point, aucune de nos pensées, aucune de nos paroles, aucune de nos actions ne s'efface jamais de notre âme, mais elle y reste gravée, en d'autres termes, elle est écrite au « Livre de \ ' ie » . La méditation nous met en état de tout faire dans la crainte et l'a­n10ur de Dieu et de tenir à jour ce Livre de Vie duquel dépend pour nous un avenir de bonheur ou de malheur.

4. Dieu est infini et nous sommes bornés. r~n effet, nous ne pouvons pleinement comprendre le Dieu infini , mais il a mis en nous un sens, grâce auquel sa présence devient une joie pour l'âme.

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JO

l.,,'Océan est si vaste que nous ne pouvons conce­voir . son immensité, ni découvrir les trésors qu'il recèle. lVlais du bout de la iangue nous sentons immédiatement qu'il est salé! Nous sommes bien loin de connaître tous ies mystères de l'Océan, mais nous avons découvert pal- le moyen du goùt une particularité très importante de l'eau de mer.

5. Lorsqu'ils sont en proie à la peur, à la colère 01,1. à la folie, les hommes accomplissent des choses extraordinaires, brisant même des chaînes de fer. Cette for~e e~t inhérente à l'homme, apparem­ment, mais elle n~ se mani feste que lorsque toute son énergie est tendue vers un Dut unique.

De même, grâce à la méditation, la force d'un hpmme, décuplée par la puissance divine, ,peut bri­ser les chaînes du péché et accomplir les œuvres les plus utiles. Toutefois, cette énergie humaine, qui elle auss,i est un don de Dieu, peut devenir dangereuse si elle est employée dans un but cou­pahle. Les bombes, les mi traiUeuses, les canons, quelle force ne possèdent-ils pas, et pourtant com­lne ils sont destructeurs et dangereux!

6. Lorsque nous nous laissons absorber par nos pensées, quoique pleinement conscients, nous ne remarquons ni le parfum des fleurs, ni le charme de ,la musique, ni la beauté de la nature. Toutes.

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ces · choses semblent ne pas exister pour nous. Il eh va de même pour les gens absorbés par ·les choses de ce monde; les réalités spirituelles ne semblent pas exister pour eux. En voyant, ils ne voient pas et en entendant, ils n~entendent pas. (wlatth 13 : 13).

7. Je vis un JOUi" une fleur et me mis à réfléchir à Son parfum et à sa beauté. En méditant plus profondément. je découvris le Créateur derrière sa création, quoiqu'il fût caché à mes yeux, et j'en fus rempli de joie. Mais ma joie fut plus grande en'core lorsque je le trouvai à l'œuvre dans ma propre âme. J'en arrivai à m'écrier: « Oh! con1-bien tu es admirable! Distinct de ta création et ce­pendant la remplissant toujours de ta présence glorieuse ! .

8 .. Christ n'a rien écrit lui-même. Il n ta pas non plus chargé ses disciples d'écrire ses enseignements. C'est, tout d'abord, parce que ses paroles sont es­prit et vie. Il sait que la vie ne peut être communi­quée qu'à ce qui vit et non pas aux pages d'un li­vre. Secondement, d'autres fondateurs de reli­gions ont laissé des livres après eux parce qu'ils allaient être enlevés à leurs disciples et qu'ils vou­laient leur venir en aide aux heures de détresse, par le moyen des écrits qui prenaient la place de

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la voix humaine. Notre Seigneur, au contraire, n'a jamais quitté ses disciples. Il est avec nous en tout temps, sa voix vivifiante se fait entendre à nous et sa présence nous instruit chaque jour. Après son ascension, son esprit qui continuait à demeurer en eux inspira aux disciples la compo­s ition des évangiles.

9. Par la répétition fréquente de la m ême pen­sée, du même mot ou de la nlême action nous acquérons une habitude et l'habitude fait le carac­tère. Nous devons donc prendre bien garde à nos pensées, à nos paroles et à nos actes et calculer soigneusement quelles peuvent en être les consé­quences bonnes ou mauvaises. N e soyons pas in­différents lorsqu'il s'agit de faire le bien, autre­ment nous courrons le danger de perdre la capa­cité de le fai re. Faire une chose bien est difficile ; défaire ce qui a été mal fait et corriger le défaut est plus difficile encore, mais rien n'est plus fa­cile que d'abîmer un travai1. Il faut beaucoup de temps et de peine pour amener un arbre à sa <:roissance, mais c'est bien facile de le couper. Quand il est sec et mort, c'est impossible de le ramener à la vie.

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v.

La vie future

1. La croyance à la vie future a été constatée chez tous les peuples et à toutes les époques. Le fait d'avoir un désir suppose la possibilité de sa réalisation. La soif implique l'existence de l'eau et la fainl celle de la nourriture. Le désir de la vie éternelle est lui-mêtne une preuve qu"el1e sera donnée un jou r .

2 . De même , nous avons de hautes et nobles aspirations spirituelles qui ne peuvent trouver leur réalisation en ce monde. Donc il doit y avoir un autre monde, un monde spirituel dans lequel ces désirs trouveront leur satisfaction. .Le monde maté'riel ne peut en aucune nlanière répondre à nos besoins spirituels.

3. Dieu seul peut satisfaire les désirs profonds de l'âme, puisqu'il a créé l'âme et la soif d'infini

.. ..

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qui la tourrnente. Puisque Dieu a créé l'horll1ne à son image, il y a dans l'homme L uelque ch - se de la ;lature divine qui soupire après la communion avec l'invisible. Les êtres senlblables se recher­chent, conformément aux lois de la nature. Et lorsque nous serons enracinés dans l'Etre éternel~ non seulement nous serons satisfaits, IllatS nOl1~

aurons aussi la vie éternelle en lui.

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VI.

La nOllveUe naissance

L C :est un fait admis que les enfants hél-itent dans une large mesure le caractère de leurs pa­rents. Ils sont aussi influencés par leur entou­rage, c'est-à-dire par les habitudes de leurs pa­rents et d'autres personnes avec lesquelles ils sont fl-équemment en contact. Les enfants de mauvais parents, vivant dans un mauvais milieu, ne peu­vent être que mauvais. Toutes les conditions sont n!t.1nies pour qu'il leur soit impossible de devenir l,ons. Si de pareils enfants tournent bien, ce sera nn grand n11racle. Nous savons que des miracles de ce genre ont eu lieu un peu partout. Ces mira­cles prouvent l'existence d'une puissance cachée qui bri e les fer, délivre les h01TIlTIeS de l'esclava­ge du péché et transforme les pecheurs en de nouvelles créatures. C'est la nouvelle naissance. J.,e Saint J\ sprit est la puissance secrète gui tra-

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vaille au salut de ceux qui se repentent et croient en Christ.

2. Il Y a eu des crÎlninels qui, en dépit des châ­timents sévères qui leur avaient été infligés par les tribunaux, n'ont pas changé. Ni l'amour de leurs bien-aimés, ni les exhortations de leurs amis n'ont produit aucun changement en eux. Tous les -moyens possibles ont été employts pour les réfor­mer, m~ls sans succès. Cependant. il arrive par­fois, s'ils sont conduits à Christ, qu'ils soient changts en un moment et deviennent de nou­velles créatures. Alors ceux qui étaient égoïs­tes et qui vivaient dans le péché ont vu leurs vies transformées et ont commencé à aider aux autres et à les servir. Jadis, ils persécutaient et tuaient d'autres hommes; maintenant, ils se déclarent prêts à être persécutés eux-mêmes et à être tués pour d'autres. C'est ce qui s'appelle être né de nouveau. N'est-ce pas une preuve suffisante que Christ est le Sauveur des hommes. Il est le grand -médecin qui donne un diagnostic exact des ma­ladies des hommes, et qui les guérit. Qui d'autre peut guérir le cœur brisé, sinon celui qui est le créateur du cœur? Qui d'autre que lui peut transformer les pécheurs et en faire des saints?

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VII.

L'Amour

1. Dieu est la source de l'amour. La force de la gravitation qui maintient les mondes suspendus dans l'espace est, pour ainsi dire, la manifestation dans l'univers sensible de cette force de gravita­tion spirituelle qu'est l'amour, et dont Dieu est la source. Un ailnant attire l'acier, non pas parce que l'acier est un métal précieux, mais parce que l'acier a la propriété de répondre à cette attrac­tion. Il n'attire pas l'or. L'or peut être plus pré­cieux, mais il ne se laisse pas attirer. De la même manière Dieu attire les pécheurs, si coupables. qu'ils soient, s'ils se repentent et répondent à son appel; mais il n'exerce aucune attraction sur ceux. qui sont justes à leurs propres yeux et qui ne cè-­dent pas ù la puissance de son amour.

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_. Un uaiser est le ténloignage visible de Va­~onr d'ul1:e luère pour son enfant. Si l'enfant ;l une lnaladie contagieuse, la m' e peut s'absterür de lui donner ses haisers, mais 5 n arnour pour l'enfant qui souffre n'en est pas nl0ins grand, an contraire, car l'enfant a besoin de plus de soins et de tendresse. De mêlne, Dien peut avoir l'appa­rence d'oublier ceux qui sont de, enus victimes d . la contagion du péché .. mais son amour pour eux est infininlent plus grand que l'amour d'une m: ~'e pour son enfant (Esaïe 49 : 15). Sa patience es infinie ell~ aussi, tout comme ses autres attrihuts. Les hommes sont semblables à des vases de terre qui se mettent tout de suite à h~uillir quand on,les approche du feu; les , honlnles débordent d'indi­gnation au moindre tort qu'ils ont à souffrir. ri n'en est pas ail'lsi de Dieu. Si Dieu se courrouçait aussi rapidement, il y a longtenlps que le monde ne serait plus qu'un lnonceau de ruines.

3. Quand deux homnles aiment la même per­sonne, ils deviennent r,ivaux et sont jaloux l'un de l'autre. Mais ce n'est pas le cas de l'amour 0-= l'homme pour Dieu. lJ n homme qui aim.e Diell n'est pas jaloux si d'autres l'aiment aussi. Il est affligé s'ils ne l'aiment pas. La raison de cette di fférence entre l'amour de l'holnme pour l'hom-ne et l'amour de l'homme pour Dieu. c'est que

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l'amour de Dieu est infini. l Jn homlne ne peut pas répondre avec une affection égale à tous ceux qui l'aiment, car sa capacité d'aimet- est limitée; mais Dieu a une capacité d'amour sans bornes et, par conséquent .. L1ffi~ante pOur toutes ses créatures.

4. Quand nous aimerons Christ, il vivra en nous et toute notre vie deviendra semblable à la sienne. Le sel, lorsqu'il est dissout dans l'eau. peut disparaître mais il ne cesse pas d'existet-. Nous pouvons nous assurer de sa présence en goûtant l'eau. De même, Christ demeurant en nous, quoique caché sera rendu manifeste aux autres par la puissance d'amour qu'il nous aura

. , t. ommunlquee.

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"III

Les sens et la pensée

1. Les pensées ne sont pas seulement les iln-­pressIons des choses extérieures sur nos sens,. mais aussi les réponses de notre esprit aux im­pressions qui nous parviennent par nos sens. Ain­si la croissance et les progrès de l'esprit qui tend à réaliser la perfection dépendent de condi tions soit extérieures soit intérieures. Un arbre peut avoir de la vie en lui-même, mais pour que ses feuilles se déploient, ses fleurs s'épanouissent et ses fruits mûrissent, il lui faut de l'air, de la lu­Inière et de la chaleur, ce qui revient à dire que sa 'roissance et sa fécondité dépendent de certaines· conditions extérieures aussi bien que de sa pro­pre vitalité.

2 . Par les sens externes nous pal-venons à la connaissance du monde sensible, tandi s que par les sens intérieurs nous entrons en contact avec le-

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4 .....

Inonde spiritue1. l,a naissance dans l'esprit d'une idée au sujet d'un objet quelconque, est une preu­ve non seulement de la réalité de l'esprit qui pense mais aussi de cet objet lui-mênle. En d'autre~ ter­mes, nous pouvons dire que la pensée est un re ­flet du monde extérieur sur notre esprit. Quelque­fois il arrive que, sans en avoir l'intention, nous ~oyons amenés à penser ce qui prouve que quel­que chose d'extérieur projette son image en nous. Où il y a des parfums il doit y avoir des fleurs; la forme ou la couleur de ces fleurs peuvent être cachées ~l nos yeux mais le parfum à lui seul prouve que ces fleurs existent. De même toute pensée implique une cause. L'esprit ressemble à Ut!

miroir; des images dans le miroir impliquent la présence d'objets réels devant le miroir. Que cela plaise au miroir ou non, ces objets s'y réfléchis­sent. Par contre, le miroir n'a pas de vie propre. tandis que l'esprit en a une. Le miroir ne saurait créer des images, il ne peut que les renvoyer, tan­dis que l'esprit a en outre des idées innées; cepen­dant l'esprit est semblable au miroir dans ce sens que les objets extérieurs s'y réfléchissent sans que l'esprit lui-même participe à cette réflexion. Les idées abstraites sont les étincelles qui jaillissent ·du foyer de la réalité .

3. Les ilnages dans notre esprit ne sont pas tou-

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jours le reflet exact de la réalité; elles diffèrent d'individu à individu, selon les capacités diffé­rentes des hommes.

I./idée que nous nou faisons de Dieu est inl­parfaite, nlai s en vivant constamment en sa pré­sence, nou~ atteindrons à une véritable compri'­hension de son être.

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IX

Philosophie et intuition

1 . C 'est un fai t admis que depuis des siècles la -philosophie n'a guère progressé. On reprend tou­jours les mêmes problèmes et les mêmes solutions. quoique sous de nouvelles formes et en termes nouveaux. Aux Indes, un bœuf, les yeux bandés. tourne toute la journée autour du pressoir à huile. Le soir, lorsqu'on lui enlève son bandeau, il dé­couvre qu'il n'a fait que tourner en rond, et qu'il n'a pas parcouru un long trajet, quoiqu'il ait pro­duit de l'huile. Bien que les philosophes aient marché pendant des siècles, ils n'ont pas encore atteint leur but. Avec les matériaux recueillis ici et là, ils ont produit de l'huile qu'ils ont laissée après eux dans leurs écrits. Mais cette huile ne suffit pas à étancher la soif de l'humanité. Il ap­partient à la foi et à l'intuition de satisfaire les besoins profonds de l'homme, non à la philoso-

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phie. Si vaste que soit notre savoir, il a cependant ses limites.

2. Des philosophes se suicidèrent en constatant l'impuissance d'apaiser leur soif de connaissance ~:mpédocle se Jeta dans le cratère de l'Etna, afin d'apaiser sa soif de vérité' il pensait parvenir ainsi à la communion avec les dieux, sans atten­dre de mourir de mort naturelle. {.In astr nome ql1i n'arri vait pas à comprendre les mystérieus s fluctuations des marées, se jeta désespéré dans les· flots qui l'engloutirent. Ces hOlnmes-là, au lieu de trouver le Créateur dans ses œuvres et d'être pleinement satisfaits en lui, perdirent le Créateur et se perdirent eux-mêmes dans sa création. Ceci prouve que quoique la philosophie s'efforce de s'emparer des réalités, elle n'y réussit pas; nul ne peut saisir les réalités par l'intelligence. Si quelqu'un croi t pouvoir discerner les réalités par le moyen de son savoir, il se trompe. En effet,. connaître une chose parfaitement, ce serait con­naître l'univers entier, car cette chose, quelle qu'elle soit, est apparentée à tout le reste de la création, de sorte que pour arriver à la connaître pleinement, il faudrait connaître de même tout ce qui a un rapport quelconque avec elle. Mais ici, il faut s'incliner devant les réalités et nlarcher par' la foi.

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:). L'intuition, COlnnle l'extrélnité du doigt" est si sensible qu'elle sent immédiatement la présence de la l-éali té par son propre toucher. Elle peut être impuissante à fournir des preuves logiques, mais elle raisonne de la façon suivante: «Je suis plei­nement hetll-euse ; 01- une telle paix ne peut venir que de ]a réalité; donc j'ai trouvé la réalité. » Le c ur a des raisons que l'intelligence ignore. Il faut du telnps pour analyser une fleur, mais il ne faut qu'un moment pour jouir de son parfutTI_ L'intuition procede de la même manière.

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x

La perfection

1. D'après les lois de la nature, il faut que la croissance s'accomplisse graduellement et pas à pas pour atteindre la perfection. C'est aussi la seule manière de nous préparer à remplir com­plètement la destinée pour laquelle nous avons été créés. Des progrès soudains ou fiévreux nous lais­sent faibles et imparfaits. L'avoine qui pousse en quelques semaines en Laponie ne fournit pas la même quantité de nourriture que le froment qui met six mois à mûrir. Le bambou grandit d'un nlètre par jour et atteint une hauteur de plus de oixante tnètres, mais il reste creux à l'intérieur.

l J n progrès lent et continu est donc indispensable ~~ la perfection.

2. Il est vrai que la perfection ne pourra être réalisée que dans un monde qui sera parfait lui-

..

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rn.êrne .. NIais avant d~el1tl-er dans ce 111c>nde pal-­fait, nous avons à' traverser un Inonde irnparfait,. olt il nous faut lutter et fai re sans cesse des ef­forts. Cette lutte nous forti fie et nous prépare à vivre dans une sphère de pureté absolue. COII1Ine les efforts que fait le ver à soie dans le cocon l'ai­dent iL en sortir sous fonne de brillant papillon. L orsque no 1S serons dans l'éta t de pel-fection, nous verrons combien toutes les choses qui nous paraissaient être des obstacles à nos progrès nous ont en réalt té aidés , quoique mysté rieusement, ù atteindre la perfection.

3. L'hornrne porte en lui-lnêrne des gernles de qualités innombrables qui ne peuvent pas se dé­velopper dans ce monde parce que les conditions d'ici-has ne sont pas favorahles à leur croissance et à leur parfait développelnent. Dans le rnonde à venir 1 ils trouveront les conditions favorables pOli 1- atteindre la perfection, ll1ais la cnyissance doit commencer dès ici-bas . [l est trop tôt pour chercher à exprimer ce que nous sel', ns quand nous arri verons à la perfection, mai s nuus set ons parfaits, comrrie notre Père qui est dans les cjeu>~ est pa rfait (1\.1 atth. 5 : 48).

4. Il n 1y a pas ici-bas de paix véritable. J ~a paix a été détruite dans ce monde par le péché. C'est dans le « Prince de la paix » seul que n01t:-> POU-

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SI

vans trouver une paix réelle et permanente. L'eau se précipite des sommets et jaillit des profon­deurs de la terre pour trouver son niveau et at­teindre le calme. L'homme, de même, doit descen­dre des hauteurs de son orgueil et remonter des abÎlnes de son péché pour pouvoir, lursqu'il a trouvé son niveau, se reposer enfin dans le calme et la paix.

5. ~l1r la Inontagne de la tran~ figuration, les disciples qui n'avaient cependant pas encore at­teint la perfection, goutaient avec tant de ravisse­ment la présence du Seigneur avec Elie et ~/lo'lse

qt1~ils proposèrent à Jésu'5 d'y dresser tr!)is tentes et d'y séjourner (Matth. 17: 3, 4). Combien notre joie ne sera-t-elle pas plus grande dar.s le ciel lorsque n \1S serons parfaits et que l1()US se­t-ons t ujours avec le Seigneur, ses saints et ses anges!

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XI

Le progrès véritable et le succès

1. Si tous les peuples adoptent les manières ex­térieures et les coutumes des nations civilisées, sans accepter les principes qui sont à la Lase de leurs progrès, le résultat sera désastreux.

Les gouvernements de ce monde ne sont que des copies du royaume des cieux dont Dieu est le chef. C'est pourquoi les royaumes terrestres s'af­faibliront et se corron1pront à moins que Dieu, qui est le point de départ de tout hien et de toute loi. ne règne dans le cœur des citoyens et des magis­trats, des gouvernants et des gouvernés. Quel­ques-uns voudraient mener une vie pure san~ Dieu. mais ils oublient que toute morale d'où Dieu est absent est creuse et vouée à la mort.

2. Sans progrès spirituel, le progrès terrestre n'est qu'une illusion trompeuse, car le progrès

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terrestre~ mondain, ne se réalise qu~aux dépens d'autrui. T n grand nombre d ~hornmes courent dans le stade, mais un seul remporte le prix en dépassant tous les autres. Leur défaite constit.ue sa victoire. l Jn marchand fait fortune aux dépens des autres. Le progrès spirituel , par ntre est quelque chose d'absolu , puisque les progrès d'un individu favorisent ceux de tous les autres et dé­pendent du succès de chacun d'eux. L'expérience a prouvé que celui qui travaille pour le bien d'au­trui en pro fite lui-même quoique souvent à son Insu.

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X T

La croix

J. Que nous l'accepti _ Il: l\ n011, n( us ne pou­vons nous soustraire à la croix. Si nous l'efusons de porter la croix de Christ. c'est de ce1.1e du tnonde que nous devrons nous charger. Au pre­mier abord, ]a croix de Christ peut semh1er lour­de et celle ou monde légèt-e: mais l'expérience prouve que la croix du Inonde est pesante et que ·celui qui la porte tnetll·t de la Inort de l'esclave, comme du temps de l'empire romain. NIais Christ a changé sa croix en gloi re. Jadis, la croix était tln :ymhole d'ignominie et de mort: nlainte­nant~ elle est un synlbole de victoire et de vie. Ceux qui portent 1a croix savent par expérience qu'elle les porte et les conduit sftrement au but; mais la croix de ce monde nous entraîne toujours plus has et nous précipite à la ruine. Laquelle de ces deux croix avez-vous chargée sur vos épau­les? Arrêtez-vol1s et réfléchissez.

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2 '. 'fous n'ont pas la même croix à porter, c'est­a-dire qu'elle varie suivant les personnes, suivant l'œuvre qui les attend et suivant leur condition spirituelle. Au dehors, elle parait hérissée de clous, mais, en elle-même, elle est toute douceur et paix. L~abeille est armée d'un aiguillon, mais elle donne du miel. La crainte de l'austérité exté­rieure de la croix ne doit pas nous faire perdre ses imtnense~" bénédictions spirituelles.

3- Un voyageur a l'intelligence bornée, fatigué de traverser péniblement des contrées montagneu­ses, se~ait tenté de penser que Dieu a fait avec toutes ces montagnes une chose bien inutile et qu'il eùt agi plus sagement en ne créant que de~ plaines. Ce raisonnement prouverait que le voy~­geur ne comprend ni l'importance des montagnes~ ni celle des richesses considérables qu'elles ren:­ferment. Les montagnes assurent, par exemple, la circulation perpétuelle de l'eau: or la circulation de l'eau sur la terre est aussi indispensable que celle du sang dans notre o rganisme. De même~ les hauts et les bas de l'existence, l'obligation de nous charger chaque jo Ir de la croix, maintiennent.,la circulation dans n o tre v ie spi rituelle, la préser:­vent de la stagn~tion et apportent à l'âme des bé­nédictions incalculables.

4- .A..ll cours de la grCl;nde guerre. ùe.s tranchées

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furent creusées dans des endroits fertiles et les champs furent détruits. Plus tard, dans ' ces tran­chées, de belles fleurs poussèrent et même des fnlits y mûrirent. On s'aperçut alors que le sol était fertile et que sous la première couche de terre arable, il y. en avait de plus riches encore~ De même quand nous portons· la croix et que nous souffrons, les trésors cachés de notre âtne viennent à la ltlnli' re. Ne soyons donc pas déses­pérés si notre vie est parfois ravagée par l'épreu­ve, car celle-ci met en œuvre les puissances ca..: chées et encore inutilisées de l'âme.

3). En Suisse, un herger cassa une fois la .jambe d'une de ses brebis. Comme on le questionnait su'r cet acte étt:ange, il répondit qu'elle avait la mau­vaise hahitude d'entraîner les autres brebis sur des hauteurs dangereuses, le long des précipice~. La bête fut d'abord si furieuse qu'el1e tâchait de mordre le herger quand il venait lui donner à manger, mais peu à peu elle s'apprivoisa et lui lécha nlênle le- nlains. De même, Dieu conduit par les épreuves et la souffrance ceux qui ont été désobéissants et rebelles, sur le chemin de la sé­curi té et de la vie éternelle.

6. 1'ous les gaz, quand ils sont froids, absorbent les rayons lumineux; quand ils sont chauds, par contre. ils en émettent. Nous aussi quand nous

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-8 .J

sommes dans un état de froidett r SpI rituelie, nous vivons dans l'obscurité, quoique le soleil de jus­tice luise constamment autour de nnu<s. Ma is, quand le feu du Saint .Esprit est allumé en nous par les souffrances de la croix et que la chal~ul· gagne nos âmes, nous sommes tout d'~h()rd illu­minés nous-mêmes par ses ray,)ns et r.( 'us ùon­nons de la lumière anx autres.

7. Les diamants ne jettent pas de feux si 011 ne les taille; mais lorsqu'ils l'ont été, les rayons du so]eil s'y réfractent et les font étinceler de cou­leurs merveilleuses. Ainsi, lorsque la croix nous aura taillés suffisamment, nous brillerons comme des joyaux dans le royaume de Dieu.

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XIII

La libre volonté de l'homme

1. Nous avons la capacité de discerner le bien du nIaI et de choisir l'un ou l'autre. Cela veut dire que nous sommes libres d'agir dans certaines li ­mite données par notre nature. l\l1trement, ce POUVOil· dont nous jouissons de distinguer le hien du mal n ·'aurait aucune signification. Le sens du gOÎlt nous dit ce qui est anlel" et c qui est doux. Si nous n'étions pas libres de manger ce que nous préférons. ce sens du goût ne servi rait de rien.

Nous omnles lihres~ non parce que nous au­rions pu agir autrement, mais simplement parce que nous agIssons.

Si~ par exemple, j'ai la force de porter 1111 poids de cinquante kilos, je suis libre de les porter tout à la fois ou en partie seulement. Si la charge dé­passe cinquante kilos, elle dépasse aussi mes for­ces et par conséquent ma responsabilité; je suis, par là même, libéré de la nécessité de porter le far­deau. parce que celui qui me l'a imposé ne deman-

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dera pas de moi plus que je ne puis faire. Ainsi la liberté subsiste dans les deux cas. Si je ne fais pas ce que je suis capable d'accomplir, il faut que je porte la punition de mes déficits et de mon indif­férence, cal- j'ai fait mauvais usage de la puissan­ce qui m'avait été confiée.

2. Ce n'est pas en punissant le criminel qu'on exterminera le tuai et le crime. Si la chose était possible, il n'y aurait plus qu'à fermer les prisons. ~n dépit des. châtiments rigoureux appliqués aux malfaiteurs, nous ne voyons aucun progrès dans les mœurs. Il n'est d'ailleurs pas possible de faire disparaître le mal de la face de la terre, à lTIoins que chaque honune ne prenne la résolution de le supprimer autant qu'il est en son pouvoir. La contrainte de la part d'autrui ne produit aucun effet. Dieu n'arrête pas la main du meurtrier et ne ferme pas non plus la bouche du menteur, par­ce qu'il n'intervient pas dans la volonté de l'hom­me. Si Dieu s'interposait ainsi, l'homme ne serait plus qu'une machine, il ne connaîtrait pas le prix de la vérité et n'éprouverait aucune joie à s~y con­former, car la joie ne peut découler que d'un acte de franche volonté.

3. 14 e nlonde qui est, dans un certain sens, re­belle à Dieu, soumet à l'esclavage ceux qui sui­vent Christ. Mais lorsque, par la grâce de Dieu,

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ils sont affranchis de la servitude et des chaînes par lesquelles le monde voudt"ait les réduire à l'o­béissance et sont entrés dans les lieux célestes, alors c'est le monde lui-même qui devient leur esclave, parce que le monde lieconnaî-t qu'ils sont devenus participants de la puissance de vie qui l'a créé. Alors, au lieu de vaincre, c'est lui qui est vaincu. Dieu accorde à jamais la liberté par­faite à ceux .qui mettent à son 5elivice toute leur volonté et tout leur amour.

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1

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XIV

Les lois de la santé

1. Les principe d'hygiène, physique et spIrI­tuelle, sont par eux-mêmes des Inoyens d'arriver à la santé. Les principes ne sont pas autre chose que les moyens déterminés par lesquels nous pou­vons atteindre les buts que nou poursuivons. L'argent, par exemple, l1'a pa d'utilité par lui­Inême' il n est qu'un moyen d'ohtenir les choses dont nous avons besoin,

La musique, le parfunls, les nlets délicats, la lumière et la chaleul' sont tout autant de biens dont nous jouissons pourvu que nous le fassions avec modération. Nous souffrons si nous en som­mes privés comme lorsque nous en usons avec excès. Dieu nous a donné des sens externes et in­ternes pOUf nous avertir des dangers qui nous me­nacent, et aussi pOUf nous faire découvrir la jouissance parfaite. La douleur est le symptôme qui nous indique qu'il y a un organe qui ne fonc-

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tionne pas bien, dans notre corps ou dans notr esprit. Le repos et le bien-être découlent de l'o­béissance aux lois de la réalité.

2. La nature est contre nous si nous somtneS contre elle; Inais si nous cherchons à vivre en conformité avec la nature, au lieu de nous faire du ma), elle nous aidera à atteindre l'état de santé parfaite auquei Dieu veut nous amener par ce Inoyen-Ià. Et dans ' cet état de parfaite santé nous jouirons aussi du bonheur éternel en Dieu, ce qui est le besoin le plus impérieux de notre âme.

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xv

La conscience

l. La conSCIence, cet la loi morale le sens du bien u du mal qui habite en nous. lIe n'est pas innée à l'homme, sinon en germe. Elle a besoin d'éducation, d'entraînement, d'exercice et de pra­tique. Le milieu lui aussi exerce une grande in­fluence sur son développement.

De même que nous possédons une facul té esthé­tique qui nous permet de distinguer entre le laid et le beau, nous avons la conscience qui nons aide à distinguer le bt ~n du mal.

2. r a douleur dans une partie quelconque de notre corps est une voix qui donne l'alarme en cas de danger. De Inême, la douleur et le trouble Je l'àme sont la conséquence du péché. Semblable au sens physique du toucher, la conscience nous prévient de l'imminence du danger et de la ruine,

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et nous presse de prendre les mesures nécessaire à notre salut.

3. Les vaisseaux qui naviguent le long des cô­tes savent où ils se trouvent en apercevant les phare5, les rocs, ou la silhouette du rivage. Mais ceux qui voguent bien loin, au large, ne peuvent se guider que d'après les astres et la boussole. Il tn est ainsi du voyage de notre ame vers Dieu : la conscience et le Saint Esprit nous sont indis­pensables pour atteindre le port sans nous perdre_

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XVI ; 1

L'adoration du vrai Dieu

1. Vous ne trouverez guère d'hommes qui n'a­dorent pas Dieu ou quelque autre puissance. Si les philosophes ou les savants athées, dont le re­gard ne dépasse pas le monde matériel, n'adorent pas Dieu, ils ~nt souvent une tendance à rendre un culte aux grands hommes, aux héros ou à un idéal quelconque dont ils se sont fait une divinité. Bouddha n'a formulé aucune doctrine au sujet de Dieu; aussi ses disciples le prirent-ils lui-même peu à peu comme objet de leur adoration. En Chine, comme on n'enseignait pas al.! peuple à adorer Dieu, il se mit à offrir un cuIte aux an­cêtres. Même les gens tout à fai t illettrés adorent une puissance ou un esprit quels qu'ils soient. Bref, les hommes ne peuvent supprimer en eux le besoin d'adoration. Or, ce besoin que l'homme ne peut renier, a été mis en lui par Dieu afin qu'o-

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béissant à ce désir, la créature puisse communier avec son Créateur et jouir éternellement de sa

, presence.

2. Quant à ceux qui s'obstinent a ne pas croire en Dieu, même lorsqu'on leur présente des argu­Inents en faveur de son existence basés sur les principes de finalité et d'ordre, ils ne croiraient pas en lui quand mêlne ils le verraient. Et ceci pour deux raisons. Si Dieu se révélait à eux en leur fournissant pour prouver sa divinité, des ar­guments basés sur la logique divine, ils ne pour­raient pas le comprendre parce que . ~ es arguments dépasseraient la portée de la logique et de la phi ­losophie des hommes. Si, par contre, Il leur. c:pn ­nait des arguments tirés de la r=1150n humaine alors ces incrédules le mépriseraient en disant ': « A quoi bon? Nous savons déj?:t tout cela. Dieu n'est pas beaucoup meilleur que nous '~" .. lr sa façon de raisonner ressemble fort à la nôtre. Tl peut avoir une certaine supériorité sur un être hUlnain mais c'est tout. ~

3. L'homme est une partie de l'univers, il en est le mi~oir. C'est pourquoi la création, tant vi­sible qu'invisible, se reflète en lui. Dans ce Inonde il est le seul être qui puisse interpr(~ter la cré~­tion. Il est pour ainsi dire le langage de la nature. l.,a nature parle, mais silencieusement. T/horrime

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exprIme par des parole..,; ce. discours muets de la nature.

4. L'holnme est un être borné: ses sens, soit extérieurs, soit intérieurs sont donc aussi bornés. Il s'ensuit qu~il ne peut percevoir tous les aspects de l' uvre de son créateur. Pour les connaître tous, il lui faudrait des sens innombrables. Les quelques sens dont n011S sommes doué.'.) flUUS per­mettent de saisir certains aspects seulement de la création et certains côtés de ç:on caractère, ct cela encore d'une manière appr xilnativ·e. Toutefois, en dépit de cette insuffisance, notre co.~l1r est ca­pable d'avoir une perception de l~. rl~alité qui est indépendante du raisonnement et dont l'exacti­tude ne peut être c ntrôlée par l'intelligence. L'cel humain quoique de dimensions réduites, ~m­brasse d'ilnmenses distancc~ et atteint des lieux où l'homme lui-même ne parviencir.l janlais. Il contemple les astres éloi~nés de rnillio!1s de lieues, il observe leur mouvement et jouit cie L~ur éclat. De même les yeux du cœur contemplent les mystè­res divins et cette contemplation p'>usse l'hf.tnlme à adorer Dieu, en qui seul les désirs de son cœur tr()uvent leur réalisation par faite et éterne1Je.

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XVII

La recherche des réalités

1. Les mages d'Orient, venant d'un pays éloi­gné, furent conduits par l'étoile jusqu·au soleil de justice. Ces h0mmes quoi. venaient de loin, purent satisfaire le désir de leur c'")~ur en contemplant et en adorant le Roi de justice, tandis que ceux de sa nation, les Juifs, le rejetèrent et le crucifièrent. Ils perdirent ainsi la bénédiction qui leur avait été offerte. Les peuples viennent à lui de l'Orient et de l'Occident, cherchant les 4: réalités» ; quand ils l'ont trouvé, ils l'adorent de tout leur cœur et de toute leur âme et s 'offrent eux-mêmes en sacri­fice à ses pieds. Par le moyen de ce sacrifice, ils béritent la vie éternelle dans S0n rôyaume. Par contre, le~ chrétiens qui sont dans un sens son propre peuple le renient par leurs parl)les et pa r leurs actions et subissent une perte i rréparah~e. Les mages d'Orient ne s'a.rrêtèrent pas assez longtemps auprès du Christ pour voir ses mira-

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cles, sa crucifixion, sa résurrection et son ascen­sion; c'est pourquoi ils n'eurent pas de message­à proclamer dans leurs pays quand ils rentt l':-(·nt. Exactement de même, t:ertains hommes qui cher­chent la réalité ne vivent pas en comillunion bien­heureuse avec le Seigneur, ils ne font pas l'ex­périence qu'il donne la vie et qu'il a le pouvoir de sauvel- ; ainsi ils n 'ont aucun 1.lessag-e d com­munIquer au 111onde.

_. « On donnera à celui qui a et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n 'a pas, même ce qu'il a lui sera ôté » (lVlatth. 2S : 29). Si un h0111me n'a rien, comment peut-on lui ôter quel­que chose? Il peut n'avoir pas de talents ou de responsabilités parce que ceux-ci lui ont été ôtés à cause de sa négligence; toutefois ce qu'il pos­sède encore, c'est la capacité de distinguer entre le vrai et le faux, entre ce. qui est réel et ce qui ne 1'est pas. NIais m ême cette faculté de discerne­ment lui est en1evée parce qu'il n'en fait pas usage. Alors sa conscience s'engourdi t et meurt. Tl ne lui reste rien.

3. Il y a des hOlllme dont la faculté de discer­ner la vérité est to ut à fait morte. Ll rsque. en àépit des instruments d'investigation les plu ~ sen­sibles ils ne réussissent pas à découvrir les origi­nes de la vie sur le glohe, au lieu de croi re en

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Dieu comlne en la source de toute vie, ils préfè­rent supposer que des germes vivants sont tom­bés des météores - ce qui est une impossibilité! Si la matière inerte dont le monde se compose ne peut engendrer la vie, comment les météores faits de la même matière que rlJnivers pourraient-ils le faire? Si la substance des météores diffère de la substance terrestre, comment les germes tom­hés des météores croîtraient-ils dans un monde absolument différent du leur? En réalité, c'est la pl-ésence de Dieu qui produit la vie. Dans l'eau, qu'elle soit chaude ou glacée, il y a des êtres vi­vants. On trouve des êtres animés dans les sour­ces thermales. C'est partout le résultat de la puis­sance créatrice de Dieu. Il pJ-oduit la vie dans n'importe quelle condition.

4. L·a vérité ou la réalité se reconnait à ses fruits. C~elui qui agit conform 'ment à la réalité en recueille les heureuses conséquences da'1s le 1 résent comme il recevra dans l'avenir la récom­pense de sa fidélité. Les réalités seules peuvent rtpaiser la faim de l'âme.

I../homme si déchu et dégradé qu'il puisse être, aime et apprécle la vérité. Un menteur, par exem­ple~ peut bien mentir lui-même, mais il n'admet· pas que d'autres disent des mensonges. Tel autre, tout injuste qu'il est lui-même, se fâche si l'on pratique l'injustice autour de lui. Ceci montre

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"que, sans qu'il s'en rende compte, le désir de la vérité et de la justice ainsi que la faculté de les ·discerner se trouvent naturellement en l'homme: en effet, c'est la vérité qui a créé l'homme de telle sorte qu'il éprouve un véritable bonheur quand il vit dans la vérité et pour elle.

S'ils agissent contre la vérité, ils en souffri­ront, car ils f<.")nt ain~i violence à leur propre na­ture aussi bien qu'à la nature de la vérité qui les

, , a crees.

5. La vérité a des aspects très divers. Chaque 'individu, suivant ~a capacité qui lui a é té donnée par Dieu, révèle ou exprime différents aspects de la yérité. Tel rtl·bre attire tel et tel homme par ses fruits , tel autre par ses belles fleurs. Les hommes s'efforceront d'exprimer l'attrait spécial que ces arbres exercent sur eux. De même, le philosophe, le savant, le poète, le peintre et le mystique, cha­·cun selon son températnent et ses capacités, défi­niront et décriront les aspects des réalités qui les ont diversement influencés. Il est impossihle à un seul individu d 'embrasser d'un coup d'œil les réa­"lités et de décrire leurs multiples phases.

6. Pour nous assuret ' qu'une chose est vraie ou non, il nous faut la considérer de plusieurs côtés: '-autrement nous risquons de commettre des er­reurs. Si nous regardons, pal· exemple, un bâton

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droit par un bout, en fermant un œil, nous ne pouvons pas en mesurer la longueur. Pour avoir une idée exacte du bâton, il nous faut le regarder de différents côtés.

Celui qui cherche la réalité de tout son cœur et ·de toute son âme et qui la trouve, se rend compte qu'avant qu'il se soit mis à sa poursuite, c'était la vérité elle-même qui le cherchait pour l'amener il jouir d'une communion bénie avec elle. N'en va·­t-il pas de même lorsqu'un enfant retrouve sa mère? Quand il peut s'asseoir de nouveau sur ses genoux, il s'aperçoit que l'amour maternel l'avait cherché avant même qu'il pensât à retourner ver~

.. sa mere.

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XVIII

La repentance et le salut

La repentance est nécessaire pour obtenir le sa­lut, mais la repentance ne peut pas à elle seule sauver les hon1mes à moins que leurs péchés ne soient aussi effacés par la grâce de Dieu. Si je jette une pierre à un homme, que je le tue et que Je m'en repente ensuite, cette repentance peU". m'empêcher de cnmlnettre de nouveau la même crimint-lle folie, mais le mal que fai fait ne peut être réparé et rhomme ne peut être ramené à la vie. Dieu seul pent me pardonner et fournir ~

celui que j'ai tué une occasion de dépenser dan~ une autre vie, les forces perdues par cette mort subite. De cette manière l'un et l'autre, meut"trier et victime, peuvent être sauvés.

2. C'est Dieu seul qui peut punir ou pardonner en par faite connaissance de cause, car seul il com-

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prend les besoins intimes et l'état d'âme de l'hom--­lne ; il sait quelle sera la conséquence de son par­don ou de son chàtitTIent. Quand c'est l'homme ' qui punit, la punition atteint rarement son but, parce qu'il ne connaît ni la misère intérieure ni les dispositions du criminel. Dans certains cas, la punition fait pius de mal que de bien, tandis que ' le pardon produit en lui une tliansformation pres-· que mlraculeuse. Pour d'autres coupables, le par- · don ne serait qu'une occasion nouvelle de COtTI­mettre des crimes; le châtitTIent est nécessaire pour réformer ces hommes-là. Dieu seul connaît la véritable nature de l'homme, et en y adaptant son action, il le délivre des occasions de tomber dans le péché, aussi bien que des conséquences de ­ses fautes.

3. Le bat que poursuit l'âme, c'est de posséder une joie réeUe et permanente. Tous les efforts · faits pour atteindre ce but par des moyens coupa­bles, ne tendent qu'à détruire dans l'âme la capa ... · cité même de jouir de la félicité; or, cette faculté de se réjouir de la vérité périt d'eUe-même si elle­n'est pas cultivée et entretenue. Car Dieu qui dans son amour a créé en nous cette puissance, cette capacité, cette faculté de jouir, veut Que dans la communion avec lui nous puissions savourer une JOle éternelle. C'est en cela que consiste le salut.

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4. L'orgueil est un péché parce que l' orgueil- ­leux a de lui-nlême une opinion démesurée. De ce fait, il dédaigne la grâce de Dieu et tombant dans · le péché, il livre sa propre âme à la destruction. Le mensonge est un péché parce qu'il s'attaque à la vérité. L'influence du mensonge réitéré sur le menteur est telle qu'il en arrive à se mentir à lui­même. Il cesse de se fier au témoignage de ses sens intérieurs ou extérieurs, doutant qu'ils lui disent la vérité. Finalement, il commence à met­tre en doute même l'amour et la grâce de Dieu; il subit la perte de sa vie spirituelle et des plus ri­ches bénédictions divines. La convoi tise est un péché parce que l'homme cupide cherche sa satis­faction dans les choses créées en oubliant le Créa­teur. L'adultère est un péché parce que l'homme adultère brise les liens de la famille; il détruit la pureté et la vie même. Le vol est un péché parce que le voleur s'empare du salaire d'autrui. Il trouve son bonheur dans leur ruine. Il est donc nécessaire que nous nOl1S repentions de ces pé­chés-là et de tous les autres et que nous obtenions le salut, pour que la volonté de Dieu s'accomplisse dans nos vies terrestres, comme elle est faite dans le ciel parmi les bienheureux et les anges.

5. Les savants et les philost)phe:; r~rtisans de révolution par]ent de la survivance du plus apte par le moyen de la sélection n,du rel1t". Il y a ce­pendant un autre fait capita1, et qui est prouvé-

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par la vie transformée de milliolJs d' êtres , c~est

que grâce à la sélection divine, il y a une sur­vivance des inaptes, c'est-à-dire des pécheurs. Des ivrognes, des adultères, des meurtriers, des vü­leurs ont été tirés des abîmes du péché et de la misère, et ont reçu la grâce d'une existence nou­velle faite de paix et de joie. Voilà le salut 'lu i nous a été obtenu par Jésus-Christ, qui est venu dans le monde pour sauver les pécheurs (T ~rlm .

l, 15) .

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Le péché originel

r. LI arriv que les enfants ht' ritent ~es mahi­dies des parents, n::ais si ctux-ci perdent par acci­dent les mains, les pieds ou les yeux, les enfants ne naissent pas nécessairement boiteux, lnanclv.)ts ou aveugles. Le cas est le même pour le péché originel. Les enfants n'héritent pas toutes les qua­lités ni tous le ' défauts de leurs parents· le ca­ractère des enfants résulte dans une large mesure de leurs actes délibérés. S'ils héritaient tous les traits de caractère de leurs parents, ils ne pour­raient pas être rendus responsables de leurs pro­pres actions. Les capacités et le tempérament ne sont que partiellement héréditaires; leur dévelop­pement et leur maturité dépendent principalelnent d'un effort personneL

2. Si un objet quelconque intercepte la lumière, il projette une ombre ou produit l'obscurité. Une écl,ipse de lune est causée par la gravitation de la terre qui, ù un moment dQnn~, se trouve entre le

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soleil et la lune. Quand l'ombre d\ln objet éloi-, ,

gne nous couvre, nous n en sommes pas respon-sables puisque ce n'est pas nous mais cet objet extérieur qui projette son omhre sur nous. Nous trouvant dans la portée de cette ombre, nous en ~omlîles affectés, Inais nous n'en sommes pas res­ponsables. Par contre, nous SOInmes responsables des mauvaises pensées qui montent dans nos cœurs et nous enveloppent d'ombre comme les nuages flottant dans le ciel produisent de }'obscn­rit' .

3. Les péchés et leurs conséquences~ quoique dangereux, ne S01.t pas étenleIs. Excepté Dieu et ceux auxquels il a accordé la vie éternelle, rien n'est éternel. Si un autre que Dieu pouvait exister par lui-même, distinct de Dieu, il faudrait qu'il possédât aussi les attributs infinis qui sont inhé­rents à la divinité. Cela est inlp( ssible c.ar il ne peut y avoir qu'un seul ahsolu.

I ./existence de Dieu est la garantie d'un ol-dre de choses idéal, qui dOl t être à jamais à l'abri de toute atteinte. ' fou t ce Clui s'oppose à sa nature, c'est-à-dire le nlal, ne pourra exister pour tou­jours en sa présence. C'est pourquoi la création tout entière qui soupire et est en travail parce qu'elle est assujettie au mal et à la vanité, sera délivrée à jamais de l'esclavage de la corruption et an1enée fl la liberté 0-1 l-ieuse des enfants de Dieu. (Ran1. 8 : 20 22).

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xx

Les Védas et le Panthéisme

J. Selon les \ ! édas, Dieu (Bl-ahma) seul est j-ée.l : tout le reste n'est qu'illusion. L'âme humai­ne est identique à Dieu, quoique, étant donnée n -tre ignorance, elle semble avoir une existence di. -tincte de lui. Si cela était vrai, cela voudrait dire Clue Dieu lui aussi est soumis à l'illusion. Dans ce 'as, il ne pourrait pas être Dieu. En réalité .. Dieu st affranchi de toute illusion et connaît tonte

chose. Les \Tédantistes prétendent aussi, que plon­gé dans une cOî.1templation profonde (samadhi) le dévôt se dépouille de l'illusion (maya) par le îTIoyen d'une connaissance directe. La question se pose mainten~,nt: si tout est illusion, comment pouvons-nous être certains que le dévôt absorhé dans le samadhi et la connaissance qui découle de cet état !le sont pas aussi illusion?

2. Si nous admettons l'autorité des V C>das, nous ~ero S ohligé'"' d'admettre - l'homme étant iden-

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tique à Dieu - que Dieu lui aussi est . dans Ut

état d'évolution, et que par le moyen de' l'illusio et de la transformation de la matière il cherche à atteindre la perfection. Si la maya n'opère pas cette œuvre pour Dieu, que les Védantistes nou:; disent tout d'abord: rO quelle est la cause pre­mière de la nlaya; 2° à la suite de quels événe­ments nous sonunes enveloppés par la «maya).'> : 3° quel est le but et l'utilité dernière de la «maya 1\ .

Il est incontestable que Dieu est « en :-> toutes cho­ses et que toutes choses sont «en 'J.> Dieu. ?vIais Dieu «n'est» pas toutes choses, et toutes choses ne sont pas Dieu. Ceux qui confondent le Créa­teur avec sa création sont plongés dans l'igno-rance.

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Christ notre refuge

1. I./abeille vole de fleur en fleur pour recu~il­lir du miel. 'l'andis qu'elle est absorbée par ce· tra­vail délicieux, il se peut qu'el1e soit piquée par une araignée. Cette piqûre l'engourdit et l'abeille devient une proie facile pour son ennemie. De façon semblable, Satan peut nous surprendre non :-.enlen1.ent dans des lieux mauvais, mais aussi ~uand nous sommes occupés à faire le bien ou en­gagés dans une "uvre utile et agréable. Si nou~ ne prions pas avec vigilance, nous courons le ris­que d'êtr surpris et vaincus p~r Satan.

2 ~ Le péché enO"ourdit la consclence ; il affaiblit et désarme la volonté. I~'homme réduit à. cet état-à, lorsqu'il se trouve face ~t face avec le danger

et la mort, est tellement itnpuissant que, malgré tous ses efforts, il ne peut leur échapper. Un jour. en plein hiver, un oiseatt de prf)i~ s'était posé sur

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nn cadavre qui s'en allait à 1=1 déri.,e vers les , chu­tes du Niagara et i 1 ~tai t en trai n d~ !e dévore,'_ Quand Itoiseau fut tout près de la cataracte, il voulut quitter le cadav i-e et s'envoler. Mais ses serres étaient gelées à tel point qu'il ne put lâcher prise; il fut englouti pal' les eaux mugissantes et périt misérablement.

3. POll r être à l'abri de toute attaque et de tout danger de la part de l'ennemi, nous devons, en vivant dans une communion permanente avec le Seigneur, devenir semblables à lui. Dans les pays septentrionaux, la nature revêt de blanc les qua­drupèdes et les oiseaux de façon qutils ne se dis­tinguent pas de la neige qui les entoure et qu'il sont à "abri des attaques de leurs ennemis. Là où le milieu est di fférent. les animaux sont vêtus différemment. ]~e caméléon et le turbot changent de couleur en 11n instant : en prenant la nuance de ce qui les entoure i]~ échappent eux aussi à leurs ennemis. Les poissons aveugles. par contre, ne peuvent pas les imiter, car ils ne discernent pas les couleurs autour d'eux, Il est donc capital dtavoir une vision spirituelle bien nette afin qu'en regardant toujours ~t Christ et en le suivant nous puissions devenir semhlables à lui; alors, nous vi­vons en lui dans une sécurité absolue, protég'és C()ntl-e toutes les embüches de l'ennelni.

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Les ennemi~ grands et petits

1. Les ennemis lTIortels de l'honIDle ne sont pas settlenlen t les gros animaux comme les tigres. les loups et les serpents. De petits gerOl ,-." qu'on ne voit qu'au microscope ~ pénétrant dans notre corps avec la nourriture, l'eau 11 l'ai r sont souvent plus dangereux et entraînent des maladies fatales. De Inême, ce ne sont pas Set11elnent les grands pé­chés qui sont funestes à l'âme ; les pensées cachées et coupables, germes de péchés de toute espèce, sont souvent plus destructrices. Il nous faut nous efforcer dès le débnt d'arracher de nos cœurs ces gertne~ de ma1 afin que nOtls-rnêmes et les autres hommes, nous puissions être affranchis de leurs conséquences fatales.

2. N otr-e corps renferme des gernH': S de santé! les phagocytes. aussi bien que des germes de ma­ladie. les hactéries. Si par suite des ci rconstances,

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les gernles nuisibles s'accroissent et ét.ouffent le~"

germes de santé, l'homme tombe nlalade et s'il n'est pas soumis à un traitement approprié, il succombe. Si au contraire les germes vitaux sont les plus forts, ils résistent et tuent les germes morbides et rhonlme jouit d'une santé parfaite. De façon analogue, nos bonnes pensées trionl­phent des mauvaises et favorisent en nous l'épa­nouissement de la sant.é morale, à l'abri des rava­ges du mal. Cette victoire ne peut être acquise sans le secours du Saint l~:sprit qui est la source

e toute bonté~ de toute joie et d'une vie parfa.it ...

3. Les mauvaises pensées s 'emparent de cer .;.. tains homtnes avec tant de violence qu'ils senl.­hlent perdre toute espérance et que dans leUl- dé ­sespoir ils se donnent la mort. Mais au lieu de s.e tuer eux-mêmes, ils deVI-aient plutôt, avec l'aide de Dieu, tuer ce ' pen sées qui détruisent leurs es­poirs et leur capacité de vaincre. Au lieu d'em-: ployer du poison ou des armes morte11es pour mettre fin à nos vies, employons des armes spi ri ­t\1elles, comme la prière, pour détruire le mal Jus­qu'à la racine. Alors , au lieu de nous détruire, nous nous sauverons, et par là-même nous aide­rons il d'autres à trouvet- aussi le salut.

4. L ~ ~goï sme aussi est une espèce de suicide, car Dieu n o n . a fait don de certaines capacités et de certaines qllalit~s pour <lue nous les employions.

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au service d'autrui. En aidant notre prochain, ous découvrons une joie nouvelle, et nous nous

faisons du bien à nous-mêmes. C'est la loi de no­tre être intérieur. Si nous ne venons pas en aide aux autres, nous perdons cette joie. Si nous n'ai­mons pas notre prochain comme nous-mêmes, nous désobéissons à Dieu et cette désobéissance nOttS prive de la joie qui est la nourriture par ex­cellence de nos âmes. Or, la privation de cette nottrriture, nous fait mourir de faim. L?égoïste croit travailler à son propre bien-être, mais sans le savoir il se fait beaucoup de mal à ltti-même. Si seulement chacun individuellement pouvait se décider à renoncer à l'égoïsme, toutes les querel­les et toutes les luttes cesseraient dans le monde et la terre deviendrait le ciel même. Tout péché a son origine dans l'égoïsme. C'est pourquoi le Sei­g neur nous a commandé de renoncer à nous-mê­mes et de le suivre. (Luc 9 : 23).

5. Si nous sommes toujours occupés à critiquer et à blâmer notre prochain, nous nous faisons beaucoup de mal, tant à lui qu'à nous. Mais si nous renonçons à notre propre justice et que nous nous appliquons à nous critiquer nous-mêmes, cela nous rendra meilleurs et nous apprendra à sympathiser avec les autres et à les aimer. De cette manière, nous ferons du bien .aux att­tres et à nous-mêmes, et nous hériterons la terre promise qui est Je royaume de l'amour véritahle.

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Etrangers et pélerins sur la terre

1. Un certain philosophe fit une fois un voyage autour du monde pour découvrir un lieu où ré­gnassent le calme et le repo .. parfaits. Au lieu de cela.. il trouva partout le péché, la douleur, la souffrance et la mort. La connaissance et les ex­périences acquises de cette façon l'an1enèrent à la conclusion que ce monde-ci n'est pas destiné à être pour nous une demeure permanente et véritable, mais que la vraie patrie. celle après laquelle notre :1n1e soupire est ailleurs. C'est là que l'âme trOlt­,,·era un repos parfait.

Un oiseau fut capturé un jour près du golfe du l\/Iexiqtte et envoyé à huit cent cinquante rnilles de distance. On l'enferma dans une cage et il ne con­naissait pas le chemin par lequel on l'avait fait passer. 1\1ais lorsqu'il eut atteint toute sa crois­~al1ce, il retourna sans l'aide d'un guide à l'en-

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droit ,même d 'où on l'avait emmené. ~on instinct seul l'avait conduit. De même, l'homme d nt par la gràce de Dieu la conscience reste éveillée, quitte ce monde transitoire et guidé, fortifié par le Saint ESPI-it il atteint le ciel, ]a patrie éternelle pour laquelle il a été créé .

3 · On l-aconte qu'un naturaliste enlporta des c~ufs de rossignol dans un pays froid, espérant qu'une fois éclos, les oiselets s'y acclimateraient et l'adopteraient comme leur patrie. Ils brisèrent leur coquille et y vécurent tout un été, mais l'au­tonlne venu ils s 'envolèrent dans leur pays d'ori­gine et n'en t-evinrent jamais. Nous non plus. quoique nés dans ·ce monde, nous ne sommes pas faits pour ce monde. Dès que le moment viendt-a pour nous de quitter ce corps, nous nous envole­rons vers la patrie céleste.

4. A l'instant de la mort. l'âme ne meurt pas; elle ne s'en va pas non plus dans un lieu éloign'. lVlais au travers de la mort, elle commence une existence nouvelle, elle entre dans un nouvel état. Comme l'enfant qui vient de naître commence une existence nOl1velle en entrant dans un état nou­veau, quoique le lieu dan. lequel il continue à vivre soit le même. ainsi l'esprit, après s'être détaché du corps entre rlans un état spirituel qui est heau:. coup meilleur, lluoiqlle le monde dans lequel il

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vit soit le Inême qu'auparavant. Le sein maternel pour l'enfant et le corps pour J'âme sont des lieux de préparation pour l'avenir. Du corps l'esprit passe devant ]a face de Dieu .. où il réalise sa des­tinée véritable et la pe r fec tion.

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Foi et pureté

1. Sans la foi, aucune œuvre, religieuse ou non, ne peut être menée à bonne fin. Si nous n'avions pas confiance les uns dans les autres, la vie dans le monde serait impossible. Puisque toutes choses ici-bas dépendent ainsi de la confiance mutuelle, combien il est honteux de ne pas nous confier en celui qui a mis en nous la puissance de croire! Il est évident que si notre savoir était sans bornes, la foi serait inutile; mais puisque notre science équivaut à si peu de chose qu'elle dépasse à peine e néant, tant que nous sonunes dans ce monde,

nous ne pourrons pas nous passer de la foi. Dans le monde à venir. nous ne pourrons pas non plu~ nous en passer ~ car même alors notre connaissan­ce aura ses limites.

La foi, comme l'amour, peut être comparée à la eune tige de la vie qui s'attache à Dieu; elle

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pousse ensuite des rameaux et des feuilles e pru­duit en abondance du fruit spiritueL

2. Par la foi, nous recevons le baptême de fel du Saint Esprit, sans lequel le baptêlne d'eau est insuffisant pour purifier et pour sauver. Ni l'ar­gent ni l'or ne peuvent être purifiés par l'eau ex­térieure, puisqu'elle ne peut pénétrer au-dedans des métaux pour en ôter les impuretés. Le feu est nécessaire pour les affinet-. Le baptême de feu de l'Esprit Saint est néce saire pour purifier l'âme complètement.

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Révélations de Jésus-Christ

l. Avant d'avoir reçu le Saint Esprit, nous ne pouvons comprendre la grandeur et la divinité de Jésus-Christ, même si nous l'avons suivi toute notre vie. Ceci ressort clai rement des expériences des disciples. Christ appela les disciples qui avaient une occupation très humble et leur confia une tâche plus noble et plus haute; du métier de pêcheurs il les fit passer à celui de pêcheurs d'hommes. Ils vécurent avec lui trois années pen­dant lesquelles ils accomplirent l'œuvre la plus élevée. celle qui consiste à prêcher aux hommes la bonne nouvelle du salut. Mais lorsque Christ fut crucifié et enseveli, toutes leurs espérances des­cendirent avec lui dans la tombe. Les disciples re­tournèrent à la besogne qui avait été jadis leur .gagne-pain. Mais Christ qu'ils croyaient mort ressuscita d'entre les morts et leur apparut à di­verses reprises. Un jour qu'il se montra à ses

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1 iscipl s près Je la Inel- de Galilée, Pierre le re­connut COD1me le Seigneur, et fut si confus qu'il sauta à l'eau pour se cacher et ceci pour deux raisons très probables: l'une parce que c'était la premièl-e fois qu'il revoyai t Jésus après son renie-nent et qu'il avait honte en se disant: j'ai d ~claré solennellement que je donnerais n1a vie nH~n1e

our Christ et que je ne le renierais h aucun prix. Mais je rai renié quand Inênle. Comment puis-je tnaintenant nie présenter devant lui? La seconde raÎson était très prohahlemt'l1t celle-ci: qu'il 'tait plein de confusion ù l'idée que trois an . aupara­vant à cet endroit même, lui et les autres di~ciples avaient été choisis pour l'œuvre 111agnifique d'ap­peler les hommes à Christ et qu 'au hout de tt·ois ans ils avaient renoncé à cette nol le vocation pour reprendre à la n1~me place leur occupation d'antr fois tandis qu'ils auraient dû pour~ttivre le travail urgent pour lequel C.hrlst ies avait m~s à part. L orsque Jésus ressuscita de morts, leurs espérances anéanties revinrent aussi à la vie, et lorsqu'ils reçurent ensuite la plénitude du Saint ft sprit, ils se convainquirent il nouveau de la d~­vinité de J ésus-Christ. En dépit de la persécu­tion et du martyre, ils prêch' 1 ent son non: et c:)n­tinuèrent jusqu'à la fin l'œuvre il laqpelle ils a vaient été a ppclés;.

2. l\ rh t1 re a.ctueJ1t-'. 1 e~llCOUp de chn.: tiens ~e

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proclament disciples de Jésus-Christ S:lllS avoir toutefois l 'expérience dè sa grandeur et de sa divinité dans leu:- vie personnelle. i\insi ils s'éga·· rent et se figurent que Christ éta~ t un hG1nme su­périeur et parfait qui vécut et mourut .il y a des siècles. Mais à ceux 'lui se repentent et qui l'in­voquent, il accorde une nouveHe révélation de hli­même et se montre à eux revêtu de gloire et de puissance, comme à saint Paul. Ils renouvellent leur comn1union avec lui et par le sec·.)urs du Saint Esprit ils le servent fid~lement jusqu'à la fin de leur vie.

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XX\tJ

L'humilité

1. Si l'esprit de Christ n~habite pas en nous nous ne pouvons être humbles et doux comme celui qui, étant Dieu, prit la forme d'un servi­teur. (Phil. 2 : 6, 7). Ne nourrissons pas un faux orgueil dans nos cœurs, oubliant Le '-lue nous somnles en réalité. L'orgueil nous é10igI1era de !a vérité et nous nous perdrons nous-rntmes. Quand­même nous serions plus avancés que d~~ut.-es

hommes, nous ne devons pas oublier que le dia­mant et le charbon sont faits de la même substan­ce, c'est-à-dire de carhone. Grâce à des conditi.-)ns diverses, ils ont pris des formes di ff ' rentes, mais je diamant, tout en étant de grande valeur, se consume aussi complètement que le charbon.

2. Quand nous nous trouvons au bord d'un précipice et que nous regardons en bas, nous som­rn·es pris de vertige et remplis d'effroi, bien que la

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profondeur ne soit peut-être que de quelques cen­taines de pieds. Mais nous n'avons jamais peur en regardant les cieux, quoique notre regard at ­teigne à des hauteurs beaucoup plus considéra­bles. Pourquoi ? Parce que nous ne pouvons torn­ber en haut; tandis que nous risquons de choit" dans l'abîme et d'ètre brisés en morceaux . Quand nous regardons à Dieu, nous nous sentons en sé­curité en lui , et nous ne craignons aucun danger. IVlais s i nous détournons notre visage de lui, nous sommes remplis de terreur à l'idée de tonlber loi des réalités et d'être mis en pièces .

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XXVII

Le temps et l'éternité

1. Le tenlps réel, c' est-à -di re le tenlps par rap­port à Dieu, c'est l\~ternité. Le temps tel que nous le conJ1aissons~ n'est que 1'omhre éphém,ère de ce temps réel. Pour :Dieu, il n'y a ni passé, ni futur, tout est présent. ~a connaissance étant illimitée, ~e passé et l'avenil' sont perpétuellelnent devant lui. ~1ais pour nOus le présent n'existe pas, car il n'est qu'un passage du futur dans le passé. Chaque ins­tarit émerge de l'avenir et glisse dans le passé avec une rapidité inimaginable. Ni le passé, ni l'a­venir n'existent pour nous, car ils sont an-delà de nos prises. I.e temps n'a donc aucune réalité pour nous .

Lorsque nous nous éveillons, il nous est pres­que impossible de dire combien de telnps s'est écoulé pendant notre sommeil. Même dans nos

heures de veiHe le temps est si irréel! -Dans la tristesse et la souffrance, un jour semhle une an-

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née ; dans la joie, une année est comme un jour ~ Le temps nta donc pas de réalité, car ce qui existe l-éelletnent est vrai en toute circonstance; or nous n"avons pas le sentiment du temps qui fuit parce que nous avons été créés pour la réalité qui est 'ternelle.

2. UT!e a.nnée, un mois, un jour, une heure. un minute, une seconde constituent ce que nous appe­lons le temps par rapport aux incidents ou aux tranformations qu'éprouvent les corps dans l'es­pace. Prenez n'importe quel objet dans l'espace: les changelnents qu'il subit créent le temps. Le mo­Inent où la transfortnation s'effectue, c'est le pré­sent; mais dès qu'elle est accomplie, c'est le passé: , i elle est encore à venir, c'est le futur. Quand les. objets se transforment, le temps aussi se trans­forme avec eux en futur ou en passé. Par contre, les réalités ne subissent aucun changement, non plus que l'éterni.té dans laquelle elles plongent.

3. L,e temps peut changer et se perdre dans l'ou­bli ; mais rien de ce que nous avons fait dans le temps ne s'effacera jamais: tout cela passera dans rét~rnité. (~ r "e monde passe et sa convoitise, mais celui qui fait la vo]onté de Diell demeur à tou­jours. (J Jean 2 : 17)·

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TABLE DES MA TIERES

Pages

réface :J

Introduction 7 1. Le but de la création 13

II. L'incarnation 15 III. La prière 19 IV. La Inédi tation 27 V. La vie fu ture 33

VI. La nouvelle naissanc 35 VII. L'amour 37

VIII. Les sens et la pensée 41 lX. La philosophie et l'intuition 45 X. La perfection 49

Xl. Le progrès véritable et le succès 53 XII. La croix 55

XIII. La libre volonté de l'hon'lme 59' XIV. Les lois de la san té 63 XV. La conscience 65

XVI. L "adoration du vrai Dieu f17 XVII. La recherche des réalités il

XVIII. La repentance et le alut i7

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.06 -

XIX. Le péché originel XX. Les Védas et le panthéisme.

XXI. Christ notre refuge XXII. Les ennemis grands et petits

XXIII . Etrangers et pélerins sur la terre XXIV. La foi et la pureté

XXV. R évélations de Chris t XXV 1. L'humilité

XXVT 1. L e temps et J'l't e rnit '·

P

S( 83 85 87 9 1

95 Q7

1 r f 0 3

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Publications en vente au bureau de la Mission aux Indes

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Par Christ ~ t po·u,;, C}z.rist~ discours du Sâdhou Sundar Singh, avec un avant-propos. Fr. 3 50 Ces discours sont vendus séparément.

Un apôtn~ hindo'u: l~ Sddhotf.. Sundar Singh J par Mme Parker. traduit par ~1. Ch. Rochedieu .

Jo ux Pieds du AI aU·re. entretiens du Sâdhou Sun­dar Singh

Religion et réalité, par 1 Sâdhou Sundar Singh Renée d(~ Benoît : Souvenirs et lettres

» Notes Jnatinale~

T é-nèb'res et z",f,1J11è.'i es, années 1922 à 1926. l'exemplaire

La série de cinq années Nos m.issio·ullaires et le'u.r cha.mp d 'activité al­

bl1n~ contenan t les portraits de tous nos Inis­sionllaires ainsi que des vues des Indes

F'andita Ran,abai par M. Je pasteur Ruchenel . Le nf.onde pO'u.r Ch1'ist Pre'm,a, histoire d'une petite fille hindoue, illustré Le n7.aréc/wl F eng, un officier chinois chrétien . ThéoPhile S'lI.brah11t-anyan7.. histoire d'un jeune

brahmane, illustré Village des IndesJ à découper. avec texte explicatif Cartes postales d~~ La. ..I~I issioft et d'li SddhoH lVoël d'Choient. il1l1stré

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PUBLICATIONS EN ALLEMAND

Sôdho1t Sundar Singh~ par ~L le pasteur Schaerrer Renée de Be"oit, Briefe und Erinnerungen Trois séries de discours du Sâdhou en Suisse

alle1'nande, l'exemplaire Prema, histoire d'un petite fille hindoue, illustré Théophile Subrahmanyam.1 histoire d'un brahmane Albu·ttJ, de cartes postales pour enfants~ à peindre Eva Lombard: lettres d'une doctoresse mission-

naire Tokichi 1 shii : confessions d'un criminel . Les t·yois chameau,x .. histoire indienne, 30 gravures M on livre de prières pour la lvlission Ah Fuh .. un gamin chinois, 30 gravures Le mouvement n,ational aux fttdes, p. Dr J. Meyer Les /tors-castes sur le chemin de la liberté,

illustré. par le Dr J. Meyer

PUELJCATIONS EN ANGLAIS

A child of the 'mo,rning: lettres de Renée de Benoit At the M aste,-'s feet. Entretiens du Sâdhou Sun-

dar Singh Reality and Religion, méditations du Sâdhou.

Cartonné. Stlrch after ReaUt y , Rléditations du Sâdhou.

Cartonné.

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Fr. 4 50

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