Relations Parents Ecole

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L’ÉTAT DES RELATIONS ÉCOLE-PARENTS Une enquête quantitative auprès des directeurs d’école maternelle et élémentaire GEORGES FOTINOS

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  • LTAT DES RELATIONS COLE-PARENTS

    Une enqute quantitative auprs des directeurs dcole maternelle et lmentaire

    GEORGES FOTINOS

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  • LTAT DES RELATIONS COLE/PARENTS

    Entre mfiance, dfiance et bienveillance

    Une enqute quantitative auprs des directeurs dcole maternelle et lmentaire

    GEORGES FOTINOS

  • LAUTEUR

    Aprs avoir enseign lcole primaire, au collge et au lyce et exerc des fonctions dinspection comme Inspecteur principal de lenseignement tech-nique, Inspecteur dacadmie Inspecteur pdagogique rgional et dinspec-tion gnrale tablissement et Vie scolaire , il est actuellement Docteur en Gographie, chercheur, dont les travaux sont centrs sur ltude des rapports entre les acteurs du systme scolaire et ses partenaires ducatifs mais aussi sur la qualit de vie au travail des personnels dans les tablissements scolaires. ce titre, il a publi une dizaine douvrages et tudes relatifs au moral des person-nels de direction et la qualit de vie au travail des enseignants, aux rythmes scolaires, au climat scolaire, la violence lcole, ainsi quaux relations cole/Parents. Il est, en outre, lauteur de plusieurs rapports ministriels sur ces sujets. En tant que charg de mission interministriel sur le champ Famille/cole, il a conduit plusieurs exprimentations dans ce domaine.

    REMERCIEMENTS

    Cette tude a t ralise linitiative de la CASDEN Banque Populaire, banque cooprative de lducation, de la Recherche et de la Culture et de ses Dlgus Nationaux, Philippe Miclot et Patrick Uhmauer. Elle sinscrit dans son pro-gramme de participation la refondation de lcole et daide aux enseignants. Elle a t conue en coopration avec une quipe duniversitaires de Lyon 1 (ESPE site Loire et Laboratoire de recherche en ducation ACT EA 4281, Dominique Berger professeur des universits, Crane Rogers, ingnieur statisticien, Lucile Sautot, doctorante) qui en a aussi assur la logistique ainsi que le traitement sta-tistique. Elle a t soutenue par les principaux syndicats denseignants et dins-pection du 1er degr (SE/UNSA, SNUIPP/FSU, SGEN/CFDT, SIEN/UNSA) ainsi que par lANDEV, lOCCE, la FNAREN et plusieurs lus de collectivits locales et responsables dpartementaux de lducation nationale (IA-DASEN). Elle sest enrichie de deux percutantes et diachroniques Contributions au dbat , lune de Philippe Meirieu, professeur des universits (Lyon 2) lautre, de Denis Meuret, professeur mrite des universits (Dijon/Bourgogne). Ce travail a galement bnfici dune relecture vigilante et roborative dAnnie Josfiak (IEN hono-raire), Laurence Lvy-Delplat (conseiller acadmique recherche-dveloppe-ment, innovation et exprimentation), Martine Langevin (documentaliste ESPE).

    Que ces participants ainsi que les 3917 directeurs et enseignants qui ont bien voulu prendre de leur temps dj trop sollicit pour rpondre au question-naire soient ici trs vivement remercis.

  • 5Sommaire /

    INTRODUCTION 7Pourquoi cette tude et pourquoi maintenant ?

    1 / HISTORIQUE DES RELATIONS COLE/PARENTS (1882-2014) 11

    2 / LENQUTE 19Mthodologie et questionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

    3 / PRSENTATION GNRALE DES RSULTATS 253.1 Caractristiques des directeurs et des coles . . . . . . . . . . . . . . . . . 263.2 Organisation interne du partenariat cole/Parents . . . . . . . . . . . . 283.3 Diffrends et agressions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303.4 Opinions des directeurs sur le partenariat avec les parents . . . . . . . 333.5 Analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373.6 Comparaison 2005-2013 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

    4 / LES COMPOSANTS SIGNIFICATIFS DE LA RELATION COLE/PARENTS 454.1 Diffrends et agressions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 464.2 Politique de relation avec les parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 514.3 Perception des parents par les directeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 554.4 Climat de lcole et relations avec les parents . . . . . . . . . . . . . . . . . 604.5 Analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

    5 / PROPOSITIONS 675.1 Initiatives nationales : statuts et formations . . . . . . . . . . . . . . . . . . 685.2 Initiatives locales : cinq points dancrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

    CONCLUSION 75

    SOMMAIRE

  • 6 / Ltat des relations cole/Parents

    CONTRIBUTIONS AU DBAT 771. Pour un nouveau contrat entre lcole et les parents . . . . . . . . . . . 77

    Philippe Meirieu, professeur des sciences de lducation,

    Universit Lumire-Lyon 2

    2. Les parents et lcole au Qubec et en France . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Denis Meuret, professeur mrite des sciences de lducation,

    Universit de Bourgogne IREDU

    3. Chez Maryse Un passage pour conqurir lespace scolaire . . . . . . 90 Maryse Mtra, prsidente de lAssociation des Groupes de Soutien au Soutien

    ANNEXES 931. Frquence et nature des agressions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 932. Les composants significatifs de la relation cole/Parents . . . . . . . . . 953. Enqute nationale parents-enseignants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

    BIBLIOGRAPHIE 115

  • 7Introduction /

    INTRODUCTIONPourquoi cette tude

    et pourquoi maintenant ?

    Brutale dentre, cette simple question sur un champ qui concerne, ne loublions pas, prs de 9,2millions parents dlves de lcole pri-maire, 325000 enseignants : directeurs, instituteurs, professeurs des coles et 6,7millions lves nous parat bien poser lensemble de la problmatique des relations cole/Parents dont la base essentielle

    est dtre reconnue par la recherche tant en France qu ltranger comme un lment important dans la construction de la russite scolaire des enfants et des jeunes. Pour nous, la rnovation annonce de ce partenariat et sa mise en place se dclinent en amont sur trois ncessitsqui seront les fils rouges de cette tude.

    Connatre de faon plus prcise les constituants historiques des rapports de lcole avec les parents ainsi que leurs volutions travers la succession des textes offi-ciels pour aboutir une meilleure comprhension de la situation actuelle et per-mettre une analyse diachronique.

    Prendre en compte au niveau des coles et des tablissements scolaires une actua-lit politique et institutionnelle qui ractive et inscrit ce partenariat comme un des lments importants pour la refondation de lcole.

    Intgrer et dvelopper la dmarche de recherche portant sur la mesure de la nature et du volume de conflits cole/Parents ainsi que sur les violences commises par ces derniers lencontre des enseignants et des directeurs.

    Demble, il nous semble pertinent pour prsenter ce travail de signaler que sa singularit et son originalit reposent, dune part sur le questionnement natio-nal dun seul des deux acteurs concerns : les enseignants et directeurs dcole et dautre part, sur lobjectif des items centr sur les opinions et les pratiques. En effet, il existe en France et au niveau international, une importante littrature produite au cours de ces dernires dcennies sur la nature des interactions entre parents et enseignants mais elle se rvle presque exclusivement centre sur laxe Familles ou alors portant sur des catgories dlves particuliers (lves en difficults, familles en prcarit, lves handicaps).

  • 8 / Ltat des relations cole/Parents

    Ces nombreux travaux raliss dans leur quasi-totalit par des chercheurs en sciences sociales se dveloppent sur trois domaines dtude :

    les liens entre les caractristiques parentales (sociales, conomiques, culturelles, gographiques) et le systme ducatif (missions, organisation, fonctionnement) ;

    les stratgies familiales et institutionnelles de laccompagnement scolaire des enfants ;

    les dispositifs daide et de soutien la parentalit dans leur dimension ducative.

    Ce constat dorientation des recherches qui ne concerne quun des deux acteurs de ce partenariat nous semble particulirement rvlateur de plusieurs non-dits sous-jacents de la problmatique actuelle de la mise en uvre de la redy-namisation des relations cole/Parents . Ils nous questionnent notamment sur :

    Limportance relle donne par le pouvoir politique la ralisation dune vritable politique de coopration Enseignants-Parents. En effet, comment construire un projet commun sans connatre lopinion, le ressenti, les pratiques actuelles des enseignants et directeurs dcole ?

    La connaissance gnrale de ce sujet qui se trouve fortement influence si ce nest polarise par cette orientation Familles et qui conduit une perception assez souvent critique des personnels de lducation nationale.

    Une mconnaissance de lampleur et de la diversit des ralisations partenariales de terrain, de leur processus de construction et de leurs effets sur lorganisation de lcole et la russite des lves.

    Le poids important dans les orientations politiques de ce partenariat dautres dparte-ments ministriels (Ville, Familles, Affaires sociales) notamment en matire daccom-pagnement scolaire daide la russite scolaire, daide la parentalit ducative .

    In fine, l ensemble de ces non-dits qui, pourtant structurent la relation cole/Parents ne pourrait-il pas se rsumer la question historique et rcur-rente : qui est le principal ducateur des enfants et comment concilier et runir dans un projet commun les deux prtendants lgitimes cette responsabilit ?

    Lobjectif principal de ce travail tant, rptons-le, partir des rsultats de la recherche mais aussi du constat de bon nombre de praticiens qui mettent en vidence les liens de la russite scolaire avec la qualit de la coopration cole/Parents, dapprocher autant que faire se peut le vritable positionne-ment des enseignants sur les relations tenues, tenir, ou crer avec les parents, notre tude se dveloppe sur trois parties :

    La premire est une photographie de la situation existante construite par un questionnement portant tant sur lorganisation de lcole et son adaptation au partenariat que sur le vcu et le ressenti des directeurs face la mise en uvre (ou non) de cette coopration. titre indicatif mais sans vouloir dflorer les prin-cipaux rsultats de lenqute , il nous parat intressant dindiquer dores et dj que la tonalit gnrale des apprciations portes sur les parents soriente plus vers la mfiance si ce nest de la dfiance plutt que vers la confiance.

  • Introduction / 9

    La deuxime dordre plus analytique tente de dgager grce un travail sta-tistique important et particulirement pointu les lments les plus significatifs concernant deux domaines : le dynamisme du fonctionnement du partenariat cole/Parents et les diffrends avec les parents. Cest ainsi que lon remarque notamment pour le premieret parmi les variables significatives caractristiques personnelles , lge, le sexe, la charge de la fonction et pour le second, parmi les variables caractristiques de lcole , le type dcole, la situation gographique et sociale, les projets ducatifs.

    Mais, pour cet ensemble, ce sont surtout les variables concernant la perception et les opinions des directeurs sur les parents, que lon peut rassembler sous le vocable climat motionnel , qui semblent les plus discriminantes. Leur lien particulirement fort avec le climat scolaire en apporte une preuve.

    La troisime, la partie Propositions , repose sur lanalyse de lensemble des rsultats prsents. Elle prend la forme dun processus compos de deux types dactions troitement lies. Le premier, dordre rglementaire et lgislatif pose les bases dune redfinition des missions et de la formation des enseignants et de celles des directeurs et propose des modifications relatives la place et au rle des parents dlves dans lcole et sur la commune. Le second, sur le champ des actions ducatives concrtes construites en commun par les deux parte-naires (la seule vritable voie pour ancrer rellement dans lcole une volont rciproque de coopration) recommande notamment une gestion partenariale de la violence lcole, des projets damnagement du temps scolaire, des lieux de dialogues et dchanges. Elle se termine par une rflexion particulirement dcapante sur la comparaison du partenariat cole/Parents en France et au Qubec de Denis Meuret (Professeur des Universits), un des plus fins connais-seurs de ces deux systmes ducatifs.

    Enfin, pour clore ce texte de prsentation et donner ce travail un statut plus large, il est opportun de prciser ici que cette tude fait partie dun ensemble de trois ouvrages (sur le mme thme et construit sur le mme questionnaire) qui concernent chronologiquement les directeurs dcole puis les proviseurs de lyces et les principaux de collges et leurs adjoints, et pour terminer les parents dlves.

    Pour conclure, il nous semble ncessaire pour comprendre les vritables enjeux de ce partenariat qui jusqu maintenant a t souvent considr par certains comme loppor tu nit dun apport de suppltifs et par dautres comme un blanc-seing du droit dusager du service public de resituer cette problma-tique deux niveaux essentiels :

    Au niveau de la russite globale de notre cole. Inutile ici de rappeler les classements internationaux de lcole franaise et de son caractre minemment ingalitaire. En effet, au regard dautres pays comme le Canada o le partenariat cole/Parents est un des leviers importants de la russite des enfants et dune cole dmocratique mais aussi en relevant que la plupart des tudes sur ce sujet mettent en vidence les mmes bnfices, sans oublier pour certains un faible cot de gestion globale de ladministration de leur systme ducatif.

  • 10 / Ltat des relations cole/Parents

    Au niveau plus large du fonctionnement de la socit franaise. En effet, la relation cole-Famille est devenue de nos jours un fait de socit marquant son volution. Ce phnomne relativement rcent marque, dune part, le besoin accru de responsabilisation des parents dans lducation de leurs enfants (parfois pour se dculpabiliser) au regard du fonctionnement slectif de lcole et dautre part, la perte des valeurs sociales collectives qui conduisent des parents devenir des consomma-teurs dcole et des surveillants vtilleux denseignants.

    Toutefois, malgr cette situation qui volue ngativement et sous nos yeux (cette tude le dmontre) ne pas rpondre la demande de participation des parents ne peut quaccentuer et de faon irrversible, la concurrence entre les tablis-sements scolaires et dvelopper encore plus une marchandisation , dj bien avance en France, du domaine de lducation. Cest enfin fragiliser la cohrence du lien social et des valeurs collectives du vivre ensemble qui trouvent encore leurs sources (mais pour combien de temps encore ?) dans lcole publique, gra-tuite et laque et dans la mission citoyenne et sociale de ses enseignants.

  • 11Historique /

    1 / HISTORIQUEdes relations cole/Parents

    Loptique mme de cette tude centre sur le positionnement de lcole et des enseignants vis--vis des parents dlves et des familles nous a conduits une recherche approfondie et cible sur les documents pro-duits par linstitution et la profession. Afin de dlimiter ce champ, nous avons choisi pour ce travail diachronique les dates bornes de1882

    et de2013 qui permettent partir de ces repres marqus chacun par une loi importante portant sur la transformation du systme ducatif de suivre dans une continuit rpublicaine lvolution de la nature de ces liens et de leurs tra-ductions dans le fonctionnement gnral et ordinaire de notre systme ducatif.

    LA LOI DU 28MARS1882 Loi qui rend lenseignement primaire obligatoire et les familles (article16) 1

    La recherche des textes sur ce domaine dans les ouvrages de rfrence pr-sentant la lgislation et la jurisprudence de lenseignement primaire permet de constater 2 que durant plus dun demi-sicle la seule mesure marquant la pr-sence des parents dans le fonctionnement de lcole est lobligation scolaire .

    1. Article16. Les enfants qui reoivent l instruction dans la famille doivent chaque anne, partir de la fin de la deuxime anne dinstruction obligatoire, subir un examen qui portera sur les matires de lenseignement correspondant leur ge dans les coles publiques, dans des formes et suivant des programmes qui seront dtermins par arrts ministriels rendus en conseil suprieur. Le jury dexamen sera compos de : l inspecteur primaire ou son dlgu, prsident ; un dlgu canto-nal ; une personne munie dun diplme universitaire ou dun brevet de capacit ; les juges seront choi-sis par l inspecteur dacadmie. Pour lexamen des filles, la personne brevete devra tre une femme. Si lexamen de lenfant est jug insuffisant et quaucune excuse ne soit admise par le jury, les parents sont mis en demeure denvoyer leur enfant dans une cole publique ou prive dans la huitaine de la notification et de faire savoir au maire quelle cole ils ont choisie. En cas de non-dclaration, l inscription aura lieu doffice, comme il est dit larticle 8.

    2. Archives du ministre de lducation nationale : Nouveau Code de l instruction primaire, Louis Schwartz, Hachette (1889, 1898, 1930). Lgislation et jurisprudence de lenseignement public et priv, Louis Gobron, Librairie J.-B. Sirey, 1906. Bulletin administratif du ministre de lInstruction publique, dcembre1932, n2722. Lgislation de lenseignement secondaire, L. Dion (1928 1935). Manuel de lgislation lusage des tablissements du second degr, L. Cros et R. Deveze, 1945.

  • 12 / Ltat des relations cole/Parents

    Ce texte se rvle particulirement coercitif pour les parents puisquen cas de non-inscription de lenfant lcole quinze jours avant la rentre sans motif valable, le Maire fait une inscription doffice. Pour les enfants instruits dans la famille, le contrle est trs strict. En effet, la fin de la seconde anne de sco-larit obligatoire, les enfants subissent un examen portant sur les matires enseignes leur ge devant un jury compos par lInspecteur Primaire. Si les rsultats sont insuffisants et quaucune excuse nest admise par le jury, les parents sont mis en demeure denvoyer leur enfant lcole publique. En cas de refus, linscription est faite doffice.

    Nous retrouvons le mme assujettissement avec des consquences judiciaires en cas de non-signalement par les parents des absences scolaires. Une absence de 4 fois dans le mois sans justificatif entrane une comparution des parents devant la Commission scolaire et une non-comparution entrane ensuite une forme rpublicaine de clouage au pilori : linscription publique sur la porte de la Mairie des faits accompagns du nom, prnom et qualit du dlinquant suivie dune plainte au juge de paix, dune contravention pleine de police (11 15francs) et de 5 jours de prison !

    LA LOI DU 8JUILLET 2013 Loi dorientation et de programmation pour la refondation de lcole et les parents dlves

    Cette loi (et son rapport annex) reconnat et valorise fortement le partenariat avec les parents. Elle promeut le concept de coducation comme un des prin-cipaux leviers de la refondation de lcole . Et pour ne pas rester sur le registre des dclarations, elle prcise les points importants et structurants de la mise en uvre de cette coopration :

    Elle (la coopration) doit se concrtiser par une participation accrue des parents laction ducative dans lintrt de la russite de tous les enfants .

    Il convient de veiller associer tous les parents au projet ducatif de lcole et de ltablissement .

    Des actions seront construites au niveau de lcole et de ltablissement pour ren-forcer les parents et leurs associations .

    Les parents seront associs aux parcours individuels dinformation et de dcou-verte du monde conomique et professionnel .

    Il est dcid titre exprimental que la dcision dorientation en fin de troisime appartiendra aux parents .

    Il sagit daccorder une attention particulire aux parents les plus loigns de lins-titution scolaire par des dispositifs innovants et adapts

    Le directeur dcole ou le chef dtablissement associe les parents la mise en place de dispositifs daide et daccompagnement des lves .

    Il est prvu dans tous les tablissements scolaires un espace lusage des parents et de leurs dlgus .

    Lcole doit assurer conjointement avec les familles lenseignement moral et civique .

  • Historique / 13

    Entre ces deux dates nettement plus dun sicle sest coul. Nous sommes pas-ss de la notion de Famille celle de Parents dlves. Que sest-il pass pour aboutir ce changement profond de la politique de lducation nationale vis--vis des parents ? Quelles sont les dcisions qui ont conduit cette volution ? Les lments de rponse qui peuvent tre apports nous semblent non seulement pouvoir clairer le prsent mais aussi se rvler utiles pour lavenir.

    Abordons ici un point capital pierre de touche et centre de gravit de notre systme ducatif : lenseignement moral et civique . La IIIe Rpublique conqu-rante des annes1880 dcrte la ncessit dun enseignement conu comme une instruction publique . Les grands principes de la lacit, la morale de Kant et le positivisme dAuguste Comte en sont les bases idologiques majeures. Son unicit permet de soustraire les enfants linfluence de lglise, des parents et du milieu familial et local. Seul ltat a le droit denseigner selon Jules Ferry. Le philosophe Alain (mile Charrier) et professeur de Lyce dveloppe dune faon radicale les raisons qui, daprs lui, lgitiment ce droit :

    Lcole est faite pour librer les enfants de lamour de leurs parents .

    La famille instruit mal et duque mal .

    Tout comme leurs anctres de la rvolution franaise, les rformateurs de1881 considrent que les parents sont en majorit des ignorants acquis aux supersti-tions et aux prjugs obscurantistes .

    Le pre de la sociologie , mile Durkheim participe fortement au dveloppement de cette idologie en affirmant notamment que lcole est une chose srieuse confie aux instituteurs qui sont clairs par la raison tandis que les parents et plus particulirement les mres sont manipuls par les forces obscures de la religion .

    Linfluence de cette posture extrme bien que plus ou moins partage par les penseurs pdagogiques de lpoque la plupart philosophes ou psychologues va entre les deux guerres sattnuer sous leffet de deux facteurs majeurs : dune part, la cration du Code Soleil, Bible de linstituteur , vritable code moral et pratique de la profession et dautre part, la cration des premires associations de Parents dlves.

    En effet, le Code Soleil (du nom de Joseph Soleil, chef de bureau au ministre de lInstruction publique, charg des questions de lgislation scolaire qui en diri-gera ldition de 1923 1954) rdig par le Syndicat National des Instituteurs et publi par sa maison ddition Sudel va rserver dans toutes ses ditions et sans discontinuit de 1923 1979 dans sa partie morale professionnelle un chapitre entier centr sur les rapports de linstituteur avec les familles. remarquer que tout au long de cette priode son contenu sera quasiment inchang. 3

    3. Archives du Syndicat des enseignants de lUNSA : Code Soleil Le livre des instituteurs , ditions Sudel (1929, 1937, 1947, 1977). Lcole libratrice, n22 du 12fvrier 1960. Lcole libratrice, n33 bis du 13mai 1960.

  • 14 / Ltat des relations cole/Parents

    La mfiance, la dfiance, si ce nest le rejet des familles par linstitution prsents dans les textes cits prcdemment sont ici remplacs par une srie de conseils pratiques dont les principaux sont ainsi rdigs :

    Garder avec les familles un contact indispensable .

    Cest une vritable collaboration qui doit stablir entre le pre de famille et le matre pour lducation de lenfant. Le matre ne saurait donc considrer quil a achev sa tche quatre heures de laprs-midi .

    Un pre a le droit de savoir ce que son enfant fait lcole et un instituteur doit prouver le besoin dappuyer son autorit sur celle du chef de famille .

    Nulle meilleure faon de dissiper les prjugs qui rgnent parfois entre les matres et les familles que de faire natre entre eux des liens de confiance mutuelle et de sympathie destime .

    Le second facteur concerne lapparition dans le systme ducatif des associa-tions de Parents dlves. La premire association de ce type voit le jour au Lyce Carnot en 1905. Elle se transforme rapidement en Fdration des Parents dlves de lEnseignement Public PEEP reconnue officiellement en 1926. Suivront en 1930, les crations de la Fdration de lUnion Nationale des Associations de Parents de lEnseignement Libre UNAPEL et de la Fdration Nationale des Associations de Parents dlves FNAPE et en 1947, celle de la Fdration des Conseils de Parents dlves, la FCPE linitiative du Syndicat National des Instituteurs et de la Ligue de lenseignement. On constate que ce mouvement est cr lorigine par les classes sociales aises et ne concerne dune faon gnrale que les tablissements secondaires privs et publics.

    Toutefois, il faudra attendre la circulaire doctobre 1932 du ministre de ldu-cation nationale Anatole de Monzie aux Recteurs pour voir ladministration de lducation nationale promouvoir auprs des tablissements du secondaire la participation des parents qui snonce ainsi : la lumire de lacollaboration fructueuse des dlgus des parents dlves avec les chefs dtablissement lors des travaux des commissions dentre en 6e, il est estimable que les associations soient en mesure de grouper le plus grand nombre possible de parents dlves afin que leurs dlgus aient qualit pour porter au sein des commissions o ils pourront tre appels siger les vritables aspirations des usagers 3. remar-quer lemploi pour la premire fois de ce terme dsignant les parents dlves qui nous parat pourtant trs contemporain par ladministration de ldu-cation nationale. Il marque dj nettement la frontire du champ dintervention des parents. Nous sommes ici assez loin de ce que le Code Soleil prconisait la mme poque : une vritable collaboration pour lducation des enfants .

    En novembre de la mme anne, le ministre de lducation nationale invite les Inspecteurs dAcadmie et les chefs dtablissement signaler aux pres de famille lintrt de saffilier une association de parents dlves en vue dune collaboration qui sera de plus en plus ncessaire la vie et la gestion de nos tablissements scolaires .

  • Historique / 15

    En aot1942, on note un saut qualitatif important dans la participation des parents aux dcisions concernant lorganisation de ltablissement puisquun texte ministriel indique que les chefs dtablissement devront tenir compte dans toute la mesure du possible du dsir des parents dans la fixation des horaires de classe des Lyces et Collges ; ils devront les associer plus troitement aux runions et solennits organises par ltablissement lintrieur ou lext-rieur de celui-ci 4.

    travers ces textes, on peroit une nette volution de la conception des rapports de lcole avec les parents depuis les lois de Jules Ferry ; volution qui prend des formes diffrentes selon le niveau de scolarit concern. Dun ct pour les lyces et collges, une ouverture institutionnelle pour participer au fonctionnement et la vie de ltablissement qui est loin sur certains points dtre en trompe lil (voir notamment le dlicat problme de la fixation des horaires). De lautre, pour lcole primaire, un dtachement des textes fondateurs qui construisent lcole en arrachant lenfant ses parents et en excluant les familles du droit ddu-quer par la mise en uvre pratique dune morale professionnelle construite sur des valeurs sociales et ducatives codifies par le syndicat national des instituteurs.

    Toute la problmatique des liens cole/Parents (qui sera quasiment inchange jusqu la fin des annes1950) tient dans lvolution croise de ces deux concep-tions des rapports de lcole avec les parents. Evolution qui se dveloppe partir des annes1960 au profit de la participation institutionnelle sous leffet conju-gu de plusieurs facteurs :

    La massification de lenseignement et la dmocratisation des tudes par lexten-sion de la scolarit obligatoire jusqu16 ans penses par lcole en termes den-tre dans le systme scolaire et par les parents en termes daiguillage et de sortie et donc de choix entre des parcours possibles . 5

    Lvolution de la socit vers lenfant roi porteur des virtualits familiales qui conduit en cas de conflits avec lcole protger lenfant. Le front des adultes est rompu et la parole de lenfant lemporte sur celle du professeur .4

    Llvation importante du niveau dducation et culturel des parents.

    La perte du prestige et du magistre des enseignants dabord du premier puis du second degr.

    Cest ainsi que suivant cette volution gnrale de la socit franaise en 1969, les parents sont introduits dans les conseils dadministration et les conseils de classe des tablissements du second degr au grand dam des chefs dta-blissement et des enseignants qui y voient lune remise en cause de leur pou-voir. Dans les faits, ladministration nomme par le ministre conserve de

    4. Archives du Syndicat des enseignants de lUNSA : Code Soleil Le livre des instituteurs , ditions Sudel (1929, 1937, 1947, 1977). Lcole libratrice, n22 du 12fvrier 1960. Lcole libratrice, n33 bis du 13mai 1960.

    5. Rapport IGEN/IGAENR La place et le rle des parents dans lcole , ministre de lducation natio-nale, 2006.

  • 16 / Ltat des relations cole/Parents

    tels pouvoirs que lintervention des parents dans ces conseils semble de pure forme 6. En 1975-1976, cette intrusion stend lorganisation du fonction-nement des coles par la cration du conseil dcole, instance qui a pour objet dinstitutionnaliser et de rgler les relations entre matres et parents dlves appels collaborer dans lintrt de lenfant sans que soient amoindries lau-torit et la responsabilit pdagogique des enseignants . Malgr ces prcisions ministrielles, la cration de ces conseils est perue comme le dbut dune sur-veillance, un partage de pouvoir, une dpossession et les institutionnels nont pas tort dy voir la fin de leur autonomie 6.

    Au cours de cette priode, il est difficile de ne pas tenir compte dans cette volu-tion des changements politiques et de lmergence du systme denseignement priv contractuel institu par la loi du 31dcembre 1959. En effet, en instaurant le droit des familles choisir leur cole et le droit lidentit des tablissements travers le caractre propre , il apparat que la percolation de ces droits vers len-seignement public tait amorce et en voie de se cristalliser sur la carte scolaire, les projets dcole et dtablissement, les conseils dcole et dadministration des lyces et collges de lenseignement public. Il faut noter quune des autres cons-quences majeures de cette loi a t lmergence dune vritable union sacre scelle entre les instituteurs et les parents dlves de lenseignement public 7.

    En effet, le 13fvrier 1960, une ptition nationale contre cette loi tait lance par le Comit national dAction laque et conduite par le Prsident de la FCPE, Jean Cornec et le secrtaire gnral du SNI, Denis Forestier. Elle recueillera plus de 10millions de signatures. noter que cette alliance se manifestera de nouveau sous la forme de manifestations nationales, lune portant sur lappel pour une autre politique de lducation nationale avec plus de 100000 manifestants Paris en dcembre1972, lautre contre le projet Haby runissant galement, Paris, le mme nombre de participants.

    noter le soutien de ces deux organisations la 90e proposition du programme de Franois Mitterrand instituant le Service Public Unifi et Lac de Lducation nationale (SPULEN). Dans sa lettre de campagne du 1ermai 1981, le candidat pr-cisait que lessentiel de cette mesure est de donner au service public les moyens lui permettant dassurer sa mission et insistait notamment sur la participa-tion des familles aux tches ducatives et sur le dveloppement de lespace ducatif autour de lcole . 7

    Ds la fin des annes 1970, les bases structurelles des relations cole/Parents nous semblent poses. Elles seront largies et enrichies prs de quinze ans plus tard par la loi dorientation sur lducation de juillet1989 qui introduit sur ce champ deux volutions importantes.

    La premire concerne lintroduction du concept de communaut ducative qui

    6. Histoire gnrale de lenseignement et de lducation en France, tome4 lcole et la famille , Antoine Prost, diteur G.Labat, 1981.

    7. 1984 La guerre scolaire a bien eu lieu, J.Battu, C.Joint-Lambert, E.Vandermeersch, Descle de Browers, 1995.

  • Historique / 17

    rassemble les lves ainsi que tous ceux qui dans ltablissement ou en relation avec lui participent la formation des lves. Les parents officiellement membres de communaut sont assurs dans chaque cole et dans chaque tablissement de leur participation la vie scolaire et au dialogue avec les enseignants .

    La seconde qui reprend sous une autre forme certains articles du code Soleil en prcisantnotamment : parmi les partenaires dont les actions se conjuguent au sein dun projet ducatif global pour lutter contre lexclusion figurent dabord les parents quil faut parfois rconcilier avec lcole, accueillir et instruire sils en res-sentent le besoin pour mieux suivre leurs enfants . Les parents sont les parte-naires permanents de lcole ou de ltablissement. Leur droit linformation et lexpression doit tre absolument respect .

    En outre, cette loi prcise que les parents contribuent aux dcisions dorienta-tion de leurs enfants et que nul ne peut dcider la place de ces derniers . La mise en pratique de ce principe fondamental peut toutefois rencontrer deux limites : loffre de formation et le niveau de connaissances et daptitudes pour tirer profit de lenseignement ultrieur .

    noter que cest au cours de cette priode que les contradictions entre dune part, la volont affiche du lgislateur de promouvoir le rle des parents dlves au sein des tablissements scolaires et dautre part, les rsistances manifestes du systme ducatif ce changement mergent au grand jour sous la forme dune salve dtudes et douvrages. Les plus marquants ayant pour titre ou sous-titre : Les Consommateurs dcole (R. Ballion, 1982), Le Malentendu (F. Dubet, 1997), Lcole ou la guerre civile (P.Meirieu et M. Guiraud, 1997), La Grande explication (P. Meirieu, 2000), Lcole contre les parents (D. Gayet, 1999), Le dialogue impossible (P. Perrenoud, 2001).

    Depuis cette volution, la situation ne semble gure avoir progress vers une pratique de partenariat relle et intgre dans les tablissements et coles et ceci malgr de multiples incitations textuelles telles :

    La loi dorientation sur lcole de 2005 qui prne une vritable ducation concer-te avec les parents .

    La publication rgulire et annuelle de circulaires concernant le ncessaire dia-logue avec les parents dont notamment les oprations semaine des parents , mallette des parents , ouvrir lcole aux parents pour russir lintgration .

    Louverture institutionnelle despace de participation comme les contrats ducatifs locaux, les contrats de russite dans les ZEP et dans les REP, les comits dducation la sant et la citoyennet, la semaine des initiatives citoyennes

    Le dcret relatif aux parents dlves, aux associations de parents dlves et aux reprsentants des parents dlves et modifiant le code de lducation , juil-let2006. Dcret qui rpond une demande rcurrente et juge fondamentale par les Associations de Parents dlves.

    Au seuil de ce parcours historique et de cet clairage singulier de lvolution des rapports de lcole avec les parents dlves qui successivement mais aussi de

  • 18 / Ltat des relations cole/Parents

    faon cumulative sest construite sur les statuts de parents considrs comme assujettis , partenaires usagers , clients 8, il est lgitime et logiquede pen-ser que la prochaine tape se trouve dans la mise en uvre des changements relatifs ce domaine contenus dans la loi dorientation et de programmation sur la refondation de lcole de juillet2013. La circulaire dapplication interminis-trielle en date du 15octobre 2013 Renforcer la coopration entre les parents et lcole dans les territoires apparat dans sa partie ducation nationale aller fermement dans ce sens. Elle reconnat notamment :

    Que la participation des parents laction ducative est dterminante dans la rus-site des lves et le climat scolaire.

    Quil faut rendre effectifs les droits dinformation et dexpression des parents.

    Quil faut instaurer de nouvelles modalits de coopration avec les parents dans une perspective de coducation .

    Quil faut dvelopper des actions daccompagnement la parentalit partir dun diagnostic partag dans le cadre des projets dcole et dtablissement et des pro-jets ducatifs territoriaux.

    noter que la quatrime mesure du programme de simplification (administra-tive) pour lducation nationale (juillet2013) participe lapplication de ces direc-tives par la mise en place progressive dun ensemble de tl-services scolarit destination des parents dlves (relev de notes, absences, comptences) afin de leur permettre de suivre la scolarit de leurs enfants au quotidien, def-fectuer en ligne les dmarches administratives et de fluidifier la communication avec ladministration . En outre, la dmatrialisation de la saisie des demandes de vux dorientation/dialogue avec les familles aprs une exprimentation sera mise en uvre lhorizon 2014 et le tlpaiement par les familles est en cours dtude .

    Pour ce faire et cest une premire dans ladministration de lducation nationale le projet acadmique comportera un volet relatif aux relations cole/Parents coordonn par un rfrent parents dlves . Les directeurs acadmiques des services de lducation nationale seront chargs de dvelopper des dispositifs innovants et adapts en direction des parents les plus loigns de linstitution scolaire et dassocier les parents et leurs reprsentants aux diffrents proces-sus de diagnostic partag avec tous les acteurs du territoire.

    En cas de vritable appropriation par les acteurs de terrain de ces outils et loin de lendorisme rcurrent qui jalonne lhistoire des dcisions politiques sur les liens entre les parents et les enseignants, lcole franaise entrerait alors dans la nouvelle priode annonce celle de la coducation .

    8. Ville cole Intgration, n114 La coopration des parents et des matres , Franoise Lorcerie, CNDP, 1998.

  • 19Lenqute /

    2 / LENQUTE

    Lenqute portant sur lanne scolaire 2012-2013 a t ralise par la pas-sation en ligne dun questionnaire Formulaire dans Google Drive du 10juin au 19juillet. 3917 rponses ont t enregistres.

    Aprs les diffrentes tapes de contrle du jeu de donnes :

    nombre de rponses par questionnaire ;

    recodage et traitement particulier de certains items portant notamment sur les items ouverts et items logiquement lis ;

    recherche de la cohrence des rponses (valeurs incohrentes et valeurs suspectes) ;

    le constat dune participation trs ingale entre directeurs (90%) et ensei-gnants (10%) ;

    lobjectif de saisir lvolution du partenariat cole/Parents (comparaison avec des enqutes directeurs de2005 et2010).

    Seules les rponses des directeurs ont t retenues (3580) ce qui, aprs contrle, donne un rsultat final de 3320 rponses.

    Linformation a t communique aux intresss par les principaux syndicats des enseignants et des inspecteurs du 1er degr (SE-UNSA, SNUIPP/FSU, SGEN-CFDT, SIEN-UNSA), des associations compl-mentaires et de lcole (OCCE, Ligue de lenseignement, DDEN), des responsables territoriaux de lducation nationale (IA-DASEN) et de

    collectivits via lANDEV ainsi que par la CASDEN par son rseau de Dlgus Dpartementaux et son site national. Cette diversit des canaux dinformation de lenqute est lorigine du nombre significatif de rponses. Elle nous a per-mis de raliser ce travail avec une fiabilit plus grande, dune part, en limitant le risque de lun des dangers du questionnaire en ligne qui est de ninterroger quune fraction particulire de la population vise et de grer ainsi ce biais dchantillonnage et dautre part, en couvrant avec une bonne probabilit par une diffusion nationale le risque de rpartition gographique. Afin de pouvoir contrler la reprsentativit de lchantillon, nous avons inclus diverses ques-tions sur les caractristiques des rpondants et des coles qui seront compares aux donnes existantes de lducation nationale.

  • 20 / Ltat des relations cole/Parents

    Mthodologie et questionnaire

    Approches de lidentification des questions

    Le questionnaire a t conu dans lobjectif darriver faire passer un mme ensemble de questions aux diffrentes catgories de rpondants, partant de deux approches fondes sur des objectifs et des pratiques diffrentes. Il a t test par des acteurs de terrain (directeurs et enseignants) ainsi que par les membres de lquipe du laboratoire de recherche associe au projet.

    Questions (G. Fotinos) :

    Descriptif du rpondant (directeur dcole ou enseignant, personnel de direction).

    Descriptif de lcole (taille, contexte, climat).

    Questions typiques des suivis de pratiques utilises dans les enqutes internes de lducation nationale et des enqutes antrieures sur les coles conduites par lauteur :

    JJ nature et frquence des rencontres avec des parents ;JJ nature et frquence des incidents et diffrends avec des parents ;JJ implications des parents dlves dans la vie de lcole ;JJ qualit relationnelle avec les parents ;JJ volution sur les dernires annes du partenariat.

    Questions (quipe ACT EA 4281 laboratoire de Recherche en ducation D.Berger et al) :

    Ensemble de propositions formules selon la technique de Lickert (chelle mesurant le degr daccord ou de dsaccord avec une affirmation) ; format de questions efficace en termes dexpression dopinions et en temps de rponse.

    Le croisement de plusieurs axes ou niveaux de rflexion :

    opinions gnrales vs constats locaux ;

    rles respectifs des enseignants/de lcole dune part, et des parents dautre part ;

    pratiques des enseignants/coles ou constats de comportements ou dattitudes pour les parents et indications relatives aux freins ou solutions pour amliorer la relation aux parents.

    Opinions gnrales vs constats locaux : lessentiel des questions vise dcrire ce qui se fait concrtement ou les impressions sur comment cela se passe au niveau de lcole ou ltablissement. Les questions plus gnrales permettent de voir si les convictions personnelles du rpondant sont en accord avec la situa-tion locale indpendamment des contraintes de la situation relle.

    Rle et pratique de lcole/Rle et attitude des familles/tat des interactions : ten-tative de distinguer ce qui relve de laction ou rle de lcole ou des enseignants dune part, et de ce qui relve de lattitude ou rle des parents, dautre part.

  • Lenqute / 21

    Certaines questions ont pour objectif de dresser ltat des relations entre les deux acteurs sous diffrents angles (nature des problmes, freins et leviers).

    Pratiques individuelles de lenseignant/lcole et avis sur familles : questions visant au dpart vrifier diffrents aspects de la collaboration/changes/complmen-tarit entre parents et enseignants, notamment selon la typologie dEpstein.

    Questionnaire final

    Le questionnaire final est le rsultat dune ngociation entre ces deux approches et en considrant quil tait ncessaire de limiter la longueur du questionnaire afin quil puisse tre rempli en moins de 15 minutes.

    Ainsi une partie des questions Lickert a t carte, de sorte que le questionnaire ne recouvre pas toutes les diffrentes relations dEpstein prsentes ci-dessous.

    Typologie dEpstein

    Description Exemples dactivits

    1. Le soutien des parents dans leurs obligations de base : dveloppe-ment de l adolescent, habilets parentales, conditions dappren-tissage la maison et connais-sance de lcole sur ses lves et leurs familles.

    Ateliers, groupes dducation paren-tale, de soutien, cassettes vido, missions, articles dans des jour-naux locaux portant sur le rle paren-tal et le dveloppement de lenfant.

    2. Les obligations de base de lcole : collaboration de l cole avec la maison et de la maison avec lcole.

    Entretiens, portfolios, appels rgu-liers, communiqus positifs, avis informatifs (vnements, activits, programmes).

    3. Le soutien de parents lcole : bnvolat des parents et prsence lors dvnements spciaux.

    Sondage sur : centres dintrt, talents et disponibilit des bnvoles, locaux prvus.

    4. Lengagement des parents dans le travail scolaire la maison : devoirs, activits scolaires.

    Information sur : curriculum, habi-lets requises/matire, devoirs, etc.

    5. Lengagement des parents dans la prise de dcision : conseil dta-blissement, organisme de parti-cipation des parents.

    Comits dcisionnels, comits consultatifs, groupes daction en vue dune collaboration entre lcole, la famille et la communaut.

    6. La collaboration et les discus-sions avec la communaut : rela-tions avec les entreprises, les clubs sociaux et les organismes com-munautaires.

    Information sur les programmes et services de la communaut lis la sant, la culture, aux loisirs et au soutien social, sur les points de ser-vice destins aux familles, etc.

  • 22 / Ltat des relations cole/Parents

    Rpartition des questions Berger et al par axes

    tiquettes de lignes

    Avis sur parents/

    relation aux parents

    Pratique freins/leviers

    Regard gnral

    Total gnral

    Attitude des parents 4 1 5

    Climat/conflits 9 9

    Communication aux parents

    1 2 3

    Contact avec les parents 1 2 3

    Dlgus Parents dlves 3 3

    Difficult/obstacle 1 2 3

    Rle des parents 2 2 4 8

    Rle enseignants/cole 2 3 5

    Total gnral 21 10 8 39

    In fine le questionnaire dont nous prsenterons plus en dtail les sous-parties au fur et mesure de lavance de ce rapport comprend 73 questions fermes et ouvertes qui se rpartissent en quatre groupes :

    20 variables prsentent la signaltique des directeurs dcole et celle des coles.

    17 variables indpendantes habituelles : ge, genre, fonction, carrire, lieu dexer-cice, urbain, rural, effectifs PCS des parents, dispositifs dducation prioritaire, signalements, etc. et 3 variables concernant la qualit du climat scolaire, climat gnral, scurit des lves.

    16 questions portent sur les modalits dorganisation de la relation avec les parents internes lcole (conseil dcole, projet dcole, runions, projets ducatifs, infor-mation, rencontres, aides, formation, mdiation).

    11 questions sont relatives aux conflits, diffrends avec les parents et les agressions commises par ces derniers sur les directeurs : la nature des diffrends (orientation, affectation, punitions, sanctions, rsultats scolaires, surveillance), et la victima-tion (coups, harclement, menaces et insultes).

    26 questions concernent lopinion des directeurs sur le comportement partena-rial dune part des parents dlves et dautre part, des enseignants (qualit de la relation, confiance, intrt/dsintrt, respect des personnes et des valeurs, cri-tiques, niveau de participation et jugements, volution sur 10 ans etc.).

    ATTENTION : nous avons choisi, par souci de rdaction, dune part dutiliser seulement le masculin pour qualifier la fonction et le grade des personnels de lenqute et dautre part, dutiliser la seule dnomination de directeur bien que 90% des directeurs soit en charge denseignement.

  • Lenqute / 23

    noter toutefois et ds maintenant pour une interprtation plus large des rsultats par le lecteur : lexamen des 337 questionnaires de la catgorie ensei-gnants non directeurs montre que les rponses sont similaires celles des directeurs pour presque toutes les questions relatives aux opinions et pra-tiques des relations avec les parents mais quelles diffrent de 5% 8% (en dfa-veur des directeurs) sur le champ des agressions.

  • 25Prsentation gnrale des rsultats /

    3 / PRSENTATION GNRALE DES RSULTATS

    3580 directeurs dcole ont rpondu lenqute.

    Aprs examen et tri, lchantillon total est de 3320 directeurs dont 66,8% de femmes (moyenne nationale mn : 73,3%) et 33,2% dhommes (mn : 26,8%).

    Lge des rpondants se rpartit ainsi : infrieur ou gal 30 ans : 2,9% (mn : 5,3%) ; 31-40 ans : 24,1% (mn : 28,2%) ; 41-50 ans : 35% (mn : 30%) ; 51 ans et plus : 38% (mn : 36%). Cest une reprsentation proche des moyennes nationales et lgrement plus masculine et plus ge.

    Quant aux rpartitions par catgorie dcole et selon le caractre dducation prioritaire, elles correspondent prcisment aux rpartitions nationales :

    cole maternelle : 32,3% (mn : 33%) ;

    cole lmentaire : 67,7% (mn : 67%) ;

    ducation prioritaire clair et Rseau Russite Scolaire : 6% et 12,5% (mn : 6,3% et 11,4%).

    Pour les caractristiques qui suivent, il nexiste pas de statistiques nationales. Toutefois, 2 enqutes portant sur les directeurs dcole, lune en2004-2005, Le Climat des coles primaires (G. Fotinos), lautre en2011, Enqute sur le climat scolaire et la victimation des personnels de lcole primaire (E. Debarbieux et G. Fotinos) nous permettent une certaine approche comparative.

  • 26 / Ltat des relations cole/Parents

    3.1 Caractristiques des directeurs et des coles

    Anciennet ducation nationaleAnciennet annes denseignant Anciennet directeur dcole

    On remarque que prs de 40% des directeurs ont une anciennet denseignant suprieure 25 ans, quun directeur sur cinq exerce cette fonction depuis plus de 15 ans (22% en 2004) et 16% de 1 3 ans (26% en 2004).

    Dcharges de service du directeur

    Enqute 2013 Enqute 2004

    Sans dcharge 21,7% 24,6%

    dcharge 54,2% 47%

    dcharge 13,3% 14,1%

    Dcharge complte 10,3% 14,1%

    En2013 et selon notre enqute un directeur sur cinq est sans dcharge de service, un sur deux bnficie dun quart de dcharge et un sur 10 dune dcharge complte. Lamlioration constate depuis 2004 peut sexpliquer par labaissement du seuil du nombre de classe ncessaire pour bnficier dun quart de dcharge qui passe de 5 classes 4 classes en 2006. noter, un calcul ralis par la DGESCO en2012, Taille des coles et temps de dcharge corres-pondant qui indique que 37% des coles sont sans dcharge et 3% des coles bnficient dune dcharge complte ; la comparaison de ces rsultats bien que portant sur des bases diffrentes laisse toutefois entrapercevoir la ncessit pour mieux apprcier les ralits et les pratiques de terrain des acteurs concerns de tenir compte des seuils diffrents appliqus selon le dpartement, des coles situes en ducation prioritaire et de la politique de dcharge de service lie la spcificit locale.

    noter que prs de 90% des directeurs sont chargs de classeet exercent pour prs de 40% au cycle 3, 38% au cycle 1, 12% au cycle 2 et 10% dans plu-sieurs cycles.

    Plus de 25 ans

    16 25 ans

    10 15 ans

    5 9 ans

    < 5 ans

    2,6

    10,1

    20,5

    27,6

    39,3

    Plus de 15 ans

    7 15 ans

    3 6 ans

    1 3 ans16

    22,7

    41,5

    19,9

  • Prsentation gnrale des rsultats / 27

    Caractristiques gographiques de lcole

    Caractristiques sociales de lcole

    Dans la mesure o il nexiste pas de bases de donnes vraiment fiables sur la rpartition gographique des coles et celle de la composition sociale de la popu-lation des parents dlves, nous avons demand aux rpondants de situer leur cole partir de critres sociogographiques qui apparaissent notamment en bonne corrlation avec lducation prioritaire et le climat scolaire et comme des variables a priori pertinentes de la forme et des contenus du partenariat cole/Parents. On considrera ces catgorisations avec prudence et comme des indicateurs supplmentaires.

    Le climat des coles

    Qualit climat 2013 2004

    Excellent 13,8% 10%

    Bon 52,2% 40%

    Satisfaisant 23,1% 29%

    Moyen 9,2% 16%

    Mdiocre/excrable 1,7% 5%

    En2013, le constat est que 6 directeurs sur 10 dclarent que le climat de leur cole est bon ou excellent et 9 sur 10, satisfaisant ou plus. En neuf ans, on note une nette amlioration gnrale : plus de 13 points sur le registre excellent/bon , 10points sur celui de satisfaisant et plus et une baisse importante (10points) sur le registre moyen/mdiocre/excrable.

    Centre-ville

    Urbain priphrique et banlieues

    Pri-urbain

    Campagne ou petite ville isole

    34,2

    23,5

    20,4

    21,9

    Ouvriers et inactifs

    Employs, artisans, commerants

    Professions intermdiaires

    Cadres suprieurs et professions librales10,2

    19,1

    40,7

    30

  • 28 / Ltat des relations cole/Parents

    3.2 Organisation interne du partenariat cole/Parents

    16 items concernent ce champ centr sur lorganisation, les structures, les modes et les projets de lcole relatifs la relation cole/Parents.

    Parents lus/Conseil dcole(Nombre de dlgus/Nombre de classes)

    Runions cole/Parents(Nombre de runions par an)

    Ces pourcentages sont particulirement rvlateurs de la situation en2013. Il faut ici rappeler dune part que le nombre total de dlgus lus possible (titu-laires + remplaants) est gal au double du nombre de classe de lcole et dautre part que les remplaants ne sont retenus quaprs que tous les siges de titu-laires soient attribus.

    Du 1er graphique, il ressort que :

    dans 6 coles sur 10, lensemble des siges proposs nest pas occup plus d1cole sur 5 a moins de la moiti des dlgus possibles dans 1 cole sur 4, il ny a pas de remplaants ;

    dans 1 cole sur 30, le nombre de siges pourvus schelonne de 0 moins dun par classe.

    Du 2e graphique, il ressort que :

    prs d1 cole sur 10 ne fait aucune runion ;

    1 cole sur 3 fait une seule runion ;

    4 coles sur 10 font de 2 4 runions ;

    prs d1 cole sur 6 fait cinq runions et plus.

    noter, titre de comparaison, quen 2004, 38% des coles organisaient cinq runions et plus par an, nombre qui chute 17% en2013.

    2 et plus

    1,1 1,9

    0,8 1,0

    0 0,7

    3,7

    23,1

    32,1

    41,1

    5 et plus

    2 4

    1

    08

    32,9

    42

    17,1

  • Prsentation gnrale des rsultats / 29

    Projets ducatifs de lcole et partenariat avec les parents

    Afin de saisir plus finement cette collaboration, le degr dimplication des parents et la volont de coducation de lcole, le questionnement a port sur deux formes de ralisation de projets ducatifs et sur leur importance respective, lune portant sur la participation des parents des projets ducatifs organiss par lcole, lautre sur les projets ducatifs construits en partenariat avec les parents.

    86% des coles ont ralis dans lanne au moins 1 projet ducatif avec la parti-cipation des parents dont 43,5% plus de 3 projets.

    50,8% des coles ont ralis dans lan-ne au moins 1 projet ducatif construit avec les parents.

    On note ici que la co-construction de projet avec les parents est une dmarche deux fois moins frquente que celle de la participation de ces derniers des pro-jets organiss par lcole.

    Informations donnes aux parents

    4 questions concernent ce domaine et sont relatives aux contenus objectifs et modalits des informations donnes aux parents.

    InformationsPas daccord

    pas du tout et plutt pas

    Accord plutt

    et tout fait

    Informations rgulires sur progrs et difficults des lves

    2% 98%

    Informations sur programmes et objectifs pdagogiques

    2,9% 97,1%

    Informer/rencontrer/aider parents mission des enseignants

    11,5% 88,5%

    Rencontres informatives, positives, agrables et non seulement relatives des problmes

    6,2% 93,8%

    De ce tableau ressort en priorit limportance accorde linformation des parents sur des objectifs considrs comme essentiels pour le bon droulement de la

    6 et plus

    3 5

    1 ou 2

    014

    42,529,1

    14,4

    5 et plus

    2 4

    1

    0

    49,3

    28,1

    19,9

    2,8

  • 30 / Ltat des relations cole/Parents

    scolarit des lves : 98% sont informs sur les progrs et difficults des lves et 97% sur les programmes et objectifs pdagogiques. En second merge le fait que 11,5% des directeurs considrent que la mission des enseignants nest pas de rencontrer, informer aiderles parents et 6% ne sont pas daccord pour que lcole organise des runions avec les parents qui soient informatives, posi-tives et agrables et non des rencontres seulement relatives des problmes .

    Volont de lcole dimpliquer les parents

    88,3% des directeurs indiquent quil est important dencourager limplication des parents dans la vie de lcole et 11,7% considrent le contraire.

    82,6% des directeurs indiquent que pour faire russir les lves, lcole se doit de faire participer les parents et 17,4% considrent le contraire.

    99,6% des directeurs indiquent que dans lintrt de lenfant, les parents doivent comprendre quil leur faut soutenir le rle de lenseignant .

    La volont gnrale des directeurs est ici explicite et trs fortement indique. On remarque toutefois que prs de 2 directeurs sur 10 considrent que la rus-site des lves ne passe pas par la participation des parents la vie de lcole.

    Trois propositions damlioration du partenariat

    PropositionsPas daccord

    pas du tout et plutt pas

    Accord plutt

    et tout fait

    Mdiateur (personne ou structure) 75,9% 24,1%

    Formation de lquipe ducative la relation avec les parents

    41,4% 58,6%

    Axe prioritaire du projet dcole 59,8% 40,2%

    Sur ces 3 propositions une seule (la formation) recueille plus de la moiti d accords . 3 directeurs sur 4 sont opposs une mdiation externe et 6 sur 10 ne sont pas daccord pour faire de la relation cole/Parents, laxe prioritaire du projet dcole.

    3.3 Diffrends et agressions

    11 items concernent ces deux domaines. Le premier est relatif aux diffrends cole/Parents : personnels concerns, origines, champ (le terme diffrend est entendu ici comme contestation ayant donn lieu une dmarche de la part des parents ). Le second porte sur la nature et la frquence des agressions com-mises par les parents sur les directeurs dcole.

  • Prsentation gnrale des rsultats / 31

    Diffrends/anne Jamais Quelquefois 1 fois/mois 1 fois/semaine

    Directeur/parents 44,6% 46,8% 6,3% 2,3%

    Enseignants/parents

    32,7% 57,7% 7,2% 2,4%

    Autres*/parents 27% 35% 32,3% 5,7%

    * Autres : personnels de service, de surveillance, de restauration et ATSEM.

    Trois informations nouvelles ressortent de ce tableau :

    6 directeurs sur 10 dclarent avoir eu plusieurs diffrends dans lanne avec les parents et prs de 1 sur 10 au moins une fois par mois.

    7 enseignants sur 10 (daprs les directeurs) ont eu plusieurs diffrends avec les parents dans lanne et 1 sur 10 au moins une fois par mois.

    4 directeurs sur 10 indiquent que les diffrends avec les parents concernent les per-sonnels non enseignants de lcole.

    Domaines des diffrends

    DiffrendsPas daccord

    pas du tout et plutt pas

    Accord plutt

    et tout fait

    Droulement de la scolarit 75% 25%

    Punitions/sanctions 46,7% 53,3%

    Rsultats et difficults scolaires 66,9% 33,1%

    Surveillance et maltraitance entre lves 54,6% 45,4%

    Ce tableau permet de constater que plus d1 directeur sur 2 est daccord pour indiquer que les diffrends dans les coles sont lis aux punitions et sanctions et prs de 1 sur 2 la surveillance et la maltraitance entre lves contre 1 sur 3 pour le lien avec les rsultats scolaires et 1 sur 4 avec le droulement de la scolarit.

    Agressions des directeurs par les parents

    4 types dagressions ont t retenus (harclement, coups, menaces, insultes) sur la priode de lanne scolaire 2012/2013.

    Agressions Jamais 1 ou 2 fois 3 fois et +

    Harclement 61,4% 31,3% 7,3%

    Coups 99,3% 0,7% 0%

    Menaces 73,3% 24,1% 2,6%

    Insultes 76,9% 20,2% 2,9%

  • 32 / Ltat des relations cole/Parents

    Plusieurs enseignements se dgagent de ce tableau :

    4 directeurs sur 10 dclarent avoir t harcels par des parents au cours de lanne scolaire, dont 3 sur 10 dune deux fois, et moins de 1 sur 10 trois fois et plus.

    Les agressions physiques par des parents sont excessivement rares (0,7%).

    1 directeur sur 4 dclare avoir t menac par des parents au moins une fois dans lanne.

    1 directeur sur 4 dclare avoir t insult par des parents au moins une fois dans lanne.

    Cette information brute ncessite toutefois pour avoir une vision exacte de lam-pleur de ce phnomne de prendre en compte la victimation rpte qui est la situation o la personne se dclare victime de plusieurs types dagression.

    Victimation simple et rpte

    1 611

    713466

    131

    115 229

    124

    80

    384

    436

    389

    10 10

    1 611

    32

    0

    30

    0

    1

  • Prsentation gnrale des rsultats / 33

    Couronne intrieure Couronne extrieure

    Type(s) dagression

    Nombre Combinaisons des types dagressions Nombre

    0 1611 Aucune violence 1611

    1 713

    Harclement uniquement 466

    Menaces uniquement 131

    Insultes uniquement 115

    Coups uniquement 1

    2 436

    Menaces et harclement 229

    Insultes et harclement 124

    Insultes et menaces 80

    Coups et harclement 3

    Menaces et coups 0

    Insultes et coups 0

    3 389

    Insultes, menaces et harclement 384

    Menaces, coups et harclement 3

    Insultes, coups et harclement 2

    Insultes, menaces et coups 0

    4 10 Insultes, menaces, coups et harclement 10

    On note que prs d1 directeur sur 2 se dclare victime dau moins une agres-sion dans lanne, qu1 sur 4 de deux formes dagression et plus (dont 1 sur 10 de trois formes dagression).

    Pour resituer ces rponses dans le contexte socio-conomique de lcole, litem les familles avec lesquelles jai des relations conflictuelles sont issues des professions et catgories sociales les plus dfavorises , 73,2% des directeurs rpondent non et 26,7% oui.

    3.4 Opinions des directeurs sur le partenariat avec les parents

    La tonalit gnrale de ce champ particulirement mconnu sinscrit dans la rponse la question : Comment sont les relations entre les enseignants et les parents dlves dans votre cole ? .

  • 34 / Ltat des relations cole/Parents

    Qualit des relations entre enseignants et parents dlves

    Lenseignement majeur que nous donne ce tableau est que pour prs de 6 direc-teurs sur 10, ces relations sont excellentes ou bonnes et que pour plus d1 sur 10, elles sont au plus moyennes.

    Les dlgus des parents dlves

    Opinions sur dlgusPas daccord

    pas du tout et plutt pas

    Accord plutt

    et tout fait

    Reprsentent bien les parents de lcole 39,4% 60,6%

    Participent rgulirement la vie de lcole

    18,6% 81,4%

    Relations avec les dlgus agrables et efficaces

    9,3% 90,7%

    La perception par les directeurs de la participation de lactivit des dlgus au sein de lcole et de sa qualit est trs positive ; 9 directeurs sur 10 la considrent agrable et efficace, mais 4 sur 10 indiquent que ces dlgus ne reprsentent pas bien lensemble des parents de lcole en gnral.

    Confiance et respect des parents

    Confiance et respectPas daccord

    pas du tout et plutt pas

    Accord plutt

    et tout fait

    Jai le sentiment que les parents ont confiance en moi

    3,7% 96,3%

    Les parents respectent notre autorit sur leurs enfants

    23,9% 76,1%

    Les enseignantes sont moins respectes par les parents que les enseignants

    82,1% 17,9%

    Mdiocres

    Excrables

    Moyennes

    Satisfaisantes

    Bonnes

    Excellentes

    48,6

    30,7

    9,7

    0,90,2

    10

  • Prsentation gnrale des rsultats / 35

    On note que presque tous les directeurs pensent avoir la confiance des parents et qu1 sur 4 considre que ces derniers ne respectent pas leur autorit sur leurs enfants. Le respect des parents selon les genres est bien prsent : 1 directeur sur 4 le confirme.

    ducation familiale

    Les parents de mon cole inculquent leurs enfants

    le respect des valeurs de lcole rpublicaine

    Les parents savent ce quil faut faire

    pour aider leurs enfants la maison

    Les parents dont les enfants sont en difficult scolaire

    ne sont pas en mesure daider leurs enfants

    Les parents qui aident leurs enfants le plus

    ne sont pas ceux qui les aident le mieux

    La perception gnrale quont les directeurs sur laide que peuvent apporter les familles la maison est marque par le doute. 7 directeurs sur 10 pensent que lorsque les enfants sont en difficult les parents ne peuvent pas les aider et plus de 3 sur 10 que les parents qui aident le plus ne sont pas ceux qui aident le mieux.

    Quant aux valeurs de lcole rpublicaine, plus d1 directeur sur 2 considre quelles ne sont pas inculques par les parents.

    Tout fait daccord

    Plutt daccord

    Plutt pas daccord

    Pas daccord du tout8,6

    40,849,2

    1,5

    Tout fait daccord

    Plutt daccord

    Plutt pas daccord

    Pas daccord du tout

    6,2

    50,7

    41

    2,2

    Tout fait daccord

    Plutt daccord

    Plutt pas daccord

    Pas daccord du tout14,325,9

    57,4

    2,4

    Tout fait daccord

    Plutt daccord

    Plutt pas daccord

    Pas daccord du tout

    30,9

    9,5

    55,1

    4,6

  • 36 / Ltat des relations cole/Parents

    Comportements et attitudes des parents vis--vis de lcole

    Comportement/attitudes parents vis--vis de lcole

    Pas daccord pas du tout

    et plutt pas

    Accord plutt

    et tout fait

    Les parents ne lisent pas les mots que je transmets leur intention

    47,9% 52,1%

    Jai du mal rencontrer les parents des lves difficiles car ils nacceptent pas ou ne viennent pas au rendez-vous

    55,6% 44,4%

    Les parents qui aident le plus ne sont pas ceux qui aident le mieux

    64,6% 35,4%

    Les parents expriment rgulirement des critiques sur les contenus des enseignements

    73,5% 26,5%

    Les parents ne se sentent pas concerns par la vie de lcole

    46% 54%

    Si les relations parents/enseignants ne sont plus trs bonnes, cest la faute des parents

    51,4% 48,6%

    Sur les 6 registres prsents, on note 3 critiques importantes faites par 1 directeur sur 2 : la premire sur le fait que les parents ne lisent pas les mots leur inten-tion, la seconde quils considrent que dans le cas dune dgradation des rela-tions partenariales la faute en revient aux familles, la troisime que ces dernires ne se sentent pas concernes par la vie de lcole.

    volutions sur les dernires annes :

    la question Les parents sinvestissent de plus en plus dans la vie de lcole , 72,8% rpondent ngativement contre 31,6% positivement.

    la question sur lvolution de la qualit des relations parents/enseignants, 10,4% rpondent quelle sest amliore, 49,3% quelle na pas chang et 40,3%, quelle sest dgrade.

    la question sur lvolution de lorganisation de lcole au regard des attentes des parents, 51,7% des directeurs indiquent que rien na chang, 31,1% que cest moins bien quavant et 17,2% mieux quavant .

    Pour les directeurs, la tendance au dsinvestissement des parents dans la vie de lcole est nette. Globalement la qualit de la relation sest dgrade. Quant ladaptation de lcole aux attentes des parents, elle sest aussi dgrade.

  • Prsentation gnrale des rsultats / 37

    Comportement et attitudes des directeurs et enseignants

    Comportement/attitudes directeurs enseignants

    Pas daccord pas du tout

    et plutt pas

    Accord plutt

    et tout fait

    Je naime pas du tout les rendez-vous avec les parents

    89,4% 10,6%

    Les enseignants ne font pas leffort ncessaire pour avoir une relation positive avec les parents

    82,1% 18,9%

    Jai du mal rencontrer les parents qui sont demandeurs dentretiens faute de temps et de disponibilits communes

    On remarque que plus d1 directeur sur 10 affirme son dplaisir rencontrer les parents et que 3 sur 10 prouvent des difficults pour rpondre favorablement des demandes de rendez-vous de parents. Quant leur regard sur la pratique partenariale des enseignants, prs de 2 sur 5 signalent un manque deffort de la part de ces derniers pour tablir une bonne relation avec les parents.

    3.5 Analyse

    Cette partie de ltude reprendra successivement les diffrents rsultats prsen-ts et sefforcera partir des traits caractristiques des domaines des variables mis en vidence dapporter des lments explicatifs.

    Conseils dcole et projets ducatifs

    Limpression gnrale qui ressort du domaine concernant dune part le volon-tariat des parents pour devenir dlgu des parents et dautre part la dynamique collective de lcole pour dvelopper la participation des parents ce type dlec-tion napparat pas la hauteur des ambitions du lgislateur (246759 siges pourvoir en 2013). En effet, bien que le nombre total de siges de titulaires soit occup dans 4 coles sur 5, on note que dans 1 cole sur 4 il ny a aucun

    Tout fait daccord

    Plutt daccord

    Plutt pas daccord

    Pas daccord du tout

    2430,5

    38,9

    6,6

  • 38 / Ltat des relations cole/Parents

    remplaant . partir de ce constat dj subodor par plusieurs observateurs de terrain, ne serait-il pas lgitime de penser que ce manque de mobilisation des intresss conduise la cration de petites quipes de parents titulaires dont le mandat est renouvel chaque anneavec pour consquences possibles une certaine routine, une dynamique de propositions et dactions altres, une reprsentativit limite et une qualit des rapports avec les enseignants plus police que propice linnovation.

    Dans le droit fil de cette analyse et sur le champ de la coopration de ces deux acteurs, on note que les enseignants privilgient fortement la ralisation de pro-jets ducatifs avec les parents, la participation plutt que de les associer la construction de ces derniers (le rapport ici est de 1 2). Force ici est de consta-ter que pour les enseignants, le recours aux parents se situe plus sur le champ du service ponctuel que sur celui de la ralisation du projet dcole et de classe.

    Informations et positionnement des directeurs

    Au regard de nos interrogations sur les modes et la nature des relations des enseignants vers les parents, le domaine de linformation se rvle la forme la plus employe. Sur les 4 registres concernant ce sujet (progrs et difficults de lenfant, programmes et objectifs pdagogiques, aide des parents, rencontres), plus de 9coles sur 10 mnent ces actions. remarquer ici que 97% des coles informent les parents sur les programmes et les objectifs pdagogiques et que 88,5% des enseignants/directeurs considrent que le bloc renseigner/informer/aider les parents fait partie de la mission des enseignants. Lexplication de ces pourcentages particulirement levs semble trouver ses origines dans la conver-gence de plusieurs objectifs. Le premier dentre eux est le lien reconnu par une bonne partie des enseignants de linfluence de la relation avec les parents sur la russite scolaire des enfants, le second plus ou moins implicite est pour les enseignants de marquer leur territoire et leur professionnalit, le troisime duti-liser la lumire de lexprience, ces objectifs de communication comme un instrument de dialogues et dchanges pour dsamorcer des conflits potentiels.

    Cette dmarche favorisante se trouve confirme par la forte volont dclare de 9 directeurs sur 10 dimpliquer les parents dans la vie de lcole. On note toutefois dans le choix des deux raisons essentielles proposes, une nette prfrence pour le soutien de lenseignant dans lintrt de lenfant la russite des lves (12 points dcart). Plus clivant pour prs d1 enseignant sur 5, cette russite ne passe pas par la participation des parents la vie de lcole. Faut-il considrer cette information comme un signal bas bruit indicateur du sens de lvolu-tion de ce partenariat ? A priori et partir de tmoignages, on peut penser que oui mais seul un questionnement ultrieur pourrait le confirmer ou linfirmer.

    Enfin, lorsque lon aborde le champ des propositions damliorations possibles de ce partenariat mises par les directeurs et plus particulirement certaines qui toucheraient le fonctionnement de lcole, leur dsaccord est dominant. Prs de 75% sont opposs une mdiation par une personne extrieure lcole,

  • Prsentation gnrale des rsultats / 39

    60% ne veulent pas faire de ce partenariat laxe prioritaire du projet dcole, 42% considrent que leur quipe ducative ne gagnerait rien bnficier dune for-mation pour amliorer les relations avec les parents. cette lecture, il ressort limpression que, par certains cts, lcole se considre toujours comme son propre recours avec toutefois un besoin ressenti de formation la relation avec les parents important.

    Diffrends et agressions

    Diffrends

    Ces deux domaines nous semblent dterminants pour comprendre et analy-ser la vaste et complexe problmatique des relations cole/Parents. Trs rare-ment pris en compte, ils trouvent ici une approche globale qui permet dune part, de mieux saisir (ct directeurs) le vaste champ des origines des difficul-ts relationnelles avec les parents et dautre part, de cerner avec une prcision accrue (nature et frquence) les agressions (commises au cours de lanne par les parents) et dont ils se dclarent victimes. Dabord un constat sur les cinq champs de diffrends proposs Le pourcentage de rponses positives est important schelonnant de 25% 53% et concerne de faon ingale les diffrentes catgories de personnels de lcole : 56% de direc-teurs, 67% des enseignants, 73% des personnels de service, restauration et de surveillance ont eu plusieurs diffrends dans lanne . Le second point particulirement majeur dans la recherche des lments consti-tutifs de la relation cole/Parents est que la majorit des diffrends avec les parents a pour origine les sanctions et punitions loin devant la surveillance et la mal-traitance entre lves, les rsultats scolaires et lorientation.

    Ce classement nous parat rvlateur plus dun titre de ltat desprit actuel des deux partenaires. Dabord, il indique une sensibilit majeure des acteurs concer-ns aux mesures disciplinaires, comportement qui trouve souvent son origine dans la rcurrente et prgnante problmatique de la responsabilit de lduca-tion des enfants : les parents sestimant souvent les premiers responsables dans toutes les situations de vie de leurs enfants et les enseignants considrant dans leur grande majorit que la mission confie par ltat leur confre le droit pour le bien des enfants dimposer les valeurs morales et ducatives de lcole. Cette divergence nous semble fortement constitutive du sentiment de dfiance relev par certaines enqutes et qui peut se concrtiser par la remise en question dune part de lautorit des enseignants sur les enfants et dautre part conduire une certaine dlgitimation ducative des parents par les enseignants.

    noter que dans ce classement, limportance des diffrends concernant les rsultats scolaires et le droulement de la scolarit est loin derrire celle relative la discipline (20 30 points de diffrence). Ce qui peut laisser entendre que sur ces registres les parents se montrent plus confiants envers lenseignant et reconnaissent mieux sa professionnalit.

  • 40 / Ltat des relations cole/Parents

    Quant limportance de limplication des personnels non enseignants de lcole dans les diffrends avec les parents releve dans dautres enqutes mais un degr moindre, elle apparat trouver ses origines :

    dans le statut social et professionnel de ces personnels et dans la nature mme des tches qui leur sont confies en contact direct avec les enfants lors de moments ludiques, de dtente ou rcratifs pour lesquelles il semble que parfois leur forma-tion soit insuffisante ;

    dans labsence dune rflexion globale de lcole sur la ncessaire continuit des temps ducatifs de lenfant et dun projet dcole incluant ces personnels et crant une quipe ducative solidaire.

    Agressions

    Le premier constat nous indique que les directeurs se dclarent victimes des parents sur trois types dagression proposs (harclement, insultes, menaces) dans des proportions qui peuvent inquiter. Le harclement est lagression la plus frquemment dclare (4 directeurs sur 10) suivi des menaces et des insultes (1 directeur sur 10). Le second que met en vidence la victimation rpte est qu1 directeur sur 2 dclare avoir subi au moins une agression au cours de lan-ne (dont 1 sur 5 de deux natures diffrentes et d1 sur 10 de trois natures diff-rentes). Il faut toutefois relativiser limportance de ces chiffres en sachant dune part que la frquence annuelle de chacune de ces agressions est faible (une deux fois) et que laccumulation peut stre produite propos dun mme incident et dautre part que nous sommes dans le domaine du ressenti motionnel. Ceci pos, il nous semble quune tude spcifique sur les causes de cette rptition serait la bienvenue dans la comprhension de la problmatique cole/Parents.

    Nanmoins cette situation sur le plan gnral et quant ses origines nous semble pouvoir tre mise directement en lien dune part avec la nature et limportance des diffrends prcits et de faon plus large avec le dveloppement du com-portement de consommateur dcole de certains parents. Ces derniers se considrent en droit de solliciter rgulirement le service public de lcole afin dobtenir une satisfaction lgitime dusager et dagir pour aboutir ce rsultat.

    Opinions des directeurs sur les parents

    Cette partie danalyse du plus important domaine de lenqute (une premire dans les tudes sur la relation cole/Parents) devrait permettre dune part, de mieux comprendre ltat desprit actuel des responsables des coles face la redy-namisation des liens avec les parents voulue par les responsables du systme ducatif et dautre part, de faciliter lmergence de pistes daction qui tiennent compte de ce constat pour avancer dans le changement programm de lcole.

    Dlgus parents dlves

    Dabord et cela nous parat trs indicateur du paysage gnral : les directeurs considrent dune part et trs majoritairement (9 sur 10) quils travaillent dans

  • Prsentation gnrale des rsultats / 41

    un bon climat avec les dlgus parents dlves de leur cole et dautre part que ces dlgus participent avec assiduit la vie de lcole (8 directeurs sur 10). Cependant pour 4 directeurs sur 10, ces lus ne reprsentent pas bien les parents dlves de lcole en gnral.

    partir de ces rsultats, il est difficile de gnraliser partir de certains tmoi-gnages repris par la presse ou mis en scne qui prsentent des relations pour le moins tendues au sein des conseils dcole des situations trs minoritaires.

    Il nous faut toutefois nuancer ce paysage positif par la prise en compte de la reprsentativit des parents qui se rvle un des lments explicatifs de cette situation. En effet, toutes les enqutes sur ce sujet le dmontrent, les parents dlgus (la plupart renouvels dans leur mandat) possdent un langage et des codes communs avec les enseignants et prsentent des demandes et des reven-dications argumentes et audibles par leurs interlocuteurs, le tout baigne dans une culture sociale largement partage. Lensemble de ces lments participe la construction de ce climat favorable dcrit par les directeurs en occultant les besoins et les proccupations des catgories de parents non reprsentes et en instaurant une hirarchie implicite parmi les citoyens de lcole.

    Confiance et respect des parents

    Sur ces deux champs, nos rsultats sont clairs et massifs. Plus de 9 directeurs sur 10 pensent que les parents leur font confiance et prs de 8 sur 10 que ces der-niers respectent leur autorit sur leurs enfants. En revanche lorsque lon aborde ce sujet par la fminisation de la profession enseignant, ils sont 1 sur 4 rpondre que les enseignantes sont moins respectes que les enseignants par les parents.

    travers ces informations et en relevant tout de mme que prs d1 directeur sur 4 indique que les parents ne respectent pas leur autorit sur les enfants, ne serions-nous pas de nouveau face un de ces signaux de changement bas bruit qui poserait des questions essentielles pour le bon fonctionnement de notre cole : comment enseigner lorsque les parents ne reconnaissent pas votre autorit sur les enfantset comment lutter contre cette discrimination du respect selon le genre dans une profession fminise plus de 80% ?

    ducation familiale

    Sur ce champ peu explor, les rsultats, bien que subodors pour certains, sur-prennent cependant par limportance des apprciations ngatives. Prs de 6directeurs sur 10 pensent que les parents ne savent pas ce quil faut faire pour aider leurs enfants la maison et 1 sur 2 indique que ces mmes parents nincul-quent pas leurs enfants les valeurs rpublicaines de lcole. Ces rsultats sont inquitants car ils sont la marque dun doute sur la capacit daide des familles mais aussi dune dfiance construite ici sur le reproche de ne plus tre le relais de la transmission des valeurs du vivre ensemble de lcole libratrice et du sens de la lacit . Si cette volution se confirmait, elle serait en capacit de fragiliser fortement notre cole et dengendrer un dlitement des liens sociaux

  • 42 / Ltat des relations cole/Parents

    qui trouvent (encore) et en grande partie leurs sources et leur solidit dans notre systme ducatif.

    Critiques particulires sur le comportement des parents

    Sur les items portant sur ce domaine, les critiques les plus fortes portent sur trois sujets : la non-lecture des mots que ces derniers leur adressent (1 directeur sur 2), leur dsintrt sur la vie de lcole (1 directeur sur 2) et leur responsabi-lit majeure dans lvolution ngative des liens cole/Parents (1 directeur sur 2).

    Au travers de ces rponses se pose le problme rcurrent des modes de relation adapts aux familles, du contenu des messages, mais aussi de la disponibilit, du degr de rceptivit et de comprhension de ces dernires. Le dbut de rso-lution de cette vaste problmatique ne se trouverait-il pas tout banalement dans un travail de reprage et en amont par lcole et les parents de cet ensemble de difficults ventuelles ? Quant au rejet de la faute sur les familles, plusieurs sources dinformations conduisent penser que cette apprciation est le fruit de la combinatoire de deux phnomnes : dune part le comportement reven-dicateur des parents sur le champ de la frontire tnue sparant le pdagogique de lducatif qui se heurte souvent une conception normalise et statique du partenariat cole/Parents des enseignants et dautre part, la succession dsor-mais rgulire de micro-vnements vcus par les enseignants, notamment les diffrends et conflits quune bonne partie dentre eux considrent comme des remises en cause de leur lgitimit professionnelle.

    Positionnements des directeurs

    Aux deux questions particulirement discriminantes sur ce domaine : aimer ou ne pas aimer les rendez-vous avec les parents et juger que les enseignants font ou ne font pas le ncessaire pour avoir des relations positives avec les parents, les rponses sont trs majoritairement positives. Mais au regard du caractre tranchant de ces items, il nous semble important ici de ne pas sous-estimer limportance des rponses ngatives respectivement 10,6% et 18,9% et de leurs consquences possibles. Globalement travers ces chiffres, on peut penser que les directeurs prouvent une satisfaction personnelle dans la rencontre avec les parentset que leur image tant vis--vis deux-mmes, de leur quipe du-cative que des parents en est valorise. Ce sentiment semble confirm par le regret manifest par prs dun tiers des directeurs davoir du mal rencontrer les parents demandeurs faute de temps et de disponibilits communes . Face cette situation se pose le dlicat problme rcurrent de lorganisation du temps de service du directeur et de ses missions, le tout en regard de la taille de lcole mais aussi il ne faut pas loublier celui du temps de travail des parents.

  • Prsentation gnrale des rsultats / 43

    3.6 Comparaison 2005-2013

    Pour conclure cette analyse, il nous a sembl que saisir lvolution de ce parte-nariat depuis plusieurs annes partir dune part de la comparaison de trois mmes items significatifs portant sur la qualit, ladaptation, lorganisation des liens cole/Parents et dautre part dun item 2013 portant sur lvolution ces der-nires annes de limplication des parents dans la scolarit de leurs enfants pou-vait synthtiser lensemble des informations donnes et indiquer les tendances de la coopration actuelle et venir si des changements nintervenaient pas.

    2005 2013

    Amlio- ration

    Dgra- dation

    StableAmlio-

    rationDgra- dation

    Stable

    Qualit des relations avec les parents

    32% 30% 38% 10,4% 40,3% 49,3%

    Adaptation cole aux attentes des parents

    30% 15% 55% 17,3% 31,2% 51,7%

    Nombre de runions/parents par an

    Infrieur 5 : 62% Infrieur 5 : 82,9%

    Tout fait daccord

    Plutt daccord

    Plutt pas daccord

    Pas du tout daccord

    Dgradation de limplication des parents dans laccompagnement/scolarit enfants

    13,9% 48,5% 33,5% 4,1%

    Ces rsultats montrent quen 2013, les directeurs dclarent une dgradation importante des liens avec les parents. Apprciation statistiquement confirme par les rponses aux mmes questions en 2005. En effet, on remarque quen huit ans, prs de 3 fois moins de directeurs dclarent une amlioration de la qualit des relations avec les parents et 4 sur 10 (contre 3 sur 10 en 2005) indiquent une dgradation. Le fait que de nos jours, prs d1 directeur sur 2 rponde que ce domaine est sans changement depuis des annes ajoute une forte dimension atone la situation. Cette volution est confirme par lvolution de ladap-tation de lcole aux besoins des parents. Deux fois plus de directeurs en 2013 quen 2005 considrent que cette adaptation au cours de ces dernires annes sest dgrade. Sur cette priode, on note une nette diminution de la frquence des runions des rencontres annuelles de lcole avec les parents dlves.

    Cependant, il nous semble que linformation de la dgradation ces dernires annes de limplication des parents dans laccompagnement de la scolarit de

  • 44 / Ltat des relations cole/Parents

    leurs enfants signale par plus de 6 directeurs sur 10 pourrait tre considre comme un des lments les plus constitutifs de cette dgradation. Cette prcision nous parat pouvoir rejoindre les quelques rsultats dj voqus qui pourraient tre considrs comme des signaux bas bruit , marqueurs dune volution profonde du comportement de la socit franaise. Seule une tude ultrieure sur ce point serait susceptible de valider cette hypothse.

    Il est noter ici que cette apprciation gnrale de stagnation si ce nest de rgres-sion nest pas nouvelle. Trois rsultats denqutes concernant ce sujet vont dans le mme sens. La premire, ralise en 1998 par lAcadmie de Lille et lInspection Gnrale de lducation nationale (groupe tablissement et vie scolaire), indi-quait que plus de 60% des enseignants pensaient que la relation Enseignants-Parents tait en voie de rgression ou de stagnation. La deuxime et la troisime enqutes nationales issues de lAccord-cadre MEN/MGEN sur le Climat sco-laire dans les coles, collges et lyces en 2005 confirmaient cette tendance par 65% des directeurs dcole et 61% des chefs dtablissement. Enfin, pour appro-cher de faon plus partenariale les composants de cette situation, une enqute BVA/PEEP de 2007 sur ltat des relations des parents avec lcole nous apprenait qu la question Pensez-vous que le dcret sur la reconnaissance des parents dlves a eu des incidences sur vos relations avec lcole ? , 65% des parents avaient rpondu non et 25% nen avaient jamais entendu parler. Quen est-il de cette volution en 2013 ? Lun des objets de ce travail sera dapporter des l-ments de rponses et de poser quelques points de repre de cette longue histoire.

    Les causes de cette situation vues du ct directeur sont bien sr multifacto-rielles et pour une part dentre elles sont mises en vidence et analyses dans ce chapitr