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CF 3A - RELATIONS INTERNATIONALES 2004/2005 Sabine SAURUGGER INTRODUCTION 1èré séance : Comment penser les RI aujourd'hui? Toute analyse des RI est généralement trompeuse parce que l'on pense souvent savoir et on se fait très vite une opinion sur tel ou tel évènement. Les RI sont faites pour prédire l'avenir, faire des prédictions (dire qu'un évènement à un impact x ou y). De manière générale, on ignore le plus souvent la théorie au profit de l'actualité, mais parfois les choses ne se passe pas comme elles étaient prévues (la fin de la Guerre froide par exemple) et c'est pour cela que l'on a besoin de la théorie. Importance de la théorie A l'origine les RI sont traitées par l'Histoire ou la politique nationale mais une telle analyse est insuffisante, l'intérêt est porté sur les Etats et leur politique extérieure et n'englobe pas toutes la complexité des RI. Il est nécessaire de faire un lien entre l'ordre interne et l'ordre externe ie lien entre acteurs étatiques et acteurs non-étatiques. Définir les RI Les RI sont l'ensemble des relations se déroulant au-delà de l'espace contrôlé par l'Etat quels que soient les acteurs, étatiques ou non, concernés par ces relations et quelle que soit la nature, politique ou autre, de ces relations. Il y a quatre questions-clés à se poser: - le but d'une science des RI (ainsi les internationaliste libéraux pensent qu'elle contribue à changer la politique internationale existante alors que les réalistes pensent qu'elle ne sert qu'à expliquer les RI) - la méthode à utiliser -cette question était surtout omniprésente dans les années 50 et 60- (les traditionalistes se reposent sur l'histoire et la philosophie alors que les behavioralistes l'envisagent plutôt sous l'angle d'une science dure exacte, impliquant

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CF 3A - RELATIONS INTERNATIONALES 2004/2005Sabine SAURUGGER

INTRODUCTION

1èré séance : Comment penser les RI aujourd'hui?

Toute analyse des RI est généralement trompeuse parce que l'on pense souvent savoir et on se fait très vite une opinion sur tel ou tel évènement.Les RI sont faites pour prédire l'avenir, faire des prédictions (dire qu'un évènement à un impact x ou y).De manière générale, on ignore le plus souvent la théorie au profit de l'actualité, mais parfois les choses ne se passe pas comme elles étaient prévues (la fin de la Guerre froide par exemple) et c'est pour cela que l'on a besoin de la théorie.

Importance de la théorie A l'origine les RI sont traitées par l'Histoire ou la politique nationale mais une telle analyse est insuffisante, l'intérêt est porté sur les Etats et leur politique extérieure et n'englobe pas toutes la complexité des RI. Il est nécessaire de faire un lien entre l'ordre interne et l'ordre externe ie lien entre acteurs étatiques et acteurs non-étatiques.

Définir les RILes RI sont l'ensemble des relations se déroulant au-delà de l'espace contrôlé par l'Etat quels que soient les acteurs, étatiques ou non, concernés par ces relations et quelle que soit la nature, politique ou autre, de ces relations.Il y a quatre questions-clés à se poser:

- le but d'une science des RI (ainsi les internationaliste libéraux pensent qu'elle contribue à changer la politique internationale existante alors que les réalistes pensent qu'elle ne sert qu'à expliquer les RI)

- la méthode à utiliser -cette question était surtout omniprésente dans les années 50 et 60- (les traditionalistes se reposent sur l'histoire et la philosophie alors que les behavioralistes l'envisagent plutôt sous l'angle d'une science dure exacte, impliquant la même approche (hypothèses, vérification, affirmation ou rejet)

- l'objet des RI (pour les réalistes ce sont les relations entre les Etats alors que pour les traditionalistes, les marxistes et les globalistes il est important de prendre en compte les relations transnationales entre acteurs et classes sociales comme objets)

- la faisabilité d'une science des RI (les post-positivistes oui).

Pourquoi une théorie des RI ?C'est question c'est très particulièrement posée en France. Dans les autres pays, on n'a pas remis en cause la légitimité même de la discipline. Pour l'historien français Jean Baptiste DUROSELLE dans Politique Internationale en 1979, les "RI sont comme un rideau de fumée pour les naïfs et les gogos". La vie internationales pour lui ne se laisse pas réduire à un simple paradigme qui nie la complexité du réel. "La théorie est un raccourci qui n'explique rien mais qui est une arme des puissants véhiculant une représentation conservatrice du monde". Les RI sont pour lui une idéologie par le contenu et par les méthodes de recherche où l'observateur devient prisonnier de la théorie; alors que pour

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une bonne analyse il faut plusieurs cadres analytiques, pour regarder les différentes facettes de RI.

La théorie est l'ensemble des hypothèses permettant de comprendre à travers des facteurs, sélectionnés et considérés comme les plus importants (aussi appelés variables), des causalités d'actions ou d'évènements en RI.L'américain Hans MORGENTHAU est le premier mondialement connu à s'être exprimer en faveur de l'existence d'une théorie en RI. Il s'appuie sur les travaux de Karl POPPER (un positiviste) pour expliquer qu'une théorie doit être déductive (ie méthode scientifique déduction d'hypothèses pour trouver la solution la plus adaptée à un problème existant). Par exemple pour l'explication de la diplomatie préventive (selon l'approche réaliste, la diplomatie réaliste est le fait des Etats qui seuls peuvent intervenir. Or cette théorie passe à côté du processus politique à l'intérieur des Etats et ne peut analyser la plupart des conflits contemporains qui sont des conflits intérieurs aux Etats comme les guerres civiles ou autres).La démarche réaliste apparaît être la démarche de la littérature anglo-saxonne classique (dans toutes les revues sauf Foreign Affairs).

En France, on s'oppose au développement d'une théorie des RI où il est impossible de trouver des idéaux-types. Cette idée est principalement développée par Raymond ARON dans un article de la Revue de la fondation de science politique de 1969 où il cite six raisons contre une théorie en RI:

- la multiplicité des facteurs implique une difficile distinction entre les niveaux national et international

- l'Etat ne poursuit jamais un but unique en termes d'intérêts voire de sécurité- il est impossible de faire une véritable distinction entre variables dépendantes et

variables indépendantes, ce qui est absolument nécessaire pour établir une causalité d'évènements

- la seule science sociale qui permet la développement théorique à l'époque pour R. ARON est l'économie. En RI, il n'y a pas de facteurs permettant de développer des hypothèses ou de modéliser les comportements avec des chiffres.

- il n'existe pas de mécanismes automatiques de restauration de l'équilibre- il est impossible de faire des prédictions sur les actions.

R. ARON, chef de file de l'école française de la pensée en RI propose la sociologie pour appréhender les RI, les expliquer et "comprendre les constellations d'acteurs". Il y a différentes outils comme l'économie, la philosophie, la sociologie politique mais la sociologie est la principale et l'acteur principal est l'Etat. Cette idée sera aussi développé par F. MERLE, M. LAROCHE, B. BADIE.

Aux Etats-unis, l'approche des RI par la sociologie est très peu connue. On veut plutôt poursuivre les idées de H. MORGENTHAU. C'est principalement le travail de Kenneth WALTZ, le plus cité, qui a développé la théorie du néoréalisme. Ce dernier prend le contre-pied de R. ARON dans une publication Theory of International Politics en 1979. Pour K. WALTZ, les RI sont un domaine scientifique comme les autres. Il affirme que l'objectif d'une hypothèse dans la démarche théorique scientifique n'est pas d'être vraie mais d'être utile. Il reprend les arguments de R. ARON et surtout les trois premiers :

- il est tout à fait possible de définir les bornes de la discipline des RI, d'isoler les politiques internes et externes parce que l'international est un milieu anarchique où les acteurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes

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- l'idée de toute théorie est justement de réduire la complexité de la réalité, cette dernière étant toujours complexe (il explique par ailleurs parcimonieusement les facteurs dépendants et indépendants)

- il réfute l'impossibilité de la prédiction. Plus précisément, une théorie n'est pas faite pour prédire mais pour établir des lois suffisamment générales pour permettre la prédiction (c'est une idée très importante pour les positivistes).

De plus, il est important de noter que les théories en relations internationales sont écrits pour les décideurs, pour leur expliquer les enjeux et les RI.K. WALTZ considère qu'une théorie n'est envisageable que s'il est possible d'isoler un domaine autonome, un système autonome et indépendant dont il est possible d'isoler les principes de fonctionnement (par exemple: le positionnement des Etats dans le système de relations internationales est un facteur déterminant de leurs actions).

D'où viennent les idées en RI ?Le premier chercheur à proposer un explication pour ce développement des idées est Martin WIGHT, britannique. Il distingue d'abord trois traditions.

Traditions Penseurs Courant actuel ChercheursRéaliste Hobbes, Rousseau,

ThucydideRéaliste

Rationaliste Grotius, Locke Libérale M.Waltzer, K. Waltz, R.Keohane, O.Nye

Révolutionnaire Kant, marxistes Globaliste

La tradition réaliste:Elle est développée au début du XXème siècle en particulier après la Première Guerre Mondiale sur la côte Est des Etats-Unis. Cette approche s'inspire de la pensée de Machiavel, de Hobbes et s'appuie sur le paradigme de l'état de nature anarchique existant en RI. Si la société interne (à l'intérieur de l'état) peut échapper au désordre grâce à l'Etat (qui impose des règles et des normes), au niveau international il n'existe pas de telle autorité et la société internationale, exclusivement composée d'Etats, est toujours menacée par des guerres et le chaos. Il n'existe pas de contrat au niveau international. C'est-à-dire que la politique internationale est structurée par des conflits entre les Etats, et les résultats de la politique diplomatique et stratégique des Etats est fondés sur l'intérêt national défini en termes de puissances. Les périodes de paix ne sont considérer que comme des trêves par les réalistes.Aujourd'hui encore, les réalistes se concentrent sur les questions de la guerre et de la paix, des alliances, accords et des systèmes d'équilibre encore appelées HIGH POLITICS contrairement aux LOW POLITICS (économie, social, sociétale...). Cette concentration sur les Etats les amènent à négliger toute une partie des RI (là où les libéraux viennent combler le vide).

La tradition rationaliste ou libérale:Elle provient de Grotius, Droit de la guerre et droit de la paix, et de Locke, Traité de gouvernement civil. Les deux partent du postulat que les êtres humains vivent dans un état de nature mais celui-ci est différent de l'état de nature de Machiavel et de Hobbes. D'après Grotius, l'homme possède en lui un penchant dominant vers la vie sociale (un vie sociale paisible). Il voit bien que la guerre existe cependant mais il est influencé par la néo-scolastique espagnole selon laquelle les Etats sont comparables aux individus et bien qu'ils

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soient parfois en guerre, ils émettent des lois qui influencent les RI, ie comparaison des lois au niveau intérieur et au niveau extérieur.D'après Locke, l'état de nature existe mais le temps de la guerre est limité par des accords, des traités et des alliances. De fait, l'état de nature n'est pas un état de guerre mais plutôt une succession de période de guerre et de période de paix qui ne sont pas seulement des trêves.

De plus, si les guerres ont lieu, elles doivent être des guerres justes (des guerres défensives). On peut aussi ici mentionner M. WALTZ et la doctrine de la guerre juste à notre époque (justification de la doctrine américaine extérieure bien que l'auteur refuse une telle interprétation et un telle utilisation de sa thèse).Les règles internationales sont émises par les Etats dont le but et l'objectif est la protection de la société, des individus. L'Etat doit protéger les intérêts individuels à l'intérieur de l'Etat ie l'Etat est le mandataire des demandes sociétales, il doit être au service de ces citoyens ( les individus sont donc indirectement des acteurs internationaux).

Cette tradition redécouverte aux Etats-unis avec K. WALTZ, Robert KEOHANE et O. NYE, s'oppose au fait que les RI soient uniquement des relations entre les Etats, parce que ce sont les individus qui sont les acteurs. Ces auteurs portent donc plus particulièrement leurs intérêts sur les multinationales et les Organisations internationales qu'aux ONG et mouvements sociaux transnationaux). Les publications les plus importantes furent en 1972 Transnational Relations and Word Politics, et en 1979, Power and Interdependance. Les RI sont une multitude d'interactions provenant des Etats et des acteurs non-étatiques aussi.Ainsi, l'intérêt pour les questions de la guerre et de la paix diminue au profit des relations économiques, culturelles et sociétales entre les Etats. Cette approche est nouvelle dans les années 70 (en s'éloignant de l'explication des questions de la guerre et de la paix on peut mieux expliquer le phénomène de l'intégration régionale.

Cette approche rappelle aussi les travaux d'un historien française F. BRAUDEL dont la thèse de 1949, La Méditerranée et le monde méditerranéen sous Philippe II selon laquelle les relations entre les Etats à l'époque sont fondés sur l'économie notamment l'économie monde et donc qu'il existe une interdépendance des Etats très forte déjà au XVIème s. Ainsi, on remarque que les travaux de KEOANE et de NYE ne s'appuie pas forcément sur une réalité nouvelle.

Un sociologue américaine, Emmmanuel WALLERSTEIN, s'appuie aussi sur F. BRAUDEL dans Le système de monde du XVème siècle à nos jours, où il explique tout par l'économie (Etats et autres acteurs).Aujourd'hui les Etats ne sont pas les seuls à mener une politique étrangère mais les ONG, les OI, les entreprise... le font aussi et mènent une véritable diplomatie. Aujourd'hui, ce sont les réseaux qui sont beaucoup plus importants qu'exclusivement les Etats (notamment les réseaux sociaux entre les acteurs internationaux).

La tradition globaliste (remise en question des deux théories précédentes):Cette tradition reprend le caractère évolutif de l'anarchie de GROTIUS et de LOCKE mais les auteurs raisonnent un peu différemment, tels E. KANT et K.MARX. Ce courant est extrêmement disparate. Le plus petit dénominateur commun est l'affirmation de l'avènement d'une société mondiale ou communauté internationale. Cette communauté internationale prend diverses formes. Pour Marx par exemple, l'unité étatique est seulement une partie temporaire d'un tout qui va se construire au fur et à mesure; ce tout ou cette communauté internationale est le prolétariat. Pour lui, les relations enter les Etats sont un niveau superficiel

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de l'anarchie mondiale ainsi, ce sont les conflits qui sont le moteur de l'histoire, et non les guerres (comme chez les réalistes) (il parle de conflits entre les idéologies dans les Etats ou dans les sociétés). Yak FERGUSON (GB) ey Richard MANSBACH en sont des représentants également.Grahal ALLISON se pose la question de la politique étrangère aux Etats-unis et R. GERVIS s'intéresse à la pathologie de la décision. Tous discutent du paradigme stato-centré car ils mettent l'accent sur la relation entre la politique interne et la politique externe alors que les acteurs en relations internationales ne sont pas seulement les Etats mais c'est la société internationale.

La tradition globaliste: l'école anglaise:Selon cette école, l'existence d'une rivalité entre les puissances n'exclut pas l'existence d'Institutions internationales. En effet, l'anarchie se retrouve tempérée par des règles émises par les Institutions. Ainsi, cette anarchie peut mener à une société internationale. L'ordre internationale repose alors sur cinq facteurs:

- l'équilibre des puissances- le droit international- la diplomatie- la guerre et plus particulièrement dans la mesure où elle accepte les règles entre les

acteurs de la société internationale:jus in bello)- le club des grandes puissances

Les normes restent stato-centrés mais un autre internationaliste va plus loin: John BURTON qui propose l'idée d'un réseau qui se créé à ce niveau (toile d'araignée), une toile tissée par les flux commerciaux, les flux de population, les échanges culturelles et les relations entre les villes et les villages. Ces relations ne sont pas toujours très étroites, elles sont plus ou moins lâches selon les périodes. Mais, la superposition des toiles est un phénomène important, c'est même un élément-clé dans l'avènement de la société internationale.

L'ensemble de ces courants conçoivent le monde comme un ensemble de relations multi-centrées (ainsi le développement de ce paradigme globaliste englobe le paradigme structuraliste: Johan GALTUNG et R. COX). Dans les années 1950 et 1960, ils vont se spécialiser dans la problématique de la recherche de la paix et s'interroger sur les facteurs qui ont permis des périodes de paix, pourquoi dans un système anarchique y a-t-il des périodes de paix?) COX plus particulièrement se pose la question de la coopération entre les acteurs internationaux.Les deux supposent une certaine approche marxiste qui critique les grandes puissances et notamment les Etats-unis. Ils parlement des différences entre les Etats: ces dernières ne sont pas des différences de ressources ou de capacité mais plutôt reposent sur la structure même des échanges internationaux. La structure impérialiste est porteuse d'inégalités et de violence. Ils ne font cependant pas éclater les limites spatiales du système internationale, qui jusqu-à là est borné par des frontières inter-étatiques. Ils soulignent ainsi, les effets politiques et sociaux par le processus de production et la division internationale du travail, notamment avec le système capitaliste. La violence des échanges commerciaux particulièrement n'est pas une situation nouvelle mais c'est un effet du XVIème et XVIIème, où le système de Westphalie s'est construit.

A la fin des années 1990, James ROSENAW présente la politique internationale comme une politique turbulente et complexe. Il tente plus particulièrement d'expliquer à la fois l'ordre et le désordre (jusque là l'explication ne prenait en compte que l'une des deux options). Ainsi, il y a de grandes puissances qui sont facteurs d'ordre (structure stato-centré) mais aussi un

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système multi-centré autour des acteurs non-étatiques, acteurs secondaires, petits Etats, entreprises et organisations internationales (cette approche est peu connu aux Etats-unis).

Le véritable intérêt est l'utilisation de ces théories par les hommes politiques ainsi les interprétations sont très intéressantes, c'est là que l'on assiste à l'émergence de concepts et de doctrines. Les concepts comme le développement durable, la lutte contre la pauvreté, les biens publics mondiaux. Ce sont en fait un réseau d'idée au sein des organisations internationales, des think tanks américains, des organisations non-gouvernementales...Les doctrines sont des systèmes de pensée influençant la gestion de la politique étrangère, généralement baptisée du nom de leur inventeur (Kissinger, Monnet....) ou à partir de leur origine géographique (doctrine des Dominions ou la protection pendant la guerre froide de la propagation ou contagion communiste appliquée à l'Europe notamment. Aujourd'hui on parle de Dominion à l'envers ou le fait de démocratiser le monde) voire aussi P. HASSLER et WEISS ou Washingtion et le Monde.

L'école de pensée américaine:On retrouve ici une opposition entre les wilsoniens et les réalistes.

Graphique:

Sur l'axe de abscisses du multilatéralisme à l'unilatéralisme et sur l'axe des ordonnées de Wilson (croyance en la mission des Etats-Unis dans les relations internationales) à la Real Politik (ou la poursuite de l'intérêt national).

La nouvelles administration Bush prône que les Etats-unis doivent défendre l'intérêt démocratique de manière unilatérale. (Clinton quant à lui hésitait entre réalisme et l'institutionnalisme). Il est important de comprendre comment ce tableau s'appliquent aux différentes périodes de la politique américaine.

Les Etats-unis sont le seul pays où il existe une tension permanente entre les notions de puissance et de morale. La notion de morale fait référence au fait que dans aucun autre pays au monde elle n'apparaît pas (ainsi, il n'y a jamais de référence à la morale dans les discours de Micelle Alliot-Marie). Les références à la morale sont contenus dans les termes d'exceptionnalisme: ainsi les Etats-unis sont un exemple pour le monde ou pour sauver le monde en apportant la démocratie, soit même les deux à la fois.Il est possible de voir des combinaisons très différentes.

De la Seconde Guerre Mondial jusqu'à aujourd'hui, il faut distinguer plusieurs périodes: Après le Seconde Guerre mondiale, le danger sociétal comporte deux facettes: c'est à la fois une grande puissance rivale mai aussi un régime totalitaire (les deux pays possèdent l'arme nucléaire). Au fur et à mesure du temps, on assiste à une disparition progressive du messianisme des Etats-unis, alors qu'au début ils avaient l'ambition de sauver l'Europe de la destruction. Dans cette phase, le réalisme et la morale se fondent l'un dans l'autre. Leur politique n'est ni pacifiste, ni isolationniste, ni belliqueuse mais c'est celle de l'endiguement et de la dissuasion (disparition de la morale). Nixon et la guerre du Vietnam ont changé la

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donne. La guerre a beaucoup été dénoncé par les élites et le jeunesse, comme guerre criminelle ce qui a conduit au retour de la morale en politique.Jimmy Carter a remis sur le devant de la scène les vertus de la morale traditionnelle. Pour lui, la politique américaine "doit devenir aussi bonne que le peuple américaine". Sous Kennedy, la politique étrangère a été très européenne avec peu de ou pas de place accordée aux questions de la morale et de la puissance. On retrouve quelques hésitations plus tard et notamment on remarque remarquera que c'est Reagan qui a trouvé la solution à la Crise des Otages à Téhéran. Ronald Reagan veut redonné à l'Amérique confiance en elle-même. Il tient de nombreux discours moraux, parlant de religion (du christianisme américain), marqué dans le courant néoconservateur. L'Amérique représente le Bien face à des adversaires qui sont le Mal. Ainsi, l'URSS représente l'Empire du Mal bien que les Etats Unis aient signé l'accord de Rejkyavik avec lui (affaire des contras au Nicaragua, au Panama, à Grenade). Le Discours morale cache les jeux réalistes d'une grande puissance. George Bush SeniorSa politique est plus traditionnelle sans grands principes. Aura lieu la Guerre du Golfe, la réunification de l'Allemagne, la politique continue sur une brèche, certes concrète de Reagan mais est beaucoup moins passionnée. Sous Bill Clinton, c'est le règne du politiquement correct qui implique notamment l'institutionnalisme libérale, le multilatéralisme et le messianisme mais en ce qui concerne la politique économique, l'approche est beaucoup plus réaliste (intérêt national mais multilatéralisme aussi). Les attentats du 11 Septembre 2001, ont donné à Georges Washington Bush une fenêtre d'opportunités inouïes, il avait carte blanche, il a la population en soutien. Il propose alors une nouvelle forme de politique à la Reagan, 'la guerre contre le terrorisme et le radicalisme islamiste' est comparé à la croisade contre le nazisme. Cette politique a fait émerger un tas de débats dans le communauté internationale, c'est le concept de guerre juste en Afghanistan (M. Waltzer), la lutte contre le terrorisme et les moyens à dispositions, le traitement des prisonniers (en dehors du jus in bello). Condolleeza Rice explique que les Etats Unis mènent une 'diplomatie offensive' c'est-à-dire qu'il défende la démocratie dans le monde et veulent réorganiser le système internationale sous la surveillance des Etats Unis (sans mulitilatéralisme et sans realpolitik) (Lire Fukoyama, State Building and Democracy,ou Comment faire pour créer la démocratie dans tous les Etats?). Mme Rice ne parle pas de l'Empire du Mal, ni de l'axe du mal mais elle parle de postes d'avant-garde de la démocratie dans le monde (Birmanie, Biélorussie, Zimbabwe, Cuba, Corée du Nord, Iran). Elle propose en fait une diplomatie transformationnelle. Elle est contre l'intervention des OI's car les Etats Unies ne veulent que travailler avec des démocraties or l'ONU n'est par exemple un organisation démocratique au sens des Etats Unies à cause dans Commission Ad-Hoc, le Conseil de Sécurité ne peut fonctionner. Ainsi, il semblent que les Etats Unies veulent apporter la démocratie au monde sans tenir compte des OI's.

I. PENSER L'INTERNATIONAL : DE L'ANARCHIE A L'INTERDEPENDANCE.

Les RI's sont véritablement apparus au XXème siècle comme discipline autonome et universitaire. Notamment, la Première Guerre mondiale avec ses 13 millions de morts a ébranlé le mythe de la civilisation européenne. S'en suivirent des réflexions sur les causes de la guerre et les conditions d'un peu durable. De plus, les transformations d'un système interétatique ont rendus nécessaires la réflexion sur les causes systémiques de la guerre. Le

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refus des Etats Unis de tenir le rôle de police mondiale au début de l'entre-deux guerre. Ce refus a aussi promu la réflexion générale sur le notion de puissance et sur les finalités de l'action diplomatique.La première chair de relations internationales a été créée au Pays de Galle, et elle s'est aussi constitué comme discipline autonome aux Etats Unis. Alors, on a assisté à une dichotomie claire entre la politique intérieure et la politique extérieur des Etats. On oppose dès le début, l'ordre interne et le chaos internationale. Les relations internationales se sont concentrées sur le comportement et l'intérêt à agir des Etats et plus encore sur le guerre comme moyen spécifique d'action. Cette approche réaliste a été conçue par opposition à l'idéalisme de la SDN. Pendant très longtemps, ce réalisme a été très approprié. Ainsi, toutes les autres théories ce sont créées en réaction et opposition au réalisme.

2ème séance: L'anarchie mondiale

En 1919 , aux Pays de Galles est créée la première chaire de relations internationales puis celaa été copié par les universités américaines, puis grand développement surtout après la Seconde Guerre Mondiale.Deux raisons sont avancées pour expliquer le développement des relations internationales:

- La Première Guerre mondiale et ses 13 millions de morts ont ébranlé le mythe de la civilisation de l'Occident: développement de la réflexion sut les conditions d'une paix durable.

- La transformation des relations interétatiques où les réflexions historiques ont été opposées par des approches systémiques.

- Le refus des Etats-unis de tenir le rôle de police mondiale au début des deux guerres mondiales.

La réflexion se porte alors largement sur le finalité de la diplomatie et sur l'intérêt et les causes de la puissance.

On remarque aussi la différenciation qui se créée entre la politique interne (ordre) et la politique externe (désordre).Ces relations internationales se sont concentrées sur les comportements des Etats, leurs intérêts à agir et la guerre comme moyen spécifique d'action. La théorie réaliste s'est constituée contre l'idéalisme des concepteurs de la SDN. Depuis son émergence au début du XXème siècle et après la Seconde Guerre Mondiale, la théorie réaliste est passée par une multitude de stade. C'est la base de toutes les autres théories qui se sont constituées en opposition au réalisme.

2.1 Les Prémisses des relations internationales: le stato-centrisme.

KUHN pose le réalisme comme paradigme, Idée ancrée dans le monde académique et politque (activisme) et utilisé par beaucoup d'Etats pour légitimer leur politique étrangère (les plus puissants) et légitimer le statu quo des relations internationales.

2.1.1 Le réalisme classique: Carr et Morgenthau

L'idéalisme est inspiré par le désir d'éviter les conditions politiques menant à la guerre . Les réalistes ont été motivés par le même intérêt, mais eux avouent qu'il existe des situations où la guerre est inévitable. Ainsi, pour Clausewitz, la paix est la poursuite de la guerre par d'autres moyens, donc la paix n'est par un état en temps que tel mais c'est un état

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d'absence de guerre. La guerre est donc considérée comme une nécessité logique pour toute société, c'est un fait humain.

La critique de l'idéalisme par E. Carr:Il explique que l'harmonie d'intérêt entre les Etats n'existe pas et donc que la SDN ne peut à long terme fonctionner.Pour lui, la théorie doit expliquer ce qui est et non ce qui devrait être. Il ne prend pas en compte la possibilité de changements dans les intérêts des acteurs mais les considèrent comme constants. L'idée que les intérêts puissent être harmonisés viennent d'une mauvaise prémisses à savoir que tous les individus qui agissent le font dans l'intérêt de la communauté (en d'autres termes que l'intérêt personnel est le même que l'intérêt de la communauté internationale), donc pour E. Carr, les valeurs dérivent du pouvoir et l'éthique dérive du politique. Etant donné que l'éthique dérive du politique l'harmonie des intérêts n'est qu'une configuration spécifique de pouvoir. ( Par exemple, le cosmopolitisme de Wilson suit la poursuite des intérêts américaines même si en apparence sa doctrine est pacifiste). La limite du réalisme de E. Carr est qu'il manque de perspective, il réduit la politique à une nécessité des relations internationales. De plus, il ne propose pas de cadre conceptuel, il ne fait que critiqué la politique wilsonienne.

H. MORGENTHAU lance la théorie réaliste véritablement et influence la politique des Etats Unis.Il s'intéresse à expliquer la causalité en relations internationales. Il critique l'idéalisme mais pose lui aussi le concept clé des relations internationales réside l'idée de la puissance et du pouvoir. Comme E. Carr, il refuse l'analogie entre politique nationale et politique internationale. La pouvoir (la notion centrale dans la politique étrangère) rend la politique étrangère rationnelle. Au centre de la politique internationale se trouve la lutte pour le pouvoir. Pour lui, il existe trois niveaux:

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Individu Etat International

dominer ....................vivrereproduire

pouvoir (économique, militiaire et politique) dont les facteurs sont:

géographie ressources naturelles capacités industrielles armée population caractère national morale nationale qualité de la

diplomatie

Conflits de pouvoir menant à l'anarchie.

Le droit internationam régule cette anarchie (jus ad bellum et jus in bello)

Le pouvoir a un fondement anthropologique, l'individu a trois désirs. Celui de dominer, se traduit au niveau de l'Etat par le pouvoir.Pour avoir le pouvoir il faut des capacités ,des facteurs (les trois derniers sont typiquement américains). Au niveau de l'Etat, ce sont les élections qui gèrent le désir de dominer, ce qui pose un gros problème au niveau international et génèrent les conflits de pouvoirs.Morgenthau affirme qu'il existe un encadrement de cette anarchie internationale, à savoir le droit international. Mais le problème du DI est qu'il est faible. Néanmoins selon lui, on peut arriver à une forme d'équilibre de pouvoir ssi on s'appuie sur le DI mais malheureusement la plupart du temps, le DI échoue et on retombe dans l'anarchie.

Les cinq principes de Morgenthau: La politique est gouvernée par des lois objectives donc ayant pour origine la

nature humaine. l'intérêt est le principal référant de l'action internationale Toute théorie des relations internationales doit éviter de prendre en

considération les émotions des acteurs et les motivations idéologiques, ces dernières sont trop instables.

La politique étrangère est considérée comme bonne ssi elle minimise les risques et maximise les profits.

La tension entre l'exigence de succès de l'action politique (le désir de pouvoir) et les lois morales qui gouverne le monde est inévitable. Il y a toujours une exigence de succès supérieur à l'exigence de morale.

On retrouve deux paradigmes centraux dans la pensée des réalistes: Celui de l'état de nature (ils se placent dans le lignée de Hobbes chez qui l'état de nature caractérise la situation avant le contrat mais il est impossible de conclure des actes dans l'anarchie internationale, en effet, l'Etat est crée pour défendre l'intérêt du citoyen à l'extérieur de l'Etat (c'est la fonction régalienne de défense) ce qui peut aussi être rapporté à la réflexion de Hobbes. Et celui de l'intérêt (national), comme chez Machiavel, il n'existe pas de valeurs supérieur à l'intérêt de l'Etat, qui est l'unique justification de son action internationale. On reconnaît ainsi la centralité de l'Etat.

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Raymond ARON développe le concept d'intérêt dans son ouvrage Guerre et Paix entre les Nations. Pour lui, la notion de pouvoir est trop large pour se retrouver au centre d'un théorie des relations internationales parce qu'elle recouvre à a fois les ressources et les forces (les deux n'existe pas toujours). De plus, les intérêts peuvent revêtir deux formes: une forme abstraite et une forme concrète.Les intérêts concrets sont les richesses, le territoire alors que les intérêts abstraits sont les valeurs, les idées, la gloire. Si on suit son raisonnement, on ne peut affirmer que la paix peut être faite par ajustement des intérêts parce que ces derniers ne peuvent pad faire l'objet d'un estimation comptable. Contrairement à Morgenthau, il affirme qu'il ne peut exister de diplomatie raisonnable.Seul la rique de guerre permet aux Etats de définir leur comportement, les uns par rapport aux autres, et tous les Etats se reconnaissent le mutuel recours à la violence comme un droit : ainsi, le système international est un système hétérogène et une guerre peut toujours éclatée.ARON développe son idée dans les années 1960's, et constate qu'il existe la construction d'un système homogène (une sorte de club d'Etat de même type politique, ayant la même conception de la politique) comme les Communautés Européennes par exemple. La question du régime de l'Etat devient importante, ce n'est pas une boîte noire, mais dans cette perspective, la politique interne influence la politique externe.

2.1.2 L'évolution des concepts centraux du réalisme

On recense trois principales évolutions:- le débat sur la base scientifique d'une approche en science politique- le dilemme de la sécurité - les notions de polarité et de stabilité

Dans les années 1950 et 1960, le débat tournait autour du fait que les relations internationales n'était pas très scientifiques, on ne pouvait prouver de causalité. Karl POPER affirme que pour parler d'un théorie il est nécessaire d'être en présence d'une démarche scientifique il fait alors le parallèle avec les sciences économiques. Le dilemme de la sécurité et les notions de polarité et de stabilité sont des raisons bien plus empiriques. La situation à l'époque présente le dilemme de sécurité à cause de l'anarchie dans laquelle tout Etat se trouve. Ainsi, pour plus de sécurité chaque Etat va augmenter ses capacités militaires, mais ce faisant il va de fait faire croître l'insécurité dans le système international : c'est un problème structurel.En ce qui concerne la polarité et la stabilité: le débat se focalise entre deux approches. Soit le monde est plus sûr parce que bipolaire grâce à l'action du contrôle réciproque. Soit, il est plus sûr parce que multipolaire est qu'il existe une concurrence entre les acteurs qui rend les relations entre eux plus équilibrées. De manière empirique, la politique de l'endiguement engobe les deux situations. En effet, elle se fait dans un monde bipolaire (immobile), mais comme on le remarque avec la Crise Cubaine, que l'on est proche d'une guerre nucléaire au moindre faux-pas. Ceci amène les réalistes à réfléchir sur leur rôle, comment résoudre le dilemme de sécurité, quel est le meilleur système et comment créer un théorie?

2.1.3 Une crise du réalisme?

Les constats de la diminution de la supériorité des Etats-unis ainsi que le réarmement de l'URSS (sous Khrouchtchev) sont importants. Le devenir du système internationale est passé sous silence chez les réalistes.

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Selon Kissinger et sa théorie des relations internationales, le réalisme ne se comprend que par l'Histoire, il doit prendre en considération les facteurs économiques. C'est ainsi que Kissinger explique l'existence de plusieurs équilibres (USA_Chine_URSS / USA_URSS / USA_Europe_Japon). Il souligne également l'interdépendance de la politique entre les Etats. C'est un argument pour expliquer la dépendance croissante des Etats-unis par rapport aux autres Etats. Le problème qui se pose ici , c'est qu'il ne fournit que des éléments d'explication mais il n'énonce aucune théorie. Néanmoins, il est écouté mais il ne s'impose pas comme théoricien, ce qui va permettre le sauvetage du réalisme.

2.2 Le renouveau réaliste

L'approche devient de plus en plus théorique, on parle de néoréalisme ou de réalisme structurel, en intégrant les soutiens de l'économie politique internationale (attention celle-ci n'est pas unifiée).

2.2.1 Kenneth WALTZ et le néoréalisme structurel

En 1979 paraît la parcimonieuse et élégante Theory of International Politics. K. WALTZ vise l'unité et privilégie le rôle des structures du système international. Il ne parle pas des Etats, ni des capacités des Etats, ni des régimes politiques, ni de pouvoir. Il part plutôt du système international pour expliquer le système des Etats. En d'autres termes, selon lui le système international est un contrainte et il influence le jeu des Etats. Il s'appuie sur la sociologie des organisations (cf. cours de politiques publiques) qui pose la question de savoir si ce sont les organisations qui influencent le comportement des acteurs ou si c'est le contraire (travaux de CROZIER et FRITZBERG).Son hypothèse est que c'est le système international qui influence le comportement de ses acteurs. (il refuse tous les autres acteurs parce qu'il n'entend pas faire une sociologie). Ainsi, les Etats sont des unités dont les interactions forment la structure du système international. Les Etats principaux sont les acteurs majeurs (il ne s'intéresse presque pas au Etats secondaires, ou aux petits Etats). Pourquoi l'Etat reste-t-il central? Selon K. WALTZ, c'est seulement si l'on montre que quelque chose peut agir contre l'Etat sans que celui-ci puisse s'opposer à cette action, que l'on peut reconnaître d'autres acteurs. Ainsi, les OI's n'agissent que parce que les Etats le leur permettent. L'Etat fixe les règles du jeu par interaction avec les autres Etats. La taille de l'Etat ou la capacité de l'Etat n'affecte pas son jeu dans le système international, la seule chose qui est déterminante c'est sa position dans le système international. Pour Waltz, les petits Etats expliquent la bipolarité de la guerre froide (en effet si le système est bipolaire, les activités des Etats ne dépendent pas de leurs capacités, ni de leurs ressources, ni de leur régime ou de leur pouvoir mais ils agissent par rapport à leur place dans cette bipolarité).

Comprendre le système international revient à comprendre les comportements des Etats. L'anarchie est donc régulée et organisée. Ainsi, si une guerre éclate, on peut prédire le comportement des Etats par rapport à leur position dans l'ordre international.

Le problème se pose avec la situation après le Guerre Froide et lors des évènements de la fin de la Guerre Froide: K. Waltz à travers son concept ultra-stato-centré, n'a pa pu prévoir la désintégration de l'URSS, ni le monde unipolaire, il n'arrive par à l'expliquer ni d'ailleurs les problème de sécurité intérieure de l'URSS.

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Le néolibéralisme structurel arrive à cette époque pour tenter de dynamiser le concept de K. Waltz. Il s'inscrit dans son prolongement, notamment avec les travaux de BUSAN, de C. JONES et B. LITTLE, The Logic of Anarchy. Ils acceptent la prééminence de la sphère politique mais pour eux il faut faire le lien avec les domaines sociaux, économiques et idéologiques (contrairement à Waltz). L'Etat reste l'acteur central mais dans certains cas il faut aussi prendre en compte l'activité d'autres acteurs pour comprendre une situation dans le système international. La structure reste l'unité contraignante. L'anarchie peut prendre des formes multiples, elle n'est pas statique. Cependant, ils ne prennent toujours pas en compte la politique interne pour expliquer le système international.

2.2.2 L'Economie politique internationale comme tentative de moderniser le réalisme ? (R. GILPIN)

R. GILPIN écrit dans World Politics, 'War and Change' en 1981. Il se définit lui-même comme néoréaliste mais il est beaucoup plus sensibles au marxistes qui repochent aux réalistes de négliger l'économie dans leur approche. De ce fait, il intègre dans sa théorie, la dimension économique. Selon lui, "l'économie est à la base des changements dans le distribution des capacités des Etats" (toujours pas le régime). Il propose un concept dynamique du réalisme.Il nie toute pacification dans les relations entre les Etats, néanmoins des changements sont possibles mais ils sont relatifs à la transformation de la nature économique des acteurs qui constituent ce système international. (Il est sous-entendu que les changements économiques impliquent aussi des changements technologiques). Contrairement à Morgenthau et à Aron qui parle de multipolarité et contrairement à Waltz qui parle d'équilibre bipolaire, R. Gilpin voit un équilibre dans l'existence d'un système unipolaire. Pour lui, un système ne peut être stable que s'il existe une puissance hégémonique : son hégémonie résultant de facteurs économiques et technologiques (conditions pour devenir une puissance dans le système international).Pourquoi parle-t-il d'un système dynamique? Le maintien de la position hégémonique en effet implique des dépenses très élevées (notamment en matière de défense) ce qui se fait au détriment du développement économique (le reste de l'économie ne suit pas); par conséquent, il y a un déclin à un moment donné et ainsi soit c'est une puissance opposée qui prend le pouvoir ou alors une puissance secondaire de soutien. Par exemple: USA/GB, pendant longtemps, le système international a été dominé par l'empire britannique, puis ce sont les Etats Unies qui ont pris le relais. Certes, historiquement c'est un peu faible mais ça se tient théoriquement. A quand le déclin des Etats Unis?La plupart des autres économistes sont en désaccord avec R. GILPIN.L'ambition de R. Gilpin est d'analyser l'influence du pouvoir politique et des mécanismes économiques sur la stabilité de l'ordre international. Il explique dans l'Economie politique internationale que c'est le marché (pris comme mode d'organisation sociale) qui devient de plus en plus important et complémentaire dans le rôle d'Etat de redistribution des richesses. Il n'en reste pas moins que l'Etat contrôle toujours en partie le marché. L'Etat le plus puissant (comme les Etats-unis et le GATT) l'utilise à son intérêt (Attention! L'OMC échappe un peu au contrôle des Etats Unis notamment lors des difficultés entre l'Europe et les Etats unis).R. Gilpin inclut les OI's, des normes, les facteurs économiques tout en restant proche du réalisme, c'est toujours le système politique international qui détermine la position des Etats dans le système international.

2.2.3 L'Economie politique à l'encontre du néoréalisme

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Le déclin de l'Etat est très clairement amorcé parce que sa situation est très inconfortable par rapport au capitalisme mondiale. Toujours dans la lutte pour la sécurité, les Etats doivent faire un compromis. De plus, le confrontation avec l'économie internationale qui tente de les empêcher d'avoir une autonomie monétaire, financière et fiscale, les pose en victimes, qui eux l'utilisent aussi pour le pouvoir. On parle de plus en plus des Etats commerciaux. Ken OMAE (un internationaliste japonais publie dans les 1980's (traduction en 1985) La triade: émergence d'une stratégie mondiale de l'entreprise. C'est lui qui est le premier à utiliser la notion de mondialisation (la mondialisation est économique alors que la globalisation englobe une entité beaucoup plus grande). Il décrit la stratégie des entreprises contraintes par l'évolution technique, l'instabilité des goûts des consommateurs. pour contrer une telle situation, les entreprises créent des concentrations multinationales pour entrer sur de nouveau marché et créer une nouvelle économie de réseau. R. RICHE dans L'Economie mondialisée analyse la mondialisation comme la passage d'une industrie de production de masse à une industrie de production personnalisée (les entreprises parcourent le monde à la recherche de nouveaux consommateurs): on parle de diversification. Selon RICHE, les entreprises sont organisées comme des bureaucraties 'militaire', elles dépassent même les états, elles augmentent le chiffre d'affaire et influencent beaucoup la politique des Etats.

Les relations internationales sont transformées à cause de l'activité de ces entreprises d'une part à cause du mode production: on assiste à un multiplication des centres de productions. De plus le passage d'une production de masse à une production personnalisée implique aussi une grande diversification des produits mais aussi l'adaptation aux goûts locaux. D'autre part, la structure de l'entreprise se transforme aussi, la gestion pyramidale est abandonnée au profit d'un système de structuration en réseaux (c'est pour cela qu'il parle de bureaucratie).les réseaux se développent très fortement dans les relations internationales.

Suzanne STRANGE s'inscrit dans cette approche stratégique de relations internationales cependant elle ne développe pas de théories mais elle observe et remarque ces changements.Elle posent des questions assez proches de celles des néo-réalistes mais elle n'y produit pas les mêmes réponses (où se trouve le pouvoir?, quels sont les processus économique et politique?, grâce à quelles structures économiques et politiques peut-on expliquer les résultats politiques? qui bénéficie? qui paye? qui porte les risques?, qui obtient de nouvelles opportunités?)

Elle développe le mythe de la destruction progressive de l'hégémonie américaine, les entreprises prennent le pouvoir et les Etats le perdent, notamment les Etats Unis. Pour elle, il est essentiel de comprendre les structures économiques qui ont changé la situation en relations internationales. Elle écrit dans Capitalisme de casino que malgré la mondialisation des capacités de production, ce sont toujours les hommes qui, à l'intérieur, des entreprises prennent des décisions stratégiques. Elle explique la puissance structurelle par quatre facteurs:

- les capacités d'offrir, de refuser, de menacer la sécurité (puissance de sécurité issue de la coopération entre les Etats et les entreprises)

- les capacités d'offrir, de refuser, de demander des crédits (capacité financière)- la structure de production: ie la capacité de déterminer la localisation, le mode et le

contenu de la production (les Etats coopèrent avec les entreprises)- la structure du savoir : ie la capacité d'influencer les idées et les croyances et de

permettre l'accès à des idées et des savoirs (cf. la sociologie du langage, elle est aujourd'hui mise en avant par l'UE pour contrer la capacité économique européenne: véritable restructuration du pouvoir

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Le facteur le plus important est la structure du pouvoir où le développement technologique est primordial pour comprendre l'évolution actuelle. Suzanne STRANGE dit que les Etats Unis sont loin d'avoir perdu leur puissance, puisqu'ils partagent toujours une puissance militaire et une puissance structurelle, fondée sur la technologie et le développement économique. Elle parle du déclin de l'Etat jusque dans les années 1990, c'est à ce moment qu'il perd son rôle central de décision (in The Retreat of the State). Elle en déduit qu'il est nécessaire de réduire la taille de l'administration (des dépenses) ie la qualité autant que la quantité souffrent à cause de la mondialisation et de plus parce que à la fin des années 1990, l'Etat perd son rôle central de décision du fait de la nécessité pour l'Etat de réduire la quantité et la qualité de ses interventions du fait du coût financier.L'Etat manque d'autorité pour répondre aux attentes sociales et il est de plus en plus affaibli par les mutations structurelles.

- déplacement de la compétition interétatique vers le domaine commercial.- partage de la stabilité monétaire qui est indispensable aux échanges (ie perte

d'autonomie financière car mobilité des capitaux)- convergence du modèle économique sous l'influence du modèle libéral anglo-saxon (cf. Bruno JOUBERT in Le tournant néolibéral).

L'impact des multinationales sur l'aide publique et l'aide au développement est à mettre en parallèle et peut être en perspective aussi de l'émergence de nouvelles autorités non-étatiques (les ONG's, les OIG's, les mafias, les groupes terroristes, les autorités de régulations). Dans tous les cas on voit en conséquence, un véritable affaiblissement de l'Etat.

Aujourd'hui on remet en question le néo-réalisme mais néanmoins, il faut le comprendre pour comprendre les nouvelles théories émergentes. Toutes fois, certains facteurs concernant l'Etat restent valables aujourd'hui.

Séance 3: Organiser l'anarchie

Le néo-institutionnalisme tirent ses racines dans l'école libérale.

3.1. L'école libérale

Tout d'abord pourquoi parle-t-on d'une école libérale? On fait en fait référence à une société civile qui récuse une tutelle abusive ie une société démocratique.Nous partons toujours des Etats ou des organismes mais pas des individus, alors que c'est la base du libéralisme. L'école libérale remet en cause la centralité de l'Etat et offre une représentation du monde où la force n'est plus omniprésente. Cette approche s'inscrit dans l'approche kantienne et dans la recherche dans le domaine de la paix démocratique.

3.1.1 Genèse et développement historique

Ecole de pensée W. WILSON et l'idéalisme international ie Ecole anglaise: théorie libérale de la politique internationale.

Ce libéralisme est généralement décrit comme idéaliste, considéré comme naïf dans les relations internationales. Dario BATISTELA dit que c'est faux et que les objectifs de cette école libérale se fondent sur des analyses empiriques claires et nettes, menées dans les années

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1920's et 1930's. De plus, elles s'intéressent aux conditions de coopération entre des intérêts antagonistes, résolution pacifique des conflits interétatiques et existence d'une communauté internationale. L'école libérale à l'origine est plutôt normative puis elle va proposer des analyses plus théoriques, plus sociologiques qui ne peuvent être prises comme des manuels d'action pour les gouvernants.Le discours de WILSON au sénat américain en 1917 dans lequel il tire les leçons de l'incapacité du concert européen à éviter des conflits est un exemple. Il propose de remplacer la diplomatie de cabinet par une diplomatie transparente (idée de délibération qui mène à la démocratie). Il faut éviter le protectionnisme économique par l'ouverture des frontières, mettre un terme à la course aux armements et faire succéder aux sphères d'influence coloniale, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.Finalement, il s'agit de créer une communauté internationale qui rompe avec le jeu des puissances.

Il est important de notre que ces points sont devenus en partie réalité: notamment, l'ouverture des frontières, la fin du protectionnisme, la décolonisation.... Cette idéalisme normatif a entraîné un certain nombre de conséquences.Aux origines nous pouvons remonter au libéralisme commercial de MONTESQIEU, selon lequel le commerce apporte la paix dans les relations internationales. WILSON est moins naïf, il montre l'inutilité du recours à la force, qui est contre-productif à la fois d'un point de vue économique et d'un point de vue politique; c'est ce qui est appelé en relations internationales notion d'apprentissage.

Les internationalistes libéraux soulignent également la capacité des élites de faire prévaloir les tendances de coopération sur les tendances conflictuelles. Pou cela, la démocratie doit être ouverte à l'opinion publique, la démocratie peut permettre le développement de la paix ssi les opinions sont éclairées grâce à l'éducation qu'elles ont reçue. On retrouve ce discours après la Seconde Guerre mondiale.

Hedley BULL (école anglaise). Il souligne clairement un libéralisme institutionnel: l'économie ou le régime politique sont effacés au profit d'un libéralisme institutionnel. Il a la même conception que LOCKE de l'anarchie: il est possible que l'anarchie ne se fonde pas sur la guerre alors que pour HOBBES, l'anarchie est équivalente à l'état de guerre. Selon BULL, il existe un ordre international dont nous sommes tous membres mais ce fait n'empêche pas les Etats de former une société internationale d'Etats (et non d'individus) qui s'appuie sur des règles communes même si il n'y pas d'autorité centrale pour interpréter et exécuter ces règles. Ces membres doivent faire appliquer eux-mêmes la loi, cependant, ce système est mieux que l'absence de système. On identifie deux moyens supplémentaires:

- l'émission constante de règles telles que la limitation de l'usage de la force, la non-ingérence dans les affaires intérieures ou respect de la parole donnée.

- le volontarisme des institutions tel que le droit de la guerre, le droit dans la guerre, les conventions et les usages diplomatiques, l'équilibre des puissances.

L'élément le plus étonnant est celui de la loyauté en relations internationales.

Un autre paradigme dans cette école libérale est l'intergouvernementalisme d'Andrew MORAVCSIK (spécialiste dans la théorie de l'intégration régionale). L'école anglaise néglige l'individu donc lui aussi part de LOCKE mais il prend en considération l'individu, comme

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citoyen membre d'une entité nationale. LOCKE explique que l'individu veut consolider son droit de propriété ie à la vie, aux biens individuels et à la liberté. De fait, ce droit naturel existait antérieurement au contrat social, donc il n'est nul besoin d'autorité.MORAVCSIK explique que les acteurs fondamentaux de la politique internationale sont les individus et les groupes privés qui sont rationnels et répugnant du risque. L'Etat est mandataire pour défendre les intérêts matériels et individuels et les membres de la société civile nationale sut la scène internationale où les individus ne peuvent eux-mêmes représenter leurs intérêts. L'Etat prend en compte les intérêt, les valeurs, les idées et les représente sur la scène internationale. L'Etat n'est donc pas un acteur unitaire, les individus ont tous des intérêts, des goûts et des ressources politiques différentes et tentent de faire représenter en groupe ces intérêts auprès de l'Etat.L'Etat satisfait ses propres préférences mais en tenant compte des contraintes issus des autres Etats et des contraintes issus de sa propre société civile (cf. négociation en relations internationales et le Jeu à deux niveaux de Robert PUTMAN). La situation d'interdépendance des Etats est caractérisé par des externalités qui sont des conséquences positives ou négatives de l'interaction. De ce constat, ces externalités peuvent être regroupés sous trois formes:

- Quand les externalités entre les Etats sont positives, les Etats ont les mêmes préférences = relation pacifique

- Quand les externalités sont négatives, quand la satisfaction des préférences d'un Etat entraîne la dissatisfaction d'un autre Etat = relation conflictuelle d'où risque de recours à la force ou jeu à somme nulle.

- MORAVCSIK: lorsque les externalités sont partagées, chaque Etat subit réciproquement les coûts de l'action de l'autre, il y a conflit mais à travers la négociation, on trouve un compromis et une coopération émerge.

Ces trois situations existent toutes en relations internationales mais la dernière est la plus probable, la plus rationnelle étant donné que les citoyens sont des acteurs rationnels, les Etats vont agir de façon rationnelle. d'où émergence d'institutions et d'organisations internationales. Les institutions n'ont pas de rôle à jouer, elles sont des mandataires des Etats. Néanmoins, pour expliquer la paix dans le monde, on peur appeler d'autres facteurs.

3.1.2. De la paix démocratique (pax democratica) à la fin de l'Histoire

En 1795, Kant a publié De la paix perpétuelle ie une projet de paix entre les nations. Il a inspiré les fondateurs de la SDN, de l'ONU mais aussi de l'UE. Kant explique que l'intérêt des hommes et des Etats conduit à se soumettre à la loi morale qui est la facteur de paix. Cependant, il sait aussi que les hommes transgresse en permanence ces lois morales et créent des guerres parce que la guerre est greffée à la nature humaine.Pour vivre en paix, le facteur central est la peur qui permet de garder vivante la loi morale. Il explique cela par le principe classique que quelqu'un qui cherche toujours à imposer sa volonté craint de voir un jour la volonté d'un autre lui être imposée. Cependant, il ajoute que cela ne peut fonctionner que parmi des Etats qui partagent les mêmes valeurs républicaines et démocratiques. Ces Etats acceptent de renoncer à la guerre pour pouvoir vivre en paix.Tocqueville reprend que de cette peur des Etats démocratiques de mener ces citoyens à la guerre naît la paix dans le monde.C'est le discours qui est à l'origine de l'approche moderne de la paix démocratique.

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En 1976, l'article de SMALL et SINGER qui montre que les démocraties ne se font pas la guerre en se basant sur des chiffres de 1916 à 1965.

Michael DOYLE reprend cette idée en 1983: les démocraties on tendance à ne pas se faire la guerre entre elles mais elles peuvent faire la guerre à d'autres régimes dans des conditions exceptionnelles (ceci est une double mise en oeuvre de l'approche réaliste).

- la nature des régimes des Etats influence leurs activités internationales: le facteur de démocratie est plus important que l'international ou la sécurité.

- il est possible de pacifier durablement les relations internationales en promouvant les valeurs démocratiques

Cependant, DOYLE reste prudent: les Etats démocratiques trouvent toujours des raisons pour faire la guerre à des Etats non-démocratiques pour changer le régime de ces Etats qui manquent de légitimité interne. De plus, il y a aussi "l'impérialisme libéral" qui les tentent à exporter leurs valeurs. D'où le fait qu' un monde où co-existent des Etats démocratiques et des Etats non-démocratiques, n'est pas un monde stable.

Les démocraties ne se combattent pas entre elles parce qu'elles sont contraintes par les institutions, les opinions publiques et les évolutions culturelles. Les démocraties ont tendance à définir leurs intérêts en se fondant sur les intérêts des sociétés civiles ce qui rend indispensable la coopération avec d'autres démocraties car leur intérêt principal est de garantie la paix interne et externe pour leurs citoyens.

Karl DEUTSCH (recherche sut l'intégration régionale de sécurité, OSCE, OTAN) explique ainsi l'émergence de l'alliance transatlantique. Cette dernière approche a été critiqué parce qu'elle implique un problème de définition d'une démocratie, d'une guerre (que dire de plus de la guerre coloniale qui est en fait une lutte armée au sein d'une démocratie); la période de recherche est de plus trop courte (seulement XIXème et XXème); les méthodes quantitatives utilisées aboutissent souvent à des réussites contradictoires: les quatre nations sui ont le plus souvent fait la guerre au XXème siècle sont la Grande-Bretagne, la France, l'Inde et Israël.

Francis FUKUYAMA dans The end of history? se pose la question de la fin de l'histoire avec l'avènement de la paix démocratique. Il a été chercheur dans un think tank, professeur à Harvard. Sa question vient d'Hegel: la fin du régime communiste montre éventuellement que nous sommes dans un monde dans lequel la démocratie va peut-être remplacer les régimes dictatoriaux et que nous allons vivre en paix.Son argument est principalement normatif: à la fin du XXème siècle, la combinaison démocratie-libérale et capitalisme s'est montrée supérieure à tous les autres régimes pour offrir des biens matériel, la richesse et une reconnaissance pour chaque être humain qui sont importants. Toutefois, il se peut que les citoyens d'un Etat démocratique aient trop d'égalité économique ce qui entraîne l'absence d'envie de se battre pour des questions importantes, c'est pour cela qu'on parle de fin des démocraties.Le problème s'est qu'avec cette approche, on ignore les trois-quart des Etats du monde: en Afrique, en Asie. Cette approche est centrée sur le monde occidental; de fait cette théorie est faible, il n'y pas de réflexion sur ce qu'est une démocratie, ni sur les effet du capitalisme que les Etats-nations non-occidentaux. Mais FUKUYAMA continue à écrire et même à être écouté.

Des idées de l'école libérale se retrouvent dans les institutionnalismes.

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3.2. Les Institutionnalismes3.2.1. L'institutionnalisme libéral.

On parle des institutionnalismes parce que cette approche n'existe pas uniquement dans les relations internationales mais aussi dans toutes les autres ou presque disciplines des sciences politiques. Selon cette approche, il est nécessaire de créer des institutions pour pacifier le monde.Il existe trois sous-approches principales: l'institutionnalisme historique, l'institutionnalisme sociologique et celui relevant du choix rationnel.

Définition de la notion d'institution:Personnes juridiques ou individuelles et organisations qui sont d'avantages des règles pour maintenir un ordre et réduire l'incertitude des échanges. D. DOUGLAS fait la distinction entre les organisations et les institutions. En effet, les organisations peuvent être composé d'institutions formelles (édictent des règlements) ou d'institutions informelles (véhiculent des normes ie des croyances, des idéologies). Les institutions sont aussi des structures relationnelles, liant des individus ou des personnes juridiques entre elles (modalités d'organisations, relations). Ces institutions et organisations peuvent être utilisées pour expliquer les variations de comportements des individus.

En sciences sociales, on distingue deux formes d'influence sur les comportements: un influence caractérisée par une dimension historique et stable théorisé par PIERSON (notion de Path Dependency. Les institutions sont créées historiquement. Les acteurs sont influencés par les institutions dans lesquelles ils agissent ie les décideurs sont 'socialisé' dans un certain monde qu'ils ont du mal à abandonner (ONU, Organisations financières...). L'intervention en Iraq peut être assimilé au nazisme (les accords de Munich voulait éviter une intervention contre l'Allemagne): une telle approche dénote de la Path Dependecy (on peut voir l'impact de cette théorie dans la réalité).L'autre forme d'influence est caractérisé par une dimension beaucoup plus dynamique (point de veto) théorisé par Ellen IMMERGUT et G. TSEBELIS. Ils parlent d'un système historique de points de veto qui peuvent changer par des décisions prises par les acteurs au niveau national, cela s'observe à travers des élections: on parle alors de changement de point de veto... alors qu'au niveau international cela s'observe à travers les guerres, les nouvelles coopérations, les changements internes d'un Etat ayant des répercussions au niveau international.

En relations internationales, cette distinction entre organisations et institutions n'est pas très claire. Les institutionnalistes utilisent presque indifféremment ces deux termes. Le plus petit dénominateur commun de cette approche institutionnelle : les institutions influencent les comportements des acteurs (aux niveaux national, régional et international). R.KEOHEN et J. NYE s'intéressent plus particulièrement aux OIG's (même s'ils n'excluent pas l'existence d'autres acteurs). Selon eux, les OIG's expliquent le fonctionnement des relations internationales sur la base de réseaux. La thèse de R. KEOHEN traite du fonctionnement du Conseil de Sécurité de l'ONU. Il pose la question suivante: Comment l'institution du Conseil de Sécurité influence le comportement de ses membres. Il répond que l'influence ne se perçoit pas dans toutes les résolutions ou décisions prises mais dans la plupart et notamment au travers de l'utilisation de droit de veto. Les institutions internationales influencent très fortement les positions et les activités des Etats dans les relations internationales.

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R. KEOHEN et J. NYE peuvent être vus comme des institutionnalistes sous deux angles: d'une part à cause de leur développement de la notion de l'interdépendance complexe (1972) et d'autre part à travers leur néoinstitutionnalisme.

En 1972, l'ouvrage de KEOHEN et NYE qui analysent les conséquences de la mise en contact permanente des Etats mais aussi des économies avec des flux d'informations, des flux économiques et financiers. Ils parlent aussi des flux d'idées, de croyances (ce qui sera appelé américanisation plus tard... sujet de l'Etat importé cf. BADIE).

La multiplication des courants d'échanges ne dépend plus uniquement des courant d'échanges, des relations diplomatiques, stratégiques mais des différents niveaux d'analyses : c'est une remise en cause des relations entre les Etats fondées sur la puissance.

Il faut distinguer les relations internationales des relations transnationales.

Tous les thèmes de cet ouvrage refont surface (érosion de l'Etat, flux économique, réseaux...). Cependant, les auteurs ne rejettent jamais le fait que les Etats restent toujours les acteurs principaux en relations internationales et qu'ils influencent les relations transnationales.

En 1977, dans Power and Interdependance, ils développent le concept d'interdépendance avec les Etats qui perdent en pouvoir mais en gardent suffisamment pour réglementer les relations transnationales.L'érosion des cadres pré-établis d'autorité et l'inégalité fondamentale entre les Etats causent une dépendance asymétrique qui influence fortement le comportement des acteurs. Pour mesurer cette asymétrie, ils proposent deux concepts "sensitivity" et la vulnérabilité.La "sensitivity" mesure comment les acteurs à l'intérieur d'un Etat réagissent par rapport aux influences des relations internationales. (elle n'a jamais vraiment été mesurée dans les relations internationales parce c'est une influence qui se fait à travers des valeurs, des croyances et des idées.La vulnérabilité mesure si un Etat A peut être influencé, économiquement, politiquement et militairement par un Etat B.

De ce concept d'interdépendance, les auteurs se sont intéressés aux institutions . KEAHANE s'est particulièrement intéressé aux institutions internationales. Il est proche de R. AXELHOOD "Donnant-donnant: la théorie du comportement coopératif". Les deux auteurs posent la question de savoir pourquoi les Etats coopèrent car selon a théorie réaliste et néo-réaliste, c'est totalement irrationnel.Le dilemme du prisonnier : deux prisonniers répondent aux questions tout en sachant que leurs réponses décideront de leur peine. Mais on ne peut pas dire qu'un Etat agissent comme un être humain. AXELHOOD a montré que quand les deux prisonniers peuvent communiquer et élaborer une stratégie, le résultat est toujours beaucoup plus efficace que de faire cavalier seul.Ainsi, l'intérêt des Etats à coopérer au sein d'institutions formelles ou informelles et une coopération durable peut s'installer si les acteurs comprennent qu'il est dans leur intérêt de briser leur isolement et entrer en réciprocité.KEOHANE lie la théorie de la coopération avec le thème de l'interdépendance: avec l'augmentation de l'interdépendance, les Etats voient un instrument important dans la coopération, elle est le seule moyen de regagner une partie de leur souveraineté. On parle de "pulling sovereignty" qui explique les formes d'intégration.

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Le monde devient un endroit plus sût car l'interdépendance est plus grande et pousse les Etats à coopérer plus étroitement au sein des institutions.Kenneth WALTZ défend la thèse inverse: comme perte de souveraineté, le monde devient de plus en plus instable avec plusieurs pôles et ceci précipitent les Etats à la nécessité de regagner leur souveraineté et leur indépendance. eKEOHANE dénombre quarte fonctions aux institutions:

- réduire les coûts de transactions pour passer des traités et garantir leur respect- favoriser la transparence et la confiance- fournir des instruments adéquats pour résoudre des conflits- fournir de l'aide pour trouver un compromis et prendre une décision

On remarque une grande différence avec la conception néo-réaliste où les institutions sont des acteurs indépendants.L'Etat est considéré comme un acteur rationnel: il coopère parce que c'est dans son intérêt. De cette conception de l'interdépendance se développe la théorie des régimes.

3.2.2 La théorie des régimes

Steven KRASNER dans International Regimes synthétise les idées de KEOHANE. Il définit entre autre les régimes: mécanismes d'autorégulation qui réduisent les marges de manœuvre absolue des acteurs étatiques ie des séries implicites de principes, de normes, de règles et de procédures autour desquelles convergent les attentes des acteurs dans un domaine particulier des relations internationales

Cette définition distingue les régimes des organisations internationale: ce sont les attentes des acteurs et non les actions qui importent: il y a une sorte de dimension cognitive qui intervient dans cette définition, le terme attente montre qu'il y a une conception du monde véhiculé par les régimes et ce dans un domaine bien particulier des relations internationales. Une institution ne peut pas être un régime (ex: l'ONU n'est pas un régime). Ce sont des contraintes qui s'imposent aux Etats, qu'ils acceptent et qu'ils ont eux-mêmes définis. Si les Etats ne respectent pas les régimes, les coûts sont très élevés; cette approche se fonde sur la réciprocité.

On retrouve cependant certaines idées néo-réalistes dans la théorie des régimes car les acteurs étaient convaincus qu'il fallait une puissance hégémonique pour assurer le régime, imposer sa volonté aux autres Etats qui font partie du régime.

Charles KINDELBERG explique cette notion de stabilité hégémonique au sein d'un régime: l'absence de puissance hégémonique met en danger la stabilité économique internationale. Il prend l'exemple suivant: dans les années 1970, le déclin relatif des Etats-unis, défiés par l'OPEP notamment, rattrapés par l'Union Européenne et le Japon causent une multiplication des crises économiques et financières.

Dans les années 1980, une contre-théorie des régimes montre que malgré le déclin des Etats-unis, certains régimes comme le FMI se portent de mieux en mieux et cela suppose donc un remise en cause de la théorie néo-réaliste. On voit alors émerger une autre branche de la théorie des régimes fondée sur la notion d'intérêt et non sur la puissance (comme KINDELBERG).

KEOHANE, Michael ZÜRN (allemand) et YOUNG (Etats-unis) développent l'idée que

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l'intérêt est la base pour créer un régime mais il n'es pas nécessaire qu'une puissance hégémonique existe.

A la fin des années 1980, émerge une troisième branche fondée sur le savoir avec l'idée d'une communauté épistémologique. P. HAAS et A. WENDT disent que les régimes existent parce qu'il n'y a pas seulement des intérêts ou des puissances mais aussi un savoir qui fait que les Etats coopèrent.

La théorie des régimes s'intéressent aux pouvoir, intérêts et savoir pour expliquer la raison d'être d'un régime:

POUVOIR(approche néo-réaliste)

INTERET(approche néo-

libérale)

SAVOIR(approche

constructiviste)Orientations théoriques rationnelles rationnelles sociologiques

Conséquences d'un régime gains relatifs gains absolus jeux

Importance des institutions faible forte forte

La théorie des régimes est présente dans tous les grands courants des relations internationales et les auteurs principaux sont les allemands V. RITTBERGER pour expliquer les différences entre les trois théories.Attention!! la théorie des régimes est à bien connaître parce qu'elle peut se décliner sous les différents paradigmes.La théorie des régimes est très peu répandu en France pour des raisons liés au postulat de l'acteur rationnel, qui est très fortement critiqué en France.

4ème séance : Au-delà de la question de l'anarchie: les nouvelles visions du monde.

Il y a trois approches distinctes, approches et non pas théories. Réseaux, asymétrie, post-positivisme et concept de gouvernance.

4.1 Les nouveaux acteurs internationaux en réseau.

L'approche en réseau est une approche à la mode parce qu'elle est associée à la mondialisation. Il y a deux notions sur les réseaux: comment les réseaux se sont-ils développés en relations internationales? et le problème posé par le fait que l'on s'appuie sur la sociologie pour constituer la notion de réseau en relations internationales.

4.1.1 L'utilisation de la notion de réseau par les chercheurs en relations internationales ou le développement de la notion

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a. c'est une notion ancienne, MORGENTHAU y faisait référence dans la métaphore de la cinquième colonne pour expliquer la notion d'impérialisme. Il parlait aussi du réseau d'idéologie du nazisme qui a influencé la France de Vichy ie dynamique transnational mise au service de l'Etat.

Marxisme et néomarxisme: les réseaux expliquent les influences du Nord sur le Sud. (dépendance économique du Sud, domination par le Nord: ce sont des mécanismes structurels). Dans les années 1970, les multinationales du Sud sont fortement influencées les Etats (réseau de pouvoir transnational, c'est la théorie classique du complot). On assiste alors à la perte de souveraineté des Etats. La notion de réseau reste cependant implicite. (Les travaux sut l'influence structurelle et cognitive par les réseaux montre que les firmes multinationales influencent complètement les Etats qui n'ont plus de marge de manœuvre).

Les libéraux: selon eux les réseaux expliquent les liens entre les acteurs et les différents Etats. Dans les années 1990, J. NYE publie dans Foreign Policy "USA, Soft Power" utilisant les réseaux. Il y a une grande quantité d'ouvrages de vulgarisation sur les mérites d'une société démondialisée, néo-libérale, en réseau. Les réseaux transnationaux sont décrits dans un ouvrage de G. GILDER, un néolibéral affirme que l'entreprise et les ordinateurs ont totalement transformé la vision et l'image du monde. L'alliance entre l'économie et le savoir permet d'apporter au monde entier les paradigmes néo-libéraux.Les gestionnaires dont P. DRUCKER, expliquent comment les réseaux doivent être utilisés à l'intérieur des entreprises pour augmenter la qualité et la quantité du travail.

L'approche utilisée en relations internationales est toujours sans définition précise mais elle s'appuie sur les ouvrages de Manuel CASTELS qui a travaillé sur la société en réseau The Rise of Network Society, le réseau est utilisé pour expliquer le fonctionnement interne d'une société. C'est lié à l'interdépendance complexe sans jamais le dire.

4.1.2. Une approche sociologique

De plus, l'importation de la sociologie dans les relations internationales pose des problèmes: en terme de niveaux d'analyse des réseaux: où peut-on situer l'espace des réseaux dans les relations internationales? (savoir?, économie?, politique?)Est-ce que ce sont des Etats ou des acteurs infra-étatiques qui forment ces réseaux? Sont-ils dépendants ou indépendants des Etats?

De plus, se posent des problèmes de méthodologie car il faut faire de micro-études pour pouvoir travailler sur les réseaux. En effet, il n'est pas possible d'utiliser cette notion pour expliquer le système international dans son ensemble car il faut très bien comprendre les individus et les différents acteurs.

A l'échelle internationale, on remarque cependant à la fois une désétatisation et aussi une désinstitutionnalisation. Les institutions ont de moins en moins d'influence en relations internationales.

Ceux qui travaillent sur les réseaux remarquent un déclin du politique. On assiste aussi à une judiciarisation aux niveaux national, régional mais aussi international (droit public mais c'est surtout le cas du droit privé) qui exerce la même influences sur les relations internationales que celle des idées sur le néo-libéralisme dans les

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années 1970 et 1980 (Yves DEZALAY parle des "marchands de droit" ie des réseaux dans des domaines particuliers qui font émerger de nouveaux réseaux qui influencent la vie des citoyens).Les réseaux peuvent aussi s'inscrire dans une communauté épistémologique qui produit des études sur des systèmes et dont les résultats influencent les décideurs.La manière de considérer le rôles des experts avec des réflexions politiques en amont mais en aval sur des expertises d'experts plus ou moins indépendants: l'utilisation de ces experts n'est jamais neutre.

Le développement de ces acteurs en réseaux révèle l'évolution des structures internationales. Le danger est que les chercheurs sur les réseaux avaient en général une fin, un effacement de l'Etat alors qu'en fait l'Etat pénètres et investit ces réseaux.

La notion de réseaux est une approche mais pas une théorie pour expliquer les causalités en relations internationales.

4.2. Penser l'asymétrie entre les Etats

L'asymétrie est généralement ignorée par les approches qui voient le système international comme une ensemble anarchique avec des acteurs juridiquement indépendants mais entretenant des relations horizontales.Les auteurs néo-marxistes constatent au contraire dans les années 1970 une forte asymétrie dans un système internationale qui en fait est une système impérialiste.D'un côté on a une conception positiviste (néo-marxiste) qui par ses descriptions essaye de changer le monde et de l'autre on a des conceptions radicales qui ne pensent pas que le monde puisse être changer et qu'il faut sortir des illusions.

4.2.1. Approches marxistes et néo-marxistes

Ils expliquent que l'anarchie avance par les principes de l'égalité entre les Etats souverains et ce doit être mis en question parce que au XIXème siècle, on pouvait voir que les Etats en dépendance mutuelle. MARX souligne l'interdépendance déséquilibrée entre les sociétés duc entre et de la périphérie. Cette théorie marxiste des relations internationale a connu un développement important au début du XXème siècle, effacé pendant la Guerre Froide avant de resurgir dans les années 1960 et aujourd'hui elle est présente dans les débats altermondialistes: c'est une approche normative des relations internationales;

D'abord K. MARX: l'approche marxiste a longtemps été traitée non pas comme une théorie mais comme une idéologie pour expliquer la politique étrangère des Etats communistes, donc elle fût longtemps ignorée. Avant la fin de la Guerre Froide, l'analyse de MARX figure à l'association internationale des travailleurs.On voit a travers le discours sur la lutte des classes, un aspect global: la révolution prolétaire ne peut se faire qu'à l'échelle mondiale, ce sont les classes et non les Etats qui sont les acteurs fondamentaux et sont le moteur de l'histoire et les classes entretiennent des relations correspondants à leur place dans le système de production. Les politiques étrangères justifient les guerres de colonisation. La négation de l'Etat comme unité fondamentale des relations internationales est présente. De plus, ils affirment que par une éducation, on peut amener un monde plus pacifique.

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Il faut mettre fin à la politique étrangère des Etats capitalistes qui prend la forme de la conquête de nouveaux territoires et se cristallise dans le déclenchement de guerre entre les Etats (l'éducation permettrait d'éviter cela).Dans une certaine mesure, cette notion a été reprise par la doctrine libérale: dans les 14 points de W. WILSON qui voulait aussi mettre fin à la diplomatie de cabinet.

Ce n'est qu'à partir des années 1960, avec la détente et le déclin relatifs des Etats-unis (Cuba, Vietnam, Mai 1968) que réapparaît l'approche marxiste avec une nouvelle conception de l'impérialisme, à caractère économique cette fois. Ecole de la dépendance (Amérique Latine notamment), évoque l'égalité politique au sein des grandes institutions mais d'inégalités économiques flagrantes. Cette école de la dépendance n'attribue pas les inégalités à l'incapacité des sociétés sud-américaines à passer dans une société moderne, mais à l'échange inégal dont elles sont victimes parce qu'elles sont dépendants du fait de leur position périphérique : périphérie et dépendance économique, financière, technologique (pas de transfert de technologie) et sociale (les biens produits par les firmes multinationales sont réservés à la société du centre et aux élites de la périphérie). Comme cette dépendance est structurelle, il faut une révolution socialiste pour en sortir.

J. GALTUNG explique que le système capitaliste est fondé sut des intérêts qui se reproduisent et permettent cette reproduction. L'impérialisme structurel est violent et fondé sut une système d'injustices sociales, ceci même en temps de paix ie de non-guerre. Il y a une violence structurelle par laquelle une communauté influence et domine une autre par les produits, la protection militaire ou les valeurs qui la périphérie doit importer du centre. Il explique que les guerres sont une exception que quand l'impérialisme est imparfait alors que l'impérialisme professionnel s'appuie sur une violence structurelle. Il lie tout cela à la notion de paix et de guerre.

Emmanuel WALLERSTEIN part de l'idée que le système internationale a pris deux formes: les empires-monde et les économies-monde (cf. BRAUDEL).Les empires-monde constitue une seul système politique tandis que l'économie-monde se caractérise par plusieurs centres en compétition parce qu'il n'existe pas d'autorité centrale pour l'allocation des ressources. Les trois ensembles peuvent être reliés par des échanges inégaux:Le centre: la production est nécessaire pour faire fonctionner l'économie monde.La périphérie possède les matières premières.La semi-périphérie pénétrée par les capitaux de centre mais elle ne dispose pas d'une base indépendante autonome. Elle est la plus dépendante et joue un rôle central dans la reproduction de l'économie-monde parce qu'elle possède une main-d'œuvre bon marché.Ainsi, il existe une économie-monde mondialisée et hiérarchisée et en même temps une système politique anarchique. La base est toujours l'Etat mais tout est expliqué par l'économie.

Ce néo-marxisme a eu un certain succès dans les anées 1970 amis sa crédibilité a diminué dans les relations internationales dans les années 1980. L'analyse marxiste en terme de dépendance et d'impérialisme a été démenti par le groupement des Etats non-alignés et la multiplication des conflits au sein même de la périphérie.Au niveau économique, les sociétés périphériques qui se sont développées ne sont pas celles qui ont rompu avec le centre mais celles qui ce sont résolument branchées sur le marché mondial capitaliste. Il apparaît à la même époque que le néo-marxisme, une autre réflexion

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que les théories des relations internationales qui coupe radicalement avec les concepts traditionnels. Cette réflexion se fait autour d'approches radicales qui émergent dans les années 1980.

4.2.2 Approches radicalesIl y a deux auteurs principaux R. COX et R. ASHLEY. Ils refusent de réfléchir sur la nature du système international et ont une approche très critique des autres théories.

Les post-positivistes:Ils constatent qu'une description de la réalité n'est pas possible, mais est-il possible de décrire objectivement la réalité sociale? Faut-il comprendre ou expliquer la réalité sociale? Quelle relation cette connaissance entretient-elle avec la pratique, l'idéologie et les valeurs? La connaissance est-elle un vecteur de domination? Les concepts des sciences sociales sont-ils universellement applicables?Les post-positivistes répondent NON à toutes ces question.

Ils mettent en cause le consensus qu'il existe entre le néo-réalisme, le néo-libéralisme et néo-marxisme en disant que les relations internationales sont toujours interprétatives et doivent être critiques de l'ordre global actuel. La connaissance scientifique ne peut être objective, philosophique et culturellement neutre. La pratique scientifique ne peut se réduire à l'accumulation de connaissances extérieures à son chercheur et à son contexte. La théorie n'est pas indépendante de la réalité qu'elle étudie, et la réalité n'est pas indépendante de la théorie qui l'explique.Le résultat auquel aboutit une recherche théorique ne dépend pas seulement de la méthode employée, de l'excellence de la procédure de vérification et de falsification.

Mais on peut quand même faire de la théorie des relations internationales car il suffit de comprendre le conditionnement qu'exerce l'environnement, la situation dans laquelle le chercheur se trouve pour faire la recherche (Cf. BOURDIEU).

KUHN expliquait cela par les paradigmes, BOURDIEU par les champs scientifiques du chercheurs, tout comme FOUCAULT et HABERMAS. La science ne peut être neutre comme le disait WEBER. Tout recherche est influencée par le contexte personnel, l'air du temps, l'économie, le social et l'historique. Ainsi, le seul moyen de faire des relations internationales est d'expliquer d'où vient le cheminement pour expliquer au lecteur la démarche. (Dans son livre D. BIGO explique la réflexion des internationalistes américains comme K. WALTZ par le contexte de découverte personnelle).

Toute recherche est aussi influencée par le contexte culturel et socio-historique qui donne sens aux concepts utilisés pour expliquer la réalité sociale, y compris pour le choix des méthodes employées.

Toute recherche est aussi influencée par les luttes des chercheurs pour le monopole du pourvoir scientifique (reconnaissance scientifique) au sein d'une discipline et par les motivations politiques souvent inconscientes. R. COSE a développé sur ce point et il est à l'origine de la théorie critique des relations internationales: toute théorie est située dans l'espace et dans le temps, une théorie est toujours pour quelqu'un et pour quelque chose. Par exemple: les approches positivistes qui sont des théories qui résolvent des problèmes en

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proposant d'être un guide du problème à résoudre mais en réalité le but est de faire fonctionner sans difficultés ces relations et institutions.

Quand une théorie s'intéresse au processus de production théorique lui-même, il s'agit d'une théorie qui remet en question les relations de pouvoir, comme les institutions et qui s'intéresse aux origines et plus particulièrement à savoir comment ces origines pourraient être changé par une autre conception des relations internationales.

D'après COSE, le néo-réalisme de WALTZ est l'exemple type de la théorie qui essaye de résoudre un problème mais qui n'explique pas les relations internationales. La théorie inscrite dans le contexte de la Guerre Froide et produite par le désir de contrôler les relations internationales ie une science au service de la gestion du système internationale par les grandes puissances.

Le réalisme est aussi très critiqué par les approches féministes.

Les approches féministes

D'après Anne TCKNER, les six principes du réalisme de la théorie des relations internationales de MORGENTHAU (intérêt national, puissance, politique intérieure, autonomie du politique) sont basés sur une vision partiale de la réalité qui privilégie la masculinité. Elle pose la question de savoir où était les femmes dans l'état de nature de HOBBES: c'est parce que l'on a ignoré le rôle des femmes confinées sans les actes de reproduction et de coopération qu'on est venu à penser les relations internationales comme anarchiques.Cette vision réaliste des relations internationales est fausse parce qu'elle est fondée sur une description partielle et partiale, biaisée par une perspective masculine.Le discours des relations internationales ignore le point de vue de l'autre moitié de l'humanité alors que les femmes sont très présentes sur la scène internationale (ONG notamment) et l'action des femmes influence indirectement les relations internationales. Les femmes sont mères et épouses de soldats, infirmières dans les hôpitaux, prostituées autour des bases et leur rôle est ignorée. Ce féminisme en relation internationale explique qu'il faut prendre en compte leur point de vue en relations internationales parce qu'il est susceptible de changer les relations internationales dans un sens plus pacifiques et plus coopératif.

Il existe aussi un féminisme libéral, selon lequel il faut prendre en compte le point de vue des femmes parce que c'est une nécessité morale.

Le féminisme marxiste lie les Etats et les classes. Donc, il faut éviter de reproduire la dichotomie traditionnelle hommes/femmes et faire comme s'il n'y avait aucune différence.

Troisième approche radicale: Richard ASHLEY

ASHLEY est encore plus explicite en ce qui concerne sa critique contre le réalisme. Pour lui, le réalisme est un ramassis auto-suffisant de thèses positivistes. Du réalisme, il ne garde que l'intérêt pour la puissance.

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Il explique non seulement que la théorie n'existe pas indépendamment de la réalité mais aussi inversement. La théorie est influencée par la réalité empirique qu'on observe mais l'inverse est vrai aussi car la réalité est influencée par le langage, les concepts qui la nomme.Il n'est donc pas possible d'avoir une théorie qui permettent d'expliquer et comprendre la réalité en sciences sociales. Toute théorie en sciences sociales est nécessairement constitutive de la réalité. Pour lui, dire que les Etats sont en état de guerre amènent les décideurs à adopter une politique de course aux armements. Dire que le citoyen lambda ne comprend rien en politique étrangère, qu'il ne fait pas tenir compte de son opinion revient à réserver le monopole des décisions à une autorité souveraine. Cela crée une ignorance encore plus grande de la politique étrangère par les citoyens. Dire que la guerre extérieure est une activité assumée par des hommes soldats prêts à se sacrifier revient à réserver le rôle des femmes au domaine domestique (NIETZSCHE). (cf. FOUCAULT: le discours produit la réalité, et un discours perçu comme légitime aujourd'hui a dû éliminer toute une série de discours parallèle auparavant.

Double lecture des concepts en relations internationales: Par exemple, l'anarchie plutôt que d'être une donnée des relations internationales qui s'imposerait comme une donnée, l'anarchie est seulement défini en opposition à la souveraineté alterne au sein des Etats. Mais disant les relations internationales anarchiques, on souligne l'importance de la souveraineté interne des Etats et on en fait le fondement légitime et stable de la communauté politique moderne.

Le problème est de savoir comment traiter des Etats qui se désintègrent, sans autorité politique sur laquelle s'appuyer. Selon ASHLEY, cette situation où un Etat ne peut plus gérer sa population n'est qu'un construit des spécialistes des relations internationales et cette situation justifie l'intervention des organisations internationales notamment les organisations financières.Exemple: L'Argentine ou le Mexique: à un moment les grandes organisations internationales ont dit que ces pays n'étaient plus capables de gérer leur économie eux-même, dons il fallait intervenir.

Il y a deux conséquences politique et pratique à cela:- Les autorités de l'Etat sont amenées à réprimer toute trace d'anarchie à l'intérieur- Les autorités de l'Etat doivent cultiver l'anarchie dans les relations internationales

comme élément constitutif pour justifier son existence vis-à-vis de ses citoyensL'anarchie internationale est nécessaire pour que l'Etat puisse être souverain et cette souveraineté permet de constituer et contrôler les frontières de l'Etat.

Pour les radicaux, croire qu'un théorie puisse accéder à la réalité internationale grâce à une observation empirique, c'est tomber dans le piège de l'ordre existant construit par l'élite politique et intellectuelle.

4.3. Du Positivisme au post-positivisme : approches constructivistes.

N. ONUF est le premier à lancer un défi aux institutionnalistes et aux réalistes (il travaille dans le domaine de la sociologie). Il veut approfondir la notion de l'intérêt national des Etats (en ce sens il est assez proche des néo-réalistes) mais il trouvent d'autres explications à l'attachement à l'intérêt national.

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En 1966, P. BERGER et T. LUCKMANEn 1987, A. WENDT in International Organization et Agence et Structure écrit "Order is what States make of it" et il parle du "Social Order of International Politics".

4.3.1. Les fondements épistémologiques.

Les faits sociaux expliquent la réalité interne. L'intersubjectivité est d'une très grande importance: les décideurs politiques constituent les règles et les normes de fonctionnement du monde, les influences agissent ensuite. Qui est premier l'acteur ou la structure?

Il y a trois postulats:a. La politique mondiale est déterminée par les structures cognitives (composées des idées,

des croyances, des valeurs, des normes et institutions partagées) H. FINNMOREb. La structure des normes est partagée par les acteurs internes et façonnent les identités et

les intérêts des acteurs. P. KATZENSTEINc. N. ONUF dit que les structures et les acteurs se co-constituent car ils sont tous

dépendants. Les structures, même si elles façonnent les acteurs , elles ne sont pas indépendantes.

La distinction entre les variables dépendantes (les faits à expliquer par les faits) et les variables indépendantes (les facteurs) n'est plus faite.Il existe une certaine autonomie des acteurs dans les structures internes et nationales.

A. WENDT "L'ordre est ce que les Etats en font". Il veut faire le lien entre les néo-réalistes et les institutionnalistes. Selon lui, le fonctionnement du monde peut être expliquer par des facteurs indépendants. Les Etats sont des acteurs unitaires et rationnels (évolution par les néo-réalistes dans l'ordre et pour les insitutionnalistes dans la coopération): ie l'Etat est une donnée naturelle et ses réactions se font selon l'intérêt national (sécurité pour les néo-réalistes et bien-être économique pour les institutionnalistes).

L'Etat reste l'acteur principal mais la conception d'intérêt national est rejetée, selon A. WENDT, l'intérêt national est totalement socialement construit selon deux axes: l'Etat est déterminé par des idées partagées et les identités n'existent pas a priori?On notera pour eux, la grande importance de l'idée.

ATTENTION: ce n'est pas une approche réalistes car les Etats ont des intérêts nationaux qui ne sont cependant pas donnés mais sont une certaine construction qui influence des actions.

M. FINNEMORE: les règles sont socialement construites et elles peuvent fournir la compréhension de l'essentiel (concepts importants, ...) (les réalistes parle d'intérêt national).

Il y a deux notions principales:a. L'identité nationale: elle s'explique par des valeurs, des normes et des idées. B.

ANDERSON parle d'un "construit social, une commémoration imaginaire qui influence ensuite la politique étrangère des Etats". J. WELRES affirme que l'identité nationale explique la crise de Cuba.

L'identité nationale ne provient pas seulement de l'intérieur de la société mais à partir de la perception d'un Etat par les autres Etats. Par exemple, il faut voir la force de l'image mais aussi celle de la perception de la déclaration suivante: "les USA sont l'Empire du bien".

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b. L'intérêt national: L'Etat demeure l'acteur principal des relations internationales mais il n'est pas unitaire (contrairement à ce que pense les néo-réalistes) mais il se construite en permanence.

Pour A. WENDT, il y a 4 types d'intérêts (on note un certain retour au positivisme):- la survie étatique- le bien-être économique- l'autonomie- la valorisation collective de soi (image dans les relations internationales).L'intérêt national est influencé par les identités (au niveau national on se concentre parfois sur un type particulier d'intérêt) ie chaque type d'intérêt national peut faire l'objet d'approche contradictoire. Pour les constructivistes, les types d'intérêt sont influencé par les identités à l'intérieur de l'Etat: ie, l'identité nationale peut expliquer qu'à certains moments, l'intérêt national soit plus focalisé sur le bien-être économique ou autre. Cela aide à hiérarchiser les options; elle est perçue comme une valeur à défendre ou à promouvoir.Pour les positivistes, l'intérêt national et l'identité nationale sont relativement fixes., sont des données: ils orientent la politique étrangère et la hiérarchie des option, c'est un construction qui de fait nécessite un concept particulier. La politique étrangère se résume donc à la poursuite de l'intérêt national.Pour les constructivistes, les intérêts nationaux sont changeants toujours inscrits dans un contexte particulier.WELDES est à l'origine de la théorisation de la construction de l'intérêt national (trois étapes):- représentation et idées véhiculées (les décideurs proposent une représentation

particulière du monde)- la gestion de la politique étrangère (ces représentations postulent des actions définies

pour une politique étrangère)- la définition de l'intérêt national (à travers le débat sur les représentations, on définit

l'intérêt national).

4.3.3 Les limites de l'approche constructiviste

Cette approche manque totalement de cohérence théorique: en effet, que peut-on expliquer si les variables sont confondues? les liens de causalité ne sont pas clairs. Comment peut-on parler de théorie alors que les constructivistes effacent la différence entre les variables dépendants et indépendantes?Ce sont seulement des suggestions de liens qui définissent les différentes théories. On reproche aux constructivistes de faire des sous-entendus idéologiques (parallèle avec le néolibéralisme américain en relations internationales). En règle générale, le constructivisme est plutôt complémentaire aux autres théories. il s'agit beaucoup plus d'une complémentarité que d'une concurrence aux autres thèses. Ne serait-il pas plus simple de casser toute concentration sur un acteur dans relations internationales et parler plutôt de gouvernance internationale (Attention: c'est pas une solution pour la prof').D'où vient cette notion de gouvernance?

4.4. La gouvernance

V. ROSENAU définit (le premier) la gouvernance. La politique internationale n'est pas seulement formé par les activités des gouvernements mais aussi par les mécanismes

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informels non-gouvernementaux par lesquels les personnes et les organisations agissent. Ces acteurs agissent dans des structures parallèles. Il existe un pôle d'interaction entre acteurs étatiques et un pôle d'interaction entre acteurs non-étatiques. Ces deux structures forment des organisations intergouvernementales et des mécanismes informels et ces deux arènes s'influencent l'une l'autre selon les cas.

Cette discussion sur la gouvernance s'est particulièrement développé à partir de discussions sur les politiques publiques allemandes de MAYNTZ, qui explique que la gouvernance est un système où les acteurs politiques ne détiennent plus l'autorité dans la gestion des politiques publiques mais la partagent avec des réseaux publics, administratifs et privés où se définissent les politiques publiques.

P. GALLES parle de "(...)idées de conduite, de pilotage, de directions mais sans la primauté accordé à l'Etat souverain". La gouvernance suggère de comprendre les articulations de différents types de régulation sur un territoire à la fois en terme d'intégration politique et sociale et à la fois en terme de capacité d'action. Il faut examiner les interrelations entre la société civile, la marché et l'Etat parce que les frontières entre ces sphères se brouillent.

Cette approche pose une problème parce que l'Etat en tant que construit est toujours bien vivant et influence toujours la gestion des affaires internes et la politique internationale. Toute action se fait soit avec l'Etat soit contre l'Etat, il reste constitutif des relations internationales.

II. ORGANISER LES RELATIONS INTERNATIONALES: DU BILATERALISME AU MULTILATERALISME.

5ème séance : Organiser les régions: l'intégration régionale comparée.

L'intégration économique régionale n'est pas aussi prioritaire que l'intégration économique mondiale (elle est sous-optimale). Ainsi, 56% des échanges économiques de l'UE sont régionaux, 52% pour ceux de l'ALENA et 26% pour ceux de l'ASEAN.Selon I. CLAUDE la régionalisation va se poursuivre, c'est un fait inévitable.J. NYE s'intéresse à l'organisation de l'unité africaine (OUA et la ligue arabe) et veut comprendre pourquoi ces Etats veulent faire partie d'une intégration régionale alors que c'est moins intéressant qu'une intégration globale. A. ETZIENI compare la République arabe unifiée, l'association nordique, les fédération des Indes Occidentales, la CEE.

5.1. Définition de l'intégration régionale.

Selon B. RUSSET, on compte trois critère à la définition des systèmes politiques régionaux:- la nécessité par la proximité géographique et la différenciation entre les Etats- l'interdépendance économique, sociale et politique- l'homogénéité entre les unités: ce critère est plus relatif car il dépendant des termes

(valeurs, économie, niveau de développement, échanges commerciaux, financiers, culturels, le rôle des multinationales....)

La question de la proximité géographique est posé par les médias.

Les institutions politiques peuvent soit freiner soit approfondir l'intégration régionale.

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Le seul véritable facteur de définition est "l'intégration régionale est une forme d'intégration plus restreinte que l'intégration globale". On remarque la remise en question permanente des régions, sur le plan politique plus particulièrement dans le domaine de la construction sociale.

A. HURELL remarque 4 caractéristiques:- la régionalisation de la région; la régionalisation étant un processus de construction

permanentes à tous les niveaux.- L'identité régionale est aussi un processus de construction commune ie elle dépend du

niveau de l'intégration.- La coopération inter-étatique- La cohésion régionale dans un double sens: soit un rôle central de la région dans la

relation région-monde, soit un rôle politique de la région, comme une base institutionnelle.

La régionalisation permet de concevoir la région comme un processus qui se construit en permanence avec parfois des intégrations molle ou informelles (les processus économiques qui mènent à une construction de la région). Bien que ce processus puisse être influencé par des politiques étatiques, il est plus souvent formé par des échanges économiques entre les firmes multinationales et les réseaux économiques régionaux.

La régionalisation comme processus peut aussi concerner les flux de personnes et l'émergence de canaux sociaux. On parle plus de réseaux que d'organisation régionale, mais à travers du processus de régionalisation, on voit une processus de construction d'identité régionale au-dessus et en dessous de l'Etat (notamment en Europe et au MERCOSUR).

Il reste néanmoins le problème de la définition de l'identité régional. C'est plutôt une construction sociale surtout dans l'Union Européenne (hymne, symboles, traditions, mythes -le couple franco-allemand), ce qui n'existe pas au sein de l'ALENA ou ailleurs.

La coopération reste principalement interétatique dans les intégrations régionales même si les influences des organisations supranationales se font sentir comme le secrétariat du MERCOSUR (à la différence de l'ASEAN où il n'y a qu'une simple coordination interétatique).

La cohésion : quand la région joue un rôle central dans la définition des relations entre les Etats et quand elle constitue l'espace de structuration des politiques définies. Par exemple dans l'ALENA: la cohésion régionale est assez faible car la plupart du temps les relations sont bilatérales entre les Etats-Unis et le Mexique. Par contre dans l'Union Européenne, la cohésion est d'une grande influence dans les relations notamment de la France avec les autres pays de l'Union Européenne. En ce qui concerne les politiques nationales menées par les Etats Unis et le Canada, il y a peu de référence à l'ALENA, alors que dans l'Union Européenne la référence à celle-ci est constante dans les politiques nationales.

Cette cohésion régionale est une construction graduelle qui peut prendre différentes formes : création d'une organisation régionale supranationale surtout dans le contexte d'une intégration économique; accords interétatiques qui s'influencent mutuellement; mélange des deux comme dans le MERCOSUR; un système néo-fédéral ; situation où un hégémon créée et influence l'intégration régionale (ALENA).

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La question que l’on se pose est celle de savoir quelles sont les alternatives faces aux régionalismes. Une mondialisation, des contacts bilatéraux ? Mais selon ROBERT et NYE, le régionalisme est un processus. Le vecteur d’une union douanière est celui d’un marché commun (se caractérise par la suppression des obstacles à la circulation des biesn, des personnes, des capitaux et des services), qui est celui d’une union économique et monétaire puis finalement politique. Ce schéma n’est valable que pour l’Union Européenne, les autres ne veulent pas d’une telle forme d’intégration, comme par exemple l’ASEAN.

5.2. Le régionalisme dans une perspective historique

Depuis les années 1980, on assiste à un retour du régionalisme : renforcement de l’Union Européenne (CSCE qui devient OSCE puis l’Acte Unique de 1986), émergence en Amérique Latine, en Amérique du Nord, en Asie et en Afrique.

Le véritable développement de la région européenne se fait après la chute du mur de Berlin, « Les pays de Visegard, philosophie et coopération dans des pays indépendants » (les anciens pays de l'Europe de l'Est). La CEI est aussi une forme de coopération régionale de l'ancienne URSS, forme assez floue mais suffisante pour une coopération. En Europe du Nord, on assiste en 1991, à la création du Conseil de la Mer Baltique (pays baltes, Suède, Finlande, Allemagne et Russie), ie l’équivalent de l’OSCE d’Europe du Nord (notamment en ce qui concerne les droits de l’homme à l’époque leur influence est imprévue théoriquement. Les droits de l'homme surtout dans les pays balte car une grande minorité des citoyens russes, sorte d'Ombudsman. On peut parler de deux régionalismes; un nouveau et un ancien.

5.2.1. D’ancien régionalisme….

Nous nous trouvons avant 1945. A l’intérieur d’organes internationaux (comme le SDN par exemple), il y a des groupes de discussions, sinon des organisations spécifiques (poste, droit….). Ce n’est qu’en 1945 qu’émerge le régionalisme actuel ie un ensemble d’Etats contraints des règles qu’ils décident d’intégrer à des degrés différents, la proximité régionale est donc nécessaire.Les causes de cette intégration sont notamment le monde de l’après-guerre, et la signature de la Charte des Nations Unies (notamment l’article 52) qui donne un rôle particulier aux régions dans la gestion des conflits. L’OTAN contre l’URSS : ce sont des régions indépendantes européennes dont le but est d’éviter les conflits entre organisations opposantes (c’est l’idée post-positiviste que la pais n’est possible que par l’armement et l’équilibre entre les puissances (approche réaliste)).

Cependant, il n’y a pas de sentiment d’envie dans les Etats (population ou élite) à constituer ces organisations régionales. Ainsi, l’Afrique et le monde arabe n’arrivent pas à s’imposer pour l’unité du pays.

Il n’y a que très peu de résultats concrets jusque dans les années 1960. E. HASS parle même de la fin des intégrations régionales. En plus, on assiste à l’émergence des non-alignés et du groupe des 77 lors principalement de la Conférence de Bandung.

5.2.2 …aux origines du nouveau régionalisme.

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La fin de la Guerre Froide, les changements économiques, la fin du Tiers-mondisme, les vagues de démocratisation sont les facteurs principaux qui expliquent l’émergence d’un nouveau régionalisme (seulement à la fin des années 1980).

D’abord, la fin de la Guerre Froide inspire de nouvelles attitudes vis-à-vis de la coopération internationale (fin de la bipolarité), notamment avec l’implication de l’ONU dans des conflits difficiles (art. 52 et 54 de la Charte réactive le rôle des régions dans la gestion des conflits armés (la Ligue Arabe en Irak est une bonne preuve).

Ensuite, les changements économiques rendent les pays plus homogène (il n’y a pas des réelle marginalisation. L’Union Européenne se développe jusqu’à Maastricht (1992). Dans les années 1980, le développement se veut booster l’économie pour plus de compétitivité. C’est une idée qui est reprise par l’Amérique de Nord (ALENA), par l’Amérique du Sur (MERCOSUR) et l’APEC (Coopération économique de l’Asie et du Pacifique). La libéralisation des échanges renforce la position d’un pays. On parle de la « Guerre des Bananes » ; Amérique Latine, Amérique du Nord, Europe... qui font des accords préférentiels, qui ont notamment en Europe un poids très important.

La fin du tiers-mondisme : le groupe de 77 à l’origine du mouvement des non-alignés perd de son dynamisme donnant ainsi plus de place à l’intégration régionale : en Amérique du Sud et en Asie, on assiste au renforcement de l’ASEAN dans les années 1990.

La démocratisation : en Europe, ce sont la Grèce, le Portugal et l’Espagne, dans le MERCOSUR ce sont l’Argentine et le Brésil. C’est une vague nécessaire pour créer l’intégration régionale.

5.3. Les Théories de l’intégration

Une intégration régionale est une intégration entre plusieurs Etats (elle est donc internationale) mais elle ne peut être comprise sans la sociologie afin de comprendre les activités des acteurs.

Les théories de l’intégration sont souvent très liées à l’Union Européenne parce que c’est le projet le plus aboutie : on assiste à une négociation entre les représentants des Etats, des ministères, des institutions qui sont issus de cette intégration. On parle de négociation à multiples niveaux s’appuyant sur une logique diplomatique. GROTIUS parle de centraltualisme. Selon lui, on peut parler de la fin de l’Etat-nation quand les Etats se soumettent à un contrat négocié en commun accord. De plus, le droit interne est créé par cette négociation (le droit de la guerre pour GROTIUS).

5.3.1. Penser l’intégration européenne : les origines et les pères fondateurs, après 1945.

* Les influences de GROTIUSD. MITRANY (école des fonctionnalistes), le seul moment d’harmonie entre les Etats est la création des organisations internationales responsables politiquement. Cette idée est reprise par E. HASS (néofonctionnnaliste), selon lequel, les acteurs politiques sont déterminés à « réorienter leurs allégeances » dans le cadre d’une intégration régionale vecteur d’une nouvelle unité politique qui s’appuie sur les Etats et préserve leur souveraineté. Mais cette unité est fait fonction par fonction (spill over) ; la bureaucratie internationale est nécessaire au spill over.

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Attention ! L’intégration technicienne politique est confiée à la bureaucratie or en 1965-1966 on a réalisé les problèmes de cette approche. Ainsi, la politique de la chaise vide (1965 – 1966) contre la décision mettant la PAC à l’unanimité (problème qui implique que la décision d’un seul Etat peut paralyser l’intégration : les élites ne peuvent pas jouer un rôle principal, ce sont les Etats.

De fait se sont développer d’autres approches s’appuyant sur le théorie réaliste. Stanley HOFFMAN affirme que la Communauté européenne est une coopération entre les Etats qui sont des acteurs rationnels par les principes d’autorité et de hiérarchie. L’intégration européenne est donc une coopération internationale permettant des régler les problèmes agricoles et économiques. De plus, la mise en commune des souveraineté (pooled sovereignty) renforce la position des Etats dans le système international (l’union fait le force et l’indépendance est accrue au sein de la région). Il n’y a pas de spill over mais un « marchandage intergouvernemental » qui n’est pas automatique.

Attenttion ! Il est à noter que ces deux approches ne sont pas totalement opposées. Au niveau international : les acteurs sont les élites (HASS par de la bureaucratie alors que HOFFMAN par des chefs d’Etats…). Il n’y a pas d’intérêt au niveau national des Etats. Donc, la politique interne à très peu d’influence.

Ces approches ont bouleversés les années 1980, et ont influencé la signature de l’Acte Unique en 1986. On se posait la question de savoir comment coopérer ?Comment la politique internationale et européenne s’influencent-elles ? Assiste-t-on à un élargissement des champs ? (cf. les cadres conceptuels contemporains).

5.3.2. Les cadres conceptuels contemporains

- L'économie politique interne (EPI) a pour but de réduire les coûts des transactions en économie ouverte (gain optimum chez Pareto). Ainsi, A. MORAVCSIK (Libéral) fait primer l'approche intergouvernemental dans l'intégration régionale (s'appuyant notamment sur Keohan et Hoffman). L'Etat n'est que le mandataire pour défendre les intérêts des membres de la société civile. D'où vient alors le lien fort entre politique interne et politique régional? Les institutions européennes sont des agences créées par les Etats membres pour augmenter l'efficacité du marchandage interne.

La critique française parle de l'ignorance de liens communautaire par les institutions communautaires, en faisant le parallèle entre les organisations et les acteurs indépendants. On assiste a un renouveau du néo-fonctionnalisme: SANDHELB et STONE SWEET parle d'un nouveau spill over qui donnent la direction de l'intégration régionale. L'EPI implique un choix rationnel: V. GARETT. Les acteurs principaux sont les Etats rationnels (la CJCE est le principal-agent ie un agent distinct des Etats membres et capables de mettre de côté les intérêts à court terme pour une intégration à long terme.L'économie politique interne sert à expliquer la rationalité économique des acteurs qui coopèrent dans l'intégration européenne.

- Les institutionnalismes (il en existe deux groupes)1° les institutions comme formes relationnelles entre les acteurs et qui influencent les comportements des acteurs. P. HALL et P. PIERSON et la Path Dependency.2° les institutions comme la CJCE, les Conseils, les agences... qui comporte un certain aspect normatif. S. BULMER et N. NUGANT disent que les institutions communautaires

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influencent la politique menée au niveau régional. La communauté européenne défend ses intérêts dans le processus décisionnels.

- Les constructivismes (l'Europe est une construction sociale).Il existe des interactions entre des acteurs, une idée commune. On remarque l'influence de l'intégration sur les acteurs. Ses conséquences de l'intégration sont décrites par T. CHRISTIANSEN, A. WIENER et J.CHEOKEL. Ils parlent d'apprentissage et de socialisation ie l'intégration est une transformation des idées et des préférences sans motivations matérielles correspondantes.

- La gouvernance : une description pour comprendre la réalité de l'intégration européenne. Chaque objet étudié est confronté aux multiples niveaux de gouvernement. C'est l'articulation entre ces différents niveaux qui est importante.On parle soit de gouvernance en réseaux (S. MAZEY et J. RICHARDSON) dans le processus de négociation multi-niveaux.L'Européanisation par C. RADAELLI est un "processus de construction, de diffusion et d'institutionnalisation des règles formelles et informelles, de procédures, de paradigmes politiques, de styles, de manière de faire des choses, de croyances énormes partagés, définis et consolidés lors de la fabrication des politiques communautaires puis incorporés dans la logique des discours, des identités, des structures politiques et des politiques publiques nationales".Le niveau européen influence le niveau nationale et est aussi utilisé par l'influence

mondiale sur les politiques nationales. Les agences; pour G. MAJONE, l'union Européenne est un Etat régulateur.

5.3.3. Les approches "françaises" L'axe institutionnel reposes encore sur des bases juridiques (MAGNETTE et DEHOUSSE). L'union Européenne complète les actions des Etats, notamment dans la manière de résoudre les conflits dans la région (interaction entre les institutions et les Etats). Jean Louis QUERMONNE et FERRY évoquent les formes possibles pour la construction européenne. L'Europe est un système politique qui détermine ou détient des fonctions et des décisions très distincts du niveau national (normalisation).

La politique publique et comparée (CEVIPOF): P. MULLER. Il faut s'intéresser au processus politique d'intégration, il faut des outils d'analyse nationaux pour expliquer l'union Européenne, l'européanisation. Le processus européen est un passage obligé des stratégies des fonctionnaires et des groupes d'intérêts. L'approche cognitive (SUREL et PALLIER): les politiques publiques européennes sont des interactions sociales qui donnent du poids aux idées, des réponses et des valeurs communes et ordonnent des recherches qui les politiques publiques internes.

La sociologie politique européenne (spécialité française) note l'influence de l'union européenne sur les domaines politique et social . La microsociologie (groupe socio-politique européen à Strasbourg, dirigé par D. GEORGAKAKIS).

Les théories du monde anglo-saxon sur l'intégration régionale ont été utilisés dans le processus de l'intégration européenne. D'où l'émergence "d'écoles françaises" très disparates.

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Pour organiser les régions, il faut des critères théoriques et historiques. La théorie spéciale à l'intégration régionale a été développée dans le contexte de l'union Européenne parce que c'est l'intégration la plus aboutie (d'où plus de chercheurs). Il ne faut cependant pas négliger le droit public (cf. prochain chapitre).

6ème séance: Organiser le monde: la coopération intergouvernementale

Il existe aujourd'hui près de 300 OIG's. Au XIXème s., il y avait une commission fluviale interne concernant la navigation sur le Rhin (1815). Il y a ensuite eu des vagues successives pour faciliter la communication. Depuis les années 1970's, leur nombre a chuté parce que les OIG's rencontraient des problèmes fonctionnels "crise des OIG's". SUR affirme qu'il est exceptionnel qu'une OIG concurrence un Etat parce que c'est une création voire un instrument de l'Etat mais sur le plan juridique cela peut arriver.En sociologie, les OIG's sont des institutions indépendantes des Etats (bien que leurs actions soient indépendantes de celles des Etats) qui peuvent intervenir et transformer les intérêts des acteurs étatiques aussi bien que des acteurs non-étatiques.

Dans l'approche juridique, c'est un instrument avec des moyens accordés par les Etats pour être plus efficace, il lui manque la souveraineté et elle a de compétences limitées.

6.1. Les organisations internationales : des entités complexes.

6.1.1 Définition

Une organisation internationale est une "association d'Etats constituée par un traité, dotée d'une construction et d'organes communs et possédant une personnalité juridique distinctes de celle des Etats membres" (art. 1 Convention de Nation Unies, 1975).

Les modalités de l'interétatisme: les Etats sont des sujets secondaires, donc ils sont distincts des ONG car les membres des ONG's ne sont pas des Etats mais des individus et des groupes ie pas de personnalité internationale.Les OIG's diffèrent des conférences internationales en régimes. Les conférences internationales peuvent aboutie à un traité mais elles n'ont pas de fondements conventionnels, leur vie est limitée et leur organisation interne est plus faible. Néanmoins, les transformations sont possibles (la CSCE est devenue OSCE en 1994). Ce sont les Etats qui donnent leur rôle aux OIG's.

Les OIGS ont une grande hétérogénéité d'action. Il faut faire une distinction entre les OIG's à but général comme l'ONU et celles à but spécial comme (politique: Conseil Européen; éco: OCDE, OMC; fin: FMI, BM; militaire: OTAN, Pacte de Varsovie; technique: OMMétéo; social: OIT), les universelles (ouvertes) (ONU, OIS) et les régionales (ou fermées)

On distingue aussi les organisations ouvertes et les organisations fermées. Les organisations universelles sont généralement les plus ouvertes alors que celles qui font partie d'une organisation régionale sont plus complexe. Les organisations fermées sont les organisations régionales.

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La distinction la plus significative est celle entre les organisations de coopération et les organisations d'intégration. Parmi ces organisations d'intégration , les organisations économiques (union douanière) ou les organisations militaires (OTAN, CSCE), sont en général des organisations régionales pour une union de plus en plus étroite entre les peuples (Union Européenne, ASEAN, MERCOSUR, Union Africaine depuis 2002).

Les principaux critères pour une organisation intégrée sont:- compétence dans des domaines liés à la souveraineté de l'Etat, monnaie, sécurité- organisations autonomes des Etats membres- prise de décisions qui s'impose même aux Etats membres qui ne sont pas

d'accord avec les mécanismes de sanctions efficaces- le droit de ces organisations s'applique directement des Etats membres.

L'organisation de coopération ne dispose ni de compétence qui s'étendent aux domaines sensibles; ni d'organes autonomes. Elles ne font pas concurrence aux Etats membres mais cette distinction juridique claire est parfois plus difficile à distinguer dans la pratique. Certaines organisations de coopération ont un secrétariat ou un organe dont les décisions s'imposent aux Etats membres. Par exemple: les décisions de l'UNSC sont basés sur le chapitre 7.

6.1.2 Le statut jurdique. Les organisations internationales sont instituées par un traité, elles sont dotés d'organes propres et donc sont volontairement distinctes des Etats membres.Cette individualité des organisations internationales comporte toujours une part de fiction mais elle est fondamentale pour justifier la personnalité juridique de celle-ci. Avec l'Etat, les personnalité juridique va de paire avec la souveraineté contrairement à l'organisation internationale qui ne dispose pas de droits naissants de la souveraineté, mais seulement des droits qui lui sont attribués par les Etats membres. Ce sont les Etats qui attribuent les compétences aux organisations internationales et ces dernières ne peuvent intervenir en dehors.

La personnalité juridique interne de l'organisation internationale, qui n'a pas de territoire propre, s'exerce sur le territoire des Etats membres: nécessité des Etats à reconnaître la personnalité juridique internationale de l'organisation.

La vraie question est question est donc la personnalité juridique internationale de l'organisation parce qu'elle met fin aux monopoles des Etats et place l'organisation en position de concurrence par rapport aux Etats: ainsi, une décision de la CIJ de 1949 reconnaît que "les sujets, dans un système juridique ne sont pas nécessairement identique quant à la nature et à l'étendue de leur droit". Il peut y avoir dans le système internationale d'autres acteurs que les Etats mêmes s'ils n'ont pas les mêmes droits.Selon la CIJ, la point clé est celui de l'autonomie que le traité constitutif accorde à l'organisation internationale pour la personnalité juridique, l'autorité et le respect des Etats vis-à-vis de l'organisation intergouvernementale.

Capacités et compétences de l'organisation intergouvernementale

Les réponses sont très différentes selon les cas parce qu'elles s'exercent dans les limites de ce que les Etats membres veulent bien leur accorder.

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Il est important de noter le principe de spécialité et les compétences établies de manière ad hoc ie les compétences d'attribution en rapport avec les objectifs assignés à ces organisations internationales. De plus, souvent l'acte constitutif protège les Etats d'éventuels débordements de l'organisation avec par exemple: art.2 §7 de la Charte ou encore le refus de la CIJ adresser à l'OMS de s'intéresser aux armes nucléaires (1996).

La portée limitative de principe de spécialité est réduit par le théorie des pouvoirs implicites. La décision de 1949 de la CIJ: "les pouvoirs implicites comme politique de protection de ses agents et politique de réclamation internationale qui, même s'ils ne sont pas expressément énoncés dans la Charte, sont nécessaires au bon fonctionnement de l'organisation": ie droit de conclure des traités, droit de présente des réclamations internationales, obligations d'assumer la responsabilité de son comportement.

Toutes ces capacités peuvent être aménagées par le traité constitutif, notamment les compétences territoriales et personnelles: les organisations intergouvernementales ont le droit de protéger leur personnel mas c'est une protection fonctionnelle (pour tout ce que les fonctionnaires font en dehors de leurs fonctions, leur protection reposer sur leur Etat national).Mais depuis la guerre en ex-Yougoslavie et la mise en place d'une police, on observe un exercice de compétence territoriales par les organisations internationales.Au contraire, la responsabilité des opérations militaires revient aux Etats. Ex: Srebenica pas ForProNUC mais les Pays-Bas.Les organisations internationales ont aussi des privilèges et des immunités pour assurer leur autonomie par rapport aux Etats hôtes où elle agit. Cela couvre l'immunité de juridiction, d'exécution, douanière et fiscale, inviolabilité des bureaux et archives, traitement favorable des communications officielles.

6.2. L'organisation interne

En général, la vie de l'organisation internationale est définie par le traité constitutif dont dépendent les moyens qui lui sont donnés.

Il peut u avoir des crises diverse : moyens financiers, actions entreprises, relations et concurrence avec d'autres organes. Souvent la crise éclate entre les Etats membres sur l'activité de l'organisation ou bien entre les Etats fondateurs et l'organisation elle-même.Ex: opposition sur la constitution de l'Union Européenne, opposition du secrétaire général de l'ONU contre certains Etats membres sur la réforme de l'ONU ou le renouvellement de Boutros Boutros Ghali. Les Etats membres ont toujours une très forte influence sur le fonctionnement des organisations internationales.

6.2.1. Membres

Les membres d'une organisation internationale sont normalement des Etats souverains même s'il y a des exceptions parfois (ex: dominions britanniques). Pour l'avenir, la question se posera de savoir si la pratique des organisations internationales composées d'autres organisations internationales se mettra en place - l'Union Européenne est membre de l'ONU ou de l'OMC - ou bien même la question de la participation - le président de la commission Européenne participe aux réunions du G8- ou bien juste de la présence supplémentaire. Ex: Lors de la réunion du G7 à Paris dans les années 1990 sur le thème de

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l'Europe centrale, présence du président de la commission européenne (Jacques Delors), en convainquant Bush que ce devrait être à la CEE de gérer l'aide aux PECO, les autres Etats ont été mis devant le fait accompli et la CEE a reçu cette compétence.

Aussi se pose la question de la place à donner à la société civile (ONG, associations internationales et nationales) dans les organisations internationales?

Le degré de participation à l'organisation intergouvernementale peut être unique (tous les mêmes droits) ou à plusieurs degrés, avec même parfois plusieurs régimes d'appartenance (Etats membres, observateurs, associés). En général, le statut d'observateur donne droit à l'accès aux réunions des organes, à la documentation et parfois même à la participation aux débats.Les membres associés sont plus intégrés avec des droits plus proches de ceux des membres mais ils n'ont pas la droit de vote.Il faut encore faire la distinction entre les membres originaux qui ont participés aux négociations de l'acte constitutif et les membres admis. Ils n'ont pas plus de droits mais ils ont un plus grand poids dans les débats politiques et parfois, notamment quand la procédure d'adhésion est très lourde ce qui rend l'adhésion difficile ou incertaine. Ex: c'est le cas de l'adhésion aux organisations régionales comme l'Union Européenne contrairement aux organisations générales comme l'ONU où l'adhésion est quasi automatique.

Les droits et obligations des Etats sont décidés par le traité constitutif avec les plus souvent un principe d'égalité dans les organes généraux (un vote = une voix) mais parfois beaucoup plus complexe dans les organisations régionales.

Dans certains cas des sanctions sont prévues en cas de manquement des Etats membres (suspension des droits, exclusion) mais elles sont le plus souvent difficile à mettre en oeuvre puisqu'il s'agit de ne pas offenser la souveraineté des Etats. De plus, exclure un Etat peut causer encore davantage de dommages (plus d'obligations pour l'Etat exclu d'où plus de difficulté d'informations, on a plus de contrôle sur cet Etat....) Ainsi, l'Afrique du Sud, Israël et l'Irak n'ont jamais été exclu de l'ONU. Les garder était une façon de mieux pouvoir les dénoncer et exercer sur eux une pression internationale.Dans l'Union Européenne, il existe des possibilités de sanctions financières à l'application du droit ou en cas de problème avec la démocratie (ex: Haïder en Autriche en 1999). Le traité constitutif prévoit aussi pour les Etats, la possibilité de se retirer de l'Union Européennee.Cependant, juridiquement, même si le retrait n'est pas prévu par le traité constitutif de l'organisation internationale, il résulte de la souveraineté de l'Etat. Néanmoins, ceci peut poser problème quand une grande puissance se retire d'une organisation internationale, ce qui souvent provoque problème de financement ou de légitimité (ex: retrait de l'Union Européenne de l'UNESCO).

6.2.2 Organes

Généralement, les organigrammes comportent un secrétariat général, une assemblée générale qui est l'organe intergouvernemental; mais il y d'autres organisations plus complexes comme l'Union Européenne par exemple.

Classification multiples des organes

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Les organes principaux: ce sont ceux qui sont créés par les traités constitutifs, contrairement aux organes subsidiaires créé par les organes principaux pour les aider à remplir leurs fonctions. Ex: dans la pratique de l'ONU, il y a eu un grand nombre de création d'organes subsidiaires par l'Assemblée Générale comme UNICEF, HCR, PNUD, CNUCED, FAO...Ces organes n'ont pas de personnalité juridique ni d'autonomie par rapport à l'organe fondateur alors que leurs actions, leur influence est supérieure à celle de l'AG sur les relations internationales. Elles ont acquis une autonomie réelle supérieure à leur statut juridique, ce qui leur permet de passer des accords.

Les organes directeurs, exécutifs, juridictionnels et de contrôle: il faut distinguer organes gouvernementaux, intégrés et organes parlementaires. Dans la plupart des cas, les Etats sont représentés par leur propre gouvernement sauf dans le cas de l'OIT (délégation composée à égalité de délégué gouvernementaux, patronaux et syndicaux représente l'Etat). Les organes parlementaires en dehors du Parlement Européen, ne dispose pas en général de politiques sauf pour leur fonctionnement. En général, tous les Etats peuvent participer sauf dans le cas des organes restreints (ex: UNSC).Le terme d'intégration attribué aux organes n'a pas tout à fait la même sens que quand on l'applique aux organisations internationales. Il y a des organes intégrés dans toutes les organisations: le secrétariat général, les organes juridictionnels, les organes de contrôle, caractérisés par le fait qu'ils doivent rester indépendants des jeux politiques des Etats et servir l'organisation.

Les compétences des organes en sont en général ni territoriales, ni personnelles mais elles poursuivent les objectifs définis par les Etats membres

- les compétences normatives : compétences liées à l'établissement de règles s'imposant aux Etats membres en matière technique ou politique. Ex: la navigation aérienne : cette organisation peut adopter des normes pratiques et des procédures sur l'équipement et la circulation aérienne. En matière de santé: elle peut interdire certains médicaments. Le problème est que les Etats peuvent refuser de donner force obligatoire à ces règles. Les Etats peuvent s'en servir pour harmoniser leur comportement. Ex: les organisations économiques et financières peuvent influencer très fortement le comportement des Etats, alors que d'autres organisations, malgré leur action (ex: FAO) ne réussissent qu'à très peu influencer l'action des Etats. L'assemblée générale a souvent joué le rôle de législateur en adoptant des conventions obligatoires mais elles sont ensuite recyclées dans les débats politiques internationaux. C'est le concept de "soft law" qui façonne les idées sur la décolonisation, l'usage de la force, le désarmement.

- les compétences opérationnelles : réalisation d'actions concrètes: assistance économique et financière, maintien de la paix. Ces compétences s'exercent par l'adoption d'actes juridiques suivies d'actions sur le terrain des Etats membres et ce, uniquement avec leur accord.La question se pose de savoir que faire en cas de putsch ou en cas de désintégration de l'Etat? Sans gouvernement ni pouvoir légitimes reconnus, il est très difficile pour les organisations internationales d'intervenir (ex: Rwanda).

- les compétences de contrôle: elles sont apparues avec l'OIT mais elles ont récemment pris une très grande importance dans le domaine des droits de l'homme et du désarmement. Il s'agit de vérifier si un Etat se comporte conformément à ses engagements avec parfois même un mécanisme de sanctions qui est prévu. Le

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problème est que l'exercice de ces compétences est confié à des organes composés de représentants d'Etats membres d'où le fait que ces tâches sont de plus en plus souvent accordés à des ONG's qui reportent à l'organisation : HCR, AG, Handicap International publie un rapport sur les mines antipersonnelles. La rapport d'une ONG peut être un moyen de contrôle très efficace mais alors subsiste le problème des moyens du personnel (avec immunité, personnalité juridique) et de leur protection.

Le processus de décision: pour l'évaluer nous sont donnés trois critères:

- portée de la décision- organes décideurs- procédures de la prise de décision

Au plan juridique, une véritable décision est une décision obligatoire mais au plan politique, il est fréquent qu'une décision non-obligatoire ait de grandes conséquences. Elles influencent le comportement des Etats. Ex: rien n'indiquait que la présence soviétique en Afghanistan était illégitime mais cela a ensuite été qualifié d'intervention et non de soutien.

Souvent, on espère que l'organe plénier ait le pouvoir avec le principe d'égalité (une voix= un vote) mais le plus souvent les décisions rencontrent un problème d'efficacité. C'est pour cela que les fondateurs de l'ONU ont créée l'UNSC, limité en nombre pour être plus efficace. (approche post-positiviste : les grandes puissances essayent de poursuivre leur main-mise sur les organisations internationales. Cela s'applique très bien à l'ONU même si peut-être moins bien aux organisations régionales).

Les modalités de prise de décision: le système classique le plus respectueux de la souveraineté des Etats, l'unanimité est cependant très peu efficace pour l'action. Mais même avec la majorité, il a des difficultés: en effet, il faut que les Etats les plus importants et les plus concernés se trouvent dans la majorité, si la minorité n'est pas trop large. L'application de la majorité pondérée et les souci d'efficacité conduit le plus souvent à essayer de s'approcher du consensus. Souvent alors, le problème est que l'on arrive au plus petit dénominateur commun. Ex: l'OSCE est fondée sur un processus de décision par consensus qui s'est avéré très efficace dans certains cas.

6.2.3. Finances

Maîtriser les finances d'une organisation internationale pour un Etat est un moyen de contrôle: ne pas s'acquitter de la cotisation ou la verser avec du retard pour bloquer certaines actions. Pour les plus gros contributeurs, cela équivaut presque à un droit de veto. Ce genre de problèmes se rencontre très peu dans l'Union Européenne mais à l'ONU très souvent: le plus gros contributeur, les Etats Unis payent très souvent avec beaucoup de retard. Inversement, un Etat comme le Japon peut acquérir un poids important grâce à l'importance de sa contribution à l'ONU.

6.3. Penser les organisations internationales : une sociologie des organisations internationales

6.3.1. Organisation et institution

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Pour distinguer organisation et institution, on se pose le problème de la construction de règles pour rendre le comportement plus prévisible: ce sont plutôt les institutions alors que les organisations sont plutôt des associations d'Etats.Sociologiquement, on peu dire qu'une organisation internationale est tout une série de principes et de soutiens destinés à assurer des relations internationales de la façon la plus satisfaisante possible (Colléard).Les organisations sont aussi les règles et les traditions qui caractérisent la société fondamentalement.

Une organisation internationale institutionnalise des règles et des comportements. En occident, l'institution se fonde avec le droit, inspiré du droit romain, jusqu'au XIXème. Ce sont des règles de droit qui régissent le fonctionnement de la société nationale et internationale. Les discussions portent sut le point suivant: les institutions définissent un mode de fonctionnement universel, fondé sur la raison, transmise, et qui se pérennise de génération en génération.Organisation internationale et institution internationale sont aujourd'hui encore hérité d'un droit qui s'est construit avec l'Etat national.

Mais fin 18ème-19ème, avec la découverte d'autres régions, d'autres civilisations, on découvre aussi d'autres mode de fonctionnement des sociétés du monde occidental et du droit romano-chrétien. C'est principalement l'observation d'ethnologues et de sociologues qui pose le problème de l'institution. Il existe des manières d'agir et de penser dans toutes les sociétés sui sont socialement sanctionnées, il a des règles obligatoires. Marcel MAUSS montre que ces manières d'agir et de penser se forment en institution : ensemble d'actes et d'idées que les individus trouvent devant eux et qui s'imposent plus ou moins à eux.

En relations internationales, le problème est d'institutionnaliser le comportement des acteurs sur la scène internationales. Pour R. COSE, l'institutionnalisation est le mode par lequel les pratiques sociales deviennent une réponse à des problèmes spécifiques et se pérennise dans un ensemble de règles spécifiques: cela donne l'impression qu'une institution a été créée seulement en réponse à un problème spécifique: mais le problème peut être construite par l'acteur qui veut créer l'institution.

Il est coûteux de résister à la contrainte institutionnelle : c'est la question du fondement de cette contrainte institutionnelle alors que la sanction est difficile dans la société internationale qui se pose. Les notions de légitimité et d'acceptabilité sont liées à des croyances et des valeurs et elles ne peuvent pas être appliquées par une sanction militaire, politique, économique: tout dépend du contexte de l'action.

Pourquoi un pays reste-t-il à l'ONU quand même alors qu'il est en minorité régulièrement? En fait, l'appartenance à cette organisation ne coût pas vraiment cher et les Etats trouvent certains avantages, sa participation est légitime et acceptable aux yeux des Etats membres. Cependant, parfois la participation d'un Etat est combattue quand cette dernière n'est pas intériorisée et la participation se limite à une réflexion en terme de rapport coûts / avantages.La socialisation est souvent une des fonctions attribuées aux OIG's. Dans les années 1960, ce fût le cas de l'intégration des Etats issus de la décolonisation dans l'ONU. De même, la partenariat pour la paix est initié par l'OTAN après la chute du mur de Berlin pour socialiser les PECO.

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C'est un phénomène que l'on peut aussi observer par l'attribution de postes d'observateurs à des ONG's par des confédérations. Ex: l'UNICEF avant l'élargissement, avait donné la statut de membres associés ou d'observateurs aux organisations patronales des PECO.

L'institutionnalisation ne suppose ni l'égalité ni la bonne entente des acteurs car elle concerne des activités qui ne peuvent être poursuivies que solidairement (cf. Théorie des régimes): un problème ne peut être résolu qu'en coopérant: l'institutionnalisation d'un régime, d'une institution et cette institution émerge en s'appuyant sur un minimum de règles, d'orientations et de croyances préexistantes pour la définition d'objectifs communs.

L'institution est toujours fondée sur une adhésion volontaire des acteurs reconnaissant la nécessité d'un engagement réciproque. Cela définit la cadre d'utilisation des ressources, les droits respectifs et les obligations de chacun.L'institution est toujours construite, par des intérêts, des valeurs communes même si des conflits peuvent émerger au sein d'une organisation internationale. On parle de crise à cause de l'anomie des organisations internationales: quand les conflits deviennent trop forts, l'anomie va à l'encontre des normes établies, ces normes sont contestées et deviennent inexistantes.

On dit que les organisations internationales font naturellement partie d'une société mondiale. Comment peut-on partir des phénomènes sociaux internes des Etats pour aboutir à une société internationale? Comment des organisations peuvent-elles faire partie de la société mondiale?

6.3.2 Organisation internationale et société mondiale

A partir de 1950, la révolution behavioriste a fait rentrer dans les relations internationales (dominées jusque là par le droit et l'histoire) des matières comme les mathématiques, la psychologie sociale ou encore l'économie politique. Les relations internationales se nourrissent de tous les outils pour analyser les comportements humains et individuels: les analogies sont permanentes pour MORGENTHAU et WALTZ entre activité de l'individu dans un Etat et activité de l'Etat dans la scène internationale.Le passage de l'individu à l'Etat , acteur international n'est pas le plus difficile, les acteurs internationaux selon Stanley HOFFMAN sont ceux dont les décisions affectent les ressources et les valeurs et dont l'action les influencent les uns les autres par delà les frontières.

Comment passer d'une société interne à la société mondiale? L'école britannique (M. WIGHT et T . BULL) parle d'une société internationale définie comme un groupe d'Etats qui forment non seulement "un système au sens où le comportement de l'un est pris en compte par l'autre mais aussi un système qui a établi de façon concertée des règles communes et des institutions pour la conduite de leurs relations".

Cette société internationale est un outil méthodologique mais un peu trop fermée car cette définition ne s'appuie que sur des acteurs étatiques. Cette société mondiale est en fait constitués organisations internationales mais aussi de nouveaux acteurs: entreprises, ONG's: de ce fait, la définition est difficile.

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Il faut distinguer entre société et communauté : F. TONNIES (sociologue allemand) permet de voir que l'on peut parler d'une société internationales quand on s'intéresse aux organisations internationales.

"La société correspond à des relations artificielles entre des individus qui se trouvent des liens d'appartenance nombreux, alors qu'ils n'ont pas le sentiment d'appartenir à une communauté. La communauté est un groupe fondée sur un sentiment affectif d'appartenance à la même collectivité".

Une organisation internationale peut être considérée comme une société internationale mais quand on parle de communauté, c'est une ONG où les membres ressentent un sentiment d'appartenance.

7ème séance : La mondialisation: vers la fin des organisations internationales ?

Pourquoi lier la fin des organisations internationales à la mondialisation ? Parce que la mondialisation est généralement utilisée pour expliquer les grands problèmes des relations internationales: il y a de plus en plus d'acteurs non-étatiques dans les relations internationales, une puissance unique, on assiste à l'émergence d'une culture mondialisée, à la constitution de nouveaux empires et à l'affaiblissement du contrôle des Etats sur les affaires intérieures.

On doit distinguer les organisations internationales politiques et militaires qui semblent être les plus concernées par cette crise que les organisations internationales économiques et financières.

7.1. Aux origines de la mondialisation

7.1.1. Fondements politiques et espace restreint de la mondialisation

Dès avant la fin de la Guerre Froide, on observe un changement dans la structure des relations internationales (voire les néo-réalistes). Il n'y a pas de définition précise du processus complexe et de la nature multidimensionnelle de la mondialisation. Diffusion planétaire des modes de production et de consommation du capitalisme, Pierre de Sénarclan, définit la mondialisation comme libéralisation développée des échanges, des vagues d'investissements, flux de capitaux et le développement de la concurrence dans l'économie mondiale. Le développement de flux des capitaux se fait notamment dans les principaux milieux de la politique économique internationale (Triade). La Triade ne touche surtout que trois pôles capitalistes du monde d'où la formation de nouveaux clivages. On observe également de grandes améliorations techniques qui créent des interactions, des échanges sociaux et culturels toujours plus dense entre ces trois pôles, émergence de nouveaux réseaux, de liens entre sociétés civiles, entre organisations non-gouvernementales.

Des évènements très localisés ont des répercussions de grandes ampleurs dans des zones très éloignées. Par conséquent, on comprend pourquoi les organisations internationales aient du mal à s'appuyer sur des organisations régionales pour gérer des conflits.GIDDENS définit la mondialisation comme réorganisation du temps et de l'espace dans les relations sociales. Cela implique l'avancée de la modernité qui progresse dans l'ensemble de la société internationale mais de manière inégale et fragmentée.

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On pourrait parler des marchandes du Moyen Age ou des villes de la Hanse (XVIIème) qui montrent le début de l'économie capitaliste qui voit alors une autre étape lors de la Renaissance quand il s'agit de créer des changements culturels, matériels et politiques en Europe puis exportés de façon plus ou moins violentes au reste du monde. Au XVIIème siècle, les exportations maritimes et la colonisation permettent d'exporter aux Amériques, le système européen. Cela entre dans la réflexion des approches radicales des relations internationales; tout n'est que construction et reconstruction.L'économie occidentale avait pris son essor dans la période 1730-1880. Il ne s'agit pas de l'industrialisation mais d'un processus qui commence au XVIIIème et qui coïncide avec de nouvelles vagues de conquêtes impérialistes particulièrement facilitées par la croissance de la production des armes (approche constructiviste des relations internationales).Ainsi, la diffusion générales des modes de production capitaliste au dépende des modes de production traditionnel: Marx avait appréhendé ce phénomène en montrant que la bourgeoisie donne un aspect cosmopolite la production et à la consommation de tous les pays : le mode capitaliste est par définition impérialiste.

Dans l'entre-deux-guerres, on assiste à un ralentissement net du capitalisme et de la mondialisation avant une reprise après 1945, avec une croissance de commerce internationale de 66,5% en moyenne. Les Etats ont baisser leurs barrières au commerce et aux services: de fait se produit l'interconnexion des entreprises et des centres de l'économie mondiale. Dans les années 1980, le développement des sphères économiques et financières et l'augmentation des investissements directs à l'étranger progressent (IDE: entre 1983 et 1985 = $ 50 milliards et en 2000 = $ 13 000 milliards).

Les firmes multinationales et les firmes transnationales joue un rôle de plus en plus important (il faut noter le rôle des firmes multinationales dans la négociation de l'Acte Européen) pour pousser à l'élaboration des projets de libéralisation : c'est un mode pensée néolibéral qui a aussi influencé certains dirigeants politiques.

Cela met en question les organisations internationales fondées sur la coopération entre les Etats et non sur les ONG's, les firmes multi- et trans-nationales ni sur les sociétés civiles.

Il n'y a pas de déterminisme, on voit toujours l'influence importante d'acteurs politiques dans la mondialisation. Pierre de Sénarclan dit que les principales avancées de la modernité ont été développées à des fins militaires (nucléaires, internationales, conquête spatiale, satellite) et les gouvernements défendent fortement ces secteurs qui touchent à leurs intérêts nationaux de sécurité.

Le fondement politique à l'intérieur d'organisations internationales comme l'OCDE, la FMI, le GATT, la BM, l'OMC semble cependant lui peu toucher par la crise des organisations international. Il est difficile de parler d'un monde sans politique publique.

D'où vient la poussée pour la mondialisation financière? Elle provient des choix politiques pris à un moment donné, donc qui ne sont pas irréversibles. Mais il n'en reste pas moins qu'il faut différencier les Etats forts et les autres. Ex: le système de Bretton Woods où le FMI s'et chargé d'organiser les mécanismes monétaires pour éviter les dévaluations compétitives, mais les crises dans les années 1960 ont développé un déficit financé par les autres banques centrales pour soutenir le dollar. Le déclin relatif des Etats Unis suite à ces difficultés relatives et à celles issues de la guerre du Vietnam a entraîné la fin du système de Bretton

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Woods. A suivi alors, un changement de régime monétaire voulu et négocié: la fin du contrôle des changes aux Etats Unis en 1974 et la libéralisation des marchés financiers. La crise de la livre britannique en 1976 qui exige un choix politique: c'est la fin du keynésianisme et l'imposition d'une politique d'austérité à la Grande Bretagne, ce qu'elle n'aurait jamais acceptée quelques années auparavant.Ce changement du contexte politique commence à être marqué par la domination américaine. La Grande Bretagne abolit le contrôle des changes en 1979, le Japon en 1980 et la CEE en 1988. Il aurait été possible de freiner ce processus de libéralisation mais les politiques ne l'ont pas fait parce que la mondialisation ne diminue pas l'influence des Etats dans leurs domaines propres, notamment dans la fiscalité pour redistribuer des ressources, protéger des groupes vulnérables: on remarque l'utilisation discursive des contraintes de la mondialisation et en Europe par les hommes politiques : "blame avoidance" en rejetant les difficultés sur les éléments extérieurs.

La mondialisation économique renforce les relations de dépendance entre les pays pauvres et les grandes puissances économiques: le grand endettement des pays en voie de développement dans les années 1960 et les années 1970 avec l'agrandissement des marchés de capitaux mais en 1973, les décisions des pays de l'OPEP ont rendu beaucoup plus coûteuses les importations de pétrole dans ces pays. Ainsi, dans les années 1980, on assiste à la crise du Mexique, de l'Argentine, qui mettent en lumière cette dépendance économique entre pays pauvres et pays riches. Ceci souligne encore plus leur faiblesse dans les organisations internationales politiques et militaires ainsi que l'hégémonie des grandes puissances dans les organisations internationales économiques.Ainsi, l'espace de la mondialisation se restreint avec la domination des pays de la Triade. Les investissements directs à l'étranger viennent de la Triade et se dirigent vers une dizaine de pays, notamment les grands pays à croissance rapide (Chine et pays de l'Amérique latine).

7.1.2. Aspects sociaux de la mondialisation.

Les fondements transnationaux de la pauvreté sont mis en valeur par l'existence de structures économiques et financières qui entravent leur développement. Des instances gouvernementales et non-gouvernementales contribuent à la conceptualisation de cette question sociales mais il n'existe aucun mécanisme de négociation ou d'arbitrage au niveau international pour résoudre ces problèmes. Malgré le travail de l'ONU, de l'UNESCO... il n' y a aucune réponse cohérente à ces difficultés sociales liée à la libéralisation des échanges décidés par les Etats.Le problème vient aussi de l'intérieur des pays en voie de développement qui manquent d'acteurs pour négocier avec les instances internationales comme de syndicats par exemple. L'ONU était une arène pour débattre d'une stratégie de développement, notamment les pays d'Amérique latine réclament une aide internationale pour financer le développement de leur pays. Au même moment, le discours de Truman de développement consiste en une aide technique et financière pour intégrer les sociétés dans l'orbite du système capitaliste et contenir le communisme. Les pays en voie de développement devaient donc transformer leurs structures sociales, le développement de leur production, modifier leurs rapports sociaux, faire des restructurations: ils devaient mettre en oeuvre des stratégies pour l'industrialisation (peut être ISI, ELG, CGC?) fondée sur l'intervention des Etats (keynésianisme).

La CNUCED, au sein des Nations Unies a constaté dans les années 1960, que les bénéfices du commerce internationale étaient captés par les travailleurs des pays industrialisés. Elle a donc poussé pour une transformation des structures industrielles des pays en voie de

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développement par une implication des populations locales pour contrer les effets destructeurs de la libéralisation avec un système de préférence commerciale, pour encourager les investissements nationaux et les aides extérieures. Les Nations Unies ont mis en cause l'intégration libérale, aux moins jusqu'à la fin des années 1970 grâce à l'influence marxiste d'économiste d'Amérique Latine. Une amélioration industrielle importante des pays de la périphérie a été observée (croissance supérieure à 5%, progrès en matière d'hygiène et de santé, d'où progrès de l'espérance de vie). Mais les disparités s'aggravent à nouveau depuis les années 1980 avec la hausse du prix du pétrole qui pose de sérieux problèmes de balance des paiements et de déficit budgétaire: crise financière qui a favorisé le "tournant néo-libéral" (B. JOUBERT), ce qui a mené une libéralisation du mouvement des capitaux. De plus, l'arrivée de Reagan et de Thatcher au pouvoir ont eu une grande influence sur la situation actuelle: limiter l'intervention de l'Etat sur la protection sociale et la protection de l'environnement.On a aussi remarque la perte de cohésion entre les pays en voie de développement au sein des organisations internationales, il n'y a plus de voix ni d'idéologie unique pour s'adresser à leurs problèmes. La banque mondiale reprend le discours sur la libéralisation des marchés et le démantèlement des Etats Providence et elle prend le pas sur la CNUCED en ce qui concerne l'influence. Ces idées véhiculée par la CNUCED et le secrétariat de l'ONU sont ensuite reprise par les ONG's et les mouvements sociaux pour montrer les disparités économiques et sociales et en particulier pour les pays en voie de développement. On remarque les effets du développement des firmes mutli-nationales. Aujourd'hui, 1,2 milliards de personnes vivent dans la pauvreté ie 1/4 de la population d'Amérique latine et des Caraïbes ainsi que 1/3 de la population de Moyen et Proche-Orient vivent dans la misère. Les écarts sociaux et économiques s'aggravent et se creusent entre les grandes régions du monde. La PNUD a essayé de corriger les données du FMI et de la BM en créant l'IDH pour prendre en compte l'espérance de vie, la niveau d'éducation, de protection de l'environnement, les libertés politiques et pas seulement la croissance de la production pour mesurer le développement. Tous ces critères sont repris par des ONG qui contestent la vision libérale du monde. Les ONG sont à la fois source de légitimité et source de délégitimation des organisations internationale.

7.2. Les défis institutionnels

7.2.1 Mondialisation et conflits armés

Ce concept de sécurité est très controversé, il n' a pas de définition unique qui indique quand une société est en sécurité: cela dépend des époques, des contextes et des visions des sociétés. La sécurité est cependant, dans tous les cas, une finalité impliquant des principes d'autorité, de hiérarchie, de sanction et d'ordre pour le maintien de la cohérence interne.

- ordre, violence et anarchie : Ces trois notions ont pour fonction l'arbitrage des conflits, la conciliation des intérêts et des valeurs ainsi que la répartition des ressources. La doctrine de la souveraineté du Prince a été conçue afin d'empêcher que les hommes se livrent à une guerre civile permanente et empêcher la domination d'une seule politique étrangère. Le concept de sécurité repose sur l'aptitude à mobilier des moyens politiques et stratégiques pour maintenir l'ordre interne et pacifier les rapports avec le souverains étrangers. Michael WALTZER montre que les guerres peuvent être source de régulation sociale car elles permettent le changement. Pour lui,

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certaines situations n'ont que pour issue la violence (briser une tyrannie ou une occupation étrangère). C'est l'utilisation légitime de la force pour repousser une force impérialistes ou combattre des mouvements terroristes. Ex: les mouvements de libération nationale.

La Charte de l'ONU n'autorise pas un Etat à lutter contre un autre qu'exceptionnellement mais cette possibilité exige toujours le cadre institutionnel (rendre compte au UNSC). Les institutions protégeant la paix et la sécurité internationales sont véritablement fragiles: avant la SDN et l'ONU, seul le traité de Westphalie de 1648 reposant sur la souveraineté nationale permettait de gérer le système international. Ce n'est qu'avec la SDN puis l'ONU qu'une organisation est créée pour prévenir et faire cesser les conflits inter-étatiques.

Cependant, avec le développement des guerres civiles et avec la transformation de la notion de sécurité, les organisations internationales cherchent à évoluer pour prévenir les conflits entre les Etats mais aussi les conflits à l'intérieur de Etats: ce sont les problèmes actuels de l'ONU, de l'OSCE et de l'OTAN. Il y a deux discours sur ce point: les conséquences des conflits sur la société civil devenant de plus en plus graves, nous devons réagir ou les organisations internationales sont toujours fondées sur la coopération intergouvernementale. Ainsi par exemple, l'OTAN a essayé de changer de stratégie en 1991 en élargissant son champ d'intervention face au développement de nouvelles menaces, en dehors du territoire de l'OTAN: il doit être légitimé à intervenir ailleurs face au terrorisme et à la prolifération des ADM. Ex: Dans les Balkans ou dans le conflit indo-pakistanais qui n'a jamais été réglé par les organisations internationales. C'est l'exemple du différend entre la Chine et Taiwan mais aussi en ce qui concerne des différends territoriaux avec le Japon, les Philippines et le Vietnam où l'ASEAN se retrouve impuissante à intervenir.

La prolifération des ADM et nucléaires: on remarque l'incapacité des organisations internationales à aller au bout de leur logique et d'imposer de sanctions.

Les conflits internes et les guerres civiles dans le processus de construction de l'Etat: Afghanistan, Vietnam, Irak, Cambodge. L'ONU n'intervient qu'à condition d'être soutenue par une grande puissance.

Les Etats qui n'arrivent pas à organiser l'ordre sur leur territoire posent le problème du leur interlocuteur face aux organisations internationales: Afghanistan, Burundi, Zaïre, Haïti... Comment intervenir dans ce processus?

Les origines des guerres contemporaines sont davantage, par la passé, internes aux Etats. Selon K. HOSTE, 1/3 des conflits depuis 1945 sont des guerres civiles, des luttes de libération nationale... Les difficultés se posent pour les organisations internationales face à cette interaction entre politique interne et politique internationale qui contredit les thèses néo-réalistes et réalistes pour lesquels l'Etat est une boîte noire. De plus, la violence des Etats (ROUMEL, allemagne) a causé 4 à 5 fois plus de morts que les champs de bataille. La réflexion post-positiviste sur le rôle de l'Etat dans les relations internationales, contrairement à l'Etat défenseur de la souveraineté et acteur qui permet la paix interne et externe, pose l'Etat comme acteur de la guerre contre sa propre société. Ex: les répressions staliniennes en URSS, le nazisme, la révolution de MAO, les luttes de libération nationale anti-communistes....

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On remarque aussi le grand problème des conflits ethniques qui ne permettent pas aux observateurs d'agir rapidement parce qu'il faut savoir contre qui on lutte, avec qui négocier? qui sont les interlocuteurs? Ex : en ex-Yougoslavie, au Rwanda. C'est un grand problème pour les organisations internationales car il semble toujours a posteriori de voir qui était l'agresseur. L'ethnie est utilisée par des acteurs politiques pour créer et mobiliser une identité ethnique pour créer une situation conflictuelle à des fins politiques, individuelles et collectives.

Depuis néanmoins, on remarque la possibilité de reconnaître la responsabilité politiques pour des exactions commises contre des populations; c'est par exemple la création de tribunaux ad hoc comme le TPIY et le TPIR mais aussi d'un tribunal permanent, la CPI.

- le terrorisme: il est devenu la forme de conflit la plus stratégique, la plus révélatrice de la crise des organisations internationales. Le terrorisme est très ancien mais il s'est développé en réseau avec les technologies modernes. Il utilise des moyens de destructions à la fois rudimentaires mais aussi sophistiqués dans leur organisation et leur médiatisation. Avec le 11 septembre, le terrorisme changé d'échelle et il s'appuis de plus en plus sur des réseaux disposés à commettre des horreurs pour rendre publique leur cause, souvent floue, mais qui souhaite la désintégration des Etats pas des moyens militaires. Ils sont capable d'exploiter les ressources de l'économie transnationale (finances, drogues), s'approvisionne sur le marché des armes (peut être même sur celui des ADM) et ils se réfugient et peuvent même être supporté par certains Etats.On retrouve chez eux, un peu le modèle des guérillas avec un discours idéologique transformé par un mode libéral de vente de drogue pour leur financement.On assiste aussi à la transnationalisation du crime organisé. Face à ces réseaux, les organisations internationales ont peu de possibilité d'intervenir et de contrôler quoi que ce soit, avec leur stratégie diplomatique ancienne, notamment l'ONU.

La fin de la Guerre Froide a permis les accords de désarmements, le fin de l'opposition idéologique, la mise en place d'un dispositif de surveillance mutuelle des installations militaires. Ex: Traité de Washington de 1987 pour l'élimination des missiles terrestres de courtes et de moyennes portées, ainsi que le traité sur les armes chimiques. En 1993, le UNSC a pour la première fois établi un tribunal international permettant de poursuivre les personnes coupables de crimes contre l'humanité, mais sans les Etats Unis, ce qui montre la limité de ce développement de l'après Guerre Froide.

La fin de l'antagonisme a créé un climat favorable à l'UNSC pour les missions de maintiens de la paix: Agenda pour la paix de Boutros Boutros Ghali en 1993 qui distingue les différentes modalités d'action de l'ONU

o la diplomatie préventive, pour empêcher qui les différends ne se transforment en conflits ouverts ou ne s'étendent.

o le maintien de la paix, ie l'établissement d'une présence des Nations Unies sur le terrain.

o le rétablissement de la paix, ie rapprocher des parties hostiles, essentiellement par des moyens pacifiques.

o les unités d'imposition de la paix composées de militaires volontaires, auxquels l'UNSC pourrait faire appel dans des circonstances établies.

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Toutefois, ce document à rapidement été oublié après la perte de soldats en Somalie par l'ONU sus l'éclairage des médias (grands massacres de casques bleus). Les Etats Unis ont ensuite décidé de plus mettre en place de forces à disposition de l'ONU et de restreindre leur soutien aux opérations ultérieures de l'ONU. A la suite de ce retrait, aucun autre Etat n'a pris le relais et n'a proposé d'envoyer de forces sur le terrain. En Yougoslavie, les Etats Unis, la France, la Grande Bretagne ont utilisé l'UNSC pour masquer leur refus d'intervenir. En 1994, 35 000 hommes étaient demandé par l'ONU, seuls 7 000 ont été fournis. L'UNSC refuse d'intervenir si le rétablissement de l'ordre exige de lourds moyens où si l'agresseur et/ou l'agressé sont difficilement identifiables.Par contre, quand des intérêts sont en jeu, l'engagement de troupes pour rétablir l'ordre s'effectue sans attendre par l'ONU. Ex: La Grande Bretagne au Sierra Leone.La sécurité a été définie par un comité de sage à l'ONU en 2005, plus largement que la sécurité militaire. La sécurité est aussi sociale et environnementale.

7.2.2. Environnement et mondialisation

C'est principalement dans ce domaine qu'on remarque l'émergence de régimes.

La catastrophe de Tchernobyl a eu des effets qui dépassaient largement les frontières mais aucune organisations internationales n'est compétente pour proposer des solutions communes et efficaces. Le nuage nucléaire a touché surtout l'Allemagne et l'Autriche, des pays anti-nucléaires qui ont initié alors une réflexion à ce propos dans les organisations internationales justement. L'OCDE a décidé de financer la fermeture de la centrale et le démantèlement du réacteur. Il y a eu aussi un réflexion à l'intérieur de l'Union Européenne autour de la question de la gestion de la politique énergétique de l'Europe centrale et orientale. Objectif : essayer de réguler la production du nucléaire dans le monde: Union Européenne, Japon, Chine et Etats Unis.

L'eau est aussi depuis longtemps un facteur d'instabilité au Moyen Orient mais aucune organisation internationale n'est compétente pour intervenir concrètement entre la Turquie, l'Irak, la Jordanie et déterminer les responsabilités.

Kyoto: la situation est favorable aux organisations internationales au début des négociations mais le refus des Etats Unis de signer le protocole ralenti le processus (on remarque au passage encore une fois l'influence des Etats Unis).

7.2.3. Les institutions de la finance et du commerce : les organisations gagnantes de la mondialisation

C'est le système de Bretton Woods qui a assuré la régulation financière internationale jusqu'aux années 1970 puis a émergé le FMI et la BM comme les deux grands gagnants des turbulences financières des pays en voie de développement dans les années 1970 et 1980 ($17 milliards pour le Mexique par le FMI en 1987, prêts à la Thaïlande, à l'Indonésie et à la Corée du Sud en 1997 tout en imposant des politiques d'austérité aux gouvernements concernés. Cependant, ces politiques ont commencé à montrer leurs limites économiques et politiques avec le refus de certains pays des prêts du FMI au profit de ceux de la BM, notamment après le tsunami de décembre 2004.Il n'en reste pas moins que ces politiques continuent à avoir une influence importantes dans les pays africains avec le thème de la bonne gouvernance, et pas seulement des prêts, pour imposer des structures politiques dans ces pays en faillite.

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Cependant encore, il y a sur ce point beaucoup de concurrence entre les ONG et les organisations internationales, pour mettre en place des structures politiques, parce que bien qu'elles financent en partie les ONG, les organisations internationales sont aussi dépendantes des ONG pour l'application des politiques.

L'organisation internationale gagnante de la mondialisation est l'OMC: c'est une organisation de régulation, mode de gestion le plus répandue actuellement dans le monde. L'OMC peut à travers des négociations incessantes gérer les politiques commerciales mondiales, surtout à travers son organe de règlement des différends (compromis ou sinon, 3 experts indépendants et application de sanction, possibilité d'appel devant 7 dont la décision est irrévocable). C'est l'organisation internationale qui personnifie l'intergouvernemtalisme avec un faible secrétariat mais c'est la seule efficace mais très lacunaire dans la protection sociale.

Ce serait à l'OIT d'assumer cette fonction de régulation des pratiques de protection sociale.

Il en résulte que seules les ONG mettent en question ce problème mais ces dernières manquent d'homogénéité et aussi de légitimité (non-élues).

Le système semble paradoxalement devenir de plus en plus intergouvernemental.

8ème séance : Les "nouveaux" acteurs internationaux ?

Les acteurs économiques, les firmes multinationales jouent aujourd'hui un rôle de plus en plus politique dans les relations internationales. L'Etat n'a jamais eu la capacité économique, ni d'ailleurs celle de maîtriser les équilibres commerciaux.

De nouveaux acteurs émergent: des acteurs non-gouvernementaux, les ONG, la société civile organisée... Des individus en réseaux dans les organisations internationales, agissent de manière de plus en plus visible : experts, figures médiatiques et influentes...

8.1. Les opérateurs économiques dans la mondialisation

La mondialisation est le mouvement des quatre "i": investissement, industrie, information et individus. Les Etats ne contrôlent guère le processus de production et ils ne peuvent pas décider seuls des échanges car il est de plus en plus difficile de concilier les intérêts et la politique étrangère. De plus la dissociation entre territoire et intérêts économiques devient de plus en plus dur à faire et selon certains, l'entreprise serait devenue le coordinateur des relations internationales (importance des liens entre entreprises et Etat et entre entreprises).

Susan STRANGE, John STOCKEFOLD, John HENLEY ont parlé d'une diplomatie triangulaire entre les firmes, l'Etat et les bourses dans un ouvrage de 1991, Rival States, Rival firms. Les firmes sont selon eux des acteurs économiques qui ont une autonomie grandissante et son des acteurs politiques à part entière tandis que l'Etat a de moins en moins d'autonomie face à ces acteurs.

8.1.1. Les firmes

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Délocalisation et firmes globalesPour définir les firmes multinationales, il y a trois facteurs:

- la taille de l'entreprise- la part du chiffre d'affaire réalisé à l'étranger- la part des employés à l'étranger.

Charles A. MICHALAT et ANDREEF ont essayé de définir plus précisément la notion de firme transnationale: une entreprise, le plus souvent de grande taille, qui à partir d'une base nationale a implanté, à l'étranger, plusieurs filiales dans plusieurs pays avec une stratégie et une organisation conçue à l'échelle mondiale. Cette définition souligne que d'une firme multinationales est une organisation dans laquelle il existe des intérêts divers, voire divergents mais qui sont contraints de collaborer.

L'entreprise transnationale est une "invention récente" et on peut distinguer quatre phases dans cette émergence.Au début due XXème s., les firmes multinationales sont caractérisées par une stratégie d'approvisionnement: installation dans des zones de plantation, activité près des sources de matière première, ouverture de comptoirs de commerce.Puis au XXème s., s'est développé une stratégie de marché par le biais des exports et des IDE: ce qui lie l'entreprise à ses filiales est une relation verticale où la filiale reproduit la gamme de produit fabriqué par la société-mère.Dans les années 1960, se développe une stratégie de rationalisation où les filiales produisent des produits très spécialisés, les composants du produit fini sont fabriqué par la société-mère. Emerge aussi l'idée de réduction des coûts de production.Dans les années 1980, les firmes multinationales se sont reconverties avec des stratégies globales de production, stratégie de conquête de marché : division de alliances entre les firmes qui produisent des produits divers. Les firmes se spécialisent et essayent de créer une synergie entre les différentes entreprises qui se réunissent. Ces firmes multinationales globales sont aujourd'hui en mesure d'arbitrer entre les Etats pour les inconvénients et avantages qu'offrent leur propre pays. Le chiffre d'affaire cumulé est d'environ $2 000 milliards soit 1,5 fois le PIB de la France.

Pour la répartition géographique, les flux concernent surtout la Triade même si depuis les années 1990, des pays comme l'Australie et l'Afrique du Sud commencent à participer.Les firmes multinationales sont particulièrement attentives à la stabilité politique et juridique des pays pour assurer un fonctionnement qui leur permet de jouer ce rôle d'acteur politique dans les relations internationales.

L'influence des opérateurs économiques sur les politiques publiques

Ces entreprises infléchissent le volume et la nature du commerce extérieur d'un pays mais aussi le niveau d'action des économies nationales car ce sont des contribuables. et donc pèse sur les ressources des Etats et la répartition des revenus disponibles.

Elles exercent aussi une influence considérable sur le niveau de l'emploi des pays (ex: la fermeture de Renault à Vilvoorde, intervention du gouvernement français en Belgique ainsi que de la comission européenne).

Dans les années 1960, le revirement de l'Etat avait mis en place des politiques d'accueil plutôt restrictives des investissements directs à l'étranger (contrôle des changes, fermeture de certains secteurs comme la défense, les télécommunications, la recherche, le service public,

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autorisation préalable...). Il faut donc contrôler ces firmes pour ne pas laisser s'aggraver les problèmes sociaux avec des traités bilatéraux, entreprise-Etat et adopter des codes de conduites sur les investissements.

Puis les Etats ont cherché à attirer les investissements directs à l'étranger et sont entrés en concurrence pour capturer ces entreprises, face aux problèmes croissants du chômage, de dette. On remarque alors l'émergence de politiques libérales qui permettent un accueil plus important des firmes multinationales.: exemptions fiscales, concessions douanières, prime de développement régionale, liberté des transferts des devises et profits.Ainsi, la négociation de l'accord multilatéral sut les investissements (AMI) dans le cadre de l'OCDE avait pour objectif de permettre d'accorder les mêmes conditions aux acteurs étrangers et nationaux opérant sur le même territoire (échec de ces accords sous pression de la France).

La crédibilité de l'Etat dépend de sa capacité à maintenir la cohésion sociale, de protéger un régime de société pour prévenir toute violence. Un minimum de contrôle et de régulation est nécessaire.

Etude de cas : le Sommet de la terre à Johannesburg (2002)

C'était un sommet mondial sur le développement durable organisé par l'ONU. Les firmes multinationales avaient créé aussi leur propre "village" puis elles ont développé l'activité des entreprises en 1999 alors que l'ONU lance le concept de l' "Entente Globale". ie engagement de entreprises à s'engager dans le domaine des droits de l'homme; l'environnement et le droit du travail. Ces entreprises ont insisté sur le fait qu'elles s'intéressent au développement des systèmes politiques dans les pays en voie de développement et créent des partenariats pour sortir ces pays du développement. Environ 200 partenariats public-privé existe aujourd'hui à l'ONU. Le groupe des 7 plus grands producteurs d'électricité a lancé un programme d'énergie renouvelable en Indonésie, Shell, un programme d'exploitation gazière aux Philippines avec les populations locales. Les firmes multinationales ont mis en avant ces programmes pour légitimer leur rôle internationale. Ces programmes veulent faire partie du développement économique mais aussi du débat politique internationale.

8.1.2. Les marchés boursiers

Ils sont devenus des acteurs dans les relations internationales depuis les années 1990. Une bourse est une place où s'échangent des produits financiers mais comme interconnexion, ces marchés se sont regroupés et autonomisés par rapport aux Etats, devenantplus mobiles et difficilement maîtrisable avec le décloisonnement et le développement des marchés libres et autorégulés.La déréglementation a été décidée par les pouvoirs publics dans les années 1980, d'abords aux Etats Unis et en Grande Bretagne puis au Japon, en France, en All et en Europe.On remarque la déconnexion de la sphère financière et de l'économie réelle : la valeur des marchés a cessé de correspondre à la valeur réelle de la production, mais les influences ont été réelles avec le krach boursier de 1987, la crise du Mexique en 1994, la crise asiatique en 1997 ; ce qui a entraîné une perte de plus de $ 2000 milliards pour la seule Asie. C'est l'effet des dominos qui ne pouvait être freiner par une décision politique quelconque.

Quelle est la possibilité de régulation?

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Les tentatives de régulation "privées" a niveau international en 1986, l'organisation internationale des commissions de valeurs a eu pour objet d'harmoniser les pratiques boursières des différents pays, et ce qui induit une croissance des possibilités.La comité de Bâle regroupe depuis 1975 les dirigeants des banques centrales et de surveillance bancaire du G 10 (G7, Benelux, Suisse et Suède sans la Russie). Aujourd'hui 132 pays s'appuie sur ce système de normes minimales de régulation.

8.2. Des ONG aux mouvements sociauxD'un côté on a les ONG organisées et de l'autre côté, on a des mouvements sociaux qui mettent, autant que les firmes multinationales, l'Etat en question.

Les définitions des ONG sont en générales assez imprécise et fait de façon négative en opposition aux organisations gouvernementales ou intergouvernmentales.Est-ce que dire qu'une ONG est une organisation qui n'a pas de membre de l'Etat ou de membre administratif veut dire que l'Etat n' a pas d'influence sur les ONG?La question se pose aussi avec les associations transnationales et plus particulièrement parce que leur statut est différent selon les pays.

Distinction des ONG: GONGOS: ONG subventionnées par le gouvernement (ie governmententally organized NGO).MANGOS: ONG manipulées par une firme multinationales ou un Etat.GRINGOS: ONG réglementé par l'Etat.L'ONG dans le cadre de l'ONU, est définie comme tout groupement associatif ou mouvement constitué de façon durable par des particuliers appartenant à plusieurs pays en vue de poursuivre des objectifs non lucratifs.

Une autre définition est celle de l'Union des associations internationales: une ONG est une association avec des membres appartenant à plusieurs pays, internationale par ses fonctions, ressources et caractérisée par l'absence de but lucratif et bénéficiant d'un statut consultatif auprès d'une OIG. Aujourd'hui, il y a à peu près 300 000 ONG dans le monde.Cet élargissement du nombre d'ONG est cependant soumis à une domination occidentale avec un fort européo-centrisme (quatre catégories):

- organisations corporatistes qui représentent des professions ou des branches d'activités. Elles collaborent le plus souvent avec l'OIT, l'MOS ou encore la FAO.

- organisations techniques comme la commission internationale de la protection radiologique ou le comité international des aéroports.

- organisations savantes regroupant des spécialistes: association internationales des sciences politiques, institut de droit international, fondation Carnegie, fondation Ford.

- organisations sociales et humanitaires dont action contre la faim, Amnesty International, Oxfam, Croix Rouge, MSF....

Leur rôle devient de plus en plus visible avec leur coopération avec les organisations internationales et les médias.

Sont-elles des partenaires ou des concurrents ?

Les ONG sont devenus des partenaires et des interlocuteurs indispensables pour les organisations internationales et les Etats parce que elles possèdent une compétence

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technique et des connaissances du terrain inestimables. Elles deviennent des prestataires de services mais elles ont un grand rôle de protestation et de mobilisation. L'art. 71 de la Charte de l'ONU lie les associations et les ONG au fonctionnement du l'ONU au travers du Conseil Economique et Social qui peut les consulter.Mais ce sont également, l'OMS et la FAO qui organisent et codifient la collaboration des ONG à de nombreux travaux (Ex : code de conduite sur la production et la distribution des pesticides).Cette collaboration institutionnalisée varie avec l'étroitesse des liens entre les organisations internationales et les ONG: il existe trois statuts:

Dans le cadre du statut C: le droit d'information pour les ONG concerne leur consultation à l'initiative des organisations internationales.Dans le cadre du statut B: la consultation est automatique et elle peut intervenir dans les discussion des commissions.Dans le cadre du statut C : l'ONG peut inscrire ses suggestions à l'ordre du jour des séances sauf pour l'Assemblée Générale.L'octroi de ce statut est laissé aux organisations internationales mais il s'étend depuis 1993.

Le plus souvent les ONG effectuent des missions de sous-traitance pour réaliser les projets sur le terrain. Ca vaut aussi de plus en plus pour le financement étatique avec une expertisse dans l'environnement, l'aide, le développement et la logistique.

C'est au sein des organisations régionales que l'on observe la création des services spécifiques envers les ONG avec les ONG comme acteur urgenciaire (Croix-Rouge, HCR...). Les organisations internationales tirent beaucoup de bénéfices de leur collaboration avec les ONG mais elle imposent des contraintes financières et organisationnelles assez strictes. La prestation de service implique une certaine dépendance des financements publics, et une concurrence et des frictions entre les ONG ou entre les ONG et les organisations internationales. On entend même parfois parler de "marché" des ONG.

Leur participation à la fabrication du droit international

Les ONG participent également à la fabrication du droit international, notamment autour de grands sommets sur le développement, les droits de l'homme. Ces ONG sont souvent très vigilantes pour assurer le respect des normes et du droit international de la part des Etats et des organisations internationales.

Parfois les ONG peuvent faire partie intégrante de délégation nationale comme experts pour négocier une norme internationale. Aussi, elles peuvent proposer une initiative: Ex: dans les années 1980, le problème du lait en poudre envoyé dans les pays africains a été mis en avant par un ONG créée spontanément International Baby Food Network. Elle a mobilisé les Etats et les médias pour arrêter ces pratiques et faire comprendre qu'il était plus important de créer une véritable information. C'est aussi l'exemple d'Amnesty International qui est à l'origine d'une campagne contre la torture dans les années 1970 avec en 1984, l'interdiction de la torture et son inclusion dans la charte des droits de l'homme.Parfois, l'intervention dans la rédaction des textes comme l'implication de la Croix Rouge dans la rédaction des normes humanitaires (cf: livre de Jean Marie Dupuy).

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Le domaine de l'ingérence humanitaire permet de comprendre l'action des ONG, on parle d'une diplomatie morale après la résolution 43/191 où l'Assemblée Générale de l'ONU légitime l'interventions des ONG dans les catastrophes humanitaires mais en réaffirmant la souveraineté des Etats. La résolution de l'UNSC 688 en 1991 autorise aussi un droit d'intervention de l'ONG dans les affaires intérieurs d'un Etat.

Quel est la nature du lien entre une ONG et son Etat? Cette question revient très. Faut-il parler de l'intervention d'un Etat ou d'une ONG?. Dans le cas de l'ex-Yougoslavie, on a dit qu'une ingérence était possible ou nom des droits de l'homme, ingérence reconnue aussi aux Etats.

Mais depuis les années 1990, de nouveaux acteurs émergent: les mouvements sociaux.

8.2.2 Les mouvements sociaux.

Qu'est ce qu'un mouvement social ?

Les mouvements sociaux évoquent les modalités de prise de parole dans l'espace public. Eric NEVEU précise deux facteurs:

- les réseaux entre individus qui ont souvent en commun, le fait d'appartenir à la même catégorie sociale et ils ont une revendication à faire valoir par des grèves, des manifestations ou occupations de bâtiments publics. Ce sont des formes de protestation dont le répertoire d'action diffère des ONG (qui elles négocient).

- l'action collective d'un groupe de personnes.

Donatella della PORTE, Mario DIANI proposent quatre caractéristiques de ces mouvements sociaux:

- les mouvement sociaux sont des réseaux d'interaction informels entre plusieurs individus, groupes ou organisations. Plusieurs ONG ensembles peuvent par exemple, former un mouvement social. Ces réseaux proposent la circulation des ressources et un système de sens pour créer une vision du monde commune aux membres de ces réseaux.

- le partage des croyances et des solidarités : on est en présence d'un ensemble de croyances communes à l'intérieur des mouvements sociaux avec l'émergence d'identités collectives, de nouveaux systèmes de valeurs, et de nouvelles problématiques sociales.

- les activités qui de concentrent sur le conflits. Les mouvements sociaux souhaitent promouvoir ou s'opposer à des changements sociaux au niveau systémique.

- l'utilisation d'un répertoire d'action de la protestation. Le degré de protestation peut varier (violence, manifestations pacifiques, marches...) selon les contextes nationaux.

Les mouvements sociaux sont des réseaux et non des organisations. Pour avoir une influence, ils doivent s'insérer dans la durée ce qui induit qu'ils soient aussi concernés par la question de l'organisation et de la professionnalisation. Ceci rend la distinction ONG/mouvements sociaux difficile.

Comment le mouvement social a-t-il émergé aux niveaux international et communautaire ?

Les mouvements sociaux sont considérés comme une contestation de l'Etat et ils participent du déclin de l'Etat avec la création de réseaux internationaux, transfrontaliers.

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J. NYE et R. KEOHANE dans Transnational Relations ans World Politics (1971 et d'après des recherches de S. HOFFMANN et contre le paradigme réaliste, ils considèrent toutes les interactions non diplomatiques comme des mouvements transnationaux. Cependant, il remarque trois spécificités:

- ces travaux coïncident avec la redécouverte de l'économie politique internationale et donc nos deux auteurs ne prennent en compte que les versants économiques.

- ils sont surtout reconnus par la diffusion d'écrits et d'articles notamment.- la perte de pouvoir de l'Etat face à la montée des acteurs transnationaux

NYE et KEOHANE ont ensuite abandonné leur travaux sur les mouvements sociaux internationaux.

Sidney TARROW différencie les formes de militantisme transnational. - il parle en particulier de l'impact international à travers les médias. Ex: les Chiapas.- il parle aussi des manifestations internationales lors de sommets

intergouvernementaux (Seattle, Gênes) ou européens (Nice).- il parle enfin du militantisme au sein et autour des institutions qui se réunissent pour

rédiger un traité (Kyoto).

Ex: La Marche des chômeurs est un mouvement social qui débute en 1997 avec le somme d'Amsterdam où il y a un défilé de 50 000 personnes. C'est la première fois en Europe qu'un mouvement social manifeste contre le chômage, la précarité et l'exclusion. En 1999, au sommet de Cologne, ils sont 30 000 pour une marche de chômeurs pour la diminution de la durée du temps de travail. La Marche des chômeurs provient de la France avec trois catégories d'acteurs concernés: les militants, les associations de chômeurs (association Agir contre le chômage), les acteurs de la société civile européenne (galaxie associative avec même quelques responsables politiques), les militants issus de la gauche de la gauche (sorte de 'pro' du militantisme avec des entrepreneurs politiques pour mobiliser des personnes. LE mouvement se caractérise par son absence d'organisation et par sont action ponctuelle.

Ex : Les manifestations anti- et altermondialistes au somme de Gênes en 2001. Dans ce cas aussi, les participants avaient des intérêts communs de lutter contre la globalisation libérale et de créer une structure parallèle au niveau des ONG ie la mise en réseau entre différents organes. La mondialisation est pour eux, à la fois un défi et une ressource (technologie, communication).Pour explique la mobilisation, Charles TILLY avance qu'elle est influencée par le niveau des CATNET, les catégories sociales et les réseaux sociaux ie Quand une catégorie social est homogène et organisée en réseaux développés, alors la possibilité de mobilisation est très rapide et surtout très probable.A Gênes, il y avait ATTAC, Liliputch (organisation catholique italienne pour le développement des centres sociaux). Le répertoire d'action de contestation s'adressent au travers des médias à l'opinion publique avant même de représenter leurs intérêts auprès des acteurs politiques et administrations publiques.L'objectif reste d'influencer les décideurs publiques avec trois stratégies indirectes:

- les pertes matérielles: stratégie de dommage pour que les partenaires économiques fassent pression sur les pouvoirs publics.

- la diffusion des convictions selon une logique du nombre- la mise en urgence de l'action de la part des citoyens.

Leur principale arme d'influence est donc la circulation des idées, notamment par la création d'un débat public (très grande différence avec les ONG).

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8.3. Les individus en réseau

8.3.1 Les experts internationaux

Les experts existaient déjà au XVIème s., en qualité de conseillers du Prince, mais le XXème s. est celui de l'internationalisation des experts ce qui les place au premier plan de toutes les catastrophes et de tous les évènements politiques.

Peter HAAS (USA) a publié un numéro spécial de la revue International Organization en 1992 sur les communautés épistémiques.

L'expert n'est pas un acteur isolé parce qu'il possède une légitimité parce qu'il est inscrit dans une domaine, un métier, un ensemble de personnes qui partagent le même savoir. Les communautés épistémiques en relations internationales sont des réseaux transnationaux de professionnels dont l'expertise est reconnue dans un domaine de compétence particulier.Là aussi, ce qui est important ce sont les valeurs, les croyances, les visions du monde véhiculées par ces communautés. Il faut cependant que l'autorité de l'expert soit reconnue par les pouvoirs politiques pour pouvoir intervenir. Comme lors de la crise de l'ESB ou encore celle des marchés financiers, les experts sont les premiers interrogés par les hommes politiques et par les médias. L'expertise est devenue une ressource politique et un moyen de légitimation. L'expert est loin d'être neutre. Le plus souvent les experts sont issus d'ONG, d'entreprises ou de groupes d'intérêts. Présenter alors les intérêts sous forme d'expertise permet de mieux pouvoir influencer les débats avec une formulation précise et chiffrée.

8.3.2 Des figures médiatiques et influentes

Il faut distinguer trois formes de personnes médiatiques:- les prix Nobel (Joseph Alain Roche...)- les réseaux économiques individuels autour du sommet annuel de Davos

Les prix Nobel: ce sont de individus qui reçoivent le prix Nobel pour avoir dispenser les plus grands bienfaits à l'humanité dans leur domaine de compétence, c'est pourquoi on utilise et mobilise leur capital de prestige pour conseiller les politiques sur la gestion des affaires internationales. On remarque cependant, une concurrence entre les Etats parce que ce derniers sont reconnus comme dépositaire du savoir, et comme l'incarnation des valeurs universelles, désintéressés (contrairement aux experts) et libres pour promouvoir la paix. Ils ont un certain pouvoir d'interpellation et ils vont souvent s'autoproclamer comme juges des Etats. Eli WIESEL, John STOGLITZ, Milton FRIEDMANN....On retrouve certains individus issus de l'économie dans des réseaux économiques plus particulièrement à Davos pour parler de la gestion de l'économie mondiale. On critique parfois la manque de légitimité démocratique des ONG, mais c'est le même cas dans ce contexte. Au départ, c'était une rencontre régionale initiée par Régis SCHWARB en 1971 comme un forum européen du management pour une échanges entre économistes, entrepreneurs et hommes politiques. La première réunion regroupait 34 firmes mondiales alors qu'aujourd'hui c'est devenu un espace de rencontre entre 1 000 entreprises, une assemblée annuelle accompagnée de sommets sur des aires géographiques spécifiques, des rencontres nationales et même des manifestations sectorielles.

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Le sommet de Davos avec les chefs des grandes entreprises, chefs d'Etat, dirigeants syndicaux, banquiers, experts. En 2003, pour la première fois il y eut un débat entre les ministres pour se mettre d'accord qui irait à Davos ou même Porto Alegre. De plus, généralement, il y a eu un ou des invités d'honneur (Prix Nobel, chef d'Etat..) qui n'explique pas seulement la gestion économique mais aussi comment le système international dans son ensemble devrait être géré.

III. Agir internationalement : de la négociation à l'intervention.

9ème séance : Négocier

La négociation est un échange de vues afin de parvenir à un accord, un accord acceptable pour toutes les Parties - la notion d'égalité est importante.

Il faut faire la distinction entre délibération et négociation. La négociation étant un marchandage (bargaining) alors que la délibération est un échange de points de vue qui ne mènent pas obligatoirement à la décision.

9.1. La structure et les stratégies de la négociation

Il s'agit ici de décomposer le processus décisionnel en différentes séquences aux cours desquelles des négociations proposent des stratégies communes, élaborent des propositions.

9.1.1. Les types de négociations

En théorie les moyens qui permettent de régler un conflit sont variés mais en pratique la négociation et la voie la plus empruntée soit directement entre les deux Parties soit faciliter par des médiateurs. La négociation est un processus qui consiste à rendre compatible des positions conflictuelles et les rassembler autour d'une position commune qui donne lieu à une décision prise à la majorité ou au moins à un accord général. A partir ru moment où chaque Partie a un droit de veto, on considère que les participants sont sur un pied d'égalité même si en pratique le rapport de force est différent. Les étiquettes du plus fort et du plus faible sont attribués dès le départ mais même une Partie faible à la possibilité d'intervenir par son veto même si il existe des inégalités structurelles.

William ZARTMAN (USA) avance 2 sortes de processus de négociations explorables par une politique étrangère.

- processus de concession mutuelle jusqu'à ce que les positions convergent. C'est une sorte de jeu à somme nulle: tout ce qui n'est pas gagné par l'un est gagné par l'autre.

- bâtir une base de discussion commune de départ, base qui peut ensuite être traduite dans un accord. C'est alors un accord à somme positive où les différentes Parties de la négociation peuvent sortir vainqueurs.

Ex: la première forme de négociation. Syrie et Israël à propos du plateau de Golan, le compromis n'a pas abouti parce que les deux pays n'ont pas trouvé de bases communes pour la négociation, aujourd'hui encore le conflit dure.

Ex: la deuxième forme de négociation. La Namibie a obtenu son indépendance sur la base de la formule décidée initialement ie on a assisté à un retrait simultané des troupes des

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deux Parties (Namibie et Angola). En effet, l'accord commun a abouti à une solution pacifique de conflit.

Dans les négociations internationales, on remarque le plus souvent l'intervention d'un médiateur. Ce dernier à plusieurs fonctions:

- apport de confiance entre les deux Parties pour des négociations fiables- faciliter la communication entre les Parties Ex: L'intervention du Vatican a été particulièrement appréciée dans le différend entre le Chili et l'Argentine parce qu'il a proposé une solution nouvelle. Cette solution venant d'un tiers plutôt neutre.

Mais parfois, la situation est plus délicate et la négociation est rendue plus difficile si:- l'obstacle réside dans le fait que le conflit est plus avantageux, pour les Parties, que

les négociations.- la faiblesse de l'une des Parties ne lui permet pas d'accepter l'égalité nécessaire pour

des négociations efficaces. Dans ce cas là, la fonction du médiateur est souvent beaucoup plus manipulatrice, ce qui est dangereux pour aboutir à un accord. Ex: le rôle des Etats Unis dans les conflits du Proche-Orient notamment dans le conflit opposant Israël et l'Egypte. Leur seule intervention n'a été que de proposer une aide financière importante aux deux Parties. Même dans le cadre du conflit israëlo-palestinien, les Etats Unis ne sont pas neutres du tout.

La tâche d'un médiateur a des bons offices au rôle d'intervenants plus ou moins pacifique. Ce rôle est beaucoup plus contraignant que l'arbitrage où la décision est juridiquement obligatoire. Le rôle de médiateur est de favoriser les échanges entre les deux Parties et de proposer des solutions aux conflits. La plupart du temps, le médiateur n'est jamais impartial (manipulateur, facilitateur...) . Les Etats Unis prennent notamment souvent le rôle de leader.

Face aux médiateurs étatiques, on remarque de plus en plus l'émergence d'autres types de médiateurs non-étatiques comme les organisations internationales surtout l'ONU et les organisations régionales comme l'OSCE ou l'ASEAN. Des fondations jouent aussi ce rôle: la fondation Jimmy Carter ou le Comité Sant'Egidio créé en 1968 en Italie par l'Eglise catholique. Elle est spécialisée dans le dialogue interconfessionnel . C'est en quelque sorte une diplomatie privée mais qui est sans commune mesure avec les moyens des organisations internationales ou des gouvernements. Cependant les interventions et le nombre de ces autres types de médiateurs sont en progression, ce qui prouve leur importance en relations internationales.

9.1.2 Du règlement à la prévention des conflits

La prévention des conflits est une autre forme de négociation. C'est une forme ancienne qui a pris de l'importance notamment dans le cadre de l'Agenda de la Paix de Boutros Boutros Ghali. La prévention des conflits est devenu un objectif prioritaire, dans le discours des Etats . Elle a été initialement popularisée dans les années 1950 par les différents secrétaires généraux des Nations Unies et principalement par Dag HAMMERSKJöLD. Ce dernier a mis en avant l'importance de la prévention des conflits, il l'a appliqué dans un certain nombre de cas. Ce travail a été ensuite poursuivi par Boutros Boutros Ghali .Au début, la diplomatie préventive a oeuvrer pour diminuer les possibilités d'éclatement d'une guerre entre l'Est et l'Ouest et ce n'est qu'avec BBG. qu'elle à pris une tournure plus précise et

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un caractère plus internationalisé. En effet, les conflits les plus nombreux et les plus meurtriers se déroulent à l'intérieur des Etats. Ainsi, l'idée de la diplomatie préventive est de négocier à l'intérieur des Etats ce qui implique l'effritement du principe de souveraineté de manière très nette parce que le médiateur Tiers devrait être neutre. Or comme nous l'avons vu, la plupart du temps il ne l'est pas. Cette situation est directement liée à la notion de responsabilité. Ainsi, Bertrand BADIE se pose la question de savoir si la souveraineté n'est pas une nouvelle forme de responsabilité dans phase de l'utilisation de la diplomatie préventive croit. (La diplomatie préventive est mise ne oeuvre avant que les médias ne se saisissent du conflit). Ex: en 1991, on n'a pas été loin de l'irruption d'un conflit violent entre l'URSS et les pays Baltes dont l'Estonie et la Lettonie où résidaient bon nombre de ressortissants russes (depuis une quarantaine d'années) que les Soviétiques ne voulaient pas voir partir. Ainsi, la CICE, le Conseil de la Baltique et l'OSCE ont usés de diplomatie préventive et le conflit a été évité.Ex: C'est la même chose pour la Macédoine . On peut se demander pourquoi c'est le seul pays qui n'a jamais été en guerre dans le conflit en ex-Yougoslavie, c'est parce que l'OSCE puis l'ONU puis l'Union Européenne ont usé de diplomatie préventive. Ces exemples montrent que la prévention des conflits se confond souvent avec la gestion de l'avant-crise. Cette pratique reste néanmoins très importante en relations internationales. Cependant, souvent les Etats ont hésité à intervenir ou à autoriser des organisations internationales à intervenir avant l'éclatement du conflit, souvent à cause des opinions publiques, la perspective de nouvelles élections (la responsabilité de l'Etat et plus encore du gouvernement est alors engagée).

On explique cependant qu'une prévention des conflits est possible avec l'émergence des régimes (une régime est établie lorsque les coûts de transaction sont si élevés qu'ils deviennent gênants pour la politique intérieure d'un Etat (élection à long et court terme) et qu'il faut créer des règles génériques pour gérer la situation. La règle est donc une forme d'interaction intergouvernementale mais la plupart des conflits sont des conflits intérieurs donc cette prévention a peu de succès.

9.1.3 Du pouvoir dans les négociations Pourquoi même dans la perspective d'une négociation avec des grandes puissances, les plus faibles pensent-ils toujours pouvoir tirer leur épingle du jeu.

Le pouvoir et la puissance sont une question de perception (la définition de MORGENTHAU de la puissance). Il est difficile de connaître la puissance d'un tel ou d'un tel parce que les négociations se font dans des domaines bien particulier, la puissance dépend aussi du domaine.

Il existe 2 deux écoles de pensée pour répondre à cette question:- Selon la première, c'est à travers de la négociation que les niveaux de puissance

s'ajustent. Au final, toutes les Parties ont la même influence sur les résultats.- Selon la seconde au contraire, les différences de puissance influencent très

fortement les résultats. La négociation confirme la distribution de la puissance entre les acteurs mais la plupart du temps on arrive à un accord. Dans le cadre d'un négociation dans un domaine bien précis, les Parties sont tout de même sûrs que la puissance est distribuée de manière égale entre les acteurs.

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Ex : Dans le cadre de l'OMC, il existe entre les pays développés et les pays en voie de développement des disparités de pouvoir, de puissance et de ressources certaines mais cependant, les négociations, mêmes si difficiles, continuent. Pourquoi? Parce que les négociations sont gérées de manière très précises (règles, temps d'intervention...). De plus, les Parties les puissantes s'engagent volontairement dans des négociations bilatérales ou multilatérales dans le but de donner une impression d'égalité entre les acteurs et pouvoir, de fait, aboutir à une décision. Il ne s'agit ici que de perception.

Will ZARTTMAN propose de définir le pouvoir dans le cadre des négociations d'une autre manière que Weber et Clausewitz (chez le pouvoir de A est de faire faire à B, quelque chose que B n'aurait pas fait sans A -même à l'encontre de sa volonté). Le pouvoir pour lui est la capacité perçue d'une Partie pour exercer son influence sur une autre Partie par des moyens qui peuvent inclure l'utilisation des ressources.Il propose alors plusieurs hypothèses:

- Lorsque les perceptions de pouvoir sont égales parmi les acteurs dans une négociation, celle-ci est plus efficace que lorsque la perception de pouvoir est asymétrique.

- Si jamais il existe une asymétrie de pouvoir alors la Partie la plus puissante tend à exploiter la plus faible, qui tend à adopter une attitude de soumission. Cependant, cela n'a lieu que lorsque la négociation n'est pas réglementée (les négociations dans le cadre des organisations internationales présente souvent une symétrie de pouvoir entre les acteurs).

Donc, plus la différence de puissance perçue par les négociateurs est petite, plus la négociation est efficace. De plus, plus la puissance est faible, plus la négociation est efficace.

Pour négocier il faut : - une organisation qui proposent des règles acceptées par tous les participants- que les participants eux-mêmes soient motivés pour aboutir à une décision

Les hypothèses de ZARTTMAN sont mise en avant dans une étude sur une vingtaine de négociations de toutes natures et il a aussi montré que dans les négociation sans règles, les Parties les plus faibles n'adoptent jamais une attitude de soumission, mais ils essaient de surmonter leur faiblesse par un discours agressif que les Parties les plus puissantes. Dès que la négociation est encadrée par des règles, les Parties adaptent leur attitude à celle des autres.Toutefois, tous se compliquent lorsque l'on est confronter à une négociation multilatérale.L'idée de la perception développé par Robert JERVIS, du courant néo-réaliste, s'inscrit dans le paradigme néolibéral: coopération où l'Etat n'est pas un acteur unitaire.

9.1.4. Les complexités de la négociation multilatérale

Pour ZARTTMAN, la perception de l'autre devient très difficile dans les négociations multilatérales. Elles suivent une procédure très complexe, certains chercheurs parlent même de "bordelisme".

Les caractéristiques Ceux qui conduisent ces négociations sont pour rôle de freiner, d'accélérer les négociations, d'être les médiateurs au fur et à mesure. Les valeurs véhiculées par les négociateurs sont multiples.

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En général, les décisions sont prises par consensus. Comme ces négociations sont longues, les négociateurs finissent par bien se connaître, ce qui rend très difficile un vote à la majorité. Ex : Dans l'Union Européenne, les décisions (bien qu'il existe une majorité qualifiée) sont presque toujours prises par consensus.

On observe aussi la création de coalition, la complexité réside dans le fait que ces dernières changent tout au long du processus.

Comment étudier -analyser, ce problème de la négociation multilatérale ?Will ZARTTMAN propose six approches :

a. Approche décisionnelle:C'est une analyse chronologique de la négociation, où les valeurs et les intérêts de tous les acteurs sont regardés. Quelle est la coalition dominante? Quels sont les intérêts de chaque acteur dans tel ou tel phase? C'est une approche utile parce qu'elle à tendance à réduire la complexité de la négociation mais le problème est qu'il est difficile de distinguer les phases les unes des autres (agenda, élaboration des solutions, éventuellement de décision...).

b. Approche par analyse stratégiqueCette approche utilise principalement la théorie des jeux notamment quand des intérêts de sécurité sont en jeu et donc que les acteurs se doivent d'être beaucoup plus rationnels.

c. Approche organisationnelleElle est fondée sur le cadre institutionnel ie les organisations sont les acteurs.

d. Approche par petits groupesElle n'analyse que les coalitions.

e. Approche par coalitions des pouvoirsElle prend le pouvoir ou la puissance comme facteur explicatif de la formation des coalitions

f. Approche par analyse de leadershipElle cherche à trouver qui est l'acteur principal.

Toutes ces approches permettent de voir et de comprendre comment se déroulent des négociations multilatérales mais elles n'ont aucun importance si l'on ne sait pas qui négocie.

9.2. Les acteurs de la négociation : la diplomatie

Les négociations font partie intégrante de la politique étrangère des Etats. Les gouvernements accréditent donc des représentants, autorisés à négocier les intérêts nationaux.Il est certain que la prolifération des ONG et des acteurs non-étatiques, ce jeu est transformé mais les représentants gouvernementaux restent les acteurs principaux.

9.2.1 Missions officielles et processus décisionnels

La diplomatie a une longue histoire. Elle connaît déjà le principe d'émissaires attitrés dans l'Antiquité qui ont permis à des entités politiques de nouer des contacts et de négocier.

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Le mot diplomatie provient du grec diploma qui est le nom du document spécifique sur lequel se trouvaient les instructions relatives aux missions de l'envoyé.

La pratique régulière des missions permanentes est plus tardive. Elle s'est développée pendant le Renaissance sur le modèle des réseaux de la Papauté et de la République italienne. C'est en fait avec la construction des Etats que les émissaires se généralisent. C'est notamment, en France, après la guerre de 30 ans sous Louis XIV qu'émerge la fonction diplomatique (même son Age d'Or).Au XVIIème et au XVIIIème, la style, la pratique et la langage diplomatiques sont influencés par la culture française de la diplomatie même si le nombre de représentants diplomatiques est petit à cause de nombre restreint d'Etats souverains. Ainsi, on observe une extension régulière des corps diplomatique avec et à travers la construction étatique. En 1939, la France compte 16 ambassades dont 10 en Europe alors qu'en 2000, elle compte 113 consulats et ambassades et 17 représentations auprès d'organisations internationales. 3 milliards d'euros sont attribués à cette fonction de l'Etat français.

De la fin des années 1940 à aujourd'hui, les conférences internationales se sont multipliées et ont stimulé l'activité diplomatique. Au XIXème s., il y avait une conférence par an en moyenne alors que Kahlévi HOSTI recense 1 conférence par jour pour les Américains entre 1958 et 1968. En 1995, lors du Sommet Social de Copenhague, les représentations recensaient 187 gouvernements, 5741 délégués accrédités, 405 fonctionnaires des Nations Unies, 2315 ONG, 2863 médias....

Les missions officielles de ces diplomates.Il existe une sorte de régime qui règle les négociations. Ainsi, la Convention de Vienne de 1961 indique 3 fonctions principales des diplomates.

- une fonction de représentation : un diplomate représente son Etat mais seulement si l'Etat où il est envoyé l'accepte.C'est fonction n'est officiellement attribué au chef de la mission diplomatique mais l'Etat peut déclarer non-désirable, toute personne de la mission.La diplomatie doit valoriser l'Etat, promouvoir ses intérêts politiques, commerciaux, scientifiques et culturels.Dans les ambassades, les relations commerciales et économiques sont devenues très importantes. Par conséquent, des poste spécialisés auprès de la mission diplomatique ont été créées, des spécialistes davantage lié au ministère de l'Economie et des Finances qu'à celui des Affaires Etrangères. Pour la France, l'action culturelle passe surtout par le francophonie.

- une fonction d'observation : les diplomates collectionne toutes les informations utiles pour la conduite de la politique dans l'Etat hôte (situation intérieure notamment). On pourrait se demander si cela a encore un sens aujourd'hui alors que les médias sont partout. Le plus souvent les ambassadeurs possèdent une connaissance intime de la société, ils connaissent plus de détails que les médias ne peuvent fournir. Ils ont une très bonne connaissance de terrain. On parle dans ce cadre de méthode honnête de collecte d'information. L'ambassadeur est un espion honorable.

- une fonction de négociation : Cette mission place le diplomate dans une situation à deux niveaux selon notamment Robert PUTNAM. La négociation est dépendante des

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orientations internes de l'Etat mais en pratique ce rôle est difficile à assumer dans la mesure où de plus d'experts gouvernementaux voire non-gouvernementaux qui sont invités à intervenir.

Il existe trois types de règles qui encadrent les missions diplomatiques:

- règles de protocoles : c'est l'ensemble des cérémonies, de l'étiquette qui vaut comme moyen de communication traditionnelle entre le représentant et ceux de l'Etat où il se trouve. Cette cérémonie est complexe et très importante pour des raisons fonctionnelles. C'est une façon d'euphémiser les rapportes de forces et d'éviter que malentendus soient considérés comme des affronts. La représentation d'un Etat est généralement réservée à une élite sociale, un corps fermé emprunt de dignité.

- les immunités : les diplomates sont protégés lors de leurs interventions officielles pour ne pas être poursuivis au niveau pénal ou civil. Ces immunités sont généralement très respecté par les acteurs non-étatiques et par les Etats. La prise d'otage à Téhéran est un contre-exemple.

- la non-interférence : l'Etat hôte accepte de ne pas intervenir à l'intérieur de la mission diplomatique. C'est ainsi que pendant la Guerre Froide, les ambassades étaient des nids d'espion. Il existe un accord tacite sur la présence d'agents des renseignements généraux dans les ambassades.

On disserte beaucoup sur la diminution du nombre mais aussi du rôle des ambassadeurs à cause de l'augmentation des experts, des médias etc, mais les recherche montrent que ce déclin n'est pas observable. La représentation est gage d'un certaine légitimité dans les relations internationales.Il existe néanmoins, des formes de diplomatie plus subversives: c'est l'action des services spéciaux que la littérature scientifique et sérieuse traite difficilement.

Ces services spéciaux jouent un rôle déterminant dans la préparation des négociations ou dans le gestion des conflits. On leur attribue quatre missions :

- nécessité d'obtenir des informations pertinentes (politiques, économiques ou militaires). Elle vise à placer les agents des RG dans une meilleure situation que leurs adversaires. La stratégie principale est le camouflage, l'utilisation de satellites espions. Ex: UE: programme Elios ou encore programme Echellon qui regoupe les Etats Unis, l'Australie, le Royaume Uni et la Nouvelle Zélande.

- protéger le secret contre la pénétration inverse. C'est ce qu'on appelle le contre-espionnage notamment en ce qui concerne la lutte anti-terroriste sur le sol national. La distinction est difficile entre l'espionnage et le contre-espionnage.

- désinformer l'adversaire notamment pendant la Guerre Froide, les Soviétiques étaient très forts pour cela.

- mener des action subversives comme des sabotages, des assassinats, le financement de mercenaires ou de guérillas dans la logique de la guerre à basse intensité. Ce sont les moyens les plus radicaux, comme la neutralisation d'agents gênants.

Pour survivre à la Guerre Froide, les RG ont adoptés un rôle très bureaucratique, mais avec les attentats du 11.09 et la peur d'une éventuelle attaque sur le sol national. Les RG sont de nouveau très écoutés par les décideurs.

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Une autre forme de subversion est la propagande ou plutôt les médias créés à des fins de propagandes (Radio Free Europe ou Radio Liberty, financé par le Congrès américain à la suite de la création de Radio Moscou) notamment pendant la Guerre Froide.

9.2.2. Les diplomaties non-gouvernementales

Leur fonction même est à prendre avec beaucoup de précaution. Elle ne concerne pas les transactions entre des acteurs étatiques et non-étatiques sur la scène internationale mais il s'agit d'un élargissement des acteurs habilités à exercer la diplomatie. Les Pouvoirs Publics confient ces fonctions à des acteurs non-gouvernementaux surtout de manière ponctuelle (souvent anciens chefs de l'Etat, responsables d'entreprise, ONG, experts). Cette pratique n'est pas nouvelle mais elle se répand de plus ne plus. Elle s'associe en faite l'activité non-étatique ie elle est utilisée pour représenter les intérêts d'un Etat en particulier.Il ne faut pas pour autant annoncer la privatisation de la diplomatie gouvernementale alors que cette pratique avait déjà été pousser plus loin au XXème s. où les Monarques s'appuyaient sur de grandes familles ou des entreprises.

9.3. Conceptualiser la négociation

9.3.1. La théorie des jeux

La plus connue est le dilemme du prisonnier mais on peut citer la théorie de la chasse au cerf. Le tout est de théoriser l'action rationnelle ou pas d'un acteur de la négociation.

Le dilemme du prisonnier a été théorisé par Robert ASELROD.

2 voleurs (A et B) sont présumés coupables d'un vol. Ils ont enfermés dans deux cellules distinctes, seuls.Le juge n'a pas de preuves suffisantes pour condamner donc ils décident de les convoquer à tour de rôle.

Juge: "Si vous avouez demain le vol, vous serez libérés avec une récompense mais seulement si votre complice n'avoue pas (le complice lui prendra 5 ans de prison).Voleur: - et si nous avouons tous les deux?

- Vous aurez tous les deux qu'une peine de 2 ans.- et si aucun de nous n'avoue?- Faute de preuves suffisantes vous serez libérés tous les deux."

Le lendemain, ils avouent parce que ils n'ont pas pu se concerter et savoir qu'elle serait la solution optimale pour les deux.

Les résultats des choix qui se présentent dans le dilemme du prisonnier

Voleur A / Voleur B Confession SilenceConfession ( 3 / 3 ) ( 4 / 1 )

Silence ( 1 / 4 ) ( 2 / 2)

C'est la modélisation mathématique la plus utilisée pour les négociations.

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Pour les néolibéraux: il existe des situations où les acteurs sont incités à ne pas agir de manière unilatérale parce qu'il existe une préférence égoïste et rationnelle pour agir multilatéralement. Dans cette situation, une action unilatérale aurait des résultats sous-optimaux.Mais ce dilemme montre aussi que ce n'est pas parce que un acteur à un intérêt pour ne pas agir unilatéralement, cela ne veut pas dire qu'il va coopérer. Pourquoi alors les Etats coopèrent-ils?Les Etats coopèrent sur le long terme et c'est là où le dilemme du prisonnier nous aide. Ce jeu ne s'applique que dans la mesure où les voleurs A et B sont dans des cellules indépendantes, ils ne peuvent pas négocier. De plus, ce jeu s'inscrit dans une action unique, les voleur, ne seront plus amenés à travailler ensemble. L'absence de conférence de négociation implique des résultats sous-optimaux. Ce jeu n'existe que si la collaboration est unique.En relations internationales, ce modèle illustre parfaitement la façon dont les obstacles à l'information peuvent empêcher la négociation et créer des discordes là où des intérêts mutuelles existent. Si les Etats pratiquent la "self-help", c'est parce qu'ils ne savent pas comment les autres vont agir. C'est seulement un choix par défaut.

Alors vient la question: Comment prévoir les comportements des autres acteurs?Les néo-libéraux font référence à la notion de régimes intra-nationaux.Les régimes émergent parce que les Etats renoncent à l'unilatéralisme pour des problèmes d'intérêt commun mais il le font rationnellement' parce que l'utilité de la concertation donnera de meilleurs résultats que l'action unilatérale. Il est dans leur intérêt d'obtenir un avancement qui façonne leur comportement dans l'avenir: la convergences de leurs attentes.Ils disent que dans ce contexte, il n'est pas d'être en présence d'une puissance hégémonique pour la création d'un régime international.

Pour les réalistes par contre, il est absolument nécessaire d'avoir une puissance hégémonique à l'intérieur du régime parce que cet Etat peut sanctionner les tricheurs (selon les réalistes il y en a toujours) et peut aussi supporter les coûts que représentent les passagers clandestins. Ce sont deux éléments structurels dans la théorie des jeux dans la conception réalistes.

Pour les néolibéraux, cette question est une fausse question parce que dans le contexte des régimes, il n'y a pas de passagers clandestins, c'est pas une coopération unique.Si un Etat décide de faire cavalier seul, la prochaine rencontre se fera dans l'hostilité. Il lui est difficile alors de faire ce qu'il veut, il est forcer de coopérer. Nous sommes ici, confronté à la stratégie donnant-donnant qui consiste à adopter trois attitudes:

- ne jamais faire cavalier seul le premier (règle de bienveillance)- punir ou sanctionner sous forme de défection si le partenaire à fait défection au

précédent coup (règle de susceptibilité)- coopérer de nouveau après la punition (règle d'indulgence).

C'est ici le concept de l'ombre du futur qui joue un rôle central (Shadow of the Future vs. Path Dependency). De plus, une fois engagé dans un régime; si un Etat fait défection, il risque fort de tenir sa réputation.L'utilité individuelle de la défection est diminuée notamment parce que la coopération est de longue durée. Dans la notion de l'ombre du futur on retrouve celle de la légitimité

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traditionnelle de l'Etat en relations internationales. Il est légitime parce que il est perçue comme tel par les autres Etats dans son activité internationale.On peut aussi se demander comment conceptualiser ces régimes.

9.3.2. Négocier : un jeu à deux niveaux ?

Comment peut-on arriver à un modèle d'explication de ce constat banal? Robert PUTNAM dans un article de 1988 Diplimacy and Domestic Politics, parle de son observation de terrain de Sommet de Bonn entre l'Allemagne, le Japon et les Etats Unis en 1978.

Le résultat est la proposition d'un programme globale de relance économique. Comment en sont-ils arrivés à un accort alors que leurs intérêts divergeaient ?

Aux Etats Unis, le gouvernement Carter était confronté à un blocage du programme national d'énergie par le Congrès.

En Allemagne et au Japon, on critiquant fortement les opérations d'importation de pétrole des Etats Unis qui ne voulait rien faire pour le taux de change du dollars qui n'arrêtait pas de chuter. De plus, il y avait parallèlement, en Allemagne et au Japon, un contrôle stricte de la politique fiscale.

A Bonn, un accord a été trouvé.

L'Allemagne (Helmut Schmitt) a accepté un stimulus fiscal important (1% du PIB). Les Etats Unis se sont engagé à libérer le marché américain du pétrole et de contrôler l'inflation. Le Japon s'est engagé à faire des efforts pour atteindre un taux de croissance de 7 %.

Le programme global de relance économique n'aurait pas pu être lancé si ces trois pays n'avaient pas trouvé d'accord. Comment un accord fût possible aux vues des situations intérieurs de ces pays?

En Allemagne au début de 1978, certains acteurs économique, principalement les syndicats, sont en faveur d'un stimulus supplémentaire pour relancer l'économie. Helmut Schmitt est confronté à l'opposition de son ministère de l'Economie et des Finances, des organisations patronales qui ne souhaitent pas que l'Etat intervienne.

Au Japon, le ministère des Finances s'oppose aussi à une sorte de coalition d'organisations patronales, de banques et même une partie du Parti Libéral qui est plus ouverte à une intervention de l'Etat.

Aux Etats Unis, Carter a réussi à casser ce blocage mais longtemps après, parce que les prix du pétrole américain n'ont atteint les cours mondiaux qu'en 1981.

PUTNAM s'intéresse à ce qui précède la négociation. C'est pas le premier non plus à s'intéresser au lien entre politique interne et politique international ( Nye et Keohane dans les années 1960, Peter GOUREVITCH qui en 1978 publie dans International Organisation, l'article Second Image Reverse, où il dit qu'il faut prendre en compte à la fois et tout le temps les deux niveaux d'analyse.

Au niveau national, les groupes portent des intérêts et exercent une pression sur le gouvernement pour une politique au niveau international qui leur servent. Les décideurs

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quant à eux sont tenter de créer des coalitions entre ces groupes nationaux, pour pouvoir augmenter leur pouvoir au niveau international dans les négociations.

PUTNAM divise son analyse en deux ensembles:

Il analyse d'abord le processus de marchandage international -accord provisoire- puis le processus de négociation avec chaque groupe national pour savoir si l'Etat va pouvoir ratifier l'accord (au sens très large).Il dit que c'est toujours un va-et-vient entre les deux niveaux que l'on observe: l'accord international ne doit pas mener le décideur à un échec électoral mais il faut qu'il puisse aussi être capable de respecter ses engagements au niveau international. La ratification du Traité de l'Union Européenne est un très bon contre-exemple.

Plus la coalition gagnante -win set- (au niveau national) est large plus un accord international est probable.

PUTNAM nous parle aussi des facteurs déterminant cette constellation gagnante:

- Les préférences des groupes au niveau national.

Plus le coût du non-accord est bas au niveau national, plus il est difficile de s'accorder au niveau international, parce qu'on ne peut pas utiliser la pression nationale pour défendre sa position.

De plus, plus le coût du non-accord est faible, plus les groupes ont intérêts à faire pression sur le négociateur pour qu'il soit contre.

Le problème est que en général au niveau national, il n'existe pas de position homogène d'où la complexité plus grande encore au niveau international. De plus, si la négociation doit durer plusieurs années, les groupes risquent de changer de position et les coalitions dominantes peuvent aussi changer. L'exemple parfait est celui du Traité sur la constitution européenne: alors qu'en 2000-2001 il ne semblait y avoir aucun problème, aujourd'hui c'est surtout la situation économique et sociale qui est un obstacle.

- Les préférences des institutions au niveau national.

Il est important ici de faire la différence entre les Etats centralisés et les Etats pluralistes. En effet, il est plus facile pour un Etat centralisé de mener des négociations parce que dans l'Etat pluraliste, on observe en permanence des demandes divergentes au sein des groupes. Dans l'Etat centralisé les groupes sont sélectionnés.

- Les stratégies du négociateur international.

Les stratégies sont très importantes mais elles sont aussi très complexes parce que chaque négociateur a intérêt à maximiser la cohérence de la win-set de son partenaire, pour qu'il lui soit plus facile d'imposer sa volonté. En ce qui concerne sa propre win-set, le mécanisme est plus complexe.

Ainsi, plus sa win-set est grande, plus l'accord est facile mais il est aussi plus difficile de convaincre le partenaire de faire des concessions. Mais si sa win-set est moins grande, il lui est plus facile de convaincre son partenaire mais il lui est plus difficile de négocier et d'aboutir à un accord.

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L'approche de PUTNAM est importante pour l'étude de la négociation parce que ses hypothèses permettent d'opérationnaliser l'analyse et d'avoir de facteurs clairs expliquant le déroulement de la négociation. Grâce à son apport on peut savoir si l'on peut ou pas aboutir à plus de liens entre les deux niveaux. Il est nécessaire de toujours prendre en compte les deux niveaux.

10ème séance : Qu'est ce que négocier veut dire ?

La question de la décision est aborder de manière très claire par David EASTON dans Sociologie Politique. La définition de la décision est le résultat d'un système politique par lequel les valeurs sont attribuées au sein d'un société.

La question de la décision est traité aussi bien en science politique, dans l'histoire de la diplomatie, en relations internationales qu'en science de la gestion (sociologie des organisations) qui est la discipline qui a la plus développé le corpus de la théorie de la décision.

La décision est une action de choix parmi des alternatives dans une situation où l'insécurité existe. Dans la conduite de la politique étrangère, elle est rarement donnée mais elle est le plus souvent construite par les acteurs et les conseillers des acteurs. Comment sont formulées ces alternatives et pourquoi ?

10.1. Le processus décisionnel.

Il existe plusieurs approches explicatives du processus décisionnel. C'est une question que Thucydide se posait déjà. Non seulement, il a réfléchi à la formation de la décision mais il s'est surtout intéressé aux raisons qui fondent et expliquent la décision (facteurs de rationalité, facteurs de perception ou force psychologique comme la peur ou l'honneur).

Les différentes approches proposent beaucoup de variables, des interrelations existent entre ces variables. Nous allons nous concentrer sur trois d'entre elles.

- la fin de l'Etat comme acteur unitaire. L'Etat est un groupement d'individus et l'attitude d'un ou de plusieurs de ces individus peut influencer le groupe.

L'approche néoréaliste est différente par rapport au statut unitaire de l'Etat parce que pour eux c'est le chef de l'Etat qui décide (ici nous allons contre cette approche).

- la place que prend la perception dans l'analyse de la prise de décision. Robert JERVIS montre que la position qu'adopte un acteur est liée surtout à la perception de pouvoir des autres et de sa propre décision (ce n'est pas simplement une question de ressources).

- la rationalité de la décision.

10.1.1. Penser le processus décisionnel de manière rationnelle : les politiques bureaucratiques

Il s'agit ici de savoir comment mesurer la rationalité de la prise de décision. On s'appuie ici encore une fois sur la littérature concernant le bureaucratie (Max WEBER) et sur celle

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concernant la rationalité de la décision. Pourquoi un telle importance de la bureaucratie? C'est un acteur principal (elle l'a été aussi), centre d'intérêt de la science politique, décideur principal parce que le pouvoir n'est pas exercé de manière efficace par la voie parlementaire. Pour Weber, la bureaucratie est le décideur parce qu'elle est efficace. En effet, les décideurs dépendent très fortement de leur administration et de l'unité des services politiques.

La bureaucratie est toujours concernée par des restrictions budgétaires, ce qui influence beaucoup le ou les conseils donnés aux décideurs (il existe donc un intérêt unitaire national cher aux néoréalistes).

De plus, de manière générale, les bureaucraties sont en concurrence entre elles. C'est le cas notamment entre le ministère de la Défense et la ministère des Affaires Etrangères: cette concurrence est classique (beaucoup d'études se sont concentrées sur cette concurrence et sur l'influence de cette concurrence sur la politique étrangère d'un Etat).

Ex: plus particulièrement aux Etats Unis c'est l'étude menée par DAUGERTY et PFALTEGRAF, des décisions de politiques étrangères et la concurrence entre le département de la Défense et la département d'Etat sous l'administration Reagan, avec notamment la question de la relance d'un politique de recherche en matière de défense stratégique.

Au département d'Etat, il était difficile de considérer cette relance parce que il était aussi nécessaire de prendre en considération les autres membres de l'OTAN (cf. traité ABM)

Au département de la Défense, ce n'étaient que les intérêts américains qui comptaient et donc il fallait investir dans cette relance de la recherche.

Le résultat a été la victoire de la position de la Défense, donc une relance parce que le département de la Défense entretient des liens étroits avec notamment l'industrie militaire. De plus c'est souvent que les solutions de la Défense soient préférées à celles du département d'Etat. Dans l'Union Européenne, c'est la même chose, c'est l'Intérieur souvent qui prime sur l'Extérieur.

De plus, le plus souvent, les décideurs savent très peu des marchandages qui ont lieu entre les différentes administrations.

Francis ROURKE montre que les bureaucraties sont autonomes et qu'elles présentent des spécificités particulières: Elles changent peu et on y observe une certaine inertie dans leurs activités (il est difficile de les modifier). D'où le fait aujourd'hui que l'on remarque la création de plus en plus souvent de groupes d'experts, de comités ad hoc rattachés aux administrations et formés pour relancer la réflexion de manière plus efficace et plus rapide.

D'autres chercheurs américains ont montré l'importance des pouvoirs exécutifs centraux qui peuvent soit freiner soit relancer les bureaucraties. Pour eux, il est donc nécessaire que toutes les bureaucraties restent en contact, qu'elles communiquent et ce pour lutter contre l'incohérence entre les bureaucraties. En effet, le décideur doit avoir le plus grand nombre de possibilité avant sa prise de décision (cela rejoint la rationalité dans la prise de décision).Mais, il existe un danger dans un trop de centralisation bureaucratique. Certains avancent la nécessité d'une bureaucratie large et peu homogène pour que le décideur puisse voire toutes les alternatives qui s'offrent à lui, ces alternatives étant influencées par les valeurs de chaque bureaucratie.

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Aujourd'hui toutefois, en dehors des comités ad hoc, le décideur lors de sa prise de décision, associe, la société civile organisée (il veut généralement tenir compte des intérêts et des positions de cette société civile organisée). Mais, il est souvent bien difficile de connaître l'efficacité et l'influence de cette double consultation

Approche bureaucratiqueLes travaux de Graham ALLISON portent sur l'approche par la bureaucratie appliquée à une étude spécifique ou encore sur la critique de l'approche par la bureaucratie rationnelle.Son étude porte sur les 13 jours d'octobre 1963 lors de la crise entre l'URSS et les Etats Unis, crise ou bras de fer entre les deux puissances qui aurait pu déboucher sur une guerre nucléaire. Son étude a été publié en 1979 et a connu un large succès.ALLISON montre que la décision de John Fitzgerald Kennedy n'a rien eu de rationnel.

Lors de cette crise, l'URSS décide de renforcer sa relation avec Cuba et décide d' y installer des missiles pour contre-balancer l'avantage américain dans le positionnement des missiles. JFK le découvre très tard et il créé un groupe exécutif (Conseil National de la Sécurité et d'autres conseillers) pour réfléchir à la question et trouver une solution. La décision est celle d'un blocus naval pour mettre l'île de Cuba en quarantaine et empêcher l'accès aux Soviétiques. C'est alors que l'URSS qui a deux options, décide de battre en retraite.

Il semble que JKF avait plusieurs solutions à sa disposition et que son choix aurait permis à l'URSS de réfléchir. C'est ce qui a été officiellement publié. Cependant ALLISON parle d'un processus complexe de négociation dont le résultat est plus lié à la nature des participants et non à leur rationalité. En effet, il affirme que cette décision résulte d'une procédure standard qui avait été décidée bien avant l'accident (référence aussi au film Rationale comparé aux Exercices de Style de Raymond Queneau où la même histoire est raconté selon des points de vue différents, de différents acteurs.

ALLISON, sur ce modèle, propose trois lectures de ce même évènement. Pour chacune, il explique d'abord la base conceptuel et la théorie, ensuite il l'applique à la lecture particulière puis enfin il critique cette approche.

- la première lecture est celle de modèle de l'acteur rationnelC'est la théorie réaliste qui l'inspire. Il envisage les différentes solutions en termes de coûts et avantages. Le résultat étant la solution qui maximise les profits et minimise les coûts.

- la seconde lecture est inspiré par le processus décisionnel et rentre dans le cadre de la sociologie des organisations. Ce sont les idées développées par le groupe CARNEGIE dans les années 1950 et notamment Herbert SIMON, John MARCH et R. CYBERT. Ils s'inspirent du fonctionnement d'une entreprise selon trois éléments essentiels pour la prise de décision à l'intérieur de l'entreprise. La décision est produite par l'organisation et non pas par les décideurs. Ce sont les structures de fonctionnement qui influencent les décisions des organisations et finalement les décideurs qui sont aussi confrontés à une sorte d'inertie. Donc, ces auteurs mettent en question la rationalité de la prise de décision. ALLISON applique cela à Cuba et dit que la décision de JFK a été influencé par les structures d'opportunité ou de fermeture de l'organisation même ie sa décision c'est faite sur le modèle de modes opératoires standardisés où se coulent les possibilités d'action de ces organisations. L'intervention humaine est donc limitée (parallèle avec la notion d'habitus et d'inertie sociale de Pierre Bourdieur).

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- la troisième lecture est inspiré par des études classiques du pouvoir américain. C'est le modèle du marchandage politique gouvernemental. Ce sont surtout les travaux de Richard NEUSTADT publiés en 1960. Cette approche est à peu de chose près un élargissement de la seconde lecture. ALLISON met ici l'accent sur le fait que la décision finales ne dépend pas d'un acteur solitaire, ni même d'un groupe mais c'est beaucoup plus le produit complexe d'un marchandage : c'est une processus d'interaction et de négociation entre un ensemble d'acteurs. Aucun de ces acteurs ne connaît les jeux de pouvoir, ni les actions des autres donc: la décision est un hasard et non une décision rationnelle.C'est aussi ainsi que se pose la question de la légitimité d'un Etat en relations internationales.

ALLISON publie une deuxième version de son étude The Essence of Decision mais il y prend en compte les critiques qui lui ont été adressées. Il rajoute des détails et prend en compte les travaux développés par des sociologues dans le domaine de la néo-sociologie.

Les critiques adressées à ALLISON :- la mauvaise interprétation ou la simplification du modèle de l'acteur rationnel- le manque d'un réelle distinction entre sa deuxième et troisième lecture. - l'oubli du fait que les décideurs ne poursuivent pas toujours des possibilités

conflictuellesAinsi, David WELCH affirme que certaines interprétations d'ALLISON sont fausses à propose de la crise de Cuba elle-même (il aurait fait une mauvaise lecture des archives). Il n'aurait pas pris en compte les valeurs et les attitudes qui existent à l'intérieur des administrations : la personnalité du décideur, les croyances qui façonne la perception (cf. Robert JERVIS).En France, on a appliqué cette dernière critique au fait que François Mitterand ne veuille pas intervenir dans la crise de l'ex-Yougoslavie (leçons de l'Histoire et expérience). C'est aussi John STEINBRUNNER, un autre américain, qui explique le manque de rationalité dans la prise de décision.

Approche cybernétique et psychologiqueCette approche tend à montrer qu'un être humain n'est pas capable d'analyser un problème complexe de manière rationnelle. John STEINBRUNNER propose donc un modèle où il n'a pas recours au processus rationnel pour la prise de décision.Il prend pour exemple la manque voire l'absence totale de rationalité d'un joueur de tennis ou d'un cuisinier. Ainsi, il explique que le décideur cybernétique prend ces décisions dans un environnement complexe sans avoir systématiquement recours à un calcul coûts/avantages. Il propose donc une approche intuitive. Son approche est cependant limitée en ce qui concerne la politique étrangère, notamment quand des intérêts sécuritaires sont en jeu. Pour STEINBRUNNER, le décideur s'appuie au maximum sur 2 ou 3 valeurs profondes. Lorsqu'il est confronté à un problème, il ne choisit que quelques solutions. En effet, il écarte immédiatement un certain nombre de solutions qui ne correspondent pas à ces valeurs. L'approche psychologique, liée à l'approche bureaucratique influencent la prise de décision. Généralement, les décisions sont très rapides. Le modèle de STEINBRUNNER présente l'avantage de permettre d'analyser tous les types de décisions.

CONCLUSION

12ème séance : Une démocratie transnationale ?

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L'Etat est toujours mis en difficulté en relations internationales. Il pose beaucoup de problèmes en particulier en ce qui concerne le système démocratique. La représentation élective est en crise: montées de l'abstention et de l'apolitisme.

Pourquoi ces problèmes démocratiques nous intéressent-ils ? Depuis une quinzaine d'années, nous avons des idées normatives en relations internationales mais aussi en histoire des idées. On parle de démocratie transnationale ou du cosmopolitisme au niveau internationale.Dans cette dernière partie, nous adoptons une approche très "science po": d'une part nous allons voir comment les auteurs abordent cette question pour ensuite étudier deux problèmes particulier: la nature démocratique des organisations internationale et la participation de la société civile au processus décisionnel.

12.1. Un monde sans Etats ? (analyses normatives)

C'est souvent qu'il arrive que lorsqu'on s'intéresse à la démocratie, que l'on tombe dans le piège des approches normatives.

12.1.1 La fin des Etats et suite

Il y a un certain nombre des questions développées en relations internationales qui mettent en question la prépondérance de l'Etat (organisations internationales, régimes, société civile organisé...). C'est une question qui est pourtant assez ancienne. En effet, l'école anglaise à la première révélée l'idée d'une société civile internationale.

Hedley BULL affirme qu'une société internationale existe composée d'Etats souverains qui acceptent des règles et des institutions communes. La société qui émerge est cependant différente de la société internationale dont parlent les chercheurs jusqu'aux années 1960 et 1970. Il est avancé que cette idée de société transnationale émerge à cause de l'échec de la Société des Nations qui avait des attitudes assez hésitante vis-à-vis de toute forme de régulation internationale et c'est seulement avec l'Organisation des Nations Unies qu'on recommence à s'intéresser à l'émergence d'une société entre les Etats. Au sein de la SDN, chaque unité est indépendante et de ce fait, tous les Etats sont rivaux. Cependant, il refuse de s'appuyer sur Hobbes (toutes les unités sont en concurrence alors règne l'anarchie). BULL en fait confirme qu'il existe un corps politique mondial dont tous les individus sont membres, parce que citoyens d'un Etat (ici on retrouve plutôt LOCKE).Il n'y a pas d'autorité centrale capable d'interpréter et de faire exécuter la loi, mais comme il y a réciprocité entre les Etats, justice peut être faite (même si elle est incomplète, elle existe quand même). Les Etats sont arrivés à respecter la sécurité des autres, d'honorer leurs engagements ie ils montrent une capacité d'autorégulation de la société internationale.

La société internationale est stable grâce à deux moyens complémentaires:- une émission constante de règles (interdiction de l'usage de la force, non-ingérence,

respect de la parole donnée)- une édification volontariste d'institutions comme le droit (jus in bello et jus ad

bellum), de conventions et d'usages diplomatiques, pratiques de l'équilibre des puissances, gestion de la vie internationale par un concert de puissance (l'Etat hégémonique imposant le droit international aux Etats réfractaires).

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L'idée d'une société internationale relève d'une autre conception dans les relations internationales dont Richard ROSECRANCE est un représentant. Selon lui, les relations internationales sont vues comme un ensemble d'Etats qui prennent des décisions de manière virtuelle. C'est l'école de l'Etat virtuel. Il s'intéresse particulièrement aux relations économiques et financières entre les Etats. Pour lui, la société internationale est un système fondé sur des relations virtuelles entre les Etat. Certes les ambitions territoriales préoccupent encore le monde, mais c'est surtout dans les relations économiques et financières que l'on voit le véritable rapport de force. La nation virtuelle est fondée sur la mobilité des capitaux, de la main d'œuvre et des informations, le territoire perd en importance et en même temps, les décideurs ont de moins en moins d'influence sur les affaires internationales.

Il explique que l'on n'assiste pas à un remplacement de l'Etat par les firmes multinationales ou les bourses parce que l'Etat reste la principale forme organisationnelle dans les relations internationales. Il affirme beaucoup plus que les décisions de l'Etat sont prises en étroites collaboration et coopération avec des acteurs économiques et financiers. L'activité d'un Etat est surtout une activité de communication qu'une activité de décision.Bertrand BADIE est aussi très proche de cette analyse: il dit que le territoire perd en importance mais il ne dit jamais que l'Etat disparaît.

L'Etat est une victime de la modernité (mobilisation accrue de la communication) et du retour aux particularisme et à l'ethnicité.L'Etat est trop étroit pour faire face au développement des échanges mais il est aussi trop vaste pour s'adapter aux besoins de la nouvelle quête identitaire. Don d'un côté, on reprenant l'idée de ROSECRANCE, l'Etat est trop étroit parce qu'il doit s'inscrire dans les échanges financiers mais de l'autre côté, il est trop vaste pour appréhender la multiplication des particularismes.L'Etat national est de moins en moins capable de créer un sentiment d'identité ou d'allégeance parmi les individus. Ulrich BECK va même plus loin en parlant de l'émergence au XXIème s., d'une société cosmopolite.

12.1.2. Les citoyens cosmopolites Ulrich BECK s'appuie beaucoup moins sur les internationalistes que sur une observation empirique de phénomènes du XVIIIème et XIXème s. et une étude de philosophes classiques qui avancent des idées normatives sur la nécessité de créer une entité politique cosmopolite.

Au XVIIIème et au XIXèmé s., apparaissait autour de l'empire Austro-hongrois, l'idée d'une société cosmopolite sans liens avec l'Etat mais plutôt liée par différentes allégeances et identités (ce qui peut tout à fait fonctionner pour pacifier les relations entre les peuples, ie leur dire qu'ils sont des citoyens du monde).

Les philosophes classiques (Antiquité) notamment quand ils parlent de Diogène, qui s'oppose à une distinction entre Hellènes et Barbares parce qu'il considère que tous appartiennent à la même communauté, celle des êtres humains. Ainsi, ils devraient réussir à tous vivre en paix. Les Hellènes comme les Barbares appartiennent au cosmos et appartiennent à la polis.Les Stoïciens, d'ailleurs, considéraient que le cosmos est régit par la loi de la logique comme leur Patrie.

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Aujourd'hui BECK parle de l'existence d'une cosmopolitisme enraciné et engagé au niveau local. Il reprend l'analyse de Bertrand BADIE mais de manière normative dans Rootance Cosmopolitism. Il dit que l'identité cosmopolite ne trahit pas l'identité nationale ni locale. Son principe permet le fonctionnement sur le mode de plusieurs identités et de plusieurs loyautés qui peuvent apparaître contradictoire mais qui ne le sont pas. Ex: le meilleur exemple est celui des Etats Unis avec l'Etat fédéral et les Etats fédérés. C'est une approche purement normative.La possibilité d'un tel cosmopolitisme implique deux conséquences:

- une double patrie est valable pour tous les individus (droit universel de l'homme)- le refus de l'altérité de l'autre mais au contraire c'est seulement possible lorsqu'on

s'inscrit dans l'horizon de l'égalitéC'est à l'origine ce qui se passe dans l'Union Européenne.

12.1.3. Les modèles de la démocratie transnationale

Anthony McGREW propose différents modèles de la démocratie transnationale:

- le modèle libérale ou l'intergouvernementalisme libérale

Ce modèle s'inscrit dans une idée ancienne dans la ligné de W. WILSON et des libéraux du XIXème s.. Ce modèle prend en compte, la gouvernance et la démocratie transnationale qui sont liées à l'existence de marchés globaux. Robert KEOHANE est aussi un adepte de cette approche dans le cadre d'un monde pacifié, et d'un cosmopolitisme. Le problème qui se pose est que ce modèle est trop concentré sur les marchés globaux. Il existe donc un problème d'asymétrie structurel entre les riches et les pauvres. C'est encore une approche très élitiste, et elle propose pour assurer la responsabilité des acteurs, la création de garde-fous, qui exercent des contrôles sévères. C'est dans cette optique qu'on été créés des organisations internationales comme la BM ou la FMI.

- la théorie radicale de la démocratie

Cette approche rejette toute réforme par les institutions et veut créer de nouvelles structures de décision composées de mouvements sociaux (féministes, environnementalistes, socio) qui se doivent d'être à la base de système démocratique internationale. Ils doivent de plus auto-gérer la communauté internationale: ils refusent catégoriquement le système actuel. Le problème est que pour réaliser leurs objectifs, il est nécessaire d'homogénéiser le niveau économique (niveau économique similaire pour tout le monde) et de plus, la liberté individuelle est impossible parce qu'il y a des communautés pré-existantes et que donc, tout le monde n'a pas la même vision du monde.

- David HELD propose la création d'une démocratie cosmopolite.

12.2. Approches critiques

Le problème est qu'il existe une divergence forte entre les intérêts et les valeurs dans le monde.

En ce qui concerne la démocratie délibérative. Dans une optique normative, on voudrait la création d'un espace public transnational où la délibération et la discussion seraient

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possibles. John DRYZEK propose cette création à travers l'inclusion de la société civile, des médias, de l'opinion publique et des acteurs économiques. Celle-ci devrait être gérer par une régulation claire et la décision ne serait prise qu'après la consultation de la plus grande partie des acteurs intéressés. Il est néanmoins que des problèmes se poseraient comme celui de la langue ou de la technicité.

12.2.1. Les organisations internationales peuvent-elles être démocratiques ?

Robert DAHL argumente qu'une telle démocratisation des institutions et des organisations est impossible parce que la démocratie repose sur deux facteurs essentiels: - le contrôle citoyen du processus politique et - le système des droits fondamentaux. Même dans des Etats où la tradition démocratique est longue, il est souvent difficile pour les citoyens 'exercer un contrôle de l'Etat : ces deux éléments sont des problèmes d'autant plus visibles dans les relations internationales: il ne peut y avoir de contrôle citoyen direct et le système des droits fondamentaux de fonctionne pas efficacement.

Ex: lors de la création de l'ALENA, les citoyens étaient en règle général opposés à ce projet mais ils avaient très peu d'influence. Il en va de même pour l'UEM ou encore pour le Traité sur la Constitution Européenne.Il est vrai que l'opinion publique peut dans certains cas influencer la politique étrangère mais ce sont des situations exceptionnels selon Robert DAHL, parce que la décision est toujours concentrée sur les élites qui représentent les Etats.Mais pire encore, si la décision provenait des représentants, on pourrait parler d'une certaine forme de démocratie. Mais Robert DAHL montre encore que la plupart du temps la décision est élaborée par des experts. Pour lui, l'existence d'un démocratie transnationale est impossible parce que le système international est particulièrement élitiste.

12.2.2. La société civile globale ou nationale ?

Les citoyens qui s'organisent peuvent-ils réellement faire émerger une véritable démocratie transnationale?Il faut s'intéresser à leurs modalités concrètes d'actions, au degré d'interdépendance entre les actions par rapport aux appartenances nationales, mais aussi à la légitimité et à la responsabilité d'un société civile internationale. La notion même de société civile est déjà conflictuelle au niveau national alors que dire du niveau international. De plus, il en existe plusieurs définitions qui dépendent très largement des contextes nationaux où elles s'inscrivent. Ainsi, en France, la société civile est composée des groupes d'intérêts civiques, des mouvements sociaux, de touts ce qui se positionne entre le marché et l'Etat (elle n'intègre pas les lobbies ni les groupes d'intérêts économiques), alors qu'aux Etats Unis, la société civile est composée de la totalité des acteurs non-étatiques (lobbies, groupes d'intérêts économiques, ONG, mouvements sociaux).

- les modalités concrètes d'action.POULIGNY et BOUILLAUD montrent qu'il existe une grande divergence entre le Nord et le Sud. Généralement, les ONG occidentales ont plus de possibilités et de moyens pour influencer les décisions lors de grands sommets internationaux mais aussi à l'intérieur des grandes organisations internationales. Les ONG du Sud ont plus de difficultés. De plus, on observe une grande concurrence entre les organisations de la société civile et qui peut tourner autour d'une multitude d'éléments (légitimité, ressources, représentativité, nombres de membres, moyens ...).

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L'appellation "société civile internationale" ne renvoie pas un ensemble homogène mais plus à une interaction entre des acteurs avec des ressources et des pouvoirs très différents. La distinction la plus importante aujourd'hui est celle des moyens d'accès aux forums internationaux et non celle entre acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux.

Internet est certes un moyen d'accès aux décideurs plus égalitaires mais il n'en reste pas moins qu'il ne dépasse pas le clivage Nord/Sud en terme d'équipement, mais il est aussi important de ne pas oublier que seuls la réputation permet l'accès aux décideurs.

- interdépendance entre les allégeances nationales et la société civileLes ONG, pour la plupart, gardent toujours un contact privilégié avec leur Etat d'origine. C'es, pour elles, le meilleur moyen pour influencer un autre Etat et mais aussi parce que c'est souvent le fournisseur de ressources matérielles et financières.

Dans les manifestations alter- et anti-mondialistes, la plupart des organisations de la société civile restent en contact étroit avec leur Etat d'origine, notamment pour permettre une meilleure négociation et faire pression plus facilement sur les autres Etats.

Entre la France et l'Allemagne, il existe des différences en matière de définition, de possibilité d'action mais aussi en matière de responsabilité dans la vie politique. POULIGNY donne l'exemple de représentants française d'ATTAC qui lors des négociations du Sommet de SEATTLE rapportent avoir eu l'impression d'évoluer dans un autre monde, tant les militants américains avaient de moyens par rapport à l'amateurisme français.

- l'action d'un société civile transnationale : légitimité et responsabilité

La société civile apparaît plus légitime parce qu'elle est composée de représentants citoyens nationaux mais c'est plutôt limité selon les arguments de la sous-partie précédentes. Ce n'est pas la totalité de citoyens qui est représentée mais bien des groupes particuliers aux intérêts particuliers. Généralement parlant, l'intérêt général suppose la représentativité de la société civile ie selon les attitudes cela peut être vrai mais cela s'explique parle fait que ce sont de toute façon des intérêts particuliers qui semblent intéressés tout le monde.

Pour rendre la société civile responsable, il ne lui suffirait qu'à rendre compte de ses dépenses mais cela n'est pas encore envisageable.

Il est difficile aujourd'hui de parler et même de voir émerger une société civile transnationale.