Région Méditerranée Série “Accent sur” · 4.4 Qualité et pertinence de la formation de...

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Fondation européenne pour la formation Région Méditerranée Série “Accent sur” Pratiques et dispositifs de formation des formateurs dans les pays du Maghreb

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Fondation européenne pour la formation

Région Méditerranée

Série “Accent sur”

Pratiques et dispositifs deformation des formateursdans les pays du Maghreb

Fondation européenne pour la formation

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La Fondation européenne pour la formation est une agence del’Union européenne, qui travaille dans le domaine del’enseignement et formation professionnels, en Europe centrale etorientale, dans les nouveaux Etats indépendants et en Mongolie,ainsi qu’avec les pays et territoires partenaires méditerranéens. LaFondation procure également une assistance technique à laCommission européenne pour le programme Tempus.

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Pratiques et dispositifs deformation des formateursdans les pays du Maghreb

Rapport de synthèse

Turin, avril 2002

Sommaire

1. Introduction 1

2. Les systèmes de formation professionnelle 2

3. Les métiers de la formation 5

3.1 Quels métiers ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

3.2 Les statuts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

3.3 Les tâches des formateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

3.4 L’accès au métier de formateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

3.5 L’évaluation des personnels et l’évolution de carrière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

3.6 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

4. La formation des formateurs 10

4.1 Les organismes de formation de formateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

4.2 Les dispositifs de formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

4.3 Le financement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

4.4 Qualité et pertinence de la formation de formateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

5. Quelle stratégie pour l’évolution de la formation des formateurs ? 17

5.1 Analyse du dispositif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

5.2 Les stratégies adoptées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

6. Perspectives et axes stratégiques 24

Liste des sigles 27

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Pratiques et dispositifs de formation des formateurs dans les pays du Maghreb

1 - Introduction

L’économie des pays du Maghreb est entransformation, « en transition » vers uneéconomie de marché ouverte sur le monde. Lesecteur privé se développe et les entreprisesont à s’ouvrir à la concurrence et à améliorerleur compétitivité. L’État prend une placemoins exclusive et différente. Aujourd’hui, laquestion posée est de savoir comment assurercette transition sans conséquences socialesnégatives, mais au contraire au bénéfice de lacommunauté nationale tout entière. Danscette quête, l’éducation et la formation sontessentielles. En particulier, cela conduit àréformer les systèmes de formationprofessionnelle.

Les personnels, et au premier chef lesformateurs, auront un rôle central dans lesuccès des réformes. La question est alors desavoir si leur propre formation est adaptée,non seulement à la formation professionnelletelle qu’elle est actuellement, mais aussi à satransformation en cours et à ce qu’elle doitdevenir.

Sur le plan international, la formation desformateurs est considérée comme essentielle,et d’importance croissante : cela ressort enparticulier du congrès international organisépar l’UNESCO à Séoul en 19991 et de laconférence organisée à Turin en 2000 par laBanque mondiale et la Fondation européennepour la formation2. En particulier, les documentsrelatifs à ces conférences insistent sur deuxpoints, l’intégration dans la formation d’uneexpérience en entreprise et la formationcontinue des formateurs :

� « Il faut repenser les qualifications exigéesde l’enseignant (…), y compris le meilleuréquilibre entre la formation acquise sur lecampus et sur le lieu de travail » et« l’expérience du travail que doivent avoirles enseignants est apparue comme unfacteur critique » (Séoul).

� « Les enseignants ont besoin d’une formationcontinue pour être capables d’assurer leur

nouveau rôle, à savoir d’animateur et nonplus d’instructeur » (Turin).

Le présent rapport est la synthèse de troisrapports nationaux concernant l’Algérie, leMaroc, et la Tunisie, dus respectivement àMessieurs Salah Belkacem-Filali, AbderrahimTaiebi, et Bohrène Chakroun. Le lecteur estinvité à se reporter à ces rapports pour obtenirde plus amples détails concernant chaque pays.

Les rapports nationaux et le rapport desynthèse visent à aider les trois pays dans ladémarche de réforme qui est en cours. Ilss’adressent donc en priorité aux décideurs età leurs partenaires (organisations patronales,syndicales, etc.), ainsi qu’aux instancesinternationales susceptibles d’apporter unappui. Ils intéresseront certainement aussid’autres pays.

Ce rapport tente donc, non seulement dedécrire l’état présent, mais de le replacer dansune évolution et de le confronter auxexigences actuelles de l’économie et de laformation professionnelle. C’est la raisonpour laquelle le chapitre central sur laformation des formateurs est précédé d’unerapide description des systèmes nationaux deformation professionnelle et de leurévolution, puis des métiers de la formation etdes transformations à en attendre et enfinqu’il est suivi d’un chapitre sur la stratégie dedéveloppement et de transformationactuellement envisagée. La conclusion tented’ouvrir des perspectives.

Tous les types de formation professionnellesont visés : initiale et continue ; publique etprivée ; dépendant du ministère de la Formationprofessionnelle ou d’autres départementsministériels ; résidentielle, alternée et enentreprise. Nous ne traiterons pas del’enseignement technique, dépendant desministères de l’Education nationale, qui n’apas de caractère véritablement professionnel,et dont les effectifs sont relativement faiblesdans les pays du Maghreb.

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Pratiques et dispositifs de formation des formateurs dans les pays du Maghreb

1 Deuxième congrès international sur l’enseignement technique et professionnel, Éducation et formation tout aulong de la vie : un pont vers l’avenir, Séoul, avril 1999.

2 Connaissances et capacités pour le développement : enseignement secondaire et formation professionnelle auMoyen-Orient et en Afrique du Nord, Turin, mai 2000.

2 - Les systèmes de formation professionnelle

La structure du système de formationprofessionnelle est semblable dans les troispays :

� Son noyau est constitué d’un réseaud’établissements publics relevant de latutelle du ministère chargé de la formationprofessionnelle, directement ou parl’intermédiaire d’un organisme autonome.

� Il existe aussi des établissements publicsrelevant d’autres ministères (Agriculture,Industrie, Santé, Jeunesse et Sports,Tourisme, etc.) qui, à l’origine, formaientessentiellement des cadres moyens de lafonction publique.

� Un secteur de formation constituéd’établissements privés s’est mis en placeplus récemment.

� Certaines entreprises publiques ou privéespossèdent des centres de formation.

Cette structure s’est construite à partir d’unepériode où le développement économiqueétait étroitement piloté par l’État à travers lesdifférents ministères et où chacun d’entre euxavait le souci de former ses cadres moyens. Latransition vers une économie de marché et leprocessus d’ouverture sur le monde (adhésion àl’Organisation mondiale du commerce,partenariat avec l’Union européenne, etc.)conduisent à réduire le rôle de l’État et àdévelopper celui du secteur économiqueprivé. La concurrence internationale exige queles entreprises améliorent leurs performances etleur compétitivité. Le secteur public de laformation se développe alors et se recentreautour du ministère de la Formationprofessionnelle. Un secteur de formationprivé apparaît et prend une place variableselon les pays ; il a cependant tendance à sedisperser en petits établissements et à seconsacrer aux formations les moins coûteusesà mettre en place.

Ainsi, en Algérie, pour l’année 2000, lesétablissements publics du ministère de laFormation professionnelle disposent de prèsdes deux tiers des capacités de formation, les

autres ministères de 18%, les établissementsprivés de 12%, les entreprises, surtout publiques,de 5%. La part du ministère de la Formationprofessionnelle est plus importante encore entermes d’effectifs, grâce à une diversificationdes modes de formation permettant unpartage des équipements dans le temps :apprentissage, cours du soir, formation àdistance, accueil de deux groupes dans lajournée, etc. Le réseau qui dépend de ceministère comprend, en plus des centres deformation, des structures de soutien chargéesde la formation des personnels et del’élaboration des programmes, de l’ingénieriepédagogique, des études et recherches sur lesqualifications et l’insertion des diplômés, dudéveloppement de la formation continuedans les entreprises, des équipementstechniques et pédagogiques. Il existe aussiun fonds national de développement del’apprentissage et de la formation continuequi gère les ressources issues du recouvrementdes taxes relatives à ces deux domaines. Lesétablissements privés, s’ils ont connu undéveloppement rapide au cours des dernièresannées, semblent en revanche ne pas utilisercomplètement leurs capacités ; leurs formationssont peu différenciées et portent sur desdomaines professionnels où la formation estpeu coûteuse, en particulier dans le secteurtertiaire. La formation des autres ministères etcelle des entreprises sont en régression,notamment à cause de la situation financièredes entreprises.

Au Maroc, le secteur public de la formationprofessionnelle regroupe 64% des effectifs etle secteur privé 36%. L’opérateur principal estl’Office de formation professionnelle et de lapromotion du travail (OFPPT), sous la tutelledu ministère de l’Emploi, de la Formationprofessionnelle, du Développement social etde la Solidarité : il accueille 45% des effectifs,soit plus des deux tiers du secteur public,dans ses instituts de technologie appliquée etinstituts supérieurs de technologie appliquée.Le même ministère dispose, dans le cadre desa direction de l’entraide nationale, d’un autredispositif de formation par l’apprentissage quiprend en charge une population plusdéfavorisée, généralement exclue des autres

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types de formation, pour viser à son insertionsociale et professionnelle. En outre, onzeautres départements ministériels assurent dela formation, ce qui conduit à une grandedispersion et à une forte hétérogénéité. Lesecteur privé s’est développé rapidementpour pallier le nombre insuffisant de placesdans les centres publics mais, dans la secondepartie des années 90, la demande n’a passuivi l’accroissement du nombre desétablissements qui est formé d’établissementspetits et nombreux, et ses capacités d’accueil,presque équivalentes à celles de l’OFPPT,sont moins pleinement utilisées ; une majoritéde ses effectifs sont des femmes (58%)contrairement à ce qui se passe dans le secteurpublic où elles ne sont que 31% ; aujourd’hui,une loi portant statut de la formationprofessionnelle privée a été promulguée aucours de l’année 2000 et les servicesministériels ont entrepris une démarche demise à niveau, de réglementation et de suivide ce secteur, pour assurer sa qualité et sacomplémentarité avec le secteur public.

En Tunisie, le système de formationprofessionnelle a subi des changementsmajeurs durant la dernière décennie. Uneréforme a été engagée à partir de 1993 avec laloi d’orientation de la formation professionnelleet la création de quatre structuresopérationnelles sous tutelle du Ministère de laformation professionnelle et de l’Emploi :l’Agence tunisienne de la formationprofessionnelle (ATFP) ; l’Agence tunisiennede l’emploi ; le Centre national de formationde formateurs et d’ingénierie deformation (CENAFFIF) ; le Centre national deformation continue et de promotionprofessionnelle. L’ATFP est le principalopérateur public de formation : elle accueille86% des effectifs des centres publics. Il existeaussi des centres relevant d’autres opérateurspublics, notamment l’Agence de vulgarisationet de formation agricole (AVFA) et l’Officenational du tourisme tunisien. La formationprivée est particulièrement développée : seseffectifs dépassent même ceux de l’ATFP.Mais, comme en Algérie, elle est surtouttertiaire et elle est peu différenciée : 98% deses effectifs se trouvent dans quatrespécialités seulement ; elle est aussi trèsféminisée (70% de stagiaires sont des femmes)contrairement à celle du secteur public(environ 30% de femmes).

Les effectifs de la formation professionnellesont importants puisqu’ils dépassent 400.000en Algérie et sont de l’ordre de 160.000 auMaroc (43% de femmes) et de 57.000 enTunisie (49% de femmes). Dans les trois pays,la formation se fait majoritairement sur lemode résidentiel qui n’implique pasbeaucoup de liens avec les entreprises. Celapeut expliquer que l’insertion des diplôméssoit difficile : au Maroc, par exemple, elle n’estque d’environ 55% neuf mois après la sortie etelle s’est dégradée ces dernières années.Cependant, les formations en alternance,notamment l’apprentissage, se développent.C’est en Algérie que l’apprentissage occupe lapart la plus importante : il concerne 37% deseffectifs des établissements publics duministère de la Formation professionnelle. AuMaroc, les différentes formes d’alternance nereprésentent que 17% des effectifs.

Il existe plusieurs niveaux de formation. Cinqen Algérie, correspondant aux qualificationsd’ouvrier spécialisé, d’ouvrier et agent qualifiés,d’ouvrier et agent hautement qualifiés, detechnicien, et de technicien supérieur : les deuxdernières sont préparées dans desétablissements différents des trois premières.Quatre au Maroc : spécialisation, qualification,technicien, technicien spécialisé. Trois enTunisie : le Certificat d’aptitude professionnellepour les ouvriers et employés qualifiés, leBrevet de technicien professionnel, le Brevetde technicien supérieur. Dans tous les cas, cesont les formations de technicien et detechnicien supérieur qui ont le plus tendanceà se développer.

Du point de vue du gouvernement dusystème, l’État ne décide plus seul : uneconcertation avec les partenaires sociauxapparaît comme essentielle, ce qui ne veut pasdire qu’elle se fasse facilement. En Algérie,qui est le pays le plus vaste et le plus peuplé,l’organisation du ministère de la Formationprofessionnelle est déconcentrée au niveau dela wilaya : les directions de la formationprofessionnelle constituent le palier décisionnelrégional dans la mise en œuvre de la politiquenationale ; elles disposent de larges prérogativesdans le développement et l’adaptation de lacarte de la formation à l’environnementéconomique local et dans le recrutement et lagestion des personnels. De même, au Maroc,l’OFPPT est structuré en directions régionales etla gestion du dispositif est décentralisée.

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Pour l’avenir, les orientations dans les troispays présentent une bonne convergence :réhabilitation de la formation professionnelle,qui ne devrait plus avoir pour but premierd’accueillir les jeunes rejetés du systèmescolaire, mais de créer les compétencesdemandées par l’économie ; passage d’unelogique de l’offre et de la demande sociale àune logique de la demande économique ;création d’un environnement de dialogueavec les partenaires sociaux ; plus grandevariété des itinéraires ; diversification dessources de financement ; accroissement desperformances pour ce qui concerne la gestionpédagogique, administrative et financière desétablissements.

C’est par exemple l’objet du programme dugouvernement algérien dans le domaine de laformation professionnelle (août 2000). EnTunisie, se déroule, sur la période de 1996 à2004, un vaste programme de mise à niveaude la formation professionnelle et de l’emploi(MANFORME), avec l’appui de l’Unioneuropéenne notamment, conçu comme unaccompagnement du processus de mise àniveau de l’économie tunisienne : son objectifglobal est « une formation professionnelle dequalité au service du système productif ».

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3 - Les métiers de la formation

C’est dans le secteur public, et notammentcelui qui relève du ministère chargé de laformation professionnelle, que la typologiedes métiers de la formation et le statut despersonnels sont les plus clairs. En Tunisie, parexemple, la loi précise : « Le corps des personnelsde la formation professionnelle comprend notammentles formateurs, les conseillers d’apprentissage,les conseillers pédagogiques et les inspecteurs dela formation professionnelle ». En outre, leministère et le centre chargé de la formationdes formateurs et de l’ingénierie deformation (CENAFFIF) ont défini desréférentiels de métiers (voir en encadré deséléments du référentiel de l’emploi deformateur).

3.1 Quels métiers ?

La catégorie la plus nombreuse est bienentendu celle des formateurs : nous faisonsentrer dans cette catégorie les tuteurs quiinterviennent dans les entreprises pour lesformations alternées, en particulier enapprentissage. En Algérie, le secteur public dela formation professionnelle compte environ9 500 formateurs. Au Maroc, le secteur publicde la formation professionnelle compte unpeu plus de 6 000 formateurs : 30% sont desfemmes, plus de 60% sont âgés de 35 à 45 ans,60% appartiennent à l’OFPPT ; le secteurprivé emploie environ 5 000 formateurs(d’après les déclarations des établissements).En Tunisie, on dénombre environ 3 000formateurs dans le secteur public (dontenviron un quart de femmes) et 2 000 dans lesecteur privé ; 80% d’entre eux appartiennentà l’ATFP ; parmi eux, les conseillersd’apprentissage, au nombre d’environ 350, enplus de leur rôle de formation, veillent auplacement des apprentis en entreprise et ysuivent le déroulement de l’apprentissage.

Il existe en outre des personnels assurantauprès des formateurs des missionsd’encadrement de diverses natures :

� Au niveau des centres de formationprofessionnelle : directeur, intendant,

coordonnateur des formations (appeléadjoint technique et pédagogique enAlgérie, chef de travaux ou directeurd’études dans certains établissementsmarocains, coordonnateur technique enTunisie), coordonnateur pédagogique desection ou de département, parfoissurveillant général, etc. Il arrive que cespersonnels assurent aussi une activité deformation.

� Dans les établissements de formation deformateurs : formateurs de formateurs,notamment.

� En dehors des établissements, pour assurerce que l’on peut nommer une régulation(impulsion, évaluation, animation, suivi,conseil) : il s’agit notamment des inspecteurs.

� En outre, on trouve des ingénieurs deformation, qui analysent des contextes etdes situations professionnelles et identifientdes besoins en compétences, conçoivent etplanifient des actions de formation etassurent le suivi de leur mise en œuvre,conduisent les activités d’élaboration desprogrammes, accompagnent leurimplantation et assurent la passation desmarchés.

Dans la suite de ce rapport, nous nousintéresserons plus particulièrement auxformateurs. C’est en particulier à la formationde cette seule catégorie que sont consacrés leschapitres suivants.

3.2 Les statuts

Dans le secteur public, les personnels sontnormalement des permanents relevant dustatut de la fonction publique, en tenantéventuellement compte du statut particulierconcernant chaque ministère ou agence.

En Tunisie, on note cependant que les décretsqui, d’après la loi, devaient fixer le statut despersonnels de la formation professionnellen’ont pas été publiés.

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Au Maroc, l’OFPPT possède un statut qui luiest propre. Pour le reste de la fonctionpublique, il existe un statut interministérielde formateur ; dans la plupart des cas lesformateurs sont des fonctionnaires duministère concerné (ingénieurs, techniciens,administrateurs, etc.), détachés pour desfonctions de formation.

En Algérie, les formateurs du ministère de laFormation professionnelle sont répartis endeux niveaux : les professeurs d’enseignementprofessionnel (PEP) et les professeursspécialisés d’enseignement professionnel(PSEP) ; seuls les PSEP (20% du corps)peuvent intervenir dans la formation destechniciens supérieurs et celle des formateurs.

En outre, dans les trois pays, le secteur publicfait également appel à des vacataires ou descontractuels pour pallier les déficits danscertaines spécialités et dans les établissementsnouvellement créés. Au Maroc, quelquesdépartements ministériels ne disposentd’aucun formateur permanent mais seulementde vacataires. En Tunisie, l’ATFP a procédéces dernières années au recrutement de jeunesformateurs dans le cadre du stage d’initiationà la vie professionnelle, qui est un programmevisant l’insertion professionnelle des jeunesdiplômés de l’enseignement supérieur.

Dans le secteur privé, les formateurs relèventdu droit commun. Les enquêtes, même si ellessont parfois anciennes et pas toujours précises,montrent que la plupart sont vacataires : près de90% en Algérie, 70% en Tunisie, près de 60%au Maroc. Dans ce dernier pays, on parle,selon la réglementation, «d’intervenants dumilieu professionnel », signifiant par là queces formateurs devraient avoir une insertionprofessionnelle principale, qui leur assureune compétence technique, et non pas êtredes «vacataires à temps plein ». En Tunisie,bien des formateurs du secteur publicoccupent un emploi secondaire en tant quevacataires dans le secteur de la formationprivée, et il existe un nombre important deformateurs indépendants.

Les formateurs des entreprises, en particulierles tuteurs, sont des personnels de l’entreprisesans statut particulier.

3.3 Les tâches des formateurs

Le référentiel présenté en encadré pour laTunisie donne une bonne idée des tâches queles formateurs ont à assurer en principe.

En Algérie, le statut des formateurs desétablissements publics de formationprofessionnelle prévoit qu’ils sont chargés :

� de dispenser des enseignements théoriqueset pratiques ;

� d’encadrer les stages pratiques en milieuprofessionnel ;

� de participer à l’organisation et audéroulement des tests, examens et concours ;

� de participer aux opérations de prospectiondes postes d’apprentissage ;

� de participer aux travaux d’études, derecherche technique et pédagogique etd’élaboration des programmes etprogressions de formation.

Dans la pratique, les formateurs se consacrentessentiellement aux seules tâches de préparationet d’enseignement, avec 18 à 36 heures decours par semaine. Le taux d’encadrementdans le secteur public est d’un formateur pour12 stagiaires en Tunisie, un pour 15 au Maroc,un pour 32 en Algérie où les formations nonrésidentielles occupent une place plusimportante. Les taux d’encadrement dusecteur privé ne sont pas significatifs car lamajorité des formateurs y travaillent à tempspartiel. Les stages en milieu professionnel,prévus dans tous les cursus de formation etqui constituent un lien privilégié avec lemonde du travail, sont souvent devenus peuà peu des phases effectuées à l’intérieur desétablissements. Les formateurs intervenanten apprentissage, qui devraient coordonnerleurs enseignements avec les tuteurs desentreprises, ne le font pas suffisamment, enparticulier faute de moyens pour se déplacer.

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Pratiques et dispositifs de formation des formateurs dans les pays du Maghreb

Ministère Tunisien de la Formation ProfessionnelleRÉFÉRENTIEL DE L’EMPLOI DE FORMATEUR

(extraits)

DEFINITION

Afin de développer les compétences liées à l’exercice d’un métier ou d’une profession qualifiée, leformateur transmet des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être. II contribue à la réalisation desobjectifs de l’établissement et participe au développement du dispositif de formation.

DESCRIPTION DE L’EMPLOI

Dans le cadre d’une organisation administrative et pédagogique déterminée, le formateur :

� Met en place et anime des formations permettant aux apprenants :� d’accéder à une qualification,� d’accéder à un emploi.

� Réalise des évaluations :� d’acquis de formation,� d’acquis professionnels.

� Participe à la gestion et à l’organisation des formations.

CHAMP D’INTERVENTION DE L’EMPLOI

Le formateur peut intervenir en formation professionnelle initiale ou continue selon les modesrésidentiels, en alternance, par apprentissage et à distance.

II exerce dans un organisme de formation professionnelle public ou privé ou dans une entreprise.

ACTIVITES DE BASE

� Animation des séances de formation.

� Préparation des séances de formation, élaboration et maintenance des ressources pédagogiques.

� Évaluation des acquis de la formation.

� Suivi des apprenants.

� Gestion et organisation des formations.

ACTIVITES COMPLEMENTAIRES

� Veille pédagogique, technique et professionnelle.

� Contribution au développement du dispositif de formation.

� Recrutement et orientation des apprenants.

� Appui à l’insertion.

� Gestion de l’apprentissage.

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3.4 L’accès au métier de formateur

Pour les personnels permanents du secteurpublic, le recrutement peut se faire parconcours ou par tests et entretiens. EnTunisie, c’est le concours qui est utilisé. EnAlgérie, les deux voies coexistent ; la premièreest prédominante, la seconde étant ouverteaux artisans justifiant de 10 annéesd’exercice : cette catégorie de formateurs estdestinée à l’encadrement des formationsdispensées dans les spécialités de l’artisanat.Au Maroc, le recrutement par concours estminoritaire et l’on procède le plus souvent partest ou entretien : c’est le cas à l’OFPPT ; endehors de l’OFPPT, le recrutement direct àl’intérieur de la fonction publique est deuxfois plus fréquent que le recrutement parconcours.

En Tunisie, on exige actuellement un diplômede l’enseignement supérieur : ce niveau derecrutement résulte de l’orientation politiquede mettre à niveau la formation professionnelle.Entre 1993 et 2000, on constate unrajeunissement du corps et une élévation duniveau : par exemple, la proportion desdiplômés de l’enseignement supérieur estpassée d’environ 30% à plus de 60%.Cependant, si ces jeunes formateurs disposentd’un niveau scientifique et technologique devaleur (ingénieurs et techniciens supérieurs),ils manquent souvent de compétencesprofessionnelles, leur expérience industrielleétant limitée voire inexistante. Dans lescentres, ils cohabitent avec des anciensformateurs recrutés parmi les ouvriers ettechniciens des entreprises publiques etprivées : ces derniers ont eu en général uneexpérience professionnelle dans les entrepriseset ils ont une longue expérience pédagogique,mais ils ne possèdent pas en général uneformation scientifique suffisante pour leurpermettre d’évoluer et d’acquérir de nouvellescompétences professionnelles liées auxnouvelles technologies et aux nouvellesapproches pédagogiques.

En Algérie, les concours sont organisés par lesdirections de la formation professionnelle deswilayas. Ils le sont à deux niveaux : les PSEPdoivent justifier d’un diplôme sanctionnantune formation universitaire d’une durée dequatre à cinq années après le baccalauréat ; lesPEP d’un diplôme de technicien supérieur oud’un titre reconnu équivalent. Pour les artisansrecrutés comme PEP, aucun titre n’est exigé.

La situation du marché du travail fait que lesmétiers de la formation attirent de plus enplus les jeunes diplômés à la recherche d’unpremier emploi : en 2001, par exemple, danscertaines spécialités il y a onze candidats pourun poste ; cela est particulièrement vrai pourles femmes, à qui ces métiers offrent unesouplesse dans les horaires de travail, tout enétant socialement valorisants. À l’inverse,pour les professionnels, ces métiers restentpeu attractifs en raison des faibles avantagesqu’ils présentent pour le salaire et dansl’évolution de carrière.

Au Maroc, la majorité des formateurs a étérecrutée parmi les diplômés de la formationprofessionnelle. Certains opérateurschoisissent leurs formateurs parmi leurspropres lauréats immédiatement à leur sortie,sans qu’ils aient acquis une expérienceprofessionnelle. Le département de l’Artisanatrecrute des artisans pour enseigner leurmétier dans les centres de formationprofessionnelle, sans condition de diplôme.

Dans le secteur privé, l’accès au métier deformateur n’est pas régi par des règlesprécises en Algérie et Tunisie. Une enquêteréalisée en 1996 en Tunisie indique que leniveau de qualification des formateurspermanents est plus bas que celui desvacataires : 74% des premiers n’avaient qu’unniveau d’agent qualifié, alors que 71% desvacataires possédaient un niveau au moinségal à la maîtrise. Au Maroc, en revanche, laloi exige qu’à partir de 2003 les formateurs dusecteur privé possèdent un diplôme de laformation professionnelle de niveau supérieurà celui de la filière où ils interviennent, d’uneexpérience professionnelle et d’une formationpédagogique d’au moins deux mois.

Dans les entreprises, aucune règle généraled’accès ne s’applique. Les tuteurs sont souventles artisans eux-mêmes dans l’artisanat et desouvriers professionnels dans les petites etmoyennes entreprises.

3.5 L’évaluation des personnels etl’évolution de carrière

En Algérie, par exemple, les formateurs desétablissements publics sont évalués à deuxniveaux : à l’intérieur de l’établissement, parleurs responsables hiérarchiques, et de manièreexterne par les inspecteurs pédagogiques.

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L’évaluation interne a des conséquencessur la prime de performance allouéesemestriellement aux formateurs et sur leuravancement. L’évaluation externe agit sur latitularisation comme fonctionnaire lorsque leformateur est en période probatoireimmédiatement après son recrutement, et defaçon permanente sur l’évolution de carrière.Elle permet en outre aux inspecteurs dedéterminer les thèmes à traiter au cours desjournées pédagogiques et de formuler desrecommandations aux instituts de formationprofessionnelle sur les thèmes techniquesou pédagogiques à intégrer dans lesprogrammes de perfectionnement. Le tauxd’encadrement des formateurs par lesinspecteurs varie de 100 à 180. Cependant,l’importance des tâches des inspecteurs dansl’évaluation et la formation, l’étendue descirconscriptions et la faiblesse des moyensmis à leur disposition réduisent l’efficacité deleurs actions d’assistance technique etpédagogique. De même, au Maroc, certainsministères formateurs ne disposent pas d’uncorps d’inspection et seulement 58% desformateurs déclarent avoir étés inspectésdepuis leur entrée dans la carrière.

Les formateurs peuvent poursuivre leurcarrière dans des tâches d’encadrement de laformation, envisagées plus haut, ou dans lesecteur productif. Cependant, ces formes demobilité ne concernent qu’un petit nombre depersonnes, soit parce que le nombre de postesouverts est faible dans l’encadrement, soitparce que les emplois de mobilité neprésentent pas les mêmes avantages deliberté, soit parce que les emplois du secteurproductif sont précaires, d’autant plus que lestatut des personnels ne permet pas toujoursde revenir après une expérience industrielle.

3.6 Conclusion

La question d’une véritable professionnalitédes formateurs se pose avec acuité.

Dans le secteur public, le niveau académiquede recrutement s’est élevé, mais les personnesrecrutées manquent le plus souventd’expérience professionnelle. Les concours ne

semblent pas bien vérifier les compétencestechniques, dont il n’est pas certain que le seuldiplôme académique les garantisse, et encoremoins les aptitudes pédagogiques. La qualitédes formateurs dépend donc d’abord de laformation initiale qui suit le recrutement et del’évaluation à la fin de la période probatoirequi entraîne l’accès à un statut permanent. Untel statut résulte de l’histoire de la formationprofessionnelle, mais si on veut le maintenirdans une économie de marché en transformationrapide, il faudra aussi développer laformation continue des formateurs.

Pour les personnels non permanents,notamment les vacataires, il s’agit souvent deleur premier emploi et ils ne bénéficient nid’une formation initiale ni de cycles deperfectionnement.

La situation est particulièrement préoccupantedans le secteur privé où une formation estrarement assurée et où la proportion devacataires est importante, même si la loimarocaine prévoit de renforcer désormais lesexigences.

En outre, les compétences qui existent chezles formateurs, et celles qui sont mobiliséesdans l’état actuel de la formation, necorrespondent pas à l’évolution de laformation professionnelle vers une plusgrande ouverture aux entreprises et l’insertiondans une économie de marché. Cela est vraien particulier pour une familiarité avecl’ingénierie de formation, qui doit accompagnerle passage à une logique de la demandeéconomique, et avec les technologies del’information et de la communication,nécessaires à la compétitivité des entreprises.Ici encore, c’est la formation continue desformateurs qui peut détenir les clés de lanécessaire évolution, à la fois pour s’adapter àla transformation en cours et, dans l’avenir,pour tenir compte du changement permanentqui caractérise l’économie actuelle.

On voit combien la formation est essentielle.Pourtant, aucune évaluation des besoins enformateurs pour les prochaines années neparaît être faite officiellement, ce qui renddifficile toute politique en ce domaine.

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4 - La formation des formateurs

Le dispositif de formation des formateurs dusecteur public de la formation professionnelles’est constitué dans les deux dernièresdécennies, au moment où les recrutements deformateurs étaient forts. Le cadre juridiquen’a pas changé dans les dernières années. EnTunisie, par exemple, c’est la loi d’orientationde 1993 sur la formation professionnelle quiprécise : « Des programmes de formation et derecyclage sur les plans technique et pédagogiquesont mis en œuvre en vue de la préparation despersonnels à l’exercice de leurs fonctions et de leuradaptation aux évolutions technologiques etdidactiques ». Cette distinction entre uneformation technique et une formationpédagogique est la clé de l’organisationactuelle dans les trois pays.

4.1 Les organismes de formationde formateurs

Il n’existe pas de cursus, universitaire ouautre, qui donnerait a priori une qualificationspécifique pour les emplois de formateur. Lesrecrutements se font parmi les diplômés quiont suivi une formation initiale de typeacadémique, commune à toutes les activitésprofessionnelles et, dans certains cas, àl’intérieur de la fonction publique et parmi lesartisans. Ce sont les opérateurs de la formationprofessionnelle qui assurent éventuellementla formation et le perfectionnement despersonnels qu’ils ont recrutés. Dans chaquepays, chacun des principaux opérateurspublics dispose de son propre système deformation de formateurs. Il existe aussiquelques organismes privés agissant à titreponctuel au service des entreprises disposantde structures internes de formation. Mais laplupart des formateurs du secteur privé et desformateurs et tuteurs travaillant dans lesentreprises ne reçoivent actuellement aucuneformation.

En Algérie, dans les années 1970, au momentoù les besoins en formateurs étaientrelativement faibles, la formation initialetechnique et pédagogique des personnels dusecteur de la formation professionnellepublique était assurée par une unique

structure, l’Institut national de la formationprofessionnelle (INFP). Au milieu des années1980, l’accroissement du nombred’établissements a conduit les pouvoirspublics à mettre en place un dispositif deformation de formateurs constitué de sixinstituts de formation professionnelle (IFP).Ces établissements sont organisés en unréseau, avec l’INFP qui reste chargé de laformation des cadres et de l’ingénieriepédagogique.

Le réseau est bi-dimensionnel, au sens oùchaque IFP couvre une circonscriptiongéographique comportant 80 à 85établissements avec leurs annexes, et d’autrepart est spécialisé dans deux ou trois branchesprofessionnelles : lors de la création de cesinstituts, leur répartition géographique s’estfaite sur la base des spécificités des grandsbassins industriels de l’époque. Chaqueinstitut assure dans sa circonscription laformation pédagogique initiale et continuedes formateurs de toutes spécialités ; en outre,il dote les établissements en référentiels etprogrammes de formation, conçoit les sujetsdes examens de fin de formation et assiste lesdirections de la formation professionnelle auniveau de la wilaya pour les concours derecrutement des formateurs. Dans lesbranches où il est spécialisé, il assure leperfectionnement technique des formateursde l’ensemble du pays, ce qui ne va pas sansposer des problèmes financiers etd’éloignement, donc d’absentéisme.

Une grande souplesse est accordée auxinstituts pour organiser les actions deformation et de perfectionnement. Cettedéconcentration visait à susciter une bonneparticipation des formateurs aux cycles deperfectionnement. Mais elle peut expliquerque, malgré l’architecture en réseau, les IFPsoient devenus peu à peu indépendants lesuns des autres, et se soient constitués en îlotspédagogiques entre lesquels les échangesd’expériences et de pratiques sont peufréquents. Une autre difficulté pour la formationdes formateurs est que les IFP assurent aussiune tâche d’une autre nature, la formation detechniciens supérieurs : actuellement, près de

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60% des capacités de ces instituts sontmobilisées par cette formation, qui devraitcependant y être progressivement supprimée.

Au Maroc, la situation est diverse selon lesopérateurs.

L’OFPPT a, depuis quelques années, formaliséle métier de formateur par l’élaboration d’unréférentiel. Sur cette base a été conçu un bilande compétences, utilisé en préalable auxactions de formation tant initiale quecontinue. Un cycle de formation a étéconstruit pour préparer les nouveauxformateurs à l’exercice de leur métier etchaque année est défini un plan de formationcontinue. Chaque direction régionale possèdeune cellule qui met en œuvre les bilans decompétences et le plan de formation pour lapartie pédagogique ; quant à la formationtechnique, elle est assurée par des centres dedéveloppement des compétences.

Quelques autres opérateurs publics ontdonné dans le passé, à tous leurs formateursou à certains d’entre eux, une formationpédagogique et parfois technique, dans desinstituts spécialisés. Pour beaucoup d’autres,aucun formateur n’a suivi de formationinitiale ou continue : ils ont été affectésdirectement, sans préparation pédagogique,et ont appris à exercer leur métier «sur le tas »en même temps qu’ils le découvraient. C’estnotamment le cas lorsqu’il s’agit de personnelsdétachés ou vacataires. Actuellement, ilsemble qu’en dehors de l’OFPPT n’existe plusaucune formation initiale de formateurs.Cependant, dans le secteur de la santé, où lesformations pédagogiques avaient été ferméesdepuis une dizaine d’années faute de besoins,leur réouverture est prévue.

En Tunisie, les trois principaux opérateurspublics de formation professionnelle disposentchacun d’un organisme chargé de laformation de formateurs :

� Pour l’Agence tunisienne de la formationprofessionnelle (ATFP), il s’agit du Centrenational de formation de formateurs etd’ingénierie de formation (CENAFFIF) quitravaille aussi pour d’autres opérateurs detaille moins importante (ministères del’Intérieur, de la Défense…, entreprises). Cecentre est également chargé d’autresmissions : développer la recherchepédagogique, promouvoir les nouveaux

modes et méthodes de formation etparticiper à l’élaboration des moyenspédagogiques ; participer à l’élaboration età l’actualisation des programmes et desméthodes pédagogiques, ainsi que destechniques d’évaluation ; développer lesrelations de coopération et d’échanges avecdes organismes similaires en Tunisie et àl’étranger.

� Pour l’Agence de vulgarisation et deformation agricole (AFVA), il s’agit del’Institut national pédagogique et deformation continue agricole de Sidi Thabet.

� Pour l’Office national du tourisme tunisien,l’Institut supérieur d’hôtellerie et de tourismede Sidi Dhrif s’est vu confier la formationdes formateurs. Cependant, cet institut apour mission principale la formation initialeaux métiers de l’encadrement hôtelier ettouristique et, jusqu’à présent, la formationinitiale et continue des formateurs du secteurdu tourisme se déroule essentiellement àl’étranger, en particulier en Suisse et enFrance.

En outre, des organismes privés présententune offre de formation de formateurs destinéeessentiellement aux grandes entreprisespubliques et privées possédant des servicesde formation dans le cadre de leur gestion desressources humaines. Parmi les secteursconcernés par ces actions, on note ceux destransports, des banques, du tourisme et desservices.

4.2 Les dispositifs de formation

En Algérie, les formateurs permanents dusecteur public reçoivent lors de leur prise defonction une formation pédagogique, obligatoirepour qu’ils puissent être confirmés après unepériode probatoire de neuf mois d’exercice.Mais, au cours des années 1980 a eu lieu unrecrutement massif et hétérogène depersonnes dont les compétences ne se sontpas toujours avérées adéquates : unprogramme de mise à niveau a donc été définià partir de 1990, se traduisant parl’organisation de cycles de perfectionnementtechnique et pédagogique.

a) Les stages de formation pédagogiqueinitiale sont planifiés par les Instituts deformation professionnelle (IFP) et leur

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calendrier est communiqué au début dechaque année aux directions de la formationprofessionnelle de leur circonscriptiongéographique. Ces directions ont alors lacharge d’inscrire leurs formateurs stagiaires àla période qui leur paraît la plus appropriée. Ilarrive qu’elles décident de différer laformation de quelques mois pour pallier lesdéficits urgents, conduisant ainsi lesformateurs à dispenser des enseignementssans préparation préalable. Cette situationentraîne souvent l’acquisition sur le tas deréflexes pédagogiques difficiles à corriger parla suite, ainsi que des glissements dans lescalendriers des instituts, accentuant encore ledécalage dans les mises en formation. Ladurée de la formation pédagogique est fixée à12 semaines pour les PEP et 24 semaines pourles PSEP. Elle est organisée en alternanceentre l’IFP et l’établissement et elle comportedeux phases :

� la première, identique dans son contenupour les deux catégories de formateurs, estconsacrée à l’acquisition des connaissancespédagogiques de base et aux simulationsde leçons : elle se déroule au sein de l’IFP ;

� la seconde, de 2 à 12 semaines selon lacatégorie, se déroule dans les établissementsd’affectation auprès de formateursexpérimentés : au cours de cette mise ensituation, les PEP préparent un rapport destage et les PSEP un projet de fin deformation ; les thèmes du projet sont laissésà l’initiative des formateurs stagiaires etpeuvent être d’ordre pédagogique,didactique ou technique.

Le contenu est défini par le référentiel deformation pédagogique élaboré et validé en1993. Il s’articule autour de thèmespédagogiques, de thèmes liés à desconnaissances générales du secteur de laformation professionnelle et aux diversestâches du formateur. En réalité, les seulsthèmes qui sont en général traités portent surla partie pédagogique, complétée parcertaines connaissances générales et dessimulations de leçons.

Ces thèmes concernent principalement :

� la psychologie de l’individu,

� les objectifs pédagogiques,

� la séance d’enseignement,

� l’évaluation,

� les méthodes pédagogiques,

� la communication,

� la dynamique de groupe,

� la méthodologie de conception desprogrammes,

� la connaissance du secteur de la formationprofessionnelle,

� l’inspection.

Parmi les thèmes peu traités, on trouvela conception et l’utilisation des aidespédagogiques, les ressources documentaires,les différents modes de formation, l’approcheméthodologique d’adaptation etd’actualisation des contenus de formation, lamaintenance des équipements. De plus, levolume horaire affecté aux divers sujets estdisproportionné par rapport à leurimportance.

Cette situation s’explique en partie par leprofil des formateurs chargés del’encadrement. Il s’agit généralement de PSEPspécialisés en sciences de l’éducation ou enpsychologie industrielle, ayant peud’expérience dans les domaines de lapédagogie appliquée et de la formationprofessionnelle. Ils ont tendance à privilégierl’enseignement théorique en reproduisantdes contenus standards. Ces formateurs deformateurs n’ont d’ailleurs pas reçu deformation spécifique pour la conduite de cetype de stage.

En outre, nous avons vu que le référentiel deformation date de 1993 : il devrait êtreactualisé pour répondre aux besoins actuelsen élargissant les compétences desformateurs. Par exemple, des thèmesdevraient être prévus sur la formation paralternance, les styles du management, l’art denégocier, le conseil en formation, etc.

Les stages s’appuient pour l’essentiel sur desexposés théoriques et des discussions degroupe. Des travaux en sous-groupes sontparfois organisés. La prise de notes occupeune part importante du temps, car les

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documents polycopiés font très souventdéfaut. Le tableau noir reste l’outil privilégié ;les rétroprojecteurs existent mais sont peuutilisés. Certains instituts sont dotés decaméras, mais qui ne sont pas non plus trèsutilisées faute de formation des animateurs,alors qu’elles pourraient constituer un moyend’enregistrer les simulations de leçons pourpermettre aux stagiaires de prendre consciencedes améliorations à apporter à leursprestations.

Le stage pratique, qui constitue le moment oùle formateur met en pratique les connaissancespédagogiques acquises, est quelque peudévoyé de son objectif puisqu’il est demandéau stagiaire de décrire dans un rapport lesconditions dans lesquelles se déroulent lesenseignements et le degré de respect desrègles pédagogiques par les autres formateursde l’établissement.

Les participants font l’objet d’une évaluationcontinue qui s’étale tout au long de laformation et qui est sanctionnée par ladélivrance aux formateurs stagiaires d’uneattestation précisant leurs aptitudes àdispenser des enseignements.

b) Les cycles de perfectionnement technique etpédagogique destinés aux formateurs enfonction sont planifiés par les instituts deformation professionnelle qui éditentannuellement un guide dans lequel sontprécisés, pour chacun des cycles programmés,le thème, sa durée et la période de sondéroulement. Ce guide est ensuite diffusé auxdirections de la formation professionnelle quise chargent de recueillir les inscriptions desformateurs de leur wilaya. Les formateurspeuvent s’inscrire aux thèmes de leur choixsans aucune condition préalable ; nombreuxsont ceux qui s’inscrivent à plusieurs thèmes.Pourtant, le programme de mise à niveau quiavait été prévu est loin d’avoir été mis en placeet on constate un absentéisme important lorsdes stages : une enquête portant sur la wilayad’Alger au cours de l’année 2000 montre untaux de couverture de 12% parmi lesformateurs devant suivre un perfectionnementpédagogique et un taux de présence à peinesupérieur à la moitié des inscrits. En outre, lesgroupes ainsi constitués sont très hétérogènesce qui, de l’avis des animateurs des stages,crée de sérieuses difficultés.

Cependant, depuis l’année 2000, le programmeest renforcé par des opérations organiséespendant les grandes vacances : dès lapremière année, 2 500 formateurs ont pu yparticiper, y compris des formateurs exerçantdans des établissements privés.

D’une durée d’une à deux semaines, les stagessont presque tous organisés sous formerésidentielle dans les instituts de formationprofessionnelle : ceux qui se passent en milieuprofessionnel restent des cas exceptionnels. Àl’issue de chaque cycle, une attestation estdélivrée aux participants : elle était utiliséedans les opérations de promotion par listed’aptitude, mais cette forme de promotion amaintenant disparu au profit des promotionspar examens et concours, ce qui est sans douteune cause de désaffection pour ces cycles deperfectionnement.

Les thèmes des cycles techniques portent engénéral sur les programmes enseignés par lesformateurs dans leurs établissements. Ils sontarrêtés par les instituts de formation sansétude très approfondie et en particulier sansguère tenir compte des recommandationsformulées par les inspecteurs qui se rendentdans les établissements. Les contenus descycles de perfectionnement pédagogique sontsouvent les mêmes que pour la formationpédagogique initiale, complétés par desthèmes liés aux nouvelles technologies del’information et de la communication.

Mais les méthodes sont souvent différentes decelles de la formation pédagogique initiale :les techniques d’animation sont plus ouvertes,on utilise des études de cas, des travaux enpetits groupes, des aides pédagogiques( rétroprojecteurs, planches… ). Cettesituation semble être due au fait que lesparticipants ont une expérience pédagogiqueet s’accommodent difficilement d’approchesqui ne leur permettent pas de participeractivement à la réflexion et au déroulementdes séances.

Au Maroc, seul l’OFPPT organise aujourd’huiune formation initiale de formateurs : avantd’être affectés dans un établissement, lesnouveaux formateurs passent un bilan decompétences puis, pendant neuf à douzemois, suivent une formation pédagogique ettechnique fondée sur le référentiel de leurmétier et effectuent un stage d’application enétablissement.

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Soixante quatre pour cent des formateurs dusecteur public actuellement en fonction(principalement ceux de l’OFPPT) ont suiviune formation initiale, qui est alors de naturepédagogique. Au cours des trois dernièresannées, seuls 27% des formateurs ont bénéficiéd’un perfectionnement, le perfectionnementtechnique étant plus fréquent (62% desbénéficiaires) que le perfectionnementpédagogique (38%).

Les principaux thèmes traités dans les actionsde perfectionnement sont la pédagogiegénérale (20% des participants) et les techniquesde communication (16%). Un effort est fait ducôté de la formation alternée et de l’élaborationdes programmes (7 à 8% des participants) ;l’approche par compétences est un axed’action prioritaire du ministère chargé de laformation professionnelle, mais il ne setraduit jusqu’à présent que par un effortmodeste en formation de formateurs (0,2%des stagiaires).

Ici encore, la situation est très variable selonles opérateurs. L’OFPPT est celui dont lesactions sont les plus marquantes et les plusorganisées. Son plan de formation est préparéchaque année à partir de la passation debilans de compétences. Le département de laJeunesse et des Sports élabore un plan deformation à partir du recueil de demandesrégionales, ce qui lui permet de mettre enplace une dizaine d’actions, de sept jours,pour environ 25 stagiaires chacune (pourenviron 350 formateurs permanents et 220vacataires au total). Pour les autres opérateurspublics, la formation continue, lorsqu’elleexiste, est ponctuelle : elle consiste le plussouvent en des actions de courte durée. Leministère chargé de la formation professionnellecherche pourtant à sensibiliser lesresponsables à la nécessité d’une politique deformation de formateurs ; dans les deuxdernières années, il a financé des actions poursix de ces opérateurs.

Une enquête récente montre d’ailleurs queprès des trois quarts des formateursexpriment le souhait de bénéficier d’unperfectionnement technique ou pédagogique.La proportion est élevée chez presque tous lesopérateurs ; la plus forte est enregistrée àl’OFPPT où elle dépasse 80%. Il n’en demeurepas moins qu’actuellement, un certainnombre de formateurs refusent de se déplacerpour bénéficier d’un perfectionnement, parce

que leurs frais sont mal pris en charge. Laplupart des responsables sont égalementconscients des besoins en ce domaine. Leursdemandes sont en majorité liées à l’évolutionprévisible de la formation professionnelle :relation emploi - formation, ingénierie dela formation, travail en équipe, projetd’établissement …

Pour le secteur privé, la formation desformateurs est pour le moment inexistante. Laloi prévoit l’obligation d’une formationpédagogique initiale d’au moins deux mois,mais cette mesure n’a pas encore été mise envigueur.

En Tunisie, la formation des formateurs desdeux principaux opérateurs publics, l’ATFPet l’AVFA, est organisée de manièresystématique. En revanche, celle du secteurdu tourisme (une centaine de formateurs) estembryonnaire car elle était jusqu’à présentsous-traitée à l’étranger.

Depuis la création du CENAFFIF, cette activitéa connu un développement considérable. De1993 à 2000, les actions de formation ontrassemblé 7 563 participants, un formateurpouvant bien entendu suivre plusieursd’entre elles. Ce chiffre est à rapprocher dunombre des formateurs de l’ATFP, qui estactuellement d’environ 2 100 après avoir étémultiplié par 5 dans les sept dernières années.Aussi, le nombre de participants aux actionsde formation a-t-il évolué de 113 bénéficiairesen 1993 à 1 479 en 2000. Les deux tiers d’entreeux ont bénéficié d’une formation pédagogiqueet un tiers d’une formation technique. Ladurée de formation tend à augmenter pourtenir compte des compétences requises et desacquis préalables des stagiaires : dans certainssecteurs, elle peut aller jusqu’à seize mois. Enoutre, le CENAFFIF organise des formationspour les conseillers d’apprentissage et dans ledomaine de l’ingénierie de formation. Enfin,il commence à proposer une formationdestinée aux tuteurs en entreprise, avec lesoutien financier d’organismes internationaux :jusqu’à présent, environ 300 tuteurs ont étéformés.

Dès leur recrutement par l’ATFP, lesformateurs reçoivent une formation delongue durée (6 à 12 mois), qui comporte desstages dans les centres et dans les entreprises.Certains formateurs en exercice peuventbénéficier de la totalité ou d’une partie du

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dispositif lorsque leur formation a étéinsuffisante : en effet, les recrutements massifsréalisés dans le passé amènent le CENAFFIF àapporter des compétences techniques etpédagogiques aux formateurs sans expériencesuffisante dans les domaines professionnel etpédagogique. La durée de la formationpédagogique initiale est de 390 heures. Leprogramme est divisé en modules : voir enencadré le programme proposé à titreexpérimental.

Pour la formation technique, le CENAFFIF alongtemps fait appel à des organismesétrangers, en particulier l’Association pour laformation professionnelle des adultes(AFPA) en France ; puis il a diversifié sesfournisseurs de services. Aujourd’hui, ce typede formation est largement réalisé en Tunisie.Les actions de formation technique sontgénéralement de courte durée, sauf pour lesformations de reconversion, par exempledans les secteurs de l’habillement, cuir etchaussures ou du bois et ameublement. Enformation initiale, les plans de formation sontélaborés sur la base des plans de recrutementde formateurs de l’ATFP. En formationcontinue, ils sont construits sur la base, d’unepart, de l’expression de besoins par lesformateurs et, d’autre part, des nouvelles

compétences exigées par les programmes àimplanter dans les centres. Depuis l’année2000, le CENAFFIF a développé, à titreexpérimental, une démarche lui permettantd’élaborer et de mettre en œuvre ces plans deperfectionnement technique.

Les formations de tuteurs des entreprises sontcourtes (un ou deux jours). Elles portent sur laprésentation du système de formationprofessionnelle et des modes de formationalternée (alternance et apprentissage), lacommunication et la relation humaine dans lafonction tutorale, la fonction de formation dututeur. Il s’agit de rendre les participantscapables d’identifier les bases juridiques del’alternance et les rôles des différents acteursde la formation, d’utiliser les situations detravail comme des situations formatives etd’évaluer les acquis de l’apprenant. Lesfédérations professionnelles participent aupilotage (voir encadré), mais le succès de laplupart des actions se heurte à une faibleimplication des entreprises : le taux deprésence n’est pas celui qui avait été espéré.En outre, l’impact sur la qualité de laformation en entreprise n’a pas pu êtreréellement évalué jusqu’à présent.

À l’Institut national pédagogique et deformation continue agricole (INPFCA), laformation pédagogique est destinée à desformateurs en exercice. Elle dure quinze jourset son contenu est composé de trois éléments :démarche d’élaboration d’un programme deformation professionnelle modulaire ; mise enœuvre d’un plan de formation professionnellemodulaire ; utilisation et production des aidesdidactiques. La formation technique proposéecouvre quatre domaines : les techniquesagricoles, les techniques de pêche,l’environnement, la gestion. Deux autresdomaines s’ajoutent dans le programme del’année 2001-2002 : informatique, santé etsécurité au travail. La durée d’une formationvarie de trois à cinq jours. L’institut orienteses actions en fonction du programme demise à niveau du dispositif de formationagricole et de pêche, du développement denouveaux cursus de formation et de laconcertation avec les enseignants et lesservices concernés. Au cours de l’année 2000,165 formateurs sur 425 ont participé auxdifférentes actions de perfectionnementtechnique et pédagogique.

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Les modules du programme de formationpédagogique du CENAFFIF

� Le métier du formateur : se situer auregard du métier de formateur et de ladémarche de la formation pédagogique,

� Initiation aux approchespsychopédagogiques,

� La communication : communiquer dansson environnement professionnel,

� Initiation aux technologies del’information et de la communication,

� Le programme de formation et lesdocuments d’accompagnement,

� Évaluation : évaluer les acquis desapprenants,

� Préparation d’une séquence de formation,

� Animation d’une séquence de formation,

� Le suivi des apprenants en formation enalternance : suivi en entreprise en utilisantles outils d’accompagnement,

� Intégration au milieu de travail.

Qu’il s’agisse du CENAFFIF ou de l’INPFCA,les méthodes pédagogiques sont diverses :exposés, travaux individuels et de groupes,visites aux entreprises, etc. Le CENAFFIFdispose d’un service audiovisuel et delaboratoires multimédia. Cependant, il n’existepas de supports de formation standardisés.Aucun diplôme n’est délivré, alors que,jusqu’aux dernières années, le CENAFFIFdélivrait des attestations portant sur l’objet etla durée de la formation.

4.3 Le financement

Le financement des organismes publics deformation de formateurs ne tient pas comptede la spécificité de cette fonction ni de l’enjeuqu’elle représente aujourd’hui. Dans certainscas, les critères d’affectation des créditsbudgétaires sont basés essentiellement sur leseffectifs pris en charge, mais sont les mêmesque pour les centres de formationprofessionnelle. Dans d’autres cas, le budgetn’est pas défini en tenant compte du plan decharge de l’organisme concerné, mais plutôten fonction du budget de l’année précédenteaugmenté d’un certain pourcentage (3 à 4%).En outre, les organismes jouissent de peud’autonomie de gestion. L’apport de bailleursde fonds étrangers est un complémentapprécié qui permet des actions ciblées.

Les coûts de la formation de formateurs sontmal identifiés et rarement isolés dans lesbudgets des organismes.

4.4 Qualité et pertinence de laformation de formateurs

La formation des formateurs lors de leurrecrutement constitue l’une des phases capitalesdans leur préparation à leur fonction : elleleur permet en effet de se familiariser avec lestechniques de base nécessaires à la conduitede leurs activités pédagogiques.

Cependant, elle n’est pas toujours assurée,tant chez les opérateurs publics les moinsimportants que dans le secteur privé, et engénéral pour les vacataires. Une grande partiedes formateurs exercent donc sans avoir reçuaucune formation à leur métier et ledéveloppement de la formation professionnelleprivée aggrave encore le problème.

Lorsqu’elle existe, la formation initiale est dedurée très variable. Le plus souvent, elle selimite aux aspects pédagogiques, sans qu’ilssoient reliés aux aspects techniques. En outre,son contenu est axé sur la partie traditionnelledu métier, l’enseignement de séquencespédagogiques, qui est certes essentiel, mais ilne favorise pas l’acquisition de compétencesen rapport avec les nouvelles exigences dumétier de formateur.

Le perfectionnement en cours de carrière neparaît pas bien répondre aux demandes. Dansun des pays, il existe une importantedemande non satisfaite. Dans un autre,l’absentéisme aux stages est important et lesperfectionnements prévus pour pallier lesinsuffisances, actualiser et renforcer les acquispédagogiques n’ont permis qu’à un faiblenombre de formateurs d’en tirer profit. Dansle troisième, une enquête auprès desformateurs montre que l’informationconcernant la formation (objectifs, contenus,durée, etc.) leur semble difficile à obtenir.

L’identification des besoins et leur traductionen plans de formation et actions spécifiquessemblent donc être un maillon faible duprocessus d’ingénierie des dispositifs mis enplace. Les principales démarches reposent surune logique d’offre, matérialisée par descatalogues de formation définis sans tenircompte des vrais besoins. On a l’impressionqu’il n’y a pas une programmation concertéeet cohérente, s’ancrant dans un programmenational, mais plutôt une série d’actions danslesquelles les formateurs peuvent « piocher »ou être désignés pour y assister.

Les approches et méthodes pédagogiquesutilisées en formation de formateurs sontdiverses et correspondent globalement auxobjectifs fixés. Toutefois, elles gardent uncaractère assez classique et il n’existe guèred’innovations pédagogiques, ce qui n’incitepas les stagiaires formés à en introduire dansleur propre pratique. La formation a engénéral lieu à l’intérieur des organismes etelle ne fait guère appel aux entreprises, mêmepour sa partie technique.

Les formateurs de formateurs sont souventjeunes et ont un niveau académique élevé,mais ils ne disposent en général d’aucuneexpérience pédagogique dans les centres, niprofessionnelle dans les entreprises, ce qui ne

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les rend pas véritablement crédibles pour lespersonnes auxquelles ils apportent uneformation. L’évaluation de leurs compétencesn’est guère effectuée. Des intervenantsétrangers restent nécessaires, particulièrementdans les domaines techniques, mais ils ontparfois du mal à s’intégrer dans la dynamiquede la formation et à répondre aux besoins dupays.

Enfin, l’absence d’évaluation des actions deformation en termes de résultats obtenus etd’amélioration des performances desformateurs ne permet pas de se prononcer surl’efficacité des actions engagées.

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5 - Quelle stratégie pour l’évolution de la formationdes formateurs ?

5.1 Analyse du dispositif

Dans chacun des trois pays, le dispositif deformation de formateurs est bien établi pourle principal opérateur public. Il a permis à laformation professionnelle de se développeret, jusqu’à un certain point, de répondre auxdéfis énoncés à la fin du chapitre 3.Aujourd’hui, des référentiels des métiers de laformation ont été définis, sur lesquels peut sefonder la formation des formateurs. En outre,il existe un certain nombre de projets pilotesinnovants, où la formation de formateurs estbien associée au monde économique : lesencadrés ci-dessous en donnent des exemples.

Nous avons cependant vu qu’une partie nonnégligeable des formateurs n’ont pas reçu deformation à leur métier, que les formationssont trop courtes pour permettre d’acquérirtoutes les compétences nécessaires et qu’ellesont du mal à prendre en compte les besoinsnouveaux, nés de la nécessaire évolution dessystèmes de formation professionnelle.

Une partie de ces difficultés vient du fait qu’iln’existe pas de préparation au métier deformateur qui soit préalable au recrutement.Or, les opérateurs de la formationprofessionnelle dont la taille n’est passuffisante n’ont pas les moyens de formerleurs formateurs et, lorsqu’elle existe, laformation se passe entièrement après lerecrutement : elle ne peut donc être troplongue pour des raisons de coût. Lescompétences techniques sont réputées avoirété acquises avant le recrutement, sans pourautant qu’elles soient toujours vérifiées ; ellesne figurent donc pas dans la formationinitiale, ce qui empêche une bonne articulationavec les compétences pédagogiques.

Cette absence de formation au métier avant lerecrutement conduit aussi les organismeschargés de la formation des formateurs à êtreplus orientés vers la formation initiale quevers la formation continue. Il s’agit d’ailleurslà, plus généralement, d’une caractéristiquedes systèmes de formation professionnelledes pays du Maghreb, qui n’est plus conforme

aux besoins dans un monde incertain entransformation rapide.

Une autre raison des difficultés tient à ladispersion de ces organismes, parallèle à celledes opérateurs de la formation professionnelle.L’architecture actuelle correspond à unesituation historique caractérisée par lamultiplicité des départements ministérielsformateurs et par l’absence d’un coordonnateurnational de la politique de formationprofessionnelle. Les programmes de formationdes formateurs restent hétérogènes, tant pourle contenu que sur les démarches. L’opérateurprincipal (réseau du ministère de laFormation professionnelle en Algérie, OFPPTau Maroc, ATFP en Tunisie) dispose d’unsystème solide de formation de formateurs,comme celui des IFP en Algérie ou duCENAFFIF en Tunisie ; mais la plupart desopérateurs publics à vocation sectorielle etdes opérateurs privés ne rassemblent pas lamasse critique qui leur permette de mettre enplace une formation adéquate, qu’il s’agissede formation initiale ou de perfectionnement.

Les organismes de formation de formateursassurent en général aussi d’autres missions.C’est ainsi que le CENAFFIF tunisien portedans son titre même l’ingénierie de formation ;de même, en Algérie, le réseau formé par lesIFP avec l’INFP a la charge de l’élaboration etde la diffusion des programmes et pluslargement de l’ingénierie de formation (voirencadré). À l’analyse, le couplage entreformation de formateurs et ingénierie deformation présente un double intérêt : d’abord,les programmes et curricula, qui sont lesrésultats du processus national d’ingénieriede formation, doivent être mis en œuvre parles formateurs et ils constituent donc une desbases de leur formation initiale et de leurperfectionnement ; ensuite, l’évolution de laformation professionnelle, et en particulier ledéveloppement de la formation continue,demande que les centres développent uneingénierie de formation pour répondrelocalement aux besoins des entreprises et desindividus, et que leurs formateurs y soientdonc préparés. Au Maroc, 28% des

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formateurs du secteur public déclarent êtreimpliqués dans l’élaboration des programmesde formation, mais cette élaboration estconsidérée comme restant trop centralisée.

Redynamisation du réseau d’ingénieriepédagogique en Algérie

Il s’agit de mettre en place des comitéspédagogiques nationaux de spécialités etdes comités pédagogiques nationaux debranches. Ces comités constituent un espacede concertation et d’analyse sur les évolutionsdes qualifications professionnelles et seprononceront sur tous les aspects en rapportavec les référentiels, les programmespédagogiques et la création ou la suppressionde spécialités. Ils formuleront égalementleurs avis et suggestions pour la définitiondes politiques du secteur de la formationprofessionnelle.

Les comités sont composés de formateursdes établissements publics et privés, deconcepteurs de programmes, d’inspecteurset de professionnels. Pour assurer leurpérennité, il est prévu de leur assurer uneassise réglementaire.

Leur programme de travail sera arrêté par leministère de tutelle sur la base des besoinsexprimés par les différents intervenants(entreprises, associations professionnelles,établissements de formation, etc.).

Le projet en est à sa première phased’exécution qui consiste à choisir lesmembres des comités.

La recherche pédagogique et les échangesavec l’étranger apportent d’autres bases à laformation des formateurs et il est bon

également qu’ils se trouvent en symbioseavec elle. En revanche, la participation des IFPalgériens à la formation des technicienssupérieurs, qui mobilise plus de la moitié deleurs moyens en personnel et en matériel, sefait au détriment de la formation desformateurs. En outre, elle l’influence demanière pas nécessairement positive, uneconfusion se produisant parfois entre lesactions de perfectionnement des formateursdans le domaine technique et la formationinitiale des techniciens supérieurs.

La proximité avec l’ingénierie de formation aencore un autre intérêt, pour la définitionmême des programmes de formation deformateurs. Ainsi, au Maroc, l’OFPPT fondeles cycles de formation initiale et continue desformateurs sur un référentiel du métier et desbilans de compétences. En Tunisie, leCENAFFIF a mis en place, à titreexpérimental, une approche partant d’uneidentification des besoins en compétences desformateurs en relation avec les nouveauxprogrammes d’études à implanter dans lescentres de formation professionnelle. Encorefaudrait-il que cette définition ne soit paslaissée aux seuls organismes de formation deformateurs et que ceux-ci aient pour référenceune politique de gestion des ressourceshumaines du secteur de la formationprofessionnelle. Or, celle-ci ne semble guèreexister.

La gestion de la formation de formateursobéit alors trop souvent à des méthodesbureaucratiques qui ne favorisent pas leprofessionnalisme des acteurs ni le

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Pratiques et dispositifs de formation des formateurs dans les pays du Maghreb

Formation de tuteurs dans un cadre partenarial

La Fédération nationale de l’hôtellerie a conclu un accord-cadre avec le Centre national deformation des formateurs et d’ingénierie de formation pour la formation des employés du secteurimpliqués dans l’encadrement et la formation des apprentis et stagiaires en alternance. Il s’agitd’un besoin identifié et exprimé par la fédération en relation avec sa politique de développementdes ressources humaines du secteur.

Cette action a permis d’impliquer les services centraux (ATFP, CENAFFIF) et régionaux (directeurrégional de la formation professionnelle et de l’emploi, directeurs de centres de formation dans lesecteur de l’hôtellerie).

La mise en œuvre de l’action s’est faite en trois phases :

� Préparation de l’action et identification des besoins,

� Réalisation des formations,

� Évaluation des formations réalisées.

8 séminaires ont été organisés au profit de 154 tuteurs, couvrant plusieurs filières de formation :cuisine, pâtisserie, restaurant, étage et réception.

développement de relations du type client -fournisseur. Peu d’actions sont réalisées surune base contractuelle, les opérateurs deformation professionnelle établissent rarementde vrais cahiers des charges et les organismesde formation de formateurs élaborent rarementde vraies offres. La méthodologied’identification des besoins et de leurtraduction en programmes sont insuffisantesvoire inexistantes. L’évaluation des actionsest peu pratiquée, ce qui rend difficilel’analyse des effets et de l’efficacité de laformation. Le mode d’attribution des budgetsne facilite pas l’émergence d’une discussionsur les besoins et les réponses. Même s’ilexiste des exceptions marquantes commenous l’avons déjà signalé, le mondeéconomique est le plus souvent absent duprocessus de formation des formateurs.

Il résulte de cette situation que la formationdes formateurs est marquée par un caractèremorcelé et ponctuel de bon nombre d’activitéset par la mise en œuvre d’un ensembled’actions de perfectionnement dans unelogique d’offre qui ne répond pas entièrementaux besoins en compétences des formateurs.Par ailleurs, les dispositifs mis en placen’aboutissent pas à une certification descompétences et la sanction de la formationn’est pas une pratique systématique. Enrésumé, l’obscurité des relations entre lesdifférents partenaires (formateurs, responsablesdes opérateurs de formation professionnelle,organismes de formation de formateurs,monde économique) affecte considérablementl’efficacité.

Tout cela peut expliquer que l’adaptation auxnouvelles exigences des métiers de laformation soit lente, en partie à cause desréflexes de type scolaire acquis durant denombreuses années d’exercice par lesformateurs et les responsables pédagogiques.On peut même dire que le corps desformateurs reste passif, voire hostile, devantles nouvelles orientations de la politique deformation professionnelle : formation paralternance, plus grande autonomie descentres, partenariat avec les entreprises et lesorganisations économiques… Certainescompétences, nécessaires aux systèmes deformation professionnelle pour atteindre lesnouveaux objectifs, sont rares chez lesformateurs en place. Il ne leur suffit plusdésormais de posséder celles qui sont liées auface à face pédagogique, mais il leur faut aussi

des compétences d’ingénierie, d’organisationet de gestion de la formation : implantationde nouveaux programmes, avec leursconséquences en termes d’aménagementphysique et pédagogique ; gestion de laformation par alternance ; conception etorganisation de la formation continue ;évaluation et reconnaissance des compétencesacquises en milieu de travail…

Il convient aussi d’agir sur les formateurs deformateurs, peut-être coupés encore davantagedes réalités de l’économie et de l’emploi. Or, iln’existe guère pour eux de formation ou deperfectionnement : ils ne bénéficient, pourl’instant, que des formations offertes par lacoopération internationale, au profit d’uneffectif réduit. Cette situation ne favorise pasla remise en cause de leurs méthodespédagogiques. En particulier, l’usage destechniques de l’information et de lacommunication devrait être considérablementdéveloppé dans la formation des formateurs.

Cependant, le perfectionnement des formateursne se limite pas à des stages formels dans lesorganismes de formation de formateurs. Il seproduit aussi lors de leur activité dans lescentres, à travers le travail en équipe quipermet des adaptations et des reconversionsgrâce à l’aide de collègues, l’élaboration etl’implantation de nouveaux programmes, lamise en œuvre de nouvelles pratiquespédagogiques, les actions de formation enalternance permettant aux formateurs, àl’occasion du suivi des stagiaires dans lesentreprises, d’identifier de nouvelles méthodesde travail. Les organismes de formation deformateurs semblent accorder peu d’attentionà cette formation « informelle » : ils nedisposent pas d’outils et de mécanismessusceptibles d’identifier les acquis desformateurs en dehors des cycles de formation.

La mise en place de centre de ressourcesdonnant accès à des documents pédagogiques(supports de cours, outils audiovisuels etmultimédia…), en liaison avec la recherchepédagogique et la coopération internationale,serait un appui à cette formation « informelle » :c’est ce qu’a réalisé en Tunisie, dans le secteurdu tourisme, l’Institut supérieur d’hôtellerieet de tourisme. En Algérie, il existe un projetde réseau Intranet qui, dans une premièreétape, constituera pour les formateurs unmoyen d’échanges d’expériences, et plus tardun moyen de formation à distance.

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Pratiques et dispositifs de formation des formateurs dans les pays du Maghreb

5.2 Les stratégies adoptées

En Algérie, le programme du gouvernementdans le domaine de la formation professionnelle,définissant les objectifs prioritaires et lesstratégies de mise en œuvre (août 2000),souligne :

« L’amélioration du niveau de qualification desformateurs passe par un vaste programme, étalésur cinq années dans sa partie intensive puispermanisé, de perfectionnement, de mise à niveauet de recyclage des enseignants en exercice. Elle

passe également par la révision des programmespédagogiques en vigueur dans les établissementsde formation de formateurs, l’élévation du niveaudes exigences pédagogiques au recrutementinterne et externe, et l’organisation de stagesd’immersion en milieu professionnel. Les capacitésde formation de l’enseignement supérieur serontmises à contribution de même que seront exploitésà cette fin les programmes de coopération bilatéraleet multilatérale ».

Ce renforcement de la formation desformateurs sera rendu possible par la décision

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Pratiques et dispositifs de formation des formateurs dans les pays du Maghreb

En Tunisie, un nouveau modèle de formation initiale des formateursdans le secteur de l’habillement

Les universités tunisiennes forment peu ou pas d’ingénieurs et de techniciens supérieurs enhabillement. L’ATFP a procédé dans ce secteur à des recrutements massifs de formateurs (150environ), mais sans expérience ni technologique ni professionnelle. Le CENAFFIF a été chargé deconcevoir un dispositif de formation initiale des formateurs.

Une ingénierie répartie en trois volets :

� Une formation technologique de base et de spécialisation,

� Une formation pédagogique au CENAFFIF et dans les centres,

� Une formation en entreprise, couronnée par des projets à caractère professionnel etpédagogique.

Un fonctionnement en réseaux :

� Un réseau des centres de formation pour la formation technologique, ainsi que pour l’initiationau métier de formateur,

� Un réseau de formateurs - ressources qui ont été impliqués dans la formation des nouveauxformateurs et dont la majorité a été retenue pour constituer une première génération deformateurs évaluateurs.

Une formation par alternance : des accords ont été passés avec des entreprises pour l’accueil desformateurs stagiaires, sur la base d’un cahier des charges et avec un suivi particulier de la partd’experts internationaux.

Une formation par compétences : le programme de formation des formateurs a été construit enpartant des compétences définies pour la formation des jeunes.

Une évaluation multiple : évaluation du dispositif, évaluation des stagiaires, évaluation dudispositif par les stagiaires.

En Algérie, une formation de formateurs en informatique

Au début de l’année 2001-2002, le Ministère de la formation professionnelle, en partenariat avecMicrosoft, a mis en œuvre une action de formation en direction de l’ensemble des formateurs de laspécialité informatique. Le projet est prévu sur trois années et concernera plus de 200 formateurspour sa première année de mise en œuvre, avec la possibilité de le reconduire sur plusieurs années.Le programme de formation porte sur les produits Microsoft et permettra aux participants d’êtrecertifiés MCP (Microsoft Certified Professional) sur la base de normes internationales. Laformation est assurée par un établissement privé agréé par Microsoft.

Le Ministère de la formation professionnelle compte constituer, au niveau de chaque IFP, des« groupes ressources » qui seront ensuite chargés de démultiplier ce type de formation etpermettront également de reconnaître les établissements comme « Certified Technical EducationCenter ».

de supprimer la formation de technicienssupérieurs dans les six instituts de formationprofessionnelle : les dernières formations detechniciens supérieurs s’effaceront des IFP enjuin 2003.

En outre, l’implantation des instituts dans desrégions de forte densité industrielle, enrapport avec leur spécialisation, devraitpermettre un rapprochement avec le milieuprofessionnel, pour peu que cette dynamiquesoit conduite par des responsables et desformateurs possédant des compétences pourconvaincre les entreprises de l’intérêt de leurpartenariat.

La réalisation des objectifs fixés demanderacependant une révision du référentiel deformation des formateurs et des moyensfinanciers supplémentaires.

Signalons aussi que le projet de mise à niveaude la formation professionnelle en Algérie(avril 2001), soutenu par l’Union européenne,prévoit, dans le cadre de la conception et de lamise en œuvre d’une formation adaptée auxbesoins des entreprises, de « former lesformateurs des institutions publiques et privéessur la base des programmes élaborés ».

Au Maroc, la professionnalisation desformateurs constitue actuellement unepréoccupation majeure des responsables desopérateurs publics de formation professionnelle.Les ministères formateurs, sous l’impulsionde celui qui est chargé de la formationprofessionnelle, essaient de mettre en placedes dispositifs de formation continue. Lacréation d’un centre national de formation deformateurs constitue une des solutionsenvisagées.

En outre, la loi impose des exigences deformation pour les formateurs du secteurprivé, qui doivent être effectives à partir del’année 2003. Dans cette perspective, leministère chargé de la formationprofessionnelle a récemment élaboré unréférentiel du métier de formateur de laformation professionnelle privée et il aprogrammé des actions de perfectionnement.

En Tunisie, la stratégie de formation deformateurs découle des objectifs du programmeMANFORME (1996-2004), et particulièrementde sa composante relative au renforcement dela qualité et quantité de l’offre de formation

en relation avec la demande en compétencesdes entreprises. Il s’agit notamment de« former les formateurs des opérateurs publics etprivés pour la maîtrise des nouveaux référentielsadaptés ou développés par le CENAFFIF ».

Diverses initiatives ont été mises en place :

� Une intensification des actions destinéesaux nouveaux formateurs et en partie àceux qui sont déjà en fonction : ces actionssont organisées par le CENAFFIF etpilotées conjointement avec l’ATFP en vuede respecter les échéances prévues dans lecadre des projets de création ou derestructuration des centres de formationprofessionnelle ; on compte 6 297bénéficiaires entre le début en 1997 etl’année 2000.

� Une normalisation des métiers de laformation, accompagnée de l’implantationau sein de la direction technique duCENAFFIF d’une cellule pilotant cetteformation et de nouvelles procédures degestion de cette formation (voir encadré).

� La préparation de la création d’un pôled’excellence en ingénierie de formationet formation de formateurs, nomméFORMAPOLE : ce projet vise à doter lesystème national de formationprofessionnelle d’une structure et d’uneexpertise capables d’appuyer la réformeengagée.

� La conduite commune de certains projetspour tisser des liens nouveaux entre lesdifférents organismes de formation deformateurs. À terme, le CENAFFIF doitjouer pleinement son rôle d’organismegénéral et par conséquent élargir sesservices à tous les opérateurs de formationprofessionnelle. Pour progresser dans cettedirection, une première convention departenariat a été conclue en septembre 2001entre l’opérateur de formation agricole(AVFA) et le CENAFFIF : son objectifest « la consolidation du travail commun dansle domaine de la formation de formateurs et del’ingénierie de formation, en vue de développeret d’appuyer ces deux fonctions au sein del’Institut national pédagogique et de formationcontinue agricole ». Une deuxièmeconvention est en cours de préparationentre le CENAFFIF et l’Institut supérieurd’hôtellerie et de tourisme.

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Pratiques et dispositifs de formation des formateurs dans les pays du Maghreb

Définition des standards de qualificationdes formateurs

Le Ministère de la formation professionnelleet de l’emploi a mis en place un projet intitulé« Stratégie de formation de formateurs » quivise la normalisation des métiers de laformation et la mise en place d’une fonctionpermanente de formation de formateurs. Lesprincipaux résultats atteints sont :

� L’élaboration du référentiel de formationpédagogique de formateurs à partir d’unréférentiel de l’emploi de formateurélaboré et validé en 1999. L’élaboration duprogramme a été réalisée conformément àl’approche par compétences.

� La mise en place de la fonctionpermanente « formation de formateurs »matérialisée essentiellement par lacréation d’une cellule « formation desformateurs » au sein de la directiontechnique du CENAFFIF, la conception etl’implantation de nouvelles procéduresde gestion de la formation de formateurset la constitution d’une équiped’intervenants permanents pour lescycles de formation pédagogique.

� La production de référentiels des emploisdes conseillers d’apprentissage, ingénieursde formation et formateurs de formateurs.

Un nouvel ensemble d’objectifs et d’activitésest inscrit dans le cadre du dixième plan dedéveloppement économique et social (2002 –2006). Il s’agit notamment de :

� Former les formateurs en vue de valoriseret de consolider les compétences acquisesdans les domaines de la formation enalternance et de l’approche parcompétences : l’objectif est de formerannuellement 500 tuteurs et 500 formateursdans le domaine de la pédagogie del’alternance et 500 formateurs à l’approchepar compétences.

� Former les formateurs dans le domaine desnouvelles technologies de l’information etde la communication pour leur permettrede maîtriser ces technologies, de s’intégrerdans des réseaux de compétences pluslarges et de diffuser ces techniques auxjeunes en formation.

� Consolider l’expérience et l’expertise duCENAFFIF pour la formation desingénieurs de formation et des formateursde formateurs.

� Mettre en réseau les organismes deformation de formateurs et d’ingénierie deformation et intégrer ce réseau dans unréseau international plus large.

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Pratiques et dispositifs de formation des formateurs dans les pays du Maghreb

6 - Perspectives et axes stratégiques

Les stratégies et actions engagées ou prévuespour la formation de formateurs ne sont pasnégligeables. Cependant, malgré leurimportance, elles ne résultent pas d’unevéritable analyse stratégique du problème dela transformation de la formationprofessionnelle, tel que nous l’avons envisagéà la fin du chapitre 2. En fait, dans lesstratégies pour faire évoluer cette dernière, laformation des formateurs n’occupe qu’uneplace modeste : par exemple, dans le projetcité plus haut de mise à niveau de laformation professionnelle en Algérie (avril2001), elle ne figure qu’au cinquième niveaude l’arbre des objectifs ; dans le projet tunisienMANFORME, on ne la trouve pas dans lestrois premiers niveaux du cadre logique.D’ailleurs, la communication reste faible endirection des formateurs sur les réformesenvisagées et le rôle qu’ils auront à jouer dansleur réussite. Il y a là une explication de leurpassivité ou de leur hostilité.

On peut trouver les raisons de cette situationdans la conjonction d’une tendanceconservatrice et d’une tendance moderniste.La première se manifeste, derrière desdéclarations sur l’importance de la formationdes formateurs, par une résistance desorganismes et de leurs personnels auchangement ; pour les responsables politiques, ilest donc difficile de toucher à ce domaine. Laseconde, sous le nom d’approche parcompétences, tient le raisonnement suivant :le système de formation professionnelle est auservice du secteur productif ; il appartient auxemployeurs de définir les compétences dontils ont besoin ; le système de formation endéduira alors des programmes et des moyensà mettre en œuvre pour produire cescompétences ; parmi ces moyens figurent lesressources humaines ; on va les former en vuede transmettre les programmes ; mais, dansun monde incertain en changement rapide, laformation initiale ne peut qu’être ciblée etbrève, et être ensuite relayée par la formationcontinue.

Ce raisonnement mécaniste n’est pasfavorable à la professionnalisation. La«ressource humaine » n’est pas un moyeninerte. A tous les niveaux, les personnels sontdes acteurs et c’est de leur volonté et de leurengagement que dépend la réussite. Ainsi, lesecteur productif n’est pas seulement auservice des employeurs, mais aussi destravailleurs et de la communauté nationale :même sa performance en dépend ; il est doncnécessaire de trouver une articulation entreles points de vue de ces divers partenaires, cequi est plus difficile en période dechangement rapide. La formation doit sedonner pour but de contribuer à une tellearticulation. Cependant, pour elle aussi, lespersonnes formées ne sont pas une matièreinerte à modeler, mais des acteurs : ici encore,il faut trouver une articulation entreformateurs, formés et contenus. Les formateursdoivent être formés à la construire : en ce sens,ils sont des ingénieurs de formation plus quedes producteurs de compétences ; ils doiventêtre conscients des besoins des entreprises,des travailleurs, de la communauté nationale,ainsi que des aspirations des personnesformées ; ils ont donc besoin d’une ouverturesur l’économie et la société et, en outre,posséder des outils pour parvenir à cettearticulation qui sous-tend la formation. Celadonne des lignes directrices pour leur propreformation, dont, à leur tour, ils sont desacteurs, comme ils le sont de latransformation de la formationprofessionnelle. C’est sur ces bases qu’onpeut parler de la professionnalisation dumétier de formateur.

« La professionnalisation, écrit PhilippePerrenoud, s’accroît lorsque, dans le métier, lamise en œuvre de règles préétablies cède laplace à des stratégies orientées par desobjectifs et une éthique »3. Pour lesformateurs, il ne s’agit pas d’un métierd’exécution consistant à transmettre descompétences complètement définies endehors d’eux, par des programmesd’enseignement figés, mais :

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Pratiques et dispositifs de formation des formateurs dans les pays du Maghreb

3 « Formation initiale des maîtres et professionnalisation du métier (partie I) », Revue des sciences de l’éducation,vol. 18, no 3, Montréal, 1993.

� de contribuer à définir les compétences àfaire acquérir, par des contacts avec lesentreprises,

� d’évaluer les attentes, les capacités, lespré-acquis des personnes à former,

� de construire à partir de là les situationspédagogiques les mieux susceptibles de lesfaire avancer vers les compétences visées, àl’intérieur comme à l’extérieur du centre deformation,

� de mener des partenariats pour mettre enœuvre ces situations pédagogiques,notamment par des périodes en entreprise,

� d’évaluer les acquis des personnes formées,au cours et en fin de la formation,

� de se perfectionner pour améliorer leurpropre professionnalité,

� de participer au fonctionnement de soncentre de formation et de s’impliquer dansl’évolution du système national deformation professionnelle.

Un processus de planification stratégique dela formation des formateurs devraitpermettre de développer une responsabilitécollective (ministère chargé de la formationprofessionnelle, autres départementsformateurs, représentants du secteur deformation privé, partenaires sociaux,personnels de la formation…) pour conduireà une meilleure cohérence des objectifs, desprogrammes et des actions. La cohérence estaussi à rechercher avec les actions deformation des personnels d’encadrement quenous avons évoqués au chapitre 3.

Si l’on se réfère à l’analyse du dispositif deformation des formateurs effectuée en 5.1, onvoit apparaître un certain nombre d’axesstratégiques.

� Le premier consiste à envisager lapossibilité de créer, dans le cadre de laprofessionnalisation des établissementsd’enseignement supérieur, des formations aumétier de formateur, alimentées par lesformations technologiques, mais qui soientspécifiques, associant aspects techniques et

pédagogiques. L’existence de tellesformations permettrait un recrutementplus rigoureux des formateurs etrenouvellerait la question de leurformation et de leur mobilité.

� À l’intérieur du système de formationprofessionnelle, on devrait remettre en causela multiplicité des opérateurs publics et celle desorganismes de formation de formateurs, quisont liées à un héritage historique plus qu’àl’évolution actuelle de l’économie et del’emploi. On pourrait commencer par fairefonctionner en réseau les opérateursexistants, en particulier pour la formationdes formateurs4. Comme le secteur privéprend une place importante, il faut que sesformateurs reçoivent une formation initialeet continue ; cela conduit à poser laquestion de la complémentarité desorganismes publics et privés de formationde formateurs pour pouvoir faire face à unetelle exigence.

� L’évolution de l’emploi rend nécessaire larecherche d’un nouvel équilibre entre formationinitiale et formation continue tout au long de lavie, au bénéfice de cette dernière, qu’ils’agisse de la formation professionnelle engénéral ou de la formation des formateurs5.Cela renforce l’importance de l’ingénieriede formation, comme outil de ce que nousavons nommé une articulation entre lesdivers partenaires, et de son couplage avecla formation de formateurs. En effet, laréponse efficace aux demandes deformation continue émanant des individuset des entreprises dépend des attitudes etdes compétences des formateurs : analysedes besoins, diagnostic, montaged’opérations de formation à la carte…

En formation de formateurs aussi, il fautpasser d’une logique de l’offre à une logique de lademande, par la mise en place de référentielsde métiers, d’outils d’identification desbesoins, de discussions entre les acteurs etpartenaires, d’évaluations des actions. Enparticulier, les caractéristiques des formateursdevraient être mieux connues et lesobservations que font les inspecteurs dans lescentres mieux exploitées ; les actionsdevraient être validées et prises en comptedans la carrière et la mobilité des personnels.

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4 La conférence de Turin (mai 2000), citée plus haut, recommande « de renforcer la mise en réseau des organismesde formation ».

5 Voir en introduction la citation sur ce sujet de la conférence de Turin.

En outre, la formation de formateurs doit serapprocher du monde du travail, tant pour saconception que pour sa réalisation6.

� Il faut aussi que la formation de formateursse transforme dans ses méthodes. Ce seranotamment permis par un développementdes technologies de l’information et de lacommunication dans les organismes deformation de formateurs, pour diversifierleurs modes de formation (par exemple àtravers la formation à distance), améliorerleur efficacité pédagogique et inciter lesformateurs à diffuser ces techniques. Enoutre, il convient de prendre conscience del’existence d’une formation « informelle »des formateurs au cours de leur activitéprofessionnelle, pour la favoriser, enparticulier par la mise en place de centresde ressources en liaison avec la recherchepédagogique et la coopération internationale.Cette formation informelle doit aussi êtreprise en compte dans la carrière,notamment pour ce qui concerne laparticipation des formateurs aux actionsinnovantes menées dans le cadre desétablissements où ils exercent. Tous ceschangements exigeront la mise en œuvred’un programme de formation initiale etcontinue destiné aux formateurs de formateurs7.

Ces orientations devraient permettre d’avancervers le but à atteindre : que la formation desformateurs constitue un outil pour laparticipation des personnels à l’évolution dela formation professionnelle, ainsi qu’à ladéfinition et la maîtrise des nouvellescompétences rendues nécessaires par cetteévolution.

Notre étude montre enfin les grandessimilitudes et les quelques différences de laformation de formateurs dans les trois paysdu Maghreb. Cela justifierait un accroissementdes échanges et de la coopération entre euxdans ce domaine. Comme il a été soulignédurant la conférence de Turin, déjà citée, « leséchanges d’expériences au niveau internationalpeuvent épargner certaines tâches laborieusesconcernant la définition de normesprofessionnelles pour les enseignants et lesformateurs, ainsi que leur transcription dansles programmes de formation à l’emploi ou encours d’emploi ».

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6 Voir en introduction la citation sur ce sujet de la conférence de Séoul (avril 1999), citée plus haut.

7 « En l’état actuel des choses, la formation des enseignants a été jugée problématique parce que les universitaireschargés de l’instruction ont eux-mêmes besoin d’une meilleure formation et d’une expérience de l’industrie »(conférence de Séoul).

Liste des sigles

* ATFP : Agence tunisienne de la formation professionnelle.

* AVFA : Agence de vulgarisation et de formation agricole (Tunisie).

* CENAFFIF : Centre national de formation de formateurs et d’ingénieriede formation (Tunisie).

* MANFORME : Programme de mise à niveau de la formation professionnelle etde l’emploi (Tunisie).

* IFP : Instituts de formation professionnelle (Algérie) : organismes de formationde formateurs (il en existe six).

* INFP : Institut national de la formation professionnelle (Algérie) :organisme chargé de la formation des cadres et de l’ingénieriepédagogique.

* INPFCA : Institut national pédagogique et de formation continue agricole (Tunisie).

* PEP : Professeurs d’enseignement professionnel (niveau inférieur, Algérie).

* PSEP : Professeurs spécialisés d’enseignement professionnel(niveau supérieur Algérie).

* OFPPT : Office de formation professionnelle et de la promotion du travail (Maroc).

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