Regards sur la guerre - Académie de...

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Académie de Toulouse 2007 Séquence de Français Baccalauréat professionnel Regards sur la guerre... Séquence réalisée par Christophe Escartin (Lycée professionnel du Mirail, Toulouse) 2006-2007 Christophe Escartin, LP du Mirail, Toulouse 1 sur 35

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Académie de Toulouse 2007

Séquence de Français

Baccalauréat professionnel

Regards sur la guerre...

Séquence réalisée par Christophe Escartin(Lycée professionnel du Mirail, Toulouse)

2006-2007

Christophe Escartin, LP du Mirail, Toulouse 1 sur 35

Académie de Toulouse 2007

Séquence : Regards sur la guerre...

Présentation de la séquence

Les objectifs

Conçue sous la forme d'un groupement de documents de nature variée, cette séquence de Français intitulée « Regards sur la guerre... » s'adresse à une classe de Baccalauréat professionnel, préférentiellement de terminale. Principalement centrée sur le développement des compétences de lecture des élèves, elle répond à plusieurs objectifs. Elle doit permettre aux élèves de percevoir comment la guerre a été perçue et jugée (dénoncée, condamnée, défendue ou glorifiée), par différents modes d'expressions (écrits, oral et images), au travers de l'histoire littéraire de Rabelais à Oliver Stone en passant par Voltaire (du XVIe au XXe

siècle).

La mise en œuvre

Cette séquence a été expérimentée avec une classe de terminale Baccalauréat professionnel Secrétariat en 3 ans et une classe de terminale Baccalauréat professionnel Services par alternance du lycée professionnel du Mirail de Toulouse au cours du premier trimestre de l'année 2006-2007.

Suggestions de réalisation

Cette séquence pourrait être mise en œuvre comme dernière séquence de terminale Baccalauréat professionnel en guise de séquence terminale permettant le réinvestissement des acquis de l'ensemble du cycle de formation.

On pourrait également l'envisager en terminale BEP en procédant toutefois à des aménagements de simplifications (en retirant certains documents ou en ne les proposant qu'en lectures complémentaires).

Prolongement

On peut envisager comme prolongement de cette séquence l'étude d'œuvre intégrale de La guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean Giraudoux (1935) qui pourrait s'inscrire dans la même problématique.

Christophe ESCARTINPLP Lettres-HistoireLP du Mirail, Toulouse

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Documents utilisés

Séance n°1 : Les humanistes et la guerre– Document 1 : Jean de La Bruyère, « La guerre » (extrait de « Du souverain ou de la République », Les

Caractères, 1688)– Document 2 : François Rabelais, « Le temps n'est plus qu'ainsi conquêter les royaumes » (extrait

de Gargantua, Chapitre XLVI, 1535)

Lecture complémentaire– Document 3 : Michel Eyquem de Montaigne, « Les guerres de religion » (extrait des Essais, Livre 2,

Chapitre 12, 1580-1588)

Séance n°2 : Les Lumières et la guerre– Document 1 : Étienne Noël de Damilaville, « Article " Paix " de l'Encyclopédie » (L'Encyclopédie,

1751)– Document 2 : Voltaire, « Article " Guerre " du Dictionnaire philosophique » (Extrait de l'article

« Guerre » du Dictionnaire philosophique, 1764)

Évaluation : Voltaire, « Candide et la guerre » (extrait de Candide, Chapitre 3, 1759)

Séance n°3 : Guerre et poésie au XIXe siècle– Document 1 : Arthur Rimbaud, « Le dormeur du Val » (1870)– Document 2 : José María de Heredia, « Soir de bataille » (Les Trophées, 1893)

Lecture complémentaire– Document 3 : Victor Hugo, « Ô soldats de l'an deux !... » (Les Châtiments, 1853)

Séance n°4 : Penser la guerre au temps de nations– Document 1 : Jean Giono, « Je n'aime pas la guerre... » (extrait de La lettre aux paysans sur la pauvreté

et la paix, 1938)– Document 2 : Paul Déroulède; « L'Allemagne a réveillé la France » (Discours prononcé devant le

monument aux morts de Champigny-la-Bataille, le 3 décembre 1908)

Séance n°5 : Des images contre la guerre– Document 1 : Jacques Tardi, La Fleur au fusil (1979)– Document 2 : Otto Dix, Triptyque La guerre (Der Krieg) (1929-1932)– Document 3 : Oliver Stone, Platoon (1986)

Évaluation type « examen » Sujet de la session de juin 2005 :

– Document 1 : Roland Dorgelès, extrait de Les Croix de bois (1919)– Document 2 : Jacques Tardi, extrait de C'était la guerre des tranchées (1993)

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Déroulement de la séquence

Séance Activités Objectifs, notions, procédés DuréeSéance n°1 :Les humanistes et la guerre

- Lectures analytiques- Écriture d'une synthèse

- Être capable de :➢ identifier un argumentaire➢ contextualiser une production➢ rédiger une synthèse de l'étude de plusieurs

textes- Accumulation, gradation, connecteurs logiques, marques de l'énonciation, forme interrogative

2h00

Séance n°2 :Les Lumières et la guerre

- Lectures analytiques- Écriture d'une synthèse

- Être capable de :➢ identifier un argumentaire➢ comprendre les fonctions et appréhender le

fonctionnement d'un apologue, d'un conte philosophique

➢ contextualiser une production➢ rédiger une synthèse de l'étude de plusieurs

textes- Métaphore filée, anti-thèse, réquisitoire, réseau lexical, antiphrase, périphrase, ironie

2h00

Évaluation - Lecture analytique - Évaluation sommative et formative- Argumentaire, champ lexical, hyperbole, accumulation, oxymore

1h30

Séance n°3 :Guerre et poésie au XIXe siècle

- Lecture linéaire- Lectures analytiques

- Être capable de :➢ identifier et d'expliquer un texte poétique➢ repérer le point de vue du poète➢ contextualiser une production

- Vers, strophes, rimes, champ lexical, comparaison, métaphore, personnification, rejet, contre-rejet, rythme, assonance, allitération, construction syntaxique, tonalité, chute

2h00

Séance n°4 :Penser la guerre au temps des nations

- Lectures analytiques - Être capable de :➢ identifier un argumentaire➢ repérer l'implication de l'auteur➢ contextualiser une production

- Insistance, répétition, implication par les pronoms, marques de l'opinion, adresses au destinataire, tonalité

2h30

Séance n°5 :Des images contre la guerre

- Analyse picturale- Analyse de bande dessinée- Analyse filmique

- Être capable de :➢ identifier un argumentaire dans une œuvre

visuelle➢ contextualiser une production

- Champ, cadrage, angle de vue, figuration du mouvement, « bande son » de la BD, tonalité, réalité / fiction, auteur / narrateur / personnage, procédés cinématographiques

5h00

Évaluationtype « examen »

- Analyse de texte et de bande dessinée- Écriture d'un argumentaire

- Évaluation sommative- Préparation à l'examen

2h30

17h30 1

1 Dont 4h00 pour les évaluations.

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Séance n°1 :Les humanistes

et la guerre

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La guerre

La guerre a pour elle l'antiquité ; elle a été dans tous les siècles : on l'a toujours vue remplir le monde de veuves et d'orphelins, épuiser les familles d'héritiers, et faire périr les frères à une même bataille. Jeune Soyecour !1 je regrette ta vertu, ta pudeur, ton esprit déjà mûr, pénétrant, élevé, sociable ; je plains cette mort prématurée qui te joint à ton intrépide frère, et t'enlève à une cour où tu n'as fait que te montrer : malheur déplorable, mais ordinaire ! De tout temps, les hommes, pour quelque morceau de terre de plus ou moins, sont convenus entre eux de se dépouiller, se brûler, se tuer, s'égorger les uns les autres ; et pour le faire plus ingénieusement et avec plus de sûreté ils ont inventé de belles règles qu'on appelle l'art militaire ; ils ont attaché à la pratique de ces règles la gloire ou la plus solide réputation ; et ils ont depuis renchéri de siècle en siècle sur la manière de se détruire réciproquement. De l'injustice des premiers hommes, comme de son unique source, est venue la guerre, ainsi que la nécessité où ils se sont trouvés de se donner des maîtres qui fixassent leurs droits et leurs prétentions. Si, content du sien, on eût pu s'abstenir du bien de ses voisins, on avait pour toujours la paix et la liberté.

Jean de LA BRUYÈRE (1545-1696)

« Du Souverain ou de la République », Les Caractères, 1688

1 Jeune Soyeucourt : Adolphe de Belleforière, chevalier de Soyeucourt, et son frère aîné sont morts à la bataille de Fleurus le 1er juillet 1690. La Bruyère aurait été leur précepteur.

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« Le temps n'est plus qu'ainsi conquêter les royaumes »

Pour une simple querelle de village (les fouaciers de Picrochole avaient refusé de vendre des fouaces aux bergers de Grandgousier), Picrochole a déclaré la guerre à son voisin Grandgousier, père de Gargantua. Frère Jean des Entommeures, compagnon de Gargantua, a capturé Touquedillon, capitaine de Picrochole. On amène le prisonnier à Grandgousier.

Touquedillon fut présenté à Grandgousier et interrogé par icelui 1 sur l’entreprise et affaires de Picrochole, quelle fin il prétendait par ce tumultuaire 2 vacarme. À quoi répondait que sa fin et sa destinée était de conquêter 3 tout le pays, s’il pouvait, pour l’injure 4 faite à ses fouaciers.

«C’est, dit Grandgousier, trop entrepris. Qui trop embrasse, peu étreint. Le temps n’est plus d’ainsi conquêter les royaumes avec dommage de 5 son prochain frère chrétien. Cette imitation des anciens Hercules, Alexandres, Annibals, Scipions, Césars et autres tels est contraire à la profession 6 de l’évangile, par lequel nous est commandé garder, sauver, régir et administrer chacun ses pays et terres, non hostilement envahir les autres. Et ce que les Sarrasins et Barbares jadis appelaient prouesses, maintenant nous appelons briganderies et méchancetés.

Mieux eût-il fait soi contenir en sa maison 7, royalement la gouvernant, qu’insulter en la mienne, hostilement la pillant. Car par bien la gouverner l’eût augmentée, par me piller sera détruit. Allez-vous-en au nom de Dieu; suivez bonne entreprise, remontrez à votre roi les erreurs que connaîtrez, et jamais ne le conseillez ayant égard à votre profit particulier, car avec le commun est aussi leur propre 8 perdu. Quant est de votre rançon, je vous la donne entièrement et veux que vous soient rendus armes et cheval. Ainsi faut-il faire entre voisins et anciens amis, vu que cette notre différence 9 n’est point guerre proprement. Comme Platon, lib. 5. de rep. 10, voulait être non guerre nommée, ains 11 sédition, quand les Grecs mouvaient armes les uns contre les autres. Ce que si par male fortune 12 advenait, il commande qu’on use de toute modestie 13. Si guerre la nommez, elle n’est que superficiaire 14 : elle n’entre point au profond cabinet 15 de nos cœurs. Car nul de nous n’est outragé en son honneur et n’est question, en somme totale, que de rhabiller quelque faute commise par nos gens, j’entends et vôtres et nôtres.»

François RABELAIS (1483-1553)

Extrait de Gargantua, Chap. XLVI, 1535.1. Icelui : celui-ci.2. Tumultuaire : soudain.3. Conquêter : conquérir.4. Injure : injustice.5. Avec dommage de : en causant du tort à6. Profession : enseignement.7. Soi contenir en sa maison : demeurer en ses États.8. Leur propre : leurs biens particuliers.

9. Différence : différend.10. La République, livre V.11. Ains : mais.12. Male fortune : malchance.13. Modestie : modération.14. Superficiaire : superficielle.15. Cabinet : meuble où l’on enferme ce que l’on a de plus précieux.

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Les guerres de religionEt nous trouvons étrange si, aux guerres qui pressent à cette heure

notre État, nous voyons flotter les événements et diversifier 1 d'une manière commune et ordinaire. C'est que nous n'y apportons rien que le nôtre 2. La justice qui est en l'un des partis, elle n'y est que pour ornement et couverture 3 ; elle y est bien alléguée, mais elle n'y est ni reçue, ni logée, ni épousée ; elle y est comme dans la bouche de l'avocat, non comme dans le coeur et affection 4 de la partie. Dieu doit son secours extraordinaire à la foi et à la religion, non pas à nos passions. Les hommes y sont conducteurs et s'y servent de la religion : ce devrait être tout le contraire.

Sentez si ce n'est pas par nos mains que nous la menons, à tirer comme de cire tant de figures contraires d'une règle si droite et si ferme. Quand c' 5 est-il vu mieux qu'en France en nos jours ? Ceux qui l'ont prise à gauche, ceux qui l'ont prise à droite, ceux qui en disent le noir, ceux qui en disent le blanc l'emploient si pareillement à leurs violentes et ambitieuses entreprises, s'y conduisent d'un progrès 6 si conforme en débordement et injustice, qu'ils rendent douteuse et malaisée à croire la diversité qu'ils prétendent de leurs opinions en choses de laquelle dépend la conduite et loi de notre vie. Peut-on voir partir de même école et discipline des mœurs plus unies, plus unes 7 ? (...)

Confessons la vérité : qui trierait de l'armée, même légitime 8 et moyenne, ceux qui y marchent par le seul zèle d'une affection 9

religieuse, et encore ceux qui regardent seulement la protection des lois de leur pays ou service du Prince, il n'en saurait bâtir une compagnie de gendarmes 10 complète. D'où vient cela, qu'il s'en trouve si peu qui aient maintenu même volonté et même progrès en nos mouvements 11 publics, et que nous les voyons tantôt n'aller que le pas, tantôt y courir à bride avalée 12 ; et mêmes hommes tantôt gâter nos affaires par leur violence et âpreté, tantôt par leur froideur, mollesse et pesanteur, si ce n'est qu'ils y sont poussés par des considérations particulières et casuelles 13 selon la diversité desquelles ils se remuent ?

Michel Eyquem de MONTAIGNE (1533-1592)

Extrait des Essais, Livre II, Chapitre 12, 1580-1588

1. Diversifier : Varier2. Le nôtre : Nos passions3. Couverture : Prétexte4. Affection : Sentiments5. C' : Cela6. Progrès : Façon d'agir7. Plus unes : Plus conformés, plus identiques

8. Légitime : Régulière9. Affection : Ardeur10. Gendarmes : Hommes d'armes11. Mouvements : Troubles12. Bride avalée : Bride abattue13. Casuelles : Livrées au hasard.

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Regards sur la guerre...

Séance n°2 :Les Lumièreset la guerre

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Article « Paix »de L'Encyclopédie

Paix. La guerre est un fruit de la dépravation des hommes : c'est une maladie convulsive et violente du corps politique, il n'est en santé, c'est-à-dire dans son état naturel que lorsqu'il jouit de la paix ; c'est elle qui donne de la vigueur aux empires ; elle maintient l'ordre parmi les citoyens ; elle laisse aux lois la force qui leur est nécessaire ; elle favorise la population, l'agriculture et le commerce : en un mot elle procure aux peuples le bonheur qui est le but de toute société. La guerre au contraire dépeuple les états ; elle y fait le désordre ; les lois sont forcées de se taire à la vue de la licence qu'elle introduit ; elle rend incertaines la liberté et la propriété des citoyens ; elle trouble et fait négliger le commerce ; les terres deviennent incultes et abandonnées. Jamais les triomphes les plus éclatants ne peuvent dédommager une nation de la perte d'une multitude de ses membres que la guerre sacrifie ; ses victoires même lui font des plaies profondes que la paix seule peut guérir.

Si la raison gouvernait les hommes, si elle avait sur les chefs des nations l'empire qui lui est dû, on ne les verrait point se livrer inconsidérément aux fureurs de la guerre, ils ne marqueraient point cet acharnement qui caractérise les bêtes féroces. Attentifs à conserver une tranquillité de qui dépend leur bonheur, ils ne saisiraient point toutes les occasions de troubler celle des autres ; satisfaits des biens que la nature a distribués à tous ses enfants, ils ne regarderaient point avec envie ceux qu'elle a accordés à d'autres peuples ; les souverains sentiraient que des conquêtes payées du sang de leurs sujets, ne valent jamais le prix qu'elles ont coûté. Mais par une fatalité déplorable, les nations vivent entre elles dans une défiance réciproque ; perpétuellement occupées à repousser les entreprises injustes des autres, ou à en former elles-mêmes, les prétextes les plus frivoles leur mettent les armes à la main, et l'on croirait qu'elles ont une volonté permanente de se priver des avantages que la Providence ou l'industrie leur ont procurés. Les passions aveugles des princes les portent à étendre les bornes de leurs États ; peu occupés du bien de leurs sujets, ils ne cherchent qu'à grossir le nombre des hommes qu'ils rendent malheureux. Ces passions allumées ou entretenues par des ministres ambitieux, ou par des guerriers dont la profession est incompatible avec le repos, ont eu dans tous les âges les effets les plus funestes pour l'humanité. L'histoire ne nous fournit que des exemples de paix violées, de guerres injustes et cruelles, de champs dévastés, de villes réduites en cendres. L'épuisement seul semble forcer les princes à la paix ; ils s'aperçoivent toujours trop tard que le sang du citoyen s'est mêlé à celui de l'ennemi ; ce carnage inutile n'a servi qu'à cimenter l'édifice chimérique de la gloire du conquérant, et de ses guerriers turbulents ; le bonheur de ses peuples est la première victime qui est immolée à son caprice ou aux vues intéressées de ses courtisans.

Étienne Noël DAMILAVILLE (1723-1768)

Article « Paix » de L'Encyclopédie (1751)

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Article « Guerre »du Dictionnaire philosophique

Un généalogiste prouve à un prince qu'il descend en droite ligne d'un comte dont les parents avaient fait un pacte de famille, il y a trois ou quatre cents ans, avec une maison 1 dont la mémoire même ne subsiste plus. Cette maison avait des prétentions éloignées sur une province dont le dernier possesseur est mort d'apoplexie 2: le prince et son conseil concluent sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin. Cette province, qui est à quelques centaines de lieues de lui, a beau protester qu'elle ne le connaît pas, qu'elle n'a nulle envie d'être gouvernée par lui; que, pour donner des lois aux gens, il faut au moins avoir leur consentement: ces discours ne parviennent pas seulement aux oreilles du prince, dont le droit est incontestable. Il trouve incontinent un grand nombre d'hommes qui n'ont rien à faire ni à perdre; il les habille d'un gros drap bleu à cent dix sous l'aune, borde leurs chapeaux avec du gros fil blanc, les fait tourner droite et à gauche, et marche à la gloire.

Les autres princes qui entendent parler de cette équipée y prennent part, chacun selon son pouvoir, et couvrent une petite étendue de pays de plus de meurtriers mercenaires que Gengis Kan, Tamerlan, Bajazet n'en traînèrent à leur suite.

Des peuples assez éloignés entendent dire qu'on va se battre, et qu'il y a cinq ou six sous par jour à gagner pour eux s'ils veulent être de la partie: ils se divisent aussitôt en deux bandes comme des moissonneurs, et vont vendre leurs services à quiconque veut les employer.

Ces multitudes s'acharnent les unes contre les autres, non seulement sans avoir aucun intérêt au procès 3, mais sans savoir même de quoi il s'agit.

Il se trouve à la fois cinq ou six puissances belligérantes, tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une contre cinq, se détestant toutes également les unes les autres, s'unissant et s'attaquant tour à tour; toutes d'accord en un seul point, celui de faire tout le mal possible.

Le merveilleux de cette entreprise infernale, c'est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d'aller exterminer son prochain. Si un chef n'a eu que le bonheur de faire égorger deux ou trois mille hommes, il n'en remercie point Dieu; mais lorsqu'il y en a eu environ dix mille d'exterminés par le feu et par le fer, et que, pour comble de grâce, quelque ville a été détruite de fond en comble, alors on chante à quatre parties une chanson assez longue 4, composée dans une langue inconnue à tous ceux qui ont combattu, et de plus toute farcie de barbarismes.

VOLTAIRE (1694-1778)

Texte extrait de l'article « Guerre » du Dictionnaire philosophique (1764)

1 Maison : Famille2 Apoplexie : Cessation brusque de l'activité cérébrale due à un accident de la circulation sanguine au niveau du cerveau

3 Au procès : Dans cette action.4 Chanson assez longue [...] toute farcie de barbarismes : Le Te Deum est un chant religieux en latin pour célébrer une victoire militaire, un mariage...

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Évaluation :« Candide et la guerre »

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Texte

Comment Candide se sauva d’entre les Bulgares, et ce qu'il devint

Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.

Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum , chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il était en cendres : c'était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là, des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d'autres, à demi brûlées, criaient qu'on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.

Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et les héros abares l'avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants, ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n'oubliant jamais Mlle Cunégonde.

VOLTAIRE, Candide; extrait du chapitre 3, 1759.

Questions

1. Vous relèverez les deux champs lexicaux du premier paragraphe. Quel effet produit leur association ? (3 points)

2. Dans la première phrase est utilisée une hyperbole (exagération du propos). Quel effet produit-elle ? (1 point)

3. Par quel procédé est suggérée la musicalité de la deuxième phrase ? (1 point)4. Le premier paragraphe est terminé par un oxymore (rapprochement de deux termes qui s'opposent

normalement). Relevez-le et expliquez l'effet recherché. (2 points)5. Relevez et expliquez le champ lexical dominant du deuxième paragraphe. (2 points)6. Montrez que,dans ce texte, se superposent deux points de vue : celui du personnage et celui de

l'auteur. Expliquez-les. (4 points)7. Sur quelle figure de style Voltaire a-t-il principalement construit sa démonstration ? Justifiez votre

réponse en vous appuyant sur le texte. (5 points)

Qualité de l'expression (orthographe, grammaire, syntaxe, ponctuation) : 2 points

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Séance n°3 :Guerre et poésie

au XIXe siècle

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Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivièreAccrochant follement aux herbes des haillonsD'argent ; où le soleil de la montagne fière,Luit ; c'est un petit val qui mousse de rayons.Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant commeSourirait un enfant malade, il fait un somme :Nature, berce-le chaudement : il a froid.Les parfums ne font plus frissonner sa narine ;Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrineTranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur RIMBAUD (1854-1891)

poème écrit en octobre 1870.

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Soir de bataille

Le choc avait été très rude. Les tribuns (1)

Et les centurions, ralliant les cohortes (2),Humaient encor, dans l'air où vibraient leurs voix fortes,La chaleur du carnage et ses âcres parfums.D'un oeil morne, comptant leurs compagnons défunts,Les soldats regardaient, comme des feuilles mortes,Au loin, tourbillonner les archers de Phraortes (3) ;Et la sueur coulait de leurs visages bruns.C'est alors qu'apparut, tout hérissé de flèches,Rouge du flux vermeil de ses blessures fraîches,Sous la pourpre flottante et l'airain rutilant (4),Au fracas des buccins qui sonnaient leur fanfare,Superbe, maîtrisant son cheval qui s'effare,Sur le ciel enflammé, l'Imperator (6) sanglant.

(1) Tribuns, centurions : Officiers romains.(2) Cohorte : Corps de bataille de six centuries.(3) Phraortes : Nom d'une dynastie médique (les Mèdes étaient un peuple de l'Iran ancien).(4) Airain rutilant : bronze brillant.(5) Imperator : nom donné au général romain vainqueur (ici, il s'agit de Marc Antoine, vainqueur des Parthes).

José María de HEREDIA (1842-1905)

Poème extrait du recueil Les Trophées (1893).

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Ô soldats de l'an deux ! ...

Ô soldats de l'an deux 1 ! ô guerres ! épopées !Contre les rois tirant ensemble leurs épées,

Prussiens, Autrichiens,Contre toutes les Tyrs et toutes les Sodomes 2,Contre le czar du nord 3, contre ce chasseur d'hommesSuivi de tous ses chiens,

Contre toute l'Europe avec ses capitaines,Avec ses fantassins couvrant au loin les plaines,

Avec ses cavaliers,Tout entière debout comme une hydre 4 vivante,Ils chantaient, ils allaient, l'âme sans épouvanteEt les pieds sans souliers !

Au levant, au couchant, partout, au sud, au pôle,Avec de vieux fusils sonnant sur leur épaule,

Passant torrents et monts,Sans repos, sans sommeil, coudes percés, sans vivres,Ils allaient, fiers, joyeux, et soufflant dans des cuivresAinsi que des démons !

La Liberté sublime emplissait leurs pensées.Flottes prises d'assaut 5, frontières effacées

Sous leur pas souverain,Ô France, tous les jours, c'était quelque prodige,Chocs, rencontres, combats ; et Joubert sur l'Adige,Et Marceau sur le Rhin !

On battait l'avant-garde, on culbutait le centre ;Dans la pluie et la neige et de l'eau jusqu'au ventre,

On allait ! en avant !Et l'un offrait la paix, et l'autre ouvrait ses portes,Et les trônes, roulant comme des feuilles mortes,Se dispersaient au vent !

1 An deux : Le calendrier révolutionnaire, adopté le 24 Octobre 1793, définit le 22 septembre 1792 comme étant le premier jour de l'« ère des Français ».

2 Tyr et Sodome étaient deux villes antiques. Tyr était un grand port de commerce et Sodome avait été, d'après la Bible, frappée par le feu du ciel en punition de ses vices.

3 Czar : Tsar (il n'interviendra dans le conflit qu'en 1798).4 Hydre : Monstre de Lerne détruit par Hercule dans la mythologie gréco-romaine.

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Oh ! que vous étiez grands au milieu des mêlées, Soldats !L'oeil plein d'éclairs, faces échevelées

Dans le noir tourbillon,Ils rayonnaient, debout, ardents, dressant la tête ;Et comme les lions aspirent la tempêteQuand souffle l'aquilon,

Eux, dans l'emportement de leurs luttes épiques,Ivres, ils savouraient tous les bruits héroïques,

Le fer heurtant le fer,La Marseillaise ailée 1 et volant dans les balles,Les tambours, les obus, les bombes, les cymbales,Et ton rire, ô Kléber !

La Révolution leur criait : - Volontaires,Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères ! -

Contents, ils disaient oui.- Allez, mes vieux soldats, mes généraux imberbes !Et l'on voyait marcher ces va-nu-pieds superbesSur le monde ébloui !

La tristesse et la peur leur étaient inconnues.Ils eussent, sans nul doute, escaladé les nues 2

Si ces audacieux,En retournant les yeux dans leur course olympique,Avaient vu derrière eux la grande RépubliqueMontrant du doigt les cieux ! ...

Victor HUGO (1802-1885)

Poème extrait de Les Châtiments, Livre 2 (1853).

5 Flottes prises d'assaut : La flotte hollandaise du Helder, bloquée par les glaces, fut enlevée par les hussards de Pichegru en janvier 1795.

1 La Marseillaise ailée : Cf. la Marseillaise de Rude sur l'Arc de Triomphe à Paris (« Départ des volontaires » de 1792).

2 Ils eussent (...) escaladé les nues : Référence implicite aux Titans montant à l'assaut de l'Olympe pour détrôner Jupiter (dans la mythologie gréco-romaine).

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Regards sur la guerre...

Séance n°4 :Penser la guerre

au temps des nations

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Je n'aime pas la guerre...

Je n'aime pas la guerre. Je n'aime aucune sorte de guerre. Ce n'est pas par sentimentalité. Je suis resté quarante-deux jours devant le fort de Vaux1 et il est difficile de m'intéresser à un cadavre désormais. Je ne sais pas si c'est une qualité ou un défaut: c'est un fait. Je déteste la guerre. Je refuse de faire la guerre pour la seule raison que la guerre est inutile. Oui, ce simple petit mot. Je n'ai pas d'imagination. Pas horrible: non, inutile simplement. Ce qui me frappe dans la guerre ce n'est pas son horreur: c'est son inutilité. Vous me direz que cette inutilité précisément est horrible. Oui, mais par surcroît. II est impossible d'expliquer l'horreur de quarante-deux jours d'attaque devant Verdun à des hommes qui, nés après la bataille, sont maintenant dans la faiblesse et dans la force de la jeunesse. Y réussirait-on qu'il y a pour ces hommes neufs une sorte d'attrait dans l'horreur en raison même de leur force physique et de leur faiblesse. Je parle de la majorité. II y a toujours, évidemment, une minorité qui fait son compte et qu'il est inutile d'instruire. La majorité est attirée par l'horreur: elle se sent capable d'y vivre et d'y mourir comme les autres: elle n'est pas fâchée qu'on la force à en donner la preuve. II n'y a pas d'autre vraie raison à la continuelle acceptation de ce qu'après on appelle le martyre et le sacrifice. Vous ne pouvez par leur prouver l'horreur […]. L'horreur s'efface. Et j'ajoute que, malgré toute son horreur, si la guerre était utile il serait juste de l'accepter. Mais la guerre est inutile et son inutilité est évidente. L'inutilité de toutes les guerres est évidente. Qu'elles soient défensives, offensives, civiles, pour la paix, le droit, pour la liberté, toutes les guerres sont inutiles. La succession des guerres dans l'histoire prouve bien qu'elles n'ont jamais conclu puisqu'il a toujours fallu recommencer les guerres. La guerre de 1914 a d'abord été pour nous, Français, une guerre dite défensive. Nous sommes-nous défendus ? Non, nous sommes au même point qu'avant. Elle devait être ensuite la guerre du droit. A-t-elle créé le droit ? Non, nous avons vécu depuis des temps pareillement injustes. Elle devait être la dernière des guerres; elle était la guerre à tuer la guerre. L'a-t-elle fait? Non. On nous prépare de nouvelles guerres; elle n'a pas tué la guerre; elle n'a tué que des hommes inutilement. La guerre civile d'Espagne n'est pas encore finie qu'on aperçoit déjà son évidente inutilité. Je consens à faire n'importe quel travail utile, même au péril de ma vie. Je refuse tout ce qui est inutile et en premier lieu toutes les guerres car c'est un travail dont l'inutilité pour l'homme est aussi claire que le soleil.

Jean GIONO (1895-1970)

Extrait de Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix (1938).

1 Fort Situé pur un éperon des hauts de Meuse, au sud du village de Vaux-devant-Damloup. dominant Verdun. Il succomba après une héroïque résistance le 7 juin 1916, mais il lut réoccupé par les Français du Général Mangin le 2 novembre suivant.

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L'Allemagne a réveillé la France

Patriotes,

Pour la première fois depuis trente-huit ans j'ai joyeusement gravi ce calvaire 1 de Champigny-la-Bataille, pour la première fois je suis monté sur la tombe de nos morts en ayant au cœur un sentiment d'allégresse.[...] En vérité, oui ! la face de la France s'est renouvelée. Le visage de tristesse et de résignation, d'humilité et d'inquiétude avec lequel elle avait supporté jusqu'ici les menaces, les flatteries, et, pour dire le mot, l'offensante maîtrise de nos vainqueurs, ce visage-là a disparu. Nous avons vu réapparaître, toute rayonnante d'indignation et de fierté, la noble et généreuse figure de notre France d'autrefois, de cette France qui a jadis si follement prodigué son sang pour l'affranchissement des nations voisines et qui se montre enfin prête à le verser utilement pour sa propre libération, pour son propre honneur, pour ses propres intérêts et pour la reprise de son rang parmi les peuples.C'est en effet tout cela qu'il s'agira de défendre et de reprendre dans la guerre future, dans la guerre inévitable et, ne craignons pas de le dire nettement, dans la guerre plus prochaine que ne se l'imaginent et que ne s'évertuent à nous le faire croire messieurs les pacifistes, ces parents timides de nos antimilitaristes éhontés 2.Il faudrait vraiment être aveugle ou aveuglé pour ne pas voir monter à l'horizon ce soleil rouge.[...] Nul homme de bon sens et de bonne foi ne peut croire et n'oserait affirmer que le dernier mot soit dit dans l'interminable querelle que les Prussiens nous cherchent depuis quinze ans.Ah ! oui, sans doute, si nous consentions à placer la République française sous le protectorat de l'Empire d'Allemagne ; oui, si nous acceptions d'être une colonie germanique taillable et corvéable à merci, oui, si nous nous résignions à être des Dahoméens ou des Tonkinois 3 de race blanche; si, capitulant sans bataille, nous nous laissions encercler dans quelque Zollverein 4 nous astreignant à ouvrir tous nos marchés aux productions et aux spéculations industrielles, commerciales et financières des pangermanistes 5 triomphants, et si, ne travaillant réellement plus que pour le roi de Prusse, nous ruinions de gaîté de coeur les ouvriers et les patrons français au

1 Calvaire : habituellement, c'est la représentation de la crucifixion du Christ au sommet d'une colline (rappelant ainsi la Passion du Christ) ; ici, l'auteur désigne le monument aux morts érigé en l'honneur des morts de 1870 (voir photographie).

2 Éhonté : honteux, scandaleux.3 Dahomey : actuel Bénin ; Tonkin : région de l'Indochine française (au nord du

Viêt-Nam actuel).4 Zollverein : « Union douanière allemande ».5 Pangermanisme : idéologie nationaliste allemande.

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seul profit des patrons et des ouvriers allemands, ah ! assurément oui, l'ennemi héréditaire nous laisserait vivre en paix, satisfait qu'il serait de nous voir vivre en servitude, et Guillaume II 1 se montrerait, comme il le dit parfois, le meilleur de nos amis, à condition d'être le plus obéi des maîtres.Il me paraît superflu de demander à des Français s'ils sont partisans, pour eux-mêmes, de ce rétablissement de l'esclavage 2. Et cependant, ce n'en est pas moins en réalité cette domination et cette exploitation de la France que l'Allemagne cherche et veut obtenir à tout prix, tout comme, ce n'est rien de moins, je le répète, que notre indépendance, notre fortune, notre gagne-pain, et notre existence même qu'il nous faudrait, qu'il nous faudra bientôt défendre à tout prix, fût-ce au prix du sang.[...] Morts de Champigny, dormez en paix ! Espérez frères d'Alsace-Lorraine ! l'Allemagne a réveillé la France ! La France est debout ! Vive la France !

Paul DÉROULÈDE (1846-1914)

Discours prononcé devant le monument aux morts de Champigny-la-Bataille 3, le 3 décembre 1908.

1 Guillaume II : empereur d'Allemagne de 1888 à 1918.2 L'esclavage a été aboli en France le 27 avril 1848.3 Entre 1870 et 1918, Champigny-sur-Marne (commune du Val-de-Marne, au sud-

est de Paris) a été appelé communément Champigny-la-Bataille pour rappeler le combat le plus important du siège de Paris, qui s'est déroulé du 30 novembre au 2 décembre 1870.

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Séance n°5 :Des images

contre la guerre

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La Fleur au fusil

Note : La BD est vendue dans la collection Librio, n°562, p.49-58 (2002)

Jacques TARDI (né en 1946)La Fleur au fusil (1979).

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Triptyque « La guerre »

Otto DIX(1891-1969)

Triptyque « La Guerre » (1929-32)trempe sur bois

panneau central 204 x 204 cm, panneaux latéraux 204 x 102 cm,

Gemäldegalerie Neue Meister, Dresde.Photographie © SESAM, Paris, 1998.

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Platoon

Fiche technique

Film de guerre américain (1986)Durée : 1h52

Réalisateur : Oliver STONE(né en 1946)

Avec : Chalie SHEEN (Chris Taylor), Willem DAFOE (Sergent Elias), Tom BERENGER (Sergent Bob Barnes), Francesco QUINN (Rhah), Forest WHITAKER (Big Harold), John C. McGINLEY (Sergent Red O'Neill)

Synopsis :Septembre 1967: Chris Taylor, dix-neuf ans, rejoint la compagnie Bravo du 25ème régiment d'infanterie, près de la frontière cambodgienne. Chris, issu d'une famille bourgeoise s'est engagé volontairement et, plein d'idéal entend bien servir son pays. Mais la réalité est tout autre et ses illusions vont tomber les unes après les autres. Il sera également temoin de la rivalité sanglante qui oppose deux officiers qu'il admire.« J'ai eu l'idée de Platoon en décembre 1969 à mon retour du front. Mais personne ne voulut produire ce script "trop dur, trop noir et deprimant". » (Oliver Stone)

Source : http://www.allocine.fr

Analyse de l'affiche du film

Analysez de manière détaillée l'affiche du film (Cf. page suivante).

La tonalité du film

1. Quelle est la tonalité du film ?2. Comment s'opère le partage entre réalité et fiction dans ce film ?3. Quels procédés sont utilisés pour rendre le film le plus réaliste possible ?

Le personnage principal

1. Que peut-on dire du personnage principal (Chris Taylor) dans cette histoire ?2. Quels sont ses sentiments successifs tout au long de l'histoire ? Quels moyens cinématographiques sont utilisés pour les traduire ?3. Chris Taylor n'a-t-il qu'une simple fonction de personnage ?4. Comment Oliver Stone se sert de ce personnage ? Quel(s) jeu(x) de caméras appuie(nt) cette impression ?

Les intentions du réalisateur

D'après vous, quelles ont été les intentions d'Oliver Stone quand il a réalisé ce film ?

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© MGM

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Évaluation :Sujet de juin 2005

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