REFLEXIONS AUTOUR DUNE PEDAGOGIE INNOVANTE POUR...

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1 REFLEXIONS AUTOUR D’UNE PEDAGOGIE INNOVANTE POUR L’ACCOMPAGNEMENT ENTREPRENEURIAL Loyda GOMEZ Université de Lorraine 10 Rue Lafayette 57000 - Metz Tel: 06.48.15.63.74 [email protected] CEREFIGE Cahier de Recherche n°2013-04 CEREFIGE Université de Lorraine 13 rue Maréchal Ney 54000 Nancy France Téléphone : 03 54 50 35 80 Fax : 03 54 50 35 81 [email protected] www.univ-lorraine.fr/CEREFIGE n° ISSN 1960-2782

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REFLEXIONS AUTOUR D’UNE

PEDAGOGIE INNOVANTE POUR

L’ACCOMPAGNEMENT

ENTREPRENEURIAL

Loyda GOMEZ

Université de Lorraine

10 Rue Lafayette 57000 - Metz

Tel: 06.48.15.63.74

[email protected]

CEREFIGE

Cahier de Recherche n°2013-04

CEREFIGE

Université de Lorraine

13 rue Maréchal Ney

54000 Nancy

France

Téléphone : 03 54 50 35 80

Fax : 03 54 50 35 81

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REFLEXIONS AUTOUR D’UNE PEDAGOGIE INNOVANTE POUR

L’ACCOMPAGNEMENT ENTREPRENEURIAL

Loyda GOMEZ

Université de Lorraine

10 Rue Lafayette 57000 - Metz

Tel: 06.48.15.63.74

[email protected]

Christophe SCHMITT

Directeur du Pôle Entrepreneuriat Étudiant de Lorraine - PeeL

2, Avenue de la Forêt de Haye, BP 172

54505 Vandoeuvre lès Nancy Cedex

Tel: 03.83.59.60.63

[email protected]

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Résumé

Longtemps envisagé par rapport à la création d’entreprise, l’accompagnement entrepreneurial

s’est souvent focalisé autour du plan d’affaires allant dans le sens du résultat. Cependant, ces

dernières années, on assiste à l’émergence d’approches complémentaires voyant le jour autour

notamment du processus d’apprentissage entrepreneurial. Dans cette perspective, cet article

présente d’abord une réflexion sur quelques méthodologies communément utilisées pour

l’accompagnement entrepreneurial. Nous nous focalisons sur l’adoption du plan d’affaires

comme technique orientée vers la création d’entreprise et sur les pédagogies actives comme

facilitateurs de la génération de connaissances. En analysant les apports de la méthode de cas,

l’apprentissage par problème et la pédagogie par projet, nous insistons sur la pertinence de la

participation à des expériences entrepreneuriales réelles liant l’entrepreneur et son contexte.

A ce titre, une deuxième partie souligne l’importance de la problématisation et ses apports à

l’entrepreneuriat. Il s’agit d’envisager la conception du projet entrepreneurial comme un

processus générateur de connaissances permettant aux porteurs du projet de s´adapter et

s´intégrer à l´évolution du contexte pour mieux agir. Nous présentons par la suite un concept

novateur en matière d’accompagnement centré sur la conception du projet entrepreneurial: le

dispositif « Business Unit ». Les résultats sont illustrés à travers le cas d’un projet

entrepreneurial conçu au sein du Pôle entrepreneurial étudiant de Lorraine (PeeL). Les

conclusions et apports constituent la dernière partie de l’article.

Introduction

Au cours des dernières années le développement de l’entrepreneuriat a généré un intérêt

croissant à l’intérieur des institutions éducatives. Considéré comme favorisant de l’emploi et du

développement économique (Béchard, Gregoire, 2009), l’entrepreneuriat a été l’axe central des

programmes pédagogiques de divers établissements d’éducation. Ces formations tendent

souvent à privilégier le phénomène entrepreneurial du point de vue de la création d'entreprise

(Béchard, Toulouse, 1991; Kuratko, 2003 ; Schmitt, 2012) et utilisent notamment des

méthodologies traditionnelles qui négligent la pertinence du développement individuel de

l’entrepreneur. C’est le cas du plan d’affaires qui empêche entre autre propos d’identifier les

effets souhaités sur les apprentissages et les comportements des étudiants (Fayolle, Verzat,

2009). Face aux limites de ces outils, émerge alors le besoin d'envisager l’accompagnement

entrepreneurial sous une nouvelle finalité autour du processus (Schmitt, 2005), de

l’apprentissage (Rae, Carswell, 2000 ; Politis, 2005) et de l’expérience (Sapienza, Grimm,

1997; Cope, 2005).

Dans cette perspective, la formation en entrepreneuriat a souvent fait appel à des réflexions

diverses autour des pédagogies actives (Fayolle, Verzat, 2009). Alors que les modèles

traditionnels favorisent la transmission de connaissances, les pédagogies actives permettent de

générer des connaissances contribuant au développement de chaque étudiant et de mettre en

place les conditions pour que l’étudiant apprenne (Carrier, 2009). C’est le cas de la pédagogie

par projet, la méthode de cas ou l’apprentissage par problème.

Nous allons nous focaliser sur la pédagogie par projet comme cadre pour présenter un outil

innovant pour l’accompagnement entrepreneurial. Il s’agit de favoriser l’apprentissage

individuel à partir des expériences vécues lors du parcours de conception et construction de

projets d’entrepreneuriat réels. Le projet entrepreneurial est donc envisagé comme mobilisant

des connaissances plutôt qu’une finalité représentée par la création de l’entreprise. Alors que le

projet permet de générer une convergence entre les acteurs (entrepreneurs, fournisseurs,

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distributeurs, banquiers..) et les activités (recherche d’informations, de ressources, fabrication,

visite aux fournisseurs…) autour d’une idée de produit ou de service, l’étudiant peut profiter de

ces expériences dans le but de générer les apprentissages nécessaires pour gérer son projet.

Dans ce sens, nous proposons une approche innovante en matière de formation pour

l’entrepreneuriat à partir de la pédagogie par projet. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur

l’expérience « Business Unit » menée au sein du Pôle Entrepreneuriat Étudiant de Lorraine pour

accompagner les entrepreneurs dans leur parcours entrepreneurial. Dans un premier temps, nous

présentons une réflexion autour des pédagogies dominantes pour L’accompagnement

entrepreneurial, notamment le plan d'affaires et les pédagogies actives. La deuxième partie

concerne une analyse plus large autour de la problématisation, conception et traduction comme

éléments favorisant l’apprentissage entrepreneurial. Ensuite, nous décrirons le dispositif

« Business Unit », un concept novateur dans le domaine de l’accompagnement entrepreneurial

centré sur la conception du projet entrepreneurial. Afin d’illustrer nos propos, nous présentons

le cas ActiCan concernant le projet d’une entreprise intégrée dans la filière

recyclage/revalorisation. Il présente tout particulièrement le déploiement du dispositif. La

dernière partie comporte les réflexions et un retour sur les résultats.

1. Des outils pédagogiques dominants dans l’éducation entrepreneuriale

Les approches pédagogiques utilisées dans la formation entrepreneuriale tendent à varier, entre

autre, en fonction des conditions de l’établissement en faisant usage. Le choix des pédagogies

est lié à des facteurs comme les politiques des institutions ou encore l’expérience des

enseignants qui conditionnent d’une certaine manière l’apprentissage des étudiants. Cependant,

force est de constater que même si les types de pédagogies sont variés, leur efficacité dépend

des objectifs de formation à atteindre et des conditions dans lesquelles elles sont mises en place.

Nous présentons dans la première partie de l’article une analyse sur quelques pédagogies

communément adoptées pour la formation entrepreneuriale. D’un côté le plan d’affaires et d’un

autre les pédagogies actives, ces dernières comportant la méthode de cas, l’apprentissage par

problème et la pédagogie par projet.

1.1 Le plan d’affaires, une technique utile mais plutôt réductrice

Autour de l’entrepreneuriat, a émergé un intérêt croissant tant du côté politique, scientifique que

pédagogique (Marchesnay, Meseghem, 2011 : 10). En effet, étant donné que l’entrepreneuriat

favorise l’emploi et le développement économique, il constitue le thème pédagogique central

(Béchard, Gregoire, 2009) des divers établissements éducatifs1. Ces programmes, de formation

et d’accompagnement, définissent souvent les contenus sous le paradigme considérant « le

phénomène entrepreneurial du point de vue économique et plus particulièrement celui de la

création d’entreprise » (Schieb-Bienfait, 2000b :138).

A ce titre, une grande majorité d’institutions de formation rapportées à l’entrepreneuriat

privilégient les méthodologies traditionnelles de formation comme le plan d’affaires (Zeithaml,

Rice, 1987 ; Solomon, Duffy, Tarabishy, 2002 ; Katz, 2003). C’est le cas des modèles français

d'enseignement de l'entrepreneuriat, lesquels selon Tounés (2003 : 8) « s'appuient souvent sur

des approches fonctionnelles et beaucoup moins sur des approches transversales2 ».

1 Sur ce point, voir notamment le Global University Entrepreneurial Spirit Students’ Survey

(GUESSS 2008), National Report, France (Byrne, Fayolle, 2010). Voir aussi, The Growth and

Advancement of Entrepreneurship in Higher Education: An Environmental Scan of College

Initiatives (Kauffman Center for Entrepreneurial Leadership Staff, 2001). 2 Pour lui, « Ces dernières intègrent une vision globale et non éclatée du projet ou de

l’entreprise, prennent en compte les temps forts de la vie d'un projet et d’une entreprise en

démarrage et imbriquent la dialogique individu/projet » (2003 :8).

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Le plan d’affaires permet de rassembler et synthétiser l´information la plus importante sur le

projet. Celui-ci ainsi que l’étude de marché ou le plan de financement sont « très ancrés dans

une logique temporelle linéaire »1 consistant à décrire étape par étape la collecte et distribution

des ressources. Il peut être parfois considéré comme un outil de « reproduction » car le plan

correspondant à une année déterminée est souvent construit en projetant les chiffres contenus

dans le plan de l’année précédente. Cela donne à l’entrepreneur une force de conviction et de

persuasion et l’amène à « considérer savoir de quoi demain sera fait » (Schmitt, 2012 :54).

Le plan d’affaires devient alors non seulement un outil de suivi de la mise en ouvre du projet

jusqu’à la création de l’entreprise, sinon un représentant du devenir de cette entreprise (Fayolle,

Lassas-Clerc, Tounés, 2009) voire un réducteur d’incertitude (Marion, Senicourt, 2003).

Or, il ne s’agit pas de négliger l’utilité des méthodes fonctionnelles. D’une certaine manière le

plan d’affaires peut agir comme un outil de communication (Marion, Senicourt, 2003 :39) entre

les parties prenantes ainsi que d’actualisation d’information. Cependant, il convient de

comprendre que l’entrepreneuriat ne se réduit pas à seule la dimension technique (Saporta,

Verstraete, 1999). Alors que l’entrepreneur participe de transformation des entreprises, il

participe de la transformation du contexte. L’entrepreneuriat est en conséquence un domaine

trop complexe et trop hétérogène (Verstraete, Fayolle, 2005) qui est face à l’émergence d’un

grand nombre de paramètres difficilement maîtrisables ainsi qu’à l’émergence de pratiques

individuelles contribuant à la construction de ce contexte (Schmitt, 2008).

Dans cette perspective, les acteurs liés à l’éducation dans le domaine de l’entrepreneuriat

doivent forcement changer la perspective d’usage des outils d’accompagnement. Comme le

souligne Fiet (2000:107) «Une bonne théorie est toujours applicable. Si nous ne parvenons pas à

expliquer à nos étudiants comment l'appliquer, c'est nous qui sommes fautifs, pas la théorie»2.

Même si l’entrepreneuriat a été à l’origine de divers outils, théories ou paradigmes, il a un

caractère pluridisciplinaire l’éloignant d’une unique orientation. La formation en

entrepreneuriat demande alors autant de la maîtrise des techniques que de placer l’étudiant dans

de contextes favorisant le développement de compétences entrepreneuriales. « Lors de mises en

situation, l’apprenant peut appeler les connaissances techniques, théoriques et conceptuels

enseignés » (Saporta, Verstraete, 1999).

Finalement, l’entrepreneur est toujours face à l’évolution de son environnement. C’est un

processus complexe lui demandant d’agir de façon à répondre à cette évolution. Des outils

comme le plan d´affaires sont efficaces dans la mesure où ils sont mis en jour en fonction de la

gestion du projet entrepreneurial et de l’évolution de l’environnement. En matière

d’accompagnement à l’entrepreneuriat, il s’agit d’enrichir ces approches traditionnelles et de

développer et d’expérimenter des nouvelles (Carrier, 2009). Les pédagogies actives émergent

alors comme une réponse au besoin des institutions en matière de développement de

compétences et d’ampliation de la vision globale de l’entrepreneuriat.

1.2 L’apport des pédagogies actives à la formation entrepreneuriale

On a pu constater l’émergence de diverses méthodologies pour l’enseignement de

l’entrepreneuriat au cours des dernières années. Cette variété « s’explique par l’hétérogénéité

des publics, des objectifs et des résultats escomptés des programmes et formations » (Tounés,

2003). Mais cela concerne aussi un changement de logique éducative. Pour (Fayolle, Verzat,

2009) cette logique passe de la transmission de connaissances à la pédagogie par objectifs et

puis à la logique du développement de compétences. Celles-ci faisant partie du groupe plus

global connu comme les pédagogies actives.

1 Pour Schmitt (2012 :54), ils s’inscrivent soit dans une logique de transposition, soit dans une

logique divinatoire où pour maitriser l’avenir incertain. 2 Traduit de l’original en anglais: « good theory can always pass the test of applicability. If we

fail to teach our students how to apply it, it is we who are at fault, not the theory »

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Les pédagogies actives ont émergé dans le XIXe siècle dans le cadre de la pensée de John

Dewey, plus précisément, à partir des concepts du « Learning by doing » et de l’« Inquiry ». Le

premier concerne un processus d’apprentissage par la pratique permettant à l’étudiant

d’apporter son imagination et d’identifier ce qui est significatif pour la vie. Par ailleurs, le

processus d´enquête part d’une « situation indéterminée » évoluant au gré des actions (Journé,

Raulet-Croset, 2004) dont l’incertitude ne porte pas sur un élément unique. En fait, l’incertitude

s’inscrit dans un ensemble d´éléments qui font partie d´un contexte global non évident aux yeux

de l’individu. Dans ce sens, les dimensions d’apprentissage et de contexte deviennent donc des

facteurs inséparables pour la consolidation de programmes de formation. Or, ces intentions ne

sont pas récentes, elles ont en réalité toujours fait partie des intérêts de l’éducation. Aux

XVIIème et XVIIIème siècles, par exemple, « les pédagogues étaient confrontés à des

problèmes aussi complexes que ceux d'aujourd'hui [en particulier] le problème de la distance

entre les pratiques et les contenus scolaires et les pratiques sociales quotidiennes de l'époque »

(Barnier, 2001)1. Alors, il reste à savoir où les pédagogies sont les mieux adaptées et trouver la

pédagogie la plus appropriée dans le domaine étudié (Girin, 1990).

Dans cette perspective, l’OCDE évoque l’importance de la conception de programmes de

formation favorisant la culture entrepreneuriale à travers le développement de compétences et

attitudes (2010), des programmes promouvant le développement du leadership, de l’esprit

créatif et de l’innovation (Vesper, McMullen, 1988) et de la tolérance à l’ambiguïté (Ronstadt,

1990 :79). Il s’agit de construire un processus d’acquisition permanente de compétences tout au

long de la vie qui contribuait à forger le caractère individuel de l’entrepreneur.

Dans ce constat, l’entrepreneuriat fait appel à la réflexion autour de pédagogies allant dans ce

sens. Notamment autour de l’usage des pédagogies actives (Béchard, Toulouse, 1991 ; Fayolle,

Verzat, 2009) favorisant l’autodiscipline et l’effort volontaire (Piaget, 1969b :96) de

l’étudiant. Alors que les modèles d’enseignement de l’entrepreneuriat supportés par des

techniques comme le plan d’affaires se focalisent sur la transmission de connaissances, les

pédagogies actives permettent de générer des connaissances contribuant au développement de

l’étudiant et de mettre en place les conditions pour que l’étudiant apprenne (Carrier, 2009).

L’étudiant constitue le centre de l’apprentissage. Il joue un rôle actif plutôt que de « réceptacle

passif de la sagesse d’autrui » (Schwebel, Raph, 1976 : p. 30) tandis que l’accompagnateur

cherche à « faciliter leur développement personnel et les faire progresser » (Angelo, Cross,

1993)2.

Ainsi, l’adoption d’outils tels que l’apprentissage par problème, la méthode de cas ou la

pédagogie par projet sont de plus en plus utilisés dans la conception de programmes

pédagogiques (Carrier, 2009) pour l’entrepreneuriat. Au-delà des approches fonctionnelles, ces

pédagogies permettent d’envisager l’entrepreneuriat dans une perspective plus globale

concernant l’influence du contexte. Pour se faire, elles élargissant la capacité d’interprétation

chez l’entrepreneur. Il s’agit de créer une sorte de contexte parallèle où interagissent à la fois

l’imagination, l’envie de découvrir et la construction du sens à la lumière des interprétations. En

transformant les perceptions individuelles, les pédagogies actives favorisent la production plutôt

que la cumulation de connaissances3. Tout cela dans le but de déclencher les comportements

entrepreneuriaux.

Nous allons présenter à la suite les trois types de pédagogies actives analysées. La Méthode de

cas développée par l’Université de Harvard, la pédagogie de l’apprentissage par problème

développé dans le cadre de la formation des futurs médecins au Canada et la pédagogie par

projet proposée au Danemark dans les années 70.

1.2.1 La méthode des cas

1 Dans Annoot, Fave-Bonnet (2004 : 190).

2 Dans Béchard, Gregoire (2009).

3 Tendant à devenir éphémères (Harrison, Leitch, 2005).

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Inspirée de la maïeutique socratique, la méthode de cas a ses origines à la fin du XIXe siècle

dans le cadre de formation au sein de l’école de lois de l’université de Harvard. Sous la direction

d’un professeur, c’était une pratique concernant la discussion sur un procès juridique déjà

solutionné lors d’un dialogue alternant questions et réponses. Le but était d’examiner les idées

et hypothèses autour du processus et d’aider l’étudiant à générer1 des solutions.

Postérieurement, la méthode a été appliquée dans l’école de management, appartenant à la

même université, comme pratique pour la formation des futurs cadres d’entreprise.

La méthode de cas est une méthode d’enseignement qui est arrivée en France en 1930 grâce à la

création du centre de Perfectionnement aux Affaires. Elle est devenue un outil pédagogique

assez utilisé par les enseignants en management et en entrepreneuriat (Fayolle, Verzat, 2009 ;

Marchesnay, Meseghem, 2011) dans une grand partie du monde.

Cette méthode a pour objectif de mettre l’étudiant dans une situation de gestion (Hlady, 2002)

où il devient l’acteur qui est face à une problématique exposée et documentée dans le cas. En

testant cette problématique, l’étudiant est conduit à analyser les phénomènes autour de cette

situation pour en construire sa propre interprétation à partir des donnés qu’il observe. La

problématique est présentée sous forme de « situation-dilemme » de façon à ce qu’elle constitue

l’union entre la réalité entrepreneuriale et les concepts académiques à apprendre par l’étudiant.

La dynamique de travail consiste à faire l’analyse du cas, de façon individuelle dans un premier

temps et en sous-groupe dans un second temps. Postérieurement, il y a une discussion, dans une

séance plénière animée par l’enseignant, dont l’interaction entre les participants génère une

ambiance de confrontation des interprétations (des étudiants et des sous-groupes).

Cette méthode permet à l’étudiant d’être plus près des situations réelles de l’entreprise,

notamment celles où il faut prendre des décisions face à des situations difficiles. Cependant,

comme toutes les pédagogies de formation, elle a des limites. Certains auteurs considèrent que

le cas montre la situation de l’entreprise dans un temps fixé dont le contexte est différent du

contexte temporel au sein duquel le cas est analysé. Par ailleurs, le cas ne peut pas montrer

entièrement le degré d’incertitude dans laquelle la problématique de l’entreprise s’est déroulée.

Or, le « cas » par lui-même n’a pas de valeur ajoutée particulière s’il n’est pas inclus dans un

projet pédagogique clairement identifié selon la Méthode des Cas (Juarrero, 2008). En effet

c’est l’interaction entre l’étudiant, la situation et l’enseignant ce qui favorise le rôle actif de

l’étudiant. A partir de l’information présentée dans le cas, l’enseignant ne donne pas une

réponse précise mais guide les étudiants dans l’exploration permettant de générer de nouvelles

pistes. Le cas n’est qu’un moyen de sensibilisation à la complexité qui attend le décideur

(Marchesnay, Meseghem, 2011). C’est alors le processus d’auto-questionnement qui joue le

rôle déterminant car il amène l’étudiant à imaginer des acteurs, des situations connexes et de

faits qui ne sont pas décrits dans le cas. Autrement dit, à construire le contexte en lui donnant le

caractère d’incertitude.

1.2.2 L’apprentissage par problème

L’apprentissage par problème -APP est une méthode inductive pour l’apprentissage à partir de

la découverte et de la construction. Il trouve son origine dans les études médicales en Canada.

L’idée était de comprendre les problèmes des patients lors d’un processus de questionnement

envisageant un contexte plus réaliste pour les étudiants. En plus d’activer des savoirs antérieurs

(Fayolle, Verzat, 2009), ce système permet d’acquérir des connaissances disciplinaires et de

formuler des hypothèses sur les causes du problème étudié et les possibles solutions.

Dans l’APP, le problème est une situation simulée, fort semblable aux problèmes que les futurs

entrepreneurs affronteront dans la pratique. Cette pédagogie est donc un facilitateur du

questionnement et de la recherche d’information. Le professeur est tuteur qui met en place les

1 Dans le sens de la maïeutique « à accoucher».

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problèmes (Restrepo, 2005). Il suggère les sources d’informations et répond aux questions des

étudiants. La mise en place des problèmes concerne la mise en relation des évènements autour

du problème afin de formuler des hypothèses et de les vérifier. Autrement dit, l’enseignant

conduit l’apprentissage humain afin de développer une stratégie de découverte et de

construction à travers les évènements (Bruner, 1983). Or, l’apprentissage par problème présente

de risques. En appliquant cette méthodologie, au fil du temps on augmente la rétention de

connaissances et on active les connaissances d’avant. Cependant le fait d’utiliser les problèmes

prédéfinis pourrait amener les entrepreneurs à se faire guider par un même cadre de réflexion.

En effet, si l’apprentissage par problème est supporté par les conclusions d’autres

professionnels, ayant vécu une expérience similaire à celle qu’analyse l’étudiant, « le problème

peut être le moyen de fragiliser une conception ou de la transformer, dans un apprentissage par

adaptation ». (Orange, 2005)1. Autrement dit, lorsqu’il y a une nouvelle conclusion il y aura

probablement un nouveau paradigme en accord avec le point de vue de l’observateur (Kuhn,

1983) qui sera postérieurement transmis à l’étudiant qui analyse le problème proposé2. C’est le

cas des modèles qui dégagent les comportements des chefs d’entreprise face à un problème dans

son organisation. Or, il ne s’agit pas de négliger l’avis d’autres entrepreneurs, mais plutôt de les

analyser et les questionner afin d’identifier leurs limites. On passe donc d’une réflexion portant

sur le vrai (Orange, 2007), c’est-à-dire, portant uniquement sur l’avis d’une personne vers une

réflexion portant sur le possible.

Il semble évident que la relation problème-connaissance est influencée par les caractéristiques

propres de la personne. Il convient donc favoriser « l’assimilation de l’expérience aux structures

déductives et l’accommodation de ces structure aux donnés de l’expérience » (Piaget,

1969a :208). Dans l’APP, les problèmes proposés doivent se lier aux éléments du contexte et

aux savoirs scientifiques afin que l’étudiant prenne connaissance de ses propres modèles et,

lorsqu’ils sont inadéquats, de les faire évoluer3 en fonction des besoins.

1.2.3 La pédagogie par projet

La pédagogie par projet est une pratique permettant de générer des apprentissages à travers une

production concrète. Cette pédagogie a émergé dans les années 70s au Danemark comme

réponse aux besoins manifestés principalement par deux acteurs autour de l’éducation en

ingénierie (De Graff, Kolmos, 2007 :3). D’un côté un mouvement d’étudiants et d’un autre, le

secteur industriel exigeant des ingénieurs avec de nouvelles compétences. Le résultat a été la

création de deux universités, Roskilde University Centre (1972) et Aalborg University (1974),

dont les programmes de formation concernaient principalement les concepts du Learning by

doing et l’apprentissage expérientiel.

Cette approche expérientielle permet de partager les ressources des autres et valoriser

l’« apprentissage réciproque » (Schieb-Bienfait, 2000a : 139). Comme le souligne Berthelsen,

Illeris, Poulsen, la pédagogie par projet est « une forme d'enseignement dans laquelle les

étudiants, en collaboration avec les enseignants et les autres étudiants, explorent et travaillent

sur un problème en étroite relation avec la réalité sociale dans lequel il existe »(1977) 4

. L´une

1 Pour lui « Il est, dans d’autres cas, l’occasion de se former à une démarche scientifique.

Ailleurs, c’est la problématisation qui est mise en avant, et les liens entre construction des

problèmes et savoirs scientifiques ». 2

Pour Fabre (1999) la problématisation concerne la position, la construction et la résolution du

problème. Pour lui le processus de réflexion conduit à problématiser et par conséquent un

problème ne se détermine pas par soi-même (Fabre, 2009). 3 Un processus de pratique réflexive dans le sens de Froger (2005).

4 Traduit de l’original en anglais : « a forme of teaching in which students – in collaborating

with teachers and others – explore and work with a problem in close relation to the social reality

in which it exist», dans De Graff, Kolmos (2007 :4).

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des difficultés des entrepreneurs c´est d’analyser leur projet en l’éloignant du contexte. Par

exemple, l’analyser uniquement à partir de l’information contenue dans les plans d´affaires. Or,

même si l’apprentissage entrepreneurial demande des concepts théoriques le nourrissant, il

requiert aussi la construction de situations amenant l'apprenant à mobiliser ces savoirs

théoriques pour mieux agir. Il s’agit donc d’accompagner cet apprentissage de situations

pédagogiques permettant les étudiants de « se "pénétrer" de l'esprit d'entreprendre » (Tounés,

2003 :9).

A ce titre, la pédagogie par projet consiste à définir un problème, l’analyser ainsi qu’à en définir

des ressources, les parties intervenants et le processus à mettre en marche afin d’obtenir un

résultat satisfaisant (Bayad, Schmitt, Grandhaye, 2002 : 26). Grâce à l’intégration de

l´évolution du contexte dans le projet, l’entrepreneur devient donc l’ « initiateur d’un processus

complexe » (Hernandez, 1999 :19) peu évident à la lumière du plan d’affaires. Selon

Hernandez, face à la conception et la réalisation du projet, l’entrepreneur est à l’origine d’une

nouvelle proposition, laquelle concerne un processus montrant l’importance du temps et des

phénomènes en jeu. Finalement, ce processus est complexe car il fait ressortir les éléments à

considérer et leur interdépendance.

Contrairement de l’APP, qui est généralement plutôt orientée vers l’apprentissage d’une même

chose, présentée à travers d’un problème prédéfini, la pédagogie par projet est plutôt envisagée

vers la production et la création (Fayolle, Verzat, 2009 :6) du problème. Les étudiants

apprennent dans la mesure où le projet demande de l’action et la prise de décisions. Le point

essentiel à retenir est que le projet doit acquérir de la cohérence en fonction de l’interaction des

acteurs et de l’importance donné au contexte.

Suite à cette brève description sur les pédagogies actives, nous allons présenter les apports et les

enjeux du projet entrepreneurial comme pédagogie pour l’accompagnement entrepreneurial.

2. Pour une dimension plus large sur l’entrepreneuriat, réflexion autour de la problématisation,

conception et traduction

La participation croissante des projets d’entrepreneuriat dans le développement des nations a

mené, les établissements éducatifs à s’intéresser les méthodologies concernant la participation

de l’étudiant et du contexte dans l’apprentissage. Cela se traduit para la nécessité de développer

et mettre en place des formations adaptées à situations rencontrées et la pédagogie par projet fait

partie de ce type de méthodologies. En effet, le projet entrepreneurial est une production

concrète permettant de faire le lien entre l´entrepreneur et la représentation de son contexte. Le

projet entrepreneurial en tant que artefact a des apports et des enjeux. Les apports comprennent

la caractéristique processuelle de l´entrepreneuriat, la problématisation et la projection. Les

enjeux comprennent la conception de la vision et la traduction.

Les apports du projet entrepreneurial amènent à repenser l'entrepreneuriat autour des

dimensions de la problématisation, la capacité à concevoir et la traduction du projet.

2.1 L'importance de la problématisation

La résolution de problèmes sous-entend que les données du problème sont connues alors que

bien souvent le problème est à poser, à construire et à formuler. En cela, l'entrepreneuriat est

proche de l'innovation, de la créativité ou de l'invention (Lavoie, 1988). Ces éléments sont

typiques des logiques projets (Bayad, Schmitt, Grandhaye, 2002 ; Boutinet, 1993). La

distinction établie par M. Fabre (1999) entre résolution de problème et construction de problème

est ici essentielle. L'entrepreneuriat s'apparente donc plus à un processus qu'à un résultat. Plus

précisément, l'entrepreneur, par rapport aux acteurs qui œuvrent dans les organisations, définit

l'objet qui va déterminer son propre devenir (Filion, 1997). Ces différents constats nous amènent

à avancer que les difficultés rencontrées par les entrepreneurs sont plus liées à la construction

des problèmes complexes qu'à la mise en place de solutions (Schmitt, Julien et Lachance, 2002).

Il convient toutefois de souligner que bien souvent, le projet est sous-entendu comme un résultat

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sur lequel tout le monde s'accorde et sur lequel personne n'intervient. Par exemple au niveau des

structures d'accompagnement par le fait que les entrepreneurs doivent venir avec un projet, idem

pour la formation.

2.2 La conception représentée par la vision et production de connaissances

Recourir à la notion de projet entrepreneurial, ce n'est pas simplement rapprocher l'interne et

l'externe mais c'est aussi favoriser le travail de conception. Nous entendons donc par conception

la capacité cognitive des personnes à développer un dessein dans le but de réaliser un dessin

(Boutinet, 1993), renvoyant à ce que Léonard de Vinci appelle le « disegno ». Rapporté à notre

problématique d'entrepreneuriat, les entrepreneurs peuvent être considérés comme des

concepteurs et le projet comme un outil de cette conception. Le concepteur est « quiconque

imagine quelque disposition visant à changer une situation existante en une situation préférée »

(Simon, 1991).La conception peut alors se définir, comme « la description d'un objet artificiel

par son organisation et son fonctionnement – son interface entre les environnements internes et

externes » (Simon, 1991). La conception requiert de la méthode, des efforts (Filion, 1997). Le

projet entrepreneurial est donc le lieu où la conception va s'exprimer à travers l'image d'un état

futur désiré qu'on veut atteindre, la vision. La vision est indéniablement de nature stratégique

(Avenier, 1996). Derrière ces différents éléments que sont la vision et la conception, il convient

de souligner l'importance des connaissances au sein du projet entrepreneurial. En effet, le projet

joue aussi le rôle de processeur de connaissances (Julien, Raymond, Jacob, Abdul-Nour, 2003).

Il sert donc à produire des connaissances essentielles par rapport à la vision d'un futur à

atteindre. Elles sont à envisager de façon dynamique, car elles peuvent évoluer en fonction du

projet, en fonction de l’évolution du contexte. Pour générer ces connaissances, il est essentiel

que l'entrepreneur soit capable de collecter de l'information nécessaire à son projet. Il convient

donc de développer des démarches favorisant non seulement la production de connaissances, et

donc la structuration du projet, mais aussi le travail de collecte d'information.

2.3 La traduction pour partager et faire comprendre

Rares sont les cas où les connaissances sont détenues par une seule personne. En effet, dans le

cas d'un entrepreneur, il est amené à rencontrer différentes personnes au sein de son

organisation et/ou dans son réseau d'affaires avec lesquelles il va pouvoir partager sa conception

du projet et de l'organisation, même si en dernier ressort, les décisions lui appartiennent. A la

lumière de ces éléments, on voit la difficulté de définir une représentation partageable par tous,

en d'autres termes la difficulté de problématiser. De fait, l'entrepreneur se trouve plus souvent en

situation de co-conception que simplement de conception. La présence du préfixe "co-" permet

d'insister non seulement sur l'aspect récursif du processus de conception, mais aussi sur les

multiples acteurs directs et indirects qui y participent ainsi que sur la notion de mouvement.

Par rapport à ces différentes parties prenantes, comme le souligne Martinet (1993), « l'acteur

doit faire preuve de cette forme d'intelligence qui consiste moins en la résolution d'un problème

qu'en la mise en forme d'un monde partageable ». L'entrepreneur doit savoir traduire sa vision

du projet entrepreneurial auprès de ces parties prenantes afin qu'elles puissent participer à cette

co-conception. Si le projet n'a pas été traduit, s'il n'est pas devenu un enjeu pour les différentes

parties prenantes, il n'a aucune chance d'être reçu. Le but de la traduction1 au sens de Callon et

Latour (1991) est de permettre à ces parties prenantes qui ont des logiques différentes, de

parvenir à se comprendre pour travailler ensemble. Le projet apparaît alors comme un objet

1 Selon P. Bernoux (2004), la théorie de la traduction a été un des éléments qui ont permis de

développer la pratique du fonctionnement par projet dans les entreprises et les organisations.

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artificiel d'intermédiation entre les individus (Jeantet, Tiger, Vinck, Tichkiewitch, 1996)

permettant de rendre compte des modes de coordination et de coopération mis en place, et donc

de favoriser une certaine régulation collective au sens de Lorino (1999). Le projet devient donc

un instrument de dialogue entre l'entrepreneur détenteur d'une vision et les parties prenantes du

projet qui vont participer à sa structuration.

Pour répondre aux difficultés liées à la traduction, il est nécessaire de favoriser le dialogue entre

la vision et la mise en acte de cette vision. Cela passe au niveau du projet entrepreneurial par le

développement d'un langage commun. Or la difficulté actuelle repose sur la création et le

développement de ce langage, qu'on pourrait appeler le langage "projet entrepreneurial", alors

que les différentes parties prenantes du projet entrepreneurial parlent souvent des langages

« différents ». La création et le développement de ce discours commun dépendent fortement des

situations rencontrées. En effet, ce langage va résulter essentiellement de la possibilité et de la

capacité à créer et à mobiliser des connaissances. Ces situations requièrent aussi une personne,

souvent l'entrepreneur lui-même, qui parle ces différents langages dans un objectif de

production continue de connaissances (Paraponaris, 2000). Cette personne doit être envisagée

comme un acteur de la cohérence entre la structure du projet entrepreneurial et la vision de ce

projet. En effet, elle doit favoriser : l'émergence d'un langage "projet entrepreneurial" ; le

développement et enrichissement de ce langage ; et sa diffusion.

A travers ces éléments de réflexion, la question de la forme des démarches et des outils

favorisant le développement du projet est soulevée. Par rapport à cette question, il peut être

intéressant d'analyser les outils et les démarches mis en place dans les structures

d'accompagnement à l'entrepreneuriat à la lumière de ces notions de vision et de traduction.

Pour résumer les deux points précédents, l'importance de la vision et de sa traduction, il

convient de souligner que constater l'importance de la conception ne doit pas faire oublier que

bien souvent les problèmes ne sont pas liés uniquement à la conception elle-même mais aussi à

la construction d'une vision et à la traduction de cette vision.

3. Pratiques et résultats autour du projet entrepreneurial, présentation du dispositif « « Business

Unit »»

Si l'on considère que le projet entrepreneurial est un artefact, il est donc nécessaire de

développer des démarches qui pourront aider l'entrepreneur à définir son projet. Le dispositif

d’accompagnement « Business Unit », mis en place au sein du Pôle Entrepreneuriat Etudiant de

Lorraine, a été développé dans cette perspective. L’accompagnement à l’entrepreneuriat

s'organise en trois phases liées par un fil directeur, la méthode : IDéO©. Nous présentons

d’abord la méthode IDéO©, puis les trois phases de la démarche.

Dans la première phase, il s’agit d’amener les porteurs de projet à concevoir un scénario dont

l’activité d’accompagnement se matérialise par la problématisation du scénario (voir la figure

1). La conception d’un scénario apparaît comme une construction de cette réalité à venir

permettant la mise en place d'actions. Concevoir un scénario, c'est finalement, au sens des

sciences de l'artificiel, donner du sens aux actions à mettre en place. Dans cette perspective, il

s’agit d’aider le porteur de projet à se poser des questions afin de donner du sens à son projet.

Cette phase est une phase où l’objectif n’est pas de cristalliser les représentations mais plutôt de

les ouvrir et les confronter afin de les critiquer. Les représentations des parties prenantes dans le

projet entrepreneurial prennent tout leur sens. Une fois le scénario élaboré, on passe à une

seconde phase où il s’agit de « tester » la robustesse de celui-ci.

Dans la deuxième phase, le travail en groupe favorise la confrontation, l'émergence d'idées

nouvelles, permettant de travailler la robustesse du projet à travers les différentes questions

auxquelles ils doivent répondre. Cette robustesse ne se fait pas par rapport à la réalité du projet

car nous sommes dans une phase de projection, mais bien par rapport à la cohérence des

éléments apportés par les porteurs de projet. Et c'est cette cohérence qui sera par la suite

présentée auprès les personnes externes. La phase de robustesse prend ainsi fin pour laisser la

place à une phase de traduction auprès des parties prenantes du projet entrepreneurial.

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La phase de traduction correspond au début de la cristallisation du projet entrepreneurial. La

méthode IDéO© que nous avons développée a pour finalité la construction d’une représentation

globale du scénario tenant compte des aspects internes et des aspects externes qu’il convient de

valoriser auprès des parties prenantes. Dans cette phase de traduction, le projet est figé et il

convient de voir comment les personnes extérieures au projet l’accueillent. Le recours à des

concours de création d’entreprise va dans ce sens.

Figure 1. Les phases de la démarche proposée en matière d’accompagnement entrepreneurial

3.1 Méthodologie et instrumentation pour mettre en acte le projet entrepreneurial

Si le problème est essentiellement de poser un problème (problématisation) plus que de le

résoudre, il est important de développer des démarches allant dans ce sens. La démarche que

nous avons retenue s'inspire directement de la forme canonique du système général développé

par Le Moigne (1990). Pour aborder le projet entrepreneurial, il s’agit de «rendre compte de

tous les types de complexité que l’on pourra considérer » (Le Moigne, 1990). Plus précisément,

il s’agit de rendre intelligible la vision de l’entrepreneur.

La méthode est composée de 5 modules interdépendants, qui peuvent être abordés à n’importe

quel moment et surtout qui doivent être envisagés dans une logique d’allers-retours :

Figure 2. Les 5 modules de la méthode IDéO©

pour aider à construire un projet entrepreneurial

(Schmitt, 2010).

2. Choix d’une

idée

1. Définition des

groupes de travail

3. Construction

du scénario

6. Evaluation par les

accompagnateurs

4. Evaluations

croisées

5. Présentation

des projets

7.Construction du

document de

synthèse

8. Evaluation par des tiers

personnes

9. Présentation des projets

dans des concours

de création d’entreprise

Témoignages de créateurs +

éléments de compréhension pour

construire un scénario

Travail effectué sur une semaine

Mise en place

d’un système

de crédit

conseil

1 mois

maximum

Processus

d’évaluation interne

Durant le

processus

Temps 1

La problématisation

Temps 2

La robustesse

Temps 3

La traduction

Processus

d’évaluation externe

UTILISATION DE LA MÉTHODE IDÉO©

Le projet dans

quelle histoire ? (Transformation)

Le projet fait quoi?

(Activité

)

Le projet dans quel

environnement ?

Le projet pour quoi?

(Finalité

)

Le projet c’est

quoi?

(Contexte)

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L’objectif, à travers ce travail de recherche, consiste donc à permettre aux entrepreneurs

d’apprendre dans l'action et dans la réflexion, de sorte que le projet devienne un outil essentiel

de la construction de l'organisation à venir. Il s’agit donc de fournir des repères et de favoriser

l'expression du projet entrepreneurial. La démarche doit permettre de se poser un certain

nombre de questions :

« Le projet c'est quoi ? »

Cet exercice permet non seulement au chercheur-intervenant de « s'approprier le projet » mais

aussi de permettre aux porteurs de projet de le formaliser autour de deux exercices. Le premier

exercice consiste à résumer en une phrase le projet. Celle-ci est relativement conditionnée par la

vision de l'organisation portée par l'entrepreneur. Cette vision est un « mélange » entre autres de

sa perception des attentes des clients, de la concurrence et de ses capacités. Le second exercice

consiste à dessiner le projet. Cet effort de représentation permet de prolonger le premier

exercice en permettant l'expression de choses qui n'apparaissent pas au niveau de l'écriture. De

plus, il permet à ce niveau de la réflexion de faire apparaître des éléments de cohérence par

rapport à la phrase rédigée précédemment. Bien souvent, la mise en perspective du dessein par

rapport à la phrase permet déjà de soulever un certain nombre de questions liées au projet.

« Le projet pour quoi ? »

Il s'agit de renseigner à partir des questions suivantes : à qui cela rend service ? Sur quoi agit le

projet ? Dans quel but ce projet existe ? Les réponses à ces questions permettent de confronter la

finalité du projet exprimée aux éléments de contexte de celui-ci. Notamment, cela amène

l'entrepreneur à se poser des questions par rapport aux clients potentiels (quelle forme prend la

clientèle ?) et par rapport à la concurrence (comment je positionne mon projet par rapport à ce

qui existe déjà ? Mais finalement qu'est-ce qui existe déjà ?). Ces différentes questions

obligeront ultérieurement l'entrepreneur à collecter des informations par rapport à ces éléments

afin de valider ses intuitions. En d'autres termes, il s'agit ici de faire ressortir la finalité du projet

et donc le positionnement du porteur de projet par rapport à sa propre organisation.

« Le projet fait quoi ? »

L'objectif ici est de décrire les différentes activités liées au projet. Au-delà de l'activité, les

informations amenées ici permettent de renseigner sur les ressources et les résultats de l'activité.

Cette question renvoie à une représentation projective de ce que sera l'activité dans un

fonctionnement quotidien. Cela permet, encore une fois de dimensionner le projet et de mettre

ces éléments en cohérence entre eux. En effet, si l'entrepreneur considère que pour son projet il

a besoin de 2 ou 3 personnes, ce n'est pas la même chose que s'il en fallait une dizaine. Ces

éléments conditionnent fortement par exemple la taille du local, le nombre de machines, les

résultats attendus et les aspects financiers.

« Quel environnement pour le projet ? »

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Il s'agit de s'informer sur les différents environnements liés au projet et au porteur de projet

(technique, politique, économique, juridique, culturel, géographique…) par rapport aux activités

et à la finalité du projet. Il est important de connaître les éléments du contexte qui risquent

d'avoir un impact sur la structuration de l'organisation. Ces différents projets favorisent le

questionnement a priori. Le fait de se poser toute une série de questions au niveau de ces

environnements oblige l'entrepreneur à réfléchir sur des aspects importants du projet, voire des

aspects qu'il n'avait pas forcément envisagés.

« Quelle histoire pour le projet ? »

De façon générale, les entrepreneurs sont invités à se positionner par rapport au passé, au

présent et au futur. Le premier temps consiste à s'interroger par rapport à des projets qui ont

peut être déjà existé, et aussi de comprendre comment évoluent la demande, la concurrence. Le

deuxième temps correspond aux décisions à prendre actuellement par rapport aux projets à la

lumière des éléments du texte envisagés précédemment. Enfin le dernier temps renvoie à

l'évolution du projet dans le moyen et le long terme. Il s'agit donc ici d'inscrire le projet dans

une perspective dynamique. Par rapport à ces éléments, il convient d'envisager ces différentes

questions de façon itérative. En effet, bien que l'on commence souvent par renseigner sur la

nature du projet (le projet c'est quoi ?), la réponse à cette question ne demeure pas figée. Elle est

réinterrogée lorsqu'on aborde les différentes questions. Il n'est pas rare en situation de voir

l'entrepreneur modifier, ajuster la question initiale en fonction de ses avancées dans le projet et

de sa collecte d'informations. Il en va de même pour les autres questions. Tout au long des

différentes étapes, il s'agit, par des allers-retours entre processus et finalité, de confronter la

cohérence entre les deux. Au final, ces différentes questions doivent permettre de connaître les

besoins du projet (financier, humain, technique ...) et de construire un outil synthétique qui

servira non seulement pour collecter des informations essentielles mais aussi pour communiquer

avec différentes personnes liées au projet.

3.2 Le projet entrepreneurial ActiCan

Lors des cours au sein de la HTW de Saarbrücken, Matthias Otte, participant du cours, était

confronté au système de consigne de boissons répandu sur tout le territoire germanique. Le

recyclage des contenants se caractérisait par : la variété de tailles et la classification des

bouteilles en deux catégories selon leur épaisseur et leur rigidité. Quant aux boîtes-à-boissons

de type « canettes » en aluminium ou acier, les contenants ne représentaient qu’un infime

pourcentage parmi le marché des boissons allemandes. Cela malgré la supériorité

environnementale de la canette face aux emballages traditionnels allemands. En analysant les

différents emballages, cet étudiant en est venu à la conclusion que la canette représentait un fort

potentiel en termes de revalorisation de la matière première, un système de consigne n’étant pas

établi à l’époque sur la totalité du territoire Français.

3.2.1 Une opportunité à construire

Dans l’année universitaire 2008-2009, lors du cours « construction et dimensionnement »,

Matthias Otte devait travailler sur un projet technique dont le sujet ainsi que l’équipe de travail

pouvaient être librement choisi. En reprenant l’expérience du système allemand de consigne de

boissons, il a décidé de travailler avec un collègue sur l’idée de développer une machine de

collecte et compactage des canettes de toutes tailles. Cela s’appellerait la machine Actican.

Après plusieurs interviews dans les médias locaux et la participation à un premier salon

technologique en 2011, la « Konstrukta » à Saarbrücken, ils ont été confrontés à de nombreux

encouragements venant de la part du public. « Cette vague d’euphorie nous a considérablement

motivés et a renforcé notre investissement personnel dans le développement ultérieur du projet.

C’est donc à partir d’octobre 2011 que le projet a réellement vu le jour à travers de nombreuses

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interventions médiatiques1 ». Ces rencontres étaient intéressantes car elles ont permis d’accéder

à un réseau de contacts et d’acquérir le soutien par de nombreuses organisations. Ils ont

rencontrés les acteurs classiques de l'accompagnement comme la pépinière Eurodev Center2 qui

leur ont donné le goût d'aller plus loin, mais elle restait très focalisée sur l’idée de création

d'entreprise à partir d'un plan d'affaires. Grâce aux ces rencontres ils ont appris l'existence d'un

nouveau dispositif au sein de l'Université de Lorraine destiné à développer la culture

entrepreneuriale auprès des étudiants.

3.2.2 La conception du projet : un parcours de questionnement

En mars 2012, Matthias Otte a choisi d'intégrer le PeeL pour un stage de six mois dans le cadre

d’une Business Unit. Il était le seul porteur du projet car son collègue avait abandonné l’idée

pour des raisons personnelles. La première rencontre avec les acteurs du PeeL s'est faite autour

de leur idée et de la façon dont il envisageait les choses. Matthias avait deux avantages. D’un

côté, il avait déjà créé la machine de compactage des cannettes. D’un autre le système générait

une forte reconnaissance régionale ainsi qu’une large présence médiatique. Manquait une

consolidation de tous ces avantages au sein d’un projet plus global. Il fallait donc sortir de la

notion de résultat évidente généré par le plan d’affaires et passer à la problématisation favorisant

la robustesse de l’idée.

Le premier scénario concernait un projet dont l’objectif était simplement d’aboutir sur un

résultat mécanique tangible, c’est-à-dire aboutir à une concordance entre calcul théorique et

mesures réelles lors de phases tests de la machine Actican. En tant que facilitateurs, les acteurs

du PeeL ont facilité la confrontation systématique de ce scénario. En effet, dans la mesure où

Matthias participait à des activités proposées par la PeeL il s’apercevait qu’il fallait donner une

vision plus globale. Evidemment, cela demandait d’un travail plus complexe au-delà des calculs

techniques prodigués de manière habituelle lors des cours universitaires.

Matthias a toute suite commencé à envisager son projet sous un autre angle plus réaliste,

s’accordant avec les limites technologiques du produit. C’était la construction d’un deuxième

scénario permettant de combiner le développement et l’adaptation évolutive du concept en

parallèle avec le développement technologique de la machine. A travers la méthode IDéO©

Matthias a commencé à évaluer la finalité du projet. Il s‘est posé de multiples questions qui

l’ont amené à collecter des informations sur la clientèle et la concurrence. Par rapport à la

clientèle, l’IDéO©

a en effet permis de révéler les motivations amenant les clients à s’intéresser

sur le projet. A savoir :

- Les lieux publics visent essentiellement les soft drinks. Les collecteurs de canettes seraient

donc placés en des lieus tels que les universités, les gares ou les entreprises.

- Ces établissements cherchaient en plus des solutions afin de centraliser la collecte d’ordures,

les canettes en faisant partie.

- Les résultats montraient que l’invention elle-même permettrait aux clients de la machine de

transmettre l’intérêt éco-responsable vers leurs propres clients.

- La machine permettait une augmentation de l’hygiène et limiterait les risques de

transmission viraux.

1 Janvier 2012 : Evènement solidaire «Solidarity Cup » ; Interviews Fréquence Fac et France

Bleu (attribution du « Tableau d’honneur ») ; Reportage TV « Bienvenue chez Vous »

Mars 2012 : Reportage France 3; Participation au « Forum des métiers » à Veymerang ;

Intervention lors du colloque « Innovation Responsable » à Epinal

Mai 2012 : Participation à la journée événementielles « le recyclage et moi »

Juin 2012 : Gagnant du concours Innovation Responsable ; Interview France Bleu 2 Eurodev Center est une pépinière implantée sur la zone frontalière Forbach-Sarrebruckg. Elle

fournit gratuitement un ensemble de services pour aider au mieux les créateurs à évoluer dans

un climat à la fois professionnel et convivial.

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Cela montrait que la machine Actican serait donc bien accueillie par les clients potentiels. Il

restait encore évaluer des aspects supplémentaires afin de réaffirmer ce côté positif du projet.

En suivant la démarche IDéO©, Matthias a évalué les différentes environnements et activités liés

au projet. Lorsque Matthias s’est questionné sur les activités à mettre en place, la question

portant sur la production des machines est devenue un point essentiel du projet. En fait,Matthias

était face à deux situations :

- A la lumière des analyses, l’achat de machines-outils1 présentait un avantage décisif : le

contrôle total sur la production de diverses pièces ainsi qu’une flexibilité d’usinage.

Cependant, l’analyse financière montrait au même temps que ces machines numériques

étaient très onéreuses.

- L’autre possibilité serait de couvrir la totalité de la production en externe. C’était une

décision liée à la stratégie entrepreneuriale, notamment pour des raisons de propriétés

industrielles.

Alors, comment Matthias pouvait-il faire la production de l’Actican en gérant de façon

efficiente le côté financier au même temps que la stratégie de propriété industrielle ?

Matthias a continué à faire des analyses supplémentaires et consulté également les facilitateurs

du PeeL. Finalement, le retour de la part des personnes lors de la présentation du projet a permis

d’éclairer les idées. La majorité de la production serait donc couverte à l’extérieur. En

conséquence, la stratégie s’est portée sur le côté innovant du développement technologique et

pas sur la production de la machine.

Concernant les aspects environnementaux, la recherche d’information supplémentaire l’a

conduit à une étude menée par Generalli CSA2. Cette étude montrait l’existence d’un véritable

intérêt de la part des chefs d’entreprises sur le sujet du développement durable. Par ailleurs, en

consultant la réglementation nationale, il a trouvé des informations sur les intentions du

gouvernement de rentrer pleinement dans la démarche de développement durable répondant aux

critères européens : un critère favorisant l’environnement politique rapporté au projet.

Du côté technologique, l’Actican proposait davantage des solutions innovantes notamment en

matière de consommation énergétique, de fonctionnement autonome grâce au solaire ainsi qu’à

la réduction des coûts de production avec des matériaux composites. Matthias a focalisé son

attention sur des questionnements permettant d’analyser des multiples facteurs, mais aussi, il a

inscrit le projet dans une perspective dynamique où ces différentes questions s’envisageaient de

façon itérative. Tout au long des différentes étapes de la démarche IDéO©, il a constamment

construit des allers-retours entre le processus de construction du projet et la finalité de celui-ci.

Ce deuxième scénario a amené Matthias à conclure que « le processus de compactage ne

changerait pas de manière dramatique. C’était essentiellement l’environnement autour de la

machine qui était susceptible de changer ». En effet, grâce au processus de questionnement

autour de la conception Matthias a réussi à créer le projet entrepreneurial Actican, un projet de

plus en plus robuste qui a changé le concept traditionnel sur le recyclage et la production

d’énergie. C’est un concept innovant s’inscrivant dans le recyclage/revalorisation et dont le

dispositif est breveté (voir Figure 3).

1 Ce sont de machines permettant d'usiner toutes sortes de pièces pour l’Actican.

2 L’étude intitulé : « Les décideurs face aux nouveaux défis de société », Avril 2011. Publié

dans http://static.lentreprise.com/pub/pdf/Synthese_RAPPORT_GENERALI-CSA_2011.pdf

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Figure 3. Modèle de la machine Actican1

3.2.3 Le temps de la traduction : un parcours riche de critiques

La formation à l’université, de caractère notamment technique, a été très utile pour la réalisation

du projet. Au début, Matthias a monté ce projet en ayant inconsciemment une réflexion

"d'ingénieur". Ce qui limitait, hormis la technicité du produit, très fortement le bon

développement du concept ainsi que l'analyse des domaines connexes. Par exemple, autour de la

gestion du projet ou encore la prise de décisions.

Depuis le départ de son collègue, Matthias était le seul à prendre les décisions. « C’est moi qui

dirige le projet et qui choisit d’exploiter telle ou telle voie menant au but. Cependant, il est

difficile de garder un avis et des prises de décisions objectives. C’est d’ailleurs la raison pour

laquelle je conseille à tous les créateurs de s’associer avec quelqu’un lors des phases en amont

d’un point clé du projet qui elles-mêmes sont sujettes à des débats, qui bien souvent créent des

divergences». Le projet Actican était très complexe et rassemblait beaucoup de disciplines, la

prise de décision devenait de plus en plus difficile notamment face aux jugements des parties

externes au projet.

Dans cette perspective de confrontation, le parcours au sein du PeeL a notamment favorisé les

réunions d’échanges entre ces parties externes. A travers ces différentes manifestations, le

porteur de projet a eu l’occasion de récolter des avis, remarques et critiques par rapport au projet

permettant de cerner les points forts et faibles. C’était également la possibilité de tester

doublement, et de manière pertinente, la partie physique et mécanique représentant le mobilier

1 Le concept concerne un mobilier urbain d’une taille d’environ 1,4m de haut à section carrée

d’environ 0,5x0,5 m

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urbain en tant que tel, ainsi que le concept entrepreneurial et les points marketing, financiers…

Cette étape de traduction devant les parties prenantes du projet, ainsi que des personnes externes

a apporté de nombreuses améliorations au projet dans toute son ampleur.

Les critiques et conseils ont peu à peu éclairé le discours ainsi que l'élaboration du concept trop

monotypé. Le dispositif « « Business Unit »»l’a encouragé à observer, à échéances régulières, le

détachement progressif entre perception « ingénieur » et perception entrepreneuriale du projet.

Pour Matthias, la méthode IDéO© s’apparente à un outil permettant de construire un projet

entrepreneurial se basant sur des facteurs pas forcement évidents au départ. « Dans la « Business

Unit »on peut également simuler à travers les présentations une éventuelle intervention

ultérieure auprès d'un banquier. Elle peut de même tester sa capacité à convaincre ainsi que son

professionnalisme dans un cadre sans conséquences. Notons également les aspects de réseautage

et de redirection vers différents professionnels pour toute question ne trouvant pas de réponses

directes auprès des membres du PeeL ».

Par rapport à d'autres structures d'encadrement Matthias pense que le dispositif « Business Unit

» permet aux étudiants l’intégrant « d'annihiler fausses convictions et croyances liées à sa

propre perception de son univers entrepreneurial, traduites par de véritables barrières freinant la

fructification du projet dans toute son ampleur ». Matthias apparaît ainsi comme un individu très

précis dans sa vision des choses et convaincu de la viabilité de son projet. Armé de cette

conviction, il devait faire face aux critiques. D’un côté, la vue subjective de sa famille dont les

valeurs étaient au centre du jugement. D’un autre côté les enseignants, les banques qui le

regardaient de manière objective, seulement du point de vue du résultat. « Leur jugement est

assez cru, et, leurs perspectives se basent uniquement sur la partie visible du projet. On peut

comparer ce comportement à un iceberg : seule une petite partie dépasse de l’eau autorisant le

regard extérieur des individus. La partie immergée représente les démarches internes au projet,

invisibles aux regards extérieurs ». Face à cette ambiance, le projet entrepreneurial était l’outil

permettant d’expliquer la vision, de transmettre l’idée et d’exprimer ce qu’il voulait faire de son

avenir. Et le parcours « Business Unit» a favorisé la construction ainsi que l’évaluation (voir

figure 4) du projet. En plus de rapprocher les aspects internes et externes cet outil a favorisé la

construction de la vision sur Actican mais aussi la façon de le faire compressible. C’était la

façon de le traduire devant les banques, les fournisseurs ou encore d’autres collègues

appartenant à la Business Unit.

En tant que chef d’entreprise Matthias conservait son rôle de meneur, mais avait conscience du

besoin de s’inspirer, s’entourer et écouter les avis des autres nourrissant les prises de décisions

futures. Il était capable de gérer un certain type de situations qui seraient leur quotidien. A

travers la démarche IDéO©, il s’est préparé à piloter leur propre projet d’entreprise pendant la

période de stage. Même s’il était plus simple d’entrer dans un marché « non innovateur » où il

est plus facile de comprendre et d’évaluer son fonctionnement, il envisageait son projet au-delà

de la réalisation de tâches simples. Précisément parce que sa formation technique lui démontrait

que tout ne peut pas être représenté par les calculs.

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Figure 4. Flash point du projet Actican

1

4. Eléments de retour

L’expérience de terrain, nous a permis de voir dans un certain nombre de cas les difficultés de

problématisation qui pouvaient exister au niveau des projets entrepreneuriaux. Il s’agit d’un

travail introspectif permettant de formaliser le projet en le donnant du sens et de la cohérence.

Ce processus n’est pas évident et c’est l’entrepreneur qui doit identifier et réorganiser les

éléments de son contexte pour construire la situation entrepreneuriale.

4.1 La nécessité de problématiser

Bien souvent, les entrepreneurs avouent avoir repéré une opportunité, plus ou moins vague,

mais de façon générale, ils ont du mal à l'exprimer. Le travail autour des cinq modules de

questions leur a permis de mieux préciser l'objet de leur réflexion. L’entrepreneur n’a pas

forcément de méthode pour l’aider à se représenter la situation entrepreneuriale. De plus, il n'a

pas l'habitude de réfléchir sur des situations pas ou mal définies. Enfin, il convient de souligner

l'importance de la problématisation pour donner du sens à la représentation et à l’opportunité

retenue. Évoquons le cas de Matthias. Au début du projet l’objectif était simplement d’aboutir

1 Ce flash point est un diagramme illustrant des points clés du projet. Il montre le progrès, les

réalisations et permet d´identifier les atouts et faiblesses dans un temps précis. C’est un outil de

communication pour l’équipe d’accompagnement mais il peut être visible des autres partenaires

du projet.

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sur la concordance entre calcul théorique et mesures réelles lors de phases tests de la machine.

En réfléchissant, il fallait inclure un concept réaliste montrant les limites technologiques du

produit Actican. Finalement le projet a été conçu pour changer le concept traditionnel sur le

recyclage et la production d’énergie, vers un concept global, plus réaliste sur le

recyclage/revalorisation.

4.2 L'importance de la relation entre conception et action

La méthode mise en place favorise le développement et la structuration d’un projet à partir

d’une opportunité, à partir d'une représentation d'une réalité à venir. Le fait de répondre aux

différentes questions liées à la méthode oblige les entrepreneurs à structurer leur réflexion. Á

travers ces éléments, cela sous-entend que l'action (ce que fait l'entrepreneur) et la structure (les

moyens mobilisés pour l'action) se co-déterminent par récursivité dans les interactions. En effet,

ces deux éléments apparaissent comme indissociables pour le bon développement de projets

entrepreneuriaux. Dans notre cas, en termes d’efficacité financière, le porteur de projet était

face aux deux possibilités. La première, c’était la production externe de la machine Actican. Ce

qui demandait d’analyser le côté de la propriété industrielle du produit. La seconde concernait

l’achat des machines-outils fabriquant les parties de l’Actican. Cela assurerait la protection de

l’invention mais demandait aussi de l’investissement. La réflexion autour de ses possibilités a

finalement amené Matthias à se focaliser uniquement sur le côté innovant du développement

technologique.

4.3 La nécessité de communiquer autour du projet

La démarche proposée favorise la communication entre la structure du projet et des personnes

pouvant être liées de près ou de loin au projet. Cette communication se fait notamment au cours

de la phase de problématisation du projet. Mais aussi une fois celle-ci à terminée. Le projet

Actican est un projet dont les aspects techniques sont très solides. En fait c’est un ingénier

mécanique qui est à la tête du projet. Le travail de problématisation a permis à cet ingénieur-

entrepreneur d’organiser un discours permettant de communiquer l’idée et de comprendre le

projet. Notamment le côté technique. A travers les différentes manifestations tant à l’intérieur de

la «Business Unit» que dans les évènements publics, Matthias a eu l’occasion de récolter des

avis, remarques et critiques par rapport au projet permettant de cerner les points forts et faibles

de ce dernier. C’était également la possibilité de tester la partie physique et mécanique de la

machine ainsi que les points marketing, financiers… Par ailleurs, le fait d’avoir pu montrer son

projet dans des divers champs (entretiens, concours…) a permis d’accéder à un réseau de

contacts et d’acquérir un soutien par de nombreuses organisations.

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Conclusions

Comme nous l’avons souligné au début de cet article, l’entrepreneuriat a été envisagé

notamment vers la création d’entreprise. A ce titre, les institutions éducatives intéressées

par l’entrepreneuriat ont développé et adopté des pédagogies diverses allant dans ce sens.

Alors que les établissements développent souvent des programmes focalisés sur

l’adoption d’outils conduisant à la création d’entreprise, l’évolution de l’entrepreneuriat

nécessite de développer et mettre en place des méthodologies adaptées à des situations

rencontrées par les étudiants. Il s’agit sortir de la notion de finalité et de faire une

réflexion plus large autour du processus d’apprentissage entrepreneurial.

A ce titre, la pédagogie par projet contribue en effet à envisager l’accompagnement

entrepreneurial dans une dimension globale donnant de l’importance à l´évolution du

contexte. En abordant la complexité de la réalité entrepreneuriale, la construction d’un

projet entrepreneurial réel permet de relier les processus de conception et réalisation afin

d’acquérir de la cohérence. Autrement dit, il favorise la construction de la

problématisation autour d’une idée de départ.

Dans cette perspective de création et de cohérence, le dispositif « Business Unit » comme

pédagogie d’accompagnement entrepreneurial amène les porteurs de projet à se faire une

représentation globale des situations à construire. En promouvant le questionnement, cette

démarche essaie également d’aider les entrepreneurs à découvrir des nouvelles projections

autour de leur projet et à envisager des nouvelles opportunités d’affaires.

Actican est un projet entrepreneurial permettant de voir le déploiement du dispositif « Business

Unit », pour lequel la construction de l’idée de départ a permis de mieux développer une

opportunité autour du recyclage et la génération d’énergie . Grâce à la méthode IDéO©,

Matthias Otte a consolidé un projet robuste attirant l’intérêt de divers secteurs publics et

privés. Il semble donc évident d’envisager la conceptualisation de l’entrepreneuriat du

point de vue du processus au sein duquel participent les porteurs mais aussi des personnes

extérieures.. Ces interactions sont un espace pour l’échange de points de vue différents

dans une logique de co-conception et de valorisation du projet entrepreneurial.

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