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ECOLE NATIONALE DARCHITECTURE ET DURBANISME DE TUNIS Département dArchitecture Recueil cours Histoire de larchitecture La Grèce antique Première année Par Hind KAROUI Assistante

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ECOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME DE TUNIS Département d’Architecture

Recueil cours Histoire de l’architecture La Grèce antique

Première année

Par Hind KAROUI Assistante

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P.2/ L’Architecture des civilisations antiques

PARTIE 2, COURS 4, L’ARCHITECTURE GRECQUE

PLAN

INTRODUCTION

I. L’architecture des temples grecs

1. Utilisation des ordres

1.1 Description des ordres

1.2 Naissance et origine des ordres d’après Vitruve

1.3 Récapitulation

2. Le temple dorique

A. Temple d’Artémis à Corfou

B. Temple d’Héphaïstos à Athènes

C. Parthénon

3. Le temple ionique

A. Ereichtéion

B. Temple d’Athéna Niké

C. Temple d’Héra IV à Samos

D. Temple d’Apollon à Didymes

E. Temple d’Artémis à Ephèse

F. Temple d’Athéna à Delphes

G. Temple de Zeus à Athènes (corinthien)

4. Combinaison des ordres

A. Temple d’Apollon Epicourios à Bassæ

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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INTRODUCTION

Dans le cours précédent, nous nous sommes arrêtés à l’étude de la forme primitive de l’architecture

religieuse qui correspond à celle de l’âge « géométrique ». Durant les trois périodes successives1,

« archaïque » (700 – 480), « classique » (480 – 336) et « hellénistique » (336 – 30), l’architecture des temples

connaîtra une évolution importante tant au niveau des matériaux de construction qu’au niveau des modes

d’utilisation des éléments architecturaux majeurs (colonnes, piliers, fronton, couvertures en charpentes) et

de l’organisation de l’espace intérieur.

Une telle évolution marquera très profondément l’histoire de la civilisation grecque. Les provinces

colonisées vont se multiplier autour du bassin méditerranéen mais chaque cité gardera sa propre

indépendance et développera son propre régime politique (monarchique, aristocratique, démocratique).

Les cités étaient fortifiées. Les hommes habitaient au flanc des collines et des falaises, dans la « ville

basse », dans des maisons en bois ou en briques crues, assez modestes, afin de laisser aux dieux les

endroits les plus stratégiques et les plus inviolables, la « haute ville » ou l’Acropole. Celle-ci abritait les

grands sanctuaires qui occupaient une vaste aire sacrée englobant :

- Un terrain vague, le « téménos », pouvant servir de zone de refuge pour les exilés et les esclaves

fugitifs.

- Un ou plusieurs temples

- Un ou plusieurs autels qui sont des édifices édifiés devant le temple où se déroule le sacrifice des

bêtes (taureaux) pour les offrir au dieu ou à la déesse, patronne du lieu.

- Les trésors qui sont de petits monuments abritant les offrandes précieuses faites à l’occasion d’un

événement important (victoire, miracle)

Dans ce tableau, nous avons regroupé les plus importants sanctuaires érigés dans le monde Grec :

Type Signification Lieu Parmi les édifices construits

Oraculaire Les pèlerins s’y rendaient pour entendre la parole du dieu (la voix de la sagesse)

Delphes Temple d’Apollon (370 – 330) Trésor des Athéniens (temple offert à Apollon, 490 – 485 av J.-C) Théâtre

Festif Abrite les Jeux sportifs qui sont célébrés autour d’une divinité

Corinthe Temple de Poséidon

Olympie Temple d’Héra, temple de Zeus (470 – 457)

Religieux Lieu de pèlerinage pour tout le monde Grec

Délos Temple d’Apollon Temples de Zeus et d’Athéna Théâtre

Athènes Parthénon, Ereichtéion, temple d’Athéna

Lieu de pèlerinage pour les fidèles, les malades et les blessés

Bassæ Temple d’Apollon Epicourios (guérisseur)

1 L'époque archaïque est celle de la création de l'alphabet grec et de la proclamation des jeux olympiques qui s’y déroulaient à Olympie (-776). Les jeux faisaient partie des rites religieux autour du dieu des dieux, Zeus, dont le temple se trouvait à proximité du gymnase et du stade. L’époque classique couvre l'apogée d'Athènes sur le plan militaire, politique, culturel et artistique (littérature, philosophie, théâtre avec des hautes personnalités légendaires telles que Homère - poète et auteur de l’Illiade et de l’Odyssée d’Ulysse - Aristote, Platon, -auteur de La Timée - et Hérodote - historien et homme de lettre). L’époque hellénistique est marquée par l'empreinte d'Alexandre le Grand, le roi macédonien qui a conquit la Grèce. A travers son Empire, il diffuse la culture hellénistique en Perse, en Egypte (Alexandrie), en Mésopotamie et jusqu'en Asie. Ce conquérant mourut à Babylone, dans le palais de Nabuchodonosor II (- 323).

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Les autres monuments de la ville tels que les édifices administratifs (prytanées), les salles d’entraînement

(palestres, gymnases) et les lieux de spectacle (théâtres, stades, hippodromes) étaient situés à la périphérie

de l’aire sacrée, le « royaume des dieux ».

Les divinités formaient une grande famille unie par les relations de parentés et de mariages. Elles faisaient

l’objet de récits et de mythes (légendes héroïques) et étaient représentées sous une figure humaine. Pour

les Grecs, trois dieux se partageaient le monde :

- Zeus, « le père des dieux et des hommes », régnait sur la terre et sur le ciel. Ses deux

frères, Poséidon et Hadès régnaient successivement sur la mer (royaume des océans) et

l’enfer (royaume des morts).

Parmi les autres divinités nous citons :

- Héra, sœur et épouse de Zeus, déesse des mariages.

- Apollon, fils de Zeus, musicien. Il régnait sur l’art et la beauté.

- Athéna, fille de Zeus, déesse de la guerre, de la sagesse et de l’artisanat. Elle était une

déesse poliade1, c'est-à-dire elle protégeait une cité, Athènes.

- Artémis, fille de Zeus, déesse de la chasse, protectrice de la fertilité.

- Déméter, déesse des moissons et des récoltes.

- Dionysos, fils de Zeus, dieu du vin. Il était célébrait lors des fêtes et des représentations

théâtrales.

La religion grecque compte aussi de nombreuses divinités secondaires et des demi-dieux. D’après le poète

Hésiode, les dieux seraient 50.000 « qui vivent sur terre et s’occupent des humains »2.

I. L’architecture des temples grecs

1 Poliade, issu de « polis » qui veut dire « cité ». 2 Roland Martin, Monde Grec, Office du livre, 1964, 192p, p.13.

L’acropole d’Athènes : Tous les bâtiments érigés datent de la

seconde moitié du Vème av J.-C

La fonction esthétique du temple était

essentiellement de marquer un lieu géographique

(colline, falaise) avec une présence monumentale qui

incarne le pouvoir divin. Le sanctuaire est « la part de

la divinité dans le paysage. »

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La plupart des temples grecs étaient de formes rectangulaires (hormis quelques rares exemples de temples

circulaires et composites) et constitués d’éléments fixes voulant être en parfait équilibre et harmonie entre

eux.

La forme générale prévoit une colonnade intérieure soutenant le plafond et parfois une colonnade

extérieure contournant l’ensemble. Cette colonnade est appelée péristasis. L’espace produit est le

péristyle et sera une des caractéristiques majeures des temples grecs. Dans la tradition locale, les temples

devaient être orientés suivant l’axe Est-Ouest pour qu’au lever du soleil, la cella s’éclaire par les premiers

rayons lumineux.

En fonction du style, des proportions et du nombre des colonnes dressées, on distingue:

- Le temple à plan périptère : une colonnade sur les quatre côtés

- Le temple à plan diptère : double colonnade sur chacun des côtés

- Le temple à plan pseudodiptère : une colonnade autour du temple mais éloigné de celui-ci

- Le temple à plan pseudopériptète : la colonnade est intégrée aux murs extérieurs

1. Utilisation des ordres

L’élévation du temple, formée par la colonne, l’entablement et la corniche, répond à un système structurel

et de mesures qui n’a fait que se perfectionner dans le temps. Ce système prend le nom de

« ordre architectural». L’ensemble des éléments assemblés selon un rapport proportionnel bien étudié

caractérise le style de l’édifice.

Dans l’architecture grecque nous distinguons trois ordres majeurs : l’ordre dorique, l’ordre ionique et

l’ordre corinthien. Les traits spécifiques apparaissent dans la forme du chapiteau, les dimensionnements de

la colonne ainsi que dans la forme de l’entablement.

La colonne dorique

La colonne ionique

La colonne corinthienne

pseudodiptère

pseudopériptère

Est

Ouest

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1.1 Description des trois ordres

La colonne dorique est assez épaisse, striée de 20 cannelures verticales reposant directement, sans une

base, sur une plate-bande continue appelée le stylobate. Le chapiteau est simple. Il supporte une poutre

horizontale : l’architrave, elle-même surmontée d’une frise formée d’une alternance de triglyphes (blocs

présentant trois baguettes verticales en relief) et de métopes (panneau de remplissage entre deux

triglyphes, décorée aussi en relief). Au dessus de la frise se trouve la corniche. L’ensemble de ces trois

éléments (architrave, frise, corniche) constitue l’entablement qui sert de point d’appui à la charpente du

toit en double pente (double versant). L’espace triangulaire formé par les deux versants est le fronton qui

est toujours richement orné par un décor sculpté.

La colonne ionique est plus fine et striée de 24 cannelures verticales. Elle repose, contrairement à la

colonne dorique, sur une base tripartite. Le chapiteau est composé de volutes. L’architrave est faite d’une

superposition de deux ou trois plates-bandes en saillie. Une frise surmonte l’ensemble. Des scènes et des

récits sont représentés en relief le long de ce bandeau formant la frise.

Crépis

Fronton

Entablement

Colonne

La colonne corinthienne est plus élancée et plus fine que la colonne

ionique. Elle présente 20 cannelures verticales reposant sur une base

tripartite. Le chapiteau est à feuilles d’acanthe sur les 4 côtés. La

partie supérieure : entablement et fronton, reproduit le modèle

ionique.

Nous remarquons que pour les trois ordres, les cannelures servent à

accentuer la fonction statique et plastique de la colonne. Toutes les

colonnes se rétrécissent vers le sommet.

Corniche Frise Architrave

Chapiteau Fût

Stylobate Marches Assise

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1.2 Naissance et origine des ordres d’après Vitruve

Vitruve, architecte et ingénieur romain, auteur du premier traité sur l’architecture1, relate les origines des

ordres doriques, ioniques et corinthiens. Il fait voir comment les architectes grecs ont puisé leur

inspiration de la nature et du corps humain. Nous pouvons ainsi qualifier l’attitude des architectes grecs

d’anthropomorphique.

« Lorsqu'il fut question d'élever les colonnes du temple d’Apollon, comme on ne savait pas bien

quelles proportions il fallait leur donner, on chercha les moyens de les rendre assez solides pour

qu'elles puissent supporter le fardeau de l'édifice, sans rien perdre de la beauté du coup d'œil.

Pour cela on eut recours à la longueur du pied de l'homme qui fut comparée à la hauteur

de son corps. C'est sur cette proportion que fut formée la colonne; la mesure du diamètre qu'on

donna au bas du fût, on la répéta six fois pour en faire la hauteur, y compris le chapiteau. Ainsi

commença à paraître, dans les édifices, la colonne dorique offrant la proportion, la force et la

beauté du corps de l'homme ….

Plus tard ils élevèrent un temple à Diane, et, cherchant pour les colonnes quelque nouvel

agrément, ils leur donnèrent, d'après la même méthode, toute la délicatesse du corps de la

femme, Ils prirent d'abord la huitième partie de leur hauteur pour en faire le diamètre, afin

qu'elles s'élevassent avec plus de grâce. On les plaça sur des bases en forme de spirale, qui

figuraient la chaussure; le chapiteau fut orné de volutes qui représentaient la chevelure

dont les boucles tombent en ondoyant à droite et à gauche….Ainsi furent inventés ces deux

genres de colonnes : l'un emprunta au corps de l'homme sa noblesse et sa simplicité,

l'autre à celui de la femme, sa délicatesse, ses ornements, sa grâce…

La troisième, qu'on nomme corinthienne, représente toute la grâce d'une jeune fille….Les

colonnes corinthiennes ont les mêmes proportions que les colonnes ioniques, à l'exception du

chapiteau dont la grandeur fait qu'elles sont, à proportion, plus hautes et plus déliées, puisque

la hauteur du chapiteau ionique n'est que de la troisième partie du diamètre de la colonne, tandis

que celle du chapiteau corinthien en a le diamètre tout entier. Cette différence en plus de deux

parties de diamètre donne à la colonne corinthienne une hauteur qui la fait paraître plus

délicate…Les autres membres qui portent sur les colonnes corinthiennes empruntent leurs

proportions et leur ordonnance à l'ordre dorique ou ionique…

Des deux ordres on a donc formé un troisième, n'ayant que le chapiteau qui lui

appartienne.»2

1 De architectura. Voir le cours de théorie de l’architecture intitulé « Vers l’architecture, l’espace et la forme architecturale » 2 L'architecture de Vitruve, Tome I. Traduction nouvelle de M. Ch.-L. Maufras, Paris, éditeur C. L. F. Panckoucke, 1847, pp. 333-341.

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1.3 Récapitulation :

Les trois ordres sont apparus dans diverses zones géographiques et durant diverses périodes. Dans ce

tableau, nous avons indiqué les éléments caractéristiques de chaque ordre se manifestant au niveau de la

colonne ainsi que les dates et les lieux de naissance.

Style Caractéristiques Forme du chapiteau Période d’origine Zones géographiques

Dorique Simplicité robuste Chapiteau composé d’une moulure convexe

VIIIe av J.-C Aire occidentale de la Grèce (Péloponnèse)

Ionique Plus léger et élégant Chapiteau à deux volutes symétriques séparées d’une frise sculptée

VIe av J.-C Aire orientale de la Grèce

Asie Mineure

Corinthien Plus chargé Chapiteau à feuilles d’acanthe (plante aquatique)

IVe av J.-C Aire de Corinthe (Grèce orientale)

Carte géographique du monde Grec à l’époque hellénistique

« Grande Grèce »

Asie Mineure

Macédoine

Sicile Grèce occidentale

Grèce orientale

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2. Le temple dorique

Le plan du temple dorique dérive de l’ancien plan en mégaron apparut à Mycènes1. De l’extérieur vers

l’intérieur, on trouve une succession d’espaces réglés entre eux par un souci extrême de mesure, d’équilibre

et de proportion :

- Le péristyle : Il s’agit de l’espace produit par la colonnade extérieure qui entoure l’édifice sur ses

quatre côtés. Le rapport de proportion appliqué entre la largeur et la longueur du péristyle est le

½ qui répond à l’opération arithmétique suivante : n (nombre de colonnes sur le petit côté) /

2n+1 (nombre de colonnes sur le grand côté). Il est à noter qu’il y a des temples doriques (et

même ioniques) sans péristyle. Ils se distinguent par la forme du portique d’entrée.

- Le portique : C’est le porche principal marquant l’entrée. Le nom architectural du portique

dépendait du nombre de colonnes qui le constituait (nombre pair) : tétrastyle (4), hexastyle (6),

octastyle (8) décastyle (10).

Le portique peut épouser deux typologies particulières : aligné (« in antis ») ou en saillie

(prostyle).

Parfois, on peut avoir une colonnade dressée devant le portique sur un ou deux côtés opposés.

Dans ce cas, nous parlons de plan de type amphiprostyle.

- Le pronaos : C’est la salle à usage de vestibule (lieu de passage et de transition) précédant le naos

(noyau du temple)

- Le naos ou cella : C’est la salle la plus importante du temple renfermant la statue de la divinité à

laquelle le temple est dédié. La forme la plus évoluée de la cella prévoit une colonnade à deux

niveaux, faisant ressortir l’espace central, le foyer, où est placée la statue du dieu.

- L’opisthodome : C’est la salle arrière, située au fond du temple. L’opisthodome peut être séparé

de la cella par une porte, dans ce cas il abrite le « trésor » de dieu (salle du trésor). Il peut, par

contre, former un vestibule arrière pour y mettre les offrandes offertes au dieu par les fidèles. Il

est dans ce cas accessible de l’extérieur. Cette dernière disposition est la plus fréquente.

1 Voir cours précédent : « L’architecture palatiale égéenne »

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Nous remarquons donc qu’en un siècle et demi, l’ordre dorique a trouvé son équilibre : les proportions

sont plus ramassées, les colonnades mieux intégrées au plan et l’espace intérieur mieux adapté à sa

fonction première : abriter la statue.

Deux temples doriques :

- En haut, le temple d’Artémis à Corfou,

- 590, avec le portique « in antis » et son

opisthodome communiquant avec la cella.

- En bas, le temple d’Héphaïstos à

Athènes, -449. Nous remarquons que la

cella est mieux définie et mieux cernée

grâce à la colonnade en U qui entoure la

statue.

N

Le temple d’Héphaïstos : le dieu du feu, des volcans et des forgerons.

Le règne de Périclès, de 447 à 429 av J.-C, a été l’un des plus prospères de l’histoire de la Grèce antique.

Sorti vainqueur sur les Perses, le roi voulait souligner davantage la prédominance d’Athènes dans la région.

Il décida d’entreprendre la reconstruction de l’Acropole (437 – 432 av J.-C) en faisant appel à deux

architectes du pays Ictinos et Callicratès et à un sculpteur renommé Phidias1.

C’est dans la partie Sud de l’Acropole qui est érigé le temple principal dédié à la déesse Athéna2, patronne

de la cité, appelé le Parthénon (salle de la vierge). Situé à une hauteur de 156m, il était construit en marbre

blanc, entre 447 et 438 avant J.-C et faisait 69,5 x 30,85 m.

3. Le temple ionique

1 Phidias, athénien, homme de confiance de Périclès. Il va marquer, par son génie et son savoir-faire, les créations sculpturales de tout le monde hellénique. 2 La fête que les Athéniens célébraient en honneur de leur patronne s’appelle les Panathénées. C’est une procession qui se déroule une fois par an. Tous les 4 ans, la Grèce fête les « grandes Panathénées » auxquelles participent des gens venus de toutes les régions et de toutes les provinces (un pèlerinage en masse).

Statue d’Athéna

Cella

Salle des vierges

Opisthodome

Pronaos

Ce qui donne une allure élégante au Parthénon est son

péristyle composé de 8 colonnes en façade et 17 colonnes

sur les deux côtés latéraux (proportion 2n+1, n=8). Le

pronaos est hexastyle (6 colonnes). L’intérieur de la cella est

lui-même scandé par une série de colonnes doriques à deux

niveaux. L’espace central est réservé à la statue colossale

d’Athéna (12m de haut), œuvre de Phidias. Construite

entièrement en or et en ivoire, la statue est dite

chryséléphantine. Durant les Panathénées, des jeunes filles

apportaient à la déesse une tunique brodée. Au fond du

temple se trouve la salle des vierges réservée au « trésor »

(objets précieux, meubles, bijoux). Quatre colonnes

ioniques sont dressées au milieu de la pièce. Une porte relie

celle-ci avec l’opisthodome, ouvert en portique sur

l’extérieur. C’est là où les fidèles déposaient les offrandes.

LEGENDE (intérieur de la cella)

1. Assise

2. marches

3. Stylobate

4. Pronaos

5. Colonnes doriques du niveau supérieur

6. Charpente recouverte de tuiles

7. Colonnes doriques

8. Architrave

9. 10. Frise faite de triglyphe et de métope

11. Fronton

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L’architecture du temple ionique est simple et raffinée. Au début, les colonnes à chapiteau ionique étaient

utilisées seulement comme éléments de support intérieurs dans les temples doriques (Parthénon). Ce n’est

qu’au courant du Vème s, à Athènes, que l’ordre ionique triomphera avec le temple original de

l’Ereichtéion (421-406 av J.-C). Ce dernier était dédié à trois divinités locales (Poséidon, Erechtée et

Athéna).

Ce qui caractérise les temples ioniques de ceux doriques est l’absence de l’opisthodome. En outre, il existe

une diversité de plans de temples ioniques. Cette diversité est dictée par les dimensionnements de la

construction, par la forme, le nombre et le type de répartition des colonnes autour et à l’intérieur du

temple.

Plan composé à 3 portiques (les trois rectangles sont proportionnels)

Les six colonnes ioniques dressées devant la cella d’Athéna

L’un des portiques (Sud) est composé de statues de femmes utilisées comme colonnes : ce sont les caryatides.

Reconstitution de l’Ereichtéion

Cella d’Athéna

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Nous distinguons :

- Les temples les plus petits, dépourvus de péristyle, qui sont soit « in antis » (aligné), soit prostyles

(en saillie), soit amphiprostyles (colonnade devant le pronaos).

- Les temples les plus importants possèdent un péristyle et sont de trois types : périptère (une

colonnade extérieure), diptère (double colonnade extérieure), pseudo-diptère (une colonnade

éloignée).

Remarque : Les temples à cour sont appelés hypèthres. Vitruve, dans son traité (Livre III), dit qu’ils avaient tous 10 colonnes à l’avant et à l’arrière (décastyles). Autre exemple de temple dont l’espace central est en partie découvert est le temple de Zeus Olympien à Athènes.

Plan et coupe sur le temple d’Athéna Niké (427-424 av J.-C), situé dans l’Acropole d’Athènes. Il est de type amphiprostyle tétrastyle (tétra = 4)

Deux temples ioniques diptères de deux périodes différentes : En haut, le temple d’Héra IV à Samos (Fin VIe – époque archaïque). En bas, le temple d’Apollon à Didymes (époque hellénistique) témoignant d’une architecture plus colossale. Le crépi est à 7 degrés d’une hauteur globale de 3m15. Depuis le pronaos on accède à un grand escalier menant à la cella qui est une cour à ciel ouvert. Au fond se dresse un petit temple prostyle qui abrite la statue de culte d’Apollon.

Vue du temple d’Athéna Niké

Ce qui reste du temple d’Apollon à Didymes (Asie Mineure, -330). Vue sur le haut crépi et les fines colonnes ioniques.

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En Asie Mineure, conquise par Alexandre le Grand aux environs de l’an 334 av J.-C, l’ordre ionique

connaîtra son plus grand moment d’épanouissement dans le grand temple d’Artémis à Ephèse, classé la

quatrième merveille du monde antique1.

Cet édifice, construit entre 340 – 250 av J.-C, était le plus important de la région (115,14 x 55,10m)

« J’ai contemplé les murs de l’imprenable Babylone et la statue de Zeus sur les rives de l’Alphée. J’ai vu les

Jardins suspendus et le Colosse d’Hélios, les imposantes pyramides, montagnes édifiées par la main de

l’homme, et la gigantesque tombe de Mausole. Mais le temple sacré d’Artémis, a rejeté le reste dans

l’ombre car le soleil lui-même n’avait jamais vu son pareil hors de l’Olympe. » (Antipater de Sidon , poète

grec)2

- Il existe aussi les temples ioniques de forme circulaire (tholos), de type monoptère (péristasis

circulaire) ou pseudo-monoptère. Le premier exemple d’application de cette « nouvelle plastique »

remonte au IVèmes avec le temple d’Athéna à Delphes, construit entièrement en marbre blanc.

1 Classé chronologiquement après la grande pyramide de Chéops, les murs et les jardins suspendus de Babylone et la statue de Zeus à Olympie. Les Trois autres merveilles sont le Mausolée d’Halicarnasse, le Colosse de Rhodes et le Phare d’Alexandrie. 2 Antipater de Sidon (Fin IIe av J.-C) est le premier à avoir écrit sur ces chefs d’œuvre de l’humanité. Cf. P.Clayton et M.-J Price, Les sept Merveilles du monde, Gallimard, 1993, p.14.

Le plan est diptère octastyle (8 colonnes). Les colonnes extérieures étaient hautes de 18m90. L’intérieur était composé d’un portique « in antis » assez profond qui se confond avec le pronaos, de la cella abritant au milieu la statue d’Artémis et de l’opisthodome communiquant avec l’intérieur par une porte.

Reconstitution du temple d’Artémis

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Dans les temples ioniques, les colonnes corinthiennes seront employées surtout dans les espaces intérieurs

(temple de Tégée, tholoi de Delphes…). En effet, rares étaient les temples entièrement corinthiens. L’un

des exemples connu est le temple hypèthres de Zeus Olympien à Athènes.

4. Combinaison des ordres

Au cours du Ves, l’architecte Ictinos a conçu un temple qui sort du commun : le temple d’Apollon à

Bassæ en Arcadie (Péloponnèse) où sont regroupés les trois styles de colonnes :

Le dorique dans la colonnade extérieure

L’ionique dans la rangée de colonnes de la cella

Le corinthien dans une colonne placée dans l’axe

Perspective intérieure sur la cella

Vue de la tholos

Le temple corinthien de Zeus (Epoque hellénistique)

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Livres disponibles à la bibliothèque de l’ENAU

RACHET, Guy, La Grèce et Rome

(Cote bibliothèque E.N.A.U ; RD.047)

BARRALI, Xavier, Histoire universelle de l'art, Tome.2 : « L'antiquité, Grèce et Rome »

(Cote bibliothèque E.N.A.U ; RD.025)

GINOUVES, René, L’Art grec

(Cote bibliothèque E.N.A.U ; RA.108)

BERVE, Helmut et GRUBEN, Gottfried , Temples et Sanctuaires Grecs

(Cote bibliothèque E.N.A.U ; RC.024)

STIERLIN, Henri, Grèce : de Mycènes au Parthénon

(Cote bibliothèque E.N.A.U ; RM.678)