Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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CENTRE NATIONAL POUR L'EXPLOITATION DES RECHERCHES DE SÉDIMENTOLOGIE APPLIQUÉE. AU LITTORAL ROCHEUX DE LA PROVENCE ET PROTECTION BLANC Jean Professeur de Géologie Marine et Sédimentologie Appliquée Université d'Aix· Marseille II 1975

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CENTRE NATIONAL POUR L'EXPLOITATION DES OC~ANS

RECHERCHES DE SÉDIMENTOLOGIE APPLIQUÉE. AU

LITTORAL ROCHEUX DE LA PROVENCE

AM~NAGEMENT ET PROTECTION

BLANC Jean

Professeur de Géologie Marineet Sédimentologie Appliquée

Université d'Aix· Marseille II

1975

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1NTRODUCTI ON

La protection et l'aménagement de l'aire maritime et de la frange

littorale rocheuse de la Provence ont nécessité des recherches détaillées pour­

suivies depuis l'année 1971. Outre la ligne de rivage, plages et criques, les

explorations ont porté à la zone supérieure du précontinent de 80 m, 60 m de

profondeur, à 30 m, selon les cas. Il va de soi qu'une étude très complète aurait

exigé beaucoup plus de temps et un personnel nombreux ; nous considérerons donc

cet ouvrage comme llexposé de recherches préliminaires où maintes observations

détaillées ont été volontairement éliminées. Les recherches en cours sur ce litto­

ral et les problèmes à résoudre me font mesurer aujourd'hui les imperfections de

l'entreprise. Néanmoins, l'urgence de réalisations nouvelles et les aménagements

récents nous ont amené à détailler particulièrement certaines zones délicates

telles que les baies de Marseille, Toulon et Giens, rade d'Hyères et plusieurs

secteurs de la cote varoise.

Les objectifs de ce travail consistaient en deux démarches distinctes

1 - d'une part, établir l'état actuel du secteur littoral et de l'aire

maritime peu profonde, du cap Couronne au Trayas et d'en définir l'évolution et

les équilibres sédimentaires,

2 - d'autre part, inventorier les aires d'aménagements industriels,

actuels ou en projet, les zones d'urbanisation et d'équipement touristique, les

rivages à protéger. Il s'agissait de définir les relations et les limites de sur­

faces marines consacrées au travail, aux loisirs et aux espaces naturels interca­

lés, formant ainsi des zones d'équilibre.

Le C.N.E.X.O. et particulièrement le Département 3, ont été les promo­

teurs de ces recherches déroulées à la faveur de plusieurs contrats successifs,

de 1972 à 1975. Notre souci commun, au niveau du maître d'oeuvre comme de l'exécu­

tant, a été inspiré par un dosage raisonnable entre une inéluctable (et souhaita­

ble) évolution économique régionale et l'espoir de conserver impérativement des

"sanctuaires" naturels inviolables (zones des Calanques, parc National de Port­

Cros, caps de l'Aigle, Bénat, Lardier et Tayat, archipel de Riou).

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Malgré l'ambiguité de ces démarches, il en résulte un ensemble d'obser­

vations et d'interprétations qui seront de nature à guider, conseiller ou décou­

rager d'éventuelles actions relatives à un littoral précieux et menacé. D'autre

part, les recherches de Géologie et Sédimentologie littorales exposées doivent

demeurer accessibles par leur langage et leur volume aux utilisateurs et prati­

ques divers de la côte. Ainsi, notre cartographie littorale s'est inspirée de

principes simples où l'état et la nature des fonds marins étaient définis en

une légende utilisable par tous et où des paramètres importants, utiles mais

spécialisés, ont été volontairement omis. Cet ouvrage ne réalise donc pas une

monographie littorale mais doit être considéré comme une base d'informations

et de réflexions en l'attente d'études ponctuelles et détaillées, en vue d'opé­

rations précises (extractions sous-marines, aménagements littoraux et "off

shore~ rejets ou protections).

Au terme de cette entreprise et de longues périodes d'observations,

il m'est agréable d'exprimer ma gratitude à des prédécesseurs tels que Monsieur

le Professeur Pérès, Membre de l'Institut et Monsieur Picard, Directeur de

Recherches au C.N.R.S. et fondateurs du Centre d'Océanologie d'Endoume (Marseil­

le). Par ailleurs, l'influence et l'activité de collaborateurs à notre labora­

toire a été précieuse et il me plait de les en remercier. Nous citerons MM.

Jeudy de Grissac, Muschotti, Mme Picard, MM. Roux et Vernier, Mmes Froget,

Franza-Acquaviva, Weydert, Melle Giroud d'Argoud ; les équipages des navires du

Centre d'Océanologie.

J'ai eu le plaisir d'entretenir une collabor.ation amicale, suivie et

instructive avec les cadres du C.N.E.X.O. qui inspirèrent et développèrent ces

recherches : MM. Riffaut et Dreyer, successivement Directeurs du Département 3,

M. Debyser au Département 2, MM. Toussaint, Chomel de Varagnes et Lardeau.

Laboratoire de Géologie marine et Sédimentologie appliquée

Centre Universitaire de Marseille-Luminy

13288 Marseille Cedex 2

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Chapitre

Chapi tre

- Chapitre

- Chapitre

- 3 -

SOMMAIRE

L'exposé de plusieurs années de recherches appliquées au domaine de

la Géologie littorale est ici présenté sous la forme de thèmes et problèmes succes­

sifs ayant pour cadre le littoral rocheux des départements des Bouches du Rhône

et du Var. Il a été évité une description "linéaire" et systématique des rivages

et nous avons préféré développer les chapitres suivants, axés sur des idées et

questions précises d'aménagements relatifs à un ensemble donné. Ainsi seront trai­

tés les points suivants :

- Méthodes utilisées

2 - L'aménagement de l'aire maritime marseillaise et du précontinent

du cap Couronne au cap de l'Aigle.

- Chapitre 3 - L'aménagement de l'aire maritime à l'Ouest de Toulon, du cap de

l'Aigle au cap Cépet.

4 - La protection du littoral à la presqu'île de Giens.

5 - Les zones littorales de la Provence orientale; équilibres sédi­

mentaires.

- Chapitre 6 - Conclusions générales la dynamique littorale et ses applications.

Des conclusions partielles sont émises à la fin des chapitres tandis

que les cartes et schémas ont été incorporés dans le texte.

Au cours de ces recherches nous avons tiré le plus grand profit des

travaux effectués par les personnes suivantes: MM. Alinat, Bellaiche, Bonifay,

Mmes Blanc-Vernet et Picard, MM. Degiovanni, Leehnardt, Pérès, Picard, Muschotti,

Nesteroff, Jeudy de Grissac, Roux et Weydert.

Mots desoripteurs sédimentologie appliquée, littoral, Provence, Erosion,

protection, aménagements, Méditerranée.

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- 4 -

- CHAP ITRE l -

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MÉTHODES UTILISÉES

Le déroulement des recherches littorales appliquées présente

quatre étapes essentielles :

- détermination des objectifs

2 - phase exploratoire préliminaire

3 - études détaillées

4 - actions spécifiques.

1 - Détermination des objectifs:

A ce stade il conviendra de délimiter avec le maître d'oeuvre l'am­

pleur, la situation, l'urgence et le degré de précision réclamés. Une définition

très nette des buts exacts de recherche, dans cette phase initiale et pour un

secteur mal connu, ne sera point toujours facile à établir. Réciproquement, il

arrive que les réponses à des demandes d'études émanant d'organismes officiels ou

privés, soient immédiatement disponibles à partir de travaux antérieurs déjà

réalisés ou partiellement entrepris.

Trois paramètres liminaires sont à considérer : cadre géographique

et nature des objectifs, moyens en personnel et en crédits affectés, temps

imparti.

Compte-tenu des difficultés matérielles et géographiques, avant la

passation des marchés, il est indispensable d'examiner les travaux antérieurs

réalisés sur l'objectif ou ses bordures, les données d'archives, échantillons

stoc és, la documentation géologique, océanographique et météorologique.

II - Phase exploratoire préliminaire:

Les étapes de la recherche se déroulent en fonction de deux orien­

tations distinctes :

A - Observations aérospatiales:

Données enregistrées par les stellites NIMBUS et les programmes ERTS

de la NASA. Les documents réalisés sur des orbites trop hautes (900 km) ne sont

point toujours utilisables à l'exception de quelques zones particulières

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(Camargue, panache turbide rhodanien s'étendant au large des îles d'Hyères,

zones polluées (Cortiou et Giens), rejets de boues industrielles au large de la

Corse, transferts importants, etc ••. ).

En revanche, les documents photographiques de l'I.G.N. en émulsions

panchromatique et ectachrome seront d'une importance primordiale aux échelles

1/35.000 environ, 1/25.000 et 1/15.000. On utilisera les données de la photothè­

que (Service de Photogrammétrie, I.G.N.) ainsi que, par ailleurs, les résultats

des missions aériennes utilisant les émulsions infra-rouge (fausses couleurs).

Malgré le coût de l'opération, il est le plus souvent nécessaire de réaliser une

mission thermographique I.R. en utilisant le procédé du "scanner" multispectral

(bandes 5 à 14 ~).

De ce fait, avec une pratique et des connaissances géologiques et

océanologiques suffisantes, il sera possible de délimiter les ensembles litholo­

giques littoraux, leur structure, la répartition générale des masses d'eaux,

fonds infralittoraux, transfert et pollutions, rejets "discrets", "panaches"

turbides, effluents d'hydrocarbures, etc ...

B - Recherches sur le terrain et à la mer

Réalisation initiale d'une cartographie générale d'ensemble à "mail­

le" large (1/100.000), puis d'une représentation "moyenne" utilisable au 1/50.000.

Ces représentations cartographiques permettront, à ce niveau, une interprétation

correcte et provisoire. Les littoraux et petits fonds seront examinés par beau

temps, puis par des régimes météorologiques dominants (vents des secteurs N, NW,

N.NW et E oU E.SE, etc ... ) : recherches au rivage, plongées, prélèvements à

l'aide des chalutiers océanographiques et embarcations légères, canots et

"zodiac", surveillance des profils de plages.

Parallélement on effectuera une enquête auprès des municipalités,

documents d'archives, pratiques du littoral (pêcheurs, usagers). Pour certaines

zones, les conseils et renseignements obtenus ont été des guides utiles dans

l'orientation ultérieure des travaux.

Les documents ainsi rassemblés (A + B) seront comparés au cours du

temps (anciennes cartes, missions aériennes échelonnées avant et après les aména­

gements, etc ... ). A ce moment, après les recherches sur le terrain, il sera

toujours nécessaire de réaliser une nouvelle interprétation photographique aérien­

ne en utilisant le procédé le plus adapté aux informations recherchées :

émulsions panchromatiques : géologie littorale, accidents tecto­

niques, corps sableux sous-marins, roches immergées.

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- émulsions ectachrome : herbiers littoraux, transferts, zones tur­

bides et influences fluviatiles, érosions sous-marines.

- émulsions I.R. "fausses couleurs Il : pollutions, transferts et

migrations d'effluents, mélanges d'eaux, détails sur la couverture végétale.

- thermographie I.R. différenciation des masses d'eaux, dérives

courants, influence des seiches et courants de marées, corps sableux, sources

sous-marines, rejets d'émissaires, accumulations d'eaux chaudes et panaches

d'eaux froides ou fluviatiles.

Au terme du stade 2, on réalisera un rapport provisoire.

III - Etudes détaillées

Les recherches, beaucoup plus longues maintenant, s'orienteront

selon trois axes essentiels

1 - Examen détaillé des échantillons

(pétrologie, minéralogie, sédimentologie).

analyses de laboratoire

2 - Recherches sur le terrain et à la mer

a) observation in-situ à tous les régimes vents, houles, vagues,

transferts, évolution des matériaux littoraux et du profil des plages. Etude

des régimes dangereux. Repérages.

b) cartographie complémentaire aux "mailles" serrées pour les échel­

les du 1/25.000, voire, plus rarement, au 1/15.000.

c) travaux annexes et sous-traitances pour les domaines suivants se

rapportant aux études en cours: biologie marine, océanologie physique, météoro­

logie, mécanique des roches et géotechnique, problèmes de pollution, d'a~sainis­

sement et d'urbanisme.

On déterminera les zones d'érosion, de transfert, sédimentation et

pollution. Le résultat sera la délimitation des aires à équiper et à protéger et

les actions proposées à court et moyen termes. Il sera défini, pour certains

sites, un périmètre de protection immédiate, rapprochée ou éloignée.

Au terme du stade 3 seront effectués les cartes et rapports détail-

lés.

IV - Actions spécifigues

Ces recherches concerneront des projets précis et limités (implanta­

tions p0rtuaires, industrielles, touristiques). Il s'agira d'études de sites

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déterminés a equiper (centrales thermiques, raffineries, cimenteries, ports,

"marinas ll, aquaculture s.l.), de zones dangereuses (érosions du rivage, éboule­

ments de falaises, pollutions et rejets divers), de zones à protéger (réserves

biologiques, parc national, zone des Calanques, fonds de pêche, sites archéolo­

giques littoraux et sous-marins).

Les recherches sur le terrain et à la mer seront effectuées à des

échelles au 1/15.000 et au 1/5.000, voire encore plus fines (plongées, prélève­

ments par petits fonds, etc ..• ). On utilisera des missions aériennes spécialisées

à basse altitude, forages, sondages, lançages et vibro-fonçages. Les conséquences

qui pourront en découler concerneront:

des essais et implantations d'ouvrages en vraie grandeur.

simulations de situations (rejets, "marées noires").

surveillance des ouvrages et conséquences des implantations sur

l'environnement naturel, relations avec les peuplements marins.

Modifications des équilibres naturels (modifications point forcé­

ment nuisibles d'ailleurs), interdictions, etc •..

•• •

A tous les stades de l'entreprise, nous serons confrontés à trois

problèmes importants :

l' - La légende des cartes: la carte sera le moyen analytique rapide

d'expression et de compréhension. En dehors de tout problème d'échelles, déjà

abordé, nous conseillerons le relevé d'ensembles naturels simples aisément inter­

prétables par les utilisateurs qui ne seront point obligatoirement des spécialis­

tes (les cartes détaillées thématiques pouvant toujours être réalisées en annexes

et diffusées). Dans cet esprit et après un large échange de vues auprès des res­

ponsables du C.N.E.X.O., nous distinguerons les types suivants :

- zones intertidales, rivages inondables, marais côtiers,

fonds rocheux rigides à portance élevée,

- éboulis littoral,

- sables fins mobiles du "prisme littoral",

- sables et graviers des chenaux d'érosion, épandages sous-marins,

- fonds et "mattes" de l'herbier à Posidonies,

- fonds et "mattes" dégradés de l'herbier à Posidonies,

- herbiers à Zostères et fonds envasés de l'herbier à Posidonies,

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- sables fins isométriques des fonds de baies,

- graviers et sables coquilliers grossiers,

- sables hétérogènes du "détritique côtier",

- faciès envasés du "détritique côtier ll,

- sables et graviers, concrétionnements, du lIdétritique côtier",

- concrétionnements coral1igènes,

- sables vaseux de mode calme,

- vases terrigènes côtières, pélites et zones d'envasement maX1mUffi,

- vases polluées,

- sables détritiques du large et paléobiocoenoses,

- graviers détritiques du large,

- vases bathyales,

Par ailleurs, on indiquera:

- limites de la zone d'envasement progressif,

tracé des émissaires et des "sea-lines"

dérives dominantes,

transferts,

- courants dominants, éventuellement, courant de marée,

- zones dangereuses d'éboulements littoraux,

- rides littorales sous-marines,

- cordons festonnés, flèches sableuses sous-marines et rides d'inter-

férences,

limites des zones de servitude, chenaux portuaires,

- emplacements possibles de rejets solides non polluants, "dumpings",

déblais divers, etc ...

Des légendes complémentaires et plus spécialisées pourront intervenir

par exemple: rejets dangereux, explosifs, forages sous-marins, épaves, gîtes

archéologiques (le plus souvent non indiquœpar précaution), grottes marines et

sous-marines, sources sous-marines, dépôts turbides sous-marins liés à des

facteurs accidentels, etc ...

2° - Le temps : ce facteur demeure partiellement subordonné aux

moyens humains et matériels. Le temps imparti devra s'adapter au but recherché.

Une durée de une ou deux années, pour l'étude d'un secteur apparaît comme un

minimun raisonnable et lion s'abstiendra pour toute proposition inférieure. On

pourra ainsi détailler les opérations :

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- la -

1) détermination des objectifs: 1 à 3 mois,

2) phase exploratoire préliminaire 6 à la mois,

3) études détaillées : 8 à 15 mois selon les cas,

4) actions spécifiques durées très variables en fonction des

résultats escomptés.

3° - Le repérage :

• à la côte: aucun problème sur les excellents documents de l'I.G.N.,

nécessité de travailler sur des plans précis au 1/5.000, 1/1.000, etc ••. pour

des recherches spécifiques. Repérage aérien normal (assemblages, photoplans,

restitution) .

à la mer: méthodes habituelles (alignements, visées, "arcs capa­

bles"). Visées au radar près des côtes abruptes (rapides) ; peu précises et incer­

taines au large ou près des côtes basses. Points radiogoniométriques rapides et

peu précis.

Positionnement effectué par visées, à partir du rivage, à intervalles

de temps rapprochés (alidade, boussole, théodolite), de même, chronométrage des

houles et vagues au rivage; construction des orthogonales de houles au large,

etc •••

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- Il -

- CHAPITRE 2 -

AMËNAGEMENT DE L'AIRE MARINE MARSEILLAISE

ET DU PRËCONTINENT DU CAP COURONNE AU CAP DE L'AIGLE

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r 10' 15' 20'~-

Zones polluée.,lnutlll.abtes.

Appuis résistants pour ouvrages lourds: digues. plate-formes,et zones de roches à éviter pour ies dragages.

[····1•••• Galets et graviers .

15'

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CASSIS

limite des zone. Interdites au dragage

Sables mobiles et fins du prisme littoral. Sables grossiers remaniés, talus et chenaux.Zones de tractlons.saltations.transfert à gradients hydrodynamlques.dragages à éviter.Oragages possibles avec réserve et sU,rveillance. à partir de 20 m de profondeur.

1 4 D'écharges artificielles pouvant être réutilisées ou cailloutis quaternaires sous-marins

~ Sabl~s et graviers exploitables.

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1 - LE CADRE GEOGRAPHIQUE ET OCEANOLOGIQUE.

A - La baie de ~arseille et ses annexes (carte 1)

La baie de Marseille prolonge vers l'Ouest la structure effondrée

du bassin de l'Huveaune, individualisée dès l'Oligocène et ravivœpar des mouve­

ments tectoniques plus récents qui se sont prolongés durant le Mio-pliocène

et jusqu'au Mindel.

De ce bass·in d'effondrement il demeure des traits structuraux et

topographiques majeurs qui sont

1° - le littoral au Sud de la chaîne de la Nerthe, assez rectiligne,

est commandé par des failles de direction EW et SW-NE.

2° - l'archipel du Frioul cloisonne la baie de Marseille en deux

parties, la rade de Marseille au Nord, la baie du Prado au Sud.

3° - l'îlot du Planier et l'Ecueil immergé du Veyron (-13 m) forment

un alignement orienté E.NE - W.SW, se prolongeant jusqu'à plus de 6 milles nauti­

ques du phare de Planier, par la zone du "plateau de Marsigli" et des "Berlinga­

ous", bancs de roches alignées, jusqu'à des fonds de -100 m. Le haut-fond Planier­

Veyron y forme la "crête" du Mangespin. Cette dernière cloison isole la partie

méridionale de la baie de Marseille.

L'archipel du Frioul, le Planier, Veyron, plateau de Marsigli, sont

représentés par des affleurements du faciès calcaires urgonien, dtâge barrémien.

Le précontinent s'étend très loin vers l'Ouest et le Sud-Ouest.

Au Sud de la côte des Calanques et de l'archipel de Riou s'ouvrent

deux canyons amenant très rapidement les profondeurs à 500 et même 800 m, ce sont

les canyons de Planier et de la Cassidagne. Plus à l'Ouest de la zone qui nous

intéresse, au Sud de Fos et du cap Couronne, se trouve une troisième l'vallée" :

le canyon de Couro~ne.

A l'Est du mêridien du cap Croisette, le précontinent se réduit de

8 à 4 milles nautiques. Il comprend:

}o _ le littoral des Calanques, du cap Croisette à Cassis, côte

calcaire abruëte présentant parfois des à-pics de 00 m au sud de la Grande

Candelle. Les Calanques de Sormiou, Morgiou, En-Vau, Port-Pin et Port-Miou, pour

ne citer que les principales, s'ouvrent dans ce littoral.

2° - l'archipel àe Riou.

3° - la baie de Cassis.

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- 13 -

4° - le littoral accore de Cassis au cap de l'Aigle se prolongeant,

vers l'Est, par la baie de La Ciotat.

Au Sud du cap de l'Aigle et de la baie de La Ciotat, le précontinent

s'étend à nouveau très largement par la présence d'un bloc paléozolque immergé:

le banc des Blauquières, prolongé vers l'Ouest par le plateau de l'Esquine (-85

à -130 ml. Il faut alors parcourir II à 12 milles nautiques pour retrouver les

grands fonds au Sud de La Ciotat.

Les cartes marines détaillées (5318 et 5190) et la carte géologique

sous-marine au 1/100.000 (feuille de Marseille - J. Blanc et C. Froget), éditée

par le B.R.G.M., rendent compte de la topographie sous-marine et de la nature

générale des fonds rocheux ou meubles, du point de vue de la lithologie et de la

granulométrie, calcimétrie.

B - Les masses d'eaux

Au large de ce littoral, les masses d'eaux se déplacent lentement,

en surface, de l'Est vers l'Ouest. Ce régime géostrophique permanent n'excède

guère une vitesse de 0,2 à 0,5 noeud. Il se trouve fortement altéré par les déri­

ves rapides de surface liées aux vents de tempêtes et aux régimes météorologiques

de Mistral, Tramontane, vents d'Est, SE, et W.SW. Les azimuths peuvent être alors

très variés tandis que les flotteurs dérivent à grande vitesse : 20 à 50 m/mn.

Le flux rhodanien et un mouvement tourbillonnaire issus du golfe de

Fos forment un contrecourant dirigé de l'Ouest vers l'Est, longeant la chaîne de

la Nerthe et pénétrant dans la zone nord de la baie de Marseille. Ce mouvement

a été nommé "contre-courant de la Nerthe l1•

La marée montre un marnage moyen de 0,24 m et malgré quelques phéno­

mènes locaux de résonance, apparaît négligeable pour le secteur qui nous intéres­

se. Des oscillations de seiches sont relevées dans les bassins du port de

Marseille et dans la calanque de Port-Miou.

c - Au point de vue nautigue, les zones abritées sont les suivantes

1°) Littoral sud de la chaîne de la Nerthe (ou "route du Mistral"),

parfaitement à l'abri des vents du N, NW, NNW, jusqu'à la uzone neutre".

Cette étroite bande Est-Ouest est continuellement empruntée par les péniches se

rendant de Marseille à Fos (et vice versa) depuis l'effondrement du tunnel

maritime du Rove et par d'autres nombreux navires d'un tonnage plus important.

2°) Littoral au Sud de la côte des Calanques, pour les mêmes régimes,

ainsi que la baie de La Ciotat.

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3°) Mouillages à l'abri du Frioul et dans la baie de Marseille (zone

Sud rade du Prado), pour les régimes d'Est, SE et SSE.

4°) Aucun abri naturel efficace n'est réalisé pour les gros temps

issus de l'Ouest.

D - Les zones actuelles de servitude sont les suivantes

- "route du Mistral" au Sud de la Nerthe.

2 - chenaux de navigation des rades Nord et Sud de Marseille, du

200 au 290-300.

3 - zones des câbles au Sud et à l'Ouest de Marseille (cf. cartes du

S.H. 5318 et aIt.).

4 - zone de forage pétrolier expérimental à l'Est de Calseraigne.

5 - zone du sea-line des boues industrielles issues du traitement

de la bauxite (usine Péchiney à Gardanne), jusqu'à -350 m, dans le 185 de la

Pointe Cacaou.

6 - zones de "dwnping" dans l'herbier à Posidonies de la baie du

Prado (à proscrire du fait de la destruction des peuplements végétaux benthiques)

et aux débouchés des calanques de Port-Pin et Port-Miou (non fonctionnelle depuis

vingt années).

E - Les secteurs très pollués sont nombreux au voisinage de l'aire

urbaine marseillaise. Parmi les plus nombreux citons :

1 - Toute la zone Nord et NE de la rade de Marseille et jusqu'à 1

mille nautique à l'Ouest des bassins portuaires.

2 - Plage du Prado et ses annexes (Pointe Rouge) pour la zone Sud.

3 - Eventail autour de l'émissaire actuel de Cortiou, au Sud de

Marseille, sur la côte des Calanques, étalé en direction de l'Ouest ou de l'Est

par les dérives de vent d'Est ou de Mistral. En régime de Mistral, les effluents

pollués sortent de la baie de Marseille par les passes d'If et "doublent" le

cap Croisette et l'île Mairé pour se diriger ensuite vers l'Est et Callelongue.

Ces derniers mouvements ont été mis en évidence par des mesures de courant

(Castelbon, 1969) et des clichés à haute et basse altitudes en émulsions panchro­

matiques, ectachrome ou infra-rouge.

II - UTILISATION ACTUELLE DE L'ESPACE MARIN.

Nous distinguerons

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- 15 -

- Les zones industrielles,

- Les zones portuaires et les chenaux de navigation,

- Les zones de loisirs et de pêche artisanale,

- Les zones de pêche au chalut et en haute-mer,

- Les zones de protection liées aux gîtes archéologiques.

A - Zones industrielles

Zone Nord, très polluée de la rade de Marseille, à vocation indus­

trielle depuis le 19° siècle: métallurgie, tuileries et cimenteries, trafic

portuaire intense, etc ... Plus au Sud: silos, hydrocarbures, gare-maritime.

Déportés par les dérives de Mistral ou les lIbranches" annexes du

courant permanent, les hydrocarbures et les effluents franchissent les passes

d'If et d'Endoume pour contaminer la rade du Prado.

Au Sud de la côte "Salyenne" et de Port-Miou, on note le rejet des

"boues-rouges" dans la zone septentrionale du canyon de la Cassidaigne. La dis­

persion de ces boues industrielles résultant du traitement de l'alumine se tra­

duit par le colmatage du canyon et de son thalweg, mais encore des versants avec

des remontées temporaires et irrégulières à -200 ID et même à -90 ID, sur la

bordure au large du précontinent (Bourcier, 1969). Cependant, la majeure partie

des "boues rouges" se disperse au large jusqu'à des profondeurs de 2000 m.

Zone expérimentale de [orages pétroliers à l'Ouest de Calseraigne

et au Nord du Petit Congloué.

B - Zones portuaires et chenaux de navigation:

Elles comprennent essentiellement les ports de Marseille jusqu'au

Rove et les chenaux et zones de câbles (cf. "servitudes") s'irradiant autour de

la rade de Marseille et de la baie du Prado. Signalons les routes au 300 au Sud

de Riou, et les routes au 200, 210, 260, 270, etc ... Ces routes connaissent une

grande fréquentation peu propice aux travaux continus de pêche intensive, dra­

gages, chalutages et plongées. Il en sera de même pour la "route du Mistral" au

Sud de la Nerthe.

c - Zones de loisirs et de pêche artisanale

Pêche d'artisans où pêche d'amateurs, petite navigation de plaisance,

plongées, natation en bordure immédiate de la côte et des îles, ski nautique,

etc ... Plusieurs sites importants sont à distinguer:

Page 18: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 16 -

1° - Zone sud du littoral de la Nerthe (nommée "Côte Bleue"), lieu

essentiel de villégiature et de pêche (roches et herbiers, oursins renommés,

pêche en nage libre, etc •.• ). Site très abrité même par fort Mistral.

2° - Archipel du Frioul : près de 10 km de littoral rocheux sous le

contrôle de la Marine Nationale, cédés en grande partie à la ville de Marseille

et en voie d'aménagement. Il s'agit d'un paysage rocheux et sauvage extraordi­

naire, très peu connu du public et situé aux abords immédiats de Marseille.

L'aménagement de ce secteur devra être entrepris avec beaucoup de soin et de

mesure (rejets d'effluents épurés et de déblais).

3° - Zone Sud de la baie de Marseille (baie du Prado) : essentielle­

ment vouée à la pêche artisanale et à la pêche d'amateur. Depuis la construction

du port de plaisance de la Pointe Rouge, on assiste au développement de la navi­

gation à voile (plusieurs écoles). Au littoral, nous mentionnerons les plages du

Prado (1.500 m) et de la Pointe Rouge (450 m), à grande capacité d'accueil et

d'accès facile mais très polluées. La plage du Prado fera l'objet d'un important

aménagement (Blanc, 1969) lorsque les effluents et le cours de l'Huveaune seront

définitivement détournés.

4° Côte des Calanques: tourisme et sports nautiques, plongées,

pêche artisanale et d'amateur localisée aux herbiers à Posidonies et fonds ro­

cheux, voile, navigation de plaisance, etc ... Le rejet de l'égout de Cortiou

altère grandement cette zone.

La destination militaire de l'île Riou (propriété de la Marine Natio­

nale, mais accés libre et réglementé) n'altère point l'importance de touristique

de cet archipel si diversifié.

5° - Baies de Cassis et de La Ciotat, île Verte. Activités de pêches

et loisirs malgré des pollutions locales parfois étendues,étudiées par thermo­

graphie infra-rouge (dérives en I1 sp irales l1 ou en "queue de comète").

o - Zones de pêche au chalut et en haute-mer

Elles sont limitées par les servitudes (zones de câbles, chenaux à

fort trafic). Nous mentionnerons le Sud de la Nerthe et du cap Couronne, le banc

des Blauquières au large de la Ciotat, mais, surtout, les secteurs au SW ou à

l'W.SW de Planier: les Berlingaous, le plateau de Marsigli, le grand espace du

précontinent (sables détritiques du large) entre les canyons du Planier et de la

Couronne, à la limite de l'extension sous-marine de l'envasement rhodanien.

E - Gîtes archéologigues zones de protection

Page 19: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 17 -

Il convient de signaler les gîtes suivants

- épaves de Planier.

- banc du Veyron,

- épaves antiques de l'île Marré et du Grand Congloué (Blanc, 1953,

1956) ,

- grottes sous-marines de la Triperie et des Trémies (Bonifay et

Courtin, 1972).

Les grottes marines du littoral, entre le cap Croisette et Cassis

sont parfois le siège d'exurgences très importantes (Port-Miou et Cassis, Le

Bestouan). La "rivière Il souterraine de Port-Miou est actuellement en voie d'amé­

nagement, sous la forme cl 'un "barrage" intérieur immergé à 450 ID de l'entrée

(Potié, Société des Eaux de Marseille et B.R.G.M.). Cette expérience, actuelle­

ment unique au monde, décidera en partie, de l'alimentation en eau d'une aire en

voie de peuplement et d'aménagements accélérés (résidences, tourisme et loisirs).

Le "modèle" de captage et de régulation du site souterrain de Port-Miou pourra

éventuellement, être appliqué avec des modifications, en d'autres secteurs lit­

toraux arides (1) caractérisés par des écoulements karstiques en charge débouchant

sous le niveau actuel de la mer, à la faveur de réseaux antéversiliens (J. Blanc,

1956 Corroy, Gouvernet, etc •• , 1958). Une prospection en thermographie I.R. a

permis de préciser la localisation des exurgences (recherches en cours).

Les grottes marines, outre leur intérêt hydrogéologique, sont actuel­

lement des zones privilégiées pour les recherches biologiques et préhistoriques.

Les plongeurs et biologistes du Centre d'Océanologie d'Endoume (Harmelin, Vace­

let, Zibrowius et el.) et les préhistoriens et géologues du groupe Bonifay­

Courtin, ont dressé un inventaire détaillé des grottes marines. Citons les cavi­

tés suivantes: Jaïre, Calseraigne, Moyade, Fontagne, Keïrons, Bec Sormiou

Capélan, Triperie (cap Morgiou), Morgiou-Est, Grande Candelle, Oeil-de-Verre,

cap Devenson, Castel-Vieil, Martin-Bouffo, Port-Miou et le Bestouan.

III - LES SECTEURS NERTHE-SUD ET NORD DE LA BAIE DE MARSEILLE.

A - Secteur Nerthe Sud

Du cap Couronne au cap Ragnon se situe une côte rocheuse très abritée

des vents du N, N.NW, NW devenant abrupte à partir du Rouet. Les criques échan­

crées (Le Verdon, Ste Croix, Sausset, Carry, La Redonne) correspondent à des

(1) Nous pensons notamment au Péloponnèse et à la Dalmatie (Vélébits, Kotor, etc).

Page 20: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 18 -

"éventails" détritiques sous-marins de sable mobile et lessivé. Les blocs et

fonds rocheux y forment également une frange presque continue molasses,

grès, poudingues, calcaires dolomitiques, calcaires, etc ...

L'herbier à Posidonies, vivace à cet endroit, se traduit par une

zone régulière parallèle au littoral, de quelques mètres à -25 m. Il consti­

tue, avec les fonds de roches adjacents, une réserve de pêche appréciable qu'il

importe de protéger.

Plus au large, jusqu'à 50 ou 60 m selon les cas, et toujours parallè­

lement au littoral, ont été cartographiées les formations du détritique côtier.

Ces sables et graviers hétérométriques recouvrent des fonds de roches et leur

puissance varie de 1 à 5 m, avec une épaisseur maximale de 7 m par endroits.

Une tendance à l'envasement se manifeste sur la marge externe profonde et au NNE,

à partir du cap Ragnon. Les formations du détritique côtier entourent deux sec­

teurs rocheux importants (La Plaine de Carry) au Sud de Carry-le-Rouet, par -27

et -25 m. Des zones de graviers biogènes forment des épandages au Sud de la

Couronne, Ste Croix et surtout, au Sud de Sausset et Carry. Ce détritique côtier

réalise une certaine réserve potentielle de sables et d'agrégats (sites de

"Nerthe-Sud"). Mais des extractions systématiques améneraient la destruction

rapide des fonds de pêches.

B - Nord de la baie de Marseille

Ce secteur est l'objet d'un envasement d'origine rhodanienne facilité

par la présence du contre-courant de la Nerthe. Ainsi, les troubles (riches en

minéraux d'origine rhodanienne), s'accumulent, au terme d'un courant turbide

dirigé de l'Ouest vers l'Est, dans la partie Nord de la baie de Marseille,

"bloqués" au Sud par le cloisonnement des îles et hauts-fonds du Frioul-If-Endou­

me. En 1883, c'est-à-dire bien antérieurement aux récents travaux du golfe de

Fos, A.F. Marion avait constaté ce phénomène d'envasement alors strictement

localisé au Sud de la Nerthe et à la partie septentrionale de la Baie. Depuis,

ce dernier nIa fait que s'accentuer et, actuellement, le faciès des vases ter­

rigènes côtières envahit le détritique côtier et, débordant l'archipel du

Frioul, pénètre dans la partie méridionale de la baie de Marseille; les troubles

peuvent s'étendre jusqu'au Prado. Les recherches de F. Picard traduisent les

récentes modalité de cette progression.

IV - BAIE DE MARSEILLE-SUD ET BAIE DU PRADO.

Les fonds rocheux du Frioul, de la Corniche, du Mont Rose et des

Page 21: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 19 -

Goudes sont doublés par l'extension des "mattes lt, plus ou moins dégradées, et

de l'herbier vivace à Posidonies. Cela correspond à peu près exactement à la

localisation des lieux de pêche encore relativement protégés des envasements

et de l'influence humaine. En bordure du littoral, on note

- sables et graviers mobiles dispersés par les courants de fond

(Endoume, La Corniche).

- sables fins lessivés, isométriques, très mobiles à la plage du

Prado, jusqu'à -Il m (Blanc, 1969).

Au large de l'herbier à Posidonies, de -23 à -96 m, la baie de

Marseille-Sud présente le développement remarquable des trois faciès du "détri­

tique côtier ll s .1. :

- détritique côtier proprement dit: sables hétérogènes, polygéni­

ques (composantes hiogènes autochtones et allochtones, composantes "minérales ll

détritiques et apport bioclastique fossile ou sub-fossile).

2 - sables et graviers bioclastiques à Lithothamniées ("maërl" en

place ou remanié), assez mobiles; concrétionnements divers, débris de mollus­

ques, etc ...

3 - détritique côtier envasé (D.C.E.) enrichi en pélites et en miné­

raux phylliteux d'origine essentiellement rhodaniennes et en matières organiques.

Or, ce détritique côtier envasé montre deux dispositions essentielles pour le

secteur considéré

a) détritique côtier envasé aux marges d'extensions du faciès des

vases terrigènes côtières (V.T.C.). Il marque la progression d'un front terri­

gène s'étendant de l'Ouest vers l'Est (J. Picard, F. Picard, L. Blanc-Vernet,

J. Blanc). Les dérives de Mistral et les courants de fond sont responsables de

ces phénomènes dont la récente accentuation apparaît probablement (et en partie)

liée aux terrassements et "dumpings" systématiques au golfe de Fos.

b) détritique côtier envasé lié à des "cellules" de décantation au

centre de tourbillons et aux zones calmes ("zones cl 'ombre"), en arrière des

cloisons insulaires et des hauts-fonds (Frioul, If, Planier, Mangespin). Les

courants de direction NW-SE et N-S, correspondent à la "fermeture" vers le Sud

des circuits de la baie de Marseille, notamment au Sud du cap Caveau et par les

passes du Frioul-If-Endoume (Castelbon, 1971). La perte d'énergie liée au ralen­

tissement amène la sédimentation des troubles par décantation (enrichissement

en pélites et en matière organique). Ces "taches" sont mobiles et paraissent

s'étendre sous l'influence annexe de courants de fond comme le montrent les tra-

vaux de J. Picard, F. Picard, J.P. Reys et P. Weydert. Au Sud du Mangespin, du

Page 22: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 20 -

cap Croisette et de l'île Marré, on observe l'extension d'une zone de D.C.E.

s'étirant vers l'Est et l'archipel de Riou.

v - ARCHIPEL DE RIOU.

L'archipel de Riou est représenté par deux alignements insulaires

parallèles, orientés NW-SE et correspondant vraisemblablement à une vallée

tertiaire. La présence de variolites remaniées et de minéraux d'origine alpine

disséminés fait penser à un très ancien réseau durancien. Le substratum rocheux

(calcaire urgonien) montre un modelé karstique, colmaté par des loess durcis

et des limons rubéfiés, avec des grottes, dolines et "niches de nivation"

immergées (Riou, Jarré, Calseraigne) (1).

L'herbier à Posidonies et les "mattesl1 stétablissent sur un fond

rocheux (calcaires urgoniens, brèches quaternaires würmiennes, grès, etc ... ).

Ces fonds de pêche sont ravinés dans les passes par les courants de fond, de

direction Est-Ouest ou l'inverse, liés aux dérives de vent d'Est et de Mistral.

Les mattes dégradées alimentent des lobes bioclastiques étirés dans le sens des

courants et jalonnant l'axe des passes. Un sédiment mobile, lessivé et isométri­

que, parfois relativement grossier, correspond à ces faciès d'érosion sous­

marine (sables à Amphioxus). Ces sables mobiles s'étendent depuis plusieurs an­

nées et leurs modalités topographiques ont été cartographiées. Les chenaux les

plus importants sont observés dans la passe entre Riou et Calseraigne. Un phé­

nomène assez voisin a été noté près de l'île Verte et le cap de l'Aigle, à la

Ciotat, en une zone également parcourue par les courants de fond. Des lltâches ll

de "maërl" peuvent s'associer au détritique côtier (Petit Congloué), en bordure

de ces faciès lessivés. Dans les passes rocheuses (Grand Congloué) et les talus

sous-marins se développent encore les concrétions coralligènes (Les Empereurs,

au Sud de Riou).

Plus au Sud, on relève l'extension normale des fonds du détritique

côtier (jusqu'à -95 m) et des sables détritiques du large se prolongeant, par

-120 m, à une latitude de 43°03'N.

VI - LITTORAL DES CALANQUES ET DE LA CIOTAT.

Le littoral abrupt forme des falaises atteignant parfois plusieurs

centaines de mètres. A leur pied se développe un éboulis, sous marin, parfois

(1) Recherches en cours (J. Blanc et R. Monteau).

Page 23: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 21 -

jusqu'à -25 m, formé de blocs très volumineux (La Grande Candelle, Falaises du

Soubeyran). Ces éboulis sont liés à des rejeux de failles au Quaternaire (litto­

ral du massif de Puget) et à la décompression des versants. La dernière phase

d'écroulement importante paraît remonter au Boréal (8.500 à 7.500 A.B.P.)

d'après les travaux de M. Escalon de Fonton (1969, 1970). Mais des phases plus

récentes (moyen âge et 1946) continuent à souligner l'instabilité générale de

ces secteurs (1).

Un herbier à Posidonies assez réduit et les biocoenoses du "coral­

ligène d'horizon inférieur de la roche littorale" accompagnent la frange détri­

tique li ttorale.

Sur le fond, les courants de décharge jouent un rôle majeur en deux

cas précis

a) au débouché des Calanques (Sormiou, Morgiou, En-Vau, l'Oule,

l'Oeil-de-Verre, Figuerolles), les courants de décharge étalent vers le large

des lobes bio-clastiques sous-marins alimentés par les matériaux érodés aux

dépens du talus détritique littoral et des herbiers dégradés à Posidonies (J.

Blanc, 1958). Ces formations relevant déjà de l'étage circa-littoral s'apparen­

tent aux sables et graviers lessivés du détritique côtier. Elles ont été décou­

vertes par J. Picard (1965) et nommées: "sables des bouchons de Calanques".

Ces épandages mobiles sous-marins, à caractères deltaïques, atteignent une

profondeur de 40 et même 44 m. Il s'agit d'un excellent matériau malheureusement

inexploitable du fait des contraintes biologiques.

Lorsque la profondeur et le rayon hydraulique des chenaux augmentent,

l'énergie des courants compensateurs s'annule et l'on note la lI s équence latérale"

suivante :

sables hétérogènes du détritique côtier (-90 m)

sables fins vaseux du D.E.C. (-97 m)

sables détritiques du large (de -100 à -180 m)

vases bathyales.

b) Au bas des falaises et éboulis du Soubeyran, les courants de

décharge issus des vagues de tempête (Mistral) provoquent des aires de troubles

allongées vers le large avec mise en suspension générale du sédiment. Plusieurs

chenaux ont été observés et les sables et graviers mobiles sont étalés en lobes

sous-marins jusqu'à des fonds de -35 m.

Plus au large on trouve des graviers à Lithothamniées (circalittoral

supérieur) dont la répartition correspond à 3 modalités :

(1) Recherches en cours (J. Blanc).

/

Page 24: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 22 -

1) Graviers au pied des talus détritiques des falaises du Soubeyran,

entre Cassis et le Sémaphore de La Ciotat (-30 à -60 ml. Les pentes demeurent

très fortes en de tels sites réalisant une réserve potentielle d'agrégats.

2) Graviers à Lithothamniées situés au centre de deux "cellules"

de convection liées à des courants tourbillonnaires dans la baie de Cassis

(courant permanent très faible, mais fortes dérives par régimes de Mistral et

"zone d'ombre" avec tourbillon par vent d'Est). Les graviers organogènes, plus

lourds et aux formes irrégulières, se déposent très rapidement lorsqu'ils sont

allochtones, dans les secteurs à très faible énergie, au centre des circuits,

tout Comme les troubles fins du détritique côtier envasé (de -37 à -60 m) (1).

3) Graviers du plateau sous-marin de la Cassidaigne. de -8 à -46 m,

disposés en faible épaisseur sur une surface rocheuse irrégulière. Gîte inex­

ploitable et très exposé.

Les gîtes de types 1 et 3 sont généralement autochtones alors que le

type 2 résulte souvent d'un apport initialement allochtone.

VII - CARACTERES GENERAUX ET UTILISATION POTENTIELLE DES TYPES DE FONDS CARTO­GRAPHIES (volr carte 1) :

A - Sables mobiles du prisme littoral: 0 à -12 m

- sables fins) lessivés, très isométriques,

- origine mixte : biogène et détritique,

- teneur en carbonate: 30 à 80 % selon les types d'alimentation et

la nature lithologique du littoral,

- dynamique traction, saltation, suspension (vagues et courants de

décharge, déferlements, transferts très localisés).

- usage: bâtiment, travaux public, pas de débourbage,

- géotechnique: matériau compressible, poreux, perméable, portance

moyenne.

- épaisseur jusqu'à plusieurs mètres,

- outillage dragues, bennes, lançage, vibro-fonçages,

- contraintes : exploitation à prohiber strictement à cause du

danger d'érosion et de la rupture immédiate du profil d'équilibre littoral,

- mouillages: médiocres. Zone d'action des vagues.

(1) Le même phénomène s'observe dans la baie de La Ciotat où il a été découvertpar J. Picard et continue a être étudié par cet auteur.

Page 25: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

CAP COURONNE! BAI!: DE MARSEILLE! BEC DE 1-' AIGLE •

Eboulis sous-marins hétérogènes ou instables , blocs •

2 - Sables mobiles et léssiv6s du l'prisme littoral", Sables

fin's élutriées

J - Sables fins mobiles et bien classés des fonds de baies •

4 - Zones des Herbiers à Posidonies et "mattes 11 à prot~ger

Bonne portance •

5 - Mattes érodées Fonds instables •

6 - Sables mobiles des chenaux cttérosion et des passes (Herbier

etc ..• )

7 - Sables ~étér6g~nes du D'triti~ue cotier plus 6u m6ins

mobiles •

8 Sables grossiers et graviers du Détritique cotier

9 Détritique cotier envasé, passage aux vases terrigènes

cotières, etc •••

10- Vases poililuées thixotropiques, vases portuaires, Portance

faible à nulle. Fonds insalubres, bons mouillages.

11 - Vases terrigènes cotières • Vases gluantes thixotrppiques.

autres faciès d'envAsement, etc .•• portance faible à nulle.

12 - Sables et vases sableuses h~térogènes du Détritique du

large •

13 Sables grossiers et grAviers du Détritique du large.

,4 - Vases bathyales.

15 - Roches, appuis résistants à portance élevée.

16 grottes marines et sous-marines

17 Sens de la dérive liée au vent

18 - Zone d'éboulement au pied de falaise

19 - EXAensions prévisibles et à court terme des zones de

pollutions

20 - Dépots de matériaux grossiers non tox~wues , zones de

If dumping".

21 - Dépots de materiaux fins non toxiques, boues rouges etc •••

Page 26: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Centre National pour l'Expioitation des Océans CAP COURONNE - BAIE DE MARSEILLE - BEC DE L'AIGLEJ.BLANC, Laboratoire de Géologie marine, Centre d'Océanographie,

Marseille Luminy.

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Page 27: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 23 -

B - Herbiers à Posidonies : de quelques mètres à -30 m

- sable coquillier hétérométrique,

- origine essentiellement bio-détritique,

- teneur en carbonates : 90 à 99 %.

- dynamique: sédiment fixé par les frondes de Posidonies, mattes

érodées par les courants de fond et formation de "tornbants ll et Il chenaux inter­

mattes".

- usage: travaux publics, agrégats, pas de débourbage,

- matériau compressible, poreux, perméable, portance moyenne.

- épaisseur de 0,50 à 5 m.

- outillage dragues, bennes, lançage, vibro-fonçage.

mouillages: bonne tenue, arrachage des souches de Posidonies.

- contraintes: exploitation à prohiber strictement afin d'éviter

la destruction systématique des biotopes et fonds de pêches, destruction du

profil d'équilibre littoral. A protéger impérativement.

c - Fonds à concrétions coralligènes de quelques mètres à-50 m

- biothites caverneuses,

- origine essentiellement biogène,

- teneur en carbonate : 97 à 99 %,

- usages: aucun en l'état actuel,

- géotechnique matériau incompressible et poreux. Portance moyenne

à forte.

- épaisseur jusqu'à 2-3 m.

- outillage déroctage sous-marin, explosif, électro-carottage.

- mouillages: fonds "vifs", bonne tenue, risques de perte par

accrochage.

- contraintes fonds de pêches à protéger.

D - Détritique côtier s. 1. de -25 à -95 m.

- sable hétérométrique,

- origine mixte: matériel détritique, fossile et bioclastique actuel,

- teneur en carbonates: très variable: de 45 à 90 %,

dynamique: courants de fonds, charriages et suspension momentanées

- usage: débourbage souvent nécessaire, bâtiment et travaux publics,

- matériel compressible, poreux, portance faible à moyenne,

Page 28: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 24 -

épaisseur de 2 à 5 m,

- outillage dragues puissantes, suceuses, lançage, vibro-fonçage,

- contraintes : exploitation possible dans la limite : -20 à-3D m.

Eviter absolument les risques d'érosion et de colmatages, par les "fines" en

suspensions, des fonds de pêches (herbiers).

- mouillages: bons.

E - Graviers du détritigue côtier -23 à -60 m.

- graviers, nodules et concrétions biogènes, "maërl".

- origine biogène autochtone ou allochtone,

- teneur en carbonates : 97 à 99 %.

dynamique: traction, courants compensateurs, courants de fond.

Accumulations en zones calmes.

- usage: agrégats.

- géotechnique : matériau compressible, portance nulle.

- épaisseur faible à très faible. Il s'agit généralement de placage.

- outillage dragues, vibro-fonçages.

- contraintes : profondeurs trop importantes et sites exposés sauf

à Nerthe-Sud. Substrats rocheux et proximité de peuplements à préserver. Tonnages

faibles.

- moui 11age s généralement mauvais.

F - Détritigue côtier envasé de -25 à -100 m.

- sables fins vaseux, sables hétérométriques vaseux, sablon péliti-

que, graviers envasés, etc ...

- origine mixte: dominance des éléments terrigènes,

- teneurs en carbonates : très variables de 45 à 80 %.

- dynamique: action des courants de fond. Traction, suspensions

momentanées.

- usage travaux publics, agrégats. Débourbage nécessaire et souvent

trop onéreux.

- géotechnique: matériau compressible à très compressible, porosité

et perméabilité variables, portance faible, matériel parfois fluant (enrichisse­

ment en phyllites).

- épaisseur faible 1 à 2 m. Recherches en cours.

- outillage bennes, dragues, suceuses, lançage.

- contraintes : profondeurs trop importantes et débourbage obliga-

toire.

Page 29: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- mouillage bon.

- 25 -

G - Vases terrigènes côtières: de -55 à -200 m.

- vase gluante, pélites dominantes (faciès de lutite).

origine terrigène: troubles issus de l'épandage rhodanien.

teneur en carbonates : 28 à 40 %.

- dynamique: contre-courant de la Nerthe, dérive de Mistral et W.NW,

suspensions vraies et momentanées, courants compensateurs de fond.

- usage: boues montmorillonitiques, remblais.

géotechnique: matériau fluant et thixotropique, souvent peu per­

méable, portance très faible.

- épaisseur de quelques mètres à 30 m.

- outillage dragues, suceuses, vibro-fonçage, etc ...

contraintes : aires souvent polluées. Présence de IIcomplexes gon­

flants l1, minéraux interstratifiés et montmorillonites concentrant par adsorbtion

les éléments polluants (hydrocarbures, pesticides) ou très toxiques (métaux: Pb,

Hg, etc .. ). Les travaux sous-marins doivent tenir compte de l'éboulement inces­

sant des talus (à Fos: talutages avec des "fruits" de 1/30). Risques d'embour­

bages et de pollutions turbides des milieux voisins en fonction du sens des déri­

ves dominantes.

Enfouissement rapide des câbles et corps-morts.

- mouillages: bons à excellents.

H - Sables détritiques du large de -95 à 180 m

sables coquilliers rubéfiés et grossiers, matériel hétérométrique.

- origine mixte : détritique, bio-clastique fossile (thanatocoenoses,

bioclastique actuel.

- teneurs en carbonates : variables : 40 à 85 %.

- dynamique: en-dessous de la zone d'action des vagues et des cou-

rants compensateurs. On ignore la dynamique des courants de fond éventuels à

ces niveaux.

- usages possibles

nécessaires.

bâtiment, travaux publics. Débourbages parfois

- géotechnique : même remarque que pour le détritique côtier.

- épaisseur : de 1 à 2 ou 3 m. Le plus souvent, cette épaisseur

est réduite ou inconnue.

- outillages: électro-vibro fonçage, forages sous-marins (1),

(1) Essais de la "C.O.M.E.X." au large de Marseille (1972).

Page 30: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 26 -

suceuse, dragues flottantes.

- contraintes : sites très exposés et à trop grande profondeur

compte tenu de la valeur du matériau et de la technique actuelle d'extraction

profonde. Mais les tonnages potentiels sont importants et les contraintes biolo­

giques réduites. Zone propice aux chalutages de haute-mer.

- mouillages: corps-morts de structures flottantes ou immergées.

Essais à effectuer.

VII - EQUIPEMENT DU PRECONTINENT ET DU LITTORAL.

Dans une étude prospective à moyen terme il nous faut envisager

parmi les actions multiples et raisonnablement possibles :

les aménagements littoraux,

les ouvrages lourds,

les extractions de sables et agrégats sous-marins,

les rejets (émissaires, industries, travaux publics),

la conduite à tenir à moyen et long terme.

A - Aménagements littoraux

- Aménagements de plages: aménagement de la plage du Prado: digues,

épis en T inclinés et alvéoles. Cet aménagement demeure subordonné à la dévia­

tion complète de l'Huveaune (à l'exception du réseau pluvial, avec recharge de

la nappe phréatique du Prado) et des émissaires littoraux. Des aménagements de

plages complémentaires peuvent être prévus au Rouet, Cassis, La Ciotat.

- Aménagements portuaires : ils sont possibles au secteur de Nerthe­

Sud: Carry et Sausset. Les sites de la Redonne et Méjean comportent un accés

par la terre très médiocre. Il est difficile, du fait de son exposition, d'éten­

dre le port de la Pointe Rouge.

Terrains conquis sur la mer : près de 15 hectares pourront être

empiétés à la plage du Prado moyennant des précautions rigoureuses et le

respects des peuplements de l'herbier à Posidonies. Même remarque pour la baie

de La Ciotat et Nerthe-Sud. A l'exception de la plage du Prado, le secteur est

assez peu propice à des extensions d'envergure: exposition et pentes trop

fortes.

B - Ouvrages lourds

Page 31: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 27 -

- digues et brise-lames: extension possible de l'abri du Frioul

par l'édification bien étudiée de brise-lames. Le projet de relier l'archipel

du Frioul à la Corniche par des digues lourdes est à proscrire car il entra­

verait complètement les circuits courantologiques naturels de la baie de ~~rseil­

le. En revanche des ouvrages perméables, sea-line, câbles, etc .•. ont été réali­

sés et leur extension demeure possible. Des sondages de reconnaissance sous­

marins sont indispensables avant l'édification de tout ouvrage lourd. Ils seront

précédés par une campagne géophysique légère: "sparker", "boomer ll et sonogra­

phie latérale.

- îles artificielles :

a) ~~~~§~~ : hauts-fonds de Canoubier et Sourdaras entre If et la

Pointe d'Endoume.

b) ~~~~:~!~~~~~~~~_~~_~!~~~~~~~~: roches de la plaine de Carry

(-25 à -27 m), le Veyron (-15 m), écueils de Miet et du Milieu (archipel de

Riou) (1), plateau de la Cassidagne (-8 m, -36 m et -33 m), écueils de l'île

Verte (Canonnier -7 m et à l'Est de l'île -15 met -19 m).

c) ~~~_~~~~~~~~~~_~!~~~~~~~~_~~2~~~~~~~~: dans la zone d'abri au

Nord de la baie de Marseille, peuvent être étudiées.

- forages off-shore: réalisés par l'I.F.P. à l'Ouest de Calserai­

gne (-70 m), à 950 m de profondeur et à l'abri de Pomègues (essais technolo­

giques). D'autres essais ont été entrepris par la COMEX à Riou et au Frioul. Un

sondage plus important avec tête de puits sous-marine controlée par plongeurs

est prévu au Sud du Planier, près du rebord oriental du canyon (essais techno­

logiques COME X) , sur une assise stable. D'autres sites, tr2s cxpos~s, sont pos­

sibles à Cassidaigne et au banc des Blauquières.

c - Extractions de sables et d'agrégats:

Les baies de llarseil1e, Cassis et La Ciotat semblent devoir être

rejetées du fait de contraintes multiples : herbiers, fonds de pêches, pollu­

tions, câbles, chenaux ùe navigation, etc ...

Les sites de Nerthe-Sud et Riou-Ouest peuvent être retenus après une

étude critique détaillée et avis des spécialistes en Biologie marine. Il en

Sera de même pour les gîtes de Canaille, très exposés et à forte pente. La

limitation de la profondeur d'extraction à -30 ou -35 m réduit l'étendue des

gisements et il faudra admettre, en cas d'exploitation, la dégradation des

herbiers voisins (Riou, Carry, Sausset, Canaille).

(1) Sondages d'essais de la COMEX.

Page 32: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 28 -

La mise au point d'une technologie rentable d'extraction profonde

permettrait de reconsidérer la question et d'étendre alors l'extraction aux

sables détritiques du large qui posent beaucoup moins de problèmes quant aux

servitutes d'exploitations.

o - Rejets :

"Rejeter des déchets ou des effluents en mer, ne signifie pas

forcément poluer" (1).

- Problème de l'extension des émissaires:

La création d'émissaires sur la côte de Nerthe-Sud est à proscrire

car les effluents se dirigeront vers l'Est pour augmenter la pollution, déjà

très forte, au Nord de la baie de Marseille.

Aucun rejet ne devra être effectué dans la baie de Marseille-Sud

(problème du détournement de l'Huveaune dans le collecteur supplémentaire de

Cortiou). La conservation des fonds et les aménagements de la plage du Prado

sont subordonnés à ces dispositions.

· Le rejet actuel de l'égoût de Marseille à Cortiou ("grand collec­

teur"), qui doit être "doublé", accentue la pollution de la côte des Calanques,

voire de l'archipel de Riou. Le projet d'un émissaire en eau profonde doit être

reconsidéré. L'éventualité d'un rejet en eaux plus profondes, vers -150 m,

au large de Riou serait, à priori, intéressante mais pose de graves problèmes

techniques et financiers 0 Une solution à moyen terme, comportant une ou plusieurs

stations d'épuration efficaces et à forts débits, serait de nature à concilier,

dans une certaine mesure, les rejets en mer et le développement urbain de

Marseille.

• Les clichés en infra-rouge ("scanning", (télédétection) et fausses

couleurs) montrent la pollution en tourbillons et volutes de l'égout actuel

dans la baie de Cassis. Une certaine dilution est réalisée et les effluents

s'éloignent vers le SSE et le large. Mais une augmentation de débit, augmenta­

tion prévisible, exigerait une station de traitement des eaux.

· Egout actuel de La Ciotat, au Nord de la Calanque de Figuerolles :

site de rejet bien choisi, dilution rapide des effluents vers l'Ouest et le SE,

favorisée par les dérives et la très forte pente du fond.

· Egoût de la Villa des Tours (baie de La Ciotat). Les clichés en

émulsions I.R. et la télédétection (thermographie I.R.) mettent en évidence

une pollution générale de la baie sous la forme d'un tourbillon dirigé vers le

(1) Rapport CNEXO (1972) (R. Toussaint) : le programme du CNEXO en matièred'aménagement de la frange maritime du littoral, p.12 (18 Avril 1972).

Page 33: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 29 -

SE, puis l'Est et s'étalant, à certaines heures, vers le littoral en se diluant

(missions I.G.N.).

Seul l'égoût de Figuerolles peut rejeter, sans inconvénients majeurs,

un débit d'effluents beaucoup plus important (1).

- Problème du rejet des "boues rouges" industrielles :

Les recherches de Bourcier (1969) et de la Station Géodynamique de

Villefranche me dispensent d'insister sur ce problème. Glissant sur une pente

très abrupte jusqu'à -700 m, les boues rouges, cartographiées par Bourcier

s'étalent très au large, sur le fond, jusqu'à -2.000 m et empatant aussi les

versants du canyon de la Cassidagne en s'insinuant vers le thalweg occidental.

Par certains régimes encore mal connus (ondes de tempêtes? "upweZZing" ?), les

suspensions remontent à -200 m, salissant des filets à plancton, voire à -90 m,

sur la bordure externe du précontinent. Le débit actuel de 7 m3 /h a été récem­

ment doublé. Bien que les régimes de remontée soient fortuits ou épisodiques,

la situation n'apparaît pas alarmante pour les peuplements benthiques mais une

rupture du sea-line, dans son trajet sur le précontinent, au Sud de Port-Miou,

serait très grave et contaminerait immédiatement la baie de Cassis et, proba­

blement, son littoral.

Pour des nouveaux rejets plus conséquents de boues industrielles

(exploitations en extension aux Baux-de-Provence), les recherches devraient

slorienter vers des secteurs à très forte pente, au large, à taux de sédimen­

tation très rapide tels que le canyon de Couronne ou, plutôt, le canyon du

Rhône.

- Zones de "dumping" : matériaux solides non polluants, produits

de terrassements, déblais de travaux publics ou de carrières, etc ...

Les conditions favorables sont les suivantes :

1 - K~~~~~E~_E~~~~~~~~ : rejets en zones abritées des vents dominants

et à une profondeur suffisante, en-deçà de la zone d'action des courants compen­

sateurs, lesquels pourraient étaler trop loin les matériaux.

2 - K~~~~~E~_~~2!2g~~~~~ : rejets éloignés des fonds d'herbiers et

des lieux de pêche fréquentés.

3 - K~~~~~E~_~~~~~~~~~~_~~_~~2~2~~~~~~ rejets les plus proches

possibles des sites urbains ou d'extraction, en dehors des zones de trafic

important ou des trajets de câbles et sea-line, pente faible à nulle.

Deux sites ont été retenus après une étude du milieu:

1) Nord de la baie de Marseille: -54 m, vases terrigènes côtières,

pente faible. Secteur abrité du Mistral, à 1,5 mille nautique de l'aire

(1) Signalons les levers détaillés et inédits de J. Picard en ce secteur.

Page 34: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 30 -

portuaire, à 0,85 mille nautique dans le 164 du feu du cap Ragnon. Ce site

peut se prêter à une grande extension et le colmatage de ce secteur déjà très

envasé naturellement, n'altèrera point les peuplements existant sus-jacents

et déjà dégradés.

2) Sud-Ouest du cap de l'Aigle: -60 m, pente moyenne, détritique

côtier déjà pollué par l'égoût de Figuerolles à La Ciotat. A 1,4 m.nautique du

port de La Ciotat.

D'autres sites peuvent être étudiés en fonction des besoins.

E - Conduite à tenir

A long ou moyen termes, il paraît opportun de considérer les points

suivants

1° - Secteurs à protéger impérativement:

Littoral Nerthe-Sud, côte des Calanques, baies de Marseille-Sud,

Cassis et La Ciotat. Archipel de Riou, île Verte.

2° - Secteurs pouvant être aménagés :

. !~~~~~E~~ : baie de Marseille-Nord, en complément des aires de

Berre et Fos, irrémédiablement polluées et transformées •

. !~~E~~~~_~~~~~g~~ archipel du Frioul et baie de Marseille-Sud.

3° - Secteurs menacés par les IImarées noires ll:

En cas de sinistre maritime, ou rejets intempestif d'hydro-carbures,

les aires de départ sont les chenaux d'accés à Fos, Berre et Martigues. Le

danger immédiat est représenté par l'écueil du Planier et la Pierre-à-la-Bague.

Le contre-courant de la Nerthe et les dérives de Mistral et de vent

d'Ouest constitueront les vecteurs dangereux. Les hydrocarbures pénètreront

dans la baie de Marseille et aucun courant de marée ne viendra les dégager,

même pas un éventuel changement de régime (vent d'Est).

Les littoraux très menacés sont

Le littoral de Nerthe-Sud,

Le "cul-de-sac" de l'Estaque-Le Rove, au NNE de la baie de Marseille

La zone occidentale du Frioul

Le littoral de la Pointe Rouge, le Mont-Rose, les Goudes, au SW de

la baie du Prado, où une "marée noire", fort heureusement localisée, a été

observée en 1971 (Pointe Rouge, Madrague de Montredon).

En fait, les menaces les plus importantes viennent de l'Ouest et

les nappes d'hydrocarbures devraient pouvoir être signalées à temps et déviées

Page 35: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 31 -

vers le Sud avant d'atteindre le méridien de Planier. Le lIcourant-généralll,

dirigé d'Est en Ouest, déporterait alors ces dernières vers Port-la-Nouvelle

ou les Baléares, ce qui laisserait une marge d'action de plusieurs journées

étant donnée la vitesse faible de ce courant. La présence d'une forte dérive

de vent d'Est agraverait le phénomène aux dépens du littoral camarguais ou

languedocien. La marge d'intervention serait beaucoup plus limitée en ce cas.

Page 36: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 32 -

- CHAPITRE 3

NOTES SUR L'AMÉNAGEMENT

DE L'AIRE MARITIME, DE 0 À 60 MDE PROFONDEUR

DU CAP DE L'AIGLE AU CAP CEPET

(SUD DE TOULON) (1)

(1) Recherches et relevés sous-marins effectués par J. Blanc etE. Muschotti, docteur de 3ème cycle.

Page 37: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 33 -

1 - CADRE GEOGRAPHIQUE ET OCEANOLOGIQUE (carte 2)

La région étudiée s'étend du Sémaphore de La Ciotat au cap Cépet,

au Sud de la ville de Toulon. A l'exception du secteur situé au Sud du Bec de

l'Aigle, (où la cartographie a été menée jusqu'à -120 m, par L = 43°05'N) l'iso­

bathe 60 m a constitué notre limite inférieure (1).

Ce travail a porté, de l'Ouest à l'Est, sur les littoraux suivants

- baie de La Ciotat,

- côte accore de la Pointe Grenier à la Pointe des Engraviers,

- baie de Bandol, limitée au Sud par la Pointe de la Cride,

- baie de Sanary et archipel des Embiez, dans la partie méridionale,

- côte accore de Sicié jusqu'à la plage des Sablettes,

- littoral méridional de la presqu'île de Saint Mandrier jusqu'au

cap Cépet.

Le précontinent demeure largement représenté au Sud du cap de

l'Aigle et de la baie de La Ciotat l'isobathe 200 se trouve reportée à 9m.n.

du littoral (et les fonds de 1.000 m à 12 m.n.). Au Sud de Bandol, la largeur

du précontinent demeure encore égale à 4,5 rn.o. Cette vaste surface sous-marine,

légèrement inclinée et irrégulière, accidentée de contre-pentes (banc des Bro­

quets à -70 m, par L = 43°03'N et G = 05°39'E), constitue la zone sud orientale

du Banc des Blauquières étudié par J. Bourcart, C. Froget et J. Blanc (2).

Dès le méridien 05°45'E (écueil de la Basse Moulinière, à l'Ouest

de l'archipel des Embiez), le précontinent se réduit brusquement à 2 ou 3 m.n.

du fait de la présence du canyon de Sicié.

Le tracé des côtes, irrégulier et complexe est une conséquence de

l'héritage géologique (lithologie et structures tectoniques très variées) :

grès du Crétacé supérieur à la baie de La Ciotat, accidents du Trias et Juras­

sique de la pointe Grenier et de port d'Alon, synclinal de Bandol et son remplis­

sage oligocène, Trias et Permien en baie de Sanary, socle paléozoIque au Brusc

et au cap sicié (phyllades et quartzophyllades) ainsi qu'à l'archipel des Embiez,

pélites et grès permiens à Saint Mandrier et au cap Cépet (Gouvernet, Froget,

Muschotti et al.).

(1) En fait pour la compréhension de certains secteurs, les relevés ont parfoisporté jusqu'à -65 et -75 m.

(2) Le véritable "banc des Broquets" est situé à 3m.n. dans le 267 de la sonde-117, appelée à tort, "B. des Broquets" sur la carte S.H.5325.

Page 38: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 34 -

· Les masses d'eaux montrent les déplacements suivants

a) courant géostrophique permanent, dit "courant général l1, se tra­

duisant, surtout par beau temps, par un déplacement continu des masses d'eaux de

l'Est vers l'Ouest à des vitesses comprises entre 0,5 et 0,2 noeud.

b) par régime d'Est (vents E; E.SE, E.NE, etc .. ), les dérives accé­

lèrent le courant général et de fortes vagues battent les caps Cépet et Sicié.

c) par régime de Mistral (vents W.NW, N.W et N.NW), les secteurs

exposés sont l'île Verte, la pointe Grenier et le Grand Rouveau (partie occi­

dentale de l'archipel des Embiez). Les dérives sont alors très rapides (10 à

60 m/mn) et portent du NW vers le SE, comme le montrent des mesures directes,

les plans de vagues et les photographies aériennens.

· Plusieurs remarques sont à développer :

)0 _ Le "courant général" ne se manifeste qu'au large du littoral

(5 à 3 m.n) ; il n'a aucune influence sédimentologique directe sur la répar­

tition et l'évolution des formations meubles du rivage.

2° - Les dérives liées aux vents de Mistral et d'Est correspondent

à des courants de surface rapides et irréguliers (1 à 3 noeuds), tourbillonnant

dans les baies de La Ciotat, Bandol et Sanary. Le courant de dérive lié au

Mistral demeure violent au cap sicié et conditionne un transfert littoral,

orienté du SW au NE, vers les Sablettes (Blanc). La vitesse et les influences

sur le fond, relatives à ces courants de dérive sont amplifiées dans les passes

entre les îles et le continent : île Verte (passe des Canonniers), passe de

Bandol. Dans la baie de La Ciotat, Picard a souligné l'influence de ces tour­

billons sur la nature des peuplements - et des sédiments. Nous la retrouverons

à Bandol et à Sanary. L'extension des pollutions (émissaires, rejets divers)

sera sous la dépendance d'une telle dynamique.

Le sens de ces courants tourbillonnants s'inverse selon qu'il s'agit

du régime de Mistral ou de vent d'Est. La résultante de ce régime alternant

va paptiellement conditionner la nature et la répartition des types de fonds.

3° - Les zones du cap de l'Aigle - île Verte, des Embiez et du

cap Sicié, très exposées, sont l'objet de phénomènes de réflexion et de diffrac­

tion des houles et fortes vagues. Des phénomènes d'interférences rendent ces

parages assez rapidement dangereux par gros temps. On notera le pivotement

des houles à l'île Verte, au Rouveau, etc .••

· La baie de La Ciotat et ses annexes réalisent un système singulier

commandé par un circuit tourbillonnant dans la zone d'abri. Mistral et vent d'Est

Page 39: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 35 -

déterminent deux dérives de sens opposé: SW-NE, puis E-W et SE-NW, puis W-E.

Les tourbillons s'amortissent après une giration tandis que les zones calmes,

au centre de ces circuits, correspondent à des centres de "délestage ll où s'ac­

cumulent, de -30 à -40 m, les sables et graviers du détritique côtier. Ainsi,

la baie de la Ciotat présente deux "foyers", à l'Ouest et à l'Est, autour

desquels s'organisent les rotations ùqLutables aux dérives de Mistral et de

vent d'Est.

Outre ses particularités hydrodynamiques, la baie de La Ciotat montre

un important herbier à Posidonies, de quelques mètres à -35 m, orienté d'Ouest­

Est, constituant des fonds de pêche à protéger impérativement.

Enfin, les courants de décharge sont responsables, jusqu'à -18 m,

des épandages de sables fins, souvent isométriques, formant des lobes sous-marins

et remis en suspension à chaque période de gros temps. Ces fonds de sables mobi­

les, non "colonisés Il et fixés par les herbiers, forment un volant de matériaux

oscillants et protégeant en fait le littoral (Blanc). Malgré leur intérêt évident,

tout emprunt de matériaux est à proscrire en ces formations.

Entre la pointe Grenier et Bandol s·'observe un littoral rocheux

accore, jalonné de fonds durs et d'affleurements sous-marins dolomitiques très

karstifiés : pointe des Trois Fours, Sèche d'Alon, port d'Alon, île Rousse. Les

roches sont bordées par un herbier vivace en équilibre naturel, on y décrit

des épandages et phénomènes d'érosion sous-marins, actuellement en cours d'étude.

La baie de Bandol, plus largement ouverte aux influences de

l'W.NW s'avère relativement dégradé. Les sables mobiles, découverts par Muschotti

à l'Ouest de l'île Rousse, jusqu'à -30 m, sont accompagnés d'un épandage sableux

fin occupant la zone orientale de la baie, très exposée au Mistral. Jusqu'à -20m,

le sédiment y est remanié tandis que les troubles et particules fines ("pélites")

sont déportés au large.

La dégradation de l'herbier à Posidonies y est presque totale du

fait des courants de fond et des rejets continus de matériaux trop fins (cons­

tructions, déblais de terrassements, etc •.. ). Les aménagements portuaires de

Bandol ont détruit un bel herbier à Cymodocées, "récif barrière" et Posidonies,

décrit naguère par Molinier et Picard, Les fonds et peuplements du détritique

côtier sont également affectés et on note, dès -25 m, l'extension du faciès des

"vases terrigènes côtières". Cet envasement évidemment naturel, est cependant

accéléré par la destruction des herbiers et l'importance des rejets solides

non contrôlés, effectués directement au littoral .

. Un ensemble moins dégradé, complexe mais très menacé est réalisé

par la baie de Sanary et l'archipel des Embiez.

Page 40: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 36 -

Dégradation habituelle par dragages dans les "mattes" de 1 'herbier

et rejets au littoral de matériaux et déblais de terrassements. Les herbiers ont

regressé t surtout depuis les dix dernières années; ils n'existent pratiquement

plus dans la partie septentrionale. La charge solide et les effluents de la

Reppe, en forte crue lors, des pluies d'octobre 1973, accentuent ces mécanismes

de dégradation. Les sables fins, mobiles, du "prisme littoral" s'étalent jusqu'à

-8 m et les vagues de Mistral provoquent une dérive avec tourbillon à la plage

de Gouringout, partiellement érodée.

Les troubles et pélites issus de la Reppe et des rejets artificiels

se déposent rapide,ment, de -10 à -50 m, en une tache irrégulière de "vases

terrigènes côtières", cartographie par Muschotti et rejoignant les formations

analogues de la baie de Bandol en débordant la pointe de la Cride. La progres­

sion de cet envasement est à surveiUer car eUe appara'Ît comme la modification

édaphique la plus importante de la baie de Sanary.

- Rade du Brusc :-------------

Un vaste herbier à Posidonies subsiste malgré l'étalement d'efflu­

ents terrigènes à la Coudourière et des décharges littorales de cailloutis

argileux au Nord du Brusc. Comme je l'avais constaté dès 1958, la régression

de l'herbier demeure ici sous la dépendance essentielle des courants de fonds.

L'érosion des lImattes" se manifeste par des chenaux complexes, analogues à ceux

observés à Giens, jusqu'à des profondeurs de 12 m. Malgré les régénérations

naturelles, locales mais non négligeab les, il apparaît que les "mattes" dégra­

dées accroissent leur superficie tout COmme les épandages bioclastiques. Ainsi,

tout le Sud de la baie du Brusc se trouve altéré par le jeu de mécanisme hydro­

dynamiques naturels. Cet ensemble très fragile doit être préservé afin d'éviter

le processus en cours dans la baie de Bandol. On évitera essentiellement les

rejets au littoral, l'installation d'émissaires non étudiés et l'édification de

nouvelles jetées et installations portuaires.

La zone très abritée située entre le littoral, le petit Gaou et le

grand Gaou montre un envasement en rapide progression depuis les travaux de

Molinier, Picard et moi-même (quinze à dix huit ans). Cet envasement est agravé

par les récentes pollutions au niveau d'une zone intertidale réduite (camping,

multiplication des embarcations, rejets, fréquentation estivale intense). Les

circulations entre les passes (grand et petit Gaou, île des Embiez) sont insuf­

fisantes pour un renouvellement normal des eaux et toute construction de digue

est à prohiber. En fait, ce très bel herbier apparaît condanné à une assez

brève échéance, comme l'ont été les herbiers de la Seyne et de Tamaris.

Page 41: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 37 -

- ~~~~~~!E~!_~~~_~~~!~~ proprement dit est mieux protégé, notamment

les rives méridionales et occidentales très battues, si aucun aménagement intem­

pestif n'est réalisé. Les fonds rocheux, assez poissonneux sont abondants et

variés. Balayé par les courants, l'herbier est encore en régr~s5ion mais sous

l'influence, cette fois, des seuls phénomènes naturels. Les chenaux, épandages

sous-marins de type "deltaïque" s'y multiplient en un réseau complexe qui méri­

terait des études plus détaillées. Les éléments détritiques minéraux ou biogè­

nes y forment plusieurs "ceintures" décrites par Muschotti. L'action des cou­

rants apparaît importante jusqu'à 25 m de profondeur tandis que les épandages

issus de l'érosion des herbiers infra-littoraux ont été suivis jusqu'à plus de

60 m.

Une disposition analogue, mais très complexe dans le détail, s'ob­

serve tout au long du littoral accore du cap Sicié, jusqu'à La Léque. Cette

zone doit être protégée .

• Un littoral rocheux abrupt caractérise le cap sicié et ses abords.

Le milieu, extrêmement battu par tous les régimes est encore marqué par la

mauvaise tenue des roches métamorphiques (phyllades, quartzophyllades). Les

courants YIDnt violents et les pentes sous-marines élevées (8 à 12 %).

On Y note :

- éboulements fréquents des falaises schisteuses, glissements.

Les chaos sous-marins présentent des empilements de blocs jusqu'à -25 m.

- les matériaux s'organisent, en outre, en petits appareils sous­

marins, remaniés ou consolidés par les concrétionnements coralligènes, de -5

à -15 m, directement au pied des à-pics (plages des Sables d'Or, les Pierres

Tombées, cap Sicié). Les mécanismes exacts et les âges de ces écroulements

sont assez mal connus et actuellement en cours d'étude. La sédimentation détri­

tique d'origine minérale l'emporte et le gîte de Pb et Cu de la crique des

Sables d'Or contribue à l'alimentation du talus détritique sous-marin.

- plus au large, on note un herbier réduit,mais vivace "doublé"

par les sables et graviers, bioclastiques grossiers, les graviers concrétionnés

du détritique côtier, jusqu'à -55 m et les formations du détritique côtier

proprement dit, non encore explorées en détail vers le large.

Au Sud du cap Sicié et vers les Sablettes, Muschotti a découvert

une zone de sables mobiles et de fins graviers, de -15 à -55 m, de part et

d'autre des écueils des Deux Fréres et de pointements rocheux sous-marins. De

tels épandages ont une origine mixte et résultent des apports détritiques miné­

raux écroulés du massif de Sicié et de l'érosion des herbiers à Posidonies.

Page 42: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 38 -

- l'émissaire de la ville de Toulon se jetant à proximité occiden­

tale de l'arète du cap Sicié, par des fonds à pente élevée, en un milieu très

battu, apparaît fort bien situé. La frange polluée y est réduite et la disper­

sion des effluents bien réalisée. Les conséquences, vis-à-vis des peuplements

environnants, s'y trouvent réduites - ce qui n'aurait point été le cas assuré­

ment en d l autres sites. Ici, l'arête du cap sicié forme un écran naturel; si

le rejet avait été décidé à son revers oriental, les effluents auraient été

déportés vers les plages de Fabrégas et des Sablettes par le "contre-courant"

et la dérive, du SW au NE.

Les seateurs dB Fabrègas, dBs SabLettes et dB Saint-Mandrier

sont relativement exposés, soumis à des dérives de sens opposé. Les épandages

du "prisme littoral" s'y développent largement jusqu'à 35 m de profondeur.

Une érosion sous-marine importante, des roches isolées et l'afflux

d'éléments terrigènes (Fabrégas) entravent le développement des herbiers qui

forment une frange étroite et discontinue. Les sables bioclastiques et les

formations polygéniques du détritique côtier montrent une ceinture continue. Au

cap Cépet, une topographie sous-marine complexe (éboulements des falaises de

grès et pélites permiens, affleurements sous-marins, etc ••. ) montre une sédi­

mentation irrégulière où dominent les graviers. Un rejet de déblais issu du

creusement d'aires portuaires à La Seyne et Toulon, ne présente aucun caractère

néfaste particulier.

II - ZONES ABRITEES.

A - Zones abritées par Mistral (W.NW et NW) :

- partie occidentale de la baie de La Ciotat : abri occasionné

par la présence du Rocher du Sec (Bec de l'Aigle), de l'île Verte et du Massif

du Soubeyran. Fonds d'herbiers et de graviers à bonne tenue.

mouillage limité à la frange orientale de Sicié, sous la batterie

de Peyras. Fonds d'herbier et de sables mobiles, tenue irrégulière, mais fort

courant.

- rade de Toulon s.l., baie de la Seyne.

B - Zones abritées par régimes d'Est (E, SE, E.SE) :

- partie orientale de la baie de La Ciotat, dîte "baie des Lecques".

Abri relatif (houle réfractée sur la pointe Grenier) mais fonds à bonne tenue.

Page 43: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 39 -

- zones méridionales des baies de Bandol et de Sanary. Fonds

d'herbiers ou de sables mobiles. La baie du Brusc, au Sud de la baie de Sanary

se trouve bien protégée par l'écran de l'archipel des Embiez; mais le plan

d'eau demeure très exposé à des vents forts.

- rade de Toulon s.l., baie de la Seyne.

III - ZONES DE SERVITUDE.

- mouillages et chalutages interdits, zones de câbles au SE des

Embiez et au Sud du Grand Gaou et pointe de la Gardiole (cf. carte du S.H.

n05325).

- au Nord de cap Cépet, Grande Rade de Toulon (V.C. 5175) : mouil­

lages et dragages interdits, cables, explosifs sous-marins. Chenal de naviga­

tion, approches de Toulon, chenal de lancement de torpilles, bases de vitesses,

etc •.•

- bases de vitesses, manoeuvres temporaires en baies de La Ciotat

et Sanary. Zones de tirs au Sud de sicié et au banc des Blauquières.

- pas de gîtes archéologiques sous-marins reconnus : épaves en

baies de La Ciotat et Sanary (navires, avions et torpilles).

- anciennes zones de mytiliculture en baies du Brusc et des Sablet-

tes.

- extractions épisodiques de sables sous-marins au Sud des Sablettes

(à proscrire).

IV - SECTEURS POLLUES.

A - Secteurs très polluéS:

- aires portuaires de La Ciotat; Bandol et Sanary.

- baies de Toulon et La Seyne. Fonds envasés, circulations rédui-

tes, milieux très abrités, aires industrielles et touristiques à fort peuplement.

- émissaires de La Ciotat, Toulon (cap Sicié) et de l'Eygoutier

(rade des Vignettes). Aires limitées.

B - Secteurs moyennement pollués:

- plages de la Villa des Tours et des Flots Bleus en baie de La

Ciotat, plages de Bandol.

- débouché de la Reppe en baie de Sanary.

Page 44: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 40 -

- zone méridionale de la baie du Brusc et de la Coudourière.

C - Rivages déserts, non pollués:

Ile Verte, pointe Grenier, pointe des Trois Fours, Port d'Alon, les

Engraviers, pointe de la Cride, Sud de l'Archipel des Ambiez, littoral du cap

sicié à l'exception de l'émissaire de Toulon.

D - Secteurs à surveiller du fait de l'urbanisation et des récents

équipements touristiques

Baie de La Ciotat, pointe du Défend et Port d'Alon, les Engraviers

et Bendor (Bandol), Fabrégas et les Sablettes - St Elme.

v - UTILISATION DE L'ESPACE MARIN.

A - Zones industrielles équipées et en voie de développement

- Rade de Toulon et de la Seyne, grande Rade de Toulon, baie de

Tamaris et anse de St Elme arsenaux, constructions et réparations navales,

métallurgie navale, etc ... Ce secteur est l'objet d'une urbanisation poussée

accélérée en outre par le développement des voies de communication (autoroute

en construction), création du port de tourisme du Mourillon, etc ••• Une popula­

tion nombreuse se trouve rassemblée sur un territoire étroit limité par des

collines abruptes, où les possibilités d'équipement sont restreintes à 18 km de

littoral (1).

Ces zones, très modifiées et polluées, sont en déséquilibre complet

et irréversible. Seul un herbier en voie d'étouffement et d'envasement subsiste

à Tamaris (Posidonies et Cymodocées). Comme pour le golfe de Fos et la rade

Nord de Marseille, il convient de poursuivre l'équipement industriel et la

transformation d'un site totalement perdu du point de vue des équilibres

naturels.

Fort heureusement, la rade de Toulon s.l. constitue la seule zone

industrielle du littoral considéré à l'exception des chantiers navals de La

Ciotat où l'extension récente d'une forme de radoub a été empiétée sur la mer

sans inconvénient notable.

(1) Population de Toulon: 145.000 habitants, La Seyne: 27.000 h, St Mandrier:4.300 h, La Garde: 5.000 h. La population estivale peut dépasser 200.000 hvoire 350.000 h.

Page 45: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 41 -

B - Zones de loisirs et de pêche artisanale:

Telle est la vooation essentielle de la zone littorale examinée;

de ce fait elle doit être l'objet de mesures de protection en ce qui concerne

les pollutions, l'urbanisation et les aménagements sur le front de mer. Citons

- baie de La Ciotat : nouveaux ports de plaisance, tourisme, ski

nautique, pêche sur les fonds de l'herbier et les graviers du détritique côtier.

Les plages de la Villa des Tours, Fontsainte (campings), Les Lecques, sont

très fréquentées et facilement accessibles (parkings, nouvelles routes; popula­

tions : 19.000 h, en été: 50.000 h sur 6 km de littoral).

- pêche, baignade sportive, chasse sous-marine et navigation de

plaisance à Port d'Alon. La pureté du site (exceptionnel) est maintenant alté­

rée par la construction des grands lotissements de Port d'Alon et des Engra­

viers.

- Bandol: mêmes remarques que pour La Ciotat, mais le degré d'occu­

pation du littoral et ses altérations y sont plus élevés. Il en est de même

pour les baies de Sanary et du Brusc: navigation de plaisance (à Bendor, près

de Bandol et aux Embiez, le Brusc), écoles de voile, de plongée, ski nautique,

pêche aux fonds rocheux (La Cride, Les Embiez), aux herbiemet graviers du

détritique côtier.

- plongée et pêche sportive au Sud de Sicié, à St Mandrier. Naviga­

tion de plaisance généralisée mais déjà trop dense certains jours pour les

mouillages de l'île Verte, Bendor, Port d'Alon et le Brusc (pollutions, rejets

solides, altération des fonds).

C - Zones de pêches au chalut et en haute mer

1 - ~~~~_~~~_~l~~g~i~E~~ au Sud de La Ciotat :

-100 à -120 m à 5m.n. du rivage : graviers du détritique du large.

Banc des Broquets: -70 à -117 m au S.SW des Embiez (4 m.n.) ou au Sud de la

pointe du Défend (5 à 6 m.n.).

2 - ~~~~_~~_~~_~1~~~, vaste étendue inclinée de 100 à 170 m à 3 ­

4m.n. dans le 180 du cap Cépet, non étudiée. La nature et la cartographie des

fonds sont à établir avec précision.

VI - CARACTERES GENERAUX ET UTILISATION POTENTIELLE DES TYPES DE FONDS CARTO­GRAPHIES: (carte 2).

Page 46: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

DU BEC DE L'AIGLE AU CAP CEPET

Eboulis sous-marins héterogène ou instable • Blocs

2 - Sables mobiles et léssivés du prisme littoral ;sables fins

3 - Sables fins mobiles et biens classés des fonds de baies

4 - Zones d'Herbiers à Posirlonies et "mattes Il à proteger.

5 Epandages bioclastiques hétérogènes (sables et graviers).

6 Mattes érodées ou dégrédées, fonds instables.

7 - Sables et graviers mobiles des chenaux ct-érosion et des passe

8 - Sables hétérogènes du Détritique Cetier

9 Sables grossiers et graviers du Détritique Cetier

10 - Vases Rolluées, thixotropiques, vases portuaJres , zones

de débouchés ct 1 émissaires, insalubres t portance ·faible, etc ••

11 - Sables et vases sableuses hétérœgènes du détritique du

large

12 - Vase terrigène cotière et faciès connexe, vases gluantes.

13 - Sables grossier~ et graviers du Détritique du large

14 -Vases bathyales

15 - Fonds rocheux. Appuis résistants à portance élevée.

16 - Dépots de maté!riaux grossiers, non toxiques, zones de

ft dumping".

17 - Extension des pollutions à la sortie des émissaires.

Page 47: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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DU BEC DE L'AIGLE AU CAP CEPETE. MUSCHOTTIJ. BLANC: zone littoraleLaboratoire de Géologie marine. Centre d Océanographie.

Marseille Luminy

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Page 48: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 42 -

A - Sables mobiles du prisme littoral

o à -17 m ; exceptionnellement jusqu'à -35 m à Bandol.

- sables fins, lessivés, très isométriques,

- origine mixte: biogène et détritique,

- teneur en carbonate: 30 à 80 % selon les types d'alimentation

et la nature lithologique du littoral : grès de La Ciotat, pélites du permien,

- dynamique : traction, saltation, suspension (vagues et courants

de décharge, déferlements, transferts très localisés).

- usage: bâtiment, travaux publics, pas de débourbage,

- géotechnique: matériau compressible, poreux, perméable, portance

moyenne.

Bandol) .

- épaisseur jusqu'à plusieurs mètres (3 m à La Ciotat, 5 m à

- outillage: dragues, bennes, lançage, vibro-fonçages,

- contraintes : exploitation à prohiber strictement à cause du

danger d'érosion et de la rupture immédiate du profil d'équilibre littoral,

- mouillages: médiocres.

- localisation: baies de La Ciotat, Bandol, Sanary, sud du cap

Sicié et des Sablettes (épaisseur inconnue).

B - Sables fins des fonds de baies o à -20 m.

Assez voisins de la formation précédente. Ils participent à de

petits transferts et circuits tourbillonnaires locaux. Leur alimentation en

grains détritiques minéraux est subordonnée à l'apport de torrents locaux ne

fonctionnant qu'au cours d'orages exceptionnels, brefs, mais parfois très

violents (1) (ex. Le Dégoutant : baie des Lecques; le Grand Vallat baie de

Bandol; La Reppe: baie de Sanary). Ces épandages mobiles, brassés par les

déferlements et tractés jusqu'à -20 m, à la limite d'action des courants de

décharge, sont parfois localement fixés par des Cymodocées, Posidonies ou

encroûtés de Rhodophycées. Ce sont les fonds à "poissons blancs".

Mêmes contraintes et propriétés "globales" (sans entrer dans les

détails), que les formations mobiles et lessivées du prisme littoral (baies de

la Ciotat, Bandol, Sanary).

(1) Crue d'octobre 1973 à La Reppe1 mort à Bandol.

route inondée à Ouilloules, 4 morts.

Page 49: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 43 -

c - Herbiers à Posidonies : de quelques mètres à -35 m.

- sable coquillier hétérométrique,

- origine essentiellement bio-détritique,

- teneur en carbonates : 90 % à 99 %,

- dynamique: sédiment fixé par les frondes de Posidonies, "mattes"

érodées par les courants de fond et formation de Il tombants" et "chenaux"

intermattes ll•

- usage: travaux publics, agrégats, pas de débourbage.

- matériau compressible, poreux, perméable, portance moyenne.

- épaisseur de 0,50 à 5 m.

- outillage dragues, bennes, lançage, vibro-fonçage.

- mouillages: bonne tenue, arrachage des souches de Posidonies.

- contraintes: exploitation à prohiber strictement afin d'éviter

la destruction systématique des biotopes et fonds de pêches, destruction du

profil d'équilibre littoral. A protéger impérativement.

- localisation : essentiellement: baies de La Ciotat et du Brusc.

Frange littorale étroite, plus ou moins continue pour les littoraux accores

pointe Grenier, pointe du Défend, port d'Alon, Les Engraviers, Sicié, Saint

Mandrier, etc ...

o - Epandages bio-clastigues littoraux, hétérogènes: de -15 à -63 m.

sables polygéniques, graviers hétérogènes, mal classés.

- origine: mixte: détritique minéral et, surtout, érosion des

"mattes" d 'herbiers et formations meubles du littoral. On les retrouve en

bordure de l'Estérel. ILs ne présentent point Les peupLements habitueLs au détri­

tique côtier, malgré certaines analogies.

- teneurs en carbonates : 75 à 95 %.

- dynamique: courants compensateurs de fond, chocs des vagues et

déferlements pour les zones superficielles. On ne les trouve qu'en sites expo­

sés à très exposés. Actions de freinage, influence des écueils et bancs rocheux

sous-marins.

- usage: agrégats, travaux publics, généralement pas de débourbage.

- matériau compressible, poreux, perméable, portance assez bonne.

- épaisseur inconnue, 1 à 3 m à Sanary.

- outillage lançage, vibro-fonçage, dragues, bennes.

- mouillages: bons mais forts courants.

contraintes: l'exploitation n'est possible qu'à -30 m, face à

Page 50: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 44 -

des littoraux rocheux accores et déserts, à une distance notable des herbiers.

- localisation: pointe de La Cride, Sud des Embiez et du cap Cépet.

E - Graviers du détritigue côtier de -20 à -60 m.

courants compensateurs, courants de fond.

graviers, nodules et concrétions biogènes, "maërl ll•

origine biogène autochtone ou allochtone.

- teneur en carbonates 97 à 99 %.

dynamique : traction

Accumulations en zones calmes.

usage: agrégats.

- géotechnique: matériau compressible, portance nulle.

épaisseur: faible à très faible. Il s'agit généralement de pla-

cages.

outillage: dragues, vibro-fonçages.

- contraintes : profondeurs trop importantes et sites exposés sauf

à Nerthe-Sud. Substrats rocheux et proximité de peuplements à préserver. Tonna­

ges faibles.

mouillages : généralement mauvais.

- localisation: baies de La Ciotat, Bandol, Sanary, au Sud des

Embiez et du cap Sicié.

F - Sables du détritique côtier de -25 à -95 m.

- sable hétérométrique,

origine mixte : matériau détritique, fossile et bioclastique

actue 1.

- teneur en carbonates : très variable: de 45 à 90 %.

dynamique: courants de fonds, charriages et suspension momenta-

nées.

usage: débourbage souvent nécessaire, bâtiment et travaux publics.

- matériel compressible, poreux, portance faible à moyenne.

- épaisseur de 2 à 5 m (baies de La Ciotat et de Bandol).

- outillage dragues puissantes, suceuses, lançage, vibro-fonçage,

Eviter absolument les risques d'érosion et de colmatages, par les "fines" en

suspensions, des fonds de pêches (herbiers).

- mouillages: bons.

- présence générale, bordant, du côté du large, les fonds d'herbiers

et de graviers biogènes.

Page 51: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 45 -

G - Faciès du dètritique côtier envasé de -25 à -100 m.

- sables fins vaseux, sables hétérométriques vaseux, sablon péliti-

que, graviers envasés, etc ...

- origine mixte: dominance des éléments terrigènes.

- teneurs en carbonates : très variables de 45 à 80 %.

- dynamique: action des courants de fond. Traction, suspensions

momentanées.

travaux publics, agrégats. Débourbage nécessaire et sou-

très compressible, porosité

parfois fluant (enrichisse-

faible, 1 à 2 m. Recherches en cours.

bennes, dragues, suceuses, lançage.

: profondeurs trop importantes et débourbage

- usage

vent trop onéreux.

- géotechnique : matériau compressible à

et perméabilité variables, portance faible, matériel

ment en phyllites).

épaisseur

- outillage

- contraintes obliga-

taire.

- mouillage: bons.

- localisation: au Sud du Bec de l'Aigle et de la baie de La Ciotat.

H - Vases terrigènes côtières de -55 à -200 m.

Non étudiées à l'exception de la baie de Sanary.

- vase gluante, pélites dominantes (faciès de lutite).

- origine terrigène : troubles issus des épandages torrentiels du

Grand Vallat et de la Reppe (Recherches de Chamley, F. Picard et Muschotti).

- teneurs en carbonates : 28 à 40 %.

- dynamique; contre-courant de la Nerthe, dérives de Mistral et

W.NW, suspensions vraies et momentanées, courants compensateurs de fond.

- usage: aucun. Boues montmorillonitiques possibles.

- géotechnique: matériau fluant et thixotropique, souvent peu

perméable, portance très faible.

- épaisseur : de quelques mètres à 30 m.

- localisation: Sud de la baie de Bandol, baie de Sanary.

1 - Sables détritigues du large: de -95 à -180 m.

Largement représentés au Bwnc des Blauquières, au Sud de La Ciotat

et probablement à La Plane, ils n'ont point encore fait l'objet de recherches

Page 52: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 46 -

détaillées. Il s'agit de fonds de pêche (chalut) et d'une réserve potentielle

de sables et graviers.

VII - EQUIPEMENT DU PRECONTINENT ET DU LITTORAL.

A - Aménagement littoraux:

1° - ~~~~gË~Ë~!_~Ë~_2h~gË~ : aucune plage n'est réellement aménagée

à l'exception de la plage artificielle de Renecros, à Bandol, ouvrage bien conçu

mais où les circulations d'eaux doivent être plus développées.

Il serait possible, sans inconvénient, d'aménager les plages des

Lecques et de Bandol, en augmentant leur longueur utile, au moyen d'enrochement

en forme de T, après une étude préliminaire des sites. Le même problème se pose

pour les Sablettes ou des ouvrages, bien étudiés, pourraient être envisagés. On

s'efforcera, en tous les cas, de maintenir les circulations d'eaux.

2° - ~~~~gË~Ë~!~_2~E!~~~E~~ : déjà très nombreux, ils ne doivent

point être multipliés sous peine d'altérer les équilibres naturels. Citons:

les prolongations des jetées du port de La Ciotat (nouvelle forme de radoub),

ports de plaisance nouvellement édifiés à La Ciotat, Bandol (destruction d'un

herbier), Bendor, Les Embiez, le Mourillon.

A l'exception de Bandol, les déséquilibres engendrés ne sont point

trop graves. Les projets à La Ciotat, Les Lecques, Sanary, Le Brusc, s'ils

venaient à l'exécution, améneraient des destructions et modifications importan­

tes des fonds et peuplements infraUttorauz et circaUttorauz.

3° - !ËEE~~~~_S~~g~~~_~~E_h~_~ËE : Les Lecques, Bandol (vastes

parkings), Sanary. Les épandages de terre, déblais, doivent être préalable­

ment isolés du milieu marin par un brise-lames perméable, à "granulométriell

dégressive, bien étudiée. Les rejets sommaires directement effectués en milieu

marin, afin de "rentabiliser" les déblais des terrassements voisins, sont à

proscrire: à Port d'Alon, Bandol et Sanary, les herbiers ont été détruits

ou partiellement détruits en quelques années alors que progressent les envase­

ments par extension des zones turbides (La Coudourière, Le Brusc).

Une étude sérieuse doit être envisagée avant tout rejet à la mer.

4° - Zones érodées rivage rocheux à La Cride et Port Issol-------------(Lias et Trias de Sanary) : falaises à surveiller (développement des construc-

tions), éboulements importants et fréquents au cap Sicié, en site désert.

Page 53: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 47 -

5° - ~~~~~_E~~~!~Y~~~ : aucune remarque. Transfert local de Fabrè­

gas aux Sablettes et St Elme. Zone Sud de la plage de Sanary épis et enro­

chements (Le Brusc). Aucun problème grave pour les rubriques 4 et 5.

B - Ouvrages lourds

1° - Qig~~~_~~_~Ei~~:!~~~~ : aménagements possibles aux Sablettes

(ouvrages longitudinaux), voire aux Lecques. Aménagements de ce type à proscrire

en baie du Brusc afin de sauver ce qu'il reste du grand herbier initial. De

tels ouvrages sont à limiter ou à étudier sérieusement dans la zone occidentale

de la baie de La Ciotat.

2° - Iles artificielles------------------

· structures ancrées : possibilités en baie de La Ciotat, zone occi­

dentale (conditions d'abris et d'ancrages).

· structures semi-flottantes ou flottantes baies de La Ciotat et

du Brusc, évidemment: rade de Toulon.

• structures flottantes importantes seulement en grande Rade de

Toulon.

• forages "off shore" : banc des Blauquières, La Plane, baies de La

Ciotat, de Bandol, etc ... ). Il s'agirait de forages techniques, ou de travaux

publics et non de recherches pétrolières.

a) Prob Zème de Ztextension des émissaires :

• La Ciotat-Ouest : falaises du Capucin de Figuerolles. Emissaire

très bien situé, débouchant, par forte pente, en eau profonde très agitée.

Bonne dispersion des effluents. Le débit peut être augmenté sans inconvénient.

• Emissaire de la Villa des Tours (baie de La Ciotat) : étudié par

diverses méthodes, il apparaît mal situé. Les effluents sont déportés vers· le

SE et amorcent une giration conforme au mouvement des eaux dans la baie ~her­

mographie infra-rouge, clichés panchro, etc ... , construction des plans de

vagues, etc ... ). Une partie des effluents revient assez rapidement au littoral

les fonds et pentes demeurent faibles et l'herbier, ainsi que les plages sont

pollués. Nous préconiserons l'épuration des eaux rejetées à cet endroit et,

surtout, aucune augmentation de débit des effluents actuels.

Page 54: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 48 -

. A Bandol et Sanary, les effluents sont déportés vers le SSW. Une

fraction importante se trouve dispersée et ne cause aucun problème (vases

terrigènes côtières). Les circuits tourbillonnaires et dérives de Mistral

ramènent assez rapidement, l'autre fraction sur les plages et au fond des

baies. Nécessité d'une épuration ou d'un rejet par émissaire en eau profonde

à étudier.

Aucun rejet ne doit être entrepris en baie du Brusc.

Emissaire de Toulon, au cap Sicié. Il est très bien situé, en

eaux profondes, fortes pentes et agitation extrême. La dispersion est très

rapide, comme à La Ciotat-Ouest. Le débit des effluents peut être augmenté

sans inconvénient .

. Emissaire de l'Eygoutier, à l'est du Mourillon: mal situé avec

faible dispersion et retour d'une partie des effluents pour tous les régimes.

Epuration et rejet en eau profonde souhaitables.

b) Zones de "dumping" :

Facteurs favorables à l'extension d'une zone de rejet de déchets

solides, non toxiques et non polluants (déblais de terrassements)

- ~~~!~~E~_E~y~~g~~~ : profondeur suffisante, en deçà de la limite

générale d'action des vagues et d'une thermocline marquant l'extension en pro­

fondeur, des eaux chaudes et mobiles de la surface. Une immersion à-50 m peut

être envisagée. L'optimum est -70 m. On évitera les fortes pentes, sauf en deçà

de -50 à -70 m où les peuplements photophiles benthiques demeurent à l'abri de

remontées ou dispersions de troubles sur le fond.

- ~~~!~~E~_~~~l~g~g~~~ : on rejrttera le plus loin possible des

herbiers, fonds de pêches et plages. Les baies encaissées sont à éviter.

- ~~~!~~E~_~~~~~~~g~~~ : proximité des lieux de chargement et

faible durée de parcours, nécessité de zones assez abritées à coefficient

d'utilisation élevé (nombre de journées de travail effectif par an).

Zones actuelles :

- SSW de l'île Verte, par -60 et -75 m. Aucun problème, pas de

contaminations par remontées (détritique côtier).

- Sud du cap Cépet : de -12 à -40 m, sur des fonds rocheux et

graviers bioclastiques littoraux, côte accore et déserte. Envahissement par

les troubles, des fonds et sables biogènes. Milieu très brassé, forts courants,

très proche de Toulon et de La Seyne. Aucun inconvénient grave.

Sites proposés :

La Ciotat-Ouest: à proximité de l'émissaire, par des fond de

-50 à -70 m, talus à pente élevée (détritique côtier) L = 43·09'30 N ;

Page 55: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 49 -

G 05°35'15 E (extention ± 500 ml.

- Basse Moulinière Ouest : détritique côtier, milieu très battu,

fond régulier de -55 à -80 m. L = 43°04'40 N ; G = 05°43'20 E (extension ±

1.000 ml.

- possibilitffide rejets non polluants à -50 m, dans le détritique

côtier au large des pointes Grenier et du Déf~end.

VIII - CONDUITE A TENIR.

A - Secteurs à protéger impérativement:

Fonds de pêche et chasse sous-marine, esthétique des sites, lieux

de détente devant rester exempts d'aménagements:

- falaises du Sémaphore de La Ciotat et du Bec de l'Aigle.

- Ile Verte.

- pointe Grenier, pointe des Trois-Fours, pointe du Deffend.

- Port d'Alon (site déjà très menacé).

- sud de l'archipel des Embiez et du littoral accore du massif de

Sicié.

Les zones des Engraviers, Bandol et La Cride sont déjà profondément

altérées par des lotissements.

B - Secteurs pouvant être aménagés

Les aménagements devront y être étudiés avec prudence et modéra­

tion, en évitant une urbanisation excessive. Des portions rocheuses littorales

devront rester libres, en l'état naturel.

- baie de La Ciotat : on préservera les littoraux rocheux du cap

St Louis et de la pointe Grenier.

- baies de Bandol et de Sanary: on protégera les littoraux de

La Cride, de la pointe Nègre, des Embiez et surtout, de la baie du Brusc.

- baie des Sablettes.

C - Secteurs menacés par les "marées noi res"

Il n'y a pas de raffineries pour le littoral étudié. Des dépôts

de carburants sont implantés à Toulon, la Seyne, Saint-Mandrier, Sanary, Bandol,

les Embiez, Les Lecques et La Ciotat. Les routes des pétroliers se situent

au large du rivage mais traversent la partie méridionale du Banc des Blauquières.

Les abords de Toulon sont l'objet d'un trafic militaire important.

Page 56: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 50 -

Deux types de sinistres peuvent être envisagés

- Sinistre au Banc des Blauquières

- par régime normal, les huiles et goudrons seraient déportés vers

l'Ouest, c'est-à-dire vers Marseille et Fos.

par Mistral : les pollutions seront rabattues sur Sanary et le

Brusc en 2 ou 3 heures, par gros temps.

par vent d'Est: les nappes de mazout seront déportées vers La

Ciotat (2 à 3 h par vent fort : 50 à 60 km/hl et Cassis (4 à 6 h) pour un même

régime.

2 - En cas de sinistre aux abords de Toulon, par exemple au Sud de

la Grande Rade et à l'Est du cap Cépet, par vents de 50 à 70 km/ho

- régime normal, beau temps: pollution du cap Cépet, de St Mandrier

des Sablettes et de Fabrégas, rade de Toulon.

- fort Mistral: le mazout serait déporté sur la presqu'île de Giens,

les Fourmigues et la passe de Porquerolles.

- tempête de vent d'Est: pollution générale en rade de Toulon,

St Mandrier, St Elme, les Sablettes et au cap sicié (en 2 ou 3 h), puis aux

baies de Sanary, Bandol et La Ciotat, en quelques heures (4 à 10 h) .

Page 57: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 51 -

- CHAPITRE 4 -

RECHERCHES SËDIMENTOLOGIQUES SUR LA PROTECTION

DU LITTORAL À LA PRESQU'fLE DE GIENS (VAR)

Page 58: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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Page 59: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

LES FORCES

- 52 -

VENTS, VAGUES, HOULES, SEICHES et COURANTS.

Située à la limite du golfe du Lion et du golfe de Gênes, la

région de la presqu'île de Giens demeure sous la dépendance de deux régimes

dominants les vents d'Ouest s.l. et les vents du secteur Est.

Cette alternance conditionne des systèmes différents, voire opposés,

de vagues, houles et courant littoraux. La presqu'île de Giens constitue le

résultat récent de ces actions, à la frontière de deux domaines mécaniquement

antagonistes. Son évolution et sa protection devront tenir compte de cette

dualité.

On peut distinguer :

1° - Régimes dominants et alternants

- régime d'Ouest ("Mistral" local) : le mieux représenté au point

de vue "statistique" : fréquence de 28 % en journées/par an (J/a). Cette domi-

nance se manifeste encore par le "spectre" des vitesses :

1 % j/a à plus de 30 noeuds

10 % j/a de 15 à 30 noeuds

17 % j/a de 0 à 15 noeuds

Gênes

- régime d'Est, à grande distance de fetch, venant du golfe de

fréquence moyenne de 23 % j/a avec:

% j/a à plus de 30 noeuds

9 % j/a de 15 à 30 noeuds

13 % j/a de 0 à 15 noeuds

Du fait de la distance de fetch, les vagues les plus grosses sont

engendrées par les régimes d'Est. Les destructions, alluvionnements, etc •..

sont à imputer principalement à ces deux régimes dominants par leur force

propre et leurs fréquences moyennes cumulées (51 % j/a).

2° - Régimes importants et alternants

- Régime de NE : 15 % j/an.

2 % j/a à vitesse comprise entre 15 et 30 noeuds

13 % j/a à vitesse comprise entre 0 et 15noeuds.

- Régime de NW : 10 % j fan.

4 % j/a à vitesse comprise entre 15 et 30 noeuds

6 % j/a à vitesse comprise entre 0 et 15 noeuds.

Ces régimes engendrent des vagues parfois assez fortes et corres­

pondent aussi à des érosions, transferts et accumulations. Leur fréquences

Page 60: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 53 -

annuelles cumulées (25 % j/a) et leur intensité relative interviennent et

s'ajoutent aux effets des vents dominants mais, en tous les cas, les distan­

ces de fetch sont faibles, les vagues moins grosses tandis que les cambrures

demeurent accusées.

3° R" d .- eg1mes secon a1res :

- Régime de SW : 7 % j/an.

0,5 % j/a de vitesse comprise entre 15 et 30 noeuds.

6,5 % j/a de vitesse comprise entre o et 15 noeuds.

- Régime N (Tramontane) : 5 % j/a.

0,5 % j/a de vitesse comprise entre 15 et 30 noeuds.

4,5 % j/a de vitesse comprise entre o et 15 noeuds.

Ils sont responsables de transferts locaux, de faible importance

et de variations modestes du plan d'eau.

- autres régimes de peu d'importance totalisant une fréquence annu­

elle moyenne de 2 à 3 % j/a : S et S.SE.

- journées de calme: de 10 à Il % j/an.

L'EXPOSITION (cartES 3 et 4).

Le tombolo oriental, le plus important, généralement engraissé

par les sédiments du Gapeau et du Pansard, est essentiellement exposé aux houles

et vagues assez grosses d'Est, NE et S.SE pour 40 j/an. Il en résulte des relè­

vements du plan d'eau atteignant parfois 0,70 m, combinés au phénomène de la

marée, des seiches, érosions, transfert du NE vers le SW, puis le Sud, sédimen­

tation dans la zone méridionale (l'Estanci, La Badine). Les seiches qui se mani­

festent au Sud de la Capte, jusqu'à l'Estanci, favorisent la sédimentation et

cette zone littorale, naturellement protégée, ne pose aucun problème.

Le tombolo occidental, étroit et bas, demeure fragile. Il repré­

sente un des secteurs les plus menacés du littoral méditerranéen français. Ce

tombolo est édifié par les sédiments quaternaires récents résultant d'un

ancien cours du Gapeau ; il ne reçoit pratiquement aucun apport sédimentaire

actuel et les érosions ne sont point compensées par un transfert notable, comme

cela est le cas pour le tombolo oriental. La nature minéralogique de ce maté­

riel "fossile", la granulométrie, généralement plus grossière, etc ... diffèrent

encore des constituants d'origine métamorphique déposés sur le rivage oriental,

aux Bormettes, Salins d'Hyères, Port d'Hyères, La Capte, l'Estanci.

Page 61: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 54 -

~~~E~~~~~ du tombolo occidental est le résultat de l'attaque des

vagues d'Ouest, à cambrure élevée, quoique relativement courtes, auxquelles

s'ajoutent les vagues de NW et SW, l'ensemble totalisant environ 45 j/an. Cette

dominance des régimes d'Ouest, malgré les faibles valeurs des distances de

fetch, nous oblige à envisager une protection efficace de cette zone littorale,

orientée du Nord au Sud et perpendiculaire aux forces majeures. Aucune rivière

se jetant en rade de Toulon et de Carqueiranne, il n'y aura point de mécanisme

naturel d'ensablement compensateur en rade de Giens, comme cela peut être le

cas en baie d'Hyères.

~~~_~~~~~~~~_~~~_~~~~~_~~_~~~2§~~sont maximales pour les dépres­

sions accusées : on a mesuré :

- vent de 110 km/h (62 noeuds) pour 747 mm.

- vent de 120 km/h (66,5 noeuds) pour 746 mm.

De ce fait, les dépressions engendrent des relèvements du plan

d'eau ("marées barométriques") atteignant 0,40 m qui, combinés aux vagues de

tempêtes, peuvent s'élever à + 0,80 fi au-dessus du niveau normal et occasionner

de fortes érosions littorales. Ces dernières, maximales à l'automne, en janvier

et au printemps (avril-mai) correspondent toujours à la succession : dépression­

vent de tempête et vagues-érosion du littoral. Le risque d'une érosion grave

devient réel dès que la pression s'abaisse en-deçà de 750 mm.

~~_2~~~~~~~~_~~_!~_~~E~~ est faible; les marnages, de ± 0,15 à

± 0,25 m sont sans importance sur l'évolution sédimentaire littorale. En

revanche, la situation des rades de Giens et d'Hyères favorise les phénomènes

de résonance et le développement de seiches. Ces ondes stationnaires à courte

période se traduisent par les effets suivants :

- relèvements temporaires du plan d'eau: oscillations de ± 0,45 m

mesurées à la Madrague de Giens. Combinées à une I1marée barométrique ll, ces oscil­

lations peuvent atteindre ± 0,60 m et même ± 0,80 m par très gros temps d'Ouest,

d'où l'érosion accélérée des petits fonds, de l'herbier et du tombolo occidental

de Giens.

- courants de seiches dirigés de l'Est vers l'Ouest et réciproque­

ment, sortant ou entrant dans la rade de Giens ou au Sud de la baie d'Hyères.

- sédimentation en cordons sableux obliques ou flèches sous-marines

en rides ou croissants à l'Estanci, au Sud de la Capte, au tombolo oriental de

Giens, là où se situent les lignes nodales des seiches. La disposition Nord-Sud

des tombolos et la "barrière" constituée par l'île rocheuse de Giens favorisent

les résonances et le développement de ces ondes stationnaires.

Il nous faudra tenir le plus grand compte de ces phénomènes lors

Page 62: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 55 -

de travaux d'aménagements du littoral ou de projets d'installation d'émissaires

car :

a) les zones des nodales sont le siège de colmatages liés à une

hypersédimentation naturelle, comme l'ont montré nos travaux dans le golfe de

Fos.

b) les zones des nodales sont le siège d'une pollution (macrosco­

pique) accélérée. Les débris (bois, plastiques, bidons, bouteilles) se rassem­

blent préférentiellement, à égale distance (L/4) des "ventres" de l'oscillation

(L = longueur d'onde de la seiche) ; les rides sableuses étant généralement

séparées de L/2, soit 45 à 65 m, en fonction des paramètres de l'oscillation

incidente et des dispositions locales.

Nous distinguerons les états suivants

1° - Mer moyenne:

T = 4 sec L au large: 25 m H = 0,55 à 1,10 m

W vitesse du vent = Il à 16 noeuds.

Profondeur d'amortissement (P.A) de la houle incidente: 27 m

Profondeur de réfraction (P.R.) de la houle incidente: 12 à 13 m.

2° - Mer "grosse" (tempête normale)

T = 6 sec L = 56 m H = 1,3 à 25 m

W= 22 à 25 n P.A. = 60 m PR = 28 m

3° - Mer "forte" (forte tempête)

T 7 sec L = 77 m H 2,5 à 4,5 m

W = 25 à 30 n (moyenne à 27 n) P.A = 80 m PR 39 m.

4° - Tempête maximale observée

T = 8,2 sec L = 88 m H = 4,5 à 6 m.

W = plus de 30 n P.A 90 m P.R = 45 m.

5° - Tempête exceptionnelle (possible, prévisible mais jamaisobservée).

H = 6 m à davantage.T 10 sec L =

W = plus de 38 à

156 m

40 n P.A = 160 m P.R = 78 m.

Le calcul montre qu'alors la limite de déplacement du sédiment

très fin sur le fond peut être reportée à une profondeur de 160 m et correspond

pratiquement à la majeure partie du précontinent.

Page 63: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 56 -

Les vagues et houles, après réfraction à partir de la profondeur

P.R., tendent à s'orienter parallèlement au tracé dominant du littoral et des

isobathes (loi de Lewis).

Cela est en conformité avec l'orientation générale des tombolos de

Giens.

Lorsque après réfraction, les crêtes sont obliques par rapport à

la ligne de côte, la résultante des mouvements (swash) admet un déplacement

moyen parallèle au rivage (contre la ride littorale s'il y en a une), nommé

"long shore current" (ou "transfert littoral ll, ou "dérive littorale").

Dans les zones de convergence des orthogonales ces dérives litto­

rales ont une vitesse maximale; elles tendent à se diriger vers les secteurs

où les orthogonales divergent (loi de J. Sitarz) (1963).

Le problème consiste à évaluer par le calcul ou la mesure directe

la vitesse minimale v de début d'entrainement du sable, pour un diamètre D con­

sidéré, sur un fond supposé horizontal (1). Les calculs de Bonnefille (1963)

et Larras (1964) ont abordé le cas de sédiments non cohésifs; cependant, il

faut remarquer que l'arrachement d'une particule contre le fond exige une éner­

gie, donc une vitesse, bien supérieure à celle qui demeure nécessaire, par la

suite, à la maintenir en mOUVement dans un transfert littoral. Cette vitesse

Vr est nommée "vitesse réglante de transport".

Vr est une fonction de la granulométrie, de la densité et de la

sphéricité des grains; elle s'abaisse en fonction inverse de l'accroissement

de la pente. On peut admettre :

- pour le sable fin : Vr 0,10 à 0,15 rn/sec.

- pour le sable grossier Vr = 0,35 à 0,60 rn/sec.

- pour les granules : Vr = 0,40 à 0,90 rn/sec.

- pour les galets et cailloux: Vr = 0,70 à 1,0 rn/sec.

En considérant les sites réels de Giens, le calcul, d'après les

abaques de Bonnefille, donne les valeurs suivantes des vitesses v en rn/sec.

(1) Cette dernière condition n'étant point réalisée, la pente sous-marine déter­mine en fait une vitesse réelle inférieure à la vitesse théorique v.

Page 64: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 57 -

ProfondeursMatériau Médiane Site choisi

3 m 5 m 10 m 15 m

Galets 5 cm Plage du Gapeau 2,7 2,9Plage du Ceintura

------------------1--------------------------- ------- ------- ------- -------Granules 2 mm Plage du Ceinturo' 0,67 0,72

------------------1--------- ------------------ ------- ------- ------- ------Sables grossiers 1,5 mm Plage d'Hyères

Hippodrome 0,57 0,63 0,72

1--------- Almanarre ------- -----_.------------------ ------------------- ------- ------Sab les moyens 0,8 à

0,3 mm La Capte 0,45 0,52 0,60 0,63------------------1--------- ------------------ ------ ------ ------- -------Sables fins 0,1 à L'Estanci

0,40 0,43 0,50 0,520,3 mm La Badine

Les recherches sont menées par étapes :

1) Etablissement du SDck granulométrique dominant et détermination

de D (médiane, moyenne ou centiles supérieur, correspondant au lI grain maximumll,

ce dernier étant intéressant à connaître pour l'évaluation de la vitesse d'arra­

chement, dont d'érosion au niveau du fond).

2) Répartition bathymétrique du stock de diamètre D.

3) Faciès granulométrique du stock concerné. On utilisera les

travaux de Rivière, Visher et Weydert. Le détail des analyses sera poussé en

fonction du temps disponible et de l'échelle du problème à traiter (1).

4) Calcul des vitesses de transport et des "niveaux d'énergie".

Les diagrammes de B.W. Logan expriment les vitesses contre le fond

pour divers régimes :

25 m,4 sec, pente assez forte (1/35) (LT10) ~~E_!!!~:i~",,~

H moyenne = 0,80 m) .

Flux de vitesse égale à 1,20 rn/sec à -3 m.

Flux de vitesse égale à 1,03 rn/sec à -5 m.

Amortissement pratiquement complet à -30 m.

2°) ~~E_gE~~~~ : T = 6 sec, pente 1/35 (L = 56 m, H moy. = 2 m) .

Flux de vitesse égale à 2,30 rn/sec à -3 m. La valeur de cette vitesse ne change

guère à -5 m. A -10 m, on calcule 0,50 rn/sec. L'amortissement est réalisé vers

52 ou 55 m.

(1) Une recherche appliquée à court terme concernant un problème precis n'exi­gera point de longues études théoriques, vérification et calculs. Sur cesproblèmes consulter ès travaux de P. Weydert (1971, 1972 et 1973).

Page 65: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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Page 66: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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- 58 -

3°) !~~E~~~_~~~~~~!~_~~~~E~~~

5,IOm).

T = 6 sec, pente 1/35 (L = 88 m,

Aucune vitesse n'a été calculée pour les fonds de 3 à 5 m.

A -la m, le flux montre une vitesse de 1,5 rn/sec.

A -15 m, le flux montre une vitesse de l ,a rn/sec.

A -22 m, le flux montre une vitesse de 0,77 rn/sec.

A -33 m, le flux montre une vitesse de 0,50 rn/sec.

Amortissement pratiquement complet vers -77 à -80 m.

10) Par mer "movenne" :-----------~----

- les sables grossiers cheminent jusqu'à -8 m et l'érosion affecte

surtout les fonds jusqu'à une profondeur de -5 m.

- les sables moyens et fins sont mis en suspension jusqu'à -30 m.

2°) ~~E_~~E_~gE~~~~" : érosion d'un fond sableux jusqu'à -la m

mise en suspension de sable fin jusqu'à -50 m.

3°) ~~~E_!~_~~~E~~~_~~~~~~!~_~~~~E~~~

- érosion rapide de tous les fonds, quelle que soit leur nature,

jusqu'à la m de profondeur.

- érosion du sable grossier et moyen jusqu'à -30 m.

- mise en suspension des sables fins jusqu'à -60 m environ.

Les régimes de très fortes tempêtes et les mers "grosses" n'ont pu

être directement observés en plongée. Les vitesses ont été calculées à partir

des paramètres mesurables. L'observation directe a porté sur l'examen des

fonds immédiatement après un gros temps : érosion des herbiers, état des che­

naux, repères sur le fond, ravinements, galets tractés, matériaux déplacés,

etc ...

On peut se demander s'il y a une concordance entre les états

"calculés" et les situations réelles du niveau des fonds. Cela nous amène aux

remarques suivantes :

1° - En baie de Giens, à l'Ouest du tombolo occidental, les ravi­

nements sous-marins et les remaniements de sédiments et de galets littoraux se

manifestent jusqu'à -12 et même -15 m. L'action des courants compensateurs peut

se prolonger en-deçà. Les vitesses réelles d'érosion, par très fortes tempêtes,

paraissent supérieures aux valeurs calculées. Ces dernières sont des moyennes

Page 67: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 59-

tandis qu'une llpointe" de vitesse réelle, même très brève, est accompagnée

d'effets naturels et observables au niveau du fond.

2° - En rade d'Hyères, à l'Est de la Capte et du port d'Hyères,

les ravinements sous-marins et les remaniements se suivent jusqu'à -30 m. Les

érosions sont encore très sensibles à 20 m de profondeur et des épandages bio­

clastiques sont remaniés par gros temps jusqu'à -40 m. Mais en ce secteur, la

présence d'un herbier vivace à Posidonies, jusqu'à -32 m, protège les fonds

par la consolidation du sédiment des "mattes", ce qui ot est point le cas pour

la baie de Giens où l'herbier très dégradé demeure en voie de régression rapide.

Il y a ici une meilleure concordance entre les effets réels, plus

ou moins épisodiques, et les vitesses théoriques. Les mouvements naturels, plus

rapides que les déplacements calculés sont en fait compliqués par les circuits

courantologiques curvilignes de la rade d'Hyères et le système des courants

sagittaux auxquels s'ajoutent des oscillations de seiches.

3° - Il est difficile d'évaluer les pentes sous-marines du fait

des irrégularitées liées aux herbiers: "mattes" et "tombants", massifs isolés

amenant la concentration des orthogonales, ressauts et "contre-pentes ll, marmites

d'érosion et dépressions fermées, de -5 à -20 m. Or, les calculs considèrent

des pentes régulièrement inclinées. Il nous faut tenir compte, sur ces fonds

d'herbiers, de freinages et turbulences complémentaires sans lesquels, d'ailleurs

les tombolos de Giens n'existeraient plus.

LE TOMBOLO OCCIDENTAL (carte 3)

Description:

Long de 4.500 m, large par endroits de 80 m, le tombolo occidental

de Giens, supportant la "route du sel", est une construction sableuse mince et

fragile.

Tout au long de ce tombolo il a été défini plusieurs sites de sur­

vaillance, du Nord au Sud (fig.! et 2).

- E~~~~_~ : plages situées au Sud de l'Abnanarre et au Nord de

l'émissaire actuel de la ville d'Hyère •.

- E~~~~_~ : plage dîte de "Passe Pied", à 700 m au Sud du débouché

de l'émissaire. Tombolo aminci (borne Q).

- E~~~~_g : sensiblement au milieu du tombolo W, flèche encore

très amincie.

Page 68: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

DU CAP CEPET AU GOLFE 1lF) GIENS •

1 - Eboulis sou~ marins hétérogènes et instables. Blocs.

2 - Sables mobiles lessiv~s du prisme littol'al

J - Sables fins élutriés et mobiles des fonds de baies.

h - Herbiers ft Posidonies et IÎHattes" à Proteger. t sables

hétérogènes .

5 - Mattes et herbiers à Posidonies érodés. Fonds instables

6 - Sables mibiles des chenaux d'érosion des herbiers.

7 - Sables péliteux des herl)l;ers de Zostérées des fonds de baies.

8 Sables grossiers et graveirs du Détritique cotier

9 -·Sables hétérog0nes du Détritinue cotier •

10 - Sables péliteux du Détritique cotier envasé

11 - Fonds rocheux rigides à portance élevée

12 - Sables indurés et grès sous-marins •

1J - Zone de "dumping" et rejets solides ( déblais) non ·polluants

14 - Zone intertidale

15 - Faciès des Vases Terrirrènes Cotieres.

16 - Cournnts dominants

17 - Sens de la dérive liée aux vents dominants.

1R Emissaires sous-marins

19 - Extension des pollutions à la sortie des émissaires.

20 - Zone cotière en voie dtéro~ion.

Page 69: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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Centre National pour l'Exploitation des Océans DU CAP CEPET AU GOLFE DE GIENSJ. BLANCA. JEUDY de GRI55AC

Laboratoire de Géologie marine, Centre d'Océanogr.phle,Marseille, Luminy.

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Page 70: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 60 -

2~i~!_g' : à 600 m au Sud de C, là où change la courbure du tom­

bolo W dont la ligne adopte une direction NNE-SSW.

2~i~!_Q : plage Sud du tombolo se raccordant à l'île de Giens,

en bordure de dune et marécages. Au Sud de D (450 m au SW) s'amorce le départ

de l'émissaire sous-marin de Giens.

Les zones menacées correspondent aux segments AB, BC. Après de

fortes tempêtes d·'Ouest, en C, la largeur du tombolo se trouve réduite à 50 m

alors qu'en 1956 elle était de 80 m (Blanc, 1960). En C', l'amaigrissement a

réduit cette largeur de 90 à 75 m en quinze années. Des compensations à ces

retrécissements ont été apportées par des remblaiements du côté oriental, en

bordure de la roubine bordant l'étang des Pesquiers. Néanmoins une possibilité

de rupture demeure possible pour les secteurs définis par les segments AB, BC,

par tempête très forte ou exceptionnelle d'Ouest ou W.NW, combinée à une

"marée barométrique" (1).

Matériel sédimentaire

De l'embase Nord (Pomponiana, l'Almanarre) jusqu'au point C', on

observe un cordon littoral et une plage à forte pente formée de petits galets

quartzeux, granules et sables grossiers coquilliers. Le matériel montre une

origine mixte :

1° - Galets, granules et sables quartzeux détritiques issus des

horizons du Permien et Trias inférieur. Cet épandage sub-fossile est lié à un

cours ancien du Gapeau dont le débouché se situait à l'Ouest du Mont Fenouillet

(Lutaud, 1924).

2° - Amas coquilliers fossiles, sub-fossiles et actuels drossés

à la côte et formant des co,;dons ou des "beach cusps". Cet apport bio-clastique

prépondérant est issu en grande partie de l'érosion des vases, limons et sables

versiliens formant le soubassement de l'étang des Pesquiers et des tombolos,

comme le montrent les sondages. Ces sédiments, laguno-marins, riches en Cardium,

Ostrea~ etc .. , s'étendaient vers l'Ouest, en baie de Giens, où ils ont été

retrouvés en plongée jusqu'à une profondeur de 6 m, associés à des passées

grésifiées (2).

A partir du C', jusqu'à l'enracinement méridional on note un

changement dans la composition du sédiment littoral

(1) Les "marées barométriques" montrent des dénivellations sensibles dès 750 mmà 742 mm on peut observer une surélévation du plan d'eau de 0,60 m.

(2) Nous menstionnerons la découverte de ponces flottées, analogues aux échan­tillons trouvés par Jahandiez à Porquerolles, et provenant de l'archipelvolcanique des Lipari.

Page 71: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 61 -

1°) Apparition de minéraux lourds (grenats, staurotide), issus du

massif métamorphique de Giens et des ectinites des Maures (séries de Loli et des

Berles), devenant de plus en plus abondants vers le Sud.

2°) Apparition d'un nouveau stock quartzeux, d'origine métamorphi­

que et filonienne, donnant des galets ferrugineux irréguliers, d'allure céré­

brolde. Ce matériel, issu de Giens, provient de l'érosion du piedmont quater­

naire (éboulis et limons rubéfiés würmiens, (Blanc, 1958). Ces galets contras­

tent avec les galets septentrionaux, issus des anciens cours du Gapeau, d'origine

permo-triasique, blancs, limpides et très régulièrement ovolde.

Le stock bio-clastique initial et les plaques de grès remaniés

subsistent, dans les secteurs érodés au Sud de ct et D, sous le cordon en voie

d'amaigrissement, on observe de petites concentrations de minéraux denses (gre­

nats, staurotide, disthène, oligiste, magnétite, etc ••. ). Entre le point D et

le départ de l'émissaire Sud, on relève d'autres accumulations, notamment après

les périodes d'amaigraissement (augite (T.A.), staurotide (T.A.), oligiste,

magnétite (A), hornblende (A), grenat almandin (A), micas, disthène, etc •••

Le déferlement des vagues obliques, à l'Almanarre et au point A

détermine la formation d'un système de "beach cusps" dont les longueurs (dis­

tances d'une "corne" à l'autre) diminuent vers le Sud (L = 3 m à 1,5 m), en

fonction de l'amortissement et d'une légère dérive littorale. Après les gros

temps d'Ouest, on observe la formation de deux "générations Il de Ibeach-cusps"

emboitées : au rivage : L = 3 m, circonscrite par une autre ligne plus interne

où L = Il m. Ces figures traduisent roscillation d'ondes de Bragg vraisemblable­

ment liées à des réflexions et diffractions sur la côte rocheuse (Pomponiana) où

les affleurements sont nombreux ainsi qu'au niveau des grandes "mattes" érodées

et des plages septentrionales à fortes pentes. De ce fait, malgré la force des

vagues incidentes et les déferlements spectaculaires, ce secteur demeure en

équilibre sédimentaire.

L'étude granulométrique sommaire du tombolo occidental montre des

irrégularités continuelles liées aux "beach-cusps", zones d'érosion, et de

départ des courants sagittaux, cordons de galets et de coquilles, fragments

indurés et grésifiés de sédiments laguno-marins rejetés au rivage, etc ••. La

dérive Nord-Sud, observée en pleine eau ne s'accompagne point d'un véritable

transfert sédimentaire général mais, entre les zones de départ des courants

sagittaux ("concavités" à forte érosion), on note de faibles déplacements,

complexes, locaux et irréguliers du sédiment dans le sens Nord-Sud ou récipro­

quement.

Par régimes W.SW ou SW, on observe une dérive SW-NE remontant le

long du tombolo W. Cette dernière est responsable de petits transferts locaux

Page 72: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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Page 73: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 62 -

et irréguliers de faible importance pouvant déporter certains minéraux métamor­

phiques de Giens jusqu'au point c' et même parfois jusqu'en C (fig.2).

Cependant, compte tenu de ces remarques, le rivage du tombolo occi­

dental n'est point l'objet d'un véritable transfert systématique comme cela est

le cas pour l'isthme oriental.

Le courant de seiche, au Sud du golfe de Giens, orienté Ouest-Est

et viae versa, ne semble point être accompagné d'effets sédimentologiques mais

intervient dans la dispersion des effluents de l'émissaire méridional.

Les inflexions du tracé littoral du tombolo W correspondent aux

zones de départ des courants sagittaux et, pour le point C, aux limites de

régimes à incidences préférentielles

- au Nord de C : dérive du Nord au Sud, déportant les effluents

de l'émissaire d'Hyères en zone méridionale de la baie de Giens. Incidence des

houles: 290, 280 jusqu'à l'azimuth 268.

- au Sud de C : une dérive du SW vers le NE a été confirmée par

des colorations et visées sur flotteurs.

Un facteur de protecti on inattendu les grès sous-marins

Découverts en 1957 et publiés en 1960 (J. Blanc), ces bancs gréseux

sous-marins s'étagent de -2 à -6 m. Il s'agit de "beach-rocks" correspondant à

des indurations en zone médio-littorale liées à des anciens niveaux phréatiques.

Ces derniers sont responsables de la cimentation calcitique, souvent ferrugi­

neuse. De petits sondages dans les formations pélitiques laguno-marines, près

de l'étang des Pesquiers et des points C et C' ont mis en évidence des indura­

tions partielles accompagnées de rapides concrétionnements ferrugineux ("fer

des marais") (1). En certains cas, les arénites ont été suffisamment exposées

pour se trouver ciselées de stries de déflation liées à l'orientation du vent

dominant (Mistral: NW ou W.NW) .

Ces "beach-rocks Il jalonnent une succession de niveaux marins, de

-6'm à -2 m ; leur inclinaison, assez forte (quelques degrés vers l'Ouest, W.SW

et W.NW) , rappelle celle des plages actuelles du tombolo dont ils épousent le

tracé. Ce sont des grès quartzeux isométriques ou des grès hétérométriques à

Ostrea et Cardium edule.

(1) J'ai observé, près de C' et D, dans les marais et sur l'arrière plage, desgrésifications récentes accompagnées de concrétions ferrugineuses cimentantdes mines et autres débris métalliques enfouis.

Page 74: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 63 -

En plongée, on note la fissuration et le déchaussement rapides de

ces grès sous-marins :

- en 1903, seules les "roches" devant B et C affleuraient.

- en 1950 et 1953, j'ai observé le dégagement des grès, initialement

recouverts de sédiments meubles et de "mattes", devant C' et D.

- en 1972, à la suite d'une phase d'érosion sous-marine liée à la

dégradation des herbiers à Posidonies, une "ceinture" grésifiée apparaît depuis

l 'Almanarre , "doublant" vers l'Ouest l'ensemble du tombolo occidental de Giens,

formant un radier résistant et protégeant l'isthme d'une destruction rapide.

Cette dalle résistante devra être soigneusement étudiée par des

forages. Elle constitue une assise intéressante sur laquelle pourraient être

établies des défenses frontales rapprochées.

Les courants sagittaux et l'érosion sous-marine

Le flux pénétrant par gros temps d'Ouest en rade de Giens est diri­

gé vers le rivage du tombolo occidental. La compensation est assurée par un

système de "rip-currents" ou courants sagittaux (Rivière, 1951 ; Blanc, 1958;

Arbey, 1959), sortant de la rade par de nombreux chenaux en érodant le fond.

Signalés en 1960 (J. Blanc), ils montrent un développement accru

depuis la dernière décennie. Les comparaisons bathymétriques réalisées par

Maggi (1973) entre les relevés hydrographiques de 1896 et 1969 montrent une

érosion et un creusement accentués des fonds à -3 et -5 m ; les ablations

s'observent encore d'une manière systématique de -10 à -18 m, aux dépens des

herbers à Posidonies et ce, bien antérieurement aux épandages et pollutions

récents. Les phénomènes de creusement sous-marins correspondent à des ablations

pour des épaisseurs de 1 à 3 m, depuis 73 ans, notamment aux chenaux situés au

Sud de l'Almanarre (Ouest du point A), à l'Ouest des points B, Cet C', au

Nord de la Madrague de Giens et à l'Ouest du point D.

Les caractères essentiels de ces chenaux empruntés par les courants

de décharge sont les suivants :

1° - tracé généralement perpendiculaire à la ligne de cote. Ils se

poursuivent en moyenne jusqu'à des profondeurs de -10 m ; on peut cependant les

suivre jusqu'à l'isobathe 20 m.

2° - largeur moyenne: 100 à 300 m, forme sinueuse, rarement recti­

ligne. Leur creusement amène la formation de "tombants" de 2 à 5 m dans la

"matte ll de l'herbier à Posidonies.

3° - la zone de départ au rivage correspond à une concavité de la

ligne de la plage où se manifeste une érosion parfois rapide (points B, C et c'.

Page 75: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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Page 76: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 64 -

Le chenal peut être alors très large (100 à 400 ml, évasé, cFeusant faiblement

les dalles du "beach-rOlck" ou les sables du prisme littoral.

4° - après un trajet sous-marin variant entre 600 et 2.300 m au

maximum, s'observe une zone d'amortissement· où s'effectue ~e ~~estage du s~di­

ment en transit. Cette zone située à 7, 9 ou 18 m de profondeur selon les cas,

est marquée par un épandage sédimentaire hétérométrique formant un lobe d'appa­

rence deltaïque étalé vers le large (fig.5).

A cette profondeur-~imite cessent ~es phénomènes d'érosion mais

~ 'herbier continue à régresser par l'action de ces co~matages au terme des tran­

sits. Des chenaux juxtaposés peuvent être coalescents au niveau de ces lobes

sous-marins.

5° - le matériel sédimentaire relevé dans les chenaux et les lobes

des courants de décharge est très varié, hétérométrique et issu de la zone litto­

rale ou de l'herbier à Posidonies : sables fins ou grossiers, ~alets de quartz

hyalin (Permo-Trias), galets ferrugineux de quartz cérébroide (éboulis würmiens

littoraux; Giens), blocs et fragments de phyllades, "beach-rock" et matériaux

provenant des défenses en enrochements de la "route du sel" (calcaires gris du

Muschelkalk blocs de 50 kg).

6° - au dispositif des chenaux transverses, perpendiculaires au

littoral (courants sagittaux) s'ajoutent des couloirs d'érosion liés à des iso­

bathes bien déterminéès et paraUè~es à ~a courbure du rivage. De tels chenaux

lon~itudinaux sont également bien développés en bordure du tombolo oriental,

notamment entre le Pansard et les salins d'Hyères (tombants de 4 m dans des

"mattes" datées par des amphores ; type III Dreyssel), au Ceinturon et au NOlrd

de la Capte.

Ces sillons longitudinaux se situent à des profondeurs de 4 m, 6 m à

7 m, 16 à 17 m, selon les cas. Ils peuvent être Olcclus ou reliés entre eux for­

mant alors des "couloirs" sinueux mais à des profondeurs constantes. Lorsqu'ils

recoupent les chenaux transverses, au lar~e des points Cet C', l'érosion sous­

marine est fortement accentuée et ce "quadrilla~e" amène une dissection rapide

des "mattes".

Les sillons lon~itliinaux paraissent liés aux lignes mijjeures du

déferlement par gros temps. Les chenaux transverses sont le résultat des cou­

rants de décharge compensant la surrélévation hydrostatique manifestée aux

rives du tombolo occidental, ce dernier se comportant comme un barrage vis-à-vis

d " d'es values Ouest.

7° - on observe d'autres formes d'érosion sous-marines à diverses

profondeurs (de -1,5 rn à -20 m).

Page 77: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 65 -

- lImarmites" longitudinales (en fait, amorces de sillons longitudi­

naux isolés non encore anastomosés).

- "marmites ll circulaires, elliptiques ou irrégulières, entièrement

fermées et où s'accumulent les frondes et souches de Posidonies, les aegagro­

piles (1), les débris ligneux, amas de Codiacées, bidons, pneus, bouteilles et

débris divers.

- trous de bombes et cratères d'explosions agrandis par les ravine-

ments.

Les mêmes figures s'observent au large du tombola oriental et aux

îles d'Hyères (Blanc, 1958).

La topographie de détail des chenaux transverses et longitudinaux

llmarmites" cl 'érosion, etcH c est très variée et des levers précis au 1/10.000

seraient nécessaires. En fait, la multiplicité et la position changeante des

axes de ravinement demeurent liées aux tempêtes exceptionnelles et aux particu­

larités locales (déferlements, réflexions et diffractions).

Un herbier à Posidonies très dégradé

L'herbier à Posidonies du golfe de Giens est en vo'e de régression

rapide depuis plus de vingt années. En fait, les observations des usagers de la

côte et les relevés de Maggi (1973), montrent que cette érosion sous-marine se•

trouVe amorcée depuis au moins 70 ans.

A la Madrague de Giens, au voisinage de l'îlot de la Redonne, j'ai

noté une érosion de 4 ID, pour un "tombant ll de l'herbier à Posidonies, en dix

années (Blanc, 1960), Le substrat (phyllades) peut être mis à nu et certaines

lImattesll ont totalement disparu.

Les oauses de Za dégradation rapide des fonds de Z'herbier appa­

raissent liées :

1) aux érosions sous-marines : courants sagittaux, chenaux trans­

verses, chenaux longitudinaux, déferlements. Ces facteurs mécaniques sont pré­

dominants et se manifestaient bien antérieurement aux interventions humaines.

2) aux ensablements résultant de l'érosion des plages et petits

fonds et du "décapage" des sables et limons versiliens grésifiés. Ces facteurs

sédimentaires ne doivent être sous-estimés mais ils apparaissent secondaires

vis-à-vis des actions mécaniques.

( 1) Les "aegagropi les" sont des boules brunes, ovoldes, véri tables galets defibres rouies de Posidonies.

Page 78: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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Page 79: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 66 -

3) aux pollutions récentes liées aux émissaires Nord (Ville d'Hyè­

res) et Sud (Giens) (fig. l, 2 et 3).

- les dérives dominantes amènent un étalement en "queue de comète"

vers le S.SW (régime normal).

- par régime d'Est, les dérives déportent les effluents vers l'Ou­

est et l'W.NW, tout au long du littoral, de l'Almanarre à Carqueiranne (fig. 3,

4 et 5).

Ces mouvements sont mis en évidence par des photographies aériennes,

des colorations artificielles et des cheminements de flotteurs presque entière­

ment immergés et repérés à partir de bases à terre (points A et B).

Après le rejet, une fraction notable (mais non exactement évaluée)

des pollutions "fines" et "macroscopiques" revient au rivage sous l'action de la

dérive normale (Ouest, Est) et des courants de seiche. Ainsi, la belle plage du

tombolo occidental de Giens a été interdite au public tandis que la zone Sud

(Madrague de Giens), très fréquentée, demeure affectée par les pollutions.

L'herbier de la Madrague de Giens et son "récif-barrière", étudié par Molinier

et Picard (1951) se trouvent menacés et déjà fortement altérés. De ce fait, les

craintes des riverains s'avèrent justifiées.

L'installation récente d'un émissaire à -la m et à 1.200 m du

littoral, au Nord du golfe de Giens, à 1.050 m dans le 255 du point A doit être

déconseillée car les effluents seront affectés par l'hydrologie de la baie de

Giens et reviendront partiellement au rivage sous l'action des vagues d'Ouest.

D'autre part, les incidences exactes de la seiche ne sont point exactement

connues. Enfin, la dégradation des herbiers, remplacés par des peuplements

proliférants à Codiacées (Codium tomentosum et Codium bursa) sera accentuée.

La solution rationnelle, à mon sens, consisterait en un rejet au

Sud de Giens, à une profondeur de 55 m dans le 195 de la pointe des Morts,

après une étude hydrologique et bathymétrique détaillée (1).

Les risques d'érosion du tombola occidental

La menace est double :

1) chocs des vagues déferlantes (surtout régimes d'Ouest, du 260

au 295) et élévation du plan d'eau. La surélévation résultante peut amener en

certains points (B et Cl, la submersion temporaire du tombolo et la coupure

de la route reliant Giens à l'Almanarre.

(1) Cette proposition s'avère, à peu de choses près, analogue à celles fourniespar G. Cooper et P. Maggi (1973).

Page 80: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 67 -

2) affouillements et reculs des plages aux zones de départ des

courants sagittaux. Ces reculs peuvent localement atteindre plusieurs mètres

en quelques années (1). Ces ablations ne sont qu'incomplètement compensées et

il s'ensuit un déficit sédimentaire aux zones B, C et C'. La zone A maintient

un tracé à peu près équilibré tandis que la zone D, au Sud, directement abordée

par les vagues obliques est également érodée (micro-falaise, talus, murs écrou­

lés) mais cette ablation, moins grave, n'est point susceptible d'extension ou

d'érosion du tombolo.

Les déchaussements de la dalle de grès ("beach-rock"), la dissec­

tion des herbiers et l'érosion des IImattes" accentuent les affouillements au

littoral. Le sédiment grossier, arraché aux plages par les courants sagittaux

et tractéà une distance parfois importante, ne revient que très incomplètement

au rivage. Enfin, la dégradation des herbiers liée aux récentes pollutions

s'accentue depuis 1959 à un taux inquiétant. Il demeure parfois difficile de

séparer la part exacte relevant des facteurs mécaniques et des pollutions, mais

les résultats globaux sont aisément discernables. En 1967, G. Cooper signalait

une dégradation générale des "mattes l1 jusqu'à -6 ID. Actuellement, j'ai noté une

régression de lherbier jusqu'à une profondeur de 20 m, imputable principalement

aux facteurs mécaniques et sédimentaires.

Quoiqu'il en soit, les "mattes" de l 'herbier ne remplissent que

très insuffisamment leur rôle de "volant régulateur" protégeant le littoral de

l'érosion. Cela constitue le problème majeur de l'érosion du tombolo occidental

de Giens.

Les extractions sous-marines de sables et graviers ont amené une

destruction des "mattes" jusqu'en 1880. Le résultat, direct ou indirect, a été

un recul du tombolo de 60 m depuis 1890 (rapport A. Baudry, 1971) (2). Les

bornes-repères ont disparu et Baudry cite la position en pleine eau de l'une

d'entre elles en 1945.

L'exploitation sous-marine des llmattes ll ne doit point être étran­

gère aux ruptures temporaires du tombolo survenues en 1854 et en 1917. Les

causes observables ont été :

- très fort régime d'Ouest,

- dépression et eaux anormalement hautes.

La rupture a été très rapide et en moins d'une heure, l'isthme

large de 150 m (au voisinage de l'actuel point C), a été recouvert par les

(1) Documentation des Ponts et Chaussées maritimes, observations aimablementcommuniquées par G. Cooper et recherches personnelles.

(2) "Annales" des Salines de Giens.

Page 81: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 68 -

eaux. Le résultat a été le "remplissage" immédiat de l'étang des Pesquiers,

l'envahissement des Salins de la Capte et la perte de la production de sel.

En 1940 (tempêtes des 17 et 30 novembre) et en avril 1942, A. Baudry

mentionne encore des franchissements de l'isthme en plusieurs points non préci­

sés, probablement au voisinage de B et C. En 1958, le niveau a été temporairement

exhaussé de 0, 70 m ; depuis, G. Cooper constate au point B un recul de 40 m

du tombolo. Personnellement, j'ai évalué une érosion de 15 m, ce qui est déjà

suffisamment rapide et grave.

Du 27 au 28 décembre 1970, une tempête amenant une submersion loca­

le et temporaire a coupé la route amenant une érosion de 2 à 5 m du tombolo au

point B. Cette érosion a été mal compensée par la suite (1). En mars 1972, j'ai

noté un nouveau recul de 1 men 15 jours (point B, "Passe Pied"). L'affouille­

ment est continu en B et C, même par beau temps. Seule la dominance des vents

cltEst, pendant quelques jours, fonctionnant connue des "vents de terre", amène

un léger engraissement temporaire. Mais, le point C demeure toujours en recul

et constitue le secteur le plus menacé du tombolo occidental.

En l'état actuel, une rupture partielle de l'isthme occidental

est possible et prévisible à courte échéance sous l'action d'une forte tempête

d'Ouest combinée à une importante dépression amenant l'exhaussement du plan

d'eau (740 lIlIIl + 0,70 ml. Le cas d'un "tsunamis" d'origine séismique n'est point

envisagé ici, mais sa possibilité peut être raisonnablement admise sur notre

littoral. Les dégats seraient alors très élevés en ce secteur faible.

La protection du tombolo occidental de Giens

1° - Zones très menacées à protéger dans les plus brefs délais:

Il s'agit des points B et C et de leur voisinage. L'érosion des

plages est spectaculaire malgré quelques enrochements frontaux. Le profil du

fond demeure assez abrupt; des changements de courbure s'observent au départ

des courants sagittaux. En face du point C, par 3 m de profondeur, un déferle­

ment en volute est noté, sur une longueur de 400 m, au niveau de mattes dégra­

dées. Des vagues de translation, insuffisamment freinées arrivent au rivage,

déferlent à nouveau détruisant les anciennes et nouvelles défenses en enro­

chements.

(1) On note également un recul de plusieurs mètres, sans réelle gravité aupoint D.

Page 82: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 69 -

- en B, le tombolo montre sa plus faible largeur et la 'route du

sel" est parfois dégradée.

- en C, se présente la zone la plus menacée du tombolo.

2° - Zones menacées

Entre les points C et C' : les houles sont déjà bien freinées sur

des mattes à -5 m, puis à -3 m où l'on observe deux déferlements successifs

avant l'arrivée au rivage. Cependant, depuis quelques années, la matte la plus

proche de la plage, à -3 m, s'érode rapidement et le substratum grésifié appa­

raît. Dans un avenir proche, cette protection naturelle fera défaut. Le courant

sagittal, à l'Ouest de C'est préoccupant par son importance et l'abondance

des matériaux qu'il charie vers le large. Ainsi, la portion littorale C C',

quoique moins directement menacée que le "segment" B C, sera bientôt plus

exposée qu'en l'état actuel.

3° - Zones faiblement érodées ou en équilibre :

- au Nord du point A et au Sud de C', de fortes houles et de gros

déferlements au rivage sont étalés par la réfraction sur les "mattesll tandis

que les dalles de grès protégent le littoral. Néanmoins, l'érosion sous-marine

progresse par petits fonds au niveau des chenaux transverses et longitudinaux.

L'herbier s'y trouve rapidement dégradé et l'accentuation des pollutions, la

réalisation du nouvel émissaire risquent d 1 accentuer cette régression. A moyen

terme, ce secteur risque d'être menacé.

- en D et au Sud de ce point, malgré quelques érosions locales et

un soutirage de matériaux par les courants sagittaux, on observe une zone déjà

mieux abritée et non rnenacéeo On peut même observer quelques engraissements

localisés mais temporaires.

4° - Les régimes érosifs, pour l'ensemble du tombolo, sont les

dépressions avec brusques chutes ou remontées barométriques : de 752 à 762 mm

durant la nuit, naissance d'un vent à 35 noeuds venant de l'Ouest, formation de

vagues très cambrées montrant une hauteur de 4 m au large (T = 8 sec. avec des

écarts de 5 à 9 sec.). Sur le littoral, l'élévation du niveau peut atteindre

+0,70 m (27 octobre 1972). La vitesse du vent présente des "battements" à 20

ou 35 noeuds, avec de rares maxima à 45 noeuds. La pression minimale mesurée,

ramenée au niveau de la mer, a été de 743 mm (9 et 10 avril 1973).

Les dérives calculées au large, en fonction d'une latitude de

- pour un vent maximal de 45 noeuds soit 67 m/rnn.

- pour un vent moyen de 35 noeuds soit 60 m/rnn.

Page 83: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 70 -

- pour un vent minimal de 20 noeuds soit 40 m/mn.

Les vitesses réelles par petits fonds, calculées au moyen de

visées sur des flotteurs dérivants colorés sont plus élevées ou plus faibles

selon les cas du fait de régim6pulsatoires, prise au vent des flotteurs et

frottements contre le fond ou déviations au niveau des courants sagittaux.

Chaque cas doit alors être considéré en particulier (de 90 à 40 m/mn).

5° - Suites à donner:

La protection la plus urgente devra être réalisée du Nord du point

B au Sud de C. Dans un deuxième temps, il faudra traiter les segments AB et CC'.

L'absence de véritable transfert de sédiments du Nord vers le Sud

(1) nous aménera à renoncer aux ouvrages transversaux, tels que les épis (qui

améneraient probablement une accentuation de la destruction du tombolo), pour

adopter un système de défenses frontales.

Ces dernières pourront être des ouvrages en enrochements très

lourds (blocs de 3 à 5 tonnes), très soigneusement réalisés, parallèles au

littoral et aux isobathes, face aux segments AB, BC et CC' des plages.

On peut concevoir plusieurs options

a) ~E~~~:!~~~~_~~_EE~!~~!~~~_§!~~g~§~_~~~_~_!~~~~~~!~~_~_~,recou-

pant les chenaux et les "mattes" dégradées. Cet ouvrage absorberait une partie

de l'énergie incidente et réaliserait un déferlement au large du tombolo. Tout

en réduisant le courant sagittal érosif, il ne devrait point s'opposer au renou­

vellement des eaux par upwelling. L'ouvrage devrait être élevé à +2,5 m et même

+3 m si possible afin d'arrêter une partie des embruns et de s'opposer effica­

cement aux vagues.

Un brise-lame ~~~Eg§ à -2 m, sis sur l'isobathe 5 m serait insuf­

fisant pour l'amortissement de vagues prévisibles (2) à T = 10 sec et H supé­

rieure à 6 m.

Les tracés devront être interrompus tous les 300 m et légèrement

infléchis vers le SSE (fig.6). Les "passes" larges de 100 à 150 m seront situées

entre les points A et B, B et C, C et Cl. Ces zones "découvertes" seront rapide­

ment érodées. D'où la nécessité d'envisager une ligne de protection rapprochée.

b) ~E~~~:!~~~_~~_EE~!~~!~~~_E~EEE~~~§~_~~~_~_!~~~~~~!~~_~_~_~ cesouvrages seront appuyés sur les "mattes" érodées, les grès et sables des

chenaux. Ils recouperont transversalement une topographie sous-marine tourmentée

(1) mais non l'absence de dérive.

(2) jamais observées (maximum reconnu en d'autres lieux T 9 sec., H 5,5m) .

Page 84: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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Page 85: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 71 -

et des aménagements et modifications de détail devront être prévus. Là encore,

on maintiendra une disposition parallèle au rivage.

Les enrochements soignés et lourds pourront être plus bas (+ 2 m)

nous déconseillons ici encore, les digues immergées car il nous faudra tabler

sur des hauteurs de vagues de 2,5 à 4,5 m. Leur distance à la plage se situera

entre 280 m et 350 m en moyenne.

L'ouvrage sera interrompu de lIpasses" mais les secteurs situés en

face des ouvertures du brise-lamœ de protection éloignée devront être obligatoi­

rement endigués sous peine d'une destruction rapide du tombolo par accentuation

du flot de retour. Un brise-lames de ce type devra être envisagé en face des

points A et D (fig.6).

La disposition décalée des ouvrages de types "a" et 'b" brisera les

courants sagittaux érosifs en occasionnant des déferlements avant l'arrivé du

flux sur les plages. Les renouvellements de l'eau seront acceptables si l'on

maintient des passes de 100 m munies de "cônes" réfléchissants immergés et

si l'on renonce à déverser les effluents dans la baie de Giens. Nous considé­

rons cette condition comme primordiale.

La construction des brise-lames éloignés et rapprochés sera coû­

teuse ; elle détruira des llmattes ll à Posidonies mais ces dernières sont déjà

fort dégradées en ces endroits. A ce prix l'on protégera le tombolo Ouest de

Giens tout en créant des mouillages abrités et en augmentant, par des déchar­

ges appropriées de graviers "propres", la superficie des plages.

Des endiguements et enrochements au littoral pourraient être

réalisés à la place des ouvrages "ail et "bll, à un moindre coût mais la protec­

tion du tombolo serait médiocre et les courants sagittaux continueraient à

dégrader les herbiers. Il faut néanmoins s'attendre à des fortes turbulences

et des érosions sous-marines au pied des brise-lames frontaux. Pour cela il

est indispensable d'effectuer une étude en modèles réduits et une prospection

géophysique détaillée accompagnée de sondages à l'emplacement des assises

lourdes.

TRANSFERT DU TOMBOLa EST (cartes 4 et 5).

Caractères généraux

Un transfert, lié aux régimes d'est (s.l.) et à l'obliquité des

vagues et houles, amène le cheminement des alluvions et troubles charriés par

le Gapeau et le Pansard vers l'Ouest (Salins d'Hyères), puis le S.W. (plages

d'Hyères) et, enfin, vers le Sud (La Capte, l'Estanci). Ce mécanisme déjà

Page 86: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 72 -

connu (Blanc, 1957-1958-1960) se traduit par une érosion aux plages de Miramar,

à l'Ouest des Salins, au Ceinturon, à la plage d'Hyères et à la Capte tandis

que s'engraisse la zone méridionale (Estanci, rade de la Badine), à l'enraci­

nement du tombolo contre l'obstacle de Giens. Les autres portions du littoral

demeurent en équilibre. Depuis 1958, la direction des cheminements a été pré­

cisée, en plus des observations directes, par les analyses minéralogiques et

granulométriques (Blanc, 1958 ; F. Picard, 1968).

Au terme du transfert où la sédimentation sous-marine et les pollu­

tions lImacroscopiques" prennent de l'importance se développent dtimportants

herbiers à Posidonies et Cymodocées.

La vitesse mesurée de la dérive littorale est variable : 25 rn/mu

en moyenne par vent de SE. Des maxima ont été observés à 40 et 50 m/mn mais

aucune mesure directe n'a été effectuée par gros temps où le calcul donne des

valeurs de 70 à 80 rn/mu.

Erosions sous-marines

Elles ne sont point liées, en baie d'Hyères, aux pollutions issues

des émissaires. Seuls interviennent les facteurs hydrodynamiques et sédimentai­

res. On retrouve les chenaux d'érosion observés au golfe de Giens:

1° - Chenaux liés aux courants sagittaux, perpendiculaires au lit­

toral dont ils accentuent l'affouillement. L'érosion s'effectue aux dépens des

sables mobiles du prisme littoral, des "mattes" de l'herbier à Posidonies et

probablement des fonds du lIdétritique côtier". Les Il tombants" peuvent atteindre

4 à 5 m de haut. De tels chenaux se suivent bien jusqu'à des profondeurs de 6 à

8 m. Nous estimons qu'ils se prolongent en certains cas jusqu'à -11 m au Nord

de la pointe de la Badine où se réalise la décharge d'une amorce de circuit. La

dégradation des "mattesll est très avancée et leur dissection n'a laissé que

des îlots sous-marins irréguliers ceinturés de "tombants" (fig.5) (carte 4).

2° - Chenaux longitudinaux, parallèles à la courbure du littoral

et au sens de la dérive moyenne, recoupant les chenaux transverses au large du

Ceinturon, de la Capte, de la plage d'Hyères et de l'Estanci. Il en résulte un

quadrillage très irrégulier avec formation de "mattes" isolées et très dégradées.

Les chenaux du Ceinturon (fig.6), de l'Hippodrome et du Sud de la

Capte ont été étudiés depuis 1952 et 1954. Leur largeur varie de 15 à 200 m

et les zones de départ peuvent être l'objet d'une érosion rapide: 20 fi en

trente années au Ceinturon, 10 m de recul entre 1952 et 1954 à la plage de

l'Hippodrome. Des mesures directes ont été effectuées par beau temps; elles

Page 87: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 73 -

donnent des vitesses faibles, de 0,3 à 0,8 m/mn. Mais, par fortes tempêtes, ces

axes de drainage doivent être balayés par des courants rapides ainsi que l'attes­

tent des traînées de galets et de blocs de 2 à 3 kg, remaniés et dépourvus

d'enduits de Diatomées, caractérisant habituellement les matériaux "au reposll.

A une profondeur variant dE 9 m à 12 m, Les herbiers se régénèrent

et couvrent d'une façon homogène une pente régulière. Les sillons d'érosion

n'en sont point absents pour autant; on observe encore des irrégularités,

llmarmites" et contre-pentes jusqu'à -22 ID et même à -40 ID, -45 m, au niveau des

sables et graviers du détritique côtier. Les influences sédimentologiques de

ces courants de fond profonds, sortant de la rade d'Hyères sont actuellement en

cours d'étude.

La conséquence pratique est une érosion générale des herbiers

jusqu'à -12 m. En deçà, les ravinements sont atténués et compensés par la crois­

sance active des Posidonies. Quant aux courants profonds, de -38 à -45 m, ils

ne paraissent point présenter de conséquences préjudiciables. Seules les éro­

sions, jusqu'à -12 ID peuvent retenir notre attention car elles interviennent

sur les ablations littorales au Ceinturon, à la plage d'Hyères et à la Capte.

L'important chenal de décharge situé au Nord de la Pointe de la Badine "ferme"

le circuit courantologique, érode activement les herbiers mais demeure sans

effet sur le littoral rocheux ou la zone à forte sédimentation de l'Estanci.

Bilan du transfert

On sait que les déferlements obliques donnent des transports d'eau

dont la résultante est parallèle à la côte et dirigée dans le même sens que la

houle. Le maximum de vitesse serait dans le déferlement le plus au large. Dans

l'ensemble, il s'agit de transports pulsatoires le long de trajectoires héli­

coidales ou en "dents de scie" près du littoral.

Le débit maximum du matériel sableux transporté se situerait dans

la zone de vitesse maximum du courant, près des premiers rouleaux déferlants

(J. Larras, 1957) (mis en évidence par des mesures de turbidité, l'examen du

déplacement de sables colorés ou irradiés).

La vitesse moyenne du transfert latéral varie de quelques décimè­

tres à quelques mètres par seconde dans la zone du maximum des vitesses.

Pour J. Larras, après un assez grand nombre de mesures à la mer et

d'expériences en modèle réduit, cette vitesse serait donnée par la formule:

v3

K. v~T • i sin 2 ct

Page 88: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 74 -

••• pour une plage stable, rectiligne, indéfinie.

h = amplitude des lames déferlantes,

T = période des lames

i pente moyenne de la plage entre la ligne de rivage et la

première ligne de rouleaux.

a = angle des vagues, avant réfraction, avec la ligne de rivage

g = accélération de la pesanteur

K = coefficient sans dimensions dépendant de la turbulence générale,

de la quantité d'énergie de la houle et de la rugosité des

fonds. Dans les cas moyens, on pose: K = 2,6.

La vitesse doit être maximum pour une incidence de vagues défer­

lantes de 45°.

Par mer de vent d'Est, force 2, on note sur la plage située entre

l'Hippodrome et la Capte, les valeurs suivantes

h = 100 cm, T = 6 sec, i = 3 %, a = 25°,

d'où l'on tire, en C.G.S. :

v = 40,3 cm/sec.

Or, au Ceinturon, pour une houle SE, force 2, on mesure, dans la

partie superficielle de la tranche d'eau, une vitesse de 77,2 cm/sec. Cette

vitesse peut s'abaisser à 50 cm/sec. au tombolo occidental de Giens pour une

mer de force 3. Près de l'Estanci, pour une mer force l, l'eau Se déplace laté­

ralement à la vitesse de 20 cm/sec. Aucune meSure n'a été effectuée par gros

temps.

Le transit littoral en suspension au cours des tempêtes est très

délicat à évaluer et concerne des quantités importantes de matériaux Se chif­

frant à plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de mètres cubes. Par très

gros temps, la turbidité générale des eaux, Se manifeste jusque par des fonds de

80 m. De ce fait, les épis ne doivent arrêter qu'une faible quantité de sédi­

ments. Cette cubature "piégée" est estimée à 20 ou 25 % de la totalité du stock

en transit (Bellesort et Migniot, 1972) et mesurffidu laboratoire Central de

l'Hydraulique de France (1960).

A Giens, nous pensons que le maximum de transit en suspension (et

non en traction), s'effectuerait par des fonds de a à -5 m. Pour du sable fin

la formule simplifiée du L.C.H.F. exprime la cubature V des matériaux en transit,

connaissant

H amplitude de la houle en mètres

T = période de la houle en sec.

Page 89: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 75 -

a = obliquité de la houle par rapport à la ligne du littoral

t = temps de transit évalué en secondes (1 heure = 3.600 sec,

journée = 43.200 sec.).

On a

Tsin 7a7;"" t •

si H > 3 m (houles grosses de tempêtes), ces dernières transpor­

tent à elles seules près de 55 % du transit littoral pour une durée relative de

5,4 % du temps total.

si H < 1,5 m (houles moyennes et faibles), ces dernières ne trans­

portent que 14,70 % des matériaux tout en agissant pourtant pendant une durée

relativement importante: 78 % du temps.

Les valeurs données par le L.C.H.F. sont les suivantes

- transit annuel au Nord de l'Adour: 300.000 m'

- transit annuel à Lion-sur-Mer (Côtes de la Manche) : 50.000 m'

- transit annuel au littoral d'Israël: 800.000 à 500.000 m' selon

l'obliquité du littoral.

- Pointe Noire (Congo) : transit annuel de 400.000 m', dont 300.000

m' pour les fortes tempêtes.

- Agadir (Maroc) : transit annuel de 400.000 à 450.000 m'.

A Giens, on note les valeurs suivantes de a pour un régime moyen

E.SE

Salins d'Hyères: a = 5° à 10°

- Ceinturon : a = 6°

- La Capte: a = 6° à 11°.

Nous adopterons une valeur moyenne de 6° sans tenir compte d'écarts

locaux ou temporaires ("fourchette" de 3° à 20°) liés à des réfractions (débouché

du Gapeau) ou de diffractions (jetées d'Hyères et des Salins). Pour un gros

temps avec H = 3,5 m au large et T = 7 sec., pour une journée de tempête conti­

nue, on a V = 691 m'.

Or, pour une moyenne annuelle de 26 % j/an concernant les régimes

d'Est, SE et E.SE, en se considérant que les gros temps avec W (vitesse du

vent) supérieur à 30 noeuds, on obtient une proportion de 1,6 % du temps annuel

total. D'où une moyenne calculée de 5,84 journées continues. Il en résulte une

estimation annuelle de 4.035 m'en transit pour la "tempête-modèle" définie.

Cette cubature doit être complétée par les transim de régimes

"moyens" où H < 1,5 m, responsables de 15 % du transfert total d'après le modèle

du L.C.H.F., soit 27 % du stock mû par gros temps et correspondant à 1.090 m'.

Le total moyen serait de 5.125 m'fan entre la Capte et l'Hippodrome.

Page 90: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 76 -

Cette valeur ne concerne que le transit littoral décelable correspondant seule­

ment à 20 ou 25 % de la cubature totale en mouvement. En adoptant une hypothèse

"basse':, cette dernière pourraît être évaluée à 25.625 m'jan.

Ces estimations appellent les remarques suivantes

1) Les évaluations statistiques des régimes nous conduisent à "blo­

quer lt les durées de tempêtes en une seule période moyenne. Or, les "pulsations"

et ondes de gros temps sont multiples et complexes. D'où la nécessité de mesures

continues par houlographes.

2) Il n'est point tenu compte des régimes exceptionnels à T = 9 ou

10 sec. t parfois Il sec. Leur extrapolation par rapport aux diagrammes des houles

dîtes lIcentenairesll donne une probabilité en pourcentage de 0,01 % comprise

entre les marges limi tes des tempêtes "décennales Il et llcentenaires".

3) Les colmatages annuels retenus par les ouvrages d'Hyères et de

la Capte ne doivent représenter qu'une fraction des sédiments transportés. La

fraction pélitique, inférieure à 50 ~, est déportée au large et se décante sur

les fonds du détritique côtier. Elle provient essentiellement des troubles du

Gapeau et du Pansard.

L'estimation de cette cubature relativement modeste, en transit,

doit être, liée à la charge modérée des rivières précitées. Elle n'encourage

guère à l'édification d'épis supplémentaires interrompant un transfert déjà

limité et amenant, par les affouillements observés au Sud des ouvrages, une

rupture inutile de l'équilibre naturel.

LES SECTEURS MENACES DU TOMBOLO ORIENTAL DE GIENS (cartes 4 et 5).

Historique des observations

Les secteurs menacés par l'érosion sont, de l'Est vers le SW, puis

vers le Sud: les plages à l'Ouest des Bormettes (La Londe-les-Maures) et de

Miramar, le littoral à l'Ouest des Salins d'Hyères et du débouché du Gapeau,

la plage NE du Ceinturon à l'Ouest du débouché d'un "bras mort" du Gapeau nommé

"Le Roubaud", les plages d 'Hyères et de 1 'Hippodrome et une partie du littoral

de la Capte, au Sud du canal du Gras faisant communiquer l'étang des Pesquiers

avec la rade d'Hyères.

1° - Port Pothuau et le débouché du Gapeau

Le rapport Baudry (1971) fait état de très fortes vagues de vent

d'Est déplaçant des blocs de 1.800 kg à Port Pothuau. De plus, une érosion au

Page 91: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 77 -

débouché du Gapeau se poursuit depuis plusieurs décennies. La comparaison des

relevés des Ponts et Chaussées effectués en 1961 et l'examen des photographies

aériennes (mission de 1967) montre une ablation fortement agravée par une

extraction sous-marine de galets et graviers pourtant autorisée à cet endroit.

Il en a résulté, de 1961 à 1967, un recul de la flèche orientale de 30 m et sa

disparition est maintenant totale.

Par fort Mistral et régimes W.SW ou SW, une dérive, en sens opposé

au transfert se manifeste depuis la zone méridionale du tombolo (lEstanci) ;

jusqu'aux jetées du port d'Hyères, au Ceinturon et au Gapeau. Il en résulte une

certaine compensation aux érosions naturelles des gros temps de vent d'Est,

compensation dont le mécanisme se traduit par l'évolution et l'orientation

préférentielle des flèches orientales ou occidentales et de la "barre" sous­

marine, formée de galets, au débouché du Gapeau (Blanc, 1960) (1).

Sur cette "barre" du Gapeau, les déferlements peuvent être très

violents une onde réfléchie sur des fortes pentes ou des obstacles artifi­

ciels se combine avec les houles incidentes. Le 9 novembre 1957, l'épi des

Salins (débarcadère de la Marine Nationale) ainsi qu'une partie de la jetée du

front de mer, ont été détruits en une dizaine d'heures. La surrélévation du

niveau peut alors atteindre +1 m à Port Pothuau et au débouché du Gapeau (arra­

chage de tétraèdres et d'une partie d'un émissaire).

Les crues du Gapeau, liées aux périodes de forte pluviosité donc,

le plus souvent, aux régimes d'Est (s.l.), amènent une recharge non négligeable

en matériaux variés. A la suite d'une crue à +0,80 ID, +1 ID et d'un élargissement

du Gapeau à 80 m au niveau de son embouchure, j'ai vu se former une flèche de

galets de 60 m de longueur en quelques jours. La dominance des grosses houles

d'Est (T variant entre 7 et 8 sec) a amené une orientation de cette flèche vers

l'Ouest et les épandages ont enrichi le transfert. Ces engraissements automnaux

et printaniers sont accompagnés d'une importante "macropollution . Aux sables et

graviers accumulés s'adjoignent des centaines d'arbres, roseaux, etc ... arrachés

aux rives du Gapeau. Des troncs de plusieurs mètres sont ainsi flottés au Cein­

turon, à l'entrée du port d'Hyères (2) et à la Capte (un tronc de 7 m a été

récemment jeté sur la plage au Nord de la jetée; mars 1973). Des tonnes de

débris divers (pneus, ferrailles, bidons, bouteilles, etc ••. accompagnent les

débris ligneux. Au début de février 1973, l'avancée du rivage a été de 12 men

quelques jours. Mais ces nouveaux cordons de galets et graviers, à forte pente

(14°) sont très exposés et rapidement dispersés par l'érosion.

(1) Observations effectuées de 1957 à 1960.(2) Ces troncs affleurant ou situés sous la surface, plantés dans le sédiment,

constituent un danger pour les plongeurs et la navigation.

Page 92: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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Page 93: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 78 -

2° - Plage du Ceinturon :

Elle est située au SW de l'embouchure du Roubaud ("bras-mort" du

Gapeau) détourné en 1882 pour l'assainissement des marais) et du port-abri de

l'Aiguade. Ce port, ancien mouillage d'Hyèrœ depuis le roi Saint Louis (1254

cité dans le rapport Baudry), est protégé par deux jetées fonctionnant comme

des épis.

Son recul aurait été de 30 m en une trentaine d'années (mais cette

évaluation est peut être exagérée). A plusieurs reprises, la route a été entail­

lée après une érosion complète de la plage par les vagues d'Est et S.E. Sur la

plage, on note une ablation de 3 m en quelques années.

En plus des phénomènes de cavitations à l'Ouest des épis constitués

par les jetées de l'Aiguade (fig.61 la plage du Ceinturon est affouillée par

deux chenaux correspondant à des courants sagittaux C1rip-currents") Pour

un régime d'E.SE où T. = 7 sec. (1), W = 22 à 27 n, L = au large, 77 à 80 m,

H = 2,5 à 5 m au large, on observe un freinage très rapide de la houle et une

diminution de la hauteur des vagues :

Z Profondeur L H H _ Vitesses du=

Calculées Calculées mesurees courantcl' arrachement

10 m 60 m 4 m ?

5 m 46 m 4 m ? 0,25 rn/sec

3 m 37 m 3 m 2,5 m 0,4 rn/sec

2 m 30 m 2,20m 1,8 m 0,5 rn/sec

Lorsque le soutirage par les courants sagittaux est très actif, la

pente de la plage s'accentue: de 16° à 8°. Même les gros blocs amenés pour

protéger le littoral sont déchaussés. Cette zone demande a être rapidement

protégée par un brise-lames s'opposant aux vagues incidentes et aux courants

d'arrachement. Le niveau dangereux s'y établit à partir d'une élévation de

+0,60 m, T = 7 sec, pente = 8°.

Une compensation, insuffisante, est apportée par Mistral et régimes

d'Ouest où une dérive parfois rapide, s'établit en sens inverse (V = 40 à 50

rn/mu).

(1) Correspondant à une "mer forte moyenne".

Page 94: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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Page 95: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 79 -

3° - Plages d'Hyères et de l'Hippodrome:

Antérieurement à la construction du port d'Hyères, j'avais observé

sur la plage, en 1952 et 1954, des "rip-currents" (courants sagittaux) érodant

activement le littoral; un recul de 12 m fut constaté entre 1952 et 1954

(Blanc, 1958). La vitesse du flux de retour au large variait entre 0,6 rn/sec

et 0,20 rn/sec. Ainsi, plusieurs villas sont menacées entre 1954 et 1956 ;

quelques enrochements sont établis. L'examen des lieux me permet de situer

quatre axes de courants sagittaux.

La création des jetées du nouveau port, de 1954 à 1956 perturbe

cet état naturel déjà inquiétant en organisant un affouillement rapide en aval

des ouvrages, tandis qu'une partie des matériaux en transfert se trouve captu­

rée au NE et manquera pour compenser les érosions. Alors, tout le front de mer

bâti au Sud du port" d'Hyères, depuis la création de la nouvelle agglomération,

se trouve menacé. Les remèdes apportés: enrochements, petits épis, apports de

sable, se révèlent insuffisants et l'érosion se continue. En 1963, la menace se

précise pour les riverains (murs écroulés). Les reculs varient de 3 à 12 m en

trois années. Ces plages deviennent alors les zones les plus vulnérables du

tombolo (fig.7).

De nouveaux épis en enrochements sont construits et les plages sont

engraissées artificiellement. En 1971 et 1972, on décide l'implantation d'une

plage artificielle rechargée de galets et de sable fin provenant des carrières

de Sainte Anne d'Evenos (Albien), l'ensemble étant maintenu par un tapis poreux

en "bidium tergal", fixé sur la plage et le sillon prélittoral.

En 1972 et 1973, le tapis en "bidium tergal" est partiellement arra­

ché et crevé tandis que le sable apporté, trop fin pour les conditions hydrody­

namiques du site, tend à se disperser facilement. La plage "artificielle est

donc menacée; ailleurs, l'érosion se poursuit et l'on mesure, en moins d'une

année, des arrachements de clotures et reculs locaux de 2 à 3 m. Les épis sont

déchaussés et contournés par les vagues obliques. Les pentes se raidissent de

8° à 11° et même 12° ; on note la formation de micro-falaises d'érosion entail­

lant les plages sur 0,40 à 0,60 m. Les galets remaniés se rassemblent en "beach­

CUSpS", après une surrélévation du niveau de +0,50 ID. Dans ces zones érodées

et lessivées, apparaissent quelques concentrations de minéraux denses (augite,

grenats, hornblende, minerais métallique, etc ... ).

En l'état actuel, trois épis en enrochements ont été construits au

Sud de la jetée méridionale du port d'Hyères. Entre les épis n02 et 3 (fig.8),

deux embryons d'épis inefficaces ont été établis. Malgré quelques engraissements

localisés au NNE des ouvrages, l'érosion se continue et, au Sud de l'épi n03,

Page 96: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 80 -

cinq mètres ont été perdus entre 1971 et 1973. Plusieurs maisons sont très

menacées malgré l'adjonction de quelques enrochements frontaux.

La dispersion au large se manifeste par des courants sagittaux

situés entre les épis. Le sédiment littoral, blocs de maçonnerie, galets, etc ••

sont dispersés en deçà de l'isobathe 5 m. Les "mattes" sont très dégradées et

creusées par des chenaux tout à l'entour des épis ancrés sur un herbier littoral

et au large où les lI tornbants ll montrent un front d'érosion sinueux, tourné vers

le rivage. Des "noyauxll isolés de l'herbier à Posidonies, en voie de régression

rapide, s'observent de l'épi n03 à la Capte (fig.8).

L'inefficacité des épis amenant une érosion du littoral par relais

successifs oblige à considérer très rapidement un mode de protection frontal.

4° - Plage de La Capte

On considère la plage située au Sud du débouché du canal du Gras,

en face des maisons de la petite agglomération. Il n'y a pas de problème pour

la plage du Nord constamment enrichie par le transfert au niveau de la jetée

(fig. 8).

Les érosions sont ici liées à des courants sagittaux et à la cons­

truction des jetées du port abri du canal du Gras. De 1955 à 1957, l'ablation,

très rapide, oscillait entre 5 et 10 m (Blanc, 1958). Le maximum d'ablation fut

observé après une surrélévation de niveau de +0,76 m à la suite d'une tempête

d'Est combinée à une marée barométrique. Plusieurs maisons furent considérées

comme sinistrées et inondées. Le débordement du canal du Gras (+0,80 m) jusqu'à

la route et l'envahissement des salins agravèrent la situation (1).

Alors fut décidée la construction d'un "perré" en béton à profil

déflectant les vagues. Cet ouvrage frontal bien exécuté assure maintenant une

bonne protection dans la mesure où l'élévation n'excède pas +0,60 m et où T

demeure inférieur à 7 secondes.

Cependant l'amaigrissement se continue aux dépens de la seule plage

sableuse où apparaissent les concentrations de minéraux lourds (2).

(1) Depuis le canal des Gras peut être momentanément obstrué par des martelièresafin d'éviter l'inondation des salines ..• mais non de l'agglomération!

(2) Présence de l'assemblage habituel au tombolo oriental: hornblende verte (A)chlorite, biotite, épidote, muscovite, grenat, staurotide, tourmaline,hématite, magnétite, etc ... (F. Picard, 1968) (Assemblage de la raded'Hyères).

Page 97: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 81 -

Néanmoins, 4 m de plage ont été "récupérés" de décembre 1972 à mars 1973. En

ces cas d'engraissement, le profil des plages passe à 6° et même à 4° vers le

Sud.

A 2 km au Sud de La Capte la formation de rides obliques liées aux

nodales des seiches accentue les colmatages et protége le littoral au-delà de

la zone d'ombre des jetées où le transfert commence à abandonner le sédiment.

La pente régulière du fond y atteint alors 2° à 3° et il n'y a aucun problème à

l'exception d'une "macropollution" de plus en plus importante vers l'Estanci.

Causes de 1'érosion

On peut retenir trois causes essentielles, parfois liées

- chocs des vagues obliques et déferlements,

2 - présence de courants sagittaux notamment au Ceinturon, à Hyères

Plage et à La Capte.

3 - Phénomènes de cavitation en "aval" des épis et des jetées avec

de rapides reculs du littoral. Cette action bien connue est

agravée par le déficit en sédiment.

Régimes dangereux

1°) Tempêtes d'Est, E.NE, E.SE marquées par de fortes houles à

périodes de 7 à 9 sec. Des périodes de 8,2 à 8 sec peuvent être exceptionnelle­

ment observées mais nous ne disposons point d'observations systématiques et con­

tinues. Il serait très utile d'effectuer des enregistrements en baie d'Hyères

afin de déterminer les houles maximales et de prévoir alors des ouvrages en

·conséquence.

Les vagues sont accompagnées de vents violents exhaussant le plan

d'eau: les tempêtes peuvent amener des vents de 35 à 45 n avec des "pointes"

à 50 n.

2°) Fortes dépressions : de 750 à 742 mm (cette valeur constituant

un minimum observé). Il en résulte une marée barométrique non négligeable:

+ 1,5 m à Marseille le 9 novembre 1957,

+ 0,75 m à La Capte à la même date (1).

Une surélévation à +0,80 m entraîne une érosion accélérée de tous

les secteurs. Entre +1 à +1,5 m, probabiLité non négLigeabLe, se manifesteraient

des sinistres littoraux accompagnés de la destruction de maisons et d'équipements

(1) Deux maisons endommagées et dégats aux jetées.

Page 98: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 82 -

portuaires, inondations au niveau du Gapeau et aux abords du canal des Gras (La

Capte) ("raz-de-marée barométrique" en 1950 et en 1964). En 1950 (23 décembre),

la combinaison d'une forte tempête de vent d'Est et d'une dépression a réalisé

une montée des eaux évaluée à 0,76 m ± 0,20 m (+ 0,80 m à Toulon, à 8 h et +

0,90 m, à cette même ville, à 20 h mesures du Service des Ponts et Chaussées,

rapport Baudry).

LE TOMBOLO EST DE GIENS ET SA PROTECTION.

Les recherches précitées nous amènent aux conceptions suivantes

1° - On doit renoncer à l'édification d'épis et obstacles transver­

saux considérés isolément, générateurs de colmatages face au transfert mais

aussi créateurs de zones d'érosion actives en "avai ll•

2° - Engraisser les secteurs menacés par des recharges en matériaux

de qualité, dépourvus de limons et d'argiles, à granulométrie étudiée en fonction

des caractères hydrodynamiques des sites à protéger (paramètres des houles,

obliquité, exposition et pente des plages, relations avec les herbiers, etc .•. ).

Un granulat grossier (~ > 2 mm) et propre apparaît souhaitable. Il convient

d'éliminer les sables trop fins. Par ses caractères intrinsèques, le matériau

devra s'opposer à la dispersion au large. Les blocs des jetées (1) devront être

exempts de fissures et colmatages argileux afin d'éviter une fragmentation

secondaire.

3° - Création de brise-lames frontaux afin de dissiper le mieux

possible l'énergie des vagues avant que ces dernières n'atteignent les rivages.

On ne devra point s'opposer au transfert mais l'utiliser. Chaque site devra

faire l'objet d'une étude particulière (bathymétrie, hydrodynamique, sédimen­

tologie).

On renoncera à des ouvrages imperméables. On recherchera des blocs

pesants (3 à 6 T), à forte rugosité.

4° - Caractéristiques des brises-lames proposés

a) Ils ne devront point être situés trop près du littoral à cause

des turbulences et des affouillements importants qu'ils détermineront. Mais,

une situation trop éloignée du rivage permettrait, après un premier déferlement,

la formation de "vagues de translation" trop importantes et à fort pouvoir

érosif.

(1) Calcaire gris du Muschelkalk toulonnais.

Page 99: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

RADE D'HYERES ET ILE DE PORQUEROLLES

- Zone intertidale

2 - Fonds rocheux rigides, portances élevées.

J Eboulis littoral

4 - Sables fin~ m0biles du "prjsme littoral".

5 - Sables .et graviers des chenaux d'érosion, épandages sous­

marins.

6 - " Mattes" dégradées des Herbiers à Posidonies.

7 - Fonds d'herbiers à Posidonies •

8 - Fonds envasés d'Herbiers à Posidonies et à zostérées.

9 Sables fins isométriques de fonds de baies

10- Graviers et sables coquilliers grossiers.

11- Sables hétérométrtques du l'Détritique cotier " •

12- Faci~s envasé du "Détritique cotier".

13- Sables grossiers et graviers du Détritique cotter.

14- Vases terrigènes cotières ,. péli tes et zones ct' envasement.

15 - Sables indurés et grès sous-marins.

16 -dérive dominante.

17 -courant dominant

18- limite de la zone dtenvasement progressif

19 - Zone eotière en voie dtérosion.

Page 100: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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RADE D'HYERES ET ILE DE PORQUEROLLES

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Page 101: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 83 -

Une immersion à -3 fi, plus économique, ne semble point devoir être

retenue du fait de sa proximité. Une situation à -5 m ou -4,5 m devra être

calculée et réalisée en modèle réduit. Cela correspond à une distance du litto­

ral oscillant entre 300 et 450 m.

Au Larvotto' (Monte-Carlo), les brise-lames, très soigneusement

exécutés, résistent bien à de fortes houles. Ils sont situés à 120 m du littoral

pour une très forte pente qu'il a fallu artificiellement redresser (implanta­

tion à -7 ml •

• Au Mourillon (Toulon), les brise-lames se situent à 150 et 200 m

du rivage initial. Mais, dans ces deux cas, il s'agissait de plages artificiel-•lement créées sur un littoral assez abrupt et exposé.

L'éloignement du brise-lames et ses interruptions diminueront les

possibilités de pollution, ces dernières étant parfois préoccupantes à Renecros

(Bandol), au Mourillon (Toulon) et au Larvotto (Monte-Carlo). En aucun cas il

ne faudra s'opposer au renouvellement des eaux par "upwe lling".

b) On évitera donc des brise-lames continus afin d'éviter les zones

de décantations trop importantes et les pollutions, le "piégeage" de débris et

bois flottés, etc •.• Leur longueur ne devra dépasser 200 à 250 m et ils devront

présenter de larges ouvertures.

Face à ces dernières~ afin d'éviter une concentration de l'érosion

et des soutirages de matériaux en zones découvertes, on édifiera des brise­

lames très robustes à -3 m. Le décalage entre les défenses longitudinales rap­

prochées et éloignées favorisera les phénomènes de diffractions, réflexions et

interférences d'où la possibilité de colmatages, L'extrémité des brise-lames

sera arrondie vers l'intérieur, c'est-à-dire vers le rivage.

c) On pourra utiliser, dans les passes ou autres secteurs exposés,

des obstac~es coniques i~rgés à -1 m (cônes de diffraction).

d) Le poids des enrochements devra être élevé : plus de 2 tonnes

(1). Les brise-lames, parallèles aux directions générales des isobathes et du

rivage ne devront point comporter de points anguleux accentuant les chocs et où

se concentre lténergie. Leur structure caverneuse sera perméable (brise-lames

de Carnon) et pourra servir dtabri aux poissons et crustacés. Leur "fruit"

(rapport base/hauteur) sera déterminé en modèles réduits ; il est possible

d'envisager à priori, un fruit de 3/2 et une hauteur de +2,5 m au-dessus de

l'eau.

(1) On devra s'attendre à un tassement du sol sous-marin sous les brise-lames de0,50 à 1 m selon les cas.

Page 102: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 84 -

e) En plus des études en modèles réduits, nécessité d'établir un

brise-lames expérimental en vraie grandeur et d'en étudier le comportement avant

de passer à la phase définitive des travaux.

f) Urgence des constructions :

- d'abord, les secteurs les plus menacés Hyères-Plage et plage

de l'Hippodrome.

- ensuite, ouvrages du Ceinturon et de La Capte.

CONCLUSIONS.

Ces recherches; encore bien incomplètes, permettent de dégager les

résultats suivants :

1° - Les forces dominantes sont représentées par les régimes d'Ouest

et d'Est à la limite des golfes du Lion et de Gênes. La formation des tombolos

en est la conséquence directe combinée à l'héritage sédimentaire du Gapeau, des

temps quaternaires à l'actuel. La presqu'île de Giens est maintenant l'objet

d'une érosion assez générale liée à la faiblesse relative de la charge du Gapeau

et du transfert, aux chocs des vagues, à l'action des courants sagittaux et

aux pollutions - mais le processus de dégradation des sites était déjà bien

amorcé antérieurement à l'extension de ces dernières.

Parmi d'autres phénomènes interviennent encore l'action des "marées

barométriques" et des seiches.

2° - Les érosions au niveau du fond et la dégradation des herbiers

à Posidonies sont observées en rade de Giens et en baie d'Hyères. Par très gros

temps, ces ablations se manifestent jusqu'à 10 m de profondeur, à Giens Ouest

et par -20 m, et probablement davantage à l'Est de La Capte et du port d'Hyères.

Les profondeurs d'action sont fonction des paramètres des houles incidentes et

des circuits tourbillonnaires dans les deux golfes.

La compensation hydrostatique, par fortes tempêtes, est réalisée

par deux systèmes de chenaux :

a) chenaux des courants sagittaux, perpendiculaires au littoral et

responsables de rapides érosions, notamment au tombolo occidental de Giens.

b) chenaux longitudinaux, parallèles au littoral et aux isobathes

recoupant les premiers et disséquant les "mattes" des herbiers à Posidonies.

Ces chenaux peuvent drainer les sédiments arrachés aux rivages

jusqu'à des distances dépassant 2.500 m.

Page 103: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 85 -

3 0- L'érosion sous-marine est active; elle progresse aux dépens

des herbiers à Posidonies, rapidement dégradés jusqu'à une profondeur de 20 m.

En certains cas, cette dernière a pu être quantitativement évaluée. Il apparaît

que les pollutions récentes, notamment en baie de Giens, accentuent le phénomène.

Les principales modalités de ces ablations ont été décrites. Il en résulte un

danger d'érosion pour le tombolo occidental de Giens malgré la protection sous­

marine d'une formation sablo-limoneuse indurée ("beach-rock", sables consolidés),

témoin d'un ancien rivage et actuellement immergée jusqu'à -6 ffi.

4° - Malgré la généralisation des dérives de vents d'Est et de

Mistral, seul le tombolo oriental, essentiellement alimenté par le Gapeau, est

l'objet d'un véritable transfert littoral orienté de l'Est vers l'Ouest, puis

vers le SW et le Sud. Mais les colmatages demeurent relativement modérés, notam­

ment dans le secteur méridional (Estanci), comme le montrent les observations

et le calcul.

5° - Les reglmes dangereux étudiés correspondent à des élévations du

plan d'eau (+0,70 à +1 m) liées à des dépressions ("marées barométriques") et

combinées à des fortes houles. Les secteurs très menacés sont le tombolo Ouest,

les plages d'Hyères et de l'Hippodrome. L'érosion est encore manifeste au

débouché du Gapeau, au Ceinturon et à La Capte.

La menace est actuellement l'éventualité d'une tempête exceptionnelle

(T = 9 à 10 sec) coincidant avec une dépression à 740 mm et une élévation du

plan d'eau de 1 m. Il en résulterait d'importants dégâts sur le littoral et pour

les fonds marins.

6° - Sur le plan pratique nous préconisons

a) La suppression des pollutions dans le golfe de Giens par la créa­

tion d'un émissaire au Sud de la presqu'île.

b) La nécessité de ne plus édifier d'épis ou jetées transverses au

tombolo oriental afin d'éviter les affouillements en "aval" accentués par la

dispersion au large due aux courants sagittaux.

c) L'implantation de défenses frontales décalées, éloignées (-5 m)

et rapprochées (-3 m), sous la forme de brise-lames interrompus, parallèlement

au littoral et aux tracés des isobathes. L'objet de ces enrochements lourds

sera d'organiser les déferlements les plus violents avant l'arrivée des vagues

au rivage. Par ailleurs, ces ouvrages arrêteront partiellement et modifieront

le mécanisme des courants compensateurs et notamment des courants sagittaux

déportant le sable des plages vers le large.

d) Les recharges de matériaux devront concerner un granulat propre

Page 104: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 86 -

et un sable grossier parfaitement équilibré vis-à-vis des contraintes hydrody­

namiques et topographiques (pentes) des sites à protéger. Les matériaux fins

sont à proscrire.

e) Les zones prioritaires à protéger sont le tombolo occidental de

Giens, les plages d'Hyères et de l'Hippodrome. Viennent ensuite, la zone à

l'Ouest des Salins d'Hyères, l'embouchure du Gapeau, le Ceinturon et La Capte.

Page 105: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 87 -

- CHAPITRE 5 -

LES ZONES LITTORALES DE LA PROVENCE ORIENTALE

ÉQUILIBRES SÉDIMENTAIRES

Page 106: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 88 -

1 - CADRE GEOGRAPHIQUE

Ce travail correspond à l'étude de la majeure partie du littoral

de la Provence "métamorphique" et éruptive (ou Provence orientale "cristalline" t

par opposition à la Provence occidentale sédimentaire). Cet examen a permis de

subdiviser onze secteurs distincts sur près de 125 km de côtes assez variées,

limitées :

- à l'Ouest, par la pointe du Brégançon, au massif du cap Bénat.

- à l'Est, par la limite départementale entre le Var et les Alpes

Maritimes (pointe du Trayas), dans la partie orientale du massif de l'Esterel.

Grandes et petites plages, criques et falaises ont été examinées en

dehors des périodes estivales et de fréquentation maximale, par tous les temps.

Certaines zones sont assez difficile d'accès, telles le cap Bénat et, surtout

le massif du cap Lardier, par voie "terrestre". D'autres secteurs, heureuse­

ment limités, demeurent rigoureusement interdits à nos explorations littorales:

cap Léoube, certaines zones du cap Bénat, domaines du Dattier et de Volterra.

La prospection aérienne a été partout largement utilisée, avant et

après les examens sur le terrain. Des relevés généraux au 1/50.000 ont été

effectués et, localement complétés, par d'autres "minutes" au 1/25.000 et

1/50.000. Le temps imparti s'avèrant très limité, nous estimons que ces ana­

lyses constituent un travail exploratoire; mais, des recherches détaillées

seraient utiles et demanderaient a être prolongées sur plusieurs années.

L'étude de ce littoral apparaît déjà suffisamment riche en faits

géologiques, sédimentologiques et océanographiques. Or cette portion du riva­

ge qui, naguère, a fait l~bjet des débarquements alliés (14, 15 août 1944),

demeure aujourd'hui une zone fragile, de plus en plus soumise aux pressions

des aménagements divers et dont il importe de préserver les zones désertes

qui constituent encore près du 1/10 de la ligne de côte.

A l'exception de la rade de Bormes, baies de St Tropez et de Fréjus,

le précontinent se réduit de plus en plus vers l'Est et le N.E ; au bout de

quelques milles nautiques, on atteint assez rapidement les profondeurs de 200 m

Où se marquent les entailles abruptes des canyons des Stéchades (ou Stoechades),

St Tropez, Fréjus et Agay, pour le secteur considéré.

Les zones (au nombre de onze) qui sont distinguées, constituent

des entités assez indépendantes, caractérisant ce littoral varié, des points

de vue physiographiques et géographiques, dynamiques et géologiques.

Page 107: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

· ,

DE LA l'IH:SqU'Il.E Dr: GIENS AU CAP CANArlAT.

- Fonds rocheux rigidês t portances élevée

2 - Sables fins mobiles du p~isme littoral.

J - Sables et g,'aviers des chenaux ct' érosion. Epandages sous-

marins.

4 - Fonds et Mattes de l'Herbier à Pos~donies •

5 - Mattes dégradées de l'Herbier à PosidGnies •

6 - Sables fins isométriques' des fonds de baies

7 - Graviers et sables coquilliers grossiers

8 - Sables hétérogènes du Détritique cotier

9 - Facies envasé du Détritique Gotier

10 - Sables et eravier~ dll Détritique cotier concrétionnements

11 - Vases bathyales

12 - Vases terrigènes entières , pé1ites et zones ct-envasement

maximum.

Page 108: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

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Page 109: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 89 -

II - CADRE GEOLOGIQUE.

Trois secteurs essentiels, à peu près d'égale importance peuvent

être individualisés de l'Ouest vers l'Est:

1° - Littoral des Maures occidentales de Brégançon au grand acci­

dent de Grimaud - Croix Valmer, comprenant :

- le massif du cap Bénat : phyllades de Loli, micaschistes des

Berles et gneiss de Bormes.

- cette série du métamorphisme général se poursuit à la Corniche

(schistes à minéraux du cap Nègre, micaschistes de Cavalaire, amphibolites et

serpentinites de Cavalaire et Cigaro) .

2° - L'accident et la mylonite orientés NNS-SSW (faille de Grimaud)

nous introduisent dans le domaine métamorphique complexe des Maures orientales

(micaschistes, amphibolites, anatexites et embréchites probables, granite et

granulite, etc ... ).

micaschistes et granites au cap Lardier, cap Taillat,

- gneiss et granulite de la presqu'île de St Tropez,

- embréchites de la corniche des Maures orientales (les Issambres,

St Aygulf, etc ... ).

3° - Le massif volcanique de l'Esterel en constitue le troisième

ensemble, bordé à l'Ouest par les complexes volcano-sédimentaires de St Raphaël,

des Lions, du Dramont et Boulouris: grès et pélites permiens, rhyolites à

pyromérides, etc ... A partir d'Agay s'observe un littoral exceptionnel ce

sont les falaises abruptes de rhyolites amarantes (plusieurs coulées), voire

d'ignimbrites, du cap Roux, pointe de l'Observatoire, pointes du Trayas et

criques de Théoule.

Ces trois régions, géologiquement très distinctes sont séparées

par des plaines alluviales (fonds de golfes) :

- plaine alluviale de Bormes et du Lavandou

- plaine alluviale de la Foux au fond du golfe de St Tropez,

- plaine de Fréjus.

D'autres étendues sablo-limoneuses ont une importance plus locale

et demeurent indépendantes du réseau hydrographique général ; citons les allu­

vions de Léoube, Cavalaire, Pampelonne et la Bastide Blanche, les Canebiers,

Ste Maxime et Agay.

Page 110: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

érodee

~ 06w •-' 83 'IL

L

: Sens de }' envasement et des pollutions

~ -'ZOne de seiche et de colmatage

T'TT1"TIl , Zone 1ittorale

____ ~ :Transfert et dérive W-NW et N-NW.

-E--- 'Courants et transferts E. E8E, SE.

0"

L

5 T

st.

E

PORT GRI~AUD,LA GISelE "

PORT COGOLIN

uos

iOKm

MASSif DU

CAP BENAT

,

4 .,

---+

Fig.1

Sm·"

Page 111: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 90 -

III - MILIEUX PHYSIQUES ET ZONES EXPOSEES (fig.! - carte 6)

Deux régions peuvent être bien distinguées au point de vue hydro-

dynamique

10 - Maures occidentales, du cap Bénat au cap Lardier: un tel

secteur réalise en fait la transition entre le golfe du Lion, limité à la

presqu'île de Giens, et le golfe de Gênes.

Les vents d'Ouest y demeurent encore prédominants en force et

direction (28 % en journées annuelles) augmentés d'une "composante" de 10 %/a

d'azimuth NW. La rade de Bormes constitue un abri exceptionnel, voire la rade

de Cavalaire (zone W). Une forte dérive, orientée de l'Ouest vers l'Est accom­

pagne ces régimes.

• Les vents des secteurs Est et NE occupent près de 38 % j/a mais

demeurent relativement atténués, sauf aux caps Bénat et Lardier.

Le courant géostrophique permanent, assez lent (0,5 noeud),

sauf par vent d'Est, porte de l'E à l'W et ne se manifeste qu'au large du

littoral.

· Des contre-courants, orientés de l'Ouest vers l'Est, en sens in­

verse du courant géostrophique permanent, se manifestent en rades de Bormes et

Cavalaire, le long du littoral de la Corniche des maures occidentales. Ils sont

renforcés par régimes Ouest et NW et leur vitesse de surface peut dépasser

noeud.

· La marée, très réduite, ne paraît point avoir d'influence effica­

ce, sauf à Port-Cros, mais des seiches se manifestent en rades de Bormes et

Cavalaire.

Les secteurs littoraux les plus exposés sont le cap Bénat, le

cap Blanc, le cap Cavalaire et le cap Lardier.

20- Maures orientales et Esterel, du cap Lardier à la rade de La

Napoule, s'incorporant nettement au régime du golfe de Gênes, ce qui se traduit

par:

Dominance très nette des régimes du secteur Est :

- N.E. : 17 % j/a (avec maxima de 25 à 40 noeuds)

- Est 15 % j/a (avec maxima de 30 à 50 noeuds)

- SE 5 % j/a (avec maxima de 20 noeuds).

Les dérives rapides (40 à 50 rn/mm en surface) renforcent le cou­

rant géostrophique permanent (appelé "courant général" ou "courant ligure").

Les vitesses peuvent alors atteindre 1,5 noeud par beau temps à plusieurs

noeuds par gros temps.

Page 112: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

DU CAP CA~'AnAT AU (;'\1' lH>l'X

- Fonds rocheux rir;irles, portance élevée

2 Sables fins mobiles du prismA littoral

:J - Sables et p;raviers des çhenFlllx d' prosi ··n, épandages

sous-marins

l~ Mattes dég-rad(:es de l'Herbier à Po~idonies

r.; _ Fonds etMatte~ oe l 'Herbier à Posidonies

(~ Sahles rins isomptr iqllP..t:' deR fonds de hni.es

7 - Sables t:ptéro~~ènes ou Drtr.i toi cple coti~r.

P - Facies €nvnSt~S du Jlptri tique côtier

9 Sahles ..)t gravier~ du J)ptri ti que cotier. Concrétinnnements

"iO Graviel'R et s<lhle~ COflui l J i,:.rs grossi.ers

'1 SabI.es V8seux de l'mode calme" • S~rliments issus rle la

déch"rt:e cie ~1a lpùs~et

12 - Vases terriF~nes coti~res, llélites et zones d'envasement

maximull1.

Page 113: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Centre National pour l'Exploitation de. Oc"n.

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DU CAP CAMARAT AU CAP ROUX

1. BLANC.

Laboratoire de Géologie marine.

Centre d'Océanographie,

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43'15'

Marseille, Lumlny.

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Page 114: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 91 -

· Dominance (relative) du régime SW (18 % j/a), avec des "pointes"

à 25 noeuds, relayé ou accompagné de composantes W à NW (jusqu'à 27 % j/a).

Mais les zones abritées sont excellentes: baie du Bon Porté, Pampelonne, golfe

de St Tropez, baie du Bougnon, golfe de Fréjus, rade d'Agay, - d'où leur encom­

brement estival, à la limite du supportable.

• On retrouve le contre-courant des baies, portant de l'W-SW vers

1 'E-NE , renforcé par les régimes d'Ouest.

· Sauf la rade d'Anthéor et les abris artificiels, il n'y a guère

de sites naturels protégés et étendus, en eaux profonde, contre les tempêtes

des secteurs Est.

• Action spectaculaire des seiches et résonnances en fonds de

baies, excZusivement Ziées aux rivages orientés N.S. : baie de Bougnon et de

St Aygulf. Les conséquences sédimentologiques de ces phénomènes sont majeures

pour le littoral qui nous occupe.

Secteurs très menacés par gros temps : parages malsains des

caps Lardier, Taillat, Camarat, St Tropez, Pointes des Sardinaux et des Issam­

bres, cap Dramont, cap Roux, etc ...

IV - LE MASSIF DU CAP BENAT (fig.l)

A - Nature géologique des versants

Les quartzites et phyllades de la série de Loli s'observent à

Brégançon et plus à l'Est, à la pointe de la Tripe où se situe un conglomérat

à éléments intraformationnels. Au-dessus, et plus à l'Est encore, on note la

série sub-verticale des phyllades du cap Bénat, à minéraux du métamorphisme,

injections d'amphibolites et filons quartzeux, puis, la séquence se poursuit

par des micaschistes à minéraux. Cet ensemble, très schisteux, présente une

certaine instabilité, mais, dès les pointes de Gau et de Gouron débute la zone

des gneiss de Bormes, à bonne tenue.

L'examen des criques sauvages du massif du cap Bénat, généralement

d'accès difficile montre

1) le prisme li t toral forme des "éventails dé tri tiques" étalés

par les courants de décharge, notamment entre le cap Blanc et la pointe de la

Tripe. Ces criques et "plages de poche" sont très exposées, parsemées de blocs

de grandes dimensions. Des filons quartzeux orientés EW protègent certaines

portions littorales.

2) cette exposition a déterminé la formation de deux plates­

formes d'abrasion, à +3 m, pour la plus ancienne, découverte par H. Chamley

Page 115: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

t.I

houle frontaled'Est

Sèche deGouron (gneiss)

Zone érodée

t.l: transfert

c.c: contre-courant

Gneiss

Zone co Imatée

7111''''-

-10

,100m ,

Zone"d' b ..om re

-5

Courant1principal N-S

t.IC.C

_ - Zone_-polluée

~-..J Emissaire

Pointe deGouron

Fig.2

-10

Zone en voiede colmatage

NG

1

PORT DE BORMES

PORT DE BORMESet ses abords dJ

····. " .. .

.: : ...

cordon festc;>nnésous-mann

Page 116: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 92 -

et à +0,5 m, pour la surface récente, sub-actuelle.

3) postérieurement au cycle tyrrhénien, une importante phase

d'éboulements et de glissements a mobilisé les versants instables, au front de

mer du massif du cap Bénat. Il s'agit d'éboulis à matrice limoneuse et argi­

leuse colorée par les sels de fer, des blocailles d'origine cryoclastique,

voire de "coulées" solifluées. Le phénomène majeur est un balancement local du

versant avec le basculement des "têtes de couches" (strates sub-verticales ou

à 45°, orientées au 190 0 S). La même disposition a été observée au Sud de l'île

de Port Cros.

4) actuellement on note des versants instables, indépendamment

de l'érosion marine très réduite, malgré les apparences. Ce sont:

- éboulements et solifluxion (action de la pluie notamment).

- balancement des versants favorisés à partir de pentes de 2Soà 36°.

B - Fonds sous-marins

A partir des criques et "plages de poche" où se situent des cordons

de galets et "beach cusps", s'étale un prisme littoral où les sables grossiers

passent, vers .le large, à des sédiments fins. Les dispositions sont compliquées,

dans le détail, par de nombreuses roches sous-marines orientées EW et un "semis"

de gros blocs isolés.

L'herbier (à Posidonies) demeure continu mais dégradé, face au

littoral, au contact des épandages détritiques. Mais cet herbier s'avère dense

et se regénère dans les criques assez profondes entre les caps Blanc et Bénat.

C - Criques et plages entre les pointes de 1'Esquillette et de Cau.

Un transfert orienté du Nord vers le Sud, observé dès 1958 et

récemment confirmé, engraisse une plage artificielle contre une jetée, amenant

cependant un cloisonnement transverse dans le trajet du transfert et l'orien­

tation d'un tourbillon. L'herbier est dégradé vers le large.

v - LA RADE DE BORMES (fig.2).

A - Nature des fonds

Cette zone a été l'objet d'importantes modifications liées à la

construction du port de Bormes et à une intense urbanisation du littoral

depuis une vingtaine d'années.

Page 117: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 93 -

Les sables fins (0 = 0,18 à 0,20 mm) des plages s'étendent vers

le large en lobes asymétriques empiétant sur l'herbier, en voie d'envasement.

Un haut-fond gneissique, nommé "sèche de Gouron" (fig.2), de -II à -15 m forme

un obstacle réfractant les houles frontales de régime Est avant que ces der­

nières n'atteignent le rivage et, surtout, la jetée du nouveau port, légèrement

courbe et tangente à l'isobathe -8 m. Mais

1 - Les jetées du port de Bormes et l'épi de la plage Sud du Lavan­

dou amènent l'interruption du transfert et de la dérive orientée du Nord vers

le Sud. Cela se traduit par un envasement et des circuits tourbillonnaires

complémentaires.

2 - si la jetée frontale du port de Bormes s'avère bien établie, à

la "zone d'ombrel! de la Sèche de Gouron, le port, directement ouvert au Nord,

face au transfert, demeure voué à un colmatage et une pollution rapides. Le

chenal est déjà obturé partiellement par des dépôt sableux.

B - Le port de Bormes (fig.2) :

Ouvert face à un transfert, il réalise un piège à sédiment mais

demeure abrité des vagues et houles liés au Mistral, vents d'Est, etc ...

- le musoir nord (A), très large (10 à 12 m) est édifié de gros

blocs calcaires et gneissiques bien coincés. La protection paraît suffisante

(fruit: 3,5/1);

- la jetée elle-même (B), haute de 3,5 à 4 m apparaît bien cons­

truite, large de 10 à 7 m, fruit: 2,5/1, avec un mur interne et drains. Elle

est "tangente li à l'isobathe -8 Dl et réalise une bonne protection.

- le musoir Sud (C) : même type, relativement exposé à la houle de

Mistral W.SW, ici atténuée par l'obstacle constitué par le massif du cap Bénat.

en C', on note trois alvéoles au Sud. Le premier, à partir de la

terre se trouve presque entièrement colmaté. La pollution d'un émissaire empoi­

sonne la zone méridionale (fig.2), augmentée par l'apport d'un ruisseau et

agravée par un circuit tourbillonnaire.

- l'intérieur du plan d'eau portuaire (D) montre des eaux peu renou­

velées. Cependant, la bonne disposition adoptée pour les wharfs internes et

les "pannes" d'accostage, sur pilotis, évite la formation et le développement

de seiches et autres types d'oscillations parasites.

c - Conséquences de la construction du port de Bormes

1) colmatage au Nord et pollution liés au transfert orienté du

Page 118: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

remblai

Zone colmatée

Zone érodée

250m

t.l: transfert

Colmatagessous- marins

HP

Cordon festonné s. m

Gneiss

-5

~O

-10

-5/

LE LAVANDOU

-5

-5

y

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PLAGES DU LAVANDOU

Cl::JCIl

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Fig.3NG

t

Extensiondes colmatages ---\;;4_

POINTE DEGOURON

-8Musoirjetée Portde Bormes

Page 119: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 94 -

Nord au Sud et interrompu.

2) colmatage au Sud, pollutions diverses, apports de ruisseaux,

remblais et décharges. Il en résulte la formation de dunes sableuses sous­

marines et de cordons festonnés (fig.2), modifiés dans leur tracé. Ces figures

sont liées à des interférences de la seiche développée au fond de la baie de

Bormes, orientée ici NS, entre la pointe Gouron, le haut-fond de Gouron et la

pointe de Gau. L'épi à ergots récemment édifié à la plage de Gau accentue ces

effets de résonance et développe deux tourbillons secondaires.

Le déplacement de ces corps sableux sous-marins aboutit à un colma­

tage accéléré protégeant le littoral mais amenant une concentration des macro­

pollutions (débris divers flottés), vers le Sud, Des nettoyages fréquents

doivent alors être entrepris.

Des communications ménagées au travers de la jetée d'accés au port

et à la "marina", eussent été nécessaires afin d'assurer un renouvellement

partiel des eaux, en utilisant le trajet naturel du Nord au Sud.

D - Les plages du Lavandou (fig.3) :

Ce sont des plages orientées NS, longues de 1.600 m, très accessi­

bles et à fort coefficient d'occupation. Depuis 1950, j'ai eu la possibilité

d'en suivre l'évolution.

Les faits suivants caractérisent les plages du Lavandou

- érosion de la plage Nord,

2 - développement d'un transfert littoral orienté du Nord vers le

Sud, lié aux vagues et régimes d'Est (observations 1958 et a~)

3 - colmatage régulier de la plage Sud (fig.3 ) : sable grossier

(~ = 0,5 mm, pente moyenne de la plage: 8°).

Le secteur montre un excellent abri pour les vents d'Ouest mais il

demeure exposé à la chute d'étranges trombes d'eau (18 avril 1974) amenant des

inondations locales accompagnées de l'érosion de la plage. Le fait s'est

reproduit six fois en une décennie ; son origine est peut être liée à de brus­

ques dépressions très localisées en bordure du massif des Maures.

Description

La plage, assez propre, montre 4 épis dans sa partie septentrio­

nale (Lavandou) ; (espacement 2,5 1 pour 1 longueur de l'épi). Seul l'épi Sud

(n04) est correctement construit (rendement assez faible : 15 %) : sables

moyennement fins, angle de plage: 9°.

Page 120: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 95 -

Les autres épis, en blocs trop petits, sont en VOle de démantèle­

ment et leur rendement est mauvalS, sauf pour l'épi Nord (nOl), en situation

plus abritée (rendement 25 %).

En fait, l'érosion, observée depuis vingt cinq années, s'avère

assez incomplétement entravée; lors de relèvements du plan d'eau (+ 0,50 m),

elle demeure spectaculaire mais atténuée par les réflexions sur les épis. La

cause essentielle est que la plage Nord n'est point protégée des houles fron­

tales d'Est par la séche de Gouron, comme cela est le cas pour le nouveau port

de Bormes. L'implantation de défenses frontales serait à conseiller, sous

réserve d'une étude locale détaillée.

Les plages du Lavandou sont caractérisées, à une faible distance

du littoral, par la présence de croissants sableux festonnés (fig.3 ). Ces

corps sédimentaires sous-marins, de -1 à -5 m déterminent une protection natu­

relle efficace, mais insuffisante pour les plages Nord.

Entre les points A et B (fig. J, on note un changement dans la

cL~bure du tracé de plage (point neutre). Alors commence, plus au Sud, une zone

d'engraissement formée de sable grossier mal trié jusqu'à -5 m, infléchie du

Nord au Sud par le transfert et liée à l'alluvionnement local du ruisseau nommé

Bataillier. Au Sud du point B commence le secteur des plages en voie de colma­

tage et la protection indirecte de la Sèche de Gouron commence à se manifester.

Les pollutions constituent en fait le seul problème de la plage Sud. Par gros

temps, les troubles sont déportés vers le large c'est-à-dire vers l'herbier,

très dégradé en la baie de Bormes, et les formations du détritique côtier. Par

Mistral modéré, le transfert s'inverse, du Sud vers le Nord mais demeure

insuffisant pour la compensation des érosions liées au régime normal.

Conseils

1° - Préserver la double ride littorale et les cordons sableux

festonnés qui protègent les plages. Interdire les dragages et emprunts de

matériaux pour les petits fonds en rade de Borme.

2° - Etudier l'éventualité d'une protection frontale pour les

plages nord, entre le Lavandou et le point A.

3° - Examen de l'évolution de la zone AB au cours du temps.

VI - LA CORNICHE DES MAURES OCCIDENTALES (fig.! et carte 6).

A - Plage de Saint Clair (fig.4 )

Page 121: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

FigAPLAGE DE s! CLAIR

NG

t

Pointe du

Nard-Viou

j) =Cordon festonnésous-marin

-4

~ =Gneiss

,

-10

extension du sable fin

100m

Fig.5

Plagede poche~'

pte duLAYET

PLAGE DE CAVALIERE

J..T-<

_-----=,c.c

v v

-é;-----déri;;---

500m

c.d = courant dedécharge

c.c = contre-courant

t.1 = transfert

~=rides

littorales

~ = micaschistesdu Cap Nègre

NEGRE

Page 122: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 96 -

- Bon abri par régime d'Ouest (longueur 450 m).

- Très exposée aux régimes d'Est.

Action de l'oscillation d'une onde stationnaire amenant aux noda­

les la formation de croissants festonnés, comme aux plages du Lavandou (seiches

et interférences accentuées par la pointe de Nard-Viau et ses prolongements

rocheux sous-marins amenant un cloisonnement au SW).

La plage, formée par un sable moyen bien calibré montre une assez

forte pente tandis que l'extension sous-marine d'un lobe sableux s'étend vers

le large aux dépens de l'herbier. L'absence fréquente de ride littorale accentue

l'érosion locale heureusement régulée par le "volant'! représenté par les cor­

dons festonnés sous-marins.

L'érosion, en fait, demeure forte aux deux extrémités orientale et

occidentale de la plage, là où se manifeste le départ de courants sagittaux,

au voisinage des pointes rocheuses qui "canalisent Il le mouvement. De très

fortes pentes sous-marines y sont observées: 24° en certains cas (fig.4). Les

stratifications laminées plongent vers la mer. Un examen complémentaire très

détaillé serait nécessaire au voisinage des écueils du Nord-Viou.La plage de

Saint Clair peut réaliser un modèle pour les diverses plages et criques des

Maures. Ici, les observations ont débuté en 1958 et les caractères généraux

suivants peuvent être dégagés

1 - chaque crique, plage ou "plage de poche ll fonctionne en "circuit

fermé Il , Les sédiments ne transitent point d'une unité à l'autre.

2 - Les mouVements du sable concernent des portions limitées du

littoral Saint-Clair, plage Jean Blanc, plage d'Aiguebelle, de la FaEette,

plage de Cavalière, criques de Pramousquier, du Canadel et du Rayol.

3 - La dérive générale des eaux (et non des sédiments), est orien­

tée de l'Est vers l'Ouest, parallélement au tracé du rivage.

B - Plage d'Aiguebelle (longueur 380 ml

Plage de sable assez fin (~ : 0,35 mm), isométrique et très lessi­

vé, assez peu de minéraux lourds : grenats et staurotide. Nombreux grains de

quartz liés aux influences gn~siques. Les fortes pentes (12°) et l'absence de

ride littorale, déterminent des érosions locales, micro-falaises, notamment

pour les tempêtes venant du Sud et de lIE-SE. Par beau temps, en quelques

semaines, la plage retrouve son équilibre.

Les gros cordons littoraux à pente forte sont établis durant la

deuxième phase des grandes temêtes, ce que j'ai pu observer en novembre 1951.

Page 123: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 97 -

Les érosions maximales sont disposées à "l'abri" des pointes et affleurements

rocheux sous-marins drainant au large et cloisonnant les courants de décharge.

Les apports torrentiels locaux sont relativement faibles et n'assurent point

de compensation.

Consei~ : plage à protéger par des ouvrages discrets et bien étudiés.

C - Plage de Cavalière (fig.5) :

Cette très belle plage est observée depuis les violentes tempêtes

de vent d'Est de 1952. Orientée EW, longue de 1.400 m, très accessible, elle

présente un fort coefficient d'occupation (plus de 3.000 personnes). En impor­

tance, elle correspond à la deuxième plage des Maures Ouest.

Les caractères, parfois assez singuliers, sont les suivants

1 - Présence de placers littoraux de minéraux denses colorant le

sable: grenats et minéraux opaques (hématite) : TA, disthène (A à TA), stauro­

tide (A à TA), sillimanite, hornblende, augite. Ces placers sont alimentés par

l'érosion, à l'Est, de la série des micaschistes à minéraux du cap Nègre, injec­

tés par des filons d'amphibolite, dacites et aplites.

Cette zone est parmi les plus intéressante pour les études miné­

ralogiques car la fraction dense y constitue, en poids, 3 à 6 % du total du

sédiment.

Les Ilconcentrés" minéralogiques (grenats) slobservent aux niveaux

de tempêtes (+0,70 m) où se manifestent d'intenses lessivages; les disthènes

correspondent à un niveau d'énergie moins élevé (+0,40 m) et où l'on trouve

jusqu'à 80 % de minéraux denses par rapport au poids total du sédiment (1).

2 Pentes relativement élevées (11°), diamètre du sable = 0,6 à

0,8 mm, sable moyen lessivé plutôt grossier. On note une légère érosion,

surtout dans la zone occidentale moins abritée par l'écran du cap Nègre. Mais

l'herbier à Posidonies exerce une action protectrice par le freinage qu'il exer­

ce vis-à-vis des vagues incidentes. I~ importe de conserver cet herbier sous

peine de risques d'érosion importants (protection des maisons de la partie

occidentale de la plage) ; cela permettrait d'éviter l'établissement d'ouvra­

ges de protection onéreux.

vitesse

3 - Zonation de la plage : on observe, à partir de la grève

- zone du "swashl1 : transfert littoral en "dents de sciel! :

m/mm, de 0 à -0,40 m.

(1) Mentionnons les recherches de F. Picard, S. Duplaix, J. Blanc.

Page 124: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

fond.

- 98 -

sillon prélittoral : -0,40 m à -0;50 m traction oblique sur le

- ébauche de ride littorale de -0,40 à 0,50 zone d'arrachement

déferlements et tourbillons.

- de -0,40 à -0,80 m : zone à ripple-marks imbriquées, début de la

zone "off shore" chenaux obliques où se manifestent les saltations et balan­

cements du sable.

- de -0,80 à -1,5 m (distance du rivage: 12 m) : zone des ripple­

marks régulières : saltation ; déplacement vers le large discontinu.

L'herbier protecteur se trouve ici très proche du littoral, en

süuation fragile et exposée. Vers l'Est, il se rapproche encore jusqu'à devenir

coalescent au rivage.

4 - Transfert localisé, à dominante orientée de l'Est vers l'Ouest,

conforme à l'asymétrie de la houle incidente dominante.

5 - Laminations du sable de plage très lessivé, légèrement inclinées

vers la mer, graded-bedding. Les niveaux de tempêtes sont marquées par des

zones sombres résultant de la concentration des minéraux lourds. Dés la profon­

deur de 5 m, apparaît l'herbier. La teneur en minéraux lourds diminue très

rapidement tandis qu'augmentent les composants bioclastiques. Les zones sous­

marines sont inexploitables tandis que les concentrations les plus élevées

s'observent dans les dunes littorales.

Remarques concernant Les aménagements éventueLs

a) Le tracé des isobathes amène ici un bon amortissement de la

houle conformément à la loi de Lewis. Soulignons en outre, le rôle protecteur

de l'île de Levant formant écran aux grandes vagues du large, à fetch élevé.

b) Erosion sous-marine des herbiers au niveau des pointes, avec

formation de chenaux d'érosion en cours d'étude. Par vent d'Est, la dispersion

du sable léger est assurée par des chenaux obliques.

c) Mauvaise tenue mécanique des falaises du cap Nègre, risques

d'éboulements (micaschistes à minéraux, lits micacés).

o - Plage de Pramousguier

Etudiée depuis 1958, elle a fait l'objet des recherches de C.

Degiovanni (1970, 1972) et J. Blanc (1974). Il s'agit d'une petite plage (1 =

350 ml, très exposée, à régime intermédiaire entre la grand~ plage et la

"p lage de poche".

Page 125: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 99 -

Caractères généraux

La zone aérienne montre le sédiment le plus grossier. Ce dernier

s'affine en milieu marin tandis que la teneur en minéraux lourds diminue. La

ride littorale y est faible ou nulle.

- stocks minéralogiques le placer littoral comprend en moyenne

staurotide (62 %), disthène (10 %), grenat (7 %), tourmaline (7 %), biotite,

sillimanite, rutile, zircon, minéraux opaques (hématite), en proportions varia­

bles. La staurotide dominante caractérise le massif des Maures (S. Duplaix,

1972). Les minéraux légers sont le quartz (90 % de la fraction totale du résidu

léger), l'orthose et les plagioclases .

• Le placer de la plage aérienne montre des teneurs de 7 à 80 %

de minéraux lourds .

. Le placer correspondant à la plage sous-marine ne comprend plus

que 1 à 2 % de minéraux lourds (C. Degiovanni, 1970-1972).

- Les "placers de poche" à l'Est de Pramousquier sont de vérita­

bles placers littoraux, de couleur rouge ou rose saumon. En hiver, une érosion

notable lessive les éléments légers qui sont déportés en direction des herbiers.

Erosions :

Malgré la présence de l'herbier, le milieu est déséquilibré et les

actions érosives l'emportent, favorisées par de fortes pentes: 18° et même 24°.

Les zones de départ des courants de décharge sont séparées de tracés sinueux

à plus faible pente: 8°. Des transferts locaux EW et WE, selon les régimes,

n'ont qu'une action faible.

Degiovanni a montré un mode de transport en suspension granoclassée

et par traction dans la zone du swash. Le sable, très lessivé, est grossier

ou moyen (~ = 0,8 mm).

Il s'agit, en résumé, d'un milieu très exposé, fortement érodé,

en déséquilibre, succeptible d'aucun aménagement.

E - Plage du Canadel

Longueur 400 m ; présente, toujours dans la série des micaschistes

à minéraux, des placers à staurotide et grenats.

Comme à Pramousquier, il s'agit de plages exposées aux fortes

vagues d'E-SE. L'érosion hivernale y demeure forte avec des pentes de 17° à

22". Le sédiment est un sable moyen (~ = 0,80 mm), très lessivé. Petits trans­

ferts, tourbillons et contre-courants.

Page 126: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 100 -

Cette plage a été utilisée par des commandos légers pour les opé­

rations préliminaires du débarquement, dans la nuit du 15 août 1944, au niveau

de la "rochel! orientale, actuellement assez érodée par des courants de décharge

locaux.

La protection naturelle est cependant efficace

1) "volant" régulateur sableux lié à une ride littorale,

2) herbier à Posidonies dense malgré les fortes pentes sous-marines.

Les falaises du littoral montrent une mauvaise tenue mécanique,

liée à la lithologie et aux dispositions tectoniques de plusieurs écailles de

la série des micaschistes à minéraux.

F - Plages du Rayol

En fait, il s'agit de deux plages de 350 et 180 m séparées par un

affleurement rocheux (hôtel du Bailly de Suffren). Les cordons de galets sont

accompagnés de sable fin (0 = 0,35 à 0,40 mm) ; la pente est forte: 13°.

Ici, l'érosion hivernale est compensée par un engraissement estival

et l'action protectrice de l'herbier s'y manifeste comme au Canadel. Les ébou­

lements locaux réalisent un appoint de matériaux. A cet endroit on note la

diminution des concentrations en minéraux denses (minéraux opaques, staurotide

et grenats), qui passe de J % à 3 % du stock.

VII - LA PLAGE DE CAVALAIRE ET SES ANNEXES.

A - Description :

Grande plage orientée EW, longueur: 3.100 m, accés aisé, très

fréquentée. La zone orientale a été le siège d'un débarquement important, le

15 août 1944, à 6 h (engins lourds).

Au point de vue géologique, la zone Ouest est bordée par la série

des micaschistes à minéraux tandis que les amphibolites, associées à des lepty­

nites et serpentines forment le contrefort oriental.

La plage s.l. se subdivise en 2 zones très distinctes:

1°) la zone occidentale demeure très exposée aux vagues des régi­

mes d'Est, SE, E.SE, dominants dans le secteur.

2°) La zone orientale, au contraire, se trouve bien abritée par

l'écran du cap Lardier.

Page 127: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Fig.6 PLAGE DE CAVALAIRE

~~

= point neutre

= roches sous- marines

t.I = transfert littoral

~ c.c =contre-courant

~ c.g =courant général

• PN

-, .t.!. c.d =courants sagittaux

~ Zone érodée

! s;: Zone engraissée

ES,

v

r= :jV

---?>

PLAGE SUD

+....+ +

GRANITE

"-+1

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'""'" c.g

HP dégradé

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I

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PLAGE DE CIGARO

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-35

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c.g

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~~

N

t,

N

t

~

1 1000m 1 Fig.7

<g = micaschistes

~ ~ =série des amphibolitesde la Croix Valmer

Page 128: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 101 -

B - Plage occidentale

Elle correspond à une importante zone d'érosion et de déséquilibre.

Plusieurs courants sagittaux, probablement quatre, dispersent le sable fin et

moyen du prisme littoral jusque par des fonds de 10 m (fig.6). L'herbier est

assez dégradé, mais demeure continu vers le large, de -10 à-3D m.

La présence de seiches contre le littoral et la pointe de Cavalaire

amène, aux nodales, la formation de cordons sableux feSDnnés, analogues à ceux

du Lavandou de St Clair, de Pampelonne, la Nartelle, St Aygulf Ces corps sédi­

mentaires stockent une grande partie du sable en transit et régularisent le

profil d'équilibre littoral, atténuant, sans les supprimer, les effets de l'éro­

sion.

. Zones érodées: elles sont importantes et concernent 1.300 m de

littoral, pour la zone occidentale (fig.6), jusqu'au débouché du ruisseau de

Cavalaire (débit: 500 l/sec, inondations par très forts orages : automne 1973

et printemps 1974). Malgré les apports sablo-limoneux, l'érosion est vive. Le

littoral de la promenade de Cavalaire a été protégé par un "perré" incliné,

formé de béton aggloméré, accompagné de 3 épis très soignés, formés de blocs

lourds d'amphibolite et de serpentine •

. Transfert : lié à un contre-courant de la baie de Cavalaire (fig.

6), il est dirigé cette fois, de l'Ouest vers l'Est, tandis que la dérive au

large porte toujours, de l'Est vers l'Ouest. Seule une dérive secondaire

s'observe près du port de Cavalaire, orientée du NE au Sud, accumulant les

pollutions du ruisseau dans le plan d'eau portuaire.

La construction des épis est soignée (zone A, fig.6) ; leur espa­

cement est égal à 3 1 (1 = longueur de l'épis). A partir du port de Cavalaire,

on note :

~2i__l : rendement: 50 %, colmatage de deux ruisseaux et abri

exceptionnel, influence de la nouvelle jetée.

~2~_~_; rendement: 15 %, l'érosion qui menaçait la route, la

plage et plusieurs maisons a été limitée.

- ~2i_~ : très exposé, il se déchausse par le côté oriental.

Malgré ces ouvrages et le rôle des cordons festonnés, cette zone

demeure préoccupante et nécessite des études et, probablement, quelques tra­

vaux complémentaires.

La zone B (fig.6), plus à l'Est, est actuellement la plus exposée

la plage a reculé de plusieurs mètres au cours des tempêtes hivernales ; le

mur de protection en moellons s'est écroulé.

Page 129: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 102 -

Conseil: deux épis très soignés, en forme de T, seraient néces­

saires en cet endroit où se situe la zone de départ d'un courant sagittal

arrachant le sable du littoral.

La zone C (fig.6) montre une nouvelle zone de départ de courant

sagittal, face au restaurant ilIa Raseasse ll• Le recul est rapide; des études

et installations d'épis en T sont à prévoir.

La zone D, la plus orientale, va jusqu'au débouché du ruisseau de

Cavalaire dont les troubles sont déportés vers le S.SE par le transfert et le

contre-courant. L'érosion due aux courants sagittaux, plus atténuée, se pour­

suit accompagnée de quelques accumulations de minéraux lourds (grenats, amphi­

bole). Un petit ouvrage frontal, établi à l'isobathe -3 m, serait souhaitable

("piégeage" des sédiments apportés par les torrents lors des orages).

Plus à l'Est, vers les Arbouses, se situe le point neutre (PN,

fig.6). Alors, la plage change d'orientation et de régime.

Les minéraux lourds sont concentrés dans les zones d'érosion

sans y former de véritables placers (F. Picard, 1968 ; S. Duplaix, 1972). La

staurotide cède la place à la hornblende qui progresse régulièrement de l'Ouest

vers l'Est, en relation avec les affleurements d'amphibolites et sous l'influ­

ence du contre-courant de la baie de Cavalaire. Les proportions de staurotide

grenats et disthène diminuent. Ainsi, les amphiboles pourront être utilisées

comme des "marqueurs" de la dérive littorale.

c - Plage orientale:

A partir des Arbouses on observe le changement de courbure de la

plage. A l'Est du PN (point neutre), on note la disparition des cordons feston­

nés (cessation des phénomènes de résonance ), tandis qu 1 apparaissent les rides

littorales. Désormais, les risques d'érosion sont nuls et les plages s'engrais­

sent, ne posant aucun problème particulier: sable moyen (~ = 0,45 mm), angle

de pente: 7°, forte pollution macroscopique en fin de transfert, notamment à

la plage de la Douane et à la zone abritée du cap Lardier.

La zone remblayée de la plage Est est renforcée par l'édification

d'une jetée fonctionnant comme un épi. Or, à l'Est de cette jetée, jusqu'au

littoral rocheux (amphibolites de la pointe de la Bouillabaisse), se situe une

zone agitée, exposée aux vagues obliques de vent d'Est (T = 6 à 8 sec), où se

forme un tourbillon et un courant sagittal, à la faveur de ce cloisonnement

(fig.6).

Page 130: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 103 -

Tous les dépôts torrentiels de la plage de Cavalaire sont systéma­

tiquement déviés vers l'Est (ruisseaux de la Croix et de la Canade). On note un

léger colmatage et l'ensablement des fonds à la partie orientale de la baie de

Cavalaire.

Les minéraux lourds, étudiés par F. Picard (1968), montrent la

dominance de la hornblende (74,3 %), liée aux séries d'amphibolites, la stauro­

tide (3,1 %). issue des leptynites et micaschistes de Cavalaire, le grenat (1,8

%), disthène (1,2 %), un maximum intéressant de la magnétite (1,2 %), hématite

(0,2 %), minéraux altérés: 10 %, avec de fortes variations.

D - La plage de Cigaro ou le "régime cloisonné" (fig.?)

La plage de Cigaro (encore "orthographiée" : Gigaro), d'une lon­

gueur de 1.500 m, est interrompue par deux pointements rocheux d'amphibolite

ainsi qu'une jetée fonctionnant comme un épi (fig.7).

Ainsi, la dérive littorale se trouve entravée et aucun transfert

notable n'est réellement observé à l'exception de quelques cheminements loca­

lisés. Le cloisonnement isole trois portions de plages, du NW au SE.

D'où l'importance des vagues frontales et de la diffraction sur

les roches sous-marines prolongeant les pointes.

Les trois plages de Cigaro montrent les caractères suivants :

- bon abri des vagues et houles d'Est et E.SE.

- amortissement correct des vagues de SE,

- situation exposée aux vagues de Mistral (régime Ouest),

- sélection minéralogique :

• les amphibolites dominent à la plage m" associées au quartz

drusique et à la hornblende.

· la hornblende et la staurotide dominent encore à la plage

St Michel (plage intermédiaire).

· la plage SE montre déjà l'influence de la série granitique du

cap Lardier amphiboles: 40 %, grenats, staurotide, divers (zircon, etc ... )

40 %.

La plage de Cigaro se termine, au SE, sur le grand accident tecto­

nique de Gassin, La Croix-Valmer, à partir duquel débutent les Maures orienta­

les, du point de vue géologique.

érosion par des courants sagittaux dirigés vers l'W.SW, par fortes

tempêtes et "canalisés" par les prolongements sous-marins rocheux des pointes.

Les pentes sont moyennes (9° à 11°) ; pour la plage "intermédiaire" (St Michel),

Page 131: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Fig.8 MASSIF DU CAP LARDIER

" 114

5a!IlDl;.

F Q.(1)

My = mylonite

"" -c.g = courant général

__ _ (..c = contre courant

= courants dedécharge

= grotte marine

1 - 2 -3 =.. plages de poche"

<§"S; = série Croix Valmer

tc = granite de Camarat

~a = gneiss de st Tropez

___ F = faille

500m

~i = micaschistes et gneissL- a~bitlqu_es .__. _.__ .

N

tF

F

F

1,.-- ~cJ/ Les Brouis

FDubreuil F

~)/Plage IY -1

de' B'O";'\;

. -

My

c.g

\\

20

Page 132: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 104 -

quelques défenses frontales seraient nécessaires. Il n'y a aucun problème pour

la plage Nord. La plage Sud montre une légère érosion et, plus au SE, contre

le granite, un colmatage accentué par la présence d'un herbier à Posidonies.

VIII - LES MASSIFS DU CAP LARDIER, CAP TAILLAT ET CAP CAMARAT (fig.8 et cart.6)

A - Le massif de cap Lardier:

1° - ~~~!~gi~ : à l'Est de la plage de Cigaro et des mylonites cor­

respondant aux accidents de Grimaud-Croix Valmer, débutent les Maures orienta­

les où s'observent des granites, gneiss, embréchites, etc ••• Les affleurements

du granite au cap Camarat datés à 350 millions d'années (hercynien), forment

une côte déchiquetée, riche en accidents NE-SW, déterminant des criques sauvages

et des zones fissurées (fig.8). La morphologie littorale y revêt un aspect

"armoricain" ou "corse", assez singulier pour la Provence, tout comme aux caps

Taillat et Camarat. Dès la plage des Brouis, de nouveaux accidents et mylonites

introduisent des amphiboles et gneiss amphiboliques, type Croix-valmer, très

altérables, puis, à la pointe Andanti, des micaschistes friables et gneiss

albitiques.

Le cap Lardier lui-même, site sauvage non desservi (1), est formé

d'étendues très boisées et vulnérables, correspondant à la série métamorphique

des gneiss de St Tropez. Cette zone est cassée par plusieurs accidents orientés

EW, responsables du tracé littoral et de la formation de criques et grottes

marines (fig.8). Une prospection aérienne permet de détailler ces failles

transverses.

2° - ~~EE~~!~gi~_!i~~~E~!~ : les failles EW et le réseau orienté

ENE-WSW sont marquées par des criques, grottes et "plages de poche". Les blocs

et cordons de galets littoraux se prolongent en mer par des épandages et lobes

sableux.

- la zone granitique conditionne la présence d'une bonne arène, très

sableuse, stable et filtrante, surmontant un substratum à bonne tenue mécanique

même dans les secteurs très exposés (pointe Dubreuil).

- en revanche, la zone des amphibolites et des micaschistes s'éboule

en plans parallèles successifs, vers le front de mer, le long des plans de

schistosité. Le substratum est recouvert d'un éboulis argileux très rubéfié,

parfois instable et souvent imperméable.

(1) Cinq heures sont nécessaires pour faire le tour de la presqu'île par demauvais sentiers cachés.

Page 133: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Fig.9 PARAGES DU CAP TAILLAT

60~ Graviers~ Sables grossiers

mobiles léssivés..; " Limite inférieure de~

N

t",~ __ / Roches sous-marines

'--./

CC)Sables

QJl Cordons f.estonnéstJ sous-marins -,,- du

l'herbier àPosidoniesdétritiquecotier

\\

.j

BAIE DU

BON PORTE

Voltéra

CAP TAILLATCI

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- - --,__ __ .....-_1

..... , CJ _5 - '7J-'-,-.J ~ r-=-'-

"'" J' .... =-)

1000m

BastideBlanche

CAPLARDIER

Page 134: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 105 -

- l'isthme étroit et faillé du cap Lardier comporte plusieurs grottes

marines agrandies par les effets dus aux chocs des vagues et à la pression de

l'air comprimé 0 La falaise, haute de cent mètres, et difficile à contourner, de

la pointe Andanti en constitue le secteur le plus instable.

- au niveau des gneiss rubannés et des anatexites, on observe une

plate-forme d'abrasion récente, limitée à +0,40, +0,30 m, beaucoup moins déve­

loppée qu'au voisinage de l'isthme du cap Taillat.

3° - Fonds sous-marins (fig.9 et carte 6)

Le prisme littoral et des courants sagittaux s'observent à Cigaro

des courants de décharge, par fortes tempêtes, se développent tout au long de

la côte rocheuse, aux bas des falaises, criques, etc ...

· Ces lobes détritiques correspondent à des "taches" de sable étalées

jusqu'à -15 m par les courants de fond (régimes W, W.NW = Mistral, et W.SW).

L'herbier à Posidonies est bien développé et non altéré par les

pollutions on y observe des érosions "naturelles" et locales, dues aux cou-

rants de fond et généralement assez bien compensées.

· Plus au large, vers -30 m, parfois -25 m, se présentent les fonds

du détritique côtier. La relative étroitesse du précontinent les fait rapide­

ment "passer" aux vases bathyales du "canyon de Cavalaire!1, en fait, branche

"affluente" du grand canyon des Stéchades. Mais, au Sud du cap Lardier, le

précontinent montre un subit développement sous la forme d'un vaste plateau

sous marin parsemé de "monadnocks" immergés (écueils de la Roche Quairolle).

· On soulignera la beauté des fonds rocheux dans cette zone vouée

au tourisme et à la pêche artisanale. Nous y déconseillons tout aménagement

complémentaire alors que la pénétration humaine altère déjà fortement l'ensem­

ble de la presqu'île de Saint Tropez: plusieurs lotissements à Cigaro, aux

Brouis. Dans un cadre plus large: constructioŒ à la Bastide Blanche, campings

à Briande, lotissements très développés et luxueux à l'Escalet (plage du Bon

Porté), à Camaret, etc ... Les modifications du milieu naturel y sont profondes,

pas toujours en mal d'ailleurs.

L'enclave "sauvage" du cap Lardier, difficilement pénétrable par

voie terrestre, menacée par les incendies du fait de la densité de sa végéta­

tion très fragile, demande une protection efficace et rapide.

B - La baie du Bon Porté, cap Taillat, cap Camarat

Le granite de Camarat forme des assises résistantes à l'exception

Page 135: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 106 -

des zones traversées de nombreux filons de quartz, feldspath, aplite, voire

dolérite. Elles alternent avec les gneiss oeillés de la série de St Tropez.

Aucune rivière n'aboutit dans ce secteur où l'alimentation sédimen­

taire majeure demeure assurée par la présence de l'arène granitique, parfois

épaisse de 2 m.

La petite plaine alluviale de la Bastide Blanche constitue une excep­

tion elle est formée de limons récents et de cailloutis post-würmiens, recou­

vrant la surface d'arasion marine de +5 m, étudiée par H. Chamley, lorsque cette

dernière se trouve représentée. Il s'agit de sables et limons très filtrants et

peu lessivés.

L'érosion marine est nulle pour les secteurs formés d'assises com­

pactes et dépourvus d'arène ou d'accidents tectoniques.

2° - gZ~E~~~~~ig~~_~~_~ZE~~_~~_~~~~~ :

• L'éboulis et le prisme littoral se poursuivent jusqu'à -10 et

même -15 m. La sélection du matériel, les triages des matériaux alluviaux issus

de la petite "plaine" de la Bastide Blanche, les éléments issus de l'éboulis

littoral, etc ... sont en relation avec des milieux très agités par régimes d'Est

et SE. En revanche, par Mistral, l'abri oriental est assez favorable d'où l'appe­

lation de "Bon Porté ll•

La répartition des sédiments sous-marins sera conditionnée par cette

exposition particulière aux vents des secteurs Est et SE.

Partout se manifeste le courant dirigé de l'Est vers l'Ouest,

rapide entre les écueils et les roches sous-marines. Il s'inverse, en surface,

de l'Ouest vers l'Est, par fort Mistral. Ces mouvements favorisent une forte

pollution sur les roches littorales granitiques: cap Taillat, plage de l'Esca­

let, criques de la baie du Bon Porté, et de Briande : "galets" de mazout, bois

flottés. L'écran du cap Taillat amène le stockage de ces débris dans les criques .

. Le curieux tombolo du cap Taillat (1), long de 160 m, formé de

sable quartzeux à grenats et zircons, est une construction liée aux courants de

dérive de vent d'Est et Mistral (W). Cependant, cette "flèche" sableuse a sur­

tout été édifiée grâce à une ligne d'écueils alignés, déchiquetés, correspon­

dant à un filon très dur de dolérite, orienté m,-SE et, encore, aux phénomènes

de diffraction en relation avec l'îlot-promontoire de Taillat. Il en résulte

une accumulation de sédiment meuble du Bon Porté et à Briande.

Les cordons festonnés sous-marins constituent une des caractéris­

tiques de la baie du Bon Porté. Ce sont des accumulations sableuses, de -2 à

(1) Encore nommé cap Tayat ou cap Cartaya.

Page 136: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 107 -

-7 m, le long du littoral orienté NS, de la pointe du Canadel jusqu'aux accores

du cap Taillat. Ces cordons correspondent aux nodales de seiches se manifestant

à la baie du Bon Porté. L'énergie incidente étant la houle d'Est tandis que les

résonances se produisent au cap Taillat et aux roches immergées des Enfers

(-3,2 m) ainsi qu'à un écueil "anonyme" à -6 m, plus à l'Est.

Les principaux types de fonds sont (fig.9) :

1 - Développement des sables détritiques littoraux formant des

lobes mobiles (sables et graviers), jusqu'à -25 m, au grand maximum.

Ces corps sédimentaires présentent une disposition asymétrique

-15 m, à la villa Bergés, -17 m, au "droit" de la pointe du Canadel, -25 m

contre le "platier" rocheux immergé (-5 à -JO m), situé au NNE du cap Taillat

et au "sécant" sous-marin, assez dangereux, de l'Enfer (gneiss oeillés).

En fait, ces "reliefs" immergés forment un "barrage" sous-marin

retenant le sédiment sableux, lessivé et dispersé par les courants de décharge.

2 - Herbier à Posidonies, assez dégradé par les courants de fond

jusqu'à -33 m (fig.9).

3 - Détritique côtier très développé au niveau des hauts fonds et

à la zone supérieure du précontinent, en deçà d'une rupture de pente à -24 m.

On observe des graviers près des roches et des zones de courants au Sud et au

SE des caps Lardier, Taillat et Camarat.

4 - Vases bathyales, vers -170 m, rupture de pente soulignant les

deux "diverticules ll du canyon dit lIde Saiut Tropez ll (en fait "canyon de Camarat ll

serait une meilleure appellation), creusé dans le granite ("talwegs" à -620 et

-450 ml.La morphologie sous-marine est très influencée par des glacis

rocheux immergés prolongeant les caps Taillat, Camarat, et St Tropez. Ces aires

tourmentées représentent les vestiges d'une ancienne topographie anté-versilien­

ne, c subsistent des "monadnocks ll granitiques déblayés par la dernière remontée

de la mer. Il s'agit de fonds de pêche, sites de plongées, etc .•.

3° - !E~~~_~~_E!~~g~_~~_~~~~~!~~~_~~~_E~~~~~

L'héritage mécanique de la roche explique le paysage et le tracé du

littoral. La désorganisation des massifs rocheux s'y traduit par des ruptures

plastiques (comme celles qui ont été observées à Sicié, au cap Bénat, etc .. )

et des ruptures rigides (compression triaxiale), du type "Esterel".

Des actions complexes, non encore étudiées, interviennent sous la

forme de contraintes tectoniques, charges brutales et détente des versants. Des

discontinuités s'ouvrent dans la roche sous la forme de deux réseaux:

Page 137: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 108 -

1) fissures parallèles à la direction des contraintes de compression.

2) fissures perpendiculaires à la direction des efforts de traction.

Au point de vue tectonique, le massif granitique du cap Camarat

montre deux directions dominantes

1) direction WNW-ESE : elle détermine l'orientation des criques,

écueils, dykes doléritiques, platiers. L'orientation du revers occidental du

cap Taillat en est le résultat.

2) direction ENE-WSW : ces~actures se raccordent aux failles et

mylonites du cap Lardier; elles correspondent à l'orientation dominante des

grottes marines (1).

Enfin, le contact du granite avec les gneiss oeil lés de la série de

St Tropez est jalonné par un drainage préférentiel, criques, zones faibles, etc.

IX - LA PLAGE DE PAMPELONNE (fig.10)

A - Description :

La plage de Pampelonne, orientée N-S, face à l'Est, directement expo­

sée aux vagues et houles issues du golfe de Gênes, s'avère, après Giens, être

la plus vaste plage de la Provence métamorphique (longueur: 4.200 ml.

Ses accés faciles et sa situation lui assurent un coefficient d'occu-

pation souvent par trop élevé. Cette disposition exceptionnelle avait été remar­

quée par l'Etat-Major du général Patch qui, les 15, 16, 17 et 18 août 1944 y

débarqua un matériel considérable après les parachutages effectués dans la

presqu'île de St Tropez.

La plage demeure très exposée et dangereuse par fort vent d'Est;

elle est, en contre partie, très abritée au Mistral et, particulièrement, aux

régimes W, WNW et NW. Un curieux pointernent rocheux sous-marin s'observe, à

partir du Nord, à la base de son premier tiers : la Sèche de Salagru. Par

régime normal ou vent d'Est, on note un transfert assez général dirigé du

Nord vers le Sud (fig. 10).

B - Situation géologique

• Le substratum métamorphique imperméable est représenté par le

granite du cap Camarat et les anatexites de la presqu'île de St Tropez (gneiss

(1) Il a été procédé à un examen aerlen et des relevés de détail au 1/15.000avec prospection sous-marine conjuguée. Des recherches très détailléesseraient nécessaires.

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Fig.10 PLAGE DE PAMPELONNE

N

t

SALAGRU

La Baraque

Bonne

ëoC'I

EoC'I

1000m

Page 139: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 109 -

oeillés, gneiss feldspathiques). Au Nord du cap Pinet, on relève des séries

gneissiques, fines et micacées, à strucutre alternante. L'imperméabilité des

roches favorise des crues torrentielles, violentes mais brèves, les jours

d'orage.

. Une petite plaine alluviale, la plus importante de la presqu'île

de St Tropez, est due au remblaiement holocène (Versilien) : limons, sables

dunaires, éléments de l'arène granitique, complexes lagune-marins, analogues

à ceux du Fournel et de Fréjus-Villepey.

Dix ruisseaux drainent cet ensemble. Ils sont responsables de crues

et d'inondations, notamment la rivière du gros Vallat, assez désastreuses, à

la fin de janvier et février 1974. Les dégats sont agravés par une très faible

pente combinée à la présence d'un biseau "salé" à faible profondeur (rivière

du gros Vallat, de Loumède, de Beauqui, etc .•• ).

c - Hydrodynamigue

1) Transfert précité, du Nord au Sud, malgré un cloisonnement rela­

tif dû à la Sèche de Salagru. Comme à St Aygulf, on note un colmatage accentué

à la partie méridionale.

2) Présence d'oscillations stationnaires (seiches) et de lignes

nodales correspondant à la formation de cordons festonnés et en demi-lune,

voire à des dunes sableuses sous-marines plus au large (fig.IO).

Ce système naturel protège le rivage sahleux de l'érosion liée aux

vagues déferlantes des régimes d'Est. La seiche de Salagru assure également une

protection efficace en organisant les amortissements et déferlements frontaux

des très gros rouleaux, dès la profondeur de -ZOrn, avant leur arrivée à la plage.

3) Action de courants sagittaux, comme à Cavalaire, St Aygulf et

Fréjus (1). Ils étalent le sable du prisme littoral jusqu'à -14 m. En deçà,

font suite les sables fins, moyennement calibrés, des fonds de baies, remaniés

puis étalés en lobes turbides asymétriques, déviés par un courant de fond,

orienté du Nord vers le Sud, jusqu'à -20 m.

On observe la dégradation de l'herbier par l'action de l'érosion

mécanique.

o - Plages nord (fig.10) :

De la plage de Tahiti, médiocrement desservie par une route étroite,

à la plage de Salagru, se montre une zone d'érosion et de transfert (NS). On y

constate l'absence de cordons festonnés et ici, le littoral n'est protégé que

(1) Ces derniers ont été découverts à Pampelonne par Arbey et Rivière.

Page 140: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 110 -

par l'amortissement des houles à la pointe du Pinet. Cela se traduit par:

- quelques concentrations de minéraux lourds (lessivage intense)

- micro-falaise d'érosion; les niveaux de tempête atteignent la

cote + 0,60 m.

- zones incurvées, très érodées, lieux de départ des courants sagit­

taux (sable moyen : ~ = 0,6 mm, pentes de la plage, fortes: 18°).

E - Plages médianes:

Plage de la Sariette (débarquement du 15.8.1944). Les cordons fes­

tonnés apparaissent (longueur de 120 à 70 ml, souvent coalescents au rivage.

Les courants sagittaux partent de la plage et s'insinuent entre les cordons.

Par grosse mer d'Est (T = 8 sec), l'ablation y produit une micro-falaise de

l fi ; la surrélévation du niveau marin, à la faveur de résonances, y atteint

exceptionnellement +1,20 m ± 0,20 m, pour des pentes de 18°, malgré la finesse

du matériel (sable quartzeux, ~ = 0,30 m). Par forte tempête, le rivage peut

alors reculer de 2 à 3 fi, puis, un engraissement compensateur se manifeste par

beau temps.

F - Plages Sud (fig.ID) :

L'aboutissement du transfert (NS) s'y traduit par un colmatage

accentué, accompagné d'une pollution notable (bois flottés, bidons, bouteilles,

galets de mazout, etc ••. ). J'y ai relevé des ponces flottées provenant des îles

Lipari et amenées par le courant général, comme à Giens et à Porquerolles. Mal­

gré ces engraissements, les effets des tempêtes de vents d'Est y sont spectacu­

laires :

niveaux surrélevés à +1 m,

- zones d'ablation liées aux départs des courants sagittaux: les

pentes des chenaux sont parmi les plus importantes que j'ai pu observer: 24°.

G - Remarques importantes

1° - Malgré le transfert orienté du Nord au Sud, on notera l'absence

systématique de gradient granulométrique au littoral. Cela paraît lié à la pré­

sence des courants sagittaux ~ à l'influence des rivières débouchant sur les

plages et amenant du matériel sableux (crues).

2° - La fraction bioclastique est très faiblement représentée à

Pampelonne, parfois même absente. Le prisme littoral, de nature minérale,

est prépondérant; son extension, liée à des courants de fond, entrave et

fait même régresser l'herbier à Posidonies.

Page 141: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 111 -

3° - Aucune menace particulièrement alarmante ne concerne les plages

de Pampelonne car l'intervention des mécanismes compensateurs naturels s'avère

efficace à la condition que l'on s'abstienne d'y implanter des épis.

x - LA BAIE DE ST TROPEZ ET SES ANNEXES (fig.ll et 12, carte 6).

A - Généralités et types de fonds

· Exposition et hydrodynamique

Ouverte largement à l'ENE, la baie de St Tropez réalise un ensemble

dont l'évolution s'avère bien distincte des autres secteurs étudiés au littoral

de la Provence métamorphique.

Le régime d'Est est dominant en force et fréquence. Les régimes W ou

WNW sont parfois vifs mais moins bien représentés du fait de l'abri du massif

des Maures et des collines de Gassin.

1 - les régimes W et WNW donnent des dérives sortant du golfe et des

contre-courants non étudiés. Les troubles sont déportés vers les vases terri­

gènes côtières, d'où l'extension des zones envasées.

2 - les régimes d'Est représentent les transferts dominants: sables

et poudres sont dirigés vers l'Ouest et l'WSW ; les troubles s'accumulent et

sont piégés dans le fond du golfe, puis à nouveau remis en suspension sous

l'influence du premier facteur (régime W ou WNW).

Les infLuences du régime d'Est étant prépondérantes, L'envasement

est continu. Cette progression est accélérée par les décharges et travaux de

Port-Grimaud et les crues torrentielles. Plus du tiers de l'herbier à Posido­

nies est déjà détruit.

· Conséquence pratique : la baie de St Tropez réalise un modèle de

"piège à sédiment" ; les effets de la dispersion au large sont insuffisants

à compenser la progression des colmatages.

· Un herbier à Posidonies en voie de dégradation: l'herbier à

Posidonies est très dégradé par les rapports turbides naturels. Ces derniers

relèvent de quatre axes d'apports:

1 - le Préconil : matériaux des embréchites des Maures orientales

formant un épandage sous-marin au Sud de Ste Maxime. Ce dernier alimente les

herbiers à Posidonies et les sables du détritique côtier.

2 - Ruisseaux d'importance secondaire: ruisseau des Mûres, ruis­

seaux de Beauvallon, etc .•. ; apports au prisme littoral et talus détritiques

au Nord du golfe.

Page 142: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Fig:11

N

tBAIE DE st TROPEZ, ANSE

38V.I.C

DES CANEBIERSv ~ 0 0 °0 ~

v (éboU1g 66 6 .

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Fig.12 BAIE DE st TROPEZ

N

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1000m

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aéro- navale

Villa Sabi Pass

V.T.C MARINAS

~DE

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envasee PORT GRIMAUD

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COGOLIN creusee

li l'emplacement de

la FOUX

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---- G'SC~L_E _

.--~'

Page 143: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 112 -

3 - axe de la Giscle, drainant une partie des Maures centrales et

occidentales micaschistes, séries de la Môle et de Cogolin. Il s'agit de

l'épandage sous-marin le plus important alimentant les sables fins bien cali­

brés au fond de la baie de St Tropez auxquels font suite des sables vaseux de

mode calme. Les phénomènes de dispersion par les courants de fond ne sont pas

connus.

4 - Au Sud: apports du ruisseau de Gassin, alimentant les talus

détritiques littoraux et les vases terrigènes côtières. Ils proviennent des

embréchites, granites et gneiss de St Tropez.

Un envasement en progression (fig. 12 et 13, carte 6).

Le faciès des vases terrigènes côtières s 1 étend suivant deux direc-

tions

1 - le Préconil : zone en extension au Sud de Ste Maxime troubles

déportés vers le SW et l'WSW. Dégradation de l'herbier.

2 - Axe du golfe de St Tropez: couloir envasé vers le Sud, assez

sinueux, de direction générale au 70° (ENE). Les épandages sont surtout réalisés

au cours des orages (régime torrentiel). Il s'y ajoute les apports boueux du

Bourrian et du ruisseau des Mûres, ruisseau de Gassin, plus les écoulements "en

nappes". Ces vases terrigènes côtières s'étendent aux dépens des herbiers à

Posidonies et du détritique côtier.

Les zones 1 et 2 sont polluées, notamment au Sud de Ste Maxime,

à St Tropez et à Port-Grimaud. L'envasement est maximum à trois endroits

d'importance inégale:

1) le plus important est représenté par le fond du golfe, à l'Est

de Port Grimaud.

2) zone de St Tropez, notamment le "piège" situé à l'Anse des Cane­

biers (zone à étudier en détail).

3) épandages au Sud de Ste Maxime, déjà mentionnés.

B - Plage des Salins et cap de St Tropez (carte 6) :

La complexité de la zone sous-marine du cap de St Tropez est liée

à une ancienne topographie granitique, à modelé aérien, immergée par la trans­

gression versilienne.

Les roches et "sécants" du large, les prolongements des pointes,

etc .• correspondent à des reliefs granitiques ou gneissiques, altérés en boules

et formes arrondies, formant des massifs isolés et "monadnocks" , de quelques

mètres à plus de 30 m de profondeur. Parmi eux, nous distinguerons le Rabiou,

l'Ay, le plateau de Sauvère, la basse du N.E., la teste de Can (partiellement

Page 144: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 113 -

émergée), les Basses de Can et, plus au large, la "roche" de Verhuge. Ces

roches, parfois dangeureuses et très exposées sont des sites assez poisson-

neux et favorables aux plongées et pêche sous-marine.

Au-delà de l'éboulis et du prisme littoral (p lage des Salins) se

situe, jusqu 1 à -35 m, un vaste herbier très développé à l'Est de la Pointe de

Rabiou et du cap de St Tropez. Il s'étend à 2,5 m.naut. vers le large, au-delà

de la roche de Verhuge. Il présente des érosions, graviers remaniés et concré­

tionnements (Lithothamniées), de -12 à -35 m aux Basses du N.E., à l'Est du

cap de St Tropez et à la Basse S.E. de Can, à la Verhuge.

De -35 à -60 mt nous "passons" aux formations hétérométriques et

graviers du détritique côtier.

De= remarques :

10 - A l'Ouest de la pointe de Rabiou se développent les faciès

d'envasement du golfe de St Tropez. Dès cette zone se manifeste une régression

de l'herbier.

20- Les hauts-fonds situés à l'Est du cap de St Tropez isolent

deux milieux distincts en-deçà de la ceinture des sables du détritique côtier.

- vases bathyales au Sud (canyon de St Tropez)

- vases terrigènes côtières au Nord, au large de la baie de St

Tropez et envahissant cette dernière.

Un travail cartographique précis et de longue haleine serait néces­

saire en ce secteur.

Quant à la plage des Salins, au cap de St Tropez, longue de 350 m,

accompagnée de quelques plages de poche au SSW, elle demeure très exposée à

tous les régimes et pollutions. Il. s'agit d'un site bordé de très beaux fonds

mais souillé par des galets de mazout.

Malgré la présence d'une ride littorale temporaire, la plage est

fortement érodée en hiver. Par beau temps, malgré des pentes à 12 0, une cer­

taine compensation se manifeste (sable blanc quartzeux, fin et isométrique ;

~ = 0,25 mm), augmentée par des apports bioclastiques (Miniacina miniacea Pal­

las) issus de l'herbier et du coralligène, tout comme cela a été observé aux

plages des Embiez (Grand Rouveau, Le Brusc).

C - Anse des Canebiers (fig.11)

Cette dernière présente des analogies avec les baies de La Seyne

et de Tamaris, près de Toulon. Mais l'évolution des herbiers à Posidonies n'a

point atteint, en ces lieux, le stade de l'émersion et du colmatage total.

Page 145: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 114 -

Il s'agit d'un mouillage très abrité pour la plupart des régimes

trois chantiers de réparation y sont implantés.

L'herbier à Posidonies est dense mais en voie de dégradation sous

l'action des pollutions, des accumulations de débris de Posidonies, mais, sur­

tout par la progression des envasements dans la baie de St Tropez. La couran­

tologie de détail reste à étudier. Il est possible d'y envisager un circuit

tourbillonnaire, érodant les herbiers et les "mattes", jusqu'à -6 et -9 m. Le

sédiment est un sable bioclastique, hétérométrique. Dès -33 m, l'herbier fait

place à une mince frange de "détritique côtier" tandis que le faciès des

"vases terrigènes côtières" (V.T.C.) se développe à moins de 40 m de profondeur.

Ce site nécessite une protection rapide avant sa complète dégrada­

tion, comme cela a été le cas pour la baie de La Seyne.

D - Les "marinas" de port Cogolin et port Grimaud

· La Marina de Cogolin, au Sud, est creusée dans la plaine alluviale,

entre les débouchés de la Giscle et du ruisseau de Bourrian, à l'emplacement

des anciens marais de la Foux.

• La Marina de Port Grimaud, au Nord, est creusée dans les marais

et bras-morts de la Giscle, entre le cours de cette rivière et les embréchites

des Maures orientales (Petites Maures). Lors de colmatage holocène, contempo­

rain des stades les plus récents de la transgression versilienne (de 15.000 à

8.000 A.B.P.), le aours de la Oisale s'est déplaaé vers le Sud, sous

l'influence d'un transfert littoral longeant le littoral·au NE. de la baie de

St Tropez. Cet apport sédimentaire a été augmenté de la charge du Préconil et

dirigé de l'ENE vers l'WSW. En se déplaçant ainsi vers le Sud, la Giscle a

abandonné trois bras-morts, jalonnés d'étangs et de marais, actuellement

détruits par l'aménagement de la Marina de Port Grimaud (1).

• Exposition et abris : les installations sont exposées aux régimes

de forts vents d'Est et surtout d'ENE. Des résonances se manifestent alors au

fond de la baie et sur la jetée de Port Grimaud où des ébauches de cordons

festonnés se développent à l'emplacement des nodales. Ce phénomène sédimentaire

demande a être suivi attentivement du fait de l'importance des aménagements.

(1) Il faut noter que cet aménagement élégant et assez exceptionnel, occupel'emplacement de marais souillés et sans grand intérêt.

Page 146: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 115 -

Contre la jetée de Port Grimaud, une plage engraissée, en équilibre

ne pose actuellement aucun problème (sable grossier ~ = 0,9 mm, pente: 7°).

- l'abri est satisfaisant pour les régimes suivants: W, WNW (Mis­

tral), Sud, NE, NNE.

- bons mouillages.

Colmatages: le transfert, de l'ENE à l'WSW, déporte les sables

et particules fines, de la pointe des Sardinaux à Port Grimaud. Les troubles

du Préconil (1), se jetant à l'Ouest de Sainte Maxime, s'y ajoutent pour une

large part amenant :

- la dégradation progressive et continue. de l'herbier,

- le colmatage de la baie,

Ces apports amènent, avec la contribution du ruisseau des Mûres,

de la Garde et du Bourrian, la formation d'un lobe turbide asymétrique et

l'envasement plus rapide de la partie méridionale de la baie.

Par vent d'Est moyen, des flotteurs immergés ont permis de mesurer

une vitesse de 0,30 rn/sec pour la surface •

. Un transfert secondaire, lié aux vagues d'Ouest ou d'Est, longe le

rivage méridional de la baie de St Tropez et se dirige de l'Ouest vers l'Est.

Les sédiments, troubles, pollutions et bois flottés s'accumulent contre la

jetée de Port Cogolin et souillent la plage .

. Les empiétements de terrains sur la mer, effectués à l'Est du

port de St Tropez, n'occasionnent aucune nuisance particulière car les talus

détritiques et franges d'herbiers concernés étaient déjà l'objet d'un colmatage

naturel et d'une dégradation poussés, antérieurs aux aménagements, tout comme

à l'Anse des Canebiers et au fond du golfe de St Tropez.

Un "upwelling" se manifeste par fort vent de Mistral (WSW par ex.).

Il se produit une dérive superficielle salutaire, sortant de la baie à la

vitesse de 20 rn/mm, et renouvelant les eaux au fond du golfe de St Tropez.

On note, en fait, la formation de deux lobes turbides successifs

1) sables moyens du prisme littoral, jusqu'à -12 m, déportés de

l'ENE vers l'WSW, puis du Nord vers le Sud. L'action de courants de décharge

et courants sagittaux est possible mais n'a point été prouvée.

(1) Ne pas confondre avec le torrent "Préconil" situé à l'Ouest du Lavandou.De telles confusions toponymiques sont assez courantes en Provence : ainsi,on connaît deux "cols de Gratteloup" dans le massif des Maures et trois"Simiane", quatre "Bégude", trois 11Madrague", etc ...

Page 147: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Fig.13 FOND DE LA BAIE DE st TROPEZ

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Page 148: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 116 -

Z) sables fins bien calibrés et sables vaseux de mode calme forment

un épandage de -IZ à -15 m et, même -19 m. Ce lobe est déporté vers l'Est.

Vers -19 m, parfois dès -13 m, dans la partie méridionale de la

baie de St Tropez, on trouve directement le faciès en progression des V.T.C.

De= remarques importantes :

la - disparition totale, ou presque, des herbiers à Posidonies, par

envasement dans le fond du golfe de St Tropez.

2° - un circuit courantologique se manifeste au fond de la baie ;

il s'accompagne de la formation d'une "cellule" de sables vaseux déposé dans la

zone morte du tourbillon. A l'Est de Port Cogolin, on note la formation d'une

"tache" de vase décantée relevant de la même origine. De telles dispositions

ont été observées, à plus grande échelle, par M. Roux et E. Vernier, dans la

zone de colmatage rapide du golfe de Fos.

a) ~E~~_~~_!~_~~!!~_~~~~~_~~~~~_~~_E~~~~~~~_~~~_~E~~

Ils entravent le transfert littoral principal et compensent une

forte érosion du rivage liée à l'incidence des vagues obliques d'Est, ESE. Une

dizaine d'épis, serrés, formés de blocs d'amphibolite, assez lourds mais alté­

rables, a été implantée. Cependant, des épis interrompus, plus longs et munis

d'ergots seraient plus efficaces et n'entraveraient point la circulation des

eaux, de l'ENE vers l'WSW, absolument nécessaire à la salubrité du fond du

golfe de St Tropez.

Cet aménagement est à surveiller attentivement.

b) g~~~~E~S~~~~_~~~_i~~~~~_i~~E~_g~g~!~~~_~~E~_~E~~~~~L(fig.IZ).

Les jetées sont bien dessinées et efficaces ; elles suivent les

isobathes -6 à -8 m. Les ouvrages sont formés de blocs lourds d'amphibolite,

gneiss ou migmatites 0,6 à 2 tonnes, coincés et couronnés de gros blocs posés

à plat: 3 à 4 tonnes.

Le profil est relativement bas (+ 3m) mais très large (8 à 10 m) ,

comme au port de Bormes, absorbant bien les "rouleauxl1. Ici, le degré cl 1expo­

sition est moins accentué qu'à Bormes ou Santa Lucia (St Raphaël). Du côté

intérieur des jetées frontales on note un fossé d'écoulement, une zone filtran­

te (galets remblyant une tranchée de drainage) absorbant les "paquets de mer"

passant au-dessus de la jetée.

Les jetées intérieures des ports (A', fig.1Z) ne sont renforcées

qu'aux zones de réflection et de diffraction: passes des ports, digues canali­

sant la Giscle. Cette rivière manifeste des crues très brutales (d'où son nom),

Page 149: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 117 -

liées aux orages violents et au substratum imperméable, élevant brusquement le

niveau de +1,5 m (février 1974) : observation directe. Les autres types de

digues, jetées inte~nes, sont formés de blocs d'amphibolite (hauteur: 2 m,

largeur plus faible: 5 à 7 ml.

Il y a une possibilité de seiches dans les bassins des Marinas.

Des études détaillées seraient nécessaires afin de préciser l'hydrodynamique

des sites aménagés.

E - Incidences des aménagements sur les milieux naturels

Nos informations sont très incomplètes et des études précises,

échelonnées dans le temps, seraient nécessaires. On pourra suggérer les

remarques suivantes

1°) L'action des épis bordant le littoral septentrional de la baie

de St Tropez, entrave incomplètement le transfert latéral dominant. Il en

résulte une diminution de l'érosion et des colmatages à Port Grimaud, mais

une accentuation des pollutions locales.

2°) Le creusement des bassins de Port Cogolin et Port Grimaud, tout

comme celui de Port d'Agde, a fait disparaître les marécages. Or, ces marais de

la Giscle et de la Foux s'avéraient des sites de pêche et de chasse. Cependant,

les excellents matériaux ainsi recueillis (galets, sables, limons) ont été

utilisés en remblais hydrauliques, talus, travaux routiers, voire matériaux de

construction, sans effectuer de véritables dragages extensifs dans la baie de

St Tropez. En fait, le "rnarais l1 a été sacrifié au bénéfice de la mer et de ses

utilisateurs.

Le milieu naturel a été bouleversé, méconnaissable. Néanmoins, ren­

diguement soigné de la Giscle et l'approfondissement de son chenal, utilisé

comme mouillage, diminuent les effets des crues.

3°) Accentuation des colmatages et pollutions au fond du golfe de

St Tropez; problème de l'épuration des effluents des Marinas, notamment en

période estivale de fréquentation maximale. Les actions de l'upwelling ne

pourront entièrement compenser l'enrichissement en nitrates, ammoniac et phos­

phates lié au rejet des stations d'épuration. D'où le risque d'eutrophisation

partielle du milieu marin.

F - Un littoral menacé a Beauvallon et a la "Villa Sabi Pass"

Ltérosion est due à des vagues obliques à forte cambrure issues

des secteurs Est et ESE. Par gros temps, les vagues franchissent un cordon

Page 150: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 118 -

littoral réduit et pénétrent à 60 m dans les pinèdes, inondant le littoral et

terrains de camping.

Depuis 1950, les travaux de défense se succèdent. Plus de douze épis

ont été implantés à des époques différentes ; ce sont des constructions médiocres

trop faibles eu égard à l'énergie incidente,

- blocs hétérométriques,

matériaux mal choisis: ernbréchites, micaschistes, gneiss oeillés

mêlés à quelques blocs d'amphibolite altérables,

- longueurs inégales: de quelques mètres à 15 mètres.

Les apports complémentaires, rechargements d'épis disjoints, ébauches

de brise-lames frontaux, etc ••. sont peu efficaces. Malgré ces avatars, l'ali­

mentation par le transfert latéral demeure bonne et le rendement des épis, très

serrés, oscille entre 40 et 60 % (une valeur maximale de 80 % a été notée pour

un épi près de Beauvallon). Les zones colmatées, entre les épis, montrent une

pente stable de 9° (sable moyen, !/J = 0,5 mm), avec quelques "cusps" et galets

d'embréchite.

Nous conseillerons, à priori

- des épis plus longs et interrompus, portés jusqu'à des profondeurs

de -3,5 m.

gros blocs isométriques bien coincés, ergots.

- brise-lames frontaux très robustes, à étudier.

Remarques: entre la Villa "Sabi Pass" et la pointe de Guerre-Vieille (embré­

chites, gneiss pegmatitiques peu résistants et très altérés), on observe la

progression de l'érosion marine: la route et plusieurs villas sont menacées.

Le ahoa des vagues obliques est responsable de la plupart des dégâts ainsi que

la dégradation sous-marine de l 'herbier à Posidonies bordant le rivage.

G - Les plages de Sainte Maxime:

. g~E~S~~E~~_~~~E~~~~~~~~~~~_~~_~§~~~~~~~!~g~~~~~

JO) Plages, très exposées; l'érosion n'est point compensée par

des défenses en enrochements hétérogènes, mal établis, en matériaux médiocres

(gneiss, embréchites).

La destruction de l'herbier littoral par envasement et par érosion

mécanique sous-marine accentue la menace concernant cette portion du rivage.

2') Compensation naturelle, souvent insuffisante, par l'action du

transfert dominant, dirigé de l'ENE vers l'WSW. Une érosion se manifeste vers

Ste Maxime, jusqu'à -12 m ; engraissement et pollution, en "aval", vers la

pointe de la Croisette (pentes de 9', sables très grossiers issus du Préconil,

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- 119 -

Il = 1,8 mm), éléments de migmatites, petits galets et "beach cusps".

3°) Par fort Mistral et "vents de terre ll, on note la formation d'un

upwelling renouvelant les eaux et d'une dérive sortant de la baie (vitesse:

5 m/mn).

4°) Destruction et régression rapide des herbiers à Posidonies par

l'étalement sous-marin des sables du Prêconil, par comparaison avec les relevés

antérieurs pratiqués par W.D. Nesteroff. On observe la formation de sillons

d'érosion conformes à la direction de la dérive littorale.

~_~~~~~~_~~~~~~, on observe l'écroulement du mur frontal de la

route devant l'hôtel Brutus. Cette zone est menacée malgré deux alignements de

blocs ("sucresll à tenue médiocre, en éléments maçonnés). L1effondrement de la

défense frontale, par sapement en sous-oeuvre, demeure préoccupant contre la

culée WSW du pont sur le Préconil.

La décharge du Préconil est partiellement rabattue vers la petite

plage de Ste Maxime. Depuis la construction de la nouvelle jetée externe, les

réfractions et diffraction sur le musoir facilitent le dépôt rapide des sédi­

ments. Ce résultat est bénéfique quant à la plage du Casino déjà artificiellement

enrichie, mais il se traduit aussi par le colmatage de la passe et du port,

colmatage déjà bien amorcé antérieurement à la construction de la nouvelle jetée .

. ~~_~~~~~~~~_~~_~E~~~~~l, on observe trois crochons de sables gros­

siers et galets (zone de freinage, action de la houle diffractée, etc .. ). Ces

cordons asymétriques tendent à gêner l'écoulement du Préconil, favorisant

alors les tendances au colmatage.

~~_~~E~~~~~~_~~~E~_~~~_~~~~~_~~_l~_~~E~~ll~,montre des érosions

locales. Ces dernières sont cependant bien compensées et ne présentent aucun

danger car

1) une large dalle rocheuse sous-marine accentue les frottements et

amène le déferlement des vagues incidentes.

2) présence d'un herbier dense et bien conservé jusqu'à la pointe

des Sardinaux.

3) concentration de l'énergie incidente sur la pointe des Sardinaux

et les écueils voisins: Sèche des Sardinaux et Sèche à l'Huile.

XI - CORNICHE DES MAURES ORIENTALES PETITES MAURES 0

A - Pla ge de l a Narte11 e (fi g, 14) :

~~_~~~~ : plage orientée NS, massif embréchitique des Maures

Page 152: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Fig:14 BAIE DE BOUGNON

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Pointe des

Sardinaux

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1000m

Page 153: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 120 -

orientales, longueur: 750 m, accés facile. Il s'agit d'une des plages parmi

les plus intéressantes du littoral des Maures Est.

On note une dérive générale des eaux de surface orientée du Nord

vers le Sud, mais point de véritable transfert. La plage elle-même demeure

très exposée et présente une érosion hivernale montrant, à chaque saison, un

recul de 1 à 2 m ; la pente est de 90 à 110, les matériaux sont un sable très

grossier, voire des granules et petits galets (0 moyen = 2,8 mm). La compensa­

tion est assurée par les décharges de deux ruisseaux (ruisseau de la Nartelle,

principalement).

Au voisinage de la plage, dans la zone immergée, se trouvent des

cordons festonnés disposés suivant une ligne continue orientée du Nord au Sud.

Ici encore, on notera l'influence des lignes nodales correspondant à des oscil­

lations de type "seiche" .

. ~~~~~~~~~~_~~~E~~!~~ : par fortes tempêtes dlEst, le niveau peut

être surélevé de +0,60 m, sous l'action du déferlement d'une houle quasiment

frontale, d'où l'absence de transfert notable.

Les sables sont dispersés au large sous l'action de deux courants

sagUtaux situés au Nord et au Sud de la plage. Une partie du matériel sableux

grossier revient au rivage tandis que les sables fins et les pélites restent

au large. Le platier rocheux sous-marin prolongeant les affleurements gneissi­

ques du cap des Sardinaux occasionne les réfractions des vagues d'ESE et amortit

leur énergie.

En l'état actuel, il demeure préférable de ne point modifier l'état

naturel de cette plage qui demeure assez exposée, par ailleurs, à une "rnacro­

pollution" (bois, mazout, débris flottés divers).

. Zones sous-marines------------------la - Prisme littoral sableux, plutôt grossier, étalé en un lobe

détritique jusqu'à -22 m (action des courants sagittaux).

20- De -22 à -42 m, on observe une "tache" très étalée de sables

fins de fonds de baies, comme il s'en présente à Toulon, Giens et Hyères.

Cette décharge détritique fine forme un nouveau "lobe" passant aux vases terri­

gènes côtières (VTC) , entre -45 et -50 ml.

On notera la disparition de l'herbier à Posidonies en face de la

plage.

B - Plage de Bougnon (fig.14) :

Plage orientée NNE-SSW, longue de 650 m. Elle a été utilisée le

18 août 1944, pour le débarquement du R.I.C.M. Elle est directement exposée

Page 154: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 121 -

aux vagues et tempêtes d'Est. La zone sous-marine est analogue à celle de la

Nartelle, avec une pente de 8° à 10°, sable grossier (0 de 0,8 à 1,0 mm), riche

en grenat et amphibole.

L'érosion y demeure assez forte, notamment au Sud où deux maisons

sont menacées. Une houle frontale à forte cambrure montre de gros déferlements

surlacueil de Bougnon, à proximité de la ligne de rivage, ainsi que deux cou­

rants sagittaux situés de part et d'autre de cette roche.

L'érosion de la plage et de la promenade n'est point jugulées par

les actuelles défenses; enrochements à médiocre tenue: blocs d'esterellte et

d'amphibolite. Les apports torrentiels sont insuffisants pour compenser cette

érosion agravée par la destruction des herbiers en deçà des écueils.

c - Plage de Val d'Esguières (La Garonnette, les Issambres)

Orientée NE, SW ; longueur 400 m ; bon accés.

L'érosion s'avère moindre qu'aux plages précédentes car les orienta­

tions deviennent obliques par rapport aux vagues incidentes des tempêtes d'Est.

Il en résulte la formation d'un contre-courant littoral dirigé du SW vers le

NE. On a une érosion, formation de "beach CUSpS", etc ... à la pointe rocheuse

SE accompagnée d'apports et légers ensablements à la Garonnette; ce dernier

ruisseau amenant des troubles déportés, ~, par fortes pluies et régimes d'Est,

du NE vers le SW.

Il en résulte une compensation mutuelle et un certain état d'équili­

bre, assez relatif, mais sans risque grave pour le littoral. Seul l'herbier à

Posidonies montre des ablations et altérations préoccupantes.

D - Pointe des Issambres

Les plages de San Pei ré et les criques des Issambres montrent des

"beach cusps", sables grossiers et galets d'embréchites. Malgré quelques souti­

rages locaux, il semble y régner un équilibre relatif.

La création de deux épis en enrochements et d'un "terre-plein"~

la pointe rocheuse des Issambres a déterminé la formation d'un alvéole amenant

la rétention du sédiment tracté par le courant littoral du NE vers le SW. Ce

colmatage, assez heureux, ira en s'accentuant.

E - Plage de la Gaillarde:

Entre la pointe des Issambres et St Aygulf se situe un littoral

rocheux pittoresque, en équilibre mais relativement pollué ("macro-pollution").

Page 155: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 122 -

Une dérive, dirigée de l'Est vers l'Ouest se manifeste plus au large de la

plage.

Cette dernière, longue de 350 m, à très fort taux d'occupation du­

rant la saison estivale, est le siège de forts déferlements et de courants de

décharge qui, par gros temps, se traduisent par une érosion de l'herbier. On

y observe des circuits tourbillonnaires en cardioide avec accumulation de

débris organiques dans la zone axiale (bois, frondes et souches de Posidonies).

On observe en outre plusieurs criques et "plages de poche", assez

polluées (rejets clandestins). Des villas, bâties trop près du rivage sont

menacées par les gros temps d'Est malgré des souténements et murs bétonnés.

XII - LES PLAGES DE SAINT AYGULF ET DE FREJUS (fig.15).

A - Sites étudiés

Sur 4,7 km, la côte basse et sableuse est orientée SSW-NNE, puis,

dès Fréjus-Plage, montre une courbure de l'WSW à l'ENE.

Une plaine alluviale s'étend entre deux domaines

1 - ~~_~~~_: littoral rocheux accore, de St Aygulf, formé par les

migmatites (embréchites) liées au métamorphisme du massif des Maures.

2 - ~_l~~~f : zone rocheuse formée de grés et pélites permiens ainsi

que de formations complexes volcaniques et volcano-sédimentaires du même âge.

La plaine alluviale, bordée par les plages, résulte essentiellement

des récents colmatages de l'Argens. Ces derniers ont été rapides et importants

au Quaternaire très récent (Holocène), comme le prouvent les sondages effectués

dans la basse vallée (recherches de C. Gouvernet, 1968 ; R. Anglada, L. Blanc­

Vernet et J. Blanc, 1968). Depuis l'époque romaine, l'alluvionnement a progressé

de 1.500 m, au Sud de Fréjus. Tout au long de cette histoire récente, les bras

de l'Argens et son cours majeur se sont déplacés du SW vers le NE. Les étangs

de Villepey représentent les vestiges d'un cours ancien de l'Argens, grossi

du Fournel, tandis que les marais et étangs, en forme de demi-lune, au SE du

débouché actuel en matérialisent les dernières extensions. Enfin, à un moindre

degré, le Reyran (aujourd'hui canalisé), le Cougourdier, le ruisseau de Valles­

cure et la Garonne, ont participé à l'ensablement récent de la plaine de Fré­

jus.

Le golfe de Fréjus et la baie de St Raphaël (carte S.H. 5140) sont

largement ouverts aux houles et vagues du large. Les pentes sous-marines y sont

relativement élevées le précontinent, assez étroit (3,5 à 4 km), s'abaisse

brutalement à -200 m à 3.500 m du littoral tandis que les fonds de -1.000 m

Page 156: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Fig.15 GOLFE DE FREJUS .TYPES DE FONDS,d'apres BELLAICHE et NESTEROFF, modifié J.BLANC

Sables détritiques littoraux + Epalldage issu de la. catastrophe de

Herbier à Posidonies

Detritique côtier

Fonds rocheux

Faciès des vases terrigenes côtières

VASES TERRIGENES COTIERES

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Page 157: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 123 -

s'observent à 10 km du rivage (Bourcart et col., 1958).

La présence des zones volcaniques rocheuses des Lion de Mer et Lion

de Terre atténue légèrement l'action des houles d'Est et SE qui se réfractent

au niveau de ces îlots. Il n'en sera point de même pour les zones occidentales

des plages de Fréjus et pour les littoraux de St Aygulf-Villepey.

B - Les problèmes

Les préoccupations des riverains sont liées à ce degré d'exposition

et à l'action des tempêtes particulièrement agravés par la raideur des pentes

sous-marines. Trois points de vue devront être considérés

- l'érosion et l'amaigrissement des plages,

- le mouvement des sédiments,

- la protection du littoral.

D'autres actions se manifestent encore dans ce secteur: les pollu­

tions, l'héritage sédimentaire résultant de la catastrophe de Malpasset,l'influ­

ence de l'Argens et les phénomènes d'eutrophisation des eaux surchauffées en

période de canicule (pullulation de Diatomées, Flagellés, Dinoflagellés trou­

blant les eaux, etc .. ).

Le régime des vents d'Est se traduit par une dérive des eaux litto­

rales orientée du NE au SSW. Réciproquement, le Mistral s.l. (régimes W, NW,

NNW) engendre un mouvement dirigé du SSW vers le NNE.

Le transfert dominant s'effectuera en principe, du SW vers Le NNE.

Il sera confirmé en outre par le contre-courant du golfe de Fréjus (fig.15).

Mais on observera des exceptions et des déplacements contradictoires.

c - Les courants :

1) ~~~E~~~~_E~E~~~~~~~ : le courant géostrophique permanent - ou

"courant général", est dirigé de l 1 Est vers l'Ouest. Le mouvement giratoire de

ce courant, encore nommé "courant ligure", concerne les eaux du large dans le

golfe de Gênes. Ces eaux se déplacent à faible vitesse (0,3 à 0,5 noeud) et se

dirigent vers l'Ouest, c'est-à-dire vers le golfe du Lion.

Ce "courant général" se trouve "accéléré" par des dérives liées

aux régimes d'Est. IL n'a aucune action particuLière vis-à-vis des sédiments

Li ttoraux.

Il n'en est point de même pour le contre-courant du golfe de Fréjus

(fig.15), déportant les eaux du SSW vers le NNE, puis le NE, en conformité avec

la migration globale des sédiments littoraux. Les vitesses mesurées peuvent

atteindre 1 noeud et même dépasser cette valeur. Ce contre-courant est

Page 158: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 124 -

l1 accéléré" à son tour par les dérives liées aux vents des secteurs W, WSW et

NW ; la vitesse passe alors de 30 m/mn à 70 m/mn.

a - Vents du seoteur Ouest (W, WSW, NW, etc .. ). Ce sont des dérives

rapides de 10 à 40 m/mn en relation avec des vagues à courte cambrure. La fai­

ble profondeur des plages de Villepey-St Aygulf assure un freinage rapide, ce

qui n'est point le cas pour les plages de Fréjus où la dérive demeure forte.

Les déplacements observés confirment le contre-courant du golfe de Fréjus ; les

eaux superficielles sont déportées en direction de St Raphaël et du Lion de Mer.

b - Par régime d'Est, le courant porte vers le SSW et St Aygulf.

Dès la base aérienne, la dérive s'accélère et les troubles de l'Argens de trou­

vent déportés par le mouvement. L'ensablement est manifeste dès la pointe de

St Aygulf où les pentes sous-marines diminuent de 1/35 à 1/60.

Les influenoes de oes deux types de dérives se oompensent naturelle­

ment dans la baie de Fréjus. Néanmoins, il apparatt une dominanoe des dérives

et transferts de l 'wsw vers le ENE et NE; l'action du contre-courant "épaulant"

le mouvement.

3) g2~E~~E~_~~_f2~~

Leur importance est fondamentale pour la tenue des plages et la

protection des rivages.

a - Radioaotivité, "marquage" des sédiments et oourants de fond

commencées à la Napoule (Bellaiche, Cheminée, Martin et Pautot, 1966), les

recherches furent étendues au golfe de Fréjus (Bellaiche et al., 1969 ;

Bellaiche, 1970).

Radioaotivité naturelle du sédiment: Les isorades "naturelles"

demeurent parallèles au rivage tout en dessinant de larges ondulations. Une

assez forte radioactivité (r.a), supérieure à 100 chocs/sec se manifeste entre

5 et 10 m de profondeur (concentrations d'éléments minéraux naturellement r.a

issus des embréchites et du permien: zircons, monazite, etc .. ). Ces minéraux

généralement assez denses, restent "piégés" entre -5 et -10 m, formant des

bandes radioactives tandis que la r.a décroit à 30 chocs/sec à la fois vers le

rivage et vers le large.

b - Vitesses et déplaoements sur le fond : Ces derniers sont sous

la dépendance de l'état de la mer. Nous distinguerons (1)

1) mer "moyenne" période (T) = 4 sec. Longueur de la houle

(1) les cas de "beau tempsll, mer "belle" ou I1 peu agitée ll , où il ne se passerien ou peu de choses, ne sont point abordés ici.

Page 159: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 125 -

L au large

16 noeuds.

25 m. Hauteur (H) 0,55 à l,la m. Vitesse du vent (W) Il à

Ce régime, très fréquent dans le golfe de Fréjus, amène une mise en

suspension du sédiment fin ("poudres") et du sable sur le littoral. Pour H =

lm, l'érosion sur le fond sableux se manifeste jusqu'à -25 ID.

2) tempête "normale" : T = 6 sec ; L = 56 m (L au large) où la pro­

fondeur> L/2), W = 22 à 25 n, H = 1,3 à 2,5 m. lIise en suspension du sédiment

fin jusqu'à 60 m de profondeur, c'est-à-dire jusque aux vases du large. Ce

régime s'observe plusieurs jours par an.

A la m de profondeur, le courant de fond atteint une vitesse de

0,50 rn/sec; de 5 à 3 m de profondeur, v atteindrait 2,30 rn/sec.

3) forte tempête à très forte tempête: T = 7à 3,2 sec, L au large

= 75 à 88 m, H = 2,5 m à 6 m, VI = 23 à plus de 40 n. Le déplacement du sédiment

fin (sablon, poudres) peut se manifester pour toute la baie de Fréjus, jusqu'à

-90 ID. De tels régimes sont assez exceptionnels, mais non absents et il arrive

qu'ils se manifestent quelques heures ou quelques journées par an. Les diagram­

mes de B.W. Logan permettent de calculer des vitesses de déplacement de O,SO

rn/sec à -20 m, 1 rn/sec à -15 m et 1,5 rn/sec par -la m. L'énergie est donc

suffisante pour mettre en mouvemeqt des blocs, galets et sables grossiers.

Bellaiche et al. (1967, 1970, 1972) ont effectué un marquage du

sédiment par un radio isotope de l'or (l,sAu) dont la période de 27 jours ne

présente aucun danger. Le marquage a porté sur 2 kgr de sable recueillis à

-5 m dans le golfe de Fréjus. Après adjonction de l'or r.a, ce sÉÏdiment a été

immergé en son lieu de prélèvement. La détection a été effectuée au scintillo­

mètre.

Après correction de la r.a. naturelle ("bruit de fond") et de la

décroissance de la r,a. de 19SAu, les résultats suivants ont été obtenus

1) régime de l1istral (N s.1.) : courant de fond à 9,5 cm/sec,

vitesse du vent (W) = 3 à 6 rn/sec.

2) régime de NE : courant de fond à 26 cm/sec au maximum, valeurs

moyennes à 13,5 cm/sec.

La tache radioactive a demeuré quelques jours saturée à 15.000

chocs/sec. La plus grande partie du sédiment demeure à la même place (-5 m).

Seules les parties les plus fines migrent vers le UNE et l'ESE. La mesure

moyenne des courants de fond donne une vitesse de 14,3 cm/sec. Cela est à com­

parer aux expériences de Pautot à l'embouchure de l'Argentière (golfe de St

Tropez), où le sédiment siest déplacé, cette fois, de 500 m vers l'Ouest.

Page 160: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 126 -

Tout en restant prudent sur ces expériences précieuses mais limitées

il semblerait :

- que le sédiment migre sur les petits fonds dans le sens des impul­

sions reçues.

que le sédiment fin se déplaae vers le large en suivant la pente ­

ae qui amène un défiait sur les plages.

Ces chiffres ne correspondent qu'à des valeurs maximales et proba­

blement exceptionnelles. On peut émettre les remarques suivantes:

- influence des secteurs non abrités (St Aygulf) soumis à toutes les

grosses houles du large - et cela assez fréquemment dans l'année.

- il n'est point tenu compte de la pente: or cette dernière, parfois

forte, oscille entre 1/15 et 1/60. Ainsi de gros blocs peuvent être tractés

dans les chenaux.

Pour ces pentes importantes, talus et chenaux, on note des diffé­

rences entre les résultats observés et le calcul, tantôt sous-estimées ou réci­

proquement.

Pour T = 6 sec, on peut établir un courant de fond de 0,50 rn/sec à

-la m et un flux de vitesse voisine de 2,30 rn/sec de -3 à -5 m, déplaçant granu­

les, galets et petits blocs vers le large, ce que l'on constate effectivement,

immédiatement après le gros temps. Cela peut expliquer encore les chenaux creu­

sés, de 0,50 à 1,20 m de profondeur, dans les sédiments sableux, imputables à

l'action de courants sagittaux.

c - Courants sagittaux : Ce sont des courants dirigés vers le large

compensant l'afflux des eaux sur un littoral. Véritables "torrents" dans le

milieu marin, ils déplacent une "veine" d'eau assez étroite, malgré les vagues

portant à terre, puis après une trajectoire variable, reviennent au littoral.

Les aourants sagittaux ont été observés sur les plages de St Aygulf

et de Fréjus.

1) Plages de St Aygulf : les courants sagittaux empruntent des che­

naux, profonds de 1 m, séparés de flèches ou "langues" sableuses régulières.

L'ensemble, depuis l'embouchure de l'Argens, forme un réseau sub-périodique.

Les caractères observés sont les suivants :

- largeur des chenaux : 40 à 60 m

- espacement des flèches sableuses (interfluves) : 80 à 120 m.

- orientation légèrement infléchie vers le SSW, se combinant avec

les cordons festonnés liés aux seiches.

- colmatage lent et non-fonctionnement par beau temps.

- sédiment des chenaux: généralement plus grossier jusqu'à -5 m.

Page 161: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 127 -

Des blocs issus de la banquette d'un restaurant menacé ("Les Sables d'Or"), se

retrouvent à -3 ffi.

- ces chenaux empruntés par les courants de décharge sont pollués

par de nombreux "galetsll de mazout, ovoides et allongés jusqu'à une profondeur

de -5 m. Il se forme alors des masses noires et visqueuses agglutinant le sable

sur le fond.

- présence d'anti-dunes de granules et sables grossiers dans les

chenaux, de -2 m à -8 m. Cela implique un fort courant de retour en partie

responsah Ze de Z1érosion du Zi ttoraz,

2) Plages de Fréjus : La zone orientale apparaît la plus érodée,

entre l'épi et le ruisseau (torrent de Vallescure + La Garonne) limitant les

communes de Fréjus et St Raphaël.

Trois chenaux de courants sagittaux ont été identifiés jusqu'à une

profondeur de -6 m. Ils entaillent le sédiment sur 1 à 1,30 m de profondeur.

On y trouve de larges ripple-marks gaufrées à crête aplatie aucune périodicité

n'a été observée; la sédimentation y est assez grossière (granules, sable mal

classés, etc .. ), surtout jusqu'à -3 m. A -5 m : sable moyen et à -15 m, sable

fin. Une sélection granulométrique paraît s'établir en fonction du profil

(forte pente: 1/20 à 1/30) et de l'énergie du "flot de fond", ou courant de

retour.

La turbidité de l'eau, même par beau temps relatif, due aux Diatomées

et pélites en suspension, rend difficile les observations directes.

o - Les corps sédi mentai res

Deux types de corps sédimentaires sont observés

raIes et les cordons festonnés prélittoraux.

les rides litto-

1° - g!~~~_!!~~~E~l~~ : ce sont des constructions classiques, obser­

vées sur tous les rivages et liées aux déferlements des vagues incidentes. Ces

rides réalisent un "volant ll de matériaux mobiles protégeant le littoral. Par

gros temps elles s'éloignent du rivage en fonction de l'extension de la zone de

turbulence. Par beau temps au contraire, elles se rapprochent du littoral et

deviennent coalescentes à la plage qui s'engraisse.

On observe les rides littorales à la plage de Villepey - St Aygulf,

à la base aérienne, plus rarement à Fréjus-Plage. En aucun cas iZ ne faudra

détruire ou modifier ces constructions.

2° - g~E~~~~_~~~~~~~~~_EE~li~~~E~~~ découverts par Clos-Arceduc

(1964), étudiés par Bellaiche (1965, 1966, 1970, 1972), il s'agit de cordons

Page 162: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 128 -

sableux sous-marins en forme de festons et de demi-lunes résultant de phénomènes

d'interférences pour des oscillations réfléchies sur des "parois" de baies ou

de golfes. Les ondes concernées peuvent être la houle et des oscillations de

seiches. Au niveau des nodales où se trouve une zone d'énergie minimale, on

observe :

- le dépôt de sédiments (formation d'un corps sableux sous-marin),

- une élévation de température (eaux réchauffées et relativement

peu brassées),

- une pollution maximale par accumulation des déchets macroscopiques

(bois, bidons, "galets" de mazout).

Lorsque les nodales sont normales ou obliques par rapport au littoral

et quand elles s'anastomosent avec des rides (ou une ride) parallèles au litto­

ral, on a un système de cordons festonnés, comme cela a été observé à Giens et

à Pampelonne (Rivière, Clos-Arceduc; Blanc). La première ride se trouve à L/4

du rivage, la deuxième et les suivantes sont espacées de L/2, L étant la lon­

gueur d'onde moyenne de l'oscillation incidente (exemple de la Camargue).

Ces cordons festonnés s'observent dans la zone méridionale du golfe

de Fréjus, le long des plages de Villepey St Aygulf. Bellaiche (1970) estime

que leur formation correspond à des interférences entre les vagues d'Est (ou

d'Ouest, selon les cas) et des oscillations tranverses causées par les pointes

de St Aygulf ou des Lions.

Le rôle des houles frontales d'Est, à grande longueur d'onde paraît

primordial. En effet, on les observe en Provence sur des littoraux principale­

ment orientés NS, là où justement se trouvent les cordons festonnés (Bellaiche

Fréjus, Pampelonne; Blanc: Giens-Est). Les sinuosités des isorades naturelles

seraient alors en relation avec les cordons festonnés, là où s'effectueraient

des triages minéralogiques (zircons, monazites) vers les vagues et les courants

de fond.

Ces cordons festonnés pré littoraux, liés ou non à des seiches et en

relation avec les grandes houles d'Est, se traduisent par un engraissement des

petits fonds (et par une pollution annexe). Leur méoanisme de formation a pour

oonséquenoe direote la proteotion du rivage sableux des plages de St Aygulf.

De oe fait, les dragages et emprunts de matériaux sous-marins sont à prohiber

en oes lieux (fig.16).

E - Les types de fonds (fi 9 .16)

La compréhension des mécanismes littoraux implique la connaissance

des milieux sous-marins du golfe de Fréjus.

Page 163: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Courants sagittaux

Sens de la dérive "générale' superficielle

Houle oblique incidente

Zone érodée

Cordons festonnés prélittoraux

Lignes de déferlementoU,,' ,

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Fig.16 SCHEMA DES PLAGES DE st AYGULF

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st AYGULF

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Page 164: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 129 -

Les levers sous-marins de Nesteroff (1965) et Bellaiche (1965, 1970)

permettent de distinguer les types suivants, à partir du rivage:

1° - ~~~lË~_~~!E~!~g~Ë~_~~~ilË~_~~_~EE~~~Ë_l~!!~E~l", prolongeant la

plage sous-marine et les petits fonds, jusqu'à -12 m ou -20 m selon les cas;

leur extension est plus grande dans le secteur méridional (St Aygulf), en voie

d'engraissement et où se situent les cordons festonnés prélittoraux.

2° - ~~~lË~_~~!Ei!~g~Ë~_~~~~si~~_~_~~_~E~~~~gË_~~EËEfisiËl_li~ à lacatastrophe de Malpasset (rupture du barrage le 2 décembre 1959). Cinquante

millions de m'ont été brutalement déversés en mer formant un nuage trouble de

10 km. Bellaiche (1965) estime que 4,5/5.000 m' de sédiments se sont déposés

dans le golfe de Fréjus (limons et sables fins, érosion des plages puis recons­

titution des dépôts littoraux).

Avant la catastrophe, la "mud line", marquant la limite des lIvases

terrigènes côtières" (VTC) , se situait vers -15 m (Nesteroff, 1965). Après

la rupture du barrage de Malpasset, la mud line a été reportée entre -20 et

-23 m (Bellaiche), soit un recul de 400 m vers le large. Les carottages effec­

tués dans le golfe de Fréjus montrent qu'il s'agit d'un dépôt superficiel de

0,30 m d'épaisseur, au maximum, recouvrant la V.T.C. Ce sédiment assez fluide

est mis en suspension lors des tempêtes, ce qui amène une coloration générale

(trouhleJ des eaux du golfe.

3° - ~Ë~_~~~Ë~_!ËEEig~~Ë~_S§!i~EË~ commencent en deçà de la mud-line

de -20 à -23 m ; elles se poursuivent largement sur le précontinent au-delà de

l'isobathe 50 m. Les V.T.C. correspondent à un sédiment détritique fin, riche

en pélite et d'origine essentiellement fluviatile (épandage de l'Argens) plutôt

que pélagodétritique. Par fortes tempêtes, le sédiment brun-foncé des V.T.C.

peut se trouver superficiellement remanié et mis en suspension tout comme le

dépôt précédent.

4° - ~Ë~_f~~~~_E~S~Ë~~~_~ËE~iËE~_~_~~~i~~~iË~~_~~~lË~_Ë!_gE~~~ËE~_~~

~~!E~!~g~Ë_S§!~ËE' s'observent au NE (St Raphaël, Rochers dœLions) et au SW

du golfe de Fréjus (pointe de St Aygulf).

F - Les zones érodées

L'érosion y est moins grave qu'aux plages de Fréjus car on observe

des mécanismes naturels de protection :

a) alimentation sédimentaire en provenance de l'Argens et déportée

par le transfert du NNE au SSW.

Page 165: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

NG

tFig:17 SCHEMA DU DEBOUCHE DE L'ARGENS

Flèche sableuse sous marine et

: cordons festonnés prélitloraux

....u,)-'-L. : Rivage érodé

....._L-~-L.. : Déferlements principaux

-J.. J-: Houle inciderte réfractée

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Exploitations de>-'-""'"sables et graviers

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C.D.W:Courant de dérive Ouest, W.NE

A : Zone de recul rapide; érosion des marecageb 4:::=::::r Sens de la derive generale des-= 1: eaux superficielles

B : Flèche sableuse en progression

200m..<~ :Courants sagittaux érosifs

~ : Zones en voie d'engraissement

Page 166: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 130 -

b) réduction des pentes sous-marines 2° à 4° et colmatage de la

partie méridionale du golfe de Fréjus.

c) protection sous-marine efficace due au système des cordons fes­

tonnés prélittoraux (absent à Fréjus) •

En revanche, les chocs frontaux y sont très violents du fait de

l'exposition aux vagues du large. Les zones les plus érodées sont, par ordre

d'importance

plage amaigrie à 350 m au NNE de l'épi et de part et d'autre du

restaurant des Sables d'Or.

2 - large plage bordée de dunes, non desservie par la route, de 600

à 1.000 m au NNE de l'épi. L'ablation, en progressant, accentue le tracé sinueux

du littoral.

3 - choc des vagues à forte cambrure au Sud de la plage, entre l'épi

et le débouché des étangs de Villepey; un enrochement en esterellite a été établi

en cet endroit.

Causes 1) choc des vagues obliques,

2) action des courants sagittaux,

3) destruction de la flèche de la rive droite de l'Argens

accentuée par les déferlements. L'extraction du sabLe, amène un déficit continu

en sédiment, entravant L'action des mécanismes natureLs compensateurs.

Erosion rapide sous l'action des causes précitées. La mer a gagné sur

les dunes pour des profondeurs de 5 à 10 m. La flèche observée en 1971 et 1972

est détruite.

L'érosion rapide de ce site, actuellement désert, non viabilisé et

très pollué (rejets de l'Argens) n'apparaît point trop préoccupante en l'état

présent. Néanmoins, le déficit sédimentaire se répercute vers le SSW, pour les

plages de St Aygulf, à fort coefficient de fréquentation et d'accès aisé. Ce

déficit est constamment agravé par les exploitations actives de sable de l'Ar-

gens.

Le secteur Est apparaît le plus menacé, notamment contre la jetée

occidentale du débouché canalisé du ruisseau de Vallescure grossi de la Garonne,

là ou les pentes sous-marines sont maximales.

Ensuite vient le côté oriental de la plage contre l'épi court médian.

D'autres ablations plus discrètes s'observent à l'ENE des enrochements réflé­

chissants du domaine militaire (Ecole de maistrance aéro-navale). La raideur

des pentes diminue en ces secteurs.

Page 167: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

NG

tFig.18 SCHEMA DES PLAGES. DE FREJUS

BASE

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Zones érodées

Zones en voie de colmatage

Déferlements par gros temps

1 l , 1 1400m

~ : Courants sagittaux érodant le fond

c::=::t::> : Sens de la dérive "générale" des eaux de surface

l ' .1.-: Houle réfractée; régime d'Est

Page 168: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 131 -

Causes de L'érosion: elles sont multiples:

- action des forts rouleaux obliques frontaux E, ESE ou WSW.

2 - absence d'alluvionnement notable; la Garonne, le ruisseau de

Valle seure ou le Cougourdier ne sauraient être comparés aux débris solides de

l'Argens et du Reyran, déportés, eux vers le SSW.

3 - écran naturel des écueils et îlots orientaux (Lion de Mer,

Lion de Terre), formant un barrage et déflectant les branches littorales de la

dérive générale. L'aménagement des grandes jetées et installations portuaires

à l'Est de· St Raphaël accentue cette action. Ainsi, les plages de Fréjus sont

peu alimentées en sédiment.

4 - absence de ride littorale, donc de freinage efficace des ondes

incidentes. Cette absence (assez générale), confirme le bilan sédimentaire défi­

citaire - résultat de l'accentuation du swash (jet de rive: uprush) et du

courant de retour ("flot de fond"). Les pentes trop fortes (13° à 17°) et l'ab­

sence d'obstacles réfléchissant agravant les actions érosives. On notera encore

l'absence de cordons festonnés protégeant le littoral.

L'édification d'épis longs, jusqu'à l'isobathe 5 m pourraît ~tre

dangereuse car elle se traduirait par de fortes érosions dans les "zones d'om­

bre".

Nous conseillons ici l'établissement de très robustes brise-lames

frontaux en enrochements lourds (gros blocs d'esterellite par ex.), faiblement

inclinés ("fruit" de 3/1 à 2,4/1), dépassant le niveau moyen de la mer de +2,5 m

et implantés parallélement à l'isobathe 5 m. Ainsi, les gros déferlements seront

réalisés avant que l'onde n'atteigne le littoral à protéger.

Les fortes pentes naturelles rendraient trop onéreux des ouvrages

situés plus au large; en outre, leur efficacité serait douteuse car de nouvel­

les vagues fortes (vagues de translation) pourraient se reformer.

En plus de leur situation parallèle aux isobathes, ces brise-lames

devront être interrompus afin d'assurer le renouvellement de l'eau des plages

par phénomène d'upwelling. On atténuera ainsi les possibilités de pollution,

fermentations, voire eutrophisations en milieux relativement confinés. En face

des interruptions (passes), les phénomènes d'érosion seront accentués. On pré­

voira alors une défense frontale rapprochée à -3 m.

Une certaine quantité de sédiment pourra alors s'accumuler dans les

abris ainsi créées Alors, on pourra étudier des recharges artificielles si la

nouvelle pente des talus le permet - mais en ce cas seulement.

La jetée en enrochement, située à l'Ouest du débouché des torrents

de Vallescure et de la Garonne, pourraît être prolongée par un "ergot" orienté

Page 169: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 132 -

E-W, comme cela a été pratiqué avec succés à Carnon et au Grau-du-Roi (onde

diffractée). De même, les brise-lames devront comporter des extrémités arquées

et infléchies vers le littoral afin de mieux permettre la diffraction de la

houle incidente et des phénomènes d'interférences avec dépôt de sédiment souhai­

table dans les passes .

• L'implantation récente d'un émissaire à 1.250 m au large de la

plage de Fréjus paraît devoir attirer les commentaires suivants

1 - retour possible d'une partie des effluents vers le littoral de

St Raphaël et les installations portuaires de Santa Lucia du fait de la présence

du contre-courant de la baie de Fréjus.

2 - une partie des résidus finira cependant par être déportée, après

quelques "tourbillons", par la dérive générale, dirigée vers le SSW, qui se

manifeste à 1 km environ au SSE du débouché de l'émissaire.

3 - la forte pente (de 0 à -30 m en 1250 m) et le degré d'exposition

(turbulences) du milieu, les courants sagittaux, etc ..• en relation avec les

vagues indicentes d'Est, assureront, en contre-partie, une bonne dilution.

4 - risques d'eutrophisation en période estivale (eaux brunes, ~c.)(I).

Les aménagements portuaires récents, implantés à Santa Lucia (St

Raphaël), accompagnés de remblais pris sur la mer, ont amené la destruction du

talus littoral et de l'herbier, à vrai dire déjà fort dégradés.

Les jetées longent l'isobathe -7 m et utilisent les dispositions na­

turelles, c'est-à-dire l'abri des Lions de Terre et de Mer; obstacles diffrac­

tant très efficacement les houles incidentes d'Est, SE et ESE. La résistance de

ces jetées et leur construction paraissent bonnes à l'exception de quelques

points anguleux dans leur tracé. L'abri qui demanderait une étude détaillée,

apparaît satisfaisant pour tous les régimes, mais les eaux portuaires, assez

difficilement renouvelées, connaissent déjà une pollution assez' forte.

XIII - LA CORNICHE DE L'ESTEREL (carte 6).

A - Géologie

Le massif de l'Esterel (2) est caractérisé par ses "porphyres rou­

ges" donnant un paysage caractéristique. Il s'agit en fait d'un massif volcani­

que acide constitué de rhyolites, d'âge permien. Par la suite, toujours au

Permien, une phase volcanique basique, cette fois, est représentée par des

(1) Phénomène observé, il est vrai, antérieurement à l'installation de l'émis­saire.

(2) dire: "Esterel ll et non llEstérel", conune cela est fréquemment pratiqué.

Page 170: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 133 -

basaltes à texture doléritique et des trachyandésites microlitiques. Enfin, une

dernière extrusion éruptive correspond à la formation des laccolites de l'Este­

rellite du Dramont, d'âge tertiaire (61 à 53 millions d'années).

Les formations volcaniques acides du Permien inférieur, étudiées par

Bordet et Boucarut, sont en certains cas, assimilées à des ignimbrites, notamment

les épanchements les plus puissants (coulées AS et A7), formés de rhyolite

"amarante" (texture vitroclastique avec lIflammes", transformée par recristallisa­

tion en texture subgranoclastique). Ces ignimbrites proviennent d'éruptions fis­

surales et ont envahi le graben de l'Esterel, il y a environ 270 millions d'an­

nées, "noyant" un paléo-relief (Boucarut). La couleur rouge éclatante des rhyo­

lites, donnant au paysage ce caractère très singulier, proviendrait de la dévi­

trification des laves libérant un pigment d'oxydes de fer (hématite). Quant aux

ensembles pélitiques, également de couleur rouge ou lie-de-vin, d'âge permien,

et bordant le massif volcanique de l'Esterel, ils sont assimilés à des poussiè­

res et limons compactés mis en place par le vent ou les eaux et enrichis de

matériaux éruptifs.

Les zones éruptives du massif et du littoral de l'Esterel ont montré

au cours des temps et jusqu1à l'époque actuelle, un comportement mécanique par­

ticulier, apte aux cassures nombreuses et aux diaclasations. Nous étudierons

l'importance de celles-ci dans l'établissement du modelé littoral.

B - Pointe des Lions - plage du Dramont

A la pointe des Lions, le contre-courant de la baie de Fréjus (cf.

paragraphe 12) "se referme" sur la dérive générale littorale, orientée de l'Est

à l'Ouest. Ce secteur est très exposé, contrairement au mouillage de Santa Lucia

avec une forte turbulence au voisinage d'une zone d'écueils correspondant à des

dykes sous-marins (rhyolite) au travers de la série pélitique de St Raphaël.

~~_El~g~_~~_QE~~~~! (Ou Drammont, carte S.H.), célèbre depuis le

débarquement improvisé (1) du 15 août 1944, montre une pente parmi les plus

élevées du littoral (moyenne: 20°, maximum: 22°), formée de gros galets

d'esterellite. Le courant de décharge, vers le large y est très violent et

dangereux par gros temps. Il n'y a pas de ride littorale et de protection natu­

relIe; néanmoins, il ne semble point y régner d'érosion notable. On notera

l'abri, vis-à-vis des houles de SE, réalisé par le cap Dramont et l'île d'Or.

(1) A la suite de l'échec de l'opération "amphibie" aux plages de Fréjus.

(2) Cette courbure servait de repère à A. de Saint Exupéry, lors de chaquemission aérienne effectuée en territoire françois occupé (1944) .\c:. l,

Page 171: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 134 -

e ~~~_;~~~~_~~~~:~~Ei~~_~~_QE~~~~! sont influencés par l'écran de

l'île d'Or et de son prolongement immergé (rhyolites) : Basse des îles d'Or,

formant une bonne protection. Il en résulte :

- la formation d'un lobe sableux, très lessivé, jusqu'à -35 m ;

les courants de décharge tractent les gros galets jusqu'à des fonds de -5 m.

2 - la dégradation mécanique de l'herbier à Posidonies avec des

lI tombants" et des chenaux "inter-mattes ll jusqu'à -12 et -15 m.

3 - le détritique côtier, succède jusqu'au contact des V.T.C. (mud

line) à -45 m, à 2 m.n. du littoral en cet endroit.

4 - au large se trouve le "banc de Fréjus", non étudié, où l'on

retrouve le détritique côtier et les graviers concrétionnés (banc Nouveau

-65 m), Sa nature géologique demeure inconnue (coulée rhyolitique 7) sous son

revêtement sédimentaire.

c - Rade d'Agay (fig.19)

La courbe harmonieuse de la rade d'Agay est une caractéristique (2 ­

page 133) de la topographie littorale. Il s'agit d'une véritable "calanque" au

sens géologique du terme, dominée par les "Mornes Rouges d'Agay". C'est la plus

grande plage de l'Esterel (1.800 m), accès aisé et très forte occupation esti­

vale, bien desservie (route, train) •

. ~~~E~~~~~!g~~ : très forte exposition aux houles du Sud et SSE.

Abri excellent pour les régimes d'Ouest, WNW et Est.

On observe un transfert littoral (fig.!9), en régime normal, orienté

de l'Est à l'Ouest, sans courant sagittal mais montrant une érosion à l'Est

(Auberge), avec sables grossiers et "cusps" de galets rhyolitiques. A l'Ouest,

au débouché du ruisseau d'Agay, le remblaiement est modéré. Ce torrent à forte

pente, provoque des affouillements aux culées supportant le pont de la RN 98.

La zone orientale est érodée par les fortes tempêtes où le niveau

est surrélevé de +0,50 m à +0,60 m. Il en résulte le déchaussement des "plots"

bétonnés protégeant la promenade. Les "cusps" sont très grands pour la région

et témoignent d'actions hydrodynamiques locales mais fortes (10 à 9 ml. Leurs

dimensions passent à 6,7 m vers l'Ouest où s'atténuent les érosions.

En zone orientale, des platiers résistants et roches sous-marines,

déflectent les vagues incidentes, en bordure du phare d'Agay (fig.19) et de

la pointe de la Baumette (ou Beaumette). Enfin, il convient de noter une regret­

table pollution de la plage et des petits fonds, par l'action de trois tuyaux

d'arrivée de réseau "pluvial", mêlé à des effluents en plus de l'influence du

ruisseau d'Agay, drainant le vallon.

Page 172: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Fig.19 RADE D'AGAY

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o PHARE D'AGAY,- -­'-"'1- -

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eaux polluées

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Auberge

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500m

Page 173: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

vers l'Ouest

Fonds

- 135 -

leur distribution est influencée par le transfert de l'Est

- prisme littoral (galets, sables rhyolitiques), jusqu'à -7 m,

prolongé par un curieux lobe asumétrique revenant vers l'Est (fig.19), sous

l'action d'un contre-courant de fond, tourbillonnant dans la rade d'Agay.

2 - herbier à Posidonies, bien développé jusqu'à -30 m, au-delà de

la roche sous-marine de Périguier (dyke 1).

3 - Détritique côtier jusqu'à -60 m.

4 - V.T.C. vers -60 m, -65 m.

o - Calanque d'Antheor:

Un littoral abrupt et très exposé s'observe de la pointe de laBaumette à la pointe des Vieilles d'Agay (1). L'écueil des Vieilles, la roche

de la Boute et la balise de La Chrétienne représentent les reliquats du volca­

nisme permien: dykes et cheminées, formant des roches sous-marines dangereuses

et des hauts-fonds, jusqu'à 2 m.n. du rivage.

Le "tombant de la Chrétienne" constitue l'un des plus beaux raysage

sous-marin de la région. A son pied se situent plusieurs épaves antiques, chargées

d'amphores. La roche littorale montre d'intéressants biotopes à Mélobésiées,

Rissoe~~a, ainsi que deux platiers d'abrasion à +0,40 m et +5 m. Le niveau +5m

étudié par Lutaud et Chamley, s'élève plus à l'Est; son âge antérieur aux

éboulis würmiens à éléments "polyédriques" (rhyolite), demeure encore difficile

à préciser en llétat actuel de nos connaissances; il semble se rattacher au

cycle tyrrhénien .

. La Calanque d'Anthéor, surmontée de son viaduc, est "enchassée"

dans les rhyolites amarantes R3

du massif volcanique du cap Roux. Ce sont des

plages "de poche" formées de sables grossiers et de granules, en équilibre

relatif (érosions hivernales - colmatages estivaux).

Les roches les plus résistantes sont les dykes et les culots volca­

niques indurés. Les zones érodées sont essentie~~ement ~es versants volcaniques

décomprimés et fai~~és, riches en ébou~ements. A Anthéor, un virage de la

route, menacée en cet endroit, a du être protégé au front de mer par quatre

rangées su~posées de plots de béton.

La voie ferrée a été prudemment établie plus à l'intérieur du

massif en s'éloignant ainsi du littoral instable et décomprimé.

(1) Fonds de pêche artisanale cf. l'espèce de poisson "Vieille".

Page 174: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 136 -

E - La disposition des fonds est commandée par les prolongementsrocheux sous-marins de la pointe des Vieilles d'Agay

Les coulées rhyolitiques amarantes sont fracturées par un réseau

complexesde fractures, orientées EW. Cette disposition détermine la formation

de spectaculaires IIcorridorsll sous-marins ainsi que le grand II tombant ll au Sud

de la balise de la Chrétienne.

L'agitation est extrême en ces lieux, battus par tous les régimes

et où il serait souhaitable d'entreprendre des recherches détaillées. L'herbier

ceinture les îlots et les écueils, borde les "sécants ll, vers le large, suivant

une disposition mal connue, avec chenaux de ravinement, sables lessivés, etc ..

Ensuite, se trouve la "ceintureIT des sables et graviers du détriti­

que côtier. de -35 à -75 m. G. Giroud d'Argoud et moi-même y avons étudié des

graviers rhyolitiques. des sables à thanatocoenoses holocènes. des graviers

coquilliers, etc •.•• à l'emplacement du banc des Vieilles, de -50 à -100 m.

Il s'agit de gîtes d'agrégats potentiels, mais inexploitables en fonction des

conditions actuelles. Enfin. les V.T.C. s'observent pour une "marge" bathymé­

trique comprise entre -65 et -80 m. en général.

F - La corniche "Sauvage" de l'Esterel :

Sa portion la plus belle s'observe depuis la pointe des Vieilles

d'Agay jusqu'au Trayas. Elle est dominée par le rocher du Saint Pilon et les

pics du cap Roux (440 m. 452 m). aux bases creusées de cavernes (1). Ces roches

se prolongent en mer par des dykes et des entablements volcaniques.

A partir du cap Roux. l'orientation du littoral devient franchement

NS et ce dernier demeure toujours très exposé: roche d'Aurelle. abri du Trayas.

dominé par les pics d'Aurelle (323 m) et de l'Ours (496 m). A l'Est de la pointe

du Trayas. à Espéro-Pax (Trayas supérieur). se termine le littoral varois (poin­

te de Notre Dame), avec la "zone sauvage".

Alors, pour le département des Alpes Maritimes. reprennent de nou­

veaux aménagements (ports de la Figueirette. de la Galère, au Nord de la pointe

de l'Esquillon, etc .•. ). La pression humaine s'accentue. presque sans transition

sur ce littoral original bâti et "loti" avec dynamisme et souçi de rentabilité

immédiate.

Les caractères propres à ce secteur sont les suivants

1 - ~~~~~~~~~_~~~_gE~~~~~_~~Ei~~~ : cap Roux, Trayas et Théoule.

Certaines sont pénétrables en barque. dégagées dans les zones intensément dia­

clasées et fissurées. Près du cap Roux, certaines présentent sur leurs parois,

des traces dl érosion sub-aérienne C1taffonis").

Page 175: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 137 -

2 - Q~~~~EE~~~i~~_~~_~~~~if_~2!~~~i~~~_~~_~~~E~_~~~_§g~~ : cela

amène des zones faibles, génératrices d'écroulements et de glissement de

versants.

3 - ~~~~!i~_~EX2~!~~~i~~~~_~~E~i~~~_~_~!~~~~~~_E~!X~~Ei~~~~~_g~E~i~­

~~~~_i~~~~~~_!~_~~E_!~~_~~E~~~~~_~~_~~E_~~~~~_Ei~_~~_!~Q~E~~_!~_!E~X~~~_!~~~~!~'

Ils surmontent le niveau (tyrrhénien ?) d'abrasion marine et favorisent des

glissements locaux. Vers le Trayas, des soutènements importants ont été édifiés

afin de protéger la voie ferrée et la route. Aux criques du Trayas des plots

bétonnés ont été installés au front de mer, assurant une protection "dans les

deux sens".

4 - ~!~~~_~~~~!~~_~~_~~!~~_~~~Ei~ig~~_gE~~~i~E (galets de rhyolite)

dans les criques et plages de poche des Nissards, St Barthélémy, Maubois, Aurel­

le, le Trayas, etc ... Dès la profondeur de quelques mètres, on trouve un herbier

continu et en bon état, avec floraison de Posidonies en 1973 et formation de

graines en juin 1974 .

. Les fonds montrent une disposition aomplexe, encore mal connue

dans le détail :

- l'herbier à Posidonies se régenère naturellement, malgré certaines

érosions mécaniques locales, tout au long de la "Corniche Sauvage", non polluée.

- les courants de décharge sont canalisés par les "corridors" sous­

marins ou entre les écueils, notamment à la prolongation du cap Roux. L'herbier

y forme une zone étroite, très tourmentée.

- le détritique côtier, débutant à -25 ou -30 m, s'étend en-deçà de

-120 m, localement recouvert de graviers à biocoenoses actuelles et fossiles.

- les inflexions de l'isobathe -60 m, devant Anthéor et Espéro-Pax,

ramènent le faciès des V.T.C. à proximité du littoral accore de l'Esterel,

réduisant ainsi la "frange utile Il du précontinent à 1 ou 0,5 m.u.

Conseils relatifs à la proteation de la Corniahe I~auvage" de

l'Esterel

1 - la "pression humaine" enserre la zone sauvage de l'Esterel d'An­

theor au Trayas. Il importe de prévoir et maintenir une zone avec interdiction

absolue de construire, au littoral et au versant de l'Esterel.

2 - Rivages accores et exposés, parfois instables et toujours décompri­

més. Risques de glissements de versant, dessertes malaisées s'abstenir pour

(1 - page 136) Les grottes et cavernes "aériennes", en terrains volcaniquesposent un problème. Nous évoquerons ici les phénomènes mécaniques prépara­toires puis, accessoirement, la cryoclastie et l'érosion alvéolaire (grot­tes du Saint-Pilon, vallon de Saint Barthélémy, etc ... ).

Page 176: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 138 -

tout aménagement portuaire, etc ...

3 - Protection des fonds marins, peuplements médio-littoraux, infra­

littoraux et grottes marines. Les rejets d'effluents, même traités, et les

décharges devront être interdits. On laissera s'opérer la régenération naturelle

des herbiers à Posidonies.

Menaces ZocaZes :

- décharges clandestines dans les criques et plages de poches, dépo­

toirs, épaves de voitures (plus de dix au 26 Mars 1974, pour la zone considérée).

- rejets clandestins (ou non) d'effluents domestiques au Trayas,

Théoule. La dégradation des fonds et notamment des herbiers, y est immédiate

et correspond exactement à la zone où s'excerce la I1pression humaine".

G - Caractères mécanigues du littoral de l'Esterel

1° - ~~~~~~~~~_~~~_~~~~~~_~~_~~~_~~~~~~~~ : les dispositions mécani­

ques initiales de la roche, et non l'érosion marine proprement dite, rendent

compte du tracé de la corniche de l'Esterel.

Le massif de l'Esterel est formé de roches rigides offrant des

réactions brisantes aux contraintes triaxiales. Il en résulte un réseau de

diaclases et la perte de cohésion ainsi créée favorisera une fragmentation en

lames et aiguilles. En général, on notera l'absence de rupture plastiques. La

charge de rupture des rhyolites demeure très élevée : pour une densité comprise

entre 2,7 et 2,9 les essais montrent une charge à 1.360, 1594 et 2.400 bars. La

charge de rupture moyenne oscille entre 1.400 et 2.400 bars; seuls les grani­

tes, basaltes et certains calcaires très compacts ont une résistance supérieure

et nous avons affaire ici à un matériel du type "monolithique" élastique

(Tallobre). Ainsi, les contraintes se manifestent par une diaclasation et des

failles délimitant des "plots" allongés, lames et monolithes.

La stabilité du massif littoral dépendra du degré de liaison et de

cohérence des plots entre eux. Des ouvertures, fissures et discontinuités

mécaniques s'établiront pour des pressions supérieures à 1.700 bars.

Il en résultera, au versant d'air, des détentes localisées. Les

modifications eustatiques du Quaternaire et notamment les régressions, améne­

ront une décompression de toute la bordure littorale. Les détentes se tradui­

ront par des efforts de traction sur les versants, d'où les fissurations, déjà

bien ouvertes avant le Würm, car colmatées par l'éboulis "polyédrique", prépa­

rant les zones d'éboulement.

Page 177: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 139 -

2· - Evolution des versants :----------------------

a) phase de compression, contraintes endogènes (tectonique) emmaga­

sinées (compression triaxiale) au sein du massif.

b) phase de détente au voisinage du versant: formation d'un réseau

de fissures et diaclases, perpendiculairement aux efforts de traction ("tractiorl'

négative pour la décompression du versant). Il en résulte une fissuration paral­

lèle au littoral accore .

• la phase a est responsable de la rupture généralement oblique des

rhyolites: diaclases inclinées de 3D· à 50· (cap Roux, Trayas). En zone plus

dures, cet angle diminue .

• La phase b amène une désorganisation du massif libérant, par des

sous-phases successives, les tensions: des plans obliques se fissurent, des

fentes se ramifient, souvent perpendiculairement aux fissures de décollement.

c) chute de blocs, effondrements de parois, etc .•• Une période très

longue peut s'écouler entre les phases b et c, en l'absence de séismes ou

d'actions tectoniques. De très gros blocs éboulés et des monolithes basculés

s'observent au Pic de l'Ours et correspondent à une évolution probablem~nt assez

récente et, en tous les cas, postérieure à l'éboulis Il po l yédrique" würmien.

a - ~~_:_~~~ : criques du cap Roux, formées par ce canevas tectoni­

que (et non IIcalanques courtes"), formation des "corridors" délimitant les

écueils, grottes marines, etc •• (Vieilles d'Agay, Trayas). Ces fissures sont,

en gros, parallèles au littoral. Elles sont le point de départ des éboulements

du rivage et des tranchées de la route, voie ferrée et des déplacements des

piles du viaduc d'Anthéor. Ces phénomènes s'amortissent rapidement vers l'inté­

rieur du massif où la zone décomprimée est moins étendue.

b - ~~_:_~~~ : criques, plages de poches, orientation du vallon

d'Anthéor, découpage de la zone sous-marine des écueils de la pointe des Vieil­

les et de l'île d'Or du Dramont.

c - diaclasation plus discrète orientée NS avec quelques écarts de

± la·, affectant surtout les coulées indurées.

Vers Agay et les platiers sous-marins de Boulouris, on notera l'in­

fluence des joints et contacts lithologiques orientés EW, liés aux affleurements

pélitiques très bien stratifiés, ainsi qu'une diaclasation des Mornes Rouges

orientée WSW - ENE, retrouvée aux platiers du cap Dramont.

Page 178: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Fig.20 ESTEREL _ MODALITES DE LA FRACTURATION

CAP ROUX

pte DE L'OBSERVATOIRE

TYPE 2

..Grotte

TYPE 1

LE TRAYASLE DRAMONT

TYPE 3 TYPE 4

CAP ROUXGrotte

---

1Grotte1

//

/surface /

+10m ~/

Page 179: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

monoli thes

pointe des

- 140 -

On notera quatre dispositions essentielles (fig.20).

a - DiacLases verticaLes ou Légèrement obLiques: aiguilles, lames

le Trayas: grottes traversant la pointe, pointe Notre-Darne,

Vieilles d'Agay, etc .• Bonne tenue en général ou éboulements locaux.

b - diacLases obLiques: glissements de versants, souvent stabilisés

masses en surplomb: pointe de l'Observatoire, formation d'îlots, St Barthele­

my, cap Roux. Souvent antérieures à la plate-forme marine de +10 m observée

par H. Chamley.

c - combinaison des fractures des types a et b : formes en chevrons,

responsables de larges fissures et de l'ouverture des grottes, agrandies par

les actions sub-aériennes puis marines. Des parois se désolidarisent du massif

(grottes du cap Roux). Combinaisons avec des failles accentuées par les diffé­

rences lithologiques: pointe des Vieille d'Agay, la Chrétienne.

d - fractures courbes: généraLement stabLes (cap Roux).

SO - ~~!E~~_~~~~i~~i~~~~_~~_!i~~~E~~_~!_~i~~l~~~~

Ce sont des canevas évoquant une trame à "plots" rhomboédriques

cap Roux, St Pilon, falaises de la crique St Barthélemy. Ces versants sont

généralement équilibrés et décomprimés en l'absence de travaux: tranchées,

emprunts, etc ...

6° - Q~§_grQ~~~§_IDsrin~§ : les grottes marines du Dramont, Trayas

et du cap Roux, établies dans les ignimbrites et les coulées ryolitiques ama­

rantes, ne sont point le résultat d'une érosion karstique ou marine. Il s'agit

de "diédres" décomprimés au versant, limités par une diaclasation généralisée

(types a, b et cl. Ces grottes étroites, parfois relativement profondes (plu­

sieurs décamètres), s'insinuent sous les ouvrages de souténement de la route

de la Corniche de l'Esterel: pointe du Trayas. L'éclatement de "plots" allon­

gés (fig.20) , parallélépipédiques et leur descellement agrandissent la cavité

qui acquiert l'allure d'un couloir étroit, élevé et rectiligne (fig.21).

XIV - CONCLUSIONS.

Nous examinrons ici les résultats et les problèmes théoriques, les

applications et les problèmes d'aménagements, les questions et recherches à

développer.

Page 180: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

\

LA GROTTE MARINE DU TRAYAS

---

~-

--

Page 181: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 141 -

. L'érosion des littoraux rocheux accores demeure liée, pour le

secteur considéré, aux propriétés mécaniques initiales de la roche éruptive

ou métamorphique.

- ruptures de type plastique au cap Bénat et à la Corniche des

Maures, amenant des basculements, glissements, coulées solifluées, etc ...

L'héritage paléo-climatique würmien est fondamental.

- ruptures rigides déterminant un canevas de "p l ots ll monolithiques

à la Corniche de l'Esterel, avec formation d'éboulements, chutes de blocs et

grottes secondairement façonnées et agrandies lors des stades d'émersion ou

d'immersion du Quaternaire.

L'érosion marine proprement dite nia qu'une part très modeste dans

cette évolution.

L'érosion des littoraux sableux ne concerne que les grandes plages

(Pampelonne, Le Lavandou, Cavalaire, Fréjus et la Nartelle) ; elle affecte peu

les criques ou les "plages de poche". En tous les cas, elle demeure liée à un

mécanisme de transfert :

orienté du Nord vers le Sud, au Lavandou, à Pampelonne ou à Fréjus

St Aygulf.

- orienté de l'Ouest vers l'Est, sous l'action de contre-courants

de baies Cavalaire.

- orienté de l'Est vers l'Ouest: Agay, St Raphaël, etc .•.

La zone "aval" du transfert demeure le siège de colmatages et

pollutions. Les érosions hivernales sont fréquemment compensées par des engrais­

sements estivaux. Le déficit en sédiment demeure préoccupant au Lavandou, Cava­

laire, St Aygulf, Fréjus.

En plus du transfert, les causes de l'érosion sont l'action directe

des vagues obliques à forte cambrure, les gros déferlements et surtout l'action

des courants sagittaux. La présence d'un herbier très dégradé ou son absence,

sont des facteurs propices à la reprise ou l'agravation de l'érosion littorale

(Nord du golfe de St Tropez). Les roches littorales immergées et certaines

dispositions topographiques favorisent :

- les circuits tourbillonnaires des fonds de baies (Cavalaire, Agay)

- les cloisonnements en secteurs indépendants limitant les actions

de l'érosion: plages de Cigaro.

Les cordons sableux festonnés s'établissent aux nodales d'oscil­

lations stationnaires en fonds de baies, généralement orientées NS, sans que

cela soit absolument obligatoire (rade de Bormes, Le Lavandou, Le Canadel,

Page 182: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 142 -

Cavalaire, Bon-Porté, Pampelonne, St Aygulf). L' Lnstallation de jetées, amenant

des résonances complémentaires peut favoriser le phénomène: port de Bormes,

Port Grimaud.

Ces cordons sableux festonnés et mobiles constituent un volant de

matériaux protégeant le littoral mais accentuant sa pollution au niveau des

nodales.

· Les courants de décharge étalent en profondeur les sédiments

détritiques du prisme littoral et ce, en fonction de la pente initiale, de

l'énergie incidente et des qualités du matériau granulométrie, densité et

sphéricité. La profondeur-limite d'extension de ces lobes sédimentaires mobi­

les, fins ou grossiers, varie de -7 m à -30 m selon les cas; elle peut corres­

pondre à une régression des herbiers (rade de Bormes, le Canadel, Cavalière,

le Bon-Porté, le Bougnon et la Briande, etc ... ).

• L'herbier à posidonies forme un liseré plus ou moins parallèle au

littoral ou "imbriqué" par rapport aux autres types de fonds. Tout au long de

la Corniche des Maures et de l'Esterel, dans la mesure où il demeure dense et

protégé, il assure la stabilisation des plages sableuses (Cavalière).

Cet herbier montre une régression parfois rapide sous l'action de

l'érosion mécanique (Maures, le Bon-Porté, cap Lardier, pointes de St Tropez

et des Sardinaux) ou de phénomènes d'envasement (rade de Bormes, golfe de St

Tropez, baie de Fréjus).

A côté de ces facteurs naturels, les actions humaines demeurent

relativement faibles, localisées mais regrettables: destruction des herbiers

de la pointe de Gau, de St Tropez, St Raphaël, (constructions de ports et

remblaiements artificiels), pollutions au Lavandou et à Théoule.

En d'autres secteurs, les herbiers à Posidonies se régenèrent natu­

rellement et montrent, en 1973, 1974, des floraisons et fructifications: cap

Bénat, cap Lardier, corniche de l'Esterel.

· L'extension rapide du faciès des vases terrigènes côtières (VTC)

s'effectue aux dépens du détritique côtier - riche en stocks fossiles, et des

herbiers à Posidonies, notamment en baie de Fréjus et aux abords des Petites

Maures (Maures orientales) et de l'Esterel. La catastrophe du barrage de Mal­

passet a libéré une nappe de limons argileux s'étendant dans le golfe de Fré­

jus. Cette extension des VTC est un phénomène naturel, tout comme au golfe de

Fos, lié aux décharges fluviatiles (Var, Argens, Reyran, etc .•• ) amenant la

régression des fonds de pêche traditionnels et le colmatage des baies encais­

sées: golfe de St Tropez, baie de Fréjus. Les activités humaines ont, en

11 occurence , une action très secondaire.

Page 183: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 143 -

2° - ~EE!i~~~i~~~_~~_EE~~!~~~~_~~~~~~~g~~~~~~

Il importe d'assurer la protection maximale de l'herbier à Posi­

donies, dans les zones où il se regenère naturellement, comme dans les sec­

teurs en voie de dégradation (golfe de St Tropez, cap Blanc, Théoule). Ces

dispositions assureront la protection du littoral sableux et des fonds de pê­

che. Les rejets d'émissaires seront à proscrire dans ces types de fond et de­

vront être reportés au détritique côtier ou, de préférence, au niveau des vases

terrigènes côtières, en des sites agités et profonds (-70 m) où s'établit une

thermocline. On évitera les circuits tourbillonnaires des fonds de golfes pour

tout projet de rejets mêmes épurés, afin d'éviter des phénomènes d'eutrophisa­

tion ou de troubles persistants en saison estivale (golfe de Fréjus et de St

Tropez).

. Des franges littorales à protection maximale, véritable "sanctu­

aires", comme à l'île de Port-Cros, devront être délimitées, afin de préserver

les sites sauvages non encore trop altérés par la "pression humaine". Ces

mesures devront concerner

1) littoral du cap Bénat, du Brégançon au cap Blanc.

2) littoral du massif du cap Lardier - cap Taillat, de la plage de

l'Escalet.

3) corniche "sauvage" de l'Esterel, d'Anthéor au Trayas.

Cela comporte l'interdiction de construire et de tracer des routes,

l'édification d'ouvrages et de "Marinas" mais la pêche sportive et artisanale

pourraient y être maintenu~

Les nouveaux ports, Marinas et comblements de Bormes, port Cogolin

Port Grimaud, Santa Lucia, ont profondément altéré le milieu naturel, pas

toujours en mal, par ailleurs. Nous estimons néanmoins que leur aménagement,

en l'état actuel, ne doit plus être étendu sous peine de dégradations irréver­

sibles. Les ouvrages étudiés ont modifié les circulations d'eaux et la répar­

tition des sédiments; ils sont la cause de résonances, érosions ou colmatages

locaux, parfois nuisibles et difficiles à contrôler. Les pollutions par efflu­

ents et hydrocarbures, jointes à l'extension des V.T.C., risquent d'agraver

la destruction des zones mal renouvelées, en voie de colmatage naturel:

golfe de St Tropez et de Fréjus •

. L'érosion du littoral exige des actions de protection rapide

pour les secteurs suivants, de l'Ouest à l'Est:

- plage du Lavandou,

- plages de Cavalaire,

Page 184: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 144 -

- littoral au NE du golfe de St Tropez,

- plages de St Aygulf et de Fréjus

- plage d'Agay.

Les épis transverses, même serrés, ne sont point toujours efficaces

sauf en certains cas, à la condition d'implanter des enrochements lourds, soi­

gnés et étudiés en fonction des régimes et conditions hydrodynamiques locales.

Nous conseillons, après l'étude des sites menacés, les épis en T,

munis cl 'ergots, les épis "interrompus" et les brise-lames frontaux robustes et

décalés, sis à desprofondeurs comprises entre -5 m et -3,5 m.

Les enrochements littoraux constituent un système de défense immédiat

tout comme les "perrés", souvent coûteux et point toujours efficaces. En fait,

la dépense d'énergie doit être organisée par des brise-lames ou des cônes immer­

gés, avant l'arrivée de l'onde incidente majeure au rivage .

. Les ~ittoraux rocheux accores sont décomprimés. La localisation

des zones dangereuses sera une fonction du degré de fracturation et de l'orien­

tation et pendage de cette dernière, autant que de la nature lithologique des

roches. Nos investigations aux massifs du cap Bénat, cap Lardier, Esterel,

montrent qu'aucune zone d'éboulement et d'érosion ne peut être attribuée à

l'effet du hasard; la plupart des ~nistres s'avèrent prévisibles. Cet examen

mécanique comporte plusieurs phases où interviennent la prospection directe,

les missions d'observations aériennes, la connaissance des roches et de leur

passé géologique. On déterminera l'aptitude et la fréquence des ruptures plas­

tiques (glissements) et rigides (écroulements). Le présent travail n'est qu'une

ébauche dans cette direction de recherche.

3° - ~~~~~~~~~~_~_~~~~!~EE~~ :

Elles sont de plusieurs sortes et comportent des urgences différen­

tes. Nous soulignerons, par ordre d'importance décroissant

1) Protection des herbiers à Posidonies de tous les mécanismes

d'altération: érosion mécanique, envasements et pollutions. Chaque projet

d'aménagement ou d'émissaire devra être préalablement étudié.

2) Problème du colmatage et de l'altération du golfe de St Tropez.

3) Protection immédiate ou à moyen terme des secteurs littoraux

menacés par l'érosion: Fréjus, St Aygulf, littoral de Ste Maxime et du NE du

golfe de St Tropez, poursuite des défenses de Cavalaire, étude de protection

au Lavandou.

4) Délimitation des caract~rQstiques mécaniques du littoral rocheux

accore.

Page 185: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 145 -

5) Cartographie détaillée des fonds : cap Lardier, cap Taillat,

cap Camarat, pointe de St Tropez, pointe des Sardinaux, bordure de l'Esterel,

bancs au large de l'Esterel. Etude des faciès du détritique côtier à dévelop­

per en ce secteur (recherche des gites d'agrégats).

Page 186: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 146 -

- CHAP ITRE 6 -

CONCLUSIONS GËNËRALES : LA DYNAMIQUE LITTORALE ET

SES APPLICATIONS SËDIMENTOLOGIQUES,

Page 187: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

•- 147 -

1 - GENERALITES SUR LES COURANTS DE SURFACE.

Les déplacements des masses d'eaux superficielles sont le résultat

de mécanismes variés. Pour la région qui nous intéresse nous distinguerons

A - Le "courant général" ou "courant géostrophique"

Dirigé de l'Est vers l'Ouest, encore nommé Ilcourant ligure ll pour

les zones orientales varoises et des Alpes Maritimes. Il s'agit en fait d'un

régime permanent correspondant, au large du littoral, au cheminement de "Sortie"

des eaux méditerranéennes vers l'Espagne, les Baléares et Gibraltar (Lacombe

et Tchernia).

Ce sont des mouvements assez lents (0,2 à 0,4 noeud) concernant une

masse d'eau importante. Ils n'ont, semble-t-il, aucune action directe sur le

littoral, mais, en période de tempêtes, par régimes d'ESE, E ou SE, ils se

trouvent renforcés et accélérés. Alors, les flotteurs, épaves et pollutions

d'hydrocarbures sont rapidement déportés vers l'Ouest, au large du Languedoc.

Au voisinage du rivage, ces masses d'eaux peuvent montrer des "contre­

courants" dirigés de l'Ouest vers l'Est. Nous citerons le courant littoral du

Languedoc et les contre-courants observés aux baies des Saintes Maries de la

Mer, Marseille, Cavalaire, Fréjus. Ces derniers déplacements peuvent influencer

la répartition des peuplements et des sédiments.

Au large du cap Couronne, par exemple, une "branche" du courant

général s'infléchit, et, longeant le littoral du Sud de la Nerthe, se dirige

vers l'Est, c'est-à-dire vers la partie septentrionale de la baie de Marseille.

Ce contre-courant, dit "courant de la Nerthe" (Minas, Castelbon), intervient

partiellement sur l'hydrologie, les peuplements benthiques (Picard) et bien

entendu, sur les envasements et pollutions d'hydrocarbures. Les travaux carto­

graphiques entrepris en cette région par Picard, Picard-Tarbouriech et Blanc,

montrent au cours des années, l'extension du faciès des vases terrigènes,

d'origine rhodanienne, jusqu'au Nord de l'archipel du Frioul avec un envelop­

pement et une tendance au contournement de cette barrière vers le Sud, c'est­

à-dire vers la baie du Prado (zone méridionale de la baie de Marseille). Les

situations des futurs émissaires sous-marins, mêmes profonds, devront tenir

compte de ces dispositions.

La présence de certains caps et autres indentations du littoral

rocheux formeront un écran à ces contre-courants et aux dérives de Mistral,

déterminant ainsi une I1 zone cl 1 ombrel! contre le rivage. souvent exempte alors

de pollutions majeures.

Page 188: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

Ainsi, la Il zone d'ombre", due au cap Couronne protégera partiellement

le littoral et ses peuplements des effluents divers issus du golfe de Fos et

déportés par les dérives liées aux régimes WNW ou NW et le contre-courant de

la Nerthe. Les modalités complexes concernant la répartition de détail des

faciès sédimentaires du "détritique côtier" confirment ces phénomènes hydrody­

namiques.

B - Dérives liées aux vents des secteurs N, NW et NNW

Elles se traduisent par un courant de surface rapide s'amortissant

assez vite en profondeur, et des systèmes irréguliers de vagues serrées, à

courte période et forte cambrure. Les irrégularités paraissent le fait de

"battements" dûs à de violentes rafales. Les vitesses de ces courants peuvent

atteindre 50 m/mn (flotteurs en surface), tandis que la "prise au vent"

devient souvent dangereuse pour les embarcations.

Les dérives de Mistral ont une grande importance vis-à-vis des éro­

sions, transferts et accumulations au littoraux exposés (Fos, Prado, Les

Lecques, Sanary, Hyères, etc .. ). Les actions, parfois spectaculaires, ne sont

point toujours rapidement compensées par les régimes d'Est (antagonistes) ou

les périodes de beaux temps.

Dans les passes entre les îles (Hyères, île Verte, Riou), les déri­

ves sont rapides et l'étalement des graviers organogènes, au niveau du fond,

demeure sous l'influence partielle de ces mouvements. Les jetées et ouvrages

très exposés au Mistral doivent être établis parallèlement aux directions

générales des isobathes - et des plans de vagues (Loi de Lewis), et ce, dans

la mesure du possible, afin d'atténuer au maximum les chocs frontaux. Cette

remarque étant, bien entendu valable pour les autres types de régimes (Est, SE,

etc .. ), il convient d'insister, en outre, sur l'importance des ouvrages réflé­

chissants naturels (écueils) ou artificiels (cônes, balises, enrochements),

générateurs d'interférences parfois utiles.

c - Dérives liées aux vents des secteurs E, SE et ESE :

Elles s'amortissent généralement en abordant les baies et corres­

pondent à des "trains" de grosses vagues atteignant, par fortes tempêtes des

creux de 4 à 5 m. Les vagues les plus spectaculaires s'observent au niveau

des caps (presqu'îles de St Tropez, Giens, Sicié, Caveau, Couronne) ou des

hauts fonds rocheux (cap Taillat, Lardier, Planier). Au large, les dérives se

"superposent" à l'action du courant général.

Page 189: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 149 -

Comme pour les régimes de Mistral, dans les passes des archipels

(Hyères, Riou), ces courants s'accélèrent et déterminent des érosions locali­

sées. Mais les déplacements paraissent plus réguliers et concernent une tran­

che d'eau plus importante.

Dans les secteurs varois, plus exposés et où se manifeste l'action

d'une distance de fetch plus importante (golfe de Gênes), les régimes d'Est

sont à l'origine d'une surélévation du plan d'eau et, combinés à une "marée

barométrique", d'érosions parfois préoccupantes. Des ouvrages doivent être

étudiés pour chaque cas (Fréjus, Cavalaire, Giens, Le Lavandou).

D - Courants de marées et de seiches:

Le très faible marnage de la marée (0,24 m) n'est point suffisant

pour déterminer un courant notable, mais les dénivellations apparentes peuvent

se trouver amplifiées par des phénomènes de résonances dans les baies : Fos,

Giens, Hyères Sud, Fréjus Sud). Dans ces cas, des courants, sans action sédi­

mentaire directe peuvent prendre naissance. D'autre part, la passe de Caronte,

aux Martigues, qui met en communication l'Etang de Berre et la mer ouverte

(golfe de Fos), est le siège de courants périodiques en relation avec le phé­

nomène des marées et d'autres oscillations du type seiche.

Les seiches se développent aussi dans les baies et les plans d'eaux

restreints relativement isolés de la haute mer: golfe de Fos, étang de Berre,

baie de Marseille, calanque de Port-Miou, Giens, etc •.. La seiche de Port de

Bouc peut occasionner un courant relativement perceptible dans le golfe de Fos,

avec des dénivellations de l'ordre de 0,40 m quant au courant de marée, en

ces lieux, il peut atteindre la vitesse de 4 à 7 rn/mu.

Ces faibles actions ne paraissent point devoir mobiliser les sédi­

ments du fond à l'exception de rares cas. Mais les causes indirectes des phé­

nomènes de marées et de seiches se traduisent par des oscillations stationnai­

res, avec établissement de lignes nodales, oscillations amplifiées par les

résonnances au fond des baies. Alors, au niveau des nodales s'établissent des

dépats sédimentaires tels que les "croissants sableux festonnés" observés

dans les étangs de Gloria et Berre, les baies d'Hyères, Lavandou, côte des

Maures et St Aygulf. Le rassemblement préférentiel des éléments polluants et

divers débris solides, au niveau de ces lignes nodales, tout comme la forma­

tion de corps sédimentaires particuliers, souligne l'importance des phénomènes

préci tés.

Page 190: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 150 -

II - ACTIONS SUR LE FOND.

A - Les vagues de tempêtes :

A longue période (T = 9 sec) et grande longueur d'onde, elles se tradui­

sent par des mouvements au niveau du fond. Or, les enregistrements effectués

au cours de ces dernières années montrent que ces "vagues maximales", loin

d'être exceptionnelles, se manifestent en fait plusieurs fois dans l'année pour

les sites très exposés. Même si ces actions ne durent que quelques jours ou

quelques heures par an, il s'ensuit une possibilité de remaniement des fonds

sur toute l'étendue de la zone supérieure du précontinent, par des profondeurs

allant de -50 à -70 m (baies de Fréjus et de Marseille).

Ces remaniements temporaires - ou durables, des substrats, modifient

la situation des biotopes tout comme les phénomènes d'envasements. De ce fait,

les cartes bionomiques effectuées par Picard et ses collaborateurs, sont fré­

quemment remises à jour, notamment pour des échelles au 1/25.000 ou au 1/15.000.

Les mesures directes relatives à ces mécanismes sont insuffisantes et encore

difficiles à réaliser pour le secteur considéré mais une "approche" indirecte

s'est avérée intéressante. En effet, les caractères granulométriques du sédi­

ment superficiel peuvent traduire des actions de traction, lévigation, voire

suspensions vraies ou momentanées. Sans entrer dans les détails des recherches

réalisées en baie de Marseille, zone Sud (baie du Prado), Weydert, Reys et

Castelbon, ont montré, pour une même station située dans les fonds du "détriti­

que côtier" s.l., des variations granulométriques liées aux fluctuations du

régime météorologique (plusieurs années d'observation, profondeur: 70 ml. Pour

ma part, lors de prospections liées aux recherches de sables et agrégats sous­

marins, j'ai constaté avec F. Picard-Tarbouriech,des modifications de la nature

des fonds, en deçà de -25 m, -35 m, vis-à-vis de relevés plus anciens.

En d'autres cas, plus complexes, des sédiments bio-détritiques

anciens contemporains de la dernière phase régressive (Würm), se trouvent eux­

mêmes "décapés" et remaniés, comme cela a été observé au large d'Hyères et de

l'Esterel. Il est souhaitable, malgré de très réelles difficultés, que de

telles recherches soient développées du fait, outre leur intérêt géologique,

d'applications pratiques immédiates: extractions de sables et agrégats, poses

de sea-line ou émissaires profonds, câbles, ancrages et "corps-morts", instal­

lations "off shore ll, etc .. c

Enfin, il faut mentionner que l'approche granulométrique a parfois

été confirmée par des anomalies dans les assemblages de Foraminifères (bio­

coenoses, thanatocoenoses) observées au cap Couronne et au Brusc (L. Blanc-·

Vernet).

Page 191: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 151 -

B - A proximité relative du rivage se manifestent les "courants

de décharge" compensant les déséquilibres des plans d'eaux et les afflux liés

aux vagues de tempêtes. Ici encore, il s'agit d'une dynamique essentiellement

discontinue en relation avec les périodes de lIgros temps".

Ces courants de fond présentent les caractères généraux suivants

1 - leur trajectoire tend à sortir des baies, criques, calanques,

échancrures diverses, etc ... en se dirigeant vers le large. Les déplacements

suivent la pente mais demeurent influencés et "gauchis" par l'obliquité de

l'onde incidente initiale. Cette asymétrie originelle déterminera l'orienta­

tion des "lobes sédimentaires" ; parfois, un site déterminé montrera deux

"lobes" liés aux régimes dominants de Mistral et de vent d'Est (La Ciotat,

port d'Alon, cap Lardier).

Dans le cas de vagues incidentes très obliques accompagnées de trans­

fert (littoral de la baie d'Hyères, de Léoube au Gapeau), les courants de fonds

sont sensiblement parallèles au rivage et entaillent les "mattes" de l'herbier

à Posidonies par un réseau de chenaux longitudinaux.

2 - ils divergent de part et d'autre des écueils et pointes rocheuses

où se concentre l'énergie. Des lobes détritiques et des graviers sont alors

disposés à l'entour des caps très exposés et de leurs prolongements rocheux

sous-marins (pointes du Langoustier à Porquerolles, Escampobariou à Giens).

3 - au niveau des plages, la compensation se manifeste généralement

sous la forme de rip currents ou courants sagittaux, étalant le sédiment sa­

bleux arraché au rivage jusqu'à une certaine profondeur d'équilibre (-5, -JOrn,

voire -15 m), variable avec les sites, leur orientation et leur degré d'exposi­

tion, la pente des fonds et les paramètres des vagues incidentes. On observe

ces derniers à Giens, Hyères, Cavalaire, Pampelonne, St Aygulf, Fréjus, etc ..•

La présence d'obstacles réfléchissants immergés (herbiers, bancs de

roches) combinée à l'action des houles obliques, détermine des circuits super­

ficiels tourbillonnaires et complex~ ramenant une partie du sédiment au rivage

(courants en "cardioide", (Blanc)).

4 - dans les baies, les zones de dissipation de l'énergie par frei­

nage ou au centre des circuits tourbillonnaires, sont généralement le siège

d'une sédimentation plus active et, fréquemment, correspondent aux sites de

dépôts de graviers bioclas tiques, "maërl" à Li thothamniées, etc... (Marsei lle,

Cassis, La Ciotat, Hyères).

5 - la profondeur d'action des courants compensateurs se manifeste

généralement jusqu'à une valeur égale à la demi-longueur de l'onde incidente,

Page 192: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 152 -

en l'absence de marées notables, courants de seiches ou gradients hydrauliques

liés à de fortes pentes. Cela nous amène à des valeurs de :

21 m à -20 m : Bournandariel, à Sausset ; le Rouet.

- II m baie du Prado ; Marseille-Sud.

- 20 m Cassis

- 13 m La Ciotat.

- 18 m Les Lecques

- 14 m Bandol

- 7mà-18m rade de Giens

12 m à -25m baie d'Hyères et rade de Bormes

15 m à -12 m caps Bénat et Lardier.

11 m à -13 m Port Grimaud, Port Cogolin, Pampelonne, Ste Maxime,

- 16 m St Aygulf.

Ces actions ne paraissent s'amorcer d'une manière efficace qu'à

partir d'oscillations dont la période est supérieure à 4,5 secondes (Clos

Arceduc). Ainsi, nous aurons affaire, au niveau du fond, à deux types de remanie­

ments aux mécanismes encore mal connus :

1) action des vagues de tempêtes, pouvant exceptionnellement concer­

ner la majeure partie du précontinent.

2) action des courants de décharge étalant les matériaux le long des

pentes, suivant des modes symétriques ou asymétriques (en fonction du régime

dominant), jusqu'à des profondeurs de quelques mètres à -25 m.

Au niveau des passes et détroits, l'action des courants de fond,

très variable, peut se manifester à des profondeurs plus importantes et il

faudra en tenir compte dans la pose et l'orientation des "sea-line" et des

émissaires. A la Petite Passe des îles d'Hyères, située entre Porquerolles et

le Grand Ribaud, Jeudy de Grissac a mis en évidence un épandage longiligne

de sables et graviers, de -20 à -40 m, formant une sorte de "couloir" contre

le fond et orienté en fonction des dérives et du courant dominant. Dans les

passes de l'archipel de Riou et au Plateau des Chèvres, Picard, Froget et mOl­

même, avons relevé des trainées lien couloir" de sables mobiles, sables et

graviers à Amphioxus, etc ... Par gros temps (Mistral, vent d'Est), les cou­

rants de fond amènent une érosion (de -7 à -24 m) enlevant le recouvrement

sableux meuble et dégageant ainsi les affleurements rocheux du Quaternaire

(1) (cf. Sedimentary Geology of the Mediterranean Sea, Blanc).

(1) les phénomènes précités revêtent une ampleur exceptionnelle dans certainsdétroits de la Méditerranée, jusqu'à des profondeurs de plusieurs centai­

nes de mètres (Sicile-Tunisie, Malte, Cyclades) (J. Blanc, 1968), mais leurorigine s'avère fréquemment différente (effets de seuil, courants de marées,courants géostrophiques).

Page 193: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

III - UN REGIME COMPLEXE

- 153 -

LA BAIE DE MARSEILLE.

A l'exception du contre-courant de la Nerthe, la baie de Marseille

demeure étrangère à l 1 influence du courant général. D'autre part, la crète

orientée NE-SW et correspondant à l'archipel du Frioul, amène le cloisonnement

du plan d'eau en deux ensembles

1 - zone Nord, ou baie de l'Estaque, en voie d'envasement sous 1lin­

fluence du contre-courant et des dérives de Mistral, issues des aires de Fos.

2 - zone Sud, ou baie du Prado, zone complexe agitée, à fonds mobi­

les: prisme littoral, herbier et détritique côtier s.l., avec des secteurs

où se manifestent les érosions ou les concrétionnements.

Ce cloisonnement est accompagné par la dualité de deux régimes

dominants conditionnant les dérives de Mistral et de vent d'Est.

]0 _ ~~~!E~l : dérives très rapides (35 à 40 m/mn : ces valeurs ont

été établies par des visées effectuées sur des flotteurs ; elles sont infé­

rieures aux vitesses réelles par très gros temps, non mesurées). Les courants

de dérive se déplacent du NNW vers le SSE et longent la Corniche et la plage

du Prado ·où d'importants aménagements sont projetés. La présence des îles du

Frioul (Ratonneau, Pomègues, If), assure un abri relatif tandis que les vagues

les plus grosses se brisent à la Pointe Rouge, au Mont Rose et aux Goudes.

Les courants de Mistral concernent surtout les eaux de surface ; ils

entraînent vers le Sud la plupart des pollutions d'origine portuaire ou issues

de l'Huveaune. Par gros temps, les effluents déportés par un courant littoral,

"doublent" le cap Croisette et l'île de Tiboulen de Mai:ré (photographies avec

pellicules '.'infra-rouge ll, l'fausses-couleurs").

2° - ~~~!_~~~~! s.l. (Levant, Levant Dré, Levant Eissero) : les

pollutions sont amenées vers le Nord tandis que les houles se réfractent aux

caps Croisette et Caveau. Au large de cette pointe, les influences de l'abri

relatif dû à la baie de Marseille disparaissent et une très forte houle peut

aborder le cap Couronne et le Sud du golfe de Fos. Far très gros temps, les

"creux" peuvent très exceptionnellement atteindre 6 m au large du cap Couronne.

IV - LE LITTORAL ROCHEUX DU MASSIF DES CALANQUES ET LES BAIES ENTRE CASSIS ETTOULON.

Les courants de dérive liés aux vents d'Est ou de NW y déterminent

des trajectoires, et, dans les baies des circuits en sens opposés (La Ciotat,

Bandol, Sanary). Une sédimentation détritique et bio-clastique ("gravelles",

"maërl ll, sables coquilliers, sables et graviers hétérométriques) caractérise

Page 194: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 154 -

les zones plus calmes au centre des circuits tourbillonnaires. Les mouvements

rattachés aux deux régimes dominants, régissent partiellement la répartition

des peuplements et les types de sédiments (Picard, Muschotti, Blanc).

Les courants de dérive et leurs "vecteursll, distribués dans la

masse des eaux et contre le fond, assurent la migration des effluents et

déchets urbains du "grand collecteur" de Marseille se déversant directement

dans la mer au niveau de Cortiou, à un littoral accore et désert. Les recher­

ches de la Station marine d'Endoume et de Bellan, Picard et leurs collaborateurs

plus particulièrement, traduisent une pollution et une dégradation définitive

des fonds et peuplements au littoral des Calanques bordant le massif de Marseil­

leveyre. La "composante" d'une dérive de l'Est vers l'Ouest domine et les pollu­

tions s'étendent jusqu'au cap Croisette où elles "re joignent ll les contaminations

de l'Huveaune et de la baie de Marseille déportées par les régimes de Mistral.

Par ce même vent, la "pollution" est dirigée vers l'Est, et depuis quelques

années, contourne le cap Sarmiou et s'étend, en outre, jusqu'à l'archipel de

Riou. Ainsi, les courants de dérive, au Sud du massif des Calanques, amènent

la dégradation rapide d'une aire marine étendue; le très fort débit (15 à 30

m3 /sec) de l'égout, rejeté en surface, forme un "panache" difficile à disperser

malgré l'exposition du site anciennement choisi.

Par gros temps et tempêtes de vent d'Est ou SE, un afflux d'eau

s'engouffre dans les Calanques; il est compensé par des courants de décharge

érodant les fonds puis étalant les sédiments à l'entrée où la perte d'énergie,

liée à l'augmentation du rayon hydraulique, amène la formation de lobes détri­

tiques sous-marins (1).

Dans la baie de La Ciotat, des réfractions et des diffractions se

manifestent au cap de l'Aigle - île Verte et à la pointe Grenier La

sortie des eaux paraît devoir être assurée, sans que cela soit prouvé, par un

courant compensateur situé au voisinage du fond et dirigé vers le large.

Les baies de Bandol et Sanary présentent des "physionomies" diffé­

rentes et une dynamique complexe. On y observe l'érosion et la rapide dégra­

dation des herbiers à Posidonies sous l'influence des actions mécaniques, des

pollutions et surtout d'envasements liés à de regrettables décharges de maté­

riaux. Les "c ircuits" courantologiques observés finissent toujours par revenir

au rivage, quel que soit par ailleurs le régime météorologique. Il en résulte

que ces secteurs nécessitent une protection efficace et rapide, l'interdiction

de rejets fins et polluants et l'arrêt de projets d'aménagements. La zone du

Brusc et des Embiez représente une aire déjà profondément altérée par l'inter­

vention humaine :

(1) sables et graviers des "bouchons de Calanques" définis par Picard.

Page 195: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 155 -

- sédimentation accélérée au fond de la baie, accentuée par le "piége"

des herbiers, progression des envasements au cours du temps.

pollutions diverses et dégradation d'un des plus beaux herbiers à

Posidonies du littoral méditerranéen français (1).

Il s'y ajoute, naturellement, un système de courants de passes et de

courants de fond compensateurs, renouvelant et oxygénant les milieux, mais

érodant aussi les "mattes" de l'herbier, formant des chenaux et des "tornbants ll•

v - LA PRESQU'ILE DE GIENS.

La presqu'île de Giens, caractérisée par un tombolo double est

située aux "frontières" de deux régimes différents, le golfe du Lion à l'Ouest

et le golfe de Gênes à l'Est.

· ~~~_~~E~~~~_~~~~~_~~l~ correspondent à de fortes vagues à fetch

élevé, avec des creux de 5 m par gros temps (les maxima ne sont point connus).

Il en résulte un transfert littoral notable engraissant la zone méridionale

de la baie d'Hyères et les plages au Sud du tombolo oriental.

· ~~~_~~g~~~_~~~E~~~_~~_~~~~E~l, à forte cambrure, venant de l'Ouest

s.l., correspondent à de rapides dérives érodant le littoral occidental, non

alimenté en sédiment (absence de rivières se jetant dans la baie de Toulon et

le golfe de Giens). Le matériel de ce tombolo résulte, en fait, de stocks

remaniés en relation avec des plages "fossiles" (beach rocks) et"d'anciens

cours du Gapeau durant le Quaternaire. Cette absence d'alimentation ne compense

plus les phénomènes d'érosion accompagnés par une dégradation rapide des her­

biers à Posidonies.

Les régimes les plus érosifs correspondent à des élévations du plan

d'eau atteignant 0,60 à 0,70 m et, très exceptionnellement, m. Ces dernières

sont liées à des dépressions ("marées barométriques") ; elles se combinent à

de fortes vagues à cambrure élevée. Les secteurs très menacés sont le tombolo

occidental, les plages d'Hyères et de l'Hippodrome tandis que d'autres érosions

locales se manifestent au débouché du Gapeau, au Centuron et à la Capte.

· ~~_~~~~~~~~~~~~_~~~E~~~~~~g~~, par fortes tempêtes, est réalisée

par un retour au large sous la forme de lI r ip-currents" ou IIcourants sagittaux ll

(Rivière, 1951 ; Arbey, 1959). Les zones de départ de ces courants de retour

dirigés vers le large correspondent à une ablation des plages du tombo10,

(1) la destruction totale de l'herbier de Bandol représente le stade ultimede cette dégradation.

Page 196: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 156 -

notamment pour l'isthme occidental et ce, malgré la protection sous-marine

d'une formation sabla-limoneuse indurée (Ilbeach-rock" lagune-marin, sable

consolidé), témoin d'un ancien rivage, de -6 à -3 m.

En deçà de l'action spectaculaire au niveau des plages, les courants

sagittaux déterminent une érosion quantitativement beaucoup plus importante

sur les fonds et amènent la dégradation du plus bel herbier à Posidonies de

la côte méditerranéenne française, en rade de Giens, à l'Ouest de la presqu'île

et en baie d'Hyères, à l'Est.

Les recherches cartographiques sous-marines, les examens en plongée

et les calculs montrent que, par très gros temps, ces ablations se manifestent

jusqu'à -12 m et même -15 m en rade de Giens, par régime d'Ouest. En rade

d'Hyères (régimes d'Est s.l. dominants), ces dernières se poursuivent jusqu'à

30 m et probablement 40 m de profondeur. Mais, en ce secteur, la présence d'un

herbier vivace à Posidonies jusqu'à -32 m (recherches inédites de A. Jeudy de

Grissac) protège encore les fonds par la consolidation du sédiment des "mattes",

ce qui n'est point le cas pour la baie de Giens où l'herbier très dégradé

demeure en voie de régression rapide.

~~_~~~~~Eg~_~~!_E~~l~~~~_E~E_~~~~_~l~!~~~~_~~_~~~~~~~

- Chenau:x des courants sagittau:x, perpendicuLaires au LittoraL

et responsables d'érosions rapides. Depuis plus de treize année (Blanc, 1969),

ils montrent un développement accru récemment confirmé (Maggi, 1973) par la

comparaison des relevés hydrographiques de 1896 à 1969, pour le golfe de Giens

Les ablations concernent principalement les fonds de -3 à -5 m ; elles se

poursuivent jusqu'à -10 m et même -18 m selon les cas, découpant les mattes

de l'herbier à Posidonies, creusant jusqu'à 1 ou 3 ID dans le sédiment et ce,

bien antérieurement aux pollutions et épandages récents. A la Madrague de

Giens, au voisinage de l'îlot de la Redonne, j'ai noté une érosion latérale

de 4 ID pour un "tomb:ant" de 1 'herbier à Posidonies, en dix années.

2 - "CouLoirs" d'érosion paraLLèLes à La courbure du rivage. Ces

chenaux longitudinaux se situent à des profondeurs oscillant entre 4 et 17 m.

Ils peuvent être liés à une isobathe, occlus ou reliés entre eux formant alors

des Ilcouloirs" sinueux à une profondeur constante. Les chenaux longitudinaux

recoupent les chenaux transverses. Une érosion sous-marine accentuée par ce

"quadrillage" amène la dissection rapide des "mattes". En dehors des golfes

de Giens et d'Hyères, ces chenaux s'observent entre les Salins et le Pansard

ils présentent des "tombants" de 4 m, entaillant des "mattes" datées par des

amphores du type III de Dreyssel.

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- 157 -

Les sillons longitudinaux paraissent liés - avec un certain décalage,

aux lignes majeures du déferlement par gros temps.

VI - APPLICATIONS A COURT ET MOYEN TERMES.

Elles concernent essentiellement les domaines suivants

1° - Protection du littoral: il a été souligné le rôle essentiel----------------------des vagues obliques à forte cambrure et des courants compensateurs, courants

sagittaux, etc ... ramenant les eaux vers le large. L'alimentation sédimentaire

liée aux transferts (Fos, pointe de la Gracieuse, Giens, etc •.. ) est parfois

insuffisante pour compenser les phénomènes de l'érosion littorale, malgré la

présence d'accumulations temporaires à l'emplacement des nodales.

Il apparaît alors l'importance d'ouvrages frontaux bien étudiés,

modifiant les conditions du déferlement et du retour au large, plutôt que la

réalisation éventuelle d'épis transversaux.

D'autre part, la protection, à tous prix, des Ilmattes" de l'her­

bier demeure la meilleure chance de conservation des équilibres littoraux.

2° - ~~Sb~ESb~~_~~_~~~1~~_~~_~~~8E~8~~~ : l'importance manifeste

des gîtes fossiles du Quaternaire récent ne saurait faire sous-estimer les

relations souvent étroites entre les modalités hydrodynamiques, les vagues

obliques, circuits courantologiques, courants compensateurs et les accumula­

tions recherchées.

Mais il apparaît que les contraintes sévères d'exploitation et de

protection des fonds et du rivage rendent délicates, sinon impossibles, les

exploitations reconnues en fonction des actuelles possibilités techniques, à

l'exception de quelques sites nécessitant une étude très détaillée et des

essais en vraie grandeur.

30

- ;~!;~~~~~~_~~~_E~!!~~!~!:!~_~~~:i~E~E~E~~E~~_~~_~~~E~~~_!:!~!E~~"ces dernières ont une destination qui demeure liée à la courantologie et la

topographie locales. D'autre part, l'absence de marées notables en ce secteur

peut limiter - ou aggraver les conséquences d'un sinistre.

La "simulation" d'un naufrage de pétrolier au large de Fos ou du

Planier (Marseille) pourrait amener des situations différentes selon la domi-

nance :

- du courant général pollutions dirigées vers le Languedoc ou les

Baléares.

- du contre-courant de la Nerthe pollutions dirigées vers la baie

de Marseille-Nord.

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- 158 -

d'un régime de Mistral: pollution généralisée en baie de Marseille

d'un régime de vent d'Est: dépôt vers les plages de la Camargue

et du Languedoc.

Les durées où demeureront possibles les interventions seront courtes

(généralement quelques heures). Les fonds de baies où se développent les cir­

cuits décrits (Fos, Marseille, Cassis, La Ciotat, Toulon, Hyères, etc ... ) cons­

tituent de véritables impasses.

4° - ~~~~~g~~~~~~_!!~~~E~~~

Les aménagements industriels, portuaires et touristiques (installa­

tions de Fos, Lavéra, centrales thermiques, baies de Marseille (Prado) et de

Toulon (Mourillon), ports et agrandissements de La Ciotat, Giens, "marinas"

de Port Cogolin et Port Grimaud, port de Bormes, etc •.. ), doivent être entre­

pris à la suite de recherches détaillées aux emplacements des sites prévus

(Océanographie, Sédimentologie, observations aériennes et météorologiques).

Il sera indispensable de prévoir des tempêtes maximales et des

surélévations des plans d'eaux au-delà des situations observées (jetées, brise

lames, protection du littoral). On recherchera à se protéger autant des chocs

frontaux, plus ou moins obliques, que des emprunts et soutirages de matériaux

à la côte sous l'action des courants sagittaux, courant compensateurs. Mais

le problème s'avère plus complexe que pour la simple défense du littoral car

les aménagements empiètent fréquemment sur le domaine marin, ce qui entraîne

des modifications notables, parfois gênantes, dans les mécanismes des houles

(réflexions diffractions) et des courants (cas de Fos; cf. recherches de Roux

et Vernier), Bormes, Santa Lucia, à Ste Maxime). La situation des jetées par

rapport au tracé des isobathes peut fréquemment intervenir vis-à-vis de leur

résistance aux chocs des rouleaux. Les recherches de Lewis, Schou, Clos­

Arceduc et Sitarz nous conduisent à considérer attentivement les transferts

et plans de vagues (zones de convergence des houles) avant le choix définitif

dtun site. Il en sera de même pour les phénomènes de résonances, voire de

seiches, se manifestant dans les baies encaissées (Giens, St Aygulf, Fos),

phénomènes souvent bénéfiques (protection du littoral sableux par l'adjonction

de corps sédimentaires aux nodales), ou néfaste, quant au rassemblement des

éléments polluants à ces mêmes nodales (Fréjus, St Aygulf).

Les nouveaux aménagements portuaires, "marinas", etc •.. posent de

sérieux problèmes de pollutions (rejets d'effluents à partir des navires,

égouts, émissaires "profonds", etc ... ). Les effluents, épurés ou non, se

Page 199: Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...

- 159 -

trouvent repris par le système des courants tourbillonnaires des fonds de baies

(La Ciotat) précédemment décrit. Leur dilution est plus ou moins satisfaisante

et ce "modèle" amène des pollutions aux littoraux. Les rejets aux niveaux des

caps ou des zones accores profondes et rocheuses s'avèrent généralement préfé­

rables (cap Sicié, Figuerolles à La Ciotat), avec une dilution rapide au con­

tact des eaux de la haute mer, sauf lorsque le débit des effluents atteint des

valeurs trop importantes (grand collecteur de Marseille à Cortiou). Alors, la

contamination devient générale quelles que soient, par ailleurs, les modalités

hydrodynamiques; une épuration très soignée s'avérant ainsi la seule solution

raisonnable (Brahtz, 1972).

Quant aux émissaires llprofonds", ou qualifiés comme tels, il appa­

raît que, pour de forts débits, des profondeurs de 70 m (ou davantage) devraient

être envisagées malgré les problèmes techniques que posent de telles installa­

tions. De ce fait, les détails topographiques sous-marins (présence souhaitable

de ressauts et de contre-pentes) ont autant d'importance que la présence de

thermoclines. On examinera avec attention les zones de courants compensateurs

et une cartographie préalable des fonds sera nécessaire. Les phénomènes d'up­

welling ne devront jamais être entravés, surtout dans le cas de "marinas Il

installées au fond des baies, et, leur action demeure plutôt bénéfique ~ar

l'excellent renouvellement des eaux littorales. Mais il faudra en tenir compte

pour les projets d'implantation d'émissaires profonds où intervient alors un

paramètre majeur qui est la distance à la côte; cette dernière devra être, si

possible, supérieure à 1.500 m afin de se tenir le plus éloigné possible du

circuit des fonds de baies.

Si nous éliminons, à priori, les émissaires directement situés au

rivage, amenant une contamination immédiate par le jeu des vagues obliques et

des transferts, il convient d'éviter en outre les émissaires en eaux peu

profondes à l'exception de quelques cas particuliers en milieux agités et

relativement éloignés des herbiers et littoraux habités.

Les éléments polluants tels qu'hydrocarbures et métaux lourds sont

adsorbés par les argiles des faciès en cours d'envasements rapides (Fos,

Marseille-Nord, Toulon, St Tropez, Fréjus), principalement les montmorillonites

et les édifices interstratifiés (Arnoux et Chamley). Ces accumulations de vase

Si élaborent dans les baies abri tées et les zones "mortes Il des circui ts tour­

billonnaires. Dans une certaine mesure, on peut prévoir leur existence et

définir leur extension, à la suite d'études détaillées. De ce fait, dans les

schémas d'aménagement des littoraux, il sera possible de prévoir les zones

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- 160 -

d'envasement et de pollution maxima consécutives à tout projet de rejet et

d'installation industrielle. Ainsi, les études minéralogiques portant sur les

phyllites de la fraction fine (lutites), complètent les renseignements hydrody­

namiques et les données de la cartographie des sédiments sous-marins.

La définition des zones de "dumping" et rejets solides non polluants

matériaux de dragages, etc ... devra tenir compte des résultats exposés et

d'une étude granulométrique soignée (et non d'analyses effectuées au hasard),

en plus des contraintes biologiques sévères relatives à la protection des fonds.

Ces pages résument plusieurs années de recherches. Elles ont pour

objet de marquer l'intérêt des travaux d'Océanographie et de Sédimentologie

appliquée aux rivages. Les études doivent porter sur une certaine durée afin

de mieux connaître les divers régimes possibles. Elles apparaissent indispen­

sables à tout projet d'aménagement du littoral.

---0---

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- 161 -

- BIBLIOGRAPHIE -

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