Sédimentologie et pétrophysique de la craie – Impact sur ...
Recherches de sédimentologie appliquée au littoral rocheux de la ...
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CENTRE NATIONAL POUR L'EXPLOITATION DES OC~ANS
RECHERCHES DE SÉDIMENTOLOGIE APPLIQUÉE. AU
LITTORAL ROCHEUX DE LA PROVENCE
AM~NAGEMENT ET PROTECTION
BLANC Jean
Professeur de Géologie Marineet Sédimentologie Appliquée
Université d'Aix· Marseille II
1975
- 1 -
1NTRODUCTI ON
La protection et l'aménagement de l'aire maritime et de la frange
littorale rocheuse de la Provence ont nécessité des recherches détaillées pour
suivies depuis l'année 1971. Outre la ligne de rivage, plages et criques, les
explorations ont porté à la zone supérieure du précontinent de 80 m, 60 m de
profondeur, à 30 m, selon les cas. Il va de soi qu'une étude très complète aurait
exigé beaucoup plus de temps et un personnel nombreux ; nous considérerons donc
cet ouvrage comme llexposé de recherches préliminaires où maintes observations
détaillées ont été volontairement éliminées. Les recherches en cours sur ce litto
ral et les problèmes à résoudre me font mesurer aujourd'hui les imperfections de
l'entreprise. Néanmoins, l'urgence de réalisations nouvelles et les aménagements
récents nous ont amené à détailler particulièrement certaines zones délicates
telles que les baies de Marseille, Toulon et Giens, rade d'Hyères et plusieurs
secteurs de la cote varoise.
Les objectifs de ce travail consistaient en deux démarches distinctes
1 - d'une part, établir l'état actuel du secteur littoral et de l'aire
maritime peu profonde, du cap Couronne au Trayas et d'en définir l'évolution et
les équilibres sédimentaires,
2 - d'autre part, inventorier les aires d'aménagements industriels,
actuels ou en projet, les zones d'urbanisation et d'équipement touristique, les
rivages à protéger. Il s'agissait de définir les relations et les limites de sur
faces marines consacrées au travail, aux loisirs et aux espaces naturels interca
lés, formant ainsi des zones d'équilibre.
Le C.N.E.X.O. et particulièrement le Département 3, ont été les promo
teurs de ces recherches déroulées à la faveur de plusieurs contrats successifs,
de 1972 à 1975. Notre souci commun, au niveau du maître d'oeuvre comme de l'exécu
tant, a été inspiré par un dosage raisonnable entre une inéluctable (et souhaita
ble) évolution économique régionale et l'espoir de conserver impérativement des
"sanctuaires" naturels inviolables (zones des Calanques, parc National de Port
Cros, caps de l'Aigle, Bénat, Lardier et Tayat, archipel de Riou).
- 2 -
Malgré l'ambiguité de ces démarches, il en résulte un ensemble d'obser
vations et d'interprétations qui seront de nature à guider, conseiller ou décou
rager d'éventuelles actions relatives à un littoral précieux et menacé. D'autre
part, les recherches de Géologie et Sédimentologie littorales exposées doivent
demeurer accessibles par leur langage et leur volume aux utilisateurs et prati
ques divers de la côte. Ainsi, notre cartographie littorale s'est inspirée de
principes simples où l'état et la nature des fonds marins étaient définis en
une légende utilisable par tous et où des paramètres importants, utiles mais
spécialisés, ont été volontairement omis. Cet ouvrage ne réalise donc pas une
monographie littorale mais doit être considéré comme une base d'informations
et de réflexions en l'attente d'études ponctuelles et détaillées, en vue d'opé
rations précises (extractions sous-marines, aménagements littoraux et "off
shore~ rejets ou protections).
Au terme de cette entreprise et de longues périodes d'observations,
il m'est agréable d'exprimer ma gratitude à des prédécesseurs tels que Monsieur
le Professeur Pérès, Membre de l'Institut et Monsieur Picard, Directeur de
Recherches au C.N.R.S. et fondateurs du Centre d'Océanologie d'Endoume (Marseil
le). Par ailleurs, l'influence et l'activité de collaborateurs à notre labora
toire a été précieuse et il me plait de les en remercier. Nous citerons MM.
Jeudy de Grissac, Muschotti, Mme Picard, MM. Roux et Vernier, Mmes Froget,
Franza-Acquaviva, Weydert, Melle Giroud d'Argoud ; les équipages des navires du
Centre d'Océanologie.
J'ai eu le plaisir d'entretenir une collabor.ation amicale, suivie et
instructive avec les cadres du C.N.E.X.O. qui inspirèrent et développèrent ces
recherches : MM. Riffaut et Dreyer, successivement Directeurs du Département 3,
M. Debyser au Département 2, MM. Toussaint, Chomel de Varagnes et Lardeau.
Laboratoire de Géologie marine et Sédimentologie appliquée
Centre Universitaire de Marseille-Luminy
13288 Marseille Cedex 2
Chapitre
Chapi tre
- Chapitre
- Chapitre
- 3 -
SOMMAIRE
L'exposé de plusieurs années de recherches appliquées au domaine de
la Géologie littorale est ici présenté sous la forme de thèmes et problèmes succes
sifs ayant pour cadre le littoral rocheux des départements des Bouches du Rhône
et du Var. Il a été évité une description "linéaire" et systématique des rivages
et nous avons préféré développer les chapitres suivants, axés sur des idées et
questions précises d'aménagements relatifs à un ensemble donné. Ainsi seront trai
tés les points suivants :
- Méthodes utilisées
2 - L'aménagement de l'aire maritime marseillaise et du précontinent
du cap Couronne au cap de l'Aigle.
- Chapitre 3 - L'aménagement de l'aire maritime à l'Ouest de Toulon, du cap de
l'Aigle au cap Cépet.
4 - La protection du littoral à la presqu'île de Giens.
5 - Les zones littorales de la Provence orientale; équilibres sédi
mentaires.
- Chapitre 6 - Conclusions générales la dynamique littorale et ses applications.
Des conclusions partielles sont émises à la fin des chapitres tandis
que les cartes et schémas ont été incorporés dans le texte.
Au cours de ces recherches nous avons tiré le plus grand profit des
travaux effectués par les personnes suivantes: MM. Alinat, Bellaiche, Bonifay,
Mmes Blanc-Vernet et Picard, MM. Degiovanni, Leehnardt, Pérès, Picard, Muschotti,
Nesteroff, Jeudy de Grissac, Roux et Weydert.
Mots desoripteurs sédimentologie appliquée, littoral, Provence, Erosion,
protection, aménagements, Méditerranée.
- 4 -
- CHAP ITRE l -
- 5 -
MÉTHODES UTILISÉES
Le déroulement des recherches littorales appliquées présente
quatre étapes essentielles :
- détermination des objectifs
2 - phase exploratoire préliminaire
3 - études détaillées
4 - actions spécifiques.
1 - Détermination des objectifs:
A ce stade il conviendra de délimiter avec le maître d'oeuvre l'am
pleur, la situation, l'urgence et le degré de précision réclamés. Une définition
très nette des buts exacts de recherche, dans cette phase initiale et pour un
secteur mal connu, ne sera point toujours facile à établir. Réciproquement, il
arrive que les réponses à des demandes d'études émanant d'organismes officiels ou
privés, soient immédiatement disponibles à partir de travaux antérieurs déjà
réalisés ou partiellement entrepris.
Trois paramètres liminaires sont à considérer : cadre géographique
et nature des objectifs, moyens en personnel et en crédits affectés, temps
imparti.
Compte-tenu des difficultés matérielles et géographiques, avant la
passation des marchés, il est indispensable d'examiner les travaux antérieurs
réalisés sur l'objectif ou ses bordures, les données d'archives, échantillons
stoc és, la documentation géologique, océanographique et météorologique.
II - Phase exploratoire préliminaire:
Les étapes de la recherche se déroulent en fonction de deux orien
tations distinctes :
A - Observations aérospatiales:
Données enregistrées par les stellites NIMBUS et les programmes ERTS
de la NASA. Les documents réalisés sur des orbites trop hautes (900 km) ne sont
point toujours utilisables à l'exception de quelques zones particulières
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(Camargue, panache turbide rhodanien s'étendant au large des îles d'Hyères,
zones polluées (Cortiou et Giens), rejets de boues industrielles au large de la
Corse, transferts importants, etc ••. ).
En revanche, les documents photographiques de l'I.G.N. en émulsions
panchromatique et ectachrome seront d'une importance primordiale aux échelles
1/35.000 environ, 1/25.000 et 1/15.000. On utilisera les données de la photothè
que (Service de Photogrammétrie, I.G.N.) ainsi que, par ailleurs, les résultats
des missions aériennes utilisant les émulsions infra-rouge (fausses couleurs).
Malgré le coût de l'opération, il est le plus souvent nécessaire de réaliser une
mission thermographique I.R. en utilisant le procédé du "scanner" multispectral
(bandes 5 à 14 ~).
De ce fait, avec une pratique et des connaissances géologiques et
océanologiques suffisantes, il sera possible de délimiter les ensembles litholo
giques littoraux, leur structure, la répartition générale des masses d'eaux,
fonds infralittoraux, transfert et pollutions, rejets "discrets", "panaches"
turbides, effluents d'hydrocarbures, etc ...
B - Recherches sur le terrain et à la mer
Réalisation initiale d'une cartographie générale d'ensemble à "mail
le" large (1/100.000), puis d'une représentation "moyenne" utilisable au 1/50.000.
Ces représentations cartographiques permettront, à ce niveau, une interprétation
correcte et provisoire. Les littoraux et petits fonds seront examinés par beau
temps, puis par des régimes météorologiques dominants (vents des secteurs N, NW,
N.NW et E oU E.SE, etc ... ) : recherches au rivage, plongées, prélèvements à
l'aide des chalutiers océanographiques et embarcations légères, canots et
"zodiac", surveillance des profils de plages.
Parallélement on effectuera une enquête auprès des municipalités,
documents d'archives, pratiques du littoral (pêcheurs, usagers). Pour certaines
zones, les conseils et renseignements obtenus ont été des guides utiles dans
l'orientation ultérieure des travaux.
Les documents ainsi rassemblés (A + B) seront comparés au cours du
temps (anciennes cartes, missions aériennes échelonnées avant et après les aména
gements, etc ... ). A ce moment, après les recherches sur le terrain, il sera
toujours nécessaire de réaliser une nouvelle interprétation photographique aérien
ne en utilisant le procédé le plus adapté aux informations recherchées :
émulsions panchromatiques : géologie littorale, accidents tecto
niques, corps sableux sous-marins, roches immergées.
- 7 -
- émulsions ectachrome : herbiers littoraux, transferts, zones tur
bides et influences fluviatiles, érosions sous-marines.
- émulsions I.R. "fausses couleurs Il : pollutions, transferts et
migrations d'effluents, mélanges d'eaux, détails sur la couverture végétale.
- thermographie I.R. différenciation des masses d'eaux, dérives
courants, influence des seiches et courants de marées, corps sableux, sources
sous-marines, rejets d'émissaires, accumulations d'eaux chaudes et panaches
d'eaux froides ou fluviatiles.
Au terme du stade 2, on réalisera un rapport provisoire.
III - Etudes détaillées
Les recherches, beaucoup plus longues maintenant, s'orienteront
selon trois axes essentiels
1 - Examen détaillé des échantillons
(pétrologie, minéralogie, sédimentologie).
analyses de laboratoire
2 - Recherches sur le terrain et à la mer
a) observation in-situ à tous les régimes vents, houles, vagues,
transferts, évolution des matériaux littoraux et du profil des plages. Etude
des régimes dangereux. Repérages.
b) cartographie complémentaire aux "mailles" serrées pour les échel
les du 1/25.000, voire, plus rarement, au 1/15.000.
c) travaux annexes et sous-traitances pour les domaines suivants se
rapportant aux études en cours: biologie marine, océanologie physique, météoro
logie, mécanique des roches et géotechnique, problèmes de pollution, d'a~sainis
sement et d'urbanisme.
On déterminera les zones d'érosion, de transfert, sédimentation et
pollution. Le résultat sera la délimitation des aires à équiper et à protéger et
les actions proposées à court et moyen termes. Il sera défini, pour certains
sites, un périmètre de protection immédiate, rapprochée ou éloignée.
Au terme du stade 3 seront effectués les cartes et rapports détail-
lés.
IV - Actions spécifigues
Ces recherches concerneront des projets précis et limités (implanta
tions p0rtuaires, industrielles, touristiques). Il s'agira d'études de sites
- 8 -
déterminés a equiper (centrales thermiques, raffineries, cimenteries, ports,
"marinas ll, aquaculture s.l.), de zones dangereuses (érosions du rivage, éboule
ments de falaises, pollutions et rejets divers), de zones à protéger (réserves
biologiques, parc national, zone des Calanques, fonds de pêche, sites archéolo
giques littoraux et sous-marins).
Les recherches sur le terrain et à la mer seront effectuées à des
échelles au 1/15.000 et au 1/5.000, voire encore plus fines (plongées, prélève
ments par petits fonds, etc ..• ). On utilisera des missions aériennes spécialisées
à basse altitude, forages, sondages, lançages et vibro-fonçages. Les conséquences
qui pourront en découler concerneront:
des essais et implantations d'ouvrages en vraie grandeur.
simulations de situations (rejets, "marées noires").
surveillance des ouvrages et conséquences des implantations sur
l'environnement naturel, relations avec les peuplements marins.
Modifications des équilibres naturels (modifications point forcé
ment nuisibles d'ailleurs), interdictions, etc •..
•• •
A tous les stades de l'entreprise, nous serons confrontés à trois
problèmes importants :
l' - La légende des cartes: la carte sera le moyen analytique rapide
d'expression et de compréhension. En dehors de tout problème d'échelles, déjà
abordé, nous conseillerons le relevé d'ensembles naturels simples aisément inter
prétables par les utilisateurs qui ne seront point obligatoirement des spécialis
tes (les cartes détaillées thématiques pouvant toujours être réalisées en annexes
et diffusées). Dans cet esprit et après un large échange de vues auprès des res
ponsables du C.N.E.X.O., nous distinguerons les types suivants :
- zones intertidales, rivages inondables, marais côtiers,
fonds rocheux rigides à portance élevée,
- éboulis littoral,
- sables fins mobiles du "prisme littoral",
- sables et graviers des chenaux d'érosion, épandages sous-marins,
- fonds et "mattes" de l'herbier à Posidonies,
- fonds et "mattes" dégradés de l'herbier à Posidonies,
- herbiers à Zostères et fonds envasés de l'herbier à Posidonies,
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- sables fins isométriques des fonds de baies,
- graviers et sables coquilliers grossiers,
- sables hétérogènes du "détritique côtier",
- faciès envasés du "détritique côtier ll,
- sables et graviers, concrétionnements, du lIdétritique côtier",
- concrétionnements coral1igènes,
- sables vaseux de mode calme,
- vases terrigènes côtières, pélites et zones d'envasement maX1mUffi,
- vases polluées,
- sables détritiques du large et paléobiocoenoses,
- graviers détritiques du large,
- vases bathyales,
Par ailleurs, on indiquera:
- limites de la zone d'envasement progressif,
tracé des émissaires et des "sea-lines"
dérives dominantes,
transferts,
- courants dominants, éventuellement, courant de marée,
- zones dangereuses d'éboulements littoraux,
- rides littorales sous-marines,
- cordons festonnés, flèches sableuses sous-marines et rides d'inter-
férences,
limites des zones de servitude, chenaux portuaires,
- emplacements possibles de rejets solides non polluants, "dumpings",
déblais divers, etc ...
Des légendes complémentaires et plus spécialisées pourront intervenir
par exemple: rejets dangereux, explosifs, forages sous-marins, épaves, gîtes
archéologiques (le plus souvent non indiquœpar précaution), grottes marines et
sous-marines, sources sous-marines, dépôts turbides sous-marins liés à des
facteurs accidentels, etc ...
2° - Le temps : ce facteur demeure partiellement subordonné aux
moyens humains et matériels. Le temps imparti devra s'adapter au but recherché.
Une durée de une ou deux années, pour l'étude d'un secteur apparaît comme un
minimun raisonnable et lion s'abstiendra pour toute proposition inférieure. On
pourra ainsi détailler les opérations :
- la -
1) détermination des objectifs: 1 à 3 mois,
2) phase exploratoire préliminaire 6 à la mois,
3) études détaillées : 8 à 15 mois selon les cas,
4) actions spécifiques durées très variables en fonction des
résultats escomptés.
3° - Le repérage :
• à la côte: aucun problème sur les excellents documents de l'I.G.N.,
nécessité de travailler sur des plans précis au 1/5.000, 1/1.000, etc ••. pour
des recherches spécifiques. Repérage aérien normal (assemblages, photoplans,
restitution) .
à la mer: méthodes habituelles (alignements, visées, "arcs capa
bles"). Visées au radar près des côtes abruptes (rapides) ; peu précises et incer
taines au large ou près des côtes basses. Points radiogoniométriques rapides et
peu précis.
Positionnement effectué par visées, à partir du rivage, à intervalles
de temps rapprochés (alidade, boussole, théodolite), de même, chronométrage des
houles et vagues au rivage; construction des orthogonales de houles au large,
etc •••
- Il -
- CHAPITRE 2 -
AMËNAGEMENT DE L'AIRE MARINE MARSEILLAISE
ET DU PRËCONTINENT DU CAP COURONNE AU CAP DE L'AIGLE
r 10' 15' 20'~-
Zones polluée.,lnutlll.abtes.
Appuis résistants pour ouvrages lourds: digues. plate-formes,et zones de roches à éviter pour ies dragages.
[····1•••• Galets et graviers .
15'
100
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CASSIS
limite des zone. Interdites au dragage
Sables mobiles et fins du prisme littoral. Sables grossiers remaniés, talus et chenaux.Zones de tractlons.saltations.transfert à gradients hydrodynamlques.dragages à éviter.Oragages possibles avec réserve et sU,rveillance. à partir de 20 m de profondeur.
1 4 D'écharges artificielles pouvant être réutilisées ou cailloutis quaternaires sous-marins
~ Sabl~s et graviers exploitables.
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1 - LE CADRE GEOGRAPHIQUE ET OCEANOLOGIQUE.
A - La baie de ~arseille et ses annexes (carte 1)
La baie de Marseille prolonge vers l'Ouest la structure effondrée
du bassin de l'Huveaune, individualisée dès l'Oligocène et ravivœpar des mouve
ments tectoniques plus récents qui se sont prolongés durant le Mio-pliocène
et jusqu'au Mindel.
De ce bass·in d'effondrement il demeure des traits structuraux et
topographiques majeurs qui sont
1° - le littoral au Sud de la chaîne de la Nerthe, assez rectiligne,
est commandé par des failles de direction EW et SW-NE.
2° - l'archipel du Frioul cloisonne la baie de Marseille en deux
parties, la rade de Marseille au Nord, la baie du Prado au Sud.
3° - l'îlot du Planier et l'Ecueil immergé du Veyron (-13 m) forment
un alignement orienté E.NE - W.SW, se prolongeant jusqu'à plus de 6 milles nauti
ques du phare de Planier, par la zone du "plateau de Marsigli" et des "Berlinga
ous", bancs de roches alignées, jusqu'à des fonds de -100 m. Le haut-fond Planier
Veyron y forme la "crête" du Mangespin. Cette dernière cloison isole la partie
méridionale de la baie de Marseille.
L'archipel du Frioul, le Planier, Veyron, plateau de Marsigli, sont
représentés par des affleurements du faciès calcaires urgonien, dtâge barrémien.
Le précontinent s'étend très loin vers l'Ouest et le Sud-Ouest.
Au Sud de la côte des Calanques et de l'archipel de Riou s'ouvrent
deux canyons amenant très rapidement les profondeurs à 500 et même 800 m, ce sont
les canyons de Planier et de la Cassidagne. Plus à l'Ouest de la zone qui nous
intéresse, au Sud de Fos et du cap Couronne, se trouve une troisième l'vallée" :
le canyon de Couro~ne.
A l'Est du mêridien du cap Croisette, le précontinent se réduit de
8 à 4 milles nautiques. Il comprend:
}o _ le littoral des Calanques, du cap Croisette à Cassis, côte
calcaire abruëte présentant parfois des à-pics de 00 m au sud de la Grande
Candelle. Les Calanques de Sormiou, Morgiou, En-Vau, Port-Pin et Port-Miou, pour
ne citer que les principales, s'ouvrent dans ce littoral.
2° - l'archipel àe Riou.
3° - la baie de Cassis.
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4° - le littoral accore de Cassis au cap de l'Aigle se prolongeant,
vers l'Est, par la baie de La Ciotat.
Au Sud du cap de l'Aigle et de la baie de La Ciotat, le précontinent
s'étend à nouveau très largement par la présence d'un bloc paléozolque immergé:
le banc des Blauquières, prolongé vers l'Ouest par le plateau de l'Esquine (-85
à -130 ml. Il faut alors parcourir II à 12 milles nautiques pour retrouver les
grands fonds au Sud de La Ciotat.
Les cartes marines détaillées (5318 et 5190) et la carte géologique
sous-marine au 1/100.000 (feuille de Marseille - J. Blanc et C. Froget), éditée
par le B.R.G.M., rendent compte de la topographie sous-marine et de la nature
générale des fonds rocheux ou meubles, du point de vue de la lithologie et de la
granulométrie, calcimétrie.
B - Les masses d'eaux
Au large de ce littoral, les masses d'eaux se déplacent lentement,
en surface, de l'Est vers l'Ouest. Ce régime géostrophique permanent n'excède
guère une vitesse de 0,2 à 0,5 noeud. Il se trouve fortement altéré par les déri
ves rapides de surface liées aux vents de tempêtes et aux régimes météorologiques
de Mistral, Tramontane, vents d'Est, SE, et W.SW. Les azimuths peuvent être alors
très variés tandis que les flotteurs dérivent à grande vitesse : 20 à 50 m/mn.
Le flux rhodanien et un mouvement tourbillonnaire issus du golfe de
Fos forment un contrecourant dirigé de l'Ouest vers l'Est, longeant la chaîne de
la Nerthe et pénétrant dans la zone nord de la baie de Marseille. Ce mouvement
a été nommé "contre-courant de la Nerthe l1•
La marée montre un marnage moyen de 0,24 m et malgré quelques phéno
mènes locaux de résonance, apparaît négligeable pour le secteur qui nous intéres
se. Des oscillations de seiches sont relevées dans les bassins du port de
Marseille et dans la calanque de Port-Miou.
c - Au point de vue nautigue, les zones abritées sont les suivantes
1°) Littoral sud de la chaîne de la Nerthe (ou "route du Mistral"),
parfaitement à l'abri des vents du N, NW, NNW, jusqu'à la uzone neutre".
Cette étroite bande Est-Ouest est continuellement empruntée par les péniches se
rendant de Marseille à Fos (et vice versa) depuis l'effondrement du tunnel
maritime du Rove et par d'autres nombreux navires d'un tonnage plus important.
2°) Littoral au Sud de la côte des Calanques, pour les mêmes régimes,
ainsi que la baie de La Ciotat.
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3°) Mouillages à l'abri du Frioul et dans la baie de Marseille (zone
Sud rade du Prado), pour les régimes d'Est, SE et SSE.
4°) Aucun abri naturel efficace n'est réalisé pour les gros temps
issus de l'Ouest.
D - Les zones actuelles de servitude sont les suivantes
- "route du Mistral" au Sud de la Nerthe.
2 - chenaux de navigation des rades Nord et Sud de Marseille, du
200 au 290-300.
3 - zones des câbles au Sud et à l'Ouest de Marseille (cf. cartes du
S.H. 5318 et aIt.).
4 - zone de forage pétrolier expérimental à l'Est de Calseraigne.
5 - zone du sea-line des boues industrielles issues du traitement
de la bauxite (usine Péchiney à Gardanne), jusqu'à -350 m, dans le 185 de la
Pointe Cacaou.
6 - zones de "dwnping" dans l'herbier à Posidonies de la baie du
Prado (à proscrire du fait de la destruction des peuplements végétaux benthiques)
et aux débouchés des calanques de Port-Pin et Port-Miou (non fonctionnelle depuis
vingt années).
E - Les secteurs très pollués sont nombreux au voisinage de l'aire
urbaine marseillaise. Parmi les plus nombreux citons :
1 - Toute la zone Nord et NE de la rade de Marseille et jusqu'à 1
mille nautique à l'Ouest des bassins portuaires.
2 - Plage du Prado et ses annexes (Pointe Rouge) pour la zone Sud.
3 - Eventail autour de l'émissaire actuel de Cortiou, au Sud de
Marseille, sur la côte des Calanques, étalé en direction de l'Ouest ou de l'Est
par les dérives de vent d'Est ou de Mistral. En régime de Mistral, les effluents
pollués sortent de la baie de Marseille par les passes d'If et "doublent" le
cap Croisette et l'île Mairé pour se diriger ensuite vers l'Est et Callelongue.
Ces derniers mouvements ont été mis en évidence par des mesures de courant
(Castelbon, 1969) et des clichés à haute et basse altitudes en émulsions panchro
matiques, ectachrome ou infra-rouge.
II - UTILISATION ACTUELLE DE L'ESPACE MARIN.
Nous distinguerons
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- Les zones industrielles,
- Les zones portuaires et les chenaux de navigation,
- Les zones de loisirs et de pêche artisanale,
- Les zones de pêche au chalut et en haute-mer,
- Les zones de protection liées aux gîtes archéologiques.
A - Zones industrielles
Zone Nord, très polluée de la rade de Marseille, à vocation indus
trielle depuis le 19° siècle: métallurgie, tuileries et cimenteries, trafic
portuaire intense, etc ... Plus au Sud: silos, hydrocarbures, gare-maritime.
Déportés par les dérives de Mistral ou les lIbranches" annexes du
courant permanent, les hydrocarbures et les effluents franchissent les passes
d'If et d'Endoume pour contaminer la rade du Prado.
Au Sud de la côte "Salyenne" et de Port-Miou, on note le rejet des
"boues-rouges" dans la zone septentrionale du canyon de la Cassidaigne. La dis
persion de ces boues industrielles résultant du traitement de l'alumine se tra
duit par le colmatage du canyon et de son thalweg, mais encore des versants avec
des remontées temporaires et irrégulières à -200 ID et même à -90 ID, sur la
bordure au large du précontinent (Bourcier, 1969). Cependant, la majeure partie
des "boues rouges" se disperse au large jusqu'à des profondeurs de 2000 m.
Zone expérimentale de [orages pétroliers à l'Ouest de Calseraigne
et au Nord du Petit Congloué.
B - Zones portuaires et chenaux de navigation:
Elles comprennent essentiellement les ports de Marseille jusqu'au
Rove et les chenaux et zones de câbles (cf. "servitudes") s'irradiant autour de
la rade de Marseille et de la baie du Prado. Signalons les routes au 300 au Sud
de Riou, et les routes au 200, 210, 260, 270, etc ... Ces routes connaissent une
grande fréquentation peu propice aux travaux continus de pêche intensive, dra
gages, chalutages et plongées. Il en sera de même pour la "route du Mistral" au
Sud de la Nerthe.
c - Zones de loisirs et de pêche artisanale
Pêche d'artisans où pêche d'amateurs, petite navigation de plaisance,
plongées, natation en bordure immédiate de la côte et des îles, ski nautique,
etc ... Plusieurs sites importants sont à distinguer:
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1° - Zone sud du littoral de la Nerthe (nommée "Côte Bleue"), lieu
essentiel de villégiature et de pêche (roches et herbiers, oursins renommés,
pêche en nage libre, etc •.• ). Site très abrité même par fort Mistral.
2° - Archipel du Frioul : près de 10 km de littoral rocheux sous le
contrôle de la Marine Nationale, cédés en grande partie à la ville de Marseille
et en voie d'aménagement. Il s'agit d'un paysage rocheux et sauvage extraordi
naire, très peu connu du public et situé aux abords immédiats de Marseille.
L'aménagement de ce secteur devra être entrepris avec beaucoup de soin et de
mesure (rejets d'effluents épurés et de déblais).
3° - Zone Sud de la baie de Marseille (baie du Prado) : essentielle
ment vouée à la pêche artisanale et à la pêche d'amateur. Depuis la construction
du port de plaisance de la Pointe Rouge, on assiste au développement de la navi
gation à voile (plusieurs écoles). Au littoral, nous mentionnerons les plages du
Prado (1.500 m) et de la Pointe Rouge (450 m), à grande capacité d'accueil et
d'accès facile mais très polluées. La plage du Prado fera l'objet d'un important
aménagement (Blanc, 1969) lorsque les effluents et le cours de l'Huveaune seront
définitivement détournés.
4° Côte des Calanques: tourisme et sports nautiques, plongées,
pêche artisanale et d'amateur localisée aux herbiers à Posidonies et fonds ro
cheux, voile, navigation de plaisance, etc ... Le rejet de l'égout de Cortiou
altère grandement cette zone.
La destination militaire de l'île Riou (propriété de la Marine Natio
nale, mais accés libre et réglementé) n'altère point l'importance de touristique
de cet archipel si diversifié.
5° - Baies de Cassis et de La Ciotat, île Verte. Activités de pêches
et loisirs malgré des pollutions locales parfois étendues,étudiées par thermo
graphie infra-rouge (dérives en I1 sp irales l1 ou en "queue de comète").
o - Zones de pêche au chalut et en haute-mer
Elles sont limitées par les servitudes (zones de câbles, chenaux à
fort trafic). Nous mentionnerons le Sud de la Nerthe et du cap Couronne, le banc
des Blauquières au large de la Ciotat, mais, surtout, les secteurs au SW ou à
l'W.SW de Planier: les Berlingaous, le plateau de Marsigli, le grand espace du
précontinent (sables détritiques du large) entre les canyons du Planier et de la
Couronne, à la limite de l'extension sous-marine de l'envasement rhodanien.
E - Gîtes archéologigues zones de protection
- 17 -
Il convient de signaler les gîtes suivants
- épaves de Planier.
- banc du Veyron,
- épaves antiques de l'île Marré et du Grand Congloué (Blanc, 1953,
1956) ,
- grottes sous-marines de la Triperie et des Trémies (Bonifay et
Courtin, 1972).
Les grottes marines du littoral, entre le cap Croisette et Cassis
sont parfois le siège d'exurgences très importantes (Port-Miou et Cassis, Le
Bestouan). La "rivière Il souterraine de Port-Miou est actuellement en voie d'amé
nagement, sous la forme cl 'un "barrage" intérieur immergé à 450 ID de l'entrée
(Potié, Société des Eaux de Marseille et B.R.G.M.). Cette expérience, actuelle
ment unique au monde, décidera en partie, de l'alimentation en eau d'une aire en
voie de peuplement et d'aménagements accélérés (résidences, tourisme et loisirs).
Le "modèle" de captage et de régulation du site souterrain de Port-Miou pourra
éventuellement, être appliqué avec des modifications, en d'autres secteurs lit
toraux arides (1) caractérisés par des écoulements karstiques en charge débouchant
sous le niveau actuel de la mer, à la faveur de réseaux antéversiliens (J. Blanc,
1956 Corroy, Gouvernet, etc •• , 1958). Une prospection en thermographie I.R. a
permis de préciser la localisation des exurgences (recherches en cours).
Les grottes marines, outre leur intérêt hydrogéologique, sont actuel
lement des zones privilégiées pour les recherches biologiques et préhistoriques.
Les plongeurs et biologistes du Centre d'Océanologie d'Endoume (Harmelin, Vace
let, Zibrowius et el.) et les préhistoriens et géologues du groupe Bonifay
Courtin, ont dressé un inventaire détaillé des grottes marines. Citons les cavi
tés suivantes: Jaïre, Calseraigne, Moyade, Fontagne, Keïrons, Bec Sormiou
Capélan, Triperie (cap Morgiou), Morgiou-Est, Grande Candelle, Oeil-de-Verre,
cap Devenson, Castel-Vieil, Martin-Bouffo, Port-Miou et le Bestouan.
III - LES SECTEURS NERTHE-SUD ET NORD DE LA BAIE DE MARSEILLE.
A - Secteur Nerthe Sud
Du cap Couronne au cap Ragnon se situe une côte rocheuse très abritée
des vents du N, N.NW, NW devenant abrupte à partir du Rouet. Les criques échan
crées (Le Verdon, Ste Croix, Sausset, Carry, La Redonne) correspondent à des
(1) Nous pensons notamment au Péloponnèse et à la Dalmatie (Vélébits, Kotor, etc).
- 18 -
"éventails" détritiques sous-marins de sable mobile et lessivé. Les blocs et
fonds rocheux y forment également une frange presque continue molasses,
grès, poudingues, calcaires dolomitiques, calcaires, etc ...
L'herbier à Posidonies, vivace à cet endroit, se traduit par une
zone régulière parallèle au littoral, de quelques mètres à -25 m. Il consti
tue, avec les fonds de roches adjacents, une réserve de pêche appréciable qu'il
importe de protéger.
Plus au large, jusqu'à 50 ou 60 m selon les cas, et toujours parallè
lement au littoral, ont été cartographiées les formations du détritique côtier.
Ces sables et graviers hétérométriques recouvrent des fonds de roches et leur
puissance varie de 1 à 5 m, avec une épaisseur maximale de 7 m par endroits.
Une tendance à l'envasement se manifeste sur la marge externe profonde et au NNE,
à partir du cap Ragnon. Les formations du détritique côtier entourent deux sec
teurs rocheux importants (La Plaine de Carry) au Sud de Carry-le-Rouet, par -27
et -25 m. Des zones de graviers biogènes forment des épandages au Sud de la
Couronne, Ste Croix et surtout, au Sud de Sausset et Carry. Ce détritique côtier
réalise une certaine réserve potentielle de sables et d'agrégats (sites de
"Nerthe-Sud"). Mais des extractions systématiques améneraient la destruction
rapide des fonds de pêches.
B - Nord de la baie de Marseille
Ce secteur est l'objet d'un envasement d'origine rhodanienne facilité
par la présence du contre-courant de la Nerthe. Ainsi, les troubles (riches en
minéraux d'origine rhodanienne), s'accumulent, au terme d'un courant turbide
dirigé de l'Ouest vers l'Est, dans la partie Nord de la baie de Marseille,
"bloqués" au Sud par le cloisonnement des îles et hauts-fonds du Frioul-If-Endou
me. En 1883, c'est-à-dire bien antérieurement aux récents travaux du golfe de
Fos, A.F. Marion avait constaté ce phénomène d'envasement alors strictement
localisé au Sud de la Nerthe et à la partie septentrionale de la Baie. Depuis,
ce dernier nIa fait que s'accentuer et, actuellement, le faciès des vases ter
rigènes côtières envahit le détritique côtier et, débordant l'archipel du
Frioul, pénètre dans la partie méridionale de la baie de Marseille; les troubles
peuvent s'étendre jusqu'au Prado. Les recherches de F. Picard traduisent les
récentes modalité de cette progression.
IV - BAIE DE MARSEILLE-SUD ET BAIE DU PRADO.
Les fonds rocheux du Frioul, de la Corniche, du Mont Rose et des
- 19 -
Goudes sont doublés par l'extension des "mattes lt, plus ou moins dégradées, et
de l'herbier vivace à Posidonies. Cela correspond à peu près exactement à la
localisation des lieux de pêche encore relativement protégés des envasements
et de l'influence humaine. En bordure du littoral, on note
- sables et graviers mobiles dispersés par les courants de fond
(Endoume, La Corniche).
- sables fins lessivés, isométriques, très mobiles à la plage du
Prado, jusqu'à -Il m (Blanc, 1969).
Au large de l'herbier à Posidonies, de -23 à -96 m, la baie de
Marseille-Sud présente le développement remarquable des trois faciès du "détri
tique côtier ll s .1. :
- détritique côtier proprement dit: sables hétérogènes, polygéni
ques (composantes hiogènes autochtones et allochtones, composantes "minérales ll
détritiques et apport bioclastique fossile ou sub-fossile).
2 - sables et graviers bioclastiques à Lithothamniées ("maërl" en
place ou remanié), assez mobiles; concrétionnements divers, débris de mollus
ques, etc ...
3 - détritique côtier envasé (D.C.E.) enrichi en pélites et en miné
raux phylliteux d'origine essentiellement rhodaniennes et en matières organiques.
Or, ce détritique côtier envasé montre deux dispositions essentielles pour le
secteur considéré
a) détritique côtier envasé aux marges d'extensions du faciès des
vases terrigènes côtières (V.T.C.). Il marque la progression d'un front terri
gène s'étendant de l'Ouest vers l'Est (J. Picard, F. Picard, L. Blanc-Vernet,
J. Blanc). Les dérives de Mistral et les courants de fond sont responsables de
ces phénomènes dont la récente accentuation apparaît probablement (et en partie)
liée aux terrassements et "dumpings" systématiques au golfe de Fos.
b) détritique côtier envasé lié à des "cellules" de décantation au
centre de tourbillons et aux zones calmes ("zones cl 'ombre"), en arrière des
cloisons insulaires et des hauts-fonds (Frioul, If, Planier, Mangespin). Les
courants de direction NW-SE et N-S, correspondent à la "fermeture" vers le Sud
des circuits de la baie de Marseille, notamment au Sud du cap Caveau et par les
passes du Frioul-If-Endoume (Castelbon, 1971). La perte d'énergie liée au ralen
tissement amène la sédimentation des troubles par décantation (enrichissement
en pélites et en matière organique). Ces "taches" sont mobiles et paraissent
s'étendre sous l'influence annexe de courants de fond comme le montrent les tra-
vaux de J. Picard, F. Picard, J.P. Reys et P. Weydert. Au Sud du Mangespin, du
- 20 -
cap Croisette et de l'île Marré, on observe l'extension d'une zone de D.C.E.
s'étirant vers l'Est et l'archipel de Riou.
v - ARCHIPEL DE RIOU.
L'archipel de Riou est représenté par deux alignements insulaires
parallèles, orientés NW-SE et correspondant vraisemblablement à une vallée
tertiaire. La présence de variolites remaniées et de minéraux d'origine alpine
disséminés fait penser à un très ancien réseau durancien. Le substratum rocheux
(calcaire urgonien) montre un modelé karstique, colmaté par des loess durcis
et des limons rubéfiés, avec des grottes, dolines et "niches de nivation"
immergées (Riou, Jarré, Calseraigne) (1).
L'herbier à Posidonies et les "mattesl1 stétablissent sur un fond
rocheux (calcaires urgoniens, brèches quaternaires würmiennes, grès, etc ... ).
Ces fonds de pêche sont ravinés dans les passes par les courants de fond, de
direction Est-Ouest ou l'inverse, liés aux dérives de vent d'Est et de Mistral.
Les mattes dégradées alimentent des lobes bioclastiques étirés dans le sens des
courants et jalonnant l'axe des passes. Un sédiment mobile, lessivé et isométri
que, parfois relativement grossier, correspond à ces faciès d'érosion sous
marine (sables à Amphioxus). Ces sables mobiles s'étendent depuis plusieurs an
nées et leurs modalités topographiques ont été cartographiées. Les chenaux les
plus importants sont observés dans la passe entre Riou et Calseraigne. Un phé
nomène assez voisin a été noté près de l'île Verte et le cap de l'Aigle, à la
Ciotat, en une zone également parcourue par les courants de fond. Des lltâches ll
de "maërl" peuvent s'associer au détritique côtier (Petit Congloué), en bordure
de ces faciès lessivés. Dans les passes rocheuses (Grand Congloué) et les talus
sous-marins se développent encore les concrétions coralligènes (Les Empereurs,
au Sud de Riou).
Plus au Sud, on relève l'extension normale des fonds du détritique
côtier (jusqu'à -95 m) et des sables détritiques du large se prolongeant, par
-120 m, à une latitude de 43°03'N.
VI - LITTORAL DES CALANQUES ET DE LA CIOTAT.
Le littoral abrupt forme des falaises atteignant parfois plusieurs
centaines de mètres. A leur pied se développe un éboulis, sous marin, parfois
(1) Recherches en cours (J. Blanc et R. Monteau).
- 21 -
jusqu'à -25 m, formé de blocs très volumineux (La Grande Candelle, Falaises du
Soubeyran). Ces éboulis sont liés à des rejeux de failles au Quaternaire (litto
ral du massif de Puget) et à la décompression des versants. La dernière phase
d'écroulement importante paraît remonter au Boréal (8.500 à 7.500 A.B.P.)
d'après les travaux de M. Escalon de Fonton (1969, 1970). Mais des phases plus
récentes (moyen âge et 1946) continuent à souligner l'instabilité générale de
ces secteurs (1).
Un herbier à Posidonies assez réduit et les biocoenoses du "coral
ligène d'horizon inférieur de la roche littorale" accompagnent la frange détri
tique li ttorale.
Sur le fond, les courants de décharge jouent un rôle majeur en deux
cas précis
a) au débouché des Calanques (Sormiou, Morgiou, En-Vau, l'Oule,
l'Oeil-de-Verre, Figuerolles), les courants de décharge étalent vers le large
des lobes bio-clastiques sous-marins alimentés par les matériaux érodés aux
dépens du talus détritique littoral et des herbiers dégradés à Posidonies (J.
Blanc, 1958). Ces formations relevant déjà de l'étage circa-littoral s'apparen
tent aux sables et graviers lessivés du détritique côtier. Elles ont été décou
vertes par J. Picard (1965) et nommées: "sables des bouchons de Calanques".
Ces épandages mobiles sous-marins, à caractères deltaïques, atteignent une
profondeur de 40 et même 44 m. Il s'agit d'un excellent matériau malheureusement
inexploitable du fait des contraintes biologiques.
Lorsque la profondeur et le rayon hydraulique des chenaux augmentent,
l'énergie des courants compensateurs s'annule et l'on note la lI s équence latérale"
suivante :
sables hétérogènes du détritique côtier (-90 m)
sables fins vaseux du D.E.C. (-97 m)
sables détritiques du large (de -100 à -180 m)
vases bathyales.
b) Au bas des falaises et éboulis du Soubeyran, les courants de
décharge issus des vagues de tempête (Mistral) provoquent des aires de troubles
allongées vers le large avec mise en suspension générale du sédiment. Plusieurs
chenaux ont été observés et les sables et graviers mobiles sont étalés en lobes
sous-marins jusqu'à des fonds de -35 m.
Plus au large on trouve des graviers à Lithothamniées (circalittoral
supérieur) dont la répartition correspond à 3 modalités :
(1) Recherches en cours (J. Blanc).
/
- 22 -
1) Graviers au pied des talus détritiques des falaises du Soubeyran,
entre Cassis et le Sémaphore de La Ciotat (-30 à -60 ml. Les pentes demeurent
très fortes en de tels sites réalisant une réserve potentielle d'agrégats.
2) Graviers à Lithothamniées situés au centre de deux "cellules"
de convection liées à des courants tourbillonnaires dans la baie de Cassis
(courant permanent très faible, mais fortes dérives par régimes de Mistral et
"zone d'ombre" avec tourbillon par vent d'Est). Les graviers organogènes, plus
lourds et aux formes irrégulières, se déposent très rapidement lorsqu'ils sont
allochtones, dans les secteurs à très faible énergie, au centre des circuits,
tout Comme les troubles fins du détritique côtier envasé (de -37 à -60 m) (1).
3) Graviers du plateau sous-marin de la Cassidaigne. de -8 à -46 m,
disposés en faible épaisseur sur une surface rocheuse irrégulière. Gîte inex
ploitable et très exposé.
Les gîtes de types 1 et 3 sont généralement autochtones alors que le
type 2 résulte souvent d'un apport initialement allochtone.
VII - CARACTERES GENERAUX ET UTILISATION POTENTIELLE DES TYPES DE FONDS CARTOGRAPHIES (volr carte 1) :
A - Sables mobiles du prisme littoral: 0 à -12 m
- sables fins) lessivés, très isométriques,
- origine mixte : biogène et détritique,
- teneur en carbonate: 30 à 80 % selon les types d'alimentation et
la nature lithologique du littoral,
- dynamique traction, saltation, suspension (vagues et courants de
décharge, déferlements, transferts très localisés).
- usage: bâtiment, travaux public, pas de débourbage,
- géotechnique: matériau compressible, poreux, perméable, portance
moyenne.
- épaisseur jusqu'à plusieurs mètres,
- outillage dragues, bennes, lançage, vibro-fonçages,
- contraintes : exploitation à prohiber strictement à cause du
danger d'érosion et de la rupture immédiate du profil d'équilibre littoral,
- mouillages: médiocres. Zone d'action des vagues.
(1) Le même phénomène s'observe dans la baie de La Ciotat où il a été découvertpar J. Picard et continue a être étudié par cet auteur.
CAP COURONNE! BAI!: DE MARSEILLE! BEC DE 1-' AIGLE •
Eboulis sous-marins hétérogènes ou instables , blocs •
2 - Sables mobiles et léssiv6s du l'prisme littoral", Sables
fin's élutriées
J - Sables fins mobiles et bien classés des fonds de baies •
4 - Zones des Herbiers à Posidonies et "mattes 11 à prot~ger
Bonne portance •
5 - Mattes érodées Fonds instables •
6 - Sables mobiles des chenaux cttérosion et des passes (Herbier
etc ..• )
7 - Sables ~étér6g~nes du D'triti~ue cotier plus 6u m6ins
mobiles •
8 Sables grossiers et graviers du Détritique cotier
9 Détritique cotier envasé, passage aux vases terrigènes
cotières, etc •••
10- Vases poililuées thixotropiques, vases portuaires, Portance
faible à nulle. Fonds insalubres, bons mouillages.
11 - Vases terrigènes cotières • Vases gluantes thixotrppiques.
autres faciès d'envAsement, etc .•• portance faible à nulle.
12 - Sables et vases sableuses h~térogènes du Détritique du
large •
13 Sables grossiers et grAviers du Détritique du large.
,4 - Vases bathyales.
15 - Roches, appuis résistants à portance élevée.
16 grottes marines et sous-marines
17 Sens de la dérive liée au vent
18 - Zone d'éboulement au pied de falaise
19 - EXAensions prévisibles et à court terme des zones de
pollutions
20 - Dépots de matériaux grossiers non tox~wues , zones de
If dumping".
21 - Dépots de materiaux fins non toxiques, boues rouges etc •••
Centre National pour l'Expioitation des Océans CAP COURONNE - BAIE DE MARSEILLE - BEC DE L'AIGLEJ.BLANC, Laboratoire de Géologie marine, Centre d'Océanographie,
Marseille Luminy.
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- 23 -
B - Herbiers à Posidonies : de quelques mètres à -30 m
- sable coquillier hétérométrique,
- origine essentiellement bio-détritique,
- teneur en carbonates : 90 à 99 %.
- dynamique: sédiment fixé par les frondes de Posidonies, mattes
érodées par les courants de fond et formation de "tornbants ll et Il chenaux inter
mattes".
- usage: travaux publics, agrégats, pas de débourbage,
- matériau compressible, poreux, perméable, portance moyenne.
- épaisseur de 0,50 à 5 m.
- outillage dragues, bennes, lançage, vibro-fonçage.
mouillages: bonne tenue, arrachage des souches de Posidonies.
- contraintes: exploitation à prohiber strictement afin d'éviter
la destruction systématique des biotopes et fonds de pêches, destruction du
profil d'équilibre littoral. A protéger impérativement.
c - Fonds à concrétions coralligènes de quelques mètres à-50 m
- biothites caverneuses,
- origine essentiellement biogène,
- teneur en carbonate : 97 à 99 %,
- usages: aucun en l'état actuel,
- géotechnique matériau incompressible et poreux. Portance moyenne
à forte.
- épaisseur jusqu'à 2-3 m.
- outillage déroctage sous-marin, explosif, électro-carottage.
- mouillages: fonds "vifs", bonne tenue, risques de perte par
accrochage.
- contraintes fonds de pêches à protéger.
D - Détritique côtier s. 1. de -25 à -95 m.
- sable hétérométrique,
- origine mixte: matériel détritique, fossile et bioclastique actuel,
- teneur en carbonates: très variable: de 45 à 90 %,
dynamique: courants de fonds, charriages et suspension momentanées
- usage: débourbage souvent nécessaire, bâtiment et travaux publics,
- matériel compressible, poreux, portance faible à moyenne,
- 24 -
épaisseur de 2 à 5 m,
- outillage dragues puissantes, suceuses, lançage, vibro-fonçage,
- contraintes : exploitation possible dans la limite : -20 à-3D m.
Eviter absolument les risques d'érosion et de colmatages, par les "fines" en
suspensions, des fonds de pêches (herbiers).
- mouillages: bons.
E - Graviers du détritigue côtier -23 à -60 m.
- graviers, nodules et concrétions biogènes, "maërl".
- origine biogène autochtone ou allochtone,
- teneur en carbonates : 97 à 99 %.
dynamique: traction, courants compensateurs, courants de fond.
Accumulations en zones calmes.
- usage: agrégats.
- géotechnique : matériau compressible, portance nulle.
- épaisseur faible à très faible. Il s'agit généralement de placage.
- outillage dragues, vibro-fonçages.
- contraintes : profondeurs trop importantes et sites exposés sauf
à Nerthe-Sud. Substrats rocheux et proximité de peuplements à préserver. Tonnages
faibles.
- moui 11age s généralement mauvais.
F - Détritigue côtier envasé de -25 à -100 m.
- sables fins vaseux, sables hétérométriques vaseux, sablon péliti-
que, graviers envasés, etc ...
- origine mixte: dominance des éléments terrigènes,
- teneurs en carbonates : très variables de 45 à 80 %.
- dynamique: action des courants de fond. Traction, suspensions
momentanées.
- usage travaux publics, agrégats. Débourbage nécessaire et souvent
trop onéreux.
- géotechnique: matériau compressible à très compressible, porosité
et perméabilité variables, portance faible, matériel parfois fluant (enrichisse
ment en phyllites).
- épaisseur faible 1 à 2 m. Recherches en cours.
- outillage bennes, dragues, suceuses, lançage.
- contraintes : profondeurs trop importantes et débourbage obliga-
toire.
- mouillage bon.
- 25 -
G - Vases terrigènes côtières: de -55 à -200 m.
- vase gluante, pélites dominantes (faciès de lutite).
origine terrigène: troubles issus de l'épandage rhodanien.
teneur en carbonates : 28 à 40 %.
- dynamique: contre-courant de la Nerthe, dérive de Mistral et W.NW,
suspensions vraies et momentanées, courants compensateurs de fond.
- usage: boues montmorillonitiques, remblais.
géotechnique: matériau fluant et thixotropique, souvent peu per
méable, portance très faible.
- épaisseur de quelques mètres à 30 m.
- outillage dragues, suceuses, vibro-fonçage, etc ...
contraintes : aires souvent polluées. Présence de IIcomplexes gon
flants l1, minéraux interstratifiés et montmorillonites concentrant par adsorbtion
les éléments polluants (hydrocarbures, pesticides) ou très toxiques (métaux: Pb,
Hg, etc .. ). Les travaux sous-marins doivent tenir compte de l'éboulement inces
sant des talus (à Fos: talutages avec des "fruits" de 1/30). Risques d'embour
bages et de pollutions turbides des milieux voisins en fonction du sens des déri
ves dominantes.
Enfouissement rapide des câbles et corps-morts.
- mouillages: bons à excellents.
H - Sables détritiques du large de -95 à 180 m
sables coquilliers rubéfiés et grossiers, matériel hétérométrique.
- origine mixte : détritique, bio-clastique fossile (thanatocoenoses,
bioclastique actuel.
- teneurs en carbonates : variables : 40 à 85 %.
- dynamique: en-dessous de la zone d'action des vagues et des cou-
rants compensateurs. On ignore la dynamique des courants de fond éventuels à
ces niveaux.
- usages possibles
nécessaires.
bâtiment, travaux publics. Débourbages parfois
- géotechnique : même remarque que pour le détritique côtier.
- épaisseur : de 1 à 2 ou 3 m. Le plus souvent, cette épaisseur
est réduite ou inconnue.
- outillages: électro-vibro fonçage, forages sous-marins (1),
(1) Essais de la "C.O.M.E.X." au large de Marseille (1972).
- 26 -
suceuse, dragues flottantes.
- contraintes : sites très exposés et à trop grande profondeur
compte tenu de la valeur du matériau et de la technique actuelle d'extraction
profonde. Mais les tonnages potentiels sont importants et les contraintes biolo
giques réduites. Zone propice aux chalutages de haute-mer.
- mouillages: corps-morts de structures flottantes ou immergées.
Essais à effectuer.
VII - EQUIPEMENT DU PRECONTINENT ET DU LITTORAL.
Dans une étude prospective à moyen terme il nous faut envisager
parmi les actions multiples et raisonnablement possibles :
les aménagements littoraux,
les ouvrages lourds,
les extractions de sables et agrégats sous-marins,
les rejets (émissaires, industries, travaux publics),
la conduite à tenir à moyen et long terme.
A - Aménagements littoraux
- Aménagements de plages: aménagement de la plage du Prado: digues,
épis en T inclinés et alvéoles. Cet aménagement demeure subordonné à la dévia
tion complète de l'Huveaune (à l'exception du réseau pluvial, avec recharge de
la nappe phréatique du Prado) et des émissaires littoraux. Des aménagements de
plages complémentaires peuvent être prévus au Rouet, Cassis, La Ciotat.
- Aménagements portuaires : ils sont possibles au secteur de Nerthe
Sud: Carry et Sausset. Les sites de la Redonne et Méjean comportent un accés
par la terre très médiocre. Il est difficile, du fait de son exposition, d'éten
dre le port de la Pointe Rouge.
Terrains conquis sur la mer : près de 15 hectares pourront être
empiétés à la plage du Prado moyennant des précautions rigoureuses et le
respects des peuplements de l'herbier à Posidonies. Même remarque pour la baie
de La Ciotat et Nerthe-Sud. A l'exception de la plage du Prado, le secteur est
assez peu propice à des extensions d'envergure: exposition et pentes trop
fortes.
B - Ouvrages lourds
- 27 -
- digues et brise-lames: extension possible de l'abri du Frioul
par l'édification bien étudiée de brise-lames. Le projet de relier l'archipel
du Frioul à la Corniche par des digues lourdes est à proscrire car il entra
verait complètement les circuits courantologiques naturels de la baie de ~~rseil
le. En revanche des ouvrages perméables, sea-line, câbles, etc .•. ont été réali
sés et leur extension demeure possible. Des sondages de reconnaissance sous
marins sont indispensables avant l'édification de tout ouvrage lourd. Ils seront
précédés par une campagne géophysique légère: "sparker", "boomer ll et sonogra
phie latérale.
- îles artificielles :
a) ~~~~§~~ : hauts-fonds de Canoubier et Sourdaras entre If et la
Pointe d'Endoume.
b) ~~~~:~!~~~~~~~~_~~_~!~~~~~~~~: roches de la plaine de Carry
(-25 à -27 m), le Veyron (-15 m), écueils de Miet et du Milieu (archipel de
Riou) (1), plateau de la Cassidagne (-8 m, -36 m et -33 m), écueils de l'île
Verte (Canonnier -7 m et à l'Est de l'île -15 met -19 m).
c) ~~~_~~~~~~~~~~_~!~~~~~~~~_~~2~~~~~~~~: dans la zone d'abri au
Nord de la baie de Marseille, peuvent être étudiées.
- forages off-shore: réalisés par l'I.F.P. à l'Ouest de Calserai
gne (-70 m), à 950 m de profondeur et à l'abri de Pomègues (essais technolo
giques). D'autres essais ont été entrepris par la COMEX à Riou et au Frioul. Un
sondage plus important avec tête de puits sous-marine controlée par plongeurs
est prévu au Sud du Planier, près du rebord oriental du canyon (essais techno
logiques COME X) , sur une assise stable. D'autres sites, tr2s cxpos~s, sont pos
sibles à Cassidaigne et au banc des Blauquières.
c - Extractions de sables et d'agrégats:
Les baies de llarseil1e, Cassis et La Ciotat semblent devoir être
rejetées du fait de contraintes multiples : herbiers, fonds de pêches, pollu
tions, câbles, chenaux ùe navigation, etc ...
Les sites de Nerthe-Sud et Riou-Ouest peuvent être retenus après une
étude critique détaillée et avis des spécialistes en Biologie marine. Il en
Sera de même pour les gîtes de Canaille, très exposés et à forte pente. La
limitation de la profondeur d'extraction à -30 ou -35 m réduit l'étendue des
gisements et il faudra admettre, en cas d'exploitation, la dégradation des
herbiers voisins (Riou, Carry, Sausset, Canaille).
(1) Sondages d'essais de la COMEX.
- 28 -
La mise au point d'une technologie rentable d'extraction profonde
permettrait de reconsidérer la question et d'étendre alors l'extraction aux
sables détritiques du large qui posent beaucoup moins de problèmes quant aux
servitutes d'exploitations.
o - Rejets :
"Rejeter des déchets ou des effluents en mer, ne signifie pas
forcément poluer" (1).
- Problème de l'extension des émissaires:
La création d'émissaires sur la côte de Nerthe-Sud est à proscrire
car les effluents se dirigeront vers l'Est pour augmenter la pollution, déjà
très forte, au Nord de la baie de Marseille.
Aucun rejet ne devra être effectué dans la baie de Marseille-Sud
(problème du détournement de l'Huveaune dans le collecteur supplémentaire de
Cortiou). La conservation des fonds et les aménagements de la plage du Prado
sont subordonnés à ces dispositions.
· Le rejet actuel de l'égoût de Marseille à Cortiou ("grand collec
teur"), qui doit être "doublé", accentue la pollution de la côte des Calanques,
voire de l'archipel de Riou. Le projet d'un émissaire en eau profonde doit être
reconsidéré. L'éventualité d'un rejet en eaux plus profondes, vers -150 m,
au large de Riou serait, à priori, intéressante mais pose de graves problèmes
techniques et financiers 0 Une solution à moyen terme, comportant une ou plusieurs
stations d'épuration efficaces et à forts débits, serait de nature à concilier,
dans une certaine mesure, les rejets en mer et le développement urbain de
Marseille.
• Les clichés en infra-rouge ("scanning", (télédétection) et fausses
couleurs) montrent la pollution en tourbillons et volutes de l'égout actuel
dans la baie de Cassis. Une certaine dilution est réalisée et les effluents
s'éloignent vers le SSE et le large. Mais une augmentation de débit, augmenta
tion prévisible, exigerait une station de traitement des eaux.
· Egout actuel de La Ciotat, au Nord de la Calanque de Figuerolles :
site de rejet bien choisi, dilution rapide des effluents vers l'Ouest et le SE,
favorisée par les dérives et la très forte pente du fond.
· Egoût de la Villa des Tours (baie de La Ciotat). Les clichés en
émulsions I.R. et la télédétection (thermographie I.R.) mettent en évidence
une pollution générale de la baie sous la forme d'un tourbillon dirigé vers le
(1) Rapport CNEXO (1972) (R. Toussaint) : le programme du CNEXO en matièred'aménagement de la frange maritime du littoral, p.12 (18 Avril 1972).
- 29 -
SE, puis l'Est et s'étalant, à certaines heures, vers le littoral en se diluant
(missions I.G.N.).
Seul l'égoût de Figuerolles peut rejeter, sans inconvénients majeurs,
un débit d'effluents beaucoup plus important (1).
- Problème du rejet des "boues rouges" industrielles :
Les recherches de Bourcier (1969) et de la Station Géodynamique de
Villefranche me dispensent d'insister sur ce problème. Glissant sur une pente
très abrupte jusqu'à -700 m, les boues rouges, cartographiées par Bourcier
s'étalent très au large, sur le fond, jusqu'à -2.000 m et empatant aussi les
versants du canyon de la Cassidagne en s'insinuant vers le thalweg occidental.
Par certains régimes encore mal connus (ondes de tempêtes? "upweZZing" ?), les
suspensions remontent à -200 m, salissant des filets à plancton, voire à -90 m,
sur la bordure externe du précontinent. Le débit actuel de 7 m3 /h a été récem
ment doublé. Bien que les régimes de remontée soient fortuits ou épisodiques,
la situation n'apparaît pas alarmante pour les peuplements benthiques mais une
rupture du sea-line, dans son trajet sur le précontinent, au Sud de Port-Miou,
serait très grave et contaminerait immédiatement la baie de Cassis et, proba
blement, son littoral.
Pour des nouveaux rejets plus conséquents de boues industrielles
(exploitations en extension aux Baux-de-Provence), les recherches devraient
slorienter vers des secteurs à très forte pente, au large, à taux de sédimen
tation très rapide tels que le canyon de Couronne ou, plutôt, le canyon du
Rhône.
- Zones de "dumping" : matériaux solides non polluants, produits
de terrassements, déblais de travaux publics ou de carrières, etc ...
Les conditions favorables sont les suivantes :
1 - K~~~~~E~_E~~~~~~~~ : rejets en zones abritées des vents dominants
et à une profondeur suffisante, en-deçà de la zone d'action des courants compen
sateurs, lesquels pourraient étaler trop loin les matériaux.
2 - K~~~~~E~_~~2!2g~~~~~ : rejets éloignés des fonds d'herbiers et
des lieux de pêche fréquentés.
3 - K~~~~~E~_~~~~~~~~~~_~~_~~2~2~~~~~~ rejets les plus proches
possibles des sites urbains ou d'extraction, en dehors des zones de trafic
important ou des trajets de câbles et sea-line, pente faible à nulle.
Deux sites ont été retenus après une étude du milieu:
1) Nord de la baie de Marseille: -54 m, vases terrigènes côtières,
pente faible. Secteur abrité du Mistral, à 1,5 mille nautique de l'aire
(1) Signalons les levers détaillés et inédits de J. Picard en ce secteur.
- 30 -
portuaire, à 0,85 mille nautique dans le 164 du feu du cap Ragnon. Ce site
peut se prêter à une grande extension et le colmatage de ce secteur déjà très
envasé naturellement, n'altèrera point les peuplements existant sus-jacents
et déjà dégradés.
2) Sud-Ouest du cap de l'Aigle: -60 m, pente moyenne, détritique
côtier déjà pollué par l'égoût de Figuerolles à La Ciotat. A 1,4 m.nautique du
port de La Ciotat.
D'autres sites peuvent être étudiés en fonction des besoins.
E - Conduite à tenir
A long ou moyen termes, il paraît opportun de considérer les points
suivants
1° - Secteurs à protéger impérativement:
Littoral Nerthe-Sud, côte des Calanques, baies de Marseille-Sud,
Cassis et La Ciotat. Archipel de Riou, île Verte.
2° - Secteurs pouvant être aménagés :
. !~~~~~E~~ : baie de Marseille-Nord, en complément des aires de
Berre et Fos, irrémédiablement polluées et transformées •
. !~~E~~~~_~~~~~g~~ archipel du Frioul et baie de Marseille-Sud.
3° - Secteurs menacés par les IImarées noires ll:
En cas de sinistre maritime, ou rejets intempestif d'hydro-carbures,
les aires de départ sont les chenaux d'accés à Fos, Berre et Martigues. Le
danger immédiat est représenté par l'écueil du Planier et la Pierre-à-la-Bague.
Le contre-courant de la Nerthe et les dérives de Mistral et de vent
d'Ouest constitueront les vecteurs dangereux. Les hydrocarbures pénètreront
dans la baie de Marseille et aucun courant de marée ne viendra les dégager,
même pas un éventuel changement de régime (vent d'Est).
Les littoraux très menacés sont
Le littoral de Nerthe-Sud,
Le "cul-de-sac" de l'Estaque-Le Rove, au NNE de la baie de Marseille
La zone occidentale du Frioul
Le littoral de la Pointe Rouge, le Mont-Rose, les Goudes, au SW de
la baie du Prado, où une "marée noire", fort heureusement localisée, a été
observée en 1971 (Pointe Rouge, Madrague de Montredon).
En fait, les menaces les plus importantes viennent de l'Ouest et
les nappes d'hydrocarbures devraient pouvoir être signalées à temps et déviées
- 31 -
vers le Sud avant d'atteindre le méridien de Planier. Le lIcourant-généralll,
dirigé d'Est en Ouest, déporterait alors ces dernières vers Port-la-Nouvelle
ou les Baléares, ce qui laisserait une marge d'action de plusieurs journées
étant donnée la vitesse faible de ce courant. La présence d'une forte dérive
de vent d'Est agraverait le phénomène aux dépens du littoral camarguais ou
languedocien. La marge d'intervention serait beaucoup plus limitée en ce cas.
- 32 -
- CHAPITRE 3
NOTES SUR L'AMÉNAGEMENT
DE L'AIRE MARITIME, DE 0 À 60 MDE PROFONDEUR
DU CAP DE L'AIGLE AU CAP CEPET
(SUD DE TOULON) (1)
(1) Recherches et relevés sous-marins effectués par J. Blanc etE. Muschotti, docteur de 3ème cycle.
- 33 -
1 - CADRE GEOGRAPHIQUE ET OCEANOLOGIQUE (carte 2)
La région étudiée s'étend du Sémaphore de La Ciotat au cap Cépet,
au Sud de la ville de Toulon. A l'exception du secteur situé au Sud du Bec de
l'Aigle, (où la cartographie a été menée jusqu'à -120 m, par L = 43°05'N) l'iso
bathe 60 m a constitué notre limite inférieure (1).
Ce travail a porté, de l'Ouest à l'Est, sur les littoraux suivants
- baie de La Ciotat,
- côte accore de la Pointe Grenier à la Pointe des Engraviers,
- baie de Bandol, limitée au Sud par la Pointe de la Cride,
- baie de Sanary et archipel des Embiez, dans la partie méridionale,
- côte accore de Sicié jusqu'à la plage des Sablettes,
- littoral méridional de la presqu'île de Saint Mandrier jusqu'au
cap Cépet.
Le précontinent demeure largement représenté au Sud du cap de
l'Aigle et de la baie de La Ciotat l'isobathe 200 se trouve reportée à 9m.n.
du littoral (et les fonds de 1.000 m à 12 m.n.). Au Sud de Bandol, la largeur
du précontinent demeure encore égale à 4,5 rn.o. Cette vaste surface sous-marine,
légèrement inclinée et irrégulière, accidentée de contre-pentes (banc des Bro
quets à -70 m, par L = 43°03'N et G = 05°39'E), constitue la zone sud orientale
du Banc des Blauquières étudié par J. Bourcart, C. Froget et J. Blanc (2).
Dès le méridien 05°45'E (écueil de la Basse Moulinière, à l'Ouest
de l'archipel des Embiez), le précontinent se réduit brusquement à 2 ou 3 m.n.
du fait de la présence du canyon de Sicié.
Le tracé des côtes, irrégulier et complexe est une conséquence de
l'héritage géologique (lithologie et structures tectoniques très variées) :
grès du Crétacé supérieur à la baie de La Ciotat, accidents du Trias et Juras
sique de la pointe Grenier et de port d'Alon, synclinal de Bandol et son remplis
sage oligocène, Trias et Permien en baie de Sanary, socle paléozoIque au Brusc
et au cap sicié (phyllades et quartzophyllades) ainsi qu'à l'archipel des Embiez,
pélites et grès permiens à Saint Mandrier et au cap Cépet (Gouvernet, Froget,
Muschotti et al.).
(1) En fait pour la compréhension de certains secteurs, les relevés ont parfoisporté jusqu'à -65 et -75 m.
(2) Le véritable "banc des Broquets" est situé à 3m.n. dans le 267 de la sonde-117, appelée à tort, "B. des Broquets" sur la carte S.H.5325.
- 34 -
· Les masses d'eaux montrent les déplacements suivants
a) courant géostrophique permanent, dit "courant général l1, se tra
duisant, surtout par beau temps, par un déplacement continu des masses d'eaux de
l'Est vers l'Ouest à des vitesses comprises entre 0,5 et 0,2 noeud.
b) par régime d'Est (vents E; E.SE, E.NE, etc .. ), les dérives accé
lèrent le courant général et de fortes vagues battent les caps Cépet et Sicié.
c) par régime de Mistral (vents W.NW, N.W et N.NW), les secteurs
exposés sont l'île Verte, la pointe Grenier et le Grand Rouveau (partie occi
dentale de l'archipel des Embiez). Les dérives sont alors très rapides (10 à
60 m/mn) et portent du NW vers le SE, comme le montrent des mesures directes,
les plans de vagues et les photographies aériennens.
· Plusieurs remarques sont à développer :
)0 _ Le "courant général" ne se manifeste qu'au large du littoral
(5 à 3 m.n) ; il n'a aucune influence sédimentologique directe sur la répar
tition et l'évolution des formations meubles du rivage.
2° - Les dérives liées aux vents de Mistral et d'Est correspondent
à des courants de surface rapides et irréguliers (1 à 3 noeuds), tourbillonnant
dans les baies de La Ciotat, Bandol et Sanary. Le courant de dérive lié au
Mistral demeure violent au cap sicié et conditionne un transfert littoral,
orienté du SW au NE, vers les Sablettes (Blanc). La vitesse et les influences
sur le fond, relatives à ces courants de dérive sont amplifiées dans les passes
entre les îles et le continent : île Verte (passe des Canonniers), passe de
Bandol. Dans la baie de La Ciotat, Picard a souligné l'influence de ces tour
billons sur la nature des peuplements - et des sédiments. Nous la retrouverons
à Bandol et à Sanary. L'extension des pollutions (émissaires, rejets divers)
sera sous la dépendance d'une telle dynamique.
Le sens de ces courants tourbillonnants s'inverse selon qu'il s'agit
du régime de Mistral ou de vent d'Est. La résultante de ce régime alternant
va paptiellement conditionner la nature et la répartition des types de fonds.
3° - Les zones du cap de l'Aigle - île Verte, des Embiez et du
cap Sicié, très exposées, sont l'objet de phénomènes de réflexion et de diffrac
tion des houles et fortes vagues. Des phénomènes d'interférences rendent ces
parages assez rapidement dangereux par gros temps. On notera le pivotement
des houles à l'île Verte, au Rouveau, etc .••
· La baie de La Ciotat et ses annexes réalisent un système singulier
commandé par un circuit tourbillonnant dans la zone d'abri. Mistral et vent d'Est
- 35 -
déterminent deux dérives de sens opposé: SW-NE, puis E-W et SE-NW, puis W-E.
Les tourbillons s'amortissent après une giration tandis que les zones calmes,
au centre de ces circuits, correspondent à des centres de "délestage ll où s'ac
cumulent, de -30 à -40 m, les sables et graviers du détritique côtier. Ainsi,
la baie de la Ciotat présente deux "foyers", à l'Ouest et à l'Est, autour
desquels s'organisent les rotations ùqLutables aux dérives de Mistral et de
vent d'Est.
Outre ses particularités hydrodynamiques, la baie de La Ciotat montre
un important herbier à Posidonies, de quelques mètres à -35 m, orienté d'Ouest
Est, constituant des fonds de pêche à protéger impérativement.
Enfin, les courants de décharge sont responsables, jusqu'à -18 m,
des épandages de sables fins, souvent isométriques, formant des lobes sous-marins
et remis en suspension à chaque période de gros temps. Ces fonds de sables mobi
les, non "colonisés Il et fixés par les herbiers, forment un volant de matériaux
oscillants et protégeant en fait le littoral (Blanc). Malgré leur intérêt évident,
tout emprunt de matériaux est à proscrire en ces formations.
Entre la pointe Grenier et Bandol s·'observe un littoral rocheux
accore, jalonné de fonds durs et d'affleurements sous-marins dolomitiques très
karstifiés : pointe des Trois Fours, Sèche d'Alon, port d'Alon, île Rousse. Les
roches sont bordées par un herbier vivace en équilibre naturel, on y décrit
des épandages et phénomènes d'érosion sous-marins, actuellement en cours d'étude.
La baie de Bandol, plus largement ouverte aux influences de
l'W.NW s'avère relativement dégradé. Les sables mobiles, découverts par Muschotti
à l'Ouest de l'île Rousse, jusqu'à -30 m, sont accompagnés d'un épandage sableux
fin occupant la zone orientale de la baie, très exposée au Mistral. Jusqu'à -20m,
le sédiment y est remanié tandis que les troubles et particules fines ("pélites")
sont déportés au large.
La dégradation de l'herbier à Posidonies y est presque totale du
fait des courants de fond et des rejets continus de matériaux trop fins (cons
tructions, déblais de terrassements, etc •.. ). Les aménagements portuaires de
Bandol ont détruit un bel herbier à Cymodocées, "récif barrière" et Posidonies,
décrit naguère par Molinier et Picard, Les fonds et peuplements du détritique
côtier sont également affectés et on note, dès -25 m, l'extension du faciès des
"vases terrigènes côtières". Cet envasement évidemment naturel, est cependant
accéléré par la destruction des herbiers et l'importance des rejets solides
non contrôlés, effectués directement au littoral .
. Un ensemble moins dégradé, complexe mais très menacé est réalisé
par la baie de Sanary et l'archipel des Embiez.
- 36 -
Dégradation habituelle par dragages dans les "mattes" de 1 'herbier
et rejets au littoral de matériaux et déblais de terrassements. Les herbiers ont
regressé t surtout depuis les dix dernières années; ils n'existent pratiquement
plus dans la partie septentrionale. La charge solide et les effluents de la
Reppe, en forte crue lors, des pluies d'octobre 1973, accentuent ces mécanismes
de dégradation. Les sables fins, mobiles, du "prisme littoral" s'étalent jusqu'à
-8 m et les vagues de Mistral provoquent une dérive avec tourbillon à la plage
de Gouringout, partiellement érodée.
Les troubles et pélites issus de la Reppe et des rejets artificiels
se déposent rapide,ment, de -10 à -50 m, en une tache irrégulière de "vases
terrigènes côtières", cartographie par Muschotti et rejoignant les formations
analogues de la baie de Bandol en débordant la pointe de la Cride. La progres
sion de cet envasement est à surveiUer car eUe appara'Ît comme la modification
édaphique la plus importante de la baie de Sanary.
- Rade du Brusc :-------------
Un vaste herbier à Posidonies subsiste malgré l'étalement d'efflu
ents terrigènes à la Coudourière et des décharges littorales de cailloutis
argileux au Nord du Brusc. Comme je l'avais constaté dès 1958, la régression
de l'herbier demeure ici sous la dépendance essentielle des courants de fonds.
L'érosion des lImattes" se manifeste par des chenaux complexes, analogues à ceux
observés à Giens, jusqu'à des profondeurs de 12 m. Malgré les régénérations
naturelles, locales mais non négligeab les, il apparaît que les "mattes" dégra
dées accroissent leur superficie tout COmme les épandages bioclastiques. Ainsi,
tout le Sud de la baie du Brusc se trouve altéré par le jeu de mécanisme hydro
dynamiques naturels. Cet ensemble très fragile doit être préservé afin d'éviter
le processus en cours dans la baie de Bandol. On évitera essentiellement les
rejets au littoral, l'installation d'émissaires non étudiés et l'édification de
nouvelles jetées et installations portuaires.
La zone très abritée située entre le littoral, le petit Gaou et le
grand Gaou montre un envasement en rapide progression depuis les travaux de
Molinier, Picard et moi-même (quinze à dix huit ans). Cet envasement est agravé
par les récentes pollutions au niveau d'une zone intertidale réduite (camping,
multiplication des embarcations, rejets, fréquentation estivale intense). Les
circulations entre les passes (grand et petit Gaou, île des Embiez) sont insuf
fisantes pour un renouvellement normal des eaux et toute construction de digue
est à prohiber. En fait, ce très bel herbier apparaît condanné à une assez
brève échéance, comme l'ont été les herbiers de la Seyne et de Tamaris.
- 37 -
- ~~~~~~!E~!_~~~_~~~!~~ proprement dit est mieux protégé, notamment
les rives méridionales et occidentales très battues, si aucun aménagement intem
pestif n'est réalisé. Les fonds rocheux, assez poissonneux sont abondants et
variés. Balayé par les courants, l'herbier est encore en régr~s5ion mais sous
l'influence, cette fois, des seuls phénomènes naturels. Les chenaux, épandages
sous-marins de type "deltaïque" s'y multiplient en un réseau complexe qui méri
terait des études plus détaillées. Les éléments détritiques minéraux ou biogè
nes y forment plusieurs "ceintures" décrites par Muschotti. L'action des cou
rants apparaît importante jusqu'à 25 m de profondeur tandis que les épandages
issus de l'érosion des herbiers infra-littoraux ont été suivis jusqu'à plus de
60 m.
Une disposition analogue, mais très complexe dans le détail, s'ob
serve tout au long du littoral accore du cap Sicié, jusqu'à La Léque. Cette
zone doit être protégée .
• Un littoral rocheux abrupt caractérise le cap sicié et ses abords.
Le milieu, extrêmement battu par tous les régimes est encore marqué par la
mauvaise tenue des roches métamorphiques (phyllades, quartzophyllades). Les
courants YIDnt violents et les pentes sous-marines élevées (8 à 12 %).
On Y note :
- éboulements fréquents des falaises schisteuses, glissements.
Les chaos sous-marins présentent des empilements de blocs jusqu'à -25 m.
- les matériaux s'organisent, en outre, en petits appareils sous
marins, remaniés ou consolidés par les concrétionnements coralligènes, de -5
à -15 m, directement au pied des à-pics (plages des Sables d'Or, les Pierres
Tombées, cap Sicié). Les mécanismes exacts et les âges de ces écroulements
sont assez mal connus et actuellement en cours d'étude. La sédimentation détri
tique d'origine minérale l'emporte et le gîte de Pb et Cu de la crique des
Sables d'Or contribue à l'alimentation du talus détritique sous-marin.
- plus au large, on note un herbier réduit,mais vivace "doublé"
par les sables et graviers, bioclastiques grossiers, les graviers concrétionnés
du détritique côtier, jusqu'à -55 m et les formations du détritique côtier
proprement dit, non encore explorées en détail vers le large.
Au Sud du cap Sicié et vers les Sablettes, Muschotti a découvert
une zone de sables mobiles et de fins graviers, de -15 à -55 m, de part et
d'autre des écueils des Deux Fréres et de pointements rocheux sous-marins. De
tels épandages ont une origine mixte et résultent des apports détritiques miné
raux écroulés du massif de Sicié et de l'érosion des herbiers à Posidonies.
- 38 -
- l'émissaire de la ville de Toulon se jetant à proximité occiden
tale de l'arète du cap Sicié, par des fonds à pente élevée, en un milieu très
battu, apparaît fort bien situé. La frange polluée y est réduite et la disper
sion des effluents bien réalisée. Les conséquences, vis-à-vis des peuplements
environnants, s'y trouvent réduites - ce qui n'aurait point été le cas assuré
ment en d l autres sites. Ici, l'arête du cap sicié forme un écran naturel; si
le rejet avait été décidé à son revers oriental, les effluents auraient été
déportés vers les plages de Fabrégas et des Sablettes par le "contre-courant"
et la dérive, du SW au NE.
Les seateurs dB Fabrègas, dBs SabLettes et dB Saint-Mandrier
sont relativement exposés, soumis à des dérives de sens opposé. Les épandages
du "prisme littoral" s'y développent largement jusqu'à 35 m de profondeur.
Une érosion sous-marine importante, des roches isolées et l'afflux
d'éléments terrigènes (Fabrégas) entravent le développement des herbiers qui
forment une frange étroite et discontinue. Les sables bioclastiques et les
formations polygéniques du détritique côtier montrent une ceinture continue. Au
cap Cépet, une topographie sous-marine complexe (éboulements des falaises de
grès et pélites permiens, affleurements sous-marins, etc ••. ) montre une sédi
mentation irrégulière où dominent les graviers. Un rejet de déblais issu du
creusement d'aires portuaires à La Seyne et Toulon, ne présente aucun caractère
néfaste particulier.
II - ZONES ABRITEES.
A - Zones abritées par Mistral (W.NW et NW) :
- partie occidentale de la baie de La Ciotat : abri occasionné
par la présence du Rocher du Sec (Bec de l'Aigle), de l'île Verte et du Massif
du Soubeyran. Fonds d'herbiers et de graviers à bonne tenue.
mouillage limité à la frange orientale de Sicié, sous la batterie
de Peyras. Fonds d'herbier et de sables mobiles, tenue irrégulière, mais fort
courant.
- rade de Toulon s.l., baie de la Seyne.
B - Zones abritées par régimes d'Est (E, SE, E.SE) :
- partie orientale de la baie de La Ciotat, dîte "baie des Lecques".
Abri relatif (houle réfractée sur la pointe Grenier) mais fonds à bonne tenue.
- 39 -
- zones méridionales des baies de Bandol et de Sanary. Fonds
d'herbiers ou de sables mobiles. La baie du Brusc, au Sud de la baie de Sanary
se trouve bien protégée par l'écran de l'archipel des Embiez; mais le plan
d'eau demeure très exposé à des vents forts.
- rade de Toulon s.l., baie de la Seyne.
III - ZONES DE SERVITUDE.
- mouillages et chalutages interdits, zones de câbles au SE des
Embiez et au Sud du Grand Gaou et pointe de la Gardiole (cf. carte du S.H.
n05325).
- au Nord de cap Cépet, Grande Rade de Toulon (V.C. 5175) : mouil
lages et dragages interdits, cables, explosifs sous-marins. Chenal de naviga
tion, approches de Toulon, chenal de lancement de torpilles, bases de vitesses,
etc •.•
- bases de vitesses, manoeuvres temporaires en baies de La Ciotat
et Sanary. Zones de tirs au Sud de sicié et au banc des Blauquières.
- pas de gîtes archéologiques sous-marins reconnus : épaves en
baies de La Ciotat et Sanary (navires, avions et torpilles).
- anciennes zones de mytiliculture en baies du Brusc et des Sablet-
tes.
- extractions épisodiques de sables sous-marins au Sud des Sablettes
(à proscrire).
IV - SECTEURS POLLUES.
A - Secteurs très polluéS:
- aires portuaires de La Ciotat; Bandol et Sanary.
- baies de Toulon et La Seyne. Fonds envasés, circulations rédui-
tes, milieux très abrités, aires industrielles et touristiques à fort peuplement.
- émissaires de La Ciotat, Toulon (cap Sicié) et de l'Eygoutier
(rade des Vignettes). Aires limitées.
B - Secteurs moyennement pollués:
- plages de la Villa des Tours et des Flots Bleus en baie de La
Ciotat, plages de Bandol.
- débouché de la Reppe en baie de Sanary.
- 40 -
- zone méridionale de la baie du Brusc et de la Coudourière.
C - Rivages déserts, non pollués:
Ile Verte, pointe Grenier, pointe des Trois Fours, Port d'Alon, les
Engraviers, pointe de la Cride, Sud de l'Archipel des Ambiez, littoral du cap
sicié à l'exception de l'émissaire de Toulon.
D - Secteurs à surveiller du fait de l'urbanisation et des récents
équipements touristiques
Baie de La Ciotat, pointe du Défend et Port d'Alon, les Engraviers
et Bendor (Bandol), Fabrégas et les Sablettes - St Elme.
v - UTILISATION DE L'ESPACE MARIN.
A - Zones industrielles équipées et en voie de développement
- Rade de Toulon et de la Seyne, grande Rade de Toulon, baie de
Tamaris et anse de St Elme arsenaux, constructions et réparations navales,
métallurgie navale, etc ... Ce secteur est l'objet d'une urbanisation poussée
accélérée en outre par le développement des voies de communication (autoroute
en construction), création du port de tourisme du Mourillon, etc ••• Une popula
tion nombreuse se trouve rassemblée sur un territoire étroit limité par des
collines abruptes, où les possibilités d'équipement sont restreintes à 18 km de
littoral (1).
Ces zones, très modifiées et polluées, sont en déséquilibre complet
et irréversible. Seul un herbier en voie d'étouffement et d'envasement subsiste
à Tamaris (Posidonies et Cymodocées). Comme pour le golfe de Fos et la rade
Nord de Marseille, il convient de poursuivre l'équipement industriel et la
transformation d'un site totalement perdu du point de vue des équilibres
naturels.
Fort heureusement, la rade de Toulon s.l. constitue la seule zone
industrielle du littoral considéré à l'exception des chantiers navals de La
Ciotat où l'extension récente d'une forme de radoub a été empiétée sur la mer
sans inconvénient notable.
(1) Population de Toulon: 145.000 habitants, La Seyne: 27.000 h, St Mandrier:4.300 h, La Garde: 5.000 h. La population estivale peut dépasser 200.000 hvoire 350.000 h.
- 41 -
B - Zones de loisirs et de pêche artisanale:
Telle est la vooation essentielle de la zone littorale examinée;
de ce fait elle doit être l'objet de mesures de protection en ce qui concerne
les pollutions, l'urbanisation et les aménagements sur le front de mer. Citons
- baie de La Ciotat : nouveaux ports de plaisance, tourisme, ski
nautique, pêche sur les fonds de l'herbier et les graviers du détritique côtier.
Les plages de la Villa des Tours, Fontsainte (campings), Les Lecques, sont
très fréquentées et facilement accessibles (parkings, nouvelles routes; popula
tions : 19.000 h, en été: 50.000 h sur 6 km de littoral).
- pêche, baignade sportive, chasse sous-marine et navigation de
plaisance à Port d'Alon. La pureté du site (exceptionnel) est maintenant alté
rée par la construction des grands lotissements de Port d'Alon et des Engra
viers.
- Bandol: mêmes remarques que pour La Ciotat, mais le degré d'occu
pation du littoral et ses altérations y sont plus élevés. Il en est de même
pour les baies de Sanary et du Brusc: navigation de plaisance (à Bendor, près
de Bandol et aux Embiez, le Brusc), écoles de voile, de plongée, ski nautique,
pêche aux fonds rocheux (La Cride, Les Embiez), aux herbiemet graviers du
détritique côtier.
- plongée et pêche sportive au Sud de Sicié, à St Mandrier. Naviga
tion de plaisance généralisée mais déjà trop dense certains jours pour les
mouillages de l'île Verte, Bendor, Port d'Alon et le Brusc (pollutions, rejets
solides, altération des fonds).
C - Zones de pêches au chalut et en haute mer
1 - ~~~~_~~~_~l~~g~i~E~~ au Sud de La Ciotat :
-100 à -120 m à 5m.n. du rivage : graviers du détritique du large.
Banc des Broquets: -70 à -117 m au S.SW des Embiez (4 m.n.) ou au Sud de la
pointe du Défend (5 à 6 m.n.).
2 - ~~~~_~~_~~_~1~~~, vaste étendue inclinée de 100 à 170 m à 3
4m.n. dans le 180 du cap Cépet, non étudiée. La nature et la cartographie des
fonds sont à établir avec précision.
VI - CARACTERES GENERAUX ET UTILISATION POTENTIELLE DES TYPES DE FONDS CARTOGRAPHIES: (carte 2).
DU BEC DE L'AIGLE AU CAP CEPET
Eboulis sous-marins héterogène ou instable • Blocs
2 - Sables mobiles et léssivés du prisme littoral ;sables fins
3 - Sables fins mobiles et biens classés des fonds de baies
4 - Zones d'Herbiers à Posirlonies et "mattes Il à proteger.
5 Epandages bioclastiques hétérogènes (sables et graviers).
6 Mattes érodées ou dégrédées, fonds instables.
7 - Sables et graviers mobiles des chenaux ct-érosion et des passe
8 - Sables hétérogènes du Détritique Cetier
9 Sables grossiers et graviers du Détritique Cetier
10 - Vases Rolluées, thixotropiques, vases portuaJres , zones
de débouchés ct 1 émissaires, insalubres t portance ·faible, etc ••
11 - Sables et vases sableuses hétérœgènes du détritique du
large
12 - Vase terrigène cotière et faciès connexe, vases gluantes.
13 - Sables grossier~ et graviers du Détritique du large
14 -Vases bathyales
15 - Fonds rocheux. Appuis résistants à portance élevée.
16 - Dépots de maté!riaux grossiers, non toxiques, zones de
ft dumping".
17 - Extension des pollutions à la sortie des émissaires.
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DU BEC DE L'AIGLE AU CAP CEPETE. MUSCHOTTIJ. BLANC: zone littoraleLaboratoire de Géologie marine. Centre d Océanographie.
Marseille Luminy
SANARY
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15'45'
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Lecques
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Centre National pour l'Exploitation des Océans
43'
43'OS'
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- 42 -
A - Sables mobiles du prisme littoral
o à -17 m ; exceptionnellement jusqu'à -35 m à Bandol.
- sables fins, lessivés, très isométriques,
- origine mixte: biogène et détritique,
- teneur en carbonate: 30 à 80 % selon les types d'alimentation
et la nature lithologique du littoral : grès de La Ciotat, pélites du permien,
- dynamique : traction, saltation, suspension (vagues et courants
de décharge, déferlements, transferts très localisés).
- usage: bâtiment, travaux publics, pas de débourbage,
- géotechnique: matériau compressible, poreux, perméable, portance
moyenne.
Bandol) .
- épaisseur jusqu'à plusieurs mètres (3 m à La Ciotat, 5 m à
- outillage: dragues, bennes, lançage, vibro-fonçages,
- contraintes : exploitation à prohiber strictement à cause du
danger d'érosion et de la rupture immédiate du profil d'équilibre littoral,
- mouillages: médiocres.
- localisation: baies de La Ciotat, Bandol, Sanary, sud du cap
Sicié et des Sablettes (épaisseur inconnue).
B - Sables fins des fonds de baies o à -20 m.
Assez voisins de la formation précédente. Ils participent à de
petits transferts et circuits tourbillonnaires locaux. Leur alimentation en
grains détritiques minéraux est subordonnée à l'apport de torrents locaux ne
fonctionnant qu'au cours d'orages exceptionnels, brefs, mais parfois très
violents (1) (ex. Le Dégoutant : baie des Lecques; le Grand Vallat baie de
Bandol; La Reppe: baie de Sanary). Ces épandages mobiles, brassés par les
déferlements et tractés jusqu'à -20 m, à la limite d'action des courants de
décharge, sont parfois localement fixés par des Cymodocées, Posidonies ou
encroûtés de Rhodophycées. Ce sont les fonds à "poissons blancs".
Mêmes contraintes et propriétés "globales" (sans entrer dans les
détails), que les formations mobiles et lessivées du prisme littoral (baies de
la Ciotat, Bandol, Sanary).
(1) Crue d'octobre 1973 à La Reppe1 mort à Bandol.
route inondée à Ouilloules, 4 morts.
- 43 -
c - Herbiers à Posidonies : de quelques mètres à -35 m.
- sable coquillier hétérométrique,
- origine essentiellement bio-détritique,
- teneur en carbonates : 90 % à 99 %,
- dynamique: sédiment fixé par les frondes de Posidonies, "mattes"
érodées par les courants de fond et formation de Il tombants" et "chenaux"
intermattes ll•
- usage: travaux publics, agrégats, pas de débourbage.
- matériau compressible, poreux, perméable, portance moyenne.
- épaisseur de 0,50 à 5 m.
- outillage dragues, bennes, lançage, vibro-fonçage.
- mouillages: bonne tenue, arrachage des souches de Posidonies.
- contraintes: exploitation à prohiber strictement afin d'éviter
la destruction systématique des biotopes et fonds de pêches, destruction du
profil d'équilibre littoral. A protéger impérativement.
- localisation : essentiellement: baies de La Ciotat et du Brusc.
Frange littorale étroite, plus ou moins continue pour les littoraux accores
pointe Grenier, pointe du Défend, port d'Alon, Les Engraviers, Sicié, Saint
Mandrier, etc ...
o - Epandages bio-clastigues littoraux, hétérogènes: de -15 à -63 m.
sables polygéniques, graviers hétérogènes, mal classés.
- origine: mixte: détritique minéral et, surtout, érosion des
"mattes" d 'herbiers et formations meubles du littoral. On les retrouve en
bordure de l'Estérel. ILs ne présentent point Les peupLements habitueLs au détri
tique côtier, malgré certaines analogies.
- teneurs en carbonates : 75 à 95 %.
- dynamique: courants compensateurs de fond, chocs des vagues et
déferlements pour les zones superficielles. On ne les trouve qu'en sites expo
sés à très exposés. Actions de freinage, influence des écueils et bancs rocheux
sous-marins.
- usage: agrégats, travaux publics, généralement pas de débourbage.
- matériau compressible, poreux, perméable, portance assez bonne.
- épaisseur inconnue, 1 à 3 m à Sanary.
- outillage lançage, vibro-fonçage, dragues, bennes.
- mouillages: bons mais forts courants.
contraintes: l'exploitation n'est possible qu'à -30 m, face à
- 44 -
des littoraux rocheux accores et déserts, à une distance notable des herbiers.
- localisation: pointe de La Cride, Sud des Embiez et du cap Cépet.
E - Graviers du détritigue côtier de -20 à -60 m.
courants compensateurs, courants de fond.
graviers, nodules et concrétions biogènes, "maërl ll•
origine biogène autochtone ou allochtone.
- teneur en carbonates 97 à 99 %.
dynamique : traction
Accumulations en zones calmes.
usage: agrégats.
- géotechnique: matériau compressible, portance nulle.
épaisseur: faible à très faible. Il s'agit généralement de pla-
cages.
outillage: dragues, vibro-fonçages.
- contraintes : profondeurs trop importantes et sites exposés sauf
à Nerthe-Sud. Substrats rocheux et proximité de peuplements à préserver. Tonna
ges faibles.
mouillages : généralement mauvais.
- localisation: baies de La Ciotat, Bandol, Sanary, au Sud des
Embiez et du cap Sicié.
F - Sables du détritique côtier de -25 à -95 m.
- sable hétérométrique,
origine mixte : matériau détritique, fossile et bioclastique
actue 1.
- teneur en carbonates : très variable: de 45 à 90 %.
dynamique: courants de fonds, charriages et suspension momenta-
nées.
usage: débourbage souvent nécessaire, bâtiment et travaux publics.
- matériel compressible, poreux, portance faible à moyenne.
- épaisseur de 2 à 5 m (baies de La Ciotat et de Bandol).
- outillage dragues puissantes, suceuses, lançage, vibro-fonçage,
Eviter absolument les risques d'érosion et de colmatages, par les "fines" en
suspensions, des fonds de pêches (herbiers).
- mouillages: bons.
- présence générale, bordant, du côté du large, les fonds d'herbiers
et de graviers biogènes.
- 45 -
G - Faciès du dètritique côtier envasé de -25 à -100 m.
- sables fins vaseux, sables hétérométriques vaseux, sablon péliti-
que, graviers envasés, etc ...
- origine mixte: dominance des éléments terrigènes.
- teneurs en carbonates : très variables de 45 à 80 %.
- dynamique: action des courants de fond. Traction, suspensions
momentanées.
travaux publics, agrégats. Débourbage nécessaire et sou-
très compressible, porosité
parfois fluant (enrichisse-
faible, 1 à 2 m. Recherches en cours.
bennes, dragues, suceuses, lançage.
: profondeurs trop importantes et débourbage
- usage
vent trop onéreux.
- géotechnique : matériau compressible à
et perméabilité variables, portance faible, matériel
ment en phyllites).
épaisseur
- outillage
- contraintes obliga-
taire.
- mouillage: bons.
- localisation: au Sud du Bec de l'Aigle et de la baie de La Ciotat.
H - Vases terrigènes côtières de -55 à -200 m.
Non étudiées à l'exception de la baie de Sanary.
- vase gluante, pélites dominantes (faciès de lutite).
- origine terrigène : troubles issus des épandages torrentiels du
Grand Vallat et de la Reppe (Recherches de Chamley, F. Picard et Muschotti).
- teneurs en carbonates : 28 à 40 %.
- dynamique; contre-courant de la Nerthe, dérives de Mistral et
W.NW, suspensions vraies et momentanées, courants compensateurs de fond.
- usage: aucun. Boues montmorillonitiques possibles.
- géotechnique: matériau fluant et thixotropique, souvent peu
perméable, portance très faible.
- épaisseur : de quelques mètres à 30 m.
- localisation: Sud de la baie de Bandol, baie de Sanary.
1 - Sables détritigues du large: de -95 à -180 m.
Largement représentés au Bwnc des Blauquières, au Sud de La Ciotat
et probablement à La Plane, ils n'ont point encore fait l'objet de recherches
- 46 -
détaillées. Il s'agit de fonds de pêche (chalut) et d'une réserve potentielle
de sables et graviers.
VII - EQUIPEMENT DU PRECONTINENT ET DU LITTORAL.
A - Aménagement littoraux:
1° - ~~~~gË~Ë~!_~Ë~_2h~gË~ : aucune plage n'est réellement aménagée
à l'exception de la plage artificielle de Renecros, à Bandol, ouvrage bien conçu
mais où les circulations d'eaux doivent être plus développées.
Il serait possible, sans inconvénient, d'aménager les plages des
Lecques et de Bandol, en augmentant leur longueur utile, au moyen d'enrochement
en forme de T, après une étude préliminaire des sites. Le même problème se pose
pour les Sablettes ou des ouvrages, bien étudiés, pourraient être envisagés. On
s'efforcera, en tous les cas, de maintenir les circulations d'eaux.
2° - ~~~~gË~Ë~!~_2~E!~~~E~~ : déjà très nombreux, ils ne doivent
point être multipliés sous peine d'altérer les équilibres naturels. Citons:
les prolongations des jetées du port de La Ciotat (nouvelle forme de radoub),
ports de plaisance nouvellement édifiés à La Ciotat, Bandol (destruction d'un
herbier), Bendor, Les Embiez, le Mourillon.
A l'exception de Bandol, les déséquilibres engendrés ne sont point
trop graves. Les projets à La Ciotat, Les Lecques, Sanary, Le Brusc, s'ils
venaient à l'exécution, améneraient des destructions et modifications importan
tes des fonds et peuplements infraUttorauz et circaUttorauz.
3° - !ËEE~~~~_S~~g~~~_~~E_h~_~ËE : Les Lecques, Bandol (vastes
parkings), Sanary. Les épandages de terre, déblais, doivent être préalable
ment isolés du milieu marin par un brise-lames perméable, à "granulométriell
dégressive, bien étudiée. Les rejets sommaires directement effectués en milieu
marin, afin de "rentabiliser" les déblais des terrassements voisins, sont à
proscrire: à Port d'Alon, Bandol et Sanary, les herbiers ont été détruits
ou partiellement détruits en quelques années alors que progressent les envase
ments par extension des zones turbides (La Coudourière, Le Brusc).
Une étude sérieuse doit être envisagée avant tout rejet à la mer.
4° - Zones érodées rivage rocheux à La Cride et Port Issol-------------(Lias et Trias de Sanary) : falaises à surveiller (développement des construc-
tions), éboulements importants et fréquents au cap Sicié, en site désert.
- 47 -
5° - ~~~~~_E~~~!~Y~~~ : aucune remarque. Transfert local de Fabrè
gas aux Sablettes et St Elme. Zone Sud de la plage de Sanary épis et enro
chements (Le Brusc). Aucun problème grave pour les rubriques 4 et 5.
B - Ouvrages lourds
1° - Qig~~~_~~_~Ei~~:!~~~~ : aménagements possibles aux Sablettes
(ouvrages longitudinaux), voire aux Lecques. Aménagements de ce type à proscrire
en baie du Brusc afin de sauver ce qu'il reste du grand herbier initial. De
tels ouvrages sont à limiter ou à étudier sérieusement dans la zone occidentale
de la baie de La Ciotat.
2° - Iles artificielles------------------
· structures ancrées : possibilités en baie de La Ciotat, zone occi
dentale (conditions d'abris et d'ancrages).
· structures semi-flottantes ou flottantes baies de La Ciotat et
du Brusc, évidemment: rade de Toulon.
• structures flottantes importantes seulement en grande Rade de
Toulon.
• forages "off shore" : banc des Blauquières, La Plane, baies de La
Ciotat, de Bandol, etc ... ). Il s'agirait de forages techniques, ou de travaux
publics et non de recherches pétrolières.
a) Prob Zème de Ztextension des émissaires :
• La Ciotat-Ouest : falaises du Capucin de Figuerolles. Emissaire
très bien situé, débouchant, par forte pente, en eau profonde très agitée.
Bonne dispersion des effluents. Le débit peut être augmenté sans inconvénient.
• Emissaire de la Villa des Tours (baie de La Ciotat) : étudié par
diverses méthodes, il apparaît mal situé. Les effluents sont déportés vers· le
SE et amorcent une giration conforme au mouvement des eaux dans la baie ~her
mographie infra-rouge, clichés panchro, etc ... , construction des plans de
vagues, etc ... ). Une partie des effluents revient assez rapidement au littoral
les fonds et pentes demeurent faibles et l'herbier, ainsi que les plages sont
pollués. Nous préconiserons l'épuration des eaux rejetées à cet endroit et,
surtout, aucune augmentation de débit des effluents actuels.
- 48 -
. A Bandol et Sanary, les effluents sont déportés vers le SSW. Une
fraction importante se trouve dispersée et ne cause aucun problème (vases
terrigènes côtières). Les circuits tourbillonnaires et dérives de Mistral
ramènent assez rapidement, l'autre fraction sur les plages et au fond des
baies. Nécessité d'une épuration ou d'un rejet par émissaire en eau profonde
à étudier.
Aucun rejet ne doit être entrepris en baie du Brusc.
Emissaire de Toulon, au cap Sicié. Il est très bien situé, en
eaux profondes, fortes pentes et agitation extrême. La dispersion est très
rapide, comme à La Ciotat-Ouest. Le débit des effluents peut être augmenté
sans inconvénient .
. Emissaire de l'Eygoutier, à l'est du Mourillon: mal situé avec
faible dispersion et retour d'une partie des effluents pour tous les régimes.
Epuration et rejet en eau profonde souhaitables.
b) Zones de "dumping" :
Facteurs favorables à l'extension d'une zone de rejet de déchets
solides, non toxiques et non polluants (déblais de terrassements)
- ~~~!~~E~_E~y~~g~~~ : profondeur suffisante, en deçà de la limite
générale d'action des vagues et d'une thermocline marquant l'extension en pro
fondeur, des eaux chaudes et mobiles de la surface. Une immersion à-50 m peut
être envisagée. L'optimum est -70 m. On évitera les fortes pentes, sauf en deçà
de -50 à -70 m où les peuplements photophiles benthiques demeurent à l'abri de
remontées ou dispersions de troubles sur le fond.
- ~~~!~~E~_~~~l~g~g~~~ : on rejrttera le plus loin possible des
herbiers, fonds de pêches et plages. Les baies encaissées sont à éviter.
- ~~~!~~E~_~~~~~~~g~~~ : proximité des lieux de chargement et
faible durée de parcours, nécessité de zones assez abritées à coefficient
d'utilisation élevé (nombre de journées de travail effectif par an).
Zones actuelles :
- SSW de l'île Verte, par -60 et -75 m. Aucun problème, pas de
contaminations par remontées (détritique côtier).
- Sud du cap Cépet : de -12 à -40 m, sur des fonds rocheux et
graviers bioclastiques littoraux, côte accore et déserte. Envahissement par
les troubles, des fonds et sables biogènes. Milieu très brassé, forts courants,
très proche de Toulon et de La Seyne. Aucun inconvénient grave.
Sites proposés :
La Ciotat-Ouest: à proximité de l'émissaire, par des fond de
-50 à -70 m, talus à pente élevée (détritique côtier) L = 43·09'30 N ;
- 49 -
G 05°35'15 E (extention ± 500 ml.
- Basse Moulinière Ouest : détritique côtier, milieu très battu,
fond régulier de -55 à -80 m. L = 43°04'40 N ; G = 05°43'20 E (extension ±
1.000 ml.
- possibilitffide rejets non polluants à -50 m, dans le détritique
côtier au large des pointes Grenier et du Déf~end.
VIII - CONDUITE A TENIR.
A - Secteurs à protéger impérativement:
Fonds de pêche et chasse sous-marine, esthétique des sites, lieux
de détente devant rester exempts d'aménagements:
- falaises du Sémaphore de La Ciotat et du Bec de l'Aigle.
- Ile Verte.
- pointe Grenier, pointe des Trois-Fours, pointe du Deffend.
- Port d'Alon (site déjà très menacé).
- sud de l'archipel des Embiez et du littoral accore du massif de
Sicié.
Les zones des Engraviers, Bandol et La Cride sont déjà profondément
altérées par des lotissements.
B - Secteurs pouvant être aménagés
Les aménagements devront y être étudiés avec prudence et modéra
tion, en évitant une urbanisation excessive. Des portions rocheuses littorales
devront rester libres, en l'état naturel.
- baie de La Ciotat : on préservera les littoraux rocheux du cap
St Louis et de la pointe Grenier.
- baies de Bandol et de Sanary: on protégera les littoraux de
La Cride, de la pointe Nègre, des Embiez et surtout, de la baie du Brusc.
- baie des Sablettes.
C - Secteurs menacés par les "marées noi res"
Il n'y a pas de raffineries pour le littoral étudié. Des dépôts
de carburants sont implantés à Toulon, la Seyne, Saint-Mandrier, Sanary, Bandol,
les Embiez, Les Lecques et La Ciotat. Les routes des pétroliers se situent
au large du rivage mais traversent la partie méridionale du Banc des Blauquières.
Les abords de Toulon sont l'objet d'un trafic militaire important.
- 50 -
Deux types de sinistres peuvent être envisagés
- Sinistre au Banc des Blauquières
- par régime normal, les huiles et goudrons seraient déportés vers
l'Ouest, c'est-à-dire vers Marseille et Fos.
par Mistral : les pollutions seront rabattues sur Sanary et le
Brusc en 2 ou 3 heures, par gros temps.
par vent d'Est: les nappes de mazout seront déportées vers La
Ciotat (2 à 3 h par vent fort : 50 à 60 km/hl et Cassis (4 à 6 h) pour un même
régime.
2 - En cas de sinistre aux abords de Toulon, par exemple au Sud de
la Grande Rade et à l'Est du cap Cépet, par vents de 50 à 70 km/ho
- régime normal, beau temps: pollution du cap Cépet, de St Mandrier
des Sablettes et de Fabrégas, rade de Toulon.
- fort Mistral: le mazout serait déporté sur la presqu'île de Giens,
les Fourmigues et la passe de Porquerolles.
- tempête de vent d'Est: pollution générale en rade de Toulon,
St Mandrier, St Elme, les Sablettes et au cap sicié (en 2 ou 3 h), puis aux
baies de Sanary, Bandol et La Ciotat, en quelques heures (4 à 10 h) .
- 51 -
- CHAPITRE 4 -
RECHERCHES SËDIMENTOLOGIQUES SUR LA PROTECTION
DU LITTORAL À LA PRESQU'fLE DE GIENS (VAR)
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LES FORCES
- 52 -
VENTS, VAGUES, HOULES, SEICHES et COURANTS.
Située à la limite du golfe du Lion et du golfe de Gênes, la
région de la presqu'île de Giens demeure sous la dépendance de deux régimes
dominants les vents d'Ouest s.l. et les vents du secteur Est.
Cette alternance conditionne des systèmes différents, voire opposés,
de vagues, houles et courant littoraux. La presqu'île de Giens constitue le
résultat récent de ces actions, à la frontière de deux domaines mécaniquement
antagonistes. Son évolution et sa protection devront tenir compte de cette
dualité.
On peut distinguer :
1° - Régimes dominants et alternants
- régime d'Ouest ("Mistral" local) : le mieux représenté au point
de vue "statistique" : fréquence de 28 % en journées/par an (J/a). Cette domi-
nance se manifeste encore par le "spectre" des vitesses :
1 % j/a à plus de 30 noeuds
10 % j/a de 15 à 30 noeuds
17 % j/a de 0 à 15 noeuds
Gênes
- régime d'Est, à grande distance de fetch, venant du golfe de
fréquence moyenne de 23 % j/a avec:
% j/a à plus de 30 noeuds
9 % j/a de 15 à 30 noeuds
13 % j/a de 0 à 15 noeuds
Du fait de la distance de fetch, les vagues les plus grosses sont
engendrées par les régimes d'Est. Les destructions, alluvionnements, etc •..
sont à imputer principalement à ces deux régimes dominants par leur force
propre et leurs fréquences moyennes cumulées (51 % j/a).
2° - Régimes importants et alternants
- Régime de NE : 15 % j/an.
2 % j/a à vitesse comprise entre 15 et 30 noeuds
13 % j/a à vitesse comprise entre 0 et 15noeuds.
- Régime de NW : 10 % j fan.
4 % j/a à vitesse comprise entre 15 et 30 noeuds
6 % j/a à vitesse comprise entre 0 et 15 noeuds.
Ces régimes engendrent des vagues parfois assez fortes et corres
pondent aussi à des érosions, transferts et accumulations. Leur fréquences
- 53 -
annuelles cumulées (25 % j/a) et leur intensité relative interviennent et
s'ajoutent aux effets des vents dominants mais, en tous les cas, les distan
ces de fetch sont faibles, les vagues moins grosses tandis que les cambrures
demeurent accusées.
3° R" d .- eg1mes secon a1res :
- Régime de SW : 7 % j/an.
0,5 % j/a de vitesse comprise entre 15 et 30 noeuds.
6,5 % j/a de vitesse comprise entre o et 15 noeuds.
- Régime N (Tramontane) : 5 % j/a.
0,5 % j/a de vitesse comprise entre 15 et 30 noeuds.
4,5 % j/a de vitesse comprise entre o et 15 noeuds.
Ils sont responsables de transferts locaux, de faible importance
et de variations modestes du plan d'eau.
- autres régimes de peu d'importance totalisant une fréquence annu
elle moyenne de 2 à 3 % j/a : S et S.SE.
- journées de calme: de 10 à Il % j/an.
L'EXPOSITION (cartES 3 et 4).
Le tombolo oriental, le plus important, généralement engraissé
par les sédiments du Gapeau et du Pansard, est essentiellement exposé aux houles
et vagues assez grosses d'Est, NE et S.SE pour 40 j/an. Il en résulte des relè
vements du plan d'eau atteignant parfois 0,70 m, combinés au phénomène de la
marée, des seiches, érosions, transfert du NE vers le SW, puis le Sud, sédimen
tation dans la zone méridionale (l'Estanci, La Badine). Les seiches qui se mani
festent au Sud de la Capte, jusqu'à l'Estanci, favorisent la sédimentation et
cette zone littorale, naturellement protégée, ne pose aucun problème.
Le tombolo occidental, étroit et bas, demeure fragile. Il repré
sente un des secteurs les plus menacés du littoral méditerranéen français. Ce
tombolo est édifié par les sédiments quaternaires récents résultant d'un
ancien cours du Gapeau ; il ne reçoit pratiquement aucun apport sédimentaire
actuel et les érosions ne sont point compensées par un transfert notable, comme
cela est le cas pour le tombolo oriental. La nature minéralogique de ce maté
riel "fossile", la granulométrie, généralement plus grossière, etc ... diffèrent
encore des constituants d'origine métamorphique déposés sur le rivage oriental,
aux Bormettes, Salins d'Hyères, Port d'Hyères, La Capte, l'Estanci.
- 54 -
~~~E~~~~~ du tombolo occidental est le résultat de l'attaque des
vagues d'Ouest, à cambrure élevée, quoique relativement courtes, auxquelles
s'ajoutent les vagues de NW et SW, l'ensemble totalisant environ 45 j/an. Cette
dominance des régimes d'Ouest, malgré les faibles valeurs des distances de
fetch, nous oblige à envisager une protection efficace de cette zone littorale,
orientée du Nord au Sud et perpendiculaire aux forces majeures. Aucune rivière
se jetant en rade de Toulon et de Carqueiranne, il n'y aura point de mécanisme
naturel d'ensablement compensateur en rade de Giens, comme cela peut être le
cas en baie d'Hyères.
~~~_~~~~~~~~_~~~_~~~~~_~~_~~~2§~~sont maximales pour les dépres
sions accusées : on a mesuré :
- vent de 110 km/h (62 noeuds) pour 747 mm.
- vent de 120 km/h (66,5 noeuds) pour 746 mm.
De ce fait, les dépressions engendrent des relèvements du plan
d'eau ("marées barométriques") atteignant 0,40 m qui, combinés aux vagues de
tempêtes, peuvent s'élever à + 0,80 fi au-dessus du niveau normal et occasionner
de fortes érosions littorales. Ces dernières, maximales à l'automne, en janvier
et au printemps (avril-mai) correspondent toujours à la succession : dépression
vent de tempête et vagues-érosion du littoral. Le risque d'une érosion grave
devient réel dès que la pression s'abaisse en-deçà de 750 mm.
~~_2~~~~~~~~_~~_!~_~~E~~ est faible; les marnages, de ± 0,15 à
± 0,25 m sont sans importance sur l'évolution sédimentaire littorale. En
revanche, la situation des rades de Giens et d'Hyères favorise les phénomènes
de résonance et le développement de seiches. Ces ondes stationnaires à courte
période se traduisent par les effets suivants :
- relèvements temporaires du plan d'eau: oscillations de ± 0,45 m
mesurées à la Madrague de Giens. Combinées à une I1marée barométrique ll, ces oscil
lations peuvent atteindre ± 0,60 m et même ± 0,80 m par très gros temps d'Ouest,
d'où l'érosion accélérée des petits fonds, de l'herbier et du tombolo occidental
de Giens.
- courants de seiches dirigés de l'Est vers l'Ouest et réciproque
ment, sortant ou entrant dans la rade de Giens ou au Sud de la baie d'Hyères.
- sédimentation en cordons sableux obliques ou flèches sous-marines
en rides ou croissants à l'Estanci, au Sud de la Capte, au tombolo oriental de
Giens, là où se situent les lignes nodales des seiches. La disposition Nord-Sud
des tombolos et la "barrière" constituée par l'île rocheuse de Giens favorisent
les résonances et le développement de ces ondes stationnaires.
Il nous faudra tenir le plus grand compte de ces phénomènes lors
- 55 -
de travaux d'aménagements du littoral ou de projets d'installation d'émissaires
car :
a) les zones des nodales sont le siège de colmatages liés à une
hypersédimentation naturelle, comme l'ont montré nos travaux dans le golfe de
Fos.
b) les zones des nodales sont le siège d'une pollution (macrosco
pique) accélérée. Les débris (bois, plastiques, bidons, bouteilles) se rassem
blent préférentiellement, à égale distance (L/4) des "ventres" de l'oscillation
(L = longueur d'onde de la seiche) ; les rides sableuses étant généralement
séparées de L/2, soit 45 à 65 m, en fonction des paramètres de l'oscillation
incidente et des dispositions locales.
Nous distinguerons les états suivants
1° - Mer moyenne:
T = 4 sec L au large: 25 m H = 0,55 à 1,10 m
W vitesse du vent = Il à 16 noeuds.
Profondeur d'amortissement (P.A) de la houle incidente: 27 m
Profondeur de réfraction (P.R.) de la houle incidente: 12 à 13 m.
2° - Mer "grosse" (tempête normale)
T = 6 sec L = 56 m H = 1,3 à 25 m
W= 22 à 25 n P.A. = 60 m PR = 28 m
3° - Mer "forte" (forte tempête)
T 7 sec L = 77 m H 2,5 à 4,5 m
W = 25 à 30 n (moyenne à 27 n) P.A = 80 m PR 39 m.
4° - Tempête maximale observée
T = 8,2 sec L = 88 m H = 4,5 à 6 m.
W = plus de 30 n P.A 90 m P.R = 45 m.
5° - Tempête exceptionnelle (possible, prévisible mais jamaisobservée).
H = 6 m à davantage.T 10 sec L =
W = plus de 38 à
156 m
40 n P.A = 160 m P.R = 78 m.
Le calcul montre qu'alors la limite de déplacement du sédiment
très fin sur le fond peut être reportée à une profondeur de 160 m et correspond
pratiquement à la majeure partie du précontinent.
- 56 -
Les vagues et houles, après réfraction à partir de la profondeur
P.R., tendent à s'orienter parallèlement au tracé dominant du littoral et des
isobathes (loi de Lewis).
Cela est en conformité avec l'orientation générale des tombolos de
Giens.
Lorsque après réfraction, les crêtes sont obliques par rapport à
la ligne de côte, la résultante des mouvements (swash) admet un déplacement
moyen parallèle au rivage (contre la ride littorale s'il y en a une), nommé
"long shore current" (ou "transfert littoral ll, ou "dérive littorale").
Dans les zones de convergence des orthogonales ces dérives litto
rales ont une vitesse maximale; elles tendent à se diriger vers les secteurs
où les orthogonales divergent (loi de J. Sitarz) (1963).
Le problème consiste à évaluer par le calcul ou la mesure directe
la vitesse minimale v de début d'entrainement du sable, pour un diamètre D con
sidéré, sur un fond supposé horizontal (1). Les calculs de Bonnefille (1963)
et Larras (1964) ont abordé le cas de sédiments non cohésifs; cependant, il
faut remarquer que l'arrachement d'une particule contre le fond exige une éner
gie, donc une vitesse, bien supérieure à celle qui demeure nécessaire, par la
suite, à la maintenir en mOUVement dans un transfert littoral. Cette vitesse
Vr est nommée "vitesse réglante de transport".
Vr est une fonction de la granulométrie, de la densité et de la
sphéricité des grains; elle s'abaisse en fonction inverse de l'accroissement
de la pente. On peut admettre :
- pour le sable fin : Vr 0,10 à 0,15 rn/sec.
- pour le sable grossier Vr = 0,35 à 0,60 rn/sec.
- pour les granules : Vr = 0,40 à 0,90 rn/sec.
- pour les galets et cailloux: Vr = 0,70 à 1,0 rn/sec.
En considérant les sites réels de Giens, le calcul, d'après les
abaques de Bonnefille, donne les valeurs suivantes des vitesses v en rn/sec.
(1) Cette dernière condition n'étant point réalisée, la pente sous-marine détermine en fait une vitesse réelle inférieure à la vitesse théorique v.
- 57 -
ProfondeursMatériau Médiane Site choisi
3 m 5 m 10 m 15 m
Galets 5 cm Plage du Gapeau 2,7 2,9Plage du Ceintura
------------------1--------------------------- ------- ------- ------- -------Granules 2 mm Plage du Ceinturo' 0,67 0,72
------------------1--------- ------------------ ------- ------- ------- ------Sables grossiers 1,5 mm Plage d'Hyères
Hippodrome 0,57 0,63 0,72
1--------- Almanarre ------- -----_.------------------ ------------------- ------- ------Sab les moyens 0,8 à
0,3 mm La Capte 0,45 0,52 0,60 0,63------------------1--------- ------------------ ------ ------ ------- -------Sables fins 0,1 à L'Estanci
0,40 0,43 0,50 0,520,3 mm La Badine
Les recherches sont menées par étapes :
1) Etablissement du SDck granulométrique dominant et détermination
de D (médiane, moyenne ou centiles supérieur, correspondant au lI grain maximumll,
ce dernier étant intéressant à connaître pour l'évaluation de la vitesse d'arra
chement, dont d'érosion au niveau du fond).
2) Répartition bathymétrique du stock de diamètre D.
3) Faciès granulométrique du stock concerné. On utilisera les
travaux de Rivière, Visher et Weydert. Le détail des analyses sera poussé en
fonction du temps disponible et de l'échelle du problème à traiter (1).
4) Calcul des vitesses de transport et des "niveaux d'énergie".
Les diagrammes de B.W. Logan expriment les vitesses contre le fond
pour divers régimes :
25 m,4 sec, pente assez forte (1/35) (LT10) ~~E_!!!~:i~",,~
H moyenne = 0,80 m) .
Flux de vitesse égale à 1,20 rn/sec à -3 m.
Flux de vitesse égale à 1,03 rn/sec à -5 m.
Amortissement pratiquement complet à -30 m.
2°) ~~E_gE~~~~ : T = 6 sec, pente 1/35 (L = 56 m, H moy. = 2 m) .
Flux de vitesse égale à 2,30 rn/sec à -3 m. La valeur de cette vitesse ne change
guère à -5 m. A -10 m, on calcule 0,50 rn/sec. L'amortissement est réalisé vers
52 ou 55 m.
(1) Une recherche appliquée à court terme concernant un problème precis n'exigera point de longues études théoriques, vérification et calculs. Sur cesproblèmes consulter ès travaux de P. Weydert (1971, 1972 et 1973).
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H moy.
- 58 -
3°) !~~E~~~_~~~~~~!~_~~~~E~~~
5,IOm).
T = 6 sec, pente 1/35 (L = 88 m,
Aucune vitesse n'a été calculée pour les fonds de 3 à 5 m.
A -la m, le flux montre une vitesse de 1,5 rn/sec.
A -15 m, le flux montre une vitesse de l ,a rn/sec.
A -22 m, le flux montre une vitesse de 0,77 rn/sec.
A -33 m, le flux montre une vitesse de 0,50 rn/sec.
Amortissement pratiquement complet vers -77 à -80 m.
10) Par mer "movenne" :-----------~----
- les sables grossiers cheminent jusqu'à -8 m et l'érosion affecte
surtout les fonds jusqu'à une profondeur de -5 m.
- les sables moyens et fins sont mis en suspension jusqu'à -30 m.
2°) ~~E_~~E_~gE~~~~" : érosion d'un fond sableux jusqu'à -la m
mise en suspension de sable fin jusqu'à -50 m.
3°) ~~~E_!~_~~~E~~~_~~~~~~!~_~~~~E~~~
- érosion rapide de tous les fonds, quelle que soit leur nature,
jusqu'à la m de profondeur.
- érosion du sable grossier et moyen jusqu'à -30 m.
- mise en suspension des sables fins jusqu'à -60 m environ.
Les régimes de très fortes tempêtes et les mers "grosses" n'ont pu
être directement observés en plongée. Les vitesses ont été calculées à partir
des paramètres mesurables. L'observation directe a porté sur l'examen des
fonds immédiatement après un gros temps : érosion des herbiers, état des che
naux, repères sur le fond, ravinements, galets tractés, matériaux déplacés,
etc ...
On peut se demander s'il y a une concordance entre les états
"calculés" et les situations réelles du niveau des fonds. Cela nous amène aux
remarques suivantes :
1° - En baie de Giens, à l'Ouest du tombolo occidental, les ravi
nements sous-marins et les remaniements de sédiments et de galets littoraux se
manifestent jusqu'à -12 et même -15 m. L'action des courants compensateurs peut
se prolonger en-deçà. Les vitesses réelles d'érosion, par très fortes tempêtes,
paraissent supérieures aux valeurs calculées. Ces dernières sont des moyennes
- 59-
tandis qu'une llpointe" de vitesse réelle, même très brève, est accompagnée
d'effets naturels et observables au niveau du fond.
2° - En rade d'Hyères, à l'Est de la Capte et du port d'Hyères,
les ravinements sous-marins et les remaniements se suivent jusqu'à -30 m. Les
érosions sont encore très sensibles à 20 m de profondeur et des épandages bio
clastiques sont remaniés par gros temps jusqu'à -40 m. Mais en ce secteur, la
présence d'un herbier vivace à Posidonies, jusqu'à -32 m, protège les fonds
par la consolidation du sédiment des "mattes", ce qui ot est point le cas pour
la baie de Giens où l'herbier très dégradé demeure en voie de régression rapide.
Il y a ici une meilleure concordance entre les effets réels, plus
ou moins épisodiques, et les vitesses théoriques. Les mouvements naturels, plus
rapides que les déplacements calculés sont en fait compliqués par les circuits
courantologiques curvilignes de la rade d'Hyères et le système des courants
sagittaux auxquels s'ajoutent des oscillations de seiches.
3° - Il est difficile d'évaluer les pentes sous-marines du fait
des irrégularitées liées aux herbiers: "mattes" et "tombants", massifs isolés
amenant la concentration des orthogonales, ressauts et "contre-pentes ll, marmites
d'érosion et dépressions fermées, de -5 à -20 m. Or, les calculs considèrent
des pentes régulièrement inclinées. Il nous faut tenir compte, sur ces fonds
d'herbiers, de freinages et turbulences complémentaires sans lesquels, d'ailleurs
les tombolos de Giens n'existeraient plus.
LE TOMBOLO OCCIDENTAL (carte 3)
Description:
Long de 4.500 m, large par endroits de 80 m, le tombolo occidental
de Giens, supportant la "route du sel", est une construction sableuse mince et
fragile.
Tout au long de ce tombolo il a été défini plusieurs sites de sur
vaillance, du Nord au Sud (fig.! et 2).
- E~~~~_~ : plages situées au Sud de l'Abnanarre et au Nord de
l'émissaire actuel de la ville d'Hyère •.
- E~~~~_~ : plage dîte de "Passe Pied", à 700 m au Sud du débouché
de l'émissaire. Tombolo aminci (borne Q).
- E~~~~_g : sensiblement au milieu du tombolo W, flèche encore
très amincie.
DU CAP CEPET AU GOLFE 1lF) GIENS •
1 - Eboulis sou~ marins hétérogènes et instables. Blocs.
2 - Sables mobiles lessiv~s du prisme littol'al
J - Sables fins élutriés et mobiles des fonds de baies.
h - Herbiers ft Posidonies et IÎHattes" à Proteger. t sables
hétérogènes .
5 - Mattes et herbiers à Posidonies érodés. Fonds instables
6 - Sables mibiles des chenaux d'érosion des herbiers.
7 - Sables péliteux des herl)l;ers de Zostérées des fonds de baies.
8 Sables grossiers et graveirs du Détritique cotier
9 -·Sables hétérog0nes du Détritinue cotier •
10 - Sables péliteux du Détritique cotier envasé
11 - Fonds rocheux rigides à portance élevée
12 - Sables indurés et grès sous-marins •
1J - Zone de "dumping" et rejets solides ( déblais) non ·polluants
14 - Zone intertidale
15 - Faciès des Vases Terrirrènes Cotieres.
16 - Cournnts dominants
17 - Sens de la dérive liée aux vents dominants.
1R Emissaires sous-marins
19 - Extension des pollutions à la sortie des émissaires.
20 - Zone cotière en voie dtéro~ion.
II'"~.-===~=-~--~-~-~-~=--_.=~-~~-~--~-~=--=.=-=====-~
Centre National pour l'Exploitation des Océans DU CAP CEPET AU GOLFE DE GIENSJ. BLANCA. JEUDY de GRI55AC
Laboratoire de Géologie marine, Centre d'Océanogr.phle,Marseille, Luminy.
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~'i
- 60 -
2~i~!_g' : à 600 m au Sud de C, là où change la courbure du tom
bolo W dont la ligne adopte une direction NNE-SSW.
2~i~!_Q : plage Sud du tombolo se raccordant à l'île de Giens,
en bordure de dune et marécages. Au Sud de D (450 m au SW) s'amorce le départ
de l'émissaire sous-marin de Giens.
Les zones menacées correspondent aux segments AB, BC. Après de
fortes tempêtes d·'Ouest, en C, la largeur du tombolo se trouve réduite à 50 m
alors qu'en 1956 elle était de 80 m (Blanc, 1960). En C', l'amaigrissement a
réduit cette largeur de 90 à 75 m en quinze années. Des compensations à ces
retrécissements ont été apportées par des remblaiements du côté oriental, en
bordure de la roubine bordant l'étang des Pesquiers. Néanmoins une possibilité
de rupture demeure possible pour les secteurs définis par les segments AB, BC,
par tempête très forte ou exceptionnelle d'Ouest ou W.NW, combinée à une
"marée barométrique" (1).
Matériel sédimentaire
De l'embase Nord (Pomponiana, l'Almanarre) jusqu'au point C', on
observe un cordon littoral et une plage à forte pente formée de petits galets
quartzeux, granules et sables grossiers coquilliers. Le matériel montre une
origine mixte :
1° - Galets, granules et sables quartzeux détritiques issus des
horizons du Permien et Trias inférieur. Cet épandage sub-fossile est lié à un
cours ancien du Gapeau dont le débouché se situait à l'Ouest du Mont Fenouillet
(Lutaud, 1924).
2° - Amas coquilliers fossiles, sub-fossiles et actuels drossés
à la côte et formant des co,;dons ou des "beach cusps". Cet apport bio-clastique
prépondérant est issu en grande partie de l'érosion des vases, limons et sables
versiliens formant le soubassement de l'étang des Pesquiers et des tombolos,
comme le montrent les sondages. Ces sédiments, laguno-marins, riches en Cardium,
Ostrea~ etc .. , s'étendaient vers l'Ouest, en baie de Giens, où ils ont été
retrouvés en plongée jusqu'à une profondeur de 6 m, associés à des passées
grésifiées (2).
A partir du C', jusqu'à l'enracinement méridional on note un
changement dans la composition du sédiment littoral
(1) Les "marées barométriques" montrent des dénivellations sensibles dès 750 mmà 742 mm on peut observer une surélévation du plan d'eau de 0,60 m.
(2) Nous menstionnerons la découverte de ponces flottées, analogues aux échantillons trouvés par Jahandiez à Porquerolles, et provenant de l'archipelvolcanique des Lipari.
- 61 -
1°) Apparition de minéraux lourds (grenats, staurotide), issus du
massif métamorphique de Giens et des ectinites des Maures (séries de Loli et des
Berles), devenant de plus en plus abondants vers le Sud.
2°) Apparition d'un nouveau stock quartzeux, d'origine métamorphi
que et filonienne, donnant des galets ferrugineux irréguliers, d'allure céré
brolde. Ce matériel, issu de Giens, provient de l'érosion du piedmont quater
naire (éboulis et limons rubéfiés würmiens, (Blanc, 1958). Ces galets contras
tent avec les galets septentrionaux, issus des anciens cours du Gapeau, d'origine
permo-triasique, blancs, limpides et très régulièrement ovolde.
Le stock bio-clastique initial et les plaques de grès remaniés
subsistent, dans les secteurs érodés au Sud de ct et D, sous le cordon en voie
d'amaigrissement, on observe de petites concentrations de minéraux denses (gre
nats, staurotide, disthène, oligiste, magnétite, etc ••. ). Entre le point D et
le départ de l'émissaire Sud, on relève d'autres accumulations, notamment après
les périodes d'amaigraissement (augite (T.A.), staurotide (T.A.), oligiste,
magnétite (A), hornblende (A), grenat almandin (A), micas, disthène, etc •••
Le déferlement des vagues obliques, à l'Almanarre et au point A
détermine la formation d'un système de "beach cusps" dont les longueurs (dis
tances d'une "corne" à l'autre) diminuent vers le Sud (L = 3 m à 1,5 m), en
fonction de l'amortissement et d'une légère dérive littorale. Après les gros
temps d'Ouest, on observe la formation de deux "générations Il de Ibeach-cusps"
emboitées : au rivage : L = 3 m, circonscrite par une autre ligne plus interne
où L = Il m. Ces figures traduisent roscillation d'ondes de Bragg vraisemblable
ment liées à des réflexions et diffractions sur la côte rocheuse (Pomponiana) où
les affleurements sont nombreux ainsi qu'au niveau des grandes "mattes" érodées
et des plages septentrionales à fortes pentes. De ce fait, malgré la force des
vagues incidentes et les déferlements spectaculaires, ce secteur demeure en
équilibre sédimentaire.
L'étude granulométrique sommaire du tombolo occidental montre des
irrégularités continuelles liées aux "beach-cusps", zones d'érosion, et de
départ des courants sagittaux, cordons de galets et de coquilles, fragments
indurés et grésifiés de sédiments laguno-marins rejetés au rivage, etc ••. La
dérive Nord-Sud, observée en pleine eau ne s'accompagne point d'un véritable
transfert sédimentaire général mais, entre les zones de départ des courants
sagittaux ("concavités" à forte érosion), on note de faibles déplacements,
complexes, locaux et irréguliers du sédiment dans le sens Nord-Sud ou récipro
quement.
Par régimes W.SW ou SW, on observe une dérive SW-NE remontant le
long du tombolo W. Cette dernière est responsable de petits transferts locaux
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- 62 -
et irréguliers de faible importance pouvant déporter certains minéraux métamor
phiques de Giens jusqu'au point c' et même parfois jusqu'en C (fig.2).
Cependant, compte tenu de ces remarques, le rivage du tombolo occi
dental n'est point l'objet d'un véritable transfert systématique comme cela est
le cas pour l'isthme oriental.
Le courant de seiche, au Sud du golfe de Giens, orienté Ouest-Est
et viae versa, ne semble point être accompagné d'effets sédimentologiques mais
intervient dans la dispersion des effluents de l'émissaire méridional.
Les inflexions du tracé littoral du tombolo W correspondent aux
zones de départ des courants sagittaux et, pour le point C, aux limites de
régimes à incidences préférentielles
- au Nord de C : dérive du Nord au Sud, déportant les effluents
de l'émissaire d'Hyères en zone méridionale de la baie de Giens. Incidence des
houles: 290, 280 jusqu'à l'azimuth 268.
- au Sud de C : une dérive du SW vers le NE a été confirmée par
des colorations et visées sur flotteurs.
Un facteur de protecti on inattendu les grès sous-marins
Découverts en 1957 et publiés en 1960 (J. Blanc), ces bancs gréseux
sous-marins s'étagent de -2 à -6 m. Il s'agit de "beach-rocks" correspondant à
des indurations en zone médio-littorale liées à des anciens niveaux phréatiques.
Ces derniers sont responsables de la cimentation calcitique, souvent ferrugi
neuse. De petits sondages dans les formations pélitiques laguno-marines, près
de l'étang des Pesquiers et des points C et C' ont mis en évidence des indura
tions partielles accompagnées de rapides concrétionnements ferrugineux ("fer
des marais") (1). En certains cas, les arénites ont été suffisamment exposées
pour se trouver ciselées de stries de déflation liées à l'orientation du vent
dominant (Mistral: NW ou W.NW) .
Ces "beach-rocks Il jalonnent une succession de niveaux marins, de
-6'm à -2 m ; leur inclinaison, assez forte (quelques degrés vers l'Ouest, W.SW
et W.NW) , rappelle celle des plages actuelles du tombolo dont ils épousent le
tracé. Ce sont des grès quartzeux isométriques ou des grès hétérométriques à
Ostrea et Cardium edule.
(1) J'ai observé, près de C' et D, dans les marais et sur l'arrière plage, desgrésifications récentes accompagnées de concrétions ferrugineuses cimentantdes mines et autres débris métalliques enfouis.
- 63 -
En plongée, on note la fissuration et le déchaussement rapides de
ces grès sous-marins :
- en 1903, seules les "roches" devant B et C affleuraient.
- en 1950 et 1953, j'ai observé le dégagement des grès, initialement
recouverts de sédiments meubles et de "mattes", devant C' et D.
- en 1972, à la suite d'une phase d'érosion sous-marine liée à la
dégradation des herbiers à Posidonies, une "ceinture" grésifiée apparaît depuis
l 'Almanarre , "doublant" vers l'Ouest l'ensemble du tombolo occidental de Giens,
formant un radier résistant et protégeant l'isthme d'une destruction rapide.
Cette dalle résistante devra être soigneusement étudiée par des
forages. Elle constitue une assise intéressante sur laquelle pourraient être
établies des défenses frontales rapprochées.
Les courants sagittaux et l'érosion sous-marine
Le flux pénétrant par gros temps d'Ouest en rade de Giens est diri
gé vers le rivage du tombolo occidental. La compensation est assurée par un
système de "rip-currents" ou courants sagittaux (Rivière, 1951 ; Blanc, 1958;
Arbey, 1959), sortant de la rade par de nombreux chenaux en érodant le fond.
Signalés en 1960 (J. Blanc), ils montrent un développement accru
depuis la dernière décennie. Les comparaisons bathymétriques réalisées par
Maggi (1973) entre les relevés hydrographiques de 1896 et 1969 montrent une
érosion et un creusement accentués des fonds à -3 et -5 m ; les ablations
s'observent encore d'une manière systématique de -10 à -18 m, aux dépens des
herbers à Posidonies et ce, bien antérieurement aux épandages et pollutions
récents. Les phénomènes de creusement sous-marins correspondent à des ablations
pour des épaisseurs de 1 à 3 m, depuis 73 ans, notamment aux chenaux situés au
Sud de l'Almanarre (Ouest du point A), à l'Ouest des points B, Cet C', au
Nord de la Madrague de Giens et à l'Ouest du point D.
Les caractères essentiels de ces chenaux empruntés par les courants
de décharge sont les suivants :
1° - tracé généralement perpendiculaire à la ligne de cote. Ils se
poursuivent en moyenne jusqu'à des profondeurs de -10 m ; on peut cependant les
suivre jusqu'à l'isobathe 20 m.
2° - largeur moyenne: 100 à 300 m, forme sinueuse, rarement recti
ligne. Leur creusement amène la formation de "tombants" de 2 à 5 m dans la
"matte ll de l'herbier à Posidonies.
3° - la zone de départ au rivage correspond à une concavité de la
ligne de la plage où se manifeste une érosion parfois rapide (points B, C et c'.
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- 64 -
Le chenal peut être alors très large (100 à 400 ml, évasé, cFeusant faiblement
les dalles du "beach-rOlck" ou les sables du prisme littoral.
4° - après un trajet sous-marin variant entre 600 et 2.300 m au
maximum, s'observe une zone d'amortissement· où s'effectue ~e ~~estage du s~di
ment en transit. Cette zone située à 7, 9 ou 18 m de profondeur selon les cas,
est marquée par un épandage sédimentaire hétérométrique formant un lobe d'appa
rence deltaïque étalé vers le large (fig.5).
A cette profondeur-~imite cessent ~es phénomènes d'érosion mais
~ 'herbier continue à régresser par l'action de ces co~matages au terme des tran
sits. Des chenaux juxtaposés peuvent être coalescents au niveau de ces lobes
sous-marins.
5° - le matériel sédimentaire relevé dans les chenaux et les lobes
des courants de décharge est très varié, hétérométrique et issu de la zone litto
rale ou de l'herbier à Posidonies : sables fins ou grossiers, ~alets de quartz
hyalin (Permo-Trias), galets ferrugineux de quartz cérébroide (éboulis würmiens
littoraux; Giens), blocs et fragments de phyllades, "beach-rock" et matériaux
provenant des défenses en enrochements de la "route du sel" (calcaires gris du
Muschelkalk blocs de 50 kg).
6° - au dispositif des chenaux transverses, perpendiculaires au
littoral (courants sagittaux) s'ajoutent des couloirs d'érosion liés à des iso
bathes bien déterminéès et paraUè~es à ~a courbure du rivage. De tels chenaux
lon~itudinaux sont également bien développés en bordure du tombolo oriental,
notamment entre le Pansard et les salins d'Hyères (tombants de 4 m dans des
"mattes" datées par des amphores ; type III Dreyssel), au Ceinturon et au NOlrd
de la Capte.
Ces sillons longitudinaux se situent à des profondeurs de 4 m, 6 m à
7 m, 16 à 17 m, selon les cas. Ils peuvent être Olcclus ou reliés entre eux for
mant alors des "couloirs" sinueux mais à des profondeurs constantes. Lorsqu'ils
recoupent les chenaux transverses, au lar~e des points Cet C', l'érosion sous
marine est fortement accentuée et ce "quadrilla~e" amène une dissection rapide
des "mattes".
Les sillons lon~itliinaux paraissent liés aux lignes mijjeures du
déferlement par gros temps. Les chenaux transverses sont le résultat des cou
rants de décharge compensant la surrélévation hydrostatique manifestée aux
rives du tombolo occidental, ce dernier se comportant comme un barrage vis-à-vis
d " d'es values Ouest.
7° - on observe d'autres formes d'érosion sous-marines à diverses
profondeurs (de -1,5 rn à -20 m).
- 65 -
- lImarmites" longitudinales (en fait, amorces de sillons longitudi
naux isolés non encore anastomosés).
- "marmites ll circulaires, elliptiques ou irrégulières, entièrement
fermées et où s'accumulent les frondes et souches de Posidonies, les aegagro
piles (1), les débris ligneux, amas de Codiacées, bidons, pneus, bouteilles et
débris divers.
- trous de bombes et cratères d'explosions agrandis par les ravine-
ments.
Les mêmes figures s'observent au large du tombola oriental et aux
îles d'Hyères (Blanc, 1958).
La topographie de détail des chenaux transverses et longitudinaux
llmarmites" cl 'érosion, etcH c est très variée et des levers précis au 1/10.000
seraient nécessaires. En fait, la multiplicité et la position changeante des
axes de ravinement demeurent liées aux tempêtes exceptionnelles et aux particu
larités locales (déferlements, réflexions et diffractions).
Un herbier à Posidonies très dégradé
L'herbier à Posidonies du golfe de Giens est en vo'e de régression
rapide depuis plus de vingt années. En fait, les observations des usagers de la
côte et les relevés de Maggi (1973), montrent que cette érosion sous-marine se•
trouVe amorcée depuis au moins 70 ans.
A la Madrague de Giens, au voisinage de l'îlot de la Redonne, j'ai
noté une érosion de 4 ID, pour un "tombant ll de l'herbier à Posidonies, en dix
années (Blanc, 1960), Le substrat (phyllades) peut être mis à nu et certaines
lImattesll ont totalement disparu.
Les oauses de Za dégradation rapide des fonds de Z'herbier appa
raissent liées :
1) aux érosions sous-marines : courants sagittaux, chenaux trans
verses, chenaux longitudinaux, déferlements. Ces facteurs mécaniques sont pré
dominants et se manifestaient bien antérieurement aux interventions humaines.
2) aux ensablements résultant de l'érosion des plages et petits
fonds et du "décapage" des sables et limons versiliens grésifiés. Ces facteurs
sédimentaires ne doivent être sous-estimés mais ils apparaissent secondaires
vis-à-vis des actions mécaniques.
( 1) Les "aegagropi les" sont des boules brunes, ovoldes, véri tables galets defibres rouies de Posidonies.
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- 66 -
3) aux pollutions récentes liées aux émissaires Nord (Ville d'Hyè
res) et Sud (Giens) (fig. l, 2 et 3).
- les dérives dominantes amènent un étalement en "queue de comète"
vers le S.SW (régime normal).
- par régime d'Est, les dérives déportent les effluents vers l'Ou
est et l'W.NW, tout au long du littoral, de l'Almanarre à Carqueiranne (fig. 3,
4 et 5).
Ces mouvements sont mis en évidence par des photographies aériennes,
des colorations artificielles et des cheminements de flotteurs presque entière
ment immergés et repérés à partir de bases à terre (points A et B).
Après le rejet, une fraction notable (mais non exactement évaluée)
des pollutions "fines" et "macroscopiques" revient au rivage sous l'action de la
dérive normale (Ouest, Est) et des courants de seiche. Ainsi, la belle plage du
tombolo occidental de Giens a été interdite au public tandis que la zone Sud
(Madrague de Giens), très fréquentée, demeure affectée par les pollutions.
L'herbier de la Madrague de Giens et son "récif-barrière", étudié par Molinier
et Picard (1951) se trouvent menacés et déjà fortement altérés. De ce fait, les
craintes des riverains s'avèrent justifiées.
L'installation récente d'un émissaire à -la m et à 1.200 m du
littoral, au Nord du golfe de Giens, à 1.050 m dans le 255 du point A doit être
déconseillée car les effluents seront affectés par l'hydrologie de la baie de
Giens et reviendront partiellement au rivage sous l'action des vagues d'Ouest.
D'autre part, les incidences exactes de la seiche ne sont point exactement
connues. Enfin, la dégradation des herbiers, remplacés par des peuplements
proliférants à Codiacées (Codium tomentosum et Codium bursa) sera accentuée.
La solution rationnelle, à mon sens, consisterait en un rejet au
Sud de Giens, à une profondeur de 55 m dans le 195 de la pointe des Morts,
après une étude hydrologique et bathymétrique détaillée (1).
Les risques d'érosion du tombola occidental
La menace est double :
1) chocs des vagues déferlantes (surtout régimes d'Ouest, du 260
au 295) et élévation du plan d'eau. La surélévation résultante peut amener en
certains points (B et Cl, la submersion temporaire du tombolo et la coupure
de la route reliant Giens à l'Almanarre.
(1) Cette proposition s'avère, à peu de choses près, analogue à celles fourniespar G. Cooper et P. Maggi (1973).
- 67 -
2) affouillements et reculs des plages aux zones de départ des
courants sagittaux. Ces reculs peuvent localement atteindre plusieurs mètres
en quelques années (1). Ces ablations ne sont qu'incomplètement compensées et
il s'ensuit un déficit sédimentaire aux zones B, C et C'. La zone A maintient
un tracé à peu près équilibré tandis que la zone D, au Sud, directement abordée
par les vagues obliques est également érodée (micro-falaise, talus, murs écrou
lés) mais cette ablation, moins grave, n'est point susceptible d'extension ou
d'érosion du tombolo.
Les déchaussements de la dalle de grès ("beach-rock"), la dissec
tion des herbiers et l'érosion des IImattes" accentuent les affouillements au
littoral. Le sédiment grossier, arraché aux plages par les courants sagittaux
et tractéà une distance parfois importante, ne revient que très incomplètement
au rivage. Enfin, la dégradation des herbiers liée aux récentes pollutions
s'accentue depuis 1959 à un taux inquiétant. Il demeure parfois difficile de
séparer la part exacte relevant des facteurs mécaniques et des pollutions, mais
les résultats globaux sont aisément discernables. En 1967, G. Cooper signalait
une dégradation générale des "mattes l1 jusqu'à -6 ID. Actuellement, j'ai noté une
régression de lherbier jusqu'à une profondeur de 20 m, imputable principalement
aux facteurs mécaniques et sédimentaires.
Quoiqu'il en soit, les "mattes" de l 'herbier ne remplissent que
très insuffisamment leur rôle de "volant régulateur" protégeant le littoral de
l'érosion. Cela constitue le problème majeur de l'érosion du tombolo occidental
de Giens.
Les extractions sous-marines de sables et graviers ont amené une
destruction des "mattes" jusqu'en 1880. Le résultat, direct ou indirect, a été
un recul du tombolo de 60 m depuis 1890 (rapport A. Baudry, 1971) (2). Les
bornes-repères ont disparu et Baudry cite la position en pleine eau de l'une
d'entre elles en 1945.
L'exploitation sous-marine des llmattes ll ne doit point être étran
gère aux ruptures temporaires du tombolo survenues en 1854 et en 1917. Les
causes observables ont été :
- très fort régime d'Ouest,
- dépression et eaux anormalement hautes.
La rupture a été très rapide et en moins d'une heure, l'isthme
large de 150 m (au voisinage de l'actuel point C), a été recouvert par les
(1) Documentation des Ponts et Chaussées maritimes, observations aimablementcommuniquées par G. Cooper et recherches personnelles.
(2) "Annales" des Salines de Giens.
- 68 -
eaux. Le résultat a été le "remplissage" immédiat de l'étang des Pesquiers,
l'envahissement des Salins de la Capte et la perte de la production de sel.
En 1940 (tempêtes des 17 et 30 novembre) et en avril 1942, A. Baudry
mentionne encore des franchissements de l'isthme en plusieurs points non préci
sés, probablement au voisinage de B et C. En 1958, le niveau a été temporairement
exhaussé de 0, 70 m ; depuis, G. Cooper constate au point B un recul de 40 m
du tombolo. Personnellement, j'ai évalué une érosion de 15 m, ce qui est déjà
suffisamment rapide et grave.
Du 27 au 28 décembre 1970, une tempête amenant une submersion loca
le et temporaire a coupé la route amenant une érosion de 2 à 5 m du tombolo au
point B. Cette érosion a été mal compensée par la suite (1). En mars 1972, j'ai
noté un nouveau recul de 1 men 15 jours (point B, "Passe Pied"). L'affouille
ment est continu en B et C, même par beau temps. Seule la dominance des vents
cltEst, pendant quelques jours, fonctionnant connue des "vents de terre", amène
un léger engraissement temporaire. Mais, le point C demeure toujours en recul
et constitue le secteur le plus menacé du tombolo occidental.
En l'état actuel, une rupture partielle de l'isthme occidental
est possible et prévisible à courte échéance sous l'action d'une forte tempête
d'Ouest combinée à une importante dépression amenant l'exhaussement du plan
d'eau (740 lIlIIl + 0,70 ml. Le cas d'un "tsunamis" d'origine séismique n'est point
envisagé ici, mais sa possibilité peut être raisonnablement admise sur notre
littoral. Les dégats seraient alors très élevés en ce secteur faible.
La protection du tombolo occidental de Giens
1° - Zones très menacées à protéger dans les plus brefs délais:
Il s'agit des points B et C et de leur voisinage. L'érosion des
plages est spectaculaire malgré quelques enrochements frontaux. Le profil du
fond demeure assez abrupt; des changements de courbure s'observent au départ
des courants sagittaux. En face du point C, par 3 m de profondeur, un déferle
ment en volute est noté, sur une longueur de 400 m, au niveau de mattes dégra
dées. Des vagues de translation, insuffisamment freinées arrivent au rivage,
déferlent à nouveau détruisant les anciennes et nouvelles défenses en enro
chements.
(1) On note également un recul de plusieurs mètres, sans réelle gravité aupoint D.
- 69 -
- en B, le tombolo montre sa plus faible largeur et la 'route du
sel" est parfois dégradée.
- en C, se présente la zone la plus menacée du tombolo.
2° - Zones menacées
Entre les points C et C' : les houles sont déjà bien freinées sur
des mattes à -5 m, puis à -3 m où l'on observe deux déferlements successifs
avant l'arrivée au rivage. Cependant, depuis quelques années, la matte la plus
proche de la plage, à -3 m, s'érode rapidement et le substratum grésifié appa
raît. Dans un avenir proche, cette protection naturelle fera défaut. Le courant
sagittal, à l'Ouest de C'est préoccupant par son importance et l'abondance
des matériaux qu'il charie vers le large. Ainsi, la portion littorale C C',
quoique moins directement menacée que le "segment" B C, sera bientôt plus
exposée qu'en l'état actuel.
3° - Zones faiblement érodées ou en équilibre :
- au Nord du point A et au Sud de C', de fortes houles et de gros
déferlements au rivage sont étalés par la réfraction sur les "mattesll tandis
que les dalles de grès protégent le littoral. Néanmoins, l'érosion sous-marine
progresse par petits fonds au niveau des chenaux transverses et longitudinaux.
L'herbier s'y trouve rapidement dégradé et l'accentuation des pollutions, la
réalisation du nouvel émissaire risquent d 1 accentuer cette régression. A moyen
terme, ce secteur risque d'être menacé.
- en D et au Sud de ce point, malgré quelques érosions locales et
un soutirage de matériaux par les courants sagittaux, on observe une zone déjà
mieux abritée et non rnenacéeo On peut même observer quelques engraissements
localisés mais temporaires.
4° - Les régimes érosifs, pour l'ensemble du tombolo, sont les
dépressions avec brusques chutes ou remontées barométriques : de 752 à 762 mm
durant la nuit, naissance d'un vent à 35 noeuds venant de l'Ouest, formation de
vagues très cambrées montrant une hauteur de 4 m au large (T = 8 sec. avec des
écarts de 5 à 9 sec.). Sur le littoral, l'élévation du niveau peut atteindre
+0,70 m (27 octobre 1972). La vitesse du vent présente des "battements" à 20
ou 35 noeuds, avec de rares maxima à 45 noeuds. La pression minimale mesurée,
ramenée au niveau de la mer, a été de 743 mm (9 et 10 avril 1973).
Les dérives calculées au large, en fonction d'une latitude de
- pour un vent maximal de 45 noeuds soit 67 m/rnn.
- pour un vent moyen de 35 noeuds soit 60 m/rnn.
- 70 -
- pour un vent minimal de 20 noeuds soit 40 m/mn.
Les vitesses réelles par petits fonds, calculées au moyen de
visées sur des flotteurs dérivants colorés sont plus élevées ou plus faibles
selon les cas du fait de régim6pulsatoires, prise au vent des flotteurs et
frottements contre le fond ou déviations au niveau des courants sagittaux.
Chaque cas doit alors être considéré en particulier (de 90 à 40 m/mn).
5° - Suites à donner:
La protection la plus urgente devra être réalisée du Nord du point
B au Sud de C. Dans un deuxième temps, il faudra traiter les segments AB et CC'.
L'absence de véritable transfert de sédiments du Nord vers le Sud
(1) nous aménera à renoncer aux ouvrages transversaux, tels que les épis (qui
améneraient probablement une accentuation de la destruction du tombolo), pour
adopter un système de défenses frontales.
Ces dernières pourront être des ouvrages en enrochements très
lourds (blocs de 3 à 5 tonnes), très soigneusement réalisés, parallèles au
littoral et aux isobathes, face aux segments AB, BC et CC' des plages.
On peut concevoir plusieurs options
a) ~E~~~:!~~~~_~~_EE~!~~!~~~_§!~~g~§~_~~~_~_!~~~~~~!~~_~_~,recou-
pant les chenaux et les "mattes" dégradées. Cet ouvrage absorberait une partie
de l'énergie incidente et réaliserait un déferlement au large du tombolo. Tout
en réduisant le courant sagittal érosif, il ne devrait point s'opposer au renou
vellement des eaux par upwelling. L'ouvrage devrait être élevé à +2,5 m et même
+3 m si possible afin d'arrêter une partie des embruns et de s'opposer effica
cement aux vagues.
Un brise-lame ~~~Eg§ à -2 m, sis sur l'isobathe 5 m serait insuf
fisant pour l'amortissement de vagues prévisibles (2) à T = 10 sec et H supé
rieure à 6 m.
Les tracés devront être interrompus tous les 300 m et légèrement
infléchis vers le SSE (fig.6). Les "passes" larges de 100 à 150 m seront situées
entre les points A et B, B et C, C et Cl. Ces zones "découvertes" seront rapide
ment érodées. D'où la nécessité d'envisager une ligne de protection rapprochée.
b) ~E~~~:!~~~_~~_EE~!~~!~~~_E~EEE~~~§~_~~~_~_!~~~~~~!~~_~_~_~ cesouvrages seront appuyés sur les "mattes" érodées, les grès et sables des
chenaux. Ils recouperont transversalement une topographie sous-marine tourmentée
(1) mais non l'absence de dérive.
(2) jamais observées (maximum reconnu en d'autres lieux T 9 sec., H 5,5m) .
250mN
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- 71 -
et des aménagements et modifications de détail devront être prévus. Là encore,
on maintiendra une disposition parallèle au rivage.
Les enrochements soignés et lourds pourront être plus bas (+ 2 m)
nous déconseillons ici encore, les digues immergées car il nous faudra tabler
sur des hauteurs de vagues de 2,5 à 4,5 m. Leur distance à la plage se situera
entre 280 m et 350 m en moyenne.
L'ouvrage sera interrompu de lIpasses" mais les secteurs situés en
face des ouvertures du brise-lamœ de protection éloignée devront être obligatoi
rement endigués sous peine d'une destruction rapide du tombolo par accentuation
du flot de retour. Un brise-lames de ce type devra être envisagé en face des
points A et D (fig.6).
La disposition décalée des ouvrages de types "a" et 'b" brisera les
courants sagittaux érosifs en occasionnant des déferlements avant l'arrivé du
flux sur les plages. Les renouvellements de l'eau seront acceptables si l'on
maintient des passes de 100 m munies de "cônes" réfléchissants immergés et
si l'on renonce à déverser les effluents dans la baie de Giens. Nous considé
rons cette condition comme primordiale.
La construction des brise-lames éloignés et rapprochés sera coû
teuse ; elle détruira des llmattes ll à Posidonies mais ces dernières sont déjà
fort dégradées en ces endroits. A ce prix l'on protégera le tombolo Ouest de
Giens tout en créant des mouillages abrités et en augmentant, par des déchar
ges appropriées de graviers "propres", la superficie des plages.
Des endiguements et enrochements au littoral pourraient être
réalisés à la place des ouvrages "ail et "bll, à un moindre coût mais la protec
tion du tombolo serait médiocre et les courants sagittaux continueraient à
dégrader les herbiers. Il faut néanmoins s'attendre à des fortes turbulences
et des érosions sous-marines au pied des brise-lames frontaux. Pour cela il
est indispensable d'effectuer une étude en modèles réduits et une prospection
géophysique détaillée accompagnée de sondages à l'emplacement des assises
lourdes.
TRANSFERT DU TOMBOLa EST (cartes 4 et 5).
Caractères généraux
Un transfert, lié aux régimes d'est (s.l.) et à l'obliquité des
vagues et houles, amène le cheminement des alluvions et troubles charriés par
le Gapeau et le Pansard vers l'Ouest (Salins d'Hyères), puis le S.W. (plages
d'Hyères) et, enfin, vers le Sud (La Capte, l'Estanci). Ce mécanisme déjà
- 72 -
connu (Blanc, 1957-1958-1960) se traduit par une érosion aux plages de Miramar,
à l'Ouest des Salins, au Ceinturon, à la plage d'Hyères et à la Capte tandis
que s'engraisse la zone méridionale (Estanci, rade de la Badine), à l'enraci
nement du tombolo contre l'obstacle de Giens. Les autres portions du littoral
demeurent en équilibre. Depuis 1958, la direction des cheminements a été pré
cisée, en plus des observations directes, par les analyses minéralogiques et
granulométriques (Blanc, 1958 ; F. Picard, 1968).
Au terme du transfert où la sédimentation sous-marine et les pollu
tions lImacroscopiques" prennent de l'importance se développent dtimportants
herbiers à Posidonies et Cymodocées.
La vitesse mesurée de la dérive littorale est variable : 25 rn/mu
en moyenne par vent de SE. Des maxima ont été observés à 40 et 50 m/mn mais
aucune mesure directe n'a été effectuée par gros temps où le calcul donne des
valeurs de 70 à 80 rn/mu.
Erosions sous-marines
Elles ne sont point liées, en baie d'Hyères, aux pollutions issues
des émissaires. Seuls interviennent les facteurs hydrodynamiques et sédimentai
res. On retrouve les chenaux d'érosion observés au golfe de Giens:
1° - Chenaux liés aux courants sagittaux, perpendiculaires au lit
toral dont ils accentuent l'affouillement. L'érosion s'effectue aux dépens des
sables mobiles du prisme littoral, des "mattes" de l'herbier à Posidonies et
probablement des fonds du lIdétritique côtier". Les Il tombants" peuvent atteindre
4 à 5 m de haut. De tels chenaux se suivent bien jusqu'à des profondeurs de 6 à
8 m. Nous estimons qu'ils se prolongent en certains cas jusqu'à -11 m au Nord
de la pointe de la Badine où se réalise la décharge d'une amorce de circuit. La
dégradation des "mattesll est très avancée et leur dissection n'a laissé que
des îlots sous-marins irréguliers ceinturés de "tombants" (fig.5) (carte 4).
2° - Chenaux longitudinaux, parallèles à la courbure du littoral
et au sens de la dérive moyenne, recoupant les chenaux transverses au large du
Ceinturon, de la Capte, de la plage d'Hyères et de l'Estanci. Il en résulte un
quadrillage très irrégulier avec formation de "mattes" isolées et très dégradées.
Les chenaux du Ceinturon (fig.6), de l'Hippodrome et du Sud de la
Capte ont été étudiés depuis 1952 et 1954. Leur largeur varie de 15 à 200 m
et les zones de départ peuvent être l'objet d'une érosion rapide: 20 fi en
trente années au Ceinturon, 10 m de recul entre 1952 et 1954 à la plage de
l'Hippodrome. Des mesures directes ont été effectuées par beau temps; elles
- 73 -
donnent des vitesses faibles, de 0,3 à 0,8 m/mn. Mais, par fortes tempêtes, ces
axes de drainage doivent être balayés par des courants rapides ainsi que l'attes
tent des traînées de galets et de blocs de 2 à 3 kg, remaniés et dépourvus
d'enduits de Diatomées, caractérisant habituellement les matériaux "au reposll.
A une profondeur variant dE 9 m à 12 m, Les herbiers se régénèrent
et couvrent d'une façon homogène une pente régulière. Les sillons d'érosion
n'en sont point absents pour autant; on observe encore des irrégularités,
llmarmites" et contre-pentes jusqu'à -22 ID et même à -40 ID, -45 m, au niveau des
sables et graviers du détritique côtier. Les influences sédimentologiques de
ces courants de fond profonds, sortant de la rade d'Hyères sont actuellement en
cours d'étude.
La conséquence pratique est une érosion générale des herbiers
jusqu'à -12 m. En deçà, les ravinements sont atténués et compensés par la crois
sance active des Posidonies. Quant aux courants profonds, de -38 à -45 m, ils
ne paraissent point présenter de conséquences préjudiciables. Seules les éro
sions, jusqu'à -12 ID peuvent retenir notre attention car elles interviennent
sur les ablations littorales au Ceinturon, à la plage d'Hyères et à la Capte.
L'important chenal de décharge situé au Nord de la Pointe de la Badine "ferme"
le circuit courantologique, érode activement les herbiers mais demeure sans
effet sur le littoral rocheux ou la zone à forte sédimentation de l'Estanci.
Bilan du transfert
On sait que les déferlements obliques donnent des transports d'eau
dont la résultante est parallèle à la côte et dirigée dans le même sens que la
houle. Le maximum de vitesse serait dans le déferlement le plus au large. Dans
l'ensemble, il s'agit de transports pulsatoires le long de trajectoires héli
coidales ou en "dents de scie" près du littoral.
Le débit maximum du matériel sableux transporté se situerait dans
la zone de vitesse maximum du courant, près des premiers rouleaux déferlants
(J. Larras, 1957) (mis en évidence par des mesures de turbidité, l'examen du
déplacement de sables colorés ou irradiés).
La vitesse moyenne du transfert latéral varie de quelques décimè
tres à quelques mètres par seconde dans la zone du maximum des vitesses.
Pour J. Larras, après un assez grand nombre de mesures à la mer et
d'expériences en modèle réduit, cette vitesse serait donnée par la formule:
v3
K. v~T • i sin 2 ct
- 74 -
••• pour une plage stable, rectiligne, indéfinie.
h = amplitude des lames déferlantes,
T = période des lames
i pente moyenne de la plage entre la ligne de rivage et la
première ligne de rouleaux.
a = angle des vagues, avant réfraction, avec la ligne de rivage
g = accélération de la pesanteur
K = coefficient sans dimensions dépendant de la turbulence générale,
de la quantité d'énergie de la houle et de la rugosité des
fonds. Dans les cas moyens, on pose: K = 2,6.
La vitesse doit être maximum pour une incidence de vagues défer
lantes de 45°.
Par mer de vent d'Est, force 2, on note sur la plage située entre
l'Hippodrome et la Capte, les valeurs suivantes
h = 100 cm, T = 6 sec, i = 3 %, a = 25°,
d'où l'on tire, en C.G.S. :
v = 40,3 cm/sec.
Or, au Ceinturon, pour une houle SE, force 2, on mesure, dans la
partie superficielle de la tranche d'eau, une vitesse de 77,2 cm/sec. Cette
vitesse peut s'abaisser à 50 cm/sec. au tombolo occidental de Giens pour une
mer de force 3. Près de l'Estanci, pour une mer force l, l'eau Se déplace laté
ralement à la vitesse de 20 cm/sec. Aucune meSure n'a été effectuée par gros
temps.
Le transit littoral en suspension au cours des tempêtes est très
délicat à évaluer et concerne des quantités importantes de matériaux Se chif
frant à plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de mètres cubes. Par très
gros temps, la turbidité générale des eaux, Se manifeste jusque par des fonds de
80 m. De ce fait, les épis ne doivent arrêter qu'une faible quantité de sédi
ments. Cette cubature "piégée" est estimée à 20 ou 25 % de la totalité du stock
en transit (Bellesort et Migniot, 1972) et mesurffidu laboratoire Central de
l'Hydraulique de France (1960).
A Giens, nous pensons que le maximum de transit en suspension (et
non en traction), s'effectuerait par des fonds de a à -5 m. Pour du sable fin
la formule simplifiée du L.C.H.F. exprime la cubature V des matériaux en transit,
connaissant
H amplitude de la houle en mètres
T = période de la houle en sec.
- 75 -
a = obliquité de la houle par rapport à la ligne du littoral
t = temps de transit évalué en secondes (1 heure = 3.600 sec,
journée = 43.200 sec.).
On a
Tsin 7a7;"" t •
si H > 3 m (houles grosses de tempêtes), ces dernières transpor
tent à elles seules près de 55 % du transit littoral pour une durée relative de
5,4 % du temps total.
si H < 1,5 m (houles moyennes et faibles), ces dernières ne trans
portent que 14,70 % des matériaux tout en agissant pourtant pendant une durée
relativement importante: 78 % du temps.
Les valeurs données par le L.C.H.F. sont les suivantes
- transit annuel au Nord de l'Adour: 300.000 m'
- transit annuel à Lion-sur-Mer (Côtes de la Manche) : 50.000 m'
- transit annuel au littoral d'Israël: 800.000 à 500.000 m' selon
l'obliquité du littoral.
- Pointe Noire (Congo) : transit annuel de 400.000 m', dont 300.000
m' pour les fortes tempêtes.
- Agadir (Maroc) : transit annuel de 400.000 à 450.000 m'.
A Giens, on note les valeurs suivantes de a pour un régime moyen
E.SE
Salins d'Hyères: a = 5° à 10°
- Ceinturon : a = 6°
- La Capte: a = 6° à 11°.
Nous adopterons une valeur moyenne de 6° sans tenir compte d'écarts
locaux ou temporaires ("fourchette" de 3° à 20°) liés à des réfractions (débouché
du Gapeau) ou de diffractions (jetées d'Hyères et des Salins). Pour un gros
temps avec H = 3,5 m au large et T = 7 sec., pour une journée de tempête conti
nue, on a V = 691 m'.
Or, pour une moyenne annuelle de 26 % j/an concernant les régimes
d'Est, SE et E.SE, en se considérant que les gros temps avec W (vitesse du
vent) supérieur à 30 noeuds, on obtient une proportion de 1,6 % du temps annuel
total. D'où une moyenne calculée de 5,84 journées continues. Il en résulte une
estimation annuelle de 4.035 m'en transit pour la "tempête-modèle" définie.
Cette cubature doit être complétée par les transim de régimes
"moyens" où H < 1,5 m, responsables de 15 % du transfert total d'après le modèle
du L.C.H.F., soit 27 % du stock mû par gros temps et correspondant à 1.090 m'.
Le total moyen serait de 5.125 m'fan entre la Capte et l'Hippodrome.
- 76 -
Cette valeur ne concerne que le transit littoral décelable correspondant seule
ment à 20 ou 25 % de la cubature totale en mouvement. En adoptant une hypothèse
"basse':, cette dernière pourraît être évaluée à 25.625 m'jan.
Ces estimations appellent les remarques suivantes
1) Les évaluations statistiques des régimes nous conduisent à "blo
quer lt les durées de tempêtes en une seule période moyenne. Or, les "pulsations"
et ondes de gros temps sont multiples et complexes. D'où la nécessité de mesures
continues par houlographes.
2) Il n'est point tenu compte des régimes exceptionnels à T = 9 ou
10 sec. t parfois Il sec. Leur extrapolation par rapport aux diagrammes des houles
dîtes lIcentenairesll donne une probabilité en pourcentage de 0,01 % comprise
entre les marges limi tes des tempêtes "décennales Il et llcentenaires".
3) Les colmatages annuels retenus par les ouvrages d'Hyères et de
la Capte ne doivent représenter qu'une fraction des sédiments transportés. La
fraction pélitique, inférieure à 50 ~, est déportée au large et se décante sur
les fonds du détritique côtier. Elle provient essentiellement des troubles du
Gapeau et du Pansard.
L'estimation de cette cubature relativement modeste, en transit,
doit être, liée à la charge modérée des rivières précitées. Elle n'encourage
guère à l'édification d'épis supplémentaires interrompant un transfert déjà
limité et amenant, par les affouillements observés au Sud des ouvrages, une
rupture inutile de l'équilibre naturel.
LES SECTEURS MENACES DU TOMBOLO ORIENTAL DE GIENS (cartes 4 et 5).
Historique des observations
Les secteurs menacés par l'érosion sont, de l'Est vers le SW, puis
vers le Sud: les plages à l'Ouest des Bormettes (La Londe-les-Maures) et de
Miramar, le littoral à l'Ouest des Salins d'Hyères et du débouché du Gapeau,
la plage NE du Ceinturon à l'Ouest du débouché d'un "bras mort" du Gapeau nommé
"Le Roubaud", les plages d 'Hyères et de 1 'Hippodrome et une partie du littoral
de la Capte, au Sud du canal du Gras faisant communiquer l'étang des Pesquiers
avec la rade d'Hyères.
1° - Port Pothuau et le débouché du Gapeau
Le rapport Baudry (1971) fait état de très fortes vagues de vent
d'Est déplaçant des blocs de 1.800 kg à Port Pothuau. De plus, une érosion au
- 77 -
débouché du Gapeau se poursuit depuis plusieurs décennies. La comparaison des
relevés des Ponts et Chaussées effectués en 1961 et l'examen des photographies
aériennes (mission de 1967) montre une ablation fortement agravée par une
extraction sous-marine de galets et graviers pourtant autorisée à cet endroit.
Il en a résulté, de 1961 à 1967, un recul de la flèche orientale de 30 m et sa
disparition est maintenant totale.
Par fort Mistral et régimes W.SW ou SW, une dérive, en sens opposé
au transfert se manifeste depuis la zone méridionale du tombolo (lEstanci) ;
jusqu'aux jetées du port d'Hyères, au Ceinturon et au Gapeau. Il en résulte une
certaine compensation aux érosions naturelles des gros temps de vent d'Est,
compensation dont le mécanisme se traduit par l'évolution et l'orientation
préférentielle des flèches orientales ou occidentales et de la "barre" sous
marine, formée de galets, au débouché du Gapeau (Blanc, 1960) (1).
Sur cette "barre" du Gapeau, les déferlements peuvent être très
violents une onde réfléchie sur des fortes pentes ou des obstacles artifi
ciels se combine avec les houles incidentes. Le 9 novembre 1957, l'épi des
Salins (débarcadère de la Marine Nationale) ainsi qu'une partie de la jetée du
front de mer, ont été détruits en une dizaine d'heures. La surrélévation du
niveau peut alors atteindre +1 m à Port Pothuau et au débouché du Gapeau (arra
chage de tétraèdres et d'une partie d'un émissaire).
Les crues du Gapeau, liées aux périodes de forte pluviosité donc,
le plus souvent, aux régimes d'Est (s.l.), amènent une recharge non négligeable
en matériaux variés. A la suite d'une crue à +0,80 ID, +1 ID et d'un élargissement
du Gapeau à 80 m au niveau de son embouchure, j'ai vu se former une flèche de
galets de 60 m de longueur en quelques jours. La dominance des grosses houles
d'Est (T variant entre 7 et 8 sec) a amené une orientation de cette flèche vers
l'Ouest et les épandages ont enrichi le transfert. Ces engraissements automnaux
et printaniers sont accompagnés d'une importante "macropollution . Aux sables et
graviers accumulés s'adjoignent des centaines d'arbres, roseaux, etc ... arrachés
aux rives du Gapeau. Des troncs de plusieurs mètres sont ainsi flottés au Cein
turon, à l'entrée du port d'Hyères (2) et à la Capte (un tronc de 7 m a été
récemment jeté sur la plage au Nord de la jetée; mars 1973). Des tonnes de
débris divers (pneus, ferrailles, bidons, bouteilles, etc ••. accompagnent les
débris ligneux. Au début de février 1973, l'avancée du rivage a été de 12 men
quelques jours. Mais ces nouveaux cordons de galets et graviers, à forte pente
(14°) sont très exposés et rapidement dispersés par l'érosion.
(1) Observations effectuées de 1957 à 1960.(2) Ces troncs affleurant ou situés sous la surface, plantés dans le sédiment,
constituent un danger pour les plongeurs et la navigation.
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- 78 -
2° - Plage du Ceinturon :
Elle est située au SW de l'embouchure du Roubaud ("bras-mort" du
Gapeau) détourné en 1882 pour l'assainissement des marais) et du port-abri de
l'Aiguade. Ce port, ancien mouillage d'Hyèrœ depuis le roi Saint Louis (1254
cité dans le rapport Baudry), est protégé par deux jetées fonctionnant comme
des épis.
Son recul aurait été de 30 m en une trentaine d'années (mais cette
évaluation est peut être exagérée). A plusieurs reprises, la route a été entail
lée après une érosion complète de la plage par les vagues d'Est et S.E. Sur la
plage, on note une ablation de 3 m en quelques années.
En plus des phénomènes de cavitations à l'Ouest des épis constitués
par les jetées de l'Aiguade (fig.61 la plage du Ceinturon est affouillée par
deux chenaux correspondant à des courants sagittaux C1rip-currents") Pour
un régime d'E.SE où T. = 7 sec. (1), W = 22 à 27 n, L = au large, 77 à 80 m,
H = 2,5 à 5 m au large, on observe un freinage très rapide de la houle et une
diminution de la hauteur des vagues :
Z Profondeur L H H _ Vitesses du=
Calculées Calculées mesurees courantcl' arrachement
10 m 60 m 4 m ?
5 m 46 m 4 m ? 0,25 rn/sec
3 m 37 m 3 m 2,5 m 0,4 rn/sec
2 m 30 m 2,20m 1,8 m 0,5 rn/sec
Lorsque le soutirage par les courants sagittaux est très actif, la
pente de la plage s'accentue: de 16° à 8°. Même les gros blocs amenés pour
protéger le littoral sont déchaussés. Cette zone demande a être rapidement
protégée par un brise-lames s'opposant aux vagues incidentes et aux courants
d'arrachement. Le niveau dangereux s'y établit à partir d'une élévation de
+0,60 m, T = 7 sec, pente = 8°.
Une compensation, insuffisante, est apportée par Mistral et régimes
d'Ouest où une dérive parfois rapide, s'établit en sens inverse (V = 40 à 50
rn/mu).
(1) Correspondant à une "mer forte moyenne".
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LA CAPTE
CANAL DU GRASi
- 79 -
3° - Plages d'Hyères et de l'Hippodrome:
Antérieurement à la construction du port d'Hyères, j'avais observé
sur la plage, en 1952 et 1954, des "rip-currents" (courants sagittaux) érodant
activement le littoral; un recul de 12 m fut constaté entre 1952 et 1954
(Blanc, 1958). La vitesse du flux de retour au large variait entre 0,6 rn/sec
et 0,20 rn/sec. Ainsi, plusieurs villas sont menacées entre 1954 et 1956 ;
quelques enrochements sont établis. L'examen des lieux me permet de situer
quatre axes de courants sagittaux.
La création des jetées du nouveau port, de 1954 à 1956 perturbe
cet état naturel déjà inquiétant en organisant un affouillement rapide en aval
des ouvrages, tandis qu'une partie des matériaux en transfert se trouve captu
rée au NE et manquera pour compenser les érosions. Alors, tout le front de mer
bâti au Sud du port" d'Hyères, depuis la création de la nouvelle agglomération,
se trouve menacé. Les remèdes apportés: enrochements, petits épis, apports de
sable, se révèlent insuffisants et l'érosion se continue. En 1963, la menace se
précise pour les riverains (murs écroulés). Les reculs varient de 3 à 12 m en
trois années. Ces plages deviennent alors les zones les plus vulnérables du
tombolo (fig.7).
De nouveaux épis en enrochements sont construits et les plages sont
engraissées artificiellement. En 1971 et 1972, on décide l'implantation d'une
plage artificielle rechargée de galets et de sable fin provenant des carrières
de Sainte Anne d'Evenos (Albien), l'ensemble étant maintenu par un tapis poreux
en "bidium tergal", fixé sur la plage et le sillon prélittoral.
En 1972 et 1973, le tapis en "bidium tergal" est partiellement arra
ché et crevé tandis que le sable apporté, trop fin pour les conditions hydrody
namiques du site, tend à se disperser facilement. La plage "artificielle est
donc menacée; ailleurs, l'érosion se poursuit et l'on mesure, en moins d'une
année, des arrachements de clotures et reculs locaux de 2 à 3 m. Les épis sont
déchaussés et contournés par les vagues obliques. Les pentes se raidissent de
8° à 11° et même 12° ; on note la formation de micro-falaises d'érosion entail
lant les plages sur 0,40 à 0,60 m. Les galets remaniés se rassemblent en "beach
CUSpS", après une surrélévation du niveau de +0,50 ID. Dans ces zones érodées
et lessivées, apparaissent quelques concentrations de minéraux denses (augite,
grenats, hornblende, minerais métallique, etc ... ).
En l'état actuel, trois épis en enrochements ont été construits au
Sud de la jetée méridionale du port d'Hyères. Entre les épis n02 et 3 (fig.8),
deux embryons d'épis inefficaces ont été établis. Malgré quelques engraissements
localisés au NNE des ouvrages, l'érosion se continue et, au Sud de l'épi n03,
- 80 -
cinq mètres ont été perdus entre 1971 et 1973. Plusieurs maisons sont très
menacées malgré l'adjonction de quelques enrochements frontaux.
La dispersion au large se manifeste par des courants sagittaux
situés entre les épis. Le sédiment littoral, blocs de maçonnerie, galets, etc ••
sont dispersés en deçà de l'isobathe 5 m. Les "mattes" sont très dégradées et
creusées par des chenaux tout à l'entour des épis ancrés sur un herbier littoral
et au large où les lI tornbants ll montrent un front d'érosion sinueux, tourné vers
le rivage. Des "noyauxll isolés de l'herbier à Posidonies, en voie de régression
rapide, s'observent de l'épi n03 à la Capte (fig.8).
L'inefficacité des épis amenant une érosion du littoral par relais
successifs oblige à considérer très rapidement un mode de protection frontal.
4° - Plage de La Capte
On considère la plage située au Sud du débouché du canal du Gras,
en face des maisons de la petite agglomération. Il n'y a pas de problème pour
la plage du Nord constamment enrichie par le transfert au niveau de la jetée
(fig. 8).
Les érosions sont ici liées à des courants sagittaux et à la cons
truction des jetées du port abri du canal du Gras. De 1955 à 1957, l'ablation,
très rapide, oscillait entre 5 et 10 m (Blanc, 1958). Le maximum d'ablation fut
observé après une surrélévation de niveau de +0,76 m à la suite d'une tempête
d'Est combinée à une marée barométrique. Plusieurs maisons furent considérées
comme sinistrées et inondées. Le débordement du canal du Gras (+0,80 m) jusqu'à
la route et l'envahissement des salins agravèrent la situation (1).
Alors fut décidée la construction d'un "perré" en béton à profil
déflectant les vagues. Cet ouvrage frontal bien exécuté assure maintenant une
bonne protection dans la mesure où l'élévation n'excède pas +0,60 m et où T
demeure inférieur à 7 secondes.
Cependant l'amaigrissement se continue aux dépens de la seule plage
sableuse où apparaissent les concentrations de minéraux lourds (2).
(1) Depuis le canal des Gras peut être momentanément obstrué par des martelièresafin d'éviter l'inondation des salines ..• mais non de l'agglomération!
(2) Présence de l'assemblage habituel au tombolo oriental: hornblende verte (A)chlorite, biotite, épidote, muscovite, grenat, staurotide, tourmaline,hématite, magnétite, etc ... (F. Picard, 1968) (Assemblage de la raded'Hyères).
- 81 -
Néanmoins, 4 m de plage ont été "récupérés" de décembre 1972 à mars 1973. En
ces cas d'engraissement, le profil des plages passe à 6° et même à 4° vers le
Sud.
A 2 km au Sud de La Capte la formation de rides obliques liées aux
nodales des seiches accentue les colmatages et protége le littoral au-delà de
la zone d'ombre des jetées où le transfert commence à abandonner le sédiment.
La pente régulière du fond y atteint alors 2° à 3° et il n'y a aucun problème à
l'exception d'une "macropollution" de plus en plus importante vers l'Estanci.
Causes de 1'érosion
On peut retenir trois causes essentielles, parfois liées
- chocs des vagues obliques et déferlements,
2 - présence de courants sagittaux notamment au Ceinturon, à Hyères
Plage et à La Capte.
3 - Phénomènes de cavitation en "aval" des épis et des jetées avec
de rapides reculs du littoral. Cette action bien connue est
agravée par le déficit en sédiment.
Régimes dangereux
1°) Tempêtes d'Est, E.NE, E.SE marquées par de fortes houles à
périodes de 7 à 9 sec. Des périodes de 8,2 à 8 sec peuvent être exceptionnelle
ment observées mais nous ne disposons point d'observations systématiques et con
tinues. Il serait très utile d'effectuer des enregistrements en baie d'Hyères
afin de déterminer les houles maximales et de prévoir alors des ouvrages en
·conséquence.
Les vagues sont accompagnées de vents violents exhaussant le plan
d'eau: les tempêtes peuvent amener des vents de 35 à 45 n avec des "pointes"
à 50 n.
2°) Fortes dépressions : de 750 à 742 mm (cette valeur constituant
un minimum observé). Il en résulte une marée barométrique non négligeable:
+ 1,5 m à Marseille le 9 novembre 1957,
+ 0,75 m à La Capte à la même date (1).
Une surélévation à +0,80 m entraîne une érosion accélérée de tous
les secteurs. Entre +1 à +1,5 m, probabiLité non négLigeabLe, se manifesteraient
des sinistres littoraux accompagnés de la destruction de maisons et d'équipements
(1) Deux maisons endommagées et dégats aux jetées.
- 82 -
portuaires, inondations au niveau du Gapeau et aux abords du canal des Gras (La
Capte) ("raz-de-marée barométrique" en 1950 et en 1964). En 1950 (23 décembre),
la combinaison d'une forte tempête de vent d'Est et d'une dépression a réalisé
une montée des eaux évaluée à 0,76 m ± 0,20 m (+ 0,80 m à Toulon, à 8 h et +
0,90 m, à cette même ville, à 20 h mesures du Service des Ponts et Chaussées,
rapport Baudry).
LE TOMBOLO EST DE GIENS ET SA PROTECTION.
Les recherches précitées nous amènent aux conceptions suivantes
1° - On doit renoncer à l'édification d'épis et obstacles transver
saux considérés isolément, générateurs de colmatages face au transfert mais
aussi créateurs de zones d'érosion actives en "avai ll•
2° - Engraisser les secteurs menacés par des recharges en matériaux
de qualité, dépourvus de limons et d'argiles, à granulométrie étudiée en fonction
des caractères hydrodynamiques des sites à protéger (paramètres des houles,
obliquité, exposition et pente des plages, relations avec les herbiers, etc .•. ).
Un granulat grossier (~ > 2 mm) et propre apparaît souhaitable. Il convient
d'éliminer les sables trop fins. Par ses caractères intrinsèques, le matériau
devra s'opposer à la dispersion au large. Les blocs des jetées (1) devront être
exempts de fissures et colmatages argileux afin d'éviter une fragmentation
secondaire.
3° - Création de brise-lames frontaux afin de dissiper le mieux
possible l'énergie des vagues avant que ces dernières n'atteignent les rivages.
On ne devra point s'opposer au transfert mais l'utiliser. Chaque site devra
faire l'objet d'une étude particulière (bathymétrie, hydrodynamique, sédimen
tologie).
On renoncera à des ouvrages imperméables. On recherchera des blocs
pesants (3 à 6 T), à forte rugosité.
4° - Caractéristiques des brises-lames proposés
a) Ils ne devront point être situés trop près du littoral à cause
des turbulences et des affouillements importants qu'ils détermineront. Mais,
une situation trop éloignée du rivage permettrait, après un premier déferlement,
la formation de "vagues de translation" trop importantes et à fort pouvoir
érosif.
(1) Calcaire gris du Muschelkalk toulonnais.
RADE D'HYERES ET ILE DE PORQUEROLLES
- Zone intertidale
2 - Fonds rocheux rigides, portances élevées.
J Eboulis littoral
4 - Sables fin~ m0biles du "prjsme littoral".
5 - Sables .et graviers des chenaux d'érosion, épandages sous
marins.
6 - " Mattes" dégradées des Herbiers à Posidonies.
7 - Fonds d'herbiers à Posidonies •
8 - Fonds envasés d'Herbiers à Posidonies et à zostérées.
9 Sables fins isométriques de fonds de baies
10- Graviers et sables coquilliers grossiers.
11- Sables hétérométrtques du l'Détritique cotier " •
12- Faci~s envasé du "Détritique cotier".
13- Sables grossiers et graviers du Détritique cotter.
14- Vases terrigènes cotières ,. péli tes et zones ct' envasement.
15 - Sables indurés et grès sous-marins.
16 -dérive dominante.
17 -courant dominant
18- limite de la zone dtenvasement progressif
19 - Zone eotière en voie dtérosion.
h=-----Centre National pour l'Exploitation des Océans
RADE D'HYERES ET ILE DE PORQUEROLLES
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6'0'
- 83 -
Une immersion à -3 fi, plus économique, ne semble point devoir être
retenue du fait de sa proximité. Une situation à -5 m ou -4,5 m devra être
calculée et réalisée en modèle réduit. Cela correspond à une distance du litto
ral oscillant entre 300 et 450 m.
Au Larvotto' (Monte-Carlo), les brise-lames, très soigneusement
exécutés, résistent bien à de fortes houles. Ils sont situés à 120 m du littoral
pour une très forte pente qu'il a fallu artificiellement redresser (implanta
tion à -7 ml •
• Au Mourillon (Toulon), les brise-lames se situent à 150 et 200 m
du rivage initial. Mais, dans ces deux cas, il s'agissait de plages artificiel-•lement créées sur un littoral assez abrupt et exposé.
L'éloignement du brise-lames et ses interruptions diminueront les
possibilités de pollution, ces dernières étant parfois préoccupantes à Renecros
(Bandol), au Mourillon (Toulon) et au Larvotto (Monte-Carlo). En aucun cas il
ne faudra s'opposer au renouvellement des eaux par "upwe lling".
b) On évitera donc des brise-lames continus afin d'éviter les zones
de décantations trop importantes et les pollutions, le "piégeage" de débris et
bois flottés, etc •.• Leur longueur ne devra dépasser 200 à 250 m et ils devront
présenter de larges ouvertures.
Face à ces dernières~ afin d'éviter une concentration de l'érosion
et des soutirages de matériaux en zones découvertes, on édifiera des brise
lames très robustes à -3 m. Le décalage entre les défenses longitudinales rap
prochées et éloignées favorisera les phénomènes de diffractions, réflexions et
interférences d'où la possibilité de colmatages, L'extrémité des brise-lames
sera arrondie vers l'intérieur, c'est-à-dire vers le rivage.
c) On pourra utiliser, dans les passes ou autres secteurs exposés,
des obstac~es coniques i~rgés à -1 m (cônes de diffraction).
d) Le poids des enrochements devra être élevé : plus de 2 tonnes
(1). Les brise-lames, parallèles aux directions générales des isobathes et du
rivage ne devront point comporter de points anguleux accentuant les chocs et où
se concentre lténergie. Leur structure caverneuse sera perméable (brise-lames
de Carnon) et pourra servir dtabri aux poissons et crustacés. Leur "fruit"
(rapport base/hauteur) sera déterminé en modèles réduits ; il est possible
d'envisager à priori, un fruit de 3/2 et une hauteur de +2,5 m au-dessus de
l'eau.
(1) On devra s'attendre à un tassement du sol sous-marin sous les brise-lames de0,50 à 1 m selon les cas.
- 84 -
e) En plus des études en modèles réduits, nécessité d'établir un
brise-lames expérimental en vraie grandeur et d'en étudier le comportement avant
de passer à la phase définitive des travaux.
f) Urgence des constructions :
- d'abord, les secteurs les plus menacés Hyères-Plage et plage
de l'Hippodrome.
- ensuite, ouvrages du Ceinturon et de La Capte.
CONCLUSIONS.
Ces recherches; encore bien incomplètes, permettent de dégager les
résultats suivants :
1° - Les forces dominantes sont représentées par les régimes d'Ouest
et d'Est à la limite des golfes du Lion et de Gênes. La formation des tombolos
en est la conséquence directe combinée à l'héritage sédimentaire du Gapeau, des
temps quaternaires à l'actuel. La presqu'île de Giens est maintenant l'objet
d'une érosion assez générale liée à la faiblesse relative de la charge du Gapeau
et du transfert, aux chocs des vagues, à l'action des courants sagittaux et
aux pollutions - mais le processus de dégradation des sites était déjà bien
amorcé antérieurement à l'extension de ces dernières.
Parmi d'autres phénomènes interviennent encore l'action des "marées
barométriques" et des seiches.
2° - Les érosions au niveau du fond et la dégradation des herbiers
à Posidonies sont observées en rade de Giens et en baie d'Hyères. Par très gros
temps, ces ablations se manifestent jusqu'à 10 m de profondeur, à Giens Ouest
et par -20 m, et probablement davantage à l'Est de La Capte et du port d'Hyères.
Les profondeurs d'action sont fonction des paramètres des houles incidentes et
des circuits tourbillonnaires dans les deux golfes.
La compensation hydrostatique, par fortes tempêtes, est réalisée
par deux systèmes de chenaux :
a) chenaux des courants sagittaux, perpendiculaires au littoral et
responsables de rapides érosions, notamment au tombolo occidental de Giens.
b) chenaux longitudinaux, parallèles au littoral et aux isobathes
recoupant les premiers et disséquant les "mattes" des herbiers à Posidonies.
Ces chenaux peuvent drainer les sédiments arrachés aux rivages
jusqu'à des distances dépassant 2.500 m.
- 85 -
3 0- L'érosion sous-marine est active; elle progresse aux dépens
des herbiers à Posidonies, rapidement dégradés jusqu'à une profondeur de 20 m.
En certains cas, cette dernière a pu être quantitativement évaluée. Il apparaît
que les pollutions récentes, notamment en baie de Giens, accentuent le phénomène.
Les principales modalités de ces ablations ont été décrites. Il en résulte un
danger d'érosion pour le tombolo occidental de Giens malgré la protection sous
marine d'une formation sablo-limoneuse indurée ("beach-rock", sables consolidés),
témoin d'un ancien rivage et actuellement immergée jusqu'à -6 ffi.
4° - Malgré la généralisation des dérives de vents d'Est et de
Mistral, seul le tombolo oriental, essentiellement alimenté par le Gapeau, est
l'objet d'un véritable transfert littoral orienté de l'Est vers l'Ouest, puis
vers le SW et le Sud. Mais les colmatages demeurent relativement modérés, notam
ment dans le secteur méridional (Estanci), comme le montrent les observations
et le calcul.
5° - Les reglmes dangereux étudiés correspondent à des élévations du
plan d'eau (+0,70 à +1 m) liées à des dépressions ("marées barométriques") et
combinées à des fortes houles. Les secteurs très menacés sont le tombolo Ouest,
les plages d'Hyères et de l'Hippodrome. L'érosion est encore manifeste au
débouché du Gapeau, au Ceinturon et à La Capte.
La menace est actuellement l'éventualité d'une tempête exceptionnelle
(T = 9 à 10 sec) coincidant avec une dépression à 740 mm et une élévation du
plan d'eau de 1 m. Il en résulterait d'importants dégâts sur le littoral et pour
les fonds marins.
6° - Sur le plan pratique nous préconisons
a) La suppression des pollutions dans le golfe de Giens par la créa
tion d'un émissaire au Sud de la presqu'île.
b) La nécessité de ne plus édifier d'épis ou jetées transverses au
tombolo oriental afin d'éviter les affouillements en "aval" accentués par la
dispersion au large due aux courants sagittaux.
c) L'implantation de défenses frontales décalées, éloignées (-5 m)
et rapprochées (-3 m), sous la forme de brise-lames interrompus, parallèlement
au littoral et aux tracés des isobathes. L'objet de ces enrochements lourds
sera d'organiser les déferlements les plus violents avant l'arrivée des vagues
au rivage. Par ailleurs, ces ouvrages arrêteront partiellement et modifieront
le mécanisme des courants compensateurs et notamment des courants sagittaux
déportant le sable des plages vers le large.
d) Les recharges de matériaux devront concerner un granulat propre
- 86 -
et un sable grossier parfaitement équilibré vis-à-vis des contraintes hydrody
namiques et topographiques (pentes) des sites à protéger. Les matériaux fins
sont à proscrire.
e) Les zones prioritaires à protéger sont le tombolo occidental de
Giens, les plages d'Hyères et de l'Hippodrome. Viennent ensuite, la zone à
l'Ouest des Salins d'Hyères, l'embouchure du Gapeau, le Ceinturon et La Capte.
- 87 -
- CHAPITRE 5 -
LES ZONES LITTORALES DE LA PROVENCE ORIENTALE
ÉQUILIBRES SÉDIMENTAIRES
- 88 -
1 - CADRE GEOGRAPHIQUE
Ce travail correspond à l'étude de la majeure partie du littoral
de la Provence "métamorphique" et éruptive (ou Provence orientale "cristalline" t
par opposition à la Provence occidentale sédimentaire). Cet examen a permis de
subdiviser onze secteurs distincts sur près de 125 km de côtes assez variées,
limitées :
- à l'Ouest, par la pointe du Brégançon, au massif du cap Bénat.
- à l'Est, par la limite départementale entre le Var et les Alpes
Maritimes (pointe du Trayas), dans la partie orientale du massif de l'Esterel.
Grandes et petites plages, criques et falaises ont été examinées en
dehors des périodes estivales et de fréquentation maximale, par tous les temps.
Certaines zones sont assez difficile d'accès, telles le cap Bénat et, surtout
le massif du cap Lardier, par voie "terrestre". D'autres secteurs, heureuse
ment limités, demeurent rigoureusement interdits à nos explorations littorales:
cap Léoube, certaines zones du cap Bénat, domaines du Dattier et de Volterra.
La prospection aérienne a été partout largement utilisée, avant et
après les examens sur le terrain. Des relevés généraux au 1/50.000 ont été
effectués et, localement complétés, par d'autres "minutes" au 1/25.000 et
1/50.000. Le temps imparti s'avèrant très limité, nous estimons que ces ana
lyses constituent un travail exploratoire; mais, des recherches détaillées
seraient utiles et demanderaient a être prolongées sur plusieurs années.
L'étude de ce littoral apparaît déjà suffisamment riche en faits
géologiques, sédimentologiques et océanographiques. Or cette portion du riva
ge qui, naguère, a fait l~bjet des débarquements alliés (14, 15 août 1944),
demeure aujourd'hui une zone fragile, de plus en plus soumise aux pressions
des aménagements divers et dont il importe de préserver les zones désertes
qui constituent encore près du 1/10 de la ligne de côte.
A l'exception de la rade de Bormes, baies de St Tropez et de Fréjus,
le précontinent se réduit de plus en plus vers l'Est et le N.E ; au bout de
quelques milles nautiques, on atteint assez rapidement les profondeurs de 200 m
Où se marquent les entailles abruptes des canyons des Stéchades (ou Stoechades),
St Tropez, Fréjus et Agay, pour le secteur considéré.
Les zones (au nombre de onze) qui sont distinguées, constituent
des entités assez indépendantes, caractérisant ce littoral varié, des points
de vue physiographiques et géographiques, dynamiques et géologiques.
· ,
DE LA l'IH:SqU'Il.E Dr: GIENS AU CAP CANArlAT.
- Fonds rocheux rigidês t portances élevée
2 - Sables fins mobiles du p~isme littoral.
J - Sables et g,'aviers des chenaux ct' érosion. Epandages sous-
marins.
4 - Fonds et Mattes de l'Herbier à Pos~donies •
5 - Mattes dégradées de l'Herbier à PosidGnies •
6 - Sables fins isométriques' des fonds de baies
7 - Graviers et sables coquilliers grossiers
8 - Sables hétérogènes du Détritique cotier
9 - Facies envasé du Détritique Gotier
10 - Sables et eravier~ dll Détritique cotier concrétionnements
11 - Vases bathyales
12 - Vases terrigènes entières , pé1ites et zones ct-envasement
maximum.
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Géologie Marine, Centre d'Océanographie,
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DE LA PRESQU'ILE DE GIENS AU CAP CAMARATJ. BLANCA.JEUDV de GRI
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Laboratoire de'
M'arseille, Lumin
Centre National pour 1" Exploitation des Océans
43'10'
o 5000m
6'10' 6'20'
- 89 -
II - CADRE GEOLOGIQUE.
Trois secteurs essentiels, à peu près d'égale importance peuvent
être individualisés de l'Ouest vers l'Est:
1° - Littoral des Maures occidentales de Brégançon au grand acci
dent de Grimaud - Croix Valmer, comprenant :
- le massif du cap Bénat : phyllades de Loli, micaschistes des
Berles et gneiss de Bormes.
- cette série du métamorphisme général se poursuit à la Corniche
(schistes à minéraux du cap Nègre, micaschistes de Cavalaire, amphibolites et
serpentinites de Cavalaire et Cigaro) .
2° - L'accident et la mylonite orientés NNS-SSW (faille de Grimaud)
nous introduisent dans le domaine métamorphique complexe des Maures orientales
(micaschistes, amphibolites, anatexites et embréchites probables, granite et
granulite, etc ... ).
micaschistes et granites au cap Lardier, cap Taillat,
- gneiss et granulite de la presqu'île de St Tropez,
- embréchites de la corniche des Maures orientales (les Issambres,
St Aygulf, etc ... ).
3° - Le massif volcanique de l'Esterel en constitue le troisième
ensemble, bordé à l'Ouest par les complexes volcano-sédimentaires de St Raphaël,
des Lions, du Dramont et Boulouris: grès et pélites permiens, rhyolites à
pyromérides, etc ... A partir d'Agay s'observe un littoral exceptionnel ce
sont les falaises abruptes de rhyolites amarantes (plusieurs coulées), voire
d'ignimbrites, du cap Roux, pointe de l'Observatoire, pointes du Trayas et
criques de Théoule.
Ces trois régions, géologiquement très distinctes sont séparées
par des plaines alluviales (fonds de golfes) :
- plaine alluviale de Bormes et du Lavandou
- plaine alluviale de la Foux au fond du golfe de St Tropez,
- plaine de Fréjus.
D'autres étendues sablo-limoneuses ont une importance plus locale
et demeurent indépendantes du réseau hydrographique général ; citons les allu
vions de Léoube, Cavalaire, Pampelonne et la Bastide Blanche, les Canebiers,
Ste Maxime et Agay.
érodee
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L
: Sens de }' envasement et des pollutions
~ -'ZOne de seiche et de colmatage
T'TT1"TIl , Zone 1ittorale
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CAP BENAT
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Fig.1
Sm·"
- 90 -
III - MILIEUX PHYSIQUES ET ZONES EXPOSEES (fig.! - carte 6)
Deux régions peuvent être bien distinguées au point de vue hydro-
dynamique
10 - Maures occidentales, du cap Bénat au cap Lardier: un tel
secteur réalise en fait la transition entre le golfe du Lion, limité à la
presqu'île de Giens, et le golfe de Gênes.
Les vents d'Ouest y demeurent encore prédominants en force et
direction (28 % en journées annuelles) augmentés d'une "composante" de 10 %/a
d'azimuth NW. La rade de Bormes constitue un abri exceptionnel, voire la rade
de Cavalaire (zone W). Une forte dérive, orientée de l'Ouest vers l'Est accom
pagne ces régimes.
• Les vents des secteurs Est et NE occupent près de 38 % j/a mais
demeurent relativement atténués, sauf aux caps Bénat et Lardier.
Le courant géostrophique permanent, assez lent (0,5 noeud),
sauf par vent d'Est, porte de l'E à l'W et ne se manifeste qu'au large du
littoral.
· Des contre-courants, orientés de l'Ouest vers l'Est, en sens in
verse du courant géostrophique permanent, se manifestent en rades de Bormes et
Cavalaire, le long du littoral de la Corniche des maures occidentales. Ils sont
renforcés par régimes Ouest et NW et leur vitesse de surface peut dépasser
noeud.
· La marée, très réduite, ne paraît point avoir d'influence effica
ce, sauf à Port-Cros, mais des seiches se manifestent en rades de Bormes et
Cavalaire.
Les secteurs littoraux les plus exposés sont le cap Bénat, le
cap Blanc, le cap Cavalaire et le cap Lardier.
20- Maures orientales et Esterel, du cap Lardier à la rade de La
Napoule, s'incorporant nettement au régime du golfe de Gênes, ce qui se traduit
par:
Dominance très nette des régimes du secteur Est :
- N.E. : 17 % j/a (avec maxima de 25 à 40 noeuds)
- Est 15 % j/a (avec maxima de 30 à 50 noeuds)
- SE 5 % j/a (avec maxima de 20 noeuds).
Les dérives rapides (40 à 50 rn/mm en surface) renforcent le cou
rant géostrophique permanent (appelé "courant général" ou "courant ligure").
Les vitesses peuvent alors atteindre 1,5 noeud par beau temps à plusieurs
noeuds par gros temps.
DU CAP CA~'AnAT AU (;'\1' lH>l'X
- Fonds rocheux rir;irles, portance élevée
2 Sables fins mobiles du prismA littoral
:J - Sables et p;raviers des çhenFlllx d' prosi ··n, épandages
sous-marins
l~ Mattes dég-rad(:es de l'Herbier à Po~idonies
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7 - Sables t:ptéro~~ènes ou Drtr.i toi cple coti~r.
P - Facies €nvnSt~S du Jlptri tique côtier
9 Sahles ..)t gravier~ du J)ptri ti que cotier. Concrétinnnements
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12 - Vases terriF~nes coti~res, llélites et zones d'envasement
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DU CAP CAMARAT AU CAP ROUX
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Laboratoire de Géologie marine.
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- 91 -
· Dominance (relative) du régime SW (18 % j/a), avec des "pointes"
à 25 noeuds, relayé ou accompagné de composantes W à NW (jusqu'à 27 % j/a).
Mais les zones abritées sont excellentes: baie du Bon Porté, Pampelonne, golfe
de St Tropez, baie du Bougnon, golfe de Fréjus, rade d'Agay, - d'où leur encom
brement estival, à la limite du supportable.
• On retrouve le contre-courant des baies, portant de l'W-SW vers
1 'E-NE , renforcé par les régimes d'Ouest.
· Sauf la rade d'Anthéor et les abris artificiels, il n'y a guère
de sites naturels protégés et étendus, en eaux profonde, contre les tempêtes
des secteurs Est.
• Action spectaculaire des seiches et résonnances en fonds de
baies, excZusivement Ziées aux rivages orientés N.S. : baie de Bougnon et de
St Aygulf. Les conséquences sédimentologiques de ces phénomènes sont majeures
pour le littoral qui nous occupe.
Secteurs très menacés par gros temps : parages malsains des
caps Lardier, Taillat, Camarat, St Tropez, Pointes des Sardinaux et des Issam
bres, cap Dramont, cap Roux, etc ...
IV - LE MASSIF DU CAP BENAT (fig.l)
A - Nature géologique des versants
Les quartzites et phyllades de la série de Loli s'observent à
Brégançon et plus à l'Est, à la pointe de la Tripe où se situe un conglomérat
à éléments intraformationnels. Au-dessus, et plus à l'Est encore, on note la
série sub-verticale des phyllades du cap Bénat, à minéraux du métamorphisme,
injections d'amphibolites et filons quartzeux, puis, la séquence se poursuit
par des micaschistes à minéraux. Cet ensemble, très schisteux, présente une
certaine instabilité, mais, dès les pointes de Gau et de Gouron débute la zone
des gneiss de Bormes, à bonne tenue.
L'examen des criques sauvages du massif du cap Bénat, généralement
d'accès difficile montre
1) le prisme li t toral forme des "éventails dé tri tiques" étalés
par les courants de décharge, notamment entre le cap Blanc et la pointe de la
Tripe. Ces criques et "plages de poche" sont très exposées, parsemées de blocs
de grandes dimensions. Des filons quartzeux orientés EW protègent certaines
portions littorales.
2) cette exposition a déterminé la formation de deux plates
formes d'abrasion, à +3 m, pour la plus ancienne, découverte par H. Chamley
t.I
houle frontaled'Est
Sèche deGouron (gneiss)
Zone érodée
t.l: transfert
c.c: contre-courant
Gneiss
Zone co Imatée
7111''''-
-10
,100m ,
Zone"d' b ..om re
-5
Courant1principal N-S
t.IC.C
_ - Zone_-polluée
~-..J Emissaire
Pointe deGouron
Fig.2
-10
Zone en voiede colmatage
NG
1
PORT DE BORMES
PORT DE BORMESet ses abords dJ
····. " .. .
.: : ...
cordon festc;>nnésous-mann
- 92 -
et à +0,5 m, pour la surface récente, sub-actuelle.
3) postérieurement au cycle tyrrhénien, une importante phase
d'éboulements et de glissements a mobilisé les versants instables, au front de
mer du massif du cap Bénat. Il s'agit d'éboulis à matrice limoneuse et argi
leuse colorée par les sels de fer, des blocailles d'origine cryoclastique,
voire de "coulées" solifluées. Le phénomène majeur est un balancement local du
versant avec le basculement des "têtes de couches" (strates sub-verticales ou
à 45°, orientées au 190 0 S). La même disposition a été observée au Sud de l'île
de Port Cros.
4) actuellement on note des versants instables, indépendamment
de l'érosion marine très réduite, malgré les apparences. Ce sont:
- éboulements et solifluxion (action de la pluie notamment).
- balancement des versants favorisés à partir de pentes de 2Soà 36°.
B - Fonds sous-marins
A partir des criques et "plages de poche" où se situent des cordons
de galets et "beach cusps", s'étale un prisme littoral où les sables grossiers
passent, vers .le large, à des sédiments fins. Les dispositions sont compliquées,
dans le détail, par de nombreuses roches sous-marines orientées EW et un "semis"
de gros blocs isolés.
L'herbier (à Posidonies) demeure continu mais dégradé, face au
littoral, au contact des épandages détritiques. Mais cet herbier s'avère dense
et se regénère dans les criques assez profondes entre les caps Blanc et Bénat.
C - Criques et plages entre les pointes de 1'Esquillette et de Cau.
Un transfert orienté du Nord vers le Sud, observé dès 1958 et
récemment confirmé, engraisse une plage artificielle contre une jetée, amenant
cependant un cloisonnement transverse dans le trajet du transfert et l'orien
tation d'un tourbillon. L'herbier est dégradé vers le large.
v - LA RADE DE BORMES (fig.2).
A - Nature des fonds
Cette zone a été l'objet d'importantes modifications liées à la
construction du port de Bormes et à une intense urbanisation du littoral
depuis une vingtaine d'années.
- 93 -
Les sables fins (0 = 0,18 à 0,20 mm) des plages s'étendent vers
le large en lobes asymétriques empiétant sur l'herbier, en voie d'envasement.
Un haut-fond gneissique, nommé "sèche de Gouron" (fig.2), de -II à -15 m forme
un obstacle réfractant les houles frontales de régime Est avant que ces der
nières n'atteignent le rivage et, surtout, la jetée du nouveau port, légèrement
courbe et tangente à l'isobathe -8 m. Mais
1 - Les jetées du port de Bormes et l'épi de la plage Sud du Lavan
dou amènent l'interruption du transfert et de la dérive orientée du Nord vers
le Sud. Cela se traduit par un envasement et des circuits tourbillonnaires
complémentaires.
2 - si la jetée frontale du port de Bormes s'avère bien établie, à
la "zone d'ombrel! de la Sèche de Gouron, le port, directement ouvert au Nord,
face au transfert, demeure voué à un colmatage et une pollution rapides. Le
chenal est déjà obturé partiellement par des dépôt sableux.
B - Le port de Bormes (fig.2) :
Ouvert face à un transfert, il réalise un piège à sédiment mais
demeure abrité des vagues et houles liés au Mistral, vents d'Est, etc ...
- le musoir nord (A), très large (10 à 12 m) est édifié de gros
blocs calcaires et gneissiques bien coincés. La protection paraît suffisante
(fruit: 3,5/1);
- la jetée elle-même (B), haute de 3,5 à 4 m apparaît bien cons
truite, large de 10 à 7 m, fruit: 2,5/1, avec un mur interne et drains. Elle
est "tangente li à l'isobathe -8 Dl et réalise une bonne protection.
- le musoir Sud (C) : même type, relativement exposé à la houle de
Mistral W.SW, ici atténuée par l'obstacle constitué par le massif du cap Bénat.
en C', on note trois alvéoles au Sud. Le premier, à partir de la
terre se trouve presque entièrement colmaté. La pollution d'un émissaire empoi
sonne la zone méridionale (fig.2), augmentée par l'apport d'un ruisseau et
agravée par un circuit tourbillonnaire.
- l'intérieur du plan d'eau portuaire (D) montre des eaux peu renou
velées. Cependant, la bonne disposition adoptée pour les wharfs internes et
les "pannes" d'accostage, sur pilotis, évite la formation et le développement
de seiches et autres types d'oscillations parasites.
c - Conséquences de la construction du port de Bormes
1) colmatage au Nord et pollution liés au transfert orienté du
remblai
Zone colmatée
Zone érodée
250m
t.l: transfert
Colmatagessous- marins
HP
Cordon festonné s. m
Gneiss
-5
~O
-10
-5/
LE LAVANDOU
-5
-5
y
Cll'r....-; \-....CrQI
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PLAGES DU LAVANDOU
Cl::JCIl
UJ<.!J«...Ja.
Fig.3NG
t
Extensiondes colmatages ---\;;4_
POINTE DEGOURON
-8Musoirjetée Portde Bormes
- 94 -
Nord au Sud et interrompu.
2) colmatage au Sud, pollutions diverses, apports de ruisseaux,
remblais et décharges. Il en résulte la formation de dunes sableuses sous
marines et de cordons festonnés (fig.2), modifiés dans leur tracé. Ces figures
sont liées à des interférences de la seiche développée au fond de la baie de
Bormes, orientée ici NS, entre la pointe Gouron, le haut-fond de Gouron et la
pointe de Gau. L'épi à ergots récemment édifié à la plage de Gau accentue ces
effets de résonance et développe deux tourbillons secondaires.
Le déplacement de ces corps sableux sous-marins aboutit à un colma
tage accéléré protégeant le littoral mais amenant une concentration des macro
pollutions (débris divers flottés), vers le Sud, Des nettoyages fréquents
doivent alors être entrepris.
Des communications ménagées au travers de la jetée d'accés au port
et à la "marina", eussent été nécessaires afin d'assurer un renouvellement
partiel des eaux, en utilisant le trajet naturel du Nord au Sud.
D - Les plages du Lavandou (fig.3) :
Ce sont des plages orientées NS, longues de 1.600 m, très accessi
bles et à fort coefficient d'occupation. Depuis 1950, j'ai eu la possibilité
d'en suivre l'évolution.
Les faits suivants caractérisent les plages du Lavandou
- érosion de la plage Nord,
2 - développement d'un transfert littoral orienté du Nord vers le
Sud, lié aux vagues et régimes d'Est (observations 1958 et a~)
3 - colmatage régulier de la plage Sud (fig.3 ) : sable grossier
(~ = 0,5 mm, pente moyenne de la plage: 8°).
Le secteur montre un excellent abri pour les vents d'Ouest mais il
demeure exposé à la chute d'étranges trombes d'eau (18 avril 1974) amenant des
inondations locales accompagnées de l'érosion de la plage. Le fait s'est
reproduit six fois en une décennie ; son origine est peut être liée à de brus
ques dépressions très localisées en bordure du massif des Maures.
Description
La plage, assez propre, montre 4 épis dans sa partie septentrio
nale (Lavandou) ; (espacement 2,5 1 pour 1 longueur de l'épi). Seul l'épi Sud
(n04) est correctement construit (rendement assez faible : 15 %) : sables
moyennement fins, angle de plage: 9°.
- 95 -
Les autres épis, en blocs trop petits, sont en VOle de démantèle
ment et leur rendement est mauvalS, sauf pour l'épi Nord (nOl), en situation
plus abritée (rendement 25 %).
En fait, l'érosion, observée depuis vingt cinq années, s'avère
assez incomplétement entravée; lors de relèvements du plan d'eau (+ 0,50 m),
elle demeure spectaculaire mais atténuée par les réflexions sur les épis. La
cause essentielle est que la plage Nord n'est point protégée des houles fron
tales d'Est par la séche de Gouron, comme cela est le cas pour le nouveau port
de Bormes. L'implantation de défenses frontales serait à conseiller, sous
réserve d'une étude locale détaillée.
Les plages du Lavandou sont caractérisées, à une faible distance
du littoral, par la présence de croissants sableux festonnés (fig.3 ). Ces
corps sédimentaires sous-marins, de -1 à -5 m déterminent une protection natu
relle efficace, mais insuffisante pour les plages Nord.
Entre les points A et B (fig. J, on note un changement dans la
cL~bure du tracé de plage (point neutre). Alors commence, plus au Sud, une zone
d'engraissement formée de sable grossier mal trié jusqu'à -5 m, infléchie du
Nord au Sud par le transfert et liée à l'alluvionnement local du ruisseau nommé
Bataillier. Au Sud du point B commence le secteur des plages en voie de colma
tage et la protection indirecte de la Sèche de Gouron commence à se manifester.
Les pollutions constituent en fait le seul problème de la plage Sud. Par gros
temps, les troubles sont déportés vers le large c'est-à-dire vers l'herbier,
très dégradé en la baie de Bormes, et les formations du détritique côtier. Par
Mistral modéré, le transfert s'inverse, du Sud vers le Nord mais demeure
insuffisant pour la compensation des érosions liées au régime normal.
Conseils
1° - Préserver la double ride littorale et les cordons sableux
festonnés qui protègent les plages. Interdire les dragages et emprunts de
matériaux pour les petits fonds en rade de Borme.
2° - Etudier l'éventualité d'une protection frontale pour les
plages nord, entre le Lavandou et le point A.
3° - Examen de l'évolution de la zone AB au cours du temps.
VI - LA CORNICHE DES MAURES OCCIDENTALES (fig.! et carte 6).
A - Plage de Saint Clair (fig.4 )
FigAPLAGE DE s! CLAIR
NG
t
Pointe du
Nard-Viou
j) =Cordon festonnésous-marin
-4
~ =Gneiss
,
-10
extension du sable fin
100m
Fig.5
Plagede poche~'
pte duLAYET
PLAGE DE CAVALIERE
J..T-<
_-----=,c.c
v v
-é;-----déri;;---
500m
c.d = courant dedécharge
c.c = contre-courant
t.1 = transfert
~=rides
littorales
~ = micaschistesdu Cap Nègre
NEGRE
- 96 -
- Bon abri par régime d'Ouest (longueur 450 m).
- Très exposée aux régimes d'Est.
Action de l'oscillation d'une onde stationnaire amenant aux noda
les la formation de croissants festonnés, comme aux plages du Lavandou (seiches
et interférences accentuées par la pointe de Nard-Viau et ses prolongements
rocheux sous-marins amenant un cloisonnement au SW).
La plage, formée par un sable moyen bien calibré montre une assez
forte pente tandis que l'extension sous-marine d'un lobe sableux s'étend vers
le large aux dépens de l'herbier. L'absence fréquente de ride littorale accentue
l'érosion locale heureusement régulée par le "volant'! représenté par les cor
dons festonnés sous-marins.
L'érosion, en fait, demeure forte aux deux extrémités orientale et
occidentale de la plage, là où se manifeste le départ de courants sagittaux,
au voisinage des pointes rocheuses qui "canalisent Il le mouvement. De très
fortes pentes sous-marines y sont observées: 24° en certains cas (fig.4). Les
stratifications laminées plongent vers la mer. Un examen complémentaire très
détaillé serait nécessaire au voisinage des écueils du Nord-Viou.La plage de
Saint Clair peut réaliser un modèle pour les diverses plages et criques des
Maures. Ici, les observations ont débuté en 1958 et les caractères généraux
suivants peuvent être dégagés
1 - chaque crique, plage ou "plage de poche ll fonctionne en "circuit
fermé Il , Les sédiments ne transitent point d'une unité à l'autre.
2 - Les mouVements du sable concernent des portions limitées du
littoral Saint-Clair, plage Jean Blanc, plage d'Aiguebelle, de la FaEette,
plage de Cavalière, criques de Pramousquier, du Canadel et du Rayol.
3 - La dérive générale des eaux (et non des sédiments), est orien
tée de l'Est vers l'Ouest, parallélement au tracé du rivage.
B - Plage d'Aiguebelle (longueur 380 ml
Plage de sable assez fin (~ : 0,35 mm), isométrique et très lessi
vé, assez peu de minéraux lourds : grenats et staurotide. Nombreux grains de
quartz liés aux influences gn~siques. Les fortes pentes (12°) et l'absence de
ride littorale, déterminent des érosions locales, micro-falaises, notamment
pour les tempêtes venant du Sud et de lIE-SE. Par beau temps, en quelques
semaines, la plage retrouve son équilibre.
Les gros cordons littoraux à pente forte sont établis durant la
deuxième phase des grandes temêtes, ce que j'ai pu observer en novembre 1951.
- 97 -
Les érosions maximales sont disposées à "l'abri" des pointes et affleurements
rocheux sous-marins drainant au large et cloisonnant les courants de décharge.
Les apports torrentiels locaux sont relativement faibles et n'assurent point
de compensation.
Consei~ : plage à protéger par des ouvrages discrets et bien étudiés.
C - Plage de Cavalière (fig.5) :
Cette très belle plage est observée depuis les violentes tempêtes
de vent d'Est de 1952. Orientée EW, longue de 1.400 m, très accessible, elle
présente un fort coefficient d'occupation (plus de 3.000 personnes). En impor
tance, elle correspond à la deuxième plage des Maures Ouest.
Les caractères, parfois assez singuliers, sont les suivants
1 - Présence de placers littoraux de minéraux denses colorant le
sable: grenats et minéraux opaques (hématite) : TA, disthène (A à TA), stauro
tide (A à TA), sillimanite, hornblende, augite. Ces placers sont alimentés par
l'érosion, à l'Est, de la série des micaschistes à minéraux du cap Nègre, injec
tés par des filons d'amphibolite, dacites et aplites.
Cette zone est parmi les plus intéressante pour les études miné
ralogiques car la fraction dense y constitue, en poids, 3 à 6 % du total du
sédiment.
Les Ilconcentrés" minéralogiques (grenats) slobservent aux niveaux
de tempêtes (+0,70 m) où se manifestent d'intenses lessivages; les disthènes
correspondent à un niveau d'énergie moins élevé (+0,40 m) et où l'on trouve
jusqu'à 80 % de minéraux denses par rapport au poids total du sédiment (1).
2 Pentes relativement élevées (11°), diamètre du sable = 0,6 à
0,8 mm, sable moyen lessivé plutôt grossier. On note une légère érosion,
surtout dans la zone occidentale moins abritée par l'écran du cap Nègre. Mais
l'herbier à Posidonies exerce une action protectrice par le freinage qu'il exer
ce vis-à-vis des vagues incidentes. I~ importe de conserver cet herbier sous
peine de risques d'érosion importants (protection des maisons de la partie
occidentale de la plage) ; cela permettrait d'éviter l'établissement d'ouvra
ges de protection onéreux.
vitesse
3 - Zonation de la plage : on observe, à partir de la grève
- zone du "swashl1 : transfert littoral en "dents de sciel! :
m/mm, de 0 à -0,40 m.
(1) Mentionnons les recherches de F. Picard, S. Duplaix, J. Blanc.
fond.
- 98 -
sillon prélittoral : -0,40 m à -0;50 m traction oblique sur le
- ébauche de ride littorale de -0,40 à 0,50 zone d'arrachement
déferlements et tourbillons.
- de -0,40 à -0,80 m : zone à ripple-marks imbriquées, début de la
zone "off shore" chenaux obliques où se manifestent les saltations et balan
cements du sable.
- de -0,80 à -1,5 m (distance du rivage: 12 m) : zone des ripple
marks régulières : saltation ; déplacement vers le large discontinu.
L'herbier protecteur se trouve ici très proche du littoral, en
süuation fragile et exposée. Vers l'Est, il se rapproche encore jusqu'à devenir
coalescent au rivage.
4 - Transfert localisé, à dominante orientée de l'Est vers l'Ouest,
conforme à l'asymétrie de la houle incidente dominante.
5 - Laminations du sable de plage très lessivé, légèrement inclinées
vers la mer, graded-bedding. Les niveaux de tempêtes sont marquées par des
zones sombres résultant de la concentration des minéraux lourds. Dés la profon
deur de 5 m, apparaît l'herbier. La teneur en minéraux lourds diminue très
rapidement tandis qu'augmentent les composants bioclastiques. Les zones sous
marines sont inexploitables tandis que les concentrations les plus élevées
s'observent dans les dunes littorales.
Remarques concernant Les aménagements éventueLs
a) Le tracé des isobathes amène ici un bon amortissement de la
houle conformément à la loi de Lewis. Soulignons en outre, le rôle protecteur
de l'île de Levant formant écran aux grandes vagues du large, à fetch élevé.
b) Erosion sous-marine des herbiers au niveau des pointes, avec
formation de chenaux d'érosion en cours d'étude. Par vent d'Est, la dispersion
du sable léger est assurée par des chenaux obliques.
c) Mauvaise tenue mécanique des falaises du cap Nègre, risques
d'éboulements (micaschistes à minéraux, lits micacés).
o - Plage de Pramousguier
Etudiée depuis 1958, elle a fait l'objet des recherches de C.
Degiovanni (1970, 1972) et J. Blanc (1974). Il s'agit d'une petite plage (1 =
350 ml, très exposée, à régime intermédiaire entre la grand~ plage et la
"p lage de poche".
- 99 -
Caractères généraux
La zone aérienne montre le sédiment le plus grossier. Ce dernier
s'affine en milieu marin tandis que la teneur en minéraux lourds diminue. La
ride littorale y est faible ou nulle.
- stocks minéralogiques le placer littoral comprend en moyenne
staurotide (62 %), disthène (10 %), grenat (7 %), tourmaline (7 %), biotite,
sillimanite, rutile, zircon, minéraux opaques (hématite), en proportions varia
bles. La staurotide dominante caractérise le massif des Maures (S. Duplaix,
1972). Les minéraux légers sont le quartz (90 % de la fraction totale du résidu
léger), l'orthose et les plagioclases .
• Le placer de la plage aérienne montre des teneurs de 7 à 80 %
de minéraux lourds .
. Le placer correspondant à la plage sous-marine ne comprend plus
que 1 à 2 % de minéraux lourds (C. Degiovanni, 1970-1972).
- Les "placers de poche" à l'Est de Pramousquier sont de vérita
bles placers littoraux, de couleur rouge ou rose saumon. En hiver, une érosion
notable lessive les éléments légers qui sont déportés en direction des herbiers.
Erosions :
Malgré la présence de l'herbier, le milieu est déséquilibré et les
actions érosives l'emportent, favorisées par de fortes pentes: 18° et même 24°.
Les zones de départ des courants de décharge sont séparées de tracés sinueux
à plus faible pente: 8°. Des transferts locaux EW et WE, selon les régimes,
n'ont qu'une action faible.
Degiovanni a montré un mode de transport en suspension granoclassée
et par traction dans la zone du swash. Le sable, très lessivé, est grossier
ou moyen (~ = 0,8 mm).
Il s'agit, en résumé, d'un milieu très exposé, fortement érodé,
en déséquilibre, succeptible d'aucun aménagement.
E - Plage du Canadel
Longueur 400 m ; présente, toujours dans la série des micaschistes
à minéraux, des placers à staurotide et grenats.
Comme à Pramousquier, il s'agit de plages exposées aux fortes
vagues d'E-SE. L'érosion hivernale y demeure forte avec des pentes de 17° à
22". Le sédiment est un sable moyen (~ = 0,80 mm), très lessivé. Petits trans
ferts, tourbillons et contre-courants.
- 100 -
Cette plage a été utilisée par des commandos légers pour les opé
rations préliminaires du débarquement, dans la nuit du 15 août 1944, au niveau
de la "rochel! orientale, actuellement assez érodée par des courants de décharge
locaux.
La protection naturelle est cependant efficace
1) "volant" régulateur sableux lié à une ride littorale,
2) herbier à Posidonies dense malgré les fortes pentes sous-marines.
Les falaises du littoral montrent une mauvaise tenue mécanique,
liée à la lithologie et aux dispositions tectoniques de plusieurs écailles de
la série des micaschistes à minéraux.
F - Plages du Rayol
En fait, il s'agit de deux plages de 350 et 180 m séparées par un
affleurement rocheux (hôtel du Bailly de Suffren). Les cordons de galets sont
accompagnés de sable fin (0 = 0,35 à 0,40 mm) ; la pente est forte: 13°.
Ici, l'érosion hivernale est compensée par un engraissement estival
et l'action protectrice de l'herbier s'y manifeste comme au Canadel. Les ébou
lements locaux réalisent un appoint de matériaux. A cet endroit on note la
diminution des concentrations en minéraux denses (minéraux opaques, staurotide
et grenats), qui passe de J % à 3 % du stock.
VII - LA PLAGE DE CAVALAIRE ET SES ANNEXES.
A - Description :
Grande plage orientée EW, longueur: 3.100 m, accés aisé, très
fréquentée. La zone orientale a été le siège d'un débarquement important, le
15 août 1944, à 6 h (engins lourds).
Au point de vue géologique, la zone Ouest est bordée par la série
des micaschistes à minéraux tandis que les amphibolites, associées à des lepty
nites et serpentines forment le contrefort oriental.
La plage s.l. se subdivise en 2 zones très distinctes:
1°) la zone occidentale demeure très exposée aux vagues des régi
mes d'Est, SE, E.SE, dominants dans le secteur.
2°) La zone orientale, au contraire, se trouve bien abritée par
l'écran du cap Lardier.
Fig.6 PLAGE DE CAVALAIRE
~~
= point neutre
= roches sous- marines
t.I = transfert littoral
~ c.c =contre-courant
~ c.g =courant général
• PN
-, .t.!. c.d =courants sagittaux
~ Zone érodée
! s;: Zone engraissée
ES,
v
r= :jV
---?>
PLAGE SUD
+....+ +
GRANITE
"-+1
./
'""'" c.g
HP dégradé
t .1
~ -,1 /
, 1~ ~ : I-
I
c.d V
\c.c
PLAGE DE CIGARO
PN•
-35
- 5 :::::::::::->-=_--....-----v if v v v
v~
-10
~
~~.. ' .'
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C
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OÙ€.Si
~~Ç}~\~ c.d.. \
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C(', .
C
c.g
,,6~ç\.. ..
~~
N
t,
N
t
~
1 1000m 1 Fig.7
<g = micaschistes
~ ~ =série des amphibolitesde la Croix Valmer
- 101 -
B - Plage occidentale
Elle correspond à une importante zone d'érosion et de déséquilibre.
Plusieurs courants sagittaux, probablement quatre, dispersent le sable fin et
moyen du prisme littoral jusque par des fonds de 10 m (fig.6). L'herbier est
assez dégradé, mais demeure continu vers le large, de -10 à-3D m.
La présence de seiches contre le littoral et la pointe de Cavalaire
amène, aux nodales, la formation de cordons sableux feSDnnés, analogues à ceux
du Lavandou de St Clair, de Pampelonne, la Nartelle, St Aygulf Ces corps sédi
mentaires stockent une grande partie du sable en transit et régularisent le
profil d'équilibre littoral, atténuant, sans les supprimer, les effets de l'éro
sion.
. Zones érodées: elles sont importantes et concernent 1.300 m de
littoral, pour la zone occidentale (fig.6), jusqu'au débouché du ruisseau de
Cavalaire (débit: 500 l/sec, inondations par très forts orages : automne 1973
et printemps 1974). Malgré les apports sablo-limoneux, l'érosion est vive. Le
littoral de la promenade de Cavalaire a été protégé par un "perré" incliné,
formé de béton aggloméré, accompagné de 3 épis très soignés, formés de blocs
lourds d'amphibolite et de serpentine •
. Transfert : lié à un contre-courant de la baie de Cavalaire (fig.
6), il est dirigé cette fois, de l'Ouest vers l'Est, tandis que la dérive au
large porte toujours, de l'Est vers l'Ouest. Seule une dérive secondaire
s'observe près du port de Cavalaire, orientée du NE au Sud, accumulant les
pollutions du ruisseau dans le plan d'eau portuaire.
La construction des épis est soignée (zone A, fig.6) ; leur espa
cement est égal à 3 1 (1 = longueur de l'épis). A partir du port de Cavalaire,
on note :
~2i__l : rendement: 50 %, colmatage de deux ruisseaux et abri
exceptionnel, influence de la nouvelle jetée.
~2~_~_; rendement: 15 %, l'érosion qui menaçait la route, la
plage et plusieurs maisons a été limitée.
- ~2i_~ : très exposé, il se déchausse par le côté oriental.
Malgré ces ouvrages et le rôle des cordons festonnés, cette zone
demeure préoccupante et nécessite des études et, probablement, quelques tra
vaux complémentaires.
La zone B (fig.6), plus à l'Est, est actuellement la plus exposée
la plage a reculé de plusieurs mètres au cours des tempêtes hivernales ; le
mur de protection en moellons s'est écroulé.
- 102 -
Conseil: deux épis très soignés, en forme de T, seraient néces
saires en cet endroit où se situe la zone de départ d'un courant sagittal
arrachant le sable du littoral.
La zone C (fig.6) montre une nouvelle zone de départ de courant
sagittal, face au restaurant ilIa Raseasse ll• Le recul est rapide; des études
et installations d'épis en T sont à prévoir.
La zone D, la plus orientale, va jusqu'au débouché du ruisseau de
Cavalaire dont les troubles sont déportés vers le S.SE par le transfert et le
contre-courant. L'érosion due aux courants sagittaux, plus atténuée, se pour
suit accompagnée de quelques accumulations de minéraux lourds (grenats, amphi
bole). Un petit ouvrage frontal, établi à l'isobathe -3 m, serait souhaitable
("piégeage" des sédiments apportés par les torrents lors des orages).
Plus à l'Est, vers les Arbouses, se situe le point neutre (PN,
fig.6). Alors, la plage change d'orientation et de régime.
Les minéraux lourds sont concentrés dans les zones d'érosion
sans y former de véritables placers (F. Picard, 1968 ; S. Duplaix, 1972). La
staurotide cède la place à la hornblende qui progresse régulièrement de l'Ouest
vers l'Est, en relation avec les affleurements d'amphibolites et sous l'influ
ence du contre-courant de la baie de Cavalaire. Les proportions de staurotide
grenats et disthène diminuent. Ainsi, les amphiboles pourront être utilisées
comme des "marqueurs" de la dérive littorale.
c - Plage orientale:
A partir des Arbouses on observe le changement de courbure de la
plage. A l'Est du PN (point neutre), on note la disparition des cordons feston
nés (cessation des phénomènes de résonance ), tandis qu 1 apparaissent les rides
littorales. Désormais, les risques d'érosion sont nuls et les plages s'engrais
sent, ne posant aucun problème particulier: sable moyen (~ = 0,45 mm), angle
de pente: 7°, forte pollution macroscopique en fin de transfert, notamment à
la plage de la Douane et à la zone abritée du cap Lardier.
La zone remblayée de la plage Est est renforcée par l'édification
d'une jetée fonctionnant comme un épi. Or, à l'Est de cette jetée, jusqu'au
littoral rocheux (amphibolites de la pointe de la Bouillabaisse), se situe une
zone agitée, exposée aux vagues obliques de vent d'Est (T = 6 à 8 sec), où se
forme un tourbillon et un courant sagittal, à la faveur de ce cloisonnement
(fig.6).
- 103 -
Tous les dépôts torrentiels de la plage de Cavalaire sont systéma
tiquement déviés vers l'Est (ruisseaux de la Croix et de la Canade). On note un
léger colmatage et l'ensablement des fonds à la partie orientale de la baie de
Cavalaire.
Les minéraux lourds, étudiés par F. Picard (1968), montrent la
dominance de la hornblende (74,3 %), liée aux séries d'amphibolites, la stauro
tide (3,1 %). issue des leptynites et micaschistes de Cavalaire, le grenat (1,8
%), disthène (1,2 %), un maximum intéressant de la magnétite (1,2 %), hématite
(0,2 %), minéraux altérés: 10 %, avec de fortes variations.
D - La plage de Cigaro ou le "régime cloisonné" (fig.?)
La plage de Cigaro (encore "orthographiée" : Gigaro), d'une lon
gueur de 1.500 m, est interrompue par deux pointements rocheux d'amphibolite
ainsi qu'une jetée fonctionnant comme un épi (fig.7).
Ainsi, la dérive littorale se trouve entravée et aucun transfert
notable n'est réellement observé à l'exception de quelques cheminements loca
lisés. Le cloisonnement isole trois portions de plages, du NW au SE.
D'où l'importance des vagues frontales et de la diffraction sur
les roches sous-marines prolongeant les pointes.
Les trois plages de Cigaro montrent les caractères suivants :
- bon abri des vagues et houles d'Est et E.SE.
- amortissement correct des vagues de SE,
- situation exposée aux vagues de Mistral (régime Ouest),
- sélection minéralogique :
• les amphibolites dominent à la plage m" associées au quartz
drusique et à la hornblende.
· la hornblende et la staurotide dominent encore à la plage
St Michel (plage intermédiaire).
· la plage SE montre déjà l'influence de la série granitique du
cap Lardier amphiboles: 40 %, grenats, staurotide, divers (zircon, etc ... )
40 %.
La plage de Cigaro se termine, au SE, sur le grand accident tecto
nique de Gassin, La Croix-Valmer, à partir duquel débutent les Maures orienta
les, du point de vue géologique.
érosion par des courants sagittaux dirigés vers l'W.SW, par fortes
tempêtes et "canalisés" par les prolongements sous-marins rocheux des pointes.
Les pentes sont moyennes (9° à 11°) ; pour la plage "intermédiaire" (St Michel),
Fig.8 MASSIF DU CAP LARDIER
" 114
5a!IlDl;.
F Q.(1)
My = mylonite
"" -c.g = courant général
__ _ (..c = contre courant
= courants dedécharge
= grotte marine
1 - 2 -3 =.. plages de poche"
<§"S; = série Croix Valmer
tc = granite de Camarat
~a = gneiss de st Tropez
___ F = faille
500m
~i = micaschistes et gneissL- a~bitlqu_es .__. _.__ .
N
tF
F
F
1,.-- ~cJ/ Les Brouis
FDubreuil F
~)/Plage IY -1
de' B'O";'\;
. -
My
c.g
\\
20
- 104 -
quelques défenses frontales seraient nécessaires. Il n'y a aucun problème pour
la plage Nord. La plage Sud montre une légère érosion et, plus au SE, contre
le granite, un colmatage accentué par la présence d'un herbier à Posidonies.
VIII - LES MASSIFS DU CAP LARDIER, CAP TAILLAT ET CAP CAMARAT (fig.8 et cart.6)
A - Le massif de cap Lardier:
1° - ~~~!~gi~ : à l'Est de la plage de Cigaro et des mylonites cor
respondant aux accidents de Grimaud-Croix Valmer, débutent les Maures orienta
les où s'observent des granites, gneiss, embréchites, etc ••• Les affleurements
du granite au cap Camarat datés à 350 millions d'années (hercynien), forment
une côte déchiquetée, riche en accidents NE-SW, déterminant des criques sauvages
et des zones fissurées (fig.8). La morphologie littorale y revêt un aspect
"armoricain" ou "corse", assez singulier pour la Provence, tout comme aux caps
Taillat et Camarat. Dès la plage des Brouis, de nouveaux accidents et mylonites
introduisent des amphiboles et gneiss amphiboliques, type Croix-valmer, très
altérables, puis, à la pointe Andanti, des micaschistes friables et gneiss
albitiques.
Le cap Lardier lui-même, site sauvage non desservi (1), est formé
d'étendues très boisées et vulnérables, correspondant à la série métamorphique
des gneiss de St Tropez. Cette zone est cassée par plusieurs accidents orientés
EW, responsables du tracé littoral et de la formation de criques et grottes
marines (fig.8). Une prospection aérienne permet de détailler ces failles
transverses.
2° - ~~EE~~!~gi~_!i~~~E~!~ : les failles EW et le réseau orienté
ENE-WSW sont marquées par des criques, grottes et "plages de poche". Les blocs
et cordons de galets littoraux se prolongent en mer par des épandages et lobes
sableux.
- la zone granitique conditionne la présence d'une bonne arène, très
sableuse, stable et filtrante, surmontant un substratum à bonne tenue mécanique
même dans les secteurs très exposés (pointe Dubreuil).
- en revanche, la zone des amphibolites et des micaschistes s'éboule
en plans parallèles successifs, vers le front de mer, le long des plans de
schistosité. Le substratum est recouvert d'un éboulis argileux très rubéfié,
parfois instable et souvent imperméable.
(1) Cinq heures sont nécessaires pour faire le tour de la presqu'île par demauvais sentiers cachés.
Fig.9 PARAGES DU CAP TAILLAT
60~ Graviers~ Sables grossiers
mobiles léssivés..; " Limite inférieure de~
N
t",~ __ / Roches sous-marines
'--./
CC)Sables
QJl Cordons f.estonnéstJ sous-marins -,,- du
l'herbier àPosidoniesdétritiquecotier
\\
.j
BAIE DU
BON PORTE
Voltéra
CAP TAILLATCI
rJ 1L~)l,:"
Tombolo , ":~.:~: '. >'.v.\ ' ,-",. ') '.. . ...
, L~:?C.("- .... - "\ ' ..- --"":..:::=, ....\
- - --,__ __ .....-_1
..... , CJ _5 - '7J-'-,-.J ~ r-=-'-
"'" J' .... =-)
1000m
BastideBlanche
CAPLARDIER
- 105 -
- l'isthme étroit et faillé du cap Lardier comporte plusieurs grottes
marines agrandies par les effets dus aux chocs des vagues et à la pression de
l'air comprimé 0 La falaise, haute de cent mètres, et difficile à contourner, de
la pointe Andanti en constitue le secteur le plus instable.
- au niveau des gneiss rubannés et des anatexites, on observe une
plate-forme d'abrasion récente, limitée à +0,40, +0,30 m, beaucoup moins déve
loppée qu'au voisinage de l'isthme du cap Taillat.
3° - Fonds sous-marins (fig.9 et carte 6)
Le prisme littoral et des courants sagittaux s'observent à Cigaro
des courants de décharge, par fortes tempêtes, se développent tout au long de
la côte rocheuse, aux bas des falaises, criques, etc ...
· Ces lobes détritiques correspondent à des "taches" de sable étalées
jusqu'à -15 m par les courants de fond (régimes W, W.NW = Mistral, et W.SW).
L'herbier à Posidonies est bien développé et non altéré par les
pollutions on y observe des érosions "naturelles" et locales, dues aux cou-
rants de fond et généralement assez bien compensées.
· Plus au large, vers -30 m, parfois -25 m, se présentent les fonds
du détritique côtier. La relative étroitesse du précontinent les fait rapide
ment "passer" aux vases bathyales du "canyon de Cavalaire!1, en fait, branche
"affluente" du grand canyon des Stéchades. Mais, au Sud du cap Lardier, le
précontinent montre un subit développement sous la forme d'un vaste plateau
sous marin parsemé de "monadnocks" immergés (écueils de la Roche Quairolle).
· On soulignera la beauté des fonds rocheux dans cette zone vouée
au tourisme et à la pêche artisanale. Nous y déconseillons tout aménagement
complémentaire alors que la pénétration humaine altère déjà fortement l'ensem
ble de la presqu'île de Saint Tropez: plusieurs lotissements à Cigaro, aux
Brouis. Dans un cadre plus large: constructioŒ à la Bastide Blanche, campings
à Briande, lotissements très développés et luxueux à l'Escalet (plage du Bon
Porté), à Camaret, etc ... Les modifications du milieu naturel y sont profondes,
pas toujours en mal d'ailleurs.
L'enclave "sauvage" du cap Lardier, difficilement pénétrable par
voie terrestre, menacée par les incendies du fait de la densité de sa végéta
tion très fragile, demande une protection efficace et rapide.
B - La baie du Bon Porté, cap Taillat, cap Camarat
Le granite de Camarat forme des assises résistantes à l'exception
- 106 -
des zones traversées de nombreux filons de quartz, feldspath, aplite, voire
dolérite. Elles alternent avec les gneiss oeillés de la série de St Tropez.
Aucune rivière n'aboutit dans ce secteur où l'alimentation sédimen
taire majeure demeure assurée par la présence de l'arène granitique, parfois
épaisse de 2 m.
La petite plaine alluviale de la Bastide Blanche constitue une excep
tion elle est formée de limons récents et de cailloutis post-würmiens, recou
vrant la surface d'arasion marine de +5 m, étudiée par H. Chamley, lorsque cette
dernière se trouve représentée. Il s'agit de sables et limons très filtrants et
peu lessivés.
L'érosion marine est nulle pour les secteurs formés d'assises com
pactes et dépourvus d'arène ou d'accidents tectoniques.
2° - gZ~E~~~~~ig~~_~~_~ZE~~_~~_~~~~~ :
• L'éboulis et le prisme littoral se poursuivent jusqu'à -10 et
même -15 m. La sélection du matériel, les triages des matériaux alluviaux issus
de la petite "plaine" de la Bastide Blanche, les éléments issus de l'éboulis
littoral, etc ... sont en relation avec des milieux très agités par régimes d'Est
et SE. En revanche, par Mistral, l'abri oriental est assez favorable d'où l'appe
lation de "Bon Porté ll•
La répartition des sédiments sous-marins sera conditionnée par cette
exposition particulière aux vents des secteurs Est et SE.
Partout se manifeste le courant dirigé de l'Est vers l'Ouest,
rapide entre les écueils et les roches sous-marines. Il s'inverse, en surface,
de l'Ouest vers l'Est, par fort Mistral. Ces mouvements favorisent une forte
pollution sur les roches littorales granitiques: cap Taillat, plage de l'Esca
let, criques de la baie du Bon Porté, et de Briande : "galets" de mazout, bois
flottés. L'écran du cap Taillat amène le stockage de ces débris dans les criques .
. Le curieux tombolo du cap Taillat (1), long de 160 m, formé de
sable quartzeux à grenats et zircons, est une construction liée aux courants de
dérive de vent d'Est et Mistral (W). Cependant, cette "flèche" sableuse a sur
tout été édifiée grâce à une ligne d'écueils alignés, déchiquetés, correspon
dant à un filon très dur de dolérite, orienté m,-SE et, encore, aux phénomènes
de diffraction en relation avec l'îlot-promontoire de Taillat. Il en résulte
une accumulation de sédiment meuble du Bon Porté et à Briande.
Les cordons festonnés sous-marins constituent une des caractéris
tiques de la baie du Bon Porté. Ce sont des accumulations sableuses, de -2 à
(1) Encore nommé cap Tayat ou cap Cartaya.
- 107 -
-7 m, le long du littoral orienté NS, de la pointe du Canadel jusqu'aux accores
du cap Taillat. Ces cordons correspondent aux nodales de seiches se manifestant
à la baie du Bon Porté. L'énergie incidente étant la houle d'Est tandis que les
résonances se produisent au cap Taillat et aux roches immergées des Enfers
(-3,2 m) ainsi qu'à un écueil "anonyme" à -6 m, plus à l'Est.
Les principaux types de fonds sont (fig.9) :
1 - Développement des sables détritiques littoraux formant des
lobes mobiles (sables et graviers), jusqu'à -25 m, au grand maximum.
Ces corps sédimentaires présentent une disposition asymétrique
-15 m, à la villa Bergés, -17 m, au "droit" de la pointe du Canadel, -25 m
contre le "platier" rocheux immergé (-5 à -JO m), situé au NNE du cap Taillat
et au "sécant" sous-marin, assez dangereux, de l'Enfer (gneiss oeillés).
En fait, ces "reliefs" immergés forment un "barrage" sous-marin
retenant le sédiment sableux, lessivé et dispersé par les courants de décharge.
2 - Herbier à Posidonies, assez dégradé par les courants de fond
jusqu'à -33 m (fig.9).
3 - Détritique côtier très développé au niveau des hauts fonds et
à la zone supérieure du précontinent, en deçà d'une rupture de pente à -24 m.
On observe des graviers près des roches et des zones de courants au Sud et au
SE des caps Lardier, Taillat et Camarat.
4 - Vases bathyales, vers -170 m, rupture de pente soulignant les
deux "diverticules ll du canyon dit lIde Saiut Tropez ll (en fait "canyon de Camarat ll
serait une meilleure appellation), creusé dans le granite ("talwegs" à -620 et
-450 ml.La morphologie sous-marine est très influencée par des glacis
rocheux immergés prolongeant les caps Taillat, Camarat, et St Tropez. Ces aires
tourmentées représentent les vestiges d'une ancienne topographie anté-versilien
ne, c subsistent des "monadnocks ll granitiques déblayés par la dernière remontée
de la mer. Il s'agit de fonds de pêche, sites de plongées, etc .•.
3° - !E~~~_~~_E!~~g~_~~_~~~~~!~~~_~~~_E~~~~~
L'héritage mécanique de la roche explique le paysage et le tracé du
littoral. La désorganisation des massifs rocheux s'y traduit par des ruptures
plastiques (comme celles qui ont été observées à Sicié, au cap Bénat, etc .. )
et des ruptures rigides (compression triaxiale), du type "Esterel".
Des actions complexes, non encore étudiées, interviennent sous la
forme de contraintes tectoniques, charges brutales et détente des versants. Des
discontinuités s'ouvrent dans la roche sous la forme de deux réseaux:
- 108 -
1) fissures parallèles à la direction des contraintes de compression.
2) fissures perpendiculaires à la direction des efforts de traction.
Au point de vue tectonique, le massif granitique du cap Camarat
montre deux directions dominantes
1) direction WNW-ESE : elle détermine l'orientation des criques,
écueils, dykes doléritiques, platiers. L'orientation du revers occidental du
cap Taillat en est le résultat.
2) direction ENE-WSW : ces~actures se raccordent aux failles et
mylonites du cap Lardier; elles correspondent à l'orientation dominante des
grottes marines (1).
Enfin, le contact du granite avec les gneiss oeil lés de la série de
St Tropez est jalonné par un drainage préférentiel, criques, zones faibles, etc.
IX - LA PLAGE DE PAMPELONNE (fig.10)
A - Description :
La plage de Pampelonne, orientée N-S, face à l'Est, directement expo
sée aux vagues et houles issues du golfe de Gênes, s'avère, après Giens, être
la plus vaste plage de la Provence métamorphique (longueur: 4.200 ml.
Ses accés faciles et sa situation lui assurent un coefficient d'occu-
pation souvent par trop élevé. Cette disposition exceptionnelle avait été remar
quée par l'Etat-Major du général Patch qui, les 15, 16, 17 et 18 août 1944 y
débarqua un matériel considérable après les parachutages effectués dans la
presqu'île de St Tropez.
La plage demeure très exposée et dangereuse par fort vent d'Est;
elle est, en contre partie, très abritée au Mistral et, particulièrement, aux
régimes W, WNW et NW. Un curieux pointernent rocheux sous-marin s'observe, à
partir du Nord, à la base de son premier tiers : la Sèche de Salagru. Par
régime normal ou vent d'Est, on note un transfert assez général dirigé du
Nord vers le Sud (fig. 10).
B - Situation géologique
• Le substratum métamorphique imperméable est représenté par le
granite du cap Camarat et les anatexites de la presqu'île de St Tropez (gneiss
(1) Il a été procédé à un examen aerlen et des relevés de détail au 1/15.000avec prospection sous-marine conjuguée. Des recherches très détailléesseraient nécessaires.
Fig.10 PLAGE DE PAMPELONNE
N
t
SALAGRU
La Baraque
Bonne
ëoC'I
EoC'I
1000m
- 109 -
oeillés, gneiss feldspathiques). Au Nord du cap Pinet, on relève des séries
gneissiques, fines et micacées, à strucutre alternante. L'imperméabilité des
roches favorise des crues torrentielles, violentes mais brèves, les jours
d'orage.
. Une petite plaine alluviale, la plus importante de la presqu'île
de St Tropez, est due au remblaiement holocène (Versilien) : limons, sables
dunaires, éléments de l'arène granitique, complexes lagune-marins, analogues
à ceux du Fournel et de Fréjus-Villepey.
Dix ruisseaux drainent cet ensemble. Ils sont responsables de crues
et d'inondations, notamment la rivière du gros Vallat, assez désastreuses, à
la fin de janvier et février 1974. Les dégats sont agravés par une très faible
pente combinée à la présence d'un biseau "salé" à faible profondeur (rivière
du gros Vallat, de Loumède, de Beauqui, etc .•• ).
c - Hydrodynamigue
1) Transfert précité, du Nord au Sud, malgré un cloisonnement rela
tif dû à la Sèche de Salagru. Comme à St Aygulf, on note un colmatage accentué
à la partie méridionale.
2) Présence d'oscillations stationnaires (seiches) et de lignes
nodales correspondant à la formation de cordons festonnés et en demi-lune,
voire à des dunes sableuses sous-marines plus au large (fig.IO).
Ce système naturel protège le rivage sahleux de l'érosion liée aux
vagues déferlantes des régimes d'Est. La seiche de Salagru assure également une
protection efficace en organisant les amortissements et déferlements frontaux
des très gros rouleaux, dès la profondeur de -ZOrn, avant leur arrivée à la plage.
3) Action de courants sagittaux, comme à Cavalaire, St Aygulf et
Fréjus (1). Ils étalent le sable du prisme littoral jusqu'à -14 m. En deçà,
font suite les sables fins, moyennement calibrés, des fonds de baies, remaniés
puis étalés en lobes turbides asymétriques, déviés par un courant de fond,
orienté du Nord vers le Sud, jusqu'à -20 m.
On observe la dégradation de l'herbier par l'action de l'érosion
mécanique.
o - Plages nord (fig.10) :
De la plage de Tahiti, médiocrement desservie par une route étroite,
à la plage de Salagru, se montre une zone d'érosion et de transfert (NS). On y
constate l'absence de cordons festonnés et ici, le littoral n'est protégé que
(1) Ces derniers ont été découverts à Pampelonne par Arbey et Rivière.
- 110 -
par l'amortissement des houles à la pointe du Pinet. Cela se traduit par:
- quelques concentrations de minéraux lourds (lessivage intense)
- micro-falaise d'érosion; les niveaux de tempête atteignent la
cote + 0,60 m.
- zones incurvées, très érodées, lieux de départ des courants sagit
taux (sable moyen : ~ = 0,6 mm, pentes de la plage, fortes: 18°).
E - Plages médianes:
Plage de la Sariette (débarquement du 15.8.1944). Les cordons fes
tonnés apparaissent (longueur de 120 à 70 ml, souvent coalescents au rivage.
Les courants sagittaux partent de la plage et s'insinuent entre les cordons.
Par grosse mer d'Est (T = 8 sec), l'ablation y produit une micro-falaise de
l fi ; la surrélévation du niveau marin, à la faveur de résonances, y atteint
exceptionnellement +1,20 m ± 0,20 m, pour des pentes de 18°, malgré la finesse
du matériel (sable quartzeux, ~ = 0,30 m). Par forte tempête, le rivage peut
alors reculer de 2 à 3 fi, puis, un engraissement compensateur se manifeste par
beau temps.
F - Plages Sud (fig.ID) :
L'aboutissement du transfert (NS) s'y traduit par un colmatage
accentué, accompagné d'une pollution notable (bois flottés, bidons, bouteilles,
galets de mazout, etc ••. ). J'y ai relevé des ponces flottées provenant des îles
Lipari et amenées par le courant général, comme à Giens et à Porquerolles. Mal
gré ces engraissements, les effets des tempêtes de vents d'Est y sont spectacu
laires :
niveaux surrélevés à +1 m,
- zones d'ablation liées aux départs des courants sagittaux: les
pentes des chenaux sont parmi les plus importantes que j'ai pu observer: 24°.
G - Remarques importantes
1° - Malgré le transfert orienté du Nord au Sud, on notera l'absence
systématique de gradient granulométrique au littoral. Cela paraît lié à la pré
sence des courants sagittaux ~ à l'influence des rivières débouchant sur les
plages et amenant du matériel sableux (crues).
2° - La fraction bioclastique est très faiblement représentée à
Pampelonne, parfois même absente. Le prisme littoral, de nature minérale,
est prépondérant; son extension, liée à des courants de fond, entrave et
fait même régresser l'herbier à Posidonies.
- 111 -
3° - Aucune menace particulièrement alarmante ne concerne les plages
de Pampelonne car l'intervention des mécanismes compensateurs naturels s'avère
efficace à la condition que l'on s'abstienne d'y implanter des épis.
x - LA BAIE DE ST TROPEZ ET SES ANNEXES (fig.ll et 12, carte 6).
A - Généralités et types de fonds
· Exposition et hydrodynamique
Ouverte largement à l'ENE, la baie de St Tropez réalise un ensemble
dont l'évolution s'avère bien distincte des autres secteurs étudiés au littoral
de la Provence métamorphique.
Le régime d'Est est dominant en force et fréquence. Les régimes W ou
WNW sont parfois vifs mais moins bien représentés du fait de l'abri du massif
des Maures et des collines de Gassin.
1 - les régimes W et WNW donnent des dérives sortant du golfe et des
contre-courants non étudiés. Les troubles sont déportés vers les vases terri
gènes côtières, d'où l'extension des zones envasées.
2 - les régimes d'Est représentent les transferts dominants: sables
et poudres sont dirigés vers l'Ouest et l'WSW ; les troubles s'accumulent et
sont piégés dans le fond du golfe, puis à nouveau remis en suspension sous
l'influence du premier facteur (régime W ou WNW).
Les infLuences du régime d'Est étant prépondérantes, L'envasement
est continu. Cette progression est accélérée par les décharges et travaux de
Port-Grimaud et les crues torrentielles. Plus du tiers de l'herbier à Posido
nies est déjà détruit.
· Conséquence pratique : la baie de St Tropez réalise un modèle de
"piège à sédiment" ; les effets de la dispersion au large sont insuffisants
à compenser la progression des colmatages.
· Un herbier à Posidonies en voie de dégradation: l'herbier à
Posidonies est très dégradé par les rapports turbides naturels. Ces derniers
relèvent de quatre axes d'apports:
1 - le Préconil : matériaux des embréchites des Maures orientales
formant un épandage sous-marin au Sud de Ste Maxime. Ce dernier alimente les
herbiers à Posidonies et les sables du détritique côtier.
2 - Ruisseaux d'importance secondaire: ruisseau des Mûres, ruis
seaux de Beauvallon, etc .•. ; apports au prisme littoral et talus détritiques
au Nord du golfe.
Fig:11
N
tBAIE DE st TROPEZ, ANSE
38V.I.C
DES CANEBIERSv ~ 0 0 °0 ~
v (éboU1g 66 6 .
>ç:-~
Fig.12 BAIE DE st TROPEZ
N
t
1000m
~10m~
_'--- t.1-----.
~
Base
aéro- navale
Villa Sabi Pass
V.T.C MARINAS
~DE
'"-> COGOLINA-6 Zone J ET
envasee PORT GRIMAUD
MARINA DE
COGOLIN creusee
li l'emplacement de
la FOUX
PORT
---- G'SC~L_E _
.--~'
- 112 -
3 - axe de la Giscle, drainant une partie des Maures centrales et
occidentales micaschistes, séries de la Môle et de Cogolin. Il s'agit de
l'épandage sous-marin le plus important alimentant les sables fins bien cali
brés au fond de la baie de St Tropez auxquels font suite des sables vaseux de
mode calme. Les phénomènes de dispersion par les courants de fond ne sont pas
connus.
4 - Au Sud: apports du ruisseau de Gassin, alimentant les talus
détritiques littoraux et les vases terrigènes côtières. Ils proviennent des
embréchites, granites et gneiss de St Tropez.
Un envasement en progression (fig. 12 et 13, carte 6).
Le faciès des vases terrigènes côtières s 1 étend suivant deux direc-
tions
1 - le Préconil : zone en extension au Sud de Ste Maxime troubles
déportés vers le SW et l'WSW. Dégradation de l'herbier.
2 - Axe du golfe de St Tropez: couloir envasé vers le Sud, assez
sinueux, de direction générale au 70° (ENE). Les épandages sont surtout réalisés
au cours des orages (régime torrentiel). Il s'y ajoute les apports boueux du
Bourrian et du ruisseau des Mûres, ruisseau de Gassin, plus les écoulements "en
nappes". Ces vases terrigènes côtières s'étendent aux dépens des herbiers à
Posidonies et du détritique côtier.
Les zones 1 et 2 sont polluées, notamment au Sud de Ste Maxime,
à St Tropez et à Port-Grimaud. L'envasement est maximum à trois endroits
d'importance inégale:
1) le plus important est représenté par le fond du golfe, à l'Est
de Port Grimaud.
2) zone de St Tropez, notamment le "piège" situé à l'Anse des Cane
biers (zone à étudier en détail).
3) épandages au Sud de Ste Maxime, déjà mentionnés.
B - Plage des Salins et cap de St Tropez (carte 6) :
La complexité de la zone sous-marine du cap de St Tropez est liée
à une ancienne topographie granitique, à modelé aérien, immergée par la trans
gression versilienne.
Les roches et "sécants" du large, les prolongements des pointes,
etc .• correspondent à des reliefs granitiques ou gneissiques, altérés en boules
et formes arrondies, formant des massifs isolés et "monadnocks" , de quelques
mètres à plus de 30 m de profondeur. Parmi eux, nous distinguerons le Rabiou,
l'Ay, le plateau de Sauvère, la basse du N.E., la teste de Can (partiellement
- 113 -
émergée), les Basses de Can et, plus au large, la "roche" de Verhuge. Ces
roches, parfois dangeureuses et très exposées sont des sites assez poisson-
neux et favorables aux plongées et pêche sous-marine.
Au-delà de l'éboulis et du prisme littoral (p lage des Salins) se
situe, jusqu 1 à -35 m, un vaste herbier très développé à l'Est de la Pointe de
Rabiou et du cap de St Tropez. Il s'étend à 2,5 m.naut. vers le large, au-delà
de la roche de Verhuge. Il présente des érosions, graviers remaniés et concré
tionnements (Lithothamniées), de -12 à -35 m aux Basses du N.E., à l'Est du
cap de St Tropez et à la Basse S.E. de Can, à la Verhuge.
De -35 à -60 mt nous "passons" aux formations hétérométriques et
graviers du détritique côtier.
De= remarques :
10 - A l'Ouest de la pointe de Rabiou se développent les faciès
d'envasement du golfe de St Tropez. Dès cette zone se manifeste une régression
de l'herbier.
20- Les hauts-fonds situés à l'Est du cap de St Tropez isolent
deux milieux distincts en-deçà de la ceinture des sables du détritique côtier.
- vases bathyales au Sud (canyon de St Tropez)
- vases terrigènes côtières au Nord, au large de la baie de St
Tropez et envahissant cette dernière.
Un travail cartographique précis et de longue haleine serait néces
saire en ce secteur.
Quant à la plage des Salins, au cap de St Tropez, longue de 350 m,
accompagnée de quelques plages de poche au SSW, elle demeure très exposée à
tous les régimes et pollutions. Il. s'agit d'un site bordé de très beaux fonds
mais souillé par des galets de mazout.
Malgré la présence d'une ride littorale temporaire, la plage est
fortement érodée en hiver. Par beau temps, malgré des pentes à 12 0, une cer
taine compensation se manifeste (sable blanc quartzeux, fin et isométrique ;
~ = 0,25 mm), augmentée par des apports bioclastiques (Miniacina miniacea Pal
las) issus de l'herbier et du coralligène, tout comme cela a été observé aux
plages des Embiez (Grand Rouveau, Le Brusc).
C - Anse des Canebiers (fig.11)
Cette dernière présente des analogies avec les baies de La Seyne
et de Tamaris, près de Toulon. Mais l'évolution des herbiers à Posidonies n'a
point atteint, en ces lieux, le stade de l'émersion et du colmatage total.
- 114 -
Il s'agit d'un mouillage très abrité pour la plupart des régimes
trois chantiers de réparation y sont implantés.
L'herbier à Posidonies est dense mais en voie de dégradation sous
l'action des pollutions, des accumulations de débris de Posidonies, mais, sur
tout par la progression des envasements dans la baie de St Tropez. La couran
tologie de détail reste à étudier. Il est possible d'y envisager un circuit
tourbillonnaire, érodant les herbiers et les "mattes", jusqu'à -6 et -9 m. Le
sédiment est un sable bioclastique, hétérométrique. Dès -33 m, l'herbier fait
place à une mince frange de "détritique côtier" tandis que le faciès des
"vases terrigènes côtières" (V.T.C.) se développe à moins de 40 m de profondeur.
Ce site nécessite une protection rapide avant sa complète dégrada
tion, comme cela a été le cas pour la baie de La Seyne.
D - Les "marinas" de port Cogolin et port Grimaud
· La Marina de Cogolin, au Sud, est creusée dans la plaine alluviale,
entre les débouchés de la Giscle et du ruisseau de Bourrian, à l'emplacement
des anciens marais de la Foux.
• La Marina de Port Grimaud, au Nord, est creusée dans les marais
et bras-morts de la Giscle, entre le cours de cette rivière et les embréchites
des Maures orientales (Petites Maures). Lors de colmatage holocène, contempo
rain des stades les plus récents de la transgression versilienne (de 15.000 à
8.000 A.B.P.), le aours de la Oisale s'est déplaaé vers le Sud, sous
l'influence d'un transfert littoral longeant le littoral·au NE. de la baie de
St Tropez. Cet apport sédimentaire a été augmenté de la charge du Préconil et
dirigé de l'ENE vers l'WSW. En se déplaçant ainsi vers le Sud, la Giscle a
abandonné trois bras-morts, jalonnés d'étangs et de marais, actuellement
détruits par l'aménagement de la Marina de Port Grimaud (1).
• Exposition et abris : les installations sont exposées aux régimes
de forts vents d'Est et surtout d'ENE. Des résonances se manifestent alors au
fond de la baie et sur la jetée de Port Grimaud où des ébauches de cordons
festonnés se développent à l'emplacement des nodales. Ce phénomène sédimentaire
demande a être suivi attentivement du fait de l'importance des aménagements.
(1) Il faut noter que cet aménagement élégant et assez exceptionnel, occupel'emplacement de marais souillés et sans grand intérêt.
- 115 -
Contre la jetée de Port Grimaud, une plage engraissée, en équilibre
ne pose actuellement aucun problème (sable grossier ~ = 0,9 mm, pente: 7°).
- l'abri est satisfaisant pour les régimes suivants: W, WNW (Mis
tral), Sud, NE, NNE.
- bons mouillages.
Colmatages: le transfert, de l'ENE à l'WSW, déporte les sables
et particules fines, de la pointe des Sardinaux à Port Grimaud. Les troubles
du Préconil (1), se jetant à l'Ouest de Sainte Maxime, s'y ajoutent pour une
large part amenant :
- la dégradation progressive et continue. de l'herbier,
- le colmatage de la baie,
Ces apports amènent, avec la contribution du ruisseau des Mûres,
de la Garde et du Bourrian, la formation d'un lobe turbide asymétrique et
l'envasement plus rapide de la partie méridionale de la baie.
Par vent d'Est moyen, des flotteurs immergés ont permis de mesurer
une vitesse de 0,30 rn/sec pour la surface •
. Un transfert secondaire, lié aux vagues d'Ouest ou d'Est, longe le
rivage méridional de la baie de St Tropez et se dirige de l'Ouest vers l'Est.
Les sédiments, troubles, pollutions et bois flottés s'accumulent contre la
jetée de Port Cogolin et souillent la plage .
. Les empiétements de terrains sur la mer, effectués à l'Est du
port de St Tropez, n'occasionnent aucune nuisance particulière car les talus
détritiques et franges d'herbiers concernés étaient déjà l'objet d'un colmatage
naturel et d'une dégradation poussés, antérieurs aux aménagements, tout comme
à l'Anse des Canebiers et au fond du golfe de St Tropez.
Un "upwelling" se manifeste par fort vent de Mistral (WSW par ex.).
Il se produit une dérive superficielle salutaire, sortant de la baie à la
vitesse de 20 rn/mm, et renouvelant les eaux au fond du golfe de St Tropez.
On note, en fait, la formation de deux lobes turbides successifs
1) sables moyens du prisme littoral, jusqu'à -12 m, déportés de
l'ENE vers l'WSW, puis du Nord vers le Sud. L'action de courants de décharge
et courants sagittaux est possible mais n'a point été prouvée.
(1) Ne pas confondre avec le torrent "Préconil" situé à l'Ouest du Lavandou.De telles confusions toponymiques sont assez courantes en Provence : ainsi,on connaît deux "cols de Gratteloup" dans le massif des Maures et trois"Simiane", quatre "Bégude", trois 11Madrague", etc ...
Fig.13 FOND DE LA BAIE DE st TROPEZ
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d'Est
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talus detritique
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Envasement
en progression
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Colmatage
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cf('",' .' .t~ .Seiches J'\'li] 1cordons V
~iJ,festonnés- .. l "~ v
-11mv
_ Sables vaseux
- de -
~ .{.\ mode calm~_------} \\ .~
PORTCOGOLIN
LA GISCLE~-; ~-"- ~ ->
/'---
PORT GRIMAUD
-----...,,--
1 1000m 1
- 116 -
Z) sables fins bien calibrés et sables vaseux de mode calme forment
un épandage de -IZ à -15 m et, même -19 m. Ce lobe est déporté vers l'Est.
Vers -19 m, parfois dès -13 m, dans la partie méridionale de la
baie de St Tropez, on trouve directement le faciès en progression des V.T.C.
De= remarques importantes :
la - disparition totale, ou presque, des herbiers à Posidonies, par
envasement dans le fond du golfe de St Tropez.
2° - un circuit courantologique se manifeste au fond de la baie ;
il s'accompagne de la formation d'une "cellule" de sables vaseux déposé dans la
zone morte du tourbillon. A l'Est de Port Cogolin, on note la formation d'une
"tache" de vase décantée relevant de la même origine. De telles dispositions
ont été observées, à plus grande échelle, par M. Roux et E. Vernier, dans la
zone de colmatage rapide du golfe de Fos.
a) ~E~~_~~_!~_~~!!~_~~~~~_~~~~~_~~_E~~~~~~~_~~~_~E~~
Ils entravent le transfert littoral principal et compensent une
forte érosion du rivage liée à l'incidence des vagues obliques d'Est, ESE. Une
dizaine d'épis, serrés, formés de blocs d'amphibolite, assez lourds mais alté
rables, a été implantée. Cependant, des épis interrompus, plus longs et munis
d'ergots seraient plus efficaces et n'entraveraient point la circulation des
eaux, de l'ENE vers l'WSW, absolument nécessaire à la salubrité du fond du
golfe de St Tropez.
Cet aménagement est à surveiller attentivement.
b) g~~~~E~S~~~~_~~~_i~~~~~_i~~E~_g~g~!~~~_~~E~_~E~~~~~L(fig.IZ).
Les jetées sont bien dessinées et efficaces ; elles suivent les
isobathes -6 à -8 m. Les ouvrages sont formés de blocs lourds d'amphibolite,
gneiss ou migmatites 0,6 à 2 tonnes, coincés et couronnés de gros blocs posés
à plat: 3 à 4 tonnes.
Le profil est relativement bas (+ 3m) mais très large (8 à 10 m) ,
comme au port de Bormes, absorbant bien les "rouleauxl1. Ici, le degré cl 1expo
sition est moins accentué qu'à Bormes ou Santa Lucia (St Raphaël). Du côté
intérieur des jetées frontales on note un fossé d'écoulement, une zone filtran
te (galets remblyant une tranchée de drainage) absorbant les "paquets de mer"
passant au-dessus de la jetée.
Les jetées intérieures des ports (A', fig.1Z) ne sont renforcées
qu'aux zones de réflection et de diffraction: passes des ports, digues canali
sant la Giscle. Cette rivière manifeste des crues très brutales (d'où son nom),
- 117 -
liées aux orages violents et au substratum imperméable, élevant brusquement le
niveau de +1,5 m (février 1974) : observation directe. Les autres types de
digues, jetées inte~nes, sont formés de blocs d'amphibolite (hauteur: 2 m,
largeur plus faible: 5 à 7 ml.
Il y a une possibilité de seiches dans les bassins des Marinas.
Des études détaillées seraient nécessaires afin de préciser l'hydrodynamique
des sites aménagés.
E - Incidences des aménagements sur les milieux naturels
Nos informations sont très incomplètes et des études précises,
échelonnées dans le temps, seraient nécessaires. On pourra suggérer les
remarques suivantes
1°) L'action des épis bordant le littoral septentrional de la baie
de St Tropez, entrave incomplètement le transfert latéral dominant. Il en
résulte une diminution de l'érosion et des colmatages à Port Grimaud, mais
une accentuation des pollutions locales.
2°) Le creusement des bassins de Port Cogolin et Port Grimaud, tout
comme celui de Port d'Agde, a fait disparaître les marécages. Or, ces marais de
la Giscle et de la Foux s'avéraient des sites de pêche et de chasse. Cependant,
les excellents matériaux ainsi recueillis (galets, sables, limons) ont été
utilisés en remblais hydrauliques, talus, travaux routiers, voire matériaux de
construction, sans effectuer de véritables dragages extensifs dans la baie de
St Tropez. En fait, le "rnarais l1 a été sacrifié au bénéfice de la mer et de ses
utilisateurs.
Le milieu naturel a été bouleversé, méconnaissable. Néanmoins, ren
diguement soigné de la Giscle et l'approfondissement de son chenal, utilisé
comme mouillage, diminuent les effets des crues.
3°) Accentuation des colmatages et pollutions au fond du golfe de
St Tropez; problème de l'épuration des effluents des Marinas, notamment en
période estivale de fréquentation maximale. Les actions de l'upwelling ne
pourront entièrement compenser l'enrichissement en nitrates, ammoniac et phos
phates lié au rejet des stations d'épuration. D'où le risque d'eutrophisation
partielle du milieu marin.
F - Un littoral menacé a Beauvallon et a la "Villa Sabi Pass"
Ltérosion est due à des vagues obliques à forte cambrure issues
des secteurs Est et ESE. Par gros temps, les vagues franchissent un cordon
- 118 -
littoral réduit et pénétrent à 60 m dans les pinèdes, inondant le littoral et
terrains de camping.
Depuis 1950, les travaux de défense se succèdent. Plus de douze épis
ont été implantés à des époques différentes ; ce sont des constructions médiocres
trop faibles eu égard à l'énergie incidente,
- blocs hétérométriques,
matériaux mal choisis: ernbréchites, micaschistes, gneiss oeillés
mêlés à quelques blocs d'amphibolite altérables,
- longueurs inégales: de quelques mètres à 15 mètres.
Les apports complémentaires, rechargements d'épis disjoints, ébauches
de brise-lames frontaux, etc ••. sont peu efficaces. Malgré ces avatars, l'ali
mentation par le transfert latéral demeure bonne et le rendement des épis, très
serrés, oscille entre 40 et 60 % (une valeur maximale de 80 % a été notée pour
un épi près de Beauvallon). Les zones colmatées, entre les épis, montrent une
pente stable de 9° (sable moyen, !/J = 0,5 mm), avec quelques "cusps" et galets
d'embréchite.
Nous conseillerons, à priori
- des épis plus longs et interrompus, portés jusqu'à des profondeurs
de -3,5 m.
gros blocs isométriques bien coincés, ergots.
- brise-lames frontaux très robustes, à étudier.
Remarques: entre la Villa "Sabi Pass" et la pointe de Guerre-Vieille (embré
chites, gneiss pegmatitiques peu résistants et très altérés), on observe la
progression de l'érosion marine: la route et plusieurs villas sont menacées.
Le ahoa des vagues obliques est responsable de la plupart des dégâts ainsi que
la dégradation sous-marine de l 'herbier à Posidonies bordant le rivage.
G - Les plages de Sainte Maxime:
. g~E~S~~E~~_~~~E~~~~~~~~~~~_~~_~§~~~~~~~!~g~~~~~
JO) Plages, très exposées; l'érosion n'est point compensée par
des défenses en enrochements hétérogènes, mal établis, en matériaux médiocres
(gneiss, embréchites).
La destruction de l'herbier littoral par envasement et par érosion
mécanique sous-marine accentue la menace concernant cette portion du rivage.
2') Compensation naturelle, souvent insuffisante, par l'action du
transfert dominant, dirigé de l'ENE vers l'WSW. Une érosion se manifeste vers
Ste Maxime, jusqu'à -12 m ; engraissement et pollution, en "aval", vers la
pointe de la Croisette (pentes de 9', sables très grossiers issus du Préconil,
- 119 -
Il = 1,8 mm), éléments de migmatites, petits galets et "beach cusps".
3°) Par fort Mistral et "vents de terre ll, on note la formation d'un
upwelling renouvelant les eaux et d'une dérive sortant de la baie (vitesse:
5 m/mn).
4°) Destruction et régression rapide des herbiers à Posidonies par
l'étalement sous-marin des sables du Prêconil, par comparaison avec les relevés
antérieurs pratiqués par W.D. Nesteroff. On observe la formation de sillons
d'érosion conformes à la direction de la dérive littorale.
~_~~~~~~_~~~~~~, on observe l'écroulement du mur frontal de la
route devant l'hôtel Brutus. Cette zone est menacée malgré deux alignements de
blocs ("sucresll à tenue médiocre, en éléments maçonnés). L1effondrement de la
défense frontale, par sapement en sous-oeuvre, demeure préoccupant contre la
culée WSW du pont sur le Préconil.
La décharge du Préconil est partiellement rabattue vers la petite
plage de Ste Maxime. Depuis la construction de la nouvelle jetée externe, les
réfractions et diffraction sur le musoir facilitent le dépôt rapide des sédi
ments. Ce résultat est bénéfique quant à la plage du Casino déjà artificiellement
enrichie, mais il se traduit aussi par le colmatage de la passe et du port,
colmatage déjà bien amorcé antérieurement à la construction de la nouvelle jetée .
. ~~_~~~~~~~~_~~_~E~~~~~l, on observe trois crochons de sables gros
siers et galets (zone de freinage, action de la houle diffractée, etc .. ). Ces
cordons asymétriques tendent à gêner l'écoulement du Préconil, favorisant
alors les tendances au colmatage.
~~_~~E~~~~~~_~~~E~_~~~_~~~~~_~~_l~_~~E~~ll~,montre des érosions
locales. Ces dernières sont cependant bien compensées et ne présentent aucun
danger car
1) une large dalle rocheuse sous-marine accentue les frottements et
amène le déferlement des vagues incidentes.
2) présence d'un herbier dense et bien conservé jusqu'à la pointe
des Sardinaux.
3) concentration de l'énergie incidente sur la pointe des Sardinaux
et les écueils voisins: Sèche des Sardinaux et Sèche à l'Huile.
XI - CORNICHE DES MAURES ORIENTALES PETITES MAURES 0
A - Pla ge de l a Narte11 e (fi g, 14) :
~~_~~~~ : plage orientée NS, massif embréchitique des Maures
Fig:14 BAIE DE BOUGNON
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Pointe des
Sardinaux
v
1000m
- 120 -
orientales, longueur: 750 m, accés facile. Il s'agit d'une des plages parmi
les plus intéressantes du littoral des Maures Est.
On note une dérive générale des eaux de surface orientée du Nord
vers le Sud, mais point de véritable transfert. La plage elle-même demeure
très exposée et présente une érosion hivernale montrant, à chaque saison, un
recul de 1 à 2 m ; la pente est de 90 à 110, les matériaux sont un sable très
grossier, voire des granules et petits galets (0 moyen = 2,8 mm). La compensa
tion est assurée par les décharges de deux ruisseaux (ruisseau de la Nartelle,
principalement).
Au voisinage de la plage, dans la zone immergée, se trouvent des
cordons festonnés disposés suivant une ligne continue orientée du Nord au Sud.
Ici encore, on notera l'influence des lignes nodales correspondant à des oscil
lations de type "seiche" .
. ~~~~~~~~~~_~~~E~~!~~ : par fortes tempêtes dlEst, le niveau peut
être surélevé de +0,60 m, sous l'action du déferlement d'une houle quasiment
frontale, d'où l'absence de transfert notable.
Les sables sont dispersés au large sous l'action de deux courants
sagUtaux situés au Nord et au Sud de la plage. Une partie du matériel sableux
grossier revient au rivage tandis que les sables fins et les pélites restent
au large. Le platier rocheux sous-marin prolongeant les affleurements gneissi
ques du cap des Sardinaux occasionne les réfractions des vagues d'ESE et amortit
leur énergie.
En l'état actuel, il demeure préférable de ne point modifier l'état
naturel de cette plage qui demeure assez exposée, par ailleurs, à une "rnacro
pollution" (bois, mazout, débris flottés divers).
. Zones sous-marines------------------la - Prisme littoral sableux, plutôt grossier, étalé en un lobe
détritique jusqu'à -22 m (action des courants sagittaux).
20- De -22 à -42 m, on observe une "tache" très étalée de sables
fins de fonds de baies, comme il s'en présente à Toulon, Giens et Hyères.
Cette décharge détritique fine forme un nouveau "lobe" passant aux vases terri
gènes côtières (VTC) , entre -45 et -50 ml.
On notera la disparition de l'herbier à Posidonies en face de la
plage.
B - Plage de Bougnon (fig.14) :
Plage orientée NNE-SSW, longue de 650 m. Elle a été utilisée le
18 août 1944, pour le débarquement du R.I.C.M. Elle est directement exposée
- 121 -
aux vagues et tempêtes d'Est. La zone sous-marine est analogue à celle de la
Nartelle, avec une pente de 8° à 10°, sable grossier (0 de 0,8 à 1,0 mm), riche
en grenat et amphibole.
L'érosion y demeure assez forte, notamment au Sud où deux maisons
sont menacées. Une houle frontale à forte cambrure montre de gros déferlements
surlacueil de Bougnon, à proximité de la ligne de rivage, ainsi que deux cou
rants sagittaux situés de part et d'autre de cette roche.
L'érosion de la plage et de la promenade n'est point jugulées par
les actuelles défenses; enrochements à médiocre tenue: blocs d'esterellte et
d'amphibolite. Les apports torrentiels sont insuffisants pour compenser cette
érosion agravée par la destruction des herbiers en deçà des écueils.
c - Plage de Val d'Esguières (La Garonnette, les Issambres)
Orientée NE, SW ; longueur 400 m ; bon accés.
L'érosion s'avère moindre qu'aux plages précédentes car les orienta
tions deviennent obliques par rapport aux vagues incidentes des tempêtes d'Est.
Il en résulte la formation d'un contre-courant littoral dirigé du SW vers le
NE. On a une érosion, formation de "beach CUSpS", etc ... à la pointe rocheuse
SE accompagnée d'apports et légers ensablements à la Garonnette; ce dernier
ruisseau amenant des troubles déportés, ~, par fortes pluies et régimes d'Est,
du NE vers le SW.
Il en résulte une compensation mutuelle et un certain état d'équili
bre, assez relatif, mais sans risque grave pour le littoral. Seul l'herbier à
Posidonies montre des ablations et altérations préoccupantes.
D - Pointe des Issambres
Les plages de San Pei ré et les criques des Issambres montrent des
"beach cusps", sables grossiers et galets d'embréchites. Malgré quelques souti
rages locaux, il semble y régner un équilibre relatif.
La création de deux épis en enrochements et d'un "terre-plein"~
la pointe rocheuse des Issambres a déterminé la formation d'un alvéole amenant
la rétention du sédiment tracté par le courant littoral du NE vers le SW. Ce
colmatage, assez heureux, ira en s'accentuant.
E - Plage de la Gaillarde:
Entre la pointe des Issambres et St Aygulf se situe un littoral
rocheux pittoresque, en équilibre mais relativement pollué ("macro-pollution").
- 122 -
Une dérive, dirigée de l'Est vers l'Ouest se manifeste plus au large de la
plage.
Cette dernière, longue de 350 m, à très fort taux d'occupation du
rant la saison estivale, est le siège de forts déferlements et de courants de
décharge qui, par gros temps, se traduisent par une érosion de l'herbier. On
y observe des circuits tourbillonnaires en cardioide avec accumulation de
débris organiques dans la zone axiale (bois, frondes et souches de Posidonies).
On observe en outre plusieurs criques et "plages de poche", assez
polluées (rejets clandestins). Des villas, bâties trop près du rivage sont
menacées par les gros temps d'Est malgré des souténements et murs bétonnés.
XII - LES PLAGES DE SAINT AYGULF ET DE FREJUS (fig.15).
A - Sites étudiés
Sur 4,7 km, la côte basse et sableuse est orientée SSW-NNE, puis,
dès Fréjus-Plage, montre une courbure de l'WSW à l'ENE.
Une plaine alluviale s'étend entre deux domaines
1 - ~~_~~~_: littoral rocheux accore, de St Aygulf, formé par les
migmatites (embréchites) liées au métamorphisme du massif des Maures.
2 - ~_l~~~f : zone rocheuse formée de grés et pélites permiens ainsi
que de formations complexes volcaniques et volcano-sédimentaires du même âge.
La plaine alluviale, bordée par les plages, résulte essentiellement
des récents colmatages de l'Argens. Ces derniers ont été rapides et importants
au Quaternaire très récent (Holocène), comme le prouvent les sondages effectués
dans la basse vallée (recherches de C. Gouvernet, 1968 ; R. Anglada, L. Blanc
Vernet et J. Blanc, 1968). Depuis l'époque romaine, l'alluvionnement a progressé
de 1.500 m, au Sud de Fréjus. Tout au long de cette histoire récente, les bras
de l'Argens et son cours majeur se sont déplacés du SW vers le NE. Les étangs
de Villepey représentent les vestiges d'un cours ancien de l'Argens, grossi
du Fournel, tandis que les marais et étangs, en forme de demi-lune, au SE du
débouché actuel en matérialisent les dernières extensions. Enfin, à un moindre
degré, le Reyran (aujourd'hui canalisé), le Cougourdier, le ruisseau de Valles
cure et la Garonne, ont participé à l'ensablement récent de la plaine de Fré
jus.
Le golfe de Fréjus et la baie de St Raphaël (carte S.H. 5140) sont
largement ouverts aux houles et vagues du large. Les pentes sous-marines y sont
relativement élevées le précontinent, assez étroit (3,5 à 4 km), s'abaisse
brutalement à -200 m à 3.500 m du littoral tandis que les fonds de -1.000 m
Fig.15 GOLFE DE FREJUS .TYPES DE FONDS,d'apres BELLAICHE et NESTEROFF, modifié J.BLANC
Sables détritiques littoraux + Epalldage issu de la. catastrophe de
Herbier à Posidonies
Detritique côtier
Fonds rocheux
Faciès des vases terrigenes côtières
VASES TERRIGENES COTIERES
)/
143'24'N'OS'4TE
-j9S'47'E
Malpasset
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îOS'4S'E
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GOLFE DE
FREJUS
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- 123 -
s'observent à 10 km du rivage (Bourcart et col., 1958).
La présence des zones volcaniques rocheuses des Lion de Mer et Lion
de Terre atténue légèrement l'action des houles d'Est et SE qui se réfractent
au niveau de ces îlots. Il n'en sera point de même pour les zones occidentales
des plages de Fréjus et pour les littoraux de St Aygulf-Villepey.
B - Les problèmes
Les préoccupations des riverains sont liées à ce degré d'exposition
et à l'action des tempêtes particulièrement agravés par la raideur des pentes
sous-marines. Trois points de vue devront être considérés
- l'érosion et l'amaigrissement des plages,
- le mouvement des sédiments,
- la protection du littoral.
D'autres actions se manifestent encore dans ce secteur: les pollu
tions, l'héritage sédimentaire résultant de la catastrophe de Malpasset,l'influ
ence de l'Argens et les phénomènes d'eutrophisation des eaux surchauffées en
période de canicule (pullulation de Diatomées, Flagellés, Dinoflagellés trou
blant les eaux, etc .. ).
Le régime des vents d'Est se traduit par une dérive des eaux litto
rales orientée du NE au SSW. Réciproquement, le Mistral s.l. (régimes W, NW,
NNW) engendre un mouvement dirigé du SSW vers le NNE.
Le transfert dominant s'effectuera en principe, du SW vers Le NNE.
Il sera confirmé en outre par le contre-courant du golfe de Fréjus (fig.15).
Mais on observera des exceptions et des déplacements contradictoires.
c - Les courants :
1) ~~~E~~~~_E~E~~~~~~~ : le courant géostrophique permanent - ou
"courant général", est dirigé de l 1 Est vers l'Ouest. Le mouvement giratoire de
ce courant, encore nommé "courant ligure", concerne les eaux du large dans le
golfe de Gênes. Ces eaux se déplacent à faible vitesse (0,3 à 0,5 noeud) et se
dirigent vers l'Ouest, c'est-à-dire vers le golfe du Lion.
Ce "courant général" se trouve "accéléré" par des dérives liées
aux régimes d'Est. IL n'a aucune action particuLière vis-à-vis des sédiments
Li ttoraux.
Il n'en est point de même pour le contre-courant du golfe de Fréjus
(fig.15), déportant les eaux du SSW vers le NNE, puis le NE, en conformité avec
la migration globale des sédiments littoraux. Les vitesses mesurées peuvent
atteindre 1 noeud et même dépasser cette valeur. Ce contre-courant est
- 124 -
l1 accéléré" à son tour par les dérives liées aux vents des secteurs W, WSW et
NW ; la vitesse passe alors de 30 m/mn à 70 m/mn.
a - Vents du seoteur Ouest (W, WSW, NW, etc .. ). Ce sont des dérives
rapides de 10 à 40 m/mn en relation avec des vagues à courte cambrure. La fai
ble profondeur des plages de Villepey-St Aygulf assure un freinage rapide, ce
qui n'est point le cas pour les plages de Fréjus où la dérive demeure forte.
Les déplacements observés confirment le contre-courant du golfe de Fréjus ; les
eaux superficielles sont déportées en direction de St Raphaël et du Lion de Mer.
b - Par régime d'Est, le courant porte vers le SSW et St Aygulf.
Dès la base aérienne, la dérive s'accélère et les troubles de l'Argens de trou
vent déportés par le mouvement. L'ensablement est manifeste dès la pointe de
St Aygulf où les pentes sous-marines diminuent de 1/35 à 1/60.
Les influenoes de oes deux types de dérives se oompensent naturelle
ment dans la baie de Fréjus. Néanmoins, il apparatt une dominanoe des dérives
et transferts de l 'wsw vers le ENE et NE; l'action du contre-courant "épaulant"
le mouvement.
3) g2~E~~E~_~~_f2~~
Leur importance est fondamentale pour la tenue des plages et la
protection des rivages.
a - Radioaotivité, "marquage" des sédiments et oourants de fond
commencées à la Napoule (Bellaiche, Cheminée, Martin et Pautot, 1966), les
recherches furent étendues au golfe de Fréjus (Bellaiche et al., 1969 ;
Bellaiche, 1970).
Radioaotivité naturelle du sédiment: Les isorades "naturelles"
demeurent parallèles au rivage tout en dessinant de larges ondulations. Une
assez forte radioactivité (r.a), supérieure à 100 chocs/sec se manifeste entre
5 et 10 m de profondeur (concentrations d'éléments minéraux naturellement r.a
issus des embréchites et du permien: zircons, monazite, etc .. ). Ces minéraux
généralement assez denses, restent "piégés" entre -5 et -10 m, formant des
bandes radioactives tandis que la r.a décroit à 30 chocs/sec à la fois vers le
rivage et vers le large.
b - Vitesses et déplaoements sur le fond : Ces derniers sont sous
la dépendance de l'état de la mer. Nous distinguerons (1)
1) mer "moyenne" période (T) = 4 sec. Longueur de la houle
(1) les cas de "beau tempsll, mer "belle" ou I1 peu agitée ll , où il ne se passerien ou peu de choses, ne sont point abordés ici.
- 125 -
L au large
16 noeuds.
25 m. Hauteur (H) 0,55 à l,la m. Vitesse du vent (W) Il à
Ce régime, très fréquent dans le golfe de Fréjus, amène une mise en
suspension du sédiment fin ("poudres") et du sable sur le littoral. Pour H =
lm, l'érosion sur le fond sableux se manifeste jusqu'à -25 ID.
2) tempête "normale" : T = 6 sec ; L = 56 m (L au large) où la pro
fondeur> L/2), W = 22 à 25 n, H = 1,3 à 2,5 m. lIise en suspension du sédiment
fin jusqu'à 60 m de profondeur, c'est-à-dire jusque aux vases du large. Ce
régime s'observe plusieurs jours par an.
A la m de profondeur, le courant de fond atteint une vitesse de
0,50 rn/sec; de 5 à 3 m de profondeur, v atteindrait 2,30 rn/sec.
3) forte tempête à très forte tempête: T = 7à 3,2 sec, L au large
= 75 à 88 m, H = 2,5 m à 6 m, VI = 23 à plus de 40 n. Le déplacement du sédiment
fin (sablon, poudres) peut se manifester pour toute la baie de Fréjus, jusqu'à
-90 ID. De tels régimes sont assez exceptionnels, mais non absents et il arrive
qu'ils se manifestent quelques heures ou quelques journées par an. Les diagram
mes de B.W. Logan permettent de calculer des vitesses de déplacement de O,SO
rn/sec à -20 m, 1 rn/sec à -15 m et 1,5 rn/sec par -la m. L'énergie est donc
suffisante pour mettre en mouvemeqt des blocs, galets et sables grossiers.
Bellaiche et al. (1967, 1970, 1972) ont effectué un marquage du
sédiment par un radio isotope de l'or (l,sAu) dont la période de 27 jours ne
présente aucun danger. Le marquage a porté sur 2 kgr de sable recueillis à
-5 m dans le golfe de Fréjus. Après adjonction de l'or r.a, ce sÉÏdiment a été
immergé en son lieu de prélèvement. La détection a été effectuée au scintillo
mètre.
Après correction de la r.a. naturelle ("bruit de fond") et de la
décroissance de la r,a. de 19SAu, les résultats suivants ont été obtenus
1) régime de l1istral (N s.1.) : courant de fond à 9,5 cm/sec,
vitesse du vent (W) = 3 à 6 rn/sec.
2) régime de NE : courant de fond à 26 cm/sec au maximum, valeurs
moyennes à 13,5 cm/sec.
La tache radioactive a demeuré quelques jours saturée à 15.000
chocs/sec. La plus grande partie du sédiment demeure à la même place (-5 m).
Seules les parties les plus fines migrent vers le UNE et l'ESE. La mesure
moyenne des courants de fond donne une vitesse de 14,3 cm/sec. Cela est à com
parer aux expériences de Pautot à l'embouchure de l'Argentière (golfe de St
Tropez), où le sédiment siest déplacé, cette fois, de 500 m vers l'Ouest.
- 126 -
Tout en restant prudent sur ces expériences précieuses mais limitées
il semblerait :
- que le sédiment migre sur les petits fonds dans le sens des impul
sions reçues.
que le sédiment fin se déplaae vers le large en suivant la pente
ae qui amène un défiait sur les plages.
Ces chiffres ne correspondent qu'à des valeurs maximales et proba
blement exceptionnelles. On peut émettre les remarques suivantes:
- influence des secteurs non abrités (St Aygulf) soumis à toutes les
grosses houles du large - et cela assez fréquemment dans l'année.
- il n'est point tenu compte de la pente: or cette dernière, parfois
forte, oscille entre 1/15 et 1/60. Ainsi de gros blocs peuvent être tractés
dans les chenaux.
Pour ces pentes importantes, talus et chenaux, on note des diffé
rences entre les résultats observés et le calcul, tantôt sous-estimées ou réci
proquement.
Pour T = 6 sec, on peut établir un courant de fond de 0,50 rn/sec à
-la m et un flux de vitesse voisine de 2,30 rn/sec de -3 à -5 m, déplaçant granu
les, galets et petits blocs vers le large, ce que l'on constate effectivement,
immédiatement après le gros temps. Cela peut expliquer encore les chenaux creu
sés, de 0,50 à 1,20 m de profondeur, dans les sédiments sableux, imputables à
l'action de courants sagittaux.
c - Courants sagittaux : Ce sont des courants dirigés vers le large
compensant l'afflux des eaux sur un littoral. Véritables "torrents" dans le
milieu marin, ils déplacent une "veine" d'eau assez étroite, malgré les vagues
portant à terre, puis après une trajectoire variable, reviennent au littoral.
Les aourants sagittaux ont été observés sur les plages de St Aygulf
et de Fréjus.
1) Plages de St Aygulf : les courants sagittaux empruntent des che
naux, profonds de 1 m, séparés de flèches ou "langues" sableuses régulières.
L'ensemble, depuis l'embouchure de l'Argens, forme un réseau sub-périodique.
Les caractères observés sont les suivants :
- largeur des chenaux : 40 à 60 m
- espacement des flèches sableuses (interfluves) : 80 à 120 m.
- orientation légèrement infléchie vers le SSW, se combinant avec
les cordons festonnés liés aux seiches.
- colmatage lent et non-fonctionnement par beau temps.
- sédiment des chenaux: généralement plus grossier jusqu'à -5 m.
- 127 -
Des blocs issus de la banquette d'un restaurant menacé ("Les Sables d'Or"), se
retrouvent à -3 ffi.
- ces chenaux empruntés par les courants de décharge sont pollués
par de nombreux "galetsll de mazout, ovoides et allongés jusqu'à une profondeur
de -5 m. Il se forme alors des masses noires et visqueuses agglutinant le sable
sur le fond.
- présence d'anti-dunes de granules et sables grossiers dans les
chenaux, de -2 m à -8 m. Cela implique un fort courant de retour en partie
responsah Ze de Z1érosion du Zi ttoraz,
2) Plages de Fréjus : La zone orientale apparaît la plus érodée,
entre l'épi et le ruisseau (torrent de Vallescure + La Garonne) limitant les
communes de Fréjus et St Raphaël.
Trois chenaux de courants sagittaux ont été identifiés jusqu'à une
profondeur de -6 m. Ils entaillent le sédiment sur 1 à 1,30 m de profondeur.
On y trouve de larges ripple-marks gaufrées à crête aplatie aucune périodicité
n'a été observée; la sédimentation y est assez grossière (granules, sable mal
classés, etc .. ), surtout jusqu'à -3 m. A -5 m : sable moyen et à -15 m, sable
fin. Une sélection granulométrique paraît s'établir en fonction du profil
(forte pente: 1/20 à 1/30) et de l'énergie du "flot de fond", ou courant de
retour.
La turbidité de l'eau, même par beau temps relatif, due aux Diatomées
et pélites en suspension, rend difficile les observations directes.
o - Les corps sédi mentai res
Deux types de corps sédimentaires sont observés
raIes et les cordons festonnés prélittoraux.
les rides litto-
1° - g!~~~_!!~~~E~l~~ : ce sont des constructions classiques, obser
vées sur tous les rivages et liées aux déferlements des vagues incidentes. Ces
rides réalisent un "volant ll de matériaux mobiles protégeant le littoral. Par
gros temps elles s'éloignent du rivage en fonction de l'extension de la zone de
turbulence. Par beau temps au contraire, elles se rapprochent du littoral et
deviennent coalescentes à la plage qui s'engraisse.
On observe les rides littorales à la plage de Villepey - St Aygulf,
à la base aérienne, plus rarement à Fréjus-Plage. En aucun cas iZ ne faudra
détruire ou modifier ces constructions.
2° - g~E~~~~_~~~~~~~~~_EE~li~~~E~~~ découverts par Clos-Arceduc
(1964), étudiés par Bellaiche (1965, 1966, 1970, 1972), il s'agit de cordons
- 128 -
sableux sous-marins en forme de festons et de demi-lunes résultant de phénomènes
d'interférences pour des oscillations réfléchies sur des "parois" de baies ou
de golfes. Les ondes concernées peuvent être la houle et des oscillations de
seiches. Au niveau des nodales où se trouve une zone d'énergie minimale, on
observe :
- le dépôt de sédiments (formation d'un corps sableux sous-marin),
- une élévation de température (eaux réchauffées et relativement
peu brassées),
- une pollution maximale par accumulation des déchets macroscopiques
(bois, bidons, "galets" de mazout).
Lorsque les nodales sont normales ou obliques par rapport au littoral
et quand elles s'anastomosent avec des rides (ou une ride) parallèles au litto
ral, on a un système de cordons festonnés, comme cela a été observé à Giens et
à Pampelonne (Rivière, Clos-Arceduc; Blanc). La première ride se trouve à L/4
du rivage, la deuxième et les suivantes sont espacées de L/2, L étant la lon
gueur d'onde moyenne de l'oscillation incidente (exemple de la Camargue).
Ces cordons festonnés s'observent dans la zone méridionale du golfe
de Fréjus, le long des plages de Villepey St Aygulf. Bellaiche (1970) estime
que leur formation correspond à des interférences entre les vagues d'Est (ou
d'Ouest, selon les cas) et des oscillations tranverses causées par les pointes
de St Aygulf ou des Lions.
Le rôle des houles frontales d'Est, à grande longueur d'onde paraît
primordial. En effet, on les observe en Provence sur des littoraux principale
ment orientés NS, là où justement se trouvent les cordons festonnés (Bellaiche
Fréjus, Pampelonne; Blanc: Giens-Est). Les sinuosités des isorades naturelles
seraient alors en relation avec les cordons festonnés, là où s'effectueraient
des triages minéralogiques (zircons, monazites) vers les vagues et les courants
de fond.
Ces cordons festonnés pré littoraux, liés ou non à des seiches et en
relation avec les grandes houles d'Est, se traduisent par un engraissement des
petits fonds (et par une pollution annexe). Leur méoanisme de formation a pour
oonséquenoe direote la proteotion du rivage sableux des plages de St Aygulf.
De oe fait, les dragages et emprunts de matériaux sous-marins sont à prohiber
en oes lieux (fig.16).
E - Les types de fonds (fi 9 .16)
La compréhension des mécanismes littoraux implique la connaissance
des milieux sous-marins du golfe de Fréjus.
Courants sagittaux
Sens de la dérive "générale' superficielle
Houle oblique incidente
Zone érodée
Cordons festonnés prélittoraux
Lignes de déferlementoU,,' ,
1"-, ...,-'" ." ' ...\,;""' ......"-
600m
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Fig.16 SCHEMA DES PLAGES DE st AYGULF
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st AYGULF
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- 129 -
Les levers sous-marins de Nesteroff (1965) et Bellaiche (1965, 1970)
permettent de distinguer les types suivants, à partir du rivage:
1° - ~~~lË~_~~!E~!~g~Ë~_~~~ilË~_~~_~EE~~~Ë_l~!!~E~l", prolongeant la
plage sous-marine et les petits fonds, jusqu'à -12 m ou -20 m selon les cas;
leur extension est plus grande dans le secteur méridional (St Aygulf), en voie
d'engraissement et où se situent les cordons festonnés prélittoraux.
2° - ~~~lË~_~~!Ei!~g~Ë~_~~~~si~~_~_~~_~E~~~~gË_~~EËEfisiËl_li~ à lacatastrophe de Malpasset (rupture du barrage le 2 décembre 1959). Cinquante
millions de m'ont été brutalement déversés en mer formant un nuage trouble de
10 km. Bellaiche (1965) estime que 4,5/5.000 m' de sédiments se sont déposés
dans le golfe de Fréjus (limons et sables fins, érosion des plages puis recons
titution des dépôts littoraux).
Avant la catastrophe, la "mud line", marquant la limite des lIvases
terrigènes côtières" (VTC) , se situait vers -15 m (Nesteroff, 1965). Après
la rupture du barrage de Malpasset, la mud line a été reportée entre -20 et
-23 m (Bellaiche), soit un recul de 400 m vers le large. Les carottages effec
tués dans le golfe de Fréjus montrent qu'il s'agit d'un dépôt superficiel de
0,30 m d'épaisseur, au maximum, recouvrant la V.T.C. Ce sédiment assez fluide
est mis en suspension lors des tempêtes, ce qui amène une coloration générale
(trouhleJ des eaux du golfe.
3° - ~Ë~_~~~Ë~_!ËEEig~~Ë~_S§!i~EË~ commencent en deçà de la mud-line
de -20 à -23 m ; elles se poursuivent largement sur le précontinent au-delà de
l'isobathe 50 m. Les V.T.C. correspondent à un sédiment détritique fin, riche
en pélite et d'origine essentiellement fluviatile (épandage de l'Argens) plutôt
que pélagodétritique. Par fortes tempêtes, le sédiment brun-foncé des V.T.C.
peut se trouver superficiellement remanié et mis en suspension tout comme le
dépôt précédent.
4° - ~Ë~_f~~~~_E~S~Ë~~~_~ËE~iËE~_~_~~~i~~~iË~~_~~~lË~_Ë!_gE~~~ËE~_~~
~~!E~!~g~Ë_S§!~ËE' s'observent au NE (St Raphaël, Rochers dœLions) et au SW
du golfe de Fréjus (pointe de St Aygulf).
F - Les zones érodées
L'érosion y est moins grave qu'aux plages de Fréjus car on observe
des mécanismes naturels de protection :
a) alimentation sédimentaire en provenance de l'Argens et déportée
par le transfert du NNE au SSW.
NG
tFig:17 SCHEMA DU DEBOUCHE DE L'ARGENS
Flèche sableuse sous marine et
: cordons festonnés prélitloraux
....u,)-'-L. : Rivage érodé
....._L-~-L.. : Déferlements principaux
-J.. J-: Houle inciderte réfractée
,----,-""\\ 1"-- -" .,
B---\, \,~1
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1972
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Exploitations de>-'-""'"sables et graviers
ETANG
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v "V v
C.D.W:Courant de dérive Ouest, W.NE
A : Zone de recul rapide; érosion des marecageb 4:::=::::r Sens de la derive generale des-= 1: eaux superficielles
B : Flèche sableuse en progression
200m..<~ :Courants sagittaux érosifs
~ : Zones en voie d'engraissement
- 130 -
b) réduction des pentes sous-marines 2° à 4° et colmatage de la
partie méridionale du golfe de Fréjus.
c) protection sous-marine efficace due au système des cordons fes
tonnés prélittoraux (absent à Fréjus) •
En revanche, les chocs frontaux y sont très violents du fait de
l'exposition aux vagues du large. Les zones les plus érodées sont, par ordre
d'importance
plage amaigrie à 350 m au NNE de l'épi et de part et d'autre du
restaurant des Sables d'Or.
2 - large plage bordée de dunes, non desservie par la route, de 600
à 1.000 m au NNE de l'épi. L'ablation, en progressant, accentue le tracé sinueux
du littoral.
3 - choc des vagues à forte cambrure au Sud de la plage, entre l'épi
et le débouché des étangs de Villepey; un enrochement en esterellite a été établi
en cet endroit.
Causes 1) choc des vagues obliques,
2) action des courants sagittaux,
3) destruction de la flèche de la rive droite de l'Argens
accentuée par les déferlements. L'extraction du sabLe, amène un déficit continu
en sédiment, entravant L'action des mécanismes natureLs compensateurs.
Erosion rapide sous l'action des causes précitées. La mer a gagné sur
les dunes pour des profondeurs de 5 à 10 m. La flèche observée en 1971 et 1972
est détruite.
L'érosion rapide de ce site, actuellement désert, non viabilisé et
très pollué (rejets de l'Argens) n'apparaît point trop préoccupante en l'état
présent. Néanmoins, le déficit sédimentaire se répercute vers le SSW, pour les
plages de St Aygulf, à fort coefficient de fréquentation et d'accès aisé. Ce
déficit est constamment agravé par les exploitations actives de sable de l'Ar-
gens.
Le secteur Est apparaît le plus menacé, notamment contre la jetée
occidentale du débouché canalisé du ruisseau de Vallescure grossi de la Garonne,
là ou les pentes sous-marines sont maximales.
Ensuite vient le côté oriental de la plage contre l'épi court médian.
D'autres ablations plus discrètes s'observent à l'ENE des enrochements réflé
chissants du domaine militaire (Ecole de maistrance aéro-navale). La raideur
des pentes diminue en ces secteurs.
NG
tFig.18 SCHEMA DES PLAGES. DE FREJUS
BASE
-6
,.--8
~
7TTl1Tt
!1'L'u...
~ ...J ' &- J 1 ri '\ l , 1-3 .-
r::;::;:17
Zones érodées
Zones en voie de colmatage
Déferlements par gros temps
1 l , 1 1400m
~ : Courants sagittaux érodant le fond
c::=::t::> : Sens de la dérive "générale" des eaux de surface
l ' .1.-: Houle réfractée; régime d'Est
- 131 -
Causes de L'érosion: elles sont multiples:
- action des forts rouleaux obliques frontaux E, ESE ou WSW.
2 - absence d'alluvionnement notable; la Garonne, le ruisseau de
Valle seure ou le Cougourdier ne sauraient être comparés aux débris solides de
l'Argens et du Reyran, déportés, eux vers le SSW.
3 - écran naturel des écueils et îlots orientaux (Lion de Mer,
Lion de Terre), formant un barrage et déflectant les branches littorales de la
dérive générale. L'aménagement des grandes jetées et installations portuaires
à l'Est de· St Raphaël accentue cette action. Ainsi, les plages de Fréjus sont
peu alimentées en sédiment.
4 - absence de ride littorale, donc de freinage efficace des ondes
incidentes. Cette absence (assez générale), confirme le bilan sédimentaire défi
citaire - résultat de l'accentuation du swash (jet de rive: uprush) et du
courant de retour ("flot de fond"). Les pentes trop fortes (13° à 17°) et l'ab
sence d'obstacles réfléchissant agravant les actions érosives. On notera encore
l'absence de cordons festonnés protégeant le littoral.
L'édification d'épis longs, jusqu'à l'isobathe 5 m pourraît ~tre
dangereuse car elle se traduirait par de fortes érosions dans les "zones d'om
bre".
Nous conseillons ici l'établissement de très robustes brise-lames
frontaux en enrochements lourds (gros blocs d'esterellite par ex.), faiblement
inclinés ("fruit" de 3/1 à 2,4/1), dépassant le niveau moyen de la mer de +2,5 m
et implantés parallélement à l'isobathe 5 m. Ainsi, les gros déferlements seront
réalisés avant que l'onde n'atteigne le littoral à protéger.
Les fortes pentes naturelles rendraient trop onéreux des ouvrages
situés plus au large; en outre, leur efficacité serait douteuse car de nouvel
les vagues fortes (vagues de translation) pourraient se reformer.
En plus de leur situation parallèle aux isobathes, ces brise-lames
devront être interrompus afin d'assurer le renouvellement de l'eau des plages
par phénomène d'upwelling. On atténuera ainsi les possibilités de pollution,
fermentations, voire eutrophisations en milieux relativement confinés. En face
des interruptions (passes), les phénomènes d'érosion seront accentués. On pré
voira alors une défense frontale rapprochée à -3 m.
Une certaine quantité de sédiment pourra alors s'accumuler dans les
abris ainsi créées Alors, on pourra étudier des recharges artificielles si la
nouvelle pente des talus le permet - mais en ce cas seulement.
La jetée en enrochement, située à l'Ouest du débouché des torrents
de Vallescure et de la Garonne, pourraît être prolongée par un "ergot" orienté
- 132 -
E-W, comme cela a été pratiqué avec succés à Carnon et au Grau-du-Roi (onde
diffractée). De même, les brise-lames devront comporter des extrémités arquées
et infléchies vers le littoral afin de mieux permettre la diffraction de la
houle incidente et des phénomènes d'interférences avec dépôt de sédiment souhai
table dans les passes .
• L'implantation récente d'un émissaire à 1.250 m au large de la
plage de Fréjus paraît devoir attirer les commentaires suivants
1 - retour possible d'une partie des effluents vers le littoral de
St Raphaël et les installations portuaires de Santa Lucia du fait de la présence
du contre-courant de la baie de Fréjus.
2 - une partie des résidus finira cependant par être déportée, après
quelques "tourbillons", par la dérive générale, dirigée vers le SSW, qui se
manifeste à 1 km environ au SSE du débouché de l'émissaire.
3 - la forte pente (de 0 à -30 m en 1250 m) et le degré d'exposition
(turbulences) du milieu, les courants sagittaux, etc ..• en relation avec les
vagues indicentes d'Est, assureront, en contre-partie, une bonne dilution.
4 - risques d'eutrophisation en période estivale (eaux brunes, ~c.)(I).
Les aménagements portuaires récents, implantés à Santa Lucia (St
Raphaël), accompagnés de remblais pris sur la mer, ont amené la destruction du
talus littoral et de l'herbier, à vrai dire déjà fort dégradés.
Les jetées longent l'isobathe -7 m et utilisent les dispositions na
turelles, c'est-à-dire l'abri des Lions de Terre et de Mer; obstacles diffrac
tant très efficacement les houles incidentes d'Est, SE et ESE. La résistance de
ces jetées et leur construction paraissent bonnes à l'exception de quelques
points anguleux dans leur tracé. L'abri qui demanderait une étude détaillée,
apparaît satisfaisant pour tous les régimes, mais les eaux portuaires, assez
difficilement renouvelées, connaissent déjà une pollution assez' forte.
XIII - LA CORNICHE DE L'ESTEREL (carte 6).
A - Géologie
Le massif de l'Esterel (2) est caractérisé par ses "porphyres rou
ges" donnant un paysage caractéristique. Il s'agit en fait d'un massif volcani
que acide constitué de rhyolites, d'âge permien. Par la suite, toujours au
Permien, une phase volcanique basique, cette fois, est représentée par des
(1) Phénomène observé, il est vrai, antérieurement à l'installation de l'émissaire.
(2) dire: "Esterel ll et non llEstérel", conune cela est fréquemment pratiqué.
- 133 -
basaltes à texture doléritique et des trachyandésites microlitiques. Enfin, une
dernière extrusion éruptive correspond à la formation des laccolites de l'Este
rellite du Dramont, d'âge tertiaire (61 à 53 millions d'années).
Les formations volcaniques acides du Permien inférieur, étudiées par
Bordet et Boucarut, sont en certains cas, assimilées à des ignimbrites, notamment
les épanchements les plus puissants (coulées AS et A7), formés de rhyolite
"amarante" (texture vitroclastique avec lIflammes", transformée par recristallisa
tion en texture subgranoclastique). Ces ignimbrites proviennent d'éruptions fis
surales et ont envahi le graben de l'Esterel, il y a environ 270 millions d'an
nées, "noyant" un paléo-relief (Boucarut). La couleur rouge éclatante des rhyo
lites, donnant au paysage ce caractère très singulier, proviendrait de la dévi
trification des laves libérant un pigment d'oxydes de fer (hématite). Quant aux
ensembles pélitiques, également de couleur rouge ou lie-de-vin, d'âge permien,
et bordant le massif volcanique de l'Esterel, ils sont assimilés à des poussiè
res et limons compactés mis en place par le vent ou les eaux et enrichis de
matériaux éruptifs.
Les zones éruptives du massif et du littoral de l'Esterel ont montré
au cours des temps et jusqu1à l'époque actuelle, un comportement mécanique par
ticulier, apte aux cassures nombreuses et aux diaclasations. Nous étudierons
l'importance de celles-ci dans l'établissement du modelé littoral.
B - Pointe des Lions - plage du Dramont
A la pointe des Lions, le contre-courant de la baie de Fréjus (cf.
paragraphe 12) "se referme" sur la dérive générale littorale, orientée de l'Est
à l'Ouest. Ce secteur est très exposé, contrairement au mouillage de Santa Lucia
avec une forte turbulence au voisinage d'une zone d'écueils correspondant à des
dykes sous-marins (rhyolite) au travers de la série pélitique de St Raphaël.
~~_El~g~_~~_QE~~~~! (Ou Drammont, carte S.H.), célèbre depuis le
débarquement improvisé (1) du 15 août 1944, montre une pente parmi les plus
élevées du littoral (moyenne: 20°, maximum: 22°), formée de gros galets
d'esterellite. Le courant de décharge, vers le large y est très violent et
dangereux par gros temps. Il n'y a pas de ride littorale et de protection natu
relIe; néanmoins, il ne semble point y régner d'érosion notable. On notera
l'abri, vis-à-vis des houles de SE, réalisé par le cap Dramont et l'île d'Or.
(1) A la suite de l'échec de l'opération "amphibie" aux plages de Fréjus.
(2) Cette courbure servait de repère à A. de Saint Exupéry, lors de chaquemission aérienne effectuée en territoire françois occupé (1944) .\c:. l,
- 134 -
e ~~~_;~~~~_~~~~:~~Ei~~_~~_QE~~~~! sont influencés par l'écran de
l'île d'Or et de son prolongement immergé (rhyolites) : Basse des îles d'Or,
formant une bonne protection. Il en résulte :
- la formation d'un lobe sableux, très lessivé, jusqu'à -35 m ;
les courants de décharge tractent les gros galets jusqu'à des fonds de -5 m.
2 - la dégradation mécanique de l'herbier à Posidonies avec des
lI tombants" et des chenaux "inter-mattes ll jusqu'à -12 et -15 m.
3 - le détritique côtier, succède jusqu'au contact des V.T.C. (mud
line) à -45 m, à 2 m.n. du littoral en cet endroit.
4 - au large se trouve le "banc de Fréjus", non étudié, où l'on
retrouve le détritique côtier et les graviers concrétionnés (banc Nouveau
-65 m), Sa nature géologique demeure inconnue (coulée rhyolitique 7) sous son
revêtement sédimentaire.
c - Rade d'Agay (fig.19)
La courbe harmonieuse de la rade d'Agay est une caractéristique (2
page 133) de la topographie littorale. Il s'agit d'une véritable "calanque" au
sens géologique du terme, dominée par les "Mornes Rouges d'Agay". C'est la plus
grande plage de l'Esterel (1.800 m), accès aisé et très forte occupation esti
vale, bien desservie (route, train) •
. ~~~E~~~~~!g~~ : très forte exposition aux houles du Sud et SSE.
Abri excellent pour les régimes d'Ouest, WNW et Est.
On observe un transfert littoral (fig.!9), en régime normal, orienté
de l'Est à l'Ouest, sans courant sagittal mais montrant une érosion à l'Est
(Auberge), avec sables grossiers et "cusps" de galets rhyolitiques. A l'Ouest,
au débouché du ruisseau d'Agay, le remblaiement est modéré. Ce torrent à forte
pente, provoque des affouillements aux culées supportant le pont de la RN 98.
La zone orientale est érodée par les fortes tempêtes où le niveau
est surrélevé de +0,50 m à +0,60 m. Il en résulte le déchaussement des "plots"
bétonnés protégeant la promenade. Les "cusps" sont très grands pour la région
et témoignent d'actions hydrodynamiques locales mais fortes (10 à 9 ml. Leurs
dimensions passent à 6,7 m vers l'Ouest où s'atténuent les érosions.
En zone orientale, des platiers résistants et roches sous-marines,
déflectent les vagues incidentes, en bordure du phare d'Agay (fig.19) et de
la pointe de la Baumette (ou Beaumette). Enfin, il convient de noter une regret
table pollution de la plage et des petits fonds, par l'action de trois tuyaux
d'arrivée de réseau "pluvial", mêlé à des effluents en plus de l'influence du
ruisseau d'Agay, drainant le vallon.
Fig.19 RADE D'AGAY
N
t
o PHARE D'AGAY,- -'-"'1- -
~q,J
Rochessous-marines
(,-l'-',-1l-I1
",'- 1 - -(::0 __
,
..
\Î
........
..
3 arrivées
eaux polluées
,,0 {1'\ ... ..............
.....
Auberge
1,~
....: ..
\ .
". G,m"..Ù!. .
500m
vers l'Ouest
Fonds
- 135 -
leur distribution est influencée par le transfert de l'Est
- prisme littoral (galets, sables rhyolitiques), jusqu'à -7 m,
prolongé par un curieux lobe asumétrique revenant vers l'Est (fig.19), sous
l'action d'un contre-courant de fond, tourbillonnant dans la rade d'Agay.
2 - herbier à Posidonies, bien développé jusqu'à -30 m, au-delà de
la roche sous-marine de Périguier (dyke 1).
3 - Détritique côtier jusqu'à -60 m.
4 - V.T.C. vers -60 m, -65 m.
o - Calanque d'Antheor:
Un littoral abrupt et très exposé s'observe de la pointe de laBaumette à la pointe des Vieilles d'Agay (1). L'écueil des Vieilles, la roche
de la Boute et la balise de La Chrétienne représentent les reliquats du volca
nisme permien: dykes et cheminées, formant des roches sous-marines dangereuses
et des hauts-fonds, jusqu'à 2 m.n. du rivage.
Le "tombant de la Chrétienne" constitue l'un des plus beaux raysage
sous-marin de la région. A son pied se situent plusieurs épaves antiques, chargées
d'amphores. La roche littorale montre d'intéressants biotopes à Mélobésiées,
Rissoe~~a, ainsi que deux platiers d'abrasion à +0,40 m et +5 m. Le niveau +5m
étudié par Lutaud et Chamley, s'élève plus à l'Est; son âge antérieur aux
éboulis würmiens à éléments "polyédriques" (rhyolite), demeure encore difficile
à préciser en llétat actuel de nos connaissances; il semble se rattacher au
cycle tyrrhénien .
. La Calanque d'Anthéor, surmontée de son viaduc, est "enchassée"
dans les rhyolites amarantes R3
du massif volcanique du cap Roux. Ce sont des
plages "de poche" formées de sables grossiers et de granules, en équilibre
relatif (érosions hivernales - colmatages estivaux).
Les roches les plus résistantes sont les dykes et les culots volca
niques indurés. Les zones érodées sont essentie~~ement ~es versants volcaniques
décomprimés et fai~~és, riches en ébou~ements. A Anthéor, un virage de la
route, menacée en cet endroit, a du être protégé au front de mer par quatre
rangées su~posées de plots de béton.
La voie ferrée a été prudemment établie plus à l'intérieur du
massif en s'éloignant ainsi du littoral instable et décomprimé.
(1) Fonds de pêche artisanale cf. l'espèce de poisson "Vieille".
- 136 -
E - La disposition des fonds est commandée par les prolongementsrocheux sous-marins de la pointe des Vieilles d'Agay
Les coulées rhyolitiques amarantes sont fracturées par un réseau
complexesde fractures, orientées EW. Cette disposition détermine la formation
de spectaculaires IIcorridorsll sous-marins ainsi que le grand II tombant ll au Sud
de la balise de la Chrétienne.
L'agitation est extrême en ces lieux, battus par tous les régimes
et où il serait souhaitable d'entreprendre des recherches détaillées. L'herbier
ceinture les îlots et les écueils, borde les "sécants ll, vers le large, suivant
une disposition mal connue, avec chenaux de ravinement, sables lessivés, etc ..
Ensuite, se trouve la "ceintureIT des sables et graviers du détriti
que côtier. de -35 à -75 m. G. Giroud d'Argoud et moi-même y avons étudié des
graviers rhyolitiques. des sables à thanatocoenoses holocènes. des graviers
coquilliers, etc •.•• à l'emplacement du banc des Vieilles, de -50 à -100 m.
Il s'agit de gîtes d'agrégats potentiels, mais inexploitables en fonction des
conditions actuelles. Enfin. les V.T.C. s'observent pour une "marge" bathymé
trique comprise entre -65 et -80 m. en général.
F - La corniche "Sauvage" de l'Esterel :
Sa portion la plus belle s'observe depuis la pointe des Vieilles
d'Agay jusqu'au Trayas. Elle est dominée par le rocher du Saint Pilon et les
pics du cap Roux (440 m. 452 m). aux bases creusées de cavernes (1). Ces roches
se prolongent en mer par des dykes et des entablements volcaniques.
A partir du cap Roux. l'orientation du littoral devient franchement
NS et ce dernier demeure toujours très exposé: roche d'Aurelle. abri du Trayas.
dominé par les pics d'Aurelle (323 m) et de l'Ours (496 m). A l'Est de la pointe
du Trayas. à Espéro-Pax (Trayas supérieur). se termine le littoral varois (poin
te de Notre Dame), avec la "zone sauvage".
Alors, pour le département des Alpes Maritimes. reprennent de nou
veaux aménagements (ports de la Figueirette. de la Galère, au Nord de la pointe
de l'Esquillon, etc .•. ). La pression humaine s'accentue. presque sans transition
sur ce littoral original bâti et "loti" avec dynamisme et souçi de rentabilité
immédiate.
Les caractères propres à ce secteur sont les suivants
1 - ~~~~~~~~~_~~~_gE~~~~~_~~Ei~~~ : cap Roux, Trayas et Théoule.
Certaines sont pénétrables en barque. dégagées dans les zones intensément dia
clasées et fissurées. Près du cap Roux, certaines présentent sur leurs parois,
des traces dl érosion sub-aérienne C1taffonis").
- 137 -
2 - Q~~~~EE~~~i~~_~~_~~~~if_~2!~~~i~~~_~~_~~~E~_~~~_§g~~ : cela
amène des zones faibles, génératrices d'écroulements et de glissement de
versants.
3 - ~~~~!i~_~EX2~!~~~i~~~~_~~E~i~~~_~_~!~~~~~~_E~!X~~Ei~~~~~_g~E~i~
~~~~_i~~~~~~_!~_~~E_!~~_~~E~~~~~_~~_~~E_~~~~~_Ei~_~~_!~Q~E~~_!~_!E~X~~~_!~~~~!~'
Ils surmontent le niveau (tyrrhénien ?) d'abrasion marine et favorisent des
glissements locaux. Vers le Trayas, des soutènements importants ont été édifiés
afin de protéger la voie ferrée et la route. Aux criques du Trayas des plots
bétonnés ont été installés au front de mer, assurant une protection "dans les
deux sens".
4 - ~!~~~_~~~~!~~_~~_~~!~~_~~~Ei~ig~~_gE~~~i~E (galets de rhyolite)
dans les criques et plages de poche des Nissards, St Barthélémy, Maubois, Aurel
le, le Trayas, etc ... Dès la profondeur de quelques mètres, on trouve un herbier
continu et en bon état, avec floraison de Posidonies en 1973 et formation de
graines en juin 1974 .
. Les fonds montrent une disposition aomplexe, encore mal connue
dans le détail :
- l'herbier à Posidonies se régenère naturellement, malgré certaines
érosions mécaniques locales, tout au long de la "Corniche Sauvage", non polluée.
- les courants de décharge sont canalisés par les "corridors" sous
marins ou entre les écueils, notamment à la prolongation du cap Roux. L'herbier
y forme une zone étroite, très tourmentée.
- le détritique côtier, débutant à -25 ou -30 m, s'étend en-deçà de
-120 m, localement recouvert de graviers à biocoenoses actuelles et fossiles.
- les inflexions de l'isobathe -60 m, devant Anthéor et Espéro-Pax,
ramènent le faciès des V.T.C. à proximité du littoral accore de l'Esterel,
réduisant ainsi la "frange utile Il du précontinent à 1 ou 0,5 m.u.
Conseils relatifs à la proteation de la Corniahe I~auvage" de
l'Esterel
1 - la "pression humaine" enserre la zone sauvage de l'Esterel d'An
theor au Trayas. Il importe de prévoir et maintenir une zone avec interdiction
absolue de construire, au littoral et au versant de l'Esterel.
2 - Rivages accores et exposés, parfois instables et toujours décompri
més. Risques de glissements de versant, dessertes malaisées s'abstenir pour
(1 - page 136) Les grottes et cavernes "aériennes", en terrains volcaniquesposent un problème. Nous évoquerons ici les phénomènes mécaniques préparatoires puis, accessoirement, la cryoclastie et l'érosion alvéolaire (grottes du Saint-Pilon, vallon de Saint Barthélémy, etc ... ).
- 138 -
tout aménagement portuaire, etc ...
3 - Protection des fonds marins, peuplements médio-littoraux, infra
littoraux et grottes marines. Les rejets d'effluents, même traités, et les
décharges devront être interdits. On laissera s'opérer la régenération naturelle
des herbiers à Posidonies.
Menaces ZocaZes :
- décharges clandestines dans les criques et plages de poches, dépo
toirs, épaves de voitures (plus de dix au 26 Mars 1974, pour la zone considérée).
- rejets clandestins (ou non) d'effluents domestiques au Trayas,
Théoule. La dégradation des fonds et notamment des herbiers, y est immédiate
et correspond exactement à la zone où s'excerce la I1pression humaine".
G - Caractères mécanigues du littoral de l'Esterel
1° - ~~~~~~~~~_~~~_~~~~~~_~~_~~~_~~~~~~~~ : les dispositions mécani
ques initiales de la roche, et non l'érosion marine proprement dite, rendent
compte du tracé de la corniche de l'Esterel.
Le massif de l'Esterel est formé de roches rigides offrant des
réactions brisantes aux contraintes triaxiales. Il en résulte un réseau de
diaclases et la perte de cohésion ainsi créée favorisera une fragmentation en
lames et aiguilles. En général, on notera l'absence de rupture plastiques. La
charge de rupture des rhyolites demeure très élevée : pour une densité comprise
entre 2,7 et 2,9 les essais montrent une charge à 1.360, 1594 et 2.400 bars. La
charge de rupture moyenne oscille entre 1.400 et 2.400 bars; seuls les grani
tes, basaltes et certains calcaires très compacts ont une résistance supérieure
et nous avons affaire ici à un matériel du type "monolithique" élastique
(Tallobre). Ainsi, les contraintes se manifestent par une diaclasation et des
failles délimitant des "plots" allongés, lames et monolithes.
La stabilité du massif littoral dépendra du degré de liaison et de
cohérence des plots entre eux. Des ouvertures, fissures et discontinuités
mécaniques s'établiront pour des pressions supérieures à 1.700 bars.
Il en résultera, au versant d'air, des détentes localisées. Les
modifications eustatiques du Quaternaire et notamment les régressions, améne
ront une décompression de toute la bordure littorale. Les détentes se tradui
ront par des efforts de traction sur les versants, d'où les fissurations, déjà
bien ouvertes avant le Würm, car colmatées par l'éboulis "polyédrique", prépa
rant les zones d'éboulement.
- 139 -
2· - Evolution des versants :----------------------
a) phase de compression, contraintes endogènes (tectonique) emmaga
sinées (compression triaxiale) au sein du massif.
b) phase de détente au voisinage du versant: formation d'un réseau
de fissures et diaclases, perpendiculairement aux efforts de traction ("tractiorl'
négative pour la décompression du versant). Il en résulte une fissuration paral
lèle au littoral accore .
• la phase a est responsable de la rupture généralement oblique des
rhyolites: diaclases inclinées de 3D· à 50· (cap Roux, Trayas). En zone plus
dures, cet angle diminue .
• La phase b amène une désorganisation du massif libérant, par des
sous-phases successives, les tensions: des plans obliques se fissurent, des
fentes se ramifient, souvent perpendiculairement aux fissures de décollement.
c) chute de blocs, effondrements de parois, etc .•• Une période très
longue peut s'écouler entre les phases b et c, en l'absence de séismes ou
d'actions tectoniques. De très gros blocs éboulés et des monolithes basculés
s'observent au Pic de l'Ours et correspondent à une évolution probablem~nt assez
récente et, en tous les cas, postérieure à l'éboulis Il po l yédrique" würmien.
a - ~~_:_~~~ : criques du cap Roux, formées par ce canevas tectoni
que (et non IIcalanques courtes"), formation des "corridors" délimitant les
écueils, grottes marines, etc •• (Vieilles d'Agay, Trayas). Ces fissures sont,
en gros, parallèles au littoral. Elles sont le point de départ des éboulements
du rivage et des tranchées de la route, voie ferrée et des déplacements des
piles du viaduc d'Anthéor. Ces phénomènes s'amortissent rapidement vers l'inté
rieur du massif où la zone décomprimée est moins étendue.
b - ~~_:_~~~ : criques, plages de poches, orientation du vallon
d'Anthéor, découpage de la zone sous-marine des écueils de la pointe des Vieil
les et de l'île d'Or du Dramont.
c - diaclasation plus discrète orientée NS avec quelques écarts de
± la·, affectant surtout les coulées indurées.
Vers Agay et les platiers sous-marins de Boulouris, on notera l'in
fluence des joints et contacts lithologiques orientés EW, liés aux affleurements
pélitiques très bien stratifiés, ainsi qu'une diaclasation des Mornes Rouges
orientée WSW - ENE, retrouvée aux platiers du cap Dramont.
Fig.20 ESTEREL _ MODALITES DE LA FRACTURATION
CAP ROUX
pte DE L'OBSERVATOIRE
TYPE 2
..Grotte
TYPE 1
LE TRAYASLE DRAMONT
TYPE 3 TYPE 4
CAP ROUXGrotte
---
1Grotte1
//
/surface /
+10m ~/
monoli thes
pointe des
- 140 -
On notera quatre dispositions essentielles (fig.20).
a - DiacLases verticaLes ou Légèrement obLiques: aiguilles, lames
le Trayas: grottes traversant la pointe, pointe Notre-Darne,
Vieilles d'Agay, etc .• Bonne tenue en général ou éboulements locaux.
b - diacLases obLiques: glissements de versants, souvent stabilisés
masses en surplomb: pointe de l'Observatoire, formation d'îlots, St Barthele
my, cap Roux. Souvent antérieures à la plate-forme marine de +10 m observée
par H. Chamley.
c - combinaison des fractures des types a et b : formes en chevrons,
responsables de larges fissures et de l'ouverture des grottes, agrandies par
les actions sub-aériennes puis marines. Des parois se désolidarisent du massif
(grottes du cap Roux). Combinaisons avec des failles accentuées par les diffé
rences lithologiques: pointe des Vieille d'Agay, la Chrétienne.
d - fractures courbes: généraLement stabLes (cap Roux).
SO - ~~!E~~_~~~~i~~i~~~~_~~_!i~~~E~~_~!_~i~~l~~~~
Ce sont des canevas évoquant une trame à "plots" rhomboédriques
cap Roux, St Pilon, falaises de la crique St Barthélemy. Ces versants sont
généralement équilibrés et décomprimés en l'absence de travaux: tranchées,
emprunts, etc ...
6° - Q~§_grQ~~~§_IDsrin~§ : les grottes marines du Dramont, Trayas
et du cap Roux, établies dans les ignimbrites et les coulées ryolitiques ama
rantes, ne sont point le résultat d'une érosion karstique ou marine. Il s'agit
de "diédres" décomprimés au versant, limités par une diaclasation généralisée
(types a, b et cl. Ces grottes étroites, parfois relativement profondes (plu
sieurs décamètres), s'insinuent sous les ouvrages de souténement de la route
de la Corniche de l'Esterel: pointe du Trayas. L'éclatement de "plots" allon
gés (fig.20) , parallélépipédiques et leur descellement agrandissent la cavité
qui acquiert l'allure d'un couloir étroit, élevé et rectiligne (fig.21).
XIV - CONCLUSIONS.
Nous examinrons ici les résultats et les problèmes théoriques, les
applications et les problèmes d'aménagements, les questions et recherches à
développer.
\
LA GROTTE MARINE DU TRAYAS
---
~-
--
- 141 -
. L'érosion des littoraux rocheux accores demeure liée, pour le
secteur considéré, aux propriétés mécaniques initiales de la roche éruptive
ou métamorphique.
- ruptures de type plastique au cap Bénat et à la Corniche des
Maures, amenant des basculements, glissements, coulées solifluées, etc ...
L'héritage paléo-climatique würmien est fondamental.
- ruptures rigides déterminant un canevas de "p l ots ll monolithiques
à la Corniche de l'Esterel, avec formation d'éboulements, chutes de blocs et
grottes secondairement façonnées et agrandies lors des stades d'émersion ou
d'immersion du Quaternaire.
L'érosion marine proprement dite nia qu'une part très modeste dans
cette évolution.
L'érosion des littoraux sableux ne concerne que les grandes plages
(Pampelonne, Le Lavandou, Cavalaire, Fréjus et la Nartelle) ; elle affecte peu
les criques ou les "plages de poche". En tous les cas, elle demeure liée à un
mécanisme de transfert :
orienté du Nord vers le Sud, au Lavandou, à Pampelonne ou à Fréjus
St Aygulf.
- orienté de l'Ouest vers l'Est, sous l'action de contre-courants
de baies Cavalaire.
- orienté de l'Est vers l'Ouest: Agay, St Raphaël, etc .•.
La zone "aval" du transfert demeure le siège de colmatages et
pollutions. Les érosions hivernales sont fréquemment compensées par des engrais
sements estivaux. Le déficit en sédiment demeure préoccupant au Lavandou, Cava
laire, St Aygulf, Fréjus.
En plus du transfert, les causes de l'érosion sont l'action directe
des vagues obliques à forte cambrure, les gros déferlements et surtout l'action
des courants sagittaux. La présence d'un herbier très dégradé ou son absence,
sont des facteurs propices à la reprise ou l'agravation de l'érosion littorale
(Nord du golfe de St Tropez). Les roches littorales immergées et certaines
dispositions topographiques favorisent :
- les circuits tourbillonnaires des fonds de baies (Cavalaire, Agay)
- les cloisonnements en secteurs indépendants limitant les actions
de l'érosion: plages de Cigaro.
Les cordons sableux festonnés s'établissent aux nodales d'oscil
lations stationnaires en fonds de baies, généralement orientées NS, sans que
cela soit absolument obligatoire (rade de Bormes, Le Lavandou, Le Canadel,
- 142 -
Cavalaire, Bon-Porté, Pampelonne, St Aygulf). L' Lnstallation de jetées, amenant
des résonances complémentaires peut favoriser le phénomène: port de Bormes,
Port Grimaud.
Ces cordons sableux festonnés et mobiles constituent un volant de
matériaux protégeant le littoral mais accentuant sa pollution au niveau des
nodales.
· Les courants de décharge étalent en profondeur les sédiments
détritiques du prisme littoral et ce, en fonction de la pente initiale, de
l'énergie incidente et des qualités du matériau granulométrie, densité et
sphéricité. La profondeur-limite d'extension de ces lobes sédimentaires mobi
les, fins ou grossiers, varie de -7 m à -30 m selon les cas; elle peut corres
pondre à une régression des herbiers (rade de Bormes, le Canadel, Cavalière,
le Bon-Porté, le Bougnon et la Briande, etc ... ).
• L'herbier à posidonies forme un liseré plus ou moins parallèle au
littoral ou "imbriqué" par rapport aux autres types de fonds. Tout au long de
la Corniche des Maures et de l'Esterel, dans la mesure où il demeure dense et
protégé, il assure la stabilisation des plages sableuses (Cavalière).
Cet herbier montre une régression parfois rapide sous l'action de
l'érosion mécanique (Maures, le Bon-Porté, cap Lardier, pointes de St Tropez
et des Sardinaux) ou de phénomènes d'envasement (rade de Bormes, golfe de St
Tropez, baie de Fréjus).
A côté de ces facteurs naturels, les actions humaines demeurent
relativement faibles, localisées mais regrettables: destruction des herbiers
de la pointe de Gau, de St Tropez, St Raphaël, (constructions de ports et
remblaiements artificiels), pollutions au Lavandou et à Théoule.
En d'autres secteurs, les herbiers à Posidonies se régenèrent natu
rellement et montrent, en 1973, 1974, des floraisons et fructifications: cap
Bénat, cap Lardier, corniche de l'Esterel.
· L'extension rapide du faciès des vases terrigènes côtières (VTC)
s'effectue aux dépens du détritique côtier - riche en stocks fossiles, et des
herbiers à Posidonies, notamment en baie de Fréjus et aux abords des Petites
Maures (Maures orientales) et de l'Esterel. La catastrophe du barrage de Mal
passet a libéré une nappe de limons argileux s'étendant dans le golfe de Fré
jus. Cette extension des VTC est un phénomène naturel, tout comme au golfe de
Fos, lié aux décharges fluviatiles (Var, Argens, Reyran, etc .•• ) amenant la
régression des fonds de pêche traditionnels et le colmatage des baies encais
sées: golfe de St Tropez, baie de Fréjus. Les activités humaines ont, en
11 occurence , une action très secondaire.
- 143 -
2° - ~EE!i~~~i~~~_~~_EE~~!~~~~_~~~~~~~g~~~~~~
Il importe d'assurer la protection maximale de l'herbier à Posi
donies, dans les zones où il se regenère naturellement, comme dans les sec
teurs en voie de dégradation (golfe de St Tropez, cap Blanc, Théoule). Ces
dispositions assureront la protection du littoral sableux et des fonds de pê
che. Les rejets d'émissaires seront à proscrire dans ces types de fond et de
vront être reportés au détritique côtier ou, de préférence, au niveau des vases
terrigènes côtières, en des sites agités et profonds (-70 m) où s'établit une
thermocline. On évitera les circuits tourbillonnaires des fonds de golfes pour
tout projet de rejets mêmes épurés, afin d'éviter des phénomènes d'eutrophisa
tion ou de troubles persistants en saison estivale (golfe de Fréjus et de St
Tropez).
. Des franges littorales à protection maximale, véritable "sanctu
aires", comme à l'île de Port-Cros, devront être délimitées, afin de préserver
les sites sauvages non encore trop altérés par la "pression humaine". Ces
mesures devront concerner
1) littoral du cap Bénat, du Brégançon au cap Blanc.
2) littoral du massif du cap Lardier - cap Taillat, de la plage de
l'Escalet.
3) corniche "sauvage" de l'Esterel, d'Anthéor au Trayas.
Cela comporte l'interdiction de construire et de tracer des routes,
l'édification d'ouvrages et de "Marinas" mais la pêche sportive et artisanale
pourraient y être maintenu~
Les nouveaux ports, Marinas et comblements de Bormes, port Cogolin
Port Grimaud, Santa Lucia, ont profondément altéré le milieu naturel, pas
toujours en mal, par ailleurs. Nous estimons néanmoins que leur aménagement,
en l'état actuel, ne doit plus être étendu sous peine de dégradations irréver
sibles. Les ouvrages étudiés ont modifié les circulations d'eaux et la répar
tition des sédiments; ils sont la cause de résonances, érosions ou colmatages
locaux, parfois nuisibles et difficiles à contrôler. Les pollutions par efflu
ents et hydrocarbures, jointes à l'extension des V.T.C., risquent d'agraver
la destruction des zones mal renouvelées, en voie de colmatage naturel:
golfe de St Tropez et de Fréjus •
. L'érosion du littoral exige des actions de protection rapide
pour les secteurs suivants, de l'Ouest à l'Est:
- plage du Lavandou,
- plages de Cavalaire,
- 144 -
- littoral au NE du golfe de St Tropez,
- plages de St Aygulf et de Fréjus
- plage d'Agay.
Les épis transverses, même serrés, ne sont point toujours efficaces
sauf en certains cas, à la condition d'implanter des enrochements lourds, soi
gnés et étudiés en fonction des régimes et conditions hydrodynamiques locales.
Nous conseillons, après l'étude des sites menacés, les épis en T,
munis cl 'ergots, les épis "interrompus" et les brise-lames frontaux robustes et
décalés, sis à desprofondeurs comprises entre -5 m et -3,5 m.
Les enrochements littoraux constituent un système de défense immédiat
tout comme les "perrés", souvent coûteux et point toujours efficaces. En fait,
la dépense d'énergie doit être organisée par des brise-lames ou des cônes immer
gés, avant l'arrivée de l'onde incidente majeure au rivage .
. Les ~ittoraux rocheux accores sont décomprimés. La localisation
des zones dangereuses sera une fonction du degré de fracturation et de l'orien
tation et pendage de cette dernière, autant que de la nature lithologique des
roches. Nos investigations aux massifs du cap Bénat, cap Lardier, Esterel,
montrent qu'aucune zone d'éboulement et d'érosion ne peut être attribuée à
l'effet du hasard; la plupart des ~nistres s'avèrent prévisibles. Cet examen
mécanique comporte plusieurs phases où interviennent la prospection directe,
les missions d'observations aériennes, la connaissance des roches et de leur
passé géologique. On déterminera l'aptitude et la fréquence des ruptures plas
tiques (glissements) et rigides (écroulements). Le présent travail n'est qu'une
ébauche dans cette direction de recherche.
3° - ~~~~~~~~~~_~_~~~~!~EE~~ :
Elles sont de plusieurs sortes et comportent des urgences différen
tes. Nous soulignerons, par ordre d'importance décroissant
1) Protection des herbiers à Posidonies de tous les mécanismes
d'altération: érosion mécanique, envasements et pollutions. Chaque projet
d'aménagement ou d'émissaire devra être préalablement étudié.
2) Problème du colmatage et de l'altération du golfe de St Tropez.
3) Protection immédiate ou à moyen terme des secteurs littoraux
menacés par l'érosion: Fréjus, St Aygulf, littoral de Ste Maxime et du NE du
golfe de St Tropez, poursuite des défenses de Cavalaire, étude de protection
au Lavandou.
4) Délimitation des caract~rQstiques mécaniques du littoral rocheux
accore.
- 145 -
5) Cartographie détaillée des fonds : cap Lardier, cap Taillat,
cap Camarat, pointe de St Tropez, pointe des Sardinaux, bordure de l'Esterel,
bancs au large de l'Esterel. Etude des faciès du détritique côtier à dévelop
per en ce secteur (recherche des gites d'agrégats).
- 146 -
- CHAP ITRE 6 -
CONCLUSIONS GËNËRALES : LA DYNAMIQUE LITTORALE ET
SES APPLICATIONS SËDIMENTOLOGIQUES,
•- 147 -
1 - GENERALITES SUR LES COURANTS DE SURFACE.
Les déplacements des masses d'eaux superficielles sont le résultat
de mécanismes variés. Pour la région qui nous intéresse nous distinguerons
A - Le "courant général" ou "courant géostrophique"
Dirigé de l'Est vers l'Ouest, encore nommé Ilcourant ligure ll pour
les zones orientales varoises et des Alpes Maritimes. Il s'agit en fait d'un
régime permanent correspondant, au large du littoral, au cheminement de "Sortie"
des eaux méditerranéennes vers l'Espagne, les Baléares et Gibraltar (Lacombe
et Tchernia).
Ce sont des mouvements assez lents (0,2 à 0,4 noeud) concernant une
masse d'eau importante. Ils n'ont, semble-t-il, aucune action directe sur le
littoral, mais, en période de tempêtes, par régimes d'ESE, E ou SE, ils se
trouvent renforcés et accélérés. Alors, les flotteurs, épaves et pollutions
d'hydrocarbures sont rapidement déportés vers l'Ouest, au large du Languedoc.
Au voisinage du rivage, ces masses d'eaux peuvent montrer des "contre
courants" dirigés de l'Ouest vers l'Est. Nous citerons le courant littoral du
Languedoc et les contre-courants observés aux baies des Saintes Maries de la
Mer, Marseille, Cavalaire, Fréjus. Ces derniers déplacements peuvent influencer
la répartition des peuplements et des sédiments.
Au large du cap Couronne, par exemple, une "branche" du courant
général s'infléchit, et, longeant le littoral du Sud de la Nerthe, se dirige
vers l'Est, c'est-à-dire vers la partie septentrionale de la baie de Marseille.
Ce contre-courant, dit "courant de la Nerthe" (Minas, Castelbon), intervient
partiellement sur l'hydrologie, les peuplements benthiques (Picard) et bien
entendu, sur les envasements et pollutions d'hydrocarbures. Les travaux carto
graphiques entrepris en cette région par Picard, Picard-Tarbouriech et Blanc,
montrent au cours des années, l'extension du faciès des vases terrigènes,
d'origine rhodanienne, jusqu'au Nord de l'archipel du Frioul avec un envelop
pement et une tendance au contournement de cette barrière vers le Sud, c'est
à-dire vers la baie du Prado (zone méridionale de la baie de Marseille). Les
situations des futurs émissaires sous-marins, mêmes profonds, devront tenir
compte de ces dispositions.
La présence de certains caps et autres indentations du littoral
rocheux formeront un écran à ces contre-courants et aux dérives de Mistral,
déterminant ainsi une I1 zone cl 1 ombrel! contre le rivage. souvent exempte alors
de pollutions majeures.
Ainsi, la Il zone d'ombre", due au cap Couronne protégera partiellement
le littoral et ses peuplements des effluents divers issus du golfe de Fos et
déportés par les dérives liées aux régimes WNW ou NW et le contre-courant de
la Nerthe. Les modalités complexes concernant la répartition de détail des
faciès sédimentaires du "détritique côtier" confirment ces phénomènes hydrody
namiques.
B - Dérives liées aux vents des secteurs N, NW et NNW
Elles se traduisent par un courant de surface rapide s'amortissant
assez vite en profondeur, et des systèmes irréguliers de vagues serrées, à
courte période et forte cambrure. Les irrégularités paraissent le fait de
"battements" dûs à de violentes rafales. Les vitesses de ces courants peuvent
atteindre 50 m/mn (flotteurs en surface), tandis que la "prise au vent"
devient souvent dangereuse pour les embarcations.
Les dérives de Mistral ont une grande importance vis-à-vis des éro
sions, transferts et accumulations au littoraux exposés (Fos, Prado, Les
Lecques, Sanary, Hyères, etc .. ). Les actions, parfois spectaculaires, ne sont
point toujours rapidement compensées par les régimes d'Est (antagonistes) ou
les périodes de beaux temps.
Dans les passes entre les îles (Hyères, île Verte, Riou), les déri
ves sont rapides et l'étalement des graviers organogènes, au niveau du fond,
demeure sous l'influence partielle de ces mouvements. Les jetées et ouvrages
très exposés au Mistral doivent être établis parallèlement aux directions
générales des isobathes - et des plans de vagues (Loi de Lewis), et ce, dans
la mesure du possible, afin d'atténuer au maximum les chocs frontaux. Cette
remarque étant, bien entendu valable pour les autres types de régimes (Est, SE,
etc .. ), il convient d'insister, en outre, sur l'importance des ouvrages réflé
chissants naturels (écueils) ou artificiels (cônes, balises, enrochements),
générateurs d'interférences parfois utiles.
c - Dérives liées aux vents des secteurs E, SE et ESE :
Elles s'amortissent généralement en abordant les baies et corres
pondent à des "trains" de grosses vagues atteignant, par fortes tempêtes des
creux de 4 à 5 m. Les vagues les plus spectaculaires s'observent au niveau
des caps (presqu'îles de St Tropez, Giens, Sicié, Caveau, Couronne) ou des
hauts fonds rocheux (cap Taillat, Lardier, Planier). Au large, les dérives se
"superposent" à l'action du courant général.
- 149 -
Comme pour les régimes de Mistral, dans les passes des archipels
(Hyères, Riou), ces courants s'accélèrent et déterminent des érosions locali
sées. Mais les déplacements paraissent plus réguliers et concernent une tran
che d'eau plus importante.
Dans les secteurs varois, plus exposés et où se manifeste l'action
d'une distance de fetch plus importante (golfe de Gênes), les régimes d'Est
sont à l'origine d'une surélévation du plan d'eau et, combinés à une "marée
barométrique", d'érosions parfois préoccupantes. Des ouvrages doivent être
étudiés pour chaque cas (Fréjus, Cavalaire, Giens, Le Lavandou).
D - Courants de marées et de seiches:
Le très faible marnage de la marée (0,24 m) n'est point suffisant
pour déterminer un courant notable, mais les dénivellations apparentes peuvent
se trouver amplifiées par des phénomènes de résonances dans les baies : Fos,
Giens, Hyères Sud, Fréjus Sud). Dans ces cas, des courants, sans action sédi
mentaire directe peuvent prendre naissance. D'autre part, la passe de Caronte,
aux Martigues, qui met en communication l'Etang de Berre et la mer ouverte
(golfe de Fos), est le siège de courants périodiques en relation avec le phé
nomène des marées et d'autres oscillations du type seiche.
Les seiches se développent aussi dans les baies et les plans d'eaux
restreints relativement isolés de la haute mer: golfe de Fos, étang de Berre,
baie de Marseille, calanque de Port-Miou, Giens, etc •.. La seiche de Port de
Bouc peut occasionner un courant relativement perceptible dans le golfe de Fos,
avec des dénivellations de l'ordre de 0,40 m quant au courant de marée, en
ces lieux, il peut atteindre la vitesse de 4 à 7 rn/mu.
Ces faibles actions ne paraissent point devoir mobiliser les sédi
ments du fond à l'exception de rares cas. Mais les causes indirectes des phé
nomènes de marées et de seiches se traduisent par des oscillations stationnai
res, avec établissement de lignes nodales, oscillations amplifiées par les
résonnances au fond des baies. Alors, au niveau des nodales s'établissent des
dépats sédimentaires tels que les "croissants sableux festonnés" observés
dans les étangs de Gloria et Berre, les baies d'Hyères, Lavandou, côte des
Maures et St Aygulf. Le rassemblement préférentiel des éléments polluants et
divers débris solides, au niveau de ces lignes nodales, tout comme la forma
tion de corps sédimentaires particuliers, souligne l'importance des phénomènes
préci tés.
- 150 -
II - ACTIONS SUR LE FOND.
A - Les vagues de tempêtes :
A longue période (T = 9 sec) et grande longueur d'onde, elles se tradui
sent par des mouvements au niveau du fond. Or, les enregistrements effectués
au cours de ces dernières années montrent que ces "vagues maximales", loin
d'être exceptionnelles, se manifestent en fait plusieurs fois dans l'année pour
les sites très exposés. Même si ces actions ne durent que quelques jours ou
quelques heures par an, il s'ensuit une possibilité de remaniement des fonds
sur toute l'étendue de la zone supérieure du précontinent, par des profondeurs
allant de -50 à -70 m (baies de Fréjus et de Marseille).
Ces remaniements temporaires - ou durables, des substrats, modifient
la situation des biotopes tout comme les phénomènes d'envasements. De ce fait,
les cartes bionomiques effectuées par Picard et ses collaborateurs, sont fré
quemment remises à jour, notamment pour des échelles au 1/25.000 ou au 1/15.000.
Les mesures directes relatives à ces mécanismes sont insuffisantes et encore
difficiles à réaliser pour le secteur considéré mais une "approche" indirecte
s'est avérée intéressante. En effet, les caractères granulométriques du sédi
ment superficiel peuvent traduire des actions de traction, lévigation, voire
suspensions vraies ou momentanées. Sans entrer dans les détails des recherches
réalisées en baie de Marseille, zone Sud (baie du Prado), Weydert, Reys et
Castelbon, ont montré, pour une même station située dans les fonds du "détriti
que côtier" s.l., des variations granulométriques liées aux fluctuations du
régime météorologique (plusieurs années d'observation, profondeur: 70 ml. Pour
ma part, lors de prospections liées aux recherches de sables et agrégats sous
marins, j'ai constaté avec F. Picard-Tarbouriech,des modifications de la nature
des fonds, en deçà de -25 m, -35 m, vis-à-vis de relevés plus anciens.
En d'autres cas, plus complexes, des sédiments bio-détritiques
anciens contemporains de la dernière phase régressive (Würm), se trouvent eux
mêmes "décapés" et remaniés, comme cela a été observé au large d'Hyères et de
l'Esterel. Il est souhaitable, malgré de très réelles difficultés, que de
telles recherches soient développées du fait, outre leur intérêt géologique,
d'applications pratiques immédiates: extractions de sables et agrégats, poses
de sea-line ou émissaires profonds, câbles, ancrages et "corps-morts", instal
lations "off shore ll, etc .. c
Enfin, il faut mentionner que l'approche granulométrique a parfois
été confirmée par des anomalies dans les assemblages de Foraminifères (bio
coenoses, thanatocoenoses) observées au cap Couronne et au Brusc (L. Blanc-·
Vernet).
- 151 -
B - A proximité relative du rivage se manifestent les "courants
de décharge" compensant les déséquilibres des plans d'eaux et les afflux liés
aux vagues de tempêtes. Ici encore, il s'agit d'une dynamique essentiellement
discontinue en relation avec les périodes de lIgros temps".
Ces courants de fond présentent les caractères généraux suivants
1 - leur trajectoire tend à sortir des baies, criques, calanques,
échancrures diverses, etc ... en se dirigeant vers le large. Les déplacements
suivent la pente mais demeurent influencés et "gauchis" par l'obliquité de
l'onde incidente initiale. Cette asymétrie originelle déterminera l'orienta
tion des "lobes sédimentaires" ; parfois, un site déterminé montrera deux
"lobes" liés aux régimes dominants de Mistral et de vent d'Est (La Ciotat,
port d'Alon, cap Lardier).
Dans le cas de vagues incidentes très obliques accompagnées de trans
fert (littoral de la baie d'Hyères, de Léoube au Gapeau), les courants de fonds
sont sensiblement parallèles au rivage et entaillent les "mattes" de l'herbier
à Posidonies par un réseau de chenaux longitudinaux.
2 - ils divergent de part et d'autre des écueils et pointes rocheuses
où se concentre l'énergie. Des lobes détritiques et des graviers sont alors
disposés à l'entour des caps très exposés et de leurs prolongements rocheux
sous-marins (pointes du Langoustier à Porquerolles, Escampobariou à Giens).
3 - au niveau des plages, la compensation se manifeste généralement
sous la forme de rip currents ou courants sagittaux, étalant le sédiment sa
bleux arraché au rivage jusqu'à une certaine profondeur d'équilibre (-5, -JOrn,
voire -15 m), variable avec les sites, leur orientation et leur degré d'exposi
tion, la pente des fonds et les paramètres des vagues incidentes. On observe
ces derniers à Giens, Hyères, Cavalaire, Pampelonne, St Aygulf, Fréjus, etc ..•
La présence d'obstacles réfléchissants immergés (herbiers, bancs de
roches) combinée à l'action des houles obliques, détermine des circuits super
ficiels tourbillonnaires et complex~ ramenant une partie du sédiment au rivage
(courants en "cardioide", (Blanc)).
4 - dans les baies, les zones de dissipation de l'énergie par frei
nage ou au centre des circuits tourbillonnaires, sont généralement le siège
d'une sédimentation plus active et, fréquemment, correspondent aux sites de
dépôts de graviers bioclas tiques, "maërl" à Li thothamniées, etc... (Marsei lle,
Cassis, La Ciotat, Hyères).
5 - la profondeur d'action des courants compensateurs se manifeste
généralement jusqu'à une valeur égale à la demi-longueur de l'onde incidente,
- 152 -
en l'absence de marées notables, courants de seiches ou gradients hydrauliques
liés à de fortes pentes. Cela nous amène à des valeurs de :
21 m à -20 m : Bournandariel, à Sausset ; le Rouet.
- II m baie du Prado ; Marseille-Sud.
- 20 m Cassis
- 13 m La Ciotat.
- 18 m Les Lecques
- 14 m Bandol
- 7mà-18m rade de Giens
12 m à -25m baie d'Hyères et rade de Bormes
15 m à -12 m caps Bénat et Lardier.
11 m à -13 m Port Grimaud, Port Cogolin, Pampelonne, Ste Maxime,
- 16 m St Aygulf.
Ces actions ne paraissent s'amorcer d'une manière efficace qu'à
partir d'oscillations dont la période est supérieure à 4,5 secondes (Clos
Arceduc). Ainsi, nous aurons affaire, au niveau du fond, à deux types de remanie
ments aux mécanismes encore mal connus :
1) action des vagues de tempêtes, pouvant exceptionnellement concer
ner la majeure partie du précontinent.
2) action des courants de décharge étalant les matériaux le long des
pentes, suivant des modes symétriques ou asymétriques (en fonction du régime
dominant), jusqu'à des profondeurs de quelques mètres à -25 m.
Au niveau des passes et détroits, l'action des courants de fond,
très variable, peut se manifester à des profondeurs plus importantes et il
faudra en tenir compte dans la pose et l'orientation des "sea-line" et des
émissaires. A la Petite Passe des îles d'Hyères, située entre Porquerolles et
le Grand Ribaud, Jeudy de Grissac a mis en évidence un épandage longiligne
de sables et graviers, de -20 à -40 m, formant une sorte de "couloir" contre
le fond et orienté en fonction des dérives et du courant dominant. Dans les
passes de l'archipel de Riou et au Plateau des Chèvres, Picard, Froget et mOl
même, avons relevé des trainées lien couloir" de sables mobiles, sables et
graviers à Amphioxus, etc ... Par gros temps (Mistral, vent d'Est), les cou
rants de fond amènent une érosion (de -7 à -24 m) enlevant le recouvrement
sableux meuble et dégageant ainsi les affleurements rocheux du Quaternaire
(1) (cf. Sedimentary Geology of the Mediterranean Sea, Blanc).
(1) les phénomènes précités revêtent une ampleur exceptionnelle dans certainsdétroits de la Méditerranée, jusqu'à des profondeurs de plusieurs centai
nes de mètres (Sicile-Tunisie, Malte, Cyclades) (J. Blanc, 1968), mais leurorigine s'avère fréquemment différente (effets de seuil, courants de marées,courants géostrophiques).
III - UN REGIME COMPLEXE
- 153 -
LA BAIE DE MARSEILLE.
A l'exception du contre-courant de la Nerthe, la baie de Marseille
demeure étrangère à l 1 influence du courant général. D'autre part, la crète
orientée NE-SW et correspondant à l'archipel du Frioul, amène le cloisonnement
du plan d'eau en deux ensembles
1 - zone Nord, ou baie de l'Estaque, en voie d'envasement sous 1lin
fluence du contre-courant et des dérives de Mistral, issues des aires de Fos.
2 - zone Sud, ou baie du Prado, zone complexe agitée, à fonds mobi
les: prisme littoral, herbier et détritique côtier s.l., avec des secteurs
où se manifestent les érosions ou les concrétionnements.
Ce cloisonnement est accompagné par la dualité de deux régimes
dominants conditionnant les dérives de Mistral et de vent d'Est.
]0 _ ~~~!E~l : dérives très rapides (35 à 40 m/mn : ces valeurs ont
été établies par des visées effectuées sur des flotteurs ; elles sont infé
rieures aux vitesses réelles par très gros temps, non mesurées). Les courants
de dérive se déplacent du NNW vers le SSE et longent la Corniche et la plage
du Prado ·où d'importants aménagements sont projetés. La présence des îles du
Frioul (Ratonneau, Pomègues, If), assure un abri relatif tandis que les vagues
les plus grosses se brisent à la Pointe Rouge, au Mont Rose et aux Goudes.
Les courants de Mistral concernent surtout les eaux de surface ; ils
entraînent vers le Sud la plupart des pollutions d'origine portuaire ou issues
de l'Huveaune. Par gros temps, les effluents déportés par un courant littoral,
"doublent" le cap Croisette et l'île de Tiboulen de Mai:ré (photographies avec
pellicules '.'infra-rouge ll, l'fausses-couleurs").
2° - ~~~!_~~~~! s.l. (Levant, Levant Dré, Levant Eissero) : les
pollutions sont amenées vers le Nord tandis que les houles se réfractent aux
caps Croisette et Caveau. Au large de cette pointe, les influences de l'abri
relatif dû à la baie de Marseille disparaissent et une très forte houle peut
aborder le cap Couronne et le Sud du golfe de Fos. Far très gros temps, les
"creux" peuvent très exceptionnellement atteindre 6 m au large du cap Couronne.
IV - LE LITTORAL ROCHEUX DU MASSIF DES CALANQUES ET LES BAIES ENTRE CASSIS ETTOULON.
Les courants de dérive liés aux vents d'Est ou de NW y déterminent
des trajectoires, et, dans les baies des circuits en sens opposés (La Ciotat,
Bandol, Sanary). Une sédimentation détritique et bio-clastique ("gravelles",
"maërl ll, sables coquilliers, sables et graviers hétérométriques) caractérise
- 154 -
les zones plus calmes au centre des circuits tourbillonnaires. Les mouvements
rattachés aux deux régimes dominants, régissent partiellement la répartition
des peuplements et les types de sédiments (Picard, Muschotti, Blanc).
Les courants de dérive et leurs "vecteursll, distribués dans la
masse des eaux et contre le fond, assurent la migration des effluents et
déchets urbains du "grand collecteur" de Marseille se déversant directement
dans la mer au niveau de Cortiou, à un littoral accore et désert. Les recher
ches de la Station marine d'Endoume et de Bellan, Picard et leurs collaborateurs
plus particulièrement, traduisent une pollution et une dégradation définitive
des fonds et peuplements au littoral des Calanques bordant le massif de Marseil
leveyre. La "composante" d'une dérive de l'Est vers l'Ouest domine et les pollu
tions s'étendent jusqu'au cap Croisette où elles "re joignent ll les contaminations
de l'Huveaune et de la baie de Marseille déportées par les régimes de Mistral.
Par ce même vent, la "pollution" est dirigée vers l'Est, et depuis quelques
années, contourne le cap Sarmiou et s'étend, en outre, jusqu'à l'archipel de
Riou. Ainsi, les courants de dérive, au Sud du massif des Calanques, amènent
la dégradation rapide d'une aire marine étendue; le très fort débit (15 à 30
m3 /sec) de l'égout, rejeté en surface, forme un "panache" difficile à disperser
malgré l'exposition du site anciennement choisi.
Par gros temps et tempêtes de vent d'Est ou SE, un afflux d'eau
s'engouffre dans les Calanques; il est compensé par des courants de décharge
érodant les fonds puis étalant les sédiments à l'entrée où la perte d'énergie,
liée à l'augmentation du rayon hydraulique, amène la formation de lobes détri
tiques sous-marins (1).
Dans la baie de La Ciotat, des réfractions et des diffractions se
manifestent au cap de l'Aigle - île Verte et à la pointe Grenier La
sortie des eaux paraît devoir être assurée, sans que cela soit prouvé, par un
courant compensateur situé au voisinage du fond et dirigé vers le large.
Les baies de Bandol et Sanary présentent des "physionomies" diffé
rentes et une dynamique complexe. On y observe l'érosion et la rapide dégra
dation des herbiers à Posidonies sous l'influence des actions mécaniques, des
pollutions et surtout d'envasements liés à de regrettables décharges de maté
riaux. Les "c ircuits" courantologiques observés finissent toujours par revenir
au rivage, quel que soit par ailleurs le régime météorologique. Il en résulte
que ces secteurs nécessitent une protection efficace et rapide, l'interdiction
de rejets fins et polluants et l'arrêt de projets d'aménagements. La zone du
Brusc et des Embiez représente une aire déjà profondément altérée par l'inter
vention humaine :
(1) sables et graviers des "bouchons de Calanques" définis par Picard.
- 155 -
- sédimentation accélérée au fond de la baie, accentuée par le "piége"
des herbiers, progression des envasements au cours du temps.
pollutions diverses et dégradation d'un des plus beaux herbiers à
Posidonies du littoral méditerranéen français (1).
Il s'y ajoute, naturellement, un système de courants de passes et de
courants de fond compensateurs, renouvelant et oxygénant les milieux, mais
érodant aussi les "mattes" de l'herbier, formant des chenaux et des "tornbants ll•
v - LA PRESQU'ILE DE GIENS.
La presqu'île de Giens, caractérisée par un tombolo double est
située aux "frontières" de deux régimes différents, le golfe du Lion à l'Ouest
et le golfe de Gênes à l'Est.
· ~~~_~~E~~~~_~~~~~_~~l~ correspondent à de fortes vagues à fetch
élevé, avec des creux de 5 m par gros temps (les maxima ne sont point connus).
Il en résulte un transfert littoral notable engraissant la zone méridionale
de la baie d'Hyères et les plages au Sud du tombolo oriental.
· ~~~_~~g~~~_~~~E~~~_~~_~~~~E~l, à forte cambrure, venant de l'Ouest
s.l., correspondent à de rapides dérives érodant le littoral occidental, non
alimenté en sédiment (absence de rivières se jetant dans la baie de Toulon et
le golfe de Giens). Le matériel de ce tombolo résulte, en fait, de stocks
remaniés en relation avec des plages "fossiles" (beach rocks) et"d'anciens
cours du Gapeau durant le Quaternaire. Cette absence d'alimentation ne compense
plus les phénomènes d'érosion accompagnés par une dégradation rapide des her
biers à Posidonies.
Les régimes les plus érosifs correspondent à des élévations du plan
d'eau atteignant 0,60 à 0,70 m et, très exceptionnellement, m. Ces dernières
sont liées à des dépressions ("marées barométriques") ; elles se combinent à
de fortes vagues à cambrure élevée. Les secteurs très menacés sont le tombolo
occidental, les plages d'Hyères et de l'Hippodrome tandis que d'autres érosions
locales se manifestent au débouché du Gapeau, au Centuron et à la Capte.
· ~~_~~~~~~~~~~~~_~~~E~~~~~~g~~, par fortes tempêtes, est réalisée
par un retour au large sous la forme de lI r ip-currents" ou IIcourants sagittaux ll
(Rivière, 1951 ; Arbey, 1959). Les zones de départ de ces courants de retour
dirigés vers le large correspondent à une ablation des plages du tombo10,
(1) la destruction totale de l'herbier de Bandol représente le stade ultimede cette dégradation.
- 156 -
notamment pour l'isthme occidental et ce, malgré la protection sous-marine
d'une formation sabla-limoneuse indurée (Ilbeach-rock" lagune-marin, sable
consolidé), témoin d'un ancien rivage, de -6 à -3 m.
En deçà de l'action spectaculaire au niveau des plages, les courants
sagittaux déterminent une érosion quantitativement beaucoup plus importante
sur les fonds et amènent la dégradation du plus bel herbier à Posidonies de
la côte méditerranéenne française, en rade de Giens, à l'Ouest de la presqu'île
et en baie d'Hyères, à l'Est.
Les recherches cartographiques sous-marines, les examens en plongée
et les calculs montrent que, par très gros temps, ces ablations se manifestent
jusqu'à -12 m et même -15 m en rade de Giens, par régime d'Ouest. En rade
d'Hyères (régimes d'Est s.l. dominants), ces dernières se poursuivent jusqu'à
30 m et probablement 40 m de profondeur. Mais, en ce secteur, la présence d'un
herbier vivace à Posidonies jusqu'à -32 m (recherches inédites de A. Jeudy de
Grissac) protège encore les fonds par la consolidation du sédiment des "mattes",
ce qui n'est point le cas pour la baie de Giens où l'herbier très dégradé
demeure en voie de régression rapide.
~~_~~~~~Eg~_~~!_E~~l~~~~_E~E_~~~~_~l~!~~~~_~~_~~~~~~~
- Chenau:x des courants sagittau:x, perpendicuLaires au LittoraL
et responsables d'érosions rapides. Depuis plus de treize année (Blanc, 1969),
ils montrent un développement accru récemment confirmé (Maggi, 1973) par la
comparaison des relevés hydrographiques de 1896 à 1969, pour le golfe de Giens
Les ablations concernent principalement les fonds de -3 à -5 m ; elles se
poursuivent jusqu'à -10 m et même -18 m selon les cas, découpant les mattes
de l'herbier à Posidonies, creusant jusqu'à 1 ou 3 ID dans le sédiment et ce,
bien antérieurement aux pollutions et épandages récents. A la Madrague de
Giens, au voisinage de l'îlot de la Redonne, j'ai noté une érosion latérale
de 4 ID pour un "tomb:ant" de 1 'herbier à Posidonies, en dix années.
2 - "CouLoirs" d'érosion paraLLèLes à La courbure du rivage. Ces
chenaux longitudinaux se situent à des profondeurs oscillant entre 4 et 17 m.
Ils peuvent être liés à une isobathe, occlus ou reliés entre eux formant alors
des Ilcouloirs" sinueux à une profondeur constante. Les chenaux longitudinaux
recoupent les chenaux transverses. Une érosion sous-marine accentuée par ce
"quadrillage" amène la dissection rapide des "mattes". En dehors des golfes
de Giens et d'Hyères, ces chenaux s'observent entre les Salins et le Pansard
ils présentent des "tombants" de 4 m, entaillant des "mattes" datées par des
amphores du type III de Dreyssel.
- 157 -
Les sillons longitudinaux paraissent liés - avec un certain décalage,
aux lignes majeures du déferlement par gros temps.
VI - APPLICATIONS A COURT ET MOYEN TERMES.
Elles concernent essentiellement les domaines suivants
1° - Protection du littoral: il a été souligné le rôle essentiel----------------------des vagues obliques à forte cambrure et des courants compensateurs, courants
sagittaux, etc ... ramenant les eaux vers le large. L'alimentation sédimentaire
liée aux transferts (Fos, pointe de la Gracieuse, Giens, etc •.. ) est parfois
insuffisante pour compenser les phénomènes de l'érosion littorale, malgré la
présence d'accumulations temporaires à l'emplacement des nodales.
Il apparaît alors l'importance d'ouvrages frontaux bien étudiés,
modifiant les conditions du déferlement et du retour au large, plutôt que la
réalisation éventuelle d'épis transversaux.
D'autre part, la protection, à tous prix, des Ilmattes" de l'her
bier demeure la meilleure chance de conservation des équilibres littoraux.
2° - ~~Sb~ESb~~_~~_~~~1~~_~~_~~~8E~8~~~ : l'importance manifeste
des gîtes fossiles du Quaternaire récent ne saurait faire sous-estimer les
relations souvent étroites entre les modalités hydrodynamiques, les vagues
obliques, circuits courantologiques, courants compensateurs et les accumula
tions recherchées.
Mais il apparaît que les contraintes sévères d'exploitation et de
protection des fonds et du rivage rendent délicates, sinon impossibles, les
exploitations reconnues en fonction des actuelles possibilités techniques, à
l'exception de quelques sites nécessitant une étude très détaillée et des
essais en vraie grandeur.
30
- ;~!;~~~~~~_~~~_E~!!~~!~!:!~_~~~:i~E~E~E~~E~~_~~_~~~E~~~_!:!~!E~~"ces dernières ont une destination qui demeure liée à la courantologie et la
topographie locales. D'autre part, l'absence de marées notables en ce secteur
peut limiter - ou aggraver les conséquences d'un sinistre.
La "simulation" d'un naufrage de pétrolier au large de Fos ou du
Planier (Marseille) pourrait amener des situations différentes selon la domi-
nance :
- du courant général pollutions dirigées vers le Languedoc ou les
Baléares.
- du contre-courant de la Nerthe pollutions dirigées vers la baie
de Marseille-Nord.
- 158 -
d'un régime de Mistral: pollution généralisée en baie de Marseille
d'un régime de vent d'Est: dépôt vers les plages de la Camargue
et du Languedoc.
Les durées où demeureront possibles les interventions seront courtes
(généralement quelques heures). Les fonds de baies où se développent les cir
cuits décrits (Fos, Marseille, Cassis, La Ciotat, Toulon, Hyères, etc ... ) cons
tituent de véritables impasses.
4° - ~~~~~g~~~~~~_!!~~~E~~~
Les aménagements industriels, portuaires et touristiques (installa
tions de Fos, Lavéra, centrales thermiques, baies de Marseille (Prado) et de
Toulon (Mourillon), ports et agrandissements de La Ciotat, Giens, "marinas"
de Port Cogolin et Port Grimaud, port de Bormes, etc •.. ), doivent être entre
pris à la suite de recherches détaillées aux emplacements des sites prévus
(Océanographie, Sédimentologie, observations aériennes et météorologiques).
Il sera indispensable de prévoir des tempêtes maximales et des
surélévations des plans d'eaux au-delà des situations observées (jetées, brise
lames, protection du littoral). On recherchera à se protéger autant des chocs
frontaux, plus ou moins obliques, que des emprunts et soutirages de matériaux
à la côte sous l'action des courants sagittaux, courant compensateurs. Mais
le problème s'avère plus complexe que pour la simple défense du littoral car
les aménagements empiètent fréquemment sur le domaine marin, ce qui entraîne
des modifications notables, parfois gênantes, dans les mécanismes des houles
(réflexions diffractions) et des courants (cas de Fos; cf. recherches de Roux
et Vernier), Bormes, Santa Lucia, à Ste Maxime). La situation des jetées par
rapport au tracé des isobathes peut fréquemment intervenir vis-à-vis de leur
résistance aux chocs des rouleaux. Les recherches de Lewis, Schou, Clos
Arceduc et Sitarz nous conduisent à considérer attentivement les transferts
et plans de vagues (zones de convergence des houles) avant le choix définitif
dtun site. Il en sera de même pour les phénomènes de résonances, voire de
seiches, se manifestant dans les baies encaissées (Giens, St Aygulf, Fos),
phénomènes souvent bénéfiques (protection du littoral sableux par l'adjonction
de corps sédimentaires aux nodales), ou néfaste, quant au rassemblement des
éléments polluants à ces mêmes nodales (Fréjus, St Aygulf).
Les nouveaux aménagements portuaires, "marinas", etc •.. posent de
sérieux problèmes de pollutions (rejets d'effluents à partir des navires,
égouts, émissaires "profonds", etc ... ). Les effluents, épurés ou non, se
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trouvent repris par le système des courants tourbillonnaires des fonds de baies
(La Ciotat) précédemment décrit. Leur dilution est plus ou moins satisfaisante
et ce "modèle" amène des pollutions aux littoraux. Les rejets aux niveaux des
caps ou des zones accores profondes et rocheuses s'avèrent généralement préfé
rables (cap Sicié, Figuerolles à La Ciotat), avec une dilution rapide au con
tact des eaux de la haute mer, sauf lorsque le débit des effluents atteint des
valeurs trop importantes (grand collecteur de Marseille à Cortiou). Alors, la
contamination devient générale quelles que soient, par ailleurs, les modalités
hydrodynamiques; une épuration très soignée s'avérant ainsi la seule solution
raisonnable (Brahtz, 1972).
Quant aux émissaires llprofonds", ou qualifiés comme tels, il appa
raît que, pour de forts débits, des profondeurs de 70 m (ou davantage) devraient
être envisagées malgré les problèmes techniques que posent de telles installa
tions. De ce fait, les détails topographiques sous-marins (présence souhaitable
de ressauts et de contre-pentes) ont autant d'importance que la présence de
thermoclines. On examinera avec attention les zones de courants compensateurs
et une cartographie préalable des fonds sera nécessaire. Les phénomènes d'up
welling ne devront jamais être entravés, surtout dans le cas de "marinas Il
installées au fond des baies, et, leur action demeure plutôt bénéfique ~ar
l'excellent renouvellement des eaux littorales. Mais il faudra en tenir compte
pour les projets d'implantation d'émissaires profonds où intervient alors un
paramètre majeur qui est la distance à la côte; cette dernière devra être, si
possible, supérieure à 1.500 m afin de se tenir le plus éloigné possible du
circuit des fonds de baies.
Si nous éliminons, à priori, les émissaires directement situés au
rivage, amenant une contamination immédiate par le jeu des vagues obliques et
des transferts, il convient d'éviter en outre les émissaires en eaux peu
profondes à l'exception de quelques cas particuliers en milieux agités et
relativement éloignés des herbiers et littoraux habités.
Les éléments polluants tels qu'hydrocarbures et métaux lourds sont
adsorbés par les argiles des faciès en cours d'envasements rapides (Fos,
Marseille-Nord, Toulon, St Tropez, Fréjus), principalement les montmorillonites
et les édifices interstratifiés (Arnoux et Chamley). Ces accumulations de vase
Si élaborent dans les baies abri tées et les zones "mortes Il des circui ts tour
billonnaires. Dans une certaine mesure, on peut prévoir leur existence et
définir leur extension, à la suite d'études détaillées. De ce fait, dans les
schémas d'aménagement des littoraux, il sera possible de prévoir les zones
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d'envasement et de pollution maxima consécutives à tout projet de rejet et
d'installation industrielle. Ainsi, les études minéralogiques portant sur les
phyllites de la fraction fine (lutites), complètent les renseignements hydrody
namiques et les données de la cartographie des sédiments sous-marins.
La définition des zones de "dumping" et rejets solides non polluants
matériaux de dragages, etc ... devra tenir compte des résultats exposés et
d'une étude granulométrique soignée (et non d'analyses effectuées au hasard),
en plus des contraintes biologiques sévères relatives à la protection des fonds.
Ces pages résument plusieurs années de recherches. Elles ont pour
objet de marquer l'intérêt des travaux d'Océanographie et de Sédimentologie
appliquée aux rivages. Les études doivent porter sur une certaine durée afin
de mieux connaître les divers régimes possibles. Elles apparaissent indispen
sables à tout projet d'aménagement du littoral.
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