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Réchauffement climatique : du constat à l'action ?
Lyon, 12 février 2015
Pascal Maugis
Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement
IPSL, CEA-CNRS-UVSQ
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I
Le Climat, qu'est-ce que c'est ?
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La machine climatique terrestre
Transport de chaleur par l’océan et par l’atmosphère
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plusieurs cycles emboîtés : énergie
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plusieurs cycles emboîtés : carbone
Des flux faibles au regard des stocks. Attention au dégazage !
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plusieurs cycles emboîtés : eau
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plusieurs cycles emboîtés : azote
important pour le cycle végétal et comme gaz à effet de Serre
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II
Le changement climatique est à l’œuvreet l'Homme en est en bonne partie responsable
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Gaz carbonique : CO2
variation ~ + 40%émissions ~ 75% des GESsources : combustibles
fossiles (90%)
Méthane : CH4
variation ~ x 2,5émissions ~ 14% des GESsource : rizières, décharges,
ruminants
Protoxyde d’azote : N2O
variation ~ + 20%émissions ~ 8% des GESsource : engrais, fumier,
énergies fossiles
Les activités humaines modifient la composition de l’atmosphère en gaz à effet de serre
Depuis le début de l’ère industrielle la quantité d’énergie disponible pour « chauffer » les basses couches de l’atmosphère a augmenté de 1% (+2,3 W/m2).
Ce chiffre tient compte de l’augmentation de l’effet de serre (+3 W/m2 ) et de l’effet de refroidissement des aérosols (-0,7 W/m2).
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Anomalie de températurepar rapport à 1961 - 1990
Anomalie de températurepar rapport à 1961 - 1990
Chacune des trois dernières décennies a été successivement plus chaude à la surface de la Terre que toutes les décennies précédentes depuis 1850.
Le réchauffement est sans équivoque et sans précédent
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Chaleur dans l’océan Couverture de neige au printemps
Niveau moyen de la mer Minimum de la banquise en Arctique
De nombreux indicateurs du réchauffement
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Certains des changements observés peuvent déjà être attribués au réchauffement climatique
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Certains des changements observés peuvent déjà être attribués au réchauffement climatique
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Une sensibilité au climat perceptible sur 40 ans
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Peu de tendance sur les crues journalières.
jusqu'à -3 %/10 ans jusqu'à -4 %/10 ans
Etiages été + précoceset + longs
Etiages en aggravation(déficit de volume à l'étiage)
Baisse ressource annuelle(débit total annuel)
Les débits des rivières réagissent au climat des 40 dernières années
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Changement progressif du cycle (nival → pluvial) :– baisse générale de la ressource– baisse du soutien aux débits de fonte : printemps (crue) et été (étiage)– accroissement relatif des crues d'hiver
Une rivière indicatrice au fonctionnement naturel : Le Chéran
Observatoire Savoyard du Changement Climatique, n°10
Parfois une modification du régime des rivières nivales
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Altitude
La population de truite brune baisse dans les rivières de moyenne altitude→ un habitat en recul, lié principalement aux températures de l'eau
Hari et al., Global Change Biology (2006)
1978-2001
Les populations de poissons d'eau fraîche en recul
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Depuis 1960
L'enneigement en baisse
1818
D'abord due, depuis 1830, à la baisse des précipitations neigeusespuis à l'augmentation des températures estivales depuis 1980
Vincent et al., Geophysical Research Letters (2005)
Baisse ressource annuelle(débit total annuel)
Des glaciers qui fondent
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Simulations avec forçages naturels seulement
Simulations avec forçages naturels + anthropiques
Les modèles climatiques montrent l'impossibilité d'expliquer le réchauffement observé depuis 1950 sans contribution des "forçages" humains
Attribution aux activités humaines
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WG
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Il est extrêmement probable que l’influence de l’homme est la cause principale du réchauffement observé depuis le milieu du 20e siècle.
Attribution aux activités humaines
Le réchauffement observé depuis 1950 (2/3 °C) est comparable à ce qui peut être attribué aux activités humaines
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III
Que nous réserve le changement climatiquepour le siècle à venir ?
1. Aléas à l'échelle mondiale
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Scénario émetteur
Scénario sobre
Des risques variés et forts pour des scénarios contrastés
La trajectoire est plutôt celle du scénario émetteur : ~ +5°C Mais scénario sobre volontariste encore jouable
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Elévation des températures mondiales
Plus forte sur les continents et aux pôles : jusqu'à + 11°C
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+ fort loin des pôles ajouter surverse due aux
tempêtes, dépressions, régime de houle
ajouter déstabilisation des calottes polaires : +40cm à + 1m
continuera de monter pendant 1-3 millénaires :Groenland => +7mAntarctique => +7 m
risque de submersion & érosion
Elévation du niveau marin
Des villes (New York) et des pays (Hollande) anticipent déjà leur adaptation à ce risque => resp. +1,5m ; possibilité d'abandon de terres
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Des changements trop rapides pour certains écosystèmes
Vitesse maximale de déplacement des espèces / à celle de la température
+ parasites, maladies,événements extrêmes
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Baisse des rendements agricoles
Fertilisation par le CO2, mais échaudage et stress hydriqueLe Champagne sera produit en Angleterre...
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III
Que nous réserve le changement climatiquepour le siècle à venir ?
2. Aléas à l'échelle de la France
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Evolution des températures en France
2014l'année la plus chaude
jamais enregistrée
période de référencepour le climat contemporain
"Le climat de la France au XXIe siècle, Scénarios régionalisés", G. Ouzeau, M. Déqué, M. Jouini, S. Planton, R. Vautard, M. Vrac, direction Jean Jouzel (2014)
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2014 : une anomalie exceptionnelle pour le climat contemporain
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La France ressentira les effets du CC (température)
Deux modèles climatiques régionaux français pour la fin du siècle
scénario RCP 8.5 augmentation progressive
de T annuelle fin de siècle : +2,5 à +5°C plus fort en altitude
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Vagues de chaleur
scénario RCP 8.5 nb de jours augmente fin de siècle : jusqu'à +20j/an cette tendance se poursuivra
pendant les siècles suivants
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la canicule de 2003 sera un été "normal", voire "frais"
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Moins de pluie l'été
scénario intermédiaire RCP4.5
précipitations estivales (mm/j)
tendances faibles mais mal connues
conséquences sur l'agriculture, feux de forêt, ...
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Risques de feux de forêt (scénario A1B : 2041/2070)
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Un peu plus de pluie l'hiver
scénario intermédiaire RCP4.5
précipitations hivernales (mm/j)
Augmentation des précipitations extrêmes
vents + violents dans la partie nord
conséquences sur les forêts, inondations, ...
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Actuel 2100
sub-alpin(pin des Alpes, aulne, prunier...)
montagnard(érable, hêtre, chêne)
+ collines(sapin blanc épicéa, sureau)
+ plaines(hêtre commun, érable plane, pin sylvestre)
collines(châtaignier, néflier, bourdaine)
ouest-midi(pin maritime., bruyère, chêne des Pyr.)
Méditerranéen(genévrier, pin blanc de Provence, olivier)
Migration végétation vers le Nord et l'altitude
Migration des forêts vers nord et l'altitude / disparition
Seguin, Quaderni (2010)
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Impacts indirects via les maladies et la migration des ravageurs
Maladies végétales et pression parasitaire
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ON
F 20
05
Baisse de productivité forestière
Impacts sur la filière forestière
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au profit d'espèces d'eaux plus chaudes (ex. toxostome) ou d'espèces invasives
Recul global des habitats de la truite fario
présence actuelle modélisé actuel Modélisé 2070
ON
EMA
Impacts sur la faune et la biodiversité aquatiques
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Baisse marquée de l’enneigement en moyenne montagne et sur les Alpes du Sud
baisse précipitations neigeuses + températures en hausse = Recul des glaciers
Equivalent en eau de la hauteur de neige en hiver (cm)
SCAMPEI (2012)
2030, 1800m 2080, 1800m 2080, 2400m
Un enneigement en baisse
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Température de l'eau moyenne France : + 1,6 ° C
Etiages plus sévères(QMNA5)
Crues moins intenses(débit journalier décennal)
Horizon 2055 (période 2040-2070)
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Baiss
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Moins d'eau sur l'année(débit total annuel)
Robu
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Impacts hydrologiques
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Compétition d'usage accrue par augmentation demande eau :▬ Irrigation (dont agrocarburants), bois de « chauffe »▬ loisirs, AEP, espaces verts (dont refroidissement des villes)▬ transferts inter-bassins et transfrontalier
Diversification des rôles des retenues (stockage énergie, sécurisation refroidissement, soutien d'étiage, AEP, loisirs) => arbitrage ? + difficulté à les remplir et à y conserver l'eau (évaporation)
Augmentation température de l'eau => refroidissement et rendement des centrales ?
Modification des débits et régimes hydrologiques =>
▬ capacité de dilution des pollutions (rejets STEP, Teau
, ...)
▬ gestion des eaux pluviales et des crues
Montée du niveau marin => sécurisation des installations et investissements
Quelques impacts quantitatifs du CC à ne pas oublier
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ON
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Augmentation locale de la demande en eau ?
neige artificielle irrigation du fourrage
Avec des besoins maintenus ou accrus en aval ...
CEM
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électrique pour climatisationht
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irrigation cultures refroidissement centrales démographie, rafraîchissement
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Des usages de l'eau en compétition / rééquilibrage
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III
Que nous réserve le changement climatiquepour le siècle à venir ?
3. Encore de grandes incertitudes
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Emballement par dégazage du méthane
Les pergélisols contiennent ~3% de méthane dans la matière organique piégée dans le sol gelé
méthane <=> 20 x CO2
potentiel éq. CO2 +20% à +50% non pris en compte par les modèles risque d'emballement =>
réchauffement rapide, irréversible UNEP, Policy Implications of Warming Permafrost, 2012
Fonte du pergélisol, projection 2100
Les marges océaniques arctiques contiennent des chlathrates emprisonnant du méthane
la disparition de la banquise et le réchauffement de la mer engendre leur libération dans l'eau
=> libération dans l'atmosphère, irréversible
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Autres éléments d'incertitudes majeurs
(Rob
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CIRC
LE-2
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0)
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Autres éléments d'incertitudes majeurs
Incertitudes sur le climat lui-même par rétroaction forte et incontrôlée sur le CC
aggravation naturelle - émission de méthane par le pergélisol et les chlathrates- déstabilitsation de la forêt amazonienne- arrêt de la circulation thermohaline aggravation anthropique
- effets indirects de l'adaptation des activités humaines au CC- déforestation massive- scénarios démographiques et d'atténuation
Incertitudes sur les impacts par aggravation naturelle
- désagrégation accélérée des calottes antarctiques et groenlandaise par aggravation anthropique
- déforestation massive, guerres, épidémies, désertification- accaparement des terres
Evénements imprévisibles Eruptions volcaniques, tsunamis, tempêtes accrues, autres ?
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IV
Action face aux émissions de gaz à effet de serre :
1. l'atténuation
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La part des gaz à effet de serre dans le forçage radiatif
1er = GES
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Les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES)
prépondérance du CO2 (dont déforestation), puis méthane, ...> +2% / an
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Les usages émetteurs de GES (émissions directes + cycle de vie)
tous gaz confondus
Ne pas oublier les émissions naturelles (eau, aérosols, éruptions)
dont déforestation
dont ciment
dont chauffage
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Les différentes sources d'énergie
Tous les usages consommateurs d'énergie induisent indirectement des émissions de GES
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1997 (COP3), Kyoto : Protocole : 2008-2012, 2013-2020
2009 (COP15), Copenhague : semi échec mais objectif 2°C
2015 (COP 21), Paris : accord pour l’après 2020 (et d’ici 2020)
Convention cadre des Nations-Unies sur le changement climatique (CCNUCC) : 1992
Article 2 « stabiliser les concentrations des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation dangereuse du système climatique ».
Il conviendra d’atteindre ce niveau dans un délai convenable pour que :
- les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux changements,
- la production alimentaire ne soit pas menacée
- le développement économique puisse se poursuivre d’une manière durable
Engagements internationaux
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Global fossil fuel and cement emissions: 9.7 ± 0.5 GtC in 2012, 58% over 1990 Projection for 2013 : 9.9 ± 0.5 GtC, 61% over 1990
With leap year adjustment: 2012 growth rate is 1.9% and 2013 is 2.4%Source: Le Quéré et al 2013; CDIAC Data; Global Carbon Project 2013
dans un contexte d'émissions maintenues et croissantes
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La température au moment de la stabilisation (long terme) est ~ proportionnelle à la quantité cumulée des émissions de CO2. Objectif de 2°C => n'utiliser que 20% des réserves (270)
Il faut diminuer nos émissions de gaz à effet de serre entre – 40 et – 70% entre 2050 et 2010 ; continuer ensuite
C’est techniquement et économiquement possible mais il y a urgence. Action tardive => effort + long et + coûteux, CC + intense et + long
GtC
et des réserves considérables de combustible fossile
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Chine : 27%
Etats-Unis : 14 %
Europe :10%
Inde : 6 %
Paris Climat 2015
Accord pour l’après 2020 engageant tous les pays Importance de l’accord Chine-US + Europe Mais il faut aussi agir d’ici 2020
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IV
Action face aux forçages climatiques délétères d'origine anthropique :
2. la géo-ingénierie ?(ou l'apprenti-sorcier)
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Deux familles et une grande imagination
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des "solutions" encore très virtuelles
réduirait effectivement le CO2 ou le rayonnement net ?
– preuve souvent absente, parfois science-fiction
– parfois, pas de preuve avant implémentation mondiale effective sûre ?
– nombreux couplages naturels mal compris
– risque d'effets colatéraux délétère ou même opposé
– risque de réaction en chaîne imprévisible et incontrôlable
– risque d'initiatives nationales ou régionales contradictoires
quel pilotage international ? efficace ?
– requiert souvent de larges quantités de matériaux ou d'énergie
– qui finance l'effort d'acteurs particuliers pour un effet collectif ?
– risque de rattrapage climatique si on interrompt l'action
Principe de précaution => bien réfléchir avant !
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Un encadrement nécessaire dès la recherche-même
Principes d'Oxford 2009 réglementation de la géo-ingénierie comme un bien public participation du public dans les processus de décision divulgation et publication ouverte des résultats de la recherche évaluation indépendante des impacts de la recherche gouvernance avant déploiement
En outre, la recherche sur la géo-ingénierie expose aux risques : politiques ("on trouvera une solution ; pas la peine d'agir maintenant") scientifique de mauvaise maîtrise (le spécimen échappe à son créateur) sociotechnique à développer des filières jugées dangereuses ou
déraisonnablesAtelier de Réflexion Prospective REAGIR, ANR (2014)
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IV
Action face aux impacts possibles du changement climatique :
3. l'adaptation
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Merci de votre attention
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Annexe
Eléments complémentaires
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MIES (Mission Interministérielle sur l’Effet de Serre)
Objectif Facteur 4 (19 février 2003, Raffarin)
Débat sur l’Energie : Loi sur l’Energie 2005
MPES (Mission Parlementaire sur l’Effet de Serre)
Initiative OME (Chirac début 2007)
Grenelle de l’Environnement (Energie/ Climat)
PNACC (Adaptation) ; Mission « scénarios 21e siècle »
DNTE (Débat National sur la Transition Energétique)
Rapports du CESE (transition, adaptation)
Projet de loi transition : avis et auditions AN et Sénat
Comité de Pilotage « Paris Climat 2015 »
Du côté de la Recherche (SNRI, HCST puis CST)
Sans oublier l’IDDRI, entreprises, FNH, Nouvelle Donne, ….
La politique de la France vis à vis du risque climatique
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Scénario
émett
eur
Scénario émetteur : + 8 à 10 °C in 200 years
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70
71
72
73
Anomalies de température moyenne annuelle entre 1900 et 2013 à l’échelle de la France métropolitaine