RBH23 n°1

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Ce journal, gratuit, bimestriel, francophone, distribué aussi bien en Suisse qu‘en Belgique et en France, va donc parler du chanvre, du cannabis sativa L., dans toutes ses formes d‘utili- sation, de son intérêt industriel, textile, de ses qualités nourriciè- res, dépolluantes, du potentiel de sa biomasse, de son usage thérapeutique, mais aussi évo- quer sa réalité relaxante, large- ment en usage en dépit des lois en vigueur. Depuis le militantis- me enthousiaste de Jack Herer la réhabilitation du chanvre suit tranquillement son chemin, la nature nous ayant doté d‘une plante aux innombrables usa- ges, largement exploités un peu partout dans le monde depuis des millénaires. Mais le chanvre qui palliait si bien aux besoins humains ne convenait pas aux avancées de la pétrochimie in- dustrielle. C‘est pour faciliter l‘essor des bres synthétiques in- ventées par Dupont de Nemours (le Nylon) tout en favorisant les producteurs de coton et ceux de pâte à papier que le cannabis a été interdit pour la première fois aux USA. Bien qu‘en 1941, à la faveur d‘une campagne « Hemp for Victory » pour soutenir l ‘eort de guerre, les USA relégalisèrent, provisoirement, le cannabis. En France son usage textile cessa pratiquement avec l‘utilisation du coton, exporté par les USA, et plus facilement transformable. Vieille plante ancestrale, il a fallu attendre les besoins nouveaux dus aux crises pour en retrouver les vertus simples. C‘est une plan- te qui pousse facilement, néces- site peu d‘eau, et les procédés de transformation actuels sont net- tement plus commodes. Par contre, les conventions internationales qui régissent les substances psychotropes ont ni par l‘englober dans leurs in- terdictions au même titre que d‘autres substances terriblement plus néfastes, tandis que d‘autres plus nocives sont licites et sans «intérêt pharmacologique ». Cette prohibition a sans aucun doute renforcé l‘usage annexe, permettant à des tracs sociale- ment perturbateurs de s‘établir sans vergogne, et interdisant toute information sérieuse et re- cevable. La Gazette du Chanvre ne peut pas changer les lois exis- tantes, mais peut-être ouvrir des pistes de réexions et d‘actions pour l‘évolution des mentalités. Ce journal ne fera pas l‘apologie de la décroissance et n‘incitera pas au retour à un mode de vie archaïque. La Gazette du Chan- vre souhaite surtout contribuer, à sa modeste place, au retour du naturel raisonnable, respectueux d‘un mode de vie soutenable, de la biodiversité, du loisir et de la détente modérée et tranquille, au soulagement correct et inof- fensif des douleurs causées par diverses pathologies. Vaste en- treprise que les perturbations mondiales de tous ordres en- couragent nalement… L‘équipe de [RBH] - La Ga- zette du Chanvre souhaite que ce journal, en informant des nombreuses propriétés et de la variété d‘utilisation de cette plante réveille l‘intérêt qu‘on doit lui porter en dépit de plusieurs décennies de diabolisation fal- lacieuse. Pour nous contacter : [email protected] La Gazette du Chanvre une première! Par FARId D ébut mai, la Marche Mondiale du Cannabis a rassemblé plusieurs centaines de milliers de mani- festants dans le monde, dont quelques milliers dans plu- sieurs endroits en France. Pour la première fois une quinzaine d‘organisations nationales ont soutenu un appel commun à manifester : Act up, AFR, AIDES, ASUD, Cannabis Sans Frontières, Cercle Anonyme de Cohésion, CIRC, ENCOD, Europe écologie – Les Verts,  Jeunes Écologistes, Ligue des Droits de l’Homme, Mouve- ment des Jeunes Socialistes, Mouvement des Libéraux de Gauche, Principes Actifs, Technoplus... Cete année éga- lement, un plus grand nombre de villes se sont mobilisées : Paris, bien sûr, mais aussi Lyon, Marseille, Toulouse, Nantes, Strasbourg, Cognac et même Aurillac. Sans oublier la Guadeloupe et la Réunion ! Des nombreuses impres- sions recueillies à l‘issue des manifestations programmées en France, il ressort pour beau- coup que «ça fait du bien», «ça libère», «ça met la patate»... Non pas seulement à pro- pos de la consommation de la plante de cannabis dont ils défendaient les vertus et pro- priétés, mais simplement le fait de se retrouver ensemble dans la rue pour manifester et démontrer qu‘une autre politi- que des drogues est possible. Autre constat qui renforce le  bilan globalement positif des organisateurs de la journée du 7 mai : l‘absence ou la presque parfaite discrétion des forces de l‘ordre. Et le soleil radieux (pouvant faire espérer parfois une foule plus importante) a sans doute contribué au sen- timent de liberté qui se déga- geait des rassemblements. A Paris, pour la première fois o ciellement, les partici- pants ont véritablement mar- ché de la Place de la Bastille à l‘esplanade de la bataille Stalingrad. Certains se rappel- leront qu‘en 2002, la manifes- tation interdite par le Préfet avait tout de même pris la for- me d‘un cortège autonome de 200 personnes -en majorité des  jeunes- de la Bastille à La Mu- tualité. Avec un stand mobile de Techno+ en tête de cortège, cete année c‘est le RBH sound system qui a ambiancé le par- cours, où badauds et passants légèrement étonnés a chaient une mine plutôt favorable. En eff et, un petit millier de mani- festants demandant la n de la prohibition, c‘est nalement sympathique, tout en étant historique ! Les organisations qui ap- pelaient à manifester portaient les principales revendications citoyennes an de contribuer à l‘émergence du débat dans le cadre des échéances électo- rales à venir : La réforme de la politique française en ma- tière de cannabis et l‘ouverture d‘un débat public sur la loi du 31 décembre 1970. Une régu- lation de la production, de la distribution et de la consom- mation de cannabis protégeant aussi bien le consommateur que l‘ensemble de la société. La dépénalisation de la consom- mation, de la possession et de l’autoproduction pour l‘usage personnel. Une prévention pragmatique et ciblée en direc- tion des mineurs et des usagers problématiques. Une infor- mation cohérente et objective sur les eff ets et les pratiques de consommation réduisant les risques. La possibilité pour les usagers de se regrouper et d‘organiser des lières courtes de production, de distribution, ainsi qu‘un usage social possi-  ble dans des lieux adéquats. La prescription de cannabis dans un cadre thérapeutique. A New York, le mot d‘or- dre « Libérez Dana Beal – Li-  bérons nous » résumait bien les intentions des manifes- tants, en signe de solidarité avec l‘un des fondateurs qui croupit actuellement en prison aux Etats Unis. Comme le re- lève le communiqué d‘une des organisations membre du col- lectif ad‘hoc des événements en France, à l‘issue de cete manifestation internationale : « Réveillons-nous, il devient urgent de sortir de la « Narko- zy », un état dans lequel la peur concurrence la résigna- tion ou la passivité, contri-  buant à l‘endormissement des masses. Si les conséquences de la prohibition sont aussi gra- ves aujourd‘hui, c‘est qu‘une forme de ”laxisme“, prime au laisser-faire coupable, a laminé les forces démocratiques sur ce sujet, en s‘abritant derrière une posture morale et pseudo-hy- giéniste d‘un autre temps. » Pour conclure, il faut re- connaître aussi que pour la première fois les médias n‘ont pas ignoré la manifestation, avec environ 75 reprises des deux dépêches AFP pour si- gnaler et rendre compte de la manifestation, l‘excellent article de Michel Henry dans Libération le jour même « à l‘heure hasch », des sujets ra- dios (BFM, RFI, France Info, …) et TV (France3), deux articles dans Drogues News le blog de référence d‘Arnaud Aubron. En dépit de leur absence dans le cortège, le député maire du 18ème arrondissement pari- sien Daniel Vaillant et le maire de Sevran Stéphane Gatignon qui s‘était néanmoins fait re- présenté auront largement été cités dans les commentaires. Après cet essai réussi, il reste au mouvement antiprohibi- tionniste français à transfor- mer réellement ses intentions, et notamment le samedi 18 juin pour la célébration du 35ème « Appel du 18 Joint ». Marche Mondiale du Cannabis 2011 en France Une autre politique des drogues est possible ! Déjà en 2002, la Marche Mondiale du Cannabis passe devant l‘Hotel de Ville malgré l‘interdiction. Rendez-vous le 12 mai 2012 - Foto: FARId / CSF Conversation avec un modeste cultivateur PAGE6 portrait NUMERO 1! Vous avez entre les mains le premier numéro du journal gratuit et légal [RBH] La Gazette du Chanvre. 1 - JUILLET 2011 PAGE9 PAGE4 PAGE3 Les ressources du chanvre peuvent contribuer au développement d‘une société écologique. Sortir du nucléaire avec le chanvre DOSSIER: Prisonniers politiques Probibition. Stop! Partout dans le monde, ils symbolisent la répression bête et méchante. N‘est-il pas temps d‘envisager la régu- lation publique et un avenir apaisé en France ? 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Ce journal, gratuit, bimestriel,rancophone, distribué aussibien en Suisse qu‘en Belgiqueet en France, va donc parler duchanvre, du cannabis sativa L.,dans toutes ses ormes d‘utili-sation, de son intérêt industriel,textile, de ses qualités nourriciè-res, dépolluantes, du potentielde sa biomasse, de son usagethérapeutique, mais aussi évo-quer sa réalité relaxante, large-ment en usage en dépit des loisen vigueur. Depuis le militantis-me enthousiaste de Jack Hererla réhabilitation du chanvre suittranquillement son chemin, la

nature nous ayant doté d‘uneplante aux innombrables usa-ges, largement exploités un peupartout dans le monde depuisdes millénaires. Mais le chanvrequi palliait si bien aux besoinshumains ne convenait pas auxavancées de la pétrochimie in-dustrielle. C‘est pour aciliterl‘essor des fbres synthétiques in-ventées par Dupont de Nemours(le Nylon) tout en avorisant lesproducteurs de coton et ceux depâte à papier que le cannabis aété interdit pour la première oisaux USA. Bien qu‘en 1941, à laaveur d‘une campagne « Hempor Victory » pour soutenir l‘eortde guerre, les USA relégalisèrent,provisoirement, le cannabis. EnFrance son usage textile cessa

pratiquement avec l‘utilisationdu coton, exporté par les USA, etplus acilement transormable.Vieille plante ancestrale, il a alluattendre les besoins nouveauxdus aux crises pour en retrouverles vertus simples. C‘est une plan-te qui pousse acilement, néces-site peu d‘eau, et les procédés detransormation actuels sont net-tement plus commodes.

Par contre, les conventionsinternationales qui régissent lessubstances psychotropes ontfni par l‘englober dans leurs in-terdictions au même titre qued‘autres substances terriblementplus néastes, tandis que d‘autresplus nocives sont licites et sans«intérêt pharmacologique ».

Cette prohibition a sans aucundoute renorcé l‘usage annexe,permettant à des trafcs sociale-ment perturbateurs de s‘établirsans vergogne, et interdisanttoute inormation sérieuse et re-cevable.

La Gazette du Chanvre ne

peut pas changer les lois exis-tantes, mais peut-être ouvrir despistes de réexions et d‘actionspour l‘évolution des mentalités.Ce journal ne era pas l‘apologiede la décroissance et n‘inciterapas au retour à un mode de viearchaïque. La Gazette du Chan-vre souhaite surtout contribuer,à sa modeste place, au retour dunaturel raisonnable, respectueuxd‘un mode de vie soutenable, dela biodiversité, du loisir et de ladétente modérée et tranquille,au soulagement correct et ino-ensi des douleurs causées pardiverses pathologies. Vaste en-treprise que les perturbationsmondiales de tous ordres en-couragent fnalement…

L‘équipe de [RBH]23 - La Ga-zette du Chanvre souhaite quece journal, en inormant desnombreuses propriétés et dela variété d‘utilisation de cetteplante réveille l‘intérêt qu‘on doitlui porter en dépit de plusieursdécennies de diabolisation al-lacieuse.

Pour nous contacter :[email protected]

La Gazette du Chanvre

une première!

Par FARId 

Début mai, la MarcheMondiale du Cannabisa rassemblé plusieurs

centaines de milliers de mani-festants dans le monde, dontquelques milliers dans plu-sieurs endroits en France. Pourla première fois une quinzained‘organisations nationales ontsoutenu un appel communà manifester : Act up, AFR,

AIDES, ASUD, Cannabis SansFrontières, Cercle Anonymede Cohésion, CIRC, ENCOD,Europe écologie – Les Verts,  Jeunes Écologistes, Ligue desDroits de l’Homme, Mouve-ment des Jeunes Socialistes,Mouvement des Libérauxde Gauche, Principes Actifs,Technoplus... Cete année éga-lement, un plus grand nombrede villes se sont mobilisées :Paris, bien sûr, mais aussiLyon, Marseille, Toulouse,Nantes, Strasbourg, Cognac etmême Aurillac. Sans oublier laGuadeloupe et la Réunion !

Des nombreuses impres-sions recueillies à l‘issue desmanifestations programmées

en France, il ressort pour beau-coup que «ça fait du bien», «çalibère», «ça met la patate»...Non pas seulement à pro-pos de la consommation dela plante de cannabis dont ilsdéfendaient les vertus et pro-priétés, mais simplement lefait de se retrouver ensembledans la rue pour manifester et

démontrer qu‘une autre politi-que des drogues est possible.Autre constat qui renforce le  bilan globalement positif desorganisateurs de la journée du7 mai : l‘absence ou la presqueparfaite discrétion des forcesde l‘ordre. Et le soleil radieux(pouvant faire espérer parfoisune foule plus importante) asans doute contribué au sen-timent de liberté qui se déga-geait des rassemblements.

A Paris, pour la premièrefois officiellement, les partici-pants ont véritablement mar-ché de la Place de la Bastilleà l‘esplanade de la batailleStalingrad. Certains se rappel-leront qu‘en 2002, la manifes-tation interdite par le Préfetavait tout de même pris la for-me d‘un cortège autonome de200 personnes -en majorité des jeunes- de la Bastille à La Mu-tualité. Avec un stand mobilede Techno+ en tête de cortège,cete année c‘est le RBH soundsystem qui a ambiancé le par-cours, où badauds et passantslégèrement étonnés affichaientune mine plutôt favorable. Eneffet, un petit millier de mani-

festants demandant lafi

n de laprohibition, c‘est finalementsympathique, tout en étanthistorique !

Les organisations qui ap-pelaient à manifester portaientles principales revendicationscitoyennes afin de contribuerà l‘émergence du débat dansle cadre des échéances électo-

rales à venir : La réforme dela politique française en ma-tière de cannabis et l‘ouvertured‘un débat public sur la loi du31 décembre 1970. Une régu-lation de la production, de ladistribution et de la consom-mation de cannabis protégeantaussi bien le consommateurque l‘ensemble de la société. Ladépénalisation de la consom-mation, de la possession et del’autoproduction pour l‘usage

personnel. Une préventionpragmatique et ciblée en direc-tion des mineurs et des usagersproblématiques. Une infor-mation cohérente et objectivesur les effets et les pratiquesde consommation réduisantles risques. La possibilité pourles usagers de se regrouper etd‘organiser des filières courtesde production, de distribution,ainsi qu‘un usage social possi- ble dans des lieux adéquats. Laprescription de cannabis dansun cadre thérapeutique.

A New York, le mot d‘or-dre « Libérez Dana Beal – Li-  bérons nous » résumait bienles intentions des manifes-tants, en signe de solidarité

avec l‘un des fondateurs quicroupit actuellement en prisonaux Etats Unis. Comme le re-lève le communiqué d‘une desorganisations membre du col-lectif ad‘hoc des événementsen France, à l‘issue de cetemanifestation internationale :« Réveillons-nous, il devienturgent de sortir de la « Narko-

zy », un état dans lequel lapeur concurrence la résigna-tion ou la passivité, contri- buant à l‘endormissement desmasses. Si les conséquences dela prohibition sont aussi gra-ves aujourd‘hui, c‘est qu‘uneforme de ”laxisme“, prime aulaisser-faire coupable, a laminéles forces démocratiques sur cesujet, en s‘abritant derrière uneposture morale et pseudo-hy-giéniste d‘un autre temps. »

Pour conclure, il faut re-connaître aussi que pour lapremière fois les médias n‘ontpas ignoré la manifestation,avec environ 75 reprises desdeux dépêches AFP pour si-gnaler et rendre compte dela manifestation, l‘excellentarticle de Michel Henry dansLibération le jour même « àl‘heure hasch », des sujets ra-dios (BFM, RFI, France Info, …)et TV (France3), deux articlesdans Drogues News le blog deréférence d‘Arnaud Aubron.En dépit de leur absence dansle cortège, le député maire du18ème arrondissement pari-sien Daniel Vaillant et le mairede Sevran Stéphane Gatignon

qui s‘était néanmoins fait re-présenté auront largement étécités dans les commentaires.Après cet essai réussi, il resteau mouvement antiprohibi-tionniste français à transfor-mer réellement ses intentions,et notamment le samedi 18 juinpour la célébration du 35ème« Appel du 18 Joint ».

Marche Mondialedu Cannabis 2011en FranceUne autre politique desdrogues est possible ! 

Déjà en 00, la Marche Mondiale du Cannabis passe devant l‘Hotel de Ville malgré l‘interdiction. Rendez-vous le 1 mai 01 - Foto: FARId / CSF

Conversationavec un modeste cultivateur

PAGE6portrait

NUMERO 1! Vous avez entre les mains le premier numéro du journal 

gratuit et légal [RBH]23 – La Gazette du Chanvre.

№1 - JUILLET 2011

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Les ressources du chanvre peuventcontribuer au développement d‘unesociété écologique.

Sortir du nucléaireavec le chanvre

DOSSIER:Prisonniers politiques

Probibition. Stop!

Partout dans le monde, ils symbolisentla répression bête et méchante.

N‘est-il pas temps d‘envisager la régu-lation publique et un avenir apaisé enFrance ?

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3№1 Juillet 011 POLITIQUE 

Par M.Knodt 

Traduction: André Fürst 

Bien que Jack Herer aitmis en évidence depuis1985 avec la publica-

tion de son livre The Emperor

Wears No Clothes les capaci-tés biomasse du chanvre, cetepropriété exceptionnelle n‘aguère été évoquée ces derniè-res années bien que les urgen-ces relatives aux changementsclimatiques soient à l‘ordre du jour partout.

Pourtant, c‘est à partir desannées 90, après la traductiondu livre en allemand et enfrançais, que la production dechanvre a retrouvé un certaindéveloppement. Mais alorsque l‘utilisation de sa fi bre sus-cite un intérêt croissant pourla construction ou le textile,ses capacités bioénergétiques(comburants/huile végétalepure) sont encore méconnues,

même si la transformation estneutre en CO2.Une telle utilisation de-

manderait de grandes surfacesde culture, comme avec le colzaou le maïs. Cela pourrait créerune concurrence avec d‘autresproduits alimentaires, et enaugmenter leur prix. Les vas-tes monocultures à vocation

 biomasse dans les pays émer-gents ont des conséquences ca-tastrophiques sur l‘environne-ment vital des populations. Lechanvre est pourtant différent.Son principal avantage estqu‘il fournit plus de biomasse

que les autres plantes utiles.D‘autre part, il n‘est pas utiliséactuellement dans la nourritu-re animale, comme le maïs oule colza et ne rentrerait doncpas en concurrence avec eux.Enfin, c‘est la seule plante dontla culture ne nécessite ni pes-ticide, ni insecticide, ni intrans(engrais pétrochimiques).

L‘un des enjeux, c‘estd‘éviter la monoculture qui estsur la plan écologique dévas-tatrice. Cependant, en Europe,les terres en jachère ne man-quent pas, tout comme les solsà dépolluer. Ce qui manqueaujourd‘hui, c‘est principale-ment de la motivation pourdévelopper cete alternative

et un véritable engagementfi

-nancier consacré à la rechercheet aux innovations techniquesappliquées. Les expériencesde l‘Institut agricole Leibnizà Potsdam prouvent que lechanvre est bien supérieurau maïs ou au colza pour laproduction de méthane. A ceniveau, seul le topinambour

aurait de meilleurs propriétés.Mais les recherches stagnentdepuis des années.

Il va sans dire que Canna- bis sativa L ne peut porter seulune réorientation de la politi-que énergétique. Néanmoins,

en dépit de sa stigmatisationqui empêche de reconnaîtresa véritable utilité et tous les bénéfices qui découleraient decete politique chanvrière, ceserait un véritable atout pourapporter des solutions concrè-tes dans ce que certains appel-lent le «New Green Deal». Saufque l‘infrastructure, les semen-ces adéquates et les entreprisesde transformation, sont encoretrop rares, à cause des inter-dictions décrétées depuis plusd‘un demi siècle, assurantainsi la croissance sans limitedu complexe pétrochimique etpharmaceutique. Et c‘est pourça que les subventions agrico-les européennes pourraient,

pour une petite part, judicieu-sement servir...En France, les partis poli-

tiques se metent tous à prônerle développement d‘énergiesrenouvelables, tout en voulantprolonger la durée de vie desréacteurs atomiques ce quiaugmente potentiellement lesrisques d‘accidents nucléaires.

Tous les pouvoirs successifsont estimé et maintiennentl‘idée que le parc électro-nu-cléaire assurerait l‘indépen-dance énergétique de la Fran-ce. Une aberration quand onconnait la réalité de l‘exploita-

tion du minerai d‘uranium.Mais comme le potentiel

 bioénergétique du chanvre estpratiquement inexistant, tantdans les discours politiquesque dans la culture des pay-sans et des entrepreneurs, oncontinue d‘ignorer son extra-ordinaire biomasse qui pour-rait se révéler particulièrementefficace et utile sur le planénergétique.

C‘est pourquoi, le nou-veau mot d‘ordre de revendi-cation pour la promotion desénergies renouvelables, pourla sauvegarde de l‘environne-ment et la protection des géné-rations futures , devrait être :«Pas New Green Deal possible

sans le chanvre»Sources:

L‘empereur est nu, éditions du Lézard

Helermann, M., Plöchl, M.,

Leibniz-institut ûr Agrartechnik 

Bornim e V., Potsdam.

Biogas aus Panzen - Ergebnisse

von Gärversuchen (biogaz de plante

- résultats d‘essais de ermentation)

Sortir du nucléaire

avec le chanvreLe cannabis sativa L pourraitaider à lutter contre le réchau-ement climatique, sans les ris-ques liés à l‘industrie nucléaire,grâce à ses potentialités éner-gétiques. Mais veut-on sortirde l‘ener nucléaire et entreraux paradis chanvriers ?

Par F.G.

La Marche Mondiale pourla légalisation du Canna- bis est née aux Etats-Unis

il y a plusieurs décennie. En1998, à New York, en margedes réunions officielles del‘ONU, Dana Beal de CuresNot Wars décide de s‘allieravec d‘autres organisationsinternationales de terrain pourcoordonner une journée mon-diale de mobilisation donnantplus d‘ampleur à leurs reven-dications communes contre laprohibition du cannabis.

 En 1999,

une délégation françaiseétait présente à Londres, dansune manifestation impression-nante qui rassembla près de20 000 personnes. Le mouve-ment était lancé. Programméeen France en 2000, cete ma-

nifestation n‘afi

nalement pus‘organiser qu‘en 2001, dansquelques villes françaises quise joignirent aux centainesd‘événements se produisantsur tous les continents, géné-ralement le premier samedi dumois de Mai, chaque année.

 À Paris,la Marche Mondiale du

Cannabis se tient à la Bastilledepuis 2001. « Tolérée » (ni in-terdite ni autorisée) de 2001 à2004, interdite en 2002 au motifqu‘elle se tenait à la veille dusecond tour de l‘élection pré-sidentielle. Cete année-là, unemarche totalement improviséeest partie de Bastille jusqu‘à laMutualité où se réunissait les

principales organisations dela gauche républicaine alorsque dehors des centaines de

  jeunes scandaient « LibéronsMarie Jeanne, enfermons JeanMarie ». Pour l‘édition 2005, leCAHO-MMC au terme d‘unenégociation difficile réussissaità obtenir de la Préfecture dePolice, pour la toute premièrefois en France, une autorisationen bonne et due forme pourl’organisation légale d’une« manifestation en faveur de lalégalisation du cannabis » surl‘espace public.

En 006,comme en 2007, 2008,

2009, 2010, la Préfecture a pré-féré reprendre son leitmotiv« la manifestation légalementdéclarée n‘est pas interdite,mais elle n‘est pas autorisée »,et toujours metre fermementen garde au cas d‘ « incitationsou provocations à l‘usage enpublic ».

Pourquoi? Quels sont les mots d‘ordre? Les mots d‘ordre au niveau interna-tional sont:

Pour un changement de poli-tiquePour la fn des mensonges répan-dus sur le cannabisPour l’usage du cannabis à desfns thérapeutiquesPour la libération de tous les pri-sonniers politiques, connus ou in-connus, détenus pour des aairesliées au cannabisPour l’autoproduction de plantsde cannabis à usage personnel.

Certains pays, dont plu-sieurs états des U.S.A., etd‘autres en Europe comme lePortugal, l‘Allemagne, la Belgi-

que, l‘Espagne, la RépubliqueTchèque, voire la Suisse, l‘Ita-lie même et d‘autres, parais-

sent réfléchir plus ou moinslentement et sérieusementaux conséquences de cetevertueuse prohibition. Ceteannée, la Marche Mondiale duCannabis était organisé par uncollectif d‘une quinzaine d‘as-sociations et partis politiques,et dans une dizaine de villesen France. Toutes les organi-sations signataires convergentpour formuler des mots d‘or-dre relayant les revendicationscitoyennes, dans une annéepré-électorale :

Dépénalisation.  Auto production.Cannabis thérapeutique.Une autre politique desdrogues est possible.

Petite histoire rançaise de la

Marche Mondiale du Cannabis

MMC Paris 011 - Photos: Damien Rousseau © 011

Centrale nucléaire Isar - Photos: Franzoto cc-by-sa .0

Paris MMC 00 - Photo: ND/CSF

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comité de rédactionOlive Bourriquet, André Fürst,Sebastien Naar, Bruno Valkeneers,Ananda S., Michel Sitbon

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4 №1 Juillet 011DOSSIER

Par F.G.

Un silence médiatiquequasi universel s’estappliqué à la troisième

grève de la faim consécutivede Bernard Rappaz en 2010,en dépit de sa durée excep-tionnelle (120 jours) et bienqu’elle ait légèrement agitél’opinion publique suisse pen-dant de nombreux mois. Unphénomène semblable frappe  beaucoup d’autres militantsdans le monde. Dans des paysaussi différents de la Suisseque les États-Unis ou l‘Indo-nésie, les autres cas de prison-niers politiques de la guerreaux drogues sont nombreux.Dana Beal, Marc Émery, Ber-nard Rappaz, et une multituded‘autres cas, tous sont claire-ment victimes de persécutionspour leurs idées.

Car il s‘agit bien d‘em-

prisonnement politique. Leurtraitement ne relève pas exac-tement du droit commun.Bien qu‘actuellement, en cestemps post démocratiques,en France comme ailleurs, onait tendance à confondre. Il ya bien une différence entre lacritique d‘une politique étati-que, et une infraction de droitcommun portant ateinte à desintérêts privés. Fût-ce dans un but politique.

Bien malheureusement,cete confusion s‘installe fa-cilement dans l‘esprit descitoyens peu au fait des prin-cipes législatifs. Quoi qu‘il ensoit, tous auront été condam-nés au terme de procédures  judiciaires très éloignées de

l‘idée de justice sereine. Com-me l‘écrivait La Fontaine danssa fable Les animaux maladesde la peste: « Selon que vousserez puissant ou misérable,les jugements de cour vousrendront blanc ou noir ».

De la Suisse...A la veille de Noël, au

120ème jour, Bernard Rappaza mis un terme à sa grève dela faim. Il aura été jusqu’au  bout des recours judiciairespossibles, et se sera rendu àl’injonction de se réalimenterformulée par la Cour Europé-enne des Droits de l’Homme,« en l’atente » de l’avis qu’ellepourrait rendre d’ici quelquesannées.

Puisqu’aucune autoritéconstituée ne semblait capab-le d’exprimer la moindre clé-mence à son égard en dépitde l’injustice manifeste dont ilest l’objet, et persuadé que lesautorités suisses étaient biencapables de le laisser mourirainsi qu’elles l’avaient annon-cé, Bernard Rappaz a cessé son  jeûne pour ne plus metre enrisque sa vie inutilement. Unchoix raisonnable, conformeau sens d’une protestationpar le moyen de la grève de lafaim, qui n’est pas dirigé con-tre soi, mais bien contre les au-torités lorsqu’elles dépassentles bornes de l’admissible.

L‘action engagée par Ber-

nard Rappaz n’at

irait pas seu-lement l’atention sur son casparticulier, mais sur la chasseaux sorcières dont peuventêtre victimes les partisansde réformes des législationsaberrantes qui régissent lesdrogues. En Suisse même, denombreux militants engagésdans le mouvement de ré-

forme, très vivace ces derni-ères années, ont subi à diversdegrés le même acharnementdont a été victime BernardRappaz. À tel point qu’il n’estpas exagéré de dire que cemouvement aspirant à desréformes nécessaires est qua-siment passé dans la clandes-tinité. Une explication aux dif-ficultés à se mobiliser pour ladéfense de Rappaz, qui auraparadoxalement trouvé leplus gros de ses défenseurs àl’étranger.

Dans le monde entier,l’exceptionnelle mobilisati-on de consciences dans undésert médiatique tout aussiremarquable, a rassemblé despersonnalités extrêmementdiverses, en Amérique latinecomme aux États-Unis et enEurope, particulièrement enFrance, où l’on a enregistré,parmi de nombreux autres

signataires de l’appel lancépar Jean Ziegler, les soutiensde Daniel Cohn Bendit, JoséBové, Mgr Gaillot, StéphaneHessel, Danièle Miterrand.

De l‘Indonésie...Bien avant la surmédia-

tisation de Florence Cassez,tout le monde aura parlé del‘affaire Michaël Blanc, jeunefrançais qui risquait la peinela peine de mort, et finalementcondamné à la prison à viepour trafic en Indonésie. En2009, au bout de dix annéesd‘incarcération il a obtenu uneremise de peine pour «bonneconduite». La condamnationdu cuisinier de 35 ans a ainsiété réduite à 20 ans par le pré-

sident indonésien Susilo Bam-  bang Yudhoyono. La vie deMichaël Blanc a basculé le 26décembre 1999 lorsqu‘il a étéarrêté à l‘aéroport de Bali avec3,8 kilos de haschich dans des

 bouteilles de plongée. Depuisson arrestation, il a toujoursclamé son innocence, arguantqu‘un ami lui avait confié cematériel. Au moment du pro-cès, la justice indonésienneavait voulu faire de MichaëlBlanc un exemple, en lecondamnant à la prison à vie.

Une peine très sévère qui avaitprovoqué une forte émotionen France, où une campagnede soutien avait été lancée, no-tamment à la télévision avecl‘emblématique fumeur de  joints Thierry Ardisson. De-puis son cas est un peu tombédans l‘oubli.

Michael Blanc n‘est pasà proprement parlé un « pri-sonnier politique de la guerreanti-drogues », tout juste unevache à lait -pour pallier auxcarences budgétaires des pou-voirs publics locaux. On ditgénéralement qu‘un détenuétranger permet d‘entretenirla détention d‘une dizaine decondamnés autochtones d‘unpays pauvre - comme des cen-taines milliers d‘autres partoutautour du monde, étrangersemprisonnés dans une prisonétrangère victimes expiatoiresdu système prohibitionniste

global.En passant par les Etats Unis...

Emblématique à toutpoint de vue est le cas outre-Atlantique du leader du Ma-rijuana Party canadien, MarcEmery, extradé le 20 mai 2010aux États-Unis pour y pur-ger une peine « négociée » de

cinq ans, condamnation pro-noncée le 10 septembre par laCour fédérale de Seatle. Eneffet, il risquait plusieurs mil-liers d‘années de prison pourla « diffusion de graines de

cannabis », notamment auxEtats-Unis, une activité com-merciale qui n’est pas illégaleau Canada, son pays d‘origineet de résidence.

Dans sa dernière letre, le13 février dernier pour ses 53ans, il comptait les jours (570effectués dont 235 pour bonne

conduite sur les 1825 jours)avant sa libération définitivequi, selon ses calculs, se pro-duira le 7 juillet 2014. Cepen-dant, il espère vivement sortirde ce « goulag américain ré-servé aux étrangers », lorsquesera pris en compte sa deman-de de transfèrement dans sonpays.

Une situation ubuesquequi touche aussi un citoyenaméricain, le révérend EddieLepp, qui sortira de prison le

13 janvier 2018 avec une pé-riode probatoire de cinq ans.Son tort est d‘avoir défendula plantation de pieds de can-nabis dans l‘enceinte de sontemple, où d‘autres personnesateintes de maladies graves,  jardiniers rastafariens, parta-geaient leurs récoltes. La vo-lonté acharnée d‘Eddie Lepppour se faire reconnaître lemême rôle qu‘un dispensaireofficiel aura finalement abou-tie sur sa condamnation. La  juge fédérale Marilyn Patelestimant que c‘était « la peineminimale prévue par la loi »,tout en confiant que la sen-tence est « excessive et dispro-portionnée ». Sur son blog, EdRosenthal a publié la dernière

letre qu‘Eddie lui a envoyédu pénitencier de Lompocen Californie, avec sa photoen pied, montrant le sourirede ce vétéran de la guerre duVietnam âgé de 57 ans... donton peine à croire qu‘il soit undangereux criminel. Enfermédepuis vingt mois, il témoignedirectement dans sa letre dela situation carcérale aux EtatsUnis, « C‘est dur aussi parceque nous devons acheter no-tre nourriture, tant la quantitéet la qualité de nos repas sontinsuffisantes ».

Libérez Dana Beal,libéronsnous! 

L‘un des piliers de laMarche Mondiale du Canna- bis, fondateur de « Cures notWars », Dana Beal est en pri-son.

Son arrestation le 6 janvierdernier et le montant fixé poursa libération probatoire indi-quent clairement que la DEA(Drug Enforcement Agency)a décidé d‘agir pour metre àl‘ombre l‘un des combatantshistoriques pour la légalisa-

tion du cannabis, connu auxEtats-Unis et dans le mondeentier. Ce n‘est pas la premiè-re fois que Dana Beal est arrêtésur la route, dans un véhiculetransportant plusieurs kilosde fleurs de chanvre destinéesà l‘approvisionnement de dis-pensaires délivrant du can-nabis thérapeutique. En 2009,

c‘était dans le Nebraska qu‘ilavait été arrêté avec plus de70 kilos d‘herbe de cannabis,en provenance de Californiequi devait alimenter les Can-nabis Buyer‘s club du Michi-gan et ceux de New York. Unautre procès qui s‘ouvrira auprintemps 2011, où il risque  jusqu‘à sept ans et demi deprison.

Cete fois, c‘est dans l‘état

du Wisconsin qu‘il aff

ronterale juge William Dyke, mairede la ville de Madison quiréprimait les manifestationspour les droits civiques dansles 60‘s. Ce juge est bien connuaussi pour son conservatismeaffiché, quand il était candidatà la Présidence des Etats-Unisen 1976 aux côtés de LesterMaddox, un ségrégationnistenotoire.

Selon son avocat, « Danane faiblit pas, même en prisonil continue son combat. Infor-mé que le juge Dyke a un filshéroïnomane, il souhaite luifaire bénéficier des bienfaitsd‘un traitement des addictionsavec l‘ibogaïne. Mais à quoisert de dépenser du temps et

de l‘argent pour réhabiliter cemilitant âgé de 64 ans qui nechangera jamais? Les condi-tions de son incarcérationlui sont pénibles à supporterétant donné son rythme de viehabituel très particulier, dû àses insomnies chroniques.»

Comme tous les détenus,il a besoin de notre soutienpour cantiner (nourriture, té-léphone) et pour soutenir sadéfense lors de son procès quise tiendra probablement enmai. Envoyez vos dons parmandat postal à son nom.

Et d‘autres cas réels ou supposés

Quid de ces trafiquantsréels ou supposés de drogues,

qui peuvent être condamnésà la peine de mort dans 32pays du monde? Quid desrécentes exécutions en Chineou en Iran? Il est évident queces législations sont dispro-portionnées, calquées sur deslois d‘exception comme cellesantiterroristes. Et parfois, il estraisonnable de se demander sices lois ne servent pas de para-vent commode pour éliminerdes opposants ou concurrentsgênants. Il serait bon de s‘in-terroger sur leur validité etleur efficacité réelle, à moinsde s‘enfermer dans une logi-que mathématique rigoureusesans ne rien vouloir résou-dre : l‘augmentation du trafic

entrainera logiquement uneaugmentation des exécutionscapitales, des condamnationset des interpellations. De plus,il ne semble pas que les « gros bonnets » aient été réellementinquiétés par ce type de me-sure... C‘est une évidence, lemaintien de ces lois drasti-ques paraît obéir davantage

à la volonté de disposer d‘uninstrument pour l‘éliminationdes opposants propres auxrégimes totalitaires. Tous de-vraient être libérés immédia-tement. Plus que jamais ils ont besoin de notre soutien, plusque jamais nous devons nousengager pour changer le sys-tème!

LES ADRESSES

Bernard Rappaz Centre Pénitencierde Crête Longue977 GRANGES

SUISSE

 Marc Scott Emery # 405-086 - Unit Q POD

D. Ray James CorrectionalInstitution

P.O. BOX 000FOLKSTON, GA 157

USA

Charles Edward LeppFederal Prison Camp Lompoc

# 90157-011705 West Farm Road

Lompoc, CA 946USA

Irvin Dana Beal c/o: Iowa County Jail

105 North Bequette StreetDodgeville, WI 55

USA

 Agissons maintenant! Au-delà de ces cas emblé-

matiques, il y a des millionsd‘inconnus qui croupissent enprison... Anonymes victimesde cete « guerre », comme lapeine de mort infligée par unTribunal en Malaisie le 8 dé-cembre 2010, à Arif Zakuan B.Baharudin pris en possessionde 534 grammes de cannabis

en mars 2007. (Source: Courtdocuments December 10th,2010)

Envoyer régulièrementdes courriers peut avoir unimpact sur les autorités. Celaleur démontre que le détenun‘est pas abandonné et quel‘atention est forte sur sesconditions de détention, sasanté physique et son moral; car pour le prisonnier, unesimple letre, c‘est une fenêtrequi s‘ouvre vers le monde li- bre et apporte du réconfort.

Sources:

www.cannabisculture.

com/v/node/607

www.green-aid.com

www.reemarc.ca

www.politicalprisoners.ree.r

www.encod.org

www.cannabissansrontieres.org

www.legaliseinternational.

com/humanrights.html

Fotos: Archives, Dana Beal:

Flying Coyote, cc-by-sa-.5

Les prisonniers politiquesde la guerre anti-drogues

Extraits d‘une lettre de

Bernard Rappaz Dans son courrier en date du 8  janvier 011, Bernard Rappazconfe à l‘un de ses soutiens:

«Tout d‘abord, un grand mercipour ton engagement ort! Cet-te solidarité m‘a véritablementnourri en ces 8 jours de grève

de la aim en trois parties, eec-tués en 010.

J‘ai donc craqué le 4 décembre 010, aussi pour rassurer et orir uncadeau de Noël à beaucoup. J‘aurai pu tenir encore une quinzainemais on m‘a créé des conditions de détention inâmes, typiques auxprisonniers politiques. Sans radio, ni journaux, j‘avais de la peine à con-naître la situation extérieure. Le courrier me parvenait avec semainesde retard, tellement d‘autorités devant le parcourir...C‘est bien la première ois en 8 grèves de la aim carcérales que je cèdeavant « l‘ennemi »!Ce demi-échec est quand même une victoire car je voulais seulementdénoncer une peine injuste et colossale, relancer la question de la ré-glementation du marché et vivre une expérience orte et inoubliable.Maintenant la preuve est aite que la Suisse a changé voire basculédans l‘extrême droite UDC car ils étaient prêts à me laisser crever. Jesuis également content qu‘à travers mon action le secteur médicalse soit si bien opposé au nourrissage orcé. La preuve est désormaisétablie qu‘on peut continuer le combat même si on est derrière lesbarreaux! »

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5№1 Juillet 011 DOSSIER - FRANCOPHONIE 

Par FARId 

Il y a quelques semainesla justice française a ma-nifesté un mouvement de

fronde à l‘égard du pouvoir,et alors que la LOPSSI2 luitordait le cou en introduisantdes moyens comme l‘article108 permetant aux douanesd‘inciter aux trafic à seule finde démanteler des filières -sans doute pour paraître plus« performante » -, il sembleutile de réaliser que la pro-hibition génère de multipleseffets pervers. Même si laconsommation de drogues (li-cites et illicites) en France estmassive, il demeure toujoursune loi qui punit de manièredisproportionnée les consom-

mateurs de cannabis. Pourtant bien que la MILDT s‘échine àle rappeler à grand renfort decampagnes sensationnalistes,il est généralement admis unetolérance relative pour les sim-ples consommateurs depuis1978, suite aux recommanda-tions du rapport Pelletier, lesdistinguant ainsi des trafi-quants. Mais il n‘en est rien,tout le monde sait bien quec‘est au faciès, dans certainesclasses sociales, que la policefait son chiffre, les exemplessuivants le prouvent!

Cependant une questionimportante se pose, et ellemérite une autre réponse que« la loi est la loi, la drogue estinterdite donc prison ferme. ».

Mais quand donc, face à cetrop plein des juges faisant del‘abatage, face à ce ras-le-boldes policiers faisant de la « bâ-tonite », pour la seule surchar-ge de prisons indignes, quanddonc tout cela explosera-t-il?

Limoges Peine de prison erme pour consommation de cannabis

Le dimanche 6 février2011, une brève tirée du Po-pulaire du Centre circulait surInternet à propos de David,26 ans, en récidive de consom-mation et détention - il culti-ve quelques plants dans son  jardin - et qui risque donc lapeine plancher (4 ans d’empri-sonnement). Le jeune homme

consomme depuis l’âge de15 ans et « ça l’apaise beau-coup », plaide son avocate MeCarole Papon. « Ce traitementthérapeutique n’est pas le bon,rétorque le président Jean-Mi-chel Pignoux, il faut changerde prescription ! ». Comptetenu de son casier, le vice-pro-cureur André Sarlin requiertune lourde peine mais il de-mande au tribunal d’écarterla peine plancher. Ce qui serafait car la Justice considère quele garçon est en phase d’inser-tion (CDI, deux enfants…).

Le journal Sud Ouest,du 23 septembre 2010,

relate qu‘à Saintes, deux ven-

deurs de cannabis ont écopéde la prison ferme. Jugés encomparution immédiate par letribunal correctionnel de Sain-tes, Mickaël K., 32 ans, et Oli-vier V., 30 ans ont été condam-nés à douze mois de prisonferme et dix huit mois d’em-prisonnement, dont 8 avecsursis et mise à l’épreuve pen-

dant deux ans ainsi que d’uneobligation de soins. Deux dé-cisions assortis d’un mandatde dépôt. Tous deux au chô-mage, les deux Saintais ont étéinterpellés lundi. La décou-verte par les policiers saintaisde plantes de cannabis dans le  jardin de la maison occupéepar Olivier V., est à l’origined’une perquisition au coursde laquelle ont notamment étésaisis 517 grammes de résinede cannabis et 920 euros d’ar-gent en liquide. A la barre dutribunal, Olivier V. a racontécomment il «avait pété lesplombs» et cédé «à la solutionde facilité» de se transformeren dealer après une rupturesentimentale qui l’a conduit àfaire face aux factures et loyers

de la maison (…).Dans la NouvelleRépublique,

c‘est une fois de plus leprocès de petits dealers et deconsommateurs de cannabisqu‘a instruit, le 30 décembre2010, le tribunal correctionnelde Tours. Sur les quatre pré-venus, seuls deux étaient pré-sents à l‘audience. Qui étaitle vrai dealer? Qu‘entendaitce petit monde-là dans « dé-pannage de joints »? Un longimbroglio que la présidentedu tribunal, Monique Goix, acommenté ainsi: « Nous, onsait ce que ça fait aux neuro-nes. » [NdlR: Il est malheu-reux de lire ici ce propos pé-

remptoire d‘une personne quiignore fondamentalement lefonctionnement du cerveauhumain et le fonctionnementdu système endocannabinoï-de.]

Les faits remontent au 1er  janvier 2009 et courent jus-qu‘en décembre de la mêmeannée, à Château-La-Vallière.À la tête du trafic, JonathanG. semble être « le dealer »mais il a, tout comme un autreprévenu, Didier G., accusélors de son audition Julien C.d‘être le pourvoyeur. Pourcorser le tout, ce dernier futun temps employé de DidierG. et purge actuellement unepeine de prison, différentssursis étant tombés lors de sa

dernière comparution pourdes faits liés à sa consomma-tion de cannabis. Le quatriè-me prévenu est une femme,absente à l‘audience qui aécopé de trente jours amende.Les trois hommes étaient pour-suivis tous ou presque pourles mêmes chefs d‘accusation.Delphine A., substitut du pro-cureur, a réclamé 4 mois fermepour Julien C. arguant qu‘« àla lumière de sa personne, ilallait s‘inscrire durablementdans la délinquance. » L‘hom-me est certes un peu « frontal», mais peu agressif. « Ce quidérange, c‘est le ton de monclient, est-ce que cela vaut 4mois ferme? », a interrogé son

conseil, Me Louis Palheta, quin‘a pas souhaité créer un in-cident d‘audience, lorsque lasubstitut a assuré qu‘il avaitmal compris. Dans une plai-doirie ferme, l‘avocat a fait leprocès de la banalisation deces petits trafics. Pour JulienC., le tribunal n‘a pas suivi lasubstitut en le condamnant

à un mois ferme confonduavec ses autres peines. Jona-than G. a été condamné à 16mois ferme et Didier G. à 6mois (aménageables). Toutesles condamnations ont été as-sorties de deux ans de mise àl‘épreuve.

La Voix du Nord est sans aucun doute le

 journal le plus stupéfiant pourson parti pris prohibitionniste,comme avec cet article « Des« savonnetes » et des « bou-letes » qui mènent tout droiten prison ».

Il est 20 h 10 pétantes, ven-dredi 28 janvier 2011, devantla gare de Dunkerque, lorsquedes agents de police repèrentdeux jeunes à l‘atitude sus-pecte. Arrivés à leur hauteur,ils remarquent que l‘un deux jete un paquet à terre. Sixmorceaux de cannabis embal-lés dans de l‘aluminium, 58grammes au total. En palpantle jeune homme, ChristopherT., âgé de 20 ans, ils trouvent3 grammes de résine supplé-mentaires. Sur le second, JessyM., 24 ans, résidant à Honds-choote également, ils décou-vrent une plaquete de résinede 100 grammes et une « bou-lete ». Après une perquisitionau domicile de Christopher T.,

la police tombe enfin sur deux« savonnetes » de cannabis,179 grammes au total.

À la barre, lundi 31 jan-vier, Jessy M. explique être lepropriétaire de toute la dro-gue. « J‘étais allé en Belgiquechez un collègue - il travailleen intérim en tant que soudeurà Diksmude -, mais commeil était en famille, je suis allé  boire un verre dans un caféet là, un inconnu m‘a proposédu cannabis. J‘ai accepté. Pour350 euros de marchandise.Mais ce n‘était pas prévu »,détaille-t-il. « Vous vous bala-diez comme ça, avec 350 eurosen liquide? », s‘étonne la pré-sidente. « C‘était pour acheterdes vêtements. » Selon la ver-

sion du prévenu, corroboréemot pour mot par ChristopherT., il aurait ensuite confié lesdeux « savonnetes » à Chris-topher T., contre 100 euros,qui devait les garder chezlui et donner « son avis d‘ex-pert » sur la marchandise, le  jeune homme étant identifiépar son complice comme étantun connaisseur en la matière.Le 28 janvier (vendredi), lesdeux jeunes hommes se se-raient retrouvés par hasard àla gare, Jessy M. en profitantpour montrer à nouveau samarchandise, quand la po-lice est intervenue. « On l‘acompris, lance le procureur à Jessy M. Vous voulez couvrir

votre collègue, qui est en étatde double récidive légale pourdes faits similaires alors quevous n‘êtes qu‘en „simple“récidive ... » « Je regrete, jene recommencerai plus », bre-douille Jessy devant ses juges.Le tribunal a prononcé la pei-ne plancher pour ChristopherT.: 4 ans, dont 2 avec sursis

mise à l‘épreuve et obligationde travailler et de se soigner,avec un mandat de dépôt pro-noncé. Pour Jessy M., 2 ans,dont un avec sursis mise àl‘épreuve, obligation de soinset de travail, mais pas de man-dat de dépôt.

Dans les colonnesde Ouest France,

une petite brève relateque le 5 février 2009, vers 15h 40, les policiers de la bri-gade anti-criminalité assis-tent, en flagrant délit, à undeal de cannabis Place de laRépublique, à Rennes. Le «vendeur », un homme de 29ans, avait alors cédé 2 g de

shit. Le 7 août 2008, il avaitdéjà été condamné pour desfaits similaires par le tribunalcorrectionnel de Rennes. Ceprévenu est en récidive. Le 11 janvier 2011, il était convoquédevant le tribunal. Il n‘a pasfait le déplacement jusqu‘auprétoire. Mme le procureura requis deux mois de prisonferme. Demande confirméepar le tribunal.

Et dans la Manche Libre,jamais en manque de faits

divers liés au trafic de stupé-fiants, c‘est de la prison fermepour trois jeunes. Ainsi donc,mardi 4 janvier 2011, le tribu-nal correctionnel de Coutan-ces s‘est penché sur un trafic

de cannabis, qui a été déman-telé en fin d‘année dernièredans le centre-Manche. Lesprotagonistes sont trois jeunesd‘une vingtaine d‘années, quiont écoulé en tout 1 100 kilosde résine de cannabis. L‘un aécopé de six mois de prisonferme, les deux autres de troismois.

Enfn,et c‘est une fois encore La

Voix du Nord qui fait sensa-tion le 27 janvier 2011, avecl‘histoire de ce jeune hommede 18 ans, sans doute un brinprovocateur, mais pas plusméchant que celui qui l‘a jugéen comparution immédiatepour récidive de transport de

stupéfiants et tentative d‘in-troduction d‘une boulete à lamaison d‘arrêt d‘Arras, alorsqu‘il jouissait d‘une déroga-tion pour l‘exécution d‘unepeine en semi-liberté. Pour 1,6gramme de résine de cannabisemballé dans deux feuilles àrouler, quatre mois ferme.

Ces exemples, choisis auhasard, montrent à quel pointle cannabis focalise les activi-tés policières. Dans le mêmetemps, l‘héroïne et la cocaïnedeviennent de plus en plusaccessibles, par le prix et la fa-cilité à s‘en procurer. De quoise poser la question de l‘utilitéde la loi et de son applicationpurement répressive.

Sources:

www.maville.com

www.sudouest.r

www.lanouvellerepublique.r

www.lavoixdunord.r

www.ouest-rance.r

www.lamanchelibre.r

www.lavoixdunord.r

Liberté Fraternité

LégalitéLes prisonniers du cannabis en France

Bruno Valkeneers

Les politiques belges enmatière de drogues sontle reflet de la complexité

institutionnelle du pays. Iln’est pas évident d’y voir clai-re, il est difficile de dégager unconsensus autour d’une seulepolitique. La crise politiqueque traverse actuellement leroyaume, 400 jours de gou-vernance en affaire couranteet toujours pas de gouverne-ment, reflète assez bien cetecomplexité. Je ne peux doncni esquiver la question insti-tutionnelle, ni celle des enjeuxqu’elle révèle pour dresser le bilan des politiques drogues etdes initiatives de santé menées

dans ce domaine en Belgique.  Je ne pourrai pas non plusdresser un bilan global, je melimiterai donc en grande partieà parler de la politique droguemenée en Communauté fran-çaise et en Région Wallonne,c’est-à-dire dans la partie fran-cophone du pays.

Nous y sommes, dans lacomplexité institutionnelle :Un Etat fédéral, trois Ré-gions (Flamande, wallonne et  bruxelloise), et trois Commu-nautés linguistiques (française,flamande et germanophone).Chaque niveau de pouvoirétant doté de ces propres insti-tutions (Gouvernement + par-lement) vous imaginez aisé-ment l’imbroglio produit par

ce morcèlement du pouvoir.Nous avons, par exemple,cinq ministres ayant la santédans leurs atributions. Nousaurions pu en avoir six si ducôté néerlandophone il n’avaitpas fusionné Communauté etrégion au sein d’une seule ins-titution.

Mon intention n’est pasd’entrer dans le détail de lacomplexité institutionnelle bel-ge, mais ce détour me semblaitindispensable pour entrevoirles difficultés produites parun tel morcellement des com-pétences réparties entre cesdifférents niveaux de pouvoirdémocratiquement élus. Et derevenir à la source de ce quiparfois crée des conflits d’in-

térêts, ou met en exergue desconvictions différentes, idéolo-giques le plus souvent, quant àl’exécution d’une politique glo- bal et intégrée du phénomènede drogues en Belgique. Desdivergences que l’on constatedans l’exécution de cete politi-que au niveau local (régions etCommunautés).

Le fondement de la lé-gislation fédérale drogues estprohibitionniste. D’aucuns joueront sur les mots et nuan-ceront en déclarant qu’il s’agitd’une politique, globale etintégrée du phénomène dedrogues, articulée, par ordreprioritaire, autours de quatrepiliers : la prévention, la détec-

tion et l’intervention précoce,l’assistance y compris la ré-duction des risques et enfin larépression. Mais ce serait fairefi de l’inversion systématiquede cet ordre des priorités entermes d’investissements et demoyens. Et quand bien même,il faudrait déjà que le Nord etle Sud du pays s’accorde sur

une politique commune. L’andernier des divergences d’opi-nions sont encore apparues aumoment de la déclaration com-mune de politique santé dro-gues. Le ministre flamand dela santé refusant, à l’époque,que le texte fasse référence au« testing » des drogues. Unepratique pourtant soutenuepar les autres ministres de lasanté est en œuvre, certes defaçon marginale, en Commu-nauté Française1. 

Vous commencez à y voirclair ? Une politique commu-ne, mais des préoccupationsdifférentes quant à l’exécutionde celle-ci. Une sorte de pro-hibition à deux vitesses s’ac-commodant de la bonne vo-

lonté de chaque communauté.La question des drogues estainsi (s’)abordée en Belgique.D’autres exemples pour illus-trer la cacophonie du dialo-gue entre communautés surles drogues, il y en a. Celui dutraitement assisté par diacé-thylmorphine, cete fameusedélivrance médicalisée d’hé-roïne, entre autres. Au termed’années de palabres perduesen négociation, près de dix ans,un projet pilote, soutenu par lefédéral, a finalement débuté àLiège en janvier 2011. Il fautsouligner l’atitude très volon-tariste de la ville de Liège dansce dossier, elle a effectivementà force de persévérance et deconcessions fini par convain-

cre les opposants, majoritaire-ment flamands, au projet. Sansvouloir exacerber les divergen-ces d’opinions politiques entrele Nord et le Sud, je prétendsque les priorités en matière dedrogues ne sont pas les mêmesen Flandre, à Bruxelles ou enWallonie.

Cete différence d’opinionn’est pas exclusivement per-ceptible dans les politiquesmenées en matière de drogues,en témoigne l’enlisement desnégociations actuelles de laréforme de l’Etat. Aujourd’hui,se sont surtout 2 idéologies po-litiques majoritaires qui s’op-posent : celle de centre gau-che, en Belgique francophone.Celle de droite en Flandre. En

d’autres termes, au risque deme rendre coupable d’analysesimpliste, je dirai que la poli-tique drogues menées dans lapartie francophone du paysest davantage progressiste parrapport à la Flandre. En pré-cisant pourtant que le défi dela consommation de droguesest relativement similaire surl’ensemble du territoire. Les besoins sont donc les mêmes,mais la manière de les aborderest différente.

Quoiqu’il en soit, il fautrompre avec l’image d’une Bel-gique qui d’une seule voix iraitdans le sens d’un assouplisse-ment des politiques de lutecontre les drogues. Ou, comme

on l’a souvent entendu, vers ladécriminalisation de la déten-tion de drogues. En 2003, il ya eu une avancée minime, entermes de politique des pour-suites, relatives aux infractionsliées à la détention d’une fai- ble quantité de cannabis. Unedirective commune des procu-reurs généraux allait recom-

BelgiqueLa situation enmatière de droguesRéexion sur une prohibition en mouvement 

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6 №1 Juillet 011FRANCOPHONIE - LOISIRS

Par Ananda S.

Rencontré par hasard aufin fond d‘une banlieueprovinciale résidentielle,

il n‘est ni noir ni arabe, maisne deale pas non plus. Il secontente de cultiver gentimentquelques plantes auxquelles ilapporte une atention quoti-dienne.

Il s‘y est mis un jour, paresprit d‘indépendance, recher-che de qualité, et pour ne pasdépendre de la rue, des trafics,d‘éventuelles contraintes poli-cières ou autres. Il a commen-cé par une culture extérieure,mais pratique maintenant aus-si un peu d‘indoor.

Dans les deux cas avec

un esprit résolument « bio »,n‘utilisant que des engrais mi-néraux ou organiques. Ce typed‘engrais n‘est pas si facile àtrouver couramment, mais il ytient beaucoup, en dépit du ta-rif. « La qualité, c‘est comme laliberté, ça n‘a pas de prix »

Et il devient de plus enplus adepte de l‘hydroponie,  bio bien sûr, en raison de sarecherche méticuleuse de pro-duit aseptisé. Il prétend que laculture est passionnante parcequ‘elle réserve toujours dessurprises, et que le secret c‘estde « bichonner » ses plantes.

Pudiquement, il n‘a pasvoulu confirmer leur parlergentiment ni indiquer leur cd

préféré.... mais tous les soirs ,après son travail, il s‘accordeun long moment d‘entretiende leur santé.

L‘indoor l‘intéresse parti-culièrement car son ambitionest d‘arriver à une produc-tion « désinfectée ». Il utilised‘ailleurs pour cela un appa-reil de laboratoire dont il est

assez content. Cela lui permet

d‘obtenir un produit presquestérilisé qui conserve néan-moins toutes ses qualités.

Il s‘est lancé aussi dansla transformation du produitet privilégie la teinture mère,pour laquelle il ne tarit pasd‘éloges. Bien évidemment,cete culture a également un  but thérapeutique. Lui mêmesouffre de contractures mus-culaires assez violentes, et enmélangeant un certain nom- bre de goutes avec de l‘huiled‘olive, bio comme il se doitet à la provenance dûmentrépertoriée, il arrive à soula-ger rapidement ses douleurspar massages. Mais il n‘a ja-mais voulu donner le nombreexact de goutes, prétendant

que cela dépend des cas. Unede ses amies, ateinte de lupusprofite également des bienfaitsde sa teinture mère qu‘elle uti-lise en inhalation avec la mêmeefficacité, dit il.

Au cours de la conversa-tion, il évoque aussi avec uneexpression rêveuse, ce qu‘il aentendu raconter dans un deses voyages, sur les vieilles tra-ditions marocaines, festives,avec les « fumoirs à encens »desquels paraît-il se dégageune fumée propice aux pala-  bres et aux mélopées, dansune ambiance détendue etconviviale.

Il n‘a pas encore tentél‘utilisation des graines en tant

que telles en cuisine, mais siil en avait l‘occasion aimerait bien vérifier leur qualité nutri-tive, tout en spécifiant que celavoudrait dire qu‘il soit devenuplus riche et puisse avoir unesurface de production consé-quente. Aucune augmentationde son salaire n‘est envisa-geable pour l‘instant, ce qui

l‘arrange aussi parce qu‘il ne

serait pas si facile de réorga-niser ses petites plantations.Les directives européennessur les plantes médicinalesl‘embêtent un peu. Il ne lescomprend pas trop, s‘étonnede la puissance vorace deslaboratoires, et sa confianceen l‘Europe est légèrementébranlée...

Après nous être sépa-rés, il me revient malgrétout une impression de déjàvu, et la figure de ma grandtante avec ses pots de salvias blancs alternant sur sa petiteterrasse avec des plants detabac également blancs, et demagnifiques branches de per-sil plat me revient à l‘esprit.

Le même genre de conver-sation sur les soins que de-mandent les plantes, l‘impor-tance mesurée de l‘engrais,etc. Finalement combiensont-ils comme lui, tranquil-les, (quasi)citoyens modèles,amateurs de jardinage avecdes petits particularismes,ici le bio stérile, refusant lachimie médicamenteuse pourleurs problèmes de santé, desréflexes un peu à l‘ancienne.

Sachant ce que l‘on saitsur la non dangerosité ducannabis sativa L et ses effets bénéfiques potentiels, est-ce bien réellement utile des‘enfoncer dans des poursui-tes à finalité judiciaire alors

qu‘une information délivréesous contrôle patenté per-metrait d‘éviter des tâton-nements horticoles et en plussoulagerait certainement lescaisses de la sécurité sociale.Combien de temps, cetequestion simple et facilementrésolvable va-t-elle restersans réponse ?

mander aux parquets d’accor-der la plus faible des priorités  judiciaires en cas de constata-tion d’une détention de maxi-mum trois grammes, ou d’uneplante femelle, de cannabisà des fins d’usage personnel.Pour autant que cete déten-tion concerne une personnemajeure, qu’elle ne trouble pasl’ordre public et qu’elle ne soitpas accompagnée de circons-tances aggravantes. En 2003, lanotion d’usage problématiqueest également reprise par le lé-gislateur comme exception à cerégime de tolérance. Mais, unedécision, en 2005, de la Courd’arbitrage jugea cete notiondifficile à apprécier, spéciale-ment lorsque le pouvoir d’ap-préciation est conféré à la po-lice. Dès lors, la notion d’usageproblématique été retirée destextes constitutif de la nouvelleréglementation belge relative àla détention de cannabis.

Certes, la politique en ma-tière de drogues a progressé, iln’y a plus grand nombre pourcroire à un monde sans dro-

gues en Belgique. C’est déjàune avancée, si l’on compare

à la Suède par exemple, maisc’est insuffisant. Car malgré ceconstat et l’échec, de plus enplus criant, de la prohibition àtous les niveaux (social, écono-mique, santé, justice), rien ne bouge fondamentalement. Aumieux, comme nous l’avonsvu, des pratiques de Rdr et/ou de soins, déjà largementéprouvées à l’étranger, sontinitiées sur le territoire. ou desrecommandations sont émisespour éviter les poursuites àdes consommateurs de canna- bis bien dans la norme.

C’est un peu comme si laprohibition cherchait des stra-tégies pour amoindrir l’écheccuisant de sa politique. Nes’agit-il pas de cela ? Uneguerre perdue qu’il convientde reconnaître mais dont oncherche à réduire les méfaitsen réaffirmant que la meilleuredes préventions contre la dro-gue reste la norme pénale ex-trêmement coercitive.

1 L’asbl Modus Vivendi organisele testing avec le soutien de laCommunauté Française et de

la ministre édérale de la santé(socialiste rancophone)

Tyrannie de la majorité politiquecontre les usagers de CannabisTraditionnellement, la sciencepolitique et l‘observation em-pirique des régimes au pou-voir opèrent une distinctionentre systèmes tyranniques(despotiques, dictatoriaux,totalitaires) et démocratiques.

Pourtant, la démocratie, ap-parente, peut dissimuler unetyrannie de la majorité.

Comme par exemple cellede la prohibition du Cannabisdécidée il y a plus de 40 ans.L‘empire moral de la majoritéest parti de l‘idée qu‘ils ontplus de lumières et de sagesseau détriment de la minoritédes usagers. Car ces étatistespassent leur temps à blâmeret prohiber des choix indivi-duels qui n‘affectent que leursauteurs, et instaurent mêmedes mécaniques de répressionpour la présentation du can-nabis sous un jour favorable(L-4321-4, ex-L630) afin quepersonne ne puisse s‘informer

correctement et que la versiondiabolisée soit vérité. Dans ce  but ne sont principalementsubventionnées que des étudesdémontrant soigneusement lepotentiel danger éventuel dela plante.

L‘une des règles fonda-mentales de la démocratie de-meure celle du respect de la

volonté majoritaire. Or dès la base celle-ci est faussée, d‘unepart parce qu‘elle rejete la lé-gitimité du choix de tous ceuxqui ne se conforment pas audiscours général. Politique quid‘autre part découle des infor-mations publiées dans ce cadrede recherche et de publicationorientée. Cete puissance semanifeste de manière tyran-nique quand elle occulte desquestions légitimes, niant lesdroits humains fondamentauxet d‘autres principes...

La notion de tyrannie sup-pose l‘effet d‘une dominationabsolue, autoritaire, arbitraire,sectaire. Celle-ci se conforte parl‘opinion publique manipu-lée et aboutit à un courant depensée unique qui envahiraitlitéralement la scène démo-cratique, formant la majorité :le corps législatif qui la repré-sente, le pouvoir exécutif qui

est son instrument, le système  judiciaire, qui n‘est autre quela majorité revêtue du droit deprononcer des arrêts.

Périodiquement, quelquesuns alertent sur les dangers du  politiquement correctou de la pensée unique , metant en gardecontre l‘apparence qui permetde croire que vous restez par-

mi les hommes citoyens alorsqu‘en fait vous en avez perdules atributs par un insidieuxverrouillage de la vie publique.Il faudrait prendre en compteles effets pervers du politique-ment correct aujourd‘hui dis-tillé par l‘omnipotence de ceuxqui nous gouvernent, car celane génère que désespoir et fi-nalement révolte chez ceux quisubissent en n‘ayant plus tropde choix.

Aucune démocratie di-gne de ce nom n‘a le droit desimplement nier, mépriser aunom d‘un pseudo bien publicune réalité perverse qu‘elle acontribuée à metre en place.Elle a aussi des devoirs enversla minorité bifurquante de lanorme prônée. La répressionpure, comme cela se vérifiechaque jour, ne sert à rien, si-non à aggraver les symptômesque l‘on prétend combatre

Sortir la société de la pro-hibition c’est d‘accepter de voirle monde tel qu’il est et ne pasfuir honteusement la réalité.C‘est aussi vouloir informerpour responsabiliser. C‘estégalement affirmer combatreles mafias et libérer des territoi-res entiers de la violence. C’estlibérer des personnes et des

familles d’un système qui lesopprime et qui détourne leursenfants de la socialisation.

C’est précisément le mo-ment ou jamais de réfléchir,pour ne pas terminer tous dansl‘insécurité. 40 ans après, il se-rait temps de faire le bon choix.Celui des USA, du Canada dela Finlande, de la Russie... serendant compte vers la fin dela première moitié du XXèmesiècle, que leur déterminationmoralisante n‘avait entrainéque de graves dangers pour lasanté publique, un manque àgagner sur les taxes possibles,un coût exorbitant pour tenterde faire respecter la loi, un dé-sordre social prononcé, et sur-tout une inefficacité totale dece type de lois drastiques limi-tant les libertés individuelles.D‘autant plus qu‘il y avait éga-lement, comme actuellementune certaine antinomie entre la

législation et les pratiques cou-rantes des “notables“ et despoliticiens.

C‘est précisément le mo-ment ou jamais de prendre encompte une réalité et d‘amé-nager des lois démocratiquespour que le désordre actuelne s‘amplifie pas dangereuse-ment.

Belgique (suite page 5)

Conversationavec un modeste cultivateur silencieux

Par André Fürst 

Cannabis - Photo: Peter Marks

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8 №1 Juillet 011CULTURE 

Par Ananda S.

… prennent bien soinde préciser l‘édi-teur et l‘auteur,

Nicolas Millet, allant même jusqu‘à préciser que les recet-tes n‘ont pas été testées.

Effectivement, il s‘agit  bien d‘un inventaire métho-dique de données historiqueslitéraires, sociétales, prati-ques, sur une question plutôtcontroversée, dont on parlefacilement avec des positionsplus ou moins arrêtées, maissouvent sans bien connaîtreréellement le sujet.

Sous l‘apparence sédui-sante et dédramatisante d‘unancien manuel vaguementscolaire trainant dans les bro-cantes, cete compilation per-met d‘apprendre des tas dechoses. Par exemple que sonusage médicinal est atesté dès2800 avant JC dans un traitéchinois au milieu de 365 autresplantes, que la Canebière, rue

mythique de Marseille tire sonnom de sa construction sur deschamps de chanvre utilisé pourles cordages de bateaux, queselon une étude de l‘universitéde Leicester, 70% des amateursde blues fument du cannabis,contre 65% pour les amateursd‘opéras et de country, et seu-lement 28% pour ceux qui pré-fèrent le hip hop, mais aussile nombre étonnant de lignes

téléphoniques du célèbre MrNice, les remèdes à base dechanvre proposés par Plinel‘ancien, la fabrication du ca-ramel aromatisé, l‘historiquelégislatif, la durée pendant la-quelle le cannabis reste dansle sang, le nom des signataires

du célèbre appel du 18 joint, lamise en garde contre les cock-tails nuisibles, les personna-lités en ayant fait usage, etc,etc. Le propre des encyclopé-dies étant le rassemblement deconnaissances éparses, commele disait Diderot.

Au détour des pages, ladangerosité évaluée en 1978par le rapport Pelletier et en1998 par le rapport Roques,provoque un léger étonne-ment, puisque en comparatifavec l‘alcool et même le tabac,sans parler de la cocaïne oude l‘héroïne, le cannabis estclassé comme le moins dan-gereux pour ce qui concernela dépendance physique oupsychique et la dangerosité

sociale. Ce que peut, dans unecertaine mesure, confirmer lesexpériences faites aux USAsur l‘influence des substan-ces psychotropes sur les arai-gnées, leur toile étant d‘autantplus irrégulière que l‘effet estpuissant. Et il est constaté quela caféine provoque plus d‘ir-régularité que le cannabis. La benzédrine ayant des effets to-talement perturbants.....

L‘ouvrage peut se garderà portée de main et se feuille-ter avec plaisir au gré de lavacuité. Un index permet de sereporter facilement à un articlerecherché. Donc à vos librai-ries préférées, ou sur le net,très facile.

Et pour finir, quelle est ladifférence entre le cannabis etles promesses d‘un chef d‘état?Les deux partent en fumée etfont doucement rire …...

A signaler égalementqu‘une page est consacré aulivre pour enfant “It‘s just aplant“. Une recherche sur in-ternet permet d‘avoir un aper-çu des jolies illustrations de cepetit livre, jamais édité, et quin‘est plus disponible actuel-lement sur le net. Son intérêtréside dans la manière d‘abor-der le sujet, afin de permetreà l‘enfant de satisfaire tran-quillement sa curiosité, avecla rencontre d‘un cultivateur,d‘un médecin, d‘un policiersans pour autant avoir envie

de transgresser absolument lesinterdits puisqu‘ils lui sont ex-pliqués simplement et norma-lement.

Petite

encyclopédie

du cannabisÉdition du CastorAstral 1 €

Petite encyclopédiedu cannabis« Ce livre n‘a en aucun cas pour but deaire l‘apologie du cannabis ou de le

 présenter sous un jour avorable … »

Par Ananda S.

C annabis en Médecine duDr Franjo Grotenhermen  , paru en 2009 pour son

édition française est le premi-er guide pratique des applica-tions médicales du cannabis,ou chanvre, et de ses dérivés.

Sa parution avait été saluéecomme un événement permet-tant de contribuer, dans le dif-ficile contexte français, à lancerun débat rationnel, objectif etdépassionné.

Ecrit par un des plus impor-tants spécialistes du cannabis,l‘ouvrage aborde l‘histoirede l‘usage médical du canna-  bis à travers les âges, mais il

pose également les bases desconnaissances actuelles sur lesystème cannabinoïde endo-gène.

Un très grand nombred‘applications possibles sontrépertoriées, et, d‘après lesétudes scientifiques auxquelsils ont donné lieu, les risques,les effets secondaires, les inter-actions éventuelles sont claire-ment présentés et détaillés.

La première édition est ac-tuellement épuisée. Une se-conde viendra sans doute. Enatendant cete documentationessentielle est néanmoins dis-ponible sur le net en téléchar-gement intégral gratuit. Tant

mieux pour ceux qui veulents‘informer sans parti pris.

www.editions-indica.com

Vous pouvez aussi aider lareconnaissance du cannabiset des cannabinoïdes pour laSanté en faisant une donation àl’Association I-Care. Pour cela,contacter l’adresse suivante:[email protected]

Cannabis en

MédecineDr F. GrotenhermenÉdition Indica.

Cannabis enMédecine

 A télécharger gratuitement 

Le Peuple de l‘Herbeest entré en studio au mois

de janvier pour composer son6ème album, dont l‘enregistre-ment est prévu en mai/juin. Iln‘y aura pas de concerts avantl‘automne au plus tôt. C‘estdit!

Le dernier Album du 11est comme à l‘accoutu-

mée, une bonne livraison. Lepremier clip tiré du titre « De-main j‘arrête » détonne aveccet avertissement: « Ce clip n‘apas pour but d‘inciter à l‘usagede stupéfiants. Aujourd‘hui, laFrance est le plus gros consom-mateur de cannabis à l‘échelleeuropéenne, avec quatre mil-lions de fumeurs. Une per-sonne sur deux a déjà eu unecigarete de cannabis dans la bouche. Cela dit, sur ces quatremillions de fumeurs, combienont déjà fait cete promesse?...Demain, j‘arrête ».

Cependant qu‘on se ras-

sure Rim K n‘en rate pas une,et il enchaîne les perles commecete punch-line déjà entenduedans le morceau l‘Apérispliff« La recete c‘est 2 feuilles, uneclope, un briquet, Mes spliffs

font 3 mètres, je les allume aufeu de bois ».www.youtube.com/ watch?v=QKoQDUvxHGg

La musique adoucit les moeurs:Alors testons-le proverbe! Avecla compilation sortie il y a dixans déjà:

Cannabissi-mo 1 Rap &Ragga) avecM O N -TECRISTO -C h e e b a -intro | 113

- L‘aperispliff | Moutar (featu-ring 3HA&DOUDOU MASTA)- Cannabiz | RAGGASONIC -Légalisez la ganja | LE SID -Les herbes du mal | GHETTOPRODIGE - Expert sur le ter-rain | LORD KOSSITY - Je lâ-che pas | MONTECRISTO -Cheeba | SAI SAI - La panacée| SISTER BEA A.K.A GEN-SI -Illegal | TOO LEUST - L‘ams-

plifffi

cateur | LES PEULSFOUTUS - Légitime défonce.Puis sortie en 2002, la com-

pilation Cannabissimo 2 pourles amateurs d‘electro.

WEEDY STYLE C‘est un véritable buzz en

version trois feuilles que Taïroa fait tourner sur le net, avecde la « Bonne Weed », le jeunetoaster français nous régale.Un titre explicite, des lyricsimplicites pour inciter les édi-les gouvernementaux à pren-dre conscience que le recours àla fleur de chanvre est un faitculturel et que l‘usage des pro-duits dérivés de cete planteest bien ancré dans la sociétéfrançaise.

DANAKILétait le 18 mars au Zénith

à Paris ; Une date importantepour souligner le chemin ac-compli par ce groupe de reg-gae français qui reprend di-gnement le flambeau de BobMarley.

« Reste Digne »,ce pourrait être le sound

clash du titre « ne joue pas les

  bad boys » produit pour uneopération de propagande dela MILDT ; Une fois de plus,la communication gouverne-mentale est totale ringarde, li-mite comique, sauf que le sujetest sérieux.

MUSIQUE

PUB– La Gazette duChanvre est à votre dispositionpour présenter tout évènement,ête, congrès, concernant lechanvre, mais aussi pour publiervos articles, photos, annonces commerciales, reportages,...etc.N‘hésitez pas à nous lescommuniquer :[email protected]

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9№1 Juillet 011 CULTURE 

Par Ananda S.

On ne peut mesurer l‘im-pact qu‘a pu avoir l‘an-née des fi bres naturelles,

décrétée par l‘ONU en 2009.Néanmoins force est de consta-ter que le chanvre connait unvéritable regain d‘intérêt.

TextileOn met toujours en avant

la fabrication de textile. Effec-tivement, l‘idée est ancienne,que ce soit pour des tissus àusage professionnel, à cause dela solidité, ou plus domestique.

Toutefois, la fabrication, le ren-du de la matière ne correspon-dait plus au goût et à l‘usageactuels. Et les législations oc-cidentales n‘ont pas favoriséesl‘avancée des recherches dansla transformation du matériauet l‘amélioration du produit,creusant une sorte de fossétechnologique par rapport auxautres fi bres similaires, retardqui heureusement est en trainde se combler pour répondreà l‘évolution des mentalités etaux besoins qui apparaissent

Ne serait-ce que dans larecherche du « bio » absolu,puisque justement, le chanvren‘a besoin d‘aucun intrants, nide pesticides, ni d‘herbicide,et donc qu‘en soi, sa produc-

tion ne peut être que respec-tueuse de l‘environnement. Ceà quoi s‘ajoutent ses qualitésprotectrices contre les U.V.et les radiations d‘appareilsdomestiques, le fait qu‘il soithypoallergénique, anti-bac-térien, et permete un confortisotherme en toute saison. Letravail sur la texture a permisde metre au point une gammede tissus agréables et doux à lapeau. Même Giorgio Armanil‘a reconnu en le qualifiant de« textile noble »...

Pourtant, actuellement,c‘est la Chine surtout et lespays plus à l‘est de l‘Europequi sont les principaux four-nisseurs. Ce qui est bien re-

gret

able pour les évolutionsdu monde agricole. En effet,avec son très bon rendement àl‘hectare, sans soin particulier,cela pourrait facilement aug-menter les revenus des petitsexploitants, tout en leur of-frant de nombreux débouchésde transformation possibles.

ConstructionLe chanvre redevient ten-

dance aussi pour les matériauxde construction. La construc-tion en chanvre a commencéen France, il y a presque 25ans, par l‘initiative d‘un maî-tre maçon de l‘Aube qui a eul‘intuition d‘utiliser la par-tie intérieure de la paille dechanvre, la chenevote, dans laconstruction. Après quelquesannées, un autre artisan, mitau point un procédé à partirde la matière agricole brute,qui rendit la construction plus

accessible financièrement. Lematériau chanvre rentre main-tenant presque communémentdans la réalisation d‘habitatstels qu‘on les recherche, c‘està dire à passivité énergétique,et de faible impact écologique.Par ailleurs, il est reconnu, àla campagne, qu‘une isolationphonique ou thermique pardu chanvre écarte les insecteset même les souris qui bizarre-ment ne craignent pas du toutla laine de verre, mais n‘aimentpas le chanvre isolant...

Les professionnels ontédicté des règles strictes d‘exé-cution qui prennent en comp-te toutes les expérimentationsafin de crédibiliser le produit: béton, brique, enduit, iso-

lation etc et la demande estassez bonne. Les formationsspécifiques marchent très bien.Les architectes commencent às‘investir dans les projets, etde nombreuses entreprises deconstruction se spécialisentactuellement dans cete techni-que collant parfaitement avecles objectifs du développementdurable.

On pourrait parler éga-lement des nombreux autresusages intéressants, extrême-ment diversifiés, qui commen-cent à se développer, malheu-reusement souvent hors deFrance, encore un peu coincéepar un encadrement législatif

très frileux.Mais une projection réalis-te montre qu‘il y a des raisonsd‘espérer que ça change rapi-dement, et qu‘à la faveur desmultiples crises qui secouentla planète, les arguments éco-nomiques rendent le chanvreincontournable.

Le chanvredans tous ses états

Chanvre industriel - Foto: Achives Konoptikum

Par Michel Kokoref 

Avec Pour en finir avec lesdealers (Grasset, 2011),Stéphane GATIGNON

et Serge SUPERSAC relancentle débat sur la prohibition desdrogues illicites. Bien que leurouvrage soit loin de se réduireà ce thème médiatiquement« vendeur », on ne peut que lesen féliciter. Car il s’agit d’undébat difficile à aborder de fa-çon sereine, mais essentiel auregard des évolutions consta-tées ces dernières décennies.Depuis la fin des années 1960,

le modèle prohibitionniste ré-git les politiques publiques delute contre les usages et tra-fics de drogues dans les paysoccidentaux. Or force est deconstater que la « guerre à ladrogue » n’a pas produit leseffets escomptés. Un constatd’échec est aujourd’hui large-ment partagé à l’échelle inter-nationale.

D’un côté, l’on a observédans la plupart des pays oc-cidentaux des tendances à lahausse des consommations ausein de divers milieux et mon-des sociaux, et l’on a constatéqu’à la banalisation du canna- bis ou de l’herbe s’est ajoutée ladémocratisation de la cocaïne.D’un autre côté, les économies

souterraines se sont durable-ment installées dans les zonesurbaines paupérisées, ségré-guées, racisées et stigmatisées.Si elles offrent une alternativeà la désaffiliation et au déshon-neur, elles produisent aussiune géopolitique de la violen-ce qui dépasse de loin l’échellelocale de ces quartiers. Dansce contexte, là où bon nombrede nos voisins européens ontsu adapter leur législation etcomposer avec la politique du« tout-répressif », la France,elle, a maintenu un statut quo,alors même que les consom-mations étaient sans communemesure avec celles observés ausein de pays plus « tolérants ».

L’exemple du Portugal est à cetégard tout à fait significatif :la décriminalisation n’a pasentraîné d’augmentation desproblèmes soit de santé pu-  blique soit de criminalité. Desorte que la question est la sui-vante : faut-il s’accommoderde ce modèle qui engendre laclandestinité donc les usages

à risques, l’hypocrisie socialedonc la stigmatisation des plusdémunis, sous prétexte que« la » drogue fait peur et que laloi rassure l’opinion ? Ou bienfaut-il sortir d’une posture es-sentiellement morale et adop-

ter une approche pragmatique, basée non pas sur des croyan-ces ou des fantasmes mais surdes faits solidement consti-tués, afin de concentrer l’actionrépressive sur les noyaux dursdes organisations criminelles,de réduire les risques par laprévention, l’éducation, l’ac-compagnement socio-sanitairedes usagers les plus en danger,et par là améliorer la santé pu- blique ?

Un débat idéologiquement bloqué en France

Ce n’est pas un hasardsi la résurgence de ce débat aeu lieu aux Etats-Unis dans lecontexte de la crise financièrede 2008 : aux croisades des en-

trepreneurs de morale et auxthéologies anti-drogues sontvenus répondre les arguments basés sur des évidences scien-tifiques. En France, ce type dedébat reste largement impossi- ble pour des raisons politiqueset idéologiques.

Ce débat n’a pourtant riend’abstrait. Qu’un élu et unpolicier y contribuent le sug-gère. Issu des Verts, StéphaneGatignon est Maire de Sevran.Depuis quelques années, cetecommune pauvre de Seine-Saint-Denis, qui comprend enparticulier un quartier d’habi-tat social présenté comme uneplaque tournante des traficsde drogues en Ile-de-France,

défraye la chronique des faitsdivers avec une rare violence.L’usage d’armes à feu y estdevenu banal pour régler des« histoires de bizness », les blessés et les morts sont nom-  breux, les habitants doivent justifier de leur lieu de domicileavant de rentrer chez eux. Cer-tes, Sevran n’est pas Marseille

et n’est pas nécessairementreprésentatif des situationsobservées dans d’autres citésfrançaises. Néanmoins Sté-phane Gatignon sait de quoi ilparle et il serait malvenu de letaxer d’angélisme. L’Etat, à tra-

vers l’action du Préfet, est « enguerre » contre les trafiquants.Cete militarisation de la doc-trine du maintien de l’ordre endit long sur l’impuissance dela police dans ces « quartierssensibles » que l’action despouvoirs publics a contribué àcréer depuis tant d’années. Ellene saurait constituer la seuleaction possible.

Policier ayant travaillédans le « 9.3 », Serge Super-sac est passé des gardiens dela paix à la direction de CRS,avant de prendre de la dis-tance avec l’institution. Danscete rhétorique de la « guerrecivile », on ne saurait mieuxdire, pour lui, la dépendancede la police au politique. Celle-

ci a perdu sa légitimité au seind’une République elle-mêmeà géométrie variable. Le lienavec la population s’est rom-pu : les policiers sont happéspar une culture administra-tive devenue une « culture durésultat », ils ne connaissentpas le terrain ni la population,font peur et ont peur lorsqu’ilssont envoyés dans ces zonesdites « criminogènes ». Faceà la professionnalisation destrafiquants et à « l’armée deréserve » des petites mains destrafics, la police apparaît donctotalement démunie.

Quelques pistes  pour l’avenir 

Comment sortir de cet

espirale où le libéralisme triom-phant produit la violence des« sans voix » et où celle-ci trou-ve dans la violence d’Etat sondouble tout aussi inquiétant ?Tout en proposant un tableautrès sombre de la réalité socialedans les quartiers populaires,de la place de la police et de

la justice, d’une société quis’effrite et ne régule plus, Ga-tignon et Supersac esquissentdes perspectives pour sortirde la violence et façonner une« nouvelle société ». Dans ceprogramme qui ne dit pas son

nom, le politique prend le passur le policier. Il s’agit tout àla fois de refonder les institu-tions, de rebâtir l’urbanité, deluter contre les inégalités enmanière de sécurité, de rap-procher les citoyens de leursreprésentants, etc. A cet égard,Stéphane Gatignon croit beau-coup dans le pouvoir de laRégion comme outil politiquepour luter contre les baron-nies et favoriser la répartitiondes richesses, s’interposer en-tre le vaste et le petit monde,là où l’Etat est dépassé ou enretrait. Sortir de la prohibitions’inscrit dans cete démarcheglobale.

Faire de la commercialisa-tion de substances comme le

cannabis un nouveau secteuréconomique peut être créateurd’emplois, tant pour l’agricul-ture que pour la distribution.Ce n’est nullement une pro-vocation. Metre les dealersau chômage serait ramener lapaix sociale dans nos villes etnos quartiers et réinstaurer dela régulation publique, exacte-ment comme c’est le cas à pro-pos de l’alcool et du tabac, cesdrogues licites ! On n’en saurapas beaucoup plus, technique-ment, ce que l’on peut regreter.Mais il s’agit d’ouvrir un débatque divers acteurs portent avecdynamisme. La prohibitionn’est pas seulement couteuseet inefficace, elle est devenue

une source majeure d’insécu-rité. Il s’agit donc d’envisagerune nouvelle législation. L’en- jeu est, plus largement encore,de construire un avenir.

• Voir le dossier „Drogues : sortir

de l’hypocrisie rançaise“ sur lesite laurent.mucchielli.org

Pour en fnir avec la

prohibition

«Tout le monde s‘est ait l‘écho de la sortie du livre que le maire de Sevran aconsacré aux dealers .Il n‘est donc pas très utile que l‘on en donne un énièmecompte rendu. Par contre, l‘analyse de Michel Kokoref, dont les recherches ac-tuelles concernent la sociologie des drogues, après avoir travaillé sur la socio-logie urbaine et les jeunes des quartiers populaires, est un complément de ré-exion sur le sujet particulièrement intéressant.»

Son article est paru sur le siteDélinquances, Justice et autres questions de société, Le 7 avril 011

A propos du livre :

Pour en nir avec les dealersDrugstore - Illustration: mark marker, Han Journal

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