Ray, le fils de Molly · 2018-04-13 · Préface Trente mois passés, je terminais le premier tome...

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Edna Arseneault-McGrath Ray, le fils de Molly Roman

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Edna Arseneault-McGrath

Ray, le fils de MollyRoman

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r ay, l e f il s de molly

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Œuvres d’Edna Arseneault-McGrath

Livres publiés

Fie-toi à moi ! (1999)Il saigne, mon cœur (2001)Voir l’ invisible, réaliser l’ impossible (2004)Invisible ? Impossible ? Not ever ! (2005) (disponible en braille)La fi lle de Molly (2009)

Th éâtre

Introspection (192)

Consensus social (1993)

Par amour (1994)

L’ âge d’or, non l’ âge dort (1995)

Introspection II (1996)

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Edna Arseneault-McGrath

RAY,LE FILS DE MOLLY

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Photo de la couverture : © Sami Suni/iStockphoto ; © Rhoberazzi/iStockphoto ; © enviromantic/iStockphoto ; © sauletas/Shutterstock ; © jamdesign/Shutterstock

Conception de la couverture : Gianni CacciaMise en pages : Marie-Josée Robidoux

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Arseneault-McGrath, Edna

Ray, le fi ls de Molly

Suite de: La fi lle de Molly.

isbn 978-2-7621-3137-6 [édition imprimée]isbn 978-2-7621-3342-4 [édition numérique PDF]isbn 978-2-7621-3356-1 [édition numérique ePub]

I. Titre.

PS8551.R855R39 2012 C843’.54 C2012-940228-1

PS9551.R855R39 2012

Dépôt légal : 2e trimestre 2012Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Groupe Fides inc., 2012

La maison d’édition reconnaît l’aide fi nancière du Gouvernement du Canada par l’entre-mise du Fonds du livre du Canada pour ses activités d’édition. La maison d’édition remercie de leur soutien fi nancier le Conseil des Arts du Canada et la Société de dévelop-pement des entreprises culturelles du Québec (SODEC). La maison d’édition bénéfi cie du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du Gouvernement du Québec, géré par la SODEC.

imprimé au canada en mars 2012

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À EddieLe monde ne serait jamais aussi beausans ta présence et ton amour.À mes enfants et petits-enfants Votre gentillesse et votre amour réchauff ent mon cœur.À Geoff rey Collins,pour sa contribution historique inestimable.

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Quand les conséquences commencent à paraître trop lourdes à porter,l’enfant cesse d’être un enfant.

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Préface

Trente mois passés, je terminais le premier tome de La Fille de Molly. Je le devais, puisque Tara, la fi lle de Molly, avait surmonté tous les obstacles de sa vie tumultueuse et vivait désormais heu-reuse au Québec avec son mari et ses deux enfants. L’histoire était complète en soi, car j’avais bouclé la boucle, mais en écrivant le dernier mot, je m’étais dit : « Je pourrais continuer ! » Mon cer-veau fourmillait d’idées. Tara se la coulait douce à Pointe-Claire, mais qu’en était-il de son frère Ray ? Où était-il ? Les questions m’assaillaient en rafales, mon imaginaire s’emballait, mes idées rayonnaient en incandescence. Et puis non ! C’était déraisonnable de vouloir s’atteler à l’écriture d’un autre livre, un travail de titan. Mais comme à chaque fois, la passion, la folie d’écrire a subrogé ma raison. Quelques mois plus tard, je me plongeais dans mon ailleurs magique où alternent rêve et réalité.

La gestation de Ray, Le fi ls de Molly, se précisait. Où était Ray ? Était-il vivant ? Toujours avec son comparse de fuite ? Que deve-nait-il ? S’il était vivant, il fallait qu’il soit quelque part. Alors la magie s’invite, un plaisir anticipé s’active. Comme dans deux de mes quatre livres précédents, l’action se situe dans deux pays diff é-rents. Je connais bien le premier, mais qu’en est-il du second. Ray s’était enfui en Angleterre, je lui choisis donc Brighton comme port d’attache. L’Acadienne en moi y voit une ville en bord de mer qui jouit d’un climat ensoleillé et chaud et qui est considérée comme « la Londres de la mer ». Un site idéal ! Tout m’intéresse sur cette ville de plus de 1 600 000 habitants qui attire des mil-lions de touristes chaque année.

Une recherche exhaustive s’imposait ! Trouver une personne ressource n’est pas chose facile. Des heures à cliquer et, par

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l’entremise du Bureau de tourisme de Brighton, je découvre un Monsieur Geoff Collins, policier retraité (offi cier de liaison dans les écoles) né à Londres mais déménagé à Brighton à l’âge de huit ans où il est demeuré jusqu’à sa retraite. Voilà « mon Anglais » ! Un premier courriel, une réponse positive, Monsieur Collins accepte d’être mes yeux et mes oreilles et de répondre à mes centaines de questions. C’est le début d’échanges quasi quotidiens avec cet Anglais pure laine, maintenant domicilié en France, marié à une Écossaise, qui accepte de répondre aux questions d’une écrivaine d’origine acadienne, mariée à un Irlandais demeurant au Québec. De quelles merveilleuses rencontres chacun de mes écrits me gra-tifi ent ! Elles me surprennent et m’enrichissent toujours.

Aimable, serviable, doté d’un sens de l’humour très British, Geoff Collins répond à mes moult questions sur la géographie, l’histoire, l’économie, les us et coutumes, les immeubles, maga-sins et maisons de chambres avec une précision d’horloger. Je m’abreuve à sa mémoire. Trois mois de recherche, de visites virtuelles dans plusieurs quartiers et une soixantaine de courriels plus tard, sachant que chaque donnée est véridique, je me mettais à l’écriture de ce roman.

Son épouse, Chris Collins, a ajouté son grain de sel par ses courriels parfois hilarants, une contribution non négligeable.

Monsieur Collins m’a aussi mise en communication avec Monsieur Cyril Mears, un homme d’aff aires très prospère de Brighton, qui a mis son commerce à ma disposition. La vie est vraiment pleine de surprises.

Toute cette recherche m’a permis d’écrire un livre intéressant et passionnant, du moins je le souhaite. Bonne lecture !

Nota beneUne erreur s’est glissée dans le premier tome de La fi lle de Molly. À la page

127, cinquième ligne, au lieu de 120 livres, on devrait lire 46 livres, 2 shillings.

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Remerciements

Aux quelques personnes qui, de par leur amour, leur amitié, leur considération ou grâce à certaines connaissances spécifi ques, ont contribué à faire de ce livre, un roman empreint de faits authen-tiques, je dis merci ! Vous avez toute ma reconnaissance.

À Eddie, l’amour de ma vie, merci pour ta générosité, ton encouragement et ton dévouement inconditionnels.

À ma fi lle Lynda, pour ton aide précieuse, tes nombreux gestes d’encouragement et de délicatesse, et ta fi délité qui ne se dément jamais.

À ma fi lle Muriel, pour ta générosité, ton soutien et ta foi immuable en mes capacités.

À Geoff Collins, pour les heures passées à répondre à mes interrogations pointues. Grâce à tes connaissances, je pense pou-voir donner un cours d’histoire et de géographie sur Brighton. Th ank you so very much !

À Chris Collins, merci pour ton appui, ta gentillesse et ton amitié, à Cyril Mears pour avoir accepté que Ray travaille à son marché le Brighton Market et à Michelle pour sa coopération..

Aux personnes suivantes, pour leur générosité et leur contri-bution, je dis aussi merci ! Le père Zoël Saulnier, Appolinaire McLaughlin, Rodney et Roseline Paulin, Richard Courchesne, Cliff ord (Eliot Ness) McGraw, Jean-Pierre Trudeau, Maureen, Karen et Joyce Roussel, Robert Melanson, Alexandre et Guillaume McGrath-Courchesne.

« La reconnaissance est la mémoire du cœur. »Hans Christian Anderson

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Filer à l’anglaise

Un craquement de branches séchées, un bruit de pas étouff és, un bref silence et Ray surgit dans la clairière à deux pas de Big Finn. Ce dernier l’enlaça très fort.

— Enfi n ! Te voilà ! J’claque des dents ! J’pensais que t’avais changé d’idée !

— Changé d’idée ? T’es malade ! On est libre ! Libre, tu com-prends ? C’est le jour J !

— C’est quoi ça le jour J.— J’sais pas ! Mais c’est ce que mon oncle dit quand y parle d’un

jour très important.— Eh bien, c’est notre jour J. Allons-y !Une lampe de poche allumée, son sac à dos bien ajusté, Big

Finn trépignait d’impatience. Les premiers obstacles étaient fran-chis. Son courage ne cessait de croître.

— Viens. Craig nous attend. Le traversier part de Dun Laoghaire, pas très loin de Dublin, à vingt heures cinquante-cinq. On peut pas le manquer ! On sera à Holyhead, en Angleterre, à minuit trente, peut-être une heure. De là, on prendra un autobus pour Wakefi eld. Si j’avais pas peur de faire du bruit, pour un peu, j’me mettrais à chanter. En avant la belle vie !

— Oui, en avant le plaisir. Plus de « Ray, t’as encore séché tes cours ? Ray, fais tes devoirs ! Mon ti-garçon, tu fais d’la grosse « pépeine » à ta tante, ta tante qui t’aime tant. Et tralali et tralala ! »

— Et mon beau-père, cet abruti, cette charogne : « Big Finn ! Big Finn, le fainéant, va laver la vaisselle, va nettoyer la salle de bain, occupe-toi de ta petite sœur Alayna. Avance, gros épais, ton cerveau n’est pas encore tout à fait liquéfi é j’espère, mais avec toi on… »

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— Ah ! Si jamais je retrouve cette espèce de tire-au-cul débile en Angleterre, j’en ferai un infi rme pour le reste de ses jours.

— J’me ferai un plaisir de t’aider.Big Finn allongea le pas, imité par Ray. Dix minutes plus tard,

ils aperçurent le camion de Craig Moore sur le bord de la route. Tout rouillé, pare-choc avant droit amoché, portière côté passager attachée avec du fi l de fer, Ray lorgna le tas de ferraille qui tous-sait comme un asthmatique. Maussade, Craig le toisa, la vapeur dilatant ses narines.

— Tu veux l’acheter ou quoi ? Grouillez-vous ! J’ai pas toute la vie. Ray et Big Finn se hissèrent dans la boîte arrière. Le moteur

toussa, cracha et le camion partit dans un bruit d’enfer. Ray se dit qu’ils allaient réveiller toute la ville.

Craig les déposa à vingt mètres de l’embarcadère.— L’Hibernia est là !Bouche bée, Ray et Big Finn échangèrent un regard. Craig les

apostropha.— L’Hibernia, le traversier ? C’est celui-là ! Vous voulez le

prendre ? Allez rejoindre les personnes qui attendent.Tremblant de tous ses membres, Ray fouilla le regard de Big

Finn. Ce bateau, ce traversier immense. Des voitures pénétraient dans ses entrailles par une grande ouverture comme si elles s’en-gouff raient sous l’eau.

— Dylan, c’est presque eff rayant, comme une ville qui fl otte.— Ray, suis-moi ! Rentre la tête dans tes épaules, pis r’garde en

avant. On parle à personne.Puis, souriant de toutes ses dents :— Worry (Tracasse) pas ta p’tite tête, tu peux même respirer. Le

jour J ? Il est arrivé. Dans dix minutes, on s’ra parti. Rassuré, Ray reprit haleine. Ils avaient franchi le Rubicond.— T’as raison. Tout va marcher comme sur des roulettes. Ça

fait des mois qu’on prépare notre départ. On est fi n prêts !Trois mois plus tôt, un soir que Ray s’était fait passer un savon

par son oncle à la suite d’un appel du directeur de son école, il avait failli s’enfuir. Cramoisi, le visage déformé par la colère, son oncle tempêtait. Il en avait assez de son inconduite et ne mâcha pas ses mots.

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— J’en ai ras le bol. Tu ne veux rien faire de bien, t’es pareil à ton père et tu vas fi nir comme lui, un bon à rien. Pas étonnant que ta mère…

Ray avait sursauté. Les joues en feu, le regard fi xe, il s’était élancé vers son oncle.

— Quoi, ma mère ? — Fais pas l’innocent, tu le sais qu’elle a quitté ton père. Il pas-

sait son temps à boire. Elle s’est tannée et est partie avec Francis Lennon, un voyou guère mieux que ton père. Et toi, t’es bien mal parti. Arrête de sécher tes cours et fais tes devoirs, sinon…

— Sinon, quoi ? — C’est l’école de correction pour les délinquants de ton espèce,

et toi, mon jeune, tu vas y aller. Tu peux me croire.Son oncle avait tort, il ne serait jamais comme son père. L’école

de correction ? Pas maintenant, ni jamais. Sa tante avait tenté de l’approcher, mais il ne lui avait pas accordé le moindre regard.

Trépignant de colère, les joues en feu, les poings serrés, d’un geste rageur, Ray avait claqué la porte et s’était réfugié sous un arbre, au fond de la cour. Martelant le sol de ses poings, il avait donné libre cours à sa colère, ne s’arrêtant que lorsque la douleur eut éclipsé sa fureur. Le cœur en charpie, les larmes trop long-temps retenues étaient venues, silencieuses, abondantes. Il pleura amèrement. Pourquoi était-il diff érent ? Pourquoi n’avait-il pas de parents, un papa, une maman, comme les autres élèves ? Un oncle, une tante, ça va pour te donner des cadeaux à Noël, pour te garder quand tes parents sortent ou quand ta mère est malade, pas pour remplacer ta mère. Parce qu’une mère, ne se remplace jamais ! Pourquoi ne pouvait-il pas être sage, obéissant ? Pourquoi se faisait-il disputer en classe, à la maison ? Pourquoi cette envie folle de toujours vouloir être ailleurs ? Où ? Il ne le savait pas.

Inconsciemment, il avait jeté aux oubliettes de sa mémoire les souvenirs de son enfance. Ne plus penser à ce qu’on lui avait volé, ne plus penser à sa mère, à sa sœur ; l’oubli devenait beaucoup moins pénible. Verrouiller cette partie de son cœur qui le faisait souff rir, laisser tout sombrer dans l’oubli.

Eff acée de sa mémoire, cette douloureuse journée, sept années plus tôt, quand un morceau de son ciel s’était brisé. Son univers

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avait basculé alors qu’il était si heureux avec sa mère, son père et sa sœur Tara, qu’il adorait. Elle était… sa deuxième mère. Son père ? Presque toujours absent. Lui ? Un rire dans les yeux, pas le moindre souci, il ne pensait qu’à s’amuser dans son petit univers restreint, sécuritaire. Soudainement, sans le moindre avertisse-ment, sa mère s’était enfuie, puis son père était parti aussi. Aff olé, il avait essayé de comprendre ce qui leur arrivait. Tant bien que mal, Tara avait tenté de lui expliquer l’inexplicable. Il devait aller vivre chez son oncle Stanley et sa tante Ceili, mais elle ne pouvait aller avec lui. Elle irait vivre dans une autre maison. Il n’avait rien compris. Stanley ? Ceili ? De parfaits étrangers. Sa famille avait une maison. Pourquoi son père et sa mère voulaient-ils s’en aller et les donner à de parfaits étrangers ? Sa mère ! Tara ! Son père ! Il les aimait tellement, ils ne pouvaient disparaître de sa vie. S’il avait pu parler à sa mère, il lui aurait dit qu’il devait partir avec elle. Tara était tellement triste, et il n’avait que six ans. Pas même une minute pour parler à sa sœur, son oncle et sa tante l’attendaient devant la maison.

Assis à l’arrière d’une petite fourgonnette bleue qui roulait, déboussolé, stupéfi é, Kuoi-Koui sur ses genoux, le visage collé contre la vitre arrière, il pleurait.

Sa tante avait allongé la main pour lui caresser le visage, une main chaude, moite, insistante. Détournant son visage, il l’avait repoussée.

— Mon petit Ray, tu vas voir, tu vas être bien chez nous. Nous n’avons pas d’enfant, tu vas être notre fi ls, notre ti-garçon.

— J’suis pas votre ti-garçon ! J’s’rai jamais votre ti-garçon. J’ai un papa et une maman, ils sont juste partis en voyage. C’est tout !

— Je comprends. Tu as de la peine, mais tu vas voir, tu vas être heureux avec nous.

Cette femme ne comprenait rien, vraiment rien du tout. Il lui tourna le dos.

Plus la fourgonnette avalait les kilomètres, plus il se sentait seul. Kuoi-Koui ressentait sa détresse et se faisait câlin. Ray s’endormit.

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Le cœur ailleurs

— Ray ! Ray ! Réveille-toi, mon ti-garçon. On est arrivés. Regarde ta nouvelle maison.

Sa maison ? Il en avait une maison. Sa tante le tira à l’intérieur. Bondissant d’une pièce à l’autre, n’y trouvant personne, il s’était précipité à l’extérieur. Prenant ses jambes à son cou, il avait fait le tour de la maison et de la cour à quatre reprises. Perdu ! Pas le moindre signe familier ! Il ne voyait même pas la maison de Maggie, l’amie de Tara.

Désespéré, il s’était écrasé sur les marches de la véranda et avait connu toutes les peines. Sa tante était sortie, l’avait pris dans ses bras. Tout doucement, elle l’avait porté dans une chambre.

— Regarde, Ray, c’est ton lit ; je l’ai acheté pour toi. C’était un beau lit recouvert d’un couvre-lit bleu marine orné

d’alligators. Un long alligator en peluche trônait sur l’oreiller. Ray sourit et le prit dans ses bras pendant que Kuoi-Koui aboyait comme un forcené. Ray le fl atta tout en s’approchant d’un coff re au pied du lit. Du regard, il questionna sa tante.

— Ouvre-le ! C’est ton coff re aux trésors.Ray ne se fi t pas prier. Soulevant le couvercle, il se pencha

et lança un cri de joie : Obh ! Obh ! (Oh dear ! Oh Dear !) Petites voitures en métal, camions, ballon de soccer, batte et gant de baseball, deux petits alligators en peluche ; ses yeux ne savaient quoi choisir.

— C’est à moi tout ça ? Tout ? Tout ? J’peux les garder ?— Oui, tu peux t’amuser avec, en faire ce que tu veux. Ce n’est

pas tout ! Une autre surprise t’attend.— Une autre surprise ? Wow ! J’ai hâte de montrer tout ça à Tara.

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29,95 $

isbn 978-2-7621-3342-4

Ray, le fils de Molly

À six ans, Ray a toujours l’œil rieur et ne pense qu’à s’amu-ser dans son petit univers sécuritaire et sans souci. Puis, c’est la catastrophe ! Sa mère l’abandonne et son père, un ivrogne, lève les feutres. Comble de malheur Ray est séparé de Tara, sa sœur adorée. Un oncle et une tante, qu’il ne connaît pas, viennent le chercher pour l’emmener dans une ville dont il ne sait rien.

Plus rien ne sera jamais pareil ! Il essaie de jeter aux oubliettes de sa mémoire les souve-nirs de son enfance, mais sa mère et Tara lui manquent terriblement. Il a la bougeotte, et n’a toujours qu’une folle envie : partir. Pour aller où ? Pour trouver qui ? Quoi ? Il ne le sait. En attendant, il multiplie les gaff es.

À treize ans, accompagné d’un ami, Ray s’enfuit en Angle-terre. Enfi n, la belle vie ! Il va travailler, devenir riche et mener la vie de château. Il est prêt à tout pour y arriver… et tout lui arrive.

Qu’adviendra-t-il de Ray, ce jeune espiègle, fougueux, avide de plaisir, qui est aussi drôle, généreux, et si attachant ?

Edna Arseneault-McGrath, écrivaine, globe-trotter, auteure, metteure en scène — elle a cinq pièces de théâtre à son actif —, conférencière, nous revient avec un cin-quième livre, Ray, le fi ls de Molly, qui fait suite à La fi lle de Molly (Fides, 2009). Comme pour ses romans précédents, elle a fait des recherches historiques exhaustives. Elle a visité les lieux évoqués, elle a observé les gens, elle a regardé, écouté, humé l’air, les odeurs, pour mieux camper ses personnages dans des situations où la fi ction est telle-ment palpable qu’elle devient réalité.