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Apprendre les langues Apprendre le monde Rapport présenté au ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative par le Comité stratégique des langues présidé par Suzy Halimi

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  • Apprendre

    les langues

    Apprendre

    le monde

    Rapport prsent au ministre de lducation

    nationale, de la jeunesse et de la vie

    associative par le Comit stratgique des

    langues prsid par Suzy Halimi

  • COMIT STRATGIQUE DES LANGUES

    Prsidente

    Suzy Halimi, vice prsidente de la commission nationale

    franaise pour lUnesco (CNFU), prsidente honoraire

    de luniversit Sorbonne Nouvelle-Paris 3

    Prsidents dhonneur

    Claude Bbar, prsident de lInstitut Montaigne

    Claude Hagge, professeur au Collge de France

    Rapporteurs

    Odile Malavaux, inspectrice dacadmie,

    inspectrice pdagogique rgionale danglais,

    acadmie de Strasbourg

    Pascale Tempez, inspectrice de lducation nationale

    pour le premier degr, charge du dossier langues vivantes,

    acadmie de Crteil

    Membres

    Batrice Angrand, secrtaire gnrale de lOfce franco-

    allemand pour la jeunesse (OFAJ)

    Jean-Claude Beacco, professeur en didactique des langues

    luniversit Sorbonne Nouvelle-Paris 3

    Tony Bulger, auteur et formateur

    Elizabeth Intrator, professeur danglais

    Lid King, directeur de The Languages Company

    Eva-Sabine Kuntz, secrtaire gnrale de lOfce franco-

    allemand pour la jeunesse (OFAJ)

    Jacques Legendre, prsident de la commission de la culture, de

    lducation et de la communication du Snat, snateur du Nord

    Marie-Christine Lemardeley, prsidente de luniversit

    Sorbonne Nouvelle-Paris 3

    Franois Monnanteuil, doyen du groupe des langues vivantes

    de linspection gnrale de lducation nationale

    Anna-Livia Susini, chef du dpartement des relations

    europennes et internationales, DGESCO

    Alberto Toscano, journaliste

    Anne Trevise, professeur de linguistique, universit Paris-Ouest-

    Nanterre-La Dfense

  • Chaque langue est une fentre ouverte sur le monde

    George STEINER

    1

    Apprendre les langues

    Apprendre le monde

    Rapport du Comit stratgique des langues

    prsid par Suzy Halimi Janvier 2012

    1

    Entretien pour Tlrama n3230, 12 dcembre 2011, propos de Posie de la pense, Gallimard, coll. Essais ,

    2011, (titre original : The Poetry of Thought)

  • 3SOMMAIRE

    AVANT PROPOS5

    INTRODUCTION7

    I. LTAT DES LIEUX..9

    I. 1. Les progrs raliss 10

    I. 1. 1. Lextension et la diversification de loffre de formation

    I. 1. 2. Les pratiques pdagogiques innovantes

    I. 1. 3. Louverture europenne et internationale des tablissements

    I. 2. Les points sensibles : difficults et

    dysfonctionnements14

    I. 2.1. Les problmes organisationnels

    I. 2. 2. Les difficults

    - lies aux lves et / ou la formation des enseignants

    - lies aux carts de performances des lves au regard des niveaux attendus

    II. QUELLE STRATGIE POUR LENSEIGNEMENT DES LANGUES EN FRANCE ?.........17

    II.1. Souvrir au monde du XXI

    e

    sicle : affirmer limportance des langues .19

    II. 1.1. Lapprentissage des langues, une question de socit de la plus grande actualit

    II. 1.2. Des ides reues balayer

    II. 1.3. Quelles langues enseigner ? La question de la diversit linguistique

    II. 2. Tracer un parcours cohrent de la maternelle au suprieur 25

    II. 2. 1. Dbut du cursus : un apprentissage prcoce, voire une sensibilisation prscolaire

    II. 2. 2. Poursuite du cursus : un parcours dont la cohrence reste consolider

    II. 3. Parvenir la mobilit pour tous 33

    II. 3. 1. Lintervention de locuteurs natifs ? Le dbat

    II. 3. 2. La mobilit virtuelle

    II. 3. 3. La mobilit physique : sjours linguistiques ltranger

    - La mobilit des lves

    - La mobilit des enseignants

    - Valoriser pour encourager la mobilit

    II. 4. Former et valoriser les enseignants ....41

    II. 4. 1. Formation initiale

    II. 4. 2. Formation continue

    II. 5. Travailler ensemble.45

    II. 5.1. Une meilleure visibilit de lensemble du dispositif

    II. 5.2. Une coopration active entre tous les acteurs

    CONCLUSION .48

    RSUME DE LA STRATGIE PROPOSE PAR LE COMIT49

    ANNEXES .53

  • 5AVANT PROPOS

    Monsieur le Ministre,

    Cest pour moi un honneur et un agrable devoir de vous soumettre aujourdhui le rapport du

    Comit stratgique des langues que vous avez mis en place en avril 2011 et dont vous avez bien

    voulu me confier la prsidence. Nous parvenons lissue de notre travail ; nous navons pas la

    prtention davoir puis une matire dont lampleur, la complexit ncessiteraient encore de longs

    mois de rflexion et denqute ; cependant la mission que vous nous avez assigne ntait pas de

    produire une tude exhaustive sur le sujet, mais, partir de ltat des lieux de lenseignement actuel

    des langues en France, de vous proposer une stratgie ambitieuse qui sappuierait sur les points forts

    pour en dpasser les faiblesses. Il serait prsomptueux de dire dans quelle mesure ce rapport

    rpondra votre attente, mais je le crois fidle lesprit du mandat que vous nous avez confi.

    Les conclusions et recommandations que nous vous soumettons sont le fruit du consensus des

    membres de notre comit, qui ont rflchi en toute indpendance desprit aux problmes que pose,

    dans notre pays, lenseignement des langues, lheure de la construction europenne et de la

    mondialisation. Je tiens les remercier pour leur engagement, la richesse de leur contribution nos

    dbats.

    Notre rflexion sest aussi nourrie des nombreux contacts que nous avons recherchs avec les

    acteurs de terrain de notre systme ducatif et chez certains de nos voisins europens. La liste est

    longue elle est donne en annexe de tous ces interlocuteurs qui nous ont clairs sur leur

    domaine de spcialit. Notre rapport leur doit sa part de tmoignages directs et dexemples de bonnes

    pratiques. Vers eux aussi va toute ma reconnaissance, avec mes excuses de ne pouvoir les citer tous.

    Je ne saurais oublier, dans mes remerciements, les membres du Cabinet, les services de la

    DGESCO, sous la direction de Renaud Rhim, et ceux de la DREIC, pour linformation quils ont

    fournie, les dossiers quils ont mis notre disposition, les contacts quils ont permis de prendre.

    Prcieuse aussi a t la collaboration de Christiane Vaissade qui ma accompagne dans le quotidien

    de ce projet.

    Pour terminer, cest vous Monsieur le Ministre, que je voudrais exprimer ma gratitude pour

    lautonomie intellectuelle dont nous avons bnfici au long de cette mission. Jespre que le rapport

    que nous vous soumettons rencontrera votre adhsion.

    Suzy HALIMI

    Prsidente du Comit stratgique des langues

  • 7INTRODUCTION

    Dans son discours lUNESCO, le 27 octobre 2011, le Ministre a rappel que lducation est

    la condition du progrs de lhomme, la cl de diffusion de la culture de paix . Il a prsent les trois

    grandes rvolutions qua connues lcole franaise dans la seconde moiti du XX

    e

    sicle : la

    dmocratisation, la massification et la personnalisation, et il a conclu son allocution par ces mots :

    ...il nous faut oser. Face aux habitudes de pense, il nous faut innover ; face aux conservatismes, il

    nous faut changer lcole avec les professeurs .

    Ces convictions sous-tendent la lettre de mission quil a remise au Comit stratgique des

    langues, auquel il demande de faire voluer lenseignement des langues vivantes, notamment

    langlais, mais avec le souci de prserver la pluralit linguistique. Invit se pencher sur la

    progression de lapprentissage de lcole maternelle au baccalaurat, le Comit a souhait largir son

    mandat pour y inclure lenseignement suprieur, afin de souligner la ncessaire cohrence de

    lensemble du systme ducatif. Le ministre a aussi fait rfrence aux modalits denseignement,

    exprimant le vu de voir mises en valeur les pratiques pdagogiques innovantes, et un autre enjeu

    majeur : celui de la mobilit des jeunes et des enseignants. Enfin il a conclu en souhaitant que le

    Comit lui prsente une offre ambitieuse [...] qui permette une relle galit des chances .

    Nanti de cette feuille de route, le Comit a jug ncessaire de procder dabord un tat des

    lieux, avant de pouvoir dessiner la stratgie souhaite par le ministre.

    Son travail sest nourri des publications, des travaux, des avis de chercheurs et de spcialistes

    de lenseignement, comme Claude Hagge, de la somme des rapports conduits sur le sujet par les

    inspections gnrales, et des circulaires de rentre adresses chaque anne par le ministre aux

    recteurs, aux chefs dtablissement et aux enseignants. Il y a trouv des analyses et des propositions

    qui ont servi de point de dpart et de rfrence ses propres rflexions.

    Parvenu au terme de son mandat, le Comit regrette toutefois de navoir pas eu le temps

    dapprofondir sa rflexion sur trois points qui mriteraient dtre repris ultrieurement : lvaluation, la

    carte des langues, les mtiers des langues. Le temps imparti sa rflexion, davril dcembre, tait

    en effet trop court pour permettre de mener bien des travaux plus approfondis, qui demandaient

    dautres rencontres et consultations, empches par linterruption scolaire de lt. Les runions de

    travail du groupe, certes toutes fructueuses et suivies avec assiduit, ne pouvaient suppler au

    ncessaire temps long dun tel approfondissement, le plus souvent adoss dindispensables

    tudes techniques. Ce travail vise donc seulement tracer des pistes, mais a nanmoins lambition

    douvrir la voie une nouvelle approche.

  • 9I. LTAT DES LIEUX

  • 10

    Comme on pouvait sy attendre, cest un tableau en demi-teinte qui se dessine quand on essaie

    de dresser un tat des lieux en matire denseignement des langues, compos dindniables progrs

    raliss au cours de ces dernires annes, mais aussi de difficults quil conviendrait de rsoudre.

    I. 1. Les progrs raliss :

    extension et diversification de loffre de formation

    introduction de pratiques pdagogiques innovantes

    ouverture europenne et internationale des tablissements

    NB : Chaque fois que nous parlerons des langues et de lenseignement des langues, il doit tre clair que

    nous ne dissocions pas apprentissage strict de la langue et acquisitions culturelles qui laccompagnent

    ncessairement. Le comit sappuie sur ce postulat quenseigner une langue, cest galement ouvrir une

    culture. Par commodit, nous rsumerons le plus souvent sous le terme langue .

    I. 1. 1. Lextension et la diversification de loffre de formation

    Lapprentissage dune langue en dehors de la langue maternelle commence dsormais

    lcole primaire. Une seconde langue est aborde au collge en classe de 4

    e

    , puis poursuivie au

    lyce, o les lves qui le souhaitent peuvent mme sinitier une troisime langue. Cet

    apprentissage de deux langues vivantes est offert non seulement aux sries gnrales mais

    dsormais aussi toutes les sries technologiques et la voie professionnelle notamment dans

    le secteur des services et de lhtellerie. Dans le mme temps, ont t dveloppes les sections

    europennes et de langues orientales (SELO), ct des sections internationales, sections

    dexcellence, avec pour objectif lgale matrise de deux langues la fin du secondaire. Existent

    galement les sections bi-nationales (ABIBAC, BACHIBAC, ESABAC) qui permettent dobtenir la

    dlivrance simultane du baccalaurat franais, et respectivement de lAbitur (Allemagne), du

    bachillerato (Espagne) ou de lesame di Stato (Italie).

    Les sections linguistiques : SELO et sections internationales

    2

    Les sections europennes et internationales scolarisent 296 100 lves en 2010, soit 5,7 % des lves

    du second degr de France mtropolitaine et des DOM.

    Au collge, elles concernent peu les lves de sixime et de cinquime (moins de 1%), et dmarrent en

    classes de quatrime et de troisime (9,2 % des lves) pour se prolonger au lyce gnral (10,2 % en seconde

    GT). Dans lenseignement technologique ou professionnel, les sections linguistiques sont marginales.

    Les sections europennes (SELO) sont beaucoup plus rpandues que les sections internationales

    (respectivement 95 % et 5 % des sections linguistiques).

    La croissance des SELO se poursuit

    La loi d'orientation de 2005 fixait une augmentation du nombre des sections europennes ou de langues

    orientales (SELO) de 20% pour l'horizon 2010. Cet objectif a t largement atteint et mme dpass : on compte

    dsormais 47% de sections en plus par rapport septembre 2005 et 9% d'lves en plus par rapport l'an

    dernier

    3

    .

    la rentre 2010, les sections europennes scolarisaient 24 000 lves de plus quen 2009, soit

    une progression de 9,4 %. Les sections internationales, avec un gain de 1 500 lves, avaient augment

    de10, 2%.

    2

    DEPP, Repres et rfrences statistiques, dition 2011

    3

    DEPP, Les chiffres cls des sections europennes ou de langues orientales 2010

  • 11

    La diversit linguistique et culturelle, prne par lUNESCO comme hritage commun de

    lhumanit et rappele dans les directives de lUnion europenne, reste au cur de la politique

    franaise qui, aprs avoir fait leur place aux langues rgionales, insiste sur le libre choix des familles

    dans la formation de leurs enfants. ce credo de base, la conjoncture internationale est venue

    apporter ses retouches : la circulaire de rentre de 2001 recommande aux recteurs, matres duvre

    en la matire, de promouvoir lenseignement de larabe et dviter de supprimer les postes dvolus

    lenseignement des langues dites rares. En 2004, lissue du Conseil franco-allemand des ministres,

    les deux pays se sont engags dvelopper lapprentissage de leurs langues respectives, sur la base

    de la rciprocit. Cest ainsi quau baccalaurat la France nautorise pas moins de 64 langues en

    option offertes du moins lexamen, sinon toutes enseignes en amont dtenant un vritable

    record mondial en termes de diversification. La pratique de loral et la dimension culturelle

    indissociable, dans toute langue, de son rle de communication, ont aussi fait lobjet de pressantes

    recommandations aux enseignants. Dsormais en premire et en terminale L, le programme

    comporte ltude de la littrature trangre en langue trangre.

    I. 1. 2. Les pratiques pdagogiques innovantes

    Nous ne saurions rendre justice ici toutes les innovations introduites dans lenseignement des

    langues dautres lont fait avant nous et la bibliographie donne en annexe renvoie leurs tudes

    pour une vision exhaustive.

    Quelques exemples suffiront avant daborder la stratgie proprement dite :

    Dans les sections europennes, ds leur cration, et maintenant dans toutes les classes de lyce,

    des disciplines non linguistiques (DNL) peuvent tre enseignes dans une langue trangre,

    comme lhistoire et la gographie en anglais ou les mathmatiques en chinois : initiative pratique

    largement dans certains pays voisins, les pays scandinaves notamment, efficace en ce quelle

    permet lapproche de la langue comme un outil et non plus seulement comme une discipline parmi

    les autres.

    nen pas douter, lavance la plus significative est nanmoins ladoption, en 2005, du Cadre

    europen commun de rfrence pour les langues (CECRL), labor par le Conseil de lEurope.

    Tous les pays europens disposent dsormais dun rfrentiel commun pour identifier et valuer

    les cinq comptences langagires qui signent la matrise dune langue : comprhension et

    expression crites, comprhension et expression orales, interaction orale. Cet instrument, trs

    largement adopt, favorise la comparabilit des niveaux de performance et privilgie, dans le

    mme temps, la dmarche actionnelle et lapproche culturelle. Daucuns demanderont aussitt

    juste titre comment dvelopper la pratique de loral dans des classes aux effectifs conus pour

    un autre type denseignement.

    On ne compte pas les outils numriques mis au point grce aux progrs des technologies de

    linformation et de la communication : ils ont pour but soit de mettre les apprenants en contact,

    distance, avec des locuteurs natifs, soit de les entraner reproduire les modles qui leur sont

    fournis : Educalangue, Educastream, Tell me more, Learn English. Le comit sest vu

    proposer toute une gamme de produits, en a test certains et en a apprci les vertus pour aider

    les enseignants dans leur tche. Au milieu de ce riche paysage, la baladodiffusion permet aux

    lves dentrer en contact avec les langues et cultures trangres en dehors du cadre scolaire,

    nimporte o et tout moment. Ici et l, dans diverses rgions, nous avons vu cette culture

    nomade favorise par la mise disposition gratuite des matriels ncessaires.

  • 12

    Exemples de bonnes pratiques

    Le bilan positif de la balado-diffusion dans lacadmie de Besanon

    4

    Emmener son MP3 chez soi, cest en quelque sorte faire entrer lcole la maison, et crer ainsi un lien

    entre les connaissances dveloppes en cours et poursuivies, voire approfondies en-dehors de la classe.

    Pour lenseignant, lutilisation des baladeurs modifie lorganisation pdagogique des enseignements et

    ouvre dautres perspectives pour lvaluation des lves [...]

    Elle permet dintgrer aux cours des lments complmentaires dactualit qui sont un vritable apport

    pour la dimension interculturelle et transversale de lapprentissage.

    Deux points essentiels :

    - la balado-diffusion permet davoir un rapport privilgi avec llve et de cibler les atouts et les besoins de

    celui-ci,

    - laspect nomade de loutil permet daugmenter le temps dexposition la langue.

    Les groupes de comptences mis en place partir de 2005 visent apporter une solution

    lhtrognit des lves et au cloisonnement des classes. Ils permettent les regroupements

    dlves pour la pratique dune comptence langagire bien identifie, en tenant compte des

    acquis et des besoins des lves. Pour en favoriser la constitution, les chefs dtablissement

    disposent, grce lautonomie de lEPLE, de la facult de procder une globalisation des

    horaires de langues vivantes de faon encourager leur mise en synergie et introduire plus de

    souplesse dans les enseignements.

    Encourager la pratique de loral est enfin le but des stages intensifs gratuits ouverts aux lycens

    dans quelques acadmies pendant les petites vacances Rouen cest une semaine en internat

    au mois de juillet.

    Exemples de bonnes pratiques

    Organisation des stages intensifs de vacances dans lacadmie de Paris

    En octobre 2011, lacadmie de Paris proposait, pour la quatrime anne des stages gratuits sur la pratique

    orale de trois langues trangres : anglais, allemand, espagnol, dans sept lyces rpartis sur lensemble de

    lacadmie.

    5

    Nous avons pu assister au lyce Hlne Boucher ces mises en immersion organises en trois langues-

    anglais, allemand, espagnol et nous entretenir avec les lves runis, sur la base du volontariat, autour de

    locuteurs natifs sappliquant faire partager la langue de Shakespeare, de Goethe ou de Cervants !

    Quelques chiffres

    LV Nombre dlves inscrits

    2010 - 2011 2011 - 2012

    allemand 30 34

    anglais 140 422

    espagnol 9 73

    Total 179 529

    Tous ces dispositifs et nous navons pu les numrer tous sont des adjuvants prcieux pour

    lentranement la pratique de loral, mais ils ne sauraient remplacer lefficacit du bain

    linguistique bien prpar quoffrent les sjours (linguistiques) ltranger. Cest pourquoi sest

    paralllement mise en place une vritable stratgie douverture internationale des tablissements.

    4

    De l'volution des reprsentations au dveloppement de comptences, Dcembre 2009. acadmie de Besanon.

    Odile MALAVAUX, Michel MAZAUDIER, Jonas ERIN, Vronique BOUST, Dominique CHATTE, Jean-Luc BORDRON, IA-IPR .

    5

    Communiqu de presse, acadmie de Paris, octobre 2011

  • 13

    I.1. 3. Louverture europenne et internationale des tablissements

    Cest le rle des dlgus acadmiques aux relations europennes et internationales et la

    coopration (DAREIC) que daider les tablissements scolaires dans leur mission douverture aux

    partenariats trangers, en harmonie avec les jumelages organiss par les collectivits territoriales.

    Les circulaires de rentre, depuis 2006, mettent laccent sur la ncessit de multiplier les contacts par

    tous moyens. Il existe plusieurs modalits dchanges entre les lves et leurs homologues trangers.

    La traditionnelle correspondance crite nest certes pas ddaigner, du moins au premier stade

    de lapprentissage, mais elle est largement relaye par des dispositifs modernes faisant appel aux

    ressources nouvelles de linformation et de la communication. Le programme europen e-twinning a

    ainsi fait la preuve de son efficacit et il conviendrait den rpandre lusage ; nous y reviendrons.

    Plus difficiles organiser et surtout financer sont les sjours linguistiques auxquels la

    mobilit virtuelle doit servir de prlude. Ce point ayant fait lobjet dune importante rflexion au sein du

    comit stratgique, il sera dvelopp dans la prsentation et les recommandations ultrieures. Mais

    dj il est possible dvoquer ici des exemples de bonne pratique qui mritent dtre connus et mis en

    valeur.

    Exemples de bonnes pratiques

    Financement : les partenariats

    Rgions

    Le prsident de la rgion Centre a soulign investir jusqu deux millions deuros chaque anne dans la

    mobilit des jeunes.

    Entreprises

    Des chefs dentreprise ont expliqu comment ils organisaient le bain linguistique et culturel de leurs

    nouvelles recrues en les envoyant deux ans ltranger, pralable indispensable leur insertion au sige

    (Schneider Electric).

    Multinationales

    Des multinationales comme Airbus, qui exploitent des filiales de par le monde, ont le souci de crer, dans

    les pays o elles sinstallent, des filires de formation destines prparer les ressources humaines dont elles

    auront besoin et y envoient en stage des lves franais des lyces professionnels de la mme filire

    (aronautique).

    NB. On prfrera tout au long de ce document parler de sjour linguistique plutt que de voyage

    ltranger, de faon souligner la ncessaire recherche de qualit qui va de pair en ce domaine avec lobjectif

    defficacit de lapprentissage vis ici.

  • 14

    I.2 - Les points sensibles : difficults et dysfonctionnements

    La plupart ont t points du doigt dans le rapport dinspection gnrale de 2009

    6

    . Nous les

    avons retrouvs notre tour, lors de notre enqute, deux annes ntant bien sr pas suffisantes pour

    redresser la barre de faon significative. Les difficults sont pour une part organisationnelles, et,

    dautre part, lies aux lves et aux enseignants. Enfin, plus proccupant, lcart entre les niveaux

    attendus (CECRL) et les performances constates des lves.

    I. 2. 1. Les problmes organisationnels

    Ils rsident tout dabord dans lcart qui existe entre les textes et la ralit sur le terrain, cart qui

    tient sans doute limpossibilit dvaluer dj limpact effectif de ces transformations en

    profondeur. Ainsi apparat-il quun certain nombre denseignants combien au juste, cest difficile

    dire ne se sont pas encore pleinement appropri le Cadre europen commun de rfrence

    pour les langues du Conseil de lEurope (mme si celui-ci nest pas uniquement un instrument

    pour lvaluation) et peinent encore passer de la logique de notation traditionnelle une logique

    dvaluation de comptences. Non que le problme rside dans le passage de la note

    lvaluation des comptences, mais les enseignants ont encore du mal se faire une ide juste

    des attendus que reprsentent les niveaux du CECRL.

    De mme les groupes de comptences ne se mettent-ils en place que peu peu : manque de

    salles dans les tablissements, nombre denseignants insuffisant pour ddoubler les effectifs. Des

    drives existent, qui consistent confondre groupes de comptences et groupes de niveau. Les

    enseignants qui se voient cantonns la pratique dune des comptences langagires, dplorent

    cet apprentissage explos des langues, se plaignent de cette noria dlves et regrettent

    labsence de relation pdagogique stable avec leur classe. Par ailleurs la mise en place du

    dispositif ncessite une coordination troite des enseignants concerns, coordination qui doit se

    faire en dehors des cours, sur le temps consacr leurs prparations et corrections, voire leurs

    plages de libert et la bonne volont sessouffle.

    Plus fcheux, certains des dispositifs innovants dexcellence, comme les sections europennes,

    dj mentionnes, ou les classes bi-nationales, avec des vises diffrentes, ne concernent quune

    minorit dlves : les premires, malgr leur dveloppement et le dbut de leur implantation en

    ducation prioritaire, ne couvrent encore que 5,3% des effectifs

    7

    , les secondes moins de 1%, ce

    qui laisse plus de 93% des jeunes non concerns ! Lgalit des chances est encore loin, seule en

    bnficie la minorit dlves motivs et non effarouchs par un surcrot de travail.

    En ce qui concerne loffre de formation, on a pu dplorer certaines incohrences et un manque de

    continuit dommageable dans les cursus. La libert de choix des familles, qui se porte

    massivement sur langlais, se heurte la ncessit de composer avec le plurilinguisme. En outre,

    dans le primaire, la diversit des formations en langue des enseignants et la complexit de leur

    affectation mettent en opposition libert du choix et ncessit dun pilotage. Les fdrations de

    parents dlves signalent en effet la difficult de commencer lcole une langue autre que

    langlais et de ne pouvoir la poursuivre, faute denseignement assur, en cas de changement

    dtablissement ou dacadmie. Ainsi se rduit, ipso facto, loffre de formation. Le rapport prsent

    6

    Rapport IGEN 2009, rapporteurs R. MONTAIGU et R. NICODEME, Modalits et espaces nouveaux pour lenseignement des

    langues

    7

    DEPP, Repres et rfrences statistiques, dition 2011

  • 15

    au Snat par Monsieur Jacques Legendre

    8

    , membre du Comit stratgique, alertait dj en 2003

    sur le rtrcissement de loffre de formation, le risque du tout-anglais .

    Manque de continuit aussi dans les cursus. Depuis lintroduction dun apprentissage des langues

    en primaire, parents et corps dencadrement dplorent notamment labsence dune articulation

    effective entre le cours moyen et la sixime. Ce point a retenu lattention du comit (voir II.2.2.)

    I.2.2- Les difficults

    - lies aux lves ou la formation des enseignants

    Est-ce l une des sources des problmes constats au niveau des lves et des enseignants ?

    Toujours est-il quune enqute Eurydice de 2008, conduite auprs des pays de lUnion europenne, a

    tabli que si les jeunes des pays nordiques sont convaincus de la ncessit dapprendre les langues

    trangres, les Franais et les Espagnols sont les moins motivs par cet apprentissage, ceux qui

    ressentent le moins lenvie et la ncessit dutiliser dautres langues que la leur dans leur

    environnement immdiat famille, mdias, loisirs. Et pourtant une enqute conduite en 2002

    9

    par

    linspection gnrale de lducation nationale constatait combien les jeunes enfants, au contact dune

    autre langue, trouvaient de lattrait dans cette dcouverte ! Lrosion de cet intrt au fil de la scolarit

    ne laisse pas dtre proccupant.

    La responsabilit nen incombe certes pas aux enseignants qui font de leur mieux pour entretenir

    la flamme et pour mettre en uvre les connaissances et comptences acquises au cours de leur

    formation, mais beaucoup regrettent de navoir pas reu une prparation suffisante leur mtier, et

    une certaine crise de la vocation samorce chez les futurs enseignants, les anglicistes notamment.

    Toutefois il faut bien se garder de gnraliser, ce sont l des difficults ponctuelles, les rsultats

    positifs obtenus dans le secteur de lapprentissage des langues sont bien plus attests et plus

    quantifiables que les cas de dysfonctionnement. Mais trop dlves sont encore inhibs, ce qui est

    une entrave de taille dans lacquisition dune langue. Faire le constat de cette inhibition cest

    reconnatre comme prioritaire la recherche de l'panouissement de l'lve, condition sine qua non

    dun apprentissage efficace : ...Force est de constater la faiblesse fondamentale des Franais vis--

    vis de la pratique orale des langues trangres. Jy vois une cause principale : linhibition, cette

    mme peur qui paralyse nos lves dans les tests internationaux : la peur de se tromper... Cest l un

    enjeu ducatif majeur .

    10

    Il convient donc de lisser les asprits encore existantes, ne serait-ce que pour assurer tous

    les jeunes les mmes chances de russite.

    - lies aux carts de performances des lves au regard des niveaux attendus

    Enfin, les enqutes les plus rcentes conduites aux niveaux national et europen donnent

    penser que les performances de nos lves sont insuffisantes. Le niveau A2 du cadre europen, qui

    devrait tre atteint la fin de la 5

    e

    , ne lest pas pour une partie des apprenants. Il est valid dans le

    cadre du DNB mais avec des exigences et des modalits procdurales variables qui font douter de la

    culture de lvaluation dans les tablissements et, partant, de lgalit des chances.

    Comme dans toutes les rformes, pour surmonter ces difficults, il faudra du temps et des

    rajustements, une mutualisation des bonnes pratiques.

    8

    L'enseignement des langues trangres en France, rapport d'information n 63 (2003-2004) de M. Jacques LEGENDRE,

    fait au nom de la commission des affaires culturelles du Snat.

    9

    Rapport IGEN 2002, A.SCOFFONI rapporteur, Le Suivi des langues vivantes au primaire.

    10

    Discours de Luc CHATEL, ExpoLangues 2011.

  • 17

    La culture, notre seule identit

    Umberto ECO

    Le Monde, jeudi 26 janvier 2012

    II. Quelle stratgie

    pour lenseignement des langues en France ?

  • 18

    Sappuyant sur cet tat des lieux et pour rpondre la lettre de mission du ministre, le comit a

    labor une stratgie qui se dploie selon cinq grands axes. Chacun de ces axes est accompagn de

    recommandations - modalits dapplication - elles-mmes illustres par des exemples de bonnes

    pratiques qui en dmontrent la faisabilit.

    - Souvrir au monde du XXI

    e

    sicle : affirmer limportance des langues

    - Tracer un parcours cohrent de la maternelle au suprieur

    - Parvenir la mobilit pour tous

    - Former et valoriser les enseignants

    - Travailler ensemble

  • 19

    II.1. Souvrir au monde du XXI

    e

    sicle : affirmer limportance des

    langues

    II. 1.1. Lapprentissage des langues, une question de socit de la plus grande actualit

    Soucieux de promouvoir la construction europenne et prenant conscience des enjeux de la

    mondialisation, les ministres runis Lisbonne en 2000, puis Barcelone en 2002, se sont donn

    pour objectif la construction de lconomie de la connaissance la plus comptitive et la plus

    dynamique du monde pour le XXI

    e

    sicle . Aussitt, la Commission europenne a inscrit dans son

    plan daction 2004-2006 lapprentissage, ds le plus jeune ge et tout au long de la vie, de deux

    langues trangres en plus de la langue maternelle et mis en place plusieurs programmes de

    mobilit pour faciliter cet apprentissage.

    Interrog dans le cadre de notre enqute

    11

    , le responsable du secteur ducation Bruxelles

    a confirm le renforcement de cet apprentissage des langues dans la Stratgie Europe 2020 en cours

    dlaboration, prcisant qu largument douverture culturelle sajouterait dsormais, fortement, celui

    de lemployabilit, levier majeur pour la croissance et lemploi stratgie qui tire tout le reste . De

    fait, les chefs dentreprise consults par le comit ont dit ne plus recruter dsormais que des

    collaborateurs matrisant au moins une langue trangre.

    Il ne suffit pas toutefois dtre persuad de limportance des langues : au moment de passer

    laction, de mettre en place cet apprentissage, on se heurte un certain nombre dides reues quil

    convient de balayer au seuil de toute stratgie.

    II. 1. 2. Des ides reues

    12

    balayer

    - Parler plusieurs langues serait rserv une lite

    La matrise des langues a certes longtemps t perue comme une forme de distinction

    sociale rserve une minorit privilgie, mais elle est dsormais banalise et fait partie intgrante

    de la plupart des profils professionnels.

    Il faudrait tre dou pour apprendre les langues.

    En ralit, la comptence linguistique est le propre de lhomo sapiens elle est donc,

    comme dit Descartes de la raison, la chose du monde la mieux partage.

    - Apprendre les langues, est-ce une question dintelligence ?

    Si une certaine aptitude intellectuelle est ncessaire pour apprendre la grammaire et le

    vocabulaire, lusage de la langue sacquiert naturellement : cest par limprgnation et la pratique que

    se fait dabord lapprentissage.

    - Apprendre plusieurs langues, cest risquer la confusion linguistique.

    Les faux amis peuvent en effet gnrer une certaine confusion au niveau de la terminologie,

    mais ils ne sont pas si nombreux et, en revanche, la comptence et les aptitudes acquises dans un

    domaine linguistique sont transfrables dautres, comme savoir couter ou exercer sa mmoire. Et

    les linguistes de conclure : les langues spaulent sans jamais se combattre . Argument opposer

    ceux qui disent encore quavant dapprendre une langue trangre aux enfants, il faut les aider

    mieux matriser leur langue maternelle. Des tudes scientifiques ont en effet dmontr que les enfants

    11

    Entretien du 20 dcembre 2011 Bruxelles avec M. Pierre MAIRESSE, directeur, direction A de la direction gnrale

    ducation et Culture , Commission europenne.

    .

    12

    Extrait de lanalyse propose par Jean-Claude BEACCO, professeur lUniversit Sorbonne Nouvelle- Paris 3 et membre

    du comit stratgique.

  • 20

    exposs en bas ge une langue trangre ont, par la suite, plus daisance et de meilleurs rsultats

    dans lacquisition de leur propre langue. Dune manire gnrale, des tudes montrent quapprendre

    une langue trangre rend non seulement meilleur dans sa propre langue mais dveloppe des

    capacits cognitives galement bnfiques lacquisition des autres disciplines.

    - Apprendre une langue, ce serait long et ennuyeux

    Long peut-tre si lon veut se spcialiser et en matriser toutes les subtilits. Mais en fait,

    une fois mmorises les formes fondamentales (lexique et syntaxe), on peut atteindre un rel niveau

    de comptence et les mthodes pdagogiques actuelles, impliquant les apprenants dans des projets

    innovants, font la part belle lexpression orale et la communication : thtre, cinma, mise en

    scne dun ouvrage littraire, musique et chant... Ainsi les professeurs de lacadmie de Rouen que

    nous avons rencontrs

    13

    nous ont-ils convaincus, par lventail et la richesse des tmoignages

    proposs, que leurs lves prenaient un rel plaisir lapprentissage de langlais, de lallemand, de

    litalien, ou de lespagnol.

    II. 1. 3. Quelles langues enseigner ? La question de la diversit linguistique

    Il est indniable que langlais occupe actuellement une place dominante comme langue de

    communication internationale, et cest pourquoi les familles en font le choix prioritaire pour leurs

    enfants, en France comme chez nos voisins. Mais cette position hyper-centrale nest pas assure de

    se maintenir lavenir, de lavis-mme des experts britanniques

    14

    . La langue de communication dans

    le monde ne peut se rduire langlais. De nombreux pays dfendent leur langue dans le monde

    travers louverture de centres culturels ltranger tels que les instituts Confucius, Goethe, Camoes

    ou Cervantes. Il semble difficile de prsumer de ce que sera la langue dominante de demain

    15

    . Dans

    un monde polycentrique, dautres langues aspirent devenir les linguae francae de demain et elles le

    sont dj dans leur bassin dinfluence go-politique et conomique : arabe, chinois, portugais, russe,

    sans compter avec le franais qui demeure une grande langue internationale et la premire LV2

    tudie en Europe.

    Quelques chiffres

    En Europe en 2009, 95% des lves du deuxime cycle ont tudi langlais comme langue trangre.

    (communiqu Eurostat, Journe europenne des langues, 26 septembre 2011)

    La France est conforme cette volution, avec 94% de ses lves du second cycle en anglais LV1

    au second degr, les 6% restants se rpartissant entre lallemand, principalement, et lespagnol (DEPP, chiffres

    rentre 2009)

    En primaire en 2011, 90,1% des lves tudient langlais, 8, 6% lallemand, 1, 5% lespagnol.

    (DEPP 2011, Repres et rfrences statistiques)

    Le responsable europen qui nous a reus apporte sa contribution au dbat : dans vingt ans,

    dit-il, tout un chacun saura se dbrouiller en anglais ; ce qui fera alors la diffrence, pour linsertion

    professionnelle, ce sera la matrise dautres langues. Il prend pour exemple un jeune Basque qui

    parlerait sa langue rgionale, mais aussi le franais bien sr, lespagnol par proximit gographique et

    langlais comme tous les autres jeunes : que datouts dans son escarcelle !

    Madame Doris Pack, membre du Parlement europen, qui nous a accord un entretien

    Bruxelles, insiste sur limportance dapprendre la langue du voisin , vu le dveloppement de la

    13

    Visite du 7 dcembre 2011 au rectorat de Rouen : rencontre anime par Olivier LAUNAY, IA-IPR coordonnateur du

    groupe Langues

    14

    Why Global English may mean The End of English as a Foreign Language, David GRADDOL

    15

    Relev de conclusions de la runion du comit stratgique du 27.04.11, intervention de M.HAGEGE

  • 21

    mobilit des ressources humaines lintrieur des grandes rgions europennes ; ce que confirme

    Claude Hagge : Lapprentissage de la langue du voisin est un choix naturel

    16

    .

    Impossible enfin de ne pas citer ici les entreprises, qui disent vendre dans la langue de leurs

    acheteurs, selon la formule du prsident Davignon

    17

    : Les langues font nos affaires . Centr sur

    cette thmatique, le forum organis en septembre dernier Varsovie sous prsidence polonaise

    sintitulait Languages for Jobs

    18

    .

    Le dbat a divis notre comit, partisans du tout anglais dune part, dfenseurs de la pluralit

    linguistique de lautre. Persuads quil existe un fond de vrit dans chacune des deux approches,

    nous les poserons comme complmentaires dans notre stratgie pour lenseignement des langues :

    permettre tous les jeunes, tous les adultes de communiquer en anglais et den dmarrer

    lapprentissage tout au long de la vie, cest tre pragmatique dans la conjoncture actuelle, cest

    donner tous nos concitoyens les cls dentre dans lunivers de la mondialisation.

    Mais nos coles, nos universits forment dj les citoyens de demain dont le meilleur atout

    sera alors la diversit linguistique. LAsie nous ouvre les bras nous a dit un lve de BTS.

    En conclusion

    Faire prendre conscience de limportance de matriser plusieurs langues trangres dont

    langlais, de balayer les prventions dues aux ides reues, de prserver la diversit linguistique : en

    rponse ces trois proccupations et en sappuyant sur diffrentes tudes, tmoignages et sur ses

    propres observations, le groupe de travail a donc souhait dcliner point par point des

    recommandations sur lesquelles il fondera les propositions dune offre globale et ambitieuse. Pour ce

    faire, il sest attach dfinir les modalits dune approche plurielle :

    Faire de lapprentissage des langues un sujet de socit, une cause nationale pourrait-on dire,

    et utiliser les mdias toute puissance de la communication pour faire passer le message : les

    langues ne sont pas une discipline scolaire parmi les autres, elles sont un investissement

    indispensable, dterminant pour lconomie du pays, pour linsertion professionnelle des jeunes et

    des moins jeunes, pour louverture laltrit, pour lducation la citoyennet et, partant, pour la

    cohsion sociale. Notre interlocutrice de France Tlvisions nous a assurs de son soutien dans

    lventuelle mise en place dune campagne mdiatique de sensibilisation du grand public.

    Recommandation 1

    ENVISAGER UNE CAMPAGNE DE SENSIBILISATION DU GRAND PUBLIC

    - Faire de lapprentissage des langues un sujet de socit actuel

    - Montrer limportance des langues dans la sphre professionnelle et dans la construction dune

    ouverture culturelle largie

    - Faire passer un message positif : les Franais sont tout fait capables de parler plusieurs langues

    16

    Claude HAGEGE, LEnfant aux deux langues, 1996.

    17

    Etienne DAVIGNON, Prsident de la Table ronde des industriels europens, qui, dans le rapport du Forum des entreprises

    pour le multilinguisme, lanc par la Commission europenne, analyse les interactions entre les comptences linguistiques, la

    comptitivit conomique et professionnelle dans un monde globalis. 2008.

    18

    Languages for Jobs

    Providing Multilingual Communication Skills for the Labor Market

  • 22

    Conforter la place des langues vivantes

    dans lenseignement scolaire:

    - par lallongement de loffre de formation

    - par llargissement de loffre de formation

    - par laffirmation de leur place au rang des disciplines fondamentales

    en formation tout au long de la vie

    - lves dhier, les adultes daujourdhui ne sont pas oublis dans le dispositif. Le CNED a reu pour

    mission doffrir tous un service de formation distance en anglais et, pour sen acquitter, il sassure

    un partenariat avec le British Council. Celui-ci, comme nos autres partenaires europens de lInstitut

    Goethe, de lOFAJ ou de lInstitut Cervants par exemple ont galement bien des ressources mettre

    disposition pour aider lEducation nationale atteindre ses objectifs : le travailler ensemble sera

    au reste le dernier volet de notre stratgie.

    Recommandation 2

    PERMETTRE A TOUS LES CITOYENS DE SE FORMER EN LANGUES ETRANGRES TOUT AU LONG DE LA VIE

    -Mettre en place un service dapprentissage de langlais distance pour tous (avec le CNED, par

    diffrents partenariats du ministre avec le British Council, le groupe Orange notamment)

    -Lancer une tude de faisabilit sur la cration dune chane ddie lapprentissage des langues sur la

    TNT et sur la possibilit de crer des programmes jeunesse en langues trangres sur une chane de

    tlvision nationale

    dans lenvironnement quotidien

    - Une enqute de la DEPP sur les acquis des lves en anglais et en allemand en fin dcole

    primaire conclut en 2007 : il semblerait que les lves qui russissent le mieux soient ceux, qui, sur le

    plan individuel, ont le temps dexposition la langue le plus long.

    Deux ans plus tard, le Centre danalyse stratgique fait les mmes constats, arrive aux mmes

    conclusions : Le niveau de motivation des lves, reconnu comme dcisif dans lapprentissage, est

    conditionn, entre autres, par la prsence des langues vivantes dans les mdias nationaux.

    Il convient donc dutiliser tous les moyens possibles pour renforcer cette exposition aux langues :

    sappuyer sur ce qui marche l'cole (Collge au cinma, Cin-Lyce, CultureLyce, prt de films

    en VO) ; lutilisation de radios nomades, des supports modernes familiers aux jeunes (musique

    notamment) sont autant de dispositifs faire connatre, tendre. Lexposition aux langues

    trangres est devenue tout fait possible grce aux mdias daujourdhui (internet, DVD, Iphone),

    il serait sans doute profitable de dvelopper les activits autonomes - la maison- et den tirer profit

    dans les activits scolaires.

    Enfin le CNC, les chanes nationales de tlvision, le CSA doivent tre associs troitement cette

    politique nationale de renforcement de la prsence des langues dans notre environnement quotidien.

    Le dpartement Jeunesse de France Tlvisions nous a exprim sa volont dentrer en partenariat

    avec le ministre pour cooprer dans la dfinition et la mise en place dune telle politique.

  • AFFIRMERL'IMPORTANCEDESLANGUES

    recommandations

    modalits

    bonnespratiques(ousuggestions)

    Recommandation1

    En

    visagerunecampagnede

    sensibilisation

    du

    grand

    public

    -Fairedelapprentissagedes

    languesunsujetdesocit

    actuel

    -Montrerlimportancedes

    languesdanslasphre

    professionnelleetdansla

    constructionduneouverture

    culturellelargie

    -Fairepasserunmessage

    positif:lesFranaissonttout

    faitcapablesdeparlerplusieurs

    langues

    -c

    lips,videos,messagessursupportsmodernes(twitt,Facebook,rseauxsociaux)

    -tmoignages-interviewstyperadio-trottoir:lycens(cfCNVL)

    -communiquer

    sur

    limportance

    des

    langues

    vivantes:

    multiplier

    les

    occasions

    dvnements

    etrencontressurlesujet.

    Parexemple:

    BABEL

    CHANTE

    (acadmiedeRouen),en

    partenariatavec

    lEurovisionclassesdecollgeetCM2

    LESZOSCARS(acadmiedeRouen)

    -prsenceettmoignagedancienslvesdansdiffrentsForumsEmploi

    Recommandation2

    Permettretouslescitoyens

    de

    se

    former

    en

    langues

    trangrestoutaulongdela

    vie

    -Mettreenplaceunservice

    dapprentissagedelanglais

    distancepourtous(avecle

    CNED,leBritishCouncil,le

    groupeOrange)

    -Lancerunetudedefaisabilit

    surlacrationdunechane

    ddielapprentissagedes

    languessurlaTNTetsurla

    possibilitdecrerdes

    programmesjeunesseen

    languestrangressurune

    chanedetlvisionnationale

    -E

    nglishbyYourself(CNED....)

    -Teltandem

    (OFAJ),

    -multiplierlesressourcesdjexistantes:filmsenVO

    (recommandationduConseil

    europendesministresdelaculture2008,dptdunepropositiondeloilAssemble

    nationale,novembre2011)

    -solliciterlaideduCNC(djpilotedEcoleaucinma,Collgeaucinma,Lyceau

    cinma)pourlescritresdeprfrencedesdiffusionsTV,ainsiqueleCSA

    -solliciterdautresmdiasetdautressupportsplusprochesdesjeunes(chanson,

    internet...)

    23

  • 25

    II.2. Tracer un parcours cohrent de la maternelle au suprieur

    II. 2.1. Dbut du cursus : un apprentissage prcoce, voire une sensibilisation prscolaire

    Dans la plupart des pays europens, lapprentissage des langues vivantes commence de plus

    en plus tt. La publication Chiffres cls de lenseignement des langues en Europe du rseau

    Eurydice

    19

    montre que, presque partout, lenseignement obligatoire dune langue trangre dbute de

    fait au cours de la scolarit primaire, en moyenne aux alentours de 8-10 ans, mais plus tt encore

    dans certains pays : ds trois ans par exemple en Espagne et dans la Belgique germanophone. Les

    spcialistes de neurosciences affirment en effet que jusqu sept ans, les enfants peuvent

    parfaitement assimiler les sonorits et la phonologie de systmes linguistiques diffrents. Ce que

    confirme un linguiste comme Claude Hagge sur la notion de prcocit : Il ne sagit pas ici dun sens

    li la personnalit biologique ou intellectuelle de lenfant, mais dun sens institutionnel : ce qui est

    pratiqu avant lge prvu par linstitution et il enchane : Les aptitudes enfantines sont encore,

    dans le systme scolaire daujourdhui, en permanent tat de sous-exploitation

    20

    .

    Lenseignement des langues ds le plus jeune ge en Europe

    - quelques pistes ouvertes par les expriences et rflexions au niveau europen

    21

    lexception de lEspagne, lapprentissage de langues trangres entre 3 et 6 ans nest pas inscrit dans les

    programmes scolaires ou dans la lgislation concernant cette priode de la petite enfance [...] mais un grand

    nombre dinitiatives sont prises localement [...] et le plus souvent la raction des autorits comptentes prend la

    forme de projets pilotes.

    Les cas les plus intressants sont peut-tre ceux de lEspagne, du Luxembourg, de la Suisse et, dans une

    certaine mesure, de la Pologne. Ces pays ont, soit engag une gnralisation de cet enseignement, soit dfini

    un cadre prcis.

    Les modalits de lapprentissage de langue en ge prscolaire

    Les contributions des pays ayant mis en place des expriences significatives permettent de dgager un

    consensus sur certaines modalits qui paraissent tre particulirement efficaces.

    Il est frappant tout dabord dobserver que lEspagne est le seul pays europen avoir donn comme

    exemple de bonne pratique des sances de langue proprement parler. Ces sances se droulent selon

    un rituel trs rgl, qui rappelle en de nombreux points celui mis en place en France au dbut des annes 90

    lors de lopration Sans frontires . Les enseignements tirs de cette exprimentation pourraient dailleurs

    tre utilement exploits pour la rflexion actuelle. []

    La qualification des intervenants

    Cet aspect reprsente de toute vidence la plus grande difficult. Le plus grand nombre des exemples

    prsents, de mme que le projet de texte de la Commission europenne, insistent :

    - sur lintrt de la prsence de locuteurs natifs (assistants, change de matres, locuteurs prsents dans

    lenvironnement de lcole) ;

    - sur la ncessit dun niveau minimum de comptence B2 pour tous les enseignants appels intervenir dans

    ce cadre, et mme une matrise de la phonologie et de la prosodie de la langue cible proche de celle dun

    locuteur natif ;

    - sur lexigence dune formation sur la pdagogie propre la relation avec ces enfants ;

    - sur linsuffisance actuelle de la formation interculturelle de la plupart des enseignants ;

    - sur le besoin dun accompagnement des quipes pdagogiques [].

    19

    Chiffres cls de lenseignement des langues lcole en Europe , tude Eurydice, novembre 2008

    20

    Clauge HAGEGE, LEnfant aux deux langues, pp.78-79

    21

    Enqute pour la DREIC ralise en 2010 par Francis GOULLIER, Inspecteur gnral de lducation nationale, groupe des

    Langues.

  • 26

    La France est dans la bonne moyenne puisque lapprentissage commence rglementairement au

    CE1, mais les exemples de sensibilisation en maternelle ne sont pas rares, comme dans cette Living

    School visite dans le XIX

    e

    arrondissement de Paris : autour dune jeune femme amricaine, de tout

    jeunes enfants chantaient, comptaient, rcitaient de petits pomes dans la langue de leur

    matresse , avec une parfaite aisance et dans la bonne humeur. Dans toutes les coles de

    lacadmie de Strasbourg, lallemand est enseign ds la maternelle, par convention entre les

    collectivits territoriales et le rectorat. ce niveau, lapproche de la langue trangre est entirement

    ludique.

    Le rle de lcole maternelle : textes officiels

    Dcouvrir le monde

    22

    l'cole maternelle, l'enfant dcouvre le monde proche, il apprend prendre et utiliser des repres

    spatiaux et temporels. Il observe, pose des questions et progresse dans la formulation de ses interrogations vers

    plus de rationalit. Il apprend adopter un autre point de vue que le sien propre et la confrontation avec la

    pense logique lui donne le got du raisonnement. Il devient capable de compter, de classer, d'ordonner et de

    dcrire grce au langage et des formes varies de reprsentation. Ce domaine se dcompose en rubriques

    qui prfigurent les domaines disciplinaires l'cole lmentaire et les comptences du socle commun :

    - dcouvrir les objets, la matire et le vivant, qui sont les prmices d'une culture scientifique ;

    - dcouvrir les formes et les grandeurs, les quantits et les nombres qui posent les bases des premires

    connaissances mathmatiques ;

    - dcouvrir le temps et l'espace qui permet l'enfant de se construire progressivement.

    NB. UNE SENSIBILISATION AUX LANGUES EN MATERNELLE ET AU COURS PRPARATOIRE : DE QUOI PARLE-T-ON ?

    - Ouvrir loreille dautres sonorits : travail dcoute auprs de locuteurs natifs

    - Lier lcoute des activits artistiques (chants, danses) et limaginaire de lenfant

    Le comit scientifique de la DGESCO qui sest runi le 12 mai a regroup des chercheurs en

    sciences cognitives et en neurosciences pour voquer le processus dacquisition des langues ds le

    plus jeune ge. Il a notamment soulign que le point nvralgique tait dassurer la prsence de la

    langue vivante dans lenvironnement immdiat de llve et quassurer cette prsence lcole

    maternelle serait un grand pas

    23

    . Le recours aux locuteurs natifs a fait lobjet dun vaste dbat au sein

    du comit, dbat dont nous rendrons la teneur plus bas.

    Il existe de nombreux outils pdagogiques mis la disposition des enseignants, outils conus

    dans le mme esprit ludique : valisette de lOFAJ pour lallemand, Educa-langues, Tell me more,

    Learn English Kids, Little Pim, English for childrenIl ny a que lembarras du choix entre ces produits

    dont nous avons eu la dmonstration.

    De toutes ces initiatives il ressort, comme le souligne en 2007 la premire enqute DEPP sur le bilan

    des acquis des lves en anglais et en allemand en fin d'cole

    24

    , que des progrs rels ont t

    accomplis en matire denseignement prcoce des langues. Lanalyse a conclu au constat global que

    plus les lves ont lopportunit dune exposition prcoce aux langues vivantes dans leur scolarit,

    plus leurs performances sont leves.

    22

    Le rle de lcole maternelle, BO hors srie n3 du 19 juin 2008, programmes de lcole primaire

    23

    Runion du Comit du 27.04.11

    24

    DEPP, Les acquis des lves en anglais et en allemand en fin d'cole en 2004 et les contextes favorables ces

    apprentissages - Les dossiers valuations et statistiques - D.E.P.P. - N187 - septembre 2007

  • 27

    Recommandation 3

    INSTAURER UNE SENSIBILISATION AUX LANGUES DES LA MATERNELLE

    - Rechercher le concours de locuteurs natifs

    - Ne pas limiter le nombre de langues langues rgionales y compris

    - Valoriser les langues de proximit gographique ou socio-culturelle

    II. 2.2. Poursuite du cursus : un parcours dont la cohrence reste consolider

    Bientt surgit une tape de difficult importante, avec le passage du cours moyen la classe

    de sixime. Recevant des lves de niveau htrogne, les professeurs de collge sont trop souvent

    amens repartir de zro , selon la formule de lun deux. Prudence pdagogique peut-tre,

    dysfonctionnement aussi, gnrateur de crispations chez les professeurs des coles, dus et irrits

    de ne pas voir pris en compte le rsultat de leur travail ; sentiment de rgression et, partant, une

    certaine dmotivation chez les lves rduits refaire la mme chose au lieu de progresser : On

    patine -dit lun deux - on navance pas dune anne sur lautre ; gchis dnergie et de moyens pour

    lensemble du systme scolaire. Difficult surmontable, comme la montr lacadmie de Rouen, o un

    groupe de travail anim par les inspecteurs a mis en place depuis plusieurs annes une valuation

    croise de laccs au niveau A1 du CECRL : valuation effectue conjointement par les enseignants

    de lcole et du collge, valuation crite par les premiers en juin, puis orale par les seconds en

    septembre. Mme pratique de lvaluation conjointe dans lacadmie de Crteil ou encore dans

    lacadmie dAmiens.

    Recommandation 4

    UNE ARTICULATION SENSIBLE : PASSAGE DU PRIMAIRE A LA SIXIEME

    - Renforcer les liens de travail entre les enseignants des deux degrs

    - Validation conjointe du niveau A1 en fin de CM2 et lentre en 6e

    - Faciliter aux enseignants du second degr la possibilit dintervenir en primaire, dans le cadre dune

    coopration pdagogique bien comprise

    Au collge, actuellement, la seconde langue vivante nest introduite quen classe de 4

    e

    ,

    lexception des classes bilangues et de quelques sections europennes o les deux apprentissages

    sont conduits en parallle ds la 6

    e

    , pour le plus grand profit des lves qui en bnficient. Au vu du

    succs de cette formule et au nom de lgalit des chances, lun des recteurs consults nous a

    conforts dans la gnralisation de cette voie, affirmant que toute classe a vocation tre

    bilangue .

    NB. Les classes bilangues, telles quelles existent actuellement, sont des classes de sixime et de

    cinquime cres pour amliorer la continuit des apprentissages des langues vivantes, de l'cole au collge : la

    possibilit est offerte aux lves qui ont tudi une langue autre que l'anglais dans le premier degr de continuer cet

    apprentissage et, galement, de commencer celui de l'anglais, ds la sixime.

  • 28

    Cet largissement de loffre de formation aurait un cot, bien entendu, mais des diffrents scnarios

    examins par le comit stratgique, il ressort que ce cot ne serait pas excessif condition dutiliser

    au mieux la globalisation des horaires et la souplesse ainsi permise. Les solutions existent sans nul

    doute des projets dexprimentation pourraient tre conduits en ce sens niveau acadmique : sans

    alourdir la charge de travail des lves et sans exiger de moyens supplmentaires prohibitifs, ils

    donneraient sens au souhait du ministre dsireux de voir le comit stratgique lui faire une offre

    ambitieuse .

    Le niveau A2, normalement requis la fin de la 5

    e

    , serait-il alors vraiment atteint pour les deux

    langues dans ces conditions ? La rponse cette question nest pas quantitative mais qualitative

    elle ne repose pas a priori sur le nombre dheures denseignement dispenses mais se mesurera

    lacquisition effective ou non des comptences langagires dfinies par le Conseil de lEurope.

    Recommandation 5

    au collge

    - Proposer deux langues vivantes ds la classe de 6e dont langlais obligatoire

    - Rapprocher lapprentissage des deux langues pour crer entre elles une synergie qui optimise

    lapprentissage

    - Assouplir le cadre horaire dapprentissage du collge :

    Globaliser les horaires des deux langues pour favoriser la mise en place de parcours personnaliss

    Dgager une plage commune pour monter des projets de classe

    Au lyce, il est possible pour les lves les plus motivs de sinitier une troisime langue

    vivante. Mais avec quel impact sur lapprentissage des deux autres langues tudies en amont ? Les

    exemples de pratiques pdagogiques innovantes prsents Rouen donnent penser que llve

    pourrait accder un troisime palier, au moins pour la langue LV1 apprise et pratique depuis lcole

    lmentaire : il tirerait bnfice passer de lenseignement formel la mise en pratique de la langue

    par le biais dactivits fort prises des jeunes thtre, cinma, dbats citoyens, prparation de

    dossiers (au demeurant excellente initiation la mthodologie du travail universitaire). Cette sorte de

    pause de lenseignement formel au profit dactivits interactives est une pratique pdagogique qui

    a cours, avec succs, dans plusieurs pays europens, dont lAllemagne ou le Danemark. La France

    est lun des seuls pays o le volume horaire de lapprentissage linguistique se rpartit sur un

    continuum identique anne aprs anne, sans diversification de la mthode pdagogique. Il serait

    temps de passer dune pdagogie dsertique et extensive (Louis Porcher) une pdagogie

    faisant place une modulation permettant des priodes plus intensives, jouant sur la substitution de la

    pratique de la langue celle de son enseignement. Cest une hypothse creuser, hypothse

    envisage par plusieurs de nos interlocuteurs et non des moindres ! En mme temps pourrait tre

    renforc lenseignement dune DNL en langue trangre, ce qui conforterait lemploi de la langue

    comme outil de communication.

    Recommandation 6

    Au lyce

    - etudier la possibilit de mettre au repos lenseignement dune langue tudie jusque- l et ne plus

    laborder que par sa pratique, par le biais de diffrentes activits

    - renforcer lenseignement en langue trangre dune DNL

  • 29

    Luniversit pour sa part sinscrit dans le prolongement du secondaire. Cest elle qui reoit

    ceux des lves qui souhaitent faire des tudes suprieures ; cest elle aussi qui forme les futurs

    enseignants, les professeurs des coles, des collges et des lyces. Cest donc tout naturellement

    quelle prend place dans cette stratgie pour lapprentissage des langues.

    Les liens entre les deux niveaux de formation existent - et pourraient tre renforcs et mieux

    mis en lumire. Ainsi les classes bi-langues et les sections europennes pourraient-elles apparatre

    comme une voie conduisant la filire LEA (langues trangres appliques) des tablissements

    denseignement suprieur, filire offrant deux langues galit associes de lhistoire, du droit et de

    lconomie.

    Inversement, les bi-licences mises en place dans certaines universits (droit + anglais,

    conomie + anglais ou allemand, histoire-gographie + langue vivante) seraient une faon possible

    de prparer les enseignants de DNL de demain dans les lyces et collges.

    En dpit des exemples prcdents, on doit toutefois regretter que les enseignements de

    langue soient totalement absents de la plupart des filires universitaires lexception de celles qui

    accueillent les spcialistes de langue lacune fcheuse lre de la mobilit europenne et

    internationale. Lemployabilit, dans toutes les carrires, en France comme ltranger, tient aussi

    la matrise des langues ! La continuit des enseignements de langues serait plus visible et mieux

    assure si lon considrait la formation comme constitue de deux ensembles : cole et collge dune

    part (socle commun) et dautre part lyce et universit.

    Exemples de bonnes pratiques

    La Sorbonne Nouvelle- Paris 3 inscrit les langues vivantes comme un aspect majeur du Plan russite

    en licence car ce sont les langues qui font la diffrence pour l'insertion professionnelle des tudiants.

    Luniversit Paris-Sorbonne-Paris IV pour sa part offre ses tudiants dhistoire un complment de

    formation en langue sous lappellation Parcours de la russite.

    Luniversit enfin est le vivier o sont forms les matres. La rforme mise en place avec la

    cration des masters enseignement est sans doute encore trop rcente pour permettre den mesurer

    limpact, mais dj des voix slvent pour en dnoncer les failles et rclamer des ajustements. Sil est

    admis que la formation disciplinaire est de qualit, lon saccorde en revanche pour dire que la

    formation pdagogique est insuffisante. Et que penser de ces futurs professeurs de langue qui nont

    gure, dans leur cursus, la possibilit deffectuer une mobilit digne de ce nom dans le pays dont ils

    vont enseigner la langue ? Nous y reviendrons au chapitre qui leur sera consacr.

    Recommandation 7

    HARMONISER LAPPRENTISSAGE DES LANGUES ENTRE LE LYCE ET LE SUPRIEUR

    - Prendre en compte dans le suprieur, les acquis des lves dans le secondaire

    - Ne pas interrompre dans le suprieur une formation entreprise dans le secondaire

    - Mettre en place, dans le suprieur, une formation des professeurs des coles comportant un volet de

    langue

  • TRACERUNPARCOURSCOHRENT

    recommandations

    modalits

    bonnespratiques(ousuggestions)

    Recommandation3

    In

    staurerunesensibilisation

    auxlanguesdslamaternelle

    -Cultiverlarichesse

    linguistiquedelaclasse

    -Rechercherleconcoursde

    locuteursnatifs

    -Nepaslimiterlenombrede

    langueslanguesrgionalesy

    compris

    -Valoriserleslanguesde

    proximitgographiqueou

    socio-culturelle

    -

    colesdeStMaur(94):

    Depuisdenombreusesannes,lapprentissagedelanglaisdbuteengrandesection

    (GS)dcolematernelle.Lamunicipalitmetdesintervenantsdispositiondescoles.

    Desmisesentrainsontproposes:chansons,comptines,chantsmims,jeux,lecture

    dalbumssontlessupports;

    DanscertainescolesuncahierdelanguesuitllvedeGSenCP.

    -Uneapprocheludique:lesoutilsdutypemallettedelOFAJ

    -Alsace:enseignementdelallemand

    dsla

    maternelledanstouteslescolesde

    lacadmie

    de

    Strasbourg,avec

    convention

    entre

    lescollectivitsterritorialesetle

    rectorat.

    Recommandation4

    Une

    articulation

    sensible:

    passage

    du

    primaire

    la

    sixime

    -Renforcerlesliensentreles

    enseignantsdesdeuxdegrs

    -Validationconjointeduniveau

    A1enfindeCM2etaccsen6

    e

    -Faciliterauxenseignantsdu

    seconddegrlapossibilit

    dintervenirenprimaire,dans

    lecadredunecoopration

    pdagogiquebiencomprise

    -

    valuationscroisesdudpartement94,exprimentationanalogueladmarche

    delacadmiedeRouendjcite:

    Afindefavoriserlacontinuitdesapprentissages,leslvesdeCM2sontvalusen

    avril/maisurlacomprhension,leparlerencontinu,lelire.

    Lesmmeslvessontvalusen

    6

    e

    dbutoctobresurleparleren

    interaction

    et

    lcrire.

    LesenseignantsdesdeuxcyclesseretrouventaprslesvacancesdeToussaintpour

    dciderdelavalidationindividuelleduniveauA1.

    -Lesdispositifsexprimentauxdelcoledusoclepermettentcettecollaboration

    Recommandation5

    AUCOLLGE

    -Proposerdeuxlangues

    vivantesdslaclassede6

    e

    -Rapprocherlapprentissage

    desdeuxlangues

    -Assouplirlecadrehoraire

    dapprentissageducollge

    -Deuxlanguesvivantesdsla

    classede6

    me

    dontlanglais

    obligatoire

    -Globaliserleshorairesdes

    deuxlanguespourlamiseen

    placedeparcourspersonnaliss

    -Dgageruneplagecommune

    pourmonterdesprojetsde

    classe

    -D

    anslacadmiedeStrasbourg,plusde50%

    deslvespratiquentdeuxlanguesdepuis

    la6

    e

    -Au

    collge

    de

    Fortschwihr

    (acadmie

    de

    Strasbourg),

    des

    priodes

    intensives

    d'enseignementdel'anglaisetdel'allemandde4heureset1heure(en

    filrouge)

    alternenttoutesles4semainesavecuneprogressioncommune.

    30

  • Recommandation6

    AULYCEE

    -tudierlapossibilitde

    mettreaurepos

    lapprentissagedunelangue

    -Renforcerlenseignementen

    languetrangreduneDNL

    -Revivifier

    les

    groupes

    de

    co

    mptences

    -defaondisposerdetempspourdautres

    activitsinnovantesdanslalangue

    1-Dbatscitoyens:

    ilsexistentdepuisplusde10ansdanslacadmiedeRouen.

    Avecfinalesacadmiquesetinternationales(rencontreaveclaFinlandeen2010)

    Echangesursujetimpos,enclassedepremire

    bnfices:

    habilet

    de

    largumentation,

    coute

    de

    lautre,

    perfectionnement

    linguistique.

    Groupesderflexioninterlangues.

    2-ComdiemusicaleAloneonaWideWideSea

    Point

    de

    dpart:

    lecture-plaisir,

    classes

    de

    2

    e

    ,roman

    de

    littrature

    jeunesse.

    Transpositionencomdiemusicalelademandedeslves.

    Partenaires

    :2classesde2

    e

    (SE),2partenariatsGB,2enseignantsnon-DNL,lvesde

    2

    e

    euro-musique.

    Ungrandtravailinterdisciplinaire,initiparleslveseux-mmeslasuitedela

    lectureduromanenclassed'anglais,quis'estconstruitsurprsd'unanetdemieta

    permiscestrentelvesd'unesectioneuropennedemenerensembleunimmense

    projet.

    25

    3.Groupesdecomptences:

    aulyceMermoz,St-Louis(acadmiedeStrasbourg),les

    professeursenseignentenbinme,avecuneconcertationtrsrenforce;lapproche

    actionnelleestprivilgie,touteslescomptencessonttravailles,avectouteslessix

    semaines,uncoupdeprojecteurparticuliersurlunedentreelles.

    4.Mmelyce:leCafdeslangues

    ,quiaccueilletous,lheuredudjeuner,dans

    uneambianceconviviale,pourdbattre,liredesmagazines,participerdesjeux...

    Recommandation7

    Ha

    rmoniserlapprentissage

    deslanguesentrelelyceetle

    suprieur

    -Prendreencomptedansle

    suprieur,lesacquisdeslves

    danslesecondaire

    -Nepasinterrompredansle

    suprieuruneformation

    entreprisedanslesecondaire

    -Mettreenplace,dansle

    suprieur,uneformationdes

    professeursdescoles

    comportantunvoletdelangue

    -C

    ohrencelyce-universit:certainesuniversitsproposentdesoffresspcifiquespour

    viterlinterruption

    desapprentissages.Ainsiltudedu

    danoisest-elleproposeen

    optionLV3auxlycensdelacadmiedeCaen,luniversitsengageantpoursuivrecet

    enseignement.

    -Lesformationscroisesfranco-britanniques

    25

    M.AUVRAY,professeurdelyce,acadmiedeRouen

    31

  • 33

    II. 3. Parvenir la mobilit pour tous

    La mobilit est au cur de la politique linguistique de lUnion europenne dont lobjectif se

    rsume ainsi, selon les propres termes de Monsieur Barroso

    26

    : Tout jeune devra avoir eu une

    opportunit de mobilit apprenante dici 2020 . Madame Doris Pack construit son projet de mobilit

    europenne dans le cadre de la formation tout au long de la vie. Proposition ambitieuse quand on

    connat les faibles taux actuels de mobilit des jeunes (encadr ci-dessous), mais dfi stimulant

    relever. Pour y parvenir, il est primordial dexploiter au mieux les possibilits de contact avec les

    cultures et les pays trangers, de favoriser les changes virtuels grce des outils numriques de

    plus en plus performants, mais aussi de rechercher une mobilit physique pour tous les lves et tous

    les enseignants.

    La mobilit des jeunes, un dfi europen

    27

    Les tablissements denseignement, les systmes dducation et de formation ainsi que les entreprises tirent

    tous parti de lexprience dapprentissage, des contacts personnels et des rseaux qui rsultent de la mobilit.

    La promotion de la mobilit transnationale des fins dapprentissage constitue un parfait exemple de la valeur

    ajoute europenne [...]

    Toutefois, les niveaux actuels de mobilit ne sont pas reprsentatifs de sa valeur. Environ 10 % 15 % des

    diplms de lenseignement suprieur, o la valeur ajoute de la mobilit est davantage reconnue, effectuent

    une partie de leurs tudes ltranger; en revanche, seuls 3 % des diplms de lenseignement et de la

    formation professionnels initiaux sont concerns. Des efforts supplmentaires sont ncessaires pour encourager

    la mobilit dans ce secteur. Le manque de moyens financiers et linsuffisance des connaissances

    linguistiques constituent un frein la mobilit des fins dapprentissage. Cette dernire nest pas

    toujours reconnue ou valide. Les informations sur les possibilits existantes font souvent dfaut. En

    outre, la situation spcifique des apprenants ayant des besoins particuliers (par exemple, les personnes

    handicapes) nest pas suffisamment prise en compte.

    II. 3. 1. Lintervention de locuteurs natifs ? Le dbat

    Pour les plus jeunes, dont le dplacement est moins facile, il est souhaitable que la langue

    vienne eux par lintermdiaire de locuteurs natifs. Un vaste dbat sest instaur au sein du comit

    sur lopportunit de leur prsence dans la phase de sensibilisation des jeunes enfants.

    Peut-on imaginer enseigner les langues sans mettre les enfants en contact le plus tt possible

    avec les locuteurs de ces langues ? deux conditions cependant, pour rpondre aux craintes

    exprimes :

    - ces locuteurs ne sont pas forcment des enseignants, nont pas t forms ce mtier.

    Toutefois, ce niveau, on ne leur demande pas denseigner mais de sensibiliser les enfants aux

    sonorits de leur langue par le biais dactivits ludiques ;

    - ces locuteurs natifs ne sauraient en aucun cas remplacer les professeurs qui restent pilotes de

    leur classe. Cest dune coopration bien concerte entre les deux intervenants que natra le rel

    bnfice pour les lves ;

    Les langues de proximit socioculturelle et gographique reprsentes lcole peuvent dj

    jouer ce rle. Les parents pourront y tre associs avec profit. Certaines collectivits territoriales

    (municipalits de Meudon, de Saint Maur) ont inscrit, dans leur politique douverture internationale, le

    26

    Jos Manuel BARROSO, Prsident de la Commission europenne. Bruxelles, 3 mars 2010, lancement dune nouvelle

    Stratgie pour 2020

    27

    COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPEN, Projet de rapport conjoint 2012 du Conseil et de

    la Commission sur la mise en uvre du cadre stratgique pour la coopration europenne dans le domaine de l'ducation et

    de la formation (ducation et formation 2020), 20 dcembre 2011.

  • 34

    budget ncessaire au recrutement de ce type daides. titre dexemple au niveau europen, le British

    Council a ainsi t invit par le gouvernement espagnol monter ce genre dopration dans les

    maternelles.

    Les assistants trangers prsents dans nos tablissements sont sans nul doute des auxiliaires

    prcieux, mdiateurs culturels de premier plan qui vivent eux-mmes une exprience daltrit dans

    notre pays : assistants venant dans le cadre de conventions bilatrales ou assistants europens

    Comenius, moins connus. Si le nombre de ces derniers va croissant avec le programme Europe 2020,

    il semble tabli au contraire que les effectifs des premiers sont en rduction, au moins dans le premier

    degr, ce qui est regrettable au vu des services quils rendent.

    Certes, une telle opration est coteuse. Cest pourquoi il conviendrait de recourir la

    mutualisation des moyens au sein de rseaux dtablissement et dactiver toutes les parties prenantes

    collectivits territoriales, entreprises, programmes europens, conventions bi-latrales pour

    assumer ensemble le soutien financier ncessaire.

    Recommandation 8

    RENFORCER LA PRESENCE DE LOCUTEURS NATIFS DANS LA PHASE DE SENSIBILISATION DES ELEVES AUX LANGUES

    Mobiliser les savoir-faire linguistiques dans et autour de ltablissement

    Insister sur le rle irremplaable des locuteurs natifs, notamment des assistants trangers de langue

    (assistants Comenius, assistants dchanges bilatraux, recrutements par les collectivits sur

    habilitation...)

    II. 3. 2. La mobilit virtuelle

    Premier pas vers la mobilit physique, elle bnficie des progrs spectaculaires permis par les

    technologies modernes : dialogues par messagerie, blogs, visio-confrences, rseaux sociaux,

    espaces partags de travail. Les collectivits territoriales sinvestissent dores et dj dans la

    fourniture du matriel ncessaire aux tablissements et aux coles : lAssociation des maires de

    France a confirm cet engagement ; la prsidente du Conseil gnral de Corrze a dot tous les

    jeunes des tablettes ncessaires pour capter partout, en toute libert de mouvement, les programmes

    de langues trangres. Mme opration nous dit-on, dans lacadmie de Rouen, la suite dun

    partenariat pass avec Microsoft. Les exemples de bonnes pratiques existent donc.

    Cette culture nomade numrique

    28

    peut aussi bnficier des partenariats entre

    tablissements ; les jumelages des villes pourraient fort bien servir cet effet condition den

    souligner lobjectif linguistique et culturel, trop souvent pass sous silence. Si lAssociation des

    professeurs de langues vivantes (APLV) a fait part des difficults rencontres par les tablissements

    pour trouver un partenaire tranger malgr laide apporte par le ministre dans le cadre de ses

    partenariats, le British Council, par la voix de son directeur, a offert son aide pour faciliter cette

    recherche. Dans le cadre du programme Comenius, des bourses existent aussi pour les enseignants

    qui souhaitent se dplacer pour llaboration de tels contrats avec leurs homologues europens.

    Le programme e-Twinning est justement conu cet effet. Il est, lheure actuelle,

    insuffisamment connu, insuffisamment utilis. Seuls 1 267 projets en cours ce jour, soit 9 875 coles

    inscrites, 15 499 membres inscrits ; la monte en puissance de ce dispositif devrait tre une priorit

    des annes venir.

    29

    28

    Odile MALAVAUX, Pascale TEMPEZ, membres du comit stratgique

    29

    Site e-Twinning 2012, page France

  • 35

    Toute classe devrait dsormais pouvoir simpliquer dans un partenariat de mobilit virtuelle,

    dans le cadre du programme e-Twinning ou dun projet initi par son cole ou son tablissement.

    Recommandation 9

    DEVELOPPER LUSAGE DES OUTILS NUMERIQUES POUR ACCROITRE LA MOBILITE VIRTUELLE

    Impliquer chaque classe dans une mobilit virtuelle lcole

    quiper chaque tablissement dun dispositif de visio-confrence

    Renforcer la prsence de e-Twinning sur les sites disciplinaires, les espaces numriques de travail et

    les mdias ducatifs

    Mettre disposition des enseignants un kit pdagogique de ressources numriques

    Equiper tous les lves dun support nomade numrique

    II. 3. 3. La mobilit physique : sjour linguistique ltranger

    La mobilit des lves

    Les freins la mobilit physique des lves du secondaire ont t rpertoris avec prcision

    par le CESE dans une tude rcente

    30

    , effectue la demande du Premier ministre : rticence des

    parents laisser partir leurs enfants, mconnaissance des dispositifs en vigueur, insuffisance

    dinformation sur les aides existantes, lourdeur de linvestissement pour les enseignants organisateurs

    (complexit des dossiers constituer, surcrot de travail, poids des responsabilits). Et pserait

    surtout le manque de motivation des lves et des professeurs, dcourags par labsence de

    reconnaissance et de valorisation de leur investissement.

    Une fois identifies, les difficults paraissent plus faciles surmonter : persuader les familles de

    limportance de cet apprentissage des langues pour lavenir de leurs enfants ; mettre en place un

    portail commun, un guichet unique

    31

    charg de collecter et de diffuser toutes les informations sur les

    possibilits offertes, comme la France sy est dj engage dans sa rponse au Livre Vert sur la

    mobilit des jeunes

    32

    . Ces derniers comme leurs familles ont besoin dun centre dinformation unique

    bien identifi, accessible et attrayant, et dun guide clair de la mobilit offrant tous les liens utiles vers

    tous les acteurs : oprateurs du ministre, relais acadmiques, entreprises, collectivits territoriales.

    30

    Avis du 16 novembre 2011 sur La mobilit des jeunes, tude la demande du premier ministre, CESE, section ducation,

    culture et communication .JF BERNARDIN rapporteur.

    31

    Rponse des autorits franaises au Livre Vert sur la mobilit point 3 : La France soutient la mise en place de guichets

    uniques, et en particulier dun portail europen de la mobilit. Cet engagement est repris par les propositions du CESE en

    novembre 2011.

    32

    Rponse la consultation engage en 2009 par la Commission europenne dans son livre vert Promouvoir la mobilit

    des jeunes des fins dapprentissage : Livre Vert qui faisait suite aux conclusions du Conseil du 21 novembre 2008

    invitant les tats membres adopter l'objectif visant ce que les priodes d'apprentissage l'tranger deviennent

    progressivement la rgle et non l'exception pour tous les jeunes Europens

  • 36

    Recommandation 10

    Promouvoir la mobilit ltranger des lves

    Mettre en place un guichet unique, un portail commun pour runir et diffuser linformation sur les

    ressources existantes en matire de mobilit

    laborer un guide qui synthtisera les procdures suivre et donnera des conseils pratiques

    Apporter une aide logistique aux professeurs organisateurs de mobilit, favoriser leur accs aux

    rseaux utiles

    Pour tre efficace, la mobilit des lves doit sorganiser autour dun projet de classe, voire

    dtablissement, avec une prparation en amont et un suivi au retour. Nous aimerions mentionner ici

    lexemple dune cole associe lUNESCO, en loccurrence un collge en pleine Beauce rurale qui a

    obtenu le label UNESCO pour avoir nou un partenariat avec un tablissement marocain. Trs

    dynamique, le professeur qui a mont cet appariement a russi dynamiser tout son tablissement

    autour dun thme sur la mmoire et la sauvegarde du patrimoine culturel : autorits acadmiques,

    chef dtablissement, enseignants de toutes disciplines ont apport leur contribution spcifique et la

    Rgion son soutien financier aux dplacements des lves et des professeurs. Exemple-modle de

    mobilit virtuelle et relle autour dun projet mobilisateur.

    Les enseignants qui encadrent leurs lves ont un rle majeur : les aider monter ces

    oprations serait la moindre des choses pour entretenir la flamme. Mais les professeurs ont eux aussi

    besoin de mobilit, en formation initiale et ensuite en formation continue, comme nous le verrons au

    chapitre suivant.

    La mobilit des enseignants

    Pour les futurs enseignants, les formations croises, fruit dune coopration bilatrale franco-

    britannique, permettent de faire leur stage en responsabilit dans le pays voisin, dy observer les

    pratiques pdagogiques, den pratiquer la langue. Ce dispositif a fait la preuve de son excellence mais

    serait son tour frapp de plein fouet par la crise et les restrictions budgtaires des diffrents pays.

    Une politique avise devrait faire une priorit de son maintien, voire de son extension dautres

    conventions bilatrales.

    La mobilit ltranger est une ncessit pour les enseignants en exercice aussi, qui ont besoin,

    rgulirement, dentretenir leur matrise de la langue orale. Une forme de cong-formation, cr cet

    effet, est trs largement utilise en Sude ; il nexiste rien danalogue en France, lheure actuelle.

    Interrogs sur ce point, les professeurs se prononcent pour une formule souple, partiellement prise

    sur les vacances de faon ne pas crer de difficult insurmontable par la ncessit de leur

    remplacement; mais tous insistent sur ce besoin. Les demandes de mobilit dposes auprs du

    CIEP sont satisfaites 100% pour les germanistes. En revanche avec seulement 200 postes de

    sjours professionnels disponibles chaque anne, la liste dattente est longue pour les anglicistes.

    Recommandation 11

    Promouvoir la mobilit ltranger des enseignants

    En formation initiale :

    Favoriser la mobilit pour les tudiants se destinant au mtier denseignant

    Disposer dun outil comparable e-Twinning pour lenseignement suprieur

    Dvelopper les formations croises

    En formation tout au long de la vie

    Introduire la mobilit comme lment de formation continue

    Favoriser les changes entre professeurs

    Introduire la mention de la mobilit dans i-prof

  • 37

    Valoriser pour encourager la mobilit

    Enfin, pour encourager la mobilit des lves tout comme celle des enseignants, il serait ncessaire

    de la valoriser, dans leur cursus pour les uns, dans leur carrire pour les autres : pour les

    enseignants, primes flches comme celles qui sont attribues aux rfrents culturels ou TICE,

    avantages lis au mouvement, promotions, etc Pour les lycens, le CSL proposerait volontiers une

    validation susceptible dtre reconnue au baccalaurat : le projet mis en uvre pendant le sjour

    linguistique donnerait lieu, au retour, la prsentation orale dun dossier sur lexprience vcue, et la

    note obtenue pourrait tre utilise par le candidat lexamen : proposition affiner bien videmment.

    Le sjour dtude ltranger des tudiants ERASMUS est dsormais parfaitement reconnu et valid

    dans leur cursus par des ECTS. Un dispositif similaire encouragerait les jeunes lycens mieux

    profiter de cette mobilit. Encore faudrait-il dfinir avec plus de prcision ce quest un sjour

    linguistique susceptible douvrir droit une reconnaissance : dure optimale, conditions daccueil dans

    le pays hte, etc... Une charte du sjour linguistique est sans doute envisager, en harmonie avec

    les travaux conduits en ce moment-mme par la Commission europenne.

    Recommandation 12

    Valoriser pour tous leffort de mobilit

    laborer une charte du sjour linguistique (dure optimale, conditions daccueil dans le pays hte,

    activits langagires...)

    Pour les lves : un compte rendu dactivits en langue trangre au retour de la mobilit, la note

    pouvant tre prise en compte lpreuve orale du baccalaurat

    Pour les enseignants : primes flches pour les coordonnateurs, avantages de carrire ou de

    mouvement

  • PARVENIRALAMOBILITPOURTOUS

    recommandations

    modalits

    bonnespratiques(ousuggestions)

    Recommandation8

    Renforcer

    la

    prsence

    de

    lo

    cuteursnatifsdanslaphase

    de

    sensibilisation

    des

    lves

    auxlangues

    -M

    obiliserlessavoir-faire

    linguistiquesdansetautourde

    ltablissement

    -Insistersurlerledes

    locuteursnatifs(assistants

    Comenius,assistants

    dchangesbilatraux,

    recrutementsparles

    collectivitssurhabilitation...)

    On

    parledebain

    linguistiqueprcoce:toutesl

    escolesmaternellesdela

    municipalitdeSaint-Maurparexemple

    Assistantsrecrutsdirectementparcertainesmunici

    palitspourintervenirdansles

    coles(Meudon)

    Miseenlignedepodcastsrgulierssurlesitedud

    partementduVal-de-Marne,

    pourfavoriserlcoutedunelangueauthentique(enregistrementdesassistants)

    maisgalementpourproposerdesmodlessonoresauxenseignantsventuellement

    plusendifficultdupointdevuelinguistique(descriptionduprojetci-dessous)

    Recommandation9

    Dvelopperlusagedesoutils

    numriquespouraccrotrela

    mobilitvirtuelle

    Impliquerchaqueclassedans

    unemobilitvirtuellelcole

    Equiperchaquetablissement

    dundispositifdevisio-

    confrence

    -Renforcerlaprsencede-

    Twinningsurlessites

    disciplinaires,lesespaces

    numriquesdetravailetles

    mdiasducatifs

    -Mettredispositiondes

    enseignantsunkitpdagogique

    deressourcesnumriques.

    -Equipertousleslvesdun

    supportnomadenumrique.

    -S

    trollingThroughEnglish

    Ceprojet,pilotparlIEN

    chargedudossierlanguesvivantes,estalimentparles

    recherchesdugroupedpartementallanguesvivantestrangresl'coleduVal-de-

    Marne.

    Pourleslves(primaire):

    Desdialogueslaccentauthentique;

    Deschansonstraditionnelles;

    Deshistoires;

    Desexplicationsculturelles.

    Pourlesenseignants:

    Desaideslinguistiques;

    Desmodlesdexpressionorale;

    Desoutilsexploiteravecleslves.

    Recommandation10

    Promouvoir

    la

    mobilit

    ltrangerdeslves

    -Mettreenplaceunguichet

    unique,unportailcommunpour

    runiretdiffuserlinformation

    surlesressourcesexistantes

    -U

    ncentrederessources

    33

    unique

    Crerunvritablecentrederessourcesetdexpertise,spcialisparpublic-cible,et

    sappuyantsurdesrseaux

    etcontactsau

    niveau

    europen,national,rgionalet

    sectoriel.Delasorte,lamutualisationetlchangedespratiquesetdesoutilspourra

    33

    RponseauLivreVertdelaCommissioneuropennesurLaPromotiondelamobilitdesjeunesfindapprentissage(2009).

    38

  • -laborerunguidepour

    lusagerquisynthtisera