Rapport sur le remplacement des enseignants absents

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  Rapport  - n° 2011-056  JUIN 2011 Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche Le remplacement des enseignants absents Rapport à monsieur le ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative Rapport à madame la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Transcript of Rapport sur le remplacement des enseignants absents

Rapport - n 2011-056 JUIN 2011

Inspection gnrale de ladministration de lducation nationale et de la Recherche

Le remplacement des enseignants absentsRapport monsieur le ministre de lducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative Rapport madame la ministre de lEnseignement suprieur et de la Recherche

LISTE DES DESTINATAIRES

MONSIEUR LE MINISTRE DE L'DUCATION NATIONALE, DE LA JEUNESSE ET DE LA VIE ASSOCIATIVECABINET

M. GUSTIN M. DUBREUIL M. THOMAS M. FUSTER

MADAME LA MINISTRE DE LENSEIGNEMENT SUPRIEUR ET DE LA RECHERCHECABINET

M. PAGEZY MME AVENEL MME DURAND M. DIZAMBOURG M. PROBST

ENVOIS ULTRIEURS PROPOSS Monsieur le directeur gnral de lenseignement scolaire Monsieur le directeur gnral pour lenseignement suprieur et linsertion professionnelle Monsieur le secrtaire gnral Madame la directrice gnrale des ressources humaines Monsieur le directeur des affaires financires Madame la directrice des affaires juridiques Monsieur le directeur de lvaluation, de la prospective et de la performance Monsieur le dlgu la communication Monsieur le chef du service de laction administrative et de la modernisation Monsieur le chef du service des technologies et des systmes dinformation Mesdames et Messieurs les recteurs dacadmie Mesdames et Messieurs les inspecteurs dacadmie, directeurs des services dpartementaux de lducation nationales/c de Mesdames et Messieurs les recteurs dacadmie

MINISTERE DE LEDUCATION NATIONALE, DE LA JEUNESSE ET DE LA VIE ASSOCIATIVE

_____MINISTERE DE LENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE

Inspection gnrale de ladministration de lducation nationale et de la recherche _____

Le remplacement des enseignants absents

Patrick ALLAL Michel GEORGET Jean-Pierre LACOSTE Bernard POULIQUEN Yvon ROBERTInspecteurs gnraux de ladministration de lducation nationale et de la recherche

SOMMAIRE

Introduction ......................................................................................................... 1 1. Les absences dans le premier et le second degr de lenseignement public ............................................................................................................. 41.1. Limportance du taux de fminisation croissant caractrise le volume des absences dans le premier degr....................................................................... 4 1.2. Les absences de courte dure sont dans le second degr les absences les plus ressenties du fait de la faiblesse de leur couverture. ................................... 5 1.3. La nature des absences : limpact des congs de maternit................................ 71.3.1. 1.3.2. 1.3.3. Les congs de maternit....................................................................................................... 7 Les congs de maladie ordinaire (CMO) dpendent fortement du cycle hivernal............... 8 Les autorisations dabsence : un phnomne important dans le premier degr ................. 9

2. Le remplacement des enseignants absents - premier degr public ....... 112.1. Le taux dabsence : un mode de calcul qui reflte pas la ralit ...................... 11 2.2. Le potentiel de remplacement.............................................................................. 122.2.1. 2.2.2. Le potentiel de remplacement : des moyens budgtaires infrieurs aux disponibilits de gestion..................................................................................................... 13 Les pertes dans le potentiel de remplacement.................................................................... 15

2.3. Le taux de remplacement et le taux defficacit du remplacement : des indicateurs importants mais la mthodologie incertaine. .............................. 17 2.4. Lorganisation du remplacement dans le premier degr public : une situation disparate mais des tendances la mutualisation. .............................. 192.4.1. 2.4.2. 2.4.3. Lorganisation administrative hrite des textes ............................................................... 19 Lorganisation du remplacement dans les inspections acadmiques : labandon dune gestion limite la circonscription.......................................................................... 21 Les outils de gestion : lurgence dun dploiement national de loutil ARIA .................... 23

2.5. La rforme de la formation des enseignants peut-elle constituer une amlioration du potentiel de remplacement ?.................................................... 25 2.6. Le pilotage du premier degr est marqu par un cloisonnement des services centraux ................................................................................................... 27

3. Le remplacement des enseignants absents second degr public ......... 293.1. Lorganisation gnrale du remplacement ................................................... 29

3.1.1. 3.1.2. 3.1.3.

Caractristiques principales .............................................................................................. 29 Les dispositifs lgislatifs et rglementaires qui organisent supplance et remplacement ..................................................................................................................... 30 Les systmes dinformation : une utilisation optimale pour les congs longs, mais un usage trs imparfait pour les absences de courte dure. .............................................. 34

3.2. La gestion du remplacement et de la supplance sur congs longs.................. 353.2.1. 3.2.2. 3.2.3. 3.2.4. Le potentiel de remplacement et de supplance pour les congs longs ............................. 35 Lefficacit et le rendement du systme : une efficacit intressante, un rendement imprcis.............................................................................................................................. 37 La problmatique des viviers : une rarfaction des ressources et un effet faible des solutions palliatives............................................................................................................ 38 La problmatique de la gestion des emplois ...................................................................... 41

3.3. La supplance des absences de courte dure...................................................... 453.3.1. 3.3.2. 3.3.3. 3.3.4. 3.3.5. Lanalyse statistique de la situation................................................................................... 46 La problmatique des viviers. ............................................................................................ 47 Lidentification des besoins et des ressources internes : une opration qui reste faire .................................................................................................................................... 48 Laction sur les motifs dabsence....................................................................................... 50 Des modalits souples de couverture dans la cadre des besoins et dans le respect des statuts........................................................................................................................... 51

4. Le remplacement des enseignants absents- premier et second degrs privs................................................................................................ 554.1. La mesure de labsence et du remplacement ..................................................... 554.1.1. 4.1.2. Le suivi par ladministration centrale................................................................................ 55 Les limites du suivi au niveau acadmique ........................................................................ 57

4.2. La gestion du remplacement................................................................................ 584.2.1. 4.2.2. Une organisation de remplacement propre lenseignement priv .................................. 58 Une gestion diffrencie des premier et second degrs ..................................................... 59

4.3. Lefficience du remplacement ............................................................................. 604.3.1. 4.3.2. 4.3.3. Un vivier de remplaants propre lenseignement priv .................................................. 60 La plus grande autonomie des tablissements privs ........................................................ 62 Limpact limit de la rforme de la formation initiale des enseignants............................. 63

Conclusion.......................................................................................................... 65 Prconisations .................................................................................................... 68 Annexes............................................................................................................... 73

IntroductionLe programme de travail des inspections gnrales pour lanne 2010-2011, fix par le ministre de lducation nationale et la ministre de lenseignement suprieur et de la recherche, a prvu une mission dinspection gnrale sur le remplacement des enseignants absents. Cette demande est intervenue alors qu lautomne 2009 le ministre avait confi lancien directeur des affaires financires du ministre le soin de rdiger un rapport sur le remplacement. A la suite de ce rapport, non publi, plusieurs mesures concrtes dans le champ du second degr public, telles que la suppression du dlai de carence ou la dsignation dun rfrent dans chaque tablissement, ont t annonces par le ministre et reprises dans la circulaire de la DGRH n 2010-140 du 20 septembre 2010. Le 10 novembre 2010, la mission a rencontr MM. Bernard THOMAS, conseiller spcial du ministre, et Serge FUSTER, conseiller en charge des questions sociales. Lors de cet entretien, le cabinet du ministre a clairement exprim le souhait que la mission aille au-del de la simple vrification du respect des instructions contenues dans la circulaire du 20 septembre 2010. En particulier, il a t act quau terme dinvestigations approfondies, la mission dinspection soit en mesure de faire des prconisations pour lamlioration du dispositif actuel. A cette fin, la mission a concern aussi bien le premier degr que le second degr, lenseignement public que lenseignement priv sous contrat. Elle sest intresse galement aux systmes dinformation et aux conditions dans lesquelles le recensement des enseignants absents est ralis, que ce soit au niveau acadmique ou au niveau central. Enfin, les incidences ventuelles de la rforme de la formation des matres sur le remplacement ont t analyses, notamment en termes de consquence sur labsence des enseignants et de vivier possible de professeurs remplaants. Compte tenu des prcisions apportes par le cabinet, la mission, compose de Bernard POULIQUEN, coordonnateur, Patrick ALLAL, Michel GEORGET, Jean-Pierre LACOSTE et Yvon ROBERT, a procd une tude prenant en compte lensemble de la problmatique du remplacement. A loccasion de ses travaux, la mission a rencontr : - les directions dadministration centrale concernes, un titre ou un autre, par le remplacement (DGESCO, SG, DGRH, DAF et DEPP) ; - des recteurs, des inspecteurs dacadmie et des responsables au sein des services acadmiques de la mise en uvre du remplacement ; un chantillon reprsentatif dacadmies a t constitu cet effet comprenant les acadmies de Crteil, Lille, Lyon, Nantes et Strasbourg, choisies en raison de leurs caractristiques (caractre urbain et/ou rural, proximit ou non dune universit, prsence dun enseignement priv sous contrat important, problmes de frontires acadmiques) ; sur les aspects les plus gnraux du dossier, la situation de lacadmie de Bordeaux a t galement examine.

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- des chefs dtablissement, des IEN de circonscription et directeurs dcole en fonctions dans les acadmies constitutives de lchantillon. Compte tenu de la spcificit de chaque degr denseignement en matire de gestion du remplacement et de lexistence dune action sur le remplacement dans chacun des programmes 140, 141 et 139, la mission a trait le remplacement de faon propre chaque degr, ainsi qu lenseignement priv, aprs avoir rappel les donnes gnrales relatives aux absences, ce qui conduit une prsentation articule en quatre parties : les absences dans les premier et second degrs publics ; le remplacement des enseignants du premier degr public ; le remplacement des enseignants du second degr public ; le remplacement des enseignants des premier et second degrs privs.

Le choix de cette prsentation na toutefois pas empch la mission de faire, chaque fois que cela lui a sembl pertinent, des comparaisons ou des rapprochements entre les diffrents degrs denseignement ou entre le public et le priv sous contrat. Le fil conducteur suivi par la mission a t de chercher dterminer comment pouvait tre assure la continuit du service public due llve, en agissant soit sur les absences des enseignants, soit sur leur remplacement. Ainsi, la mission a-t-elle procd, pour chaque partie du rapport, une analyse de la ralit et des causes des absences des enseignants avant dtudier les conditions dans lesquelles il est procd leur remplacement et, le cas chant, sous quelle forme. La mission a galement fait, chaque fois, un focus sur la problmatique particulire induite par la rforme de la formation des enseignants. En revanche, la mission na pas souhait aborder le sujet sous langle de labsentisme des enseignants. Labsentisme se dfinit en effet, de manire ngative, comme le manque habituel ou systmatique d'assiduit son lieu de travail 1. Cette notion dabsentisme des enseignants, qui fait rgulirement lobjet de polmiques2, na pas paru pertinente dans la mesure o elle porte en elle un jugement a priori sur le niveau dabsence des enseignants compar aux autres salaris du secteur public ou du secteur priv. Or, les calculs des taux dits dabsentisme sont trs divers au sein des entreprises et les quelques lments compars ne montrent et a fortiori ne dmontrent rien de probant. Par ailleurs, la mission constate labsence de travaux comparatifs sur cette question au sein de la fonction publique. Notons, ce stade, que les comparaisons peuvent se rvler dlicates eu gard la dmographie particulire du corps des personnels enseignants, aux conditions dexercice trs spcifiques,

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Dfinition donne par le dictionnaire en ligne de la langue franaise du Centre national des ressources textuelles et lexicales (CNRTL) du CNRS. En juin 2009 notamment, le ministre de lducation nationale avait t interpell suite la divulgation dun rapport qui affirmait que 45 % des professeurs des coles avaient pos au moins un cong maladie en 20072008, soit prs d'un sur deux, ce qui reprsentait le double compar aux salaris du priv en France, 22 % des actifs en entreprise ayant dpos un arrt de travail au cours de la mme priode. Le mme rapport indiquait que la dure moyenne dabsence par an tait de onze jours dans les coles contre neuf dans les entreprises.

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aux exigences de formation ou de coordination propres lducation nationale3. Ds lors que ces lments sont pris en compte, il est apparu la mission que toute comparaison devenait extrmement dlicate. Au terme de ses travaux, la mission a fait un certain nombre de prconisations dont la mise en uvre devrait permettre damliorer sensiblement la continuit de laction ducative.

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Ainsi, dans le premier degr, les enseignants sont, par rapport la moyenne des salaris du secteur priv, plus jeunes avec un taux de fminisation plus lev. La consquence logique de cette situation est que le nombre de congs de maternit est plus important. De mme, les professeurs des coles sont plus exposs aux maladies que les salaris du priv en raison du nombre de maladies bnignes, telles que les grippes ou les gastro-entrites, dont les enfants sont souvent porteurs et qui expliquent le pic dabsences constat habituellement au milieu de lhiver. Enfin, ce nest pas parce qu'un enseignant n'est pas devant un lve que son absence est injustifie. Lenseignant peut, par exemple, tre en formation ou en jury. Ladministration est ainsi directement lorigine dune part non ngligeable des absences des enseignants alors mme quelle nest pas toujours en mesure de pouvoir assurer leur remplacement.

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1.

Les absences dans le premier et le second degr de lenseignement public

La DEPP centralise des donnes relatives aux congs des enseignants, donnes figurant au bilan social du ministre de lducation nationale. Mais ce document ne prsente pas une consolidation globale sur les congs puisque seuls sont retenus les congs pour raisons de sant. Les congs relatifs la formation continue figurent dans une autre rubrique du bilan social, et les donnes relatives aux autorisations dabsence pour le premier degr, lorsquelles existent, ne sont pas comptabilises dans ce cadre. Les restitutions actuelles des services centraux ne permettent donc pas de disposer de lexhaustivit des donnes relatives aux absences. Ladministration centrale gagnerait prsenter dans ce document public une situation agrge de tous les types de congs et par niveau denseignement. Toutefois, une information sur la typologie et le poids des absences dans le premier degr est fournie par le rapport du cabinet Roland Berger de 2008. Ce rapport, demand par Xavier Darcos, ministre en charge de lducation lpoque, avait pour objet danalyser les absences des enseignants du premier degr public et leur caractre prvisible. Ce document na pas fait lobjet dune publication mme si plusieurs articles de presse relatifs au remplacement des enseignants mentionnaient son existence ou le commentaient.

1.1. Limportance du taux de fminisation croissant caractrise le volume des absences dans le premier degrPour le premier degr public, la DGESCO, par le biais de lenqute annuelle, comptabilisait 5 570 000 journes dabsence sur lanne 2009 -2010, contre 5 496 000 lors de lanne 20082009, soit une hausse de 1,34 %. Ce recensement exclut les absences pour stages de formation : les services centraux considrent que ceux-ci ne peuvent se drouler que si lenseignant est remplac. Cette approche est discutable, le principe devant tre celui de la comptabilisation de lensemble des absences, indpendamment de leur nature. La DGESCO demande galement de comptabiliser les absences hors vacances dt, mais intgre par lmme celles se droulant durant les petites vacances : ceci introduit naturellement un srieux biais pour dfinir la ralit des journes dabsences devant les lves. Faute de pouvoir sappuyer sur les chiffres donns par les diffrentes directions en raison des biais quils comportent, les donnes chiffres ci-dessous sont reprises de ltude du cabinet Roland Berger sur les absences des enseignants dans le premier degr. La rpartition du volume de congs des enseignants en 2007-2008 tait la suivante : Congs de maladie ordinaire : 43 % Congs de maternit et dadoption : 38 % 44

Y compris les congs associs la maternit : grossesse pathologique, couches pathologies et congs de maladie ordinaire.

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Congs de longue maladie : Congs de formation : Autres congs :

10 % 6% 3%

Nature et poids des congs dans le premier degr public en 2007-2008

6% 3% 10% 43%

Congs de maladie ordinaire Congs maternit et adoption Congs de longue maladie Congs de formation

38%

Autres congs

1.2. Les absences de courte dure sont dans le second degr les absences les plus ressenties du fait de la faiblesse de leur couverturePour le second degr public, une distinction est opre entre les absences infrieures 15 jours, qui donnent lieu, le cas chant, un remplacement de courte dure, et celles suprieures ce seuil. Les absences de courte dure reprsentent un nombre dheures dabsence de lordre de 2,5 millions avec un taux de couverture infrieur 20 %. Ainsi, pour toute lanne scolaire 2009-2010, leur nombre tait de 2,547 millions pour un taux de couverture de 18 %. Le taux de couverture varie selon les acadmies de 11 27 %. Mme dans le meilleur des cas, il reste faible. Les absences de courte dure constituent un phnomne majeur puisquelles reprsentent plus de 80 % des absences non couvertes. Prs de 50 % des absences de courte dure correspondent une dure infrieure ou gale deux jours et les trois quarts une dure infrieure ou gale 5 jours.

Anne scolaire 2009-2010 Absences et remplacement de courte dure

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dure congs (jours) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 Totaux

Nb heures remplacer 859 485 387 162 198 191 163 903 258 414 77 004 96 848 76 997 62 339 48 629 127 870 73 376 34 231 82 178 2 546 626

Part 33,75 15,20 7,78 6,44 10,15 3,02 3,80 3,02 2,45 1,91 5,02 2,88 1,34 3,23

Nb heures remplaces 168 832 58 461 31 480 24 464 40 615 11 542 16 175 13 012 11 238 9 091 33 855 16 915 7 756 17 650 461 085

Ratio RCD 19,64 % 15,10 % 15,88 % 14,93 % 15,72 % 14,99 % 16,70 % 16,90 % 18,03 % 18,69 % 26,48 % 23,05 % 22,66 % 21,48 % 18,11 %

Anne scolaire 2009-2010 - taux de couverture des absences selon leur dure

RCD 30,00 % 25,00 % couverture 20,00 % 15,00 % 10,00 % 5,00 % 0,00 % 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 absences en jours RCD

Les absences longues en 2009-10 reprsentaient 10,432 millions dheures dabsence. Contrairement aux absences de courte dure, elles font lobjet dun taux de couverture consquent, de 96,2 %. A partir des travaux de la DEPP et au regard des visites dans les acadmies retenues pour la mission, il est possible de formuler quelques observations. Sagissant des congs pour raisons de sant, la ventilation compare des absences entre le premier et le second degr conduit apprcier diffremment la situation dans les deux niveaux denseignement.

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1.3. La nature des absences : limpact des congs de maternitLa DEPP fournit au titre de chaque anne scolaire des donnes relatives aux congs pris pour raison de sant. Il est utile de rappeler que les mtiers de lenseignement sont largement fminiss et que le taux de fminisation dj important na cess de crotre durant ces dix dernires annes. Entre 2000 et 2010, ce taux est pass de 77,8 81,5 % dans le premier degr public ; infrieur dans le second degr public et plus modeste dans son rythme, il est pass de 56,7 57,6 % 5. Cette caractristique nest naturellement pas sans effets sur la nature et le poids des absences.

Proportion dagents ayant pris un cong sur lanne 2008-2009 (en %) Maladie Type de Maladie Cong prof. ou Paternit ou Sexe Maternit personnel ordinaire long accident du adoption travail Hommes 39,2 1,3 0,5 0 4,7 Enseignants du Femmes 50,7 1,3 0,8 7,7 0,1 1er degr Total 48,6 1,3 0,7 6,3 0,9 Hommes Autres personnels Femmes Total Hommes Enseignants du 2nd degr Femmes Total Hommes Tous les personnels Femmes Total 20,8 34,2 30,6 35,7 49,4 43,6 34,1 47 43,1 0,8 1,3 1,1 1,3 1,8 1,6 1,2 1,5 1,4 0,5 0,7 0,6 0,7 0,9 0,8 0,6 0,8 0,7 0 3,3 2,4 0 5,4 3,1 0 6 4,2 1,7 0,1 0,5 4 0,1 1,7 3,8 0,1 1,2

Tous motifs confondus 43 53,3 51,5 22,7 36,3 32,7 39,4 52,1 46,7 37,5 49,6 45,9

Source: ministre de lducation nationale DEPP

1.3.1.

Les congs de maternit

Le tableau ci-dessus appelle quelques remarques : globalement durant lanne 2008-2009, un peu moins dun agent sur deux a pris un cong pour raisons de sant. Ce qui diffrencie le premier degr du second, cest quau regard du taux de fminisation la proportion de femmes ayant pris un cong de maternit est plus forte dans le premier degr (7,7 %) que dans le second (5,4 %) avec, par voie de consquence, un besoin de remplacement long plus marqu dans le premier degr. La dure moyenne de labsence pour maternit, si on y inclut les congs associs, est de 110 jours (sources AGAPE et EPP). En termes gographiques, la situation est variable selon les dpartements, essentiellement du fait de la jouvence des acadmies bnficiant de no-titulaires qui va de pair avec un taux de fminisation prononce. Il en est ainsi des inspections acadmiques franciliennes. Le dpartement de Seine-SaintDenis prsente un taux de fminisation qui approche les 90 % et la part des congs de maternit dans les congs pour raisons de sant y est proche de 50 %. Laffectation de jeunes no-titulaires en zone de remplacement, par dfaut daffectation dfinitive dans une cole, conduit constater des indisponibilits plus marques des titulaires mobiles dues aux congs

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de maternit. Dans le dpartement du Rhne, les services de linspection acadmique notent entre 2009 et 2010 une forte progression des jours dabsence (de 1 960 3 049 jours), alors que leffectif de remplaants diminue.

1.3.2.

Les congs de maladie ordinaire (CMO) dpendent fortement du cycle hivernal

Tous les services acadmiques rencontrs ont signal le cycle classique du volume de CMO caractris par la croissance des absences comprises entre le mois de dcembre et le mois de fvrier. Ce pic dabsence est gnral dans la population franaise et non spcifique au monde de lenseignement. La proportion dagents prenant des congs pour maladie ordinaire nest pas identique pour toutes les tranches dge des personnels du premier degr, alors que la diffrentiation est moins marque dans le second degr. Lencours des CMO pse naturellement sur la continuit de la classe en priode hivernale. Il est curieux, compte tenu des difficults rencontres pour couvrir les absences par des supplants cette priode, de continuer organiser aux mmes moments des stages de formation, qui ne peuvent quaggraver les difficults pratiques pour la mise en uvre des supplances, dans le premier comme dans le second degr.Proportion d'agents demandant un cong de maladie ordinaire Premier degr Second degr Moins de 30 ans 60,6 43,3 De 30 39 ans 53,2 49,6 De 40 49 ans 43,9 43,6 Plus de 50 ans 40,5 38,6 Total 48,6 43,6 Source DEPP- anne scolaire 2008-2009)

Dans le premier degr, les services de linspection dacadmie de Bobigny ont constat une croissance des absences pour maladie ordinaire ds le dbut de lanne scolaire depuis deux trois ans ; ceci est un phnomne nouveau, qui accentue la tension sur le remplacement. Le poids des congs pour raison de sant en fonction de la dure donne une bonne image des spcificits actuelles des absences dans le premier degr, compares celles du second degr.Rpartition de la dure des congs selon leur type pour les enseignants du 1er degrMaladie ordinaire 41,2% 39,5% Cong long Maladie prof. ou accident du travail 1,5% 17,8% Maternit/adoption

Rpartition de la dure des congs selon leur type pour les enseignants du 2nd degrMaladie ordinaire Cong long Maladie prof. ou accident du travail Maternit/adoption

25,9% 41,8% 2,6%

29,7%

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Source DEPP/ analyse des fichiers de paye de Janvier 2000 dcembre 2010.

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1.3.3.

Les autorisations dabsence : un phnomne important dans le premier degr

Localement et au niveau de leur circonscription, les inspecteurs de lducation nationale peuvent accorder des autorisations dabsence aux enseignants6, lesquelles ne sont pas toujours prises en compte dans les remontes denqutes de la DGESCO et ont t vraisemblablement sous-values dans lenqute du cabinet Roland Berger. Or ces absences, dont le volume est variable selon les circonscriptions et les dpartements, psent sur le dispositif et font lobjet de remplacements effectifs. La mission note un dfaut global dinformation sur cette question, li, dune part, labsence de recensement exhaustif de ces absences et, dautre part, un manque de rgulation (les deux pouvant tre lis). Le nombre de demandes dautorisations dabsence est trs variable dun dpartement lautre : il reprsente par exemple 6 % du nombre total dabsences dans le Maine-et-Loire et 20 % en Seine-Saint-Denis. Linspectrice dacadmie du Maine-et-Loire a fait observer quen lespace de trois ans, la proportion des demandes avait doubl dans son dpartement. Or, sans remettre en cause la ncessit daccorder des autorisations exceptionnelles, des formes de rgulation sont dfinir, ne serait-ce que pour traiter quitablement les demandes. Dans le dpartement du Pas-de-Calais, toutes les demandes dautorisations dabsence sont instruites depuis deux ans par les services de linspecteur dacadmie. Dans le Rhne, linspecteur dacadmie considre quune matrise des autorisations dabsence, en lien avec les inspecteurs de circonscription, contribuerait une meilleure gestion densemble de la fonction de remplacement. Les demandes dautorisation dabsence dans le premier degr sont directement lies la charge de service hebdomadaire. Dans le second degr, compte tenu des obligations rglementaires de service hebdomadaire variant de 15 20 heures, elles sont de ce fait beaucoup plus faibles et entrent dans la problmatique des absences de courte dure ; ces autorisations reprsentent un peu plus de 4% du total des absences de courte dure (observations de lanne 2009-2010) Prconisation n 1 : - recenser toutes les absences, quelle quen soit la nature, dans les documents ministriels et demander la DEPP de publier cette information au sein du bilan social en distinguant les premier et second degrs Prconisation n 2 - demander aux services acadmiques de veiller la lharmonisation et lquit dans la dlivrance des autorisations dabsence dune manire gnrale et pour le premier degr en particulier

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Ces autorisations peuvent tre lies au dcs dun proche, un mariage, un rendez vous mdical, une formation syndicale En dehors dun texte gnral de la fonction publique, loctroi, le refus de lautorisation ou le volume des autorisations exceptionnelles, ne font pas lobjet dun encadrement particulier.

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Prconisation n 3 - proscrire des stages de formation durant la priode hivernale (de dcembre fvrier), conformment aux orientations du projet annuel de performance des programmes 140 et 141.

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2.

Le remplacement des enseignants absents - premier degr public

Deux sources dinformation sont aujourdhui disponibles pour connatre les donnes relatives au remplacement des enseignants dans le premier degr : des extractions spcifiques des bases de gestion AGAPE-public qui prennent en compte les congs ainsi que les absences administrativement recenses. La DGRH et la DEPP utilisent ces donnes. une enqute annuelle ralise, partir de ces extractions, par la DGESCO, en liaison avec les inspections acadmiques, qui vise construire les indicateurs d'analyse de l'utilisation des moyens denseignement en cohrence avec les actions du programme 140 dont l'action 5 remplacement . Les rsultats de cette enqute sont retracs dans un document intitul indicateurs de suivi de gestion premier degr public qui comporte de nombreuses informations sur le remplacement. Ces sources permettent de disposer dlments descriptifs sur les absences et le potentiel de remplacement. Cest notamment partir de lenqute annuelle que sont renseigns les indicateurs de performance de laction remplacement du programme premier degr public.

2.1. Le taux dabsence : un mode de calcul qui reflte pas la ralitLa DGESCO tablit un taux dabsence dfini par le rapport entre le nombre des journes dabsence et le nombre de journes rmunres des personnels en responsabilit dune classe. En 2009-2010, ce taux est arrt 7,44 %. Il est en constante augmentation depuis quatre ans (7,3 %, en 2008-2009, 7,23 % en 2006-2007 et 7,08 % en 2005-2006). Cette volution sexplique, sur la priode, par leffet des congs de maternit. Toutefois, dune acadmie lautre, la situation peut tre extrmement diffrente, le poids des congs de maternit pouvant connatre de srieuses variations entre les dpartements. Ainsi, dans le dpartement du Pas-de-Calais, le poids des congs longs (essentiellement des congs de maternit) passe entre 2008-2009 et 2009-2010 de 45 53 % du total des congs. On note une forte dispersion des taux dabsence dun dpartement lautre avec une variation des extrmes du simple au double (10,71 % dans le Tarn et 5,38 % dans le Puy-de-Dme). En ralit, la valeur de cet indicateur est fragilise par plusieurs biais lis son calcul : le numrateur est sous-estim car ne sont pas prises en compte les absences lies des stages de formation continue, ni les autorisations exceptionnelles dabsence ; or, ces deux motifs dabsences reprsentent environ 10 % des absences,

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la priode couverte est celle de lanne scolaire, l'exclusion des seules vacances dt ; or, les congs de maladie ordinaire sont moins importants pendant les petites vacances si bien que le taux dabsence est plus bas pendant ces priodes (- 45 % pendant les vacances de la Toussaint et de Nol, 30 % pendant les vacances dhiver et de printemps. Source : Cabinet Roland Berger) ; la mesure du taux dabsence devrait donc exclure toutes les priodes de vacances scolaires car il n'y a bien entendu aucune pertinence mesurer les absences durant ces priodes.

Pour illustrer le manque de fiabilit de ces calculs, la mission peut donner lexemple suivant. Linspection acadmique de Seine-Saint-Denis estime son taux dabsence 5,5 % en 2009, taux qui oscille entre 5,2 et 5,5 % depuis quatre ans. Ce taux rsulte du rapport entre le nombre de jours de congs pris et le nombre de personnes dans lacadmie exprim en jours pour la totalit de lanne (365 jours). Ces donnes appellent plusieurs remarques. La premire est de taille puisque le taux dabsence estim par linspection acadmique nest pas celui calcul par le ministre. En effet, la DGESCO arrte un taux dabsence, comme prcis supra, qui rapporte le nombre de journes dabsence au nombre de journes rmunres des personnels en charge dune classe, ce qui conduit un taux de 8,27 %. La mission constate par ailleurs une incohrence dans le nombre de journes dabsence retenues pour la statistique dpartementale et celui renseign par le mme service dpartemental pour lenqute nationale de la DGESCO. Le mode de calcul de linspection acadmique rduit mcaniquement le taux dabsence, par accroissement au dnominateur du nombre de jours/homme en incluant la totalit des vacances scolaires. Cet tat de fait souligne lextrme fragilit, tant des indicateurs nationaux que des donnes locales, et met en vidence la ncessit de dfinir des indicateurs rigoureux et partags et de mettre en place des procdures et des outils cohrents pour la collecte des donnes. Prconisation n 1 : - dfinir un indicateur partag entre les directions du ministre et les acadmies sur le taux dabsence. Prconisation n 2 : dune manire gnrale pour tous les indicateurs daide la dcision, construire pour le fonctionnement de loutil national de gestion du remplacement intitul ARIA (voir infra): - mettre fin au dcompte des absences pendant les vacances scolaires ; - confier lassistance matrise douvrage la DEPP.

2.2. Le potentiel de remplacementSur la priode 2005-2010, le potentiel demplois consacr au remplacement na cess de crotre pour atteindre 26 400 quivalents temps plein (ETP) fin 2009. Les emplois crs au budget sur cette priode (+ 2 900) ont majoritairement t affects au remplacement, dune part du fait dune progression dmographique moindre que prvue (lie pour partie lintroduction de la base lves premier degr), dautre part en raison de la progression continue des congs de maternit, de lincidence de lintroduction des dcharges de directeurs dcole quatre classes et des effets du droit au temps partiel 80 %.

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2.2.1.

Le potentiel de remplacement : des moyens budgtaires infrieurs aux disponibilits de gestion

En fvrier 2011, le remplacement a mobilis 26 030 titulaires remplaants en quivalents temps plein auxquels il convient dajouter 5 220 stagiaires, soit un total de 31 250 ETP (source AGAPE fvrier 2011). Le potentiel saccrot sensiblement par rapport lanne prcdente, du fait de la mobilisation des stagiaires et de la prsence de surnombres dans le premier degr7.Rpartition des 26 030 ETP destins au remplacement dans le premier degr

ZR ZIL BFC et stages longs Zones AIS Divers

En janvier 2011, la DAF comptabilisait au contrle national des emplois 5 370 surnombres. Cet apport conjoncturel, li aux difficults de prvisions des dparts en retraite et qui reprsente 1,7 % des emplois budgtaires denseignants du premier degr, a vocation se rsorber partiellement du fait des vacances demplois survenant en cours danne scolaire ; au dbut de lanne scolaire 2010-2011, on en comptait 7 900. Pour la prochaine rentre, et compte tenu des dparts en retraite attendus, la DAF estime le surnombre prvisible 6 000, soit 1 900 entre septembre 2010 et septembre 2011. Les prvisions doivent toutefois tre apprcies avec la plus extrme prudence du fait des effets des textes sur la rforme des retraites. Le report de lge de dpart en retraite de 55 55,4 ans dune part, et les possibilits offertes aux mres de trois enfants et plus de bnficier jusquau 31 dcembre 2010 dune retraite aux conditions antrieures dautre part, compliquent singulirement la prvision de rsorption des surnombres. La DGESCO, pour sa part, estime que la rsorption des surnombres dans le premier degr devrait tre effective la fin de lanne 2012. Les acadmies devraient donc continuer supporter des surnombres durant lanne 2012, mme si la tendance la dcroissance est affirme. Une large partie de ces surnombres a t implante, titre temporaire, sur les zones de remplacement pour satisfaire des supplances courtes ou garantir des remplacements durant des stages de formation, comme le montre lexemple de la Mayenne. A dfaut dapplication nationale, la DGESCO construit des indicateurs de gestion du premier degr public partir dune enqute auprs des inspecteurs dacadmies. Les informations ainsi constitues documentent le programme annuel du premier degr public (programme 140). Cette enqute permet en particulier de dfinir le taux de remplacement et le taux defficience du remplacement. Elle est annuelle et sintitule Indicateurs danalyse de lutilisation des moyens . La note de service en date du 12 novembre 2010 adresse aux7

En 2009, les premiers surnombres ont permis de compenser limpossibilit de recourir aux listes complmentaires pour couvrir des vacances demplois en cours danne.

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recteurs et inspecteurs dacadmie prcise quil sagit, a priori, et pour les indicateurs relatifs labsence et au remplacement, de la dernire enqute dclarative, avant le dploiement de lapplication ARIA dont leffectivit est prvue la rentre 2011 (cf. infra). La DGESCO calcule le potentiel thorique de remplacement en journes. Il correspond au nombre demplois de titulaires mobiles ddis aux congs de maladie et de maternit, ainsi quaux sortants dIUFM en surnombre, affects dun coefficient multiplicateur de 290 jours. Deux remarques peuvent tre faites ce stade : La DGESCO exclut du potentiel thorique les brigades de formation continue (BFC), alors que les pratiques dpartementales tmoignent tout le moins dune porosit de ces brigades avec les brigades dpartementales de remplacement. Cette approche rduit sensiblement le potentiel, ce qui biaise les comparaisons l o les inspecteurs dacadmie ont procd leur suppression, par fusion avec les brigades dpartementales ; La conversion en journes par 290 correspond lanne civile, dduction faite des congs dt valus environ dix semaines. Il nest pas tenu compte des petites vacances. Le potentiel rel de remplacement prend en compte les absences des titulaires mobiles. Les absences des titulaires mobiles sont suprieures celles des titulaires affects en classe (cf. infra). Cette situation sexplique du fait du placement en ZIL ou en brigade de personnels en grandes difficults pour enseigner. Tous les inspecteurs dacadmie rencontrs par la mission ont indiqu mettre en brigade de remplacement des personnels dans lincapacit de prendre une classe . Mais comme cette ralit ne correspond aucune instruction officielle, et quelle recouvre une ralit difficile admettre et analyser, il est impossible de donner des chiffres exacts. Une inspectrice rencontre lors de la mission reconnat que, dans la pratique, tous les remplaants ne sont pas vritablement aptes effectuer tout type de remplacement et quelle connat personnellement au moins deux enseignants qui rencontrent des difficults particulires (dont un pour raisons de sant). Mme si lindisponibilit nest pas totale, le potentiel de remplacement sen trouve videmment affect. Bien quil ny ait pas eu de recensement rcent, la DGESCO estime qu minima cela concerne 500 personnes. La mission pour sa part estime que cest beaucoup plus lev. Une projection ralise partir des rponses des responsables des inspections acadmiques visites conduit un chiffre suprieur, de lordre de 1 500 2 000 personnes. La DEGSCO, en lien avec la DGRH, gagnerait mener une tude approfondie sur ce point. Il serait utile tout le moins didentifier en tant que tels ces personnels totalement ou partiellement indisponibles (comme cela se fait dans le second degr), pour pouvoir apprcier avec prcision le potentiel de remplacement et son rendement. A dfaut, il restera difficile dexpliquer que les personnels spcialiss dans le remplacement des professeurs absents prsentent un taux dabsences suprieur ceux quils sont censs remplacer. A partir de ces lments, la DGESCO rapporte au potentiel le nombre de journes rmunres des personnels enseignants (en appliquant toujours la rgle des 290 journes), ce qui permet de renseigner les taux thorique et rel de remplacement figurant au programme annuel de remplacement. Selon le programme annuel de performance, la proportion des emplois affects

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au remplacement passe entre 2002-2003 et 2009-2010 de 8,02 % 8,32 %. Les dernires donnes de la DGESCO conduisent pour lanne 2009-2010 un taux de 8,53 %. Cette statistique est calcule sans tenir compte des surnombres. Mais si lon rapporte le potentiel de remplacement (titulaires + stagiaires soit 31 240 ETP) au total des moyens denseignement consacrs au premier degr (y compris les dpassements soit 317 370 ETP8), ratio somme toute sommaire, on approche un potentiel de 10 % (9,84 % en lespce), plus proche des ralits de gestion. Mais il convient de rappeler que la disparition progressive des surnombres va crer des difficults considrables dans les prochaines annes scolaires.

2.2.2.

Les pertes dans le potentiel de remplacement

Au-del de ce qui relve des causes dabsence des agents, certaines applications de textes, sans objet direct avec le remplacement, conduisent mobiliser de fait des moyens de supplance. Les dcharges des directeurs dcoles de quatre classes et plus (cf. note de service du 21 juin 2006), taient couvertes, avant la rforme des formations des matres, par les professeurs des coles stagiaires de deuxime anne (PE2), sous la forme de stages fils . Dans la loi de finances pour 2010, 2 280 ETP ont t crs dans le premier degr dont 1 400 1 500 taient destins, prcisment, couvrir cette perte de potentiel des PE2. Or, la rpartition des moyens correspondants entre les inspections acadmiques na pas concid parfaitement avec la perte en gestion. De nombreuses inspections acadmiques ont signal un dficit qui a pu tre couvert pour partie par des moyens normalement ddis au remplacement. Ainsi, dans le Maine-et-Loire, cinq emplois de remplaants ont d tre gels pour compenser linsuffisance. Dans le Pas-de-Calais, alors que 51 ETP correspondaient lapport des PE2 stagiaires, le dpartement a reu 32 ETP, sans prcision quant lorigine de la couverture de lcart. Dans le dpartement du Nord, 70 ETP ont t retirs des moyens de remplacement pour financer les dcharges de direction. Ce redploiement est largement compens par laffectation en surnombre de professeurs stagiaires (plus de 300). Or, le caractre temporaire des surnombres fragilise terme et ds la rentre 2012, la capacit des inspections concernes matriser les besoins de remplacement. Il nexiste pas dtudes ou danalyses permettant de dterminer pour la France entire les carts positifs ou ngatifs rsultant de la compensation des dcharges de direction, et des types de ressources (dont les moyens de supplances) mobiliss ce titre. En tout tat de cause, il nest pas de bonne administration de voir les services acadmiques ponctionner des dotations destines au remplacement pour satisfaire des obligations rglementaires. Il revient aux directions dadministration centrale concernes de corriger ces errements dans le cadre du dialogue de gestion quelles entretiennent avec les inspections acadmiques. Pour ce qui concerne lapplication des textes de la fonction publique relatifs au temps partiel (cf. infra), la mission constate une situation problmatique.

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Source CNE du mois de janvier 2011

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Lannualisation du temps partiel dans la fonction publique (dcret du 7 aot 2002), croise avec les dispositions rglementaires relatives aux obligations de service des enseignants du premier degr (dcret du 30 juillet 2008), rendent complexe la gestion des temps partiels des enseignants du premier degr. Cette complexit rsulte de la compatibilit de la quotit de temps partiel demande avec lexercice du service hebdomadaire sur des demi-journes. Certaines quotits correspondent des demi-journes entires, dautre pas. Ainsi, un temps partiel de 75 % sorganise correctement sur six demi-journes (idem pour un 62,5 ou un 50 %) alors que dautres quotits, en particulier le temps partiel 80 %, ne permettent pas une rpartition du service sur un nombre entier de demi-journes. Dans ce cas, il sexerce sur six demi-journes, sachant que le service annuel complmentaire sera de 87 heures (dont 48 heures daide personnalise), et que le bnficiaire, qui percevra une rmunration de 85,7 %, devra par ailleurs 14 demi-journes supplmentaires rpartir dans lanne. Dans les faits, la gestion des temps partiels 80 % soulve des difficults pratiques non ngligeables. Elle aboutit dun ct ne pas pouvoir utiliser dans de bonnes conditions les demi-journes annualises et de lautre mobiliser des moyens de remplacement pour combler la vacance. Fondamentalement, la modification rcente des obligations de service des enseignants du premier degr se heurte au droit des agents prendre un temps partiel de 80 %. La tendance gnrale nest pas la croissance des dcisions doctroi de temps partiels 80 % ; celles-ci demeurent nettement minoritaires par rapport au temps partiels de 50 et 75% (cf. tableau ci-dessous). Le nombre dagents bnficiaires dun temps partiel est stable de 2009 2010 aprs une hausse entre 2008 et 2009.

quotits en % 0,50 0,75 0,80

octobre 2010 nbre dagents 16 775 18 784 4 594 poids /total TP 42% 47% 11%

octobre 2009 nbre dagents 16 930 15 432 6 581 38 943 poids /total TP 43% 40% 17%

total 40 153 Source : DGRH-AGAPE

Dans les acadmies quelle a visites, la mission observe des situations trs divergentes dans la gestion des demandes de temps partiels 80 %. Selon une enqute de la DGRH en date de mai 2010, le poids des agents temps partiel 80 % varie de 0 50 % selon les acadmies (0,1 % Paris et 49,4 % Crteil pour prendre des acadmies limitrophes). Dans lacadmie de Crteil, le choix trs marqu pour le temps partiel 80 % se fait au dtriment de loption 75 %, qui est quasi-inexistante. Si certaines acadmies proscrivent le principe mme de la demande alors que ladministration a comptence lie dans certains cas (en application de la loi du 11 janvier 1984), dautres sont assez larges dans lapprciation, et couvrent notamment le temps partiel 80% par la ressource des surnombres, ce qui peut conduire des complications de gestion ultrieures, lorsque ceux-ci seront rsorbs. Alors que, saisie dune demande de temps partiel de droit (en gnral motive pour lever un enfant de moins de trois ans), ladministration a comptence lie pour laccorder, les

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inspecteurs dacadmie, tout en examinant au cas par cas les demandes sur autorisation, ont tendance les valider a minima. Dans un systme gnralis de semaines de quatre jours (soit 144 jours effectifs denseignement dans lanne), la prise dun temps partiel 80 % relve pour les agents plus de leffet daubaine rsultant du rapport entre temps de travail et rmunration que dune volont de concilier vie personnelle et vie professionnelle. La mission dinspection estime que la situation actuelle nest pas tenable dans la dure car elle affecte la continuit pdagogique et dtourne de fait, des moyens dvolus la continuit du service public de lducation. Loctroi des temps partiels 80 % se rvle incompatible avec le service d aux lves, ce qui dans lenseignement est la meilleure dfinition de lintrt du service. Pour ces raisons, il serait raisonnable de revenir, par voie rglementaire, sur le principe de loctroi de cette seule quotit. A dfaut dune telle modification, on pourrait gnraliser le dispositif envisag linspection acadmique de Lyon comme celle du Maine-et-Loire, savoir constituer un potentiel de remplacement de 14 demi-journes par professeur exerant 80 %, utilisable en janvierfvrier, en leur demandant de sorganiser pour tre disponibles cette priode. Prconisation n 3 : - organisation scolaire hebdomadaire constante, revoir par voie rglementaire loctroi des temps partiels 80%.

2.3. Le taux de remplacement et le taux defficacit du remplacement : des indicateurs importants mais la mthodologie incertaine.Le taux de remplacement est le rapport entre les journes remplaces et le nombre de journes dabsence. La DGESCO note un taux de remplacement en hausse sensible entre 2008-2009 et 2009-2010 (de 90,7 92,3 %). Lamlioration constate, qui rompt avec les annes prcdentes, intervient dans un contexte de hausse du taux dabsence (cf. ci-dessus). Alors que les moyens spcifiquement ddis au remplacement rgressent de 8,44 8,32 % (eu gard aux contraintes de lapplication de textes), la progression est directement lie l'apport des surnombres ; toutes choses gales par ailleurs, la supplance ne pourra pas manquer de se dgrader mcaniquement ds que les services centraux auront ajust le calibrage des concours aux dparts en retraite. Plusieurs inspections acadmiques ont construit un indicateur de suivi, non pas du remplacement mais du non-remplacement (Mayenne, Maine-et-Loire et Seine-Saint-Denis). Cet indicateur porte sur le nombre de classes non remplaces rapportes au total de classes existant dans le dpartement. Le fait de retenir un indicateur ngatif tmoigne certes de lacuit du sujet, mais aussi dune volont dapprhender le remplacement pour ce quil est vcu par les lves et les familles ; linverse, le taux de remplacement, dont on connat les limites actuelles, est un indicateur relevant plus de lusage interne ladministration. En - 17 -

consquence, le taux de non-remplacement des classes est un outil qui mriterait une meilleure diffusion. En Seine-Saint-Denis, et avec le temps, on note une dgradation tendancielle de la situation du remplacement, qui conduit, en particulier sur la priode des mois de janvier et fvrier, dpasser le taux de 2 % partir duquel linspecteur dacadmie estime que les difficults de terrain deviennent srieuses et, au-del, graves.

Taux hebdomadaire de non-remplacement des absences dans les coles du dpartement4,52005/2006 2008-2009 2006-2007 2009-2010 2007-2008 2010-2011

4

3,5

3

2,5

2

1,5

1

0,5

0S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10S11S12S13S14S15 S16S17S18S19S20S21 S22S23S24S25S26 S27S28S29S30S31S32S33S34

Source : inspection acadmique de Seine Saint Denis

Linspection acadmique du Rhne dispose dun indicateur assez proche de celui observ dans les dpartements de Seine-Saint-Denis et du Maine-et-Loire. Les services comptabilisent le nombre hebdomadaire moyen de jours dabsences non couverts. On retrouve un pic de congs non couverts assez lev sur les semaines 5 et 6 du calendrier de lanne civile (entre la fin janvier et la mi-fvrier).

Prconisation n 4 : - dans le cadre des travaux mener sur les indicateurs, introduire un indicateur de nonremplacement, plus exigeant et conforme aux objectifs de continuit du service public. Sagissant de lefficience du remplacement, ou du taux de rendement, on note bien, au regard de ce qui prcde, que lindicateur est dune totale fragilit. Aujourdhui, cet indicateur mesure lactivit de remplacement des titulaires mobiles et des personnels en surnombres affects au remplacement : au numrateur est port le nombre de journes dabsence pour congs de maladie et de maternit remplacs par les titulaires mobiles ;

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au dnominateur est retenu le potentiel thorique des titulaires remplaants.

Cet indicateur exclut les remplacements (numrateurs) et les remplaants (dnominateur) au titre de la formation continue. Le potentiel de remplacement (thorique) retenu ne prend pas en compte les propres absences des titulaires mobiles ; or, on a not quune petite partie dentre eux tait place en brigade faute de pouvoir, pour des raisons de sant en gnral, tre totalement disponible pour la classe. Il a t mentionn que les calculs du taux de remplacement, comme du potentiel thorique de remplacement, sont raliss sur la base de 290 jours, ce qui est grandement contestable. Enfin, les titulaires mobiles peuvent accessoirement se voir confier des missions en cours danne sur des postes vacants ou se voir confier des supplances dans le second degr (plus rare toutefois) dans les SEGPA et EREA. Les inspecteurs dacadmie ne considrent pas ce taux comme crdible et laudit du cabinet Roland Berger conduisait une observation convergente, considrant cet indicateur comme trs risque . Pour lanne 2009-2010, le taux de rendement du remplacement stablit 80,5 % sur le territoire mtropolitain, contre prs de 81 % lanne prcdente. Le taux de rendement du remplacement seffrite lgrement du fait de la disponibilit croissante de surnombres mobilisables pour la supplance. Les remontes denqute 2009-2010 conduisent une trs forte dispersion des situations dpartementales. Au titre de lanne 2009-2010, la Haute-Loire prsente ainsi un taux de lordre de 60 %, quand la Haute-Savoie se situe 90 %. Eu gard au caractre dclaratif de lenqute, la difficult objective pour les agents de la DGESCO de vrifier dans le dtail les renseignements donns et aux biais mthodologiques mentionns, cet indicateur cumule un ensemble de points de fragilit qui le rend peu exploitable ce stade, en particulier pour des comparaisons entre dpartements.

2.4. Lorganisation du remplacement dans le premier degr public : une situation disparate mais des tendances la mutualisation.2.4.1. Lorganisation administrative hrite des textes

Lorganisation du remplacement dans le premier degr est historiquement issue de la loi du 8 mai 1951 relative la situation du personnel remplaant de lenseignement du premier degr et a t prcise successivement par trois circulaires9. Les textes sont tous assez anciens et conditionnent les modes de gestion observables.

9

Circulaire du 13 mai 1976 relative lemploi des instituteurs chargs du remplacement des matres indisponibles, suivie de la circulaire du 28 juillet 1978 qui prcise son application et de la note de service relative la situation des instituteurs matres remplaants en date du 25 mars 1982.

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Le cadre de gestion est le dpartement, et cest sous lautorit de linspecteur dacadmiedirecteur des services dpartementaux de lducation nationale (IA-DSDEN) que sorganise la fonction de remplacement. Celle-ci concerne tout autant le remplacement sur poste vacant que celui rendu ncessaire par tout type de congs (la supplance). Les remplacements seffectuent soit en brigade en gnral au niveau dpartemental, soit au sein dune zone dintervention localise (ZIL) dont le primtre correspond historiquement celui de linspecteur de lducation nationale charg de la circonscription. Si lIA-DSDEN affecte les personnels en zone, cest linspecteur de lducation nationale (IEN) qui, selon le modle classique, gre les oprations de supplances. La note de service du 25 mars 1982 prcise la ncessit de rserver les titulaires remplaants des ZIL pour les supplances de courte dure (congs de maladie ordinaire, stages, absences...), et de mobiliser la brigade pour les remplacements longs (congs de longue maladie, congs de maternit...). Des brigades de formation continue ont t constitues pour satisfaire au remplacement des enseignants en formation. Tous les dpartements nidentifient pas de brigade de formation continue mais, dans la majorit des situations rencontres, le potentiel de la brigade de formation continue est mobilisable pour des remplacements autres. Il nexiste pas de recensement exhaustif des modes dorganisation du remplacement dans les dpartements. Les visites dans les acadmies conduisent observer un spectre qui va dune organisation trs dconcentre sur les IEN de circonscription pour la gestion des ZIL des formes de mutualisation, de rgulation, voire de coordination de la gestion des remplacements au niveau dpartemental. Ainsi, linspection acadmique de Seine-Saint-Denis confie exclusivement les remplacements courts aux IEN qui disposent, chacun pour ce qui le concerne, dun effectif de titulaires remplaants. La mobilisation des titulaires est, de lavis des services acadmiques, assez tanche dune zone lautre. En cas de difficult couvrir des absences dans une circonscription, lIEN fait appel linspection acadmique afin de bnficier dun renfort qui simpute alors sur la brigade dpartementale ou sur la brigade de formation continue. Dans le cas despce, deux remarques peuvent tre formules : linspection acadmique de SeineSaint-Denis partage la gestion du remplacement en trois services, les ZIL et les secrtariats dIEN, la brigade dpartementale, la brigade de formation continue. Par ailleurs, les services de linspection ne disposent pas dinformations sur la disponibilit du potentiel sur les ZIL et la mobilisation des enseignants remplaants. Cette situation peut induire un sous-rendement, ce qui toutefois ne se vrifie pas dans les statistiques globales de linspection telles quelles remontent dans les donnes destines la DGESCO. Cela peut galement signifier une sousdotation des zones au regard des besoins de supplances et/ou des contrastes infradpartementaux entre les dotations des ZIL. Pour linspection acadmique du Rhne, lorganisation du remplacement au niveau de la circonscription rend plus difficile laffectation de ces remplaants hors de leur circonscription, do une rduction de lefficience lchelle du dpartement. Inversement, linspection acadmique du Maine-et-Loire a adopt depuis 2005 pour les remplacements courts un mode de gestion centralis. Ce mode de gestion repose sur les

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17 circonscriptions du dpartement qui collectent chaque matin les demandes de remplacement des directeurs dcole (sur tout type de support) et les saisissent dans un outil de gestion appel TRIPE (titulaires remplaants, instituteurs et professeurs des coles). A lissue de cette procdure, le service du remplacement de linspection acadmique traite les absences consultables et mobilise par tlphone les remplaants disponibles qui sont rpartis sur le territoire dpartemental. Dans ce cas, il nexiste plus proprement parler de ZIL, larbitrage sopre au regard de la disponibilit des personnes naturellement, de leur ractivit, et en consquence des distances. Entre les deux schmas, des organisations intermdiaires existent qui conduisent constituer des ples de gestion regroupant plusieurs circonscriptions dIEN, avec une rgulation dpartementale comme cest le cas en Loire-Atlantique, par exemple. Dans lacadmie de Lille, lorganisation est adapte la forte densit dmographique de lacadmie : le dpartement du Nord gre les remplacements au niveau des bassins de formation, qui regroupent plusieurs circonscriptions (organisation proche de la logique de gestion par ples de la Loire-Atlantique), un seul IEN, assist dune gestionnaire, est responsable de la brigade de remplacement du bassin. Dans le dpartement du Pas-de-Calais, si la gestion ne seffectue pas au niveau du bassin de formation, nanmoins la coopration entre circonscriptions dun mme bassin est trs forte et systmatique, facilite par le regroupement des siges de circonscriptions en un mme lieu (Arras, par exemple). Dans les cas dune gestion centralise au niveau dpartemental ou coordonne sur le fondement de ples gographiques, les services disposent dun outil de gestion dvelopp localement ou adapt partir dun dveloppement local (le logiciel Gestion IEN par exemple, dvelopp par linspection acadmique du Nord). La qualit des oprations daffectation dun titulaire remplaant repose sur linformatisation de tches de gestion lies pour partie au traitement des incidences financires10.

2.4.2.

Lorganisation du remplacement dans les inspections acadmiques : labandon dune gestion limite la circonscription.

Pour lorganisation du remplacement au sein des inspections acadmiques, lexistence de titulaires sur ZIL et de brigades spcialises, comme celles mises en place pour assurer les remplacements lis la formation continue, induisent des rigidits gographiques et sectorielles. Elles doivent tre remises en cause rapidement. Dans le dernier cas, la mission observe que ces brigades tombent de fait en dsutude, les titulaires tant frquemment intgrs des brigades de remplacement de droit commun. Les10

Les personnels titulaires bnficient dune indemnit spciale de remplacement destine couvrir principalement les dplacements et plus largement les contraintes spcifiques. Cette indemnit rgie par le dcret du 11 novembre 1989, est journalire et comporte plusieurs taux (une douzaine) ; le dcret a fait lobjet dune lecture plus rigoureuse ces dernires annes et les inspections acadmiques, sous la coordination des recteurs dacadmie, ont conduit la politique dharmonisation ncessaire. Labandon de la prise en compte de la totalit des journes comprises sur une priode de remplacement au profit du nombre de jours effectifs, a conduit voir la dpense se rduire de prs de 15 millions deuros entre 2005 et 2010 (65 millions deuros en 2010). La gestion de lindemnit demeure complexe eu gard la douzaine de taux diffrents applicables.

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inspecteurs dacadmie interrogs admettent dans leur ensemble une certaine souplesse dans la mobilisation des brigadiers de formation continue (BFC), en fonction des besoins de court terme. Ainsi, dans le Pas-de-Calais, sur les 100 ETP identifis comme relevant de la formation continue, seuls 17 ETP sont mobiliss ce titre, lessentiel allant la couverture des congs de maladie et de maternit. Certains dpartements ont dj abandonn11 les BFC, dautres les maintiennent optiquement eu gard aux reprsentations qui pourraient tre associes leur suppression. Il convient de noter que dans lorganisation des services dpartementaux, ce maintien peut conduire un cloisonnement administratif dans la gestion de la fonction de remplacement (cas de la Seine-Saint-Denis). Sagissant de lexistence de titulaires sur ZIL, ce type dorganisation prsente de srieuses faiblesses tant par la disponibilit gographique que fonctionnelle des agents. Il conviendrait de banaliser les remplacements courts ou longs dune part, et de veiller dautre part mobiliser les titulaires remplaants sur des ressorts territoriaux potentiellement plus larges que la circonscription. A ce stade, deux conditions doivent tre runies : premirement, veiller ce quil ny ait pas ou peu de dlais de carence et ce que, tout le moins, une modification du mode dorganisation ne conduise pas une dgradation de la ractivit ; deuximement, eu gard au rle des inspecteurs de lducation nationale et de leur secrtariat, les maintenir lintrieur dun dispositif oprationnel. En effet, le cumul dune fonction hirarchique administrative et dune autorit fonctionnelle donne aux IEN du premier degr un poids certain et incontournable, ce qui facilite la mobilisation des enseignants concerns par la supplance. Cest pourquoi, sil importe de scarter des rigidits lies une gestion adosse la circonscription, une mutualisation infra-dpartementale des moyens de supplances, sous la responsabilit dun IEN et des secrtariats concerns doit permettre doptimiser la gestion du potentiel enseignant l o les titulaires de ZIL demeurent. Dans les dpartements o ce type dorganisation est mis en place (avec en gnral des adaptations lies au nombre denseignants dans le dpartement), elle donne satisfaction. La qualit des oprations daffectation dun titulaire remplaant repose sur linformatisation de tches de gestion lies pour partie au traitement des incidences financires12. Dans le cas de linspection acadmique du Maine-et-Loire, en raison de labsence de statistiques fiables sur les motifs dabsences des enseignants et des remplaants, sur lutilisation des moyens de remplacement par circonscription et dun dfaut de gestion mutualise des remplaants par bassin, il sest avr ncessaire de procder la mise en place dune gestion centralise. Cest partir de donnes construites que des rimplantations demplois en zones ont pu tre ralises, avec la cl une approche plus quitable du versement de lindemnit de sujtion spciale de remplacement (ISSR).

34 dpartements ne mentionnent pas dexistence de brigades de formation continue (AGAPE Fvrier 2011). Les personnels titulaires bnficient dune indemnit spciale de remplacement destine couvrir en principal les dplacements et plus largement les contraintes spcifiques. Cette indemnit rgit par le dcret du 11 novembre 1989, est journalire, elle comporte plusieurs taux (une douzaine) ; le dcret a fait lobjet dune lecture plus rigoureuse ces dernires annes et les inspections acadmiques, sous la coordination des recteurs dacadmie ont conduit la politique dharmonisation ncessaire. Labandon de la prise en compte de la totalit des journes comprises sur une priode de remplacement au profit du nombre de jours effectifs, conduit voir la dpense se rduire de prs de 15 millions dEuros entre 2005 et 2010 (65 millions dEuros en 2010). La gestion de lindemnit demeure complexe eu gard la douzaine de taux diffrents applicables.12

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Ltude du cabinet Roland Berger plaidait en termes de prconisations pour une organisation cible conduisant dvelopper une approche par regroupement de circonscriptions avec une fusion des ZIL et brigades. Sans dfinir une organisation trop thorique, et en fonction de la dmographie scolaire du dpartement, la mutualisation doit tre privilgie. La mission na pas observ une organisation conduisant organiquement une coopration interdpartementale et a fortiori inter-acadmique. Lesprit et la lettre de la loi du 8 mai 1951 demeure. Le dpartement forme un cadre mental . Or le rle du recteur dans la gestion des moyens du premier degr et la mise en cohrence croissante des pratiques de gestion du premier degr au niveau du territoire acadmique peuvent favoriser les rapprochements et cooprations organises l ou la gographie limpose. Prconisation n 5 : - organiser une gestion mutualise en fonction de la dmographie scolaire du dpartement et de son organisation spatiale ; envisager une approche interdpartementale au cas par cas au sein dune mme acadmie, sous rserve que le nouvel outil de gestion le permette ;

2.4.3.

Les outils de gestion : lurgence dun dploiement national de loutil ARIA

Dune manire gnrale, les dpartements qui privilgient une gestion des supplances au sein de la circonscription ne mobilisent pas doutils de gestion ddis. A linverse, un pilotage dpartemental plus marqu sappuie sur un applicatif conu au sein dquipes acadmiques. Cest le cas du dpartement de la Mayenne, avec loutil TRIPE, ou du dpartement de lIsre, avec lapplicatif GRISBI (Gestion des remplacements dinstituteurs en sous-brigades dIEN). Lintroduction dun outil de gestion a favoris et favorise des schmas dorganisation plus loigns de la conception hrite des instructions ministrielles centres lorigine sur la circonscription. La dcision, assez rcente, dlaborer un applicatif national destin la gestion du remplacement dans le premier degr, constitue un lment majeur damlioration des conditions de gestion dune fonction de base du service public de lducation. Baptis ARIA (Assistance au remplacement dans les inspections acadmiques), cet outil est dvelopp sous matrise douvrage de la DGRH et sous matrise duvre du STSI. En projet depuis 2006, l'application est actuellement en cours d'utilisation et de tests de finalisation dans 33 dpartements, ce depuis dcembre 2010 suivant les IA. Sa gnralisation est prvue pour la prochaine rentre scolaire 2011. Les 67 dpartements restants seront forms dici la fin du premier semestre 2011. Le produit a pour objet doffrir une gestion intgre de la supplance entre le directeur dcole, lIEN en charge oprationnelle du remplacement et les services dpartementaux. Le cahier des charges a t labor, et cest normal, partir des modes dorganisation existants, c'est--dire sur le fondement des ZIL et des brigades dpartementales. Les diffrents modes dorganisation de la fonction de remplacement ont conduit construire un applicatif assez - 23 -

volutif, dans lexpression du cahier des charges. Les fonctionnalits actives portent sur la gestion des absences, la gestion des remplacements, le pilotage du remplacement, au travers de tableaux de bord ; elles prvoient des mutualisations possibles de la gestion. Ainsi, il appartient aux gestionnaires de dfinir la zone de remplacement qui peut sloigner du format des ZIL centr sur la circonscription, par regroupement de plusieurs circonscriptions jusquau niveau dpartemental. En fonction de la taille du dpartement, une modularit est possible, mais il est assez clair que loutil induit des mutualisations dans la gestion des supplances et favorise la rorganisation de ce domaine de gestion. Toutefois, dans sa conception actuelle, le paramtrage fonctionnel ne prvoit pas une gestion interdpartementale ou de pilotage interdpartemental de la gestion, ce qui pourrait se concevoir, eu gard aux rflexions en cours sur la mutualisation de la gestion des personnels du premier degr. A la demande des utilisateurs, la DGRH a complt le cahier des charges initial, en prvoyant lintroduction dun distancier dans lapplicatif ; ceci autorise les meilleurs arbitrages pour la mobilisation des titulaires remplaants en fonction des cots induits en indemnits de sujtions spciales et de remplacement ; il autorise aussi le calcul automatis de ladite indemnit, demande forte des services de gestion dans les inspections acadmiques. La mise en uvre de cette fonctionnalit ne sera naturellement pas sans gains de productivit sur le fonctionnement de ces services. La faiblesse des indicateurs relatifs au remplacement dans le premier degr public a t dtaille supra. Le nouvel outil devrait permettre de surmonter les carences actuelles ; en particulier, il devrait donner la possibilit, partir dune base nationale, de procder des comparaisons acadmiques et dpartementales, ce qui est absolument impossible dans la logique dclarative des enqutes de la DGESCO. Plusieurs points de vigilance doivent guider la finalisation du produit et des avances essentielles garantissent dores et dj une meilleure approche qualitative. Tout dabord, la DGRH gagnerait sadjoindre, pour la dfinition dindicateurs de pilotage du remplacement (pour lensemble du volet dcisionnel de lapplication), le concours de la direction de lvaluation de la prospective et de la performance, afin de qualifier et documenter les indicateurs qui donneront les mesures cls (taux dabsence, taux de rendement du remplacement sous cet outil). La DEPP a vocation donner assistance la matrise douvrage sur cette question et, de ce fait, valider scientifiquement les donnes statistiques qui alimenteront les programmes annuels de performance et les informations actuellement contenues dans les documents budgtaires. Compte tenu des errements antrieurs, un consensus des directions (DGRH, DGESCO, DEPP) en lien avec des acteurs acadmiques, serait utile : il permettrait de stabiliser des statistiques qui, ce jour, ne le sont pas. Pour garantir la qualit des donnes, il importe de veiller la saisie de tous les types dabsence dans loutil. La mission appelle lattention sur la ncessit de sassurer de la saisie des autorisations dabsence dont il est avr quelles ne sont pas toujours traduites dans les tats des inspecteurs de lducation nationale. Les autorisations dabsence, frquentes en nombre, ncessitent un descriptif exhaustif, pour non seulement garantir la qualit de linformation mais aussi lquit de traitement des enseignants.

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Lapplicatif national permet la gestion des absences et la gestion des remplacements. Si lon souhaite croiser les deux gestions et construire des indicateurs, il convient de disposer dune unit de compte unique. Les concepteurs ont retenu lunit de temps, la demi-journe en lespce, pour mesurer les absences et le potentiel de remplacement. Sont prises en compte les absences effectives, c'est--dire celles qui donnent lieu remplacement eu gard au calendrier scolaire. Ce dernier est paramtr en dbut de campagne et pour une absence longue ne sont cochs, pour la gestion de sa couverture, que les jours effectifs correspondant un besoin. Le conflit antrieur entre la gestion administrative de labsence (qui conduisait un calcul forfaitaire) et la qualit de lindicateur est ainsi surmont. Dans lhypothse dun dploiement gnral de lapplication la rentre de 2011, une attention particulire doit tre porte aux inspections acadmiques qui utilisent des produits labores localement et qui donnent toute satisfaction leurs utilisateurs. Il importe daccorder une attention particulire en termes de formation aux services des inspections qui ne manqueront pas de vouloir sassurer, raison, de liso-fonctionnalit du produit au regard de ceux existant. Un tableau comparatif des fonctionnalits de lapplication nationale avec celles utilises dans certaines inspections acadmiques serait de nature favoriser le dploiement et identifier dventuelles rgressions du logiciel national. Il en est ainsi de la qualit de certains tableaux statistiques des modules locaux qui pourrait inspirer les dcideurs nationaux, ou de certains indicateurs oprationnels13. Figurent en annexe les observations formules par des utilisateurs du logiciel TRIPE et leurs observations, et parfois leurs craintes, au regard des fonctionnalits du produit ARIA. En toute hypothse, la mission considre que lutilisation de cette application, sous rserve quelle soit effective dans tous les dpartements et que tous les vnements de gestion du remplacement soient traduits dans loutil, est de nature amliorer la qualit des informations statistiques. La mise en uvre de lapplication induira invitablement une rupture dans les sries statistiques produites jusqualors par la DGESCO. Cette direction de programme devra prparer en liaison avec la DGRH, la communication sur de nouvelles sries de donnes, partir de 2012.

2.5. La rforme de la formation des enseignants peut-elle constituer une amlioration du potentiel de remplacement ?En thorie, la rforme de la formation des matres devrait avoir un effet positif sur le remplacement. En effet, en introduisant la possibilit, pour les tudiants en master 2 ou dj titulaires dun master et se destinant aux mtiers de lenseignement, deffectuer des stages en responsabilit dune dure de six semaines, ladministration dispose dun potentiel denseignants remplaants motivs quelle meilleure motivation que le souhait de devenir

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Lindicateur de non remplacement mentionn est un outil oprationnel intressant ; plus largement il serait plus que regrettable de construire un outil de gestion informatis dont les lments dcisionnels seraient exclusivement tourns vers les proccupations nationales, et de sous pondrer les indicateurs qui un niveau infra dpartemental favorise un pilotage de qualit c'est--dire alliant ractivit et efficacit.

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enseignant ? ayant dj acquis une exprience de lenseignement grce aux stages dobservation et de pratique accompagne effectus pralablement en master 1 ou 214. Pourtant et de manire paradoxale, la rforme se traduit par une dgradation du potentiel de remplacement en comparaison du systme antrieur pour une raison essentielle : labsence de mise en place par les universits de vritables masters professionnalisants. Faute de crer de tels masters, les possibilits pour les acadmies dutiliser de manire optimale ce potentiel de remplacement ont t sensiblement rduites par rapport celles quoffrait lorganisation prcdente de la seconde anne de formation, dite anne de PE2. En effet, dans la plupart des acadmies, bien peu dtudiants de M2 ont bnfici dun stage en responsabilit hauteur de six semaines. La premire raison tient la place ambigu accorde aux stages : dans beaucoup duniversits, leur place est rduite bien en de des six semaines, alors que dans la plupart des autres masters, les stages occupent de quatre six mois en M2. La seconde raison tient au fait que, bien souvent, les acadmies ont d, compte tenu des crdits dont elles disposaient, limiter les stages en responsabilit une ou deux semaines et ne pas les offrir tous les tudiants. Consquence invitable, cette ressource devient beaucoup plus difficilement mobilisable, ce dautant que le calendrier des stages ne tient pas compte des besoins et des contraintes des acadmies, et ne peut dailleurs pas en tenir compte. Un autre effet ngatif de la rforme est li la mise en place dun temps de formation des professeurs des coles durant leur premire anne de fonctions quivalant un tiers de leur obligation rglementaire de service15. Certes, une part importante de ce tiers-temps de formation se fait sous la forme dun accompagnement des professeurs des coles notitulaires jusquaux vacances de Toussaint par un professeur expriment ; le nombre important de surnombres la rentre scolaire 2010-2011 a permis de raliser cet accompagnement dans de bonnes conditions sans affecter le potentiel de remplacement des acadmies. Toutefois, il faut sattendre ce qu la faveur de la rduction des surnombres prvue ds la prochaine rentre scolaire, ce ne soit plus le cas ; les tensions qui ont t observes ds cette anne dans de nombreuses acadmies sur la part du tiers-temps de formation organis sous forme de regroupements, risquent de samplifier : aux reports des regroupements, faute de ressources suffisantes pour assurer le remplacement des professeurs des coles no-titulaires, pourraient sajouter des difficults pour mettre en place leur accompagnement.

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Les coles publiques se rapprocheraient ainsi des coles prives sous contrat dassociation pour lesquelles le remplacement permet de constituer, parmi les matres dlgus qui ont pu ainsi apprcier leur motivation pour enseigner, un vivier de matres titularisables la faveur des concours internes du priv et, en particulier, du troisime concours. Note de service n 2010-037 du 25 fvrier 2010 sur le dispositif daccueil, daccompagnement des enseignants stagiaires des premier et second degrs et des personnels dducation stagiaires, et circulaire 2011-073 du 31 mars 2011

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2.6. Le pilotage du premier degr est marqu par un cloisonnement des services centrauxLexamen de la gestion du remplacement montre la ncessit pour ladministration centrale de disposer dune information plus complte sur son fonctionnement pour, tout la fois, restituer une information fiable au ministre et la reprsentation nationale, mais aussi pour mieux accompagner les acadmies, en particulier les services dpartementaux. La mauvaise perception densemble des absences dans le premier degr, par lmiettement de linformation et la fragilit des donnes produites, avait conduit le ministre, en 2007-2008, diligenter un audit sur la ralit des absences dans le premier degr. Or cest bien partir de donnes dtenues au sein de ladministration centrale que le travail sest ralis, essentiellement par des requtes dans la base AGAPE. La mobilisation dun cabinet daudit relevait dun souhait simple : celui de disposer dune information construite et cohrente. LIGAENR, par une note de janvier 2010 relative aux processus et outils de dialogue entre ladministration centrale et les services acadmiques en matire de gestion et de pilotage des ressources humaines du premier degr 16 a not le cloisonnement des services et les difficults mettre en partage linformation. Il en rsulte, sur la fonction remplacement , des donnes discordantes ou des dfauts danalyse sur certains points, en particulier pour ce qui touche au croisement de la gestion des moyens avec lutilisation de la ressource humaine. Lintroduction dun outil de gestion national constitue sans doute loccasion de btir des indicateurs daction et de pilotage partags entre lensemble des acteurs centraux et acadmiques, dans le respect des besoins des uns et des autres. Sil revient la DGRH dapprhender la fonction remplacement du premier degr, comme elle le fait pour le second degr (fonction directement lie la gestion des ressources humaines), il lui revient galement de veiller garantir le meilleur accs aux donnes pour permettre la DGESCO dexercer ses missions en termes dallocations de moyens et direction de programme. Par ailleurs, la DEPP est en mesure de contribuer utilement la mise en cohrence de linformation, comme en tmoigne la qualit des premiers travaux dlaboration du bilan social ministriel. De la qualit de linformation et des indicateurs associs dpend la capacit de prendre les dcisions les plus appropries au regard dun ensemble de contraintes globales. Il est un fait que lallocation des moyens du premier degr et, pour ce qui concerne la mission, de ceux relevant de la fonction remplacement , nest pas dtermine en parfaite connaissance des contraintes locales et des spcificits territoriales. Limportance du taux de fminisation des professeurs des coles et sa croissance tendancielle, ajoute la proportion des agents en ge de procrer, expliquent assez largement laccroissement des congs longs ; ceux-ci affectent des dpartements o laspiration lexeat est prononce, comme en Seine-Saint-Denis. De ce fait, le potentiel de remplacement en termes de moyens doit sapprcier en apprhendant les contraintes objectives au niveau local de gestion des personnels.

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Processus et outils de dialogue entre ladministration centrale et les services acadmiques en matire de gestion et de pilotage des ressources humaines du premier degr, Jean-Pierre Hdouin et Grard Saurat, janvier 2010

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Eu gard lexistence de surnombres, qui masquent aujourdhui de relles difficults futures, il est impratif de procder une tude dimpact de leur rsorption. Elle doit intgrer les consquences des volutions dmographiques, ceux des applications de textes, leffet dune organisation moins cloisonne de la gestion du remplacement, afin de mettre disposition des dcideurs des perspectives de court terme et de proposer les mesures mettre en uvre. Prconisation n 6 : - btir imprativement des indicateurs daction et de pilotage partags entre lensemble des acteurs centraux et acadmiques Prconisation n 7 : - anticiper la disparition progressive des surnombres par les mesures de gestion appropries.

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3.

Le remplacement des enseignants absents second degr public

Dune manire gnrale, la supplance et le remplacement des enseignants absents sur des priodes longues sont assurs dune manire efficace, mme sils ne sont pas intgraux : plus de 96 % des absences longues sont pour linstant couvertes, malgr les difficults dues la rarfaction de ressources humaines disponibles et adaptes, en particulier en zone rurale. Des marges de progrs existent dans la gestion du potentiel et des moyens mais les effets peuvent se rvler limits au moment o les tensions budgtaires saccroissent. La supplance et le remplacement de courte dure constituent en revanche et aujourdhui le problme majeur : lessentiel des heures dabsence non remplaces, soit plus de 80% de leur total, relve de cette catgorie ; il est donc de premire importance de crer dans les tablissements les conditions dune amlioration sensible du dispositif.

3.1. Lorganisation gnrale du remplacement .3.1.1. Caractristiques principales

Supplance et remplacement Le vocable remplacement communment utilis, recouvre dans les faits deux ralits budgtairement trs diffrentes : la supplance, qui permet dassurer le service dun enseignant momentanment absent ; celui-ci continue doccuper budgtairement son poste ; dans ce cas, deux personnes sont rmunres : le titulaire et son supplant. La supplance peut concerner des absences de dure trs variable, de un jour plusieurs mois. le remplacement proprement dit, qui permet dassurer en cours danne le service dun enseignant qui noccupe plus son poste (les raisons les plus courantes en sont le dpart la retraite, laffectation hors mtropole ou ltranger, le dtachement, le cong de longue dure) ; dans ce cas, un seul enseignant est rmunr, le remplaant.

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La supplance est donc toujours onreuse (except bien sr les rares cas de supplance non rmunre), alors que le remplacement ne cre pas en principe de dpense supplmentaire. Ce quoi nanmoins les deux oprations peuvent galement tre confrontes, cest dabord au dfaut de ressource humaine ; cest aussi des moyens budgtaires insuffisants. Remplacements de courte dure et remplacements sur cong long

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Le remplacement fait lobjet de gestions diffrentes selon quil correspond une priode de courte dure, infrieure 15 jours, ou bien une priode rpute longue, suprieure 15 jours. La responsabilit des tablissements est premire pour couvrir les absences de courte dure ; pour la couverture des absences plus longues, la responsabilit premire revient aux services des recteurs. Dans la ralit, les absences de courte dure font essentiellement lobjet de supplances ; les congs plus longs peuvent faire lobjet de supplances ou de remplacements, selon la position de la personne absente. Les personnels en charge de la supplance et du remplacement Des enseignants titulaires ou sur contrat dure indtermine (CDI) sont spcialement ddis la supplance et au remplacement, une fois que tous les services denseignement lanne en tablissement sont assurs ; ils sont affects sur zone de remplacement (ZR) et rattachs un tablissement ; ils sont en position de TZR (titulaires sur zone de remplacement). Ces personnels ne sont pas suffisants pour assurer tous les remplacements et supplances ; des enseignants recruts par les recteurs sur contrat dure dtermine (CDD) ou sur vacations rmunres lheure compltent le dispositif. Sy ajoutent les enseignants titulaires ou contractuels affects en tablissement qui peuvent, dans leur service ou en heures supplmentaires, assurer des supplances de courte dure dans leur tablissement, ventuellement dans un autre tablissement.

3.1.2.

Les dispositifs lgislatifs et rglementaires qui organisent supplance et remplacementLes principaux textes.

La supplance et le remplacement des enseignants sont rgis par un texte lgislatif et plusieurs textes rglementaires, rappels ci-aprs dans lordre chronologique de leur parution. Le dcret de septembre 1999 et la note de service doctobre 1999. Le dcret n 99-823 du 17 septembre 1999 rgle lexercice des fonctions de remplacement dans les tablissements denseignement du second degr . Cest ce texte qui cre les zones de remplacement et la catgorie des titulaires affects sur ces zones (TZR). Il dispose en particulier quun TZR peut intervenir dans une zone limitrophe de sa zone daffectation. La note de service du 7octobre 1999 prcise les dispositions du dcret. La loi davril 2005 et ses textes dapplication daot 2005. Larticle L. 912-1 du code de lducation (loi du 23 avril 2005 sur lavenir de lcole) prcise : [Les enseignants] contribuent la continuit de l'enseignement sous l'autorit du chef d'tablissement en assurant des enseignements complmentaires .

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Les textes dapplication ont t publis la fin de lt 2005 ; ils sont au nombre de trois : - le dcret n 2005-1035 du 26 aot 2005 constitue lossature de lorganisation des remplacements de courte dure des personnels enseignants dans les EPLE. Il tablit la notion de remplacement de courte dure, fixe un maximum de deux semaines. Ce texte dcrit la dmarche suivre, savoir llaboration dun protocole, en concertation avec les quipes pdagogiques. Le protocole doit tablir les objectifs et les priorits, ainsi que les principes et modalits pratiques de sa mise en uvre ; il doit tre prsent au conseil dadministration qui doit tre rgulirement inform de sa mise en uvre. Les chefs dtablissement sont appels rechercher en priorit laccord des enseignants qualifis et, dfaut daccord, dsigner, compter du 1er janvier 2006, les personnels chargs dassurer des remplacements de professeurs absents. Ce dcret fixe des limites horaires denseignement en supplance ; limites annuelle (60 h) et hebdomadaire (5 h) ne pas dpasser par enseignant. La limite hebdomadaire inclut les ventuelles heures supplmentaires annuelles (HSA) inscrites lemploi du temps annuel de lenseignant. Le texte octroie une rtribution spciale fixe par dcret et exclut les personnels stagiaires de cette nouvelle obligation. - le dcret n 2005-1036 du 26 aot 2005 traite du taux de rmunration des heures supplmentaires effectives (HSE) effectues au titre du remplacement de courte dure. Cellesci sont majores de 25 %. La majoration a de fait disparu en 2008 lorsque les autres HSE de supplance ont vu leur taux saligner sur le premier. - la note de service n 2005-130 du 30 aot 2005 relative au remplacement de courte dure des personnels enseignants dans les tablissements denseignement du second degr rappelle en pralable que, si les TZR sont affects prioritairement aux remplacements dabsences suprieures 15 jours, il appartient aux recteurs dacadmie de prendre en compte la situation propre chaque discipline et donc dventuellement veiller leur mobilisation pour les