Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009 · En Afrique, des taux de croissance...

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Rapport sur la compétitivitéen Afrique 2009

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Le Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009 est lefruit de la collaboration entre le Forum économiquemondial, la Banque mondiale et la Banque africaine dedéveloppement.

AU FORUM ÉCONOMIQUE MONDIAL

Professor Klaus Schwab

Executive Chairman

Robert Greenhill

Chief Business Officer

Jennifer Blanke

Senior Economist, Director, Head of GlobalCompetitiveness Network

Margareta Drzeniek Hanouz

Senior Economist, Director

Katherine Tweedie

Director, Africa

Adeyemi Babington-Ashaye

Associate Director, Africa

À LA BANQUE MONDIALE

Robert Zoellick

Président

Shantayanan Devarajan

Économiste en chef de la Banque mondiale pour laRégion Afrique

Marilou Uy

Sector Director, Finance & Private Sector

Development, Africa Region

Gerardo Corrochano

Sector Manager, Finance & Private SectorDevelopment, Africa Region

Giuseppe Iarossi

Senior Economist, Finance & Private SectorDevelopment, Africa Region

À LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT

Donald Kaberuka

Président

Louis Kasekende

Économiste en chef

Léonce Ndikumana

Directeur, département de la recherche sur ledéveloppement

Désiré Vencatachellum

Économiste de recherche, spécialiste en chef

Peter Ondiege

Économiste principal, Département de la recherche

Nous remercions Hope Steele pour son excellenttravail d’édition et Ha Nguyen ainsi que Neil Weinbergpour la qualité de la maquette et du graphisme.Impression : SRO-Kundig.

Le rapport a été traduit en français par Architexte(Paris) sous la responsabilité de la Banque africaine dedéveloppement.

Les termes pays et nation utilisés dans ce rapport nefont en aucun cas référence à une entité territorialeformant un État au sens du droit international et de lapratique. Ces termes désignent des zoneséconomiques bien définies et autonomes qui ne sontpas forcément des États, mais pour lesquelles desstatistiques sont recueillies et actualisées sur une basedistincte et indépendante.

Copyright © 2009Forum économique mondial, Banque internationalepour la reconstruction et de développement/Banquemondiale et Banque africaine de développement

Publié par le Forum économique mondial, Genève

Les résultats, les interprétations et les conclusionsexprimés ici sont ceux des auteurs et ne reflètent pasnécessairement le point de vue des administrateurs dela Banque mondiale ou des pays qu’ils représentent.

La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude desdonnées comprises dans ce travail. Les frontières, lescouleurs, les dénominations et les autres informationsindiquées sur les cartes n’impliquent aucun jugementde la part de la Banque mondiale concernant le statutjuridique de tout territoire, ni aucune reconnaissanceou acceptation de ses frontières.

Tous droits réservés. Il est fait interdiction dereproduire, d’archiver dans un système de consultationou de transmettre tout ou partie du présent document,sous toute forme ou par tout moyen, électronique,mécanique ou par photocopie, sans l’autorisationpréalable du Forum économique mondial, de la Banquemondiale et de la Banque africaine de développement.

ISBN-13 : 978-92-95044-21-0

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Table des matières

Préface.............................................................................................vDonald Kaberuka, Klaus Schwab et Robert Zoellick

Remerciements ............................................................................vii

Vue d’ensemble.............................................................................xi

Partie 1 : Aspects de la compétitivité en Afrique

1.1 Analyse de la compétitivité de l’Afrique ...........................3Jennifer Blanke, Forum économique mondial et Xavier Sala-I-

Martin, Université de Columbia

1.2 Le secteur financier en Afrique : avancées et défis ......31Thorsten Beck, Université de Tilburg et CEPR, et Michael

Fuchs et Marilou Uy, Banque mondiale

1.3 Une restructuration au service de la compétitivité dusecteur financier dans les quatre plus grandeséconomies d’Afrique ............................................................51Louis Kasekende et Kupukile Mlambo, Banque africaine de

développement, Victor Murinde, Université de Birmingham

et Tianshu Zhao, Université de Stirling

1.4 Comparaison des coûts et de la compétitivité del’Afrique ..................................................................................87Giuseppe Iarossi, Banque mondiale

1.5 Intensifier les échanges commerciaux en Afrique :leçons tirées de l’indice sur la facilitation deséchanges Enabling Trade Index.......................................115Margareta Drzeniek Hanouz, Forum économique mondial et

Robert Z. Lawrence, Université de Harvard

1.6 Améliorer la compétitivité dans quatre pays d’Afrique :le Botswana, Maurice, la Namibie et la Tunisie ..........147Léonce Ndikumana et Peter O. Ondiege, Banque africaine de

développement, Patrick Plane, Université d’Auvergne et

Désiré Vencatachellum, Banque africaine de développement

Partie 2 : Profils des pays

2.1 Profils de compétitivité ....................................................177

Guide de lecture des profils de compétitivité ...............179

Liste des pays....................................................................189

Profils de compétitivité ....................................................190

2.2 Profils du climat de l’investissement .............................253

Guide de lecture des profils du climat de

l’investissement................................................................255Giovanni Tanzillo, Banque mondiale

Liste des pays : profils du climat de l’investissement...259

Profils du climat de l’investissement..............................260

Biographie des auteurs.....................................339

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PréfaceDONALD KABERUKA, Président, Groupe de la Banque africaine de développement

KLAUS SCHWAB, Président exécutif, Forum économique mondial

ROBERT ZOELLICK, Président, Groupe de la Banque mondiale

Le Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009 est ledeuxième rapport conjoint émanant de nos trois organi-sations. Il s’inscrit dans le contexte du ralentissementéconomique mondial le plus profond que l’on ait connudepuis des générations.

En Afrique, des taux de croissance impressionnantset l’augmentation de l’IDE ont alimenté le rebond del’économie au cours de la décennie passée : entre 2001 et2008, l’Afrique a enregistré une croissance annuellemoyenne de son produit intérieur brut (PIB) de5,9 pour cent. Or, la crise financière mondiale incite à sedemander si le continent pourra maintenir de tellesperformances. Les économies africaines sont certes moinsétroitement liées aux marchés financiers mondiaux qued’autres régions du monde, mais le continent n’est pasépargné par les retombées de cette crise. Ainsi, pour2009, on table sur une croissance du PIB inférieure à3 pour cent pour l’Afrique. Ce ralentissement met enpéril les progrès accomplis par les africains ces dernièresannées dans les domaines du développementéconomique, de la réforme des politiques publiques etdes institutions et, en particulier, de la lutte contre lapauvreté.

Le Rapport sur la compétitivité en Afrique met enévidence les domaines dans lesquels des mesures urgenteset des investissements sont nécessaires si l’on veut quel’Afrique se sorte au mieux de cette crise et poursuive surla voie de la croissance à l’avenir. Ce Rapport exploite lesavoir accumulé au sein de la Banque africaine dedéveloppement, du Groupe de la Banque mondiale et duForum économique mondial pour présenter une visionunique et décrire les problèmes auxquels les pouvoirspublics des pays du continent devront remédier. Il estdestiné à servir d’outil sur lequel les décideurs africainsdes sphères privées, publiques et politiques pourronts’appuyer pour déterminer dans quelle mesurel’environnement d’affaires pourra favoriser une croissanceet une prospérité durables.

À ce titre, ce Rapport doit encourager le dialogueprivé-public sur les enjeux. Le secteur privé peut jouerun rôle vital dans le processus de réforme. En leur qualitéde parties prenantes de premier plan, les entreprisespeuvent en effet soutenir et défendre les réformes quiaméliorent la compétitivité, ainsi que les initiatives quicréent des emplois. De leur côté, les pouvoirs publics

doivent veiller à l’instauration d’un climat d’affaires sain,qui catalysera la croissance et la prospérité à long terme.

La présente édition de ce Rapport examine denombreux aspects de l’environnement d’affaires enAfrique, en s’attachant aux moyens de stimuler laprospérité dans la région. Il propose une évaluation de lacompétitivité et des coûts de la pratique des affaires sur lecontinent, des analyses actualisées de la profondeur et dela sophistication des marchés financiers de la région, unedescription des mesures efficaces prises par des économiesrelativement restreintes pour promouvoir leurcompétitivité, ainsi que de l’ampleur des dispositionsengagées pour faciliter le libre échange entre les pays.Dans ses dernières sections, ce Rapport présente desprofils détaillés de la compétitivité et du climat del’investissement pour chacune des économies étudiéesdans ce Rapport.

Nous ne pouvons pas laisser la crise actuelle réduireà néant tous les progrès que les africains ont déjàaccomplis. Nous devons au contraire saisir cetteopportunité pour soutenir les réformes et aider cecontinent à améliorer sa compétitivité et ses perspectivesde croissance. Dans le monde interconnectéd’aujourd’hui, la prospérité de l’Afrique constitue unenjeu important pour chacun d’entre nous, car elle est àla fois une source de croissance mondiale et un soutienpour la durabilité de la mondialisation.

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Remerciements

Le Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009 a été rédigépar une équipe conjointe composée de Jennifer Blanke,du Forum économique mondial, Marilou Uy et Giu-seppe Iarossi, de la Banque mondiale, et Peter Ondiege,de la Banque africaine de développement. Les travauxont été menés sous la direction de Shantayanan Devara-jan, Économiste en chef pour l’Afrique à la Banquemondiale, Robert Greenhill, Directeur exécutif duForum économique mondial, et Louis Kasekende, Éco-nomiste en chef de la Banque africaine de développe-ment.

Nous exprimons toute notre gratitude aux auteursestimés qui nous ont fait bénéficier de leur savoir et deleur expérience et qui ont contribué au Rapport de cetteannée.

Nous sommes aussi reconnaissants à tout lepersonnel des trois organisations, qui n’a pas ménagé sesefforts pour que ce rapport conjoint puisse voir le jour etqui a formulé ses commentaires aux différentes étapes desa rédaction. Nous tenons en particulier à remercierVincent Castel, Audrey Chouchane, Suwareh Darbo,Victor Davies, Patrick Giraud, Nizar Jouini, H. S. Kim,Iza Lejarraga, Ronald Leung (consultant), LeilaMokaddem, Ahmed Moummi, Stefan Nallétamby,Matsuko Obayashi, Lauréline Pla (consultante), NoomanRebei, Adeleke Salami, Kang Gil Seong, MarcoStampini, Tim Turner et Ahmed Zejly, de la Banqueafricaine de développement ; nous avons également reçul’assistance de Kaouther Abderrahim, Rhoda Bangurah,Nana Cobbina, Abiana Nelson et Hela Zaghouani. À laBanque mondiale, nous remercions Penelope Brook,Jose Luis Guasch, Bernard Hoekman et Ritva Reinikka(réviseurs), ainsi que Gilles Alfandari, Reyes Aterido,Najy Benhassine, Jean-Pierre Chauffour, GerardoCorrochano, Marieta Fall, Lucy Fye, Rebekka Grun,Mary Hallward-Driemeier, Mariem Malouche, Jean-Michel Marchat, Regina Martinez, Claudia Nassif,Vincent Palmade, Ismail Radwan, Andrew Stone,Giovanni Tanzillo, Papa Demba Thiam, Ali Zafar et lesautres membres du personnel qui ont pris part à larelecture des versions préliminaires ; qu’Andrew Stone etVincent Palmade soient remerciés pour leur contributionau chapitre consacré aux coûts. Au Forum économiquemondial, nous souhaitons remercier AdeyemiBabington-Ashaye, Ciara Browne, Sophie Bussmann,Augustina Ciocia, Margareta Drzeniek Hanouz, Thierry

Geiger, Kamal Kimaoui, Irene Mia, Fiona Paua, PearlSamandari, Fabienne Stassen Fleming, Eva Trujillo-Herrera et Katherine Tweedie.

Enfin, nous tenons à souligner combien nous avonsapprécié le travail de l’ensemble des réviseurs externes durapport, et en particulier le concours du Professeur EricEboh, Directeur exécutif de l’African Institute forApplied Economics, Enugu (Nigeria), de NkosanaMoyo, Directeur général d’ACTIS Capital LLP, deFoluso Phillips, Directeur général de Phillips Consulting,et de Bayero Fadil, Président du Complexe ChimiqueCamerounais.

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INSTITUTS PARTENAIRES DU FORUM ÉCONOMIQUE MONDIAL

Afrique du Sud

Business Leadership South AfricaConnie Motshumi, directriceMichael Spicer, directeur généralBusiness Unity South AfricaJerry Vilakazi, directeur généralVic Van Vuuren, directeur des opérations

Algérie

Centre de recherche en économie appliquée pour le développement(CREAD)

Youcef Benabdallah, maître de rechercheYassine Ferfera, directeur

Bénin

Micro Impacts of Macroeconomic Adjustment Policies (MIMAP),Bénin

Épiphane Adjovi, coordinateur des activitésMarie-Odile Attanasso, coordinateur adjointFructueux Deguenonvo, chercheur

Botswana

Botswana National Productivity CentreDabilani Buthali, directeur, département des services d’information

et de rechercheThembo Lebang, directeur exécutifOmphemetse David Matlhape, consultant recherche

Burkina Faso

Société d’études et de recherche formation pour le développement(SERF)

Abdoulaye Tarnagda, directeur général

Burundi

Centre universitaire de recherche pour le développementéconomique et social (CURDES), Université nationale du Burundi

Richard Ndereyahaga, directeur du CURDESGilbert Niyongabo, doyen économie et gestion

Cameroun

Comité de compétitivitéLucien Sanzouango, secrétaire permanent

Côte d’Ivoire

Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’IvoireMamadou Sarr, directeur général

Égypte

The Egyptian Center for Economic StudiesHanaa Kheir-El-Din, directeur exécutif et directeur de recherches

Éthiopie

African Institute of Management, Development and GovernanceTegegne Teka, directeur général

Gambie

Gambia Economic and Social Development Research Institute(GESDRI)

Makaireh A. Njie, directeur

Ghana

Association of Ghana Industries (AGI)Carlo Hey, chef de projetCletus Kosiba, directeur exécutifTony Oteng-Gyasi, président

Kenya

Institute for Development Studies, Université de NairobiMohamud Jama, directeur et professeur associéPaul Kamau, chercheur titulaireDorothy McCormick, professeur associé

Lesotho

Mohloli Chamber of BusinessRefiloe Kepa, directeur général

Libye

National Economic Development BoardEntisar Elbahi, directeur exécutif

Madagascar

Centre d’études économiques, Université d’AntananarivoPépé Andrianomanana, directeurRazato Raharijaona Simo, secrétaire exécutif

Malawi

Malawi Confederation of Chambers of Commerce and IndustryChancellor L. Kaferapanjira, directeur général

Mali

Groupe de recherche en économie appliquée et théorique (GREAT)Massa Coulibaly, coordonnateur

Maroc

Université Hassan IIFouzi Mourji, professeur d’économie

Maurice

Joint Economic Council de MauriceRaj Makoond, directeurBoard of InvestmentDev Chamroo, directeur, planification et politiqueManisha Dookhony, responsable, planification et politiqueRaju Jaddoo, directeur général

Mauritanie

Centre d’information mauritanien pour le développementéconomique et technique (CIMDET/CCIAM)

Lô Abdoul, consultant et analysteKhira Mint Cheikhnani, directeurHabib Sy, analyste

Mozambique

EconPolicy Research Group, Lda.Peter Coughlin, directeurDonaldo Miguel Soares, chercheurEma Marta Soares, assistante

Namibie

Namibian Economic Policy Research Unit (NEPRU)Joel Hinaunye Eita, responsable de rechercheLameck Odada, assistant de rechercheKlaus Schade, directeur par intérim

Nigeria

Nigerian Economic Summit Group (NESG)Felix Ogbera, codirecteur, rechercheChris Okpoko, consultant en chef, recherche

Ouganda

Makerere Institute of Social Research, Université MakerereRobert Apunyo, associé de rechercheDelius Asiimwe, responsable de recherche titulaireCatherine Ssekimpi, associée de recherche

Sénégal

Centre de recherches économiques appliquées (CREA), Universitéde Dakar

Aly Mbaye, directeur

Tanzanie

Economic and Social Research FoundationIrene Alenga, Commissioned Studies DepartmentHaidari Amani, directeur exécutif et professeurDennis Rweyemamu, Commissioned Studies Department

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Tchad

Groupe de recherches alternatives et de monitoring du projetpétrole-Tchad-Cameroun (GRAMP-TC)

Antoine Doudjidingao, chercheurGilbert Maoundonodji, directeurCéline Nénodji Mbaipeur, chargée de programme

Tunisie

Institut arabe des chefs d’entrepriseMajdi Hassen, conseiller exécutifChekib Nouira, président

Zambie

Institute of Economic and Social Research (INESOR), Université deZambie

Mutumba M. Bull, directeurPatricia Funjika, développement du personnel, titulaireJolly Kamwanga, coordinateur

Zimbabwe

Graduate School of Management, Université du ZimbabweA. M. Hawkins, professeur

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Vue d’ensemble

Le Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009 est publié àl’heure où la planète traverse la crise financière la plusprononcée depuis des générations. Dans un tel contexte,l’état des marchés financiers africains figure parmi lesprincipaux sujets analysés dans ce Rapport. Cette analysepermet de déterminer que certains pays africains, à savoirl’Afrique du Sud, l’Algérie, le Nigeria et l’Égypte, sontbien placés pour rebondir. En effet, ces grandes écono-mies sont dotées d’un système bancaire compétitif etd’un système de réglementation opérationnel, qui résul-tent des réformes du secteur financier engagées depuis ledébut des années 1990. Cependant, comme le précise ceRapport, ces plans de réforme ne sont pas identiques. Ilexiste de grandes différences dans le rythme et laméthode retenus par chacun de ces pays. L’Afrique duSud a opté pour une restructuration progressive, pendantlaquelle ses banques ont essaimé dans le reste du conti-nent. Le Nigeria, de son côté, a fait subir un traitementde choc à son secteur bancaire. L’Égypte affiche, elle, unbilan mitigé en termes d’efforts et de réussite, et devraitpeut-être aller plus loin maintenant. Enfin, l’Algérie, oùles réformes avancent lentement, dispose toujours d’uneintermédiation financière remarquable. Dès lors, en tirantles enseignements de ces expériences, les pays africainsdevraient garder à l’esprit que si les réformes du secteurfinancier sont nécessaires, elles ne doivent pas forcémentêtre les mêmes dans tous les pays. Chacun doit détermi-ner l’approche qui est la plus appropriée en fonction desa situation.

Avant la crise, l’Afrique avait connu ces dernièresannées une expansion économique soutenue. Entre 2001et 2008, la croissance du produit intérieur brut (PIB) ducontinent s’est établie en moyenne à 5,9 pour cent paran. Elle s’est accompagnée de flux significatifs d’IDEdans la région, si bien que l’encours de l’IDE a presquedoublé entre 2003 et 2007, selon la CNUCED1.Cependant, les perturbations économiques mondialesrécentes conduisent à douter de la durabilité de cettecroissance à moyen et long terme. Il est vrai que leséconomies d’Afrique sont moins liées aux marchésfinanciers mondiaux que d’autres régions. Pourtant, lesdiscussions initiales sur le découplage économique ontfait long feu et la région n’est pas épargnée par lesretombées de la crise qui trouve son origine sur lesmarchés financiers sophistiqués du monde industrialisé :le Fonds monétaire international (FMI) projette un reculde la croissance de la région à 2,0 pour cent en 2009 et à3,9 pour cent en 20102.

Ce ralentissement prévu est imputable à diversesforces extérieures qui résultent de la crise mondiale etqui ne peuvent pas être maîtrisées par les Africains. Larégion doit faire face à une érosion mondiale des coursdes matières premières (ainsi qu’à une dégradation destermes de l’échange pour plusieurs pays) et à uneréduction potentiellement importante de l’aide et desenvois de fonds par les travailleurs expatriés, conjuguée àla menace d’un regain de protectionnisme de la part dumonde riche. Outre ces forces extérieures, les paysd’Afrique sont également exposés à des risques intérieurs,qui sont eux du ressort des décideurs nationaux. Ilsdoivent éviter de tirer les mauvaises leçons de la crisefinancière actuelle. En effet, il serait erroné de conclureque ce sont les marchés libres et ouverts qui ontprovoqué la crise, et qu’il faut donc éviter de partir danscette direction. Il serait catastrophique que les paysd’Afrique reviennent sur des mesures qui ont favorisél’amélioration de leurs performances économiques aucours de la décennie passée.

Plus généralement, la crise économique actuelle meten exergue l’importance de développer unenvironnement économique qui mise sur des gains deproductivité afin de permettre aux économies nationalesde résister aux chocs et de préparer des performancessolides pour l’avenir. Il convient pour cela de s’attacherrésolument à renforcer les bases institutionnelles etphysiques d’un développement tiré par un secteur privésolide et compétitif. Il faut donner la priorité auxmesures et interventions qui génèrent des opportunitésd’emploi et de création d’entreprises pour tous lesmembres de la société. C’est impératif si l’on veut quel’Afrique poursuive sur la voie sur laquelle elle s’estengagée durant la décennie passée. De plus, l’Afrique aabsolument besoin d’enregistrer des taux de croissanceélevés pendant plusieurs décennies, à l’instar des paysd’Asie en développement, afin de relever le niveau devie de sa population. La crise actuelle doit êtreconsidérée comme une opportunité de procéder à bonnombre des changements structurels qui pourrontconsolider l’assise économique de l’Afrique.

Le Rapport sur la compétitivité en Afrique de cetteannée est le deuxième d’une série de rapports publiés enpartenariat entre trois institutions profondémentengagées pour le développement de l’Afrique. À la suitede notre premier rapport conjoint de 2007, la Banqueafricaine de développement, la Banque mondiale et le

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Forum économique mondial se sont réunis une fois deplus pour souligner l’importance de débattre de lacompétitivité en Afrique. Chaque institution aborde cesujet à sa manière, puis la mise en commun de leursréflexions dans ce volume apporte au lecteur unensemble riche de points de vue complémentaires sur lamanière de multiplier les opportunités et de stimuler laproductivité et la croissance en Afrique. (Lesinformations sur les principales sources de donnéesutilisées dans ce Rapport sont présentées dans lesencadrés 1 et 2.)

Cette publication conjointe s’intéresse à différentsfacteurs qui influent sur la compétitivité en Afrique. Parcompétitivité, nous entendons productivité, ou en d’autrestermes, la capacité de créer de la valeur. Dans le présentRapport, nous analysons donc à la fois les facteurs relatifsà l’environnement d’affaires général (institutions,infrastructure, politiques publiques), ainsi que les facteursinternes à chaque entreprise (capacité managériale, coûts)qui influent sur son niveau de productivité et, parextension, sur celui de l’ensemble de l’économie. À sontour, le niveau de productivité d’une économie définit leniveau durable de prospérité auquel un pays peut aspirer.En d’autres termes, des économies plus compétitives onttendance à produire des niveaux de revenu supérieurspour leurs citoyens. Les niveaux de productivitédéterminent également les taux de retour surinvestissement. Les taux de retour constituant les moteursfondamentaux des taux de croissance, une économie pluscompétitive a davantage de chances de progresser plusrapidement à moyen et long terme.

Par conséquent, les différents chapitres de ce Rapportprésentent le vaste éventail de facteurs qui entrent enligne de compte dans l’embellie des perspectivesd’amélioration de la productivité des économiesafricaines. Étant donné la crise économique et financièreactuelle, ce chapitre s’intéresse en particulier à l’état del’infrastructure financière de l’Afrique, qui jouera un rôlevital, non seulement pour la compétitivité, mais aussipour le développement économique.

Les thèmes importants pour le développementCe Rapport regroupe les différentes approches déployéespar chaque organisation partenaire et met en évidenceplusieurs thèmes communs qui ressortent de l’analyse desconditions de la concurrence en Afrique. Tout d’abord, àl’heure de la crise financière mondiale, deux options depolitique à court terme revêtent une importance cruciale : lesecteur financier et les échanges commerciaux.

Marchés financiersCe Rapport démontre l’importance de secteur financierpour la compétitivité de l’Afrique. La crise financièremondiale actuelle a mis en lumière le rôle critique desmarchés financiers. Pour le meilleur et pour le pire,l’avenir des systèmes financiers de l’Afrique, tout commedes économies réelles du continent, est fortement tribu-

taire de l’évolution de la finance mondiale. Cependant,c’est aux acteurs du secteur financier africain (banquiers,donateurs et décideurs) qu’il appartient de guider lesréformes de ce secteur de manière à maximiser lesopportunités pour l’Afrique.

Les systèmes financiers africains se sont approfondiset étendus ces dernières années, non seulement sousl’effet de l’amélioration du cadre macro-économique etinstitutionnel, mais aussi de la surabondance mondiale deliquidité, qui a entraîné une augmentation des flux decapitaux vers l’Afrique. La crise actuelle menaced’inverser cette tendance et compromet ces avancéesrécentes. Dans ces circonstances difficiles, il est d’autantplus important de renforcer le cadre nécessaire pourdoter les pays de systèmes financiers sains, efficients etinclusifs. Les mesures à prendre portent sur des domainessur lesquels les pouvoirs publics travaillent depuisquelques années, comme la poursuite de la constructiondes institutions, avec la réforme du système judiciaire etla mise en place ou la réforme des services d’informationsur les crédits et les registres des sûretés. Mais ellesenglobent aussi des interventions publiques prudentes etadaptées au contexte, destinées à aider les acteurs desmarchés financiers à porter leurs services jusqu’auxlimites de ce qui est commercialement possible. D’autreschamps d’intervention doivent gagner en importancedans le contexte de la crise mondiale de la liquidité. Ilconvient par exemple d’intensifier les efforts visant àapprofondir les marchés des obligations d’État etd’entreprises afin d’améliorer la capacité de financer ladette localement, de proposer des instruments d’unematurité et d’une sécurité convenables pour l’épargne àplus long terme et de faciliter le financement del’infrastructure de l’Afrique. Enfin, la crise financièremondiale lance de nouveaux défis aux autorités deréglementation dans toute la région, puisque cesdernières doivent être préparées à l’éventualité de lafaillite de la maison-mère de l’une de leurs grandesbanques détenues par des capitaux étrangers. En sepréparant mieux à résister à la crise, les pays d’Afriquepeuvent non seulement améliorer leur aptitude à pareraux difficultés immédiates, mais aussi répondre à leursbesoins de développement à plus long terme, enfavorisant la préservation de la valeur des actifs dans dessituations dans lesquelles des établissements financiersdoivent être restructurés ou démantelés.

Ces mesures facilitant le fonctionnement desmarchés doivent être mises en œuvre par des autoritéssolides, qui jouent un rôle actif dans la redéfinition descadres réglementaires, lesquels doivent désormais avoirpour objectifs la concurrence, l’inclusion et l’efficience,tout en favorisant l’initiative privée. Lorsque l’État estappelé à intervenir sur les marchés financiers, il doit saisircette opportunité pour prendre des dispositions allantdans le sens du marché. Il peut décider d’accorder unegarantie partielle des crédits à certaines catégoriesd’emprunteurs, par exemple les PME qui sont exposées à

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Encadré 1 : Données utilisées dans ce Rapport

L’enquête auprès des dirigeants d’entreprise

L’enquête auprès des dirigeants d’entreprise (Executive OpinionSurvey) menée chaque année par le Forum économique mon-dial cherche à déterminer la façon dont les grands dirigeantsd’entreprise perçoivent divers aspects de l’économie. Ellerepose sur un échantillon représentatif d’entreprises opérantdans les principaux secteurs d’activité et compile des donnéessimples dans les domaines suivants : État et institutions publi-ques, infrastructure, innovation et technologie, éducation etcapital humain, environnement financier, concurrence inté-rieure, fonctionnement et stratégie des entreprises, environne-ment, responsabilité sociale, voyages et tourisme et santé. Laplupart de ces aspects entrent dans les douze piliers de l’indicede compétitivité mondiale (GCI).L’enquête auprès des dirigeants d’entreprise permet de jaugerl’état de l’environnement d’affaires du moment dans un paysdonné. Ses résultats constituent l’ingrédient qualitatif essentielde l’indice de compétitivité mondiale, ainsi que de plusieursétudes et indices relatifs au développement émanant du Forumet d’autres institutions. Les données les plus récentes couvrent134 pays. Quelque 12 297 dirigeants d’entreprise y ont répondudans le monde entier, dont 2 610 dans 31 pays d’Afrique.

Pour les besoins de cette enquête, les dirigeants doiventévaluer des aspects précis de l’environnement d’affaires dupays dans lequel ils opèrent. Pour chaque question, ils doiventindiquer leur opinion à propos de la situation de leur pays derésidence par comparaison avec la norme mondiale. Pour réali-ser cette enquête dans chaque pays, le Forum économiquemondial s’appuie sur un réseau de 150 instituts partenaires. Cesinstituts partenaires sont le plus souvent les départementsd’économies d’universités nationales reconnues, des institutsde recherche indépendants ou des entreprises.

Pour de plus amples informations à propos de l’enquêteauprès des dirigeants d’entreprise, voir le chapitre 2.1 du Rap-port mondial sur la compétitivité 2008-2009.

Enquêtes auprès des entreprises

Les enquêtes menées par la Banque mondiale auprès desentreprises (Enterprise Surveys) constituent une autre sourceimportante de données pour ce Rapport. Ces enquêtesrecueillent à la fois des indicateurs de perception et des indica-teurs objectifs relatifs à l’environnement d’affaires dans chaquepays. Bien qu’elles ne soient pas effectuées chaque annéedans tous les pays, ces enquêtes auprès des entreprises repo-sent sur des échantillons plus vastes, qui permettent d’obtenirune analyse plus nuancée des résultats, avec une ventilationpar secteur économique et par genre du répondant, par exem-ple. Les données sont recueillies lors d’entretiens en face àface avec des centaines de chefs d’entreprise, qui donnent desréponses reflétant leur expérience. Les données collectéescouvrent tous les principaux aspects du climat de l’investisse-ment, de l’infrastructure et de l’accès aux moyens de finance-ment à la corruption et à la délinquance. Les informationsdétaillées sur la productivité ont trait aux moyens financiers del’entreprise, au coût du travail et des matières, au chiffred’affaires et aux investissements. L’ampleur et la profondeurdes données permettent d’effectuer des analyses comparativesentre les pays en fonction des caractéristiques des entrepri-

ses (taille, structure du capital, secteur d’activité), et d’étu-dier la relation entre les caractéristiques du climat de l’inves-tissement et la productivité des entreprises. Chaque année,de 15 à 30 enquêtes auprès des entreprises sont effectuéeset des actualisations sont prévues tous les trois à cinq anspour chaque pays. Réaliser ces enquêtes auprès des entre-prises constitue une lourde tâche, de même que, pour lesentreprises, répondre aux nombreuses questions détaillées.Jusqu’ici, ces enquêtes se sont déroulées dans plus de110 pays, auprès de plus de 20 000 chefs d’entreprise, cadressupérieurs et directeurs généraux dans 38 pays d’Afrique.Dans 10 pays africains, des enquêtes ont été menées plusd’une fois, si bien que des données de panel sont égalementdisponibles pour les chercheurs du monde entier. Pour deplus amples informations, veuillez-vous rendre surhttp ://www.enterprisesurveysorg

Indicateurs Doing Business

Les indicateurs de la base de données Doing Business de laBanque mondiale sont calculés chaque année et constituentune mesure quantitative d’un aspect particulier pertinentpour la compétitivité : la réglementation relative au fonction-nement des petites et moyennes entreprises (PME) sur toutleur cycle de vie. Ces indicateurs couvrent plus précisémentles points suivants : création d’entreprise, octroi de permisde construire, embauche des travailleurs, transfert de pro-priété, obtention de prêts, protection des investisseurs, paie-ment des taxes et impôts, commerce transfrontalier, exécu-tion des contrats et fermeture d’entreprise. Ces indicateursreposent sur des scénarios standardisés qui permettentd’adopter une approche cohérente et facilitent les comparai-sons entre les pays. Grâce à ces indicateurs, il est égalementpossible de suivre les efforts de réforme au fil du temps. Enraison de leur facilité d’utilisation, ces indicateurs consti-tuent un outil précieux pour l’analyse des politiques publi-ques. Les données Doing Business sont actualisées chaqueannée. Le rapport le plus récent (publié en septembre 2008)couvre 181 pays, dont 50 en Afrique. Ces indicateurs sontl’une des composantes de l’indice de compétitivité mondiale.Pour de plus amples informations, voirhttp://www.doingbusiness.org.

Ces trois méthodes présentent des similitudes, maisaussi des différences. Elles sont analogues dans la mesureoù elles s’intéressent toutes à des questions relatives àl’environnement d’affaires et où elles s’appuient sur desenquêtes auprès de dirigeants ou d’experts. Cependant,elles diffèrent dans leurs objectifs : l’enquête du Foruméconomique mondial vise à saisir les différences dansl’environnement d’affaires entre les pays, y compris dupoint de vue des directeurs généraux et des cadres supé-rieurs disposant de préférence d’une expérience interna-tionale. Les enquêtes de la Banque mondiale auprès desentreprises, de leur côté, cherchent à mesurer de nom-breux aspects différents de l’environnement d’affaires etsont davantage orientées sur les PME et les entreprisestournées vers leur marché intérieur. Enfin, les indicateursde la base de données Doing Business s’efforcent d’éva-luer le cadre réglementaire dans les pays.

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l’effet d’éviction, tout en encourageant les banquesprivées à proposer des services de banque de détail et àdévelopper leur savoir-faire dans l’évaluation du risquede crédit. Du fait de ces évolutions, les institutions quifinancent le développement doivent endosser unnouveau rôle au niveau de la banque de gros et de lacoordination, et non au niveau des prêts de détail. Cesévolutions militent également pour l’adoption detechnologies qui permettront de faire un bond etd’étendre la population desservie par le système financier.Le tarissement des envois de fonds par les expatriésintensifie les pressions sur les États, qui doivent faciliter labaisse des tarifs des transferts de fonds en ouvrant lesecteur à la concurrence, en abaissant le coût de la partielocale des transferts via une interopérabilité entre lesprestataires de services de paiement et en instaurant desconditions égales pour tous les prestataires de services de

banque mobile et autres services analogues proposés parles banques.

La crise actuelle appelle aussi à faire preuve deprudence dans l’ouverture du compte de capital. Ilconvient de privilégier l’intégration régionale, quipermet d’engranger les bénéfices des économiesd’échelle. Si ce n’est peut-être pas le bon moment pourouvrir le compte de capital, la crise actuelle ne doit passervir de prétexte pour réinstaurer un contrôle sur lescapitaux, qui pourrait avoir de graves conséquences pourla discipline macro-économique et la gouvernance. Larégion a tout à gagner de la présence d’institutionsfinancières à la fois mondiales et régionales en termesd’efficience, de concurrence, de stabilité et derayonnement. Cependant, l’entrée des banquesétrangères ne saurait permettre de faire l’impasse sur lesréformes intérieures 3.

Encadré 2 : Banque africaine de développement – Améliorer le climat de l’investissement et la compétitivitépar le savoir

Les Profils pays du secteur privé de la Banque afri-

caine de développement

La Banque africaine de développement (BAD) élabore des Pro-fils du secteur privé pour ses pays membres régionaux dans lecadre de ses efforts visant à favoriser un environnement pro-pice au développement du secteur privé sur le continent. Cesprofils apportent une analyse approfondie du secteur privé, del’environnement politique, économique et juridique, des oppor-tunités et des obstacles ainsi qu’une stratégie pour l’avenir.

Les Profils pays pour la gouvernance de la Banque

africaine de développement

La politique de gouvernance du Groupe de la Banque africainede développement (BAD) et ses principes de mise en œuvreprocurent aux pays membres régionaux une base pour réagiraux problèmes de gouvernance qu’ils rencontrent. De même, labonne gouvernance demeure un critère clé de l’allocation desressources en fonction des performances par le Fonds africainpour le développement : les pays qui affichent les meilleurs sco-res reçoivent davantage de financements. La BAD élabore cha-que année des Profils pays pour la gouvernance pour un cer-tain nombre de pays. Ces profils donnent une évaluationdétaillée des principaux problèmes de gouvernance dans lespays concernés. Ils analysent la situation politique, sociale,économique et le gouvernement d’entreprise du point de vue dela gouvernance. Ils étudient également les politiques et lescadres institutionnels existants, ainsi que les problèmes decapacités y afférents. Enfin, ils mettent en lumière les difficultéset proposent des mesures et des recommandations afin d’aiderles pays à progresser sur la voie de leur résolution. Le Groupede la Banque africaine de développement apporte son soutienaux programmes de bonne gouvernance et de lutte contre lacorruption par le biais de projets de gestion du secteur public,de facilitation des importations industrielles, de promotion desexportations et de soutien aux institutions.

Les Perspectives économiques en Afrique

Depuis 2001-2002, la Banque africaine de développement etle Centre de développement de l’OCDE publient chaqueannée conjointement Les Perspectives économiques en Afri-que. En 2007, ces deux organisations ont été rejointes par laCommission économique des Nations Unies pour l’Afrique.Cette publication analyse les évolutions économiques récen-tes en Afrique en adoptant une approche comparative et uncadre analytique commun. Elle donne des prévisions sur lesprincipales variables macro-économiques. Les Perspectivesétudient et analysent les performances socio-économiquesdes économies africaines et indiquent pays par pays lesavancées socio-économiques réalisées, ainsi que les pers-pectives à court et moyen terme. Chaque année, cette publi-cation traite un thème spécifique, qui s’attache à un domainecritique pour le développement socio-économique de l’Afri-que, mais néanmoins négligé par les chercheurs. En 2009, ils’agit des TIC et du développement de l’Afrique. Les PEAdécrivent les évolutions internationales susceptibles d’avoirun impact sur les économies africaines, comprennent desétudes consacrées chacune à un pays, ainsi qu’une annexestatistique sur les pays d’Afrique. Les Perspectives économi-ques en Afrique en sont à leur huitième édition, qui couvre47 pays d’Afrique, soit 11 de plus que l’édition précédente.Leur principal objectif est d’étendre la base de savoir sur leséconomies d’Afrique et d’apporter une aide précieuse auxdécideurs, investisseurs et donateurs. Elles entendent aussifaciliter le renforcement des capacités. Grâce aux experts etinstitutions africains qui participent à leur élaboration, cesPerspectives disposent de capacités de recherche étendues,et les experts africains s’approprient plus facilement lesrésultats de ces travaux.

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Commerce et marchés libres

Alors que le monde traverse la crise économique la plusgrave depuis celle de 1929, il est compréhensible, etmême primordial, que les efforts de restauration de laconfiance dans le marché monopolisent l’attention desdécideurs de la planète. Pourtant, en ces temps difficiles,il serait dangereux que les dirigeants africains perdent devue les facteurs autres que financiers, comme le com-merce, qui jouent un rôle déterminant dans la réussiteéconomique d’un pays.

Les données empiriques laissent à penser qu’il existeune relation positive entre échanges internationaux etcroissance économique soutenue. Les bienfaits ducommerce sont biens connus : il augmente le revenugrâce à la spécialisation, à l’intensification de laconcurrence et à l’exploitation des économies d’échelle.Il étend la variété des produits et des services disponiblessur le marché et favorise l’innovation technologique.

Pourtant, des forces protectionnistes apparaissent etdevraient s’intensifier à mesure que la récessions’approfondit et que les échanges mondiaux reculent.Plusieurs pays, y compris des membres du G20 quis’étaient engagés en novembre 2008 à éviter les mesuresprotectionnistes, ont adopté des dispositions restreignantles échanges au détriment d’autres pays ; certains paysd’Afrique sont également tentés de protéger leursmarchés. Or, en raison de la présence des chaînesd’approvisionnement internationales, les mesuresprotectionnistes ne feraient que comprimer davantage lademande mondiale et freiner la croissance.

Les engagements à éviter le protectionnisme sontfréquents et bienvenus. Cependant, les pressionspolitiques intérieures n’ont aucun mal à les faire oublier.Pour qu’il soit plus facile de résister à cette tentation, ilest par exemple possible d’encourager la transparence.Les États doivent s’engager à rendre publiques lesmesures prises, ainsi que leur motivation. Ces mesures,qui doivent être assorties d’une durée prévisionnelle,feront des émules et éviteront les opérations de rétorsion.

La crise a clairement mis en évidence l’utilité dusystème commercial multilatéral reposant surl’Organisation mondiale du commerce (OMC), même sielle a également fait apparaître la nécessité deconditionner plus fermement les niveaux de protectionaux termes des accords de l’OMC. Dès lors, les dirigeantsdoivent relancer les négociations du cycle de Doha, carc’est le seul moyen réaliste de faire avancer l’ouverturedes marchés mondiaux et de pérenniser la libéralisationdes échanges déjà acquise. De plus, malgré plusieursmesures destinées à faciliter les échanges (par exemple,les banques régionales de développement ont largementrevu à la hausse la capacité moyenne au titre desprogrammes concernés), il est nécessaire d’améliorer lacoordination et le partage des informations, notammenten faisant circuler une liste des nouveaux programmesauprès des agences de crédit concernées 4.

Encourager le commerce en Afrique aidera lecontinent à se sortir de la crise mondiale. Sur cecontinent, les flux commerciaux souffrent du recul descours des matières premières et des volumes d’échangeen général, ainsi que du manque de financement. Cesconditions vont accentuer la concurrence sur les marchésmondiaux. Dans un tel contexte, il est d’autant pluscrucial d’améliorer le cadre de facilitation des échangesafin de faire baisser le coût des exportations. Pourfavoriser le transport international des marchandises etrenforcer le recouvrement des recettes, les pouvoirspublics doivent accélérer les réformes visant à alléger lesprocédures administratives et à abaisser le coût destransactions. Ainsi, la réforme douanière constitue unedémarche relativement peu coûteuse, qui produit desrésultats rapides, et qui n’est généralement pas exposée àdes considérations politico-économiques en raison de sanature technique. Dans le même temps, elle se révèle trèsbénéfique pour le pays, car elle favorise le commerce etrenforce la sécurité tout en accroissant les recettespubliques en luttant contre le commerce illicite. Outreleur effet direct sur les échanges, les mesures defacilitation produisent également des effets positifs dans lecontexte de la crise actuelle : l’investissement dansl’infrastructure stimulera l’économie du pays et larationalisation des douanes améliorera l’efficience durecouvrement des recettes, et donc la capacité deréaction aux crises.

S’ils doivent traiter les conséquences de la criseactuelle, les dirigeants africains ne doivent pas oublier lesfacteurs et les mesures qui demeureront cruciaux pour lacompétitivité et le développement une fois que la crisesera dissipée. Les options de politique à long terme visant àrenforcer la compétitivité en Afrique demeurent donctout aussi importantes. Ces options, qui portentnotamment sur l’infrastructure, l’éducation et la santé, lesinstitutions, la gouvernance et la transparence, serontévoquées tour à tour ci-après.

InfrastructureUne infrastructure étendue et efficiente constitue unmoteur essentiel de la compétitivité. En effet, une infras-tructure bien développée atténue les effets de la distanceentre les régions, avec à la clé des marchés nationauxvéritablement intégrés. Un réseau de transport biendéveloppé et efficient est indispensable pour que lesentreprises puissent acheminer leurs marchandises vers lesmarchés rapidement et en toute sécurité et pour faciliterla circulation des travailleurs. Les économies sont égale-ment tributaires de la fourniture d’électricité, qui doitêtre à l’abri des interruptions et des pénuries si l’on veutque les entreprises et les usines fonctionnent correcte-ment. Enfin, un réseau de télécommunications étendu etrésistant permet une circulation rapide de l’information,ce qui accroît l’efficience économique générale.

Le Rapport de cette année confirme une fois de plusque l’état de l’infrastructure, surtout d’énergie et de

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transport, demeure un obstacle important à lacompétitivité en Afrique. Comparée avec leursprincipales concurrentes en Asie, les entreprises africainessont pénalisées concernant ces services.

Dans ces circonstances, les dirigeants africainsdoivent se remobiliser pour poursuivre les effortsd’investissement dans l’infrastructure, la technologie etles produits. Avec la crise qui fait rage, les dépensesd’infrastructure doivent servir à la relance budgétairedans de nombreux pays d’Afrique. Cependant, il ne fautpas que cela soit au détriment de la stabilité macro-économique.

Concernant l’énergie, l’Afrique souffre d’unensemble complexe de problèmes : (1) la géographie,avec des ressources abondantes mais peu accessibles(situation appelée pauvreté énergétique) ; (2) les prix, carles possibilités de subvention croisée des coûts del’énergie sont très limitées, et (3) les capacités, car ilexiste peu de possibilité de mobiliser des investissementset des technologies. Il convient de remédier à cesdifficultés en harmonisant les interventions des donateurset des pays, et non pas uniquement en apportant desinvestissements et des capacités managériales, mais aussien créant un environnement propice.

Si plusieurs pays ont pris des mesures concrètes,l’Afrique doit aller plus loin pour améliorer ses systèmesde production et de distribution d’énergie. L’ouverturedes secteurs de la production et du transport, ainsi que dela distribution, doit s’accompagner de l’instauration decadres juridiques et institutionnels adéquats. De plus, lespouvoirs publics doivent encourager les gros investisseurset les PME à investir dans l’électrification, à titre privéou via des partenariats public-privé (PPP), par des projetsde cogénération, la fusion de petits projets visant àdégager des économies d’échelle et des accords decoopération. Les pouvoirs publics doivent être attentifs àl’ordre chronologique des réformes s’ils veulent quel’énergie soit accessible à tous. En particulier,l’instauration de structures et de mécanismesd’électrification des zones rurales doit précéder lelancement de réformes de grande ampleur comme lesprivatisations. Enfin, l’Afrique doit exploiter le potentielénorme des sources d’énergie renouvelable (enparticulier hydroélectrique et solaire), qui peuvent luipermettre de devenir non seulement un gros producteur,mais aussi un exportateur net d’énergie.

Pour remédier au problème du transport enAfrique, il faut agir sur deux fronts : l’infrastructure et laréglementation. Cela fait des années que l’on demande lacréation d’un grand réseau routier sur le continent, maisrien n’a été fait jusqu’ici. Pourtant, un tel réseau setraduirait par une expansion des échanges terrestres quel’on peut chiffrer à environ 250 milliards de dollars en15 ans, avec des retombées positives pour les populationspauvres des régions rurales. Qui plus est, la constructionroutière est une activité à forte intensité de main-

d’œuvre qui permettrait aussi d’améliorer la sécuritéroutière. Cela étant, le niveau élevé des coûts detransport en Afrique est principalement imputable àl’absence de concurrence dans le transport routier. Ainsi,si les services de transport routier ne sont pasdéréglementés, les prix demeureront élevés et lesentreprises ne profiteront pas de l’investissement dans laremise en état du réseau. En Afrique centrale et del’Ouest, cette déréglementation est des plusrecommandées. Les cartels doivent y être démantelés, etla fiscalité doit récompenser ceux qui exploitent desvéhicules modernes et les utilisent de façon plusintensive. La déréglementation doit également faciliterl’accès des nouveaux entrants sur le segment du fret. EnAfrique de l’Est et sur le réseau routier sud-africain, il estpossible d’abaisser les coûts de transport en modernisantcertains tronçons critiques. De même, la mise en placed’un arrêt unique pour le passage des frontièrespermettrait de réduire les retards et d’abaisser le prix dutransport. Enfin, en Afrique de l’Est, il serait judicieux derevoir à la baisse les taxes sur le carburant dans les paysenclavés de manière à éviter que les transporteurs locauxne soient pénalisés par rapport à ceux des pays côtiers.

Éducation et santéLa compétitivité et la productivité d’un pays passentimpérativement par une population active en bonnesanté. De plus, l’éducation joue un rôle croissant pour lespays qui souhaitent monter dans la chaîne de valeur.L’absence de structures d’éducation élémentaire peutdonc peser sur le développement des entreprises, qui ontdu mal à dégager des gains de productivité. À l’heure dela mondialisation, les économies ont besoin de se doterde gisements de travailleurs instruits qui soient capablesde s’adapter rapidement aux mutations de leur environ-nement.

Malgré les avancées réalisées au cours des dernièresannées, l’Afrique accuse toujours un retard par rapportaux autres régions en ce qui concerne la santé etl’éducation. S’ils veulent étendre et améliorer la réussitescolaire de leur population, les pays d’Afrique doivent :(1) intensifier leurs campagnes d’information afin desensibiliser la population au droit des enfants defréquenter l’école primaire quelle que soit leur situationéconomique, aux bienfaits de l’instruction et à lanécessité de commencer sa scolarité à l’âge prévu (enparticulier dans les zones rurales et pour les filles) ; (2)augmenter les ressources qui sont versées directementaux écoles afin d’alléger le fardeau qui pèse sur lesménages, en particulier pour l’achat du matériel scolaire,et lier le versement des ressources au taux de rétentiondes élèves et aux performances générales de l’école ; (3)mieux déployer les enseignants afin que les enseignantsqualifiés soient répartis plus équitablement, en particulierdans les zones rurales, où l’on trouve peu de professeursqualifiés et d’enseignantes ; (4) construire les écoles plusprès des habitations afin de réduire le trajet jusqu’àl’école, et regrouper toutes les classes du primaire sur un

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seul site afin d’accroître la probabilité que les enfantscontinuent leur scolarité et passent d’un niveau à l’autre,et (5) encourager le secteur privé à participer àl’éducation à tous les niveaux. Les organisationsd’étudiants et les associations de parents, notamment,doivent surveiller le système. Les mécanismes de partagedes informations jouent un rôle crucial dans la luttecontre la corruption et l’amélioration du budget del’éducation5.

L’information, le suivi et l’exécution de la politiqueconstituent des éléments cruciaux pour l’amélioration detout système de santé, indépendamment des ressourcesdisponibles pour ces services. Il est également impératifde trouver l’équilibre dans le dosage entre public et privéafin d’atténuer le plus possible les conséquences descarences de l’État et du marché dans le financement et laprestation de ces services6. Les pays africains doiventaméliorer la fourniture de ces services en normalisant lespratiques et en donnant davantage d’autonomie auxparties prenantes, et les décideurs doivent êtrecomptables des résultats obtenus dans ce secteur en (1)investissant dans le suivi et l’évaluation et (2) en donnantla parole aux citoyens et en renforçant les mécanismespar lesquels ces derniers exercent un droit de regard.Enfin, il convient de moderniser l’infrastructure (routes,eau, électricité, etc.) afin d’améliorer les conditions detravail des professionnels de la santé et de l’éducation,surtout dans les zones rurales, et de faciliter l’accès pourles citoyens7.

Institutions, gouvernance et transparence

L’environnement institutionnel forme le cadre danslequel les individus, les entreprises et les pouvoirs publicsinteragissent de manière à générer du revenu et de larichesse pour l’économie. Le cadre institutionnel influeconsidérablement sur la compétitivité et la croissance. Iljoue un rôle central dans la manière dont les sociétésafricaines distribuent les bienfaits et supportent les coûtsdes stratégies et des politiques de développement, et ilinflue sur les décisions d’investissement et sur l’organisa-tion de la production. Les propriétaires de terrains, departs de société et même de propriété intellectuelle hési-teront à investir dans l’entretien et l’amélioration de leursbiens si leurs droits de propriété ne sont pas garantis. Demême, si, lorsque l’on achète ou que l’on vend un bien,on ne peut pas avoir la certitude que les autorités vontavaliser la transaction, le marché ne sera pas en mesured’engendrer de croissance dynamique. L’importance desinstitutions ne se cantonne pas au cadre juridique. L’atti-tude de l’État vis-à-vis des marchés et des libertés, ainsique l’efficience de son fonctionnement, revêtent égale-ment une grande importance : une administration tenta-culaire et les lourdeurs qui l’accompagnent, une régle-mentation excessive, la corruption, la malhonnêteté dansle traitement des marchés publics, l’opacité et l’absencede fiabilité, ou encore la dépendance politique du sys-tème judiciaire, ont un coût économique pour les entre-prises et ralentissent le processus de développement.

Une bonne gouvernance ainsi que l’existence deleaders influents et visionnaires, agissant dans le cadred’institutions officielles et de règles informelles, ontlargement contribué au succès du Botswana, de Maurice,de la Namibie et de la Tunisie. Au Botswana, lesinstitutions ont protégé les droits de propriété desinvestisseurs effectifs et potentiels et favorisé la stabilitépolitique. Maurice et la Namibie se sont dotésd’institutions publiques solides et transparentes ainsi qued’un pouvoir judiciaire indépendant. Enfin, lesinstitutions tunisiennes peuvent s’appuyer sur desrelations transparentes et caractérisées par la confianceentre l’État et la société civile. La gouvernance publiqueoccupe également une place non négligeable dans cesquatre pays, lesquels, contrairement à la plupart desautres pays d’Afrique, bénéficient d’un État efficient, alliéà des administrations responsables et à de bonnespratiques de gouvernance.

D’ailleurs, les données empiriques récentesmontrent que la volatilité de la croissance exerce unimpact substantiel sur les indicateurs relatifs à lagouvernance et aux conflits en Afrique8. Par conséquent,la crise mondiale actuelle pourrait avoir des répercussionssans précédent sur la gouvernance du continent etpourrait même induire un recul sur les réformes de lagouvernance. Pour cette raison, et compte tenu desdonnées présentées dans ce Rapport, il faut poursuivre lesréformes visant à améliorer la gouvernance sur lecontinent. Et si l’on a constaté des évolutions sensiblesdans l’environnement institutionnel de nombre de paysd’Afrique, il reste encore beaucoup de chemin àparcourir dans ce domaine.

En particulier, en Afrique, les institutions doiventêtre plus favorables aux entreprises afin de renforcer lacompétitivité. Plus spécifiquement, l’existence depaiements informels demeure un problème de premierplan. Lutter contre la corruption n’est une tâche nifacile ni rapide. Elle nécessite une volonté politique, lesoutien de la population et des moyens adéquats. Dèslors, sur tout le continent, les gouvernements doiventtémoigner de leur volonté politique claire et sanséquivoque de lutter contre la corruption en partant dusommet de la hiérarchie. Ils devront ensuite affecter lesressources nécessaires à cette cause, et plus précisément,ils devront en permanence lui allouer au moins0,5 pour cent des budgets nationaux. Troisièmement, ilsdevront instaurer une autorité indépendante de luttecontre la corruption, recruter des enquêteurs et dupersonnel, définir un mandat clair et encourager lapoursuite des réformes dans la fonction publique, lesfinances publiques, les marchés publics et le pouvoirjudiciaire (par exemple appliquer une législation efficacesur les conflits d’intérêts et lancer une initiative sur latransparence dans les industries extractives, la passationdes marchés électroniques et la transparence financière).Enfin, ils devront élaborer et appuyer une campagne

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anti-corruption de manière à rallier le soutien de lapopulation.

La transparence de la réglementation estdirectement liée à la gouvernance et à la corruption. Lespays d’Afrique ont réalisé des progrès significatifs sur ceplan ces dernières années, comme en témoignel’amélioration de leur classement dans le rapport DoingBusiness, par exemple. Néanmoins, l’Afrique demeure larégion qui se situe comparativement au niveau le plus basconcernant la qualité de son cadre réglementaire. Elledoit donc aller plus loin. Les chefs d’entreprise africainsrestent pénalisés par un cadre particulièrement pesant,surtout pour le commerce transfrontalier, la créationd’entreprise et le transfert de propriété. Pour cesformalités, la pratique des affaires reste difficile en Afriqueen termes de temps et de coûts.

L’État joue un rôle crucial dans l’encouragement dela compétitivité sur le continent africain. Son rôle ne seborne pas à faciliter l’instauration d’un environnementinstitutionnel propice aux entreprises et à fournir ducapital humain et une infrastructure physique suffisants.L’État doit également opter pour les interventions activeset inclusives sur les facteurs de production. Par exemple,sur le marché du travail, l’État ne doit pas seulementinstaurer des allocations de chômage et alléger le fardeaude la réglementation qui pèse sur les embauches ou leslicenciements, mais aussi mettre en place desprogrammes qui favorisent l’intégration sur le marché dutravail via des mesures du côté de l’offre et de lademande, tels que des formations à la recherched’emploi, la création d’emplois grâce à des programmesd’emplois publics ou d’intérêt collectif et desprogrammes de création d’entreprises. Sur le planfinancier, l’État doit favoriser l’inclusion en abaissant lecoût des transactions par la création de servicesd’information sur les crédits et les remboursements, enattribuant à chaque personne un numéro nationald’identification, en abaissant le coût de l’enregistrementdes sûretés et en soutenant l’instauration de fonds degarantie. Dans le domaine du commerce, la réductiondes droits de douane ne suffit pas à dynamiser lesexportations. Il importe pour ce faire de disposerd’agences de promotion des exportations efficaces (voirede représentations économiques au sein des ambassades àl’étranger), de bureaux de promotion de l’investissement,d’organismes de normalisation, d’autorités d’aide àl’innovation et au regroupement en pôles d’activité(clusters), ainsi que des mécanismes de remboursementdes droits.

Enfin, il est primordial que les pays d’Afrique soientdéterminés à favoriser la compétitivité de leur économieen incorporant cet objectif plus largement et plusefficacement dans leurs stratégies de développementnationales. Il importe donc que toute interventions’inscrive dans une stratégie complète visant la

compétitivité plutôt que dans le contexte d’unesuccession d’interventions ad hoc.

Analyser la compétitivité en Afrique

Cette publication conjointe est articulée en sixchapitres, qui traitent chacun de différents aspects de lacompétitivité en Afrique. Le premier chapitre de ceRapport analyse la compétitivité dans la région ens’intéressant à un large éventail de facteurs del’environnement d’affaires qui ont un impact sur laproductivité, de l’infrastructure et des institutions à latechnologie. Les deux chapitres suivants s’attachent à desaspects particuliers de l’infrastructure financière del’Afrique. L’un étudie globalement les tendances sur lesmarchés financiers en Afrique, et l’autre ledéveloppement de ces marchés dans les quatre plusimportantes économies du continent. Les quatrième etcinquième chapitres analysent les coûts de production etles échanges en Afrique, et le dernier chapitre présenteune étude de cas consacrée à des pays prospères ducontinent, afin de mettre en évidence les enseignementstirés dans certains domaines décrits plus haut. Plusieursde ces chapitres énoncent des recommandations pour lespolitiques publiques.

Au chapitre 1.1, Jennifer Blanke, du Foruméconomique mondial, et Xavier Sala-i-Martin, del’Université de Columbia, analysent les résultats pour31 pays africains, comparés aux performances des134 économies incluses dans l’indice de compétitivitémondiale (GCI). Le GCI évalue les institutions, lespolitiques publiques et les facteurs qui tirent laproductivité et définissent donc les niveaux de prospéritédurables actuels et à moyen terme. Avec ses 12 piliers, leGCI traduit l’idée selon laquelle la compétitivité dépendde nombreux facteurs différents, ce qui prépare bien leterrain pour l’analyse approfondie qui se déploie dans leschapitres suivants. Ces piliers sont les institutions(publiques et privées), l’infrastructure, la stabilité macro-économique, la santé et l’éducation primaire,l’enseignement supérieur et la formation, l’efficience desmarchés des produits, l’efficience du marché du travail, lasophistication des marchés financiers, la taille du marché,l’ouverture à la technologie, la sophistication desentreprises et l’innovation. Le chapitre décrit laméthodologie exacte qui a présidé à la construction duGCI.

Les auteurs procèdent à des comparaisonsspécifiques avec des pays et régions en développementpertinents, y compris l’Amérique latine, les économiesasiatiques en développement et les quatre pays BRICémergents (Brésil, Russie, Inde et Chine). En plaçant lesperformances de chaque pays dans un contexteinternational, ils mettent en évidence les domaines quiappellent une attention urgente si l’on veut que ces paysd’Afrique renforcent leur compétitivité et dégagent à

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l’avenir des performances économiques solides etdurables.

Les résultats montrent que les performances varientconsidérablement entre les pays du continent. Certainssont bien parvenus à mettre en place les facteurs desuccès économique, comme l’amélioration desinstitutions publiques, la stabilité macro-économique etdes marchés opérationnels. Pourtant, chacun sait que denombreux obstacles à la compétitivité persistent dans lamajorité des pays africains, dont le développementinsuffisant de l’infrastructure, les carences des systèmes desanté et d’éducation et l’inefficience des marchés, ycompris ceux qui ont trait aux finances et aux échanges.

Au chapitre 1.2, Thorsten Beck, Michael Fuchs etMarilou Uy, de la Banque mondiale, montrent que,malgré des marchés financiers peu profonds, l’Afriquesubsaharienne ne sera pas épargnée par les répercussionsde la crise financière mondiale. Au contraire, lesturbulences mondiales menacent les avancées quel’Afrique a réalisées dans l’approfondissement etl’élargissement du secteur financier ces dernières annéeset soulignent la nécessité de poursuivre et d’intensifier lesréformes institutionnelles. Dans ce contexte, les auteursmontrent qu’il faut que l’État agisse pour l’extension dusecteur financier par des mesures durables et propices aumarché. Les banques étrangères apportent plus d’effetspositifs que de risque à leurs pays d’accueil d’Afriquesubsaharienne, mais ne sauraient certainement pas sesubstituer à la réforme institutionnelle et des politiquespubliques. Cependant, le profil des banques étrangèresévolue, avec la multiplication des banques régionales.Cette tendance à l’intégration régionale est prometteuse,car elle pourrait permettre au système financier africain,encore restreint, de profiter d’économies d’échelle.Toutefois, elle requiert aussi des améliorations dans laréglementation et la supervision et une coordination danstoute la région.

Le chapitre 1.3, écrit par Louis Kasekende etKupukile Mlambo, de la Banque africaine dedéveloppement, Victor Murinde, de l’Université deBirmingham, et Tianshu Zhao, de l’Université deStirling, analyse la situation des marchés financiersafricains via des études de cas. Les auteurs se penchentsur les réformes engagées dans tout le secteur financierdans les quatre plus grandes économies d’Afrique(Afrique du Sud, Algérie, Nigeria et Égypte, appelées leséconomies SANE) à l’heure de la mondialisation,compte tenu des facteurs internes susceptibles d’influersur la forme et l’impact des réformes. En Afrique, unsecteur financier compétitif joue un rôle crucial dans lacroissance économique, et d’abondantes donnéesattestent de la relation positive entre finance etcroissance. En effet, la concurrence stimule laproductivité soit par les progrès techniques d’ordregénéral, soit par des gains d’efficience, soit par les deux.En Afrique, les instances dirigeantes se heurtent à une

grande difficulté, alors que les réformes sont déjà encours : savoir comment mesurer et surveiller avecfiabilité les conditions de la concurrence dans les servicesfinanciers. Cet aspect revêt une importance particulière àce stade de la mondialisation financière, à l’heure où laplanète est menacée par la crise financière mondiale quis’est amorcée à la fin 2007, dans le sillage de la crise desprêts hypothécaires subprime aux États-Unis. Cechapitre calcule des mesures empiriques plausibles de lacompétitivité dans le secteur bancaire dans les économiesSANE, à savoir l’indicateur H des conditions deconcurrence entre banques et l’indicateur thêta, quimesure la compétitivité de chaque banque par rapport àla moyenne du secteur. L’utilisation de ces indicateurs estrecommandée aux décideurs, tels que les banquescentrales, les actionnaires ainsi que les dirigeants desbanques, qui souhaitent suivre l’évolution de lacompétitivité du secteur bancaire sur la durée. Cechapitre tire trois grands enseignements pour l’Afrique.Tout d’abord, il n’existe pas de formule universelle pourréussir la réforme de son secteur financier : les économiesSANE ont engagé des réformes, mais chacune à sonpropre rythme et avec sa propre approche. L’Afrique duSud a opté pour une restructuration progressive de sonsecteur bancaire, tandis que le Nigeria, de son côté, a faitsubir un traitement de choc, qui s’assimile à un « bigbang », à son secteur bancaire, aujourd’hui beaucoup plussolide. En Égypte, les réformes affichent un bilan mitigéen termes d’efforts déployés et de succès, ce qui sembleindiquer que le pays devrait vraiment aller plus loin.L’Algérie se révèle lente à mettre en œuvre ses réformes,mais dispose d’une intermédiation financièreremarquable. Deuxièmement, les réformes engagées enAfrique du Sud ont eu des retombées positives auBotswana, au Lesotho, en Namibie et au Swaziland, etsont riches d’enseignements pour les pays d’Afrique del’Est ou de l’Ouest. Elles doivent les inciter à mettre encommun des services bancaires et d’assurance, ainsi quede transaction sur les valeurs mobilières et les devises.Troisièmement, les réformes financières et lacompétitivité des banques devraient permettre auxbanques et aux marchés des capitaux en Afrique de seredresser rapidement une fois la crise financière mondialeterminée.

Au chapitre 1.4, Giuseppe Iarossi, de la Banquemondiale, s’intéresse à la compétitivité du point de vuedes entreprises considérées individuellement. Cet auteurmontre que, au niveau micro-économique, il est possibled’évaluer la productivité en étudiant avec quelleefficience les entreprises sont capables de convertir lesfacteurs de production, et donc les coûts, en production,et donc en chiffre d’affaires. Ce chapitre étudie quel estle coût de l’exploitation d’une entreprise en Afriquecomparativement aux autres régions du monde. Cetteanalyse porte tout d’abord sur un ensemble de coûtsassociés à la pratique des affaires (comme le travail, les

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frais financiers, l’infrastructure et l’environnementd’affaires), puis il en estime l’impact sur la productivitéde l’entreprise. Il range les coûts dans trois grandescatégories : les coûts directs, indirects et invisibles, etprésente des données pour chacune d’entre elles pourplusieurs régions. Ces données montrent que, pourtoutes les régions en développement considérées, ce sontles entreprises africaines qui supportent les coûts les plusélevés, en proportion du chiffre d’affaires, pour ces troiscatégories de coûts. Ces résultats témoignent ainsi dufaible degré de compétitivité des entreprises africaines.Plus précisément, l’auteur estime que l’exploitation deces dernières revient à environ 20 pour cent de plus quecelle des entreprises d’Asie de l’Est. Après avoir analyséindividuellement chaque catégorie de coûts, l’auteurmontre que la majeure partie du handicap des entreprisesafricaines réside dans les coûts invisibles, à savoir lepréjudice qu’elles subissent en raison des carences del’infrastructure, des exigences des marchés du crédit et dela lourdeur du cadre réglementaire (aussi marqué par lacorruption et l’insécurité). Ce chapitre se termine sur dessuggestions concernant les politiques publiques quipermettraient de remédier à ces limitations.

Au chapitre 1.5, Margareta Drzeniek Hanouz, duForum économique mondial, et Robert Z. Lawrence, del’Université de Harvard, analysent les résultats obtenuspar 25 pays d’Afrique pour l’indice appelé EnablingTrade Index (ETI), et les comparent avec ceux des118 économies couvertes par cet indice. L’ETI mesureles facteurs, les politiques publiques et les services qui facilitentla libre circulation des marchandises à travers les frontières etjusqu’à destination. Cet indice couvre un large éventail defacteurs facilitant les échanges, répartis en quatre grandsdomaines : ouverture aux échanges, administration desfrontières, infrastructure de transport et decommunication et environnement d’affaires. Chacune deces catégories se compose de piliers, au nombre total de10 : obstacles tarifaires et non tarifaires, propension aucommerce, efficience de l’administration des douanes,efficience des procédures d’import-export, transparencede l’administration des frontières, disponibilité et qualitéde l’infrastructure de transport, disponibilité et qualitédes services de transport, disponibilité et utilisation desTIC, environnement réglementaire et sécurité physique.Ce chapitre décrit la méthodologie exacte utilisée.

En analysant les performances des pays d’Afriquedans le contexte international et régional, les auteursidentifient les forces et les faiblesses des pays étudiés,indiquent les domaines qui nécessitent une améliorationet en tirent un ensemble de recommandations pour larégion. Globalement, les résultats de l’ETI révèlent uneforte hétérogénéité des pays d’Afrique lorsqu’il s’agit dela facilité des échanges, et en particulier des obstaclestarifaires et non tarifaires, mais aussi de l’efficience del’administration douanière et de la disponibilité del’infrastructure. Ces résultats mettent également en

évidence la faible utilisation des TIC, qui entrave leséchanges.

Les auteurs concluent qu’à court terme, le niveauélevé des activités commerciales va contribuer à atténuerles effets de la crise actuelle. Les dirigeants africainsdoivent donc résister aux pressions les incitant à revenir àune politique protectionniste, qui aurait pour effetd’exacerber gravement la crise. Ils doivent au contraireréitérer leur engagement en faveur de la poursuite desréformes qui favorisent les échanges. Dans ce contexte,les réformes de l’administration des frontières mises enœuvre avec succès dans certains pays africains revêtentune importance toute particulière, tout comme lapoursuite de l’investissement dans l’infrastructure.

Au chapitre 1.6, Léonce Ndikumana, PeterOndiege et Désiré Vencatachellum, de la Banqueafricaine de développement, ainsi que Patrick Plane, del’Université d’Auvergne, analysent les récentesperformances en termes de compétitivité du Botswana,de Maurice, de la Namibie et de la Tunisie, ainsi que lesprincipaux facteurs qui pèsent sur cette compétitivité.Cette analyse montre que la politique économique entreen ligne de compte dans ces résultats. Les principauxpiliers de la compétitivité identifiés sont une politique dechange active ainsi que des institutions publiques solides,crédibles et prévisibles. Ainsi, la politique active de tauxde change a permis à Maurice et à la Tunisie depréserver leur compétitivité extérieure. La solidité desinstitutions s’est révélée décisive pour l’abaissement descoûts de transaction et la promotion de l’innovation dansces pays. Des institutions crédibles et prévisibles ontencouragé l’entreprenariat et facilité le processus dedéveloppement.

Il est possible de tirer un enseignement importantde l’expérience de ces quatre pays : leur vision holistiqueà long terme du développement. La présence de leaderspolitiques influents et visionnaires a fortement soutenucette orientation de la politique économique, où l’Étatjoue un rôle de premier plan. Ces expériences viennentdémentir l’opinion communément admise selon laquelleen Afrique, l’État est habituellement faible. Le succès duBotswana et de la Namibie laisse à penser qu’il estpossible d’éviter le mal hollandais (« malédiction desressources »). Maurice et le Botswana montrent quel’État peut favoriser la diversification de l’industriemanufacturière et saisir des opportunités, comme dans lecas du partenariat avec l’Union européenne. Le succèsrelatif de ces quatre économies suggère que lefonctionnement du marché s’appuie sur des institutionspubliques saines.

Au-delà d’un cadre macro-économique solide, lesinstitutions constituent un facteur déterminant pour lacohésion sociale dans ces quatre pays. Parfois, commedans le cas du Botswana, des règles formelles sontcomplétées par des règles informelles. La gouvernance,qui s’inscrit dans cet environnement institutionnel, s’est

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révélée efficiente. Les États ont fait la preuve de leurefficience dans la promotion d’une vision holistique àlong terme du développement, tenant compte deslimitations imposées par leur taille restreinte, ainsi que dela nécessité de préserver la cohésion sociale. À Mauriceet en Tunisie, les autorités se sont préoccupées de lafaisabilité politique des réformes et ont opté pour uneméthode progressive, plutôt que pour une thérapie dechoc. Ce choix s’est opéré dans le cadre d’actionspubliques crédibles et les pouvoirs publics avaient lacapacité de s’engager à long terme. Comme dans certainspays d’Asie, on a préféré les PPP à un vaste secteurpublic pour la gestion des affaires économiques. Certainsde ces éléments positifs constitueront des atouts précieuxpour la gestion de la crise économique mondiale et ladiversification destinée à améliorer la compétitivité.

Ces quatre pays doivent désormais relever le défilancé par la crise économique mondiale à court et moyenterme en gérant leur économie et leur compétitivité,puisque la crise se fait désormais sentir sur l’économieréelle. Leurs perspectives de croissance ainsi que leursindicateurs macro-économiques se sont détériorés. Lacrise a mis en évidence la relative vulnérabilité de cesquatre petites économies ouvertes, fortement tributairesde quelques produits essentiels qui doivent faire face àune concurrence intense sur les marchés mondiaux(textiles) ou dont les cours sont extrêmement corrélés àla situation économique mondiale (diamants). Ladiversification des exportations peut jouer un rôle crucialen renforçant la résistance des économies exposées auxchocs externes, qui pourront alors améliorer leurcompétitivité à long terme. Cependant, l’intensificationde la concurrence internationale doit inciter ces pays àaméliorer leur environnement d’affaires et à approfondirles réformes de leurs politiques publiques.

Ces pays doivent revoir à la hausse la qualité deleurs ressources humaines afin de stimuler leurcompétitivité. Compte tenu de leur stade actuel dedéveloppement et de l’environnement économiquemondial, ces pays devront disposer d’un capital humainde qualité pour renforcer la productivité de leursentreprises, moderniser leurs technologies et développerdes services à forte valeur ajoutée. L’enseignementsupérieur et la formation doivent donc répondre auxbesoins des marchés du travail. Ces quatre pays auraientbeaucoup à gagner à introduire de la flexibilité sur cesmarchés. Cependant, une telle flexibilité doit préserver leconsensus social qui leur a jusqu’ici évité les affres de laviolence, de la délinquance et de la corruption. Ceséconomies doivent aussi faciliter l’accès au financementbancaire. Ils ont encore des difficultés à canaliser desressources financières suffisantes et à long terme vers lesproducteurs, qui sont pourtant le moteur de ladiversification de l’économie et de la restructuration dusecteur manufacturier.

La dernière section du Rapport comprend des profilsdétaillés des pays africains couverts par l’enquête auprèsdes dirigeants d’entreprise menée par le Foruméconomique mondial et par les enquêtes auprès desentreprises de la Banque mondiale. Le premier ensemblede profils présente en détail le classement selon les sous-indicateurs de l’indice de compétitivité mondiale. Lesecond ensemble propose pour l’essentiel des mesuresobjectives des indicateurs relatifs au climat d’affaires. Cesmesures sont tirées des enquêtes auprès des entreprises et,grâce à la taille étendue de l’échantillon, elles sont aussiprésentées en fonction de la taille des entreprises, del’orientation sur les exportations ou le marché intérieuret de l’origine du capital.

Notes1 Selon la base de données FDIStat de la CNUCED, entre 2003 et

2007, l’encours de l’IDE est passé de 202 milliards de dollars à393 milliards. Les données sont disponibles en ligne à l’adressesuivante : http://www.unctad.org/**Templates/Page.asp?intItemID=3199&lang=1

2 FMI, 2009.

3 Nations Unies, 2006 ; Stephanou et Rodriguez, 2008 ; Becks 2008.

4 Baldwin et Evenett, 2009.

5 Gottret et al., 2008.

6 Akyianu, 2008.

7 Coudouel et al., 2007.

8 Arbache et al., 2007.

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Partie 1Aspects de la compétitivitéen Afrique

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CHAPITRE 1.1

Analyse de la compétitivitéde l’AfriqueJENNIFER BLANKE, Forum économique mondial

XAVIER SALA-I-MARTIN, Université de Columbia

Le Forum économique mondial se penche sur lacompétitivité des pays depuis trois décennies. C’est audébut des années 1990 qu’il a commencé à inclure dansson analyse les économies d’Afrique. Depuis 1998, annéede publication du premier Rapport sur la compétitivité enAfrique (Africa Competitiveness Report), il rédige desrapports régionaux spécifiquement axés sur lacompétitivité économique de cette région. Deux autreséditions du Rapport ont suivi en 2000 et 2004. En 2007,le Rapport a été pour la première fois élaboréconjointement avec la Banque mondiale et la Banqueafricaine de développement, ces trois organisations ayantdécidé d’unir leurs efforts pour s’exprimer d’une mêmevoix sur les défis et les opportunités liés à la compétitivitéde l’Afrique. Le présent Rapport est le deuxième élaborédans le cadre de cette initiative conjointe.

L’objectif de cette série de publications est resté lemême tout au long de ces années : mettre en lumière lesperspectives de croissance durable en Afrique, et surtout,les obstacles à la compétitivité et au développementéconomique de la région. Cette évaluation est présentéeà un moment important. En effet, après de nombreusesannées de stagnation, ou, même, parfois, de recul, onconstate depuis quelques années que l’économie del’Afrique se redresse. Selon le Fonds monétaireinternational (FMI), le produit intérieur brut (PIB) de cecontinent a affiché, en moyenne, une croissance annuellede 5,9 pour cent entre 2001 et 2008. Cette progressions’est accompagnée de substantielles entréesd’investissement direct étranger (IDE), qui, d’après laConférence des Nations unies pour le commerce et ledéveloppement (CNUCED), ont abouti à un quasi-doublement des stocks d’IDE entre 2003 et 20071. En2008, la croissance globale de l’Afrique a atteint le tauximpressionnant de 5,2 pour cent. Elle a été encore plusforte en Afrique subsaharienne, à 5,5 pour cent.

Néanmoins, cette cinquième édition du Rapports’inscrit dans le contexte de la crise économiquemondiale, qui se révèle la plus grave depuis plusieursdécennies. Malgré la récente tendance à la hausse desrevenus en Afrique, ces turbulences suscitent desinterrogations sur la viabilité de cette croissance à pluslong terme. Certes, les pays africains ont moins derelations avec les marchés financiers mondiaux que denombreuses autres régions du globe, mais les débatsinitiaux sur le découplage économique ne sont pas closet l’Afrique n’est pas épargnée par les retombées d’unecrise qui trouve son origine dans le système financiersophistiqué des pays industrialisés. C’est pourquoi le FMIprévoit une légère contraction du PIB de cette régionl’année prochaine2.

Ce repli attendu du PIB s’explique par différentsfacteurs extérieurs, qui sont eux-mêmes liés au tassementde l’activité mondiale et sur lesquels l’Afrique n’a pasdirectement prise. La région est confrontée à la baisse descours des matières premières (qui, lorsqu’ils étaient

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élevés, ont amélioré les termes de l’échange pour uncertain nombre de pays) et à une réductionpotentiellement importante de l’aide et des envois defonds, ainsi qu’à la menace d’une montée duprotectionnisme dans le monde riche, ce qui pourraitcomprimer la demande de produits africains. Ces facteursextérieurs se conjuguent à des risques internes, que lesautorités nationales peuvent en revanche maîtriser. Lespays d’Afrique doivent veiller à ne pas tirer des leçonserronées de la crise financière actuelle. Ainsi, on auraittort de conclure que ce sont la libéralisation etl’ouverture des marchés qui ont provoqué cette crise etqu’il faut donc renoncer à poursuivre leur mise enœuvre. Et il serait catastrophique de revenir sur ce quiconstitue, dans de nombreux cas, une ouverture récentedes marchés, qui facilite l’amélioration des performanceséconomiques depuis une décennie.

Plus généralement, le ralentissement actuel del’activité montre combien il importe de créer unenvironnement économique propice à la compétitivité,qui permette aux pays de se protéger des chocs,notamment de ceux subis par les prix, et de dégager àlong terme de solides résultats. L’Afrique pourra alorscontinuer d’aller dans la bonne direction, en maintenantle cap qu’elle a choisi depuis une dizaine d’années. Desurcroît, pour relever nettement le niveau de vie de sapopulation, elle doit impérativement atteindre les taux decroissance élevés enregistrés sur plusieurs décennies dansles autres régions du monde, en particulier dans l’Asie endéveloppement (encadré 1). Nous devons considérer lacrise actuelle comme l’opportunité de procéder à nombredes changements structurels qui donneront à l’Afrique desfondements économiques beaucoup plus robustes.

Les travaux consacrés par le Forum économiquemondial à la compétitivité visent à mieux comprendre lesprincipaux ingrédients de la croissance et de la prospéritééconomiques. Il s’agit des facteurs qui détermineront lacapacité des pays d’Afrique à résister aux chocs actuels età maintenir une trajectoire de croissance durable, voire àaccélérer cette croissance3.

Le présent chapitre évalue en détail la compétitivitéde l’Afrique, et des différents pays de ce continent, parrapport aux autres régions du monde. En mettant enexergue les points forts et les points faibles de l’Afrique eten comparant les économies africaines à d’autres régions,les autorités, les chefs d’entreprise et les autres partiesprenantes ont mis en place un outil précieux, qui devraitpermettre de formuler de meilleures politiqueséconomiques, de concevoir de meilleures réformesinstitutionnelles et de prendre de meilleures décisionsd’investissement. Cette approche constitue un cadre pourl’analyse d’aspects plus spécifiques qui seront examinés endétail dans les chapitres suivants.

Évaluer la compétitivitéQuels sont les facteurs auxquels les pouvoirs publicsdoivent prêter attention pour que les pays d’Afrique

puissent afficher durablement de bons résultatséconomiques ? Les travaux du Forum économiquemondial consacrés à la compétitivité visent à proposer uncadre pour guider cette réflexion. Afin de dégager unconsensus sur la meilleure trajectoire à suivre pourl’avenir et de hiérarchiser les priorités, cette analysedonne une vue d’ensemble de la compétitivité enAfrique et de la position de cette région par rapport auxautres dans ce domaine.

Pour évaluer la compétitivité au niveau national, leForum économique mondial a élaboré l’indice decompétitivité mondiale (Global Competitiveness Index –GCI4). Nous définissons la compétitivité comme l’ensembledes institutions, des politiques et des facteurs influant sur leniveau de productivité d’un pays. À son tour, le niveau deproductivité détermine le niveau de prospérité qu’uneéconomie peut atteindre et maintenir. En d’autrestermes, plus une économie est compétitive, plus elle est àmême d’améliorer le revenu de sa population. Le niveaude productivité influe également sur le taux de rentabilitédes investissements. Le taux de rentabilité étant un levierfondamental du taux de croissance, plus une économieest compétitive, plus elle est susceptible de croîtrerapidement à moyen et long terme.

Au fil de ces nombreuses années de recherche, leForum économique mondial a compris que mesurer lacompétitivité est une tâche complexe, car on ne peut passe contenter de mettre en avant un ou plusieurs facteursen les considérant comme cruciaux pour la croissance etla prospérité. Le GCI montre que la compétitivité reposeen fait sur une grande diversité de facteurs et c’estpourquoi il mesure 12 piliers : les institutions (institutionspubliques et entités privées), l’infrastructure, la stabilitémacro-économique, la santé et l’enseignement primaire,l’enseignement supérieur et la formation, l’efficience desmarchés des produits, l’efficience du marché du travail, lasophistication des marchés financiers, l’ouverture à latechnologie, la taille du marché, la sophistication desentreprises et l’innovation. Chacun de ces piliers joue unrôle essentiel dans la compétitivité nationale.

Les 12 piliers sont mesurés à la fois à partir dedonnées objectives (inflation, taux de pénétrationd’Internet, espérance de vie, taux de scolarisation…)issues de sources officielles, ainsi que de données résultantde l’enquête menée chaque année par le Foruméconomique mondial auprès de dirigeants d’entreprisedans tous les pays étudiés (Executive Opinion Survey).Cette enquête apporte des informations fondamentalessur bon nombre d’aspects qualitatifs (corruption,confiance dans la fonction publique, qualité des écoles,par exemple) pour lesquels il n’existe pas de donnéesobjectives5.

Autre grande caractéristique du GCI : cet indiceprend explicitement en compte les différences deniveaux de développement économique entre les pays dumonde. Ce qui est important pour l’amélioration de la

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Encadré 1 : Croissance et recul de la pauvreté en Afrique au cours des dernières décennies

À travers notre analyse de la compétitivité, nous cherchons àcomprendre pourquoi certains pays ont mieux réussi qued’autres à atteindre et à maintenir des niveaux de prospéritéplus élevés. Le graphique 1 montre la progression du PIB parhabitant (en dollars internationaux, ou dollars PPA) de troispays qui affichaient le même niveau de prospérité en 1980 : leBotswana, la Corée et le Kenya. Sur les trois décennies suivan-tes, ils ont toutefois connu des trajectoires très différentes : leKenya a enregistré de très modestes améliorations, leBotswana des résultats extrêmement impressionnants (sonrevenu par habitant est passé de 1 179 dollars PPA en 1980 àprès de 18 000 en 2008 ; le pays a ainsi échappé à la malédictiondes ressources, qui a frappé de nombreuses autres économiesqui disposaient de ressources naturelles en abondance) et laCorée a fait encore mieux, multipliant par 11 son revenu réel parhabitant sur cette période. En 1980, le revenu par habitant duBotswana était trois fois supérieur à celui du Kenya et, en 2008,dix fois plus élevé. Pour quelles raisons certains pays sontmieux à même que d’autres de relever le niveau de vie de leurshabitants ?

Dans les pays tributaires de leurs ressources naturelles,tout dépend de la capacité à mettre en place les facteurs propi-ces à des gains de productivité et à la croissance économiquequi en résulte, ainsi qu’une bonne gouvernance. Alors que cer-tains pays du continent, tels que l’Afrique du Sud, le Botswanaet Maurice, ont pu améliorer le niveau de vie de leur populationau fil du temps, la plupart des autres n’y sont pas encore par-venu.

Le graphique 2 compare l’évolution, depuis 1980, des tauxde croissance de l’Afrique à ceux de l’Asie en développementet à la moyenne mondiale. On constate qu’ils ont le plus souventété inférieurs à la moyenne mondiale tout au long desannées 1980 et 1990 (et même négatifs en 1992). On voit égale-ment que, depuis le début de la décennie en cours, ils ont finipar surpasser globalement la moyenne mondiale, ce qui est uneévolution très positive.

Cette croissance a permis aux pays d’Afrique de fairenettement diminuer la pauvreté depuis quelques années, enenrayant et en inversant ce qui s’apparentait à une montéeinexorable de ce fléau dans beaucoup d’entre eux. Le graphi-que 3 présente l’évolution des taux de pauvreté en Afrique sub-saharienne, pour la proportion de la population qui vit, respecti-vement avec moins d’un dollar et avec moins de deux dollarspar jour. Il révèle, dans les deux cas, une tendance au recul dela pauvreté depuis le milieu des années 1990.

Néanmoins, malgré toutes ces bonnes nouvelles,le graphique 2 indique aussi que les taux de croissance sontencore très inférieurs à ceux des pays d’Asie en développe-ment, qui, ces dernières décennies, ont largement pu relever leniveau de vie de leur population. En dépit de ses progrès,l’Afrique souffre toujours de la faiblesse de ses revenus etd’une forte pauvreté. Étant donné l’orientation favorable quecette région prend depuis quelques années, la période est tou-tefois propice pour surmonter les obstacles liés à la politiquepublique et à l’infrastructure, afin que cette croissance restedurable et que les Africains voient leur prospérité s’améliorerconsidérablement à l’avenir.

(suite)

Graphique 1 : Produit intérieur brut (PIB) mesuré d’après le PIB par habitant en parités de pouvoir d’achat (PPA)

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Source : FMI, 2008.

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Encadré 1 : Croissance et recul de la pauvreté en Afrique au cours des dernières décennies (suite)

Graphique 2 : Comparaison des performances de croissance, 1980-2008

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ent)

Asie en développement

Monde

Afrique

Source : FMI, 2008.

Graphique 3 : Proportion de la population pauvre en Afrique subsaharienne

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1984 19871981 1990 1993 1996 1999 20042002

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Moins de 1 dollar par jour

Moins de 2 dollars par jours

Source : Chen et Ravallion, 2007.

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compétitivité d’un pays à un certain stade dedéveloppement ne le sera donc pas forcément pour unpays qui se trouve à un autre niveau de développement :les moteurs actuels de la productivité au Japon ou enFrance ne sont pas les mêmes que ceux de l’Algérie oude l’Ouganda, par exemple. Le développementéconomique passe donc par différents stades.

D’après le GCI, dans un premier temps, ledéveloppement est tiré par les facteurs et la compétitivitédépend des facteurs de production (main-d’œuvre nonqualifiée et ressources naturelles, principalement). Lesentreprises s’affrontent sur le terrain des prix et vendentdes produits de base ou des matières premières, et leurfaible productivité se reflète dans le bas niveau dessalaires. À ce stade du développement, le maintien de lacompétitivité repose essentiellement sur le bonfonctionnement des institutions publiques et des entitésprivées (pilier 1), sur l’infrastructure (pilier 2), sur lastabilité macro-économique (pilier 3) et sur une main-d’œuvre en bonne santé et alphabétisée (pilier 4).

À mesure que le développement engendre unehausse des salaires, les pays passent à un développementtiré par l’efficience. Ils doivent commencer à mettre enplace des processus de production plus efficients et àaméliorer la qualité de leurs produits. La compétitivitédevient de plus en plus tributaire de l’enseignementsupérieur et de la formation (pilier 5), de l’efficience desmarchés des produits (pilier 6), du bon fonctionnementdu marché du travail (pilier 7), de la sophistication des

marchés financiers (pilier 8), de la taille du marchéintérieur ou extérieur (pilier 10) et de la capacité à tirerparti des technologies existantes (pilier 9).

Enfin, les pays atteignent le stade du développementtiré par l’innovation et ne pourront alors assurer des salairesplus élevés, et le niveau de vie correspondant, que sileurs entreprises sont à même de proposer des produitsnouveaux et différenciés afin de rivaliser avec leursconcurrents. Elles tirent leur compétitivité del’innovation (pilier 12) en produisant des biens nouveauxet différents grâce à la mise en œuvre des processus lesplus sophistiqués (pilier 11).

Le GCI intègre le concept de niveau ou de stade dedéveloppement en pondérant plus fortement les piliersqui jouent un rôle primordial au stade considéré. Ainsi,chacun des 12 piliers compte plus ou moins pour chaquepays, en fonction du niveau de développement de celui-ci. C’est pourquoi les piliers sont rassemblés en troissous-indices, constitués chacun des facteurs essentiels àun stade donné du développement. Le sous-indice desparamètres de base regroupe les piliers les plus importantspour les pays dont le développement est tiré par lesfacteurs. Le sous-indice des sources d’efficience comprendceux qui comptent le plus pour les pays dont ledéveloppement est tiré par l’efficience. Le sous-indice dessources d’innovation et de sophistication inclut les pilierscritiques pour les pays dont le développement est tiré parl’innovation. Le graphique 1 montre la relation entre les12 piliers et chacun des stades de développement.

Paramètres de base• Institutions• Infrastructure• Stabilité macro-économique• Santé et enseignement primaire

Sources d’efficience• Enseignement supérieur et formation• Efficience des marchés des produits• Efficience des marchés du travail••

Sophistication des marchés financiersOuverture à la technologie

• Taille du marché

Sources d’innovation et de sophistication• Sophistication des entreprises• Innovation

Piliers essentiels pour les économies dont le

développement est tiré par les facteurs

Piliers essentiels pour les économies dont le

développement est tiré par l’efficience

Piliers essentiels pour les économies dont le

développement esttiré par l’innovation

Graphique 1 : Les 12 piliers de la compétitivité

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Les coefficients de chaque sous-indice sont présentésdans le tableau 1 pour chacune des phases dedéveloppement. Pour les déterminer précisément, on arecouru à la méthode du maximum de vraisemblancepour procéder à une régression du PIB par habitant parrapport à chaque sous-indice, pour les années antérieures,d’où l’obtention de coefficients différents pour chaquestade de développement6. On a ensuite arrondi cescoefficients pour parvenir aux pondérations propres àchaque stade (tableau 1).

On a assigné à chaque pays un stade dedéveloppement en fonction de deux critères. Le premierest le PIB par habitant aux taux de change du marché.Largement disponible, cette valeur permet une bonneapproximation des niveaux des salaires, pour lesquels iln’existe pas de données internationales comparables pourtous les pays étudiés. Le second critère est le degré de

dépendance d’un pays donné vis-à-vis des facteurs deproduction. Nous avons mesuré cette dépendance enestimant la part des exportations de matières premièresdans le total des exportations (de biens et de services).Nous supposons que les pays qui exportent plus de70 pour cent de produits primaires dépendent, dans unelarge mesure, des facteurs de production7.

On considère que les pays situés entre deux des troisstades de développement sont en transition. Lespondérations qui leur sont appliquées évoluent sansheurts à mesure que le pays se développe, ce qui indiqueque le passage d’un stade à l’autre s’effectue en douceur.En intégrant ce type de transition dans le modèle, c’est-à-dire en pondérant de plus en plus fortement les facteursqui gagnent en importance pour la compétitivité du paysà mesure que celui-ci se développe, on peut« sanctionner » les pays qui ne se préparent pas à la phasede développement suivante.

Le tableau 2 présente la classification des paysd’Afrique suivant leur stade de développement et parrapport à un certain nombre de pays de référence. Cetableau montre que les 31 pays d’Afrique analysés ici seclassent dans ou entre les deux premières catégories dedéveloppement : aucun n’a encore atteint le stade dudéveloppement tiré par l’innovation. Plus précisément,23 en sont au stade 1, trois entre les stades 1 et 2, et cinq(l’Afrique du Sud, l’Algérie, Maurice, la Namibie et laTunisie) au stade 2 (voir l’annexe A pour desinformations détaillées sur l’élaboration du GCI).

Tableau 1 : Pondérations des trois principalescatégories de piliers correspondant à chaque stadede développement

Groupe de piliers

Développe-ment tiré parles facteurs

(coefficient depondération)

Développe-ment tiré parl’efficience

(coefficient depondération

Développementtiré par

l’innovation(coefficient depondération)

Paramètres de base 60 40 20Sources d’efficience 35 50 50Sources d’innovation et de sophistication 5 10 30

Tableau 2 : Pays et stades de développement

Stade 1 Transition de 1 à 2 Stade 2 Transition de 2 à 3 Stade 3

Bangladesh Arménie Albanie Bahreïn AustralieBénin Azerbaïdjan Algérie Barbade AutricheBolivie Botswana Argentine Chili BelgiqueBurkina Faso Chine Brésil Croatie CanadaBurundi Salvador Bulgarie Estonie République tchèqueCambodge Géorgie Colombie Hongrie DanemarkCameroun Guatemala Costa Rica Lettonie FinlandeTchad Jordanie République dominicaine Lituanie FranceCôte d’Ivoire Kazakhstan Équateur Pologne AllemagneÉgypte Koweït Jamaïque Qatar GrèceÉthiopie Libye Macédoine, FYROM Fédération de Russie Hong-Kong, RASGambie Maroc Malaisie République slovaque IsraëlGhana Oman Maurice Taïwan, Chine ItalieInde Arabie saoudite Mexique Trinité-et-Tobago JaponIndonésie Venezuela Monténégro Turquie Rép. de CoréeKenya Namibie Pays-BasLesotho Panama PortugalMadagascar Pérou SingapourMalawi Roumanie EspagneMali Serbie SuèdeMauritanie Afrique du Sud SuisseMozambique Suriname Émirats arabes unisNicaragua Thaïlande Royaume-UniNigeria Tunisie États-UnisPakistan UkrainePhilippines UruguaySénégalTanzanieOugandaVietnamZambieZimbabwe

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La compétitivité de l’Afrique dans le contexteinternationalCette section évalue la compétitivité de la région dansson ensemble, et les performances de chaque paysafricain par rapport aux niveaux internationaux. Letableau 3 présente le classement et les résultats des31 pays d’Afrique figurant parmi les 134 inclus dansl’indice de compétitivité mondiale (GCI) 2008-2009. Àtitre de comparaison, ce tableau rappelle également leclassement 2007-2008. Et afin de placer notre analysedans un contexte mondial, nous avons intégré certaineséconomies de référence : nous présentons ainsi lamoyenne de deux régions en développement (Amériquelatine/Caraïbes et Asie du Sud-Est), ainsi que les rangs etscores des quatre grands pays à croissance rapide dits« BRIC » (Brésil, Russie, Inde et Chine).

Comme l’indique ce tableau, l’Afrique du Nord etl’Afrique subsaharienne sont toutes les deux devancées,en moyenne, par l’Asie du Sud-Est. L’Afrique du Nordaffiche elle-même de meilleurs résultats que l’Amérique

latine, et des résultats nettement supérieurs à ceux del’Afrique subsaharienne. Seuls quatre pays du continentafricain figurent dans la moitié supérieure du classementgénéral : la Tunisie, l’Afrique du Sud, le Botswana etMaurice. Le pays d’Afrique le plus compétitif est laTunisie, à la 36e place, suivi par l’Afrique du Sud, 45e.Tous les deux sont devancés par la Chine, le pluscompétitif des BRIC, mais font mieux que tous lesautres pays de référence du tableau. Le Botswana etMaurice se classent dans la première moitié del’échantillon élargi, derrière l’Inde, la Russie et lamoyenne de l’Asie du Sud-Est, mais devant le Brésil etles autres moyennes régionales.

Ce tableau montre également l’existence d’undeuxième groupe de pays, qui, ensemble, affichent unniveau de compétitivité comparable à celui de lamoyenne nord-africaine : Maroc, Namibie et Égypte,respectivement 73e, 80e et 81e. Tous les pays quioccupent un rang inférieur à ces trois économiesobtiennent de plus mauvais résultats que la moyenneAmérique latine/Caraïbes, et la Lybie et l’Algérie sontdevancées par plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Lesautres économies d’Afrique subsaharienne qui réalisentdes performances supérieures à la moyenne régionalesont la Gambie, le Kenya, le Nigeria, le Sénégal, leGhana et le Bénin.

Les tableaux 4 à 7 détaillent les facteurs quiexpliquent les rangs et les scores globaux présentés autableau 3. En moyenne, les performances diffèrentconsidérablement entre le Nord et le Sud du continent.L’Afrique du Nord surpasse l’Afrique subsaharienne pour10 piliers sur 12 : les institutions, l’infrastructure, lastabilité macro-économique, la santé et l’enseignementprimaire (écart substantiel), l’enseignement supérieur et laformation, l’efficience des marchés des produits,l’ouverture à la technologie, la taille du marché, lasophistication des entreprises et l’innovation. Enmoyenne, cependant, l’Afrique subsaharienne est plusperformante que l’Afrique du Nord pour deux aspects :l’efficience des marchés du travail et la sophistication desmarchés financiers.

La comparaison des performances de l’Afrique àcelles des autres régions et pays, pour les différents piliers,révèle les points forts et les points faibles. Ainsi, l’Afriquedu Nord affiche des résultats très proches de la moyennede l’Association des pays du Sud-Est asiatique (ASEAN)8

pour la qualité des institutions, la stabilité macro-économique, ainsi que la santé et l’enseignementprimaire. De surcroît, ses performances sont supérieuresou égales à celles de la moyenne Amériquelatine/Caraïbes pour tous les piliers sauf quatre : santé etenseignement primaire, efficience des marchés du travail,sophistication des marchés financiers et ouverture à latechnologie9. Les institutions de l’Afrique subsahariennesont, elles, mieux classées que celles de la régionAmérique latine/Caraïbes, de la Russie et du Brésil. Les

Tableau 3 : Indice de compétitivité mondiale,comparaisons 2007-2008

GCI 2008 GCI 2007

Pays/Région Rang* Score Rang**

Chine 30 4,7 34Tunisie 36 4,6 32Moyenne Asie du Sud-Est 4,5Afrique du Sud 45 4,4 44Inde 50 4,3 48Fédération de Russie 51 4,3 58Botswana 56 4,2 76Maurice 57 4,2 60Brésil 64 4,1 72Maroc 73 4,1 64Moyenne Afrique du Nord 4,0Namibie 80 4,0 89Égypte 81 4,0 77Moyenne Amérique latine et Caraïbes 3,9Gambie 87 3,9 102Libye 91 3,9 88Kenya 93 3,8 99Nigeria 94 3,8 95Sénégal 96 3,7 100Algérie 99 3,7 81Ghana 102 3,6 n/aBénin 106 3,6 108Moyenne Afrique subsaharienne 3,5Côte d’Ivoire 110 3,5 n/aZambie 112 3,5 122Tanzanie 113 3,5 104Cameroun 114 3,5 116Mali 117 3,4 115Malawi 119 3,4 n/aÉthiopie 121 3,4 123Lesotho 123 3,4 124Madagascar 125 3,4 118Burkina Faso 127 3,4 112Ouganda 128 3,3 120Mozambique 130 3,1 128Mauritanie 131 3,1 125Burundi 132 3,0 130Zimbabwe 133 2,9 129Tchad 134 2,8 131

* Sur 134 économies** Sur 131 économies

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Tableau 4 : Indice de compétitivité mondiale 2008-2009 – Afrique et économies de référence

SOUS-INDICES

INDICE GLOBAL Paramètres de base Sources d’efficience Sources d’innovationPays/région Rang Score Rang Score Rang Score Rang Score

AFRIQUE DU NORDAlgérie 99 3,7 61 4,5 113 3,3 126 2,8Égypte 81 4,0 83 4,2 88 3,7 74 3,5Libye 91 3,9 75 4,3 114 3,3 102 3,2Maroc 73 4,1 67 4,4 85 3,7 76 3,5Tunisie 36 4,6 35 5,2 53 4,2 30 4,2

Moyenne Afrique du Nord 4,0 4,5 3,6 3,5

AFRIQUE SUBSAHARIENNEAfrique du Sud 45 4,4 69 4,4 35 4,5 36 4,1Bénin 106 3,6 103 3,8 123 3,2 100 3,2Botswana 56 4,2 53 4,6 82 3,8 98 3,2Burkina Faso 127 3,4 126 3,4 118 3,2 95 3,3Burundi 132 3,0 132 3,1 133 2,7 125 2,9Cameroun 114 3,5 109 3,7 120 3,2 108 3,1Côte d’Ivoire 110 3,5 113 3,6 109 3,3 94 3,3Éthiopie 121 3,4 119 3,6 121 3,2 114 3,0Gambie 87 3,9 81 4,2 107 3,4 78 3,5Ghana 102 3,6 106 3,7 95 3,5 107 3,1Kenya 93 3,8 104 3,8 76 3,9 50 3,9Lesotho 123 3,4 118 3,6 125 3,2 110 3,1Madagascar 125 3,4 125 3,5 119 3,2 97 3,2Malawi 119 3,4 127 3,4 101 3,4 101 3,2Mali 117 3,4 116 3,6 122 3,2 99 3,2Maurice 57 4,2 50 4,7 66 4,0 69 3,6Mauritanie 131 3,1 130 3,3 130 2,9 120 2,9Mozambique 130 3,1 131 3,2 129 3,1 127 2,8Namibie 80 4,0 48 4,7 93 3,6 104 3,2Nigeria 94 3,8 105 3,7 71 4,0 64 3,7Ouganda 128 3,3 129 3,3 106 3,4 90 3,3Sénégal 96 3,7 101 3,9 96 3,5 59 3,7Tanzanie 113 3,5 114 3,6 108 3,3 106 3,1Tchad 134 2,8 133 3,0 134 2,7 131 2,7Zambie 112 3,5 121 3,5 100 3,4 93 3,3

Zimbabwe 133 2,9 134 2,9 131 2,9 122 2,9

Moyenne Afrique subsaharienne 3,5 3,7 3,4 3,2

BRICBrésil 64 4,1 96 4,0 51 4,3 42 4,0Chine 30 4,7 42 5,0 40 4,4 32 4,2Inde 50 4,3 80 4,2 33 4,5 27 4,3Fédération de Russie 51 4,3 56 4,5 50 4,3 73 3,6

Moyenne Amérique latine et Caraïbes 3,9 4,2 3,8 3,4

Moyenne Asie du Sud-Est 4,5 4,8 4,3 3,9

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Tableau 5 : Indice de compétitivité mondiale 2008-2009 – Paramètres de base

Paramètres de base 1. Institutions 2. Infrastructure 3. Macro-économie4. Santé et ensei-

gnement primaire

Pays/région Rang Score Rang Score Rang Score Rang Score Rang Score

AFRIQUE DU NORDAlgérie 61 4,5 102 3,4 84 3,0 5 6,1 76 5,3Égypte 83 4,2 52 4,2 60 3,7 125 3,6 88 5,2Libye 75 4,3 65 3,9 112 2,5 6 6,0 103 4,6Maroc 67 4,4 61 4,0 70 3,5 84 4,7 71 5,4Tunisie 35 5,2 22 5,2 34 4,6 75 4,9 27 6,1

Moyenne Afrique du Nord 4,5 4,2 3,4 5,1 5,3

AFRIQUE SUBSAHARIENNEAfrique du Sud 69 4,4 46 4,6 48 4,2 63 5,1 122 3,8Bénin 103 3,8 85 3,7 106 2,6 95 4,6 110 4,4Botswana 53 4,6 36 4,7 52 4,0 22 5,7 112 4,2Burkina Faso 126 3,4 75 3,8 104 2,6 120 3,9 131 3,4Burundi 132 3,1 124 3,0 129 2,1 124 3,8 124 3,7Cameroun 109 3,7 116 3,2 117 2,3 34 5,5 125 3,7Côte d’Ivoire 113 3,6 130 2,8 73 3,3 69 4,9 127 3,5Éthiopie 119 3,6 77 3,8 103 2,7 119 4,0 123 3,8Gambie 81 4,2 38 4,7 62 3,7 99 4,5 119 4,0Ghana 106 3,7 63 4,0 82 3,0 121 3,9 115 4,0Kenya 104 3,8 93 3,5 91 2,9 107 4,4 108 4,4Lesotho 118 3,6 114 3,3 125 2,1 39 5,4 129 3,4Madagascar 125 3,5 94 3,5 114 2,4 127 3,4 104 4,6Malawi 127 3,4 51 4,3 119 2,3 129 3,3 120 3,9Mali 116 3,6 79 3,7 107 2,6 94 4,6 130 3,4Maurice 50 4,7 39 4,7 43 4,3 117 4,0 57 5,7Mauritanie 130 3,3 107 3,4 127 2,1 126 3,5 114 4,1Mozambique 131 3,2 112 3,3 124 2,2 112 4,2 132 3,2Namibie 48 4,7 42 4,6 33 4,6 27 5,7 118 4,0Nigeria 105 3,7 106 3,4 120 2,2 26 5,7 126 3,6Ouganda 129 3,3 113 3,3 115 2,4 92 4,6 133 3,1Sénégal 101 3,9 83 3,7 83 3,0 103 4,4 109 4,4Tanzanie 114 3,6 76 3,8 118 2,3 108 4,3 117 4,0Tchad 133 3,0 133 2,5 134 1,7 97 4,5 134 3,1Zambie 121 3,5 67 3,9 116 2,4 102 4,5 128 3,5Zimbabwe 134 2,9 126 3,0 88 2,9 134 1,5 113 4,2

Moyenne Afrique subsaharienne 3,7 3,7 2,8 4,4 3,9

BRICBrésil 96 4,0 91 3,6 78 3,2 122 3,9 79 5,3Chine 42 5,0 56 4,2 47 4,2 11 5,9 50 5,7Inde 80 4,2 53 4,2 72 3,4 109 4,3 100 5,0Fédération de Russie 56 4,5 110 3,3 59 3,7 29 5,6 59 5,6

Moyenne Amérique latine et Caraïbes 4,2 3,6 3,2 4,7 5,4

Moyenne Asie du Sud-Est 4,8 4,3 4,0 5,3 5,5

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Tableau 6 : Indice de compétitivité mondiale 2008-2009 – Sources d’efficience

SOURCESD’EFFICIENCE

5. Enseignementsupérieur et

formation

6. Efficiencedes marchésdes produits

7. Efficiencedu marchédu travail

8. Sophisticationdes marchés

financiers9. Ouverture

à la technologie10. Taille du

marché

Pays/Région Rang Score Rang Score Rang Score Rang Score Rang Score Rang Score Rang Score

AFRIQUE DU NORDAlgérie 113 3,3 102 3,3 124 3,5 132 3,3 132 2,9 114 2,5 51 4,2Égypte 88 3,7 91 3,6 87 4,0 134 3,3 106 3,7 84 3,0 27 4,7Libye 114 3,3 75 3,8 121 3,6 133 3,3 131 3,0 98 2,8 77 3,3Maroc 85 3,7 90 3,6 58 4,3 128 3,5 93 3,9 78 3,2 57 3,9Tunisie 53 4,2 27 4,8 30 4,8 103 4,1 77 4,1 52 3,7 62 3,6

Moyenne Afrique du Nord 3,6 3,8 4,0 3,5 3,5 3,0 3,9

AFRIQUE SUBSAHARIENNEAfrique du Sud 35 4,5 57 4,1 31 4,8 88 4,2 24 5,2 49 3,7 23 4,8Bénin 123 3,2 114 3,0 107 3,8 118 3,9 99 3,7 113 2,5 123 2,3Botswana 82 3,8 87 3,7 93 3,9 52 4,5 40 4,8 89 3,0 101 2,7Burkina Faso 118 3,2 124 2,7 83 4,0 80 4,3 108 3,7 120 2,5 117 2,4Burundi 133 2,7 130 2,5 128 3,4 95 4,1 134 2,8 131 2,2 131 1,4Cameroun 120 3,2 121 2,8 108 3,8 114 3,9 124 3,2 110 2,6 89 3,1Côte d’Ivoire 109 3,3 112 3,1 117 3,7 111 3,9 113 3,6 99 2,8 94 3,0Éthiopie 121 3,2 126 2,7 116 3,7 74 4,3 127 3,1 132 2,2 76 3,3Gambie 107 3,4 105 3,2 68 4,2 38 4,7 87 4,0 91 2,9 132 1,3Ghana 95 3,5 111 3,1 97 3,9 108 4,0 69 4,3 115 2,5 86 3,1Kenya 76 3,9 86 3,7 74 4,1 40 4,6 44 4,7 93 2,9 71 3,4Lesotho 125 3,2 106 3,2 102 3,9 84 4,2 118 3,4 125 2,4 128 1,8Madagascar 119 3,2 119 2,8 85 4,0 72 4,3 128 3,1 111 2,6 109 2,6Malawi 101 3,4 116 2,9 84 4,0 42 4,6 62 4,4 127 2,3 121 2,3Mali 122 3,2 122 2,8 95 3,9 94 4,1 120 3,3 105 2,6 119 2,4Maurice 66 4,0 67 4,0 40 4,6 65 4,4 32 5,0 55 3,6 110 2,5Mauritanie 130 2,9 133 2,4 126 3,4 112 3,9 126 3,1 102 2,7 126 1,9Mozambique 129 3,1 129 2,6 127 3,4 98 4,1 122 3,3 116 2,5 107 2,6Namibie 93 3,6 110 3,1 94 3,9 50 4,5 53 4,5 85 3,0 122 2,3Nigeria 71 4,0 108 3,1 56 4,4 59 4,4 54 4,5 94 2,9 39 4,4Ouganda 106 3,4 120 2,8 114 3,7 25 4,7 102 3,7 121 2,4 96 2,8Sénégal 96 3,5 92 3,4 60 4,3 120 3,8 111 3,6 81 3,1 105 2,7Tanzanie 108 3,3 132 2,4 111 3,7 73 4,3 94 3,9 117 2,5 80 3,2Tchad 134 2,7 134 2,1 134 2,9 119 3,8 133 2,8 134 2,1 113 2,4Zambie 100 3,4 118 2,8 78 4,1 102 4,1 55 4,5 106 2,6 112 2,4Zimbabwe 131 2,9 107 3,2 133 3,1 127 3,6 90 3,9 129 2,3 133 1,2

Moyenne Afrique subsaharienne 3,4 3,0 3,9 4,2 3,8 2,7 2,6

BRICBrésil 51 4,3 58 4,1 101 3,9 91 4,2 64 4,4 56 3,6 10 5,5Chine 40 4,4 64 4,1 51 4,5 51 4,5 109 3,6 77 3,2 2 6,6Inde 33 4,5 63 4,1 47 4,5 89 4,2 34 5,0 69 3,3 5 6,0Fédération de Russie 50 4,3 46 4,4 99 3,9 27 4,7 112 3,6 67 3,4 8 5,7

Moyenne Amérique latine et Caraïbes 3,8 3,7 4,0 4,1 4,1 3,2 3,4

Moyenne Asie du Sud-Est 4,3 4,1 4,5 4,8 4,5 3,6 4,2

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Tableau 7 : Indice de compétitivité mondiale 2008-2009 – Sources d’innovation et de sophistication

SOURCES D’INNOVATION 11. Sophistication des entreprises 12. Innovation

Pays/Région Rang Score Rang Score Rang Score

AFRIQUE DU NORDAlgérie 126 2,8 132 3,0 113 2,7Égypte 74 3,5 77 3,9 67 3,2Libye 102 3,2 101 3,5 100 2,8Maroc 76 3,5 70 4,0 78 3,0Tunisie 30 4,2 40 4,5 27 3,9

Moyenne Afrique du Nord 3,5 3,8 3,1

AFRIQUE SUBSAHARIENNEAfrique du Sud 36 4,1 33 4,6 37 3,6Bénin 100 3,2 103 3,5 95 2,9Botswana 98 3,2 106 3,5 83 3,0Burkina Faso 95 3,3 96 3,6 89 3,0Burundi 125 2,9 127 3,2 123 2,5Cameroun 108 3,1 108 3,4 108 2,7Côte d’Ivoire 94 3,3 88 3,8 105 2,8Éthiopie 114 3,0 122 3,3 109 2,7Gambie 78 3,5 74 4,0 81 3,0Ghana 107 3,1 98 3,6 114 2,6Kenya 50 3,9 63 4,2 42 3,5Lesotho 110 3,1 126 3,2 97 2,9Madagascar 97 3,2 102 3,5 87 3,0Malawi 101 3,2 104 3,5 94 2,9Mali 99 3,2 111 3,4 79 3,0Maurice 69 3,6 55 4,3 80 3,0Mauritanie 120 2,9 114 3,4 125 2,5Mozambique 127 2,8 128 3,1 120 2,5Namibie 104 3,2 94 3,6 111 2,7Nigeria 64 3,7 61 4,2 65 3,2Ouganda 90 3,3 97 3,6 72 3,1Sénégal 59 3,7 65 4,2 59 3,3Tanzanie 106 3,1 109 3,4 101 2,8Tchad 131 2,7 129 3,1 130 2,3Zambie 93 3,3 93 3,6 92 2,9Zimbabwe 122 2,9 124 3,3 119 2,5

Moyenne Afrique subsaharienne 3,2 3,6 2,9

BRICBrésil 42 4,0 35 4,6 43 3,5Chine 32 4,2 43 4,5 28 3,9Inde 27 4,3 27 4,8 32 3,7Fédération de Russie 73 3,6 91 3,7 48 3,4

Moyenne Amérique latine et Caraïbes 3,4 4,0 2,9

Moyenne Asie du Sud-Est 3,9 4,3 3,5

1.1

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 14 SESS: 63 OUTPUT: Wed Oct 14 10:56:18 2009/antiopa/eco−b−afri/000637Z/competitivite_Afrique_2009/02−Part1−chap1.1

marchés du travail de l’Afrique subsaharienne sontégalement jugés plus efficients que ceux de la régionAmérique latine/Caraïbes, avec, en moyenne, desperformances égales à celles observées en Inde et auBrésil.

Ce tableau met en lumière une autre caractéristiquenotable des pays d’Afrique : la forte dispersion des scoresentre les pays les plus performants et les moinsperformants. La Tunisie et l’Afrique du Sud obtiennent,respectivement, un score global de 4,5 et 4,4 (sur uneéchelle de 1 à 7), contre 2,8 pour le Tchad. Legraphique 2 illustre cette dispersion pour les 31 paysd’Afrique, avec, dans sa partie centrale, les moyennesrégionales. De plus, nous indiquons la moyenne des paysmembres de l’Organisation de coopération et dedéveloppement économiques (OCDE), ce qui permet dedisposer d’une référence internationale solide pourchaque pilier (le score OCDE est représenté par le cerclele plus foncé).

Le graphique 2 montre que les facteurs qui donnentlieu aux scores les plus dispersés entre pays d’Afrique sontla qualité des institutions, la stabilité macro-économique,la santé et l’enseignement primaire, ainsi que la taille dumarché. C’est pour l’efficience des marchés des produitset du travail, ainsi que pour l’innovation, que l’onconstate le moins d’écarts. Les pays d’Afrique les plusperformants font mieux que la moyenne OCDE dansquatre domaines : institutions, stabilité macro-économique, efficience des marchés du travail et

sophistication des marchés financiers. Les écarts les plusimportants par rapport à l’OCDE, y compris avec lespays de cette zone les plus performants, sont associés à laqualité de l’infrastructure et à l’ouverture à latechnologie.

Plus généralement, cette analyse montre la grandediversité des performances des pays d’Afrique en ce quiconcerne les différents piliers. Le tableau 8 présente leclassement de ces pays pour les 12 piliers composantl’indice, et met à chaque fois en lumière les troiséconomies les plus performantes. Il en ressort que laTunisie fait partie du trio de tête pour huit piliers sur 12,que l’Afrique du Sud et Maurice se classent parmi lestrois premiers pour sept piliers, le Botswana pour troispiliers, et que la Gambie et le Kenya sont les deux seulsautres pays champions pour au moins deux piliers.

Dotés d’un cadre institutionnel particulièrementsolide, le Botswana, la Gambie et la Tunisie sont,respectivement, 36e, 38e et 22e pour cet aspect, faisantainsi jeu égal avec des pays comme la République deCorée, les États-Unis et le Chili. Ils se caractérisent par latransparence de leur administration publique, par unfaible niveau de corruption et, plus généralement, par ungrand degré de confiance de la population dans l’État.Huit autres pays d’Afrique se situent dans la moitiésupérieure du classement pour la qualité de leursinstitutions : l’Afrique du Sud (46e), l’Égypte (52e), leGhana (63e), le Malawi (51e), le Maroc (61e), Maurice(39e), la Namibie (42e) et la Zambie (67e). Ayant mis en

Graphique 2 : Comparaison de la dispersion des scores entre les pays d’Afrique et de l’OCDE

1

4

7

Inst

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5,2

4,64,8

3,7

5,2

4,74,84,8

6,16,1

4,6

3,9

1,7

2,3

1,21,2

2,1

2,82,9

2,12,1

1,51,5

2,3

Scor

e

Moyenne OCDEMoyenne AfriqueDispersion des scores de l’Afrique

1.1

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place un cadre institutionnel solide par rapport auxpratiques internationales, ces pays sont des exemples àsuivre pour d’autres économies africaines. Et la présencede 13 pays d’Afrique dans le tiers supérieur desclassements pour cet aspect montre combien desexemples positifs sont cruciaux pour cette région.

En ce qui concerne l’infrastructure, Maurice, laNamibie et la Tunisie sont les pays d’Afrique les mieuxclassés, respectivement à la 43e, à la 33e et à la34e place. Ils se caractérisent, pour la région, par unebonne infrastructure de transport (routes et ports, enparticulier). Ils devancent ainsi plusieurs États membresde l’Union européenne (UE), notamment laRépublique tchèque, la Lituanie et la Hongrie, et sesituent dans la moitié supérieure du classement, avecl’Afrique du Sud (48e), le Botswana (52e), l’Égypte(60e) et la Gambie (62e). Cependant, sur la majeurepartie du continent, le sous-développement del’infrastructure explique les scores nettement inférieursde la plupart des pays d’Afrique, ce qui montre quenombre d’entre eux disposent d’un important potentielde développement.

Du point de vue de la stabilité macro-économique,le trio de tête se compose de deux pays exportateurs depétrole, l’Algérie et la Libye (respectivement 5e et 6e),ainsi que d’un pays qui a bénéficié de l’envolée des cours

des matières premières ces dernières années : le Botswana(22e). Plus généralement, quelques économies d’Afriquesont parvenues à la stabilité macro-économique (leCameroun, le Lesotho, la Namibie et le Nigeria, qui sesituent tous dans le tiers supérieur du classement), tandisque la plupart des autres n’ont toujours pas atteint cetobjectif, ce qui explique l’écart significatif des scores(graphique 2). Face à une inflation forte, un déficitbudgétaire substantiel et un endettement lourd etpersistant, nombre de ces pays doivent mettre en placeune politique budgétaire et monétaire plus responsable.

Le tableau 8 révèle que la santé et l’enseignementprimaire font partie des préoccupations les plusimportantes en Afrique : parmi les trois championsrégionaux (le Maroc, Maurice et la Tunisie), deuxseulement (Maurice et la Tunisie) font partie de la moitiésupérieure du classement pour cet aspect. En effet,26 pays (soit 84 pour cent des économies africaines)occupent le tiers inférieur du tableau, et bon nombred’entre eux apparaissent tout en bas. Ce résultat est dû aufaible niveau des indicateurs sanitaires, qui résulte lui-même, pour une large part, de la forte incidence desmaladies transmissibles, des taux de scolarisation peuélevés dans le primaire et des scores médiocres obtenuspar la plupart des systèmes d’enseignement primairenationaux. C’est, de toute évidence, à cet aspect qu’il

Tableau 8 : Les trois champions africains pour chaque pilier du GCI

RANGGLOBALDANS LE

GCI1.

Institutions

2.Infras-

tructure

3. Stabilitémacro-

économique

4. Santéet ensei-gnementprimaire

5. Ensei-gnement

supérieur etformation

6. Efficiencedes

marchésdes produits

7. Efficiencedu marchédu travail

8. Sophis-tication des

marchésfinanciers

9. Ouvertureà la techno-

logie10. Taille du

marché

11. Sophis-tication desentreprises 12. Innovation

Pays/région Rang Rang Rang Rang Rang Rang Rang Rang Rang Rang Rang Rang Rang

Tunisie 36 22 34 75 27 27 30 103 77 52 62 40 27Afrique du Sud 45 46 48 63 122 57 31 88 24 49 23 33 37Botswana 56 36 52 22 112 87 93 52 40 89 101 106 83Maurice 57 39 43 117 57 67 40 65 32 55 110 55 80Maroc 73 61 70 84 71 90 58 128 93 78 57 70 78Namibie 80 42 33 27 118 110 94 50 53 85 122 94 111Égypte 81 52 60 125 88 91 87 134 106 84 27 77 67Gambie 87 38 62 99 119 105 68 38 87 91 132 74 81Libye 91 65 112 6 103 75 121 133 131 98 77 101 100Kenya 93 93 91 107 108 86 74 40 44 93 71 63 42Nigeria 94 106 120 26 126 108 56 59 54 94 39 61 65Sénégal 96 83 83 103 109 92 60 120 111 81 105 65 59Algérie 99 102 84 5 76 102 124 132 132 114 51 132 113Ghana 102 63 82 121 115 111 97 108 69 115 86 98 114Bénin 106 85 106 95 110 114 107 118 99 113 123 103 95Côte d’Ivoire 110 130 73 69 127 112 117 111 113 99 94 88 105Zambie 112 67 116 102 128 118 78 102 55 106 112 93 92Tanzanie 113 76 118 108 117 132 111 73 94 117 80 109 101Cameroun 114 116 117 34 125 121 108 114 124 110 89 108 108Mali 117 79 107 94 130 122 95 94 120 105 119 111 79Malawi 119 51 119 129 120 116 84 42 62 127 121 104 94Éthiopie 121 77 103 119 123 126 116 74 127 132 76 122 109Lesotho 123 114 125 39 129 106 102 84 118 125 128 126 97Madagascar 125 94 114 127 104 119 85 72 128 111 109 102 87Burkina Faso 127 75 104 120 131 124 83 80 108 120 117 96 89Ouganda 128 113 115 92 133 120 114 25 102 121 96 97 72Mozambique 130 112 124 112 132 129 127 98 122 116 107 128 120Mauritanie 131 107 127 126 114 133 126 112 126 102 126 114 125Burundi 132 124 129 124 124 130 128 95 134 131 131 127 123Zimbabwe 133 126 88 134 113 107 133 127 90 129 133 124 119Tchad 134 133 134 97 134 134 134 119 133 134 113 129 130

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faudra s’attaquer en priorité pour améliorer lacompétitivité de l’Afrique dans son ensemble.

La situation de l’enseignement supérieur et de laformation est comparable à celle de la santé et del’enseignement primaire, malgré un écart moins marquéentre les pays les plus performants et les moinsperformants dans ce domaine. Les trois champions sontl’Afrique du Sud, Maurice et la Tunisie. Cependant,cette dernière est la seule des trois à se situer dans le tierssupérieur du classement général : les autres pays de larégion obtiennent des scores globaux relativement baspour cet aspect. Étant donné que le socle d’enseignementprimaire n’est pas encore en place en Afrique, il n’estprobablement pas étonnant que les taux d’inscriptiondans l’enseignement secondaire et à l’université, ainsi quela qualité évaluée de l’enseignement supérieur, restentfaibles dans cette région du monde. Cet aspect aura deplus en plus d’importance à mesure que les paysprogresseront dans la chaîne de valeur pour passer à uneproduction plus complexe.

La situation est légèrement meilleure en ce quiconcerne l’efficience des marchés des produits. Les troischampions (Afrique du Sud, Maurice et Tunisie) ont desmarchés de produits aussi efficients que ceux de payscomme l’Espagne et le Chili, même s’ils restent en deçàde la moyenne OCDE dans ce domaine (graphique 2).La Tunisie et l’Afrique du Sud, en particulier, secaractérisent par une vive concurrence sur leurs marchés,par une fiscalité qui n’entrave pas les décisions desentreprises et par un secteur agricole peu coûteux pourl’ensemble de l’économie (à l’inverse de nombreux paysindustrialisés). Il est toutefois évident que la plupart deséconomies d’Afrique pâtissent de la réglementation etd’autres facteurs qui compriment l’efficience deséchanges de biens et de services sur leur marché.Seulement trois autres pays se classent dans la moitiésupérieure pour cet aspect : le Maroc, le Nigeria et leSénégal. Dix-huit pays d’Afrique se situent dans le tiersinférieur. Il reste donc beaucoup à faire pour accroître laconcurrence sur les marchés et pour faciliter la créationd’entreprises.

Le marché du travail constitue un autre aspect pourlequel quelques pays se distinguent par leurs bonnesperformances alors que la plupart sont à la traîne. Ainsi,l’Ouganda est particulièrement bien noté dans cedomaine : il est 1er de la région et 25e sur 134 pays. LaGambie (38e) et le Kenya (40e) sont les deux autreséconomies d’Afrique qui disposent des marchés du travailles plus efficients. Tous les trois se caractérisentnotamment par la souplesse des pratiques d’embauche etde licenciement, ainsi que par le niveau relativementfaible des coûts de main-d’œuvre non salariaux. Cinqautres pays seulement figurent dans la moitié supérieuredu classement pour ce critère : le Botswana, le Malawi,Maurice, la Namibie et le Nigeria. En effet, les marchésdu travail de la plupart des économies africaines font

partie des moins flexibles et des moins efficients aumonde. Il reste par conséquent beaucoup à faire pourouvrir ces marchés et tirer parti du potentiel de la main-d’œuvre locale.

On observe aussi des écarts importants dans le degréde sophistication des marchés financiers en Afrique.Ainsi, en Afrique du Sud, 1re de la région pour cet aspectet 24e au classement général, ce niveau de sophisticationest comparable à celui des marchés belge et français :l’accès au capital y est relativement facile, les sources definancement diversifiées et le marché des valeursmobilières bien réglementé. Malgré des marchésfinanciers moins sophistiqués, le Botswana et Mauriceapparaissent dans le tiers supérieur du tableau pour cetaspect, devançant la plupart des autres pays de la région.Cinq autres pays figurent dans la moitié supérieure : leKenya, le Malawi, la Namibie, le Nigeria et la Zambie.Globalement, toutefois, il s’agit à l’évidence d’un autreaspect à améliorer impérativement pour permettre lameilleure utilisation possible des ressources financièresdans ces économies. Il convient de noter que les quatrepays les moins bien classés pour cet aspect sont situés enAfrique, dont deux en Afrique du Nord (la Libye etl’Algérie) et les deux autres en Afrique subsaharienne (leTchad et le Burundi). Tant le Nord que le Sud de larégion pâtit donc du manque de sophistication de sesmarchés financiers. Les chapitres 1.2 et 1.3 analysent lesmarchés financiers en détail.

Comme le montre le graphique 2, l’ouverture à latechnologie est un aspect pour lequel les pays d’Afriqueaffichent des résultats relativement médiocres dansl’ensemble et nettement inférieurs à la moyenne OCDE.D’après le tableau 8, le mieux classé pour ce critère estl’Afrique du Sud, avec, cependant, un score plutôt faible(49e), suivie de la Tunisie (52e) et de Maurice (55e).Aucun autre pays ne figure dans la moitié supérieure, et24 sont même classés dans le tiers inférieur. Ces scoresreflètent la très faible pénétration des nouvellestechnologies en Afrique. Ce phénomène est imputable,d’une part, au fait que de nombreux pays n’accordent pasla priorité à l’adoption des technologies de l’informationet de la communication (TIC) et des autres nouvellestechnologies et, d’autre part, au faible niveau d’études dela population. Néanmoins, au vu des opportunitésoffertes par les nouvelles technologies pour l’échanged’informations et l’amélioration de la productivité, ils’agit clairement d’un autre domaine auquel il faut detoute urgence prêter attention.

La taille des marchés varie elle aussiconsidérablement d’un pays d’Afrique à l’autre. Letableau 8 met en lumière les trois plus grands marchés dece continent : ce sont ceux de l’Afrique du Sud, del’Égypte et du Nigeria. Ces trois pays bénéficient deséconomies d’échelle associées à un vaste marché intérieuret extérieur (pour les échanges commerciaux). Si, àl’évidence, nombre d’économies africaines n’ont tout

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simplement pas la possibilité d’élargir leur marchéintérieur, elles pourraient néanmoins intensifier leursefforts pour s’ouvrir aux échanges et, ainsi, disposer d’unmarché extérieur plus étendu. Il existe certes demultiples accords commerciaux régionaux qui sechevauchent plus ou moins, mais ils donnent, pour laplupart, des résultats au mieux mitigés. Les obstacles auxéchanges restent endémiques dans la région (voir lechapitre 1.5 pour une analyse plus approfondie desmesures que les pays d’Afrique pourraient prendre pourpermettre l’essor des flux commerciaux).

À ce jour, la plupart des économies africaines ne sepréoccupent guère de la sophistication de leursentreprises, dans la mesure où elles peuvent encoreaccroître nettement leur productivité et leurcompétitivité en améliorant les aspects plus essentielsévoqués ci-dessus. Cependant, il s’agit d’un aspect deplus en plus important pour les quelques pays d’Afriqueen transition qui s’acheminent vers le stade dedéveloppement le plus avancé. Il est donc encourageantde voir que les trois champions, à savoir l’Afrique duSud, Maurice et la Tunisie, sont classés parmi les paysdont le développement est tiré par l’efficience et, parconséquent, proches de la phase durant laquelle cesfacteurs plus complexes deviendront primordiaux.

Enfin, l’Afrique du Sud, le Kenya et la Tunisie sontles champions régionaux de l’innovation, faisant jeu égal,dans ce domaine, avec des pays aussi innovants quel’Inde ou le Brésil. Ils disposent d’instituts de recherchescientifique de grande qualité, investissent massivementdans la recherche et le développement (R&D) et secaractérisent par une forte collaboration entre entrepriseset universités pour les activités de recherche. L’Égypte, leNigeria et le Sénégal figurent également dans la moitiésupérieure du classement pour cet aspect, ce quidémontre le potentiel d’innovation en Afrique. Lesfaibles scores des autres pays de la région ne doiventnéanmoins pas inquiéter pour l’instant, car ces pays ont àse concentrer sur des aspects plus essentiels, qui devrontêtre améliorés en priorité.

Il ressort de ces observations que les pays d’Afriquesont relativement peu nombreux à afficher de solidesperformances dans un domaine en particulier, même s’ilexiste ici ou là des pôles d’excellence. Cette région dumonde compte toutefois un certain nombre d’économiesqui peuvent servir de modèle aux pays qui cherchent àaméliorer leur compétitivité dans ces différents domaines.Les chapitres 1.3 et 1.6 proposent des illustrations de cespratiques exemplaires.

Identifier les points forts et les points faiblesde l’Afrique en termes de compétitivitéComme le montre la section précédente, la comparaisondes résultats et des classements entre les pays estintéressante et utile pour donner une vue d’ensemble dela compétitivité de la région. Cependant, elle ne permet

pas de montrer précisément les points forts et les pointsfaibles de chaque pays. Ainsi que nous l’avons déjàindiqué, l’enquête auprès des dirigeants d’entrepriseapporte un ensemble unique de données qui autorise cetexercice. Dans la présente section, nous classons chacunedes 77 variables de l’enquête incluses dans le GCI pourchaque pays et reportons les cinq premières et des cinqdernières, c’est-à-dire pour lesquelles, respectivement, lesmeilleurs et les plus mauvais scores ont été obtenus.

Cette analyse élimine les biais potentiels nationauxet les problèmes d’interprétation des données, et on peutconsidérer qu’elle « révèle » la hiérarchie despréoccupations des entreprises dans les domaines surlesquels le pays doit se concentrer.

Le tableau 9 présente ces cinq variables, avec lesmeilleurs et les plus mauvais scores obtenus par tous lespays d’Afrique étudiés, ainsi que les moyennes pourl’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. Il nommechaque variable et lui applique un code couleur enfonction du sous-indice correspondant, qui reflète sonimportance pour le pays à un stade de développementdonné (et qui indique donc si cette variable joue un rôleessentiel dans l’amélioration de la compétitivité de cepays à court terme).

Comme le montre ce tableau, les entreprises deséconomies africaines semblent estimer que les problèmesles plus importants à surmonter sont ceux qui influent surle stade de développement de leur pays. La plupart deséconomies qui souffrent de points faibles au niveau dessources d’innovation et de sophistication les plus avancéssont ceux qui ont commencé à progresser dans la chaînede valeur et à passer au stade de développement suivant.

En Afrique du Nord, la délinquance et la violence,dans leurs différentes dimensions, y compris leterrorisme, ne sont pas perçues comme des obstacles à lacompétitivité. En outre, les personnes interrogéesconsidèrent que les maladies telles que le paludisme et latuberculose n’induisent pas un coût élevé pour lesentreprises. Il ressort de ce tableau que la variable la plusprésente parmi les cinq meilleurs scores dans les paysd’Afrique du Nord est l’impact du paludisme sur lesentreprises, ce qui confirme que cet aspect n’est pasperçu comme une entrave dans cette sous-région, trèsprobablement pour des raisons climatiques.

En Afrique subsaharienne, la menace terroristen’inquiète pas non plus les chefs d’entreprise, et cettevariable est à la fois celle qui obtient le score le plus élevéet celle qui est le plus souvent citée parmi les cinqprincipaux obstacles. Par ailleurs, les entreprises de cetterégion jugent utiles les mesures qui encouragent l’IDE,et estiment que les salaires sont fixés de manière souple.Il convient également de noter que la solvabilité desbanques est perçue comme un critère important, surtoutà l’heure où elle suscite des inquiétudes à la fois dans lespays industrialisés et dans ceux en développement.

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18

Page 41: Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009 · En Afrique, des taux de croissance impressionnants et l’augmentation de l’IDE ont alimenté le rebond de l’économie au cours

JOBNAME: No Job Name PAGE: 19 SESS: 63 OUTPUT: Wed Oct 14 10:56:18 2009/antiopa/eco−b−afri/000637Z/competitivite_Afrique_2009/02−Part1−chap1.1

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1.1

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Page 42: Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009 · En Afrique, des taux de croissance impressionnants et l’augmentation de l’IDE ont alimenté le rebond de l’économie au cours

JOBNAME: No Job Name PAGE: 20 SESS: 63 OUTPUT: Wed Oct 14 10:56:18 2009/antiopa/eco−b−afri/000637Z/competitivite_Afrique_2009/02−Part1−chap1.1

En ce qui concerne les freins à la compétitivité, lesprincipales inquiétudes des pays d’Afrique du Nord onttrait, en moyenne, à la qualité des ressources humaines,en particulier à la fuite des cerveaux et au manqued’accès à Internet dans les établissements d’enseignement.L’infrastructure ferroviaire est également jugée de piètrequalité. En outre, ces pays s’inquiètent de certainsproblèmes liés à la sophistication et à l’innovation desentreprises : la faible capacité d’innovation est l’obstaclequi apparaît le plus fréquemment dans les cinq plus basscores obtenus par l’Afrique du Nord.

En Afrique subsaharienne, les dirigeants d’entreprisedéplorent aussi le manque d’accès à Internet dans lesécoles et la médiocre qualité de l’infrastructureferroviaire. De surcroît, ils citent comme principalobstacle le manque de financement disponible vial’emprunt ou le capital-risque. Il faut également noterque le problème jugé le plus grave en Afriquesubsaharienne est le manque de confiance de lapopulation dans la classe politique.

Les réponses à des questions précises posées dans lecadre de l’enquête auprès des chefs d’entreprise font échoaux principales préoccupations pour chacun de ces pays.Ces dirigeants devaient notamment classer parimportance les difficultés auxquelles ils sont confrontésdans leur pays. Même si ces questions abordaient un pluspetit nombre d’aspects et sous un angle légèrementdifférent, les similarités sont frappantes. Les résultats payspar pays sont présentés dans les Profils de compétitivitéde ce Rapport et l’évolution de la compétitivité enAfrique est analysée dans l’encadré 2.

La compétitivité de quelques pays d’AfriqueCette section analyse plus en détail la compétitivité dedifférents pays d’Afrique en rappelant parfois les résultatsde l’année précédente10. Les noms des pays sont en gras,ce qui permet au lecteur de bien repérer les informationsconcernant les pays qui l’intéressent toutparticulièrement.

Comme nous l’avons déjà indiqué, la Tunisie est lepays d’Afrique le mieux classé, à la 36e place duclassement général. Ses institutions, qui sont bien notéesdepuis plusieurs années, font partie de ses plus grandsatouts en termes de compétitivité. Elles s’appuient surdes relations entre l’État et la société civile qui secaractérisent par la transparence et la confiance, d’où unegrande confiance de la population dans la classe politique(16e rang), des dépenses publiques jugées efficientes (2e)et des politiques publiques transparentes (15e), ainsiqu’un faible degré de népotisme dans les décisions desfonctionnaires (14e). Ce tableau positif est complété parun système de santé et d’éducation performant, par unsain degré de concurrence sur le marché intérieur (34e)et par une forte capacité d’innovation (27e). À l’avenir, laTunisie devra en revanche s’attacher à réformer sonmarché du travail, trop rigide (classé 103e) et continuer à

rationnaliser sa gestion macro-économique, afind’accroître sa compétitivité. De plus, comme le montrele tableau 9, à mesure que ce pays s’achemine vers undéveloppement tiré par l’innovation, il lui faudraaméliorer sa capacité d’innovation à plusieurs égards.

L’Afrique du Sud, 45e au classement général, restele pays d’Afrique subsaharienne le mieux classé, avec desrésultats très stables. Elle a notamment pour atouts lataille de son économie, surtout par rapport aux niveauxrégionaux (elle se classe 23e pour cet aspect). Ce payscontinue aussi d’être bien noté dans des domaines pluscomplexes mesurés par le GCI, tels que la protection dela propriété intellectuelle (23e), la qualité des entitésprivées (25e) et l’efficience des marchés des produits(31e), ainsi que pour l’efficience des marchés financiers(24e), la sophistication des entreprises (33e) etl’innovation (37e). L’Afrique du Sud bénéficie dedépenses de R&D substantielles, avec une solidecollaboration entre universités et entreprises pourl’innovation (28e place dans les deux cas). Il n’est doncpas étonnant qu’elle dépose depuis quelques annéesdavantage de brevets que plusieurs pays européens. Laconjugaison de ces atouts explique son rang, tout en hautdu classement régional.

Cependant, un certain nombre de facteurs entraventla compétitivité de l’Afrique du Sud. Ainsi, ce pays estclassé 88e pour la flexibilité de son marché du travail, quienglobe les pratiques d’embauche et de licenciement(129e), la souplesse dans la fixation des salaires (123e) etle faible développement des relationspersonnel/employeurs dans ce pays (119e). Qui plus est,le potentiel d’innovation de l’Afrique du Sud pourraitêtre menacé en raison d’un très faible taux d’inscription àl’université (15 pour cent), qui relègue ce pays à la93e place du classement général. En outre, bien quesatisfaisante par rapport aux niveaux régionaux,l’infrastructure de l’Afrique du Sud a besoin d’êtremodernisée (48e) : la fourniture d’électricité, enparticulier, n’est pas de bonne qualité et s’est mêmedégradée ces dernières années (101e rang, contre 83e rangdans le Rapport précédent), et le nombre de lignestéléphoniques installées n’est pas suffisant. L’insécuritéreste un autre frein important à l’activité des entreprisesen Afrique du Sud. Les coûts induits par la délinquanceet la violence (134e) et le sentiment que la police n’est àmême de faire régner l’ordre public (109e) sont citésparmi les principales préoccupations. La préoccupationmajeure concerne toutefois le mauvais état de santé de lapopulation active (129e sur 134), qui s’explique par laforte prévalence des maladies transmissibles et, plusgénéralement, par la dégradation des indicateurssanitaires. L’Afrique du Sud devra s’attaquer à cesproblèmes pour améliorer sa compétitivité.

Le Botswana, classé 56e, arrive en deuxièmeposition, derrière l’Afrique du Sud, parmi les paysd’Afrique subsaharienne. Cette année, il a retrouvé sa

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Encadré 2 : Évolution de la compétitivité de l’Afrique

Dans cette section, nous proposons une analyse rétrospectiveun peu plus approfondie de la compétitivité de l’Afrique, en exa-minant son évolution au cours des cinq dernières années,période pour laquelle nous avons calculé l’indice de compétiti-vité mondiale. Pour les besoins de cette analyse, nous exami-nons les scores obtenus (sur un intervalle de 1 à 7), car, en rai-son de changements importants intervenus dans la taille del’échantillon, ils ne sont pas comparables d’une année surl’autre.

Le tableau ci-dessous montre qu’entre 2004 et 2008, lesscores de la plupart des pays d’Afrique sont restés stables ouse sont améliorés. En moyenne, les scores recensés allaient de3,5 à 3,7. En Afrique du Nord, les scores de l’Algérie et del’Égypte sont les mêmes qu’au début de la période considérée.Le Maroc a, lui, légèrement progressé (de 4,0 à 4,1) et la Tunisieun peu plus encore (de 4,3 à 4,6).

Les avancées observées sont, dans de nombreux cas, plusfrappantes en Afrique subsaharienne et correspondent à l’amé-lioration du climat économique ces dernières années. Deuxpays voient leur score progresser d’un demi-point (le Botswanaet l’Éthiopie), deux autres de 0,4 point (la Gambie et le Kenya),six de 0,3 point (l’Afrique du Sud, le Mali, Maurice, le Nigeria, laTanzanie et la Tunisie). Le Mozambique et le Tchad affichent,eux aussi, une légère progression sur la période, tandis que lescore de tous les autres pays reste inchangé, à l’exception decelui de l’Ouganda, qui décroît légèrement (de 0,2 point).

Globalement, l’évolution de la compétitivité de l’Afrique est parconséquent positive ces dernières années. Mais commentpeut-on l’expliquer ?

Un examen plus approfondi des performances des paysafricains dans les 12 domaines mesurés par le GCI montre que,pour cinq aspects en particulier, la situation de la région, dansson ensemble, n’a cessé de s’améliorer au cours des cinq

Tableau 1 : Évolution globale de l’indice decompétitivité mondiale, 2004-2008

Pays 2004 2005 2006 2007 2008

Afrique du Sud 4,1 4,4 4,5 4,4 4,4Algérie 3,7 3,8 3,9 3,9 3,7Botswana 3,7 4,0 4,1 4,0 4,2Égypte 4,0 3,9 4,0 4,0 4,0Éthiopie 2,9 3,0 3,3 3,3 3,4Gambie 3,5 3,2 3,5 3,6 3,9Kenya 3,4 3,4 3,7 3,6 3,8Madagascar 3,3 3,1 3,3 3,4 3,4Mali 3,1 3,1 3,3 3,4 3,4Maroc 4,0 3,9 4,1 4,1 4,1Maurice 3,9 3,9 4,2 4,2 4,2Mozambique 3,0 2,9 3,2 3,0 3,1Namibie 4,0 3,8 4,0 3,8 4,0Nigeria 3,5 3,7 3,6 3,7 3,8Ouganda 3,5 3,4 3,4 3,3 3,3Tanzanie 3,2 3,3 3,6 3,6 3,5Tchad 2,7 2,7 2,8 2,8 2,8Tunisie 4,3 4,4 4,6 4,6 4,6Zimbabwe 2,9 3,0 3,3 2,9 2,9

Moyenne Afrique 3,5 3,5 3,7 3,7 3,7

dernières années. La progression la plus importante concernel’efficience des marchés des produits, avec un gain global de0,8 point. Cette tendance favorable est liée à l’efficience géné-rée par l’ouverture des marchés de la région et aux améliora-tions du climat des affaires. Plus précisément, sur la périodeconsidérée, le nombre de démarches et le délai nécessaires àla création d’une entreprise ont été réduits dans de nombreuxpays, d’où un accroissement de la compétitivité sur le marchéintérieur des biens et des services dans plusieurs pays d’Afri-que. Ce phénomène est encore plus manifeste en Afrique sub-saharienne qu’en Afrique du Nord.

On constate en outre un accroissement de la qualité et duvolume d’enseignement dans l’enseignement supérieur et laformation, en hausse de 0,5 point sur la période, mais partantd’un très faible niveau. Les taux de scolarisation ont constam-ment augmenté dans bien des pays, surtout dans l’enseigne-ment secondaire mais également dans l’enseignement supé-rieur, et plusieurs pays enregistrent une amélioration de laformation en cours d’emploi, particulièrement en Afrique subsa-harienne.

Le même graphique indique aussi que le fonctionnement desmarchés du travail gagne en efficience. Plusieurs pays d’Afri-que subsaharienne ont spécifiquement observé une relationplus étroite entre la rémunération et la productivité des tra-vailleurs.

La sophistication des pratiques des entreprises va aussi,globalement, dans la bonne direction, comme le montre le gra-phique. Dans plusieurs pays, le nombre et la qualité des fournis-seurs locaux augmentent, et les processus de productiongagnent lentement en sophistication dans certains domaines.

Enfin, la qualité des institutions augmente légèrement, enmoyenne. Cette tendance est plus marquée en Afrique subsa-harienne qu’en Afrique du Nord. Dans un certain nombre depays, les entreprises considèrent que l’efficience de l’adminis-tration publique progresse, que la sécurité physique s’améliorelégèrement et que la corruption recule depuis quelques années.

En revanche, il existe des domaines dans lesquels aucuneamélioration n’a été constatée au fil des ans ou dans lesquels lasituation semble empirer. C’est le cas pour l’infrastructure, lastabilité macro-économique et la santé (particulièrement enAfrique subsaharienne). Or, étant donné le stade de développe-ment de la plupart des pays de la région, ce sont des aspectscruciaux pour la compétitivité de l’Afrique, qui imposent donc àl’État d’agir de toute urgence.

Étant donné que nos analyses s’appuient sur des donnéesrecueillies quelque temps avant, il nous est actuellementimpossible d’explorer le lien entre le GCI et l’impact de la criseéconomique sur les pays africains. Cependant, ce devrait êtrepossible dans les éditions ultérieures du Rapport et il s’agit d’unthème intéressant pour de futures recherches. On pourra alorsdéterminer dans quelle mesure les économies les plus compéti-tives sont effectivement mieux à même de résister à la tempête.En attendant, les chapitres 1.2, 1.3 et 1.5 examinent de prèsdeux des aspects fondamentaux à plus court terme, liés à lasituation actuelle de l’Afrique : la sphère financière et leséchanges commerciaux.

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place dans la moitié supérieure du classement, en gagnant20 places. Cette performance remarquable s’expliquenotamment par le fait que le GCI commence à pondérerplus fortement les facteurs complexes dont dépend lacompétitivité de ce pays. Le Botswana a réussi à utiliserla manne financière provenant de ses principalesressources naturelles pour investir dans des facteurs quilui ont permis d’adopter une trajectoire de croissanceplus durable. Parmi ses atouts figurent des institutionsfiables et légitimes, qui valent à ce pays d’être classé21e pour l’efficience des dépenses publiques, 22e pour laconfiance de la population dans la classe politique et26e pour l’indépendance du pouvoir judiciaire. En outre,le Botswana est considéré comme le pays d’Afrique lemoins corrompu (22e sur 134). Depuis quelques années,la transparence de ses institutions publiques contribue àun environnement macro-économique plus stable, etc’est l’un des grands axes d’améliorations dans ce pays :l’excédent budgétaire public est sain, ce qui permet àl’État de réduire son endettement, et l’inflation, quiculminait en 2006, a également décru.

Les principaux points faibles du Botswana sont liés àson capital humain. Malgré d’importantes dépensesconsacrées à l’éducation, le niveau d’études, tous niveauxd’enseignement confondus, reste faible au regard des

performances internationales, et la qualité du systèmeéducatif est jugée médiocre. Mais c’est à l’évidence lasituation sanitaire qui constitue le principal obstacle àl’accroissement de la productivité du pays. En effet, leBotswana affiche la plus forte prévalence du VIH/sida detous les pays étudiés, et l’incidence du paludisme (111e)et de la tuberculose (128e) y est très élevée. Ces taux sonttoutefois, pour l’essentiel, en baisse, d’où un allongementde l’espérance de vie, qui est passée de 40 à 52 ansd’après l’estimation la plus récente. Il faudrait donc quele Botswana améliore, pendant un certain temps encore,l’état de santé et le niveau d’études de sa populationactive.

Maurice a gagné trois places dans le classement parrapport à l’année dernière. Il occupe la 57e place,immédiatement derrière le Botswana. Ce pays secaractérise par des institutions publiques solides ettransparentes, des droits de propriété bien protégés (22e),un degré acceptable d’indépendance du pouvoirjudiciaire et un bon niveau de sécurité par rapport aureste de la région (37e). Les entités privées y sont jugéestransparentes, et cet aspect ne cesse de s’améliorer, avecdes normes d’audit et de comptabilité solides ainsiqu’une bonne protection des intérêts des actionnairesminoritaires. L’infrastructure du pays est bien développée

Encadré 2 : Évolution de la compétitivité de l’Afrique (suite)

Graphique 1 : Moyenne des performances de l’Afrique dans les domaines où des améliorations sont constatées

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Efficience du marché du travail

Efficience des marches des produits

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Sophistication des entreprises

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par rapport à la région, et les marchés des produits et lesmarchés financiers sont opérants, ce qui assure uneallocation efficiente des ressources.

Cependant, des efforts seront nécessaires dans lesecteur de l’éducation. Les niveaux d’études restentfaibles, surtout à l’université (Maurice est classé 90e pource critère), de même que les dépenses d’éducation, et laqualité du système éducatif est jugée médiocre. Outre cescarences dans le secteur de l’éducation, Maurice doitremédier à celles de son marché du travail, qui sontimputables à une législation trop stricte pour lesembauches et les licenciements (110e) et à un manque desouplesse dans la fixation des salaires (118e). De plus,l’état de santé de la main-d’œuvre, en particulier la forteprévalence du VIH/sida, suscite des préoccupations.Enfin, Maurice devra s’attacher à améliorer la stabilité deson environnement macro-économique (117e) : sondéficit budgétaire actuel relègue le pays à la 115e place,en raison d’une dette publique substantielle et de tauxd’intérêt élevés.

Le Maroc a reculé de neuf places cette année, à la73e, en raison de la dégradation des performances danstoute l’Afrique du Nord. La montée de l’insécurité et ladétérioration de la qualité de son système éducatifcontribuent à la baisse de la compétitivité de ce pays. Enrevanche, l’environnement macro-économique, qui esttraditionnellement l’un des points faibles du Maroc,s’améliore grâce aux efforts louables que déploie l’Étatpour endiguer l’inflation, maîtriser ses dépenses etrationaliser le recouvrement de l’impôt11. Le pays disposeen outre d’un cadre de réglementation propice àl’activité des entreprises et à l’entreprenariat : il est classéà la 19e et à la 22e place pour le nombre de démarches etpour le délai qui sont nécessaires à la création d’uneentreprise. En même temps, la rigidité de son marché dutravail, qui obtient un score très faible (128e), continuede peser fortement sur sa compétitivité.

La Namibie a progressé de neuf places et se classe80e cette année, avec des améliorations pour nombre desaspects mesurés par le GCI. La qualité de ses institutions(42e) est l’un de ses points forts. Les droits de propriétésont bien protégés (25e) et le pouvoir judiciaire est jugéindépendant (22e). Dans les entités privées, les normesd’audit et de comptabilité sont de qualité et les intérêtsdes actionnaires minoritaires bien protégés. La solidité del’environnement institutionnel du pays contribue à unegestion macro-économique responsable. Le budgetpublic est resté excédentaire entre 2006 et 2007, ce qui aallégé nettement la dette namibienne, même sil’inflation, en hausse, demeure élevée par rapport auxniveaux internationaux (la Namibie est classée 83e pourcet indicateur). La qualité de l’infrastructure nationale, etsurtout de l’infrastructure de transport (33e), estexcellente au regard des performances régionales.

En revanche, les indicateurs de santé et d’éducationde la Namibie suscitent des inquiétudes, reléguant le pays

à la 124e place dans ces deux domaines. La Namibie secaractérise par une forte mortalité infantile et une faibleespérance de vie (bien qu’en progression). Cette situationest due, en grande partie, au taux de prévalence élevé duVIH/sida et du paludisme (respectivement au 130e et au129e rang), ainsi qu’à l’impact de la tuberculose (2e sur134 pays). Par ailleurs, les niveaux d’études restent bas,avec des taux d’inscription dans l’enseignement primaire,secondaire et supérieur qui classent le pays,respectivement, à la 114e, à la 103e et à la 112e place. Laqualité du système éducatif est considérée comme lamoins bonne de tous les pays mesurés par l’indice(114e rang dans le classement général), malgré le niveauélevé des dépenses publiques d’éducation par habitant.Qui plus est, les marchés des produits de la Namibiepâtissent d’un certain nombre de distorsions, notammentdu long délai nécessaire à la création d’une entreprise(99 jours, ce qui relègue le pays à la 122e place pour cecritère), de l’inefficacité de la politique de la concurrenceet du peu de cas que les entreprises font des clients.Enfin, il faudrait que ce pays redouble d’efforts pouradopter les nouvelles technologies qui lui permettraientde relever sa compétitivité. Pour l’heure, ses entreprisessont jugées peu enclines à utiliser les nouvellestechnologies, et le taux de pénétration de la téléphoniemobile et d’Internet, notamment, reste faible.

Cette année, l’Égypte est classée 81e, soit un reculde quatre places en un an. Malgré quelques progrès,l’instabilité macro-économique reste une préoccupationmajeure pour les autorités nationales et explique le trèsfaible score (125e) obtenu par le pays pour cet aspect.L’ampleur de la dette publique, l’inflation à deux chiffreset un déficit budgétaire toujours élevé, bien qu’en baisse,continuent de peser sur l’environnement macro-économique, même si la gestion budgétaire s’améliore12.De plus, l’efficience du marché du travail est faible parrapport aux niveaux internationaux, ce qui relèguel’Égypte à la dernière place parmi les 134 pays étudiés.Dans ce contexte, les coûts de licenciement (119e), lafuite des cerveaux massive (129e) et les postesd’encadrement confiés aux amis ou à la famille (124e)constituent les points les plus faibles du pays.

Dans le même temps, l’Égypte encourage davantagequ’auparavant l’ouverture à la technologie (84e), même sile taux de pénétration accru des dernières technologies,notamment d’Internet, de la micro-informatique et de latéléphonie mobile n’est pas suffisant pour permettre à cepays de progresser dans le classement, d’autant qued’autres pays enregistrent des progrès plus rapides. Sil’Égypte veut continuer à tirer parti de la technologiedisponible dans le monde, elle devra moderniser sesétablissements d’enseignement, qui restent mal notés(124e).

Classée 91e, la Libye perd trois places en un an. Sasituation macro-économique est l’une des plus favorablesau monde, grâce à l’essor des exportations

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d’hydrocarbures (6e), et l’ampleur de son excédentbudgétaire public et la faiblesse de sa dette contribuent àce bon score. Cependant, la montée des tensionsinflationnistes menace cette stabilité macro-économique.Malgré des taux de scolarisation globalement satisfaisants,ce pays doit repenser ses programmes d’enseignementpour mieux les adapter aux besoins actuels del’économie : la qualité du système éducatif est l’une desplus faibles de tous les pays étudiés (121e). La qualité del’infrastructure est également jugée désastreuse, toutparticulièrement en ce qui concerne le transport aérien(126e), les ports (110e) et les routes (116e). Dans cecontexte, pour devenir plus compétitif, le pays devrainvestir sa manne pétrolière dans des améliorationsstructurelles, et, notamment, moderniser son systèmeéducatif et son infrastructure de transport.

Malgré les graves troubles politiques et sociaux quiont fait suite aux élections de l’année dernière et dévastéle pays, le Kenya (93e au classement général) a gagnésix places cette année, avec des points forts qui sonthabituellement ceux des pays plus développés. Ainsi, ilobtient un score impressionnant (42e) pour sa capacitéd’innovation, grâce au niveau élevé des dépenses deR&D de ses entreprises et à la qualité de ses instituts derecherche scientifique qui coopèrent dans de bonnesconditions avec les entreprises. Ce potentiel d’innovationest appuyé par un système éducatif apprécié pour saqualité (33e), même si les taux de scolarisation de lapopulation sont relativement faibles par rapport à ceuxobservés dans la plupart des autres pays (à la 116e placedans le primaire, à la 108e dans le secondaire et à la 126e

dans l’enseignement supérieur). L’économie estégalement soutenue par des marchés financiers qui,d’après les critères internationaux, sont sophistiqués(44e), avec un accès relativement aisé au crédit et desémissions d’actions assez aisées à la Bourse locale.

Néanmoins, le Kenya souffre de plusieurs lacunesdans des domaines essentiels, qui érodent son potentielcompétitif global. Ainsi, ses institutions publiques restentconsidérées comme nettement inefficientes (100e), enraison d’abus d’influence (111e) et d’une forte corruption(101e). En outre, l’insécurité est extrêmementpréoccupante dans ce pays particulièrement touché par ladélinquance et la violence (126e), les menaces terroristes(129e) et le crime organisé (118e). L’état de santé de lapopulation suscite, lui aussi, de profondes inquiétudes(117e) : le taux de prévalence des maladies (tuberculoseet VIH/sida, surtout) est l’un des plus élevés(respectivement 124e et 125e) de tous les pays étudiés,d’où une espérance de vie de seulement 53 ans.

Le Nigeria est classé 94e cette année. Son principalatout reste son environnement macro-économique (26e),avec une manne pétrolière qui contribue à d’importantsexcédents budgétaires publics (bien qu’en diminution) età un taux d’épargne national élevé. De plus, l’inflationdécroît depuis quelques années dans ce pays, même si

elle est encore très forte par rapport aux niveauxinternationaux. Le Nigeria bénéficie également d’unmarché intérieur relativement vaste, qui permet deséconomies d’échelle, et de marchés financierssophistiqués au regard des pratiques régionales (54e).

D’un autre côté, le GCI montre que l’économienigériane se caractérise par des institutions peu solides etdont l’état se dégrade (elles sont classées à la 106e place,alors qu’elles occupaient le 87e rang en 2006). Le payssouffre notamment d’un grave problème d’insécurité(125e) et d’infrastructures médiocres (120e), ainsi qued’un système d’enseignement et de santé peu performant(126e). Qui plus est, il ne maîtrise pas les technologies lesplus récentes, ce qui l’empêche de réaliser des gains deproductivité, comme en témoigne la faible pénétrationdes TIC. Les classements indiquent qu’à ce jour, leNigeria n’a pas saisi les opportunités liées à la mannepétrolière pour élargir l’accès de sa population aux soinset à l’enseignement de base, ou pour améliorer d’autresaspects, tels que son infrastructure. Le pays doit toutefoisimpérativement s’acheminer dans cette direction pourjeter les bases d’une croissance durable.

Classée 99e, l’Algérie a reculé de 18 places et c’estle pays d’Afrique du Nord qui affiche les plus faiblesperformances. Malgré une croissance économiquevigoureuse, qui a atteint, en moyenne, 4,8 pour cent paran sur 2003-200713 et une certaine stabilité macro-économique, les entreprises jugent l’environnement localplus difficile aujourd’hui que ces dernières années,surtout en ce qui concerne les institutions publiques, lesentités privées et la capacité d’innovation. La confiancedans la classe politique s’érode, car les chefs d’entreprisefont état d’une dégradation du cadre institutionnel et dela sécurité, déjà précaire14. Outre la modernisation desinstitutions, l’amélioration de la compétitivité du payspassera par des réformes du marché du travail, l’un desplus rigides au monde (132e), et par la restructurationd’un système financier inefficient et instable (132e). Lesréformes du marché du travail pourraient égalementaméliorer la sécurité en créant davantage d’emplois pourle nombre croissant de jeunes au chômage qui ont unniveau d’études relativement élevé.

La Tanzanie n’a pas pu devenir plus compétitiveces dernières années. Sa situation s’est même détériorée :le pays était classé 97e (sur 122) en 2006, 104e (sur 131)en 2007 et, cette année, 113e sur 134. La Tanzaniedispose néanmoins d’atouts dans certains domaines.Ainsi, grâce à la taille de son marché, qui est vaste parrapport à ceux de la région, les entreprises peuvent yréaliser des économies d’échelle. Pour ce qui est desinstitutions publiques, la population fait raisonnablementconfiance à la classe politique (60e), le degréd’indépendance du pouvoir judiciaire est assez satisfaisant(66e) et les dépenses publiques sont jugées plutôtefficientes (56e), surtout au regard des performancesrégionales. De plus, certains aspects du marché du travail

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apparaissent efficients, notamment la forte participationdes femmes à la population active (4e) et le niveauraisonnable des coûts de main-d’œuvre non salariaux.

Cependant, la Tanzanie est mal placée dans laplupart des autres domaines mesurés par notre indice.Son infrastructure est sous-développée (118e), avec desroutes, des ports et une fourniture d’électricité de qualitémédiocre, et peu de lignes téléphoniques. Seulel’infrastructure ferroviaire obtient un score légèrementmeilleur (79e). Enfin, même si le taux d’inscription dansl’enseignement primaire est remarquablement élevé et enprogression dans le secondaire et à l’université, il restel’un des plus bas au monde (respectivement 134e et130e). De surcroît, la qualité du système éducatif estjugée médiocre. L’état de santé de la population activesuscite, elle aussi, des inquiétudes : les indicateurssanitaires ne sont pas bons et certaines maladies, tellesque la tuberculose, le paludisme et le sida, sont trèsrépandues. D’une manière générale, le pays doit doncs’attacher à améliorer la qualité de son capital humain.

La Tanzanie doit aussi s’employer à améliorerl’efficience de ses marchés, en particulier de ses marchésde produits (111e), où la concurrence locale est trèslimitée et où la création d’une entreprise nécessite demultiples formalités administratives. Étant donné le basniveau d’études de la population active, le tauxd’adoption des nouvelles technologies est peu élevé(117e) : la pénétration des TIC (Internet et téléphoniemobile, notamment) est très faible et les entreprisestanzaniennes ne sont pas jugées particulièrement enclinesà recourir aux technologies les plus récentes pour réaliserdes gains de productivité. Des améliorations dans cesdomaines placeraient ce pays dans une situation plusfavorable pour relever sa productivité et parvenir à unecroissance durable.

Le Zimbabwe continue à faire partie deséconomies les moins compétitives dont les performancessont mesurées par le GCI. Il est en effet classé 133e sur134 pays, et il était 129e dans le Rapport précédent, soitun recul d’une place par rapport à un échantillonconstant. Son environnement institutionnel est considérécomme le plus défavorable de tous les pays étudiés :droits de propriété inexistants (134e position, la dernièredu classement), forte corruption (130e), manqued’impartialité de l’État dans ses relations avec lapopulation (129e) et inefficacité globale des pouvoirspublics (130e). En raison de la gestion désastreuse de sesfinances publiques et de sa politique monétaire, leZimbabwe reste, une fois de plus, dernier du classementen ce qui concerne la stabilité macro-économique(134e), avec un déficit budgétaire considérable, et qui secreuse, une épargne nationale insignifiante et unehyperinflation galopante, qui a atteint un niveau sansprécédent. Son économie se caractérise aujourd’hui parl’incurie et par des lacunes dans tous les domaines, ycompris la santé (128e) et l’éducation (faible taux de

scolarisation), et ses marchés officiels ont cessé de remplirleur fonction (surtout ceux des produits et du travail,classés respectivement 133e et 127e).

ConclusionsCe chapitre a présenté et analysé les résultats de 31 paysd’Afrique, mesurés d’après l’indice de compétitivité(GCI) établi par le Forum économique mondial. Ildonne ainsi une vue d’ensemble de la diversité desfacteurs, des institutions et des politiques qui influent surla productivité et la prospérité de ces économies. Claireet logique, la structure du GCI permet d’identifier lesaxes prioritaires des réformes nécessaires en évaluant lespoints forts et les points faibles des différents pays entermes de compétitivité, ainsi que les principaux freins audéveloppement économique.

Ces résultats révèlent, bien sûr, des performancestrès variables. Ainsi, certains pays, tels que l’Afrique duSud, le Botswana, Maurice et la Tunisie, ont largementréussi à se doter d’une grande partie des facteurs quifavorisent le développement économique. Néanmoins,de nombreux freins à la compétitivité subsistent dans laplupart des autres pays d’Afrique, notamment le sous-développement de l’infrastructure, les déficiences dusystème éducatif et de santé et les inefficiences desmarchés. Étant donné la crise économique actuelle, lesproblèmes liés au financement et au commerce se posentavec une acuité particulière. Ces thèmes sont explorés demanière plus approfondie dans les chapitres 1.2, 1.3 et1.5. Le chapitre 1.4 se penche sur les sources de créationde richesse en examinant la compétitivité au niveau desentreprises. Il étudie en détail l’incidence des coûts deproduction sur la productivité, ce qui rend très concretsles aspects analysés dans les chapitres précédents. Leschapitres 1.3 et 1.6 présentent plusieurs études de cas quimettent en lumière les principaux enseignements tiréspar les pays performants et qui peuvent servir d’exemplesde réformes fructueuses en Afrique.

À l’heure où le monde est aux prises avec la crisefinancière la plus grave depuis celle de 1929, il sembleraisonnable, et même impératif, de concentrer les effortssur le rétablissement de la confiance dans le marché.Pourtant, en ces temps difficiles, il serait périlleux que lesdirigeants africains négligent la grande diversité desfacteurs autres que les marchés financiers sur lesquels sefonde à plus long terme la réussite économique d’unpays. Les pays qui ont trouvé la combinaison gagnanteseront les mieux à même d’affronter la tempêteéconomique actuelle, et en sortiront plus puissants, plusproductifs et plus compétitifs.

Bien qu’une amélioration de la réglementation et dela surveillance du secteur financier soit probablementnécessaire dans beaucoup de pays, une dégradationgénérale de l’extraordinaire capacité des marchés à créerde la richesse et de la prospérité aurait des effetsdésastreux si elle amenait les dirigeants africains à négliger

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d’autres aspects fondamentaux et à revenir sur lesréformes structurelles destinées à injecter davantage deflexibilité et de concurrence sur les marchés du travail,des produits et des services. Après de longues années decroissance négative, les économies d’Afriquesubsaharienne ont commencé à enregistrer une certainecroissance au milieu des années 1990. La timideouverture des marchés dans les pays d’Afrique post-communistes ou sortant d’un conflit armé a été associée àune croissance positive ces 12 dernières années. Cetteévolution encourageante s’est traduite par un recul sansprécédent de la pauvreté. Une remise en cause mondialede l’ouverture des marchés pourrait mettre brutalementfin à ce processus, ce qui aurait des conséquencescatastrophiques pour toute la région.

Les travaux que le Forum économique mondialconsacre au thème de la compétitivité ont pour objectifde constituer une plateforme propice à un dialogue entrel’État, les entreprises et la société civile, de façon àencourager des réformes visant à accroître la productivitédans l’optique d’améliorer les niveaux de vie. Nousespérons que ce Rapport conjoint procurera à cette fin unoutil utile aux Africains, et que ces débats soutiendrontdes réformes cruciales pour la compétitivité de cecontinent.

Notes1 D’après la base de données de la CNUCED sur les

investissements directs étrangers, le stock d’IDE est passé de202 à 393 milliards de dollars des États-Unis entre 2003 et 2007.Les chiffres sont disponibles sur : http://www.unctad.org/Templates/Page.asp?intItemID=3199&lang=1.

2 FMI, 2009.

3 Comme l’a fait observer à juste titre un membre du comité delecture, la compétitivité et le développement durable dépendrontaussi de la capacité des pays à résister aux chocs affectant lademande (et les prix), tels que celui que connaît actuellementl’Afrique. Cette région doit donc diversifier son économie enélargissant l’éventail de ses produits et de ses marchés.

4 L’indice de compétitivité mondiale (GCI) a été élaboré pour leForum économique mondial par Xavier Sala-i-Martin et ElsaV. Artadi, en collaboration avec l’équipe du réseau sur lacompétitivité mondiale (Global Competitiveness Network). Il a étéintroduit pour la première fois dans le Rapport sur la compétitivitémondiale 2004-2005.

5 Les données ont été sélectionnées par stratification aléatoire,d’après la taille de l’entreprise et le secteur économique. Cellesrecueillies auprès des répondants ont été soumises à des règlesde contrôle prudentes. La première règle de contrôle a consisté àexclure les enquêtes affichant un taux d’achèvement inférieur à50 pour cent, car les enquêtes partiellement achevées sontprobablement insuffisamment ciblées. Ensuite, les données ontfait l’objet d’une analyse multidimensionnelle des observationsaberrantes, à l’aide de la distance de Mahalanobis, qui déterminela représentativité de chaque enquête, compte tenu del’échantillon global des réponses aux différentes enquêtesmenées dans le pays concerné, et permet d’éliminer les valeurs àl’évidence aberrantes. On trouvera des informationssupplémentaires sur l’enquête d’opinion auprès des chefsd’entreprise dans le chapitre 2.1 du Rapport sur la compétitivitémondiale 2008-2009, disponible sur http ://www.weforum.org.

6 Certaines restrictions ont été appliquées aux coefficients estimés.Ainsi, les trois coefficients correspondant à chaque stade dedéveloppement ont été additionnés, et toutes les pondérationsdevaient être non négatives.

7 Pour mesurer l’intensité d’utilisation des ressources d’uneéconomie donnée, nous estimons la part des exportations deproduits miniers dans le total des exportations, d’après laclassification des secteurs sur laquelle s’appuie l’indice deséchanges élaboré par le Centre du commerce international. Outrele pétrole brut et le gaz, cette catégorie englobe tous les mineraismétalliques et autres produits miniers, ainsi que les produitspétroliers, le gaz liquéfié, le charbon et les pierres précieuses. Ontrouvera des informations supplémentaires sur ces données àl’adresse http ://www.intracen.org/menus/countries.htm. Onestime que tous les pays où les produits miniers représentent plusde la moitié des exportations se trouvent, dans une certainemesure, dans une phase où leur développement est tiré par lesfacteurs. Le stade de développement de tels pays est ajusté à labaisse en fonction de la proportion exacte de leurs exportations deproduits miniers. Plus la part de ces exportations est importante,plus le pays s’approchera du stade 1. Ainsi, un pays dont 95 pourcent des exportations sont des matières premières et qui selon lecritère de revenus serait au stade 3, sera classé en transition entreles stades 1 et 2. Les critères de revenus et d’exportations sontd’égale importance. Les stades de développement sont fonctiondes seuls revenus du pays uniquement pour ceux dont moins dela moitié des exportations est constituée de matières premières.Les pays qui n’exportent que des matières premières entrentautomatiquement dans le stade « tiré par les facteurs deproduction » (stade 1).

8 La moyenne ASEAN inclut des données relatives à tous les paysmembres pour lesquels on dispose de chiffres. C’est le cas duBrunei Darussalam, du Cambodge, de l’Indonésie, de la Malaisie,des Philippines, de Singapour, de la Thaïlande et du Vietnam.

9 La moyenne Amérique latine/Caraïbes inclut des données relativesaux pays suivants : Argentine, Barbades, Bolivie, Brésil, Chili,Colombie, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Guyane, Honduras,Jamaïque, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, PuertoRico, République dominicaine, Salvador, Suriname, Trinité-et-Tobago, Uruguay et Venezuela.

10 Dans ce chapitre, nous prenons comme base de comparaison lesrésultats du GCI de l’année précédente, publiés dans le Rapportsur la compétitivité mondiale 2007-2008.

11 Centre de développement de l’OCDE, Perspectives économiquesen Afrique 2008 – Maroc, disponible à l’adresse suivante :http ://www.oecd.org/dataoecd/13/8/40578273.pdf.

12 FMI, 2007.

13 FMI, 2009.

14 The Economist, 2008.

Bibliographie

Chen, S. and M/ Ravallion. 2007. “Absolute Poverty Measures for theDeveloping World, 1981–2004.” World Bank Policy ResearchWorking Paper No. 4211, April. Available online at:http://www-wds.worldbank.org/external/default/WDSContentServer/WDSP/IB/2007/04/16/000016406_20070416104010/Rendered/PDF/wps4211.pdf

The Economist. 2008. “Not Again, Please : Islamists Linked to al-QuaedaMay be Reviving their Campaign in the Maghreb.” August 21.

IMF (International Monetary Fund). 2007. Article IV consultation withEgypt. Staff Report. December 13.

. 2008. World Economic Outlook Database. October.

. 2009. World Economic Outlook Database. April.

World Economic Forum. 2008 The Global Competitiveness Report 2008-2009. Geneva : World Economic Forum.

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Annexe A : Composition de l’indice de compétitivité mondiale (GCI) 2008-2009

Cette annexe détaille la composition de l’indice de com-pétitivité mondiale (Global Competitivity Index – GCI)2008-2009.

Les variables sont numérotées comme sur les tablesde données du Rapport sur la compétitivité mondiale 2008-2009. Le numéro qui précède la période indique à quelpilier la variable correspond (par exemple, la variable1.01 fait partie du 1er pilier, la variable 12.04 relève du12e pilier).

Les indicateurs objectifs utilisés dans le GCI sontnormalisés sur une échelle allant de 1 à 7, ce qui permetde les aligner sur les résultats de l’enquête auprès des diri-geants d’entreprisea. La section Profils de compétitivitédu présent rapport donne des informations techniquesdétaillées et les sources de tous les indicateurs utilisésdans le cadre de l’enquête et de tous les indicateursobjectifs.

Les variables suivies de la mention « 1/2 » sont inté-grées dans le GCI en deux endroits différents. Pour évi-ter de les décompter deux fois, nous leur assignons unedemi-pondération à chaque fois, en divisant leur valeurpar 2 lors du calcul du score global pour les deux catégo-ries dans lesquelles elles apparaissentb.

Le pourcentage indiqué pour chaque catégorie cor-respond à la pondération de cette catégorie pour le pilierconsidéré. Le calcul du GCI repose sur des agrégationssuccessives des scores, depuis chaque variable (le niveaule plus bas) jusqu’au score global (le niveau le plus haut),à l’aide des pondérations indiquées ci-dessous. Par exem-ple, le score obtenu par un pays pour le 9e pilier repré-sente 17 pour cent du score de ce pays dans le sous-indice Sources d’efficience. De même, le score obtenu pourle sous-pilier Réseaux et entreprises de base représente50 pour cent du score obtenu pour le 11e pilier. Lespourcentages indiqués sont arrondis au nombre entier leplus proche, mais ce sont les chiffres exacts qui sont utili-sés pour le calcul du GCI.

Contrairement aux niveaux d’agrégation inférieurs,la pondération de chacun des trois sous-indices (Paramè-tres de base, Sources d’efficience et Sources d’innovationet de sophistication) n’est pas fixe. Elle dépend du stadede développement de chaque pays, comme expliqué dansle corps du texte. Ainsi, dans le cas du Bénin, pays qui setrouve actuellement au stade « tiré par les facteurs », lescore obtenu pour le sous-indice Paramètres de base repré-sente 60 pour cent du score GCI global de ce pays, alorsque ceux-ci représentent un peu moins de 40 pour centdu score GCI global de l’Afrique du Sud, pays qui en est,lui, au stade de développement « tiré par l’efficience ».

Pondération (%)dans la catégorie globale

PARAMÈTRES DE BASE

1er pilier : Institutions ..................................................25 %

A. Institutions publiques .......................................................75 %

1. Droits de propriété ...................................................................20 %1.01 Droits de propriété1.02 Protection de la propriété intellectuelle1/2

2. Éthique et corruption ...............................................................20 %1.03 Détournement de fonds publics1.04 Confiance de la population dans la classe politique

3. Abus d’influence.......................................................................20 %1.05 Indépendance du pouvoir judiciaire1.06 Népotisme dans les décisions des fonctionnaires

4. Inefficacité des pouvoirs publics...........................................20 %1.07 Gaspillage des fonds publics1.08 Poids de la réglementation1.09 Efficacité du cadre juridique1.10 Information sur les politiques publiques

5. Sécurité......................................................................................20 %1.11 Coût du terrorisme pour les entreprises1.12 Coût de la délinquance et de la violence

pour les entreprises1.13 Crime organisé1.14 Fiabilité des services de police

B. Entités privées ...................................................................25 %

1. Éthique des entreprises...........................................................50 %1.15 Éthique des entreprises

2. Reddition de comptes ..............................................................50 %1.16 Qualité des normes d’audit et de communication

financière1.17 Efficacité des conseils d’administration1.18 Protection des intérêts des actionnaires minoritaires

2e pilier : Infrastructure ...............................................25 %

A. Infrastructure générale ....................................................50 %2.01 Qualité de l’infrastructure générale

B. Infrastructure spécifique .................................................50 %2.02 Qualité de l’infrastructure routière2.03 Qualité de l’infrastructure ferroviaire2.04 Qualité de l’infrastructure portuaire2.05 Qualité de l’infrastructure de transport aérien2.06 Sièges-kilomètres disponibles (donnée objective)2.07 Qualité de la fourniture d’électricité2.08 Lignes téléphoniques (donnée objective)

3e pilier : Stabilité macro-économique ....................25 %3.01 Excédent/déficit public (donnée objective)3.02 Taux d’épargne national (donnée objective)3.03 Inflation (donnée objective) d

3.04 Écart de taux d’intérêt (donnée objective)3.05 Dette publique (donnée objective)

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Annexe A : Composition de l’indice de compétitivité mondiale (GCI) 2008-2009 (suite)

4e pilier : Santé et enseignement primaire..............25 %

A. Santé ....................................................................................50 %4.01 Impact du paludisme sur les entreprises e

4.02 Incidence du paludisme (donnée objective) e

4.03 Impact de la tuberculose sur les entreprises e

4.04 Incidence de la tuberculose (donnée objective) e

4.05 Impact du VIH/sida sur les entreprises e

4.06 Prévalence du VIH/sida (donnée objective)4.07 Mortalité infantile (donnée objective)4.08 Espérance de vie (donnée objective)

B. Enseignement primaire ....................................................50 %4.09 Qualité de l’enseignement primaire4.10 Scolarisation dans le primaire (donnée objective)4.11 Dépenses d’éducation (donnée objective) 1/2

SOURCES D’EFFICIENCE

5e pilier : Enseignement supérieur et formation.....17 %

A. Enseignement sous l’angle quantitatif ..........................33 %5.01 Scolarisation dans le secondaire (donnée objective)5.02 Inscriptions dans le supérieur (donnée objective)4.11 Dépenses d’éducation (donnée objective) 1/2

B. Enseignement sous l’angle qualitatif ............................33 %5.03 Qualité du système éducatif5.04 Qualité de l’enseignement mathématique

et scientifique5.05 Qualité des écoles de commerce5.06 Accès à Internet dans les écoles

C. Formation en cours d’emploi ...........................................33 %5.07 Services de recherche et de formation locaux

spécialisés5.08 Formation du personnel

6e pilier : Efficience des marchés des produits......17 %

A. Concurrence .......................................................................67 %

1. Concurrence sur le marché intérieur............................variable f

6.01 Intensité de la concurrence locale6.02 Concentration du marché6.03 Efficacité de la politique de la concurrence6.04 Ampleur et répercussions des prélèvements fiscaux 1/2

6.05 Taux d’imposition total (donnée objective) 1/2

6.06 Nombre de démarches nécessaires à la créationd’une entreprise (donnée objective) g

6.07 Délai nécessaire à la création d’une entreprise(donnée objective) g

6.08 Coût de la politique agricole

2. Concurrence étrangère...................................................variable f

6.09 Prévalence des obstacles aux échanges commerciaux6.10 Droits de douane pondérés par les échanges

(donnée objective)6.11 Prévalence des intérêts étrangers dans le capital6.12 Impact sur les entreprises de la réglementation

sur l’IDE6.13 Poids des procédures douanières

10.04 Importations en pourcentage du PIB(donnée objective)

B. Qualité de la demande .....................................................33 %6.14 Attitude vis-à-vis des clients6.15 Sophistication des acheteurs

7e pilier : Efficience du marché du travail ...............17 %

A. Flexibilité ............................................................................50 %7.01 Coopération dans les relations personnel/employeurs7.02 Souplesse dans la fixation des salaires7.03 Coûts de main-d’œuvre non salariaux (donnée objective)7.04 Rigidité de l’emploi (donnée objective)7.05 Pratiques d’embauche et de licenciement6.04 Ampleur et répercussions des prélèvements fiscaux 1/2

6.05 Taux d’imposition total (donnée objective) 1/2

7.06 Coûts de licenciement (donnée objective)

B. Utilisation efficiente des talents ....................................50 %7.07 Rémunération et productivité7.08 Fiabilité de l’encadrement 1/2

7.09 Fuite des cerveaux7.10 Participation des femmes à la population active

(donnée objective)

8e pilier : Sophistication des marchés financiers..17 %

A. Efficience ............................................................................50 %8.01 Sophistication des marchés financiers8.02 Financement via les Bourses locales8.03 Facilité d’accès aux prêts8.04 Disponibilité du capital-risque8.05 Limitation des flux de capitaux8.06 Protection des investisseurs (donnée objective)

B. Solidité et fiabilité ............................................................50 %8.07 Solvabilité des banques8.08 Réglementation des Bourses des valeurs mobilières8.09 Indice de fiabilité des droits des créanciers

et emprunteurs (donnée objective)

9e pilier : Ouverture à la technologie........................17 %9.01 Disponibilité des technologies les plus récentes9.02 Assimilation de la technologie par les entreprises9.03 Lois relatives aux TIC9.04 IDE et transfert de technologie9.05 Abonnés aux services téléphoniques mobiles

(donnée objective)9.06 Internautes (donnée objective)9.07 Ordinateurs personnels (donnée objective)9.08 Abonnés Internet large bande (donnée objective)

10e pilier : Taille du marché........................................17 %

A. Taille du marché intérieur ...............................................75 %10.01 Indice de la taille du marché intérieur

(donnée objective) h

B. Taille du marché extérieur ..............................................25 %10.02 Indice de la taille du marché extérieur

(donnée objective) i

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Annexe A : Composition de l’indice de compétitivité mondiale (GCI) 2008-2009 (suite)

SOURCES D’INNOVATION ET DE SOPHISTICATION

11e pilier : Sophistication des entreprises ..............50 %

A. Réseaux et entreprises de base .....................................50 %11.01 Nombre de fournisseurs locaux11.02 Qualité des fournisseurs locaux11.03 Niveau de développement des clusters

B. Sophistication des activités et de la stratégiedes entreprises ..................................................................50 %

11.04 Nature de l’avantage concurrentiel11.05 Position dans la chaîne de valeur11.06 Contrôle local de la distribution à l’international11.07 Sophistication des processus de production11.08 Utilisation du marketing11.09 Volonté de déléguer des pouvoirs7.08 Fiabilité de l’encadrement 1/2

12e pilier : Innovation...................................................50 %12.01 Capacité d’innovation12.02 Qualité des établissements de recherche scientifique12.03 Dépenses de R&D des entreprises12.04 Collaboration universités-entreprises pour la recherche12.05 Acquisition publique de technologies avancées12.06 Scientifiques et ingénieurs travaillant dans le pays12.07 Brevets d’invention (donnée objective)1.02 Protection de la propriété intellectuelle 1/2

Notesa. La formule utilisée pour normaliser les données objectives est la

suivante :

6 × (valeur pour le pays – minimum de l’échantillon)

(maximum de l’échantillon – minimum de l’échantillon)+ 1

Le minimum et le maximum de l’échantillon sont, respectivement,la valeur la plus faible et la plus élevée constatées sur l’ensemblede l’échantillon. Il est parfois nécessaire de procéder à desajustements pour tenir compte de valeurs extrêmes. Pour lesdonnées des variables objectives pour lesquelles une valeurélevée indique une mauvaise performance (incidence desmaladies ou dette publique, par exemple), nous recourons à uneformule de normalisation qui non seulement normalise la série dedonnées sur un intervalle 1-7, mais l’inverse aussi, de sorte que 1et 7 continuent de correspondre, respectivement, à la plusmauvaise et à la meilleure performance :

– 6 × (valeur pour le pays – minimum de l’échantillon)

(maximum de l’échantillon – minimum de l’échantillon)+ 7

b. Pour les groupes de variables qui incluent une ou plusieursvariables semi-pondérées, les valeurs relatives aux différents payssont calculées comme suit :

(somme des valeurs pour les variables intégralement pondérées)+ ½ × (somme des valeurs pour les variables semi-pondérées)

(total des variables intégralement pondérées+ ½ × (total des variables semi-pondérées)

c. Les pondérations sont les suivantes (voir le corps du présentchapitre)

Pondérations

Développementtiré par lesfacteurs

(coefficient depondération)

Développementtiré par

l’efficience(coefficient depondération)

Développementtiré par

l’innovation(coefficient depondération)

Paramètres de base 60 40 20

Sources d’efficience 35 50 50

Sources d’innovation 5 10 30

d. Afin de souligner qu’une inflation forte est tout autant préjudiciableque la déflation, le modèle intègre l’inflation dans le modèle sousla forme d’une courbe en U, comme suit : dans le cas d’uneinflation comprise entre 0,5 et 2,9 pour cent, le pays reçoit un 7, lameilleure note. Hors de cet intervalle, les scores diminuent demanière linéaire à mesure que l’on s’en éloigne.

e. L’impact du paludisme, de la tuberculose et du VIH/sida sur lacompétitivité dépend non seulement du taux d’incidence de cesmaladies, mais également de leur coût pour l’entreprise. C’estpourquoi, afin d’estimer l’impact économique, nous combinons letaux d’incidence et le coût perçu pour les entreprises qui ressortde l’enquête. À cette fin, nous divisons l’incidence dans le paysconsidéré par l’incidence dans le pays le plus touché, sur toutl’échantillon. Nous multiplions ensuite l’inverse de ce rapport parle score obtenu par chaque pays à la question correspondante del’enquête. Ce produit est ensuite normalisé sur un intervalle de 1 à7. Remarquons que les pays à incidence nulle obtiennent un scorede 7 quel que soit celui qui émane de l’enquête.

f. Le sous-indice concurrence est la moyenne pondérée dedeux composantes : la concurrence sur le marché intérieur et laconcurrence étrangère. Les variables incluses dans ces deuxcomposantes donnent une idée des distorsions de la concurrence.L’importance relative de ces distorsions dépend de l’ampleurrelative de la concurrence sur le marché intérieur par rapport à laconcurrence étrangère. Cette interaction entre le marché local etle marché étranger est prise en compte par la façon dont nousdéterminons les pondérations des deux composantes : laconcurrence sur le marché intérieur est la somme de laconsommation (C), de l’investissement (I), des dépenses de l’État(G) et des exportations (X), tandis que la concurrence étrangèreest égale aux importations (M). Nous assignons donc unepondération de (C+I+G+X)/(C+I+G+X+M) à la concurrence sur lemarché intérieur, et de M/(C+I+G+X+M) à la concurrenceétrangère.

g. Les variables 6.06 et 6.07 sont combinées en une variable unique.

h. Nous définissons la taille du marché intérieur en prenant lelogarithme naturel de la somme du produit intérieur brut (PIB) enparités de pouvoir d’achat (PPA), auquel nous ajoutons la valeurtotale (estimations en PPA) des importations de biens et deservices, déduction faite de la valeur totale (estimations en PPA)des exportations de biens et de services. Nous normalisonsensuite les données sur un intervalle de 1 à 7. Nous obtenons lesestimations en PPA des importations et des exportations enprenant le produit des exportations en pourcentage du PIB et duPIB en PPA. Les données sous-jacentes sont présentées dans lestables de données.

i. Nous estimons la taille du marché étranger en tant que logarithmenaturel de la valeur totale (estimations en PPA) des exportationsde biens et de services, normalisé sur un intervalle de 1 à 7. Nousobtenons les estimations en PPA des importations et desexportations en prenant le produit des exportations enpourcentage du PIB et du PIB en PPA. Les données sous-jacentessont présentées dans les tables de données.

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CHAPITRE 1.2

Le secteur financieren Afrique :avancées et défisTHORSTEN BECK, Université de Tilburg et Centre for Economic Policy

Research (CEPR)

MICHAEL FUCHS, Banque mondiale

MARILOU UY, Banque mondiale

L’espoir est de mise concernant le secteur financierafricain. Les systèmes financiers de ce continent ontgagné en profondeur, en efficience et en stabilité depuisquelques années. Si la crise mondiale touche autantl’Afrique subsaharienne que les autres pays endéveloppement, même si c’est plus par le biais del’économie réelle que du secteur financier, ce dernier estaujourd’hui mieux à même de résister à crise mondialequ’il ne l’était par le passé et peut aider les pays àatténuer les conséquences de cette crise. Néanmoins,l’intégration croissante de l’Afrique à l’économiemondiale via les flux de capitaux et l’investissementdirect étranger dans le secteur financier pose denouveaux défis aux décideurs et montre combien ilimporte que les politiques publiques relatives à ce secteursoient bien pensées.

Ce chapitre traite des tendances récentes dessystèmes financiers africains et s’intéresse plusparticulièrement à deux questions primordiales bien quecontroversées : le rôle de l’État et celui des banquesétrangères. Les débats y afférents ont profondémentévolué au cours des dernières décennies. Dans les années1960 et 1970, on considérait qu’il était nécessaire quel’État se substitue au marché ; dans les années 1980 et1990, on est passé à une approche de quasi-laissez-faire,axée sur la libéralisation et la privatisation, avant derevenir à un rôle plus actif de l’État, mais toujoursdifférent, au cours des dix dernières années. De même,l’attitude à l’égard de l’intégration aux marchés financiersmondiaux a profondément changé au cours des dernièresdécennies et sera certainement influencée par la crisemondiale actuelle. Certains pays ont tout essayé :nationalisation des banques étrangères dans les années1960 et 1970, puis privatisation des banques publiques enfaillite, puis banques internationales dans les années 1990.Le profil des banques étrangères en Afrique a néanmoinsévolué, comme nous le verrons plus loin.

Les politiques publiques pour le secteur financiersont devenues une pièce maîtresse du débat sur lesmesures permettant de promouvoir la croissance dans lespays à faible revenu et de réduire le taux de pauvreté. Aucours des 15 dernières années, les résultats obtenus avecdifférents niveaux d’agrégation et diverses méthodesattestent de l’effet positif du développement du secteurfinancier sur la croissance d’un pays1. C’estprincipalement en améliorant l’allocation des ressourceset la croissance de la productivité que le secteur financier

Thorsten Beck est professeur d’économie à l’Institut de recherche écono-mique de l’Université de Tilburg (CentER), président de l’European Ban-king Center, Université de Tilburg, et chercheur au CEPR à Londres.Michael Fuchs et Marilou Uy sont chef économiste et directeur de secteurau département de la finance et du secteur privé en Afrique subsaha-rienne (Finance and Private Sector Development Department Sub-Saharan Africa) de la Banque mondiale. Nous tenons à remercier EdAl-Hussainy pour son aide précieuse dans les recherches. Les constats,interprétations et conclusions de cet article sont ceux des auteurs et nereflètent pas nécessairement l’opinion de la Banque mondiale, de sesdirecteurs exécutifs ou des pays qu’ils représentent.

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aide les économies à prospérer2. Son approfondissementdu secteur financier aide en particulier les secteurs quidépendent plus que d’autres des financementsextérieurs3. Il permet également de réduire les obstaclesfinanciers, surtout pour les petites entreprises4. Iltransforme donc les économies, en en façonnant lastructure industrielle, la taille et même les structuresorganisationnelles des entreprises5. Les comparaisonsentre les pays montrent également que cetapprofondissement du secteur financier a un effetfavorable pour les pauvres6 : la part de revenu du quintilele plus pauvre progresse plus vite, et le niveau depauvreté des pays dont le secteur financier est profondrégresse plus rapidement.

Après une décennie de réformes macro-économiques et financières, le manque de profondeur dusecteur financier africain est inquiétant, en particulierétant donné le potentiel que ce secteur renferme pourencourager la croissance économique et atteindrel’Objectif du millénaire pour le développement quiconsiste à diviser par deux le niveau de pauvreté d’ici2015. On constate cependant des tendances et desévolutions prometteuses. La section suivante présentel’état actuel du secteur financier en Afrique et certainesde ces tendances positives. Les troisième et quatrièmesections sont axées sur deux aspects critiques : le rôle del’État dans l’approfondissement et l’élargissement dessystèmes financiers en Afrique et le rôle des banquesétrangères. La dernière section conclut et donne desperspectives.

Le secteur financier africain : une progression qui partd’un bas niveauÉtant donné l’importance centrale de la finance pour ledéveloppement économique et la réduction de lapauvreté, la superficialité du secteur financier africain estalarmante. Les systèmes financiers africains sont petits,tant en valeur absolue que relative. Les graphiques 1 et 2présentent respectivement le ratio des engagements àcourt terme sur le PIB et le logarithme des engagementsà court terme en dollars des États-Unis, à l’aide dedonnées pour 2007. À quelques exceptions près(Maurice, Afrique du Sud et quelques centres financiersoffshore), les systèmes financiers africains font partie desplus petits au monde, tant en valeur absolue que parrapport à l’activité économique. Avec un total d’actifssouvent inférieur à un milliard de dollars, nombred’entre eux sont plus petits qu’une banque de taillemoyenne en Europe continentale. La petite taille estsynonyme de productivité faible et de pénurie descompétences, elle empêche les banques de réaliser deséconomies d’échelle et risque en outre de les dissuaderd’investir massivement dans la technologie. De plus, lessystèmes financiers africains se caractérisent par un rayond’action très limité : moins d’un ménage sur cinq a accèsà un service bancaire formel, qu’il s’agisse d’épargne, depaiements ou de crédit (graphique 3). Ils diffèrent nonseulement avec ceux de l’Europe continentale, où l’accèsà un compte chèques est tenu pour acquis, mais aussiavec d’autres régions du monde en développement, où letaux de pénétration se situe généralement entre 30 et50 pour cent. Cependant, la faiblesse de ces chiffres

Graphique 1 : Ratio des engagements à court terme sur le PIB

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Afrique subsaharienne Autres

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Source : Beck et Demirgüç-Kunt, 2009.Note : L’échantillon se compose de 161 pays ; les données se rapportent à 2007. Une barre représente un pays ; les pays d’Afrique subsaharienne sont notés en bleu.

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Graphique 2 : Taille en valeur absolue des systèmes financiers de différents pays

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Pays

Afrique subsaharienne Autres

Source : Beck et Demirgüç-Kunt, 2009.Note : L’échantillon se compose de 133 pays ; les données se rapportent à 2007. Les engagements à court terme sont calculés en logarithmes de millions de dollars. Une barre

représente un pays ; les pays d’Afrique subsaharienne sont notés en bleu.

Graphique 3 : Accès des ménages aux services financiers dans le monde

Proportion des ménages> 80 60-8040-6020-40 < 20

Source : Banque mondiale, 2007a.Note : Les données se rapportent à 2003-2004 et représentent le pourcentage de ménages ayant accès à un compte financier.

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masque des variations intrarégionales : la pénétrationbancaire dépasse 40 pour cent en Afrique du Sud, maisreste inférieure à 20 pour cent dans la plupart des paysd’Afrique de l’Est.

Les services bancaires coûtent également très cheren Afrique, comme en atteste le niveau élevé des spreadset des marges d’intérêt (graphique 4)7. L’écart entre letaux de dépôt et celui du crédit n’incite ni à l’épargne nià l’emprunt, car il déprime les rendements des épargnantset augmente les taux d’intérêt des prêts. Par rapport àd’autres régions du monde, les systèmes financiersafricains affichent également des coûts généraux plusélevés (graphique 5). Le niveau des spreads, des marges etdes coûts généraux s’explique par les mêmes facteurs quele manque de profondeur financière, présenté ci-dessussur les graphiques 1 et 2. L’absence d’économiesd’échelle et les risques très élevés dus à la faiblesse et audéveloppement insuffisant des cadres contractuels, ainsiqu’à la volatilité économique et politique, sontresponsables du niveau élevé des coûts bancaires etréduisent les horizons temporels pour les investisseurscomme pour les emprunteurs. En raison de ces coûts, iln’est pas rentable de chercher à s’adresser aux épargnantset aux emprunteurs qui ont besoin de réaliser de petitestransactions. La décomposition des spreads de tauxd’intérêt et les comparaisons des marges d’intérêt entrepays mettent généralement en avant la petitesse dessystèmes bancaires africains, les déficiences des cadrescontractuels et la protection limitée des droits de

propriété pour expliquer les spreads et les margescomparativement excessifs observés en Afrique8. Le plusfrappant est la différence par rapport aux pays d’Asie duSud, comme le Bangladesh, l’Inde ou le Pakistan, quiconfrontés à des problèmes de gouvernance et devolatilité similaires, parviennent mieux à exploiter deséconomies d’échelle.

Malgré des coûts et des risques élevés, les banquessont très rentables (graphique 6). En effet, les filiales debanques étrangères en Afrique subsaharienne ont unrendement de l’actif et des capitaux propres plus élevéque les filiales de ces mêmes banques dans d’autresrégions du monde9. Cette tendance devrait s’accentuerencore dans les mois et les années qui viennent, carl’appétit des investisseurs pour le risque s’étiole dans lemonde. Cette situation peut en partie s’expliquer par lesrisques très importants liés à l’activité bancaire en Afriqueet en partie par le manque de concurrence. Cettedernière est à son tour liée à l’impossibilité de tirer partid’économies d’échelle dans la plupart des systèmesfinanciers africains, ce qui limite le nombred’établissements financiers qu’une économie est enmesure d’accueillir. Cependant, elle est également liée àune informalité très répandue, qui réduit la base declients potentiels du système financier formel.

Les services bancaires coûtent également très cheraux déposants, comme en témoigne le niveau de soldeminimum requis et les frais annuels très élevés nonseulement pour les détenteurs d’un compte chèque, mais

Graphique 4 : Marge d’intérêt nette, diverses régions

Europe et Asie centrale

Revenu élevé

Amérique latine et Caraïbes

Moyen-Orient et Afrique du Nord

Asie du Sud

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Afrique subsaharienne

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Distribution régionale

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Source : Beck et Demirgüç-Kunt, 2009.Note : L’échantillon se compose de 133 pays ; les données se rapportent à 2007. On calcule la marge d’intérêt nette en divisant les intérêts perçus net par le total des actifs

productifs.

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Graphique 5 : Coûts indirects, diverses régions

Europe et Asie centrale

Revenu élevé

Amérique latine et Caraïbes

Moyen-Orient et Afrique du Nord

Asie du Sud

Asie de l’Est

Afrique subsaharienne

0,00 0,05 0,10 0,15

Distribution régionale

Minimum MaximumMédian

25e centile

75e centile

Source : Beck et Demirgüç-Kunt, 2009.Note : L’échantillon se compose de 135 pays ; les données se rapportent à 2007. Les coûts indirects sont calculés par rapport au total des actifs.

Graphique 6 : Rendement des capitaux propres des banques, diverses régions

Europe et Asie centrale

Revenu élevé

Amérique latine et Caraïbes

Moyen-Orient et Afrique du Nord

Asie du Sud

Asie de l’Est

Afrique subsaharienne

-0,20 0,00 0,20 0,40

Distribution régionale

Minimum MaximumMédian

25e centile

75e centile

Source : Beck et Demirgüç-Kunt, 2009.Note : L’échantillon se compose de 136 pays ; les données se rapportent à 2007.

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aussi pour les détenteurs d’un compte d’épargne dans denombreux pays africains (graphique 7)10. De plus, cescoûts élevés peuvent expliquer à eux seuls que, dansnombre de pays d’Afrique, moins de 20 pour cent de lapopulation dispose d’un compte en banque. À l’aide decalculs simples, Beck et al. montrent que 54 pour cent dela population du Cameroun, 81 pour cent de celle duKenya, 40 pour cent de celle de Madagascar, 94 pourcent de celle du Malawi, 89 pour cent de celle de laSierra Leone et 93 pour cent de celle de l’Ouganda nepeuvent payer les frais afférents à un compte chèque, enraison du faible niveau de revenu annuel et del’hypothèse qu’ils ne peuvent consacrer plus de 2 pourcent du revenu du ménage pour des frais de compte liésà des transactions financières11.

Les frais élevés ne sont que l’un des facteursexpliquant la portée limitée des systèmes financiersafricains. Les nombreuses pièces exigées pour l’ouvertured’un compte (plusieurs papiers d’identité, comme lepasseport, une fiche de paye, une facture d’eau, de gazou d’électricité, etc.) constituent également d’importantsobstacles car de vastes pans de la population vivent ettravaillent dans le secteur informel. L’Afrique se distingueégalement par cet aspect, comme le montre clairement legraphique 8. De même, l’accès physique est limité, ainsiqu’en atteste le faible nombre d’agences bancaires et lefaible taux de pénétration des guichets automatiques enAfrique.

L’écart entre l’Afrique et d’autres régions du mondeest encore plus marqué dans d’autres pans du système

financier. Seul un tiers des pays de la région dispose deplaces boursières, pour l’essentiel petites et illiquides(graphique 9). Le flottant actuel des sociétés cotées estpeu élevé. La faiblesse du volume de transactions sur lesmarchés primaires comme sur les marchés secondairescrée un cercle vicieux, car il dissuade les nouveauxémetteurs. Seuls 13 pays d’Afrique enregistrent desémissions d’obligations d’entreprises. Dans tous les cas,les émissions sont fortement concentrées dans le secteurdes télécommunications et dans le secteur bancaire12. Sil’on observe quelques signes d’amélioration, comme desintroductions en Bourse volumineuses au Ghana, auKenya et au Nigeria, il est peu probable que ces progrèsrendront viables les marchés des capitaux. Les tentativesvisant à établir des marchés régionaux n’ont pasrencontré le succès escompté, comme en attestentl’exemple de la Bourse régionale d’Abidjan ainsi que lesdissensions politiques persistantes à propos de la créationd’une Bourse régionale analogue pour l’Unionmonétaire de l’Afrique centrale.

Cependant, de nombreux pays d’Afriquesubsaharienne ont vu non seulement leur croissanceéconomique s’accélérer ces dernières années, mais aussileur secteur financier s’approfondir et s’élargir. Si ellessont en partie tirées par la demande et en partie par lesentrées de capitaux internationaux, les améliorations ducadre institutionnel du secteur financier (création detribunaux de commerce et de systèmes de règlement desdifférends, création ou renforcement des registres dessûretés (collateral registries) et des services d’information sur

Graphique 7 : Frais de tenue d’un compte chèque par rapport au PIB par habitant

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Afrique subsaharienne Autres

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Source : Beck et al., 2008.Note : L’échantillon se compose de 88 pays ; les données se rapportent à 2004 et indiquent les frais afférents à la tenue d’un compte chèque par rapport au PIB par habitant. Les

pays d’Afrique subsaharienne sont notés en bleu.

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Graphique 8 : Pièces à fournir pour l’ouverture d’un compte bancaire

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Afrique subsaharienne Reste du monde

Source : Beck et al., 2008.Note : L’échantillon se compose de 88 pays ; les données se rapportent à 2004 et indiquent le nombre de pièces à présenter pour ouvrir un compte. Les pays d’Afrique

subsaharienne sont notés en bleu.

Graphique 9 : Activité boursière, en volume

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Pays

Pour

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Source : Beck et Demirgüç-Kunt, 2009.Note : L’échantillon se compose de 101 pays ; les données se rapportent à 2007 et indiquent les volumes échangés par rapport à la capitalisation boursière. Les pays d’Afrique

subsaharienne sont notés en bleu.

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les crédits (credit reference bureaus), et stabilité macro-économique) ont certainement contribué à cesévolutions positives. La confiance accrue dans lessystèmes financiers africains se reflète également dans lamultiplication par cinq des entrées de capitaux privés surla période 2000-200713. En 2006, elles ont pour lapremière fois dépassé les entrées de capitaux desdonateurs, inversant ainsi une tendance qui durait depuislongtemps. Cette envolée des entrées de capitaux privésen Afrique s’inscrivait dans un mouvement générald’accroissement des flux financiers vers les marchésémergents, qui résultent de la surabondance mondiale deliquidités. Toutefois, comme en attestent lescomparaisons internationales14, ces flux reflètentégalement en partie une amélioration des fondamentauxmacro-économiques de nombreux pays africains, tels quela stabilité macro-économique et la discipline budgétaire.Au-delà de cette valeur globale, on note néanmoins queles entrées de capitaux se concentrent dans certains payset certains secteurs, par exemple l’extraction deressources naturelles, et ne profitent donc qu’à quelquespans de l’économie et de la société.

Les indicateurs standard du développement del’intermédiation financière, comme le ratio desengagements à court terme sur le PIB, les dépôtsbancaires sur le PIB et le crédit privé sur le PIB,apportent la preuve de l’approfondissement du secteurfinancier dans la plupart des pays africains au cours de cesdernières années (graphique 10). Étant donné que le

crédit progresse plus rapidement que les dépôts dans laplupart des pays, l’intermédiation financière (c’est-à-direla transformation par les banques, via des opérationsd’intermédiation, de l’épargne en crédit privé) s’est elleaussi intensifiée, même si elle partait de niveaux très bas.Les indicateurs d’efficience et de rentabilité ne font,quant à eux, apparaître aucune tendance nette sur lesdernières années : la médiane fluctue et signale desproblèmes persistants d’échelle et de compétitivité.

L’amélioration des indicateurs relatifs au systèmebancaire et la faiblesse persistante des marchés financierssont dues au fait que les secteurs financiers africainsreposent davantage sur les banques que sur le marché.Les responsables des politiques financières s’efforcentprincipalement d’améliorer l’infrastructure nécessairepour un système bancaire sain et efficient (en instaurantdes registres du crédit, en améliorant les registres dessûretés ainsi que les droits des créanciers…), ce qui est enphase avec le niveau de développement du secteuréconomique et financier en Afrique. En revanche, ilserait prématuré de mettre excessivement l’accent sur ledéveloppement du marché des capitaux, car le cadrejuridique et réglementaire nécessaire n’est pas en placeet, surtout, il n’y a pas de demande émanant desentreprises. En outre, l’expérience internationale montreque, dans une économie mondiale, les petites économiesont de plus en plus de mal à soutenir des placesboursières liquides, quel que soit leur niveau de revenu,car les Bourses sont tributaires des économies d’échelle et

Graphique 10 : Approfondissement du secteur financier en Afrique subsaharienne, 1995 à 2007

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Engagements à court terme/PIBDépôts bancaires/PIBCrédit au secteur privé/PIB

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Source : Beck et Demirgüç-Kunt, 2009.Note : Ce graphique présente la médiane des engagements à court terme sur le PIB, des dépôts bancaires sur le PIB et du crédit privé sur le PIB en Afrique subsaharienne, pour les

différentes années.

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de réseau15. Les grandes entreprises les plus prospères dumonde en développement introduisent leurs actions surquelques rares Bourses étrangères, via des introductionscroisées ou l’émission de certificats représentatifsd’actions américaines ou de certificats généraux. EnAfrique, la Bourse de Johannesburg sera trèsprobablement la seule place capable de conserver unetaille suffisante dans les années à venir, et ce uniquementen coopération avec des Bourses européennes et nord-américaines. Par ailleurs, il est nécessaire de mobiliserlocalement des ressources à long terme, par exemplepour des projets d’infrastructure, qui requerront unensemble de mesures complet, dont la réforme desretraites.

Même si l’on ne dispose pas d’éléments statistiques,il semble également que la diffusion des services auprèsdu public se développe. Les avancées technologiquespermettent à l’Afrique subsaharienne de progresser parbonds comme, par exemple, en utilisant la téléphoniemobile pour accroître le pourcentage de la populationayant accès aux services de paiement (système M-Pesa auKenya, par exemple). Les banques de la région proposentdes produits financiers innovants et bon marché etutilisent des technologies nouvelles pour atteindre unepart plus grande de la population (encadré 1). Commenous y reviendrons plus loin, les changements dans lastructure du marché semblent avoir débouché sur desmarchés plus innovants dans plusieurs pays, et un certainnombre de banques s’essayent à de nouvelles méthodes etde nouveaux produits afin d’élargir leur palette declients.

Les deux sections suivantes traiteront du rôle del’État et de l’intégration internationale des systèmesfinanciers. Nous nous appuierons sur la littératureexistante, les expériences en Afrique et celles d’autresrégions en développement afin d’analyser le rôle que doitjouer l’État et la façon appropriée de réagir à lamondialisation.

Rôle de l’État dans le secteur financierLe rôle que doit jouer l’État fait partie des questions lesplus controversées des politiques relatives au secteurfinancier. En Afrique, ce débat s’inscrit largement enparallèle des discussions qui se tiennent dans d’autresrégions du monde. Dans les années 1960 et 1970, aprèsl’indépendance, on a commencé par prôner un rôle depremier plan pour l’État et, dans les années 1980 et 1990,de nombreux pays se sont dit favorables à un retrait del’État. Aujourd’hui, un consensus se fait jour quiconsidère à nouveau que l’État doit jouer un rôle depremier plan, et ne pas se contenter de veiller à lastabilité macro-économique et d’apporter le cadreinstitutionnel. L’État doit adopter une approche plusactive mais favorable au marché.

Soutenu par les institutions financièresinternationales, dans les années 1960 et 1970, l’État

jouait traditionnellement un rôle décisif dans les systèmesfinanciers africains, depuis les restrictions de laréglementation (plafonds et planchers pour les tauxd’intérêt, etc.) jusqu’aux programmes de crédits dirigés etla nationalisation des banques et des institutionsfinancières de développement. Cette approche activevisait à se substituer à des marchés qui n’existaient pas aumoment de l’indépendance : l’État fournissaitdirectement les services financiers. L’objectif était desoutenir des secteurs et des banches traditionnellementexclus du système financier reposant sur le marché,comme l’agriculture, les petites industries et les secteurstributaires de financements à long terme.

Ces efforts ont donné des résultats décevants, tantpour le secteur financier que pour l’économie réelle, enraison des défauts que présentaient les deux hypothèsesfondamentales sur lesquelles reposait cette approche. Lapremière stipule que l’État sait mieux que les marchés, etla deuxième qu’il agit dans l’intérêt de la société. Cesdeux hypothèses se révèlent fausses dans le mondedéveloppé et dans le monde en développement. On s’estaperçu que les bureaucrates avaient des connaissances etdes compétences limitées en matière de gestion desinstitutions et des systèmes financiers et qu’ils necherchaient pas à maximiser le bien-être de la société. Ilssont en effet facilement influençables par la sphèrepolitique et les entités réglementées, comme le laissaitentendre l’approche axées sur l’intérêt privé16.

Suivant les conseils des institutions financièresinternationales, nombre de pays d’Afrique subsaharienneont commencé à libéraliser et à privatiser leurs systèmesfinanciers dans les années 1980 et 1990. Si le Consensusde Washington ne peut pas exactement être considérécomme du laissez-faire, il privilégie fortement lesmarchés, au détriment de l’État. Il met ainsi l’accent surla stabilité monétaire, la détermination des prix par lemarché et la fourniture de services financiers par lemarché. Dans le même temps, le mécontentementengendré par les institutions financières internationales aeu pour conséquence un assèchement des financementsapportés par les donateurs à ces institutions.

L’Afrique subsaharienne a réalisé des progrèssubstantiels sur le plan de la stabilité monétaire. Àl’exception de quelques cas particuliers, notamment leZimbabwe, la majorité des pays africains réussit depuisquelques années à afficher une inflation inférieure à20 pour cent. Cette région a également notablementprogressé dans le domaine de la propriété privée desbanques. Dans la plupart des pays, sauf en Érythrée, enÉthiopie et au Togo, les systèmes bancaires sontaujourd’hui dominés par des établissements financiersdétenus par des intérêts privés, nationaux ou étrangers.

Ces réformes et leurs résultats n’ont toutefois quepartiellement tenu leurs promesses. Les systèmesfinanciers africains sont nettement plus stables qu’avant.La dépréciation des créances douteuses a réduit la taille

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Encadré 1 : L’impact de la crise financière sur l’Afrique

La crise qui sévit actuellement aux États-Unis et en Europe n’aque des conséquences directes limitées sur les systèmes finan-ciers africains, car les banques africaines ne sont pas aussiétroitement intégrées au système financier mondial que cellesd’autres régions du monde en développement et conservent laplupart de leurs actifs sur leur bilan, et non hors bilan. En revan-che, les effets indirects, via l’économie réelle et via la réductiondes entrées de capitaux privés causée par un moindre appétitpour le risque, pourraient fort bien avoir des répercussionsnégatives sur l’économie réelle et le secteur financier africains.

Les banques africaines ne sont pas, en moyenne, expo-sées aux risques induits par des instruments ou des produitsdérivés complexes. Elles ont généralement un ratioprêts/dépôts faible et des réserves de liquidités élevées.Contrairement à la situation dans plusieurs pays d’Europe, et àl’exception notable de l’Afrique du Sud, les prêts aux ménages ysont également très limités. Or, ils sont justement à l’origine dela crise financière aux États-Unis et dans d’autres économiesdéveloppées. Et, contrairement aux autres économies émer-gentes, les banques africaines ne recourent généralement pasà l’emprunt étranger pour financer les prêts qu’elles accordentdans leur pays. Les filiales de banques européennes disposentsouvent de positions nettes sur des actifs étrangers.

Les effets secondaires, qui s’exerceront via les échangesinternationaux, seront néanmoins importants. La contraction dela demande mondiale de produits africains (matières premières,notamment) réduira la croissance économique et pourrait ainsiexposer le système financier à un risque de crédit accru. Lacrise économique aux États-Unis et en Europe entraînera trèsvraisemblablement une diminution des envois de fonds des tra-vailleurs expatriés. La réduction des flux de capitaux etl’accroissement du risque de prêt peuvent déboucher sur undurcissement des conditions de crédit et un accès limité aucrédit. L’effondrement des cours de Bourse peut affaiblir le sec-teur financier, car les banques ont concédé des prêts à leursclients pour l’achat d’actions, comme au Nigeria.

Les flux de capitaux internationaux peuvent engendrer undeuxième risque significatif. De même que les autres régions endéveloppement, l’Afrique a récemment profité de l’excédentmondial de liquidité, et attiré des entrées de capitaux substan-tielles, en particulier dans les pays dotés de ressources natu-relles abondantes. Ces flux devraient nettement décroître en2009, ce qui aura un impact considérable sur les économiesafricaines. Le repli des cours des matières premières frapperadonc doublement les exportateurs de produits de base, sous laforme d’une baisse du revenu et des flux de capitaux. Étantdonné la petite taille des systèmes financiers africains, mêmeun faible repli des entrées de capitaux en valeur absolue peutavoir un effet non négligeable sur ces marchés. Si, malgré dessignes de faiblesse, les envois de fonds des travailleurs expa-triés résistent au ralentissement économique, l’impact négatifpourrait en être légèrement atténué.

La forte présence de banques étrangères dans toutel’Afrique a apporté de la stabilité ces dernières années,comme nous en attestons, mais elle expose aussi la région

à un risque de contagion supplémentaire. La crise pourrait sepropager à l’Afrique subsaharienne si les difficultés financièresdes banques étrangères en Europe occidentale conduisent soità un retrait de capitaux soit à un retrait des prêts accordés àleurs filiales africaines. Le premier scénario semble improbable,étant donné le faible niveau de capitaux propres dont disposentles banques européennes en Afrique subsaharienne et les ren-dements élevés de ces fonds. Toutefois, devant la gravité duproblème actuel, on ne peut exclure que des banques étrangè-res en manque de liquidités puissent retirer des capitaux àmesure que la crise se poursuit. En outre, l’appétit pour de nou-veaux investissements pourrait s’en trouver significativemententamé. Si le deuxième scénario semble plus plausible, ladépendance générale des filiales étrangères en Afrique vis-à-vis des financements émanant de leur banque-mère est relati-vement faible. L’essor récent des banques africaines pourraitréduire le risque de contagion venant des banques européen-nes, mais, dans la mesure où le pays d’origine de ces banques(essentiellement le Nigeria et l’Afrique du Sud) est égalementtouché par la crise, le risque de contagion pourrait s’accroître.

À moyen terme, la crise financière aura des effets plus per-sistants, et peut-être plus graves, en raison de la montée despressions destinées à atténuer l’impact de la crise via desmesures de relance budgétaire, lorsque la faible profondeurdes marchés locaux de la dette souveraine et des obligationsd’entreprise entraînent une éviction rapide des prêts bancairesau secteur privé, ce qui annulera l’approfondissement del’accès du secteur privé au crédit, qu’on a pu observer ces der-nières années. Des pressions peuvent également apparaître, enparticulier dans les pays exposés à l’effondrement des coursdes produits de base, pour que soient renfloués les établisse-ments en difficulté qui pâtissent de la croissance rapide desprêts à risque. Enfin, les pressions s’intensifieront certainementpour que l’État intervienne directement de façon à soutenir lessecteurs particulièrement vulnérables, via des crédits subven-tionnés ou dirigés.

Ces deux évolutions de l’architecture réglementaireinternationale peuvent avoir un dernier impact collatéral sur ledébat relatif au secteur financier en Afrique, via les retombéesde la crise actuelle, actuellement en cours de discussion ausein du G20, ainsi que via les répercussions des mesuresd’urgence prises aux États-Unis et en Europe. Commençons parla réforme de l’architecture réglementaire internationale.L’impact peut provenir de la notation du risque sur la dette desmarchés émergents, qui rendent les prêts aux pays en dévelop-pement plus onéreux et moins intéressants. De même, le relè-vement du niveau de fonds propres obligatoire pour les grandesbanques internationales peut les rendre plus réticentes à inves-tir dans leurs filiales situées dans les pays en développement.Enfin, le traitement des problèmes des banques européennesfragilisées (nationalisations ou fusions) peut avoir une inci-dence sur leurs filiales en Afrique.

En outre, les mesures d’urgence récemment prises auxÉtats-Unis et en Europe (nationalisations et renflouements àgrande échelle y compris) peuvent avoir des répercussions

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du système financier dans certains pays, mais dansl’ensemble, l’intermédiation financière s’est accrue dansde nombreux autres. Comme énoncé plus haut,beaucoup de pays commencent à récolter les fruits desréformes des années 1990, souvent politiquementdifficiles. Malgré ces avancées, les systèmes financiersafricains restent caractérisés par leur manque deprofondeur, par leurs coûts élevés, comme en atteste leniveau des spreads des taux d’intérêt, et par un accès

limité aux moyens de financement (voir sectionprécédente).

La déception engendrée par certains résultats del’approche moderniste adoptée au cours des deux dernièresdécennies pour la réforme du secteur financier africain aentraîné un nouveau retour vers une plus grandeintervention de l’État. Cependant, cette fois, les paysafricains ont opté pour un rôle plus favorable au marché :l’État crée et favorise le marché au lieu d’essayer de sesubstituer à lui.

Au cours des 10 dernières années, outre la stabilitémacro-économique, on s’est de plus en plus attaché aurenforcement des institutions sous-jacentes afin de bâtirun système financier efficient et stable, y compris descadres contractuels et de présentation de l’informationqui soient robustes et une réglementation et unesupervision qui ne freinent pas l’esprit d’entreprise. Onpeut considérer que cette approche développe le marché(market-developing approach), c’est-à-dire qu’elle crée desmarchés au lieu de se substituer à eux (encadré 2).Contrairement aux approches actives et modernistes desdécennies précédentes, l’objectif de cette nouvelleapproche est ambitieux, car il porte sur le renforcement àlong terme des institutions. Il va du développement ducadre contractuel aux obligations d’information (normescomptables et de présentation de l’information) et aurenforcement de la réglementation et du contrôlebancaires. Il ne se contente pas d’importer des lois etrèglements du monde développé pour étayer les capacitéset les normes locales. Le rôle de l’État dans un telcontexte est difficile : il doit aller au-delà de la simpledéfinition de règles, mais sans empêcher l’initiativeprivée.

Le plan d’action qui consiste à renforcer lesinstitutions dans le système contractuel est substantiel etreflète les déficiences des différentes lois et desinstitutions chargées de les faire respecter. Il va de lamodernisation de la loi sur les faillites à l’amélioration destribunaux, en passant par d’autres mécanismes derèglement des différends, l’établissement oul’amélioration des services d’information sur les crédits etles sûretés. Rares sont les pays d’Afrique qui disposentactuellement de tels dispositifs, alors que ceux-ci formentune composante indispensable de tout systèmed’intermédiation financière efficace et concurrentiel. Denombreuses banques centrales et autorités deréglementation ne sont toujours pas indépendantes sur leplan politique et opérationnel. Elles disposent decompétences limitées en matière de contrôle et n’ont pasles pouvoirs requis pour faire respecter les règles.

Les récentes recherches portant sur plusieurs paysont permis d’identifier certaines priorités pour ce pland’action. Plus précisément, les améliorations du cadrecontractuel, et notamment des droits des créanciers, ontun effet relativement plus important sur l’intermédiationfinancière dans les pays à revenu élevé, tandis que

Encadré 1 : L’impact de la crise financière surl’Afrique (suite)

négatives pour le dialogue sur les politiques publiques relati-ves au secteur financier dans l’ensemble du monde en déve-loppement. Ces mesures semblent en effet suggérer quenationalisation et intervention massive de l’État dans le sec-teur financier sont à nouveau de mise. Même s’il n’est pasencore possible d’évaluer ces différentes mesures, étantdonné qu’elles sont temporaires, elles n’invalident pas leparadigme général de la politique financière qui s’est fait jources dernières années. Des lacunes de la gouvernance et uneprise de risque excessive ont pu être observées dans les éta-blissements financiers privés comme dans ceux détenus parl’État. La crise actuelle est le résultat non pas d’une régle-mentation insuffisante, mais d’une réglementation mal orien-tée, qui a laissé de côté de larges pans du système financier(banques d’investissement et « marchés financiers sha-dow »), et s’appuie sur certains secteurs, notamment sur lesagences de notation qui avaient tendance à surévaluer laqualité des titres. Enfin, l’aléa macro-économique(« Greenspan-Bernanke-put »)1 et micro-économique (le prin-cipe « too-big-to-fail », la tentation d’accorder trop de prêts àtravers Fannie Mae et Freddie Mac, etc.) a fortement contri-bué à l’essor et au ralentissement qui s’est ensuivi. Il ne s’agitdonc pas de prôner une réglementation ferme et des restric-tions pour les établissements et les marchés financiers. Deplus, les dégâts qu’ont causés des décennies de nationalisa-tion des banques ne sont pas du tout dénoncés.

Cependant, si le sous-développement du secteur financiersemble, de prime abord, aider les pays à s’isoler des risquesde contagion immédiats, il réduit également la capacité del’économie réelle à amortir l’impact de la crise actuelle. Lesexpériences de différents pays montrent que le systèmefinancier a pour fonction cruciale de diversifier le risque nonseulement entre les entreprises, mais aussi sur la durée, etun système robuste peut contribuer à atténuer l’impact deschocs2.

Source : Cet encadré s’appuie sur des travaux de référence menés parAntonio David, Smita Wagh, Giulia Pellegrini et Uzma Khalil, de laBanque mondiale.

Notes

1 Les établissements financiers et autres acteurs du marché financiers’attendent à être renfloués en période de fragilité généralisée,attente qui est le plus souvent satisfaite.

2 Bacchetta et Caminal, 2000.

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l’amélioration des services d’information sur les créditsinflue plus fortement sur l’approfondissement du secteurfinancier dans les pays à faible revenu17. Les économiesen transition d’Europe de l’Est et d’Asie centraleconstituent un autre exemple de hiérarchisation desréformes. La réforme des mécanismes d’exécution pourles accords contractuels simples, comme la récupérationde la garantie, donnera plus de résultats que celled’aspects plus complexes faisant intervenir plusieursparties prenantes, comme les faillites18.

En outre, la réforme du système juridique doitdépendre du contexte, en particulier pour ce qui est de latradition juridique. Malgré ses lacunes et ses déficiences,l’appareil judiciaire des anciennes colonies britanniquesconserve une bonne réputation. Il s’appuie sur un vaste

corpus de jurisprudence, provenant de Londres etd’autres pans de l’ancien Empire britannique. Denombreux pays africains de common law manquent decapacités et de compétences spécifiques vis-à-vis dusecteur financier. L’introduction de tribunaux decommerce pourrait se révéler utile à cet égard. Dans laplupart des pays africains dotés d’un Code civil, lasituation est différente, car les tribunaux y souffrent dedivers manques et d’une très mauvaise réputation. Dansces pays, il pourrait se révéler plus efficace d’instaurerd’autres mécanismes de règlement des différends.

Les comparaisons entre les pays à l’aide desindicateurs de la pratique des affaires (Doing Business)révèlent que l’Afrique progresse dans sa réforme du cadrecontractuel et de présentation de l’information. Dans

Encadré 2 : Approfondissement et élargissement du système financier : une taxonomie des politiques publiques

Pour comprendre le rôle et l’impact de différentes politiquespubliques sur l’approfondissement et l’élargissement des systè-mes financiers, Beck et de la Torre proposent une taxonomiequi s’appuie sur le concept de la « frontière des possibilitésd’accès » (Access Possibilities Frontier). Il s’agit de la portéemaximum commercialement viable, du système financier d’unpays compte tenu de certaines « variables d’état » qui n’évo-luent pas à court terme, comme la taille du marché, les fonda-mentaux macro-économiques, la technologie disponible, laqualité de l’infrastructure de transport et de communication,l’efficacité des cadres contractuel et informationnel et le degréd’insécurité général (délits, violence, terrorisme, etc.)1 La situa-tion pose problème si le système financier se trouve en-deçà decette frontière, ou, au contraire, au-delà de façon non viable, ouencore si la frontière est trop basse par rapport aux pays dontle niveau de développement économique est comparable. Lesproblèmes d’accès peuvent être résolus par des politiquespubliques visant à (1) développer les marchés, (2) favoriser lesmarchés ou (3) contenir les marchés. Ces politiques publiquesse différencient toutes des politiques de substitution aux mar-chés, qui ont parfois conduit à un approfondissement non viabledu secteur financier.

Si le problème principal tient au niveau trop bas de la fron-tière des possibilités d’accès, alors, les politiques publiques àprivilégier sont celles qui développent les marchés, c’est-à-direcelles qui cherchent à améliorer les variables d’état et à dépla-cer la frontière et qui nécessitent, partant, des réformes fonda-mentales, comme l’amélioration de la stabilité macro-économique, la construction d’un système financier détenu pardes intérêts privés et l’amélioration du cadre contractuel. Danscertains pays, des politiques publiques qui ne portent pas sur lesecteur financier, telles que celles axées sur l’amélioration dela sécurité et le renforcement de l’infrastructure de transport etde communication, pourraient être indispensables pour repous-ser la frontière.

Les changements dans les variables d’état impliquent deschangements dans les institutions fondamentales et, donc, met-tent longtemps à se matérialiser. Si un système financier opèreen deçà de la frontière des possibilités, les politiques favorisantles marchés peuvent permettre d’approfondir et d’élargir lesystème financier, même en l’absence de changements percep-tibles des variables d’état. Le fait de se trouver en deçà de lafrontière des possibilités est principalement imputable au pro-blème de demande dû au comportement d’auto-exclusion. Ilfaut dans ce cas renforcer les connaissances financières desménages comme des entreprises. Si, comme c’est plus proba-ble, les principaux problèmes tiennent à la sous-optimisation del’offre de crédit, on peut envisager un éventail de possibilitésplus large, à commencer par la politique de la concurrence,l’autorisation d’entrée pour les acteurs de bonne réputation etla sécurisation de l’accès au système de paiement pour tous lesétablissements financiers. Il faut également remédier aux obs-tacles découlant de la réglementation bancaire et de la régle-mentation relative à la lutte contre le blanchiment d’argent etcontre le financement du terrorisme (AML/CFT), qui peuventfreiner les banques qui souhaitent étendre leurs activités deprêt et leur base de clientèle.

Une troisième catégorie de politiques publiques, celles frei-nant les marchés, tente d’éviter que s’instaure dans le systèmefinancier un équilibre non tenable, au-delà de la frontière, dufait de prêts imprudents. Ces politiques ont par conséquentpour objectif d’empêche r les banques de prendre des risquesexcessifs via un ensemble de mesures visant à renforcer ladiscipline de marché et le contrôle. Elles sont également impor-tantes côté demande pour éviter que des prêts ne soient accor-dés à des conditions abusives, ce qui entraînerait un surendet-tement intenable pour les emprunteurs individuels.

Notes

1 Les Beck et de la Torre, 2007.

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toute l’Afrique subsaharienne, entre 2003 et 2008, lecoût moyen des mesures visant l’exécution d’un contratest passé de 56 à 49 pour cent pour un contrat de dettetypique, contre 28 à 29 pour cent dans le reste dumonde. Des pays aussi différents que le Ghana, leMozambique et le Rwanda ont introduit des réformesdestinées à réduire le nombre de procédures et le tempsrequis par les mesures d’application d’un contrat. Si l’onne constate que peu de progrès concernantl’établissement de nouveaux services d’information surles crédits au cours de ces dernières années, ceux quiexistaient déjà, qu’ils soient privés ou publics, ont accruleur pénétration (graphique 11). Même si ces chiffressont souvent attribuables à quelques gouvernementsouverts à la réforme, ce type de réforme peut avoird’importants effets de démonstration et d’émulation danstoute la région.

Outre le renforcement des institutions, il faut aussiagir dans d’autres domaines où des lacunes ont étéidentifiées et peuvent être synthétisées sous la rubriquemesures favorables au marché (encadré 2). La création descadres juridique et réglementaire nécessaires pour lecrédit-bail et l’affacturage en fait partie, car ces deuxtechniques de financement sont particulièrementadaptées aux prêts aux petites et moyennes entreprises.Le cadre juridique et réglementaire peut égalementconstituer un levier important pour l’approfondissementet l’élargissement du secteur financier, outre son rôleessentiel pour la stabilité. En particulier, le cadre

réglementaire peut exercer une influence critique sur ledegré de concurrence et d’innovation au sein d’unsystème financier. Autoriser de nouveaux acteurs deconfiance, locaux ou étrangers, à pénétrer sur le marchépeut se révéler important pour maintenir la contestabilitéet la concurrence, en particulier sur les petits marchésfinanciers. Il peut s’avérer judicieux de revoir laclassification des prêts et les obligations de fonds propresde manière à ne pas pénaliser les prêts aux entreprisesagricoles ou aux PME, comme l’illustrent les deuxexemples suivants. Adapter le système de classificationdes prêts afin d’autoriser les prêts remboursables en unefois à l’échéance au lieu d’exiger des remboursementstrimestriels peut permettre de synchroniser les prêtsagricoles avec les cycles agricoles. Pour réduire laprobabilité de non-remboursement des prêts accordésaux PME (c’est-à-dire pour faire diminuer la probabilitéde pertes sur prêts très élevées), il faut abaisser les chargesfinancières malgré le caractère globalement plus risqué deces prêts19. L’action de l’État peut aussi se révélernécessaire pour garantir l’accès aux systèmes de paiementet autres services de réseau sur un pied d’égalité pourtous les établissements financiers, existants ou nouveaux,qui remplissent certains critères bien définis. Enfin, lavolonté actuelle d’adopter et de mettre en œuvre desmesures de lutte contre le blanchiment d’argent et contrele financement du terrorisme (AML/CFT) a nonseulement des répercussions critiques pour l’intégrité etla stabilité du système financier, mais aussi des

Graphique 11 : Développement des services d’information sur les crédits en Afrique

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Couverture Indice d’information

Source : IFC, 2009.Note : Ces séries représentent, respectivement, la moyenne de l’indice d’information sur les crédits (de 0 à 6) et la proportion de la population adulte couverte par ce type de

dispositif. Lorsqu’il existait des services publics et des services privés, on a utilisé le nombre le plus grand.

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conséquences potentiellement négatives pourl’approfondissement et l’élargissement de ce système.

Parfois, pour faciliter l’accès, l’État doit aller au-delàdes politiques d’encouragement de la concurrence etadopter des règlements antidiscriminatoires. Ainsi, lesautorités sud-africaines ont persuadé les banques de leurpays de proposer des comptes Mzansi (pour lesopérations de base). Si l’on incite les banques à partagerou à assurer l’interopérabilité des infrastructures depaiement (y compris les réseaux de guichetsautomatiques), on peut éviter une concurrenceindésirable pour l’accès à l’infrastructure tout enfavorisant une concurrence souhaitable sur les prix et laqualité de service. On facilite ainsi la réalisationd’économies d’échelle réductrices de coûts et on abaisseles obstacles à l’entrée pour les nouveaux prestataires deservices financiers.

La persuasion peut s’avérer utile, mais elle a seslimites. Il sera plus facile pour les grands pays dotés devastes marchés potentiels que pour les petits deconvaincre leurs banques en douceur de prendrecertaines mesures (création de comptes pour desopérations de base ou ouverture de services de réseau).De surcroît, la frontière est mince entre la persuasion etl’ingérence politique active, comme en atteste l’exemplerécent de l’Ouganda. Déçu par les résultats des tentativesd’amélioration de l’accès aux services financiers, legouvernement ougandais a annoncé, début 2006, sonintention de faire en sorte que chaque district soitdesservi par au moins un établissement financier. Dansles districts où il n’en existait aucun, il a renduobligatoire la création de coopératives de crédit,soutenues entre autres par des versements, des services dela caisse d’épargne postale (Postal Savings Bank),établissement public mal géré.

Les politiques publiques favorables au marchépeuvent également chercher à remédier à des problèmesde coordination, aux désincitations à innover le premieret aux obstacles à la répartition et au partage des risques.Même si elles ne sont pas faciles à définir en termesgénéraux, étant donné leur diversité, ces interventions del’État présentent une caractéristique commune : ellesfavorisent les mesures qui encouragent les créanciersprivés et les investisseurs à participer sans transférerindument les risques et les coûts à l’État20. Cesinterventions confèrent un nouveau rôle aux institutionsfinancières de développement, qui va au-delà des prêtsaux particuliers, même si, pour y parvenir, il faudra unchangement de modèle économique et de structure degouvernance.

L’un des principaux défis à relever, quelle que soitla solution retenue par l’État, est la création d’unestructure de gouvernance qui évite que le pouvoirpolitique s’empare du programme et que les avantages ensoient captés par un petit cercle. C’est là que lesdonateurs et les institutions régionales peuvent jouer un

rôle important, car ils sont plus éloignés des pressionspolitiques directes qui peuvent s’exercer au niveaunational21.

Dans le contexte de la crise mondiale actuelle, lespolitiques publiques qui jugulent le marché sont ànouveau très prisées par les décideurs. Il semble y avoirun besoin de renforcer la préparation aux crises, ycompris la coopération entre autorités (banques centrales,ministères des Finances, organismes d’assurance-dépôt,juges des tribunaux, autorités fiscales, etc.) pour définiret mettre en œuvre des pratiques de liquidation desétablissements financiers en faillite. En Afriquesubsaharienne, la fonction de prêteur en dernier ressort,la gestion de la liquidité, ainsi que les programmes etinfrastructures des systèmes de paiement sont souventmal conçus, et leur fonctionnement est lourd et relèved’un important pouvoir discrétionnaire de l’État. Lespratiques de liquidation des banques sont souvent sujettesà d’interminables contestations judiciaires arbitraires, etles dispositifs d’assurance-dépôt sont lents et inefficients.Ainsi, en améliorant leur préparation aux crises, les paysafricains seront non seulement en mesure d’accroître leurcapacité à répondre à d’éventuelles difficultés immédiates,mais aussi de satisfaire des besoins de développement quiexistent depuis longtemps, afin de préserver la valeur desactifs des établissements bancaires qui devront êtrerestructurés ou liquidés.

Le défi de la mondialisationDepuis quelques dernières décennies, l’intégration auxmarchés financiers internationaux constitue un deuxièmeaspect important et controversé de la politique publiqueà l’égard du secteur financier. Même si des restrictionscontinuent de peser sur le compte de capital denombreux pays, elles sont plus souvent de droit que defait. Et si l’ouverture du compte de capital présente denombreux avantages, elle doit être gérée avec prudenceau niveau macro-économique et s’accompagner d’uneréglementation appropriée. Les effets bénéfiques procuréspar un accroissement des entrées de capitaux ne pourrontse matérialiser que si les établissements et les marchésfinanciers locaux sont bien développés, mais les entréesde capitaux peuvent à leur tour accélérerl’approfondissement financier et institutionnel22. Commedans le cas des interventions de l’État, il faut doncadopter une approche pragmatique et définie en fonctiondu contexte23.

Si l’on s’est attaché à ouvrir le compte de capitalaux pays développés, le potentiel de l’intégrationfinancière régionale a été beaucoup moins exploité,même si la coopération dans des domaines techniques,tels que l’harmonisation de la réglementation bancaireou des systèmes de paiement, peut déboucher surd’importantes économies d’échelle24. La réduction, àdéfaut de leur élimination, des restrictions intra-régionales qui pèsent sur le compte de capital peut

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contribuer à approfondir et à élargir les systèmesfinanciers de la région. Elle permet une diversificationdes risques plus efficiente pour les entreprises financièreset les autres. Elle peut surmonter les problèmesd’échelle pour le financement de gros projets, commedans l’infrastructure. Tout en réduisant, à un certaindegré, la dépendance vis-à-vis des marchés des capitauxinternationaux, cette libéralisation intra-régionalesemble moins risquée pour les investisseursinternationaux qu’une libéralisation complète ducompte de capital.

Si l’entrée des banques étrangères est moins sujette àcontroverses que la libéralisation du compte de capitaldans la littérature, elle l’est davantage dans la sphèrepolitique. Au moment de l’indépendance, la plupart despays d’Afrique subsaharienne ont commencé par se doterde systèmes bancaires dominés par les banques étrangères,mais les ont par la suite nationalisés. Après la déceptioncausée par les performances des banques appartenant àl’État, de nombreux pays ont recommencé à privatiserleurs établissements financiers. Dans nombre de pays, laprivatisation s’est faite au profit de banques étrangères,car le pays ne possédait ni les ressources ni lescompétences nécessaires. Si, au milieu des années 1990,mois d’un quart des systèmes bancaires étaient dominéspar des banques détenues par des capitaux étrangers et si,dans de nombreux pays, le système bancaire appartenaitessentiellement à l’État, en 2005, les établissementsfinanciers étrangers soit dominaient le marché soit en

constituaient une forte proportion dans plus de la moitiédes pays de la région (graphique 12).

L’entrée sur le marché des banques étrangèresprésente plusieurs avantages spécifiques à l’Afrique : lesbanques internationales peuvent contribuer à favoriser lagouvernance, elles peuvent apporter une technologie etune expérience plus que nécessaires venant d’autresparties de la région (dans le cas des banques sud-africaineset nigérianes), et elles peuvent aider à exploiter deséconomies d’échelle dans les petites économies où ellessont implantées (encadré 3). Lorsque l’accroissement durôle des banques étrangères s’inscrit dans une stratégie deréforme plus vaste permettant de construire et derenforcer l’infrastructure institutionnelle nécessaire àl’approfondissement et à l’élargissement du secteurfinancier (voir plus haut), l’entrée des banques étrangèrespeut être un catalyseur d’amélioration.

L’entrée des banques étrangères peut aider, mais cen’est pas suffisant, pour améliorer l’efficience del’intermédiation et la disponibilité du crédit. Denombreux facteurs peuvent empêcher les pays de récolterles fruits potentiels d’un actionnariat étranger desbanques. La présence dominante des banques publiquespeut réduire les pressions concurrentielles et permettre àd’autres banques, nationales ou étrangères, de tirer partide l’inefficience des banques locales, comme le montrel’exemple du Kenya. L’absence de cadre contractuel etinformationnel solide réduit la possibilité de prêts auxpetites entreprises, comme en Zambie, où la part des

Graphique 12 : L’actionnariat des banques africaines au fil du temps

Essentiellement l’État Essentiellement étranger Étranger et État Essentiellement local À parts égales

Actionnariat des banques en 1995-96 Actionnariat des banques en 2005

Sources : Honohan et Beck, 2007 ; calculs des auteurs.Note : Essentiellement l’État (étranger, intérêts privés) signifie que plus de 60 pour cent des actifs du système bancaire sont détenus par cette catégorie ; Étranger et État signifie

que ces deux catégories détiennent plus de 70 pour cent. À parts égales constitue une catégorie résiduelle.

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prêts au secteur privé reste faible dans le PIB malgrédeux décennies de libéralisation financière. La taillerestreinte de nombreux marchés financiers en Afriquesubsaharienne peut décourager les banques étrangèresd’engager les dépenses fixes nécessaires à l’introductionde nouveaux produits et technologies. La petite taille denombreux marchés ne crée pas non plus une pressionconcurrentielle suffisante. En conséquence, dans denombreux pays d’Afrique subsaharienne, les banquesnationales et étrangères ont concentré leurs portefeuillessur les titres publics et les actifs internationaux, et se sontdétournées des prêts au secteur privé.

Néanmoins, la nouvelle génération de banquesétrangères en Afrique a davantage permis d’élargir l’accèsde la population aux services financiers. La nouvellevague d’entrée de banques étrangères après lalibéralisation, dans les années 1980 et 1990, a vu nonseulement le retour des anciennes banques colonialesmais aussi l’arrivée de nouveaux acteurs importants,notamment de plusieurs banques sud-africaines, debanques à la fois non-africaines et non européennes et deplusieurs banques régionales, comme Bank of Africa etEcobank. Plusieurs banques ont mis en place un systèmede franchises visant à soutenir le développement de

Encadré 3 : Expérience internationale de l’entrée de banques étrangères

Au cours des 20 dernières années, la part de marché des ban-ques étrangères s’est accrue dans l’ensemble du monde endéveloppement, et plus particulièrement en Amérique latine eten Europe centrale et orientale. Ce phénomène s’explique parla libéralisation financière dans les pays hôtes, mais aussi parle besoin de recapitalisation des banques publiques en faillite.La variation entre les pays et sur la durée permet une évalua-tion de l’impact de l’entrée de banques étrangères sur la pro-fondeur, l’efficience, la stabilité et l’accès dans ces pays.

L’arrivée de banques étrangères est le plus souvent béné-fique à l’efficience et à la stabilité des systèmes financiers despays hôtes, et a des effets variables sur l’extension de l’accèsaux services1. Les données comparatives confirment que, dansles pays en développement, les banques étrangères sont plusefficientes que les banques locales, et que leur entrée sur lemarché peut effectivement exercer des pressions concurren-tielles sur les banques locales, qui inciteront ces dernières àrenforcer leur efficience, sauf dans les économies où la petitetaille du marché, la forte concentration ou les obstacles régle-mentaires à l’entrée des banques réduisent la contestabilité etla concurrence. Les banques étrangères peuvent contribuer àfaire diminuer le volume de prêts accordés pour des raisonsrelationnelles ou politiques, car elles opèrent généralement entoute indépendance vis-à-vis des élites politiques et économi-ques dominantes du pays hôte. Il peut en résulter une améliora-tion de la concurrence dans l’économie réelle et de la gouver-nance globale de l’économie. Les banques étrangères peuventégalement exercer un effet stabilisateur sur les marchés ducrédit du pays hôte. Elles ont un comportement généralementmoins fluctuant vis-à-vis des prêts et contribuent au lissage descycles économiques dans le pays hôte, étant donné qu’elless’appuient sur le matelas financier de leur maison mère. Le ris-que de contagion entre le pays d’origine des banques étrangè-res et l’économie hôte semblait négligeable jusqu’ici, mais lacrise mondiale actuelle pourrait faire évoluer les choses.

L’élargissement de l’accès aux services bancaires donnedes résultats mitigés : son effet dépend du mode d’entrée(création d’une entité ou fusion), de l’orientation de la banque

étrangère sur le segment des particuliers et surtout, des cadrescontractuel et informationnel et de l’environnement concurren-tiel du pays hôte. D’un côté, les banques étrangères apportentde nouvelles techniques de prêt, susceptibles de surmonter lesproblèmes d’information et les coûts élevés des prêts de petitmontant, ce qui améliore donc l’accès de ces catégoriesd’emprunteurs. De l’autre, dans les économies où les cadrescontractuel et informationnel sont insuffisants, les banquesétrangères risquent d’accorder la priorité aux grandes entrepri-ses disposant d’actifs matériels pouvant servir de garantie oud’un réseau international, et donc d’évincer les petites entrepri-ses parce qu’elles ne disposent pas des informations et desrelations nécessaires pour obtenir leurs prêts. Mais, même siles banques étrangères sont moins tentées d’avoir pour clientsles PME et les ménages pauvres, elles exercent des pressionsconcurrentielles sur les banques locales, qui obligent ces der-nières à étendre leur palette de clients vers le bas de l’échelledes revenus.

Les données empiriques relatives à l’impact des banquesétrangères sur l’approfondissement et l’élargissement financiersont mitigées. D’après celles recueillies au niveau des banques,les banques étrangères sont souvent réticentes à répondre auxbesoins des petites entreprises, tandis que les données collec-tées auprès des entreprises n’indiquent pas que l’entrée debanques étrangères a des conséquences délétères pour cesentreprises. Les données varient également d’une région àl’autre, l’effet étant largement positif dans les économies entransition d’Europe centrale et orientale, où l’entrée des ban-ques étrangères s’inscrivait dans un ensemble de politiquesvisant à rompre les relations entre le secteur financier et lesentreprises d’État et à mettre un terme la fragilité bancaire desannées 1990. Les données concernant l’Amérique latine, enrevanche, sont plutôt mitigées, et largement fonction de l’envi-ronnement concurrentiel du pays concerné.

Notes

1 Voir Cull et Martinez Peria, 2007, pour une vue d’ensemble.

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l’accès financier, comme le néerlandais Rabobank, quidétient des participations (minorité de contrôle) dans desbanques en Tanzanie, en Zambie et au Mozambique, et,plus récemment, le groupe bancaire nigérian AccessBank, dans l’objectif d’améliorer l’accès au financementdes PME qui ont des filiales en Afrique de l’Ouest ainsiqu’au Kenya et en Zambie. Nombre de ces nouveauxentrants se sont attachés à renforcer durablement l’accès àleurs services, en introduisant de nouveaux produits ettechnologies.

L’exemple de l’Ouganda atteste de l’impact positifque peut avoir l’entrée de banques étrangères sur l’accèsaux services financiers en Afrique. La South AfricaStandard Bank a racheté la plus grosse banque publiqueaprès une première privatisation avortée et larenationalisation qui a suivi. Ces dernières années,Standard Bank a non seulement tenu sa promesse de nepas fermer d’agences, mais elle en a ouvert de nouvelleset augmenté ses prêts au secteur agricole25. Toutefois,cette privatisation plutôt réussie montre également quel’arrivée de banques étrangères n’est pas la panacée.Standard Bank continue de dominer le marché bancairenational ainsi que nombre des petits marchés locaux àl’intérieur des terres. Cette absence de concurrence peutavoir réduit les effets positifs du passage d’un systèmefinancier dominé par l’État à un système détenu par desintérêts privés.

En résumé, l’Afrique a beaucoup gagné de l’entréede banques étrangères durant la dernière décennie, ycompris de banques panafricaines. Le secteur financier estdésormais plus sain et plus efficient, mais l’arrivée debanques étrangères ne constitue pas un remède universel.Ce n’est que dans un environnement concurrentielaccompagné d’un cadre contractuel et surtout d’un cadreinformationnel efficaces que les économies et les sociétéspeuvent gagner le plus. L’expérience de la dernièredécennie montre que les pays doivent choisirsoigneusement leurs banques étrangères. Des payscomme le Mozambique, la Tanzanie et l’Ouganda ontdû renationaliser les banques qu’ils venaient de privatisercar les acheteurs étrangers avaient des moyens ou descapacités de management insuffisants. Seule la deuxièmevague de privatisations s’est révélée bénéfique26. Malgréle rôle globalement stabilisateur des banques étrangères, ilne faut pas minimiser le risque qu’une filiale étrangèredont la société mère est en difficulté domine le systèmefinancier, un scénario qui est redevenu d’actualité avec lacrise mondiale actuelle.

Bien que bénéfique pour l’efficience etl’élargissement de l’accès aux services bancaires, lapoursuite de l’intégration financière Sud-Sud pose aussides problèmes aux autorités de contrôle. Les pratiques dereporting, comptables et de communication financièredoivent être améliorées de toute urgence, et les instancesde contrôle doivent également élaborer et respecter desprotocoles d’accord pour l’échange d’informations sur la

solidité des établissements financiers. Même s’il n’y a pasde signe de retrait des banques étrangères, le risquedemeure et les autorités de contrôle africaines doivent enêtre conscientes pour pouvoir prévenir, sinon préparerd’éventuelles sorties.

Enfin, l’absence d’intégration régionale réduit lebénéfice que les pays d’Afrique subsaharienne peuventtirer de l’entrée de banques étrangères. En harmonisantles cadres réglementaires des banques, les autoritéspeuvent abaisser les coûts de la réglementation pour lesbanques opérant dans plusieurs pays de la région.Autoriser les banques à établir des succursales à l’étrangerau lieu de filiales pourrait réduire les coûts d’entrée sur lemarché, entre autres, via des structures organisationnellesmultiples et moins onéreuses, et encourager laconcurrence. Il est toutefois important de noter quel’introduction d’un « passeport régional pour les servicesfinanciers » nécessite au moins une convergence, si cen’est une intégration, du contrôle, comme le montre lacrise actuelle en Europe.Perspectives d’avenir

Ces dernières années, les systèmes financiers africains sesont approfondis et élargis. C’est le résultat nonseulement d’une amélioration des cadres macro-économiques et institutionnels, mais aussi de l’excès deliquidité mondiale, qui ont orienté davantage de flux decapitaux vers l’Afrique. La crise mondiale actuellemenace toutefois d’inverser cette tendance et de saperces récents progrès. Dans ce contexte défavorable, il estd’autant plus important d’améliorer les cadres nécessairespour que les systèmes financiers soient solides, efficientset inclusifs. Comme l’a montré ce chapitre, cetteamélioration appelle un renforcement des institutions(réforme judiciaire, instauration et réforme des servicesd’information sur les sûretés et les crédits, notamment),ainsi qu’une intervention de l’État prudente et adaptée àla situation, afin d’encourager l’extension des servicesfinanciers jusqu’à la frontière de ce qui seracommercialement viable. Les efforts visant à approfondirles marchés des emprunts d’État et des obligationsd’entreprises doivent être intensifiés, de façon àaméliorer les capacités de financement par l’empruntlocal, de mettre à disposition des instruments assortisd’échéances adaptées et procurant une sécurité pourl’épargne à long terme, ainsi que pour faciliter lefinancement de l’infrastructure africaine.

Ces mesures favorables au marché nécessitent desautorités fortes, qui puissent jouer un rôle actif dans laredéfinition des cadres réglementaires afin d’y introduiredes objectifs de concurrence, d’inclusion et d’efficience,et favoriser l’initiative privée. Lorsque l’État est appelé àintervenir sur les marchés financiers, il peut agir dans lesens du marché, par exemple en garantissant en partie lesprêts accordés à certaines catégories d’emprunteurs quirisquent d’être évincées, comme les PME, tout enencourageant les banques privées à aller chercher des

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clients plus pauvres et à développer un savoir-faire dansl’évaluation du risque de crédit. Cette approche supposeque les institutions financières de développement jouentun rôle nouveau au niveau des opérations de gros et dela coordination plutôt que des prêts aux particuliers. Cesmesures appellent aussi à introduire la technologienécessaire afin de progresser par bonds, de manière àélargir la portée du système financier. La diminution desenvois de fonds des travailleurs expatriés intensifie lespressions qui pèsent sur les pouvoirs publics pour qu’ilsœuvrent en faveur d’une réduction du coût de cestransferts de fonds. On peut parvenir à cette réduction enautorisant la concurrence entre sociétés de transfert defonds, en abaissant les coûts de la partie nationale destransferts via une interopérabilité entre les prestataires deservices de paiement, et en permettant aux prestataires deservices bancaires mobiles et aux banques qui proposentles mêmes services d’opérer sur un pied d’égalité.

La crise actuelle appelle aussi à la prudence dansl’ouverture des comptes de capital. Il convient de mettrel’accent sur l’intégration régionale afin de tirer parti deséconomies d’échelle. Si ce n’est peut-être pas le meilleurmoment d’ouvrir les comptes de capital, la crise actuellene doit pas servir de prétexte pour réintroduire descontrôles sur les mouvements de capitaux, étant donnéles répercussions négatives qu’ont ces derniers sur ladiscipline et la gouvernance macro-économiques. Larégion devrait largement bénéficier de la présenced’établissements financiers mondiaux et régionaux, etgagner en efficience, en concurrence, en stabilité et enouverture. L’arrivée des banques étrangères n’esttoutefois pas la panacée et ne peut se substituer auxnécessaires réformes internes.

Pour le meilleur ou pour le pire, l’avenir dessystèmes financiers africains est étroitement lié audéveloppement de la finance mondiale, de même quel’économie réelle des pays africains. Cependant, c’est auxacteurs du secteur financier africain (banquiers, donateurset décideurs politiques) de guider les réformes de cesecteur, de manière à maximiser les opportunités pourcette région.

Notes1 Il ne s’agit nullement de minimiser le lien de causalité inverse

entre le développement économique et des systèmes financiersplus profonds et plus sophistiqués.

2 Beck et al. 2000 ; Love, 2003 ; Wurgler, 2000.

3 Rajan et Zingales, 1998.

4 Beck et al., 2005.

5 Demirgüç-Kunt et al., 2006.

6 Beck et al., 2007.

7 Les spreads sont la différence entre le taux du prêt contracté ex-ante et le taux d’intérêt des dépôts et les marges sont lerendement effectif des intérêts (et non productif d’intérêt) desprêts moins les intérêts débiteurs sur les dépôts (moins les fraisautres que les intérêts sur les dépôts).

8 Honohan et Beck, 2007 ; Beck et Hesse, 2009.

9 Honohan et Beck, 2007.

10 Beck et al., 2008 ; Banque mondiale, 2008.

11 Beck et al., 2008. L’hypothèse de 2 pour cent provient del’enquête Genesis 2005. Les frais sur les comptes d’épargne sontgénéralement inférieurs et nombre de ces pays comptent aussides caisses d’épargne (postales) qui proposent des comptes debase, mais ces derniers ne présentent en principe pas les mêmesfonctions et nombre de caisses d’épargne proposent des servicesde faible qualité (longues files d’attente et accès limité aux fonds).

12 FMI, 2008.

13 FMI, 2008.

14 FMI, 2008.

15 Domowitz et al., 2001.

16 Barth et al., 2006.

17 Djankov et al., 2007.

18 Haselmann et Wachtel, 2007.

19 Adasme et al., 2006.

20 De la Torre et al. (2007) présentent des études de cas fascinantespour l’Amérique latine : (1) la création d’un marché basé surInternet pour l’actualisation des intérêts débiteurs après livraisonpar les PME au Mexique ; (2) un programme chilien favorisant lesprêts aux PME via l’adjudication de garanties partielles de l’État et(3) diverses solutions de financement structuré orchestrées par unfonds de développement mexicain afin de financer la productionagricole (crevette, maïs). En Afrique, les exemples pourraient êtrela garantie partielle sur les crédits, avec un partage des risques à50-50, établie par la Banque de Tanzanie, ainsi que la facilitéd’assurance pour le commerce en Afrique, soutenue par laBanque mondiale. Les institutions financières de développementpeuvent également être utiles dans le financement del’infrastructure, un marché où les acteurs privés sont souventréticents à pénétrer en raison des incertitudes politiques etéconomiques et la crise mondiale actuelle a encore réduit lenécessaire appétit pour le risque des investisseurs étrangers. Ilest également intéressant d’étudier le rôle de la Banque dedéveloppement d’Afrique du Sud qui a su catalyser la participationdu secteur privé à des projets au niveau municipal.

21 Il se révèle aussi important à cet égard de tirer les leçons desexemples positifs au sein de la région. La structure degouvernance de la Banque de développement d’Afrique du Sud(DBSA) a été étudiée en détail dans ce contexte (Scott, 2007).L’Association africaine des institutions financières dedéveloppement a également défini un ensemble de principes degouvernance.

22 Voir Kose et al., 2009, pour une discussion plus détaillée sur lesvaleurs de seuil des avantages de la libéralisation du compte decapital et ses avantages « collatéraux ».

23 Pour une discussion plus approfondie, voir Beck et al., 2009.

24 Banque mondiale, 2007b.

25 Clarke et al., 2009.

26 Banque mondiale, 2001.

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CHAPITRE 1.3

Une restructuration au servicede la compétitivité du secteurfinancier dans les quatre plusgrandes économies d’AfriqueLOUIS KASEKENDE, Banque africaine de développement

KUPUKILE MLAMBO, Banque africaine de développement

VICTOR MURINDE, Université de Birmingham

TIANSHU ZHAO, Université de Stirling

Le présent chapitre décrit les réformes engagées dansl’ensemble du secteur financier par chacune des quatreplus grandes économies d’Afrique dans le contexte de lamondialisation, ainsi que les facteurs internes qui ont puen influencer la forme et les effets. Il examine lestransformations du secteur induites par le mouvement deconcentration des activités financières résultant de fusionset d’alliances dans les grandes économies telles quel’Afrique du Sud et le Nigeria. Il envisage en outre laprobabilité que cette concentration s’opère sur les diverssegments du secteur étant donné les synergies potentiellesentre les activités bancaires, les opérations sur les valeursmobilières et l’assurance, ainsi que l’impact d’une telleconcentration sur l’amélioration des conditions de laconcurrence dans les services financiers. Les réformes desservices financiers ont en effet pour objectif fondamentalde renforcer la concurrence dans ces services en Afrique.

Des services financiers compétitifs jouent un rôlecrucial pour le développement économique de l’Afrique,d’autant que l’on a constaté les signes d’une relationpositive entre finance et croissance1. De plus, la questionde la concurrence dans les services financiers en Afriquea des conséquences importantes, surtout pour lerenforcement de l’efficience productive, de la stabilitéfinancière et pour l’instauration d’une réglementation etd’un contrôle efficaces. Ces conséquences peuvent avoirdes retombées positives sur le reste de l’économie, oumême d’un pays d’Afrique sur le reste du continent2. Eneffet, la concurrence stimule la productivité soit par lesprogrès techniques d’ordre général, soit par des gainsd’efficience, soit par les deux. On part aussi du principeque la concurrence exacerbe le problème de l’aléa moraldes établissements financiers, particulièrement desbanques. Les décideurs doivent en tirer une grandeleçon : pour parvenir à des services financiersextrêmement compétitifs, les pays d’Afrique doiventlancer des réformes fondamentales, en premier lieu dansle secteur bancaire et sur les marchés des capitaux. Noustentons donc de tirer ici, à l’intention du reste ducontinent, les enseignements de l’expérience des paysd’Afrique qui ont engagé d’importantes réformes et/oubénéficient d’une économie très compétitive.

En Afrique, alors que les réformes sont déjà encours, les instances dirigeantes se heurtent à une grandedifficulté : savoir comment mesurer et surveiller avecfiabilité les conditions de la concurrence dans le secteur.Cet aspect revêt une importance particulière à ce stadede la mondialisation financière, à l’heure où la planète estmenacée par la crise financière mondiale qui s’est

Nous remercions Modupe Banjoko, Olabisi Ekong, Emmanuel Ghunney,Yewande Onasanya et Philippe Lassou pour l’aide précieuse qu’ils ontapportée pendant les recherches. Nous saluons aussi les commentairesconstructifs formulés par les équipes de relecture de la Banque africainede développement, de la Banque mondiale et du Forum économiquemondial, ainsi que par les lecteurs indépendants. Nous sommes seulsresponsables de toute erreur résiduelle.

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amorcée à la fin 2007, dans le sillage de la crise des prêtshypothécaires subprime aux États-Unis. Bien quecertains indicateurs de mesure traditionnels, tels que lesspreads de taux d’intérêt, soient en vogue dans beaucoupde pays d’Afrique, il est souhaitable de disposer d’uninstrument de mesure fiable, que l’on puisse déduireempiriquement, afin de suivre l’évolution au fil du tempsdes conditions de la concurrence dans les servicesfinanciers, et surtout bancaires. Après avoir examiné lesréformes récemment mises en œuvre par les quatre plusgrandes économies d’Afrique, ce chapitre propose et faitune démonstration du fonctionnement de plusieursinstruments de mesures empiriques possibles permettantd’évaluer les conditions de la concurrence dans le secteurbancaire en Afrique du Sud, en Algérie, au Nigeria et enÉgypte (collectivement appelés pays SANE) pendant leurpériode de réforme. Ces instruments pourront êtreutilisés par les instances dirigeantes, les autorités deréglementation bancaire et les dirigeants des banques quisouhaitent suivre l’évolution des conditions de laconcurrence sur la durée.

Pourquoi réformer le secteur financier dans les paysSANE ?Plutôt que de s’intéresser à l’ensemble du continent etd’étudier la situation dans chacune des 53 économiesd’Afrique, ce chapitre s’attache à la compétitivité dusecteur financier dans les économies SANE, qui sont lesquatre plus grandes économies du continent. Ceséconomies ont affiché des taux de croissance positifsstables en 2007-2008, qui sont parfois proches de ceuxenregistrés par les économies BRIC (Brésil, Russie, Indeet Chine) parmi les marchés émergents (tableau A1, enannexe). Ainsi, même si les taux de croissance du PIB detous les pays SANE sont retombés en dessous des tauxatteints par la Russie, l’Inde et la Chine sur 2007-2008,l’Égypte et le Nigeria ont dégagé des taux supérieurs àcelui du Brésil. La moyenne pour les économies SANEs’est établie à 5,8 pour cent, mais ce chiffre devraitreculer en 2009-2010 sous l’effet de la crise financièremondiale.

Les économies SANE occupent une placeprédominante dans le secteur des services financiers enAfrique, et en particulier pour les banques et les marchésdes capitaux. Cependant, il est intéressant de noter queles économies SANE sont dotées de banques et demarchés des capitaux plus petits que ceux des économiesBRIC. Par exemple, considérés ensemble, les paysSANE abritent une large proportion du nombre total desbanques en Afrique, à savoir 164 sur un total de 741 surle continent, ou 22,1 pour cent (tableau A1 en annexe).Cependant, le nombre total de banques que comptent leséconomies SANE est nettement inférieur à celui totalisépar les BRIC : avec 769 banques au total, ces derniersdépassent en effet le total des banques pour toutel’Afrique (741). Par ailleurs, les économies SANE

totalisent 914 établissements financiers non bancaires,contre 1 543 pour les pays BRIC. Cette prédominancedes économies SANE dans le secteur bancaire africain estconfirmée par le chiffre des actifs bancaires dans chaquepays.

Les économies SANE abritent une importanteproportion de la population africaine et dégagent unelarge part du PIB du continent, mais comptent aussi plusdes deux tiers des 1 000 plus grandes entreprisesafricaines et 30 des 50 grandes banques du continent. Parailleurs, en 2008, les économies SANE étaient lesdestinataires de plus de la moitié de l’investissementdirect étranger (IDE) réalisé en Afrique, et totalisaientdeux fois et demi le montant de l’IDE reçu par l’Inde. Lesecteur financier dans ces quatre économies dispose doncdu potentiel pour devenir un moteur du développementdu secteur financier de l’Afrique et de la croissanceéconomique du continent. De plus, en choisissant denous intéresser aux quatre plus grandes économies, nousplaçons implicitement les performances des paysd’Afrique dans un contexte international.

Première observation importante, les pays SANEpartagent l’objectif de se doter d’un secteur des servicesfinanciers (banques, marchés des capitaux et assurance)compétitif sur le plan international. Cependant, étantdonné qu’ils ont opté pour des programmes de réformedifférents et en raison des disparités dans leurinfrastructure financière, les résultats manquentfatalement d’uniformité. Nous décrivons les différencesentre ces quatre pays concernant la sophistication etl’ouverture de leurs marchés financiers respectifs,comparés à une valeur de référence commune. Letableau 1 présente le classement des marchés financiersdes pays SANE selon différentes dimensions de lasophistication pour 2007-2008. Il présente aussi lamoyenne pour tous les pays SANE, qui sert de référence.Dans l’ensemble, il ressort des écarts observés quel’Afrique du Sud dispose du marché financier le plussophistiqué et le plus ouvert des quatre pays pourl’ensemble des 10 sous-indicateurs utilisés, à l’exceptionde la restriction des mouvements de capitaux. D’ailleurs,pour cet indicateur particulier, le Nigeria et l’Égypteparaissent plus ouverts que l’Afrique du Sud. L’Algérieest le pays le moins bien classé du groupe pour chacundes sous-indicateurs, ce qui laisse à penser qu’elle doitpoursuivre ses réformes. Cependant, concernant le sous-indicateur relatif au degré de protection des investisseurs,le score de l’Algérie est proche de la valeur de référencemoyenne et supérieur à celui de l’Égypte.

Le tableau 2 met en évidence les différences entreces quatre économies concernant les prix des servicesfinanciers nominaux et réels pour 2000-2008. L’écartentre ces prix en Afrique du Sud s’est rétréci, passant de5,3 pour cent en 2000 à 3,25 pour cent en 2008, peut-être sous l’effet d’une intensification de la concurrence.Au Nigeria également, la concurrence s’est intensifiée,

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surtout après 2005. En revanche, l’écart s’est accentuéen Algérie, passant de 2,5 à 5,90 pour cent sur lapériode, ce qui témoigne d’un environnement nonconcurrentiel. Ce scénario cadre avec le fait que le tauxnominal des prêts était ancré à 8,0 pour cent pendant lamajeure partie de cette période. On observe aussi dessignes de répression financière (taux réels derémunération des dépôts négatifs) en 2007 et 2008. Lescénario pour l’Égypte est mitigé. De plus, chacun deces quatre grands pays semble avoir connu des épisodesde répression financière à un moment ou un autre sur2000-2008 : l’Afrique du Sud en 2005, l’Algérie en2004 puis en 2007-2008, le Nigeria en 2001 puis en2004-2006 et l’Égypte en 2004-2005 puis en 2008. En2008, l’Afrique du Sud et le Nigeria semblaient sortis dela répression financière, peut-être à la suite de réformesvigoureuses3.

Ces quatre grandes économies d’Afrique doiventd’autant plus s’attacher à réformer leur secteur financierque la crise financière mondiale menace les économiesfragiles d’Afrique. C’est d’ailleurs une des raisons quinous ont poussés à nous concentrer sur la réforme de cesecteur en particulier, plutôt que sur d’autres

déterminants de la compétitivité. Un aspect de cesréformes, notamment, revêt une grande importance : lesconséquences de la crise financière pour laréglementation et la libéralisation du secteur financier.On peut avancer que les systèmes financiers plus ouvertsrésistent mieux à la crise, mais on peut aussi affirmer queles systèmes ouverts sont plus exposés aux sorties decapitaux volatils.

La suite de ce chapitre est divisée en quatre sections.La prochaine section procède à un examen, fondé sur deséléments largement empiriques, de l’évolution desréformes financières et de la compétitivité dans le secteurdes services financiers en Afrique du Sud, au Nigeria, enÉgypte et en Algérie. Nous nous attachons aux réformesrelatives aux banques, aux marchés financiers et auxservices d’assurance. Ensuite, une brève section décrit laméthodologie utilisée pour mesurer les conditions de laconcurrence dans le secteur bancaire dans chacun despays SANE au fil du temps, dont nous rapportons lesrésultats dans la section suivante. La dernière sectionénonce des remarques de conclusion et expose lesprincipales implications de ces constats pour lespolitiques publiques.

Tableau 1 : Sophistication des marchés financiers des économies SANE, 2008-2009

Indicateur de la sophistication des marchés financiers Afrique du Sud Algérie Nigeria ÉgypteRéférence moyennepour les pays SANE

Sophistication du marché financier 12 (6,3) 130 (2,1) 75 (4,1) 95 (3,5) 78 (4)Financement via les marchés d’actions locaux 4 (5,7) 118 (2,8) 3 (5,7) 49 (4,7) 44 (4,7)Facilité d’accès aux prêts 31 (4,2) 122 (2,2) 118 (2,3) 79 (3,1) 88 (2,95)Disponibilité du capital-risque 29 (3,9) 118 (2,2) 84 (2,8) 46 (3,4) 69 (3,1)Restriction des mouvements de capitaux 111 (3,7) 131 (2,8) 93 (4,1) 80 (4,4) 104 (3,8)Degré de protection des investisseurs * 9 (8,0) 50 (5,3) 39 (5,7) 67 (5,0) 41 (6,0)Solidité des banques 15 (6,5) 134 (3,9) 87 (5,2) 111(4,7) 87 (5,1)Réglementation boursière 5 (6,1) 128 (2,8) 53 (5,0) 80 (4,3) 67 (4,6)Indice de fiabilité des droits des créancierset des emprunteurs (données objectives)* 52(5) 93 (3) 16 (7) 123 (1) 71 (4)

Source : Forum économique mondial, 2008.Notes : Les chiffres indiquent le classement pour chaque pays SANE sur un échantillon de 134 pays ; les données entre parenthèses correspondent au score sur une échelle allant

de 1 (= très mauvais par comparaison avec les pratiques internationales) à 7 (= excellent par comparaison avec les pratiques internationales), sauf en présence d’un astérisque(*), qui indique une échelle allant de 0 (= pire) à 10 (= meilleur).

Tableau 2 : Prix financiers nominaux et réels dans les économies SANE, 2000-08

Taux nominal de rémunérationdes dépôts (en %)

Taux nominal des prêts(en %)

Taux réel de rémunération des dépôts(en %)

Taux réel des prêts(en %)

Écart nominal(en %)

AnnéeAfriquedu Sud Algérie Nigeria Égypte

Afriquedu Sud Algérie Nigeria Égypte

Afriquedu Sud Algérie Nigeria Égypte

Afriquedu Sud Algérie Nigeria Égypte

Afriquedu Sud Algérie Nigeria Égypte

2000 9,20 7,50 11,69 9,46 14,50 10,00 21,27 13,22 1,60 7,16 10,39 7,46 6,90 9,64 19,97 11,22 5,3 2,50 9,53 3,76

2001 9,30 6,25 15,26 9,46 13,77 9,50 23,44 13,29 2,70 2,02 -1,34 7,06 7,17 5,27 6,84 10,89 4,47 3,25 8,18 3,83

2002 10,77 5,25 16,67 9,33 15,75 8,50 24,77 13,79 1,47 3,83 0,27 7,13 6,45 7,08 8,37 11,59 4,98 3,25 8,10 4,46

2003 9,67 5,25 14,22 8,23 14,96 8,00 20,71 13,53 1,67 2,67 0,29 5,03 6,96 5,42 6,78 10,33 5,29 2,75 6,49 5,30

2004 6,55 2,50 13,70 7,73 11,29 8,00 19,18 13,38 2,15 -1,06 -0,23 -2,57 6,86 4,44 5,25 3,08 4,74 5,50 5,48 5,65

2005 6,04 1,75 10,35 7,23 10,63 8,00 17,95 13,14 -0,96 0,11 -5,03 -4,17 3,63 6,36 2,57 1,74 4,59 6,25 7,60 5,91

2006 8,25 1,80 7,89 8,26 11,75 8,00 17,26 12,87 3,55 0,20 -0,49 3,86 7,05 6,00 8,88 8,47 3,50 6,20 9,37 4,61

2007 10,25 1,80 7,75 9,00 13,75 8,00 16,49 12,60 3,15 -1,70 2,38 1,38 6,65 3,50 11,12 5,34 3,50 6,20 8,74 3,96

2008 11,75 2,00 11,88 6,97 15,00 8,10 17,39 12,20 4,75 -2,80 4,12 -5,03 8,00 3,30 9,63 0,20 3,25 5,90 5,51 5,23

Source : FMI, 2008.

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Principaux aspects des réformes du secteur financierdans les économies SANELes réformes du secteur bancaire engagées dans leséconomies SANE témoignent de la diversité desapproches qui peuvent être retenues lorsqu’on veutaméliorer les conditions de la concurrence dans ce secteur.L’Afrique du Sud a opté pour une restructurationprogressive de son secteur bancaire, durant laquelle lesbanques sud-africaines ont ouvert des établissements deservices financiers dans le reste de l’Afrique. Le Nigeria,de son côté, a courageusement conçu et mis en œuvre untraitement de choc pour son secteur bancaire, quis’assimile à un « big bang »4. En Égypte, les réformes dusecteur bancaire affichent un bilan mitigé en termesd’efforts déployés et de succès, ce qui semble indiquer quele pays n’est pas encore au bout du chemin. L’Algérie serévèle lente à mettre en œuvre ses réformes, et il est tempsqu’elle s’engage dans une restructuration complète de sonsecteur financier étant donné les efforts qu’elle a fournisjusqu’ici et la nécessité d’atténuer les effets négatifs de lacrise financière mondiale qui fait rage.

De manière générale, il n’existe aucune approcheuniverselle viable de la réforme du secteur financier. Lesréformes du secteur bancaire introduites par l’Afrique duSud ont été non seulement complètes, mais aussiminutieusement structurées sur une longue période. Ellesont permis l’apparition de banques solides, qui ont prisune envergure mondiale. Cette approche progressiveoffre des enseignements importants pour le reste ducontinent. Toutefois, il est également intéressant denoter que l’approche du big bang adoptée par le Nigeriaa aussi fonctionné, ce qui laisse à penser que danscertaines économies, un traitement de choc peut donnerdes résultats très rapides.

Les réformes des secteurs bancaire et financier en Afriquedu SudLes réformes du secteur bancaire mises en œuvre parl’Afrique du Sud se caractérisent par leur progressivité :elles se sont étendues sur près de deux décennies, et ontenglobé des réformes complémentaires des marchés descapitaux et des services d’assurance (voir le tableau 3pour une chronologie des principales réformes du secteurbancaire).

De plus, les établissements bancaires sud-africains sesont dotés d’une politique interne afin de renforcer leurparticipation aux programmes de renouveau social. Ilsemblerait que ces réformes se soient accompagnéesd’opportunités, mais aussi de problèmes. La libéralisationfinancière a intensifié la concurrence pour les banquessud-africaines traditionnelles, tout en les exposant auxmouvements des capitaux internationaux, plus volatils.Elles ont été contraintes d’adopter une attitude plusouverte et une approche plus internationale dans lagestion au jour le jour de leurs activités.

À la suite de l’ouverture du système financier sud-africain, en 1994, la participation étrangère au secteur

Tableau 3 : Les principales réformes du secteurbancaire en Afrique du Sud

AnnéeRéformes visant spécifiquement à améliorer la compétitivitédu secteur bancaire

1991 Des obligations de fonds propres fondées sur les risques,conformes aux directives de l’UE, sont introduites pour lesbanques.

1996 Il est fait obligation aux banques de mettre leurs informationscomptables et financières en conformité avec les principescomptables généralement reconnus (Generally AcceptedAccounting Principles, GAAP).

1998 La Banque de réserve d’Afrique du Sud (SARB) révise sesprocédures opérationnelles afin de procurer des liquidités à courtterme aux banques : un système de rachat aux enchères estintroduit, par lequel les banques font des offres quotidiennes pourla liquidité procurée par la SARB.

1999 La SARB plafonne les dépôts bancaires dans les comptesd’attente de réserve de liquidités (Cash Reserve Contra Accounts,CRCA), ce qui limite effectivement la possibilité pour les banquesd’utiliser la moyenne mensuelle de leurs réserves obligatoires.

2001 Il est fait obligation aux groupes bancaires d’employer les règlescomptables consolidées pour les conglomérats financiers (afind’éviter un double comptage des fonds propres).

2001 Une nouvelle réglementation sur la titrisation est adoptée,conformément à Bâle II. La titrisation est étendue de manière àpermettre aux banques d’agir en qualité de cédant, de sponsor oude « repackager » dans une opération de titrisation ; par ailleurs,le niveau de fonds propres minimum obligatoire pour les banqueset les caisses d’épargne est porté de 8 pour cent (ce quedemandait Bâle I) à 10 pour cent.

2002 La loi bancaire (Bank Act) de 1990 est amendée et contrainttoutes les banques à se doter d’une gestion des risques et d’unegouvernance d’entreprise saines et à limiter certainsinvestissements (par exemple dans les actions).

2003 Les banques doivent élaborer une matrice des risques afin devérifier l’identité de leurs clients, conformément au FinanceIntelligence Centre Act (FICA), ce qui est une applicationconcrète de la législation contre le blanchiment d’argent.

2004 La section 50 du Bank Act précise qu’une société mère ne doitpas investir plus de 40 pour cent de son capital en actions et deses fonds de réserve.

2005 Le marché bancaire sud-africain est ouvert aux banquesétrangères. Les banques sud-africaines sont à leur tourautorisées à ouvrir des succursales, des filiales et desreprésentations dans de nombreux pays du globe.

2006 Le projet de loi sur le crédit national (National Credit Bill) est votéafin de permettre à tous les Sud-Africains d’accéder au crédit àdes taux raisonnables. Le régulateur national du crédit (NationalCredit Regulator) et le tribunal national chargé des questions deconsommation (National Consumer Tribunal) sont mis en placepour faire appliquer cette loi.

2007 L’association bancaire d’Afrique du Sud (Banking AssociationSouth Africa) publie un code de conduite, avalisé par toutes lesgrandes banques de crédit à la consommation, qui constitue unenorme de référence que les banques s’engagent à respecterconcernant leurs pratiques de prêt.

2008 La phase 1 de l’Integrated Cash Management System (ICMS,système de gestion intégrée de la liquidité) est lancée par laSARB, afin de dégager des gains d’efficience ; toutes les banquessud-africaines commencent à opérer selon Bâle II.

Source : Compilé par les auteurs à partir des informations contenues dans la série deRapports annuels de la Banque de réserve d’Afrique du Sud (SARB) 1999-2007, quiont été mises à jour à l’aide des nouvelles informations communiquées par la SARBen 2008.

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bancaire local a fortement augmenté, passant de3 pour cent des actifs bancaires en 1994 à 9,5 pour centfin octobre 2004. Le pays accueille désormais plus de10 banques étrangères qui ont officiellement ouvert dessuccursales ou des filiales en Afrique du Sud, et plus de60 banques internationales disposant d’une représentationdans le pays. Ces banques étrangères intensifient laconcurrence pour les établissements sud-africains, enparticulier dans les domaines de la banque de gros, dufinancement du commerce international et sur le marchédes changes. De plus, les innovations se multiplient, avecnotamment l’apparition des services de banquecommerciale électronique, des guichets automatiques debanque (GAB), d’Internet et de la banque mobile, ainsique l’émission de cartes de débit et de crédit. On peutdonc affirmer que les réformes qui ont encouragé lesbanques étrangères à opérer en Afrique du Sud ontamélioré la qualité de service globale du secteur bancaire,abaissé les taux d’intérêt et majoré les taux derémunération des dépôts, ce qui attire la clientèle.

L’Afrique du Sud s’est dotée d’un systèmerelativement bien développé qui n’a rien à envier à celuide bon nombre de pays développés et qui la distingue desautres économies de marché émergentes5. Le systèmebancaire sud-africain est resté stable et ses banques sontcorrectement capitalisées, notamment grâce à laconcentration du secteur (tableaux 4 et 5). Les banquesont conservé des ratios de fonds propres supérieurs auminimum de 10 pour cent requis, et leur moyenne estpassée à 11,4 pour cent en décembre 2001 puis à12,8 pour cent en décembre 2007. La croissance de leurbilan est restée dans l’ensemble soutenue en 2007. Lesactifs bancaires sont passés de 1 046 milliards de rands sud-africains (ZAR) fin décembre 2001 à 2 547,0 milliards findécembre 2007, et ont affiché un taux de croissanceannuel de 22,7 pour cent en 2007, contre 23,7 pour centen décembre 2006. Les prêts et les avances, ainsi quel’investissement et les positions de trading, ont été lesprincipales sources d’accroissement des actifs bancaires en2007. Cette année là, les dépôts non bancaires sontdemeurés la principale source de financement pour lesecteur bancaire, et représentaient 65,1 pour cent du passifet des fonds propres totaux fin décembre 2007 (contre65,2 pour cent en décembre 2006). Le total des dépôtsnon bancaires a progressé, passant de 353,2 milliards derands fin décembre 2006 à 1 657,8 milliards de rands findécembre 2007.

Les ratios de rentabilité se sont révélés solides en2007. Le rendement des fonds propres réglementairess’est tassé à 18,1 pour cent fin décembre 2007, contre18,3 pour cent une année auparavant, tandis que lerendement total des actifs s’élevait à 1,4 pour cent findécembre 2006 et décembre 2007. Le ratio d’efficiences’est amélioré, passant de 58,8 pour cent findécembre 2006 à 56,9 pour cent fin décembre 2007,alors qu’il ressortait à 64,2 pour cent en 2001. Les avoirs

d’actifs liquides ont dépassé le niveau obligatoire pendanttoute l’année 2007. Le volume moyen des actifs liquidesdétenus chaque jour en décembre 2007 représentait112,5 pour cent du niveau obligatoire (contre111,2 pour cent en décembre 2006).

Les crédits hypothécaires ont enregistré une fortecroissance par rapport aux autres classes d’actifs : ils sontpassés de 680,9 milliards de rands fin décembre 2006 à849,0 milliards fin décembre 2007, soit une progressionannuelle de 24,7 pour cent (contre 30,3 pour cent endécembre 2006). Même si ce rythme de progression aralenti en 2007, en pourcentage du total des prêts et desavances, la part des crédits hypothécaires a légèrementaugmenté, ce qui témoigne d’une forte poussée. Lesdécouverts et les prêts sont passés de 383,5 milliards derands fin décembre 2006 à 478,5 milliards findécembre 2007, soit une croissance annuelle de24,8 pour cent (contre 28,5 pour cent en décembre 2006).Le taux de croissance a culminé à 36,8 pour cent enjuin 2007, avant de se replier. De 207,4 milliards de randsfin décembre 2006, les crédits à la consommation sontressortis à 234,2 milliards fin décembre 2007, soit unecroissance annuelle de 12,9 pour cent (contre13,9 pour cent en décembre 2006). Les avances et les prêtsinterbancaires, à 91 milliards de rands fin décembre 2006,ont, quant à eux, bondi à 122,4 milliards findécembre 2007, soit une progression annuelle de34,5 pour cent (contre 26,0 pour cent en décembre 2006).De leur côté, de 43,9 milliards de rands findécembre 2006, les prêts par carte de crédit se sont établisà 55,1 milliards fin décembre 2007, ce qui représente uneaugmentation annuelle de 25,5 pour cent (contre40,8 pour cent en décembre 2006).

En 2007, cependant, les ratios mesurant le risque decrédit se sont détériorés, les prêts improductifs passant de18,8 milliards de rands fin décembre 2006 à29,4 milliards un an plus tard. En proportion du total desavances et des prêts, ils ont progressé à 1,4 pour cent findécembre 2007, contre 1,1 pour cent fin décembre 2006.L’augmentation des taux d’intérêt, conjuguée à d’autresévolutions défavorables en Afrique du Sud et dansl’environnement international, a contribué à cettedégradation. De plus, leur croissance a été quelque peufaussée par les transactions de titrisation qui ont eu lieudurant l’année. Les avances et les prêts en devises se sontlégèrement repliés, passant de 191,7 milliards de rands findécembre 2006 à 190,4 milliards fin décembre 2007, soitune croissance annuelle négative de 0,7 pour cent.

De manière générale, l’année 2007 s’est caractériséepar une stabilité financière raisonnable, comme le montrele tableau 4. L’indice des services financiers a progressé,passant de 97 au deuxième trimestre à 98 aux troisième etquatrième trimestres. L’indice de confiance de la banqued’investissement et des services financiers spécialisés, ainsique l’indice de confiance de l’assurance vie, se sontmaintenus à 100 au troisième et au quatrième trimestres.

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Le tableau 5 montre que le secteur bancaire sud-africain s’est révélé solide, stable et financièrement sainsur la période 2001-2007, peut-être en raison desréformes financières que le pays avait engagées : tous lesindicateurs de niveau de fonds propres et de liquidité, derésultat et de rentabilité, de sensibilité au risque demarché et de qualité des actifs affichent des scoressupérieurs aux seuils ou aux valeurs de référence requis.

Restructuration du secteur bancaire et financier au Nigeria

Contrastant avec la méthode progressive adoptée parl’Afrique du Sud, le Nigeria s’est lancé dans une initiativede type « big bang » afin de renforcer la compétitivité deses banques6. Plus précisément, les réformes introduitesen juillet 2004 ont relevé le niveau minimum decapitalisation des banques à 25 milliards de nairasnigérians (NGN), avec effet en décembre 2005. Elles ontégalement instauré un retrait progressif des fonds publicsdes banques, qui a pris effet en juillet 2004, et engagé unmouvement de concentration des établissementsbancaires via des fusions et acquisitions. De plus, laréglementation bancaire a été révisée et intègredésormais un cadre fondé sur des règles et axé sur le

risque, pose le principe de la tolérance zéro dans ledomaine de la communication financière et introduit unsystème électronique d’analyse et de surveillancefinancière (e-FASS) pour les déclarations fiscalesautomatisées des banques et autres établissementsfinanciers. Cette réglementation prévoit aussi lacollaboration avec l’Economic and Financial CrimesCommission (EFCC, commission de la délinquanceéconomique et financière) pour la mise en place d’uneFinancial Intelligence Unit (FIU, service derenseignement financier) et la mise en œuvre des mesuresde lutte contre le blanchiment d’argent et autres délitséconomiques, et elle a permis la stricte application ducadre d’intervention d’urgence en cas de difficultésbancaires systémiques en 2008. Afin d’accélérer lerèglement les problèmes des établissements financiers, lesautorités ont récemment annoncé la création d’unesociété de gestion d’actifs7. Ces nouvelles réformesmettent aussi en exergue la responsabilité des conseilsd’administration des banques en faillite8.

Le tableau 6 présente des indicateurs deperformance pour les principales banques du Nigeriaaprès l’introduction de ces réformes. Il convient de noter

Tableau 4 : Indices des services financiers en Afrique du Sud, 2007

Type d’indice 2e trimestre 3e trimestre 4e trimestre

Indice des services financiers 97 98 98Indice de confiance de la banque de détail et des services financiers spécialisés 100 94 95Indice de confiance de la banque d’affaires et des services financiers spécialisés 100 100 100Indice de confiance des gestionnaires de placements 97 99 97Indice de confiance de l’assurance vie 90 100

Source : Banque de réserve d’Afrique du Sud, 2008.

Tableau 5 : Indicateurs de solidité financière du secteur bancaire en Afrique du Sud, taux de progression entrejanvier 2001 et décembre 2007

IndicateurMoyenne

(%)Écart type

(%)Seuil(%)

Effectif(%)

Signal*

FONDS PROPRES

Fonds propres réglementaires sur actifs pondérés du risque 12,65 0,65 12,00 12,78 Non

Fonds propres réglementaires de catégorie 1 (tier 1) sur actifs pondérés du risque 9,25 0,56 8,69 9,48 Non

RÉSULTATS ET RENTABILITÉRendement des actifs 1,01 0,34 0,67 1,36 Non

Rendement des fonds propres 13,01 4,52 8,49 18,11 Non

Marge d’intérêt sur revenu brut 50,37 11,12 39,25 58,51 Non

Charges non financières sur revenu brut 64,28 11,32 75,60 48,64 Non

LIQUIDITÉActifs liquides sur actifs totaux 4,56 0,24 4,32 4,63 Non

Actifs liquides sur engagements à court terme 8,89 0,71 8,18 8,71 Non

SENSIBILITÉ AU RISQUE DE MARCHÉPosition ouverte nette cumulée en devises sur fonds propres 1,65 0,76 2,41 0,69 Non

QUALITÉ DES ACTIFSPrêts non productifs sur total des avances et des prêts 2,20 0,86 3,06 1,38 Non

Provisions spécifiques sur total des avances et des prêts 1,52 0,45 1,07 0,86 Oui

Part des avances hypothécaires dans le crédit au secteur privé 43,06 3,46 46,52 48,95 Oui

Source : Banque de réserve d’Afrique du Sud, 2008.* Signal indique si la SARB doit ou non intervenir sur cet indicateur.

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Tableau 6 : Indicateurs de performance pour les principales banques du Nigeria, 2005-2007

Banque AnnéeRendement desfonds propres

Solidité des fondspropres

(en milliers d’USD)Taille des actifs

(en milliers d’USD)Solidité du ratio

fonds propres/actifs

Access Bank PLC 2005 0,035 110 986,07 527 788,58 21,03

2006 0,025 227 887,73 376 716,35 16,55

2007 0,214 223 873,26 2 591 806,87 8,64

Afribank Nigeria PLC 2006 0,092 213 419,28 1 035 335,92 20,61

2007 0,122 223 172,35 1 441 135,44 15,49

Diamond Bank PLC 2005 0,122 163 422,71 987 321,93 16,55

2006 0,110 276 220,93 1 761 831,00 15,68

2007 0,128 425 685,44 2 466 427,49 17,26

Ecobank Nigeria PLC 2005 0,229 221 547,00 2 199 230,00 10,07

2006 0,226 382 088,00 3 503 739,00 10,91

2007 0,270 513 548,00 6 550 224,00 7,84

Fidelity Bank PLC 2005 0,136 71 065,50 349 359,12 20,34

2006 0,123 201 272,31 1 188 857,43 16,93

First Bank PLC 2005 0,272 352 330,62 2 977 332,59 11,83

2006 0,263 480 952,75 4 260 028,39 11,29

2007 0,237 610 071,72 6 016 886,19 10,14

First City Monument Bank PLC 2005 0,110 57 000,12 405 357,56 14,06

2006 0,107 208 517,55 842 111,29 24,76

2007 0,187 244 619,77 2 075 875,90 11,78

Guaranty Trust Bank PLC 2005 0,147 284 765,26 1 321 925,00 21,54

2006 0,213 320 018,43 2 402 020,00 13,32

2007 0,274 373 460,26 3 766 389,00 9,92

Oceanic Bank PLC 2005 0,189 249 933,13 1 751 235,69 14,27

2006 0,253 302 814,75 2 987 347,62 10,14

2007 0,077 1 788 387,34 8 283 286,87 21,59

Platinum Habib Bank PLC 2005 0,055 101 771,43 415 360,75 24,50

2006 0,084 229 023,16 1 245 029,76 18,39

2007 0,211 290 414,35 3 046 216,31 9,53

Standard Chartered Bank 2004 0,267 38 451,37 269 179,30 14,28

2005 0,091 206 611,15 531 285,17 38,89

Sterling Bank PLC 2006 0,04 211 570,16 881 546,84 24,00

2007 0,072 215 437,25 1 173 429,85 18,36

Union Bank Of Nigeria PLC 2005 0,239 308 612,66 3 141 186,21 9,82

2006 0,104 754 673,08 4 082 056,94 18,49

2007 0,125 762 126,35 4 888 398,13 15,59

United Bank for Africa PLC 2005 0,262 142 299,03 2 001 028,93 7,11

2006 0,24 382 805,46 6 842 773,31 5,59

2007 0,12 1 324 927,65 t8 861 318,32 14,95

Unity Bank 2006 0,148 21 889,28 263 223,93 8,32

2007 0,12 244 091,90 908 352,05 26,87

WEMA Bank PLC 2005 0,034 191 331,10 772 214,37 24,78

2006 -0,321 162 000,16 947 307,09 17,10

2007 0,101 198 617,43 1 302 007,50 15,25

Zenith Bank PLC 2005 0,189 299 798,98 2 640 897,23 11,35

2006 0,114 796 514,59 4 845 444,66 16,44

2007 0,155 895 147,34 7 012 621,38 12,76

Intercontinental Bank PLC 2005 0,154 256 483,74 1 293 976,85 19,822006 0,159 424 462,64 2 841 532,16 14,942007 0,095 227 297,06 5 224 376,03 23,49

Source : Compilé par les auteurs à partir de BankScope.Note : La solidité des fonds propres est mesurée par les fonds propres de catégorie 1 (tier 1). PLC = public limited company.

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qu’après le big bang, tous les indicateurs des grandesbanques témoignent de bonnes performances pour lerendement et la solidité des fonds propres, ainsi que levolume et la solidité des actifs. De plus, à la suite de laconcentration des établissements financiers, la profondeurdu secteur s’est accrue, le crédit au secteur privé passantde 26,2 pour cent en 2006 à 67,8 pour cent en 20079.L’épargne a également augmenté, passant de1082,0 milliards de nairas en 2006 à 2 949,8 milliards en2007, détenue à 76 pour cent par les banquescommerciales et à 24 pour cent par les autresétablissements d’épargne, tels que les sociétés d’assurancevie, les caisses de retraite et les banques de micro-crédit.Sur la même période, le nombre de succursales bancairesa progressé de 3 468 à 4 579 dans tous les États du pays,ce qui a gonflé les effectifs bancaires. Fin 2008, le secteurfinancier était le principal employeur du Nigeria10.

L’un des volets importants de la réforme engagéepar le Nigeria a trait au système de paiement et aumarché monétaire interbancaire. Des réformes dusystème de paiement ont également été introduites, etsept banques ont été désignées pour faire officed’établissement de règlement pour la compensation deschèques. Entre 2006 et 2007, la compensation deschèques est passée de 14,9 millions de nairas à19,9 millions en valeur et de 16,4 millions à28,1 millions en volume, ce qui traduit la désaffectionpour les transactions en nature et le recours accru aurèglement par chèque par les particuliers. Pourencourager l’utilisation des chèques, les autorités ontintroduit des amendes et des poursuites à l’encontre desémetteurs de chèques non provisionnés, et veillent à ceque ces sanctions soient appliquées. Avec l’entrée enservice du système de transfert de fonds interbancaire dela Central Bank of Nigeria (CBN), la valeur destransactions a fait un bond de 56 pour cent. L’absenced’intérêt sur la facilité permanente de dépôt renforceaussi la confiance dans le système et encourage lesbanques à placer et à emprunter les unes auprès desautres et auprès des maisons d’escompte.

Le commerce électronique se répand également,avec l’utilisation accrue des guichets automatiques debanque, l’introduction des terminaux de point de vente,l’émission de cartes de débit et de crédit ainsi qu’Internetet les innovations de la banque mobile, comme l’indiquele tableau 7.

Les réformes budgétaires introduites dans le pays sesont également traduites par la multiplication des fusionset acquisitions, qui ont concerné 89 banques. Le payss’est alors retrouvé avec 25, puis 24 banques après lerachat de l’une d’entre elles, plus grandes et plus solides.Certaines ont repris des établissements financiers commedes maisons de courtage en vue d’offrir des services debanque de gros ou de banque universelle. L’apparition debanques vastes et puissantes crée une saine émulation etune vive concurrence, les établissements rivalisant les unsavec les autres pour attirer des clients en offrant des tauxde rémunération des dépôts et des taux d’empruntintéressants. Les banques nigérianes ont investi dans larecherche et le développement pour porter leurs servicesà un niveau international, en s’attachant davantage à labanque de détail. Les autorités ont également accordé desconditions préférentielles aux banques levant des fondssur le marché des capitaux afin de les aider à réduire leurscoûts et à opérer une transition en douceur.

Réformes du secteur bancaire et financier en ÉgypteL’Égypte offre un contraste intéressant avec

l’expérience de l’Afrique du Sud et du Nigeria. Lesecteur bancaire égyptien compte parmi les plus ancienset les plus étendus d’Afrique. Le pays a commencé àréformer son secteur bancaire dès le début desannées 1970, mais la première phase des réformesmodernes, intervenue en 1990-1996, visait lalibéralisation complète du secteur bancaire, dans le butde renforcer l’efficience et la compétitivité desétablissements. En février 1991, le marché des changes aété entièrement libéralisé et les banques ont étéautorisées à fixer les taux de change pour les transactionsen devises. En 1992, les plafonds sur les taux d’intérêtont été abolis pour le secteur privé et public, toutcomme la limitation des prêts, supprimée en 1993.

La deuxième phase des réformes (1996-2001) alibéralisé les prix financiers et engagé le mouvement deprivatisation et de déréglementation. Pendant latroisième phase (2002-2007), les autorités ont lancé leprogramme d’évaluation du secteur financier (FinancialSector Assessment Program) en 2002, qui a mis en évidenceles grandes priorités de la réforme pour les établissementsbancaires et non bancaires, et introduit le prêt à l’appuide politiques de développement du secteur financier(Financial Sector Development Policy Loan) en 2005, avecdes dispositions visant à améliorer le climat del’investissement. Cette période a également été marquéepar une restructuration complète du secteur financier,avec fusion entre établissements, privatisation de banquesd’État, recapitalisations, traitement des prêtsimproductifs, modernisation du système de paiement,amélioration et suivi du gouvernement d’entreprise danstoutes les banques et amélioration du cadre juridique etréglementaire global régissant les activités financières11.

En 2002, la banque centrale égyptienne (CentralBank of Egypt, CBE) a imposé aux banques de relever

Tableau 7 : Part du marché des paiements électroniquespar catégorie de transactions, en pourcentage

Catégorie de transactions 2006 2007

Guichets automatiques de banque (GAB) 73,4 88,5Internet 3,5 7,1Terminaux de point de vente 23,0 4,3Banque mobile 0,1 0,1

Source : Banque centrale du Nigeria, 2008.

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leur ratio de fonds propres de manière à respecter lesvaleurs fixées par Bâle II. À la suite de l’adoption de laloi bancaire (Banking Law) en 2003, le niveau de fondspropres minimum pour toutes les banques a été relevé etporté à 500 millions de livres égyptiennes (EGP), soitenviron 87 millions de dollars. Quelques banques ontensuite fusionné : par exemple, en 2005, Banque Misr etBanque du Caire, ou encore National Société GénéraleBank (NSGB) et Misr International Bank. Il convient denoter que l’Égypte est membre de l’Organisationmondiale du commerce (OMC) depuis le 30 juin 1995,et qu’elle a pris des engagements au titre de l’Accordgénéral sur le commerce des services (AGCS ou GATS)en 1997. Depuis ces réformes financières, l’Égypte nelimite plus l’entrée des banques étrangères sur sonmarché bancaire. Plusieurs établissements étrangersdétiennent d’ailleurs des parts majoritaires dans desbanques égyptiennes, tandis que d’autres banquesétrangères sont enregistrées comme succursales de leurmaison mère, plutôt que sous la forme de filiales12.

Des données empiriques suggèrent que le pays araisonnablement progressé dans la réforme de son secteurfinancier, lequel connaît une sorte de renaissance depuisles premières phases des réformes, engagées dans lesannées 1990. Il semble que la concentration ait entraînédes transformations radicales du secteur. Ainsi, les dépôtsbancaires sont passés de 84,5 milliards de dollars en 2004à 95,2 milliards en 2005, 104 milliards en 2006 et118 milliards en 2007 (voir également le tableau 8 pourles données détaillées sur les performances des banques).La taille du secteur bancaire, mesurée par le total desactifs, reflète parfaitement toutes les évolutions positivessur le plan économique, bancaire et du climat desaffaires. En 2007, ce total a affiché une croissanceremarquable, de 23,2 pour cent en glissement annuel,surperformant le taux annuel moyen déjà élevé de12 pour cent au cours des cinq années précédentes, pours’établir au niveau record de 937,9 milliards de livres13.Plus précisément, les principales banques égyptiennes ontdégagé un rendement élevé sur leurs fonds propresmoyens sur 2005-2007 (tableau 8). Par ailleurs, la plupartont augmenté leurs actifs totaux, ce qui traduit unprocessus d’attribution de prêts. Si une ou deux banquesd’État semblent avoir affiché des performances médiocressur cette période (tableau 8), il convient de souligner quel’Égypte n’a pas connu de crise bancaire ou monétairemajeure pendant la période de réforme.

Depuis 2005, les privatisations ont placé environ lamoitié du secteur bancaire aux mains d’intérêts privés etl’État a restructuré les banques publiques et a rembourséles crédits en souffrance contractés par les entreprisesd’État tout en favorisant le règlement des crédits ensouffrance dus par le secteur privé. Des réformes annexesde la règlementation et du système judiciaire, avecl’instauration de tribunaux économiques spécialisés,l’encouragement des arbitrages hors tribunaux et le

renforcement du rôle du credit bureau (serviced’information sur les crédits), sous la houlette du secteurprivé, contribuent à améliorer l’exécution des contrats etla protection des créanciers, ce qui remédie auxprincipaux obstacles que rencontrent les PME souhaitantemprunter14. Par ailleurs, depuis de récentes réformes, laplupart des banques sont en mesure d’élargir leur offre deservices non traditionnels tels que des services decourtage, de conseil en investissement, de valorisation etde cession d’actifs et de gestion de fonds communs deplacement, ce qui a entraîné une augmentation duvolume des services sur le marché des capitaux. De plus,les systèmes de paiement ont connu des améliorations.Les autorités se sont en effet attachées à améliorer et àmoderniser le cadre institutionnel dans lequel s’inscrit lesystème de paiement de la banque centrale, enintroduisant un système de règlement brut en temps réel(RBTR) et une chambre de compensation automatisée(CCA), de manière à réduire le délai de traitement deschèques émis par les différentes banques.

Réformes du secteur bancaire et financier en AlgériePar rapport à l’Afrique du Sud, au Nigeria et à

l’Égypte, l’Algérie constitue un cas à part. Avant 1980,ce pays suivait une stratégie tournée vers l’intérieur, quiconférait à l’État un rôle pivot dans l’économie. Lesecteur des services financiers était très réglementé.L’allocation des ressources passait par l’allocationcentralisée des crédits, des taux d’intérêt préférentiels etle contrôle des changes. Le système bancaire étaitsegmenté, peu concurrentiel et fermé à la participationdes capitaux étrangers. Au début des années 1980, lesmarchés des actions et obligations étaient pratiquementinexistants dans le pays en raison de la prédominance del’État dans le capital des entreprises et de l’absence debase juridique pour l’activité des marchés des capitaux.

Pendant la période 1986-1996, l’Algérie acommencé à introduire et à appliquer des réformes deson secteur bancaire, composées pour l’essentiel de cinqvolets. Le premier volet a consisté à relever les tauxd’intérêt afin de parvenir à des taux réels positifs, et en1990, les taux rémunérant les dépôts étaient entièrementlibéralisés. Les taux prêteurs ont été déplafonnés, toutcomme les spreads bancaires en décembre 1995. Ledeuxième volet, engagé en 1987, a assoupli la politiqued’orientation du crédit. En 1994, les banques étaientrégies par les lois du marché pour l’allocation des créditsaux entreprises et aux ménages. Le troisième volet aporté sur la réglementation prudentielle et la supervisionbancaire. De nouvelles lois bancaires ont favorisé lalibéralisation et la déréglementation des activitésfinancières. En 1999, toutes les banques avaient pourobjectif de respecter les ratios de fonds propres pondérésdu risque préconisés par le Comité de Bâle. Le quatrièmevolet a consisté à renforcer la concurrence entre banques.Parmi ses principales mesures, on peut citer l’ouverturedu secteur aux établissements étrangers, la possibilité

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Tableau 8 : Indicateurs de performance des principales banques en Égypte, 2005-2007

Banque AnnéeActifs totaux

(millions d’USD)Fonds propres

(millions d’USD)

Rendementdes fonds propres

(moyens)

Dépôts et financementà court terme

(millions d’USD)

National Bank of Egypt 2007 37 425 1 259 4,37 32 850

2006 32 175 1 193 4,57 27 941

2005 27 707 1 135 4,89 24 667

Banque Misr SAE 2007 24 209 941 3,42 22 239

2007 24 209 941 3,42 22 239

2006 19 175 626 4,08 17 724

2005 18 490 609 4,03 16 566

Banque du Caire SAE 2007 8 876 455 1,99 7 803

2007 8 876 455 1,99 7 803

2006 7 943 510 1,12 7 079

2005 7 840 506 1,90 6 799

Commercial International Bank (Egypt) 2007 8 634 755 29,51 7 611

2007 8 634 755 29,51 7 611

2006 6 561 567 24,09 5 753

2005 5 302 464 21,57 4 464

National Société Générale Bank SAE 2007 8 590 642 20,19 7 427

2007 8 590 642 20,19 7 427

2006 6 914 445 5,93 6 010

2005 2 913 231 43,77 2 563

Arab African International Bank 2007 8 015 386 39,47 7 424

2007 8 015 386 39,47 7 424

2006 4 918 259 31,77 4 543

2005 3 312 207 27,60 3 011

Bank of Alexandria 2007 5 953 361 19,60 5 270

2007 5 953 361 19,60 5 270

2006 5 764 322 123,33 4 806

2005 6 657 292 6,19 5 735

HSBC Bank Egypt SAE 2007 4 986 427 42,45 4 467

2007 4 986 427 42,45 4 467

2006 3 110 336 41,15 2 700

2005 2 342 178 44,81 2 109

Arab International Bank 2007 4 200 534 9,02 3 634

2007 4 200 534 9,02 3 634

2006 3 833 497 4,54 3 297

2005 3 654 487 6,84 3 141

Faisal Islamic Bank of Egypt 2007 4 004 122 0,00 3 684

2007 4 004 122 0,00 3 684

2006 3 372 119 17,40 3 075

2005 2 864 119 15,32 2 591

Crédit Agricole Egypt 2007 3 906 286 35,16 3 456

2006 2 763 247 1,48 2 427

2005 2 430 242 44,77 2 058

Barclays Bank – Egypt SAE. 2007 3 242 241 41,02 2 908

2006 2 374 129 34,38 2 156

2005 1 222 134 38,82 1 036

EFG -Hermes Holding Company 2007 2 439 1 715 15,97 596

2006 1 630 1 404 16,21 282

2005 420 154 43,03 247

Al Watany Bank of Egypt 2007 2 255 233 20,99 1 958

2006 1 765 182 11,60 1 524

2005 1 632 103 11,62 1 490

Housing and Development Bank 2007 1 932 137 26,52 891

2006 1 599 109 21,29 859

2005 1 638 72 15,81 1 039

(suite)

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pour les banques de prendre des décisions de prêt selonles critères du marché et la création d’opportunités pourdiverses catégories d’intermédiaires financiers. Lecinquième volet a abouti à la libéralisation du compte decapital. En avril 1994, les contrôles des changes ont étésupprimés et les investisseurs étrangers autorisés àrapatrier leurs bénéfices.

Il semblerait qu’à partir de 2005, les effets positifs deces réformes aient commencé à se faire sentir. Comme lemontre le tableau 9, les principales banques en Algérieont affiché des performances stables sur 2005-2007. Demanière générale, les banques ont dégagé des rendementspositifs et raisonnablement élevés sur leurs fonds proprescomme sur leurs actifs moyens.

Réformes des marchés des capitauxEn Afrique du Sud, les réformes modernes du marchédes capitaux ont commencé en 1995, avec le StockExchange Control Act, qui a modifié le mode denégociation des actions dans le pays. Les investisseursétrangers ont été admis sur le marché. En 1997, le

marché obligataire a été séparé du Johannesburg StockExchange (JSE, Bourse de Johannesburg) pour devenir leBond Exchange of South Africa (BESA), et le FinancialMarket Control Act en a officiellement fait un marchéfinancier. Cette même année, un système de négociationélectronique sur écrans a remplacé l’ancienne salle desmarchés avec cotation à la criée. En 2001, de nouvellesrègles de fonds propres ont été introduites, qui ont eudes conséquences financières majeures pour les sociétésde courtage. En juillet 2005, après 118 annéesd’existence sous le statut d’entité mutuelle, le JSE a étédémutualisé. En 2007, la procédure de pré-autorisationde l’IDE a été supprimée pour les transactions de moinsde 50 millions de rands par société et par an. Cettemême année, le marché à terme sur le rand a étéinauguré. Il permet aux investisseurs sud-africainsremplissant les conditions d’opérer directement sur lemarché des devises via un canal local transparent etréglementé. Plus tard dans l’année, les autorités ont levéles restrictions pesant sur la participation des entités sud-africaines et autres aux transactions sur les titres émis par

Tableau 8 : Indicateurs de performance des principales banques en Égypte, 2005-2007 (suite)

Banque AnnéeActifs totaux

(millions d’USD)Fonds propres

(millions d’USD)

Rendementdes fonds propres

(moyens)

Dépôts et financementà court terme

(millions d’USD)

National Bank for Development 2007 1 710 131 -62,83 1 532

2006 1 537 55 -38,27 1 445

2005 1 503 81 -0,13 1 342

Export Development Bank of Egypt 2007 1 544 152 0,99 1 033

2006 1 276 113 -21,72 884

2005 1 332 140 7,51 855

Société Arabe Internationale de Banque 2007 1 487 167 11,72 1 251

2006 868 149 10,67 663

2005 734 146 9,64 546

Bank Audi SAE 2007 1 474 197 -5,13 1 244

2006 1 000 100 0,53 890

2005 55 0 -199,9 49

MISR Iran Development Bank 2007 1 359 162 23,64 1 170

2006 1 058 123 16,21 898

2005 935 116 16,05 784

Arab Banking Corporation – Egypt 2007 1 101 111 7,06 854

2006 444 100 6,20 328

2005 405 94 7,50 297

Ahli United Bank (Egypt) SAE 2007 1 049 148 19,75 845

2006 706 117 0,03 518

2005 644 100 24,42 497

Egyptian Gulf Bank 2007 933 127 10,64 782

2006 804 110 14,18 670

2005 648 102 16,63 528

African Export-Import Bank 2007 812 346 11,43 442

2006 623 293 11,35 312

2005 587 264 8,97 305

Union National Bank – Egypt SAE 2007 571 114 38,87 436

2006 332 -42 263,95 358

2005 351 30 0,00 313

Source : Compilé par les auteurs à partir de BankScope.

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des sociétés cotées à l’étranger et admis au JSE et auBond Exchange of South Africa (BESA), y compris auxopérations à terme sur le rand15.

Comme le montre le graphique 1, les cinqprincipaux indices boursiers du JSE n’ont cesséd’augmenter entre 2003 et la fin 2007. Le JSE s’étendrapidement, et sa capitalisation s’établit désormais à290 pour cent du PIB, contre 154 pour cent en 2004. LeJSE se classait au 17e rang mondial des places boursièreset au 4e rang des places des marchés émergents pour lesinvestissements, puisqu’il a collecté 9,4 milliards dedollars en 2005, contre 1,5 milliard une décennie plustôt. La chute des indices au début 2008 semble annoncerles prémisses de la crise financière mondiale.

Le graphique 2 illustre l’indice des tensions sur lemarché des changes sur la période 1981-2007. Troispoints de tensions apparaissent après 1995. Le premier arésulté de rumeurs à propos de la santé de M. Mandelaen 1996, et a traduit l’efficience de la réaction du marchéaux informations. Cependant, le marché s’est rapidementredressé. Le deuxième point de tension correspond àl’éclatement de la crise financière asiatique ennovembre 1997, qui a entraîné une anomalie sur lemarché en 1998. Le troisième fait suite au choc du 11-Septembre. La réaction du marché à ces points detension montre pour l’essentiel que le JSE est efficient etréagit promptement à toute nouvelle information, ycompris à la crise financière mondiale en cours.

Tableau 9 : Indicateurs de performance des principales banques en Algérie, 2005-2007

Banque Année

Actifs totaux(millionsd’USD)

Prêts netssur actif total

(%)

Fondspropres(millionsd’USD)

Résultat net(millionsd’USD)

Rendementdes fondspropresmoyens

Rendementdes actifsmoyens

Dépôts etfinancementà court terme

(millionsd’USD)

Banque d’Algérie 2005 61 607 2,42 1 014 n.d. n.d. n.d. 40 722

Banque Extérieure d’Algérie 2005 13 968 21,95 464 17 3,71 0,13 12 005

2006 20 940 14,86 566 87 16,7 0,49 18 253

2007 31 861 12,96 1 183 n.d. n.d. n.d. 28 940

Banque Nationale d’Algérie 2005 8 300 47,78 277 -40 -15,3 -0,47 6 249

2006 10 076 49,28 351 61 19,26 0,66 7 879

Crédit Populaire d’Algérie 2005 5 844 31,51 450 37 8,52 0,64 4 990

2006 6 857 28,22 653 111 19,87 1,72 5 731

Banque de Développement Local 2005 2 795 35,07 75 2 2,52 0,07 1 874

2006 3 155 36,82 83 3 4,12 0,11 2 153

Banque Algérienne de Développement 2005 1 532 72,31 82 25 35,66 1,52 372

BNP Paribas El Djazaïr 2005 500 41,4 55 6 14,01 1,5 269

2006 832 38,35 74 14 22,06 2,14 428

2007 1 146 47,53 109 23 24,46 2,25 669

Société Générale Algérie 2005 520 46,17 43 7 20,16 1,69 375

2006 909 52,39 50 9 18,69 1,23 665

Banque Al Baraka d’Algérie-Albaraka of Algeria 2005 564 66,23 46 9 21,29 1,64 299

2006 646 64,65 68 15 25,09 2,36 388

2007 842 67,02 90 20 24,4 2,59 667

Natixis Algérie 2005 256 24,97 38 4 14,04 1,86 194

2006 518 51,26 59 3 5,31 0,67 311

Arab Banking Corporation – Algeria 2005 429 20,47 45 8 17,89 1,98 245

2006 418 24,68 38 -9 -20,87 -2,06 242

Algeria Gulf Bank 2005 70 50,77 21 1 4,99 1,97 48

2006 142 57,48 42 5 14,82 4,38 100

2007 218 61,06 47 8 17,07 4,25 170

Banque du Maghreb Arabe pour l’Investisse-ment et le Commerce

2005 195 9,51 68 2 2,96 1,08 125

2006 210 4,3 73 3 4,68 1,63 135

Trust Bank Algeria 2005 107 44,18 22 4 26,45 5,26 67

2006 172 59,02 46 0 1,15 0,28 102

Housing Bank for Trade and Finance – Algeria 2006 119 39,22 39 n.d. n.d. n.d. 49

Source : Compilé par les auteurs à partir de BankScope.

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Graphique 1 : Mouvements journaliers des cours au Johannesburg Stock Exchange, 2003-2008

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20072006200520042003 2008

Indi

ce M

SCI W

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Indice MSCI WorldIndice JSE bankingIndice JSE all sharesIndice JSE financialsIndice JSE life assurance

Indi

ces

JSE

Source : Banque de réserve d’Afrique du Sud, 2008Note : Les données correspondent aux mouvements journaliers. MSCI World est un indice regroupant toutes les actions de tous les marchés développés dans le monde, publié par

MSCI Inc., anciennement Morgan Stanley Capital International.

Graphique 2 : Indice des tensions sur le marché des changes pendant la période de réforme, 1981-2007

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-0,3

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2005200320011999199719951993199119891987198519831981 2007

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ITMC (rand/dollar) Deux écarts types par rapport à la moyenne

Gros déficit du compte courant

Sanctions, blocage de la dette

Rumeurs sur l’état de santé de N. Mandela

Crise asiatique Après 11/09

Source : Banque de réserve d’Afrique du Sud, 2008.Note : L’indice des tensions sur le marché des changes (ITMC) traduit le pouvoir de marché du rand sud-africain par rapport au dollar des États-Unis. Cet indice est une moyenne

pondérée de la dépréciation du rand, du pourcentage de variation des réserves internationales et de la variation des taux d’intérêt en Afrique du Sud. Une augmentation de lavaleur de l’indice traduit une intensification des tensions sur le rand, et inversement. Les barres en gris indiquent les épisodes difficiles.

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Comme souligné plus haut, contrairement àl’Afrique du Sud, le Nigeria a articulé les réformes de sesmarchés des capitaux autour d’un big bang dans le secteurbancaire. Même si ces réformes ont commencé avecl’adoption de l’Investment and Securities Act (ISA, loi surl’investissement et les valeurs mobilières) en 1999,d’autres ont été introduites en 2006, avec pour principaledisposition la recapitalisation des opérateurs sur lesmarchés des capitaux. Le niveau de fonds propres requispour les banques spécialisées dans l’émission de titres a étéfixé à 2 milliards de nairas. Il s’établit aussi à 2 milliards denairas pour les preneurs fermes, mais à 1 milliard pour lessociétés de Bourse et de placement, à 5 milliards pour lesservices de Bourse des entreprises, à 1 milliard de nairaspour les agences de compensation et de règlement, à500 millions pour les gestionnaires de fonds et deportefeuilles et à 500 millions pour les agents comptablesdes registres. Les autorités ont par ailleurs révisé les coûtsde transaction à la baisse afin d’améliorer la compétitivitéinternationale du marché et d’attirer les investisseurs. Ellesont aussi accordé des conditions préférentielles auxsociétés souhaitant lever des fonds, et facilité les fusions etacquisitions ainsi que les autres formes de restructuration.En outre, elles ont introduit la fonction de teneur demarché, destinée à renforcer l’animation et la liquidité dumarché. L’adoption de codes de gouvernance desentreprises a pour vocation de réduire les délits d’initié.Le marché obligataire a été réactivé ; le marché desproduits de base a été développé et constitue désormaisun mécanisme de réduction des risques pour laproduction et la commercialisation des produits agricoles.

En Égypte, les marchés des capitaux du Caire etd’Alexandrie comptent parmi les plus anciens d’Afrique.Cependant, ils ont commencé à être réformés avecl’introduction de la Capital Markets Law 95 de 1992, quia levé les restrictions à l’investissement étranger etapporté des changements aux marchés primaires etsecondaires, ainsi qu’avec la réouverture de la Bourse duCaire et d’Alexandrie (Cairo and Alexandria StockExchange, CASE) en 1993. Par ailleurs, cette loi ahabilité l’autorité des marchés des capitaux (CapitalMarket Authority, CMA) à superviser la Bourse en touteindépendance. Ces réformes comptent diverses autresmesures d’importance : instauration de l’InvestorProtection Fund (IPF, fonds de protection desinvestisseurs), modernisation de la CMA et création d’undépartement du gouvernement d’entreprise, publicationde codes de déontologie et de conduite pour les activitésde courtage et de gestion de fonds, introduction de lanégociation intrajournalière, lors de laquelle le règlementpour une sélection de titres s’effectue immédiatement, etnon sous deux ou trois jours, comme avec les autrestitres, ainsi que création d’une liaison électronique entrela Bourse et la chambre de compensation16.

Grâce à la libéralisation, les investisseurs étrangersdisposent d’un accès sans restriction aux marchés des

capitaux égyptiens. La législation autorise la création desociétés égyptiennes et étrangères qui fournissent desservices de prise ferme, de courtage, de gestion des titreset de fonds, ainsi que du capital-risque. De plus,l’engagement pris par l’Égypte au titre du GATSprévoit un accès sans restriction au marché et letraitement national pour les sociétés étrangères. Lesinvestisseurs internationaux sont autorisés à opérersur le marché égyptien presque sans restriction.Plusieurs sociétés de Bourse étrangères, etnotamment américaines et européennes, ont créédes sociétés de courtage ou pris des participationsdans ces activités.

En 2007, le CASE a été l’une des places les plusperformantes d’Afrique du Nord. L’indice CASE 30 aprogressé de 51 pour cent en glissement annuel, passantde 6 973,41 fin 2006 à 10 549,74 fin 2007, et aquasiment quadruplé sur la période 2006-2008. Lesmarchés obligataires ont également enregistré unecroissance significative en 2007, avec un volume detransactions passant de 11 milliards de livres en 2006 à24 milliards en 200717. La capitalisation boursière,notamment, augmente depuis quelques années,puisqu’elle s’est établie à 105 pour cent du PIB en 2007,contre 29 pour cent en 2002 (tableau 10). Laparticipation des investisseurs étrangers sur le marchés’est, elle aussi, considérablement améliorée, passantd’une moyenne journalière de 16 pour cent en 2001 à35 pour cent en 2005. En 2006, le marché égyptien aenregistré une activité de négociation encore plus intensequ’en 2004 et 2005 : le nombre total des transactionspour la période allant de janvier à avril est ressorti à2,2 millions, et la valeur moyenne mensuelle destransactions a atteint 29 480 millions de livres. Cesdernières années, l’activité s’est notablement accrue sousl’effet des privatisations, des introductions en Bourse etdes nouvelles cotations, à commencer par celle de RayaHolding, puis d’Alexandria Mineral Oil, de Sidi KrirPetrochemicals et de Telecom Egypt. Les taux derotation des titres ont été multipliés par plus de quatredepuis 2002, et la base des investisseurs s’élargit demanière non négligeable. Le portefeuille d’actions desinvestisseurs étrangers est passé de 7 pour cent à10 pour cent du PIB.

Par rapport à celles engagées par les autreséconomies SANE, les réformes du marché des capitauxadoptées en Algérie sont assez modestes. Le marché descapitaux y reste sous-développé et se compose pourl’essentiel du marché obligataire, qui couvre lesobligations d’État ainsi que celles émises par lesentreprises publiques. Sur la période 1986-1996, desinstruments et des marchés nouveaux ont vu le jour,surtout à la faveur d’un financement du secteur publicdavantage orienté sur le marché. Depuis 2003, seulement30 titres de la dette ont été émis, pour un total d’environ2,1 milliards de dollars.

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Néanmoins, il convient de noter que ledéveloppement du marché des capitaux locaux enAlgérie a eu plusieurs conséquences positives. Lesbanques ont eu plus de temps pour revoir leurs pratiquesde crédit et leur gestion du risque, l’exposition dusystème bancaire aux entreprises publiques a été réduiteet la concurrence avec des marchés des capitaux a incitéles banques à développer de nouvelles sources de revenu.Elles peuvent ainsi attirer de plus gros émetteurs sur lemarché, gérer des fonds communs de placement etdévelopper l’activité de prêt aux PME.

Réformes du secteur de l’assuranceEn Afrique du Sud, les principales réformes du secteur del’assurance ont commencé avec l’introduction de codes deconduite dans les entreprises et de procédures demédiation visant à répondre aux réclamations desparticuliers, en 1985 pour l’assurance vie et en 1989 pourl’assurance à court terme. La réforme du secteur s’estensuite déroulée en quatre grandes étapes. Premièrement,en 1998, le Financial Stability Board (conseil de la stabilitéfinancière) a imposé pour les assureurs à court terme unniveau de fonds propres initial de 5 millions de rands,tandis que le niveau minimum a été fixé à 10 millions derands pour les assureurs à long terme. Deuxièmement, en2001, l’adoption du Friendly Societies Act (loi sur lessociétés mutualistes) a permis aux mutuelles de garantir lesprestations pour les assurés. Troisièmement, en 2007, les

assureurs à long terme ont revu à la hausse leur expositionaux actifs étrangers, qui est passée de 15 à 20 pour cent.Les autorités ont également pris des mesures visant àassurer la sûreté et l’efficience du système national depaiement. La SARB a publié des directives régissant laconduite des opérateurs du système et des prestataires tiersau sein du système de paiement. Quatrièmement, en2008, les modalités et conditions des instrumentsd’assurance ont été modifiées18.

Le tableau 11 montre que l’Afrique du Sudprésentait les taux de pénétration de l’assurance les plusélevés au monde en 2006, avec des primes représentant16 pour cent du PIB, contre 8 pour cent aux États-Unis19. Comme le montrent les principaux indicateurs,ce secteur a enregistré une expansion pendant la périodede réforme de 2005-2007.

Contrairement aux réformes mises en place enAfrique du Sud, la principale composante des réformesde l’assurance au Nigeria consiste en une majoration duniveau minimum de capital libéré pour les sociétésd’assurance et de réassurance. Cette recapitalisation dessociétés d’assurance et de réassurance a pris effet le1er septembre 2005 pour les entreprises nouvelles et le28 février 2007 pour les sociétés existantes. La nouvellebase de fonds propres a été fixée à 2 milliards de nairaspour les sociétés d’assurance vie, à 3 milliards pour lesentreprises d’assurance généralistes et à 10 milliards denairas pour les sociétés de réassurance.

Tableau 10 : Principaux indicateurs des marchés des capitaux en Égypte, 2002-2007

Indicateur 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Nombre de sociétés cotées 1 151 978 795 744 595 435Capitalisation (% du PIB) 29 35 43 74 80 105Taux de rotation (%) 9,5 11,5 14,2 31,1 48,7 38,7Dette publique négociable (% du total) 19 20 23,3 25,6 36,1 n.d.

Source : Capital Market Authority, 2008.

Tableau 11 : Quelques indicateurs de performance du secteur de l’assurance en Afrique du Sud, 2005–2007

Indicateur 2005 2006 20074 2007

Expirations de polices1 27 38 36 44Rachats de polices1 18 22 13 16Nombre de polices (variation annuelle) 7 4 7 7Cours de l’action (variation annuelle)2 15 26,3 30,3 7,8Demandes d’indemnisation/primes nettes 103 94 100 101Frais de gestion/primes nettes 8 8 9 11Commissions/primes nettes 8 6 6 6Rentabilité des souscriptions3 –18 –8 –15 –18Rentabilité classique5 3,9 11,7 12,3 n.d.

Source : Research and Markets, 2008.Note : Sauf indication contraire, les données se rapportent à la période de 12 mois qui se termine le 31 décembre.1 En pourcentage du nombre de nouvelles polices émises pendant la période, sur la base de statistiques non auditées.2 Le cours de l’action indique l’évolution du cours pour les sociétés d’assurance vie.3 Revenu des primes nettes moins dépenses nettes sur les primes, le tout divisé par le revenu des primes nettes. La rentabilité des souscriptions fait référence au bénéfice réalisé sur

les polices souscrites, à savoir la différence entre le bénéfice résultant de la souscription et l’argent gagné sur les placements d’actifs et d’autres sources.4 Les données pour 2007 correspondent au six mois allant jusqu’au 30 juin.5 La rentabilité classique désigne le bénéfice dégagé sur le chiffre d’affaires total. Elle correspond aux recettes moins les dépenses.

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Au Nigeria, cette recapitalisation a permis auxentreprises d’assurance d’élargir la gamme des produitsd’investissement proposés aux détenteurs d’une police.Ces entreprises ont également pu étoffer leurs opérations,leurs acquisitions stratégiques et renforcer leursupervision. Deux indicateurs traduisent l’ampleur de ceschangements : la capitalisation du marché de l’assuranceest passée de 25,9 millions de nairas en 2006 à206 millions en 2007, tandis que le revenu issu desprimes d’assurance a progressé de 82 millions de nairas en2006 à 117 millions en 2007, selon des informationscommuniquées par la Nigerian Insurance Association en2008.

En Égypte, le marché de l’assurance est resté ferméaux entreprises étrangères jusqu’en mai 1995. Lalégislation votée en 1998 a supprimé le plafonnement à49 pour cent pour la participation étrangère dans lessociétés d’assurance égyptiennes, aboli les exigences denationalité pour les dirigeants et permis la privatisation desociétés d’assurance publiques. Certaines mesuresrécentes de libéralisation ont conduit à l’arrivée sur lemarché de plusieurs gros intermédiaires d’assuranceétrangers. Le programme d’évaluation du secteurfinancier introduit par la Banque mondiale en 2007 aamené de nouvelles réformes visant à renforcer le secteurde l’assurance, notamment par la création d’une autoriténationale de supervision, l’Egyptian InsuranceSupervisory Authority (EISA).

Le tableau 12 confirme les améliorations qu’aenregistrées de secteur de l’assurance sous l’effet d’uneaugmentation des services dans les segments vie et non-vie et des primes entre juin 2006 et juin 2008.Cependant, le marché égyptien de l’assurance demeuresous-développé et de taille réduite en raison du niveauexcessif des droits de timbre et des taxes sur les primes,entre autres.

En Algérie, les réformes ont concerné troiscatégories d’activités d’assurance : l’assurance directe,l’assurance spécialisée et la réassurance internationale.Grâce à ces réformes, les sociétés d’assurance ont pu fairecommercialiser leurs produits par les banques. En 1995,les autorités ont instauré un système d’adjudicationofficiel par lequel les sociétés d’assurance peuvent acheteret vendre des bons du trésor.

Possibles retombées positives des réformes du secteurfinancier

Selon de récentes études, les réformes du secteurfinancier ont tendance à avoir des retombées sur le restede l’économie20, si bien qu’il est intéressant de chercherà savoir quelles sont les évolutions que l’on peut attribuerau processus de réforme dans chacune des économiesSANE. Par exemple, les récentes réformes financièresengagées en Afrique du Sud et au Nigeria paraissentavoir coïncidé avec la croissance des services de micro-crédit, surtout au bénéfice des PME. En Égypte, ilsemble qu’il existe un lien plus étroit entre réformes etaugmentation du financement des PME.

En Afrique du Sud, le micro-crédit sert à soutenir lastratégie du secteur privé pour le développement desPME, ainsi que la stratégie nationale de lutte contre lapauvreté. En 1992, la dérogation à l’Usury Act de 1968 aexempté les prêts de petit montant des restrictions sur lestaux d’intérêt. Le micro-crédit a alors grimpé en flèche,car il existait jusque-là une demande non satisfaite : lesdécaissements ont atteint près de 15 milliards de rands en1999, puis 30,03 milliards en 2006. Cette évolutions’inscrit dans une tendance plus vaste observée dans lesecteur bancaire sud-africain concernant le financementdes petites entreprises. Cette dérogation a eu pourprincipal effet d’autoriser les organismes de micro-crédità créer une catégorie de crédit distincte et largement nonréglementée pour les personnes en marge du systèmebancaire.

Peu après les premières élections démocratiques àavoir été organisées en Afrique du Sud, en 1995-1996, lenouveau gouvernement a créé des établissementsspécialisés dans le financement du développement : leNational Housing Finance Council (NHFC) et KhulaEnterprise Finance (Khula). Cependant, le projet Khulas’est révélé infructueux et en 2006, il a été remplacé parle South African Microfinance Apex Fund (SAMAF). En1999, les pouvoirs publics ont compris que la dérogationintroduite en 1992 engendrait un climat propice à destaux d’intérêt élevés et à des pratiques abusives. L’UsuryAct Exemption Notice de 1999 a ainsi instauré le MicroFinance Regulatory Council (MFRC, conseil deréglementation du micro-crédit) dans le cadre deprocessus de libéralisation du secteur financier. En 2002,

Tableau 12 : Structure du secteur de l’assurance en Égypte, juin 2006–juin 2008 (en livres égyptiennes)

JUIN 2006 JUIN 2007 JUIN 2008

Fin de la phase 1 Début de la phase II Fin de la phase II

Public Privé Total Public Privé Total Public Privé Total

Primes 3 102 1 635 4 738 3 256 2 600 5 857 3 405 3 348 6 752Vie 929 858 1 788 982 1 431 2 413 1 014 1 882 2 896Non vie 2 173 777 2 950 2 274 1 169 3 443 2 391 1 465 3 857Placements 18 695 21 256 24 870

Source : Egyptian Insurance Supervisory Authority (2008).

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il a été fait obligation à tous les organismes de micro-crédit de se faire enregistrer auprès du National LoansRegister (NLR, registre national des prêts), une base dedonnées qui répertorie tous les prêts consentis par lesprêteurs enregistrés auprès du MFRC. En 2004, lacréation de comptes bancaires Mzansi était destinée àencourager les Noirs vivant dans les zones tribales eturbaines à demander à accéder aux services bancairesformels. Ces comptes peuvent être ouverts auprès d’AbsaGroup Limited, de Standard Bank, de la South AfricanPost Bank, de la First National Bank et de Nedbank. En2006, sur les 3,3 millions de titulaires de comptes Mzansiactifs, 91,3 pour cent étaient clients d’une banque pour lapremière fois, 62 pour cent avaient entre 25 et 54 ans et50 pour cent étaient des femmes. Le taux de croissancedu nombre de ces comptes s’est accéléré au fil des ans,passant de 2 pour cent en 2005 à 6 pour cent en 2006,puis à 10 pour cent en 2007.

Parallèlement, en 1992, la Small EnterpriseFoundation (SEF) a été créée dans le but d’accorder desprêts minuscules aux chômeurs, très pauvres, de laprovince rurale du Limpopo. Cette organisationapplique une méthode de prêt collectif de solidarité trèsproche de celle imaginée par la Grameen Bank, auBangladesh, et opère via deux canaux. Endécembre 2007, la SEF avait accordé 42 820 prêtsdestinés à financer une activité indépendante, pour unmontant total de 532 millions de rands. Cetteorganisation affiche des statistiques de recouvrementexceptionnelles : en décembre 2007, ses créancesdouteuses représentaient 0,2 pour cent du total desprêts. Le programme SEF crée également des emplois,puisque ses effectifs progressent régulièrement : ils sontpassés de 105 personnes en 2002 à 205 en 2007.

Au Nigeria, le micro-crédit et l’activité des PME surla période 2005-2008 font dans une large mesure écho àla transformation rapide du secteur des services financiers.Le Small and Medium Enterprises Equity Investment

Scheme (plan d’investissement dans le capital des PME) aété introduit en 2005. Fondée sur le volontariat, cetteinitiative est une réponse aux préoccupations des autoritésfédérales et cherche à promouvoir les PME commemoteurs d’une industrialisation rapide, d’undéveloppement économique durable, de la lutte contre lapauvreté et de la création d’emplois. Les banquesparticipantes doivent mettre de côté chaque année10 pour cent de leur bénéfice après impôt afin d’investirdans le capital de PME remplissant les conditionsrequises. Elles peuvent également leur consentir des prêtsà des taux d’intérêt inférieurs à 10 pour cent, de façon àleur offrir des conditions financières plus intéressantes quecelles des prêts bancaires ordinaires. Les banquesparticipantes s’engagent aussi à apporter un soutienfinancier, technique et managérial, ainsi que des conseils,aux PME éligibles.

Le tableau 13 présente la situation de ce dispositif enmai 2008. Il apparaît qu’à la suite des réformesfinancières, les PME ont pu accéder au financement grâceau micro-crédit. La réforme de la politique de micro-crédit ainsi que le cadre de réglementation et de contrôleont peut-être aidé les banques locales (community banks) àse transformer en établissements de micro-crédit et àélargir leur assise financière. Les banques universelles etles organisations non gouvernementales (ONG) ont pucréer des établissements de micro-crédit sur la base d’uneadhésion collective. Fin 2008, 603 banques localess’étaient transformées en établissements de micro-crédit etles autorités avaient reçu 76 nouvelles candidatures. Afinde soutenir le réseau des organismes de micro-crédit, lesautorités ont instauré divers organisations et processus,comme le National Microfinance ConsultativeCommittee (comité consultatif national sur le micro-crédit), le MFB Development Fund (fonds dedéveloppement du micro-crédit), l’Association forMicrofinance Institutions (association des établissementsde micro-crédit), un service d’information sur les crédits,

Tableau 13 : Ventilation des services financiers aux PME au Nigeria, 2008

Secteur Projets (nombre) Projets (en pourcentage)Montant investi

(en millions de nairas)

PRODUCTION

Agro-alimentaire 45 13,76 2 295

Industrie 140 42,81 7 712

BTP 13 3,98 2 786

Minerais solides 3 0,92 59

SERVICES

Technologies de l’information et télécommunications 23 7,03 1 788

Éducation 6 1,83 397

Services 74 22,63 4 663

Tourisme et loisirs 23 7,03 5 054

TOTAL 327 100 24 747

Source : Banque centrale du Nigeria, 2008.

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des agences de notation et des mécanismes d’assurancedes dépôts.

De plus, au Nigeria, on observe les signestémoignant de retombées positives depuis les servicesfinanciers vers le reste de l’économie, sous la formed’une progression de l’emploi dans les sept plus grandesbanques du pays. En effet, un grand nombre desuccursales ont été ouvertes dans tous les États, comme lemontre le tableau 14.

L’Égypte a de son côté observé un lien direct entreréformes du secteur financier et micro-crédit/financement des PME. Des banques publiques etprivées y accordent des micro-crédits aux PME sous latutelle de la banque centrale.

Les réformes du secteur financier égyptien ont aussientraîné des retombées positives sur le reste del’économie. Des trains de réforme complets ont en effetplacé l’économie égyptienne dans une situation trèsfavorable, avec à la clé de très bonnes perspectives decroissance, offrant d’excellentes opportunités pourl’investissement étranger comme intérieur. Ainsi, grâce àla convertibilité de sa monnaie, l’Égypte bénéfice d’untaux de change stable depuis 1991, assorti de tauxd’intérêt réels positifs, deux facteurs qui attirent des fluxde capitaux non négligeables. Plus précisément, l’IDE,qui ressortait à 2,1 milliards de dollars en 2003-2004,était passé à 3,9 milliards en 2004-2005, à 6,1 milliardsen 2005-2006 puis à 11,1 milliards de dollars en 2006-2007. De plus, les réformes structurelles n’ont pas cesséde promouvoir une économie tirée par un secteur privédynamique. La privatisation de plusieurs entreprisespubliques, y compris des banques et des sociétés enparticipation, ainsi que des terrains non exploités, acontribué à renforcer le rôle du secteur privé.

En Algérie aussi, les réformes du secteur financiersemblent avoir entrainé des retombées positives sur lereste de l’économie. L’Algérie a mené à bien unprogramme d’évaluation du secteur financier avec uneéquipe conjointe Fonds monétaire international/Banquemondiale. Il en ressort que le système bancaire nemenace pas la stabilité macro-économique en raison desressources financières dont dispose le principalpropriétaire des banques, à savoir l’État, qui rachèterégulièrement les prêts non productifs accordés par lesbanques publiques aux entreprises publiques. Cette

évaluation constate aussi des progrès dans le contrôlebancaire, dans l’environnement opérationnel del’intermédiation financière et dans le cadre degouvernance des banques publiques. L’Algérie a réalisédes avancées en direction de son intégration économiqueà la fois régionale et mondiale. Le pays adopte aussi unepolitique de plus en plus régie par les lois du marché ettournée vers l’extérieur. Par ailleurs, ses réformesfinancières semblent avoir produit d’autres bénéfices,comme le renforcement du mécanisme de transmissionde la politique monétaire. Les autorités ont mis en œuvreles recommandations énoncées dans la version actualiséede 2007 du programme d’évaluation du secteur financieret amélioré la gouvernance des banques, ainsi que lagestion du risque de crédit21.

Vers une mesure de la compétitivité du secteurfinancier en AfriqueLa mesure des performances revêt une grande importancedans de nombreux aspects de la vie des entreprises, et,comme nous l’avons montré dans les sections précédentesde ce chapitre, certains indicateurs traditionnels,notamment le rendement des fonds propres et des actifs,peuvent servir à mesurer les performances d’une banque,ou plus précisément sa rentabilité, ce qui permet de suivreles avancées des réformes financières au fil du temps dansles pays SANE. Dans cette section, nous nous efforçonsd’aller au-delà des indicateurs classiques des performancesbancaires et nous nous proposons de démontrer lapertinence de deux autres grands indicateurs de lacompétitivité des banques en Afrique.

Pourquoi mesurer la compétitivité du secteur bancaire ?En Afrique, la plupart des banques sont des banques dedétail, c’est-à-dire qu’elles traitent avec les particuliers(les ménages) et les entreprises dont elles acceptent lesdépôts et auxquels elles accordent des prêts. Ces banquesont besoin de facteurs de production classiques, tels queles dépôts, des employés (main-d’œuvre) et des biensd’équipement (comme des ordinateurs) afin de produiredes produits bancaires standard tels que les prêts à laconsommation, les crédits hypothécaires et lesdécouverts. La banque se procure ces facteurs deproduction à un prix donné, (les taux rémunérant les

Tableau 14 : Effectifs dans les sept plus grandes banques du Nigeria

Banque 2006 2007 2008

Access Bank 484 729 n.d.United Bank for Africa 4 568 4 634 n.d.Intercontinental Bank n.d. 6 895 9 212Union Bank of Nigeria 6 931 7 276 n.d.Diamond Bank 1 631 2 283 n.d.Zenith Bank 3 911 5 435 7 628First Bank of Nigeria 7 132 7 593 8 810

Source : Rapports financiers des banques.

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dépôts) et vend ses produits à un prix donné (parexemple les taux des crédits à la consommation).Cependant, les prix des facteurs de production et desproduits sont influencés par le nombre de banques quisont en concurrence sur un même marché et par lecomportement des banques les unes vis-à-vis des autres.Il ne sera pas le même si les banques font collusion pours’entendre sur le prix des facteurs de production et desproduits ou si elles se livrent une concurrence sans merci.

L’idée de base consiste à mesurer le degré decompétitivité du secteur bancaire en se demandant sichaque banque (en qualité d’acteur du marché bancaire)est capable de pratiquer des prix supérieurs au coûtmarginal de production des produits bancaires (tels queles découverts et les prêts). On se situe dans un casextrême dans les pays où un petit nombre de grandesbanques se partagent le monopole de ces services, et sontdonc en mesure de pratiquer des prix élevés et dedégager des bénéfices énormes puisqu’elles n’ont pas deconcurrents. À l’autre extrême, si les banques peuvententrer et sortir librement du marché, la concurrence peutêtre si intense qu’aucune banque n’est en mesured’influer sur les prix des facteurs de production et desproduits. À cet égard, il convient de noter que lesbanques africaines ont traversé trois phases22. Lors de lapremière phase, qui correspond à la période préalable àl’indépendance, la plupart des grandes banques étaientdes succursales des banques coloniales européennes etdesservaient essentiellement les multinationales et lesautorités coloniales ou leur personnel ; les entreprises etles ménages locaux n’étaient pas leurs clients. Ladeuxième phase, dans les années 1970, a été marquée parles nationalisations et donc par la prédominance desbanques d’État. Ces deux phases se caractérisaient parl’absence de concurrence, soit parce qu’une poignée degrandes banques faisaient collusion pour s’entendre sur leprix, soit simplement parce que c’étaient les autoritésnationales qui déterminaient les prix des facteurs deproduction et des produits bancaires. La troisième phasea commencé dans les années 1980 et a ouvert la porteaux banques étrangères, ce qui a progressivement soumisles secteurs bancaires locaux à la concurrenceinternationale au cours des deux dernières décennies, et aeffectivement contribué à démanteler les monopolesnationaux dans nombre de pays d’Afrique.

Ces critères de mesure présentent plusieurs avantages :non seulement ils sont tirés de travaux de rechercheempiriques très rigoureux, et reposent donc sur une basescientifique, mais ils ont de multiples applicationspotentielles et se prêtent à un suivi de routine par lesdirigeants des banques, par les autorités de contrôlebancaire, par les entreprises, de la même manière que l’onsurveille actuellement les taux de croissance ou d’inflation.Nos méthodes d’estimation nous permettent de générerdes paramètres empiriques qui peuvent servir à l’évaluationde l’écart entre les prix et les coûts marginaux dans le

secteur bancaire à un intervalle donné, disons chaqueannée. Par exemple, on peut utiliser ces mesures pourdéduire le comportement concurrentiel non observé de ladirection des banques sur le marché à différents moments,et pour déterminer si les dirigeants des banques profitentd’une moindre concurrence sur le marché pour releverleurs prix et dégager des bénéfices. Les autorités deréglementation bancaire peuvent se servir de ces mesurespour surveiller et faire respecter la concurrence sur lemarché, par exemple en réduisant autant que possible lesrisques de collusion et les tendances anticoncurrentiellesentre les banques. Les autorités de réglementation veillent àce que les conditions soient équitables pour les banquierscomme pour le public et à ce que les règles de la professionpour les services financiers soient strictement respectées.

Nous proposons donc de produire et de présenterdeux grands indicateurs de la situation de la concurrencedans le secteur bancaire en Afrique du Sud, en Algérie,au Nigeria et en Égypte. Pour chaque pays, nouscalculons chacun de ces deux indicateurs pour chaqueannée de la période 1992-2008, qui englobe les annéesprécédant et suivant les réformes financières danschacune des grandes économies d’Afrique. Dans lalittérature, ces deux indicateurs sont désignés par H, oumesure de la compétitivité de l’environnement, et par thêta,ou niveau moyen de la concurrence dans le secteur bancaire, quitient compte de l’interdépendance entre les banques. Cesdeux indicateurs reposent sur des données recueillies auniveau des banques et devraient aboutir au même signalou à la même conclusion, car ils ne diffèrent que par ledegré de détail. Nous présentons ci-dessous chacun deces deux indicateurs, dont les détails techniques sontdécrits en annexe23.

H ou l’indicateur de la compétitivité de l’environnementL’indicateur H, ou indicateur de la compétitivité del’environnement, a pour vocation de donner un aperçudes conditions de concurrence dans lesquelles les banquesopèrent et plus précisément dégagent leurs recettesbrutes. En nous appuyant sur des données recueilliesauprès des banques, nous déterminons dans quellemesure divers facteurs (comme les dépôts et le personnel)et prix des facteurs (comme les taux de rémunération desdépôts et les salaires et traitements) déterminent lesrecettes brutes des banques chaque année. Nous tenonségalement compte de plusieurs facteurs généraux,comme le degré de réglementation bancaire, qui peutinfluer sur les recettes des banques24.

Afin d’explorer toute la plage de la valeur de H,prenons l’exemple d’un cas extrême, dans lequell’environnement bancaire est dominé par un très petitnombre de grandes banques qui jouissent d’une situationde monopole et dans lequel la banque centrale, oul’autorité de réglementation, est très passive. Dans cesconditions, les banques sont en mesure de revaloriser letaux d’intérêt des prêts lors de toute augmentation des prixdes facteurs de production, c’est-à-dire qu’elles tentent de

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répercuter toute hausse des coûts des facteurs sur leursclients. Nous supposons que les banques étrangères nepeuvent pas entrer ou sortir librement du marché local, sibien qu’il n’y a aucune concurrence de la part des banquesinternationales. La banque en situation de monopole quicherche à maximiser son profit fixe le prix des produitsbancaires de manière à opérer à un niveau de productionauquel les recettes marginales perçues sont égales au coûtmarginal. Or, des taux d’intérêt élevés pour les prêts ou lacherté des produits bancaires en général tendent à réduirele nombre de clients qui sont en mesure ou désireux decontracter des prêts bancaires. La tentative, de la part dumonopole, de répercuter la hausse du coût marginal sur lesconsommateurs en augmentant le prix des produits faitdonc inévitablement baisser ses recettes brutes. L’indicateurH synthétise le degré d’influence d’une augmentation desprix des facteurs de production sur les recettes brutes de labanque (l’élasticité des recettes brutes au prix des facteursde production). Dans ce cas, ce degré d’influence estnégatif dans le sens où, lorsque le prix des facteurs deproduction bancaire augmente, les recettes brutes de labanque diminuent. En d’autres termes, H est négatif (H ≤0) lorsque un petit nombre de banques se partagent lemonopole du marché ou que quelques banques formentune collusion parfaite afin de contrôler la production et lafixation des prix des services bancaires (c’est-à-dire ce queles services bancaires offrent aux clients et à quel prix).

Afin d’explorer le cas se situant à l’autre extrême,nous prenons l’exemple d’un environnement dans lequelles banques peuvent entrer et sortir librement si bien qu’àlong terme, il existe une concurrence parfaite entre lesbanques et aucune banque n’est en mesure de fixer les prixdes facteurs et des produits. La concurrence entre lesbanques est telle que les banques rivales s’observent ; uneaugmentation du prix des facteurs de production de 1point de pourcentage induit une hausse du coût moyen de1 point de pourcentage. Chaque banque est preneur deprix, c’est-à-dire que si la banque enregistre une pertemême au niveau où elle maximise ses profits, elle quittesimplement le marché (l’entrée et la sortie sont libres).Lorsque plusieurs banques quittent le marché, les prix desproduits augmentent, ce qui incite de nouvelles banques ày entrer. Les entrées et les sorties de concurrents ajustent leniveau des prix des produits jusqu’à ce que les entreprisessurvivantes se retrouvent face à un prix fixé par lademande qui couvre leur coût moyen majoré. En raisonde la liberté d’entrée et de sortie, aucune banque ne peutmanipuler le prix des prêts ou de tout autre produitbancaire. Dès lors, lorsque le marché bancaire s’installedans un nouvel équilibre à long terme, les recettes totalesdes banques survivantes augmentent du même pourcentageque le coût moyen, lequel augmente du mêmepourcentage que le prix des facteurs de production, c’est-à-dire que H = 1 dans cet environnement, caractérisé parl’interdépendance des banques et la liberté d’entrée et desortie. Là encore, il s’agit d’un scénario idéal.

La situation dans laquelle opèrent la plupart desbanques en Afrique se situe entre ces deux extrêmes,entre un monopole partagé par quelques banques (H ≤ 0)et une concurrence parfaite (H = 1). Il importe de noterque les banques qui sortent de la deuxième phase pourentrer dans la troisième en Afrique (voir plus haut)doivent évoluer depuis une valeur négative de H pourtendre vers H = 1. En effet, la valeur de H se situe entrezéro et un (0 < H < 1) pour une banque opérant dansune situation de concurrence monopolistique dans desconditions stables à long terme (c’est-à-dire l’équilibre).La concurrence monopolistique est différente du monopoledans le sens où la courbe de la demande perçue pourchaque banque en situation de concurrencemonopolistique dépend des prix (quantités) des produitsde substitution disponibles sur le marché. Il existe desbanques rivales et des produits supplémentaires entrentou sortent en réaction aux bénéfices ou aux pertes. Dèslors, les recettes de chaque banque augmentent moinsque proportionnellement à la variation des prix desfacteurs de production. En d’autres termes : 0 < H < 1.

L’indicateur thêta, ou le niveau moyen de la concurrencedans le secteur bancaireCet indicateur s’efforce de saisir davantage d’informationsque l’indicateur H, à deux égards. Tout d’abord, ilreprésente le niveau moyen de la concurrence dans lesecteur bancaire, de telle sorte qu’il est possible de classerchaque banque en dessous ou au-dessus de la moyenne. Siles actionnaires, les dirigeants de la banque ou les banquierscentraux prennent la moyenne du secteur pour seuil, alorschaque banque doit être aussi compétitive que lamoyenne. Deuxièmement, les mesures empiriques utiliséespour générer l’indicateur thêta sont plus rigoureuses et plusfiables que celles retenues pour H. Cet indicateur est tiréde trois ingrédients de base : la manière dont les banquesfixent les prix des facteurs de production et des produits, lamanière dont elles gèrent les coûts et l’interdépendanceentre les banques (le degré de collusion).

De manière générale, dans l’indicateur thêta (h), laplage des valeurs possibles pour thêta correspond à lafourchette . Dans le cas d’une concurrence parfaite,chaque banque cherche toujours des opportunités deprofit ; lorsqu’une banque fait un choix stratégique pouroffrir des services financiers (par exemple des assurancesvie), les autres banques du secteur peuvent choisirstratégiquement d’aller dans la direction opposée, c’est-à-dire de sortir du segment des services d’assurance. Danscet exemple, parce que le degré d’interdépendance d’unebanque vis-à-vis du reste du secteur est égal à -1, etthêtait = ce degré d’interdépendance + 1, alors thêtait =0, lorsque it = banque i au moment t. Cela signifie qu’iln’y a aucun écart par rapport à l’équilibre car chaquebanque est aussi compétitive que la moyenne du secteur.Dans un monopole pur, thêtait = 1 parce que le degréd’interdépendance d’une banque vis-à-vis du reste dusecteur est égal à 0. Enfin, thêtait < 0 suppose de fixer

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des prix en dessous du coût marginal et peut résulter, parexemple, d’un comportement de non-optimisation de lapart des banques. La présence d’un tel comportement estappelée super-concurrence 25. De plus, la concurrence peutêtre exprimée en termes de part de marché de chaquebanque par rapport au secteur. Par exemple, si unegrande banque détient 80 pour cent du total des actifs dusecteur bancaire du pays, elle dispose d’un pouvoir demarché considérable. Dans ce cas particulier, aussi appeléconcurrence à la Cournot, thêtait correspond simplementà la part de marché de chaque banque. Pour la discussiontechnique, voir le tableau A3 en annexe.

Il convient de noter que le degré de concurrence surle marché est déterminé à partir de l’estimation del’interdépendance entre les participants, qui indique lesanticipations de la banque concernant les réactions de sesrivales aux changements induits par ses propres décisions.Par conséquent, les résultats estimés ont une significationéconomique très claire. De plus, les résultats estimés surles caractéristiques de la demande, des coûts et del’équilibre qui sous-tendent le marché, de même quel’estimation du comportement des concurrents, peuventdonner une idée de l’origine du comportement vis-à-visde la concurrence tel qu’estimé. Par ailleurs, l’indicateurthêta ne requiert pas que toutes les banques de chaquepays SANE aient le même paramètre thêta. Si le marchébancaire dans chaque pays est composé d’une banque (oud’un cartel) dominante à laquelle s’ajoutent quelques petitsconcurrents, les estimations de thêta représenteraient unemoyenne pondérée des valeurs correspondant auxsituations de concurrence parfaite et de collusion, et

seraient donc supérieures à la valeur correspondant à laconcurrence parfaite. Si l’échantillon est composé deplusieurs périodes dans le temps, thêta doit refléter unevaleur moyenne sur un certain nombre de périodes. Si lemarché se caractérise par un comportement parfaitementconcurrentiel durant un certain nombre d’années, puispasse à un comportement imparfaitement concurrentielpendant plusieurs autres années, les estimations de thêtaseront supérieures à la valeur correspondant à la moyennepour une situation de concurrence parfaite.

Quelle est la compétitivité du secteur bancaire

dans les économies SANE ?

Chacune des économies SANE se heurte à ses propresdifficultés lorsqu’elle évalue la compétitivité de sonsecteur bancaire. Les sections suivantes analysent lesdonnées relatives à chacune d’entre elles.

Données pour l’Afrique du SudLes données concernant l’Afrique du Sud pour H etthêta sont présentées aux graphiques 3 à 5 (voir aussi lesdonnées chiffrées du tableau A4 en annexe).

Le graphique 3 présente les estimations annuellesde thêta, le niveau moyen de la concurrence dans lesecteur bancaire sud-africain, pour la période 1992-2007 et leurs intervalles de confiance à 95 pour cent.On observe que sur la période étudiée, excepté pour lapremière année (1992), les résultats rejettent l’hypothèsethêta = 1 (monopole pur). De plus, la valeur deréférence de Cournot se situe à l’intérieur de l’intervalle

Graphique 3 : Niveau moyen de la concurrence dans le secteur bancaire en Afrique du Sud, 1992-2007

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Thêta 95 % inférieurs 95 % supérieurs Cournot

Source : Calculs des auteurs.Note : Thêta mesure des estimations ponctuelles du degré moyen de concurrence dans le secteur bancaire. Il s’échelonne entre 0 (concurrence parfaite) et 1 (monopole). Pour en

vérifier la plausibilité, on observe l’indicateur thêta par rapport à trois références : (1) l’intervalle de confiance des 95 % supérieurs ; (2) l’intervalle de confiance des 95 %inférieurs et (3) la valeur de Cournot, qui correspond à la part de marché moyenne d’une banque dans le secteur. Les valeurs de thêta doivent donc s’inscrire à l’intérieur de cestrois références.

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de confiance à 95 pour cent des thêtas. Par conséquent,la situation globale de la concurrence sur le marché desprêts bancaires dans la banque commerciale en Afriquedu Sud semble plus concurrentielle que celle que l’onobtiendrait dans une situation d’oligopole de Cournot.De plus, hormis en 1997, 1999 et 2007, les résultats desautres périodes de l’échantillon ne rejettent pasl’hypothèse thêta = 0 (concurrence parfaite), et la bandede confiance inférieure suggère la possibilité del’existence d’une super-concurrence. En dépit deplusieurs remontées temporaires, la courbe desestimations ponctuelles des thêtas affiche une tendance àla baisse et enregistre une diminution durable sur lapériode 1999-2003. Elle remonte ensuite en 2004 et2005, puis décline de nouveau en 2006 et 2007. Enrésumé, la concurrence dans le pays semble s’intensifierjusqu’en 2003. La fluctuation à court terme des thêtasavant 1999 et leur rebond après 2003 résulteraient del’existence d’une super-concurrence. Le marchébancaire sud-africain s’est donc caractérisé par uneconcurrence assez intense pendant la période deréforme.

Le graphique 4 présente les résultats dérivés de lastatistique H et la comparaison entre les paramètres desvariations conjecturelles et la statistique H pour lesbanques sud-africaines (voir aussi les données chiffrées dutableau 4 en annexe). En raison des limites de lastatistique H, il convient de faire preuve de prudencelorsque l’on interprète ces résultats. Tout d’abord, vu ceslimites, il faut un équilibre à long terme pour que l’on

puisse identifier une concurrence parfaite et uneconcurrence monopolistique. Dans le cas des banquessud-africaines, notre test pour la présence de cet équilibreà long terme indique que seulement la moitié de notrepériode étudiée satisfait à cette exigence.Deuxièmement, on ne peut apporter d’interprétationéconomique tranchée à l’ordre de grandeur de lastatistique H dérivée (outre la valeur de 1 pourl’équilibre concurrentiel à long terme). En effet, lastatistique H ne s’inscrit pas directement dans unquelconque modèle d’équilibre oligopolistique statiqueou dynamique. Globalement, pour les périodes qui ontréussi le test de l’équilibre à long terme, les donnéessuggèrent que le marché bancaire sud-africain est engénéral caractérisé par une concurrence monopolistique.De plus, la variation de la statistique H sur 10 des16 points de données semble opposée à celle des thêtas,ce qui donne un tableau assez similaire à la variation dudegré de concurrence exprimé par les thêtas.

Le graphique 5 montre que l’élasticité de lademande pour la banque commerciale en Afrique duSud a légèrement diminué sur la période 1992-2006.Ces données concordent avec les observationsformulées dans la deuxième section du présent chapitre,qui indiquent que dans ce pays, les banquescommerciales ont dû faire face à une intensification dela concurrence résultant de la montée en puissance desautres prestataires de services financiers, par exemple lemarché des capitaux, les banques coopératives et lesmarchés du micro-crédit.

Graphique 4 : Paramètre thêta et statistique H pour l’Afrique du Sud

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ThêtaStatistiques H

Source : Calculs des auteurs.Note : Les valeurs thêta et H correspondent à des estimations ponctuelles du degré de concurrence obtenues à partir de deux méthodes différentes. Sur l’axe vertical, les valeurs

vont de 0 à 1 pour les deux, mais la signification économique des valeurs de thêta et de H est inverse : pour thêta, 0 correspond à davantage de compétitivité et 1 à moins decompétitivité, tandis que pour H, H = 1 indique davantage de compétitivité (concurrence parfaite). Avec la statistique H variable dans le temps, les années passent le test del’équilibre, et nous omettons donc la courbe de l’équilibre pour H.

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 23 SESS: 25 OUTPUT: Wed Oct 14 10:57:50 2009/antiopa/eco−b−afri/000637Z/competitivite_Afrique_2009/04−Part1−chap1.3

Données pour l’AlgérieDans les graphiques 6 à 8, nous présentons les donnéespour l’Algérie, résultant des deux principales approchesemployées dans notre étude, qui génèrentrespectivement les indicateurs thêta et H (voir aussi lesdonnées chiffrées du tableau A4 en annexe). Lesestimations des valeurs annuelles de thêta, à savoir leniveau moyen de la concurrence dans le secteur enAlgérie pour la période 1993-2008, et leurs intervallesde confiance à 95 pour cent sont décrits dans legraphique 6. Il apparaît que sur toute la période étudiée,les résultats rejettent les hypothèses thêta = 1(monopole pur) et thêta = 0 (concurrence parfaite). Lesrésultats rejettent aussi l’hypothèse d’un oligopole deCournot, sauf sur 1992-1995. De manière générale, lesconditions globales de compétitivité sur le marché desprêts accordés par les banques commerciales algériennesse caractérisent par un niveau d’oligopole plus élevé quecelui de Cournot, bien que le niveau de concurrencesoit supérieur à celui de la maximisation conjointe duprofit. La variation du degré de concurrence semblediminuer au fil du temps.

La somme de l’élasticité des prix des facteurs deproduction par rapport à la rentabilité laisse à penser queles quatre estimations passent le test de l’équilibre à longterme. Le graphique 7 montre que les principauxrésultats pour la variation du degré de concurrence enAlgérie tiennent lorsque nous nous intéressons auxrésultats tirés de la statistique H.

L’élasticité de la demande de services bancaires enAlgérie est proche de 1, c’est-à-dire qu’elle est stable sur

la période (graphique 8), et donc que la demande dans lesecteur n’a guère varié sur la période. Deux raisonspeuvent expliquer cela. Tout d’abord, il est possible quependant la période, il n’y ait pas eu de menace sur l’offrede crédit provenant d’autres établissements financiers (parexemple les intermédiaires financiers non bancaires).Deuxièmement, il se peut que l’environnement macro-économique général en Algérie ait été stable à cemoment là.

Données pour le NigeriaNous indiquons les données année par année pour leNigeria obtenues avec H et thêta dans les graphiques 9 à11 (voir aussi les données chiffrées du tableau A4 enannexe).

Nous avons vu dans la deuxième section de cechapitre que le Nigeria avait adopté une approche de« big bang » pour réformer son secteur bancaire. Legraphique 9 présente les estimations annuelles de thêta, àsavoir le niveau moyen de concurrence dans le secteur,pour la période 1993-2008, ainsi que leurs intervalles deconfiance à 95 pour cent. Les résultats font apparaîtreque sur toute la période étudiée, les données rejettentl’hypothèse thêta = 1 (monopole pur). L’hypothèse del’oligopole de Cournot est également rejetée, hormispour 1997. De plus, sauf pour 1996 et 2008, lorsque lemarché connaissait une situation de super-concurrence,les résultats rejettent l’hypothèse de la concurrenceparfaite, thêta = 0. Le degré de concurrence dans lesecteur bancaire commercial au Nigeria se caractérisedonc par un certain niveau d’oligopole, moins

Graphique 5 : Élasticité de la demande dans le secteur bancaire en Afrique du Sud

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Inverse de l’élasticité de la demande dans le secteur

Thêta

Écart entre le prix moyen et le coût marginal

Source : Calculs des auteurs.

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Graphique 6 : Niveau moyen de la concurrence dans le secteur bancaire en Algérie, 1992-2007

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Thêta 95 % inférieurs 95 % supérieurs Cournot

Source : Calculs des auteurs.

Graphique 7 : Paramètre thêta et statistique H pour l’Algérie

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1996-99 2000-031992-95 2004-07

HStatistiques Thêta

Source : Calculs des auteurs.

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Graphique 8 : Élasticité de la demande dans le secteur bancaire en Algérie, 1992-2006

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Inverse de l’élasticité de la demande dans le secteur

Paramètre CV

Écart entre le prix moyen et le coût marginal

Source : Calculs des auteurs.

Graphique 9 : Niveau moyen de la concurrence dans le secteur bancaire au Nigeria, 1993-2008

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Thêta95 % inférieurs95 % supérieursCournot

Source : Calculs des auteurs.

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concurrentiel que l’oligopole de Cournot. Concernant lavariation du degré de concurrence sur 1993-2008, ilapparaît que la concurrence s’est améliorée après 1994, etla période étudiée s’est achevée sur une situation desuper-concurrence. La tendance à la baisse s’est inverséejusqu’en 2001, puis a été suivie par un nouveau cycled’amélioration sur 2001-07. Globalement, le degré deconcurrence semble s’être amélioré après la période deréforme en 2005.

Le graphique 10 montre que les résultats pour lastatistique H correspondent de manière générale à ceuxobtenus avec l’approche des variations conjecturelles.

Les résultats du graphique 11 montrent quel’élasticité de la demande dans le secteur de la banquecommerciale au Nigeria s’est améliorée après les réformesfinancières en 2005. Ces données viennent confirmer lesobservations formulées précédemment à propos du bigbang des réformes financières dans le pays.

Données pour l’Égypte

Les graphiques 12 à 14 illustrent les données pourl’Égypte, pour les indicateurs H et thêta (voir aussi lesdonnées chiffrées du tableau A4 en annexe).

Le graphique 12 présente les estimations annuellesde thêta, à savoir le niveau moyen de la concurrencedans le secteur pour la période 1993-2007, ainsi queleurs intervalles de confiance à 95 pour cent. On peutconstater que sur toute la période, les résultats rejettentl’hypothèse thêta = 1 (monopole pur), l’hypothèse de

l’oligopole de Cournot et l’hypothèse thêta = 0(concurrence parfaite). Le degré de concurrence dans labanque commerciale en Égypte se caractérise par unniveau supérieur à celui de l’oligopole de Cournot,bien que le niveau de concurrence soit supérieur à celuide la maximisation conjointe du profit. La variation dudegré de concurrence sur 1993-2007 signale qu’en2000, la concurrence a cessé de s’améliorer pour sedégrader.

Le graphique 13 confirme que, nonobstant lalimitation générale de la statistique H, en ce quiconcerne la variation du degré de la concurrence, lesdeux approches donnent des résultats analogues. Augraphique 14, nous présentons l’indice de Lerner, quicorrespond simplement au ratio de la valeur thêta de lacompétitivité sur la valeur de l’élasticité de la demandedans le secteur. Cet indice met en évidence le degré decompétitivité des banques lorsque la demande de servicesbancaires est généralement stable dans le pays. Il convientde noter dans le graphique 14 que l’indice de Lernerdonne un résultat identique à celui des paramètres thêta,car l’élasticité, dans le cas de l’Égypte, est très proche del’unité et semble avoir été stable sur la période étudiée.

Conséquences et recommandations pour les politiquespubliquesLe présent chapitre cherche à expliquer que les quatreplus grandes économies d’Afrique, les économies SANE,

Graphique 10 : Paramètre thêta et statistique H pour le Nigeria sur 1993-2008

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Statistiques H Thêta

Source : Calculs des auteurs.

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Graphique 11 : Élasticité de la demande dans le secteur bancaire au Nigeria, 1993-2008

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Inverse de l’élasticité de lademande dans le secteur

Thêta

Écart entre le prix moyen et le coût marginal

Source : Calculs des auteurs.

Graphique 12 : Niveau moyen de la concurrence dans le secteur bancaire en Égypte, 1993-2007

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1994 19961993 1998 2000 20022001 2003 2004 20051995 1997 1999 20072006

Thêta 95 % inférieurs 95 % supérieurs Cournot

Source : Calculs des auteurs.

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 28 SESS: 25 OUTPUT: Wed Oct 14 10:57:50 2009/antiopa/eco−b−afri/000637Z/competitivite_Afrique_2009/04−Part1−chap1.3

Graphique 13 : Paramètre thêta et statistique H pour l’Égypte sur 1993-2007

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Statistiques H Thêta

Source : Calculs des auteurs.

Graphique 14 : Élasticité de la demande dans le secteur bancaire en Égypte sur 1993-2007

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Inverse de l’élasticité de la demande dans le secteur

Paramètre CV

Écart entre le prix moyen et le coût marginal

Source : Calculs des auteurs.

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 29 SESS: 25 OUTPUT: Wed Oct 14 10:57:50 2009/antiopa/eco−b−afri/000637Z/competitivite_Afrique_2009/04−Part1−chap1.3

ont engagé des réformes de leur secteur financier afind’améliorer la concurrence dans ce secteur, mais chacuneà sa manière et à son propre rythme. Nous accordonsune grande importance au secteur bancaire en raison deson rôle prédominant dans le système financier Africain.L’Afrique du Sud a opté pour une restructurationprogressive, pendant laquelle les banques du pays ontcontribué au développement du secteur des servicesfinanciers dans le reste de l’Afrique. Le Nigeria a choiside faire subir un traitement de choc à son secteurbancaire, qui s’apparente à un big bang. L’Égypte afficheun bilan mitigé en termes d’efforts et de résultats, ce quisemble suggérer que le pays devrait aller plus loin. Enfin,l’Algérie, où les réformes progressent lentement, sembleavoir opté pour une restructuration complète de sonsecteur financier.

L’approche progressive retenue par l’Afrique du Sudoffre des enseignements intéressants pour les autres paysd’Afrique. Nous décrivons ce processus graduel depuis lafin de l’apartheid, au début des années 1990, périodependant laquelle la restructuration du secteur financier aété amorcée dans le but d’en renforcer la compétitivitéinternationale et de faire de ce secteur un acteur depremier plan en Afrique. Les autres économies d’Afriquedoivent en particulier noter qu’en 2003, l’Afrique duSud a conclu un accord de libre échange avec leBotswana, le Lesotho, la Namibie et le Swaziland afind’abaisser les obstacles aux échanges et d’ouvrir lesmarchés. L’Afrique du Sud a pris des engagements qui sesont traduits par une ouverture accrue de son marchédans tous les domaines, y compris la banque, les valeursmobilières et l’assurance. C’est un modèle qui pourraitinspirer beaucoup d’autres grands pays dotés deressources naturelles, d’autant que le secteur bancairesud-africain affiche désormais une situationconcurrentielle stable.

Par ailleurs, l’adoption par le Nigeria de la méthodedu big bang en 2005 est également porteused’enseignements, même si ces réformes ont égalementconcerné le marché des capitaux, l’assurance et lesservices de pension. Selon des évaluations ponctuelles,ces réformes ont engendré des évolutions et desopportunités nouvelles. Nous avons souligné que leprogramme de concentration et de recapitalisation lancéen 2006 bénéficie au secteur bancaire. Ce programmefavorise en effet la croissance des services, ainsi que detout le secteur privé, grâce au développement del’intermédiation financière, mais aussi la stabilisation dusecteur financier et l’élargissement de l’assise financièredes grandes banques. La concentration améliore aussi lacapacité du secteur à financer les activités porteuses decroissance et à améliorer la gouvernance d’entreprise.

Les données empiriques que nous avons présentéesdans ce chapitre montrent que les réformes déployées auNigeria ont renforcé la compétitivité des servicesfinanciers. Globalement, les banques sont plus solides

grâce à ces réformes et recherchent désormais denouvelles opportunités en dehors du Nigeria, dansd’autres régions de l’Afrique. Cette mise en conformitédu marché bancaire local avec les normes internationales,dotant les banques locales d’une gouvernanced’entreprise transparente leur permettant de rivaliser avectoute nouvelle banque étrangère entrant sur le marché,constitue un exemple que nombre de pays africainsdevraient suivre, surtout dans le contexte de crisemondiale actuel.

L’expérience de l’Égypte renferme elle trois grandsenseignements pour le reste de l’Afrique. Tout d’abord,la réforme bancaire a favorisé la transparence et l’emploide normes comptables et de contrôle adéquates. EnÉgypte, l’environnement est ainsi devenu plus propice àl’investissement, ce qui a entraîné une vive réaction de lapart du secteur privé, selon la Banque mondiale26.Ensuite, on a assisté à une hausse des taux d’intérêt desdépôts et des prêts bancaires visant à compenser les pertesrésultant des défauts sur prêts. Cependant, le niveau élevédes taux d’intérêt réels n’a pas entraîné d’augmentationde l’épargne ou de l’investissement. Troisièmement, laqualité du système juridique joue un grand rôle.L’Égypte s’est employée à renforcer le cadre juridique,réglementaire et de contrôle du secteur financier, etnotamment à instaurer des procédures d’expertisefinancière. Cependant, le secteur financier se heurtetoujours à d’importantes difficultés en raison de son faibleniveau de concurrence, des coûts d’intermédiationrelativement élevés, d’une capacité d’innovation limitéeet de la prédominance de la participation de l’État. Lesystème bancaire est submergé par les prêts nonproductifs, tandis que les activités non bancaires souffrentdu sous-développement des segments de l’obligataire, del’assurance et des crédits hypothécaires, du faible volumede négociation sur les actions, des carences dugouvernement d’entreprise et de l’insuffisance del’infrastructure des systèmes de paiement. Le processus deréforme se poursuit.

En Algérie, même si les progrès ne suivent pas lemême rythme que dans les autres pays SANE, lesréformes jouent un rôle important, car elles se sonttraduites par une intermédiation efficace de l’épargneabondante du pays et ont amélioré la gouvernance desbanques. Le développement du marché local descapitaux a entraîné plusieurs effets positifs et lesretombées bénéfiques sur le reste de l’économie sontmanifestes. L’Algérie a également avancé sur la voie deson intégration économique régionale et mondiale, et n’arien à envier sur ce plan à l’Afrique du Sud et au Nigeria.

La compétitivité et l’efficience jouent un rôlecentral dans ces économies, qui se tournent de plus enplus vers les services. Même en Afrique du Sud, qui estdotée du système financier le plus sophistiqué, et qui estassez bien développé, quatre grandes banques seulement(sur un total de 22 banques locales et de 15 succursales de

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banques étrangères) contrôlent près de 84 pour cent desactifs du secteur. Toutefois, ces chiffres ne sous-entendent pas nécessairement un renforcement de laconcurrence, à moins que la structure du marché ne soitréformée. De plus, malgré leur domination dans lesystème financier, les banques locales restent modestes dupoint de vue de leurs actifs et de leurs fonds proprescomparées aux banques émergentes et internationales.Dès lors, il faut directement se poser la question de laréforme et de la restructuration du système financier, etsurtout du secteur bancaire. Comme indiqué plus haut,au Nigeria, les récentes restructurations et laconcentration ont rendu le secteur bancaire plus solide etplus sûr, et ont contribué à la croissance du NigerianStock Exchange. Globalement, dans le contexte del’OMC et plus précisément du GATS, qui impose auxpays d’ouvrir leur secteur bancaire à la concurrenceinternationale, les secteurs bancaires des pays d’Afriquetels que l’Afrique du Sud ou l’Égypte, sont, à des degrésdivers, assez compétitifs pour faire face à l’arrivée desbanques étrangères.

Enfin, la crise financière actuelle a des conséquencesimportantes pour les réformes financières et lacompétitivité des banques en Afrique, et en particulierdans les économies SANE. De par la nature de cettecrise, la vulnérabilité des économies d’Afrique n’est pasuniforme, même si toutes semblent actuellementconnaître des distorsions de leurs indicateurs relatifs ausecteur extérieur. Cette crise mondiale n’épargne mêmepas des pays comme l’Afrique du Sud et le Nigeria, quiont mis en œuvre des réformes financières et se sontdotés de banques compétitives, ce dont témoignent leursliens financiers avec d’autres régions du monde. Des paysdisposant de secteurs financiers relativement plusdéveloppés et intégrés subissent des tensionsconsidérables sur leurs taux de change, un recul des fluxde capitaux, une déconfiture boursière et une pénurie definancement étranger pour leurs entreprises et leursbanques. Ainsi, cette crise financière peut faire déraillerbon nombre de réformes des services financiers, d’autantque les banques et les marchés des capitaux sontvulnérables en raison de la mondialisation et des effets decontagion. Cependant, le présent chapitre entendexpliquer que les économies qui ont entrepris desréformes financières d’envergure et disposent désormaisd’un secteur bancaire compétitif devraient se remettre dela crise bien plus rapidement que les autres. Ainsi, dansl’immédiat, il convient de renforcer les banques locales etde concentrer les réseaux financiers régionaux. Pour cela,il faut non seulement revoir l’infrastructure juridique etla négociation des devises, mais surtout avoir la volontépolitique de survivre à la crise financière mondiale27.

Notes1 Voir la théorie, les preuves et les politiques dans Claessens et

Laeven, 2004, Green et al., 2005, Levine et Demirgüç-Kunt, 2009,et Murinde, 2009. Pour le cas particulier des banques dans les

pays de l’OCDE, voir Cruikshank, 2000, et Matthews et al., 2007 ;Kirkpatrick et al., 2008, présente les données concernant leséconomies africaines.

2 Aghion et al., 2001, développe et met en évidence le lienthéorique et empirique entre les réformes financières, l’efficienceproductive, les retombées et les conditions de la concurrence.

3 Cependant, la plupart des économies africaines ont affiché dessymptômes de répression financière pendant cette période, bienqu’à la fin des années 1990, la plupart avaient engagé desréformes financières. Voir aussi les données publiées dansKasekende et Atingi-Ego, 1999, et Reinikka et Svensson, 1999, surl’Ouganda, ainsi que dans Senbet et Otchere, 2006, et dansBanque mondiale, 2008, sur les réformes du secteur financierintroduites dans certains pays d’Afrique.

4 Achua, 2008, indique : « Les 89 banques qui existaient jusque-làau Nigeria ont été ramenées au nombre de 25 en 2006 » (p. 57) et« Le 3 janvier 2006, le nombre des banques est finalement passéà 25 et le même mois, 13 banques ont fermé car leurs fondspropres étaient négatifs et elles n’étaient pas en mesure detrouver des partenaires pour une fusion ou une acquisition »(p. 61).

5 Voir Mboweni, 2004.

6 Selon le Rapport annuel 2008 de la Central Bank of Nigeria, cesréformes avaient pour principal objectif la levée des contrôles surles taux d’intérêt afin d’augmenter le taux d’épargne etd’améliorer l’efficience de l’allocation ; l’élimination durationnement du crédit hors prix afin de réduire la mauvaiseallocation des crédits et d’intensifier la concurrence ; l’adoptiond’une gestion monétaire indirecte en lieu et place duplafonnement du crédit pour chaque banque ; l’amélioration de lastructure institutionnelle et de la supervision ; le renforcement desmarchés monétaire et des capitaux par de nouvelles politiquespubliques et des mesures de traitement des établissements endifficulté, ainsi que le resserrement des liens entre les secteursfinanciers formel et informel.

7 D’après une déclaration du ministre des Finances, Dr MansurMuhta, au Ghana Business News le 1er mars 2009.

8 Voir, par exemple, Ayogu et Emenuga, 1998, à propos du Nigeria ;CBN, 2008 ; Ikhide et Alawode, 2001 ; FMI, 2008, et Claessens etLaeven, 2004.

9 L’argument généralement avancé, selon lequel le regroupementdes banques se traduit par un secteur plus concentré, et doncamoindrit la concurrence, n’est pas clairement corroboré par lalittérature ; voir Yeyati et Micco, 2007. D’ailleurs, l’idée que laconcentration faciliterait la collusion entre les participants dumarché, avancée par le paradigme traditionnel Structure-Conduite-Performance, est remise en cause par les preuves empiriques. Ungrand nombre d’études analysant l’expérience des États-Unis etde l’UE concluent que les fusions semblent en général produire uneffet favorable à la concurrence. Dans l’ensemble, la littératuresemble suggérer que la concentration bancaire ne permet pas demesurer correctement la concurrence dans le secteur et que touteffet de la concentration bancaire sur la stabilité s’opère via descanaux autres que la concurrence. Voir Beck, 2008.

10 CBN, 2009 ; voir également http://www.vickywebworld.com/Free_Articles/Consolidation_of_Nigerian_Banking_Sector.htm(consulté le 18 mars 2009).

11 Voir également Baliamoune-Lutz, 2008.

12 Voir également les rapports dans CMA, 2008.

13 Voir Bank Audi, 2008, pour l’Egypt Economic Report.

14 Banque mondiale, 2008.

15 Voir JSE, le rapport annuel de la SARB et le discours dugouverneur.

16 Banque mondiale, 2008.

17 Voir Bank Audi, 2008, pour l’Egypt Economic Report.

18 Par exemple, les autorités ont révisé le barème des commissionspour tous les contrats d’épargne vendus par des assureurs : lacommission maximale a été fixée à 5 pour cent de la prime ; lemontant à payer d’avance ne peut excéder la moitié de lacommission, sous réserve d’un taux d’escompte minimum etd’une durée d’échéance maximale, et une disposition spéciale estprévue à l’intention des intermédiaires petits ou récents, quivendent des produits à prime modeste, aux termes de laquelle laproportion maximale de la commission payable d’avance peut êtresupérieure à la moitié de la prime, mais sans dépasser les400 rands.

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19 Ces observations concordent avec l’analyse des récentesréformes en Afrique telle que présentée dans Jefferis et al. 2006,Kirsten, 2006, et SARB, 2008.

20 Kasekende et al., 2008.

21 Voir aussi Murinde et Ryan, 2003.

22 Voir, par exemple, Kirkpatrick et al., 2008, sur le secteur bancairedans certains pays d’Afrique.

23 Ces deux indicateurs sont inspirés de la littérature sur la nouvelleéconomie industrielle, encore appelée « New Empirical IndustrialOrganization » (NEIO) ; le premier repose sur le modèle de Panzaret Rosse, tandis que le second se fonde sur l’approche desvariations conjecturelles (appelée approche CV). Voir Panzar etRosse, 1987, Matthews et al., 2007, et l’étude dans Kasekende etal., 2008.

24 Nous gardons à l’esprit le principal avantage de l’indicateur H, oude la méthode de Panzar et Rosse : ils n’ont pas besoin d’unvolume important de données. Bien qu’il s’attache aucomportement concurrentiel sur le marché des produits bancaires,cet indicateur se passe de données sur les prix et les volumes deproduits. Il s’appuie principalement sur le prix des facteurs deproduction et les recettes totales. De plus, puisque la statistique Hne contient aucune définition hypothétique spécifique du marché,elle tient quelle que soit la définition implicite du marché (voirShaffer, 2004). Voir l’analyse de la littérature dans Kasekende etal., 2008, pour les principaux avantages et les limites du modèlede Panzar et Rosse.

25 C’est ce qu’observent Shaffer, 2004, concernant le secteurbancaire canadien, et Gruben et McComb, 2003, à propos dusecteur bancaire mexicain.

26 Banque mondiale, 2008.

27 On peut affirmer que l’intensification de la concurrence risqued’encourager les banques à prendre plus de risques. Cependant, lalittérature tant théorique qu’empirique suggère que la concurrenceconstitue un stimulus puissant pour rendre un système financierefficient, et lorsque la libéralisation et la concurrence ont engendréde la fragilité, c’est presque toujours la conséquence des carencesde la réglementation et de la supervision (Beck, 2008).

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Annexe A

Tableau A1 : Les économies SANE comparées à d’autres pays, fin 2007-2008

Économies SANE Afrique Économies BRIC Autre

Indicateurs

Afrique

du Sud Algérie Nigeria Égypte SANE

Total

Afrique Brésil Russie Inde Chine BRIC Mexique

Superficie, (1 000 km2) 1 221 2 382 924 1 001 5 528 11 668 8 515 17 098 3 287 9 598 38 498 1 973

Population (millions) 48 34 148 75 305 964 191 142 1 169 1 306 2 808 105

PIB total (millions d’USD) 277 825 131 866 151 312 132 507 n.d. 1 252 565 1 346 927 1 284 698 1 136 921 3 286 881 7 055 426 889 180

Taux de croissance du PIB (pourcentage) 5,1 4,6 6,3 7,2 5,8 n.d. 5,4 8,1 9,7 11,4 8,65 3,2

PIB par habitant (USD) 5 719 3 895 1 022 1 755 12 391 1 405 7 023 9 016 973 2 517 19 529 8 346

Nb. de sociétés non financières cotées 344 26 255 446 1 061 n.d. 288 75 4 457 1 003 5 823 111

Nb. de banques 34 20 24 48 126 741 36 582 81 70 769 40

Nb. d’établissements financiers non bancaires 25 73 772 44 914 n.d. 73 1 256 162 52 1 543 17

Capitalisation boursière (millions d’USD) 182 000 28 325 88 364 111 351 410 041 n.d. 1 092 598 1 328 809 1 741 000 2 909 403 7 071 809 349 861

Balance commerciale (millions d’USD) -11 962 29 443 17 869 -10 828 24 522 56 508 34 068 110 099 -70 069 262 200 336 298 -24 523

Entrées d’IDE (millions d’USD) 77 038 10 151 40 251 38 925 166 364 315 127 221 914 197 682 50 680 292 559 762 835 228 601

Taux de croissance des exportations 19,96 0,93 -12,91 17,22 25,20 10,71 16,58 16,96 20,33 25,65 79,51 8,63

Fusions et acquisitions, ventes

(millions d’USD) 5 583 18 2 838 1 219 9 657 17 569 10 035 8 677 6 716 6 724 32 151 2 024

Fusions et acquisitions, achats

(millions d’USD) 5 138,4 n.d. 21,0 5 199,8 10 359,2 11 207,8 20 444,7 3 377,8 4 739,6 14 904,3 43 466,37 4 039,9

Total dette à long terme (millions USD) 20 288,8 5 139,5 3 861,1 27 762,5 57 051,8 215 952,6 173 614,8 210 604,7 115 290,6 149 498,5 649 008,61 153 160,3

Source : Compilé par les auteurs.

Mesures empiriques des conditions de concurrencedans le secteur bancaire

Le modèle Panzar-RosseÀ la suite de Claessens et Laeven, 2004, entre autres,nous résolvons les équations suivantes :

1n(TRit) = �i + b1t1n(w1it) + b2t1n(w2it)+ b31n(c1it) + b41n(c2it) + uit

(1)

1n(pit) = bi + b5t1n(w1it) + b6t1n(w2it)+ b71n(c1it) + b81n(c2it) + uit

(2)

TRit = intérêts perçus,pit = (1 + rendement des actifs),w1it = intérêts débiteurs/(total des dépôts plus

financement sur le marché monétaire),w2it = autres coûts d’exploitation /actifs totaux,y1it = actifs totaux, ety2it = fonds propres/ actifs totaux.

La deuxième équation sert à tester la présence d’unéquilibre à long terme.

La statistique H et le test de l’équilibre à longterme ont été réalisés pour chaque année et pourchacune des économies SANE. Conformément à lalittérature, nous traitons H < 1 comme une fonctioncroissante du degré de concurrence. Pour choisirentre les estimations MCO empilée, les effets aléa-toires ou les effets fixes, nous nous sommes appuyéssur le test du multiplicateur de Lagrange de Breusch-Pagan pour les effets aléatoires et sur le test de Haus-man pour les effets fixe/effets aléatoires.

À l’aide des coefficients estimés résultant deséquations de régression ci-dessus, nous calculons lesstatistiques H pour les conditions d’équilibre etl’environnement concurrentiel des banques, qui sontensuite interprétées comme au tableau A2.

(Suite)

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Annexe A (suite)

La méthode des CV

À la suite d’Uchida et Tsutsui, 2005, et de Brissimis etal., 2008, nous avons conjointement estimé le système detrois équations suivant, qui correspondent respective-ment à une fonction de coût translog, à une équation desrecettes obtenue à partir du problème de maximisationdes profits des banques et à une fonction de la demandede prêts inversée :

1n Cit = b0 + b1 1n qit + ½ * b2 (1n q2it)2

+ b3 1n dit + ½ * b4 (1n dit)2 + 1n wit

+ ½ * b6 (1n wit)2 + b7 In qit 1n wit

+ bg 1n qit 1n dit + b9 1n dit 1n wit

+ ditc

(3)

Rit – ritqit = w0 +ht

gt

Rit + Cit (b1 + b2 1n qit

+ b7 1n wit + bg 1n dit) + Cit*qit

dit

(b3 + b4 In dit + b8 1n qit + b9 1n wwit)

+ ditc

(4)

1n pit = p0 + (–1

gt) 1n qit + q1 1n gdpg

+ q2 1n totalassets + 1n cap + ditc (5)

C = le total des coûts non financiers, mesuré parle total des coûts moins les frais financiers ;

q = la quantité de prêts ;d = le total des fonds prêtables, mesuré par la

somme des dépôts et des financements pro-venant du marché monétaire ;

w = valeur associée aux coûts autres que ceux dufinancement et mesurée par le ratio du totaldes coûts non financiers sur l’activité totale(somme des prêts et du total de fonds prêta-bles) ;

R = les intérêts perçus ;r = le taux d’intérêt implicite sur les fonds prê-

tables, mesuré par le ratio des coûts finan-ciers sur le total des fonds prêtables ;

p = le prix implicite des prêts, mesuré par leratio des intérêts perçus sur le total desprêts ;

gdpg= croissance du PIB en volume ;

totalassets sert à exprimer l’effet de taille, etcap correspond aux fonds propres divisés par les

actifs totaux, et sert à exprimer la différenced’attitude vis-à-vis du risque entre les ban-ques.

Lorsqu’elles ne sont pas exprimées sous forme deratios, les variables sont mesurées en termes réels.

On obtient l’homogénéité linéaire de degré undans les prix des facteurs de production en divisantC par w avant d’en tirer des logarithmes. Suivant lapratique standard, nous normalisons chaque variablede quantité et de prix des facteurs de production parsa moyenne géométrique. Ainsi, les coefficients depremier ordre estimés peuvent être interprétés direc-tement comme l’élasticité des coûts à la moyenne del’échantillon.

Tableau A2 : Interprétation de la statistique Hde Panzar-Rosse

Valeur dela statistique Test du niveau de concurrence de l’environnement

Statistique H =, où GTR : recettes totales brutes,w : prix des facteurs.

H ≤ 0 • Monopole, oligopole avec collusion parfaite (Panzaret Rosse, 1987).

• Entreprise maximisant son profit faisant face à une courbede la demande fixe dans un équilibre de concurrence àcourt terme et oligopole à court terme avec variationsconjecturelles (Shaffer, 1983).

• H est une fonction décroissante de l’élasticité perçuede la demande (Panzar et Rosse, 1987).

Équilibre du marché à long terme : E = , PF : rentabilité (Shaffer, 1983)

0 < H < 1 • Concurrence monopolistique dans un équilibre à longterme

• Équilibre avec liberté d’entrée (Chamberlin), capacitéexcédentaire.

H = 1 • Concurrence parfaite dans un équilibre de long terme(Rosse et Panzar, 1987)

• Équilibre avec liberté d’entrée et utilisation complète(efficiente) des capacités.

Tableau A3 : Interprétation des paramètres des CV

Équilibre Paramètres des CV (ki) h = (kt + 1)

Concurrence parfaite -1 0

Équilibre de Cournot-Nash 0 Si

Monopole pur ou oligopoleavec collusion parfaite

1

Si = xi /X, indique la part de marché de l’entreprise i.

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Annexe A (suite)

Tableau A4 : Mesures empiriques des conditions de concurrence dans le secteur bancaire des économies SANE,

1992-2008

a : Afrique du Sud

Année Thêta (h) Statistique H

Élasticité de lademande dansle secteur (g)

Indice deLerner(h/g)

1992 0,447 0,254 1,563 0,2861993 0,125 0,328 1,563 0,0801994 0,288 0,392 1,536 0,1871995 0,174 0,394 1,536 0,1131996 0,226 0,456 1,534 0,1471997 0,259 0,425 1,534 0,1691998 0,194 0,481 1,536 0,1261999 0,276 0,419 1,536 0,1802000 0,209 0,490 1,506 0,1392001 0,172 0,479 1,506 0,1142002 0,047 0,480 1,522 0,0312003 0,040 0,498 1,522 0,0262004 0,187 0,507 1,468 0,1272005 0,240 0,538 1,468 0,1632006 0,219 0,537 1,451 0,1512007 0,203 n.d. 1,451 0,140

b : Algérie

Année Thêta (h) Statistique H

Élasticité de lademande dansle secteur (g)

Indice deLerner(h/g)

1992-95 0,288 0,215 1,025 0,2811996-99 0,276 0,310 1,055 0,2622000-03 0,449 0,426 1,043 0,4312004-07 0,669 0,395 1,009 0,663

c : Égypte

Année Thêta (h) Statistique H

Élasticité de lademande dansle secteur (g)

Indice deLerner(h/g)

1993 0,509 0,701 1,020 0,4991994 0,476 0,633 1,020 0,4661995 0,449 0,554 1,029 0,4361996 0,449 0,618 1,029 0,4361997 0,427 0,554 1,020 0,4181998 0,460 0,558 1,020 0,4511999 0,380 0,565 1,024 0,3712000 0,352 0,613 1,024 0,3442001 0,396 0,619 1,034 0,3832002 0,426 0,606 1,034 0,4122003 0,468 0,620 1,004 0,4662004 0,484 0,617 1,004 0,4822005 0,556 0,592 0,991 0,5612006 0,548 0,633 0,991 0,5532007 0,57 0,641 0,977 0,584

d : Nigeria

Année Thêta (h) Statistique H

Élasticité de lademande dansle secteur (g)

Indice deLerner(h/g)

1993 0,330 0,531 1,211 0,4391994 0,402 0,635 1,211 0,5251995 0,005 0,694 1,080 0,6431996 -0,256 0,707 1,080 0,6551997 0,014 0,702 1,075 0,6531998 -0,252 0,692 1,075 0,6441999 0,149 0,654 1,203 0,5432000 0,157 0,606 1,203 0,5042001 0,599 0,632 1,299 0,4872002 0,512 0,580 1,299 0,4472003 0,426 0,588 1,229 0,4792004 0,471 0,614 1,229 0,5002005 0,448 0,674 1,044 0,6462006 0,454 0,676 1,044 0,6482007 0,456 0,704 1,056 0,6672008 0,654 0,693 1,056 0,656

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CHAPITRE 1.4

Comparaison des coûts et dela compétitivité de l’AfriqueGIUSEPPE IAROSSI, Banque mondiale

Faisant suite à l’analyse d’un aspect de l’environnementéconomique ayant des répercussions évidentes sur lacompétitivité d’un pays, à savoir la finance, le présentchapitre montre comment, à l’échelon micro-économique, les coûts supportés par chaque entreprised’Afrique influent sur sa compétitivité.

L’Afrique est-elle un territoire à bas coûts à partirduquel il ferait bon gérer une entreprise ? Même si lesdonnées portant sur les coûts de production ne sont pasaisément disponibles, un certain nombre de rapports etde données empiriques indiquent clairement que cecontinent est loin d’être un site de production à bascoûts. La conjonction de plusieurs facteurs liés àl’environnement institutionnel et physique desentreprises en font au contraire l’un des lieux deproduction les plus onéreux au monde. Selon certainesestimations1, certaines entreprises africaines déplorent unmanque à gagner pouvant atteindre 25 pour cent de leurchiffre d’affaires à cause d’entraves associées au climat del’investissement, par exemple le manque de fiabilité del’infrastructure, la difficulté à faire exécuter des contrats,la délinquance, la corruption et l’inadéquation de laréglementation. Ce manque à gagner représente parfoisbien davantage que les impôts acquittés. D’autreséléments tendent à indiquer que les coûts indirectsauxquels sont confrontées les entreprises africaines semontent à environ 20 à 30 pour cent des coûts totaux,soit une somme souvent supérieure au coût du travail2.Ces coûts de production semblent avoir une incidencesur la compétitivité de l’Afrique nettement plus forte quece que connaissent les autres régions du monde.Certaines estimations présentent la productivité de basedes usines du Kenya comme étant proche de celle de laChine ; cependant, une fois pris en compte les coûtsindirects, les entreprises kenyanes perdent, par rapport àla Chine, 40 pour cent de leur avantage en termes deproductivité3. D’autres éléments relevés au niveau desentreprises montent que, même si, dans un certainnombre de pays d’Afrique, le coût de la main-d’œuvreest compétitif à l’international, les producteurs africains lesont beaucoup moins4 : d’ailleurs, les échanges avec lesproducteurs en Afrique représentent à peine 2 pour centdu commerce mondial.

La structure des coûts de production donne uneindication déterminante de la compétitivité d’un pays. Lalittérature souligne la perte de productivité potentielledécoulant des coûts supportés par les entreprises au-delàdes portes de l’usine, et les investisseurs prêtent

Giuseppe Iarossi est économiste senior au sein du département financeet développement du secteur privé de la région Afrique (Finance andPrivate Sector Development Department of the Africa region) de la Ban-que mondiale. Les constats, interprétations et conclusions exprimés dansce chapitre ne reflètent pas nécessairement les opinions des administra-teurs de la Banque mondiale ou des gouvernements qu’ils représentent.Andrew Stone et Vincent Palmade (Banque mondiale) ont apporté unecontribution significative à ce chapitre. Nous remercions Regina Martinezpour son aide précieuse pour les recherches.

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effectivement attention à ces coûts lorsqu’ils choisissentun site de production5. Le présent chapitre s’efforce doncd’apporter de nouvelles données sur les coûts deproduction en Afrique en multipliant les catégories decoût et le nombre de pays observés6. Notre objectif estd’analyser les coûts les plus importants que rencontrentles entreprises africaines et de montrer à quel point ilssont critiques pour leur productivité et leurcompétitivité. Nous étudions trois types de coûts : lescoûts directs, indirects et invisibles. Nous examinons toutd’abord ce qui est généralement défini comme les coûtsdirects, à savoir les coûts usine, liés au processus même deproduction, comme la main-d’œuvre, le capital oul’électricité. Nous nous intéressons ensuite aux coûtsindirects, c’est-à-dire ceux qui permettent decommercialiser ce qui a été produit, ainsi que ceuxassociés à l’environnement au sens large dans lequel lesentreprises opèrent. Enfin, nous nous intéressons auxcoûts invisibles, à savoir les coûts supportés par lesentreprises en conséquence de la piètre qualité del’environnement d’affaires. Plus précisément, nousexaminons ce que coûtent les sûretés excessives exigéespour l’obtention d’un crédit, la mauvaise qualité desservices d’infrastructure (coupures de courant et retardsdans les transports), l’imprévisibilité de l’environnementréglementaire, ainsi que la corruption et le manque desécurité. Après avoir analysé de ces coûts séparément,nous les considérons ensemble et faisons une estimationde leur incidence sur le chiffre d’affaires, afin d’établirune comparaison entre l’Afrique et d’autres régions. Lechapitre s’achève sur des recommandations d’actionpublique.

Les données présentées dans ce chapitre mettent enévidence que les entreprises africaines sont presque20 pour cent moins compétitives que celles des autresrégions, bien qu’il existe des disparités considérables d’unpays à l’autre. Par rapport aux entreprises d’Asie de l’Est,par exemple, la production d’une unité de vente coûte19 pour cent de plus à une entreprise africaine, ce quireprésente un désavantage concurrentiel considérable. Àl’heure où la crise mondiale menace le continent africain,ce constat implique que les entreprises asiatiquesdisposent d’une marge bien plus grande que lesentreprises africaines pour absorber les chocs sur les prix,tout en demeurant des producteurs viables.

Dans ce chapitre, nous nous appuyonsessentiellement sur des données des enquêtes auprès desentreprises et des indicateurs Doing Business. Les donnéestirées des enquêtes auprès des entreprises utilisées dans cechapitre portent sur 93 pays à travers le monde, dont 32en Afrique. Là où l’on utilise les données des enquêtesauprès des entreprises, les valeurs sont doncreprésentatives d’une entreprise en zone urbaine inscriteau registre du commerce typique de chaque pays.Lorsque ce sont les données Doing Business qui sontutilisées, ces données valent pour la petite ou moyenne

entreprise (PME) classique respectant pleinement lesrègles et réglementation (encadré 1)7.

Coûts directsLes coûts directs sont les coûts usine, liés au

processus même de production. Les trois principalessources de coûts directs essentiels sont le travail, le capitalet l’électricité, qui font chacun l’objet d’une section ci-après.

TravailD’après une étude portant sur neuf pays d’Afrique8, parmiles différentes composantes des coûts, les investisseursétrangers sont en premier lieu attirés par le niveau dessalaires : dans des secteurs traditionnels comme levêtement, le textile, l’agro-alimentaire et l’horticulture, lesconsidérations salariales représentent jusqu’à 43 pour centdes motivations des investisseurs en termes de coûts.Conjugué au fait que le coût du travail est lié au revenupar habitant, cet élément devrait placer l’Afrique en têtede liste pour la compétitivité mondiale : comme le niveaude revenu y est faible et le coût de la vie assez bas, cecontinent devrait a priori être en bonne position pouroffrir un coût de la main-d’œuvre compétitif.

Cette hypothèse ne se vérifie qu’en partie. Si l’onobserve les niveaux de coût du travail dans différentesrégions9, on peut constater que l’Afrique ne bénéficieque d’un avantage comparatif modéré. Aprèsneutralisation des effets d’un certain nombre de facteurs,tels que le revenu par habitant, le coût de la vie, la tailledes entreprises et le secteur d’activité, nous constatonsque le coût du travail en Afrique est au moins 10 pourcent plus élevé qu’en Asie de l’Est, alors que l’Asie duSud conserve un fort avantage comparatif, avec des coûtsdu travail environ 40 pour cent plus bas qu’en Afrique10.Pour l’entreprise type, les coûts du travail sont plusélevés en Afrique qu’en Europe de l’Est et Asie centraleou qu’en Amérique latine, mais l’Asie du Sud et de l’Estsont plus compétitives. Sur le continent africain, untravailleur coûte en moyenne 135 dollars par mois ; cemême travailleur coûtera plus du double en Europe del’Est et en Asie centrale, comme en Amérique latine etdans les Caraïbes, mais beaucoup moins en Asie du Sudet de l’Est. Cela signifie qu’en termes nominaux, sansneutralisation des effets des autres facteurs, les régionsd’Asie du Sud et d’Asie de l’Est bénéficient, du point devue des coûts du travail, d’un avantage de respectivement25 et 60 pour cent par rapport à l’Afrique11.

Pour les exportateurs et les entreprises nées del’IDE, le coût du travail est plus élevé (10 à 15 pour centde plus en termes nominaux) en Afrique qu’en Asie del’Est ou du Sud. Ainsi, un travailleur coûtera, chaquemois, environ 150 dollars à un exportateur installé enAfrique, contre environ 110 dollars en Asie de l’Est etmoins de 70 dollars en Asie du Sud. Étant donné que lesexportateurs ont besoin de compétences plus pointues,

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les entreprises africaines pâtissent d’un handicapsignificatif (graphique 1).

Le coût du travail s’explique notamment par lescotisations obligatoires sur les salaires, comme lescotisations sociales. À 12 pour cent, ces cotisations sontparticulièrement élevées en Afrique (il n’y a qu’enEurope centrale-Asie de l’Est qu’elles sont plus élevées, à21 pour cent). Les données font apparaître, là encore, defortes disparités d’un pays à l’autre sur le continent. EnNamibie, par exemple, ces cotisations sont quasi nulles,tandis que dans d’autres pays, comme en Algérie, ellesdépassent le quart du salaire brut d’un travailleur12.

En conclusion, selon nos données, l’Afrique nebénéficie pas, en termes de coût du travail, d’un avantagecomparatif aussi grand que l’on aurait pu anticipercompte tenu de son niveau de revenu par habitant. Lescoûts du travail aussi bien que les cotisations sociales sontrelativement élevés, et même s’il existe des écarts

notables entre pays, dans la grande majorité des paysafricains, la main-d’œuvre revient bien plus cher quedans les principaux pays concurrents que sont, parexemple, l’Inde et le Vietnam, et dans la moitié des paysafricains, le coût du travail est plus élevé qu’en Chine(graphique 2).

Capital

Partout dans le monde, les entreprises ont besoin definancement pour pouvoir fonctionner. Un environ-nement d’affaires solide s’appuie sur un système financierefficient à même d’affecter des ressources à leurs usages lesplus productifs. Pourtant, dans toutes les régions, deséléments émanant des enquêtes auprès des entreprises fontapparaître que le coût du financement figure au premierrang des griefs des entreprises. Les dirigeants d’entrepriseen Afrique, ainsi qu’en Amérique latine et aux Caraïbes

Encadré 1 : Enquêtes auprès des entreprises et indicateurs Doing Business

Les enquêtes auprès des entreprises (Enterprise Surveys)de la Banque mondiale collectent à la fois des perceptions etdes indicateurs objectifs se rapportant à l’environnement desentreprises dans chaque pays. Ces données sont recueillies parle biais d’entretiens directs avec des centaines de dirigeantsd’entreprise, si bien que les réponses reflètent l’expérienceréelle de ces dirigeants. Elles couvrent tous les principauxaspects du climat de l’investissement, de l’infrastructure àl’accès aux moyens de financement, et de la corruption à ladélinquance. Les informations détaillées sur la productivité onttrait aux moyens financiers de l’entreprise, aux coûts, parexemple, du travail et des matières premières, au chiffre d’affai-res et aux investissements. L’ampleur et la profondeur des don-nées rassemblées permettent d’effectuer des analyses compa-ratives entre les pays en fonction des caractéristiques desentreprises (taille, structure du capital, exportation ou marchéintérieur, secteur d’activité) et d’étudier la relation entre lescaractéristiques du climat de l’investissement et la productivitéd’une entreprise. Chaque année, 15 à 30 enquêtes auprès desentreprises sont effectuées, et des actualisations sont prévuestous les trois à cinq ans pour chaque pays. Ces chiffres souli-gnent à quel point la réalisation de ces enquêtes est exigeante,tant du point de vue de la gestion que des entreprises qui doi-vent répondre à un grand nombre de questions détaillées.Jusqu’ici, les enquêtes ont couverts plus de 110 pays et se sontintéressées à plus de 20 000 chefs d’entreprise, cadres supé-rieurs et directeurs dans 38 pays d’Afrique. Dans 10 de ces paysafricains, les enquêtes ont été menées à plusieurs reprises,auquel cas des données de panel sont également disponiblespour les chercheurs de toute la planète. Pour de plus amplesinformations, vous pouvez vous rendre surhttp://www.enterprisesurveys.org/.

Actualisés chaque année, les indicateurs de la base dedonnées Doing Business de la Banque mondiale donnent une

mesure quantitative d’aspects spécifiques pertinents pour lacompétitivité : la réglementation des entreprises et la protectiondes droits de propriété, ainsi que leurs effets sur les entrepri-ses, notamment les petites et moyennes entreprises localessituées dans les centres d’affaires les plus importants. Ces indi-cateurs reposent sur une enquête auprès des experts locaux dudroit et de la comptabilité qui sont en contact avec un grandnombre d’entreprises. Aussi les réponses expriment-elles ceque les entreprises doivent faire si elles se conforment pleine-ment à la règlementation. La description uniformisée des entre-prises pour tous les pays permet des comparaisons directes etun classement des pays en fonction des différents indicateurs.La facilité d’utilisation en fait un outil utile pour l’analyse despolitiques. La collecte des données nécessite des recherchesapprofondies et des échanges avec les experts sur des lois,règlements et institutions couvrant des aspects spécifiques dela création, de l’exploitation et la fermeture d’une entreprise.Plus spécifiquement, les données couvrent dix thèmes : créa-tion d’entreprise, octroi de permis de construire, embauche destravailleurs, transfert de propriété, obtention de prêts, protec-tion des investisseurs, paiement des taxes et impôts, commercetransfrontalier, exécution des contrats et fermeture d’entre-prise. Les données les plus récentes couvrent 181 pays. Quel-que 50 pays africains sont représentés, à travers les réponsesde 6 700 experts (notamment des juristes, des consultantsd’entreprises, des comptables, des transitaires, des représen-tants de l’État et d’autres spécialistes qui exercent régulière-ment des fonctions de gestion ou de conseil de mise en confor-mité avec la législation et la réglementation). Les données sontrecueilles sur une base annuelle, et chaque année, il est prévud’élargir la collecte (augmentation du nombre de pays et d’indi-cateurs). Pour de plus amples informations, vous pouvezconsulter http://www.doingbusiness.org/.

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Graphique 1 : Coût de la main-d’œuvre : avantage ou désavantage ? Comparaison entre l’Afrique et différentesrégions

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Asie de l’Est Europe de l’Est & Asie centrale

Amérique latine & Caraïbes

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cen

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Entreprise classique Exportateur

Source : Calculs de l’auteur à partir des enquêtes auprès des entreprises (plusieurs années).

Graphique 2 : Coût du travail, par mois et par travailleur ; comparaison entre l’Afrique et plusieurs régions et paysde référence

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Asie de l’EstEurope de l’Est &

Asie centrale

Amérique latine & Caraïbes

Asie du Sud

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Source : Calculs de l’auteur à partir des enquêtes auprès des entreprises (plusieurs années).

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sont ceux qui s’en plaignent le plus. Le coût du capital yest-il réellement plus élevé en Afrique ?

Tâchons de répondre à cette question en étudianttout d’abord le taux de base que les banques facturentlorsqu’elles prêtent à leurs meilleurs clients13. Une analyseintra-régionale des coûts de financement montreclairement que lorsqu’ils sont situés en Afrique, même lesmeilleurs clients des banques doivent acquitter un tauxbien plus élevé. Plus précisément, les entreprises enAfrique paient des taux d’intérêt environ 7 points depourcentage plus élevés que celles sises en Asie de l’Est eten Asie du Sud14. La différence avec l’Europe de l’Est-Asiecentrale est de 4 points. Dans le principaux pays concur-rents (Inde, Thaïlande, Vietnam, Chine), emprunterrevient à 40-70 pour cent moins cher qu’en Afrique.

Les données des enquêtes auprès des entrepriseconfirment ce tableau général : elles montrent qu’enAfrique, les entreprises paient en moyenne un tauxd’intérêt de 15 pour cent, soit plus de 5 points depourcentage de plus que les taux pratiqués en Asie de l’Estet 2 points de plus qu’en Asie du Sud, en termesnominaux. En outre, puisque le taux d’intérêt facturé parles banques pourrait être corrélé aux caractéristiques desentreprises, nous utilisons ces données pour analyser lecoût du capital après prise en compte de la taille, dusecteur, de l’orientation sur l’exportation ou sur le marchéintérieur, de l’origine du capital, des sûretés requises, duchiffre d’affaire et de la valeur de l’équipement. Mêmeaprès prise en compte de ces coûts, les entreprises paientdes taux d’intérêt de quelque 3 à 5 points de pourcentagesupérieurs lorsqu’elles sont situées en Afrique par rapportcelles opérant en Asie de l’Est. L’incapacité des banques à

octroyer des crédits meilleur marché se reflète dans lesécarts de taux d’intérêt plus marqués observés en Afrique.Ce phénomène pourrait s’expliquer par les inefficiencesdu système bancaire et par une concurrence insuffisante,qui viennent s’ajouter au risque plus grand encouru avecles entreprises africaines.

Enfin, les données de notre enquête confirment queplus l’entreprise est petite, plus son prêt lui coûte cherquand elle finit par l’obtenir. En Afrique, les petitesentreprises servent un intérêt qui est 1 point depourcentage supérieur au taux acquitté par les entreprisesde taille moyenne et 3 points de plus que les grandesentreprises15.

ÉlectricitéNous avons pu établir les coûts de l’électricité en 2006pour 48 pays en développement, dont 19 en Afrique.D’après ces données, un kilowattheure (kWh) d’électricitédestinée à un usage industriel en Afrique coûte, enmoyenne, 0,068 dollar. Sur toutes les régions étudiées, iln’y a qu’en Asie du Sud que l’électricité est plus onéreuse,même si cette moyenne est en fait tirée par le coût élevéau Sri Lanka (0,137 dollar/kWh), alors qu’en Inde,l’électricité coûte 0,06 dollar/kWh. Le graphique 3montre que l’Afrique n’est pas compétitive du point de cecoût d’infrastructure critique. Les entreprises d’Asie del’Est paient leur électricité, en moyenne, 7 pour cent demoins que celles d’Afrique, mais les entreprises en Inde etau Vietnam la paient quelque 11 pour cent de moins, etelle est encore moins chère au Brésil. Comme toujours,on observe des disparités considérables sur le continentafricain. Les coûts de l’électricité se limitent à environ

Graphique 3 : Disparités dans le coût de l’électricité ; comparaison entre l’Afrique et différentes régions et pays endéveloppement de référence (2006)

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Sources : EIU, 2009 ; les données concernant la Chine émanent de la Banque mondiale.

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0,04 dollar au Lesotho et au Botswana et atteignent0,14 dollar au Sénégal16.

Enfin, il est une fois de plus intéressant de constaterque dans les pays pétroliers, l’électricité est 20 pour centmeilleur marché, alors que dans les pays enclavés, elle est15 pour cent plus cher17.

Coûts indirectsLes coûts indirects sont ceux que supportent lesentreprises afin de mettre sur le marché ce qui a étéproduit, ainsi que ceux associés à l’environnement, ausens large, dans lequel les entreprises opèrent. Les deuxprincipaux coûts indirects sont liés au transport et à laréglementation.

Le transportLe coût du transport intérieur constitue un aspectimportant de la chaîne d’approvisionnement globale.Pour être compétitif, il est indispensable de pouvoiracheminer les marchandises à peu de frais à l’intérieurd’un pays. Or, la géographie de l’Afrique ne joue guèreen sa faveur à cet égard. Une superficie immense, avecun faible ratio de routes au kilomètre carré et de grandesdistances, entrave naturellement la compétitivité. Enoutre, l’Afrique est le continent qui compte le plus grandnombre de pays enclavés (deux cinquièmes des paysenclavés dans le monde se trouvent en Afrique).

Il n’est donc pas surprenant de constater que lescoûts de transport intérieur sont plus élevés en Afriquequ’ailleurs. Il revient à environ 1 100 dollars, enmoyenne, d’expédier par voie terrestre un conteneur

chargé d’importations, et à 872 dollars pour lesexportations. Ce prix est plus élevé que dans toutes lesautres régions hormis l’Europe de l’Est-Asie centrale, oùcela coûte respectivement 1 141 et 989 dollars. Pour leurpart, l’Asie de l’Est, l’Asie du Sud et l’Amérique latine etles Caraïbes bénéficient d’un avantage comparatifsignificatif en ce qui concerne les coûts de transport. Lesentreprises en Asie de l’Est économisent près de 70 pourcent sur ce poste, et celles opérant en Amérique latine eten Asie de l’Est approximativement 50 pour cent(graphique 4).

En outre, le fait d’être un pays enclavé ajoute auxcoûts de transport, et plus encore en Afrique. Les paysenclavés d’Afrique déboursent près d’un tiers de pluspour le transport intérieur que ceux d’autres régions(2 200 dollars contre 1 500 dollars). Ce sont des coûtsconsidérables qui pénalisent les entreprises du continent.

Un autre aspect important des coûts de transporttient aux frais de manutention au terminal et au port.Ces coûts varient énormément à travers le monde : ilspeuvent aller de 50 à 1 000 dollars par conteneur. Nonseulement l’Afrique affiche les plus fortes disparités d’unpays à l’autre (on peut payer presque 10 fois plus en Côted’Ivoire qu’à Maurice, où ces frais s’élèvent à seulement100 dollars), mais elle reste une nouvelle fois la région oùles frais moyens de manutention sont les plus élevés aussibien pour les importations que pour les exportations.

Environnement réglementaireFiscalité. Les pouvoirs publics partout dans le mondedoivent offrir les services nécessaires à l’instauration d’unbon environnement d’affaires. Pour ce faire, ils lèvent un

Graphique 4 : Coûts du transport intérieur et frais de manutention au port pour les importations et les exportations

Asie de l’EstAfrique

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Coût de transport Frais de manutention

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certain nombre de taxes et impôts différents à diversniveaux d’administration. Comme il est impossible detous les prendre en compte, nous examinons les trois pluscourants : l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur la propriétéimmobilière et à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

Le taux de l’impôt sur les sociétés varieconsidérablement d’une région à l’autre, mais l’Afriquesemble être, avec l’Asie du Sud, la localisation la moinsfavorable pour les entreprises sur ce plan18. Avec un tauxd’environ 30 pour cent, les entreprises africaines sontapparemment parmi les plus lourdement imposées aumonde. Toutefois, l’écart avec la plupart des autresrégions n’est pas si marqué. En Asie de l’Est et enAmérique latine, les taux d’imposition s’établissent,respectivement à 28 et 29 pour cent. Il n’y a qu’enEurope de l’Est-Asie centrale que les taux sont nettementplus bas, à 19 pour cent. Les données montrentégalement de fortes disparités au sein de chaque région,en particulier sur le continent africain. Le Botswanaaffiche le taux d’impôt sur les sociétés le plus bas (5 pourcent), tandis que la République démocratique du Congoet le Tchad partagent, avec le Bangladesh, le taux le plusélevé (40 pour cent). Néanmoins, l’impôt sur les sociétésen Afrique est d’un niveau analogue à celui de la Chine,de l’Inde et du Vietnam.

L’Afrique est la région où l’impôt sur la propriétéimmobilière est le plus élevé après l’Asie du Sud, quiaffiche un taux de 21 pour cent. Les entreprises sises surce continent sont imposées à, en moyenne, 7,5 pour centde la valeur de leur bien, soit bien davantage que les 4,7et 2,7 pour cent que les entreprises paient,respectivement, en Asie de l’Est et en Amérique latine et

Caraïbes. Un constat similaire se dégage lorsque l’onobserve la TVA. L’Afrique applique l’un des tauxmoyens les plus élevés, à 16 pour cent (seule l’Europecentrale-Asie de l’Est la précède, avec un taux de19 pour cent), tandis que la TVA dans toutes les autresrégions s’élève à 11-14 pour cent. De même que pourl’impôt sur les sociétés, c’est en Afrique que les disparitésau sein d’une même région sont les plus prononcées : leNigeria applique un taux de seulement 5 pour cent (soitautant que Singapour et Taïwan, Chine) tandis qu’enTanzanie, ce taux ressort à 20 pour cent. Il n’y a qu’enArgentine que ce taux est plus élevé. Globalement, sil’on observe tous ces coûts sur une échelle decomparaison, on constate qu’à deux exceptions près,l’Afrique présente un niveau de fiscalité plus élevé queles autres régions (graphique 5).

Réglementation. La qualité de l’environnementréglementaire peut encourager ou dissuader lesentrepreneurs potentiels de démarrer une activité,d’étoffer une activité existante ou même d’entrer dansl’économie formelle. Des éléments émanant d’autresétudes montrent que l’abaissement des obstaclesréglementaires peut inciter à entrer dans le secteurformel19. L’Afrique présente-t-elle un environnementintéressant en termes de coûts liés à la réglementation ?Nous nous efforçons de répondre à cette question enétudiant les coûts associés à trois aspects : la créationd’une entreprise, le transfert de propriété etl’administration douanière.

Créer une entreprise en Afrique n’est pas onéreux,en termes nominaux. Le coût total des démarches pour lacréation d’une entreprise et le minimum de fonds

Graphique 5 : Taux d’imposition ; comparaison entre l’Afrique et différentes régions

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Impôt sur les sociétés TVA Impôt sur la propriété immobilière

Source : Banque mondiale, 2008.

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propres obligatoires se montent, au total, à environ2 350 dollars, soit moins qu’en Asie de l’Est et en Europede l’Est-Asie centrale, où créer une entreprise revient àenviron 3 700 dollars20. Cependant, au regard du revenumoyen par habitant, la création d’une entreprise enAfrique est assez onéreuse : le coût total se monte à135 pour cent du revenu annuel, soit plus du double ducoût dans les autres régions.

Le transfert de propriété est également un processuscoûteux en Afrique. Plus de 10 pour cent de la valeur dubien sont consacrés aux frais d’enregistrement, soit biendavantage que dans les autres régions (la proportion s’yétablit entre 2 et 6 pour cent). L’Afrique compte mêmedes pays où les frais d’enregistrement atteignent un quartde la valeur du bien (Zimbabwe, Tchad et Nigeria).

Enfin, un autre coût réglementaire important tientaux formalités de dédouanement. Dans tous les pays, lagrande majorité des entreprises importent et exportentleurs facteurs de production et leurs produits. Pourexporter ou importer, les entreprises doivent accomplirles démarches en vigueur dans chaque pays. Les coûts quiy sont associés incluent la préparation des documents, lesfrais administratifs et ceux associés aux contrôlestechniques. L’addition de tous ces coûts montre qu’unefois encore, l’Afrique est, de toutes les régions étudiées,la plus onéreuse. Les entreprises situées en Afriquedoivent payer 585 dollars ou 682 dollars chaque foisqu’elles ont à accomplir les formalités obligatoires pourl’importation ou l’exportation. Les entreprises de toutesles autres régions déboursent beaucoup moins,notamment en Asie de l’Est, où elles paient environ

40 pour cent des frais acquittés par les entreprisesafricaines (graphique 6).

Coûts invisiblesOn considère comme des coûts invisibles les manques àgagner enregistrés par les entreprises en raison de lapiètre qualité de l’environnement d’affaires. Dans lasection suivante, nous prenons en considération lesmanques à gagner liés aux exigences imposées par lesbanques pour octroyer un financement, le manque defiabilité de l’infrastructure, l’imprévisibilité de laréglementation, la corruption et les questions de sécurité.

Manques à gagner dus aux exigences imposées par lesbanques pour attribuer un financement

Dans la grande majorité des cas, on demande auxentreprises qui souhaitent souscrire un emprunt d’apporterune sûreté. Qui plus est, on requiert généralement unesûreté d’une valeur plus élevée que celle de l’emprunt.L’Afrique se classe au 2e rang mondial pour ce qui est dela valeur de la sûreté que les établissements doiventdéposer pour obtenir un prêt : elle équivaut à 137 pourcent de la valeur du prêt. Ce continent est précédé sur cepoint par l’Europe de l’Est-Asie centrale, qui exige unesûreté d’une valeur de 54 pour cent supérieure à celle duprêt, contre 13 et 3 pour cent pour, respectivement, l’Asiede l’Est et l’Asie du Sud.

Cette restriction limite l’accès des entreprises aufinancement, puisque, pour un montant donné d’actifsimmobilisés, plus les sûretés exigées sont importantes,

Graphique 6 : Coût de la réglementation ; comparaison entre l’Afrique et plusieurs régions

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Création d’une entreprise Transfert de propriété Dédouanement

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moins les entreprises sont en mesure d’obtenir un crédit.Ainsi, puisque les entreprises africaines doivent déposerune sûreté d’une valeur de 137 pour cent de celle duprêt, elles peuvent obtenir un prêt équivalent àseulement environ 73 pour cent de la valeur de leursactifs immobilisés. Cela représente un coût pour lesentreprises parce que, pour un montant de prêt donné,elles doivent apporter davantage de garanties que lesentreprises dans d’autres régions. Nous estimons que lemanque à gagner correspond aux intérêts payés sur lavaleur du surcroît de sûretés que les entreprises doiventapporter en raison des exigences de sûreté plus élevées, lesurcroît de sûretés étant défini comme la valeur de sûretéqui dépasse la valeur médiane dans chaque pays21.

D’après ces estimations, en raison d’exigences plusstrictes concernant les sûretés, les entreprises en Afriquedoivent payer des frais invisibles supplémentaires si ellesveulent obtenir un prêt. Si l’on part de l’hypothèse que lesentreprises dans tous les pays doivent apporter une sûretéqui n’est pas supérieure à la valeur médiane du prêt, onestime que le manque à gagner correspondant aux intérêtssupplémentaires supportés par les entreprises africaines semonte à 6 000 dollars par an, soit le niveau le plus élevé detoutes les régions étudiées. Autrement dit, si les entreprisesafricaines qui apportent une sûreté d’une valeur supérieureà la médiane pouvaient se contenter d’apporter une sûretéd’une valeur équivalente à la médiane, elleséconomiseraient, en moyenne, 6 000 dollars par an. Lesentreprises en Asie de l’Est enregistrent un manque àgagner nettement moindre, estimé à 33 pour cent de celuiévalué pour l’Afrique (graphique 7).

L’exportateur type en Asie de l’Est a trois fois plusd’actifs immobilisés qu’un exportateur en Afrique. Parconséquent, il enregistre un manque à gagner plusimportant que les entreprises sises en Afrique, en termesnominaux. Néanmoins, ce manque à gagner est moinsque proportionnel à la valeur des actifs immobilisés, cequi montre que même les exportateurs en Afrique paientencore davantage pour obtenir un prêt d’un montantdonné. En outre, les exportateurs en Asie du Sud, quiont des actifs immobilisés d’une valeur plus ou moinségale, en moyenne, à celle observée en Afrique, neperdent qu’un cinquième de ce que les exportateursafricains perdent, en raison des exigences excessives dansles pays africains.

Manques à gagner dus au défaut de fiabilité des servicesd’infrastructure

Électricité. Les constats tirés de nombreuses enquêtes auniveau des entreprises mettent en lumière l’importanceque revêt une fourniture d’électricité fiable. Pourtant,pour diverses raisons (forte croissance économique danscertains endroits, effondrement de l’économie dansd’autres, guerre, piètre planification, essordémographique, envolée des cours du pétrole etsécheresse), les pays d’Afrique subsaharienne sontconfrontés à des pénuries d’électricité forthandicapantes22. Les enquêtes auprès des entreprisesmettent en évidence la gravité de ce problème. Dans lemonde entier, les entreprises subissent des coupures decourant qui durent de quelques minutes à quelquesheures. L’Afrique détient un record peu enviable : c’est

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l’un des pires endroits au monde à cet égard, avec lescoupures les plus longues. Dans certains pays ducontinent, elles peuvent durer jusqu’à environ 12 heures.En conséquence, les entreprises n’ont pas accès àl’électricité pendant, en moyenne, 13 pour cent de leurtemps de fonctionnement. Cette proportion est bien plusélevée que dans toutes les autres régions. En Asie del’Est, par exemple, elle s’élève à seulement 1 pour centdu temps de fonctionnement. L’Asie du Sud est la régionla plus proche de l’Afrique sur ce plan, et pourtant, lesentreprises sont privées d’électricité pendant seulement7 pour cent du temps de fonctionnement (graphique 8).

Le manque de fiabilité de la fournitured’électricité a de graves conséquences pour lesentreprises : soit ces dernières manquent des ventes, soitelles doivent acheter des générateurs. Et de fait,nombre des entreprises acquièrent des générateurs.Après l’Asie du Sud, où 50 pour cent des entreprises enpossèdent, l’Afrique compte la plus forte proportiond’entreprises équipées d’un générateur (38 pour cent).En Asie de l’Est, c’est le cas de seulement 30 pour centdes entreprises. Une proportion beaucoup plus granded’exportateurs en Afrique possèdent un générateur(60 pour cent), soit à peu près autant qu’en Asie duSud et beaucoup plus qu’en Asie de l’Est (38 pourcent). Cependant, un générateur est un équipementonéreux, dont le prix varie de quelques milliers de

dollars à près d’un million, selon la capacité. C’estpourquoi toutes les entreprises ne peuvent pas sepermettre cette acquisition. Les pannes de courantpeuvent causer deux types de préjudices : le manque àgagner pour les entreprises qui ne possèdent pas degénérateur, et le coût de financement associé àl’acquisition d’un générateur pour celles qui en ontun23. Le calcul de ces coûts dans les différents pays faitapparaître, comme attendu, que le manque à gagnersupporté par les entreprises n’ayant pas de générateurest supérieur au coût de financement d’ungénérateur24. En outre, de toutes les régions examinées,c’est d’abord en Asie du Sud puis en Afrique que lepréjudice moyen que les entreprises subissent à causedes pannes de courant sont les plus lourds. Sur lecontinent africain, les entreprises perdent près de9 000 dollars par an à cause du manque de fiabilité de lafourniture électrique ; celles situées en Asie de l’Estperdent 40 pour cent de moins25.

Transport. L’inefficience du système de transportpeut venir alourdir les coûts de production de plusieursfaçons non évidentes, par exemple en contraignant lesentreprises à conserver des stocks plus importants que sile système était parfaitement opérationnel. Si le délai delivraison des facteurs de production est incertain, lesentreprises doivent commander ces derniers en prenantplus d’avance que ce qui serait optimal. Il s’ensuit des

Graphique 8 : Coût lié aux problèmes d’électricité ; comparaison entre l’Afrique et différentes régions

8a : Proportion d’heures de travail perdues à cause des coupures de courant

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coûts supplémentaires découlant d’immobilisations nonsouhaitées pour une période plus longue. Les entreprisesdevant ajuster leurs stocks en fonction de l’efficience dusystème de transports, on peut considérer que le coût dela détention de stocks non indispensables correspond aucoût de l’emprunt des fonds nécessaires pour acquérirces stocks. On constate ainsi que les entreprises enAfrique perdent quelque 850 dollars par an en intérêtssupplémentaires payés à la seule fin d’acquérir des stocksd’avance. Cette somme est analogue à ce que paient lesentreprises en Amérique latine-Caraïbes, et inférieure àce que paient celles d’Asie du Sud et d’Europe de l’Est-Asie centrale. Toutefois, cette perte est, selon lesestimations, 40 pour cent plus élevée pour lesentreprises africaines que pour celles d’Asie de l’Est. Lespays concurrents, comme l’Inde et le Vietnam, subissentégalement un préjudice lié au transport moins lourd quela moyenne africaine (graphique 9).

Manque à gagner découlant de l’environnementréglementaire

L’environnement réglementaire constitue un aspectimportant de l’environnement d’affaires. De nombreusesdonnées micro-économiques montrent que l’existencede règles et d’une réglementation transparentes et facilesà interpréter a une nette influence sur la compétitivitéd’un pays. Par conséquent, lorsque ces règles et cetteréglementation deviennent pesantes, elles représententun frein, et même un coût, pour l’entreprise.

Différents aspects de l’environnement réglementaireméritent que l’on s’y attarde, notamment le temps que laréglementation publique (de la fiscalité aux autorisationsen passant par les inspections) prend aux dirigeants. Il endécoule un coût évident, puisque cette réglementationdétourne les dirigeants de leur fonction essentielle, àsavoir gérer une entreprise. Sur ce plan, l’Afriqueenregistre d’assez bonnes performances. En Amériquelatine-Caraïbes (région qui enregistre les moins bonsrésultats à cet égard), les dirigeants consacrent enmoyenne plus de 8 pour cent de leur temps à s’occuperde ces impératifs, alors qu’en Afrique et en Asie de l’Est,ils y consacrent presque 5 pour cent de leur temps. C’esten Asie du Sud et en Europe de l’Est-Asie centrale que laréglementation est la moins lourde : les dirigeants yconsacrent environ 4 pour cent de leur temps. Il estintéressant de noter que, dans les pays pétroliersd’Afrique, la réglementation prend beaucoup plus detemps à un dirigeant (près du double), et que l’inversevaut pour les pays enclavés, où la réglementation estmoins pesante. Nous ne remarquons aucune disparitésubstantielle en fonction de la taille de l’entreprise ou del’orientation de son activité (exportation ou marchéintérieur).

L’incapacité des entreprises à ajuster leurs coûts fixesdurant les cycles d’activité génère également des pertesqui diminuent leur productivité et, in fine, leurcompétitivité. L’une des raisons de cette incapacité estl’existence d’une réglementation du travail stricte, en

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particulier des restrictions à l’embauche et aulicenciement des travailleurs. D’après les indicateursDoing Business, parmi toutes les régions, c’est en Afriqueque les entreprises rencontrent les plus grandes difficultésà embaucher et licencier. Cette rigidité du marché dutravail a-t-elle un coût ? Nous nous efforçons de lequantifier en évaluant les pertes qu’induisent l’excédentou la pénurie de personnel dans notre échantillond’entreprises. Durant les entretiens des enquêtes auprèsdes entreprises, les dirigeants ont été interrogés sur lenombre de travailleurs qu’ils souhaiteraient embaucherou licencier si la réglementation du travail ne lesempêchait pas de le faire. Globalement, la grandemajorité des entreprises dans la plupart des régionsaffirment disposer des effectifs adéquats. L’Afriqueenregistre la plus forte proportion d’entreprises satisfaitesde leurs effectifs, suivie par l’Amérique latine-Caraïbes,et par l’Asie du Sud (graphique 10). L’Asie de l’Est etl’Europe de l’Est-Asie centrale sont des régions où, aucontraire, on note un nombre considérable d’entreprisesqui aimeraient pouvoir modifier leurs effectifs.

À partir de ces informations, nous estimons que lecoût lié aux restrictions sur la main-d’œuvre correspondsoit (1) aux salaires payés en trop, en cas d’excédent depersonnel, soit (2) au manque à gagner sur la valeurajoutée, en cas de main-d’œuvre insuffisante. Onconstate alors que l’entreprise africaine moyennebénéficie, sur ce plan, du coût le plus faible après l’Asiedu Sud, à environ 30 dollars par mois. Pourcomparaison, les entreprises en Asie de l’Est et en

Amérique latine et Caraïbes y perdent, respectivement,environ 300 et 170 dollars par mois. C’est en Europe del’Est-Asie centrale que cet aspect coûte le plus cher, carles restrictions sur la main-d’œuvre y sont les plusprégnantes.

Un autre aspect de l’environnement réglementairequi impose des coûts aux entreprises tient à lacompression des dépenses. Lorsque les entreprises seséparent de salariés, elles doivent leur verser desindemnités, fixées par la loi. Dans certains cas, ce coût estmarginal, mais dans d’autres, il est loin d’être négligeable,et de manière générale, il est plus élevé en Afrique quedans toutes les autres régions. Lorsqu’elles licencient unsalarié, les entreprises africaines doivent lui verser, enmoyenne, près de 1,5 an de salaire, alors que dans lesmêmes circonstances, les entreprises d’Asie de l’Estdoivent un petit peu plus de la moitié de cette somme.Seules les entreprises d’Asie du Sud sont soumises à desexigences analogues à celles d’Afrique à cet égard.Toutefois, dans certains pays comme la Zambie, leGhana, la Sierra Leone et le Zimbabwe, les entreprisesdoivent payer de 3 à 8 ans de salaire lorsqu’elleslicencient un salarié.

Un autre aspect important de l’environnementréglementaire qui influe fortement sur les coûts desentreprises tient au fonctionnement des tribunaux, aussibien pour l’exécution des contrats que pour la fermeturedes entreprises. Le fait de ne pas savoir avec certitude sil’État de droit sera appliqué a des répercussions sur lacroissance à long terme, au niveau de l’économie, et

Graphique 9 : Coût estimé de la détention de stocks ; comparaison entre l’Afrique et différents pays et régions deréférence

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Graphique 10 : Coûts associés aux sureffectifs et aux sous-effectifs ; comparaison entre l’Afrique et différentesrégions

10a : Proportion d’entreprises en sureffectifs ou en sous-effectifs

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Source : Calculs de l’auteur à partir des enquêtes auprès des entreprises (plusieurs années).

10b : Coût estimé des sureffectifs et des sous-effectifs

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Source : Calculs de l’auteur à partir des enquêtes auprès des entreprises (plusieurs années).

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peut induire des comportements non optimaux de la partdes entreprises, par exemple l’établissement de réseauxinformels reposant sur l’origine ethnique ou sur d’autresinformations personnelles, au niveau micro-économique.D’après les indicateurs Doing Business en Afrique, porterune affaire devant les tribunaux coûte en moyenne prèsde la moitié (47 pour cent) de la valeur des dommages etintérêts demandés. Cette proportion est presque la mêmeen Asie de l’Est, mais bien plus élevée que dans d’autresrégions : il n’en coûte que 24 pour cent des dommageset intérêts demandés en Europe de l’Est et Asie centrale,région la moins onéreuse à cet égard. En Républiquedémocratique du Congo, en Sierra Leone, auMozambique, au Malawi et au Burkina Faso, les frais dejustice sont si élevés qu’ils peuvent même dépasser lavaleur même des réparations.

De même, si une entreprise fait faillite, lesobligations légales qu’il convient de respecter rendent lafermeture formelle d’une entreprise longue et onéreuse.En Afrique, le coût estimé d’une procédure de faillite estélevé : une PME classique peut s’attendre à dépenserenviron 20 pour cent de la valeur de son patrimoinepour une telle procédure. Ce coût est analogue à celuien Asie de l’Est, mais bien plus élevé que dans toutes lesautres régions. Une fois encore, on observe des écartsconsidérables d’un pays d’Afrique à l’autre. Une telleprocédure coûte à peine 7 pour cent du patrimoine enAlgérie, en Tunisie et au Sénégal, mais atteint 76 pourcent en République centrafricaine.

Préjudices liés à la corruption

Les dirigeants africains continuent de placer la corruptionen tête des obstacles entravant leur activité. Des donnéesobjectives corroborent cette perception. En Afrique, lesentreprises versent près de 1,5 pour cent de leur chiffred’affaires en pots-de-vin afin de « mettre de l’huile dansles rouages », et près de 2,5 pour cent de la valeur desmarchés lorsqu’il s’agit d’un marché public, plus de treizefois ce que paient les entreprises est-asiatiques, et plus dudouble de ce qui est versé dans les autres régions.

Le détail de la corruption dans les différents paysafricains montre que la « petite corruption » (qui permetde mettre de l’huile dans les rouages pour que les chosessoient effectivement faites) est à peu près la même que lespays soient enclavés ou côtiers. En revanche, on observede larges différences dans le coût de la corruption liéeaux marchés publics (graphique 11).

Il est intéressant de constater que les pays pétroliersaffichent de moins bonnes performances que les autrespour ces deux types de corruption. Enfin, le niveau dedéveloppement a un impact significatif sur la corruptionconcernant les marchés publics, mais pas sur la petitecorruption.

Les grandes entreprises versent considérablementmoins de pots-de-vin que les PME, tandis que lessociétés locales et celles qui n’exportent pas en versentbeaucoup plus que les entreprises étrangères et que lessociétés exportatrices.

Graphique 11 : Valeur des paiements à des fins de corruption dans différentes régions et selon les caractéristiquesdes pays, par type de corruption

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Mettre de l’huile dans les rouages (% du chiffre d’affaires) Marchés publics (% de la valeur du marché)

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Source : Calculs de l’auteur à partir des enquêtes auprès des entreprises (plusieurs années).

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Préjudices liés à des problèmes de sécurité

L’une des fonctions essentielles de tout État consiste àprocurer aux entreprises un environnement sûr oùmener leurs activités. Et pourtant, à travers le monde,15 pour cent des entreprises déplorent des préjudicesdécoulant de la délinquance. Néanmoins, une proportionbien plus élevée d’entreprises (presque 60 pour cent) seprotègent contre le vol en recourant à des services deprotection, qui viennent s’ajouter au coût de la pratiquedes affaires. Fait intéressant, 16 pour cent des entreprisesen Afrique font état de préjudices liés à la délinquance,soit autant qu’en Europe de l’Est et Asie centrale, et bienplus que dans les autres régions, mais plus de la moitiédes entreprises africaines font appel à des services desécurité privés. Ces entreprises dépensent donc dessommes conséquentes en services de sécurité, équivalantà plus de 0,5 pour cent de leur chiffre d’affaires, soitnettement plus qu’en Asie de l’Est et du Sud(graphique 12).

On n’observe pas d’écart significatif dans le coût desservices de sécurité supporté par les petites entreprises parrapport aux moyennes et aux grandes entités (enproportion du chiffre d’affaires), ni entre les entreprisesétrangères et locales. En revanche, les exportateursdépensent davantage (environ 10 pour cent de plus) queles autres pour ce poste.

Impact des coûts sur la compétitivité de l’AfriqueÀ de rares exceptions près, les données recueillies auniveau des entreprises semblent indiquer qu’en termes

nominaux, l’Afrique ne constitue pas, du point de vuedes coûts, une localisation favorables où gérer uneentreprise, lorsqu’on la compare à l’Asie du Sud ou del’Est, tandis qu’elle bénéficie d’un avantage considérablesur ce plan par rapport à l’Europe de l’Est-Asie centrale,et à l’Amérique latine-Caraïbes. Pourtant, à l’inverse dece qui se passe dans ces régions, on n’observe pas de fluxd’investissements persistants vers l’Afrique, ni decroissance des exportations plus élevée en Afrique.Comment expliquer cette situation ?

La simple observation des coûts nominaux ne suffitpas à dresser un tableau précis de la compétitivité : ilconvient d’évaluer les coûts au regard de laproductivité. C’est pourquoi nous consacrons cettesection à l’évaluation de la compétitivité de l’Afrique aumoyen de l’examen des coûts de production enproportion du chiffre d’affaires. Nous pourrons ainsidéterminer dans quelle mesure les entreprises africainessont productives et compétitives pour la transformationdes facteurs de production (les coûts) en production (lesventes). Le tableau 1 énumère et définit les coûts pris encompte. Nous nous sommes efforcés d’inclure autant decoûts que possible, grâce à l’estimation de 13 coûtsrépartis en 3 catégories : coûts directs, indirects etinvisibles26.

Le graphique 13 met en évidence la ventilation deces coûts en proportion du chiffre d’affaires dans différentesrégions. Il apparaît que l’Afrique est, de toutes les régionsexaminées, la moins compétitive. Pour chaque unitévendue par une entreprise africaine, les coûts enreprésentent près de la moitié. Toutes les autres régions

Graphique 12 : Coût de la sécurité ; comparaison entre l’Afrique et plusieurs régions

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Tableau 1 : Liste et description des coûts directs, indirects et invisibles

Coûts direct Coûts indirects Coûts invisibles

Catégorie Description Catégorie Description Catégorie Description

travail Total des rémunérations des tra-vailleurs, corrigé du travail tempo-raire

Transport Coût du transport Capital Intérêts versés sur le surcroît desûretés exigé

Capital Intérêts payés, d’après le tauxde base, sur les prêts, dont onestime la valeur à celle des actifsimmobilisés moins la valeur de lasûreté requise

Électricité Coût du carburant nécessaire aufonctionnement des générateurs

Électricité Manque à gagner dû aux coupuresde courant, estimé à partir du tempsde coupure rapporté

Électricité Coût de l’électricité Télécom-

munications

Coût des télécommunications Transport Manque à gagner dû aux retards detransport

Environnement

réglementaire

Somme (1) des intérêts payés surles coûts des démarches adminis-tratives permettant la créationd’une entreprise ajoutés aux exi-gences de fonds propres, plus (2) lecoût du dédouanement multiplié parle nombre estimé de voyages

Réglementation Coût du temps que la réglementationprend aux dirigeants, ajouté au man-que à gagner découlant des rigiditésde la législation sur le marché dutravail

Corruption Versements occultes permettant demettre de l’huile dans les rouages

Sécurité Coût des mesures de sécurité

Graphique 13 : Estimation des coûts directs, indirects et invisibles dans différentes régions, pour une entreprisetype

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Coûts invisibles Coûts indirects Coûts directs

Sources : Calculs de l’auteur à partir des enquêtes auprès des entreprises (plusieurs années) ; Banque mondiale, 2008.* Coûts de l’électricité non disponibles

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sont bien plus compétitives, et notamment l’Asie de l’Est(près de 20 pour cent moins cher). Le graphique montreégalement que, quelle que soit la catégorie de coûtsobservée, l’Afrique présente un désavantage comparatifpar rapport au reste du monde. De même, bien que lescoûts de production de base (coûts directs) soient plusaisément comparables, les coûts invisibles semblent bienplus élevés en Afrique que dans les autres régions, à laseule exception de l’Asie du Sud. Enfin, les coûtsindirects contribuent également, quoique dans unemoindre mesure, au désavantage comparatif desentreprises africaines : pour ces coûts, l’écart entrel’Afrique et les autres régions dépasse les 5 points depourcentage.

Le graphique 14 fait apparaître les trois coûts directs(travail, capital et électricité) et montre que les coûts deproduction de base sont plus ou moins similaires dans lesdifférentes régions. Les coûts directs du travail sontlégèrement plus élevés en Afrique (2-3 points depourcentage) qu’en Asie de l’Est, Europe de l’Est-Asiecentrale et Amérique latine-Caraïbes. Seule l’Asie du Sudbénéficie d’un net avantage comparatif (5 points) sur lescoûts du travail par rapport à l’Afrique. Globalement, c’estplutôt une bonne nouvelle pour l’Afrique, surtout si l’ontient compte du fait que, comme souligné plus haut, lescoûts du travail en termes nominaux y sont nettementplus élevés qu’en Asie de l’Est et en Asie du Sud. On peutdonc affirmer que les coûts du travail en Afrique sontcompétitifs par rapport à l’Asie de l’Est à l’Asie du Sud,

puisque l’Afrique accuse, par rapport à ces deux régions,d’un net désavantage en termes nominaux, et seulementd’un léger désavantage pour ces coûts en proportion duchiffre d’affaires. Toutefois, il ne faut pas oublier que lescoûts du travail présentés ci-dessus peuvent être sous-évalués puisqu’ils ne prennent en compte ni lescompétences, ni le volume horaire travaillé.

À l’inverse, le coût du capital est bien plus élevé enAfrique qu’ailleurs, alors même que le graphique 14 faitapparaître un désavantage pour l’Afrique de seulement3 pour cent. De fait, puisque les entreprises situées enAfrique bénéficient d’un accès au financement nettementplus restreint, on aurait pu s’attendre à ce que laproportion du chiffre d’affaires représentée par lepaiement d’intérêts soit bien moindre. La part relativeélevée de ces coûts montre que le crédit est bien plusonéreux en Afrique, observation qui cadre avec lesdonnées indiquant que c’est sur ce continent que les tauxd’intérêt sont les plus élevés. Enfin, les coûts directs del’électricité sont, par comparaison, les moins lourds.L’écart entre l’Afrique et les autres régions représentemoins de 1 point de pourcentage.

Le véritable frein à la compétitivité de l’Afriquetient au manque à gagner qu’y subissent les entreprises enraison de la médiocrité des services d’infrastructure, ducoûteux marché du crédit et de l’imprévisibilité del’environnement réglementaire. Le graphique 15 illustrel’incidence de chacun des coûts invisibles sur la valeur duchiffre d’affaires. Dans l’ensemble, les entreprises en

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Afrique perdent une proportion énorme (13 pour cent)de leur chiffre d’affaires à cause de ces inefficiences, soit11 points de pourcentage de plus que les entreprises enAsie de l’Est et 7-8 points de plus que les autres régions.Il n’est pas surprenant de constater que les manques àgagner dus aux coupures de courant ressortent commeles coûts invisibles les plus importants. Bien qu’ils soientégalement significatifs en Asie du Sud, et surtout auPakistan, l’Afrique est la région où les entreprises enpâtissent le plus. À lui seul, ce poste représente un coûtsupérieur à l’ensemble du désavantage enregistré par lesentreprises africaines au niveau des coûts directs. Hormisl’Asie du Sud, dont le manque à gagner sur ce plan semonte à environ 4 pour cent, aucune région ne perdplus d’un quart de ce que l’Afrique perd en raison dumanque de fiabilité énergétique. Deuxièmement, lemanque à gagner découlant des exigences des organismesde crédit (à savoir les sûretés excessives, décrites dans cechapitre) est tout aussi important. Les entreprisesafricaines perdent presque 4 pour cent de chiffre d’affairessimplement parce qu’elles doivent apporter un surcroît desûretés par rapport à ce qui est exigé de l’entreprisemédiane. C’est plus du quadruple de ce que connaissentles entreprises en Asie de l’Est et en Asie du Sud, et plusdu double des autres régions. La corruption représentetoujours un coût considérable pour les entreprises ducontinent, équivalent à plus de 1 pour cent du chiffred’affaires, soit plus du double de ce qu’elle coûte auxautres régions. Enfin, même s’ils représentent moins de1 pour cent du chiffre d’affaires, la médiocrité des

transports et le manque de sécurité induisent égalementdes coûts non négligeables. Comme nous l’avons vu plushaut, les restrictions liées à la réglementation du marchédu travail ne constituent pas un coût majeur pour lesentrepreneurs africains (graphique 15).

Si l’on considère que la répartition de ces coûts estindicative de la compétitivité, globalement, l’Afrique est19 pour cent moins compétitive que l’Asie de l’Est et18 pour cent de moins que l’Asie du Sud. La grandemajorité de ce désavantage comparatif résulte de ce quenous avons défini comme les coûts invisibles. Ceux-ci sont11 points de pourcentage plus élevés en Afrique qu’enAsie de l’Est, le reste du différentiel de coût étantpresque également réparti entre coûts directs et indirects.Ce sont là des handicaps substantiels et significatifs entermes de coûts.

L’analyse de la ventilation des coûts selon le typed’entreprise (exportatrice, locale, etc.) montre quel’Afrique présente le niveau de coûts globaux le plusélevé, mais il n’apparaît pas toujours que le désavantagedu continent en termes de coûts s’expliquemajoritairement par les coûts invisibles. On observeraavec intérêt la différence notable dans la structure decoûts entre les entreprises non exportatrices et les sociétésexportatrices. Si l’on retrouve, chez les premières, leschéma décrit ci-dessus, celui-ci s’inverse chez lessecondes. En effet, contrairement aux entreprises nonexportatrices, les exportateurs supportent de coûts directsplus importants que les coûts invisibles. Comme lemontre le graphique 16, les exportateurs situés en

Graphique 15 : Composition des coûts invisibles estimés dans différentes régions

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Sources : Calculs de l’auteur à partir des enquêtes auprès des entreprises (plusieurs années) ; Banque mondiale, 2008.Note : La réglementation correspond au temps qu’elle prend aux dirigeants et aux manques à gagner lié à la réglementation du travail.

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Graphique 16 : Estimation des coûts directs, indirects et invisibles dans différentes régions, selon l’orientation del’activité (exportation ou marché intérieur)

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16b : Exportateurs

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Asie de l’Est Europe de l’Est & Asie centrale

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Sources : Calculs de l’auteur à partir des enquêtes auprès des entreprises (plusieurs années) ; Banque mondiale, 2008.* Coûts de l’électricité non disponibles

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Afrique enregistrent des coûts 11 points de pourcentageplus élevés qu’en Asie de l’Est, mais l’essentiel de cettedifférence (7 points) résulte des coûts directs, et plusprécisément du coût du travail et du capital. À l’analysede la structure des coûts supportés par les entreprises nonexportatrices, on observe que les entreprises africainessupportent des coûts de 18 points supérieurs à ceux desentreprises de même catégorie en Asie de l’Est, cettedisparité s’expliquant principalement par les coûtsinvisibles (11 points).

Par ailleurs, on observe des écarts considérablesentre les différents pays d’Afrique, ce qui confirme ceque nous avons conclu précédemment, à l’examen descoûts nominaux. Le graphique 17 dévoile deux schémasintéressants27. Premièrement, il met en avant les vastesécarts de coûts d’une entreprise à l’autre en Afrique. Ilest en effet relativement moins coûteux de produire enAlgérie, en Égypte, au Maroc, au Botswana, en Afriquedu Sud, en Namibie et au Kenya : ces pays constituentdes concurrents viables face aux grands pays comme leBrésil, la Thaïlande ou le Vietnam. Toutefois, il revientdeux fois plus cher de produire au Nigeria.

Deuxièmement, le principal désavantage comparatifdes entreprises africaines provient des coûts invisibles. Siles coûts directs sont plus élevés en Afrique que dans lesgrands pays concurrents, ils sont loin d’être aussihandicapants que les coûts invisibles.

Conclusions et conséquences pour les politiquespubliques

S’appuyant sur des données recueillies au niveau desentreprises, le présent chapitre rassemble des élémentsindiquant que l’Afrique n’est pas un endroit trèsfavorable en termes de coûts pour mener une activité.Pour chaque unité vendue, les entreprises africainesdépensent près de la moitié de sa valeur en coûts divers,soit 19 points de plus que les entreprises des autresrégions.

L’examen des principaux coûts de productionpermet de constater que le désavantage comparatifmajeur des entreprises africaines provient des coûts ducapital et de l’électricité. Ces entreprises pâtissent dedeux handicaps sur le plan de l’accès au crédit : d’unepart, elles paient des taux d’intérêt plus élevés, et d’autrepart, elles doivent apporter des sûretés plus importantes.Ces freins non seulement limitent leur capacité à obtenirun financement, mais impliquent aussi un coût supérieur.Les entreprises africaines perdent ainsi, selon lesestimations, 11 pour cent de leur chiffre d’affaires annuel.L’électricité constitue un poste de coûts tout aussicrucial : on estime qu’elle coûte aux entreprises africainesplus de 10 pour cent de leur chiffre d’affaires, répartis en4 pour cent de coût effectif, et 6 pour cent de manque àgagner découlant des pannes de courant. Le troisièmegoulet d’étranglement venant entraver la compétitivitéde l’Afrique est triple : transport, corruption et

Graphique 17 : Estimation des coûts ; comparaison entre différents pays d’Afrique et des pays de référence

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Coûts invisiblesCoûts indirectsCoûts directs

Sources : Calculs de l’auteur à partir des enquêtes auprès des entreprises (plusieurs années) ; Banque mondiale, 2008.* Pays pour lesquels quelques coûts manquent (voir la liste dans la note de fin 27)

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environnement réglementaire. Ces trois facteurs, quireprésentent, au total, plus de 5 pour cent du chiffred’affaires, jouent un rôle important pour les entreprisesen place, et surtout pour les PME et pour l’entrée dansl’intégration dans le secteur formel (graphique 18).

Conséquences pour les politiques publiquesLes données présentées dans ce chapitre permettent enquelque sorte de hiérarchiser un certain nombre degoulets d’étranglement qui entravent l’émergence d’unsecteur privé compétitif en Afrique : le coût élevé et lemanque d’accès au crédit, la médiocrité des servicesd’infrastructure et l’absence d’environnementréglementaire transparent et propice. Plusieurs initiativessont déployées sur tous ces fronts, allant del’Infrastructure Investment Facility (IIF, facilité pourl’investissement dans l’infrastructure) du Nouveaupartenariat pour le développement de l’Afrique(NEPAD) au Plan d’action pour une infrastructuredurable de la Banque mondiale, en passant par lesréformes Doing Business. Cependant, la crise économiquemondiale risque d’exacerber ces problèmes, si bien qu’ilfaudra redoubler d’efforts si l’on veut que lacompétitivité de l’Afrique reste en tête des priorités del’action publique sur le continent. Dans ce contexte, onformulera les recommandations de politique publiquesuivantes.

Finance. Les données objectives présentées dans cechapitre confirment le fait bien établi que les entreprises

situées en Afrique n’ont pas un accès suffisant au crédit,et que celui-ci leur coûte plus cher. Cet accès estparticulièrement restreint pour les PME. Il n’y a déjà pasbeaucoup de banques commerciales qui effectuent destransactions avec les PME en Afrique, et la crisefinancière mondiale risque de réduire encore davantagel’accès de ce type d’entreprises au financement dans lesannées à venir. C’est pourquoi les autorités africainesdoivent mettre en place de nouvelles politiques visant àrenforcer l’accès au crédit pour toutes les entreprises,mais surtout pour les PME. Elles peuvent y parvenir detrois façons. Premièrement, intensifier le soutien aufinancement des PME en apportant aux établissementsfinanciers qui travaillent déjà avec des PME une garantiepartielle des crédits (garanties contre le risque de défautsur une partie du crédit). Cette approche profitera auxentreprises qui n’ont pas accès au système bancaire. Ensupportant une partie du risque de crédit, les pouvoirspublics élargissent l’accès au financement dont disposentles PME qui, autrement, n’ont pas la possibilité d’obtenirun crédit, et ils contribuent ainsi à réduire le coût dufinancement.

Cependant, cette approche doit s’accompagnerd’initiatives visant à améliorer la capacité desétablissements financiers à évaluer la solvabilité et àrenforcer les capacités des bénéficiaires à obtenir et àgérer correctement ces ressources financièrescomplémentaires. Deuxièmement, pour les entreprisesqui bénéficient déjà d’un accès au système bancaire, les

Graphique 18 : Comparaison de différents postes de coûts (estimations) en Afrique, Asie de l’Est et Asie du Sud

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Sources : Calculs de l’auteur à partir des enquêtes auprès des entreprises (plusieurs années) ; Banque mondiale, 2008.

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autorités doivent adopter des dispositifs de garantie pourle surcroît de sûretés, dont l’objectif est de garantir lavaleur des sûretés requises par les banques au-dessusd’une certaine norme (par exemple la valeur médiane).Cette méthode permettra d’améliorer l’accès au crédit,surtout en Afrique. Troisièmement, il convientd’adopter, à l’intention des entreprises qui ne peuventpas apporter de sûreté, des mesures visant à améliorerleurs connaissances en gestion financière. Les entreprises,surtout des micro-entreprises n’ayant guère de notionssur l’élaboration d’un plan de développement, serontainsi mieux à même de solliciter un prêt et à gérer leursfinances.

Électricité. À mesure qu’ils se développent, lespays sont de plus en plus tributaires de la production, dela fourniture, du transport et de l’utilisation de l’énergie.Par conséquent, en Afrique, l’amélioration constante despolitiques énergétiques est indispensable si l’on veut quela croissance à long terme soit soutenable. En outre, larécente envolée des prix de l’énergie met en évidence lamondialisation croissante de ce secteur, alors que lapolitique énergétique est majoritairement définie àl’échelon national. Dans ce contexte, les États africainsdevraient appliquer des politiques énergétiqueshomogènes et cohérentes afin que ce secteur reçoive unsignal clair et stable l’incitant à investir dans les nouvellestechnologies, l’infrastructure et les produits.

S’agissant de l’énergie, l’Afrique pâtit d’un ensemblecomplexe de difficultés : contraintes géographiques(existence de nombreuses ressources, mais accès difficile :ce que l’on appelle souvent la pauvreté énergétique),difficulté à y accéder financièrement, avec des possibilitéstrès limitées de subventions croisées des coûts del’énergie, et difficultés de financement, qui se traduisentpar une capacité limitée à apporter dans ce secteurinvestissements et technologie. Il convient de s’atteler àces difficultés, notamment grâce une harmonisation desinterventions des donateurs et des pays eux-mêmes, nonseulement en réalisant des investissements et en apportantdes capacités managériales, mais aussi en créantl’environnement adéquat.

Détentrice d’un record peu flatteur au niveau del’électrification, l’Afrique a besoin d’améliorer sessystèmes de production et de distribution. Un certainnombre de pays ont pris des mesures concrètes en cesens, mais il reste beaucoup à faire. L’ouverture de laproduction, du transport et de la distribution doivents’accompagner des cadres juridiques et institutionnelsidoines. Il est essentiel de mettre en place les conditionsjuridiques propices à l’investissement privé grâce à uncadre juridique et institutionnel approprié, à l’accès à desinformations adéquates et précises et à un environnementsûr. Les pouvoirs publics doivent encourager les grandsinvestisseurs et les PME à réaliser des investissementsprivés ou via des partenariats publics-privés (PPP) dansl’électrification notamment par des projets de

cogénération, la fusion de petits projets afin de dégagerdes économies d’échelle, et des accords de coopération.Cependant, les pouvoirs publics doivent bien avoirconscience qu’il n’existe pas une seule politique idéale ;ils doivent aussi veiller à l’ordre chronologique desréformes s’ils veulent que l’énergie soit accessible à tous.En particulier, il faut que des structures et mécanismespermettant une meilleure électrification des zones ruralessoient en place avant de lancer des réformes de grandeampleur, comme des privatisations.

Enfin, il convient d’exploiter l’immense potentieldes sources d’énergie renouvelable (en particulierhydroélectrique et solaire). Celui-ci pourrait faire del’Afrique non seulement un gros producteur, mais aussiun exportateur net d’énergie. Selon certaines estimations,17 pays de ce continent comptent parmi les 35 paysdisposant des plus importantes réserves cumuléesd’énergie solaire, éolienne, hydraulique et géothermique.La majeure partie de l’Afrique reçoit 6 à 8 kilowattheuresd’énergie solaire par mètre carré et par jour, soit l’un desniveaux les plus élevés au monde, ce qui place 31 pays dece continent parmi les 35 pays ayant le plus grandpotentiel solaire. Qui plus est, la production d’énergie àpartir de sources renouvelables peut être rentable. Unerécente étude a en effet conclu que l’énergierenouvelable est plus économique que le mode classiquede production décentralisée de moins de 5 kilowatts, soitexactement le type d’énergie qu’utilisent la majorité desAfricains28.

Transport. La résolution du problème du transporten Afrique appelle des actions sur deux fronts :l’infrastructure et §§§§la réglementation. On plaide pourla création d’un grand réseau routier en Afrique depuis2006. Entre l’Afrique du Sud et le Nigeria, les deux plusgrandes économies du continent, on n’effectuequasiment pas d’expédition par voie terrestre,essentiellement à cause de la très mauvaise qualité desroutes dans les pays de transit, comme la Républiquedémocratique du Congo. Pourtant, un réseau routier dequalité pourrait générer une expansion des échanges parvoie terrestre, qui selon les estimations se monterait, àenviron 250 milliards de dollars en 15 ans, induisant desbénéfices directs et indirects pour les populations pauvresdes zones rurales. En outre, la construction de routes estune activité à fort coefficient de main-d’œuvre, quipermettrait d’améliorer la sécurité routière (l’Afriqueenregistre le taux de décès dus à la circulation routièrepar véhicule le plus élevé). Par ailleurs, les coûts élevésdu transport en Afrique sont essentiellement imputablesau manque de concurrence dans le transport routier. Parconséquent, en l’absence de déréglementation de cesservices, les prix resteront élevés et les entreprises nebénéficieront pas de l’investissement dans lamodernisation des routes. En Afrique de l’Ouest et enAfrique centrale, cette stratégie est fortementrecommandée. Il convient d’y abolir les cartels et de

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réviser la structure de la fiscalité, de façon à récompenserceux qui recourent à des véhicules plus modernes et lesutilisent le plus intensivement. Enfin, ladéréglementation doit également faciliter l’accès desnouveaux entrants au segment du fret. Sur le réseauroutier d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe, on peutréduire les coûts de transport en améliorant certainstronçons critiques. De même, l’instauration de postesfrontière à arrêt unique limiterait les retards etcontribuerait à comprimer les prix du transport. Enfin,en Afrique de l’Est, il pourrait être judicieux d’abaisserles taxes sur les carburants dans les pays enclavés, de sorteque les transporteurs routiers locaux ne soient pasdésavantagés par rapport à ceux des pays côtiers29.

Corruption. Trop de pays africains restent au basdes classements des indicateurs de corruption. Lesdonnées recueillies au niveau des entreprises confirmentque la corruption demeure un problème majeur pour lesentrepreneurs du continent. La lutte contre la corruptionn’est une tâche ni aisée ni rapide. Elle requiert unevolonté politique, le soutien de la population et desressources. C’est pourquoi les pays de tout le continentdoivent commencer par affirmer clairement et sanséquivoque leur volonté de combattre ce fléau au sommetde la hiérarchie. Ils devront ensuite allouer les ressourcesnécessaires à cette lutte ; plus précisément, ils devront yaffecter en permanence au moins 0,5 pour cent dubudget national. Troisièmement, ils devront instaurerune agence de lutte contre la corruption, recruter desenquêteurs et du personnel, et définir un mandat clair.Enfin, ils devront mettre au point et soutenir unecampagne anti-corruption afin de recueillir l’adhésion dela population.

Environnement réglementaire. Avec près de30 pays ayant engagé une soixantaine de réformes en2008, l’Afrique a prouvé qu’elle connaît l’intérêt desréformes de la réglementation. Le Botswana, le BurkinaFaso, le Rwanda, le Sénégal et la Tunisie, pour n’en citerque quelques-uns, ont figuré en tête des paysréformateurs l’an dernier. Et, après des années deréforme, Maurice a rejoint les 25 premiers pour la facilitéde faire des affaires. Malgré tout, l’Afrique reste la régionoù la qualité de l’environnement réglementaire estcomparativement la plus mauvaise. Il faut de touteévidence faire davantage. Les chefs d’entreprise enAfrique se heurtent toujours à un environnementréglementaire pesant, notamment pour les échangestransfrontières, la création d’entreprise et le transfert depropriété. Bien que le dédouanement ne nécessite que 8ou 9 procédures, soit autant que dans la plupart desrégions du monde, ces procédures prennent beaucoupplus de temps en Afrique qu’ailleurs : en moyenne 35 à40 jours, soit un tiers de plus qu’en Asie de l’Est. Demême, une création d’entreprise nécessite, en Afrique,une dizaine de démarches, qui prennent environ45 jours, soit un peu plus que dans la plupart des autres

régions. Cependant, l’Afrique ressort comme unelocalisation particulièrement peu propice en ce quiconcerne le coût des procédures et les obligations defonds propres. Ces coûts y sont trois à quatre fois plusélevés que dans les autres régions. Enfin, le transfert depropriété est un autre domaine à réformer : là encore,malgré un nombre de formalités et des délais analogues àceux pratiqués dans d’autres régions du monde, les coûtssont beaucoup plus élevés en Afrique30.

Notes1 Banque mondiale, 2005.

2 Eifert et al., 2008.

3 Eifert et al., 2008.

4 Évaluations du climat d’investissement par la Banque mondiale,plusieurs années.

5 MIGA, 2006b ; Eifert et al., 2008.

6 Un grand nombre de travaux portent sur l’analyse des différentsfacteurs de l’environnement d’affaires et de leur impact sur lesperformances des entreprises. En revanche, on dispose d’assezpeu d’éléments concernant le détail des coûts de production.

7 La grande majorité des enquêtes auprès des entreprises ont étémenées sur la période 2005-2008. Voir le tableau A1 de l’annexepour une liste détaillée des pays inclus et l’année de collecte dedonnées. On a pris des mesures pour tenir compte desobservations aberrantes. Notons que toutes les variables ne sontpas disponibles pour tous les pays. Par conséquent, afin d’éviterque les résultats ne soient biaisés par des échantillons troprestreints, nous avons laissé de côté toutes les variables pourlesquelles on dénombrait moins de 15 observations dans un paysdonné.

8 MIGA, 2006b. Les neuf pays concernés sont le Ghana, le Kenya,le Lesotho, Madagascar, le Mali, le Mozambique, l’Ouganda, leSénégal et la Tanzanie.

9 Pour les travailleurs temporaires, on procède à un ajustement ducoût de la main-d’œuvre en estimant l’équivalent temps plein destravailleurs temporaires.

10 Les données disponibles ne nous permettent pas de prendre encompte le nombre d’heures travaillées, si bien que l’écart réelpourrait être plus marqué.

11 Les données disponibles ne nous permettent pas de prendre encompte les compétences, si bien que l’écart réel estprobablement plus marqué.

12 Ces données ne sont pas disponibles pour la totalité des pays.

13 Nous employons ces données en raison de leur disponibilité ; lesdonnées issues des enquêtes auprès des entreprises comportentpeu d’observations sur les taux d’intérêt. Dans notre analyse, nousutilisons des moyennes sur trois ans (de manière à tenir comptedu fait que les prêts sont généralement à long terme).

14 Ne disposant pas de données sur les indices des prix à laproduction, nous ne pouvons pas réaliser d’estimation des tauxd’intérêt réels. C’est pourquoi nous préférons présenter l’écartentre les taux d’intérêt nominaux des différentes régions plutôtque les valeurs absolues.

15 Les entreprises sont classées comme suit : une petite entreprisecompte moins de 25 salariés, une entreprise moyenne compteentre 25 et 150 salariés et une grande entreprise en compte plusde 150. Cette définition, appliquée à tous les pays, vise surtout àscinder l’échantillon en parties égales.

16 Les données se rapportent à 2006, c’est-à-dire l’année où l’on a purelever le plus grand nombre d’observations. Ces chiffres netiennent pas compte du Burkina Faso, où les coûts de l’électricités’atalissent à 0,23 dollar/kWh, ce qui est énorme.

17 Cette estimation repose sur un échantillon restreint de trois payspétrolier et de quatre pays enclavés.

18 Le lecteur doit garder à l’esprit que l’analyse présentée dans ceparagraphe traite des entreprises qui se conforment pleinement àla législation et à la réglementation fiscales (selon la méthodologiede Doing Business).

19 Banque mondiale, 2008.

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20 En Asie du Sud et en Amérique latine/Caraïbes, la création d’uneentreprise coûte, respectivement, environ 350 et 2 200 dollars.

21 En d’autres termes, nous estimons la valeur de la sûretésupplémentaire (au-dessus de la médiane) comme si lesentreprises devaient emprunter le montant de cette sûretésupplémentaire, et verser des intérêts dessus, afin d’obtenir leprêt. Pour déterminer la valeur de la sûreté, nous utilisons la valeurdes actifs immobilisés, puisque ceux-ci sont le plus souventacceptés comme sûreté.

22 The New York Times, 2007.

23 Pour évaluer le préjudice associé aux coupures de courant, nousutilisons le manque à gagner sur le chiffre d’affaires (proportionnelau temps de production perdu) pour les entreprises qui n’ont pasde générateur, et le coût d’un générateur pour celles qui enpossèdent un. Nous prenons donc pour hypothèse que chaqueentreprise ne subira qu’une seule de ces deux formes depréjudice, c’est-à-dire que les entreprises disposant d’ungénérateur n’enregistrent pas de manque à gagner en raison despannes de courant. En outre, on estime que le coût d’ungénérateur équivaut aux intérêts payés sur le coût de celui-ci,calculés au moyen du taux de base. Enfin, comme le coût desgénérateurs n’a fait l’objet d’aucune question lors de l’enquête,nous le calculons en partant de l’intensité énergétique desproduits vendus et en déduisons le coût du générateur. Voir letableau A3 en annexe pour les coûts et capacités des générateurs.

24 Il n’y a qu’en Asie de l’Est que les entreprises disposant d’ungénérateur subissent un préjudice plus élevé que celles qui n’enont pas, parce que les générateurs détenus par les entreprises ysont bien plus gros.

25 L’Europe de l’Est/Asie centrale n’est pas prise en compte parmanque de données sur la possession d’un générateur. Lesvaleurs élevées pour l’Asie du Sud s’expliquent essentiellementpar les chiffres du Pakistan.

26 Pour une description plus détaillée de ces coûts, des hypothèseset des sources de données, voir le tableau A2 de l’annexe.

27 Certains pays n’ont pas mentionné la totalité des coûts,notamment : pour le Botswana et la Namibie, le carburant ; pour leBrésil, le transport, le carburant, les télécommunications et lespots-de-vin ; pour l’Égypte, la réglementation (coûts invisibles) etla sécurité ; pour le Sénégal, les sureffectifs ; pour la Thaïlande, letransport, le carburant et les télécommunications.

28 Buys et al., 2007 ; Karekezi et al., 2004 ; Karekezi et al., 2005 ;Ramachandran et al., 2009 ; Banque mondiale, 2006.

29 Buys et al., 2006 ; Teravaninthorn et Raballand 2009.

30 Banque mondiale, 2008.

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Annexe A

Tableau A1 : Nombre d’observations par pays et par région

Pays/Région AnnéeNombrede pays

Nombred’observations

Afrique du Sud 2007 937Algérie 2007 590Angola 2006 424Bénin 2004 178Botswana 2006 339Burkina Faso 2006 49Burundi 2006 270Cameroun 2006 119Cap-Vert 2006 47Égypte 2006 995Éthiopie 2006 460Gambie 2006 171Ghana 2007 494Guinée-Bissau 2006 159Guinée-Conakry 2006 223Kenya 2007 657Madagascar 2005 279Malawi 2005 157Mali 2007 490Maroc 2007 470Maurice 2008 321Mauritanie 2006 235Mozambique 2007 479Namibie 2006 327Nigeria 2007 1 888Ouganda 2006 561République démocratique du Congo 2006 339Rwanda 2006 212Sénégal 2007 505Swaziland 2006 306Tanzanie 2006 417Zambie 2007 484

Afrique 32 13 582Asie de l’Est 9 17 936Europe de l’Est & Asie centrale 30 9 124Amérique latine & Caraïbes 18 12 195Asie du Sud 4 4 618

Total 93 57 455

Note : L’Asie de l’Est regroupe le Cambodge, la Chine, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, la République de Corée, laThaïlande et le Vietnam. L’Europe de l’Est & Asie centrale regroupe l’Albanie, l’Arménie, l’ARYM (Ancienne République yougos-lave de Macédoine), l’Azerbaïdjan, le Belarus, la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la Géorgie, la Hongrie, leKazakhstan, le Kirghizstan, le Kosovo, la Lettonie, la Lituanie, la Moldavie, le Monténégro, l’Ouzbékistan, la Pologne, la Républi-que tchèque, la Roumanie, la Russie, la Serbie, la Slovaquie, la Slovénie, le Tadjikistan, la Turquie et l’Ukraine. L’Amérique latine

& Caraïbes regroupe l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Équateur, le Guatemala, la Guyana, leHonduras, le Mexique, le Nicaragua, le Panama, le Paraguay, le Pérou, la République dominicaine, l’Uruguay et le Venezuela.L’Asie du Sud regroupe le Bangladesh, l’Inde, le Pakistan et le Sri Lanka.

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Annexe A (suite)

Tableau A2 : Description, hypothèses et sources du calcul des coûts

Type de coûts Catégorie de coûts Description Hypothèses Source

DIRECTS Travail Total des rémunérations des tra-vailleurs, corrigé du travail tem-poraire

– Enquêtes auprès des entrepri-ses, plusieurs années

Capital Intérêts payés, d’après le taux debase, sur les prêts, dont onestime la valeur à celle des actifsimmobilisés moins la valeur de lasûreté requise

Toutes les entreprises paient un taux d’intérêt égal autaux de base, ce qui permet de tenir compte du faibletaux de réponse. En outre, puisque l’accès au finance-ment est souvent considéré comme l’un des obstaclesles plus courants, et les actifs immobilisés comme l’unedes formes de sûreté les plus courantes, on supposeque la valeur de l’emprunt est égale à celle des actifsimmobilisés moins celle de la sûreté (par exemple, si lavaleur de la sûreté est égale à 200 pour cent du prêt,alors la valeur de l’emprunt est égale à la moitié de lavaleur des actifs immobilisés). Seules les entreprisesayant contracté des prêts sont prises en compte.

Enquêtes auprès des entrepri-ses et indicateurs du dévelop-pement dans le monde, plu-sieurs années

Électricité Coût de l’électricité – Enquêtes auprès des entrepri-ses, plusieurs années

INDIRECTS Transport Coût du transport – Enquêtes auprès des entrepri-ses, plusieurs années

Électricité Coût du carburant utilisé pourfaire fonctionner les générateurs

Nous prenons la différence entre la facture de carbu-rant payée par les entreprises disposant d’un généra-teur et celle payée par les entreprises sans générateur.

Enquêtes auprès des entrepri-ses, plusieurs années

Télécommuni-cations

Coût des télécommunications – Enquêtes auprès des entrepri-ses, plusieurs années

Environnementréglementaire

Somme (1) des intérêts payés surles coûts des démarches admi-nistratives permettant la créationd’une entreprise, ajoutés auxexigences de fonds propres, plus(2) le coût du dédouanement mul-tiplié par le nombre estimé detrajets

(1) Toutes les entreprises paient des intérêts corres-pondant au taux de base. (2) On suppose que le coûtdes procédures administratives est égal aux intérêtssur les frais pour la création d’une entreprise. (3) Pourestimer le nombre de trajets, on suppose que les bienssont exportés/importés via un conteneur d’une lon-gueur de 40 pieds rempli de marchandises d’une valeurde 115 000 dollars (note : cette hypothèse sur la valeurde l’expédition permet une estimation du coût du trans-port très proche du véritable coût du transport dont fontétat les entreprises dans les pays où ces deux donnéessont disponibles).

Indicateurs Doing Business2009 et indicateurs du déve-loppement dans le monde

INVISIBLES Capital Intérêts versés sur le surcroît desûretés exigé

(1) Toutes les entreprises paient des intérêts corres-pondant au taux de base. (2) Pour les entreprisesdevant apporter une sûreté d’une valeur supérieure à lamédiane du pays, on estime que le coût « supplémen-taire » de ce financement correspond aux intérêts ver-sés sur la part de la sûreté qui dépasse la valeurmédiane (même hypothèse que plus haut, pour lavaleur des prêts). Pour les entreprises dont la valeur dela sûreté est inférieure à la médiane, le coût supplé-mentaire est fixé à zéro.

Enquêtes auprès des entrepri-ses et indicateurs du dévelop-pement dans le monde, plu-sieurs années

Électricité Manque à gagner dû aux coupu-res de courant, estimé à partir dutemps de coupure rapporté

– Enquêtes auprès des entrepri-ses, plusieurs années

Transport Manque à gagner dû aux retardsde transport

– Enquêtes auprès des entrepri-ses, plusieurs années

Réglementation Coût du temps que la réglementa-tion prend aux dirigeants, ajoutéau manque à gagner découlantdes rigidités de la législation dutravail

Étant donné le manque de données, on multiplie le coûtmoyen du travail par un facteur estimé à partir des paysqui ont mentionné les coûts salariaux des dirigeants(avec neutralisation des effets de la région et de lataille des entreprises)

Enquêtes auprès des entrepri-ses, plusieurs années

Corruption Versements occultes permettantde mettre de l’huile dans lesrouages

– Enquêtes auprès des entrepri-ses, plusieurs années

Sécurité Coût des mesures de sécurité – Enquêtes auprès des entrepri-ses, plusieurs années

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Annexe A (suite)

Tableau A3 : Prix des générateurs (en dollars)

Prix des générateurs(en dollars)

Puissance produite(kilowatts)

Puissance totale produits(par an)

2 490 8 21 6002 520 10 27 0002 550 12 32 4002 840 16 43 2002 960 20 54 0003 080 24 64 8003 130 30 81 0003 540 40 108 0004 120 50 135 0005 470 75 202 5005 660 90 243 0005 710 100 270 0006 690 120 324 0008 200 150 405 000

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* Le calcul de la puissance annuelle totale produite prend pour hypothèse un fonctionnement des générateurs 300 jours/an,9 heures/jour.

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CHAPITRE 1.5

Intensifier les échangescommerciaux en Afrique :leçons tirées de l’indicesur la facilitationdes échanges EnablingTrade IndexMargareta Drzeniek Hanouz, Forum économique mondial

Robert Z. Lawrence, Université d’Harvard

Le rapport récemment publié par la Commission sur lacroissance et le développement fait remarquer qu’uneforte implication des pays dans l’économie mondiale estun des principaux facteurs de croissance économique1.Dans la plupart des pays qui ont connu une fortecroissance après la seconde guerre mondiale, lesexportations et les importations ont progressé plusrapidement que le PIB. Ce n’est pas surprenant. Lesavantages procurés par les échanges sont bien connus : ilsaugmentent le revenu via la spécialisation, uneconcurrence accrue et l’exploitation d’économiesd’échelle. Ils accroissent la diversité des produits et desservices disponibles sur le marché et encouragentl’innovation technologique. En outre, les échanges sontsouvent associés à une amélioration de la gouvernance etde la politique économique, car la concurrence pourattirer les investissements oblige les décideurs à observerune certaine discipline. Les études récentes indiquentégalement que les échanges, en particulier de produitsagricoles, peuvent permettre de réduire fortement lapauvreté. Malgré ces avantages manifestes, de nombreuxpays protègent leurs marchés contre les importations, carle démantèlement des obstacles aux échanges, quoiqueglobalement bénéfique au pays sur la durée, fera desgagnants et des perdants dans la sphère politique du pays.D’aucuns utilisent également les mesures de protectiondes industries naissantes en l’absence d’autres instrumentsde promotion de la croissance.

Au cours de ces dernières décennies, la réductiondes obstacles traditionnels aux échanges, comme lesdroits de douane et les quotas, a constitué l’un desmoteurs de la progression des échanges de biens, qui aconsidérablement contribué à la croissance économiqueet à la réduction de la pauvreté dans le monde. Lorsqueces obstacles sont tombés, d’autres coûts qui entravent leséchanges sont apparus plus nettement. Ces coûts detransaction sont liés aux actions qu’un exportateur ou unimportateur doit entreprendre pour que ses marchandisessoient livrées. Il s’agit notamment des coûts associés àl’obtention d’informations sur les marchés et au respectdes critères à remplir pour pénétrer sur un marché, desprocédures administratives nécessaires pour garantir laconformité avec la législation et la réglementation envigueur sur le marché cible, ainsi que des coûts liés autransport ou au dédouanement par les services douanierset les autres agences aux frontières. Lorsque les obstaclesformels aux échanges ont été levés, on a accordédavantage d’attention aux coûts imposés par lesenvironnements non propices aux échanges du fait d’unegouvernance insuffisante, d’une corruption répandue,d’institutions sous-développées et de structurescommerciales lacunaires. Par ailleurs, l’attention seconcentre, depuis quelques années, sur ces coûts detransaction parce que l’intensification des relationscommerciales mondiales repose sur des chaînes de l’offrequi couvrent de nombreux pays (voire parfois toute la

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planète) ; ce phénomène a à son tour accru l’importancedes coûts de transaction pour les entreprisesinternationales. La production en flux tendus a gagné duterrain et les cycles de production se sont raccourcis sibien que la rapidité de la commercialisation des produitset la sécurité de l’offre sont devenues des déterminantsmajeurs de la compétitivité des entreprises.

À l’échelle mondiale, les coûts de transaction nesont pas uniformément répartis. Ils pèsent pluslourdement sur les pays en développement, qui sontsouvent moins bien reliés aux voies de transport et decommunication internationales et disposent souventd’institutions publiques et de systèmes de gouvernancemoins efficients. Conscients du rôle que jouent les coûtsde transaction pour le commerce dans les pays endéveloppement, les membres de l’Organisation mondialedu commerce (OMC) ont unis la facilitation deséchanges au programme des négociations du cycle deDoha (encadré 1). Ces négociations ont pour objectifd’aider les pays en développement à adopter les bonnespratiques qui leur permettront de renforcer l’efficience deleurs échanges internationaux2. Il faut procurer aux paysune assistance technique et financière pour qu’ils mettenten place les réformes nécessaires et réalisent lesinvestissements appropriés. Même si ces propositions sontfortement soutenues par une majorité des parties à lanégociation, l’incertitude qui plane sur l’achèvement ducycle de Doha risque de retarder, voire d’empêcher,l’obtention d’un accord sur ce front également. Si lespays du G20 se sont engagés à ne pas renforcer leprotectionnisme et à porter le cycle de Doha à sonterme, la crise économique actuelle pourrait mettre à malces promesses, du fait des pressions protectionnistes quicontinuent de monter aux États-Unis et en Europe, ainsique dans nombre de pays en développement3. Dans untel contexte, la résurgence du nationalisme économiquerisque de frapper surtout les pays en développement, viaun surcroît de protection des marchés d’exportation etlocalement, et via les avantages qu’ils n’auront pas putirer du cycle de Doha en général et des mesures defacilitation des échanges en particulier.

Les échanges en AfriqueMalgré de nombreuses initiatives visant à libéraliser et àpromouvoir les échanges, le continent africain n’a paspleinement participé à la croissance du commercemondial ces dernières décennies. La part des exportationsafricaines est passée de 7,4 pour cent en 1948 à environ3 pour cent en 2007 (graphique 1), et celle desimportations a décliné d’autant.

De nombreux facteurs pourraient contribuer àcette situation. Du fait de leurs réserves minières et deleurs terres, de nombreux pays africains se sontspécialisés dans les exportations de produits de base, etmême si le niveau élevé des cours ces dernières années adopé la part de l’Afrique dans les échanges, sur le long

Encadré 1 : Le cadre de la facilitation des échanges

Il n’existe, à ce jour, pas de définition généralement admisede la facilitation des échanges. La littérature et les acteurs dusecteur emploient ce terme dans des contextes variés. Selonla définition générale qu’en donne l’OMC, il s’agit de la sup-pression des obstacles au mouvement des marchandises àl’international. Dans son sens le plus étroit, la facilitation deséchanges concerne la logistique nécessaire au mouvementdes marchandises à l’international : l’efficience de l’infras-tructure de transport, les documents requis et les procéduresadministratives générales associées au commerce internatio-nal. Ce terme inclut parfois l’environnement dans lequels’effectuent les transactions commerciales : transparencedes services douaniers et des autres agences des frontières,harmonisation des normes et de la conformité aux règlesinternationales et parfois également services financiersnécessaires aux échanges.

Conscients des gains substantiels qu’ils pourraient tirer de lasuppression de ces obstacles, les membres de l’OMC ontdécidé d’inclure la facilitation des échanges dans les sujetsde négociation du cycle de Doha, qui a suivi la réunion minis-térielle de Cancun en 2004. Trois objectifs ont trait à la facili-tation des échanges1 :1. Réduire les coûts de transaction des échanges en clarifiant

et en améliorant les règles relatives au mouvement, à lamainlevée et au dédouanement des biens. Les négocia-tions s’attachent ici principalement à la transparence descritères et des procédures et à la fourniture de décisionspréalables (telles que celles relatives à la classificationdes droits de douane et à la valeur en douane), la possibi-lité de contester les décisions, les frais et les formalitésdouanières, ainsi que les normes communes de documen-tation, pour ne citer que quelques exemples. Il faut, dans lemême temps, s’attacher à la facilitation des mouvementsde transit pour les pays enclavés.

2. Autoriser des dispositions spéciales pour les pays en déve-loppement et leur apporter un soutien pour la mise enœuvre de pratiques et de politiques publiques dans ledomaine de la facilitation des échanges. Ces dispositionsenglobent le soutien aux pays à faible revenu durant leprocessus de négociation des mesures de facilitation,mais aussi durant les négociations portant sur le renforce-ment des capacités et l’assistance technique.

3. Renforcer la communication et la coopération entre les servi-ces douaniers des pays membres.

Note

1 Eglin, 2008.

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terme, la part globale des produits de base dans lecommerce mondial s’est repliée. L’agriculture africainepâtit également des obstacles protectionnistes et dessubventions agricoles qui sont monnaie courante dansles pays industrialisés. Dans le même temps, l’Afriqueexporte peu de produits manufacturés. Les effortsdéployés localement pour protéger certains producteurslocaux en ont désavantagé d’autres. À l’étranger, lesproducteurs africains ont des difficultés à satisfaire auxconditions techniques et sanitaires complexes requises.Même si les pays développés accordent à de nombreuxpays africains des préférences commerciales, cesdernières s’accompagnent souvent de règles d’originequi se révèlent difficiles ou impossibles à respecter parles producteurs africains. Ces difficultés sont le signed’obstacles plus généraux côté offre qui sapent lacapacité des pays africains à exporter des produitsmanufacturés. Le coût élevé des échanges faitaugmenter le prix des facteurs de production et deséquipements, et lorsque le niveau de développement dupays est faible, la base d’approvisionnement locale l’estelle aussi. En conséquence, les producteurs quicherchent à exporter des biens manufacturés ontsouvent du mal à obtenir les facteurs de production etles services complémentaires dont ils ont absolumentbesoin.

La géographie joue également un rôle. Denombreux pays africains ont des voisins pauvres et sontéloignés de leurs principaux marchés d’exportation. Si les

problèmes liés à la géographie ne sont pas une fatalité, ilsnécessitent des investissements dans le transport,l’infrastructure et les télécommunications, et cesinvestissements ne se sont pas encore concrétisés. Enoutre, l’absence de concurrence dans les services detransport en accroît les coûts.

Il n’est pas surprenant que les études empiriquesrécentes révèlent que, pour tous les modes de transport,les coûts sont nettement plus élevés en Afrique que dansles autres régions en développement4. Ainsi, d’après laConférence des Nations Unies sur le commerce et ledéveloppement (CNUCED), ces coûts représentent enmoyenne 5,4 pour cent des importations pourl’ensemble du monde, et jusqu’à cinq fois plus pourcertains pays africains5. Par exemple, au Mali, un paysenclavé, ces coûts s’élèvent à 24,4 pour cent de lavaleur, en Ouganda, 17,4 pour cent et en Zambie10,9 pour cent. En 2007, le coût moyen d’exportationd’un conteneur standard depuis l’Afrique s’établissait à1 649 dollars des États-Unis, soit près du double des889 dollars affichés en moyenne par les pays del’Organisation de coopération et de développementéconomiques (OCDE)6.

La politique publique et les institutions jouentelles aussi un rôle primordial, qu’elles influent sur leséchanges directement (douanes et réglementation) ouindirectement (gouvernance et État de droit,environnement favorable ou non aux entreprises,niveau de corruption et sécurité publique). On observe

Graphique 1 : Part des exportations et des importations africaines dans le commerce mondial, 1948-2008

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une interaction entre insuffisance de l’infrastructure etfaiblesse des institutions, aux conséquences graves entermes de délai et de coût de transport des exportationset des importations. Selon Djankov et al., si laRépublique centrafricaine ramenait le délai qui séparel’usine au navire de 116 à 27 jours (la médiane del’échantillon de pays examinés), les exportationsseraient multipliées par près de deux7.

Outre son impact à long terme sur ledéveloppement, la promotion des échanges seraindispensable pour atténuer l’effet de la récessionmondiale actuelle sur le taux de croissance des paysd’Afrique. La crise mondiale engendre des problèmessupplémentaires pour les décideurs africains. Face auxeffets indésirables de la mondialisation, les dirigeants dumonde entier sont fortement incités à protéger lesentreprises locales. Cependant, les mesuresprotectionnistes auraient pour effet de ralentir encore letaux de croissance des économies africaines. Denombreux pays se sont engagés à éviter leprotectionnisme, mais les pressions politiques localespeuvent facilement les faire revenir sur leursengagements. La transparence fait partie des mesuresdestinées à résister aux tentatives d’introduire desobstacles protectionnistes. L’État doit s’engager à faireclairement connaître les mesures qu’il prend, de mêmeque leur motivation et leur durée escomptée. Cesmesures encourageront des pratiques similaires etéviteront les actes de rétorsion8.

Dans la situation actuelle, le développement deséchanges en Afrique sera freiné par le repli des cours desproduits de base, qui constituent toujours uneimportante proportion des exportations africaines.Viendront s’y ajouter le recul des volumes échangés etun financement insuffisant pour les transactionsinternationales, problèmes dont les pays endéveloppement pâtissent plus que les autres. Cesconditions intensifieront la concurrence sur les marchésmondiaux, et seuls les producteurs les plus efficientsparviendront à conserver leur avantage concurrentiel.Dans un tel contexte, l’amélioration du cadre defacilitation des échanges pourrait contribuer à réduire lecoût des exportations et à augmenter la diversification enproduits manufacturés. Dans l’environnement actuel,outre leur effet direct sur les échanges, les investissementsdans la facilitation du commerce pourraient présenterplusieurs avantages : les investissements dansl’infrastructure, par exemple, peuvent stimulerl’économie du pays, la rationalisation des douanes peutrenforcer l’efficience du recouvrement des recettesfiscales, ce qui améliore la capacité de l’État à réagir auxcrises.

Un certain nombre d’études évaluent les politiquescommerciales et le coût des échanges, et analysent leursconséquences sur les échanges en Afrique9, mais, ànotre connaissance, aucun exercice de comparaison

internationale prenant en compte un grand nombre defacteurs pertinents n’a à ce jour été entrepris pour lespays africains. Le présent chapitre étudie les multiplesfacteurs qui affectent les échanges dans les économiesafricaines à l’aide des résultats de l’indice de facilitationdes échanges (Enabling Trade Index – ETI) élaboré par leForum économique mondial. L’objectif est d’expliquerl’importance relative des différents types d’obstacles auxéchanges en Afrique par comparaison avec d’autresrégions et de mettre en lumière les forces et faiblesses dechaque pays. Cette analyse servira de base pouridentifier les actions à engager en priorité pourpermettre aux pays africains de tirer davantage parti deséchanges internationaux. Une fois l’instrument décrit,ce chapitre analyse les performances du continentafricain et les compare à celles de l’Asie du Sud-Est(membres de l’ASEAN) et de l’Amérique latine et, sipossible, à celles d’autres pays, comme les grandsmarchés émergents que sont le Brésil, la Russie, l’Indeet la Chine (pays BRIC). Ce chapitre évalue en outreles performances individuelles des 25 pays africainscouverts par l’étude10.

L’Enabling Trade IndexL’indice Enabling Trade Index (ETI) a été lancé par leForum économique mondial dans le cadre duprogramme de partenariat industriel pour le secteur de lalogistique et du transport et publié pour la première foisdans The Global Enabling Trade Report 2008. Il a étéélaboré en étroite collaboration avec la Banquemondiale, la CNUCED, le Centre du commerceinternational (CCI), la Global Express Association,l’Association internationale du transport aérien (IATA) etl’OMC. Plusieurs entreprises de premier plan, qui jouentun rôle essentiel dans le secteur, ont également apportéun retour d’information : Agility, Deutsche Post, DubaiPort World, FedEx Corporation, GeopostIntercontinental, Prologis, Stena AB, TNT N.V., UPSet World Net.

Cet indice complet mesure les facteurs, politiquespubliques et services qui facilitent la libre circulation des bienspar-delà les frontières et jusqu’à leur destination11. Lastructure de l’indice, exposée au graphique 2, scinde lesfacilitateurs en quatre domaines généraux, ou sous-indices : (1) Ouverture aux échanges, (2) administrationdes frontières, (3) infrastructure de transport et decommunication, et (4) environnement des affaires. Lepremier sous-indice évalue dans quelle mesurel’environnement politique et culturel du pays estfavorable à l’entrée de biens étrangers. Le deuxièmeobserve dans quelle mesure l’administration des frontièresfacilite leur entrée. Le troisième s’intéresse àl’infrastructure de transport et de communicationnécessaire au mouvement des biens depuis la frontièrejusqu’à leur destination. Enfin, le quatrième sous-indicetraite du contexte général de réglementation et de

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sécurité, car il a une incidence sur le transport de biens àl’intérieur du pays.

Chaque sous-indice se compose d’un certainnombre de piliers pour la facilitation des échanges, dix autotal12 :

1. Obstacles tarifaires et non tarifaires2. Propension au commerce3. Efficience de l’administration des douanes4. Efficience des procédures d’import-export5. Transparence de l’administration des frontières6. Disponibilité et qualité de l’infrastructure de

transport7. Disponibilité et qualité des services de transport8. Disponibilité et utilisation des TIC9. Environnement réglementaire10. Sécurité physique

Chaque pilier est à son tour composé de plusieursindicateurs. L’ensemble de données englobe desdonnées objectives et des données issues de l’enquêteauprès des dirigeants d’entreprise (Executive OpinionSurvey) menée par le Forum économique mondial13.Les données objectives proviennent de sourcespubliques, d’organisations internationales etd’organismes spécialisés dans les échanges (comme laBanque mondiale, l’IATA, le CCI, l’OMC et laCNUCED). L’enquête, menée auprès des dirigeants

d’entreprise et cadres supérieurs dans tous les payscouverts par nos recherches, produit des donnéesuniques en leur genre sur de nombreux aspects relatifs àla qualité des institutions et à l’environnement desaffaires, ainsi que sur plusieurs points précis en rapportavec le commerce.

Les 10 piliers sont regroupés dans les quatre sous-indices décrits ci-dessus après calcul de moyennessimples. Le score global de chaque pays est calculécomme une moyenne non pondérée des quatre sous-indices. L’annexe A présente les détails de la compositionde l’ETI tandis que l’annexe B donne des informationsdétaillées sur chaque indicateur de cet indice.

L’indice couvre au total 118 pays, sélectionnés selonla disponibilité des données, sur tous les continents et àtous les stades de développement, dont 25 pays africains,qui sont présentés dans notre Rapport.

Enseignements tirés de l’indice Enabling Trade Indexpour l’AfriqueParmi les 118 économies couvertes par The GlobalEnabling Trade Report (GETR), les pays africains, àl’exception des trois meilleurs de la région, occupent desrangs situés dans la moitié inférieure de l’échantillon, etplus de la moitié se trouvent dans le quartile le plus bas14.Ces mauvais résultats sont le signe que de sérieux

Graphique 2 : Composition des quatre sous-indices de l’ETI

Ouverture aux échanges

Administration des frontières

Infrastructure de transport et de communication

Obstacles tarifaires et non tarifaires

Propension au commerce

Environnement d’affaires

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Environnement réglementaire

Sécurité physique

Efficience de l’administration des douanes

Disponibilité et qualité de l’infrastructure de transport

Disponibilité et qualité des services de transport

Disponibilité et utilisation des TIC

Efficience des procédures d’import-export

Transparence de l’administration des frontières

Source : Lawrence et al., 2008.

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obstacles aux échanges transfrontières existent dans laplupart des pays du continent. D’après l’ETI, le paysafricain qui obtient les meilleurs résultats est Maurice,suivi par la Tunisie et l’Afrique du Sud. Le tableau 1présente le classement des 25 pays africains couverts parcette étude, dans des comparaisons régionales etmondiales.

Les résultats selon l’ETI montrent que le continentafricain n’est nullement homogène en ce qui concerneles facteurs facilitant les échanges. Le niveau de diversitédiffère toutefois d’un aspect à l’autre. Le graphique 3présente la diversité de performance des pays africainspour les 10 piliers de l’ETI. Les disparités les plus fortess’observent pour le premier pilier (obstacles tarifaires etnon tarifaires), où les niveaux de protectionnismes’échelonnent d’un niveau parmi les plus bas à celuiparmi les plus élevés au monde. Comme le montre letableau 2, sur le continent africain, c’est en Algérie que leprotectionnisme est le plus présent et au Lesotho qu’ill’est le moins. En général, les politiques publiquesrelatives aux échanges sont nettement plus libérales dansles économies subsahariennes qu’en Afrique du Nord(graphique 3). Dans le même temps, ces deux régionssont en moyenne moins ouvertes que les pays del’ASEAN.

Il existe aussi des disparités considérables en termesd’efficience de l’administration des frontières. Et même si

les procédures d’export-import dans ces deux régionsaffichent le même niveau de performances, detransparence et d’efficience des douanes que les pays del’ASEAN, ce sont des aspects qu’il convient d’améliorer.L’administration des frontières revêt une importanceparticulière pour ce continent, car de nombreux paysafricains sont enclavés et tributaires de cetteadministration dans les pays de transit. Ainsi, même sil’Ouganda dispose de processus de dédouanement assezefficients, le délai de passage en douane et de transportsera ralenti par les services douaniers moins efficients duKenya ou de la Tanzanie. L’efficience aux frontières doitpar conséquent être traitée au niveau régional, et passeulement national. Cette question a d’ailleurs fait l’objetde nombreux accords bilatéraux (par exemple entrel’Ouganda et le Kenya) et même régionaux, commel’Union douanière d’Afrique australe (SACU) oul’Union de l’Afrique de l’Ouest. Même si de nombreuxaccords régionaux en Afrique s’intéressent à la questiondu transit, les résultats sur le terrain restent souvent en-deçà des attentes.

Le domaine dans lequel les pays africains présententles performances les plus homogènes est aussi celui danslequel ils sont le plus nettement en retard : ladisponibilité et l’utilisation des TIC. La comparaisonavec les pays de l’ASEAN met en évidence le fossé quiexiste dans le développement des TIC en Afrique et lebesoin de nouveaux investissements en la matière pourpermettre aux entreprises de mieux tirer parti del’économie mondiale. Même Maurice, le pays africain leplus performant, arrive loin derrière la moyenne del’ASEAN, et plus de la moitié des pays se trouvent dansle quartile le plus bas de l’échantillon. Cette mauvaiseperformance est en grande partie imputable au retardd’électrification de l’Afrique, qui constitue une conditionde départ indispensable pour améliorer l’utilisation desTIC. Dans le même temps, même s’il existed’importantes disparités, la réglementation applicable auxentreprises de transport et la sécurité sont assezsatisfaisantes sur le continent. Les tableaux 2 à 5présentent les performances des pays africains pour lesdifférents piliers.

Comme déjà mentionné, les deux aspects de l’ETIdans lesquels la disparité entre pays africains est profondesont l’ouverture aux échanges et l’administration desfrontières. Depuis quelques années, ils font l’objetd’efforts de réforme déployés avec l’adoption de trains demesures de libéralisation plus larges. Les donnéesdétaillées de l’ETI permettent une analyse plus précise etpeuvent nourrir la politique publique du continent. Lapolitique commerciale et la qualité de l’administrationdes frontières sont traitées par les cinq premiers piliers del’indice.

Le premier pilier s’appuie sur deux variables quimesurent le niveau de protectionnisme : les obstaclestarifaires et non tarifaires. Les droits de douane sont

Tableau 1 : Classement de l’Afrique selon

l’Enabling Trade Index, 2008

Pays/économie Rang/25 Rang/118 Score

Maurice 1 40 4,50Tunisie 2 49 4,23Afrique du Sud 3 59 3,98Maroc 4 74 3,71Namibie 5 77 3,66Ouganda 6 79 3,63Zambie 7 85 3,52Kenya 8 86 3,51Égypte 9 87 3,51Madagascar 10 88 3,49Mali 11 90 3,42Cameroun 12 92 3,42Lesotho 13 95 3,36Mauritanie 14 97 3,34Bénin 15 98 3,34Burkina Faso 16 99 3,33Sénégal 17 100 3,33Mozambique 18 101 3,30Tanzanie 19 112 3,27Éthiopie 20 106 3,06Algérie 21 108 3,04Nigeria 22 111 3,02Zimbabwe 23 112 2,98Burundi 24 117 2,70Tchad 25 118 2,60

Afrique 3,80Afrique du Nord 3,80Afrique subsaharienne 3,90ASEAN 4,61Amérique latine et Caraïbes 3,79

Sources : Forum économique mondial, 2008, et calculs des auteurs.

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calculés comme le taux moyen par unité de valeurimportée pondéré par la valeur des importations dugroupe de référence pour le bien en question15. Lesecond indicateur porte sur les obstacles non tarifaires ; ilse compose de deux variables : la part des lignes nontarifaires concernées par les mesures non tarifaires et lenombre moyen de ces dernières par ligne tarifaire16. Letableau 6 présente les résultats des pays africainsconcernant les variables relatives à la politique deséchanges incluses dans l’ETI.

Les résultats montrent que les pays africainsutilisent davantage les droits de douane que la plupartdes autres régions. Le droit de douane moyen pondérédes pays africains se chiffre à 10,5 pour cent, contreseulement 6,8 pour cent seulement pour la moyenneglobale de l’échantillon. Même si les pays d’Afrique duNord ont considérablement libéralisé leur économie etleur politique commerciale au cours de la dernièredécennie, le niveau des droits de douane reste élevédans toute la région. Ces pays imposent des droits plusélevés que leurs voisins d’Afrique subsaharienne etsupérieurs aux niveaux internationaux. Ainsi, au Maroc,qui applique les droits les plus faibles de cette sous-région, ils s’élèvent à 12,7 pour cent. En outre, tous lespays, sauf la Tunisie, recourent largement aux mesuresnon tarifaires. Les pays d’Afrique subsaharienne, en

revanche, affichent une grande disparité en termes derestrictivité de leur politique commerciale et desinstruments qu’ils utilisent. Si quelques pays recourentfortement aux mesures non tarifaires (Tanzanie,Sénégal, Afrique du Sud), la plupart des pays africainsn’emploient qu’un nombre restreint de ce type demesures. Elles sont toutefois le plus souvent complétéespar des droits de douane assez élevés. Il n’est pasétonnant de constater que les mesures non tarifaires sontpeu utilisées, puisque les normes de sécurité desproduits, les mesures sanitaires et phytosanitaires, ainsique les normes environnementales et du travail quiforment une part importante des mesures non tarifairessont plus développées dans les pays industrialisés.

Depuis quelques années, la réforme del’administration des frontières constitue une priorité pourles dirigeants, en Afrique comme dans d’autres régions endéveloppement, ainsi que pour les donateurs bilatérauxet multilatéraux. Plusieurs pays d’Afrique ont réforméleur administration des douanes afin d’améliorer lerecouvrement des taxes et de réduire le commerce illégal(Ghana, Mozambique, Ouganda et Zambie,notamment). Ces efforts contribuent certainement auxrésultats satisfaisants obtenus par les pays africains parrapport à ceux d’autres régions17. En termes d’efficiencede l’administration des frontières, l’Afrique obtient

Graphique 3 : Performance de l’Afrique pour les 10 piliers de l’ETI, 2008

1

2

3

4

5

6

7

6

4,95

3

4,3

4,84,9

4,5

5

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2,8

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2,6

1,7

2,4

1,922,1

2,9

Obst

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Prop

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Sécu

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phys

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Plus élevé/plus bas en Afrique Moyenne de l’ASEAN Afrique du Nord Afrique subsaharienne

Sources : Forum économique mondial, 2008, et calculs des auteurs.

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globalement une meilleure moyenne que les pays del’ASEAN et l’Amérique latine (tableau 3). Ainsi,l’Afrique du Nord affiche d’assez bons résultats pour tousles indicateurs y afférents. En fait, les performancesglobales de l’Afrique dans ce domaine sont légèrementsupérieures à celles de l’Amérique latine, même si ellessont nettement inférieures à celles des pays de l’ASEAN(tableau 3).

Le tableau 7 présente certains indicateurs servant àévaluer l’efficience des services douaniers. La lourdeur

des procédures douanières est un indicateur émanant del’enquête auprès des dirigeants d’entreprise, tandis quel’indice des services douaniers a été compilé à partir desréponses à 17 questions tirées d’une enquête menée parla Global Express Association (GEA). Les résultats de cetindice mettent en évidence des marges d’amélioration surl’ensemble du continent. Dans la plupart des pays, lamainlevée des marchandises n’est pas automatisée, mêmesi, dans certains pays, le traitement des donnéesinformatisé procure des avantages significatifs (en

Tableau 2 : L’indice Enabling Trade Index – ouvertureaux échanges

PILIERS

OUVERTURE

AUX ÉCHANGES

Obstacles tarifaires

et non tarifaires

Propension

au commerce

Pays/économie Rang Score Rang Score Rang Score

Afrique du Sud 6 4,10 17 3,28 1 4,92

Algérie 25 1,80 25 1,00 21 2,59

Bénin 16 3,36 14 3,87 17 2,86

Burkina Faso 11 3,82 5 4,82 19 2,83

Burundi 23 2,20 19 2,34 25 2,06

Cameroun 12 3,58 11 3,99 14 3,17

Égypte 22 2,51 24 1,00 4 4,03

Éthiopie 24 2,15 20 2,04 23 2,26

Kenya 4 4,32 12 3,97 2 4,67

Lesotho 2 4,45 1 6,04 18 2,86

Madagascar 3 4,42 3 5,25 10 3,60

Mali 7 4,01 6 4,79 13 3,22

Maroc 21 2,58 22 1,91 12 3,26

Maurice 1 5,29 2 5,93 3 4,65

Mauritanie 15 3,39 15 3,81 16 2,96

Mozambique 10 3,85 4 5,18 22 2,52

Namibie 9 3,93 8 4,56 11 3,29

Nigeria 19 2,77 23 1,80 7 3,74

Ouganda 5 4,27 7 4,78 5 3,77

Sénégal 20 2,59 21 2,03 15 3,16

Tanzanie 17 3,07 18 2,46 8 3,67

Tchad 18 3,03 13 3,94 24 2,12

Tunisie 13 3,57 16 3,38 6 3,76

Zambie 8 3,98 9 4,35 9 3,61

Zimbabwe 14 3,44 10 4,14 20 2,75

Moyenne Afrique 3,87 3,56 4,18

Afrique du Nord 2,63 2,26 2,85

Afrique subsaharienne 4,27 4,04 4,53

ASEAN 4,76 4,87 4,40

Amérique latineet Caraïbes 3,79 3,55 4,03

Sources : Forum économique mondial, 2008, et calculs des auteurs.

Tableau 3 : L’indice Enabling Trade Index –administration des frontières

PILIERS

ADMINIS-TRATION DESFRONTIEvRES

Efficience del’administration

des douanes

Efficience desprocédures

d’import-export

Transparence del’administrationdes frontières

Pays/économie Rang Score Rang Score Rang Score Rang Score

Afrique du Sud 4 4,21 5 3,76 4 4,33 1 4,54

Algérie 8 3,34 19 2,56 10 3,88 6 3,59

Bénin 11 3,27 15 2,79 9 3,93 16 3,08

Burkina Faso 21 2,76 14 2,80 20 2,19 10 3,30

Burundi 22 2,70 17 2,74 25 2,00 8 3,37

Cameroun 7 3,43 7 3,48 7 4,07 23 2,73

Égypte 5 3,78 9 3,07 3 4,82 7 3,45

Éthiopie 15 3,12 8 3,09 19 2,99 11 3,29

Kenya 14 3,13 10 2,96 15 3,63 20 2,80

Lesotho 16 3,03 24 2,22 11 3,83 18 3,05

Madagascar 17 3,01 23 2,22 17 3,46 9 3,35

Mali 23 2,68 18 2,63 21 2,14 12 3,26

Maroc 3 4,32 1 4,98 5 4,25 5 3,73

Maurice 3 4,53 3 4,43 1 5,00 3 4,15

Mauritanie 19 2,95 22 2,29 16 3,49 17 3,06

Mozambique 9 3,30 11 2,93 13 3,76 14 3,20

Namibie 6 3,59 13 2,88 8 3,97 4 3,91

Nigeria 18 2,98 21 2,38 12 3,79 21 2,78

Ouganda 12 3,26 6 3,69 18 3,15 19 2,96

Sénégal 13 3,18 16 2,77 14 3,64 15 3,14

Tanzanie 1 4,73 2 4,77 2 4,96 2 4,45

Tchad 25 2,16 25 2,00 22 2,06 25 2,41

Tunisie 1 4,73 2 4,77 2 4,96 2 4,45

Zambie 20 2,88 4 3,95 23 2,04 24 2,64

Zimbabwe 24 2,51 12 2,90 25 1,88 22 2,76

Moyenne Afrique 4,02 3,70 4,38 3,98

Afrique du Nord 4,11 3,97 4,34 3,79

Afrique subsaharienne 4,04 3,74 4,40 4,05

ASEAN 3,89 5,50 4,36 4,88

Amérique latineet Caraïbes 3,83 3,46 4,38 3,64

Sources : Forum économique mondial, 2008, et calculs des auteurs.

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Tunisie, par exemple). En revanche, dans de nombreuxpays, les marchandises sont inspectées par une seuleagence, ce qui contribue à réduire le temps et le coût dudédouanement. Si des inspections supplémentaires serévèlent nécessaires, elles sont généralement effectuéesrapidement. Cependant, quelques pays pourraientaméliorer leurs performances en séparant la mainlevéedes marchandises du contrôle de l’acquittement desdroits et rendre le dédouanement plus efficient enintroduisant une valeur minimale pour les expéditions.

Au cours des dernières décennies, de nombreuxpays d’Afrique ont réformé leur administration desdouanes. Quelques progrès sont à constater. Cettetendance positive est confirmée par les données del’Enquête du Forum économique mondial pour laplupart des pays de la région. Le graphique 4 comparel’indicateur qui évalue la lourdeur de l’administrationdes douanes en Afrique en 2004 et 2007. Le Bénin, leBurkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la Mauritanieet le Sénégal n’ont été inclus qu’ultérieurement. Seuls

Tableau 4 : L’indice Enabling Trade Index –infrastructure de transport et de communication

PILIERS

INFRA-

STRUCTURE DE

TRANSPORT ET

DE COMMU-

NICATION

Disponibilité

et qualité de

l’infrastructure

de transport

Disponibilité

et qualité des

services de

transport

Disponibilité

et utilisation

des TIC

Pays/

économie Rang Score Rang Score Rang Score Rang Score

Afrique du Sud 1 3,74 4 4,12 1 4,35 3 2,77

Algérie 9 2,85 7 3,46 23 2,69 5 2,41

Bénin 15 2,57 18 2,50 5 3,32 12 1,89

Burkina Faso 19 2,40 20 2,45 13 3,02 18 1,75

Burundi 24 2,14 24 2,00 18 2,88 23 1,56

Cameroun 21 2,37 21 2,44 17 2,88 16 1,79

Égypte 4 3,27 5 3,89 2 3,64 6 2,29

Éthiopie 12 2,69 11 3,33 9 3,22 25 1,52

Kenya 8 2,86 9 3,41 11 3,14 10 2,03

Lesotho 23 2,25 23 2,01 14 3,01 20 1,72

Madagascar 16 2,47 13 2,86 21 2,74 14 1,80

Mali 18 2,44 22 2,23 6 3,32 17 1,78

Maroc 5 3,20 6 3,84 10 3,17 4 2,59

Maurice 3 3,50 2 4,53 15 3,00 1 2,99

Mauritanie 13 2,62 19 2,45 8 3,26 8 2,16

Mozambique 22 2,29 17 2,56 24 2,68 22 1,62

Namibie 6 3,17 1 4,75 22 2,73 9 2,03

Nigeria 17 2,44 15 2,57 19 2,82 11 1,94

Ouganda 10 2,75 12 3,13 4 3,41 21 1,70

Sénégal 7 2,86 8 3,42 16 2,95 7 2,22

Tanzanie 20 2,40 14 2,65 20 2,75 15 1,80

Tchad 25 1,93 25 1,70 25 2,57 24 1,54

Tunisie 2 3,53 3 4,27 3 3,51 2 2,81

Zambie 14 2,59 16 2,57 7 3,30 13 1,89

Zimbabwe 11 2,73 10 3,35 12 3,11 19 1,73

Moyenne Afrique 3,29 3,84 3,47 2,55

Afrique du Nord 3,21 3,57 2,76 2,34

Afrique subsaharienne 3,41 3,89 3,55 2,57

ASEAN 4,85 4,78 3,48 4,19

Amérique latine

et Caraïbes 3,27 3,57 3,30 2,93

Sources : Forum économique mondial, 2008, et calculs des auteurs.

Tableau 5 : L’indice Enabling Trade Index –l’environnement des affaires

PILIERS

ENVIRONNEMENT

D’AFFAIRES

Environnement

réglementaire

Sécurité

physique

Pays/

économie Rang Score Rang Score Rang Score

Afrique du Sud 18 3,87 15 4,12 21 3,62

Algérie 14 4,16 21 3,75 9 4,58

Bénin 15 4,16 17 4,02 12 4,31

Burkina Faso 9 4,35 12 4,18 10 4,51

Burundi 21 3,74 23 3,73 17 3,76

Cameroun 12 4,28 8 4,36 14 4,20

Égypte 7 4,47 11 4,27 7 4,66

Éthiopie 11 4,29 19 3,91 6 4,67

Kenya 22 3,73 14 4,12 23 3,34

Lesotho 23 3,71 22 3,73 18 3,68

Madagascar 16 4,05 16 4,06 16 4,03

Mali 6 4,54 10 4,30 5 4,79

Maroc 2 4,74 6 4,49 3 4,99

Maurice 3 4,69 7 4,38 2 5,00

Mauritanie 8 4,41 13 4,16 8 4,65

Mozambique 20 3,76 18 3,99 22 3,52

Namibie 17 3,95 20 3,86 15 4,04

Nigeria 19 3,87 3 4,62 24 3,11

Ouganda 13 4,25 2 4,84 20 3,66

Sénégal 4 4,67 5 4,51 4 4,83

Tanzanie 10 4,32 9 4,34 13 4,30

Tchad 24 3,30 24 3,68 25 2,91

Tunisie 1 5,11 4 4,53 1 5,68

Zambie 5 4,65 1 4,88 11 4,42

Zimbabwe 25 3,22 25 2,78 19 3,67

Moyenne Afrique 4,33 4,29 4,37

Afrique du Nord 4,34 4,41 5,22

Afrique subsaharienne 4,35 4,51 4,32

ASEAN 4,96 4,85 5,07

Amérique latine

et Caraïbes 4,29 5,02 3,57

Sources : Forum économique mondial, 2008, et calculs des auteurs.

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quatre pays (Afrique du Sud, Namibie, Nigeria etZambie) affichent une tendance négative pour la facilitédes procédures de dédouanement. Les autres pays fontétat d’améliorations, parfois très nettes. L’Égypte, leMali, Maurice et la Tunisie enregistrent lesaméliorations les plus prononcées sur ces trois dernièresannées.

Afrique du Nord

Le GETR couvre quatre pays d’Afrique du Nord :l’Algérie, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie. Ces pays sontessentiellement répartis dans la seconde moitié del’échantillon. Le meilleur élève de la région, la Tunisie,fait figure d’exception : elle se classe 49e sur l’ETI globalet 2e pour l’Afrique, juste après Maurice. Le pays reçoit

une note élevée pour l’environnement des affaires etl’efficience de son administration des frontières.Cependant, les marchés y restent protégés de laconcurrence internationale, avec des obstacles tarifairesparmi les plus élevés de l’échantillon. Le tarif douanierpondéré se monte à 16,8 pour cent, ce qui classe ce pays114e sur 118. Au cours de ces dernières années, laTunisie a conclu des accords commerciaux bilatérauxavec ses principaux partenaires commerciaux. Ce faisant,depuis janvier 2008, elle a libéralisé en totalité seséchanges de biens de production avec l’Unioneuropéenne (UE) et négocie actuellement lalibéralisation des échanges de services et de produitsagricoles. Même si la prolifération des accords bilatérauxa abaissé le niveau de protection en Tunisie depuis ledébut de la décennie, elle a également rendu le barème

Tableau 6 : Sélection d’indicateurs de l’ouvertureaux échanges

Pays/économie

Obstacles tarifairesà l’importation

(tarifs pondérés,pourcentage)

Obstaclesnon tarifaires

(indice sur uneéchelle de 0 à 100)

Part des importationsen franchise de

droits (pourcentagedu total)

Afrique du Sud 6,2 58,1 63,1Algérie 15,6 85,3 5,6Bénin 7,8 n.d. 12,7Burkina Faso 9,9 5,0 22,1Burundi 11,6 n.d. 16,4Cameroun 14,1 4,5 6,4Égypte 21,8 97,8 30,2Éthiopie 12,4 n.d. 20,2Kenya 7,6 n.d. 68,1Lesotho 4,2 3,0 20,6Madagascar 804 2,0 52,9Mali 9,9 5,6 32,4Maroc 12,7 59,4 7,3Maurice 3,6 8,0 86,2Mauritanie 8,0 n.d. 13,7Mozambique 7,7 6,5 17,8Namibie 8,5 17,2 56,9Nigeria 13,0 n.d. 17,7Ouganda 11,1 0,1 55,8Sénégal 9,8 99,5 8,6Tanzanie 7,7 94,6 52,3Tchad 14,7 2,8 12,3Tunisie 16,8 14,5 25,6Zambie 11,6 7,7 66,6Zimbabwe 13,0 6,3 4,3

Moyenne de l’échantillon ETI 6,8 37,6 50,4Minimum de l’échantillon ETI 0,0 0,1 0,0Maximum de l’échantillon ETI 25,0 99,5 100,0Moyenne Afrique 10,5 27,3 28,5Minimum Afrique 0,0 0,1 4,3Maximum Afrique 21,8 99,5 86,2

Sources : Forum économique mondial, 2008, et calculs des auteurs.

Tableau 7 : Sélection d’indicateurs de l’efficiencede l’administration des frontières

Pays/économie Lour

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Afrique du Sud 3,8 n.d. 3,2 35,0 9,0 1,195Algérie 2,7 3,7 1,6 23,0 9,0 1,378Bénin 3,1 3,8 1,8 41,0 7,0 1,202Burkina Faso 3,9 2,7 2,1 54,0 11,0 3,522Burundi 2,7 n.d. 2,2 71,0 10,0 3,705Cameroun 3,0 5,8 2,6 33,0 8,0 1,529Égypte 3,7 3,7 2,1 18,0 7,0 729Éthiopie 3,4 4,2 2,1 42,0 8,0 2,793Kenya 3,3 4,0 2,3 37,0 8,0 1,995Lesotho 2,7 2,7 2,4 49,0 8,0 1,210Madagascar 3,0 2,3 2,2 49,0 10,0 1,282Mali 3,8 2,3 2,2 65,0 11,0 2,680Maroc 4,4 8,2 2,2 19,0 11,0 800Maurice 4,5 6,5 2,0 16,0 6,0 673Mauritanie 3,5 1,8 2,4 42,0 11,0 1,363Mozambique 2,9 n.d. 2,2 38,0 10,0 1,185Namibie 3,8 3,0 2,1 24,0 9,0 1,550Nigeria 2,8 3,0 2,2 46,0 9,0 1,047Ouganda 3,3 6,0 2,2 37,0 7,0 2,990Sénégal 2,9 4,0 2,4 26,0 11,0 1,720Tanzanie 3,0 3,0 2,1 30,0 7,0 1,425Tchad 2,0 n.d. 2,0 102,0 9,0 5,520Tunisie 4,8 n.d. 2,8 22,0 7,0 810Zambie 3,4 6,7 2,1 64,0 11,0 2,840Zimbabwe 2,8 4,5 1,9 67,0 13,0 2,420

Moyenne de l’échantillon ETI 3,9 5,7 2,7 27,1 7,6 1,338Minimum de l’échantillon ETI 2,0 1,7 1,6 3,0 3,0 367Maximum de l’échantillon ETI 6,4 10,2 4,0 104,0 14,0 5,520Moyenne Afrique 3,3 4,1 2,2 42,0 9,1 1,902,5Minimum Afrique 2,0 1,8 1,6 16,0 6,0 673,0Maximum Afrique 4,8 8,2 3,2 102,0 13,0 5,520,0

Sources : Forum économique mondial, Banque mondiale, GEA, et calculs des auteurs.Voir annexe B pour plus de détails.

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des droits de douane plus complexe et, par conséquent,plus opaque pour les entreprises.

L’administration des frontières tunisiennes estaujourd’hui considérée comme une force majeure del’environnement commercial de ce pays, et elle est laplus efficiente des pays africains évalués. Elle a subi unerationalisation significative ces dernières années ; enparticulier, l’introduction du traitement électronique dedocuments réduit le temps et les documents nécessairespour les échanges internationaux18. Les données del’enquête attestent de ces améliorations. En 2007, lesdirigeants d’entreprises estimaient que les procéduresdouanières étaient nettement moins lourdes qu’en 2004(graphique 3).

La qualité de l’infrastructure de transport et decommunication tunisienne est meilleure que celle denombreux autres pays de la région. Seule l’Afrique duSud obtient des résultats supérieurs à ceux de la Tunisiepour ces indicateurs. Les atouts de la Tunisie sont laqualité de l’infrastructure pour tous les modes detransport, l’efficacité de son système postal et la capacitédes entreprises à adopter de nouvelles technologies. LaTunisie pourrait toutefois progresser dans son rôle deleader de la région sur le plan de la diffusion et del’utilisation des TIC, ce qui lui permettrait de tirer parti

des avantages procurés par les échanges. Actuellement,elle se classe 3e de la région, mais occupe un rangrelativement faible (60e) dans le classement général.

Côté positif, la Tunisie se caractérise par un niveaude sécurité élevé, même si une plus grande ouverture àl’investissement direct étranger (IDE) et une migrationaccrue de la main-d’œuvre pourraient induire uneamélioration de la réglementation du secteur destransports et, partant, des performances commerciales.

L’Égypte ne se classe qu’à la 87e place pour lafacilité du passage des biens à la frontière et de leuracheminement jusqu’à destination. Ce pays bénéficied’un environnement d’affaires assez favorable, enparticulier d’une facilité d’embauche de travailleursétrangers et d’un niveau de sécurité relativement élevé,résultant de faibles taux de délinquance et de violence.

Malgré les efforts de libéralisation déployés depuisquelques années19, la politique commerciale égyptiennereste plutôt protectionniste. Les droits de douane, à21,7 pour cent en moyenne (pondérés à l’aide del’approche du groupe de référence), y sont les plus élevésd’Afrique et parmi les plus élevés du monde20,notamment sur les produits agricoles. D’après les donnéesdisponibles sur les obstacles non tarifaires, ceux-cidouaniers constituent un important frein aux échanges.

Graphique 4 : Lourdeur des procédures douanières en Afrique, 2004-2007

1 2 3 4

Score (1-7)

Algérie

5

BéninBurkina Faso

BurundiCameroun

TchadÉgypte

ÉthiopieKenya

LesothoMadagascar

MaliMauritanie

MauriceMaroc

MozambiqueNamibieNigeria

SénégalAfrique du Sud

TanzanieTunisie

OugandaZambie

Zimbabwe

2004 2007

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De nombreuses mesures semblent en effet être appliquéesà tous les biens importés par ce pays21.

L’importation de biens en Égypte n’est ni coûteuseni longue, mais les importateurs se disent préoccupés parl’efficience des douanes et, encore plus, par celle desautres agences opérant à la frontière. Ils estiment que ledédouanement n’est ni particulièrement performant niefficient par rapport aux pratiques internationales. Deplus, les douanes ne proposent pas certains servicessusceptibles de faciliter le dédouanement (tableau 8 pourplus de détails).

Parmi les aspects positifs, l’Égypte dispose d’uneinfrastructure de transport assez bien développée (57e), ycompris pour les services connexes (56e). Elle dispose de

bonnes connexions aux voies maritimes, tant du point devue du nombre de transbordements (16e) que de celui dela qualité et de la quantité des services de ligne (17e). Il yest toutefois assez difficile d’organiser des expéditionsinternationales (95e), les marchandises n’atteignent pastoujours leur destination dans les délais (86e) et lesservices de logistique y sont de qualité inférieure auxpratiques internationales (84e).

Outre certains points évoqués plus haut, lafacilitation des échanges en Égypte nécessitera deréformer l’environnement des affaires, en particulier lesrègles et règlements afférents à l’IDE et de renforcer laprotection contre le terrorisme (pour laquelle le pays seclasse actuellement 95e).

Tableau 8 : Résultats détaillés de l’indice des services douaniers

¶ No + Parfois

¶ Yes + Certains

Pays Algé

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Faso

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Mainlevée et/ou dédouanement final de marchan-dises via l’échange de données informatisé pourlivraisons expresses

Mainlevée ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ + ¶ ¶ + + ¶ ¶ +

Dédouanement ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ + ¶ ¶ + + ¶ ¶ +

Traitement automatisé permanent (24 heuressur 24/7 jours sur 7)

¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶

Mainlevée des marchandises au lieu d’arrivée ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶

Inspections multiples (par des agencesautres que les douanes)

¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶

En cas d’inspections multiples, rapidité desinspections effectuées par les autres agences

n.d. ¶ n.d. ¶ n.d. ¶ ¶ n.d. ¶ n.d. ¶ ¶ ¶ n.d. ¶ ¶ n.d. n.d. n.d. ¶

Séparation de la mainlevée des marchandiseset du contrôle de l’acquittement des droits

¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ + ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶

Dispense des formalités douanières intégralespour les expéditions de faible valeur

¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ – ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶

Horaires de travail

Les horaires de travail des douanessont adaptés aux besoins des entreprises

¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ + ¶ + ¶ + – ¶ ¶

Commission pour les services renduspendant les horaires de travail normaux

¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ – – ¶ ¶ – ¶ ¶

Supplément pour les services rendusde dehors des horaires de travail normaux

¶ – ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ – ¶ ¶ ¶ – – ¶ ¶ – ¶ ¶

Possibilité de réception et de traitement desdonnées de contrôle préalablement à l’arrivéedes expéditions

¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶

Possibilité de faire appel des décisions doua-nières auprès d’un tribunal de niveau supérieurou indépendant

¶ ¶ – ¶ ¶ ¶ ¶ – ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ – ¶ ¶ ¶ – ¶ ¶

Décisions sur la classification et la valorisationpréalables à l’entrée et contraignantes pour tousles ports

¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ Pasdelimites

¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶

Utilisation de prix de référence ou relèvementsarbitraires des sommes facturées

¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶ ¶

Source : GEA.

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Le Maroc arrive à la 74e place pour la facilité deséchanges transfrontières. Comme dans de nombreux paysd’Afrique du Nord, les droits de douane élevés (101e) etles nombreux obstacles non tarifaires (75e) constituent lespoints noirs de l’environnement de ce pays pour leséchanges internationaux. Même si les tarifs douaniers ontété abaissés ces dernières années, avec des réductionstarifaires unilatérales et des accords bilatéraux etrégionaux, ils restent élevés, en particulier pour lesproduits agricoles, où plus de 62,4 pour cent des biensimportés sont taxés entre 25 et 50 pour cent22.

En revanche, l’administration des frontières estconsidérée comme étant de très bonne qualité : le Marocse classe 3e pour l’Afrique et 45e sur les 118 pays. Desprocédures douanières assez efficaces, les nombreuxservices proposés aux importateurs et la faiblesse descoûts d’importation contribuent à cet excellent résultat.Mais l’efficience des procédures d’importation etd’exportation peut encore largement s’améliorer,notamment en ce qui concerne le nombre de documentsnécessaires pour importer (élevé par rapport aux autrespays). Au Maroc, il faut 11 documents, contre 3seulement à Singapour, 1er du classement, et 9,1 pour lamoyenne régionale.

L’infrastructure marocaine de transport et decommunication est plutôt bien développée par rapportau reste de la région (5e), même si l’absence de servicesde logistique compétents et fiables constitue un frein auxéchanges transfrontières23. Pour y remédier, on pourraitpar exemple faciliter l’investissement étranger dans lestransports. Malgré des notes assez faibles concernant lesrègles régissant l’investissement étranger,l’environnement des affaires forme l’un des atouts duMaroc. Il y est facile d’embaucher des travailleursétrangers et les accords bilatéraux Ciel ouvert y sont trèsvastes. En outre, le faible taux de délinquance et deviolence conjugué à une grande fiabilité de la police sontles garants d’un niveau de sécurité satisfaisant dans lepays.

L’Algérie se classe 108e sur l’ETI général et à peine21e sur les 25 pays africains examinés. Le pays reste assezisolé de la concurrence internationale, malgré ses effortspour rejoindre l’OMC. Les obstacles tarifaires sontimportants (le pays se classe 115e sur 118 pays) ettouchent autant les produits agricoles que les autres.Néanmoins, les échanges sont importants pourl’économie algérienne, les exportations et lesimportations représentent environ 70 pour cent du PIB.Si l’Algérie exporte principalement des combustibles etdes produits miniers (98,8 pour cent en 2006), elleimporte surtout des produits manufacturés (75,3 pourcent) et agricoles (21 pour cent). Parmi ses atouts,l’Algérie dispose de services de police assez fiables, quicontribuent à un faible niveau de délinquance et deviolence, même si le coût élevé du terrorisme pour lesentreprises contrebalance quelque peu ce point positif.

Dans le cadre de ses négociations d’adhésion àl’OMC, l’Algérie devrait fortement abaisser ses obstaclestarifaires. À ce jour, elle a conclu des accordséconomiques avec ses principaux partenairescommerciaux, en particulier l’Union européenne. Outreles obstacles tarifaires et non tarifaires, les importateurs etles exportateurs pâtissent de l’inefficience et de l’opacitéde l’administration des frontières. Les procédures dedédouanement y sont complexes, longues et coûteuses :il faut 23 jours pour importer des marchandises et il encoûte 1 378 dollars des États-Unis par conteneur debiens standardisés. Les entreprises classent ce pays à la107e place sur 118 pour l’efficience du dédouanement.Par conséquent, l’Algérie s’attache à diversifier sesexportations et à renforcer ses performancescommerciales. Elle devra également impérativementcontinuer d’améliorer l’efficience de l’administration deses frontières.

L’Afrique subsaharienneÀ la 40e position, Maurice est le pays le mieux classé dela région Afrique subsaharienne, devançant mêmecertains pays de l’UE, ainsi que tous les BRIC. Surnombre des dimensions évaluées, c’est Maurice quiaffiche les meilleures performances de la région. Commeon peut s’y attendre de la part d’une petite économieinsulaire, ce pays affiche un niveau élevé d’ouverture auxéchanges (11e position globalement, et 1re de la région),avec des droits de douane et des obstacles non tarifairespeu élevés, et une grande proportion d’importations qu’illaisse pénétrer sur son territoire en franchise de droits.

L’administration douanière mauricienne est, elleaussi, bien notée, avec des délais, coûts et lourdeurs assezraisonnables. Maurice affiche les meilleures performancesde la région, et de loin, pour ces indicateurs. La grandetransparence et la bonne gouvernance qui prévalent dansce pays y contribuent largement, mais les pouvoirspublics sont également conscients de l’importance desréformes douanières et participent à la coopérationinternationale. L’administration douanière du pays offredavantage de services aux utilisateurs que dans beaucoupd’autres pays de la région (40e), en particulier lamainlevée des marchandise est distincte du contrôle del’acquittement des droits, des inspections multiples sontmenées rapidement, et les expéditions de faible valeursont exemptées de certaines formalités douanières.

Si les infrastructures de transport et decommunication mauriciennes sont de meilleure qualitéque celles des autres pays de la région, elles demeurent leprincipal domaine dans lequel des améliorations peuventêtre apportées, notamment avec la modernisation desservices de transport, pour lesquels le pays ne se classeactuellement qu’en 96e position. Il n’existe guère deservices de suivi des expéditions en amont et en aval, lalogistique manque, selon les évaluations, de compétenceset les expéditions sont difficiles à organiser et atteignent

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rarement leur destination dans les délais. Dans le mêmetemps, la qualité de l’infrastructure de transport est jugéebonne pour tous les modes de transport disponibles.Maurice opère le deuxième plus grand terminal àconteneurs d’Afrique subsaharienne. Il est en outre leleader régional en ce qui concerne l’utilisation et lapénétration des TIC, d’où un niveau assez élevé deconnectivité via les télécommunications fixes et mobiles,ainsi que le haut débit.

De surcroît, le pays déploie beaucoup d’efforts pouraméliorer son environnement d’affaires depuis deux ans,plus précisément depuis que le Business Facilitation Actvoté en 2006, a simplifié la création d’entreprises, par desétrangers aussi bien que par des Mauriciens24. De plus,diverses mesures visant à faciliter l’octroi de permis detravail à des étrangers ont été annoncées en 2007.Conséquence de cette ouverture du capital desentreprises à des étrangers, Maurice bénéficie d’entréesd’IDE considérables depuis quelques années. Enfin etsurtout, le pays présente un niveau de sécurité assezélevé, notamment par comparaison avec les autres paysde la région.

Deuxième de la région, l’Afrique du Sud occupele 59e rang, ce qui en fait le seul autre pays d’Afriquesubsaharienne à apparaître dans la première moitié duclassement selon l’ETI. Contrairement à Maurice, lagrande force de l’Afrique du Sud, telle que mesurée parcet indice, est son infrastructure de transport et decommunication (45e), attribuable essentiellement à laqualité de son transport aérien et de ses routes, mais aussià la qualité comparativement bonne de ses services detransport (34e). En revanche, le système detélécommunications, quoique relativement biendéveloppé au regard des performances régionales, reste àla traîne dans les comparaisons internationales.

L’administration des frontières du pays est perçuecomme quelque peu inefficiente (57e). Bien quecaractérisée par une relative transparence (36e),l’importation de marchandises en Afrique du Sud prenddu temps et coûte cher, y compris par rapport aux autrespays de la région. Ainsi, les procédures d’importationssont deux fois plus onéreuses et prennent deux fois plusde temps qu’à Maurice.

L’Afrique du Sud suit un programme delibéralisation des échanges depuis 1994, qui asignificativement contribué à rendre cette économie plusouverte. Pourtant, l’ouverture aux échanges demeure unpoint délicat (67e), avec des obstacles tarifaires et nontarifaires relativement importants. Les droits de douanemoyens pondérés restent élevés, mais plus de la moitiédes importations entrent dans le pays en franchise dedroits. Parallèlement, la structure tarifaire demeure trèscomplexe, un grand nombre de lignes tarifaires étantconsidérées comme des crêtes tarifaires25. Une révisionde la structure tarifaire visant à en réduire la complexitéet à abaisser les tarifs pour les secteurs amont

d’importance stratégique est en cours. S’agissant desobstacles non tarifaires, même si assez peu de mesuressont en place, elles concernent plus de 90 pour cent desimportations du pays.

Pourtant, le principal sujet de préoccupation pourl’Afrique du Sud a trait à l’environnement réglementaire,lequel n’est pas entièrement propice aux échangestransfrontières (86e), sans mentionner les gravesproblèmes de sécurité qui règnent dans le pays (100e),que révèle le coût élevé que la délinquance et la violencefont peser sur les entreprises du pays.

La Namibie se classe 77e selon l’ETI. Membre dela SACU, la Namibie présente un environnementcommercial général assez ouvert, même si, par rapportaux autres pays, elle impose des tarifs douaniers assezélevés, aspect pour lequel elle se positionne au 80e rangsur 118 pays. Toutefois, ceux-ci s’appliquent à moins dela moitié des produits importés. Cette proportionrelativement élevée d’importations en franchise de droitsest le fruit d’un mouvement de libéralisation au sein de laCommunauté de développement de l’Afrique australe(SADC), dont la Namibie fait également partie. Dans lecadre de la SACU, la Namibie a aboli ses droits dedouane pour les pays membres de la SADC en 2000, cequi touche une proportion significative des échangesnamibiens, étant donné que le pays entretient des liensétroits avec l’Afrique du Sud26. Depuis janvier 2008, laSADC a officiellement créé une zone de libre échange,qui facilitera encore les échanges grâce à l’harmonisationdes procédures, classifications et documents, ainsi qu’àl’instauration de postes frontière à arrêt unique et à lafacilitation du transbordement entre les pays membres.La Namibie a également conclu des accords departenariat économique (APE) avec l’Union européenne(UE), grâce auxquels les produits namibiens bénéficientd’un traitement préférentiel sur les marchés de l’UE.

S’agissant de l’administration des frontières, laNamibie se classe, selon les estimations, 79e sur 118 pays,ce qui correspond tout à fait à son classement global. Lesentreprises trouvent les procédures douanières assezpesantes, plaçant le pays au 59e rang dans lescomparaisons internationales. Cette perception fait échoà la disponibilité des services douaniers, telle quemesurée par l’indice des services douaniers (CustomsServices Index) de la GEA. Sur ce point, la Namibie seclasse 94e dans l’échantillon global. L’absenced’exonération de droits pour les petites valeurs etl’incapacité à dissocier la mainlevée des marchandises ducontrôle de l’acquittement des droits alourditconsidérablement les procédures douanières, de mêmeque les horaires d’ouverture des établissementscompétents, difficilement compatibles avec une activitééconomique. Cet aspect se traduit également dansl’évaluation des procédures d’importation etd’exportation dans leur ensemble, administration desfrontières comprises. Pour ce qui est de l’efficacité et de

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l’efficience globales des douanes et des agences desfrontières, la Namibie se classe 93e, et apparaît dans letroisième quartile de l’échantillon en ce qui concerne ledélai, le coût et le nombre de documents nécessairespour importer des biens. Aligner davantage cesprocédures sur les pratiques internationales permettrait deréduire le coût des importations et contribuerait àrenforcer la compétitivité internationale du pays, d’autantque la Namibie a l’avantage de disposer d’unenvironnement relativement transparent par rapport auxautres pays de la région27.

La qualité de l’infrastructure de transport enNamibie est inégalée en Afrique, et constitue un autreatout de l’environnement commercial de ce pays.Pourtant, des efforts devront être déployés pour releverla qualité des services y afférents, car dans ce domaine, laNamibie se classe 22e sur les 25 pays africains étudiés.L’amélioration des services doit aller de pair avec unenvironnement réglementaire plus favorable aux servicesde transport. L’assouplissement des restrictions pesant surla circulation de la main-d’œuvre et sur l’IDE pourraitcontribuer à améliorer la qualité des services de transportet à en abaisser le prix.

L’Ouganda, qui, à la 79e position, se classequatrième de la région, talonne la Namibie, mais avec unprofil assez différent. Le principal avantage comparatif dece pays réside dans son environnement réglementaire(33e), avec des règles encourageant l’IDE et facilitantl’embauche de travailleurs étrangers. L’Ouganda secaractérise également par une plus grande ouverture auxéchanges (58e rang). Les données relatives aux mesuresnon tarifaires semblent indiquer que ces dernières sontassez peu prégnantes, malgré l’application de droits dedouane élevés, en particulier sur les produits agricoles,afin de protéger les exploitants locaux. Cependant,contrairement à beaucoup d’autres pays de la région dontles politiques commerciales sont très restrictives,l’Ouganda autorise plus de la moitié de ses importationsà entrer sur le territoire en franchise de droits (58e).Cette situation découle, dans une certaine mesure,d’accords commerciaux régionaux signés avec les paysvoisins dans le cadre de la Communauté de l’Afrique del’Est (CAE). La CAE a également conclu des partenariatséconomiques avec l’UE, qui permettront de libéraliserdavantage les échanges avec cet important partenairecommercial.

L’administration douanière du pays est assezefficiente par rapport aux performances internationales(62e) et supporte relativement bien la comparaison avecd’autres pays de la région (6e). C’est le résultat d’unesérie de réformes menées dans le pays. Néanmoins, à2 900 dollars par conteneur, l’importation demarchandises demeure assez onéreuse, et le poids desprocédures douanières reste un sujet de préoccupationpour les entrepreneurs (85e), malgré la mise en place denombreux services dans l’administration douanière

(50e ; voir également le tableau 8 pour de plus amplesdétails).

À l’inverse de la Namibie, les infrastructures detransport et de communication de l’Ouganda sontrelativement sous-développées (93e). Quel que soit lemode de transport considéré, la qualité des infrastructuresest médiocre ; seul l’accès au port est légèrementmeilleur, à la 58e place. En revanche, l’accessibilité etl’utilisation des TIC telles que la téléphonie fixe etmobile, le haut débit et l’Internet sont très limitéesmême pour la région : le pays est le 21e de la région. Etcomme pour la plupart des autres pays de la région, lesproblèmes de sécurité restent un obstacle, même sil’environnement économique présente quelques atouts :il est ouvert à l’IDE (21e) et ses règles sont propices àl’emploi de travailleurs étrangers (16e).

La Zambie se classe au 85e rang selon l’ETI, ce quin’est pas mal pour un pays sans littoral. La politiquecommerciale s’y caractérise par des accords préférentielsconclus avec les pays voisins et d’autres marchésimportants, tels que l’Union européenne. Le pays imposedes droits de douane moyens assez élevés, de 11,6 pourcent sur toutes les marchandises, et des droits légèrementsupérieurs pour les produits agricoles. En tant quemembre de la SADC et du Marché commun del’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA), laZambie doit respecter des accords de franchise de droitsavec ses principaux partenaires commerciaux africains.Au total, des droits de douane sont appliqués à 43 pourcent des produits qui entrent sur le territoire, lesimportations majeures comme les machines, les produitschimiques et quelques produits agricoles bénéficiant dansune large mesure d’une franchise de droits28. Enconséquence, le pays se classe 55e pour les obstaclestarifaires et non tarifaires.

Les déficiences de l’administration des frontièresconstituent le principal obstacle à l’entrée demarchandises en Zambie. Ce pays se classe au 103e rangdu sous-indice de l’ETI qui concerne cet aspect. Bienque différents types de services douaniers soientdisponibles, comme en témoigne la 33e position pourl’indicateur y afférent, l’efficience globale des procédureset du dédouanement doit être améliorée. Les entreprisesclassent le poids des procédures douanières en Zambie au78e rang mondial, et l’efficacité et l’efficience dudédouanement au 100e. Une efficience accruepermettrait en outre d’abaisser les coûts et les délaisd’importation, qui comptent pour l’heure parmi les plusélevés au monde. L’importation d’un conteneur standarden Zambie prend 64 jours et coûte 2 840 dollars, contre3 jours et 367 dollars seulement pour Singapour, lemeilleur élève au monde dans ces deux catégories. Lesinefficiences des formalités aux frontières induisent unmanque cruel de transparence au niveau dudédouanement des marchandises, et de l’octroi delicences d’importation et d’exportation. La Zambie

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occupe l’une des dernières positions de tout l’échantillonpour ce qui est de la transparence de l’administration desdouanes (112e sur 118 pays).

Si le pays entend faciliter le commerce, il doitimpérativement améliorer ses infrastructures de transportet de communication. Dans ce contexte, il est importantde noter que l’accès aux ports est jugé assez satisfaisantpar rapport au reste (le pays se classe 63e, avec un scorede 3,7 sur une échelle de 1 à 7) par les chefs d’entreprisezambiens. La densité aéroportuaire ressort comme étantsatisfaisante (49e), même si la qualité de l’infrastructureaéroportuaire est jugée un peu moins bonne (74e). Lepays étant enclavé, ces deux modes de transport sontpotentiellement importants pour les exportateurszambiens. Dans le même temps, la qualité desinfrastructures routières et ferroviaires zambiennes afficheun retard certain (elles se classent respectivement à la99e et à la 83e position). Aspect tout aussi important,l’amélioration de l’infrastructure des TIC, actuellementau 99e rang, pourrait induire de nombreux avantages.Des progrès dans ce domaine faciliteraient lescommunications avec les clients et la recherched’informations, et permettraient à l’administrationdouanière d’automatiser certains pans du processus dedédouanement, ce qui le rationaliserait et réduirait lespossibilités de corruption.

L’environnement d’affaires général des services detransport est jugé positivement et constitue le principalatout de l’environnement commercial zambien. Classé au30e rang mondial, ce pays est en tête de la région pour cequi est de l’environnement réglementaire applicable auxprestataires de services de transport. Le pays est assezouvert à la main-d’œuvre étrangère et à l’IDE, et il n’estpas rare que des étrangers détiennent des parts dans dessociétés. L’absence de terrorisme contribue à la sécuritéphysique du pays, même si la délinquance et la violencepèsent lourdement sur l’activité économique.

Le Kenya se classe globalement au 86e rang. Àl’instar d’autres membres de la Communauté d’Afriquede l’Est (CAE), tels que l’Ouganda, l’ouverture duKenya aux échanges est assez grande au regard despratiques régionales (55e). Le niveau des droits dedouane est inférieur à la moyenne régionale29 et unegrande proportion des importations entre sur le territoireen franchise de droits (43e). En outre, le pays affiche unerelative ouverture aux règles commerciales multilatérales(56e).

Les effets positifs pour le pays susceptibles dedécouler de son ouverture aux échanges sont entravéspar l’efficience et la transparence limitées del’administration des frontières. Les procédures douanièressont jugées pesantes par les milieux d’affaires, et lesservices douaniers pourraient être étoffés afin que ledédouanement soit plus simple (77e).

Les infrastructures de transport et decommunication du pays sont relativement sous-

développées (90e), tous les types d’infrastructure detransport sauf les aéroports ayant besoin d’être mis àniveau. L’accès plutôt limité à l’infrastructure decommunication constitue un frein supplémentaire auxéchanges, du fait qu’il empêche toute communicationefficiente ainsi que l’utilisation des moyens électroniquespour le traitement des documents de dédouanement.

Pourtant, ce qui suscite le plus d’inquiétudes dans lepays, c’est la sécurité : le Kenya se classe au 108e rang surce plan. Les problèmes liés au terrorisme, à ladélinquance et à la violence accroissent le coût et ladifficulté d’amener les marchandises à destination,d’autant qu’il est impossible de s’en remettre totalementaux services de police pour assurer la protection.

Deux places plus loin, on trouve Madagascar, en88e position. La force de Madagascar réside dans sarelative ouverture aux échanges, ce qui garantit lafaiblesse des prix des produits importés. Concernant lesobstacles tarifaires et non tarifaires, le pays est bien placé :26e rang sur l’ensemble de l’échantillon, et 3e rang dansla région, après Maurice et le Lesotho. Madagascar arécemment rejoint la SADC et le COMESA, si bien queles droits de douane ont encore diminué. Actuellement,à 8,4 pour cent, le niveau des droits de douane y estinférieur à la moyenne régionale, et concerne 47 pourcent des importations. Les obstacles non tarifaires sontpour ainsi dire inexistants : seulement 4 pour cent deséchanges sont touchés par des mesures très limitées.

Pourtant, malgré une politique commercialerelativement ouverte, les inefficiences dans lefonctionnement de l’administration des frontièresrelèvent le coût des importations et abaissent le volumede droits de douane collectés. Les milieux d’affairesjugent le dédouanement pesant, et les douanes procurentpeu de services aux sociétés opérant à l’international.Ainsi, il n’existe pas de procédure de dédouanemententièrement automatisée, et les envois de faible valeur nesont pas exemptés de certaines formalités douanières. Enconséquence, même si le dédouanement est moinsonéreux que dans la plupart des pays de la région, ilprend plus de temps. Néanmoins, les douanes doiventcontinuer d’être réformées et des systèmes d’échangeélectronique de données d’être introduits30.

En moyenne, l’infrastructure de transport malgacheest en meilleur état que celle de bien d’autres pays,surtout en raison du caractère crucial du tourisme pourl’économie nationale. En particulier, la densitéaéroportuaire est remarquable (20e rang), avec1,7 aéroport par million d’habitants, à égalité avec leséconomies bien plus avancées du Danemark et de laCroatie. La qualité de l’infrastructure de transport estjugée un peu moins favorablement, quoiqu’encore au-dessus de la moyenne régionale. Cependant, la croissancedu tourisme et des exportations de ressources naturellesappelle des investissements supplémentaires dans le réseauroutier, ainsi que dans la capacité et la qualité de

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l’infrastructure portuaire, qui ne figure actuellementqu’au 108e rang. De même, l’infrastructure decommunication, et surtout les réseaux de téléphonie fixeet mobile (respectivement 110e et 112e en termes depénétration), doit être développée. Enfin,l’environnement d’affaires du pays, classé globalement89e, pourrait tirer parti d’une plus grande ouverture àl’IDE (92e) et de mesures visant à réduire la délinquanceet la violence (100e)

Le Mali figure au 90e rang dans le classement selonl’ETI, avec des atouts notables grâce à son régimecommercial relativement ouvert par comparaison avec lesautres pays de la région, régime classé 6e parmi les paysde la région examinés. Les obstacles tarifaires au Malicorrespondent à la moyenne régionale, mais, d’après lesdonnées, très peu d’obstacles non tarifaires sont en place.

Parmi les quatre sous-indices, le point le plus faibledu Mali est l’inefficience de l’administration desfrontières. Le pays se classe au 111e rang pour cetindicateur ; des autres pays africains, seuls le Zimbabweet le Tchad ont des résultats plus mauvais. Bien que lesmilieux d’affaires jugent les procédures douanières moinspesantes que dans d’autres pays de la région, il convientd’améliorer les services douaniers si l’on veut faciliter leséchanges. Le Mali figure en 101e position selon l’indice yafférent, surtout à cause de l’absence de systèmeautomatisé pour les procédures douanières et du manquede séparation entre la mainlevée des marchandises et lecontrôle de l’acquittement des droits. Il n’est donc passurprenant que l’importation de biens au Mali soitchronophage et coûteuse : le pays apparaît au 107e rangpour la question du temps et 104e pour celle du coût.

Une autre faiblesse du pays est son infrastructure detransport et de communication : il se classe 22e des paysde la région. En particulier, l’accessibilité et la qualité desaéroports et des routes sont jugées moins bonnes que lamoyenne régionale. Toutefois, dans le même temps,l’accès aux ports, qui revêt un caractère crucial pour unpays enclavé exportateur de ressources naturelles,bénéficie d’une évaluation plus favorable (62e del’ensemble de l’échantillon).

L’une des principales forces du Mali tient à sonenvironnement d’affaires. Les autorités ont réalisé desprogrès significatifs sur le plan de la gouvernancegénérale et de l’environnement opérationnel desentreprises, comme en témoignent les résultats selonl’ETI. Par comparaison aux autres pays de la région, leMali occupe une place honorable, au 6e rang. Il est aiséd’embaucher des travailleurs étrangers, et l’actionnariatétranger est le bienvenu et dominant. Parallèlement, lepays est relativement peu touché par la délinquance, laviolence ou le terrorisme, et les services de police sontassez fiables.

Deux rangs plus bas que le Mali se trouve leCameroun, en 92e position du classement selon l’ETI.Les performances du Cameroun sont assez homogènes

dans les 10 piliers de l’indice. Le pays se classe 87e pourl’ouverture aux échanges, du fait qu’il impose desobstacles tarifaires relativement élevés (14,1 pour centpondéré des importations). Toutefois, on n’a relevé quetrès peu d’obstacles non tarifaires : seulement 8,8 pourcent des importations camerounaises sont concernées pardes mesures non tarifaires31, ce qui place le pays au8e rang sur l’ensemble de l’échantillon, mais seulementau 5e rang des pays africains examinés32. Un point,cependant, peut susciter quelques inquiétudes : leCameroun applique des droits de douane à presquetoutes les importations qui pénètrent sur son territoire(94 pour cent), ce qui réduit nettement la compétitivitédes exportateurs nationaux en rendant plus onéreux lesfacteurs de production et signale le peu d’empressementdes autorités à libéraliser les échanges.

En comparaison avec les autres pays de la région,l’administration des frontières ne semble pas figurer sur laliste des problèmes prioritaires. Sur cet aspect, leCameroun arrive au 7e rang des pays africains couvertspar cette étude. Cependant, l’indicateur souligne que latransparence en matière d’importations et d’exportationsconstitue un problème de taille. Globalement,l’environnement d’affaires camerounais manque detransparence, comme en témoigne son faible classementselon l’indice de perception de la corruption, et les pots-de-vin liés aux permis d’importation et d’exportation ysont courants33. Nonobstant ce manque de transparence,l’administration des douanes et des frontières sembleassez efficiente : dans la région, seule la Tunisie obtientun meilleur score pour ce qui est de l’efficacité et del’efficience du dédouanement. En outre, le coût et lesdélais d’importation sont inférieurs à la moyennerégionale.

Au regard de l’ETI, le point faible du Camerounréside dans l’état de son infrastructure de transport et decommunication. Classé au 21e rang en Afrique et au112e rang mondial, cet aspect constitue une lourdeentrave aux échanges transfrontières. Le Camerounaffiche des performances médiocres sur tous les piliers liésà l’infrastructure pris en compte par l’ETI. En particulier,la qualité de l’infrastructure est parmi les plus mauvaisesd’Afrique pour tous les modes de transport.

Le Lesotho figure au 95e rang et affiche des atoutsparticuliers pour le pilier relatif à l’ouverture auxéchanges, aspect pour lequel il est le deuxième de tousles pays d’Afrique examinés. La faiblesse des tarifsdouaniers comme des obstacles non tarifaires contribue àcet excellent résultat, ce qui n’a rien de surprenant étantdonné les liens commerciaux intenses qu’entretient leLesotho avec l’Afrique du Sud, en raison de sa taille et desa situation géographique. Maurice est le seul pays de larégion à appliquer à ses importations des droits inférieursaux 4,2 pour cent imposés par le Lesotho34. Dans lemême temps, comme beaucoup de pays les moinsavancés, le Lesotho présente des obstacles non tarifaires

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très faibles : sur ce point, il arrive en 4e position sur118 pays. Les bons résultats concernant cet indicateursont quelque peu contrebalancés par le fait que les droitsde douane portent sur une vaste majorité des produitsqui pénètrent sur le territoire (79 pour cent)35.

Même si le Lesotho est un pays relativement ouvert,un certain nombre d’améliorations pourraient êtreapportées à son environnement commercial, quibénéficieraient à l’économie dans son entier. En relevantl’efficience de l’administration douanière, il comprimeraitle prix des produits importés, dont le pays est fortementtributaire compte tenu de sa petite taille. Cette efficienceest la deuxième plus faible (après le Tchad) parmi les paysde la région évalués dans cette étude. Les entreprisesestiment que les procédures douanières sont parmi lesplus lourdes au monde : elles sont classées au 106e rang.Si le Lesotho est mal jugé sur ce point, c’est peut-êtreque les services douaniers disponibles sont peu nombreux(classé 99e ; voir tableau 8 pour de plus amples détails).Bien que le pays se trouve dans la fourchetteintermédiaire en ce qui concerne la corruption(65e rang), les versements occultes liés aux licencesd’importation et d’exportation sont assez répandus(105e rang).

Sur le plan de l’infrastructure de transport et decommunication, le Lesotho est l’un des moins bonsélèves parmi les pays d’Afrique examinés, et se classe115e de l’échantillon mondial36. Toutes lesinfrastructures de transport (aériennes, ferroviaires,routières et portuaires) sont peu développées. De plus,nombre des services nécessaires au fonctionnementefficient des transports ne sont pas disponibles ou sont demauvaise qualité. Ainsi, il est difficile de suivre lesexpéditions internationales en amont et en aval, quin’arrivent pas souvent dans les délais prévus. Cesdifficultés sont également liées à la faible pénétration et àl’usage limité des TIC. Sur ce point, le Lesotho faitpartie des pays qui affichent les moins bonnesperformances de la région, au 110e rang mondial.

Bien que le pays soit assez ouvert à l’actionnariatétranger, la mobilité de la main-d’œuvre est limitée, cequi exerce un impact négatif sur l’environnementd’affaires des services de transport. En outre, les menacesde violence et de délinquance imposent des coûtssupplémentaires aux entreprises de transport.

À la 97e position, la Mauritanie se classe 14e sur les25 pays africains étudiés. Les performances du pays sontassez homogènes dans tous les sous-indicateurs de l’ETI,à l’exception de l’environnement d’affaires, pour lequelle pays enregistre de meilleurs résultats et atteint la66e position.

Ces dernières années, la Mauritanie a vu seséchanges s’intensifier, suite à la découverte de réservespétrolières, qui a également conduit à un essor desimportations de machines et de biens de consommation.Sur le pilier « ouverture aux échanges », le pays se

caractérise par des obstacles tarifaires plutôt élevés etappliqués à quasiment toutes les marchandises quipénètrent sur son territoire37. En outre, la Mauritanie n’apas signé beaucoup de traités internationaux liés auxéchanges et se classe donc 95e dans l’indicateur relatif àl’ouverture aux règles commerciales multilatérales38.

D’après les résultats de l’ETI, l’amélioration del’efficience globale aux frontières permettrait d’atténuerun obstacle important aux échanges en Mauritanie. Lepays n’est que 111e pour le pilier mesurant l’efficience del’administration douanière, avec seulement trois paysarrivant derrière lui39. Les douanes ne proposent pas unegamme suffisante de services aux importateurs et auxexportateurs (106e rang), même si les milieux d’affairesjugent les procédures douanières moins lourdes que dansla plupart des autres pays de la région. Il n’en faut pasmoins 42 jours et 11 documents pour dédouaner desmarchandises, soit davantage que dans beaucoup d’autrespays de la région (voir tableau 7)40.

Dans ce pays, l’infrastructure de transport a toutautant besoin d’être améliorée, comme en témoigne son110e rang pour la qualité et la disponibilité desinstallations. Certes, les installations ferroviaires sontrelativement mieux développées que dans beaucoup depays de la région (78e) et la densité aéroportuaire est plusforte (62e), mais la qualité des routes et de l’infrastructureportuaire est parmi les moins bonnes au monde(respectivement 106e et 103e). L’investissement dans cedomaine, ainsi que celui visant un usage et unedisponibilité accrus des TIC, faciliterait encore leséchanges transfrontières.

L’un des atouts de la Mauritanie réside dans sonenvironnement réglementaire relativement ouvert, enparticulier pour l’emploi de main-d’œuvre étrangère,mais aussi pour attirer l’IDE. En revanche, les entreprisesdu pays pâtissent relativement peu de la délinquance etde la violence.

Le Bénin arrive 98e dans le classement selon l’ETI,avec des résultats relativement homogènes sur les dixpiliers qui composent l’indice. Sur la dernière décennie,l’économie béninoise est devenue de moins en moinsintégrée à l’économie mondiale, comme le montre laproportion décroissante des échanges internationaux dansson PIB : en 2005, le ratio échanges/PIB du Béninressortait juste au-dessus de 40 pour cent, une valeur trèsfaible pour un petit pays. L’amélioration de sonouverture aux échanges, de l’administration desfrontières et de l’infrastructure de transport contribueraità mieux intégrer le Bénin aux flux commerciauxinternationaux, à renforcer la compétitivité de sesexportations et à abaisser le coût des importations. Bienque les obstacles tarifaires du pays soient modérés parrapport au reste de la région (74e), ils s’appliquent à lagrande majorité des produits (87 pour cent, 104e rang).

L’efficience des procédures douanières s’inscritglobalement dans la moyenne régionale : le pays est

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classé 87e pour le poids des procédures douanières, et80e concernant l’indicateur des services douaniers. LeBénin est l’un des pays de la région qui affichent lesmeilleures performances sur le plan du nombre dedocuments nécessaires pour procéder à des importations ;il n’en demeure pas moins que cette opération prend dutemps et coûte cher. Ce peut être dû au niveau detransparence, généralement faible au regard des pratiquesinternationales.

Sur les quatre sous-indices évalués, c’estl’infrastructure de transport et de communication quiaffiche les plus mauvaises performances, au 109e rang.Bien que le Bénin soit correctement connecté aux routesmaritimes internationales (54e position pour l’indicateurde connectivité du transbordement), l’infrastructure detransport, de piètre qualité, n’est guère accessible : ladensité aéroportuaire est faible, et l’infrastructure detransport aérien et portuaire ainsi que les routes sontsous-développées. Pourtant, la qualité et la disponibilitédes services de transport sont supérieures à la moyennerégionale, et le Bénin se classe au 5e rang de la régionpour le pilier y afférent. Un usage et une disponibilitéaccrus des TIC permettraient de faciliter les échangestransfrontières.

Enfin, soulignons que le Bénin est un pays assez sûr,dans lequel les entreprises ne pâtissent guère duterrorisme et où les services de police sont relativementfiables. En outre, l’environnement d’affaires est ouvert àl’embauche de travailleurs étrangers, mais généralementrestrictif vis-à-vis de l’IDE.

Le Burkina Faso arrive en 99e position dans leclassement selon l’ETI, présentant des performancesvariables d’un sous-indice à l’autre. Bien que le paysaffiche des résultats honorables par comparaison avec lesautres pays de la région sur le plan de l’ouverture auxéchanges et de l’environnement d’affaires, des progrèssont nécessaires en ce qui concerne l’administration desfrontières et l’infrastructure de transport et decommunication.

Les obstacles aux échanges du pays sont parmi lesplus bas de la région, au 5e rang des pays africains, et32e globalement. Ce résultat reflète la faiblesse desobstacles non tarifaires qu’impose le pays, tandis que sesdroits de douane sont légèrement inférieurs à la moyennerégionale (tableau 6). Cependant, ces droits sontappliqués à la grande majorité (78 pour cent) desimportations, même si cette proportion est juste endessous de la moyenne régionale.

Pour améliorer les performances commerciales, ilfaudra accroître l’efficience de l’administration desfrontières, y compris les douanes et les agences annexes.Même si les dirigeants d’entreprises ne jugent pas lesprocédures douanières excessivement pesantes, lesdonnées y afférentes n’en indiquent pas moins que leprocessus global de dédouanement des importations estchronophage et extrêmement onéreux : il faut 54 jours

pour dédouaner un conteneur au Burkina Faso, et cetteopération coûte 3 522 dollars, l’un des coûts les plusélevés de tout l’échantillon (111e rang). De surcroît, lesservices douaniers sont rares, comme en témoigne lamédiocre position du pays dans l’indice des servicesdouaniers du GEA. Les procédures ne sont pasautomatisées, et de nombreux services qui pourraientfaciliter le dédouanement, comme les plateformesélectroniques, n’existent pas. Soulignons néanmoins unaspect positif : le Burkina Faso est moins affecté par lemanque de transparence que nombre de ses voisins(79e rang pour le pilier transparence de l’administrationdes frontières).

Il ressort de l’analyse de l’ETI que la qualité de soninfrastructure de transport est l’une des grandes faiblessesdu pays. En particulier, l’infrastructure de transportaérien est jugée médiocre, tant pour ce qui est de ladensité aéroportuaire que de la qualité de l’infrastructuredisponible. Pourtant, étant donné l’enclavement du pays,il convient de signaler que l’accès aux ports des paysvoisins est jugé assez bon (60e position globale).

L’environnement d’affaires relativement propice auxéchanges de ce pays (74e rang) se caractérise parl’ouverture à l’IDE et à la main-d’œuvre étrangère, ainsique par des forces de police relativement fiables (49e) etun niveau de délinquance et de violence raisonnable parrapport à la région (83e globalement).

Le Sénégal figure au 100e rang du classement selonl’ETI, juste devant le Mozambique et la Tanzanie. Ceclassement relativement bas masque certains aspectspositifs de l’environnement commercial sénégalais. C’estsurtout la politique commerciale fortement restrictive quia des répercussions négatives sur ses performancesglobales selon l’ETI. Le Sénégal se classe 109e del’ensemble des pays en termes d’ouverture aux échangeset 20e dans la région. Tous les biens importés sontsoumis à des mesures non tarifaires, et le nombre demesures pour chaque type de marchandise est égalementtrès élevé. Dans le même temps, le pays impose desobstacles tarifaires assez importants au regard despratiques internationales, quoiqu’inférieurs à la moyennerégionale. De plus, les obstacles tarifaires sont appliqués àquasiment tous les produits importés, et seulement9 pour cent des importations entrent dans le pays enfranchise de droits.

L’administration des frontières sénégalaise doitgagner en efficience. En particulier, les procéduresdouanières sont jugées assez pesantes par les entreprises(98e rang), même si l’efficacité et l’efficience globales dudédouanement de toutes les agences aux frontièresbénéficient d’une estimation un peu meilleure, au68e rang global. Le délai nécessaire à l’importation deproduits est nettement moins long que la moyennerégionale, et bien que davantage de formalités soientrequises, le coût est inférieur à la moyenne régionale despays examinés (tableau 7). Cependant, les données de

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l’enquête se rapportant au Sénégal mettent en exergue leniveau élevé de versements occultes pour lesimportations et les exportations, aspect sur lequel leSénégal se classe 107e dans la comparaison internationale.Cet aspect est quelque peu surprenant, étant donné larelativement bonne position du Sénégal (57e41), dans leclassement selon l’indice de perception de la corruptionqui mesure le degré de transparence globale du pays.

L’infrastructure de transport et de communicationdu Sénégal dépasse la moyenne régionale. Sur les 25 paysanalysés dans la présente étude, le Sénégal occupe la7e place dans le sous-indice y afférent. En particulier,l’infrastructure de transport aérien est meilleure que lamoyenne de la région, et se classe au 52e rang mondial.Les aéroports sont assez accessibles, comme le montre ladensité aéroportuaire (79e rang). Alors que la qualité del’infrastructure ferroviaire doit être améliorée (96e), lepays peut se targuer d’une infrastructure portuairerelativement bien développée (68e). Si les résultats entermes d’infrastructure de transport sont plutôt bons, laqualité et la disponibilité des services connexes ne sontpas à la hauteur. Il est assez difficile d’organiser desexpéditions internationales, il n’est pas toujours possiblede suivre les expéditions en amont et en aval, et les délaisd’arrivée des expéditions sont approximatifs.

La grande force du Sénégal réside dans sonenvironnement d’affaires assez sûr et ouvert, offrant unebonne base aux services de logistique et de transport, quidoit être approfondie. Il n’est pas particulièrementdifficile d’embaucher des travailleurs étrangers (37e),l’actionnariat étranger est fréquent (41e) et les règlesrelatives à l’IDE n’ont pas d’effet notoirement dissuasifsur l’investissement (66e). Les services de police sont,dans une large mesure, fiables (43e), et la menaceterroriste n’inflige pas de coût significatif aux entreprises(40e).

Le Mozambique se classe juste après le Sénégal, àla 101e place. Ses obstacles tarifaires sont relativementfaibles, notamment par comparaison avec d’autres paysde la région. Le Mozambique arrive 4e pour le pilier desobstacles tarifaires et non tarifaires. Cependant,parallèlement, la situation globale politique et culturellegénérale du pays ne semble guère propice aux échangesinternationaux. Seule une petite proportion (18 pourcent) des produits importés le sont en franchise de droits,malgré la zone de libre échange au sein de la SADC, etle pays n’a signé que très peu d’accords multilatéraux,comme l’indique son médiocre 111e rang dansl’indicateur qui s’y rapporte.

L’administration douanière du Mozambique a étéprofondément réformée depuis la fin de la guerre civileen 199442. Un pan essentiel de ces réformes portait surl’introduction de systèmes et de procédures visant àdissuader la corruption et sur l’informatisation desprincipaux postes douaniers. Globalement, les réformesont abouti à une meilleure efficience du recouvrement

des droits de douanes, si bien qu’en l’espace de 14 mois,l’État a récupéré grâce aux recettes supplémentaires cequ’il avait investi lors les premières phases de la réforme.Par conséquent, le temps et les frais nécessaires pourimporter des marchandises au Mozambique sontnettement inférieurs à la moyenne régionale. Comme lemontre le tableau 7, il faut 38 jours pour importer desproduits standard, contre 42 en moyenne, pour un coûtde 1 185 dollars, soit presque 40 pour cent de moins quela moyenne régionale (1 902,5 dollars).

L’aspect négatif de l’environnement commercialmozambicain tient à l’infrastructure de transport et decommunication faiblement développée du pays. Bienque la densité aéroportuaire soit relativement élevée, laqualité des routes, des ports et des aéroports estinsuffisante. Seuls 18,7 pour cent des routes sont revêtues(92e rang), et les milieux d’affaires donnent à la qualitédes routes la note 2,0 sur une échelle de 1 à 7(112e rang). En outre, la qualité de l’infrastructureportuaire est notée 2,7 sur une échelle de 1 à 7, ce quicorrespond au 99e rang.

Le Mozambique affiche des scores particulièrementmauvais sur tous les indicateurs relatifs à l’usage et à ladisponibilité des TIC. Généralement, ces technologiesfacilitent les échanges transfrontières, car elles offrent unaccès plus aisé à l’information, simplifient les contactsavec les clients et sont indispensables à l’automatisationdes procédures de dédouanement, au suivi en amont eten aval des expéditions, etc. Le pays est en retard sur tousles indicateurs se rapportant à la technologie, comme leslignes téléphoniques (116e), la pénétration de latéléphonie mobile (104e), l’accès au haut débit (110e) etl’utilisation d’Internet (109e).

Contrairement à d’autres pays de la région,l’environnement d’affaires est fermé à l’investissementétranger ainsi qu’à la main-d’œuvre étrangère et n’est pasperçu comme sûr. En particulier, les services de policesont jugés moins fiables que dans bien d’autres pays de larégion (100e), et la délinquance et la violence imposentaux entreprises des coûts supérieurs à la moyennerégionale (104e).

La Tanzanie figure au 102e rang du classementselon l’ETI, avec des résultats relativement homogènesentre les 10 piliers constitutifs de l’indice. L’ouvertureaux échanges est assez limitée, notamment à cause desobstacles non tarifaires. Tous les échanges sont soumis àdes mesures non tarifaires et, par comparaison avec lespratiques internationales, les mesures appliquées à chaqueligne tarifaire sont nombreuses. Il est, cependant, unaspect plus positif : les droits de douanes, qui concernentsurtout les produits agricoles, sont inférieurs à lamoyenne régionale (7,7 pour cent ad valorem, contre10,5 pour cent en moyenne) et 52 pour cent desmarchandises importées entrent sur le territoire enfranchise de droits, soit une proportion relativementélevée par rapport aux autres pays de la région.

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L’administration des frontières de la Tanzanie seclasse 10e sur les 25 pays de la région évalués. Même sil’importation prend beaucoup moins de temps et coûtebeaucoup moins cher en Tanzanie qu’en moyenne enAfrique, et que moins de documents sont requis(tableau 7), les formalités douanières ainsi que leprocessus de dédouanement dans son ensemble sontjugés très pesants (respectivement aux 93e et 102e rangs).Les douanes n’offrent pas tout l’éventail des services quipermettent de faciliter les échanges transfrontières ; parexemple la mainlevée des marchandises n’est pasdissociée du contrôle de l’acquittement des droits et lesexpéditions de très petit montant ne sont pas exemptéesde certaines formalités douanières.

Comme dans bien d’autres pays de la région,l’insuffisance des infrastructures de transport et decommunication constitue le principal obstacle auxéchanges transfrontières. Dans le sous-indice qui s’yrapporte, la Tanzanie se classe 111e globalement et n’estque 20e sur les 25 pays évalués. Quel que soit le mode detransport considéré, la qualité de l’infrastructure estmédiocre et les services de transport locaux n’ontqu’insuffisamment développé leur offre. Ainsi, il n’existequasiment pas de possibilité de suivre les expéditions enamont et en aval (104e), il est difficile de planifier lesdélais d’expédition (113e) et l’organisation d’expéditionsinternationales est complexe (111e). Tous ces facteurspèsent sur les performances commerciales du pays. Dansce contexte, remédier à la médiocre pénétration desTIC43, à la connaissance insuffisante d’Internet (107e) età la faible capacité des entreprises à assimiler de nouvellestechnologies (82e) contribuerait à améliorer la qualité desservices de transport disponibles.

L’environnement d’affaires tanzanien est le principalatout du pays, résultat des récents efforts déployés pouraméliorer la situation44. La Tanzanie est assez ouverte àla main-d’œuvre étrangère (73e) et ses règles etrèglements sont propices à la détention de parts de capitaldes entreprises par des étrangères (44e). Aussi la Tanzaniese classe-t-elle à la 66e place pour l’environnementréglementaire global pour les importateurs et lesexportateurs.

L’Éthiopie, le deuxième pays le plus peupléd’Afrique, arrive au 106e rang du classement selon l’ETI,juste devant la Syrie (107e) et l’Algérie (108e). Lapolitique commerciale restrictive du pays se traduit pardes droits de douane supérieurs à la moyenne régionale,représentant 12,4 pour cent ad valorem, et par la petiteproportion de produits importés en franchise de droits(20 pour cent, plaçant le pays au 94e rang)45. En effet, ausein de l’Afrique, il se classe avant-dernier en ce quiconcerne le sous-indice sur l’ouverture aux échanges,seule l’Algérie ayant une politique commerciale encoreplus restrictive.

Outre les droits de douane, les inefficiences del’administration aux frontières du pays viennent encore

alourdir le prix des produits importés (96e dans ce sous-indice). Bien que l’administration douanière semblefonctionner de manière assez satisfaisante, dans lamoyenne des 25 pays évalués (tableau 7), l’importationde biens en Éthiopie prend du temps et coûteexcessivement cher. Le dédouanement d’un conteneurest 44 pour cent plus cher que la moyenne africaine, etfigure parmi les plus élevés de tout l’échantillon utilisépour l’ETI (106e). Le montant de 2 793 dollars des États-Unis par conteneur est d’autant plus frappant lorsqu’il estcomparé au revenu dans le pays : il représente plus de13 fois le PIB par habitant de l’Éthiopie.

Globalement, les infrastructures de transport et decommunication sont dans la moyenne régionale.Cependant, la qualité diffère d’un mode de transport àl’autre : les infrastructures portuaires et aéroportuairessont jugées assez bonnes (respectivement 51e et 53e),d’un niveau analogue à celles de pays plus avancéscomme le Koweït et l’Égypte. En revanche, les routes etles voies ferrées sont peu développées, classéesrespectivement aux 92e et 102e rangs. Enfin et surtout,l’Éthiopie affiche un retard certain en termes deprévalence et d’utilisation des TIC. Sur les 25 paysétudiés, elle se classe dernière pour ce pilier, avec leniveau d’utilisation d’Internet et le taux de pénétrationde la téléphonie mobile les plus faibles de toutl’échantillon, ainsi qu’un très faible taux de pénétrationde la téléphonie fixe (104e).

L’environnement d’affaires du pays constitue l’unedes forces relatives de l’Éthiopie, surtout grâce au faiblecoût perçu des délits et de la violence, et à la relativefiabilité des services de police. Une ouverture accrue à lamain-d’œuvre étrangère et l’actionnariat étrangerpourrait encore faciliter la pratique des affaires pour lesentreprises opérant à l’international ainsi que pour lesprestataires de services de transport.

Quelques rangs plus bas, le Nigeria, le pays le pluspeuplé d’Afrique, se classe globalement 111e, avec desperformances homogènes dans la plupart des piliers, àl’exception de l’environnement réglementaire.L’ouverture aux échanges est parmi les plus limitées des25 pays de l’échantillon régional, le Nigeria occupant le19e rang de la région. Ce résultat découle des obstaclestarifaires relativement élevés du pays (13 pour centad valorem) sont appliqués à une grande majorité deproduits, en particulier aux importations agricoles46.Notons toutefois un aspect plus positif : le Nigeriaparticipe à de multiples accords multilatéraux, à uncertain nombre d’initiatives commerciales régionales etentretient des liens commerciaux assez intenses avec sesvoisins.

Le pays pourrait tirer parti d’une refontesubstantielle de son administration des frontières,actuellement classée à la 18e position sur les 25 pays de larégion. Les procédures douanières sont jugéesexcessivement pesantes par les milieux d’affaires

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(103e rang), et seuls quelques services douaniers sontdisponibles (94e). Cependant, même si elle prend dutemps, l’importation de marchandises au Nigeria n’estpas particulièrement onéreuse : officiellement, il fautenviron 46 jours pour importer des marchandises, et lecoût de l’ensemble de la procédure est nettementinférieur à la moyenne africaine (1 047 dollars contre1 902,5 pour la région ; voir tableau 7), mais lesopérations dans le pays pâtissent du manque detransparence perçu aussi bien dans le domaine deséchanges internationaux que de manière générale.

La qualité et la disponibilité des infrastructures detransport nigérianes affichent un certain retard parrapport à la plupart des pays de la région, situationregrettable compte tenu de la richesse du pays enressources naturelles, qui pourrait donner lieu à desinvestissements dans l’infrastructure. Certes, le Nigeriaest bien connecté aux routes maritimes internationales(30e), mais la qualité des routes, voies ferrées et aéroportsest sous-optimale : le pays occupe le bas du classementpour le pilier concernant la disponibilité et la qualité del’infrastructure (105e place globale et 15e dans la région).Les services de transport sont tout autant sous-développés, mais l’environnement réglementaire globalest assez ouvert à l’investissement et à l’embauche detravailleurs étrangers. Dans le même temps, le manque desécurité a un coût relativement élevé pour lesentreprises : le Nigeria se classe en 24eposition sur les25 pays africains pour sa sécurité physique, en raison dela non-fiabilité des services de police et de ladélinquance, de la violence et du terrorisme qui coûtentcher aux entreprises.

Au vu du récent ralentissement économique, leclassement du Zimbabwe en 112e position sur 118 paysparaît presque encourageant. La politique commercialedu pays est caractérisée par des tarifs douaniers assezélevés, visant à limiter la concurrence de quasiment tousles pays. Dans le même temps, les données indiquent queseule une faible part des échanges est concernée par desmesures non tarifaires.

L’administration des frontières du Zimbabwe esttrès inefficiente par rapport au reste de la région. Sur tousles pays inclus dans l’étude, seul le Tchad affiche desrésultats moins bons que le Zimbabwe pour le sous-indice portant sur l’administration des frontières. Ledédouanement par les douanes et d’autres agencesfrontalières est excessivement pesant, coûteux etchronophage : il faut 67 jours, pour un coût de2 420 dollars des États-Unis, pour importer des produitsau Zimbabwe ; les pots-de-vin sont la norme plutôt quel’exception, comme en témoigne le faible 107e rang dansle classement selon l’indice de perception de lacorruption.

La qualité de l’infrastructure de transport auZimbabwe correspond à peu près à la moyennerégionale. Même si la densité aéroportuaire est faible et

que l’infrastructure connexe a été saccagée, les voiesferrées, routes et accès aux ports bénéficient d’uneopinion quelque peu meilleure, respectivement aux 56e,64e et 53e rangs. Quant à l’infrastructure decommunication, elle est nettement moins avancée. Enparticulier, la téléphonie mobile, qui, dans beaucoup depays, se substitue à la téléphonie fixe, reste sous-développée.

Sur l’ensemble de l’échantillon de pays retenus pourl’ETI, c’est l’environnement réglementaire duZimbabwe qui est jugé le moins bon, ce qui n’a rien desurprenant étant donné la situation économique etpolitique actuelle du pays. L’IDE, pour ainsi direinexistant, est empêché par des règles. En outre, lasécurité physique est très mauvaise étant donné que ladélinquance et la violence sont généralisées et que l’onne peut s’en remettre aux services de police pour assurerle maintien de l’ordre public.

Le Burundi, pays le plus pauvre de toutl’échantillon d’après le PIB par habitant, arrive tout enbas du classement selon l’ETI, au 117e rang. Lesperformances du pays sont homogènes pour l’ensembledes piliers de l’indice, quoique ses résultats soientlégèrement meilleurs sur le point de la transparence et dela sécurité physique.

Le marché burundais est l’un des plus protégé del’ensemble de l’échantillon (115e sur 118 pays pourl’ouverture aux échanges). Si ses droits de douane nesont que légèrement supérieurs à la moyenne africaine(11,6 pour cent), ils s’appliquent à presque toutes lesimportations (84 pour cent). Quoique membre del’OMC, le pays se montre, jusqu’à présent, réticent àsigner des accords commerciaux multilatéraux (113e surle plan de l’ouverture aux règles commercialesmultilatérales). Et bien qu’il semble afficher un niveau detransparence relativement élevé par rapport à d’autrespays de la région (le Burundi se classe 8e de la région surce point), son administration aux frontières manqued’efficience. Les procédures douanières sont lourdes, et ledédouanement de marchandises est très chronophage etextrêmement onéreux. Les paiements permettant ledédouanement s’élèvent à près du double de la moyennerégionale.

L’infrastructure de transport et de communicationdu Burundi est l’une des moins développées de toutl’échantillon retenu pour l’ETI, et le deuxième plusfaible parmi les pays africains retenus. Les routes et lesaéroports sont en très mauvais état (respectivement110e et 112e), mais l’accès aux ports est jugé un peu plusfavorablement (88e). En outre, le pays ne tire pas partides technologies les plus récentes, ce qui permettraitpourtant de faciliter le commerce, mais aussi ledéveloppement dans son ensemble. Le Burundi figure en116e place pour la disponibilité et l’utilisation des TIC.

Classé au 118e rang, le Tchad est le dernier de tousles pays de l’échantillon de l’ETI. Le pays affiche de

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piètres performances dans quasiment toutes les grandescatégories évaluées par l’Indice, où il figure à chaque foisen bas de classement. Sa politique commerciale est parmiles plus restrictives au monde : il se classe 101e, avec desobstacles tarifaires s’élevant à 14,7 pour cent, au-dessusde la moyenne africaine, mais néanmoins en dessous decertains pays d’Afrique du Nord. Les droits de douanes’appliquent à 88 pour cent des importations, ce quiplace le pays à la 106e position.

L’efficience de l’administration des frontièrestchadienne est minée par l’arbitraire des comportements,la fraude et la corruption. En effet, les procéduresdouanières sont plus pesantes au Tchad que dans toutautre pays étudié (118e) : le dédouanement d’unconteneur prend plus de 100 jours, pour un coûtsupérieur à 5 520 dollars (tableau 7), et le pays se classeen avant-dernière position dans l’indice de perception dela corruption. Il faudra impérativement améliorer lagouvernance si le pays veut progresser dans sondéveloppement économique et dans la lutte contre lapauvreté, notamment pour que les profits tirés del’exploration pétrolière, qui a démarré récemment, soientdistribués équitablement et investis pour le bien de lapopulation.

Le programme actuel d’investissements dansl’infrastructure a déjà largement contribué à améliorer laqualité de l’infrastructure de transport, en particulier desroutes. Il n’en demeure pas moins que, selon l’ETI, lesroutes tchadiennes sont les plus mauvaises de tous lespays africains étudiés. Dans un pays enclavé comme leTchad, le transport aérien et l’accès aux ports des paysvoisins revêtent une importance critique pour faciliter leséchanges. Or, ces deux points sont jugés très médiocres,même si l’accès aux ports obtient un score légèrementmeilleur (95e) que la qualité de l’infrastructure detransport aérien (114e) ou la densité aéroportuaire (114e).L’infrastructure de communication est dans un état toutaussi piteux. Le nombre de lignes fixes est le plus faiblede tous les pays examinés, sans être compensé par latéléphonie mobile (113e). En conséquence, seule unepart minime de la population a accès aux TIC.

Le manque de sécurité physique et l’environnementd’affaires très protectionniste et rigide participent euxaussi aux mauvaises performances du Tchad dans l’ETI.

ConclusionsLe présent chapitre a étudié les performances de 25 paysafricains selon l’Enabling Trade Index (ETI) du Foruméconomique mondial. L’ETI, publié pour la premièrefois en 2008, évalue les facteurs, politiques et services quifacilitent la libre circulation de marchandises àl’international et jusqu’à leur destination. L’analyseexposée dans ce chapitre donne des pistes pour lespolitiques que doivent adopter les pays souhaitantaméliorer leurs performances en matière d’échangesinternationaux.

Malgré les nombreuses initiatives visant à libéraliseret à développer le commerce en Afrique, la part ducontinent dans les échanges internationaux a chuté cesdernières décennies. L’une des raisons en est la distancequi le sépare des marchés cibles, alourdissantlogiquement les coûts de transport. Cependant, lecommerce en Afrique est également entravé par descoûts supplémentaires découlant de l’inefficience del’administration des frontières, du sous-développementdes infrastructures de transport et de communication etdu caractère inadapté de l’environnement d’affaires.L’ETI prend en compte tous ces facteurs. Parcomparaison avec d’autres régions du monde, commel’Amérique latine ou l’Asie du Sud-Est, les 25 paysafricains enregistrent, en moyenne, de moins bonnesperformances. Le pays qui affiche les meilleurs résultats,Maurice, arrive en 40e position, juste après Chypre etdevant le Qatar et la Croatie. Néanmoins, sur les118 économies évaluées, la plupart des pays d’Afriqueoccupent le bas du tableau.

En moyenne, les pays africains sontcomparativement moins protectionnistes que ceux desautres régions, bien qu’il existe des disparitéssignificatives d’un pays à l’autre. Ainsi, les pays d’Afriquedu Nord ont des marchés plus protégés que ceux de leursvoisins subsahariens. Dans le contexte actuel, il est crucialque les décideurs politiques maintiennent les frontièresouvertes et poursuivent leurs efforts de libéralisation deséchanges. Au regard des pratiques internationales,l’administration des frontières est plutôt inefficiente dansl’ensemble de la région, et les procédures d’importationsont coûteuses dans la plupart des pays, éléments qui,combinés, conduisent à des inefficiences dans lerecouvrement des recettes fiscales. Les échanges enAfrique tireraient également parti d’un surcroîtd’investissement dans l’infrastructure de transport et decommunication. Parallèlement, beaucoup de paysafricains peuvent se targuer de disposer d’unenvironnement d’affaires qui, comparé à celui d’autresrégions du monde, est relativement propice auxéchanges.

Compte tenu du contexte de crise actuel, troisgrandes recommandations ressortent comme des prioritéspour les décideurs politiques des pays d’Afrique47 :

1. Résister à la tentation d’introduire des barrièresprotectionnistes. La libéralisation des échangeset des marchés depuis le début des années 1990a constitué l’un des principaux moteurs de lacroissance en Afrique au cours de la dernièredécennie ; cette croissance a, à son tour, permisune réduction significative des niveaux depauvreté. L’introduction de mesuresprotectionnistes visant à protéger les activitéslocales comprimerait les taux de croissance etsaperait les progrès accomplis ces dernièresannées dans la lutte contre la pauvreté.

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2. Poursuivre les efforts déployés pour réformer lesdouanes. Ces dernières années, plusieurs paysd’Afrique ont réussi à réformer leuradministration douanière (Mozambique,Ouganda et Zambie, pour n’en citer quequelques-uns). Ces efforts leur ont permis,d’une part, de réduire le fardeau administratifpesant sur les importateurs et les exportateurs,et surtout, d’autre part, d’accroître les recettesperçues et de nettement limiter le commerceillicite. Des recettes fiscales supplémentairespourraient élargir l’espace budgétaire des paysafricains, à l’heure où les sources definancement étranger sont rares.

3. Investir dans l’infrastructure. Le sous-développement de l’infrastructure demeure unfrein considérable au développement deséchanges de la plupart des pays d’Afrique. Uneinfrastructure de transport en déclin alourditplus encore les coûts de transport déjà élevés,surtout pour les pays enclavés, et le retardtechnologique rend l’obtention d’informationset la communication difficiles.

L’amélioration des performances commerciales despays d’Afrique passe par la résolution de ces problèmes,sans quoi il sera impossible d’assurer une croissanceéconomique durable. En comprimant les prix desproduits importés, ces réformes pourraient nonseulement stimuler la demande intérieure, mais aussiaccroître la compétitivité à l’exportation des secteurs quireposent sur des facteurs de production importés. Lesprogrès dans l’administration des frontières etl’infrastructure abaisseraient en outre les coûts detransaction des exportations africaines, multipliant parlà-même les chances d’accroître leurs parts sur desmarchés mondiaux de moins en moins vastes. Ens’attaquant à ces problèmes, l’Afrique pourrait doncatténuer les répercussions négatives de la récessionmondiale sur les pays du continent.

Notes1 Commission sur la croissance et le développement (2008). Les

autres facteurs sont le leadership et la gouvernance, la sécuritééconomique, la politique budgétaire et monétaire, l’investissementpublic, la santé et l’éducation, l’environnement et l’utilisation del’énergie, le réchauffement climatique, le marché du travail et lerapport entre zones urbaines et rurales.

2 Voir Eglin, 2008, pour une vue d’ensemble des négociations ducycle de Doha sur la facilitation des échanges.

3 Les pays du G20 sont l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Arabiesaoudite, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, laCorée, les États-Unis, la France, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, leJapon, le Mexique, le Royaume-Uni, la Russie, la Turquie, ainsique l’Union européenne.

4 Voir Portugal-Peres et Wilson, 2008, pour une vue d’ensemble dela littérature récente sur les coûts des échanges dans uneperspective africaine.

5 Hansen et Annovazzi-Jakab, 2008.

6 Banque mondiale, 2007.

7 Djankov et al., 2004.

8 Pour une discussion détaillée sur les mesures à prendre au niveauinternational, voir Baldwin et Evenett, 2009.

9 Voir, par exemple, Portugal-Perez et Wilson, 2008, et Njinkeu etal., 2008.

10 Pour des raisons de disponibilité des données, tous les pays nesont pas couverts par le Global Enabling Trade Report.

11 Nous nous sommes concentrés sur le flux d’importations de biensdans l’indice dans un but explicatif, mais nous reconnaissons biensûr que la facilitation des exportations et des échanges deservices est également importante. En délimitant la question sansambiguïté, l’ETI propose un outil utile pour analyser un panclairement défini de la question. Les échanges de biensreprésentent plus de 80 pour cent des échanges, et sont parconséquent très cruciaux. L’objectif étant l’analyse des politiques,on se concentre plus sur les importations que sur lesexportations ; en effet, c’est le domaine sur lequel les autoritésnationales peuvent exercer une influence directe. Il importe ausside noter que nombre des facteurs et des politiques publiquesinclus dans le modèle seraient également pertinents pour uneanalyse des facteurs qui facilitent les échanges de services et lesexportations.

12 Pour une description complète de l’ETI, voir Lawrence et al., 2008.

13 Browne et al., 2008.

14 Le quartile inférieur va du rang 89 jusqu’au dernier (118 pays).

15 En raison des différentes pondérations appliquées aux donnéestarifaires, les pays membres d’une union douanière n’ont pasforcément tous les mêmes résultats.

16 Étant donné les difficultés qu’il y a à mesurer le niveau desobstacles non tarifaires et à collecter les données, les chiffresrelatifs aux obstacles non tarifaires sont la meilleure approximationdisponible du niveau de ces obstacles dans les pays couverts.

17 L’inefficience de l’administration des frontières a une incidencenon seulement sur l’efficacité des douanes, mais aussi sur leniveau et l’incidence des obstacles non tarifaires, ainsi que sur lacapacité des agences connexes à les administrer. Dans denombreux pays africains, ces agences sont sous-équipées et nepeuvent pas vérifier la conformité aux normes de manièreefficiente.

18 Voir Alavi (2008) pour une étude de cas de la manière dont laTunisie utilise les TIC pour faciliter ses échanges.

19 Entre 2006 et 2007, l’Égypte a fortement abaissé ses droits àl’importation. En outre, elle a instauré plusieurs zones d’échanges(Zone de libre-échange panarabe, accord de partenariat avec l’UE)et des accords bilatéraux avec la Turquie et la Russie. Ellebénéficie aussi d’un accès préférentiel au marché des États-Unisau travers des zones industrielles qualifiées (ZIQ) communes avecIsraël.

20 L’un des réviseurs de ce chapitre a remarqué que le niveau desobstacles tarifaires de l’Égypte utilisés dans le calcul de l’ETIsemblait plus élevé que dans d’autres sources. Cette différenceprovient du mode de pondération retenu par l’ETI pour lesdonnées tarifaires. Afin d’éviter le problème d’endogénéitéassocié à l’utilisation des importations d’un pays commepondération, nous pondérons les droits de douane par lesimportations moyennes d’un groupe de pays de référence et nonpar les importations du pays lui-même. En Égypte, lesimportations agricoles sont soumises à des droits de douane trèsélevés (66,4 pour cent, moyenne simple, selon OMC, 2008).Ceux-ci restreignent à leur tour considérablement les importationsde produits agricoles. Si l’on pondère le tarif douanier avec les trèsfaibles importations du pays, le tarif pondéré des importations esttrès faible. Si, en revanche, il est pondéré avec la moyenne d’ungroupe de pays comparables, les importations sont prises encompte et la valeur est nettement plus élevée. La Banquemondiale (2009) estime le tarif de la nation la plus favorisée (NPF)pondéré par les importations du pays à 12,9 pour cent (9,8 pourcent si l’on tient compte des préférences), contre 21,8 pour centavec l’approche du groupe de référence. Cet écart tient auxdifférentes méthodes de pondération utilisées pour construire lesdeux indicateurs. Tous les pays couverts par l’ETI sont évalués àl’aide de la même méthode.

21 Comme souligné plus haut, le niveau des obstacles non tarifairesest difficile à obtenir en particulier parce que les pays les plustransparents présentent généralement les niveaux les plus élevés.

22 OMC, 2008.

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23 Ainsi, il est rare de pouvoir effectuer un suivi en amont et en avaldes marchandises et le pays se classe 108e pour l’indicateur yafférent.

24 OCDE, 2008. La version intégrale de la loi est consultable sur lesite : http://www.efreeport.com/default.aspx ?DLOAD=1

25 Banque mondiale, 2008.

26 En 2006, 82,4 pour cent des importations namibiennesprovenaient d’Afrique du Sud ou avaient transité par ce pays, et cedernier constituait la destination de 24,6 pour cent desexportations namibiennes ; voir OMC, 2008.

27 Bien que le degré élevé de transparence s’applique dans unemoindre mesure aux importations et aux exportations, la Namibiese classe 74e sur le point des versements occultes liés auxlicences d’importation et d’exportation ; le résultat demeureencourageant, comme en témoigne le relativement bonclassement (47e rang) dans l’échantillon de l’indice de perceptionde la corruption.

28 OMC, 2008.

29 Le Kenya applique des droits de douane relativement plus élevéssur les produits agricoles que sur les biens manufacturés. Aucunedonnée n’est disponible concernant les obstacles non tarifaires.

30 OCDE, 2008.

31 L’indicateur des mesures non tarifaires prend en compte laproportion des échanges affectés par des mesures non tarifaires,ainsi que le nombre moyen de notifications par ligne tarifaire. Cesdeux valeurs sont très faibles pour le Cameroun.

32 Un certain nombre de pays africains se retrouvent en tête duclassement des obstacles non tarifaires.

33 S’agissant de cet indicateur, le Cameroun se classe au 23e rangsur 25 pays.

34 Comparé à l’Afrique du Sud, au Botswana et à la Namibie, qui onttous le même barème de droits de douane en raison de leuradhésion à la SACU, les tarifs (pondérés) plus faibles proviennentdes disparités dans la ventilation des importations.

35 Du côté des exportations, le Lesotho bénéficie de préférencessignificatives sur le marché des États-Unis grâce à la Loi sur lacroissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA),d’où a découlé une croissance significative des exportations detextile et de vêtements du Lesotho vers les États-Unis au cours dela dernière décennie.

36 Dans cette catégorie, seuls le Burundi et le Tchad sont moins bienclassés.

37 Les droits de douane ad valorem se montent à 8 pour cent(75e rang) et sont appliqués à 86 pour cent des importations, cequi place le pays à la 103e position. Les droits sur les produitsagricoles sont légèrement inférieurs à ceux sur les autresproduits ; voir OMC, 2008.

38 Voir annexe B pour le détail de cet indicateur.

39 Ces pays sont le Tchad, le Lesotho et Madagascar.

40 Dans la région, les meilleures performances sont allées à Maurice,avec 16 jours et 6 documents nécessaires au dédouanement.

41 Sur 118 pays.

42 Pour de plus amples détails, voir Moïsé, 2005.

43 Le pays se classe au 110e rang pour les abonnements à l’Internethaut débit, 114e pour les lignes téléphoniques et 98e pour lapénétration de la téléphonie mobile.

44 Voir OCDE, 2008, pour de plus amples détails.

45 On ne dispose d’aucune donnée relative aux obstacles nontarifaires en Éthiopie, si bien qu’ils n’ont pas pu être pris encompte dans le calcul.

46 On ne dispose d’aucune donnée relative aux obstacles nontarifaires au Nigeria, si bien qu’elles n’ont pas pu être prises encompte dans le calcul.

47 Voir Kandiero et al., 2009, pour une analyse plus détaillée deseffets de la crise sur les échanges en Afrique.

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Annexe A : Composition de l’Enabling Trade Index

La présente annexe fournit des détails sur la constructionde l’Enabling Trade Index (ETI).

Cet indice se compose de quatre sous-indices :l’ouverture aux échanges, l’administration des frontiè-res, l’infrastructure de transport et de communication,et l’environnement d’affaires. Ces sous-indices sont, àleur tour, constitués des 10 piliers de l’ETI présentésci-dessous, à savoir : obstacles tarifaires et non tarifaires,propension au commerce, efficience de l’administrationdes douanes, efficience des procédures d’import-export,transparence de l’administration des frontières, disponi-bilité et qualité de l’infrastructure de transport, disponi-bilité et qualité des services de transport, disponibilitéet utilisation des TIC, environnement réglementaire etsécurité physique. Ces piliers sont calculés à partir dedonnées objectives et de données d’enquêtes.

Les données d’enquête proviennent essentiellementdes réponses à l’enquête auprès des dirigeants d’entrepri-ses réalisée par le Forum économique mondial. Cesréponses s’échelonnent de 1 à 7 ; les données d’enquêteémanant de l’indice de performance logistique (LPI,Logistics Performance Index) de la Banque mondiale ontégalement été prises en compte. Les données objectivesont été collectées à partir de plusieurs sources. Tous lesindicateurs sont décrits précisément à l’annexe B du pré-sent chapitre.

Les indicateurs de données objectives, ainsi que lesrésultats de l’enquête ayant permis de calculer LPI, utili-sés dans l’ETI, sont normalisés sur une échelle de 1 à 7afin de les aligner sur les résultats de l’enquête auprès desdirigeants d’entreprise 1.

Chacun de ces piliers correspond à la moyennenon pondérée des variables qui le constituent. Oncalcule ensuite les sous-indices en calculant lamoyenne non pondérée des piliers qui le composent.Dans le cas du pilier sur l’accessibilité et la qualité del’infrastructure de transport, lui-même formé de deuxsous-piliers (accessibilité de l’infrastructure de transportet qualité de l’infrastructure de transport), le pilier glo-bal correspond à la moyenne non pondérée des deuxsous-piliers. L’ETI général se calcule ensuite par lamoyenne non pondérée des quatre sous-indices. Lesvariables pour chaque pilier et sous-pilier sont décritesci-dessous. Si une variable est une donnée objective,cette caractéristique est précisée entre parenthèses aprèsla description.

Sous-indice A : Ouverture aux échanges

Pilier 1 : Obstacles tarifaires et non tarifaires

1.01 Obstacles tarifaires (donnée objective)

1.02 Obstacles non tarifaires (donnée objective)

Pilier 2 : Propension au commerce

2.01 Diversité des débouchés à l’étranger

2.02 Ampleur des ventes régionales

2.03 Ouverture aux règles commerciales multilatérales(donnée objective)

2.04 Part des produits importés en franchise de droits (donnéeobjective)

Sous-indice B : Administration des frontières

Pilier 3 : Efficience de l’administration des douanes

3.01 Poids des procédures douanières

3.02 Indice des services douaniers

Pilier 4 : Efficience des procédures d’import-export

4.01 Efficacité et efficience du dédouanement 2

4.02 Délai d’importation (donnée objective)

4.03 Documents nécessaires à l’importation (donnéeobjective)

4.04 Coûts de l’importation (donnée objective)

Pilier 5 : Transparence de l’administration des frontières

5.01 Versements occultes pour les exportations etimportations

5.02 Indice de perception de la corruption

Sous-indice C : Infrastructure de transport et decommunication

Pilier 6 : Disponibilité et qualité de l’infrastructure detransport

Disponibilité de l’infrastructure de transport

6.01 Densité aéroportuaire (donnée objective)

6.02 Indicateur de connectivité du transbordement (donnéeobjective)

6.03 Routes revêtues (donnée objective)

6.04 Congestion routière (donnée objective)

Qualité de l’infrastructure de transport

6.05 Qualité de l’infrastructure de transport aérien

6.06 Qualité de l’infrastructure ferroviaire

6.07 Qualité de l’infrastructure routière

6.08 Qualité de l’infrastructure portuaire

Pilier 7 : Disponibilité et qualité des services de transport

7.01 Indicateur des services de lignes régulières (donnéeobjective)

7.02 Expéditions aisées et abordables 2

7.03 Compétence du secteur logistique 2

7.04 Capacité et facilité à exercer un suivi 2

7.05 Ponctualité de l’arrivée des expéditions à destination 2

7.06 Efficience des services postaux

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Annexe A : Composition de l’Enabling Trade Index (suite)

Pilier 8 : Disponibilité et utilisation des TIC

8.01 Assimilation des technologies au niveau des entreprises

8.02 Abonnés aux services téléphoniques mobiles (donnée objective)

8.03 Abonnés Internet large bande (donnée objective)

8.04 Internautes (donnée objective)

8.05 Lignes téléphoniques (donnée objective)

Sous-indice D : Environnement d’affairesPilier 9 : Environnement réglementaire

9.01 Facilité d’embauche de main-d’œuvre étrangère

9.02 Ouverture des accords bilatéraux sur les servicesaériens (donnée objective)

9.03 Prévalence de l’actionnariat étranger

9.04 Impact sur les entreprises de la réglementation sur l’IDE

Pilier 10 : Sécurité physique

10.02 Coût de la délinquance et de la violence pour lesentreprises

10.03 Coût du terrorisme pour les entreprises

Notes1 La formule standard permettant de convertir chaque donnée

objective en une valeur sur l’échelle de 1 à 7 est la suivante :

6 × ( note du pays – minimum de l’échantillon

maximum de l’échantillon – minimum de l’échantillon) + 1

Le minimum de l’échantillon et le maximum de l’échantillon sont,respectivement, le score le plus faible et le score le plus élevé del’ensemble de l’échantillon. Pour les données objectives pourlesquelles plus la valeur est élevée, moins le résultat est bon (parexemple les tarifs douaniers, la congestion routière), nous utilisonsune formule de normalisation qui non seulement ramène cesdonnées sur une échelle de 1 à 7, mais aussi l’inverse, de sorteque 1 et 7 demeurent, respectivement, la valeur la moins bonne etla meilleure possible :

-6 × ( note du pays – minimum de l’échantillon

maximum de l’échantillon – minimum de l’échantillon) + 7

Dans certains cas, on a procédé à des ajustements afin de tenircompte des valeurs extrêmes aberrantes dans les données.

2 Les données du LPI proviennent de l’enquête de la Banquemondiale pour l’indice de performance logistique (LPI), et sontétablies sur une échelle de 1 à 5. Elles ont été normalisées surune échelle de 1 à 7 au moyen de la formule ci-dessus afin de lesaligner sur les résultats de l’enquête auprès des dirigeantsd’entreprise.

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Annexe B : Les données de l’Enabling Trade Index 2008

La section suivante présente des informations détaillées, ycompris les méthodes de calcul et les sources, sur tous lesindicateurs qui entrent dans l’Enabling Trade Index(ETI).

Pour chaque indicateur, le titre figure à la premièreligne, précédé d’un chiffre qui permet de s’y reporterrapidement. La numérotation correspond à celle utiliséeà l’Annexe A. En dessous se trouve une description del’indicateur ou, dans le cas de l’enquête auprès des diri-geants d’entreprise, la question dans son intégralité.

1.01 Obstacles tarifaires (donnée objective)Droit de douane moyen pondéré des échangesz 2008Cette valeur mesure le droit de douane moyen par unité devaleur importée.

Source : Centre du commerce international

1.02 Obstacles non tarifaires (donnée objective)Indice des obstacles non tarifairesz 2007 ou année la plusrécente disponibleCet indice est la moyenne de deux variables liées auxobstacles non tarifaires, à savoir « la proportion deséchanges concernée par les obstacles non tarifaires » et« le nombre moyen de réserves pour des produitsconcernés par les obstacles non tarifaires, si leursimportations sont supérieures à 0 ».

Sources : Centre du commerce international et calculs desauteurs

2.01 Diversité des débouchés à l’étrangerLes entreprises exportatrices de votre pays vendent(1 = surtout à un petit nombre de marchés étrangers, 7 = àquasiment tous les marchés à l’international)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

2.02 Ampleur des ventes régionalesLes exportations de votre pays vers les pays voisins sont(1 = limitées, 7 = substantielles et en augmentation)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

2.03 Ouverture aux règles commerciales multilatérales(donnée objective)Indice d’ouverture aux règles commerciales multilatéralesz 2007L’« indice d’ouverture aux règles commercialesmultilatérales » évalue la participation générale des paysaux règles et instruments commerciaux multilatéraux. Cesrègles désignent toutes les normes juridiques élaborées àl’échelle internationales grâce auxquelles sont actuellementrégulés les échanges dans certains domaines particuliers.Les règles commerciales multilatérales sontessentiellement des conventions et traités que les paysratifient ou auxquels ils adhèrent, et des lois-types qui sontintégrées dans la législation nationale. Cet indice s’appuiesur le système LegaCarta du CCI, qui analyse la position dechaque pays (adhésion/non-adhésion, intégration/non-intégration) vis-à-vis de quelque 238 règles plus450 protocoles ou amendements supervisés par25 organisations internationales. Aux fins de cet indice,

40 règles clés ont été retenues, et chacune a été assortied’un score en fonction de son importance et de sapertinence pour les échanges. Ces 40 instruments clés serépartissent en sept catégories (contrats, douanes,règlement des différends, gouvernance, propriétéintellectuelle, investissement et transport aérien) ; onaccorde à chacune de ces catégories le même poids dansle calcul de l’indice. La sélection des instruments cléss’appuie sur leur importance/pertinence pour les échangeset sur leur universalité. On déterminel’importance/pertinence d’un instrument pour les échangesen prenant en compte plusieurs critères tels que l’impact deses dispositions sur les échanges internationaux (diminutiondes coûts de transaction, facilitation des échanges,harmonisation, transparence, prévisibilité, création d’unenvironnement propice aux affaires, soutien aux activités dusecteur privé, encouragement de l’investissement directétranger), l’opinion d’experts du droit international et lesavis des entités internationales qui gèrent ces instruments.L’universalité signifie que les règles retenues sontsusceptibles d’être appliquées à tous les pays,indépendamment de la situation géographique et du niveaude développement économique. Ainsi, les conventions surle transport maritime, si importantes soient-elles, n’ont pasété prises en compte en raison de leur faible pertinencepour les pays enclavés ; les traités relatifs à la sécurité etaux délits d’initiés n’ont pas été inclus parce qu’ils neconstituent pas une priorité pour les pays ne disposant pasde marchés financiers développés et sophistiqués.L’adhésion aux accords de l’OMC n’est pas non plus priseen compte dans cet indice car elle ne dépend pasexclusivement de la volonté d’un État d’intégrer l’OMC.

Source : Centre du commerce international, base dedonnées LegaCarta

2.04 Part des produits importés en franchise de droits(donnée objective)Produits importés en franchise de droits en proportion dutotal des importationsz 2007Part des marchandises, hors pétrole, qui entrent sur leterritoire sans se voir appliquer de droits de douane, entenant compte de la grille tarifaire du pays et des accordspréférentiels

Source : Centre du commerce international

3.01 Poids des procédures douanièresDans votre pays, les procédures douanières (formalitésrégulant l’entrée et la sortie de marchandises) sont(1 = extrêmement lentes et pesantes, 7 = rapides etefficientes)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

3.02 Indice des services douaniersAmpleur des services procurés par l’administration desdouanes et autres agences connexesz 2007Cet indice repose sur 11 questions de l’enquête sur lesobstacles douaniers réalisée par la GEA qui font apparaîtredifférents aspects des services procurés par les douanes etles agences connexes. Les services pris en compte sont lessuivants : dédouanement des marchandises via l’échange dedonnées informatisé pour des livraisons expresses ;traitement automatisés permanent (24 heures sur 24, 7 jourssur 7) ; mainlevée des marchandises au lieu d’arrivée ;inspections multiples (inspections par des agences autres

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Annexe B : Les données de l’Enabling Trade Index 2008 (suite)

que les douanes) et vitesse de mise en œuvre de cesinspections ; séparation de la mainlevée des marchandises etdu contrôle de l’acquittement des droits ; dispense desformalités douanières intégrales pour les expéditions defaible valeur ; horaires de travail des douanes adaptés auxbesoins des entreprises ; commission pour des servicesrendus pendant les horaires de travail normaux ; supplémentexigé pour les services rendus en dehors des horaires detravail normaux ; possibilité de réception et de traitement desdonnées de contrôle préalablement à l’arrivée desexpéditions ; possibilité de faire appel des décisionsdouanières auprès d’un tribunal de niveau supérieur ouindépendant ; procédures post-mainlevée, décisions sur laclassification et la valorisation préalables à l’entrée etcontraignantes pour tous les ports ; et utilisation de prix deréférence ou relèvement arbitraire des sommes facturées. Lescore maximum qu’un pays peut obtenir est 11,5.

Source : Global Express Association

4.01 Efficacité et efficience du dédouanementEfficacité et efficience du processus de dédouanementpar les douanes et autres agences de contrôle auxfrontièresz 2007Cet indicateur évalue l’efficacité et l’efficience du processusde dédouanement effectué par les douanes et autresagences de contrôle aux frontières auprès des huitprincipaux partenaires commerciaux de chaque pays. Lesrépondants à l’enquête sur le LPI ont dû évaluer l’efficacitéet l’efficience du dédouanement dans le pays dans lequel ilstravaillent d’après leur expérience de la logistiqueinternationale, sur une échelle de 1 à 5, par rapport auxnormes et pratiques généralement admises dans le secteur.

Source : Banque mondiale, Indice de performancelogistique 2007

4.02 Délai d’importation (donnée objective)Nombre de jours requis pour accomplir les procéduresd’importationz 2007La durée d’une procédure est calculée de son début jusqu’àson achèvement. Lorsqu’une procédure peut être accéléréemoyennant un coût supplémentaire, le procédé le plusrapide est retenu. On suppose que ni l’exportateur nil’importateur ne perdront de temps et que chacuns’efforcera d’accomplir toutes les procédures restantessans retard. Les procédures pouvant être effectuéesconjointement sont considérées comme étant simultanées.Le temps d’attente entre les procédures (par exemple,pendant le déchargement de la cargaison) est compris dansle calcul.

Source : Banque mondiale, Doing Business 2008

4.0 3Documents nécessaires à l’importation (donnéeobjective)Nombre de documents requis pour procéder à uneimportationz 2007Cet indicateur dénombre tous les documents nécessaires àl’importation de marchandises. On suppose que les deuxparties se sont déjà entendues sur le contrat et qu’elles l’ontsigné. Les documents en question se composent notammentde documents bancaires, des déclarations en douane et descertificats de dédouanement, des déclarations à effectuerau port, des licences d’importation et autres documentsofficiels échangés entre les parties concernées. Lesdocuments soumis simultanément sont considérés commedes documents différents mais ayant le même délai.

Source : Banque mondiale, Doing Business 2008

4.04 Coût de l’importation (donnée objective)Coût total officiel associé à l’importation, hors droits dedouane et taxes professionnellesz 2007Ce coût, exprimé en dollars, correspond aux frais perçuspour un conteneur de 20 pieds. Tous les frais relatifs auxprocédures d’importation des marchandises sont pris encompte, notamment les coûts engagés pour les documents,les frais administratifs liés au dédouanement et auxcontrôles techniques, les frais de manutention dans lesterminaux et les frais de transport terrestres. Le calcul descoûts ne couvre pas les droits de douane ni les taxesprofessionnelles. Seuls les coûts officiels sont recensés.

Source : Banque mondiale, Doing Business 2008

5.01 Versements occultes pour les exportations etimportationsDans votre pays, à quelle fréquence les entreprises doivent-elles, d’après ce que vous savez, payer des sommessupplémentaires non officielles, c’est-à-dire verser despots-de-vin, en rapport avec les autorisations d’importationet d’exportation ? (1 = c’est courant, 7 = cela ne se produitjamais)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

5.02 Indice de perception de la corruptionPerception du degré de corruption dans chaque paysz2007Le score de l’indice de perception de la corruption serapporte au degré de corruption tel que perçu par lesmilieux d’affaires et les analystes pays ; il varie entre 10(forte probité) et 0 (forte corruption).

Source : Transparency International

6.01 Densité aéroportuaire (donnée objective)Nombre d’aéroports par million d’habitantsz 2006

Source : International Air Transport Association, SRSAnalyser

6.02 Indicateur de connectivité du transbordement (donnéeobjective)Type de connexions de transbordement auxquelles peuventaccéder les expéditeurs de chaque pays sur les routesbilatéralesz 2006Cet indicateur reflète les aspects géographiques de l’offrede services de lignes régulières ; il se réfère au type deconnexions existant entre les pays, allant d’une connexionde premier ordre à une connexion de quatrième ordre. Enl’absence d’expédition par ligne directe entre deux pays, lacargaison devra être transbordée dans le port d’untroisième ou même d’un quatrième pays avant d’atteindre sadestination. Ce sont les connexions de premier ordre qui ontl’impact le plus positif sur les mouvements de cargaisons.En conséquence, le type de connexions par pays a étépondéré comme suit : les connexions de premier ordre sontmultipliées par 1,0, celles de second ordre par 0,5, celles detroisième ordre par 0,33 et celles de quatrième ordre par0,25. L’indicateur est la somme des quatre types deconnexions.

Source : CNUCED, Logistique des transports et facilitationdes échanges

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Annexe B : Les données de l’Enabling Trade Index 2008 (suite)

6.03 Routes revêtues (donnée objective)Routes revêtues, en proportion du total des routesz 2004On désigne par routes revêtues celles recouvertes depierres concassées (macadam) et des liants hydrocarbonésou des agents bitumineux, de béton, ou de pavés. Cetindicateur présente les routes revêtues en proportion de latotalité des routes du pays, mesurées en kilomètres.

Sources : Banque mondiale, Indicateurs du développementdans le monde 2007, International Road Federation, WorldRoad Statistics 2006

6.04 Congestion routière (donnée objective)Nombre de véhicules à moteur par kilomètre de routez2004

Source : Banque mondiale, World Development Indicators2007

6.05 Qualité de l’infrastructure de transport aérienDans votre pays, le transport aérien de passagers est(1 = peu fréquent, limité et inefficient, 7 = aussi fréquent,dense et efficient que celui des meilleurs pays au monde)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

6.06 Qualité de l’infrastructure ferroviaireDans votre pays, le réseau ferré est (1 = sous-développé,7 = aussi dense et efficient que celui des meilleurs pays aumonde)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

6.0 7Qualité de l’infrastructure routièreDans votre pays, le réseau routier est (1 = sous-développé,7 = aussi dense et efficient que celui des meilleurs pays aumonde)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

6.08 Qualité de l’infrastructure portuaireDans votre pays, les installations portuaires et les voiesd’eau intérieures sont (1 = déficientes, 7 = aussidéveloppées que celles des meilleurs pays au monde)z* Pour les pays enclavés, on mesure ici la facilité d’accèsaux installations portuaires et les voies d’eau intérieures.z2007

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

7.01 Indicateur des services de lignes régulières (donnéeobjective)Quantité de services procurés par les compagnies de lignesrégulièresz 2007L’indice de connectivité des transports maritimes réguliersest un indicateur reposant sur des indicateurs de l’offre deces services par pays. L’indicateur se compose d’une listed’indicateurs quantitatifs pour les paramètres des servicesdisponibles dans chaque pays. Les variables prises encompte sont : le nombre de navires, les compagnies deligne, les services de lignes, la capacité en conteneurséquivalents vingt pieds et la taille maximale des navires.

Source : CNUCED, Logistique des transports et facilitationdes échanges

7.02 Expéditions aisées et abordablesOrganisation d’expéditions internationales aisée etabordablez 2007Cet indicateur évalue si l’organisation d’expéditionsinternationales est facile et abordable. Les répondants àl’enquête sur le LPI ont dû évaluer s’il était simple etabordable d’organiser des expéditions internationales versou à partir de leur huit principaux partenaires commerciaux.Les performances reçoivent une évaluation sur une échelleà 5 points (1 étant le score le moins bon, 5 le meilleur),d’après leur expérience de la logistique internationale et lesnormes et pratiques généralement admises dans le secteur.

Source : Banque mondiale, Indice de performancelogistique 2007

7.03 Compétence du secteur logistiqueCompétence du secteur local de la logistique (par exempleopérateurs de transport, courtiers en douane)z 2007Cet indicateur évalue la compétence du secteur logistique.Les répondants à l’enquête sur le LPI ont dû évaluer lacompétence du secteur logistique local dans leurs huitprincipaux partenaires commerciaux. Les performancesreçoivent une évaluation sur une échelle à 5 points (1 étantle score le moins bon, 5 le meilleur), d’après leur expériencede la logistique internationale et les normes et pratiquesgénéralement admises dans le secteur.

Source : Banque mondiale, Indice de performancelogistique 2007

7.04 Capacité et facilité à exercer un suiviCapacité à suivre en amont et en aval les expéditionsinternationalesz 2007Cet indicateur évalue la capacité à suivre en amont et enaval les expéditions internationales (envois). Les répondantsà l’enquête sur le LPI ont dû évaluer la capacité à suivre enamont et en aval les expéditions internationales (envois)lors de l’expédition depuis ou vers leurs huit principauxpartenaires. Les performances reçoivent une évaluation surune échelle à 5 points (1 étant le score le moins bon, 5 lemeilleur), d’après leur expérience de la logistiqueinternationale et les normes et pratiques généralementadmises dans le secteur.

Source : Banque mondiale, Indice de performancelogistique 2007

7.05 Ponctualité de l’arrivée des expéditions à destinationFréquence à laquelle les expéditions atteignent leurdestinataire dans les délais prévusz 2007Cet indicateur évalue à quelle fréquence les expéditionsatteignent leur destinataire dans les délais prévus. Lesrépondants à l’enquête sur le LPI ont dû évaluer laponctualité de l’arrivée des expéditions à destination lorsd’expéditions depuis ou vers leurs huit principauxpartenaires commerciaux. Les performances reçoivent uneévaluation sur une échelle à 5 points (1 étant le score lemoins bon, 5 le meilleur), d’après leur expérience de lalogistique internationale et les normes et pratiquesgénéralement admises dans le secteur.

Source : Banque mondiale, Indice de performancelogistique 2007

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Annexe B : Les données de l’Enabling Trade Index 2008 (suite)

7.06 Efficience des services postauxAvez-vous suffisamment confiance dans le système postalde votre pays pour accepter qu’un ami vous envoie un colisd’une valeur de 100 dollars ? (1 = pas du tout, 7 = oui, j’aientièrement confiance dans le système)z 2005

Source : Forum économique mondial, Enquête d’opinionauprès de dirigeants 2005

8.01 Assimilation des technologies au niveau desentreprisesDans votre pays, les entreprises (1 = ne sont pas à mêmed’assimiler de nouvelles technologies, 7 = cherchentdélibérément à assimiler de nouvelles technologies)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

8.02 Abonnés à la téléphonie mobile (donnée objective)Nombre d’abonnés aux services de téléphonie mobile pour100 habitantsz 2006 ou année la plus récente disponibleLe terme abonné renvoie aux personnes abonnées à unservice téléphonique mobile public automatique qui donneaccès au réseau téléphonique public à commutation (RTPC)et utilise une technique cellulaire. On peut inclure tant lessystèmes analogiques que les services numériques, maispas les systèmes non cellulaires ; en outre on ne tient pascompte des abonnés aux fixes sans fil, aux services pourdonnées mobiles publics, aux services de radiomessagerie.

Source : Union internationale des télécommunications,World Telecommunication Indicators 2007

8.03 Abonnés Internet large bande (donnée objective)Nombre d’abonnés à Internet à haut débit pour100 habitantsz 2006 ou année la plus récente disponibleSelon l’Union internationale des télécommunications, lalarge bande (ou haut débit) est une connexion dédiée àl’accès à l’Internet avec un débit égal ou supérieur à256 kilobits par seconde (kbit/s), dans les deux sens. Lesabonnés Internet large bande désignent la somme desabonnés à la technologie DSL, câblomodem ou de touteautre forme de large bande (par exemple fibre optique, fixesans fil, LAN, connexion par satellite).

Source : Union internationale des télécommunications,World Telecommunication Indicators 2007

8.04 Internautes (donnée objective)Nombre d’internautes pour 100 habitantsz 2006 ou annéela plus récente disponibleLes internautes sont les personnes ayant un accès auworldwide network.

Source : Union internationale des télécommunications,World Telecommunication Indicators 2007

8.05 Lignes téléphoniques (donnée objective)Nombre de lignes téléphoniques principales en service pour100 habitantsz 2006 ou année la plus récente disponibleUne ligne principale est une ligne téléphonique qui reliel’équipement terminal d’un abonné au réseau publiccommuté et qui dispose d’un accès dans l’équipement decommutation téléphonique.

Source : Union internationale des télécommunications,World Telecommunication Indicators 2007

9.01 Facilité d’embauche de main-d’œuvre étrangèreDans votre pays, le droit du travail (1 = empêche votreentreprise d’employer de la main-d’œuvre étrangère,7 = n’empêche pas votre entreprise d’embaucher de lamain-d’œuvre étrangère)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

9.02 Ouverture des accords bilatéraux sur les servicesaériens (donnée objective)Indice d’ouverture des accords bilatéraux sur les servicesaériensz 2005Cet indice mesure l’ouverture moyenne de tous les accordsbilatéraux sur les services aériens (ASA) conclus par lessignataires de l’Organisation de l’aviation civileinternationale (OACI), tels qu’enregistrés dans la base dedonnées des accords sur les services aériens du monde(WASA) de l’OACI (mise à jour 2005), pondérée par le traficpassager bilatéral programmé dans le cadre de chaqueASA. Les données sur la réglementation proviennent de labase de données WASA de l’OACI (2005) et les données surle trafic ont été procurées par l’IATA.

Source : Organisation mondiale du commerce

9.03 Prévalence de l’actionnariat étrangerDans votre pays, la possession de parts du capital par desétrangers est (1 = rare, limitée à des parts minoritaires etsouvent interdite dans des secteurs clés, 7 = prévalente etencouragée)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

9.04 Impact sur les entreprises de la réglementation sur l’IDEDans votre pays, les règles régissant l’investissement directétranger (1 = entravent et découragent l’investissementdirect étranger, 7 = favorisent et encouragentl’investissement direct étranger)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

10.01 Fiabilité des services de policeIl est (1 = impossible, 7 = possible) de se fier aux services depolice pour protéger les entreprises contre la délinquance

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

10.02 Coût de la délinquance et de la violence pour lesentreprisesL’incidence des délits de droit commun et de la violence(par exemple agressions dans la rue, pillage d’entreprises)(1 = a un coût significatif pour les entreprises, 7 = n’a pas uncoût significatif pour les entreprises)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

10.03 Coût du terrorisme pour les entreprisesDans votre pays, la menace terroriste (1 = a un coûtsignificatif pour les entreprises, 7 = n’a pas un coûtsignificatif pour les entreprises)

Source : Forum économique mondial, Enquête auprès dedirigeants d’entreprise 2006, 2007

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CHAPITRE 1.6

Améliorer la compétitivitédans quatre pays d’Afrique :le Botswana, Maurice,la Namibie et la TunisieLÉONCE NDIKUMANA et PETER O. ONDIEGE, Banque africaine de

développement

PATRICK PLANE, CERDI-CNRS, Université d’Auvergne

DÉSIRÉ VENCATACHELLUM, Banque africaine de développement

La crise mondiale met en péril la récente évolutionpositive du développement économique en Afrique.Bien que ses premiers effets y aient été lents à sematérialiser, elle est aujourd’hui ressentie dans toute cetterégion. Ce chapitre examine son impact dans quatre paysde ce continent. En raison d’une compétitivité qui resteà la traîne de celle des autres régions, la plupart deséconomies africaines auront davantage de difficultés àfaire face aux chocs extérieurs.

La taille restreinte de la majorité des pays d’Afrique(près de la moitié comptent moins de 10 millionsd’habitants) est fréquemment citée comme un obstaclemajeur à leur développement économique. Cependant, ilne s’agit pas toujours d’une cause d’échec. Sur d’autrescontinents, dans d’autres petits pays, il est souvent plusfacile d’engager des réformes et de changer de politique.Parmi ces nombreuses petites économies bien gérées quise sont développées rapidement et qui figurent en têtedes classements mondiaux, on trouve notamment les paysscandinaves, Singapour et la Suisse.1

En Afrique, quelques pays, qui ont adopté desstratégies de développement assorties de mesurespragmatiques encourageant des mécanismes de marchéefficients, illustrent d’ailleurs cette possibilité. Ainsi, lesperformances économiques du Botswana, de Maurice, dela Namibie et de la Tunisie montrent qu’une économiede petite taille peut contraindre les entreprises à êtrecompétitives sur le marché mondial, et l’État à mettre enplace des institutions efficientes, qui soutiennentl’expansion du secteur privé. Malgré leur maigrecontribution au produit intérieur brut (PIB) de l’Afriqueet des ressources naturelles peu abondantes, cesquatre pays affichent de bons résultats macro-économiques et sont classés parmi les économies àrevenu intermédiaire. Contrairement à la plupart desgrandes économies du continent, ils font partie des rarespays d’Afrique à occuper un rang relativement élevéparmi les 100 premiers du classement selon l’indice decompétitivité mondiale (GCI) du Forum économiquemondial, ainsi que dans le rapport Doing Business 2009de la Banque mondiale. De plus, ils sont restéssocialement et politiquement stables au fil des ans. Cesquatre pays peuvent par conséquent servir de modèles àde nombreuses autres petites économies africaines, enparticulier à quelques-uns des pays riches en ressourcesnaturelles. Si la mondialisation et l’émergence de géantscomme la Chine ou l’Inde engendrent pour ces petitspays de nouveaux défis, elle crée aussi de nouvellesopportunités.

Léonce Ndikumana est directeur du Département de la recherche sur ledéveloppement à la Banque africaine de développement, Peter Ondiegeest économiste principal chargé de recherche du Département de larecherche sur le développement de la Banque africaine de développe-ment, Patrick Plane est professeur d’économie à l’Université d’Auvergneà Clermont-Ferrand (France), et Désiré Vencatachellum est économiste derecherche, spécialiste en chef, au sein du Département de la recherchesur le développement à la Banque africaine de développement.

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Ce chapitre analyse la compétitivité du Botswana,de Maurice, de la Namibie et de la Tunisie sur la périoderécente, ainsi que ses principaux facteurs, dont certainssont examinés au chapitre 1.1. Il en ressort que lapolitique économique contribue largement à cettecompétitivité. Il apparaît qu’une politique de taux dechange active et des institutions publiques solides,crédibles et prévisibles constituent en effet les deuxprincipaux piliers de la compétitivité de ces pays : c’estune politique de change active qui a permis à Maurice età la Tunisie, en particulier, de préserver leurcompétitivité à l’international. La solidité des institutionss’est révélée décisive pour la réduction des coûts detransaction et l’encouragement de l’innovation dans cespays. Enfin, des institutions crédibles et prévisiblesfavorisent l’entreprenariat et soutiennent le processus dedéveloppement.

L’une des grandes leçons que l’on peut tirer del’expérience de ces quatre pays réside dans leurconception holistique à long terme du développement.Cette orientation de la politique économique a étéappuyée par des dirigeants politiques puissants etvisionnaires (encadré 1), et l’État a joué un rôle essentiel,ce qui dément l’idée très répandue selon laquelle les paysd’Afrique sont généralement dotés d’un État faible. Laréussite du Botswana et celle de la Namibie montrentqu’il est possible d’échapper au mal hollandais (on parleaussi de « malédiction des ressources naturelles »). De leurcôté, Maurice et le Botswana illustrent la capacité d’unÉtat à promouvoir la diversification des activitésmanufacturières et à saisir des opportunités, telles qu’unpartenariat avec l’Union européenne (UE). Le relatifsuccès de ces quatre économies laisse à penser que lefonctionnement du marché s’appuie sur de solidesinstitutions publiques.

À l’avenir, ces quatre pays devront diversifier leuréconomie, et donc s’attacher à étoffer leur baseproductive alors que l’activité mondiale ralentit et qued’autres économies émergentes se révèlent de redoutablesconcurrents. Ils devront redoubler d’efforts afind’améliorer leur compétitivité dans un certain nombre dedomaines, dont les suivants :

• Taille du marché : Dans la mise en œuvre deleur stratégie visant à intensifier leurs exportations etl’intégration régionale, les quatre pays sont confrontésaux problèmes dont souffrent les petits marchés. Il leurfaut par conséquent investir davantage dansl’infrastructure, de manière à encourager les échangescommerciaux et l’intégration au niveau régional.

• Population active : Les quatre pays doiventaccroître l’employabilité de leur population active enaméliorant la qualité de la formation et en alignant lesprogrammes de formation sur les besoins du marché dutravail. Ils doivent également déréglementer ce marchésans mettre en péril la stabilité sociale.

• Financement bancaire : Les quatre paysdoivent faciliter l’accès au financement bancaire, demanière à compléter le financement d’origine familiale etle financement à court terme, et favoriserl’investissement et la restructuration de certains secteursqui offrent des possibilités d’économies d’échelle.

Ce chapitre comporte six sections. La section quisuit montre comment les quatre pays considérés ontfavorisé leur la croissance économique tout en préservantleur stabilité macro-économique. La troisième section adeux objectifs : premièrement, attirer l’attention surcertains facteurs exogènes de l’environnement interne etexterne qui ont contribué aux performances à long termede chacun de ces pays ; deuxièmement, explorer le rôlespécifique de la politique économique, en particulier lerégime de change et les mesures visant à maîtriserl’inflation. Nous verrons que stabiliser les prix ne suffitpas. La quatrième section examine l’influence desinstitutions sur le climat des affaires et sur la productivitédes entreprises. Elle compare les quatre pays à quatreautres pays non africains à revenu intermédiaire. Lacinquième section décrit les principaux enseignementsque l’on peut en tirer, ainsi que les obstacles que cesquatre pays doivent surmonter, et la dernière sectionprésente des conclusions.

Les performances économiques des quatre paysLes pays d’Afrique s’attachent à créer un environnementnational solide pour parvenir à une croissance durable.Or, la crise mondiale actuelle menace de réduire à néantles avancées que nombre d’entre eux ont réalisées aucours des cinq dernières années. La compétitivité passedonc par une politique économique pertinente, tant dansles pays qui disposent d’abondantes ressources naturellesque dans ceux qui en ont peu.

Botswana et Namibie : au-delà des avantages liés à ladotation en facteurs

Le Botswana et la Namibie sont des pays riches enressources naturelles, avec un climat aride, unepopulation restreinte et de faibles densités de population.Ils sont tous deux fortement tributaires de leur secteurminier. Le Botswana est le plus gros producteur mondialde diamants. Cette activité représente plus d’un tiers deson PIB, plus de 45 pour cent de ses recettes publiques etplus de 75 pour cent de ses recettes d’exportation(annexe B).

Lorsque le Botswana est devenu indépendant, en1966, il comptait parmi les pays d’Afrique les pluspauvres. Ses capacités humaines étaient faibles(22 diplômés de l’université), ses actifs rares, soninfrastructure sous-développée (12 kilomètres de routespavées) et sa seule « industrie » était un abattoir1. Aucours des trois dernières décennies, le Botswana aenregistré une croissance économique impressionnante,

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Encadré 1 : Deux exemples d’un leadership pragmatique

Sir Seretse Khama (1921–80) : le premier président duBotswana de 1966 à 1980En Afrique, un leadership visionnaire peut faire toute la diffé-rence. Sir Seretse Khama, le premier président du Botswana,en est une excellente illustration. Il a hérité de la Couronne bri-tannique d’un pays qui, à l’époque, était appauvri et dépourvude toute visibilité sur la scène internationale. Lorsqu’il a quittéle pouvoir, son pays était en voie de démocratisation, de plus enplus prospère et jouait un rôle important en Afrique australe.Les excellents résultats économiques du Botswana tiennent, enpartie, à la qualité du leadership de Sir Seretse Khama et de sessuccesseurs. Lorsqu’il était dirigé par Sir Seretse Khama, leBotswana affichait l’un des taux de croissance économique lesplus élevés au monde, ainsi qu’un régime politique stable etdémocratique. Cette situation contrastait fortement avec lacroissance économique relativement modeste de la plupart desautres pays d’Afrique. Pire encore, nombre de ces autres paysétaient aux prises avec des guerres civiles ou des conflits inte-rétatiques pernicieux. Ce n’était pas le cas du Botswana.

Même si le Botswana a pu être décrit comme une démo-cratie paternaliste dominée par un parti politique, il a réussi àdevenir à la fois un pays prospère et pacifique. Entre 1966 et1980, c’était l’économie qui affichait la plus forte croissance aumonde. Le Botswana a également été considéré comme un Étatrégi par des principes remarquables, une démocratie libérale etnon raciale, dans une région minée par les guerres civiles, lesconflits raciaux et la corruption. Il a investi les revenus tirés deses produits miniers dans le développement de l’infrastructure,dans l’éducation et dans le secteur de la santé, ainsi que dansdes subventions à l’élevage. Il en a résulté une nette améliora-tion de la prospérité générale, tant dans les zones rurales quedans les zones urbaines, malgré le creusement de plus en plusvisible des inégalités après la mort de Sir Seretse Khama.

Dirigeant d’un État à majorité noire voisin d’une Afrique duSud sous apartheid, Sir Seretse Khama a déployé d’impression-nants talents diplomatiques. Tout en étant parfaitement cons-cient de la vulnérabilité de son pays vis-à-vis de son puissantvoisin, il a mené une politique extérieure fondée sur de solidesprincipes moraux et sur la dénonciation du racisme. Sir SeretseKhama a également été un homme d’État de stature internatio-nale et une voix modérée. Dans son pays, il a su ménager unéquilibre entre liberté d’expression et pouvoir politique. Il anotamment légué au Botswana des institutions solides, propi-ces à une croissance économique robuste et à la stabilitésociale, ainsi que des principes de leadership rigoureux pourses successeurs.

« Durant les dernières années de son mandat, SeretseKhama a de plus en plus porté son regard vers l’extérieur ets’est projeté en avant. Il a ainsi été l’un des ’Front-Line Presi-dents’ qui ont négocié l’avenir du Zimbabwe et de la Namibie. Ila également défini un projet d’avenir pour l’Afrique australeaprès l’ère du colonialisme et de l’apartheid, ce qui a permis àcette région de connaître la paix, la démocratie et la prospérité.Seretse Khama a donc été le principal fondateur de ce qui estdevenu ensuite la Communauté de développement de l’Afriqueaustrale (SADC) »1.

Sir Seewoosagur Ramgoolam : le premier Premier ministremauricien

Né dans une famille hindoue pauvre, Sir Seewoosagur Ramgoo-lam a obtenu un diplôme de médecin en Grande-Bretagne. Il estentré au Parti travailliste mauricien en 1953, et en a pris ladirection en 1958. Sir Seewoosagur Ramgoolam a été l’une desgrandes figures du mouvement qui réclamait l’abrogation de ladomination coloniale britannique à Maurice. Lors de l’indépen-dance du pays, en 1968, il est devenu le premier Premier minis-tre de l’île. Sous son mandat, la démocratie, la stabilité et unebonne croissance économique ont régné à Maurice. Cet habiletacticien politique a su gérer les clivages raciaux, ethniques etreligieux au sein du système politique de son pays. En 1973, il areçu le prix des droits de l’homme décerné par les NationsUnies. De 1976 à 1977, Sir Seewoosagur Ramgoolam a présidél’Organisation de l’unité africaine (OUA).

Après avoir perdu les élections de 1982, il s’est retiré au pro-fit de l’opposition (c’est le premier chef d’État africain à avoirfait un tel geste). En 1983, il a été nommé aux fonctions essen-tiellement honorifiques de gouverneur général de Maurice. Lea-der politique pacifique et discret, Sir Seewoosagur Ramgoolama jeté les bases du Maurice moderne.

Pendant les années qu’il a passées au service de l’État, etparticulièrement durant son mandat de Premier ministre aprèsl’indépendance du pays, Sir Seewoosagur Ramgoolam a réussià accomplir ce dont il rêvait, jeune homme, pour les Mauri-ciens : il a mis en place un système d’éducation universel encréant l’université de Maurice, il a ouvert des hôpitaux et cons-titué des conseils de village, fait bâtir des logements pour lesouvriers et instauré des allocations de vieillesse, ainsi que desallocations familiales, des pensions de réversion et un régimede retraite national. Les travailleurs mauriciens ont ainsi com-mencé à avoir accès aux mêmes infrastructures que dans lesautres démocraties. Entre autres progrès, leurs logements ontété électrifiés et des organisations syndicales ont été crééespour leur permettre de négocier les salaires et d’accéder à desprestations sociales comme les indemnités maladie ou lescongés payés. Sir Seewoosagur Ramgoolam a contribué à lacréation d’entreprises, de banques, d’hôtels et d’un aéroportqui a reçu son nom en hommage après son décès.

Sources : Parsons, 1999 ; Mogae, 2008 ;http://www.answers.com/topic/seewoosagur-ramgoolam.

Note

1 Parsons, 1999.

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l’une des plus élevées au monde. Malgré un tassement deses performances sur la période 1999-2007, son PIB parhabitant a continué de croître d’environ 5 pour cent paran, dans une large mesure grâce à la production dediamants.

Le Botswana exporte suffisamment pour financer sesimportations tout en affichant un taux d’épargneintérieure brut supérieur à 50 pour cent de son PIB. Lepays a investi ses revenus dans des activités productives,et le surplus à l’étranger. En raison de ce taux d’épargneélevé, les tensions sur la demande sont modérées, ce quilimite l’inflation et l’endettement (tableau 1). Renduesnécessaires par l’essor de l’investissement, lesimportations de biens d’équipement ont augmentébeaucoup plus que dans les autres pays d’Afrique, où,bien souvent, l’investissement et l’épargne ont reculéaprès 1970. Au Botswana, les taux d’épargne etd’investissement sont supérieurs à la moyenne africaine etcontribuent à la vigueur de la croissance nationale.

Le secteur manufacturier du Botswana a diminué enimportance au fil du temps : sa part dans le PIB esttombée de 8 pour cent en 1966 à moins de 4 pour cent

en 2007, principalement en raison de l’expansion dusecteur minier. Les revenus abondants découlant duboom de la production de diamants risquent toutefois dese comprimer sous l’effet de la baisse des volumesd’exportation et, comme on le constate actuellement, duralentissement économique mondial. Ainsi qu’entémoigne le récent essor des activités d’exploration descompagnies minières privées, une incertitude plane sur levolume de diamants non encore extrait : la productiondevrait passer de 32 millions de carats en 2005 à44 millions en 2017, mais décroître après cette date.Dans le scénario le plus défavorable, les réserves dediamants du pays pourraient être épuisées à l’horizon20292. Parallèlement à la nécessité d’encourager l’emploiformel3, ce risque constitue un solide argument en faveurde la diversification de l’économie botswanaise. Ladiversification est d’ailleurs l’un des objectifs de l’État etrestera le principal défi à relever après le neuvième plande développement national (2003-2009).

Les gains de compétitivité reposent également sur labonne santé de la population et sur la qualité del’enseignement. Au Botswana, les taux d’inscription, à

Tableau 1 : Performances macro-économiques du Botswana, de Maurice, de la Namibie et de la Tunisie

BOTSWANA MAURICE NAMIBIE TUNISIE

Croissance annuelle moyenne 2000-07 2000-07 2000-07 2000-07

PIB (%) 5,2 3,5 5,0 4,8

Année 2006 2007 2008e 2009p 2006 2007 2008e 2009p 2006 2007 2008e 2009p 2006 2007 2008e 2009p

PIB (%) 5,1 4,4 3,9 2,6 3,9 5,4 4,8 3,0 7,1 4,1 3,4 2,7 5,5 6,3 5,1 4,1Prix à la consommation (%) 11,6 7,1 12,6 9,2 8,9 8,8 9,8 6,5 5,0 6,7 10,3 8,6 4,5 3,1 5,0 2,9

Part dans le PIB (%) 2007 2007 2007 2007

Agriculture 2,1 5,3 10,1 11,4Industrie 51,2 26,1 35,5 35,3Activités manufacturières 3,9 18,9 16,8 18,8Services 46,6 68,6 54,4 53,3

Part dans le PIB (%) 2007 2007 2007 2007

Formation brute de capital 26,9 26,9 20,9 24,8

Part dans le PIB (%) 2007 2007 2007 2007

Exportations de marchandises (fob) 42,3 29,5 33,5 42,6

Année 2006 2007 2008e 2009p 2006 2007 2008e 2009p 2006 2007 2008e 2009p 2006 2007 2008e 2009p

Solde du compte courant (en % duPIB) 17,2 16,6 13,5 11,5 -9,4 -5,3 -9,9 -6,1 13,9 18,0 3,6 2,7 -2,0 -2,6 -4,2 -3,2Budget public total (+)/(-) (en % duPIB) 13,2 6,5 -0,3 -0,5 -5,3 -4,3 -3,4 -3,2 4,1 0,9 -3,6 -3,4 -2,7 -2,8 -3,0 -3,2

Part dans le PIB (%) 2008 2008 2008 2008

Total de l’encours de la dette 11,9 8,9 29,9 49,6

Source : Division de la statistique de la BAD, Perspectives économiques en Afrique, mars 2009,Note : (e) désigne une estimation et (p) une projection.

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tous les niveaux d’enseignement, ne cessent d’augmenterdepuis l’indépendance nationale. En ce qui concernel’école primaire, ils restent plus faibles dans les districtsreculés de l’ouest et du nord-ouest que dans les autresrégions du pays, mais ils sont déjà impressionnants. En2007, le taux brut d’inscription à l’école primaire(108 pour cent) et le taux d’alphabétisation des plus de15 ans (82,8 pour cent) étaient très supérieurs à lamoyenne de l’Afrique subsaharienne (annexe C).Néanmoins, outre son coût social et humain, la forteprévalence du VIH/sida a de graves répercussions sur laproductivité de la main-d’œuvre et sur la compétitivitédu Botswana.

La Namibie est une petite économie étroitementintégrée à celle de l’Afrique du Sud. En 2007, elle aaffiché une expansion économique modeste, malgré lavigueur de sa production de diamants. La croissance duPIB namibien s’est établie à 5,0 pour cent, en moyenne,sur la période 1999-2007, avant de se tasser à3,4 pour cent en 2008. Cette évolution reflète, en partie,la capacité du pays à tirer profit de sa spécialisation sur lesmarchés internationaux et, en partie, les premiers effetspositifs de la diversification de son économie. Dans lecadre du projet Vision 2030, la Namibie entend devenirun pays industrialisé et compétitif. Le secteur minierreprésente 9 pour cent de son PIB, 45 pour cent de sesrecettes d’exportation et un tiers de la formation decapital fixe dans le pays. Comme au Botswana, l’industriedu diamant occupe une place importante : la Namibiefait partie des dix plus gros exportateurs de cette pierreprécieuse, qui correspond à 90 pour cent de lacontribution de son secteur minier au PIB. En 2006, lesdiamants ont constitué 40 pour cent des exportations deproduits namibiens, et les autres minerais (cuivre, zinc,uranium et or) 18 pour cent, contre 15 pour cent en2003.

En 2007, les activités manufacturières sont entréespour environ 17 pour cent dans le PIB namibien. Depuisquelques années, l’extraction diamantifère s’intensifie carcette pierre vaut de plus en plus cher. Cette hausse descours et des volumes de production a contribué à unexcédent courant substantiel (7 pour cent du PIB en2008) et à une accélération de la croissance. Plusieursinitiatives ont été lancées pour élargir la based’exportations, avec un certain succès après 2003. Parailleurs, la production de raisins, l’une des exportationsnon traditionnelles de la Namibie, a plus que triplé aucours de la dernière décennie. La transformation dupoisson constitue la principale industrie du pays. Laplupart des autres activités manufacturières, en particulierle textile, souffrent d’une vive concurrence asiatique.Dans le cadre de ses efforts de diversification, la Namibies’attache également à promouvoir le tourisme.

L’excédent budgétaire de la Namibie est ressorti à1,9 pour cent du PIB sur l’exercice 20074. Grâce à unegestion publique efficiente, l’encours total de la dette du

pays est resté inférieur à 20 pour cent du PIB cesdernières années, malgré un pic à 30 pour cent en 2008.En 2006, la Namibie affichait le taux de formation brutede capital le plus élevé des quatre pays (27 pour cent duPIB). Elle a contenu son inflation à environ 10 pour centsur les trois dernières années. L’ancrage du dollarnamibien au rand sud-africain lui a permis de maîtriserl’inflation en liant sa politique monétaire aux mesures deciblage de l’inflation mises en œuvre par l’Afrique duSud. Les tensions inflationnistes sont toutefois un peuplus marquées en Namibie qu’en Afrique du Sud. Celéger différentiel en valeur nominale s’explique par l’effetde Balassa-Samuelson5. À mesure que la productivités’accroît, les salaires et les prix des biens non exportablestendent eux aussi à augmenter, d’où l’appréciation de lamonnaie locale en valeur réelle. La croissance de laproductivité est également plus vigoureuse en Namibiequ’en Afrique du Sud.

La Namibie est classée 5e parmi les pays d’Afriquepour son revenu par habitant, et 11e pour l’indicateur dudéveloppement humain. À l’instar de ceux du Botswana,ses indicateurs sociaux reflètent ses difficultéséconomiques à long terme. À en juger par ses taux dechômage et de pauvreté, on peut affirmer que laNamibie peine à parvenir à une croissance partagée :moins de la moitié de la population active a un emploisalarié dans le secteur formel et, selon l’enquête sur lamain-d’œuvre, le taux de chômage officiel avoisine20 pour cent. Si l’on inclut les « personnes découragées »(c’est-à-dire celles actuellement sans emploi qui ont cesséde chercher du travail), il monte à 54 pour cent.

La Namibie affiche l’un des taux d’alphabétisationdes adultes les plus élevés d’Afrique subsaharienne(85 pour cent). Divers programmes informels de courspour adultes sont mis en œuvre pour relever encore cetaux. Cependant, au-delà des bons résultats socio-économiques, de réels problèmes persistent, en premierlieu la pauvreté et le piètre état de santé de la population.La plupart des Namibiens sont pauvres (environ la moitiévivent en dessous du seuil de pauvreté), la sous-nutritionet la malnutrition restent préoccupantes, surtout chez lesenfants en bas âge, et, comme au Botswana, laprévalence du VIH/sida est l’une des plus fortes aumonde. L’espérance de vie est faible : à environ 51 ansen 2007 (annexe C), elle représente 20 ans de moins quela moyenne des pays à revenu intermédiaire, tranchesupérieure.

Maurice et Tunisie : ingrédients du succès et menaces surla compétitivitéL’économie de Maurice et de la Tunisie est plusdiversifiée que celle du Botswana et de la Namibie.Maurice affiche l’une des plus grandes densités depopulation au monde (610 habitants/km2). Sa zonefranche d’exportation (ZFE) est spécialisée dans lesproductions à forte intensité de main-d’œuvre destinéesau marché extérieur, avec un certain nombre de produits

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phares : textile, électronique, plastique et cuir. LaTunisie a commencé à diversifier son économie après lesannées 1970, en investissant dans les équipementsmécaniques et électromécaniques, ainsi que dans letextile. Ce dernier secteur représente un quart environde l’ensemble des activités manufacturières du pays.

Le développement de Maurice est l’un des plussinguliers d’Afrique. Les 40 dernières années ont montréque la prévision initiale de Meade et al., celle d’un échecpour ce pays, était erronée6. En revanche, Meade et al.avaient bien perçu les nombreux problèmes auxquelsMaurice était au départ confronté : faible niveau derevenu, dépendance vis-à-vis des exportations de sucre,croissance démographique rapide, tensions ethniquespotentielles au sein d’une population très disparate,obstacles géographiques et autres. De plus, ce pays estpénalisé par son éloignement vis-à-vis des marchésmondiaux, puisque la distance qui le sépare de cesmarchés est supérieure d’au moins 25-30 pour cent àcelle qui sépare ces marchés des autres pays africains enmoyenne.

De 1973 à 1999, le PIB en volume mauricien aprogressé à un rythme annuel de 6 pour cent, contre unemoyenne inférieure à 2,5 pour cent en Afriquesubsaharienne. Si le revenu du Mauricien moyen a plusque triplé en 40 ans, celui de l’Africain moyen n’aaugmenté que de 32 pour cent. Cette croissance élevée(tableau 1) s’est opérée dans un contexte macro-économique stable, avec une inflation modérée(inférieure à 10 pour cent sur la période récente).

Néanmoins, malgré ses louables performancesmacro-économiques, Maurice subit de fortes tensions enraison de la mondialisation. La fin des préférencescommerciales pour ses exportations de textile, en 2005,la révision du Protocole sucre (2006-2010) de l’UE et lescours internationaux élevés des hydrocarbures pèsent surles termes de l’échange, au détriment de Maurice. Lacroissance du pays s’est par conséquent tassée cesdernières années, reflétant une nette contraction desactivités dans la ZFE, où le textile prédomine. Ceschangements ont engendré une montée du chômage.L’excédent courant s’est récemment transformé endéficit, qui a représenté, respectivement, 5,2 pour centdu PIB en 2007 et 6,7 pour cent en 2008 (tableau 1). Lesdeux principales raisons de cette dégradation sont labaisse des exportations et la cherté des hydrocarbures etdes denrées alimentaires. L’atonie de la croissance etl’ampleur des déficits budgétaires alourdissent la dettepublique, et la lenteur de l’ajustement des habitudes deconsommation contribue au creusement du déficitcourant et à l’accentuation de la dépendance vis-à-vis del’extérieur.

Sur les cinq prochaines années, la croissance du PIBen volume devrait rester en deçà de la moyenne de ladécennie précédente, y compris dans l’hypothèse d’unredressement significatif de la compétitivité du textile et

du sucre. Confronté à divers chocs, pour préserver sacroissance et créer des emplois à moyen terme, Mauricedoit promouvoir de nouveaux secteurs, en particulier lestechnologies de l’information et des communications(TIC). Le succès de cette stratégie jouera un rôle crucialdans la capacité du pays à devenir plus compétitif.

La qualité des ressources humaines joue un rôleessentiel dans le développement de Maurice. Plus de90 pour cent des enfants en âge d’être scolarisésfréquentent l’école primaire, le taux brut d’inscriptionatteint 102 pour cent à ce niveau de scolarité etl’enseignement dans le secondaire est de grande qualité.L’espérance de vie à la naissance s’est améliorée, passantde 61 ans en 1965 à 73 ans en 2007 (annexe C).

L’économie de la Tunisie est beaucoup plusdiversifiée et plus proche des marchés européens quecelle des trois autres pays. La Tunisie est l’un deschampions africains. La croissance vigoureuse de son PIBen volume (5 pour cent, en moyenne, sur la décennieprécédente) s’est accélérée à 6,3 pour cent en 2007.D’après les estimations, elle devrait ressortir à5,1 pour cent en 2008, grâce au dynamisme de laproduction agricole et à l’expansion à la fois des serviceset des activités manufacturières hors textile.

La Tunisie a contenu son taux d’inflation entre 3 et5 pour cent ces dernières années. Plusieurs facteursinfluent sur l’inflation, notamment les cours deshydrocarbures et des produits de base, ainsi que lasolidité de la demande intérieure. La dépréciationnominale du dinar tunisien par rapport à l’euro et audollar des États-Unis contribue à un ajustement entermes réels dans le secteur des biens exportables.L’assouplissement du régime de change joue un rôleimportant, car, en abaissant les coûts locaux en devisespour les entreprises, il permet aux producteurs des’adapter à un environnement plus concurrentiel, tant surle marché national qu’à l’international.

Le déficit du compte courant de la Tunisie est restémodeste ces dernières années. En 2006, malgré des chocsexogènes, la balance des paiements du pays a étélargement excédentaire grâce à la privatisation partiellede Tunisie Télécom, l’une des plus grandes entreprisesdu pays. Fin 2006, les réserves de devises permettaient decouvrir cinq mois d’importations. La Tunisie ayant par lepassé recouru à de gros emprunts internationaux, sa dettepublique extérieure représente aujourd’hui plus65 pour cent de son PIB, ce qui est beaucoup par rapportaux ratios observés dans d’autres pays à revenuintermédiaire. Néanmoins, l’encours total de la dette s’estréduit à 49,6 pour cent en 2008, et une analyse desoutenabilité de la dette révèle que l’économietunisienne est peu vulnérable face à l’impact financier duservice de sa dette. Au-delà de ce problèmed’endettement, la Tunisie montre sa capacité derésistance à l’envolée des cours des hydrocarbures etautres produits de base importés : elle affiche une

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croissance relativement vigoureuse tout en préservant sastabilité macro-économique. Ce pays est reconnu par leGlobal Competitiveness Report (GCR) comme le pluscompétitif d’Afrique et il est bien perçu par les agencesde notation internationales.

En Tunisie, l’école est gratuite pour tous les enfantsen âge d’être scolarisés, et obligatoire de 6 à 16 ans. Laquasi-totalité des enfants sont inscrits dans le primaire etprès d’un jeune sur six poursuit des études à l’universitéou dans un établissement d’enseignement supérieur.Environ les trois quarts des Tunisiens sont alphabétisés ;le taux d’alphabétisation des hommes est un peu plusélevé que celui de la population féminine, mais l’écart seresserre.

Même si la Tunisie et Maurice disposent tous lesdeux d’un système éducatif bien développé, ils doiventintensifier les efforts qu’ils consacrent à ce secteur, afin de

soutenir et d’approfondir le processus de diversificationde leur économie, ainsi que pour faire reculer lechômage. Dans le cas de la Tunisie en particulier, le tauxélevé de chômage des diplômés de l’université suscitedepuis peu des inquiétudes (encadré 2). Ce pays doitdonc s’efforcer de mieux répondre aux besoins de sonmarché du travail, tout en veillant à ce que les étudiantsqui sortent diplômés de l’université soient opérationnels.

Facteurs expliquant les performances macro-économiques des quatre paysLes performances macro-économiques à long terme desquatre pays d’Afrique résultent d’une conjonction defacteurs exogènes (dotation en ressources naturelles etaccords internationaux, notamment) et de la pertinencedes politiques publiques. Parmi les instruments de

Encadré 2 : La compétitivité et le marché du travail en Tunisie

La Tunisie affiche des performances macro-économiquesimpressionnantes depuis plusieurs décennies. Cependant, lechômage y reste élevé, surtout parmi les personnes qui cher-chent un emploi pour la première fois : il touche 30 pour centdes moins de 30 ans présentant un niveau élevé d’études. Bienque, globalement, le système éducatif tunisien soit considérécomme l’un des meilleurs d’Afrique, sa qualité est aujourd’huimise en cause. La Tunisie doit réformer en profondeur tous lesniveaux d’enseignement, depuis le secondaire jusqu’à l’univer-sité, et même la formation professionnelle. Pour remédier à tousces problèmes, les pouvoirs publics ont adopté un ensemble demesures portant sur la demande de main-d’œuvre et l’offre dequalification, ainsi que sur la façon de les mettre en relation.

Les données récentes sur l’état et l’impact des politiquesactuelles confirment que la demande de main-d’œuvre pâtit à lafois du coût élevé du capital et d’obstacles à l’accès aux mar-chés formels. L’ouverture du secteur bancaire à davantage deconcurrence locale et étrangère constitue une première étape,mais ce processus doit se poursuivre. Si les banques privéesdevenaient plus compétitives et répondaient mieux aux besoinsde leurs clients, les vastes et complexes mécanismes de finan-cement public et de subventions à l’investissement en faveur dudéveloppement, qui représentent des sommes considérables,pourraient progressivement cesser d’exister. Une étude estdéjà en cours dans ce domaine. Plutôt que d’accroître encorela complexité des incitations découlant du système de subven-tions et d’allègements fiscaux, il pourrait être judicieux deréexaminer à moyen terme l’ensemble du régime fiscal desentreprises.

À l’heure actuelle, le système éducatif ne répond pas plei-nement aux besoins du marché du travail, notamment parcequ’il a du mal à proposer un enseignement adapté. Compte tenudes éléments mentionnés ci-dessus, il faudrait donc formulerune politique d’enseignement supérieur qui atténue à court

terme le systématisme entre obtention du baccalauréat etentrée à l’université, en institutionnalisant, par des décrets, lesprincipes entérinés dans la récente loi sur l’enseignementsupérieur et en encourageant l’autonomie contractuelle desuniversités, ainsi qu’une évaluation publique externe de cesétablissements. En ce qui concerne l’enseignement et la forma-tion professionnels, l’État a d’ores et déjà pris toutes les mesu-res qui s’imposaient. Il ne s’agit plus, désormais, que d’en assu-rer le déploiement.

Pour ce qui est de la libéralisation de la réglementation, ilfaut féliciter la Tunisie pour sa nouvelle loi sur l’initiative écono-mique, qui raccourcit le délai nécessaire à la création d’uneentreprise et qui améliore la reddition des comptes. Les décretsqui sont sur le point d’être publiés permettront la mise en appli-cation de cette loi à moyen terme. À court et à moyen terme, ilest également dans l’intérêt de la Tunisie de faciliter et de ren-dre plus transparente l’installation des professions libéralesindépendantes (avocats et comptables, notamment). S’agissantde la détermination des salaires, on constate que les barèmesissus des négociations collectives contribuent au chômage desdiplômés. Quant aux salaires minimum par niveau de qualifica-tion, ils semblent trop élevés pour permettre au marché du tra-vail d’absorber un nombre croissant de diplômés, en particulierceux qui sortent de l’université. L’État pourrait donc poursuivrele débat sur les possibilités d’assouplir les modalités de licen-ciement, en autorisant notamment la création de services pourl’emploi privés et d’agences de travail temporaire privés. Lesproblèmes liés aux conventions collectives pourraient ainsi êtrerésolus à brève échéance. Il est probable que les subventionspubliques seront maintenues et que l’emploi serait amélioré parla libéralisation des salaires des jeunes diplômés.

Source : Banque mondiale, MENA, Labor Demand, Skills Supply and Employment :Towards an Integrated Strategy for Job Creation, A Policy Note, 2008.

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politique analysés dans la présente section, le régime dechange fait l’objet d’une attention particulière, car il aune incidence directe sur les prix et les coûts relatifs. LeBotswana et la Namibie n’ont pas été touchés par le malhollandais ; Maurice et la Tunisie, quant à eux, ontencouragé la flexibilité de leur taux de change, ce qui afacilité la suppression progressive des quotasd’importation et droits de douane, et ont ainsi affrontéune concurrence de plus en plus forte sur les marchésextérieurs dans des secteurs critiques, comme le textile.

Gestion des facteurs exogènesAu Botswana, la production de diamants et

l’abondance des ressources naturelles ont largementcontribué aux résultats économiques solides et durables.Cependant, alors que ce pays a su tirer parti de sesressources naturelles, d’autres, à l’évidence, n’ont pas étéen mesure de saisir des opportunités similaires. Dans denombreuses économies, l’abondance des ressourcesnaturelles se révèle en effet une malédiction plutôtqu’une bénédiction, et se traduit par une gouvernancemédiocre et par un secteur public qui ne rend compte àpersonne. Les politiques publiques décidées ne sont pasappliquées et, dans bien des cas, un comportement derecherche de rente provoque des conflits armés ou desguerres civiles. Au Botswana et en Namibie en revanche,les activités minières forment le socle d’une croissanceéconomique forte et ne pèsent pas sur la production desautres biens exportables. Grâce à une politique monétaireet budgétaire avisée, ces deux pays ont pu maintenir leurtaux d’inflation au même niveau qu’en Afrique du Sud.

Maurice et la Tunisie ont tous les deux profité defenêtres d’opportunité, en premier lieu des préférencescommerciales accordées par les pays européens, qui leuront permis de s’ouvrir aux marchés mondiaux. Ainsi, lesecteur de l’habillement et du textile, qui est crucial pourla croissance économique de ces deux pays, a bénéficiéde l’Accord multifibres (AMF) jusqu’en 2005. EnTunisie, le textile représente encore quelque 5 pour centde la production industrielle et des services. Dans lecadre de l’AMF, l’UE a fixé des quotas nationaux pourles exportations asiatiques, mais ouvert complètementson marché au textile provenant de Tunisie et deMaurice.

Après son indépendance, en 1968, Maurice aobtenu des quotas pour ses exportations de sucre versl’UE à un prix supérieur de 90 pour cent, en moyenne,au prix du marché entre 1977 et 2000. Les revenus qu’ilen a tirés lui ont servi à financer sa formation de capital.Sa croissance économique a également été soutenue pardes politiques économiques efficientes. Ainsi, la stratégiedéfinie pour le commerce et le développement a permisaux exportations mauriciennes de croître au rythmeannuel de 7,1 pour cent sur la période 1986-1996. Unepolitique de substitution aux importations a favorisé unepremière diversification des activités manufacturières, etl’État a déployé beaucoup efforts pour ouvrir

progressivement l’économie du pays. Les échangescommerciaux étaient à l’époque très protégés, avec desdroits de douane en moyenne supérieurs à 100 pour centen 1980 et qui avoisinaient encore 65 pour cent en 1989.Jusque dans les années 1980, de substantielles restrictionsquantitatives étaient appliquées sous la forme de permisd’importation pour près de 60 pour cent des produitsvenant de l’extérieur.

La zone franche d’exportation (ZFE) de Maurice aété créée en 1971. Toutes les entreprises de cette zonepouvaient y importer des facteurs de production enfranchise de droits, l’objectif étant de soutenir lacompétitivité du secteur d’exportation. Des incitationsfiscales ont également été accordées aux entreprises de laZFE, qui disposaient aussi d’une plus grande marge demanœuvre pour ajuster leurs effectifs en fonction desbesoins de production. À la faveur de l’AMF, Maurice apu profiter de la nouvelle répartition internationale desimportations pour attirer des chefs d’entreprise de Hong-Kong cherchant des sites à l’étranger pour y implanterdes activités textiles, de façon à contourner le système dequotas mis en place dans ce secteur. La ZFE, quireprésente 25 pour cent du PIB et plus de 36 pour centde l’emploi à Maurice, a facilité la croissance del’investissement direct étranger et de la productivité. Surla période 1983-1999, la productivité totale des facteurs(PTF) a ainsi augmenté de quelque 3,5 pour cent par anen moyenne, contre une croissance de 1,4 pour centpour l’ensemble de l’économie. L’accès préférentielaccordé à Maurice par ses partenaires commerciaux dansles secteurs du sucre, du textile et de l’habillement(90 pour cent du total des exportations de l’île) s’estapparenté à une subvention implicite des produitsexportables.

La Tunisie a lancé sa politique d’ajustementstructurel en 1983. L’ouverture de son économie surl’extérieur s’est nettement intensifiée grâce à l’Accordd’association signé avec l’UE en 1995, et malgré desdroits de douane toujours plus élevés que la moyennemondiale (9,8 pour cent) ou que celle de l’Afriquesubsaharienne (13,7 pour cent). Cependant, le niveaueffectif de protection, qui était passé de 56 pour cent en1995 à 71 pour cent en 1997, a été ramené à26 pour cent en 2005. Depuis le 1er janvier 2008, leséchanges de biens industriels avec l’UE sont entièrementlibéralisés et les produits industriels de l’UE entrent enTunisie en franchise de droits. Un programme derestructuration a permis aux entreprises de s’adapter à cesnouvelles conditions de manière efficiente. Les droits dedouane maximum prélevés sur les importationsmanufacturières en provenance de l’UE étaient inférieursà 10 pour cent en 2007, alors qu’ils dépassaient100 pour cent en 1995. En 2005, toutefois, la Tunisie aété confrontée à l’expiration de l’AMF et au risque quecette perte d’accès préférentiel aux marchés extérieursn’entraîne une réorientation d’une partie des échanges au

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profit d’autres pays. Dans le secteur de l’habillement, quiconstitue environ 40 pour cent de la valeur ajoutée de laproduction manufacturière en Tunisie, l’État et lesentreprises ont tenté de passer de la sous-traitance à laco-contractualisation. De plus, les pouvoirs publics ontencouragé la production agricole dans certaines filières(huile d’olive et cultures biologiques, par exemple) oùelle est inférieure aux quotas d’exportation vers l’UE7.

Politique de change propice à la compétitivité-prixLes prix ou les coûts relatifs constituent une variabledéterminante pour les entreprises qui fabriquent desproduits standardisés et qui sont présentes sur les marchésmondiaux. Bien que la compétitivité-prix soitgénéralement mesurée par le taux de change effectif réel(TCER), l’interprétation de cet indicateur se révèleparfois difficile8. Si la sous-évaluation des taux de changea favorisé les exportations asiatiques dans les années 1980,une monnaie surévaluée n’a pas toujours derépercussions négatives sur la production de biensexportables : elle encourage les importationsd’équipements et permet des gains de productivité.Rodrik avance, lui, qu’une monnaie sous-évaluée tire lacroissance économique tandis qu’une monnaiesurévaluée lui est préjudiciable9. Selon cet auteur, dansles pays en développement, la production de biensexportables pâtit des dysfonctionnements du marché,ainsi que des carences institutionnelles. Selon cetargument, la dépréciation du taux de change réel neconstitue pas le meilleur moyen d’atténuer ces coûts etces distorsions.L’impact économique potentiel du TCER est analysédans les quatre pays d’Afrique (annexe A). Exceptionfaite de la Namibie, ceux-ci ont opté pour un régime dechange à flottement administré ou libre (encadré 3). Lescoûts nominaux varient et l’on prend pour hypothèseque l’indice des prix à la consommation et les gains deproductivité sont analogues ou voisins d’un pays àl’autre. En conséquence, la compétitivité des entreprisesse dégrade lorsque le TCER s’accroît et s’améliorelorsqu’il décroît.

Maurice et Tunisie : l’impact d’un régime de change àflottement administré

Une politique de change active a contribué àl’amélioration de la compétitivité-prix à Maurice ainsiqu’en Tunisie. Maurice a pu maîtriser son inflation, quiest ainsi tombée de 10 pour cent sur 1989-1993 àenviron 8 pour cent à la mi-1996, lorsque ce pays aadopté un système de ciblage de l’inflation, et à4 pour cent en 2004. Plus récemment, le taux d’inflationest revenu à son niveau de la fin des années 1980, enraison du renchérissement des hydrocarbures et desproduits alimentaires, même si la politique d’objectifd’inflation lui a permis de se rapprocher des niveauxobservés dans les pays développés. La roupie mauriciennes’est fortement dépréciée. En 2008, elle représentait

moins de 60 pour cent de sa valeur de 1995, faisant deMaurice une économie très compétitive en termes deprix. Ces gains de compétitivité ont été compris entre 10et 20 pour cent sur la période 1990-2006 (tableau 2). Lerégime de change à flottement administré a permis de

Encadré 3 : Le régime de change dans les quatrepays d’Afrique

La monnaie du Botswana, le pula, est passée d’un régime dechange ajustable à une parité à crémaillère par rapport à unpanier de devises composé, notamment, du rand sud-africainet de droits de tirage spéciaux. Le nouveau taux de changeest ajusté en continu par rapport au panier, en fonction del’évolution de certains facteurs, tels que le différentiel d’infla-tion attendu entre le Botswana et ses principaux partenairescommerciaux.

Les autorités mauriciennes ont choisi un système différentde celui généralement adopté par les petites économies insu-laires, qui, très souvent, rattachent leur monnaie à une deviseforte, pour des raisons de crédibilité. Après avoir ouvert lecompte de capital et laissé progressivement flotter le taux dechange de la roupie mauricienne dans les années 1990, labanque centrale de Maurice a révisé sa politique monétairepour instaurer officiellement, en 1999, un régime de change àflottement administré.

En Namibie, le rand sud-africain a été la monnaie nationaleentre 1921, date de création de la banque centrale sud-africaine (South African Reserve Bank), et 1990. Le dollarnamibien a été introduit après l’indépendance du pays, en1990, mais il est depuis lors rattaché au rand. Conformémentaux accords institutionnels de la Zone monétaire commune(Common Monetary Area – CMA), ce dernier circule libre-ment et son cours de change est à parité avec celui du dollarnamibien. La banque centrale de la Namibie a néanmoins peude marge d’action pour conduire une politique monétaireindépendante. La politique budgétaire est par conséquent leprincipal instrument dont elle dispose pour faire face auxchocs, mais elle agit, dans le meilleur des cas, avec un tempsde retard.

En Tunisie, étant donné les liens historiques tissés avecles partenaires commerciaux et le poids de ces derniers, ledinar a d’abord été ancré au franc français, puis aux autresmonnaies constituant le Système monétaire européen (SME).La situation a changé ces dix dernières années, et le régimede change du dinar repose de plus en plus sur un panier demonnaies (incluant le dollar des États-Unis). Dans une cer-taine mesure, et selon la classification des régimes dechange proposée par le FMI, le régime de change du dinarest peu à peu passé d’une parité glissante à un flottementadministré, sans que la trajectoire du taux de change ne soitfixée à l’avance.

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préserver la compétitivité extérieure et la viabilité ducompte courant du pays. Cette flexibilité reste essentiellemalgré la dégradation récente de ce compte (tableau 1).

Durant la dernière décennie, la Tunisie a appliquéun régime de change administré, qui, avec l’ouverturecroissante de son économie, est devenu un élémentcentral de sa gestion macro-économique. Ce pays aspectaculairement réduit le nombre de ses tarifsdouaniers, porté de 14 à 9, et, par une politiquemonétaire prudente, a atténué les tensions inflationnistespour les ramener à des niveaux proches de ceux des paysindustrialisés, ce qui a engendré une dépréciation du tauxde change effectif réel. D’ailleurs, la Tunisie se prépare àouvrir graduellement son compte de capital et àrépondre à la demande intérieure de diversification desportefeuilles d’investissement via le recours à des actifsfinanciers étrangers. À moyen terme, la flexibilité accruedu taux de change s’est révélée essentielle pour lerenforcement de la position extérieure et pour lemaintien de la compétitivité-prix.

Botswana et Namibie : sensibilité à la valeur du randLe taux de change effectif nominal du Botswana et

de la Namibie, mesuré par la part des importations dans

les échanges commerciaux bilatéraux, dépend largementdu rand sud-africain. Sur la période 1999-2003, l’Afriquedu Sud a représenté près de 80 pour cent desimportations du Botswana et plus de 90 pour cent decelles de la Namibie. Dans le même temps, lesexportations du Botswana et de la Namibie vers l’Afriquedu Sud n’ont constitué, respectivement, que 6,5 et32 pour cent du total de leurs exportations. Cettedifférence explique la variation du taux de changenominal, qui est stable si l’on considère le TCERpondéré par les importations, alors qu’il s’est apprécié sil’on prend en compte le TCER pondéré par lesexportations. Ces écarts nominaux se sont dans une largemesure répercutés sur l’évolution réelle des indices. Lerand s’étant vivement déprécié entre 1995 et 2002, leTCER pondéré par les exportations a fortement baissésur cette période, alors que, pondéré par lesimportations, il est resté stable dans le cas de la Namibiemais s’est légèrement apprécié au Botswana, surtoutentre 2000 et 2004.

Au Botswana, le pula s’est apprécié en raison de sonrattachement à un panier de monnaies et du recul de40 pour cent du rand sud-africain par rapport aux droitsde tirage spéciaux. Cette hausse du pula vis-à-vis du randa désavantagé les exportateurs de produits nontraditionnels et a rendu le Botswana moins attrayant auxyeux des investisseurs étrangers que les pays dont lamonnaie est rattachée au rand. D’après le Fondsmonétaire international (FMI), le pula s’est déprécié entermes nominaux et en termes effectifs réels après deuxdévaluations (en 2004 et 2005) et l’adoption (en 2005)d’un système de crémaillère glissante10. Le taux dechange glissant du pula correspond à l’écart entrel’objectif d’inflation et le taux d’inflation prévisionnel despartenaires commerciaux du Botswana. Cette politiquemonétaire a contribué à endiguer les tensionsinflationnistes, de sorte que, fin 2007, le TCER étaitinférieur d’environ 10 pour cent à son point haut d’avant2004. La compétitivité-prix a ainsi renoué avec sonniveau de la fin des années 199011.

La politique de change s’est révélée moins active enNamibie et au Botswana qu’à Maurice ou qu’en Tunisie.Le choix du régime de change peut expliquer en partiecette différence, mais il faut également prendre enconsidération les fondamentaux du taux de changed’équilibre à long terme. Les deux pays riches enressources naturelles, à savoir le Botswana et la Namibie,ont bénéficié de termes d’échanges favorables pour leursproduits miniers, tandis que les deux autres pays, dontl’économie est plus diversifiée et qui sont plus pauvres enressources naturelles, ont décidé d’utiliser leur taux dechange pour soutenir leurs exportations de biensmanufacturés, dans un environnement plusconcurrentiel.

Tableau 2 : Taux de change effectifs nominaux (TCEN)et réels (TCER), deux schémas de pondérationdes échanges (base 100 = 1995)

Importations deproduits non pétroliers Exportations

Pays Année TECN TCER TCEN TCER

Botswana 1990 106,2 97,2 126,8 88,81994 101,9 99,9 106,7 100,81998 96,1 99,4 68,8 78,42000 99,6 106,9 64,6 79,82002 113,2 117,7 54,0 70,22004 116,9 119,8 68,5 89,12005 111,8 115,6 66,3 87,6

Maurice 1990 96,5 94,8 107,1 93,61994 99,8 100,1 99,6 98,71998 88,1 94,8 77,1 86,62000 90,1 103,1 79,2 94,32002 87,8 106,3 69,1 87,82004 75,6 94,6 64,3 84,22006 65,9 89,2 55,9 78,5

Namibie 1990 102,2 98,0 117,1 90,21994 100,7 99,1 104,7 100,11998 97,3 98,7 77,0 85,02000 96,2 105,0 71,5 87,62002 93,3 108,6 53,8 74,62004 96,0 116,3 64,8 94,42006 95,5 115,4 62,4 91,8

Tunisie 1990 103,3 93,2 98,5 91,21994 99,3 96,5 98,7 96,41998 95,3 99,7 95,8 99,52000 93,2 99,4 95,3 100,82002 91,6 99,0 94,5 101,52004 81,7 90,5 83,7 92,02006 75,9 85,6 77,6 86,8

Source : Calculs des auteurs d’après les Statistiques financières internationales.Note : L’appréciation du taux de change nominal ou réel se traduit par une baisse decompétitivité.

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Facteurs institutionnels et facteurs liés àl’environnement des entreprises

Au-delà de leur influence directe sur les prix, lesinstitutions jouent un rôle central dans la productivité etla maîtrise des coûts des entreprises. Lorsque des règlesformelles appropriées et des mécanismes de contrôle etde sanction adéquats sont en place, ils réduisent les coûtsde transaction et les défaillances du marché, ce qui a unimpact sur les opportunités et les incitations dontdisposent les entreprises pour investir et accroître leurproductivité.

Plusieurs facteurs ont une incidence sur lacompétitivité des pays, via le coût de la pratique desaffaires. En effet, la compétitivité dépend de manièrecruciale du comportement des entreprises, ainsi que desactions des institutions publiques. Ces facteurs sont, entreautres, la gouvernance, le coût de la corruption, lacapacité de l’État à veiller à la sécurité et la prévisibilitédu règlement des conflits commerciaux. Certains freinsinstitutionnels entraînent une hausse des coûts et limitentla « contestabilité » des marchés intérieurs, ce qui finit parsaper le processus de « destruction créatrice » décrit parSchumpeter.

La réglementation a des effets importants sur lacompétitivité, notamment parce qu’elle définit lesmodalités de création et de fermeture des entreprises. Ilpeut également exister des obstacles au niveau desmarchés des facteurs de production, par exemple en cequi concerne la facilité d’embauche et de licenciement.En outre, lorsque le droit des contrats est régi par desrègles très strictes, il a tendance à peser sur lacompétitivité des entreprises. Des lacunes dans lafourniture des biens publics ou de services publicsexportables entraînent également des coûts excessifs pourles entreprises. Dans la plupart des pays endéveloppement, la piètre qualité des routes et des autresinfrastructures nuit fortement à la compétitivité et à laproductivité.

Cette section met en évidence les principauxfacteurs de la compétitivité des quatre pays d’Afrique etpropose une comparaison avec quatre économies nonafricaines : la Thaïlande, Trinité-et-Tobago, l’Uruguay etle Venezuela. On peut classer ces huit pays d’après leurstade de développement, en recourant à la méthodedécrite dans le chapitre 1.1 du Rapport mondial sur lacompétitivité (GCR). Alors que le Botswana et leVenezuela sont des économies en transition du stade 1 austade 2, les autres en sont au stade 2. Seule exception,Trinité-et-Tobago, en transition du stade 2 au stade 3.L’analyse qui suit repose sur les informations et donnéesdu Rapport mondial sur la compétitivité 2008-2009 élaborépar le Forum économique mondial, ainsi que sur cellesdes rapports ICA (Investment Climate Assessment :évaluation du climat de l’investissement) de la Banquemondiale.

Le tableau 3 présente les rangs et scores des quatrepays d’Afrique d’après l’indice de compétitivité mondiale(GCI). Il en ressort que la Tunisie (36e) est le paysd’Afrique le mieux classé dans le GCI 2008-2009, avecdes performances proches de celles de la Thaïlande (34e).De son côté, le Botswana (56e) a vu sa situations’améliorer nettement : ce pays a gagné 20 places,progression remarquable, en réalisant les avancées les plusimportantes par rapport au précédent GCI. Ses pointsforts sont la fiabilité et la stabilité de ses institutions, quicontribuent à une politique publique transparente etresponsable, ainsi qu’un environnement macro-économique stable. La Namibie (80e) a progressé deneuf places grâce à un cadre institutionnel adéquat, quiprotège les droits de propriété, et un système judiciaireconsidéré comme indépendant. Maurice (57e) a gagnétrois places depuis le précédent Rapport. Ce pays secaractérise, lui aussi, par des institutions publiques solideset transparentes, des droits de propriété bien protégés, undegré raisonnable d’indépendance de son pouvoirjudiciaire et un bon niveau de sécurité.

Facteurs influant sur l’environnement des entreprisesLe tableau 4 a pour source le rapport Doing Business 2009de la Banque mondiale, qui présente des indicateursobjectifs mesurant la réglementation applicable auxentreprises et sa mise en œuvre dans le monde. Lesdonnées extraites de cette publication sont recueilliesselon des procédures standardisées qui permettentnotamment des comparaisons internationales qui peuventguider les décisions d’investissement. Le tableau 5énumère les plus importants obstacles à l’activité desentreprises, qui sont décrits dans les Profils decompétitivité du présent Rapport. On a demandé auxpersonnes interrogées de citer les cinq plus grandsobstacles, sur les 15 répertoriés. Les informations destableaux 4 et 5 servent à analyser quelques-uns desfacteurs qui influent le plus sur la compétitivité deshuit pays considérés.

Le Botswana est classé 38e sur 181 pays dans lerapport Doing Business de la Banque mondiale, et

Tableau 3 : Classement de quatre pays d’Afriqueet de quatre pays non africains dans le GCI

2007-2008 2008-2009

PaysRang

(sur 131 pays)

Score (sur uneéchelle de

1 à 7)Rang

(sur 134 pays)

Score (sur uneéchelle de

1 à 7)

Botswana 76 3,96 56 4,26Maurice 60 4,16 57 4,25Namibie 89 3,85 80 3,99Tunisie 32 4,59 36 4,58Thaïlande 28 4,70 34 4,60Venezuela 98 3,63 105 3,56Uruguay 75 3,97 75 4,04Trinité-et-Tobago 84 3,88 92 3,85

Source : Forum économique mondial, 2008. 1.6

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56e dans le GCI. Les problèmes liés auxdysfonctionnements des marchés du travail et desproduits (tableau 5) y sont plus graves que ceuximputables à la gouvernance politique et administrative.L’inefficacité de l’administration publique(11,1 pour cent) y constitue le troisième obstacle, parordre d’importance, pour les entreprises, derrière lemanque d’éthique professionnelle de la population activenationale (19,0 pour cent) et l’inadéquation du niveaud’études de la population active (14,0 pour cent). En

revanche, la dimension politique de la gouvernancepublique n’est pas aussi problématique au Botswana quedans d’autres pays d’Afrique. Le Botswana obtient unbon score en ce qui concerne la fiabilité et la légitimitéde ses institutions, qui contribuent à la confiance queplace la population dans la classe politique, et c’est dansle domaine de la lutte contre la corruption qu’il est lemieux noté.

L’édition 2007 du rapport ICA de la Banquemondiale montre que, par rapport aux entreprises

Tableau 4 : Coûts de la pratique des affaires dans quatre pays d’Afrique et dans quatre pays non africains

Indicateur Botswana Maurice Namibie Tunisie VenezuelaTrinité-

et- Tobago Uruguay Thaïlande

Rang sur 181 pays 38 24 51 73 174 80 109 13

PNB par habitant (USD ) 5 840 5 450 3 360 3 200 7 320 14 100 6 380 3 400

Création d’une entrepriseProcédures 10 5 10 10 16 9 11 8

Délai (nombre de jours) 78 6 66 11 141 43 44 33

Coût (en % du PNB) 2,3 5,0 22,1 7,9 26,8 0,9 43,5 4,9

Exécution des contratsProcédures 29 37 33 39 29 42 40 35

Délai (nombre de jours) 987 750 270 565 510 1 340 720 479

Coût (proportion d’actions en justice) 28,1 17,4 29,9 21,8 43,7 33,5 19,0 14,3

Fermeture d’une entreprise

Délai (nombre d’années) 1,7 1,7 1,5 1,3 4,0Pratique

inexistante 2,1 2,7

Embauche de travailleursIndice de la difficulté à embaucher 0 0 0 28 78 0 33 33

Indice de la difficulté à licencier 40 50 20 80 100 20 0 0

Transfert de propriétéProcédures 4 4 9 4 8 8 8 2

Délai (nombre de jours) 11 210 23 39 47 162 66 2

Coût (en pourcentage de la valeur du bien) 5,0 10,8 9,9 6,1 2,2 7,0 7,1 1,1

Octroi de prêtsIndice de fiabilité des droits des créancierset emprunteurs 7 5 8 3 3 8 5 4

Indice mesurant les informations relativesà la solvabilité des emprunteurs 4 3 5 5 0 4 6 5

Protection des investisseursIndice mesurant la protection des investisseurs 6,0 7,7 5,3 3,7 2,7 6,7 5,0 7,7

Paiements des taxes et impôtsNombre de paiements 19 7 37 22 70 40 53 23

Temps nécessaire (en heures) 140 161 n.d. 228 864 114 336 264

Taux d’imposition total (en pourcentagedu bénéfice) 17,1 22,2 25,3 59,1 56,6 33,1 58,5 37,8

Commerce transfrontalierDocuments nécessaires à l’exportation (nombre) 6 5 11 5 8 5 10 4

Délai d’exportation (nombre de jours) 31 17 29 17 49 14 19 14

Coût d’exportation (USD par conteneur) 2 508 725 1 686 733 2 590 866 1 100 625

Documents nécessaires à l’importation (nombre) 9 6 9 7 9 6 10 3

Délai d’importation (nombre de jours) 42 16 24 23 71 26 22 13

Coût d’importation (USD par conteneur) 3 064 677 1 813 858 2 868 1 100 1 330 795

Source :Source : Banque mondiale, 2008.

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manufacturières des autres pays d’Afrique subsaharienne,celles du Botswana sont relativement productives. AuBotswana, la productivité du travail est élevée,puisqu’elle avoisine 8 000 dollars par travailleur, soit plusdu double que dans les pays d’Afrique subsaharienne àfaible revenu. Néanmoins, la productivité totale desfacteurs (PTF) y est moins bonne que dans les économiesnon africaines à revenu intermédiaire, tranchesupérieure, et au regard des niveaux régionaux observésen Afrique du Sud ou en Namibie. Les salaires sont plusélevés au Botswana qu’en Chine ou qu’en Thaïlande,mais inférieurs à ceux constatés dans la plupart des paysmembres de l’Union douanière de l’Afrique australe(UDAA) ou à Maurice. Toutefois, les coûts unitaires demain-d’œuvre (coûts moyens de main-d’œuvre/valeurajoutée) ne pèsent pas fortement sur la compétitivité. Ilressort également de l’enquête de la Banque mondialeauprès des entreprises que l’accès au financementconstitue un frein important pour environ 60 pour centdes micro-entreprises et pour 40 pour cent desorganisations plus grandes.

La piètre qualité de la main-d’œuvre est l’un desfacteurs qui entrave le plus l’activité des entreprises auBotswana, même si un travailleur type employé dans uneentreprise moyenne de ce pays a fréquenté l’écolependant un nombre d’années relativement élevé. Leproblème tient en fait aux programmes des établissementsd’enseignement formel. Les autres obstacles sont liés àl’infrastructure et aux conditions de création desentreprises. En revanche, par rapport aux quatre paysnon africains, les quatre économies d’Afrique considéréesici sont relativement bien classées pour la stabilité de leur

environnement macro-économique et pour la stabilitépolitique. Cependant, le commerce transfrontière estonéreux au Botswana. En raison de l’éloignement desmarchés, le coût d’importation et d’exportation d’unconteneur est élevé : il se monte, respectivement, à 2 508et 3 064 dollars (tableau 4). Les exportateurs ont parconséquent des difficultés à desservir leurs marchésrégionaux et internationaux, surtout dans le secteur desproduits manufacturés standard, où la concurrence estgénéralement vive.

En 2009, Maurice est classé au deuxième rang deséconomies d’Afrique subsaharienne les plusconcurrentielles selon le GCI, et au premier rang despays d’Afrique (à la 24e place) dans le rapport DoingBusiness de la Banque mondiale (tableau 4). Lesformalités de création ou de fermeture d’une entreprise ysont simples. Cependant, les institutions du marché dutravail restent trop rigides. L’embauche et le licenciementétant très strictement encadrés, les coûts de productiondes entreprises demeurent élevés. Pour importer unconteneur, il faut débourser 725 dollars. En revanche,l’éloignement des marchés internationaux, qui, dans lesannées 1960, était considéré comme un obstacle majeurau processus de développement du pays, n’apparaîtaujourd’hui pas aussi pénalisant pour la compétitivitéqu’on ne le pensait initialement. Concernant lesimportations, les normes mauriciennes sont proches decelles de la Thaïlande. Le transfert de propriété s’y révèletoutefois coûteux et long : 210 jours à Maurice, contre162 jours à Trinité-et-Tobago, autre petite île de moinsde deux millions d’habitants, et seulement 2 jours enThaïlande (tableau 4).

Tableau 5 : Les plus importants obstacles à l’activité des entreprises

IndicateurBotswana

(en %)Maurice

(en %)Namibie

(en %)Tunisie(en %)

Venezuela(en %)

Trinité-et-Tobago

(en %)Uruguay

(en %)Thaïlande

(en %)TOTAL 100 100 100 100 100 100 100 100

Manque d’éthique professionnelle de la popula-tion active nationale 19,0 7,2 13,6 9,1 1,6 14,7 3,3 2,2Inadéquation du niveau d’études de la populationactive 14,0 15,2 19,4 5,3 1,2 5,1 5,7 7,4Inefficacité de l’administration publique 11,1 18,6 12,7 14,6 13,8 11,0 18,0 12,1Inadéquation de l’infrastructure 10,5 15,2 4,2 7,5 1,1 5,7 7,5 5,2Accès au financement 10,1 4,5 6,4 15,8 1,6 2,3 11,9 4,1Inflation 7,4 7,2 6,5 8,6 6,5 15,3 2,4 8,5Réglementation du travail trop restrictive 7,2 10,7 15,1 13,9 12,6 1,6 22,6 1,2Corruption 6,3 8,0 5,4 2,7 8,4 13,2 0,5 10,3Vols et délinquance 5,2 3,7 4,9 0,0 4,6 21,9 1,5 0,8Mauvais état de santé de la population 3,6 0,2 2,2 0,8 0,6 3,4 0,0 0,6Règlementation fiscale 2,3 1,6 2,0 7,7 2,6 0,7 7,6 5,1Instabilité de la politique économique 1,3 4,1 0,2 0,6 19,3 1,7 5,5 13,0Réglementation des changes 1,2 1,8 1,1 5,8 20,1 0,3 0,0 4,6Taux d’imposition 1,0 1,8 6,4 6,9 1,1 1,8 13,4 3,5Instabilité politique/coups d’État 0,0 0,2 0,0 0,6 5,1 1,3 0,0 21,5

Source : Forum économique mondial, 2008.

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Maurice occupe la 57e place dans le classementgénéral du GCI 2008-2009. Ses institutions sont solides,avec un pouvoir judiciaire présentant un degréraisonnable d’indépendance. Néanmoins, les résultats del’enquête 2008 menée auprès des dirigeants d’entreprisepar le Forum économique mondial indiquent que, sur15 obstacles à l’activité des entreprises, le premier estl’inefficacité de l’administration publique du pays, pour18,6 pour cent des répondants. Viennent ensuitel’inadéquation de l’infrastructure (15,2 pour cent),l’inadéquation du niveau d’études de la population active(15,2 pour cent) et la réglementation du travail, jugéetrop restrictive (10,7 pour cent). Si ces sourcesd’inefficience étaient éliminées, l’économie mauriciennes’en porterait probablement mieux. Cependant, au-delàde la bureaucratie et de l’excès de réglementation,l’administration publique du pays est considérée commerelativement bienveillante. En d’autres termes, lesentreprises font confiance à l’État et à ses services, mais ily a « trop de règles ». C’est une différence significativepar rapport à Trinité-et-Tobago, où la défaillance del’État constitue un grave problème.

D’après la productivité moyenne du travail, ouPTF, les performances des entreprises sont meilleures àMaurice qu’en Chine, même si elles sont inférieures àcelle des deux capitales de province les plus productivesde Chine : Shenzhen et Hangzhou. À Maurice, laproductivité est également plus élevée que dans lesautres pays d’Afrique subsaharienne à faible revenu,mais le pays est à la traîne par rapport au Brésil et àl’Afrique du Sud, notamment à cause d’une plus faibleintensité en capital. Les coûts unitaires de main-d’œuvrey sont relativement substantiels et pourraient freiner ladiversification de l’économie. Sur une base annuelle, lecoût total des salaires et des avantages sociaux avoisine3 800 dollars à Maurice, contre 2 000 dollars àHangzhou, en Chine. Lorsque l’on combine lesindicateurs de la productivité et ceux des salaires, onobtient pour Maurice des coûts unitaires de main-d’œuvre deux fois plus élevés que dans les grands paysd’Asie tels que la Chine et l’Inde.

Les entreprises mauriciennes estiment que lesproblèmes d’accès au financement constituent un freinimportant à leur activité, et elles sont confrontées à lalourdeur des formalités administratives nécessaires pourl’obtention d’une autorisation ou d’un permis d’activité,ainsi qu’au nombre élevé de formalités requises pour lacréation d’une entreprise. Elles déplorent aussi lamédiocre qualité du capital humain et considèrent que lesystème éducatif ne répond pas à leurs besoins. Outre lapénurie de travailleurs qualifiés, qui a des effets négatifsévidents sur la productivité totale, elles se voient donccontraintes de former leur personnel sur le tas. SelonMcDonald et Yao, la récente poussée du chômagepourrait s’expliquer par les rigidités du marché du travail,c’est-à-dire par la réglementation des salaires12. En

conséquence, l’amélioration de l’environnement desentreprises passera par des réformes dans ce domaine.

La Namibie occupe la 51e place dans le rapportDoing Business 2009 de la Banque mondiale, et la80e dans le classement général d’après le GCI 2008-2009.Les formalités de création et de fermeture d’uneentreprise posent problème dans ce pays. Les difficultéssont généralement dues à la structure rigide du marché,qui n’est pas toujours propice à de bonnes performancesdans les secteurs de l’économie en cours dediversification. Et le faible taux de rotation desentreprises est le plus souvent corrélé à un processus dedestruction créatrice peu actif, qui favorise les entreprisesen place, qui se traduit par un manque de pressionconcurrentielle et une absence d’innovation. Lestransferts de propriété sont aussi une démarche longue etcoûteuse. En revanche, la Namibie offre des incitationsfiscales relativement favorables : le taux d’imposition desbénéfices est de 25,3 pour cent, contre 58,5 pour cent enUruguay, mais seulement 17,1 pour cent au Botswana(tableau 4).

En Namibie, le commerce transfrontalier revientcher, comme en atteste, par exemple, le coûtd’importation et d’exportation d’un conteneur(tableau 4). En raison de son éloignement des richesmarchés d’Europe et d’Amérique du Nord, la Namibiene peut généralement pas tirer parti de sa situationcôtière. La réglementation du travail n’y apparaît pascomme un obstacle important. Ce qui pose davantageproblème, c’est la capacité des producteurs namibiens àlicencier des travailleurs, qui sont très protégés par lalégislation. Il semble que le comportement destravailleurs constitue l’un des problèmes les plus gravesdans ce pays. D’après le Rapport mondial sur lacompétitivité, trois des 15 premiers obstacles à l’activité desentreprises ont trait à la main-d’œuvre et représententquelque 48 pour cent des doléances des entreprisesnamibiennes qui ont répondu à l’enquête (tableau 5). Lesproblèmes associés à ce facteur sont l’inadéquation duniveau d’études de la main-d’œuvre (19,4 pour cent), laréglementation du travail trop restrictive (15,1 pour cent)et le manque d’éthique professionnelle de la populationactive nationale (13,6 pour cent). Ces trois problèmes serévèlent beaucoup plus graves que les carences dufonctionnement de l’État : inefficacité des pouvoirspublics (12,7 pour cent), inflation (6.5 pour cent) et tauxd’imposition (6,4 pour cent).

En 2007, la Banque mondiale a rédigé son rapportsur le climat de l’investissement en Namibie d’après uneétude menée à Windhoek et à Walvis Bay. Il ressort dece rapport que la productivité des entreprises peut êtrejugée satisfaisante. La productivité médiane, mesurée parla valeur ajoutée par travailleur, avoisine 15 000 dollars :elle est inférieure de 50 pour cent à la médiane observéeen Afrique du Sud, mais supérieure de près de50 pour cent au niveau constaté au Botswana et à

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Maurice. La productivité du travail est également plusélevée qu’en Chine ou qu’en Thaïlande, qui font partiedes économies à revenu intermédiaire enregistrant la plusforte croissance. En Namibie, le salaire mensuel médianest proche de 300 dollars pour un ouvrier employé àtemps plein. C’est bien plus que dans la plupart desautres pays d’Afrique subsaharienne, mais beaucoupmoins qu’en Afrique du Sud, où le salaire médianmensuel s’établit à 800 dollars.

En Namibie, les coûts de main-d’œuvrereprésentent quelque 30 pour cent de la valeur ajoutée,soit un peu plus qu’en Chine ou qu’en Thaïlande, ce quine pèse trop fortement sur la compétitivité du pays àl’international. Les perceptions relatives au climat del’investissement dans ce pays sont plutôt atypiques, ausens où aucun obstacle ne prédomine parmi les 17considérés. Le rapport de la Banque mondiale sur leclimat de l’investissement en Namibie indique que, pourenviron 20 pour cent des entreprises, les qualifications dela main-d’œuvre sont nettement insuffisantes, mais que ladélinquance et les taux d’imposition constituent desfreins beaucoup plus importants (respectivement pour28 et pour 20 pour cent des entreprises). Cependant, letaux d’imposition des bénéfices n’est cité parmi lesprincipaux obstacles que par 4,1 pour cent des dirigeantsd’entreprises. Sur ce point, la Namibie soutientfavorablement la comparaison avec un large éventaild’économies à revenu intermédiaire et fait partie deschampions africains de la productivité. L’efficacitétechnique de ses entreprises s’explique par leur savoir-faire organisationnel, ainsi que par un environnementéconomique et institutionnel propice. En Namibie, raressont également les entreprises qui se plaignent del’infrastructure. Les dirigeants du secteur manufacturierdéplorent principalement l’insécurité, le manque dequalifications des travailleurs et la piètre qualité dusystème éducatif : tant les niveaux d’études que la qualitéde l’enseignement sont généralement jugés faibles.

La Tunisie est classée dans les pays à revenuintermédiaire les plus efficients, grâce à unenvironnement d’affaires plus favorable que dans d’autrespays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Elle est36e au classement général d’après le GCI, c’est-à-dire àun rang proche de celui de la Thaïlande (34e). LaThaïlande possède peu de ressources naturelles mais unemain-d’œuvre abondante, et affiche un PIB par habitantcomparable à celui de la Tunisie (3 200 dollars en 2008).De plus, la croissance du PIB y est tirée par les activitésmanufacturières. En revanche, le rapport Doing Business2009 de la Banque mondiale classe la Tunisie à la73e place, et la Thaïlande en 13e position. En effet, cettedernière se trouve dans un environnement régional trèsconcurrentiel, qui nécessite une politique pragmatiquepour promouvoir l’efficience et attirer l’investissementdirect étranger. L’environnement de la Tunisie est moinspropice, bien que ce pays soit géographiquement proche

de l’Union européenne et que, depuis 2008, il ait ouvertson marché aux produits européens en franchise dedroits.

En Tunisie, les relations personnel/employeurssont très réglementées. Ainsi, l’indicateur relatif auxlicenciements, qui assigne une valeur comprise entre 0et 100 (la valeur la plus élevée correspondant à uneréglementation rigide) attribue un score de 0 à laThaïlande et à l’Uruguay, mais de 80 à la Tunisie(tableau 4), niveau proche de celui du Venezuela (100)et nettement supérieur à la moyenne des pays à revenuintermédiaire. En outre, alors que la fermeture d’uneentreprise est rapide et peu coûteuse en Tunisie,l’exécution des contrats reste problématique dans cepays.

En Tunisie, le total des prélèvements sur lesbénéfices des entreprises est élevé : 59 pour cent, contre38 pour cent en Thaïlande (tableau 4). Il s’expliquenotamment par les cotisations sociales substantielles queles Tunisiens doivent payer, plutôt que par le niveau del’impôt sur les sociétés, qui est l’un des plus faibles parmiles huit pays étudiés ici. En novembre 2006, l’Institutd’économie quantitative (IEQ) a publié un rapport sur lacompétitivité en Tunisie, établi d’après une enquêtemenée auprès d’un échantillon d’entreprisesmanufacturières. La plupart des entreprises considèrentl’excès de fiscalité et de réglementation comme leprincipal obstacle à leur activité dans ce pays et estimentqu’il entraîne une hausse des coûts du travail. Les coûtsindirects, via les taxes sur le travail et les cotisationssociales, sont, eux aussi, élevés et perçus comme un freinà l’investissement dans les secteurs technologiques à forteintensité de main-d’œuvre.

L’accès au crédit est également considéré comme unfrein important pour les petites et moyennes entreprisesen Tunisie. L’indice de fiabilité des droits des créanciers,qui évalue dans quelle mesure la législation sur les sûretéset les faillites facilite les prêts, donne un scorerelativement bas, de 3, qui est le plus faible de tous ceuxrecensés dans le tableau 4. Selon l’étude de l’IEQ, l’accèsau crédit et le coût d’obtention d’un prêt constituent unobstacle majeur pour les entreprises tunisiennes. Pourobtenir un prêt, il faut apporter d’importantes garanties,qui représentent entre 138 pour cent du montant totaldu prêt pour les grands groupes et 203 pour cent pour lespetites entités. L’essor des prêts au secteur productif faitpartie des principaux objectifs à moyen terme pour lesautorités tunisiennes. Ces obstacles sont présentés plus endétail dans le tableau 5. L’accès au financement apparaîtainsi comme le problème numéro un pour les entreprises(15,8 pour cent). Viennent ensuite les obstacles liés àl’administration publique (14,6 pour cent) et laréglementation du travail (23 pour cent). Les tauxd’imposition se classent en sixième position(7,7 pour cent). La Tunisie a néanmoins deux atouts parrapport à la Thaïlande : un environnement économique

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et politique plus stable (1,2 pour cent, contre34,5 pour cent) et une corruption moins marquée(2,7 pour cent, contre 10,3 pour cent). Cependant, cesdeux pays continuent de pâtir de la lourdeur de leursprocédures administratives.

Diversification économique et sources d’efficienceLa diversification économique consiste à produire, et peut-être à exporter, un plus large éventail de produits. Lespays doivent surtout produire pour exporter des biens etdes services plus variés, en donnant la priorité à la hautetechnologie, à la valeur ajoutée et à la modernité.L’argument habituellement avancé en faveur de ladiversification des économies riches en ressourcesnaturelles est qu’elles pourront ainsi atténuer les effets dumal hollandais. Étant donné que le prix de nombreusesressources naturelles est très fluctuant, il peut en effet êtrerisqué de trop dépendre des exportations de ces produits.Les pays doivent donc s’attacher à atténuer leurdépendance, soit en constituant des fonds spéciaux qui,en période de conjoncture favorable, seront alimentéspar les recettes provenant des exportations de ressourcesnaturelles, soit en encourageant la diversification de leuréconomie. Dans le cas des petits pays, tels que les quatreque nous étudions ici, la base de production est souventétroite, avec peu de biens exportables en quantitésignificative. C’est également un facteur de vulnérabilitééconomique, qui rend la diversification d’autant plusnécessaire. De surcroît, l’argument en faveur de ladiversification découle du fait que l’extraction etl’exportation des ressources naturelles profitent peu del’innovation et des gains de productivité, et que les paysdoivent opérer une diversification dans des secteurs oùces gains auront davantage d’effets. Enfin, même si lespays sont encouragés à diversifier leur économie, il fautque les nouveaux biens ou services qu’ils produiront soitde qualité suffisante pour être compétitifs sur le marchéinternational.

La transformation des quatre pays a commencé pardes changements marginaux qui ont permis de réduire lebiais anti-exportations grâce à diverses mesuresincitations, plutôt que par des mesures radicales delibéralisation du commerce, qui auraient été difficiles àmettre en œuvre. Cependant l’élargissement de la basede production via le processus de diversification reste undéfi majeur pour ces quatre pays.

L’analyse des sources d’efficience montre que lataille du marché influe sur le processus dedéveloppement. Néanmoins, en raison de l’abandon despréférences commerciales, l’environnement internationalest moins propice que celui qui existait depuis plusieursdécennies. L’intégration régionale est l’une des solutionsenvisageables. Chacune des quatre économies a signéplusieurs accords bilatéraux et régionaux. Ainsi, leBotswana, la Namibie et Maurice sont membres de laCommunauté de développement de l’Afrique australe(SADC), qui a été créée en 1992. En août 2008, le

dernier sommet en date des chefs d’État et degouvernement des pays de la SADC a lancé une zone delibre-échange régionale en espérant qu’elle élargirait lemarché et encouragerait l’expansion du commerce, ledéveloppement économique et la création d’emplois.Entré en vigueur en 2000, le Protocole de la SADCappelait à l’établissement d’une zone de libre-échanged’ici 2012. De son côté, la Tunisie devrait bénéficier dela mise en place progressive d’une zone de libre échangedans le cadre du partenariat euro-méditerranéen instituépar la Déclaration de Barcelone. Les pays devrontnéanmoins surmonter les problèmes liés à ladiversification de leur économie, car la mondialisationrend la compétitivité et la survie des entreprises plus quejamais impératives.

L’intensification de la concurrence contraint les paysà lancer des politiques qui visent à améliorer les niveauxde productivité. Dans les quatre économies considéréesici, la compétitivité par les prix ou les coûts est essentiellepour la promotion des exportations, mais elle n’est passuffisante pour accélérer la diversification. Les paysd’Afrique doivent donc engager un processus dediversification en recourant à une politique pragmatique,telle que celle mise en œuvre par les économies d’Asiequi ont réussi. C’est ainsi qu’en Tunisie, les entreprisesmisent sur la proximité des consommateurs européens,tout en améliorant la qualité de leurs produits. Cettestratégie semble efficace, comme en témoigne l’essor desexportations tunisiennes, qui ont bondi de15,9 pour cent en 2007, après un recul d’environ3 pour cent en 200613. À Maurice, après plusieurs annéesde contraction, les exportations de vêtements etd’accessoires progressent elles aussi. Ces deux paysdisposent apparemment des capacités nécessaires pourrésister à la concurrence asiatique. Cependant, pour entirer parti, ils devront continuer de restructurer et dediversifier leur économie en trouvant des niches demarché supplémentaires dans le secteur manufacturier,ainsi qu’en favorisant l’émergence d’activités de servicesexportables.

Au Botswana, le neuvième plan de développementnational, élaboré pour faire face au risque d’épuisementdes mines de diamants et à la nécessité d’accroîtrel’emploi formel, vise à remédier aux problèmes induitspar la diversification de l’économie. Des réformesstructurelles sont en cours pour soutenir lesinvestissements (tirés par le secteur privé) dans desactivités non traditionnelles et non minières. Ainsi, en1999, le Botswana a ouvert un centre international desservices financiers afin de mobiliser le savoir-faire localdans ce domaine ; en Namibie, les autorités sont en traind’encourager la diversification dans l’agroalimentaire,l’aquaculture et certains marchés de niche, tels que leciment ou la taille des diamants dans de petits ateliers ;enfin, d’autres réformes structurelles pourraientpermettre d’attirer les investisseurs étrangers, car c’est

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probablement le secteur privé qui mènera le mouvementde diversification des exportations.

Au Botswana, le tourisme constitue une brancheessentielle des services, dont le pays pourrait tirer partigrâce à la proximité de l’Afrique du Sud. Le tourismeentre pour plus de 10 pour cent dans le PIB duBotswana. C’est le troisième secteur d’activité dans cepays et l’un de ceux qui sont le mieux à même desoutenir la diversification de l’économie.

Le tourisme joue également un rôle important enNamibie, où il représente quelque 17 pour cent du PIBet de l’emploi, et il pèse déjà d’un poids considérable àMaurice et Tunisie. À Maurice, le nombre de touristesétrangers a augmenté de 15 pour cent en 2007, surtoutles entrées de touristes en provenance de la Chine. EnTunisie, si les nouvelles technologies de l’information etdes communications (TIC) constituent une branchestratégique du secteur des services, c’est le tourisme quioccupe la première place dans ce secteur, 6 pour cent duPIB en 200614.

Les quatre économies d’Afrique analysées dans cechapitre doivent améliorer les quatre principaux facteursqui contribueront à leur efficience, pour lesquels ellesobtiennent à ce jour des scores relativement faibles(tableau 6). Elles devront engager des réformessupplémentaires dans les domaines qui influent sur laproductivité des entreprises, tels que la réglementationdu travail et l’accès au financement. Dans les activitésmanufacturières, l’essentiel de la valeur ajoutée provient

généralement de la main-d’œuvre, d’où la nécessitéd’accroître la flexibilité des accords contractuels pourabaisser les coûts de production. Dans le Rapport mondialsur la compétitivité, le Botswana est classé 52e sur 134 payspour l’efficience de son marché du travail. En revanche,une partie de sa réglementation continue de faireobstacle à l’activité des entreprises15. C’est aussi le cas enNamibie, où les effets de la mise en œuvre complète dela nouvelle législation du travail (Labor Act) ne sont pasencore déterminés précisément et où les rigidités dumarché du travail contribuent, entre autres facteurs, à untaux de chômage élevé.

Environ la moitié des Namibiens vivent sous le seuilde pauvreté. La sous-nutrition et la malnutrition restentproblématiques, surtout chez les enfants en bas âge. EnNamibie et au Botswana, la prévalence du VIH/sida estl’une des plus fortes au monde et a un impactconsidérable sur l’espérance de vie. En 2007, celle-ciavoisinait 51 ans au Botswana, c’est-à-dire 20 ans demoins que la moyenne observée dans les pays à revenuintermédiaire, tranche supérieure. En Tunisie, la montéedu chômage résulte de l’augmentation de la populationactive et du taux d’activité des femmes. À Maurice,malgré des progrès constants depuis les années 1990, laréglementation du travail reste problématique à endehors de la ZFE. Un marché du travail plus efficientaiderait la main-d’œuvre qui quitte les secteurs en déclinà trouver des emplois dans les secteurs en croissance. Enoutre, Maurice doit adapter ses règles d’embauche et de

Tableau 6 : Indice de compétitivité mondiale 2008-2009, scores de quatre pays d’Afrique et de quatre pays nonafricains

Composante de l’indice de compétitivitémondiale (GCI)

BotswanaRang (score)

MauriceRang (score)

NamibieRang (score)

TunisieRang (score)

ThaïlandeRang (score)

VenezuelaRang (score)

UruguayRang (score)

Trinité-et-TobagoRang (score)

Score global d’après le GCI 56 (4,2) 57 (4,2) 80 (4,0) 36 (4,6) 34 (4,6) 105 (3,6) 75 (4,0) 92 (3,9)

Paramètres de base 53 (4,6) 50 (4,7) 48 (4,7) 35 (5,2) 43 (5,0) 111 (3,6) 57 (4,5) 65 (4,4)

1. Institutions 36 (4,7) 39 (4,7) 42 (4,6) 22 (5,2) 57 (4,2) 134 (2,4) 45 (4,6) 104 (3,4)

2. Infrastructure 52 (4,0) 43 (4,3) 33 (4,6) 34 (4,6) 29 (4,7) 109 (2,5) 69 (3,5) 63 (3,6)

3. Stabilité macro-économique 22 (5,7) 117 (4,0) 27 (5,7) 75 (4,9) 41 (5,4) 110 (4,3) 104 (4,4) 51 (5,2)

4. Santé et enseignement primaire 112 (4,2) 57 (5,7) 118 (4,0) 27 (6,1) 58 (5,6) 74 (5,4) 54 (5,7) 72 (5,4)

Sources d’efficience 82 (3,8) 66 (4,0) 93 (3,6) 53 (4,2 ) 36 (4,5) 94 (3,6) 83 (3,8) 80 (3,8)

5. Enseignement supérieur et formation 87 (3,7) 67 (4,0) 110 (3,1) 27 (4,8) 51 (4,3) 79 (3,8) 62 (4,1) 78 (3,8)

6. Efficience des marchés des produits 93 (3,9) 40 (4,6) 94 (3,9) 30 (4,8) 46 (4,5) 132 (3,1) 79 (4,1) 90 (4,0)

7. Efficience du marché du travail 52 (4,5) 65 (4,4) 50 (4,5) 103 (4,1) 13 (5,0) 131 (3,4) 106 (4,0) 76 (4,3)

8. Sophistication des marchés financiers 40 (4,8) 32 (5,0) 53 (4,5) 77 (4,1) 49 (4,6) 116 (3,5) 88 (4,0) 52 (4,6)

9. Ouverture à la technologie 89 (3,0) 55 (3,6) 85 (3,0) 52 (3,7) 66 (3,4) 86 (3,0) 64 (3,4) 63 (3,4)

10. Taille du marché 101 (2,7) 110 (2,5) 122 (2,3) 62 (3,6) 21 (4,9) 36 (4,5) 91 (3,0) 103 (2,7)

Facteurs d’innovation et de sophistication 98 (3,2) 69 (3,6) 104 (3,2) 30 (4,2) 46 (3,9) 116 (3,0) 82 (3,4) 79 (3,5)

11. Sophistication des entreprises 106 (3,5) 55 (4,3) 94 (3,6) 40 (4,5) 46 (4,4) 115 (3,3) 85 (3,8) 73 (4,0)

12. Innovation 83 (3,0) 80 (3,0) 111 (2,7) 27 (3,9) 54 (3,4) 115 (2,6) 77 (3,0) 86 (3,0)

Source : Forum économique mondial, 2008.Note : Pour chacun des 12 piliers ci-dessus, le premier chiffre correspond au classement sur 134 pays. Le score du pays est indiqué entre parenthèses, sur une échelle de 1 à 7, 1 étantla note la moins bonne et 7 la meilleure.

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licenciement pour se rapprocher des modalités plussouples dont bénéficie sa ZFE. De plus, les coûts demain-d’œuvre et la compétitivité des entreprisess’amélioreraient si Maurice démantelait son mécanismede fixation des salaires, actuellement centralisé, qui a desrépercussions négatives sur le ratio coûtsnominaux/productivité des facteurs. Cependant, malgrétous ces obstacles, l’efficience du marché du travail aprogressé spectaculairement à Maurice, faisant passer cepays de la 82e place en 2007 à la 65e en 2008.

Les quatre pays doivent également réformer leursystème éducatif pour répondre à la demande des secteursen croissance, qui ont besoin d’une main-d’œuvrequalifiée. L’enseignement supérieur et la formationconstituent l’une des six sources d’efficience mesurées parle GCI. L’enseignement et la formation contribuent demanière cruciale à l’ouverture à la technologie et aurelèvement de la productivité, ainsi qu’à lacompétitivité ; dans trois des quatre économies, il seclasse à la 2e place dans la liste des facteurs problématiquespour les entreprises, après la taille du marché. LeBotswana et la Namibie souffrent d’une grave pénurie detravailleurs qualifiés.

En Tunisie et à Maurice, l’enseignement est l’un desprincipaux déterminants de l’amélioration de la PTF parrapport à la période 1960-199016. En Tunisie, la qualitéde l’enseignement encourage de nouvelles spécialisations,via des niches de production dans le secteurmanufacturier, ainsi que via l’externalisation. À Maurice,l’enseignement et la formation constituent égalementdeux grands moteurs de la compétitivité nationale.Cependant, les lacunes du système éducatif y sontconsidérées comme le troisième obstacle, par ordred’importance, à l’activité des entreprises, qui contraintcelles-ci à former leur personnel sur le tas.

Acquis et défis dans le contexte mondial actuelPour s’attaquer aux différents défis qu’ils rencontrent, lesquatre pays africains ont employé des méthodes adaptéesà leur situation nationale respective. Certaines dessolutions qu’ils ont choisies présentent des similitudes.Elles sont riches d’enseignements pour les paysconfrontés au même type de problèmes.

Les enseignementsUne bonne gouvernance, accompagnée d’un pouvoirfort et visionnaire mis en œuvre par des institutionsofficielles et des règles informelles ont largementcontribué au succès de ces quatre pays. Tous ontfavorisé, puis consolidé, le consensus social. AuBotswana, par exemple, la possibilité d’alternancepolitique ainsi que des institutions efficaces garantissant lapropriété privée ont toujours existé. Selon Acemoglu etal., ces institutions ont protégé les droits de propriété desinvestisseurs effectifs et potentiels et ont assuré la stabilitépolitique17. Grâce à ces institutions, le système politique

et la participation d’un vaste pan de la société à la viepolitique limitent les pouvoirs des élites. Cetteparticipation populaire a démarré avec l’émergence dukgotla, une institution précoloniale où des hommes seréunissent encore aujourd’hui et discutent librement deproblèmes d’intérêt général. Cette pratique a contribué àla constitution d’un capital social efficient qui a donnélieu à une cohésion sociale précieuse. Les institutionstraditionnelles coexistent avec des institutions modernesou plus formelles de manière efficace. Les kgotlas offrentaux participants l’occasion de critiquer, de faire entendreleur voix ou de manifester leur loyauté. Ainsi, le bonfonctionnement institutionnel est soutenu à la fois parl’alternance démocratique et les pouvoirs et contre-pouvoirs traditionnels.

Dans une large mesure, les trois autres pays ontégalement réussi à mettre en place des institutionsefficaces. Maurice et la Namibie ont en commun latransparence et la solidité de leurs institutions publiques,ainsi que l’indépendance du pouvoir judiciaire. À unniveau certes moindre et sur des critères différents que lestrois autres pays, les institutions tunisiennes se classent àun rang élevé dans le GCI du fait de la transparence et dela confiance qui règnent dans les relations entre l’État etla société civile, et parce qu’elles sont à l’origine dequelques-uns des principaux avantages concurrentiels dupays.

La gouvernance publique a également joué un rôleimportant. Comparativement à la plupart des autres paysafricains, ces quatre pays ont bénéficié d’un État efficacealliant des gouvernements responsables et une bonnegouvernance. Ces atouts se confirment surtout dans lesdomaines de la sécurité, de la stabilité politique etéconomique et de la corruption. Les biens publicsessentiels (une administration compétente et intègre, lasécurité publique, l’État de droit, la santé et les normessanitaires) sont présents dans les quatre pays.L’infrastructure est assez satisfaisante, même s’il reste desprogrès à faire dans ce domaine pour une plus grandecompétitivité. Le Botswana se classe à un rang mondialélevé concernant l’efficience des dépenses publiques. Cepays a réussi à gérer son propre développement, tandisqu’un grand nombre d’autres pays africains sont tombésdans le piège de la « malédiction des ressources ». EnNamibie, une politique budgétaire prudente et efficace,qui a aidé à maintenir un excédent budgétaire et à limiterles emprunts extérieurs, a engendré une croissancedynamique sur le long terme. En Tunisie, la gestion desdépenses publiques s’est également révélée efficace. Lacorruption n’est considérée comme un problème gravedans aucun des quatre pays, et tous disposent d’unefonction publique responsable.

Il est à noter que les quatre pays ont réussi àinstaurer sur le long terme une vision holistique dudéveloppement. Cette orientation de la politiqueéconomique a été rendue possible par des responsables

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politiques influents et visionnaires. Ces quatre États ontrécemment défini une politique industrielle au sens large,qui englobe toutes les mesures destinées à stimulercertains secteurs d’activité spécifiques (et non l’industrieen elle-même), et à favoriser un changement structurel18.Les activités manufacturières ne sont pas les seulesconcernées par les dysfonctionnements du marchéjustifiant l’adoption d’une politique industrielle.Pratiquement toutes les activités non traditionnelles lesont aussi. La politique industrielle de la Tunisie et deMaurice a permis la coexistence d’activités protégéestournées vers l’intérieur et le développement d’unsecteur d’exportation efficient. Maurice est parvenu àsurmonter le problème posé par la taille restreinte de sonmarché grâce à la loi sur la zone franche d’exportation(Export Processing Zone Act – EPZ) de 1970, qui avaitinstitué un régime spécial pour les entreprises produisantexclusivement pour l’exportation. D’abord dominée parla monoculture de la canne à sucre, l’économiemauricienne s’est peu à peu diversifiée, en intégrant àson secteur productif d’autres activités que les activitésprotégées. Au début des années 1970, le gouvernementtunisien a suivi la même orientation en accordant desincitations fiscales aux exportateurs de textiles et devêtements. Cette décision a contribué à renforcerl’industrie légère, et pas seulement les activitéstraditionnelles de transformation des produitsalimentaires. La réforme s’est poursuivie en 1986 avec lepremier Programme d’ajustement structurel, puis à lasuite de la Déclaration de Barcelone de 1995. Les plansde développement ont été l’outil privilégié des pouvoirspublics tunisiens et botswanais pour la promotion deleurs objectifs à long terme.

Ces quatre pays ont attaché une grande importanceà la faisabilité politique de leurs réformes. Lesresponsables politiques étaient soucieux à la fois depréserver le consensus social et de favoriser les réformeséconomiques. C’est pourquoi des changementsmarginaux ont été privilégiés dans un premier tempspour opérer la transformation de ces économies. Leurlibéralisation s’est faite à un rythme progressif, et nonsous forme d’une thérapie de choc. Cette stratégie a étépossible grâce à la qualité des institutions, et plusparticulièrement grâce à la capacité des gouvernements às’engager sur le long terme et à leur crédibilité. Ils ontchoisi d’atténuer le biais anti-exportation grâce à desmesures incitatives plutôt que de procéder à unelibéralisation radicale des échanges. Cette deuxièmesolution aurait été difficile à mettre en œuvre, nonseulement à cause de la recherche permanente de paixsociale, mais aussi du fait de la difficulté de remettre encause les intérêts acquis19. Les entreprises qui opèrentdans des secteurs protégés peuvent jouer de leurinfluence pour bloquer toute réforme susceptible de lespriver de leurs avantages sur le marché national ; lespetits groupes qui bénéficient de mesures

protectionnistes portent atteinte à la croissanceéconomique ; mais les bénéficiaires de ces mesures étantpeu nombreux, et les coûts étant répartis parmi toute lapopulation, une contestation populaire des coûts duprotectionnisme est improbable20.

Bien que les activités manufacturières soient encorepeu nombreuses en Namibie et au Botswana, leprocessus de diversification s’est, au début, heurté à desproblèmes similaires à ceux rencontrés par Maurice et laTunisie. Selon Harvey et Lewis, lors de l’indépendancedu Botswana, le gouvernement manquait d’expériencepour diriger un État moderne21. Vers le milieu desannées 1970, lorsque les recettes provenant des diamantssont devenues plus importantes que celles provenant del’élevage, il était important que les élites n’aient pas peurde voir leur influence politique diminuer du fait de latransformation économique. Selon Acemoglu et al., lesélites politiques et les populations botswanaises ont héritéd’un ensemble d’acquis institutionnels limitant les conflitsinternes motivés par la quête d’une rente politique22. EnTunisie, excepté durant les deux décennies qui ont suivil’indépendance, les autorités ont favorisé les partenariatspublic-privé par rapport à la seule intervention dusecteur public dans la gestion des affaires économiques.

La politique industrielle pragmatique adoptée parces quatre pays s’inspire dans une certaine mesure de cequi a été accompli par le ministère japonais duCommerce international et de l’Industrie (le MITI), oùle nationalisme de développement prenait corps dans desinstitutions officielles ou dans l’administration publique23.En 1967, par exemple, le Botswana a négocié unpartenariat gagnant-gagnant sur le long terme avec legroupe diamantifère sud-africain De Beers. Cepartenariat a permis à l’État d’engranger des recettesrésultant de l’exploitation minière et de les réutiliser pourréaliser des investissements productifs. Le programme demise à niveau adopté en Tunisie à la suite de son accordd’association conclu avec l’Union Européenne en 1995offre un autre exemple de la capacité de ces pays à établirun dialogue constructif avec des organisations privées.Lancé en 1996, ce programme a eu une influencepositive sur le fonctionnement de l’industrie tunisienne.Il prévoit d’accorder aux entreprises présentant un projetd’investissement de modernisation des subventionsdestinées à renforcer leur compétitivité et à leurpermettre de conserver leurs parts de marché grâce à lamodernisation de leurs installations et à l’augmentationde leur capital humain et de leurs moyens de productionincorporels. Les entreprises qui ont pris part à ceprogramme affichent une productivité et des résultatsd’exportation supérieurs aux autres pays.

Les défisAu-delà de leurs performances passées, ces quatre paysdoivent aujourd’hui prendre en compte les défis que lacrise économique mondiale actuelle leur impose dans lagestion de leur économie et de leur compétitivité à court

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et moyen terme. À long terme, ils devront résoudre lesproblèmes qui freinent le processus de diversification deleur base de production afin d’améliorer leurcompétitivité.

Les défis à court terme : la crise financière

La crise économique touche désormais le secteur réel del’économie des quatre pays dont il est question dans cechapitre24. Leurs perspectives de croissance se sontdétériorées, de mêmei que leurs performances macro-économiques (tableau 1). Pour le Botswana, parexemple, la Banque avait prévu pour 2008 et 2009 unecroissance de 5,3 et 5,2 pour cent respectivement avantla crise. Depuis, elle a revu ses estimations à la baisse,avec 3,9 pour cent en 2008 et 2,6 pour cent en 2009.Les trois autres pays traversent également une période deralentissement de la croissance.

L’essoufflement de l’économie mondiale affectesévèrement les entreprises minières du Botswana, ainsique le secteur manufacturier et les services qui dépendentde la demande extérieure. La chute de la production etdes cours des diamants depuis novembre 2008 a joué unrôle important dans la dégradation de la situation. AuBotswana, l’effondrement de la production industrielle,des exportations et des recettes budgétaires a engendrédes dépassements budgétaires et un déséquilibre de labalance extérieure. Les réserves de change fondent. Lesperspectives à court terme sont assez décourageantes,étant donné que la baisse des recettes minières devrait sepoursuivre, ce qui limitera la capacité de financement desplans de relance économique par les États.

En Namibie, les premiers effets de la crise se sontmanifestés par le biais de canaux indirects : taux dechange, inflation et taux d’intérêt. Au cours des troispremiers trimestres 2008, le dollar Namibien s’estdéprécié face aux grandes devises, entraînant unrenchérissement des produits importés et de l’inflation et,partant, une augmentation des taux d’intérêts. Lesestimations de la croissance du PIB pour 2008 et 2009sont passées de 4,4 et 3,3 pour cent respectivement à 3,4et 2,7 pour cent. Les recettes estimées et prévisionnellesdes exportations ont également été revues à la baisse,tandis que l’excédent de la balance courante va semaintenir, mais à un niveau nettement moindre qu’avantla crise.

Si la Tunisie a dans un premier temps pu échapper àla crise financière grâce à la relative fermeture de sonsecteur financier et aux restrictions sur son compte decapital, le pays subit aujourd’hui les retombées de la criseéconomique mondiale dans tous ses aspects, du tassementde la production industrielle et des exportations àl’effondrement des recettes publiques et des réserves dechange. Le secteur des exportations tunisien estsérieusement menacé par le ralentissement économiquedans la zone euro, puisque 80 pour cent des exportationstunisiennes sont destinées à cette zone. La croissance

prévisionnelle pour 2009 a été revue à la baisse enconséquence, perdant 1,5 point de pourcentage.

À Maurice, le système financier a été épargné parles premières retombées de la crise financière mondiale.Le système bancaire bénéficie d’une bonne régulation etles banques sont largement pourvues en capitaux propreset en liquidités. En outre, les banques mauriciennes ontfait preuve de prudence dans leur stratégied’investissement, en finançant leurs prêts principalementpar les dépôts de résidents. Une deuxième vague deretombées se fait désormais sentir dans le secteur réel. Lesecteur des exportations mauricien souffre de la récessionsur les principaux marchés d’exportation du pays. Lesecteur du tourisme est également affecté par un déclindu nombre des visiteurs venant d’Europe, sa principalesource de revenus.

Les quatre pays s’efforcent d’atténuer les effetsnégatifs de la crise. Au Botswana, par exemple, la Banquecentrale a baissé son taux d’escompte de 50 points de basepour le ramener à 15 pour cent en décembre 2008. LaBanque centrale de Namibie a également baissé son tauxde prise en pension dans le but de stimuler l’emprunt etde relancer l’investissement privé et la consommation. LaTunisie a pris un certain nombre de mesures pouratténuer l’impact de la crise financière. Une commissiond’évaluation et de suivi a été créée pour suivre l’évolutionde la crise. La part du budget 2009 allouée auxinvestissements publics et aux mesures d’amélioration dela compétitivité internationale, de l’emploi et derenforcement de la protection sociale est en forte hausse.De plus, la Banque centrale est en train d’assouplir sapolitique monétaire : le taux sur le marché monétaire dudinar est passé d’environ 5,2 pour cent en décembre 2008à 4,65 pour cent en janvier 2009. En janvier 2009, legouvernement mauricien a annoncé l’introduction d’unesérie de mesures destinées à relancer la demande intérieureet à augmenter la création d’emplois. Ces mesuresreprésentent 10,4 milliards de roupies mauriciennes (0,3million de dollars), soit environ 3 pour cent du PIB deMaurice.

La crise a mis en évidence la relative vulnérabilitéde ces quatre petites économies ouvertes, fortementtributaires de quelques produits, qui sont actuellementconfrontés à une concurrence effrénée sur les marchésmondiaux (par exemple le textile), ou dont les prix sonttrès étroitement corrélés à la situation économiquemondiale (les diamants). La diversification desexportations est primordiale pour renforcer la résistancede ces économies aux chocs extérieurs. Pour atteindrecet objectif dans le contexte actuel de concurrenceaccrue, ces pays doivent améliorer l’environnement deleurs entreprises et éventuellement mettre en place despolitiques de change plus actives. Selon Rodrik, la sous-évaluation structurelle du taux de change facilite lacroissance économique25. Cette stratégie s’est révéléeefficace dans certains pays d’Asie, dont la Chine.

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Les défis à moyen terme : la diversification

À Maurice et en Tunisie, le secteur du textile doitsurmonter plusieurs obstacles. Quelques années après ladisparition progressive de l’AMF, ce secteur se portemieux qu’escompté dans ces deux pays. En Tunisie, lesproducteurs tentent de se positionner à la fois en tirantparti des circuits de distribution courts qui desservent lesconsommateurs européens tout proches et en misant surla qualité. Cette stratégie semble porter ses fruits pourl’efficience du secteur, comme en témoignel’augmentation des exportations de 15,9 pour cent en2007, qui fait suite à une érosion d’environ 3 pour centen 200626. À Maurice, la multiplication des partenariatscommerciaux Sud-Sud pourrait atténuer impact directproduit par les grandes économies émergentes.

Comme l’a récemment rappelé l’ancien présidentdu Botswana, Monsieur Festus Mogae, la diversificationreste le principal défi à relever pour l’économie de sonpays27. Le neuvième plan de développement entendrépondre aux préoccupations suscitées par cettediversification, qui est motivée par le risqued’épuisement des réserves de diamants et la nécessitéd’accroître l’emploi formel. Le pays est en train demettre en œuvre des réformes structurelles afin desoutenir l’investissement tiré par le secteur privé dans lessecteurs non traditionnels et non miniers.

La Namibie a, elle, choisi de se diversifier vial’agro-alimentaire et l’aquaculture, ainsi que dans certainscréneaux pointus comme le ciment et la taille desdiamants dans de petits ateliers. Le secteur privé devraitouvrir la marche de la diversification des exportations, cequi incite les autorités namibiennes à envisager desréformes structurelles susceptibles d’attirer desinvestisseurs étrangers.

À en juger par le modèle de développement deMaurice et de la Tunisie, le tourisme a le potentiel decontribuer à la diversification de l’économie duBotswana et de la Namibie. En effet, c’est ce secteur quitire l’économie de la Tunisie, avec 6 pour cent du PIBen 200628. De leur côté, le Botswana comme la Namibiepourraient profiter de leur proximité avec l’Afrique duSud pour développer leur secteur du tourisme. AuBotswana, ce dernier représente désormais plus de10 pour cent du PIB et constitue la troisième activité dupays en termes d’importance. En Namibie, le tourismetotalise environ 17 pour cent du PIB et de l’emploi.

Les réformes sont d’autant plus faciles que les prixrelatifs sont favorables, et la politique de change peut ycontribuer. Mais ces quatre pays peuvent égalementabaisser le coût de la pratique des affaires, en interne et àl’international. Tous les quatre doivent toutefoisaméliorer encore leur environnement. Les dirigeantsd’entreprise déplorent en effet les restrictions résultant dela réglementation, surtout sur le marché du travail, quipèsent sur les niveaux de productivité.

Dans le secteur manufacturier, la main-d’œuvrecontribue en général à une forte proportion de la valeurajoutée et il conviendrait d’introduire davantage deflexibilité dans les dispositifs contractuels. En Namibie,où on ne sait pas encore quel impact aura la mise enœuvre complète du nouveau Labor Act, les rigidités dumarché du travail peuvent expliquer en partie le niveauélevé du chômage. En Tunisie, où les rigidités sur ceplan sont également nombreuses, l’augmentation de lapopulation active et du taux d’activité des femmes nesont pas neutres pour le taux de chômage. À Maurice,malgré des avancées continues depuis les années 1990, laréglementation du travail demeure problématique endehors de la zone franche d’exportation. Dans ces quatrepays, la libéralisation du marché du travail permettraitdonc d’approfondir l’intégration à l’économie mondiale,à condition que les autorités trouvent le bon moyen depréserver la stabilité sociale, facteur de réussiteéconomique à long terme.

Ces quatre pays doivent également réformer leursystème éducatif afin de constituer des gisements desalariés qualifiés pour les secteurs à forte croissance. Pourtous les quatre, l’éducation et la formation posent unsérieux problème. Le Botswana et la Namibie doiventainsi remédier à une grave pénurie de travailleursqualifiés. Il existe une étroite relation entreinvestissement dans le capital humain et croissanceéconomique. L’éducation et la formation constituentdonc un facteur essentiel pour que l’ouverture à latechnologie se traduise par des gains de productivité etque la production de biens plus sophistiqués s’étende.Ces facteurs revêtent donc une importance cruciale pources économies si elles veulent emprunter une voie vers lacroissance tirée par l’efficience et, à terme, parl’innovation.

Beaucoup d’observateurs considèrent quel’éducation a joué un grand rôle dans l’amélioration de laPTF sur la période 1960-1990 en Tunisie et à Maurice29.En Tunisie, l’avènement d’une nouvelle structure deproduction sectorielle dépendra de la possibilité demobiliser plus efficacement le capital humain et le savoir,de disposer de processus de production plus efficients etde fabriquer des produits de meilleure qualité.L’éducation et la formation constituent également desenjeux critiques à Maurice, où les carences du systèmeéducatif comptent parmi les principaux obstacles à lapratique des affaires (tableau 5). Pour y remédier, lesentreprises doivent former leur personnel, ce qui alourditleurs coûts.

Ces pays ont encore des difficultés à canaliser desressources financières suffisantes et à long terme vers lesproducteurs, qui sont pourtant le moteur de ladiversification de l’économie et de la restructuration dusecteur manufacturier.

Accroître le degré de convertibilité des monnaies deces pays constitue un autre objectif à atteindre à moyen

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terme. Maurice a évolué plus rapidement que la Tunisievers un degré élevé de convertibilité de sa monnaie, et ainstauré la libre circulation des capitaux. Même si lalibéralisation du compte de capital contribue àapprofondir l’intégration dans l’économie mondiale, unelibéralisation débridée pourrait accentuer les risquesaboutissant à des crises monétaires et bancaires. Comptetenu des enseignements tirés des crises en Asie et enAmérique latine au cours de la dernière décennie et desproblèmes financiers que rencontrent actuellementcertains pays émergents en raison de la crise mondiale, ilest évident que les pays d’Afrique doivent faire preuve dela plus grande prudence s’agissant de la libéralisation deleur compte de capital.

ConclusionBotswana, Maurice, la Namibie et la Tunisie

comptent parmi les rares pays d’Afrique que l’on peutqualifier de réussites économiques. Dans ces quatre pays,l’État a constitué le moteur de cette réussite. Il a instaurédes règles du jeu claires et a su préserver la paix et lasécurité, tout en procurant des services publics adéquats.

Le Botswana et la Namibie, dotés d’abondantesressources, ont su éviter le mal hollandais et les conflitsintérieurs qui résultent souvent de la présence deressources naturelles. Dans ces deux pays, grâce à unegouvernance efficace, ces ressources naturelles sont unebénédiction, et non une malédiction. À Maurice et enTunisie, qui ne possèdent pas de ressources naturellesmais une main-d’œuvre abondante, une politique dechange active et flexible a facilité le développement. Deplus, des ajustements sectoriels ont permis d’atteindre unéquilibre macro-économique.

Outre un cadre macro-économique sain, lesinstitutions ont joué un rôle déterminant pour lacohésion sociale dans ces quatre pays. Une bonnegouvernance, conjuguée à un leadership puissant etvisionnaire, régi par des institutions formelles et desrègles informelles, comme au Botswana, a largementcontribué au succès de ces quatre pays. Le consensussocial a été renforcé et encouragé au fil du temps. Lagouvernance s’inscrit dans cet environnementinstitutionnel et se révèle efficiente. Les États ont fait lapreuve de leur efficience dans la promotion d’une visionholistique à long terme du développement, tenantcompte des limitations imposées par leur taille restreinte,ainsi que de la nécessité de préserver la cohésion sociale.

À Maurice et en Tunisie, les autorités se sontpréoccupées de la faisabilité politique des réformes et ontopté pour une méthode progressive, et non pour unethérapie de choc. Ce choix s’est opéré dans le cadred’actions publiques crédibles et parce que les pouvoirspublics avaient la capacité de s’engager à long terme.Comme dans certains pays d’Asie, on a préféré lespartenariats public-privé (PPP) à un vaste secteur publicpour la gestion des affaires économiques. Certains de ces

éléments positifs constitueront des atouts précieux pourla gestion des conséquences de la crise économiquemondiale et pour la diversification destinée à améliorer lacompétitivité.

Comparativement à la plupart des autres paysafricains, ces quatre pays ont bénéficié d’un État efficace,alliant des gouvernements responsables et une bonnegouvernance. Ces atouts se confirment surtout dans ledomaine de la sécurité, de la stabilité politique etéconomique et de la corruption. Les biens publicsessentiels (une administration compétente et intègre, lasécurité publique, l’État de droit ainsi que la santé et lesnormes sanitaires) sont présents dans les quatre pays.L’infrastructure est assez satisfaisante, même s’il reste desprogrès à faire dans ce domaine pour une plus grandecompétitivité. Le Botswana se classe à un rang mondialélevé pour l’efficience de ses dépenses publiques. Ce paysa réussi à gérer son propre développement, tandis quetant d’autres pays africains sont tombés dans le piège de la« malédiction des ressources ». En Namibie, unepolitique budgétaire prudente et efficace a aidé àmaintenir un excédent budgétaire et à limiter lesemprunts extérieurs, d’où une croissance dynamique surle long terme. En Tunisie, la gestion des dépensespubliques s’est aussi révélée efficace.

Le Botswana, Maurice, la Namibie et la Tunisiedoivent revoir à la hausse la qualité de leurs ressourceshumaines afin de stimuler leur compétitivité. Comptetenu de leur stade de développement actuel et del’environnement économique mondial, ces pays devrontdisposer d’un capital humain de qualité pour renforcer laproductivité de leurs entreprises, moderniser leurstechnologies et développer des services à forte valeurajoutée. L’enseignement supérieur et la formationdoivent donc répondre aux besoins du marché du travail.Ces quatre pays auraient beaucoup à gagner à introduirede la flexibilité sur ce marché. Cependant, une telleflexibilité doit préserver le consensus social qui leur aévité jusqu’ici les affres de la violence, de la délinquanceet d’une corruption endémique.

Notes1 Acemoglu et al., 2003.

2 Basdevant, 2008.

3 Paradoxalement, l’exploration des gisements de diamants nereprésente qu’environ 5 pour cent de l’emploi au Botswana.

4 BAD, 2007a.

5 Balassa, 1964, et Samuelson, 1964.

6 On trouve cette prévision initiale dans Meade, 1961. VoirSubramanian et Roy, 2001.

7 BAD, 2007a.

8 Rogoff, 2005.

9 Rodrik, 2008.

10 FMI, 2007.

11 FMI, 2008.

12 McDonald et Yao, 2003.

13 BAD, 2007a.

14 BAD, 2007a.

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15 Basdevant, 2008.

16 Morrisson et Talbi, 1996 ; Subramanian, 2001.

17 Acemoglu et al., 2003.

18 Rodrik, 2008.

19 Hellman et Kaufmann, 2001.

20 Olson, 1965, 1982.

21 Harvey et Lewis, 1990.

22 Acemoglu et al, 2003.

23 Kiiza, 2006.

24 BAD, 2009.

25 Rodrik, 2008.

26 BAD, 2007a.

27 Mogae 2008.

28 BAD, 2007a.

29 Morrisson et Talbi, 1996 ; Subramanian, 2001.

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Annexe A : La compétitivité-prix mesurée par les taux de change effectifs réels

Pour chaque pays, nous avons envisagé deux indices pour mesurer les taux de changeeffectifs réels (TCER) standard. Ces deux indices diffèrent suivant les partenairesinternationaux et les schémas de pondération du commerce international appliqués.Dans les deux cas, on prend en compte les 10 plus gros partenaires commerciaux bila-téraux sur la période 1999-2003. L’un des indices porte sur les pays non pétroliersdepuis lesquels un pays importe ses biens et services et l’autre concerne les pays verslesquels un pays exporte ses produits. On utilise la moyenne des pondérations sur lapériode 1999-2003 afin de s’attacher au diagnostic de la compétitivité pour les annéesles plus récentes. Ce choix permet de tenir compte de la contribution croissante dequelques grands pays émergents tels que la Chine, l’Inde et le Brésil. En nous fondantsur la liste de l’OCDE, nous classons 21 pays dans la catégorie des exportateurs depétrole, c’est-à-dire des pays dont les produits pétroliers représentent au moins50 pour cent des exportations. Cette distinction est principalement motivée par le faitque la concurrence entre le pétrole importé et la production intérieure est limitée,voire inexistante. De plus, une hausse des cours du pétrole que l’on peut anticipercomme permanente constitue un choc positif sur les termes de l’échange des paysproducteurs d’énergie. Une telle hausse relève le niveau de revenu permanent descitoyens des pays producteurs de pétrole et induit de potentielles tensions inflationnis-tes, ce qui se traduit par le phénomène dit du mal hollandais. L’impact négatif poten-tiel de l’évolution des prix relatifs intérieurs n’est pas négligeable pour la structure deproduction des exportateurs de pétrole, mais il est bien plus préjudiciable encore pourles importateurs de pétrole. De fait, lorsque les termes de l’échange extérieurs sedégradent, ces tensions inflationnistes se traduisent par un recul de la compétitivitépour tous les biens exportables.

En raison de ses meilleures propriétés statistiques, nous utilisons une moyennegéométrique plutôt qu’une moyenne arithmétique des prix relatifs pour calculer leTCER. Une appréciation des taux de change nominaux moyens reflète une pertepotentielle de compétitivité. Dans les équations (1) et (2), (i) désigne un partenairecommercial et pi sa contribution relative aux importations bilatérales totales.

Taux de change effectif nominal (TCEN)10

TCEN = � (TCBNi)wi (1)

i = 1

Taux de change effectif réel (TCER)10

TCER = TCEN × � (IPCIPC )i wi

(2)i = 1

où (d’après les Statistiques financières internationales du FMI)IPC = indice des prix à la consommation du pays d’Afrique ou de ses parte-

naires (i) ;

TCBNi = taux de change bilatéral nominal du pays par rapport au partenaire i ;

et (d’après PCTAS-CTCI-Rev.3)

pi = pondération du ie partenaire dans les échanges bilatéraux du pays(1999-2003).

On tient compte des 10 plus gros partenaires. i = (1 . . . 10).

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Annexe B : Les principales exportations et leur part respective dans le total des exportations, 2006

Pays/Produits Produit 1 (pourcentage) Produit 2 (pourcentage) Produit 3 (pourcentage)

Botswana Diamants, autres que les diamants industriels(78,6)

Mattes de nickel (11,4) Diamants, industriels, non travaillés (4,1)

Maurice T-shirts, maillots de corps, etc., bonneterie(17,7)

Sucre (de betterave ou de canne), brut (17,9) Thon skipjack ou bonite à ventre rayé, congelé(9,7)

Namibie Diamants, industriels, non travaillés (39,5) Zinc, brut (15,3) Uranium naturel (9,8)

Tunisie Huiles brutes de pétrole ou de minéraux bitu-mineux (8,7)

Pantalons et shorts pour hommes ou garçon-nets, en coton, autres que de bonneterie (6,2)

Huile d’olive, vierge (5,4)

Sources : Perspectives économiques en Afrique 2008, BAD, OCDE et UNECA, 2008.

Disponible à l’adresse : http://www.oecd.org/document/33/0,3343,en_2649_15162846_39963489_1_1_1_1,00.html.

Note : D’après la nomenclature CTCI3 à quatre chiffres.1.6

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Annexe C : Indicateurs des performances macro-économiques et du développement social, 2007

Indicateur

Botswana Maurice Namibie TunisieAfrique

subsaharienne

Pays à revenuintermédiaire,

tranchesupérieure

Pays à revenuintermédiaire,

trancheinférieure

Population (en millions d’habitants) 1,9 1,3 2,1 10,3 800 823 1 296PIB en prix constants de 2000 (USD) 4 439 4 649 2 246 2 626 842 5 913 2 037Mortalité infantile, pour 1 000 naissancesvivantes 46,5 14 42,3 19,8 94 22 85Espérance de vie à la naissance (années) 50,7 72,8 52,9 62,5 51 71 57Taux d’alphabétisation (% de la populationde 15 ans et plus) 82,8 87,1 86,6 77,9 59 93 61Taux brut d’inscription dans le primaire (%de la population d’âge scolaire) 108 102,1 106,3 110 94 111 94Accès à l’eau, 2004 (% de la population) 95 100 87 93 58 95 68

Sources : Perspectives économiques en Afrique 2008, BAD, OCDE et UNECA, 2008. Disponible à l’adresse :http://www.oecd.org/document/33/0,3343,en_2649_15162846_39963489_1_1_1_1,00.html.

Note : Les taux d’inscription peuvent être supérieurs à 100 pour cent en raison de la présence de redoublants, d’adultes inscrits alors qu’ils ne font pas partie de la tranche d’âgeétudiée et d’autres écarts. Pour les trois dernières colonnes, voir les tableaux établis pour chaque pays par la Banque mondiale, à l’adressehttp://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/DATASTATISTICS/0,,contentMDK:20485916∼menuPK:1297819∼pagePK:64133150∼piPK:64133175∼theSitePK:239419,00.html

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