rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des...

24
1 Club JRD 2007 / 2008 Thème : l’Homme et l’environnement Sujet : mares noires et mares rouges au Niger

Transcript of rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des...

Page 1: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

1

Club JRD 2007 / 2008

Thème : l’Homme et l’environnement

Sujet : mares noires et mares rouges au Niger

Page 2: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

2

Sommaire

Thème : Homme et environnement Sujet : L’homme en tant qu’acteur et observateur de l’évolution des paysages Cas : Etude de deux mares à 15km à l’Est de Niamey Introduction générale : Malika et Natacha Problématique I- Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois :

1) Objectifs 2) Méthode 3) Résultats

3.1 Les mystères de la Mare Noire : Bangou Bi : Audrey, Myriam, Almoustapha. 3.2 Enquête sur la mare rouge : Bangou Kirey : Malika, Muriel

II- Relation entre les niveaux de la Mare Noire et de la nappe phréatique : Agathe, Sophie, Clovis, Baptiste

1) Objectifs 2) Méthode

** Schéma d’un relevé Topographique ** 3) Résultats

III- Comparaison du paysage entre les années 1950,1975 et 2006 : étude diachronique de photographies aériennes et satellitales : Malika, Natacha

1) Objectifs 2) Méthodes de calcul de la surface des mares 3) Résultats sur la surface des mares 4) Evolution du couvert végétal

4.1 Méthode pour le comptage des arbres 4.2 Résultat

Conclusions générales In English

The mysteries of the black pound The story of the red pound Summary

Page 3: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

3

Introduction générale :

Notre problématique générale est : Comment l’Homme agit-il sur son environnement ?

Cette année, nous avons choisi d’étudier deux mares voisines et leur environnement à

proximité de la ville de Niamey. Nous avons débuté par des présentations générales sur

plusieurs thèmes en géologie, climatologie, télédétection, anthropologie, biologie. Ensuite,

nous avons effectué deux sorties sur le terrain pour mieux cerner notre sujet d’étude. Ainsi

tout au long de l’année, nous, les membres du club JRD, avons effectué différents travaux afin

de répondre à notre problématique. Nous sommes partis des faits que d’une part, les deux

mares ont des couleurs différentes, en effet l’une est rouge et l’autre est noire ; puis, d’autre

part, même si elles sont permanentes de nos jours, elles ne le furent pas toujours. Dans un

premier temps, nous avons interviewé les populations qui se trouvent à proximité des mares

afin de savoir comment avaient évolué les mares et leur environnement depuis leurs

apparitions. Dans un second temps, nous avons étudié l’évolution des mares de 1950 à 2006

grâce à des photos aériennes et à des images satellites : nous avons ainsi observé les variations

de la surface des mares et du nombre d’arbres aux environs des deux mares en fonction du

temps. A partir de ces données, nous avons réalisé des graphiques qui nous ont permis de

mieux visualiser ces évolutions et de les comparer avec les informations obtenues à partir des

enquêtes de terrain.

Page 4: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

4

I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois

1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu qui l’entoure selon la vision

des habitants de la région. Plus précisément, nous voulions connaître l’histoire et les caractéristiques de cette mare, savoir pourquoi elle a cette couleur et quelles sont les relations homme-environnement.

2) Méthode : Quatre élèves (Myriam Boukrif, Ibrahim Adji, Almoustapha Seybou Gati et Audrey

Géhin), accompagnés de M. Ousseini comme interprète, ont questionné trois habitants du village de Saga Gourou (le chef du village, sa femme et un jardinier). Nous avons noté avec exactitude toutes les informations qu’ils nous ont données.

3) Résultats : Nous allons tout d’abord nous concentrer sur les habitants du village proche de la

mare, puis nous étudierons dans un deuxième temps la mare à proprement parler et enfin nous terminerons par son utilité.

3.1 Les mystères de la mare noire : Bangou Bi.

Le village de Saga Gorou situé à 10km à l’est de Niamey a été créé il y a environ 50 ans. Ses habitants vinrent à l’origine du village de Saga situé à 8km au sud-est de Niamey pour cultiver leurs champs et s’y installèrent peu à peu. Puis un beau jour une femme en cherchant du sable pour embellir sa case, creusa et l’eau fut.

Le village de Saga Gourou comptait 1200 personnes, il y a 3 ans (2005 !). Il est

composé de trois ethnies : les Haoussas, les Djermas, et les Peulhs. La majorité de la population étant des Djermas et pratiquant la religion musulmane, c’est l’un d’entre eux qui est le chef (M. Hassan Hima).

Les habitants vivent de leurs cultures pendant la saison des pluies. Une fois la saison

des pluies terminée, ils consacrent leur temps à la pêche et à l’élevage (seulement les Peulhs). Les hommes travaillent aux champs pendant que les femmes s’occupent des enfants et des tâches ménagères. On peut noter qu’ils chassaient les varans et les pintades sauvages, mais cette activité a disparu à cause de la diminution du nombre d’arbres.

La mare comme nous l’avons dit précédemment n’existait pas quand le village s’est

installé. A la place, il y avait des champs appartenant aux grands parents des habitants actuels de Saga Gorou et sur ces terres étaient pratiqués des jeux comme le football… Le niveau de l’eau est monté très lentement. De nos jours, suite à de fortes précipitations pendant la saison des pluies, les mares rouge et noire peuvent même se connecter. D’après les habitants, l’eau semble provenir d’un petit rocher situé au bord de la mare. Ils sont cependant conscients que

Page 5: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

5

la nappe souterraine alimente la mare. La mare noire est salée, c’est pourquoi les animaux préfèrent s’y abreuver.

Les habitants consomment l’eau de la mare sans précaution. Jusqu'à ce jour aucune

maladie n’a été recensée. Celle-ci a été empoissonnée pour les besoins de la population (vente + consommation). Les habitants de Saga Gourou disent que dans cette mare vit une pieuvre géante sacrée ayant provoqué la mort de trois personnes dont deux enfants et un cheval. Pour venir à bout de cet animal, ils ont jugé nécessaire de procéder à un sacrifice.

Avant l’apparition de la mare, la densité des arbres dans les environs était plus grande.

Cependant, chaque année, avec la montée des eaux en saison des pluies, les clôtures (faites de bois) cèdent, entraînant une réparation de celles-ci tous les ans. De ce fait, certaines espèces d’arbres ont disparu comme le Cocorbé (Combretum glutinosum), le Coseye (Pilostigma reticulatum) et le Koubou (Combretum micranthum). Mais cette mare a tout de même contribué à l’essor des cultures maraîchères notamment du chou, des tomates, du poivron et de la pomme de terre (Figure 1).

Figure 1 : Vue aérienne montrant les jardins maraîchers en bordure de la mare noire. Image PIXY (paramoteur radiocommandé de l’UR 176 SOLUTIONS de l’IRD) du 20 octobre 2007.

L’apparition de cette mare salée a modifié quelque peu la vie des habitants du village

le plus proche. Elle a contribué au développement des cultures et de la pêche au détriment de certains arbres coupés pour leurs besoins.

Page 6: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

6

b – Enquête sur la mare rouge : Bangou Kirey.

Afin de mieux nous informer sur la mare rouge et pour avoir quelques informations anthropologiques sur les villages qui entourent la mare, nous avons effectué une sortie sur les lieux et nous avons visité deux villages autour de la mare. Ces interviews ont été menées par quatre élèves : Maryam Boureima, Malika Djermakoye, Muriel Guilbert et Natacha Lacour, accompagnées de Mme de Bessé. (Figure2)

Figure 2 : Interview avec l’ancien du village de Bani Goungou Le tableau 1 qui suit est le résultat de plusieurs interviews que nous avons eues avec les habitants des villages de Golbi et de Bani Goungou. Nous leur avons posé plusieurs questions sur la mare et sur leur mode de vie.

Page 7: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

7

Tableau 1 : Résultat de l’enquête sur la mare rouge Nom des villages visités

Golbi (nom dû au fait que le village se situe entre deux collines)

Bani Goungou

Personnes interrogées Djibo Moussa et Harouna Issoufou (petits frères du chef)

Alzouma Seyni Doyen du village

Date d’apparition de la mare

Depuis leur arrivée dans le village. Mais elle est permanente depuis environ 42 ans (1965).

Elle existe depuis 1923

L’évolution de l’écosystème lié à la mare avant l’installation du village.

- La végétation était très dense mais ils ont tout coupé pour faire des champs et utiliser ce bois afin de faire la cuisine. - Avant il y avait des animaux sauvages (lions, éléphants, etc.). Avec leur arrivée dans la zone, les animaux se sont enfuis.

idem

Apparition de la mare rouge.

La mare rouge était, à sa création, une mare saisonnière, mais est devenue au fil des ans une mare permanente.

C’était un petit marigot, qui avec les pluies successives, est devenu permanent en 1965.

Explication de la coloration de la mare.

A l’origine, la mare n’était pas rouge, elle était de la même couleur que la mare noire. Avec le ruissellement, les koris ont déversé leurs sédiments provenant des plateaux dans la mare.

Utilisation de la mare. La mare permet d’arroser les jardins et d’abreuver les animaux. Etant donné qu’ils ont des puits à leur disposition, les habitants préfèrent boire et arroser avec l’eau des puits car les puits sont plus accessibles.

Dans ce village, l’eau de la mare est beaucoup utilisée pour pratiquement tous leurs besoins domestiques sauf pour boire.

Animaux aquatiques et amphibiens présents dans la mare.

On trouve dans la mare différentes espèces de poissons ainsi que des crocodiles et des crapauds.

On trouve dans la mare des poissons qu’ils ont introduits après la formation de la mare.

Désagréments dus à la mare.

Il y a beaucoup de moustiques et autres insectes.

Ethnies qui vivent autour de la mare.

Les ethnies présentes autour de la mare sont les Djermas et les Peulhs. Ceci explique la présence de bétails.

Création et utilisation du puits.

Le puits a été créé, il y a 13 ans. Les villageois l’utilisent beaucoup plus qu’ils n’utilisent l’eau de la mare. Le puits a une profondeur d’environ 10 m. Tout au fond, on y trouve de petits cailloux qui permettent de filtrer l'eau.

Page 8: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

8

Le texte, qui suit, résume tout ce qui a été dit pendant ces interviews. Nous avons visité deux villages situés autour de la mare rouge. Nous avons d’abord visité le village de Golbi où nous avons interviewé les deux frères du chef de village, Djibo Moussa et Harouna Issoufou. Ceux-ci nous ont dit que la mare était là à leur arrivée, mais, qu’elle est devenue permanente en 1965. Depuis l’installation du village, ils ont coupé la majeure partie des arbres faisant ainsi disparaître la végétation se trouvant autour de la mare. Avec la disparition de la végétation, les animaux sont partis. Les habitants des deux villages nous ont appris que la mare était rouge parce que les koris déversent dans la mare des sédiments provenant des plateaux voisins. Les villageois utilisent l’eau de la mare pour abreuver le bétail (Figure 3) et arroser leurs jardins (Figure 4). Ils ne la consomment pas car ils ont à leur disposition des puits plus accessibles que la mare. Les puits existent depuis 13 ans et ont une profondeur d’environ 10 mètres. Dans la mare, on trouve des amphibiens ainsi que des poissons (Figure 5) et des crocodiles. Autour de la mare, on trouve différentes ethnies avec entre autres des Djermas et des Peulhs. La mare attire des moustiques et d’autres insectes nuisibles pour l’homme. Puis nous avons visité un second village, Bani Goungou dans lequel nous avons interviewé le doyen du village Alzouma Seyni. Celui-ci nous a donné les mêmes informations que dans le village précédent sauf qu’il nous a dit que la mare était apparue en 1923. Ce village est peuplé par des Djermas et des Peulhs.

Figure 3 : Bétail s’abreuvant dans la mare noire.

Page 9: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

9

Figure 4 : Arrosage des jardins maraîchers avec l’eau de la mare noire.

Figure 5 : Les poissons péchés dans la mare noire

Page 10: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

10

II - Relation entre les niveaux de la mare noire et de la nappe phréatique

1) Objectifs : Quelle est la relation entre la mare et la nappe phréatique ? Qui alimente qui ?

2) Méthode : Pour répondre à ces questions nous sommes allés à Saga Gorou. Un groupe de quatre élèves (Bonnafous Sophie, Coulibaly Baptiste, Bouzi Marine, Charvet Agathe) a effectué les mesures sur le terrain. Pour connaître le niveau de la nappe phréatique, ils ont fait des mesures de niveau d’eau dans des puits qui avaient été repérés au préalable sur Google Earth. Ces puits ont ensuite été identifiés sur le terrain et leur position a été mesurée au GPS. Le niveau d’eau a été mesuré par rapport à leur margelle. Pour cela une sonde piézométrique1 a été utilisée. Ensuite les élèves ont effectué des relevés topographiques à l’aide d’un niveau de chantier pour connaître les niveaux relatifs de la mare et de la nappe. Ci-dessous, nous détaillons comment nous nous y sommes pris pour faire nos relevés topographiques. Le matériel : Le niveau de chantier est une lunette montée sur un trépied, qui permet de lire à distance sur une mire (règle graduée) selon un plan horizontal (Figures 6 et 7).

Figure 6 : Lecture au niveau de chantier.

1 Ruban gradué de 50 m de long dont l’extrémité (le Zéro) est équipée d’un capteur qui sonne et allume un voyant lorsqu’il entre en contact avec l’eau. A ce moment il est possible de lire sur le ruban la profondeur exacte du sommet de la nappe phréatique par rapport à la margelle qui constitue un repère fixe et fiable.

Page 11: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

11

Figure 7 : Positionnement de la mire sur la margelle du puits. On peut ainsi obtenir le niveau relatif de différents points remarquables tels que les margelles des puits par rapport auxquelles est mesuré le niveau de la nappe. Par exemple nous avons comparé le niveau de la nappe dans deux puits voisins : les puits 12 et 14. Le puits n° 12 avait pour profondeur 6, 55m et le n° 14 8, 33m. Cependant, le sol n’étant pas parfaitement horizontal, le puits 14 étant légèrement plus haut, nous avons donc placé la mire sur la margelle du puits 12 et un élève avec le niveau de chantier, positionné entre les deux puits, a pu lire les graduations de la règle. Ensuite la mire a été placée sur le puits 14. Malheureusement, le niveau de chantier était trop bas donc la mire a dû être placée en bas de la margelle. La différence de hauteur entre les 2 mesures était de 1,39m. Comme la profondeur de l’eau a été prise à partir de la margelle, il faut rajouter sa hauteur par rapport au sol (60cm).

3) Résultats : La différence d’altitude entre les 2 margelles est donc de 199 cm. Si on prend comme référence la margelle du puits 14, la profondeur de l’eau du puits 14 est de 833 cm, et celle du puits 12 est 655 + 199, soit 854 cm. Il y aurait donc une différence de niveau de la nappe de 21 cm entre les deux puits distant d’une cinquantaine de mètres. Ces 21 cm peuvent s’expliquer par les erreurs de mesures, mais surtout par le fait que le puits 12 est utilisé alors que le puits 14 non. Il est donc normal que la nappe soit légèrement plus profonde dans le puits 12 que dans le puits 14 (Figure 8).

Page 12: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

12

Figure 8 : Schéma explicitant le principe de la mesure topographique avec le niveau de chantier. Nous avons fait le même type de mesures entre 2 puits et le niveau de la mare (puits 5 et jardin). Dans les 2 cas, il est apparu que le niveau de la mare était similaire aux erreurs expérimentales près au niveau des 2 puits. Nous pouvons donc conclure que la mare noire est alimentée par la nappe phréatique ce qui explique qu’elle est permanente. III Comparaison du paysage entre les années 1950, 1967, 1975 et 2006 : étude diachronique de photographies aériennes et d’images satellitales.

Les mares et leurs alentours nous passionnent. Afin de résoudre leurs mystères, nous nous sommes penchés sur leur histoire. Pour cela nous avons mis en parallèle des images de différentes périodes. Ceci nous a permis d’étudier l’évolution de la surface de la mare au cours du temps et celle de la végétation avoisinante.

Dans un deuxième temps nous avons cherché à comparer ces observations avec le résultat des enquêtes réalisées sur le terrain.

Page 13: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

13

1) Objectifs :

Nous voulions, à partir de mesures objectives, connaître la date d’apparition des mares, les changements de leur surface. De plus, les arbres sont de bons marqueurs de l’état du milieu. C’est pourquoi nous avons cherché à connaître l’évolution de la végétation en fonction du temps.

2) Méthodes de calcul de la surface des mares :

Nous disposons de quatre images prises à différentes dates : deux photos aériennes (1950, 1975) prises par l’IGN pour réaliser les cartes topographiques, une image de 1967 prise par un satellite espion américain (CORONA) et une image Google Earth de 2006 (voir Annexe N°1). N’étant pas à la même échelle, nous avons utilisé des points repérables sur chacune des images afin de les mettre à la même échelle en utilisant l’échelle de Google Earth.

Chacun de nous a délimité le contour des mares aux différentes dates sur une feuille transparente. Celle-ci a ensuite été superposée à une feuille de papier millimétré. Nous avons compté le nombre de carreaux (de 25 mm²) correspondant à l’aire des mares sur les photographies. Nous avons converti le résultat en fonction de l’échelle de l’image. Ceci nous a permis de calculer la surface des mares à chacune des dates (Figure 9).

Figure 9 : Calcul de la surface des mares à partir des photos aériennes.

Page 14: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

14

3) Résultats sur la surface des mares : Il est utile de préciser que les mesures sont approximatives. Cela est dû à plusieurs facteurs : - Tous les élèves n’ont pas délimité de la même façon les contours de la mare. - Tous les élèves ne comptent pas de la même façon les carreaux.

-

10 000

20 000

30 000

40 000

1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010

date (année)

surf

ace

bang

ou b

i (m

²)

-

75 000

150 000

225 000

300 000

surf

ace

bang

ou k

irey

(m²)Bi

Kirey

Graphique 1 : Evolution de la surface des deux mares au cours du temps.

Les données sont présentées sur le graphique 1. Bangou Kirey a une surface plus importante que Bangou Bi. Cependant, leurs surfaces ont toutes les deux augmenté. L’augmentation des surfaces se fait sensiblement de la même manière pour les deux mares entre 1967 et 2006.

La surface de Bangou Kirey est passée de 18 000 m² en 1950 à 190 800 m² en 2006. Elle a donc augmenté de 17 hectares. La surface de Bangou Bi est passée de 0 en 1950 à 35 000 m² en 2006 soit 3,5 hectares.

Sachant qu’il n’y a pas de variation topographique majeure, on en déduit que le niveau de l’eau a augmenté au fil du temps dans les mares. Des mesures topographiques réalisées par les élèves ont montré que les mares sont alimentées par la nappe phréatique. Le fait que le niveau des mares ait augmenté montre que le niveau de la nappe phréatique a augmenté. Apparition des mares.

D’après le graphique, on voit que la mare noire n’existait pas en 1950, alors que la mare rouge est bien visible. Cependant entre 1950 et 1967, on ne voit pas d’évolution de la surface de la mare rouge. Or, sur la photo aérienne de 1950, nous remarquons des arbres au milieu de cette mare. A cette date, la mare n’était donc pas permanente. En 1950, elle n’était alimentée que par les ravines de son bassin versant. Pour la mare noire, il n’y a pas de ravines

Page 15: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

15

qui l’atteignent à cette date. La totalité de l’eau de pluie s’infiltrait donc dans le bassin versant. Les deux mares deviennent permanentes entre 1950 et 1967 au moment où le niveau de la nappe souterraine atteint la surface du sol.

Les enquêtes sur le terrain confirment bien notre analyse des photos aériennes puisque les riverains se souviennent que Bangou Kirey n’était pas permanente avant 1965.

Conclusion générale sur l’origine de la couleur des mares:

La figure 10 justifie bien le nom donné par les riverains aux deux mares. Nous voyons que l’eau de la mare noire est plutôt translucide et légèrement verdâtre alors que celle de la mare rouge est rouge brique. On a filtré en laboratoire l’eau des deux mares. Nous constatons que les concentrations en particules sont très faibles dans l’eau de la mare noire contrairement à celle de la mare rouge très riche en particules minérales. Cette coloration « rouge » est donc due aux argiles.

Figure 10 : Prélèvement d’eau de la mare noire (à gauche) et rouge (à droite). Si on regarde sur les images les plus récentes (Annexe 1 - Google Earth), on voit que

la mare rouge est toujours alimentée par un grand réseau de ravines dont la couleur rouge indique qu’elles sont très érosives. Elles apportent donc une grande quantité de sédiments à la mare qui lui donnent sa couleur. A l’inverse le réseau de ravines de la mare noire dont le bassin versant est petit, est beaucoup moins développé. Cette mare est essentiellement alimentée par la nappe qui n’amène pas de sédiments. C’est pourquoi son eau est sombre, essentiellement colorée par la matière organique.

Page 16: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

16

4) Evolution du couvert végétal

4.1 Méthode pour le comptage des arbres

Pour cela, nous avons utilisé les mêmes images que ceux qui ont travaillé sur la superficie des mares dont l’échelle est connue. Ces dernières étaient munies de quadrillages de superficie connue qui nous permettaient de compter les arbres pour une même surface sur différentes années. Chaque élève a compté les arbres correspondant à des petites taches noires dans des cases que nous avions sélectionnées en fonction de leur position topographique. La densité d’arbres est obtenue en divisant le nombre d’arbres par la superficie des cases. Cela nous a permis de tracer des graphiques illustrant l’évolution moyenne de la densité d’arbres en fonction du temps.

4.2 Résultat Critique des données

Nous avons remarqué qu’en fonction des personnes, les taches noires sont interprétées ou non comme des arbres. La mesure de la densité dépend donc de la subjectivité de chaque élève. Cependant, même si le résultat du comptage est différent d’un élève à l’autre, on constate que les données gardent toujours la même tendance. Ainsi, selon les élèves, on obtient généralement, soit des données systématiquement supérieures, soit systématiquement inférieures à la moyenne des données observées (Figure 11).

Variation de la densité d'arbres par hectare sur la zone I8 en fonction des années et du comptage de chaque élève

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010

Années

dens

ité d

'arb

res

(nb/

ha)

My

Ma

Na

Clo

Mou

Ib

Mu

Au

Bap

Jlr

Aga

Soph

Figure 11 : Densité des arbres selon chaque élève pour la zone I8

Page 17: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

17

Evolution temporelle.

En fonction des zones observées, la densité varie (de près de 3.5 arbres à l’hectare en 1950) (Figure 12). Dans certaines zones, comme la zone I8, on observe une baisse de la densité au fil des années. En effet entre 1950 et 1975, la densité a beaucoup diminué, puis entre 1975 et la période actuelle, elle continue à diminuer, mais avec moins d’intensité que les années précédentes. A l’inverse, la zone G6 montre entre 1950 et 1975 une augmentation de la densité alors quelle diminue entre 1975 et 2006.

Sur la période de mesure, la densité d’arbres varie le plus fortement entre 1950 et 1975. C’est entre ces deux dates que le couvert végétal a le plus fortement été modifié par l’homme dans cette région. Le couvert semble se stabiliser entre 1975 et 2006. Mais cette stabilisation peut cacher des évolutions localisées. Par exemple, on observe un très grand développement des arbres fruitiers (essentiellement des manguiers) autour des mares. Ces variations sont donc dues au fait que l’on coupait les arbres à certains endroits et pas à d’autres et que l’on a même planté des arbres dans certaines zones. Il est à noter que l’on observe une évolution du même type pour les zones mises en culture. Il existe encore des zones non cultivées en 1950, alors que la quasi-totalité de la surface cultivable est cultivée dès 1967.

Moyenne des densités d'arbres en fonction des années

0

1

2

3

4

5

6

7

1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010années

dens

ités

d'ar

bres

(nb/

ha)

I8G6G8

Figure 12 : Evolution temporelle de la densité d’arbres pour 3 zones de 21.6 ha du bassin versant des mares.

Page 18: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

18

Conclusion Les plus fortes modifications du couvert végétal, liées aux activités humaines se sont produites entre 1950 et 1967. Il est important de remarquer qu’on n’observe pas seulement une diminution du nombre d’arbres, mais qu’il y a eu de nombreuses plantations, en particulier autour des mares, mais aussi au milieu des champs où certaines espèces telles que les Gaos (Acacia albida) sont préservées.

Conclusions générales

Les deux mares sont alimentées par la nappe phréatique, mais la rouge est également alimentée par un important réseau de ravines qui n’existe pas pour la mare noire. Les apports de sédiments par ces ravines fortement érosives expliquent la différence de couleur entre les deux mares.

Les ravines, alimentant la mare rouge, existaient dès les années 50. Cette mare était

donc temporaire avant de devenir permanente comme la mare noire du fait de la remontée de la nappe phréatique. On peut dater assez précisément l’affleurement de la nappe phréatique au milieu des années 60.

Cette remontée de la nappe phréatique est bien connue dans la région de Niamey et a

été attribué au déboisement des plateaux et à la mise en culture des versants, donc aux activités anthropiques qui ont bien été mises en évidence sur notre terrain d’étude après 1950.

Il faut noter que l’apparition de ces mares permanentes à permis l’essor du maraîchage

dans les villages riverains des mares.

Page 19: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

19

Text 1 : The mysteries of the black pond After the 15 December trip to Sagagorou we have answered all ours questions. When

we went to Sagagorou we have questioned the village chief about the colour, the origin, its use and the development of surrounding nature.

The village: The village appeared fifty years ago, there were 1200 persons in this village three

years ago. There are three ethnic groups: the Aoussas, the Djarmas, and the Peulhs. The majority are Djarma that’s why the chief, Hassan Hima (who has been the chief since 1992) is Djarma. His wife, Fatouma, spoke to us about the school. Few children go to primary and secondary schools. And not many follow their studies afterwards. She added that her children finished school and she hoped that her example would be followed. She also told us what women and men do every day. Women do house chores, educate children and cultivate while men fish, hunt and raise cattle.

About the pond :

a) origin of the pond The chief who’s our first interviewee told us that the pond appeared, around 1969,

because a woman dug the earth for clay (in order to make potteries) and water begun to spring off and it bubbled that’s why they called it « boulboulé » (before that there were fields in this place and some people settled there because its a heritage to cultivate. Before the pond had sprung off, kids played football there).They came from another village called Saga.

It’s interesting to notice that even the village chief does not understand the origin of the pond:

- On the one hand he said there was a gap which was filled by rain water. - On the other hand (after 20 min) he said the pond came from the aquifer.

b) Legends They think there is an octopus in this pond and this monster had eaten two children,

one man and a horse. It’s relevant to mention that the two kids did not know how to swim. The first part of this story was confirmed by our second interviewee but he said that the two children knew how to swim.

c) Water There are five big wells and other smaller ones which take their water from the

aquifer. In the past, the animals drunk the water from the well but now they drink the pond one. Those who live in the village don’t take precautions to drink the pond water. But they prefer the well water because it’s clearer and less salted. We can note that apparently the water is germ-free because no one fell sick after drinking it. Yet, animals seem to prefer the black pond’s water. At the beginning there weren’t fish in the pond so they were introduced by the villagers. Later the fish proliferated. Everybody can fish (the villagers aren’t selfish!).

Page 20: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

20

The disappearing of flora In the past there were a lot of trees and animals and the villagers hunted them and cut

the trees down. That’s why a lot of trees disappeared as cosei, cocorbé, kobou and the animals disappeared too: if there isn’t enough vegetation, they can’t live.

Some people from the village inherited the land recovered by the actual pond. The fields which were on the pond place were lost, and people who had fields around it used its water to irrigate their fields. They negotiated with each other to share the land and some of them sold their share. They built a special road for the animals because they walked on the field.

Unfortunately, the creation of the pond led to drastic changes in people’s way of life causing great disorders in nature around it because the villagers cut trees and forced wild animals to run away.

Text 2 : The story of the red pond The pond appeared before 1965 but in this year it became permanent. It became bigger

and bigger: the level of water increased with the rainy season. This pond has a particularity its colour is red like red clay.

First, before it appeared in this place there was a small non-permanent pound during

the rainy season. The water came from the upper part of the plateau across the kori,(a branch of the river).

This information was given to us by the inhabitants of a village next to the red pond.

They also taught us about the evolution of the number of trees in this region. Before they settled there the environment looked like a bush with many wild animals (snakes, lions, elephants, giraffes, jackals, hyenas) but when the first inhabitants came to cultivate they cut many trees and use this wood for domestic use (cooking and heating).

This deforestation had an influence on the way water ran: the rain water tended to run

down the slopes instead of infiltrating underground. This induced a raise of the level of the pond.

Nowadays we have fish and crocodiles that were artificially imported.

Page 21: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

21

Text 3 : Summary

The science club at Lycée la Fontaine is composed of twelve students, IRD scientists

and teachers. Our objective is to have an approach of the scientist profession through field studies, lab analysis and results interpretations. This year we chose the theme of environment and the influence of man. We have focused our studies on two ponds at 15km away from Niamey.

First of all, we observed (on satellite images) that the surface of the two ponds had been increasing on the last fifty years. We were surprised also by the difference of size and colour: one is red and bigger than the other which is black and small.

After a preparatory work at school we decided to visit the location, take samples of water, and interview the inhabitants of some villages around the ponds. They taught us legends about the ponds, where they came from, what was their use of the water and how the environment evolved around the ponds. Back to school we confronted the different testimonies and tried to prove them scientifically. We realised later that some information were missing and we decided with enthusiasm to return to the field (we took measures, checked the water levels in ponds and wells, interviewed people…)

Eventually, we made four different groups according to the topics we were interested

in and recapitulated our research. We gathered on thirty Tuesday nights to produce this document. Now we have a better understanding of the origin of two ponds and to what extent man is an actor in the transformation of their environment.

Page 22: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

22

Remerciements : à Mme Caroline Bonnafous qui a été notre chauffeur-photographe tous terrains, à Mme Isabelle Jeanne qui a partagé avec nous ses connaissances en SIG (Système d’Information Géographique), à Annabelle Chartiot, anthropologue en formation qui a su guider les élèves pour la réalisation des interviews, à Gilles Duquerroy qui nous a prêté sa salle de cours tous les mardis de 18h30 à 20h, à Frédéric Cadoux, Ali Ousseini, Anne de Bessé, enseignants au Lycée La Fontaine, qui nous ont encadré toute l’année, à Benoît Toulouse qui est venu partagé son savoir en télédétection, à Pierre Genthon qui a bien voulu nous éclairer de ses lumières en hydrologie, à Rodrigue Guillon qui a été présent toute l’année avec nous, sur le terrain, en labo ... à Jean Louis Rajot sans qui ce club et ce rapport n’auraient pas vu le jour. Remerciements aux élèves pour leur assiduité :

Natacha Lacour (2nde 3), Agathe Charvet (2nde 3),

Sophie Bonnafous (2nde 1), Baptiste Coulibaly (2nde 1),

Muriel Guilbert (1ES) Malika Djermakoye (1ES),

Ibrahim Adji (1ES), Audrey Géhin (1S),

Maryam Boureima (1S), Myriam Boukrif (1S),

Clovis Kabre (1S), Almoustapha Seybou Gati (1S).

Page 23: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

23

Annexe 1 Les documents iconographiques géo-référencés et remis à la même échelle.

Photo Aérienne IGN - 1950

Image Corona - 1967

Page 24: rapport jrd 2008 I : Passé et présent des mares et du paysage alentour : enquête auprès des villageois 1) Objectifs : Connaître l’évolution historique de la mare et du milieu

24

Photo Aérienne IGN - 1975

Scène Google Earth 2006