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  • 7/23/2019 Rapport Jounot

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    SECR~TA IAT

    DE

    LA

    DEFEN

    LA

    SECURIT~

    S~N ~RAL

    SE

    ET DE

    NATIONALE

    Rapport,

    30 octobre 2013

    Prvention

    de

    la

    radicalisation

    rdigpar Yann JouNoT, Directeur de la protection et de la scurit

    de lEtat,

    au

    titre

    du

    SGDSN

    CONFIDENTIEL

    DFENSE

    S G D S N

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

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    RESUME DTJ RAPPORT

    La

    France est,

    comme la plupart de s pays

    voisins en Europe,

    confronte la

    monte

    dun phnomne

    de radicalisation dont le

    terrorisme est la

    forme la plus extrme.

    Les

    vnements rcents

    que

    notre

    pays

    a

    connus

    (attentats

    de

    Toulouse

    en

    mars

    2012,

    agression

    dun

    militaire

    sur

    la

    dalle

    de

    la

    Dense

    en

    mai

    2013, tentative dattentat contre une mosque

    Vnissieux en

    aot 2013) tout comme le

    phnomne

    de s

    combattants volontaires

    en

    Syrie qui

    touche

    galement tous nos

    principaux

    partenaires,

    ont mis laccent

    sur

    limportance croissante

    de

    ce phnomne.

    La

    radicalisation

    emprunte de s justifications

    idologiques ou religieuses

    mais

    le

    processus qui

    conduit

    de s

    individus

    entrer dans la radicalisation et qui peut

    les mener jusqu

    laction

    violente,

    est

    en

    fait plus complexe.

    Le

    phnomne de radicalisation

    pose

    un enjeu de scurit

    majeur

    nos dispositifs

    de

    scurit

    (difficult

    reper/

    difficult

    traiter),

    en dpit de

    leur

    monte

    en puissance pour le

    prendre

    en

    compte. n

    ne concerne pa s

    uniquement les

    ministres en charge de s

    politiques

    de

    scurit

    mais

    aussi

    un grand nombre dacteurs qui y sont confronts dans le cadre du fonctionnement de s services publics

    dont

    ils

    ont

    la responsabilit

    Pour y faire face, la plupart

    de s

    pays voisins ont mis

    en oeuvre de s

    stratgies

    de

    rponse qui compltent

    sur

    le

    champ de la prvention

    le

    volet rpressif de leurs dispositifs. Au-del de leurs diffences

    de

    culture

    et

    dorganisation et

    de

    la particularitde s menaces auxquelles chacun

    est expos

    ils le font

    en

    relevant partout les mmes dis

    :

    faire face

    une comprhension encore insuffisante du phnomne ,

    amiorer

    le repage

    des individus concerns,

    associer

    la dection et au traitement des acteurs

    scurita lres

    et

    des

    acteurs non scuritaires , trouver

    des

    relais

    au

    niveau europen

    et

    international. La

    France,

    qui participe

    sur le

    plan international et europen

    aux rlexions visant

    une meilleure prise

    en

    compte du phnomne

    de

    la radicalisation par

    les

    Etats qui y sont confronts, na pour elle-mme

    jamais dvelopp

    de vitable

    stratgie

    de

    prvention.

    Par ailleurs, si les

    facteurs

    qui

    peuvent conduire

    les individus dans ce s processus

    de

    radicalisation sont

    largement

    prsents

    dans la

    soci

    (vulnabilits

    dcoulant

    de

    la

    crise

    conomique/

    perte

    de

    repres/

    exposition croissante aux messages

    que

    divrent les

    mdias et

    aux opportun its offertes

    par

    internet),

    le

    nombre

    dindividus touchs par le phnomne

    est

    en ralitrelativement

    rduit.

    Dans le

    mme

    temps:

    - il

    y a

    urgence agir car

    le

    terrorisme nest

    pas une

    violence

    ordinaire et

    il

    faut

    viter quau

    travers

    du dveloppement

    de parcours

    individuels

    de

    radicalisation la socisoit expose

    de s formes

    nouvelles

    de terrorisme;

    -

    on peut

    encore

    construire une

    rponse

    apaise

    qui mobilise sur

    ce champ lEtat et se s

    principaux

    partenaires.

    La prvention

    de la radicalisation

    rpond dabord

    un

    enjeu de scurit

    mais elle est aussi un enjeu

    pour

    lensemble

    de s

    acteurs

    qui

    y

    sont

    con fronts.

    Cette stratgie

    doit sappuyer sur quelques grands

    principes simples:

    adopter

    une

    dmarche non stigmatisante qui sattaque

    davantage

    aux causes de la

    radicalisation

    (agir sur les vulnabilits

    et

    rduire

    les influences)

    qu

    ses manifestations;

    - associer les

    acteurs

    scuritaires

    et

    non scurita ires , au niveau local

    et au

    niveau

    national;

    -

    sinscrire dans une dimension internationale mais aussi europenne;

    -

    sinscrire dans la

    dure;

    -

    associer

    les

    acteurs

    gouvernementaux

    et non

    gouvernementaux

    et tre prt, comme lont fait

    tous nos partenaires qui

    sy

    sont engags ou

    sapprtent

    le

    faire,

    assumer

    publiquement

    cte dmche.

    Sur le plan national, la stratgie

    de

    prvention

    doit viser deux

    axes

    principaux:

    1

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    CONFIDENTIEL DFENSE

    diminuer les vulnjhffi

    s eu s~nnuvput sur les riisuosi f5

    existants

    en

    matire

    de

    prvention

    de la

    dinquance et

    en

    favorisant les

    synergies entre les acteurs;

    - limiter les

    influences la fo is

    en

    renforant

    les actions conduites

    pour

    disposer de relais

    modateurs

    dinfluence mais

    galement en acceptant

    de lancer

    une

    vitable rlexion sur

    les

    stratgies de

    contre-discours.

    Elle

    doit

    saccompagner:

    - de la

    mobilisation

    du

    levier europen

    pour

    aider

    les ats

    monter

    en puissance sur la

    prise

    en compte

    du phnomne afin que lEurope soit

    sur

    ce s questions un espace

    de

    scurit

    - dun engagement

    international

    fort

    pour

    mobiliser lensemble de s ats afin qui ls

    prennent

    en compte

    et traitent

    les

    phnomnes

    de

    radicalisation

    auxquels ils sont confronts.

    CONFIDENTIEL

    DFENSE

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    CONFIDENTIEL DFENSE

    Table des matires

    Rsum

    du

    rapport

    1

    Introduction

    gnale

    4

    Partiel:

    Comprhension et

    contextualisation du phnomne s

    La

    radicalisation, conue

    comme

    porte

    dentre vers

    le

    terrorisme

    5

    La contextualisation du

    phnomne

    5

    Les

    insuffisances

    de

    la connaissance

    du

    phnomne

    5

    Limportance

    des convergences entre la France et

    ses partenaires

    sur le

    problme

    de

    la radicalisation

    6

    Partie 2: Prise en compte du processus

    de

    radicalisation

    par

    les

    ministres au

    travers de dispositifs

    existants

    6

    Partie ~

    : Propositions

    daction

    pour

    la

    mise en place en France

    dune

    stratgie

    (ou plan daction) de prvention de la radicalisation 8

    A- mettre

    en

    place

    au

    niveau national

    une

    politique

    de prvention permettant de

    traiter les

    vulnabilits et de limiter

    les

    influences

    9

    T-

    traiter

    et

    rduire les vulnabilits qui concourent

    la radicalisation

    . 9

    II- limiter

    les

    influences qu i

    concourent

    la radicalisation

    12

    B-

    faire jouer

    pleinement

    lUnion

    europenne

    son

    rle

    dappui la mise

    en

    place

    par

    les

    Bats

    membres

    des

    dispositifs

    de

    rponse

    14

    C-poursuivre et

    amplifier

    laction

    d

    engage

    au

    niveau international 15

    Conclusion

    17

    Annexes i8

    Annexe i

    Fiches

    pays

    Annexe 2 Critres et

    dinition des

    dives sectaires

    Annexe 3 Extrait de la Stratgie

    nationale de

    prvention

    de

    la dinquance

    priorit

    1

    :

    programme

    dactions

    lintention

    des

    jeunes exposs

    la

    dinquance

    Annexe

    4

    Rcapitulatif du dispositif

    de

    traitement des vulnabilits menant la

    radicalisation

    Annexe ~ Lettre

    de

    mission du Premier ministre

    Annexe 6 Composition

    de

    la mission et liste des ministres participant

    au

    groupe

    de

    travail interminisriel

    Annexe

    7

    Personnes et organismes rencon trs

    Annexe 8 Liste des

    propositions

    CONFIDENTIEL

    DFENSE

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    CONFIDENTIEL DFENSE

    Introduction

    gnale

    La France

    est confronte, comme la

    plupart de ses

    voisins,

    la

    monte

    du

    phnomne de

    radicalisation qui

    peut mener de s

    individus

    laction

    violente,

    dont le terrorisme est la forme la

    plus

    extrme.

    Les

    vnements

    rcents

    que

    notre

    pays

    a

    connus,

    sur

    une

    squence

    de

    temps

    resserr

    tmo ignent

    de

    laccation

    de ce nouveau phnomne

    : les attentats de

    Toulouse

    en

    mars 2012,

    l agression dun militaire

    sur

    la da lle de la Dense

    en

    mai 2013, la

    tentative

    dattentat

    contre

    une

    mosque

    Vnissieux

    en aot

    2013, le

    dpart des combattants volontaires en Syrie. Ce s vnements

    rv len t

    de s fragilits

    prsentes

    au

    sein

    de

    la

    soci

    La

    situation

    est similaire

    dans

    la

    plupart de s

    pays

    europens. Elle rvle

    une

    menace

    aujourdhui

    plus

    diffuse, aux acteurs plus difficiles

    decter. Cette

    volution

    pose

    de

    nouveaux dis

    nos

    dispositifs

    de rponse mais

    aussi

    la soci

    dans

    son ensemble car

    si

    la

    radicalisation

    peut conduire des formes

    diffentes dexpression, violentes ou pacifiques, elle

    constitue galement

    un

    chemin vers

    le

    terrorisme.

    Or le terrorisme nest

    pas

    une violence ordinaire.

    Compte tenu de s enjeux de scurit

    et de

    cohsion sociale en cause, il est ncessaire de

    conduire

    une

    rlexion

    pour dvelopper

    le

    dispositif

    de

    lutte

    contre la

    radicalisation,

    comme

    cela est prconis

    par

    le

    Livre

    blanc sur

    la

    dense

    et

    la scuritnationale, dans

    le cadre

    de la lutte contre

    le terrorisme.

    La rlexion doit permettre

    de compler

    les

    dispositifs existants pour

    mieux comprendre le

    phnomne,

    mieux reper

    et

    traiter

    les

    situations individuelles. Ce renforcement des actions de

    prvention

    est

    utile aux services

    de

    scuritcar la

    monte en

    puissance

    de nos

    dispositifs de lutte

    ne

    peut

    suffire

    elle seule

    endiguer

    le

    phnomne.

    La rlexion doit

    dboucher

    sur de s

    propositions

    dactions

    susceptibles

    dtre

    mises

    en oeuvre

    rapidement, droit et organisation constantes, afin de donner, sur

    le

    champ de la prvention une

    dimension supplmentaire

    la politique du

    gouvernement.

    Cette

    dynamique

    nouvelle

    peut sinscrire

    dans le cadre

    de

    quelques

    grands

    principes:

    -

    adopter

    une approche

    non

    stigmatisante

    car,

    si

    lexpression

    des

    idologies qui tombent

    sous le

    coup

    de

    la lo i doit pouvoir tre sanctionne, il faut aussi paralllement combattre

    les facteurs

    qui

    amnent certains individus sengager dans de s

    processus

    de radicalisation parmi lesquels

    le

    facteur idologique ou

    religieux ne

    constitue

    souvent

    quun de s ments

    -

    mobiliser

    lensemble de s

    acteurs concerns au-del du

    pimtre de s

    ministres scurita ires , et

    en

    y

    associant galement les acteurs locaux dans

    le

    bu t de

    garantir

    la prise en compte globale du

    phnomne

    et

    son traitement,

    les

    ministres scuritai res

    ne

    pouvant eux seuls

    y

    rpondre;

    - concevoir

    et mettre en oeuvre la

    lutte contre

    la radicalisation en linscrivant dans la profondeur,

    la fois

    sur le

    territoire national mais galement dans

    le cadre

    europen

    et

    international;

    - sinscrire

    dans

    la dure car

    une

    action de

    fond mobilisant

    lensemble de s acteurs dans

    le

    cadre

    dune

    dmarche

    globale sur

    ce s

    enjeux

    ne peut tre efficace que sur le long

    terme.

    Les

    propositions qui suivent ont

    construites

    au

    travers

    dun

    travail

    interministiel

    associant

    sous

    lgide

    du SGDSN

    les

    principaux ministres

    concerns. Compte

    tenu du

    dai

    trs

    contraint

    qui a

    fixpour aborer

    ce s propositions et

    du souhait de garder

    ce stade

    la rlexion

    cantonne

    un

    nombre

    limit

    dacteurs, tous

    les

    champs qui entrent dans le cadre

    de

    cette problmatique nont pas pu

    tre

    traits

    de

    manire

    exhaustive et beaucoup

    miteraient

    dtre approfondis (comme par

    exemple

    la

    multiplication de s

    demandes

    douverture

    dcoles

    confessionnelles ou

    la

    question du rle des mdias).

    Elles

    visent

    instaurer

    en

    sinspirant

    de

    ce s quelques

    principes daction simples,

    les bases

    dune

    dynamique

    partir

    de laquelle

    une

    nouvelle

    ligne

    daction politique peut tre dcide

    et

    dcline, aux

    diffents

    niveaux

    o elle

    doit pouvoir sappliquer.

    CONFIDENTIEL DFENSE

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

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    Partie

    1:

    Comprhension et contextualjsation du phnomne

    La radicalisation, conue connueporte den tre

    vers

    le terrorisme:

    Agir

    sur la radicalisation pour

    en rduire les

    effets suppose dabord didentifier

    et

    de

    comprendre un

    phnomne

    dont

    les manifestations sont

    diverses, ce

    qui impose de distinguer parmi

    les

    diffentes

    formes

    de

    radicalisation

    celles

    qui

    dbouchent

    sur

    laction

    violente.

    Entendue dans

    sa manifestation

    violente

    la

    plus

    extrme, la radicalisation

    est

    le processus par

    lequel

    un individu en vient soutenir et,

    dans

    certains cas, prendre part des actions terroristes, sans

    que

    son champ

    soft

    limit une idolog ie particulire: elle couvre un champ large, tant politique (ultra-

    gauche et

    ultra-droite)

    que religieux (aucune religion

    nest

    pargne) ou idologique ainsi

    que de s

    menaces

    inspires

    dautres

    visions (comme

    les groupes

    radicaux

    pro-animaux ou

    environnementaux,

    ou autres menaces mergentes).

    Cette

    dinition

    implique

    de diffencier

    radicalisation et extrmisme. Lextrmisme est une forme

    de

    pense,

    radicale ou ultra-conservatrice, qu i relve du domaine

    de

    la

    libert

    dopinion dans le

    champ

    politique

    ou religieux. Il peut poser un certain nombre de difficults dans

    le

    champ social mais il nest

    videmment pa s assimilable ni rduct ible

    un processus conduisant

    au

    terrorisme

    en

    tant

    que

    tel.

    Lexpience

    de s

    services

    de

    renseignement et

    les

    udes qui

    ont

    conduites pour essayer

    de

    mieux

    comprendre

    le

    phnomne,

    montrent

    que,

    dans

    la grande

    majoritd es c as , de

    tels

    positionnements

    ne

    mnent

    pas

    au

    terrorisme.

    En revanche,

    la

    radicalisation

    entendue

    dans son

    acception

    la

    plus

    extrme

    implique un

    lien av

    avec le terror isme, qui se

    dcl ine selon

    trois

    dimensions principales

    qui

    interagissent dans

    la

    construction, au niveau de lindividu, du

    processus

    de

    radicalisation

    :

    adhsion

    idologique

    au

    terrorisme; intention

    de

    commettre une

    action

    terroriste; capacit(organisationnelle,

    technique, scientifique).

    La

    contextualisation du

    phnomne :

    Le phnomne de la radicalisation

    nest

    pas

    nouveau,

    li sest cependant

    cristallis

    loccasion

    dvnements rcen ts trs

    mdiatiss (affaire Merah

    en

    France,

    Jihadistes syriens dans

    plusieurs

    pays

    europens, affaire Brejvik

    en

    Norvge, attentats

    de

    Londres,

    cellule

    no-nazie

    de

    Thuringe,

    etc.). Ce s

    vnements ont mis

    en

    lumire la complexit

    des

    trajectoires

    de

    radicalisation. La thse du

    loup

    solitaire est

    aujourdhui

    battue en brche.

    La situation

    rend ncessaire

    la comprhension

    de la

    radicalisation

    dans

    se s

    dimensions multiples,

    que

    ce

    soft la

    diversit

    de

    ses

    relais

    (matiels

    et

    humains)

    et de

    se s

    niveaux de dermination

    (idologique, politique, social,

    conomique,

    psychologique,

    etc...

    Les

    trajectoires

    de

    radicalisation sont actuellement favorises par la mon te

    de

    deux phnomnes.

    Tout dabord internet,

    vitable

    boite

    outils

    permettant

    de multiplier

    les

    possibi lits de

    constructions idologiques,

    qui met en contact des acteurs

    qui ne se

    seraient pas

    ncessairement

    rencontrs.

    Ensuite,

    la

    mondialisation

    croissante, qui multiplie

    les

    possibili ts de voyages et de mise

    en

    relation (avec

    des

    acteurs,

    de s messages, des contenus

    mdiatiques ...).

    Cet

    environnement nouveau

    entrane des

    transformations

    dans le doulement de s processus de radicalisation. Plus instables

    et

    plus imp rvisib les,

    ces trajectoires rendent

    plus

    difficile le travail

    de

    dection

    ralis

    par les services

    de renseignement. Elles posent galement

    de

    nouveaux dis

    en

    termes de traitement car lenjeu

    est

    en

    effet de

    pouvoir compler la rponse strictement scurita ire

    en

    ayant la capacit

    de

    traiter

    ce s

    individus avant

    quils

    ne soient au bout

    de

    leur processus

    de

    radicalisation.

    Aujourdhui

    on

    est face

    un

    paradoxe mais

    qui

    nest

    quapparent:

    alors

    que

    beaucoup

    de

    facteurs

    de

    radicalisation

    sont prsents dans la soci (accroissement de s vulnabilits sociales

    / perte

    de

    repres / exposition croissante aux messages radicaux), le phnomne

    reste

    encore limit (mme si

    cette apprcia tion

    doit

    videmment tre

    nuance du fait

    des

    insuffisances

    actuelles de s

    dispositifs

    dobservation et

    de dection).

    Les insuffisances de la

    connaissance

    du phnomne :

    Plusieurs udes ont

    conduites sur

    le sujet,

    en particulier

    chez

    nos voisins. Elles dessinent de s

    tendances qui

    permettent

    de mieux comprendre certains

    aspects

    du phnomne. La radicalisation

    touche

    de s hommes

    jeunes (entre 18 et

    35

    ans). Les

    femmes peuvent

    y tre

    associes mais demeurent

    globalement lcart. Le s

    gnations

    plus ges

    sont

    moins concernes.

    Lorsque cest le

    cas,

    elles

    jouent un rle dinspiration ideologique ou de

    financement

    qui sapparente a la participation a une

    entreprise

    terroriste

    au sens

    classique.

    Le phnomne de

    la radicalisation implique souvent

    des

    individus se trouvant dans une position socio

    conomique fragile.

    Des formes de vulnabilit

    sociales, conomiques

    ou scolaires

    constituent

    de s

    facteurs favorables. Nanmoins il nexiste aucune corration simple entre

    ces

    facteurs de fragilitqui

    5

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

    7/42

    j1CONFIDENTIEL DFENSE j

    ne

    rendent pas

    compte eux

    se

    s de la

    vulnabilit

    de s individus situ s

    dans ce s environnements

    basculer

    dans un

    parcours de

    radicalisation. Linscription dans ces parcours suppose aussi une

    capacit

    de

    ce s individus

    construire ce processus par un

    certain nombre de

    conduites

    dadhsion

    (capacite

    a

    mobiliser un minimum de

    ressources

    economiques, capacit

    tre

    receptif a des

    messages

    parfois complexes, btir de s registres idologiques

    abors

    etc...).

    Les

    motifs de justification idologique

    avancs

    par les individus constituent une part dcisive du

    processus

    de

    radicalisation, Ils

    jouent

    sur la

    mise

    en

    mots

    de

    griefs

    et

    rendent

    lgitime

    un

    passage

    laction violente. Cependant,

    et

    cest un point centrai, le

    rle

    des idologies dans la construction du

    processus, quelles soient

    politiques

    ou religieuses, ne doit pas tre surestim les

    idologies

    fonctionnent avant tout comme

    des

    catalyseurs

    de

    trajectoires radicales plus anciennes

    et

    plus

    complexes.

    Le contexte

    dans lequel

    sopre la radicalisation est

    crucial, fl est souvent de lordre dune actualit

    politique,

    nationale

    ou internationale, dont

    la mdiatisation peut

    servir

    de

    dclencheur (guerres,

    conflits,

    lois, etc...).

    Les

    contextes

    locaux

    sont galement importants,

    car

    ce sont

    des rencontres, de s

    formes de

    pressions (sociales,

    psychologiques), des

    effets

    de

    groupe, etc.

    qui

    vont

    faire basculer

    lindividu.

    Lenvironnement

    avec

    se s

    dynamiques

    propres

    est un facteur capital.

    Les

    udes

    menes demeurent

    encore lacunaires.

    Aucune ne

    permet

    de

    dvelopper un cadre

    danalyse

    complet ou de

    dresser

    un profil type de la

    radicalisation. De ce

    point de vue, un effort

    dapprofondissement de

    la

    connaissance

    et

    de la

    comprhension

    du

    phnomne

    simpose, en

    particulier

    pour

    derminer

    quels

    sont

    les

    ments

    qui

    permettent

    de

    mieux

    traiter

    le

    phnomne

    en

    identifiant

    plus

    prcisment

    ce

    qui permet

    de le decter

    et

    en identifiant

    les

    leviers

    les

    plus

    efficaces

    pour endiguer son dveloppement. Dores

    et

    d,

    le constat qui

    est

    le

    plus

    communment ralisest le

    fait que

    les

    processus de

    radicalisation ont en

    fait de fortes similitudes avec les processus lis aux

    dives

    sectaires. La

    radicalisation

    fonctionne

    en

    effet

    souvent comme un

    processus

    de sparation et

    disolement

    des

    individus par rapport

    leur environnement (familial, social, religieux, etc.),

    L

    importance

    des convergences entre la Fiance

    et

    se s partenaires sur le problme de la

    radicalisation:

    La situation nest pas spcif ique

    notre pays. La

    plupart de

    nos

    partenaires

    ont

    confron ts

    au

    mme phnomne dans

    les

    dernires annes. Certes la

    radicalisation

    affecte diffemment

    les

    pays

    de

    lUE

    (importance

    du mouvement jiliadiste vers la

    Syrie

    en

    Belgique; terrorisme

    dextrme-droite

    en

    Norvge;

    mouvements pour les

    droits

    de s animaux plus revendicatifs en

    Europe

    du nord,

    extrmisme

    no-nazi

    en

    Sude ou

    en

    Allemagne etc...) Mais, au-del

    de

    ce s diffences, il

    y

    a surtout

    des

    convergences

    qui tiennent

    au

    fait

    que

    tous

    ce s

    pays

    connaissent

    une

    radicalisation

    de

    certaines

    franges

    de

    leurs socis selon de s modali ts similaires

    et

    tentent

    de

    compler leurs dispositifs

    de

    rponse.

    Face

    ces

    problmes,

    la plupart

    de

    nos partenaires ont

    en

    effet

    commenc mettre

    en

    place

    des

    politiques

    de

    lutte contre la radicalisation dans lesquelles le volet

    rpressif

    est compl par une

    approche

    prventive,

    sous forme

    de stratgie

    ou

    de plan daction. Tous

    ce s pays

    lont fait en

    faisant

    face

    de s problmatiques

    et

    de s enjeux

    communs

    connaissance imparfaite

    du

    phnomne,

    ncessaire

    articulation

    des

    rponses

    nationales avec les

    dispositifs

    locaux, ncessaire

    association

    aux

    dispositifs de rponse des sphres scur itaires

    et

    non -scurita ires, enjeu de coordination de leurs

    politiques

    nationales avec les dimensions

    europennes et internationales.

    La France est aujourdhui

    lun de s seuls

    pays,

    parmi

    les

    grands

    pays

    europens,

    navoir pas encore

    dvelopp

    une vitable

    stratgie

    de prvention de la

    radicalisation

    qui soit complmentaire des

    dispositifs

    de

    lutte mis

    en oeuvre

    par

    les

    services

    de

    scurit

    et

    par la justice dans le cadre de s

    politiques

    de

    lutte

    contre

    le

    terrorisme.

    Partie

    2

    Prise en

    comDte

    du processus de radicalisation par

    les ministres au travers de

    dispositifs existants

    Si la plupart de s ministres sont en fait concerns, de s degrs divers, par le

    phnomne

    de

    radicalisation,

    peu

    dentre

    eux se sont aujourdhui

    organiss

    pour

    traiter

    cette question dans sa

    globalit

    Le

    phnomne est

    en effet

    pris en

    compte

    sous un angle

    essentiellement scurita ire

    par les

    administrations qui y sont directement confrontes

    sans

    que soit mis en place paralllement une

    approche prventive du phnomne.

    Le dveloppement de la

    prvention

    est dailleurs un enjeu

    que

    les ministres chargs de s

    ~politiques

    de

    scurit

    ne

    peuvent assumer seuls.

    Lassociation ds atres

    a&fifr~ institutionnels

    au

    niveau

    national

    et

    local

    est

    ncessaire,

    comme

    il

    est

    ncessa ire

    que

    cett

    e

    stratgie

    de

    rponse

    conduite sur

    le

    plan

    national soit cohente avec laction europenne

    et

    internationale de la

    France.

    6

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

    8/42

    j

    CONFIDENTIEL DFENSE

    /

    Les

    ministres rgaliens char4s

    des enjeux de

    scurit

    (Intieur

    I Ju tice/ Dense).

    Les

    proccupa tions

    dordre scurita ire

    ont conduit

    les ministres de

    lIntieur (

    travers

    la

    monte

    en

    puissance du dispositif du renseignement interieur, en lien avec les services de securite interieure

    dans

    le

    champ de

    la

    police

    et

    de la gendarmerie), de

    la

    Justice

    (direction

    de ladministration

    pnitentia ire) et

    de

    la

    Dense

    (direction

    de

    la

    protection et

    de

    la scuritde la

    dense)

    prendre

    des

    dispositions

    spcifiques

    vis--vis de

    la radicalisation.

    Pour

    chacun

    dentre

    eux,

    les

    mesures

    adoptes ont

    consist

    mettre

    en

    place

    un

    dispositif

    dobservation et parfois de

    sensibilisation

    de s personnels situs directement

    au

    contact de s publies

    concerns, destin

    faciliter

    le

    repage de s personnes susceptibles dtre exposes

    un

    processus

    de

    radicalisation. Sur cette base

    les

    ministres concerns prennent un

    certain

    nombre

    de

    mesures

    au

    travers de la mise en

    place

    de

    dispositifs

    de surveillance, disolement ou - sagissant

    en

    particulier du

    ministre de la dense - de non reconduction contractuelle visant comme objectif principal dviter

    leffet de contagion pour ce s milieux, compls par le

    signalement

    systmatique de s individus

    reps

    au

    renseignement intieur.

    Ce s dispositifs restent

    nanmo ins

    largement perfectibles

    mme

    si

    les

    services concerns

    ont

    commenc

    ablir entre eux de s passerelles pour changer

    les

    informations,

    leurs grilles

    danalyse,

    quand elles sont formalises, ce qui est rare, demeurent

    le

    fruit du

    travail

    de chacune de s

    administrations. Cela aboutit

    des

    diffences

    dapproche

    qui

    ne

    permettent

    ni de poser de s

    critres

    communs de

    dection,

    ni de

    construire une comprhension

    commune

    du

    phnomne

    qui permette

    de

    capitaliser

    sur

    les

    expiences

    de

    chacune

    de

    ce s

    administrations et

    de

    dinir

    des

    approches et des traitements communs;

    - les opations de sensibilisation en direction de s personnels

    au

    contact de s publics concerns,

    destines favoriser la comprhension du phnomne

    et

    amiorer

    sa

    dection, lorsquelles sont

    mises

    en oeuvre, restent encore

    largement

    linitiative de s responsables locaux

    sans quil y

    ait

    une

    planification

    suffisante de ces actions,

    n

    manque,

    au sein

    mme

    de

    ces ministres, un discours

    homogne

    mobilisant

    lensemble de s personnels susceptibles dtre confronts

    au

    phnomne;

    -

    par voie

    de

    consquence,

    les

    capacits

    dobservation

    sont aujourdhui

    encore

    insuffisamment

    mobilises alors mme

    que la

    difficult de reper lentre de s individus dans

    ce s processus

    de

    radicalisation devient aujourdhui plus complexe

    et

    quil faut couvrir un champ plus large;

    -

    aucune stratgie

    daction prventive nexiste

    lgard

    de s

    personnes

    dectes

    pour les aider

    sortir du processus de radicalisation dans lequel

    elles

    sont engages;

    lun

    de s

    enjeux

    est

    aussi

    de

    mieux

    assurer,

    dans

    la

    relation

    entre

    les

    services

    de

    renseignement

    et

    les

    autres services scuritaires ,

    en

    particulier

    au

    sein mme du ministre de lIntieur, le retour

    en

    renseignement

    vers les

    autres

    directions et , plus gna lement , lamioration de la

    circulation de linformation entre les grandes directions du

    ministre

    (enjeu actuel de la

    rorme

    du renseignement

    intieur)

    afin que les personnes qui ne sont

    pas prises en charge

    par le

    renseignement intieur

    le

    soient

    par les autres

    dispositifs.

    2/ Le

    ministre

    de s affaires

    rangres porte

    de s

    initiatives dans

    les

    enceintes internationales

    multilatales

    et dans le cadre

    de certaines

    coopations rgionales ainsi quau

    niveau

    europen,

    essentiellement

    dans la

    dimension

    internationale

    de

    laction

    europenne. Mais lEurope est aussi un

    espace de

    scurit

    commun. Elle doit

    pouvoir tre

    utilise comme

    levier pour

    aider les

    Etats

    membres

    monter en puissance pour

    la

    prise

    en

    compte

    du

    phnomne,

    chacun sur leur territoire.

    Par

    affleurs

    la

    cohence

    de

    laction

    diplomatique

    de

    la

    France,

    qui

    participe

    aux

    rlexions

    sur

    la

    prvention

    de

    la

    radicalisation

    dans les

    enceintes multilatales

    et

    lintgre dans certains

    de

    ses coopations rgionales

    ou bilatales, gagnerait

    ce que cette action

    puisse tre conduite en sappuyant sur lexistence dune

    stratgie nationale de prvention de la radicalisation

    pense

    dans sa globalit

    3/ Les ministres non scurita ires

    manquent

    doutils

    alors

    quils sont confronts directement

    au

    phnomne de la radicalisation dans le cadre

    de

    leurs

    missions.

    Ces

    ministres

    sont videmment

    conscients de

    limportance

    du

    phnomne de la radicalisation

    la

    fois au travers de

    se s rpercussions

    ngatives

    pour

    le fonctionnement de s services publics

    dont

    ils

    ont

    la responsabilit

    mais

    galement au

    regard de laccomplissement mme

    de

    leurs

    missions

    (duquer/soigner/accompagner

    socialement/etc...) au

    bnice de s

    personnes

    concernes.

    ns

    ne

    disposent aujourdhui

    ni

    doutils pour

    en

    quantifier lampleur et

    les

    volut ions,

    ni de

    politiques

    abores

    destines

    le

    contenir,

    ce

    qui

    traduit

    labsence

    dune

    analyse

    partage

    du

    phnomne,

    la

    crainte

    de

    mettre en

    place

    des

    mesures

    qui

    pourraient

    se rver

    inappropries

    ou

    contre-productives,

    labsence

    en clair

    dune vitable

    stratgie

    de lEtat

    sur

    ce s

    questions

    qui puisse les

    aider

    construire

    7

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

    9/42

    CONFIDENTIEL DFENSE

    eur

    action,

    il

    ny a eu ce jour de rapprochement organisentre les

    miristres, notamment

    avec ceux

    qui

    ont

    commenc

    agir, pour changer

    sur ces questions.

    4/11

    nexiste pas

    non plus de

    stratgie globale (mme si ladministration

    pnitentia ire, confronte

    trs

    tt au phnomne, a abor

    pour

    son propre champ une stratgie daction) ni mme de

    doctrine

    pour

    tenter

    de

    limiter linfluence

    de s

    idologies radicales dans la

    soci

    Ainsi,

    alors que

    la

    lutte

    contre

    la

    radicalisation

    religieuse

    devrait constituer

    une

    priorit

    pour

    les

    reprsentants du culte

    musulman,

    qui

    sont les

    mieux positionns pour dnoncer

    les

    prises

    de

    position

    radicales; et en dpit de toutes les

    limites

    connues de lorganisation

    actuelle,

    le

    CFCM

    na,

    ce

    jour,

    jamais

    impliqudans une

    rlexion

    commune avec

    les

    services

    de

    lEtat sur ce phnomne.

    Ladministration pnitentia ire, sur un terrain qui a longtemps consid comme un terreau

    privilgide la

    radicalisation, a

    dailleurs

    lune de s premires prendre

    la mesure

    du phnomne

    et essayer, dans

    le cadre

    de moyens contraints, dy rpondre.

    Par

    contre,

    il reste

    de s fragilits sur la

    capacit

    decter de s

    comportements de plus en plus

    dissimuls,

    sur

    la place que pourraient avoir

    comme mdia teu rs et relais dun

    discours

    dapaisement

    les

    aumniers musulmans

    en raison de

    la

    situation

    de laumnerie musulmane qui na ni le volume, ni

    lorganisation,

    ni

    un statut suffisamment

    adaptaux

    enjeux de

    sa prsence et du

    rle quelle

    a vocation

    jouer

    dans lunivers carcal.

    La question

    de

    linternet

    ne

    fak

    pas

    non

    plus

    l objet aujourdhui dune

    approche

    suffisamment

    structure,

    alors mme

    que

    le

    constat

    est

    dressunanimement sur

    le

    fait

    que

    la

    toile

    joue

    un

    rle

    de

    plus

    en

    plus

    important

    dans

    les

    processus de

    radicalisation

    de s

    individus

    fragiles.

    Un important travail

    de

    dection

    et

    de

    traitement de s sites qui dveloppent de s

    discours

    haineux ou

    radicaliss est

    entrepris

    par les services

    de

    lEtat

    mais

    la

    rponse

    est pour

    le

    moment

    essentiellement

    policire et judiciaire et

    elle se

    heurte

    daffleurs

    dimportants

    obstacles

    techniques

    et

    juridiques. Par

    contre, il ny

    a

    aucune

    rlexion

    engage au

    niveau national sur la

    faon dont

    on pourrait essayer

    de

    limiter linfluence de

    linternet,

    par exemple en

    construisant et

    en portant de s

    rponses

    en termes de

    contre-discours qui permettraient de

    limiter

    la source limpact de s messages diffuss par

    internet.

    Si

    ce

    type dactions peut

    se heurter

    de s

    obstacles juridiques ou

    techniques, en particulier lorsque lon

    touche linternet ferm

    (en particulier

    sur

    les rseaux

    sociaux),

    cest

    beaucoup moins

    vrai en ce

    qu i

    concerne

    linternet

    ouvert

    (publiquement

    consultable).

    La France reste sur ce point trs

    en retrait de

    se s

    partenaires qui,

    sils

    reconnaissent la difficult

    dagir et

    certains

    checs,

    expimentent de s

    formules visant limiter

    les

    influences sur internet par de s actions de contre-discours. Sur

    ce plan

    et

    de

    faon

    paradoxale, la

    France

    est

    pourtant

    dans la

    situation

    o

    elle

    en

    recommande

    lutilisation

    dautres

    dans

    le

    cadre de s recommandations

    et

    bonnes

    pratiques

    des

    forums internationaux consacrs

    ce s

    rlexions

    et

    travaux.

    Partie 3

    :

    Prouosjtions

    daction

    nour

    la mise

    en ylace en

    France

    dune stratgie fou ulan

    daction~

    de

    mvention

    de

    la

    radicalisation

    Avant de

    proposer

    de s lignes daction nouvelles, il

    faut faire les constats suivants:

    nous sommes aujourdhui face

    un phnomne de

    fond

    auquel

    les

    dispositifs en

    place

    ne rponden t

    quimparfaitement car ils ne

    prennent

    en compte quune partie de la

    rponse, uniquement sous

    langle

    de la

    rpression.

    2/

    il

    est

    aujourdhui

    encore

    possible

    de

    construire

    une

    ligne

    de

    rponse

    dans

    un

    cadre

    apais

    car,

    si

    lvolution du phnomne peut tre rapide en raison des forces loeuvre dans la soci en France

    comme ailleurs,

    les processus

    de

    radicalisation susceptibles

    de dboucher sur des

    actes

    de

    terrorisme,

    ne

    touchent quun

    nombre limit

    dindividus.

    3, la France est isole dans la mesure o la plupart

    de

    nos

    partenaires,

    notamment

    en

    Europe, sont

    aujourdhui

    engags dans des stratgies

    ou

    des plans daction visant, en comp lment de la mon te

    en

    puissance

    de

    leur

    dispositifs

    scuritaires , dvelopper

    des

    stratgies

    de

    prvention.

    II

    y a donc urgence agir car aucun

    pays ne

    peut se rsoudre laisser se dvelopper un phnomne

    susceptible

    de

    conduire de s personnes,

    mme en

    nombre limit basculer dans la

    radicalit

    violente.

    Le

    terrorisme par les consquences

    quil

    implique sur la

    soci

    toute

    entire,

    nest pas

    une

    violence

    ordinaire.

    Laboration

    et

    la

    mise

    en oeuvre dune

    politique

    de prvention de la

    radicalisation est donc ncessaire

    et possible.

    s

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

    10/42

    CONFIDENTIEL DFENSE

    A cette fin, le

    rapport

    propose, ans

    que ce s propositions

    soient

    limitatives

    (et

    en

    suggant

    que

    lon

    conduise, si leur mise

    en oeuvre

    est dcide, un certain

    nombre dapprofondissements)

    une stratgie

    daction qui sinspire de s quatre grands principes figurant en introduction, en

    y

    ajoutant la ncessit

    de

    donner un caractre public

    cette stratgie

    en

    raison de s enjeux lis

    la mobilisation

    indispensable

    de lensemble des

    acteurs

    - adopter une dmarche non stigmatisante qui sattaque davantage aux

    causes de

    la radicalisation

    (agir sur

    les

    vulnabilits

    et

    rduire

    les

    influences)

    qu

    se s

    manifestations;

    -

    associer

    les

    acteurs z

    scurita ires

    et non

    scur itaires

    ,

    au niveau local

    et

    au niveau national;

    -

    sinscrire dans une dimension internationale

    mais

    aussi europenne;

    -

    sinscrire dans la

    dure

    - associer

    les

    acteurs

    gouvernementaux

    et

    non gouvernementaux

    et tre prt,

    comme

    l ont fai t tous

    nos partenaires qui sy sont engags ou

    sapprtent

    le

    faire, assumer

    publiquement

    cette

    dmarche, en rendant cette stratgie publique.

    Dans ce

    cadre,

    la stratgie

    de

    prvention se dcl ine

    dabord

    au

    niveau national.

    Elle

    cherche des

    leviers

    au niveau europen

    et elle sinscrit

    dans

    le cadre

    de notre action

    internationale.

    A- mettre en

    place

    au niveau

    national

    une politique

    de prvention

    permettant de

    traiter

    les

    vulnabilits

    et de limiter les

    influences

    I-

    traiter et

    rduire Jes

    vulnabilits

    qu i

    concourent

    la

    radicalisation:

    Mme

    si

    lanalyse de s processus

    de

    radicalisation

    demeure encore

    imparfaite,

    de s analogies existent

    dans ce s processus

    avec de s

    processus bien

    identifis

    notamment ceux qui

    relvent des

    dives

    sectaires.

    Les comportements qui amnent les

    individus

    concerns progressivement rompre leurs

    attaches

    avec

    leur groupe

    familial,

    leur cercle

    damis,

    leur environnement proche,

    sont

    trs similaires.

    Par

    ailleurs, les jeunes

    qui sont engags dans les

    processus de

    radicalisation prsentent

    souvent les

    mmes

    vulnabilits que ceux

    qui

    sont exposs la dinquance.

    Ds lors il

    est

    possible pour mettre

    en

    place une action visant la prvention de

    ce s

    comportements:

    1/ dutiliser

    les dispositifs

    existants

    de

    droit commun

    de prvention de

    la dinquance

    Pour

    traiter

    ce s

    situations individuelles,

    dans

    le

    cadre

    dactions collectives

    territoria lises,

    nous

    disposons d, sur

    l ensemble du territoire, dun

    dispositif de

    droit

    commun

    mis

    en oeuvre dans

    le

    cadre de dispositifs

    partenariaux

    entre

    lEtat

    et les

    collec tivi ts territoriales.

    Ce

    dispositif:

    -

    repose sur un cadre stratgique qui dinit

    des

    orientations (la stratgie nationale

    de prvention

    de

    la dinquance 2013-2017) qui sont

    ensuite

    dclines

    au niveau communal

    (ou intercommunal)

    entre

    les

    prets de dpartement

    et les

    maires,

    au

    travers de contrats qui fixent, sur

    un

    territoire

    donn des objectifs de prvention de

    la

    dinquance;

    -

    sappuie sur de s dispositifs partenariaux qui

    dclinent

    ce s

    objectifs

    la fois dans le cadre

    de s

    Conseils

    locaux

    de scurit

    et

    de prvention de

    la dinquance (CLSPD), structures

    places

    sous

    lautoritde s maires, qui

    permettent

    dassocier

    les

    services de lEtat,

    y

    compris la justice, et

    les

    acteurs

    locaux

    (services

    communaux,

    services dpartementaux et

    acteurs

    associatifs).

    Ce

    dispositif

    est,

    depuis

    la

    lo i

    du

    ~

    mars

    2007,

    obllgatoire pour

    toutes

    les

    communes

    de

    plus

    de

    10 000

    habitants.

    il a

    compl

    rcemment en 2013 par la

    mise en

    place, sur

    certains

    territoires particulirement

    sensibles

    au regard

    de s

    enjeux

    de scurit mais

    en

    nombre plus limit de

    zones

    de

    scurit

    prioritaires (ZSP) qui inscrivent

    galement, paralllement

    laction de rpression

    et

    dans

    une

    logique

    de

    traitement renforc lobjectif

    de prvention en

    direction

    de s

    individus les

    plus

    exposs

    la

    dinquance

    sous toutes

    se s formes.

    Mme

    si la qualitdu travail effectupar les CLSPD est assez

    variable en

    fonction de

    limplication des

    us

    et

    de s modali ts de

    travail

    effectivement mises en oeuvre en

    leur sein (existence ou

    non de

    groupes

    thmatiques ou territoriaux qui

    constituent les meilleurs

    indices dun

    fonctionnement

    opationnel

    mme de traiter des

    ca s individuels), ce dispositif a un

    double

    mite:

    il

    est assez largement

    rpandu

    sur

    lensemble

    du territoire (1069 CLSPD

    ecnss en

    261)

    il

    permet

    de

    cibler

    le

    public concern

    et

    sinscrit

    la fois

    dans le

    cadre

    de s

    orientations

    de

    la

    stratgie

    actuelle de

    prvention de

    la dinquance

    (Priorit

    n1 :

    programmes

    daction lintention

    des jeunes exposs la dinquance)

    et

    des

    instruments

    financiers qui la soutiennent (Fonds

    interministiel de prvention de

    la

    dinquance dotde 51

    millions deuros en

    2012)

    CONFIDENTIEL DFENSE

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

    11/42

    CONFIDENTIEL DFENSE

    Si on considre que les

    individ4

    concerns par la radicalisation doiven

    galement

    tre

    apprhends

    sous

    langle de

    leurs vulnabilits, qui constituent un facteur important

    de lentre

    dans

    des

    processus

    de

    radicalisation, il

    y

    a

    une

    vitable justification

    se

    saisir de

    ce

    dispositif pour

    mettre en

    oeuvre

    un

    dispositif

    de prvention en

    direction

    de

    ce s

    personnes.

    Cette dmarche prsente le

    double avantage:

    - de

    pouvoir

    mobiliser, dans

    leur

    coeur de mier, lensemble de s acteurs - acteurs scuritaires

    mais aussi non scuritai res

    -

    de

    le

    faire

    dans une

    approche

    non

    stigmatisante

    en

    cherchant

    dabord

    rduire

    les vulnabilits

    de

    ce s individus, dans une

    logique de

    sauvegarde .

    Le

    dispositif

    correspond

    parfaitement

    la logique de s dispositifs

    partenariaux

    mis

    en

    oeuvre

    par

    nos

    partenaires

    rangers lorsquils ont adopt

    de s

    stratgies locales

    de

    prvention

    de

    la radicalisation (cas

    notamment

    du programme Channel au Royaume Uni qui

    traite,

    selon la mme logique partenariale,

    en sappuyant

    sur les municipalits,

    et

    en

    mobilisant

    les

    administrations et

    acteurs

    concerns dans une

    logique de

    repage et

    de sauvegarde , correspondant aux missions propres de ces

    acteurs, quelques

    centaines de

    ca s individuels

    par an sur lensemble du territoire britannique; logiques similaires de s

    dispositifs mis en oeuvre par

    les

    pays nordiques

    ou,

    sur notre

    faade

    sud, dispositif identique que

    sapprtent

    dcider les autorits

    espagnoles).

    Si

    cette orientation ait dcide, lintgration dune action de prvention de la radicalisation dans le

    cadre

    de s

    CLSPD

    existants,

    pourrait parfaitement

    sinscrire

    dans lactualisation

    des

    contrats

    territoriaux

    prvue

    en

    2014.

    2/

    dadapter

    les mcanismes de

    signalement

    des ca s

    individuels

    afin de pouvoir faire

    bnicier

    toutes

    les personnes qui le

    justifient des dispositifs de

    prvention,

    au travers d es a xe s

    suivants:

    a)

    le renforcement du

    dispositif

    de repage passe par

    une meilleure sensibilisation

    des acteurs

    de

    terrain.

    Le dispositif

    de

    repage

    des

    individus vulnables repose sur un travail pralab le

    de

    repage

    de s

    jeunes en voie de

    radicalisation, effectupar

    les acteurs de terrain

    qui

    sont confronts au phnomne

    et

    peuvent en

    dceler

    les

    signes. Cette tche suppose

    que

    de s opations

    de

    sensibilisation, planif ies ,

    puissent tre mises

    en

    oeuvre afin dexpliquer le sens

    de

    la stratgie

    laquelle

    on demande

    aux jeunes

    de participer et

    divrer

    les

    principaux

    ments

    de

    repage (

    critres

    )

    utiliser. Les critres

    abors

    dans le

    cadre des

    dives

    sectaires, du

    fait

    de

    leur

    proximit

    avec les

    questions

    de

    dection,

    peuvent fournir un point de dpart

    utile

    pour le travail

    daboration de s

    critres propres la

    radicalisation.

    La police (Information Gnale en cours de transformation en Renseignement Territorial)

    et

    la

    gendarmerie

    sont appeles jouer

    un

    rle important

    dans

    ce travail

    de

    dection,

    compte

    tenu

    de

    leur

    maillage du

    terrain. Ce s services

    ont d

    acquis une pratique

    en matire de dection de

    ce s

    cas, qui

    pourrait tre sensiblement

    amiore

    par de s opations

    de

    sensibilisation mutua lises (police et

    gendarmerie), plus rgu lires et touchant les zones les

    plus concernes.

    Les

    informations, recueillies par les

    services

    de police

    et

    de gendarmerie, sont actuellement transmises

    la direction centrale du

    renseignement

    intieur (DCRI) qui examine si elles

    relvent

    ou non

    de

    sa

    compence. La stratgie

    de prvention de

    la dinquance ne

    doit

    pas remettre

    en

    cause cette

    procdure. Avant

    de transmettre un signalement

    un

    CLSPD,

    il

    est

    ncessaire

    quil continue

    tre

    pralab lement

    expertis

    par la DCRI. Celle-ci peut galement transmettre un

    CLSPD,

    par

    lintermdiaire

    de

    la

    gendarmerie

    ou

    du

    renseignement

    territorial,

    de s

    ca s

    quelle

    a

    elle-mme

    dects.

    b) il passe

    galement

    par largissement

    des

    missions de s Ples

    de

    lutte contre lislam radical (PUR)

    afin

    dorganiser

    lchange

    dinformation

    sur

    les

    ca s individuels

    reps.

    Ce travail

    de

    section

    pourrait

    parfaitement

    trouver sa

    place dans les PUR qui

    ont

    constitus

    au

    dbut des annes 2000

    et

    endus l ensemble du territoire

    en

    2005.

    Placs sous

    lautoritdes prets

    de rgion et an ims par les

    services

    locaux du renseignement intieur, leur action dcline ensuite

    au

    niveau

    de s dpar tements, est place

    sous

    le signe exclusif

    de

    la lutte contre lislam

    radical.

    Ils ont

    lavantage

    de pouvoir

    accueillir un dispositif

    de rgu lat ion des

    ca s

    permettant

    de

    sassurer que de s

    mdividus qui

    ne

    rele~ent pas du

    renseignement

    interieur

    puissent

    tre diriges vers

    les

    dispositifs de

    prvention des

    CLSPD.

    Cela correspond la

    philosophie

    du

    dispositif

    de rgu lat ion mis

    en

    place par

    les

    Britanniques

    dans le

    cadre

    du

    programme

    Channel

    au

    sein

    de s

    Counter

    Terrorist

    Unit,

    associant

    au

    niveau rgiona l, dans de s

    procdures

    dchange, les

    antennes

    locales

    du

    MI~

    et

    les services

    de

    scuritterritoriaux.

    10

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

    12/42

    CONFIDENTIEL

    DFENSE

    j

    Si lorientation

    en

    est dcide,

    ilisuffira de modifier

    lintitul

    de

    la missicin des PLIR (intgrer un

    volet

    prventif argi toutes les formes de

    radicalisation) et

    dadapter

    leur mode

    de fonctionnement

    (fonctionnement

    resserr aux

    seuls

    services du renseignement intieur

    et

    information gnale,

    associant

    scuritpublique et

    gendarmerie)

    Quant

    aux autres

    acteurs locaux, i ls

    transmettent directement

    les

    ca s

    quils ont

    dects

    au point de

    contact dsign

    par

    le

    CLSPD ou le groupe

    de

    travail.

    e) il suppose

    enfin

    une meilleure

    implication

    de s famifies.

    Par

    ailleurs,

    et

    quelles

    que

    soient les amiorations du recueil dinformation dcoulant de ce s

    dispositifs, lexpience monte que ce sont

    les

    familles

    et les

    proches, confronts au phnomne

    de

    radicalisation

    de

    lun de s leurs, qui ont la capacit

    de

    dection

    et

    dalerte

    la

    plus

    importante.

    Le

    cas

    de

    la

    Syrie en

    a

    exemplaire, puisquune

    partie importante

    de s signalements sur

    les

    jeunes Franais

    partis rejoindre le conifit syrien,

    ou

    sur

    le

    point de le faire, est venue de familles inquies par le

    comportement dun de leurs membres,

    II

    importe de donner

    ce s

    personnes les moyens de sadresser

    aux au torits.

    La France

    pourrait

    sinspirer

    de l exemple dun tphone vert

    mis

    en

    place

    par certains

    de

    nos voisins, ou tout autre dispositif facilitant ce type

    de

    signalement,

    en sappuyant

    notamment

    de

    manire

    privilgie sur le milieu

    associatif (type association de

    victimes).

    3/

    de

    mettre

    en

    place une

    cellule

    nationale

    ddie

    mettant

    en

    rseau

    les

    diffents

    ministres

    concerns.

    Le dispositif

    territorial ne peut

    atteindre sa pleine efficacitquadoss une cellule

    nationale, opant

    au

    niveau

    central,

    qui aurait pour fonction de faire remonter la

    connaissance

    du

    terrain

    afin

    de

    dvelopper

    lanalyse

    et

    de fournir un appui

    au

    dispositif local.

    Cette cellule mettrait

    en

    rseau

    des

    acteurs de s services

    de renseignement

    et

    de scurit

    et

    des

    acteurs

    des ministres

    non-scurita ires.

    Elle

    pourrait

    associer de s personnalits

    extieures

    ladministration

    dont

    l expertise peut lu i tre utile, en particulier dans

    sa

    mission

    danalyse.

    La cohence

    de ce

    dispositif,

    articul

    aux niveaux

    local

    et

    national,

    est

    assure sur le plan dpartemental par

    les

    Prets

    qui ont

    pour

    vocation

    naturelle dassurer

    le

    relais entre

    le

    terrain

    et

    la cellule nationale et

    de

    constituer

    linterface avec les dispositifs territoriaux pilots par les maires au

    titre

    de

    la

    prvention

    de

    la

    dinquance et leurs

    propres

    services.

    La

    fonction

    de

    la

    cellule nationale

    est

    double:

    -

    fonction danalyse visant

    dvelopper une connaissance fine

    des

    tendances mergentes,

    afin den

    suivre les volutions.

    La

    cellule bnicie de s retours de s

    diffents

    dispositifs locaux

    et en

    synthise

    les

    donnes.

    Grce

    cette connaissance de s volutions,

    elle

    peut prconiser une

    rvaluation ou une

    adaptation

    du

    dispositif

    et faire

    partager

    une connaissance et une

    comprhension commune

    des

    processus

    de radicalisation;

    fonction dappui aux acteurs

    locaux

    visant

    donner des ments

    de langage et

    de s informations

    sur les

    grands

    ments de

    cadrage

    de

    la stratgie

    daction

    permettant dexpliciter la stratgie,

    de

    fournir des

    prcon isations sur la comprhension

    du

    phnomne de

    la radicalisation

    et

    de dinir

    les orientations

    concernant

    la formation et la sensibilisation

    des

    acteurs

    de

    terrain.

    La question du

    positionnement et

    de

    lanimation

    de cette cellule

    se

    pose.

    La

    nature

    particulire

    de la

    menace terroriste

    et le

    type de pilotage

    fin

    requis

    sur le

    sujet

    politiquement

    sensible de la

    radicalisation

    rendent difficiles

    des

    formules

    du type

    pilotage par

    des

    institutions

    comme le

    secrariat

    gnal

    du

    comit

    interministiel

    de

    prvention

    de

    la

    dinquance

    (SG-CIPD)

    ou

    la

    mission

    interministielle de vigilance

    et

    de lutte contre les

    dives

    sectaires (MW1LUDES).

    Lanimation par

    le

    ministre de lIntieur parait

    la

    solution privilgier.

    [ ~Intgrer

    le dispositif

    de

    prise en

    charge

    de s

    personnes

    en voie de

    radicalisation dans

    la

    stratgie nationale de

    prvention

    de la dinquance 2013-2017,

    qui

    comporte

    d

    un volet

    action

    en

    faveur

    desjeunes exposs.

    2-

    inviter

    les

    prets inser

    cet aspect dans

    les

    plans dpartementa~

    de

    prvention

    de

    la

    dinquance, dans le cadre de s conseils dpartementaux de

    prvention

    de la dinquance.

    3-

    Inviter

    les

    maires intgrer

    la

    prvention

    de la radicalisation dans

    les

    plans

    locaux

    de

    prvention

    de la

    dinquance

    (contrats

    locaux de scurit

    stratgies

    territoriales de scurit

    et

    de

    prvention

    de

    la

    dinquance).

    4- Elargir la

    mission des

    PLIR

    toutes les

    formes de

    radicalisation et leur confier

    un rle

    dvalua tion des diffents signalements

    dindividus

    radicaliss manant de la police

    et

    de la

    :ti

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

    13/42

    CONFIDENTIEL DFENSE

    j

    gendarmerie,

    afin de pouvoir orienter

    vers les

    individus le

    justifiant

    le dispositif

    de

    prvention

    de s

    CLSPD.

    5-

    Mettre en place

    un dispositif de signalement pour les familles

    et

    les proches dindividus en

    voie de

    radicalisation (du type

    tphone

    vert).

    6-

    Crer

    une

    cellule nationale de pilotage du dispositif de prvention de

    la radicalisation,

    charge

    de

    mettre

    en rseau acteurs scur itaires (y compris en

    ce

    qui concerne les services de

    renseignement) et non -scurita ires et dassurer une double fonction

    dobservation

    et

    danalyse

    de s

    volutions

    des

    processus

    de

    radicalisation

    et

    dappui

    aux

    acteurs

    locaux.

    H-

    limiter

    les influences qui concourent la radicalisation

    La

    prvention de

    la radicalisation dpasse la

    question des

    idologies qui ne

    sont

    le

    plus souvent

    que le

    catalyseur dune radicalisation qui dcoule

    dabord des vulnabilits

    ou des fragilits

    plus profondes

    auxquels sont confronts les individus

    qui y

    succombent. Mais

    une

    stratgie

    globale

    de prvention

    ne

    peut ignorer

    les

    actions conduire pour

    limiter

    les

    influences

    qui psent sur

    les

    publics vulnables.

    Dans ce cadre, le contrle et le traitement

    des discours

    qui

    concourent

    la radicalisation doivent

    permettre de

    limiter certaines

    influences

    pour

    prvenir

    le passage

    lacte

    terroriste.

    Deux axes sont dvelopper: contrler les

    discours

    et

    loffre qui

    mnent

    la radicalisation,

    proposer

    des formes de contre-discours

    et

    de

    contenus alternatifs.

    1/ contrler les

    discours et loffre

    idologique qui

    mnent

    la radicalisation.

    Le

    contrle de s discours radicaux

    sur

    internet est une question centrale car internet est un vecteur de

    diffusion privilgi

    pour

    les contenus extrmistes.

    Outre

    les

    actions rpressives contre

    les

    sites,

    lorsquinternet est utilis

    de s

    fins terroristes, qui sont mens par

    les

    services spcia liss et la justice,

    et

    qui contribuent

    directement, lorsque

    ce s actions aboutissent,

    limiter

    les

    influences,

    il

    est

    important de

    rlchir aux

    actions

    qui

    peuvent

    tre

    conduites

    dans une

    dimension

    prventive afin

    de

    limiter

    limpact

    de messages radicalisants. Toute la gamme de s outils

    juridiques

    doit pouvoir tre

    utilise

    pour intervenir contre

    les

    sites

    radicaux.

    Une coopation internationale sur le sujet est

    indispensable, car les

    sites

    radicaux

    sont

    souvent hbergs

    lranger.

    Au niveau national, dans

    une approche

    de prvention,

    et

    sans

    que

    cela soit exhaustif, deux

    types

    daction

    sont

    possibles:

    -

    intervenir, louverture

    de

    sites radicaux par

    les usagers,

    au-moyen de s fentres dilantes

    prsentant

    de s

    messages contre-discursifs

    (paroles de

    victimes dattentats, campagne

    de

    prvention,

    etc.).

    Aucun

    obstacle

    juridique

    ne semble sy

    opposer.

    -

    surtout, engager

    une rlexion au sein de lEtat pour

    derminer

    les stratgies

    de rponse, telles

    que la participation

    de

    cyber-policiers pour

    intervenir

    dans

    les

    forums de discussion radicaux, afin

    de porter un discours

    alternatif (de

    manire ouverte ou

    sous couverture). Lexpience a

    tente

    par nos voisins

    et

    pourrait faire lobjet dune valua tion.

    Des initiatives plus larges sont

    ncessaires

    pour sensibiliser

    les

    populations concernes. En particulier,

    une action destination des

    lieux

    denseignement - sur

    le

    modle de s

    politiques

    de prvention

    classiques - permettrait de toucher de s

    populations

    jeunes et facilement influenables. Lducation

    nationale

    pourrait

    tre

    associe

    ce s

    actions,

    comme cela se fait

    d

    dans

    de

    nombreux pays

    europens.

    Le bu t serait de

    renforcer

    lesprit

    critique

    des ves en

    leur

    apprenant mieux apprcie r la

    diffence

    entre

    des

    sites

    informatifs

    et

    de s

    sites

    idologiques,

    qui

    sont

    prsents

    sans

    critres

    de

    hiarchisation explicites

    sur

    internet. La

    police

    et la

    gendarmerie

    interviennent

    d

    dans

    de

    nombreux

    ablissements:

    le

    contenu

    de

    leurs interventions

    pourrait tre

    homogns

    et

    intgrer

    sys tmatiquement

    les questions de radicalisme

    sur

    internet.

    Lunivers

    carcal demeure aujourdhui un lieu de fragilit

    et

    doit

    continuer

    faire

    vo luer

    son

    dispositif de dection

    en essayant galement

    de

    consolider son action

    sur le volet de

    la

    limitation de s

    influences.

    Toutes

    les

    actions

    de rnsertion

    et

    dducation en

    direction

    de s

    personnes

    vulnables

    incarces peuvent contribuer

    la

    limitation

    des

    influences

    radicales.

    A

    ce titre,

    lensemble de s

    personnels

    et

    intervenants extieurs (personnels dinsertion

    et

    de

    probation,

    enseignants, partenaires

    privs

    ou associatifs,

    ...

    doivent eux aussi tre

    sensibiliss aux

    problmatiques

    de

    la radicalisation.

    Laumnerie

    musulmane, dote de nouveaux

    moyens,

    doit

    continuer sa

    mon te en

    puissance

    afin de

    constituer un des leviers

    daction

    utile

    pouragir

    sur

    les

    influences

    en

    univers

    carcal.

    La

    Direction de

    lAdministration Pnitentiaire

    doit

    poursuivre

    les

    travaux

    en

    cours,

    en

    relation

    avec

    le

    bureau central

    des

    cultes

    du

    ministre

    de lIntieur

    et

    dans

    le

    cadre du

    dialogue entre

    lEtat

    et

    le

    CFCM,

    pour

    structurer cette aumnerie

    et

    lui confer

    pleinement

    la fonction modatrice qui lui revient,

    et

    t 12

    CONFIDENTIEL DEFENSE

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

    14/42

    j

    CONFIDENTIEL DFENSE

    j

    surmonter

    les

    obstacles

    auxqttls

    elle est aujourdhui confrote (votame,

    attractivit

    niveau

    de

    formation,

    organisation).

    7- Agir contre

    le

    discours radical sur internet en renforant les

    moyens

    juridiques de s servi~~j

    rpressifs,

    en

    dveloppant

    des actions

    prven tives (information et responsabilisation

    des

    usagers dinternet) et

    en intgrant cette problma tique

    dans

    les

    dialogues bilataux

    avec

    nos

    partenaires

    rangers.

    8-

    Promouvoir

    des programmes

    dducation

    internet,

    en lien

    en particulier avec

    lEducation

    Nationale,

    pour

    sensibiliser les jeunes aux vecteurs de radicalisation.

    9- Renforcer

    les

    soutiens en milieux ferms, en particulier

    en

    prison,

    pour

    rduire

    la

    dissmination de s discours radicaux,

    en

    renforant

    en

    particulier laumnerie

    musulmane.

    2/

    compler

    loffre

    en

    termes

    de

    discours,

    en

    proposant diverses

    formes

    de contre-discours et

    de

    contenus alternatifs.

    La limitation de s

    influences idologiques

    menant la

    radicalisation

    passe

    galement par la

    capacit

    influer

    positivement

    sur les contenus en

    promouvant

    de s contre-discours afin dviter les

    interprations

    polarisantes.

    Cette question

    de

    laboration dun

    contre-discours

    a aborde

    depuis plusieurs

    annes par nos

    voisins, sans

    que

    leurs tentatives en la matire

    se

    rv lent entirement probantes. Nos partenaires

    anglo-saxons

    ont

    pu parfois tre instrumenta liss par de s groupes qui, tout en

    se prononant

    contre

    le

    terror isme, ont promu

    de s

    idologies intolantes

    ou ont

    renforc

    les

    tentations

    communautaristes.

    Dautres

    pays

    europens se sont heu rts la contradiction inhente au

    contre-discours;

    du fait mme

    quils sont appuys par lEtat, ils se trouvent intrinsquement

    disqualifis;

    ils ont pu

    galement renforcer la conviction

    de s individus

    rad icaliss qui y voient un signe supplmenta ire

    de

    lhostilit

    que

    les Etats entretiendraient lgard

    de

    telle communaut

    ou

    telle

    religion.

    Toutes

    ce s

    objections sont connues.

    La

    question demeure

    de

    savoir si on

    peut

    se

    borner faire le

    constat

    que

    la propagation de s discours

    radicaux

    sur

    internet est

    lun de s

    principaux

    facteurs

    de

    radicalisation

    et,

    au

    motif de

    la

    difficult

    de

    faire, qui est relle, de prner

    labstention

    de lEtat

    sur ce

    champ.

    La logique voudrait au

    contraire que lon

    essaye

    dagir et que pour cela on se

    donne les moyens

    dapprofondir

    cette voie.

    Diffentes pistes peuvent

    tre

    envisages,

    sans

    qu

    ce

    stade lnumation soit exhaustive

    et

    condition quelles

    soient

    approfondies:

    lidentification de s sujets

    prcis

    qui constituent

    des

    points

    de

    polarisation. On peut citer lexemple

    de s ablissements scolaires, dans lesquels des

    cours

    sont sources de contestations virulentes

    (cours dhistoire, dducation

    physique,

    sciences

    de

    la vie).

    La

    place

    des

    femmes dans la

    soci

    dans

    le

    secteur privcomme

    dans le

    secteur

    public,

    donne

    galement

    lieu des

    discriminations, n

    sagit de

    sujets qui

    peuvent appeler des

    clarifications

    ponctuelles

    ou

    de s

    remises en

    perspective

    plus gnales mais

    qui dans tous

    les

    ca s doivent tre identifis

    et

    faire lobjet dargumentations

    mises

    la disposition

    de s

    personnels

    de terrain

    directement confronts

    lmergence

    de

    ce s

    dives

    de

    sens afin

    quils

    disposent de s outils

    ncessaires

    pour tre capable dy

    faire

    face.

    Face

    ce s

    dives,

    les

    acteurs

    en

    premire ligne sont

    aujourdhui

    souvent

    dmunis,

    II

    conviendrait

    donc

    que la

    cellule nationale voque supra) aide

    les

    diffents ministres identifier prcisment

    les

    diffents thmes de

    polarisation et

    prparer

    un contre-discours

    argument

    mme de

    rpondre aux problmes qui se posent sur le terrain;

    en

    matire de contre-discours,

    les rponses les

    plus

    efficaces

    peuvent

    galement venir

    de

    la soci

    civile. La question est moins de

    mettre en place un

    contre-discours que de

    donner toute leur

    place

    aux discours

    d

    existants dans la soci

    Le ca s

    de

    lIslam

    de France est emblmatique. Les

    jeunes penseurs franco-musulmans

    ainsi

    que

    diffents

    relais

    dopinion

    (artistes,

    journalistes,

    bloggeurs,

    etc...) existent mais sont peu

    entendus.

    Une meilleure connaissance de ce s acteurs et

    de

    ce s

    discours reprsen terait

    une

    premire ape

    importante.

    Elle

    permettrait de

    les associer plus

    roitement la discussion

    publique

    (participation de s actions de communication, de

    formation,

    de recherche, etc...) et den exploiter tout le potentiel en

    matire de

    dpolar isation du dbat.

    Une

    action souple dfflvntaire

    et

    de prise

    de

    contacts peut tre coordonne par la cellule

    nationale et

    mise

    en oeuvre

    ensuite

    sous

    la

    responsabilit

    de

    chacun

    de s

    ministres;

    dans

    le

    domaine

    de s contre-discours

    destination

    de la sphre religieuse, les

    au torits

    ne

    peuvent

    intervenir directement du fait du principe

    de

    la citmais la la cit

    ne

    signifie

    pas

    labstention.

    13

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

    15/42

    CONFIDENTIEL DFENSE

    Dans le respect du principe~e la cit lEtat a videmment la respo sabilitde dialoguer

    avec

    les

    religions,

    ce quil fait dailleurs assez largement

    avec les

    organes

    institus de s

    religions

    chrienne

    et juda que

    mais ga lement

    avec les organes de la

    religion

    musulmane

    que

    lEtat aide sorganiser

    depuis maintenant

    plus dune

    vingtaine

    dannes.

    Ce

    dialogue

    avec

    toutes les religions traduit

    une

    volontpolitique

    constante de

    permettre aux reprsentants

    de

    lensemble

    des

    cultes prsents en

    France dtre

    galement de s forces de modation

    et

    de dpolarisation

    du dbat . Cet

    enjeu

    est

    commun

    toutes

    les

    religions

    mme

    sil

    existe

    de s

    particu larits

    propres

    la

    religion musulmane,

    compte-tenu

    de

    labsence dune organisation centralise

    (absence

    dun clerg constitu dans le

    culte sunnite

    notamment).

    -

    dans ce cadre et

    en

    complment

    de s

    efforts qui sont faits

    pour

    lorganisation du culte

    musulman,

    il

    serait

    opportun

    de

    favoriser

    laboration

    et la

    diffusion de

    textes et

    de manuels dapprentissage de

    lIslam pouvant constituer une alternative

    labondante littature

    salafiste qui sature aujourdhui

    le march

    du

    livre religieux

    musulman.

    Avec lappui

    de maisons

    dditions

    modes

    et le soutien

    dintellectuels

    musulmans

    susceptibles

    de vhiculer un discours citoyen, il conviendrait

    dencourager notamment loffre, bas

    prix,

    douvrages de vulgarisation destins ceux qui

    entament

    leur apprentissage

    religieux.

    Par

    ailleurs, les

    mesures qui renforcent

    les

    liens

    entre

    lIslam,

    comme

    objet

    de connaissance,

    et

    luniversit

    ne peuvent quavoir des

    effets

    positifs. Dans

    un

    monde

    o

    les extrmismes

    religieux

    procdent dune sorte de

    bricolage

    idologique

    , ce

    renforcement de s liens

    facilite la constitution

    de

    ples dexcellence en udes

    islamologiques

    mme

    de

    rappeler,

    par

    le seul

    recours

    lhistoire

    et

    aux

    sciences

    sociales,

    que

    toutes

    les

    constructions

    thologiques

    ne

    sont pas recevables. La formation

    des

    Imams, qui

    constitue

    un sujet

    prioritaire de laction

    du ministre

    de lIntieur,

    pourrait

    sadosser partiellement

    ce s rseaux

    universitaires

    et

    mieux favoriser, terme, lexpression de la diversit de s

    voix

    musulmanes

    modes de

    France.

    10-

    Identifier, au niveau

    de s

    ministres et

    de

    la cellule nationale,

    les

    sujets

    de

    polarisation et

    mettre

    en

    place un contre-discours

    destination

    de s

    acteurs

    de

    terrain.

    n-

    Acquir une meilleure

    connaissance

    des relais dopinion mods

    existant

    dans la

    soci

    Mieux

    les

    associer

    au

    dbat pour

    en

    exploiter tout le potentiel.

    [~~Rapprocher

    lIslam

    de

    France

    de luniversit

    et mieux

    encadrer la

    formation

    de s Imams.

    B-

    faire

    jouer

    pleinement

    lUnion

    europenne

    son

    rle dappui la mise en place par

    les Etats

    membres

    des dispositifs

    de rponse

    La prise en compte du

    cadre europen

    dans

    la

    mise en oeuvre dune stratgie nationale de prvention

    de la

    radicalisation est

    indissociable de lefficacitdes

    politiques

    conduites

    au

    niveau de s Etats et

    cela

    un double titre:

    -

    la necessite, du fait de la

    contmuite

    de la menace

    entre

    les

    espaces

    nationaux, dassurer

    progressivement la monte e&~ui~siice de s

    ats

    membres

    de lUrnon

    europenne (11E)

    sur

    la ~

    pris&nmpte sur

    leur

    terdt6iredff ~liffifi

    la radibalisation

    pour metfr

    en

    ~lades~

    dispositifr de rponses cohents;

    -

    lacapacife

    de s organe; de lUE aider

    les

    ats

    faire prendre conscience

    et

    mettre

    en

    oeuvre

    ce s

    I

    LUE

    a

    adopt

    en

    2005

    une

    stratgie

    de

    lutte

    contre

    la

    radicalisation dont

    la

    rvision

    en

    cours

    vise

    (iitilu~ ioi jw difC~se fl i.~i~TW~JUffi 2013) Elle

    a

    mis

    en oeuvre

    ~jtpl~an d%cbon~pilote~esuiw

    par

    le

    coordonna weurgleen

    de lUnion europenne

    pour~a

    lutte contrei&terrorjsme La

    ais limpulsion donne

    en 2005

    na

    eu

    quun cho limit

    au

    sein des Etats membres. Seuls une

    quinzaine dentre eux

    ont

    rellement engagune action dans le domaine. Lcho a tardif au niveau

    de

    la Commission

    qui

    na cre

    rseau BAN

    quen

    2011.

    Ce s

    initiatives

    ne constituent quune premire

    ape

    dans la dmarche

    de soutien que les

    organes de

    lUE peuvent

    apporter

    aux

    Etats.

    Elles miteraient dtre

    dve loppes

    dans trois

    directions

    principales:

    aide la connaissance

    et

    la

    comprhension

    du phnomne;

    soutien au dveloppement de stratgies nationales;

    promotion

    dans

    les

    pays tiers.

    Dans

    ce cadre,

    lUnion europenne peut appuyer les actions souveraines de s Etats au travers de s

    actions

    suivantes:

    4

    CONFIDENTIEL

    DEFENSE

  • 7/23/2019 Rapport Jounot

    16/42

    j CONFIDENTIEL DFENSE j

    - tie

    dveloppement

    de recj~ s

    approfondies

    sur la comprhension du phnomne

    de

    ~adi~ll~flon;

    -

    Ja mi~e

    disposition

    de s autorites politiques de s

    Etats

    membres, de

    syntheses

    de s resultats de

    ce s

    acherches

    sous

    une

    forme didactique,

    -

    fa

    crat ion dune

    bibliothque

    de contenus, de messages et de connaissances, en lien avec les

    ides

    ~usceptibles de

    nourrir

    les

    dives radicales, dont

    les

    citoyens pourront se saisir pour

    leur propre

    information

    afin

    de

    dpolariser

    le

    dbat;

    - ;une valua tion raisonne de s diffentes tentatives

    et

    des

    stratgies

    les

    plus

    efficaces en matire de

    contre-discours, en soutien

    de s

    initiatives

    de s

    Etats membres;

    - la

    mise

    en

    place

    dchanges sur

    les

    normes

    et les

    bonnes pratiques en vigueur tant

    au

    niveau

    international que dans

    les diffents

    Etats europens;

    -

    la mise

    disposition de s Etats membres dun catalogue

    de

    ces diffentes pratiques;

    -:

    le

    financement de projets

    locaux par

    les

    fonds europens igibles;

    - la prise eu compte de

    la

    prvention de la

    radicalisation

    en

    tant

    quobjectif part entire au

    sein

    des

    plans

    daction

    rgionaux

    conduits par

    lUnion

    europenne

    (Corne de lAfrique, Pakistan).

    Lactuel phnomne de s dparts de jeunes

    europens

    pour

    le

    thtre

    syrien

    rep rsente

    une

    opportunit

    dapplication concrte

    de

    cette contribution

    de

    lUE. Ce s dparts sont

    en

    effet

    la fois

    communs

    divers

    pays

    europens

    et

    seffectuent

    la

    faveur dun

    cadre

    propice

    la

    libert de

    circulation de s personnes et de s ides. LUnion europenne doit donc pouvoir apporter son

    concours

    technique sur

    ce point, pour prvenir

    les dpa rts

    et

    rduire les influences

    qui y concourent, par des

    actions

    dans

    les trois

    dimensions

    identifies prcdemment. -

    Mobiliser

    les

    organes

    de

    lUE sur

    ce s

    objectifs

    suppose de:

    constituer de s alliances entre les

    principaux

    ats

    concerns afin de sensibiliser les Etats qu i pour

    certains,

    ne

    le sont

    pas

    ou, pour dautres, sont aujourdhui essentiellement proccups par la

    monte de

    lex trmisme violent dultra-droite, phnomne

    qui, dans

    se s

    fondements, partage de

    nombreux points communs avec

    le

    processus de

    radicalisation

    susceptible de conduire de s

    actes

    terroristes

    peser

    sur

    le calendrier europen

    en

    participant

    activement

    la

    prparat ion de s

    deux

    chances

    suivantes

    et

    le

    recrutement terroristes,

    f

    seldn ls

    orintations ado~t&s

    en juin 2013

    par l&Coiiseil,

    mais

    dont

    lchance

    prcise

    J

    ce stade

    nest pas dinie;

    /

    la ~preparation

    de

    la commuiication

    de

    la Commission

    sur

    la radicalisation, qui pourraitj

    tre soumise au Conseil

    ds

    le mois

    de janvier

    2014,

    en

    vitant que son champ soit ar

    tous

    les

    extrmismes

    violents (sans

    lien

    avec le terrorisme).

    Du fait de linterdpendance objective de s

    pays

    membres

    de

    lUE sur lespace de scuriteuropen, la

    convergence de

    ce s

    initiatives est

    une

    condition de

    lefficacit

    des politiques nationales

    et de

    leur

    capacit

    se

    coordonner.

    est

    lintt collectif

    europen, et

    celui de

    la

    France en

    particulier,

    daboutir

    rapidement

    un con~ensus sur l

    lype de

    stratgie europenne que nous souhaitons

    en matiere

    de

    pr&aitidndjiatadiclisafidfl ~ts

    de mis

    en vrede ett str