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    RAPPORT

    M. LE PRSIDENT DE LA RPUBLIQUE

    En finir avec la mondialisation anonyme

    La traabilit au service des consommateurset de lemploi

    Yves Jgo

    Dput

    Mai 2010

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    RAPPORT

    M. LE PRSIDENT DE LA RPUBLIQUE

    En finir avec la mondialisation anonyme

    La traabilit au service des consommateurset de lemploi

    Yves Jgo

    Dput

    Mai 2010

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    Ce rapport a bnfici du concours de M. Serge GUILLON, rapporteur de la mission,

    de M. Jacques-Henri SEMELLE, collaborateur du Dputet de Mlle Marion SOURY, stagiaire, tudiante Sciences Po.

    Il a galement bnfici des prcieux conseils des personnalits suivantes constitues en groupe dexperts :

    M. Thierry BAUDIER, M. Charles BEIGBEDER, M. Arnaud CAMUS, Mme Elsa COHEN,

    M. Franois GUILLAUME, M. Denis LIEPPE, M. David LISNARD, M. Rupert SCHMIDet M. Antoine VEIL.

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    Table des matires

    Lettre de mission du Prsident de la Rpublique . . . . . . . . . . . . . . . 6

    Introduction. Le marquage de lorigine, un enjeu conomique majeur . . . . . 15

    Premire partie Constats 17

    Chapitre I Lorigine a perdu la guerre des marquages . . . . . . . . . 19I.1 Lorigine est au cur des problmatiques de transparence . . . . . . . . . . . . 19

    a) Des consommateurs rgulateurs de plus en plus demandeurs de trans-parence et donc de traabilit de lorigine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

    b) Des entreprises intgrant les nouveaux comportements des consommateurs 21c) Des tats confronts une traabilit de lorigine indissociable des autres

    marquages des produits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24I.2 Lorigine est confronte la concurrence des marquages . . . . . . . . . . . . . 24

    a) Une multiplication des types de marquage au dtriment de la transparence 24b) Un dveloppement du champ des marquages au dtriment de lorigine . . . 26c) Lmergence dun march non rgul des marquages . . . . . . . . . . . . . 26d) La raret des labels officiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

    I.3 Lorigine subit les effets dune mondialisation anonyme . . . . . . . . . . . . . 28a) Les nouvelles difficults de dtermination de lorigine . . . . . . . . . . . . 28b) La perte didentit des produits et des services . . . . . . . . . . . . . . . . 29c) Le secret de lorigine ou le blanchiment des dlocalisations ? . . . . . . 30d) La qute de lorigine ou les incertitudes sur les statistiques du commerce

    extrieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

    Chapitre II Le marquage de lorigine est victime des lacunes du droit . . . 33

    II.1 Une rglementation lacunaire de lorigine dans le droit de lOMC . . . . . . . . 33a) Une ngociation complexe et de longue dure sur les rgles dorigines . . . 33b) Une protection trs lacunaire des indications gographiques . . . . . . . . . 34

    II.2 Sauf exception, lUnion europenne nimpose pas le marquage de lorigine . . . 35a) Une obligation douanire didentification de lorigine des produits imports 35b) Une lgislation disparate sur le marquage de lorigine de certains produits

    agricoles (et de la mer) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36c) Une protection communautaire des indications gographiques limite aux

    produits agro-alimentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37d) Une absence dobligation de marquage de lorigine pour les produits industriels 39

    II.3 Ltat ne protge pas suffisamment le made in facultatif . . . . . . . . . . 40

    a) Le made in est difficile contrler par les Douanes franaises . . . . . . 40

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    b) Les interprtations de la DGCCRF sont illisibles pour les entreprises et lesconsommateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

    Chapitre III Lorigine France est insuffisamment protge et promue sur lesmarchs tiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

    III.1 De nombreux concurrents de lUnion europenne dveloppent des stratgies demarque-pays qui ncessitent un marquage obligatoire de lorigine des produits 45

    a) Le dveloppement de stratgies de marque-pays . . . . . . . . . . . . . . . 45b) Le dveloppement des analyses de valorisation des marques pays . . . . . . 47c) Les exigences de marquage de lorigine nationale des produits lextrieur

    de lUnion europenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49III.2 Lorigine France est peu lisible et peu protge sur les marchs tiers . . . . . . 50

    a) Une origine France source de plus-values sur les marchs tiers . . . . . . . . 50b) De multiples difficults pour dfinir ce quest un produit franais . . . . . . 50c) Un foisonnement dacteurs porteurs de la marque France . . . . . . . . . . 51

    Deuxime partie Propositions 53

    Chapitre IV Dvelopper la transparence et la traabilit des produits et desservices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

    IV.1 Un texte lgislatif national est ncessaire pour garantir la transparence pourles consommateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

    a) Proposition : Rglementer la dfinition et lusage du mot label et delexpression label officiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

    b) Proposition : Favoriser la mise en place dune carte didentit des produits 56c) Proposition : Rguler le march de la labellisation . . . . . . . . . . . . . . 58d) Proposition : Amliorer linformation sur les conditions de fabrication des

    produits pour les commanditaires publics . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58IV.2 Un texte lgislatif national est souhaitable pour valoriser un marquage faculta-

    tif de lorigine nationale qui soit plus fiable et plus informatif pour le consom-mateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

    a) Proposition : laborer un made in facultatif trois toiles et mettre fin linterprtation au cas par cas de la DGCCRF . . . . . . . . . . . . . . . 58

    b) Proposition : Crer une labellisation volontaire plus qualifiante et plus trans-parente que le Made in . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

    IV.3 Le texte lgislatif national porterait sur la transparence et la traabilit desbiens et services . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60a) Un texte sur la transparence et la traabilit . . . . . . . . . . . . . . . . . 60b) Un texte labor aprs une large concertation et en conformit avec le droit

    communautaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

    Chapitre V Initier une protection europenne de lorigine des produits . . . 63V.1 Le contexte europen est favorable une volution de la lgislation sur le

    marquage de lorigine nationale des produits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63a) Une proposition de rglement prsente par la Commission ds 2005 pour

    les produits non agricoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

    b) La multiplication des initiatives italiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65c) Lopportunit de mettre fin des lgislations ou pratiques nationales ht-rognes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

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    d) Un Parlement europen de plus en plus mobilis par la question du mar-quage de lorigine des produits non agricoles . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

    e) Des dbats la Commission europenne et au Parlement europen sur

    lextension du marquage de lorigine pour les produits agricoles . . . . . . . 67V.2 Une initiative franaise pourrait aboutir sous rserve dun travail dinfluence . 67a) Proposition : Conduire une action dinfluence en faveur dun texte ou de

    textes europens rendant obligatoire le marquage de lorigine nationale desproduits mis en vente sur le march communautaire . . . . . . . . . . . . . 68

    b) Proposition : Conduire une action dinfluence en faveur dun rglement eu-ropen tendant le champ des indications gographiques protges aux pro-duits non alimentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

    c) Proposition : tudier et prparer les moyens dassimiler la fraude au mar-quage de lorigine de la contrefaon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

    Chapitre VI Crer une structure de prfiguration pour la mise en uvre desorientations du rapport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

    VI.1 Proposition : Mettre en place une mission ministrielle de prfiguration . . . . 71VI.2 Les comptences de la mission de prfiguration . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

    Synthse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

    Troisime partie Comptes-rendus des auditions et des entretiens 77

    Organisations syndicales et associations de consommateurs . . . . . . . . . . 79CFDT et Asseco . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79CFE-CGC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81FO et AFOC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82CFTC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83FNSEA et Qualit et Origine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84UFC-Que Choisir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

    Entreprises et organisations professionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . 91La Forge de Laguiole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91Groupe EPI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93Fdration des Entreprises et Entrepreneurs de France . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94ATOL et Lunetiers du Jura . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

    Genevive Lethu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97Comit Colbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98Groupe SEB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99Assemble Permanente des Chambres dAgriculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100Groupe Danone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101Chambre syndicale de la haute couture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102Assemble des Chambres Franaises de Commerce et dIndustrie . . . . . . . . . . . . 103Fdration des Entreprises du Commerce et de la Distribution . . . . . . . . . . . . . . 104France Bois Fort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105Union des Industries Textiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106Union Franaise des Industries de lHabillement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108

    Groupe Casino . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110MEDEF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

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    Cosmetic Valley . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113Agence Lucie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113Armor Lux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

    Association Nationale des Industries Alimentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116Union du commerce de Centre-Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117Groupe Carrefour et marque Reflets de France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117Comit des Constructeurs Franais dAutomobiles (CCFA) . . . . . . . . . . . . . . . . 118Assemble Permanente des Chambres de Mtiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120

    Administrations et acteurs publics . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121M. Michel Barnier, Commissaire europen en charge du march intrieur et des services 121Mme Christine Lagarde, Ministre de lconomie, de lIndustrie et de lEmploi . . . . . 122M. Christian Estrosi, Ministre charg de lIndustrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123Mme A.-M. Idrac, Secrtaire dtat charge du Commerce extrieur . . . . . . . . . . 124M. Herv Novelli, Secrtaire dtat charg du Commerce . . . . . . . . . . . . . . . . . 125INAO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126DGCCRF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127DGDDI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129DGPAAT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131INPI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132AFNOR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133Ubifrance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134DGCIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136

    Personnalits qualifies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139M. Jacques Dermagne, Prsident du Conseil conomique, Social et Environnemental . 139

    M. Lon Salto, Conseil conomique, Social et Environnemental . . . . . . . . . . . . . 140Mme Nicole Notat, Prsidente de Vigo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141M. Maurice Lvy, Prsident de Publicis Groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143MM. Jean-Marie DRU, Prsident de TBWA Worldwide

    et Nicolas BORDAS, Prsident de TBWA France . . . . . . . . . . . . . . . . 144M. Denis Gancel, Prsident de lagence W&Cie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145M. Maxime Koromyslov, enseignant-chercheur, ICN Business School . . . . . . . . . . 147

    Dplacement de la mission Genve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149M. Pascal Lamy, Directeur gnral de lOMC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149Switcher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

    Fdration de lindustrie horlogre suisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152Economiesuisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153

    Dplacement de la mission Bruxelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

    Quatrime partie Documents transmis la Mission 157

    DGTPE Les Made in. . . nationaux : analyse comparative . . . . . . . . 159Allemagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159Belgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160

    Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163Espagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165tats-Unis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168

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    Italie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171Japon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178Nouvelle-Zlande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180

    Royaume-Uni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184Tableau synoptique des Made in par pays . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190

    Note de synthse - dernires volutions du Made in Italy . . . . . . . . . 191

    Note de synthse - dernires volutions du Swiss made . . . . . . . . . . 195

    Contribution de lACFCI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199 Made in France : 3 axes de rflexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199

    Relation entre le consommateur franais et les produits issus des entreprises im-plantes en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199

    Reconnaissance des vertus de la production industrielle franaise . . . . . . . . . . 200

    Affirmation de la Marque France linternational . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201Comment grer un label Made in France ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201Maintenir le critre de la valeur ajoute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201Mriter lattention et la confiance du consommateur . . . . . . . . . . . . . . . . . 201Jouer sur le dveloppement des communauts sur internet . . . . . . . . . . . . . 202Inciter agir en collectif linternational . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202viter disoler la France dans le cadre communautaire . . . . . . . . . . . . . . . . 203

    Propositions du rseau CCI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203Le dveloppement dun label France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203Une position sur le dbat europen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203

    Quelle contribution des CCI pour le dveloppement dune marque France ? . . . . . . . 204

    Contribution de la CFTC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211

    Contribution du Groupe SEB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215

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    IntroductionLe marquage de lorigine, un enjeu conomique majeur

    La mondialisation des changes a accru les exigences du consommateur en matiredinformation sur lorigine et la qualit des produits quil achte. Depuis le dbut les annesquatre-vingt dix, ce phnomne est tudi par les conomistes et les sociologues sous langle delinteraction entre consommation et citoyennet, illustre de manire frappante par le nologismeconsommacteur.

    Ds 1993, lAssemble des Chambres Franaises de Commerce et dIndustrie lanait unecampagne qui est reste dans les esprits : Nos emplettes sont nos emplois .

    En dix-huit mois, la crise conomique mondiale semble avoir amplifi la tendance : loriginegographique fait dsormais partie, beaucoup plus explicitement quauparavant, des critresdterminant le geste dachat. Les plus rcentes enqutes de consommation en tmoignent.

    Plus que jamais, les Franais souhaitent, par leur acte dachat, contribuer des modes deproduction et de consommation plus vertueux.

    Plus que jamais, ils esprent modrer, leur chelle, les effets ngatifs de la mondialisation enencourageant des pratiques socialement et cologiquement responsables maintien de lemploisur le territoire national, refus du dumping social, distances dacheminement des produits limi-tes pour un impact environnemental plus rduit.

    Paradoxalement, pour limmense majorit des produits de consommation, quil sagissede biens ou de services, les nouvelles exigences de traabilit ne peuvent tre satisfaites. lexception notable des appellations dorigine contrle, des indications gographiques prot-ges et de quelques familles de produits linstar de la viande bovine depuis la crise de la vache folle ltiquetage dorigine, tel quil est pratiqu aujourdhui, ne permet pas auconsommateur de faire son choix en connaissance de cause.

    Cest dans ce contexte que vous avez souhait quune rflexion soit engage sur la dfinitionet lusage de la plus clbre des rfrences lorigine, le Made in .

    Aujourdhui appos, sans distinction possible pour le consommateur, sur des produits ma-joritairement ou intgralement fabriqus en France et sur des produits de dernire ouvraison

    substantielle franaise, le Made in France manque de transparence. Il ne permet pas da-vantage de reconnatre leur juste valeur les entreprises qui font le choix de maintenir tout ou

    partie de leur outil de production sur le territoire national.Parce quun constat prcis de ces insuffisances est ncessaire, le prsent rapport souvre sur

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    16 Introduction. Le marquage de lorigine, un enjeu conomique majeur

    ltat des lieux du marquage de lorigine : son rgime juridique, son insuffisante protection et lapromotion peu efficace dont elle fait lobjet sur les marchs-tiers y sont examins en dtail.

    Ce rapport dmontre dans un deuxime temps lopportunit dune volution du dispositif

    actuel et de la dfinition dun Made in France rnov, compatible avec les rglementationsexistantes. Le marquage dorigine relve en effet dun corpus de normes communautaires etinternationales dont toute proposition dajustement de la signature nationale devra tenir compte.

    Pour rpondre lambition dune marque France plus transparente pour le consommateuret plus juste pour le producteur, une concertation troite et approfondie a t engage aveclensemble des grands acteurs socio-conomiques concerns. En six mois, soixante auditions ontpermis dcouter et de consulter ces acteurs associations de consommateurs, organisationsprofessionnelles et syndicats, entreprises, administrations centrales, OMC et Union europenne.

    Lensemble de ces avis et des contributions recueillis mont conduit formuler une srie deprconisations qui relvent soit dune action lgislative nationale, soit dun travail dinfluence Bruxelles, soit dune large concertation pour inventer, avec les acteurs privs concerns, une

    labellisation plus qualifiante, fer-de-lance de la Marque France .Ce sont les 10 recommandations pour la traabilit au service des consommateurs et de

    lemploi que jai lhonneur de vous soumettre aujourdhui.

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    Premire partie

    Constats

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    ILorigine a perdu la guerre des marquages

    La traabilit de lorigine est aujourdhui au cur des enjeux dune transparence souhaitepar une part croissante des consommateurs et des entreprises. La labellisation de la qualit dunproduit, de sa conformit aux normes sanitaires ou de sa qualit environnementale ncessite unetraabilit de son origine. Toutefois, lorigine a perdu la guerre des marquages essentiellement enraison des effets induits dune mondialisation anonyme qui a privilgi le secret de la provenancepour les consommateurs.

    I.1 Lorigine est au cur des problmatiques de transparence

    Depuis une quinzaine dannes, le comportement dune partie des consommateurs volue, la

    demande de transparence saffirmant. Les entreprises prennent de plus en plus en considrationces mutations et sefforcent de rpondre aux nouvelles demandes. Intgrant ces nouvelles volu-tions, les tats devront prendre la mesure des enjeux de transparence qui sont indissociables dela traabilit et du marquage de lorigine.

    a) Des consommateurs rgulateurs de plus en plus demandeurs de transparence etdonc de traabilit de lorigine

    Le prix pour certains produits, la marque pour dautres, constituent des dterminants es-sentiels de lachat. Mais les comportements des consommateurs voluent et dautres critresmergent aujourdhui.

    Ainsi, selon la dernire publication annuelle du cabinet Deloitte sur les perspectives deconsommation en France et en Europe, 72% des Franais dclarent vouloir acheter de pr-frence des produits fabriqus en France quand la crise sera termine 1. De mme, une rcentetude Ipsos signale une propension de plus en plus forte tenir compte de lorigine dans lachatdun produit alimentaire. Cette information fait dsormais partie des deux principaux critresde choix pour plus de la moiti des personnes interroges, contre 40% seulement dans la derniretude pr-crise (2007) 2.

    Une autre tude 3 ralise par linstitut Ipsos en fvrier 2004 auprs dun chantillon de 6 500Europens dont environ 1 000 Franais montrait dj limportance pour les consommateurs

    1. Gilles Goldenberg (associ responsable de ltude), Perspectives de la consommation loccasion des ftes

    de fin danne Rapport France et Europe, Deloitte, novembre 2009.2. Lobservatoire de la qualit des aliments : un nouvel tat des lieux des attentes des consommateurs Troisime vague, Ipsos pour Agri Confiance, octobre 2009.

    3. http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/1332.asp .

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    des conditions de fabrication et du pays dorigine des produits. Si le prix simposait commele critre le plus important, 77% et 67% des sonds prenaient respectivement en compte lesconditions de production et le pays dorigine, ne serait-ce que de temps en temps et pour certains

    produits.Cette tude a galement rvl des comportements diffrents dun pays lautre. Ainsi, lesFranais (72%) et les Italiens (69%) semblent tre les plus sensibles lorigine des produits,devant les Britanniques (57%) et les Allemands (48%).

    Ces nouveaux comportements rsultent pour une part de ce que certains experts appellentle dveloppement de lre du soupon . La mdiatisation des risques, du risque sanitaire aurisque de tromperie, a conduit de nouvelles exigences de la part des consommateurs en matirede transparence. Les enjeux de scurit sanitaire pour les produits agricoles, de sret pour lesautres, de qualit environnementale pour tous les biens sont au cur des dbats publics et fontsouvent la une des mdias. Certains rappels de produit ont ainsi fortement contribu dgraderlimage de marques prestigieuses. Des sites consacrs aux rappels de produits initis par leurs

    fabricants se sont dailleurs multiplis et sappuient sur le dsir de transparence et de traabilitdu consommateur.

    La crise de la vache folle marque le dbut de cette re du soupon et rvle les nouvellesexigences des consommateurs. Parce que ceux-ci ont modifi leurs comportements dachat deviande bovine et parce que les ventes se sont effondres, lassociation interprofessionnelle dubtail et des viandes a mis en place un marquage de lorigine des animaux ds 1996. La rgle-mentation communautaire nest intervenue que quatre ans plus tard comme le montre lencartci-dessous.

    La chronologie des racons la crise dite de la vache folle

    ou une traabilit de lorigine inie par les professionnels

    avant de faire lobjet dune lgislaon europenne

    1996 : aprs la France et dautres pays, lUnion europenne impose lembargo sur tous les

    bovins et leurs produits drivs provenant du Royaume-Uni.

    Les achats de viande bovine connaissent une baisse denviron 15% en 1996, aeignant 25%

    aprs lannonce de la transmissibilit de lESB dautres espces.

    Ds 1996, afin de rassurer les consommateurs, lassociaon naonale interprofessionnelle

    du btail et des viandes (Interbev), avec lappui du Ministre de lAgriculture, cre la marque

    collecve VBF (viande bovine franaise) indiquant quun animal est n, lev et abau en

    France.

    En 1997, la France rend obligatoire lapposion sur lesquees de la provenance de lanimal.

    parr de 2000, lquee des viandes bovines en Europe doit obligatoirement faire figurer

    un numro ou code de rfrence assurant le lien entre le produit et lanimal dont il est issu,

    le pays dabaage et le pays de dcoupage.

    Ces volutions sont lorigine de lmergence des consommacteurs cest--dire deconsommateurs citoyens qui considrent que lacte dachat permet de peser sur loffre des pro-ducteurs et donc de devenir un acteur du march. Pour ces nouveaux consommateurs, les condi-tions de fabrication des produits, son origine, la responsabilit sociale et environnementale desentreprises sont des critres importants de lachat. Ltude Ipsos de 2004 mentionne ci-dessusmet en vidence cette tendance : 73% des consommateurs europens interrogs rpondent quils

    estiment que leurs comportements dachats peuvent influencer la prise en compte par les entre-prises de certaines rgles thiques (87% en ce qui concerne les Franais interrogs).

    Ces tendances ne peuvent que saccentuer. Elles sont trs marques chez les consommateurs

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    Lorigine est au cur des problmatiques de transparence 21

    les plus jeunes. Dans une tude sur les effets de gnration, dge et de revenu sur les arbitragesde consommation , le Credoc (Centre de recherche pour ltude et lobservation des conditionsde vie) dfinit ainsi les comportements de la gnration internet : Cette gnration nentend

    parler que de socit de linformation et de nouvelles technologies de communication, duneconomie fonde sur la connaissance (...). Ce quelle exige avant tout, cest le langage de lavrit, la transparence.

    Dans une autre tude sur les comportements des gnrations 1, le CREDOC souligne que les25-49 ans sont proccups par lenvironnement pour 81% dentre eux et, lorsquils consomment,se disent particulirement sensibles aux garanties cologiques, thiques et aux produits locaux.Le Credoc les classe dans la famille des acheteurs malins : ils se mfient des produits premierprix quils jugent de moins bonne qualit ( 48% contre 39% pour le reste de la population) etaffichent une prfrence pour les marques de distributeur et les labels de qualit.

    Or ce groupe, qui ne reprsente que le tiers de la population franaise totale, peroit 45% desrevenus et achte 53% des produits (en valeur). Il est donc un moteur essentiel de la consomma-

    tion. Se dveloppe ainsi un nouveau pouvoir, celui de ce quon pourrait appeler le consom-mateur rgulateur .

    Ces volutions actuelles ou anticipes sont prises en compte par la grande distribution. LaFdration des entreprises du Commerce et de la Distribution (FCD) considre que le marquagede lorigine peut conduire une entreprise structurer diffremment ses approvisionnements. Ainsidepuis la mise en place dune traabilit de lorigine de la viande bovine, les achats de viandefranaise ont augment et reprsentent en moyenne 85% des approvisionnements de ce type deviande.

    b) Des entreprises intgrant les nouveaux comportements des consommateurs

    De nombreuses entreprises ont pris en compte ces nouvelles exigences des consommateurs enmatire dthique, dquit, de transparence et de traabilit de lorigine. Cette volution se tra-duit par de nouvelles formes de communication : la communication quitable, la communicationdintgration et la communication de contexte. Lobjectif est de se diffrencier dans un universde plus en plus concurrentiel. Le nombre de produits en vente sur les rayons dun hypermarcha en effet t multipli par trois en vingt ans, passant de 5 000 rfrences 15 000.

    Le dveloppement de la communication responsable met en avant ladhsion delentreprise aux valeurs du pays dans lequel elle produit et/ou vend ses produits.

    Le dernier rapport dactivit de lUnion des Industries Textiles (UIT) prcise, dans un cha-pitre sur le dveloppement durable, les principales raisons de cet engagement responsable. Ilmentionne notamment :

    La ncessit damliorer sa rputation, son image ; La ncessit dinnover, danticiper, de se positionner sur de nouveaux marchs ; Le besoin dattractivit de lentreprise et de dveloppement de la confiance (vis--vis des

    clients, des salaris, des partenaires industriels et financiers, des acteurs des territoiresdimplantation, de la socit en gnral).

    La grande distribution pratique cette forme de communication. Ainsi, le Ministre delcologie, du Dveloppement et de lAmnagement Durables, la Fdration des entreprisesdu Commerce et de la Distribution et plusieurs grandes enseignes ont sign le 29 janvier2008 une convention quinquennale dengagements en matire de dveloppement durable. Cetteconvention, traduction oprationnelle du Grenelle Environnement, dfinit plusieurs engagements

    majeurs sur lesquels le commerce et la distribution se fixent des objectifs prcis :1. Effets de gnrations, dge et de revenus sur les arbitrages de consommation , Crdoc, cahier de recherche

    n258, dcembre 2008.

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    Informer les consommateurs sur les principaux impacts environnementaux desproduits de consommation courante : exprimentation ds 2008 sur un chantillonreprsentatif denviron 300 produits. Cette dmarche collective et concerte, une

    premire en Europe, sera progressivement tendue, compter de 2010, en fonctiondes rsultats obtenus. Doubler, horizon de trois ans, le nombre de produits mis sur le march bnfi-

    ciant dun co-label, travers notamment lorganisation conjointe dune campagnenationale dinformation et de communication destine au grand public .

    La lutte contre les missions de gaz effet de serre est devenue lun des thmes de cettenouvelle forme de communication lattention des consommateurs ainsi que le montre lexemplede lindice carbone du groupe Casino, auditionn par la mission.

    Un exemple de communicaon responsable :

    lindice carbone du groupe Casino Troisime distributeur alimentaire en France (8 600 magasins, 13% de part de march et

    76 000 collaborateurs), le groupe Casino se prsente comme un commerant responsable

    et aenf aux condions de fabricaon des produits quil distribue et engag dans la lue

    contre le changement climaque (rducon de 10% des missions de gaz effet de serre

    dans les tablissements franais du groupe entre 2004 et 2009).

    Proccupde dvelopperune image dentreprise responsable, le groupe sestengag en 2006

    dans lvaluaon de limpact environnemental de ses produits marque Casino. Lquetage

    indice carbone Casino menonne sur une chelle de couleurs le poids de dioxyde de car-

    bone reprsent par la fabricaon du produit. Cet indice est calcul parr des missions

    values chaque tape du cycle de vie du produit : producon, transformaon, emballage,

    transport, distribuon. Il implique donc une traabilit de lorigine des produits. Mis en placesur 100 rfrences parr de 2008, cet quetage est en cours dextension lensemble des

    produits de la marque Casino.

    Source : documentaon du groupe Casino et audion de ses reprsentants par la Mission

    (compte-rendu en annexe)

    La communication dintgration est un deuxime exemple de prise en compte desnouveaux comportements des consommateurs. Elle privilgie linformation sur lorigine natio-nale des produits et la contribution lemploi national. Cette forme de communication estparticulirement rpandue dans les entreprises multinationales ou image internationale.

    En dcembre 2009, Coca-Cola Entreprise a ainsi lanc une campagne de publicit dans lapresse sur le thme Made in France avec fiert. Cest loccasion pour cette socit desouligner que 95% des boissons commercialises en France par Coca-Cola Entreprise sont fabriques en France dans cinq sites de production, partir de 80% de matires premiresfranaises2 . Cette entreprise rappelle galement quelle emploie 2 700 personnes en France.

    Autre groupe international, McDonalds, qui a ouvert son premier magasin en France en 1979,communique en utilisant le slogan McDonalds : 30 ans de vie franaise . Sefforant deprouver son attachement aux valeurs du consommateur franais, il a mis en place une traabilitde lorigine de ses produits. Ainsi pour la viande bovine, la communication du groupe rappellequelle provient 53% de France et 47% dIrlande et des Pays-Bas. Mais son dispositif va au-del des contraintes rglementaires. La traabilit de lorigine concerne par exemple les poulets

    qui ne fait pourtant lobjet daucune obligation.

    2. Cf. Le Figaro du 9 dcembre 2009.

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    Dans le secteur automobile, Toyota, dont lusine dOnnaing-Valenciennes a t inaugure en2001, met fortement en valeur lorigine Made in France de ses Yaris. Cette socit a ainsiorganis une campagne de communication sur la millionime Yaris made in France

    et a par ailleurs dcid de devenir partenaire officiel de la Fdration franaise de football et delquipe de France.

    Pour les grands groupes franais de la distribution dont limage est devenue trs internatio-nale au gr de leur implantation ltranger, la recherche dune marque France, laffichage delorigine des produits est devenu un enjeu dintgration. Ainsi se sont dveloppes des marquespropres qui sont des vecteurs dune image territoriale importante, notamment pour les produitsalimentaires. Ces marques concernent des produits qui sont essentiellement fabriqus en France(cf. exemple de la marque Reflets de France ).

    Lexemple de la marque Reflets de France du groupe Carrefour

    Cre en 1996 par le groupe Promods (aujourdhui Carrefour), la marque Reflets de

    France compte plus de 300 rfrences. Elle est lune des 30 marques les plus vendues engrande et moyenne surface. Les entreprises et les produits sont sleconns sur la base de

    critres stricts de qualit et dorigine. Ces biens de consommaon sont enrement produits

    en France parr de mares premires franaises (sauf pour des ingrdients secondaires

    lorsquils nexistent pas en France). Mise en place au dbut de la crise de lESB, cee nouvelle

    gamme de produit rpond aux nouvelles tendances de la consommaon et en parculier au

    dsir de retrouver des produits forte image de proximit territoriale.

    Elle a permis dinfluencer loffre et a relanc certaines producons locales qui avaient quasi-

    ment disparu. Le groupe Carrefour souligne lexemple du sel de Gurande dont la fabricaon

    desnaon des consommateurs avait quasiment disparu la fin des annes 1970. Ce sel

    tant intgr dans la liste des produits de la marque Reflets de France , la producon tra-

    dionnelle des maraissalants de Gurande a t relance parle Groupement des producteursde sel de Gurande et connat aujourdhui un grand succs.

    Source : documentaon du groupe Carrefour et audion de ses reprsentants par la Mission

    (compte-rendu en annexe)

    La communication de contexte constitue une troisime forme de prise en comptedes comportements des consommateurs. Les entreprises sefforcent de rpondre aux nouvellesattentes des consommateurs en communiquant sur le contexte dans lequel sinscrit le produit.Il sagit de mettre en avant les lments de mode de vie lis lorigine du produit, dassocierle produit des valeurs pays dans limaginaire des consommateurs. Cest une forme deco-marquage 3 ( co-branding) entre une marque pays et une marque dentreprise.

    Lorigine suscite des images qui sont autant de dterminants de lachat (robustesse, luxe,prestige, bas prix etc. selon les pays). Certaines entreprises peuvent ainsi lancer des marques quivoquent une origine gographique particulire dans lesprit du consommateur.

    Ainsi, de nombreuses chemises fabriques en Asie portent des marques consonance italiennequi portent croire quelles sont confectionnes en Italie, pays limage fortement valorisanteen matire de vtements.

    Trs utilise dans le domaine du luxe, cette forme de communication permet de btir unehistoire sur le produit en sappuyant sur les valeurs du pays de conception et/ou de production.

    Cest le cas par exemple du groupe SEB 4 qui considre aujourdhui que le made in est

    3. Le co-marquage ou co-branding est un partenariat entre plusieurs marques dont les images se compltentet se renforcent (cf. exemple des cartes bancaires).4. 18 000 employs, dont 6 000 en France, 45% des ventes du groupe produites en France, 70% de la production

    en France exporte.

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    24 Lorigine a perdu la guerre des marquages

    devenu un argument commercial dans son domaine dactivit. Depuis cinq ans, il appose unsticker made in France ou un logo reprsentant un coq gaulois sur les produits fabriqusdans ses sites hexagonaux. Cette pratique nintressait quun petit nombre de distributeurs et

    de consommateurs il y a encore deux ans. Depuis 18 mois, les responsables du groupe constatentune volution significative. Les distributeurs les encouragent au marquage et les consommateurssemblent y tre de plus en plus sensibles.

    c) Des tats confronts une traabilit de lorigine indissociable des autres marquagesdes produits

    Face aux nouveaux dsirs de transparence des consommateurs et la rponse des entreprises,les tats sadaptent en multipliant les initiatives lgislatives ou rglementaires.

    En France, larticle 54 de la loi dite Grenelle 1 du 3 aot 2009, est un exemple de prise encompte de ce nouveau contexte : La mention des impacts environnementaux des produits et des

    offres de prestation de services en complment de laffichage de leur prix sera progressivementdveloppe (. . .), tout comme laffichage et la mise disposition, sur les lieux et sitesde vente, de leur traabilit et des conditions sociales de leur production .

    La loi consacre ainsi la ncessit de dvelopper une labellisation sociale paralllement lamlioration de linformation environnementale. Cette disposition prend une signification en-core plus prcise la lumire de lengagement n201 du Grenelle Environnement qui en est lorigine :

    Dvelopper ltiquetage environnemental et social des produits, secteur par secteur, partirde rfrentiels rigoureux et transparents, tablis en associant une expertise pluraliste et accrdite(dont expertise des partenaires environnementaux et sociaux et des associations de consomma-teurs), en cohrence avec le cadre communautaire.

    Cette volution vers plus de transparence ne sest pas encore accompagne de dispositionsspcifiques sur la traabilit et le marquage de lorigine lexception de celles qui sappliquent quelques produits alimentaires. Or, il ny a pas de transparence sans traabilit etmarquage de lorigine. Les labels de qualit nont de sens que si une traabilit de loriginedu produit concern a t tablie. Les labels environnementaux comme la plupart des autrestypes de labels reposent sur une traabilit de lorigine des produits.

    Lenjeu de la rponse des autorits publiques nationales et communautaires est dautant plusimportant que lorigine est confronte une forte concurrence des marquages.

    I.2 Lorigine est confronte la concurrence des marquages

    Quand lorigine apparat sur une tiquette, elle doit souvent coexister avec une plthore dementions, obligatoires ou non, dont la valeur juridique et la fiabilit sont ingales. Cet excsdinformations ni hirarchises ni organises favorise la confusion plus que la transparence. Tropdinformations tue linformation.

    a) Une multiplication des types de marquage au dtriment de la transparence

    Les consommateurs sont aujourdhui confronts une floraison de marquages de toutes sortes.Les tiquettes sont parfois tellement nombreuses quelles masquent presque le produit. Cest leffet poulet quvoquent certains spcialistes.

    Cette plthore de signes et de mentions est une source de confusion. LInstitut National de laConsommation explique avoir remarqu de nombreuses reprises un dcalage entre les attentes

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    Lorigine est confronte la concurrence des marquages 25

    des consommateurs, ce quils comprennent des signes et la ralit, et ce mme pour des signesofficiels.

    lu produit de. . . , slectionn par un jury. . . , labellis etc. , accrdit par. . . ,

    Origine X , toutes ces mentions semblent, bien souvent, navoir quune valeur dclarative.Pour essayer de limiter la confusion induite par cette situation, lInstitut national de la

    consommation (INC) a ralis avec lappui de la Commission europenne et en collaborationavec plusieurs associations de consommateurs franaises et europennes Afoc, ALLDC, Cna-fal, Adiconsum (Italie), Crioc (Belgique) un guide des cent signes de qualit et mentionsvalorisantes qui recense les signes, labels ou allgations les plus couramment utiliss pour lesproduits non alimentaires et les services.

    Dans les conclusions de ce guide, lINC constate : Nos difficults obtenir certaines infor-mations ont galement mis en vidence lopacit qui rgne parfois dans ce milieu : une grandepartie des organismes qui dlivrent des signes de qualit nous demandent de croire aveugl-ment dans le srieux de leur dmarche et nous cachent certains dtails, en particulier en ce qui

    concerne les vrifications quils effectuent.Lopacit et la confusion sont accentues par lambigut des mots utiliss pour caractriser

    les signes qui pour la plupart ne sont pas dfinis en droit positif. titre dexemple, un marquagequalifi de label peut se rvler tre une simple publicit tandis que dautres mentions identifiescomme relevant du marketing peuvent tre des marques collectives de certification. Les motssont donc autant de piges pour les consommateurs (cf. encadr ci-dessous).

    Les signes de qualit : le pige des mots

    Marque simple : la marque dentreprise est dfinie et protge par le droit de la proprit

    intellectuelle.

    Marque collecve : relevant du droit de la proprit intellectuelle, la marque est dite col-lecve lorsquelle peut tre exploite par toute personne respectant un rglement dusage

    tabli par le tulaire de lenregistrement. La marque collecve de cerficaon est applique

    au produit ou au service qui prsente notamment, quant sa nature, ses proprits ou ses

    qualits, des caractres prciss dans son rglement.

    Label : ce mot ne bnficie daucune dfinion juridique et donc daucune protecon pour

    son usage, y compris lorsquil sagit dun label officiel . Seuls quelques labels spcifiques,

    comme le label rouge sont dfinis et protgs par un texte juridique.

    Label officiel : cee expression nest pas dfinie juridiquement. Il pourrait tre dfini comme

    un label bnficiant dune base juridique tablissant ses condions de dlivrance.

    Label professionnel : non dfinie en droit,cee expression sapplique des labels misen place

    par des professionnels et sappuyant sur une procdure de cerficaon par un organismeindpendant.

    Norme : une norme est un standard produit par un organisme spcialis (cf. AFNOR en France

    et ISO dans le monde) lissue dune concertaon et imposant soit une obligaon de moyens,

    soit une obligaon de rsultat.

    Menon valorisante : cest un signe desn arer laenon du consommateur en souli-

    gnant une caractrisque du produit et qui a gnralement un caractre publicitaire.

    Quelques signes officiels font toutefois lobjet dune dfinition et dune large communicationdestine aux consommateurs. Ils sappuient sur des textes et des logos europens (cf. encadrci-dessous), mais ils ne concernent quun nombre limit de produits agricoles.

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    26 Lorigine a perdu la guerre des marquages

    Les principaux signes officiels didenficaon de lorigine et de la qualit

    Lappellaon dorigine contrle (AOC) dsigne un produit originaire dune rgion ou dun

    lieu dtermin dont la qualit ou les caractres sont essenellement dus ce milieu go-graphique. LAOC est aribue par dcret sur proposion de lInao (Instut naonal des ap-

    pellaons dorigine), aprs avis de la Commission naonale des labels et des cerficaons

    de produits agricoles et alimentaires. Depuis 1992, il existe un signe europen quivalent,

    lappellaon dorigine protge (AOP). Les AOP doivent tre portes sur un registre tenu par

    la Commission europenne.

    Lindicaon gographique protge (IGP) est un autre signe europen didenficaon de

    lorigine cr en 1992. Constue une indicaon gographique protge la dnominaon

    dune rgion ou dun lieu dtermin servant dsigner un produit alimentaire qui en est ori-

    ginaire et qui re une pare de sa spcificit de cee origine. Le disposif europen mis en

    place impose que tout signe naonal didenficaon de lorigine doit tre enregistr comme

    AOP ou comme IGP. La spcialit tradionnelle garane (STG) est un signe europen garanssant quun produit

    alimentaire a t fabriqu selon des procds considrs comme tradionnels. Un tel pro-

    duit ne prsente pas (ou plus) de lien avec son origine gographique. Une STG consacre une

    recee.

    Or les produits, quils soient agricoles ou non, sont confronts une prolifration des labelsprofessionnels, marques collectives, mentions valorisantes et autres signes de toutes sortes. Cesindications se cumulent. Dans les cas o un marquage de lorigine est pratiqu, il est rarementmis en vidence.

    b) Un dveloppement du champ des marquages au dtriment de lorigine

    Les marquages concernent un nombre croissant de catgories dinformations. Leur champsest considrablement dvelopp. La qualit est bien videmment un domaine de prdilectionde ltiquetage.

    Mais les normes techniques, gnrales ou sectorielles sont galement lobjet de marquagesqui sont parfois source de confusion. Cest le cas par exemple du marquage CE obligatoirepour certaines catgories de produits mis en vente sur le territoire de lUnion europenne telsque les jouets ou les appareils lectriques. Il ne constitue pas un marquage de lorigine, denombreux produits imports en bnficiant. Il nest pas non plus une garantie du respect des

    normes communautaires. Ce signe est en effet appos sous la responsabilit du fabricant ou dudistributeur sans contrle par un organisme indpendant. Cela relve de la tromperie lorsque cemarquage est appliqu sur des produits qui ne respectent pas les textes communautaires.

    La scurit sanitaire et aujourdhui la responsabilit sociale et environnementale sont ga-lement devenues des thmes de marquage. Paradoxalement, lorigine na pas bnfici de cephnomne. Elle est le plus souvent le parent pauvre de ltiquetage. Ainsi, lesvtements font aujourdhui de marquage trs diversifis : dnomination de la vente, taille, com-position du tissu, pictogrammes prcisant les conditions dentretien (lavage, repassage. . .) etc.En revanche, non obligatoire, le marquage de lorigine napparat pas systmatiquement.

    c) Lmergence dun march non rgul des marquages

    Le marquage et la certification sont devenus des marchs. Pour lInstitut National de laConsommation, la dlivrance de signes et de marques est mme un march fructueux.

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    Lorigine est confronte la concurrence des marquages 27

    Ce march concerne dabord la certification. Par certification, il faut entendre llaborationdun rfrentiel constitu de normes existantes ou dobligations cres pour lespce et la vrifi-cation de son respect par les entreprises qui souhaitent bnficier de cette procdure. LInstitut

    National de la Consommation a recens en France trente-sept organismes certificateurs pour lesproduits non agricoles.

    En matire de produits industriels et de services, les organismes certificateurs sont tenusde faire une dclaration au Ministre charg de lIndustrie et de dmontrer leur capacit cer-tifier. La plupart dentre eux bnficient dune accrditation par le Cofrac (Comit franaisdaccrditation, association loi de 1901 sans but lucratif cre en 1994 et employant de nom-breux experts chargs de mettre en uvre des procdures daccrditation exigeantes) qui leurpermet dexercer leurs comptences au niveau europen.

    En ce qui concerne les produits agricoles et produits alimentaires non transforms, les orga-nismes certificateurs sont soumis une procdure dagrment par ltat.

    AFNOR Certification est le plus connu des nombreux acteurs de ce secteur parmi lesquels

    lon peut galement citer le centre scientifique et technique du btiment, le centre technique dubois et de lameublement ou lorganisme certificateur des mtiers et des services.

    La labellisation ou la notation extra-financire sont galement des marchs en pleine expan-sion qui profitent de la recherche par les entreprises de diffrenciation sociale et environnemen-tale.

    Lvolution des comportements dachat des consommateurs est lorigine de lmergencede sites internet crs autour du thme achetons franais . Ce phnomne nest pas limit la France. Ces sites proposent gnralement des listes dentreprises dont la production seraitralise en France et des articles qui prsentent leur histoire.

    En labsence de procdure daccrditation, ces diffrentes initiatives ne contribuent pas tou-

    jours une information srieuse des consommateurs.

    d) La raret des labels officiels

    Dans le march mergent des marquages, les labels officiels, cest--dire crs par le droitfranais ou le droit de lUnion europenne, ont une place marginale. Le plus ancien, le labelrouge , date du dbut des annes 1960. Depuis cette poque les crations de labels officielsont t limites mme si elles semblent de nouveau se dvelopper ces dernires annes dans lesdomaines les plus divers.

    Lorigine, quelques exceptions prs, nest pas un domaine de labellisation officielle. Le label entreprises du patrimoine vivant cr en 2005 est probablement celui qui se rapproche le plus

    dun label officiel fond sur lorigine (cf. encadr ci-dessous). Bnficiant environ 600 entre-prises, ce label est destin promouvoir le maintien et le dveloppement dactivits de productionde prestige en France, dans des secteurs forte valeur ajoute afin de fixer et de conforter desemplois prennes et non dlocaliss .

    Exemples de labels officiels franais

    Le label rouge bnficie dune dfinion lgislave. Le label rouge aeste que des denres

    alimentaires ou des produits agricoles non alimentaires et non transforms possdent des ca-

    ractrisques spcifiques tablissant un niveau de qualit suprieure rsultant notamment

    de leurs condions parculires de producon ou de fabricaon et conformes un cahier

    des charges, qui les disnguent des denres et produits similaires habituellement commer-

    cialiss . Environ 500 produits reprsentant 50 000 producteurs reprsentant plus de 1,2milliard de chiffre daffaires sont impliqus dans la dmarche label rouge (arcle L. 641-1

    du Code rural).

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    28 Lorigine a perdu la guerre des marquages

    Le modle du label entreprise du patrimoine vivant . La loi du 2 aot 2005 en faveur des

    PME spule dans son arcle 23: Il est cr un label Entreprise du patrimoine vivant pouvant

    tre aribu toute entreprise qui dent un patrimoine conomique, compos en par-

    culier dun savoir-faire rare, renomm ou ancestral, reposant sur la matrise de techniquestradionnelles ou de haute technicit et circonscrit un territoire . Ce label est dcern par

    le Secrtaire dtat charg du commerce, de larsanat, des petes et moyennes entreprises,

    du tourisme et des services

    Au niveau europen, les lgislations sur les marquages obligatoires et les labels facultatifs sesont dveloppes, mais sans porter sur lorigine lexception de quelques produits (cf. ci-aprs).

    I.3 Lorigine subit les effets dune mondialisation anonyme

    Si lorigine a perdu la guerre des marquages , cest principalement parce que la mondiali-sation a compliqu la dtermination de lorigine dun produit et que certaines entreprises se sontopposes une transparence qui mettrait en vidence les nouvelles stratgies de localisation etdapprovisionnement.

    a) Les nouvelles difficults de dtermination de lorigine

    Lorigine, cest la nationalit conomique dun produit , selon la Direction Gnrale Fis-calit et Union douanire de la Commission europenne.

    Or cette nationalit est de plus en plus difficile dterminer dans la mondialisation.Cest la premire raison de cette marginalisation de lorigine dans la guerre des marquages.

    Le made in monde sest impos et a donn le sentiment que les origines nationales navaientplus dintrt.

    En effet, les temps sont dsormais lointains o la provenance gographique dun produit lorsdune opration dimportation se confondait avec le lieu de sa fabrication. La division inter-nationale du travail, facilite par le dveloppement des technologies de linformation et de lacommunication, sest traduite par diffrentes formes de segmentation.

    Des entreprises production verticale intgre, qui assurent lensemble des tapes de laproduction et fabriquent tous les composants, subsistent. Mais plus frquemment, les entreprisesse dchargent de nombreux modules de production pour les confier, soit des filiales, soit dessous-traitants extrieurs au groupe. Ces derniers types dorganisation rendent encore plus difficileltablissement de lorigine dun produit.

    Or, mme les produits apparemment les plus simples et les plus rpandus (un couteau,une assiette, une casserole, une chemise, une paire de lunettes...) sont concerns par cettesegmentation.

    Une telle fragmentation ne poserait pas de problme didentification de lorigine gographiquesi les modules ne faisaient pas lobjet dune dispersion gographique, favorise par la rductiondes cots de transports ds les annes 1970 et labaissement des barrires douanires de toutessortes linstar de la fin de lArrangement Multi-Fibres en dcembre 2005.

    Elle rend donc plus difficile, mais pas impossible, la traabilit de lorigine des produits. Lesindustriels matrisent en effet les processus de production et la traabilit. titre dexemple,le Syndicat des Textiles de lEst, dans le cadre dune rflexion sur lventuelle cration dune

    marque collective, a dcompos les tapes du processus de fabrication dun produit textile etaffect un nombre de points (sur un total de 21) chacune dentre elles en fonction de sonimportance (cf. encadr ci-dessous).

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    Lorigine subit les effets dune mondialisation anonyme 29

    Les tapes du processus de fabricaon dun produit texle

    Craon et dveloppement du produit : 2 points

    Filature ou prparaon de fibres selon les procds de fabricaon : 3 points

    Tissage ou tricotage ou constuon du voile : 5 points

    Ennoblissement dont teinture, impression etc : 5 points

    Confecon dont dcoupe, broderie etc. : 5 points

    Logisque (palesaon, filmage etc.) : 1 point

    Source : Syndicat des Texles de lEst

    Certains secteurs auditionns par la Mission mettent en vidence la complexit de la d-termination dune origine, la fois en raison du nombre de composants de leur produit et dela dispersion gographique de la production. Cest le cas de lautomobile dont les processusde production sont trs fragments et associent une multiplicit dquipementiers aux implan-

    tations gographiques trs diversifies. Mais ce secteur, pour des raisons de scurit, simposegalement une traabilit de lorigine des pices et des assemblages essentielle pour identifierles ventuelles sources de dfaillance, ce qui est un enjeu majeur ainsi quen tmoignent des casrcents de problmes techniques sur certains vhicules.

    La part croissante de lconomie de limmatriel dans les processus de production (rechercheet dveloppement, logiciels informatiques, publicit et marketing. . .), difficile localiser, com-plique galement la dtermination de lorigine. Pour certains produits, les cots des investisse-ments immatriels dterminent lessentiel de la valeur ajoute 5.

    b) La perte didentit des produits et des services

    Alors mme que les consommateurs sont demandeurs de plus de transparence, la mondia-lisation des processus de production conduit aujourdhui une vritable perte didentit de laplupart des produits dont les origines napparaissent plus aux consommateurs.

    Cette perte didentit connat deux grands types dexceptions : le produit qui bnficie dunemarque trs prestigieuse (de Chanel Coca-Cola par exemple) ou celui connu pour son prix trsabordable. Dans ces deux cas, limage du produit semble craser son origine.

    Cette volution nest pas sans consquences. Labsence de valorisation de lorigine est la foisleffet et la cause du dveloppement de la mondialisation des processus de production. Identifieret marquer lorigine dun produit ne doit pas conduire une remise en cause de la mondialisationen favorisant une forme de protectionnisme conomique. Mais cela peut permettre de la rendremoins anonyme en augmentant la transparence et la traabilit. Le Made in monde , cest--dire lopacit et lanonymat, est une des raisons de limage ngative de la mondialisation partagepar de nombreux citoyens.

    Le dcouplage entre limage nationale de certaines marques et lorigine internationale de leursproduits prsente un risque de dstabilisation de leurs acheteurs compte tenu du dveloppementde la demande de transparence. Il est difficile dexclure que la mdiatisation de lorigine extrieuredune marque dont le prestige est associ un pays ne porte pas prjudice ses ventes. Cestbien ce qui explique la pratique du secret de lorigine.

    5. Cf. le rapport de Maurice Lvy et Jean-Pierre Jouyet sur Lconomie de limmatriel, la croissance de demain(2006) : http://www.minefi.gouv.fr/directions_services/sircom/technologies_info/immateriel/immateriel.pdf .

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    30 Lorigine a perdu la guerre des marquages

    c) Le secret de lorigine ou le blanchiment des dlocalisations ?

    Le dveloppement dun marquage de lorigine suscite parfois des rticences. Plus que desecteurs dans leur ensemble, elles proviennent dentreprises. Certaines filires sont en effet par-

    tages sur le marquage de lorigine les auditions des organisations professionnelles du luxe etdu textile en tmoignent (comptes-rendus en annexe). Les reprsentants de nombreux domainesdactivit reconnaissent lampleur des dbats provoqus par le sujet entre leurs adhrents et leursdifficults tablir une position commune.

    La traabilit de lorigine met en vidence la nouvelle division internationale du travail etpermet donc une forme de marquage de la localisation des productions. Cest la raison prin-cipale de lopposition de certaines entreprises. Maintenir le secret de lorigine dun produitpour les consommateurs revient masquer les choix stratgiques de localisation des diffrentestapes dun processus de production. Cest le paradigme du cornichon que rsume lhistoiredune marque bien connue spcialise dans les condiments dont lorigine des produits ne fait paslobjet dun marquage. Les produits de cette marque taient historiquement cultivs et condi-tionns dans lYonne. Au gr de rachats par des groupes de plus en plus importants, les sourcesdapprovisionnement se sont diversifies (Turquie, Inde, Madagascar. . .). En 2007, il a t misfin lapprovisionnement local avant de fermer lusine de conditionnement en 2009.

    d) La qute de lorigine ou les incertitudes sur les statistiques du commerce extrieur

    Le mode de dtermination de lorigine dun produit est galement un enjeu pour la fiabilitdes statistiques du commerce international. Ces statistiques sont en effet fondes sur la valeur,lorigine et la destination des flux.

    La mondialisation a multipli les difficults dlaboration de statistiques fondes sur

    lidentification de lorigine : les changes intragroupe reprsentent plus du tiers des expor-tations franaises, les filiales franaises de groupes trangers ralisant 36% des changes de laFrance avec des pays tiers. A diffrentes tapes de son processus de production, le mme produit,avec une valeur qui augmente chaque fois, multiplie les franchissements de frontires. Celapose un problme majeur : comment valuer le contenu en importations des produits exportset linverse la part des de biens dorigine nationale que comprennent les importations pouranalyser les volutions ?

    ces difficults sajoute une perte de connaissance des flux lintrieur de lUnion euro-penne. Leur valuation repose sur un systme dclaratif dchanges de biens (Intrastat) fonc-tionnant partir de certains seuils uniquement.

    Cette relativit des statistiques du commerce international qua voque le Directeur Gnral

    de lOrganisation mondiale du Commerce lors de lentretien quil a eu avec la Mission (compte-rendu en annexe) fait lobjet de dbats rcents soulignant lenjeu dune volution. Ce sont leschiffres de la croissance du commerce mondial et ceux des excdents et dficits dans les changesentre pays qui sont dsormais incertains.

    Le Conseil conomique, social et environnemental a dailleurs voqu cette question danslune de ses contributions aux tats gnraux de lIndustrie : Il faut noter ce propos quelappareil statistique est inadapt au niveau mondial et quil faudrait obtenir une meilleure visiondes flux en identifiant les relles valeurs ajoutes de chaque pays exportateur et non pas seulementle produit des ventes ralises. 6 .

    Dans son article intitul La mondialisation chamboule les statistiques du commerce ex-

    6. Construire lavenir par une France plus forte et plus solidaire : contribution de la section des activitsproductives, de la recherche et de la technologie du Conseil conomique social et environnemental aux tatgnraux de lIndustrie (3 dcembre 2009).

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    Lorigine subit les effets dune mondialisation anonyme 31

    trieur 7 , Jean Arthuis estime que les statistiques du commerce international conditionnentnotre perception de la mondialisation et justifient des politiques conomiques qui peuvent se trom-per de cible. Refonder les statistiques des changes internationaux nest pas un objectif glamour,

    cest une urgence politique.Ces deux phrases pourraient sappliquer au droit qui rgit lorigine des produits tant seslacunes sont grandes.

    7. La Tribune du 15 octobre 2009.

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    IILe marquage de lorigine

    est victime des lacunes du droit

    La dtermination de lorigine est un enjeu douanier et commercial qui ne fait lobjet daucuneharmonisation au niveau international ce jour en dpit des efforts de ngociation dans le cadrede lOrganisation Mondiale du Commerce (OMC). Dans ce contexte, les institutions communau-taires ont dvelopp des rgles douanires spcifiques didentification de lorigine sans toutefois, quelques exceptions prs, imposer un marquage de cette origine lattention du consommateurfinal. Faute de base juridique communautaire ou nationale, le made in est donc difficilementcontrlable par des administrations nationales dpourvues de moyens appropris.

    II.1 Une rglementation lacunaire de lorigine dans le droit delOMC

    Peut-on aujourdhui mettre en place une lgislation sur le marquage de lorigine sans tre encontradiction avec les rgles de lOrganisation Mondiale du Commerce ? Cest une question quidoit tre examine sous un double angle : celui des rgles dorigine qui ne doivent pas constituerdes obstacles non tarifaires aux changes et celui des indications gographiques qui permettentde protger certains biens, au titre de laccord sur la proprit intellectuelle.

    a) Une ngociation complexe et de longue dure sur les rgles dorigines

    Pour lOMC, les rgles dorigine sentendent des lois, rglementations et dterminationsadministratives dapplication gnrale appliques par tout tat membre pour dterminer le paysdorigine des marchandises, condition que ces rgles dorigine ne soient pas lies des rgimescommerciaux contractuels ou autonomes qui donnent lieu loctroi de prfrences tarifaires allantau-del des critres permettant de dterminer le pays dorigine dun produit . Elles constituentune approche douanire de lorigine.

    Ces rgles dorigine sont dterminantes dans de nombreuses situations concrtes :

    Lapplication de mesures ou dinstruments de politique commerciale tels que les droitsantidumping et les mesures de sauvegarde ;

    La mise en uvre de la clause de la nation la plus favorise ou dun traitement prfrentiel ; Lapplication de prescriptions en matire dtiquetage et de marquage ;

    La mise en uvre de dispositions spcifiques en matire de marchs publics.Ces enjeux ont justifi le lancement de ngociations spcifiques qui se sont traduites par

    la signature le 20 septembre 1986 de laccord sur les rgles dorigine. Cet accord ne constitue

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    34 Le marquage de lorigine est victime des lacunes du droit

    cependant, aujourdhui, quun embryon dharmonisation des rgles dorigine dans le commerceinternational. Il se limite un programme de travail tabli afin de progresser sur la voie delharmonisation des rgles dorigine.

    Ces travaux sont conduits par le comit des rgles dorigine de lOMC et par un comittechnique de lOrganisation Mondiale des Douanes (OMD). Inities il y a quatorze ans, cesngociations sont toujours en cours ce jour et ne devraient pas aboutir avant de nombreusesannes. Elles portent en effet sur plus de 5 000 catgories de produits et rvlent des oppositionsmajeures entre pays.

    titre transitoire et dans lattente dun accord sur des rgles communes, laccord impose auxtats-membres de lOMC de respecter la transparence de ladoption de rgles qui ne doivent pasavoir deffet de restriction, de distorsion ou de dsorganisation sur le commerce international.

    Un rcent diffrend entre les tats-Unis et le Mexique dans ce domaine a fait lobjet delouverture dune consultation en dcembre 2008. Le Mexique considre en effet que les dispo-sitions amricaines en matire dtiquetage de lorigine des produits alimentaires scartent des

    normes internationales en la matire. La procdure de rglement en cours devrait donc apporterdes prcisions sur linterprtation de laccord de 1986 sur les rgles relatif aux normes dorigine.

    Cette absence dharmonisation des rgles dorigine explique lexistence de nombreuses rgle-mentations nationales parfois divergentes.

    b) Une protection trs lacunaire des indications gographiques

    Alors que les rgles dorigine sont un concept douanier, les indications gographiques sont des instruments relevant de laccord sur les droits de proprit intellectuelle concernant lecommerce (ADPIC).

    Cet accord en donne la dfinition suivante : ce sont des indications qui servent identifierun produit comme tant originaire du territoire dun membre ou dune rgion ou dune localitde ce territoire, dans les cas o une qualit, rputation ou autre caractristique dtermine duproduit peut tre attribue essentiellement cette origine gographique (ADPIC). Ce conceptnest pas limit aux produits agricoles. Laccord ADPIC offre une protection de principeaux indications gographiques, une protection additionnelle aux vins et spiritueux, mais restenanmoins lacunaire sur les modalits et ltendue de cette protection.

    Dans le cadre du cycle de ngociation dit de Doha, seule linstitution dun registre des vins etspiritueux est envisage. Cette ambition suscite dailleurs lopposition de certains Etats-membresde lOrganisation mondiale du commerce.

    La protection des indications gographiques est un enjeu majeur la fois pour les consomma-

    teurs et pour les producteurs. Les consommateurs peuvent en effet tre abuss sur les caractris-tiques et la qualit des biens achets qui ne seraient pas authentiques. Les producteurs lgitimesinstalls dans laire gographique concerne subissent une concurrence dloyale de produits gn-ralement proposs des prix infrieurs. La tromperie sur une dnomination gographiquepeut donc tre compare de la contrefaon.

    Certes des accords internationaux sur la protection des gographiques existent en parallledes ngociations dans le cadre de lOMC. Mais ces accords grs par lOrganisation mondialede la proprit intellectuelle nengagent gnralement quun nombre limit dtats (cf. encadrci-dessous).

    LOrganisaon mondiale de la proprit intellectuelle et les indicaons dorigine

    LOMPI est charge de ladministraon et de suivi daccords internaonaux qui traitent, notam-

    ment ou exclusivement, de la protecon des indicaons gographiques (voir, en parculier, la

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    Sauf exception, lUnion europenne nimpose pas le marquage de lorigine 35

    Convenon de Paris de 1883 pour la protecon de la proprit industrielle et lArrangement de

    Lisbonne concernant la protecon des appellaons dorigine et leur enregistrement internao-

    nal). En outre, dans le cadre du Comit permanent du droit des marques, des dessins et mo-

    dles industriels et des indicaons gographiques (SCT), constu de reprsentants des tats-membres et des organisaons intresses, lOMPI tudie de nouveaux moyens de renforcer la

    protecon des indicaons gographiques au niveau internaonal.

    II.2 Sauf exception, lUnion europenne nimpose pas le mar-quage de lorigine

    Une lgislation europenne complexe et labore avant le dveloppement de la mondialisa-tion impose lidentification de lorigine des produits imports des pays tiers des fins douanires.Mais, quelques exceptions prs, elle ne rend pas obligatoire ltiquetage de lorigine des pro-

    duits, la jurisprudence de la Cour de Justice des Communauts europennes autorisant seulementdes lgislations nationales mettant en place des marquages facultatifs.

    Paradoxalement, le consommateur a donc rarement la possibilit daccderaux informations sur lorigine dont disposent les administrations douanires euro-pennes.

    a) Une obligation douanire didentification de lorigine des produits imports

    Avec lespce et la valeur, la dtermination de lorigine dun produit est essentielle du pointde vue douanier. Elle permet notamment de fixer les droits de douane applicables un produitimport mais galement lapplication ventuelle de mesures de politique commerciale (quotas,

    droits antidumping etc.).Le rgime douanier est dit prfrentiel lorsque le pays dorigine bnficie dun accord avec

    lUnion europenne donnant un tarif spcifique et ventuellement une exonration de droitsde douane.

    En labsence daccord, le rgime de lorigine non prfrentielle sapplique. Les dispositionsdu Code des douanes communautaire qui rgissent la dtermination de lorigine dans ce cas ontt labores avant le dveloppement de la mondialisation et sont fondes sur une analyse deprocessus de production qui ont volu depuis. Ces critres de dtermination figurent dans undispositif juridique dont larchitecture et le contenu sont particulirement complexes et qui peutdonc soulever de multiples interrogations et critiques.

    Le Code des douanes communautaire fixe une rgle gnrale dans son article 24 : Unemarchandise dans la production de laquelle sont intervenus deux ou plusieurs pays, est originairedu pays o a eu lieu la dernire transformation ou ouvraison substantielle, conomiquement justifie, effectue dans une entreprise quipe cet effet et ayant abouti la fabrication dunproduit nouveau ou reprsentant un stade de fabrication important .

    Afin de dfinir la notion de dernire transformation ou ouvraison substantielle trois critres sont utiliss :

    1. Pour de nombreux produits, un changement de position tarifaire dans la nomen-clature internationale permet de dfinir lorigine. Ce critre suscite des interrogations.Ainsi, des assiettes fabriques dans un pays A changent de position tarifaire ds lors quun

    dispositif daccrochage au mur leur est ajout dans un pays B car elles deviennent desarticles dornementation. Elles prennent alors lorigine du pays B alors que lessentiel dela fabrication est intervenue dans le pays A.

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    36 Le marquage de lorigine est victime des lacunes du droit

    2. Le critre de la valeur ajoute consiste considrer que lorigine est dtermine parle pays dans lequel les oprations de fabrication reprsentant la valeur ajoute la plusimportante se sont droules. Ce critre est gnralement de 45% mais peut tre dun

    autre montant en fonction des produits (60% pour les automobiles par exemple). titredexemple, dans le cas dun magntoscope 8, si le seuil de 45% nest pas atteint, loriginedu produit est alors celle du pays dont sont originaires les pices reprsentant au moins35% de la valeur. Ce critre semble le plus adapt des processus de production complexe,mais il implique des contrles documentaires complexes.

    3. Le critre de louvraison spcifique est utilis dans dautres cas. Il signifie quune der-nire transformation ou ouvraison nest substantielle que si le produit qui en rsulte pr-sente des proprits et une composition spcifiques quil ne possdait pas avant. Cela im-plique, selon la jurisprudence, quun changement de position tarifaire peut ne pas suffire qualifier une dernire transformation ou transformation substantielle.

    Pour certains produits comme les textiles, le dispositif juridique de dtermination des rgles

    dorigine est la fois prcis et complexe, ce qui nen facilite pas la lisibilit pour les oprateursconomiques. Si le critre du changement de position tarifaire induit par une transformationcomplte leur est principalement appliqu, il peut ne pas suffire confrer lorigine dans lecas de certaines ouvraisons ou transformations. Il existe en outre des procds spcifiques dedtermination de lorigine pour certains produits.

    Les critres de dtermination de lorigineselon le Code des douanes communautaire

    Article 24 du Code des douanes communautaire

    Rgle gnrale : lorigine non prfrentielle est dtermine par la "dernire ouvraison substantielle"

    Modalit 1 Modalit 2 Modalit 3

    dapplication de la dernire ouvraison dapplication de la dernire ouvraison dapplication de la dernire ouvraisonou transformation substantielle ou transformation substantielle ou transformation substantielle

    Critre de lexistencedun changement de position tarifaire

    Critre de la valeur ajoute

    (au moins 45% en gnral mais

    variable selon les produits)

    Critre de louvraison spcifique

    Exemple : importation dassiettes de porcelaine

    fabriques en Chine. Cest le pays o aura t

    ralise la mise en place dun dispositifdaccrochage qui en confrera lorigine car il

    entrane un changement de position tarifaire.

    Exemple : un magntophone sera rputoriginaire de Taiwan si la valeur acquisedans ce pays atteint au moins 45%.

    dfaut il sera rput originaire dupays dont sont originaires les picesreprsentant le % le plus lev de

    valeur ajoute.

    La complexit de la rglementation communautaire explique lexistence dune jurisprudenceabondante de la CJCE sur son application et les interrogations des oprateurs conomiques.

    b) Une lgislation disparate sur le marquage de lorigine de certains produits agricoles(et de la mer)

    Certains produits agricoles font exception labsence de lgislation de lUnion europenneimposant le marquage de lorigine. Il en rsulte une rglementation disparate adopte au gr des

    8. Cf. annexe 11 des dispositions dapplication du Code des douanes communautaire.

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    Sauf exception, lUnion europenne nimpose pas le marquage de lorigine 37

    actions dinfluence, parfois lie des crises. Lhtrognit de la liste des produits concerns (cf.tableau ci-dessous) suscite dailleurs des critiques. Les diffrentes dispositions communautairessur la mention de lorigine ne rsultent donc pas dune politique densemble sur linformation

    du consommateur mais dune sdimentation de textes sectoriels.La lgislation communautaire rend obligatoire pour les denres trs prissables la mention du lieu dorigine ou de provenance dans le cas o son mission pourrait induire le consommateuren erreur.

    Les rglementations par produit sur la mention de lorigine

    Viande bovineLe rglement europen du 17 juillet 2000 impose la mention du paysdorigine. Dans lhypothse o plusieurs pays sont concerns, ltiquettedoit prciser le pays de naissance, le pays dlevage et le pays dabattage.

    Poissonsde mer et deau douce

    Depuis un rglement communautaire du 17 dcembre 1999, la zone decapture (ou le lieu dlevage) du poisson doit tre porte la connaissancedu consommateur pour les produits destins la vente au dtail.

    Fruits et lgumes Obligation dinformation du consommateur sur lorigine nationale des pro-duits (cf. Rglement (CE) n 1182/2007 du conseil du 26 septembre 2007tablissant des rgles spcifiques pour le secteur des fruits et lgumes).

    ufsLe rglement de la Commission du 23 juin 2008 prcise que les ufs sontmarqus dun code dont le deuxime signe indique lorigine nationale dellevage (FR pour la France).

    MielDirective du 20 dcembre 2001 relative au miel dispose : Le pays ou lespays dorigine o le miel a t rcolt sont indiqus sur ltiquette.

    VinLa rglementation europenne est diffrencie selon les catgories de vins.Pour certains lobligation du marquage de lorigine est limite aux vinsexpdis dans un tat-membre ou exports dans un pays tiers.

    Huile dolive

    Le rglement europen du 13 juin 2002 autorise la mention de lorigine et

    la dfinit comme tant la zone o les olives ont t rcoltes et o se situele moulin. Dans le cas o ces deux lieux diffrent ltiquette doit Huiledolive vierge (extra) obtenue en. . . partir dolives rcoltes en. . .

    Cette lgislation sur les produits agricoles et de la mer est en fait peu ambitieuseen ce qui concerne le marquage de lorigine. En effet, la directive du Conseil du 14 juin1989 relative aux mentions ou marques pose le principe quune denre alimentaire ne peut trecommercialise que si elle est accompagne dune indication permettant didentifier ce lot. Sonobjectif est de dvelopper la traabilit des produits alimentaires.

    Or, force est de constater que lessentiel des informations permettant un marquage quasignralis de lorigine des produits alimentaires non transforms est disponible. Les consomma-

    teurs pourraient donc bnficier de cette information. Le lien entre la qualit dun produit etson origine est dailleurs reconnu dans certains cas par la lgislation de lUnion europenne etest prsent comme la motivation dune obligation dtiquetage de lorigine (cf. exemple de ladirective sur le miel). La Commission est consciente de labsence de logique densemble de cetterglementation, situation qui a fait lobjet de dbats dans le cadre de la prparation du rcentlivre vert sur la qualit des produits agricoles.

    c) Une protection communautaire des indications gographiques limite aux produitsagro-alimentaires

    Depuis 1992, lUnion europenne a mis en place une rglementation relative la protection

    des appellations dorigine et des indications gographiques des produits agricoles et denresalimentaires.

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    38 Le marquage de lorigine est victime des lacunes du droit

    Ces deux protections sappliquent des produits originaires dun pays, dune rgion ou dunlieu dtermin. Dans le cas des appellations dorigine, les biens concerns ont une qualit ou descaractres dus essentiellement ou exclusivement au milieu gographique comprenant les facteurs

    naturels et humains et leur production, leur transformation et leur laboration ont lieu danslaire gographique dlimite. En ce qui concerne les indications gographiques, les produitsbnficiaires ont une qualit dtermine, une rputation ou dautres caractristiquesqui peuvent tre attribues cette origine gographique. Leur production et/ou leurtransformation et/ou leur laboration ont lieu dans laire gographique dlimite.

    lissue dune procdure dinstruction gre par la Commission europenne, les AOC et IGPsont inscrites dans un registre afin de protger leur dnomination de toute usurpation.

    Cette protection ne sapplique pas aux produits dont la dnomination est devenue gnrique linstar de la moutarde de Dijon.

    LUnion europenne a ainsi enregistr environ 5 000 dnominations gographiques (dont plusde 80% concernent les vins et spiritueux). Hors vins et spiritueux, plus de 200 produits franais

    reprsentant un chiffre daffaires de 4 milliards deuros environ sont enregistrs sur le registrede la Commission europenne.

    Mais surtout, les produits non agricoles ne peuvent pas bnficier de cette pro-tection. Or de nombreux produits traditionnels la rputation internationale souffrent de laconcurrence de produits de moindre qualit et parfois bas prix utilisant leur dnominationet fabriqus loin de laire gographique dorigine et mme trs souvent lextrieur de lUnioneuropenne. Cest le cas par exemple du cristal de Bohme, de la verrerie de Murano, de laporcelaine de Limoges ou des couteaux Laguiole.

    Ces derniers sont concurrencs par des fabrications asiatiques utilisant leur rputation (cf.encadr ci-dessous).

    Lexemple de la coutellerie de Laguiole

    Le couteau de Laguiole re son nom de la ville ponyme de lAveyron. Sa producon a t relan-

    ce dans les annes 1960 par des entreprises thiernoises puis dans les annes 1980 Laguiole.

    Thiers, capitale franaise de la coutellerie reprsente en 2009 plus de 1 200 emplois dans ce

    domaine. Laguiole compte galement plusieurs coutelleries dont la Forge de Laguiole (une

    centaine de salaris).

    La fabricaon dun couteau Laguiole comprend la forge de la lame, la dcoupe, lestampage, le

    soudage et le perage des planes et des mitres, la prparaon des pices et le montage, le

    polissage et lafftage. La dnominaon couteau de Laguiole ne bnficiant daucune pro-

    tecon, certains couteaux sont fabriqus en tout ou pare lextrieur de lUnion europenne

    et vendus comme tant de vrais Laguiole.

    Un poinon Laguiole Origine Garane a t cr pour cerfier la producon dans le bourg

    de Laguiole.

    Cest aussi le cas de la porcelaine de Limoges qui fait lobjet de nombreux dbats locauxen raison de la concurrence juge dloyale de certains fabricants dont les produits ne sont pasraliss en totalit dans la rgion de Limoges.

    Lexemple de la porcelaine de Limoges

    Les porcelainiers de lUnion des fabricants de porcelaine de Limoges demandent la protecon

    de la dnominaon Limoges France . Ils souhaiteraient rserver lemploi de cee dnomina-

    on aux arcles de porcelaine totalement labors Limoges ou dans sa rgion. cee fin, ils

  • 8/2/2019 Rapport Jgo

    41/226

    Sauf exception, lUnion europenne nimpose pas le marquage de lorigine 39

    proposent une modificaon du dcret n78-141 du 8 fvrier 1978 qui encadre lemploi du terme

    porcelaine .

    Une telle modificaon conduirait carter les produits des industriels qui fabriquent au moins

    en pare leurs produits en dehors du dpartement de la Haute-Vienne ou mme lextrieurdu territoire de lUnion europenne.

    En 2003, afin de tenter