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Rapport final réalisé dans le cadre du programme Prime-Vert, Volet 11 – Appui à la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture STRATÉGIE DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA TIPULE DES PRAIRIES NUMÉRO DU PROJET : 1520 Réalisé par : Madame Geneviève Labrie DATE : Juin 2012

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Rapport final réalisé dans le cadre du programme Prime-Vert, Volet

11 – Appui à la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture

STRATÉGIE DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA TIPULE DES PRAIRIES

NUMÉRO DU PROJET : 1520

Réalisé par :

Madame Geneviève Labrie

DATE : Juin 2012

Les résultats, opinions et recommandations exprimés dans ce

rapport émanent de l’auteur ou des auteurs et n’engagent

aucunement le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de

l’Alimentation.

Stratégie de lutte intégrée contre la tipule des prairies

Par Geneviève Labrie

Durée : 04/2010 – 06/2012

FAITS SAILLANTS (Résumé du projet)

Ce projet vise à mieux caractériser la dynamique d’infestation de la tipule des prairies afin

d’établir une stratégie de lutte intégrée efficace.

Entre 2010 et 2012, des échantillonnages effectués en grandes cultures au Québec ont

permis d’observer l’évolution de la tipule dans cinq régions : Chaudière-Appalaches, Estrie,

Bas Saint-Laurent, Capitale-Nationale et Centre-du-Québec. La tipule des prairies n’a pas

été répertoriée jusqu’à présent dans les grandes cultures des trois dernières régions citées.

Les principales cultures affectées dans les champs en suivis sont les cultures fourragères et

les céréales.

Le temps de développement et le poids de la tipule observés en laboratoire et en champ ont

démontré que les larves croissent rapidement entre avril et la mi-juin. Elles arrêtent par la

suite de s’alimenter et de croître entre le milieu et la fin du mois de juin avant d’effectuer leur

pupaison. L’émergence des adultes se produit à partir de la fin août; ils pondent leurs œufs

dans les jours suivants. Au cours de l’automne, les larves de la nouvelle génération de

tipules prennent très peu de poids et causent peu de dommages.

La mortalité hivernale des larves de tipules était de 43 % en 2010-2011 (12 sites) et de 69 %

en 2011-2012 (19 sites). Le couvert de neige important dans les régions affectées par la

tipule des prairies pourrait être un facteur de protection efficace contre les températures

froides de l’hiver.

Des essais préliminaires de travaux de sol ont démontré que des passages répétés de herse

à l’automne pouvaient réduire les populations de tipules de 35 et 75 %.

Les résultats de ce projet montrent que le meilleur moment pour intervenir contre la tipule

des prairies est le mois d’avril, avant que les larves ne commencent à se nourrir

intensivement et causent des dommages importants à la culture. Une intervention après la

mi-juin, lorsque les dommages sont visibles, serait à toute fin inutile, du fait que les larves

cessent de s’alimenter et de se mouvoir dans les champs.

Des seuils d’intervention adaptés au Québec restent à déterminer, de même que l’évaluation

de méthodes de lutte culturales, biologiques et chimiques. L’homologation d’insecticides

efficaces contre la tipule des prairies à moindre impact environnemental reste indispensable

pour établir une stratégie de lutte intégrée efficace.

OBJECTIF ET MÉTHODOLOGIE (15 lignes) Ce projet vise à mieux caractériser la dynamique d’infestation de la tipule des prairies afin

d’établir, au Québec, une stratégie de lutte intégrée efficace contre ce ravageur. Plusieurs

volets expérimentaux ont été réalisés au cours des deux années d’étude (voir Annexe 1).

1) Afin de mieux connaître la dynamique de population de la tipule, des larves récoltées

dans les champs infestés ont été gardées en conditions contrôlées au laboratoire

jusqu’à leur émergence en adulte et ont été pesées chaque semaine.

2) Différentes méthodes d’échantillonnage ont été testées afin de déterminer la méthode

la plus efficace pour dénombrer les larves dans un champ.

3) Afin de vérifier la progression de l’insecte au Québec entre 2010 et 2012, des

échantillonnages ont été effectués dans 9 régions du Québec, à raison d’un

échantillonnage au printemps et d’un autre au cours de l’automne.

4) Dans le but de vérifier la survie hivernale de la tipule au Québec, des observations et

des expériences au champ et en laboratoire ont été effectuées.

5) Pour déterminer les méthodes de lutte possibles contre cet insecte, des essais de

travaux de sol ont été effectués en Estrie.

RÉSULTATS SIGNIFICATIFS POUR L’INDUSTRIE OU LA DISCIPLINE

1) Les élevages au laboratoire en 2010 ont permis de démontrer que la tipule des prairies

possède 4 stades larvaires, avant qu’elle passe en diapause estivale et qu’elle effectue

sa pupaison au mois d’août, et avant d’émerger en adulte à la fin août. Les œufs sont

pondus entre la fin août et le début d’octobre, et il n’y a qu’une seule génération par

année. Les larves hivernent au 2e ou 3e stade larvaire et présentent une croissance très

importante au 4e stade larvaire, entre le mois d’avril et la mi-juin. Les larves ont gagné

88 % de leur poids total au cours de cette période (Figure 1, Annexe 2). Les larves ont

par la suite cessé de croître et de s’alimenter. L’émergence des adultes a été observée à

la fin du mois d’août, au laboratoire et en champ, et s’est étalée jusqu’en octobre pour

certains individus au laboratoire. Le poids des larves récoltées au champ (N=15) montrait

une bonne concordance avec celui des larves élevées au laboratoire (F1,38 = 0.003; P =

0.95). Les conditions de laboratoire n’ont donc pas influencé la dynamique de population

de l’insecte, ce qui permet d’affirmer qu’il ne serait pas pertinent d’utiliser une méthode

de lutte durant l’été puisque la croissance de la larve et les dommages s’effectuent entre

le mois d’avril et la fin juin. Durant l’automne et l’hiver, où elles entrent en diapause

hivernale, les larves de 2e et 3e stade ne s’alimentant pas beaucoup et prennent peu de

poids. (Figure 2, Annexe 2).

2) Différentes méthodes d’échantillonnage des larves ont été testées (Annexe 1 et Tableau

1). (1) La méthode de flottaison avec eau salée s’est avérée très fastidieuse et peu

concluante, les larves retombant rapidement dans le fond vaseux et étant impossibles à

trouver. (2) Le décorticage manuel au laboratoire, bien qu’estimant adéquatement le

nombre de larves par échantillon, s’est avéré très long, pouvant prendre en moyenne

4 heures par échantillon. (3) Le décompte des larves de tipules directement au champ

était rapide (2 heures à 4 heures par champ), mais au mois de juin seulement, lorsque

les larves étaient plus grosses. Cette méthode s’est avérée inefficace au printemps ou

durant l’automne, car les larves sont plus petites et plus difficiles à trouver. (4) La

méthode la plus rapide pour extraire les larves des mottes de terre ramenées au

laboratoire est d’utiliser un entonnoir de Berlese (photo 1, Annexe 2). Cet appareillage

fonctionne avec un principe de répulsion des insectes à la lumière et à la chaleur

générée par une lampe. En 24 heures, l’ensemble des larves de tipules est extrait, et

cette méthode ne nécessite que 15 minutes pour installer 20 mottes de terre dans

20 entonnoirs, et 30 minutes à 1 heure au cours de la journée suivante pour dénombrer

les larves pour l’ensemble du champ. La fabrication de cet appareil est simple et peu

coûteuse (moins de 20 $ par entonnoir). Les différents intervenants du milieu et les

producteurs pourraient donc facilement évaluer les populations de larves dans leurs

champs avant le semis en récoltant des échantillons de terre à différents endroits et

déterminer la méthode de lutte à appliquer (choix de culture, travail de sol ou lutte

chimique si disponible).

3) En 2010, la tipule des prairies a été retrouvée dans 5 des 7 régions échantillonnées. En

plus des populations de tipules déjà observées en Estrie et en Chaudière-Appalaches,

d’autres populations ont été détectées pour la première fois dans des champs en

grandes cultures dans la région de la Capitale-Nationale et du Bas-St-Laurent. Au

printemps 2011, des tipules ont également été retrouvées au Centre-du-Québec, près de

Victoriaville. La découverte de tipules dans ces trois régions démontre une certaine

expansion de ce ravageur au Québec. Cependant, ceci pourrait également être

attribuable à une meilleure connaissance des symptômes et des dommages causés par

ce ravageur. Les dommages au printemps sont très similaires aux dommages causés par

le gel ou l’accumulation d’eau.

C’est en Estrie et en Chaudière-Appalaches que les infestations les plus importantes ont

été observées à l’automne 2010 et au printemps 2011, avec des densités variant de 15 à

1500 larves/m2 en automne et de 0 à 965 au printemps (Tableau 2, Annexe 2). Des

échantillonnages effectués au Bas-Saint-Laurent et dans la Capitale-Nationale durant les

mois de juin et août 2010, dans des champs où des producteurs avaient déclaré des

pertes importantes, ont permis de démontrer que la tipule des prairies est bien implantée

dans les grandes cultures et cultures fourragères de ces deux régions. Dans les grandes

cultures, les cultures les plus affectées sont les céréales (orge, avoine, blé). L’automne

2011 a été assez chaud et sec pour l’ensemble des régions et les populations étaient

33 % plus faibles qu’en automne 2010. Au printemps 2012, les populations étaient aussi

59 % plus faibles qu’au printemps précédent. Les conditions plus sèches et les

températures plus chaudes au cours de l’automne 2011 et au mois de mars 2012

expliqueraient les populations plus basses. En Europe, les prévisions émises sur la

dynamique de population de tipules sont basées sur les conditions climatiques observées

en automne et au printemps. Des conditions fraîches et pluvieuses permettent de prévoir

des infestations et des dommages importants, tandis que des conditions sèches et

chaudes signifient des infestations et dommages moins importants. Nos observations

concordent avec la dynamique de population observée en Europe.

Aucune tipule des prairies n’a été retrouvée dans les champs échantillonnés dans les

régions de la Lanaudière, de la Mauricie, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la

Montérégie entre 2010 et 2012. Le dépistage réalisé dans ces régions s’est effectué

dans les champs où les producteurs avaient déjà déclaré des rendements faibles ou

dans des sections de champs plus humides, et donc plus susceptibles d’attirer les

tipules. Une surveillance régulière devra être apportée dans les régions limitrophes aux

régions déjà affectées.

4) La mortalité hivernale des larves de tipules dans les champs qui ont été suivis en

automne et au printemps (aux mêmes points GPS) était en moyenne de 43 % dans les

13 champs en 2010-2011 (Figure 3, Annexe 2) et de 67 % dans les 19 champs en 2011-

2012 (Figure 4, Annexe 2). La température minimale dans le sol observée à l’aide de

sondes HOBO® dans trois champs de différentes régions était de -8,6 °C au cours de

l’hiver 2010-2011 et de -6,3 °C au cours de l’hiver 2011-2012 (Figure 5, Annexe 2). La

température létale pour la tipule des prairies mesurée au laboratoire en Europe se situe

entre -7,5 °C et 6,2 °C (Block et al. 1993; Freeman 1968). La mortalité hivernale a été

moins importante en 2010-2011, et ce, même si des températures de sol en deçà de la

température létale ont été mesurées. Ainsi, 62 % des champs (8 champs/13)

présentaient tout de même une abondance de plus de 100 larves/m2 au printemps 2011,

tandis que ce seuil était dépassé seulement dans 31 % des champs (6 champs/19) au

printemps 2012. Les températures de sol observées au cours de l’hiver 2011-2012

laissent croire que le taux de mortalité élevé durant cette période ne serait pas dû aux

températures froides, mais plutôt à la période de chaleur observée entre le 19 et le

24 mars, lorsque les températures fluctuaient jusqu’à 25 °C chaque jour (Figure 6,

Annexe 2). Les tipules sont très sensibles à la chaleur et à la dessiccation, et de

nombreuses observations en champ et au laboratoire confirment les fortes mortalités

dues à ces conditions (Blackshaw 1992).

Des essais au laboratoire durant l’hiver 2010 et 2011 ont permis d’évaluer la mortalité

des larves soumises à des températures de -18 °C durant 24 ou 48 heures, telles

qu’observées au cours de certains hivers en Montérégie. Les expériences en conditions

contrôlées ont permis de démontrer que les larves de tipules des prairies ne survivaient

pas plus de 48 heures à -18 °C (Tableau 3; Annexe 2). Toutefois, ces températures sont

observées peu fréquemment dans le sol sous couvert de neige. Les régions affectées

par la tipule des prairies sont caractérisées par des hivers avec un bon couvert de neige

et des températures moyennes de sol autour de 0 °C. Par comparaison, des sondes de

température laissées dans le sol en Montérégie en 2010-2011 ont mesuré des

températures minimales allant jusqu’à -17,2 °C. La tipule des prairies aurait donc peu de

risques à s’installer en Montérégie du fait des températures de sol plus basses dans

cette région par manque de couvert de neige.

5) Des essais de travaux de sol ont été réalisés en 2010 et 2011 afin d’évaluer l’impact du

labour et du hersage sur les populations de tipules des prairies.

Dans le cas du labour d’automne, aucune perte significative dans les populations de

tipules n’a été observée entre l’automne et le printemps (Figure 7, Annexe 2). Le fait que

la végétation soit encore vivante, même si la terre a été retournée par un labour, pourrait

permettre une meilleure survie des larves de tipules. L’augmentation apparente des

populations entre l’automne et le printemps dans le champ 1 pourrait être attribuable au

fait que les femelles peuvent émerger et pondre jusqu’à la fin septembre. Une

émergence tardive d’adultes pourrait expliquer la différence de population après l’hiver.

Dans le champ no 1 (hersé 3 fois), une diminution significative de 35 % des populations

de tipules a été observée dans les sections hersées (F1,58 = 9,32; P = 0,003; Figure 8,

Annexe 2), tandis qu’elles sont restées similaires dans les sections témoins (non

travaillées). Dans le champ 2 (hersé 4 fois), une diminution significative de 75 % des

populations de tipules a été observée dans les sections travaillées (F1,58 = 40,73; P =

0,0001; Figure 9, Annexe 2).

G. Applications possibles pour l’industrie et/ou suivi à donner

Plusieurs résultats émergent des différentes facettes de projet.

- La tipule des prairies est maintenant présente dans les grandes cultures au Québec

dans 5 régions : le Bas-Saint-Laurent, la Capitale-Nationale, le Centre-du-Québec, la

Chaudière-Appalaches et l’Estrie.

- Elles semblent démontrer une dynamique de population au Québec similaire à celle

observée en Europe, avec une diapause estivale et hivernale.

- Les résultats obtenus démontrent que cet insecte est dommageable pour la culture

entre le début avril et la mi-juin. Des dégâts significatifs dans les cultures sont

toutefois plutôt visibles vers le mois de juin. Cependant, selon les données de

dynamique de population observées dans nos expériences en laboratoire, une

intervention à ce moment-là (mécanique ou chimique) ne serait pas efficace, car les

larves arrêtent de s’alimenter et commencent leur diapause estivale.

- Les données obtenues pour la mortalité hivernale, qui variaient entre 43 et 69 % au

cours des deux années d’étude, nous laissent croire qu’une intervention durant

l’automne pourrait aussi être envisagée si les populations de larves étaient très

élevées, surtout dans les cas où les conditions climatiques automnales humides et

fraîches favoriseraient la survie des jeunes larves.

- Les seuils d’intervention préconisés en Europe dans les céréales varient entre 25 et

50 larves/m2. Dans les cultures fourragères, ils varient entre 100 et 300 larves/m2.

Ces seuils restent à valider pour le Québec.

- Le travail de sol répété en surface, avant une période sèche et chaude à l’automne,

est une méthode de lutte prometteuse. Des essais à différents moments au

printemps et à l’automne, avec différents équipements et différents nombres de

passages de machinerie devraient être mis en place dans les prochaines années

pour raffiner la méthode.

- Aucun insecticide n’est homologué dans les grandes cultures. Seul le diazinon est

homologué dans les cultures fourragères, mais ce produit est sur la liste de retrait de

l’ARLA. De plus, plusieurs observations de mortalité d’oiseaux ont été répertoriées

après des traitements contre la tipule des prairies avec ce produit. Des essais de

produits insecticides moins à risque pour l’environnement devraient être mis en place

afin d’homologuer un ou des produits qui pourraient être utilisés dans une stratégie

de lutte intégrée contre ce ravageur. En Europe, des traitements insecticides sont

effectués aux 3 à 5 ans dans les régions affectées, ce qui permet de diminuer les

populations de tipules, de préserver le rendement et de réduire l’impact

environnemental en ne traitant pas chaque année.

- Des essais qui intégreraient différentes méthodes de lutte (mécanique, rotation avec

des cultures moins sensibles, et chimique) devraient être mis en place dans les

prochaines années.

H. Points de contact pour informations

Nom du responsable du projet : Geneviève Labrie

Téléphone : 450 464-2715 230

Télécopieur : 450 464-8767

Courriel : [email protected]

I. Autres travaux ou références sur le même sujet Un autre projet de recherche financé par le programme Prime-Vert, sous-volet 11.1, est en

cours, avec l’objectif d’évaluer la préférence alimentaire ainsi que les pertes économiques

causées par la tipule des prairies dans différentes cultures. Celui-ci permettrait de trouver

des cultures de rotation moins sensibles à ce ravageur.

J. Remerciements aux partenaires financiers Nous tenons à remercier tous les producteurs ayant accepté de collaborer au projet de

recherche. Merci à Roxanne S. Bernard, Hélène Lemonde et Eugénie Potvin (CÉROM) pour

le temps passé à dénombrer, peser et prendre soin des centaines de tipules récoltées dans

le projet. Merci à tous les agronomes du MAPAQ qui se sont impliqués dans le RAP – tipule

des prairies : Ermin Menkovic (Estrie), Julie Breault et Véronique Chantal (Lanaudière),

Brigitte Duval et Joëlle Cantin (Centre-du-Québec), Marc Poirier, (Victoriaville), Maryse

Provancher et Isabelle Lamothe (Mauricie), Rosaire Trahan (Capitale-Nationale), Line

Bilodeau (Chaudière-Appalaches), Bernard Brillant et Véronique Gagnon, Hugues Fiola

(Bas-Saint-Laurent). Merci aux conseillers des clubs-conseils impliqués : Priscila Petrauskas,

Marie-Ève Tanguay, Rock Martel (Club Agro-environnemental de l’Estrie), Jean-Michel

Delage (Fertior), Dominic Leblanc (CGACS). Merci à Claude Parent, Audrey Roy (DIST) et

Louis Simard (AAC) pour leur support et leur aide au champ. Merci à Charles Ricard, Stan

Platerrier, Mario Maurice et Mario Marquis (CÉROM) pour l’installation du système

d’entonnoirs Berlese. Merci à la Fédération des producteurs de cultures commerciales du

Québec (FPCCQ) pour l’appui au projet de recherche. Merci au CÉROM pour l’appui

financier et technique au projet. Ce projet de recherche est financé par le programme Prime-

Vert sous-volet-11.1- Appui à la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture du

MAPAQ.

K. Annexe(s) Annexe 1 - Méthodologie

(1) En avril 2010, 17 larves de tipules récoltées dans des champs en Estrie ont été

gardées individuellement dans des contenants en conditions contrôlées (20°C;

75% HR) afin de suivre leur développement et comprendre le cycle de l’espèce au

Québec. Chaque semaine, les larves ont été pesées, leur stade noté, et du gazon

leur a été fourni ad libitum. La date d’émergence des adultes ainsi que leur sexe ont

été notés. Les mêmes manipulations ont été effectuées en octobre 2010, avec

15 larves de 2e stade récoltées en Estrie. Ces larves ont toutefois été gardées à

4°C jusqu’en avril 2011 afin de représenter les conditions hivernales sous la neige

par les larves. (2) Afin de trouver une méthode d’échantillonnage efficace et fiable, différentes

méthodes provenant de la littérature ont été testées : (1) l’utilisation d’eau salée

(méthode de flottaison), (2) le décorticage manuel des mottes de terre au laboratoire,

(3) le décorticage des mottes de terre en champ, et (4) l’utilisation d’entonnoir

Berlese (Tableau 1, Annexe). Pour chaque méthode, 20 échantillons de terre ont été

testés. Le temps requis pour chaque méthode a été mesuré. (3) Afin de vérifier la progression de l’insecte au Québec entre 2010 et 2012, des

échantillonnages ont été effectués dans 9 régions du Québec, à raison d’un

échantillonnage au printemps et d’un au cours de l’automne. Dans chaque champ,

4 échantillons de terre de 0,008m2 étaient prélevés sur 5 sites différents du champ à

l’aide d’une tarière de 10 cm de diamètre et 5 cm de profondeur, pour un total de

20 échantillons par champ. Chaque site a été géo référencé pour pouvoir retourner

aux mêmes endroits chaque année. Les sites choisis présentaient des symptômes

d’infestation par les tipules ou présentaient des conditions adéquates pour le

développement des larves (baissière, bas de pente, sections avec peu de végétation,

bordures de forêts…). (4) Durant l’hiver 2010-2011 et 2011-2012, la survie des larves dans les champs

échantillonnés a été mesurée en comparant l’abondance des larves de tipules des

prairies récoltées aux mêmes points GPS l’automne et le printemps suivants. De

plus, des sondes de température (HOBO®) ont été installées à 3 cm de profondeur

dans le sol de trois champs au cours de ces deux hivers afin de mesurer la

température du sol aux endroits où les larves passent l’hiver. Des expériences au

laboratoire en conditions contrôlées ont aussi été effectuées afin de mesurer l’impact

d’un refroidissement soudain à -18°C durant 24 heures, 48 heures, 7 jours ou

14 jours en 2011, ou 24 et 48 heures en 2012. Pour chaque traitement, 20 larves ont

été soumises aux conditions dans des contenants individuels. La survie de chaque

larve a été mesurée à la fin de chaque période.

(5) Deux types de travail de sol ont été évalués comme méthode de lutte contre la tipule

des prairies : un labour d’automne et du hersage répété 2 ou 4 fois durant l’automne.

Durant l’automne 2010, un essai de labour a été effectué à St-Malo, en Estrie, dans

deux prairies qui avaient été affectées par la tipule au printemps 2010. L’abondance

initiale des tipules a été mesurée le 24 septembre, en récoltant 20 échantillons de

terre par champ. Le labour a été effectué à la fin du mois d’octobre 2010. Des

échantillons ont été repris aux mêmes endroits le 30 avril 2011.

Durant l’automne 2011, des essais de travail de sol en surface ont été effectués chez

deux producteurs de St-Malo dans les champs affectés par la tipule. Les deux

champs étaient des prairies de graminées âgées de 5 à 8 ans. Dans le champ 1, trois

passages de herse rotative ont été effectués le 28 octobre 2011, à une vitesse de

10 km/h et à une profondeur de 5 cm. Ce champ avait été traité au préalable avec du

glyphosate. Dans ce champ, 3 sections de 5 m de large par 25 m de long ont été

travaillées et 3 autres laissées en prairie. Afin d’évaluer l’impact des passages sur

l’abondance des tipules, 10 échantillons de sol ont été prélevés avant et deux

semaines après le travail du sol dans chaque section.

Dans le champ 2, quatre passages de herse à disque ont été effectués le

7 novembre 2011, à une vitesse de 10 km/h et à une profondeur de 5 cm, sur

3 sections de 5m de large par 25 m de long. Dans ce champ, trois sections ont aussi

été laissées en prairie. Le champ n’a pas été traité au glyphosate, c’est pourquoi

quatre passages ont été nécessaires pour bien travailler le sol. Le même type

d’échantillonnage a été effectué avant et après le travail de sol.

Annexe 2 - Résultats

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8Po

ids

(g)

Figure 1. Prise de poids de larves de tipules des prairies prélevées en avril 2010 et gardées à température et humidité contrôlées (N = 17).

0,0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

Poid

s (g

)

Figure 2. Prise de poids de larves de tipules prélevées en octobre 2010 et gardées à température et humidité contrôlées (N = 15).

Tableau 1. Méthodes pour dénombrer les larves de tipule des prairies dans un champ. Méthodes d'échantillonnage Description de la Temps moyen par champ

20 échantillons/champ méthode par personne*Eau salée Laisse tremper les échantillons de terre dans l'eau salée et 6h

récupère les larves qui flottent ou tombent au fond.

Décorticage au laboratoire Défait chaque motte de terre, trouve les larves et 4hles dénombre (petites et moyennes larves).

Décorticage au champ (juin) Défait chaque motte de terre, trouve les larves et 3hles dénombre (grosses larves).

Entonnoir Berlèse** Installe chaque échantillon de terre sous une lumière;les larves fuient la lumière et la chaleur et se retrouvent 1hdans un pot sous l'entonnoir.

*Temps moyen requis pour dénombrer les larves dans 20 échantillons de 0,008m2 de terre. **Laisse l’échantillon 24h sous la lampe; non comptabilisé dans le temps de manipulation.

Photos : Entonnoirs de Berlese pour récupérer les larves de tipules des prairies dans les échantillons de terre récoltés dans les champs (Crédit photo : J. De Almeida, CÉROM).

Tableau 2. Nombre de larves de tipules (moyenne par m2) retrouvées dans 9 régions du Québec lors des échantillonnages de printemps et d’automne 2010, 2011, et au printemps 2012.

Date Nb/m2 Date Nb/m2 Date Nb/m2 Date Nb/m2 Date Nb/m2

Témiscouata-sur-le-lac 02-mai 51 19-oct 32 16-avr 6Pohénégamook 02-mai 83 19-oct 172 16-avr 51Mont-Carmel 16-juin 150 02-mai 264 13-oct 357 10-avr 76Saint-Louis-du-Ha-Ha 02-mai 203 13-oct 452 16-avr 178Saint-Onésime 16-juin 120 02-mai 212 13-oct 166 10-avr 38Rimouski 17-avr 0St-Anaclet 17-avr 70Saint-Augustin-de-Desmaures 1

05-août 10

Saint-Augustin-de-Desmaures 2

05-août 25 8 nov. 85 02-mai 5127-avr 293

Saint-Augustin-de-Desmaures 3

12-mai 13 27-oct 1303-mai 19

Saint-Augustin-de-Desmaures 4

12-mai 121 27-oct 41427-avr 159

Saint-Augustin-de-Desmaures 5

12-mai 121 01-nov 32

Saint-Urbain 15-mai 0Neuville 03-mai 6Adstock 21-mai 50 09-mai 204 24-oct 624Beauceville 21-mai 50 2 nov. 850 09-mai 204 24-oct 624 18 avr 153Frampton 13-mai 25 2 nov. 230 09-mai 57 24-oct 51 18 avr 6Saint-Adrien-d'Irlande 21-mai 28 2 nov. 308 12-mai 70 25-oct 83 17 avr 51Saint-Camille-de-Lellis 12-mai 48 2 nov. 298 10-mai 274 26-oct 395 19 avr 115Saints-Anges 13-mai 93 2 nov. 170 …Saint-Fabien-de-Panet 10-mai 127 26-oct 32 19 avr 6Saint-François-de-la-rivière-sud

12-mai 8 2 nov. 58 10-mai 95 26-oct 28019 avr 210

Saint-Frédéric 21-mai 85 2 nov. 195 05-mai 76 25-oct 331 11-mai 64Saint-Isidore 11-mai 13 19-oct 134 18-avr 140Saint-Joseph-de-Beauce

13-mai 84 2 nov. 390 05-mai 204 24-oct 31811-mai 242

Scott-Jonction 13-mai 4 2 nov. 15 11-mai 25 19-oct 13 18-avr 0Thetford-Mines 21-mai 61 2 nov. 64 12-mai 95 25-oct 204 17-avr 95St-Narcisse-de-Beaurivage

11-mai 6 19-oct 24217-avr 121

Saint-Germain-de-Grantham 10-juin 0Saint-Guillaume

10-juin 0Saint-Bonaventure

10-juin 0Saint-Cyrille-de-Wendover 10-juin 0Notre-Dame-du-Bon-Conseil 10-juin 0Saint-Ferdinand 10-mai 51 19-oct 127 01-mai 19Saint-Norbert-d’Arthabaska 1(1)

03-mai 51

Saint-Norbert-d’Arthabaska 2

03-mai 0 08-nov 001-mai 19

Sainte-Sophie-d’Halifax 10-mai 19 02-déc 0Nortberville 01-mai 0Plessisville 01-mai 6

Bas-Saint-Laurent

Printemps 2010 Automne 2010

Chaudière-Appalaches

Capitale-Nationale

Centre-du-Québec

Printemps 2011 Automne 2011 Printemps 2012Région Municipalité/champ

(1) Champ de fraise

Tableau 2 (suite). Nombre de larves de tipules (moyenne par m2) retrouvées dans 9 régions du Québec lors des échantillonnages de printemps et automne 2010, 2011 et au printemps 2012.

Date Nb/m2 Date Nb/m2 Date Nb/m2 Date Nb/m2 Date Nb/m2

Bury 30-avr 127 24-avr 6Cookshire 20-mai 40 19 oct. 60 10-mai 51 27-oct 38Frontenac 20-mai 132 … 02-mai 95 27-oct 172 02-mai 51Saint-Isidore-de-Clifton 19 oct. 20 26-oct 146La Patrie 2 22-avr 30 … 02-mai 293 01-mai 115Saint-Malo 1 22-avr 80 4 nov. 100 26-oct 197Saint-Malo 2 22-avr 965 4 nov. 1500 30-avr 197 115Saint-Ludger 02-avr 38Sainte-Geneviève-de-Berthier

08-juin 0

Saint-Thomas 08-juin 0Sainte-Anne-de-la-Pérade

07-juin 0

St-Prosper-de-Champlain

07-juin 0

Saint-Sévère -1 08-juin 0Saint-Sévère-2 08-juin 0Marieville 09-juin 0Standbridge 09-juin 0Sainte-Sabine 09-juin 0Hébertville 02-mai 0L'Ascension 02-mai 0

Printemps 2010 Automne 2010 Printemps 2011 Automne 2011 Printemps 2012

Saguenay Lac St-Jean

Estrie

Lanaudière

Mauricie

Montérégie

Région Municipalité/champ

-40%

-76%

-72%-77% -8%

+37%

-61%-18%

-13%

-14%

-15%

-87%

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

Abon

danc

e m

oyen

ne d

e la

rves

/m2

Automne 2010

Printemps 2011

Figure 3. Différence d’abondance des larves de tipules récoltées aux mêmes points GPS en automne 2010 et au printemps 2011.

-81,3%

-70,3%

-78,7%

-60,6%

-77,1%

+46,1%

-61,5%

-75,5%

-88,2%

-38,6%

-70,8%

32

-25%

-100%

-53,4%-50% -92,1%

+100%

-70,3%

0

100

200

300

400

500

600

700

Nom

bre

de la

rves

/m2

Automne 2011

Printemps 2012

Figure 4. Différence d’abondance des larves de tipules récoltées aux mêmes points GPS dans des champs du Québec en automne 2011 et au printemps 2012.

-15

-10

-5

0

5

10

15

20

25

30

Tem

péra

ture

moy

enne

du

sol (

3 cm

de

prof

onde

ur)

Tmax

Tmin

T moyenne

Figure 5. Température à 3 cm dans le sol entre les mois de novembre 2010 et avril 2011 et 2011-2012.

-5

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Tem

péra

ture

du

sol (

3 cm

pro

fond

eur)

Temp max

Temp moy

Temp min

19 mars 2012 20 mars 21 mars 22 mars 23 mars 24 mars

Figure 6. Température moyenne, maximale et minimale observée à 3cm de profondeur dans le sol dans un champ à St-Malo entre le 19 et le 24 mars 2012.

Tableau 3. Taux de survie des larves de tipules des prairies soumises à un choc thermique (-18°C) sur différentes périodes de temps en A) 2011 et B) 2012, et remises ensuite à 4°C (N=20 pour chaque expérience).

A) 2011 -18°C Taux de survie au Taux de survie Taux de surviedurant sortir du après 7 jours après 14 jours

congélateur (à 4°C) (à 4°C)24h 68,90% 43% 048h 65% 27,30% 0

7 jours 87,50% 014 jours 0%

B) 2012 -18°C Taux de survie au Taux de surviedurant sortir du après 48h

24h congélateur100,00% 0

0

50

100

150

200

250

300

350

Champ 1 Champ 2

Abon

danc

e m

oyen

ne d

e la

rves

/m2

avant traitement A 2010

printemps 2011

Figure 7. Abondance moyenne de tipules des prairies dans deux champs à St-Malo, avant et après un labour d’automne en 2010.

**

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

3,5

4

Travail sol Témoin

Abon

danc

e m

oyen

ne d

e la

rves

/sta

tion

avant

après

Figure 8. Abondance moyenne de tipules des prairies dans une prairie de St-Malo, avant et après trois passages de herse rotative le 28 octobre 2011.

***

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

3,5

4

4,5

5

Travail sol Témoin

Abon

danc

e m

oyen

ne d

e la

rves

/sta

tion

avant

après

Figure 9. Abondance moyenne de tipules des prairies dans une prairie de St-Malo, avant et après quatre passages de herse à disque le 7 novembre 2011. Références

Blackshaw, R.P. 1992. Leatherjackets in grassland. Proceedings of the British Grassland Symposium on Strategies for Weed, Disease and Pest Control in Grassland. 6.1–6.10.

Block, W., G. Grubor-Lajsic et R. Worland. 1993. Cold tolerance of a larval tipulid from an upland habitat. Cryoletters. 14: 185-192.

Freeman, B. E. 1968. Studies on the Ecology of Adult Tipulidae (Diptera) in Southern England. J. Anim. Ecol. 37: 339-362.