Rapport de licence d'architecture 2011

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Rapport d’étude de fin de cycle de licence 2010-2011 THIBAULT Suzanne

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Rapport d’étude de fin de cycle de licence

2010-2011 THIBAULT Suzanne

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Introduction.

Ce rapport de licence doit nous permettre de faire un retour sur nos trois premières

années d’architecture, tant à propos de l’enseignement que de l’évolution de notre regard, en

lien – mais pas uniquement – avec l’architecture. Pour cela, dans un premier temps je

décrirais trois expériences qui par diverses réflexions m’ont menés à des thèmes marquants

de mes années de licence. Dans un second temps j’aborderais l’évolution que j’ai pu

remarquer sur ma vision de l’architecture. Enfin je conclurais sur mon avenir d’étudiante.

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I- Humanitaire et acte architectural

‘’ Faire le moins possible pour créer le plus possible’’ P. Bouchain 1

J’étais en première au lycée. La mère

d’une amie participait activement à une

association humanitaire d’ordre médicale.

Nous décidons de partir en octobre 2007,

avec une autre amie, accompagner une de

leur mission dans le village d’Antintorona. Le

but de notre voyage était d’intervenir auprès

des enfants en leur proposant une semaine

de ''divertissements'' à travers des jeux et

des activités manuelles. Sur place, nous

rencontrons Stefano, qui ne faisait pas partie de l’association mais de la Croix rouge et vivait

au village six mois par an. Au moment de notre venu il était en train de préparer les

fondations d’un collège pour le village. Sur place, ce qu’il faisait me paraissait intéressant. Il

simplifiait la vie des enfants, et travaillait avec une équipe constituée d’hommes du village en

leur transmettant un savoir-faire. Puis je me suis rendue compte que la construction du

collège allait également changer le fonctionnement du village. Il n’y aurait plus les départs et

arrivées des enfants d’Antintorona, mais l’affluence d’autres enfants des alentours, et il y

aurait plus de monde présent au village toute la journée avec ces nouvelles classes de

collège.

Aujourd’hui je ne peux m’empêcher de me poser des questions quant aux interventions

des associations. Leur but était de changer la vie au village, mais selon des critères

occidentaux. Les sols des nouvelles constructions étaient en béton, alors que les habitations

existantes se faisaient sur des pilotis en bois pour rattraper la pente et éviter que les rats

n’accèdent trop facilement aux réserves. D’autre part, en plus du collège et du dispensaire

médical, une bibliothèque était en cours de réalisation. Je me demande si l’échelle du

village (300 personnes) correspondait à ces transformations. N’aurait-il pas mieux valu

construire le chemin pour aller au village voisin où se trouvaient déjà un collège et un

dispensaire ? Ces choix, à mon avis, tenaient moins compte des réels besoins des habitants

que des ambitions des membres de l’association. En fait, ce qui me dérange, c’est que ces

choix aient été une accumulation de construction plutôt que de l’architecture. La différence

entre les deux étant, dans ce cas, la bonne interprétation du site existant sur lequel on

intervient. Par exemple ici, l’échelle du village, les conséquences de ces constructions, …

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Cette conclusion me fait me questionner sur mes propres projets d’étudiante. Est-ce que

lorsque je choisi, pour le projet d’urbanisme de Maubeuge, de ne rien garder de l’existant ;

lorsque pour l’exercice du sol, je crée comme une seconde peau à l’existant qui accentue les

sensations déjà ressenties… je me place correctement face à l’existant ? Ces interventions

étaient-elles nécessaire ? Je pense que mes réflexions sur mes projets manquent de ces

interrogations sur mes choix architecturaux, ce qui certainement les empêche d’avoir une

netteté d'impact. Je ne me suis pas assez servie de cette expérience marquante pour

chercher cette justesse de choix.

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II- Les jardins du Colysée : du paysage à l’individu

Dans le cadre de l’enseignement du

paysage que nous avons eu en licence

2 au semestre 3, Mr Delbaere nous a

emmenés aux jardins du Colysée à

Lambersart afin de nous présenter le

site. Il commence par nous parler de la

conception de ce jardin, les paysagistes

– Latitude Nord- n’ont pas déterminé

tous les cheminements possibles. Bien

qu’il neige, nous pouvons effectivement apercevoir qu’au sol se mêlent les parterres de

gravier, de plantes basses, d’herbe, de plantes plus hautes, sans pouvoir trouver une

quelconque logique de déplacement, à travers eux. La visite se poursuit, et nous sommes

maintenant près de l’arrière de jardins privés. Il y a une rigole, qui contient de l’eau l’été, des

éléments verticaux métalliques, qui servent de support aux plantes grimpantes, puis au-delà

il y a une butte de environ un mètre de haut, sur laquelle sont disposés de façon irrégulière

des bosquets, découvrant certains arrières des jardins de grandes propriétés.

Il nous raconte l’anecdote de ''l’intimisation'' des fonds de jardins. Au départ il était prévu

que seule la butte marque la limite, mais les habitants craignant la proximité et surtout le fait

que les gens accèdent à leur jardins – vandalisme/ vols … obligent les paysagistes à

éloigner la butte de 1 m par rapport au fond de leur parcelle. Or, maintenant sur cette partie

de 1 m de profondeur surélevée par rapport au jardin public se trouvent essentiellement des

déchets, mais c’est aussi l’endroit où certains font leurs besoins … Cela est devenu un

espace résiduel.

Rendre un espace plus intime par le seul dénivelé ? Sur le moment cela m’a paru

évident, comme un procédé universellement admis, que rien ne pouvait contredire. Puis

commencèrent les travaux de groupe et d’urbanisme, et la question d’ ''intimisation'' des

espaces privés par rapport aux espaces publics revint au premier plan. Moi qui pensais que

la solution du dénivelé incontestable, je fus surprise du débat que cela créa au sein du

groupe. Je compris alors que je m’étais inconsciemment convaincu que le projet

d’architecture pouvait se créer à partir de procédés, comme une intimité donnée par le

dénivelé. Il s’agirait d’une formule où tous ces procédés mis à la suite donneraient une

solution unique et juste aux problématiques du projet.

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La transition entre le public et le privé, ne peut également pas se résumer à des

questions physiques de cheminement : dénivelé, obstacles sur une ligne droite, porche…

On peut alors aborder, la question de l’appropriation de l’espace. Il s’agit d’une notion vaste

que nous avons commencé à approcher en cours d’anthropologie, à la fois au niveau du

logement et au niveau de la rue. D’après ce que nous en avons étudié, l’appropriation de

l’espace est généralement remarquable dans des lieux peu propices à l’individualité – grand

ensemble, logement collectif, rue … Comment réussir à bien comprendre tous ces

mécanismes sociologiques qui parlent de l’homme entre l’individu et le collectif, et dans quel

but : s’en servir pour pérenniser une situation ou faire des choix qui viendront perturber les

éléments en place ?

Je n’ai que peu de connaissances théoriques sur cette ''intimisation'' mais je l’ai déjà

expérimentée quelques fois. D’abord lors du semestre du logement, nous avions créés

différents niveaux pour les espace privés et les espace public afin d’éclairer les parkings, il

s’agit d’une transition physique, mais également sur le projet que nous travaillons

actuellement en cœur d’ilot parisien, où nous avons développé un système de cours

permettant des transitions par des gradations d’appropriation.

Je voudrais finalement citer Edgar Morin pour signifier une posture que j’adopte depuis

cette expérience du ‘’dénivelé’’ pour ma conception du projet: celle de la remise en cause de

ce qui parait évident, jusqu’à être persuadée moi-même qu’il s’agit du bon raisonnement :

’’ la seule connaissance qui vaille est celle qui se nourrit d’incertitude et que la seule pensée

qui vive et celle qui se maintient à la température de sa propre destruction. ‘‘ 2

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III- Entre scénographie et Architecture

‘’ La perversion de l’art aujourd’hui c’est que souvent l’émotion passe par la tête.

Elle devient moins immédiate. L’art c’est tout de même pouvoir faire partager une

émotion. L’architecture a le même but.’’ Jean Nouvel 3

Nous avons eu un semestre d’art plastique avec Hélène Marcoz, au bout duquel nous

devions à la fois avoir pris des photos et en prévoir leur affichage. Ce fut la première

approche de ce qui me semblait être la scénographie : trouver une façon de présenter

l’œuvre aux spectateurs, tout en s’adaptant au lieu.

Nous avions fait un travail à deux sur un parcours. Les photos étaient prises à distances

régulières et représentaient « l’avant et l’arrière ». Nous avions déjà l’intuition du format que

devraient prendre nos photos pour signifier notre processus: il s’agirait de petits formats

formant deux bandes l’une pour l‘avant l’autre pour l’arrière sans toutefois en être totalement

satisfaites, puisque nous nous interrogions sur la façon dont on regarderait nos photos. Puis

Hélène Marcoz nous a présenté la salle Mallet Stevens comme le lieu de l’affichage, alors

nous avons remarqué le poteau au milieu de la salle. Nous nous sommes alors rendues

compte qu’il serait intéressant d’enrouler ces longues bandes de parcours autour de ce

poteau afin de faire faire notre parcours au spectateur. Notre conception du projet de

photographie s’était donc fait en deux temps : l’idée du parcours et la question de sa

représentation, et du parcours du spectateur. Mais que se passe –t-il lorsqu’il faut présenter

le travail de quelqu’un d’autre ?

C’est dans le but d’approfondir mes découvertes scénographiques que j’ai cherché, à la

fin de ma licence 2, un stage dans une agence d’architecture et de scénographie: l’atelier

SMAGGHE. En arrivant à l’agence je me suis rendue compte que j’avais limité la

scénographie à l’idée de présentation/représentation d’une œuvre, à un espace clos et aussi

à une temporalité presque forcément éphémère. Bien qu’une partie du travail de l’agence

consistait à la mise en place d’exposition, je me suis rendue compte que son travail allait au-

delà, vers d’autres échelles et temporalités. Par exemple, j’ai travaillé sur la scénographie

d’une route qui mène au cimetière de Notre Dame de Lorette – le plus grand cimetière

militaire de France et aussi un haut lieu de commémoration de la première guerre mondiale.

Là il ne s’agit plus de représenter une œuvre dans un espace clos, mais de traduire une

progression vers ce lieu de mémoire le long d’une route tout en trouvant une installation

durable dans le temps, au moins jusqu'en novembre 2014.

Puis en faisant mon rapport de stage j’ai cherché à justifier ce choix d’agence de

scénographie, donc je me suis mise à faire des parallèles entre les deux disciplines :

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gestions des espaces, possibilité de construction, travail du cheminement/parcours, … le

but était de conclure sur le fait que la scénographie est une pratique architecturale comme

peuvent l’être l’urbanisme ou la décoration …Suite à cela, Mr Béal qui corrigeait mon rapport

de stage, l’a annoté ainsi : « il aurait été mieux de trouver, d’écrire les spécificités ». Afin

d’essayer de définir la scénographie j’ai donc lu un article4, et eu une discussion à ce propos

avec ma cousine qui est en master pro métiers et art de l’exposition. La définition que je

retiens est « le lien crée entre le spectateur et la scène ». Elle élargit le sens de la

scénographie par les sens de la scène, et la dissocie de la muséographie qui elle se

cantonne à l’exposition.

En effet, la scène ne peut être réduite à son terme théâtral puisqu’elle est aussi définie

comme ‘’ Lieu où s'exerce une activité humaine’’. Alors il peut s’agir d’un bâtiment, d’un

espace extérieur, jardin, parc, une route, la ville… sans aucune limitation. Il est également

question du lien. C’est là qu’a mon avis on peut comprendre que la scénographie est un outil

pour créer des espaces.

Créer l’espace de l’art, VARINI

avec la « Suite de triangles, Saint-

Nazaire 2007 ». Lorsque je suis

allée voir cette œuvre, j’ai d’abord

aperçu quelques traces rouge sur

certains toits, puis nous nous

sommes garés et il a fallu monter

deux escaliers pour arriver à une

terrasse panoramique. Là j’ai

commencé à voir ces formes

géométriques sur les toits des

entrepôts du port, jusqu’à l’arrivée

au point de vue unique pour comprendre l’œuvre plane. Le lien entre l’œuvre et le

spectateur, ici basé sur la tension et le suspens, est pour moi une manière d’utiliser la

scénographie.

Ou créer de l’architecture. Il s’agirait, alors, de créer des liens, donc, avec le

spectateur / usager du lieu. Des liens visuels : voir tout ? Ou découvrir petit à petit des

espaces qui se dégagent par surprise ? des liens physiques : toucher les murs, des

labyrinthes, des lignes droites … ? des liens émotionnels, passer de l’obscurité à la lumière

subitement,… tout cela pensé depuis le ressenti du spectateur pour l’architecture.

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Synthèse entre l'Homme et le site.

Des trois expériences que je viens de développer, se dégagent deux grandes

thématiques, celle de l’Homme et celle du lieu. A travers cette synthèse je vais essayer de

montrer comment mon regard a pu changer sur ces sujets au cours des trois années de

licences en architecture.

Je voulais rentrer en école d’architecture pour faire de l’humanitaire, pour aider

l’Homme. En revenant sur les expériences décrites précédemment, on aperçoit l’homme qui

existe en tant que culture sur laquelle l’architecte intervient, mais aussi en tant qu’être

individuel et spectateur.

J’ai également abordé différentes formes de l’homme à travers ce cursus. La

première que j’ai pu appréhender est celle du corps avec le cours de modèle vivant. Au

début, ce fut par la représentation du corps des modèles dans l’espace de ma feuille, puis

mon intérêt s’est aussi porté sur la façon qu’elles avaient d’occuper l’estrade selon les

exercices demandés. Poses longues (plus de 20 min), poses courtes (5 à 10 min),

enchainements rapides (quelques secondes), ou encore, lorsqu’elles se drapaient du tissus.

Ce qui me marqua également ce fut leur relation au spot de lumière afin que tous les

étudiants puissent avoir un travail intéressant à faire, elle créait ce lien entre la scène et les

spectateurs. Ensuite, ce fut au cours d’un autre projet d’arts plastiques, proposé par Fabrice

Poiteaux, que je m’aperçus d’une autre dimension, celle de la « trace », ou comment

évoquer l’homme sans le représenter. La trace est forcément induite par le programme et

l’architecture de l’espace, correspond à une sorte de chorégraphie – intitulé de l’exercice-

d’une ou plusieurs personnes dans cet espace. Il y eut aussi l’étude de l’Homme en tant que

population, avec le projet d’urbanisme. C'est-à-dire un ensemble de personne habitant le

même espace géographique, dans le cas de ce projet, le quartier des Provinces Françaises.

Ce fut l’approche qui me parut la plus complexe et dont j’estime ne pas avoir compris tous

les tenants et les aboutissants de ce fonctionnement, ainsi que de celui de l’urbanisme en

général.

Ce que je retiens de ces expériences c’est que l’Homme, en plus d’être la raison pour

laquelle nous travaillons, est à la fois un acteur et un spectateur de l’architecture. Il agit en

faisant vivre le bâtiment, l’espace, essentiellement par ses déplacements et son

comportement qui font évoluer le l’espace dans lequel ils sont. Il en est le spectateur car il la

pratique : regarde, ressent, et parfois la comprend. Je commence à comprendre que le rôle

de l’architecte est de gérer ces deux aspects, qui sont des questions de temporalités, l’une

courte qui est celui du regard, et de l’émotion et l’autre plus longue qui est celui de

l’appropriation.

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‘’L’expérience que l’on peut faire quelque part dépend toujours de son

environnement, de la suite d’événements qui y conduisent, du souvenir des expériences

passées. ‘’ Kevin Lynch 5

Dans les expériences que j’ai décrites, j’ai abordé le lieu comme élément préexistant

à un projet mais aussi comme conteneur d’une multitude de scène possibles. Je vais

maintenant retranscrire différentes expériences de lieux que j’ai pu avoir et montrer

l’évolution de mon regard.

Entre Décembre et Janvier 2008 j’ai passé un mois en Australie, à Perth, dans une

famille d’accueil, grâce à un échange qui était organisé entre les réunionnais et les

australiens par une association. Ce voyage m’a permis de me confronter à une autre culture.

Un souvenir marquant fut lors de notre premier contact, lorsque je me suis approchée pour

leur faire la bise, j’ai rapidement compris leur malaise. J’ai ensuite porté mon attention sur

leur maison, puis à leur mode de vie général, cuisine, relations familiales … mais j’étais

aussi préoccupée par l’importance de comprendre les discussions et de me faire

comprendre. Aussi les paysages, villes, et différents lieux qu’on me faisait visiter, passaient

au second plan de mon attention. A contrario, lorsque je suis allée passer un weekend à

Londres avec ma mère et ma sœur, nous avions envie de voir le plus de bâtiments possible,

de ressentir les ambiances de la ville londonienne plutôt que de rencontrer des gens ou

d’essayer de vivre le Londres du quotidien. Autre attitude que j’ai découverte en m’installant

seule à Lille, celle qu’on adopte lorsque l’on arrive dans un lieu dans lequel on va habiter.

J’ai d’abord repéré le trajet que j’allais faire le plus durant ces trois années, celui pour aller à

l’école. Ensuite j’ai été faire mes courses, à pied au marché, puis en bus dans une grande

surface. De fil en aiguille selon les besoins mais aussi selon les évènements, les soirées, les

spectacles, les visites avec l’école, …je découvre petit à petit Lille et ses alentours.

Ce qui différencie les trois attitudes que j’ai pu avoir est certainement le temps que j’ai

pu y passer. L’attention ne se porte pas sur les même choses ni de la même manière.

Lorsque je suis trois jours à Londres, j’ai besoins de repérer les éléments ‘’typiques ‘’ ou

connus pour avoir une idée globale de la ville, lorsque je suis allée en Australie pendant un

mois, les éléments que j’ai repéré se sont rapidement mis en place mais ils ont été plus

divers. Pour Lille je ne sais pas combien de temps je vais y rester, du coup je prends mes

marques de façon assez lente mais qui resteront ancrées plus longtemps que les autres. Ce

qui fera la différence entre un lieu où je suis ’’allée’’ et un lieu où j’ai ‘’vécu’’.

Kevin Lynch, dans ‘’l’image de la cité‘’, dit que l’urbaniste est responsable des

éléments que repèrent les gens, qu’ils soient des habitants, des touristes, ou des gens de

passage dans la ville. Je pense pour ma part que l’on peut faire une analogie avec le

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bâtiment. On peut aller dans un même bâtiment pour plusieurs raisons, y habiter, y travailler,

acheter, demander des renseignements, visiter. Ce sont des but qui sont aussi divers qui

nous donnes plusieurs perceptions différentes. Aussi il est important qu’en tant qu’architecte

je sois capable de créer un bâtiment pour les différents usages que l’on aura.

L’architecture dépend, pour moi, du lien que l’on veut

créer entre l’homme et les espaces travaillés. Ils sont pour moi

une multitude de scènes que chacun peut voir, interpréter,

pratiquer, ou passer à côté sans s’en apercevoir. Et la meilleure

façon de rechercher ce lien, me semble –t-il est le dessin. Je ne

savais pas dessiner en entrant à l’école, pourtant dès la

première semaine il a fallu faire des perspectives. Ce fut ma

première sensibilisation à l’ambiance et au corps dans l’espace,

par mon regard. Au début, complexée par mon coup de crayon,

je l’ai peu à peu libéré. Dans un premier temps de manière égoïste en me disant que je ne

dessinais que pour moi, puis contente de ce que donnaient mes croquis je fus ensuite

capable de montrer mes dessins. Bien que ceux-ci ne soient pas parfaits, je suis contente

une fois que je fais un croquis dans lequel j’ai fais des erreurs de pouvoir les comprendre et

éventuellement les reprendre après coup. Le dessin me sert, bien sûr à communiquer sur

des projets ou des intentions, mais également à comprendre les lieux que je visite. Je m’en

suis particulièrement aperçue à Venise en dessinant. Mon œil repère des bâtiments étudiés,

analyse les attitudes des gens dans les lieux public, et surtout ressent de mieux en mieux les

ambiances. Peut-être parce qu’en les saisissant dans un dessin -même raté, il reste

personnel et me permet de retranscrire ce que je vois, ressens, comprends de mon

environnement je suis obligé de les comprendre. Ce lien qui se créé entre moi et les

espaces, parce que je me pose pour les ressentir ou parce qu’il se révèle par les

connaissances acquises, il s’agit d’une certaine forme de scénographie.

Pour créer ces liens entre les différents usagers des espaces que je crée, je pense

qu’il faut que je comprenne comment ils s’opèrent. Et ceci est un apprentissage permanent,

qui vient s’enrichir d’une multitude d’éléments tels que le cinéma, le théâtre… que je

commence juste, et que j’espère ne jamais finir.

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Conclusion

Ce rapport me permet non seulement de faire un bilan de mon travail effectué, de voir

mes progressions ou mes changements d’attitudes, mais aussi de clarifier mes choix, mes

envies, et peut être ma future éthique d’architecte .Au cours de celui-ci je souhaite à la fois

rechercher les scénographies à mettre en place selon les échelles, et travailler de façon plus

approfondie sur les sites afin de mieux choisir mes actes selon leur impact.

Tout en poursuivant mes expériences personnelles de découvertes. Non seulement

par l’approfondissement de ma connaissance de Lille, par la visite de nouvelles villes ou de

nouveaux lieux – éventuel départ en Erasmus, ou voyages… Mais également par celles que

je peux faire de domaines proches de l’architecture, comme les domaines d’études où nous

avons la possibilité de travailler avec les étudiants en paysage.

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____________________________________1 Patrick BOUCHAIN, Construire Autrement, Acte Sud

2 Edgar MORIN, La méthode, Le Seuil

3 propos recueillis par ROBERT et LAVALOU dans AA n° 286 avril 1993

4 ‘’Le musée est – il vraiment un media ?’’, Jean DAVALLON , http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pumus_1164-5385_1992_num_2_1_10175

5 Kevin LYNCH, L’image de la cité, ed. Dunot

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