Rapport annuel Flora 2010

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Rapport annuel 2010 Le genre : la clé de la durabilité

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Rapport annuel 2010

Le genre : la clé de la durabilité

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Rapport annuel 2010 Sommaire

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S o m m a i r e

Flashback sur 2010 ..................................................................................................... 4

Récapitulatif : pourquoi Flora? .................................................................................. 6

1. Mission : à l'intersection de trois thématiques ................................................................ 6

2. Vision : un processus de co-construction .......................................................................... 7

3. Valeurs : pour quelles raisons menons-nous nos actions comme nous les menons ? ................................................................................................................................................... 9

Le positionnement de Flora sur le terrain .............................................................. 10

1. Une plus-value : la résilience ! ................................................................................................... 10

2. De la Blue Ocean Strategy au Web of (gender as) Transition ....................................... 11

3. Une approche holistique du travail et de la citoyenneté ................................................ 13

4. Égalitaire : le genre défini à la croisée des lignes de rupture sociale ....................... 14

5. Et donc... ............................................................................................................................................ 16

Les actions réalisées en 2010 ................................................................................... 19

1. OS 1 : Flora crée un forum pour des femmes peu scolarisées ....................................... 19

2. OS 2: Flora veille à la continuité dans le développement de l’expertise .................. 21

3. OS 3 : Flora construit un réseau dynamique comme pôle d’expertise ..................... 23

4. OS 4 : Flora au service des organisations sur le terrain .................................................... 26

5. OS 5 : Flora ancre la vision du genre au niveau national et international ................ 29

Flora comme organisation ....................................................................................... 34

1. L’équilibre social ............................................................................................................................. 34

2. Gestion qualité ................................................................................................................................. 36

4. Rapport financier ............................................................................................................................ 37

Perspectives ............................................................................................................. 40

Soutien ...................................................................................................................... 41

Colophon .................................................................................................................. 42

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Rapport annuel 2010 Flashback 2010

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F l a s h b a c k s u r 2 0 1 0

L'année 2010 a été proclamée Année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. D'innombrables organisations et projets ont bénéficié de moyens mettre la pauvreté sous les projecteurs et pour sortir les personnes défavorisées de l'ombre. Le thème de la pauvreté était également une priorité dans l'agenda de la Présidence belge de l'Union européenne. Données de recherche, analyses politiques et bonnes pratiques ont été échangées à l'occasion de di-verses conférences internationales.

En avril et en mai 2010, la Fondation Roi Baudouin a organisé une plate-forme de discussion internationale et une conférence sur la façon de trouver le bon équilibre entre la lutte contre les changements climatiques et la justice sociale. Il est évident qu'il n'existe aucune politique spéci-fique en la matière. Par exemple, des citoyens reçoivent une prime lorsqu'ils installent des pan-neaux solaires. Seules les personnes suffisamment aisées pour réaliser l'investissement obtiennent récupèrent une somme calculée monétairement dans leurs taxes. Il est simplement dommage que ces subsides contribuent à augmenter les prix de l'énergie. Ce qui touche parti-culièrement les personnes défavorisées. Et il est aussi regrettable que personne ne puisse con-trôler ce que le bénéficiaire entreprend avec les primes, puisque les fonds en banque sont individuels et qu'ils peuvent être utilisés tant pour la consommation durable que pour la consom-mation polluante ou non éthique. Ces subsides 'écologiques' sont peut-être utilisés pour payer un voyage en avion – auquel cas le résultat net de toute l'opération désavantage non seule-ment la justice sociale mais aussi l'environnement.

En 2010 également, la Fondation Roi Baudouin a organisé une conférence sur la pauvreté et le vieillissement. À cette occasion, le Bureau du plan a mis en évidence que, à la lumière du vieillis-sement de la population, les pensions ne suffiront pas pour protéger de grands groupes de seniors contre la pauvreté. Par ailleurs, une étude comparative internationale démontre qu'il n'existe aucun lien entre le niveau du produit intérieur brut ou le taux d'emploi et la précarité chez les seniors. L'orateur a ajouté qu'en raison de sa formation d'économiste, on lui a toujours laissé croire que l'emploi et la productivité étaient la clé pour lutter contre la pauvreté, alors qu'au-jourd'hui, il doit bien constater que ce 'mantra' de l'économie monétaire classique ne cadre pas du tout avec la réalité.

Dans le cadre de la Strategie 2020 l’Union européenne veut parvenir à une «croissance intelli-gente» en devenant plus performante dans le domaine de la société numérique, pour une exploitation optimale des technologies de l'information et de la communication. Evidemment, le risque d’exclure les groupes les plus vulnérables dans cette évolution est grand.

La pauvreté, l'environnement, la société numérique, le vieillissement de la population et la durabilité du système économique et monétaire représentent les grands défis auxquels les événements mentionnés ont tenté d’amener des réponses. Flora a participé activement à cha-cune de ces manifestations. Les crises d'aujourd'hui soulignent ce que Flora affirme depuis de nombreuses années : le travail rémunéré - entendez le travail valorisé par l'argent - est telle-ment dominant que les autres formes de travail dont la société a besoin pour fonctionner du-rablement, en souffrent. Cela semble un peu âpre, mais ces crises ont permis en 2010 de diffuser largement le discours de Flora. L'expertise développée au cours des dix dernières an-nées, a bénéficié d'une plate-forme plus large. En outre, l'année 2010 nous a montré très clai-rement que l'injustice sociale contre laquelle Flora et bien d'autres organisations luttent, repose

Au sein de la Commission européenne l’Institute for Prospective Technological Studies a organisé en 2010 des actions sur le thème « Inclusion et diversité culturelle », dans un but de recherche de stra-tégies d’inclusion de groupes à risque dans la société digitale.

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Rapport annuel 2010 Flashback 2010

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sur les mêmes mécanismes que les crises écologiques et économiques. Ces organisations et d’autres acteurs de l’action sociale reconnaissent de plus en plus la pertinence des cadres d'ana-lyse de Flora pour le thème de la 'durabilité' au sens large.

L'année dernière, Flora a été mise au défi de sortir du cadre sécurisant du réseau relativement limité de formation et de création d'emplois avec des femmes. Le moment est donc venu de rendre notre expertise plus largement accessible et d'ouvrir le réseau sans perdre de vue la mission et la vision de Flora. L'année 2010 était ponctuée d'encouragements nous permettant d'accroître la transparence de notre vision, notre mission et notre méthodologie et de les déve-lopper simultanément. En voici le récit dans ce rapport annuel :

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Rapport annuel 2010 Pourquoi Flora ?

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R é c a p i t u l a t i f : p o u r q u o i F l o r a ? En 1994, Flora a été créée sous la forme d'un petit réseau d'organisations qui développaient des initiatives de formation et de création d'emplois avec des femmes peu scolarisées. La mission de ces organisations ne consistait pas à réaliser des bénéfices avec une main-d'œuvre féminine (bon marché), mais plutôt à aider ces femmes - via le 'travail' - à trouver une place dans la socié-té, à développer leurs talents, à se construire une confiance en soi et une autonomie ainsi qu'un capital social, et ce dans le respect de l'attention accordée à leur famille. La solidarité et le res-pect de la personne dans son ensemble étaient donc toujours plus importants que la concur-rence. Toutefois, le contexte politique international (le Fonds social européen) et national (la politique d'activation) ne leur permettait pas de rester fidèles à cette mission sociale. La concur-rence et la productivité sont désormais placées sur un piédestal et présentées comme la solu-tion unique. Celui qui créé une solidarité avec des personnes moins productives en tant que plus-value sociale et qui reçoit des fonds publics à cet effet, est rapidement soupçonné de con-currence déloyale. Les règles en matière d'appels à projets obligent les organisations à orienter les demandeurs d'emploi vers le marché du travail le plus rapidement possible et au prix le plus bas possible. Par conséquent, celui qui veut travailler avec les personnes les plus fragilisées, risque de perdre le marché et est donc amené... à exclure les groupes fragilisés. La logique éco-nomique met les organisations ainsi que les travailleurs en concurrence réciproque, et toutes les statistiques indiquent que ce sont principalement les femmes peu scolarisées qui souffrent de cette bataille concurrentielle.

1. Mission : à l'intersection de trois thématiques

Le réseau Flora a été créé en vue de soutenir et de renforcer la mission sociale des organisa-tions. La mise en place d'un échange mutuel et la recherche-action devaient leur permettre de maintenir l'équilibre entre leur mission sociale (égalité des chances pour les femmes, lutte contre la pauvreté et l'exclusion) et la conformité aux lois économiques. Inversement, Flora les aide à trouver l'équilibre entre leur activité économique et les valeurs comme l'émancipation, la solidarité et la participation, et ce malgré la logique concurrentielle dans laquelle la politique les pousse. Dès le début, Flora était donc un réseau où la recherche-action avait pour but de trouver des pistes pour un modèle économique social et durable. Sur base des besoins, des expériences et des récits de vie des groupes les plus fragilisés, particulièrement des femmes qui luttent contre une accumulation de 'handicaps', qui outre leur statut de 'femme', sont égale-ment peu scolarisées, défavorisées, d'origine étrangère, mères célibataires ou victimes de vio-lences familiales, Flora a cherché à développer des pistes sur le genre, la pauvreté et l'économie, via une collaboration et un échange permanent avec les femmes et les organisa-tions. Le genre en tant que notion 'émancipatrice' a toujours été la clé qui permettait de dévoi-ler les mécanismes de pouvoir socio-économique qui conduisent à l'exclusion et à la précarité.

Figure 1 : Mission de Flora à l'intersection entre la durabilité, le genre et la lutte contre la pauvreté.

Genre

Pauvreté Economie

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Rapport annuel 2010 Pourquoi Flora ?

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2. Vision : un processus de co-construction

Nous pouvons également envisager ce bref contexte historique sous un autre angle. Les orga-nisations à l'origine de la création de Flora poursuivaient une mission incluant plusieurs aspects à la fois : non seulement l'égalité pour les femmes et les hommes, mais également la lutte contre la pauvreté et l'inégalité sociale, et ce en combinaison avec une activité économique durable. Cependant, la politique socio-économique et d'activation les a enfermées dans un carcan qui compliquait cette action 'transversale'. Puisque la logique de l'économie privée s'est imposée comme une logique de salut, les organisations ont été amenées à jouer avec les mêmes règles concurrentielles et donc également à chasser les 'moins productifs' de leurs ac-tions. Le travail avec des personnes défavorisées semblait difficile à concilier avec une vision économique ; la lutte contre la pauvreté relève – à l'instar de la politique d'égalité des chances – de la compétence d'un autre département. Les règles du jeu de la politique déterminent que les ministres sont uniquement compétents pour leur territoire et qu'ils ne doivent pas se mêler à d'autres domaines. Les organisations sont reconnues par les différents départements pour les actions qu'elles mènent dans leur domaine politique, mais elles ne peuvent certainement pas utiliser les subsides du ministre A pour entreprendre une action qui relève en même temps de la compétence du ministre B. Par conséquent, les différentes autorités utilisent les organisa-tions comme instruments afin de 'mettre en œuvre' leur vision politique auprès des chômeurs, des femmes ou des personnes défavorisées. La politique ne considère donc plus les citoyens comme des personnes 'dans leur globalité' avec des récits de vie complexes, mais seulement comme des 'objets' d'un domaine de politique partielle et unidimensionnelle. Par exemple, si une personne en parcours d'insertion entend dire qu'une formation informatique n'est pas rentable pour elle ou pour lui (en vue de l'accès au marché de l'emploi), nous ne devons pas attendre non plus de cette personne qu'elle suive une formation informatique après ses heures de travail - même si celle-ci est bon marché - parce qu'un autre ministre se préoccupe de la fracture numérique...

Figure 2 : Vision dominante des rapports entre la politique, les organisations et les citoyens.

Les effets paradoxaux d'une politique d'activation trop stricte sont immédiatement visibles. Tant la politique d'activation que la politique de lutte contre la pauvreté et la politique d'égalité des chances prétendent contribuer à une société plus inclusive, mais elles ne réalisent pas qu'en restant chacune dans leur propre logique linéaire et unidimensionnelle, elles se mettent des bâtons dans les roues. En outre, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi les accompagna-teurs des organisations désireuses de donner une place dans la vie socioéconomique à ces

Théorie économique & politique socioéconomique: "productivité et

concurrence !"

Activer la sociétécivile (économie

sociale) et les appels d'offres !

Chômeurs

Effets pervers

Pauvreté et politique d'égalité des chances : "inclusion et

intégration!"

Société civile (organisations) : dispenser une

formation !

Migrants, personnes en

pauvreté

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Rapport annuel 2010 Pourquoi Flora ?

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groupes fragilisés, pensent souvent qu'ils doivent s'efforcer de faire le bien pour tous. Ils navi-guent en permanence entre les exigences 'd'en haut' (les autorités, mais aussi la politique 'économique' de la propre organisation) et les besoins 'd'en bas' (l'appel du groupe cible et leurs propres besoins de solidarité et d'humanité).

Afin d'aider les organisations à développer un regard plus solidaire de l'économie 'à l'intersec-tion' du genre et de la pauvreté, Flora doit donc également les libérer de la 'position intermé-diaire' dans laquelle elles sont enfermées, et dans laquelle elles se sentent souvent instrumentalisées pour faire avaler aux femmes défavorisées une politique imposée d'en haut. La réponse de Flora consiste donc à redéfinir le rôle des organisations sur base de la rencontre avec les femmes (et les hommes) précarisées. Flora ne se positionne pas en tant qu' « expert » qui sait mieux que les femmes elles-mêmes ce qui est 'bon' pour elles ; cette attitude serait subtilement tout aussi condescendante et patriarcale que la politique dominante. Flora ne se limite pas non plus à encourager des processus 'ascendants' pour lesquels les organisations servent de boîtes aux lettres pour transmettre vers le niveau supérieur le message des per-sonnes défavorisées. Cela ne rompt pas en effet la logique linéaire et les effets pervers. En outre, cette attitude rejette fortement la responsabilité sur les personnes précarisées propre-ment dites. Si rien ne change malgré leur contribution, on peut avoir l'impression qu'elles ont donné les mauvais signaux ou que leur message n'a pas été transmis assez clairement.

Afin de réaliser sa mission avec cohé-rence, Flora travaille donc sur base d'une autre vision de la collaboration entre les citoyens (femmes et hommes défavorisés, le niveau micro), les orga-nisations (des collectivités qui sont suffisamment petites pour pouvoir rencontrer les personnes fragilisées dans leur globalité mais aussi suffi-samment grandes pour leur proposer un projet ou un parcours collectif, le niveau méso) et toutes sortes d'ac-teurs de la sphère politique, écono-mique et académique (niveau macro). Les paradoxes et les effets pervers d'une politique descendante pourront uniquement être évités en construi-sant ensemble une société et en se penchant avec chacun sur une société 'inclusive’.

La vision de la co-construction de Flora est une vision dans laquelle les organi-sations développent, avec les individus eux-mêmes, un parcours qui a également un impact sur (et est soutenu par) ce qui se passe au niveau macro. La co-production n'est pas le contrôle 'parfait' d'un niveau sur l'autre, mais il s'agit d'un processus ouvert qui laisse la place à la concertation, à l'adaptation et à l'innovation. La co-construction n'est donc pas un projet unique qui donne lieu à une action ou un objectif bien défini, mais il s'agit d'un processus démocratique et participatif permanent. Par la métho-dologie de la co-construction, Flora aide des organisations à élaborer une action participative avec leur groupe cible, et à développer, avec les groupes de femmes, des parcours dans les-quels elles peuvent donner une forme et un contenu à leur citoyenneté. En sa qualité de ré-

hommes et femmes, leur expérience et

interprétation de la réalité

organisations/ Flora

Figure 3 : Triade multi-niveaux de la co-construction (Source: Caren Levy

http://www.ucl.ac.uk/dpu/people/levy)

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Rapport annuel 2010 Pourquoi Flora ?

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seau, Flora offre également aux organisations une plate-forme commune destinée à dévelop-per leur vision d'une économie sociale durable et à la transposer au niveau macro. En raison de la logique contraignante dans laquelle les organisations sont enfermées, de la forte pression exercée sur elles pour répondre aux attentes contradictoires de la politique et du groupe cible, elles n'ont généralement pas l'énergie ou les moyens pour exercer une influence sur la poli-tique. La mise en réseau leur permet d'unir leurs forces et de rassembler leurs expériences et d'exercer ainsi un plus grand impact.

3. Valeurs : pour quelles raisons menons-nous nos actions comme nous les menons ?

La question du pourquoi de Flora repose sur un fondement encore plus profond. Si Flora déve-loppe cette mission et cette vision et continue à œuvrer pour une société plus durable et plus juste dans un contexte fédéral et budgétaire difficile, c'est surtout parce que chaque personne qui suit Flora estime que ça en vaut la peine. Traduire des valeurs en paroles est toujours ris-qué, car elles sont souvent comprises comme des 'vérités' avec lesquelles on veut démontrer sa supériorité morale et le fait que l'on a parfaitement raison. Nous préférons donc parler de l'atti-tude éthique de Flora.

Flora est convaincue de ne pas avoir le monopole de la vérité. Nous ne voulons pas aborder les femmes comme si nous savions ce qui est 'bon pour elles', mais nous considérons le respect et la capacité d'écoute comme la base de notre travail. Nous soutenons également les accompa-gnateurs des organisations afin qu'ils mettent en place un processus participatif et co-constructif avec leur groupe cible. À l'instar du philosophe français Emmanuel Levinas, nous sommes intimement convaincus que seul l'écoute des 'autres’ et donc des personnes les plus fragilisés peut nous apporter de précieuses connaissances et peut nous amener à la découverte de ce à quoi les cadres dominants sont aveugles...

Les organisations nous expliquent que la solidarité, à l'instar de la politique de lutte contre la pauvreté, conduit systématiquement et involontairement dans le système socio-économique axé sur l'argent, à une concurrence entre les pauvres ou entre les organisations qui travaillent avec les pauvres. La lutte contre la pauvreté est réalisée, dans une large mesure, via l'activation et celle-ci à son tour entraîne la concurrence pour les places de formation, les emplois, les ap-pels à projets et les subsides. Et c'est également pour cette raison que, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, les plus 'productifs' s'en sortent à nouveau mieux que les plus fragilisés. Voilà pourquoi Flora souhaite donner une nouvelle forme à la solidarité, pas POUR les per-sonnes concernées mais AVEC elles et AVEC les organisations qui, jour après jour, souvent sans grande reconnaissance ou considération pour la complexité de leur travail et de leur engage-ment, travaillent de façon solidaire avec ces personnes.

Flora s'efforce également de produire un travail de qualité. Ces efforts se traduisent de la ma-nière suivante : de petites et grandes décisions quotidiennes, un usage correct et raisonnable des fonds publics, se mettre à la disposition des organisations 'sur le terrain', être attentif aux besoins de sa propre équipe, veiller à l'impact de notre action sur l'environnement, surveiller la durabilité de notre propre action en trouvant le juste équilibre entre pragmatisme et efficacité d'une part et ténacité et idéalisme d'autre part.

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Rapport annuel 2010 Positionnement

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L e p o s i t i o n n e m e n t d e F l o r a s u r l e t e r r a i n

Comment positionner un réseau comme Flora dans le large champ des organisations ? A l’origine, le réseau était une initiative d'organismes d'insertion. Mais depuis l'objectif de Flora va bien au-delà de 'l'insertion socioprofessionnelle des femmes'. Bien que nous regroupions différentes organisations via la mise en réseau, nous ne sommes pas non plus une coupole ou un réseau au sens classique du terme. Flora n'est pas une structure qui défend les intérêts économiques et politiques d'une certaine forme de travail de l'économie sociale ; Flora n'est pas non plus membre de VOSEC (Vlaams Overleg Sociale EConomie). Nous ne faisons pas partie non plus de Tracé, FeBISP ou de l’Interfédé. Nos partenaires travaillent au sein de secteurs d’activité très divers et avec des méthodes de travail très différentes. Ils sont généralement affiliés à des coupoles ou réseaux qui dé-fendent leurs intérêts. Nous ne sommes pas non plus une organisation de femmes qui défend une participation accrue des femmes au système socio-économique existant.

Tous ces réseaux, coupoles et organisations défendent les intérêts d'un groupe (homo-gène) déterminé d'organisations et/ou un public cible au sein du système économique et monétaire existant. Flora se positionne comme un groupement le plus divers possible dont l'objectif est d’élaborer de façon solidaire un modèle alternatif de développement social. Nous ne sommes pas non plus des 'altermondialistes' qui croient que la société n'est vivable que si le système néolibéral et capitaliste est renversé. En effet, il importe pour les femmes (et les hommes) défavorisées de trouver une place dans ce système. Le problème dont nous avons pris conscience au fil des années grâce aux femmes peu scolarisées, est le fait que la logique néolibérale est devenue le modèle dominant - voire même le seul modèle – de répartition et de valorisation du travail (c'est-à-dire : des rôles attribués aux hommes et aux femmes), et que ce modèle dominant les ramène systéma-tiquement dans une position vulnérable qui anéantit tous leurs efforts. Flora veut donc également briser ce monopole, et développer, en complément des structures existantes, d'autres modèles pour définir, répartir et valoriser le travail.

1. Une plus-value : la résilience !

La théorie systémique nous enseigne que la durabilité des systèmes dépend d'un équi-libre entre efficacité et résilience. Les systèmes qui misent uniquement sur l'efficacité sont, à la longue, tellement bien huilés qu'ils ne sont plus capables de s'adapter en cas de choc. C'est ce qu'a péniblement révélé la crise financière de 2008. Pour pouvoir com-penser les crises, s'adapter à un environnement en évolution, la résilience est indispen-sable. La résilience dépend de la diversité - la capacité à développer un autre regard ou une autre approche – et de la solidarité. Ce n'est que lorsque les idées novatrices sont ancrées quelque part et qu'elles ne restent pas simplement des remarques sans rime ni raison qu'elles peuvent renforcer la résilience du système. Nous avons déjà dit que le système économique se satisfait dans la simplification et l’efficacité ; c'est précisément pour cette raison que Flora a vu le jour. La raison d'être de Flora est donc de renforcer la résilience des organisations et de la politique pour contribuer à une société plus durable.

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Rapport annuel 2010 Positionnement

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Figure 4: Courbe de la durabilité (Source: Ulanowicz, Goerner, Lietaer & Gomez. (2009) Quantifying sustainability: Resilience, efficiency and the return of informa-

tion theory. Ecological Complexity 6 nr. 1, 27-36).

Ce schéma montre que Flora ne mise pas sur l'attaque ou la critique du système domi-nant. En effet, tant l'efficacité que la résilience sont indispensables pour atteindre une durabilité optimale (ou 'vivable'). Convaincu qu'une société et une économie 'différentes' sont possibles, nous mettons tout en œuvre pour donner toutes les chances à ces différentes visions et approches. Le plus beau, c’est que Flora ne doit pas inventer cette diversité elle-même. Il lui suffit en effet d'écouter les femmes (et les hommes) défa-vorisés et les organisations qui travaillent avec eux pour apprendre à poser un autre regard sur la société et l'économie. En dévoilant ces expériences 'différentes' par la co-construction, ils se voient attribuer une visibilité et une reconnaissance. Ce n'est que de cette façon qu'ils peuvent avoir un impact dans l'espace 'public' politique et scientifique, qu'ils peuvent se faire entendre sur le forum public où les citoyens décident ensemble des affaires d'intérêt général.

Inversement, Flora soutient les organisations et initiatives existantes en renforçant leurs liens. Afin de réaliser, avec leur groupe cible, ce que les autorités leur imposent, elles vont bien au-delà de ce que présentent les tableaux de bord classiques. La créativité et l'engagement social des accompagnateurs se trouve dans ce 'vrai travail'. Afin de réagir 'contre le canevas imposé', elles ne peuvent pas s'appuyer sur d'autres 'canevas'. Par conséquent, elles donnent tout d'elles-mêmes et se sentent souvent seules, peu recon-nues et soutenues. En regroupant ces idées et en leur donnant une visibilité, Flora montre que les organisations ne sont pas seules dans leur vision 'différente'. En construi-sant avec elles des cadres et des méthodologies, Flora améliore leurs relations et leur résilience.

2. De la Blue Ocean Strategy au Web of (gender as) Transition

Dans la littérature entrepreneuriale, le concept de ‘Blue Ocean strategy’ fait référence à l'idée selon laquelle il est possible d'atteindre une croissance et des bénéfices accrus en

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Rapport annuel 2010 Positionnement

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créant une nouvelle demande sur un marché encore peu concurrentiel (un 'océan bleu') plutôt que de se battre avec d'autres fournisseurs de produits déjà connus dans un seg-ment de marché existant. Au contraire, Flora croit qu'elle peut précisément réaliser plus de 'bénéfices' en partageant son produit unique et novateur avec un maximum de per-sonnes. C'est déjà ce que nous réalisons dans le paysage des organisations qui travail-lent, avec des femmes défavorisées, au renforcement de leur position dans la société et l'économie. Bien entendu, les organisations actives sur des terrains 'contigus' et qui trouvent leur intérêt dans la méthodologie, les analyses ou l'expertise de Flora, sont les bienvenues. Plus nous travaillons ensemble à la résilience du système, plus notre société sera durable.

Dans d'autres domaines, les individus se sentent réduits au statut d' « objet » des struc-tures politiques ou du pouvoir, et les organisations tentent de formuler des alternatives plus holistiques et participatives. Bien que les projets de Flora se développent essentiel-lement à partir de collaboration avec des organisations désireuses d'offrir davantage d'opportunités sociales aux femmes peu scolarisées, ils contiennent de nombreux élé-ments qui peuvent être utile pour d'autres organisations.

Comment aider des individus, via la co-construction, à avoir prise sur leur propre situa-tion ? Comment les organisations peuvent-elles unir leurs forces pour ensemble donne forme à cette méthode de travail participative ? Comment trouver, dans le monde éco-nomique, politique et académique des acteurs disposés à faire place non seulement à l' « efficacité » et au contrôle, mais aussi à la résilience et à la (véritable) solidarité ? Ces questionnements ne se posent pas seulement dans le secteur d'activité principal de Flora, mais aussi dans d'autres domaines qui visent une société durable.

Plus il y aura d'organisations capables de 's'unir' dans des réseaux résilients, plus Flora se rapprochera de son objectif. La solidarité ne signifie évidemment pas que les cadres et concepts développés par Flora soient 'appliqués' (ou 'mis en œuvre') de façon normative par d'autres organisations. Les autres organisations doivent plutôt s'appro-prier ces cadres et ces concepts et les adapter de façon participative dans leur propre contexte. La co-construction en tant que processus participatif constant doit également intervenir entre les différents domaines ou terrains sociaux. Ce que Flora ne peut réaliser seule. Peut-être pouvons-nous utiliser l'image d'un pampre qui produit ses propres rai-sins et qui a des 'pousses' qui vont produire à leur tour leurs propres fruits. Les différents arbustes ainsi créés sont reliés entre eux tout en étant autonomes et suffisamment di-vers pour pouvoir s'adapter à des contextes changeants. En 2010, l'équipe s'est intensé-ment penchée sur la façon de développer et de renforcer un tel 'réseau' d'initiatives diverses et résilientes. Il s'agit certainement aussi d'un thème de travail pour les pro-

chaines années.

Figure 5 : Un réseau résilient de l'innovation sociale. Source: Ula-nowicz, Robert E. (2009). A third

window. Natural life beyond New-ton and Darwin. West Conshohoc-

ken PA: Templeton Foundation Press, p. 101.

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3. Une approche holistique du travail et de la citoyenneté

Dans les passages précédents, nous avons indiqué à plusieurs reprises que la grande 'recherche d'efficacité' dans notre société est liée à une vision étroite (unidimension-nelle) du travail. Dans le système socio-économique dominant, le travail est assimilé au travail rémunéré, et il domine toutes les autres formes de travail.

Figure 6: modèle socio-économique classique: concurrence (le gain individuel comme objectif) et ‘externalités’.

Il est évident que cette vision du travail se traduit le mieux dans le modèle du gagne-pain masculin – le travailleur le plus productif qui ne 'perd' pas de temps à exercer un travail de soin ou d'autres formes de travail. La vision linéaire et unidimensionnelle du travail rend invisible des dommages causés à d'autres domaines de la vie comme des 'externalités' et remet ainsi en question la durabilité de l'économie et de la société. Par conséquent, on peut supposer que c'est précisément à partir du genre que l'on peut formuler une vision 'différente' (c'est-à-dire : diverse, résiliente) du travail. Le genre tient compte de tous les rôles auxquels les hommes et les femmes ont accès (ou pas) et dont une société a besoin pour fonctionner correctement. En 2010, Flora a rassemblé, dans un cadre d'analyse synthétique, tout ce que les femmes peu scolarisées nous ont appris – depuis les premiers projets de recherche-action jusqu'à aujourd'hui – sur ce que le tra-vail représente pour elles. Pour les femmes, quatre formes de travail sont tout aussi importantes.

travail productif : la couverture des besoins matériels (qui aujourd'hui dé-pend essentiellement de/ou coïncide avec le fait de disposer de moyens financiers)

travail social : avoir le sentiment de faire partie d'un plus grand ensemble et de pouvoir y apporter sa contribution, disposer d'un capital social et pou-voir s'appuyer sur une collectivité

travail de soin : répondre aux besoins et aux intérêts des générations pas-sées et futures, pour les seniors, les enfants, les proches, pour tous ceux qui ont besoin de soins.

travail pour soi : dans notre société, les personnes défavorisées se sentent exclues. Grâce à l'individualisation (avec le 'travail sur mesure' comme idéal de service), les individus portent tout le poids de leur insertion sur leurs épaules, mais c'est précisément pour cette raison qu'ils ont une image néga-

Théories et politiques économiques basées sur des paramètres linéaires et monétaires

$ Travail rémunéré, gains personnels, compéti-tivité & concurrence, (sur)production en incita-tion à la consommation

Travail de soin : soin aux personnes âgées et souci pour les générations futures..

Travail social : participa-tion, solidarité, gestion des biens collectifs…

Travail pour soi, bien-être personnel, santé et confiance en soi, déployer ses talents…

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Rapport annuel 2010 Positionnement

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tive d’eux-mêmes. Le travail pour soi est donc essentiel pour développer un sentiment de dignité et d'assurance, pour investir dans son propre bien-être et pour développer ses propres talents, pour se 'réinventer'/se récréer.

Si les besoins des générations futures sont négligés en faveur de la productivité (et de la recherche de bénéfices), si la pression exercée par le besoin de productivité conduit les hommes à la dépression et au suicide et à de grandes disparités sociales, la société perd alors sa résilience. Dans de nombreuses recherches-actions, Flora est arrivée à la consta-tation que la vision dominante du travail – où l'argent est le seul critère de valeur – com-promet les autres fonctions sociales. C'est pourquoi la gestion de l’équilibre, c'est-à-dire le développement de modèles politiques et de connaissance qui gardent à l'esprit l'indi-vidu 'dans son ensemble' et la société 'dans son ensemble' (aujourd'hui et demain), a été ajouté comme cinquième forme de travail au cadre d'analyse. Flora s'efforce de présen-ter ce modèle holistique du travail comme cadre d'analyse pour la résilience.

Figure 7: Cadre pour l'analyse de genre du travail : le ‘Five Types of Work Integrating Network’ (ou 5-TWIN).

4. Égalitaire : le genre défini à la croisée des lignes de rupture sociale

Bien que le genre soit central dans son cadre d’analyse et dans son fonctionnement, Flora ne se considère pas comme un 'mouvement de femmes'. En voici une brève expli-cation. La notion de 'genre' est utilisée par les féministes pour indiquer la distinction entre les particularités biologiques des individus (par exemple le sexe) et certaines iné-galités sociales. Ce n'est pas parce que les femmes peuvent enfanter qu'elles sont pré-destinées à assumer essentiellement un travail de soin ; c'est la société qui le définit de la sorte. Ce n'est pas parce que les hommes ne peuvent pas allaiter qu'ils ne peuvent pas se soucier des générations futures, mais ce sont des mécanismes socio-économiques qui les en empêchent souvent. Si les individus occupent des positions sociales inégales, ce

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n'est pas uniquement lié à leurs caractéristiques individuelles (niveau micro), mais aussi à des mécanismes de pouvoir (niveau macro).

En guise de moyen mnémotechnique, nous utilisons la formule suivante : G = s. p, où G représente le genre, s le sexe et p la position (sociale) ou ‘power’ (empowerment). La formule (qui n'est évidemment pas destinée à faire des calculs mathématiques) montre que le sexe, une caractéristique individuelle (niveau micro) est lié à une position sociale (niveau macro) qui va de pair avec le pouvoir ou l'absence de pouvoir. Le genre ne con-cerne pas uniquement les caractéristiques individuelles des individus (s), mais concerne aussi les 'rôles' auxquels ils ont accès (ou pas) et qui sont socialement valorisés (ou pas) par l'attribution d'un pouvoir économique, politique ou culturel (p). Par conséquent, le genre est dès le départ une notion à 'multi-niveaux', qui permet d'analyser un problème à différents niveaux à la fois et qui identifie les mécanismes à tous les niveaux.

Le genre en tant que concept multi-niveaux possède un fort potentiel émancipateur et innovant : en examinant à la fois les mécanismes au niveau psychologique (micro), orga-nisationnel (méso) et politico-économique (macro), il est possible d'une part de renfor-cer le pouvoir des femmes (et des hommes) pour participer au modèle de développement socio-économique, mais d'autre part, on garde également à l'esprit la transition vers un modèle plus égalitaire. Toutefois, puisque nous ne sommes pas habi-tués à penser à plusieurs niveaux, le concept est souvent ramené à un seul niveau. Soit, on le situe uniquement au niveau micro et on l'utilise simplement comme synonyme de 'sexe'. Dans ce cas, le problème semble être uniquement lié au fait que les femmes n'opèrent pas les mêmes choix que les hommes (niveau micro) et éventuellement que les mésostructures (dans l'enseignement, le domaine socioculturel, les médias,...) les formatent de 'façon inexacte'. Le modèle (macro) socio-économique n'est pas remis en question, même pas aujourd'hui alors qu'il apparaît de plus en plus qu'il n'est pas du-rable. Les mécanismes d'exclusion au niveau macro restent hors d'atteinte, et ne peu-vent donc pas être combattus. D'autres critiquent le concept de genre car il pose les femmes en victime. En attirant l'attention sur le pouvoir et sur les choix propres des femmes, et en plaçant les femmes et les hommes sur un même pied d'égalité, ils accen-tuent l'équivalence des sexes. Chaque raison de remettre en question l'inégalité des chances pour les femmes dans le système dominant est dès lors supprimée. En outre, les femmes qui rivalisent avec les hommes pour le pouvoir économique ou politique, sem-blent, à cet égard, ne pas être de 'véritables' femmes, ou du moins mépriser implicite-ment les 'valeurs féminines'. Une fois que le concept de genre est débarrassé de son caractère multi-niveaux, il perd de sa force émancipatrice et devient un concept faible. Inutile de démontrer que cet aspect a donné lieu à de nombreuses discussions dans le cadre du mouvement féministe.

Il était assez intéressant de voir que ce sont des femmes défavorisées qui ont à nouveau mis en avant le caractère multi-niveaux du concept de genre. Elles ont attiré l’attention des premières féministes américaines sur le fait que si ces dames avaient dorénavant l’opportunité de faire une carrière, ceci n’était possible que parce qu’elles gardaient d’autres femmes dans la position de laquelle elles s’étaient libérées elles-mêmes. L’acquisition de cette nouvelle position de pouvoir se fait au détriment d’autres groupes de femmes, souvent peu qualifiées et d’origine immigrée. Les mécanismes de pouvoir qui se jouaient entre les hommes et les femmes n’ont donc pas disparu parce des femmes ont pu prendre des positions de pouvoir. Ces mécanismes ont seulement été déplacés pour créer un déséquilibre de pouvoir entre les femmes. Le concept de genre ne peut être libérateur pour toutes les femmes que si on l’appréhende sur les trois ni-veaux : micro (individus), meso (organisations), macro (société). Le fait que la société et

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l’économie voient la concurrence comme la valeur la plus importante, et instaurent l’argent comme unique moyen d’échange, voilà l’origine de bien des injustices sociales dans notre société. Et ce n’est pas en soumettant des femmes aux mêmes règles de jeu qu’on évince ces injustices. Ces femmes se détacheront donc d’un travail (de soin) qui sera toujours répercuté sur d’autres. Ce sera toujours les 'autres groupes' d'hommes et de femmes, par exemple au Sud ou les générations futures, qui en feront les frais.

La formule pour le genre doit donc être affinée afin de présenter les différents méca-nismes de pouvoir. Une formule plus exacte pour le genre pourrait être la suivante : G = S. p². La majuscule S représente plusieurs lignes de rupture sociales (en premier lieu le sexe, mais toujours à l'intersection avec d'autres caractéristiques comme la classe so-ciale, le degré de formation, l'origine ethnique, la situation familiale, l'âge, etc.). Celui qui cumule plusieurs facteurs à risque voit également son pouvoir diminuer de manière exponentielle, d'où le p². Être une femme, qui en plus est peu scolarisée, d'origine immi-grée et mère célibataire n'offre presque aucune chance d'une vie décente. La notion de genre ne peut donc conserver son potentiel émancipateur que si elle ne concerne pas uniquement le renforcement des femmes, mais également l'émancipation de la société dans son ensemble, la transition vers un modèle socio-économique plus durable. Ce qui a commencé comme 'lutte féministe' peut donc également devenir un formidable trem-plin pour le développement d'un modèle social plus égalitaire, du moins si le genre est utilisé comme concept intersectionnel et multi-niveaux.

5. Et donc...

Il est évident que pour contribuer à une société durable, Flora mise sur la définition 'forte' du genre. Celle-ci permet d'œuvrer, avec les hommes et les femmes, à une vision plus durable, holistique et égalitaire du travail, de l'économie et de la société. À la lu-mière de ce qui précède, nous pouvons résumer le positionnement de Flora dans les points suivants.

5.1. Carrefour de la pensée : le sexe n'est jamais la seule source d'exclusion !

Puisque l'équipe met à contribution des femmes peu scolarisées en tant que co-expertes privilégiées de la recherche-action, il convient de toujours définir l'exclusion 'à la croisée' de plusieurs variables. En Belgique, Flora est la seule organisation qui définit systémati-quement le genre à ces intersections et qui peut tenir compte en 'même temps' de dif-férents mécanismes de pouvoir. Il ne suffit pas que des femmes conquièrent le pouvoir économique, politique et académique, pour réaliser durablement l'égalité des chances, il convient de redéfinir la 'participation au pouvoir', la participation et la citoyenneté. En termes de genre : tous les groupes de femmes et d'hommes doivent avoir accès aux rôles (ou aux formes de travail) dans lesquels ils peuvent participer à la co-construction d'une société plus juste. Ça signifie également que les institutions où le pouvoir est pré-paré, exercé, mis en œuvre et régulé, doivent être organisées différemment. Pour la conception de ce 'réseau de transition', Flora s'inspire du travail de Caren Levy. Ce posi-tionnement a permis à Flora en 2010 d'évaluer ses relations avec les mouvements fémi-nistes et de se positionner plus clairement comme étant complémentaire à ce dernier.

5.2. Redéfinir le travail dans le respect des expériences des femmes et des hommes

En redéfinissant la notion de genre sur base des enseignements tirés des projets avec des femmes, Flora apporte un contrepoids à la dominance unilatérale du travail rémuné-

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ré (qui privilégie essentiellement le modèle du gagne-pain masculin) et y oppose le modèle 5-TWIN comme complément holistique et égalitaire. Ce modèle est une possibi-lité pour formuler, vis-à-vis du modèle dominant, hyper efficace du travail (travail rému-néré), une vision du travail susceptible d'apporter aux individus et aux organisations une nouvelle résilience. Puisqu'il est développé – en co-construction – avec des femmes défavorisées, il offre également la possibilité de faire participer ces femmes et d'autres groupes aujourd'hui en 'marge' de la société, à la co-construction d'un modèle social plus juste. Flora ne se positionne pas en tant que centre d'expertise spécialisé qui pêche dans son propre "océan bleu", mais elle veut offrir à un maximum d'acteurs l'opportunité de s'approprier la méthode de travail, la méthodologie et les cadres d'analyse afin que ceux-ci puissent être appliqués à d'autres contextes et à d'autres problèmes et qu'ils puissent également être ancrés dans d'autres groupes fragilisés. De cette façon, il est possible de développer un 'tissu' ou 'réseau' de transition et de co-construction.

5.3. Genre : l'ouverture nécessaire et éthique aux autres/à l'autre

Le genre est un concept clé sur base duquel Flora œuvre à une société durable. Le genre ne devient pas une notion 'superflue' une fois qu'un certain nombre de femmes partici-pent au pouvoir ; les hommes et les femmes seront toujours 'différents' et par consé-quent, le concept de genre force à toujours tenir compte de 'l'autre'. Ça nous rappelle que nous ne pouvons pas espérer formuler 'une bonne fois pour toutes' une norme unique à laquelle tous les individus doivent satisfaire, car cela conduirait une fois de plus à une rationalisation et à une hiérarchisation des individus qui cadrent 'plus ou moins' avec le modèle. La rencontre avec 'l'autre' nous oblige également à remettre systémati-quement notre modèle en question. Tandis que d'autres différences sociales sont gra-duelles au niveau micro et peuvent varier dans le temps (la définition d'immigrés est variable, les personnes peu scolarisées peuvent se recycler, etc.), le sexe reste quant à lui une différence indélébile entre les individus. À cet égard, nous ne pouvons pas non plus 'subordonner' la recherche de l'égalité des chances entre hommes et femmes à la 'diversité' (comme si le fait 'd'être une femme' était un handicap graduel à côté des autres), mais le genre – toujours défini à l'intersection entre le sexe et d'autres lignes de rupture sociales et à plusieurs niveaux d'analyse – doit être utilisé comme concept es-sentiel (ou comme instrument intellectuel) pour une société meilleure.

5.4. Redéfinition du rôle des organisations : de la mise en œuvre à la co-construction

En travaillant dans la triade de la co-construction, nous pouvons établir plus clairement la distinction entre la 'mise en œuvre' d'une politique imposée d'en haut et l'autonomi-sation des femmes peu scolarisées via leur participation à des collectivités. En permet-tant leur 'participation' via des processus ou des parcours collectifs (co-construction entre niveau micro et méso), leur contribution peut également exercer un impact plus fort sur la politique (co-construction entre méso et macro). Ainsi, à l'issue d'un projet, la connaissance que nous avons acquise avec les femmes peu scolarisées n'est pas classée de façon verticale mais nous la développons systématiquement. Ceci signifie également que Flora tente de reformuler le rôle des organisations et – outre la mise en œuvre d'un cadre ou d'une politique formulé d'en haut – de faire place à la co-construction de la politique et de la connaissance qui n'est possible que si l'on rassemble des personnes défavorisées et que si on collectivise leurs besoins et talents (cf. le travail social dans la figure 5-TWIN).

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5.5. Le système économique et monétaire comme source d'inégalité entre hommes et femmes et incompatible avec le développement durable

Les analyses des problèmes sociaux que réalise Flora dévoilent systématiquement l'im-pact négatif de la dominance du travail rémunéré. Cette dominance n'est bien visible que lorsqu'on réalise que, dans notre société, le travail est défini très tendancieusement comme travail sur le marché de l'emploi ‘régulier’, c'est-à-dire un travail qui donne lieu à un bénéfice monétaire pour les actionnaires privés. Du point de vue du genre, il est donc également indispensable d'inclure dans l'analyse, le rôle et les mécanismes de l'économie monétaire. À cet égard, en 2010, Flora a également exploré une série de pistes et d'accords de coopération. En 2010, la crise financière a augmenté la prise de conscience, parmi la population, que l'argent conduit exclusivement à la concurrence et à la recherche de bénéfices à court terme. Il s'agit d'un système monétaire qui 'valorise' inégalement différentes formes de travail. Par conséquent, les hommes et les femmes sont également mis en concurrence entre eux ; les femmes qui font des choix qui ne sont pas valorisés par le système monétaire (et qui ne se constituent donc pas de droits puisque ceux-ci reposent exclusivement sur le travail rémunéré) semblent s'attirer des ennuis. Naturellement, il est beaucoup plus juste d'affirmer que ce système, où l'intérêt des riches est obtenu chez les individus endettés, mettra toujours quelqu'un dans l'em-barras. Ce que la politique d'activation fait également croire aux chômeurs c’est que dans le système actuel, nous ne pouvons pas tous être riches, car l'intérêt ne pousse pas sur les arbres. Sur base de l'analyse de genre, nous entrevoyons également la nécessité et la possibilité de définir et de valoriser le travail autrement que par la seule clé de ré-partition inégale de l'argent. Flora assume le rôle de réseau d'expertise susceptible d'identifier des pistes pour d'autres formes de valorisation du travail – naturellement via la co-construction.

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L e s a c t i o n s r é a l i s é e s e n 2 0 1 0

Dans ce qui suit, nous faisons un zoom sur les actions et réalisations de 2010. Nous les avons structurées selon les cinq objectifs stratégiques formulés en 2010. Il est bien sûr difficile d’identifier clairement chaque action selon un objectif. Cette linéarité ne s’applique pas à une approche globale et multiniveaux. Les projets articulés ci-dessous selon les objectifs stratégiques sont d’abord considérés comme des exemples d’actions concrètes et comme base pour un dialogue en co-construction, sur la manière dont Flora peut et doit jouer son rôle. Pour plus d’informations sur le contenu concret et sur l’impact de ces actions, consultez le site www.florainfo.be et la newsletter E-Coulisses.

Remarques : pour un aperçu complet des subsides, nous vous renvoyons à la page 38.

1. OS 1 : Flora crée un forum pour des femmes peu scolarisées

Dans la Rome antique, le forum représentait l’espace public. Les citoyens s’y rencontraient pour discuter des affaires de la société. Inutile de dire que dans une société patriarcale comme celle-là, comme aussi dans la Grèce antique, seuls les hommes étaient reconnus comme citoyen. Les femmes n’avaient pas accès au forum. Bien que tout le monde soit désormais « égal » aux yeux de la loi, la vision des femmes de la société et leur contribution à celle-ci sont encore fort peu visibles. Donner un forum aux femmes peu scolarisées est donc un objectif central pour Flora, et tant directement et qu’indirectement.

Directement, Flora crée avec ces femmes un espace de rencontre où leurs besoins sont visibles. On retrouve ces espaces au sein même de leurs organisations mais aussi, dans un quartier, une ville ou dans des communautés plus larges.

Indirectement, Flora porte le point de vue et l’expérience de ces femmes dans l’espace public.

En 2010, les actions suivantes ont contribué à cet objectif :

1.1. L’Agora des femmes expérimente la participation

Dans le cadre de l’Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale 2010, Flora a été promoteur d’un projet nommé l’Agora des femmes. Ce projet a été conçu de façon participative autour du thème « être bien en commun ». Durant environ 6 mois, 400 femmes précarisées issues des 3 régions du pays ont été portées à contribu-tion dans une réflexion sur les biens communs partant de leur propre vécu. Les résultats de ces réflexions préalables ont alors été présentés et échangés lors de l’Agora des femmes le 8 octobre 2010 au Musée de l’Afrique à Tervuren. Les associations, leur public mais aussi les acteurs d’autres secteurs et la presse ont pu entendre et participer à ce message. Une brochure de l’Agora a été réalisée. Elle explique les thèmes et la méthodo-logie utilisée. À voir sur : http://www.florainfo.be/IMG/pdf/Brochure_Agora_nl.pdf.

1.2. Depuis 2008 Flora se lance dans un projet qui vise à renforcer la participation citoyenne de femmes précarisées en développant avec elles un parcours “Du Je au Nous”. Ce projet met en évidence l’importance du collectif et d’une relation d’égale à égale, pour que les femmes précarisées et/ou d’origine immigrée soient encouragées à s’exprimer, à unir

Du Je au Nous | Van Ik naar Wij : un parcours plein de sens

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leurs forces pour se mettre en mouvement et prendre part à un « Nous » élargi. Dix asso-ciations et donc dix groupes de femmes et leurs formatrices, ont participé activement au projet par la mise en place de projets créatifs et citoyens. Une phase pilote a été menée en 2009 ; les résultats de ce premier travail avec les associations ont été concrétisés dans une méthodologie participative. En 2010 la phase d’expérimentation a abouti à la réali-sation d’un outil flexible, support pour que les publics-cibles des associations d’insertion (au sens large) s’impliquent de manière participative dans un projet collectif et ouvert sur le monde.

1.3. E-participation: pourquoi pas un forum en ligne pour les publics cibles ?

Dans le cadre du projet FSE ‘Forum Insertion et Genre’, Flora a initié une réflexion sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) et sur l’accès et l’usage pour les publics précarisés. Approcher la question du fossé numérique à la lu-mière de l’analyse genrée du travail développée par Flora avec les associations permet de mettre à nu le risque, pour l’insertion socioprofessionnelle, d’installer (implicitement) les femmes dans une marginalisation numérique si l’accent n’est mis que sur la mission d’insertion professionnelle et sur le travail productif, dans un souci de « rentabilité » à court terme. A partir des pratiques au sein des associations partenaires de la réflexion, le groupe de travail s’est penché sur plusieurs questions axées sur un objectif transversal de durabilité, tant pour les public-cibles que pour les associations et pour la société dans son ensemble : quelle est la place du numérique au sein des associations ? Quelles sont les réponses au fossé numérique et par qui doivent-elles être apportées? Comment renforcer l’accessibilité aux TIC et répondre aux besoins d’une insertion sociale sans développer de nouvelles pressions, tant sur les publics-cibles que sur les formateurs-trices et les associations ? Comment assurer une durabilité dans le travail réalisé par les associations, souvent confrontées à une politique de subsides à court terme qui favorise davantage la concurrence que le travail en réseau et les partenariats ?

Ces questionnements ont été soulevés par les associations et Flora au sein du groupe de réflexion « Genre et TIC », qui s’est réuni à raison d’une réunion par mois entre septem-bre et décembre 2010. Ils ont pu être présentés lors d’un workshop européen organisé en décembre 2010 par l’Institute for Prospective and Technological Studies (IPTS) sur la thématique de « ICT and Youth at Risk » et qui visait à donner des recommandations pour une valorisation du travail d’insertion numérique autrement que par des critères d’employabilité à court terme. Flora a également participé en septembre et en novem-bre 2010 à des rencontres européennes liées à l’insertion numérique des publics fragili-sés et/ou d’origine étrangère. Cette thématique sera approfondie en 2011.

1.4. Marche Mondiale des Femmes

Flora a participé de manière intensive aux coordinations bruxelloise et nationale de la Marche Mondiale des Femmes; il s’agissait pour Flora d’amener au sein de ces groupes de travail son expertise pour préparer et mettre en place la participation des femmes précarisées, notamment lors de la Marche nationale du 6 mars, qui a également donné lieu à une exposition chez Amazone des revendications des femmes précarisées. Par ailleurs, les actions et la réflexion mises en place par l’Agora des femmes du 8 octobre ont pu être visibles à notre stand lors de l’événement de clôture de la Marche Mondiale des Femmes en Belgique le 10 octobre et qui avait lieu au même endroit (Tervuren). Le stand de l’Agora des Femmes présenté à la MMF a suscité beaucoup d’intérêt et a été l’occasion pour l’équipe d’informer le public sur les actions de Flora et de donner une place dans l’espace public aux messages des femmes précarisées.

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1.5. Visibilité des réalisations expressives des femmes

Le Koninklijke Vlaamse Schouwburg à Bruxelles a exposé dans le cadre du festival Arm-woede/Pauvérité/ Powerty les travaux réalisés par les femmes précarisées lors de l’Agora des femmes (14/12/10 – 16/01/11). Les grandes peintures ont été joliment mises en valeur dans le grand hall du théâtre. Au dernier trimestre 2010, à l’initiative de la Croix Rouge, les organisations et les personnes actives dans la lutte contre la pauvreté ont été invitées à réaliser des créations artistiques qui ont inspiré Philippe Geluck (auteur du « Chat ») pour la création d’une fresque. Flora a livré quelques créations réalisées le 8 octobre lors de l’Agora. La fresque a été exposée aux Plaisirs d’Hiver à Bruxelles, au siège de la Croix Rouge ainsi que lors de la conférence de clôture de l’Année européenne de lutte contre la pauvreté au Parlement européen.

2. OS 2: Flora veille à la continuité dans le développement de l’expertise

2.1. Une vision à long terme de la recherche-action avec les femmes précarisées

Donner un forum aux femmes peu scolarisées signifie que nous veillons à ce que leurs exprériences et les connaissances qu’elles nous aident à développer ne disparaissent pas dans un placard à la fin du projet, les femmes retournant à leur vie de tous les jours et l’équipe se penchant sur d’autres projets.

Assurer la continuité de l’expertise fait partie de nos objectifs, nous voulons que la voix des femmes continue de résonner après chaque projet. C’est de cette manière que leur contributions auront un impact à plus long terme. La continuité dans l’expertise n’est pas un objectif en option mais est une condition de base pour développer, à partir d’un processus de co-construction aux niveaux micro et méso, une expertise et un cadre d’analyse, rendant possible le changement au niveau macro. Inutile de dire que cela ne va pas se faire sur base d’une seule recherche-action; le paradigme dominant a bien pris plusieurs siècles pour construire sa position de pouvoir.

La continuité de l’expertise est par conséquent une condition préalable pour convaincre les femmes peu scolarisées de participer à la recherche-action. Beaucoup d'entre elles sont souvent le sujet d'études scientifiques et sont questionnées sur leurs expériences, mais rarement elles

En publiant les connaissances obtenues et en les développant de manière continue, Flora travaille dans une perspective à long terme, où chaque recherche-action signifie un pas en avant. Malgré la fragmentation des projets liée à leurs subventions, Flora vise à ce que l’expertise développée dans les projets précédents soit approfondie dans les suivants. Pour des raisons d’efficacité, Flora a synthétisé et visualisé de manière systéma-tique ses idées.

ont l’impression que cela change quelque chose pour elles à long terme ou ont un « retour » en échange du temps et de l’énergie investis, souvent gratui-tement.

(voir figure 1 - 7

2.2. Analyse de genre du travail : un outil fort!

).

Expliquer le lien entre le genre et la durabilité n’est pas chose facile. C’est pourquoi Flora a développé un film d’animation qui met en image la durabilité sociale. Primée en 2007 pour son film ‘Blauwblauw’ qui dépeint, de manière très poétique et touchante, la

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problématique de la violence domestique contre les femmes (voir http://www.itlookssodandy.be/blauw.html), Sandy Claes, media designer, a réussi à mettre en images les concepts de la mission de Flora. Raconter en moins de 10 minutes la stratégie de Flora a été un véritable défi. Mais le résultat est là. Le film est disponible en néerlandais, français et anglais sur youtube, sur les réseaux sociaux. A partager donc.

Anglais : http://www.youtube.com/watch?v=b4qgaWMRMoU Français : http://www.youtube.com/watch?v=jtO8JMbNOqc Néerlandais : http://www.youtube.com/watch?v=511iAvyslp0

2.3. Valorisation de la recherche et de l’échange d’expertise interne

Vu que Flora est financé principalement par des subsides liés à des projets (voir plus loin), le risque de roulement du personnel est relativement élevé. Lors des réunions d'équipe mensuelles, nous analysons et développons davantage un objectif stratégique. L’équipe utilise la méthodologie ‘Appreciative Inquiry’ qui part d’une expérience valori-sante pour identifier les éléments forts et explorer comment les renforcer davantage. Cette méthode est surtout connue en Flandre via le Réseau d'apprentissage “Ontwikkelen vanuit Talent en Bezieling”, une initiative que Stebo, membre du réseau Flora, a développé en 2010 et pour laquelle il a été élu ambassadeur ESF. Cette méthode assure la continuité de l'

2.4. Rendre visible comme co-experts les associations et leur public-cible

expertise vu qu’elle part des éléments forts pour planifier et définir les actions futures. La méthode de co-construction et le cadre d’analyse de genre que nous développons avec les femmes peu scolarisées sont deux éléments forts de Flora. Nous continuons à les développer de manière systématique.

Avec un regard attentif sur la co-construction, l'expertise de l'équipe n'est pas la seule dont la continuité doit être assurée. Les associations qui, jour après jour, travaillent avec un public précarisé ont accumulé des connaissances et la sagesse essentielles à Flora. Une grande partie du potentiel humain de Flora se situe chez les associations et leur public cible. Pour la société, il est donc de la plus haute importance que ce capital d'ex-pertise soit visible, valorisé et développé. Flora essaie d’y contribuer de différentes fa-çons.

Les résultats des projets sont publiés sur notre site soit sous la forme d'articles dans E-coulisses soit dans des documents PDF. Si les subsides le permettent, nous essayons d’imprimer les publications dans l’optique de les diffuser auprès d’un public le plus large possible.

Nous essayons également via l’édito de la newsletter E-coulisses, ou en réagis-sant à des articles de presse, de montrer que l’analyse de genre de Flora déve-loppée avec les femmes peu scolarisées mène souvent à une analyse plus pertinente des problèmes de société.

Lors des Journées Flora nous rendons compte de nos projets, mais nous laissons aussi place à l’échange avec les participants afin qu’ils puissent s'approprier le cadre conceptuel proposé et le développer davantage au sein de leur propre organisation. La co-construction n'étant pas évidente pour tous les participants, nous cherchons encore la bonne formule pour ces journées, bien évidemment en concertation avec les participants...

Quand un membre du personnel de Flora intervient dans une journée d’étude ou un débat, nous précisions toujours que notre expertise est développée en collaboration avec le terrain. Nous mentionnons aussi dans les publications fi-nales d’un projet les associations qui y ont contribué.

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Figure 8 : Mode de fonctionnement de la co-construction dans le réseau.

3. OS 3 : Flora construit un réseau dynamique comme pôle d’expertise

En 2010, Flora a fait des efforts particuliers pour dynamiser le réseau. Flora se base sur le travail du Professeur Caren Levy sur l’intégration du genre dans les politiques et dans la planification (« The process of institutionalising gender in policy and planning: the web of institutionalisation », University College London, Development Planning Unit, Wor-king Paper, n° 74). L’institutionnalisation du genre signifie que les actions ne sont pas seulement destinées à l’insertion socioprofessionnelle des femmes peu scolarisées et précarisées (et des hommes) mais aussi à la promotion d’un système socio-économique plus inclusive, égalitaire et durable. Caren Levy fait la distinction entre les organisations qui ont comme objectif “les femmes dans le développement” (une plus grande partici-pation des femmes dans le modèle de développement économique existant) et les autres qui ont pour but « le genre comme transition ». Flora se positionne clairement dans ce dernier axe. Mais cela signifie également que les organisations, qui sont recon-nues et subsidiées pour leur contribution au premier axe (activation des femmes peu scolarisées), doivent aussi rester motivées à coopérer avec Flora au second axe (création de stratégies genre comme transition). De plus, la logique dominante a placé les organi-sations dans une logique de concurrence via les appels à projets et les politiques de subvention. Libérer du temps, mobiliser les énergies et faire la place à la collaboration n’est donc pas simple. Maintenir un réseau d’expertise dynamique dans cette perspec-tive est d’autant plus complexe et représente un réel défi. En 2010 Flora a agit sur deux axes :

3.1. Adaptation de la structure et des statuts du réseau

Ce n’est pas par hasard que l’un des objectifs de Flora soit « construire un réseau dynamique ». Bien que Flora ait été conçue en 1994 en tant que réseau et que jusqu’ici l’association porte ce nom, en 2010 de nombreuses réflexions sur la façon de dynamiser le réseau pour mener au mieux la mission de Flora ont été menées. Durant les années

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précédentes, on a pu remarquer des dysfonctionnements dans la gestion du réseau, en voici des exemples :

Certaines associations membres de Flora depuis sa conception ont connu des changements qui ont réduit la participation aux actions et projets de Flora. Ceci peut être dû à un changement de contexte, à un renouveau dans les objectifs stratégiques ou, plus simplement, à des changements au niveau du personnel. L’affiliation au réseau a été jusqu’à présent très statique, de sorte que même les membres peu impliqués gardaient leur droit de vote à l’Assemblée générale.

La manière très participative de travailler de Flora, en plein essor depuis la naissance du réseau et qui devait garantir le fait que Flora était “au service” des associations membres, a révélé avec le temps ses défauts. Pour inviter les associations à se joindre aux projets, l’équipe de Flora devait investir beaucoup de temps et d’énergie, pour se rendre dans les organisations, pour mettre en lumière et entreprendre des actions en partenariat. La mobilisation devenait difficile. Et les subventions liées aux projets ne permettaient pas toujours d’y investir tant d’énergie et de temps.

Le réseau ainsi restreint nous obligeait à trouver des partenaires dans le même panel pour chaque projet, ce qui pouvait mener à une certaine lassitude dans les organisations. A cause de ses statuts qui admettaient une affiliation permanente, certaines chaises restaient vides alors que d’autres candidats souhaitaient pousser la porte.

Bien que nous recevions des demandes d’affiliation d’autres organisations, notre méthode de travail et nos statuts statiques ne laissaient pas de place pour un réseau étendu. Ces nouveaux partenaires motivés étaient prêts à suivre les projets alors que l’équipe perdait beaucoup d’énergie à mobiliser les membres bien établis. Ce constat a souligné le manque de résilience de Flora.

Tout ceci nous mena à la conclusion suivante : la structure du réseau et l’affiliation devaient être repensées. En 2009, une première étape fut de laisser fonctionner le réseau de façon plus souple. Une distinction a été faite entre les membres effectifs et les membres adhérents. Tous les membres sont des membres adhérents et forment ensemble le pôle d’expertise à partir duquel Flora puise – en fonction des thématiques – une co-expertise. Un nombre restreint de membres qui souhaitent s’impliquer dans la détermination du projet de Flora peuvent devenir membres effectifs. Ils obtiennent un droit de vote à l’Assemblé générale. Le Conseil d’Administration soutient l’équipe de différentes manières pour opérationnaliser les lignes de force de Flora. Même si ce dernier est composé de personnes qui ont un lien avec les associations de terrain, le mandat d’administrateur est un mandat à titre individuel, sans représentation d’une organisation.

En 2010, Flora a profité d’un intérêt croissant dû aux actions réussies de la part de diverses organiations et particuliers qui ne sont pas nécessairement actifs dans l’insertion socioprofessionnelle des femmes précarisées mais qui souhaitent co-construire une expertise, apporter leur contribution et créer un réseau basé sur la solidarité, l’inclusion et l’égalité. En 2010 Flora n’est apparu plus seulement comme un ‘réseau (d’organisations) pour la formation et la création d’emploi avec des femmes’. Flora a clairement élargi son profil pour mieux soutenir les associations de terrain à favoriser durablement l’égalité des chances pour leur publics-cibles. Au sein du conseil d’administration, une réflexion a été lancée afin de trouver de nouvelles pistes pour dynamiser le réseau et pour adapter le nom et les statuts de Flora. Les résultats de cette

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réflexion seront abordés lors de l’Assemblée générale de 2011 pour discussion et approbation.

3.2.Développer de nouveaux partenariats

Dans le cadre des projets et des journées Flora, l’équipe a fait des efforts particuliers pour atteindre des associations hors du réseau. La stratégie de communication de Flora est devenue un point important. Chaque projet, chaque action y consacre du temps. En 2010, nous avons vraiment élargi le réseau de collaboration, vous trouverez plus loin une liste des partenaires qui ont collaboré avec Flora en 2010.

En 2010, OrCa (Organisation pour les Travailleurs Immigrés Clandestins) est devenu membre de Flora. D’autres partenaires ont également collaboré dans les projets. Voici une liste pour l’année 2010:

AID-Brabant wallon AID (Tubize) AuPlusNet (Namur) Buurtservice (Berchem Antwer-

pen) CAAMI Calestienne (Beauraing) COBEFF (Bruxelles) Collectif des Femmes asbl (Lou-

vain-la-Neuve) Créasol (Liège) De Kringwinkel Teleshop Entr’Aide des Marolles (Bruxelles) Entre2 Espaces (Ciney) EVA vzw (Brussel) Forma (Namur) Projet FORPROFEM et PEPAM-BA

(Sénégal) GAFFI asbl (Bruxelles) Groep Intro Brussel vzw – Vrou-

wenwerking Groep Intro Vlaams-Brabant -

Strijk- en herstelatelier 'De Plooi' GTB Vlaams Brabant GTB Vlaanderen Interface3 (Bruxelles) IVCA (Antwerpen) Job-Centrum West-Vlaanderen

Job-Link Le Cid Leren Ondernemen (Leuven) Maison Biloba Huis (Schaarbeek) Maison de Quartier Helmet (Brus-

sel) Maison Mosaïque (St-Gilles) Mo-Clean (Sint-Niklaas) OCMW Antwerpen OCMW Gent OCMW Herentals OCMW Schaarbeek OR.C.A. - Organisatie voor Clan-

destiene Arbeidsmigranten SOFFT (Liège) Vie Féminine (Bruxelles) Vokans Vorming+ Antwerpen Wonen en Werken – Opleiding

(Leuven) Et aussi :

Agence Belge de développement Greenhouse Quartet Musée Royal de l’Afrique Centrale

(Tervuren) Werkvorm

Nous remercions tous ces partenaires pour leur contribution et leur enthousiasme. Le résultat atteint en 2010 par Flora est le fruit de cette collaboration. Nous remercions également les nombreuses organisations qui ne figurent pas dans cette liste et qui ont d’une manière ou d’une autre contribué à la mission de Flora. Merci par exemple au Kruispunt MI qui nous a permis de récupérer des chaises de bureau et à nos voisins le Vlaams Netwerk van Verenigingen waar Armen het woord nemen qui nous a permis d’utiliser de temps à autre leur infrastructure de cuisine. Merci tout particulièrement au

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groupe musical Greenhouse Quartet qui nous a offert un concert lors de l’Agora des femmes, ainsi qu’aux autres volontaires et bénévoles qui nous ont aidés ce jour-là et lors d’autres manifestations ou pour plusieurs traductions. Merci enfin à l’Agence belge de développement qui nous a permis de rentrer en contact avec des groupes de femmes sénégalaises en direct par internet lors de l’événement du 8 octobre 2010.

4. OS 4 : Flora au service des organisations sur le terrain

4.1. Formations et intervisions en coaching d’insertion

CDI Formations supervisions en coaching d’insertion

Sur base de l'expérience acquise dans son projet pilote Jobcoaching, Flora propose un programme (francophone) de formation et de supervision en coaching d'insertion. Le programme comporte une formation de base à la méthode spécifique du coaching d'in-sertion dans le secteur social, ainsi que des séances de supervision/intervision permet-tant d'ancrer cette méthode dans la pratique des personnes formées. Par ailleurs, des modules de perfectionnement spécifiques sont organisés selon les demandes. Les for-mations se déroulent en groupes inter‐associations. Des formules sur mesure sont ég a-lement disponibles pour former les équipes d’une même organisation à la méthode. En supervision, les thèmes traités sont déterminés sur base des apports des participants.

Le CDI compte pas moins de 204 participants, toutes formations confondues, pour 2010.

Les participants sont issus de structures très diverses. En 2010, les collaborateurs du Forem et des CPAS ont marqué leur intérêt pour les formations. Flora apparait aussi de plus en plus comme une ressource pour des interventions ciblées dans une organisation.

Flora est intervenue, en 2010, dans le cadre de son expertise sur le jobcoaching au Comi-té Subrégional de l’Emploi et de la Formation de Namur. Par ailleurs, la

Note : actualité du projet sur

Fédération fran-çaise au service de l'emploi, de l'insertion et du développement de territoires solidaires Coorace a fait appel à Flora dans le cadre d’une démarche qualité de leur système d’insertion. Cette légitimité internationale porte des défis pour l’année 2011.

http://www.florainfo.be/-Coaching-d-insertion,9-.html

4.2. Forum Insertion et Genre : soutenir le vrai travail

Le projet ‘Forum Insertion et Genre’ (FIG) nous permet de poursuivre l’expertise développée de 2000 à 2008 au sein des projets ‘Networking’ en ‘Gender consulting & training’, dans une dynamique de co-construction d’une société durable. Le projet offre un cadre pour différentes actions décrites (voir infra et supra), développées principalement dans l’optique de créer un forum pour les femmes précarisées et de soutenir le travail réalisé par les acteurs d’insertion. Ces deux actions sont conjointes. En effet, Flora travaille en partenariat avec les associations, elle veut rendre cette dynamique de forum transférable de manière à ce que les associations elles-mêmes mettent en place une dynamique de réseau et de forum au niveau local, avec une perspective genrée du travail axée sur la participation des publics précarisés et la valorisation du travail des acteurs d’insertion. Si nous évoquons ce projet dans le cadre de cet objectif stratégique, il est clair qu’il a des répercussions sur l’ensemble des objectifs stratégiques de Flora.

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Un axe central du projet FIG en 2010 a été celui du “vrai travail” réalisé par les associations avec leur public-cible pour atteindre les objectifs fixés par le politique. Ceux-ci, axés essentiellement sur des résultats quantitatifs, ne mettent pas en lumière la complexité du travail d’insertion et gomment la mission d’insertion sociale des associations d’insertion socioprofessionnelle. Pour rendre visible, valoriser et soutenir le travail d’insertion, le projet FIG se décline en plusieurs actions dont il est le fil rouge (participation citoyenne, e-citoyenneté, biens communs…).

4.3. Tou-te-s de la partie ! | Allen van de partij !

L’outil “Du Je au Nous |Van Ik naar Wij” réalisé entre 2008 et 2010 est pris la forme d’un véritable outil de sensibilisation à destination des accompagnateurs, grâce à l’intervention de l’IEFH. Il est disponible en français et en néérlandais et est diffusé notamment via des formations et des intervisions. Cet outil est un soutien pour les ac-compagnateurs qui souhaitent s’investir dans un projet collectif avec leurs groupes. En outre, l’expérience et l’échange des professionnels qui travaillent sur le terrain avec cet outil a pris une place très importante dans le projet.

4.4. Journées Flora

Les rencontres trimestrielles du réseau Flora, qui dans les premières années consti-tuaient les réunions de gestion de Flora, ont évolué vers des journées d’étude ouvertes pour tous les acteurs qui travaillent avec un public fragilisé.

Les thèmes des Journées Flora en 2010 étaient:

23 mars 2010: “Du pain et des Roses ” sur la participation citoyenne 15 juin 2010: dynamisation du réseau (en même temps Assemblée générale de

l’asbl Flora) 28 septembre 2010: “Le bien commun” (en préparation de l’Agora des femmes

du 8 octobre)

Les journées de réflexion et de formation trimestrielles ont été conçues comme des rencontres ouvertes dans le but de promouvoir l’expertise développée dans le domaine de l’égalité des chances, de la durabilité sociale et de la lutte contre la pauvreté auprès de davantage d’organisations. C’est ainsi qu’a été posée la première pierre d’un réseau ouvert dans lequel des acteurs très divers (CPAS, entreprise des titres-services, secteur de l’insertion socioprofessionnelle…) ont pu bénéficier de l’expertise de Flora sur le genre, la précarité et l’économie solidaire a été posée. Il apparait alors une distinction nette entre le réseau comme structure de gestion de l’asbl (membres) et le réseau comme outil pour le changement (toutes les organisations et les individus qui souhai-tent participer aux actions et réflexions de Flora dans un projet de transition). Il n’est pas obligatoire d’être membre de Flora pour contribuer à ce réseau de changement.

4.5. Ne me comprends pas mal… | Begrijp me niet verkeerd…

Dans le cadre du projet « Du Je au Nous | Van Ik naar Wij », une réflexion a été mise en place par Flora avec les acteurs d’insertion sur la langue et les langages. C’est le travail sur la participation (citoyenne) avec le public-cible qui a amené à cette question. S’impliquer en tant qu’association d’insertion dans une réelle dynamique participative différente d’une participation de façade demande de réfléchir sur une communication qui favorise des relations d’égal-e à égal-e, autant au sein des groupes qu’avec leurs formateurs-trices. La question centrale des ateliers mis en place à la suite d’une journée

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d’étude sur le thème était la suivante : « Comment stimuler une communication d’égal-e à égal-e entre les formateurs-trices et leurs groupes, et au sein de chaque groupe en projet insertion ? ». Une synthèse des réflexions développées lors de ces multiples échanges s’est traduite en un article (E-Coulisses 2010/2) et en un rapport disponible sur le site de Flora, et qui a pour titre: “Ne me comprends pas mal… » Comment faire face aux différences de langue et de langages au sein d’un groupe ?

4.6. Consulting

Plusieurs organisations ont fait appel à Flora en 2010 dans le cadre du développement de leurs projets. Flora a apporté son expertise en genre et/ou aidé les équipes à identifier la complexité et le caractère innovant de leur travail afin de les traduire en objectifs stra-tégiques ou en mémorandum politique. Nous résumons ces formes de soutien sous le titre "consulting" (bien que ‘co-consulting’ exprime plus justement notre façon de tra-vailler). Voici quelques exemples

Au service de la qualité de vie des seniors et d’un quartier

.

La Maison Biloba Huis est une initiative lancée par l’asbl EVA, la Maison Médicale du Nord et l’asbl Aksent, située dans le quartier du Brabant à Schaerbeek. La Maison Biloba Huis a pour ambition de faciliter le quotidien des familles dans l’accompagnement de leurs seniors en leur permettant de continuer à vivre au sein de leur quartier et d’y ap-porter leur contribution.

Bien que dans notre société les soins des personnes âgées ont été soit transférés vers le « marché de la santé », soit laissés à charge des familles individuelles, la Maison Biloba Huis essaie de soutenir et d’ancrer ce soin au niveau d’un quartier. Flora a soutenu le conseil d’administration de la Maison Biloba Huis dans la clarification du cadre concep-tuel et des objectifs stratégiques de ce projet innovant. Sur base d’une abondante litté-rature et de différents moments de réflexion, les grandes lignes ont été explorées pour définir un modèle durable de soins pour personnes âgées

La Maison Biloba Huis est un terrain d’expérimentation pour explorer des alternatives au système actuel des soins aux seniors. L’expertise qui a été développée à partir de ce projet a été présentée par Flora et par EVA vzw (une organisation membre de Flora et co-fondatrice de la Maison Biloba Huis) lors d’une conférence nationale sur « la pauvreté et le vieillissement » organisée par la Fondation Roi Baudouin le 27 avril 2010 à Bruxelles. Par la suite, Flora a également contribué à la journée d’étude de la Maison Biloba Huis organisée le 17 novembre 2010 pour faire connaître son mode de fonctionnement.

dans un quartier défavorisé.

La COBEFF: groupe de travail politique

Au sein de La COBEFF (Coordination Bruxelloise pour l'Emploi et la Formation des Femmes), un groupe de travail politique s’est formé. Celui-ci se concentre sur le déca-lage entre le discours «officiel» de l'activation – qui dit aux femmes peu scolarisées que si elles suivent une formation qualifiante, elles trouveront un emploi et un statut social - et la réalité socio-économique. Les formateurs-trices se sentent instrumentalisés par cette pratique politique qui leur semble injuste. A partir de ce malaise est née la volonté d’établir une liste de revendications à transmettre au gouvernement. Flora a accompa-gné ce groupe dans la formulation leur «vrai» travail et dans l’identification des thèmes politiques prioritaires.

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Groep Intro : apport de l’expertise en genre dans le projet ESF ‘Jobready’

Flora a été impliqué en tant qu’expert en genre dan un projet ESF de Groep Intro qui avait pour objectif le développement d’instruments de sélection, d’évaluation et d’autoévaluation permettant d’identifier les forces et les faiblesses des chercheurs d’emploi dans une approche globale, objective et d’empowerment, avec une sensibilité particulière aux problèmes des personnes précarisées

5. OS 5 : Flora ancre la vision du genre au niveau national et international

.

5.1. Stratégie de communication

E-Coulisses

La newsletter électronique de Flora, E-Coulisses édite quatre numéros par an. Les mois de parution sont mars, juin, septembre et décembre. Le e-zine s’adresse à presque 1700 abonnés en français et néerlandais. Il est envoyé par mail et renvoie vers le site internet de Flora.

Les lecteurs peuvent s’abonner via le site internet. La ligne éditoriale s’articule autour de trois chroniques principales :

l’évolution des projets de Flora, de ses recherches, de son cadre d’analyse, de ses outils et les actions de ses partenaires ;

les articles de fond, relevant de l’actualité de l’insertion sociale et professionnel-le de groupes à risque, du genre, de l’emploi, de l’économie solidaire et de la précarité ;

les invitations et les actes de nos journées d’étude, groupes d’action ou comités d’accompagnement ; annonces ou critiques d’autres journées d’étude ou d’évènements auxquels Flora a participé.

Depuis 2010, tous les articles ne sont plus systématiquement traduits faute de moyens. Dans la mesure du possible, l’équipe gère les traductions. Les subsides de projets ne prévoient bien souvent pas de moyens pour ce poste.

Site Internet : www.florainfo.be

Le site internet de Flora reflète encore fort le travail réalisé entre 2000 et 2008, à l’époque des grands projets FSE. Le projet de ‘réseautage’ a jeté les bases de ce que Flora appelait le ‘centre d’expertise’ avec un réseau de 24 membres visualisés sur une carte (voir www.florainfo.be). Le Gender Consulting & Training a également été présenté comme un service détaché qui est devenu la spin-off Genderatwork pour, entre autres, des raisons commerciales. Le projet Jobcoaching après les premières années de déve-loppement de la méthode s’est concentré sur la diffusion de la méthodologie et de la philosophie d’accompagnement de projet socioprofessionnel dans les associations via notamment des formations au jobcoaching. De ce fait, il a été installé sous l’onglet « ser-vices ». Enfin, la page ‘E-Coulisses’, héberge la newsletter de Flora, depuis 2008 sous forme électronique.

Mettre à jour et conserver une ligne éditoriale forte et cohérente dans le site internet et dans la newsletter est un véritable défi, dans un contexte de changement et d’évolution

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comme conséquence d’un réseau dynamique. Les subventions dont nous disposons actuellement nous permettent pour le moment de continuer la structure existante, de « bricoler ». Un travail en profondeur, une refonte du site est nécessaire et est un grand défi pour l’avenir. Le tableau à la page suivante vous donne un aperçu des visiteurs sur le site en 2010.Le nombre de visiteurs mensuel depuis 2009 est constant avec une moyen-ne de 50 visiteurs par jour, pour un total de 17 500 visiteurs sur l’année 2010.

Figure 9 : Statistiques du site www.florainfo.be (nombre de visiteurs en 2010).

Flora sur Facebook

Depuis 2010, Flora s’est lancée dans les réseaux sociaux. Facebook a été choisi pour son accès simple et gratuit. La stratégie a pour objectif de créer une communauté mais éga-lement de s’intégrer dans la communauté qui existe préalablement. Flora intègre les articles qu’elle diffuse sur son site web mais également des informations plus ponctuel-les et spécifiques. Flora invite à la curiosité et donne envie d’en savoir plus sur l’association. La page Facebook veut susciter l’interaction et r

5.2. Autres publications

assembler des individus ou organisations autour d’idées, de projets, d’actions ou d’événements.

Enfin, Flora diffuse son expertise par le biais d’autres publications et canaux de commu-nication. Voici ci-dessous un aperçu pour 2010.

Le rapport d’étude ‘Des passerelles vers la participation’ analyse les bonnes pra-tiques en matière de participation sans aliénation en termes d’analyses de genre du travail. Ce rapport est bilingue français-néerlandais. Le Réseau belge de lutte contre la pauvreté, le réseau Wallon de lutte contre la pauvreté et l’ACFR ont d’ailleurs marqué leur intérêt.

La contribution sur la problématique des familles monoparentales à une publi-cation de Sophia. ‘Genderstudies, een genre apart? / Savoirs de genre, quels genres de savoir ?’ Référence: Snick, Anne (s.a.) “Alleenstaande moeders: een uitdaging voor het dominante model van arbeid” in Gender studies: een genre apart? Een stand van zaken - colloquium 2009. Brussel, Sophia vzw. pp 341-354)

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La contribution à une publication sur la durabilité qui est utilisé comme manuel scolaire dans les hautes écoles. Cette publication a été présentée lors de di-verses manifestations à un public large. Référence : Snick, Anne (2010), “Gender als spiegel van duurzaamheid: een andere visie op arbeid en levensloop als sleutel tot een veerkrachtige samenleving” in Jef Peeters (red). Een veerkrachtige samenleving. Sociaal werk en duurzame ontwikkeling. Antwerpen: EPO, pp 165-178.

Flora a organisé une conférence de presse dans le cadre de l’Année européenne 2010 de lutte contre la pauvreté et de l’exclusion sociale. Celle-ci a eu lieu à l’Agora des femmes à Tervuren le 8 octobre 2010. Deux femmes de l’association Buurtservice se sont exprimées en français et en néerlandais devant la presse. D’autres ont été interviewées.

5.3. Partenariats

Un autre objectif opérationnel important dans le cadre de l’institutionnalisation du « genre comme transition » est le développement de partenariats avec les autres réseaux ou coupoles. En 2010, Flora a fait différentes démarches à ce sujet.

Parce que Flora utilise principalement le genre comme outil de transition, plu-tôt que l’insertion des femmes dans le système socio-économique actuel, nous sentions de plus en plus le besoin de nous positionner clairement par rapport aux mouvements de femmes classiques. Pour ces raisons, Flora n’a pas renouve-lé en 2010 son adhésion au NVR et au CFFB. Nous nous sommes entretenus longuement avec Katlijn Malfliet du NVR afin de leur garantir que Flora n’est pas un concurrent mais travaille de manière complémentaire. Nos stratégies se re-groupent dans le sens où il est important que davantage de femmes puissent participer au pouvoir et percevoir un impact politique et économique; en outre, il est important qu’elles aient des clés de lecture pour pouvoir le faire de maniè-re durable et égalitaire, et c’est à cela que travaille Flora.

Coop-kracht est une plateforme d’organisations qui veulent travailler de manière coopérative, tant sur la forme des entreprise que sur l’approche participative. Flora a été invité a devenir membre et à participer à l’Assemblée générale du 8 décembre 2010.

Sophia - Coordinatienetwerk vrouwenstudies/Réseau de coordination des études féministes : pour Flora c’est un lien important avec le pôle de la recherche. Sophia a régulièrement donné un espace et la parole à Flora dans ses colloques et publications – parmi les hautes écoles et les universités.

Le Conseil Wallon de l’Egalité entre Hommes et Femmes (CWEHF) : ce conseil est une plateforme importante à partir de laquelle les organisations peuvent envoyer des signaux aux politiques représentatives.

La Plateforme Technique Bruxelloise sur les familles monoparentales (mise en place dans le cadre du Pacte Territorial Bruxellois) a demandé à Flora de présenter son expertise sur les familles monoparentales et de faire partie de la Plateforme.

CBCS : Conseil Bruxellois de Coordination Sociopolitique, une plateforme d’échange pour les organisations du secteur social à Bruxelles.

Flora est devenue membre de la “Community of Practice on Gender Main-streaming in the European Structural Funds 2014-2020”.

5.4. Conférences et autres contributions

Au niveau international :

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Flora a fait une présentation et a participé à un débat de la Conférence Euro-péenne ‘Breaking the cycle of poverty’ dans le cadre de la Présidence Belge de l’UE (Gand, 27-29 septembre 2010); cette participation a permis d’établir des contacts internationaux qui mèneront à d’éventuelles collaborations dans le projet Grundtvig sur le fossé numérique (demande de projet).

Participation au panel : “les Femmes dans la pauvreté : que peut faire l’Europe?” organisé par le NVR, le CFFB et le Bureau d’information du Parlement européen dans le cadre de l’année européenne de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale et de la Présidence Belge de l’UE (29 septembre 2010, Parlement euro-péen à Bruxelles) en présence du Secrétaire d’Etat pour l’intégration sociale et la lutte contre la pauvreté Philippe Courard.

Lors du séminaire européen de la CSC et du MOC « Des alliances pour combat-tre la pauvreté/ Allianties in de strijd tegen armoede / Alliances to fight pover-ty » dans le cadre de l’année européenne de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale et de la Présidence Belge de l’UE, Flora a présenté son cadre d’analyse et sa manière de travailler en tant que bonne pratique. (16-17 sep-tembre 2010)

Flora a participé activement au “Online Workshop on Gender and Climate Change Mitigation” (18/03/10)

Flora était présent au ‘Stakeholder dialogue on Climate change Mitigation and social justice‘ (03-04/05/2010)

Création d’une production audiovisuelle sur le genre comme levier pour la du-rabilité (avec des subsides supplémentaires de l’IEHF), cf. point 3.2.2.

European Commission – Joint Research Centre Institute for Prospective Tech-nological Studies (IPTS), Expert Workshop on "The Paradoxes of ICTs and Social Inclusion: Do ICTs increase Opportunities for Young People at Risk?" Presentation of ICT-Based Initiatives: “FLORA Network: Working in and with a network: Social inclusion and ICT” (Brussel, Voir http://is.jrc.ec.europa.eu/pages/EAP/eInclusion.html#Youth

1-2/12/2010).

Au niveau national :

MO*débat: ‘Femmes, pauvreté et transition’. Une vision genrée du travail com-me clé de transition vers une société résiliente (07/12/2010) CC Oratoriënhof, Mechelsestraat 111, Leuven. Organisation : Human Ecology - Masereelfonds, MO*, Terra Reversa, EVA vzw - i.s.m. EPO et Viva-Svv Brabant.

Flora a été invité à devenir membre de la Plateforme Technique Bruxelloise sur les familles monoparentales et a fait une présentation de la problématique des familles monoparentales à partir d’une analyse genrée du travail (07/12/2010).

Contribution à la journée d’étude Education pour un Développement Durable sur le genre comme levier pour la durabilité (22/04/2010)

Rencontre avec le Vlaams Netwerk van Verenigingen waar Armen het Woord sur les thématiques genre et pensions (26/05/2010)

Contribution à l’Assemblé générale de Coop–Kracht ivm sur le genre comme le-vier pour une économie plus sociale et coopérative (21/06/2010 en 08/12/2010)

Rencontre avec l’asbl L’autre lieu (Bruxelles) sur la pertinence de l’analyse de genre du travail pour le travail avec des personnes en souffrance psychique (23/11/2010).

CIMIC (Centrum voor Intercultureel Management KHMechelen): conférence académique sur l’analyse de genre du travail comme levier pour une durabilité sociale (Malines, 26/01/10)

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Rapport annuel 2010 Actions

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Contribution au débat sur une étude réalisée par le Steunpunt Gelijkekansenbe-leid sur les carrières et les possibilités de carrière des parents seuls avec enfants (Anvers, 15/03/10)

Conférence académique à l’ULB sur l’analyse de genre du travail et la probléma-tique des femmes précarisées (Bruxelles, 15-22-29/03/10)

Rencontre consultative avec le Vlaamse Strategie Duurzame Ontwikkeling: ap-port du genre comme levier pour la durabilité (Bruxelles, Gouvernement fla-mand, 02/04/10 en 20/05/10)

Présentation pour le Centre du Libre Examen sur l’impact de la crise sur les femmes (Bruxelles, 18/05/10)

Formation sur la problématique de la durabilité dans le cadre des Titres-services pour le CSEF de Namur (05/10/10)

Participation à une étude sur l’introduction du gender mainstreaming dans le Fonds social européen (13/04/10)

Overlegplatform Educatie voor Duurzame Ontwikkeling: apport du genre comme levier pour la durabilité (Bruxelles, Gouvernement flamand, 22/04/10)

Conférence FRB ‘Pauvreté et pensions’, atelier bilingue sur la politique des pen-sions sous l’angle de l’analyse de genre (Bruxelles, Management Centre Europe, 27/04/10)

Demos date : présentation sur l’analyse de genre du travail comme levier pour la participation des femmes et des hommes précarisés-ees à la culture et à la société (Gand, De Vooruit, 17/05/10)

FRB et Comeva (consortium des magazines féminins francophones et néerlan-dophones de Sanoma): rencontre consultative à propos de l’accès des femmes peu scolarisées à l’information et à l’aide (Bruxelles, FRB, 23/04/2010).

Séminaire européen dans le cadre de l’année européenne de lutte contre la pauvreté : contribution de la société civile et activation (Bruxelles, CSC-MOC, 16-17/09/10).

Terra Reversa, présentation à un groupe de travail de l’analyse de genre comme levier pour une transition et la durabilité (22/12/2010)

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Rapport annuel 2010 Flora comme organisation

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F l o r a c o m m e o r g a n i s a t i o n

1. L’équilibre social

1.1. Organigramme

Figure 10 : Organigramme de Flora.

(*) Les membres du conseil d’administration sont : Martine Devos, Luc De Boever,Lieven Monserez, Anne-Marie Perrone et Linda Struelens.

1.2. Processus décisionnel participatif

Les membres effectifs ont un droit de vote à l’Assemblée générale; ce sont tant des per-sonnes physiques que des représentants des organisations membres. Les membres adhérents et le personnel ont une voix consultative. L'Assemblée générale, annuelle ou biannuelle, se réunit pour décider de la politique stratégique de Flora.

Le conseil d’administration soutient l’équipe au niveau opérationnel dans la mise en oeuvre de cette politique stratégique. Les administrateurs sont familiers avec les organisations qui sont actives dans le domaine de l’intégration des personnes précarisées. Ils exercent leur mandat bénévolement et se réunissent tous les deux mois.

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Rapport annuel 2010 Flora comme organisation

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Les décisions journalières sont préparées au sein de l’équipe par la miniteam composée de la coordinatrice, de la responsable financière et d’une collaboratrice qui s’adresse en fonction comme représentante de chaque membre de l’équipe. Le miniteam se réunit environ une fois par mois. Le rapport de ces séances est envoyé à toutes l’équipe et discuté en réunion d’équipe.

Les réunions d’équipe mensuelles réunissent toute l’équipe. Ces séances sont séparées en deux aspects. Le premier concerne les ressources internes et les partenariats (le fonctionnement de l’équipe et des projets, la communication, les moyens, l’équipement, les partenariats…). Le second concerne la politique stratégique. Chaque séance se consacre à l’un des 5 objectifs. En principe chaque objectif stratégique est donc discuté au moins une fois par année. Par ailleurs, en raison des projets de courte durée dans lesquels la méthode de co-construction avec les publics précarisés prend beaucoup de temps, les financements ne prévoient pas toujours la présence, la participation et l’implication de tous les membres de l’équipe à ces réunions.

1.3. Gestion du personnel

Flora est membre de Sociare et de la Fédération des employeurs du secteur socioculturel et travaille sous les Conventions Collectives du Travail (CCT) de la Commission Paritaire 329.03.

Formation, éducation

En 2010, l’équipe a consacré deux journées de réflexion à

l’étude du ‘web of institutionalising Gender’ comme présenté par Caren Levy, avec la question de savoir comment Flora pourrait intégrer cette idée dans son propre travail, et à

la compréhension de la méthode de l’Appreciative Inquiry. L’équipe assiste régulièrement à des journées d’étude qui permettent de peaufiner l’analyse de Flora, de renforcer son positionnement et de se profiler au sein d’une multitude d’acteurs.

En 2010, l’équipe a suivi au total 420 heures de formation. Sur une équipe de 7.75 équi-valents temps plein, cela représente une moyenne de 54.2 heures de formation. La Commission Paritaire 329.03 prévoit (pour 2010) un temps collectif de formation égal au nombre d’équivalents temps plein multiplié par 4,7 heures. Ce qui signifie un minimum de 36,5 heures. Le total d’heures de formation chez Flora montre l’investissement que Flora fait dans son personnel. Et compte tenu de la mission de Flora sur le développe-ment de l’expertise, la formation est essentielle.

Une vision nouvelle des entretiens de fonctionnement

Une fois par an, la coordinatrice s’entretient avec chaque membre du personnel. En 2010, Flora a développé une procédure d’entretien en trois étapes. Dans un premier temps, la coordinatrice et le collaborateur préparent respectivement la discussion sur base d’un formulaire. Le document comprend l’aspect productif du travail du collabora-teur mais aussi ses relations au sein de l’équipe, son fonctionnement personnel et la combinaison entre son travail productif et le travail de soin (tant la conciliation vie pri-vée – vie professionnelle que le ‘soin’ au sein de l’équipe). Durant l’entretien, chaque point est discuté et des accords sont notés. La coordinatrice envoie le rapport à la colla-

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Rapport annuel 2010 Flora comme organisation

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boratrice après l’entretien. Une semaine plus tard, un entretien de suivi est planifié pour vérifier le contenu du rapport et, éventuellement, pour évaluer l’entretien.

Cette procédure et les documents standards qui accompagnent ont été utilisés et adap-tés par Leren Ondernemen. Plus d’informations dans cet article: http://www.florainfo.be/Les-entretiens-de-fonctionnement.html

1.4. Flora cherche l’équilibre avec le travail pour soi et le travail de soin

Les employés utilisent un système d’heures flottantes, que chacun enregistre dans un formulaire Excel. Ce document est récupéré par la comptable à la fin de chaque mois.

Les membres du personnel peuvent (sous certaines conditions et limité dans le temps) pratiquer le télé-travail. Dans une petite équipe qui comprend quelques temps partiels, c’est un véritable défi de conserver suffisamment de moments formels et informels de concertation et réflexion. Les demandes de télé-travail viennent toujours de la part des collaboratrices et sont discutées en miniteam.

2. Gestion qualité

2.1. Procédures internes

Chaque projet est régulièrement discuté en équipe afin de conserver une co-construction interne pour la pérennité de l’analyse. Les projets disposent de moments d’échanges en équipe : un pour le lancement, un ou plusieurs pour le suivi selon les besoins et la durée du projet et un pour l’évaluation finale. Les projets à long terme sont soutenus par des comités d’accompagnement avec la participation d’experts externes. Nous remercions d’ailleurs tous ceux qui s’y sont engagés en 2010.

Procédure interne d’évaluation des projets

Puisque Flora est locataire du bâtiment Aroma, un grand nombre de points à analyser pour l’obtention du label tombent hors de notre champ de compétences. Les informa-tions souhaitées pour l’obtention du label sont uniquement disponibles via les gestion-naires du bâtiment par une contrepartie financière. Flora essaie d’impliquer les autres locataires du bâtiment. Les efforts en la matière seront poursuivis en 2011.

Flora lance la procédure pour l’obtention du label ‘entreprise éco-dynamique’

Dans la période 2000-2008, Flora était essentiellement financé par trois grands projets FSE. Le dossier de clôture jusqu’ici se calquait sur les exigences du promoteur des projets en suivant sa logique de rapportage. En 2010, Flora s’est efforcée de rédiger des rapports qui prennent en compte le Global Reporting Index. A partir de 2011, cela sera visible également dans la structure du rapport annuel.

Flora s’efforce de jouer la transparence

2.2. Prix décernés

L’agence flamande du Fonds social européen (ESF) a attribué le label qualité ESF à Flora pour la période de programmation 2007-2013 sur base d’un audit réalisé en mai 2010.

Label de qualité ESF

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Rapport annuel 2010 Flora comme organisation

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Flora et Interface 3 reçoivent le Prix Marie

À l’occasion de la 9e édition de la Nuit des femmes, organisée par l’administration com-munale de Schaerbeek, le prix « Femmes d’indépendance » a été attribué à Flora. Remis des mains d’Afaf Hemanou, Echevine de l’égalité des chances pour les femmes et les hommes, le Prix Marie a été créé en l’honneur de Marie Denis, une féministe belge.

4. Rapport financier

Interface 3, association de formation professionnelle pour les femmes dans le domaine de l’informatique et membre actif de Flora a également reçu le Prix Marie pour son ac-tion pour l’emploi des femmes précarisées.

4.1. La structure de financement reste en travail

Une condition importante pour la continuité de l’expertise est naturellement la continuité des moyens. Dans cette optique, les subventions structurelles que Flora reçoit de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes sont très précieuses. Elles sont tout d’abord la colonne vertébrale des projets de Flora pour plus de cohérence au niveau du contenu et en tant que cofinancement. Cette reconnaissance est aussi le signe que le gouvernement fédéral soutient notre travail à l’intersection du sexe et des autres facteurs de fracture sociale (âge, pauvreté, niveau de scolarité, etc.).

Comme ces subventions structurelles sont encore limitées pour le moment, Flora passe relativement beaucoup de temps à l’écriture et à la conception de dossiers de subventions. Ce travail est énergivore parce que chaque pouvoir subsidiant a ses propres règles. Certains coûts sont pris en charge et d’autres non. Certains dossiers sont des cofinancements pour le Fonds social européen, d’autres non. Flora consacre donc une grande part de ses moyens humains à la gestion interne de l’organisation, même si utiliser de façon responsable les moyens publics est une de nos valeurs. En 2011, Flora persistera dans sa recherche de pistes pour augmenter la part de subventions structurelles dans la structure financière.

Une difficulté supplémentaire est que la reconnaissance du FSE ne prévoit pas encore le cofinancement. Et Flora doit donc en permanence chercher des moyens de cofinance-ment. Lorsque Flora obtient des moyens fédéraux (structurels ou lies aux projets), 50% sont utilisés comme cofinancement du FSE (francophone). Dans certains projets, ce sont les partenariats qui deviennent des cofinancements. Flora remercie ces partenaires pour ce soutien nécessaire.

4.2. Aperçu des revenus et charges

Figure 11 : Répartition des revenus.

Subsides structurels

22%

Subsides projets LT

37%

Subsides projets CT

36%

Autres5%

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Figure 12 : Répartition des charges.

Aperçu des sources de financements pour 2010

Personnel

Région de Bruxelles-Capitale : Gesco

Fonds Maribel Social

SPF Emploi, Travail et Concertation Sociale : convention premier emploi

Institut pour l’égalité des femmes et des hommes - convention

Wallonie : ACS

Projets

FSE – Communauté Française Forum Insertion et Genre (FIG)

Coaching d’insertion (CDI)

Fonds d’impulsion à la politique des immigrés

Van Ik naar Wij | Du je au Nous : méthodologie

Van Ik naar Wij | Du Je au Nous: diffusion

Agora des femmes 2010 Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale

Agora des femmes Fonds Triodos

Agora des femmes Provincie Vlaams Brabant

Produits Institut pour l’égalité des femmes et des hommes

L’analyse genre du travail : une présenta-tion audiovisuelle sur la durabilité sociale en trois langues

Allen van de partij! | Tou-t-es de la partie! Coût de production d’une méthodologie participative

Equipement Loterie Nationale & Socialware Equipements – nouvelles technologies

Consulting Maison Biloba Huis Schaarbeek

‘Zorg in de buurt: van onschatbare waar-de’.

Groep Intro Nationaal / Project ESF-Vlaanderen

‘Jobready’

Divers Clients Formations, présentations, consulting

Rémunérations85%

Prestations externes

4%

Frais de fonctionnement

11%

Amortissements0%

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4.2. Valorisation complémentaire du travail

Dans une certaine mesure, les subsides de projets qui pèsent plus lourd dans la balance ont placé Flora dans un certain carcan. Seule une petite partie des subsides est généralement consacrée à la diffusion (ou il est bien souvent nécessaire d’introduire un nouveau dossier pour ceci mais cela ne fait que déplacer le problème). C’est pourquoi Flora expérimente la possibilité d’échanger l’expertise en utilisant les systèmes de valorisation complémentaire. Par exemple, Flora a conclu un accord avec l’Université des Femmes selon lequel Flora ap-porterait une contribution (non rémunérée) au débat de clôture de leur cycle de formation « Le nerf de la guerre… des sexes ? Rapports sociaux et argent ». En échange les membres de l’équipe de Flora pouvaient participer à quelques formations de ce cycle. Nous essayons d’instaurer de façon plus systématique ces transactions non monétaires, mais nous nous heurtons encore souvent à une incompréhension que l’on conçoit aisément. Cette incom-préhension est souvent due à une méconnaissance. Dans cette optique, Flora a développé une convention (utilisée dans le cadre du membership ou de partenariats) dans laquelle les possibilités de valorisation complémentaire sont exploitées. En 2011, Flora analysera en quoi et comment ce système peut renforcer la collaboration entre partenaires.

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Rapport annuel 2010 Perspectives

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P e r s p e c t i v e s

À la lumière des crises économiques, écologiques et sociales actuelles, il est clair que l’expertise et la méthodologie unique de Flora, basée sur un paradigme alternatif, doit se construire encore et s’institutionnaliser. Cela exige une révision des statuts et l’élargissement de nos moyens de communication (nouveau site internet, publications en anglais, etc.) Explorer des partenariats dans le cadre des valorisations complémen-taires se situe dans le prolongement de cette idée.

Le fait que nous ne disposons pas des budgets pour traduire vers l’anglais entrave mo-mentanément les possibilités de développer proactivement des contacts internationaux et de réagir à certaines demandes de l’étranger. Le fait que le gouvernement fédéral est en affaires courantes depuis si longtemps rend aussi difficile la mise en place des poli-tiques d’institutionnalisation du genre (par exemple dans la politique fédérale de déve-loppement durable et de lutte contre la pauvreté). Une reconnaissance constante des deux stratégies de genre (« Les femmes dans le développement » aux côtés de « Le genre comme transition ») et un subventionnement équitable des acteurs qui s’investissent dans ces deux stratégies est nécessaire pour une politique durable d’égalité des chances.

Il est de plus en plus reconnu qu’un réseau d’expertise tel que Flora contribue à une connaissance et à une épistémologie unique et socialement pertinente. Il est donc es-sentiel que la politique scientifique – aux côtés des universités et centres de recherche (encore structurés selon un modèle patriarcal) – crée un espace structurel pour les ré-seaux participatifs dans lesquels les personnes précarisées sont impliquées en tant que co-expertes dans le développement de la connaissance sur une société plus durable et inclusive.

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Rapport annuel 2010 Soutien

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S o u t i e n

Flora a réalisé ses projets grâce à l’appui des instances suivantes:

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Rapport annuel 2010 Colophon

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C o l o p h o n

[email protected] +32 (0) 204 06 40

Site web : www.florainfo.be Newsletter E-Coulisses : www.florainfo.be/s’abonner.html

Soutenez Flora sur Facebook Pour les questions générales sur le rapport annuel, contactez Marianne Hiernaux, Responsable communication +32 (0) 204 06 45 [email protected]

Pour des questions relatives au rapport financier, contactez Hélène Lhoest Responsable financière +32 (0) 204 06 42 [email protected]

Ce rapport traite de l’année civile 2010. Le rapport précédent est apparu en juin 2010 pour l’année civile 2009. Le rapport annuel est édité chaque année et rapporte les activi-tés de Flora. Ce rapport est composé par la coordinatrice en collaboration avec l’équipe, sous mandat du Conseil d’administration. Il sera soumis à l’Assemblée générale du 23 juin pour approbation.