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RAPPORT 2013 DE L’INSPECTEUR DE LA SûRETé HYDRAULIQUE

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RappoRt 2013 de l’inspecteuR de la sûReté hydRaulique

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photo de couverture : barrage de sainte-croix du Verdon - up Méditerranée © EDF / B. Conty

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

Ce rapport est d’abord destiné au président d’EDF et a pour objectif de lui présenter

le jugement de l’Inspecteur sûreté hydraulique sur le niveau de sûreté hydraulique à EDF.

Il s’adresse aussi à tous les acteurs de la sûreté hydraulique, à commencer par

le Directeur exécutif Groupe, en charge de la production et de l’ingénierie,

et par le Directeur de la Division production ingénierie hydraulique qui, par leurs actions

et leur engagement, contribuent à la sûreté. Il atteindra son but s’il leur propose

des axes de réflexion et objectifs d’amélioration, pour renforcer le management de

la sûreté et la maîtrise des risques.

Il met l’accent sur les points de fragilité et de faiblesse plutôt que sur les forces et le

travail déjà réalisé. Il doit être compris comme un instrument de progrès destiné à aider

tous ceux qui s’engagent dans la sûreté d’exploitation et de maintenance, et dans

la sûreté des études et travaux d’ingénierie.

Ce rapport est rendu public, il peut aussi apporter un éclairage à tous ceux qui sont

concernés ou intéressés par la production d’hydroélectricité et par les efforts menés

à EDF pour la rendre encore plus sûre.

Il est étayé par les observations et informations recueillies tout au long de l’année

lors de mes visites d’inspection. Je tiens à remercier tous ceux que j’ai rencontrés,

toutes les équipes visitées, pour leur accueil, la qualité des présentations et des débats,

et la transparence et volonté de progression dans lesquelles mes visites se déroulent.

Patrice BatouffletInspecteur Sûreté Hydraulique

Paris, le 24 janvier 2014

aVant-pRopos

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Annexes

A Organigramme de la Division production et ingénierie hydraulique à fin 2013

B Présentation et organisation de la DPIH

C Cartographie des unités de la DPIH

D Les différents types de barrages et d’aménagements ; fonctionnement d’une centrale hydroélectrique

e Grille de cotation interne des événements de sûreté hydraulique

F Niveau de gravité des EISH selon l’arrêté du 21 mai 2010

G Tableaux des indicateurs de sûreté de la DPIH

H Lexique

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

// Avant-propos 3

01 // Synthèse 2013 7

02 // La performance de sûreté hydraulique - Les indicateurs 15

03 // Le management de la sûreté 19

04 // La maîtrise de la sûreté du patrimoine et la stratégie de maintenance à long terme 29

05 // La sûreté d’exploitation 35

06 // La gestion des ouvrages soumis au risque crue 41

07 // La démarche OMISH 49

08 // Renouv’eau, des premiers apports effectifs à la sûreté 55

09 // Les compétences 61

10 // SEI Réunion 67

soMMaiRe

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

synthèse 2013

01CHAPItRE

Barrage de Guerlédan (up centre) - table de visée des pendules de mesure© EDF / SAUtEREAU Frédéric

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01CHAPItRE

une oRGanisation RoBuste au ReGaRd de la sûReté hydRaulique

Les équipes opérationnelles d’exploitation réalisent la surveillance et les manœuvres des matériels sur les ouvrages, en situation normale et en crue. Elles dis-posent d’une organisation pour suivre et effectuer la maintenance courante et mobilisent des équipes régio-nales dédiées pour la maintenance lourde et des activi-tés comme la maintenance du contrôle-commande et des supports de télécommunications. L’ingénierie hy-

draulique apporte l’appui à maîtrise d’ouvrage et assure la maîtrise d’œuvre des grands travaux : elle a montré sa capacité de mobilisation pour retrouver, à fin 2013, la disponibilité de la plus grande partie des aménage-ments des Pyrénées endommagés par la crue de juin. La surveillance des grands barrages organisée histori-quement avec soin par l’exploitant hydraulique et son ingénierie a évolué avec la réglementation de 2007 et fait partie des points forts du dispositif. La détection des écarts de sûreté est une pratique bien établie à l’exploitation (ESSH)4 et à l’ingénierie (ESSI)5. Les sites les plus sensibles situés à l’aval des ouvrages hydrauliques au regard de la maîtrise des variations de débits en rivière font l’objet d’une attention redoublée des exploitants et d’une présence renforcée des hydro-guides6 pendant les périodes estivales. Des plans d’ac-tion sont en cours pour encore réduire le nombre de sites concernés par ce risque.La préparation à la gestion des ouvrages en crue fait partie des exigences premières des exploitants hydrau-liciens. Les épisodes de crues de 2013, en particulier dans les Pyrénées, ont montré combien cette prépara-tion est primordiale.En s’appuyant sur un référentiel solide et des pratiques performantes, la DPIH vient de réviser sa politique de sûreté hydraulique pour prendre en compte les évolu-tions réglementaires et intégrer à son référentiel les méthodes de maîtrise des risques et la plus forte inter-action entre son exploitation et l’environnement socié-tal. La feuille de route 2014-2016 qui l’accompagne est assortie d’objectifs précis. Elle couvre la maîtrise des risques opérationnels (MRo), sûreté, sécurité-santé,

le RenfoRceMent de la suRVeillance et du contRôle des BaRRaGes

Le décret de 2007 a étendu la surveillance des barrages à un plus grand nombre d’ou-vrages de dimension moindre et augmenté les points de contrôle technique avec les ser-vices de l’administration. La surveillance réalisée par l’exploitant s’appuie sur un système éprouvé qui combine l’intervention et la coopération des équipes de proximité exploita-tion et maintenance, et des équipes régionales. Ainsi, plusieurs services spécialisés de la DTG1 d’EDF sont dédiés à l’analyse des données relevées par l’exploitant ou les systèmes de surveillance et produisent les rapports d’auscultation. Les services régionaux du CIH2 apportent également leurs compétences et expertise aux visites techniques approfondies réglementaires (VTA). L’ingénierie agréée3 produit les études décennales de danger et les revues de sûreté attendues par l’autorité de contrôle.

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atteinte à l’environnement pour mieux ancrer les mé-thodes de maîtrise des risques sur le terrain.La filière sûreté MRo, en cours de mise en place en 2013, renforce le potentiel du dispositif d’ensemble. La présence de cette filière est à ma connaissance une dis-position unique dans la production hydroélectrique.

des Résultats sûReté de Bon niVeau

Les indicateurs (détection des ESSH, maîtrise du risque à l’aval des aménagements, DMP7 Patrimoine) mesurant la performance de sûreté montrent une forte progres-sion de la DPIH8 sur les années passées et soulignent la constance de son action.Avec 3 006 ESSH de niveau 0, la détection des événe-ments précurseurs est toujours de bon niveau. Le nombre d’Événements importants pour la sûreté hy-draulique (EISH) proposés à l’autorité de contrôle et validés par cette dernière retrouve sa valeur de 2011 avec 17 au niveau jaune et 1 seul au niveau orange.Le nombre de sites à l’aval des ouvrages hydrauliques, dont la sensibilité au risque de variation rapide de ni-veau et de débit est forte ou très forte, a été fortement réduit durant la décennie, passant de 114 en 2005 à 19 en 2013. Le programme de rénovation du patrimoine hydrau-lique SuperHydro (sûreté et performance de l’hydrau-lique) est réalisé à 88 %. Il est relayé par un programme de maintenance à long terme comportant un volet dé-dié à la sûreté hydraulique : le programme IPHE-S, dont les activités décidées, réalisées en 2013, ont dépassé en

nombre et en ressources annuelles celles de Super-Hydro. Au total, depuis 2007, avec 908 Me pour la sûreté c’est le programme de rénovation du patrimoine hydraulique le plus important entrepris par EDF depuis plusieurs décennies. Je note aussi la progression du budget annuel de maintenance, passé de 100 millions d’euros en 2006 à 445 millions d’euros en 2013.Dans l’attente de la réalisation des travaux de rénova-tion, EDF déploie des dispositifs et moyens particuliers (DMP), parades destinées à garantir la sûreté. 947 DMP ont été mis en place en 2007 dans l’attente de la réali-sation des travaux sur les ouvrages prioritaires pour la sûreté, 610 DMP sont en place fin 2013.

1 Division technique générale.2 Centre d’ingénierie hydraulique.3 Ingénierie agréée au sens de l’arrêté du 18 février 2010.4 Événement significatif de sûreté hydraulique.5 Écart significatif de sûreté à l’ingénierie.6 Les hydro guides sillonnent les berges des rivières chaque été pour

sensibiliser les estivants, et autres utilisateurs, aux risques aux abords des ouvrages hydrauliques.

7 Dispositifs et moyens particuliers.8 Division Production Ingénierie Hydraulique.

de Gauche À dRoite :

crue dans les pyrénées© EDF / UPSo

cuvette de la coche© EDF / D. GUILLoDIn

travaux au sas ouest de Kembs© EDF / UP Est

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01CHAPItRE

Le décret du 11 décembre 2007 a fixé de nouvelles obli-gations réglementaires, dont la réalisation d’études exhaustives, contributives à la sûreté : études de danger (EDD) pour les ouvrages des classes A9 et B10 et revues de sûreté (RS) pour les ouvrages de classe A. La DPIH respecte le calendrier attendu de production de ces études. Ces études consolident la vision d’ensemble des risques et mettent en évidence les écarts à traiter. Elles renforcent la culture de sûreté.

Mais une pRoGRession qui s’atténue pouR ceRtains Résultats

La détection des Événements significatifs de sûreté hy-draulique s’établit à un niveau proche de celui de 2012 après une progression régulière ces dernières années. Le nombre d’ESSH ayant eu des conséquences externes ou ayant été à l’origine de dommages internes (57 ESSH ≥1) est supérieur à ceux des dernières années mais il faut considérer la forte influence des nombreux et importants épisodes de crues de 2013 dans les Pyré-nées notamment.Les efforts pour traiter les derniers sites les plus sensibles au risque de variation rapide de niveau et de débit res-tants deviennent très importants et passent notamment par un travail renforcé avec les collectivités et associa-tions. Revue régulièrement, la cotation de la sensibilité des sites aux risques s’appuie sur leur morphologie et leur fréquentation qui peuvent évoluer. En 2013 plu-sieurs sites ont vu leur cotation baisser et d’autres aug-menter ; il reste 19 sites à sensibilité élevée, en légère augmentation par rapport à 2012 (16).La diminution de 98 DMP à la suite des travaux réalisés s’accompagne de 41 nouveaux DMP mis en place sur les ouvrages et matériels en 2013.

les pRoGRès en couRs

Les actions porteuses de progrès sont nombreuses. Je fais le choix d’en présenter quelques-unes qui, à mon sens, illustrent au mieux l’année 2013 et confortent ma perception d’un management de la sûreté toujours dynamique.

le projet Renouv’eau améliore le niveau de sûretéLe projet Renouv’eau vise à concevoir, développer et déployer le modèle d’organisation, les outils du système d’information (SI) et les données pour renforcer la per-formance du parc hydraulique en intégrant les risques. La composante Produire et surveiller apporte une réno-vation des matériels de contrôle commande et des in-

frastructures de liaison, et renforce les moyens de sur-veillance des installations avec, en complément de la surveillance locale exercée par les exploitants de proxi-mité, un niveau de surveillance à distance. Implantée en tête de série à l’unité de production Est, la composante Maintenir et surveiller montre ses apports immédiats pour fiabiliser la gestion et le pilotage de la maintenance et des interventions sur les matériels oMISH11. Le projet Renouv’eau crée les conditions d’une dyna-mique de changement sur de nouveaux champs favo-rables à la sûreté. Il propose les pratiques les plus adaptées aux risques et les architectures de contrôle commande adaptées aux enjeux, et les traduit en référentiels. Préparée en 2013, la phase de déploiement opération-nel généralisé permettra de disposer bientôt de l’inté-gralité de Renouv’eau dans plusieurs unités12.

le pilotage à long terme de l’activitéLa DPIH se dote, depuis plusieurs années, d’un pro-gramme de maintenance à long terme intégrant la sû-reté hydraulique comme priorité : c’est le programme IPHE-S13 qui prend le relais de SuperHydro.Une nouvelle organisation du pilotage à long terme de l’activité se met en place : elle vise à mieux anticiper les opérations de maintenance et les études, en lien avec les obligations de concessionnaire et d’exploitant. Conçue pour améliorer la visibilité de l’enchaînement des opérations, elle bénéficiera notamment à celles qui touchent à la sûreté en sécurisant davantage la mobili-sation des ressources, de toutes natures, et l’anticipa-tion de leur préparation nécessaire à leur réalisation.

une gestion des aménagements en crue bien maîtriséeLes événements climatiques de juin 2013 dans plusieurs régions ont confirmé l’importance de la maîtrise de la gestion des barrages lors des crues par les intervenants et responsables d’exploitation. Les crues dans les Pyré-nées ont engendré des dégâts considérables sur le li-néaire des cours d’eau en montagne et sont à l’origine de pertes de production importantes à la suite de la dégradation de certaines parties des aménagements concédés à EDF. Le plus important reste l’absence de dommages humains et matériels liés à la conduite des aménagements en crue. L’ingénierie DtG a permis d’anticiper grandement les conséquences possibles de la fonte d’un manteau nei-geux important et l’unité de production Sud-ouest s’est mobilisée pour prendre les dispositions internes à EDF et nouer les contacts avec les services de l’État et leurs appuis. Cet épisode de crue fait l’objet d’un retour

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d’expérience propre à chacune des unités hydrauliques qui doivent alimenter l’ensemble de la DPIH.Le référentiel de haut niveau fixé par la directive crue est largement intégré. Sous l’incitation de cette directive, les formations d’accompagnement des techniciens sont de plus en plus complètes. La poursuite du déploiement des modules SIMBA14 aide les exploitants à mieux se préparer au risque crue. Cette préparation, qui intègre la connaissance détaillée et la maîtrise du fonctionne-ment des matériels en toutes circonstances, se conclut par la délivrance d’une autorisation personnalisée re-connaissant les compétences du personnel. C’est un facteur primordial de la bonne gestion des aménage-ments en crue.

les points À aMélioReR

l’organisation du ReX peut encore progresserJ’ai constaté des actions concrètes pour faire vivre le retour d’expérience, en particulier dans les filières des métiers. Mais il manque le dispositif transversal et réac-tif pour s’assurer que toutes les composantes d’un évé-nement important ou précurseur sont injectées vers les métiers (ingénierie, maintenance, exploitation) et les projets (Renouv’eau et Compétences), que les exigences techniques ou socio-organisationnelles et humaines sont exprimées, que les solutions proposées sont cohé-rentes et que l’attente de suivi de l’action est exprimée par la direction de la DPIH. très développé pour le domaine événementiel d’exploi-tation (ESSH), le socle de détection reste trop faible pour les activités de maintenance qu’elles soient réalisées par

les entités de maintenance spécialisée ou d’exploitation. Un dispositif de détection et de traitement des écarts de maintenance partant de l’activité et des processus des métiers élargirait le socle de détection et compléterait les dispositions existantes des ESSH et ESSI.De plus, malgré quelques actions concrètes à poursuivre, le potentiel d’amélioration qui peut être tiré d’une ana-lyse globale des ESSH n’est pas utilisé pleinement.Dans mes inspections de 2013, j’ai porté un regard par-ticulier sur l’analyse et le suivi des actions et leur réalisa-tion après un ESSH. Détectée en 2012, la baisse de la rigueur, toujours localisée, du processus d’analyse est confirmée. L’avancement des actions, les délais et les exigences internes ne sont pas partout complètement respectés et les outils de suivi sont parfois mal adaptés. Le management doit retrouver la vigilance et l’exigence nécessaires.

de Gauche À dRoite :

panneau de signalisation de risque en avant-plan au barrage de serre-ponçon© EDF / J.-L.DIAS

projet Renouv’eau : cReeX de toulouse© EDF / UPSo

9 Classe A = barrages dont la hauteur est supérieure ou égale à 20 mètres (149 ouvrages EDF).

10 Classe B = barrages non A dont la hauteur est supérieure ou égale à 10 mètres et dont le ratio « carré de la hauteur X racine carrée du volume de la retenue d’eau » est supérieur ou égal à 200 (90 ouvrages EDF).

11 ouvrages et matériels importants pour la sûreté hydraulique.12 Même si les raccordements des groupements d’usines aux centres

de surveillance régionaux s’étaleront sur plusieurs années.13 Ingénierie du parc hydraulique en exploitation-volet sûreté.14 SIMulateur Barrage.

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le gréement et les compétences de la filière MRo sont à renforcerEn 2012, la DPIH a créé une filière sûreté MRo dans les unités de production. Fin 2013, les équipes MRo des unités de production et d’ingénierie sont en place mais la filière n’a pas encore trouvé ses marques, son animation n’est pas en adéqua-tion avec la cible visée, ses missions sont à enrichir, elle doit aussi renforcer sa coopération avec l’ingénierie de production régionale. Les acteurs de la filière sont, globalement, ceux qui étaient en poste avant sa création. Le statut des respon-sables de la filière dans les organisations est resté le même, à peu de chose près. Ces derniers points me semblent les plus importants, et je préconise d’adapter le gréement de la filière sûreté MRo, et l’accompagne-ment dans sa montée en compétences, en cohérence avec le rôle que la DPIH lui accorde.

la démarche oMish15 reste à approfondir et mieux piloterSi les principes de la démarche oMISH sont connus, son application reste à améliorer.Dans les groupes d’exploitation hydraulique (GEH), la démarche n’est pas suffisamment pilotée ni challengée : les objectifs en matière d’analyse de risque et de requa-lification, de rédaction de modes opératoires et de dos-siers d’ouvrages ne sont pas fixés ni suivis par des indi-cateurs fiables. Le caractère oMISH des activités n’est pas visible sur le planning.Pour les chantiers menés par le CIH, il faut que l’ingé-nierie, la maîtrise d’ouvrage et l’exploitation gèrent

davantage en coopération les jalons d’expression de besoins, d’analyse de risque, de requalification et de transfert d’installation. La rigueur et la coopération de chacun des interlocuteurs et l’anticipation des situations sont des facteurs clés de réussite. L’organisation pra-tique des requalifications souffre d’un manque de re-pères clairs.Cette démarche doit aussi faire l’objet de compléments précisant les exigences attendues des prestataires, en impliquant la filière achats. La réflexion montre qu’il est possible de mieux valoriser la contribution à la sûreté des activités d’étude, d’exper-tise ou de diagnostic de l’ingénierie, en précisant les exigences attendues ou en développant la notion d’ac-tivités ISH.

la rigueur d’examen des dMp est impérative Dans l’attente de réalisation des opérations de maintien du patrimoine, la démarche DMP constitue une parade indispensable compte tenu du retard pris à la program-mation de certaines opérations de maintenance. La baisse des DMP résultant du programme de travaux est significative mais elle est pondérée par l’apparition de DMP sur de nouveaux matériels. Je préconise donc de surveiller la diminution du nombre de DMP pour apprécier l’effet du vieillissement du parc, et de s’assu-rer de l’importance relative pour la sûreté des nou-veaux DMP. Au fil des années l’examen de certains DMP peut deve-nir répétitif et la ligne managériale peut s’éloigner du risque. Les options techniques débattues avec les ap-puis locaux et l’ingénierie méritent aussi d’être chal-

01CHAPItRE

de Gauche À dRoite :

transmission des compétences quart’eau (up alpes) © EDF / DPIH

Mise en place d’une vanne au barrage Bonpas© EDF / UP Med

formation en salle (quart’eau - up alpes) © EDF / DPIH

Montauroux (up Med) : exercice pompier d’évacuation d’urgence© EDF / UP Med

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lengées. Je considère que les moyens accordés à la sûreté hydraulique doivent rester cohérents avec les ambitions affichées et la situation du patrimoine, et que les DMP amenés à se prolonger doivent être consi-dérés avec la plus grande rigueur au regard de la sûre-té et qu’un contrôle accru du niveau Division doit consolider le dispositif.

la maîtrise des risques opérationnels reste un point à surveillerDe nombreuses actions sont engagées dans tous les secteurs de la DPIH, dont une part importante contribue à la sûreté. Les équipes opérationnelles et leur manager éprouvent parfois des difficultés à maîtriser la charge de travail qui en résulte, en gardant la marge disponible pour la présence sur le terrain et le contrôle interne.Plusieurs dispositifs sont en cours de déploiement pour maîtriser la charge et les risques : pilotage long terme d’activité, planification des activités des équipes avec l’aide du « projet de site », ou encore les pratiques hu-maines de fiabilisation des interventions qui me semblent porteuses d’un potentiel important pour la maîtrise des risques, à la fois de sécurité et de sûreté dans les conditions opérationnelles. L’implantation des pratiques de fiabilisation des interventions me paraît encore fragile, ce qui m’incite à recommander une at-tention particulière à leur déploiement. L’évolution du référentiel, quand il concerne l’en-semble de la DPIH, doit faire l’objet d’une étude d’im-pact poussée.

le renouvellement des compétences est une condition indispensable pour toutes les composantes de la dpihLe dispositif de professionnalisation concourt efficace-ment à l’intégration de nombreux nouveaux arrivants dans les métiers de base d’exploitation et de mainte-nance. Il propose aussi un appui méthodologique au transfert de compétences locales répondant à la diver-sité des techniques utilisées à la DPIH. La recherche de candidats expérimentés pour des postes d’ingénieurs et de techniciens en unité de production et d’ingénierie peut présenter des difficultés à aboutir rapi-dement. Des équipes largement remaniées peuvent être fortement exposées, notamment eu égard au pro-gramme de travaux importants, et avoir un besoin d’appui renforcé pour leur permettre une bonne appro-priation de la culture des risques.Les formations complémentaires au dispositif national développées par les équipes opérationnelles devraient être mieux appuyées par la filière RH. Pour cet ensemble d’actions les ressources mobilisées par la filière RH me semblent, sauf exception, en retrait des besoins.

15 La directive ouvrages et Matériels Importants pour la Sûreté Hydraulique (oMISH) fixe les critères de définition et les exigences à apporter pour la conception, l’exploitation et la maintenance des ouvrages et matériels concernés.

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n Mieux concevoir et mieux tirer profit du ReX

- Mieux structurer et piloter le REX de la DPIH pour ga-rantir des actions réactives, et transversales au niveau du parc. Mieux utiliser les données globales recueillies pour en déduire des actions d’amélioration.

- Élargir la base de détection des précurseurs de sûreté à la maintenance à l’aide d’un système de traitement des écarts du métier.

- Retrouver rapidement, dans les équipes opération-nelles où cela est nécessaire, le niveau attendu d’ana-lyse, de suivi et de réalisation des actions suite à ESSH.

n Renforcer les lignes de défense de sûreté

- Compléter le gréement et l’accompagnement en com-pétences de la filière MRo, dans les unités, ce en adé-quation avec la cible visée.

- Piloter de manière plus intensive et différenciée la dé-marche oMISH aux différents niveaux de l’organisa-tion :

• soigner le passage des étapes clés en commun entre unités d’ingénierie et de production, et définir les res-ponsabilités lors de la requalification,

• définir les exigences attendues vis-à-vis des presta-taires,

• compléter la démarche par une approche des Activités importantes pour la sûreté adaptée aux études et ana-lyses de l’ingénierie.

- Maintenir la cadence d’avancement du programme IPHE-S, et finaliser SuperHydro, pour les opérations de rénovation et de maintenance. Dans le même temps, assurer vigilance, rigueur, implication managériale et contrôle du niveau DPIH dans le suivi des DMP patri-moine, en mobilisant les différentes composantes de la DPIH pour maintenir toute la force de cette ligne de défense.

Mes pRioRités d’attention

n Gagner en méthodes et en compétences- Piloter avec attention le déploiement des méthodes de fiabilisation des interventions.

- Renforcer l’appui de la filière RH à la ligne managériale pour répondre aux besoins de sûreté du domaine com-pétences :

• anticiper le renouvellement quantitatif et qualitatif des compétences et apporter un soutien aux équipes en situation de fragilité,

• suivre les formations déployées localement pour les évaluer, les valoriser et les faire bénéficier d’appuis analogues à ceux du dispositif QUARt’eau.

- Renforcer la filière RH pour lui permettre d’apporter méthode et soutien à la filière managériale en adéqua-tion avec l’importance du sujet du renouvellement des compétences.

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02CHAPItRE

Les résultats de sûreté sont évalués à partir d’indicateurs : détection des ESSH, nombre de sites à forte ou très forte sensibilité au risque à l’aval des aménagements, nombre de DMP16 sur les ouvrages prioritaires.

16 Dispositifs et moyens particuliers.

la peRfoRMance de sûReté hydRaulique - les indicateuRs

Barrage de serre-ponçon avec ses évacuateurs de crue ouverts en arrière-plan© EDF / J.-L.DIAS

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la peRfoRMance de sûReté

une détection des essh stabiliséeAvec 3006 ESSH19 de niveau 0, la détection s’établit peu au-dessus de celle de 2012, année d’un grand froid généralisé à l’origine de nombreux écarts mineurs. Les événements ayant eu des conséquences externes (57 ESSH de niveau supérieur ou égal à 1) sont plus nombreux que ceux des dernières années, mais ils restent dans l’ordre de grandeur si l’on fait abstraction de ceux liés aux crues (24).Les événements importants pour la sûreté hydraulique (EISH) déclarés au titre de l’arrêté de mai 2010 sont au nombre de 18 : 17 classés jaunes et un seul orange qui n’a entraîné aucun blessé.on enregistre 93 ESSI en 2013, ce qui est proche des résultats des années précédentes.

sensibilité au risque de variation de débit en rivière à l’aval des ouvrages : un effort plus important à fournirSur certains sites, dans des endroits parfois très encais-sés, il existe un risque dû aux variations, parfois sou-daines, des débits MVD20 à l’aval des ouvrages hydrau-liques. Selon les circonstances d’exploitation, l’eau peut brutalement monter. EDF poursuit une campagne permanente de prévention et a créé un système uniforme de cotation de la sensibi-lité des sites qui permet d’apprécier les progrès au plan

tant local que national. La baisse importante et continue du nombre de sites présentant une sensibilité forte et très forte à l’aval des ouvrages (114 en 2005, 45 en 2008, 16 en 2012) montre l’important effort de la DPIH pour réduire le risque.En 2013, les résultats marquent une augmentation (de 16 à 19) des sites à sensibilité forte, ce nombre recou-vrant le déclassement de certains sites et l’augmentation du classement d’autres sites. L’année 2013 confirme que l’effort à fournir pour réduire le risque des derniers sites à cotation élevée est de plus en plus important et nécessite parfois des solutions pénalisantes pour l’ex-ploitation ou onéreuses. Dans la feuille de route sûreté 2014-2016, la direction de la DPIH a exprimé clairement sa volonté de réduire de moitié les sites de forte et très forte sensibilité.

sensibilité aux risques canaux et amont des ouvragesL’amont des ouvrages hydrauliques et les abords des canaux peuvent aussi présenter des dangers pour les utilisateurs des cours d’eau ou plans d’eau. La méthode de cotation de la sensibilité des sites, élaborée par la DtG, n’est pas suffisamment développée pour en tirer des conclusions générales.

les dMp patrimoineLes DMP patrimoine (dispositifs et moyens particuliers dans l’attente des travaux de rénovation) sur les cinq familles d’ouvrages prioritaires pour la sûreté, notam-ment dans le cadre des programmes SuperHydro et IPHE-S, réduisent le risque sur ces ouvrages.En 2007, 947 DMP avaient été définis et mis en œuvre dans le parc hydraulique. L’important travail de diagnos-tic et de travaux de maintenance en a ramené le nombre sous la barre des 700 fin 2012. Entre 2012 et 2013, 98 DMP ont été supprimés et 41 sont apparus.

les analyses d’esshPour bien utiliser la détection des événements, des ob-jectifs sont fixés au niveau local pour l’analyse des écarts et signes précurseurs, et pour les actions correctrices. Des indicateurs de détection et d’analyse sont en place et la boucle d’amélioration est suivie.Dans mes inspections de 2013, j’ai porté un regard par-ticulier sur ces éléments, bases de la sûreté en exploita-tion. Détectée en 2012, la baisse de la rigueur, toujours localisée, du processus d’analyse est confirmée. L’avan-cement des actions, les délais et les exigences internes ne sont pas partout complètement respectés et les outils de suivi sont parfois mal adaptés. Le management doit retrouver la vigilance et l’exigence nécessaires.

02CHAPItRE

essh et essi

La DPIH s’est dotée d’un système de détection des précurseurs et écarts de sûreté très développé, au plus près du terrain, qui s’appuie sur l’action ou le signal d’un automa-tisme et sur l’appréciation de l’exploitant local. Un système de collecte informatisé mémorise cette somme importante de données (autour de 3 000 événements par an). Analysée du premier niveau du terrain jusqu’au sommet de la DPIH, cette matière ali-mente le dispositif de surveillance de la sûreté.Depuis 2009, les deux unités d’ingénierie (DTG17 et CIH18) ont créé un dispositif de traitement des ESSI, écarts significatifs de sûreté à l’ingénierie. Complémentaire de l’approche événementielle, cette approche couvre l’action correctrice des dysfonction-nements ou des non-qualités dans les activités d’ingénierie en phase d’étude ou de réalisation. Près d’une centaine d’ESSI sont analysés chaque année.

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Au niveau régional et national, les éléments d’analyse sont utilisés à des fins statistiques pour repérer des ten-dances et prendre les éventuelles dispositions d’en-semble. Ce travail nécessite une reprise manuelle des données, compte tenu de l’ancienneté de l’outil de suivi qui n’a pas été conçu à cet usage.

le Respect du calendRieR RéGleMentaiRe

Fin 2013 la DPIH a produit 203 des 240 EDD attendues d’ici à 2014 sur l’ensemble des ouvrages A et B et se place en situation de produire les EDD de 2e génération dès 2015. Le calendrier des RS est lui aussi en bonne voie avec 86 revues délivrées fin 2013 sur les 154 attendues pour 2017. Les 157 EDD des ouvrages de classe A sont toutes réalisées.

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE la peRfoRMance de sûReté hydRaulique -

les indicateuRs

l’éVéneMent du 30 juillet 2013 À l’aVal du BaRRaGe de KeMBs

L’ouverture intempestive du barrage de Kembs entraîne une augmentation de débit de 470 m3/s dans le lit du Rhin et une variation de niveau de 1,45 m à l’aval immédiat du barrage en moins d’une demi-heure. Trois jeunes adultes installés à 1 km en aval du barrage sur un îlot du fleuve, dont l’accès est interdit tant du côté français que du côté allemand, ont été mis en difficulté. Ils ont regagné la rive par eux-mêmes. Alertés, les secours sont intervenus sur les deux rives du fleuve.Cet événement s’inscrit dans le contexte de la requalification du nouvel automate du barrage de Kembs après sa rénovation. Cet automate prend le relais de l’automate de l’usine dès lors que le débit usine atteint le débit d’équipement et qu’il est néces-saire d’ouvrir le barrage de Kembs. Il doit aussi prendre en compte des contraintes liées à l’amont et à l’aval de l’aménagement.En cours de finalisation, l’analyse détaillée de l’événement fait apparaître plusieurs points à améliorer : modalités de transfert des installations vers l’exploitant, culture de sûreté des différents acteurs à plusieurs étapes (conception, études, essais), pilotage des affaires (expression des besoins et son partage entre l’exploitant et l’ingénierie, conception et pilotage du plan général d’essais).

17 Division technique générale.18 Centre d’ingénierie hydraulique.19 Événements significatifs de sûreté hydraulique. 20 Maîtrise des variations de débit et des risques à l’aval des aména-

gements hydrauliques.

de Gauche À dRoite :

Maintenance Roue à Kembs© EDF / Atoll

centre conduite hydraulique de Kembs© EDF / Atoll

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RecoMMandation

n Retrouver rapidement, dans les équipes opérationnelles où cela est nécessaire, une animation locale plus appuyée et plus systématique de l’analyse et du suivi des actions à la suite d’un essh pour contribuer au ReX et à la montée en compétences des exploitants.

conclusionles indicateurs (détection des essh, maîtrise du risque à l’aval des aménagements, dMp patrimoine) mesurant la performance de sûreté montrent la forte progression de la dpih dans les années passées, soulignent la constance de son action, mais la progression mesurée en 2013 s’atténue. en particulier, les signes d’une diminution localisée d’exigence dans l’analyse et le suivi des actions à la suite d’un essh se confirment.

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

le ManaGeMent de la sûReté

03CHAPItRE

Le management de la sûreté repose sur des exigences établies et stables, des responsabilités claires, des objectifs connus et une boucle de retour d’expérience pilotée.L’engagement sûreté des managers doit être visible au quotidien. Il leur revient de mobiliser leurs équipes pour progresser, de susciter chez chacun une attitude interrogative et prudente, de reconnaître l’implication et l’initiative de chacun, de contrôler pour améliorer la performance et mesurer les difficultés du terrain.Ils doivent s’assurer de disposer en permanence des compétences nécessaires aux activités et à l’amélioration de la sûreté ainsi que des appuis pour faire progresser celle-ci.

Barrage de la Gittaz (up alpes)© EDF / D. GUILLoDIn

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un RéféRentiel qui s’est considéRaBleMent RenfoRcé

La DPIH a considérablement renforcé son référentiel interne avec les travaux issus des projets nationaux et la révision de la politique de maintenance ainsi qu’avec, sur le plan externe, la réglementation de 2007.L’évolution récente de la directive oMISH en version 3 montre qu’un changement, en apparence simple, a conduit à de nombreux questionnements dans l’en-semble des GEH sur le périmètre de définition des oMISH et généré un travail important. La directive Com-pétences SDo21 rencontre des difficultés dans son appli-cation car elle impose une analyse détaillée des activités des emplois pour appliquer les exigences décrites. Ces deux remarques m’incitent à préconiser de porter une attention soutenue aux conséquences de l’évolution du référentiel quand ce dernier implique un grand nombre d’agents ou concerne l’ensemble des ouvrages. A contrario, des évolutions du référentiel spécialisé à un métier, clarifiant par exemple un élément récurent des études à réaliser ou précisant des critères d’expertise, peuvent continuer d’enrichir la DPIH. L’administration travaille sur un nouveau cadre régle-mentaire pour la tenue au séisme des barrages et pour les crues. La réglementation proposerait de confronter l’approche historique d’EDF à des valeurs normatives (zonage sismique de la France). Dans de nombreux cas, cela aura pour conséquence d’augmenter significative-ment les accélérations à prendre en compte, jusqu’à les doubler dans certains cas extrêmes. Il me semble impor-tant d’inscrire la prise en compte des évolutions futures dans une logique industrielle, intégrant ses différentes dimensions (technique, économique et humaine), via une relation avec l’administration empreinte de la plus grande rigueur vis-à-vis de la tenue des engagements.

la nouVelle politique de sûReté : une pRioRité RéaffiRMée dans un nouVeau conteXte

La politique de sûreté poursuivie depuis plusieurs an-nées par la DPIH vise un haut niveau de sûreté et une amélioration régulière. En 2013, la DPIH a revu sa poli-tique de sûreté hydraulique et intégré plusieurs élé-ments de contexte :- évolution de la réglementation,- exigence sociétale d’une attente de transparence ac-crue,- développement des activités autour des rivières et des ouvrages,- fort renouvellement du personnel.

Évolution fondamentale, le risque est appréhendé comme un élément inhérent à l’activité du producteur hydraulique et sa maîtrise comme une priorité absolue.La nouvelle politique reprend des éléments fondamen-taux de la maîtrise du risque sûreté à la DPIH et renforce la dimension humaine :- engagement du personnel, - culture de sûreté,- compétences.Elle intègre les méthodes de maîtrise de risques déve-loppées ces dernières années (analyse des risques, pré-paration, point d’arrêt, requalification) et les deux voies de la maîtrise des risques que sont la ligne managériale et la filière MRo. En cohérence avec la politique de sûreté, la DPIH a pré-cisé sa feuille de route sécurité – sûreté – environnement 2014-2016 présentée lors de la convention sûreté. Cette dernière a réuni plus de 500 participants, soit près de 10 % des collaborateurs de la DPIH. Des représen-tants du service de contrôle étaient également présents, illustrant ainsi la volonté de transparence de la DPIH.Cette politique formalise plusieurs années d’évolution de la sûreté hydraulique à la DPIH, initiées tant par des motivations internes que par la réglementation et l’évo-lution sociétale. Avec la feuille de route 2014-2016, elle donne une nouvelle impulsion à la DPIH.

la sécuRité et la santé au tRaVail : des oBjectifs aMBitieuX, un pilotaGe RenfoRcé, une déMaRche MieuX stRuctuRée

La DPIH a renforcé son exigence de sécurité pour mieux maîtriser les risques et diminuer les accidents graves. En 2013, elle a continué de restructurer sa démarche santé-sécurité, en intégrant une vision globale de maîtrise des risques. Ces actions s’inscrivent dans la dynamique de progrès portée par le projet Sécurité de la direction Pro-duction Ingénierie d’EDF.- Les objectifs santé-sécurité inscrits dans la feuille de route portent sur la baisse de la fréquence des accidents avec arrêt (EDF et prestataires) et l’atteinte d’un nou-veau standard, sur la généralisation de la formation et l’habilitation au nouveau référentiel de sécurité et sur le développement des méthodes de fiabilisation des inter-ventions. Cette feuille de route généralise des pratiques déjà engagées dans le domaine sûreté. La fiabilisation des interventions se développe sous la bannière sécu-rité, tout en portant un potentiel de progrès collectif dans plusieurs domaines dont la sûreté. Elle nécessitera beaucoup d’engagement et de temps pour modifier les comportements.

03CHAPItRE

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- Le plan d’action santé-sécurité a été revu pour inté-grer le nouvel objectif de baisse du taux de fréquence des accidents avec arrêt (EDF et prestataires). Il reprend les éléments de la feuille de route : management, inter-venants, prestataires, filière d’appui MRo, matériel.- Le référentiel santé-sécurité Prescript’eau de la DPIH se déploie. Il est conçu pour mieux intégrer les évolutions réglementaires dans une cohérence renforcée avec le référentiel de la direction Production Ingénierie d’EDF. - La directive prestataires et le plan d’action associé sont en place depuis 2012. Sur le terrain, je n’ai pas encore observé un déploiement très prononcé de la directive. Je constate que des éléments de maîtrise des risques sûreté peuvent rejoindre les exigences attendues vis-à-vis des prestataires.- La filière sûreté-sécurité a poursuivi son gréement en compétences.- Un inspecteur santé-sécurité au travail a été nommé en 2011 : il rapporte directement au directeur de la DPIH, mène des inspections sur le terrain et rédige un rapport annuel.Les résultats de 2013, exprimés par le taux de fréquence qui atteint 3,222 et le taux de fréquence global qui atteint 5,6, s’améliorent par rapport à 2012, tout en restant éloi-gnés de la cible fixant à l’horizon 2017 l’atteinte du taux de fréquence EDF et prestataires à 2. Sur le terrain, j’ai observé la préoccupation et la mobili-sation des managers ainsi que des démarches de mobi-lisation régionales. Une unité a, par exemple, structuré la détection et le traitement des précurseurs de sécurité ainsi que le suivi des actions pour tirer parti des informa-tions recueillies afin de déterminer les axes prioritaires.

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE le ManaGeMent de la sûReté

de Gauche À dRoite :

convention sûreté de la dpih© EDF / McCAnn

convention sûreté de la dpih© EDF / McCAnn

Cette animation mérite d’être étendue sous l’animation de la filière MRo. Dans ce domaine, je pense que la mise à disposition d’un processus de traitement des écarts accompagné d’outils simples intégrant le suivi d’action évite de développer ces concepts et outils en local.Ces évolutions visent à améliorer la diffusion et le par-tage de la culture de sécurité et des bonnes pratiques et

la feuille de Route sécuRité, sûReté, enViRonneMent 2014-2016 : cinq leVieRs pouR la MaîtRise des Risques

Intitulée Faire de la maîtrise des risques une partie intégrante de la performance de la DPIH, elle repose sur cinq leviers :- développer une attitude prudente et interrogative,- accompagner le management pour lui permettre de maîtriser les risques,- structurer la filière Maîtrise des risques,- poursuivre la fiabilisation des installations,- s’appuyer sur le référentiel, dont la réglementation, pour progresser.Elle fixe des objectifs précis et ambitieux.

21 Surveillance des ouvrages.22 Le tf représente le nombre d’accident du travail avec arrêt

rapporté au million d’heures travaillées.

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03CHAPItRE

à améliorer les résultats. Elles contribuent aussi à faire progresser la sûreté hydraulique, par leurs exigences dans les comportements et par le renforcement des méthodes et outils de travail de la maîtrise des risques.

de noMBReuses actions contRiButiVes À la sûReté

J’ai observé de nombreuses actions, engagées dans tous les secteurs de la DPIH, dont une grande part est contri-butive à la sûreté ou au renforcement des lignes de défense. De grands chantiers d’amélioration du patrimoine se poursuivent avec l’IPHE et son volet sûreté, et MRC-D23. Le projet Renouv’eau, avec sa composante modernisa-tion-standardisation des équipements hydrauliques, poursuit son déploiement. La sûreté est l’axe majeur des directives Crue et Surveillance des ouvrages (SDo). La démarche oMISH vise à apporter les outils d’une meil-leure maîtrise des activités de sûreté en renforçant les lignes de défense.Les managers doivent assurer l’arrivée sereine de ces différents projets dans leur équipe et consacrer du temps à la présence sur le terrain et au contrôle interne. Je note que la réalisation des Visites managériales de sûreté hydraulique est très diversement appropriée en quantité, exigence et finalité. Pourtant c’est un moment privilégié de présence du manager auprès de ses colla-borateurs en situation de travail.Sur le terrain, j’ai rencontré des équipes très investies, avec une forte volonté d’aboutir, mais qui parfois ne peuvent plus maîtriser totalement la charge de travail

induite par les changements tout en menant à bien leurs missions de base. L’organisation cible définie par la DPIH pour les unités de production intègre le management des risques com-prenant la sûreté hydraulique et renforce l’encadrement des équipes opérationnelles. Concrètement beaucoup d’équipes ont déjà mobilisé les ressources d’encadre-ment visées, même si les missions cibles ne seront mises en place que progressivement. Je considère que ce fac-teur d’anticipation est positif, et de nature à contribuer à répondre à la charge de travail rencontrée. Les services d’ingénierie du CIH viennent d’être renfor-cés en systématisant les emplois d’adjoints et de délé-gués techniques, afin notamment de répondre au be-soin de renforcement des compétences techniques et de maîtrise des risques, dont l’aspect sûreté. Le pilotage à long terme de l’activité24 apporte aussi un élément de réponse. Au niveau des équipes opération-nelles, la démarche Projets de sites d’analyse de l’en-semble de l’activité et de priorisation de celle-ci me semble bien adaptée et complémentaire de la démarche oMISH et des pratiques de fiabilisation des interventions qui, elles aussi, visent à maîtriser toutes les composantes de l’activité. Cette priorisation via les projets de sites peut aussi s’enrichir de la contribution de la filière MRo. J’ai observé plusieurs équipes utilisant l’outil de mana-gement Projets de sites qui offre aussi l’intérêt d’associer le personnel à la réflexion et de faciliter la compréhen-sion et la mise en œuvre des priorités retenues. Au final, elles développent un savoir-faire de planification et d’évaluation des ressources. C’est une évidence pour les GMH et les services d’ingénierie qui travaillent dans une

AccompAgner le mAnAgement et l’encAdrement pour leur permettre de mAîtriser les risques sur leur périmètre

poursuivre lA fiAbilisAtion de nos instAllAtions

développer chez chAcun une Attitude prudente et

interrogAtive

structurer une filière mAîtrise

des risques opérAtionnels

en Appui Au mAnAgement

et Aux équipes pour mAîtriser les risques,

et Animer le rex et le pex

s’Appuyer sur le référentiel,dont lA réglementAtion,

pour progresser

FEUILLE DE ROUTE MAÎTRISE DES RISQUES 2014 - 2016

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Division Production Ingénierie Hydraulique

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE le ManaGeMent de la sûReté

relation de contrat et de ressources, c’est nouveau pour les exploitants. La démarche Projets de sites facilite aussi les nouveaux arbitrages en cas d’aléas importants. Cependant, elle ne peut apporter un remède absolu, et il faut aussi concilier une vision locale de l’optimisation aux contraintes provenant d’autres équipes de travail. La Direction de la DPIH a décidé d’étendre l’élaboration des Projets de sites à l’ensemble des équipes opération-nelles d’exploitation et de maintenance en 2014.

la déMaRche oMish

La démarche oMISH, ouvrages et matériels importants pour la sûreté hydraulique, est porteuse d’une réelle amélioration de sûreté dans les métiers d’exploitation et de maintenance. Elle entraîne aussi l’ingénierie et doit mobiliser les prestataires.Elle fait l’objet du chapitre 7.

le ReX et son oRGanisation

tirer parti du « stock » d’événementsLa DPIH détecte et analyse près de 3 000 événements significatifs de sûreté hydraulique (ESSH) chaque année. Ces ESSH sont accessibles dans l’outil SILEX25. Dans le cadre du projet Renouv’eau, des grilles de saisie com-plémentaires ont été élaborées pour faciliter leur traite-ment statistique. De plus, depuis 2009, l’ingénierie détecte et analyse des écarts significatifs de sûreté à l’ingénierie (ESSI).J’observe, dans les groupements d’usines, une baisse de la rigueur dans le processus d’analyse confirmée par une

dégradation des indicateurs de suivi de l’outil de ges-tion. De plus, les actions décidées sont, à trop d’endroits, moins bien suivies car l’outil de suivi d’actions de la DPIH a été abandonné au profit d’outils cherchant à être plus simples d’utilisation. Cette situation mérite une atten-tion particulière pour en comprendre la motivation, préserver la force que constituent l’analyse et le traite-ment des actions au plan local, et clarifier les attentes d’un système de gestion des actions.toutes ces données sont exploitées par la DPIH pour en déduire des objectifs d’amélioration, ciblés ou géné-raux. Des initiatives régionales en ce sens ont aussi été tentées dans des unités de production : elles méritent de continuer et leurs résultats d’être partagés. Les ap-proches utilisées consistent à identifier les matériels à l’origine des événements, à identifier les phases de tra-vail à l’origine des événements, et élargir la recherche des combinaisons de facteurs. La détection des précur-seurs de sûreté intervenant dans les études de danger (EDD) sera aussi un axe de croisement à examiner.

de Gauche À dRoite :

feuille de route Maîtrise des risques© EDF / DPIH

convention sûreté de la dpih© EDF / McCAnn

consignes sécurité à la Bâthie (up alpes)© EDF / UP Alpes

exercice sécurité à Villerest (up alpes)© EDF / UP Alpes

23 Maîtrise du Risque Crue par le Dimensionnement.24 Voir le chapitre 4.25 Le Système d’Information de l’Exploitant SILEX comporte plu-

sieurs modules, dont un réservé à la mémorisation et à l’analyse des événements d’exploitation.

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le traitement des écarts de maintenanceLes ESSH sont des écarts de sûreté détectés lors des événements d’exploitation. À partir de leurs systèmes de traitement des écarts de sûreté, fiches tEP et FEA26, les deux unités d’ingénierie ont renforcé la détection des écarts significatifs de sû-reté à l’ingénierie, les ESSI. Complémentaire de l’ap-proche événementielle, cette approche métiers élargit l’action correctrice et le retour d’expérience à des écarts méthodologiques sans impact direct sur la sûreté, et apporte donc une correction plus anticipatrice. Ainsi, la décision d’ouvrir un ESSI peut s’accompagner ou non de la déclaration d’un ESSH.Un des GMH a décidé de repérer les écarts de mainte-nance en lien avec la sûreté, ESSM, pour alimenter la boucle du retour d’expérience et mieux relier son acti-vité à la sûreté. J’encourage cette initiative et je consi-dère quelle doit donner lieu à un développement plus complet au niveau de la DPIH.Ces systèmes ont des origines et des finalités différentes. La DPIH pourrait gagner en lisibilité en clarifiant les prin-cipes. Je préconise d’engager cette réflexion.

tirer parti des événements précurseurs et des événements à enjeuLa filière sûreté, sous l’animation de l’équipe nationale, réalise des synthèses des événements ESSH ou ESSI dif-fusées à tous les hydrauliciens du groupe EDF. Ces docu-ments visent à informer largement, avant décisions d’action par les comités stratégiques de sûreté ou de maintenance. Je constate une baisse de ce type d’infor-mation en 2013.

J’ai bien observé des initiatives des unités de production pour exploiter le retour d’expérience technique à la suite des événements importants des dernières années, mais sans vision globale ni précise de l’avancement du sujet. Les filières métiers animent ces retours d’expérience, notamment pour les évènements relatifs aux matériels en fonte et aux conduites forcées, repris et animés en-suite par la filière mécanique principalement. L’unité de production Sud-ouest fait preuve d’un niveau d’exi-gence élevé, et surtout très complet, pour les conduites forcées. Les autres unités, qui parfois ne sont concer-nées que ponctuellement, se sont toutes mises en mou-vement mais l’état du diagnostic et les plans d’action sont moins avancés. J’ai constaté que le projet Renouv’eau s’est aussi saisi, de son côté, des incidents sur les conduites forcées pour faire bénéficier la composante Produire d’une ligne de défense de surveillance. Pour autant, le projet Compé-tences n’a pas reçu de demande particulière pour inté-grer ces événements dans les cursus de professionnali-sation en cours.Des actions concrètes sont aussi engagées pour faire vivre le retour d’expérience dans les filières des métiers. Il manque toutefois le dispositif transversal pour s’assu-rer que les différentes composantes d’un événement sont injectées vers les métiers et les projets (Renouv’eau et Compétences), que les exigences techniques ou so-cio-organisationnelles et humaines sont exprimées et que les solutions proposées sont cohérentes. En ap-puyant l’analyse locale et en précisant les exigences de retour attendues par le décideur, ce dispositif pourrait améliorer la réactivité et la détermination de la DPIH.

03CHAPItRE

de Gauche À dRoite :

conduites forcées de Guerlédan© EDF / G. HUGUEt

Barrage de la Gittaz (up alpes)© EDF / D. GUILLoDIn

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Quelques exemples :- un ESSH, ayant conduit fin 2012 à la rupture d’une conduite de décharge d’une machine obturée par un bouchon de glace, a été analysé en détail et les actions sont prises en compte dans l’unité. Il a fait l’objet de suites précises dans la filière maintenance mais les as-pects exploitation n’ont pas fait l’objet d’examen ni de prescriptions particulières,- des événements à fort impact, comme l’EISH orange de Kembs survenu fin juillet 2013, bénéficient d’une analyse poussée réunissant à la fois l’ingénierie et l’uni-té de production, avec aussi l’appui de spécialistes du domaine SoH27 de la structure MRo28 nationale. Je re-lève que cette analyse prend beaucoup de temps, lar-gement au-delà des trois mois attendus,- l’ESSI de la Gittaz29 a fait l’objet en 2013 d’une analyse poussée, à la suite de l’absence détectée de relevé d’aus-cultation de certains matériels pendant plusieurs mois, entre l’unité de production et l’ingénierie. Son caractère de précurseur a été bien repéré. Cependant, si les deux unités ont bien pris les dispositions s’imposant et si une information de REX détaillée a été élaborée et diffusée, aucune disposition n’est demandée aux autres unités.Ma conclusion est qu’un pilotage d’ensemble apparaît indispensable pour donner à ces différentes initiatives toute leur efficacité.

un pilotaGe coRRect du « pRocessus » sûReté

La boucle annuelle (objectifs - plan d’action - bilan) est opérationnelle dans toutes les unités et le projet Re-

nouv’eau. Les plans d’action sûreté sont fixés à partir des objectifs du plan à moyen terme de l’unité, de la feuille de route sûreté, du rapport de l’inspecteur sûreté. Un bilan de sûreté est élaboré et alimente le bilan sûre-té de la DPIH examiné en revue annuelle de sûreté. Un Comité sûreté est en place dans chaque unité30, en lien direct avec le Comité de direction (CoDir) qui organise des débats sur des sujets sûreté. Pour le pilotage opérationnel hebdomadaire, les unités de production s’appuient en général sur la remontée des points clés des groupes d’exploitation hydrauliques qui, eux-mêmes, s’appuient sur la remontée des points clés des groupements d’usines. Plusieurs unités ont défini des attentes sur la nature des informations re-montées et le regard à porter sur les risques à venir. Je constate une recherche de prise de hauteur. Plusieurs unités et sous-unités réalisent leur bilan hebdo en fin de semaine et le complètent des éventuels événements du week-end, ce qui leur permet de mieux orienter les réu-nions du lundi sur la maîtrise des risques. Réunir les exploitants sous l’animation d’un référent pour partager, sur le plan tant performance que sûreté, les événements analysés et décider des événements à analyser contribuent à optimiser l’exploitation, corriger les imperfections de l’outil de production et créer la dynamique d’une montée en compétences. J’observe que cette bonne pratique peut tendre à s’espacer dans certains cas. Dans les équipes concernées, je considère qu’une action correctrice doit être engagée au plan local pour assurer les conditions d’échange sur le retour d’expérience local.

les coMpétences et une appRoche facteuRs huMains en déVeloppeMent

Le transfert, le développement et le maintien des com-pétences est un facteur essentiel du management de la sûreté. Il fait l’objet du chapitre 9.Un groupe de maintenance hydraulique et un groupe d’exploitation hydraulique ont instauré une démarche basée sur les pratiques de fiabilisation des interven-tions31. Issues d’approches anglo-saxonnes et mises en

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE le ManaGeMent de la sûReté

26 tEP (traitement d’écart et progrès) et FEA (écart et amélioration).27 Socio-organisationnel et humain.28 Maîtrise des risques opérationnels.29 L’unité de production a informé la DREAL de cet événement.30 Une unité a fusionné ses Comités sûreté et technique.31 Pré-job briefing, minute d’arrêt, débriefing, communication

croisée.

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03CHAPItRE

œuvre dans des industries à risques comme l’aéronau-tique, le nucléaire civil, le monde médical, ces pratiques visent principalement à améliorer la sécurité et la qua-lité des activités opérationnelles. La décision du Directeur de la DPIH de généraliser cette approche facteurs humains donne à ces deux sous-uni-tés un appui renforcé. Je les ai inspectées et j’ai consta-té l’engagement des hommes qui ont initié ces dé-marches et de ceux qui relaient le message sur le terrain. Ce changement profond nécessite engagement et relais en local, et j’ai perçu un risque de banalisation si la dé-marche n’est pas entièrement appliquée et si des résul-tats concrets ne sont pas établis et communiqués.

le déVeloppeMent de la filièRe sûReté MRo

En 2012, la DPIH a créé une filière sûreté regroupée dans une équipe d’appui et de soutien aux risques opération-nels (MRo) dans les unités de production, ce qui est, à ma connaissance, une disposition unique dans l’exploi-tation hydroélectrique. J’avais indiqué alors que cette décision constituait une avancée dans le management de la sûreté et qu’elle portait un potentiel important d’amélioration de la maîtrise des risques au niveau des opérations, du pilotage et de la stratégie. En formulant deux observations.- La réflexion pourrait être enrichie par la définition des attentes de la filière sûreté MRo située à l’état-major de la DPIH : des thèmes comme l’animation du REX et du référentiel ou le traitement des écarts, la vision d’en-semble issue des EDD et RS peuvent être abordés.- Le champ d’activité de la filière sûreté MRo des unités pourrait s’étendre aux méthodes d’analyse de risque, au développement des pratiques de fiabilisation, au ren-forcement de la culture de sûreté issue des EDD et RS, à l’appui au pilotage d’arrêt. J’y ajoute cette année, l’appropriation des développe-ments issus du projet Renou’veau. Fin 2013, les équipes de la filière sûreté MRo des unités de production et d’ingénierie sont en place. Celles des sous-unités n’ont pas toutes été créées sous la forme de la structure MRo et ne disposent parfois pas d’une équipe complète. La filière n’a pas encore trouvé ses marques, n’étant parfois pas sollicitée, ou sur-sollicitée, même si les attentes sont définies notamment dans la note d’organisation cible des unités de production. Il reste à trouver le dispositif lui permettant de prendre une place reconnue dans les différents niveaux et thèmes de la maîtrise des risques, et à renforcer son animation. Elle doit renforcer sa coopération avec l’IPR32 en cours de création ou de montée en puissance, pro-

longeant le lien naturel entre exploitation, performance de production et sûreté.Les acteurs de la filière sont, globalement, ceux qui étaient en poste avant sa création. Le statut des respon-sables de la filière dans les organisations est resté le même, à peu de chose près. Ces derniers points me semblent les plus importants, et je préconise d’adapter le gréement de la filière sûreté MRo et l’accompagne-ment dans sa montée en compétences, en cohérence avec le rôle que la DPIH lui accorde.

le ManaGeMent du houseKeepinG, souRce potentielle de pRoGRès

En 2013, j’ai constaté des situations contrastées pour le rangement, la propreté, la signalisation, les condi-tions d’accès aux chantiers et installations et l’état de locaux de surveillance en situation de crue. J’ai aussi noté une faible sensibilisation au risque incendie. La remontée et l’analyse des précurseurs incendie sont faiblement pratiquées.Les bonnes pratiques locales ne sont pas supportées par un guide de bonnes pratiques commun qui aiderait cha-cun à mieux conduire les actions qu’il juge nécessaires.

une Gestion de cRise À RepRendRe en Main

En cas de crise majeure, l’exploitant applique le Plan d’orientation Interne qui fixe les consignes locales à appliquer pour la mise en œuvre du PPI33. 36 PoI ont été rédigés mais tous n’ont pas été testés au

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE le ManaGeMent de la sûReté

moins une fois. Les entraînements locaux s’appuyant sur les PoI ne sont pas généralisés à une fréquence défi-nie et deux unités de production n’ont pas réalisé de test de PoI en 2013. Il n’y a pas eu d’exercice d’ampleur nationale depuis plusieurs années. Je relève aussi que les essais des alertes auprès des populations et des auto-rités ne respectent pas les seuils attendus depuis respec-tivement deux ans et trois ans.À noter, au plan de la communication, que la gestion des crues dans les Pyrénées en juin 2013 a été bien maîtrisée et que, durant l’année, plusieurs formations à la communication de crise ont été réalisées à différents échelons. Après une progression notable en 2012, seuls deux PPI ont été concrétisés en 2013 par les autorités, portant le nombre de PPI signés à 51 sur les 68 attendus. Bien que leur rédaction relève de la responsabilité et de l’initiative des pouvoirs publics, l’absence de repères communs, d’échange et de communication, viendrait complexifier la situation en cas de crise, fort heureusement extrême-ment peu probable.En conclusion, je considère que ce domaine n’atteint pas les exigences attendues et qu’il faut se donner les moyens de progresser.

de Gauche À dRoite :

conduite forcée d’auzat en ariège© EDF / B. Conty

Barrage de tignes (up alpes)© EDF / D. GUILLoDIn

chantier de Romanche-Gavet© EDF / C. HUREt

une cultuRe de sûReté enRichie

Les vecteurs de la culture de sûreté de la DPIH (ESSH info, Memento sûreté, etc.) com-plètent les référentiels techniques et méthodologiques.L’approche sous-tendue par les études de danger (EDD) et revues de sûreté (RS) ren-force la vision par risque et métier pour produire des analyses couvrant l’ensemble des risques. Ces documents de très bon niveau doivent devenir des références pour les responsables opérationnels et les filières risques et enrichir le savoir de base à intégrer dans les cursus de formation. Les dossiers issus du projet Maîtrise du risque crue-Dimen-sionnement (MRC-D) doivent aussi alimenter les connaissances des exploitants et des Missions risques. Les débats créés par le projet Renouv’eau renforcent aussi la culture d’ensemble.Devant la somme des projets et évolutions, il me semble important de définir les équipes chargées de construire et de diffuser la vision d’ensemble. Cette mission revient, de mon point de vue, à la filière Maîtrise des Risques.

32 Ingénieries de production régionales.33 Plan particulier d’intervention établi pour les ouvrages les plus

importants; un PoI est associé à chaque PPI.

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RecoMMandations

n Mieux structurer et piloter le ReX de la dpih pour garantir des actions réactives, et transversales au niveau du parc. Mieux utiliser les données globales recueillies pour en déduire des actions d’amélioration.

n stabiliser le référentiel concernant l’ensemble de la dpih ou si nécessaire le faire évoluer après une étude d’impact poussée.

n compléter le gréement et la montée en compétences de la filière sûreté MRo dans les unités en adéquation avec la cible visée et poursuivre sa mise en place en finalisant les dispositions d’animation, et en enrichissant ses missions.

n piloter avec attention le déploiement des méthodes de fiabilisation des interventions et ainsi profiter d’une action destinée à améliorer la sécurité pour aussi renforcer la sûreté.

n élargir la base de détection des précurseurs de sûreté à la maintenance à l’aide d’un système de traitement des écarts.

conclusion

suGGestion

n Mobiliser les équipes sur les exigences internes du dispositif de gestion de crise.

en s’appuyant sur un référentiel solide et des pratiques performantes, la dpih vient de réviser sa poli-tique de sûreté hydraulique et la feuille de route qui l’accompagne pour les trois prochaines années est assortie d’objectifs précis. l’animation sûreté de la dpih conserve un potentiel de progrès tant dans les unités qu’au niveau de l’état-major de la division.

l’encadrement des équipes se renforce. la filière sûreté MRo, décidée en 2012, augmente le potentiel du dispositif d’ensemble pour progresser davantage dès lors qu’elle aura atteint son gréement et sa cible.

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

04CHAPItRE

Le maintien en état du patrimoine hydraulique est un enjeu majeur de la sûreté hydraulique. Le suivi permanent du génie civil des grands ouvrages de la DPIH est réalisé avec rigueur depuis des décennies. Un effort important de rénovation du patrimoine est engagé depuis plusieurs années. Le programme IPHE-S, ingénierie du parc hydraulique en exploitation-sûreté, est monté en puissance. Il prend la suite de SuperHydro engagé en 2007 et proche de son aboutissement. Les études de danger (EDD) et revues de sûreté (RS) contribuent à approfondir la connaissance des ouvrages et à renforcer les contrôles des points sensibles.

chantier de Malgovert (up alpes)© EDF / Pascal toURnAIRE

la MaîtRise de la sûReté du patRiMoine et la stRatéGie de Maintenance À lonG teRMe

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iphe-s : le Maintien du patRiMoine dans la duRée

Le programme SuperHydro a été décidé pour intervenir en priorité sur les matériels les plus sensibles pour la sûreté hydraulique. La mise à niveau du patrimoine s’accompagne de mesures compensatoires (dispositifs et moyens particuliers, DMP) assurant la sûreté des ouvrages le temps de réaliser le programme.Fin 2013, le programme est réalisé à 88 %. Restent 31 opérations en cours de réalisation, et 5 en phase d’étude. À partir d’un historique et des programmes de mainte-nance, puis des programmes de maintenance renouve-

lés dans le cadre de Renouv’eau, la DPIH a construit un programme de maintenance à long terme avec un volet dédié à la sûreté hydraulique : le programme IPHE-S34.La maîtrise des risques liés au vieillissement des installa-tions hydrauliques est un enjeu majeur pour le groupe EDF. En 2011, la politique de maintenance a été revue pour intégrer le pilotage de la maintenance à long terme. En 2012, des actions ponctuelles de réévaluation de la politique de maintenance des conduites forcées ont été réalisées. Plus globalement, la trajectoire 2013-2035 de la DPIH, intègre les besoins de maintenance lourde en répondant à l’analyse de criticité par famille de matériels et ou-vrages, et en donnant priorité à la sûreté, à la perfor-mance économique et au respect de la réglementation.Classés selon leur importance et leurs conséquences au regard des risques, les chantiers de maintenance sont priorisés et budgétés dans la durée. Cette approche améliore la prévision des ressources financières néces-saires à la sûreté et à l’évaluation des ressources hu-maines afférentes par anticipation.En 2013, les opérations d’IPHE-S, décidées au début du programme, sont réalisées à 25 %, 22 opérations sont en cours de réalisation et 24 restent à réaliser. Les acti-vités d’IPHE-S ont dépassé, en nombre et en ressources allouées, celles de SuperHydro. Depuis 2007, avec 908 Me pour la sûreté, SuperHy-dro et les opérations déjà décidées de l’IPHE-S consti-tuent le programme de rénovation du patrimoine le plus important engagé par EDF depuis vingt ans dans l’hydraulique.

04CHAPItRE

le paRc de pRoduction hydRoélectRique d’edf en fRance

Il comprend 435 centrales construites entre 1896 et 1996. Le domaine génie civil est constitué de 239 grands barrages (149 de plus de 20 m de haut), 1 131 galeries (1 480 km) et 604 canaux (579 km).Le domaine mécanique est constitué de 500 conduites forcées (267 km, plus de 1 000 tronçons différents) et de plus de 6 000 vannes de toutes tailles et fonctions.L’âge moyen des ouvrages de génie civil du parc est 70 ans.

de Gauche À dRoite :

Gambsheim roue bulbe© EDF / Atoll

Barrage plan d’aval à aussois© EDF / J.-M.tADDEI

chantier de passy (up alpes)© EDF / Pascal toURnAIRE

chantier de Malgovert (up alpes)© EDF / Pascal toURnAIRE

chantier vannes Basse isère (up alpes)© EDF / UP Alpes

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le suiVi attentif du pRoGRaMMe Maintien du patRiMoine

Compte tenu de leur importance pour la sûreté et des moyens importants mobilisés, la DPIH assure un suivi particulier des programmes SuperHydro et IPHE-S, ce qui permet de disposer d’un état d’avancement et d’un reporting particulier destiné à la direction de la DPIH. Pour maîtriser les coûts, les délais, les risques en phase de chantier et la qualité des réalisations au regard de la sûreté, le CIH a renforcé le pilotage de plus de 100 ac-tions de maintien du patrimoine en 2013 : suivi de chaque chantier avec traçage des études et des princi-pales phases de déroulement.La DPIH organise deux fois par an, dans chaque unité de production (UP), des comités régionaux, associant l’en-semble des acteurs (UP, ingénieries et missions natio-nales) chargés d’élaborer et de piloter le programme triennal de travaux, notamment de SuperHydro et d’IPHE-S. L’objectif est d’optimiser la gestion des priori-tés, en commençant par la sûreté, et de s’ajuster sur les ressources fixées par la DPIH pour améliorer la robus-tesse du programme d’activités à trois ans. Cependant, malgré tout le soin apporté, des aléas ou des éléments difficiles à prévoir au stade de l’élaboration du programme SuperHydro et de certains travaux im-portants de sûreté ont conduit à dépasser le planning initial prévu. Ces retards résultent en partie de difficultés techniques d’études pour des matériels dont les carac-téristiques de construction sont mal connues, ainsi que de difficultés à mobiliser un tissu industriel répondant aux exigences attendues de qualité et de sécurité. Cer-

34 Ingénierie du parc hydraulique en exploitation-volet sûreté : Les activités de maintien du patrimoine confiées à l’Ingénierie hydraulique CIH concernent soit des constructions neuves soit le parc en exploitation, ces dernières sont donc appelées « activi-tés d’Ingénierie du Parc Hydraulique en Exploitation IPHE ».

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE la MaîtRise de la sûReté du patRiMoine et

la stRatéGie de Maintenance À lonG teRMe

pouRsuiVRe les opéRations pouR GaRantiR la sûReté

En 2013, plusieurs opérations ont été terminées sur les familles de matériels importants pour la sûreté telles que :- conduites forcées (cf) : la conduite forcée de Nentilla, le remplacement des CF de Madières et du siphon de Vionène, remise en peinture des CF de Pied de Borne et d’Aussois, réparation des soudures de la CF du Bonrieu, - vannes : avec la vanne de tête de Pralognan, les vannes de fond de Miodet et de Grosbois, les vannes de crue du Truel, les vannes de Sisteron, les vannes de secours du canal mixte de Mallemort, le remplacement des clapets du barrage de Mauzac, rénovation de la vanne de surface de Golinhac, de la vanne dégraveur de Cadarache, rénovation des clapets déchargeurs d’Ottmarsheim,- canaux : maintenance du canal de Madières, traitement du revêtement de Salignac,- barrage : réfection de l’évacuateur de crue de Motz.

En 2013, plusieurs opérations importantes se poursuivent :- conduites forcées : le remplacement de la conduite forcée de Passy (puits blindé), remplacement de la CF de Malgovert et du siphon de Clans.- vannes : le remplacement des vannes de la Basse Isère : Beaumont-Monteux et La Vanelle, le remplacement des vannes du barrage de Pizançon, des portes d’écluse de Kembs, des vannes de Marckolsheim,- barrage : confortement des barrages du Chambon et de Choranche.

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taines réalisations doivent être étalées dans le temps pour des raisons de sûreté, par exemple le travail sur les évacuateurs de crue d’un barrage doit générale-ment être réalisé sur une seule vanne à la fois étalant l’opération sur plusieurs années. Des travaux prépara-toires plus importants que prévu ont dû être réalisés, par exemple une piste d’accès spéciale à la réalisation d’une conduite forcée. La DPIH a dû procéder à des arbitrages pour prioriser l’avancement de certaines opérations, en s’assurant de la robustesse des DMP des opérations différées. Je sou-ligne que les DMP en tant que mesure compensatoire de sûreté, doivent rester limités dans le temps et n’ont pas vocation à ajuster des aménagements de planning. En 2015, le programme IPHE-S prendra définitivement le relais de SuperHydro ; à cette date, les opérations non terminées de ce premier programme seront alors pilo-tées dans le cadre du programme IPHE-S.

GaRantiR la sûReté du paRc hydRaulique dans la duRée

Le programme d’activité 2013-2035 alimente l’élabo-ration du programme d’activités triennal revu chaque année. Dans le cadre des projets industriels de territoire, la DPIH élabore une stratégie de gestion du patrimoine sur le long terme, intégrant l’ensemble des enjeux sur la durée des titres (sûreté, environnement, développe-ment, performance, RH, communication, etc.).En 2012, elle a fixé le cadre de son dispositif de program-mation long terme des activités et d’évaluation des res-sources. Ce dispositif permet de mieux projeter le pro-

gramme d’activités et de le rendre cohérent avec le calendrier réglementaire des ouvrages et les événe-ments de la concession. Les aspects réglementaires tels que les études de danger, les examens techniques com-plets, les revues de sûreté ou, plus généralement, les études attendues pour les titres en concurrence, sont intégrés. D’autres approches, liées au projet MRC-D, au déploiement de Renouv’eau et au retour d’expérience de sûreté, sont aussi prises en compte. Une approche des compétences nécessaires et de mobilisation des prestataires y sera associée.En 2013, la démarche s’est poursuivie selon les objectifs fixés et plusieurs projets industriels de territoires ont été validés ou sont en cours d’élaboration : ils enrichiront les orientations du programme triennal 2016-2018.La disponibilité des ressources humaines et financières reste un point clé de la réussite des programmes de sûreté. L’IPHE-S, et SuperHydro, peuvent nécessiter des arbitrages de priorisation des opérations. Je considère que ce nouveau dispositif de pilotage à long terme des activités apportera une vision plus anticipée des res-sources financières et humaines nécessaires aux opéra-tions de maintenance et aux études touchant la sûreté, et qu’il contribuera à une plus grande fiabilité et à une meilleure sérénité dans leur réalisation. Je porterai un regard attentif à son déploiement et son utilisation.

04CHAPItRE

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MesuReR et MaîtRiseR les Risques sûReté

La démarche pour évaluer le risque de défaillance de tenue des ouvrages hydrauliques a identifié cinq familles de matériels sensibles pour la sûreté35. Des mesures compensatoires d’action immédiate (dispositifs et moyens particuliers, DMP) de maintenance ont été prises pour s’assurer que les marges de sûreté sont iden-tifiées et les parades actives. Elles ont été déployées en priorité sur le périmètre de SuperHydro et, plus globa-lement, sont maintenant en place sur l’ensemble des ouvrages sûreté de la DPIH qui le nécessitent. En 2007, 947 DMP avaient été définis et mis en œuvre dans le parc hydraulique. L’important travail de diagnos-tic et de travaux de maintenance en a ramené le nombre sous la barre des 700 fin 2012. Entre 2012 et 2013, 98 DMP ont été supprimés et 41 sont apparus. Je préco-nise donc de surveiller la diminution nette, pour appré-cier l’effet du vieillissement du parc, et de s’assurer de l’importance relative pour la sûreté des nouveaux DMP.La marge de sûreté repose sur la solidité des mesures prises dans les DMP. Ces DMP sont réexaminés tous les ans dans chaque unité de production par les spécialistes du domaine, avec l’appui de l’ingénierie et de la filière MRo et en présence de la direction de l’unité. Dans mes visites de terrain, j’ai observé que ce suivi des DMP est effectif même s’il peut, parfois, prendre un caractère de routine, en particulier s’il porte uniquement sur l’avan-cement des dossiers sans profiter d’une pleine réinter-rogation. La ligne managériale peut aussi, parfois, ac-corder trop de confiance aux ingénieurs chargés de ce

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE la MaîtRise de la sûReté du patRiMoine et

la stRatéGie de Maintenance À lonG teRMe

suivi et ne plus être intégrée dans le processus de vali-dation du renouvellement des DMP. Les événements nouveaux résultant d’une expertise, ou parfois d’un retard dans la réalisation des travaux, doivent aussi être saisis pour examiner à nouveau le DMP sans attendre la révision annuelle. Certaines mesures compensatoires méritent aussi d’être challengées par le système de contrôle interne. Je considère que le dispositif constitué par les DMP et leur réexamen régulier constitue une parade suffisante si elle est appliquée de manière rigoureuse, et qu’il convient de continuer à réduire, avec la bonne dyna-mique, le nombre de DMP par les programmes en cours (IPHE-S et SuperHydro).La situation de certains barrages, et les DMP associés, fait l’objet d’un partage entre le niveau central et les unités de production. Ce processus, maintenant très rigoureux, s’appuie sur une préparation réalisée dans chaque unité de production avec le soutien d’un repré-sentant du niveau central, puis sur un examen réalisé au niveau national.

35 Les galeries, canaux, barrages (et les écluses), conduites forcées, vannes.

de Gauche À dRoite :

Barrage de pizançon© EDF / SEI

centrale de la Roche sur la Vienne© EDF / D. MARC

salle des machines pied de Borne (up Med)© EDF / S. REMAEL

aménagement d’ottmarsheim sur le Rhin© EDF / UP Est

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RecoMMandations

n Maintenir la cadence d’avancement du programme iphe-s et finaliser superhydro pour les opérations de rénovation et de maintenance.

n assurer vigilance, rigueur, implication managériale ainsi que le contrôle du niveau dpih dans le suivi des dMp, en mobilisant les différentes composantes de la dpih pour maintenir toute la force de cette ligne de défense.

conclusion

n dans le prolongement de la trajectoire long terme de la dpih, poursuivre le déploiement du dispositif de pilotage à long terme de la démarche Gestion des actifs hydrauliques.

la mobilisation impulsée par superhydro, achevé à 87 %, est reprise par iphe-s. dans l’attente de la réalisation des travaux de maintien du patrimoine, la démarche dMp constitue une parade indispensable en particulier lorsque les opérations prennent du retard, ou rencontrent des difficultés, dans certaines réalisations. je constate une diminution significative des dMp résultant du programme de travaux, pon-dérée toutefois par l’apparition de nouveaux matériels nécessitant un nouveau dMp.

les moyens accordés à la dpih pour la sûreté hydraulique devront rester cohérents avec les ambi-tions affichées pour garder une dynamique suffisante et les dMp doivent être considérés avec la plus grande rigueur.

une nouvelle organisation du pilotage à long terme des activités se déploie : elle vise à mieux piloter par anticipation l’ensemble des opérations de maintenance et des études, en lien avec les obligations de concessionnaire. conçue pour apporter une meilleure visibilité de l’enchaînement des opérations, elle bénéficiera, entre autres, à celles qui intéressent la sûreté en sécurisant davantage la mobilisation des ressources, de toutes natures, nécessaires à leur réalisation. je considère que cette nouvelle organisation est porteuse d’une amélioration significative et je porterai une attention soutenue à son déploiement.

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

05CHAPItRE

L’exploitation hydraulique peut créer des risques liés aux variations de débit à l’aval des ouvrages. Parfois, la présence elle-même de plans d’eau ou de canaux peut se révéler à risque.La DPIH a développé des moyens de prévention et un système d’évaluation du risque. En une décennie, le risque a été fortement diminué. Mais il reste présent et l’exploitant doit continuer à se mobiliser et à innover pour renforcer la prévention.

la sûReté d’eXploitation

hydroguide en tournée d’information et de prévention des risques spécifiques en aval des barrages, berges de la siagne, aux environs du lac de saint-cassien© EDF / B. Conty

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pRéVeniR le Risque lié auX VaRiations de déBit en RiVièRe À l’aVal des ouVRaGes hydRoélectRiques

La proximité des aménagements hydroélectriques peut présenter des attraits importants pour le public et pour de nombreuses activités : baignade, pêche, sports nau-tiques, promenades le long des rives du domaine public. La fréquentation évolue au cours de l’année : si la pé-riode estivale est la plus exposée au risque, d’autres saisons sont aussi propices aux activités. Sur certains sites, dans des endroits très encaissés, il existe un risque dû aux variations, parfois soudaines, des débits. Selon les circonstances d’exploitation, l’eau peut brutalement monter de plus d’un mètre et le débit de plusieurs m3/s. La prise de conscience par le public des risques liés à ces variations de débit en rivière est néces-saire et impose beaucoup de pédagogie. Depuis plu-sieurs années, EDF poursuit une campagne permanente d’information et de prévention et a notamment installé sur les rives des panneaux rappelant les risques, illustrés de photos montrant la situation avant et après l’évolu-tion du débit.Depuis 2004, un recensement des sites et une cotation de leur sensibilité au regard du risque à l’aval des amé-nagements hydrauliques sont effectués avec la méthode développée par la DtG36. Des parades existent pour réduire le risque, principalement pour limiter : - l’accès physique aux sites par des mesures d’interdic-tion (arrêtés municipaux ou préfectoraux, réserves de pêche, pose de grillages et de barrières),

- la montée progressive du débit dans la rivière par des mesures d’exploitation afin de piloter la rapidité de mon-tée en puissance des usines (gradient de prise de charge, mise en place de paliers, passage en déchargeur),- de plus, la réalisation de lâchers d’eau, dits « lâchers d’alerte », dans le lit de la rivière à l’aval de la centrale prévient la population aux abords de ces lieux. Les sites de sensibilité forte et très forte ont tous fait l’objet de réflexions approfondies et des actions adap-tées en ont réduit le nombre.

une ViGilance RéGulièRe pouR l’éValuation des Risques et des actions continues pouR en assuReR une MeilleuRe MaîtRise

La situation individuelle des sites est réexaminée chaque année. La cotation de leur sensibilité au risque est réali-sée en utilisant la mise à jour de leur fréquentation par le public (à la suite des constats des hydroguides et des exploitants), en plus des événements marquants de l’année. Fin 2013, la DPIH compte 19 sites aval de sensibilité élevée alors que fin 2012 on dénombrait 16 sites à sen-sibilité élevée. Ces chiffres recouvrent le déclassement de certains sites et l’augmentation du classement d’autres sites. Au global, il faut cependant retenir que l’année 2013 vient interrompre une baisse régulière entamée depuis plusieurs années. La cotation des sites permet de mesurer les progrès obtenus à la suite des actions engagées ou de constater l’éventuelle dégradation de la sensibilité au risque. Ce-

05CHAPItRE

étude R&d

En 2011, à la demande de la DPIH, la R&D d’EDF a réalisé une analyse très poussée de certains sites sensibles qui a fait ressortir des pistes d’amélioration concernant : la com-munication, l’évolution de la compréhension du partage des berges et des activités s’y déroulant, la perception du risque par les usagers de l’eau, et la relation privilégiée à entretenir avec certains interlocuteurs comme les associations. Cette étude, qui reflète les évolutions sociétales récentes, a été partagée en Comité national de sûreté.

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pendant, cette réduction tend à s’amenuiser et l’effort à fournir pour réduire le risque des derniers sites à cota-tion élevée est de plus en plus important, nécessitant parfois des solutions pénalisantes pour l’exploitation ou onéreuses. Les unités de production ont aussi mobilisé des solutions innovantes pour réduire les risques, en s’appuyant sur l’ingénierie. Autre voie de progrès pour les sites très fréquentés : étudier avec les partenaires locaux une solution de redirection vers un endroit at-trayant et plus sûr.J’ai observé l’engagement des unités pour animer ces actions de réduction des risques qui s’accompagnent de plusieurs pratiques performantes, et j’en retiens quelques-unes que je propose de reprendre ou d’adap-ter selon les cas : Un directeur d’unité demande à exa-miner personnellement les résultats des cotations re-nouvelées ou nouvelles, si elles sont classées « fortes », ainsi que les parades associées. Certains GEH s’assurent de la solidité des données de base des écoulements qui concourent à l’appréciation des risques et vérifient, avec la traçabilité requise, les évolutions des débits et des niveaux, en commençant par les sites les plus sensibles ou par ceux pour lesquels les hypothèses peuvent appa-raître moins solides. D’autres actions visent à renforcer la compréhension et l’appropriation profonde du risque par les nouveaux exploitants. Bien sûr, je préconise que ces pratiques soient reprises dans le contexte de renou-vellement du personnel. A contrario, j’ai observé que l’exercice annuel de cota-tion des risques animé par les ingénieurs spécialistes de la filière MRo peut devenir répétitif, surtout en l’absence d’événement et d’un faible relais des équipes locales.

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE la sûReté d’eXploitation

Parfois, la ligne managériale n’est plus associée à la vali-dation de la cotation annuelle, s’éloignant ainsi de la perception du risque. Une autre évolution possible repose sur la meilleure col-laboration des exploitants avec les acteurs économiques et institutionnels locaux pour agir avec des partenaires engagés dans la maîtrise des risques. Ces collaborations prennent la forme de partenariats37, souvent élaborés pour cadrer les conditions d’accès en rivière pour des activités propres aux demandeurs. L’évolution des débits réservés, qui augmentent au dixième du module au 1er janvier 2014, pourrait modifier les profils et la fréquentation des rivières. Ces change-ments sont toujours en cours d’évaluation. Il convient d’y rester extrêmement attentif.Une analyse des événements ayant entraîné une consé-quence à l’aval des ouvrages sur plusieurs années montre qu’une part significative résulte d’avaries de fonctionnement des installations. Je considère que cette analyse est à approfondir et partager au sein de la filière sûreté de la DPIH.

36 Division technique générale.37 Le partenariat avec le Service départemental d’incendie et

de secours (SDIS) de Haute Dordogne est un exemple de ces collaborations. Le SDIS mobilise des jeunes pendant l’été pour réaliser des actions de prévention dans le lit de la rivière pour les activités de canoë.

de Gauche À dRoite :

panneau d’information sécurité, berges du Verdon© EDF / B. Conty

les hydroguides edf vont à la rencontre des touristes pour les sensibiliser aux risques encourus aux abords du barrage© EDF / A. AyBES

Barrage de sainte-croix du Verdon© EDF / B. Conty

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CALME APPARENT,RISQUE PRÉSENT

À proximité de ces panneaux, l’eau peut monter très rapidement : respectez les consignes de sécurité.

pRéVeniR le Risque À l’aMont des ouVRaGes et suR les canauX

L’amont des ouvrages hydrauliques peut présenter des dangers pour les utilisateurs des cours d’eau ou des plans d’eau. Le test d’une méthode d’évaluation et de cotation des risques liés à l’exploitation à l’amont des ouvrages et à proximité des canaux ainsi que sa valida-tion et son déploiement sont inscrits dans la feuille de route Sûreté de la DPIH 2011-2013.Une méthode de cotation de la sensibilité des sites a été élaborée par la DtG et validée par différentes unités. Pour les canaux, la méthode est encore en phase de déploiement dans les unités de production.

Pour les risques situés à l’amont des ouvrages, je constate que le déploiement de la méthode de cotation du risque n’est pas assez avancé fin 2013. De plus, il est dommage que des sites sensibles repérés par l’exploitant local qui a déjà pris des mesures ne bénéficient pas de la cotation du risque lui permettant ainsi d’évaluer ses progrès. Je préconise donc d’appliquer la méthode de cotation des risques amont, en donnant la priorité aux sites les plus sensibles selon l’expérience acquise.

la coMMunication suR le teRRain

La communication sur le terrain est portée par la ligne managériale qui organise souvent des rencontres avec les élus et les associations locales avec notamment un point annuel de la situation des aménagements et des risques associés. Plusieurs groupements d’usines se mobilisent aussi pour assurer une présence sur les sites les plus sensibles lors de l’ouverture de la pêche. En 2012, l’ensemble des supports de communication estivale a été renouvelé pour cibler les plus jeunes. En 2013, le dispositif de la campagne a été complété par le livret « Idées reçues » destiné aux pêcheurs et clubs de pêche, sportifs d’eaux vives et baigneurs locaux. Ce li-vret est basé sur des courtes saynètes, inspirées de faits réels. De plus, une actualisation nationale des spots ra-dio a été réalisée en 2013. Les messages liés à la sécu-rité aux abords des ouvrages étant pérennes, le slogan « Calme apparent, risque présent » a été conservé. Un budget global voisin de 1,5 Me a été consacré à la com-munication estivale avec un poste hydroguides prédo-

05CHAPItRE

la coMMunication de teRRain

En été, EDF fait appel à des hydroguides pour compléter son message de prévention sur le terrain. Ils se déplacent sur les sites considérés comme les plus exposés pour expliquer l’environnement de la rivière au grand public et mènent une action préventive dans les lieux les plus fréquentés (campings et plages). Recrutés selon un cahier des charges, ils sont formés par l’UFPI38 et, en complément, par les exploitants locaux. Le nombre d’hydroguides a été renforcé aux endroits présentant un risque particulier. Le nombre de documents distribués a, lui aussi, augmenté.

SÉCURITÉ À PROXIMITÉ DES AMÉNAGEMENTS HYDROÉLECTRIQUES

QUELQUES IDÉES REÇUES

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minant. Près de 220 000 documents ont été distribués par les 166 hydroguides dans les centres d’information du public et lors de manifestations externes. Près de 500 conférences en milieu scolaire ont été réalisées sur l’année 2012-2013. Largement relayée par la presse, cette campagne de communication a fait l’objet d’une enquête de perception qualitative auprès de quatre publics cibles (pêcheurs, sportifs d’eaux vives, baigneurs et hydroguides). Les résultats définitifs sont attendus début 2014.Un événement survenu pendant l’été à proximité des ouvrages du Verdon, largement médiatisé, montre la nécessité de continuer de travailler avec les autorités et les associations pour faire connaître les pratiques de la DPIH. En progrès, l’utilisation de nouvelles technologies ouvre des possibilités complémentaires aux supports classiques pour illustrer très visuellement le risque en-couru dans le lit des rivières et informer directement leurs utilisateurs. Plusieurs sites gérés par EDF donnent accès à une information directe39 ou couplée avec des conventions d’accès aux rivières. Les unités de produc-tion donnent aussi aux associations et acteurs institu-tionnels, des informations mises à disposition sur des sites internet non EDF.

la MaîtRise des actions À distance

Historiquement les hydrauliciens ont utilisé les évolu-tions de la technologie pour mieux surveiller et agir à distance sur des aménagements éloignés ou difficiles d’accès pendant certaines périodes de l’année.

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE la sûReté d’eXploitation

Les réflexions menées dans le cadre de la composante Produire et surveiller de Renouv’eau ont conduit à défi-nir un référentiel d’exigences des actions possibles vis-à-vis des risques à proximité des ouvrages et des précau-tions à prendre en adéquation avec le niveau de protection attendu aujourd’hui. Réalisé sur l’existant, un contrôle de conformité à ce nou-veau référentiel montre que certaines pratiques anté-rieures doivent être revues. Mes visites de terrain de l’année me confortent dans la perception que ce contrôle a été réalisé partout, que les pratiques en question sont suspendues si nécessaire et que des actions correctrices rendant impossibles ces pratiques sont engagées.

38 Unité de formation production ingénierie.39 Géolocaliser les aménagements hydroélectriques d’EDF (bar-

rages, centrales, prises d’eau, espaces d’informations) dans les Alpes du nord ; Connaître l’emplacement des tronçons de rivières réglementés par Arrêtés Préfectoraux et être alerté de leur proximité ; Accéder aux photos et vidéos localisées montrant les variations de débit dans les cours d’eau ; Mieux comprendre le fonctionnement des aménagements hydroélectriques et les risques encourus grâce aux explications et aux conseils de pru-dence fournis ; Avoir un lien direct vers les actualités d’EDF.

de Gauche À dRoite :

livret idées reçues© EDF

panneau d’avertissement risque amont aux abords du barrage du Gage© EDF / F. ARFARAS

Barrage de Record, panneau d’avertissement risque amont© EDF / J.-M. tADDEI

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RecoMMandations

n poursuivre l’action pour continuer à réduire le nombre de sites à criticité élevée à l’aval.

n porter une attention particulière aux conséquences des évolutions des valeurs de débit réservé au 1er janvier 2014 pour observer les changements éventuels de comportement qui en résultent.

n finir de déployer les méthodes d’évaluation des risques à l’amont des ouvrages et pour les canaux, en donnant la priorité aux sites les plus sensibles.

conclusion

suGGestion

n étendre la bonne pratique mise en place sur une unité de production de l’examen annuel par la direction de l’unité des sites les plus sensibles et des parades associées ou envisagées.

pour parer aux risques liés aux variations de débit à l’aval des ouvrages et plus généralement aux risques liés à la fréquentation des sites par le public, la dpih a mis en place un dispositif d’évaluation régulière des risques et de mobilisation de la ligne managériale pour faire progresser les parades.

ce dispositif a permis une progression continue sur près d’une décennie. l’atteinte des limites à certains endroits nécessite parfois un réexamen des ressources à engager, des méthodes et des comportements pour mieux avancer. l’implication des managers d’une unité dans le réexamen des cotations les plus élevées pourrait être étendue comme une bonne pratique et extrapolée au niveau de la division.

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

06CHAPItRE

Les crues sont des phénomènes naturels qui touchent les aménagements hydrauliques du parc d’EDF et les autres activités à proximité des cours d’eau. La maîtrise du passage des crues est une exigence intrinsèque de l’exploitation des ouvrages hydrauliques.Elle passe par une conception adaptée des ouvrages hydrauliques et repose sur un ensemble de facteurs d’exploitation : bon entretien des matériels, niveau de compétences adéquat et entraînement des hommes, documentation adaptée. L’année 2013 a illustré l’importance de cette maîtrise.

la Gestion des ouVRaGes souMis au Risque cRue

crues dans les pyrénées© EDF / UPSo

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les éVéneMents de 2013

L’année 2012-2013 a été une année humide avec des précipitations supérieures à celles d’une année normale. Plusieurs crues rares et exceptionnelles sont survenues en 2013.

crues en duranceLes quatre groupements d’usines à l’aval de Serre-Pon-çon, dans la vallée de la Durance, ont été sollicités par des écoulements importants pendant tout le printemps, entraînant l’atteinte de l’état de veille quasi permanent et jusqu’à 5 semaines de quart.

crues40 de retour 1 à 5 ans dans les alpesÀ la fin du printemps 2013, plusieurs crues portant sur des temps de retour de 1 à 5 ans sont survenues dans les Alpes.

crue décennale sur le Rhin du 1er juinUn important épisode pluvieux sur le bassin versant du Rhin du 31 mai au 2 juin 2013 a conduit à une crue re-marquable, avec un temps de retour estimé entre 10 et 15 ans à Kembs. La dernière crue d’amplitude compa-rable remontait à 2007. La gestion de la crue a été glo-balement satisfaisante, en considérant notamment l’important renouvellement du personnel survenu de-puis cinq ans, et relativement courte car elle s’est dérou-lée sur quatre jours. Les consignes d’abaissement ont été appliquées sur les barrages de Kembs et de Gambsheim, permettant de maintenir le niveau d’eau dans les ports situés en amont, à Bâle et Strasbourg. La crue a entraîné plusieurs interruptions de la navigation internationale sur le Rhin.Des dispositions particulières à la gestion du Rhin en par-tie franco-allemande ont été prises (abaissements préa-lables de biefs, remplissage du polder d’Erstein, remplis-sage et vidange du barrage de Kehl/Strasbourg, etc.), entraînant des surveillances particulières des ouvrages de génie civil. Ces dispositions ont été menées dans le cadre d’une bonne coordination entre les services de l’État et EDF. La surveillance des ouvrages EDF le long du Rhin réalisée avec l’appui de l’ingénierie d’EDF montre le bon comportement des ouvrages sollicités en crue. Des points forts et des pistes d’amélioration portant sur les différents domaines ont été mis en évidence, constituant un élément essentiel du retour d’expérience. on a noté un « tourisme de crue », avec de nombreux badauds aux endroits notables et frontaliers41.

cRues de RetouR centennal dans les pyRénées les 18 et 19 juin

une situation anticipée L’historique pluvieux de fin 2012 était déjà au-dessus de la moyenne et les cumuls de précipitations durant le premier semestre 2013 sont historiquement élevés dans les Pyrénées, entraînant une saturation des sols. Dès fin janvier le manteau neigeux est important. Le temps res-tera froid et la neige s’accumulera jusqu’à atteindre un record historique du stock neigeux début juin 2013.Dès le début du printemps, la direction de l’UPSo42 de-mande leur appui aux prévisionnistes de la DtG pour disposer des informations nécessaires pour mieux pré-voir et organiser les périodes à venir. Le diagnostic de la DtG a établi que la fonte du manteau neigeux sous l’effet de la température ne se traduirait que par de forts débits. Seules de fortes précipitations pouvaient provo-quer des crues importantes par un lessivage massif du stock neigeux. Ce diagnostic a permis à l’exploitant de borner la situation et de prendre des dispositions d’orga-nisation portant sur les matériels et les ressources pour faire face à une situation de crue. L’exploitant noue également des contacts avec les organismes de l’admi-nistration concernés, Préfectures et élus pour la sécurité civile, Services de prévision des crues pour le partage et l’anticipation du phénomène. L’information est relayée dans la presse et l’éventualité d’une crue importante est portée à la connaissance du grand public. Dans les groupements d’usines (GU), la préparation de la crue a débuté plusieurs semaines avant juin. Récapi-

06CHAPItRE

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tulées dans un plan d’action, des dispositions ont été prises pour informer à l’interne et l’externe et renforcer les moyens mobilisables, par exemple astreinte tempo-raire de maintenance mécanique et d’informatique industrielle, renforcement des moyens de télécommu-nications. Mi-juin, la fonte nivale tardive entraîne une hydraulicité élevée. Durant plusieurs jours les exploitants gèrent des écoulements proches des situations de crue et sont infor-més par une prévision journalière de la DtG. Les précipi-tations intenses dites « débordement de Sud » viennent aggraver la situation les 17 et 18 juin par un lessivage du stock neigeux créant de nombreux embâcles. Face à cette situation tendue, la forte mobilisation et le bon réflexe des équipes locales d’encadrement est à noter, telle celle du GU Luchon qui a décidé de rejoindre le barrage le plus important au moment crucial. L’exploi-tant, mobilisé sur les écoulements en crue depuis la fin de semaine précédente, était déjà présent en configu-ration de crue sur ce barrage. La crue du 18 juin à l’UPSo a été violente mais relative-ment brève, puisque l’état de crue a été levé pour la majorité des aménagements entre le 19 et le 23 juin. Les consignes de crue ont été respectées, la crue n’a pas été aggravée par l’exploitation des barrages et aucun EISH n’a été déclaré à cette occasion.

des dégâts considérables sans conséquence humaineLes équipes des groupements d’usines ont vécu une crue exceptionnelle, avec un volume considérable d’em-bâcles (présence de troncs d’arbres) et de matériaux

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE la Gestion des ouVRaGes souMis au Risque cRue

(rochers ou galets) qui ont perturbé ou bloqué les écou-lements. À certains endroits, on observe l’obstruction totale de prise d’eau43 et le déplacement de l’écoule-ment sur la route adjacente ainsi que le soulèvement du portique support des vannes, l’érosion des berges et la mise hors service d’un pont et de la route d’accès à l’usine44, le déversement d’une coulée de boue sur un canal, l’engravement de la retenue d’un barrage de classe A45, la destruction d’une partie de la digue d’un canal46 par un débit de contournement passé par la plaine avoisinante.Les périodes de retour de ces crues sont estimées entre 20 et 100 ans. Si, par endroits, les dégâts sont consi-dérables, on note l’absence de conséquence sur les personnes liée à la gestion des aménagements en crue. La rupture des amas constitués des embâcles et maté-riaux accumulés dans le lit des cours d’eau est à l’ori-gine des rumeurs sur l’existence de lâchers d’eau et la

de Gauche À dRoite :

crues vallée de la Roya en 2013© EDF/UP Med

évolution de l’enneigement sur les vallées des nestes et piques© EDF / DR

prévisionniste météo (dtG)© EDF / DR

40 L’observation des débits sur le long terme permet de qualifier l’importance d’une crue d’un cours d’eau donné par le nombre d’années séparant l’occurrence d’une crue d’ampleur donnée, d’une nouvelle crue de même ampleur.

41 Sur la langue de terre à proximité de la microcentrale de Brisach, sur les bords du Rhin en rive allemande, à Marckolsheim à proxi-mité de l’usine et des écluses rendant difficiles la circulation et le stationnement, sur le barrage de Gerstheim.

42 Unité de production Sud-ouest.43 Prise d’eau de Ravi.44 Aval de Portillon et aval de Pique amont.45 Rioumajou.46 Canal de La Gentille.

Max annuel 01/06/2013V

hausse des températures et fonte rapideN

crue du 18 juinN

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menace de rupture de barrage, traduisant l’émotion de nombreux observateurs devant la violence du phé-nomène, malgré tout le travail de préparation et de communication préalable.

un bilan completL’équipe de prévisionnistes de la DtG a réalisé un REX très précis portant sur le réseau de mesure, les prévisions et la surveillance, la communication et l’organisation. Il montre l’implication de tous les acteurs dans la prépa-ration de la situation, de nombreux points forts dans le dispositif DtG et l’interaction UP/DtG. Il ressort de l’ana-lyse de l’événement que ; - les prévisions météorologiques, à la base des prévisions d’écoulements, ont montré leurs limites et tendent à sous-évaluer la situation lors d’événements aussi extrêmes, - le modèle d’écoulement peut encore s’améliorer, - en plusieurs points de surveillance, les seuils de crue étaient dépassés depuis plusieurs jours. Cette situation a pu créer un effet d’accoutumance dans la diffusion des bulletins de suivi d’alerte et une difficulté à souligner l’aggravation de la situation. L’Unité de Production Sud-ouest a également initié un REX, lui aussi très complet, qui porte sur :- la préparation au passage des prochaines crues : dé-sengraver en priorité les prises d’eau susceptibles de contournement et de submersion, fiabiliser par des DMP les évacuateurs de crue dégradés,- la gestion des risques à l’aval qui peuvent avoir évolué à la suite de la modification de la morphologie des sites,- d’autres actions de fiabilisation issues du retour d’ex-périence :

• fiabiliser la conception de certains aménagements,• améliorer certaines consignes et instructions, en inté-grant l’accessibilité, l’organisation des locaux de crise, la gestion des embâcles et des sédiments, la possibilité d’effacement complet des ouvrages en série,• mieux gérer la communication.Après mon inspection d’un GEH de l’UPSo fin sep-tembre et l’examen de situations locales, je considère que l’entraînement des équipes, la connaissance par-faite des ouvrages et matériels dans toutes les situations ainsi que les tests réels de matériels sont des facteurs essentiels à la bonne maîtrise de telles situations.

des travaux importants pour réparer les dégâtsDes dégâts considérables sont survenus sur les ouvrages exploités par EDF47 dans la partie des cours d’eau située en montagne, sans générer d’impact sur les personnes et en contenant l’impact sur les biens à proximité de certains ouvrages. Dès le début de l’été, ils ont entraîné une forte mobilisation des équipes locales concernées mais aussi d’équipes régionales et de l’ingénierie pour remettre en état le patrimoine. Le plan d’action pour retrouver la disponibilité des ouvrages a été coordonné par la direction de l’UPSo et se poursuivra en 2014. Il a pu bénéficier de la forte réactivité de l’ingénierie CIH en local. L’action post-crue comporte de nombreux aspects et consiste notamment à remettre en état les prises d’eau principalement par le désengravement mais aussi en réparant les dégâts mécaniques et électriques. J’ai ob-servé la mobilisation des équipes de terrain lors de l’ins-pection48 d’un GEH.

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE la Gestion des ouVRaGes souMis au Risque cRue

42 groupes de production ont été arrêtés au plus fort de la crue à la suite des dégâts survenus. Fin 2013, 95 % des expertises prévues sont réalisées et la plus grande partie des groupes de production arrêtés fin juin a été remise en service.

la coMpétence des équipes, facteuR pRiMoRdial de MaîtRise des cRues

La conduite des ouvrages en période de crue repose sur un ensemble de facteurs d’exploitation que sont le bon entretien des matériels, la compétence et l’entraî-nement des hommes, la documentation adaptée. J’y ajouterai une attitude de prudence qui conduit à traiter avec un soin particulier la préparation à la crue. Cette prudence est introduite comme une ligne de défense d’organisation : l’état de veille décrit dans les consignes de crue. La feuille de route Sûreté 2011-2013 de la DPIH de-mande aux unités de production de « garantir la profes-sionnalisation des équipes » en déployant le dispositif de formation-qualification prévu par la directive Com-pétences formation qualification en période de crue. Cette directive, issue d’une analyse des meilleures pra-tiques des équipes de la DPIH, vise à donner un haut niveau d’exigence et décrit les compétences attendues, les moyens d’y parvenir et la formalisation de la recon-naissance de ces compétences par une autorisation managériale. Sur la forme, la délivrance de titres d’autorisation de conduite en crue devient plus rigoureuse. Les compé-

47 Ces dégâts ne sont qu’une partie de l’ensemble des biens touchés sur le territoire ; routes coupées, maisons détruites, com-merces inutilisables.

48 Quelques exemples.Il a fallu protéger la partie endommagée de la digue d’un canal tout en maintenant les prélèvements agricoles et mettre en place à l’intérieur du canal une partition de celui-ci. Pour réparer la digue du canal, il a fallu le vidanger, mais les mêmes raisons ont imposé de ne débuter les travaux qu’à la fin de la période d’arrosage des cultures.Sur un barrage, l’enlèvement des embâcles a nécessité une grue d’une dimension exceptionnelle pour l’endroit. La sécurité de ce chantier a imposé des interventions manuelles parfois délicates.Une usine a été inondée par sa partie aval et les paliers inférieurs des groupes ont été inondés par infiltration au niveau des presses étoupes de la ligne d’arbre. Des travaux post-crue sur un barrage de classe A, en cours au moment de ma visite en septembre, consistent à répartir l’engra-vement de part et d’autre des rives de la retenue qui avait été totalement comblée.

tences attendues décrites par la directive sont associées à des modules de formation, dont la formation SIMBA, complétés parfois par une expérience de réalisation de manœuvres destinées aux nouveaux entrants dans la fonction. La directive envisage les différents cas d’inter-vention en crue : responsable d’exploitation en crue, chargé de conduite en crue et ses assistants, coordina-teur de conduite de vallée en crue. En 2013, j’ai constaté que cette directive est largement appropriée et appliquée.

de Gauche À dRoite :

pyrénées : pendant la crue© EDF / UPSo

crue sur le pont du Bastan (esterre) dans les pyrénées© EDF / UPSo

engravement de la retenue du barrage du Rioumajou (pyrénées) après le passage de la crue© EDF / UPSo

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06CHAPItRE

Les formations en salle sont de plus en plus pertinentes. Les formateurs locaux s’appuient sur des guides natio-naux pour expliquer le contexte local d’hydrologie et les principes de gestion des aménagements en crue, et pour présenter ou rappeler les consignes locales. Ces formations sont sanctionnées par un test qui tend à s’individualiser.Sur le terrain, des formations locales sont organisées via la manœuvre des organes de l’évacuateur de crues (vannes, clapets) et des dispositifs de secours (groupe électrogène fixe ou mobile, alimentation de puissance mobile). on profite aussi de la réalisation de certaines opérations, par exemple chasses de désengravement, pour programmer ces formations.La formation SIMulateur Barrage (SIMBA) continue d’être déployée via des formations assurées par l’UFPI49 destinées à former des grands formateurs qui relaient ces formations auprès des techniciens conduisant le barrage en crue. Deux versions sont disponibles, la ver-sion pour les barrages capacitifs et la version pour les barrages enchaînés.La réalisation de ces formations locales et de celles sur simulateur est confiée à des formateurs expérimentés, eux-mêmes formés pour transmettre leurs compé-tences. Il faut veiller à confier cette mission à des agents ayant l’expérience et l’autorité suffisantes. C’est un des points clés du dispositif de formation. J’ai observé qu’il n’est pas respecté partout du fait du renouvellement du personnel.

la cooRdination des cRues de la duRance

Les crues sur le bassin Durance-Verdon sont fréquentes et souvent violentes. La phase de retour à la situation normale constitue aussi un moment délicat. La gestion d’en-semble du bassin est complexe.La notion de coordination de crue a été développée par EDF en complément aux obli-gations légales de la conduite des aménagements en crue. Des dispositions d’organisa-tion permettent de mettre en relation les fonctions de directeur de crue (directeur de GEH), de coordinateur de crue et ses appuis, et de chef de quart de centre de conduite hydraulique (CCH), d’élaborer et de valider la stratégie sur les vallées, de gérer les res-sources de dégrillage et les éventuels arbitrages sur les travaux et de prendre en charge la communication.La stratégie est proposée par les coordinateurs choisis pour leurs connaissances et expé-rience. Ils disposent, en salle de commande du CCH, d’un pupitre P3C instrumenté don-nant une vision d’ensemble des écoulements et ils assurent une présence permanente en situation de crue.

de Gauche À dRoite :

Barrage de catérino en crue (vallée de la Roya, up Med)© EDF / UP Med

crue barrage escale© EDF / DR

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE la Gestion des ouVRaGes souMis au Risque cRue

le passaGe des cRues eXtRêMes

le projet MRc-dLe dimensionnement des évacuateurs de crues dépend principalement de l’évaluation de l’hydrogramme de crue de projet (débit et forme de la crue). L’évaluation des débits extrêmes est un des savoir-faire majeurs de l’ingénierie hydraulique d’EDF.Le projet MRC-D50 vise à estimer la capacité des barrages (classés A et B) à passer les crues en accord avec les études de réévaluation des débits extrêmes, à identifier les ouvrages déficitaires et à proposer des solutions. Ces solutions consistent généralement à mettre l’évacuateur de crues en conformité avec les nouvelles données hy-drologiques et prendre des DMP dans l’attente des tra-vaux. Quand cette solution ne peut, à elle seule, ré-pondre à la situation ou qu’elle est trop éloignée d’une logique industrielle, MRC-D doit proposer d’autres voies, à valider en liaison avec l’administration. Ce projet a abouti à l’élaboration d’un référentiel de conception des évacuateurs de crues qui clarifie les exigences à res-pecter pour les différents types d’ouvrages et qui est utilisé pour chaque ouvrage neuf ou examiné dans le cadre du projet MRC-D. Certaines études d’ouvrages issues du projet MRC-D ont conduit à revoir la concep-tion de l’évacuateur de crues, par exemple en introdui-sant en complément un évacuateur en « touche de piano PK-weir ».Utilisée pendant près de 40 ans pour évaluer la crue extrême retenue pour le dimensionnement des ou-vrages, la méthode GRADEX a été jugée perfectible pour représenter le passage pluie/débit dans certains

49 Unité de formation Production Ingénierie.50 Maîtrise du risque crues-dimensionnement.

de Gauche À dRoite :

luz pendant la crue© EDF / DR

pont du Bastan en amont (esterre)© EDF / DR

bassins versants. Une évolution importante de cette méthode, dite SCHADEX, est développée depuis le dé-but des années 2000 : elle combine un modèle proba-biliste et les données hydrologiques sur une très longue période, c’est la méthode de référence d’EDF pour la détermination des débits extrêmes.

évolution réglementaireL’administration travaille sur un nouveau cadre régle-mentaire pour les crues qui fixerait trois niveaux de situa-tions pour le dimensionnement des évacuateurs de crues : exceptionnelle, extrême, avec dysfonctionnement des évacuateurs vannés. Un groupe de travail piloté par l’administration dans le cadre du Comité français des barrages et réservoirs (CFBR) a formulé des recomman-dations pouvant servir de référence à un nouveau cadre réglementaire. Si la plupart des objectifs techniques sont connus et partagés, il n’en va pas de même pour les objectifs de délais de mise en conformité.

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RecoMMandations

n Mener à bien le ReX des crues des pyrénées pour en tirer des enseignements dans l’ensemble de la dpih.

n tirer parti du déploiement généralisé de la directive compétences crue pour faire le point des difficultés et intégrer les bonnes pratiques. en particulier porter une attention soutenue aux Grands formateurs crue.

conclusionles événements climatiques de juin 2013 ont confirmé l’importance de la maîtrise de la gestion des bar-rages lors des crues par les intervenants et responsables d’exploitation. ils ont illustré la violence des crues exceptionnelles.

dans les pyrénées, l’ampleur des embâcles et la quantité de matériaux solides charriés ont provoqué des colmatages et des dégâts considérables sur le linéaire des cours d’eau en montagne. le plus notable reste l’absence de dégâts et de victimes liés à la conduite des aménagements en crue, même si on peut noter de nombreux dommages sur les aménagements concédés à edf et les pertes de production importantes. l’ingénierie intégrée a permis d’anticiper largement les conséquences possibles dues à un manteau neigeux important, et de bénéficier d’une forte réactivité pour débuter la remise en état des matériels de sûreté et de production. cet épisode de crues fait l’objet d’un retour d’expérience, propre à chacune des unités concernées, qui peut alimenter l’ensemble de la dpih.

la directive crues fixe un référentiel de haut niveau largement assimilé, qui reste à compléter sur certains points. sous l’incitation de la directive, les formations d’accompagnement des techniciens sont de plus en plus complètes. le déploiement des modules siMBa se poursuit, améliorant la préparation des exploi-tants au risque crue.

la mise en œuvre du projet MRc-d est importante pour garantir l’adéquation des ouvrages à l’évaluation des crues extrêmes réévaluées selon la méthode schadeX.

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

07CHAPItRE

La performance de sûreté passe par la formulation d’exigences et leur déploiement dans l’exploitation, la maintenance et l’ingénierie. La démarche oMISH, ouvrages et matériels importants pour la sûreté hydraulique, a permis de premiers progrès pour l’animation de la sûreté et l’activité de chaque métier.

la déMaRche oMish

conduite forcée de nentilla upso© EDF / UPSo

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la diRectiVe oMish pouR fiXeR des eXiGences inteRnes de sûReté

La directive oMISH51 définit cinq familles d’ouvrages et Matériels Importants pour la Sûreté Hydraulique (gale-ries, canaux, barrages et écluses, conduites forcées, vannes) et les exigences associées. Elle établit le lien entre les exigences internes et réglementaires et ouvre sur de véritables exigences vis-à-vis de la conception et de l’exploitation des ouvrages et matériels dans les métiers de l’exploitation, de la maintenance, de la sur-veillance et de l’ingénierie.En 2012, une nouvelle version de la directive a été éla-borée pour :- améliorer l’approche fonctionnelle et introduire des fonctions de sûreté (par exemple, retenir l’eau, vidange, évacuation de crue, protection),- intégrer l’expérience de Renouv’eau et assurer la cohé-rence entre l’approche oMISH et la codification des matériels,- rendre son application plus homogène.En 2013, cette nouvelle version est en cours de déploie-ment.

une application pRoGRessiVe de la déMaRche dans les sous-unités d’eXploitation

Pour apprécier la démarche oMISH, je reprends ci-après les différentes exigences de la directive.Les listes des oMISH sont disponibles même si les révi-sions en cours dans le cadre de la version 3 de la directive ne sont pas toutes validées. En revanche, la mention oMISH sur les interventions prévues dans les plannings hebdomadaires est loin d’être systématique. A mon sens, cette disposition qui est ba-sique puisqu’elle donne un support à une pratique de prévention régulière consistant à évoquer le risque et les enjeux dans les réunions hebdomadaires de lancement des opérations doit être généralisée. Renouv’eau facilite l’exercice, puisqu’une fois initialisée dans la tache stan-dard, l’opération sur oMISH et la surveillance des ou-vrages (SDo) apparaîtront systématiquement avec une couleur particulière dans le planning.Si la réalisation du plan de maintenance concernant les oMISH est partout une priorité fixée par le management local, les systèmes de gestion de la maintenance sont très inégaux. Ils sont parfois inaptes à donner des élé-ments fiables de suivi, ce qui illustre le bien-fondé de l’évolution vers Renouv’eau qui intègre un dispositif de suivi de réalisation du plan de maintenance et de la par-tie sur oMISH. Certains cas méritent un regard et un appui managérial avant le basculement vers Renouv’eau si ce dernier se fait à un terme éloigné. La déclaration d’un ESSH en cas d’écart de réalisation du plan de main-tenance concernant un oMISH se renforce ; elle permet de dépasser le simple constat et d’analyser les éléments ayant conduit à cet écart pour y remédier, trop de groupements d’usines ne disposent pas encore de modes opératoires écrits pour l’ensemble des opéra-tions du plan de maintenance et, a minima, pour les opérations concernant les oMISH. L’analyse de risques des opérations reste un point de faiblesse assez généralisé, plusieurs groupes d’exploi-tation hydraulique cherchent à renforcer leurs pra-tiques, parfois les succès atteints ne sont pas durables. Le format de cette analyse n’est pas véritablement stabilisé, et le contenu porté dans GEMhydr’o ne ré-pond pas complètement à toutes les situations. La réalisation des analyses de risques et requalifications sur opérations fortuites n’est que faiblement encadrée par un guide d’intervention : les réflexions sur le ren-forcement de la sécurité en intervention d’astreinte créent un cadre minimal.L’exigence de la requalification des oMISH se généralise via l’élaboration de fiches spécifiques ou intégrées aux

07CHAPItRE

la diRectiVe oMish X dR 03 03

élaboration du périmètre et des règles d’application dans chaque unité- Classement des OMISH sous la responsabilité du directeur d’unité de production.- Identification exhaustive dans la base Platyne. - Tenue à jour des dossiers d’ouvrages et de matériels OMISH. - Tenue à jour du plan de maintenance OMISH.Conception et qualification de nouveaux OMISH : identification dès le cahier des charges, spécifications techniques de conception/réalisation, procédures de qualifica-tion, traçabilité.

Mise en œuvre des exigences sur chaque intervention oMish - Interventions OMISH avec analyse de risques et procédure de requalification tracée. - Traitement des incidents et interventions sur les OMISH. Déclaration d’ESSH, événe-ment significatif de sûreté hydraulique. Mise en œuvre de DMP, dispositifs et moyens particuliers.

principes d’organisation - Revue périodique OMISH sous la responsabilité du groupe d’exploitation hydraulique.

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fiches de maintenance. Cependant, cette ligne de dé-fense est encore imparfaite par son manque de traçabi-lité systématique et elle doit être davantage utilisée en cas d’aléa (réglé en temps réel) sur un oMISH. Les DMP d’exploitation concernant la sûreté sont régu-lièrement utilisés, et même de plus en plus repérés en local, ce qui permet de prendre en compte le DMP en cas d’intervention mais ne remplace pas une prise de connaissance mieux établie par anticipation.très peu de groupements d’usines disposent des dos-siers d’ouvrages évoqués par la directive.Les revues oMISH restent peu fréquentes, ou le fait de l’état-major. Des plans d’action peuvent concerner des oMISH, c’est le cas pour les conduites forcées. L’action initiée UPSo puis demandée la direction de la DPIH se propage par-tout. Elle est animée par la filière Maintenance nationale et relayée par les filières Maintenance des unités et sous-unités. Mais, au-delà des actions qui peuvent prendre du temps comme l’installation d’une protection inexis-tante, j’observe que peu de groupes d’exploitation hy-draulique constatant un écart de périodicité de test élaborent un DMP d’exploitation pour analyser la situa-tion, peser le risque et prendre les mesures qui s’im-posent. La formation des exploitants n’a pas été réalisée partout, ni à l’occasion du renouvellement du personnel. Globalement, la démarche oMISH est peu instrumentée et peu challengée. Les groupements d’exploitation hy-draulique ne sont pas en situation de connaître les docu-ments à rédiger (modes opératoires, ou requalifications types), les objectifs attendus en matière d’analyse de risque et de requalification, voire les écarts présents.

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE la déMaRche oMish

Source de progrès, l’élaboration de lignes directrices de travail sur des matériels après événements ou analyses (telle l’action générale sur les conduites forcées et celles d’une unité sur les mesures de niveau) reste trop rare.

des GMh qui s’appRopRient la déMaRche

Le dispositif de planification et de mobilisation des res-sources des groupes de maintenance hydraulique (GMH) inspectés en 2013 est devenu plus performant. S’ap-puyant sur le programme annuel, parfois pluriannuel, ils disposent d’une vision d’ensemble du planning des tra-vaux et des affaires sous-traitées en cours. Les outils de planification locale et de reporting font apparaître les opérations ou affaires en distinguant les phases : exper-tise (nécessitant par exemple l’arrêt d’une machine), étude, préparation, réalisation et parfois REX, avec une évaluation des ressources prévues pour réaliser ces opé-rations. Les activités sur le matériel ISH sont repérées. Le processus affaire s’est structuré et définit les exi-gences attendues et l’aspect documentaire, pour les réalisations internes comme pour la sous-traitance. Les jalons, (retour formalisé du matériel vers l’exploitant et points 0) et la proposition de recommandations pour la requalification fonctionnelle sont plus réguliers.

51 X DR 03 03

de Gauche À dRoite :

surveillance de l’envasement des retenues des barrages, équipe de service de dtG© EDF / P. noRMAnD

Mise en place du dispositif de surveillance ouvrages© EDF / DR

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Mais ces dispositions ont encore du mal à être toutes appliquées, les analyses de risques globales des affaires déjà initialisées ne sont pas toutes disponibles, ni les Cahiers d’expression de besoins, le REX des affaires devient un facteur d’ajustement de la charge de travail. Il reste encore des progrès à réaliser pour mieux respec-ter les différents jalons et disposer ou réaliser des relevés de l’état des matériels avant travaux pour mieux maîtri-ser les requalifications.La réactivité des GMH pour contribuer à résoudre des situations fortuites est une question récurrente qui en-tretient la difficulté à respecter complètement le proces-sus affaires. Des GMH et les unités constatent un niveau de situations fortuites élevé et durable et ils prennent des dispositions pour y remédier (par exemple fixer un planning de charge prévisionnel laissant une part aux situations fortuites ou prévoir une équipe dédiée au traitement des aléas d’un niveau limité) et pour éviter de perturber la préparation ou la réalisation des chan-tiers en prélevant des ressources pour parer aux situa-tions fortuites.La politique industrielle retenue par les GMH et unités de production, et l’état des matériels peuvent entraîner une forte mobilisation sur des groupes de production et un faible taux d’intervention des équipes sur les oMISH. Je relève que les interventions sur matériels oMISH concernent environ 10 % du programme pré-visionnel des équipes d’intervention. Cette situation mérite d’être éclairée. Se pose alors la question du maintien de la vigilance des équipes sur les concepts de sûreté et celle d’une bonne communication des enjeux de sûreté. J’ai noté que le groupe des directeurs

de GMH est de nouveau actif et animé. Il est bien placé pour impulser ce sujet. Seul un GMH a mis en place un système de traitement des écarts en lien avec la sûreté.

RéussiR les chantieRs oMish aVec le cih

Le Centre d’ingénierie hydraulique (CIH) a défini une organisation pour renforcer l’animation et le pilotage du management des risques ainsi qu’un plan d’actions pour mieux maîtriser les chantiers à risques, notamment par une meilleure déclinaison de la directive oMISH.L’action traceur oMISH a pris de l’ampleur entre 2012 et 2013, passant de 50 à 128 actions suivies. Elle en-traîne une dynamique de gestion des jalons des affaires en particulier analyse de risques, requalification. Elle est bien adaptée à l’activité opérationnelle et permet au management de piloter le suivi du taux d’avancement de l’ensemble des exigences. Elle est moins concrète pour les activités d’études dont la production est une note de calcul ou d’études. Cependant, les nombreuses opérations en préparation et en cours mobilisent fortement l’ingénierie et des non-qualités sont observées. Elles ne se traduisent que rare-ment par des événements ayant des conséquences potentielles ou réelles, inscrits dans les ESSH ou ESSI. L’observation de plusieurs chantiers et événements me conduit à centrer mon attention sur trois points à réussir en commun par les différents acteurs :- la nécessité, au stade le plus précoce de l’affaire, d’une vision intégratrice et fonctionnelle, appuyée par un échange explicite avec le donneur d’ordre quand l’im-pact sûreté est fort,- une requalification bien anticipée, reposant sur une organisation et des responsabilités clarifiées au niveau national et disposant, selon sa complexité, de fiches d’analyse de risques par étape,- un transfert formel de l’installation rénovée ou nou-velle, entre l’ingénierie et l’exploitant, suffisamment anticipé. Il est à exiger par les deux parties pour s’assu-rer que les attentes sont satisfaites, les documents at-tendus fournis et, au besoin, les dispositions compen-satoires prévues.Simplifier ces principes n’est possible que si les deux entités sont bien conscientes des risques moins bien maîtrisés que cela peut entraîner et qu’elles formalisent leur engagement pour les actions se déroulant sur une longue période afin d’en maintenir la connaissance.

07CHAPItRE

ci-dessus :

armoire de commande dans la salle sous le barrage de Vieux-pré (up est)© EDF / D. QUEyREL

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la déMaRche ish À la dtG

La DtG est une entité d’ingénierie qui réalise des pres-tations d’essai, d’expertise et d’étude.Elle applique la directive oMISH à la fois pour des exper-tises et des essais, qui ne représentent qu’une partie de son activité. Les activités d’étude telles les contributions aux Revues de Sûreté, ou les analyses de comportement des ouvrages de génie civil, ou les études de dimension-nement des crues extrêmes, ont un lien évident avec la sûreté, mais ne trouvent pas une déclinaison simple de la directive oMISH.En partant de ces difficultés et dans l’objectif de mieux répondre à l’esprit de la directive, la DtG vient de réa-liser une analyse des activités importantes pour la sûreté (ish) qui permet de mieux valoriser la contribu-tion à la sûreté des activités d’étude, d’expertise ou de diagnostic.Une revue de sûreté a été consacrée à ce thème et pré-sentée à la filière sûreté MRo nationale. Plusieurs acti-vités hydrauliques de l’unité ont été examinées. Des exigences associées à la classification ISH ont été défi-nies. Cette action initiée en 2013 se poursuivra en 2014 pour en apprécier les conditions de réalisation. J’en observerai les suites données qui sont à partager avec les autres entités du parc hydraulique et sa direction, et qui viendront compléter et enrichir les pratiques déjà développées par l’approche oMISH.

les pRestataiRes

La directive oMISH ne précise pas explicitement les exi-gences envers les prestataires intervenant sur la main-tenance des oMISH. Il me semble évident qu’un certain nombre d’exigences de la directive s’y appliquent.Le processus achat-prestataire vise à renforcer la qualité et la performance des achats. Pour les achats impor-tants, il prévoit systématiquement une analyse de risque qui intègre l’aspect sûreté et, pour les autres achats, une analyse de risque est réalisée par le binôme technicien- acheteur. Les unités de production, notamment les groupes de maintenance hydraulique, ont aussi tra-vaillé sur un Cahier des clauses particulière santé-sécu-rité-sûreté hydraulique et environnement (CPHSSE) destiné à accompagner les commandes de travaux por-tants sur les matériels ISH. L’évaluation des prestataires se met en place. Le dispositif de surveillance sur le terrain est tiré par l’aspect sécurité. Il est plus formel pour les opérations importantes et presque inexistant pour les opérations courantes. En particulier, le briefing sécurité journalier imposé dans tous les contrats d’importance est en voie d’extension. Le CIH a organisé cinq forums

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE la déMaRche oMish

régionaux prestataires en 2012 et 2013 sous la bannière de la sécurité. Je considère cette voie comme une source de progrès pour la sûreté hydraulique, qui n’est pas d’un abord facile pour les prestataires : certaines dispositions préventives et méthodes de terrain (briefing, analyse de risques par exemple), une fois bien ancrées, peuvent en effet servir de cadre d’accueil aux exigences de sûreté.Les exemples suivants illustrent les progrès à réaliser au niveau local.La maintenance des évacuateurs de crues, du contrôle commande associé et des sources de puissance de se-cours s’effectue parfois de manière saisonnière en cohé-rence avec la probabilité de crue. Si une partie de cette maintenance est confiée à un prestataire spécialisé, il doit se synchroniser sur cette saisonnalité et cette contrainte doit être inscrite au contrat. J’observe que ce n’est pas toujours le cas.La maintenance des sources de secours et leur requa-lification doivent être réalisées de façon attentive, notamment quand des opérations mineures, dépas-sant l’entretien courant, sont effectuées par le presta-taire. Elles doivent être repérées et la requalification adaptée en ce sens. Certaines opérations répétitives de surveillance des ouvrages de génie civil sont confiées à des prestataires. Elles sont régulièrement validées par une surveillance identique réalisée par le personnel des groupements d’usines. Il serait utile de définir les exigences de com-pétences attendues à l’image de celles attendues du personnel d’EDF. J’ai observé un groupement d’usines utilisant un contrat d’entretien de la végétation des digues qui n’a pas en-core été adapté à l’évolution de la réglementation et des ses exigences. Ce type de situations est à examiner avec la filière achat pour les intégrer dans une évolution des contrats.

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RecoMMandations

n Mieux affirmer les axes de la démarche oMish dans la maintenance aux différents niveaux de la dpih, en préciser les attendus (ambition, exigences, pilotages, résultats, compétences, planification pluriannuelle, politique industrielle) et mieux mesurer la réalité de son avancement (points de passage, valorisation des pratiques).

n Généraliser la démarche oMish à toutes les affaires de maintenance concernées en soignant, en commun entre unités d’ingénierie et de production, le passage (traçabilité renforcée) des étapes clés. définir les responsabilités lors des requalifications.

conclusion

n porter toute l’attention à la démarche engagée à la dtG pour introduire la notion d’activités importantes pour la sûreté hydraulique (aish).

n définir les exigences envers les prestataires et mieux impliquer la filière achats.

la démarche engagée après la directive ouvrages et Matériels importants pour la sûreté hydraulique s’est développée dans toutes les composantes de la dpih. des actions sont en cours et la démarche porte le potentiel d’un véritable progrès de sûreté. elle reste encore peu instrumentée et montre que les voies de progrès passent par un renforcement de son pilotage et de la coopération entre exploitation-main-tenance-ingénierie.

cette démarche gagne à faire l’objet de compléments prenant en compte les particularités des activités d’ingénierie et précisant les exigences attendues des prestataires.

elle contribuera à préparer l’intégration du modèle Maintenir et surveiller.

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

08CHAPItRE

Renouv’eau cReeX toulouse (upso)© EDF / UPSo

RenouV’eau, des pReMieRs appoRts effectifs À la sûReté

Le projet Renouv’eau a pour objectif de renforcer la performance et la compétitivité de l’outil de production ainsi que la maîtrise de la sûreté hydraulique. Les solutions développées visent à produire plus d’électricité hydraulique au meilleur moment, diminuer les indisponibilités du parc et augmenter sa rentabilité tout en renforçant la sûreté hydraulique et la sécurité au travail.Il transforme en profondeur le modèle d’exploitation du parc : production, maintenance et la surveillance des ouvrages et des matériels.Conçu à partir des meilleures technologies et pratiques métiers, il comporte un programme de rénovation standardisée des automatismes (MSH) étroitement lié à sa composante Produire et Surveiller.

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des étapes Bien MaîtRisées

Le projet Renouv’eau vise à concevoir, développer et déployer le modèle d’organisation, les outils du système d’information (SI) et les données pour renforcer la per-formance du parc hydraulique en intégrant les risques. Après les phases d’initialisation et de conception, le pro-jet a fait évoluer ses deux programmes pour mieux inté-grer la surveillance des installations. À fin 2013, il dis-pose d’une expérience d’utilisation de la composante Maintenir et surveiller dans les groupements d’usines et groupes d’exploitation hydraulique de l’unité de pro-duction Est, et de la composante Produire et surveiller dans plusieurs groupements d’usines raccordés au centre de surveillance régional (CREEX) de l’unité de production Sud-ouest.Il entre dans sa phase de déploiement opérationnel mas-sif : les procédures d’implantation sont au point. Cette phase permettra de disposer de l’ensemble du modèle dans certaines unités, même si les raccordements des groupements d’usines aux centres de surveillance régio-naux seront progressifs. Les réflexions pour le transfert des outils et organisations de maintien en conditions opérationnelles du contrôle–commande et des données vers une organisation pé-renne viennent de débuter. La structure Projet a pour objectif de terminer sa mission en 2017.

les conditions d’une dynaMique de chanGeMent oRGanisé, faVoRaBle À la sûReté

Renouv’eau a intégré la sûreté hydraulique et, plus glo-balement, la sécurité à ses objectifs et livrables. Il intègre aussi la maîtrise des risques opérationnels pour la mise en place des nouveaux matériels et les procédures asso-ciées. Il dispose d’un Chargé de mission Risques, travail-lant en maillage au sein de la DPIH, qui s’insère dans les instances nationales de sûreté et en bénéficie. En 2013, la structure projet a sollicité les instances nationales de sûreté pour valider différents sujets. Les responsables des principaux enjeux portent l’expérience de sûreté hydraulique. Le projet a su tirer parti de l’expérience des sites pilotes pour adapter ses procédures, les professionnaliser, mieux maîtriser les risques lors de l’implantation des nouveaux matériels.Pour contribuer aux composantes Produire et Maintenir, le projet revisite des pratiques en place et en structure l’approche. Il propose ainsi, à la DPIH, les pratiques les plus adaptées aux risques et les architectures de contrôle commande adaptées aux enjeux, et les traduit en réfé-rentiels. Les analyses déjà conduites, ou à venir, pré-sentent un potentiel d’utilité pour la sûreté hydraulique. Elles méritent d’être bien appropriées par les unités de production pour en tirer un bénéfice sur la connaissance de l’état actuel des matériels et solutions techniques et des pratiques en vigueur, et de permettre aux respon-sables locaux de prendre les dispositions temporaires quand elles s’imposent.

08CHAPItRE

de Gauche À dRoite :

Renouv’eau up est© EDF / DR

Renouv’eau up est© EDF / DR

Renouv’eau up est© EDF / DR

salle de commande groupes à l’usine de nentilla - Renouv’eau, produire et surveiller, groupes© EDF / J.-M. tADDEI

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des actions en pRoGRès, au Bénéfice de la sûReté dès Maintenant

La surveillance des équipements, la standardisation et la modernisation des automatismes, la standardisation des méthodes de maintenance, sont des chantiers qui amélioreront durablement la sûreté hydraulique.

actions à distancePour la composante Produire, Renouv’eau a élaboré un référentiel des pratiques des actions à distance (AD) qui détermine les futures actions d’exploitation autorisées. Ce référentiel, validé par le CnSH52, a incité toutes les unités à revoir les actions existantes et à statuer sur leur conformité. En 2013, j’ai observé que cette préconisa-tion a été partout suivie d’effet.L’équipe Renouv’eau vient de mener une réflexion sur l’utilisation possible de la surveillance vidéo à distance qui aboutit à des préconisations. Il conviendra d’y don-ner des suites similaires à celles données à la réflexion menée sur les actions à distance.

fiabilité des liaisonsLes aménagements hydrauliques comportent souvent plusieurs ouvrages installés sur un périmètre étendu. Les liaisons de contrôle commande entre les ouvrages jouent un rôle important, pour la production comme pour la sûreté. La rénovation des infrastructures de com-munication s’appuie sur une analyse des besoins fonc-tionnels des liaisons, élaborée à partir des enjeux dont la sûreté, et met un outil supplémentaire à disposition

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE RenouV’eau, des pReMieRs appoRts effectifs À la sûReté

de l’exploitation. En attente des décisions de travaux et de leur réalisation, ces études constituent une matière d’analyse fonctionnelle et de sûreté accessible aux ex-ploitants et à la filière MRo pour déceler les éventuelles fragilités.

Renforcement du volet sûreté de surveillance des conduites forcéesLe référentiel de surveillance a été adapté pour mieux intégrer les aspects sûreté liés aux conduites forcées. La généralisation de dispositifs de surveillance de pression dans les conduites forcées et du temps de manœuvre des vannes est en cours. L’analyse des données sera réalisée aux niveaux, local par l’exploitant, régional par les CREEX, national par la DtG. À ce jour, seule une unité dispose du niveau régional d’analyse et la DtG continue d’assurer l’expertise et l’appui au niveau local.En conclusion, le travail engagé sous l’égide de Re-nouv’eau permet de fixer le référentiel de la future ex-ploitation, de revenir sur des pratiques qui ne sont plus adéquates avec le niveau de sûreté visé, de renforcer les lignes de défense de surveillance.

52 Comité national de sûreté hydraulique.

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pRoduiRe et suRVeilleR

La composante Produire et surveiller s’accompagne du renouvellement du matériel de contrôle commande, du renforcement de l’instrumentation de surveillance, de nouvelles infrastructures de communication, de la créa-tion d’une ingénierie de production régionale dotée d’un centre de surveillance à distance (CREEX). Plusieurs années seront nécessaires pour coupler l’ensemble des éléments et bénéficier de toutes ses dispositions. Sur le terrain, les premières observations montrent qu’au-delà de ses apports à la performance, la compo-sante Produire et surveiller répond, par nature à des préoccupations de sûreté souvent couplées à une ex-ploitation bien maîtrisée. Elle facilite la vision globale des écoulements, donnant un outil supplémentaire pour mieux maîtriser les situations complexes liées aux contraintes locales ainsi que les situations de crue. De nouveaux acteurs apparaissent à l’IPR et à la filière sûre-té MRo : il est important qu’ils formalisent leurs attentes et les modalités de leur coopération.Une grande attention doit être apportée au déploie-ment du nouveau contrôle-commande MSH, durant la phase de travaux qui mobilise fortement les exploi-tants et l’ingénierie, Dans cette phase, il faut aussi porter une attention particulière à la surveillance de l’aménagement.

le nouVeau Modèle d’eXploitation et de Maintenance, un systèMe d’infoRMation RénoVé

Le projet Renouv’eau comporte deux volets.

Maintenir et surveillerPour les équipements, la finalité est de gagner en fiabilité et en disponibilité par la refonte des processus techniques, la standardisation de plans de maintenance préven-tive, la surveillance à distance des équipements critiques, la mise à disposition d’outils pour la traçabilité et le portage d’informations. L’intégration des OMISH est prévue dans le modèle.

produire et surveillerRenouv’eau vise à rendre plus performante et plus sûre l’exploitation hydraulique, par la création d’une ingénierie de production (IPR) constituée de centres régionaux d’e-exploitation (CREEX) focalisés sur le quotidien et d’une fonction d’appui à l’exploitant pour prendre du recul.Le CREEX a un rôle opérationnel : il surveille les process et les matériels pour mieux anticiper les dérives et anomalies, il participe au traitement des alarmes. En appui, l’IPR garantit le recul nécessaire, notamment pour analyser les paramètres de surveillance du process et des équipements, détecter les signaux précurseurs de défaillance, piloter les analyses d’écart, établir des bilans et des plans d’amélioration.

un système d’information rénovéOutre la meilleure prise en compte de la diversité du parc hydraulique et la création de nouveaux modèles d’exploitation et de maintenance, Renouv’eau travaille sur la standar-disation et la modernisation des installations électriques de l’outil de production, le déve-loppement de partenariats industriels et la rénovation du système d’information (SI).Au-delà des outils classiques d’exploitation et de maintenance (GMAO, planification, e-exploitation), le système d’information intègre des outils complémentaires de gestion de documents, plans d’action, événements et traitement des écarts. L’accès est facilité par la création d’un portail. Ce SI rénové et intégré améliore la maîtrise des données et les met à la disposition de tous, à tout moment.

08CHAPItRE

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MainteniR et suRVeilleR

La composante Maintenir et surveiller, avec son module de gestion de la maintenance et son outil de planifica-tion, est opérationnelle à l’unité de Production Est. Elle s’appuie sur la définition d’un plan de maintenance standard élaboré au niveau du parc. Des développements sont en cours au niveau national, en intégrant les données de moyen et de long terme disponibles, pour élargir la planification des opérations de maintenance au niveau régional, puis national, dans l’objectif de mieux utiliser les ressources d’ensemble.En 2013, le projet a pris les décisions essentielles pour passer d’une logique d’implantation et d’initialisation de la composante Maintenir et surveiller à une logique étendue à une phase d’accompagnement à la montée en usage. Sur le terrain, l’outil Renouv’eau Maintenir et surveiller apporte, dès son implantation, l’application d’un plan de maintenance basé sur les meilleurs standards, plani-fié avec fiabilité, et dont la réalisation est contrôlée de façon spécifique pour les oMISH. Il possède les qualités attendues de marquage des activités sur oMISH, per-mettant au manager d’attirer l’attention sur les risques, les attentes et le contrôle de réalisation. La durée de la phase de montée en usage des nouvelles pratiques de préparation et de planification dépendra de la qualité de la préparation des GU et de l‘animation régionale et locale. Les éventuelles lacunes ou autres contournements doivent être observés et compris. La situation des petites centrales hydrauliques, qui ne sont pas embarquées dans l’outil Renouv’eau, exploitées en

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE RenouV’eau, des pReMieRs appoRts effectifs À la sûReté

lien avec de grandes centrales hydrauliques, doit être regardée avec attention.De nombreux groupements d’usines se préparent à in-tégrer le modèle Maintenir et surveiller et un outil de suivi informatique des tournées de surveillance vient d’être mis en place. La démarche des Projets de sites, destinée à évaluer cette charge de travail supplémen-taire à l’activité courante et aux travaux de patrimoine, permet de mieux anticiper cette charge de travail.

de Gauche À dRoite :

Renouv’eau Msh up centre© EDF / UP Centre

Renouv’eau cReeX Grenoble (up)© EDF / UP Alpes

Modèle Renouv’eau, produire et surveiller, livraison des armoires de contrôle commande à la centrale de Vouglans© EDF / UP Est

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RecoMMandation

n Mieux faire connaître et mieux prendre en compte les études préalables et les développements préparés par le projet Renouv’eau pour en tirer des améliorations de la sûreté dans le court terme.

conclusionle projet Renouv’eau améliore le niveau de sûreté :• par l’intégration des exigences de sûreté dans la future organisation et dans des matériels et méthodes

performants,• par le réexamen des pratiques actuelles et la mise en place de référentiels.

le modèle produire et surveiller apporte, par nature, une réponse à des préoccupations de sûreté souvent couplées à une exploitation bien maîtrisée. le déploiement de sa partie Msh mobilise les acteurs opéra-tionnels chargés d’assurer la surveillance et la sûreté des aménagements, c’est donc un moment sensible pour l’exploitation hydraulique.

la composante Maintenir et surveiller impose un travail de préparation important et nécessite un accom-pagnement pour la montée en usage du modèle d’organisation. elle montre ses apports pour la mainte-nance et les interventions sur les matériels oMish.

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

les coMpétences

CHAPItRE

Le management de la sûreté repose sur la capacité à disposer en permanence des compétences nécessaires aux activités et à l’amélioration de la sûreté.

09

promotion d’une session pRiM’eau pour les nouveaux arrivants et les nouveaux embauchés de la dpih© EDF / DPIH

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le conteXte

La DPIH fait face à un contexte inédit de renforcement de son effectif pour répondre aux attentes des différents enjeux de performance, de sûreté, de renouvellement des concessions alors qu’un important flux de départ en retraite s’opère.Passant de 4 600 collaborateurs, 24 embauches et 100 000 heures de formation en 2006 à plus de 5 600 collaborateurs, 32353 embauches et près de 300 000 heures de formation en 2013, la DPIH a fait évoluer son système de management des compé-tences pour apporter une réaction rapide liée à sa vi-sion stratégique. L’évolution porte sur l’évaluation des besoins en res-sources (GPEC), sur le dispositif de professionnalisation destiné à faire face à des flux importants (Académie des métiers) et sur un dispositif de facilitation des parcours professionnels (par l’action des Conseillers Parcours Pro-fessionnels).Pour satisfaire ses besoins de compétences à moyen et long terme, elle a créé des pépinières pour ses métiers d’exploitants, de mainteneurs et de spécialistes de l’in-génierie. Des orientations générales de formation ont été définies en intégrant la GPEC et les orientations générales de recrutement.Le thème compétence sous-tend toutes les activités et les évolutions en cours à la DPIH, il est considéré partout comme stratégique à la réussite de la Division.

le pRojet coMpétences dpih

La DPIH réunit des compétences dans l’exploitation, la maintenance et l’ingénierie et elle compte dans ses rangs plusieurs experts reconnus dans le monde de l’hydraulique. Pour faire face aux besoins de ses projets majeurs et pallier les départs en retraite, elle doit évaluer ses futurs besoins de compétences, disposer des res-sources nécessaires et accompagner la professionnali-sation de ses collaborateurs. Elle a lancé en 2009 le projet Compétences qui vise :- à déployer et renforcer son dispositif de gestion prévi-sionnelle des emplois et des compétences (GPEC), - à bâtir un dispositif de management des compétences et construire une offre de professionnalisation, - en lien avec les exigences de la feuille de route sûreté, à établir les référentiels de compétences Crue et Surveil-lance des ouvrages (SDo),- en lien avec le projet Renouv’eau, à élaborer des cursus accompagnant le nouveau modèle d’exploitation et de maintenance de la DPIH.Ce projet répond à une logique d’accélération pour un

domaine qui, par nature, prend du temps et il renforce les dispositifs existants. Il est relayé dans toutes les unités de la Division. Ses ressources sont constituées de l’équipe nationale et d’un réseau de correspondants issus de la filière RH des unités. En 2013, il a restitué des produits à l’organisation pé-renne, par exemple la GPEC quantitative et qualitative à présent exploitées par la filière RH de la DPIH.

des Besoins MieuX connus et pRécisés issus de la Gpec

La DPIH réalise une analyse GPEC quantitative utilisant un outil développé en interne. L’outil décline l’organisa-tion des unités de production et d’ingénierie selon des métiers types54. Il permet de réaliser une projection à trois ans de l’impact des départs (retraites, projets profession-nels, progression) et des arrivées (par recrutement, mobi-lité d’autres Divisions, progression dans le métier). Utilisé pour la 3e fois en 2013, il a été modifié pour intégrer le retour d’expérience d’utilisation, et prendre en compte les nouveaux métiers de la DPIH ; ingénieur d’appui IPR55, responsable et opérateur CREEX, etc. Le retour sur le terrain me prouve qu’après une phase d’ajustement, et même s’il reste parfois des difficultés, l’outil est appliqué, permet une agrégation des besoins et contribue effica-cement au pilotage des ressources.

Gpec qualitative sur le terrainLe projet a développé une méthode pour apprécier l’état des compétences par métiers, établir le diagnostic des compétences des agents et réaliser une projection à trois ans, c’est la GPEC qualitative.Sous l’animation de la filière RH des unités, la GPEC qualitative se déploie dans toutes équipes opération-nelles d’ingénierie et de production. Pour la production, les résultats les plus probants découlent d’une analyse détaillée, réalisée agent par agent, sur la base des com-pétences clés56. Les meilleures pratiques associent à l’exercice, le manager de première ligne (MPL) et son encadrement de proximité. Il en résulte une matière précise et partagée par l’encadrement de l’équipe, qui peut donner du relief aux entretiens individuels menés ensuite. La vision globale par équipe est alors élaborée puis accompagnée d’un éventuel correctif managérial et d’une projection à trois ans.La condition de réussite est d’apporter un appui au MPL, en lui offrant l’opportunité d’une réflexion de synthèse et en créant les conditions pour élaborer un plan d’ac-tion pragmatique pour son équipe.Faute de remplir l’ensemble de ces conditions (précision d’analyse, partage du diagnostic, conclusions locales

09CHAPItRE

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aboutissant à des propositions d’actions) je constate par-fois que la démarche reste théorique, qu’elle mobilise le management local sans lui apporter de retour direct.

Gpec qualitative régionale Les unités peuvent constituer une vision globale en s’appuyant sur les analyses et projections réalisées par équipe opérationnelle. À partir des différentes don-nées recueillies, une unité test a élaboré une note de synthèse « quantitative et qualitative GPEC » qui pro-pose un plan d’action.

en conclusionConçu pour agréger les résultats des diagnostics et les projections à trois ans des compétences nécessaires par métier, l’outil de GPEC qualitative se développe, com-mence à apporter, au plan de l’équipe comme de l’uni-té, une reformulation active avec des propositions d’actions et prouve qu’il peut devenir un appui aux dif-férents niveaux de management. Il peut contribuer à améliorer le pilotage local et régional des besoins de formation. Son apport à la sûreté est patent. Son déve-loppement est à favoriser et encourager, pour fiabiliser notamment la phase de projection.

un dispositif coMplet de pRofessionnalisation

les promotions pRiM’eauDestiné aux nouveaux arrivants de la dpih, le dispo-sitif national PRIM’eau poursuit un double objectif :- l’intégration dans la DPIH par un module de Savoirs communs dont chaque promotion regroupe des repré-sentants de toutes les unités, tous métiers et collèges (exécution, maîtrise, cadre),- la transmission de savoirs et pratiques métiers par un cursus de Savoirs spécifiques pour certains emplois clés58. Ces cursus mobilisent, durant plusieurs mois, des participants d’un même métier, alternant des phases de formation en salle et des travaux d’approfondissement de retour dans l’entité de rattachement, et parfois des travaux école sur le terrain.Sur le terrain, le retour des managers est positif pour les techniciens d’exploitation et de maintenance. Le dispo-sitif Savoirs spécifiques est un élément accélérateur de l’appropriation du métier. La conception par cursus ra-massé facilite l’enchaînement des stages et le choix pédagogique de l’alternance permet d’approfondir les thèmes. Son plein bénéfice ne peut être atteint que si le jeune technicien est placé en pépinière et dispose des supports prévus dans son cursus.

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE les coMpétences

foRMations auX MétieRs de l’hydRaulique

Quatre dispositifs de formation et de professionnalisation pour l’Académie des métiers de l’hydraulique57

pRiM’eau : professionnalisation initiale second’eau : perfectionnement dans l’emploi et au titre du parcours professionnel teRti’eau : maintien des compétencesquaRt’eau : transmission et capitalisation des compétences

53 Plus de 1 300 embauches ont été réalisées ces quatre dernières années, environ 200 départs à la retraite par an sont prévus ces trois prochaines années. Pour compenser ces départs et accompagner son développement, la DPIH prévoit de recruter 300 personnes par an d’ici à 2015 et devrait compter près de 6 000 salariés fin 2016. Ces chiffres masquent des réalités plus contrastées, certaines équipes opérationnelles réunissent plus de 50 % de collaborateurs ayant trois ans ou moins d’expérience.

54 À noter que les moyens centraux n’entrent pas dans cette action.55 Ingénierie de production régionale.56 Chaque manager d’équipe opérationnelle est invité, avec l’appui

de la filière RH, à remplir pour chaque collaborateur une grille des principales compétences regroupées en compétences clés. Les grilles de compétences sont disponibles pour les métiers d’exploitants en GU et de mainteneurs en EIM. Celles des métiers de contrôle électrique et d’appui à la maîtrise des risques (dont la sûreté) et celles de chef de quart en CCH sont en cours de développement.

57 Le dispositif de formation de l’hydraulique (intégrant l’ensemble des actions de professionnalisation) a été labellisé dans le cadre de l’accord de Groupe DEFI Formation EDF.

58 technicien d’exploitation et de maintenance, ingénieur en ingénierie et unité de production, agent d’exploitation et de maintenance.

ci-dessus :

transmission de compétences (quarteau)© EDF / DPIH

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quaRt’eau Centré sur la transmission et la capitalisation des com-pétences, le dispositif qui a débuté fin 2012 répond à plusieurs objectifs :- sécuriser les compétences critiques qui pourraient être perdues à cause des départs en retraite ou des mobilités, - accélérer la montée en compétences des nouveaux arrivants dans un emploi jugé sensible, ou des salariés exerçant cet emploi pour la première fois, - renforcer la culture de transmission et de capitalisation des compétences.QUARt’eau s’adresse à tous, des nouveaux embau-chés aux experts voulant renforcer leurs connaissances. La DPIH a misé sur la mobilisation de la filière RH pour jouer le rôle de facilitateur. De façon pratique, chaque unité de la DPIH a désigné un correspondant RH-trans-mission et capitalisation des compétences pour guider les futurs transmetteurs des compétences critiques, via un appui méthodologique, et capitaliser la méthode de transmission. La transmission des compétences jugées critiques est l’action la plus emblématique de QUARt’eau. Les com-pétences critiques sont en cours d’identification par les trois groupes Métiers professionnalisation (GMP) qui réunissent des managers et des experts des filières ingé-nierie, maintenance et exploitation ainsi que des repré-sentants de la filière RH. Ce dispositif répond à une attente forte sur le terrain. En témoignent plusieurs actions locales de transmis-sion des savoirs dans les métiers de l’ingénierie, de l’exploitation et de la maintenance. Dans plusieurs groupements d’usines et équipes d’intervention méca-

niques, j’ai observé des actions ponctuelles et réac-tives, développées par des managers de première ligne (MPL) pour faciliter l’assimilation de connaissances pratiques par les exploitants. Ces actions répondent à la grande diversité des matériels et technologies utilisés dans la production d’hydroélectricité. Elles sont encou-ragées par la hiérarchie et parfois pilotées au sein de la Sous-unité. Pour ce faire, les MPL doivent pouvoir dis-poser de soutiens logistiques et méthodologiques suf-fisants et recevoir l’appui des filières techniques et RH. J’observe que la filière RH ne dispose pas des ressources pour animer et conseiller les équipes.

les autRes dispositifs

Plusieurs dispositifs et initiatives montrent qu’une dyna-mique est en place pour faire face aux situations parti-culières et que les pratiques performantes, alimentées par le projet Compétences ou directement reprises entre équipes ou sous-unités, se transmettent.Plusieurs unités utilisent le programme de travaux pour organiser des opérations de transfert de compétences en particulier dans les équipes du GMH. Les formules consistent à mettre en avant et en situation les jeunes agents épaulés par des agents expérimentés, interve-nant soit directement dans l’équipe réalisant le travail, soit en appui conseil régulier de cette équipe59. À l’ingénierie, les cursus de formation centralisés ap-portent une approche méthodologique et organisation-nelle, et QUARt’eau est aussi un outil utilisé pour le métier de contrôleur de travaux au CIH. Mais le nombre important de métiers techniques et de compétences associées limite les formations collectives. La solution retenue est de développer un référentiel des métiers, listant les pratiques de chaque métier et décrivant pour chacune le référentiel existant, en y associant une liste des référents et une animation de mise à jour. Une formation d’accompagnement aux études de dan-gers et revues de sûreté (EDD et RS) a été organisée. Recherchée par les ingénieurs des missions maintien du patrimoine, elle mérite d’être étendue à la DPIH car elle contribue à une meilleure appropriation des facteurs clés de l’activité et aux progrès de la culture de sûreté.

l’aniMation de la foRMation À la dpih

La DPIH s’appuie sur l’UFPI pour concevoir et réaliser la formation au métier et elle bénéficie des formations transversales du groupe EDF. L’analyse des besoins de formation est portée par la filière RH auprès de l’UFPI qui, jusqu’à présent, recevait l’appui des Groupes

09CHAPItRE

ci-dessus :

pRiM’eau séquence évaluation consignation© EDF / DR

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE les coMpétences

d’animation des activités techniques et du Groupe d’animation de la sûreté hydraulique (GASH) pour faire remonter les attentes.Pour plus de transversalité et pour compléter l’approche technique par une approche métier, trois Groupes métiers compétences (GMC) ont été créés pour l’exploi-tation, la maintenance et l’ingénierie, mobilisant repré-sentants des différents métiers et managers. Je constate que les équipes opérationnelles les plus engagées sur la formation ont une expression locale formalisée de leurs attentes. Je préconise donc de renforcer l’expression managériale des attentes de compétences pour enrichir les réflexions des GMC et de s’assurer que l’appui des filières RH et Sûreté MRo est bien en place. Les différents acteurs de la formation constatent que les volumes atteints sont difficilement augmentables, voire tenables. Les équipes de terrain, en particulier celles qui utilisent les Projets de sites, cherchent des progrès pour mieux harmoniser les contraintes du calendrier tech-nique et les plages de formation. Je préconise de porter attention à ce sujet, de guider ou questionner les équipes s’écartant des standards atteints et de leur four-nir un appui si le besoin ne peut être différé. La notion même de formation à la sûreté hydraulique, qui combine composantes liées à la maîtrise des risques et composantes techniques et fonctionnelles, devrait être précisée pour alimenter les visions et contributions des différents interlocuteurs.

des situations paRfois tendues

Malgré les importants recrutements des dernières an-nées, on constate que le système traditionnel renforcé par l’action des Conseillers parcours professionnels (CPP) ne permet pas toujours de trouver les candidats expérimentés attendus. Lors de mes inspections, des responsables de groupes d’exploitation hydraulique, de sous-unités, de l’ingénie-rie, m’ont fait part de leur difficulté à pourvoir rapide-ment des postes d’encadrement à composante sûreté avec des candidats expérimentés. Certaines équipes comportent plusieurs nouveaux arri-vants dans le métier hydraulique et jeunes embauchés, y compris dans leur encadrement. Si elles doivent accueil-lir des chantiers à enjeux ou de modifications lourdes, il convient d’y être particulièrement attentif. Il faut aussi s’assurer que les conditions de transmission de la culture des risques de l’hydraulique sont bien réunies.

des diRectiVes « cRue » et « suRVeillance des ouVRaGes » contRiButiVes À la sûReté

La directive Compétences-formation-qualification en période de crue, en fin de déploiement généralisé dans les unités de production, fixe de nouvelles exigences pour délivrer l’autorisation d’activité en période de crue, en particulier des formations et recyclages sur le simu-lateur SIMBA. Sur le terrain, j’observe beaucoup d’éner-gie pour s’approprier et déployer cette directive. Parfois, certaines conditions ne sont pas remplies pour en tirer tout le bénéfice, en particulier pour disposer d’un per-sonnel à la fois expérimenté et formé à la pédagogie pour accompagner les formations locales dans la mis-sion de Grand formateur Crue. Son déploiement est maintenant suffisamment avancé pour en tirer un bilan détaillé. La directive Compétences surveillance des ouvrages (SDo), testée dans chaque unité, est en cours de refor-mulation. Cela incite aussi la DPIH à mieux soigner les conditions de son futur déploiement. Le bilan du dé-ploiement de la directive crue peut alimenter celui de la directive Compétences SDo, pour son pilotage et pour sa mise en place.J’observe que certains groupements d’usines, percevant l’opportunité de trouver un guide pour améliorer leur performance dans l’activité SDo, du moins sur la partie génie civil, se sont engagés au-delà de la phase de test et en profitent pour reprendre l’ensemble du processus (organisation interne locale, documents, appuis logis-tiques et, bien sûr, attentes de compétences).Ces deux directives comportent un descriptif très précis des compétences et connaissances à maîtriser, compé-tences reprises dans l’approche GPEC sous une forme plus globale. Il y a une opportunité de renforcer la cohé-rence des deux approches par un travail conjoint des filières RH et maîtrise des risques.

59 Une unité, qui cherche à cribler les chantiers par ordre de priorité sûreté ou performance, a développé la notion de « chantier à haute valeur pédagogique » destinée à arbitrer le maintien de travaux à des fins de compétences.

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RecoMMandations

n Renforcer l’appui de la filière Rh à la ligne managériale pour répondre aux besoins de sûreté :

- anticiper le renouvellement quantitatif et qualitatif des compétences et apporter un soutien aux équipes en situation de fragilité,

- suivre les formations déployées localement pour les évaluer, les valoriser et les faire bénéficier d’appuis analogues à ceux du dispositif quaRt’eau.

n Renforcer la filière Rh pour lui permettre d’apporter méthode et soutien à la filière managériale en adéquation avec l’importance du sujet.

conclusion

suGGestions

n encourager le développement rigoureux de l’outil de Gpec qualitative qui peut contribuer à un meilleur pilotage, local et régional, des besoins de formation.

n Renforcer l’expression des attentes de la ligne managériale en matière de compétences sûreté et de ReX.

n tirer parti du ReX du déploiement de la directive crue pour déployer la directive sdo.

l’animation des compétences, en particulier leur renouvellement, est un thème important pour tous les métiers de l’hydraulique et pour la sûreté. le projet compétences, qui impulse l’action de la dpih, a été étendu en 2013.

l’outil de Gpec, qui alimente de façon fiable les futurs besoins en ressources, est opérationnel. son com-plément destiné à mieux apprécier les besoins détaillés de formation peut contribuer à des propositions d’actions ajustées.

le dispositif de professionnalisation améliore l’intégration d’un grand nombre de nouveaux arrivants dans les métiers de base d’exploitation et de maintenance (pRiM’eau). il propose un appui méthodo-logique au transfert de compétences locales (quaRt’eau) répondant la diversité des techniques utili-sées à la dpih : cependant les équipes Rh ne disposent pas toujours des moyens suffisants pour être en appui de cette action.

la dpih a renforcé ses exigences de formalisation et d’acquisition des compétences pour la conduite des aménagements en crue et la surveillance des ouvrages. le déploiement généralisé de ces exigences est en voie d’achèvement pour le domaine crue, il est en phase d’initialisation pour la surveillance des ouvrages.

la recherche de candidats expérimentés pour des postes d’ingénieur et techniciens en unité de produc-tion et d’ingénierie peut présenter des difficultés pour aboutir rapidement.

le fort renouvellement au sein des équipes peut les rendre temporairement fragiles si des opérations im-portantes se déroulent et pour réunir les conditions de la transmission de la culture du risque hydraulique.

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

sei Réunion

CHAPItRE

En 2013, j’ai inspecté les activités hydrauliques du Centre des Systèmes énergétiques insulaires (SEI) de l’île de La Réunion.La démarche sûreté, portée par l’ensemble de la ligne managériale, bénéficie d’une forte attention.L’organisation intègre la sûreté hydraulique et les équipes sont mobilisées via une coopération efficace entre exploitation et maintenance. En particulier la démarche oMISH est de plus en plus intégrée comme un levier de performance collective.

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Barrage takamaka© EDF / SEI

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une foRte oRientation sûReté et une aniMation de la sûReté épaulée paR le niVeau centRal de sei

Le centre EDF SEI Réunion réunit les métiers de produc-teur, transporteur, distributeur, commercialisateur et gestionnaire d’équilibre du réseau. Il compte 660 agents sur dix sites.Les principaux ouvrages hydrauliques, mis en service entre 1974 et 1984, sont adaptés au relief encaissé et conçus pour faire face à des crues importantes et bru-tales liées aux fortes précipitations60 et aux cyclones. Les accès aux prises d’eau et aux usines sont parfois difficiles en situation normale, et impossibles en période de crue ou de cyclones.

10CHAPItRE

Le Service Production61 mobilise, pour la seule hydro-électricité , 46 de ses 53 agents. Il est dirigé par un Chef de service issu de la DPIH, membre du CoDIR du centre SEI.Les orientations de sûreté hydraulique sont établies par la Feuille de route signée du directeur du centre. Bien présentée et largement diffusée, elle reprend la struc-ture de la Feuille de route sûreté de la DPIH et en donne une déclinaison adaptée à la situation locale en modu-lant les objectifs selon l’intensité des risques locaux.Les responsabilités sont définies et affectées. Les actions sont déclinées dans un plan d’action. Les éléments de la culture de sûreté sont présents et solides au niveau de la direction et de l’encadrement où règne une forte coopé-ration et volonté de progression de l’équipe opération-nelle. Une très bonne connexion a été établie entre les démarches nationales de la DPIH portées par l’état-major de SEI et les actions menées par le Service Production.L’analyse GPEC permet de visualiser les situations à trai-ter. Pour les compétences rares (mécanique, tournage, soudure62, contrôle des protections), les temps d’acqui-sition sont plus longs et les processus de formation plus délicats, compte tenu du faible nombre de transmet-teurs de compétences et des moindres opportunités d’exercices. Des actions d’anticipation sont en cours, sans marge particulière, et quelques points de vigilance sont à observer.Un axe de progrès sera de réfléchir à l’adaptation du concept de filière sûreté MRo à la situation particulière de l’hydraulique de SEI à La Réunion. Autre axe de pro-grès : le renforcement des objectifs des visites managé-riales de sûreté hydraulique.

l’hydRoélectRicité À l’île de la Réunion

Le système électrique de La Réunion est isolé et consomme 440 MW à la pointe. Après une période de forte hausse, la croissance de la demande électrique se maintient à 3 % par an ces dernières années.Si la production thermique y est majoritaire (charbon-bagasse, TAC, diesel), l’hydrau-lique tient toutefois une place importante (17 % de l’énergie produite en 2012) et satis-fait la demande de pointe, avec souplesse et réactivité.

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une oRGanisation de la pRoduction d’hydRoélectRicité stRuctuRée et solide

Le Service Production comporte une équipe de mainte-nance hydraulique et une autre d’exploitation hydrau-lique63, basées en deux endroits de l’est de l’île, à proxi-mité des principaux aménagements. ouvert, dynamique et coopératif, l’encadrement du Service est en recherche constante d’améliorations. Les concepts de sûreté hydraulique sont fortement inté-grés par l’équipe d’encadrement du Service Production qui réunit exploitants et mainteneurs. L’état-major du Service pilote les relations avec la DEAL64, au plan réglementaire et environnemental, et exerce le rôle de gestionnaire d’actifs. L’appui informa-tique et télécoms au métier hydraulique est fourni par le Service Réseau de centre SEI. Les autres appuis sont apportés par la DPIH, en particulier pour les nouvelles exigences réglementaires (études de danger, revues de sûreté, examens techniques complets) et les activités techniques spécialisées nécessitant l’appui de l’ingénie-rie (conduites forcées, etc.).La note d’organisation de la sûreté hydraulique du Ser-vice Production positionne clairement les rôles et res-ponsabilités, notamment les rôles d’exploitant et de propriétaire, gestionnaire d’actifs.

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE sei Reunion

un pilotaGe technique suiVi

Le pilotage technique global est d’un bon niveau, guidé par les pratiques du Centre SEI. Le service production utilise trois tableurs informatiques pour gérer la maintenance courante mécanique, élec-trique et SDo. Des réunions hebdomadaires assurent la coordination entre plannings d’exploitation et de main-tenance et sont source de réelles performances. Le pro-gramme budgétaire triennal est cohérent avec les objec-tifs de réduction des risques du patrimoine inscrits dans les DMP. Cependant, les outils de gestion de la maintenance ont été développés localement et leurs viabilité et fiabilité dépendent exclusivement de leurs concepteurs-utilisa-teurs. Il est difficile d’intercomparer les données qui en résultent, d’obtenir une vision des ressources mobilisées par la maintenance. De plus, ils n’intègrent pas d’indi-cateur de suivi, en particulier des oMISH.

60 Le barrage de Bebour est situé dans un bassin versant qui reçoit plus de 11 m d’eau par m2 et par an.

61 Service Production Moyens de Pointe qui comporte une section d’exploitation des usines thermiques.

62 L’atelier du Bourbier réalise les opérations de rechargement sur les turbines Francis et les déflecteurs des roues Pelton.

63 Le Service Production comporte une section chargée de l’exploi-tation des turbines à combustion.

64 Direction de l’environnement, de l’aménagement et du loge-ment.

de Gauche À dRoite :

Réservoirs rivière de l’est© EDF / SEI

Galerie Malgache takamaka© EDF / SEI

usine hydro takamaka© EDF / SEI

Réservoirs rivière de l’est© EDF / SEI

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10CHAPItRE

des eXiGences de sûReté Bien intéGRées et déployées

une boucle d’amélioration bien alimentée Le Service Production possède un atout considérable avec son organisation et son outil de traitement des écarts techniques qui s’appuie sur les fiches Incidents et anomalies (FIA). Cet outil permet de traiter les écarts identifiés lors des opérations ou des tournées de main-tenance (détection, validation, engagement d’action) et les situations d’exploitation, de disposer d’une vision d’ensemble des actions, d’en gérer l’avancement et de les prioriser avec la charge de travail associée. Le traitement des ESSH65 apparaît satisfaisant et s’ap-puie sur la base élargie des FIA. Il reste perfectible sur le plan de la dynamique de l’analyse, notamment pour mieux repérer les situations liées au risque aval.Le REX issu du parc DPIH alimente le Service Production par le canal SEI. Les actions sont en cours, en particulier pour la surveillance et la protection des conduites forcées.

le risque lié à la gestion des ouvrages en crue pris en compte à la conceptionLa conception des ouvrages déversant de prise et rete-nue d’eau de takamaka et Rivière de L’Est permet de faire face aux crues régulières sans intervention hu-maine66, ni surveillance particulière. L’EDD du barrage de Bébour recommande de réaliser l’étude de crue ex-trême, en cours d’examen par DtG.

le risque exploitation peut encore progresserLe risque exploitation à l’aval des ouvrages est pris en compte. Un travail important a déjà été réalisé pour identifier les sites sensibles au risque et en coter la sen-sibilité avec la méthode développée par la DPIH.Des dispositions de prévention sont en place (pan-neaux, arrêté préfectoral, augmentation de la débi-tance de buses sous la route, etc.). Le risque est mo-déré par les conditions d’accès difficiles aux ouvrages par le lit de la rivière, par l’amont et par l’aval. Les exploitants locaux fondent leur analyse d’absence de fréquentation par leur connaissance des lieux, jugés peu attractifs.Les groupes de production dépendent du dispatching67 et certains groupes possèdent une protection intégrée au contrôle-commande pour une montée progressive en charge et en débit. Les nouveaux dispatchers sont sensibilisés au risque MVD par un cursus de formation. Cependant des progrès peuvent encore être atteints à certains endroits via des mesures techniques et le ren-fort des informations destinées au public. La connais-sance de la fréquentation est à étendre pour disposer d’une évaluation concernant l’ensemble du territoire concerné par le risque.

le risque patrimoineLe risque patrimoine est bien pris en compte. S’appli-quant à des installations relativement jeunes et en bon état, même si certains matériels sont fortement sollici-tés par les conditions climatiques, la séparation des rôles de gestionnaire d’actifs et d’exploitant permet de définir clairement les responsabilités autour de l’état du

les ouVRaGes de RiVièRe de l’est et de taKaMaKa

l’aménagement de la Rivière de l’estIl comporte une capacité de stockage tampon qui transforme un débit de prélèvement au fil de l’eau en capacité de production de pointe. L’eau n’est pas retenue par un barrage mais par quatre réservoirs de type « hydrocarbures ». Le tronçon court-circuité est très long et l’eau turbinée est rejetée directement en mer, après avoir transité dans une conduite forcée qui crée une chute de près de 800 m.

les deux aménagements de takamaka Ils prélèvent l’eau sur la rivière des Marsouins, le Bras Patience et le Bras Cabot, avec une interaction d’une usine sur l’autre. L’accès à l’usine se fait par un funiculaire et l’accès au barrage par une télécabine.

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE sei Reunion

65 Le système FIA a été développé localement avant l’utilisation de SILEX qui reste en cours d’appropriation, ce qui implique une double saisie du sous-ensemble des FIA à transformer en ESSH.

66 L’intervention à la prise d’eau des orgues est motivée par une disposition pour retrouver plus rapidement la production après la crue.

67 organe central de conduite.

patrimoine. L’analyse se conclut par une identification précise des DMP patrimoine, revus régulièrement par le chef du Service Production. Ces DMP sont des don-nées d’entrée du programme de maintenance prévi-sionnel qui prévoit de les résorber. Un travail de fond a été réalisé sur les conduites forcées dans le cadre de la démarche oMISH. Les exigences réglementaires du décret de 2007 sont appliquées. Les différents documents sont élaborés avec les appuis de l’ingénierie de la DPIH. Le centre SEI apporte un soin particulier à la qualité de la relation avec la DEAL. Une amélioration interne peut être re-cherchée pour la surveillance des ouvrages (SDo) en gardant une trace des formations et recyclages délivrés aux différents contributeurs, dans la perspective d’ap-plication de la directive Autorisation SDo. Le caractère singulier des réservoirs de Rivière de l’Est m’incite à proposer de les traiter à l’image d’un oMISH.

la démarche oMish utilisée comme facteur de progrèsL’équipe d’encadrement possède une bonne compré-hension de la directive oMISH et de son esprit, elle impulse la démarche qui est déjà bien engagée et de réels progrès ont été réalisés. Des listes d’oMISH par aménagement ont été établies. Les activités sur les matériels ISH sont repérées dans les plans de mainte-nance et l’exploitation. Les exigences lors d’une inter-vention sur un matériel ISH sont affichées et les maté-riels ISH sont signalés par une étiquette.À la maintenance, les exigences sont en cours d’inté-gration dans des fiches intégrant la requalification.

Pour les conduites forcées, un plan d’action a été éla-boré avec DtG. Lancée en 2010, la démarche oMISH peut encore s’améliorer sur le terrain. Elle reste à ancrer dans les activités les plus courantes et à être complétée pour les opérations confiées aux prestataires. Les améliorations doivent porter sur la poursuite de l’exhaustivité et la qualité des analyses de risques et des requalifications.

de Gauche À dRoite :

usine de sainte-Rose, roue pelton© EDF / SEI

centrale hydromarine de sainte Rose© EDF / SEI

centrale hydro marine de sainte Rose© EDF / DR

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RecoMMandations

n porter une attention soutenue au renouvellement des compétences, en particulier des compétences difficiles à développer localement.

n s’assurer de la solidité des informations de base et des parades concernant le risque exploitation à l’aval des ouvrages.

conclusion

n Renforcer la fiabilité et la performance du système de gestion de la maintenance.

le centre sei Réunion a déjà atteint un bon niveau de management de la sûreté, gage d’un niveau élevé de prévention. s’appuyant sur un matériel récent et bien maintenu, les responsables ont une conscience précise du risque sûreté et de la nécessité de se confronter régulièrement à des pratiques d’excellence.

l’appui des structures spécialisées de la dpih est essentiel et s’en trouve renforcé de par les attentes réglementaires. le centre sei s’est doté d’un dispositif de pilotage interne performant, appuyé par un regard métier régulier porté par le niveau central.

sur le terrain, la forte coopération des équipes et le traitement des écarts sont des facteurs favo-rables de détection de toute anomalie. la démarche oMish est utilisée comme un véritable levier de questionnement.

certaines compétences spécialisées seront difficiles à retrouver localement et la Gpec prend une dimen-sion supplémentaire due à la situation insulaire.

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

A Organigramme de la Division Production et Ingénierie Hydraulique à fin 2013 74

B Présentation et organisation de la DPIH 75

C Cartographie des unités de la DPIH 76

D Les différents types de barrages et d’aménagements ; fonctionnement d’une centrale hydroélectrique 77

e Grille de cotation interne des événements de sûreté hydraulique 78

F Niveau de gravité des EISH selon l’arrêté du 21 mai 2010 79

G Tableaux des indicateurs de sûreté de la DPIH 80

H Lexique 82

anneXes

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AnnEXE

A oRGaniGRaMMe de la diVision pRoduction et inGénieRie hydRauliqueÀ fin 2013

Jean-François ASTOLFI Directeur de la DPIH

Agnès BADERMission Coordination

Laure MARQUESTAUTMission Ressources Humaines

Bruno DE CHERGEConseiller Juridique

7 Unités

Michel VOGIENUP Alpes

Jean-Marc BRUNDirecteur Délégué

(Pilotage, Ressources, Risques)

Thierry SOUTOULMission Sûreté Prévention

Julien DOYARDMission Contrôle de Gestion

Isabelle VERGÈSMission Contrôle Interne

Marc RODIERDirecteur du projet Conduite

du changement

Xavier URSATDirecteur Délégué

(Eau, Concessions, Dévt)

Franck DARTHOUMission Concessions

Environnement Territoires

Jean-Charles GALLANDMission Développement

Patrick TOURASSECoordination de l’Eau

Jean COMBYDirecteur Délégué

à la Coordination de l’Eau, Grand Sud Ouest

Jean-Michel TINLANDDirecteur Délégué

(Performance Technique)

Stéphane MARTINEZMission Production Hydraulique

Philippe BURTINResponsable Système

d'Information

Jean-Pierre KATZDirecteur du projet

Renouv'eau

Joseph DI RODIPilote national d’activités

Hervé GUILLOTUP Centre

Frédéric HOFMANNUP Est

Vincent GABETTEUP Méditerranée

Alain BEAUDOUXUP Sud-Ouest

Jean-David MECHALICIH

Gilles FEUILLADEDTG

Gérard CULLIEYRIERGestionnaire de Carrières

Michel KOCHAInspecteur Santé Sécurité

Daniel PEPINDirecteur Délégué

à la Coordination de l’Eau, Alpes Méditerranée

Philippe PETIOTResponsable

des Relations Industrielles

Xavier LAYRACDélégué Communication

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE AnnEXE

B pRésentation et oRGanisation de la dpih

RépaRtition de la puissance hydRaulique installée

edf, pReMieR pRoducteuR hydRaulicien de l’union euRopéenne

EDF SA produit environ 10 % de son électricité à partir de l’énergie hydraulique. Associée au nucléaire, celle-ci permet au groupe EDF de produire en France 95 % de son électricité sans émission de Co2 et de contribuer de manière essentielle à la sécurité d’approvisionnement du pays et, plus largement, de la zone européenne.Les centrales hydroélectriques d’EDF produisent chaque année en moyenne environ 40 tWh, soit l’équi-valent de la consommation annuelle de l’Île-de-France. Cette production est variable en fonction des ressources disponibles en eau (pluies, fonte des neiges…).Le parc hydraulique d’EDF en France métropolitaine est géré par la DPIH (Division Production Ingénierie Hydraulique).

le paRc de pRoduction hydRoélectRique d’edf en fRance en quelques chiffRes

Le parc hydroélectrique français, ce sont :• 435 centrales construites entre 1896 et 1996, dont la puissance varie de quelques dizaines à 1 800 MW ;• 239 grands barrages dont 150 de plus de 20 mètres ;• 19,8 GW de puissance installée, selon quatre types d’aménagements (lac : 8,8 GW ;

pompage : 4,3 GW ; fil de l’eau : 3,6 GW ; éclusée : 3,1 GW) ;• 5 600 hydrauliciens pour la maintenance, l’exploitation, la conduite et l’ingénierie.

L’âge moyen des ouvrages de génie civil du parc est 70 ans.

pRésentation de la dpih

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AnnEXE

C caRtoGRaphie des unités de la dpih

unité de pRoduction centRe :• GMH Centre• GEH Ouest• GEH Dordogne• GEH Limoges• GEH Loire-Ardèche• GEH Lot-Truyère

unité de pRoduction est :• GMH Est• GEH Jura-Bourgogne• GEH Revin – Saint-Nicolas• GEH Rhin

unité de pRoduction alpes :• GMH Alpes• GEH Écrins-Vercors• GEH Savoie – Mont-Blanc• GEH Vallée

de la Maurienne• Service de réparation hydraulique

unité de pRoduction MéditeRRanée :• GMH Méditerranée• GEH Durance• GEH Var-Roya

unité de pRoduction sud-ouest :• GMH Sud-Ouest• GEH Adour et Gaves• GEH Aude-Ariège• GEH Garonne• GEH Tarn-Agout

Direction Technique Générale (DTG), Grenoble

Centre d’Ingénierie Hydraulique (CIH), Bourget du lac

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AnnEXE

D les difféRents types de BaRRaGes et d’aMénaGeMents ; fonctionneMent d’une centRale hydRoélectRique

haute chute/lac• Sur les cours d’eau à

pente forte.• Dans les régions de

moyenne ou de haute montagne.

• Grande capacité de stockage.

• Répond à la demande en période de forte consommation.

• Contribue à l’équilibre du système électrique.

Basse chute/ fil de l’eau• Pas de capacité

de stockage.• Sur de grands

fleuves ou de grandes rivières à fort débit.

• Production en fonction des apports d’eau du moment.

Moyenne chute/ éclusée• Réserve d’eau de

moyenne importance (journalière ou hebdomadaire).

• Utilisation ponctuelle pour couvrir les pointes de demande.

step (station de transfert d’énergie par pompage) • Eau turbinée d’un

bassin amont vers un bassin aval en période de forte consommation.

• Eau pompée du bassin aval vers le bassin amont en période de faible consommation pour reconstituer un stock.

quatRe types d’aMénaGeMents hydRoélectRiques

tRois types de BaRRaGes

fonctionneMent d’une centRale hydRoélectRique de haute chute

Barrage

Alternateur

Galerie

h> 200m

Transformateur

Lac de retenue

Conduiteforcée

Turbine

1 le barrage permet d’accumuler de l’eau en quantité en formant un lac. 2 lorsque les vannes sont ouvertes, l’eau s’engage dans une conduite ou un chenal

qui la canalise vers la centrale. 3 l’eau entraîne la rotation de la turbine. 4 la turbine entraîne l’alternateur qui produit du courant électrique. 5 celui-ci est redressé par un transformateur avant d’être transporté par les lignes

haute tension. 6 À la sortie de l’usine, l’eau rejoint la rivière par le canal de fuite.

Barrages-poids • Stabilité assurée par le poids

du matériau (maçonnerie, béton, remblai…).

Barrages-voûtes• Ouvrages en béton.• Une forme courbe qui permet

un report des efforts de poussée de l’eau sur les rives rocheuses.

Barrages mobiles • Implantés en plaine sur

de grandes rivières ou des fleuves.

1 2

3

4

5

6

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

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AnnEXE

e GRille de cotation inteRne des éVéneMents de sûReté hydRaulique

Faits

6543

2

1

0

a BAtteintes

Aux personnes

Plusieurs personnes décédées

Une personne décédée

Personne(s) blessée(s)

Personne(s) mise(s) en difficulté

Personne(s) présente(s) dans des tronçons identifiés à risques

Atteintes Aux biens

Dégâts importants affectant

le gros œuvre de plusieurs

installations

Dégâts affectant des biens

fixes (gros œuvre) isolés

Dégâts affectant

des constructions légères

Dégâts affectant

des biens mobiles

Dégâts mineurs

sur les biens

Atteinte potentielle

aux biens

c d sCotes

non mAîtrisées

Cote réelle

significativement

supérieure à la cote

des plus hautes eaux (PHE)

ou à une cote

assimilée

Cote réelle significativement supérieure à la cote de retenue normale (RN), ou inférieure à la cote mini d’exploitation réglementaire, hors cas prévus par consigne

Cote réelle non conforme à

la cote souhaitée

Débitsnon mAîtrisés

Débit ou gradient

très supérieur à la valeur

normalement attendue

Non-respect des limites

de lâcher définies dans

les consignes

ou les conventions

(débit, gradient

ou horaires)

Débit non souhaité

sans dépassement

des limites définies

dans la consigne

situAtions non sûres

Situation non sûre d’un ouvrage ayant nécessité l’application de plans, de procédures ou d’organisation de crise et une alerte des autorités pour action externe immédiate

Situation non sûre

d’un ouvrage ayant

entraîné une action

impérative d’exploitation

et ayant nécessité

l’information des autorités

Situations potentiellement non sûres, sur un ouvrage, un matériel, une procédure ou une attente d’un client susceptible d’affecter la sûreté hydraulique

Dans la gestion quotidienne d’un aménagement hydraulique, des événements d’exploitation non souhaités peuvent se produire. Ce sont des Événements Significatifs pour la Sûreté Hydraulique (ESSH) dès qu’ils concernent l’atteinte aux personnes ou aux biens, la non-maîtrise de cote ou de débit et, plus générale-ment, des situations « non sûres ».

Les ESSH, mis en place à l’initiative d’EDF, sont cotés selon deux paramètres : leurs conséquences et leur niveau de gra-vité. Ils sont ensuite classés en trois catégories : vert (indice de gravité égal à 0), orange (indice de gravité égal à 1, 2 ou 3) et rouge (indice de gravité égal à 4, 5 ou 6).

Niveaude gravité

— 78 —

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RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE AnnEXE

F

niVeau de GRaVité

BaRRaGes

diGues

jaune

Événements à caractère hydraulique ayant conduit à :• une mise en difficulté des

personnes• des dégâts de faible

importance à l’extérieur de l’installation

Événements traduisant une non-conformité à un dispositif réglementaire sans mise en danger des personnes :• non-respect des consignes

d’exploitation en crues• non-respect de débits• non-respect de cotes

réglementaires

Défauts de comportement de l’ouvrage et de ses organes de sûreté imposant une modification de la cote ou des conditions d’exploitation en dehors du référentiel réglementaire d’exploitation de l’ouvrage, sans mise en danger des personnes

Événements ayant conduit à une dégradation significative de la digue nécessitant une réparation dans les meilleurs délais, sans mise en danger des personnes

oRanGe

Événements à caractère hydraulique ayant entraîné :• une mise en danger des

personnes sans qu’elles aient subi de blessures graves

• des dégâts importants aux biens ou aux ouvrages hydrauliques

Événements :• à caractère hydraulique ou

consécutifs à une crue ayant entraîné une mise en danger des personnes sans qu’elles aient subi de blessures graves

• ayant entraîné des dégradations importantes de l’ouvrage, quelle que soit leur origine, mettant en cause sa capacité à résister à une nouvelle crue et nécessitant une réparation en urgence

RouGe

Événements à caractère hydraulique ayant entraîné :• des décès ou des blessures

graves aux personnes• des dégâts majeurs

aux biens ou aux ouvrages hydrauliques

Événements à caractère hydraulique ou consécutifs à une crue ayant entraîné :• des décès ou des blessures

graves aux personnes• une inondation totale ou

partielle de la zone protégée à la suite d’une brèche

niVeau de GRaVité des eish selon l’aRRêté du 21 Mai 2010

les eish concernent :- tout le périmètre des aménagements concédés ;- uniquement les barrages et les digues des

aménagements autorisés.

classificationLes définitions des trois niveaux de gravité – jaune, orange et rouge – données par les articles 4 et 5 de l’arrêté du 21 mai 2010 sont présentées dans le tableau ci-dessous.

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AnnEXE

G taBleau des indicateuRs de sûReté de la dpih

0

IPSH Sûreté

ISH Sûreté

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

2007

1 8621 948

2 193

2 422 2 472

2 9503 006

39 572232344638

2008 2009 2010 2011 2012 2013

ipsh (essh = 0)et ish (essh 1)

éVolution des indicateuRs sûReté

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taBleau histoRique eish

site de cRiticité MVd supéRieuRe À 3

jaune

orange

rouge

0

0

10

10

20

20

30

30

40

40

50

60

2007

2007

2008

2008

2009

2009

2010

2010

2011

2011

2012 2013

2012 2013

29

58

45

27

22

19

16

19

38

24

28

17

25

17

31

4666

1 1 1 0 0 0 0 0

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

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AnnEXE

H leXique

A APS : Avant-Projet Sommaire

APD : Avant-Projet Détaillé

AFEID : Association Française pour l’Eau, l’Irrigation et le Drainage

ARt : Agence Régionale de télécommunications

B BMR : Barrage Mobile en Rivière

C CCH : Centre de Conduite Hydraulique

CF : Conduite Forcée

CFBR : Comité Français des Barrages et Réservoirs

CIH : Centre d’Ingénierie Hydraulique

CnSH : Comité national de Sûreté Hydraulique

CoCCHE : Comité de Contrôle Commande Hydraulique

CoVAP : Comité de Validation des Projets

CREEX : Centre Régional d’E-Exploitation

CtSH : Comité technique et Sûreté Hydraulique

CUtMH : Commission des Usures et de la technologie du Matériel Hydraulique

D DFC : Dossier de Fin de Concession

DMP : Dispositif et Moyen Particulier

DPI : Direction de la Production et de l’Ingénierie

DPIH : Division Production et Ingénierie Hydraulique

DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement

DSPCF : Dispositif de Surveillance de Pression d’une Conduite Forcée

DtG : Division technique Générale

e EDD : Étude De Danger

EIM : Équipe d’Intervention de Maintenance

EISH : Événement Important pour la Sûreté Hydraulique

ESSH : Événement Significatif de Sûreté Hydraulique

ESSI : Écart Significatif de Sûreté à l’Ingénierie

EVC : Évacuateur de Crue

F FFCK : Fédération Française de Canoë Kayak

FHyM : Forces Hydrauliques de la Meuse

G GEH : Groupe d’Exploitation Hydraulique

GMAo : Gestion de la Maintenance Assistée par ordinateur

GMH : Groupe de Maintenance Hydraulique

GPEC : Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences

GU : Groupement d’Usines

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i IPHE : Ingénierie du Parc Hydraulique en Exploitation

IPR : Ingénierie de Production Régionale

IPSH : Indicateur de Prévention Sûreté Hydraulique

ISH : Indicateur Sûreté Hydraulique

m MMR : Mission Management des Risques

MPHy : Mission Production d’hydro-électricité

MPL : Manager de Première Ligne

MRC-D : Maîtrise du Risque Crue par le Dimensionnement

MRo : Maîtrise des Risques opérationnels

MSP : Mission Sûreté Prévention

MVD : Maîtrise des Variations de Débit

o oMISH : ouvrage et Matériel Importants pour la Sûreté Hydraulique

P PEX : Partage d’Expérience

PML : Plan de Maintenance Local

PMPS : Plan de Maintenance Préventive Standard

PoI : Plan d’orientation Interne

PPI : Plan Particulier d’Intervention

R REX : Retours d’Expérience

RS : Revue de Sûreté

s SDo : Surveillance Des ouvrages

SHEMA : Société Hydraulique d’Études et de Mission d’Assistances

SILEX : Système d’Information de l’Exploitant

SIMBA : Simulateur Barrage

SoH : Socio-organisationnel et Humain

SuPerHydro : Sûreté et Performance du parc hydraulique

T tCC : tronçon Court-Circuité

U UFPI : Unité de Formation de la Direction Production et Ingénierie

UI : Unité d’Ingénierie

UP : Unité de Production

v VMSH : Visite Managériale de Sûreté Hydraulique

RAPPoRt 2013 DE L’InSPECtEUR DE LA SÛREtÉ HyDRAULIQUE

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ce rapport est disponible sur le site internet d’edf www.edf.fr

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