r * LE GENERAL DE GALIFFET

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Troisième Année - 104 _ __ LE J^^^Q . 15 GENT i MES Samedi 14 Avril!l883 X^,. D'ASCO (Lyon.) E. DESCLAUZAS (Paris) RÉDACTEURS EN CHEF ABONNEMENTS Lyon UN AN Fr. f O Paris et Départements . %% On reçoit les abonnements de TROIS et do SIX mois Rédaction ï Administration 6, place des Terreaux, 6 Journal d ID discrétions, Littéraire, Satirique, Mondain, Théâtral, Financier -. PARAISSANT LE JEUDI EN PROVINCE ET LE SAMEDI A PARIS £?„"££ ff *^ïSE-. Françoys RABILAIS. —"'' ' J ' «TITIPHII i, m mummmm , ..nmi. B IIJ il—ËMI mu m ' ' ! HBtt r * . I A. 33© L. ATOU JFt ADMINISTRATEUB ABONNEMENTS Lyon UN AN Fr. ÎO Paris et Départements. ** On reçoit les abonnements de TROIS et SIX MOIS sans frais dans tous les bureaux de poste Les Annonces et Réclames sont exclusivement remues à l'Agence V. FOURNIER 14, Rue Confort, Lyon à Paris, à l'Agence HAVAS 8, place de la Bourse I I " LE GENERAL DE GALIFFET : . MADEMOISELLE CHALENTON SA FEMME ~ UNE MISSION DÉLICATE Tirage justifié 52,000 La Bavarde publie plusieurs éditions ainsi réparties : lf? Edition, villes du Centre. 2 e Edition , villes de l'Est. 3* Edition, villes de l'Ouest. i" Edition, villes du Midi Edition, Lyon et région lyonnaise, Paris et Etranger. PARIS-LYON LE Général, Marpis lie Galet C'est l'homme du jour l'article à sensation ; le général est partout. Les journaux le nomment dans leur pre- mier Paris, dans leurs échos, dans leurs racontars. Il trône au con- cours hippique, il passe au bois de Boulogne, il se prélasse à l'Opéra. Il est de toutes les fêtes mondaines. Sa per- sonnalité encombrante traîne de la bu- vette des Chambres à la cuvette des boudoirs. Et ce général de la République a le Figaro pour Mécène. La rue Drouot montre les grosses dents à la rue de Grenelle. On ne pardonne pas au géné- ral Thibaudin d'avoir retiré au marquis de Gallifet le commandement des ma- nœuvres de l'Est. Quoi ! l'on]ose dou- ter de la franchise de M. le général et l'on se demande si c'est un ami cet irréconciliable delà veille? L'acharne- ment que mettent à défendre ce trou- pier les royalistes de tous poils, nous fait croire plus que jamais que te mi- nistre a été sage, .\ On fait trop de bruit autour de ce képi brodé de glands. On nous as- somme avec l'armée. La bouche pleine des mots de «patrie et de revanche, » les prud'hommes stériles prennent des atittudes bouffonnes quand un |homme audacieux ose dire la vérité sur cette armée permanente, qui saoule de vin comme au Deux Décembre, étrangle- rait la Constitution, au comptedu pre- mier drôle venu. Ils ne savent pas ce que vaut cette phrase : « Obéissance passive », ceux qui tiennent ces dis- cours ampoulés. Ils n'ont jamais tra- versersé les 'cours d'une caserne, un lourde revue, quand les colonels, hum- bles comme des valets, inclinent de- vantle panache de leur supérieur leurs plumets tricolores. L'armée ne raisonne pas, l'armée ne peut pas raisonner. Elle doit être une machine de chair humaine dans la main d'un homme : tant mieux si cet homme est un héros, tant pis si cet homme est un gredin.On lui dit : mar- che, on lui dit : tue. Elle lue, elle mar- che. Un coup de fusil ne discute pas. On ne doit entendre d'autre gueule que celle du canon. Labordère était une exception. Il n'a pas fait acculer, tout seul, les aventuriers du Seize Mai. Ils ont eu peur du pays; cette ar- mée qui n'a pas de chef. * * + J'ai rencontré Gallifet dans la cour du râlais Bourbon, le jour de l'enter- rement de Gambetta, son ami. Les gé- néraux ses collègues, le saluaient. Il recevaitleurs hommages, hautain, cas- sant, soldat gentilhomme, traitant avec dédain, ces roturiers parvenus. Je me souvenais de l'avoir déjà vu, onze ans auparavant, non dans la cour du palais Bourbon, mais sur le che- min de Versailles. Il caracolait devant des femmes du monde, ayant mis leurs habits de fête pour jeter à la face des vaincus des crachats sentant le lubin de leur boudoir et le fumier de leur écurie grandes dames, maîtresses de leurs palefreniers, recommençant à l'instar des Guise et des Médicis, la promenade de Montfaucon. M. de Gal- lifet se pavanait, gracieux, ayant un sourire aux lèvres, et à la boutonnière une fleur rouge qui semblait une gout- te de sang. Une colonne de prison- niers arriva. « Halte», commanda-t-il. Canaille, je vous tiens enfin ! Et il pas- sa la revue de ces révoltés; ramassés derrière les barricades ou dans les maisons du faubourg. Figures hâves, blêmes de la fatigue, noircies par la poudre. Leurs vêtements étaient en lambeaux, la poussière des chemins avait souillé leurs fronts ; ils mar- chaient la plupart pieds nus, teignant de sang les cailloux. Le général les compta : tous les di- xièmes furent mis à part. Il y avait huit cents personnes, il y eut quatre- vingts priviligiés. Tandis que se re- forma la colonne, il les plaça sur un : talus et les fit fusiller, t Quatre-vingts cadavres : c'est ainsi que M. de Gallifet prit son absinthe ce jour-là. Et l'on songerait à donner pour chef suprême à l'armée le héros de telles épopées ! C'est en cet assassin que le drapeau s'incarnerait? - • • On dit M. de Gallifet un vaillant gé- néral. On prétend qu'il possède la science infuse. C'est une lumière. Il a des courtisans qui lèchent ses bottes et répandent le bruit qu'il sera le Car- not de la guerre qui point à l'horizon. J'ai bien peur qu'il n'en sorte que le Grouchy, En Afrique, il s'est battu. La belle affaire ! Est-il le seul capable de se bat- tre? Il y a des. héros plus modestes et aussi criblés de balles que lui. Ils n'ont gagné ni croix, ni galons, ils ont fait leur devoir et n'en deman- dent pas plus. Sorte de Don-Quichotte militaire, brutal et emporté, dur à ses inférieurs; n'ayant aucun sentiment humain, il s'est jeté dans la mêlée non comme un brave mais comme un fou. On appelle au régiment les soldats ;de la trempe de ce monsieur, des têtes brûlées. Elles sont capables de gran- des bassesses et de grandes audaces. Nous avons bientôt fait un héros avec un étourdi. Je me refuse à croire que le soldat ayant la conscience de son métier, puisse être un bourreau et il a été un bourreau le général de Galli- fet. On se méfie de ce troupier : on a rai- son : il a un ventre d'argent. Ce qui est beau mais il a un cœur de marbre, ce qui est laid. On se le rappelle co- tilionnant aux Tuileries. Il a défrayé la chronique judiciaire, Ce gentilhom- me a eu des maîtresses^ et ces maî- tresses pourraient peut-être dire pour- quoi ce gentilhomme a eu des diamants. Il a des talons rouges à ses bottes à la Bonaparte ; il aime les soupers fins, il aime lès bals et les fêtes, et l'on as- sure qu'il n'est pas sans mélange l'or de son blason. Il a fait abaisser la hauteur des képis de la cavalerie, ces képis qui ressemblaient à des casquet- tes. La mode ironique des soldats rail- lait le chef. Est-elle bête cette République? A- voir autour d'elle, des généraux sortis du peuple et aller chercher, pour l'exalter cet homme qui n'apparaît aux yeux de la foule qu'entre les jupons paillettes d'or des courtisanes et les tu- niques trouées de balles des fédérés. Prendre pour guide un français souillé de sang français, le général qui s'est fait l'exécuteur ignoble de Paris, le soudard qui a traîné à ses éperons de la cervelle avec des cheveux blancs ! Il doit marquer. C'est à son titre qu'il dut l'amitié du Génois. Gambetta le trouva prodigieux, ce marquis po- sant crânement sur le cimier de sa couronne le bonnet phrygien. Teindre en pourpre son blason, c'était de toute nécessité, la besogne lui répugnait, il la fit. Il trahit ses maîtres, il renia ses croyances, il cracha sur ,1e drapeau blanc. Volte-face de roué. La monar- chie a l'habitude de ces trahisons. M. de Gallifet est ambitieux; être le roi de la République lui conviendrait, mais le pays le garde de près et il se deman- de si le rouge de ses opinions n'est pas fait du sang des fusillés. Il était marquis. Si un soldat por- tant un nom plébéien fut venu à la République, on l'eût à peine écouté, sinon éconduit. La conversion du mar- quis de Gallifet fut l'objet de toutes les causeries. Un marquis s'enrépubli- caillsnt ça vaut la peine qu'on y songe. Le faubourg Saint-Germain se voila la face huit jours, mais il lui ouvrit la porte presqu'aussi vite que M. Gam- betta. « Reviens Bernadotte ! » Au fond l'on se disait que cet homme qui ve- nait de trahir la royauté pourrait tout aussi bien trahir la démocratie. Quand on se met à faire ce métier là, on ne s'arrête plus. La trahison s'insinue dans le sang, goûte à goutte, comme le mercure. ' ' . On se souvenait du passé; le roi ne désespérait pas de son chevalier. Il avait renversé la République à Dijon, jetant à terre, brutalement, une statue élevée à la patrie. Car il donna cette joie aux Prussiens, de briser laFrance en effigie. Les soldats de Manteufeld sont descendus au musée du Louvre, ils n'ont rien dégradé. Il était donné à un soldat français d'être plus vandale que les Prussiens. Il est vrai qu'il ramassa plus tard le bonnet de cette statue brisée, qu'il s'en coiffa. Cynisme de troupier. La République alla au devant de ce drôle ; ayant un bonnet de la couleur de ses talons. Elle lui donna la main loyale- ment il la prit: Cet homme est de i ceux qui prennent tout ce qu'on leur donne au moins. Il accepta un rôle avec des dédains i de grand seigneur. Puis brusquement, il se fit le bretteur de la République, mettant à ses genoux son sabre. La République n'a point remarqué que ce sabre singulier, trempé dans le sang de mai, peut se rapetisser et devenir le poignard qui frappe dans le dos, * » Le fantoche I je retrouve sa circulai- re insolente, cette circulaire sur la te- nue, il fait de l'esprit, un esprit qui sent l'eau de cologne; il raille son ar- mée et fait l'éloge de ceux qui la cari- caturent. Je le revois aux grandes manœuvres dernières, couchant dans la cour du château et mangeant du pain bis, alors qu'un bon lit l'attendait et qu'on pré- parait pour lui, un repas succulent. Il voulut prêcher d'exemple. Mais là, encore, il trahissait ses soldats, tant la trahison est un besoin pour cet hom- me. Il jouait la comédie de la tempé- rance. Il jouait les Napoléon et les Tu- rénne, singe va I qui se permet d'imi- ter des héros. En politique, il joue au Talleyrand. Il se croit un diplomate habile, un gé- nie immense. Il a foi en lui. Son or- gueil lui sort par les yeux, des yeux très faux percés en virille dans une fi- gure maigre et dure. Il offre à la Ré- publique qu'il exècre— ses services. La République ferait une faute en lui confiant un poste suprême. M. de Gallifet est avide de gloire, avide d'honneur, avide d'argent, mar- quis, il méprise la République, mais si la République le paie, le gorge de ses caresses, et lui donne la meilleure place chez elle, il fera le coup de poing pour elle. Gallifet de Stabaldil ! Il est heureux que le pays veille. La presse est unanime à accabler ce fa- vori sanglant, aussi populaire au fau- bourg Saint-Antoine comme assassin, qu'au faubourg Saint-Germain comme royaliste. M. le général marquis de Gallifet, s'offre d'être le souteneur de la Répu- blique, il n'oublie qu'une chose : c'est que la République n'est pas une pros- tituée. E. DÉCLAMAS. «aaMBMW»B«—— I— Ne voulant pas couper en deux colonnes, la remarquable poésie de notre cher Karl Munie, nous l'insérons en seconde page. SOURIRE i « Je vais pleurer moi qui ma laissait dira Que mon sourira liait ai doux 1 » MUSSET-BARBEMNE. Quel sourire divin sur ta lèvre embaumée Brillait comme une étoile, an sein du firmament, L'arme d'amour roulant dans la plaine enflammée, Jetant son reflet d'or à notre sol terni t J'ai rêvé bien des fois, en mon âme charmée, A ce sourire pur, ce sourire béni Qui fut pour moi l'espoir, l'ivresse tant aimée, Chaste rayon d'amour qui trop tôt s'éteignit ! Te souvient-il encore de cette nuit, Elvire, la lune glissait si paie, au fond des deux Rêveuse, comme une a me aimante «roi soupire?... Nous étions la, troublés, n'osant plus rien nous dire, Alors je m'inclinai..., puis sans lever les yeux, Sur ta lèvre d'enfant j'ai baisé ton sourire t GAUURI. »—«aaaaqQQfflQoaya) Mademoiselle (Menton SA FEMME Le roman Monastérlo est un roman à la Rocambole, quand c'est fini ça re- commence. On connaît le crime de la rue Constance. M. Chalenton a assassiné sa femme, l'amie de Fidélia. Les journaux ont fait le récit de cet événement avec un luxe abondant de détails. En général, ils ont plaint M. Chalenton un ange, un modèle. Com- me autour de l'affaire Feuayron, il s'é- tablit un certain courant de sympathie qui gênera, singulièrement, les jurés aux prochaines assisses. La Bavarde ce saurait prendre abso- lument parti dans une lutte aussi grave. Je vais donc me contenter de plaider en faveur de l'accusé et contre lui. Il y a autant de raisons qui permettent de l'ac- cabler qu'il y en a permettant de l'ab- soudre. Je vais avoir l'honneur d'être l'avocat de M. Chalenton et le procu- reur général. En cela, je ne ferai rien de neuf. Un jour, à Marseille, un avocat légèrement ému émotion de derrière les fagots à trois francs la bouteille avait à défendre un accusé. Il commença par dire : Messieurs, cet homme assis devant vous est un misérable, le plus gredin des gredins I Une fois sur ce terrain il éreinta le bonhomme de la pi- toyable manière, démontrant, preuves en main, sa parfaite culpabilité. Le pré- sident, d'un signe désappointé, l'arrêta. Une lueur traversa l'esprit de l'avocat, il comprit qu'il venait de prendre sa tâche à rebours. Il était gascon de génie, il ne se déconcerta pas : « Oui, messieurs, cria-til, voilà ce que mon adversaire vous dira tout à l'heure, mais de pareils arguments tienaent-ils.de- bout? Non, je vais le prouver! » Et il refit le panégyrique de l'accusé. Quand l'avocat général prit la parole, ce ne fut que pour rééditer les accusations portées au début de sa plaidoirie par l'avocat ému, ces accusations qu'il avait si adroi- tement tournées. L'accusé fut acquitté. Il me semble que dans l'affaire Cha- lenton, sans qu'il lui en coûte un péni- ble effort, l'avocat peut plaider en faveur de l'assassin ou contre l'assassin. * ar CHOSK, « Car enfin, messieurs les jurés I quel homme est assis sur ces bancs ? Un homme de cœur. Il avait rêvé une vie calme, tranquille ; la vie de l'employé à douze cents francs par an. Il avait choisi une belle femme, non pour sa sactisfac- tion personnelle, mais pour avoir de beaux enfants. « Après quelques mois de mariage, sa femme n'hésita pas à s'éprendre fol- lement de sa bouchère, puis de sa char- cutière, puis de son épicière, puis de sa charbonnière. Son âme va se noircissant de plus en plus. Le brave homme ayant fort peu de littérature ne s'expliquait pointées attachements bizarres II n'y voyait point le déshonneur, trop simple pour comprendre, trop pur pour sa- voir. « À la fin, pourtant, il se dit que la chose n'était pas naturelle. Un ami lui parla même de Lesbos. Il lui narra tout au long les aventures de mesdames les lesbiennes. Il trouva collée un matin sur sa porte, cette indication ironique: MADEMOISELLE CHALEJNTOH, Sa femme. Etre trompé, messieurs, ce n'est rien. J'ai été trompé, vous avez l'être. Ne protestez pas ! Soit, je retire mes paro- les, je voulais dire : vous le serez. Etre trompé franchement, carrément à la bonne mode, ce n'est rien. On a un rival devant soi, on lui coupe la gorge ; la chose est faite. Mais quand votre rival est une rivale ; que faire ? On ne Fe bat en duel qu'avec une femme, on ne coupe pas la gorge d'une femme 1 r « Ah 1 messieurs 1 que cet accusé est intéressant. Dans la Princesse des Cana- ries, les époux retrouvant leurs épouses sous des habits masculins s'écrient: « nos femmes sont des hommes ! » M. Chalen- ton a se dire la môme chose ailleurs qu'aux Folies-Dramatiques. Affolé, il a perdu la notion du droit ; il a voulu se faire son propre jostieier. » Mon client avait tout pour être heu- reux ; il était brun, il avait les cheveux ras, un fera cheval au menton. Ajoutez h cela qu'il était comptable, redoutable profession. La conduite de sa f?mme faisait dévier ses balanoes.C'étaitlaruine, c'était la fin. Comme c'est d'une grande âme, ce cri qu'il jeta aux agents venant l'arrêter : « Je ne voulais pas qu'on traînât dans la boite le nom de Chalen- ton ! » Le nom de Chalenton ! Si vous vous appeliez Chalenton, messieurs les jurés, vous sauriez qu'il est pénible de voir ce nom-là traîner dans la boue. Et que fait il le 5 avril ? Il achète un revolver à six coups, il monte chez sa femme, il lui envoie les six balles dans le corp^i. Il n'a pas même la pensée de songer à lui, de s'arracher aux mains de la justice de son pays, de se libérer lâ- chement par la mort. Non, pif! pif! pan ! six fois, six coups! Tout pour elle. Cette générosité vous touchera, messieurs,moi, je n'y puis penser qu'en pleurant. Jamais accusé n'a été plus sympa- thique.G'est un cœur d'or, c'est l'homme d'honneur méthodique. Dans une minute de folie de cette folie que causent les désespoirs moraux il s'est fuit justice lui-même. Vous ne le guillotinerez pas ; vous ne pouvez pas !e guillotiner. Mon client n'a pas de tête. Et la preuve : c'est que pour accomplir un tel crime, il fallait qu'il l'eût complètement per- due M e MACHIN, «.... Car enfin, messieurs les jurés, quel homme est assis sur ces bancs ? Un homme ayant une certaine éducation. Il avait rêvé la vie calme, tranquille; la vie sans secousses, et il avait choisi, madame Chalenton, une blonde très Ju- liette, grassouillette qui avait un profil agaçant, resté dit on, dans bien des mé- moires, on ne prend pas une jolie fem- me pour soi ; c'est de l'outrecuidance et de i'égoïsme. Quelqu'un a écrit : « La beauté n'est à personne, elle est à tout le monde; le premier qui a dit : cette belle femme est à moi était un exploi- teur. » Messieurs, relisez Rousseau ! (Jean-Jacques, pour les purs). « Après quelques mois de ménage sa femme le trompa. Entendons-nous ; le trompait-elle bien ? On parle du comte de Z..., ce comte n'étant pas une com- tesse, je me permettrai de dire que c'est un conte. La malheureuse victime avait des tendresses moins banales. C'est un vice fort à la mode, aujourd'hui, je le constate avec tristesse. Goudeau dans ses Fleurs de Bitume, a fait le calcul des dévoyées, il est arrivé à un chiffre fan- tastique. Il faudra une nouvelle pluie de feu pour laver Paris, mais à défaut de pluie, c'est madame Chalenton qui est tombée. « Son mari ne trouva pas la chose de son goût. Je me l'explique, mais en fait, était-il absolument sganarellisé ? Il faut un amant pour faire une femme adul- tère, de même qu'il faut un lapin pour f tire un civet. Madame Chalenton trom- pait son mari mais n'avait pas d'a- mants. Subtilité que monsieur Chalenton ne saisit pas. Il vit un amour dans ce qui nétait qu'une déviation du sens amoureux. Il aurait pu se dire : « Je tiens un phénomène et, comme madame Gabrielle Elluini, j'ai pincé mon anti- type». Non, il avait le caractère mal fait; il se fâcha. « Tout, messieurs, tout est contre ce misérable. Comment, il a une jeune et jolie femme et il va demeurer rue Cons- tance ! C'est un comble, madame Chalen- ton avait évidemment fait tout son pos- sible pour entraîner son époux, dans une rue portant un nom moins ironique. Lui s'endormait heureux : « ma femme de- meure rue Constance ! » Imbécile, pour- quoi pas tout de suite, Plaine des Ver- tus? Madame Chalenton était blonde. « Elle était blonde et parisienne, Elle avait un air tapageur « Et vous voulez qu'une femme ayant cette triple qualité écume modestement son pot au feu. Blonde! une femme blonde Blonde comme Eve, blonde comme Vé- nus, blonde comme Nana ? Les blondes trompent toujours leurs maris a moins qu'elles n'y pensent pas. Je sais que beaucoup de brunes en font autant, ' ainsi, ma femme est brune mais pas- sons, ce sont des histoires de famille, inutiles au procès. « J'arrive au crime ; que fait l'assassin ] le 5 avril? 11 assassine! Ça lui coûtait de voir tant de bruit se faire autour de sou nom. Et pour qu'on ne parle plus du sien, pour que le nom de Chalenton cesse d'être traîné dans la boue, il le traîne dans le sang. Il croit se sauver du déshonneur en courant vers le bagne vers l'échafaud, peut-être. Tirer descoups de revolver c'est une singulière façon de faire du silence. Il est crétin, ce monsieur, qui, prétendant qu'oit s'occu- 1 pait trop de sa femme, dans la presse, la tue pour qu'on n'en dise plus rien ! « Et si, du moins, il avait cru pou- voir se faire justice lui-même et réser- ver l'une des six balles pour son cais- son. Non pas, il s'imagine d'être un hé- ros ; il trône dans le septième ciel des maris cocus et sanglants. Il boit un bouil- lon et se couche dans une cellule. « Ah ! messsieurs, si vous acquittez cet homme, songez à ce que vous allez faire. C'est la désorganisation jetée au sein des familles. Elles sont nombreuses les Chalenton très nombreuses. C'est déplorable, mais c'est ainsi. Elles ont des heuies de lucidité amoureuse, qui ; leur permettent encore de donner des défenseurs à la patrie. Quand la France a tant besoin de bras, vous n'encoura- gerez pas le meurtre ce meurtre^qui frappe l'être reproducteur par excel- lence : j'ai nommé, messieurs, la fem- me adultère « En mon âme et conscience, Cha- lenton est coupable coupable d'avoir ! î épousé une femme comme çà. Vous le condamnerez à mort, car il faut, je le ré- , pète, que la France se repeuple » i * . 1 C'est ainsi que s'exprimeront Maître 1 Chose et Maître Machin. > Je n'ose, pour ma part, avoir une opi- " nion précise. Les arrêts m'ont tanf de 1 fois surpris, qu'un arrêt surprenant ne " me surprendrait pas. L. d'Asco. " •JwaaoooaonnnrM , JEANNETTE! t r, , , Un beau matin avec Jeannette Nous parcourions les bois, l'herbette ; Autour de nous la pâquerette, ! Le bouton d'or, la violette, Semblaient envier notre amourette ; L Nous nous aimions, dis-moi, Jeannette ? . Quinze ans avait alors Jeannette, Ses seins gonflaient sa collerette... Sa conscience était bien nette ! Jeanne chantait et la fauvette ; Semblait envier sa chansonnette. ; Nous nous aimions, dis-moi, Jeannette ? L Oui, cinquante ans, bonne Jeannette , Tu porteras à la noisette ; Du temps des bois et de l'herbette Je me souviens, mais ne regrette Ni ces plaisirs, ni la musette... Nous nous aimons, dis-moi, Jeannette ? HENHY-GBOB&B. Il UNE MISSION DÉLICATE Vlait s'marier Lorgnegrut, oui v'iait se s'marier. Pour lors vient m'trouver, m'eonte la chose, et me d'mande mon avis turell'ment. Pour moi, j'iui dis j'men f... s'ment comprenez qu'c'est un mauvais exem- ple pour les hommes non gradés, dont ça f... tout d'suite l'sentiment d'ia créature, incompatible aux hom- mes de la classe conscrits et au- tres. Moi, cap'taine, n'eoupe pas dans la chose de... sentiment pas vrai: qu'rante ans d'service, d'huit campa- gnes, idem de blessures, sept croix dont celle de la d'honneur, pas une croûte évidemment ! ainsi comme vous dis : n'eoupe pas n... de L>... ! n'eoupe pas. C'pendant j'vous dis, m'f... d'vot'e... chose, m'en f... m'en contref... ! et par lors ? Lorgnegrut embêté m'f... un œil de limande, alors j'iui dis : c'pas tout ça s'erongneuguieu ! s'pliquez-vous n... de D... c'qu'à f... c'te femme-là ? Est-elle s'ment connue d'ees mes- sieurs ? I'n,la connaissaient pas !!... Cap'taine, j'iui mémore, v's'aurez toujours une rosse de caractère, quand m'suis marié, moi, n... de D... ! tout l'monde connaissait ma femme, tendez-vous c'que j'vous parle ? * Une brute c't'animal de Lorgne- grut, mais bon enfant, m'explique sa... sa chose quoi, s'ment comme n avait pas encore eusse fait sa d mande, j'iui dis j'arrang'rai c't'af- faire-là. Pour lors, l'tantôt j'vais trouver le &•••• de D»- Père un f... mTon pékin, qui me déplaisait ; m'e r'gardait avec des yeux d'ecouenne c't'animal-là. pour un rien, j'iui aurait f... une giffle, mais pour Lorgnegrut, j'me T L16ÏÏS. J'iui mémore la chose du cap'tai- ne, alors s'f... à m'moucharder d'ré- ponses, questions et autres. Moi j'iui dis, sui le colonel Ra- mollot.me f... d'vot'e fille quej'con- nais s ment pas, mais j'ai une mis- sion d'heate à remplir et v'ià c'que j'vous... la même chose, tendez bien c'que j'vous parle ? M'dites que v'zêtes trés-honoré, ça n... de D... 1 l'sais aussi ben qu'vous j'intitule. Pour la chose des senti- ments du cap'taine c'différeht. Vot'e fille ou une autre, c' toujours une fille, pas vrai, s'ement préfère la vôtre vu la dot. Maint'nant m'vez l'air f..., la p'tita aura l'reste un d'ees jours et ça ira bien. Qu'ça vous f... d'ailleurs de don- ner votre fille à lui ou à un autre. L' vieux me r'luquait d' travers et j'allais lui f... des sottises quand la p'tite rentre avec sa bonne. Comme elle avait dit : bonjour père, je d'vine que c'est sa fille, alors je m'dis s erongnieugnieu ! en avant la réserve 1 N'vous en allez pas j'vous prie ma- d'moiselle, j'suis l'colonel Ramollot, et j'viens de la part du cap'taine Lorgnegrut pour vous d'mander en mariage. Via la petite qui d'vient rouge comme une petite n... de D et qui ouvre une bouche de la largeur ! d'une gamelle. ï

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52,000 N°La Bavarde publie plusieurs éditions

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3* Edition, villes de l'Ouest.

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5« Edition, Lyon et région lyonnaise,Paris et Etranger.

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Général, Marpis lie GaletC'est l'homme du jour — l'article à

sensation ; le général est partout. Lesjournaux le nomment dans leur pre-mier Paris, dans leurs échos,dans leurs racontars. Il trône au con-cours hippique, il passe au bois deBoulogne, il se prélasse à l'Opéra. Il estde toutes les fêtes mondaines. Sa per-sonnalité encombrante traîne de la bu-vette des Chambres à la cuvette desboudoirs.

Et ce général de la République a leFigaro pour Mécène. La rue Drouotmontre les grosses dents à la rue deGrenelle. On ne pardonne pas au géné-ral Thibaudin d'avoir retiré au marquisde Gallifet le commandement des ma-nœuvres de l'Est. Quoi ! l'on]ose dou-ter de la franchise de M. le général etl'on se demande si c'est un ami cetirréconciliable delà veille? L'acharne-ment que mettent à défendre ce trou-pier les royalistes de tous poils, nousfait croire plus que jamais que te mi-nistre a été sage,

.\On fait trop de bruit autour de ce

képi brodé de glands. On nous as-somme avec l'armée. La bouche pleinedes mots de «patrie et de revanche, »les prud'hommes stériles prennent desatittudes bouffonnes quand un |hommeaudacieux ose dire la vérité sur cettearmée permanente, qui saoule de vincomme au Deux Décembre, étrangle-rait la Constitution, au comptedu pre-mier drôle venu. Ils ne savent pas ceque vaut cette phrase : « Obéissancepassive », ceux qui tiennent ces dis-cours ampoulés. Ils n'ont jamais tra-versersé les 'cours d'une caserne, unlourde revue, quand les colonels, hum-bles comme des valets, inclinent de-vantle panache de leur supérieur leursplumets tricolores.

L'armée ne raisonne pas, l'armée nepeut pas raisonner. Elle doit être unemachine de chair humaine dans lamain d'un homme : tant mieux si cethomme est un héros, tant pis si cethomme est un gredin.On lui dit : mar-che, on lui dit : tue. Elle lue, elle mar-che. Un coup de fusil ne discute pas.On ne doit entendre d'autre gueuleque celle du canon. Labordère étaitune exception. Il n'a pas fait acculer,tout seul, les aventuriers du SeizeMai. Ils ont eu peur du pays; cette ar-mée qui n'a pas de chef.

** +

J'ai rencontré Gallifet dans la courdu râlais Bourbon, le jour de l'enter-rement de Gambetta, son ami. Les gé-néraux ses collègues, le saluaient. Ilrecevaitleurs hommages, hautain, cas-sant, soldat gentilhomme, traitantavec dédain, ces roturiers parvenus.

Je me souvenais de l'avoir déjà vu,onze ans auparavant, non dans la courdu palais Bourbon, mais sur le che-min de Versailles. Il caracolait devantdes femmes du monde, ayant mis leurshabits de fête pour jeter à la face desvaincus des crachats sentant le lubinde leur boudoir et le fumier de leurécurie — grandes dames, maîtressesde leurs palefreniers, recommençantà l'instar des Guise et des Médicis, lapromenade de Montfaucon. M. de Gal-lifet se pavanait, gracieux, ayant unsourire aux lèvres, et à la boutonnièreune fleur rouge qui semblait une gout-te de sang. Une colonne de prison-niers arriva. « Halte», commanda-t-il.Canaille, je vous tiens enfin ! Et il pas-sa la revue de ces révoltés; ramassésderrière les barricades ou dans lesmaisons du faubourg. Figures hâves,blêmes de la fatigue, noircies par lapoudre. Leurs vêtements étaient enlambeaux, la poussière des cheminsavait souillé leurs fronts ; ils mar-chaient la plupart pieds nus, teignantde sang les cailloux.

Le général les compta : tous les di-• xièmes furent mis à part. Il y avait

huit cents personnes, il y eut quatre-vingts priviligiés. Tandis que se re-forma la colonne, il les plaça sur un

: talus et les fit fusiller,t Quatre-vingts cadavres : c'est ainsi

que M. de Gallifet prit son absinthe cejour-là.

Et l'on songerait à donner pour chefsuprême à l'armée le héros de tellesépopées ! C'est en cet assassin que ledrapeau s'incarnerait?

- •• •

On dit M. de Gallifet un vaillant gé-néral. On prétend qu'il possède lascience infuse. C'est une lumière. Il ades courtisans qui lèchent ses botteset répandent le bruit qu'il sera le Car-not de la guerre qui point à l'horizon.J'ai bien peur qu'il n'en sorte que leGrouchy,

En Afrique, il s'est battu. La belleaffaire ! Est-il le seul capable de se bat-tre? Il y a des. héros plus modestes etaussi criblés de balles que lui.

Ils n'ont gagné ni croix, ni galons,ils ont fait leur devoir et n'en deman-dent pas plus. Sorte de Don-Quichottemilitaire, brutal et emporté, dur à sesinférieurs; n'ayant aucun sentimenthumain, il s'est jeté dans la mêlée noncomme un brave mais comme un fou.On appelle au régiment les soldats ;dela trempe de ce monsieur, des têtesbrûlées. Elles sont capables de gran-des bassesses et de grandes audaces.Nous avons bientôt fait un héros avecun étourdi. Je me refuse à croire quele soldat ayant la conscience de sonmétier, puisse être un bourreau et ila été un bourreau le général de Galli-fet.

On se méfie de ce troupier : on a rai-son : il a un ventre d'argent. Ce qui estbeau — mais il a un cœur de marbre,ce qui est laid. On se le rappelle co-tilionnant aux Tuileries. Il a défrayéla chronique judiciaire, Ce gentilhom-me a eu des maîtresses^ et ces maî-tresses pourraient peut-être dire pour-quoi ce gentilhomme a eu des diamants.Il a des talons rouges à ses bottes à laBonaparte ; il aime les soupers fins, ilaime lès bals et les fêtes, et l'on as-sure qu'il n'est pas sans mélange l'orde son blason. Il a fait abaisser lahauteur des képis de la cavalerie, cesképis qui ressemblaient à des casquet-tes. La mode ironique des soldats rail-lait le chef.

Est-elle bête cette République? A-voir autour d'elle, des généraux sortisdu peuple et aller chercher, pourl'exalter cet homme qui n'apparaît auxyeux de la foule qu'entre les juponspaillettes d'or des courtisanes et les tu-niques trouées de balles des fédérés.Prendre pour guide un français souilléde sang français, le général qui s'estfait l'exécuteur ignoble de Paris, lesoudard qui a traîné à ses éperons dela cervelle avec des cheveux blancs !

Il doit marquer. C'est à son titre qu'ildut l'amitié du Génois. Gambetta letrouva prodigieux, ce marquis po-sant crânement sur le cimier de sacouronne le bonnet phrygien. Teindreen pourpre son blason, c'était de toutenécessité, la besogne lui répugnait, illa fit. Il trahit ses maîtres, il renia sescroyances, il cracha sur ,1e drapeaublanc. Volte-face de roué. La monar-chie a l'habitude de ces trahisons. M.de Gallifet est ambitieux; être le roi dela République lui conviendrait, maisle pays le garde de près et il se deman-de si le rouge de ses opinions n'est pasfait du sang des fusillés.

Il était marquis. Si un soldat por-tant un nom plébéien fut venu à laRépublique, on l'eût à peine écouté,sinon éconduit. La conversion du mar-quis de Gallifet fut l'objet de toutes lescauseries. Un marquis s'enrépubli-caillsnt ça vaut la peine qu'on y songe.Le faubourg Saint-Germain se voila laface huit jours, mais il lui ouvrit laporte presqu'aussi vite que M. Gam-betta. « Reviens Bernadotte ! » Au fondl'on se disait que cet homme qui ve-nait de trahir la royauté pourrait toutaussi bien trahir la démocratie. Quandon se met à faire ce métier là, on nes'arrête plus. La trahison s'insinuedans le sang, goûte à goutte, comme lemercure. ' ' .

On se souvenait du passé; le roi nedésespérait pas de son chevalier. Ilavait renversé la République à Dijon,jetant à terre, brutalement, une statueélevée à la patrie. Car il donna cettejoie aux Prussiens, de briser laFranceen effigie. Les soldats de Manteufeldsont descendus au musée du Louvre,ils n'ont rien dégradé. Il était donné àun soldat français d'être plus vandaleque les Prussiens.

Il est vrai qu'il ramassa plus tardle bonnet de cette statue brisée, qu'ils'en coiffa. Cynisme de troupier. La

République alla au devant de ce drôle; ayant un bonnet de la couleur de ses talons. Elle lui donna la main loyale-• ment — il la prit: Cet homme là est dei ceux qui prennent tout ce qu'on leur

donne — au moins.Il accepta un rôle avec des dédains

i de grand seigneur. Puis brusquement,il se fit le bretteur de la République,mettant à ses genoux son sabre. LaRépublique n'a point remarqué que cesabre singulier, trempé dans le sangde mai, peut se rapetisser et devenirle poignard qui frappe dans le dos,

* »Le fantoche I je retrouve sa circulai-

re insolente, cette circulaire sur la te-nue, il fait de l'esprit, un esprit quisent l'eau de cologne; il raille son ar-mée et fait l'éloge de ceux qui la cari-caturent.

Je le revois aux grandes manœuvresdernières, couchant dans la cour duchâteau et mangeant du pain bis, alorsqu'un bon lit l'attendait et qu'on pré-parait pour lui, un repas succulent. Ilvoulut prêcher d'exemple. Mais là,encore, il trahissait ses soldats, tant latrahison est un besoin pour cet hom-me. Il jouait la comédie de la tempé-rance. Il jouait les Napoléon et les Tu-rénne, singe va I qui se permet d'imi-ter des héros.

En politique, il joue au Talleyrand.Il se croit un diplomate habile, un gé-nie immense. Il a foi en lui. Son or-gueil lui sort par les yeux, des yeuxtrès faux percés en virille dans une fi-gure maigre et dure. Il offre à la Ré-publique — qu'il exècre— ses services.La République ferait une faute en luiconfiant un poste suprême.

M. de Gallifet est avide de gloire,avide d'honneur, avide d'argent, mar-quis, il méprise la République, maissi la République le paie, le gorge deses caresses, et lui donne la meilleureplace chez elle, il fera le coup de poingpour elle. Gallifet de Stabaldil !

Il est heureux que le pays veille. Lapresse est unanime à accabler ce fa-vori sanglant, aussi populaire au fau-bourg Saint-Antoine comme assassin,qu'au faubourg Saint-Germain commeroyaliste.

M. le général marquis de Gallifet,s'offre d'être le souteneur de la Répu-blique, il n'oublie qu'une chose : c'estque la République n'est pas une pros-tituée.

E. DÉCLAMAS.«aaMBMW»B«——I—

Ne voulant pas couper en deux colonnes,la remarquable poésie de notre cher KarlMunie, nous l'insérons en seconde page.

SOURIRE i« Je vais pleurer moi qui ma laissait dira

Que mon souriraliait ai doux 1 »

MUSSET-BARBEMNE.

Quel sourire divin sur ta lèvre embauméeBrillait comme une étoile, an sein du firmament,L'arme d'amour roulant dans la plaine enflammée,Jetant son reflet d'or à notre sol terni t

J'ai rêvé bien des fois, en mon âme charmée,A ce sourire pur, ce sourire béniQui fut pour moi l'espoir, l'ivresse tant aimée,Chaste rayon d'amour qui trop tôt s'éteignit !

Te souvient-il encore de cette nuit, Elvire,Où la lune glissait si paie, au fond des deuxRêveuse, comme une a me aimante «roi soupire?...

Nous étions la, troublés, n'osant plus rien nous dire,Alors je m'inclinai..., puis sans lever les yeux,Sur ta lèvre d'enfant j'ai baisé ton sourire t

GAUURI.

»—«aaaaqQQfflQoaya)

Mademoiselle (MentonSA FEMME

Le roman Monastérlo est un roman àla Rocambole, quand c'est fini ça re-commence. On connaît le crime de larue Constance. M. Chalenton a assassinésa femme, l'amie de Fidélia.

Les journaux ont fait le récit de cetévénement avec un luxe abondant dedétails. En général, ils ont plaint M.Chalenton — un ange, un modèle. Com-me autour de l'affaire Feuayron, il s'é-tablit un certain courant de sympathiequi gênera, singulièrement, les jurésaux prochaines assisses.

La Bavarde ce saurait prendre abso-lument parti dans une lutte aussi grave.Je vais donc me contenter de plaider enfaveur de l'accusé et contre lui. Il y aautant de raisons qui permettent de l'ac-cabler qu'il y en a permettant de l'ab-soudre. Je vais avoir l'honneur d'êtrel'avocat de M. Chalenton et le procu-reur général. En cela, je ne ferai rien deneuf. Un jour, à Marseille, un avocatlégèrement ému — émotion de derrièreles fagots à trois francs la bouteille —

avait à défendre un accusé. Il commençapar dire : Messieurs, cet homme assisdevant vous est un misérable, le plusgredin des gredins I Une fois sur ceterrain il éreinta le bonhomme de la pi-toyable manière, démontrant, preuvesen main, sa parfaite culpabilité. Le pré-sident, d'un signe désappointé, l'arrêta.Une lueur traversa l'esprit de l'avocat,il comprit qu'il venait de prendre satâche à rebours. Il était gascon degénie, il ne se déconcerta pas : « Oui,messieurs, cria-til, voilà ce que monadversaire vous dira tout à l'heure, maisde pareils arguments tienaent-ils.de-bout? Non, je vais le prouver! » Et ilrefit le panégyrique de l'accusé. Quandl'avocat général prit la parole, ce ne futque pour rééditer les accusations portéesau début de sa plaidoirie par l'avocatému, ces accusations qu'il avait si adroi-tement tournées. L'accusé fut acquitté.

Il me semble que dans l'affaire Cha-lenton, sans qu'il lui en coûte un péni-ble effort, l'avocat peut plaider en faveurde l'assassin ou contre l'assassin.

*

ar CHOSK,« Car enfin, messieurs les jurés I

quel homme est assis sur ces bancs ? Unhomme de cœur. Il avait rêvé une viecalme, tranquille ; la vie de l'employé àdouze cents francs par an. Il avait choisiune belle femme, non pour sa sactisfac-tion personnelle, mais pour avoir debeaux enfants.

« Après quelques mois de mariage,sa femme n'hésita pas à s'éprendre fol-lement de sa bouchère, puis de sa char-cutière, puis de son épicière, puis de sacharbonnière. Son âme va se noircissantde plus en plus. Le brave homme ayantfort peu de littérature ne s'expliquaitpointées attachements bizarres II n'yvoyait point le déshonneur, trop simplepour comprendre, trop pur pour sa-voir.

« À la fin, pourtant, il se dit que lachose n'était pas naturelle. Un ami luiparla même de Lesbos. Il lui narra toutau long les aventures de mesdames leslesbiennes. Il trouva collée un matinsur sa porte, cette indication ironique:

MADEMOISELLE CHALEJNTOH,Sa femme.

Etre trompé, messieurs, ce n'est rien.J'ai été trompé, vous avez dû l'être. Neprotestez pas ! Soit, je retire mes paro-les, je voulais dire : vous le serez. Etretrompé franchement, carrément à labonne mode, ce n'est rien. On a un rivaldevant soi, on lui coupe la gorge ; lachose est faite. Mais quand votre rivalest une rivale ; que faire ? On ne Fe baten duel qu'avec une femme, on ne coupepas la gorge d'une femme 1 r

« Ah 1 messieurs 1 que cet accusé estintéressant. Dans la Princesse des Cana-ries, les époux retrouvant leurs épousessous des habits masculins s'écrient: « nosfemmes sont des hommes ! » M. Chalen-ton a dû se dire la môme chose ailleursqu'aux Folies-Dramatiques. Affolé, il aperdu la notion du droit ; il a voulu sefaire son propre jostieier. »

Mon client avait tout pour être heu-reux ; il était brun, il avait les cheveuxras, un fera cheval au menton. Ajoutezh cela qu'il était comptable, redoutableprofession. La conduite de sa f?mmefaisait dévier ses balanoes.C'étaitlaruine,c'était la fin. Comme c'est d'une grandeâme, ce cri qu'il jeta aux agents venantl'arrêter : « Je ne voulais pas qu'ontraînât dans la boite le nom de Chalen-ton ! » Le nom de Chalenton ! Si vousvous appeliez Chalenton, messieurs lesjurés, vous sauriez qu'il est pénible devoir ce nom-là traîner dans la boue.

Et que fait il le 5 avril ? Il achète unrevolver à six coups, il monte chez safemme, il lui envoie les six balles dansle corp^i. Il n'a pas même la pensée desonger à lui, de s'arracher aux mains dela justice de son pays, de se libérer lâ-chement par la mort. Non, pif! pif! pan !six fois, six coups! Tout pour elle. Cettegénérosité vous touchera, messieurs,moi,je n'y puis penser qu'en pleurant.

Jamais accusé n'a été plus sympa-thique.G'est un cœur d'or, c'est l'hommed'honneur méthodique. Dans une minutede folie — de cette folie que causent lesdésespoirs moraux — il s'est fuit justicelui-même. Vous ne le guillotinerez pas ;vous ne pouvez pas !e guillotiner. Monclient n'a pas de tête. Et la preuve :c'est que pour accomplir un tel crime,il fallait qu'il l'eût complètement per-due

Me MACHIN,

«.... Car enfin, messieurs les jurés,quel homme est assis sur ces bancs ? Unhomme ayant une certaine éducation. Ilavait rêvé la vie calme, tranquille; lavie sans secousses, et il avait choisi,madame Chalenton, une blonde très Ju-liette, grassouillette qui avait un profilagaçant, resté dit on, dans bien des mé-moires, on ne prend pas une jolie fem-me pour soi ; c'est de l'outrecuidance etde i'égoïsme. Quelqu'un a écrit : « Labeauté n'est à personne, elle est à toutle monde; le premier qui a dit : cettebelle femme est à moi était un exploi-teur. » Messieurs, relisez Rousseau !(Jean-Jacques, pour les purs).

« Après quelques mois de ménage safemme le trompa. Entendons-nous ; letrompait-elle bien ? On parle du comtede Z..., ce comte n'étant pas une com-tesse, je me permettrai de dire que c'estun conte. La malheureuse victime avaitdes tendresses moins banales. C'est unvice fort à la mode, aujourd'hui, je leconstate avec tristesse. Goudeau dansses Fleurs de Bitume, a fait le calcul desdévoyées, il est arrivé à un chiffre fan-tastique. Il faudra une nouvelle pluiede feu pour laver Paris, mais à défautde pluie, c'est madame Chalenton qui esttombée.

« Son mari ne trouva pas la chose deson goût. Je me l'explique, mais en fait,était-il absolument sganarellisé ? Il fautun amant pour faire une femme adul-tère, de même qu'il faut un lapin pourf tire un civet. Madame Chalenton trom-pait son mari — mais n'avait pas d'a-mants. Subtilité que monsieur Chalentonne saisit pas. Il vit un amour dans cequi nétait qu'une déviation du sensamoureux. Il aurait pu se dire : « Jetiens un phénomène et, comme madameGabrielle Elluini, j'ai pincé mon anti-type». Non, il avait le caractère mal fait;il se fâcha.

« Tout, messieurs, tout est contre cemisérable. Comment, il a une jeune etjolie femme et il va demeurer rue Cons-tance ! C'est un comble, madame Chalen-ton avait évidemment fait tout son pos-sible pour entraîner son époux, dans unerue portant un nom moins ironique. Luis'endormait heureux : « ma femme de-meure rue Constance ! » Imbécile, pour-quoi pas tout de suite, Plaine des Ver-tus?

Madame Chalenton était blonde.« Elle était blonde et parisienne,

Elle avait un air tapageur

« Et vous voulez qu'une femme ayantcette triple qualité écume modestementson pot au feu. Blonde! une femme blondeBlonde comme Eve, blonde comme Vé-nus, blonde comme Nana ? Les blondestrompent toujours leurs maris — a moinsqu'elles n'y pensent pas. Je sais quebeaucoup de brunes en font autant, 'ainsi, ma femme est brune — mais pas-sons, ce sont des histoires de famille,inutiles au procès.

« J'arrive au crime ; que fait l'assassin ]le 5 avril? 11 assassine! Ça lui coûtaitde voir tant de bruit se faire autour desou nom. Et pour qu'on ne parle plus dusien, pour que le nom de Chalentoncesse d'être traîné dans la boue, il letraîne dans le sang. Il croit se sauver dudéshonneur en courant vers le bagne —vers l'échafaud, peut-être. Tirer descoupsde revolver c'est une singulière façonde faire du silence. Il est crétin, cemonsieur, qui, prétendant qu'oit s'occu- 1pait trop de sa femme, dans la presse,la tue pour qu'on n'en dise plus rien !

« Et si, du moins, il avait cru pou- •voir se faire justice lui-même et réser-ver l'une des six balles pour son cais-son. Non pas, il s'imagine d'être un hé-ros ; il trône dans le septième ciel desmaris cocus et sanglants. Il boit un bouil-lon et se couche — dans une cellule.

« Ah ! messsieurs, si vous acquittezcet homme, songez à ce que vous allezfaire. C'est la désorganisation jetée ausein des familles. Elles sont nombreuses •les Chalenton — très nombreuses. C'estdéplorable, mais c'est ainsi. Elles ontdes heuies de lucidité amoureuse, qui ;leur permettent encore de donner desdéfenseurs à la patrie. Quand la Francea tant besoin de bras, vous n'encoura-gerez pas le meurtre — ce meurtre^quifrappe l'être reproducteur par excel-lence : j'ai nommé, messieurs, la fem-me adultère

« En mon âme et conscience, Cha-lenton est coupable — coupable d'avoir !

î

épousé une femme comme çà. Vous lecondamnerez à mort, car il faut, je le ré-

, pète, que la France se repeuple »i *. • •1 C'est ainsi que s'exprimeront Maître1 Chose et Maître Machin.> Je n'ose, pour ma part, avoir une opi-" nion précise. Les arrêts m'ont tanf de1 fois surpris, qu'un arrêt surprenant ne" me surprendrait pas. L. d'Asco.

" •JwaaoooaonnnrM

, JEANNETTE!t r, ,, Un beau matin avec Jeannette

Nous parcourions les bois, l'herbette ;Autour de nous la pâquerette,

! Le bouton d'or, la violette,Semblaient envier notre amourette ;

L Nous nous aimions, dis-moi, Jeannette ?

. Quinze ans avait alors Jeannette,Ses seins gonflaient sa collerette...Sa conscience était bien nette !Jeanne chantait et la fauvette

; Semblait envier sa chansonnette.; Nous nous aimions, dis-moi, Jeannette ?

L Oui, cinquante ans, bonne Jeannette, Tu porteras à la noisette ;

Du temps des bois et de l'herbetteJe me souviens, mais ne regretteNi ces plaisirs, ni la musette...Nous nous aimons, dis-moi, Jeannette ?

HENHY-GBOB&B. Il

UNE MISSION DÉLICATEVlait s'marier Lorgnegrut, oui v'iait

se s'marier.Pour lors vient m'trouver, m'eonte

la chose, et me d'mande mon avisturell'ment.

Pour moi, j'iui dis j'men f... s'mentcomprenez qu'c'est un mauvais exem-ple pour les hommes non gradés,dont ça f... tout d'suite l'sentimentd'ia créature, incompatible aux hom-mes de la classe conscrits et au-tres.

Moi, cap'taine, n'eoupe pas dansla chose de... sentiment pas vrai:qu'rante ans d'service, d'huit campa-gnes, idem de blessures, sept croixdont celle de la d'honneur, pas unecroûte évidemment ! ainsi commevous dis : n'eoupe pas n... de L>... !n'eoupe pas. C'pendant j'vous dis,m'f... d'vot'e... chose, m'en f... m'encontref... ! et par lors ?

Lorgnegrut embêté m'f... un œilde limande, alors j'iui dis : c'pas toutça s'erongneuguieu ! s'pliquez-vousn... de D... c'qu'à f... c'te femme-là ?Est-elle s'ment connue d'ees mes-sieurs ?

I'n,la connaissaient pas !!...Cap'taine, j'iui mémore, v's'aurez

toujours une rosse de caractère,quand m'suis marié, moi, n... deD... ! tout l'monde connaissait mafemme, tendez-vous c'que j'vousparle ? • *

Une brute c't'animal de Lorgne-grut, mais bon enfant, m'expliquesa... sa chose quoi, s'ment commen avait pas encore eusse fait sad mande, j'iui dis j'arrang'rai c't'af-faire-là.

Pour lors, l'tantôt j'vais trouver le&•••• de D»- Père un f... mTon pékin,qui me déplaisait ; m'e r'gardait avecdes yeux d'ecouenne c't'animal-là.pour un rien, j'iui aurait f... unegiffle, mais pour Lorgnegrut, j'meT L16ÏÏS.

J'iui mémore la chose du cap'tai-ne, alors s'f... à m'moucharder d'ré-ponses, questions et autres.

Moi j'iui dis, sui le colonel Ra-mollot.me f... d'vot'e fille quej'con-nais s ment pas, mais j'ai une mis-sion d'heate à remplir et v'ià c'quej'vous... la même chose, tendez bienc'que j'vous parle ?

M'dites que v'zêtes trés-honoré, çan... de D... 1 l'sais aussi ben qu'vousj'intitule. Pour la chose des senti-ments du cap'taine c'différeht.

Vot'e fille ou une autre, c' toujoursune fille, pas vrai, s'ement préfèrela vôtre vu la dot.

Maint'nant m'vez l'air f..., la p'titaaura l'reste un d'ees jours et ça irabien.

Qu'ça vous f... d'ailleurs de don-ner votre fille à lui ou à un autre.

L'vieux me r'luquait d' travers etj'allais lui f... des sottises quandla p'tite rentre avec sa bonne.

Comme elle avait dit : bonjourpère, je d'vine que c'est sa fille, alorsje m'dis s erongnieugnieu ! en avantla réserve 1

N'vous en allez pas j'vous prie ma-d'moiselle, j'suis l'colonel Ramollot,et j'viens de la part du cap'taineLorgnegrut pour vous d'mander enmariage.

Via la petite qui d'vient rougecomme une petite n... de D etqui ouvre une bouche de la largeur

! d'une gamelle.ï

Page 2: r * LE GENERAL DE GALIFFET

LA BAVARDE ....--TT ,

m, «i iiiiiiiBiiri^BiiîiTriîiiTOiigiîriiiiiiirTir^' W9ÊSKSSÊ

Oui n... de D... j'iui dis, j'vienspour ça ; Lorgnegrut est un bongarçon, un peu pochard, mais trèsconv'nable avec le sexe dont vousêtes susceptible.

Il a les ch'veux rouges... parc'qu'é-tant p'tit on lui a fait aprendre l'an-glais, mais c't'un garçon rangé.

Quarante ans, s'ra colonel un jouret décoré,

Connaît l'piquet comme pas d'qui-conque, et ne prend jamais d'ab-sinthe autrement qu'avec du sucre ;moi j'ia prend pure.

V'zêtes bien tournée, il a du goûtcomme vous voyez c'te rosse-là, dureste n'en a jamais manqué.

A B'sançon m'en souviens, f saitune noce de chien avec les femmesde Pékins, comme qui dirait m'sieuvot'e père.

S'ment n'a jamais r'çu d'argentdes femmes, c'est là son tort, parceque vous saisissez la chose pas vraila noce, ça ne suffit pas.

Ici c't'une rosse de ville : pas defemme à moins d'ies payer.

Pour lors, comme Lorgnegrut n'apas l'sou cherche à s'marier turel-î'ment ça lui cout'ra moins cher.

Maint nant qu'ça vous f.,. d'fairela noce avec lui ou avec un autre?

V's'avez une petite bobine dégour-die n... de D... ! n'pouvez pas resterlà tout l'temps à vous gratter lesles jambes à côté de ce vieux-là.

C'est m'sieu vot'e père, je Tres-pecte n... de D... mais un d'ees jourson va Yî... à l'ombre, pas vrai, alors,c'que vous f... ?

V's'épous'rez un pékin pas vrai,mais un pékin s'ra toujours là à vousr'luquer, tandis qu'un m'iitaire, c'estdifférent, on s'absente pas vrai, alorson est libre, et les femmes aimenttoujours ça.

Allons c'est décidé hein 1L'père et la fille me r'gardaient com-

me deux brutes alors j'suis parti,dans la crainte de les gêner, s'mentj'ieur ait dit en sortant: j'viendraid'main chercher la réponse.

Eh ! ben, l'iendemain, savez-vous ?Eh ! ben, ces rosses-là étaient f...l'eamp à la campagne.

(Chronique parisienne).Charles LEROY.

A nos Lecteurs et Lectrices

Voulant être agréable à nos lecteurset lectrices, nous venons de conclureun traité avec une importante mai-son de banque de Paris pour la ven-te à crédit des obligations ville deParis, Crédit Foncier, ville de Lyon,Marseille, Bordeaux, Lille, Amiens,Roubaix, Bruxelles etc. etc. en un motde toutes les valeurs offrant une sécu-rité complète et absolue pour l'ache-teur, mais le faisant encore partici-per aux chances des tirages, dès lemoment de la souscription.

Obligations 3 0[0 emprunt 1869 ville deParis, 4 tirages par an, quatre lots de 200,000francs.

Obligations 3 0|0, emprunt 1871 ville deParis, 4 tirages par an, quatres lots de100,000 francs, huit de 50,000 francs .

Obligations foncières 3 0^0, emprunt W7.Crédit Foncier, quatre tirages par an, quatrelots de 400,000 francs, quatre de 50,000francs,

Obligations foncières 1879, six tirages paran, douze lots de 100,000 francs six de25,000 francs.

Obligations communales 1879, Crédit fon-cier, six tirages par an six lots de 100,000francs, six lots de 25,000.

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Obligations ville de Marseille, deux lotsde -100,000 francs.

Nous remettons ces obligationspayables 20 francs comptant et lesurplus 20 francs par mois. Pour lesobligations ville de Lyon, 10 francscomptant et 5 francs par mois.A dater du 3° versement et dans lesdix jours qui suivent, le souscripteurreçoit le numéro de son titre à luiréservé, lui donnant droit de parti-ciper à tous les tirages, comme sile payement intégral était effectué.Dès ce moment et pour sa complètesécurité le titre est déposé à la Ban-que de France.

Visite au Monde des BrasseriesAu Caprice, rue Saint-Denis. — Blan-

che, ainsi nommée sans doute parcequ'elle est noire, nous arrive des Palmierset se montre aux cartes d'une ardeur éton-nante, chose qui lui est commune d'ail-leurs avec les sommités et gros bonnetsde l'établissement. — Marthe n'est quelégèrement satisfaite elle ne change pasde perruque et se contente de teindre sachevelure pour plaire, dit-elle, à tous tesgoûts. — La blonde Aline a des idées tou-jours belliqueuses, un vrai cuirassier blancsans cuirasse, ferrailleur à tous propos :demandez plutôt à Hermance qui, malgrésa gentillesse habituelle, a failli en subirles fatales conséquences. A Fwdora,rue Mazagran, 11, tout est beaueoup pluscalme, pas un chat. Mariette reste presqueseule, car Marie l'Alsacienne, par un com-ble d'ingratitude, vient de quitter sa noblemaltresse et parle de ne plus revenir, nousle regrettons pour les clients habituels etnous courons au Derby, faubourg Mont-martre, Aôh, yes ! tout le monde est con-solé et chacun salue le retour de Marie,le déménagement est opéré : son absenceétait d'autant plus regrettable que Lucie,sa remplaçante, poseuse étonnante au cor-sage rouge, n'a rien de bien attrayant, sice n'est toutefois pour lès militaires, quil'entourent. —Laurence se plaît toujours àservir des « nageoires et à éviter la souf-france » aux teinturiers du quartier, c'estpourquoi d'ailleurs ôuliette , la dame auxjoues rosées et à l'air un peu grognonsemble lui en vouloir et lui garde unegrosse dent. — Marna prend de l'embon-point : c'est par douzaines qu'il faut énu-mérer les œufs sur le plat, c'est par kilogsqu'il faut compier les choucroutes e lestranches de jambon. Elle se plaint pour-

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tant que les pigeons ne paraissent plus surla table et nous la comprenons. Pauvre co-lombe, que faire sans pigeons? — Quantà Berthe, nous lui réclamons le bockqu'elle doit offrir à celui qui dira des gen-tillesses sur son compte et tous sont heu-reux de la voir faire entendre le plus sou-vent possible sa voix harmonieuse^ On esttrès gai dans l'établissement. Il n'en estpas de même de l'As-de-Fique : cesdames sont toujours aussi sombres, autantde croque-morts féminins et leur froideurs'ada pie -parfaitement avec le style de l'é-tablissement.

Aux Fleur» , rue Notre-Dame-des-Victoires, Maria 1, un soupçon de l'héroïne

f du Vaudeville s'enorgueillit de la ressem-blance ; mais malgré la grande et continueconsommation de poudre dédiée à sa ri-vale, ne produit pas encore l'effet qu'elleattend. Maria II, de plus en plus rêveusen'a pas encore bien fixé ton choix et pourparler vulgairement, change de brasseriescomme de chemises, si ce n'est plus sou-vent. — Eugénie affectionne singulière-ment les militaires: aussi ne jure-t-elleplus que par son petit fourrier aux deuxtours de cravate traditionnels. — Mathildea bon le fond de son caractère insaisissa-ble et elle vient de prendre la résolutiond'être un peu plus réservée désormais dansses confidences, mais non dans la consom-mation des fines champagnes. — Lescharmantes serveuses sont heureuses, ondoit transporter la brasserie rue de Seine,où paraît-il, il y a plus de liberté.

A la brasserie des Postes, rue Mont-martre, Anna voît avec un sensible plaisirses cheveux châtains, autrefois clairs se-més garnir son front de leurs charmantesondulations. Elle se plait à les faire admi-rer au dehors et nous la rencontrons quel-quefois à l'Etoile, rue Poissonnière. Bonnombre de nos vieilles connaissances sontparties. Augustine est un peu trop sé-rieuse : Estelle et Joséphine toujours trèsposées. Blanche regrette le départ d Emélieet devient plus aimable à mesure qu'ellereprend des couleurs ei Mélanie pleure unpeu moins souvent, la joie lui est revenuesans doute avec les caresses de sonamant. — Juana se débauche un peumoinset recommence enfin son travail au cro-chet. Pas trop tôt ! Elle a repris sa dis-tinction et son élégance et un enjouementqui l'avait quittée quelque temps. Bon au-gure ! Eugénie nous arrive de l'Algé-rienne, boulevard Magenta: c'est unebrune issue d'un père espagnol et d'unemère normande et M. Etienne devraitbaisser un peu les glaces de l'établisse-ment afin qu'elle puisse regarder marcherà son aise.

Aux Mandarines, rue Tronchet, Léaest charmante et Henriette a toujours lesmêmes charmes et la même gentillesse, sitoutefois on peut qualifier de charmes et degentillesse sa prétention et surtout ses ges-tes qui figureraient admirablement dansune baraque de Guignol à la foire au pain-d'épices. Aux Papillons, rue Saint-Sauveur, 38, nous votons des tapis pouréviter le bruit dans ce sanctuaire favori deMorphée, où la patronne est plongée dansun sommeil presque léthargique. Ce quigène aussi, c'est le « pla'onique » de cer-tains préféré-. Ce qui n'empêche pas Léad'être toujours de plus en plus frisée. Clarachahuteuse, suivant sa coutume, vientégayer les clients par ses rires et ses gestesturbulents après en avor heureusementdéshérité la brasserie de l'Etoile où ellevenait de provoquer un branle-bas géné-ral.

De l'autre côté de l'eau, à la brasserieCharrette, avenue Lamothe-Piquet . Atour de rôle et par numéros ces dames seprésentent sur la porte, genre de réclamespécial et plus économique que celui desPapillons. On peut appliqueraux serveusesemplâtrées certains vers de Racine dans lesonge d'Athalie. — Clémentine, à la tailleherculéenne et à la voix sonore nous offreun portrait parfaitement ressemblant denos fournisseuses des Halles à deux heuresdu matin.

A la Rhénane, boulevard Richard-Lenoir. Une autre Clémentine, belle bruneconnaît tous ses avantages et sait aussi lesfaire valoir auprès de Ferdinand.

Aux Phares de la Bastille, rien nebrille encore.

ROMUALD DE FLKUBIONT.

aaoMgHg m

BRASSERIES DIVERSESBrasserie du Derby, Ancienne

brasserie de la Seine, 27, quai Saint-Michel. — Grande nouvelle au quartierlatin, la brasserie de la Seine a change depropriétaire. Malgré cela nous y trouvonsde vieilles amies.

Marie, toujours avec son rire sonore,vous appelant « Loulou, » n'oublie jamaisde vous rappeler qu'elle est auvergnate.Charmante brune, ma foi !

A la caisse, une ancienne amie, l'ex-caissière de l'établissement, qui, par le faitdu changement de propriétaire est devenue

i patronne, vous reçoit avec le sourire surles lèvres et possède un certain grain debeauté, qui m'a déjà laissé bien des foisrêveur. Vous cause turf comme le plusintrépide sportsman. Vous dira ses préfé-rences pour les chevaux, ainsi que pour lesjockeys, vous indiquera le cheval qu'elle adéjà choisi pour le prix du Jockey-Clubainsi que celui qui portera ses louis* dansle grand international d'Auteuil. Du reste,toujours charmante. Aussi, lui souhaitons-nous bonne chance ainsi qu'au nouveaupropriétaire,

Dans l'établissement d'autres dames quenous connaissons, mais comme nous nousétions oublié à parler turf, nous vons de-mandons excuse mesdames, si nous netraçons vos silhouettes que dans le pro-chain numéro,

FABFAMT.

Étoile du nova. _ Monsieur, vousêtes prié d'assister aux convoi, service etenterrement de la Brasserie des Fleurs, dé-cédée dans sa troisième année, munie dessacrements de l'amour.

De la part de Mesdames: Blanche, Hé-lène, Titme, serveuses de la brasserie del'Etoile du Nord, sa voisine.

Après la cérémonie, on se rendra direc-tement chez M. Hautcœnr, rue Paul-Le-long.

La messe sera dite en allemand par lesdeux charmantes hébés : Hélène la finan-cière et Tiiine du Gros-Cailloux.

Blanche fera l'oraison funèbre.On jettera des bocks sur la bière, mais

on aura soin, auparavant de jeter de labière dans les bocks.

m*mm*f*—mmlmmmmm m—i un mmmtmmBmmmmammmmm

Brasserie de la Seine. - La bras-serie de la Seine va passer aux mains d'unnouveau propriétaire. On nous y prometdes délices. D'abord d'excellents renseigne-ments pour les courses ; et puis il est ques-tion d'y revoir certaines déserleuses quiont fait les plus beaux jours de cette bras-serie. Il y a déjà Marie l'Auvergnate qui esttoujours gaie et bonne fille. Il est vrai quetout ceci est secret.

HJBrasserie du Bon-Bock. —- Mariaa abandonné Paris depuis quelques jours.Elle a été revoir son ciel natal en compa-gnie de sa maman, co nme une chaste jeu-ne fille. Revenez nous vite, Maria 1 Lesclients vous réclament.

Brasserie de l'Apollon. — Au-gustine s'inspire des couplets de Judic dansMlle Nitouene. Tout le personnel de labrasserie a été voir cette pièce, et à l'A-pollon on peut entendre chanter toute lapartition par des interprètes qui rendraientMme Judic jalouse.

MASCARILLB.

Brasserie Alsacienne, 3, rue dela Nation. — On a calomnié la femme char-mante qui est caissière dans cette brasse-rie, on sait que cela vient d'une patronnede la même rue, ça ne tire pas à consé-quence.

Cette caissière est assez connue desclients qui ne s'ennuient jamais auprèsd'elle. Quand une brune semble passer surcertains fronts, un air de piano touché deses jolis doigts agiles, ramène bien vite lagaîté et l'entrain.

Parlons maintenant des hébés : Cécile,au nez gracieusement retroussé, toujourssouriante et faiseuse de crochet à outran-ce, ses tables sont toujours envahies, Jo-séphine, une blonde exquise, Madeleine,une charmante enfant '.qui trompe souventson amant, il lui pardonne, elle est si bonnefille.

HENBI LEFOBT.

Brasserie Louis XIII. — Julieaprès avoir successivement traversé le TirCujas et le Louis XIII vient d'abandonnerdéfinitivement les brasseries. — La bruneenfant a quitté le quartier pour nller pleu-rer ses péehés dans un magasin de la rivedroite — Potaches prenez ie deuil — quela fuite précipitée d'un trésor acheté si cheret si peu goûté serve de leçon pour l'ave-nir à certain jeune homme trop prompt às'enflammer.

Nous prions Charlotte d'être un peumoins grossière dans ses expressions etpourse corriger de prendre plutôt modèle sursa charmante amie Clémentine.

Lucie, vous êtes toujours gentille, maisdepuis le départ de votre protecteur vousvous adonnez trop à la boisson ; est-cepour noyer vos peines de cœur ?

Brune Camélia, vous habituez vous en-fin à la vie des brasseries ? — Ne regrettez-vous pas votre famille abandonnée depuissi peu de temps et que le Phénix n'a puvous faire complètement oublier?

RICHEPINCB.

Brasserie de l'Etoile. — rue Pois-sonnière. — La brune Eugénie, ex-hébé del'Algérienne avait jeudi soir par désespoird'amour pris une légère cuite. Nous espé-rons que cettecharmante serveuse n'en ferapas une habitude et qu'elle sera toujoursla plus aimable et la plus gracieuse de l'é-tablissement.

Mélanie, dit Manillon, est très joyeuse,mais aussi bien emportée. Lorsqu'elle perd(ce qu'elle n'aime pas), elle accuse son par-tenaire de la tricher et cela en termes par-fois grossier. Elle devrait avoir un peu p'usde distinction et modérer ses paroles. —Pourquoi voit-on Mélanie si fréquemmentchez Frontin ? Serait- elle brouillée avec sesnombreux amoureux. — Juana est tristedepuis quelques jours. Quel grand soucitourmente donc la toujours gaie et spiri-tuelle hébé? Quant à Blanche elle devienttoujours de plus en plus pâle. — Rita-la-Bégeule, est furieuse contre notre ami Pi-grièche qui ne lui a cependant dit qu'unegrande vérité.

Joséphine, Estelle, Mélina, lont tou-jours parti du charmant bataillon de l'E-toile

Brasserie Alsacienne. — Victo-rine de l'Alsacienne et Berthe l'épongeétait en grande vadrouille jeudi dernier.Elles avaient toutes deux une pistache desplus complètes. On a les aperçues à l'Etoileoù elle faisait un tapage étourdissant.

LomëFttf.

Brasserie de la Salamandre. —Le personnel de cette brasserie n'a riend'attrayant depuis quelque temps, heu-reusement que cette araignée d'Emma.y est revenue, encorre elle laisse beau-coup à désirer, elle se maquille trop etet puis sa jupe noire avec son corsageà carreaux auquel il manque plusieursboutons laisse beaucoup à désirer sousla rapport de la fraîcheur, changez unpeu chère belle, il vaudrait mieux vousacheter un costume, que de faire fairedes photographies et louer des frusquespour la mi-carême.

Il paraît aussi plantureuse Emma, quevous devenez de plus en plus vol«ge,tantôt vous aimez un militaire, puis gâ-cheur d'encre ensuite n'importe qui veutde vous, décidément ce n'est pas biencharmante brunette.

C. LUI-GKGÈNE.

Brasserie de la Cigarette. —Il y avait du neuf samedi à la Cigarette,

la charmante Louise était d'une gaietéfolle, c'est bien la plus gentille verseuseque je connaisse. Samedi elle a pris unecuite phénoménale ce qui a été causequ'elle a eu une attaque de nerf, et sion l'avait laissée faire nous ne savonsce qui serait arrivé, elle se démenaitcomme un diable dans un bénitier, jecrois bien que ce petit taquin de Cupi-don a fait des siennes, cette chère Loui-sette combien nous la plaignons espéronsque l'infidèle lui reviendra.

Tous nos remerciements à M. le'patr-tron pour les bons soins qu'il lui a pro-digués et tous les égards qu'il a eu pourelle.

Décidément la Cigarette n'a pas dechance ; la gentille petite Sarah à quittécet établissement, à propos chère pelleque faisiez-vous samedi dernier à 5 heuresdu matin chez Barrât aux halles ?

PARPAILLOT.

Brasserie Marie m Jeanne. —,Grand remue-ménage à Marie-Jeanne.

Thamar rivalisant de zèle avec lesmagasins de nouveautés qui donnent

quand vient le renouveau des primes àleurs clients, Thamar offrait aux siensson portrait.

Non celui où Cabanel la représenta se-lon le chapitre XXVIII de la Genèse.

« Laquelle ayant mis bas les vêtements« de son veuvage, se couvre d'un voile« d'esté et ayant changé son vêtement« s'assit à la fourchée du chemin quit mène à Thamnas... »

Nous ne croyons plus, nous ne lisonsplus la bible et Thamar s'était contentéed'aller simplement chez Hippolyte Aufrayle plus habile des photographes, 31 rueCroix des petits Champs, à Paris, cetteBabylone moderne.

Et celle que la Genèse appelle «la bellefille » était si absolument ressemblante,que depuis c'est procession chez Auf-fray.

11 a exécuté en moins de huit joursles profils ravissants de presque toutesles muses du noble quartier.

Brasserie du Téléphone, 2, ruéd'Aunou. — On ne peut employer plusagréablement ses soirées que de les passerdans cet établissement, où tout le confortse trouve réuni, joignez à cela tout ce quel'élégance et le bon ton peuvent offrir deséduisant, aussi je ne m'étonne plus si cecharmant endroit n'est fréquenté que pardes gens pschutt. La bière y est excellenteet le Champagne y mousse comme par en-chantement, on y fait une grande consom-mation de ce dernier liquide que j'appelle-rai la tisane de l'amour.

Mariette trouve que les rédacteurs de laBavarde se mêlent beaucoup trop de cequi ne les regardent pas.

Comment, me disait-elle, je ne pourraiplus faire un voyage à Saint-Germain sansqu'on l'interprète tout de suite en faveurdes chasseurs qui sont en garnison danscette ville, c'est trop fort ; et en me disantcela elle était si charmante, que je n'ai pum'empêcher de lui avouer qu'elle était ado-rable quand elle se mettait en colère.

La suave Marguerite a l'air d'être maladeen ce moment, est-ce que le Champagne,cette tisane dont je parlais tout à l'heure,ne pourrait vous guérire quoique n'étantpas un disciple d'Esculape, je suis biensure que ce serait le meilleur remède, etque son effet ne tarderait pas à vous ren-dre aussi gaie que par le passé.

Nous possédons depuis quelques joursdeux nouvelles recrues qui tait grand hon-neur au goût de la patronne de cetétablis-semcnt.cesont: Mlles Blancheet Lucie.MHeLucie est une dé'icieuse blonde au regardlangoureux et à la bouche mutine, aussi jevous assure que si je n'étais pas -cuirassécontre les flèches accrées de ce petit malinde Gupidon, ma vertue serait bien en dan-ger ; Mlle Blanche est le contraste frappantde sa compagne, aussi brune que cettedernière est blonde, mois sous le rapportdu galbe et du chic je ne saurai juger.

RAOUL.

Brasserie des Mandarines, 21,rue Tronchet. — La délicieuse petite Léaest très contente de la Bavarde, aussi m'a-t-elle chargé d'embrasser tout les rédac-teurs de ce journal ; mais mes chers confrè-res ne vous livrez pas trop à la joie derecevoir un baiser de cetle brune hétaïre,car Raoul étant très égoïste garde tous sesbaisers pour lui. « Honni soit qui md lypense. »

Henriette possède ce je ne sais quoi quiattire, aussi malgré la cuirasse dont sonpetit cœur est protégé, ne connaît-elle pasl'inconstance de la part des clients.

Aurore est toujours la plus belle d'entreles belles, aussi brille-t-elle du plus viféclat au milieu de ses compagnes.

La charmante hébé dont le nom m'échap-pait l'autre fois, s'appelle Juliette, c'est labonté et la douceur même, et ne souriezpas lecteurs incrédules, car tout dernière-ment je l'ai aperçu donnant des soins à unjeune homme qui tombait d'une attaquede nerf, (le vin blanc était la cause de cetteattaque). Citez moi un peu les hébés capa-bles de pousser l'abnégation et le sacrificejusqu'à soulager l'humanité souffrante.

Maria est furieuse I Moi, une lutteuse,me disait-elle, jamais, j'ai pris la sacocheet je la garde. Tant mieux charmante en-fant, car vos clients seraient dans la déso-lation si vous les quittiez.

Ici, comme au Téléphone, nous avons lebonheur de posséder une nouvelle hébé,Mlle Antoinette, qui vient des Mousque-taires.

D'Artagnan lai faisant des traits elle l'aquitté pour servir des bocks aux Manda-rines.

Mlles Maria-Louise et Maria la lyonnaise,deux de nos belles épinglées, sont toujoursdes clientes assidues. C'est la dame de pi-que qui les attire, aussi font-elles des par-ties de rems interminables avec Henriette,qui perd avec nn entrain superbe, maisson charmant caractère lui défend -ab-solument de se fâcher.

RAOUL.

Brasserie des Mousquetaires.— Zizi, autrement dit Désiré, la plus joliedemi-mondaine que je connaisse, est ren-tré aux Mousquetaires, ainsi que Nini desfleurs. C'est le cas dédire: «que le patron ilest veinard, » car avec d'aussi charmanteshébés il va faire de l'or.

Marthe est toujours aussi soucieuse,mais cela ne t'empêche pas de manger descerises à l'eau de vie, dont elle fait uneconsommation effrayante.

Julie s'adonne un petit peu moins au jeu.Vous avez raison Mademoiselle, car c'estune vilaine passion.

RA«OL.

Brasserie du Tir Cujas. — Res-tons au tir Cujas.

Où en est l'aff dre de la comtesse ?Que dit M. le comte ? On parle de bi-zares révélations.

En attendant, la comtesse - - notrevieille et charmante ennemie — achèvede blanchir entre les quatre murs de sacellule de Saint-Lazare.

Brasserie de la Tête de Linotte.9, rue de l'Odéon. — Changement depropriétaire ! Voici l'affiche qui s'étaleen gros caractères sw cette petite de-vanture.

La curiosité me prend de connaîtreun peu ces nouvelles figures, je ne le ''regrette pas, car j'ai passé un délicieuxmoment avec des femmes qui sont très-jolies et qui possèdent un certain chic, i

Parmi celles-ci, il y en a une petiteblonde qui est si gentille et si mignonne <que c'est vraiment dommage qu'elle soit <aussi fidèle $ son amant, que j'en- i

vie le sort de ce mortel heurenx qui pos-sède à lui seul, des yeux si mutins, quiseraient capables à eux seuls, de guérirà tout jamais un pauvre milord qui estatteint de la nostalgie de l'amour.

T. Lunovic.

Brasserie Marie - Jeanne. —Thamar nous a adressé cette lettre :

« Chère petite Bavarde,« La muse de la Bohème a quitté Marie-

Jeanne. Pourquoi? Pour un crêpage dechignon avec Nana. Elle est très méchante,Nana. La muse a rendu son ablier ès-mainsMme Marie. .

« Mais Thamar est faite pour servir. Ellesert aux Deux-Soleils. Ça va peut-être ren-verser vos connaissances astronomiques.On voit au quartier Latin : les Deux So-leils. Et, sans aller sur le Pont-Neuf, je mechargerai même d'y faire voir la Lune.

« Venez donc, chère petite Bavarde :vous expliquerez à vos lecteurs ce phéno-mène unique au monde.

« THAMAR »P.-S. — Le deuxième soleil est celui de

Josué; il a été arrêté sur la vallée de Ga-baon, avec sa concubine la lune, qui faisaitses grâces sur la vallée d'Aïalon (NouveauTestament).

Brasserie d'Apollon. — Aiméeest de retour à l'Apollon. Charmante fille,Aimée.

Mais on affirme que c'est à propos d'ellequ'il fut écrit ; « L'amour est une souf-france. »

Pourquoi, brune bohémienne champe-noise, le Cupidon que vous servez s'appelle-t-il : le docteur Gupidon ?

A «SA MUSEMa muse , il faut que je t'expliqueLes causes d'un si grand émoi :Le parquet de la RépubliqueA ses regards fixés sur toi.

En chiffonnant trop les chemisesDe la cocotte et du gandin,Il parait que tu scandalisesEt Prud'homme et Georges Dandin. I

Au clan des nains voulant exclureLe vers osé, vivant, hardi,Elle déplait, ta libre allure,Il déplait, ton geste étourdi.

Imite les chanteurs d'alcôves,Marchands de sonnets estropiés,Enveloppant de la guimauve,Dans des petits vers de huit pieds.

Sans prendre ton vol idyllique,Chante, en un décorde carton,Le Printemps : opéra comique,Arrangé pour le mirliton.

Fredonne — sans trop d'orthographe,Mais dans un style de couvent,L'oiseau — ce charmant pornographe,Qui fait ses petits enplein vent

Muse, ne chante point ma mie,Mais quand reviennent les beaux jours,Fais, pour plaire à l'académie,Rimer amours avec toujours.

Quitte ce petit air folâtre.Qui plaisait tant au vieux marquis,Deviens une muse de plâtre,Sans rien d'osé, sans rien d'exquis.

Chasse de ton regard la flammeEt de ton cœur la libertéPour que M. Prud'homme acclameTa sainte médiocrité.

Etpour que Dandin, ma musette,Dandin que ton babil froissa,De ton blanc bonnet de grisetteNe fasse un bonnet de forçat.

Hé ! quoil vous me faites la moue?Pour ce luth que je veux briser?Et vous dérobez votre joue,Ma douce muse, à mon baiser?

Vous boudes?— Tu boudes, petite,Je t'ai chagrinée — oh ! pardon !...Reviens voir si la clématiteFleurit aux bosquets de Meudon;

Retournons aux rares étoffes,Dans les chers boudoirs attiédisEt chantons en brûlantes strophesTous les oiseaux de paradis.

Soyons du Paris qui s'amuse,Du Paris qui n'a qu'un refrainEt faisons, ô ma chère muse,De chaque folie un quatrain.

Et si j'ai chassé tes alarmes,Jette tout par delà les ponts,Ton bonnet et sèche tes larmesAvec le bas de tes jupons.

Prouve en échancrant ton corsageEt tournant le code en chanson,Que jamais tapeur de la cageNe fit se taire le pinson.

KARL MUNTE.

Saint-Etienne. — La belle Célinade la Taverne est navrée, tous les clientsont déserté, les charmes enchanteursde cette tireuse de.... bocks, n'ont puretenir un seul des clients, aussi mainte-nant la pompe se rouille, il est vrai dedire qu'en l'absence des patronscette char-mante hébé se charge de la dérouiller.Je dois ajouter ici que la belle Célina(belle est ici pour arrondir la phrase) sigracieuse (parfois) à jeun était d'une hu-meur massacrante, quand seulement elleavait bu ses six absinthes, et c'est alorsque les clients de ce box, payaient la sau-ce en injures et menaces.

En présence de cette émigration lepatron de cet établissement a donné seshuit jours à cette charmante absorbeusede liquides alcoliques.

P. S. Nous apprenons au dernier mo-ment que Célina est en pourparlers pourentrer à la brasserie des Glaces ; là dumoins elle sera dans son élément.

De plus si nous devons en croire unesage-femme autorisée, elle se trouveraitdans une position plus qu'intéres- ',santé.

Ca fera deux.

BRAVSHOMMS.

^TorT"' ~ h&Bav*r<le est en vente au !prix de 20 centimes, chezgMme de Vetters39, rempart Ste-Catherine ' ]

— Aléa jacta est ! (le dé en est jeté !)

Ah bien oui! parlons-en des mœursinversoises. '

Parlons-en pour montrer au peuple ce rjui se passe dans ce qu'on est convenu1 appeler : la haute et que nous appelle- )ons nous, pour *tre franc ? la pearrfe ,

Dans le monde des marquis, des baron*des comtes, des princes et tout ce tremblament de noms impossibles, synonymes Hcorruption et de cochonnerie, l'argent «mà cacher bien des plaies hideuses bien richoses dégoûtantes. Passons les sous Tlence, crainte des nausées,

Quand la dame d'un artiste se déransrnle mari ferme les yeux, en fait autant hson côté et tout est dit. Quand la femmnd'un enfant du peuple dévie du droit ch7min, son homme lui flanque une rossée Mla fiche à la porte. Bl

Il est vrai de dire qu'on a vu un mari d»la haute, navré de se trouver cornu f

aip!

ses malles un beau matin et prendre inbillet pour le Congo. * e Un

Il est encore vrai de dire qu'on a beaucoup remarqué, il y a quelque temps làdépart subit, violent, étrange du colonelen retraite K... parti on ne sait où.

Mais ce sont des exceptions et pour m,exemple d'une part j'en aurai cent de l'antre.

J'en connais et des masses.Je pourrais les montrer du doigt nos

grandes dames , je pourrais les nommer cesreprésentants de la haute gomme, tirés àquatre épingles, le cou pris dans 'des cra-vattes blanches minuscules et dans des colsénormes, traînant leurs cannés à pommeaud'argent à la porte de toutes nos Laïs éden-tées : je pourrais les citer ces fringants mi-litaires, proie des cocottes, remportant sur

i les cœurs non fortifiés, des victoires quin'ont rien de communs avec celle de Fon-tenoy.

Et tout ce monde élégant et corrompu s'agite, grouille, se trémousse d'aise dans

les salons somptueux des somptueux hô-tels.

Le peuple lui, n'a pas d'argent, aussi lemoindre attentat aux mœurs chez lui, est-ilpuni sévèrement ; la fille du qui peuple sedérange est inscrite au registre des com-missaires, filée, cartée impitoyablement.

Et le public ne pense pas que si la pauvrefille est tombée ce n'est que parce qu'elles'est trébuchée contre la corde d'or tenduepar quelque boudiné ou quelque parvenu.

Ah ! oi les murs pouvaient parler I »i lesallées de nos parc< publics, les bosquetsdes maisons de campagne, les coussins denos équipages pouvaient parler ! si les logessalons et les vestiaires de nos théâtrespouvaient parler 1

Mais ne nous fâchons pas, qu'y gagne-rions-nous ?

Les anciens législateurs enivraient desesclaves pour montrer aux jeunes citoyenstout ce que l'ivresse avait de dégoûtant.

J'ai fait ici un tableau des mœurs de lthaute, afin de montrer au peuple combienon le trouve bon et sain quand on le com-pare aux enfants gâtés de dame Fortune.

Allons, allons, nous sommes plus heu-reux, notre santé est meilleure sous notregrossier sarreau que ces véroleux dans leurs

abits anglais, sous leurs plafonds dorés.

K. G.

lie Havre. — Il a été perdu, Made-moiselle Hayda, chanteuse excentrique,genre Béca. Cette artiste qui a chanté auconcert de l'Horloge à Paris et à l'Alcasarde Lyon, a dernièrement signé un engage-ment avec un directeur russe pour Saint-Pétersbourg.

Ayant touché à l'avance, une certainesomme pour effectuer son voyage, Made-moiselle Hyda, à l'heure où nous écrivons,n'a pas encore pris le chemin de la Russie.

Comment ce fait-il que cette artiste quia été aperçue au Havre, en compagnied'un M., onsieur blond soit introuvablepour la personne qHi la cherche.

Allons brune diva, dépêchez-vous, d'al-ler vous faire applaudir parles Russes quivous attendent avec impatience.

. LOMGCB-VUB.

MJW€»mLES PREMIÈRES

CONCERT LASSALLE

Paris applaudit Lassalle, le lyonnais.Il est l'enfant gâté de l'Académie na-tionale de Musique. Le départ de Faurel'a mis en vedette. Il triomphait hierencore dans Henri VIII.

Tous les ans, il nous revient. Quel-qu'un a dit : « C'est d'une grande té-mérité ! » Un autre a repris : « Nuln'est prophète dans son pays. » Pro-pos provinciaux qui ne fontguèrenon-neur à Lyon. Du reste, pure conven-tion, phrases de reporters à court decopie. La petite ville fête royalementl'enfant qui l'honore. C'est l'orgueil dela province : approvisionner Paris.Elle donne à l'Athènes moderne desPhidias, des Appelles, des Démostne-nes et des Tyrtées. . ..

Lyon a donné Lassalle à Pans; us'en glorifie. Et c'est le fait des agio-teurs si le Grand-Théâtre n'était pasbondé de l'orchestre au cintre.

La spéculation est partout. Des ca-pitalistes prennent en bloc des PIaC**au bureau. Ils établissent une sorte aeBourse autour du guichet de location.Ils font la hausse sur les strapontins.Le prix officiel se double. Mais lekrack — cette maladie lyonnaise —renverse les cours, fait le vide autourdu parvis des Terreaux, et venge i»conscience des dilettanti guettés aucoin du Grand-Théâtre par des mar-chands de billets de grand chemin.

C'est grand dommage pour notreI compatriote, et c'est grand dommage

pour ceux d'entre nous que cet agio-tage a tenu éloignés de l'artiste dontle superbe talent emplit le monde aesa renommée.

Les spectateurs ont exprimé un re-gret — un seul : la suppression de l or-chestre. Certes M. de Boisjolin. pi'Qfes?seur au Conservatoire à Paris, ses*donné un mal savant pour organiserla représentation, mais son talent eison esprit n'ont pas chassé la PénlDJgimpression que causait l'absence o»

Ces réserves faites, il ne me resteplus qu'à admirer. M. Lassalle a ewlui-même, c'est-à-dire fin diseur, chan-teur puissant, styliste incomparaci»dans l'air d'Hérodiade, de Massenet eidans les Deux Grenadiers. Il a a»d'une exquise façon, l'admirable ro-mance Û'Henrt VIII. Notre Académie

Page 3: r * LE GENERAL DE GALIFFET

^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ LA BAVARDE ___-_^-__ra=M===^=2==z^œ==^=====^

ne comptait pas de page plus belle.Le jeune maître de Saint-Saëns a étémerveilleusement inspiré en l'écri-vant.

Henri VIII, est encore inconnu auxLyonnais. De là l'attrait de la scène àquatre personnages, qui n'est un qua-tuor qu'avec beaucoup de bonne vo-lonté. Le solo de baryton chanté parLassalle est d'un large effet, mais ilfaudrait pour le juger sainement, qu'ilrestât dans l'ensemble avec l'adjonc-tion des chœurs et de l'inévitable or-chestre. Lassalle a vaincu les difficul-tés résultant de cette représentationforcément tronquée : il a chanté d'unevoix pleine et belle, avec une assu-rance magistrale, une noblesse de sonqui nous ont fait oublier les défectuo-sités de la mise en scène pour ne voiret n'entendre que lui.

A côté de Lassalle, il faut citer unejeune élève de notre conservatoire :Mlle Figuet. Si Mlle Figuet tient toutce qu'elle promet, l'avenir nous réser-ve une puissante cantatrice. Nous sou-haitons de la revoir à Lyon, dans quel-ques mois, chargée, comme Lassalle,de ces lauriers que Paris distribue àses idoles.

L.s public a accueilli très froidementMlle Hamann : cette artiste a un grandtalent de vocalisation, une voix éten-due, un peu dure peut-être, mais d'unegrande pureté. M. Bosquin que nousconnaissons a été chaleureusementapplaudi.

L'Union Gauloise a clôturé magis-tralement ce concert qui pour nous aété une fête.

M. Lassalle reviendra, on est pro-phète dans son pays quand le mondeentier vous acclame.

DE ST-SAVIN.

GILLETTE DE NARBONNE

Sans être un talent absolument originalM. Audran n'est pas le premier venu. Il ya dans ses opérettes des qualités maltressesqui permettent de voir en lui un futur ac-clamé de la salle Favart. Il doit beaucoupaux conseils de son père, et comme Dumasfils, il pourrait rendre à son père plusd'une couronne de celles que le succès luia donné si prodigalement.

Il a eu ce bonheur, de débuter avec unopéra-comique écrit sur un livret fort agréa-ble. La Mascotte est intéressante. La piècen'a pas été bâtie en vue de telle ou telleétoile, comme cette Princesse des Canaries,par exemple, dont le livret incompréhen-sible nuit au succès qu'elle mérite. Les au-teurs ont dû compter le couturier de ma-dame Simon-Girard. Madame Simon-Girardéprouvait le besoin d'éclipser l'hommepoupée. Cascabei ne dormait plus, gênéepar les triomphes de transformations suc-cessives de mam'setle Nitouche dans mada-me Judic. Je veux dire de madame Judicdans mami'elk Nuouçhe.

Le succès de la Mascotte a classé M. Au-dran, et presque tout de suite il a donnéGillette de Narbonne. Les Bouffes Parisiensn'ont lâché la Mascotte que pour créer Gil-lette. Il n'ont lâché Gillette que pour pré-parer la Mascotte. Il est juste d'ajouterqu'ils ont sous la main un artiste d'un in-contestable talent, dont le jeu savant etdistingué, la voix large, étoffée, bien tim-brée, convient à merveille au rôle nuancéde Bippo. Piccaluga que l'Opéra-Comiqueattend est l'étoile masculine, sur laquelletoutes les lorgnettes sont en ce momentbraquées.

Mais il me faut revenir à Lyon, et mêmeà Narbonne avec Gillette. D'abord deuxmots du livret.

Les auteurs, MM. Chivot et Duru, ontdélayé une légende provençale, ils ont faitune sauce assez réussie, suffisamment re- <levée, épicée à point, capable de satisfaireles palais les plus blasés.

Le roi René a donné l'ordre au comteRoger de Lignolle d'épouser la gentilleGillette de Narbonne. C'est à contre-cœurque le comte prend pour femme cette mi-gnonne créature, on se l'explique d'autantmoins que Gillette c'est mademoiselle

, jolie à ravir. Après le mariage,il la laisse en plan — en pane, si vous lepréférez Vous ne serez, ma femme, luidit-il que le jour où vous porterez l'anneauque j'ai au doigt et où vous m'aurez rendupère. « Rendre père un mari qui s'en vac'est assez difficile — sans tricher. Bref —le comte s'éloigne avec ses compagnons dedébauches.

Le roi René retourne à Naples pour re-conquérir son royaume. Rover de Lignollele suit. Gillette qui a juré de se faire aimerde son mari le réjoint sous un travesti etgrâce à une adroite substitution obtientl'anneau et.... le reste. Quand le comte re-vient, il assiste à un baptême : le baptêmede son fils.

C'est parfaitement moral.J'ai tu le rôle des personnages épisedi-

ques : de Rosita la femme du percepteurGriffardin, du prince Olivier, vieux et ja-loux. Le comte et le prince font la cour àRosita, de là une série de scènes fortamusantes.

La musique de Gillette est supérieure àcelle de la Mascotte. En cela M. Audran aété plus heureux que l'auteur d'un célèbreopéra-comique, qui semble avoir tout jetédans la première œuvre qu'il donna authéâtre — après de minces succès de con-cert.

L'ouverture de Gillette fourmille de mo-tifs exquis, elle est courte et agréable. Leduo du premier acte est une page char-mante. Avec le final, il faut encore citer lamarche rlhythmique, dont le cachet ar-chaïque a été fort apprécié. La chanson dusergent Briquet est d une facture heureuse,je trio largement enlevé. Au troisième acteil ne faut guère citer que les couplets d'O-livier.

La troupe des Célestins est restée à lahauteur de sa tâche. Au milieu d'une miseen scène splandide, secondée par un or-chestre dont l'incontestable mérite a étémaintes fois affirmé, réhaussé par l'har-monieux ensemble des chœurs, les inter-prêtes ont vaillamment donné.

H faut nommer Mlle Vanghell la ravis-sante Gillette de Narbonne, artiste consom-mée qui fait ressortir toutes les délicatessesde la partition. Elle a admirablement chantéles couplets du 2° et 3» actes.

M. Jourdan, que nous avons toujoursà féliciter, a été beaucoup applaudi dans leduo du premier acte et les couplets du troi-sième.

M. Tauffanberger, lorsqu'il ne veut pasttfp faire tft la Chargé ne mérité que des

"HŒBHS^HHHHHHBEHiaEi

i. louanges, on ne saurait mieux chanter laé sérénade et les couplets du parrain.

Mlle Combe, une jeune artiste qui pro-met beaucoup, a été charmante dans le rôle

: deBosita.3t Mercier a tiré le meilleur parti de son- rôle, enfin Mlles Sivori et Boyet, deuxjeu-- nés seigneurs ont été applaudies dans ler terzetto du berceau.1 M. Dufour, sait admirablement choisirI les œuvres qu'il monte et les ayant choisie,- - il sait admirablement les monter. Nous

avons eu depuis longtemps si peu l'habi-- tude de faire de tels éloges que nous nousi relisons deux fois avant de les rendre pu-i blics. Mais le souvenir des bravos de la- première est trop près de nos oreilles pouri ne puissions les effacer. Trop heureux, du

reste, d'avoir à applaudir et très longtemps• et très fort.

DB ST-SAVIN.1 — » < n. .

TOILETTESDe nos Belles-Petites

A la première de Gillettede Narbonne.

Cette représentation si impatiemmentattendue dans le camp de nos belles-pe-tites, a eu lieu avant-hier soir.

Toutes nos catapultueuses de haute voléeavaient tenu à honneur d'assister à cettepremière et de s'y faire remarquer dans detrès jolies toilettes.

11 faut rendre cette justice à nos demi-' mondaines, c'est qu'elles sont de toutes les

fêtes et que, par leur présence, elles don-nent une véritable animation à des solen-nités théâtrales, comme celle de mardi.

Il est toujours agréable de contemplerun essaim de jolies femmes et de bellestoilettes, les entr'actes sont moins mono-tones. Voici les noms des épinglées les plus

! remarquées :Dans une loge : Henriette Desaix, en

costume de soie bleu à petites fleurs cou-leur loutre et chapeau de paille gris, Elleétait en compagnie d'Antoinette Soumy,qui portait un costume de satin noir et unchapeau de paille noir.

Ma Mère-m'attend avait un joli costumegris fer, avec chapeau à plumes. Son amieAdèle Désanges, portait un costume desoie bleu.

Annette Bassin , joli costume : jupecrème, corsage de velours, chapeau à plu-mes roses.

Célina Montier, costume gris fer, chapeaude paille garni de rubans loutre.

Pauline Boffet riche costume, jupe crèmecorsage de velours noirs, Clémentine Sar-dine, costume blanc, mais pas de premièrefraîcheur.

Marguerite Kaillou, jupe de soie à car-reaux, corsage en velours rouge.

Marie Brut, jupe écossaise, redingotevelours, chapeau de paille peu élégant,en tous cas de très mauvais goût.

Francine Commarmond, costume noir,chapeau de paille garni de velours orange,très original.

Jenny Merluchon, costume noir en ve-lours broché, chapeau de paille garnide plumes bleues,

Clémentine Grosjean, costume brique,chapeau de paille de même nuance, fortjoli.

Jeanne Childebert, jupe cerise, tuniqueen dentelles. Jeanne Confort, jupe griseavec galons de velours grenat, taille develours noir.

Léonie de Saint-Matricon, portait unerobe avec dentelles noires à jour. Ma-thilde de Bellecour, fort belle toilette:jupe genre pompadour et taille de ve-lours grenat.

Au Cirque.

Le concert donné par Lassalle a un peunui à la représentation de gala de samedidernier au cirque Rancy, en ce sens qu'illui avait enlevé un certain nombre d'épin-glées de halte volée.

Néanmoins, il y avait salle convenable-ment garnie et pas mal de biches :

Céline Montier, costume gris, en compa-gnie de Clémentine Sardine, costume som-bre.

Annette Bassin était vêtue de satin noir.On s'étonnait de la rencontrer là.

Jeanne Perrin, portait une tunique develours rouge.

Lucy Maïa. superbe en noir, faisait desyeux terribles à sa rivale Sardine.

Catherine de Plassard ne quitte plus sajupe écossaise, elle portait une taille mar-ron et un grand chapeau noir fort excen-trique.

La vieille baronne qui avait fait le s a-crifice de s'offrir une loge (elle augmenterases locataires,) avait une jupe grise et unpetit manteau marron garni de fourru-res. Elle n'avait point oublié sa taba-tière.

La signorina Amélie portait aussi unmanteau de fourrures.

Léontine Pyard était en noir.Ida Ténor, Jeanne Confort et Marcelle

Abel qui se promenaient ensemble, por-taient des toilettes sombres.

Marie Planche-à-pain était en costumebleu. ' .

Elisa Béligand portait un manteau d'hi-ver.

Jeanne Childebert, une jupe grise avectaille pompadour. .

La Pompière était en bleu. Elle y estvouée.

Louise Torrent avait une robe à carreauxblancs et noirs.

Marie Bouteille en noir.Antoinette était en noir ainsi que Fonfon,

qui a l'air bien embêtée de ne pouvoir dé-cemment revêtir un costume clair.

Hélène Saint-Joseph avait une toilettebleue.

Maihilde Bellecour un costume gris.Jeanne la lyonnaise, une robe sombre.Annette Grevinette, nous est apparue un

instant tout de noir vêtue.Anna la grêlée, ex-hébé en ruptrure de

sacoche, était en noir.Ce sont toutes celles qu'il nous a été

donné de voir. Samedi prochain , il y aurafoule.

Au Casino

Lundi soir au Casino, il y avait bellechambrée de cascadeuses. Jugez-en :

A tout seigneur, tout honneur :La jolie Pomponnette Merluchon, en

costume de velours noir ; la signorinaAmélie, en velours grenat. Jeanne Childe-

la bert, costume bleu avec pèlerine de four-rure qu'elle ferait bien de quitter. Maria

)- l'Auvergnate, jupe sombre, corsage àle fleurs. Nous l'avons entendue dire à un

monsieur : « Viens donc prendre quelquein chose sur le zinc, (sic). »1- La suave Jul ette, portait un costume sa-le tin broché noir et un fort joli chapeau feu-

tre clair. Mario Brupt, costume beige.ir Marguerite Kaillou, jaquette sombre. Leo-i, nie de Saint-Matricon, costume grenat etts manteau noir. Caroline la grenobloisei- était en noir. Marie Planche-à-pain, cos-s tume bleu ; elle avait amené son bébé.1- Antoinette était en noir. Mathilde Belle-a cour en bleu, Léontine Pyard, costumeir satin broché noir Elisa Béligand, costumeu bleu et manteau en velours. Marthe, grands manteau noir. Fonfon en noir. Catherine

de Plassard, très joli costume de satinnoir.

Au Concert Iiassale.

Relativement peu de demi-mondaines aui concert Lassalle. La plupart de ces dames

n'avaient pu se procurer des places, acca-parées qu'elles étaient par des spéculateursqui n'avaient même pas indiqué où onpouvait les dénicher.

Fanny Bombance, était fort bien en cos-tume bleu foncé avec draperie à fleurs, elleétait coiffée d'une capote garnie de plumes

* roses1

Ma Mère-m'attend portait un costume griset avait un chapeau à plumes, mise disin-

e guée.e Adèle Désanges, très jolie toilette : cos-e tume grenat et satin merveilleux, capote

garnie de plumes crevettes.Ces trois belles catapultueuses se prome-

8 naient ensemble au foyer.Marguerite Kaillou était en noir avec ca-

pote grenat. Son amie Marie Brut, en gris,avec chapeau de paille garni d'oiseaux.

Louise Berger avait une toilette noire et1 était coiffée d'une capote grenat avec plu-

mes roses. La belle était venue au théâtres avec une amie, également en costume noir

et en capote crème.1 Marie Boux, était aussi en noir, avec" chapeau noir, garni de roses rouges et bou-! quets de roses au corsages. Elle était dans» une baignoire avec Jeanne Jouarre, en1 noir.

Tonine Françon, qui, comme à l'habi-5 tude, cassait du sucre sur les petites\ amies, était en costume noir, avec chapeau! de paille garni de plumes havane et

vert.Clémentine Grosjean, jupe vieil or, re-

dingote bleu pâle, chapeau nuance brique,garni de petites pommes.

1 Pauline Desgeorges, avait un costumegris avec broderies loutre. La belle a beau-

5 coup grossi depuis la dernière fois quenous l'avons vue. Elle était en compagnie

1 de Perroline Fay, en costume loutre etchapeau de feutre garni de plumes.

La baronne de Saint-Ouin, très bien dansun joli costume garni de passemente-

' ries.Enfin Léonie de Saint-Matricon, en noir,

avec corsage de dentelles très décolleté etchapeau de paille noir à plumes grenats,

1 de fort mauvais goût.M. MÉPHISTO.

du Demi-Monde

A la suite des orgies auxquelles s'ests livrée Cloclo, dans le domicile d'An-• nette Grevinette, pendant l'absence de cette dernière, congé en bonne et due forme a été donné à la belle épinglée.

Ses amis se sont aussitôt mis à larecherche d'un appartement et lui enont découvert un, en pleine rue de laRépublique.

On y pendra la crémaillère le 24 juini prochain.I

Une brasserie de moins, par consé-quent trois emplois supprimés dans la

' corporation des Hébés.La brasserie des Deux-Passages

n'existe plus, le matériel a été venduaux enchères.

Pourtant, il y a cinq années, cettebrasserie était une des plus fréquen-tées de notre ville, elle avait alors pourserveuses de bocks de véritables illus-trations : Marie Courajod de Canau-

1 din, la grande Louise, Léonie de St-Matricon, Marguerite Méphisto, Clé-mentine Grosjean, Henriette Henri IV,Adrienne Roux, Thérèse de Béziers,Cloclo, Clémentine la blonde, etc, etc.

En vérité tout passe!

La suave Juliette n'a vraiment pasde chance. Depuis quelques jours,toutes les petites amies racontaientqu'elle avait découvert un nabab bonteint.

Madame ne sortait plus qu'en coupéet l'Hospodar de ses rêves la comblaitde ...prévenances, il l'accompagnaitmême chez le médecin spécialiste quilui a délivré le certificat que l'on sait.Hélas! tout celas'estévanoui. le nababn'était que du toc. Il a abandonné Ju-liette.

Heureusement que la suave se con-sole facilement, il lui reste toujours sabeauté.

Cloclo a enfin fait une découverte,c'est celle d'un mari. Elle annonce àtoutes ses camarades qu'elle a trouvéla dot qui lui est nécessaire, elle pas-sera par devant M. le maire.

En attendant, elle maugrée fortcontre dame Bavarde qui a découvert

i le pot aux roses : la jeune fille qu'ellefaisait passer pour sa sœur et qui estbien réellement sa fille.

, La première représentation de l'Ar-ticle 47, au Grand Théâtre, lundi der-

. nier ne pouvait certainement pasattirer nos demi-mondaines. Seules,

, Marguerite Méphisto et Clémentine[ Grosjean, s'y sont aventurées un ins-

tant.• •

Mardi, vers trois heures, nous avonsremarqué un joli trio de biches, cau-

i sant rue Bourbon.Après un court entretien, les trois

belles se sont séparées : Jenny Merlu-t chon pour entrer dans un établisse-\ ment de bains, Rachel Mignon pour se

diriger vers la gare de Perrache et Ma-

- rie Matossi pour aller entendre la mu-i sique militaire, place Bellecour.

Dimanche soir, rue de la Républi-que, nous avons rencontré la douceRachel Mignon en compagnie de la

• pomponnette Jenny Merluchon.Ces deux belles et charmantes prin-

cesses, paraissaient très préoccupées de se faire des confidences, car ellesi n'ont prêté aucune attention aux sa-

1 uts de gentlemanns qui passaientprès• d'elles.

Nous voudrions bien savoir quelleest la cause pour laquel le Jeanne dela Lanterne ne change pas la courroiede sa sacoche qui est dans un état dé-plorable et qui du reste ne demandequ'à être remplacée à cause de sesnombreuses années de service.*

Très peu de demi-mondaines lundisoir à la Scala, nous avons seulementremarqué Marcelle Abel, qui portaitune taille en velours rouge. Jeanne laLyonnaise, toujours vêtue de sombre,Alice ex-moderne, en bleu, JoséphineNini et la grande Henriette, ces deuxdernières ne manquent d'ailleurs pasune représentation. Il est vrai que labombonnièrede M. Guillet a tant d'at-traction ! I

*

L'ouverture du Casino, de Charbon-nières et de la saison thermale, quidevait avoir lieu le 15 de ce mois a étérenvoyée par suite de circonstancesimprévues, au dimanche suivant 22.

Le rendez-vous que s'étaient donnétoutes les belles catapultueuses lyon-naises n'est retardé que d'une se-maine.

Le temps ne leur manquera doncpoint pour faire confectionner leurstoilettes, qui seront très remarquées,nous en sommes certains.

Dimanche, à quatre heures, nousavons rencontré, place des Jacobins,la charmante Marie Planche-à-Pain,cette biche était accompagnée d'untout mignon bébé ; nous ne savionspas que cette épinglée était mère defamille.

** *

Vendredi il faisait un temps splen-dide, aussi beaucoup de belles petitesà la musique de 3 heures à Bellecour.

Jenny Merluchon, en noir, se pro-menait avec Marie Matossi, en jupegrise et corsage velours rouge. Antoi-nette, fort bien dans son costumebleu. Maria l'Auvergnate, robe vertfoncé, garnie de dentelles blanches.La suave Juliette à qui Léonie de St-Matricon avait offert une place dansson coupé, elle portait une jupe rougeavec corsage pompadour et grandchapeau de paille rouge. Léonie avaitun coquet manteau de peluche bleue,cette fois nous la félicitons, ce n'estpas trop tôt.

Elisa Moderne était en toilettesombre ainsi que son amie Alice.

Marie Brut en jupe écossaise et man-teau de peluche noire, n'avait aucunbijou. Catherine de Plassard, en noir.Marie Bouvier aussi en noir.

Marcelle Abel n'est arrivée qu'aumoment où le chef d'orchestre battaitla dernière mesure.

Jeudi dernier, nous avons aperçuClémentine Sardine faisant empièted'un superbe éventail chez M. Coulas,un généreux ami qui l'accompagnaitaidait cette dame de ses conseils.

Marie Vadrouille de Canaudin, prin-cesse de Courajod et autres lieux, acomplètement déserté la Canebièrepour le boulevard des Italiens.

C'est un astre qui se lève dans le fir-mament de la bicherie parisienne,c'est tant mieux pour ses nombreuxfournisseurs de Lyon, qui n'espèrentplus que sur ses futurs succès afin derecouvrer leurs créances.

Marie Gratton est une bonne fille,elle a surtout un caractère admirable.Pensez donc, il paraît que le nabab ;qu'elle s'est choisi, la bat commeplâtre. Après çà, on dit que c'est levéritable moyen pour se faire aimerdes femmes. Est-ce vrai, mesdames?

En tous cas, l'autre jour, cette pau- :vre Marie Gratton, qui venait de rece- !voir sa pitance quotidienne, s'est en-fuie en jupe et robe de chambre,demander asile à sa sœur, actuelle-ment hébé à la brasserie de Mulhouse. <

Quelques demi-mondaines étaient, ivendredi soir, au Casino, nous y avons «remarqué : i

La suave Juliette, en jupe rouge ettunique pompadour, elle était accom- !pagnéede Léonie de Saint-Matricon,

• en toilette rouge ; Fonfon, en noir;Louise Torrent et Marie Planche-à- <Pain également en noir. ;

¥*La princesse qui a nom Maria l'au-

vergnate, a été rencontrée, dimanche, <à Oullins. La belle allait, en coupé,prendre un bain de soleil à travers 'champs.

Charlotte la plantureuse, hébé desJacobins, est allée aussi se réchaufferaux rayons du soleil. Nous l'avons ivue en brillante compagnie parcourir,en voiture, le riant hameau de Bau-nant.

* *Jeudi dernier, nos biches ont délais-

sé les Célestins, seule Catherine dePlassard représentait le bataillon deCythère. Inutile d'ajouter que cettebelle petite portait son costume à car-reaux et jaquette verte.

** m

La jolie Pomponnette Jenny Merlu-chon, faisait mardi, une promenadeen voiture, au parc de la Tête d'Or.

Après avoir fait une fois le tour duParc, elle s'est fait conduire près del'orangerie, est descendue de voiture,et sans plus de façon s'est assise su*-un banc à côté d'un pauvre chiffon-nier. Pas fière, la charmante Jenny.Comme le malheureux voulait lui cé-der toute la place, elle l'a prié de nepoint se déranger.

Quelques minutes après, nous avonsvu venir un brillant cavalier tout denoir vêtu. Jenny remonta en voiture,et tous deux se rendirent au Chalet.

** *Berthe l'amazone, que nous croyions .

à Valence, faisait jeudi dernier caraco-" 1er un fringant cheval au parc de laI Tête d'Or.

Pour faire admirer ses talents d'é- 'cuyère, elle faisait exécuter à sa mon-

" ture de véritables exercices à rendre"" '' des points aux fils Rancy.

Un changement d'hébés a eu lieuces jours derniers à la brasserie Fla-mande — Anna la Vadrouille y a fait

, ses débuts jeudi dernier.' Elle sert actuellemnt en compagnie

de Francine avec qui elle paraît s'en-tendre le mieux du monde.

A la musique dé 'Bellecour, mardi,quelques catapulueuses : Juliette lasuave, en costume grenat et manteaunoir, Clémentine Grosjean, jupe bleue,corsage grenat, Alexandrine Télégra-phe, Antoinette en manteau noir, Léo-nie de St-Matricon, en noir, MarieRoux, toilette bleue, Alice, en bleu,Marie Matossi.

Ma mère m'attend et Adèle Desan-ges sont venues un instant vers 5 h.,elles se sont promenées mélancolique-ment sous les marronniers.

AA la musique de Bellecour, diman- '

che , nous avons remarqué : Clé-mentine Grosjean, en compagnie de 'Jenny Merluchon, ces deux bichesportaient leur manteau velours frappé; ]Jenny Lavache, robe grise, taille ve- ]lours rouge ; Louise Torrent, en gris, !Alexandrine Télégraphe,en faille noire;Marie Bourgoin, manteau velours ]noir: Joséphine Nini en bleu, étaitavec son inséparable amie la grande ïHenriette ; Catherine de Plassard, robe ià carreaux et taille verte ; Antoinette, ifort joli manteau velours foncé. .

*

Nous continuons à emprunter à labelle publication l'Art de la Femme, iune étude sur le corset,' et cela pour <plaire aux belle qui ont nom : Annette, iBassin, Anna Oberley, Jenny Merlu- ichon, Annette Grevinette, Joséphine la 1Plantureuse, Amélie l'Italienne, etc.

Est-il rien de plus beau qu'un coret ]Qui naturellement figure <Et qui montre comme on est fait iDans le moule de la nature.

Nous n'expliquerons pas le mysté-rieux travail qui donne aux maigres, 1de riches corsages et des croupes se- (duisantes; qu'il suffise de dire que il'injustice de la nature se répare fort <bien.

La femme mince, celle qui n'est pas tosseuse, qui a la délicate statured'une grâce de Proud'hon, adoptera lecorset de peau de daim gris perle, esouple et doux, qui suit les contours 1avec une exactitude absolue. Un peu £plus robuste, on a le corset de satin, sle corset chatoyant et élégant qui nousa valu ces deux vers du poète amou- creux :

Elle fait sur son flanc qui ploie ICraquer son corset de satin.

Il est noir pour les femmes dont la speau est fine et d'une blancheur lai- Iteuse : contraste bien séduisant quedes épaules de neige sortant de cebuste sombre. Les peaux dorées, am- tbréès, ont le corset cramoisi, dont la iriche teinte est Indispensable à leurs itons chauds.

Il y en a de bleu turquoise, bleu ca- tpitaine, rose du Bengale, eau du Nil, £bronze, solitaire, roseau, rouge feu. $

11 est tout blanc, cela va sans dire, jde moire ou de satin, pour les épou-sées. Blanc aussi pour les toilettes dusoir, mais bordé de peluche dont lacouleur est assortie à celle des robes, Tpeluche soleil ou clair de lune, ver- cmeil, bleu céleste, rose, crème, or, srose-thé, grenat, mauve, (la plus douce ïdes nuances). Ces corsets sont, trèsgarnis de jolies dentelles ; ils sont trèsbas, pour ne pas gêner le décolleté de gla robe. r

Peu de biches dimanche soir au rSkating, nous avons seulement re- tmarqué : f

Jenny Confort, jupe grise et taille Ivelours frappé, jolie chapeau rouge ;Elisa Béligand et Léontine qui ne sesont pas quittées, en bleu ; Léonie de eSaint-Matricon, robe rouge, grand smanteau noir ; Jeanne Sevez, costume ploutre, chapeau à fleurs bleues; Fon- 1:fon, en deuil ; Marie Planche-à-Pain, sen bleu ; Jenny Lavache accompagnée apar Mme Godard, sa propriétaire, cesdeux biches en taille rouge et jupe Vclaire ; Catherine Plassard, costume à ecarreaux et taille verte ; Mathilde de pBellecour, en gris ; Adeline, costume dsombre,

» • • "• __ ______Vendredi dernier, la charmante Caro d

est sortie, suivant son habitude, pour Ialler faire au Parc sa promenade sen- Ftimentale. v

La belle conduisait elle-même son cattelage, et parcourait les rues de no- ^tre ville au triple galop. Arrivé au rcoin de la place Tholozan et du quai cde Retz, son cheval a renversé violem-ment M. Félix D..., employé de com-merce, qui a été contusionné à la tête ret aux jambes. s

Il est bon d'ajouter que Caro n'a re- <^pris sa course qu'après avoir conduitsa victime dans une pharmacie voi-sine et lui avoir fait donner tous les Isoins que nécessitait son état.

Nous conseillons à Caro d'avoir un 1peu moins d'argent-vif dans les veines <et de retenir un peu les guides de son "*fringant coursier. i

La propriétaire et*les voisins de Ca-roline la grenobloise, nous prient del'inviter à faire beaucoup moins de *bruit, quand elle rentre vers 2 heures <du matin. i

* •Marie Gauthier a paraît-il fait la con-

naissance d'un homme marié. La pe-tite femme délaissée se propose d'aller iun de ces soirs aux Jacobins où Marie ia établi son quartier général. <

« *

Claire qui a quitté la brasserie du 'Lycée, va maintenant fort souvent auParc. Nous l'avons aperçue dimanchedernier au Chalet, se faisant servir unvermouth-Thurin.

Nous avons, dans* notre dernier nu-8 • méro, parlé d'une femme qui a ici la" réputation de la baronne d'Ange, ô Pa-1 ris, nous voulons parler de la vicom-

, tesse Claudia, qui n'est pas plus vi-" .comtesse que la fille Bardin nest"— Jbaronne, mais qui comme elle, est une1 obscénité vivante, dont les balayeurs

de nos rues devraient nous épargnerle spectacle répugnant.

Cette fille surnommée Bouched'Egout par quelques moralistes aus-tères, nous écrit la lettre suivante, quenous publions textuellement, ortho-graphe et style respectés.

Monsieur le Rédacteur de la BavardeParcourant vottre journal N» 103 du 5

court je trouve des allusions blessantesà mon égard, entre autre un LogementRue Thomassin angle de la rue palais-grillet, dans lequel vous me présentezcomme ayant été une des Locataires dece local visité souvent par la police desmœurs. Sachez donc monsieur que ja-mais je nai habité un réduit pareil ayanttoujours eu une suffisance pour me pro-curer un gite a l'brit des sbires de la po-lice qui ne ma jamais inquiétée, vue quemes actes n'ont jamais été en contra-dictions avec les règlements dans votreprochain numéro veuillez retifier votrearticle et vous prie à l'avenire de ne pluspublier mon nom dans les colonnes devotre journal.

si vous continuez avous servir de monnom pour la confection de vos articles jeme verrai obligé d'avoir recours auxgrands moyens. Je vous salue. Claudia

Voyez-vous Bouche d'Egout em-ployant les grands moyens.

Ca nous rend absolument perplexes.S'agit-il des fameuses cartes transpa-rentes dont elle fait un si fréquentusage?

Voyons, vicomtesse, expliquez-vous.

Où diable allait donc, à 9 heures dumatin, l'aimable baronne de St-Ouinet Clémentine Sardine? Nous les avonsrencontrées un de ces derniers ma-tins à cette heure matinale, rue de laRépublique.

Vezon qui lit cette note par dessusmon épaule, me dit malicieusement :demande leur donc plutôt d'où ellesvenaient. C'est fait.

Angèle Saint-Etienne dit que nousl'avons calomniée, en annonçantqu'elle a été vue à l'Assommoir. Ellene connait pas et ne veut pas connaîtrecet établissement.

Nous lui donnons acte de sa protes-tation et la félicitons.*

La plantureuse Maria du Coq noir,est enchantée de pouvoir faire chanterle fameux coq de l'établissement. Aus-sitôt qu'un client en manifeste le dé-sir, on entend aussitôt « cocorico. »

Marie Diaphane a quitté la brasseriedes Concerts.

Marie Bouteille a ses actions a labaisse.

Rosalie a quitté la Pêcherie à P lasuite d'une bataille avec une autreHébé de l'établissement.

•• *

Joséphine Bernard est furieuse con-tre Sabine Biscaye, qui l'a remplacéeà la brasserie du Rhône. A chaqueinstant elle va l'insulter.

Jusqu'à ce jour Sabine s'est conten-tée de hausser les épaules, mais elleannonce qu'elle ne supportera plus lesscènes de sa rivale. Avis à cette bonneJoséphine.

Enfin !Le rêve d'Ida Ténor est satisfait.

L'objet de son amour a daigné descen-dre jusqu'à elle, le sacrifice est con-sommé, mais on dit Ida désillusionnée.Est-ce vrai?

Depuis certaine 'scène qui s'est pas-sée chez Matossi, Jeanne Childebert,ne quitte plus ses bas.

Elle recommande à ses amies den'en pas parler, de peur que la Ba-varde commette une indiscrétion. C'estfait, mais nous ne poussons pas plusloin l'indiscrétion.

Jeanne Mélécass,*cette fille si sageet qui pratique si bien la tempérance,s'étant considérée comme diffaméepar quelques propos tenus par Pau-line Bac et Joséphine Nini, s'est pré-sentée au commissaire de police et luia conté la chose.

Elle ne demandait rien moins, quel'arrestation immédiate de ses deuxennemies. M. le commissaire de policepeu galant, n'a pas cru devoir fairedroit à sa demande.

*

Depuis qu'elles* ont déserté ledieu Gambrinus, Joséphine, Nini etHenriette la Perle, sont toujours enpromenade. Nous les ivons aperçuesvendredi soir, allant réparer leurs for-ces épuisées aux tables de la TaverneAlsacienne, où elles ont convenable-ment fait honneur à la cuisine et à lacave de l'établissement.

*

Jeudi, nous avons aperçu la plantu-reuse Marie des Concerts, à la mu-sique de Bellecour, en compagnied'un charmant bébé. Serait-ce le sien?

Est-ce que les 'fonds seraient à labaisse ?

Henriette la plus mignonne desKail-lou, que nous n'apercevions plusqu'en voiture de maître, se rendaitvendredi au parc dans un modeste sa-pin à vingt-cinq sous l'heure.

O profanation !

Ida Ténor a fait jeudi dernier des in-fidélités au théâtre des Célestins. Est-ce que l'objet de ses rêves ne jouaitpas ce soir-là, qu'on l'a vue à la Scalaen compagnie de Jeanne Confort ?

La mère Baccarat va tous les joursà la musique. On l'aperçoit commeune âme en peine, cherchant partoutdes élèves.

Cela ne lui suffit pas, elle fréquenteles brasseries où elle recrute quelquesTecrues.

Il paraît que la chasse est toujoursfructueuse.

LuèeiAM.

Page 4: r * LE GENERAL DE GALIFFET

Première iVnnée. - IV» 1. QUINZE CENTIMES SSamecIi 14 Avril 1883.

—^ , , |illliï -„ - ̂ r^yrfïTwjwM HIWI iiiftjri i. fiiiiV' M— n wn—roifinugniwr JWI ii i

RÉDACTRICE EN CHEF

Mrs dame ADAM

Je suis venue, j'ai vu, j'ai vaincu, « lia Femm» »M——., .i.— ,. n,. „. mu I - .-n,., „, ___ t 1[<r[T,,MM,^I<r-»--«i-™^~--—----^^

SECRÉTAIRE DE LA RÉDACTION i

Ml* D'EHLINGOURT

+T i. -===-

NOS PRIMES3 i

- Pas de programme: des primes.- Nous donnons à toutes nos char-mantes abonnées les primes suivan-tes, à leur choix :

Une jpsyclié.Un flacon d'eau de Jouvence.

lie i»e*it guide de l'adultère,de Pierre Véron.

Un corset de satin &arni dedentelles.

Une paire de bas de soie toro-ehés.

Une chemise de satin noir.

Il est inutile que la Fille d'Eve ap-prenne à ses adorables lectrices com-bien est grande l'utilité de ces primes,on pourrait les appeler du titre d'unlivre du penseur d'Hervilly : Les armesde la femme.

"LA RÉDACTION.

Nous aurions pu nous appeler la Cu-rieuse, La Fille d'Eve est mieux. C'estnotre titre, je dirai mieux ; c'est notregloire.

Nous voulons tout savoir, tout con-naître, tout voir: quel grand mal y a-t-il à cela? On ne nous a pas fait desyeux — et de jolis yeux encore — pourles tenir constamment baissés. Quand,d'aventure, nous fixons les fleurs dutapis, ce n'est que par une pruderiefeinte. La pudeur n'appartient pas ànotre sexe. L'audace est l'apanage dela femme. Danton se croyait auda-cieux: oui, pour un homme, il étaitaudacieux, mais la femme l'est davan-tage. Seulement, elle ose avec des re-tenues, elle provoque avec des hésita-tions, elle a des roueries qui ressem-blent à des ingénuités.

La soif de savoir qui nous dévorefait notre grâce. Et l'homme doit sessuccès beaucoup plus à notre amourde l'inconnu qu'à des avantages per-sonnels.

On nous fait la cour, des semaines,des mois, des années ; on nous bom-barde de bouquets, on nous accable demadrigaux. Et, lorsque nous déga-geant des fleurs de réthoi ique et des

-fleurs de serre chaude, nous donnons,très chastement, notre petit doigt àbaiser, les amants s'en vont, heureux,enivrés, raconter à toute la terre, leurtriomphante bataille.

Oh , les beaux imbéciles, en vé-rité 1

Ils disent : « Nous sommes aimes,nous avons vaincu les plus sauvagesdes vierges; nous avons trouvé le che-jnin de leur cœur : ces sanctuaires sifarouchement gardés. Nous sommesles triomphateurs de la vertu de jeu-nes filles. Ce soir, quand la duègnedormira, nous irons, en rampant, jus-qu'à leur lit. Nous nous couronneronsde myrtes et de roses. Et, aux myrteset aux roses, nous ajouterons les lau-îiers de notre conquête. Nous sommesforts. Nous avons le génie de la séduc-tion. Cette nuit, les ierge's. expirantespencheront leurs fronts pâlis par lepremier baiser de l'hymen, sur nosrudes poitrines de lions haletants...

Et ces messieurs se croient de petitsserpents ; les serpents tentateurs quifont croquer aux Eves naïves des pom-mes défendues. Le bon billet que nousleur baillons !

A la vérité, c'est notre curiosité quis'éveille, c'est notre besoin d'apprendrequi nous fait céder. Nous voulons sa-voir ce que c'est. Il y a dans notreamour un désir immense de pénétrerl'inconnu. J'ai rencontré une viergequi avait résisté à de terribles assauts.Un matin, presque sans coup férir, ellese rendit. On proclama son maître unDon Juan: ce n'était qu'un Cicéroneconduisant une voyageuse à traversun pays inconnu, mais charmant. Illui était venu la passion de se jeter,tête et cœur, dans un monde de sen-sations nouvelles; elle avait tout àcoup, souhaite de connaître ce qu'elle

. ignorait, de savoir ce qu'il y avait dedélicieux, d'exquis, de troublant dansces choses dont on ne parlait qu'enrougissant. Sa pudeur de vierge futétouffée par sa curiosité de jeune fille.Etquandonlui demanda :« Vous l'ai-mez donc bien ce beau ténébreux? »Elle répondit, sans hésiter : « Non, jevoulais savoir. ! »

Vous ne sauriez croire, ce que cesdésirs fous, rendent votre tâche facile,ô nos vainqueurs I II y aurait des res-trictions dans vos cris triomphants sivous connaissiez sans détours, quelssentiments nous animent , nous lesfilles d'Eve, quand nous donnons vo-luptueusement nos lèvres à bai-ser!

. Madame ADAM. — — too*09*>QOQOPOCtt -,

CARNET D'UNE CURIEUSELe beau intéresse; le défendu pas-

sionne.»

On a un premier-amant pour savoiret les autres amants parce qu'on sait.

Lapassion est toujours la même cho-se, mais on espère toujours autrechose.

i

# *En amour, il y en a toujours un qui

donne et l'autre qui reçoit.*

* +En amour il y en a toujours un qui

désire et l'autre qui se laisse désirer.

Pour certaines femmes, la vertu n'estque de la paresse ; elles ont les désirsmais elles n'ont pas le courage de lessatisfaire.

** #

Toute femme a dans le cœur unecocotte qui sommeille.

*

La virginité du corps est un accident;la virginité du cœur est une vertu.

*Se vendre n'est pas donner : il y a

des prostituées qui sont des vierges.*

Un homme ne peut pas se prostituer :c'est le plus bel éloge qu'on puisse fairede la femme.

Une femme ne peut pas se donner àdemi.

*• *

Toutes les joies sont pour la femmeadultère : au bonheur d'être aimée s'a-joute la peur d'être trahie. L'amourgagne en vigueur dans le mélange dessensations.

m# *

La femme est mieux partagée quel'homme au point de vue de l'esthétique:Elle se sait belle et elle sait qu'on lasait belle ; elle trouve l'homme beau etelle sait que l'homme se trouve laid;elle a donc le double bonheur de regar-der et de l'être.

La comtesse LATISCHEFF.

. . —nr;— - "-"---—

UNE AVENTUREMa chère, laissez-moi vous raconter

cela. Une aventure ? mais une aventureincroyable; une de ces aventures quin'arrivent qu'à moi.

Puis, c'est très difficile à narrer. Jevous sais prude, ma toute belle, votresalon est le plus puritain de ce Parisdébauché. Bah ! c'est fini du Carêmeet l'on peut bien se délecter au récitd'une aventure.

Dureste, c'est très édifiant. Les Pèresde l'Eglise ont servi à leurs adeptes deshistoires dans ce goût là. Le tout estd'être compris, d'intéresser et de direvrai. Si Florian que je lisais étant pe-tite et ce bon M. Berquin, que je ne lisplus, avaient pu utiliser ce canevas,ils auraient ajouté comme sous titre àleur histoire : « ou la curiosité punie. »

Tous les huit jours, mon neveu —un mauvais sujet qui est de l'âge de satante, réunit dans le petit salon, quel-ques amis de son genre. Ce qu'on ditma chère, vous devez le penser : deshorreurs ! Mon neveu passe, au boule-vard, pour le plus chevronné des com-battants du Royal-Gommeux.

Moi, qui suis friande de ces, histo-riettes vécues, tout en faisant mine deregarder les estampes que mon mariachète pour me distraire — durant cequ'il appelle mes heures de veuvage.— et vous le savez, ma chère, je suisveuve presque tous les soirs — en re-gardant ces estampes; j'écoute : j'aisurpris, il y a huit jours, une conver-sation du plus haut intérêt, on parlaitde.... de.... attendez-donc : l'As de trè-fle, je crois. Non pas cet as là. C'estcelui de Belot, ah j'y suis de l'As depique. Le titre ne vous dit rien. Necherchez pas. C'est au salon du côtédes Champs-Elysés ouvert toute lanuit à ces messieurs, où disait que setrouvait là des princesses déclassées,des comtesses en embarras d'argent ;qu'enfin toutes les dévoyées du grandmonde admirablement faites et joliesvenaient échouer à l'As dépique.

On racontait des scènesohl ma chère,des scènes indescriptibles. Et le diablec'est qu'il était permis aux hommesseuls de visiter cette capoue mon-daine.

Je me suis dit : si je devenais hom-me ?

Et, bravement, revêtissant les habitsde mon mari — absent ce soir là com-me toujours — je me fis conduire àl'endroit mystérieux. C'était mal; maisje voulais savoir.

J'entre, je monte. Maison très bien,on m'introduit au salon.

Ici, permettez-moi, toute belle, d'êtresobre de détails. Mon neveu avait rai-son : c'est tout dire !

Jusque là tout va bien, ma curiositéva être satisfaite. Je voulais m'asseoir,écouter. Quand, dans un coin du salon,j'aperçus mon mari en conversationd'une intimité, révoltante avec deuxprincesses déclassées.

Je partis —je voulais savoir quelquechose : j'avais trop appris. Mais le len-demain matin je souhaitais d'avoir mapetite vengeance.

— Monsieur, lui dis-je, pourriez-vous m'indiquer les vertus de l'As depiquet II parait que vous le retournezfréquemment.

Il me répondît sans se troubler :— Je ne le retourne pas : j'y retourne

et j'indiquerais beaucoup mieux sesvices que ses vertus.

Il m'avait vue, ma chère !Thérèse de CROUVAL.

A MADAME JULIETTE LAMBERTLa Grèce s'est couchée et sa splendeur hautaine.Survit aux millier» d'ans qui couvrent son tombeau, 1Près du soleil éteint notre chétif flambeau, 'Ne jette qu'en tremblant sa lueur incertaine i

Les siècles, tour à tour, font surgir un lambeau \De ce livre où revit son histoire lointaineTout penseur sent frémir, en lui, l'âme d'AthèneQuand dans son vol profond, il s'inspire du Beau t (I/atticisHiè s'en va. Notre époque trop pilePour les ruisseaux fangeux fait les bjaux ciels d'o-

[pàlePourtant par quels transports de joie accueillons- |

[nous, i

J ulietie Lambert, celles qui, comme vous,Accueillant à leur tour l'art et la poésie,Rouvrent en plein Paris, la maison d'Apasie.

Georges GBMSLLK.

LES

Filles û'Eve k\i PolitiqueLETTRE A M. YVES GUYOT'

Ça vous esbrouffe, mais c'est comme

Ça-La politique a ses filles d'Eve. J en

suis une, mais pas Louise.Louise ne descend pas. d'Eve ; elle a

un profil simiesque qui la fait remon-ter à l'ancêtre dont parle Littré.

Les hommes veulent tout pour eux.Ils veulent avoir le monopole des réu-nions, des meetings, ils sortent le soiraprès la soupe. En l'embrassant, ilsdisent à leurs femmes: Je m'en vaispour mes affaires. Ils ne causent poli-tique qu'entre eux, les sournois. Nous,nous avons les charges peu gracieusesdu pot au feu à surveiller et des culot-tes à recoudre. C'est tout : ce n'est pasassez.

On est curieuse, on veut savoir. Ilsuffit qu'ils aillent seuls dans fleursréunions pour qu'on ait envie d'y aller.Ma voisine a un mari qui est franc-maçon : elle est convaincue qu'il sefait des abominations dans les loges.A notre tour franchissons hardimenttous ces seuils masculins, intallons-nous à la tribune, commandons lesmasses.

Joignant la pratique a ;X préceptes,j'ai fait la chose en vous arrachant,mon cher petit Guyot votre barbe con-servatrice.

Pour jouer ce rôle, il ne faut pas ces-ser d'être jolie. Il faut continuer à por-ter des toilettes convenables. Plus ona de chic, mieux çavaut. Le galbes estle nerf de la révolution. Soyons anar-chistes mesdames, soyons galbeuses,soyons des nihilistes pchutt.

En remontant le cours de l'histoire,je retrouve des vaillantes, toutes desvaillantes chics. Jeanne Hachette étaitjolie, Jeanne d'Arc pas mal — Dunoisen savait quelque chose. La duchessede Montpensier était un petit cœur,madame Longueville, madame deChe-vreuse l'ancienne — avaient du mon-tant. Charlotte Corday n'était pas tocdu tout, quant à madame Roland, jevous la recommande. Théroignede Mi-recourt — ma devancière — avait unecharmante figure et — grâce aux mus-cadins qui l'ont fouilée — on sait qu'ellen'avait pas que ça de charmant.

Ces deux filles d'Eve qui ont gou-verné la France durant tant d'années:la Dubarry et la Pompadour, ont prou-vé suffisamment que pas un hommene résiste à la grâce féline des fem-mes.

Parmi toutes ces héroïnes pas unen'est laide, toutes sont gracieuses,toutes s'habillent bien — quelques-une ne se déshabillent passmal. C'estle grand point. Et la Dubarry qui mal-menait si fort MM. de Sartine et deChoiseul, vous aurait égratigné monpetit papa Guyot ni plus ni moins queje l'ai fait moi-même.

La fille d'Eve— mais la fille d'Evepure race — joue en politique un rôleconsidérable. Elle est derrière tous les |ministres, tous les députés, tous les 'généraux — derrière tous les magis- ]trats — derrière tous les prélats. Ca-chée ou au grand jour, c'estellequi re-fait et renverse le ministère, c'est ellequi distribue les portefeuilles, les ru- ibans, les barettes et les toges. L'Ely- isée n'est pas rue du faubourg Saint- 'Honoré, c'est boulevard Montmartre. JIl fut un temps où la préfecture de ',police était rue Duphot. Alors M. lepréfet s'appelai,t pour la Leroy, Mon-sieur Mystère. <

Puisque l'amour — et je prends l'a- cmour dans son sensle plus mécanique *— puisque l'amour mène le monde, jil est juste que nous menions leshom- cmes. Louis XIV a pleuré aux genoux dde Marie de Mancini. ' ;

La philosophie du dix-huitième siè- f;

cle doitbeaucoup aux yeux de Ninon 'de Lenclos, mais Ninon de Lenclos est belle ; elle possède toutes les pom- 4mes du divin pommier, c'est dans leur J1chair acide que Voltaire mord à belles ai

dents. , lLa femme est partout. Eve est dans n

tout. C'estjustice. Eve c'est la politi- leque. Eve c'est le génie. Eve c'est TU- Anivers. Eve c'est la vie. hJ

Quand on ne comprend pas ces cho- pises là, On n'est pas digne d'avoir de labarbe et c'est pour cela que je vous l'ai parrachée, Monsieur Guyot. p,

F. d'B-ERLINCOURT. ~Q

Elève du Conservatoire. . se

LIVRES NOUVEAUXNous nous empressons de signaler à nos lecteurs

la nouvelle édition de la France Illustrée de Malte-Brun, publiée par la Librairie Française, 15, rueMalesherbes a Lyon, en séries spéciales à 1,50 lasérie. Chaque férié forme un département aveccarte nouvelle , coloriée avec le plan du chef-lieu.

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LE PANU11GE, journal humoristique, litté-raire ou illustré, parait toutes les semaines. Sonsuccès va croissant, sa rédaction est composée des •gens de lettres les plus illustres de l'époque.

Rédacteur en chef : Félicien Champsaur,Directeur : Harry Alis.

16, rue d'Aumale, 16.

LA RACE SÉMITIQUE, par Théodore Vi-bert, Paris, Auguste Ghio, éditeur, 1, 3, 5, 7, et11, galerie d'Orléans, Palais-Royal. 1 vol. in-18,prix 3 fr. 80, franco.

Le célèbre orientalisme publie le second volumede ses magistrales études sur les races primiti-ves.

Il restitue aux enfants de Sem la place qui leurappartient légitimement dans l'histoire et porteune lumière toute nouvelle sur la fameuse ques-tion Indo-Européenne sur laquello le monde sa-vant se bat depuis 50 ans.

C'est un grand service rendu par M. ThéodoreVibert, à la démocratie.

** ¥

Une histoire empruntée à la vie réelle : Des per-sonnages appartenant à ce grand monde étrangerqui mérite d'être mieux connu. Une série d'événe-ments ultra-parisiens prêtant aux plus poignantesémotions. Un dénouement d'une grandeur et d'unehorreur vraiment tragiques. Tel est, un peu demots, le bilan du nouveau livre que Marie Colom-bier vient de publier chez Marpon et Flammarion,et qui est destiné au plus vif succès. Le PISTO-LET DE LA PETITE BARONNE commenceune série de romans contemporains où se recon-naîtra la plume 8lerte, incisive, colorée, de l'Au-teur du CARNET D'UNE PARISIENNE.Armand Silvestre a fait à Céline une originale pré-face.

** *

PROGRÈS FRANÇAIS JOURNAL POPULAIRE DE

VULGARISATION

10, rue de lA'bbaye , 10.

SOMMAIRE du n° 14. 8 avril 1883. — La VieSociale chez les animaux, par M. E. Perrier. —Le Génie Serbe, par Auguste Geoffroy. — Parfums,Parfumés, Parfumeurs, par M. A. Lévy. — L'Amid'un Grand Homme, par M. G. Renard. — Amourd'hier, poésie par M. J. Spronck. — L'Œuvre deCiaude-Bernaid par M. le docteur L. Greffier. —Chronique scientifique. — Bibliographie. — Con-férences et Cours.

MORTE D'AMOUR* p*ar Auguste Saulière. —Un titre pareil n'a pas besoin de recommandationsauprès des lecteurs. On connaît d'ailleurs suffi-samment le bridant auteur de l'Amour terrible etdes Leçons conjugales, pour avoir le désir de lireson nouveau roman. Rien n'est plus poignant, plusdramalique, et, en même temps, plus gai par desendroits, que Morte d'Amour. M. Auguste Sau-hère aurait pu mettre au-dessous du titre : « his-toire vraie f, mais on a tant abusé de cette for-mule, on l'a collée comme étiquette sur tant dechoses menteuses, qu'il a mieux aimé s'en rap-porter à l'appréciation du public. — En vente chezJules Routf et Cie, 14, Cloître Saint-Honoré.

*Le scrupule du Père Durieu, par G. Godde,

Henry Kistemaeckers, éditeur à Bruxelles. — Eau-forte par Just.

Le treizième volume de la petite collection na-turaliste vient de paraître. Les détracteurs du na-turalisme, ceux qui prétendent ne voir dans l'écolemoderniste que des immortalités, seront rudementdéçus à la lecture du nouveau livre de M. Godde,le Scrupule du Père Durieu., ce roman qui frise aI* lois te drame et l'idylle, et dont le talent de l'é-crivain élargit jusqu'au grandiose les proportionspar elles-mêmes restreintes.

Nous ne voulons pas déflorer tout l'attrait qu'é-prouvera le lecteur en donnant ici une analyse dece livre, mais nous affirmons hautement qu'il con-tient la peinture de ce que doit êlre le devoir pousséjusq/uà l'héroïsme, et de ce que doit engendrer desouffrances dans une âme d'h»nnêle homme le re-mords d'une action lâche et déloyale.

Le second de Monocoquelogues vient de paraîtrechez l'éditeur Henry Kistcmaeckers. Titre : l'Obé-'lixe. Le portrait de Coquelin Cadet, lacé en têtede la plaquette et représentant l'artiste en Titi pa-risien d'après un dessin inédit d'André Gill, est unchef-d'œuvre de ressemblance, de haut comique etde fine gravure. — Prix : 1 frane.

Cette semaine a paru chez l'éditeur Kistemaekcrs,de Bruxelles, la réimpression d'un roman des pluscurieux du dernier siècle : Mlle Javotte, ouvragemoral, écrit par elle-même et publié par une deses amies. Celte amusante facétie dont l'auteur futPaul Barrett, tout en ayant des allures d'un contecroustillant et tant soit peu follichon pourrait bien,dans le fond, être une étude réelle de mœurs ga-lantes des Nanas du XVIII" siècle, et on retrouvefacilement dons celte littérature, au milieu des re-troussis pompadouresques et fantaisistes de la Francepoudrée, la morale éternelle des mœurs de nosemps. Le lecteur s'y retrempe aux délicatesses

égrillardes d'une époque adorable, où le contejoyeux piqué de mouches cl fardé de rose,- amenaitaux lèvres des belles marquises un idéal Sourire depastel. Cette étude très cherchée et très trouvée nemanquera pas de plaire à tous ceux qui, suivant lamode actuelle, s'intéressent à l'époque « scanda-leuse » du siècle passé. — 64 charmants dessins deAmédée Lyneu illustrent ce livre joyeux, admira-blement imprimé sur les papiers de choix adoptespar l'éditeur Kistemaekers.

*

SOMMAIRE DU N" 7. —(V* avril 1883) |de L'ARTDE LA FEMME (Ed. Rouveyre et G. Blond, im-primeurs-éditeurs, 98, rue de Richelieu, à Paris),— Le Costume Féminin (La Robe), par Marguerited'Aincourt. (Camée). Illustrations de Cortazzo etScott. — Les Salons de Paris, par Bachaumont (LeSalon de la comtesse d'Argy. — Lo Salon de la com-tesse Charles GreffaBie). Illustrations de Cortazzo. —

— Hygiène de la parisienne, par le docteur Darfeu.(Lé Cabinet de Toilette). Illustrations de Cortazzo.- - L'a-t-elle aimé ? , par Bcnoist d'Herval Illustra-tion de Ferdinandus. — Le Théâtre à Paris en 1883,par Pierre de Lano . (Septième article). — Cour-rier illustré de la Mode parisienne, par uneParisienne. (Camée). (1- avril 1883). — La Bourseet les affaires. — Cette publication parait le 1" et15 de chaque mois et contient de 32 à 40 pages detexte ; abonnement : 30 francs par an. — Un nu-méro spécimen est adressé franco contre envoi de1 franc 80 centimes en timbres poste.

Les éditeurs Marpon et Flammarion viennent demettre en vente, dans leur Bibliothèque illustrée,LA MUETTE, par Alexandre Pothey. LAMUETTE! tout le monde en parle, et personnene la connaît. Et pourtant LA MUETTE c'est laconfusion des alarmés. La police I* sait, elle n'ypeut rien faire.

Ce Joli volume, illustré d'une magnifique eau-forte et de charmants eroquis de P. KaufFmann,contient quarante contes nouveaux, scènes pari-siennes, paysages pris sur le vif, écrits avec au-tant de simplicité qae de bonne humeur. LAMUETTE sera bientôt dans toutes le» main» de»amateurs de curiosité» littéraires.

#

Nous avons un joli volume de poésie» : LELIVRE DES BAISERS du eharmant chantre del'amour, Victor Biliaud. Noua en parlerons dan»notre prochain numéro.

L'éditeur Chevalier-Mareseq, 20, rue SonlflotyFaris,vient de publier NOS GRANDS AVOCATS, unlivre de G. Lèbre, un avocat journaliste, qui non»présente les célébrités du barreau.

On trouve dans ca volume, peints avec un talentremarquable,les portraits de maîtres Rousse, Allou,Bétolaud, Oscar Falateuf, Carraby, Cléry, Barboux,Le Besquier, Cresson, Lente, George» Lachaud,Démange, Dariès, etc.

Tous nos lecteurs voudront lire cet intéressantvolume.

î^^âS»aEi£iiiii5iiiLiitiMJit i»iiii«uijiuin«i»iiiiii'iinwiriirM ii'A»MM5iâtt^fe^>^»â!

CHARADEAu malheureux qui pleure, offre au moin» mon pre-

mier;Si l'honneur te réclame, ah ! saisis mon dernier ;Dans Molière, surtout, applaudis mon entier.

Yves ROCHE.

Solution du dernier numéro de la« Bavarde »

Motde l'Enigme :COKSÀ«E.Ont trouvés la solulws, de l'énigme :

Martre Martineaux ; Rachel Mignon ; EugénieSphinx ; Yves Rogne ; Dinesob à Lyon ; Paul Is-son à Toulouse; P. Tard à Paris; Méphisto etTurlurette à Tonnay-Charente ; Léon-Isiiore Rey-nold à Lyon ; Le cercle pe l'habit en l'air à Paris ;Infection à Paris ; Bockibus à Paris ; Komako àParis; Chaud Colas à Paris; Gy-mon-ange à Péris:Augustine et ssn amie Ehénie à Paris ; Quézako àParis ; Chazelle beau blond frisé â Lyon ; un poètetoqué de Rachel Mignon à Lyon ; un employé, 77,place des Jacobins; Sire Occo, ex-abruti de la 13[4et son fumiste Gaston Osward i Bordeaux , Aga-pénon, commis épicier à Nancy ; un groupe debavards à Sedan ; un lecteur pu Comtat vertaissin iVilledieu (Vaucluse) ; Drouoilaet Suiram Engamel-lir, naturels de la tribu des Nyams-Nyams ; MariaFoulard et son amie Olympe, buvette du Clapier;Kacamouchy do Penthierre; duc Rachat de la Ser-rièrardère.

HSB(tB8wtS8BB^SHwHW|8WiiBBBBttHBpBBi

PETITE GORRESPONDAICEDiomédéa à la Frande-Combe, meri, continuez.—

Un lecteur du Comtat vénaissin, trop tard pour enparler, envoyez échos. — Nostradamns i Agen,merci, pour prochain numéro. — B. Félix i Va-lence, ce ne sont pas des demi-mondaines. — Con-trefin à Bagnols, envoyez en prose. — Drauode iLyon, meaci, continuez. .— Inki-Saitout à St-Etien-ne, ce ne sont pas des demi-mondaines.

Futellini à Agen, merci, continuez. — Succes-seur de K. L. U. à Agen, merci, pour prochain nu-méro- — Môme Laguiche à Paris, sommes enchan-tes votre collaboration, * Csncois-tu ça ? > est fortbien et paut-étre insérée. - Un groupe de Sédanais,merci, envoyez encors. — Longue vue ai Havre,merci, continuez. — Rédaction du Havro, merci,comptons sur vous.

Parpaillat à Paris, merci, continuez. — C. Luc-Gégéne à Paris, merci, envoyez encore. — Termina»à Pczénas, merci, continuez. — Armino a Pezéna»,merci, envoyez encore. — Un lecteur assidu à Agen,merci, pour prochain numéro. — Frisquet à Va-lence, merci, centinues envoi». — F. Dsval àOullins, indiquez votre adresse jeune homme carvous été» réellement aimable et nous serions char-més d'avoir un court entretien avec voux.

Libnrnia à Libourne, merci, comptons sw^rous,continuez. — Rataplan i Pincy, merci, continuez.H. Rouleau à Paris, merci, pour prochain numé-ro. — Sapho à St-Eiicnno, merci, continuez. — Ro-muald de Fleurigny à Paris, trèsbian cher collabo-rateur, continuez ainsi. - Rocambele i Bourgoin,mera, continuez. — Marmaph à Toul, merci, en-voyez le plus possible. — Farfadet à Paris, Mercienvoyez envoyez encore. — Mascarille à Paris'merci, comptons sur vous. — Paul Isson i Tou-louse, certainement, recevrons avec plaisir. —Louwfln à Pans, merci, continuez. — Mignon et Mi-gnonne à Chambéry, merci, cemptonssur vous,, nelaites qu une seule correspondance et résumez. —Brelan Carré à Carré, merci, comptons toujour» gurvous. — Francœurà Pont-St-Esprit, ce n'est pas un»demi-mondaine.

Bergonos à St-Elienne, bontinuex. — Ren» àMontauban, continuez envois, — Chevalier de Mont-blase à Agen, merci, comptons sur vous —Cocao, àAgen, merci, continuez. - K. L. U. merci, envoyeztoujours. - K. Olinç *gen, était trop tard pourinsérer. — Fritellini à Agen, merci, comptons swvous. - Masque do fer a Agen, «tant trop tardpour insérer, envoyez autre chose. El Chermo*.lha à loul, impossible insérer cela. — Rémora &Avignon, merci, comptons sur collaboration assidue.~ txalvaudeux à Sedan, merci, continuez. ~ Unevieille cancanière à Toul, uwrài, continuez. - Sar- itnaa Uermont, merci, continuez, résumez le pluspossib e. - J. Tane à Agen, pas de personnagesmasculines s. v. p, — Rjgolboche 4 Nantes, merci,cloimez nous adresse pour vous écrire. - Cervolanda Leuan, avons eéjà correspondance sur le mêmesujet. —Un auditeur à Nancy, est arivés trontardpour être rnsérée. Lettres doivent nous parvenir lalundi. _ Deux roses à Commerey, voua envove*toujours t«p tarît, merci, continuez. ~ Un ami àToul, trot» l„ngl résumez s. v. p. et parlez nous deplusieurs demi-mondaines.

Un du 139', employez expressions trop violenteséd.gez dans un autre style/- Diogène à LOM£1aninier, impossible insérer cela. Parlez nous des

lenn-mondame. _ Mars à Paris, merci continuezJeuxomours à Commerey, merci, contTnueT- Un

lecteur 4 St-Chamond, merci, continuez. — Ajane,nés à Nancy, charaten'est pas juste. — K, C iAnvers, merci, comptons sur vou». — DaVqrarmesà Montpellier, merci, puhlieron» silhouette dan» pro-chain numéro. — Gépalas de cœur à Béziers merci*«omptoas sur 'vou. — Raoul i Paris, merci,' cornu!ton» sur voua. — Jean qui passe à Carea»»oun«*merci, comptons «n. voua. — T Ludovie à Pari»marci, continuez envois. — Richepincaà Paris'merei, coniinuèz. — Maxime Anbry & St-Etienne'merci, comptons sur Vous. — Bravehomme à Saiat-Etienn», mercy, envoyez encore. — Léon Reynoldo Lyon, marci, comptons sur v»us. — Simple iNarbannc, merci, continuez. — Kissa a Narbonnemerci, envoyez encore. — Fabius, pour prochainnuméro. — Un étudiant, merci, aontinues. Muz-zia i St-Etienne, elle sert à la brasserie du Lycée«ous la nom d'Alice. '

Un lecteur bavard à Lyon, pouvez-rous nous don-ner renseignement» pour silhouette Hélène et Jeanne?

CHRONIQUE FinANCIÊREParis, U 9 avril 1883.

La Bourse mauvaise samedi pour nos fonds publicsa peut être été plu» mauvaise encore aujourd'huion s'est sensiblement éloigné des cours rond» da 114*80 et 81 perdus pendant la journée précédent» • «nclôture, le S 0/0 était offert & H3 70, U I 0/0 à79 70, l'Amortissable à 80 57. '

La tendance était i la baisse sur les institutionsd» crédit, la Banque de Francs finit à 8,380, le Fon-cier à 1,330, la Banque de Paris i 1,058.

Peu d'affaires et faiblesse, marqaée sur les «he-min» le Lyon clôture à 1,885, le Midi i 1,118, 1»Nord à 1,890, l'Orléans à 1,237, le Strez est en fort»baisse à 2.612, le Gaz était bien tenu à 1,488.

Les valeurs internationales étaient demandées 1»S 0/0 Italien à 01 45, le 8 0/0 Turc à 13 20l'Unifié» égyptienne i 387, la Banque ottoman» i765.

Les actionnaires de ta Compagnie commercial» d»Transports à vapeur français sont prévenue qu'il Htfait appel du troisième quart, toit 12C franc», sirle» actions. Ce versement devra être effectué le 7 maii Paris, 14, rue de la Victoire.

Les actions de la Compagnie française et commer-ciale du Pacifique portant les numéros 1 à 14,800sur lesquallea le troisième versement de 128 frant»n'a pas été effectué du 40 au 24 mars, seront ven-dues à la Bourse, par le ministère de M. Coaturiaragent de change, le 23 avril et jours soirants. .

Les administrateurs délégués de la Société anonymed» Constructions du Littoral rappellent aux actioi-naires qu'ils ont à effectuer d'ici le 20 avril courantau plus tard, le versement du second quart dû larlear» actions.

L'Imprim eur-Gérant :BRANCION, petite rue de Cuire

UNE MESURE DE PRÉVOYANCESi roas êtes i. l'atelier, & la ferme oa au bur»aa,

partout ««fin, et qu» vous «entez qu» v»tr« corpsa beso n d'être purifié, fortifié ou stimulé, n'attendezpas qu» vous soyez malade, prenez das PilulesSuisses, elle pourront vous sauver la vie.

(.rmiir'i mu. m i.ir^MMMilMiM—