R GION - ZeroWaste Switzerland€¦ · de 8 h 30 12 h) et Porrentruy (H tel de la Gare, rue...

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V Consommer de manière responsable, allonger la durée de vie d’un objet, fa- briquer ses propres produits: des actes qui font partie du quotidien de Natalie Bino, 45 ans, et de sa famille. V Sa conviction s’est ren- forcée suite à la découver- te du mode de vie de Béa Johnson, pionnière du mou- vement Zero Waste (Zéro déchet) à San Francisco. V Cette spécialiste en marketing en passe de se reconvertir en conseillè- re en environnement est l’une des fondatrices (en septembre dernier) et prési- dente de la nouvelle asso- ciation Zero Waste Switzer- land (Zéro déchet suisse). V Avant de donner une conférence dans la capita- le jurassienne la semaine prochaine, elle s’est livrée dans une interview au Quotidien Jurassien. Combien une famille moyenne type avec 2 enfants produit-elle de déchets par an- née en Suisse? Natalie Bino. – On parle de 730 kg de déchets produits par habitant chaque année en Suisse, je vous laisse calcu- ler… Il faut faire une distinc- tion entre déchets incinérés et déchets valorisés ou recyclés, ces derniers représentant un peu plus de la moitié. – Et chez les Bino? – Le 2 juin (hier) nous avons atteint les 5 kg pour toute la fa- mille depuis le début d’année. La poubelle ne nous manque pas, c’est devenu un jeu. Je n’arrive d’ailleurs pas à penser comment on a pu faire avant. Impressionnant, com- ment faites-vous? – Il y a naturellement beau- coup de choses à mettre en œuvre. On évite d’abord tous les types d’emballage. Il n’y a plus que très rarement un go- belet de yaourt à la maison sauf si je n’ai plus de base pour en fabriquer. Il y a ensui- te de nombreuses astuces au quotidien. J’ai par exemple bricolé un moyen pour vider le sac d’aspirateur au compost et ne pas le jeter. À la salle de bains, on utilise seulement des tissus lavables. Les pro- duits ont été convertis en sa- von. On a commencé par l’es- sentiel et on trouve toujours de nouvelles solutions. Pour reprendre l’aspirateur, on a cassé une grande pièce, plutôt que de la jeter, on l’a ramenée au vendeur qui nous l’a rem- placée. Une réflexion nouvelle s’est mise en place autour des produits dans la famille. Une autre étape a été de conserver seulement ce qui nous est es- sentiel. À la cuisine, on a ou- vert les tiroirs et fait le tri en supprimant tout ce que l’on n’a pas utilisé les derniers six mois. Pourquoi avoir un cou- teau à oignon, un couteau à kiwi, alors qu’un bon couteau suffit? – Vous pensez vraiment at- teindre l’objectif de zéro dé- chet? – Il nous reste encore une seule poubelle dans le ména- ge. On va l’éliminer. Mais sup- primer vraiment tous les dé- chets est très compliqué. Lors- que vous achetez des habits, par exemple, il y a toujours de petits clips ou des étiquettes. Cela appelle un changement d’attitude. Je fais des vides dressing ou le swap (l’échan- ge), où l’on amène un sac et l’on repart avec un autre. «J’ai un geek à la maison...» – Vous avez un portable? – Oui, un iPhone. – Quand même... – Mon mari bosse dans les télécoms. J’ai un geek à la mai- son… – N’est-ce pas incompatible avec vos principes? Ces appa- reils sont programmés pour être rapidement obsolescents? – En famille, on préconise les choix intelligents. C’est vrai qu’il faut veiller au côté ré- parable des objets. Je me suis intéressée au fairphone mais les gens qui l’ont rencontrent passablement de soucis. Je vais essayer de tirer mon appa- reil au bout, même si les mises à jour nous poussent à chan- ger. Nos deux enfants de 11 et 12 ans ont leur iPad et c’est tout, ils n’ont pas d’autres ap- pareils à côté. – Vous avez une voiture? – Deux. On vit dans un coin où il en faut, notamment pour les activités des gamins. J’es- saie de mettre sur pied un par- tage de voitures avec les voi- sins mais ce n’est pas simple. On a tous le même problème, chaque famille a deux voitures mais parfois toutes les voitu- res sont au garage. – Ne faut-il pas vivre hors du système pour ne pas produire de déchets? – Plutôt que cela, on revient à un système plus local. On n’est pas pour autant des éco- los babas pantouflards chez nous. On va à la laiterie, à la boucherie. On emmène nos récipients avec nous. Il y a des vaches et des cochons en liber- té chez nos voisins qui sont agriculteurs bio. C’est une fer- me de pionniers qui nous pro- pose des produits bio aux mê- mes prix que les produits de grande surface. – Où voyez-vous à l’échelle de la société le plus grand po- tentiel de valorisation des dé- chets? – Notre association vise à montrer les gestes positifs et non pas à avoir un discours alarmiste sur la société. Il est clair que sans effort de chacun on n’y arrivera pas. Après, cha- cun agit à son niveau de conviction. Mon mari par exemple dit qu’il ne veut pas retourner vivre dans une grot- te (rires)… Chacun fait le geste qu’il peut faire à son échelle. Des économies de 30% – Le discours moralisateur de certains écolos n’est-il pas contre-productif? – Tout scénario catastrophe amène nulle part. Voir un ours polaire amaigri sur la banqui- se me choque et me fait pleu- rer. J’ai dit à mon mari d’étein- dre la télévision dernièrement qui diffusait de telles images. Que puis-je faire face à cela? Le film Demain a montré tout l’intérêt de penser des solu- tions positives. La décroissan- ce est quelque chose d’autre. Ça peut être intéressant pour certains domaines. Mais au- jourd’hui, il ne faut pas rêver, nous n’arriverons pas à stop- per la société. Dès qu’on tou- che à l’argent, c’est un énorme frein. Tant que Coop et Migros n’ont pas d’intérêt financier à développer la vente en vrac, ils ne le feront pas. Personnelle- ment, je pense que la place ac- cordée à l’argent doit être ré- duite. Supprimer les déchets nous a permis de bien moins consommer et de gagner en qualité de vie. – Réduire ses déchets est-il une source d’économies? – Énormément. Nous avons épargné 30% de notre budget familial en changeant de mo- dèle. C’est un point de vue qui ne va pas plaire aux commer- çants. Le marketing est très fort. J’ai travaillé 20 ans dans le milieu et je me fais encore avoir. Propos recueillis par JACQUES CHAPATTE Invitées par la Fondation Arc Jurassien déchets, en collabora- tion avec le SEOD et le SIDP, Nata- lie Bino et Nathalie Senggen (créatrice de l’antenne valaisan- ne) donneront une conférence publique gratuite à Delémont le 9 juin, à 19 h au Centre paroissial l’Avenir à Delémont. ZERO WASTE SWITZERLAND Une famille et (quasi) zéro déchet La famille Bino a produit 5 kg de déchets en tout et pour tout depuis le début 2016. 1. Privilégier les produits que l’on achète en vrac 2. Éviter le plastique Le remplacer par le papier, le tissu ou le carton. Les chutes de tissu peuvent être recyclées (des bacs existent même chez H&M) 3. Se désabonner et/ou refuser les courriers et magazines que l’on reçoit par poste et que l’on n’a pas sollicités 4. Prendre une bouteille d’eau avec soi. «L’eau est bonne en Suisse, profitons-en!» 5.Retourner au marché hebdomadaire 6. Retourner aux mouchoirs en tissu Pas forcément la 1 ère mesure à prendre, destinée aux convaincus aguerris 7.Faire ses produits soi-même Mélange savon de marseille –bicarbonate par exemple pour la lessive 8. Fréquenter les boutiques de seconde main 9. Favoriser les échanges (même sur la toile) 10. Cultiver son jardin et faire ses conserves Dix astuces pour limiter ses déchets

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«Certains modèles tels que des Mowagdatant du début des années 1980sont parfois compliqués à manœuvrer.»Michael Werder, responsable de la communicationde la Société des sapeurs-pompiers du canton (SSPJU)

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de DelémontDistrict

de PorrentruyFranches-

Montagnes Jura bernoisCantondu Jura

Le Quotidien Jurassien | Vendredi 3 juin 2016 | 3

VConsommer de manièreresponsable, allonger ladurée de vie d’un objet, fa-briquer ses propres produits:des actes qui font partie duquotidien de Natalie Bino,45 ans, et de sa famille.VSa conviction s’est ren-forcée suite à la découver-te du mode de vie de BéaJohnson, pionnière du mou-vement Zero Waste (Zérodéchet) à San Francisco.VCette spécialiste enmarketing en passe dese reconvertir en conseillè-re en environnement estl’une des fondatrices (enseptembre dernier) et prési-dente de la nouvelle asso-ciation Zero Waste Switzer-land (Zéro déchet suisse).VAvant de donner uneconférence dans la capita-le jurassienne la semaineprochaine, elle s’est livréedans une interviewau Quotidien Jurassien.

– Combien une famillemoyenne type avec 2 enfantsproduit-elle de déchets par an-née en Suisse?

Natalie Bino. – On parle de730 kg de déchets produits parhabitant chaque année enSuisse, je vous laisse calcu-ler… Il faut faire une distinc-tion entre déchets incinérés etdéchets valorisés ou recyclés,ces derniers représentant unpeu plus de la moitié.

– Et chez les Bino?– Le 2 juin (hier) nous avons

atteint les 5 kg pour toute la fa-mille depuis le début d’année.La poubelle ne nous manquepas, c’est devenu un jeu. Jen’arrive d’ailleurs pas à pensercomment on a pu faire avant.

– Impressionnant, com-ment faites-vous?

– Il y a naturellement beau-coup de choses à mettre enœuvre. On évite d’abord tousles types d’emballage. Il n’y aplus que très rarement un go-belet de yaourt à la maisonsauf si je n’ai plus de basepour en fabriquer. Il y a ensui-te de nombreuses astuces au

quotidien. J’ai par exemplebricolé un moyen pour vider lesac d’aspirateur au compost etne pas le jeter. À la salle debains, on utilise seulementdes tissus lavables. Les pro-duits ont été convertis en sa-von. On a commencé par l’es-sentiel et on trouve toujoursde nouvelles solutions. Pourreprendre l’aspirateur, on acassé une grande pièce, plutôtque de la jeter, on l’a ramenéeau vendeur qui nous l’a rem-placée. Une réflexion nouvelles’est mise en place autour desproduits dans la famille. Uneautre étape a été de conserverseulement ce qui nous est es-sentiel. À la cuisine, on a ou-vert les tiroirs et fait le tri ensupprimant tout ce que l’onn’a pas utilisé les derniers sixmois. Pourquoi avoir un cou-teau à oignon, un couteau àkiwi, alors qu’un bon couteausuffit?

– Vous pensez vraiment at-teindre l’objectif de zéro dé-chet?

– Il nous reste encore uneseule poubelle dans le ména-ge. On va l’éliminer. Mais sup-primer vraiment tous les dé-chets est très compliqué. Lors-que vous achetez des habits,par exemple, il y a toujours de

petits clips ou des étiquettes.Cela appelle un changementd’attitude. Je fais des videsdressing ou le swap (l’échan-ge), où l’on amène un sac etl’on repart avec un autre.

«J’ai un geekà la maison...»

– Vous avez un portable?– Oui, un iPhone.– Quand même...– Mon mari bosse dans les

télécoms. J’ai un geek à la mai-son…

– N’est-ce pas incompatibleavec vos principes? Ces appa-reils sont programmés pourêtre rapidement obsolescents?

– En famille, on préconiseles choix intelligents. C’estvrai qu’il faut veiller au côté ré-parable des objets. Je me suisintéressée au fairphone maisles gens qui l’ont rencontrentpassablement de soucis. Jevais essayer de tirer mon appa-reil au bout, même si les misesà jour nous poussent à chan-ger. Nos deux enfants de 11 et12 ans ont leur iPad et c’esttout, ils n’ont pas d’autres ap-pareils à côté.

– Vous avez une voiture?– Deux. On vit dans un coin

où il en faut, notamment pourles activités des gamins. J’es-

saie de mettre sur pied un par-tage de voitures avec les voi-sins mais ce n’est pas simple.On a tous le même problème,chaque famille a deux voituresmais parfois toutes les voitu-res sont au garage.

– Ne faut-il pas vivre hors dusystème pour ne pas produirede déchets?

– Plutôt que cela, on revientà un système plus local. Onn’est pas pour autant des éco-los babas pantouflards cheznous. On va à la laiterie, à laboucherie. On emmène nosrécipients avec nous. Il y a desvaches et des cochons en liber-té chez nos voisins qui sontagriculteurs bio. C’est une fer-me de pionniers qui nous pro-pose des produits bio aux mê-mes prix que les produits degrande surface.

– Où voyez-vous à l’échellede la société le plus grand po-tentiel de valorisation des dé-chets?

– Notre association vise àmontrer les gestes positifs etnon pas à avoir un discoursalarmiste sur la société. Il estclair que sans effort de chacunon n’y arrivera pas. Après, cha-cun agit à son niveau deconviction. Mon mari parexemple dit qu’il ne veut pas

retourner vivre dans une grot-te (rires)… Chacun fait le gestequ’il peut faire à son échelle.

Des économies de 30%– Le discours moralisateur

de certains écolos n’est-il pascontre-productif?

– Tout scénario catastropheamène nulle part. Voir un ourspolaire amaigri sur la banqui-se me choque et me fait pleu-rer. J’ai dit à mon mari d’étein-

dre la télévision dernièrementqui diffusait de telles images.Que puis-je faire face à cela?Le film Demain a montré toutl’intérêt de penser des solu-tions positives. La décroissan-ce est quelque chose d’autre.Ça peut être intéressant pourcertains domaines. Mais au-jourd’hui, il ne faut pas rêver,nous n’arriverons pas à stop-per la société. Dès qu’on tou-che à l’argent, c’est un énormefrein. Tant que Coop et Migrosn’ont pas d’intérêt financier àdévelopper la vente en vrac, ilsne le feront pas. Personnelle-ment, je pense que la place ac-cordée à l’argent doit être ré-duite. Supprimer les déchetsnous a permis de bien moinsconsommer et de gagner enqualité de vie.

– Réduire ses déchets est-ilune source d’économies?

– Énormément. Nous avonsépargné 30% de notre budgetfamilial en changeant de mo-dèle. C’est un point de vue quine va pas plaire aux commer-çants. Le marketing est trèsfort. J’ai travaillé 20 ans dansle milieu et je me fais encoreavoir.

Propos recueillis parJACQUES CHAPATTE

Invitées par la Fondation ArcJurassien déchets, en collabora-tion avec le SEOD et le SIDP, Nata-lie Bino et Nathalie Senggen(créatrice de l’antenne valaisan-ne) donneront une conférencepublique gratuite à Delémont le9 juin, à 19 h au Centre paroissiall’Avenir à Delémont.

n ZERO WASTE SWITZERLAND

Une famille et (quasi) zéro déchet

La famille Bino a produit 5 kg de déchets en tout et pour tout depuis le début 2016.

n1. Privilégier les produits que l’on achète en vrac

n2. Éviter le plastiqueLe remplacer par le papier, le tissu ou le carton. Les chutes de tissu peuventêtre recyclées (des bacs existent même chez H&M)

n3. Se désabonner et/ou refuser les courriers et magazinesque l’on reçoit par poste et que l’on n’a pas sollicités

n4. Prendre une bouteille d’eau avec soi.«L’eau est bonne en Suisse, profitons-en!»

n5.Retourner au marché hebdomadaire

n6. Retourner aux mouchoirs en tissuPas forcément la 1ère mesure à prendre, destinée aux convaincus aguerris

n7.Faire ses produits soi-mêmeMélange savon de marseille –bicarbonate par exemple pour la lessive

n8. Fréquenter les boutiques de seconde main

n9. Favoriser les échanges (même sur la toile)

n10. Cultiver son jardin et faire ses conserves

Dix astuces pour limiter ses déchets

INITIATIVE DU PCSI

C’était du juste: 2006 signatures reconnues valablesmer ce résultat. Le texte de-mande l’introduction de pres-tations complémentaires pourles familles modestes. Le Parle-ment devra se prononcer sur lavalidité de l’initiative quant aufond. Cas échéant, il aura deuxans pour la satisfaire en approu-vant les bases légales ad hoc. GM

EMPLOI

Moyens renforcés dans la lutte contre le chômageindividualisée. Le dispositif,orienté sur les besoins du mar-ché du travail, offre égalementun éventail de services spécifi-ques aux employeurs. La Confé-dération finance 70% des dé-penses dans le cadre de l’assu-rance-chômage, le solde étantpris en charge paritairementpar l’État et les communes. GM

DELÉMONT ET PORRENTRUY

Cours «rester mobile»Pour «être mobile avec lestransports publics», un coursest proposé aux aînés le mercre-di 8 juin à Delémont (locaux deCarPostal, place de la Poste 4,de 8 h 30 à 12 h) et Porrentruy(Hôtel de la Gare, rue Gustave-Amweg 45, de 13 h 30 à 17 h).Inscription obligatoire jusqu’au6 juin: Pro Senectute, Delé-mont, & 032 886 83 39. GMen

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Le Gouvernement a constaté lavalidité formelle de l’initiativepopulaire «Prestations complé-mentaires pour les familles» dé-posée le 14 avril dernier à laChancellerie par des membresdu PCSI. Vu le nombre de signa-tures valables, de 2006 (il enfallait 2000), trois décomptesont été effectués par trois per-sonnes différentes pour confir-

Dans un contexte économiqueincertain et difficile, le Gouver-nement a engagé deux collabo-rateurs supplémentaires à l’Of-fice régional de placement(ORP). Il consacrera des moyensfinanciers accrus (au total 12millions de francs, 300 000 fr.de plus qu’en 2015) pour pré-venir le chômage et accompa-gner les chômeurs de manière