Qui nage dans le sens du courant fait rire les crocodiles. · peux vous conter ces histoires encore...

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Contes « Ô trésor » Fête de la science 2011 1 Une parole est comme l'eau qui coule, elle ne se ramasse pas avec les doigts. (mais se boit avec sagesse) proverbe indien Sur les vagues de l’océan dansait une coquille de noix et dans cette coquille, devinez ce qu’il y avait… une multitude d’histoires. D’où elle venait ? Je ne l’ai jamais su, je l’ai prise, je l’ai brisé sans hésitation cette noix ! Et puis je peux vous conter ces histoires encore remplies d’embruns… Qui nage dans le sens du courant fait rire les crocodiles. Le secret des poissons Conte des Comores Autrefois, raconte-t-on, la mer était inhabitée, car les poissons vivaient parmi les animaux de la forêt. Ils se tenaient debout et marchaient fièrement sur leur queue ! Un jour, Lion, le vieux roi réunit l’ensemble des animaux et leur dit - Mes amis, la princesse est en âge de se marier. Elle épousera celui qui réussira à m’offrir la plus belle des dots : LA LUNE ! Les singes grimpèrent sur les cocotiers géants, et sautèrent pour attraper la lune. Mais ils retombèrent et se firent sérieusement mal aux fesses ! AÏE ! AÏE ! AÏE ! Les oiseaux volèrent haut, très haut, pour recueillir la lune ;, mais ils manquèrent d’air et retombèrent sur la terre en se faisant sérieusement mal aux ailes ! AÏE ! AÏE ! AÏE ! Les tigres montèrent sur les hautes montagnes, bondirent pour saisir la lune, mais tombèrent et se firent sérieusement mal aux pattes ! AÏE ! AÏE ! AÏE ! Les animaux réfléchirent longtemps, mais aucun ne trouva le moyen d’offrir la lune au vieux roi. Il n’y a que le chef des poissons qui eut une idée. Il appela ses congénères, et leur chuchota : - Mes frères, j’ai un secret ! En réalité, la lune ne se trouve pas au ciel. Suivez-moi ! Et tous les poissons suivirent leur chef. (Chanson des poissons à la queue leu leu) Les singes qui se soignaient les fesses les virent passer et leur demandèrent : - Où allez-vous ainsi, amis Poissons ? - Nulle part, nulle part ! Répondirent en chœur les poissons, avant de poursuivre leur chemin. Mais Lièvre, qui était malin et curieux avait entendu la conversation et commença à suivre les poissons tout en restant caché dans les fourrés !

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Contes « Ô trésor » Fête de la science 2011

1

Une parole est comme l'eau qui coule, elle ne se ramasse pas avec les doigts. (mais se boit avec sagesse) proverbe indien

Sur les vagues de l’océan dansait une coquille de noix et dans cette coquille,

devinez ce qu’il y avait… une multitude d’histoires. D’où elle venait ? Je ne

l’ai jamais su, je l’ai prise, je l’ai brisé sans hésitation cette noix ! Et puis je

peux vous conter ces histoires encore remplies d’embruns…

Qui nage dans le sens du courant fait rire les crocodiles.

Le secret des poissons Conte des Comores

Autrefois, raconte-t-on, la mer était inhabitée, car les poissons vivaient parmi les

animaux de la forêt. Ils se tenaient debout et marchaient fièrement sur leur queue !

Un jour, Lion, le vieux roi réunit l’ensemble des animaux et leur dit

- Mes amis, la princesse est en âge de se marier. Elle épousera celui qui réussira à

m’offrir la plus belle des dots : LA LUNE !

Les singes grimpèrent sur les cocotiers géants, et sautèrent pour attraper la lune. Mais

ils retombèrent et se firent sérieusement mal aux fesses ! AÏE ! AÏE ! AÏE !

Les oiseaux volèrent haut, très haut, pour recueillir la lune ;,

mais ils manquèrent d’air et retombèrent sur la terre en se faisant sérieusement mal aux

ailes ! AÏE ! AÏE ! AÏE !

Les tigres montèrent sur les hautes montagnes, bondirent pour saisir la lune, mais

tombèrent et se firent sérieusement mal aux pattes ! AÏE ! AÏE ! AÏE !

Les animaux réfléchirent longtemps, mais aucun ne trouva le moyen d’offrir la lune au

vieux roi.

Il n’y a que le chef des poissons qui eut une idée.

Il appela ses congénères, et leur chuchota :

- Mes frères, j’ai un secret ! En réalité, la lune ne se trouve pas au ciel. Suivez-moi !

Et tous les poissons suivirent leur chef. (Chanson des poissons à la queue leu leu) Les

singes qui se soignaient les fesses les virent passer et leur demandèrent :

- Où allez-vous ainsi, amis Poissons ?

- Nulle part, nulle part ! Répondirent en chœur les poissons, avant de poursuivre leur

chemin.

Mais Lièvre, qui était malin et curieux avait entendu la conversation et commença à

suivre les poissons tout en restant caché dans les fourrés !

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Plus loin, ceux-ci rencontrèrent les oiseaux qui se soignaient les ailes.

- Où allez-vous comme ça, amis Poissons ? Demandèrent les oiseaux

- Nulle part, nulle part ! Répondirent en chœur les poissons, avant de poursuivre leur

chemin

Lièvre, de plus en plus sûr qu’ils cachaient quelque chose, continua de les suivre.

Plus loin encore, ils croisèrent les tigres qui se soignaient les pattes :

- Où allez-vous ainsi, amis Poissons ? Demandèrent les tigres

- Nulle part, nulle part ! Répondirent en chœur les poissons, avant de poursuivre leur

chemin

Avec Lièvre sur leur talon, ils arrivèrent enfin au bord de la mer.

Là, le chef des poissons confia aux autres poissons :

- En vérité, mes frères, la lune se cache au fond de la mer. Regardez

Et, en effet, la lune brillait au fond de la mer !

Heureux d’avoir trouvé la solution ignorée de tous les autres animaux, les poissons se

jetèrent dans l’océan pour pêcher la lune.

Bien sur, Lièvre avait tout vu et tout entendu.

Il attendit un petit moment pour voir si les poissons ressortaient avec la lune…

Puis, s’approchant du bord de l’eau, il comprit tout à coup ce que les poissons avaient

vu, et il partit à toute vitesse chercher une calebasse, la remplit d’eau et accourut au

château en hurlant :

- J’ai capturé la lune ! J’ai capturé la lune !

Le roi sortit de son palais, et tous les animaux se rassemblèrent.

Lièvre présenta sa calebasse d’eau, dans laquelle, bien sur, la lune se reflétait.

Alors le vieux lion déclara solennellement :

- Lièvre, tu m’as offert la lune dans une calebasse et je t’en remercie. Tu épouseras donc

ma fille !

En réalité, le vieux roi savait pertinemment que nul ne pouvait décrocher la lune. Il

cherchait simplement l’animal le plus malin, qui l’honorerait en devenant son gendre !

Alors que tous les animaux fêtaient les noces de Lièvre avec la belle princesse, les

poissons cherchaient toujours la lune au fond de la mer, et il semble qu’ils la cherchent

toujours !

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Traverse la rivière avant d'insulter le crocodile

Les mauvais amis conte du mali

Le crocodile et le chien sont de bons amis. Ils se fréquentent et s’entraident.

Un jour de fête, le chien invite le crocodile à partager un bon repas de haricots. - Des haricots ! J’accepte volontiers de les partager avec toi, dit le crocodile. Chienne, l’épouse du chien, présente donc à l’hôte un plat bien garni. Mais avant de manger le chien lui dit : - Il est une coutume chez moi : pour manger il faut que l’invité soit assis. Mais le crocodile n’arrive pas à s’asseoir. Il essaie, mais hélas épuisé et humilié il rentre chez lui, abandonnant le chien et la chienne qui, très contents, mangent les haricots à sa place.

Le crocodile, à son tour, prépare un bon couscous lors de son anniversaire et invite son ami le chien. Ce dernier arrive tôt avec sa femme. L’odeur de la sauce se répand et emplit la maisonnée. - Ça sent vraiment bon, dit le chien - Oui, bientôt nous nous mettrons à table, mais commencez déjà à sécher vos museaux car ce repas d’anniversaire, pour le manger, il faut être propre. Malheureusement, le chien a toujours le nez mouillé. Chien et chienne sortent au soleil pour exposer leurs museaux. Mais rien ne change. Le soir, ils ont toujours le nez mouillé. Alors le crocodile mange seul son délicieux plat.

Furieux, le chien quitte son ami en jurant : - Gare à toi, si je te trouve hors de l’eau ! - Le crocodile répond au chien, gare à toi aussi si je te trouve autour de mes mares !

« Sommes nous des amis, ou sommes nous des ennemis ? »

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Un homme sage, c'est une calebasse pleine.

L’enfant fleur conte de la Côte d’ivoire

Je m'appelle Victor Ndae, de la tribu Etangi, J'ai grandi dans la case de ma mère, sur les collines noires de Mokobe. Lorsque j'étais enfant,la pluie ne tombait jamais. La terre de mon village était sèche et caillouteuse, couverte d'épines et de broussailles; A un bout, le mont de Mokobe couvert de rochers noirs, à l'autre, le Morongo hérissé d'aloès.".. Les femmes de chez nous ont toujours été très belles : jambes longues et droites du genou à la cheville, couvertes de robes, ornées de coquillages. De toute, Solène était la plus jolie, mais elle ne pouvait pas avoir d’enfant, et au village, les gens se moquaient d’elle. Autour de Mokobé, aucun marigot, mais un puits creusé par les anciens dans les cailloux de Morongo. On raconte qu’un matin où il faisait très chaud, alors que Solène venait chercher de l’eau, une vielle femme fatiguée s’approcha d’elle :

- Petite, donne moi à boire, j’ai la gorge sèche et sèche comme une pierre. Solène lui tendit sa calebasse remplie d’eau et la vieille but longuement.

- - Tu es généreuse petite. Moi aussi je vais l’être avec toi. Tu rêves d’avoir un enfant, je le sais, je le sens…

- Et bien réjouis-toi ! Dans 9 mois, un enfant courra dans ta case ! - Ce sera ton fils, il fera ton bonheur et celui de ton mari. - MAIS ATTENTION ! PRESERVE LE BIEN DE LA PLUIE !

Ces mots effrayèrent la jeune fille qui courut se cacher au village. La vieille était sans doute une sorcière : au fil des lunes, le ventre de Solène s’arrondit. Quand arriva la nouvelle lune, l’enfant cria dans sa case. Aussitôt, il se saisit du tam-tam de son père et se mit à jouer. On l’appela Nanema, celui qui chante. Et dès qu’il jouait du Tam-tam, les enfants, les femmes, les hommes venaient vers lui pour l’écouter et danser, comme envoutés. Dans le vent chaud et sec qui montait du désert, il jouait du tam-tam, il jouait du tam-tam tous les soirs à sa mère, il en jouait pour les fêtes du village. Dans le pays, tous savaient qu’à Mokobé, un petit garçon jouait du tam-tam et que sa musique était comme un chant d’oiseau. Le jour de ses 20 ans, il tomba amoureux ! Il offrit cinquante vaches et presque autant de chèvres à Nangaï le forgeron, pour lui demander sa fille en mariage. Une grande joie se répandit dans tout le pays et l’on se pressa pour les noces ! Mais Solene s’inquiétait. Elle aurait voulu que Nanema, n’emporte pas de tam-tam à la fête, ni de balafon, ni de bambolon, comme tout autre instrument de musique. Elle craignait, qu’il arrive un malheur. Le jeune homme ne voulut pas écouter sa mère. N’était-il pas le plus grand joueur de tam-tam du pays ? Qu allait-on dire s’il ne jouait pas pour remercier les gens venus à son mariage ? Alors sur la colline, Nanéma joua et joua longtemps….

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Il prit la kora de son père et souffla dans la flûte enchanteresse, pinça la sunza et fit résonner son tam-tam. Autour de lui, les hommes, les femmes, les enfants, dansaient, comme envoutés Le vent porta son chant au-delà du pays et de partout, oiseaux et animaux vinrent l’écouter et danser comme envoutés. Alors, il se passa quelque chose d’incroyable ! Que les anciens m’en soient témoins : les nuages quittèrent leurs monts et forêts pour venir l’écouter, et eux aussi, danser comme envoutés. Que ta musique est belle, Nanéma , semblait souffler les nuages, tu donnes de l’amour à la terre entière ! Accepte notre amour en partage . ET POUR LA PREMIERE FOIS, LA PLUIE TOMBA SUR MOKOBE ! Nanéma, touché par l’eau de pluie, disparut en 1 éclair. Aussitôt, la terre se gorgea d’eau, l’herbe poussa et les buissons fleurirent. Les arbres se couvrirent de fruits, les oiseaux vinrent trouver refuge sous leurs feuillages. De l’amour des nuages, Nanéma s’était changé en fleur, oui ! Je m'appelle Victor Ndae, de la tribu Etangi, et dans ce pays où il fait bon vivre, on raconte que depuis, en souvenir de Nanema, les hommes cueillent les fleurs pour les offrir aux femmes qu'ils aiment

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Ne jette pas la provision d'eau de ta jarre parce que la pluie s'annonce.

L'eau de la terre conte australien

Une grenouille vivait au bord d'un trou rempli d'eau, près d'un ruisseau. C'était une

petite grenouille verte, discrète, ordinaire. Elle avait envie de devenir extraordinaire et

réfléchissait au moyen de se faire remarquer. À force d'y penser, elle eut une idée. Elle

se mit à boire l'eau de son trou, à boire, à boire…, et elle la but jusqu'à la dernière

goutte ! Et elle commença à grossir. Ensuite elle se mit à boire l'eau du ruisseau, à boire,

à boire…, et elle la but jusqu'à la dernière goutte ! Et elle grossissait de plus en plus. En

suivant le lit du ruisseau, elle arriva à la rivière, et elle se mit à boire l'eau de la rivière, à

boire, à boire…, et elle la but jusqu'à la dernière goutte ! Et comme la rivière se jetait

dans le fleuve, elle alla près du fleuve, et elle se mit à boire l'eau du fleuve, à boire, à

boire…, et elle la but jusqu'à la dernière goutte !

Et la grenouille gonflait, gonflait !

Comme le fleuve se jetait dans la mer, la grenouille alla jusqu'au bord de la mer, et elle

se mit à boire l'eau de la mer, à boire, à boire…, et elle la but jusqu'à la dernière goutte

qui était la dernière goutte d'eau de toute la terre. Son ventre, ses pattes, sa tête étaient

gorgés d'eau, et même ses yeux, qui devinrent tout globuleux. La petite grenouille était

maintenant extraordinaire, gigantesque ; sa tête touchait le ciel !

Les plantes avaient soif, les animaux avaient soif, et les hommes aussi avaient

terriblement soif. Alors tous se réunirent pour chercher un moyen de récupérer l'eau de

la terre.

« Il faut qu'elle ouvre sa large bouche afin que l'eau rejaillisse sur la terre.

– Si on la fait rire, dit quelqu'un, elle ouvrira la bouche, et l'eau débordera.

– Bonne idée » dirent les autres.

Ils préparèrent alors une grande fête, et les animaux les plus drôles vinrent du monde

entier. Les hommes firent les clowns, racontèrent des histoires drôles. En les regardant,

les animaux oublièrent qu'ils avaient soif, les enfants aussi. Mais la grenouille ne riait

pas, ne souriait même pas. Elle restait impassible, immobile. Les singes firent des

acrobaties, des grimaces, dansèrent, firent les pitres. Mais la grenouille ne bougeait pas,

ne riait pas, ne faisait même pas l'esquisse d'un sourire.

Tous étaient épuisés, assoiffés, quand arriva une petite créature insignifiante, un petit

ver de terre, qui s'approcha de la grenouille. Il se mit à se tortiller, à onduler. La

grenouille le regarda étonnée. Le petit ver se démena autant qu'il put. Il fit une

minuscule grimace, et… la grenouille éclata de rire, un rire énorme qui fit trembler tout

son corps ! Elle ne pouvait plus s'arrêter de rire, et les eaux débordèrent de sa bouche

grande ouverte. L'eau se répandit sur toute la terre, et la grenouille rapetissa, rapetissa.

La vie put recommencer, et la grenouille reprit sa taille de grenouille ordinaire. Elle

garda juste ses gros yeux globuleux, en souvenir de cette aventure.

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Le crocodile sort du fleuve et lèche la rosée.

Le diadème de rosée conte chinois

Dans une contrée lointaine, régnait un puissant empereur.

Sa fille était d'une très grande beauté.

Tous les pays alentour célébraient ses grâces.

Mais de nombreux admirateurs parlaient aussi

De sa vanité et de son orgueil incommensurables.

Elle ne consentait à porter que les étoffes les plus fines,

Ornés des bijoux les plus rares et des perles les plus précieuses.

Les joailliers du monde entier apportaient à ses pieds leurs plus beaux joyaux

Et les pêcheurs plongeaient dans les insondables profondeurs de la mer

Pour recueillir les perles les plus grosses et les plus pures.

Mais la princesse n'en faisait aucun cas.

Elle enviait la beauté des fleurs

Et souffrait de ne pouvoir s'égaler à l'éclat des étoiles.

Une nuit, ne pouvant trouver le sommeil,

Elle se lève et se retrouva pieds nus dans les jardins de l'empereur.

A ce moment, le soleil apparaît au-dessus de l'horizon

Et ses rayons viennent illuminer les gouttes de rosées,

Qui décorent les herbes, les feuilles et les fleurs.

Les oiseaux ont interrompu leur chant sous l'effet de ce ravissement.

On aurait cru que tous les trésors du monde venaient de s’ouvrir

La terre resplendissait d’un tel éclat que la princesse en était éblouie jusqu’à en sentir la

tête lui tourner

" Quelle merveille ! " soupire la princesse.

Elle se précipite vers son père

Et lui adresse une ardente prière :

" Mon père, il me faut un diadème de rosée, sinon j'en mourrai. "

Le vieil homme ne sait pas résister aux caprices de sa fille.

Il fait venir tous les joailliers du monde entier

Et leur enjoint d'exécuter, pour le lendemain, sous peine de mort,

Le diadème de rosée, que désire la princesse.

Les malheureux quittent le palais,

Plongés dans le plus profond désespoir.

Ils prennent congé des êtres qu'ils chérissent

Et se préparent à mourir.

Il n'est pas au pouvoir des mortels de fabriquer un bijou de cette sorte.

Quand le jour se lève, les artisans désespérés entrent au palais.

" Apportez-vous le diadème de rosée ? " gronde l'empereur.

" Grâce, Majesté, crient les infortunés !

Nos mains ne peuvent fabriquer ce joyau. "

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La princesse entre en fureur

Et l'empereur est sur le point de livrer les joailliers au bourreau.

A ce moment, on remarque, dans l'encoignure de la porte, un vieillard inconnu.

Il dit d'une voix chevrotante :

" Glorieux empereur, je satisferai les désirs de ta fille.

Qu'elle recueille elle-même les gouttes de rosées les plus grosses et les plus brillantes

Et je lui confectionnerai le joyau dont elle rêve. "

Plein d'espoir, la princesse se précipite dans le jardin

Pour recueillir les plus grosses et les plus brillantes gouttes de la rosée matinale.

Dès qu'elle les touche, toutes disparaissent dans sa main.

L'orgueilleuse jeune fille parcourt le jardin en tous sens,

Se penche sur chaque feuille et sur chaque brin d'herbe,

S'efforce de recueillir les précieuses gouttelettes.

Mais ses mains restent vides.

" Hâte-toi, dit le vieillard,

Que je puisse me mettre à l'ouvrage.

Si tu m'apportes une pleine poignée de gouttes de rosée,

Je t'en ferai un diadème plus beau que celui que porte la reine des cieux.

- Je ne peux pas, bon vieillard, recueillir les gouttes de rosée.

Dès que j'y porte la main, elles disparaissent, gémit la princesse. "

Le sourire du vieillard s'efface de son visage et il reprend, d'un ton sévère :

" Retourne au palais et dis à ton père

De te faire couper la tête en même temps que celle des joailliers.

Tu n'as pas réussi à accomplir

Ce que tu exigeais des autres, sous peine de mort. "

La princesse se met à rougir

Et le vieillard se confond avec les rayons du soleil.

" Je ne veux plus de diadème de rosée ! s'écrie la princesse.

J'étais une malheureuse sotte ! "

Alors le vieillard se reprend à sourire.

Il caresse les cheveux de la jeune fille et disparaît pour de bon.

Et l'intraitable princesse ?

Elle n'est plus orgueilleuse.

Sa vanité s'est dissipée avec la rosée du matin.

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Si une aiguille est tombée dans un puits, ceux qui regardent le fond sont plus nombreux que ceux qui descendent.

Le bol à thé de la princesse conte vietnamien

Il était une fois, une princesse, la plus belle qui n’ait jamais existée, tellement belle

qu’elle avait désespéré les peintres qui voulaient faire son portrait, c’était la fille unique

d’un puissant seigneur

Elle s’appelait My Nuong, elle était très belle. Comme toutes les autres filles de son rang,

elle était toujours cloîtrée dans son palais situé au sommet d’une montagne et

perpétuellement entouré de gros nuages. Elle s’ennuyait avec élégance comme toute

bonne princesse bien éduquée, elle consacrait tout son temps à la peinture, la broderie et

à la poésie. Elle se mettait souvent à la fenêtre pour admirer le paysage et regarder l'eau

du fleuve rouge qui coulait jusqu'en contrebas.

Un beau jour, elle fut séduite par une musique mélodieuse et mélancolique qui montait

du fleuve. C'était celle d'un pêcheur sur sa barque qui jouait en attendant le poisson, et

tirait son filet. Elle commençait à prendre l'habitude de l'écouter. Cette musique était si

envoûtante qu'elle commençait à bercer son âme jusque-là insensible. C'était comme un

rendez-vous qu'elle avait avec ce pêcheur.

Un beau matin, cette musique se tut. Ce silence la rendit malade. Elle fut complètement

alitée et aucun médecin n'arriva à déterminer les causes de sa maladie.

Puis, un jour, la musique s'éleva de nouveau. Elle était si mélodieuse que My Nuong

reprit ses forces et retrouva sa beauté. Elle redevint heureuse à la grande joie de son

père. Celui-ci commença à découvrir la cause de son mal. Elle fut replongée dans la

léthargie désespérée chaque fois que cette musique cessait.

Son père finit par rechercher ce pêcheur et l’invita à faire un concert auprès de sa fille

malade. La princesse se persuadait que la musique la plus belle du monde ne pouvait

être jouée que par le musicien le plus beau du monde également.

Elle voulu mettre sa plus belle robe et se parer de ses plus beaux bijoux, avoir la plus

belle coiffure, être la plus belle des plus belles. Tous ses serviteurs, son père s’extasièrent

devant tant de beauté.

Quelle ne fut pas la déception de la princesse quand apparu devant elle non pas le plus

beau musicien dont elle rêvait, mais le plus laid de tousles hommes qu’elle n’ait jamais

vu !

Ce pauvre garçon était tellement laid que cela effraya My Nuong. De ce jour, le charme

de la musique dont l'absence la rendait malade disparut. Elle commença à oublier cette

habitude et reprit une vie normale.

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Par contre, la vie fut bouleversée complètement pour ce pauvre pêcheur, Truong Chi.

Celui-ci menait jusque-là une vie paisible et n'avait aucun souci autre de pécher ses

poissons le long du fleuve.

Il tomba amoureux de la gracieuse My Nuong lors de cette rencontre, mais dû

redescendre chez lui en bas, tout en bas en dessous de tous ces lourds nuages Il savait

que cet amour était sans espoir.

Il traina quelque temps sa lassitude, jusqu’au jour où il pris sa décision, il monta dans sa

vielle barque avec son instrument de musique, et se laissa dériver au large, il se mit à

jouer des airs tellement tristes que chaque note ressemblait à un sanglot, les nuages

noircirent de plus belles, un orages éclata, la pluie frappa le fleuve rouge, la vallée, et le

sommet de la montagne. C’est alors, qu’il glissa hors de sa barque et sombra dans le

fleuve rouge , où il mourut noyé.

Emporté par le courant il échoua dans le sable.

Son corps fut enterré au bord du fleuve, à côté d'un arbre.

Un jour, lors d'une crue violente, les berges furent ravagées par le fleuve. Sa tombe fut

complètement dévastée.

On trouva à cet endroit une boule de jade d'une pureté magnifique. Selon les gens de ce

coin, il s'agissait bien du corps du pêcheur qui s'était transformé en cette boule. Attiré

par la splendeur et la beauté de cette boule lors de son passage dans ce coin, le père de

My Nuong réussit à l'acheter à prix d'or.

Il fit tailler cette boule un joli bol à thé qu’il offrit à sa fille pour son anniversaire.

Quand celle-ci y versa du thé, tout à coup elle entendit une musique étrange et

mélodieuse résonant quelque part.

C’est alors qu’elle aperçut au milieu du bol un point noir qui grossissait, en même temps

que la musique devenait de plus en plus forte, en réalité c’était une image, celle d’une

barque qui avançait vers elle, dans cette barque il y avait un musicien qui jouait de la

musique avec un grand chapeau, il releva la tête et sous le chapeau, émue, elle reconnut

son pêcheur. Dans ses yeux il y avait toute la tristesse du monde. Il lui tendit la main, My

Nuong commença à pleurer. Ses larmes tombèrent dans le bol. Puis sans qu’elle ne put

résister elle lui tendit la main, sa main à elle, la main du pêcheur se referma sur elle Par

enchantement, la princesse se désagrégea et disparut. L'âme du pêcheur fut ainsi libérée

de son désespoir.

Plus personne ne revit la princesse, encore aujourd’hui près du fleuve on peut encore

entendre peu avant les soirs d’orage, de douces mélodies et certains ont cru reconnaitre

le chant mélodieux de My Nuong.

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Contes « Ô trésor » Fête de la science 2011

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La vie est comme l'eau dans une pirogue : elle va d'un côté à l'autre.

Le pêcheur et la baleine Conte inuit

Un pêcheur s’en revenait presque bredouille. C’était un jour de malchance, il n’avait

pêché que deux pauvres petites morues.

Comme il approchait du rivage, il aperçut sur le sable des bas-fonds un gros rocher qu’il

n’avait jamais vu.

La mer avait-elle apporté cet énorme rocher sur le rivage ?

C’était peu probable, car il n’y avait pas eu de tempête récemment et les flots étaient

calmes depuis beaucoup de jours.

Le pêcheur sauta de son kayak pour aller observer ce rocher.

Quel ne fut pas son étonnement quand il s’aperçut que ce n’était pas un rocher, mais

une baleine qui dormait sur le sable.

Comment était-elle arrivée là, se demandait le pêcheur, et il lui fallut un moment pour

comprendre que la baleine s’était posée sur les bas-fonds pour se reposer, que la marée

était descendue pendant qu’elle dormait et, qu’ainsi, elle s’était trouvée sur le sable sec.

«Enfin, la chance me sourit, se dit-il tout joyeux, et une chance inouïe ! Pêcher tout seul

une baleine, cela n’est encore jamais arrivé à personne !»

Il courut à son kayak pour prendre son harpon et tuer la baleine. Quand, de retour, il

voulut porter à l’animal un coup de harpon, la baleine se réveilla et dit :

-"Ne me tue pas, cher pêcheur ! Tu en auras riche récompense. "

Le pêcheur fut pris de peur. Une baleine qui parle, se dit-il, ce n’est pas chose ordinaire !

Et il laissa retomber son harpon. -"Tu ne le regretteras pas", reprit la baleine.

Le pêcheur s’en retourna vers son kayak, se demandant s’il avait eu raison d’épargner

la baleine. Laisser cette montagne de viande et de graisse retourner à la mer... Ne suis-je

pas le dernier des naïfs ?

Il vaut mieux que je n’en dise rien, on se moquerait de moi !

Sur ce, la marée remonta et la baleine disparut dans les flots.

Quand, le lendemain, le pêcheur revint sur le lieu de son aventure, il ne fut pas tout à

fait sûr de ne l’avoir pas rêvée.

Mais, de ce jour, il y eut quelque chose de changé.

Quel que fût l’endroit où il s’en allait naviguer, jamais il ne revenait sans poisson. Même

quand le temps ne semblait pas propice à attraper le moindre petit poisson, il revenait le

kayak plein à ras bords. C’était une chose bien étrange.

Il semblait que le kayak fût vivant : il se dirigeait toujours vers les bancs de poissons.

Un jour même, alors que le pêcheur ramait pour le diriger vers la droite, il vogua du

côté gauche là où il y avait du poisson.

Le pêcheur se rendait bien compte que ce n’était pas le fruit du hasard et que la baleine

avait tenu ses promesses. Il garda son secret pour lui. Et toute sa vie, il eut le même

bonheur à la pêche. ...Et jamais plus, il ne chassa la baleine.

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Contes « Ô trésor » Fête de la science 2011

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Le fleuve fait des détours parce que personne ne lui montre le chemin

Le garçon qui voulait voir la mer. Conte russe

Il était une fois un garçon nommé Igor, qui voulait voir la mer.

Drôle d’idée me direz-vous, quand justement on habite au centre d’un continent aussi

éloigné du Pacifique que de l’Atlantique.

La mer ? Personne ici ne pouvait se l’imaginer, personne n’y était jamais allé.

On ne connaissait que le grand fleuve, les rivières, les innombrables sources, et ma foi,

on s’en trouvait très bien. Sauf Igor !

L’un de ses cousins, marin au service du Tsar, avait tenté de lui décrire la mer, et

depuis, Igor en rêvait la nuit, et même le jour, quand il travaillait aux champs ! Il avait

une immensité bleue dans la tête. Il ne pouvait se confier à personne car on l’aurait

traité de fou. Alors, il mitonnait son idée tout seul :

" Un jour, je partirai, je marcherai droit devant moi, le temps qu’il faudra. Mais j’y

parviendrai. "

Un matin de printemps, il ne put y tenir davantage, et il partit. A tous il dit qu’il allait

chercher un trésor, un filon d’or ou une mine de diamants. Les gens de sa famille

hochèrent la tête : cet enfant-là n’avait jamais été comme les autres. Mais après tout,

puisque c’était son idée….

Quand il eut perdu de vue le clocher de son village, Igor s’arrêta. Il ne savait même pas

quelle direction prendre. A tout hasard, il décida de marcher vers l’ouest : on lui avait

dit que lorsque le soleil se couchait, il s’enfonçait dans la mer. Il avait douze ans, de

grands cheveux noirs et les poches percées.

Il marchait ; ses pieds le portaient le long des collines et des plaines.

Comme il n’avait pas d’argent, il était obligé de s’arrêter souvent, afin de gagner son

pain.

Il fut successivement berger sur les flancs d’une montagne, gardien de dindons,

montreur d’ours, garçon d’écurie…

Quand il avait amassé quelques sous, il saluait la compagnie et reprenait sa route.

Quelque fois, il questionnait ceux qu’il croisait :

- Savez-vous si elle est encore loin ? Demandait-il ?

- Et qui ça, mon garçon ?

- La mer, bien sur !

Les gens haussaient les épaules, hochaient la tête et s’éloignaient.

A ce rythme, il n’avançait guère et les années passaient. Il avait fini par franchir les

frontières de son immense pays. Et il était devenu un homme.

Un jour, Igor s’arrêta dans une ferme pour aider aux moissons. La fille de la maison

était si belle qu’il en oublia sa quête. Elle s’appelait Marina et avait les yeux bleus, si

bleus, qu’il ne pensa plus au bleu de l’océan.

Ils se marièrent au printemps ; un garçon naquit l’année suivante puis une fille et une

autre encore. Pour assurer l’avenir de ses enfants, il plantait un noyer à chaque

naissance. En apparence, Igor s’était transformé en riche fermier, conscient de ses

devoirs.

En apparence seulement, car lorsqu’il était seul, lorsque le travail de la terre lui laissait

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Contes « Ô trésor » Fête de la science 2011

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quelques répit, son vieux désir le reprenait, plus fort que jamais.

Mais quoi, il lui fallait bien élever ses enfants !

" Quand ils seront grands, je repartirai " se disait-il !

Les années passèrent. Les noyers qu’il avait planté pour la naissance de l’aîné donnaient

maintenant de l’ombre, les cheveux noirs d’Igor avaient grisonnés, puis blanchi. Bientôt,

il maria ses enfants.

Puis, un triste jour, il enterra Marina aux yeux bleus. Alors, au milieu de sa peine, le

vieux désir revint en lui, aussi frais, aussi ardent que lorsqu’il avait douze ans : la mer

l’attendait.

Il partagea ses biens, embrassa ses enfants, et les enfants de ses enfants, puis se remit en

route vers l’ouest.

Oh ! Il n’avançait plus au même rythme, il avait oublié les chansons qu’il fredonnait

autrefois, mais il cheminait, il cheminait !

Un jour enfin, il crut sentir dans le vent une odeur inconnue faite de sel et d’iode. Ce

soir-là, il dormit sous un chêne et se leva avec le soleil. Le cœur battant, il avançait. Sans

crier gare, la mer, d’un coup fut devant lui ! Plus belle encore, plus immense et plus

bleue que tout ce qu’il avait imaginé durant sa vie.

- Je suis arrivé, murmura-t-il en s’asseyant sur un rocher.

Que dire de plus ?

Il était une fois un vieillard aux cheveux blancs, nommé Igor, et qui contemplait la mer.

Il jeta quelques noix de ses noyers, c’est peut-être l’une d’elle qui

est arrivée dans ma main et qui contenait toutes les histoires que

vous avez entendues, bon vent….