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Cette revue paraît également en édition anglaise sous le titre International social science journal

Sujets

Les derniers numéros :

Motivations et processus de modernisation (vol. X X , n° 3) Les arts dans la société (vol. X X , n° 4) L'administration publique en évolution (vol. X X I , n° 1)

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Implantation des sciences sociales dans le tiers m o n d e Prévisions sociales et études de l'avenir Études juridiques

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revue internationale des sciences sociales

Volume X X I , numéro 2, 1969

Revue trimestrielle publiée par l'Unesco

Corrado Barberis André Béteille

A . K . Constandse

Louis Malassis P . I. Simouch

Tarlok Singh

T . Lynn Smith

Eric R . Wolf

Dwight Waldo

Contributions à l'étude de problèmes ruraux

Carnet de brousse 231 Idées et problèmes : quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la stratifica­tion sociale dans l'Inde rurale 337 Incidence sociale de la mécanisation de l'agri­culture : quelques résultats d'une recherche transnationale 255 Éducation et développement agricole 265 Influence de la révolution scientifique et tech­nique sur la vie rurale socialiste 277 L a planification de la transformation tech­nique de l'agriculture de l'Inde 290 Quelques grandes tendances sociales actuelles du secteur rural aux États-Unis 297 Les révoltes paysannes 312

Dossiers ouverts

L'administration publique et le développement national : quelques réflexions 321

Documentation et informations professionnelles

Publication d 'un répertoire d'institutions sur cartes 341 Nouveaux périodiques 342 Calendrier des réunions internationales 356 Postes internationaux vacants 368 Documents et publications des Nations Unies et des institutions spécialisées 385 Livres reçus 401

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Les articles signés n'engagent que leurs auteurs.

Les articles de ce numéro peuvent être reproduits avec l'autorisation de la rédaction.

© Unesco 1969

Toute correspondance relative à la présente revue doit être adressée au rédacteur en chef de la Revue internationale des sciences sociales,

Unesco, place de Fontenoy, 75 Paris-7e.

Rédacteur en chef : Peter Lengyel.

Imprimeries Réunies de Chambéry, 73 Chambéry. SHC.69/I.88/F

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Contributions à l'étude de problèmes ruraux

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Corrado Barberis Carnet de brousse

Si l'anthropologue se propose de connaître les h o m m e s d'après eux-mêmes, en tant qu'objets de la connaissance, le sociologue, lui, se défend de les connaître autrement que d'après soi, sujet de la connaissance. C e jacobin de la science aurait-il renoncé à tout comprendre afin de savoir quelque chose?

C'est bien l'un des plus passionnants défis lancés par la réalité au chercheur que le transfert, dans des pays en voie de développement, d'idéologies et de méthodes non seulement issues du m o n d e industrialisé, mais encore liées à son histoire. Indiscutablement, le capitalisme « petit paysan », dont Sol Tax a décrit l'essor au Guatemala, demeure un « capitalisme d'un sou », un penny capitalism1 : expression monétaire et valeurs morales désormais insaisissables pour des esprits que les millions et les milliards ont depuis longtemps blasés.

Et pourtant, c'est tout à fait à propos que l'auteur d'une recherche aussi exhaustive applique à une économie de ce type un terme façonné par l'expé­rience occidentale. Quelques confusions ne manqueront sans doute pas de surgir : aux gloses, alors, de les dissiper. C e recours n'en est pas moins inévi­table, le langage des structures primitives ne communiquant qu'à grand-peine avec celui du m o n d e industrialisé. D e m ê m e qu'aucun dictionnaire ne traduit — au-delà des équivalences conventionnelles — la charge sémantique, les connotations historiques de chaque mot , c'est dans le contexte de la société qui l'exprime que toute statistique trouve son interprétation véritable. Faudrait-il en conclure à l'inutilité des dictionnaires? Abandonner des réalités à leur mystère ? Évidemment non.

D'ailleurs, le chercheur n'est-il pas responsable d'un semblable arbitraire lorsque — dans le cadre de l'Europe — il soumet aux m ê m e s tests psycholo­giques des citadins et des ruraux? Ceux qui ont critiqué les comparaisons établies à partir des résultats de ces tests ont maintes fois souligné qu'en dépit de tout effort d'honnêteté des chercheurs, leur mesure est faussée : les dons de la nature, les qualités innées n'étant pas parfaitement separables des résultats de l'éducation, la mise au point d'un test culture free — pur de tout résidu intellectualiste — demeure un mythe. D u fait m ê m e qu'il est psychologique ou, mieux encore, logique, le test s'avoue citadin, enfant de la ville : la personnalité

1. S. T A X , Penny capitalism, Oxford University Press, 1963.

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Corrado Barberis

agricole en est automatiquement pénalisée d'autant. Le contraire se produirait s'il s'agissait de passer des journées entières sur les arbres, de tirer avec une fronde, etc. : ce serait alors le tour des citadins d'être « handicapés ». Faible consolation pour les ruraux : c'est dans cette société, avec ses valeurs et ses critères, qu'il leur faut vivre.

Aussi bien est-ce dans ce m o n d e que s'insère le tiers m o n d e . Il subit déjà, sur les marchés, la concurrence des pays industrialisés. Pourquoi le croire incapable d'en tolérer les suppôts idéologiques? E n appliquant à des sociétés « autres » ses idéologies et ses méthodes, l ' h o m m e de l'Occident sait qu'il va être aussi inexact du point de vue scientifique qu'injuste du point de vue moral. Mais s'il reste disponible pour s'améliorer, il se méfie d 'un excès d'automé­fiance. Dans son roman La Masseria (La grande ferme), un jeune écrivain1 peint le désarroi d 'un assistant social, employé par une agence de réforme agraire dans le sud de l'Italie. Instructeur zélé des paysans tant qu'il les croit sauvages, il finit par adopter leurs attitudes contraires au progrès, dès qu'il s'aperçoit que leur système de vie forme u n tout cohérent, digne de respect et d'admira­tion. Double faute : il faut, dès avant le combat, rendre aux adversaires l'hon­neur des armes, pour les leur ôter ensuite.

Puisqu'en Europe m ê m e les paysans subissent — on vient de le montrer — une certaine colonisation scientifique de la part des chercheurs —, l'étude des campagnes, dans les pays en voie de développement, aboutirait-elle à des résultats plus comparables aux nôtres que l'enquête urbaine? Sans pousser aussi loin le paradoxe et sans tomber dans le lieu c o m m u n d'autrefois : tous les paysans du m o n d e se ressemblent, il faut bien avouer que les petites enquêtes sur le terrain effectuées à Madagascar ont laissé à l'auteur de ces notes l'im­pression que le paysan des Hauts-Plateaux est plus interchangeable avec son homologue des Pouilles ou de Bretagne qu'on ne pourrait le penser de prime abord.

Certes, des précautions sont à prendre; mais elles concernent plutôt les techniques de l'interview, les rites de propitiation, que le contenu proprement dit des questions à poser. Les règles de politesse varient de région à région, et le visiteur qui, son code de savoir-vivre à la main, s'obstine à interroger debout le cultivateur malgache « afin de ne pas le déranger », risque d'obtenir des réponses partielles et superficielles. L'autochtone n'accorde aucun crédit à l'étranger qui, une fois parti, n'aura laissé aucune trace de son passage : la chaise à l'intérieur de la maison, la pierre à la porte de l'étable gardent au contraire le mystère de sa présence, témoignent pour l ' h o m m e qui s'y est installé, engagent à un dialogue dont tous les éléments ont leur poids. S'asseoir, c'est prendre possession des mots qu 'on va prononcer : c'est un acte de pru­dence et surtout de pouvoir. Attention, cependant, à ne pas confondre les techniques avec les buts de l'interview, qui reste, néanmoins, la traduction d'un complexe économique et social (la famille-exploitation malgache) dans ses équivalents occidentaux.

1. P. B U T A L C A R I , £a Masseria, Milano, 1960.

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Carnet de brousse

Voici, tirées de m o n carnet de brousse de 1968, quelques réflexions sur les obstacles créés par le contrat de métayage, dont la diffusion n'est pas négligeable aux alentours des villes, à l'adoption de la riziculture améliorée, grâce à l'emploi d'engrais chimiques :

Le pourcentage de la récolte dû par le métayer est souvent très élevé : il est de 33 % au m i n i m u m et atteint le plus fréquemment 50 %.

C e statut foncier constitue dans certaines régions un frein très puissant à l'adoption de techniques améliorées : il est patent qu 'un métayer ne saurait consacrer une fraction de ses disponibilités financières déjà limitées à l'achat de moyens de production si le bénéfice tiré de ces dépenses doit être partagé avec le propriétaire.

L'existence d 'un statut du métayage limitant la redevance à 2 5 % du pro­duit est certes un élément favorable. Toutefois, ce texte applicable seulement aux superficies supérieures à 3 hectares, perd de ce fait beaucoup de son intérêt. Il faudrait donc abaisser la limite à toutes les surfaces supérieures à 10 ares ou introduire le partage des dépenses d'exploitation dans la m ê m e proportion que lorsqu'il s'agit des produits.

Hauts-Plateaux de la Grande Ile ou Toscane? O n a toujours remarqué en effet, à propos de la diffusion du progrès technique en Italie centrale, où domine le contrat de métayage, que « l'on ne peut pas gagner à la fois patron et métayer ». Le propriétaire aura beau être convaincu de l'utilité d'employer des aliments vitaminisés pour l'élevage des bovins, il n 'en sera pas moins opposé à leur achat, dans la crainte que son associé ne les destine entièrement à l'élevage des cochons, dont le revenu n'est pas partagé avec le maître. D ' o ù la nécessité d'une propagande différenciée auprès des deux partenaires1.

Mais le décalage dans l'adoption de méthodes améliorées n'est pas le propre des contrats d'association.

A côté de secteurs et de cellules où la majorité des paysans est déjà engagée dans l'opération « productivité rizicole », il en existe d'autres où seule une faible minorité participe au programme proposé.

Cela amène à s'interroger sur les causes d'une telle diversité : S'agit-il d 'un retard dû uniquement à u n démarrage plus tardif de l'opération dans le secteur? S'agit-il d 'un manque d'habileté de la part du vulgarisateur? O u bien n'est-ce pas que différentes réalités sociologiques, variant de zone à zone et parfois de hameau à hameau, commandent les comportements divers des paysans ?

U n e exploitation rationnelle des sources statistiques existantes pourrait, sans augmenter le volume des tâches administratives qui sont confiées actuel­lement aux vulgarisateurs et aux autres dirigeants à l'échelon local, nous indiquer si la « carte des adhésions » dans une certaine zone se superpose à la carte des réalités sociologiques (structures foncières et modes de faire valoir ; attitudes religieuses et politiques, etc.), lesquelles demandent à être mieux

1. G . P O G G I , « Funzionari degli ispettorati agrari di fronte a técnica e amministrazione », Quaderni di sociología rurale, 1962, n° 1.

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Corrado Barberis

connues, m ê m e si la carte n'en a pas encore été dressée, pour des raisons très compréhensibles.

Des premières enquêtes sociologiques, une réalité se dégage : la vulgari­sation ne doit pas s'adresser à l'individu, mais plutôt à des groupes. Le premier de ces groupes est indiscutablement la famille, groupe déjà complexe puisqu'il ne s'identifie pas au seul chef d'exploitation agricole. A u sein de cette réalité multiforme, des programmes spéciaux s'adressant soit aux fils des exploitants et leur offrant la possibilité de se soustraire à l'emprise paternelle, soit et surtout aux femmes, ne peuvent qu'être souhaitables. Dans ce sens, une collaboration plus étroite est à rechercher avec les organisations s'occupant des paysans m ê m e sur des plans autres que professionnels. Malheureusement, il faut bien avouer au contraire que, dans certaines régions, ni les pasteurs luthériens ni les curés catholiques, ni probablement les représentants des autres formes spirituelles, n'ont encore été contactés.

Augmenter la fréquence de tels contacts, pousser ces organismes à instaurer une collaboration ouverte, voilà, au niveau des mairies et des paroisses, une nécessité urgente qu 'on ne peut pas escamoter au m o y e n de visites officielles des préfectures ou des diocèses. Le m ê m e discours doit être adressé à l 'Anima­tion rurale, dont la contribution, spontanée plutôt que requise, au dévelop­pement économique et social n ' a pas manqué, dans maints cas, de frapper l'attention. Bien sûr, il ne faut pas s'attendre que la collaboration des églises ou de l'Animation rurale puisse permettre, dans toutes les zones en retard1, de rattraper le décalage. Mais il serait insensé de ne pas mobiliser en faveur de l'opération « Productivité rizicole », ces leaders potentiels qui souvent ne demandent qu'à l'être dans la réalité.

L'expérience malgache vient confirmer l'opinion de Henri Mendras : « L'innovation doit s'intégrer dans la routine c o m m u n e à tout le village pour être acceptée. Ainsi jamais un paysan n 'a le sentiment de faire isolément quelque chose d'inhabituel; au contraire il est porté par son groupe. La vulga­risation qui se croit plus efficace si elle est individuelle commet une erreur. U n individu seul a grand mal à se décider, les psychologues l'ont montré et l'expérience récente l'a confirmé : les progrès agricoles ont été beaucoup plus rapides lorsqu'ils ont été le fait de groupes et d'institutions ( C E T A , zones témoins, etc.)1. »

D e son côté, le Ministère italien de l'agriculture n'a-t-il pas déclaré récemment que «la vulgarisation... doit s'adresser, d'une façon prioritaire, aux groupes de producteurs agricoles ayant prouvé leur aptitude aux initiatives associées et à l'autogouvernement didactique »a. Autogouvernement didac­tique. Le paysan italien ne saurait évidemment être son propre instructeur. Mais il lui suffit d'indiquer aux instructeurs les thèmes des leçons les plus profitables : tel un malade qui ne pourrait guérir sans médecin mais qui serait déjà assez éclairé pour aider ce dernier à formuler son diagnostic. Or, ce diagnostic, le paysan malgache est à m ê m e de le formuler, ou de contribuer à l'établir.

1. H . M E N D R A S , La fin des paysans, p. 58, Paris, 1967. 2. Circulaire n° 19 du 13/6/1967.

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Carnet de brousse

Le contact avec l'Animation rurale paraît particulièrement important pour deux raisons : la première, c'est que l'animateur rural, au niveau horizon­tal des différents hameaux, non seulement situe ses efforts à l'intérieur de telle ou telle famille mais l'oriente de façon à englober le village tout entier; la deuxième, c'est que, la fonction d'animateur relevant d'une façon ou de l'autre d'une élection à l'intérieur de la communauté villageoise, les conseils qu'il donne ont donc moins l'air d'être imposés par des autorités extérieures.

O n rejoint ici le vrai cœur du problème. Pressés par le délai de trois ans qui leur était imparti, les responsables de l'opération « Productivité rizicole » ont certainement bien fait de s'appuyer sur l'autorité administrative d'un côté et, de l'autre, sur les paysans disponibles pour faire démarrer les programmes prévus. Mais ce qui a constitué un avantage certain dans l'immédiat ne risque-t-il pas de bloquer le succès final de l'opération en la limitant aux personnes disponibles à bref délai ?

Voilà pourquoi il est temps que la relève de l'action de l'État dans le domaine de la vulgarisation soit prise par d'authentiques organisations de paysans, capables de faire sortir de l'âme malgache tout l'esprit d'initiative dont elle est douée. Les contacts que mes collègues et m o i - m ê m e avons eus avec les paysans malgaches ont fait apparaître, du moins en plusieurs occasions, que ceux-ci sont à m ê m e d'indiquer aux techniciens les problèmes qui les préoccupent le plus; et ce, non seulement sous la forme d'un v œ u spontané, mais de requêtes circonstanciées. Dans cette prise de conscience, le rôle joué par les autorités traditionnelles est évident.

Il serait certainement imprudent, pour des experts étrangers, d'indiquer jusqu'à quel point le Fokonolona ou telle autre structure coutumière doit être le pivot de cette évolution, la pépinière des leaders de demain. Il est néanmoins certain que des élites paysannes vont se dégager et que l'action de la vulgari­sation pourra être relayée par les groupes spontanés qui sont en train de surgir, soit pour améliorer les systèmes d'irrigation et le réseau routier, soit pour lutter contre l'érosion grâce au reboisement, soit enfin pour commercialiser le produit, et m ê m e pour remembrer l'exploitation. L'importance de ces collaborations instituées au stade communautaire ne saurait être sous-évaluée. Partout où des travaux de micro-hydraulique prennent leur essor, où de nouveaux chemins sont frayés, où des produits sont écoulés en c o m m u n , le vulgarisateur doit être présent et il doit s'assurer la sympathie et l'intérêt des leaders de ces groupes.

Bien que cela puisse paraître tout à fait étonnant, une conviction se dégage de m o n carnet de brousse : le paysan malgache est assez m û r pour se doter d'une structure professionnelle embryonnaire certes, mais pas tellement dif­férente, par sa nature, de la F N S E A française, du Bauernverband allemand, de la Coltivatori Diretti italienne. C e mouvement est déjà amorcé et il ne peut qu'aboutir à l'établissement d'un réseau de coopération paysanne authentique. Certes, ce ne sera pas l'affaire d'un jour mais, en Italie aussi, dès qu'on quitte Bologne pour aller vers le Sud, le pourcentage de la production commercialisée en c o m m u n par les agriculteurs tombe au-dessous de 3 ou de 4 % . . .

Le dépistage des leaders et leur rattachement au G O P R (Groupement opération « Productivité rizicole ») s'impose d'ailleurs pour une autre raison.

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Corrado Barberis

Avec leurs groupes de commercialisation — déjà constitués ici, là encore en formation — les paysans annoncent leur volonté de se soustraire à l'emprise des structures traditionnelles du marché, la volonté d'être maîtres d'eux-m ê m e s . Généralement, ces groupes ne dépassent pas, au niveau primaire, une dizaine ou une vingtaine de familles adhérentes, ce qui donnerait lieu à des commentaires sur leur faible pouvoir de contestation. Mais il est remarquable que ces groupes aient eu conscience de leur faiblesse et qu'ils se soient déjà pratiquement constitués en association du deuxième degré pour mieux discuter les prix et les autres modalités de livraison avec le secteur de la transformation du paddy.

Le désir très fréquent des paysans de disposer d'une batteuse ou d'une décortiqueuse — qui pourrait être employée, signalons-le, non seulement à l'intérieur d 'un m ê m e groupe mais en c o m m u n par les différents groupes — montre un souci de participation au contrôle du marché qui mérite d'être encouragé par la constitution de « zones pilotes » qui seraient telles non pas seulement ou principalement sur le plan agronomique et technique, mais aussi et surtout sur le plan économique et social. Des zones où la chance extraordi­naire de joindre à l'action des petits groupes de base, capables de représenter la quasi-unanimité des habitants des hameaux, celle d 'un authentique sommet professionnel, stimulerait l'acquisition des moyens de transformation du paddy, et serait donc le point de départ d'une première phase d'industrialisation coopérative de l'agriculture.

Aussi bien à l'extérieur qu 'à l'intérieur des zones pilotes ainsi constituées, le vulgarisateur devrait alors chercher à être, plutôt que l'agent de transmis­sion des messages d'en haut, le conseiller technique des différents groupes agissant à l'intérieur d'une cellule.

A ce stade, un comité de vulgarisation pourrait m ê m e être élu par les différents groupes, dont le vulgarisateur deviendrait le porte-parole.

Rêve, peut-être. Mais u n rêve, alors, aussi européen que malgache. Dans ce carnet de brousse, l'Italie, l'Europe et Madagascar se superposent : petits fragments d 'un kaléidoscope tournant, bigarrures d'une m ê m e étoffe. Prison­nier de son schéma, le sociologue l'aurait-il appliqué à des situations incon­grues ? Et pourtant, il doit y avoir du vrai dans ces images, m ê m e trompeuses : voir de ses propres yeux peut déformer les objets, mais cela n'aboutit pas à ne fixer que son propre œil.

Corrado Barberis est professeur de sociologie à la Faculté des sciences politiques de Rome et secrétaire général de l'istituto Nazionale di Sociología Rurale. Il est l'un des experts du Groupement opération « Productivité rizicole » (GOPR) constitué à Madagascar par les sociétés Satec (France), Agrar ( République fédérale d'Allemagne) et Ifagraria (Italie). Pour Ifagraria, il vient de diriger, à Madagascar, l'enquête économique et sociale préliminaire au plan d'aménagement de la région d'Antanetibé.

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André Béteille Idées et problèmes : quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la stratification sociale dans l'Inde rurale l

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Je m e propose d'examiner dans cet article certains problèmes conceptuels que pose l'étude de la stratification sociale dans l'Inde rurale. Faute de place, faute aussi de connaître suffisamment d'autres régions, je m ' e n tiendrai essentiel­lement à l'Inde, tout en espérant que les principaux thèmes abordés ici ne seront pas dénués d'intérêt pour l'étude de problèmes similaires dans d'autres sociétés sud-asiatiques. D'ailleurs la taille et la diversité de l'Inde permettent déjà de faire dans le pays m ê m e des comparaisons fructueuses.

Il est essentiel, dans une analyse de ce genre, de comparer la valeur res­pective des catégories propres à la société étudiée, telles que la caste, et des concepts analytiques généraux c o m m e la classe; en d'autres termes est-il préférable d'utiliser des modèles mécaniques ou des modèles statistiques? Dans un pays c o m m e l'Inde, les catégories propres au pays ne sont ni simples ni homogènes; il semble difficile de les faire entrer dans u n cadre uniforme. Néanmoins une étude de la stratification sociale rurale doit évidemment tenir largement compte des différentes manières selon lesquelles les populations elles-m ê m e s se représentent leurs hiérarchies sociales.

Les auteurs qui cherchent à comprendre les sociétés de type agraire à l'aide des catégories qui leur sont propres répugnent souvent à leur appliquer le concept de classe : élaboré, en effet, pour rendre compte d 'un type particulier de société, il crée fatalement des distorsions si on l'applique mécaniquement à des sociétés d 'un type différent. Il n 'en est pas moins vrai que le concept de classe touche à des réalités d 'un caractère général, pour ne pas dire universel, en sorte que si l'on fait entièrement abstraction de cette notion, on risque de laisser sans réponse un grand nombre de questions fondamentales relatives au comportement social dans l'Inde rurale.

Quelle est la conception de la classe la plus adéquate pour analyser la société rurale en Inde? Cette question n'est pas sans intérêt, car on peut, en effet, choisir entre plusieurs conceptions dont chacune a ses avantages. Dans

1. C'est en partie grâce à une subvention accordée par le Jawaharlal Nehru Memorial Fund, que la présente étude a pu être menée à bien.

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André Béteille

les ouvrages de sociologie, c'est à propos des sociétés industrielles occidentales que l'emploi de ce concept a été poussé le plus loin; peut-être faut-il beaucoup le modifier pour qu'il puisse s'appliquer au type de société qui nous intéresse ici.

Il faut éviter les schémas théoriques rigides et immuables. Le concept de classe a subi de nombreuses modifications depuis un siècle, en partie parce qu'il a fallu l'adapter à l'évolution des structures de la société industrielle. Rien n'interdit d'y apporter de nouvelles modifications, si cela doit permettre de l'utiliser pour définir un ensemble plus vaste de faits sociaux. Sans doute n'est-il pas exclu que, ce faisant, l'on donne au concept de classe une telle extension qu'il perde toute acuité théorique. Je ferai seulement remarquer qu'en Inde ou d'ailleurs dans la plupart des autres pays d'Asie du Sud, cette méthode n'a jamais été sérieusement mise à l'épreuve dans des conditions objectives.

II

Le mieux, dans une analyse de ce genre, est de commencer par examiner le travail qui a été fait et les schémas conceptuels déjà utilisés. Les divers spécia­listes ont employé leur méthode propre pour aborder l'étude de problèmes similaires. U n e des premières tâches qui s'imposent à nous est donc de faire en quelque sorte la synthèse des schémas conceptuels utilisés par l'anthropologie sociale, la sociologie rurale, l'économie agricole et l'histoire économique. N o n seulement une telle synthèse reste à faire, mais on est frappé de voir à quel point les spécialistes d'une branche donnée ignorent l'usage qu'ils pourraient faire des méthodes employées par les spécialistes d'une autre branche, ignorance qui, chez beaucoup, se double de préjugés tenaces à l'égard des concepts apparus dans des disciplines étrangères.

Jusqu'à présent on a surtout utilisé, pour expliquer la société rurale de l'Inde, le système des castes et la structure de classe. C'est le système des castes qui a surtout retenu l'attention des spécialistes de l'anthropologie sociale et des sociologues ; en tout cas ils sont pratiquement les seuls à en avoir fait un usage systématique et rigoureux. L'anthropologie sociale a ainsi grandement contri­bué à enrichir notre compréhension du système des castes dans les villages /ndiens, tandis qu'elle répugnait visiblement à approfondir la nature des rapports de classe dans ces m ê m e s communautés . E n revanche, c'est à la notion de classe que s'est attachée l'économie agricole qui, de son côté, est portée à considérer que le système des castes ne présente guère qu 'un intérêt historique, pour ne pas dire archéologique.

Avant d'examiner en détail les différentes manières dont le système des castes et la notion de classe ont orienté les analyses, je voudrais prévenir une objection terminologique : les notions de caste et de classe s'appliquent à des faits de nature différente, et le concept de stratification sociale ne coïncide en fait ni avec l'une ni avec l'autre. Les sociologues européens font souvent une distinction entre les classes et les strates sociales et certains définissent les unes et les autres en des termes qui s'excluent réciproquement.

C'est ainsi que Dahrendorf écrit : « O n utilise toujours la catégorie de

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Étude de la stratification sociale dans l'Inde rurale

classe lorsqu'on veut analyser la dynamique des conflits sociaux et leurs racines structurelles; c'est pourquoi elle doit toujours être soigneusement distinguée de la strate (stratum), qui sert, elle, à décrire un système hiérarchisé à un m o m e n t donné1. »

D e m ê m e Gurvitch oppose, dans les termes ci-après, les concepts de classe sociale et de stratification sociale : « Cette conception essentiellement nomina-liste et individualiste remplace entièrement les classes sociales par le concept de stratification sociale, qui peut recouper celui de classe, mais désigne u n phénomène tout à fait différent2. »

Plus récemment, la notion de caste a fait l'objet d 'un raisonnement analogue. Louis D u m o n t , qui a apporté une remarquable contribution à notre compréhension du système des castes, a mis en doute l'utilité de considérer la caste c o m m e une forme de stratification sociale. « Si, c o m m e beaucoup de sociologues contemporains, nous nous contentions d'une étiquette empruntée à nos propres sociétés, si nous nous bornions à considérer le système des castes c o m m e une forme extrême de « stratification sociale », nous pourrions certes enregistrer des observations intéressantes, mais tout enrichissement de nos conceptions fondamentales serait par définition exclu3... »

L a position de l'école française à l'égard du concept de stratification sociale se rattache en partie à la querelle sur le nominalisme et le réalisme4, dans laquelle nous n'avons pas à prendre parti ici. Qu'il nous soit seulement permis de nous référer à Ossowski, qui a consacré à cette question un important ouvrage dans lequel il montre de manière convaincante qu'il est parfaitement légitime d'utiliser plusieurs schemes pour saisir la notion de classe, et que M a r x , en fait, ne s'en est pas privé5. Il semble évident, d'ailleurs, que, dans l'Inde rurale, la caste et la classe ont en c o m m u n certaines caractéristiques impor­tantes et qu'il n'est pas déraisonnable de les analyser dans u n cadre unique. Reste à savoir si l'expression de stratification sociale recouvre ces deux phé­nomènes, ou s'il faut employer un nouveau terme : c'est un point que nous pouvons provisoirement laisser de côté.

III

E n Asie du Sud, les sociétés de type agraire se caractérisent généralement par de grandes inégalités de fortune, de puissance et de condition. Certains auteurs pensent que ces inégalités tiennent à la pauvreté des nations en question. O n peut se demander si les inégalités sont plus grandes chez les nations pauvres, mais il est certain qu'elles sont plus apparentes, spécialement dans les régions rurales. Entre les gens de haute lignée et ceux d'humble extraction, entre les

1. Ralf D A H R E N D O R F , Class and class conflict in industrial society, p. 76, London, Routledge and Kegan Paul, 1959.

2. G . G U R V I T C H , Le concept des classes sociales, p. 3, Paris, Centre de documentation univer­sitaire, 1965, cours multigraphié.

3. Louis D U M O N T , Homo hierarchicus, p. 15, Paris, Gallimard, 1966. 4. Cf., par exemple, Raymond A R O N , La lutte des classes, p. 57-73, Paris, Gallimard, 1964. 5. Stanislaw O S S O W S K I , Class structure in the social consciousness, London, Routledge and Kegan

Paul, 1963.

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André Béteille

riches et les pauvres, entre ceux pour qui les autres travaillent et ceux qui travaillent pour les autres, il existe des différences qui apparaissent dans presque tous les comportements de la vie de l ' h o m m e . Ils vivent à l'écart les uns des autres; leur habillement, leur nourriture, leur langage sont différents, et ils partagent différemment leur temps entre le travail et les loisirs.

Dans ces pays, c o m m e partout ailleurs, l'inégalité sociale ne tient pas seulement aux différences concrètes de richesse, de puissance et de prérogatives ; c'est aussi une affaire de valeurs; autrement dit, elle revêt un double aspect, à la fois matériel et idéologique; l'inégalité matérielle renforce l'inégalité du statut social et vice versa; mais il convient de noter que la valeur sociale atta­chée à l'inégalité n'est pas déterminée totalement et dans ses moindres détails par l'assise matérielle de cette inégalité.

Dans ces sociétés, le fondement matériel majeur de l'inégalité est la répar­tition de la terre. Myrdal a écrit récemment : « Dans l'Asie du Sud, tout parti­culièrement, l'inégalité en milieu rural tient essentiellement à la propriété de la terre, d 'où découlent loisirs, prestige et autorité. O n attache moins d'impor­tance aux différences de revenu1. »

M ê m e pour l'Inde il n'est pas possible de produire des chiffres exacts en ce qui concerne la propriété foncière et la répartition de la terre, et la situa­tion est encore plus incertaine dans le cas des autres pays d'Asie du Sud. Cependant un certain nombre de faits sont hors de doute : il existe une classe peu nombreuse de la population qui possède ou administre la plus grande partie de la terre et une classe numériquement importante d'ouvriers agricoles qui ne possèdent pas de terre; enfin, l'affermage est très répandu et revêt des formes incroyablement diverses malgré les lois.

Les inégalités dans les conditions matérielles s'accompagnent d'une mul ­titude d'inégalités d'une autre nature. L a hiérarchie linguistique joue un grand rôle dans toutes les sociétés de type agraire où les considérations de statut social ne sont absentes en fait d'aucun domaine. Les rapports de « seigneur » à « paysan » sont régis par certains principes fondamentaux, selon lesquels l'inégalité sociale est considérée non seulement c o m m e un trait inhérent à la condition humaine mais souvent m ê m e c o m m e un bien appréciable. L a valeur attachée à l'inégalité sociale est présentement objet de contestation dans toutes les sociétés sud-asiatiques; néanmoins elle y est si profondément enracinée qu'il faudra pour l'en extirper une transformation radicale qui bouleversera la nature m ê m e de ces sociétés.

La légitimation des hiérarchies sociales et la formation d'idéologies de l'inégalité atteignent des niveaux extrêmement variables m ê m e au sein des diverses sociétés agraires. A cet égard, la société indienne est peut-être allée plus loin qu'aucune autre, d ' où l'intérêt particulier que revêt l'étude du système des castes. Il ne s'agit pas en effet d 'une simple combinaison de groupes occupant des niveaux plus ou moins élevés; c'est également un système de valeurs axé sur l'idée de la hiérarchie2. A m o n avis cependant, il convient de ne

1. Gunnar M Y R D A L , Asian drama, vol. 1, p. 569, New York, Pantheon, 1968. 2. D U M O N T , op. cit.

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pas oublier que le système des castes n'est jamais que la forme extrême d'idées et de valeurs qui jouent un rôle important dans la plupart des sociétés de type agraire.

IV

D u point de vue de la sociologie, nous avons maintenant une bien meilleure compréhension du système des castes que de n'importe quel autre aspect de l'inégalité sociale en Inde. Nous possédons des données plus nombreuses, recueillies plus méthodiquement, et selon des procédés d'investigation plus rigoureux. Les concepts ont nettement gagné en précision et sont mieux ajustés aux données recueillies. O n s'est attaché à donner du système des castes une théorie cohérente. A l'opposé notre compréhension de la classe dans l'Inde aussi bien urbaine que rurale demeure élémentaire et très approximative.

M . Louis D u m o n t , dans un ouvrage récent, a distingué trois phases successives dans les recherches sur les castes en Inde1. Je n'en retiendrai que la dernière, qui s'ouvre avec l'accès de l'Inde à l'indépendance nationale en 1947. Elle se caractérise par l'importance donnée aux études intensives faites à partir d'enquêtes sur le terrain. Ces travaux concrétisent les efforts d'un petit nombre de spécialistes de l'anthropologie sociale et témoignent d'une remarquable unité de vues. Leurs auteurs utilisent les m ê m e s méthodes de recherche, ont une idée c o m m u n e de ce qui fait l'objet de leur étude, et entretiennent souvent des rapports d'étroite collaboration. Leurs travaux n'en sont que plus fructueux et plus intéressants à comparer.

Depuis vingt ans, les spécialistes de l'anthropologie sociale font porter avant tout leurs recherches sur le système des castes dans des communautés locales, le plus souvent en étudiant un seul village de manière approfondie durant douze à dix-huit mois. A quoi il convient d'ajouter les travaux de Srinivas sur les « Coorgs » dans l'Inde du Sud2 et la monographie de M . Louis D u m o n t sur une sous-caste tamoule3, qui nous ont grandement aidés à comprendre le fonctionnement du système des castes sur le plan local.

L a méthode qui consiste à prendre des villages, et surtout un seul village, c o m m e cadre d'étude a soulevé diverses objections ; je n'en retiendrai qu'une, qui intéresse directement notre propos. Dans un article où ils font le bilan des études de villages, M M . D u m o n t et Pocock critiquent, d 'un point de vue socio­logique, la notion m ê m e de village en Inde. « U n e grande partie des faits produits par les auteurs qui ont collaboré à cet ouvrage indique que le village ne constitue pas un cadre d'étude adéquat4.» Ils pensent que la « solidarité villageoise » est largement factice et que, dans la mesure où elle a de la réalité, elle le doit aux rapports entre castes dominantes et castes dépendantes. C'est donc la caste et non le village qu'il faudrait prendre c o m m e cadre d'étude.

1. D U M O N T , op. cit., p. 37.

2. M . N . SRINIVAS, Religion and society among the Coorgs of South India, Oxford, Clarendon Press, 1952.

3. Louis D U M O N T , Une sous-caste de l'Inde du Sud, Den Haag, Mouton, 1957. 4. Louis D U M O N T et David F. P O C O C K , « Village studies », Contributions to Indian sociology,

n° 1, 1957, p. 25.

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E n réplique à cette thèse de M M . D u m o n t et Pocock, M . Bailey fait observer qu'il existe en fait de nombreux types de rapports qui peuvent s'étudier sans recourir à la notion de caste et pour lesquels le village constitue un cadre approprié1. L a propriété et l'administration de la terre, avec les rapports qui en découlent, sont une base de recherche d'un intérêt évident pour le sociologue qui s'attache à comprendre l'Inde rurale. N o u s verrons plus loin pour quelles raisons l'anthropologie sociale n'a pas accordé autant d'attention à ces rapports qu'à ceux qui existent entre castes dominantes et castes dépendantes.

Indépendamment d'ailleurs des avantages respectifs de ces attitudes théoriques, c'est un fait que l'étude des relations de caste occupe une place importante dans l'étude des villages. Certes nombre de monographies consa­crées à un village portent notamment sur des domaines particuliers tels que l'organisation politique, l'économie, la parenté et les rites; toutefois l'ombre de la caste plane pour ainsi dire sur presque toutes ces monographies, qui s'intitulent Caste and the economic frontier (1957), Caste and communication in an Indian village (1959), Caste and kinship in Central India (1960), Caste and ritual in a Malwa village (1964), Caste, class and power (1965).

Indépendamment des renseignements complémentaires qu'on peut y trouver, une monographie consacrée à un village indien comporte néces­sairement un exposé détaillé sur les diverses castes du village, leur interdépen­dance fonctionnelle et leur organisation hiérarchique. Les spécialistes de l'an­thropologie sociale ont apparemment adopté un plan uniforme pour décrire les villages qu'ils étudient. Ils commencent par quelques remarques prélimi­naires sur le contexte régional, l'écologie, etc. Après quoi ils procèdent à l'exposé détaillé de la « structure de caste » dans le village, par référence à quoi toutes les observations concernant l'économie, la politique et les rites prendront leur sens.

Ce souci d'uniformité dans la présentation des monographies donne un éclairage particulier à la description des rapports sociaux dans le village. C e sont les castes et non les autres groupes ou les individus qui constituent les éléments qui entrent en interaction. Ainsi, en ce qui concerne le système de production, nous sommes plutôt informés des rapports entre la caste des pro­priétaires fonciers et celle des ouvriers agricoles qui ne possèdent pas de terre que des rapports entre les propriétaires fonciers, quelle que soit la caste à laquelle ils appartiennent et les gens qui ne possèdent pas de terre. Le plus souvent, on ne tente m ê m e pas de nous donner une idée de l'importance numérique respective des uns et des autres; en revanche nous connaissons les effectifs exacts de chaque caste et nous apprenons que telle caste particulière est la principale caste de propriétaires fonciers et que telle autre est essentiel­lement une caste d'ouvriers agricoles sans terre.

D e m ê m e , pour ce qui est de la répartition du pouvoir, la notion de caste dominante risque, si l'on n'y prend garde, de créer la confusion, et examiner l'organisation politique d'un village uniquement en termes de rapports entre

1. F . G . B A I L E Y , « For a sociology of India? », Contributions to Indian sociology, n° 3, 1959, p. 88-101.

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castes dominantes et castes dépendantes, c'est souvent s'exposer à commettre des erreurs. C'est une chose de montrer qu'en certains cas il existe une étroite relation entre la hiérarchie des pouvoirs et le système des castes ; c'en est une autre de tenir pour acquis que pareille relation existe dans tous les cas.

D e nombreux anthropologues reconnaissent aujourd'hui que l'importance donnée aux castes a faussé et défiguré la physionomie de l'Inde paysanne qui se dégage de leurs travaux. Mais on s'apercevra peut-être avec le recul du temps que ce n ' a pas été là payer trop cher le progrès ainsi réalisé dans la compréhen­sion de cet aspect important de la société rurale.

Pour l'essentiel notre compréhension du système des castes a commencé à progresser lorsque ont été décelés les groupes agissants {operative units) du système, non pas seulement tels qu'ils étaient conçus par la doctrine brahma­nique, mais bien tels qu'ils étaient vécus par les populations elles-mêmes. Antérieurement, la classification couramment adoptée par les lettrés était d'une grande simplicité : brahmanes, kchatryas, vaisyas, soudras1. Sans doute les listes de recensement comportaient-elles davantage de subdivisions. Néan­moins il a fallu une quantité considérable de travaux sur le terrain pour que les sociologues prennent pleinement conscience de la multiplicité des groupes agissants et de leurs interrelations.

L a recherche de nouvelles données empiriques a conduit les sociologues à manier les concepts avec plus de discernement. U n grand pas en avant a été fait dans cette voie lorsque M . Srinivas a explicité la distinction entre varna etjati2. Montrer que, dans le système des castes, les groupes agissants étaient les jatis et non les varnas, c'était ouvrir la voie à une meilleure compréhension des ambiguïtés du système et des perspectives de mobilité qu'il comporte.

U n autre résultat heureux de ces études approfondies a été de faire mieux saisir les rapports entre castes et sous-castes. Dans les ouvrages antérieurs, les varnas étaient souvent considérés c o m m e une caste et les jatis c o m m e une sous-caste. Sans doute les ouvrages de plusieurs indianistes, notamment Kektar3 et Blunt4, témoignent-ils clairement qu 'à leurs yeux les notions de caste et de sous-caste ne devaient pas se concevoir d'une manière absolue. Il n 'en reste pas moins que, là encore, c'est le travail sur le terrain qui a permis de considérer la caste c o m m e système structural ou segmentaire5.

Il est de nombreux autres points que le travail sur le terrain a contribué à élucider; par exemple, l'opposition entre pureté et souillure, les problèmes relatifs à la hiérarchie des castes, le caractère et les formes de la mobilité dans le système des castes, les modalités que prennent les rapports de dépendance et de domination entre castes.

L'ampleur de la documentation désormais disponible, jointe à une défi­nition plus précise des concepts, a permis d'élaborer une théorie du système

1. Prêtres, guerriers, marchands, artisans. 2. M . N . SRINIVAS, Caste in modem India, p . 63-69, Bombay, Asia Publishing House, 1962. 3. S. V . K E K T A R , The history of caste in India, vol. 1, Ithaca (N. Y . ) , Taylor and Carpenter, 1909. 4. E . A . H . B L U N T , The caste system of Northern India, London, Oxford University Press, 1965. 5. André BÉTEILLE, Caste, class and power, Berkeley, University of California Press, 1965;

cf. également D U M O N T , Homo hierarchicus, op. cit.

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des castes qui n'eût pas été concevable il y a seulement vingt ans. Les bases en ont été jetées récemment par M . Louis D u m o n t dans un ouvrage qui a eu un grand retentissement1. Je n'ai pas l'intention d'examiner ici cette théorie; il m e suffit d'avoir indiqué les conditions qui l'ont rendue possible. J'y reviendrai ultérieurement pour examiner quelles directives nous pouvons en tirer si nous voulons parvenir à une théorie qui rende compte de certaines caractéristiques essentielles de la société rurale indienne, caractéristiques qui ne rentraient guère dans le cadre de l'ouvrage de M . D u m o n t .

V

L a notion de classe sociale dans l'Inde rurale n 'a pas été analysée avec le soin dont a bénéficié l'examen du système des castes dans la société indienne. Les spécialistes de l'économie rurale sont loin d'être d'accord sur l'importance à attribuer aux rapports de classe ou, pour parler par euphémisme, aux « facteurs institutionnels ». C'est à peine si une théorie cohérente de la notion de classe a été ébauchée pour rendre compte des rapports découlant de la propriété de la terre et qui sont décrits par une abondante documentation. L a possibilité d'appliquer à l'Inde rurale les diverses conceptions auxquelles donne lieu, dans les ouvrages de sociologie, la notion de classe, n 'a pas fait l'objet de recherches étendues. Pour tout dire, il n'y a que très peu de spécialistes des questions rurales en Inde qui se soient seulement demandé « ce qu'il faudrait entendre par classe », soit qu'ils pensent que cela est dénué d'intérêt; soit qu'ils acceptent les définitions toutes faites qu'ils vont chercher, selon leurs préférences idéo­logiques, soit en Europe, soit en Amérique.

Il n'en existe pas moins une vaste documentation sur les rapports découlant de l'affermage qui ont une incidence sur le problème général des classes agraires. Ce caractère et les modalités de l'affermage, ainsi que le degré d' « exploitation » qu'il implique, font depuis longtemps en Inde l'objet de discussions publiques. La question de l'affermage a également été posée sous l'angle de la productivité, encore qu'actuellement on semble considérer que les facteurs « institutionnels » aient moins d'importance que les facteurs « techniques ».

Il n'est donc pas étonnant que les analyses consacrées à l'étude des classes agraires n'offrent pas cette unité de vues qui caractérise les recherches menées sur les castes pendant les vingt dernières années. U n e des raisons en est qu'il y a constamment confusion entre l'étude des questions et problèmes théoriques et le souci de tenir compte de considérations d'ordre pratique. E n Inde les recherches des économistes, plus que celles de n'importe quelle autre catégorie de spécialistes des sciences sociales, sont subordonnées à l'intérêt qu'elles présentent du point de vue des mesures concrètes à adopter. Sous cet aspect, la question de la productivité agricole est, évidemment, d'une importance capitale. Lorsqu'on considère l'affermage c o m m e le facteur essentiel de la productivité, il fait l'objet d'études approfondies; lorsqu'au contraire ce sont

1. D U M O N T , Homo hierarchicus, op. cit.

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d'autres facteurs c o m m e la technique que l'on juge déterminants, on cesse aussitôt de s'intéresser aux rapports qui découlent de l'affermage. Étant donné les problèmes économiques qui se posent dans un pays tel que l'Inde, il est bien compréhensible que les h o m m e s politiques attendent de ceux dont les recherches portent sur ce genre de problèmes qu'ils leur fournissent des conclusions rapides et concrètes. Malheureusement cela est préjudiciable à l'élaboration d'une théorie des structures des classes agricoles, qui devrait faire l'objet de recherches autonomes. Les spécialistes de l'anthropologie sociale qui se sont attachés à étudier le système des castes, du fait qu'ils étaient moins astreints à orienter leurs recherches en fonction des politiques à adopter, ont bien mieux réussi à travailler à leur propre rythme.

Il serait impossible, dans cet article, d'esquisser m ê m e un aperçu des ouvrages consacrés aux problèmes des classes agricoles en Inde. Beaucoup d'entre eux présentent d'ailleurs peu d'intérêt pour le sociologue. Le plus souvent les faits ne sont pas recueillis et agencés de manière à représenter les classes sous la forme de systèmes de rapports impliquant des droits, des devoirs, des obligations entre personnes réellement existantes. L'analyse de ces relations se fait du point de vue juridique plus souvent que sociologique.

M ê m e si l'on s'en tient aux publications des vingt dernières années, les documents relatifs à la structure des classes agraires sont de nature très diverse. Sans parler des données fournies par les recensements décennaux et par les enquêtes nationales par sondage {national sample survey), il existe des rapports de commissions gouvernementales c o m m e , par exemple, ceux de l'Agricul-tural Labour Enquiry Committee, et le Rural credit survey, effectué par la Reserve Bank of India. Le Research Programmes Committee du gouvernement de l'Inde a d'autre part fait procéder, sur les conséquences des réformes agraires en différentes régions du pays, à un certain nombre d'études qui comportent une analyse du cadre législatif dans lequel s'effectuent les réformes agraires, ainsi qu 'un certain nombre de conclusions relatives aux répercussions sociales de ces réformes, étudiées sur la base d'enquêtes « socio-économiques ».

U n e différence capitale entre les études qui concernent les classes et celles qui concernent les castes, c'est que les premières prêtent apparemment mieux à l'emploi de notions quantitatives, ce qui a, d'une part, l'avantage de per­mettre des vues d'ensemble au lieu d 'un tableau impressionniste, mais, d'autre part, l'inconvénient de faire croire à tort qu'une étude de la structure des classes ne peut être objective ou « scientifique » que si ses éléments se présentent sous forme de tableaux statistiques. C o m m e on peut s'y attendre, ce travers atteint son paroxysme dans les rapports des commissions officielles.

O n sait combien il est malaisé, dans les pays sud-asiatiques, de recueillir des données exactes d'après les recensements et les enquêtes1. L a difficulté ne fait que croître quand on touche au régime foncier. M ê m e quand on sait quelles questions poser, les réponses ne sont pas toujours dignes de foi, ce qui empêche d'ailleurs rarement qu'elles ne servent de base à des prises de position caté-

1. O n trouvera une analyse critique de l'ensemble de la question dans le récent ouvrage de Myrdal, Asian drama, op. cit.

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goriques. Mais le plus souvent, les questions ne sont pas posées correctement ou elles sont formulées de telle façon qu'elles autorisent des réponses ambiguës, voire contradictoires.

Les recensements et les enquêtes fournissent des éléments valables pour une classification de la population agricole. Mais la répartition des classes qui en résulte correspond moins à la réalité sociologique qu'à la commodité des statisticiens. Car, pour le sociologue, les classes ne sont pas de simples agrégats statistiques : ce sont les éléments d'un système de rapports. M . Daniel Thorner, l'un des rares auteurs à aborder l'étude des classes sous l'aspect sociologique, écrit avec raison : « Pour décrire les rapports entre classes, nous devons nous entendre sur le caractère des classes. O u plutôt, pour décrire correctement le caractère des classes, nous devons énoncer clairement les rapports qui existent entre elles. E n dernière analyse, la structure agraire n'est pas un cadre extérieur dans lequel des classes diverses exercent leurs activités, c'est plutôt la s o m m e des comportements que chaque groupe observe dans ses rapports avec les autres groupes1. »

E n d'autres termes l'étude des classes touche à deux types de problèmes: des problèmes de répartition et des problèmes d'interrelation; ou encore, c o m m e le dit Ossowski, elle implique qu'on distingue entre « composition » et « structure »2. Les recensements et les enquêtes ne dépassent guère le stade des problèmes de répartition ou de composition. M ê m e si nous connaissons la répartition exacte de la population entre les différentes classes — selon la définition qui leur est donnée — nous ne savons pas grand chose, pour autant, sur les rapports de dépendance et de conflit qui existent entre elles, non plus que sur la distance sociale qui les sépare.

Il est nécessaire d'avoir une notion de la répartition des classes pour se représenter la structure de leurs interrelations. Cela signifie que le choix des critères selon lesquels les diverses catégories de la population seront réparties en classes sociales est d'une importance capitale. C'est là que les indications fournies par les recensements et les enquêtes se montrent le plus insuffisantes. Thorner a signalé à diverses reprises combien les catégories généralement retenues sont inadéquates, et je ne saurais mieux faire que de renvoyer le lecteur à sa démonstration3.

Les catégories fondamentales utilisées dans les recensements sont : les propriétaires fonciers, les propriétaires exploitants, les fermiers et les ouvriers agricoles. Selon Thorner, ces catégories ont été fixées en application de concepts qui conviennent pour étudier soit l'industrie, soit m ê m e l'exploitation agricole de type capitaliste, mais pas la forme d'agriculture généralement pratiquée en Inde, c o m m e dans la plus grande partie de l'Asie du Sud : « Q u a n d on tombe sur des termes tels que'décision responsable','directeur','risque','bénéfice net', 'salaire', 'employeurs' et 'employés', on serait excusable de croire qu'on s'est trompé de page et qu'on est en train de parcourir le volume du recensement au

1 Daniel T H O R N E R , The agrarian prospect in India, p. 2, Delhi, University Press, 1956. 2. O S S O W S K I , Class structure in the social consciousness, op. cit., p. 11. 3. T H O R N E R , op. cit.; cf. également : Daniel et Alice T H O R N E R , Land and labour in India, Bombay,

Asia Publishing House, 1962.

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chapitre de l'industrie et non à celui de l'agriculture. C'est pourtant un fait qu 'on applique à l'exploitation agricole ce vocabulaire qui est celui-là m ê m e dont se sont servis les économistes classiques, c o m m e A d a m Smith et Ricardo, pour décrire l'agriculture capitaliste en Grande-Bretagne à la fin du xviii' siècle et au début du xixe. Leur description repose sur la division de la population agricole en trois classes : les propriétaires fonciers, les fermiers et les ouvriers agricoles1. »

Cette classification est une véritable camisole de force qui déforme consi­dérablement la réalité sociale de l'Inde rurale. E n outre, il suffit que, d ' un recensement à l'autre, ou d'une enquête à une autre, la nomenclature soit légèrement modifiée pour qu 'on s'imagine à tort que des changements ou des variations se sont produits dans la composition des différentes classes. A cet égard, les notions que nous pouvons avoir reposent sur des bases tellement fragiles que M . Thorner a justement qualifié les changements ainsi mis en évidence de « révolutions agraires provoquées par modification des tables de recensement »2.

Les rapports de classe de la population agricole ont également été analysés par les marxistes. Leurs vues offrent certaines particularités qui méritent un bref examen. Bien entendu, ils ne se bornent pas aux problèmes de répartition et attachent au contraire le plus grand intérêt aux rapports entre classes. Toutefois ce ne sont pas ces rapports proprement dits qui constituent pour la majorité des écrivains marxistes l'objet de leurs études. Ils sont présentés, par postulat, c o m m e des rapports de conflit, et la définition que ces auteurs en donnent découlent le plus souvent de leur conception particulière des contradictions entre le m o d e de production et les rapports de production. D a n s la mesure où la théorie marxiste a fait l'objet d 'un emploi mécanique, sans aucun effort d'imagination, elle a, en fait, constitué un obstacle à une interprétation correcte de la réalité concrète.

C e n'est pas que les marxistes aient négligé les données empiriques dispo­nibles : ils ont au contraire largement utilisé, eux aussi, les indications fournies par les recensements et les enquêtes que nous évoquions plus haut3. D'ailleurs, dans une certaine mesure, ils utilisent les m ê m e s catégories que celles qui servent aux recensements : propriétaires fonciers, propriétaires exploitants, fermiers, ouvriers agricoles — concurremment avec d'autres qui leur sont plus personnelles.

Il est remarquable que ceux d'entre eux qui ont étudié les rapports agri­coles en Inde se soient moins inspirés de M a r x lui-même que de Lénine*. Les catégories qu'ils ont choisies sont significatives à cet égard : noblesse foncière, bourgeoisie foncière, paysannerie riche, paysannerie appauvrie, prolétariat

1. Daniel et Alice T H O R N E R , op. cit., p. 136. 2. Ibidem, p. 131-150. 3. Cf., par exemple : Ramkrishna M U K H E R J E E , The dynamics of a rural society, Berlin, Akademie

Verlag, 1957; Sulekh C . G U P T A , « N e w trends of growth», Seminar, n° 38, octobre 1962, p. 15-29; V . B . S I N G H , « Agrarian relations in India », dans Ignacy S A C H S (ed.), Agriculture, land reforms and economic development, p. 29-48, Varsovie, Polish Scientific Publishers, 1964.

4. Cf., par exemple : Grigory K O T O V S K Y , Agrarian reforms in India, N e w Delhi, Peoples Pub­lishing House, 1964.

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agricole1. Mis à part le contenu émotionnel de certaines d'entre elles, l'emploi de ces catégories se conjugue avec une certaine théorie des lois du changement. O n répète souvent qu'en doctrine marxiste, la notion de classe est une notion dynamique. Les lois appelées « lois de transformation agraire » n'ont guère de valeur aux yeux du sociologue. Leur énoncé est le plus souvent pratiquement invérifiable. D a n s l'état actuel de nos connaissances et des renseignements dis­ponibles, une recherche théorique moins ambitieuse semblerait mieux appro­priée aux besoins de notre étude.

V I

Notre compréhension de la nature des classes sociales en Inde rurale est fonc­tion pour une large part de la définition des catégories que nous utiliserons pour les décrire. Il est permis de se demander si, pour atteindre notre objectif, c'est l'expérience de la société capitaliste ou les exigences de l'idéologie socialiste qui nous fourniront les catégories les mieux utilisables. D u moins convient-il, dans un premier stade, de scruter la société indienne elle-même en vue d'y découvrir les catégories propres à déterminer sa structure de classe.

J'ai indiqué plus haut que les spécialistes de l'anthropologie sociale, qui ont fait considérablement progresser notre connaissance du système des castes, se sont cantonnés en général dans une attitude négative à l'égard de la notion de classe. Il y a là, à coup sûr, une grave carence; néanmoins ce n'est pas sans motifs que les anthropologues ont refusé d'élargir leur point de vue. Le courant principal de la recherche en anthropologie sociale s'est orienté vers l'étude des sociétés d'après les catégories qui leur sont propres. Cela explique pourquoi c'est la caste et non la classe qui a servi de cadre principal pour agencer les données relatives à l'Inde paysanne. Les anthropologues estiment en effet que la caste est inhérente au système qu'ils étudient, alors que la classe, au sens où on l'entend en général, renverrait à un système de concepts étranger à l'Inde rurale.

Sur le plan méthodologique, il y a beaucoup à dire en faveur du point de vue adopté par l'anthropologie sociale; j'ai déjà eu l'occasion de signaler la très importante contribution que cette science a fournie à notre compréhension des relations sociales dans les villages indiens. Ceux qui, étrangers à cette spécialité, pourraient conserver des doutes sur ce point, trouveront, dans la critique que M . Gunnar Myrdal a récemment faite de l'utilisation de catégories et de concepts occidentaux2, une justification de la méthode employée. Cepen­dant, m ê m e si l'on prend pour critères les exigences de méthode de l'anthro­pologie sociale, on s'aperçoit que ceux qui l'ont appliquée à l'étude de l'Inde rurale ont péché par étroitesse de vue, en s'obstinant à ne retenir qu 'un aspect des choses. Il est en effet évident que pour la population d 'un village indien, les catégories naturelles, celles qui conditionnent sa façon de penser et d'agir, ne

1. Grigory K O T O V S K Y , op. cit. Cf., également : V . B . S I N G H , «Agrarian relations in India», op. cit. ; Bhowani S E N , Evolution of agrarian relations in India. N e w Delhi, People's Publishing House, 1962.

2. M Y R D A L , Asian drama, op. cit.

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assortissent pas exclusivement au système des castes, et qu'elles présentent, pour une part n o n négligeable, les caractéristiques que nous reconnaissons aux classes.

Savoir quels sont les propriétaires, combien ils possèdent de terre, et c o m m e n t ils l'exploitent, soit pour dominer le reste de la population soit pour subvenir aux besoins de cette population, ce sont, pour u n pays qui vit de l'agriculture, des questions importantes, et qui doivent normalement intéresser une société o ù la terre est concentrée aux mains d ' u n petit n o m b r e de grands propriétaires, tandis que les autres en manquen t . Il n 'échappe à personne que la fortune, le pouvoir et les privilèges sont liés à la propriété foncière et que propriétaires et non-propriétaires, de m ê m e que grands et petits propriétaires ont des intérêts divergents. O n ne peut séjourner longtemps dans u n village indien sans se trouver en présence de situations où les considérations relatives à la terre l'emportent sur toutes les autres.

L a classification en catégories et en groupes sociaux d'après la propriété et l'exploitation de la terre est complexe et varie beaucoup d ' u n bout à l'autre d u pays. M ê m e dans une région de dimensions moyennes , le n o m b r e de ces catégories et groupes sociaux peut être élevé et leurs interrelations complexes. D ' u n e région à l'autre, les différences sont assez marquées pour qu'il soit extrêmement malaisé de ramener toutes les catégories à u n système simple et unique. L e plus souvent, les villageois bornent leurs réflexions aux limites de leur propre univers social, avec les divisions qu'il comporte; la représentation qu'ils se font du « système c o m m e un tout » n'est ni complète ni pleinement cohérente.

Thorner propose de diviser la population agricole en trois groupes : les propriétaires (malik), les exploitants (kisari) et les ouvriers agricoles {mazdur)1. Mais il est le premier à reconnaître que cette construction schématique est trop peu nuancée pour q u ' o n puisse s'y reconnaître dans « le véritable dédale que constituent les contrats de location légalement passés, les arrangements conclus en dehors de toutes les règles et les rapports de domination et de dépen­dance nés de la coutume »2. Néanmoins la division proposée a le mérite de mettre en lumière un aspect essentiel de la façon dont la population elle-même considère le système social. L a propriété et le travail sont également importants pour distinguer les différentes classes et il n'est pas absolument vrai que la nature d u travail accompli soit en relation directe avec l'importance d u domaine.

O n peut, dans une certaine mesure, se faire une idée de la complexité du système par la multiplicité des termes locaux, chacun ayant son halo de nuances, qui, dans les différentes parties du pays, servent à distinguer les classes entre elles. Les mirasdars du district de Tanjore, les bhomiyas d u district de Jaipur, les iotedars du district de Midnapore, sont des types sociologiques distincts bien que, sous une forme o u sous une autre, ils appartiennent tous à la catégorie des propriétaires fonciers. Il existe de n o m b r e u x types de fermiers qui, en m ê m e

1. T H O R N E R , The agrarian prospect in India, op. cit., p. 4-6. 2. Daniel et Alice T H O R N E R , op. cit., p, 137.

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temps que fermiers, sont aussi propriétaires exploitants ou bien ouvriers agricoles. D e son côté, Thorner est parvenu, par une enquête portant sur un vaste secteur de la population, à distinguer sept sortes différentes de valets de ferme et d'ouvriers agricoles1. N o n seulement les groupes sociaux sont diver­sifiés, mais encore les rapports mutuels varient d'une région à l'autre. Si nous voulons comprendre ces rapports, il est nécessaire d'examiner toute une série de formes de direction ou de collaboration traditionnelles qui nous mènent bien au-delà de ce que prescrit la législation.

Dans certaines régions, propriétaires fonciers et fermiers constituent des catégories nettement séparées. Dans d'autres, il n'est pas rare que les proprié­taires prennent aussi à bail de grandes étendues de terre. D ' o ù il résulte que, selon les régions, la démarcation des intérêts entre les groupes sociaux et, par voie de conséquence, la nature m ê m e des classes qu'ils constituent diffèrent sensiblement. Sur le marché de l'affermage, les positions respectives des bail­leurs et des preneurs ne sont pas partout identiques, à beaucoup près. Dans certaines régions, la position des fermiers est plus forte que celle des proprié­taires, tout au moins des petits2. M ê m e les ouvriers agricoles qui ne possèdent pas la moindre terre ne forment pas une catégorie homogène au regard des possibilités de prestation de travail, des possibilités de placement et des condi­tions d'emploi.

Récemment encore, les exposés relatifs au système des castes prenaient pour base la répartition de la société entre les quatre varnas que sont les brah­manes, les kchatryas, les vaisyas et les soudras. Il a fallu l'important travail sur le terrain effectué pendant les vingt dernières années pour qu 'on s'aperçoive que, dans le système des castes, les groupes agissants étaient les jatis et non les varnas. Cette compréhension a permis à son tour de mieux saisir les rapports entre varnas et jatis. Tant que nous nous cantonnons dans les grandes divisions que représentent par exemple les propriétaires fonciers, les fermiers et les ouvriers agricoles, notre connaissance du système des classes agricoles en reste au stade des varnas. C'est seulement par des études plus approfondies nous permettant de voir sur place le jeu du système avec toutes ses complexités que nous parviendrons à le saisir et à le définir selon les catégories assez étendues et assez générales pour qu'elles soient à la fois significatives et adaptées à la réalité.

VII

N o u s avons maintenant à nous demander si les catégories que nous venons d'examiner peuvent être décrites c o m m e des classes. Question d'autant plus justifiées que nous avons pris c o m m e point de départ l'étude des catégories propres au pays dont le caractère ambigu et incohérent n'est pas contesté. Plus important encore est le point de savoir, d'une manière générale, dans quelle

1. Daniel et Alice T H O R N E R , op. cit., p. 21-38. 2. Cf., par exemple : M . L. D A N T W A L A , «Agrarian structure», Seminar, n° 38, octobre 1962,

p. 30-33.

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mesure le concept de classe peut s'appliquer à l'étude des sociétés agricoles dans l'Asie du Sud. Beaucoup de sociologues soutiennent que ce concept ne devrait être utilisé que pour les sociétés industrielles occidentales. Selon moi , le concept de classe, dans son acception fondamentale, est particulièrement bien approprié à l'étude de certains types de situations agricoles, non seulement en Inde, mais également dans d'autres sociétés sud-asiatiques.

L a classe peut se définir de plusieurs manières et des définitions très diverses en ont effectivement été données par ceux-là m ê m e qui étudient la société industrielle. Hiérarchie, dépendance et conflit, propriété, et gestion des biens, intérêt ou prise de conscience de la classe, statique ou dynamique, tous ces termes constituent autant de points de vue à partir desquels on peut définir le concept de classe. Entre tous, ceux de propriété et de conflit sont d 'une impor­tance particulière dans le cas de définitions d'inspiration marxiste, et nous examinerons brièvement les rapports qui sont supposés exister et qui existent réellement entre ces deux facteurs.

L a notion marxienne de classe a été conçue à propos d 'une théorie parti­culière du changement social. Elle a mis en lumière u n des caractères fonda­mentaux de toutes les sociétés o ù la propriété est une institution et o ù la posses­sion, la gestion et l'exploitation des biens sont souvent source de conflits. Il doit être possible de retenir les éléments de base d u concept marxien de classe et de formuler à partir de là, à des fins heuristiques, une définition de la classe qui soit indépendante de toute théorie particulière d u changement social.

Historiquement le concept de classe a été associé très étroitement à la propriété, en tant qu'institution, encore qu'il ait p u être défini, indépendamment de la notion de propriété, en termes de conflit1. Si nous définissons la classe en fonction de la possession, de la gestion et de l'exploitation de biens, cela nous permet de mieux repérer quelques-uns des traits les plus caractéristiques de ces sociétés o ù la terre est u n facteur essentiel de clivage social. Mais démontrer l'importance des clivages déterminés par la terre ne préjuge en rien de leur caractère statique o u dynamique. Quelles sortes de clivages sont effectivement associées à la possession, à la gestion et à l'exploitation de la terre, c'est là une question de fait à laquelle, jusqu'à présent, la théorie sociologique ne peut guère fournir de réponses satisfaisantes. Ceux qui y apportent des réponses de caractère général adoptent, ce faisant, une démarche plus philosophique que proprement sociologique.

Qu'il existe dans le village indien des clivages objectifs déterminés par le régime foncier, c'est u n fait aisé à vérifier. Mais dans quelle mesure de tels clivages fournissent la base d 'une prise de conscience systématique et dans quelle mesure cette prise de conscience est renforcée ou contrariée par d'autres m o d e s de clivage social, ce sont là des questions sur lesquelles nous m a n q u o n s d 'une information organisée. Il faudrait commencer par rassembler les rensei­gnements pertinents pour divers types de villages et de situations. O n devrait ensuite examiner dans quelle mesure ces clivages sociaux, avec la prise de conscience qu'ils engendrent, sont des phénomènes de nature locale et dans

1. DAHRENDORF, op. cit.

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quelle mesure ils ont un caractère global. Si, c o m m e nous y invite Gurvitch1, nous devions définir les classes en termes de clivages conscients d 'un caractère global, peut-être faudrait-il admettre qu'il s'agit là d 'un phénomène rare dans l'histoire de l'humanité, y compris dans l'histoire des sociétés industrielles.

Les auteurs qui contestent la possibilité d'appliquer l'analyse de classe à des communautés agricoles c o m m e celles de l'Inde fondent leur raisonnement sur l'absence d'une conscience de classe organisée au sein de ces communautés. E n cela ils suivent l'exposé classique de M a r x sur la paysannerie dans L e 18 Bru­maire. Il est exact qu 'au sein de catégories définies en fonction du régime foncier il n'existe que des « interconnexions purement locales ». Il n'existe pas dans ce cas un courant de conscience d'unité ou d'opposition dans la société tout entière, pas plus qu 'on ne peut parler d'organisation nationale. Mais s'il était vrai que tous ces éléments dussent nécessairement entrer dans notre définition du concept de classe, ce serait la définition d'un concept irréel.

O n a pu constater que la conscience de classe, surtout au niveau national, est un phénomène difficilement saisissable, m ê m e dans les sociétés industrielles occidentales. Ceux qui considèrent la prise de conscience c o m m e élément nécessaire à la définition de la notion de classe commencent à en mettre en doute l'existence m ê m e . M . Crozier a posé cette question fondamentale dans un article au titre suggestif : « Classes sans conscience ou préfiguration de la société sans classes »2. Néanmoins si nous étudions les classes en limitant la portée de cette notion à une situation locale, cela peut encore nous fournir d'intéressants aperçus sur un certain nombre de traits caractéristiques de la vie sociale en milieu rural dans les pays c o m m e l'Inde.

U n e des raisons pour lesquelles le concept de classe a perdu de son intérêt pour ceux qui étudient la société industrielle occidentale, c'est que, dans cette sorte de société, la structure professionnelle a désormais plus d'importance que la propriété. O r le concept marxien de classe fait passer la propriété avant la profession; et c'est pourquoi, dans la mesure où la terre et les autres formes de propriété ont beaucoup plus d'importance dans la plupart des villages indiens que la structure de l'emploi ou celle des revenus, la classe devrait être un bon instrument pour l'analyse du système social de ces villages. Paradoxalement, alors que le créateur du concept de classe le considérait c o m m e particulièrement approprié à l'étude des sociétés industrielles, l'expérience acquise en matière de recherche sociologique peut fort bien montrer qu'en fait cette notion est plus utile à l'étude des communautés rurales qu 'à celle des communautés urbaines.

VIII

Jusqu'à présent j'ai surtout insisté sur l'intérêt de l'étude sur le terrain des rapports entre classes agricoles, où, tout au moins, au début, le sociologue

1. G U R V I T C H , op. cit.

2. Michel CROZIER, « Classes sans conscience ou préfiguration de la société sans classes », Archives européennes de sociologie, vol. I, n° 2, 1959.

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devrait être relativement libéré de toute théorie préconçue. Les idées pré­conçues que nous avons jusqu'ici introduites dans l'étude de ce problème n'ont pas été heureuses dans l'ensemble et le résultat en a été un tableau simplifié à l'extrême et parfois trompeur d'une réalité complexe et diversifiée. Si nous voulons arriver à une compréhension correcte des rapports agricoles en Inde, il nous faut d'abord prendre notre parti de la complexité telle qu'elle se présente dans un secteur social déterminé. Aucune théorie générale des classes sociales n'est capable, en tant que telle, de nous faire connaître avec précision ce à quoi nous devons nous attendre dans un cadre historique et institutionnel donné.

Selon moi , une connaissance détaillée sur tous ces points est indispensable, m ê m e si l'on veut simplement avoir une idée nette des grandes lignes du tableau, ces grandes lignes ne pouvant nous être indiquées par aucune théorie reçue, que ce soit une théorie de la classe, du conflit social ou du changement social. Pour prendre un exemple simple, les rapports axés sur le régime foncier peuvent produire aussi bien la cohésion que le conflit. L'idée que la division du travail puisse créer une cohésion verticale du village peut être aussi erronée que la conception selon laquelle les contradictions objectives entre techniques de production et rapports de production engendrent automatiquement les conflits de classe. C e qu'il nous faut, c'est une connaissance plus sûre des conditions particulières dans lesquelles il y a entente et conflit.

O n peut objecter qu'étudier par priorité les systèmes locaux ne peut finalement aboutir qu'à une vue fragmentaire des rapports de classes qui dans la réalité transcendent les communautés locales. Ces communautés n'existent pas isolément, ce sont des éléments d'une société plus vaste. Mais le point de savoir dans quelle mesure les systèmes locaux s'articulent avec des systèmes plus étendus est lui-même une question de fait à quoi, encore une fois, la théorie sociologique n'est pas en état d'apporter des réponses générales satis­faisantes. Si nous entendons par classe un système de rapports sociaux, rien ne permet de poser en postulat qu'il n'existe dans la société indienne qu 'un seul et unique système de rapport de classe.

Certes, pour étudier la classe, il convient de commencer par reconnaître les groupes et les catégories spécifiques, par délimiter leurs frontières et par déterminer dans quelle mesure ils empiètent les uns sur les autres, mais une analyse sociologiquement correcte doit s'efforcer d'arriver à saisir les relations. Si nous comparons deux systèmes locaux pris dans deux régions différentes, il est probable que les éléments qui les constituent seront dissemblables. L'état actuel de nos connaissances montre nettement qu'il existe à ce niveau une diffé­renciation très poussée. Mais alors que les groupes constitutifs peuvent varier d'une communauté à l'autre, la nature de leurs relations peut offrir de grandes similitudes. C'est en tout cas au niveau local que nous devons nous efforcer de dégager des propriétés générales1. Mais ces propriétés ne nous apparaîtront

1. Cf., à cet égard, l'intéressant article publié récemment par Pierre B O U R D I E U , « Condition de classe et position de classe», Archives européennes de sociologie, vol. VII, n° 2, 1966 p. 201-223.

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que si nous nous attachons en premier lieu à étudier les différents types de groupements ainsi que leurs interrelations dans le cadre local où ils se situent.

La structure des relations s'exprime par certains principes fondamentaux et c'est l'intérêt matériel qui détermine la structure des rapports entre classes. Ainsi donc, au plus haut niveau d'abstraction, étudier une classe, c'est étudier les intérêts matériels ainsi que les façons dont s'organisent, en fonction de ces intérêts, les rapports entre catégories et groupes sociaux. Cette façon de consi­dérer la classe s'inspire évidemment de M a r x , sans impliquer pour autant une adhésion totale aux postulats de la théorie marxienne. Elle exige simplement qu 'on admette que, dans une société agricole, le régime foncier engendre des intérêts primordiaux qui commandent les rapports entre catégories et groupes sociaux.

Il m e paraît urgent que la sociologie étudie sérieusement les intérêts en jeu dans les sociétés agricoles. U n e telle étude comporte nécessairement plusieurs stades. D a n s toute société agricole, c'est sans doute la terre qui est le foyer d'intérêt principal. Dès lors l'étude des rapports effectifs suscités par le régime foncier fournit le point de départ le plus utile pour une étude c o m m e celle dont nous venons de parler.

M . Louis D u m o n t a récemment publié un ouvrage capital1 dans lequel il étudie la société indienne en fonction de sa structure idéologique. La sociologie des idées en Inde a ainsi progressé. Il serait souhaitable que lui fasse pendant une sociologie des intérêts.

[Traduit de l'anglais]

André Béteille est Jawaharlal Nehru Fellow et maître de conférences en sociologie à l'Université de Delhi; il fut autrefois Simon Fellow à l'Université de Manchester. Parmi ses publications: Caste, class and power, changing patterns of stratification in a Tanjore village (1965), ainsi que des articles parus dans diverses revues; à paraître prochainement: Castes : old and n e w , Essays in social structure and social stratification.

1. Dumont , Homo hierarchies, op. cit.

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A . K . Constandse Incidence sociale de la mécanisation de l'agriculture : quelques résultats d'une recherche transnationale

Conformément à la suggestion du Groupe de travail des problèmes de socio­logie rurale (Commission européenne d'agriculture) de la F A O , un projet de recherche transnationale intitulé « Incidence sociale de la mécanisation de l'agriculture » a été entrepris en 1965 par un groupe de travail sous la responsa­bilité de la Société européenne de sociologie rurale et sous le patronage conjoint de la F A O et de l'Unesco. Bien que les rapports nationaux des pays participants n'aient été communiqués que récemment et que le document récapitulatif et définitif soit encore en cours de préparation1, il a semblé souhaitable de pré­senter d'ores et déjà quelques constatations préliminaires dans un article du présent numéro. Pour plus de clarté, il faut donner tout d'abord quelques renseignements sur le projet lui-même. S'il a été entrepris, c'est qu 'on est devenu de plus en plus conscient qu'en collaborant à l'échelon international, les spécialistes de la sociologie rurale pourraient donner un meilleur aperçu de la nature véritable des problèmes liés au développement rural. Trop fré­quemment — et ce phénomène apparaît clairement lors de réunions inter­nationales — les chercheurs sont si préoccupés des conditions particulières à leur pays qu'ils perdent de vue les problèmes plus vastes et d'une nature plus générale. O n a pensé pouvoir obtenir par un projet m e n é en c o m m u n à l'échelon international les résultats que le seul échange d'idées est apparemment inca­pable de fournir. Les organisations qui patronnent cette étude ont procuré des fonds suffisants pour que les chercheurs puissent se réunir assez fréquemment. Disons tout de suite que ces réunions se sont révélées extrêmement utiles en elles-mêmes. Mais il faut considérer le projet en tant que tel c o m m e une expé­rience de collaboration internationale, et, ainsi qu'il en va de toute expérience, ses résultats ne sont pas entièrement satisfaisants; en voici les raisons.

Le groupe de travail entendait ne pas se limiter à la compilation et à la coordination de documents de base déjà existants, mais entreprendre au contraire des travaux sur le terrain organisés selon un plan identique, quel que soit le pays considéré. Il fallait pour cela restreindre quelque peu l'ampleur que son titre donnait au projet. Il a été décidé d'étudier l'incidence sociale de

1. Le rapport final fera probablement l'objet d'un numéro spécial du périodique Sociología ruralis en 1969.

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Rev. int. Sc. soc, vol. X X I (1969), n° 2

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l'augmentation des dimensions des unités de production agricole, et notamment dans le cas où cette augmentation est rendue nécessaire par l'emploi des machines.

Il convient de rappeler les considérations qui ont servi de base au projet de recherche. O n constate, dans tous les pays développés, que l'emploi de machines exige, dans les conditions optimales, une superficie cultivable supérieure à celle qui suffisait autrefois à une famille pour tirer u n revenu raisonnable de son activité dans l'agriculture. Les solutions qu 'on a cherché à donner au problème posé par cette évolution sont extrêmement diverses : agrandissement des exploi­tations, création de sociétés ou de coopératives, transfert de la charge des investissements en capital aux acheteurs de produits agricoles. Toutes ces transformations qui font partie de ce qu 'on appelle 1' « intégration horizontale et verticale » et qui sont directement liées à la mécanisation ont d'importants effets sociaux. Perdant une partie de leur indépendance, les agriculteurs viennent à être regroupés au sein d'ensembles plus vastes, ce qui appelle une modifi­cation de leur attitude à l'égard de la terre et du travail et de leur échelle de valeurs. Quelles que soient les idéologies politiques et les dispositions gouver­nementales qui renforcent cette tendance ou tentent au contraire de la contra­rier, une certaine évolution dans le sens indiqué est d'ores et déjà en cours et elle se poursuivra. Q u e les exploitations individuelles disparaissent totalement ou qu'elles subsistent, nous allons assister à la disparition de ce type d'agri­culteur qui pouvait prendre librement ses décisions au sein d ' u n système où l'unité de production était gérée à la façon d'une entreprise.

Il est apparu que la mécanisation n'est q u ' u n élément d 'un ensemble de transformations intéressant la vie sociale et qu'il serait difficile de l'isoler en tant que cause déterminante, m ê m e si, l'entendant au sens large, on l'assimilait à l'évolution technologique. Pour donner au problème une forme telle qu'il soit possible de le résoudre, le groupe a donc décidé de ne s'attacher qu 'à certains aspects du phénomène, à savoir l'incidence de la mécanisation sur l'organisation et la structure des activités et des exploitations agricoles ainsi que ses réper­cussions sur la situation présente et à venir de l'agriculteur et de sa famille. L'hypothèse était la suivante : la possibilité de mécaniser une exploitation permet peut-être d'améliorer les conditions de vie (augmentation de la produc­tivité, du revenu, des loisirs), mais la nécessité de le faire peut soit rendre les conditions de vie sur l'exploitation plus difficiles (accroissement des investisse­ments et des qualifications requises, diminution du temps libre), soit contraindre l'agriculteur à intégrer, verticalement ou horizontalement, son activité au sein de structures plus vastes, si bien qu'il n'est plus le seul maître de ses décisions. O n avait aussi admis c o m m e hypothèse que ces effets de la mécanisation ne paraissent que partiellement positifs aux agriculteurs et qu'ils peuvent être à l'origine de sentiments de frustration.

O n a pensé que ce problème se pose — peut-être sous des formes diffé­rentes — dans tous les pays, quel que soit leur niveau de développement économique, mais, pour l'étude, on a cependant estimé devoir retenir des régions dont les caractéristiques pourraient faire l'objet d'une comparaison internationale. C o m p t e tenu du résultat cherché, il n'était pas nécessaire

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qu'elles soient représentatives du pays — représentativité qui aurait été en tout état de cause illusoire — mais que l'activité prédominante y soit l'agriculture à temps complet et qu'elles ne subissent pas d'autres changements importants que ceux qu'entraîne la mécanisation.

O n peut donner, en ce qui concerne les régions étudiées, les indications suivantes1 :

République fédérale d'Allemagne. O n a procédé à 200 entretiens dans la W e t -terau (Hesse). O n n 'a retenu pour l'établissement de l'échantillon que les exploitations de plus de 10 hectares. L a principale activité dans la région est la production de lait et l'élevage de porcs.

Danemark. L a recherche a été faite dans deux collectivités de la région de Ringk0bing, où le système d'agriculture est assez intensif avec une prédomi­nance des céréales et de l'élevage en vue de la production laitière. Les exploi­tations sont généralement de type familial et comprennent pour la plupart d'entre elles 10 à 40 hectares. O n a obtenu au total 245 entretiens.

États-Unis d'Amérique (Louisiane). D e u x cents entretiens ont été menés dans quatre régions différentes choisies de telle sorte que soient représentées les principales productions caractéristiques de la Louisiane, c'est-à-dire la canne à sucre, le riz, le coton et le soja ainsi que la production laitière. Bien que dans toutes ces zones leurs dimensions moyennes soient supérieures à celles qu 'on observe en Europe, les exploitations sont pour la plupart de type familial. Leur importance est extrêmement variable puisqu'elles comptent 4 à 400 hectares et davantage.

Finlande. Le travail sur le terrain a été exécuté dans la collectivité de Punka-laidan, entre les villes de Turku et de Tampere. D e u x cents entretiens ont été faits sur échantillon. Le degré de développement de cette collectivité est quelque peu supérieur à celui des milieux ruraux finlandais en général. Les exploitations sont pour la grande majorité de type familial et l'on y pratique l'agriculture mixte (élevage pour la production de lait et polyculture). Leur dimension moyenne est légèrement supérieure à 12 hectares.

Italie. Des raisons d'ordre financier ont contraint à mener les recherches à proximité de Naples. La région étant faiblement mécanisée, le questionnaire n'était pas toujours adapté et il a fallu le modifier partiellement. O n a procédé au total à 100 entretiens dans la région de la vallée du Sele. Les exploitants interrogés sont pour la moitié des bénéficiaires de la réforme agraire qui cul­tivent 4 à 6 hectares de terre; on a comparé leur situation à celle des autres agriculteurs dont les entreprises sont en général plus importantes. L a production

1. Les pays représentés n'ont pas été choisis. Seuls ont pris part au projet les instituts intéressés et disposant d'un personnel utilisable à cette fin.

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de la région est très diversifiée et repose notamment sur l'agriculture mixte, l'élevage et la culture maraîchère.

Pays-Bas. Les résultats ont été obtenus par deux enquêtes dont la première s'est déroulée dans le Noordwesthoek, district agricole relativement prospère où l'on pratique la culture. Les dimensions moyennes des exploitations de plus de 10 hectares excèdent légèrement 40 hectares. L a seconde enquête a été menée dans le Krimpenerwaard, région d'élevage pour la production de lait, couverte presque exclusivement de pâturages. La superficie des exploitations est généralement comprise entre 5 et 20 hectares. O n a obtenu au total 596 entretiens.

Pologne. O n a m e n é 259 entretiens dans trois collectivités différentes situées, la première dans le centre ouest, région la plus riche où les dimensions moyennes des exploitations sont de 7 hectares; la seconde dans le centre est, plutôt spé­cialisé dans la production de produits laitiers, où les exploitations comptent en moyenne 6 hectares; la troisième dans le sud-est, particulièrement sur­peuplé, où les exploitations sont très petites (2,5 hectares en moyenne) ; pro­ducteurs de fruits et de légumes, les habitants de cette dernière région tirent tout particulièrement une forte part de leurs revenus d'activités extra-agricoles.

Suisse. Les recherches ont été menées dans quatre collectivités différentes du nord-est du pays, dont deux dans les vallées et deux dans les montagnes, les dimensions moyennes des exploitations étant toujours de 6 à 8 hectares. O n a obtenu au total 91 entretiens.

Tchécoslovaquie. L a difficulté dans ce pays tient au fait que les agriculteurs privés exploitent 7 % seulement de la superficie cultivable. Il eût été absurde de les interroger. E n revanche, on a choisi au hasard certains membres de trois coopératives qu 'on a questionnés mais, bien entendu, leurs préoccupations et leurs opinions sont différentes de celles des agriculteurs indépendants. U n e coopérative située en B o h ê m e du Centre est typique de la région agricole la plus riche, qui avait atteint un haut degré de développement dès avant la der­nière guerre. La deuxième, dans le sud de la Moravie, est assez avancée et la troisième, en Slovaquie centrale, est la plus pauvre, parce que montagneuse. O n a mené au total 388 entretiens.

Yougoslavie. O n a procédé à 426 entretiens dans des villages de deux régions différentes, les plaines pannoniennes et les montagnes de Croatie. O n n ' a tenu compte que des exploitations de type familial.

O n peut se demander s'il est possible de tirer des conclusions générales de cette recherche menée dans 28 collectivités, auprès de 2 700 agriculteurs, auprès de paysans et de grands propriétaires, dans des entreprises capitalistes et collec-tivisées, dans des zones attardées et évoluées, dans des régions subarctiques et

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subtropicales. Bien que seul le rapport final puisse répondre à cette question, nous présenterons ci-après quelques brèves conclusions.

1. Ainsi qu ' on pouvait s'y attendre, la mécanisation se développe partout. C o m m e on peut le constater aux États-Unis, aux Pays-Bas et au Danemark , les progrès sont particulièrement nets dans les régions où la taille des exploitations permet la mécanisation et o ù leur structure peut être adaptée facilement en vue de la meilleure utilisation possible des machines. Certains chiffres sont quelque peu trompeurs, l'automatisation de plusieurs activités étant parfois plus ou moins achevée avant l'année retenue c o m m e point de départ de l'étude. C'est ainsi que les tracteurs étaient déjà répandus aux États-Unis et dans quelques autres zones il y a dix ans. L'évolution ne s'y poursuit pas moins dans la mesure où les machines sont souvent remplacées par des modèles mieux conçus et plus efficaces. U n e comparaison des taux de mécanisation ne présente guère d'intérêt si l'on ne tient pas compte de la situation à l'origine, de l'orien­tation de la production et de l'organisation des exploitations. E n outre, et dans la mesure où nous nous intéressons davantage à son incidence sociale qu 'à ses effets économiques, l'importance de la mécanisation doit être évaluée dans tout un contexte : pour les paysans polonais, l'emploi de bandages en caoutchouc sur les charrettes à chevaux constitue une grande amélioration; si l'on pouvait en mesurer la portée psychologique, cette transformation appa­raîtrait peut-être c o m m e aussi importante que l'introduction des avions en vue de la plantation du riz en Louisiane.

Le degré de mécanisation dépend naturellement des capitaux disponibles et de l'offre de machines. O n observe d'une part une « sur-mécanisation » dans plusieurs régions (États-Unis, Pays-Bas, R é p . féd. d'Allemagne), c'est-à-dire que, les machines étant utilisées sur des exploitations trop réduites, on n'en tire pas le rendement maximal. D'autre part, il existe dans un pays tel que la Tchécoslovaquie une « sous-mécanisation », compte tenu des dimensions des coopératives. Cet état de choses s'explique peut-être tout simplement par une insuffisance de l'offre de machines. Il semble enfin que, si l'on veut comprendre les transformations qui réduisent la quantité de main-d'œuvre nécessaire, il faut donner au mot de mécanisation son sens le plus large : c'est ainsi qu'aux États-Unis, l'on considère l'introduction des produits chimiques pour la destruction des mauvaises herbes c o m m e l'innovation la plus riche de conséquences.

2 . C e qui incite le plus l'agriculteur à mécaniser son exploitation, c'est la réduction de la marge entre les prix et les coûts, qui fait que la main-d'œuvre est soit chassée de la terre (parce que trop onéreuse), soit attirée vers d'autres emplois (mieux rétribués), encore que l'exode des travailleurs soit déterminé non seulement par les questions de salaire mais aussi par les aspects sociaux du m o d e de vie. Cet état de choses encourage une mécanisation ayant pour objet de remplacer le travail manuel ou de rendre les activités agricoles plus attrayantes (plus faciles et plus prestigieuses) mais il existe aussi chez l'agri­culteur une volonté de mécaniser son exploitation qui ne se rattache à aucun

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motif précis. C o m m e on a pu le constater dans l'une des régions de Pologne et à plusieurs reprises en Italie, bien des gens préfèrent, en dépit de l'abondance de main-d'œuvre, utiliser des machines pour des travaux qu'il serait peut-être plus économique d'exécuter à la main. C'est pourquoi l'on observe parfois une « sur-mécanisation » alors que l'agriculture n'est que très peu mécanisée.

3. Dans la plupart des régions, la structure de l'agriculture ne remplit pas les conditions voulues pour un emploi optimal des machines. U n e adaptation relativement facile est possible dans les cas — peu nombreux — où l'agrandis­sement des exploitations est possible. C'est ainsi qu'en Louisiane, il est assez facile de louer et d'acheter des terres ou de mettre en culture des terres nouvelles et les dimensions des exploitations augmentent considérablement. Dans la plupart des cas cependant, leur expansion est lente et entraîne une diminution de leur nombre faute d'une superficie supplémentaire à mettre en culture. O n observe la disparition des plus petites et des moins rentables d'entre elles. Mais dans la plupart des régions, les terres sont si demandées que les dimensions des exploitations augmentent moins vite que ne l'exigent les impératifs de la méca­nisation. Dans certaines parties de la région étudiée en Italie (là où s'est appli­quée la réforme agraire), elles ne progressent pas du tout. Dans la région étudiée en Finlande, elles ont diminué en moyenne, en raison de la réforme agraire instituée à la suite de l'immigration d'agriculteurs caréliens ayant perdu leurs terres. Bien qu'il n'ait pas été possible d'étudier l'influence des politiques des prix et d'autres mesures de protection adoptées par les pouvoirs publics, il est bien évident qu'elles aboutissent à la survie d'un certain nombre de petites exploitations qui n'auraient pas pu subsister dans des conditions de liberté du marché.

4 . Envisagée à l'échelon de l'exploitation telle qu'elle existe, la mécanisation nécessaire constitue dans bien des cas une impossibilité ou une charge finan­cière qui ampute le revenu. Exception faite du rapport tchécoslovaque, ce phénomène ressort de toutes les études, de celles des États-Unis notamment. Quand le degré de mécanisation est aussi élevé que possible, on constate la présence d'exploitations familiales n'employant pas d'ouvriers agricoles et, bien souvent, de domaines qu 'un seul h o m m e fait valoir sans participation familiale. Des cas de ce genre existent dans presque tous les pays. D a n s la plupart des régions, l'importance de la main-d'œuvre rétribuée est devenue insignifiante. Les tentatives faites en vue de résoudre ces problèmes sans que soit modifiée la structure de l'exploitation aboutissent souvent à une simplifi­cation de la gestion grâce à une spécialisation de la production. Dans bien des régions, il était courant d'associer une large variété de cultures à l'élevage de bovins, de porcs et de volailles; au contraire, les exploitants ont tendance aujourd'hui, soit à ne pratiquer que quelques cultures en se débarrassant de leur cheptel, soit à intensifier et développer la production de lait ou l'élevage de porcs et de volailles et à acheter les aliments du bétail au lieu de les cultiver. Il en va de m ê m e de la culture des fruits et légumes qui devient négligeable ou devient au contraire la principale production destinée à la vente.

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5. U n e mécanisation adéquate de l'exploitation étant souvent impossible, on s'efforce de résoudre le problème d'autres manières. D a n s certains cas (Italie, Pologne, États-Unis), l'exploitant cherche à obtenir un revenu supplémentaire en exécutant des travaux extra-agricoles ou en accueillant des touristes dans le domaine (Suisse). Ces procédés permettent la survie d 'un grand nombre d'exploitations qui ne sont pas rentables. Ils ne présentent cependant guère d'intérêt en ce qui concerne le problème abordé dans l'étude, car des solutions de ce genre, pour aussi importantes qu'elles soient pour de nombreux habitants des zones rurales, sont sans influence sur l'avenir de l'agriculture en tant que profession.

U n deuxième m o y e n souvent utilisé est la propriété ou l'emploi collectif des machines et l'aide réciproque pour l'exécution des travaux. Ces pratiques correspondent en partie à un simple maintien de l'assistance traditionnellement fournie par le voisinage (ce fait ressort tout particulièrement du rapport finlandais) mais plus encore à des méthodes nouvelles qui en sont généralement au stade expérimental. L'aide réciproque pour l'exécution des travaux n'est pas très répandue et se limite, dans la plupart des régions, aux saisons de grande activité. Son existence s'explique surtout par le fait qu 'un ou deux h o m m e s ne suffisent pas à faire fonctionner les machines importantes (moissonneuses). L a propriété collective de l'équipement est fréquente mais s'applique plutôt aux machines simples qu'aux engins coûteux. Bien qu'ils entraînent la charge financière la plus lourde, ces derniers sont apparemment trop précieux pour être partagés; mal utilisés par l'un des partenaires, ils peuvent être une source de querelles et un investissement en c o m m u n peut rendre les associés trop dépendants les uns à l'égard des autres. Il est rare que ce genre de collaboration soit organisé et réglementé par un contrat écrit. D e plus, il est généralement le fait de petits groupes de deux ou trois exploitants entre lesquels il existe très souvent un lien de parenté. Toutes les études montrent qu 'on a fortement tendance à choisir le m o d e de collaboration qui menace le moins l'indépendance de l'entrepreneur, c'est-à-dire celui auquel il peut être mis un terme dès que cela paraît souhaitable. C e fait explique la rareté des formes de coopération qui nécessitent des investissements à long terme sous forme de bâtiments par exemple (ce qui serait le cas dans l'industrie laitière). Il faut noter que ce n'est pas toujours par crainte de s'engager que les agriculteurs ne coopèrent pas : dans certains cas, la coopération n'augmenterait pas l'efficacité des opérations. Il en est ainsi par exemple lorsque les conditions climatiques limitent la durée possible de la fenaison, si bien que tous les exploitants ont le plus vif besoin des machines au m ê m e m o m e n t (Pays-Bas) ou q u ' u n terrain montagneux rend inutile tout élargissement de l'unité d'exploitation. U n e coopération étendue à tous les domaines (1' « agriculture de groupe ») est rare, sauf bien entendu en Tchécoslovaquie, pays qui constitue de ce point de vue u n cas particulier. O n assiste depuis quelques années et dans certains pays, en République fédérale d'Allemagne notamment, au développement d 'une mise en c o m m u n des machines qui est systématiquement organisée et intéresse des groupes plus importants. Elle est aussi très fréquente en Pologne où elle est encouragée par le gouvernement (cercles agricoles).

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U n e troisième possibilité consiste à recourir aux services d'entreprises spécialisées dites contractantes. Ces derniers peuvent être des agriculteurs qui ne tirent pas de leurs machines leur plein rendement et cherchent à s'employer en dehors de leur exploitation (ce cas est particulièrement fréquent en Loui­siane). Il peut s'agir aussi de personnes spécialisées dans certaines opérations et qui en font profession. Dans plusieurs régions, ce sont ces contractants qui exécutent la plupart des travaux de la moisson et la quasi-totalité des tâches nécessitant l'emploi de matériel aérien. Cet état de choses s'explique par deux phénomènes : d 'une part, seul un personnel spécialement formé peut faire fonctionner certaines machines (et notamment piloter les avions) et, d'autre part, le recours à ce genre de services laisse l'agriculteur entièrement libre de gérer son exploitation c o m m e il l'entend et ne nécessite aucun investissement en capital.

6. L a mécanisation est généralement considérée c o m m e un phénomène positif, du fait notamment qu'elle facilite le travail et rend inutiles bien des efforts physiques. Tel est en particulier le point de vue des producteurs de lait, plus sensibles que quiconque à l'intérêt que comporte tout changement dans la routine quotidienne. Pour certains, la mécanisation présente l'avantage de mettre un terme aux « ennuis » que l'on a avec les ouvriers agricoles. Bien que les jugements favorables soient les plus nombreux, la plupart des rapports font aussi ressortir un aspect négatif. L'augmentation constante des investissements requis, qui ne s'accompagne pas d 'un accroissement parallèle des recettes, suscite bien des inquiétudes quant à l'avenir. Les agriculteurs interrogés consi­dèrent généralement c o m m e un inconvénient la nécessité d'envisager des solutions de rechange qui allègent cette charge financière mais réduisent dans tous les cas leur indépendance. Il faut noter ici qu'ils fournissent ces apprécia­tions positives et négatives sans faire de lien entre elles : il est très rare qu'ils établissent explicitement un rapport entre les divers effets de la mécanisation. L a réduction des loisirs par suite de la disparition de la main-d'œuvre n'est mentionnée que dans les régions où les exploitations sont depuis toujours de dimensions importantes et où les agriculteurs dirigeaient le domaine (Pays-Bas, États-Unis). Il leur faut alors payer davantage de leur personne qu'ils n'étaient habitués à le faire.

7. Les opinions sur l'avenir de l'agriculture présentent des ressemblances frappantes. O n s'accorde pour penser que les exploitations de demain seront plus mécanisées et devraient par conséquent être plus grandes. O n estime que la mécanisation en tant que telle devrait faciliter et améliorer l'existence. Les réponses sont moins nettes en ce qui concerne l'augmentation des dimensions des exploitations. Q u a n d ils n'ont pas eux-mêmes ce que l'on considère dans la région c o m m e une petite exploitation (de moins de 0,5 hectare à 10 hectares selon les cas), les agriculteurs sont presque toujours persuadés que celle-ci doit disparaître. Pour ce qui est des dimensions idéales devant permettre d'obtenir un bon revenu à l'avenir, le nombre d'hectares cité est très souvent à peine supérieur à celui que possède la personne interrogée. Encore qu 'à cet

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Incidence sociale de la mécanisation de l'agriculture

égard les opinions varient largement, il semble que les agriculteurs envisagent pour la plupart un agrandissement des unités de production mais certainement pas des structures nouvelles au sein desquelles leur unité ne pourrait s'insérer. Ils songent manifestement au maintien de l'exploitation familiale. O n retrouve cette attitude dans toutes les régions (et de façon particulièrement explicite parmi les producteurs de lait). Bien entendu, la Tchécoslovaquie fait encore une fois exception; il faut cependant noter que m ê m e dans ce pays, un élargis­sement des coopératives quand il est proposé, apparaît c o m m e peu souhaitable parce que préjudiciable aux relations de bon voisinage et de nature à rendre toute gestion plus difficile. Si l'on fait la comparaison avec les changements considérables qui interviennent dans l'industrie et dans d'autres secteurs de l'économie et les aspirations des gens qui en font partie, il faut bien conclure que les agriculteurs n'envisagent pas de transformations fondamentales ou que, si on leur en suggère une, ils la refusent.

8. Les agriculteurs tiennent certes l'élargissement des exploitations pour nécessaire, mais ils ne voient pas, pour la plupart, c o m m e n t l'obtenir. Ils repoussent généralement les mesures voulues, y compris les dispositions qu'ils devraient prendre eux-mêmes. Cette contradiction entre les désirs et les besoins engendre des sentiments de frustration qu'ils expriment assez souvent en reje­tant sur le m o n d e extérieur la responsabilité de leurs malheurs. Cette attitude est surtout le fait de ceux qui ont des exploitations moyennes ; en effet, aucune difficulté immédiate ne menace ceux qui exploitent de grands domaines, et les petits propriétaires sont ceux qui, toutes proportions gardées, ont le moins à espérer mais aussi le moins investi en vue de l'avenir (qu'il s'agisse de moyens financiers ou d'énergie affective), ce qui leur permet d'envisager plus facilement des solutions de rechange telles que l'agriculture à temps partiel ou le chan­gement de profession. D e plus, ayant des ambitions plus limitées, il leur est plus aisé qu ' à d'autres, plus instruits, d'obtenir un emploi dans un secteur différent. Ces divergences dans les attitudes à l'égard de l'avenir, qui sont fonction des dimensions de l'exploitation, sont probablement liées aussi à l'amélioration considérable récemment intervenue dans la situation matérielle des petits propriétaires et des anciens ouvriers agricoles (à la suite par exemple de la réforme agraire en Italie). Bien que toutes les catégories aient bénéficié d'une amélioration de leur équipement matériel (voiture personnelle, eau courante, électricité, télévision), les grands propriétaires ont vu se dégrader leur condition sociale, relativement élevée autrefois.

Ces éléments c o m m u n s , décrits par la force des choses de façon très approximative, apparaissent dans les différentes zones étudiées sous des formes diverses en raison de la variété des conditions locales, des évolutions passées et des perspectives d'avenir. U n e analyse ultérieure devra traiter ces dissem­blances de façon plus approfondie qu'il n'était possible de le faire ici, ce qui rendra les similitudes d'autant plus frappantes.

[Traduit de Vanglais]

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A . K . Constandse

ANNEXE

Les conclusions de l'étude sont fondées sur les rapports nationaux suivants : République fédérale d'Allemagne. Multigraphie, 62 p., allemand. Auteur : H . J. Krekeler,

Institut für Agrarsoziologie der Justus Liebig Universität, Giessen. Danemark. Multigraphie, texte et tableaux, 80 p., anglais. Auteur : G . V . Mogensen,

Institut national danois de recherches sociales, Copenhague. États-Unis d'Amérique. Multigraphie, 37 p., anglais. Auteurs : A . K . Constandse, A . L .

Bertrand, P . F . Hernandez, Louisiana State Agricultural Experiment Station, Department of Rural Sociology, Baton Rouge , Louisiane.

Finlande. Multigraphie, 52 p., anglais. Auteur : K . Honkala, Instituttet for Socialforsk-ning, Det Svenske Universitet, A b o (Turku).

Italie. Multigraphie, 149 p., anglais. Auteurs : G . Mottura et E . Pugliese, Centre de for­mation supérieure et de recherches en économie rurale, Section de sociologie rurale, Université d'agronomie de Naples, Portici.

Pays-Bas. A . J. Jansen, D e sociale gevolgen van de mechanisatie in de landbouw [Inci­dence sociale de la mécanisation de l'agriculture], Bulletin n° 30, Département des sciences sociales, Université d'agronomie, Wageningen, 1968. 106 p. (Version anglaise en multigraphie, 79 p., m ê m e auteur.)

Pologne. Multigraphie, 53 p., anglais. Auteur : Jadwiga Marek, Institut d'économie rurale, Varsovie.

Suisse. Multigraphie, texte et tableaux, 196 p., allemand. Auteur : W . Gasser, Seminar für Agrarpolitik und Agrarrecht, Hochschule St. Gallen für Wirtschafts und Sozial­wissenschaften.

Tchécoslovaquie. Multigraphie, 105 p., anglais. Auteurs : J. Vavrik, Département de sociologie rurale et d'histoire de l'agriculture, Université d'agronomie, Prague; I. Matuska, Département des sciences humaines, Section de sociologie rurale, Université d'agronomie, Nitra; Vera Tauberova, Département de sociologie rurale, Université d'agronomie, Brno.

Yougoslavie. Multigraphie, 38 p., anglais. Auteurs : S. Suvar et V . Cvjeticanin, Agrarni Institut, Zagreb.

O n prépare actuellement la version définitive de plusieurs de ces rapports, version qui sera publiée dans la langue du pays considéré.

A. K. Constandse a mené des recherches sociologiques pour le compte de Vorganisation gouvernementale pour l'assèchement et la mise en valeur des Ijsselmeerpolders; de 1961 à 1967, il a fait partie du Département de sociologie rurale de l'Université de Wageningen; il est à l'heure actuelle chargé de cours de sociologie de la planification physique à l'Université catholique de Tilburg. De 1962 à 1968, il a été secrétaire de rédaction de Sociologia ruralis, publication de la Société européenne de sociologie rurale. Il a été professeur invité à l'Université de l'État de Louisiane de 1964 et en 1967. De 1965 à 1968, il a exercé les fonctions de secrétaire du Projet de recherche sur l'incidence sociale de la mécanisation de l'agriculture.

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Louis Malassis Education et développement agricole

Envisagée du point de vue du processus socio-économique de développement global, l'éducation est une catégorie historique, liée aux étapes du dévelop­pement. Certes, l'éducation exerce une fonction historique permanente : elle socialise la culture... « O n entend par là le processus par lequel un groupe transmet son patrimoine culturel à ses membres en vue d'assurer sa survie économique et spirituelle1. » Cette socialisation se présente sous la forme d 'un legs d'idées et de techniques de la génération antérieure à la génération nou­velle. Mais le système d'éducation évolue et se transforme en relation avec le processus de développement : de toute évidence, le système d'éducation de la société industrielle diffère par ses objectifs, ses structures et ses méthodes de celui de la société traditionnelle. Si, dans la société traditionnelle, la fonction de conservation l'emporte sur celle de « création de vie nouvelle », dans la société industrielle, le système d'éducation devient un instrument de la croissance économique et du changement social2. L'éducation est un moyen de la société progressive, apte à faciliter la découverte, l'invention, l'information, l'inno­vation et la diffusion (ces différents termes marquant les étapes fondamentales dans le processus de création et de propagation).

D'autre part, l'éducation généralisée prépare une meilleure compréhen­sion et une meilleure maîtrise du processus de développement, facilite la c o m m u ­nication entre les h o m m e s et l'intégration sociale, rend possible la société de participation.

L'éducation étant envisagée c o m m e catégorie historique, liée à un contexte global, l'analyse du système d'éducation agricole ne peut être signi­ficative que si elle est envisagée par rapport au processus de développement et au système global d'éducation. Il est d'abord nécessaire de comprendre que le développement agricole n'est pas autonome, mais qu'il est fortement déterminé par le processus global de développement; aux étapes (ou périodes) du dévelop-

1. L E T H A N H K H O I , « Dimension historique de l'éducation », Tiers-Monde, n° 22, avril -juin 1965, p. 336.

2. Des décalages historiques existent cependant entre la société progressive et le système sco­laire, qui demeure souvent traditionnel, mais la société industrielle développe de plus en plus des formes non scolaires d'éducation : stages, recyclages, formation permanente, promo­tion, etc., qui tendent à mettre en cause le système scolaire lui-même.

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Rev. int. Sc. soc, vol. X X I (1969), a« 2

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Louis Malassis

pement global correspondent des étapes du développement agricole. Ces relations peuvent être illustrées par un « modèle simplifié à deux secteurs ». E n convenant d'appeler « agricole » la population vivant de l'agriculture, et « non agricole » ou par simplification « industrielle », la population « restante », le modèle simplifié du développement occidental se présente c o m m e il apparaît au tableau 1.

T A B L E A U 1. Modèle simplifié (deux secteurs) du développement occidental.

Répartition de la population (en pourcentage)

Agricole N o n agricole

Rapport de la population agricole à la population non agricole

Rapport de la population totale à la population agricole

Étapes du développement

Global Agricole

80

Dix-huitième siècle

20 0,25 1,25 Économie agri­cole ou pré­industrielle

Agriculture de subsistance

50

Dix-neuvième siècle

50 1 Économie en Agriculture en cours cours d'indus- de commerciali-trialisation sation

20 10

Vingtième siècle

80 90

5 Économie Agriculture c o m -10 industrialisée mercialisée en cours

d'ind ustrialisat ion

U n tel modèle appelle des commentaires et aussi des réserves que nous avons déjà formulées ailleurs1; il constitue néanmoins une approche utile pour rendre compte de la grande mutation d'activité qui s'est produite et pour relier le développement agricole au développement global. Il fait apparaître un décalage d'une période entre 1' « industrie » et l'agriculture, montrant le rôle moteur de l'industrie dans le processus de transformation historique2. A u stade de la société postindustrielle, l'hypothèse logique est celle de l'agriculture industrialisée.

Puisque le développement implique des changements sociaux, il est souhaitable de construire des « modèles sociaux » en relation avec les étapes de la croissance. Ainsi, l'analyse du développement rural occidental suggère trois modèles fondamentaux de société rurale : la société semi-féodale fondée

1. Louis M A L A S S I S , « Développement économique et industrialisation de l'agriculture », Econo­mie appliquée, p . 94, Archives de l'ISEA, tome X X I , Paris, 1968.

2. Certes, l'agriculture joue le plus souvent un rôle moteur dans le démarrage mais, celui-ci étant effectué, l'industrie devient le secteur moteur de la croissance.

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Éducation et développement agricole

sur l'agriculture de subsistance, la société artisanale fondée sur une agriculture en cours de commercialisation, la société rurale des sociétés industrielles fondée sur une agriculture en cours d'industrialisation. Chacun de ces types d'agri­culture est lui-même caractérisé par une infrastructure technologique spécifique.

Notre modèle simplifié évoque le triomphe de la société industrielle et oppose c o m m o d é m e n t deux types extrêmes : celui de la société préindustrielle, traditionnelle, paysanne, et celui de la société industrielle, novatrice, urbanisée. Sans doute la réalité est-elle plus nuancée que celle évoquée par des modèles « morphologiquement purs », mais les tendances rappelées ici sont bien connues. C'est au sein de chacune de ces sociétés que l'analyse du système d'éducation prend toute sa signification. C'est par rapport à un type de société en changement, décrite dans sa structure et son processus d'évolution, que la stratégie de l'éducation en vue du développement peut être définie1. 0 est évident que le système d'éducation agricole ne saurait être le m ê m e dans l'agri­culture artisanale et dans l'agriculture en cours d'industrialisation.

Le modèle occidental du développement agricole n'est pas un modèle de portée générale. L a théorie des trois secteurs de M M . Colin Clark et Jean Fourastié et celle de la croissance économique de W . Rostow ont suscité les critiques que l'on sait. Si l'industrialisation constitue un aspect tout à fait fondamental de l'évolution occidentale, et le plus souvent un objectif des sociétés en cours de développement, elle peut se réaliser par des voies diffé­rentes de celles du capitalisme occidental. D e m ê m e , le processus du dévelop­pement agricole en relation avec le développement global peut se réaliser selon des voies différentes qui ne se renouvellent jamais totalement. Un des objectifs du système d'éducation est (ou devrait être) de mettre les hommes en mesure de réinventer sans cesse les nouvelles voies du développement. Les réflexions que nous proposons sont donc limitées dans leurs ambitions historiques et géogra­phiques : elles ne concernent que la zone occidentale de l'Europe, zone où la société industrielle s'est édifiée au sein du système capitaliste, par innovation et transferts de ressources de la société paysanne traditionnelle vers le secteur industriel en croissance, et simultanément par transformation socio-économique de la société rurale. Dans une première partie, nous envisagerons le système d'éducation agricole dans ses rapports avec le processus de développement et, dans une seconde partie, le système d'éducation agricole dans la société industrielle2.

Education agricole et processus occidental d'industrialisation

L a société industrielle s'est édifiée sur la base d'une société paysanne. Histo­

riquement, le système d'éducation ne semble pas avoir joué un rôle déterminant

1. Louis M A L A S S I S , Développement économique et programmation de Véducation rurale, p. 42 et suiv., Paris, Unesco, 1966.

2. Dans une autre étude, nous nous sommes livrés à une analyse de portée plus générale (Louis M A L A S S I S , Développement économique et programmation de l'éducation rurale, op. cit.). Dans la présente étude, nous utiliserons le plus souvent des données intéressant la France.

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Louis Malassis

dans la révolution industrielle et le démarrage économique qui se sont produits à la fin du x v m e siècle et au début du xixe en Angleterre et en France. Les inventions ont été, le plus souvent, le fait de praticiens ; les travailleurs étaient pour la plupart analphabètes et les entrepreneurs étaient plutôt des « auda­cieux » que des h o m m e s prenant des décisions sur la base d 'un calcul écono­mique rationnel.

Mais, au fur et à mesure que se développait le processus d'industrialisa­tion, l'analphabétisme a décliné. La plupart des pays avancés ont instauré l'enseignement public et l'obligation scolaire au cours du xixe siècle : au Danemark dès 1814, en Angleterre en 1870, en France en 1882, au Japon en 1886. Les travaux de l'Unesco ont montré clairement les relations entre les courbes de déclin de l'agriculture et celles de la proportion des illettrés ainsi qu'entre cette proportion et la structure économique (exprimée par le pour­centage d'actifs agricoles dans la population active totale)1.

« Il résulte d'observations faites dans le passé et de comparaisons établies de nos jours que l'on constate très souvent u n niveau d'instruction élevé dans les pays qui se trouvent à un stade avancé d'industrialisation2. » Ainsi, le déclin global de l'analphabétisme est lié au processus d'industrialisation3; encore convient-il d'ajouter que le développement du système d'éducation agricole est dans une certaine mesure le produit du processus d'industrialisation. Les estimations faites dans quelques pays de l ' O C D E dans les années cinquante ont permis d'arriver à la conclusion suivante : ce n'est pas dans les pays où le secteur agricole est relativement le plus important que les pouvoirs publics dépensent relativement le plus en faveur des investissements intellectuels dans ce secteur, mais bien dans les pays les plus industrialisés4.

La participation des agriculteurs au système général d'éducation et au système spécifique que la plupart des pays ont créé à leur intention est en relation avec les niveaux de développement économique, ainsi qu'avec les objectifs et les structures du système d'éducation.

Dans la société traditionnelle, le système d'éducation, adapté à ce type de société, est réservé à quelques privilégiés. Historiquement, l'éducation a formé chacun selon son rang et maintenu ou renforcé la différenciation sociale : dans la société en cours d'industrialisation, le système d'éducation qui s'est constitué au début du xixe siècle est,fondé sur la formation d'une élite à laquelle sont réservés l'enseignement général et l'accès à l'enseignement universitaire et aux grandes écoles. L a séparation des enfants s'effectue très tôt, vers l'âge de onze ou douze ans et, inévitablement, cette séparation est très fortement marquée par l'origine sociale. La différenciation sociale résulte aussi de la structure

1. Vanalphabétisme dans le monde du milieu du XXe siècle, Paris, Unesco, 1957, 216 p. ( M o n o ­graphies sur l'éducation de base, II.)

2. Ibid., p. 189. 3. La mise en œuvre de politiques « audacieuses » d'éducation dans les pays en voie de dévelop­

pement peut modifier les tendances constatées en Occident et réduire l'analphabétisme dans des structures économiques à dominante agricole.

4. Louis M A L A S S I S , Investissements intellectuels dans l'agriculture et développement économique et social, p. 145, Paris, O C D E , 1962. (Documentation dans l'agriculture et l'alimentation, n° 60.)

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Éducation et développement agricole

cloisonnée du système d'éducation (général et technique, primaire et secon­daire) ne permettant pas le passage d 'un type d'enseignement à l'autre et rendant impossible la réorientation des élèves en cours de scolarité. L a diffé­renciation sociale joue enfin par le contenu des types de formation ; la croyance en la supériorité d 'un enseignement fondé sur les valeurs issues des civilisations ancestrales entraîne, par voie de conséquence, une sorte de mépris pour l'en­seignement technique. Pour toutes ces raisons, et pour d'autres encore, le système d'éducation demeure un instrument de différenciation sociale, et l'accès à la formation générale et universitaire reste le plus souvent lié à l'origine sociale. Le processus d'industrialisation contribue, certes, à atténuer les carac­tères traditionnels de l'enseignement, mais la démocratisation n'est pas achevée, la synthèse des « humanités » et de la « technicité » n'est pas faite, le système global d'éducation n'est pas encore édifié. Les crises actuelles au sein du sys­tème occidental d'éducation témoignent de tensions internes qui sont liées à des transformations structurelles ou procèdent de nouvelles aspirations concernant le développement socio-économique.

E n relation avec le processus global d'industrialisation, le développement de l'éducation bénéficie aux paysans au niveau de l'enseignement primaire, mais la structure m ê m e du système d'éducation et, plus généralement, les conditions socio-économiques qui sont celles des paysans tiennent la quasi-totalité d'entre eux éloignés de l'enseignement secondaire et de l'université. Toutes les statistiques disponibles montrent que les fils de paysans et de salariés agricoles ont le plus faible pourcentage d'accès à l'enseignement supérieur1, que les travailleurs agricoles reçoivent la formation la plus brève, et que la branche des activités agricoles a la plus faible proportion d'ingénieurs et de techniciens2.

Pourtant il y a fort longtemps qu'en Europe, des « h o m m e s éclairés » s'intéressent au progrès de l'agriculture et de 1' « instruction agricole » des paysans. Les grands propriétaires fonciers ont joué un rôle décisif dans le progrès de l'agriculture en Angleterre au x v m e siècle; ils ont amélioré la pro­ductivité du travail agricole, permis le transfert de travailleurs agricoles vers l'industrie et ainsi rendu possible le démarrage économique de leurs pays. E n France, les physiocrates, inspirés par l'exemple de l'agriculture anglaise, ont élaboré la théorie de l'agriculture nouvelle, fondé de grandes écoles, lancé les premières formes de la vulgarisation agricole (création des sociétés d'agri­culture, lecture des avis sur l'agriculture par les curés des paroisses). Malgré les travaux de pionniers qui ont jalonné en Europe occidentale le passage de l'agriculture de subsistance traditionnelle à l'agriculture commerciale, le niveau d'instruction générale des paysans est demeuré bas et le niveau de formation professionnelle très faible. R . Châtelain estime qu'en France l'enseignement agricole sous ses différentes formes n'avait touché que 1 % du contingent annuel de jeunes agriculteurs en 1913, 3 % en 1938, 15% en 1958. Il y a donc

1. E n France, les travailleurs agricoles (exploitants et salariés) représentaient en 1963 2 0 % de la population active mais seulement 7 % de la population estudiantine et 2 à 3 % environ des élèves des grandes écoles (enseignement agronomique non compris).

2. Ressources en personnel scientifique et technique dans les pays de l'OCDE, Paris, O C D E , 1963.

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Louis Malassis

environ une dizaine d'années, 8 5 % des enfants d'agriculteurs accédaient à l'activité agricole sans autre formation que celle qu'ils avaient reçue à l'école primaire. Dans un passé récent, notre société exigeait plus de diplômes d'une dactylo faisant un travail d'exécution contrôlé que d 'un agriculteur ayant l'initiative de la production et gérant un capital important. Il vaut la peine de rechercher les raisons de cet état de fait.

O n ne peut en trouver l'explication qu'en procédant à un examen général de la structure de la société rurale occidentale au cours de la période d'indus­trialisation. C'est alors que l'agriculture se commercialise et s'ouvre sur l'exté­rieur; mais elle demeure sur bien des plans semi-traditionnelle, les personnes influentes y sont le plus souvent des notables et les survivances de mentalités semi-féodales y sont nombreuses (rapports sociaux entre les propriétaires fonciers historiques et les agriculteurs). L a construction de la société industrielle

, et urbaine semble se faire d'abord au détriment de l'agriculture : l'industrie « agresse » l'agriculture, qui tend à s'abriter derrière un système de valeurs traditionnelles dont elle se fait la gardienne; l'école introduit des modèles urbains et industriels dont les défenseurs des «valeurs rurales» se méfient;

• il arrive qu'elle perturbe les hiérarchies traditionnelles et elle est bien souvent un instrument d'exode rural. L'exploitation familiale requiert très tôt la contri­bution des enfants à la production, les agriculteurs n'ont pas le m o y e n de faire instruire leurs enfants et d'ailleurs leur expérience, leur propre niveau de for­mation et d'information, leurs traditions et leurs structures mentales les conduisent à considérer que l'école n'est pas l'instrument de la réussite paysanne. Si l'école est une réalité respectable, elle est sans rapport direct avec le travail qui fait le sérieux de la vie et la valeur des h o m m e s . Les organismes professionnels agricoles ne mettent pas autant de vigueur à revendiquer l'exten­sion de l'éducation rurale qu'ils en mettent à soutenir d'autres causes.

D'autres arguments1 pourraient être avancés pour expliquer le faible niveau de formation et d'information des agriculteurs. Mais nous voudrions clairement mettre en évidence qu'il existe une étroite relation entre le dévelop­pement relatif des branches d'activité et les niveaux d'éducation.

E n Europe, au cours des xixe et xx e siècles, les milieux agricoles ont déploré 1' « écrémage des campagnes », le « départ des meilleurs ». Sans doute, ces plaintes procèdent-elles, dans une certaine mesure, des attitudes rurales qu'engendrent les prélèvements sur les campagnes résultant de la croissance industrielle et urbaine. Étant donné le petit nombre de fils d'agriculteurs qui accèdent à l'enseignement secondaire et à l'université, la sélection des plus aptes par le système d'éducation a bien peu joué. Mais, de toute évidence, u n secteur d'activité ne peut espérer retenir les meilleurs, ni élever son niveau m o y e n d'éducation, s'il n'offre pas aux meilleurs et aux jeunes ayant reçu une formation, la possibilité de mettre en valeur leurs connaissances et leur dyna­misme , s'il ne leur offre pas un cadre de vie à la hauteur de leurs capacités et de leurs ambitions.

1. Notamment l'inadaptation de l'école primaire ou professionnelle à sa fonction dans la société considérée.

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Éducation et développement agricole

Le retard de l'agriculture par rapport au processus global de dévelop­pement limite la capacité d'absorption des personnes instruites. Dans de nombreuses régions d'Europe, où dominent les structures agricoles artisanales, l'agronome ou le technicien ne peut trouver place dans ces structures. Pour accroître la proportion d'ingénieurs, de techniciens, de travailleurs qualifiés dans l'agriculture, il faudrait modifier les structures de la production agricole. Le développement de l'éducation rurale aurait nécessité des changements plus rapides des mentalités issues de la société traditionnelle, mais aussi des changements plus rapides dans les structures de la production agricole : régime de la propriété foncière, organisation et dimension des unités de production, commerce des produits agricoles et alimentaires, etc.

D e nombreuses études publiées récemment montrent que l'éducation est à la fois la cause et la conséquence du processus de développement. Entre éducation et développement il existe des « relations dialectiques » : un niveau d'éducation élevé contribue à la croissance, mais, dans une certaine mesure, le niveau d'éducation est aussi le produit de la richesse...; à mesure qu'aug­mentent les revenus familiaux, les jeunes gens veulent s'instruire davantage et les parents peuvent le leur permettre; de m ê m e , à mesure que s'accroissent les revenus nationaux et les recettes financières des gouvernements, il devient possible de consacrer à l'éducation des s o m m e s plus considérables (professeur Svennilson1).

Pour promouvoir la richesse dans les secteurs pauvres, pour faire dispa­raître les disparités résultant du processus de croissance, une vigoureuse inter­vention des pouvoirs publics est nécessaire en vue de répandre l'éducation dans des secteurs défavorisés. Pour différentes raisons, dont certaines ont été mentionnées ci-dessus, l'intervention des pouvoirs publics en faveur de l'accès des fils de paysans au système général d'éducation et en faveur du dévelop­pement de l'enseignement professionnel agricole a eu lieu tardivement.

Par contre les pouvoirs publics se sont efforcés de promouvoir la diffusion du progrès et d'augmenter la production agricole par le canal de « services de vulgarisation agricole ». Agronomes et techniciens ne trouvant pas place dans les structures inadaptées de la production agricole, l'État les a mis au service du développement de la production par le canal de services appropriés. Ces services ont été fondés dès le xixe siècle en Europe2. E n créant des zones de démonstration, en rédigeant des documents et des articles, en instituant des conférences du dimanche, en créant ou en contribuant à créer les premières formes d'organisation professionnelle, les vulgarisateurs ont joué un rôle important dans le développement agricole de l'Europe occidentale. Vers 1960, dans les pays de la C E E , le nombre de conseillers agricoles était de l'ordre de 1 pour 300 à 400 exploitations agricoles.

1. O C D E , Politique de croissance économique et d'investissement dans renseignement, Conférence de Washington, 16-20 octobre 1961 (5 publications).

2. E n France, la première chaire départementale d'agriculture fut créée à Bordeaux en 1867. La loi du 16 juin 1879 a étendu le système à l'ensemble des départements et la loi du 21 août 1912 a créé les directions départementales des services agricoles.

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Louis Malassis

Éducation agricole et société industrielle

Depuis les années cinquante, des transformations importantes ont commencé à se produire dans l'agriculture de la zone occidentale d 'Europe; dans le cadre de la société industrialisée, l'agriculture tend elle-même à s'industrialiser, ce qui signifie que les méthodes, structures et comportements formés au sein de la société industrielle pénètrent dans la branche d'activité agricole et s'y répandent. La société rurale, après être passée du stade de la société semi-féodale fondée sur l'agriculture de subsistance à celui de la société artisanale, est maintenant au début d 'une nouvelle période transitoire qui semble devoir conduire l'agri­culture vers le stade de l'industrialisation; l'agriculture vit sa seconde mutation historique. D'autre part, il est significatif de constater que la revendication fondamentale des agriculteurs dans la société occidentale concerne la « parité ». Cette notion peut donner lieu à plusieurs interprétations, mais elle marque, explicitement ou non, une adhésion aux bienfaits issus de la société industrielle et un souci d'intégration sociale. Il n'est peut-être pas excessif de penser que la société dualiste (agricole et industrielle, mais aussi traditionnelle et nova­trice, paysanne et urbaine) appréhendée par notre modèle à deux secteurs tend, de plus en plus, vers une société socialement intégrée. Cette intégration sociale n'est pas incompatible avec la sauvegarde des paysages ruraux et des espaces verts, dont les h o m m e s de la société industrielle ressentent si profondément le besoin.

Les transformations de l'agriculture procèdent c o m m e toujours des transformations socio-économiques globales. L'accélération du progrès technologique et de la croissance économique globale, le développement des moyens de communication sous toutes leurs formes, notamment des moyens de communication de masse, l'industrialisation de certaines zones rurales et le succès des résidences à la campagne, etc., contribuent à expliquer les trans­formations rurales par les transformations de l'environnement.

Les transformations de l'agriculture procèdent aussi de changements survenus dans les branches d'activité qui touchent directement l'agriculture : transformation du commerce des produits agricoles et industriels (super­marchés, chaînes intégrées, etc.), rôle croissant des industries agricoles et alimentaires et développement des techniques d'intégration, etc. Enfin, l'agri­culture est soumise à des transformations internes qui procèdent de l'accélé­ration du progrès technique agricole, en relation avec l'accélération du progrès technique en général et l'intensification des recherches consacrées à l'agri­culture. Le progrès est parfois tel qu'il entraîne une substitution d 'un « modèle technologique » à un autre : le cas de l'aviculture, où une production « indus­trielle » s'est substituée à une production artisanale, est bien connu. Cette branche de production possède maintenant tous les caractères du processus industriel de production : esprit d'innovation, calcul et contrôle technique et économique généralisé, division technologique du travail, capital technique important par travailleur, production de masse, haute productivité du travail. Certes, l'aviculture constitue u n exemple particulièrement spectaculaire, mais

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Éducation et développement agricole

il y a de bonnes raisons de penser qu'au cours de la période transitoire actuelle, l'agriculture va continuer à s'industrialiser. C e processus d'industrialisation de l'agriculture pose des problèmes fort complexes, que nous ne pouvons étudier ici.

Les transformations socio-économiques en cours sont liées à celles des mentalités. Le niveau d'aspiration et d'attente des agriculteurs s'est considé­rablement élevé et, c o m m e nous l'avons déjà mentionné, leur revendication fondamentale est la parité.

Certes, nous s o m m e s au début de la période transitoire et la nouvelle agriculture s'édifie sur la base d'une société semi-traditionnelle. Mais une élite nouvelle prend le pouvoir professionnel; l'agriculture n'est plus représentée par des notables mais par des agriculteurs authentiques qui, pour la plupart, n'ont pas été formés par l'école mais dont la promotion a été souvent assurée par les mouvements de jeunesse.

Peu à peu, le calcul économique s'est répandu dans les campagnes et notamment dans les zones d'agriculture familiale, les techniques de gestion des exploitations agricoles se sont perfectionnées, le raisonnement par unité de travail s'est substitué au raisonnement par hectare, si caractéristique de la société traditionnelle ; à la notion technique de « modernisation agricole » s'est de plus en plus substitué un contenu économique et social et, peu à peu, la notion d ' « exploitation familiale », base de la philosophie socio-politique de la société rurale artisanale, a été remplacée par la notion d ' « exploitation agricole économiquement et socialement viable ». Finalement, le problème de la rénovation des structures agricoles a été posé avec force, notamment par les jeunes syndicalistes agricoles.

Le m o n d e rural est angoissé. Ses représentants les plus conscients comprennent que l'agriculture est en train de subir de profondes transforma­tions, que le processus d'industrialisation est inévitable, mais ils s'interrogent avec raison sur les différentes voies de ce processus. Quant à nous, trois voies nous paraissent possibles : celle de l'agriculture capitaliste, celle de l'agri­culture artisanale modernisée (ou agriculture néo-artisanale) intégrée partiel­lement ou totalement par le capitalisme industriel et commercial, celle de l'agriculture néo-artisanale insérée dans des structures coopératives. Il est évident que ces différentes voies ne conduisent pas au m ê m e type de société et qu 'au début de la période transitoire où les choix sont encore possibles, les modèles prévisionnels concernant l'évolution de la technologie doivent s'accompagner de projets de société.

Les transformations socio-économiques en cours ne vont pas sans modifier l'attitude des agriculteurs face au système d'éducation ni sans mettre en cause ce système lui-même, dans ses objectifs, ses structures et ses méthodes : les agriculteurs rejettent tout système qui ferait d'eux une catégorie à part dans la nation et aboutirait à leur dispenser « une formation au rabais ».

U n aspect fondamental de la « parité » est de permettre aux enfants d'agriculteurs d'accéder au système global d'éducation avec des chances égales à celles des autres catégories socio-professionnelles. L a démocratisation de l'enseignement implique la généralisation d 'un système efficace d'orientation

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scolaire et de réorientation en cours de scolarité, l'octroi de bourses et indem­nités compensatrices aux catégories défavorisées, une répartition géographique satisfaisante des établissements assortie de moyens de transports scolaires, etc.

Le schéma suivant peut être esquissé : sur un fonds de formation c o m m u n e , aussi développé que possible, assuré dans des établissements uniques pourvus de classe d'orientation, devrait se produire (le plus tard possible) une diffé­renciation dans l'éducation, motivée par des choix en relation avec les types de formation qu'impliquent le fonctionnement et le développement de la société industrielle. Selon ce schéma, l'enseignement agricole serait intégré dans l'en­seignement global et il n'apparaîtrait c o m m e tel qu 'au niveau de la formation « fonctionnelle ». Ainsi, le système devrait contribuer à éliminer la différen­ciation sociale et, d'autre part, à détruire la vieille distinction entre le général et le technique, et à produire finalement des techniciens cultivés, c'est-à-dire des h o m m e s aptes à accomplir une fonction dans la société technologique et capables de donner à cette fonction sa véritable signification humaine. La mise en place d 'un système d'enseignement intégré et fonctionnel peut cependant nécessiter les étapes, en relation avec le processus de développement et l'évo­lution relative des différents secteurs d'activité.

Bien que la formation générale soit fondamentale, que les systèmes d'édu­cation permanents visent à adapter sans cesse l'enseignement de base aux nouvelles conditions de la production, que le développement de l'informatique ouvre des voies nouvelles et fournisse des moyens puissants pour la création d 'un système généralisé d'information, il n'en demeure pas moins que le pro­blème de la préparation à l'exercice d'une fonction se pose à un m o m e n t donné dans la période scolaire. Les sections agricoles de l'enseignement intégré et fonctionnel doivent donc préparer, à un m o m e n t donné, des travailleurs agri­coles qualifiés, des agriculteurs chefs d'entreprise, des cadres pour l'agriculture et les activités annexes. N o u s n'aborderons pas ici dans le détail les problèmes posés par ces différents types de formation; nous nous limiterons à quelques réflexions de portée générale.

Il est bien évident que dans la société industrielle, où les rythmes de changement sont particulièrement rapides, l'éducation doit être un instrument qui prépare au changement, qui facilite l'acceptation des changements tech­nologiques, professionnels, géographiques et sociaux. Dans cette perspective, l'analyse des processus de développement socio-économique devrait tenir une place importante dans tous les programmes.

L'étude des projets de société n'est pas sans rapport avec le contenu et les méthodes d'enseignement. Par exemple, l'enseignement traditionnel était plutôt centré sur la formation et le contrôle individuel. U n enseignement pré­parant à l'économie de participation (coopératives agricoles, agriculture de groupe, etc.) devrait faire une place importante à la pédagogie de participation (animation de groupe, techniques d'expression, techniques de décision au sein d 'un groupe, etc.).

Les transformations en cours n'atteignent pas seulement le système d'édu­cation scolaire, elles transforment la dimension « verticale » de l'éducation, en y intégrant des adultes, et modifient le système d'information.

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Éducation et développement agricole

Le système de vulgarisation agricole créé à la fin du XIXe siècle avait, certes, évolué dans ses objectifs et ses méthodes, sans cesser de demeurer arti­sanal dans ses conceptions. C e système est en train de disparaître dans sa conception traditionnelle, pour trois raisons au moins : la diffusion du progrès technique s'effectue sans doute de plus en plus au sein de complexes agro­industriels plus ou moins intégrés, l'utilisation des moyens de communication de masse donne une nouvelle dimension à l'information rurale1, la promotion sociale collective vise, bien au-delà de la formation technique et économique, à la formation de l ' h o m m e responsable. Il ne nous est pas possible, dans le cadre de cet article, d'envisager ces trois aspects dans toute leur complexité. N o u s proposerons en conclusion quelques réflexions sur l'orientation possible d'analyses ultérieures.

1. Les complexes agricoles intégrés (où les exploitations agricoles néo­artisanales sont reliées à des pôles de développement coopératif ou privé, constitués par des industries agricoles et alimentaires et des centrales de vente) peuvent disposer de puissants moyens de création (services de recherche) et de propagation (conseillers spécialisés). D e plus, ils sont en mesure de diffuser une information structurée dont le contenu est défini par une politique de crois­sance de la firme intégrante et d'amélioration de la productivité dans l'ensemble du système. Ils peuvent hâter l'adoption des nouvelles techniques par une politique contractuelle. Cette information à l'intérieur de la firme peut se révéler beaucoup plus efficace que la vulgarisation traditionnelle polyvalente extérieure aux exploitations artisanales.

2. L'information qu'une firme prend l'initiative de diffuser est subordon­née à la politique de cette firme (des différences importantes pourraient exister dans le comportement des firmes capitalistes ou coopératives en ce qui concerne la diffusion de l'information); technique et économique, ce type d'information ne constitue qu 'un aspect fort limité des besoins d'information des sociétés rurales. Plus généralement, on doit s'interroger sur les besoins d'information d'une société rurale en développement. C o m m e n t définir ces besoins ? C o m m e n t transmettre l'information? C o m m e n t la rendre utilisable et efficace? Telles sont les questions que, parmi d'autres, on est conduit à poser. Les recherches opérationnelles font gravement défaut dans ce domaine. L'utilisation des moyens de communication de masse, et notamment de la télévision, c o m m e instrument au service du développement rural n'est pas sans poser de n o m ­breuses questions qui n'ont pas encore trouvé de réponse satisfaisante.

3. L a formation et l'information des adultes et, plus généralement, la promotion sociale qui s'est développée notamment en France ces dernières années, visent, bien au-delà de l'acquisition de connaissances (mais sans négliger cette acquisition nécessaire) à la formation d'animateurs (fonctionnels plutôt que soumis à une hiérarchie) du développement rural, responsables de l'insertion de leur milieu dans la société globale. D e tels objectifs impliquent un contenu et une pédagogie adaptée. Sans doute l'analyse des processus de

1. U n e importante expérience de télé-promotion rurale est en cours de réalisation dans l'Ouest de la France.

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développement, en vue de dégager les principes fondamentaux des transfor­mations socio-économiques et la signification du changement, doit-elle consti­tuer la base fondamentale des réflexions mais, d'autre part, les méthodes péda­gogiques devraient contribuer à libérer le dynamisme créateur des agriculteurs, longtemps étouffé par les contraintes nombreuses de la société paysanne tradi­tionnelle ; elles devraient en m ê m e temps développer les aptitudes aux relations fonctionnelles, en vue de substituer celles-ci à des relations interpersonnelles, ainsi que les aptitudes à l'animation de groupe, appelées à jouer un rôle décisif dans l'évolution de l'agriculture artisanale vers une société rurale de participation.

Louis Malassis est professeur d'économie rurale à VEcole nationale supérieure agronomique de Rennes et directeur de la Station d'économie rurale de l'Institut national de la recherche agronomique à Rennes. Il a été consultant à l'OCDE et à VUnesco et est l'auteur de nombreuses publications sur l'agriculture et le développement économique et sur l'éducation agricole. Ses œuvres dans ce dernier domaine sont citées en référence dans la présente étude.

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P. I. Simouch Influence de la révolution scientifique et technique sur la vie rurale socialiste

Les progrès rapides de la science et de la technique exercent une influence révolutionnaire non seulement sur l'industrie mais aussi sur l'agriculture.

Les manifestations les plus évidentes de cette révolution scientifique et technique dans les campagnes sont les modifications qui interviennent dans la structure matérielle m ê m e des kolkhozes et des sovkhozes et l'application de plus en plus intensive de la science dans les divers secteurs de production agricole. Mais le rapide courant des transformations entraîne aussi les autres aspects de la vie rurale — la vie quotidienne, les relations humaines et la psy­chologie de l'individu. Dans le présent article, nous examinerons quelques-unes des répercussions, à notre avis capitales, de la révolution scientifique et tech­nique sur le milieu social du paysan kolkhozien.

Industrialisation de l'économie agricole

Dans le secteur agricole, on constate une interpénétration étroite de processus très différents par leur contenu et par leurs tendances. Certes, on y trouve encore, survivance du stade antérieur de l'évolution des forces de production, une forte proportion de travaux manuels, surtout dans l'élevage1. Mais, dans l'agriculture proprement dite, les formes industrielles du travail ont déjà pris le dessus. Les labours et les semailles sont entièrement mécanisés2.

Les transformations quantitatives et qualitatives des forces de production exercent une influence déterminante pour l'élimination des différences de niveau de mécanisation qui existent encore entre les divers processus agricoles. D e 1961 à 1965, l'équipement en tracteurs a connu un taux d'accroissement presque deux fois plus grand qu'au cours des dix années précédentes (1951-

1. En 1967, dans les kolkhozes et les sovkhozes, la traite des vaches était mécanisée à 36%, et 63% des abreuvoirs étaient automatisés.

2. La récolte des céréales (à l'exception du maïs) est actuellement mécanisée à 99%, celle des cultures fourragères à 96%, la plantation de la p o m m e de terre à 83%, le sarclage de la bette­rave à sucre à 87%. La mécanisation est inférieure pour d'autres travaux des champs tels que l'arrachage de la p o m m e de terre (66%) et de la betterave à sucre (78%). Cf. « Narodnoe hozjajstvo S S S R v 1967 g. », Annuaire statistique (Moscou), 1968, p. 467-468.

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Rev. int. Sc. soc, vol. X X I (1969), n° 2

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P. I. Simouch

1960). O n assiste à un renouvellement progressif du parc de machines agricoles et de tracteurs. L'évolution de ses forces de production en est arrivé au point où l'agriculture va basculer du stade de l'emploi sporadique des machines vers celui de la mécanisation systématique et complexe, ce qui lui conférera une unité technique interne. Mais , pour l'instant, seule la céréaliculture est entiè­rement mécanisée.

L'electrification peut exercer, et exerce effectivement, une influence vraiment révolutionnaire sur l'économie agricole, encore que l'énergie élec­trique n'ait trouvé à ce jour d'application industrielle que dans l'élevage. D a n s l'agriculture proprement dite, le rôle de l'électricité en tant que source d'énergie est encore insignifiant. Les raisons qui font obstacle à 1'electrification sont inhérentes à l'histoire m ê m e du développement de l'agriculture. Aujourd'hui, l'accélération du rattachement des kolkhozes aux réseaux de distribution de l'énergie électrique permet à la production rurale de participer plus largement au système global de division du travail. Ainsi, dans un avenir très proche, les moteurs électriques joueront un rôle déterminant dans l'économie rurale et leur puissance totale non seulement égalera mais dépassera la puissance totale des tracteurs.

Mais dès aujourd'hui on constate que 1'electrification a des conséquences sociales importantes. Elle est à la base d 'une mécanisation et d'une automati­sation complexes et généralisées, facteur puissant de transformation du travail rural en une variété du travail industriel. Les études des spécialistes soviétiques et étrangers montrent qu'il est possible d'appliquer l'électricité à près de 700 processus de l'économie agricole. Pour l'instant, l'énergie électrique n'est utilisée que dans une cinquantaine de ces processus. Mais, dans un proche avenir, elle permettra d'introduire des éléments qualitativement nouveaux dans certains processus, tels les labours, le sarclage, le tri des produits, etc.

S'agissant de l'élevage, l'électrification a pour effet de modifier les formes d'activité, le lieu de travail et la fonction des travailleurs. C'est grâce à elle que se créent des exploitations spécialisées et mécanisées de grandes dimensions qui mettent un terme à l'éparpillement et à l'isolement technologique dans l'élevage. C'est ainsi que, dans beaucoup de kolkhozes et de sovkhozes de la région de Bielgorod, on a substitué aux petites fermes appliquant une technique vieillie des complexes de production dans lesquels tous les processus de base qui exigeaient une nombreuse main-d'œuvre sont désormais mécanisés. Ces entre­prises emploient des représentants de professions jusqu'alors inconnues dans le village : techniciens de la mécanisation de l'élevage, mécaniciens-réparateurs, ingénieurs électriciens, préparateurs de fourrages en laboratoire, électriciens, monteurs, chauffeurs de chaudières. L a spécialisation a permis de réduire à l'extrême les différences de nature entre le travail industriel et le travail agricole et d'établir un système de roulement à deux équipes.

Sans vouloir amoindrir l'importance de la mécanisation et de l'électrifi­cation, il faut remarquer qu'elles ne suffisent pas à assurer une transformation totale des forces de production de l'économie agricole. U n autre facteur est ici nécessaire : les moyens chimiques de production. L'application de procédés chimiques contribue à une amélioration spectaculaire des méthodes culturales,

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Influence de la révolution scientifique et technique

du processus m ê m e du travail, en démolissant le bloc des formes technologiques d'autrefois. D e nos jours encore, les techniques de cultures mécanisée ne font que copier en quelque sorte le processus de production tel qu'il existait de tout temps, c'est-à-dire fondé sur les animaux de trait et le labeur manuel. O r , l'emploi de moyens chimiques permet de restructurer à la base le schéma technologique de la culture de la terre et de résoudre de façon radicalement différente maints problèmes de l'industrialisation du travail agricole.

D u fait de leur interdépendance, les moyens de production modernes connaîtront désormais une évolution à caractère complexe. Pour que l'utili­sation des engrais minéraux soit vraiment efficace, il est indispensable de créer un parc de machines appropriées. L a chimie a donné une très forte impulsion à l'application de l'aviation dans l'agriculture. Pour pouvoir tirer profit de 1'electrification, il faut mettre au point un principe de fonctionnement nouveau pour les tracteurs. L'interdépendance de plus en plus nette de la mécanisation, de l'électrification et des procédés chimiques confère à l'économie agricole une unité scientifique et technique qui exige en retour un développement équilibré et harmonieux de ces diverses forces de production.

D ' a n n é e en année le rythme de la mécanisation et de l'électrification s'accélère dans les kolkhozes et les sovkhozes. E n 1966, la consommation d'énergie électrique y a été 2,3 fois plus élevée qu'en 1960 et 43 fois plus qu 'en 19401. E n 1966, la quantité d'engrais utilisés a été 2,7 fois plus grande que celle de 1960 et près de 10 fois plus que celle de 19402. Ces taux d'accroissement traduisent l'influence de plus en plus nette de la révolution scientifique et technique.

L'industrialisation de l'économie rurale est en rapport direct avec la réduction du nombre global de travailleurs des entreprises agricoles. E n 1967, le nombre de ces derniers avait diminué de près de 2 millions par rapport à 1960 et de 3,6 millions par rapport à 19503. C e processus s'accompagne d ' u n accroissement du nombre des techniciens de la motoculture. E n avril 1968, leur effectif total avait augmenté de 751 000 par rapport à 1960 et de près de 2 mil­lions par rapport à 1950*.

Sur le plan social, l'une des caractéristiques principales de la révolution scientifique et technique est l'accroissement du nombre des travailleurs indus­triels qui participent indirectement à la production agricole. A mesure que les forces de production se développent et se modernisent, le rôle des travailleurs impliqués dans l'économie agricole mais n ' y participant pas directement gagne en importance. Il s'agit là des ouvriers des centres industriels o ù l'on construit les tracteurs, les machines agricoles, les moteurs électriques, les moyens de transport, o ù l'on extrait les engrais minéraux, les combustibles, etc. E n fait, l'agriculture utilise de plus en plus le travail des ouvriers d u secteur industriel, qui participent donc indirectement à l'élevage et à la culture. C'est ainsi que

1. Strand Sovetev za 50 let, p. 154, Moscou, 1967. 2. Ibid., p. 160 et 161. 3. Narodnoe hozjajstvo SSSR v 1967 g. p. 497, Moscou, 1968. 4. ¡bid., p. 505.

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dans l'agriculture proprement dite, la part des dépenses afférentes au travail industriel varie entre 20 et 6 9 % , tandis que dans le secteur de l'élevage elle est de l'ordre de 2 4 % . Les liens économiques entre l'agriculture et l'industrie deviennent plus variés, plus étroits, plus organiques. La révolution scientifique et technique exige un développement équilibré et harmonieux de ces deux secteurs d'activité et la disparition des profondes différences qui les séparent encore, surtout sur le plan de la productivité et de l'équipement énergétique où le secteur agricole accuse encore un retard sur l'industrie.

D e nouveaux progrès scientifiques et techniques seraient impossibles en agriculture sans un renforcement important des liens économiques entre les kolkhozes et l'industrie et sans l'édification de complexes « agro-industriels ». L'évolution de ces liens est conditionnée par l'action conjuguée de deux ten­dances différentes. L a première est à la séparation entre la production et la transformation des produits agricoles. Il est bien connu que certaines fonctions assumées autrefois exclusivement par l'agriculture se sont détachées d'elle et ont donné naissance à des formes particulières d'activité industrielle (prépara­tion industrielle des aliments du bétail, traitement des semences, transformation des denrées, etc.). La seconde tendance, au contraire, a pour but d'unir l'éco­nomie agricole et certaines formes de l'industrie de transformation. Depuis quelque temps, en effet, des entreprises industrielles auxiliaires se développent au sein des kolkhozes et des sovkhozes, et leur apparition a deux effets paral­lèles : d'une part, création dans le village de nouvelles usines conçues d'après les principes technologiques les plus modernes, et d'autre part, disparition progressive des entreprises auxiliaires anciennes, qui ne peuvent pas lutter contre l'industrie moderne.

Les ensembles « agro-industriels » peuvent se constituer de différentes manières : par l'établissement de liens fondamentalement nouveaux entre les entreprises industrielles d'État et les kolkhozes producteurs de matières premières; par la création dans tel ou tel kolkhoze ou sovkhoze d'industries de transformation des matières premières locales; par l'organisation d'entre­prises d'État sous forme de coopératives à l'échelon suprakolkhozien; enfin, par la transplantation d'usines ou la création de filiales dans le village. Ces ensembles, tout en augmentant l'efficacité de toute la production nationale, préparent en m ê m e temps des mutations sociales fondamentales.

E n premier lieu, le caractère irrégulier d u travail rural disparaîtra (il tend déjà à disparaître) et les emplois saisonniers seront réduits à l'extrême, ce qui aura un effet bénéfique sur le bien-être matériel et la psychologie des popula­tions rurales.

E n second lieu, un système de production inter-secteurs contribue à élargir l'horizon professionnel des travailleurs agricoles qui peuvent ainsi acquérir des compétences industrielles. Ainsi se trouvent réunies les conditions nécessaires à des changements fructueux de forme d'activité.

Troisièmement, cette évolution contribuera à supprimer toute séparation entre le travail industriel et le travail agricole; l'activité économique s'organise de telle sorte qu 'une partie de la population active c o m m e n c e à travailler à la fois aux champs et à l'usine.

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Influence de la révolution scientifique et technique

Quatrièmement enfin, la formation d'ensembles « agro-industriels » contribue à rassembler la population en de nouveaux centres qui allient les caractéristiques modernes de la ville aux avantages de la campagne, o ù la proximité de la nature permet à l ' h o m m e de vivre à maints égards dans des conditions meilleures que dans les centres industriels. Ainsi le problème aujourd'hui si complexe de la vie au village trouvera-t-il peu à peu une solution.

Le rythme de l'industrialisation de l'économie agricole est directement proportionnel au degré d'utilisation de la science en tant que force de produc­tion. L'influence de la science sur l'économie rurale se traduit principalement par l'apparition de forces de production nouvelles, de moyens techniques nouveaux dérivant des réalisations scientifiques, et elle se manifeste chez les producteurs eux-mêmes qui acquièrent ainsi des connaissances scientifiques et les appliquent dans le cadre de leur activité agricole. Mais la science exerce aussi une influence directe sur l'objet du travail, en fournissant à l ' h o m m e des matériaux entièrement nouveaux, des plantes et des animaux d'espèces plus productives. Les perspectives offertes par la biologie dans ce domaine sont immenses. L a science, maîtrisant le mécanisme de l'hérédité des plantes et des animaux domestiques, réalisera u n jour une véritable révolution de l'économie agricole. « . . . D a n s les conditions actuelles, remarquait L . T. Brejnev, un développement fructueux de la production agricole n'est plus possible sans l'utilisation rationnelle des découvertes faites en mathématiques, en mécanique, en physique, en chimie, en géologie et dans d'autres sciences1. » D e m ê m e , la science exerce une influence croissante et également directe sur la production globale des kolkhozes et des sovkhozes, en permettant de rationaliser les pro­cessus de production et de gestion. L ' u n des problèmes essentiels que pourra résoudre l'organisation scientifique du travail consiste à mettre au point et à appliquer un ensemble de mesures visant à assurer l'utilisation optimale de la main-d'œuvre, à transformer les conditions sociales du travail et à en augmenter la productivité et l'attrait.

Transformations structurelles des collectivités de production

L a révolution scientifique et technique entraîne une modification du rôle, de la structure et de la fonction des collectivités de production agricole — sovkhozes et kolkhozes — en tant que régulateurs socio-économiques du système complexe des rapports sociaux dans le village. Ces changements sont conditionnés par certains facteurs concrets : développement des forces de production, accélération du rythme d'industrialisation de l'économie agricole, spéciali­sation et concentration plus poussées de la production. Ces facteurs se mani­festent nécessairement, d'abord, dans les cellules de production primaires des kolkhozes et des sovkhozes, c'est-à-dire dans les collectivités de travail; celles-ci s'imprègnent des principales tendances et nécessités sociales de notre

1. Pravda, 31 octobre 1968.

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époque, tout en exerçant une influence prépondérante sur les rapports socio-économiques.

Si nous jetons un regard rétrospectif sur l'évolution des collectivités de production dans l'économie rurale, nous voyons combien difficile a été la recherche de formes concrètes de coopération dans le travail. L'amélioration des rapports de production et, naturellement, l'évolution des collectivités de production sont intimement liées au regroupement des kolkhozes, réalisé aux alentours de 1950 pour des raisons économiques. Par rapport à 1940, les dimen­sions moyennes des kolkhozes ont plus que sextuplé1.

Les relations entre collectivités ainsi rassemblées sont alors devenues de plus en plus étroites et les différences qui les séparaient jadis se sont effacées peu à peu. L'élargissement du cadre de ces collectivités a facilité l'implantation des techniques d'avant-garde et l'organisation plus rationnelle du travail.

A cette transformation en a succédé une autre, non moins importante. Il s'agit de la réorganisation des stations de machines et de tracteurs, qui annonce, en fait, une nouvelle étape de l'évolution des kolkhozes : les collectivités disposent désormais de moyens modernes de mécanisation et recrutent un bon nombre de spécialistes de la motoculture. A la période de restructuration et de formation de collectivités nouvelles succède, vers le milieu des années soixante, une période de consolidation.

Parallèlement on voit se constituer au sein des kolkhozes et des sovkhozes — les communautés de base — des unités moyennes (sections, brigades, fermes) ou petites (groupes). C'est dans le cadre de ces unités que s'établissent les relations directes entre travailleurs, que se dessine le réseau complexe des rapports de travail. L'unité moyenne est une collectivité fixe qui effectue, à l'aide de moyens techniques, tout le cycle des travaux nécessaires sur les champs ou dans la ferme d'élevage qui lui sont attribués une fois pour toutes. Étant donné la diversité des conditions locales et la nécessité de constituer une asso­ciation aussi rationnelle que possible entre les travailleurs et les moyens de production disponibles, ces collectivités sont fort différentes les unes des autres. Les kolkhozes et les sovkhozes s'efforcent d'adapter au mieux la forme de la brigade ou de la section aux exigences de la spécialisation et de la coopération, et de tenir compte également de la dissémination de la population. Cette tâche est d'une grande complexité, car la fragmentation actuelle des kolkhozes et des sovkhozes, le grand nombre de petits hameaux et villages qui les forment, entravent souvent l'application des principes de production modernes. E n moyenne, une exploitation compte chez nous une quinzaine de localités. L a dissémination de l'habitat, séquelle de l'époque prérévolutionnaire, freine sérieusement le développement de la spécialisation et de la concentration des forces de production et oblige à s'en tenir à l'ancien schéma de l'exploitation.

A l'époque du regroupement des kolkhozes se sont créées des brigades polyvalentes, réunissant des kolkhoziens qui faisaient partie auparavant de différentes petites équipes. O n obtenait ainsi quelque chose d'analogue à l'ancien kolkhoze au sein du kolkhoze nouveau. Devant la nécessité d'une

1. SSSR v eifrah 1962 g., p. 91 et 92, Moscou, 1968.

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spécialisation plus intensive, les brigades polyvalentes se sont disloquées peu à peu, donnant naissance à des brigades autonomes étroitement spécialisées : culture de la terre, élevage, horticulture, cultures maraîchères, etc.

D a n s les collectivités de production agricole, il est particulièrement difficile de faire coïncider les dimensions technologiquement nécessaires de la brigade et les paramètres psychologiquement souhaitables de son activité. Cela s'explique par le fait que les relations sociales qui se sont cristallisées au cours du processus d'utilisation des moyens de production se transforment par une suite de phénomènes très complexes en relations réelles entre les h o m m e s et acquièrent ainsi une portée personnelle, subjective. D a n s l'économie agricole, dans la vie du village, on perçoit de façon particulièrement nette l'opposition entre l'implantation rapide des nouveautés scientifiques et techniques et les transformations relativement lentes de l'organisation traditionnelle du travail et de la psychologie des travailleurs.

D e nombreuses études montrent que le paysan prend difficilement conscience du fait qu'il est copropriétaire des moyens de production publics, y compris la terre, au m ê m e titre que les autres membres de la collectivité. L e milieu social, au sein duquel agissent des tendances tant positives que néga­tives (nous pensons avant tout à certains facteurs de retardement relatifs à l'organisation et à la rémunération du travail), influe sur l'orientation psycho­logique de la personnalité. Dans de nombreuses collectivités, le travail est organisé de telle façon q u ' u n groupe laboure les champs, u n autre les ense­mence , un autre encore fait la récolte. L e système de rémunération individuelle du travail suivant le nombre d'hectares cultivés ou les normes établies ne favorise guère une prise de conscience de la valeur sociale de la terre. Sans aide, en effet, personne ne peut obtenir une bonne récolte, faute de pouvoir mener à bien tous les travaux nécessaires. Il est donc de plus en plus difficile d'apprécier quanti­tativement et qualitativement le travail d ' u n agriculteur qui travaille en coopé­ration étroite avec d'autres. Sa rémunération doit donc être déterminée uni­quement en fonction de la production finale obtenue par l'ensemble du groupe. Le perfectionnement des forces de production augmente l'importance qu'il y a à assurer l'intéressement collectif; or son application se heurte encore à de grandes difficultés d'ordre psychologique; les coutumes et les habitudes créées de longue date par le système de la rémunération individuelle à l'hectare restent encore très vivaces.

D a n s le cadre des kolkhozes et des sovkhozes, on cherche activement à mettre au point de nouvelles formes d'organisation et de rémunération du travail qui permettraient de supprimer ce qu'il est convenu d'appeler 1' « ano­nymat » dans l'utilisation de la terre et qui définiraient les dimensions optimales du petit groupe de travailleurs. D e l'avis général, ces dimensions doivent être assez réduites, afin que des contacts personnels puissent se créer. D u point de vue psychologique, la collectivité restreinte présente des avantages certains sur un groupe nombreux. C'est sur la base de ces considérations que l'on recherche actuellement une forme rationnelle d'organisation du travail agricole — entre­prise extrêmement complexe à laquelle participent de nombreux spécialistes, théoriciens et savants. U n modèle de collectivité fondé sur les principes de la

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P. I. Simouch,

rentabilité, de l'autogestion et de l'association harmonieuse des moyens de production et des ressources humaines a déjà suscité des débats nombreux et passionnés, des discussions interminables, des appréciations et prédictions les plus diverses.

Vers la fin des années cinquante, on a créé dans maintes collectivités de production de petits groupes entièrement mécanisés relevant de la brigade de motoculture. A u début, c'était ce qu'on a appelé les «diades » et les «triades », spécialisées dans telle ou telle culture. Puis, en règle générale, ces groupes se sont agrandis. Mais il devient maintenant évident que, parallèlement à divers avantages sur le plan économique et moral, le travail de ces petits groupes présente également des aspects négatifs d 'un point de vue psychologique. Le fait est que des contradictions apparaissent et s'accentuent peu à peu dans les rap­ports entre les membres de la brigade de motoculture et ceux de ces groupes mécanisés, qui ne se considèrent plus c o m m e des travailleurs manuels. A u départ, cela tient en général à la réaction des gens devant les prérogatives accordées dans l'utilisation de la technique et de certains champs à un petit groupe qui peut ainsi non seulement accroître considérablement son rendement, mais aussi bénéficier de salaires plus élevés. L'apparition de phénomènes négatifs sur le plan psychologique, tels que l'égoïsme collectif, masque souvent les résultats positifs de l'activité de ces groupes qui ouvrent la voie à la tech­nique d'avant-garde. Beaucoup de kolkhozes et de sovkhozes pensent que pour faire disparaître cet état de choses, il faut réorganiser le travail mécanisé en le fondant non plus sur un groupe réduit, mais sur toute une brigade.

Il convient de dire à ce propos que depuis quelques années diverses insti­tutions scientifiques consacrent beaucoup d'attention à l'étude des collectivités de production rurales, mais qu'elles ne sont pas encore arrivées à dégager une idée précise sur la structure idéale des équipes; cela tient surtout à l'absence d'une analyse complète, tant économique que sociologique et psychologique, qui est indispensable pour résoudre ce problème; or une telle analyse permet­trait de dire quelle doit être, dans les conditions actuelles, la meilleure forme de l'organisation du travail : la brigade ou le groupe élargi. A notre avis, c'est la brigade mécanisée, car elle permet d'obtenir une interaction optimale entre la collectivité de production et les éléments matériels du travail. L'expérience prouve que les groupes mécanisés n'en ont plus pour longtemps : ils s'étoffent peu à peu et se consolident en une collectivité de production nouvelle, qui rassemble les techniciens de la motoculture et un nombre minimal de travailleurs manuels.

Les longs débats sur la structure des équipes ont retenu aussi l'attention des spécialistes étrangers. Cependant, les nouvelles tendances de la vie des kolkhozes et des sovkhozes soviétiques sont parfois mal comprises, et toutes ces recherches créatrices et l'organisation de petits groupes sont interprétées c o m m e le début d 'un processus de « décollectivisation », c o m m e la « négation de la conception du travail collectif ». E n fait, le perfectionnement de la struc­ture des kolkhozes ne fait que renforcer la collectivité rurale socialiste et n'implique nullement une remise en question du principe de l'exploitation collective.

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D'autre part, un important facteur de perfectionnement de la structure des collectivités agricoles est la démocratisation de la direction du kolkhoze, qui devient une entité sociale auto-administrée. D u fait du regroupement des petites unités en grandes collectivités de production comptant de plusieurs centaines à plusieurs milliers de personnes, il est devenu plus difficile de convoquer régulièrement l'assemblée générale du kolkhoze, organe suprême de direction. L a plupart des grands kolkhozes en sont venus à élire des délégués, qui forment une nouvelle institution de plénipotentiaires assumant toutes les fonctions qui incombaient autrefois à l'assemblée générale. L'expérience n 'a pas confirmé les craintes de certains spécialistes qui pensaient que cette mesure limiterait fortement la démocratie au sein du kolkhoze. Le rétrécissement relatif du cercle des participants directs à la direction au niveau le plus élevé s'est trouvé compensé par un élargissement des prérogatives des brigades en matière de gestion; c'est à ce niveau intermédiaire de direction que se font maintenant les assemblées générales et les élections au conseil de direction.

Remarquons à ce propos que la gestion devient de plus en plus une science complexe, et qu'il est désormais indispensable d'éviter certaines erreurs graves qui sont le fait des agriculteurs, fussent-ils ingénieurs agronomes, lorsqu'ils assument des fonctions administratives. U n e enquête menée dans les kolkhozes et les sovkhozes de la R S F S R auprès de 626 agriculteurs a révélé que plus de la moitié des personnes interrogées n'exercent aucune influence notable sur l'amélioration des techniques et qu 'un tiers environ ne prennent aucune part au perfectionnement des structures ni à la normalisation et à la rémunération du travail.

Le perfectionnement de la démocratie dans les kolkhozes présente une particularité importante : tout en étant essentiellement une démocratie de pro­duction, elle dépasse ce cadre et influe de plus en plus sur les problèmes de la vie quotidienne et culturelle et sur la formation de la personnalité du kolkhozien. Grâce à cette évolution de la démocratie kolkhozienne, l'entreprise agricole devient de plus en plus une entité sociale dynamique et polyvalente de la société socialiste.

Naissance d'un nouveau type de travailleur

L a révolution scientifique et technique entraîne une transformation des forces productrices de telle nature qu'elle accroît directement le rôle du facteur subjectif et exige que le développement de la personnalité du travailleur soit en rapport avec celui des conditions matérielles et techniques de la production. Cet ensemble de facteurs objectifs et subjectifs ne comporte aucun élément passif : l'industrialisation des activités agricoles constitue la base dynamique de la transformation de toute la vie rurale et de l ' h o m m e lui-même; de son côté, l ' h o m m e est un facteur indépendant et puissant d'évolution de la production.

Il importe de noter que l'influence que la production et la vie économique en général exercent sur la formation de la personnalité n'est ni uniforme ni

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statique. E n leur temps, la nationalisation de la terre, l'apparition du machi­nisme, puis l'application de l'électricité ont été d'importants facteurs de l'évo­lution psychologique du paysan. Mais l'action de ces facteurs faiblit inévita­blement. Pris individuellement, aucun d'entre eux ne peut plus transformer vraiment la psychologie du paysan. A u contraire, dans le cadre de l'évolution des rapports au sein du kolkhoze, on note maintenant l'influence réciproque croissante de tout un ensemble d'éléments. Cela s'explique non seulement par les modifications structurelles de l'appareil de production, mais aussi par l'im­portance croissante que la production de la collectivité de base, celle du petit groupe, prend désormais pour le travail de chacun. Il faut en voir aussi la cause dans le fait que la psychologie ne se résume pas à son aspect social, dynamique et changeant, mais présente aussi une intégralité relativement stable.

Le processus de l'industrialisation n'affecte guère cette intégralité psy­chologique; il agit surtout sur la structure des populations rurales par profes­sions et qualifications. Pendant des siècles, le travail rural est resté fondé sur la production paysanne « traditionnelle » caractérisée par l'absence de spécia­lisation, l'étroitesse d'esprit, l'empirisme et la peur du progrès. L'équipement technique moderne dont l'économie socialiste a doté le m o n d e agricole a mis un terme à l'universalisme primitif du travail des paysans et a contribué de façon déterminante à une vaste division du travail. D'année en année, le noyau industrialisé de la population rurale augmente : alors qu'en 1940 il ne repré­sentait que 4 , 4 % , il était passé à 10,8% en 1964, et à 1 2 % en 19671.

L'accélération du rythme des progrès scientifiques et techniques provoque la disparition de certaines professions anciennes et l'apparition de nouvelles professions, manuelles aussi bien qu'intellectuelles. A mesure que se développe la mécanisation, la nature d 'un certain nombre d'activités traditionnelles se transforme. Entre 1941 et 1966, le nombre des spécialistes du secteur agricole ayant reçu une formation secondaire ou supérieure spécialisée a plus que décuplé2. Alors qu'en 1965 les spécialistes représentaient 1,9% du nombre annuel moyen de travailleurs, on estime qu'à la fin de la période quinquennale actuelle ils représenteront 3 % du total.

Diverses études montrent que le secteur agricole révèle une évolution nette et régulière vers la division du travail et une plus grande spécialisation. E n fait, il est indispensable de renforcer la spécialisation, car une proportion impor­tante des kolkhoziens (environ 70%) n'ont pas encore de compétences précises et bien définies. Passant sans cesse d 'un travail manuel à un autre, changeant m ê m e souvent de secteur d'activité, ils ne peuvent pas se spécialiser, acquérir une qualification. U n problème complexe se trouve donc posé dans les kol­khozes, celui de l'initiation des travailleurs saisonniers à une activité spécialisée. Et pourtant, parallèlement à cette tendance à la spécialisation du travail, la tendance inverse se précise et se développe, qui tend à donner aux agriculteurs un horizon professionnel élargi, plusieurs spécialités différentes à la fois. L a

1. Trud y SSSR, p. 129, Moscou, 1968. 2. Ibid., p. 264 et 282-283.

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première tendance domine, certes, dans l'ensemble du secteur agricole, mais la seconde, celle qui tend au cumul des spécialisations, revêt une importance particulière pour le groupe sans cesse plus nombreux des travailleurs qualifiés.

O n peut suivre l'évolution du niveau de qualification professionnelle dans les kolkhozes sur l'exemple de toute exploitation moderne, dont les caracté­ristiques traduisent des lois bien déterminées. Examinons ainsi les résultats d'une enquête sociologique menée dans le kolkhoze d'avant-garde « Rossija » du district de Novoaleksandrovsk, dans le territoire de Stavropol. Sur les 3 200 membres du kolkhoze, plus de 900 peuvent remplir plusieurs fonctions techniques différentes. A la fin de 1967, on y dénombrait près de 130 spécialités de travail manuel et intellectuel. Plus de 5 % des membres du kolkhoze sont des travailleurs intellectuels. Parallèlement à une division et à une spécialisation plus poussée du travail, on constate un cumul de plus en plus fréquent de spé­cialités différentes. Environ 8 0 % de tous les conducteurs de machines agricoles et de tous les travailleurs de la construction possèdent une formation profes­sionnelle très large et exercent au moins deux spécialités. L'élevage mécanisé des bovins et des ovins, de m ê m e que l'aviculture, sont le fait de travailleurs qui allient à leur métier d'éleveur celui de mécanicien polyvalent. Le kolkhoze « Rossija » offre un exemple d'interaction directe et d'union du travail agricole et du travail industriel; il permet ainsi aux kolkhoziens de changer de type d'activité. L e travail industriel est représenté par les ouvriers de cinq usines de transformation de produits agricoles et d 'une briqueterie, d 'une fabrique d'asphalte et d 'une fabrique de parpaings. U n e particularité de la formation professionnelle des cadres retient encore l'attention — la combinaison de plus en plus fréquente de professions purement urbaines et de professions agricoles, résultat de la transplantation dans le village de travailleurs venant de la ville.

Des études ont montré que les courants de migration affectant les popu­lations rurales sont dus à des facteurs très divers. Parmi eux, il faut noter surtout l'accélération du rythme d'industrialisation de l'économie agricole, d 'où une diminution de la demande de main-d 'œuvre. Il est vrai que la cause et les effets varient beaucoup d 'un endroit à un autre. Tandis que l'augmentation de l'équipement technique provoque une réduction du nombre des travailleurs, cette réduction elle-même, phénomène normal à l'époque de la révolution scientifique et technique, appelle une industrialisation plus poussée. D ' u n e façon générale, la migration des travailleurs vers les villes est un processus inévitable dont on ne peut guère prévoir le terme. Cependant, on ne peut méconnaître le fait que cette migration, qui est surtout le fait de la partie de la population la plus jeune et la plus apte au travail, entraîne une série de modifi­cations démographiques graves et une répartition nouvelle de la population active, géographiquement et par secteurs d'activité, ainsi q u ' u n changement de la structure de la population par professions.

L'exode vers les villes d 'une partie de la population rurale, et surtout de la jeunesse, s'explique essentiellement par le retard des campagnes par rapport aux villes sur le plan de l'organisation d u travail et de la vie quotidienne. Alors qu'autrefois l'une des raisons fondamentales de cette migration était l'insuf­fisance du salaire, les motifs de départ ont beaucoup changé, ces dernières

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P. I. Simouch

années, ce qui témoigne déjà de l'apparition au village d ' un nouveau type d ' h o m m e : au premier plan apparaissent de plus en plus des facteurs sociaux et psychologiques — allégement des conditions de travail, possibilités de suivre un enseignement, d'élever son niveau de qualification, de se cultiver, réduction de la journée de travail, alternance régulière des jours de repos et des jours de travail, congés. D u fait de la révolution scientifique et technique, de nombreux aspects du m o d e de vie rural ont acquis une importance nouvelle : les activités culturelles, l'organisation des loisirs, la possibilité de recevoir une instruction, de voyager, l'état des moyens de transport et des routes, autant d'aspects que les habitants des campagnes considéraient autrefois avec une certaine indifférence.

Ces dernières années, une contradiction curieuse s'est manifestée dans les campagnes : le niveau d'instruction et de culture d'une partie de la jeunesse y a dépassé le degré d'industrialisation des processus de production. Les études sociologiques montrent que près d 'un tiers des jeunes estiment que leur travail n'exige pas tellement l'application des connaissances qu'ils ont acquises que le simple déploiement d'efforts physiques. Et en effet, l'analyse des principaux types de travaux agricoles, y compris les tâches des conducteurs d'engins divers, montre que pour toutes ces activités il suffit d'avoir atteint le niveau de connais­sances qui correspond à six ou sept années d'études scolaires. Cette contra­diction ne pourra être supprimée que par une mécanisation encore plus poussée de tous les processus de production, ce qui entraînera ipso facto un travail intellectuel plus intense.

Le facteur psychologique revêt une signification capitale dans le dévelop­pement de la production agricole moderne. Déjà, on relève dans de nombreux kolkhozes des faits qui témoignent du retard de la psychologie du travailleur sur les exigences du progrès économique et technique. O n ne peut pas ne pas remarquer la lenteur et le conservatisme de certains travailleurs, leurs préjugés à l'égard des méthodes scientifiques qu ' on leur propose d'appliquer. Cela s'explique par la survivance dans la psychologie du paysan, parallèlement à des traits positifs, d 'un bon nombre d'éléments rétrogrades. Il faut aussi tenir compte du fait que l'élimination des aspects négatifs a été sérieusement freinée dans un passé encore récent par l'introduction arbitraire de « nouveautés » élaborées trop hâtivement et qui ont entamé la confiance de certains techniciens et des kolkhoziens envers toutes les innovations. L'inertie des cadres se fait également sentir; elle est engendrée par la routine et le bureaucratisme, par l'habitude d'attendre toujours des directives des supérieurs. Tout cela montre bien que la création d 'un vaste horizon culturel et technique chez les travailleurs agricoles est un problème d'actualité.

Actuellement, pour augmenter la productivité, il est important de trouver des stimulants qui tiennent compte de la psychologie des travailleurs et qui contribuent à les préparer moralement à accepter les principes scientifiques de l'organisation et de la rémunération du travail. A u stade initial actuel de la révolution scientifique et technique on décèle déjà un impératif social nouveau : il faut à tout prix faire en sorte que le niveau intellectuel, moral et psychologique des travailleurs ne freine pas le développement de la base technique de la production.

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Influence de la révolution scientifique et technique

Les points qui viennent d'être exposés ne sont que quelques-uns des aspects du problème complexe posé par le progrès social du village socialiste dans le contexte de la révolution scientifique et technique à ses débuts. L a solution de ce vaste problème est intimement liée à la réalisation des mesures destinées à assurer le développement ultérieur de l'agriculture nationale, mesures à la mise en œuvre desquelles œuvrent en c o m m u n les paysans et les ouvriers, les spécialistes et techniciens de l'agriculture, les ingénieurs et tech­niciens de l'industrie, bref, le peuple soviétique tout entier.

[Traduit du russe]

Pyotr Simouch occupe la chaire de philosophie à l'institut agricole de Stavropol. Il est l'auteur de nombreuses publications sur la structure de la société soviétique et notamment d'une étude sur l'un des plus importants kolkhozes, sous le titre: Ferme collective, école de c o m m u n i s m e (1965).

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Tarlok Singh L a planification de la transformation technique de l'agriculture de l'Inde

Presque vingt ans après qu'eurent débuté les sérieux efforts accomplis en vue du développement et malgré un grand nombre de réalisations, on peut néanmoins, dans un pays c o m m e l'Inde, avoir le sentiment d'être encore proche du point de départ. E n particulier, dans le domaine de l'agriculture, il reste à résoudre des problèmes fondamentaux. Il est évident que l'essor et la transformation de l'agriculture sont, de loin les facteurs les plus puissants du développement économique et que la modernisation d'une société exige la modernisation de l'agriculture en tant que secteur industriel et de l'économie des régions rurales qui représente la source de travail et de revenus d'une très large fraction de la main-d'œuvre. Cependant, au-delà de quelques tentatives isolées et disparates visant à stimuler la croissance et la productivité, les diverses transformations accomplies, qu'elles soient d'ordre économique, technique ou social, sont loin de former un système cohérent. O r un tel système, s'il était mis au point, serait peut-être de nature à assurer un essor et une évolution internes continus et à créer les conditions dont l'agriculture a besoin pour devenir productive et offrir des moyens d'existence stables aux millions d ' h o m m e s qui vivent et travaillent à la campagne.

Ainsi, malgré des lueurs d'espoir et quelques réussites, la situation générale de nombreux pays relativement pauvres se caractérise davantage par des fai­blesses et des lacunes, à l'intérieur de chaque nation et par comparaison avec d'autres, que par une vaste et rapide évolution vers de nouveaux systèmes socio-économiques qui pourraient élever les taux de productivité et les niveaux de vie et d'emploi de la collectivité rurale tout entière. Il ne fait guère de doute que le scientifique, le technologue, les grands responsables et l ' h o m m e des champs ont tous besoin d'une structure plus large où leur apport particulier puisse trouver sa place.

I

Parmi les problèmes clés sur lesquels l'attention devrait maintenant être centrée, figure celui de la transformation technique de l'agriculture. Ce qu'il faut entendre ici par ce terme, ce n'est pas le problème général de l'application de la science et de la recherche à l'agriculture, mais, plus précisément, celui de

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Rev. int. Sc. soc, vol. X X I (1969), n° 2

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Transformation technique de l'agriculture de l'Inde

l'emploi plus large d 'un outillage, d'instruments et de machines meilleurs dans des travaux agricoles. Concrètement, une société est aussi moderne que le sont les techniques qui lui permettent d'ouvrer et de vivre1. Les instruments qu'elle emploie offrent en quelque sorte un microcosme de son passé et prédéter­minent son avenir. Pourtant, à chaque stade du développement, surtout dans un domaine d'activité humaine aussi essentiel que l'agriculture, le matériel utilisé, les régimes fonciers et les systèmes de gestion, les niveaux d'instruction et les qualifications techniques, les attitudes individuelles et collectives ainsi que les coûts et profits d'exploitation sont autant d'aspects totalement inter­dépendants d 'un tout indivisible. Si l'on veut modifier les instruments et pro­voquer une transformation technologique en profondeur, pouvant profiter non pas à quelques privilégiés mais au plus grand nombre, et s'appliquant à toute une variété d'opérations, il faut aussi considérer les autres variables et en tenir compte simultanément, car les progrès accomplis dans une voie dépendent dans une grande mesure de ceux qui sont réalisés dans d'autres.

Bien qu 'on se serve beaucoup en Inde de charrues en bois et que, dans l'ensemble, l'emploi des charrues, houes, herses, cultivateurs, semoirs, bat­teuses et autres machines de type moderne ne se répande qu'assez lentement dans la majorité de ces régions, ce pays éprouve de plus en plus fortement le désir d'une transformation technologique. C'est ainsi que les agriculteurs indiens s'intéressent d'une façon croissante à Pélectrification rurale, qui leur permet de commander eux-mêmes l'irrigation, aux batteuses, qui leur épargnent du temps et de la peine, et aux séchoirs à céréales pour les zones rizicoles plu­vieuses, et ce sont là autant de réactions prometteuses engendrées par ce désir. Autre signe encourageant : l'utilisation par un certain nombre de cultivateurs aisés de machines qui, tels les tracteurs, permettent d'économiser de la main-d'œuvre. Ces cultivateurs sont poussés par le souci d'augmenter leurs marges de bénéfices en réduisant leurs dépenses de main-d'œuvre et en travaillant leurs terres eux-mêmes. E n outre, ils tirent parti de la capacité excédentaire de ces machines en effectuant pour les petits et moyens exploitants des travaux à façon rémunérés. Néanmoins, la politique menée par les riches agriculteurs entraîne certains inconvénients pour la communauté à laquelle ils appar­tiennent. Ces incidences se font sentir notamment sur l'emploi des travailleurs agricoles non spécialisés et des artisans ruraux, sur l'exode des capitaux de la campagne à la ville, et elles contribuent à élargir le fossé entre paysans riches et paysans pauvres. Il est impensable que ces conséquences, bien qu'elles semblent conformes à des schemes déjà observés dans le passé, soient inévitablement liées au progrès technique.

1. « Bien qu 'on les définisse en dernière analyse par rapport aux sociétés relativement moder­nisées, les sociétés relativement non modernisées peuvent être caractérisées c o m m e suit : a) elles sont lourdement tributaires des sources humaines et animales d'énergie; b) les autres sources qu'elles utilisent (les fleuves pour les transports, le vent, etc.) sont généralement en quantités fixes ou s'accroissent lentement; c) leurs instruments ne multiplient l'effort que dans une faible mesure et d) ces instruments sont sédentaires. Avant le xixe siècle, toutes les sociétés étaient relativement peu modernes. Avant le xx e , il n'existait pas de sociétés très modernisées. » (Marion J. L E V Y , Jr. Modernization and the structure of societies, vol. I, p . 85, Princeton, 1966.)

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Tarlok Singh

II

U n pays à densité élevée c o m m e l'Inde, qui doit encore accomplir des réformes majeures considérées depuis longtemps c o m m e essentielles en matière de pro­priété foncière et de gestion des terres, se trouve dans des conditions nettement différentes de celles où se sont imposées les techniques modernes dans les pays occidentaux. Dans la plupart de ces pays, pendant plusieurs dizaines d'années, l'industrie s'est développée à une cadence qui a entraîné l'exode hors des régions rurales d 'un nombre croissant de travailleurs actuels ou potentiels et obligé ceux qui restaient à la terre de recourir, au fur et à mesure qu'ils apparais­saient, aux instruments et machines permettant d'économiser le travail manuel. Les progrès accomplis dans le domaine de l'enseignement, les nouvelles possi­bilités d'emploi offertes par l'industrie et le commerce et les différences entre les revenus des travailleurs agricoles et non agricoles, tout cela n 'a fait qu'ac­centuer cette tendance. A u Japon, pendant plus d 'un demi-siècle, l'industrie a tout juste absorbé l'excédent de main-d'œuvre rurale et, malgré d'importants apports de la recherche agricole, beaucoup d'innovations technologiques n'ont pu être introduites qu'après la guerre, époque à laquelle l'émigration des tra­vailleurs ruraux vers les centres urbains et industriels s'est fortement accélérée. E n Inde, en revanche, la perspective d'une croissance démographique, d'une surcharge toujours plus grave de la terre et d 'un morcellement accru des pro­priétés agricoles rend à la fois plus difficile et plus urgente une large évolution technologique.

Le rôle capital d 'une expansion massive de la production agricole est très largement reconnu, de m ê m e que le besoin de facteurs de production tels que les variétés améliorées de semences, les engrais, les produits antiparasitaires, l'eau, le crédit et les connaissances nouvelles. O n s'est moins bien rendu compte, en revanche, que si l'on ne transforme pas de façon radicale les tech­niques, la gestion des terres, les relations foncières ainsi que la structure de l'emploi et des qualifications techniques, les possibilités actuelles de dévelop­pement de l'agriculture resteront très en deçà de l'immense tâche à accomplir. Jusqu'à un certain point, le rendement peut être élevé grâce à l'irrigation, à la protection des sols et à la mise en valeur des terres, mais il devient vite indis­pensable d'améliorer le niveau de l'enseignement et des connaissances théo­riques et pratiques. L à encore, les nouveaux facteurs de production, tels que l'emploi de variétés de semences hybrides à rendement élevé, associés à des procédés agricoles scientifiques, supposent des instruments plus efficaces. Face aux problèmes multiples que pose l'agriculture, il convient de considérer le progrès technologique à la fois c o m m e un moyen essentiel et c o m m e une condition nécessaire. A u stade actuel, il existe des facteurs qui peuvent consi­dérablement favoriser cette évolution, tandis que d'autres lui font obstacle. Pour planifier le progrès technologique de l'agriculture, il faut essentiellement concilier ces divers éléments et concevoir des stratégies qui atténueront les conflits entre l'intérêt social et l'intérêt particulier et favoriseront une évolution diversifiée dont les formes se renforceront mutuellement.

Normalement, il y a lieu d'escompter, à mesure que les années passeront,

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Transformation technique de l'agriculture de l'Inde

une augmentation modeste de la production agricole, une partie des agricul­teurs adoptant les techniques modernes tandis que la masse des cultivateurs et des travailleurs sans terres continuera à peiner, jour après jour, en face d'une population surabondante et d'une offre d'emploi insuffisante. Étant donné que les possibilités d'extension des terres arables sont rigoureusement limitées, seule une agriculture hautement intensive peut contrecarrer cette évolution, parce qu'elle autorise les récoltes multiples et promet des rendements élevés, et parce qu'elle repose sur le meilleur usage possible de la terre et de la main-d'œuvre, ainsi que des capitaux et des connaissances scientifiques. Les innovations technologiques qui favorisent l'intensification de l'agriculture et parviennent à rallier la masse des cultivateurs sont en elles-mêmes un puissant instrument de croissance. L'amélioration de la qualité des travailleurs agricoles résulte autant des progrès de l'agronomie que de l'évolution industrielle. D e m ê m e , le développement de possibilités d'emploi ayant un rapport direct ou indirect — parfois très lointain — avec l'agriculture est lié à l'essor de l'industrie, plus spécialement de l'industrie rurale. C'est le développement combiné et coor­donné de l'agriculture et de l'industrie qui fait naître les grandes impulsions nécessaires pour la mise au point de formes intensives de culture et d'activités annexes et qui ouvre de nouvelles perspectives d'emploi à des niveaux plus élevés. Dans ce cadre, les innovations technologiques ayant pour objet de favoriser une agriculture intensive jouent u n rôle essentiel en tant qu'élément de liaison.

L ' u n des principaux mérites des travaux de développement et de planifi­cation économiques menés au cours des vingt dernières années — quelles qu'en soient par ailleurs les limites — est d'avoir rendu cette liaison parfaitement réalisable. L'élargissement du marché, la demande accrue de denrées alimen­taires et de produits agricoles, les progrès techniques en agriculture et la pri­mauté accordée, à juste titre, aux biens et moyens de production essentiels ainsi qu 'à la fixation de prix rémunérateurs pour les agriculteurs, ont largement contribué à faire de l'agriculture une industrie avantageuse pour ceux d'entre eux qui ont des excédents à apporter au marché. Ils sont d'ailleurs peu n o m ­breux, encore que les marges disponibles augmentent progressivement. Cela montre notamment que, dans chaque région, il faut, compte tenu de ses carac­téristiques propres, trouver les moyens de produire des excédents susceptibles d'être échangés contre d'autres biens, de sorte que l'ensemble de la population finisse par s'intégrer soit au secteur céréalier, soit au secteur économique et industriel du pays. Mais il faut, pour cela, que soient harmonisées les possibilités technologiques, les potentialités économiques ainsi que les facteurs sociaux et institutionnels.

rn

Sur le plan technique, il est clair que, lorsqu'on se propose de mettre au point des instruments nouveaux, il convient avant tout d'établir des priorités et de définir les problèmes qui se posent. U n groupe d'étude chargé de faire le point des progrès accomplis dans diverses régions de l'Inde en ce qui concerne la

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Tarlok Singh

recherche, la fabrication, la fourniture et la mise en service de matériels agri­coles améliorés a constaté que les instituts agricoles et les centres de recherche n'accordaient pas encore une attention suffisante à certains des besoins les plus urgents des cultivateurs1. Il s'agit, par exemple, de machines à traction animale à usages multiples, d'outils manuels améliorés, de matériel de nivel­lement, de creusement de canaux, de remblayage et de drainage des zones irriguées, de machines combinant les semis de graines et l'épandage des engrais, de transplantoirs de riz paddy, d'appareils manuels améliorés pour le poudrage et la pulvérisation, de batteuses à traction animale, de séchoirs à grains, etc. L a mise au point d'un instrument adéquat n'est évidemment qu'une première étape. Il est indispensable aussi d'assurer sa fabrication et sa distribution, d'obtenir des crédits, de prévoir des services d'entretien et la fourniture de pièces de rechange, d'enseigner le maniement de l'instrument et d'organiser des stages et des démonstrations. Tous ces éléments doivent être pris en consi­dération dans le cadre d'une planification détaillée. O n n'a pas encore suffi­samment compris que, si la mise au point et la diffusion d'instruments et de machines agraires modernes étaient entreprises à une échelle vraiment impor­tante, cela donnerait, tant à la grande industrie qu'à la petite, une occasion unique de contribuer à l'essor de l'agriculture, d'implanter à proximité de la ferme beaucoup d'activités secondaires de fabrication et de réparation et de moderniser l'industrie rurale traditionnelle.

D u point de vue technique, les dix à quinze dernières années ont vu l'éta­blissement en Inde d'une large infrastructure industrielle. Les ressources disponibles pour la production de machines-outils, de matériel de transport, ou encore de centrales électriques, sont mises à la disposition du secteur moderne de l'économie. Tout cela est fort utile, mais tant que les conditions d'une transformation poussée des techniques agricoles ne sont pas réunies, le développement de l'industrie moderne n'exerce qu'une influence très inférieure à celle qu'elle pourrait avoir sur une importante partie de l'économie nationale. Il m a n q u e encore quelques maillons essentiels, ce qui nous amène au n œ u d du problème de la transformation technique de l'agriculture.

C o m m e on l'a indiqué plus haut, l'objectif principal de cette transformation technique devrait être, au stade actuel, d'instaurer un système de culture intensif orienté vers la vente, employant une main-d'œuvre de plus en plus qualifiée, spécialisée et productive et maintenant les coûts unitaires de produc­tion à un faible niveau. L'économie indienne dispose désormais de la capacité de production et des ressources nécessaires pour assurer la transformation à grande échelle de ses techniques agricoles. Les principaux obstacles rencontrés sont les dimensions insuffisantes et par voie de conséquence le faible rendement de la plupart des exploitations agricoles et la pauvreté de la masse paysanne. Si l'on considère, d'une manière approximative et sans tenir compte des varia­tions infinies dans la qualité des terres, que les propriétés de 10 à 30 acres (4 à 12 hectares) correspondent aux cultivateurs « moyens » et celles de plus de

]. Report on improved agricultural implements in India, Committee on Plan Projects, Planning Commission, juin 1966.

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Transformation technique de l'agriculture de l'Inde

30 acres aux cultivateurs « aisés », la situation, telle qu'elle ressort d'une enquête par sondage réalisée en 1960-1961 était la suivante1 :

Propriétés en exploitation (%) Superficie {%)

Agriculteurs pauvres Agriculteurs moyens Agriculteurs aisés

81,81 14,80 3,39

38,83 36,00 25,17

D a n s cette perspective, les différents États de l'Inde se divisent en deux grandes catégories : a) ceux où les travaux agricoles sont effectués principalement par des agriculteurs pauvres ; b) ceux où la plus grande partie des terres sont exploi­tées par des agriculteurs moyens ou aisés. Le tableau suivant illustre cette répartition :

a

A s s a m Bihar Orissa Bengale-Occidental Kerala J a m m u et Cachemire Madras Uttar Pradesh

b

Andhra Pradesh Goudjerate M a d h y a Pradesh Maharachtra Mysore Pendjab Rajasthan

Agriculteurs pauvres

Propriétés

95,88 93,10 91,91 95,20 97,46 94,97 96,04 92,73

88,99 74,74 73,58 73,24 79,44 80,61 68,87

Superficie

76,81 58,65 61,25 74,96 57,47 78,63 66,58 61,55

37,39 23,66 27,34 18,95 29,22 25,22 20,36

Agriculteurs m o y e n s

Propriétés

4,02 6,19 7,41 4,76 2,07 4,82 3,59 6,51

9,12 20,12 21,68 19,88 15,83 16,24 22,39

Superficie

21,20 30,34 30,61 24,31 21,26 18,66 24,46 28,31

37,22 46,42 43,44 39,77 38,29 48,80 35,52

Agriculteurs aisés

Propriétés

0,10 0,71 0,68 0,04 0,47 0,21 0,37 0,76

1,89 5,14 4,74 6,88 4,73 3,15 8,74

Superficie

1,99 11,01

8,14 0,73

21,27 2,71 8,96

10,14

25,39 29,92 29,22 41,28 32,39 25,98 44,12

Le n o m b r e des cultivateurs « pauvres » est si énorme que, si l'on veut trans­former 1' « industrie » agricole sur le plan technique et économique, il sera indispensable de prendre des mesures radicales, faute de quoi, il deviendra m ê m e difficile d'offrir aux ouvriers agricoles sans terre des emplois productifs

National sample survey, 17th round, July 1960 - June 1961, n° 113, tables with notes on agri­cultural holdings in India.

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Tarlok Singh

à des niveaux de qualification de plus en plus élevés. La présence d'une pro­portion légèrement supérieure de cultivateurs moyens et assez aisés dans certaines régions confère à celles-ci un avantage temporaire et transitoire, mais ne modifie pas le fond du problème. E n m ê m e temps, il est exact de dire que des réformes institutionnelles et technologiques rapides et synchrones s'imposent avec beaucoup plus d'urgence dans les régions densément peuplées où la pau­vreté frappe u n très grand nombre d'habitants — cultivateurs, ouvriers agri­coles et artisans ruraux.

Toute réforme institutionnelle suppose que chaque société, chaque région fixe ses objectifs propres et choisisse les moyens de les atteindre. Dans le contexte politique et social de l'Inde, malgré l'extrême urgence des mesures à prendre, il n'est possible de modifier fondamentalement le régime foncier et la gestion des terres qu'avec l'adhésion de la population, ce qui implique le recours à la persuasion, à des démonstrations, et l'application loyale de textes juridiques dont beaucoup sont déjà promulgués. D e telles transformations exigent une direction animée, tant à l'échelon de la communauté qu 'à celui de la nation et des États, par une immense volonté générale capable de s'élever très au-dessus de tout sectarisme politique.

E n dehors d 'un petit nombre de cultivateurs dont les exploitations (et les connaissances) sont telles qu'ils peuvent assimiler d 'eux-mêmes les techniques modernes, la grande majorité des agriculteurs n'ont d'autre ressource que de se tourner vers la coopération sous toutes ses formes, notamment la mise en c o m m u n des terres, des travaux et des services de tous ordres. Selon la législa­tion et la pensée indiennes, les droits de propriété subsistent sous réserve des dispositions relatives à la réforme agraire et les exploitants continuent à recevoir des versements compensatoires sur le produit de la terre.

Sans doute, la tâche à accomplir est-elle gigantesque. Elle est appelée à avoir des incidences sur l'éducation et exige d'importants investissements. Mais c'est une tâche qui a désormais un caractère plus concret qu'idéologique. Pour la mener à bien, il convient de beaucoup innover, de beaucoup organiser et de mettre largement en valeur les capacités de production et les ressources existantes. Grâce à des plans de développement bien conçus, dynamiques et adaptés aux besoins et aux conditions de chaque région, la technologie, l'orga­nisation et les transformations sociales conjuguées peuvent maintenant mener à des résultats bien plus fructueux qu'il y a une dizaine d'années.

[Traduit de l'anglais]

Tarlok Singh, ancien membre de la Commission de planification indienne, a été étroitement associé à l'élaboration des plans économiques de l'Inde de 1950 à 1967. Il séjourne à l'heure actuelle à la Woodrow Wilson School, Princeton University, qui l'a invité en qualité de Visiting Senior Research Economist. H est l'auteur notamment de Poverty and social change (1945) et d'études sur la planification et les problèmes relatifs à l'économie rurale.

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T. Lynn Smith Quelques grandes tendances sociales actuelles du secteur rural aux États-Unis

Cet article a pour but de mettre en lumière quelques-unes des principales modifications ou tendances qui affectent actuellement les secteurs ruraux de la société aux États-Unis. Tous les secteurs, tant ruraux qu'urbains, de la nation la plus peuplée de l'hémisphère occidental subissent en ce m o m e n t une trans­formation rapide, profonde et radicale. O n peut m ê m e dire qu'il s'agit d'une période tumultueuse où les forces et facteurs de changement et de « progrès » l'emportent de loin sur les tendances à la cristallisation et à la stabilisation sociales dans les 50 États et le district fédéral qui constituent l'Union améri­caine. D e la frontière canadienne au golfe du Mexique et à la frontière mexi­caine, de l'Atlantique au Pacifique, et sans oublier l'Alaska et Hawaii, les innovations se succèdent à un tel rythme dans de si nombreux secteurs de l'ordre social et affectent tant de processus sociaux que les « règles du jeu » de la société s'en trouvent profondément modifiées au cours d'une seule génération. Les différentes composantes (caractéristiques culturelles et lignes de conduite), les combinaisons de facteurs de divers degrés de complexité (systèmes culturels et types d'activités), ainsi que l'infinie variété des systèmes et modalités socio­culturels, sont en état de flux.

Les secteurs ruraux des États-Unis constituent peut-être un ensemble social trop vaste et trop polymorphe pour qu 'on puisse en préciser et en synthé­tiser valablement les principales métamorphoses. Toutefois, pour les besoins de notre étude, il a paru c o m m o d e de nous attacher aux principales caractéris­tiques socio-culturelles qu 'on peut assimiler au deuxième degré d'intégration sociale, lequel se situe juste après la structure socio-culturelle générale que forme la société elle-même. Parmi ces systèmes socio-culturels du second ordre, on peut distinguer notamment les quatorze catégories suivantes : à) la dimension des propriétés foncières ou domaines, et — ce qui, aux États-Unis, revient généralement au m ê m e — celle des exploitations agricoles, c'est-à-dire des unités sociologiques fortement institutionalisées dont les différentes variétés sont désignées par des expressions telles que exploitations familiales, grands domaines, plantations, propriétaires exploitants, etc.; b) le régime foncier; c) le système du cadastre et des titres de propriété; d) le m o d e de production — c'est-à-dire la façon dont on extrait le produit du sol — qui est éminemment normalisé et chargé de valeurs affectives ; é) les options, c'est-à-dire la combi-

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Rev. int. Sc. soc, vol. X X I (1969), n° 2

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T . Lynn Smith

naison de cultures et d'élevages pratiquée sur chaque fonds;/) le système de rapports familiaux, consanguins et domestiques; g) le système d'éducation; h) les croyances magico-religieuses ; / ) le cadre politique et administratif; j) le système des classes et des castes; k) le réseau de communications et trans­ports; /) le système de crédit; m) le système de commercialisation; ri) le système des collectivités locales1. Dans le présent article, nous considérons l'évolution qui affecte actuellement quatre de ces grandes catégories de la société rurale aux Etats-Unis, à savoir, la dimension des exploitations, les types d'activité agri­cole, le m o d e de production et le système des classes.

Dimension des exploitations agricoles

Parmi les tendances sociologiques qu 'on enregistre actuellement dans les régions agricoles des États-Unis, l'une des plus frappantes est le changement de la dimension des exploitations agricoles. Il ne fait pas de doute non plus que, de tous les changements qui marquent la société américaine, cette évolution figure parmi celles qui ont été le moins bien comprises et ont donné lieu aux inter­prétations les plus erronées. Pourtant, si l'on veut bien apprécier et définir la nature de l'évolution qui affecte cet élément important de la structure sociale du secteur rural de la nation, il importe de tenir compte de certains faits essen­tiels ; cela réduira beaucoup le champ des hypothèses. Parmi ces faits, il convient de retenir les données statistiques suivantes :

1. L a superficie des terres cultivées a peu varié depuis plusieurs dizaines d'années. D'après les recensements agricoles publiés par les autorités fédé­rales, la superficie agricole totale était de 990 111 984 acres en 1930 ; elle s'est lentement accrue pour atteindre 1 123 507 574 acres en 1959; on note ensuite un léger déclin : 1 110 187 000 acres en 1964.

2 . A u cours de la m ê m e période, le nombre de propriétés classées c o m m e agricoles {farms), qui était de 6 295 103 en 1930, est tombé à 3 710 504 en 1959, et à 3 157 857 en 1964. Cette diminution de moitié du nombre des exploitations accompagnée d'une variation très faible de la surface globale des terres agricoles a provoqué un accroissement de la superficie moyenne des exploitations : 157 acres en 1930, 303 acres en 1959 et 352 en 1964. L a dimension moyenne des exploitations agricoles a donc plus que doublé depuis 1930, et cette tendance à l'expansion se poursuit.

3. Toutefois, ces chiffres risqueraient d'induire en erreur si l'on négligeait un autre aspect de l'importance des exploitations agricoles, qui est le chiffre global de la main-d'œuvre et l'évolution du nombre de personnes au travail dans chaque exploitation. O n consultera à cet effet les relevés

1. Sur les résultats de mes recherches visant à déterminer, analyser et exposer la nature et les caractéristiques de quelques-unes des variantes de chacune de ces catégories socio-culturelles, à l'exception des rubriques e, k, l et m, voir : T . Lynn S M I T H , The sociology of rural life. N e w York, Harper and Brothers, 1953; T . Lynn S M I T H , Brazil : people and institutions, 3 e éd., Baton Rouge (Louisiana) State University Press, 1963: T . Lynn S M I T H , Colombia : social structure and the process of development, Gainsesville, University of Florida Press, 1967.

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Quelques grandes tendances sociales

mensuels de l'Office d'information agricole (Crop Reporting Board), qui dépend du Ministère de l'agriculture des États-Unis. Selon cette source, le nombre mensuel m o y e n de travailleurs agricoles aux États-Unis, qui était de 12 497 000 en 1930, était tombé à 7 104 000 pour la période 1958-1962, et à 6 110 000 seulement en 19641. Ainsi donc, malgré le fait qu'en 1964 l'exploitation agricole moyenne, aux États-Unis, avait une superficie deux fois plus grande qu'en 1930, le nombre m o y e n de travailleurs actifs était tombé de 2 par exploitation au début de la période considérée, à 1,9 à la fin de cette période.

4 . Enfin, ce serait une erreur de penser que la masse de main-d'œuvre dispo­nible pour les différents types d'activités agricoles est considérable et s'accroît rapidement. D'après les relevés de l'Office d'information agri­cole, le nombre mensuel moyen de travailleurs salariés dans les exploita­tions agricoles, qui était de 3 190 000 en 1930, était tombé à 1 907 000 en 1959 et à 1 604 000 en 1964, ce qui correspond à un chiffre de 0,39 par exploitation pendant la première année considérée, et de 0,38 pendant la dernière année.

Considérées ensemble, ces données signifient à coup sûr que la production agricole des États-Unis demeure toujours le fait d'entreprises familiales, tout autant et m ê m e plus qu'en 1930. Les exploitants agricoles et leurs épouses continuent à assurer la direction d'entreprises de plus en plus étendues, complexes et hautement commercialisées, et exécutent eux-mêmes la grande majorité des tâches qu'exigent leurs entreprises.

Les données précitées montrent aussi que plusieurs millions des petits domaines exploités en 1930 ont été incorporés depuis lors dans des exploita­tions plus grandes, ce qui a eu pour effet d'augmenter la superficie moyenne des exploitations et d'en réduire le nombre total de près de moitié. O n trouvera plus loin les chiffres relatifs à l'évolution du nombre d'exploitations agricoles de moins de 50 acres.

Malgré ces chiffres, il n'est pas impossible que, dans certaines régions du pays, de vastes entreprises organisées en sociétés anonymes, gérées par un directeur salarié et employant une main-d'œuvre nombreuse, peu qualifiée et faiblement rémunérée, gagnent en importance, du moins dans une mesure limitée. Malheureusement, il faudrait que les renseignements sur la main-d'œuvre agricole recueillis à l'occasion des recensements périodiques soient beaucoup plus détaillés et présentés de façon moins sommaire pour qu 'on puisse traiter cette question avec la précision qu'elle mérite. Toutefois, sur la base des renseignements disponibles, l'extrait ci-après du rapport sur le recensement agricole des États-Unis pour 19648 fait assez bien le point de la situation :

« Des dépenses de main-d'œuvre agricole salariée ont été déclarées pour la moitié des exploitations agricoles en 1964. Toutefois, pour plus de 6 2 % de [celles-ci]... ces dépenses s'élèvent à moins de 500 dollars et ces exploitations ne totalisent que 5 % des dépenses consacrées à la main-d'œuvre salariée par

1. Voir le bulletin multigraphié de l'Office, Farm labor, du 9 octobre 1953 et du 10 février 1965. 2. United States census of agriculture, vol. II, p . 694, Washington, Government Printing Office,

1967.

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T . Lynn Smith

l'ensemble des exploitations agricoles. Environ 45 000 exploitations dépensant 10 000 dollars ou plus totalisaient plus de la moitié des dépenses globales consacrées à la main-d'œuvre agricole rémunérée.

» Environ un tiers des dépenses afférentes à la main-d'œuvre agricole salariée concernait des exploitations situées en Californie, en Floride et au Texas. »

E n 1964, dans ces trois États, le nombre des exploitations agricoles employant en permanence plus de neuf salariés était le suivant : 2 241 en Cali­fornie, 1 051 en Floride et 813 au Texas. Dans quelques autres États agricoles du pays, les chiffres correspondants étaient de 119 pour lTllinois, 94 pour PIndiana, 46 pour ITowa, 68 pour le Minnesota, 94 pour le Missouri, 181 pour POhio et 137 pour le Wisconsin1.

Types d'activité agricole

Les cultures et les formes d'élevage pratiquées dans les unités agricoles pré­sentent une grande variété, depuis la polyculture jusqu'aux diverses formes de monoculture, telles que la culture du blé, l'élevage des bovins ou la culture du tabac, où presque toutes les activités de la ferme, de la plantation ou du ranch sont consacrées à une production unique. Parmi les principales options traditionnelles aux États-Unis, on peut citer la polyculture, la production combinée de maïs, porcs et bovins, la production laitière, la culture du coton, du blé ou du tabac, l'élevage de bovins en ranch, la production d'agrumes, et la combinaison riz-bovins. Chacune de ces options a constitué l'élément dominant d 'un système socio-culturel qui, formant une trame dense et complexe de liens de symbiose, a déterminé dans une large mesure les modes de vie et de travail des populations concernées. A l'heure actuelle, ces différents types d'activité subissent des changements radicaux, encore qu'il soit malaisé de définir le c o m m u n dénominateur (à supposer qu'il en existe un) qui permettrait d'énoncer une formule ou de proposer un modèle d'application générale. N o u s nous contenterons donc de commenter brièvement les modifications qui affectent deux de ces catégories d'exploitations.

POLYCULTURE

11 ne fait aucun doute que les exploitations pratiquant la polyculture sont en voie de disparition aux États-Unis. Historiquement parlant, le recours à l'impôt général sur la propriété foncière pour financer l'instruction publique obliga­toire ainsi que de nombreux autres services organisés et subventionnés sur une base locale a obligé les agriculteurs à produire pour le marché plutôt que pour leur propre consommation. Depuis l'instauration du N e w Deal du président Franklin D . Roosevelt (à partir de 1933), les différents programmes et subven­tions agricoles qui ont été maintenus jusqu'à ce jour sous une forme ou une autre ont eu le m ê m e effet. Il n'existe aucun programme en faveur de la poly-

1. United States census of agriculture (déjà cité), p. 718.

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Quelques grandes tendances sociales

culture ou d'une combinaison quelconque d'activités agricoles. Les avantages offerts concernent exclusivement la production d'une denrée déterminée. E n pratique, cette politique pénalise le polyculteur et profite à celui qui pratique une monoculture ou une combinaison d'activités hautement spécialisée. Il en est résulté un déclin abrupt de la polyculture aux États-Unis, surtout depuis 1940. C e phénomène est clairement illustré par ce qui s'est passé dans trois exploitations que je connais très bien depuis une cinquantaine d'années : il s'agit de deux domaines agricoles du comté de Conejos, dans le Colorado, et d 'un ranch du comté de Tierra Amarilla, au Nouveau-Mexique. Pendant m o n enfance et jusque dans les années trente, ces exploitations étaient consacrées à une large g a m m e d'activités, telles que la production de p o m m e s de terre, de blé, de grandes quantités de luzerne et d'autres espèces fourragères, une certaine production laitière, la culture de pois pour le marché, la production de laitues, l'entretien de grands potagers familiaux, et une importante production de bœufs de boucherie, de porcs et de volailles. Il y a quelques mois, alors que je préparais cet article, je suis retourné sur ces lieux qui m'étaient de si longue date familiers. Or , aujourd'hui, l'exploitant de l'un de ces fonds ne cultive plus que la luzerne et d'autres plantes fourragères (sur terres irriguées, bien entendu) pour alimenter les veaux qu'il a achetés et qu'il revend après un an ou deux pour expédition aux prés d 'embouche où se parachève l'engraissement. L'autre exploitant procède de façon analogue, à ceci près qu'il élève lui-même un petit troupeau de vaches Hereford pour la production des veaux qu'il nourrit avec ses récoltes de luzerne et autres cultures fourragères. Cette année, ses génisses ont déjà été vendues à une exploitation spécialisée dans l'engraissement terminal. Ni l'une ni l'autre de ces fermes n ' a de vaches laitières, de porcs ou de poulets, et pratiquement pas de potager. L'exploitant du ranch du Nouveau-Mexique a également éliminé toutes opérations autres que l'élevage d'un petit troupeau de bovins de boucherie et quelques cultures fourragères pour parer aux longs froids d'hiver. Tous les revenus de cet exploitant proviennent main­tenant de la vente de génisses à viande aux spécialistes de l'engraissement.

Les statistiques indiquant comment s'est modifié, entre 1940 et 1964, le pourcentage des exploitations agricoles pratiquant certains types de culture et d'élevage montrent assez bien que ces trois exemples ne sont pas isolés. E n effet, en 1940 et 1964 respectivement, les pourcentages des exploitations comprenant divers types d'activité (par rapport à l'ensemble des exploitations agricoles) ont été les suivants : vaches laitières, 76,2 et 36,0; porcs, 61,8 et 34,3; poulets de quatre mois ou plus, 84,5 et 34,4; maïs à grain, 67,9 et 43,8; p o m m e s de terre, 43,1 et 9,8; patates douces, 19,1 et 9,8; légumes à usage domestique, 78,9 et 64,9; pommiers, 29,7 et 3,5; poiriers, 15,8 et 2,4*.

P R O D U C T I O N COMBINÉE M A Ï S - P O R C - B Œ U F

A bien des égards, la production combinée de maïs, de porcs et de bœufs de boucherie qui a marqué les modes de vie et de travail d 'un bout à l'autre de

1. Chiffres fournis par le Service du recensement des États-Unis : United States Census of Agri­culture : 1964, vol. II, p. 44 et 313-329, Washington, Governement Printing Office, 1967.

301

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l'immense zone du maïs {corn belt) qui englobe l'Ohio, l'Indiana, l'Illinois et l'Iowa, ainsi que les parties les plus peuplées et les plus productives du Missouri, du Minnesota, du Dakota du Sud, du Nebraska et du Kansas, a été le type d'agriculture le plus efficace jamais pratiqué par l ' homme. C'est certainement là que s'est formée, en grande partie, l'image du « fermier » américain économe, industrieux et productif, bien connu aux États-Unis et m ê m e , dans une certaine mesure, à l'étranger1. Cette combinaison a longtemps fourni, par année de travail et par individu, un rendement bien plus élevé que tout autre type d'exploitation agricole aux États-Unis; la population qui participe à ce système socio-culturel bénéficie en moyenne de taux de produc­tion et de niveaux de vie plus élevés que ceux d'aucune autre fraction importante de la population rurale du pays; enfin, il y a maintes raisons de penser que ce système a lui-même suscité une grande partie du dynamisme qui a révolutionné les modalités d'exploitation du sol au cours du siècle dernier2.

Ce régime de haute symbiose trouve ses origines dans le Kentucky et dans l'Ohio vers 1810; une fois implanté dans les sols fertiles des vallées de l'Ohio et du Mississippi, il n 'a cessé de s'étendre et de gagner en importance jusqu'aux environs de I9603. Son caractère essentiel n 'a jamais été exprimé de façon aussi concise que par Thomas Nixon Carver, économiste bien connu de l'Université Harvard, lui-même né et élevé dans une ferme de l'Iowa, lorsqu'il écrivit que « l'habitude d'engraisser les porcs avec des déjections de bovins nourris au maïs fit que la viande de porc devint en quelque sorte un sous-produit de l'élevage des bovins »4. Mais, une centaine d'années auparavant, un planteur très méthodique du Kentucky, commentateur de questions agricoles, avait déjà tracé de façon précise la marche à suivre par son chef de culture pour appliquer la maxime « le porc suit le bœuf», en vue de l'utilisation optimale du maïs produit dans le domaine5; et la station agricole expérimentale de l'Iowa a pu démontrer, à l'issue de recherches minutieuses, « qu'en cent vingt jours d'alimentation, un porc moyen pouvait tirer des déjections de deux bovins l'équivalent de 141 kilos de maïs »6.

1. O n trouvera les observations pénétrantes d'un voyageur étranger concernant ce secteur agricole des États-Unis et son importance dans le pays et ailleurs dans : Salvador C A M A C H O R O L D A N , Notas de viaje, p. 677-683, Bogotá, Librería Colombiana, 1897; traduction anglaise dans : T . Lynn S M I T H , Agrarian reform in Latin America, p. 80-84, N e w York, Alfred A . K n o p f Inc., 1965.

2. L'analyse et la description les plus détaillées de l'organisation et de la vie sociales du corn belt figurent dans : Carl C . T A Y L O R et al., Rural life in the United States, p. 360-382, N e w York, Alfred A . Knopf, Inc., 1949.

3. O n trouvera un aperçu des origines, de l'évolution et du développement de ce mouvement dans m o n exposé intitulé « Statement on the problems of agriculture in Latin America », publié par la Commission sénatoriale des relations extérieures dans Survey of the Alliance for Progress, p. 24-25, Washington, Government Printing Office, 1968; le sujet est traité avec plus de détails dans m o n article intitulé « Agricultural-pastoral conflict : A major impediment in the process of development », paru dans le numéro de janvier 1969 du Journal of inter-American studies.

4. Principles of rural economics, p. 104, Boston, Ginn and C o m p a n y , 1911. 5. A d a m B E A T T Y , Southern agriculture, being essays on the cultivation of corn, hemp, tobacco, etc.,

and the best method of renovating the soil, p. 265-267, N e w York, C . M . Saxton, 1843. 6. Charles Wayland T O W N E ; Edward Norris W E N T W O R T H , Pigs : From cave to corn belt, p. 211,

N o r m a n , University of Oklahoma Press, 1950.

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Toutefois, depuis 1960 environ, ce type d'exploitation assez général qui fut longtemps efficace est battu en brèche par l'évolution vers la division du travail, la spécialisation et le recours à des applications très coûteuses de la science et de la technique. D e plus en plus, les exploitations du corn belt se spécialisent dans la production de bœufs ou de porcs, ou m ê m e dans la produc­tion de maïs et de soja. A l'heure actuelle, afin de préparer le maïs pour l'ali­mentation des porcs, les éleveurs comptent de moins en moins sur l'action des sucs gastriques des bovins et de plus en plus sur le matériel mécanique pour obtenir le dosage approprié des divers ingrédients; d'autre part, des mélanges artificiels comprenant jusqu'à vingt éléments constitutifs tendent à remplacer le maïs en épi ou le maïs égrené dans le processus d'engraissement du bœuf de boucherie. Par ailleurs, on crée de plus en plus de grandes entreprises d'engrais­sement ultramodernes dans une zone qui s'étend du Texas occidental jusqu'au Colorado septentrional et au Nebraska occidental. O n y applique les techniques les plus modernes pour réduire en flocons le gros mil et les autres sorghos, élaborant ainsi des méthodes d'engraissement du bétail de boucherie qui, pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, font une concurrence sérieuse aux producteurs de bœufs de boucherie du corn belt. Le vieux système agricole maïs-porc-bœuf semble donc avoir fait son temps.

Les techniques agricoles

A bien des égards, l'extraordinaire perfectionnement des techniques agricoles ou modes de production pratiqués par les cultivateurs américains pour tirer du sol des produits végétaux ou animaux constitue la plus spectaculaire des méta­morphoses sociales qui aient affecté le secteur rural des États-Unis, au point d'industrialisation intense qu'ils ont atteint aujourd'hui. E n outre, du point de vue historique, la mise au point d'outils, d'instruments, de machines, de véhi­cules, de sources d'énergie, de méthodes de désherbages et d'engrais nouveaux, moins fatigants et plus efficaces, ainsi que de variétés nouvelles et améliorées de végétaux, de mammifères et de volailles, a été un facteur très important de l'in­dustrialisation du pays et non pas seulement un de ses résultats.

Exception faite de tentatives modestes dans les régions qui constituent aujourd'hui le sud-ouest du pays, où l'héritage culturel espagnol a fourni à l ' h o m m e les modes d'action qui lui ont servi jusque vers la fin du xixe siècle, les méthodes d'exploitation agricole transmises aux contrées qui allaient devenir les États-Unis étaient celles qui avaient déjà été portées à un degré de perfection très poussé en Grande-Bretagne, en France et aux Pays-Bas. Par conséquent, les agriculteurs américains ont hérité d'emblée de la charrue à pointe de soc métallique et versoir, du collier de trait — c'est-à-dire de la trac­tion chevaline — et du chariot à quatre roues. Sur cette base, les agriculteurs des vallées de l'Ohio et du Mississippi, exploitants de classe moyenne, ont pu réaliser toute une série d'inventions et de perfectionnements dans tous les domaines de la culture et de l'élevage, de sorte qu'en 1940 ils disposaient de la technique agricole la plus perfectionnée que le m o n d e ait jamais connue. U n

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facteur qui a été d'une importance capitale dans cette étonnante évolution a été le fait que des millions d'agriculteurs assoiffés de terres ont apporté à ce gigan­tesque creuset qu'était alors le Midwest américain la manne de toutes les connaissances en sols, cultures, bêtes et façons culturales amassées par les populations de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, des Pays-Bas et des pays Scandinaves avant 1910. C'est seulement dans le sud que l'amélioration de la production agricole et animale a marqué le pas. Dans cette région, un système de latifundia, la monoculture du coton et du tabac (et, dans une moindre mesure celle du riz et de la canne à sucre) et l'esclavage ont perpétué un système de culture à la houe qui n'est pas sans analogie avec celui qui se pratique encore de nos jours dans d'immenses régions du m o n d e . M ê m e après l'affranchis­sement des esclaves, l'instauration d'une forme de métayage semi-servile appelée share cropping a maintenu l'ensemble de cette région dans un état d'immaturité où l'utilisation d'une main-d'œuvre surabondante travaillant à la houe a régné d'une façon pratiquement incontestée jusqu'aux abords de 1930.

Par contre, dès 1910, dans tout le nord et l'ouest des États-Unis, les temps étaient mûrs pour l'essor d 'un système d'exploitation agricole mécanisée ou motorisée. D'ailleurs, bien avant cela on avait tenté à maintes reprises d'adapter la machine à vapeur (qui apportait déjà l'énergie nécessaire aux travaux gigantesques que représentait le battage d'abondantes récoltes de blé, d'avoine, d'orge et de seigle), aux opérations de labourage et de nivelage des terres. Mais tout a changé lorsque le moteur à essence a été adapté au tracteur agricole. A partir de ce m o m e n t , dans presque toutes les régions des États-Unis, il a suffi d'une vingtaine d'années pour que le cheval et le mulet cèdent la place au moteur à combustion interne c o m m e source d'énergie motrice des machines et de l'outillage servant à toutes les opérations agricoles, depuis la préparation des semis jusqu'à la récolte, le conditionnement et le transport des denrées. D'autre part, si, pendant la seconde moitié du xixe siècle, le chemin de fer avait remplacé la locomotive animale naturelle pour le transfert des bœufs, des porcs et des moutons jusqu'aux marchés, à partir de 1925 environ les transports routiers ont ravi au chemin de fer ce trafic important.

L'adoption de machines et d'appareils de plus en plus puissants, légers, solides et efficaces a été un processus constant depuis 1910 jusqu'à nos jours, mais on peut discerner aussi les effets d'un autre principe, dont inventeurs et constructeurs ont dû tenir le plus grand compte pour pouvoir écouler leur production. Quels que soient le coût, la dimension ou la complexité des trac­teurs et de leurs annexes, quel que soit le m o d e de combinaison des appareils destinés à accomplir simultanément plusieurs opérations (par exemple, labou­rage, semailles, épandage d'engrais) au moyen des différents éléments méca­niques alignés derrière le tracteur, l'ensemble de cet outillage doit pouvoir être actionné par un seul h o m m e . E n d'autres termes, il s'est avéré indispensable d'orienter le perfectionnement de tout l'arsenal mécanique permettant de préparer la terre, de combattre les mauvaises herbes, de rentrer la récolte, de conditionner les produits agricoles pour l'entreposage et la vente, et d'assurer les transports entre la ferme et le marché, de manière que l'exploitant lui-

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m ê m e , éventuellement accompagné d'un m e m b r e de sa famille ou tout au plus d 'un ouvrier salarié, puisse accomplir en personne toutes les opérations nécessaires.

D'autre part, les perfectionnements n'ont pas été limités aux diverses utilisations de moteurs et d'outillages pour les travaux des champs (c'est-à-dire des tracteurs et de leurs multiples accessoires) ou dans les granges et étables (machines à traire, courroies pour la distribution d'aliments au bétail, appareils pour la préparation d'aliments polyvalents du bétail, etc.)- A l'heure actuelle, l'emploi de l'avion a bien dépassé le stade où, dans le domaine agricole, il servait uniquement à répandre des insecticides ou des fongicides. O n l'utilise déjà dans une large mesure pour le désherbage chimique, pour l'épandage d'engrais, et m ê m e pour les semailles.

Les résultats du développement de ces méthodes agricoles mécanisées et motorisées sont manifestes. E n 1968, quelque trois millions d'agriculteurs, secondés seulement par leurs épouses et leurs enfants, et par moins d 'un million et demi de travailleurs salariés (dont un grand nombre n'étaient autres que leurs propres enfants, auxquels ils versaient un salaire), c'est-à-dire moins de 1/70 des agriculteurs du m o n d e , produisent en abondance des denrées alimen­taires, des aliments du bétail, des fibres textiles et d'autres matières premières pour une société fortement industrialisée d'environ 200 millions d'individus, sans compter de forts contingents pour les marchés extérieurs et des quantités sans précédent destinées à être distribuées gratuitement aux victimes de la faim, de la famine et de la malnutrition dans nombre d'autres régions du m o n d e .

Modification de la structure des classes

Parmi les tendances sociales récentes qui ont affecté les zones agricoles des États-Unis, l'une des plus importantes et des plus lourdes de conséquences est sans doute la diminution abrupte du nombre absolu et relatif des familles agricoles de la classe inférieure et de l'échelon le moins élevé de la classe moyenne. Cette évolution a commencé en 1933 avec l'entrée en vigueur du N e w Deal du président Franklin Delano Roosevelt; elle s'est renforcée juste avant et pendant la seconde guerre mondiale et a atteint son apogée entre 1950 et 1960. A l'heure actuelle, ce mouvement a sans doute épuisé son élan, ne serait-ce qu'en raison du fait qu'aux États-Unis l'immense majorité des ouvriers agricoles et des petits exploitants ont déjà abandonné la campagne pour s'établir dans les villes ou à proximité.

Avant 1933, le travail agricole pour le compte d'autrui (y compris le share cropping, important dans toutes les régions cotonnières fortement peuplées du Sud) et l'agriculture de subsistance pratiquée sur de petites exploitations situées dans des zones économiquement marginales ou inframarginales étaient le recours ultime de ceux qui, pour une raison ou une autre, n'étaient pas en état de réussir dans des activités agricoles plus rémunératrices ou dans le secteur non agricole. Ces deux activités constituaient ensemble le secteur marginal, c'est-à-dire le refuge où ceux qui avaient été évincés d'autres types d'emplois

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arrivaient tant bien que mal à gagner leur vie. Par exemple, pendant la grande dépression économique qui a atteint son paroxysme en 1932, des millions de personnes avaient fui les villes des États-Unis pour s'installer à la campagne, notamment dans les régions les moins productives1.

L a situation a changé du tout au tout sous l'effet de la législation sociale qui constituait l'essentiel du N e w Deal de Roosevelt. E n fait, l'assistance sociale a bientôt commencé à remplacer toutes les formes de salariat agricole et l'agriculture de subsistance, en tant qu'activité marginale nationale. D e plus, l'assistance était organisée de telle sorte que ceux qui voulaient profiter plei­nement de nombreux aspects des secours publics ont été amenés à se fixer dans la périphérie des chefs-lieux de comté, ou, de préférence, dans les grands centres urbains2. Ce facteur, accompagné de diverses causes concomitantes, a provoqué à partir de 1933 un exode massif de populations appartenant principalement à la classe inférieure ou à l'échelon le moins élevé de la classe moyenne, des exploitations agricoles vers les villes, et ce gigantesque glissement démogra­phique a profondément affecté la structure de la société rurale aux États-Unis.

M ê m e dans un article aussi succinct, il est indispensable d'exposer quel­ques-uns des faits sur lesquels sont fondés les généralisations qui précèdent. Considérons tout d'abord le fait que la population rurale agricole des États-Unis, c'est-à-dire les personnes vivant en zone rurale sur des terres classées c o m m e agricoles, a accusé une chute brutale, de 30 157 513 en 1930 à 13 444 898 en 1960. Pendant la m ê m e période, la fraction « n o n blanche » de cette caté­gorie (principalement « noire »), qui appartenait presque exclusivement à la classe inférieure, est tombée de 4 931 268 personnes à 1 593 0983.

Le service du recensement des États-Unis a estimé que « de 1940 à 1964, en chiffres nets, environ 17 millions de personnes ont transféré leur résidence d'une zone agricole à une zone non agricole »4, et si l'on tenait compte aussi des années 1934 à 1940, le total dépasserait certainement 20 millions.

Il peut être établi aussi de façon assez sûre que l'immense majorité des individus et des familles qui ont participé à cet exode appartenaient à la classe inférieure ou à l'échelon le moins élevé de la classe moyenne. Tout d'abord, on peut aisément démontrer que le système semi-servile du share cropping a presque disparu. C e système avait été instauré vers 1868, peu après l'affran­chissement des esclaves noirs et la fin de la guerre de Sécession, lorsqu'on eut constaté que des salaires en espèces n'incitaient pas les affranchis à fournir un

1. Cf. T. Lynn S M I T H , The sociology of rural life, p. 167-177, N e w York, Harper and Brothers, 1940 ; T. Lynn S M I T H , « Recent changes in the farm population of the Southern States », Social forces, vol. 15, n° 3 (mars 1937), p. 381-401.

2. Phénomène signalé dès 1942 par Homer F. H I T T et T . Lynn S M I T H dans « Population redis­tribution in Louisiana », Social forces, vol. 20, n° 4 (mai 1942), p. 442 et 443.

3. Chiffres provenant du Service du recensement des États-Unis (U.S. Bureau of the Census) : United States census of population, 1950, vol. II, « Characteristics of the population », Part I, United States Summary, p. 87, Washington, Government Printing Office, 1953 ; et de la même source : United States census of population, I960; General social and economic characteristics, United States Summary, Final report P C (1)-1C, p. 199, Washington, Government Printing Office, 1962.

4. U . S . B U R E A U OF T H E C E N S U S , United States census of agriculture, 1964, vol. 3, Part 2, p. 7, Washington, Government Printing Office, 1968.

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travail régulier; ce système n'a cessé de se développer jusqu'en 1933, des centaines de milliers de familles de race blanche étant tombées au m ê m e niveau que les anciens esclaves et leurs descendants en gravitant vers cette condition avilissante. C'est ainsi qu'en 1930, selon les chiffres du recensement, il y avait dans le Sud 776 278 personnes dans cette catégorie, dont 383 381 « Blancs » et 392 897 « non-Blancs » (Noirs). E n 1969 le total était tombé à 121 037, dont 47 650 individus classés c o m m e « Blancs » et 73 387, c o m m e « non-Blancs A 1 . Par la suite, le service du recensement a cessé de traiter cette catégorie à part et a inclus les share-croppers qui subsistaient encore en 1964 dans la catégorie des share tenants. Mais, malgré cet apport, les effectifs de cette dernière caté­gorie sont tombés de 248 039 en 1959 à 146 633 en 1964.

U n e partie de la tragédie humaine que, dans leur sécheresse, ces statis­tiques n'expriment guère, apparaît dans la lettre publiée dans le numéro de septembre 1968 du Farm journal, revue éditée à Philadelphie, en Pennsylvanie, depuis quatre-vingt-douze ans. La rédaction, qui aurait pu faire des consta­tations du m ê m e ordre une trentaine d'années plus tôt, a présenté cette lettre en tête de section sous le titre « Qui nourrira les pauvres ? ». L a lettre était ainsi libellée :

« Les cultivateurs doivent-ils vraiment prendre en charge les pauvres des régions rurales c o m m e l'affirment un certain nombre de politiciens et de porte-parole des déshérités?

» D e nombreux exploitants agricoles du Sud portent déjà une lourde part de cette charge. Par exemple, un de nos fermiers {share cropper), père de famille illettré, n'est pas capable de conduire nos nouveaux tracteurs à huit socs. Avec l'agriculture chimique, nous n'avons plus besoin d'eux pour manier la houe. Mais il a dix enfants et deux petits-enfants illégitimes, dont nous avons pitié et que nous avons essayé d'aider.

» Je m e pose la question : suis-je moralement tenu de continuer à nourrir ces gens? O u bien dois-je leur conseiller d'aller à la ville et de s'inscrire à l'assistance sociale?

» Larry Wooda rd , Arkansas. »

C e problème était assez important pour que la rédaction du journal publie l'invitation suivante :

« D e nombreux agriculteurs se trouvant devant le m ê m e dilemme, nous aimerions connaître l'opinion de nos lecteurs à ce sujet : A qui incombe la responsabilité? Q u e fait-on et que faut-il faire pour aider les ruraux dans le dénuement? »

Il ressort clairement de ce qui précède qu'au m o m e n t où le dilemme a été

1. U . S . B U R E A U O F T H E C E N S U S , United States Census of Agriculture; 1959, vol. II, p. 1032, Washington, Government Printing Office, 1962. O n trouvera une analyse de l'exode des Noirs des districts ruraux dans : T . Lynn S M I T H , « The redistribution of the Negro population of the United States, 1910 to 1960 », Journal of Negro history, vol. LI, n° 3 (juillet 1966), p. 155-173.

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évoqué dans les colonnes du Farm journal, les changements en question s'étaient manifestés depuis des dizaines d'années et l'évolution était à peu près achevée. E n admettant qu'en moyenne la famille de share croppers se composait de cinq personnes — et non de 14 c o m m e dans le cas précité — on peut dire qu'entre 1930 et 1964, parmi les personnes ayant quitté l'agriculture pour se fixer dans les villes, 3 500 000 environ appartenaient à cette catégorie. A lui seul, l'exode des share croppers a entraîné une profonde modification de la structure des classes dans les districts agricoles fortement peuplés de la région du Sud, région qui en 1960 contenait encore 4 4 % de la population rurale agricole des États-Unis.

C e serait une erreur de croire que les anciens share croppers sont restés dans les zones rurales c o m m e travailleurs salariés ou pour y exercer une modeste activité agricole de subsistance, car l'importance numérique de ces deux catégories s'est beaucoup amenuisée aussi au cours des dernières décen­nies. L a documentation très complète rassemblée chaque mois par l'Office d'information agricole du Ministère de l'agriculture des États-Unis montre en effet que le nombre mensuel moyen de la population agricole active des États-Unis est tombé de 12 733 000 en 1935 à 4 903 000 pour la période de douze mois révolue en août 1967. A u cours de cette période le nombre des exploitants agricoles et des membres non rémunérés de leur famille a décru de 9 855 000 à 3 650 000, et celui des travailleurs salariés (qui comprend un grand nombre d'enfants d'exploitants) est tombé de 2 878 000 à 1 253 0001. L a réduction du nombre des travailleurs familiaux reflète évidemment la dimi­nution des share croppers et des membres de leur famille non rémunérés, mais le nombre des travailleurs salariés a accusé un fléchissement de 56,5%; et cette constatation implique déjà qu 'au cours de la période considérée 3 ou 4 millions de personnes appartenant à la classe inférieure sont passées du secteur agricole au secteur non agricole de la collectivité américaine.

Enfin, il convient de considérer aussi la réduction considérable du nombre de petits exploitants. D e m ê m e que les share croppers, les individus de cette catégorie ne sont pas simplement passés d 'un régime à un autre, tout en restant dans le secteur agricole. Mais contrairement aux share croppers et aux ouvriers salariés, ils ne sauraient être considérés c o m m e faisant partie de la classe inférieure. Le fait qu'ils exerçaient les fonctions de gestion, qu'ils étaient responsables des décisions affectant leurs activités agricoles, les place dans une position sociale qui les différencie nettement de ceux qui n'ont jamais assumé de telles responsabilités. C'est pourquoi, quoique les revenus de la plupart d'entre eux soient peu élevés, il convient de les classer à l'échelon inférieur de la classe moyenne. Étant donné les classifications utilisées dans le recensement agricole des États-Unis, on a le choix entre trois solutions possibles pour établir une distinction entre les « petits exploitants » et la catégorie immédiatement supérieure, selon la superficie de l'exploitation : moins de 10, moins de 50 ou moins de 70 acres. A u x fins de cette étude, nous avons retenu la deuxième de ces

1. Voir les numéros du 9 octobre 1953 et du 10 septembre 1968 de Farm labor, bulletin multi-graphié publié par le Crop Reporting Board.

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possibilités, et nous considérons donc que quiconque exploite un fonds agricole de moins de 50 acres appartient à l'échelon inférieur de la classe moyenne.

E n 1935, à l'exclusion des régions qui étaient alors les territoires de l'Alaska et de Hawaii, le recensement agricole a dénombré un total de près de 2 700 000 exploitations agricoles de moins de 50 acres; en 1964, y compris les nouveaux États de l'Alaska et de Hawaii, il ne restait plus que 820 000 exploi­tations agricoles ou pastorales de cette dimension. Sur la diminution de 1 680 000 exploitants indiquée par ces chiffres, il est vraisemblable que 700 000 au moins représentent les share croppers dont nous avons déjà tenu compte. M ê m e dans ce cas, ces chiffres révèlent indiscutablement un étonnant pro­cessus d'élimination d'exploitants de l'échelon inférieur de la classe moyenne, affectant probablement quelque 1 200 000 chefs de famille, soit environ 6 millions de personnes.

E n faisant l'addition des trois estimations précédentes, nous pouvons conclure qu'en tout environ 13 millions de personnes de la classe inférieure ou de l'échelon le moins élevé de la classe moyenne ont pris part au transfert massif de population des exploitations agricoles vers les districts non agricoles qui s'est produit entre 1935 et 1965.

Pour essayer de déterminer approximativement dans quelle mesure le mouvement de masse que nous venons d'analyser a affecté la structure des classes dans la société agricole aux États-Unis, nous avons adopté les hypo­thèses suivantes : a) le nombre des exploitants agricoles, y compris les share croppers classés par erreur c o m m e tels dans le recensement agricole, a été considéré c o m m e représentant autant de familles; b) le nombre des salariés agricoles a été considéré c o m m e représentant un nombre de familles moitié moindre ; c) tous les ouvriers agricoles et share croppers ont été rangés dans la classe inférieure; d) tous les exploitants de fonds de moins de 50 acres, à l'exception des share croppers, ont été rangés dans la section inférieure de la classe moyenne; é) tous les exploitants dont le fonds avait plus de 50 acres ont été considérés c o m m e appartenant à un niveau supérieur à l'échelon le moins élevé de la classe moyenne. Sur cette base, on peut résumer c o m m e suit l'évolution de la structure des classes de la société rurale dans les secteurs agricoles des États-Unis de 1935 à 1964 :

1. Le nombre des familles agricoles est tombé de 8 251 350 en 1935 à 3 938 857 en 1964.

2. Les familles agricoles de la classe inférieure ont diminué en nombre de 2 215 278 en 1935 à 781 000 en 1964, ou de 26,8 à 19,8 % du total (le total pour 1964 comprenait le chiffre estimatif très large de 40 000 share croppers).

3. Les familles agricoles de classe moyenne inférieure ont diminué en nombre de 1 918 148 en 1935 à 780 015 en 1964, c'est-à-dire de 23,2 à 19,8% du total.

4. Les familles auxquelles on a attribué un statut supérieur à l'échelon le moins élevé de la classe moyenne ont diminué en nombre de 4 117 924 en 1935 à 2 377 842 en 1964, mais en chiffres relatifs elles sont passées de 49,9 à 60,4% du total.

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Enfin, il paraît essentiel de signaler que l'afflux dans les villes de millions de personnes de classe inférieure en provenance du secteur agricole pose des pro­blèmes urbains d'une telle ampleur que m ê m e diverses catégories de journa­listes et de publicistes s'en inquiètent. A titre d'exemple, citons cet extrait d'un editorial paru le 23 septembre 1968 dans le quotidien Florida Times-Union de Jacksonville (Floride) : « Les grandes villes sont prises dans l'étau des revenus décroissants et des citoyens 'onéreux'. Par exemple, Baltimore ne contient que 2 7 % de la population du Maryland, mais 71 % des enfants de cet État qui sont à la charge de l'assistance sociale. »

Conclusion

D a n s les secteurs agricoles des États-Unis, les forces de changement l'em­portent de beaucoup sur celles qui tendent à la stabilité et à la cristallisation institutionnelle. Cela apparaît bien dans l'évolution, depuis 1935, des quatre éléments principaux de l'organisation sociale rurale, à savoir, le nombre et la dimension des exploitations, les types d'activité agricole, les procédés par lesquels les cultivateurs et les éleveurs tirent le produit du sol, et la structure des classes dans la partie agricole de la collectivité. Le nombre des exploitations est tombé à moins de la moitié de ce qu'il était en 1935, alors que la superficie de l'exploitation moyenne a plus que doublé, mais l'agriculture et l'élevage demeurent le plus souvent le fait d'entreprises familiales. L a polyculture proprement dite a en grande partie disparu, et m ê m e un type d'exploitation aussi général que la combinaison maïs-porc-bœuf (qui a assuré la renommée et la prospérité des vastes « terres à maïs » des États-Unis pendant plus d'un siècle) recule devant des méthodes très spécialisées d'organisation et de gestion agricoles. Dès 1935, il ne restait plus, dans la majeure partie des États-Unis, que quelques vestiges de la culture à la houe et d'autres modes de production exigeant une main-d'œuvre très nombreuse; mais en 1968, à de très rares exceptions près (dont les plus connues sont sans doute la production massive de légumes dans certaines régions de Floride et en Californie), le travail à la main ou le labeur exécuté par un grand nombre d'ouvriers non qualifiés a été remplacé par des machines et de l'outillage efficaces et ultramodernes m u s par l'essence ou l'électricité. E n 1965, les exploitations agricoles américaines dispo­saient déjà de 102 tracteurs pour 100 travailleurs, sans compter des centaines de milliers de moissonneuses-batteuses automotrices, de machines à récolter le maïs ou le coton, etc. D e nos jours, on utilise m ê m e l'avion pour répandre les semences, les engrais, les insecticides et les fongicides sur des millions d'hectares qui, il y a seulement quelques dizaines d'années, étaient exploités exclusivement avec un matériel à traction animale. Le perfectionnement des méthodes agricoles a été en partie la cause, et dans une large mesure la consé­quence, de l'exode de nombreux millions d'ouvriers agricoles et de petits exploitants pratiquant l'agriculture de subsistance, qui ont quitté les districts ruraux et les occupations agricoles pour aller s'établir dans les villes. Par mil­lions ils ont trouvé dans les subsides de l'assistance sociale de quoi remplacer

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Quelques grandes tendances sociales

les activités économiquement marginales qu'ils exerçaient auparavant dans l'agriculture. Il en est résulté une profonde modification de la structure des classes sociales dans le secteur agricole des États-Unis. E n 1935, selon les critères définis dans le présent article, la frontière entre la section inférieure et la section médiane de la classe socio-économique moyenne départageait les familles agricoles en deux moitiés presque exactement égales, soit 49,9% en-dessous de la ligne de démarcation et 50,1 % au-dessus. Mais, en 1964, l'effet des changements avait été si prononcé que, selon les m ê m e s critères, pas plus de 39,6 % des familles se situaient sous la ligne de clivage, et 60,4 % au-dessus. E n outre, la proportion des familles appartenant à la classe inférieure pro­prement dite était tombée de 26,7 % à 19,8 % seulement de l'ensemble.

[Traduit de l'anglais]

T. Lynn Smith a travaillé pour le Département d'État des États-Unis comme sociologue rural au Brésil, pour le gouvernement colombien comme conseiller en matière de colonisation et d'implantation agricoles, et pour le gouvernement brésilien comme conseiller en matière de réforme agraire. Il a dirigé les départements de sociologie de l'Université de l'État de Louisiane, de l'Université Vanderbilt et de V Université de Floride. Il est actuellement maître de recherches et professeur de sociologie à cette dernière université. Le professeur Smith a enseigné dans cinq grandes universités d'Amérique latine et il a publié de nombreux ouvrages, notamment Brazil : People and institutions et Colombia : Social structure and the process of development.

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Eric R . Wolf Les révoltes paysannes

Les paysans ont participé à six grands bouleversements politiques et sociaux qui ont ébranlé le m o n d e au X X e siècle : la révolution mexicaine de 1910; les révolutions russes de 1905 et de 1917; la révolution chinoise, avec les diverses phases qu'elle a traversées depuis 1921 ; la révolution vietnamienne, dont l'origine remonte à la seconde guerre mondiale; la révolte algérienne de 1954 et la révolution cubaine de 1958. Dans une certaine mesure, tous ces m o u v e ­ments insurrectionnels se sont faits avec la participation des populations rurales. L'analyse de cette participation constitue l'objet du présent article.

Quoi qu'en pensent les esprits romantiques, il n'est pas facile pour les paysans de s'engager dans une révolte durable. Il leur est difficile, en parti­culier, de passer du stade purement passif d'une prise de conscience des torts qui leur sont faits à celui d'une participation politique qui servirait à les redresser. Premièrement, ils travaillent le plus souvent chacun dans son c h a m p , et se font concurrence, qu'il s'agisse de jouir des ressources qui existent au sein de la communauté ou d'accéder aux sources extérieures de crédit. Deuxiè­memen t , ils sont assujettis par un travail extrêmement astreignant, de sorte que leur existence est absorbée par la routine annuelle et les prévisions pour l'année à venir. L a moindre perturbation de cette routine risque de compro­mettre le cycle des travaux. Troisièmement, avec la terre, le paysan a souvent la ressource de se replier sur une production de subsistance si la conjoncture est défavorable à la culture de produits commercialisables. Quatrièmement, l'existence de liens de parenté étendus et la pratique de l'entraide mutuelle au sein de la communauté peuvent amortir les chocs et freiner la dislocation. Cinquièmement, les intérêts individuels, notamment chez les paysans pauvres, brouillent souvent la position de classe. Tantôt le pauvre est parent du riche, tantôt u n paysan est à la fois propriétaire, fermier, métayer, ouvrier agricole chez un voisin et saisonnier chez un planteur des environs, chacune de ces situations lui assignant une position différente non seulement dans son village, mais par rapport à l'ensemble de la société. Enfin, le paysan, dont la sphère de responsabilité ne dépassait pas jadis l'enceinte de son village, ne peut guère avoir l'expérience politique nécessaire pour trouver les formes d'action appro­priées à ses intérêts. Aussi les paysans se bornent-ils souvent à jouer un rôle de spectateur dans les luttes politiques, tout en rêvant d 'un âge d'or qui se

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Rev. int. Sc. soc, vol. X X I (1969), n° 2

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réaliserait du jour au lendemain, sans avoir la moindre idée des nombreuses étapes que cela implique.

Si nous admettons que les paysans sont lents à s'insurger, leur partici­pation aux grandes insurrections du X X e siècle a dû être déclenchée par des facteurs particuliers qui ont rendu leur condition intolérable. Pour bien comprendre cette situation, il ne faut jamais perdre de vue que la condition paysanne s'est beaucoup aggravée sous l'effet de trois grandes crises : la crise démographique, la crise écologique et la crise du pouvoir et de l'autorité. La première est la plus facile à traduire en chiffres ; néanmoins ses causes demeurent obscures. O n s'apercevra peut-être qu'en dernière analyse elle a moins résulté de la réduction de la mortalité consécutive à la diffusion de la médecine que de l'écoulement des denrées alimentaires américaines qui ont assuré un m i n i m u m vital à de nombreuses populations paysannes du m o n d e entier. Quoi qu'il en soit, les chiffres illustrent éloquemment la gravité du problème démographique. La population du Mexique est passée de 5 800 000 habitants au début du xixe siècle à 16 500 000 au début de la révolution, en 1910. La population de la Russie d'Europe, qui était de 20 millions d'habitants en 1725, atteignait 87 mil­lions au début du xx e siècle. L a Chine est passée de 265 millions en 1775 à 430 en 1850 et à près de 600 au m o m e n t de la révolution. Le Viêt-nam, dont on calcule qu'il comptait de 6 à 14 millions d'habitants en 1820, en avait 30 500 000 en 1962. L'Algérie avait en 1963 une population autochtone de 10 500 000 habi­tants, soit quatre fois plus qu'au début de l'occupation française durant la première moitié du XIXe siècle. Enfin le nombre des Cubains est passé de 550 000 en 1800 à 5 800 000 en 1953. O n le voit, la croissance démographique aurait suffi à elle seule à mettre l'agriculture traditionnelle à rude épreuve.

La crise écologique qui résulte en partie de la croissance démographique reste néanmoins largement indépendante de celle-ci. L'important phénomène de croissance démographique évoqué plus haut a coïncidé avec un mouvement caractérisé par la conversion progressive de la terre et d'autres types de res­sources en produits, au sens capitaliste du terme. E n tant que produits, ces ressources se sont trouvées astreintes aux lois du marché, qui n'ont qu 'un rapport très indirect avec les besoins de la population rurale intéressée. Alors qu'autrefois on produisait d'abord pour vivre et ensuite seulement pour vendre, les problèmes de subsistance ont progressivement cédé la place aux problèmes de marché. Tantôt la dépossession de la paysannerie s'est effectuée directement, par voie de saisie ou de vente par contrainte, c o m m e ce fut le cas au Mexique, en Algérie, et à Cuba ; tantôt, notamment en Chine et au Viêt-nam, elle a résulté d'une capitalisation accélérée du loyer, qui a contraint les fermiers incapables de s'acquitter de leurs dettes à transférer leurs ressources à ceux qui avaient les moyens de payer. La mobilisation capitaliste des ressources a été renforcée par la lourdeur de la fiscalité, les remboursements contraints, et l'accroissement des besoins de produits industriels au sein m ê m e de la paysan­nerie. A u total, ces diverses pressions ont détruit le précaire équilibre écolo­gique de la société paysanne. Alors que la combinaison de différentes ressources assurait aux paysans un niveau de vie correct, leur dissociation et leur mobili­sation selon des orientations distinctes ont brisé la conjonction écologique.

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L'exemple le plus net nous est peut-être fourni par la Russie, où des réformes agraires successives ont remis en question le traditionnel droit d'accès des paysans aux pacages, aux forêts et aux terres arables. Le phénomène est également très net dans les cas où la commercialisation menace soit l'accès des paysans aux terrains c o m m u n a u x (Mexique, Algérie, Viêt-nam), aux terres non revendiquées (Mexique, Cuba) ou aux greniers d'État (Algérie, Chine), soit encore l'équilibre entre population pastorale et population sédentaire (Algérie). O r la commercialisation, qui bouleverse la vie rurale, crée simultanément dans l'industrie de nouvelles enclaves écologiques de populations déracinées. Le bouleversement des campagnes va de pair avec l'apparition de débouchés nouveaux mais aléatoires pour un grand nombre d'anciens paysans passés à l'industrie. Beaucoup d'entre eux gardaient des liens profonds avec leur village natal (Russie, Chine, Algérie); d'autres passent perpétuellement de la campagne à l'industrie et vice versa (c'est particulièrement frappant au Viêt-nam). L'instabilité croissante des campagnes se double donc d'une fixation encore hésitante dans l'industrie.

La conjonction de la crise démographique et de la crise écologique déter­mine une crise de l'autorité. Le développement du marché produit une circu­lation rapide de l'élite, où les h o m m e s qui manient les nouvelles « ressources flottantes » {free floating resources) — patrons, négociants, entrepreneurs, industriels — contestent le pouvoir héréditaire des h o m m e s qui ont la haute main sur les ressources sociales fixes — le chef de tribu, le mandarin, le noble propriétaire foncier1. Les prétentions stables et incontestées laissent alors la place aux prétentions instables et contestées. Cette rivalité entre ces deux types d ' h o m m e qui détiennent le pouvoir politique ou économique, possède une dialectique propre. A imposer les lois du marché on réduisait les responsa­bilités sociales des populations intéressées : l'entrepreneur économique se désintéressait du coût social de ses activités ; pour sa part, le détenteur du pou­voir traditionnel jouissait souvent d'une autorité trop restreinte pour prêter assistance, ou bien ses heureux rivaux l'absorbaient parmi eux. L'apparition d u marché n 'a donc pas eu pour seul effet de provoquer la crise de l'écologie paysanne; elle a désorganisé les nombreux liens intermédiaires qui joignent le pays au centre politique, à la campagne, à la ville. L a commercialisation bouleverse l'intérieur du pays, en m ê m e temps qu'elle retire aux détenteurs du pouvoir les moyens de détecter et de prédire les changements qui se produisent dans les régions rurales. Aussi le fossé ne cesse-t-il de s'élargir entre gouvernants et gouvernés. Il ne sagit cependant pas d'une évolution fatale, ainsi que Bar-rington Moore semble l'avoir démontré2; M o o r e a, en effet, exposé, en 1966, comment , en Allemagne et au Japon, les traditions féodales avaient servi à empêcher la formation d'une telle crise de l'autorité et des communications, durant la période cruciale de transition à un nouvel ordre commercial et industriel. Dans les pays où ce féodalisme administratif militarisé faisait

1. S. N . EISENSTADT, Modernization : Protest and change, Englewood Cliffs, Prentice-Hall, 1966. 2. Barrington M O O R E , Jr., Social origins of dictatorship and democracy, Boston, Beacon Press

1966.

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défaut, la crise de plus en plus aiguë de l'autorité a favorisé la constitution d'une contre-élite capable de tenir en échec à la fois le pouvoir destructeur s'appuyant sur les lois du marché et les héritiers impuissants du pouvoir tra­ditionnel, en établissant avec la paysannerie le contact nécessaire pour dégager un nouveau consensus. Cette contre-élite se compose en général de membres des élites provinciales reléguées en marge de la mobilisation commerciale et des fonctions politiques, de personnes qui font une carrière publique ou libérale et que leur situation d'intermédiaires entre la campagne et le centre enferme dans une contradiction inextricable, et d'intellectuels qui accèdent à un sys­tème de symboles capables d'orienter l'interaction entre le pouvoir et la campagne.

Toutefois ce n'est pas chose facile que de mobiliser la paysannerie de façon durable. Dans une entreprise de ce genre, il est illusoire de compter sur l'alliance des masses rurales qui sont entièrement soumises aux dures lois de la nécessité. Il n'est pas possible que des paysans que leur situation réduit à l'impuissance s'insurgent victorieusement. Les faibles sont des victimes dési­gnées d'avance. C'est pourquoi seuls les paysans qui possèdent le contrôle tactique de leurs propres ressources disposent d'une base solide pour s'assurer des moyens d'action politique durables. Le pouvoir, c o m m e l'a écrit Richard A d a m s 1 , « dépend, en dernière analyse, du rapport de forces, au sens matériel du terme, des parties ; si les relations entre elles ne se résolvent pas systémati­quement par des conflits physiques, c'est que les intéressés savent prendre des décisions rationnelles, fondées sur l'appréciation des possibilités tactiques et des autres facteurs en jeu. L'exercice du pouvoir résulte donc, en général, de la reconnaissance mutuelle des possibilités tactiques des deux camps et de la décision rationnelle de l'un qui accepte de faire ce que veut le plus fort. Chacun évalue ses propres possibilités tactiques, les compare avec celles de l'adversaire, et apprécie ses chances de succès ».

Les paysans pauvres, les ouvriers agricoles qui ne possèdent pas de terre et dont les moyens d'existence dépendent intégralement ou presque des pro­priétaires n'ont pas la moindre possibilité tactique; ils sont entièrement aux mains de leurs employeurs, faute de disposer de ressources suffisantes dans leur lutte pour le pouvoir. Il est donc peu probable qu'ils se lancent dans un m o u ­vement de révolte, à moins de pouvoir compter sur un renfort qui leur permette de tenir leurs adversaires en échec. O n citera c o m m e exemples de cette aide extérieure : au Mexique, l'action de l'armée constitutionnaliste qui libère les péons du Yucatan du servage pour dettes; en Russie, la débâcle de l'armée en 1917, et le retour consécutif des soldats armés dans les villages; en Chine, la création d'une armée rouge destinée à battre en brèche le pouvoir des proprié­taires dans les villages. Cette aide assure aux paysans pauvres et aux ouvriers agricoles sans terre une certaine latitude de mouvement . Si celle-ci leur fait défaut, ils sont presque entièrement paralysés. Quant aux paysans riches, il est peu probable qu'ils se révoltent : employeurs, prêteurs, notables reconnus par l'appareil d'État, ils se font les alliés des détenteurs du pouvoir extérieur

1. Richard N . A D A M S , « Power and power domains », América Latina, 1966 (9e année), p. 3 et 4.

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et détiennent le pouvoir local. Leur autorité dans le village n'est pas naturelle : elle découle de leur crédit à l'extérieur. Il faut qu'une force extérieure c o m m e l'armée rouge en Chine menace de renverser leurs puissants alliés pour qu'ils accordent leur appui à la révolte.

Il n ' y a que deux éléments de la paysannerie qui soient assez forts par eux-m ê m e s pour se lancer dans une révolte durable : la paysannerie « moyenne », qui possède des terres, et les paysans des régions périphériques, qui échappent de ce fait à l'influence du propriétaire terrien. La paysannerie moyenne se compose de paysans à qui la jouissance de la terre est garantie et qui l'exploitent avec l'aide de leur famille. Si leur propriété se situe dans la sphère d'influence d'un puissant propriétaire, la possession de ressources propres leur assure le m i n i m u m de liberté tactique nécessaire pour s'opposer à leur suzerain. La m ê m e remarque s'applique aux paysans « moyens » ou m ê m e pauvres que leur situation périphérique soustrait aux influences extérieures. Il se peut dans leur cas que la terre qu'ils possèdent ne suffise pas à l'entretien de leur famille, mais ils ont des activités subsidiaires (travail intermittent, contrebande, élevage), qui échappent à l'emprise directe d'une influence extérieure et qui leur per­mettent de se procurer des ressources complémentaires leur garantissant une certaine latitude de mouvement . N o u s remarquons l'existence d'une paysan­nerie dotée de cette mobilité tactique dans les villages du Morelos, au Mexique ; dans les communes des régions agricoles centrales en Russie; dans le bastion que les communistes chinois avaient installé au nord du pays, après la longue marche; au Viêt-nam, où elle sert de base à la rébellion; chez les fellahs d'Al­gérie; chez les squatters de la province d'Orienté, à Cuba .

Mais si les éléments d'une « paysannerie dotée d'une certaine mobilité tactique » se recrutent parmi la paysannerie moyenne et les paysans « libres » des régions périphériques, on aboutit à un curieux paradoxe : ce sont en effet ces m ê m e s éléments que les anthropologues et les spécialistes de sociologie rurale ont tendance à considérer c o m m e les principaux tenants de la tradition. Si notre analyse est correcte, elle nous amène donc curieusement à considérer cette couche qui se caractérise au niveau culturel par ses tendances conserva­trices c o m m e l'élément le plus explosif, le plus propre à faire éclater l'ordre social du monde paysan. Néanmoins les choses sont moins paradoxales qu'il n 'y paraît à première vue, si nous tenons compte du fait que cette paysannerie moyenne, au sein de laquelle les rapports sociaux restent figés dans un schéma traditionnel, est la couche la plus vulnérable aux changements économiques nés du développement du commerce. Elle s'efforce de maintenir un équilibre perpétuellement compromis par' la croissance démographique, par les empié­tements de propriétaires rivaux, par la perte des droits coutumiers — accès à l'eau, vaine pâture, affouage —, par la chute des prix et l'ensemble des condi­tions du marché, qui sont défavorables, par le paiement des intérêts et la saisie des hypothèques. E n outre cette couche est précisément celle qui dépend le plus des relations sociales traditionnelles de parenté et d'entraide mutuelle entre voisins. C'est la paysannerie moyenne qui a le plus à souffrir de la dispa­rition de ces relations, de m ê m e que c'est elle qui a le plus à pâtir de la voracité des percepteurs et des propriétaires.

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Enfin, nouveau paradoxe, c'est encore la paysannerie moyenne qui est la plus sensible à l'influence d ' u n prolétariat naissant. L e paysan pauvre ou l'ouvrier agricole qui va à la ville ou à l'usine perd généralement ses attaches rurales. Le paysan moyen , lui, garde sa terre, mais envoie ses enfants travailler à la ville ; du coup, il se trouve enfermé dans une situation contradictoire, avec une partie de sa famille qui reste à l'agriculture, et l'autre qui va à la ville et en subit l'emprise1. Dès lors, c'est la paysannerie moyenne qui introduit en milieu rural l'agitation des villes et les idées politiques. Le phénomène mérite d'être étudié. C'est sans doute moins la croissance m ê m e d 'un prolétariat industriel qui déclenche une activité révolutionnaire que la constitution d'une force de travail industrielle qui garde encore l'empreinte profonde de la vie rurale.

C'est donc sa volonté de maintenir la tradition qui fait du paysan m o y e n ou libre un révolutionnaire.

Si nous suivons notre hypothèse selon laquelle les insurrections paysannes reposent sur des groupes de paysans moyens ou de paysans pauvres mais « libres » en ce sens qu'ils échappent à toute sphère d'influence, il en découle que tout facteur qui contribue à accroître la latitude liée à la mobilité tactique renforce leur potentiel révolutionnaire. A u nombre de ces facteurs, nous pou­vons ranger le fait de bénéficier d'une position périphérique par rapport au centre politique d'où s'exerce l'autorité de l'État. D e fait, les régions fronta­lières ont souvent tendance à se révolter contre le pouvoir central, que leur population soit ou non paysanne, d'ailleurs. Si la Chine méridionale a constitué un foyer de révolte au sein de l'État chinois, c'est en partie parce qu'elle a été d'abord une région frontalière durant la marche du peuple H a n vers le Sud, avant d'être la principale zone de contact entre la civilisation chinoise et l'Occi­dent. D e m ê m e le nord du Mexique a été une zone de dissidence à l'égard du centre, autrement dit de Mexico, en partie parce que son économie reposait sur l'exploitation minière et l'élevage et non sur la culture du maïs, en partie aussi parce qu'il était accessible à l'influence des États-Unis. Dans la Chine méridio­nale, c'est la petite noblesse terrienne dissidente, avec sa clientèle paysanne qui a été une cause fréquente de troubles pour le centre; au nord du Mexique, c'étaient les h o m m e s d'affaires de province, les petits propriétaires de ranch et les vachers. Mais s'il existe une paysannerie pauvre habitant une région périphérique, et par là soustraite à l'autorité normale du pouvoir central, sa mobilité tactique s'en trouve « doublée ». Tel a été le cas de la région du Morelos, au Mexique, de la province de N g h e A n au Viêt-nam, de la Kabylie en Algérie, et de la province d'Orienté à C u b a . Dans ces régions, l'efficacité tactique est « triplée » si les rebelles peuvent se retrancher dans des réduits montagneux; c'est le cas des régions du Morelos, de Kabylie et d'Orienté. Enfin l'efficacité se trouve « quadruplée » si la population de ces « redoutes » se distingue de la population environnante par une particularité ethnique ou linguistique, c o m m e les villageois du Morelos, qui parlent le náhuatl, et les Kabyles, qui parlent berbère. L a population de la province d'Orienté parle le

1. Germaine T I L L I O N , Les ennemis complémentaires, Paris, Éditions de minuit, 1960.

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m ê m e espagnol que les autres Cubains, mais présente une forte composante afro-cubaine. Les particularités ethniques renforcent la solidarité des rebelles; l'utilisation d'un code linguistique particulier fournit un système de c o m m u n i ­cation autonome.

11 est important toutefois de relever que les caractères géographiques et culturels ne sont pas les seuls facteurs de clivage entre la région rebelle, d'une part, et l'État ou la population environnante, d'autre part. L'exemple de la Russie et du Mexique montre qu'il est possible de créer une forte enclave paysanne lorsque l'État s'en remet à une organisation qui combine l'autonomie communale avec la prestation de services de la communauté à l'État. L'organi­sation de la paysannerie en communes auto-administrées s'acquittant d'obli­gations déterminées envers l'État et les propriétaires aboutit dans l'un et l'autre cas à la création de véritables donjons de la tradition paysanne, au centre m ê m e du pays. Soumises à l'emprise implacable des structures environnantes, ces régions furent de véritables chaudières où l'agitation sociale bouillonnait, attendant le m o m e n t de l'explosion pour se frayer un chemin vers l'extérieur et s'assurer l'espace vital nécessaire au maintien de m o d e de vie traditionnel de la paysannerie. Voilà donc un autre multiplicateur à ajouter à la liste de ceux que nous venons d'énumérer et dont chacun augmente le potentiel de révolte des paysans.

Mais que dire du passage de la révolte paysanne à la révolution, d 'un mouvement destiné à corriger les injustices à une entreprise dont le but est de renverser la société elle-même? Les marxistes soutiennent depuis longtemps que les paysans sont incapables de faire la révolution sans l'aide d'une direction extérieure, et les exemples que nous connaissons confirment leur thèse. Lorsque la paysannerie s'est victorieusement insurgée contre l'ordre établi, avec ses propres chefs et ses propres drapeaux, elle a parfois su doter les campagnes de nouvelles structures sociales plus chères à son cœur : elle ne s'est jamais emparée de l'État, des villes qui abritent les centres du pouvoir, ni des ressources stratégiques extra-agricoles de la société. Zapata est resté dans son Morelos; la « migration populaire » de Pancho Villa a simplement battu en retraite après la défaite de Torreón ; les Ukrainiens en révolte conduits par Nestor M a k h n o se sont arrêtés aux portes des villes; les paysans russes des régions agricoles centrales se sont bornés à se terrer plus profondément dans leurs c o m m u n e s locales. O n peut donc dire qu'une révolte paysanne qui s'inscrit dans le cadre d'une société complexe déjà marquée par le développement du commerce et de l'industrie tend à se limiter d'elle-même, ce qui lui confère un caractère anachronique.

Les paysans caressent l'utopie de villages libres, débarrassés des percep­teurs, des embaucheurs, des grands propriétaires et des fonctionnaires. Subis­sant le pouvoir sans jamais l'exercer, ils ignorent totalement le fonctionnement complexe de l'appareil d'État, qui n'est guère à leurs yeux qu 'un « monstre glacé ». ils savent d'expérience que les détenteurs du pouvoir traditionnel n'offrent eux-mêmes qu 'un faible rempart contre cette force hostile, m ê m e quand il se trouve que ces chefs acceptent de les protéger, parce que c'est leur intérêt. Aussi les paysans considèrent-ils l'État c o m m e une grandeur négative,

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Les révoltes paysannes

un mal qu'il faut remplacer le plus vite possible par leur propre ordre social. Ils sont convaincus qu 'un tel ordre peut se passer de l'État, aussi les révoltes paysannes sont-elles d'essence anarchiste.

Cette orientation politique est souvent renforcée par une vision idéolo­gique plus vaste. Le paysan est volontiers dualiste, partagé qu'il est entre sa conception de l'ordre idéal qui devrait régner sur terre et l'expérience d'une existence terrestre que le désordre cerne de partout. A ce désordre il oppose depuis toujours ses rêves de libération, sa vision d 'un mahdi qui délivrerait le m o n d e de la tyrannie; d 'un fils du ciel qui incarnerait authentiquement la volonté divine; d'un tsar «blanc», opposé au tsar «noir» du désordre du temps présent1. Avec les bouleversements de l'époque contemporaine, les désordres du temps présent sont trop vécus c o m m e la négation universelle de l'ordre, et, partant, c o m m e l'incarnation du mal. Le dualisme du passé se confond souvent avec le dualisme du présent. L'ordre véritable est encore à instaurer, ce que ce soit par l'effet d'une intervention miraculeuse, ou par la révolte, ou par les deux. Les paysans ont avec leur anarchisme et leur vision apocalyptique du m o n d e de quoi nourrir l'ardeur révolutionnaire.

A u xx e siècle, les révoltes paysannes ne sont plus, à supposer qu'elles l'aient jamais été, de simples réponses à des problèmes locaux. C e ne sont pas des réactions de niveau communal aux grands bouleversements sociaux, suscités par le poids écrasant de l'évolution de la société. Le développement du marché a créé des déracinés, des h o m m e s brutalement privés des relations sociales à l'intérieur desquelles ils étaient nés. L'industrialisation et le développement des communications ont fait naître de nouveaux groupements sociaux qui ne sont pas encore assurés de leur position sociale et de leurs intérêts, mais que le déséquilibre m ê m e de leurs conditions de vie oblige à chercher de nouvelles possibilités d'adaptation. L'autorité politique traditionnelle s'est usée ou effondrée ; de nouveaux prétendants au pouvoir sont à la recherche de nouveaux électeurs qui leur permettront de faire leur entrée sur la scène politique. O n le voit, quand le paysan brandit la torche de la révolte, le feu couve déjà et l'édifice social ne demande qu'à s'enflammer. U n e fois l'incendie éteint, c'est un nouvel édifice qu 'on bâtira.

Il n'existe pas de système culturel, de complexe économique, social, politique et idéologique stable; toutes les composantes du système sont en perpétuel changement. Aussi longtemps néanmoins que ces changements s'inscrivent dans des limites acceptables, le système global persiste. S'ils dépassent ces limites, ou si de nouvelles composantes s'introduisent de l'exté­rieur, alors le système bascule, les différents éléments n'ont plus de liens entre eux; il devient incohérent. Dans une telle situation, les h o m m e s sont doulou­reusement partagés, ne sachant s'ils doivent appliquer de vieilles solutions à des problèmes qui ont brusquement changé d'aspect et de signification, ou des solutions nouvelles à des problèmes qui souvent leur échappent. C o m m e il est rare que l'incohérence se manifeste partout simultanément, il peut apparaître

I. Emmanuel S A R K I S Y A N Z , Russland und der Messianismus des Orients : Sendungsberwusstsein und politischer Chiliasmus des Ostens, Tübingen, J. C . M o h r , 1955.

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Eric R . Wolf

momentanément des solutions de rechange, parfois d'ailleurs contradictoires; mais il est inévitable qu 'à la fin il se produise une brèche importante quelque part dans le système1. Dans ces conditions, l'insurrection paysanne peut, pour les raisons que nous avons indiquées, aboutir, sans intention consciente, à l'effondrement de la société tout entière.

[Traduit de l'anglais]

Eric R. Wolf est professeur d'anthropologie à l'Université du Michigan; il y bénéficie actuellement d'un Career Development Award de VUS National Institute of Health. Auteur de trois ouvrages intitulés Sons of the shaking earth (1959), Anthropology (1964) et Peasants (1966), il vient d'en achever un quatrième sur les révoltes paysannes au XXe siècle.

Godfrey et Monica W I L S O N , The analysis of social change, p. 125-129, Cambridge, University Press, 1945.

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Dossiers ouverts

Dwight Waldo L'administration publique et le développement national : quelques réflexions

Ces réflexions ont été inspirées par le dernier numéro de la Revue internationale des sciences sociales (vol. X X I , 1969, n° 1) consacré à l'administration publique en évolution. Je n'ai pas tenté, cependant, de procéder à un examen et à une critique systématiques de ses articles et les références à des points précis soulevés par eux ne sont qu'occasionnelles et indirectes. Je n'ai pas cherché à présenter et à développer un thème central; les liens entre les diverses sections sont ténus — mais réels, m e semble-t-il. J'espère qu'au moins certains des arguments avancés donneront lieu à une analyse et à un exposé plus approfondis.

Plus de connaissances, moins de solutions

Les progrès de nos connaissances quant au rôle de l'administration publique dans le développement national sont impressionnants. C e qu 'on croyait il y a vingt ans paraît bien souvent naïf aujourd'hui et ce qui s'est fait semble avoir constitué pour une bonne part un déplorable gaspillage de ressources humaines restreintes. Et, en dépit de tous ces progrès, sur bien des points importants, loin d'en avoir appris davantage, nous en savons moins. Ce fait illustre ces phénomènes qui se vérifient si souvent en sciences sociales et sont peut-être inévitables : la demande progresse plus rapidement que l'offre; le nombre des problèmes augmente beaucoup plus vite qu 'on ne les résout1.

1. L'argument de Jacques Ellul selon lequel les solutions apportées par la technologie posent des problèmes nouveaux qui demandent des solutions technologiques nouvelles s'applique aussi bien à la technologie sociale.

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Dwight Waldo

Néanmoins cette constatation peut, si nous le voulons sincèrement, nous en apprendre davantage non seulement de l'administration publique et du déve­loppement, mais aussi de la nature des sciences sociales : leurs possibilités, leurs limites, l'influence favorable et contraignante du milieu tel qu'il résulte de la culture et du passé historique.

C e que nous avons appris est pour une grande part « négatif ». Mais tout échec comporte une leçon, et certaines des connaissances acquises paraissent authentiquement nouvelles.

N o u s savons bien mieux quelles solutions ne conviennent pas ou donnent des résultats bien inférieurs à ce que nous avions espéré. L'expérience aidant, nous pouvons percevoir les erreurs faites par ignorance et nous demander comment nous avons pu être si naïfs, si enfantins. S'agissant de l'administration proprement dite, nous avons touché du doigt les incroyables difficultés que présentent les « transplantations d'organes », l'importation dans les pays en voie de développement de certaines institutions et méthodes considérées c o m m e des outils efficaces dans les pays développés — mais nous nous sommes aussi familiarisés avec certaines techniques permettant de les réussir. Nous avons acquis bien des connaissances (encore qu'elles restent bien souvent personnelles, tacites, opérationnelles) sur les liens complexes existant entre l'administration publique et les autres sous-systèmes de la nation en voie de développement, qu'ils relèvent n o m m é m e n t des pouvoirs publics ou qu'ils appartiennent simplement à la société. A la suite du très grand intérêt accordé à l'influence de la culture et du milieu (écologie), nous savons beaucoup mieux ce qui est possible et, surtout, ce qui ne l'est pas. Les progrès accomplis par les sciences sociales en vingt ans nous donnent des aperçus et, croyons-nous, des instru­ments utiles qu 'on n'avait pas autrefois : citons, à titre d'exemple, les théories sur les systèmes telles qu'elles s'appliquent aux systèmes politiques, la notion de culture politique, les modèles économiques de plus en plus complexes, l'amélioration de la théorie et de la pratique de la planification. D e plus, les techniques matérielles utilisables dans l'administration publique et les méthodes fournies par les sciences sociales pour les accompagner se sont considérablement perfectionnées.

Cela dit, la question se pose de savoir si en matière de développement l'on a enregistré une augmentation nette des réalisations par rapport aux besoins et de l'importance relative des connaissances eu égard à ce qu ' on ignore. Pour ce qui est du premier point, on peut naturellement faire valoir quelques réussites : certains pays ont accompli des progrès globaux considé­rables si l'on en juge par ces indicateurs bien connus que sont le revenu natio­nal, la capacité de production et l'équité et la stabilité sociales. Cela représente de la part des h o m m e s des réalisations qu'il ne faut pas minimiser, bien au contraire.

Mais on est loin de connaître avec certitude les causes de ces réussites — du moins si l'on refuse d'accepter en guise de démonstration scientifique le principe simpliste post hoc, ergo propter hoc; et rien ne laisse présager l'apparition d'une « science du développement » générale et reconnue qui détermine avec précision la mission de l'administration publique. Il nous faut

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encore avancer à tâtons sans savoir très bien quelles sont les variables déter­minantes et comment il est possible d'agir sur elles. Il est vrai que ces essais ne se font pas au hasard mais d'après des estimations faites en connaissance de cause et fondées sur des théories (ou des hypothèses) issues de l'expérience et sur les données de fait disponibles. Ils ne constituent pas cependant une science exacte, tant s'en faut.

N o u s savons aujourd'hui que les pays socialistes et capitalistes de n o m peuvent, les uns c o m m e les autres, « se développer » ou au contraire ne pas y réussir et qu'en s o m m e , quelle que soit l'étiquette, aucun de ces deux « sys­tèmes » ne fournit nécessairement, face à une situation historique unique et concrète, des solutions qui tiennent du prodige ou relèvent de la science. Le caractère complexe, contingent et contraignant des faits réels dépasse notre savoir et notre capacité à improviser. Le temps, les événements vont trop vite. Nous savons que des pays — dont certains ont déployé des efforts considé­rables en faveur du développement — sont sans doute entrés dans une période de « développement négatif » et, surtout, que nous s o m m e s menacés de voir l'écart entre les nantis et les déshérités s'accroître au lieu de se réduire pour disparaître enfin.

Le développement, un mystère et une idéologie

Parler du rôle de l'administration publique dans le développement national, c'est naturellement parler des rapports entre la fin et les moyens. O n s'est trop peu intéressé, à m o n sens, à certains aspects particuliers ou délicats de ces rapports qui méritent, m e semble-t-il, une plus grande attention. O n s'attache bien trop souvent aux méthodes sans tenir suffisamment compte de l'objet et du motif qui en justifient l'emploi; on réfléchit bien trop rarement à l'in­cidence du contexte historique sur ce qu 'on juge être une tâche pratique ou technique. Il faut voir dans ce qui suit un essai d'explication, provisoire et fort rudimentaire, de certains des liens existant entre les moyens et les buts du développement.

Certains (Carl Becker notamment) ont fait observer que chaque époque juge des valeurs et des signes d'après quelques notions qui jouent un rôle si primordial et si décisif qu 'on ne s'interroge pas sur leur signification et leur valeur1. A l'évidence, il en est ainsi de nos jours du concept de développement. D'assez nombreuses tentatives ont été faites pour le définir ou pour montrer que le développement « en général » ou « en soi » est un objectif2 approprié ou

1. Si l'on définit, avec juste raison à m o n sens, la religion c o m m e un ensemble de croyances directrices respectant la nature de l ' h o m m e et l'univers ainsi que les rapports entre eux, ces notions sont de caractère religieux. Il n'est pas seulement difficile de faire une distinction entre les croyances « naturelles » et « surnaturelles »; c'est aussi rendre le problème plus confus et s'engager dans une controverse.

2 . La tentation qu'on a d'insérer après « objectif» l'expression « du développement national » est révélatrice de la tendance à définir le développement par lui-même, c'est-à-dire à ne pas le définir du tout.

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suffisant qui justifie bien des activités nationales et internationales. Mais on n'a pas suffisamment réfléchi à l'emploi étrange et remarquable qu'il est fait de ce mot , utilisé c o m m e si chacun savait ce qu'il veut dire. Certes, il a dans l'usage courant un sens que chacun saisit et qui, en dépit des barrières natio­nales et des divisions idéologiques, fait l'objet d 'un accord universel qui vaut d'être noté. Mais si l'on creuse davantage la question, on se heurte à des énigmes et à des mystères.

Il est clair que, dans l'usage courant, « développé » est synonyme d' « occi­dental » — ou, si cette interprétation semble ethnocentrique et blessante, de « moderne ». Point n'est besoin d'être inutilement offensant. Mais le « moderne » se définit d'après des événements historiques qui, dans l'ensemble, sont intervenus avant tout et surtout en Occident — en gros, l'avènement de la nation-Etat (chronologiquement, de l'État-nation), la création de la science et de la technologie modernes, l'apparition d'organisations fonctionnelles et de grande envergure, l'industrialisme et l'urbanisme. Il est inutile d'appro­fondir ici cette question compliquée et en définitive controversée. C e qui est sûr, c'est que, par leurs efforts en vue du « développement », les « pays en voie de développement » cherchent essentiellement à provoquer ces phénomènes ou, ce qui revient au m ê m e , 1' « augmentation du niveau de vie » qu'ils sont censés entraîner.

O n pourrait — cela a d'ailleurs été fait — récrire l'histoire des décennies et m ê m e des siècles récents en faisant ressortir l'application mise tant en Occident qu'ailleurs à se moderniser. C'est une interprétation que j'examinerai un peu plus loin. Mais il faut noter tout d'abord qu'après la deuxième guerre mondiale, ces efforts manifestes se sont intensifiés, se transformant en une impulsion et un mouvement universels ; un n o m nouveau — développement — a été immédiatement donné à cette lutte menée dans des conditions nouvelles, marquées notamment par une décolonisation générale accompagnée de la création de beaucoup de jeunes États indépendants, par les progrès rapides de la technologie et par une ferveur et une compétition idéologiques très vives.

Deux points demandent à être soulignés. Tout d'abord, l'emploi du m o t « développement » pour désigner 1' « effort » ou le «mouvement» est nouveau. E n effet, l'Occident ne s'est pas modernisé en faisant pour « se développer » un effort conscient et désigné c o m m e tel. Le prétendre, c'est raisonner à posteriori, c'est inventer une fiction c o m m o d e pour donner « un sens » à l'histoire. O n ne peut davantage soutenir qu 'on cherchait à atteindre les « m ê m e s » objectifs dont seul le n o m était différent. C e serait mal interpréter l'histoire et faire une pétition de principe. E n deuxième lieu, m ê m e si l'on pouvait affirmer que tout cela est une question de terminologie1, la nouveauté des conditions mondiales dans lesquelles se fait aujourd'hui l'effort de développement rend suspectes toutes les comparaisons avec le passé et toutes les leçons tirées de l'histoire. Tout d'abord, et indépendamment de toute autre question, il faut se demander

1. Citons en particulier l'abandon du mot «progrès». Si le terme de «développement» est aussi répandu, c'est que celui de « progrès » a été la source de déceptions et qu'on a voulu reprendre et restaurer la notion de « mouvement en avant ».

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si les caractéristiques constitutives du « modernisme » correspondent vérita­blement aux traits essentiels de la situation contemporaine telle qu'elle se dessine. Tous les éléments entrant dans sa définition ont été mis en question : nous vivons une époque /wjfmoderne, nous assistons à l'apparition du /josiindustrialisme, la nation-État est dépassée (malgré la prolifération d'États nouveaux), le gouvernement des bureaux appartient au passé, etc.

J'ai dit dans la première section que nous savons très mal comment rendre moderne un État qui ne l'est pas. Je prétends maintenant que, m ê m e si nous le savions, nous n'aurions pas résolu pour autant le problème du développement dans la mesure où celui-ci est conçu c o m m e la réalisation d'un certain nombre de caractéristiques connues qui feraient de tous les pays qui les posséderaient des nations « développées ». E n effet, les pays les plus avancés subissent une transformation rapide. Us ne sont pas « développés », mais « en voie de développement » ou au moins d' « évolution » et, qui plus est, d'évolution rapide. Si les jeunes nations moins développées les prennent pour modèle, cherchant à faire disparaître l'écart qui les en sépare, il leur faut viser non pas leur niveau actuel, mais au-delà. Si nous savions où en seront ces pays pris en exemple à un m o m e n t précis de l'avenir, le problème serait théori­quement soluble, encore que cela rendrait d'autant plus graves les lacunes de notre savoir, de notre connaissance des causes et des effets1. Mais nous ne le savons pas.

Certains diront peut-être que tenir un tel langage au m o m e n t où sévit le paludisme, où les paysans mangent de la boue et où les enfants meurent du kwashiorkor, c'est manquer du sens des réalités et sombrer dans le byzanti-nisme; que chaque chose doit venir en son temps; que nous savons ce qu'il faut faire dans l'immédiat et à peu près comment nous y prendre et que les problèmes philosophiques concernant la destinée de l ' h o m m e peuvent attendre. C'est juste et je reconnais le bien-fondé de cet argument; aussi bien, je ne suggère pas que nous interrompions les efforts déployés en vue du dévelop­pement jusqu'à ce que nous sachions mieux de quoi il retourne. Je pense cependant appeler l'attention de mes lecteurs sur des questions qu'il faudra un jour ou l'autre approfondir et qui ont peut-être plus de rapport avec les problèmes actuels que leur caractère apparemment abstrait et éloigné ne le laisse supposer.

C e que je veux souligner surtout, c'est que, pour l ' homme moderne, le développement est non pas seulement un noble idéal et une nécessité pratique

1. L'existence de ce problème à la fois logique et empirique est naturellement largement reconnue. O n a notamment défini le développement c o m m e une « capacité à évoluer », c'est-à-dire qu'on a tenté de mettre l'accent davantage sur la forme que sur le fond en le présentant c o m m e un mouvement (vers l'avant?) plutôt que c o m m e un point à atteindre. C'est une solution ingénieuse et qui à bien des égards semble présenter des avantages. Mais, si l'on pousse plus avant, on s'aperçoit qu'elle comporte des limites et soulève des problèmes. Tout d'abord, révolution dont il faut être capable est en fait et pour l'essentiel la m ê m e , c'est-à-dire la modernisation, et la question des rapports entre la fin et les moyens reste posée. D e plus, et cela est lié, on se trouve en présence d'un dilemme qui rappelle celui de la liberté de parole (faut-il laisser sa liberté de parole à celui qui veut la supprimer?) : que se passe-t-il si cette évolution consiste en un retour à une situation prémoderne et stable?

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indispensable à la survie d'une nation ou du m o n d e , mais une idéologie puis­sante et subtile qui ressemble par certains côtés à une religion nouvelle et uni­verselle. Elle présente ceci de c o m m u n avec toutes les idéologies et toutes les religions qu'elle est un puissant principe d'action, capable aussi bien d'unir que de diviser et que, paradoxalement, il est extrêmement difficile aux «croyants » de la comprendre. Il est clair que ce n'est pas un phénomène évident, c o m m e le don­nerait souvent à penser notre façon d'agir, et qu'il nous faut mieux le saisir.

Le caractère national du développement

Il a souvent été dit que les jeunes nations qui ne disposent pas d 'un appareil administratif solide et efficace ne peuvent espérer prospérer, voire survivre. Pour ceux que leur profession conduit à axer leurs préoccupations sur l'ad­ministration publique, c'est là un axiome. C'est le postulat servant de base à la pensée et à l'action et non une hypothèse à vérifier. Il semble donc tout à fait approprié de nous avoir proposé c o m m e thème de débat le rôle de l'admi­nistration publique dans le développement national, puisque c'était nous convier à aborder les problèmes primordiaux qui se posent dans le concret en fonction de nos croyances, et des constatations que nous tirons de notre expérience, de notre bon sens et du raisonnement.

Mais pourquoi parler de développement nationall Étant entendu que nous nous intéressons au développement, quelle indication supplémentaire cet adjectif qualificatif fournit-il ? Pourquoi — et si cette phrase paraît absurde, c'est que j'aurai atteint m o n but — pourquoi ne traiterait-on pas du rôle de l'administration publique dans le développement tout simplement humain!

Parce que les faits l'exigent : le m o n d e est géographiquement divisé en plus d'une centaine de « nations » dont la plupart s'efforcent avec plus ou moins d'énergie et de volonté délibérée de « se développer ». Les organisations les plus représentatives de l'humanité sont encore internationales. Si nous avions à nous justifier, nous pourrions faire valoir qu'il nous faut prendre le m o n d e tel qu'il est et que le développement de 1' « humanité » doit se faire par le seul instrument existant et dont après tout l'efficacité à cette fin a été démontrée puisque, c o m m e on l'a déjà vu, le développement se définit par référence aux nations-États avancées. Et n'est-ce pas faire preuve de recherche et de lucidité que de s'intéresser précisément au rôle de l'administration publique dans le développement considéré à l'échelon national plutôt que dans l'abstrait, dans l'uniforme, dans l'irréel? Le fait qu'on traite aujourd'hui l'administration publique c o m m e un élément devant être rattaché aux autres facteurs qui entrent en jeu dans le développement national et forment un tout n'est-il pas un signe de maturité et d'efficacité croissantes?

D ' u n e façon générale, je répondrais à ces questions par l'affirmative. Mais il m e paraît utile de ne jamais oublier que prendre pour objectif le dévelop­pement national, c'est admettre un certain nombre d'hypothèses et d'options dont il serait bon d'essayer, de temps à autre au moins, de discerner la nature, ce qui mènerait peut-être à envisager d'autres possibilités. Certes, pour faire

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l'histoire il faut en saisir les principales lignes de force et en tenir compte, mais il ne s'agit pas nécessairement de les renforcer systématiquement.

C e n'est pas ici qu'il faut faire ressortir les conséquences nombreuses et variées de cette conception nationale du développement, mais il convient peut-être de suggérer les orientations qu 'on pourrait donner à une telle recherche.

O n pourrait prendre c o m m e point de départ le phénomène, envisagé à la fois c o m m e un fait et c o m m e u n idéal, de la fusion de la nation et de l'Etat dans l'histoire et par elle. Pour grandes que soient la netteté et la force qu'il acquiert dans l'histoire moderne, ce phénomène reste étonnant et, si on le replace dans une perspective historique plus vaste, il apparaît qu'il n'a rien d'obligatoire. A bien des égards, il s'agit d'ailleurs davantage d'une « super­position » que d'une «fusion»; c'est plus un idéal qu'une réalité, m ê m e si l'on en juge par les pays qui sont indépendants de longue date, car rares sont les États dont on pourrait prétendre qu'ils assurent, ne serait-ce qu'approxi-mativement, l'unité d'une seule nation.

Q u e l'effort universel en faveur du développement se fasse par le recours à des idées et institutions fondées sur le concept de nation-État et que la multi­plication de ces nations-États soit tenue pour un aspect du développement est une source de dilemmes et de paradoxes, d'absurdités et de tragédies. Les peuples colonisés qui réagissent contre l'impérialisme sont poussés mais aussi déchirés par des sentiments faits d 'un mélange d'attirance et de haine. Ils souhaitent ardemment être « eux-mêmes », mais ils ont été persuadés malgré tout que leurs oppresseurs leur sont sous certains rapports supérieurs (« plus développés ») et ils espèrent pouvoir imiter ce qu'ils admirent ou envient sans rien perdre de leur singularité profonde. E n tout état de cause, ils sont confron­tés à une réalité qui paraît inévitable : pour résister avec succès, pour affirmer leur identité et peut-être m ê m e pour chercher vengeance il leur faut adopter les principales institutions des colonisateurs. Ils doivent à tout le moins créer leur nation-État. La différenciation et l'émulation entraînent obligatoirement un certain degré d'imitation. (Ce phénomène tel qu'il se manifeste chez l'in­dividu constitue un thème bien connu des travaux de psychologie et de littérature.)

Il ne sert à rien de contester l'histoire. Mais si la nation-État apparaît à certains c o m m e une structure dépassée dans les régions qui l'ont vu naître, dans celles où elle s'étend ses insuffisances se trouvent multipliées, donnant lieu à des absurdités et à des tragédies auxquelles l'administration publique, instrument de développement national, ne peut qu'être intimement liée. Elles sont particulièrement apparentes dans un cas c o m m e celui de la guerre de sécession menée au Nigeria — sans qu'il soit besoin ici de rechercher où est le « bien » et où est le « mal ». (Dans un certain sens, les notions de « bien » et de « mal » ne s'appliquent pas à des situations de ce genre, qui ressortissent à la tragédie telle que l'entendaient les classiques.) Mais elles se manifestent de bien des manières moins dramatiques, par exemple par des conflits entre l'aménagement d 'un bassin hydrologique et le développement de certaines nations et par ces efforts perpétuels en vue de trouver un équilibre entre la capitale et la province — problème qui ne relève pas d 'un simple choix tech-

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nique sur l'importance à donner au siège par rapport aux bureaux extérieurs ou d'une option entre la centralisation et la décentralisation, mais qui met en cause des valeurs contradictoires et des cultures ou des peuples divers.

Le nationalisme est une lutte en vue de l'affirmation d'une identité propre et de l'autonomie. Mais, dans un m o n d e entièrement modernisé, aucune nation-Etat ne peut garder toute sa spécificité et toute son indépendance. L'assistance extérieure, les emprunts et les imitations, qui constituent depuis toujours et en Occident aussi bien qu'ailleurs un élément inévitable du dévelop­pement national, se situent nécessairement dans un cadre international ou mondial. Il arrive dans certains cas que le pays en voie de développement ne puisse choisir celui qui lui apportera son aide ou ses dons. M ê m e et peut-être surtout alors, il est significatif que le développement soit conçu à l'échelon national. Dans d'autres cas, ce sont les impératifs de la rivalité entre les grandes puissances qui jouent le rôle déterminant. Rares sont ceux où il existe quelque chose ressemblant un tant soit peu à un libre choix de l'orientation (moderni­sation ou non) ou du modèle (pays ou « système idéologique ») de la part de la majorité des intéressés. D e plus, les liens de cause à effet ne sont pas à sens unique. Chaque fois que des relations étroites de pays à pays s'établissent, elles peuvent avoir à courte ou à longue échéance une incidence sur le « dominant » aussi importante que sur le « dominé ». O n peut donner de ce phénomène un exemple classique : pour comprendre l'administration indienne contempo­raine, il faut tenir compte des répercussions de l'hégémonie britannique; de m ê m e , pour comprendre l'administration britannique contemporaine, il faut tenir compte des effets qu 'a eus sur leur système électoral, leur Parlement et leur fonction publique l'expérience qu'avaient acquise les Britanniques en Inde.

Bien qu 'on ait tenté d'étudier séparément le substantif « développement » et l'adjectif «national», ils sont, c o m m e on l'a dit, étroitement solidaires; pour une grande part, ils se définissent mutuellement, le n o m donnant un sens à l'adjectif, lui-même nécessaire pour comprendre le n o m . Il ne fait pas de doute que certaines des considérations ci-dessus paraîtront contestables ou maladroites. Mais on devra au moins m e concéder qu'utiliser délibérément l'administration publique c o m m e instrument du développement national, ce n'est pas, tant s'en faut, recourir à un moyen techniquement sûr et moralement neutre pour atteindre des objectifs bien déterminés. Loin de constituer un simple ensemble de méthodes sans contenu axiologique, l'administration publique est largement influencée par les facteurs idéologiques, politiques, moraux et philosophiques qui définissent la condition humaine.

L'administration publique : des moyens connus d'atteindre des objectifs connus et des moyens problématiques d'atteindre des objectifs problématiques

Néanmoins, la conviction que la technologie de l'administration publique n'est que stricte technologie est largement répandue, ce qui risque d'ouvrir — en

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vérité ouvre inévitablement — la voie à des malentendus et des déceptions, à des erreurs et des dilemmes.

A divers niveaux et à certains égards, l'idée que l'administration publique est technologie pure présente à n'en pas douter un avantage stratégique, et cela aussi bien dans les pays « développés » que dans les pays « en voie de développement ». Pour les uns c o m m e pour les autres, elle peut servir à détourner l'attention du public de problèmes brûlants, peut-être m ê m e explo­sifs, mettant en jeu le pouvoir politique et l'intérêt économique, et y substituer des questions où apparemment ces considérations n'entrent pas, à savoir l'efficacité de l'appareil gouvernemental et les structures et procédures qui permettent de l'atteindre. Mais dans les pays en voie de développement cette image de l'administration publique sert tout spécialement à justifier l'aide étrangère et l'emprunt ou l'imitation de structures administratives. Certes, comparées aux techniques d'irrigation ou de raffinage du pétrole, celles de l'administration publique sont sujettes à caution. Si, par définition, elles sont un des éléments de l'instrument central de l'autorité qui exerce sa tutelle sur la société, à savoir du gouvernement, il est caractéristique de constater qu'elles sont censées être l'élément le moins politisé du gouvernement. U n pays « importera » plus vraisemblablement u n système de comptabilité et de vérifi­cation des comptes qu 'un régime foncier ou une législation de la famille; il pourra faire venir des experts de l'étranger pour réformer la fonction publique, non le système des partis. (L'existence d 'un lien étroit entre les deux renforce m o n propos.)

Ces « avantages stratégiques » ne sont pas nécessairement un mal politique ou une erreur morale. Ils seront jugés en fonction du point de vue adopté et de la situation où ils se placeront. Il est souvent utile d'apaiser la fièvre politique et le fait de souligner la valeur ou l'efficacité de l'appareil peut être le m o y e n de révéler c o m m e de dissimuler, la discussion étant ramenée du domaine de l'imagination où tout paraît possible à celui de la réalité où la moindre chose devient difficile. L'appréciation doit aussi tenir compte du degré de complexité et des motifs : il se peut fort qu'il s'agisse plus d'ignorance ou d'erreur que d'intention de tromper autrui.

Mais, à un certain stade et à beaucoup d'égards, il faut reconnaître que la conception d'une administration axiologiquement neutre ou simple instrument pose un problème. Si sa neutralité à l'égard des valeurs présente des avantages stratégiques, elle n'en a pas moins de graves inconvénients. L a section suivante du présent commentaire explicite certains des arguments à l'appui de cette affirmation, mais d'autres raisons peuvent être éclairées par référence à la notion de « développement », processus permanent, non limité et énigmatique.

Si une nation aujourd'hui « sous-développée » réussit, d'ici à la fin du siècle, à devenir « développée » selon les normes actuelles, elle n'en demeurera pas moins sous-développée selon les normes qui seront admises à cette époque. Il est certain que les pays qui fixent de nos jours les normes du développement (sous l'angle des revenus, de la capacité de production, de la « matuiité » institutionnelle, etc.) évoluent rapidement. Le rythme et l'orientation de ces changements ainsi que leur effet cumulatif ne peuvent faire l'objet que d'esti-

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mations très approximatives, mais ce qui est parfaitement prévisible (si bien entendu aucune catastrophe ne se produit), c'est que d'ici à l'an 2000 ces pays se seront transformés de façon telle qu'ils se trouveront aussi éloignés de leur condition présente que cette dernière l'est de leur situation au début du siècle et peut-être m ê m e du siècle précédent. Dans une large mesure, c'est le terme « industriel » qui rend le mieux compte des critères contemporains du dévelop­pement. Mais, nous l'avons déjà constaté, nombre d'auteurs se sont attachés à dégager les traits essentiels d 'un type nouveau de condition humaine qualifiée habituellement de «postindustrielle». E n effet, suffisamment d'indices et de symptômes donnent à penser que les pays qui ont atteint les premiers le stade de l'industrialisation subiront des transformations rapides et de grande portée (au m i n i m u m ce sera une évolution accélérée, cela pourra être aussi une «révo­lution ») qui se traduiront pour le moins par de graves perturbations sociales et des réformes radicales des institutions.

Parmi ces signes précurseurs de changement, nombreux sont, en parti­culier, les indices d'une remise en cause des institutions administratives des pays développés. A u x États-Unis d'Amérique, la portée, l'intensité et la diver­sité des critiques dénonçant l'insuffisance et l'inadaptation des mécanismes administratifs sont peut-être sans précédent (je dis « peut-être » parce que des comparaisons exactes sont impossibles) et, à m o n avis, nous entrons dans une période de changement rapide de la forme et du style des mécanismes, « administration » comprise, qui déterminent notre m o d e de vie. Je place le m o t «administration » entre guillemets parce que, et c'est essentiel, l'un des mouvements les plus actifs est la révolte contre l'administration, contre le « règne de l'organisation » tel qu'il résulte, au stade actuel, de l'évolution historique et des circonstances; et l'on peut se demander si les mécanismes futurs seront « administratifs » — ou au moins seront ainsi désignés ou consi­dérés c o m m e tels.

S'il est faux, c o m m e je le crois, que les moyens administratifs soient totalement polyvalents et qu'ils puissent mener, après des aménagements mineurs, à la réalisation de n'importe quel objectif collectif, cela implique que, s'ils aboutissent, les efforts faits par les pays en voie de développement pour progresser au m o y e n de l'appareil administratif actuellement en faveur dans les pays industrialisés reviendront à recréer des « civilisations disparues ». Il se peut que ces nations optent malgré tout pour cette solution. E n réalité, elles n'auront guère le choix de faire autrement; elles seront contraintes par les circonstances à « aller de l'avant ». Mais il ne leur sera pas possible d'imiter ou d'adapter à leurs caractéristiques nationales des institutions encore incon­nues pour un avenir qu'elles peuvent tout au plus deviner. Il n 'y a peut-être pas de solution à ce problème, mais il faut au moins avoir conscience que ce problème existe et en tenir compte pour aborder en gens avertis l'étude des solutions éventuelles.

Nous ne pouvons pas, dans le cadre de la présente analyse, examiner les incidences de cette manière d'envisager l'avenir, encore moins en faire une étude approfondie qui conduirait à des conclusions « définitives ». Elles nous amènent à constater une fois de plus que l'enthousiasme soulevé actuellement

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par le développement est un phénomène surprenant : tout le m o n d e est pour le développement, mais ce qu'il est réellement, en dehors d'une structure de transition, demeure indéfini et déroutant. Ces incidences posent le problème de savoir si l'humanité tout entière tend inévitablement ou devrait tendre déli­bérément (en « se développant ») à se couler dans un moule uniforme, h o m o ­gène, à devenir une civilisation universelle où n'apparaîtrait aucune nuance sensible d'ordre matériel ou culturel. Elles posent la question de savoir si — ou plutôt dans quelle mesure et c o m m e n t — la règle selon laquelle l'ontogénie est un microcosme de la phylogénie s'applique à l'évolution des entités qu 'on désigne sous le terme de nations-États. Enfin cette dernière question rejoint non seulement le problème du développement et de la signification du mot « national », mais aussi notre analyse introductive qui a porté sur la nature très limitée de notre « savoir » de ce qu'est au juste le développement.

L a fin et les moyens : l'appareil gouvernemental et la théorie de l'organisation

Les observations précédentes, à supposer qu'elles procèdent dans l'ensemble d'appréciations exactes, éclairent deux thèses importantes ou moins préci­sément, deux orientations intellectuelles majeures.

Selon l'une d'elles, une certaine forme d'organisation socio-administra­tive, à savoir le gouvernement par les bureaux, n'est pas seulement celle qui convient pour parvenir à tous les objectifs collectifs (au moins « administra­tifs »), elle est aussi l'instrument le plus efficace pour les atteindre. A m a connaissance, ce point de vue trouve son expression la plus concise dans la traduction de M a x Weber que nous devons à A . M . Henderson et Talcott Parsons : « D ' u n e façon générale, il semble découler de l'expérience que le type 'bureaucratique' pur d'organisation administrative — c'est-à-dire la 'bureaucratie' monocratique — permet, d 'un point de vue strictement tech­nique, d'atteindre le plus haut degré d'efficacité et constitue formellement dans ce sens le m o y e n le plus rationnel connu d'exercer une domination sur des êtres humains. Il est supérieur à toute autre forme d'organisation par sa précision, sa stabilité, la rigueur de sa discipline et la régularité de son fonction­nement. Il permet ainsi aux chefs de l'organisation et à ceux dont les activités relèvent de son domaine de pousser particulièrement loin leurs prévisions quant aux résultats. Enfin, sa supériorité se manifeste à la fois par son efficacité considérable et par l'ampleur de ses opérations et il peut s'appliquer à tous les types de tâches administratives... Car l'administration par les bureaux, toutes choses étant égales par ailleurs, est toujours le type d'organisation le plus rationnel d'un point de vue formel et technique1. »

Les études critiques de l'œuvre de Weber sont évidemment très abondantes et beaucoup dénoncent les insuffisances de sa méthodologie du type idéal et

1. M a x W E B E R , The theory of social and economic organization, trad, de A . M . Henderson et Talcott Parsons, p. 337, Glencoe (111.), The Free Press, 1947.

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spécialement de sa description d 'un type idéal d'appareil de l'État, qui, selon elles, est émaillée d'erreurs et incomplète. Weber a aussi été accusé d 'un certain ethnocentrisme, c'est-à-dire d'avoir traité ce sujet du point de vue du m o n d e occidental moderne — et m ê m e plus précisément du point de vue de l'Allemagne impériale. Il n'est pas question de présenter ici ne serait-ce qu'une esquisse de ces critiques (auxquelles j'ai joint les miennes) des prétendues caractéristiques du gouvernement par les bureaux, ni de procéder à un débat complet sur le rapport de l'appareil gouvernemental au développement national. Je préfère présenter sous forme résumée u n argument qui permettra de poursuivre l'analyse.

1. L a description webérienne du gouvernement « bureaucratique » reste liée à une certaine culture malgré l'érudition remarquable de son auteur et ses tentatives énergiques pour atteindre à l'universalité. E n dépit de ses héroïques efforts d'objectivité et de liberté à l'égard des valeurs, sa description reflète les siennes propres et celles de son groupe culturel.

2. Weber considérait l'histoire de l'humanité c o m m e tendant vers la moder­nité ou la « civilisation » (rationalisme, science, complexité, industrialisme, urbanisme, etc.) et pour lui, le m o n d e occidental de son époque était l'image la plus typique de cette civilisation.

3. Weber a découvert que le gouvernement par les bureaux faisait partie intégrante de cette civilisation à laquelle la rattachaient des liens divers de cause à effet et inversement. Le fait qu'il ait su discerner ces rapports étroits et la description qu'il en a donnée mettent à son actif une des réalisations les plus remarquables des sciences sociales.

4 . Mais si l'on admet en principe l'existence d 'un pluralisme et d'une égalité culturels et q u ' o n refuse de plaquer sur l'histoire de l'humanité u n schéma chronologique de développement (une marche vers la « civilisation ») la construction webérienne s'écroule. E n eifet, les entreprises collectives de types tribal, féodal, etc., paraissent alors aussi valables et légitimes qu'une fonction publique omnipotente et plus « efficaces » qu'elle quant à la réalisation des valeurs culturelles des communautés dont elles font partie intégrante.

5. E n fait, substituer le gouvernement par les bureaux à leurs structures et modes d'organisation reviendrait à les transformer de façon radicale : ce ne seraient plus les m ê m e s cultures, mais ces cultures adaptées à la struc­ture et au style bureaucratiques, à savoir des cultures modernes, dans le sens acquis par ce terme dans l'histoire contemporaine. Leurs objectifs seraient nécessairement modernes ainsi que leurs moyens.

6. D ' u n e façon générale, l'effort de développement national qui fait fond sur l'administration publique (ou privée d'ailleurs) constitue un effort pour reproduire et utiliser la « bureaucratie » dans le sens webérien. C'est donc une tentative de recours à des moyens modernes pour atteindre des buts modernes et inversement.

Si l'on rapproche cet argument des précédents, on s'aperçoit qu'ils s'éclairent mutuellement d 'un jour nouveau : les possibilités et les limites du gouver­nement par les bureaux, les liens de cause à effet, de moyens à fins et aussi de

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fins à moyens qui le rattachent à un certain style et à un certain niveau de vie humaine apparaissent plus nettement; de m ê m e on voit avec plus de netteté que ce n'est pas un instrument indépendant à l'égard des valeurs, doué d'une efficacité universelle quel que soit l'objectif collectif à atteindre. A l'inverse, le rôle de ressort et de justification — c'est-à-dire le rôle idéologique — du « développement » se dessine plus clairement et nous sommes plus à m ê m e de comprendre le déchirement culturel et moral que supposent les efforts déployés par un pays pour s'élever au rang de nation et s'affirmer par rapport aux autres tout en conservant sa singularité propre : le développement par l'administration publique demeure peut-être un problème technique, mais il devient également une impressionnante tragédie humaine. Nous nous rendons mieux compte que les pays en voie de développement risquent de peiner pour recréer une « civilisation disparue » et nous nous apercevons, avec des regrets encore plus vifs, combien nos sciences sociales sont insuffisantes comparées aux besoins. Enfin, et surtout, nous rêvons d'acquérir une perspicacité et une sagesse qui sont hors de notre portée.

La seconde thèse ou orientation intellectuelle qu'explicite l'étude des incidences d 'un développement national à l'échelle mondiale est liée — beau­coup plus étroitement que certains de ses partisans ne semblent le croire — à la notion de gouvernement par les bureaux en tant qu'instrument d'efficacité universelle. Selon cette thèse, il est possible de concevoir une « théorie générale de l'organisation » valable en tout temps et en tout lieu. Les remarques préli­minaires de la préface d 'un récent ouvrage illustrent bien ce point de vue :

« Le thème développé dans le présent ouvrage est que les organisations humaines forment une catégorie de phénomènes naturels qui se caractérisent par un affranchissement à l'égard des facteurs temporels ou culturels, et dont le fonctionnement est strictement ordonné, de sorte que la sociologie de l'orga­nisation est, plus que d'autres branches de cette discipline, de nature à s'imposer en tant que science. Cette thèse est de moins en moins sujette à controverse. Elle n'est pas encore acceptée par tous ceux qui s'intéressent à l'étude de la société, mais son authenticité est pratiquement tenue pour acquise par ceux qui procèdent à l'étude empirique des organisations.

» Le présent volume a pour ambition d'essayer de démontrer qu'il est possible d'utiliser un modèle théorique unique, certes encore approximatif et incomplet, d'une part, pour analyser des organisations de types et d'impor­tances variés, quel que soit le cadre culturel ou historique auquel elles se rattachent, et, d'autre part, pour formuler d'utiles prévisions1. »

A m o n avis, cette thèse n'est pas entièrement erronée, mais elle n'est valable qu'en partie et tend ainsi à obscurcir et à égarer tout c o m m e à éclairer et à aider.

Il semble en effet que se dégagent, à travers les années et les cultures, cer­tains phénomènes d ' « organisation » universels, uniformes ou « authentiques ». O n pourrait dire qu'ils sont universels par définition : certains se retrouvent dans toutes les communautés humaines, c'est-à-dire toutes les « organisations

1. Theodore C A P L O W , Principles of organization, v, N e w York, 1964.

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humaines », qui, sans eux, n'existeraient pas en tant que telles. O n reconnaîtra généralement qu'il y a là plus qu 'un tour d'adresse sémantique, que certains phénomènes empiriques sont si fondamentaux qu'ils apparaissent dans toutes les sociétés humaines, et qu'il est utile d'aborder l'étude de l'organisation humaine au niveau le plus large si l'on veut en tirer des principes généraux d'application absolument universelle. U n e telle entreprise entraîne un élargis­sement des connaissances, du savoir1.

Mais cette entreprise ne coïncide guère avec la démarche qui intéresse ceux qui se proposent de mettre au point une « théorie de l'organisation ». Lorsque ces derniers précisent ce qui les préoccupe, ils emploient des expres­sions telles que : « organisations administrées, formelles, complexes, à grande échelle, fonctionnelles ». E n résumé, les phénomènes qui retiennent leur attention et qu'ils nous invitent à étudier pourraient, d'une façon générale, (il y a évidemment des exceptions et des nuances), se ranger sous le terme « gouvernement par les bureaux », qui peut d'ailleurs être utilisé pour préciser le domaine d'étude.

Si (ou bien dans la mesure où) ce qui a été avancé jusqu'ici est valable, la théorie de l'organisation, fruit de ces recherches, ne vaut pas pour toutes les époques et pour toutes les cultures. Bien au contraire, elle est spécifique d'une certaine époque, d'une certaine culture, ou d'un ensemble de cultures ayant beaucoup en c o m m u n .

Les sciences sociales contemporaines ont une tendance méthodologique, empruntée à la prestigieuse physique, qui conduit à l'erreur suivante : écarter le souci de l'objectif pour s'efforcer de dégager les structures et les processus fondamentaux, ne pas axer les recherches sur un seul objet ou un domaine limité mais toujours s'efforcer de parvenir à des généralisations plus poussées. M o n propos n'est ni de faire valoir les mérites de l'orientation idéographique, ni de contester ceux de l'orientation nomothétique en matière de sciences sociales; dans la mesure où l'utilisation de ces termes a un sens, chacune de ces méthodes a sa valeur et sa fonction propres. C e qu'il faut plutôt souligner, c'est que, si des organisations (formelles, complexes, etc.) sont « fonction­nelles », il est essentiel d'étudier les fonctions ou types de fonctions auxquelles elles répondent et que, si une généralisation poussée plus avant et qui reste valable apporte quelque chose de positif, elle comporte toujours une faille — que l'on ait soit négligé, soit volontairement écarté quelque chose pour pouvoir la formuler.

Je ne pense pas ( c o m m e certaines de mes affirmations pourraient le laisser croire) qu'il y ait une ligne de démarcation bien nette entre des «principes d'organisation » universels et d'autres qui ne s'appliqueraient qu 'à certaines époques et en certains lieux. A m o n avis : à) il existe certaines constantes dans les phénomènes d'organisation qui se prêtent à la formulation de lois et nous

1. Quelles connaissances ? Quel savoir ? Autant de questions qui méritent un examen minutieux et appellent la réflexion. U n principe assez général pour s'appliquer à toutes les sociétés de tous les temps peut-il relever d'autre chose que d'une « catégorie supérieure » de bon sens? (« Les h o m m e s sont des h o m m e s dans le m o n d e entier ».) Quelle exactitude empirique et quelle rigueur scientifique peut-on en exiger, sinon simple limpidité et précision de vocabulaire ?

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pouvons en acquérir une meilleure connaissance par l'étude et les recherches1; b) ces constantes peuvent revêtir des formes variées allant d'une universalité intégrale (valant pour toute organisation humaine quelle qu'elle soit) à une spécificité poussée — notamment par rapport à une fonction ou à une culture ; c) il faut avoir une notion très précise du plan sur lequel on se place (époque, lieu, circonstances, fonction, appartenance, etc.), si l'on ne veut pas se tromper et induire les autres en erreur.

C e dernier point appelle une autre remarque. Il est tentant (sans peut-être que l'effort en vaille la peine) d'élaborer des « modèles » d'organisation humaine englobant absolument tous les types d'organisations. Il suffit de forger des définitions en termes suffisamment larges ou ambigus, de faire preuve d'une certaine logique, de formuler des généralités paraissant plus ou moins plausibles et d' « orner » le tout de données tirées de l'expérience pro­venant de sources diverses mais principalement de contextes modernes et occidentaux. L e mélange ainsi obtenu est mieux que rien — u n maigre repas est préférable au jeûne pour qui a faim — mais il ne répond pas à la description qui en est faite ou à ce qu'il est supposé représenter.

M a conclusion est la suivante : en ce qui concerne l'allégation selon laquelle l'administration « bureaucratique » est l'instrument le plus efficace pour atteindre des objectifs collectifs, il y a, selon moi, des objectifs collectifs pour lesquels cette affirmation est (ou du moins peut être) vraie. Mais il n 'en va pas de m ê m e pour les autres. Le modèle « bureaucratique » paraît convain­cant parce que, d'une part, les conclusions auxquelles il m è n e sont contenues dans les prémisses et que ces dernières sont implicites dans les conclusions et, d'autre part, que tant les prémisses que les conclusions se trouvent au cœur m ê m e de la culture pour laquelle le modèle est si séduisant. E n fait, elles définissent la culture et lui donnent une structure obligeant ainsi à se trouver d'une certaine façon « à l'extérieur » pour distinguer le rapport étroit qui existe entre fins et moyens.

Quant à la théorie « générale » de l'organisation, je répondrai c o m m e le sceptique circonspect auquel on demandait s'il croyait en la prière : « J'ai vu des gens la faire. » Néanmoins, je dirai pour m a part que je vais plus loin : je lui reconnais une certaine utilité et je m'efforce de ne pas préjuger de la valeur scientifique et de l'utilité pratique qu'elle aura à l'avenir.

Mais je crois qu'une théorie sans contenu axiologique, « affranchie de tous liens à l'égard d'une époque ou d'une culture particulières » est un mirage lorsqu'elle s'applique à des organisations « complexes, de grande envergure, formelles », etc. E n outre, l'étude de l'organisation conduit à u n grand nombre d'erreurs, pour soi et pour les autres, ainsi qu 'à des gaspillages, si elle ne prend pas en considération l'importance du contexte, à savoir du type et du niveau des buts recherchés eu égard au milieu culturel et à la situation historique.

1. Est-il possible d'en formuler des lois ou des principes? Je répondrai que, à m o n avis — selon l'état d'esprit du moment et le contexte — c'est : à) une question de définition ou b) une question en suspens.

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L'administration publique par-delà la technique dans l'histoire

L'effort de réflexion tenté dans le présent article sur le rôle de l'administration publique dans le développement national permet de mieux comprendre certains problèmes d'ordre moral, certains dilemmes déchirants et m ê m e les aspects tragiques que comporte cette entreprise. J'y ai déjà fait allusion mais je désire, au terme de cet exposé, approfondir cette question. J'accepte le risque d'être accusé d'esprit ergoteur, récriminateur et ennuyeux.

Avant tout, j'insiste pour que mes réflexions ne soient pas interprétées c o m m e une mise en cause du développement et de la modernisation. O n ne peut nier ce que peut représenter la modernisation entre les sordides bidonvilles et la catastrophe nucléaire, mais sa valeur doit être pesée non par référence à un univers paradisiaque mais à des réalités (le travail qui mutile l ' h o m m e , la famine généralisée, la mort prématurée). Il ne s'agit pas ici de dresser un bilan, mais seulement de formuler plus clairement certains problèmes à peine esquis­sés, d'ouvrir ainsi la voie à une meilleure compréhension et d'informer sur les possibilités offertes.

Pour ce qui est du « modèle » d'administration, il se peut que les élites des pays en voie de développement n'aient pas ou estiment ne pas avoir d'alter­native. Le modèle sera « déterminé » par des facteurs historiques ou géopoli­tiques qui risquent d'obscurcir et de compliquer les problèmes d'ordre moral. Il y a là un exemple patent où il est fait de nécessité vertu : une élite « souhaite » se développer parce qu'elle y est en fait poussée par les circonstances autant que par un acte de volonté (qui peut comporter parfois m ê m e l'intervention de forces révolutionnaires). D e toute façon, les possibilités qui s'ouvrent à ces élites sont limitées : se développer, c'est devenir moderne et ce phénomène se définit par rapport à un contexte historique, car il est apparu avant tout et de la façon la plus nette dans le m o n d e occidental. Les pays socialistes, au m ê m e titre que les pays capitalistes, ont tendance à mesurer leur réussite (et leur « développement ») par référence à des indices d'industrialisation et de produc­tion et il est difficile de nier que m ê m e l'idéologie communiste porte la marque : « fabriqué dans le m o n d e occidental »1. Certes, la Chine continentale d'une part (en tant que pays communiste) et le Japon d'autre part (en tant que pays non communiste) sont des exemples tout à fait originaux d'institutions sociales et de modes de vie nés de la fusion entre éléments nationaux permanents et apports nouveaux. Mais rares sont les pays qui, par leur taille, leur situation géographique et leur « capacité de résistance » culturelle, se trouvent placés dans des conditions aussi favorables. D'ailleurs, m ê m e dans ces pays (et d'autres qui pourraient être cités au m ê m e titre), tout est loin d'être dit : la naissance d'une culture universelle homogène n'est pas une spéculation absurde2, qu 'on la considère c o m m e un rêve utopique ou c o m m e un cauchemar terrorisant.

1. Il est assez paradoxal, si l'on y songe, que la Chine continentale accuse la Russie de révision­nisme.

2. O n évoque bien entendu des motifs divers, notamment des motifs technologiques et idéolo­giques. Les prétendus facteurs de causalité ne sont pas non plus nécessairement limitatifs.

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L'administration publique et le développement national

Il n'est pas nécessaire de souscrire intégralement à ces observations mais si on admet qu'elles ont une certaine valeur, il faut reconnaître que les élites des pays dont l'indépendance est récente et qui sont moins avancés doivent, en ce qui concerne leur administration publique, prendre des décisions d'ordre moral, politique et idéologique. (Cela vaut m ê m e , ce qui est paradoxe courant, en cas d'inertie : lorsqu'une élite traditionaliste opte pour la non-modernisa­tion, elle opère un choix.) Il est clair que les moyens administratifs ne sont pas neutres. Ils sont pénétrés, imprégnés de connotations axiologiques. Décider si l'on doit se doter d 'un système d'administration publique moderne (c'est-à-dire plus ou moins « bureaucratique ») équivaut à décider du destin et du m o d e de vie du pays. Toutes les mesures qui découlent de cette option majeure sont sans doute conditionnées par des considérations d'utilité, d'économie et d'efficacité, mais aussi par des problèmes tels que : orientation idéologique, relations avec d'autres pays, équilibre entre agriculture et industrie, utilité comparée d 'un développement à direction centralisée et régionale, possibilités égales pour tous, choix de la langue nationale, rapports entre groupes ethniques, etc.

Si je préconise une prise de conscience éclairée des incidences des décisions relatives aux moyens administratifs, je reconnais qu'il sera difficile d'y par­venir, pour plusieurs raisons. E n premier lieu, les limites sérieuses de nos connaissances scientifiques : les résultats auxquels devraient mener des réformes administratives dans des circonstances nouvelles et différentes ne peuvent, au mieux, être l'objet que d'estimations fondées et, bien souvent, ce qu 'on tente constitue un acte de foi sinon un geste absurde. Deuxièmement, les décisions sembleront fréquemment résulter non d ' u n libre choix, mais d'une « nécessité ». C'est ainsi que l'allégeance à une idéologie, l'appréciation d'une stratégie politique, etc., conféreront à certaines décisions portant sur des moyens administratifs un caractère obligatoire, inéluctable. Enfin, la tendance à consi­dérer les institutions administratives c o m m e apolitiques, ou moins politisées, peut être « utile » sur le plan politique. Il peut ainsi y avoir plus ou moins de réticence à renoncer à u n avantage stratégique ou plus ou moins d'erreur personnelle et non de tromperie délibérée d'autrui.

Les spécialistes venus de l'étranger et les pays qui apportent officiellement une aide en matière d'administration publique se trouvent également confrontés aux énigmes et aux dilemmes qui jalonnent la tragédie du développement national se déroulant dans un contexte mondial. Quelques questions simples nous permettront de signaler des problèmes complexes qui méritent une analyse approfondie.

Le spécialiste de l'administration doit-il se considérer c o m m e assujetti uniquement à des normes techniques et professionnelles? Quelles sont ces normes dans son propre pays et dans quelle mesure sont-elles imprégnées par la culture, notamment politique, de ce pays et non issues rigoureusement du contexte technico-scientifique ? Quelles modifications peut-il et doit-il apporter à cet ensemble de règles qu'il est chargé de transférer à un autre pays? L'expert doit-il, ou dans quelle mesure et c o m m e n t peut-il se préoccuper de la nature politique du régime qu'il sert? (La faim est toujours la faim sous tous les régimes politiques et la soulager est toujours un bien. Mais quels effets et

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incidences à court et à long terme découleront de la production d 'un instrument efficace à cette fin?) Doit-il considérer qu'il relève de ses fonctions d'influencer l'évolution politique dans la « bonne direction » ? Le cas échéant, qui détermine cette «juste orientation »? Lui -même? Son chef? (Le gouvernement qui l'emploie, le pays étranger donateur ou une autre autorité?)

Les pays donateurs doivent-ils agir uniquement pour des motifs humani­taires, écartant toute considération d'idéologie et de régime? Dans ce cas ils seront accusés d'aveuglement politique ou, pis encore, d'apporter une aide immorale à la « dictature ». Doivent-ils au contraire ne s'engager dans une politique d'aide que lorsqu'elle «favorise la démocratie »? Dans ce cas, ils s'exposeront à être accusés de se servir de la misère humaine à des fins poli­tiques, d'égoïsme national et d'impérialisme culturel. Les pays donateurs semblent engagés dans une partie qu'ils ne peuvent gagner, encore moins s'ils sont arbitrés par les libéraux.

Faut-il, en matière d'aide, écarter toutes considérations d'intérêt national, d'ordre économique, militaire ou autre? Le seul fait de poser cette question c'est y donner une réponse : on ne peut totalement isoler l'octroi d'une aide de décisions ayant trait à l'existence, à l'orientation, et à la destinée nationales. E n tout cas pas dans une nation-Etat dans le système des nations-États de l'histoire contemporaine. Il est évidemment très séduisant, pour cette raison en tout cas, de préconiser l'acheminement de l'aide par l'intermédiaire des Nations Unies; on retire ainsi de l'acuité aux problèmes que pourrait soulever la suspicion d'agir dans l'intérêt national, quels que soient les autres problèmes qu 'on crée. Mais bien entendu le fait que cette solution ne soit pas unanimement adoptée est en soi un problème et illustre de façon éloquente le thème des réflexions qui viennent d'être présentées sur le rôle de l'administration publique dans le développement national.

[Traduit de l'anglais]

Dwight Waldo est professeur à la Maxwell School of Citizenship and Public Affairs de V Université de Syracuse, New York. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'administration publique et le rédacteur en chef de Public administration review.

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Documentation et informations professionnelles

Publication d'un répertoire d'institutions sur cartes

Nouveaux périodiques

Calendrier des réunions internationales

Postes internationaux vacants

Documents et publications des Nations Unies et des institutions spécialisées

Livres reçus

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Publication d'un répertoire d'institutions sur cartes

Pendant de nombreuses années la Revue a publié des textes descriptifs d'un certain nombre d'organisations professionnelles et de centres de recherche et d'enseignement nationaux et internationaux. Ces textes étaient publiés à mesure qu'ils parvenaient à la rédaction et ne pouvaient ainsi donner une vue d'ensemble ou systématique des institutions existantes. Afin de permettre une utilisation plus facile de ces rensei­gnements, il a été décidé de mettre sur fiches les informations qui sont réunies au Centre de documentation en sciences sociales de l'Unesco sur les centres de recherche, d'enseignement supérieur et de documentation, ainsi que sur les organisations profes­sionnelles. Dès qu'un premier jeu d'environ 900 fiches sera disponible, nos lecteurs en seront informés. Ensuite chaque numéro de la Revue contiendra des fiches supplé­mentaires qui serviront à mettre le fichier à jour. D e cette manière, on pourra consti­tuer un répertoire permanent de données sur les institutions de sciences sociales, classées par ordre alphabétique de pays, avec un système de double référence dans les disciplines les plus importantes. N o u s espérons que cette innovation sera utile.

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Rev. int. Sc. soc, vol. X X I (1969), n° 2

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Nouveaux périodiques

Afin d'aider les lecteurs désireux de se tenir au courant des publications périodiques spécialisées en sciences sociales nouvellement parues, cette Revue contiendra désormais une liste descriptive annuelle des nouveaux périodiques reçus au Centre de documentation en sciences sociales de V Unesco. Les titres mentionnés ci-dessous ont été reçus au cours de 1968.

Un catalogue de revues faisant un tableau de la situation telle qu'elle se présentait à la fin de 1963 est disponible sous le titre World list of social science periodicals / Liste mondiale des périodiques spécialisés dans les sciences sociales, 3e éd., revue et augmentée, Unesco, 1966 (12 dollars, 60 shillings, 41 francs).

Le volume XIX (1967), n° 2, de cette Revue est aussi consacré à un bilan critique de la presse spécialisée en sciences sociales dans le monde en général et dans huit pays représentatifs : Brésil, France, Inde, Japon, Mexique, Pologne, Royaume-Uni et États-Unis d'Amérique.

Des spécimens de nouvelles revues donnant des informations permettant de rédiger les titres peuvent être envoyés au Centre de documentation en sciences sociales, Unesco, place de Fontenoy, 75 Paris-7e, France.

Acta criminológica. Études sur la conduite antisociale, vol. 1, janvier 1968. Revue annuelle bilingue publiée par Les presses de l'Université de Montréal.

Adresse Département de criminologie, Université de Montréal, C . P . 6128, Montréal 3

Rédacteur en chef Denis Szabo Rédaction Henri Ellenberger, Marcel Frechette, José-M. Rico

Abonnement U n an, 3 dollars Cette revue présente aux chercheurs et aux praticiens les résultats de recherches étiologiques, cliniques ou évaluatives. Son but est de favoriser les travaux de recherche dans la perspective encore peu explorée de la criminologie comparée. L'accent y sera mis sur les conceptions interculturelles touchant la prévention des crimes et la façon de traiter les criminels. Publiés en anglais ou en français, les articles seront suivis de résumés en russe, en allemand, en espagnol, et en français ou en anglais.

African studies newsletter, vol. 1, n° 1, 1968. Publié, à raison de 6 à 9 numéros par an, par 1'African Studies Association.

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Rev. M. Sc. soc, vol. XXI (1969), n° 2

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Nouveaux périodiques

Adresse Research Liaison Committee, Columbia University, 622 West 113th Street, N e w York, N . Y . 10025

Rédacteurs en chef Washington, A n n e Farrier ; N e w York, Marilyn Rinzler Conseillers Robert A . Lystad, Johns Hopkins University; Shirley

K . Fischer, Columbia University Abonnement C e bulletin est envoyé automatiquement à tous les

membres de l'African Studies Association Les rubriques qu'il contient (conférences et réunions; notes et nouvelles; publications; recherches en cours) se rapportent toutes aux études africaines effectuées aux États-Unis d'Amérique et à l'étranger.

Almanach, 1968. Publication annuelle de la Deutsche Stiftung für Entwicklungs­länder (Fondation allemande pour les pays en voie de développement).

Adresse Simrockstrasse 1, 53 Bonn Rédacteur en chef Karl Theodor Schmitz

C e volume contient un choix de causeries sur les travaux des différentes sections de la fondation et sur les questions dont elle s'occupe. Il vise à compléter les rapports annuels. A l'avenir, ces rapports indiqueront le volume de travail accompli par la fondation, tandis que l'Almanach traitera de la nature des travaux dans la section principale. Dans l'abondante documentation dont elle dispose, la fondation choisira pour publication dans Y Almanach, des conférences et articles d'éminents experts de réputation internationale appartenant à différentes écoles de pensée. Cette année, les contributions ainsi rassemblées — qui ont, l'année précédente, servi de base aux travaux de stages d'études, réunions ou conférences organisés par la fondation à l'échelon international — fournissent des informations scientifiques et techniques sur la politique du développement. Les textes sont groupés par sujet, plutôt qu'en fonction des lieux ou dates de parution. A u début de chacun des cinq chapitres figure une introduction concernant le thème traité dans ce chapitre et les auteurs auxquels il a été fait appel.

L'Almanach ne peut donner qu'un aperçu sommaire des 200 réunions dont s'est occupée en 1967 la Deutsche Stiftung; mais il permet de se rendre compte de l'impor­tance et de l'ampleur des tâches qu'exigera, dans l'avenir plus encore que dans le présent, l'aide au développement.

Annales marocaines de sociologie, 1968. Publication de l'Institut de sociologie de l'Université M o h a m m e d V , Rabat.

Adresse B . P . 447, Rabat Directeur de l'institut Abdelkabir Khatibi

Rédaction R . Fakkar, A . Khatibi, M m e Batoul Regragui Prix du numéro Maroc , 10 dirhams; étranger, 12 dirhams

Le but de ce périodique est de présenter les progrès réalisés par la sociologie maro­caine sous l'angle multidisciplinaire en collaboration avec des sociologues travaillant au Maroc , dans le m o n d e musulman ou dans d'autres zones culturelles.

Les articles paraissent dans l'une des trois langues suivantes : anglais, arabe, français. Le premier numéro contient trois sections : articles; notices bibliographiques; colloques et conférences. Pour chaque article présenté dans l'une des trois langues susmentionnées, une feuille intercalaire donne des résumés dans les deux autres et en espagnol.

Anuario de sociología de los pueblos ibéricos, 1967. Annuaire publié par l'Asociaciôn de Sociólogos de Lengua Española y Portuguesa ( A S L E P ) , avec le concours de l'Ins-

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Documentation et informations professionnelles

tituto de Cultura Hispánica et de l'Instituto de Estudios Sindicales, Sociales y C o o ­perativos (Centro de Prospección Social y Asociativa), Madrid.

Adresse Instituto de Cultura Hispánica, Avda . de los Reyes Católicos, Ciudad Universitaria, Madrid-3; Instituto de Estudios Sindicales, Sociales y Cooperativos, Lope de Vega 38, 8.a planta, Madrid-14

Directeur Manuel Lizcano Secrétaire de rédaction Enrique Couceiro

Abonnement U n an (3 volumes) : 360 pesetas; 6 dollars Cet annuaire vise à la diffusion de données, études et informations propres à donner une image sociologique des pays qui ont des affinités culturelles ibériques (Péninsule ibérique, Amérique et Philippines). Il contient une étude fondamentale sur l'évo­lution culturelle, des études générales sur les problèmes qui se posent dans les pays en cause, des informations nationales et régionales sur la situation de la sociologie dans ces pays, des éléments de documentation, des articles critiques, des bibliogra­phies et des informations scientifiques. La première livraison fournit des données relatives à l'année 1965 et se compose de 3 volumes : I. Bibliographie méthodique (bibliographie sociologique pour l'Amérique latine); II. Informations nationales et régionales; III. Études et documentation.

Arms control and disarmament, revue internationale 1968. Publication annuelle paraissant sous les auspices du Hudson Institute, Croton-on-Hudson, N . Y . (États-Unis) et Pergamon Press Ltd., Headington Hill Hall, Oxford (Royaume-Uni).

Rédacteurs en chef Donald G . Brennan (Hudson Institute), Robert Maxwell (Pergamon Press Ltd.)

Abonnement U n an : 20 dollars, 8 livres 8 shillings Cette publication contiendra des articles, comptes rendus critiques, exposés docu­mentaires et informations bibliographiques portant sur le désarmement et le contrôle des armements, au sens le plus large. L'accent pourra, dans telle ou telle de ses parties, être mis sur les aspects politiques, techniques, économiques, juridiques ou théoriques du contrôle des armements. L'objet de cette publication est d'informer le grand public des faits récents et des idées actuelles dans le domaine en question et de fournir à tous ceux qui s'intéressent activement à ces problèmes le moyen de communiquer entre eux. L a publication contiendra notamment des revues critiques de livres, des listes d'ouvrages et documents pertinents, ainsi que des données de fait concernant, par exemple, les budgets militaires nationaux ou l'importance des forces armées.

Asian review, vol. 1, n° 1, novembre 1967. Revue trimestrielle de la Royal Society for India, Pakistan and Ceylon.

Adresse Research Publications, 18 Victoria Park Square, Bethnal Green, Londres, E . 2

Rédacteur en chef John White Prix du numéro 12 shillings 6 pence; 1,75 dollar

Abonnement U n an : 2 livres 10 shillings; 7,5 dollars Les pages de cette revue seront ouvertes à des échanges de vues portant sur les grands problèmes du sous-continent indien. Le but de la revue est de donner une image exhaustive de ce qui se passe actuellement en Inde, au Pakistan et à Ceylan. L a section consacrée à la revue des livres prendra pour commencer la forme d'une série d'articles rétrospectifs relatifs aux ouvrages récemment parus sur le sous-continent.

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Nouveaux périodiques

Bulletin de l'institut international d'administration publique, n° 1, janvier-mars 1967. Bulletin trimestriel publié par l'Institut international d'administration publique.

Adresse M . le Directeur de la recherche et des publications 2, avenue de l'Observatoire, 75 Paris-6e

Rédacteur en chef M . Jean Baillou Prix du numéro 4 francs

Abonnement U n an : France, 12 francs; étranger, 15 francs. Sont publiés dans ce bulletin : des études de science administrative et de droit public; des articles sur les fonctions publiques et les administrations des États étrangers; des comptes rendus et notes bibliographiques; des chroniques sur la vie de l'institut, des écoles nationales d'administration et des instituts d'administration publique des États étrangers.

Bulletin des communautés européennes, lre année, n° 1, janvier 1968. Bulletin mensuel publié conjointement par la Communau té européenne du charbon et de l'acier, la C o m m u n a u t é économique européenne et la C o m m u n a u t é européenne de l'énergie atomique.

Adresse Service de vente en France des publications des c o m m u ­nautés européennes, 26, rue Desaix, 75 Paris-15e

Prix du numéro 0,50 dollar Abonnement U n an, 5 dollars

Remplace les bulletins auparavant publiés par les communautés susmentionnées. Est conçu c o m m e un instrument de travail qui décrit les activités politiques, écono­miques, sociales et techniques des communautés et vise à fournir des indications précises sur les décisions prises ou envisagées. Paraît en six langues (les quatre langues des communautés, plus l'anglais et l'espagnol).

Cahiers africains d'administration publique / African administrative studies, n° O , novembre 1966. Revue semestrielle publiée par le Centre africain de formation et de recherches administratives pour le développement ( C A F R A D ) .

Adresse Boîte postale 310, Tanger (Maroc) Directeur du centre Abdel R a h m a n Abdalla

Directeur scientifique Jacques Rousseau Abonnement U n an : Maroc, 10 dirhams; écoles et instituts africains

d'administration, 2 dollars; autres, 4 dollars Cette revue bilingue vise à fournir des informations sur les formules d'administration de nature à assurer aux jeunes États africains les meilleures conditions d'un dévelop­pement équilibré. U n des objectifs des Cahiers est aussi d'établir, entre les instituts et écoles d'administration publique d'Afrique, u n lien permanent par la publication de nouvelles concernant leurs programmes et leurs expériences en matière de formation.

Les cahiers du CHISS, revue haïtienne de sciences sociales, n° 1, juin 1967. Publi­cation du Centre haïtien d'investigation en sciences sociales.

Adresse B . P . 1294, Port-au-Prince Rédacteur en chef Hubert de Ronceray (directeur du centre)

Abonnement Par courrier ordinaire, 3 dollars; par courrier aérien, 5 dollars

Le premier numéro des Cahiers a paru sous forme multigraphiée à l'occasion du premier anniversaire du centre, lequel a ainsi adressé son salut au m o n d e intellectuel des chercheurs de sciences sociales. Le n° 3 (juin 1968) existe sous forme imprimée et contient des études émanant des chercheurs du centre.

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Documentation et informations professionnelles

Comparative political studies, vol. 1, n° 1, avril 1968. Revue trimestrielle éditée par les Sage Publications, Inc.

Adresse 275 South Beverly Drive, Beverly Hills, Californie, 90212

Rédacteur en chef Sara Miller M c C u n e Prix du numéro États-Unis d'Amérique, 3,50 dollars; étranger, 4 dol­

lars Abonnement U n an. Particuliers : États-Unis, 8 dollars; étranger,

9 dollars. Institutions : États-Unis, 12 dollars; étranger, 14 dollars

Cette revue paraîtra quatre fois par an : en avril, juillet, octobre et janvier. O n y trouvera des articles rendant compte de travaux théoriques et empiriques menés par des chercheurs spécialisés dans les études comparées internationales. Cette revue interdisciplinaire contiendra aussi une section intitulée « Notes de recherche » qui donnera des indications sur les recherches en cours, les projets de recherches et les résultats provisoires; il y aura aussi une section bibliographique et des articles critiques.

Comparative politics, vol. 1, n° 1, octobre 1968. Périodique trimestriel rédigé sous les auspices du Political Science Program de la City University of N e w York. Édité par la University of Chicago Press.

Adresse Rédaction : The City University of N e w York, 33 West 42nd Street, N e w York , N . Y . , 10036. Abonnements : T h e University of Chicago Press, 5750 Ellis Avenue, Chicago, 111. 60637

Rédaction Bernard E . B r o w n , John H . Herz, Arnold A . R o g o w Prix du numéro Particuliers, 2,75 dollars; institutions, 3,50 dollars

Abonnement U n an. Particuliers : États-Unis, 8 dollars; étranger, 9 dollars. Institutions : États-Unis, 12 dollars; étranger, 14 dollars

Cette revue internationale contient des articles et des comptes rendus d'ouvrages, son thème étant l'analyse comparée des institutions et comportements politiques. Les publications de politique comparée se multiplient à un rythme accéléré surtout depuis que le sujet est mieux connu et a pris une orientation nouvelle; il semble donc nécessaire d'unifier les très nombreux ouvrages consacrés aux systèmes politiques, d'en faire la synthèse et d'en dégager la philosophie. O n espère donc que cette revue où pourront être publiés les résultats des recherches en cours facilitera les c o m m u n i ­cations entre spécialistes des sciences politiques.

Confrontations, n° 1, 1967-1968. Travaux annuels du G E R D E S . Revue publiée deux fois par an par le Groupe d'études et de recherches pour le développement des sciences sociales.

Adresse 10-16, rue Thibaud, 75 Paris-14e

Abonnement U n an, 15 francs Contient des articles sur les études et recherches visant au développement des sciences sociales : méthodes d'étude et d'enseignement des sciences sociales; tendances et évolution des différentes disciplines; application des sciences sociales au dévelop­pement. Contient aussi des comptes rendus de recherches en cours, des bibliographies, des débats et notes.

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Nouveaux périodiques

La critica sociológica, n° 1, printemps 1967. Périodique trimestriel. Adresse Via Appennini 42, R o m e

Directeur Franco Ferrarotti Prix du numéro Italie, 500 lires ; étranger, 800 lires

Abonnement U n an : Italie, 1 800 lires ; étranger, 3 000 lires C e périodique, qui complète les Quaderni di Sociología (Turin), contient des articles de sociologues, des nouvelles d'actualité et des comptes rendus de livres.

2000, revue de l'aménagement du territoire et du développement régional, n° 1, 1967. Revue trimestrielle ( + deux numéros spéciaux) publiée par la D A T A R (Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale).

Adresse 1, avenue Charles-Floquet, 75 Paris-7e. Administration et abonnements : IPE, 59, avenue Denfert-Rochereau, 75 Paris-14e

Directeur Serge Antoine Prix du numéro France, 5 francs ; étranger, 6 francs

Abonnement U n an : France, 30 francs; étranger, 36 francs Contient des données, des informations et des idées visant à préparer la société future — dans les divers pays et notamment en France sous l'angle particulier de l'aména­gement du territoire et du développement régional. Contient également une section consacrée à des comptes rendus de livres.

Les droits de l'homme / Human rights. Revue de droit international et comparé / Jour­nal of international and comparative law, vol. 1, n° 1, mars 1968. Publication tri­mestrielle.

Éditeur A . Pedone, 13, rue Soufflot, 75 Paris-5e

Comité de rédaction René Cassin, président; Polys Modinos, vice-président; Karel Vasak, rédacteur en chef

Cette revue sera exclusivement consacrée à l'étude de tous les aspects juridiques des droits de l ' h o m m e , dans un esprit purement scientifique. Dans chaque fascicule figurera d'abord une première partie consacrée à la doctrine, où les meilleurs spécia­listes des libertés publiques aborderont les sujets de droit international, de droit public interne ou de droit comparé, pour analyser tel aspect, de préférence actuel, de la question. Cette première partie comprendra des articles rédigés en français et en anglais, ou m ê m e en espagnol, allemand et italien, avec un bref résumé en français ou en anglais. La deuxième partie sera consacrée à la législation, à la jurisprudence et à la pratique en matière des droits de l ' h o m m e . Elle sera divisée en deux sections : la première traitera des droits de l ' h o m m e au plan international, la seconde s'efforcera de les saisir dans leurs diversités nationales. Enfin, la troisième partie sera consacrée aux informations et à la bibliographie. E n principe, les ouvrages rédigés en anglais feront l'objet de comptes rendus en français, et vice versa.

Estudios internacionales, vol. 1, n° 1, avril 1967. Revue trimestrielle publiée par 1'Instituto de Estudios Internacionales.

Adresse Universidad de Chile, Miguel Claro 509, casilla 14187, correo 15, Santiago

Directeur Richard Gott Sous-directeur Florencia Varas

Prix du numéro 1,50 dollar Abonnement U n an, 6 dollars

Contient des articles relatifs à des études internationales menées dans divers pays du m o n d e , des comptes rendus de livres et une section sur les documents (officiels).

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Documentation et informations professionnelles

Estudios sindicales y cooperativos, vol. 1, n.° 1, janvier-mars 1967. Adresse Instituto de Estudios. Sindicales, Sociales y Coopera­

tivos, Lope de Vega, 38, 8.a planta, Madrid-14 Conseil exécutif Adolfo M u ñ o z Alonso, directeur; Manuel Lizcano,

sous-directeur; Luis Recasens Siches, secrétaire de rédaction; Jorge Xifra Heras; Fernando Sanchez Creus ; Juan José Sanz Jarque ; Enrique Couceiro

Prix du numéro Pays de langue espagnole, 45 pesetas; autres pays, 0,80 dollar

Abonnement U n an : pays de langue espagnole, 150 pesetas; autres pays, 3 dollars

Cette revue trimestrielle se propose de rassembler systématiquement des documents et informations sur le syndicalisme, les aspirations et activités collectives, ainsi que sur des thèmes sociaux d'intérêt général. E n lançant ce périodique, l'institut se propose d'étudier profondément et rigoureusement ces principes et d'examiner du point de vue critique certaines pratiques à la fois particulières et étranges afin de permettre l'épa­nouissement de cette volonté collective du peuple espagnol d'atteindre aux niveaux mondiaux. La revue bénéficie de la collaboration d'auteurs responsables, spécialisés dans différentes catégories de problèmes contemporains.

Ethnologia europaea, vol. 1, n° 1,1967. Publication trimestrielle. Adresse B . P . 140-15, Paris

Conseil exécutif Sigurd Erixen (Suède), Branimir Bratanic (Yougo­slavie), Jorge Dias (Portugal), G . de Rohan-Csermark (France)

Rédacteur en chef G . de Rohan-Csermark Abonnement U n an : Associés, 9 francs (3 dollars); non-associés et

institutions, 27 francs (9 dollars) Fondée par un groupe d'ethnologues européens, la revue Ethnologia europaea vise à faire tomber les barrières qui existent entre l'ethnologie européenne et l'ethnologie en général, ainsi que celles qui séparent, à l'intérieur du continent européen, les dif­férentes écoles nationales d'ethnologues. Elle s'efforcera de présenter les résultats fondamentaux des recherches régionales et de servir de tribune à des échanges de vues propres à favoriser la synthèse des diverses tendances de l'ethnologie européenne. Articles en anglais, français et allemand.

Fields within fields within fields, vol. 1, n° 1, printemps 1968. Périodique trimestriel publié par le World Institute Council.

Adresse 777 United Nations Plaza, N e w York, N . Y . 10017 Président de l'institut Julius Stulman

Prix du numéro 1 dollar Les idées présentées visent à indiquer la méthodologie fonctionnelle du processus créateur sous-jacent aux concepts du World Institute. Les principes exposés ne sont pas pure philosophie, mais engagement de « l ' h o m m e accédant à l'intégralité » dans ses rapports inextricables avec l'humanité et l'univers. N o u s nous efforcerons d'in­diquer comment, par de nouvelles « ressources de matière grise » capables de porter au m a x i m u m le savoir total de l ' h o m m e grâce à une nouvelle méthodologie en évo­lution constante qui utilise, catalyse, transcende toutes les disciplines, par l'injection de nouvelles valeurs dans l ' h o m m e système — nous lui permettrons de continuer par étapes successives, à s'épanouir biologiquement et psychologiquement en l'amenant

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Nouveaux périodiques

à créer, et nous l'aiderons à résoudre des problèmes qui, jusqu'à présent, abordés sous un angle plus restreint, ont paru insolubles.

Grant data quarterly, vol. 1, n° 1, janvier 1967. Revue trimestrielle publiée par l'Académie Media, Inc.

Adresse 10835 Santa Monica Blvd. Los Angeles, Californie 90025

Président Al vin Renetzky, P h . D . Directeur

de la recherche Phyllis A n n Kaplan Abonnement U n an, 35 dollars

Cette revue vise au rassemblement et à la diffusion d'informations concernant les sources possibles d'aide financière ou de subventions pour des programmes de recherches (recherches de portée générale ou recherches portant sur les sciences humaines, les sciences sociales ou les sciences exactes et naturelles. Les notices sont de caractère descriptif. Pour une organisation offrant cinq programmes de subventions distincts, il y a cinq notices distinctes correspondant aux domaines d'intérêt en cause (les renvois croisés étant largement employés), et chaque notice donne toutes infor­mations utiles sur les points suivants : type ou nature de l'aide financière, but, condi­tions à remplir, données financières, durée, formulation des demandes, date limite, adresse à utiliser; stipulations spéciales. Chaque numéro de la revue contient des index (par numéros, par matières et par organisation) qui en facilitent l'usage.

Human potential, vol. 1, n° 1, automne 1967. Publication trimestrielle des Institutes for the Achievement of H u m a n Potential.

Adresse Avery Postgraduates Institute, Institutes for the Achievement of H u m a n Potential, 8801 Stenton Avenue, Philadelphie, Pa. 19118

Rédacteur en chef Paul S. Henshaw Abonnement U n an, 10 dollars

Revue destinée à servir de tribune pour la présentation et la discussion de questions relatives au progrès et au développement de l ' h o m m e . Points de départ : les lésions du cerveau chez l'enfant et l'organisation neurologique (thème I). Il sera possible d'exposer des points de vue divergents et d'opposer des arguments les uns aux autres en m ê m e temps qu'il y aura place pour les questions sur lesquelles un large degré d'accord est déjà réalisé. A citer c o m m e questions d'intérêt persistant : la réalisation humaine et l'épanouissement de l ' homme (thème II). Le but du périodique est de rendre compte des progrès réalisés et d'étayer l'étude des deux thèmes susmentionnés. E n outre, le but de cette revue est de considérer les êtres humains en tant que membres d'une espèce, et non en tant que membres d 'un groupe racial, confessionnel ou national.

Dans ses éditoriaux, la revue prendra position sur les problèmes publics qui peuvent avoir une incidence sur la réalisation du potentiel humain en tant qu'objectif fondamental et universel. Elle se montrera constamment favorable à l'adaptation novatrice plutôt qu'au statu quo.

International, social development review, n° 1, 1968. Publication du Département des affaires économiques et sociales de l'Organisation des Nations Unies.

Adresse N e w York, N . Y . 10017 Prix du numéro 2 dollars

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Documentation et informations professionnelles

Cette revue est destinée à remplacer les trois publications que l'Organisation des Nations Unies faisait auparavant paraître sous les titres suivants : Revue internationale du service social; Bulletin sur Vhabitation, la construction et la planification; Bulletin démographique. La Commission des questions sociales a en effet recommandé que ces trois périodiques soient remplacés par une seule revue dont l'objet principal serait de porter l'attention des lecteurs sur la façon dont sont liées entre elles les questions de politique et de planification sociales, d'habitation, de population, de développement communautaire et de bien-être social. Chaque numéro de la nouvelle revue portera sur un ou plusieurs thèmes présentés de façon à mettre en lumière certains aspects du développement, et notamment ceux qui ont trait aux pays en voie de dévelop­pement et aux problèmes qui se posent à l ' h o m m e dans une société en voie de dévelop­pement. Le premier numéro est consacré au thème suivant : L'urbanisation, directives et plans pour le développement urbain.

Journal of biosocial science, vol. 1, n° 1, janvier 1969. Revue trimestrielle publiée pour le compte de la Galton Foundation par les Blackwell Scientific Publications.

Adresse M r . A . S. Parkes, Executive Editor, 69, Eccleston Square, London, S. W . 1

Abonnement Blackwell Scientific Publications Ltd., 5 Alfred Street, Oxford

Comité de rédaction D . R . Brothwell, A . H . Halsey, C . O . Carter, G . A . Garrison, P. R . C o x , R a y m o n d Illsley, E . Grevenik, John Peel, P . Sargant Florence, D . P . Potts

Prix du numéro 37 shillings 6 pence Abonnement U n an : 7 livres ; 20 dollars

Paraissant en janvier, avril, juillet et octobre, cette revue contiendra des articles origi­naux, des articles critiques, des textes de conférences, des comptes rendus de débats et de livres importants dans le domaine où les sciences biologiques et les sciences sociales se rejoignent. Elle publiera en particulier des documents relatifs aux aspects sociaux de la biologie humaine (reproduction et contrôle de la reproduction, gérontologie, écologie, génétique, psychologie appliquée); aux aspects biologiques des sciences sociales (sociologie, anthropologie sociale, éducation et criminologie); et aux aspects socio-biologiques de la démographie. Des suppléments venant s'ajouter aux numéros ordinaires permettront de faire paraître des articles originaux qui n'auront pu — en raison de leur longueur — trouver place dans ces numéros, ainsi que d'importants articles critiques, des monographies et les actes de colloques ou de réunions analogues

Journal of constitutional and parliamentary studies, vol. 1, n° 1, janvier-mars 1968. Revue trimestrielle publiée par l'lnstitute of Constitutional and Parliamentary Studies.

Adresse 18 Vithalbhai Patel House, Rafi M a r g , N e w Delhi - 1 Rédacteur en chef Subbash C . Kashyap

Adjoint au rédacteur en chef D . Jain Comité de rédaction L . M . Singhvi (président), B . N . Banerjee, R . C . S.

Sarkar, M . N . Kaul, S. L . Shakdher, M . C . Setalvad, V . K . N . M e n o n , N . C . Hatterjee

Prix du numéro 1,50 dollar Abonnement U n an, 5,50 dollars

Cette revue vise à servir à des échanges d'idées au niveau international sur les pro­blèmes et perspectives de la démocratie parlementaire et sur les institutions législa­tives ainsi qu'à développer dans les masses l'éducation civique et le sens de la chose

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Nouveaux périodiques

publique. C e sera le m o y e n d'expression des hautes études spécialisées sur le droit constitutionnel comparé et les procédures parlementaires.

The journal of money, credit and banking, vol. 1, n° 1, prévu pour décembre 1968. Revue trimestrielle publiée par l'Ohio State University.

Adresse 190 North Drive, Columbus, Ohio 43210 Rédacteur en chef Professeur Karl Brunner

Cette nouvelle revue, conçue dans un esprit large, porte aussi bien sur des questions d'orientation générale que sur des points de détail. Parmi les thèmes que le comité de rédaction souhaite traiter, il faut citer l'analyse monétaire, la politique monétaire, la politique de crédit et les institutions commerciales de crédit, la gestion des dettes et les problèmes de politique financière, la structure des banques ou l'analyse des porte­feuilles, la façon d'envisager le comportement bancaire dans le contexte de telle ou telle théorie de l'entreprise, et les problèmes financiers internationaux.

L a revue contiendra la description d'institutions et les résultats d'analyses quan­titatives. Elle visera particulièrement à encourager les échanges de vues sur les ques­tions d'actualité, à favoriser la publication d'articles critiques ou la discussion de documents officiels portant sur les grands problèmes de politique générale. U n comité de rédaction composé d'éminents économistes a été constitué pour s'occuper de l'orientation de la revue.

Perspectives économiques de V O C D E , n° 1, juillet 1967. Revue publiée deux fois par an (en juillet et décembre) par l'Organisation de coopération et de développement économiques.

Adresse 2 , rue André-Pascal, 75 Paris-16e

Prix du numéro 3,80 dollars Abonnement U n an, 9 dollars

Cette revue se propose de fournir périodiquement une évaluation des tendances et perspectives économiques des pays de l ' O C D E . Chaque numéro contiendra un aperçu général des tendances économiques les plus récentes. L a revue contiendra aussi de temps à autre des études spéciales effectuées soit par des membres du Département des affaires économiques et statistiques, soit par des membres d'autres services de l'Organisation, et destinées à faciliter l'interprétation des tendances économiques. U n e édition anglaise de la revue paraît sous le titre O E C D economic outlook.

Patterns of prejudice, vol. 1, n° 1, janvier-février, 1967. Périodique bimestriel publié par rinstitute of Jewish Affairs Ltd.

Adresse 13-16 Jacob's Well M e w s , George Street, Londres, W . 1

Comité de rédaction C . C . Aronsfeld (rédacteur en chef), Professeur N o r m a n C o h n , A . L . Easterman, Professeur M . Ginsberg, Professeur S. J. Gould, John Gross, Gerald K a u f m a n , D r Lionel Kochan, Professeur Donald, S. M a c R a e , D r S. J. Roth, J. Winocur

Prix du numéro 7 shillings 6 pence; 1 dollar Abonnement U n an. Europe : 2 livres; 5,60 dollars. Par courrier

aérien : 2 livres 15 shillings; 7,80 dollars Cette revue porte sur les manifestations nationales et internationales d'antisémitisme, sur les activités des mouvements d'extrême droite et sur les mesures législatives et éducatives visant à combattre ces mouvements et la propagation des préjugés raciaux en général.

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Documentation et informations professionnelles

The public interest, n° 1, 1967. Revue trimestrielle publiée par National Affairs, Inc. Adresse Freedom House, 20 West 40th Street, N e w York,

N . Y . 10018. Rédaction : c/o Basic Books, 404 Park Avenue South, N e w York, N . Y . 10016.

Rédacteurs en chef Daniel Bell et Irving Kristol Prix du numéro 1,50 dollar

Abonnement U n an, 5 dollars Cette revue est patronnée par Freedom House dans le cadre de son programme d'éducation et pour servir l'intérêt public.

Quality and quantity. European journal of methodology, vol. 1, n° 1-2, janvier 1967. Trimestriel.

Adresse Correspondance d'affaires : Marsilio Editori, Via S. Eufemia 5, Padova

Rédacteur en chef Vittorio Capecchi, Via Giulietta Pezzi 2, Milano Adjoints

au rédacteur en chef R a y m o n d Boudon et Gian Antonio Gilli Abonnement U n an, 10 dollars

C e périodique a essentiellement deux buts : a) favoriser une vérification et une inté­gration, au niveau méthodologique, des différentes sciences sociales; b) harmoniser les travaux des spécialistes européens se livrant à des études et recherches de type méthodologique et faciliter les échanges entre eux. La revue contient des articles en anglais et en français émanant de spécialistes européens.

Regional studies, vol. 1, n° 1, mai 1967. Journal of the Regional Studies Association (Newcombe House, 45 Notting Hill Gate, Londres, W . 11). Revue publiée deux fois par an par Pergamon Press.

Adresse Pergamon Press Inc., 44-01 21st Street, Long Island City, N . Y . 11101; Pergamon Press Ltd., Headington Hill Hall, Oxford

Rédacteur en chef M . Peter Hall Abonnement 3 livres 10 shillings; 10 dollars

Il s'agit d'une revue de caractère international destinée à circuler dans tous les pays du monde . Les articles reflètent l'application de la méthode systématique à la solution des problèmes de planification régionale. A citer parmi les thèmes traités : le méca­nisme de la planification économique régionale; la théorie de la planification écono­mique régionale; le développement économique régional; la croissance économique dans les pays en voie de développement ; la planification des régions métropolitaines ; modèles de développement régional et urbain. Tous les articles sont rédigés en anglais et chacun est accompagné de résumés en anglais, français, allemand et russe.

Notes sur la recherche. Compte rendu des études récentes et en cours de l'institut, n° 1, juin 1968. Publication de l'Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social.

Adresse Palais des Nations, CH-1211 Genève 10 Directeur de l'institut D . V . McGranahan

Rédacteur en chef W . Scott (chargé de recherches) Les Notes sur la recherche constituent le nouvel instrument au moyen duquel l'institut se propose de familiariser un plus large public avec ses activités. Cette revue contient des comptes rendus d'études récemment achevées ou en voie d'achèvement et des

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Nouveaux périodiques

rapports sur les projets en cours dans le domaine du développement économique et social et sur les relations entre eux. O n s'efforce d'écrire dans une langue claire per­mettant de faire comprendre l'essentiel des sujets au lecteur moyen aussi bien qu'au technicien et d'aider en fin de compte au développement de la coopération avec d'autres instituts effectuant des recherches sur des questions analogues de dévelop­pement économique et social.

Revista de derecho, vol 1, n° 1, 1967. Organe de la Facultad de Derecho de la Univer­sidad Nacional Federico Villarreal.

Adresse A v d a . Nicolas de Piérola n° 1128, L ima Directeur Alberto Ruiz Febres

C e périodique vise à fournir des informations sur les activités d'enseignement et de recherche menées à la Faculté de droit créée depuis peu à l'Universidad Nacional Federico Villarreal. Elle comporte des sections sur la théorie, la législation, la juris­prudence et les chroniques ou dossiers.

Revista de la Sociedad Interamericana de Planificación, vol. 1, n° 1, mars 1967. Revue trimestrielle publiée par la Sociedad Interamericana de Planificación.

Adresse Departamento de Administración Pública y Plani­ficación, Departamento de Ciencias Sociales y Econó­micas (apartado aéreo 1738), Universidad del Valle, Cali (Colombie)

Directeur Pedro Pablo Morcillo Secrétaire de rédaction Judith de C a m p o s

Prix du numéro 1 dollar Abonnement U n an, 6 dollars

O n s'était proposé de consacrer chaque numéro à un thème bien déterminé touchant la planification du développement matériel, économique, social et politico-adminis­tratif. A u m o m e n t de la préparation du deuxième numéro on a constaté qu'il était trop difficile de s'en tenir à ce modèle; le deuxième numéro contient donc un choix d'articles portant sur les différentes catégories de questions susmentionnées. Plus tard, on se propose de faire paraître une section consacrée à des résumés analytiques, de brefs comptes rendus d'activités et des comptes rendus critiques de livres relatifs à la planification du développement en Amérique.

Revue congolaise d'administration, lre année, n° 1, octobre 1967. Revue trimestrielle publiée par l'École nationale d'administration.

Adresse Dépêche spéciale, Kinshasa I (République démocra­tique du Congo)

Secrétariat de rédaction Athanase M u y a Cette revue jouera le rôle d'un laboratoire scientifique où professeurs, conférenciers, anciens élèves de l'École nationale d'administration, ainsi que spécialistes intéressés seront invités à exprimer leurs opinions sur l'administration et le développement.

Revue sénégalaise de droit, lre année, n° 1, juin 1967. Revue de l'Association sénéga­laise d'études et de recherches juridiques (ASERJ) .

Adresse Boîte postale 9003, Dakar-Palais Directeur Abdoulaye W a d e

Directeur adjoint S a m b a M a d e m b a - S y

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Page 128: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documentation et informations professionnelles

Comité de rédaction Kéba M ' B a y e , O u s m a n e Goundiam, Fadilou Diop, Abdoulaye Diop, S a m b a M a d e m b a - S y

Prix du numéro 7 francs Abonnement U n an, 12 francs

Cette revue semestrielle fait paraître des articles sur le droit en général et le droit sénégalais en particulier. Chaque numéro est subdivisé en plusieurs sections : « D o c ­trine », « Jurisprudence », « Législation (Revue législative ; Chronique législative) », « Informations », « Bibliographie ».

Sciences sociales. Discussion et recherches en Tchécoslovaquie, n° 1, automne/hiver 1967. Revue trimestrielle publiée par Pragopress-Features, en collaboration avec l'Académie tchécoslovaque des sciences.

Adresse Pragopress-Features Service, Slavickova, Prague 6 Comité de rédaction L . Bianchi, Z . Helus, J. Hronek, J. Jermar, F . Kubicek,

L . Novak, Z . Strmiska Abonnement U n an, 48 francs

Cette revue trimestrielle se propose de faire connaître au public international les résultats obtenus par la recherche scientifique dans le domaine de la réalité politique du socialisme, et aussi les discussions qui sont publiées dans les revues scientifiques sur les problèmes de la philosophie, de l'État et du droit, de l'esthétique, de la sociologie, de la psychologie et de la politologie.

Social science and medicine, vol. 1, n° 1, avril 1967. Revue trimestrielle publiée par Pergamon Press.

Adresse Headington Hill Hall, Oxford, 44-01; 21st Street, Long Island City, N . Y . 11101

Rédacteur en chef Peter J. M . M c E w a n Abonnement U n an, 10 livres

Cette revue vise à servir à la fois les sciences médicales et les sciences sociales, de façon à multiplier les relations entre ces sciences et donner plus de rayonnement et d'effi­cacité aux résultats obtenus. Elle vise à permettre de vastes échanges de données de recherche et d'opinions. O n se propose de faire paraître de temps à autre des docu­ments d'actualité consacrés par exemple aux questions suivantes : la contribution que les sciences sociales peuvent apporter aux problèmes d'éthique qui retiennent de plus en plus l'attention de la profession médicale; l'examen de la nécessité d'une plani­fication socio-économique détaillée dans le domaine médical; l'étude des principaux facteurs à faire entrer en ligne de compte pour déterminer les fins et évaluer les moyens. Dans chaque numéro, l'essentiel sera probablement consacré à l'évolution des méthodes de formation des médecins à l'époque contemporaine.

Socio-economic planning sciences. A n international journal. Revue trimestrielle publiée par Pergamon Press.

Adresse 122 East 55th Street, N e w York, N . Y . 10022; H e a d ­ington Hill Hall Oxford

Rédacteur en chef Sumner N . Levine Abonnement U n an, 15 dollars

Cette revue est consacrée exclusivement à la recherche dans le domaine de la planifi­cation socio-économique. Elle constituera un moyen de faire connaître les recherches qui n'auront pas été retenues pour publication dans les revues spécialisées, soit à cause de leur caractère interdisciplinaire, soit à cause de leur nature mathématique. E n outre, la revue permettra de regrouper les résultats de recherches auparavant publiés

354

Page 129: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Nouveaux périodiques

de façon dispersée. Elle accueillera avec une satisfaction particulière les articles traitant de l'application de l'analyse des systèmes à la planification du bien-être public et des services communautaires. Des articles critiques figureront également de temps à autre dans la revue.

Studies in comparative local government, vol. 1, n° 1, été 1967. Nouvelle série publiée deux fois par an, sous les auspices de l'Union internationale des villes et pouvoirs locaux, par Martinus Nijhoff (boîte postale 169, La Haye).

Rédaction Secrétariat de l'UIV, 5 Palaisstraat, La Haye Prix du numéro 4,25 dollars

Abonnement U n an, 7 dollars Contiendra des articles, notes et nouvelles d'actualité, ainsi que des comptes rendus de livres; constituera donc une tribune pour les échanges de vues sur les pouvoirs locaux.

Terzo mundo, vol. 1, n° 1, juillet-septembre 1968. Rivista trimestrale di studi, ricerche e documentazione sui paesi afroasiatici et latinoamericani. Revue publiée 4 fois par an par : Centro Studi Terzo M u n d o (Milan), Movimento Sviluppo e Pace (Torino), Centro di Studio e di Documentazione sul Vietnam et il Terzo M u n d o ( R o m a ) , Civiltà Vive, Cooperazione Internazionale, Tecnici Volontari Cristiani, Gruppe « F a m e e Sottosviluppo nel M o n d o » del Politécnico, Impegno col M o n d o (Milano), Circolo Astrolabio (Várese).

Adresse Centro Studi Terzo M u n d o , Via G . B . Morgagni, 39, 20129 Milano

Directeur Umberto Melotti Abonnement U n an : pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine,

5 dollars; autres pays, 8 dollars Périodique spécialisé dans l'étude, la recherche et la documentation concernant les problèmes et perspectives des pays afro-asiatiques et latino-américains (et notamment les problèmes de la faim, de la misère et de l'analphabétisme), en vue de l'émancipa­tion politique, économique et sociale de ces pays et de l'édification d'une société nouvelle.

355

Page 130: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Calendrier des réunions internationales1

1969

ler-4 juillet Dipoli (Finlande)

14 juillet • 22 août

21-26 juillet

La Haye

Londres

21 juillet • 1 e r août

Athènes

Fédération internationale démocratique des f e m m e s : Congrès mondial. ( T h è m e : L e rôle des f e m m e s dans la vie aujourd'hui.)

Suomen Naisten Demokraattinen Liitti, Simonkatu 8 B PUH, Helsinki (Finlande)

Netherlands Universities Foundation for International Co-operation : 7 e cours international d'été sur l'industrialisation

27, Molenstraat Den Haag (Pays-Bas)

U n i o n internationale des avocats : 23 e congrès

The Law Society 113 Chancery Lane London, E.C.2 (Royaume-Uni)

Athens Center of Ekistics : Séminaire international sur Fékistique et l'avenir de l'habitat humain . ( T h è m e : Société et habitat h u m a i n , p r o g r a m m e s et plans pour l'avenir.)

P. Psomopoulos, directeur, International Programs P . O . Box 471 Athinai (Grèce)

1. La rédaction de la Revue ne peut fournir aucun renseignement supplémentaire sur ces réunions.

356

Rev. int. Sc. soc, vol. X X I (1969), n° 2

Page 131: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Calendrier des réunions internationales

24-30 juillet Berne

27 juillet • 2 août

Londres

30 juillet 3 août

Juillet

17-21 août

Rome

Helsinki

Buenos Aires

18-23 août

18-28 août

24-29 août

Rome

Liège,

Washington D . C .

24 août -1 e r septembre

Nathanya (Israël)

Conseil international de l'action sociale : 5 e s y m p o s i u m européen

Office régional pour V Europe et le Moyen-Orient du CI AS, 5, rue Las-Cases 75 Paris-7e (France)

U n i o n internationale de psychologie scientifique : 19 e congrès international

Mr. F. H . Partridge, British Psychological Society, Tavistock House South, Tavistock Square, London, W.C.I (Royaume-Uni)

Association psycho-analytique internationale : 26 e congrès

Dr. L. Z. Gairinger, via Salaria 237 - 00199 Roma (Italie)

Association international des juristes démocrates : 9 e congrès

49, avenue Jupiter Bruxelles 19 (Belgique)

Conseil internationale pour la psychothérapie de groupe : 4 e congrès international de psychodrame

Dr. Jaime Rojas Bermudez, Coronel Diaz 1564 - 8 p . 34, Buenos Aires (Argentine)

Conférence internationale de sociologie religieuse : 10 e conférence internationale

Prof. E. J. Pin, secrétaire général, piazza délia Pilotta 2, 00187 Roma (Italie)

Assemblée mondiale de la jeunesse : 7 e assemblée générale

37, rue d'Arlon, Bruxelles 4 (Belgique)

Association internationale de gérontologie : 8 e congrès international

Prof. N. W. Shock, 9650 Rockville Pike, Bethesda, Md. 20014 (États-Unis d'Amérique)

International Association for Research in Income and Wealth : 11e conférence générale

Box 2020, Yale Station, New Haven, Conn. 06520 (États-Unis d'Amérique)

357

Page 132: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documentation et informations professionnelles

25-28 août Chicago

26-31 août Bucarest

31 août -4 septembre

Août (prov.) Buenos Aires

ler-4 septembre Amsterdam

ler-5 septembre Amsterdam

ler-5 septembre Londres

ler-6 septembre Stockholm

American Sociological Association : réunion

1001 Connecticut Ave., N. W., Washington, D . C . 20036 (États-Unis d'Amérique)

Société internationale d'ethnographie et de folklore : 5 e congrès

National Romanien Cmt., Institutul de Etnografie si folclor, 25, str N. Beloianmis, Bucuresti (Roumanie)

Contact universitaire pour l'enseignement de l'administration des entreprises : conférence

Documentation Centre, Kruisplein 7, Rotterdam 3 (Pays-Bas)

Instituto Hispano-Luso-Americano de Derecho Internacional : 7 e congrès

Luis Garcia Arias, secrétaire général, Limite n.° 5, Ciudad Universitaria, Madrid (Espagne)

Association mondiale pour l'étude de l'opinion publique : conférence

Robert T. Bower, secrétaire-trésorier, Bureau of Social Science Research, 120017thStreet, N.W., Washington, D . C . 20036 (États-Unis d'Amérique)

Commission européenne pour l'étude de l'opinion publique et des marchés : 22 e congrès

17, rue Berckmans, Bruxelles 6 (Belgique)

Association internationale de cybernétique : congrès international

Dr. J. Rose, Principal, College of Technology and Design, Blackburn, BB2 ILH, Lancs ( Royaume- Uni)

Union internationale de protection de l'enfance : réunion

1, rue de Varembé, 1211 Genève 20 (Suisse)

358

Page 133: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Calendrier des réunions internationales

2-5 septembre Edimbourg

4-11 septembre Londres

6-10 septembre Stockholm

7-12 septembre Bangkok

7-12 septembre Bangkok

7-15 septembre Montréal, Québec et Ottawa

10-15 septembre Paris

12 septembre Athènes

15-17 septembre Lausanne

Fédération internationale multidisciplinaire de psychiatrie sociale : conférence

Dr. H. B. Wright, 10 Belgrave Square, London, S.W.l (Royaume-Uni)

Union internationale pour l'étude scientifique de la population

E. Grebenik, Department of Social Studies, The University, Leeds 2 (Royaume-Uni)

Union internationale de protection de l'enfance : congrès mondial

1, rue de Varembé, 1211 Genève 20 (Suisse)

World Association of Judges : 2 e assemblée mondiale

75, rue de Lyon, 1203 Genève (Suisse)

Centre de la paix mondiale par le droit : 4 e conférence mondiale

Horace E. Henderson, directeur général, 75, rue de Lyon 1203 Genève (Suisse)

Institut international de droit d'expression française : 4 e congrès (Thème : L'organisation judiciaire)

B.P. 26-07, Paris (France)

Association internationale d'histoire économique : symposium Maurice Daumas, ICOHTEC, C N A M , 292, rue Saint-Martin, 75 Paris-3e (France)

Association internationale d'études du Sud-Est européen : IIe Congrès international d'études balkaniques et d'Europe du Sud-Est

N. Tondorov, 32, Dondukov, Sofija (Bulgarie)

Ier Congrès européen et IIIe Symposium international de psychologie des sports

Dr E. de Winter, Société française de psychologie des sports, 185, avenue Victor-Hugo, 75 Paris-16e (France)

359

Page 134: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documentation et informations professionnelles

Septembre Berlin

Septembre Istanbul

Septembre Rome

ler-4 octobre Atlanta

Fédération mondiale des villes jumelées : 6 e conférence mondiale (Thème : L'éducation populaire à l'époque de la révolution scientifique et technique)

13, rue Racine, 75 Paris-6" (France)

Institut international de finances publiques : congrès

Prof. Dr. P. Seaf, Universität, D 66 Saarbrücken 11 (République fédérale d'Allemagne)

Institut international de sociologie : 22e congrès (Thème : Méthodologie des sciences sociales; transformations sociales et culturelles dans les pays en voie de développement)

Instituto di Statistica e Ricerca Sociale « C. Gini », Città Universitaria, 00100 Roma (Italie)

Institut des sciences de gestion : 10e réunion américaine

Mrs. M. R. De Me lin, P.O. Box 6112, Providence, R.I. 02904 (Etats-Unis d'Amérique)

2 octobre (environ)

N e w Delhi? Gandhi Peace Foundation : Conférence mondiale sur la religion et la paix

Mr. R.R. Diwakar, 221 Rouse Avenue, New Delhi-1 (Inde)

9-12 octobre San R e m o (Italie)

27-30 octobre Londres

30 octobre -7 novembre

N e w Delhi

Fédération européenne pour les personnes âgées : congrès

Rinaldo Ferrero, presidente, Azienda soggiorno e turismo, San Remo (Italie)

European Association for Study of Economie, Commercial and Industrial Motivation : congrès mondial

99, avenue Nouvelle, Bruxelles 4 (Belgique)

Union interparlementaire : 57e conférence Place du Petit-Saconnex, 1211 Genève 19 (Suisse)

360

Page 135: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Calendrier des réunions internationales

Association pour le développement international : 11e conférence mondiale

G. Basu, 3 Chowringhee Approach, Calcutta 13 (Inde)

Association internationale de droit pénal : 10e congrès international

Me Trapani, 2, via Degli Acquasfonta Roma (Italie)

Commission du Pacifique Sud : VIIIe Congrès du Pacifique Sud

P.O.B. 9, Nouméa (Nouvelle-Calédonie)

Conseil international pour l'organisation scientifique : 15e congrès

International Management Association of Japan, Mori 10th Bldg., 28 Shiba-Nishikubo-Sakuragawa-cho, Minato-ku, Tokyo (Japon)

17-21 novembre Washington D . C . Fédération mondiale pour la santé mentale U . S . National Association for Mental Health : 21e réunion annuelle et 19e congrès

Prof. Paul V. Lemkau, Chairman, 615 North Wolfe Street, Baltimore, Md. 21205 (États-Unis d'Amérique)

Novembre Mexico Asociación Latinoamericana de Sociología : 9 e congrès

Prof. P. Gonzalez Casanova, Director del Instituto de Investigaciones Sociales, Torre de Humanidades, 5.°piso, Villa Obregón, México 20, D.F. (Mexique)

Décembre N e w York Société d'économétrie : réunion nord-américaine

P.O. Box 1264, Yale Station, New Haven, Conn. 06520 (États-Unis d'Amérique)

31 octobre - N e w Delhi 4 novembre

Octobre R o m e

2-11 novembre N o u m é a

4-8 novembre Tokyo

361

Page 136: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documentation et informations professionnelles

1970 Athènes

Asie

31 janvier • 12 février

Avril

17-23 mai

Espagne

Bangkok

Zurich

Barcelone

24-30 mai

Juin

29 juin -3 juillet

Rotterdam

Moscou

Londres

Académie internationale de droit comparé : congrès international

Prof. Wagner, University of Indiana School of Law, Bloomington, Ind. 4740I (États-Unis d'Amérique)

Commission économique des Nations Unies pour l'Asie et l'Extrême-Orient : Asian Population Conference

Sala Santitham, Rajadamnern Av., Bangkok (Thailande)

Commission européenne pour l'étude de l'opinion publique et des marchés : 23e congrès

17, rue Berckmans, Bruxelles 6 (Belgique)

Conseil international des femmes : 19e conférence

13, rue Caumartin 75 Paris-9e (France)

Association internationale pour le progrès social : congrès

Rue Louvrex 47 Liège (Belgique)

Fédération internationale pour l'habitation, l'urbanisme et l'aménagement des territoires : 30e congrès mondial

43 Wassenaarseweg, Den Haag (Pays-Bas)

Fondation européenne de la culture : Congrès international sur l'urbanisation

30 Emmastraat, Amsterdam-1007 (Pays-Bas)

Fédération mondiale des villes jumelées : 6 e congrès

13, rue Racine, 75 Paris-6e (France)

Institut des sciences de gestion : 17e réunion internationale

Mrs. M. R. DeMelin, P.O. Box 6112, Providence, R.I. 02904 (États-Unis d'Amérique)

362

Page 137: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Calendrier des réunions internationales

2 e semestre Madrid

Août Moscou (2e quinzaine)

17-20 août Kyoto

23 août - Minsk ( U R S S ) 2 septembre

24-28 août Tokyo

25 août - Varsovie 1e r septembre

Société internationale de criminologie : 6 e congrès international (Thème : L a recherche scientifique en criminologie -Trait d'union entre la théorie et la pratique)

D r Georges Fully, secrétaire général, 2, place Mazas 75 Paris-12e (France)

Organisation des Nations Unies : IV e Congrès pour la prévention du crime et le traitement des délinquants

Ministry of Justice, Information and Liaison Office, 1-1-1, Kasumigaseki, Chiyoda-ku, Tokyo (Japon)

Association internationale des économistes agronomiques : 14e conférence

Dr. G. I. Vorobiev, Deputy Minister of Agriculture, Orlokov per dorn 1111, Moscou (URSS)

Association internationale pour l'étude scientifique de l'arriération mentale : 2 e congrès

Dr. Ignacy Wald, The Psychoneurological Institute, Pruszkov n Warszawa (Pologne)

20-25 juillet Genève Association internationale des magistrats de la jeunesse : 8 e congrès mondial (Thème : Famille, magistrats et communauté)

Chambre pénale de Venfance, 3, place Bourg-du-Four, 1204 Genève (Suisse)

Comité international des sciences historiques : 13e congrès international

D r Protopopov, Comité national des historiens soviétiques, 19 ul. Dimitri Ulianova, Moscou B-36 (URSS)

International Bar Association : 13e congrès Japan Federation of Bar Associations, Hoso Kaidan Bldg., 1-1 Kasumigaseki Chiyoda-ku, Tokyo (Japon)

363

Page 138: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documentation et informations professionnelles

31 août -3 septembre

Août

Washington D . C .

Boston

A o û t -septembre

Manille

Août - septembre Leningrad

ler-4 septembre Genève

6-12 septembre Manille

14-19 septembre Varna (Bulgarie)

Septembre Londres (3e semaine)

American Sociological Association : réunion

1001 Connecticut Ave., N . W . , Washington, D.C. 20036 (Etats-Unis d'Amérique)

Union humaniste et laïque : 5 e congrès international

American Ethical Union, 2 West 64th Street, New York, N. Y. (États-Unis d'Amérique)

Association internationale des écoles de service social : 15e congrès

Room 615, 345 East 46th Street, New York, N.Y. 10017 (Etats-Unis d'Amérique)

Association internationale d'histoire économique : 5e congrès

Prof. J. F. Bergier, Faculté des sciences économiques et sociales, Université de Genève, Genève (Suisse)

Association internationale de relations professionnelles : 2 e congrès mondial

154, rue de Lausanne, 1211 Genève 22 (Suisse)

Conseil international de l'action sociale : 15e conférence internationale

345 East 46th Street, New York, N.Y. 10017 (États-Unis d'Amérique)

Association internationale de sociologie : 7 e congrès mondial (Thème : Sociétés contemporaines et sociétés futures; prévision, planification et organisation du développement social)

Professeur Angelo Pagani, secrétaire général, via Daverio 7, 20122 Milano (Italie)

Association internationale de science politique : 8 e congrès mondial

André Philippart, secrétaire général, 43, rue des Champs-Elysées Bruxelles 5 (Belgique)

364

Page 139: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Calendrier des réunions internationales

Septembre Los Angeles

18-22 octobre Boston

27-30 décembre Détroit

Institut des sciences de gestion : 11e réunion américaine

Mrs. M . R. DeMelin, P.O. Box 6112, Providence, R.I. 02904 (États-Unis d'Amérique)

Public Personnel Association : conférence internationale

Kenneth O. Warner, 1313 East 60th Street, Chicago, III. 60637 (États-Unis d'Amérique)

Société d'économétrie : réunion nord-américaine

Box 1264, Yale Station, New Haven, Conn. 06520 (États-Unis d'Amérique)

1971 Tunisie?

Mars Washington D . C .

8-13 mai Vienne

22-24 juin Bruxelles

Association internationale des sociologues de langue française : 8 e colloque

a.b.s. Centre d'études africaines, 17, rue de la Sorbonne, 75 Paris-5e (France)

Institut des sciences de gestion : 18e réunion internationale

Mrs. M . R. DeMelin, P.O. Box 6112, Providence, R.I. 02904 (États-Unis d'Amérique)

Association internationale de la sécurité sociale, V I e Congrès mondial de prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles

Dr. E. Bakule, Allgemeine Unfallver Sicherungsanstalt, Webergasse 2, Wien XX (Autriche)

Conseil international pour l'organisation scientifique : 7 e conférence européenne CEGIOS

Franz Wolff-Cammaerts, CNBOS, 93, rue Stassart, Bruxelles 5 (Belgique)

365

Page 140: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documentation et informations professionnelles

Liège (Belgique) Association internationale de psychologie appliquée : 17 e congrès international

M . R . Piret, président, 47, rue César-Franck, Liège (Belgique)

Londres American Bar Association : conférence Roger Moreau, 1155 East 60th St., Chicago, III. 60637 (États-Unis d'Amérique)

Denver American Sociological Association : réunion

1001 Connecticut Ave., N . W . , Washington, D . C . 20036 (États-Unis d'Amérique)

Strasbourg Conseil de l'Europe : IIe Conférence européenne sur la démographie

M . Hornecker, avenue de l'Europe, 67 Strasbourg (France)

Détroit Institut des sciences de gestion : 12e réunion américaine

Mrs. M . R. DeMelin, P.O. Box 6112, Providence, R.I. 02904 (États-Unis d'Amérique)

17-21 octobre San Francisco Public Personnel Association : conférence internationale

Mr. Kenneth O. Warner, 1313 East 60th Street, Chicago, III. 60637 (États-Unis d'Amérique)

25-30 juillet

Juillet

30 août -2 septembre

Septembre

Septembre

1972 M a r s Nouvelle-Orléans

Été Tokyo

Institut des sciences de gestion : 19e réunion internationale

Mrs. M . R. DeMelin, P.O. Box 6112, Providence, R.I. 02904 (États-Unis d'Amérique)

Union internationale de psychologie scientifique : 20 e congrès international

British Psychological Society, Tavistock House South, Tavistock Square, London, W.C.I (Royaume-Uni)

366

Page 141: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Calendrier des réunions internationales

28-31 août Chicago

Septembre Denver

Octobre (?) Saint-Louis, Missouri

1973 27-30 août N e w York

1974 26-29 août Montréal

American Sociological Association : réunion

1001 Connecticut Ave., N . W . , Washington, D.C. 20036 (États-Unis d'Amérique)

Institut des sciences de gestion : 13e réunion américaine

Mrs. M . R. DeMelin, P.O. Box 6112, Providence, R.I. 02904 (États-Unis d'Amérique)

Public Personnel Association : conférence internationale

Kenneth 0. Warner, 1313 East 60th Street, Chicago, III. 60637 (États-Unis d'Amérique)

American Sociological Association : réunion

1001 Connecticut Ave., N . W . , Washington, D.C. 20036 (États-Unis d'Amérique)

American Sociological Association : réunion

1001 Connecticut Ave., N . W . , Washington, D.C. 20036 (États-Unis d'Amérique)

367

Page 142: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Postes internationaux vacants

Cette rubrique est mise gratuitement à la disposition de toute institution ou organisation, internationale ou nationale, désireuse de recruter des spécialistes de sciences sociales sur une base internationale. La langue dans laquelle est rédigée chaque notice est la première langue exigée des candidats au poste dont il s'agit, mais la connaissance d'autres langues peut être souhaitable et est alors indiquée.

Les notices, rédigées en deux exemplaires dactylographiés à double interligne et mentionnant tous détails utiles ainsi que l'adresse de l'annonceur, doivent parvenir au rédacteur en chef de la Revue internationale des sciences sociales (Département des sciences sociales, Unesco, place de Fontenoy, 75Paris-7e) au plus tard le 10 novembre, le 10 février, le 10 mars et le 10 août de chaque année pour être insérées dans les numéros de la Revue paraissant respectivement en mars, juin, septembre et décembre. Lorsque des dates limites sont fixées pour la réception des candidatures, il convient de tenir compte des délais nécessaires à la Revue pour atteindre le public international auquel elle est destinée.

Les candidats devront envoyer leurs demandes de renseignements aux adresses indiquées, en faisant mention de la Revue. Ils ne devront en aucun cas s'adresser à la Revue elle-même.

Unesco

Toute candidature ou demande de renseignements complémentaires devra être adressée à la Division du recrutement du Bureau du personnel de l'Unesco, place de Fontenoy, 75 Paris-7e, et mentionner dans chaque cas la référence correspondant au poste dont il s'agit.

L e niveau indiqué pour chaque poste est celui de la classe correspondante de la fonction publique internationale. Les salaires bruts (exemptés d'impôt national sur le revenu) afférents à ces classes sont les suivants :

P3 : 12 380 dollars P 4 : 15 260 dollars P5 : 19 120 dollars D l : 21 960 dollars

Les frais de transport, d'installation, de rapatriement, et toutes autres allocations sont à la charge de l'Unesco.

368

Rev. int. Sc. soc. vol. X X I (1969), n° 2

Page 143: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Postes internationaux vacants

Spécialiste des activités d'animation

Référence, I V O R E D / S F / 2 4 . Lieu d'affectation. École normale de Bouaké (Côte-d'Ivoire). Attributions. Sous l'autorité du directeur assisté du conseiller pédagogique, les tâches

et responsabilités de l'expert seront les suivantes : Dispenser, par des cours et des activités pratiques, l'enseignement des buts,

méthodes, techniques et procédés d'animation des collectivités, cet enseignement étant coordonné avec celui d'études des faits sociaux, avec celui des travaux manuels et de l'approche écologique, et avec celui de l'utilisation des moyens audio-visuels ;

Organiser l'enseignement de l'économie domestique; Organiser des télé-clubs déjeunes et d'adultes; Organiser des activités sportives et artistiques; Participer à l'élaboration du programme d'activités sociales et d'animation

centrées sur l'école normale elle-même, son C A F O P d'application et les autres C A F O P (centres de formation d'instituteurs-adjoints);

Coopérer à l'élaboration et à la réalisation du programme d'éducation post­primaire extrascolaire des jeunes et des adultes, en liaison avec les agents des autres ministères y participant;

Collaborer avec le conseiller pédagogique et les responsables des centres de pro­duction de télévision éducative et de l'unité d'évaluation annexée à l'école normale en participant aux recherches et expérimentations concernant aussi bien les méthodes et les programmes de formation des maîtres que les méthodes et programmes de l'enseignement primaire et d'éducation postprimaire.

Qualifications. Diplôme universitaire (certificat d'aptitude à l'inspection de la jeunesse et des sports ou diplôme de sociologie ou sciences économiques); expérience confirmée des techniques d'animation liées au développement économique, social et culturel des collectivités; dynamisme, bon sens et qualités humaines; goût pour le travail en équipe et la recherche pédagogique.

Connaissance linguistique. Français et, si possible, anglais. Durée. D e u x ans. Niveau. P 4 .

Professeur de psycho-pédagogie

Référence, I V O R E D / S F / 2 2 . Lieu d'affectation. École normale d'instituteurs de Bouaké (Côte-d'Ivoire). Attributions. Sous l'autorité du directeur assisté du conseiller pédagogique, les tâches

et responsabilités de l'expert seront les suivantes : Donner des cours théoriques de psycho-pédagogie générale et de psychologie de

l'enfant, d'administration et de législation scolaires et de morale professionnelle, en basant cet enseignement sur les recherches fondamentales orientées d'une part sur les expérimentations effectuées en Côte-d'Ivoire et en Afrique sur la psychologie de l'enfant et de l'adolescent et d'autre part sur les nouvelles tech­niques et méthodes d'enseignement.

Participer donc activement aux travaux effectués par le centre de production de télévision scolaire et l'unité d'évaluation annexés à l'école normale, en y asso­ciant les élèves-maîtres et le personnel enseignant suivant des stages de recyclage et de perfectionnement.

369

Page 144: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documentation et informations professionnelles

Participer à la production de manuels et de matériel éducatif et à leur expérimen­tation, et y associer ses élèves en faisant de ces activités un élément important de leur formation ;

Collaborer à l'élaboration du programme de psycho-pédagogie de l'établissement et des programmes de recyclage.

Seconder le conseiller pédagogique, directeur des études dans l'organisation et le contrôle des stages d'élèves-maîtres, en coopération avec les professeurs des diverses disciplines.

Collaborer à l'élaboration des programmes de l'enseignement primaire et de l'éducation postprimaire extrascolaire, sur la base des résultats des recherches et expérimentation.

Titres requis. Certificat d'aptitude à l'inspection de l'enseignement primaire et thèse de 3 e cycle de psychologie pédagogique ou, à défaut, licence de psychologie; expérience solide de nouvelles techniques et méthodes d'enseignement : télévision, radio, enseignement programmé, pédagogie non directive, et des méthodes actives; expérience réelle de la recherche pédagogique, sanctionnée si possible par des publications personnelles; connaissance suffisante des problèmes psychologiques et sociologiques des pays en voie de développement, et de la psychologie de l'enfant et de l'adolescent africains; aptitudes au travail en équipe, faculté d'adaptation. Anglais désirable.

Durée. Deux ans, renouvelables. Niveau. P4 .

Professeur d'histoire et de géographie

Référence, I V O R E D / S F / 2 1 . Lieu d'affectation. École normale d'instituteurs de Bouaké (Côte-d'Ivoire). Attributions. Sous l'autorité du directeur assisté du conseiller technique, les tâches

et responsabilités de l'expert seront les suivantes : Enseigner l'histoire et la géographie en faisant une part importante aux buts

sociaux et économiques africains, à la formation civique et aux problèmes du développement économique, social et culturel; à l'étude du milieu, notamment à la collecte des traditions orales, en liaison avec les responsables de l'animation.

Former les élèves-maîtres à la pédagogie spéciale de ces disciplines au niveau de l'enseignement primaire et de l'éducation postprimaire extrascolaire.

Collaborer donc étroitement avec le conseiller pédagogique et les responsables du Centre de production de télévision éducative et de l'unité d'évaluation annexes à l'École normale, et prendre part à tous les travaux de recherche et d'expéri­mentation concernant dans ses disciplines les méthodes et programmes de for­mation des maîtres autant que de l'enseignement primaire et de l'éducation postprimaire extrascolaire.

Collaborer à la production de manuels et de matériel didactique. Collaborer à toutes les activités de recyclage et de perfectionnement du personnel

en exercice organisées par l 'ENI en son sein et à l'échelon du C A F O P (centre de formation d'instituteurs adjoints).

Participer à l'organisation et au déroulement des différents examens. Participer également aux activités sociales et extrascolaires de l'établissement.

Qualifications. Diplôme universitaire exigé (licence d'histoire et de géographie ou diplôme de professeur d'école normale d'instituteurs); diplôme en sciences écono­miques et sociales ou formation correspondantes; connaissance spéciale de

370

Page 145: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Postes internationaux vacants

l'histoire et de la géographie africaines, et des problèmes du développement économique et social dans le tiers m o n d e ; expérience de l'enseignement dans un établissement de formation des maîtres, et des nouvelles méthodes et techniques d'enseignement (télévision, enseignement programmé); faculté d'adaptation, goût de la recherche et du travail d'équipe.

Durée. Deux ans, renouvelables. Niveau. P4 .

Spécialiste en psycho-pédagogie et en pédagogie

Référence, A L G E R E T S / S F / 2 . Lieu d'affectation. Centre de formation technique et pédagogique, Jardin d'essai

d'Alger. Attributions. Sous la surveillance de la Division de l'enseignement et des sciences

agricoles de l'Unesco, le spécialiste travaillera au sein du groupe d'experts attachés à ce projet. Sous l'autorité du chef de projet et en collaboration avec les autres membres du groupe d'experts du projet, le spécialiste sera chargé de : 1. Mettre au point l'application des grands principes pédagogiques et de la didac­

tique au programme d'orientation et de formation d'instructeurs des centres de formation accélérée agricole;

2. Surveiller l'application de ce programme; 3. Préparer un cours de psycho-pédagogie et de méthodologie générale préparatoire

aux méthodes d'enseignement pratique accéléré de spécialistes agricoles à tous les niveaux;

4 . Enseigner la méthodologie spéciale (didactique) théorique et pratique aux ins­tructeurs déjà en service et aux futurs instructeurs en insistant sur la préparation des leçons et des exercices pratiques, c o m m e sur la conduite de l'enseignement théorique et pratique;

5. Former un homologue algérien appelé à le remplacer après son départ; 6. Aider, au besoin, les autres membres de l'équipe et contribuer au travail général

d'éducation et de formatiion du centre. Qualifications requises. Diplôme universitaire avec spécialisation en pédagogie et en

psychologie; expérience pratique acquise dans un centre pédagogique ou une école normale, de préférence technique; solides connaissances des méthodes pédago­giques modernes et en particulier de l'utilisation des auxiliaires audio-visuels. L a connaissance des problèmes d'enseignement rural ou agricole sera prise en considération.

Connaissances linguistiques. Français; la connaissance de l'arabe est souhaitable. Durée. U n an. Niveau. P4 .

Director, African Training and Research Centre in Administration for Development ( C A F R A D )

Reference, M O R O S O C / U N E S C O P A S / 1 . Location. Tangier, Morocco. Functions. The incumbent of this post will assume the responsibility for the direction

of C A F R A D and shall, in this capacity, assume, with the assistance of the scientific director, full responsibility for the operations of C A F R A D and for the execution

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Documentation et informations professionnelles

of its p r o g r a m m e under the authority of the governing board of C A F R A D and in accordance with the latter's decisions. T h e director will consequently see to it that C A F R A D carries out the following main functions:

(a) Organization of seminars and study cycles o n problems of public administra­tion for development, to the benefit of executives of African M e m b e r States.

(b) Organization of scientific meetings relating to progress in public administra­tion in Africa and adaptation of the structures and methods of administration to the economic, social and cultural development of the continent.

(c) Co-ordination, stimulation and carrying out of research and comparative studies on administrative problems relating to the economic, social and cultural development of Africa.

(d) Organization and development of a documentation centre specializing in the activities mentioned under (a), (b), (c) above.

(e) Promotion of the exchange of information and of experience acquired in the field of public administration in Africa through publications and other means of communication. T h e director will assume the functions of a secretary to the governing board of C A F R A D . Within this framework, he will establish every year, after consultation with the chairman of the board, a draft p r o g r a m m e and budget for submission to the board. H e will also prepare, in the same w a y , the provisional agenda of the sessions of the governing board and submit to the board any proposals which he shall consider useful for promoting the centre. H e will ensure the execution of the programme and report on it to the governing board or, between sessions, to the president of the board.

The director will assume the responsibility for the financial administration of C A F R A D in accordance with its standing rules.

Qualifications: (a) Excellent qualifications in administrative sciences in a wide sense; (b) Experience in research relating to the economic, social and cultural progress in economically under-developed areas; (c) Experience in the administration of an institution and capacity to direct a team of research workers or training personnel ; (d) Extensive knowledge of Africa and of its problems in the field of public administration.

Language qualifications: Excellent knowledge of English and French; reading knowledge of the second less-well-known language desirable; knowledge of Arabic is an asset.

Duration of appointment: Fourteen months, with possibility of renewal. International salary and allowances: The incumbent will be a direct employee of the

government, which will contribute the salary and other emoluments which would be received by one of its o w n nationals performing similar duties. In addition, Unesco will supplement the salary and allowances, so that the total emoluments (from the government and Unesco) are approximately equivalent to what would be paid to an expert performing comparable duties under the Unesco field programme paid at the equivalent of U.S .$10 ,650 base salary per a n n u m .

Lecturer in social studies (history and geography)

Reference, A F G H E D / S F / 1 6 . Location. Kabul , Afghanistan. Functions. During the second five-year plan for the economic and social development

of Afghanistan, the government, with the financial assistance of the United Nations

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Postes internationaux vacants

Special F u n d and with Unesco as the Executing Agency, established in 1964 a co-educational higher teachers' college for training of teachers for middle schools. T h e expert will be required:

(a) T o strengthen the programmes in history and geography within the college at the thirteenth- and fourteenth-grade levels by giving assistance to Afghan lecturers and counterparts.

(b) T o demonstrate, in these subjects, methods of teaching and programmes suitable for middle schools (grades 7, 8 and 9).

(c) T o assist in the planning and supervision of student practice teaching. (d) T o take part in in-service training courses. (e) T o work in close co-operation with the Regional Educational Development

Project. (f ) T o prepare lists of equipment and books or materials provided for the project, (g) T o prepare progress reports required by Unesco and the Special F u n d , (h) T o carry out such duties as m a y be assigned to him, on and ad hoc basis

by the Secretariat (Headquarters) and the Chief Technical Adviser, which are considered necessary for the execution of the project.

Qualifications. A university degree which includes units of history and geography. T h e applicant should be acquainted with recent developments in methods of teaching history and geography and should have had experience in a teacher-training college. Experience of w o r k in developing countries will be an asset.

Duration. O n e year. Level. P 4 .

Senior human resources analyst

Reference, R E G / A S / T H A I S T A T / 1 . Location. Office of Statistics, Unesco, Paris. Duties. Under the supervision of the Director of the Office of Statistics and the Chief

of the Division of H u m a n Resources Analysis, the incumbent will represent Unesco in the working team to be established by the International Labour Office in Bangkok for the preparation of the Asian M a n p o w e r Plan. H e will be expected to perform the following functions: 1. Undertake and organize possible analytical studies o n prospective m a n p o w e r

needs and the development and utilization of h u m a n resources in Asia, including work on initiating n e w and/or adapting existing methodological tools in this field.

2 . Maintain contacts with other units of the Secretariat concerned, in particular with the Department of Educational Planning and Finance, so as to provide them with the results reached by the International Labour Office working team, especially in view of drawing their attention to desirable Unesco action.

3. Prepare periodical reports about the progress in the preparation of the Asian M a n p o w e r Plan.

4 . Undertake short-term missions in Asian countries if required. Qualifications and experience required, (a) Doctorate in economics or equivalent;

(b) Thorough experience of h u m a n resources analysis, and educational planning; (c) Close knowledge of economic development problems and first-hand experience of developing countries; (d) Ability to w o r k as a m e m b e r of a team; (e) S o m e experience of w o r k in international organizations desirable.

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Documentation et informations professionnelles

Languages. Excellent knowledge of English essential ; working knowledge of French would be helpful.

Duration of appointment. Eighteen months . Level. P 5 .

Expert in research and evaluation

Reference, C H I L E D / S F / 7 . Location. National Centre for Pedagogical Training, Research and Experimentation,

Santiago, Chile. Functions. Under the direction of the Chief Technical Adviser, the expert will carry out

the following duties:

(a) Organize and conduct training courses in the subjects in which he is c o m p e ­tent, particularly courses o n the techniques of research into and evaluation of educational problems and projects; preparation of sample surveys; statistics; interpretation of statistics; these courses will be held in the centre and occasionally in other educational establishments in Chile;

(b) Advise specialists and students of the centre or of the other organizations as to holding courses and executing programmes and projects concerning research into and evaluation of educational programmes and projects;

(c) Undertake and participate in research and studies connected with the w o r k of the centre and the section ; prepare suitable documentation ;

(d) Collaborate in the organization and planning of the activities of the team of international experts of which he forms part.

Qualifications. University degree or equivalent; theoretical knowledge and practical experience of research and evaluation techniques ; knowledge of statistics and of the application of statistics to education; understanding and knowledge of the major problems in education and economic and social development, especially in Latin America; ability to work in a team and to conform to group discipline; ability to present ideas clearly.

Language qualifications. C o m m a n d of Spanish. Knowledge of French or English is desirable.

Duration of appointment. T w o years with possibility of renewal. Level. P4 .

Expert in educational administration

Reference, C H I L E D / S F / 1 0 . Location. National Centre for Pedagogical Training, Research and Experimentation,

Santiago, Chile. Functions. Under the direction of the Chief Technical Adviser, the expert will carry

out the following duties: (a) Organize and conduct training courses in the subjects in which he is c o m p e ­

tent, particularly courses on the organization and managemen t of educational systems; administration of staff; techniques for improving administrative structures and work systems; use of mechanical or electronic office equipment for data classification and accounting;

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Postes internationaux vacants

(b) Advise specialists and students at the centre or other organizations as to holding courses and executing programmes and projects relating to the administra­tion of educational systems ;

(c) Undertake and participate in research and studies concerning the w o r k of the centre and section ; prepare suitable documentation ;

(d) Collaborate in the organization and planning of the activities of the team of international experts of which he forms part.

Qualifications. University degree or equivalent ; Theoretical knowledge and practical experience of modern educational administration and/or management of private and public undertakings. Experience in the use of mechanical and electronic data classification and accounting equipment, knowledge of systems analysis techniques ; Understanding and knowledge of the major problems in education and economic and social development, especially in Latin America; Ability to work in a team and to conform to group discipline; Ability to present ideas clearly.

Language qualifications. C o m m a n d of Spanish. A knowledge of French and/or English is desirable.

Duration of appointment. T w o years, with possibility of renewal. Level. P5.

Specialist in h o m e economics teaching

Reference, P H I L E T S / S F / 3 .

Location. M i n d a n a o Institute of Technology, Philippines.

Functions. In consultation with the president of the college a n d the chief technical adviser, and in consultation with his local Philippine counterparts, the expert will develop the facilities a n d instruction, theoretical a n d practical, of the basic subjects of h o m e economics (including extension). His m a i n duties will be:

(a) T o participate in the teaching programme, theoretical and practical, and in the supervision and evaluation of the supporting staff and students;

(b) T o draw up syllabi and strengthen methods of teaching in his speciality ; (c) T o complete his task of curricula revision already begun ; (d) T o draw up lists of any additional equipment needed in his field; (e) T o advise o n the layout of the laboratories and the installation of the

equipment in his field ; (f) T o train the Philippine counterpart w h o will eventually replace h i m ; (g) Perform applied research in the field of food preservation for h o m e use as

well as the possibilities for commercial undertaking in view of the abundance of fruits, root crops and other farm products. A study of production costs of such possible products would also be performed ;

(h) Initiate a programme to m a k e farm wives and families both nutrition and

health conscious.

Qualifications. Advanced university degree in the field of h o m e economics teaching. Extensive experience in teaching on h o m e economics (extension). Must have experience working with farm families with limited resources, with emphasis on

family budgeting and h o m e improvement. Duration of appointment. O n e year. Level. P 4 .

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Documentation et informations professionnelles

Nations Unies

Les demandes de renseignements et les candidatures doivent être adressées au Bureau européen de recrutement pour l'assistance technique, Palais des Nations, Genève (Suisse), ou au Senior Administrative Officer, Secretariat Recruitment Service, United Nations, N e w York 17. A u cas où les niveaux des postes ne sont pas spécifiés, les nominations peuvent être négociées en fonction des qualifications et de l'expérience des candidats.

Économiste industriel (développement régional)

Référence. C O N ( B ) - 0 5 2 - A (SIS).

Lieu d'affectation. Brazzaville. Attributions. L'expert devra conseiller et aider le gouvernement sur la mise au point

d 'un programme de développement industriel concernant surtout le district de Pointe-Noire et, en collaboration avec un ingénieur industriel, il aura à assumer les tâches suivantes : Examiner et évaluer toutes les études existantes et tous les rapports faits sur des

projets ou avant-projets concernant le développement industriel de la région afin de déterminer leur applicabilité dans les conditions économiques locales et leurs incidences sur l'ensemble de l'économie;

Aider à effectuer une étude préliminaire de factibilité relative à certains projets industriels, compte tenu des besoins en infrastructure au stade du préinves­tissement ;

Participer, en se basant sur les conclusions ainsi obtenues, à la mise au point d 'un programme général d'industrialisation, en indiquant tout particulièrement les industries convenant le mieux au district de Pointe-Noire, et celles à développer en priorité;

Aider à établir toute nouvelle demande d'assistance technique nécessaire à la réalisation du programme d'industrialisation.

Formation et expérience requises. Économiste industriel ayant une formation théorique et pratique en matière de programmation industrielle et d'évaluation des projets ainsi qu'une certaine expérience en ce qui concerne l'implantation des industries et/ou le développement régional.

Durée de la mission. Trois mois.

Conseiller en développement communautaire

Référence. ivo-432-B. Lieu d'affectation. Abidjan. Attributions. L'expert, en étroite collaboration avec l'expert en matière de service

social, devra assumer les tâches suivantes : Effectuer une étude sur les œuvres sociales, publiques et privées, existant dans les

pays et les possibilités de leur collaboration en vue de l'établissement d 'un pro­g r a m m e national de développement communautaire;

Effectuer des visites d'étude dans les régions rurales types du territoire et, tenant compte de leurs caractéristiques et des conditions de vie, déterminer les tech-

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Postes internationaux vacants

niques et méthodes communautaires applicables en vue de développer l'effort d'auto-assistance destiné à améliorer le niveau de vie des habitants des villages et à augmenter leur participation au développement national;

Établir un programme de développement communautaire pour une durée déter­minée (quatre, cinq ou six ans) à l'échelon national et régional, en indiquant les détails de l'organisation et des structures, les besoins en personnel technique de divers niveaux, en équipement, et les modalités de coordination avec les diverses autorités intéressées;

Sélectionner cinq ou six villages ou groupes de villages parmi lesquels le gouver­nement choisira un ou deux villages pilotes où l'on pratiquera un programme de développement communautaire intensif et où une formation pratique en déve­loppement communautaire sera donnée au personnel ;

Conformément aux besoins du pays, établir un programme de formation destiné au personnel technique et administratif de diverses catégories et de divers niveaux;

Formuler des recommandations relatives aux besoins en assistance technique et en aide financière extérieure, en indiquant les sources d'assistance possibles.

Formation et expérience requises. Diplôme universitaire en sociologie, ou équivalent ; expérience de la planification, exécution et évaluation de programmes de dévelop­pement communautaire; expérience préalable souhaitable dans un pays offrant des conditions semblables à celles de la Côte-d'Ivoire.

Connaissances linguistiques. Français; anglais souhaitable. Durée de la mission. Trois mois.

Codirecteur (Service national de la statistique du Laos)

Référence, L A O - 2 5 2 - C ( O P E X ) .

Lieu d'affectation. Vientiane. Attributions. L'expert sera chargé de fonctions administratives et executives destinées

à améliorer l'organisation du service. E n particulier, il aura à assumer les tâches suivantes : Coordonner les travaux des différents bureaux; Établir les liaisons nécessaires avec les autres services nationaux ou le secteur privé

qui fournissent des données statistiques ou en sont les utilisateurs; Former le personnel à l'élaboration des statistiques de base et l'organisation des

enquêtes. Formation et expérience requises. Statisticien-économiste diplômé ayant l'expérience

de l'organisation des statistiques; connaissance des problèmes statistiques et économiques des pays en voie de développement de préférence francophones, souhaitable.

Connaissances linguistiques. Français; anglais souhaitable. Durée de la mission. U n an avec possibilité de prorogation. Note. C e poste est à pourvoir en application des résolutions 1256 (XIII), 1530 ( X V )

et 1946 (XVIII) de l'Assemblée générale. L e titulaire exercera les fonctions de direction, d'exécution et d'administration indiquées dans la présente définition d'emploi. Il relèvera directement du gouvernement du royaume du Laos, qui lui versera le traitement et autres indemnités qu'il verserait normalement à un de ses propres fonctionnaires exerçant des fonctions analogues. E n outre, l'Organisation

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Page 152: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documentation et informations professionnelles

des Nations Unies complétera le traitement et les indemnités versés. Le titulaire du poste aura le statut de fonctionnaire du gouvernement du royaume du Laos et non celui de fonctionnaire de l'Organisation des Nations Unies.

Conseillère o u conseiller en formation sociale

Référence, M A I - 4 6 2 - C . Lieu. B a m a k o (Mali) principalement. Attributions. L'expert sera attaché à l'École secondaire de la santé publique et des

affaires sociales, où il sera chargé d'assister la responsable de la section des assis­tantes sociales. E n particulier, il devra assumer les tâches suivantes : Participer à la formation théorique et pratique des élèves assistantes sociales,

en particulier dans le domaine de l'enseignement du service social (service social individuel, service social de groupe, service social communautaire) et assurer une partie de ces cours, en particulier ceux traitant du développement communautaire ;

Organiser et superviser les stages effectués par les élèves tant dans les régions rurales que dans le secteur urbain;

Participer à l'organisation et à la conduite de cours de perfectionnement pour le personnel social des organismes sociaux et médico-sociaux, dans lequels les élèves recevront leur formation pratique;

Participer à la formation du personnel malien appelé à assumer par la suite les responsabilités énumérées ci-dessus et les tâches d'encadrement et de supervision;

Être à la disposition du Ministère de la santé publique et des affaires sociales pour toutes questions relatives à la formation sociale;

Coopérer avec le personnel homologue national et contribuer à sa formation pour lui permettre d'assurer à son tour la responsabilité du travail de formation lorsque l'assistance prendra fin.

Formation et expérience requises. Diplôme d'État d'assistante sociale; diplôme d'études supérieures du service social ou d'une des branches des sciences sociales, souhaitable; expérience en formation sociale et expérience pratique du service social de groupe de service social communautaire.

Connaissances linguistiques. Français ; anglais souhaitable. Durée de la mission. U n an.

Expert de la planification sociale

Référence, T O G - 4 6 2 - A . Lieu d'affectation. L o m é (Togo). Attributions. L'expert secondera et conseillera l'organisme national de planification

dans le domaine de la programmation sociale. E n particulier, il devra assumer les tâches suivantes : Définir les besoins auxquels il faut répondre au moyen d'enquêtes et d'analyses

des données existantes; Recommander les critères et méthodes à appliquer pour déterminer les objectifs

sociaux prioritaires et le montant des crédits à affecter au secteur social ; Établir les rapports entre les programmes sociaux et le développement économique,

la participation des populations et l'intérêt à susciter dans le public; Suggérer des dispositions administratives concernant la planification sociale;

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Postes internationaux vacants

Aider à l'élaboration, en coopération avec les services techniques, d'une politique en faveur de l'enfance et de la jeunesse;

Donner des avis sur les mesures à prendre pour assurer la coordination des services et organismes s'occupant du secteur social (santé, éducation, affaires sociales, Croix-Rouge, etc.);

Évaluer les études et recherches sociales et préparer des programmes en vue de la formation du personnel de planification sociale.

Formation et expérience requises. Expérience du développement social et de la plani­fication; bonne connaissance des problèmes de l'enfance et de la jeunesse dans les pays en voie de développement.

Durée de la mission. U n an, avec possibilité de prolongation.

Conseiller en matière de développement communautaire

Référence, T O G - 4 2 8 - S B . Lieu d'affectation. Cacavelli, L o m é (Togo). Attributions. Sous la direction du directeur du projet, l'expert fera partie d'une

équipe d'experts internationaux s'occupant de la création et du développement d'un centre de l'habitation et de la construction au Togo. Travaillant en étroite collaboration avec les autres membres de l'équipe, l'expert sera chargé : Dans le cadre du programme de formation du centre, d'établir les programmes

d'études, de préparer le matériel pédagogique et de diriger la formation en ce qui concerne le développement communautaire et les aspects sociaux de l'habitation;

D e planifier et de diriger les recherches sur les aspects sociaux de l'habitation et problèmes sociaux connexes, notamment en ce qui concerne les projets pilotes d'habitation dont le centre est chargé, et de mettre au point les moyens d'inté­resser les populations locales à la construction d'habitations et à l'aménagement de l'infrastructure;

D e participer à l'élaboration des éléments sociaux du programme national qui sont du ressort du centre ainsi qu'à leur évaluation ultérieure.

Formation et expérience requises. Diplôme en sciences humaines et économiques et grande expérience des problèmes et méthodes de développement communautaire dans les pays en voie de développement (en Afrique de préférence). Connaissances approfondies en matière d'enseignement, de programmation et de diffusion (méthodes audio-visuelles, etc.).

Durée de la mission. U n an.

Regional development economist

Reference. VEN-422-SE/Rev. 1. Duration. Twelve months, with possibility of extension. Date required. A s soon as possible. Duty station. Caracas. Duties. Under the supervision of the Project Manager/Technical Director, the expert

will be a member of a team appointed by the United Nations to advise and assist the Central Office of Co-ordination and Planning ( C O R D I P L A N ) in the field of study outlined below. H e will be expected to advise and assist his counterpart in charge of the economic research aspects of the project to be undertaken within the work programme of the plan of operation. In particular, he will: analyse the

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Page 154: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documentation et informations professionnelles

national plan, and/or any other government programmes which have been already established, with particular regard to their proposals concerning the Noriente Region ; also analyse the scope and implications of private investments which have already been foreseen for the region ; undertake a study of the relationships between urban and regional activities, both within the region itself and in relation to the country as a whole; identify the consequences of public and private investment in the Noriente Region which has already taken place, or which is forecast in the national plan; compare these consequences with those forecast as a result of investment programmes in other regions of the country; analyse, in collaboration with the Economic Geographer (Research Assistant in Urban and Regional Development), relationships between different types of industrial development, and between towns, and study the consequences of these relationships on the organization of space in Venezuela and the Noriente Region; evaluate the impact of investments forecast for the region in the National Plan, on regional development, the location of economic activities, and urban development; and make proposals for n e w actions (both public and private) with the objective of maximizing the effectiveness of these investments.

Qualifications. Advanced academic training and/or wide experience in social sciences, with specialized knowledge and experience in regional and urban research planning; previous experience in developing countries, preferably Latin America, desirable.

Language. Spanish essential ; working knowledge of English desirable.

Statistician (demographic and socio-economic aspects of urbanization)

Reference. VEN-422-sc/Rev. 1. Duration. Twelve months. Duty station. Caracas. Duties. Under the supervision of the Project Manager/Technical Director, the expert

will be a member of a team appointed by the United Nations to advise and assist the Central Office of Co-ordination and Planning ( C O R D I P L A N ) in the field of study outlined below. H e will be expected to assist the Project Manager and advise and assist his counterpart in charge of the statistical research aspects of the project to be undertaken within the work programme of the plan of operation. In particu­lar, he will be expected to: review and assemble all statistical material which is already available and relevant to the project; identify gaps in the material, and propose remedies and measures to overcome possible deficiencies; present the material in a form appropriate for the project; be responsible for defining such inquiries as are necessary to gain knowledge of the demographic, sociological and economic aspects of urbanization in Venezuela in general, and in the North Oriental region in particular; assemble and organize the available materials regarding the North Oriental Region, so as to attempt a quantification of the information concerning the economy, and of society; take part in the elaboration of specific studies as required, and within his field of specialization; m a k e proposals for future studies and inquiries (following his assignment) to promote a better understanding of the urbanization process in the country as a whole and in the Noriente Region ; and assist in the training of counterpart personnel.

Qualifications. Advanced academic training in statistics, with suitable background in demography as well.

Languages. Spanish essential; working knowledge of English desirable.

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Postes internationaux vacants

Regional adviser in economic planning

Reference, A F R - 0 2 3 - Z B . Duration. O n e year with possibility of extension. Duty station. Addis Ababa. Duties. Under the authority and supervision of the Executive Secretary of the Eco­

nomic Commission for Africa, the expert will be expected to: carry out analysis of economic and social development plans, problems and policies in Africa; carry out studies on the efficiency of the various sectors of country plans and on the degree of integration and consistency between the various systems within these plans; conduct research into the possibilities of co-ordination of country develop­ment plans on a subregional level and advise on practical measures for achieving economic integration a m o n g groups of countries; prepare ad hoc studies on a number of special social and economic projects ; visit and provide, within this field, advisory services at the request of the M e m b e r governments ; prepare background studies and assist in the organization of expert meetings, working parties, etc. ; participate in the technical assistance programming work carried out by the c o m ­mission; and assist governments, in co-operation with resident representatives of the United Nations Development Programme in the planning of country technical assistance programmes in this field. It is expected that the advice given by regional advisers will be in accordance with international standards, and that where training instructions or operational manuals are required advisers will assist in their prepa­ration or in the revision of existing manuals or training guides to meet African conditions.

Qualifications. University degree in economics with high-level experience in research and writing with a broad and comprehensive knowledge of economic problems, planning and programming in developing countries; considerable experience in social sciences.

Languages. French or English, with working knowledge of the other language.

Regional adviser on social and economic development planning

Reference, A F R - 4 0 3 - Z D . Duration. O n e year, with possibility of extension. Duty station. Addis Ababa. Duties. Under the authority of the Executive Secretary of the Economic Commission

for Africa and, de facto, under the general supervision of the Director of Research and Statistics Division, the expert will be expected to: assist the commission in rendering advisory services to governments on social and economic development planning; advise African countries on the conduct of studies concerning the efficiency of various sectors, particularly the social sector, in the elaboration of development plans and on the desirable degree of integration between the social and the other sectors within these plans ; conduct research into the possibilities of co-ordinating country development plans o n a subregional level ; prepare ad hoc studies on a number of special social and economic projects ; prepare background studies and assist in the organization of expert meetings, working parties, etc. ; participate in the technical assistance programming work carried out by the commission, assist governments, in co-operation with resident representatives of

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Documentation et informations professionnelles

United Nations Development Programme ( U N D P ) in the planning of country technical assistance programmes in this field; and help in the preparation or revision of manuals or training guides, w h e n required.

Qualifications. University degree or equivalent plus advanced studies in the field of social sciences and a considerable experience in social and economic regional planning; knowledge of growth problems in developing countries; experience in project analysis desirable.

Language(s). Fluency in French or in English, with a working knowledge of the other.

Planning economists (formulation, evaluation and implementation of State development plan) (five posts)

Reference. NiG-022-c; N I G - 0 2 2 - D ; N I G - 0 2 2 - E ; N I G - 0 2 2 - F ; N I G - 0 2 2 - G .

Duty stations. Jos, Ilorin, Bauchi, Sokoto, K a n o (Nigeria). Duties. Each expert will be attached to a planning unit of the ministry of finance of

a m e m b e r state of the Nigerian Federation, where he will be expected to perform the following duties: advise and assist the planning unit in the formulation of a development plan for the Benui-plateau State within the framework of the over-all plan for the Federation of Nigeria; advise and assist the Planning Unit in the identification and appraisal of specific projects for inclusion in the State plan; advise and assist in the implementation of the State plan, including the introduction of an appropriate reporting system; m a k e recommendations for periodic adjust­ments to the State plan as m a y become necessary; advise and assist in the imple­mentation by the State of the federal economic policies; perform any other relevant duties as the Minister of Finance or his duly authorized representative m a y require; and train his local counterparts.

Qualifications. Advanced degree in economics, with experience in development planning on a state level, preferably in developing countries.

Industrial development adviser

Reference, M E X - 0 9 4 - S M (ID). Duration. Six months. Duty station. Oaxaca City (Mexico) with frequent trips to other parts of the State

of Oaxaca. Duties. Joining the project team at an advanced stage after the background informa­

tion on the economic and social situation in the State of Oaxaca has been computed and interpreted, and the general lines of the over-all development programme for the State have been defined, the expert will be expected to: advise on matters of industrial development ; advise the Project Manager and other experts responsible for related fields of activity on the adequacy of the suggested industrial development programme in relation to the over-all programme; prepare recommendations of pre-investment infrastructure needs to facilitate industrial development and identify those industries best suited for development in the region, taking into account the assessment of the industrialization plans and the resources of Oaxaca; help to evaluate the feasibility and contribution of specific industrial projects, and establish priorities for the projects to be undertaken; and advise on the proper location of the proposed industrial projects.

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Postes internationaux vacants

Qualifications. Economist or industrial engineer with extensive experience in project formulation and evaluation, particularly for medium-size industries related to local resources.

Languages. Spanish or English required; preferably both.

Public administration consultant (training and research)

Reference, K U W - 0 2 4 - S H (9). Duration. T w o months. Duty station. The Kuwait Institute of Economic and Social Planning in the Middle

East, Kuwait. Duties. Under the general direction and co-ordination of the Director/Project Manager

and as a m e m b e r of a team appointed by the United Nations Special Fund, the expert will be expected to: participate as instructor in the training programme of the institute by lecturing and leading seminar discussions on problems of adminis­tration in the developing economy of Kuwait; and participate as consultant in the identification of major problems of administration in Kuwait and assist in drafting the content of a training programme on such problems at the institute.

Qualifications. Advanced degree in public administration; practical experience in teaching and research.

Languages. English and Arabic. Background information. The Kuwait Institute of Economic and Social Planning in the

Middle East was established in early 1966 by the Government of Kuwait with assistance from the United Nations Development Programme (Special Fund). The United Nations is the contributing and executing agency for the first five years of the project, 1966-71.

Senior adviser on personnel administration (training)

Reference, J A M - 5 5 4 - D . Duration. O n e year. Duty station. Kingston. Duties. The expert will be expected to: assist the Jamaican Government in planning,

organizing and implementing in-service training programmes on the middle, administrative and technical levels, including instruction of trainers at those levels, at the Training Division of the Ministry of Finance and Planning; assist the Jamaican Government in the operational aspects of the in-service training pro­grammes, such as: public information of courses and workshops; stimulus for employees attending training; co-ordination between public offices and the Training Division for the selection and attendance of employees ; selection of professors and instructors ; schedules of class meetings ; physical facilities ; distribution of written material; recording attendance; evaluation of the training, and so on ; assist the Jamaican Government in the preparation of a project for the establishment of a public service training centre with the technical assistance of the United Nations Development Programme/Special F u n d ; and teach at least one subject to the trainers mentioned above.

Qualifications. University degree in public administration with several years of experience in a training organization; knowledge of the British system of adminis­tration desirable.

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Page 158: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documentation et informations professionnelles

Experto en estadísticas del comercio exterior

Referencia. B O L - 2 5 8 - C . Duración. Seis meses. Lugar. La Paz. Funciones. El experto estará asignado a la Secretaría Técnica de Estadísticas y Censos,

donde asesorará al Departamento de Comercio Exterior y al Departamento de Análisis. Deberá: elaborar un sistema para la compilación continua de las estadís­ticas del comercio exterior; arbitrar procedimientos para la elaboración de la información obtenida y hacer recomendaciones con respecto a los problemas de la estabilización y regulación del comercio exterior; preparar índices unitarios y cuánticos de valores, condiciones del intercambio, cálculos de la capacidad de importación y otros indicadores c o m o base para un análisis racional de las variables del comercio exterior; preparar tablas por sectores indicando el origen y destino de las importaciones y exportaciones de Bolivia, así c o m o la medida en que el comercio exterior de Bolivia sigue la Clasificación Uniforme para el Comercio International, la Nomenclatura Arancelaria de Bruselas, las clasificaciones inter­nacionales de la Asociación Latinoamericana de Libre Comercio y toda otra clasificación que pueda ser necesaria; y preparar personal local de las oficinas de estadísticas y de aduanas a fin de asegurar la continuidad de las estadísticas del comercio exterior. Se desempeñarán c o m o personal de contraparte del experto los jefes de los departamentos de Comercio Exterior y de Análisis.

Calificaciones. Especialista en estadísticas económicas con conocimientos especiales de estadísticas del comercio exterior y programación general del desarrollo económico.

Consultor en la evaluación de programas de bienestar social

Referencia V E N - 4 0 2 - A . Duración. Seis meses. Sede. Caracas. Funciones. El consultor proporcionará asistencia técnica durante todo el proceso

de evaluación general de la Dirección de Asuntos Sociales e Institutos Autónomos que funciona actualmente c o m o dependencia del Ministerio de Sanidad y Asistencia Social. E n forma especial la labor del consultor consistirá en: asesorar al director del proyecto nombrado por el gobierno para las labores de planeamiento, pre­paración y ejecución del proceso general de evaluación; proporcionar liderazgo técnico en todas las diversas fases del planeamiento general de la evaluación tales c o m o : estudios preliminares, recolección de datos e información general, análisis de los hallazgos, formulación de recomendaciones, así c o m o también en todos aquellos otros procedimientos que fuere menester realizar para llevar a cabo un estudio de esta naturaleza; contribuir con las otras instituciones de bienestar social a precisar el impacto de los servicios asistenciales existentes sobre la familia, el niño, el adolescente y el anciano, y presentar sugestiones para el logro de una mejor coordinación de los servicios en actual funcionamiento ; colaborar en la redacción del informe final y recomendaciones.

Calificaciones. Grado universitario o equivalente, funcionario de alto nivel con experiencia en planificación y administración de programas de bienestar social, amplia experiencia en entrenamiento de personal y conocimiento práctico de la administración pública latinoamericana.

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Documents et publications des Nations Unies et des institutions spécialisées1

Documents d'intérêt général. Population, santé, alimentation, habitat

STATISTIQUES GÉNÉRALES

Annuaire statistique 1967. 1968. 784 p. 12,50 dollars; 54 francs suisses, (E/F 68. xvii.l.) [St.] C e volume constitue la 19e édition de l'Annuaire statistique des Nations Unies. Couvre plus de 150 pays et territoires. Des renseignements statistiques améliorés ont permis d'élargir la portée géographique d 'un grand nombre de tableaux. D e nouveaux tableaux ont été introduits : notamment, taux d'accroissement annuel moyen du produit matériel net en prix constants; estimation du revenu national et du produit intérieur brut total et par habitant au coût des facteurs ; estimation du produit national brut total et par habitant aux prix courants du marché.

RECENSEMENTS, SONDAGES

Recommandations africaines concernant les recensements de population prévus pour 1970. Mars 1968. 143 p . ( O N U / E / C N . 1 4 / C A S 6/1.)

[Bl.] Ces recommandations sont adaptées à la situation économique, culturelle et sociale des pays de la région. Critères à retenir pour déterminer les points sur lesquels doit porter l'observation. Tableaux types. Règles pour l'utilisation des données.

Méthodes de sondage dans les enquêtes sur la population et sur l'habitation et dans l'enregistrement des faits d'état civil. Mars 1968. 61 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / S M / 3 . )

Constitue un véritable manuel succinct. Principes généraux. Unités de sondage et bases de sondage. Sondage à plusieurs degrés. Sondages en grappes. Sondage à probabilité fixe et variable. Stratification. Effectif de l'échantillon. Sondage dans le

1. E n règle générale, nous ne signalons pas les publications et documents qui paraissent de manière en quelque sorte automatique : rapports administratifs réguliers, comptes rendus de réunions, etc.

N o u s avons traduit librement le titre de quelques publications et documents qui ne nous étaient pas parvenus à temps en français. D a n s ce cas, les titres sont précédés du signe *.

Abréviations conventionnelles : Bl. signifie « contient une bibliographie d 'un intérêt parti­culier »; St. veut dire « statistiques spécialement importantes ou rares ».

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Rev. in!. Se. soc. vol. XXI (1969), n° 2

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Documentation et informations professionnelles

temps. Rapports avec d'autres opérations. Puis, détails sur les problèmes posés par l'application de la méthode des sondages en milieu rural et en milieu urbain.

Cycle d'étude de la Commission économique pour l'Amérique latine sur l'organisa­tion et la conduite des recensements de la population et de l'habitation (Santiago, 20-31 mai 1968)

A l'occasion de cette réunion, différents documents de travail ont été distribués, notamment les suivants :

* Planification d'un recensement de la population et de l'habitation. Avril 1968. 42 p. (ONU/ST/ECLA/Conf . 32/L.l.)

Organisation et administration du recensement. E n annexe divers modèles de feuilles de recensement.

Buts et exécution d'un programme de publications issues d'un recensement. Avril 1968. 17 p . (ONU/ST/ECLA/Conf . 3 2 / L . I O . )

La forme des publications. Publication de résultats préliminaires. Résultats finaux.

* L'utilisation des sondages lors de recensements de la population et de l'habitation. M a i 1968. 23 p. (ONU/sT/ECLA/Conf . 32/L.19.)

Les cas où le sondage est utile. Liaison avec les recensements. Méthodologie de base.

Cycle d'étude de la Commission économique pour l'Afrique sur l'organisation et la conduite des recensements de la population et de l'habitation (Addis-Abéba, 17-29 juin 1968)

Réunion analogue à la précédente.

Coordination entre les recensements de l'habitation et les recensements de population et entre ces recensements et d'autres enquêtes et travaux statistiques. Mars 1968. 61 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / C P H / 3 . )

Moyens de réaliser cette coordination. Travaux d'ordre cartographiques. Établis­sement de listes de contrôle. Dépouillement des données. Rapports entre les recen­sements de population et les recensements de l'habitation, de 1955 à 1964, dans les pays d'Afrique.

Méthodes pour évaluer la véracité des données des recensements de la population et de l'habitation. Mars 1968. 28 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / C P H / 4 . )

[Bl.] Enumeration des erreurs de recensement. Contrôle de l'ensemble des opérations de recensement. Méthodes d'évaluation. E n annexe des rapports nationaux sur la méthodologie des sondages postcensitaires.

Établissement et utilisation des listes de contrôle de recensement. Mars 1968. 33 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / C P H / 5 . )

Facteurs à prendre en considération pour déterminer de quelle façon les listes de contrôle doivent être établies. Utilisation de ces listes. E n annexe, sous forme de tableaux, un relevé de l'expérience des pays africains en ce qui concerne l'établissement et l'utilisation des listes de contrôle de recensement.

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Documents et publications des Nations Unies

Établissement de la liste des localités et délimitation des aires d''enumeration. Avril 1968. 11 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / C P H / 9 . )

Difficultés à surmonter. M o y e n s d'y parvenir.

Les données relatives à l'âge dans les recensements et enquêtes effectuées en Afrique. Juin 1968. 21 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / C P H / 1 3 . )

Les caractéristiques des erreurs commises en ce qui concerne l'âge. Méthodes à appliquer pour recueillir des données plus exactes. Moyens de corriger les chiffres après qu'ils ont été recueillis et mis en tableaux.

Travaux cartographiques pour le recensement de 1966 au Swaziland. Juin 1968. 8 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / C P H / 1 9 . )

C e recensement a été réalisé en prenant l'individu c o m m e unité ultime de d é n o m ­brement, mais le foyer c o m m e repère sur le terrain. L'énumération des foyers a été faite à partir de cartes spéciales.

BIBLIOGRAPHIE SUR LA PLANIFICATION FAMILIALE, LES MIGRATIONS ET L'URBANISATION EN ASIE ET EN EXTRÊME-ORIENT

Planification familiale, migration interne et urbanisation dans les pays de la Commission économique pour l'Asie et l'Extrême-Orient. Une bibliographie des matériaux disponibles. 1968. 66 p. 1,50 dollar; 6,45 francs suisses. ( O N U / E / C N . 11/807.)

[Bl.] Complète une bibliographie plus ancienne. D'autres numéros suivront. Liste de documents et publications de toutes origines, se rapportant aux problèmes indiqués tels qu'ils se posent dans les pays d'Asie et d'Extrême-Orient, avec des commentaires succincts. Le contrôle des naissances. Les politiques familiales. Études sur les compor­tements relatifs à la contraception. Colloques récents. Les migrations internes. Tendances. Effets démographiques et sociaux. L'urbanisation. Son ampleur. Ses caractéristiques. Méthodes d'analyse.

STATISTIQUES DE LA SANTÉ

Rapport de statistiques sanitaires mondiales. Vol. 21 (1968), n° 7, 57 p., 1,75 dollar, 5 francs suisses; vol. 21 (1968), n° 8-9, 51 p., 1,75 dollar, 5 francs suisses; vol. 21 (1968), n° 10, 27 p., 1 dollar, 3 francs suisses. ( O M S . )

[St.] Fascicules d'un recueil permanent de statistiques relatives à l'incidence des diverses maladies. Couvre le m o n d e entier. Outre des tableaux de base, revenant régulièrement, chaque fascicule contient des études spéciales. A signaler, à ce dernier titre, dans le numéro 8-9, des données sur les malades mentaux et sur les déficients mentaux (1959-1965), ainsi que sur l'effectif des médecins et dentistes.

SUICIDE

Prévention du suicide, n° 35 des Cahiers de la santé publique. 1968. 84 p. 1,25 dollar; 4 francs suisses ( O M S . )

[St., Bl.] Mesures préventives. L'organisation de l'action des services concernés. Rôle de l'éducation dans les programmes de la prévention d u suicide. Statistiques (suicides, tentatives de suicide). Références bibliographiques.

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Documentation et informations professionnelles

PRODUCTION AGRICOLE, ALIMENTATION, NUTRITION, AIDE ALIMENTAIRE

La situation mondiale de Valimentation et de l'agriculture (1968). 1968. 221 p . 5,75 dollars; 24,85 francs suisses ( F A O . )

[St.] Situation actuelle (ressources alimentaires et besoins). Améliorations techniques susceptibles d'augmenter la productivité agricole dans les pays en voie de dévelop­pement. Réduction du gaspillage dans les autres pays.

Annuaire de la production (1967), vol. 21.9 dollars; 38,85 francs suisses. ( F A O . ) [St.] Données statistiques sur tous les aspects importants de la production agricole et de la production de denrées alimentaires (population, production agricole et ali­mentaire, disponibilités alimentaires, prix, salaires, prix des transports). Les données sur les cultures, l'élevage et les produits de l'élevage sont présentées sous forme de deux moyennes de cinq ans (1948-1952 et 1952-1956), ainsi que pour chaque année, de 1962 à 1967. Couvre le m o n d e entier.

Étudions la nutrition. 1968, 295 p . 4 dollars; 17,30 francs suisses. ( F A O . ) [Bl.] Bilan des connaissances en matière d'alimentation et de nutrition, à l'intention des éducateurs.

Assistance alimentaire multilatérale : Programme d'étude prévu par la résolution 2096 (XX) de l'Assemblée générale. Juin 1968. 86 p . ( O N U / E / 4 5 3 8 . )

Pays en voie de développement souffrant d'un déficit alimentaire. Possibilités d ' a m é ­lioration à prévoir en fonction de projections mondiales des disponibilités des prin­cipaux produits constituant l'aide alimentaire. Suggestions quant aux dispositions institutionnelles grâce auxquelles on pourrait faire de l'action entreprise en matière d'aide alimentaire une forme particulière d'aide au développement.

CONSTRUCTION, LOGEMENT, URBANISME

Rapport de la réunion d'experts sur les coûts de construction des maisons d'habitation (Addis-Abéba, 23-29 avril 1968). Juillet 1968. 25 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / 4 1 6 . )

Cette réunion a eu lieu sous les auspices de la Commission économique pour l'Afrique. Indices du coût de construction des maisons d'habitation. Ventilation des coûts. Collecte des données. Fiches types de renseignement.

La situation de l'habitat et les perspectives concernant les besoins de logement à long terme dans les pays de l'Europe. 1968. 116 p . 2 dollars; 8,65 francs suisses. ( O N U / S T / E C E / H O U / 3 2 . )

[St.] Tendances depuis la 2 e guerre mondiale. Insuffisances du logement lors des derniers recensements. Estimation des besoins futurs de logement. N o m b r e u x tableaux statistiques : population, réserve de logements, insuffisance du logement, construction de logements.

Urbanisation : politiques du développement et planification, n° 1 de la Revue internatio­nale du développement social. Département des affaires économiques et sociales. 1968. 130 p. 2 dollars; 8,65 francs suisses. (ONU/sT/soA/ser. X/ l . )

[Bl.] C e premier numéro groupe un certain nombre d'exposés présentés à un colloque qui a eu lieu à Pittsburgh du 24 octobre au 7 novembre 1967. Données générales.

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Documents et publications des Nations Unies

Problèmes d'urbanisation particuliers aux pays en voie de développement. Aspects économiques, sociaux et techniques de la planification de l'urbanisation. Étude comparée des programmes d'urbanisation de l ' U R S S et des États-Unis d'Amérique.

Bases physiologiques des normes d'hygiène applicables au logement, par M . S. G o m o z o -sov, n° 33 des Cahiers de la santé publique. 1968. 105 p. 1,75 dollar; 5 francs suisses. ( O M S . )

Conditions optimales de logement du point de vue physiologique. Caractéristiques du logement en fonction du climat. Programmes pratiques qui peuvent rapprocher la réalité de ces normes. Aménagement des collectivités.

La distribution et les formes futures des zones urbaines, 3 vol. 1968. ( O N U / S T / E C E / H O U / 2 8 . )

fBL, St.] Compte rendu des travaux d'un cycle d'études qui a eu lieu aux Pays-Bas du 25 septembre au 7 octobre 1966. Le premier volume (175 p.) contient un aperçu de la réunion, des données générales sur les changements économiques, sociaux et tech­niques qui sont liés à l'urbanisation et le texte des principaux documents de travail du cycle d'études. Le volume II (145 p.) reproduit des études de cas sur des zones urbaines et le volume III (43 p.) des documents complémentaires, notamment un exposé des méthodes d'urbanisme et d'aménagement du territoire employées aux Pays-Bas.

Structures sociales, économie, service social

DÉVELOPPEMENT, PLANIFICATION, COURANTS DE CAPITAUX

Élaboration de directives et de propositions relatives à la deuxième décennie des Nations Unies pour le développement : Les pays en voie de développement dans les années 1970. Estimations préliminaires de certains éléments essentiels d'un projet de schéma de la stratégie internationale du développement. Juin 1968. 56 p. ( O N U / E / A C . 54/L.29/Rev. 1.)

[St.] Hypothèses concernant les taux de croissance économique des pays en voie de développement au cours de la décennie à venir. Conséquences probables du point de vue de la structure de la production. Répartition des ressources. Population active. Commerce extérieur.

Principes, directives et lignes d'action dans le domaine du développement. Juin 1968. 58 p. ( O N U / E / 4 4 9 6 . )

Compilation de textes, en vue de l'établissement d'une déclaration unifiée des droits et devoirs des peuples et des nations en ce qui concerne la coopération internationale pour le développement.

Rapport du Conseil du développement industriel sur les travaux de sa deuxième session (Vienne, 17 avril-14 mai 1968). Mai 1968. 206 p. ( O N U / I D / B / 4 1 . )

Activités de l ' O N U D I en 1967. Examen des activités des autres organismes des Nations Unies dans le domaine du développement industriel. Programme de travail de l ' O N U D I pour 1968 et 1969. Coordination avec les autres organismes des Nations Unies.

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Documentation et informations professionnelles

Financement extérieur du développement économique des pays en voie de dévelop­pement. Courant international des capitaux et de l'assistance. Étude des tendances récentes. M a i 1968. 65 p. ( O N U / E / 4 4 9 5 . )

R é s u m é des faits nouveaux les plus importants qui se sont produits dans l'économie mondiale et dans les principaux pays développés. Leurs répercussions sur les transferts de ressources vers les pays en voie de développement. Renseignements récents concer­nant les courants de capitaux. Évolution des conditions liées aux dons et emprunts. L'encouragement des investissements privés.

Crédit à Vexportation et promotion des exportations des pays en voie de développement. M a i 1968. 160 p. ( O N U / E / 4 4 8 1 . )

Rapport intérimaire du Secrétaire général. Signale qu'une enquête sur les conditions de l'établissement éventuel de systèmes nationaux, sous-régionaux ou régionaux de crédit et d'assurance-crédit à l'exportation en vue de la promotion des exportations des pays en voie de développement a été faite. U n e table ronde en examinera les résultats. E n annexe, le dispositif adopté par certains pays (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Israël, Mexique et Venezuela). U n additif (E/4481/Add. 1, 32 p.) se rapporte à l'Inde.

Le rôle de l'entreprise privée dans les investissements et la promotion des exportations dans les pays en voie de développement. 1968. 117 p. 2 dollars; 8,65 francs suisses. ( O N U / T D / 3 5 / R e v . l . )

Problèmes que pose le développement. Moyens de tirer le meilleur parti possible de ressources limitées, dans l'hypothèse d'un pays où l'entreprise privée peut s'établir et opérer librement. Questions juridiques. Fiscalité. L a politique des gouvernements et les investissements privés.

Conférence des planificateurs africains (2e session, Addis-Abéba, 4-15 décembre 1967) : La planification au Dahomey. Décembre 1967. 18 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / C A P . 2 / I N F . 21.)

Historique du premier plan. Sa réalisation dans l'agriculture, l'industrie, le commerce, le secteur social et administratif. Le nouveau plan (1966-1970). Projets dont l'exécution a commencé en 1966. Projets qui vont être entrepris.

COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT

Manuel de statistiques du commerce international et du développement. 1967. 140 p. ( O N U / T D / S T A T . 1 . )

[St., B1J Tableaux statistiques sur le commerce mondial par pays et régions. Quantités et valeurs. Indices du commerce par groupes de pays et régions, 1955-1966. Système mondial d'exportations par classes de marchandises et par régions. Indices de développement.

MÉTALLURGIE DE DÉVELOPPEMENT

* Rapport du cycle d'étude interrégional sur les industries métallurgiques dans les pays en voie de développement (Moscou, 7 septembre au 6 octobre 1966). 1968. 97 p. 2 dollars; 8,65 francs suisses. ( O N U / r o / 8 . )

[Bl., St.] Développement et production de machines. Situation des industries métal­lurgiques dans les pays en voie de développement. Projets d'équipement.

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Page 165: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documents et publications des Nations Unies

RÔLE DES EXPERTS

* Manuel pour remploi d'experts dans les pays en voie de développement. 1968. 158 p. 2 dollars; 8,65 francs suisses. ( O N U / I D / 3 . )

Raisons de faire appel à des experts fournis par les institutions internationales. Choix des experts. Démarches à faire pour les obtenir. Contrats. Types d'assistance. Rôle des experts. Utilisation de leurs travaux.

EXODE DES RESSOURCES HUMAINES

Mise en valeur et utilisation des ressources humaines. Exode du personnel qualifié des pays en voie de développement. Juin 1968. 43 p. ( O N U / E / 4 4 8 3 / A d d . 1.)

Complément d'un rapport du Secrétaire général. Renseignements fournis par les États membres au sujet de la mise en valeur et de l'utilisation des ressources humaines. Problème de l'exode des élites professionnelles des pays en voie de développement.

TRANSFERT DE TECHNIQUES

Modalités du transfert des techniques d'exploitation aux pays en voie de développement. Juillet 1968. 55 p. ( O N U / E / 4 5 5 2 . )

Programmes de travail des organismes des Nations Unies s'occupant du transfert de techniques. Programmes de travail des institutions spécialisées. Activités des Bureaux internationaux réunis pour la protection de la propriété intellectuelle dans le domaine du transfert des techniques.

POPULATION ACTIVE

Évolution de la population active dans le monde par branches d'activité et par régions, 1880-1960, par P . Bairoch et J. M . Limor. Extrait de la Revue internationale du travail, vol. 98, n° 4, octobre 1968. 28 p. (OIT.)

[St.] Tableaux accompagnés d'un commentaire analytique. Données chiffrées complètes sur l'évolution de la population active dans le m o n d e et sa répartition par branches d'activité économique et par grandes régions géographiques. Remonte aussi haut que possible dans le passé, d'après les recensements.

TRAVAIL

Bulletin des statistiques du travail, novembre 1968. Genève, 1968. 93 p. 1,25 dollar; 5 francs suisses (OIT.)

[St.] Données sur l'emploi, le chômage, la durée du travail et les prix à la consom­mation. Présentées par continent et par pays.

NIVEAUX DE VIE

Recueil de statistiques sociales : 1967. 1968. 662 p. 8,75 dollars; 37,80 francs suisses. (Études statistiques, série K , n° 3. O N U / S T / S T A T / S E R . K / 3 . )

[Bl., St.] Statistiques fondamentales au sujet des principaux aspects de la situation sociale des divers pays. Tendances des dix dernières années environ. Population et statistiques de l'état civil. Santé. Consommation alimentaire et nutrition. Habitation.

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Documentation et informations professionnelles

Éducation et activités culturelles. Main-d'œuvre et emploi. Revenus et dépenses. Coût de la vie. Fournit des bases pour l'évaluation de l'évolution du niveau de vie dans les divers pays. Couvre le m o n d e entier.

ÉNERGIE

* Tableau mondial de la fourniture d'énergie (1963-1966). 1968. 102 p. 2 dollars; 8,65 francs suisses. (Études statistiques, série J, n° 11. O N U / S T / S T A T / S E R . J /11 . )

[St.] Production, consommation et commerce de l'énergie pour environ 170 pays.

Problèmes de l'énergie en Europe. Mars 1967. 31 p. (ONU/E/ECE/649 /Add . 1.) Résultats d'une enquête relative à l'établissement de statistiques énergétiques pour l'Europe. Tableaux types.

Aperçu de la situation énergétique récente en Europe (1965). Février 1968. 54 p . ( O N U / S T / E C E / E N E R G Y / 10.)

[St.] Évolution de la production et de la consommation d'énergie dans le m o n d e . Tendances propres à l'Europe. Production. Commerce . Consommation brute d'énergie dans les pays européens. Données spéciales sur la consommation de combus­tibles (solides, liquides, gazeux) et d'électricité.

Rapport de la réunion sous-régionale sur l'énergie en Afrique du Centre. Avril 1968. 20 p. ( O N U / E / C N / 1 4 / 4 1 5 . )

L a réunion a eu lieu à Brazzaville du 2 au 4 avril 1968. Elle a examiné un rapport sur le développement de l'énergie dans les six pays de la sous-région de l'Afrique du Centre et des rapports par pays, ainsi que le problème de la création d'un organe intergouvernemental de coopération dans le domaine de l'énergie.

TRANSPORTS

* Introduction à la planification des transports. 1967. 78 p. 1,50 dollar; 6,45 francs suisses. ( O N U / E / C N . 11/764.)

[Bl.] L'utilisation efficace du système des transports. Prévision des besoins. Les investissements nécessaires. Analyse du rapport coût-bénéfice. E n annexe, étude de cas particuliers.

STATISTIQUES AGRICOLES (Y COMPRIS PÊCHES)

Rapport sur le recensement mondial de l'agriculture de 1960, lia.. 1968. 240 p. 3 dollars ; 13 francs suisses. ( F A O . )

[St., Bl.] Tableaux statistiques se rapportant à un certain nombre de pays et terri­toires. Portée du recensement et définition des rubriques. Données : exploitants, exploitations et modes de faire-valoir, cultures, bétail et animaux de basse-cour, main-d'œuvre agricole, population des exploitations agricoles, énergie et machines utilisées en agriculture, moyens de transport, irrigation et drainage, engrais et amendements, produits forestiers et produits de la pêche. Les pays et territoires couverts sont : Australie, Belgique, Bornéo du Nord, Taïwan, Colombie, Danemark, États-Unis, G u a m , Guinée portugaise, îles Vierges, Irak, Iran, Libye, Malte, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Porto-Rico, Rhodésie du Nord, Rhodésie du Sud, S a m o a américain, Sarawak, Seychelles, Surinam, Tanganyika, République du Viêt-nam.

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Page 167: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Documents et publications des Nations Unies

Rapport sur le recensement mondial de Vagriculture de 1960, I/b. R o m e , 1968. 329 p. 6 dollars; 26 francs suisses. ( F A O . )

Publication complétant la précédente : Argentine, Autriche, République de Corée, Costa Rica, Finlande, Irlande, Japon, Malaisie, Mali, Mexique, Nicaragua, Norvège, Panama, Pays-Bas, Pologne, République centrafricaine, République dominicaine, Royaume-Uni , Sud-Ouest africain, Suède, Thaïlande, Turquie, Uruguay, Yougoslavie.

Recensement mondial de l'agriculture en 1970 : Programme régional pour l'Europe. 1968. 115 p. ( F A O . )

Indications sur le programme mondial. Programme pour l'Europe. L'objet du rapport est d'indiquer les modifications à apporter au programme mondial pour l'adapter aux conditions et exigences particulières de la région.

Annuaire statistique des pêches (1967), vol. 24. 1968. 392 p. 6 dollars; 26 francs suisses. ( F A O . )

[St.] Statistiques annuelles relatives aux quantités pêchées et débarquées par pays, par espèces et par principales zones de pêche.

MÉCANISATION DE L'AGRICULTURE

Notions fondamentales se rapportant aux aspects économiques de la mécanisation de l'agriculture. 1968. 38 p. ( O N U / A G R I / M E C H / 3 2 . )

[Bl.] Principaux facteurs de l'évaluation économique des effets de la mécanisation des travaux dans l'agriculture. L a notion de mécanisation de l'agriculture. Indices d'évaluation économique (degré de mécanisation, unités de travail technologique, rendement théorique d'un agrégat, rendement pratique d 'un agrégat, conditions de comparabilité des processus technologiques).

PÊCHE

La situation de la pêche dans le monde. 1968. 56 p. 0,80 dollar; 3,45 francs suisses. ( F A O . )

Cette brochure traite des problèmes posés par l'augmentation des prises mondiales. Perspectives futures et problèmes. Organismes intergouvernementaux s'occupant des pêches. Moyens de planifier cette activité.

STATISTIQUES D U C O M M E R C E

Annuaire des statistiques du commerce international (1966). 1968. 902 p. 12,50 dollars; 54 francs suisses. ( O N U / S T / S T A T / S E R . G / 1 7 . )

[St.] Statistiques détaillées pour 143 pays et territoires. Des tableaux généraux sont consacrés au commerce mondial. Quantités. Prix. Ils sont suivis de tableaux par pays.

Statistiques africaines du commerce extérieur. Échanges par pays. 1968. 92 p . ( O N U / E / C N . 1 4 / S T A T / S E R . A / 1 0 . )

[St.] Données récentes pour l'ensemble des pays d'Afrique.

Statistiques africaines du commerce extérieur. Échanges par produits. Janvier -décembre 1966. N ° 13, 1968. 404 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / S T A T / S E R . / B / 1 3 . )

[St.] Échanges par zones et pays de provenance et de destination.

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Documentation et informations professionnelles

SITUATION ÉCONOMIQUE MONDIALE

Étude sur l'économie mondiale : 1967. Avril 1968. U n e série de documents. ( O N U / E / 4488 et additifs.)

[St.] Édition préliminaire, par chapitres séparés, de l'étude annuelle des Nations Unies sur l'évolution de l'économie mondiale. Rythmes de croissance, par pays et par secteurs. Ressources humaines. Investissements. Politiques de développement. Production et échanges. Évolution des revenus et de la consommation. Problèmes monétaires. Réforme économique en U R S S et dans les démocraties populaires.

SITUATION ÉCONOMIQUE EN AMÉRIQUE LATINE, EN ASIE ET EN EUROPE

* Étude économique sur VAmérique latine (1967). Première partie : Aspects généraux des tendances actuelles du développement. M a i 1968. 255 p. ( O N U / E / C N . 12/808.)

[St., Bl.] Évaluation d'ensemble des taux de croissance économique propres aux pays de la région. Facteurs internes et externes qui la déterminent. Tendances sociales de l'évolution de la situation. C o m m e r c e extérieur. Balance des paiements. Résultats des changements dans certains pays en ce qui concerne le régime fiscal.

* Étude économique sur VAmérique latine (1967). Deuxième partie : Tendances économiques en 1967, par pays et par secteurs d'activité. Mai 1968, 309 p. ( O N U / E/cN.12/808/Add. 1.)

Évolution de la situation dans chacun des pays de la région. Problèmes propres à l'agriculture, aux mines, aux manufactures, à l'énergie, aux transports.

* Étude économique sur l'Asie et l'Extrême-Orient (1967). 1968. 204 p. 3 dollars; 13 francs suisses. ( O N U / E / C N . 11/825.)

[Bl., St.] Développement économique dans les pays de cette région, et facteurs internationaux qui les influencent. Analyse détaillée de la politique économique des différents pays en cause.

Étude économique sur l'Europe en 1967. 1968. 91 p. 2,50 dollars; 10,80 francs suisses. ( O N U / E / E C E / 7 0 3 . )

[St.] Développement par régions et pays. Europe de l'Ouest. Europe du Sud. Europe orientale et U R S S . Tendances principales. Mouvement par secteurs (industrie, agriculture). Investissements. Salaires. Commerce . Planification.

EMPLOI ET FORMATION DE LA JEUNESSE

Programmes spéciaux d'emploi et de formation de la jeunesse en vue du développement. 1968. 64 p. 0,75 dollar; 3 francs suisses. (OIT.)

Étude publiée en vue de la 53e session (1969) de la Conférence internationale du travail. Aperçu de la pratique des différents pays.

PROTECTION SOCIALE

A l'occasion de la Conférence internationale des ministres responsables de la pro­tection sociale ( N e w York, 3-13 septembre 1968), une série de documents de travail a été distribuée :

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Documents et publications des Nations Unies

La protection sociale dans le cadre du développement national. M a i 1968. 32 p. ( O N U / E / C O N F . 5 5 / 1 . )

Rôle de la protection sociale dans le développement. Programmes. Part de la protec­tion sociale dans le cadre de l'ensemble des activités qui expriment les attitudes de chaque pays envers le développement et les buts de la société.

Rôle des pouvoirs publics en matière de protection sociale. M a i 1968. 21 p. ( O N U / E / C O N F . 5 5 / 2 . )

Rôle du gouvernement central et des autorités locales. L'initiative bénévole. L a participation populaire. Organisation de la protection sociale.

Les moyens de pourvoir aux besoins en personnel des services de protection sociale. Juin 1968. 17 p. ( O N U / E / C O N F . 5 5 / 3 . )

Principes d'une politique d'ensemble en ce qui concerne le personnel de la protection sociale. Qualifications.

Coopération internationale en matière de protection sociale. M a i 1968. 32 p. ( O N U / E / C O N F . 5 5 / 4 . )

Les moyens qui existent. Éléments d'un plan d'action internationale future.

Exposés des gouvernements. Juin 1968. 182 p. ( O N U / E / C O N F . 5 5 / 7 . ) Rapports de la Birmanie, de l'Ethiopie, de l'Irak, de la Jordanie, de la Libye, de Malte, du Népal, de Singapour, de la Tanzanie, de la Thaïlande et de la Zambie. U n additif ( E / C O N F . 55/7/Add. 1, juillet 1968, 263 p.) contient les rapports de l'Arabie Saoudite, de l'Australie, du Botswana, de Chypre, du Danemark , de la Finlande, du Ghana, de la Grèce, de l'Inde, de la Jamaïque, de la Norvège, de la Pologne, de la République arabe unie, de la Roumanie, du Royaume-Uni , du Sierra Leone et de la Turquie.

* Exposé du programme alimentaire mondial, rapport du FISE (voir additif 1) et des institutions spécialisées. Juillet 1968. 90 p. ( O N U / E / C O N F . 5 5 / 8 . )

Programme alimentaire mondial. Rôle de l'Organisation internationale du travail, de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, de l'Unesco et de l ' O M S .

Le rôle du FISE dans les services de protection sociale. Juin 1968. 19 p. ( O N U / E / C O N F . 55/8/Add. 1.)

L'aide du FISE aux services de protection sociale. Les objectifs du FISE et les grandes lignes de sa politique d'assistance. Exemples de programmes.

Exposés des commissions économiques, du Bureau des affaires économiques et sociales de l'ONU à Beyrouth, et de la Division des affaires sociales de l'Office des Nations Unies à Genève. Juillet 1968. 74 p. ( O N U / E / C O N F . 5 5 / 9 . )

Leurs programmes.

Exposés d'organisations non gouvernementales. Juillet 1968. 116 p. ( O N U / E / C O N F . 55/10.)

Rôle de l'Association internationale des écoles de service social, de la Conférence internationale des œuvres catholiques de charité, du Conseil international des femmes, du Conseil international de l'action sociale, de la Fédération internationale des assistants sociaux, du Service social international, de la Société internationale pour

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Documentation et informations professionnelles

la réadaptation des handicapés, de l'Union internationale des organismes familiaux, de l'Alliance coopérative internationale, de la Fédération syndicale mondiale et de la Fédération mondiale des anciens combattants.

SONDAGES EN AFRIQUE

U n cycle d'études sur les méthodes de sondage, et leurs utilisations en Afrique a eu lieu à Addis-Abéba du 3 au 14 juin 1968. L ' u n des documents de travail distribués à cette occasion a déjà été mentionné plus haut parce qu'il se rapportait à l'étude de la population et de l'habitat. E n voici d'autres qui ont trait à différentes activités économiques.

Les méthodes de sondage dans les statistiques agricoles. Juin 1968. 42 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / S M / 6 . )

Utilité du sondage pour les statistiques agricoles. Expériences faites dans les divers pays de la région. Méthodes de sondage à employer pour les recensements agricoles, ainsi que pour les statistiques agricoles courantes.

Application des sondages aux statistiques de la distribution. M a i 1968. 28 p . ( O N U / E/CN.14 /SM/7 . )

Éléments dont il faut tenir compte. Caractéristiques de l'univers qui doit faire l'objet du sondage. C h a m p et représentativité des enquêtes sur la distribution. Plans de sondage. Commerce familial de détail. Erreurs d'observation. Leur correction.

Méthodes de sondage dans les enquêtes sur la main-d'œuvre menées auprès des parti­culiers. Avril 1968. 10 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / S M / 9 . )

Document préparé par le BIT. Sondages sur la main-d'œuvre effectués auprès des particuliers en Algérie, au Nigeria, en R A U et au Chili. Projet pour le Ghana.

* Application du sondage aux statistiques concernant les entreprises industrielles. Avril 1968. 7 p. ( O N U / E / C N . 1 4 / S M / 1 0 . )

Document présenté par le BIT. Indications générales. Exemples : Libye, Tunisie, Ghana.

Questions juridiques et politiques, droits de l ' h o m m e

DROITS DE L ' H O M M E

Le droit d'être un h o m m e . Informations Unesco, supplément au n° 533/534. 1968. 15 p . (Unesco.)

Document d'information contenant la préface et quelques extraits d'un ouvrage important : Le droit d'être un homme (592 p. avec illustrations, co-édition Unesco-Laffont, Paris, 35 francs; 35 francs suisses; 10 dollars). C e livre a été préparé sous la direction de Jeanne Hersch. Il constitue une anthologie de textes de toutes les époques de l'histoire et de toutes les régions du m o n d e où s'exprime le sens de la dignité humaine.

Réalisation effective des droits civils et politiques au niveau national. Choix d'études. Juin 1968. 121 p. ( O N U / S T / T A O / H R / 3 3 . )

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Documents et publications des Nations Unies

Le Conseil d'État en France, par M . P . Juvigny. L ' O m b u d s m a n suédois, par M . A . Bexelius. Le Bureau des libertés civiles du Ministère japonais de la justice et le système des commissaires aux libertés civiles, par M . T . Horiuchi. La Procurata de la République socialiste roumaine, par M . G . Ripeanu. Commentaires généraux par M . S. S. Ramphal.

SUCCESSION DES ÉTATS

La succession d'États aux traités multilatéraux. Février 1968. 139 p. ( O N U / A / C N . 4/200.)

Données du problème en ce qui concerne l'Union internationale pour la protection des œuvres littéraires et artistiques (Convention de Berne de 1886 et Actes de révision), la Cour permanente d'arbitrage (Convention de L a Haye de 1899 et 1907), ainsi que les conventions humanitaires de Genève de 1864,1906,1929 et 1949 et la Croix-Rouge internationale. U n premier additif ( A / C N . 4/200. A d d . 1, 59 p.) est consacré à l'Union internationale pour la protection de la propriété industrielle (Convention de Paris de 1883 et Actes de révision) et un deuxième ( A / C N . 4/200/Add. 2 , 49 p.) traite de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce et de ses instruments subsidiaires.

Premier rapport sur la succession d'États et les droits et obligations découlant de sources autres que les traités. Avril 1968. 65 p . ( O N U / A / C N . 4/204.)

Les divers types de succession. Problèmes spécifiques des États nouveaux. L a pro­priété publique. Les dettes publiques. Le passage à un nouveau régime légal. Problèmes territoriaux. Le statut des habitants. Les droits acquis.

DROIT MARITIME

Étude des accords internationaux en vigueur relatifs au lit des mers et des océans et à leur sous-sol, en haute mer au-delà des limites de la juridiction nationale. Juin 1968. 40 p . (ONU/A/AC.135 /10 /Rev . 1.)

Traités multilatéraux de caractère général. Traités bilatéraux. Portée de ces dis­positions.

Étude des législations nationales relatives au lit et au sous-sol des mers et des océans au-delà des limites de la juridiction nationale. Juin 1968. 122 p . ( O N U / A / A C . 135/11.)

Limites de la mer territoriale, limites et portées de la juridiction nationale sur le plateau continental (27 pays). Protection des câbles et des pipe-lines sous-marins. Prévention de la pollution des eaux de la mer. Interdiction des émissions faites à partir de navires et d'aéronefs. Liste des lois, ordonnances et règlements nationaux comprenant des dispositions relatives aux procédures d'exploration et d'exploitation et aux pratiques de sécurité. E n annexe tableau synoptique concernant la largeur et le statut juridique de la mer territoriale et des zones de mer adjacentes (1960).

Étude des législations nationales relatives au lit et au sous-sol des mers et des océans au-delà des limites de la juridiction nationale. Août 1968. 29 p . ( O N U / A / A C . 135/11/Add. 1.)

Lois, ordonnances et règlements en vigueur dans 12 autres pays.

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DROIT DIPLOMATIQUE

Commission du droit international : Troisième rapport sur les relations entre les États et les organisations intergouvernementales. Mars 1968. 42 p. ( O N U / A / C N . 4/203.)

Diplomatie bilatérale et multilatérale. Nature juridique du droit diplomatique des organisations internationales en tant qu'élément du droit international général. Projet d'articles sur la situation juridique des représentants d'États auprès des orga­nisations internationales. E n deuxième partie exposé sur la situation des missions permanentes d'organisations internationales.

TUTELLE

Rapport de la mission de visite des Nations Unies dans le territoire sous tutelle de la Nouvelle-Guinée (1968). M a i 1968, 144 p. ( O N U / T / 1 6 7 8 . )

Situation politique, économique et sociale. Avenir du territoire. Conclusion et recommandations.

Éducation, science

ENSEIGNEMENT DES DROITS DE L ' H O M M E

* Quelques suggestions concernant renseignement des droits de l'homme. 1968. 155 p. 1,75 dollar; 6,50 francs. (Unesco/ED.68/D.37.)

[BI.] Expériences faites à ce sujet dans divers pays. Conclusions qui s'en dégagent. E n annexe, texte de la Déclaration universelle des droits de l ' h o m m e et d'autres instruments semblables. Liste de documents utiles.

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Accès à renseignement supérieur en Europe. 148 p. 1968. 14 francs; 4 dollars. (Unesco/ED.68/D. 38 F.)

[St., Bl.] Abondants documents comparatifs et rapport condensé de la Conférence des ministres de l'éducation des États membres de l'Unesco sur l'accès à l'ensei­gnement supérieur (Vienne, 20-25 novembre 1967). Le volume comprend d'abord des données statistiques comparatives sur l'accès à l'enseignement supérieur en Europe, selon les pays (expansion du deuxième degré, évolution de l'effectif des étudiants et du nombre des diplômes, selon les pays, avec un commentaire développé). Puis, chapitre sur le problème de l'accès à l'université selon le milieu et la région d'origine (par M . Henri Janne). E x a m e n du problème de la planification de l'accès à l'ensei­gnement supérieur en fonction du développement de la société (par M . Jean Szcze-panski). La conférence, son déroulement, ses conclusions. L'ensemble constitue un bilan des connaissances sur la question, telle qu'elle se présente en Europe de l'Est (y compris l ' U R S S ) et de l'Ouest.

Réunion d'experts sur l'enseignement supérieur et le développement dans les Etats arabes (Bagdad, 23-30 avril 1968). Octobre 1968. 40 p., y compris annexes. (Unesco/ED/MD/2.)

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Documents et publications des Nations Unies

L a réunion. Considérations sur le rôle de l'enseignement supérieur dans le dévelop­pement culturel, social et économique des États arabes. Recommandations détaillées.

EXAMENS DE MÉDECINE

Étude sur la nature et ¡'utilisation des examens dans l'éducation médicale, n° 36 des Cahiers de la santé publique. 1968. 74 p. 1,75 dollar; 5 francs suisses. ( O M S . )

[Bl.] L'évolution de la pratique des examens au cours de ces dernières vingt années, dans le cadre des études de médecine. Problèmes. E n annexe, projet d'examen inter­national pour les étudiants en médecine, et tableau des méthodes d'examens en usage dans divers pays.

RECHERCHE SCIENTIFIQUE

* Politique de la science et organisation de la recherche scientifique dans la République socialiste et fédérale de Yougoslavie. 123 p. 1968. 2 dollars; 7 francs. (Unesco/ N S / S P S / 9 . )

[St., Bl.] Cette brochure fait partie d'une série où ont déjà paru des études semblables sur les buts et l'organisation des activités scientifiques en Belgique, en Tchécoslova­quie, en Asie méridionale, en Norvège, en U R S S , au Japon et aux États-Unis. Aperçu historique de l'évolution de la science en Yougoslavie. Description des institutions scientifiques actuelles. Financement. Formation des travailleurs scientifiques. Objec­tifs de la politique yougoslave de la science. Relations avec le contexte culturel, économique et social.

TENDANCES ACTUELLES DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIOLOGIQUES

Les sciences sociales. Problèmes et orientations. Paris - L a Haye , Mouton-Unesco, 1968. 507 p. 13 dollars; 45 francs. (Unesco.)

[Bl.] C e volume comprend 32 études rédigées dans le cadre de la première partie de l'enquête actuellement menée par l'Unesco sur les tendances principales de la recherche dans les sciences sociales (au sens large) et humaines. Elles indiquent, dans quelques domaines choisis à titre d'exemples, les directions actuelles du travail des spécialistes. Ces textes se rapportent à l'anthropologie, à l'économie, à la sociologie et aux problèmes généraux de la méthodologie des modèles et des travaux comparatifs et interdisciplinaires. Leur but est de faire ressortir les formes d'analyses scientifiques qui sont en train de s'imposer dans l'étude de la société et de l ' h o m m e , les méthodes en devenir.

PHYSIOLOGIE D U COMPORTEMENT

La recherche sur le cerveau et le comportement humain (Maison de l'Unesco. 11-15 mars 1968, rapport final). 22 p. 1968. (Unesco/sc/MD/7.)

L'objectif du colloque était d'attirer l'attention sur l'importance grandissante des recherches sur le cerveau, et de démontrer les liens qui existent entre ce domaine de la recherche et divers autres champs d'investigation, c o m m e l'éducation, les sciences sociales et les sciences de l'information. Les spécialistes les plus éminents ont pris part au colloque. Bref aperçu des travaux de celui-ci.

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Documentation et informations professionnelles

DONNÉES SUR LE NOMADISME SAHÉLIEN

Intégration et sédentarisation des nomades dans la région sahélienne. Genève, 1968. 177 p. (RTNS/l /F.) O I T .

[St., Bl.] Rapport préparé à l'occasion de la Réunion technique sur les problèmes du nomadisme dans la région du Sahel en Afrique (Niamey 9-20 septembre 1968). Description du milieu physique. Nature des institutions traditionnelles et de l'admi­nistration des régions tribales. Activités économiques des groupes nomades du Sahel. Projets de développement.

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Livres reçus

Ouvrages généraux ou méthodologiques

A T T E S L A N D E R , Peter. Methoden der empirischen Sozialforschung. Berlin, Gruyter, 1969. 313 p., fig., tabl., bibliogr., index. (Sammlung Göschen, Band 1229/ 1229a.)

M O O R E , Tim. Claude Lévi-Strauss and the cultural sciences. Birmingham, Centre for Contemporary Cultural Studies, Birmingham University. 50 p., fig., bibliogr. 7 shillings 6 pence. (Occasional papers, 4.)

Histoire

P A N E T , Leopold. Première exploration du Sahara occidental. Relation d'un voyage du Sénégal au Maroc, 6 janvier - 25 mai 1850, préface de Leopold Sédar Senghor, introduction de Robert Cornevin. Paris, Le livre africain, 1968. 190 p., tabl., carte, facs.

Droit, criminologie

M A C H A D O , Laurival Gomes . Tomas Antonio Gonzaga e o direito natural, introducto, revisâo e notas de Oliveiros S. Ferreira. Sào Paulo, Martens, 1968. 168 p., bibliogr. (Publication posthume de feu le directeur du Département de la culture de l'Unesco.)

Économie, démographie

B A I R O C H , Paul. Diagnostic de l'évolution économique du tiers monde, 1900-1968, 3 e éd., revue et augmentée. Paris, Gauthier-Villars, 1969. 259 p., tabl., 26 francs. (Collection techniques économiques modernes, série Histoire et pensée écono­miques, 2.)

BROTHERS, Dwight S.; Di TELLA, Guido; GURLEY, John G. ; S H A W , Edward S.; SOLIS, M . Leopold. Estructura financiera y desarrollo económico. Buenos Aires, Editorial del Instituto, 1968. 208 p., fig., tabl.

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Rev. int. Sc. soc, vol. X X I (1969), n° 2

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Documentation et informations professionnelles

G O N Z A L E Z - C O R T E S , Gerardo. La limitation des naissances dans la population marginale de Santiago du Chili, thèse de doctorat du 3e cycle présentée à la Faculté des lettres et sciences humaines de Paris, Sorbonne, 1969. 233 p. + annexes, tabl. Multigraphié.

H U G H E S , Donald J. Science and starvation. An introduction to economic development. Oxford, London, Edinburgh, N e w York, Toronto, Sydney, Paris, Braunschweig, Pergamon Press, 1968. xx + 161 p., fig., tabl., pi, cartes, index. 35 shillings.

M Ü H S A M , H . V . Beduin of the Negev. Jerusalem, Jerusalem Academic Press, 1966. 123 p., tabl.

S A Y L O R , Ralph Gerald. The economic system of Sierra Leone. Durham, N . C , D u k e University Press, 1967. xn + 231 p., fig., tabl., carte, bibliogr., index. 10 dollars. (Publication 31, D u k e University Commonwealth Studies Center.)

U R Q U I D I , Victor L . ; V A R G A S , Adrian Lajous. Educación superior, ciencia y tecnología en el desarrollo económico de México. México, El Colegio de México, 1967. vin + 86 p., tabl., bibliogr. (Publicaciones del Centro de Estudios económicos y demográficos, I.)

Science politique

C A N T O N , Dario. Materiales para el estudio de la sociología política en la Argentina, tomo II. Buenos Aires, Editorial del Instituto, 1968. x + 468 p., tabl.

J I K O V , Todor. Principales tendances du développement ultérieur du système de gouver­nement de notre société. Sofia, Sofia Presse, 1968. 152 p. . Pour un déploiement ultérieur de la démocratie socialiste. Sofia, Sofia Presse, 1968. 36 p.

La Première Internationale. Paris, Éditions du Centre national de la recherche scienti­fique, 1968. 498 p., pi., 50 francs. (Colloque international sciences humaines.)

L I P S E T , Seymour Martin. Revolution and counterrevolution. Change and persistence in social structures. N e w York, Basic Books, 1968. xiv + 466 p., index. 10 dollars.

M A C H A D O , Laurival G o m e s . Homen e sociedade na teoría política de Jean-Jacques Rousseau, introduçào e revisào de Oliveiros S. Ferreira. Säo Paulo, Martins, 1968. 226 p., bibliogr. (Publication posthume de feu le directeur du Département de la culture de l'Unesco.)

M E R C I E R , Jean-Jacques; D U P U I S , Marc. Profil socio-politique des bourgmestres de l'arrondissement de Mons. M o n s , Centre de recherches sociologiques, politiques et économiques, 1968. 141 p., tabl., bibliogr. Multigraphié.

O P R E A , I. M . Nicolae Titulescu's diplomatie activity. Bucharest, Publishing House of the Academy of the Socialist Republic of Rumania 1968. 189 p., pi. 7,75 lei. (Bibliotheca histórica Romaniae 22.)

R E N S , Ivo. Introduction au socialisme rationnel de Colins. Neuchatel, La Baconnière, 1968. 546 p., pi., index.

W Y R W A , Tadeusz. Le Mexique, préface de Georges Langrod. Paris, Pichón et Durand-Auzias, 1969. iv + 367 p., tabl., bibliogr. (Collection C o m m e n t ils sont gouvernés.)

Sociologie

B A R N E S , Elizabeth. Les relations humaines à l'hôpital, traduction de Geneviève Durand. Toulouse, Privat, 1968. 134 p.

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Page 177: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Livres reçus

B E R N A R D , G u y . Ville africaine, famille urbaine. Les enseignants de Kinshasa. Paris, L a Haye, Mouton, 1968. 173 p., tabl. (Institut de recherches économiques et sociales, Université Lovanium de Kinshasa, Recherches africaines, VI.)

D E B I E , Pierre ; D O B B E L A E R E , Karel ; L E P L A E , Claire ; PIEL, Jacques. La dyade conjugale, préface de Reuben Hill. Bruxelles, Les éditions Vie ouvrière, 1968. 137 p., flg., tabl.

Di T E L L A , Torcuato; B R A M S , Lucien; R E Y N A U D , Jean-Daniel; T O U R A I N E , Alain. Sindicato y comunidad. Dos tipos de estructura sindical latino-americana. Buenos Aires, Editorial del Instituto, 1967. 389 p., flg., tabl.

Familles d'aujourd'hui, colloque consacré à la sociologie de la famille, Bruxelles, 17-19 mai 1965. Bruxelles, Éditions de l'Institut de sociologie, Université libre de Bruxelles, 1968. 196 p., tabl. 300 francs belges. (Études démographiques.)

G O L D T H O R P E , J. E . An introduction to sociology. Cambridge, Cambridge University Press, 1968. v m + 206 p., flg., index. 17 shillings.

H A R R I S , Amelia, assisted by Rosemary Clausen. Social welfare for the elderly. London, Her Majesty's Stationery Office, 1968. Vol. I : Comparison of areas and summary, rv + 141 p., tabl. 19 shillings; vol. II : Area reports, xi + 624 p., tabl., 3 livres 17 shillings 6 pence. (Government Social Survey SS366.)

K A Ë S , René. Images de la culture chez les ouvriers français. Paris, Cujas, 1968. x + 344 p., fig., tabl., bibliogr. (Collection Temps de l'histoire.)

K L A G E S , Helmut. Soziologie zwischen Wirklichkeit und Möglichkeit. Köln, Opladen, Westdeutscher Verlag, 1968. 70 p. 6,80 marks. (Sammlung Soziologie.)

P A H L , R . E . (ed.). Readings in urban sociology. Oxford, London, Edinburgh, Toronto, Sydney, Paris, Braunschweig, Pergamon Press, 1968. x m + 333 p., fig., tabl. 45 shillings. (The Commonwealth and international library.)

P E R I S T I A N Y , J. G . (ed.). Contributions to Mediterranean sociology. Mediterranean, rural communities and social change. Paris, The Hague, Mouton , 1968. 348 p., fig., tabl. (Publications of the Social Sciences Centre, Athens, IV.)

S I L B E R M A N N . Alphons. Les principes de la sociologie de la musique. Genève, Droz, 1968. 190 p., index. (Travaux de droit, d'économie, de sociologie et de sciences politiques, 70.)

S I M M E L , Georg. The conflict in modem culture and other essays, translated with an introduction by K . Peter Etzkorn. N e w York, Teachers College Press, 1968. ix + 140 p. 5 dollars.

Ethnologie

C H A N C E , N o r m a n A . (ed.). Conflict in culture : problems of developmental change among the Cree. Ottawa, Canadian Research Centre for Anthropology, 1968. 104 p., fig., tabl., cartes, pi., bibliogr. 2,75 dollars.

D u P R É , Carole E . The Luo of Kenya. An annotated bibliography. Washington, D . C . Institute for Cross-Cultural Research, 1968. ix + 164 p., cartes, index.

M A R A S P I N I , A . L . The study of an Italian village. Paris, The Hague, Mouton, 1968. 270 p., bibliogr. (Publications of the Social Sciences Centre, Athens, V . )

Philosophie, psychologie

A L E X A N D E R , Franz; F R E N C H , Thomas M . ; P O L L O C K , George H . (ed.). Psychosomatic Specificity. Vol. I : Experimental study and results. Chicago, London, University of Chicago Press, 1968. vi + 263 p., fig., tabl., bibliogr., index. 7,50 dollars.

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Documentation et informations professionnelles

B A X A N D A L L , Lee. Marxism and aesthetics. A selective annotated bibliography. N e w York, Humanities Press, 1968. xxn + 259 p.

E R N Y , P . L'enfant dans la pensée traditionnelle de VAfrique noire. Paris, Le livre africain, 1968. 197 p., fig., bibliogr., index.

G A L I M A R D , Pierre. Venfant de 12 à 15 ans. Toulouse, Privat, 1968. 114 p. 9 francs. (Mésopé, Bibliothèque de l'action sociale.)

G O F F M A N , Erving. Asiles. Études sur la condition sociale des malades mentaux et autres reclus, traduction de Liliane et Claude Laine, présentation index et notes de Robert Castel. Paris. Éditions de minuit, 1968. 447 p. , index. (Collection Le sens c o m m u n . )

L I N D Z E Y , Gardner; A R O N S O N , Elliot, (ed.). The handbook of social psychology, 2nd ed. Vol. I : Historical introduction, Systematic positions. Reading (Mass.), London, Addison-Wesley Publishing C o . , 1968. xv + 653 p., fig., tabl., bibliogr., index. 93 shillings.

M A R C U S E , Herbert. Raison et révolution. Hegel et la naissance de la théorie sociale, présentation de Robert Castel, traduction de Robert Castel et Pierre-Henri Gonthier. Paris, Éditions de minuit, 1968. 472 p., index. (Collection Le sens c o m m u n . )

R A O , P. Nagaraja. Values in the changing world. Bangalore, Indian Institute of World Culture, 1968. 41 p. 1,50 roupie. (Transactions, 37.)

S T A N G E , Douglas C . The nascent Marxist - Christian dialogue : 1961-1967. A biblio­graphy. N e w York, American Institute of Marxist Studies, 1968. 27 p. Multi-graphié. 75 cents. (Bibliographical series, 5.)

Éducation

C O O M B S , Philip H . The world educational crisis. A systems analysis. N e w York, London, Toronto, Oxford University Press, 1968. x + 241 p., fig., tabl., bibliogr., index. 51 shillings.

G A U C H E R , Joseph. Les débuts de renseignement en Afrique francophone. Jean Dard et VÉcole mutuelle de Saint-Louis du Sénégal. Paris, Le livre africain, 1968. 198 p., tabl., bibliogr., facs.

T H O N S T A D , Tore. Education and manpower. Theoretical models and empirical applica­tions. Edinburgh and London, Oliver and Boyd, 1969. xiv + 162 p., tabl., index. 63 shillings.

Communication de masse

G O N Z A L E Z S E A R A , Luis. Opinion publica y communicación de masas. Barcelona, Caracas, Ariel, 1968. 308 p., fig., tabl. (Colección Demos.)

L U T H E , H . O . Interpersonale Kommunikation und Beeinflussung. Stuttgart, Enke, 1968. v m + 127 p., bibliogr., index. 26,80 marks.

Etudes de régions ou de pays

M ' B o w , A . M . ; V E R N Y , R . ; M ' B O W , R . UAfrique. Paris, Le livre africain, 1968. 110 p., fig., tabl., cartes, ill. (Geographie, classe de troisième.)

404

Page 179: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Livres reçus

Divers

B H A T I A , S. L . Evolution of medicine. Bangalore, Indian Institute of World Culture, 1968. 21 p. 1 roupie. (Transactions, 38.)

R O D I G U E L , Jean-Luc. La réduction du temps de travail, préface de G . Lavau. Paris, Éditions ouvrières, 1969. 314 p., fig., tabl., bibliogr. 26 francs. (Collection Relations sociales.)

H E N S M A N , Bertha ; M A C K K W O K - P I N G . Hong Kong tale spinners, with illustrations by Hsieh C h u n g - W u . H o n g Kong, The Chinese University of H o n g Kong , 1968. xiv + 140 p., pi. 12 dollars de Hong-kong.

K A L A N T , Ariana Josseau. An interim guide to the cannabis (marihuana) literature. Toronto, Addication Research Foundation, 1968. 39 p., fig., tabl. Distributed free.

Problèmes du réemploi des travailleurs âgés ou handicapés. Luxembourg, Communauté européenne du charbon et de l'acier, 1967. 177 p., tabl.

Recent publications in the social and behavioral sciences. The ABS guide 1968 supple­ment. Beverly Hills (Calif.), The American Behavioral Scientist, 1968. 213 p., index. 6 livres.

S E N I O R , Clarence; B E R N A R D , S. William (ed.). Toward cultural democracy. N e w York, Selected Academic Readings, 1968. 173 p., tabl., 3,50 dollars.

V A U S S A I S , Pierre. Contes africains. Paris, Le livre africain, 1968. 63 p., pi.

405

Page 180: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

International Organisation Volume 23, Number 2 Spring 1969

Robert W . Cox Edward T . Rowe

William E . Fisher Review essays Robert O . Keohane Edward L . Morse Notes on theory and method Robert Weissberg Philippe C . Schmitter Alexander Szalai

Comprehensive summaries

Selected bibliography

the quarterly journal of the World Peace Foundation offering the most inclusive and up-to-date account of the recent activities of international organizations

Articles

The executive head: an essay on leadership in international organizations Changing patterns in the voting success of M e m b e r States in the United Nations General Assembly: 1945-1966 A n analysis of the Deutsch Sociocausal paradigm

Lilliputians' dilemma: small states and the alliance decision The politics of interdépendance

Nationalism, integration, and French and German Elites Further notes on operationalizing some variables related to regional integration United Nations Institute for Training and Research, public information on United Nations research project Recent activities of the United Nations, the United Nations Specialized Agencies, and the principal political, regional, and functional international organizations Recent books and articles, both United States and foreign

World Peace Foundation 40 Moun t Vernon Street Boston, Massachusetts 02108

$7.50 a year $19.00 for three years $2.50 a copy

QUADERNI DI SOCIOLOGÍA

Gallino Pizzorno

Sommario del N . 4, 1967 Articoli Gramsci e le scienze social i Sul método di Gramsci (Dalla storiografia alla scienza política) Legittimità e Stato Documentazioni e ricerche

A . Cavalli, A . Martinelli II profilo sociale dell'attivista di Berkeley Note critiche Potere, conflitto e integrazione nell'opera di Duverger Schede. Panorama délie riviste

L. Levi

V . Torneo

Comitato Direttivo Nicola Abbagnano Franco Ferrarotti Luciano Gallino Angelo Pagani

Alessandro Pizzorno Pietro Rossi Tullio Tentori Renato Treves

Abbonamenti Ordinario. L . 4.000 Sostenitore. L . 20.000 Estero. L . 6.000 U n fascicolo sepáralo, L . 1.200 Fascicoli arretrati dall'l al n . 42 L . 1.000 Fascicoli arretrati dal 1962 (nuova serie). L . 2.000

Direttore Responsabile Franco Ferrarotti

Redattore Luciano Gallino

Redazione e Amministrazione:

Casa Editrice Taylor - Via Valeggio, 26 - Torino

Telef. 584.155 - C / C Postale 2/34389

Redazione Romana: c/o Prof. Franco Ferrarotti, Via Appennini 4 2 - R O M A Tel. 846.770

Page 181: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Chief editor: K. Ishwaran York University, Toronto, Canada Guest editor: David Buxbaum, University of Washington,^ Seattle, U.S.A.

Journal of Asian and African Studies

January/April 1967 Volume II, Nos 1 & 2

A quarterly publication, edited by an international board of scholars, which is devoted to the study and analysis of social structures and processes in the developing nations of Asia and Africa and draws contributions from anthropology, sociology, and related social sciences.

Theme: Traditional and modern legal institutions in Asia and Africa

Contents

Promulgation of Tokugawa statutes Local government and the law in Southern Nigeria Some remarks on the judicial system in China: historical development and characteristics Mediation in Chinese law: traditional attitudes and practices Mediation in changing Chinese society in rural Taiwan Group membership and group preference in India Nationalism, 'race', and developments in the law of Philippine citizenship News and notes; Book reviews

D . F. Henderson Simon Ottenberg Shuzo Shiga

Jerome Alan Cohen Bernard Gallin Marc Galanter Cornellius J. Peck

J .A.A.S. welcomes contributions by social scientists. Manuscripts, research notes and news, and other editorial correspondence should be addressed to the editor, K . Ishwaran, Department of Sociology, York University, Toronto 12, Canada. Books for review (Africa) should be addressed to P. C . W . Gutkind, Department of Anthro­pology, McGill University, Montreal, Canada, and (Asia) to J. O'Neill, Department of Sociology, York Uni­versity, Toronto, Canada.

Business correspondence, renewals, advertising, change of address, reprints, subscriptions, and all remittances should be sent to: E . J. Brill, Leiden, Netherlands.

Annual subscription: U . S . $12, or the equivalent in other currencies. Order from: E . J. Brill, Leiden, Netherlands.

Revue internationale de recherches et de synthèses sociologiques

L ' h o m m e et la société N ° 11 janvier, février, mars 1969

Études, débats, synthèses

Boris Fraenkel: Le freudo-marxisme (présentation). Wilhelm Reich: L'application de la psychanalyse à la recherche historique. Erich Fromm: Tâche et méthode d'une psychologie sociale analytique. Herbert Marcuse: L'idée de progrès à la lumière de la psychanalyse. / . A. Caruso: Psychanalyse et société: de la critique de l'idéologie à l'autocritique. Constantin Sinelnikoff: Situation idéologique de Wilhelm Reich. Edmund Bergler et Géza Róheim: La psychologie de la perception du temps. Menachem Rosner: Aliénation, fétichisme, anomie. Joachim Israel: L'humanisme dans les théories de Marx. Joseph Gabel: Mannheim et le marxisme hongrois (essai de réinterprétation).

Essais théoriques

Jacques Berque: Vie sociale et variations de mode et de densité. Guy Dhoquois: Propositions pour une classification nouvelle des sociétés humaines.

Études critiques

Philippe Richard: A propos de l'origine des manières de table de Claude Lévi-Strauss.

Revue des revues Livres reçus

Rédaction, administration, abonnements: Editions Anthropos, 15, rue Racine, Paris-6e. Tél.: 326.99.99.

Page 182: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Revue française de sociologie N u m é r o spécial double 1967-1968 Sociologie de l'éducation Le numéro double: 15 francs

Vol. IX, N° 1, janvier-mars 1968

L'école viennoise des recherches de motivation Esquisse d'une typologie des électeurs allemands et autrichiens Le choix d'une profession. Résultats d'une enquête sociologique auprès de jeunes de la région de Novosibirsk Contribution à l'étude du recrutement des écoles d'officiers de la marine (1945-1960) Éléments pour une théorie sociologique des décisions politiques

Vol. IX, N° 2, avril-juin 1968

Travaux de l'Institut de sociologie urbaine

Centre d'études sociologiques, 82, rue Cardinet, Paris-17e

Éditions du C N R S , 15, quai Anatole-France, Paris-7e

Abonnement : 4 numéros trimestriels et 1 numéro spécial France: 35 F . Etranger: $7 (tarif 1969: respectivement 40 F et $8). Éditions du Centre national de la recherche scientifique - C C P Paris 9061-11

Hans Zeisel Klaus Liepelt Vladimir N .

Choubkine G u y Michelat

et J.-P. Thomas Haroun Jamous

Rédaction Abonnement

The Journal of

conflict resolution A quarterly for research related to war and peace

March 1969 (XIII, D.­

James C . Davies

Dean G . Pruitt

Franklin B . Weinstein

Political stability and instability : some manifestations and causes Stability and sudden change in interpersonal and international affairs The concept of a commitment in international relations

Other articles; gaming section; book reviews

$7 per year for individuals, $10 for institutions; $3 per issue

Published by The Center for Research on Conflict Resolu­tion, The University of Michigan, A n n Arbor, Michigan 48104

Page 183: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Volume X N u m b e r 1 January-March 1969

Rassegna Italiana di Sociología

Décimo anno Cantillo Pellizzi, Materiali per una sistemática della sociolinguistica

Paolo Ammassari, La mobilitá ascendente nella societá avanzata Enrico Ressiga Vacchini, A proposito del fenómeno dell'autorità

Note e dibattiti

Bruno Rizzi, La contestazione marxista ed i suoi precursori Giacomo Sani, C e davvero bisogno di una nuova sociología política?

Ricerche

Thomas H, Greene, Il partito comunista in Italia e in Francia

Segnalazioni bibliografiche

English summaries

Published four times a year by Società éditrice il Mulino, Via S. Stefano 6, Bologna (Italy). Annual subscription: Lit. 6,000 or the equivalent in other currencies.

DIE VERWALTUNG Zeitschrift für Herausgegeben von Ernst Forsthoff, Klaus von der Verwaltungswissenschaft Groeben, Reinhart, Koselleck, Franz Mayer, Franz

Ronneberger, R o m a n Schnur

2. Band, 1969, Heft 1

Gerhard W. Witt kämper Über Systemforschung bei Regierungs- und Verwaltungs­systemen

Joachim Burmeister Zur Staatshaftung für Planschäder der Wirtschaft Karl F. Zahn Die Stellung der Bürokratie in der politischen Elite Japans

nach d e m zweiten Weltkrieg Friedhelm Wilkenloh Das verkehrspolitische Programm der Bundesregierung

für die Jahre 1968 bis 1972 im Spiegel der Verwaltungsarbeit Rainer Schmitt / Die mittelfristige Finanzplanung des Landes Baden-

Guntram Blaser Württemberg Friedrich Baer Erster Fortbildungslehrgang für Beamte des höheren

Dienstes in Bayern

Buchbesprechungen - Buchanzeigen

Die Zeitschrift erscheint viermal jährlich im Umfang von 128 Seiten. Bezugspreis halbjährlich D M 36,—

D U N C K E R & H U M B L O T / B E R L I N 41

Page 184: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Director: Dr. Pablo González Casanova Secretario: Lie. Jorge Moreno Collado

Revista Mexicana de Sociología 2.a época

Órgano oficial del Instituto de Investigaciones Sociales de la Universidad Nacional Autónoma de México, 5.° piso, Torre de Humanidades, Ciudad Universitaria, México 20, D . F .

Vol. XXX, n.° 1, 1968 índice

Gino Germani Hacia una teoría del fascismo. Las interpreta­ciones cambiantes del totalitarismo.

Moisés González Navarro El mestizaje mexicano en el período nacional.

Jorge Giusti

Manuel Maldonado-Denis

Georges Friedmann

Jorge Ucros

Johan Galtung

Alessandro Pizzorno

Rasgos organizativos en el poblador marginal urbano latinoamericano.

Hacia un esbozo de las oligarquías en el Caribe hispano-parlante.

Televisión y democracia cultural

El revolucionarismo en la Universidad colom­biana.

Después del Proyecto Camelot.

Sobre el método de Gramsci (De la historiografía a la ciencia política).

Secciones: Documental y Bibliográfica

Suscripción anual: Números atrasados: Números sueltos (del año):

MN$60.00; US$5.00 MNS20.00; US$1.80 MNS15.00; US$1.30

Page 185: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Sociological Review Monograph N o . 14 Edited by Paul Halmos

Sociological Studies in Economics and Administration

I Housing

Roger G. Krohn and Ralph Tiller (Assistant Professors, Department of Sociology and Anthropology, McGill University, Montreal) Landord-Tenant Relations in a Declining Montreal Neighbourhood

Adela A. Nevitt (Lecturer in Social Science, London School of Económica) Some Economic and Social Aspects of Twilight Area Housing

II Employment

Edward B. Shils (Professor of Economics, Wharton School of Finance and Commerce, University of Pennsylvania) A Study of Job Opportunities for the Negro and Other Racial and Ethnic Minorities

Lady Williams (Professor Emeritus in Social Economics, University of London) The Revolution in Industrial Training

III Health

Mark Perlman (Professor of Economics, University of Pittsburgh, Pennsylvania) Rationing of Medical Resources : The Complexities of the Supply and Demand Problem

IV Underdeveloped Countries

Helmuth Heisler (Lecturer in Sociology, University College, Cardiff) Economic Competition and the Political Stability of Plural Societies

John F. McCammant (Professor of Economics, Denver University, Colorado) Development Assistance in the Political Process

Forthcoming July 1969. Price 30s., plus Is. post; U . S . $4.60, plus 20c. post.

Copies will be obtainable from: The Secretary to the Monograph Editor, Sociological Review Monographs, University of Keele, Keele, Staffordshire ST5 5 B G , United Kingdom

Page 186: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Periodical of the Hungarian Academy of Sciences

Volume 4, Number 2

Rezsö Nyers

István Hetényi János Timar Zoltán R o m á n

Ferenc Gönczöl

Tibor Forgács

V . C . Vigand

Rezsö Nyers

ACTA (ECONÓMICA Theoretical and practical problems of socialist economic integration (in Russian) Economic development and long-term planning The level of employment and its equilibrium in socialism Pattern of the Hungarian industry

Reviews The General Assembly of the Hungarian Economic Association Post-graduate training of economists in Hungary A n interview with Professor Ragnar Frisch

Comments Once more on the world price of oil

Book reviews Economic policy and the reform of the economic mechanism in Hungary (Béla Csikós-Nagy) Studies on developing countries (Mihály Simai)

Acta (Económica is published in four issues making up a volume of some 400 pages a year. Size: 17 x 25 c m . Subscription rate per volume beginning January 1969: $16.00; D M . 64; £6 15s. Published by Akadémiai Kiadô, Publishing House of the Hungarian Academy of Sciences, Budapest 502, P . O . B . 24. Distributors: Kultura, Budapest 62, P . O . B . 149.

Vol. VIII, n.° 3 Revista trimestral publicada por El Colegio de México

Foro internacional Irving Louis Horowitz

Robert F . Lamberg

Roque González Salazar Francisco López Ortiz James D . Cochrane

William P . Tucher

La legitimidad política y la institucionalización de la crisis en América Latina. La formación de la línea castrista desde la Conferencia Tri-continental. Ideología y economía: la reforma económica de la U R S S . El Mercado C o m ú n , un reto para América Latina. América Latina y Europa oriental: algunas notas y estadís­ticas sobre comercio. La representación de Estados Unidos en América Latina.

Crítica de libros Libros recibidos

Suscripción anual: U S $5.00 (franqueo incluido). Ejemplar suelto: U S $1.25 (franqueo incluido). Colección completa: vol. I-VII U S $35.00. Suscripción y correspondencia a: Foro Internacional, El Colegio de México, Guanajuato 125, México 7, D . F .

Page 187: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

International Yearbook for the Sociology of Religion Internationales Jahrbuch für Religionssoziologie Edited by Professor Joachim Matthes, Dortmund, in co-operation with D r . N o r m a n Birn­b a u m , Straßburg, Professor Friedrich Fürstenberg, Clausthal-Zellerfeld, Professor Dietrich Goldschmidt, Berlin, D r . Norbert Greinacher, Wien, Professor René König, Köln, Pro­fessor Jacob B . Kruijt, Utrecht, Professor Gerhard Lenski, Chapel Hill, Professor Helmut Schelsky, Münster and Dr . Jean Séguy, Paris.

Volume 1 Religious Pluralism and Social Structure Religiöser Pluralismus und Sozialstruktur

1965. 254 pages. Paper-bound D M . 33

Volume 2 Sociology of Religion: Theoretical Perspectives (J) Theoretische Aspekte der Religionssoziologie (I)

1966. 256 pages. Paper-bound D M . 36.50

Volume 3 Sociology of Religion: Theoretical Perspectives (II) Theoretische Aspekte der Religionssoziologie (II) 1967

The yearbook contains articles in English and German , each with a brief summary of its contents translated into the other language. It is open primarily to studies on theore­tical problems, to summarizing descriptive studies, and to sociological essays on religious phenomena.

Westdeutscher Verlag Köln und Opladen

A new publication of the American Sociological Association

JOURNAL OF HEALTH & SOCIAL BEHAVIOR

Distinctive for a sociological approach to the definition and analysis of problems

bearing on human health and welfare

Recent and forthcoming special issues on Recreational drug use Patients and illness Psychiatry and its users Health workers

Quarterly : March, June, September, December

$10 per year for libraries and institutions $5 per year for A S A members

$8 per year for all other individuals

Order from The American Sociological Association

1001 Connecticut Avenue, N . W . Washington, D . C . 20036

Page 188: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

revue tiers-monde T o m e X , n° 37 (janvier-mars 1969)

G . Myrdal L . Vajda J. Knaff

M . Eslami M . Santos

L'État « m o u » en pays sous-développé. Intégration, union économique et État national. Vers une analyse keynésienne du sous-développement et des points de croissance. La spécificité de la planification en économie sous-développée. Alimentation urbaine et planification régionale en pays sous-développé.

Documentation

T . Watanabe G . Etienne

M . Ikonicoff J. Brethes

P . Le Brun, avec la colla­boration de L . Kamara

La banque asiatique de développement. Problèmes de recherche et notes bibliographiques sur le développement en Asie, Chine, Inde, Pakistan. Les deux étapes de la croissance en Amérique latine. Grandeur et misères de la raison planificatrice d'après Claude Gruson. Renouvellement de la convention de Yaounde.

Bibliographie

Ouvrages et documents reçus

Direction-Rédaction Institut d'étude du développement économique et social, 58, boulevard Arago, Paris-13e (402-28-01 ou 38-16).

Abonnements et vente P U F , 12, rue Jean-de-Beauvais, Paris-5e (033-64-10). France: 56 F ; étranger: 62 F.

Page 189: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Université libre de Bruxelles Institut de sociologie (fondé par Ernest Solvay)

Revue de l'Institut de sociologie

Revue trimestrielle

Science politique, économie politique, économie sociale, sociologie du travail, sociologie africaine, psychologie sociale, sociographie, etc. Chronique du mouvement scientifique. Notices bibliographiques: notes et documents, comptes rendus critiques. Acquisitions de la bibliothèque. Chronique de

l'institut. Informations.

Rédaction Institut de sociologie, 44, avenue Jeanne, Bruxelles 5. Tél. (02) 48 81 58

Administration et abonnements Éditions de l'Institut de sociologie, parc Leopold, Bruxelles 4 . Tél. (02) 35 01

Abonnement: Belgique: 600 F B ; autres pays: 700 F B Le numéro: 200 F B ; le numéro double: 400 F B

A M E R I C A LATINA L a revista regional de ciencias sociales en America Latina

Algunos artículos recientes:

A sociología na Argentina Gino Germani Movimentos messiânicos no Brasil René Ribeiro Hacia un nuevo esquema de composición de la sociedad en el Perú Carlos Delgado Modernization and family structure in the region of Sao Paulo, Brazil Bernard C. Rosen and

Manoel T. Berlinck Efectos mutuos del desarrollo y de la religión en América Latina Luz Basaure A vila

Noticias de las ciencias sociales. Reseñas de libros y revistas. Resúmenes de artículos selecionados

Publicada trimestralmente por el C E N T R O L A T I N O A M E R I C A N O D E INVESTIGACIONES E N CIENCIAS SOCIALES

Suscripción anual: U S $7,00, números anteriores: U S $2,00 cada uno. La suscripción incluye el envío gratuito de Bibliografía, boletín bibliográfico descriptivo bimestral sobre las ciencias sociales en América Latina Caixa postal 12 (ZC-02), Rio de Janeiro, Brasil

Page 190: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Quelques publications de FUnesco dans le domaine des sciences sociales Les sciences sociales dans l'enseignement technique supérieur. Enquête internationale. (Les sciences sociales dans renseignement supérieur.) Le but visé par la présente publication est de favoriser, sur le plan national, régional et international, le développement de l'enseignement des sciences sociales qui présentent un intérêt spécial pour l'enseignement technique supérieur, qu'il s'agisse de la profession d'ingénieur elle-m ê m e ou de professions étroitement liées aux sciences technologiques: architecture, planification urbaine et rurale, construction de routes, moyens de transport, travaux d'irrigation, et d'autres grandes catégories de professions techniques très importantes pour la vie sociale et économique.

1967 183 p. 16 F $4.50 23/-

Méthodes de projection à long terme de l'offre et de la demande de main-d'œuvre qualifiée, par H . Goldstein et S. Swerdloff. (Rapports et études statistiques, 12.) Les projections relatives aux besoins de personnel, surtout de personnel scientifique technique et spécialisé, suscitent depuis vingt ans dans le m o n d e entier un intérêt croissant. Dans la présente étude, les auteurs, attachés au Bureau des statistiques de la main-d'œuvre au Département de la main-d'œuvre des États-Unis, étudient les procédés qui ont été employés dans ce domaine et examinent les différentes méthodes de projection.

1968 50 p. 3,50 F $1 6/-

Annuaire statistique de I'Unesco, 1967. Cinqi ième volume, établi avec la coopération des services nationaux de statistique et des commissions nationales pour I'Unesco, et avec le concours du Bureau de statistique et du Service de la population de l'Organisation des Nations Unies. Il traite des matières suivantes:

Population; Éducation; Bibliothèques et musées; Édition de livres; Journaux et autres périodiques; Consommation de papier; Film et cinéma; Radiodiffusion; Télévision.

Bilingue: anglais-français 1968 519 p . 70 F $20 £6

Les sciences sociales : Problèmes et orientations. Choix d'études. Recueil de 32 études portant sur des thèmes spécialisés, sur des recherches récentes ou inédites, ou sur des questions situées à la frontière de plusieurs disciplines. Ces études ont pour but d'indiquer dans quelques domaines privilégiés des directions de recherche ou de méthodes. Le volume comprend deux sections. D a n s la première, qui s'intitule « Problèmes et points de vue », les études sont groupées selon leur thème autour de trois disciplines: anthropologie, économie et sociologie. L a seconde section, « Méthodes », traite de la théorie des systèmes, des modèles, des processus de simulation et de la recherche comparative et interdisciplinaire.

Mixte: anglais-français 1968 507 p . 45 F $13 77/-

L e droit d'être un h o m m e . Recueil de textes préparé sous la direction de Jeanne Hersch. Cette importante anthologie s'ordonne autour des thèmes suivants: personne humaine, pouvoir, limites du pouvoir, liberté civile, vérité et liberté, droits sociaux, liberté concrète, éducation, science, culture, servitude et violence, le droit contre la force, identité nationale et indépendance, universalité, fondements et finalités des droits. 1968, 2 e impr. 1969 588 p . Relié 35 F $10 60/-

Publié conjointement par V Unesco, R. Laffont et Payot. Distribution: France et pays francophones à V exception de la Suisse: Forum, Paris, 36,30 F; Suisse: Payot, Lausanne, 35 FS.

Page 191: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

PUBLICATIONS D E L'UNESCO : AGENTS G É N É R A U X

Afghanistan

Afrique du Sud

Albanie Algérie

Allemagne (Rép. féd.)

Antilles françaises Antilles néerlandaises

Argentine

Australie

Autriche Belgique

Bolivie

Brésil

Bulgarie Cambodge Cameroun

Canada Ceylan

Chili

Chine

Chypre Colombie

Congo (Rép. dém.) Corée

Costa Rica

Côte-dTvoire Cuba

Danemark République dominicaine

El Salvador

Equateur

Espagne

États-Unis d'Amérique Ethiopie Finlande

France Ghana

Grèce

Guatemala Haïti

Hong-kong Hongrie

Panuzai, Press Department, Royal Afghan Ministry of Education, K A B U L . Van Schaik's Bookstore (Pty.), Ltd., Libri Building, Church Street, P. O . Box 724, P R E T O R I A .

N . Sh. Botimeve Nairn Frasheri, T I R A N A ,

Institut pédagogique national, 11, rue Ali-Haddad (ex-rue Zaâtcha), A L G E R .

R . Oldenbourg Verlag, Unesco-Vertrieb für Deutschland, Rosenheimer-strasse 145, M Ü N C H E N 8. Librairie J. Bocage, rue Lavoir, B . P . 208, F O R T - D E - F R A N C E (Martinique). G . C . T . Van Dorp & C o . (Ned. Ant.) N . V . , W I L L E M S T A D (Curaçao N . A . ) . Editorial Sudamericana S. A . , Humberto I n.° 545, T . E . 30-7518, B U E N O S

AIRES.

Publications : Educational Supplies Pty. Ltd., Box 33, Post Office, Brookvale 2100 ( N . S . W . ) . Périodiques : Dominie Pty. Ltd., Box 33, Post Office, Brookwale 2100 (N .S .W. ) . Sous-agent : United Nations Association of Australia, Victorian Division, 4th Floor, Askew House, 364 Lonsdale Street, M E L B O U R N E (Victoria) 3000. Verlag Georg Fromme & Co. , Spengergasse 39, W I E N 5. Toutes les publications: Éditions « Labor », 342, rue Royale, B R U X E L L E S 3. N . V . Siandaard Wetenschappelijke Uitgeverij, Belgiëlei 147, A N T W E R P E N I. «Le Courrier» et les diapositives seulement: Jean D e Lannoy, 112, rue du Trône, B R U X E L L E S , 5. Comisión Nacional Boliviana de la Unesco, Ministerio de Educación y Cultura, casilla de correo n.° 4107, L A P A Z . Librería Universitaria, Univer­sidad San Francisco Xavier, apartado 212, S U C R E . Fundaçâo Getúlio Vargas, praia de Botafogo 186, caixa postal 4081-ZC-05, Rio D E JANEIRO (Guanabara). Raznoïznos, 1 Tzar Assen, SOFIJA. Librairie Albert Portail, 14, avenue Boulloche, P H N O M - P E N H . Papeterie moderne, Maller et C l e , B .P . 495, Y A O U N D E . L'Imprimeur de la Reine, O T T A W A (Ont.). Lake House Bookshop, Sir Chittampalam Gardiner Mawata, P. O . Box 244, C O L O M B O 2 .

Toutes les publications: Editorial Universitaria, S. A . , casilla 10220, S A N T I A G O . a Le Courrier» seulement: Comisión Nacional de la Unesco, Mac-Iver 764, dpto. 63, S A N T I A G O . The World Book C o . , Ltd., 99 Chungking South Road, section I, T A I P E H (Taiwan/Formose). « M A M », Archbishop Makarios 3rd Avenue, P. O . Box 1722, NICOSIA. Librería Buchholz Galería, avenida Jiménez de Quesada 8-40, B O G O T Á . Ediciones Tercer Mundo , apartado aéreo 4817, B O G O T A . Distrilibros Ltda., Pío Alfonso García, carrera 4. a , n.OB 36-119 y 36-125, C A R T A G E N A . J. Germán Rodriguez N . , oficina 201, Edificio Banco de Bogotá, apartado nacional 83, G I R A R D O T (Cundinamarca). Librería Universitaria, Univer­sidad Pedagógica de Colombia, T U N J A .

La Librairie, Institut politique congolais, B . P. 2307, K I N S H A S A . Korean National Commission for Unesco, P. O . Box Central 64, S E O U L . Toutes ¡es publications: Librería Trejos, S . A . , apartado 1313, S A N JOSÉ. Teléfonos 2285 y 3200. a Le Courrier » seulement: Carlos Valerín Sáenz y C o . Ltda., « El Palacio de las Revistas », apartado 1924, S A N JOSÉ. Centre d'édition et de diffusion africaines, B . P. 4541, A B I D J A N P L A T E A U . Instituto del Libro, Departamento Económico, Ermita y San Pedro, Cerro, L A H A B A N A .

Ejnar Munksgaard Ltd., 6 Nœrregade, 1165 K Œ B E N H A V N K . Librería Dominicana, Mercedes 49, apartado de correos 656, S A N T O D O M I N G O . Librería Cultural Salvadoreña, S. A . , Edificio San Martín, 6.a calle Oriente n.° 118, S A N S A L V A D O R . Casa de la Cultura Ecuatoriana, Núcleo del Guayas, Pedro Moncayo y 9 de Octubre, casilla de correo 3542, G U A Y A Q U I L . Toutes les publications: Librería Científica Medinaceli, Duque de Medi-naceli 4, M A D R I D 14. «Le Courrier » seulement: Ediciones Iberoamericanas, S. A . , calle de Oñate, 15, M A D R I D . Ediciones Líber, apartado de correos 17, Ó N D Á R R O A (Vizcaya). Unesco Publications Center, P. O . Box 433, N E W Y O R K , N . Y . , 10016. National Commission for Unesco, P. O . Box 2996, A D D I S A B A B A . Akateeminen Kirjakauppa, 2 Keskuskatu, HELSINKI. Librairie de l'Unesco, place de Fontenoy, PARis-7e; C C P 12598-48. Methodist Book Depot Limited, Atlantis House, Commercial Street, P. O . Box 100, C A P E C O A S T .

Librairie H . Kaufmann, 28, rue du Stade, A T H I N A I . Librairie Eleftherou-dakis, Nikkis 4, A T H I N A I . Comisión Nacional de la Unesco, 6.a calle 9.27, zona 1, G U A T E M A L A . Librairie « A la Caravelle », 36, rue Roux, B . P. 111, P O R T - A U - P R I N C E . Swindon Book C o . , 13-15 Lock, Road, K O W L O O N . Akadémiai Könyvesbolt, Váci u. 22, B U D A P E S T V . A . K . V . Konyvtárosok Boltja, Népkoztásaság utja 16, B U D A P E S T VI.

Page 192: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Indonésie Irak

Iran

Irlande Islande

Israël

Jamaïque Japon

Jordanie Kenya

Koweit Liban

Libéria Libye

Liechtenstein Luxembourg Madagascar

Malaisie

Mali Malte

Maroc

Maurice Mexique Monaco

Mozambique Nicaragua

Norvège

Nouvelle-Calédonie Nouvelle-Zélande

Ouganda Pakistan

Paraguay Pays-Bas

Pérou

Philippines Pologne

Portugal République arabe unie

Rhodésie du Sud Roumanie

Royaume-Uni

Sénégal Singapour

Orient Longmans, Ltd.: Nicol Road, Ballard Estate, B O M B A Y I; 17 Chitta-ranjan Avenue, C A L C U T T A 13; 36 A Mount Road, M A D R A S 2 ; 3/5 Asaf Ali Road, N E W D E L H I 1. Sous-dépôts: Oxford Book and Stationery Co . , 17 Park Street, C A L C U T T A 16, et Scindia House, N E W D E L H I I. Indian National Commission for Unesco, att.: The Librarian, Ministry of Education, « C » Wing, R o o m no. 214, Shastri Bhawan, N E W D E L H I I. Indira P.T., Djl. Dr. D a m Ratulangie 37, D J A K A R T A . McKenzie's Bookshop, Al-Rashid Street, B A G H D A D , University Bookstore, University of Baghdad, P. O . Box 75, B A G H D A D . Commission nationale iranienne pour TUnesco, avenue du Musée, TÉHÉRAN. The National Press, 2 Wellington Road, Ballsbridge, D U B L I N 4. Snaebjörn Jonsson & C o . , H . F. Hafnarstraeti 9, R E Y K J A V I K . Emanuel Brown, formerly Blumstein's Bookstores: 35 Allenby Road et 48 Nahlat Benjamin Street. T E L Aviv. Libreria Commissionaria Sansoni S.p.A., via Lamarmora 45, casella postale 552, 50121 FIRENZE. Libreria Internazionale Rizzoli, Galería Colorína, Largo Chigi, R O M A . Libreria Zanichelli, piazza Galvani 1/h, B O L O G N A . Hoepli, via Ulrico Hoepli 5, M I L A N O . Librairie française, piazza Castello 9, T O R I N O . Diffusione Edizioni Anglo-Americane, via Lima 28, 00198 R O M A . Sangster's Book Stores Ltd., P. O . Box 366, 101 Water Lane, K I N G S T O N . Maruzen Co . , Ltd., P . O . Box 5050, Tokyo International, T O K Y O . Joseph I. Bahous & C o . . Dar-ul-Kutub, Salt Road, P. O . Box 66, A M M A N . E S A Bookshop, P. O . Box 30167, N A I R O B I . The Kuwait Bookshop C o . Ltd.. P. O . Box 2942, K U W A I T . Librairies Antoine A . Naufal et frères, B . P. 656, B E Y R O U T H . Cole and Yancy Bookshops, Ltd., P . O . Box 286, M O N R O V I A . Agency for Development of Publication and Distribution, P. O . Box 261, TRIPOLI.

Eurocan Trust Reg., P . O . Box 5, S C H A A N . Librairie Paul Brück, 22, Grand-Rue, L U X E M B O U R G . Toutes les publications: Commission nationale de la République malgache, Ministère de l'éducation nationale, T A N A N A R I V E . « Le Courrier » seulement: Services des œuvres post et péri-scolaires, Minis­tère de l'éducation nationale, T A N A N A R I V E . Federal Publications Sdn Bhd., Balai Berita, 31 Jalan Riong, K U A L A L U M P U R . Librairie populaire du Mali, B . P. 28, B A M A K O . Sapienza's Library, 26 Kings way, V A L L E T T A . Toutes les publications: Librairie « Aux belles images », 281, avenue M o h a m m e d V , R A B A T . (CCP 68-74.) « Le Courrier » seulement (pour ¡es enseignants) : Commission nationale marocaine pour l'Unesco, 20, Zenkat Mourabitine, R A B A T . (CCP 324-45.) Nalanda Co. , Ltd., 30 Bourbon Street, P O R T - L O U I S . Editorial Hermes, Ignacio Mariscal 41, M É X I C O , D . F . British Library, 30, boulevard des Moulins, M O N T E - C A R L O . Salema & Carvalho Ltda., caixa postal 192, BEIRA. Libreria Cultural Nicaragüense, calle 15 de Septiembre y avenida Bolivar, apartado n.° 807, M A N A G U A . Toutes ¡es publications: A . S. Bokhjcernet, Akersgt. 41, O S L O 1. a Le Courrier» seulement: A . S. Narvesens Litteraturjeneste, Box 6125, O S L O , 6.

Reprex, avenue de la Victoire, Immeuble Painbouc, N O U M É A . Government Printing Office, Government Bookshops: Rutland Street, P. O . Box 5344, A U C K L A N D ; 130 Oxford Terrace, P. O . Box 1721, C H R I S T -C H U R C H ; Aima Street, P. O . Box 857, H A M I L T O N ; Princes Street, P. O . Box 1104, D U N E D I N ; Mulgrave Street, Private Bag, W E L L I N G T O N . Uganda Bookshop, P . O . Box 145, K A M P A L A . The West-Pak Publishing Co. , Ltd., Unesco Publications House, P. O . Box 374, G . P . O . , L A H O R E . Showrooms: Urdu Bazaar, L A H O R E , et 57-58 Murree Highway, G/6-1, I S L A M A B A D . Pakistan Publications Bookshop: Sarwar Road, R A W A L ­PINDI; Paribagh, D A C C A .

Melchor Garcia, Eligió Ayala 1650, A S U N C I Ó N . N . V . Martinus Nijhoff, Lange Voorhout 9, ' S - G R A V E N H A G E . Distribuidora I N C A , S. A . , Emilio Althaus 470, Lince, apartado 3115. L I M A .

The Modern Book C o . , 928 Rizal Avenue, P. O . Box 632, M A N I L A . Osrodek Rozpowszechniania Wydawnictw Naukowych P A N , Palac Kultury i Nauki, W A R S Z A W A . Spanish English Publications, Eleanor Roosevelt 115, apartado 1912, H A T O REY. Dias & Andrade, Ltda., Livraria Portugal, rua do Carmo 70, LISBOA. Librairie Kasr Fil Nil, 38, rue Kasr El Nil, L E C A I R E . Sous-dépôt: La Renaissance d'Egypte, 9 Sh. Adly Pasha, L E C A I R E . Textbook Sales (PVT) Ltd., 67 Union Avenue, SALISBURY. Cartimex, P. O . Box 134-135, 126 calea Victorici, B U C U R E S T I (Télex: 226). H . M . Stationery Office, P. O . Box 569, L O N D O N , S. E . 1. Government bookshops: London, Belfast, Birmingham, Cardiff, Edin­burgh, Manchester.

La Maison du livre. 13, avenue Roume, B . P. 20-60, D A K A R . Federal Publications Sdn Bhd., Times House, River Valley Road, S I N G A P O R E 9.

Page 193: quelques problèmes conceptuels concernant l'étude de la ...

Soudan Suède

Suisse

Syrie Tanzanie

Tchécoslovaquie

Thaïlande Tunisie Turquie

U R S S Uruguay

Venezuela

République du Viêt-nam Yougoslavie

Al Bashir Bookshop, P . O . Box 1118, K H A R T O U M . Toutes les publications: A / B C E . Fritzes Kungl. Hovbokhandel, Fredsga-tan 2, S T O C K H O L M 16.

«Le Courrier» seulement: The United Nations Association of Sweden, Vasagatan 15-17, S T O C K H O L M C . Europa Verlag, Râmistrasse 5, Z U R I C H . Librairie Payot, 6, rue Grenus, 1211 G E N È V E il.

Librairie Sayegh, Immeuble Diab, rue du Parlement, B . P. 704, D A M A S . Dar es Salaam Bookshop, P. O - Box 9030, D A R ES S A L A A M . S N T L , Spanela 51, P R A H A 1 (Exposition permanente). Zahranicní lite­ratura, 11 Soukenicka, P R A H A 1. Suksapan Panit, Mansion 9, Rajdamnern Avenue, B A N G K O K . Société tunisienne de diffusion, 5, avenue de Carthage, T U N I S . Librairie Hachette, 469 Istiklal Caddesi, Beyoglu, I S T A N B U L . Mezhdunarodnaja Kniga, M O S K V A G-200. Editorial Losada Uruguaya, S. A . / Librería Losada, Maldonado 1902 / Colonia 1340, M O N T E V I D E O .

Librería Historia, Monjas a Padre Sierra, edificio Oeste 2, n.° 6 (frente al Capitolio), apartado de correos 7320, C A R A C A S . Librairie-papeterie Xuân-Thu, 185-193, rue T u - D o , B . P . 283, S A I G O N . Jugoslovenska Knjiga, Terazije 27, B E O G R A D . Drzavna Zaluzba Slovenije, Mestni Trg. 26, L J U B L J A N A .

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