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Quel est le rôle du psychologue en éducation thérapeutique du patient ? Master 2 professionnel : Psychologie clinique option « psychopathologie de l’adaptation au stress » dirigé par Michèle KOLECK Marion DITCHARRY 01/09/2011

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Quel est le rôle du psychologue en éducation thérapeutique du patient ? Master 2 professionnel : Psychologie clinique option « psychopathologie de l’adaptation au stress » dirigé par Michèle KOLECK Marion DITCHARRY

01/09/2011

1

CONTENU

1. INTRODUCTION ................................................................................................................................................... 2

2. PARTIE THEORIQUE ............................................................................................................................................. 3

2.1 LE ROLE DU PSYCHOLOGUE .......................................................................................................................... 3

2.2 L’EDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT ............................................................................................... 6

2.3 LE ROLE DU PSYCHOLOGUE EN EDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT ............................................. 14

3. METHODOLOGIE DE RECHERCHE ...................................................................................................................... 19

3.1 DEFINITION DU ROLE DU PSYCHOLOGUE EN ETP ...................................................................................... 19

4. PRESENTATION DES RESULTATS ........................................................................................................................ 26

4.1 LE ROLE DU PSYCHOLOGUE AVEC LE PATIENT ........................................................................................... 26

4.2 LE ROLE DU PSYCHOLOGUE AVEC L’EQUIPE ............................................................................................... 35

4.3 LE ROLE DU PSYCHOLOGUE DANS LA DEMARCHE EN ETP ......................................................................... 40

5. ANALYSE ............................................................................................................................................................ 48

5.1 VERIFICATION DE L’HYPOTHESE OPERATIONNELLE N°1 ........................................................................ 49

5.2 VERIFICATION DE L’HYPOTHESE OPERATIONNELLE N°2 ........................................................................ 50

5.3 UN ROLE CONSTRUIT AU SEIN DE LA DEMARCHE D’ETP ....................................................................... 52

6. DISCUSSION ....................................................................................................................................................... 54

6.1 AUTOUR DU CHOIX DE LA METHODE .................................................................................................... 54

6.2 PERSPECTIVES AUTOUR DES ENJEUX LIES AU ROLE DU PSYCHOLOGUE .............................................. 56

7. CREATION ET ANIMATION D’UN ATELIER-DISCUSSION .................................................................................... 58

8. CONCLUSION ..................................................................................................................................................... 60

9. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ..................................................................................................................... 62

10. ANNEXES ......................................................................................................................................................... 65

2

1. INTRODUCTION

15 millions, il s’agit du nombre de personnes atteintes d’une maladie chronique en

France en 2010 (Briançon & al, 20101). Nous entendons la « maladie chronique » au sens de

l’OMS c'est-à-dire « un problème de santé qui nécessite une prise en charge durant

plusieurs années ». Dans un tel contexte, il apparait essentiel que le patient puisse, afin de

vivre au mieux sa maladie, « acquérir des compétences pour entretenir et développer son

capital santé » (Traynard P-Y & Gagnayre R., 2009 : p 3) ». L’Education thérapeutique du

patient (ETP) est une démarche qui vise à ce que ce dernier élabore « des compétences lui

permettant d’assurer par lui-même tout ou partie de son traitement et de réaliser les

changements personnels nécessaires pour concilier son projet de vie avec les exigences de

la gestion de la maladie et du traitement (Gagnayre R., 2008) ». Ainsi, il est dans son intérêt

d’être accompagné par « une équipe multidisciplinaire qui intègre la composante éducative »

et qui « va dans un même temps s’adresser à la dimension médicale, et aux aspects

psychosociaux (Mosnier-Pudar H., 2009 : p 2762) ». La maladie constitue « un événement ni

choisi, ni désiré et qui annonce la perspective d’interventions, de menaces parfois vitales

entraînant des répercussions au plan émotionnel qui sont déterminantes quant à l’adaptation

de la personne à sa nouvelle situation ». La dimension psychique se trouve donc « au cœur

même de l’expérience de maladie » (Lacroix A., 2007).

Notre stage de Master 2 s’est effectué au sein du programme ETAPE (Education

Thérapeutique, Amélioration des pratiques et Evaluation) coordonné par le CCECQA

(Comité de Coordination de l’Evaluation Clinique et de la Qualité en Aquitaine). Cette cellule

régionale accompagne des équipes au développement et/ou renforcement de programmes

d’Education Thérapeutique des patients. Son approche s’inscrit dans une logique

d’apprentissage, notamment par le développement de compétences d’auto-évaluation des

professionnels de santé, dans le but de favoriser l’intégration de l’évaluation aux pratiques

professionnelles.

1 HCSP, (2010). « Actualités dossier santé publique n° 72 : maladies chroniques ». Paris

2 Citation tirée de : Simon D., Traynard P.-Y., Bourdillon F., Gagnayre R., Grimaldi A. (2009). « Education

thérapeutique, Prévention et maladies chroniques ». Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson

3

Cette cellule se pose aujourd’hui la question du rôle et de la place du psychologue en

ETP, auprès des patients et des équipes. Elle souhaiterait mettre en place en 2011 des

activités visant à discuter, clarifier et promouvoir le rôle du psychologue en ETP auprès des

professionnels de santé.

Nous nous proposons d’explorer les enjeux que cette problématique sous-tend et de

tenter d’apporter des éléments pertinents pour la construction d’espaces d’échanges entre

professionnels de santé sur cette problématique. La question centrale de notre travail de

recherche est donc : « quel est le rôle du psychologue en ETP ? »

2. PARTIE THEORIQUE

2.1 LE ROLE DU PSYCHOLOGUE

La psychologie est une « discipline qui vise la connaissance des activités mentales et

des comportements en fonction des conditions de l'environnement »3. Différents éléments

orientent et guident le travail du psychologue.

2.1.1 UNE CERTAINE ETHIQUE

Le respect de la personne est « le principe éthique fondamental qui guide l’exercice

professionnel des psychologues » (Bourgignon O., 2009 : p 5). L’éthique semble donc

constituer un soubassement essentiel à la pratique du psychologue. Elle s’enracine dans des

« pratiques de vie chargées de sens où s’accomplit ce qui mérite d’être tenu pour plus

qu’une hominisation : une humanisation. C’est par là que la personne devient vraiment, en

tant même que valeur, réalité humaine ». Ethos (éthique en grec) et mores (morale en latin)

sont des synonymes « désignant les mœurs, c'est-à-dire les façons habituelles de vivre et

d’agir qui peuvent être jugées bonnes ou mauvaises » (Sève, 1994)4. « L’éthique devient

alors la valeur nouvelle que tend à prendre la moralité, fondée sur la reconnaissance de la

liberté et de la dignité des êtres humains. En tant que système normatif, l’éthique est un

ensemble de principes exprimant des valeurs liée à des exigences morales (faire le bien,

3 Larousse 2012 : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais

4 Citation tirée de : Bourguignon O., (2009). « La déontologie des psychologues ». Paris : Editions Armand Collin,

p 76

4

éviter de nuire), ou à des choix culturels qui ont une dimension morale (les droits de

l’homme) » (Bourguignon O., 2009 : p 7).

De ces principes découlent des recommandations et des règles qui composent le

code de déontologie révisé de 1996. « Il constitue un guide qui oriente l’action des

psychologues en mettant l’accent sur leur responsabilité, couplée à leur indépendance

professionnelle » (Bourguignon O., 2009 : p 5). C’est pourquoi, il semble primordial de

garder à l’esprit que « le psychologue ne peut attendre de ce code qu’il soit un répertoire de

règles à appliquer ; toute situation psychologique impose une réflexion personnelle »

(Bourguignon O., 2009 : p 36).

2.1.2 UNE DEONTOLOGIE PROFESSIONNELLE

Huit principes généraux reflètent les fondements éthiques du code de déontologie

de la profession de psychologue5.

Le premier principe édicté est « le respect des droits de la personne ». Ces

principes éthiques sont issus directement de la déclaration universelle des droits de

l’homme : liberté, dignité, protection d’où découle la règle du fonctionnement libre et éclairé.

« Toute personne est libre de susciter, accepter ou refuser une intervention psychologique ».

Le respect de la vie privée est également mentionné. « Cette personne s’adresse à un tiers

expert pour être éclairée » non pour « faire effraction dans son intimité ». L’astreinte au

secret professionnel est évoquée (avec des dérogations légales à la règle).

Le deuxième principe est la « compétence ». « Un certain nombre de connaissances

acquises lors de sa formation initiale doivent être régulièrement actualisées, soit parce

qu’elles sont franchement obsolètes, soit parce que la méthode elle-même a dû tenir compte

de l’évolution des mentalités ».

Le troisième principe est la « responsabilité ». « Personne n’a à lui dicter ce qu’il

doit faire et en contrepartie, il répond personnellement de ses choix et de ses actions ».

Le quatrième est la « probité ». « Le psychologue ne peut donc pas être au service

d’éléments illégitimes ou immoraux, qu’ils s’agissent de ceux de la personne qui le consulte,

du tiers qui l’emploie et, à fortiori, des siens propres ».

5 Principes tirés de : Bourguignon O., (2009). « La déontologie des psychologues ». Paris : Editions Armand

Collin, p : 36 - 40

5

Le cinquième est la « qualité scientifique ». « Les interventions du psychologue ne

peuvent reposer sur une ascendance personnelle ou des arguments d’autorité : elles doivent

pouvoir être expliquées, justifiées et discutées ».

Le sixième est le « respect du but assigné ». Ceci signifie que « l’intervention du

psychologue poursuit toujours un objectif, qu’il prend les moyens nécessaires pour l’atteindre

et que son action ne dépasse pas ce cadre ». « C’est donc une incitation à la prudence,

sachant que des évaluations psychologiques risquent d’être détournées de leur but initial ».

Le septième est « l’indépendance professionnelle ». « Cette indépendance

recouvre l’autonomie technique du psychologue, c'est-à-dire la responsabilité du choix de

ses outils et méthodes et concerne également ses conditions d’exercice », il « ne cèdera à

aucune pression indue ».

Le huitième concerne la possibilité pour le psychologue de faire jouer la « clause de

conscience ». « Cette clause intervient comme une possibilité de se dégager d’une situation

jugée inacceptable, qui porte atteinte à son honneur, sa réputation ou à des intérêts

moraux ».

2.1.3 LE PSYCHOLOGUE CLINICIEN

Pour le psychologue clinicien, il s’agirait, avec le patient, d’« envisager la conduite

dans sa perspective propre ». Son travail est également de « relever aussi fidèlement que

possible les manières d’être et de réagir d’un être humain concret et complet aux prises avec

une situation ». Enfin, il cherche à en « établir le sens, la structure et la genèse » ainsi qu’à

« déceler les conflits qui la motivent et les démarches qui tendent à résoudre ces

conflits ». (Perron & al, 2006 : p 8).

Cependant, il semble important de mentionner que le métier de psychologue clinicien

peut comporter quelques risques et notamment de dérives dans sa pratique. En effet,

« face à la multiplicité des références théoriques possibles et à leur difficile compatibilité, le

psychologue clinicien peut être tenté par telle ou telle variété de réductionnisme ». Piaget

définissait le réductionnisme comme « la position de principe consistant à ramener

intégralement des phénomènes complexes appartenant à un certain ordre de réalité à des

phénomènes plus simples, appartenant à un autre ordre de réalité posé comme plus

« basal » » (Perron & al, 2006 : p 43).

6

2.1.4 LE PSYCHOLOGUE CLINICIEN DE LA SANTE

La psychologie clinique comprend plusieurs champs d’action et de réflexion. Le

travail du psychologue peut donc prendre différentes formes et ce, notamment en fonction de

la thématique envisagée. Nous avons choisi d’aborder le champ de la psychologie de la

santé dans la mesure où nous nous intéressons au rôle du psychologue en ETP dans le

cadre d’un mémoire de master 2 de psychologie clinique de la santé.

Cette discipline est « relativement récente en France ; elle s'est développée dans les

années 80 aux États-Unis pour étudier les facteurs psychologiques, sociaux et

émotionnels qui interviennent dans les comportements de santé et qui peuvent avoir

un rôle dans le déclenchement et l'évolution des maladies ». C'est donc

« l'interdépendance des facteurs psychiques et biologiques » qui intéresse le psychologue

clinicien de la santé, « et non plus les seuls facteurs biologiques comme élément explicatif ».

« L'apport de la psychologie de la santé est par conséquent de fournir un éclairage et une

compréhension de la santé et de la maladie en considérant l'importance spécifique des

facteurs psychologiques dans le bien-être physique comme dans le bien-être

psychologique » (Fischer G-N., 2005).

En effet, contrairement à une vision dualiste, l’apparition du modèle

biopsychosocial peut permettre au psychologue de « comprendre les processus de la

maladie et de la guérison ». Plus précisément, il s’intéresse, avec le patient, « aux processus

de somatisation, aux interactions « corps-psyché », aux problématiques liées au « travail de

deuil », à la « dépressivité », au contexte culturel, aux dynamiques institutionnelles,

constituant une juxtaposition de données, plutôt qu’un corpus disciplinaire intégré » (Siksou

M., 2008).

2.2 L’EDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT

2.2.1 DEFINITION

La loi HPST du 21 Juillet 20096 stipule que « l'éducation thérapeutique s'inscrit dans le

parcours de soins du patient » et a « pour objectif de rendre plus autonome le patient en

facilitant son adhésion aux traitements prescrits et en améliorant sa qualité de vie ».

6 loi n°2009-879 du 21 juillet 2009 - art. 84 concernant l’éducation thérapeutique du patient

7

En effet, selon le rapport SAOUT en 2008 (base de la définition législative de l’ETP,

loi HPST), l’ETP s’entend comme un processus de renforcement des capacités du malade

et/ou de son entourage à prendre en charge l’affection qui le touche, sur la base d’actions

intégrées au projet de soins. Elle vise à rendre le malade plus autonome :

par l’appropriation de savoirs et de compétences afin qu’il devienne l’acteur de son

changement de comportement,

à l’occasion d’évènements majeurs de la prise en charge (initiation au traitement,

modification du traitement, événement intercurrents,…)

mais aussi plus généralement tout au long du projet de soins,

avec l’objectif de disposer d’une qualité de vie acceptable.

2.2.2 DES PRATIQUES EMPREINTES DE THEORIES

Les programmes et les activités d’éducation thérapeutique sont empreints de

différents modèles de santé assez distincts les uns des autres. La pratique de l’ETP peut

donc revêtir différentes tournures, selon nous, plus ou moins favorables au patient vivant

avec une maladie chronique.

En effet, la pratique de l’ETP peut s’inscrire dans « un modèle biomédical de la

santé ». Elle se centre alors sur « la maladie, l’organe en souffrance sans prendre en compte

l’ensemble des facteurs sociaux, environnementaux et personnels qui interagissent dans la

maladie ». Le programme et ses activités éducatives s’érigent donc « dans une perspective

de lutte contre les maladies, pour le bien de soi et des autres ». Les professionnels optent

ainsi pour une « approche académique, behavioriste ou cognitivo-comportementale ».

Egalement, l’ETP peut s’inscrire dans « un modèle biopsychosocial de la santé ».

Sa pratique s’orientera alors vers « l’ensemble des facteurs organiques, psychosociaux et

environnementaux qui interagissent dans l’évolution de la maladie chronique ». La

« dimension temporelle » du patient, ainsi que les relations avec les soignants, font parties

intégrantes du programme. Ce dernier peut être structuré au moyen d’une « approche

behavioriste, cognitivo-comportementaliste, constructiviste ou socio-constructiviste ».

Enfin, l’ETP peut se donner pour objectif de favoriser la qualité de vie du patient

en œuvrant « pour l’existence et l’autonomie » de ce dernier. « Sa subjectivité n’est plus à

combattre et participe de la reconnaissance de sa singularité d’être humain autonome et

désirant. « Ouvrir une place à la subjectivité, c’est d’abord la reconnaitre et accepter

qu’elle soit non une tare à corriger mais, pour le soignant, une partie de sa pratique et, pour

8

le patient, l’expression de sa réalité ». Le patient est acteur et « devient partenaire de

l’éducation thérapeutique ». « L’activité éducative est conçue comme un accompagnement

au projet de vie d’un sujet ».

S’inscrire dans une démarche d’ETP « inclut une dimension critique ». De plus, il

semble important de préciser que « le rapport au savoir du patient ainsi que le rapport au

savoir du soignant sont déterminants ». L’auteur pose une question centrale : « s’agit-il

de la compliance aux traitements prescrits ou s’agit-il de la négociation d’un contrat

thérapeutique dans lequel le professionnel met son savoir et son expérience au service d’un

patient pour réaliser un projet commun ? » (Eymard C., 2010 : p 48-50).

2.2.3 UNE APPROCHE GLOBALE DU PATIENT

Le Rhun A (2008) décline le concept d’ETP en trois dimensions. Cette « approche

globale » correspond à notre perception du concept d’éducation thérapeutique :

1) L’éducation thérapeutique comme une aide aux « apprentissages de savoirs et

savoir-faire » des patients visant à renforcer leurs compétences de gestion pratique du

traitement.

2) L’éducation thérapeutique comme un « accompagnement éducatif ». Cet

accompagnement éducatif aide le patient à lever d’éventuels obstacles à son processus de

changement et à renforcer ses ressources (psychologiques, sociales, psychosociales,

cognitives, physiques, organisationnelles…) afin de faciliter la mobilisation de ces nouveaux

savoirs et savoir-faire dans sa vie. Ce type d’accompagnement vise également à renforcer

ses compétences de gestion pratique du traitement.

3) L’éducation thérapeutique comme un « accompagnement global » de la personne

ayant une maladie chronique dans son processus de changement et de développement pour

« devenir autrement le même ». « Ce processus d’empowerment vise à ce que la personne

trouve un autre équilibre de vie, un autre équilibre dans la satisfaction de ses besoins de

santé, et une autre qualité de vie satisfaisante. Il s’agit pour la personne de trouver la

possibilité de mener une vie qui soit compatible le plus possible à la fois avec les contraintes

de sa maladie et à la fois avec la représentation qu’elle se fait d’une vie « souhaitable » pour

elle ». Ce type d’accompagnement vise à aider le patient à s’adapter (notamment en

renforçant ses compétences psychosociales) pour réussir à satisfaire ses besoins propres et

pour réaliser ses projets de vie. Selon nous, cette dimension « psycho-sociale » représente

la partie la plus difficile à aborder par les soignants-éducateurs, formés à des approches bio-

médicales.

9

2.2.4. UNE DEMARCHE CENTREE SUR LE PATIENT

En ETP, l’OMS (1998 : p 8) recommande à l’ensemble des soignants accompagnant

des patients vivant avec une maladie chronique, la mise en place d’une éducation

thérapeutique « centrée sur le patient » prenant en considération « les besoins des

patients », « les processus d’adaptation du patient » (facteurs psychologiques), ses

« représentations », ses « croyances », et son « lieu de maîtrise de la santé » (facteurs

psychosociaux). « Elle concerne l’environnement psychosocial du patient et implique

autant que possible les familles, proches et amis du patient » (facteurs sociaux)7.

Selon Golay A. (2006), une démarche en ETP privilégie la prise en compte des

« besoins » du patient tant dans leur dimension cognitive qu’émotionnelle. Il le représente de

la façon suivante :

ETRE

savoir comprendre

écouté compris aidé

Pour ce qui est de la prise en compte de la dimension cognitive, Golay A. (2010) et

ses collaborateurs expliquent en effet que « les premiers objectifs de cette éducation sont de

permettre au patient d’acquérir des connaissances de sa maladie, allant des causes aux

circonstances aggravantes, ainsi que des traitements ». Cela suppose que la personne

vivant avec une maladie chronique puisse développer, renforcer, maintenir ses

compétences d’auto-soins par rapport au traitement de fond ou de crise, ou à une stratégie

adéquate et pratique établie avec son soignant. « Elle pourra ainsi apprendre à reconnaitre

et interpréter certains symptômes, pratiquer une mesure physiologique, y répondre par un

comportement adapté à l’urgence ou en prévention ». Nous parlons alors d’appropriation de

compétences d’auto soins.

7 Citation tirée de : Le Rhun A., (2008). « L’accompagnement psychosocial dans l’éducation thérapeutique du

patient : de l’accompagnement soignant/ patient à l’accompagnement formateur / soignant ». Thèse de

médecine : Nantes

Dimension cognitive

cognitive

Dimension émotionnelle

10

Parallèlement, le contenu des programmes en ETP favorise, pour le patient, le

développement de compétences d’ « auto-adaptation » à la maladie. Ce terme sous entend

pour ce dernier de « savoir vivre avec la maladie ». Il s’agit alors pour lui « d’établir un

nouveau rapport à soi, aux autres et à l’environnement ». « Ceci revient pour lui à inventer

une autre vie, à investir un autre espace dans lequel la santé antérieure a laissé place à un

nouvel état d’équilibre qui nécessite en permanence réflexion, invention, conscience des

sentiments éprouvés. . . » (d’Ivernois J-F., Gagnayre R., IPCEM ., 2011).

Le rôle de l’équipe de soignants/éducateurs est alors d’accompagner le patient vers

une autogestion de sa maladie, de l’aider à « acquérir et mettre en pratique de nouvelles

compétences, visant à changer de comportement, à contrôler sa maladie en s’appuyant sur

des programmes spécifiques ». Cela induit également pour le patient une « capacité à

évaluer ses progrès et résoudre ses problèmes ». Enfin l’autogestion de sa maladie sous-

entend que le patient est « conscient de ses compétences et a confiance en la gestion de sa

maladie » (Bourbeau J., Van der Palen J., 2009).

Il est important de noter que sans une « adhésion thérapeutique » du patient, cette

démarche d’éducation semble compromise. Le bon déroulement du suivi d’un programme

d’ETP induit alors « une implication active du patient à un traitement mutuellement

acceptable » (Haynes, 19788). Cela « rompt avec le modèle biomédical ». En effet, en ETP,

l’« interaction soignants/soignés » prend sa place « dans une perspective de négociation

autour du traitement ». « Des processus intrinsèques tels que les attitudes et la motivation

sont alors en jeu » (Deccache, 19949).

2.2.5. RELATIONS SOIGNANTS-SOIGNES

La relation entre les soignants et les patients « devient un élément prépondérant de

la réussite thérapeutique ». Il s’agit ici de « la mise en jeu d’une stratégie relationnelle dans

le suivi thérapeutique laissant une place large à la négociation ». Cette démarche ambitionne

la mise en place d’un « contrat thérapeutique » c'est-à-dire « l’acceptation par le patient de

gérer de façon autonome sa maladie ». Ces auteurs insistent sur l’idée d’une « participation

mutuelle ». Ceci sous-entend l’élaboration d’un partenariat. « Les partenaires de cette

8 Citation tirée de : Aujoulat I., Doumont D. Maladie chronique, adolescence et risque de non-adhésion : un enjeu

pour l’éducation des patients ! Les cas des adolescents transplantés. UCL Ŕ RESO Unité d’Education pour la

santé, Ecole de santé Publique, 2009

9 Citation tirée de : Le Rhun A., (2008). « L’accompagnement psychosocial dans l’éducation thérapeutique du

patient : de l’accompagnement soignant/ patient à l’accompagnement formateur / soignant ». Thèse de

médecine : Nantes

11

relation savent ou apprennent à connaitre le rôle de chacun ». En résumé, c’est de leur

« compréhension mutuelle » c'est-à-dire à la fois des « objectifs thérapeutiques du soignant

et des besoins du patient, que tient la réussite de la relation » (d’Ivernois & Gagnayre, 2008).

Goudet en 2009 incite les équipes soignantes à s’appuyer sur les potentialités des

patients pour leur permettre de se réapproprier du pouvoir sur leur maladie. Il s’agit du

concept d’« empowerment », central en ETP. Freynet (199510) explique que « l’identification

d’intérêts mobilisateurs à partir des intérêts immédiats et communs » est primordiale. Il s’agit

de s’attacher à « réduire des résistances, à dépasser des contraintes, à valoriser des

potentialités et les capacités réelles en identifiant les ressources et en valorisant les savoir-

faire ». Il parle alors de « réappropriation active du pouvoir par les personnes elles-mêmes ».

2.2.6 EN SYNTHESE

L’ETP trouve sa place à deux niveaux :

Pour le patient, elle vise à « améliorer sa santé bio-psycho-sociale, dans un

parcours de vie et de soins qui respecte son identité et qui prenne sens pour lui ». Ce dernier

est conduit à « augmenter ses connaissances et compétences en regard de la maladie et

des traitements » (compétences d’auto-soins). L’ETP l’aide également à « changer de

comportement, à suivre son traitement ou à mettre en place une nouvelle organisation de sa

vie au quotidien (compétences d’auto-soins et d’adaptation) ».

Pour les soignants et les patients, l’objectif de l’ETP est d’ « améliorer sa qualité de

vie mais aussi de favoriser la qualité de la relation et la mise en place d’un réel

partenariat entre patients et soignants » (Golay & al, 2010, p : 9).

Des éléments constitutifs d’un environnement favorable au changement de

comportement du patient et au maintien d’une relation de qualité entre soignants et soignés

méritent d’être intégrés à une démarche d’ETP.

2.2.7 UN ENVIRONNEMENT FACILITATEUR

Le fait que le patient se sente « bien » sur son lieu de soins et notamment avec

l’équipe qui l’accompagne semble constituer en soi, une exigence première. En outre, nous

10

Citation tirée de : Goudet B., (2009). « Développer des pratiques communautaires en santé et développement

local ». Lyon : Chronique sociales ; p 73

12

pouvons effectivement concevoir que plus le patient se « sent bien », plus il sera disposé à

un apprentissage de qualité.

« L’appropriation du savoir est toujours facilitée si le patient trouve un

environnement ou un contexte favorable ». En effet, ce processus peut être accéléré,

dans certaines conditions, grâce à « un environnement didactique facilitateur » (Giordan,

1987, 2002). « Il est aussi appelé allostérique en référence à un méta-modèle par analogie à

la biologie ». En effet, tous les paramètres permettant l’apprentissage sont en lien, en

interrelation avec des effets soit facilitateurs soit inhibiteurs de type bio feed-back. Le

métamodèle allostérique permet, par exemple, « de catégoriser et de mettre en relation de

nombreux paramètres indispensables pour apprendre ». « En connaissant et en prenant en

compte ces paramètres, le soignant-éducateur pourra interférer, mobiliser et favoriser

l’apprentissage du patient, voire favoriser un changement de comportement » (Giordan A.,

2010).

Nous imaginons qu’un patient bien intégré et accompagné (relations soignants-

soignés « saines ») au sein d’un programme en ETP pourra notamment plus facilement

développer des compétences psychosociales et ainsi mieux vivre avec sa maladie au

quotidien. Nous présentons ci-dessous le schéma des paramètres constitutifs de

l’environnement didactique proposé par Giordan.

J’apprends si…

j’y trouve un plus (intérêt, plaisir, sens)

J’ancre les données Je prends appui

sur mes conceptions

je suis concerné, interpellé, questionné

Je me lâche

Je mobilise mon savoir

Je trouve des aides à penser

(symboles, schémas, métaphores…

Je fais des liens

J’ai confiance (moi, situation, médiateur)

Je me confronte (autres, réalité, informations)

je prends conscience du savoir ( intérêt, structure, processus…)

13

2.2.8. LA DEMARCHE ETP

La Haute Autorité de Santé et l’Institut National de Prévention et d’Education pour la

Santé ont émis en 2007 des recommandations sur la structuration d’une démarche ETP en

quatre étapes.

La première étape consiste en l’élaboration d’un diagnostic éducatif. En effet, afin

de pouvoir accompagner et guider le patient au mieux tout au long de son parcours en ETP,

il parait indispensable d’apprendre à le connaitre. Le patient est écouté et il est amené à

dialoguer avec un ou plusieurs soignants sur « les différents aspects de sa vie, sa

personnalité, ses représentations, ses connaissances, ses demandes… ». Il est invité à

exposer les éléments qui lui semblent importants et qui lui tiennent à cœur à ce moment ci. Il

s’agit alors pour le patient, accompagné par le(s) soignant(s) d’ « identifier ses ressources,

potentialités, difficultés & objectifs éducatifs ». Ces éléments seront repris dans l’étape

suivante.

La deuxième est la définition d’un programme personnalisé d’ETP avec un

programme d’apprentissage. Il s’agit de « formuler et négocier avec le patient les

compétences (auto-soins, auto-adaptations…) à acquérir en regard de son projet ainsi que la

stratégie ». Le patient pourra alors réfléchir et exprimer ses aspirations et priorités

personnelles qui seront à adapter avec les exigences du traitement. Il s’agit alors pour le(s)

soignant(s) de « planifier un programme individuel qui sera communiqué au patient et aux

professionnels ».

La troisième étape est celle de la « planification et de la mise en œuvre des

séances d’ETP, individuelles ou collectives ou en alternance ». Il s’agit ici de « sélectionner

les contenus, les techniques d’apprentissage, les outils, les ressources humaines…. ». Il

semble pertinent de réaliser cette étape en partenariat avec les patients. En effet, consulter

un groupe de patients peut permettre d’une part de les impliquer pleinement dans une

démarche qui leur appartient et d’autre part d’intégrer un contenu pertinent et adapté aux

aspirations et profils des patients.

La dernière étape implique la réalisation d’ « une évaluation des compétences

acquises lors du déroulement du programme ». Il s’agit ici de faire le point avec le patient

sur « ce qu’il sait, a compris, sait faire et appliquer, ce qui lui reste à acquérir, la manière

dont il s’adapte ». Il nous parait pertinent d’intégrer également la prise en compte de ses

ressentis aux différentes étapes du programme et au moment présent. Cette étape semble

permettre au patient de « se poser » et de prendre un certain recul face à son expérience

vécue. Ceci peut permettre de réfléchir ensemble au « futur », à la sortie de cet

14

accompagnement pour tenter d’adapter un accompagnement de plus long terme.

Egalement, l’équipe pourra « proposer éventuellement une nouvelle offre d’ETP en fonction

de l’évaluation et des données de suivi de la maladie ».

2.3 LE ROLE DU PSYCHOLOGUE EN EDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT

2.3.1 UN TRAVAIL EN INTERDISCIPLINARITE

Une personne atteinte d’une maladie chronique voit les intervenants se succéder à

son chevet et « se multiplier du fait de la spécialisation croissante de la médecine ». « Cela

a pour conséquence un morcellement et une complexification de la prise en

charge notamment du fait du nombre élevé d’acteurs de cultures professionnelles très

diverses ». « La qualité d’une prise en charge ne dépend plus seulement de

l’adéquation d’une intervention donnée mais aussi de la qualité de la communication

et de la collaboration entre professionnels ainsi que de la cohérence et de la

coordination de leur action ». « Nous passons progressivement d’un modèle

appréhendant les soins, centrés sur un organe ou une pathologie, comme relevant de

professionnels ou de structures isolées, à un modèle les considérant comme un tout

organisé autour d’une personne malade ». Il s’agit alors d’opter pour une perspective

globale, dynamique et créative. (Mazzocato C., 2003)

En effet, « l’approche d’une équipe multidisciplinaire qui intègre la composante

éducative va dans un même temps s’intéresser à la dimension médicale, et aux aspects

psychosociaux des patients. Cela permet aux patients de faire le lien entre les aspects

somatiques et son propre vécu personnel et social de la maladie ». En parallèle, cela permet

aux soignants de « partager les informations et de pouvoir formuler des objectifs

thérapeutiques pertinents pour les patients » (Mosnier-Pudar, 200911).

Le psychologue s’inscrit alors au sein d’une équipe favorisant une approche

« interdisciplinaire » dans la mesure où de réels échanges permanents et constructifs sont

nécessaires de la part de chaque professionnel au sein d’une équipe.

11

Citation tirée de : Simon D., Traynard P.-Y., Bourdillon F., Gagnayre R., Grimaldi A. (2009). « Education

thérapeutique, Prévention et maladies chroniques ». Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; p276

15

2.3.2 UN ROLE SPECIFIQUE AVEC LE PATIENT

UNE PERSPECTIVE HUMANISTE

Selon notre définition conceptuelle de l’ETP, l’accompagnement constitue ainsi une

dimension importante et un des éléments indispensables pour démarche de qualité centrée

sur le patient. L’ETP ne correspond donc pas ici à un « apprentissage technique » de savoirs

et de savoir-faire pratiques dans une perspective utilitariste, mais davantage à une

éducation centrée sur le développement de la personne et son droit à une éducation de

qualité, dans une perspective humaniste » (BRIEN R., 200212). En effet, « une prise en

charge thérapeutique quelle qu’elle soit ne consiste pas uniquement à « prodiguer des

soins » mais doit conjointement consister à « prendre soin » ». (Hartemann-Heurtier.,

Eschwège., 200913).

L’intervention du psychologue permettrait alors d’accompagner le malade en

garantissant cette approche humaniste tout au long du parcours de soins du patient atteint

de maladie chronique, de longue durée et évolutive.

LA DIMENSION PSYCHIQUE AU CŒUR DE L’EXPERIENCE DE LA MALADIE

Concernant l’intervention du psychologue au sein des programmes d’ETP, « les

référentiels théoriques les plus diffusés s’inspirent essentiellement de modèles

psychopédagogiques censés favoriser le développement des savoirs et des apprentissages

de gestion du traitement au dépend d’une approche clinique fondée sur la relation » et

permettant « une rencontre en relation qui ouvre l’espace d’une co-création singulière,

prémisse d’une alliance thérapeutique » 14 . Or, « entrer dans un processus de maladie

constitue un événement ni choisi, ni désiré et qui annonce la perspective d’interventions, de

menaces parfois vitales entraînant des répercussions au plan émotionnel qui sont

déterminantes quant à l’adaptation de la personne à sa nouvelle situation ». De plus, « le

retentissement de la survenue d’une maladie chronique est imprévisible car il dépend de la

personnalité du sujet, en d’autres termes de ses ressources psychiques, il dépend de son

histoire, du moment de vie qu’il est en train de traverser, il dépend encore de la maladie en

12

Tiré de : Le Rhun A., (2008). « L’accompagnement psychosocial dans l’éducation thérapeutique du patient :

de l’accompagnement soignant/ patient à l’accompagnement formateur / soignant ». Thèse de médecine : Nantes 13

Tiré de : Simon D., Traynard P.-Y., Bourdillon F., Gagnayre R., Grimaldi A. (2009). « Education thérapeutique,

Prévention et maladies chroniques ». Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson

14 Lacroix A, (2007). « Quels fondements théoriques pour l’éducation thérapeutique ? ». Santé Publique, vol 19.

SFSP

16

cause et de l’idée que s’en fait le patient, sans compter les valeurs auxquelles il est

attaché ».

On perçoit ici la place importante qu’occupe le facteur psychologique dans le

vécu de la maladie chronique. En effet, « cette dimension psychique » se trouve « au cœur

même de l’expérience de maladie » (Lacroix A., 2007) et de la compétence métier du

psychologue.

UN ACCOMPAGNEMENT PSYCHOLOGIQUE DES L’ANNONCE DE LA MALADIE

Certains auteurs préconisent l’accompagnement du psychologue dès l’annonce du

diagnostic afin d’aider le patient à s’adapter au mieux à l’apparition et à l’évolution de

la maladie. En effet, Hartemann-Heurtier et Eschwège (2009) 15 expliquent qu’ « une

annonce de diagnostic mal gérée peut entrainer divers phénomènes éprouvants ».

« Une aggravation de l’anxiété voire de la détresse psychologique du patient lié au choc

provoqué par l’annonce » peut émerger. Egalement, cela peut « favoriser dès le départ chez

le patient une représentation négative de la maladie, source de difficultés ultérieures voire de

refus à se prendre en charge ». Enfin, une annonce maladroite « peut favoriser une

représentation négative des soignants qui n’ont pas su être à l’écoute de l’anxiété ou de la

détresse en même temps qu’ils la déclenchaient. Cette mauvaise perception du soignant va

rendre difficile l’alliance nécessaire entre le médecin et le patient pour une prise en charge

de qualité ».

L’ACCEPTATION DE LA MALADIE

Une fois le diagnostic annoncé, un travail d’acceptation de la maladie semble

constituer le cœur de l’expérience de la maladie et de la relation entre le patient et le

psychologue. Anne Lacroix se réfère au travail de deuil selon le modèle psycho-dynamique

freudien pour en expliquer le processus. Deux trajectoires distinctes susceptibles d’être

empruntées par le patient sont élaborées. « Une trajectoire désigne le processus

d’intégration psychique de la perte de la santé, l’autre sa mise à distance, au point d’en

occulter la réalité grâce à des mécanismes de défense mis en place par le Moi qui se sent

menacé ». Tous les individus ne semblent donc pas égaux face à l’acceptation de leur

maladie. En effet, « il faut parfois bien du temps, depuis l’entrée en maladie et la capacité

pour le patient à consentir aux nécessaires contraintes que son état exige ». Elle a pu

observer qu’ « un grand nombre de patients oscille entre le refus, le déni et des tentatives

15

Tiré de : Simon D., Traynard P.-Y., Bourdillon F., Gagnayre R., Grimaldi A. (2009). « Education thérapeutique,

Prévention et maladies chroniques ». Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson

17

d’adaptation à leur condition chronique ». De façon générale, « ce qui est en cause n’est pas

le choix délibéré entre une stratégie et une autre mais une ambivalence entre ce qui est

prescrit et ce qui est réalisé, induisant la rigidité répétitive de certains comportements ».

A ce titre, nous pouvons noter ici l’importance de l’approche psychologique de la

maladie à plusieurs niveaux. Le psychologue peut repérer certains éléments défensifs

du patient face à sa maladie. Suite à cela, un travail sur l’acceptation de son état de santé

peut être envisagé. Ce travail peut avoir des conséquences psychologiques liées à une

diminution des troubles anxio-dépressifs entre autres mais aussi permettre d’adapter des

comportements thérapeutiques adéquats face à la gestion de sa maladie.

Par ailleurs, « l’apparition d’une telle maladie bouleversant le quotidien de la

personne » peut entrainer « une perte de sens de sa vie », « une dévalorisation de

l’image de soi », et « une rupture du sentiment de continuité, de sécurité et d’identité à

l’origine de la situation d’impuissance vécue ». Ce sentiment d’impuissance induit un

« désir de maîtrise » et la « capacité à lâcher prise » pour « consentir au changement »

nécessaire (Aujoulat I., 2006 p.3-8). Au vu des exigences, des contraintes et des

conséquences induites par la maladie chronique, le psychologue peut aider le patient à

« devenir autrement le même » (Bensaid., 197816).

2.3.3 UN ROLE SPECIF IQUE AVEC L’EQUIPE

Pour Vernier en 2006, le psychologue « se doit de collaborer avec les équipes

médicales, ceci dans l'intérêt du patient ». « Il est bien entendu soumis au secret médical

et se doit de le faire respecter et de préserver la vie privée des personnes » (extrait du Code

de déontologie des psychologues). La fonction du psychologue au sein d’une équipe

pratiquant l’éducation thérapeutique, pluridisciplinaire, est donc de « contribuer à établir et à

maintenir un climat d'humanité, à relier les gens entre eux », « à donner du sens dans le

souci d'amener une sécurité émotionnelle » au patient. Son « langage se doit d'être

compris avec des mots clairs et accessibles qui permettent de ne pas faire peur, un langage

proche de l'autre, en respectant la confidentialité qui laisse place à une véritable

rencontre ». A ce titre, les transmissions à propos du patient sont « un véritable maillage

délicat et essentiel » pour « contenir les affects » (Vernier D., 200617). L’auteur explique

16

Cité par Aujoulat I., (2005) dans : Le Rhun A., (2008). « L’accompagnement psychosocial dans l’éducation thérapeutique du

patient : de l’accompagnement soignant/ patient à l’accompagnement formateur / soignant ». thèse de médecine Nantes p 16

17 Tiré de : Société française de médecine périnatale. 36es Journées Nationales

18

que sur le terrain, « il y a une réelle difficulté à écrire quelques lignes dans les dossiers »

alors que le psychologue devrait pourtant « laisser une trace de l'entretien en restant vigilant

pour que ce qui se transmet soit utile à la prise en charge ». En pratique, « la transmission

orale est souvent plus aisée » mais, « là encore elle se doit d'être discrète et utile à la

patiente ».

Du côté des soignants, « c’est sur le terrain même du suivi des patients qu’ils

devraient bénéficier eux aussi d’un soutien, d’un cadre propre à élaborer les contacts avec

les patients, un espace de partage, de supervision de l’activité professionnelle » (Lacroix A.,

2007). Des contraintes telles que le temps, la présence d’un psychologue tiers à l’équipe

viennent freiner cet accompagnement des équipes. Il parait important de mentionner que

« ces exigences peuvent paraître excessives » mais « elles sont néanmoins nécessaires

pour optimiser les actions dans la perspective d’une approche globale des malades

chroniques » (Lacroix, 2007).

Ces aspects du rôle du psychologue aux côtés des équipes soignantes travaillant en

ETP requièrent chez ce professionnel diverses capacités et aptitudes professionnelles. En

premier lieu, une certaine « disponibilité pour accompagner le soignant si besoin », lui

« proposer sans imposer de l'accompagner » surtout lorsque « la parole n'est pas

véritablement donnée aux soignants », « trouver le temps de reparler avec lui, en lui

donnant le « retour » », lui dire combien le patient a pu parler et bénéficier de ces moments

si importants. En deuxième lieu, « une souplesse, une diplomatie » dans le dialogue avec

ses collègues. Enfin, « une rigueur et une vigilance pour ne pas se laisser entamer ».

« Il s'agit d'un véritable soin dans le sens de prendre soin, apporter un étayage à la

relation soignant-patient, une véritable relation thérapeutique qui soutient le patient et

valorise le soignant dans sa fonction, dans le respect des places de chacun ». De façon

générale, il est de la mission du psychologue intégré au sein d’une équipe interdisciplinaire

de « trouver une cohérence dans l'accompagnement humain » et « que chaque «

protocole » soit habité par le respect de l'autre. Ce professionnel doit en continu, « contribuer

à ce que le système de soins s'adapte à ce que confie le patient » pour partager une

nouvelle expérience qui lui « apportera une confiance en soi » et lui permettra de faire face

au mieux aux contraintes de sa maladie (Verdier D., 200618).

de la Société Française de Médecine Périnatale (Biarritz). Quelle place pour les psychologues ? Rueil-Malmaison : groupe Liaisons, 2006, p :112-119 18

Tiré de : Société française de médecine périnatale. 36èmes Journées Nationales

de la Société Française de Médecine Périnatale (Biarritz). Quelle place pour les psychologues ? Rueil-Malmaison : groupe Liaisons, 2006, p : 112-119

19

3. METHODOLOGIE DE RECHERCHE

Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une recherche / action. En effet, dans un premier

temps, nous avons élaboré une définition du rôle du psychologue en ETP grâce à la

participation de nombreux acteurs opérant dans ce domaine. Dans un second temps, nous

avons mis en place et animé un atelier-discussion avec des soignants, visant à construire un

référentiel sur les compétences des psychologues et les facteurs favorisant leur intégration

dans les services.

3.1 DEFINITION DU ROLE DU PSYCHOLOGUE EN ETP

Notre protocole de recherche comprend plusieurs étapes.

3.1.1 QUESTION DE DEPART ET HYPOTHESES DE RECHERCHE

Question de départ :

Quel est le rôle du psychologue en éducation thérapeutique pour le patient ?

Hypothèse théorique :

L’intervention du psychologue au sein d’une équipe interdisciplinaire a des effets

positifs lors des différentes étapes de la démarche éducative et ce, auprès des patients et

des soignants.

Hypothèses opérationnelles :

1/ Le psychologue, de par ses spécificités, a un rôle à jouer au sein d’un programme

d’ETP pour des patients chroniques.

2/ Le psychologue, de par ses spécificités, a un rôle à jouer avec et au sein d’une

équipe lors du développement d’un travail professionnel interdisciplinaire.

Il aurait été intéressant de se pencher sur le rôle que peut jouer le psychologue

auprès de l’entourage du patient, ceci dans l’intérêt du patient et de son entourage en tant

que tel. Cependant, nous considérons que cette question mérite un travail à part entière et

nous ne pouvons la traiter de façon satisfaisante dans le cadre de notre étude.

3.1.2 PROCEDURE DE L ’ETUDE

Afin de définir le rôle du psychologue en ETP et de répondre à nos hypothèses

opérationnelles, la réalisation d’une enquête s’est imposée. Nous avons sollicité les

20

perceptions qu’ont des patients, des « experts en ETP » ainsi que des psychologues à ce

sujet et ce, tout au long de la démarche en ETP.

Six objectifs opérationnels guident cette étude. Nous nous sommes centré alors

sur l’identification :

1/ des représentations qu’ont les soignants et les patients du « psychologue »

2/ du rôle perçu du psychologue en ETP par les soignants et les patients

3/ des besoins perçus par les patients

4/ des difficultés réelles ou potentielles rencontrées (contraintes)

5/ des leviers sur lesquels s’appuyer pour favoriser la place du psychologue (ressources)

6/ de la formulation de propositions concrètes visant à l’amélioration du dispositif (sous

l’angle du psychologue)

Pour répondre à ces questions, avons constitué trois groupes :

-un groupe de six « patients » vivant avec une maladie chronique (deux patients ayant

suivi un programme de prévention des risques cardiovasculaires (Bio-Cards) à la

Polyclinique de Caudéran, deux patients accompagnés par l’AURAD (Association pour

l’utilisation du rein artificiel à domicile en aquitaine) et deux patients accompagnés par la

maison du diabète de Bordeaux

-un groupe de quatorze « experts ETP » ayant un rôle de coordination de programme en

ETP. Ce groupe est composé de quatre médecins, quatre infirmiers, deux diététiciens et trois

ingénieurs, chargés de mission en ETP. Ils travaillent avec des patients atteints de maladies

chroniques diverses comme les troubles cardiaques, l’insuffisance rénale, le diabète et les

hépatites.

-un groupe de quatorze « psychologues » qui œuvrent dans des domaines assez variés

au sein de services hospitaliers ou de structures prenant en charge des pathologies telles

que les troubles cardiaques, l’insuffisance rénale, le diabète, les troubles du comportement

alimentaire, les hépatites, la mucoviscidose ou encore l’athérosclérose. Un psychologue

membre d’un IREPS participe également. Tous ont une expérience, à des degrés divers en

ETP.

Tous sont impliqués dans une démarche d’éducation thérapeutique.

21

Avec le groupe de patients, nous avons réalisé des entretiens semi-directifs

individuels enregistrés. La grille d’entretien (cf. annexe 10.1) a été construite au regard des

six objectifs opérationnels énumérés ci-dessus. Nous avons sondé leurs représentations du

psychologue en général et en ETP, leurs expériences à ce sujet, leurs besoins, ressources

et contraintes ainsi que leurs propositions visant à intégrer les interventions du psychologue

en ETP de façon adaptée et cohérente à leurs yeux. Cette trame a également guidé

l’analyse de contenu.

Les perceptions des « experts ETP » et des « psychologues » ont été recueillies

au moyen de la méthode Delphi. Cette technique « vise à connaitre l’opinion de certaines

personnes sur les problèmes qui prévalent dans la communauté ». Elle consiste en un

processus de groupe. « Même s’ils ne communiquent pas directement entre eux, les

membres d’un groupe Delphi réagissent à l’information émise par les autres participants, de

telle sorte à ce qu’ils en arrivent à un consensus sans qu’il y ait eu discussion entre eux ».

En effet, cette méthode utilise une série de questions ouvertes adressées par courriel.

Chacune des questions est formulée à partir des réponses données au questionnaire

précédent. « La démarche se termine lorsqu’il y a consensus ou que l’information obtenue

est suffisante (Pineault & Daveluy, 1995) ». Cette méthode possède bien des avantages tels

que l’atteinte d'un réel consensus, le temps pour la réflexion mais également des

inconvénients à considérer comme l’exclusion des opinions extrêmes ou la longueur du

processus.

Nous avons choisi de mener l’étude sur le site internet de PACE (Plateforme

Aquitaine pour des Compétences en Education du patient). Ce site de partage de

ressources en éducation thérapeutique en Aquitaine, permet l’utilisation de forums. Nous

avons donc créé deux forums indépendants, l’un accessible aux « experts ETP » et l’autre

aux psychologues. Cela a permis par la suite de croiser leurs perceptions.

Notre démarche s’articule autour de plusieurs étapes identiques formulées par

Delbecq19 :

19

Pineault R., Daveluy C., (1995). « La planification de la santé, concepts, méthodes, stratégies ». Montréal :

Editions Nouvelles

22

1/ FORMULATION DE LA QUESTION DE DEPART :

Quel est le rôle du psychologue en ETP ?

2/ SÉLECTION DES RÉPONDANTS :

Un groupe d’ « experts ETP »

Un groupe de « psychologues »

3/ COMPOSITION DE LA LETTRE D’INTRODUCTION ET ENVOI DU PREMIER QUESTIONNAIRE :

Nous avons, dans un premier temps, contacté des « experts ETP » et des

psychologues travaillant dans ce domaine par téléphone afin de solliciter leur participation.

Nous avons envoyé un courriel à ceux que nous n’arrivions pas à joindre par téléphone (cf.

annexe 10.2.1). Dans un deuxième temps, nous leur avons envoyé un courriel formalisant

leur participation et expliquant les objectifs de notre étude, les étapes à suivre, ainsi que

l’utilisation ultérieure des résultats. Nous avons mentionné l’importance de leur participation

et établi un calendrier de réponses (cf. annexe 10.2.2). Un contact téléphonique ultérieur est

venu confirmer leur implication et clarifier la démarche si cela s’avérait nécessaire.

Le premier questionnaire vise à explorer les représentations concernant le rôle du

psychologue en ETP. Il a été composé d’une unique question à savoir la question de départ

qui est :

Quel(s) est (sont) le(s) rôle(s) du psychologue en éducation thérapeutique du patient ?

4/ ANALYSE DES RESULTATS DU PREMIER QUESTIONNAIRE :

Deux synthèses différentes (cf. annexe 10.3.1) ont été formalisées en fonction des

réponses des deux groupes. Elles ont été rédigées sous forme de tableaux, ce qui a permis

d’élaborer une catégorisation des réponses obtenues.

5/ COMPOSITION ET ENVOI DU DEUXIEME QUESTIONNAIRE :

Un courriel a été envoyé à tous les participants en les remerciant pour leurs

réponses. La synthèse écrite correspondant aux réponses de leur groupe leur a également

été communiquée.

Suite à cela, trois nouvelles questions visant à préciser leur réflexion leur ont été

posées pour ce deuxième tour de la démarche :

1/ Quelle(s) réaction(s) cette synthèse suscite pour vous ?

23

2/ Selon vous, quelles sont les limites de l’intervention du psychologue en ETP ? Dans quel(s) cadre(s) le psychologue n’a pas sa place en ETP ?

3/ Pour le groupe des « psychologues » : Quelle est votre expérience en tant que psychologue en ETP ? Quels sont vos ressentis personnels en lien avec votre travail auprès des patients et des équipes soignantes ?

Pour le groupe des « experts ETP » : Quelle expérience avez-vous du travail du psychologue auprès des patients et au sein des équipes soignantes ? Quels sont vos ressentis personnels ?

6/ ANALYSE DU DEUXIEME QUESTIONNAIRE :

Les précisions recueillies ont permis d’avoir un premier niveau d’organisation des

différentes réponses. Nous en avons tiré des éléments de définition plus clairs et classés par

champs plus précis. Nous avons alors obtenu une certaine validité de contenus. De plus,

nous avons identifié des limites du rôle du psychologue en ETP, ce qui enrichit notre lecture

sur le sujet. Enfin, recueillir des éléments sur l’expérience professionnelle de chacun vient

enrichir et compléter notre réflexion.

7/ COMPOSITION ET ENVOI DU TROISIEME QUESTIONNAIRE :

Une synthèse a été envoyée (cf. annexe 10.3.2) accompagnée des questions

suivantes :

1/ Quelle(s) réaction(s) cette deuxième synthèse suscite chez vous ?

2/ Pour le groupe des « psychologues » : Comment percevez-vous le regard que les autres professionnels de santé portent sur vous en ETP ? 3/ - Si vous deviez qualifier l'intérêt de votre participation à cette étude en un mot ce serait…

- Situez vous sur une échelle allant de 1 à 10 : pas intéressant 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 très intéressant

Expliquez votre réponse !

8/ REDACTION DE LA DERNIERE SYNTHESE :

Cette analyse a pour but de compiler les résultats des réflexions quant au rôle

du psychologue en ETP et de résumer les commentaires reçus à ce sujet. Nous avons

envoyé une dernière synthèse (cf. annexe 10.3.3) aux participants de chacun des groupes.

Par ailleurs, notre mémoire en guise de synthèse finale sur la définition du rôle du

psychologue en ETP sera envoyée à chacun des participants avec tous nos remerciements.

24

9/ FOCUS GROUP

Après avoir recueilli les perceptions de patients, d’« experts ETP » et de

psychologues sur le rôle du psychologue en ETP et ce, de façon indépendante, une

confrontation des points de vue a eu lieu à l’aide d’un focus groupe enregistré mêlant

des membres de chacun des groupes. L’objectif de cette rencontre était de mettre en

évidence les convergences et les divergences des différents groupes sur le rôle du

psychologue en ETP afin d’obtenir une définition commune.

10/ ATELIER DE TRAVAIL AVEC UN GROUPE DE PROFESSIONNELS DE SANTE

La définition obtenue a guidé la construction et l’animation d’un atelier-discussion

avec une dizaine de soignants inscrits dans une dynamique d’ETP à différents niveaux.

Ensemble, nous avons initié la construction d’un guide référentiel des compétences des

psychologues et des facteurs facilitant leur intégration dans les équipes soignantes. A

travers ce premier atelier-discussion sur le rôle du psychologue en ETP, il s’agissait de

prolonger notre réflexion de façon concrète afin que les équipes puissent s’en saisir à long

terme et ainsi de promouvoir le rôle du psychologue en ETP. A ce propos et suite à cette

expérience, la cellule ETAPE du CCECQA souhaite organiser d’autres rencontres sur ce

thème afin de faire perdurer ce travail interdisciplinaire et de permettre une certaine

concrétisation de ces échanges sur le terrain.

Afin de clarifier nos propos sur la méthode employée pour mener à bien cette

recherche/ action, nous vous proposons un schéma récapitulant les différentes étapes

adoptées.

25

3.1.3. SCHEMA RECAPITULATIF

Psychologues

6 PATIENTS 14 EXPERTS ETP 14 PSYCHOLOGUES

ETP

Entretiens individuels semi-

directifs enregistrés

1er

tour : question de

départ

2ème

tour : lecture synthèse n° 1

+ 3 questions

3ème

tour : lecture synthèse n°2

+ 2 questions

1er

tour : question de

départ

2ème

tour : lecture synthèse n° 1

+ 3 questions

Méthode DELPHI forum

Méthode DELPHI forum

synthèse n°1 « experts ETP »

synthèse n°1 « psychologues »

synthèse n°2 « experts ETP »

Focus groupe comprenant des

« patients », « experts ETP » et

« psychologues »

Construction et animation de l’atelier-discussion visant à promouvoir le rôle du

psychologue en ETP à travers la construction d’un référentiel sur les compétences et les

facteurs favorisant l’intégration des psychologues dans les services pratiquant

l’ETP

synthèse finale « experts ETP »

Définition commune du rôle

du psychologue en ETP

Analyse des entretiens

synthèse finale « psychologues »

synthèse n°2 « psychologues »

3ème tour : lecture synthèse n°2

+ 3 questions

26

4. PRESENTATION DES RESULTATS

Nous présentons et analysons ici les éléments recueillis quant à la perception de chacun

des trois groupes sur le rôle du psychologue en ETP.

Ayant procédé à l’aide de questions ouvertes lors de nos échanges avec les participants,

nous avons tenté d’organiser les réponses avec comme trame, nos deux hypothèses

opérationnelles. Nous les rappelons :

1/ Le psychologue de par ses spécificités a un rôle à jouer au sein d’un programme d’ETP

pour des patients chroniques.

2/ Le psychologue de par ses spécificités a un rôle à jouer au sein du développement d’un

travail professionnel interdisciplinaire.

Trois angles de réflexion paraissent apporter des éléments de réponses à ces

hypothèses. Il en suit qu’il parait judicieux d’appréhender la présentation et l’analyse des

résultats comme s’articulant autour du rôle du psychologue avec le patient puis avec et au

sein d’une équipe pluridisciplinaire et enfin, aux différentes étapes de la démarche en ETP,

ceci pour apporter une vision de terrain aux éléments recueillis.

Chacune de ces trois parties tient compte des perceptions du groupe de patients, du

groupe d’« experts ETP » puis du groupe de psychologues. Cela permet de faire émerger les

convergences et les divergences sur le sujet. Egalement, ces propos permettent d’introduire

les différents éléments recueillis lors du focus group pour obtenir une définition commune sur

le rôle du psychologue en ETP, avec le patient, avec l’équipe puis aux différentes étapes de

la démarche.

Des cartes conceptuelles présentées en annexes relatent la perception globale de

chacun des trois groupes de manière indépendante. Elles viennent éclaircir de façon imagée

ce recueil de données. Cela permet, de notre point de vue, une appropriation plus évidente

du contenu des réflexions des trois groupes de façon indépendante.

4.1 LE ROLE DU PSYCHOLOGUE AVEC LE PATIENT

4.1.1 LA PERCEPTION DES PATIENTS

Pour les patients ayant participé à l’étude, rencontrer un psychologue lors de leur

participation à un programme d’ETP semble important pour :

27

POUVOIR PARLER LIBREMENT A QUELQU’UN

Rencontrer un psychologue, c’est « pourvoir parler à quelqu’un librement de ce qui

nous tracasse ». Son aide permettrait d’ « analyser la dépression, le mal-être » mais

également de « réfléchir », « pour faire le point, la part des choses ». En outre, « prendre

conscience » de certaines choses, en « creusant dans son vécu » parait alors central.

ACCEPTER LA MALADIE

L’une des premières « missions » du psychologue serait d’aider « à admettre la

maladie ». Selon l’un d’entre eux, «il faut admettre qu’on est malade, qu’on a besoin des

médicaments ou de la machine », chose « pas évidente ». L’un d’entre eux explique :

« puisque chaque malade ne sait pas qu’il est malade, si on lui dit qu’il est malade et qu’on

lui apprend à se soigner c’est déjà bien » et ajoute « il faut que le patient fasse ce qu’il faut

pour se soigner » sinon « la maladie nous tue à petit feu ».

GERER LA MALADIE

Aux côtés des autres membres de l’équipe, le psychologue aurait un rôle dans la

gestion de la maladie. En effet, « le quotidien de la maladie n’est pas facile à vivre ». « Si on

apprend aux gens à la gérer ou pour une grande partie, c’est déjà beaucoup ».Un autre

ajoute : « dès qu’on arrive à mieux gérer sa maladie, après, le reste peut aller tout seul ». A

ce niveau ci, le psychologue interviendrait pour « apporter les clés pour solutionner certains

problèmes » et pour cela, « faire ressortir les points forts ». Enfin, « mieux vivre sa maladie »

aurait, selon deux patients, des conséquences positives sur « une certaine hygiène de vie ».

AVOIR UNE MEILLEURE CONNAISSANCE DE SOI ET DE SA MALADIE

Pour apprendre à gérer sa maladie, les patients expliquent qu’il faut avant tout

apprendre à « mieux se connaitre et connaitre sa maladie ». A cet effet, les ateliers ou

rencontres en groupe paraissent appropriés. Effectivement, « ça permet de parler avec

d’autres patients, d’apprendre des choses sur la maladie » car « c’est vrai qu’en faisant des

séances d’ETP, y a des fois où on mélange tout et de se dire « c’est vrai !, ça c’est ça », on

arrive à mieux comprendre la maladie donc on arrive à beaucoup mieux la gérer ». Un autre

explique que « ça rassure et ça permet de partager les solutions et les problèmes ». Par

conséquent, « ce n’est pas elle qui prend le dessus sur nous, c’est nous qui prenons le

dessus sur elle ». Ces temps d’échanges permettent alors de « montrer aux gens qu’on peut

faire plein de choses » et « de ne pas s’enfermer dans la maladie ».

28

DECULPABILISER

Un patient confie que « la psychologue a créé un lien parce que quand on est

malade, on se sent un peu seul ». Nous comprenons qu’à travers ces rencontres animées

par le psychologue, les patients peuvent « apprendre à déculpabiliser ». Une patiente

confie : « des fois je culpabilise », alors « quand on peut en parler avec des gens, ça aide ».

Elle dit en effet, « comprendre que les problèmes qu’on a eu sont tout à fait normaux ». Pour

un autre, « il faut bien se rendre compte que notre cas n’est pas unique ». Un dernier

raconte que « ça fait du bien d’être avec des gens avec qui on peut se sentir normaux parce

qu’on est pareils ». Un patient explique que par la suite ils vont « échanger les vécus », ce

qui favoriserait alors « la possibilité de rendre l’avenir plus agréable ». Si une dynamique

positive peut être instaurée ; le groupe peut alors commencer à « chercher des solutions ».

Cependant, il est important de mentionner que si pour la majorité des patients, les

échanges collectifs semblent bénéfiques, tous ne souhaitent pas y participer. Une patiente

explique : « je ne veux pas que certains connaissent ma vie et mes problèmes ».

MIEUX VIVRE LA MALADIE

De façon générale, le soutien du psychologue permettrait de « mieux vivre la

maladie » car « ça favorise le bien-être ». Cela encouragerait « l’exploitation de l’énergie » et

« donnerait de la force » car « on a tous de l’énergie en soi mais on sait pas l’exploiter ». Le

psychologue « rasure » et permettrait « d’aller vers l’essentiel ». Plus précisément, cet

accompagnement « peut être très très bénéfique dans la mesure où il met l’accent sur les

points faibles et il peut développer surtout les points forts ». « Il faut sortir le bien qui est une

béquille ». Il peut permettre de « donner la confiance pour rebondir, et pour s’appuyer sur

des bases fortes ». « A partir de là, on peut avancer ». Pour avancer, plusieurs patients

rencontrés confient que ce dialogue contribue à « penser à soi ». Le « respect de soi » parait

primordial « pour vivre mieux pour les autres et ne pas se dévitaliser parce que quand on

s’enferme !». Ce dernier raconte : « avant mon passage à la clinique, je ne m’octroyais pas

de repos, je me respectais pas parce que je n’écoutais pas ce que mon corps et mon esprit

me donnaient ». Il conclut : « j’étais en souffrance, j’ai appris à me respecter pour vivre

mieux ». Par ailleurs, les patients attendent du psychologue un travail sur « la confiance en

soi ». L’un d’eux avance à ce propos : « j’ai appris à dire non, une chose que je ne savais

pas dire, quand vous avez appris à dire non, tout s’équilibre et tout s’accomplit ».

GERER SON STRESS

Pour mieux vivre sa maladie et se sentir bien, nombre de patients réclament une

intervention du psychologue pour les guider dans « la gestion du stress » au quotidien. Pour

29

eux, la première étape serait de « déceler les causes ». Une patiente explique : « derrière un

stress, il y a eu quelque chose de passé donc il faut traiter avant que ça aille trop loin », « le

psy a beaucoup de clés, il peut poser des questions bien fines pour déceler si avant il y a eu

des choses ». L’étape suivante serait l’apport de « solutions pour mieux gérer son stress ».

Cela pourrait comprendre l’apprentissage « d’exercices de respiration » ou « de relaxation ».

Une patiente raconte qu’une psychologue de sa structure de soins lui avait transmis des

techniques de relaxation à entreprendre seule à la maison. Elle dit s’y employer « des fois »

quand elle a eu « des journées difficiles », ça l’aide « pour s’endormir ». Elle ajoute : « y

avait une patiente qui avait peur des aiguilles, si elle avait connu l’exercice de respiration

avant, ça aurait été mieux ». Une autre explique qu’elle pratique « des séances de

réflexologie » à l’extérieur et que ça lui « apporte un bien fou ».

FAVORISER LE LIEN AVEC LES SOIGNANTS

Par ailleurs, selon les patients, un des rôles non négligeables du psychologue dans le

domaine de l’ETP serait de favoriser le lien avec les soignants. Il semble important pour eux,

que le psychologue tente de « voir si la personne est réceptive par rapport à ce que les

médecins ou infirmières peuvent lui dire ou pas ». Il représenterait alors un intermédiaire qui

pourrait alors « apporter de la nuance aux interdits, aux discours des médecins ». Un patient

exprime le fait qu’il « y a des grandes lignes, et après, faut vivre quoi ! ».

Nous notons que rencontrer un psychologue travaillant au sein de la structure

fréquentée semble tenir à cœur aux patients. En effet, « l’avoir ici, c’est mieux parce que

dans le privé, je suis allée en voir mais y en a, elles ne savent pas ce que c’est notre

maladie donc c’est un peu plus compliqué ». « Moi, j’avançais pas, je n’avais pas

l’impression d’avoir une écoute en face de moi ». Ici, « à force, y a une confiance qui

s’installe » et « c’est pas un psy qui vous reçoit dans son cabinet derrière son bureau ». « Je

sais que si elle n’avait pas été là, je serais vraiment mal et déprimée, j’ai réussi à bien

remonter alors que j’avais pas un bon vécu à l’extérieur ». Une autre explique que rencontrer

un psychologue qui n’intervient que très ponctuellement au sein de la structure de soins n’est

en rien bénéfique. Elle confie, « on a été inscrit parce que c’était le parcours. Ce psy, je suis

désolée mais il m’a rien apporté. Je n’étais pas la seule, nous étions une dizaine autour de la

table, on a pas fait tilt avec ses trucs ». Mais deux d’entre eux admettent que cela « dépend

aussi de la personnalité » du professionnel. La plupart ajoutent que « pour que ça

fonctionne, faut que la personne le veuille, que le patient soit ouvert à ces thérapeutiques »,

qu’il ait « confiance » et que « les barrières soient coupées avec de l’humain, du naturel ».

30

4.1.2 SELON LES « EXPERTS ETP»

Les experts semblent accorder une importance particulière au travail du psychologue

avec les patients. Ils situent son intervention à des niveaux distincts et y perçoivent certaines

limites.

SON ROLE AVEC LES PATIENTS

REPERER LES TROUBLES PSYCHOLOGIQUES

La première mission du psychologue intégré dans un programme d’ETP est, selon ce

groupe d’ « experts », de repérer et de « prendre en charge des patients présentant des

problèmes d’ordre psychologique ». Nous comprenons ici que son rôle est alors d’identifier si

oui ou non le suivi du programme est envisageable pour tous les patients. Si tel n’est pas le

cas, le psychologue devrait en informer son équipe.

ETRE A L’ECOUTE

De façon générale, ce professionnel « est à l’écoute » du patient. Il « explore » avec

le patient « ses représentations de façon plus spécifique et professionnelle ».

ABORDER : LE VECU ET L’ACCEPTATION DE LA MALADIE

Il accompagne le patient dans « le vécu de sa maladie » en l’aidant « à verbaliser ses

besoins propres » en fonction de sa pathologie. Ce dernier peut ainsi « faire des liens » et

« prendre conscience de son processus de raisonnement ». Cette démarche peut conduire

la personne vers « l’identification de son stade d’acceptation de la maladie ».

LA GESTION DE LA MALADIE

Le rôle du psychologue est également d’accompagner le patient dans la « gestion de

sa maladie ». Le malade chronique doit gérer « sa santé » au quotidien et aurait besoin, pour

cela, d’une aide dans « sa nouvelle vie ». Les « experts » parlent ici d’ « adaptation

psychoaffective à la maladie chronique ». La mission du professionnel est alors « d’aider » la

personne dans « le développement de son sentiment d’auto efficacité » en travaillant

notamment sur son « estime personnelle ».

31

ANALYSER LES TROUBLES DE L’HUMEUR ET DU COMPORTEMENT

Afin d’optimiser ces différents éléments, le psychologue travaillant en ETP ne doit en

aucun cas négliger l’analyse « des troubles de l’humeur et du comportement ». Tout comme

« les conflits de vie », ces derniers peuvent « entraver » le suivi d’un « programme d’ETP ».

IDENTIFIER LES RESSOURCES ET DIFFICULTES

Une des tâches du psychologue dans ce domaine est, selon eux, « d’identifier les

difficultés et les ressources » du patient, autrement appelés « freins et leviers » pour « fixer

des objectifs d’éducation qui lui sont propres », « les conforter ou les réajuster ».

TRAVAILLER LES MOTIVATIONS

Un travail de « renforcement de la motivation au changement » semble crucial pour

élaborer une réflexion autour des « stratégies d’adaptation à la chronicité de la maladie ».

FAVORISER LE DEVELOPPEMENT DE COMPETENCES PSYCHO-SOCIALES

Afin de pouvoir « mettre en action » ces stratégies d’adaptation, le professionnel

devrait aider la personne à « développer des compétences d’adaptation à la maladie

chronique ». Ils parlent alors de « savoir-être ». Rentrent en considération ici également le

« développement du sentiment d’auto-efficacité et de l’estime personnelle ».

PRENDRE COMPTE DES FACTEURS SOCIO-CULTURELS

Selon certains, le psychologue serait le plus apte de l’équipe à prendre en compte au

cours du suivi du patient « les facteurs socioculturels » tels que « la religion ou la culture ».

INCLURE L’ENTOURAGE

Enfin, tout au long de leur réflexion, les experts ont mentionné que le psychologue

devrait veiller à inclure dans son travail l’entourage du patient dès que possible.

LES LIMITES DE SON ROLE

Pour certains membres de ce groupe, le rôle du psychologue semble se cantonner à

une approche individuelle avec les patients. En effet, l’un d’entre eux explique que « sa place

peut être plus difficile à trouver dans les séances collectives dans lequel il ne peut faire une

thérapie de groupe ou une thérapie individuelle en groupe ».

32

4.1.3 SELON LES PSYCHOLOGUES

SON ROLE AVEC LES PATIENTS

Selon eux, rencontrer un psychologue en ETP peut permettre au patient de :

POUVOIR « DEPOSER SON FARDEAU »

Le patient, de par la présence d’un psychologue au sein d’un programme d’ETP

aurait la possibilité « d’être écouté ». Il s’agit pour le professionnel « d’accueillir la parole »

du patient « pour soulager » et « établir une relation de confiance ». Le malade est alors

« invité à se confier » et peut « parler de choses très personnelles ». Le psychologue

« reconnait la souffrance et/ou la colère du patient ». Ce rapport alors instauré, permettrait

« d’assouplir l’aspect parfois rigide du cadre ».

EXPLORER SES « REPRESENTATIONS »

Avec l’aide du psychologue, le patient pourrait « explorer ses représentations de la

maladie » et « faire des liens ». Selon certains psychologues, le patient pourrait « repérer

l'impact des antécédents familiaux sur la perception de sa pathologie » et alors émettre des

« liens entre les évènements de la vie et les répercussions sur sa santé psychique ».

ABORDER SON « VECU DE LA MALADIE »

A travers l’expression de ses « ressentis », est offert au patient « un espace de

parole » et « de pensée » lorsqu’il a « le désir de parler de ce qu’il a vécu ». Il s’agit alors de

« donner du sens », afin « qu'une expérience vécue devienne pensable humainement ». Le

psychologue se doit alors d’« être attentif aux étapes de la vie que traversent les patients, à

l’impact de la maladie sur sa vie relationnelle… ». Il doit adopter « une fonction contenante

qui permet de penser et de métaboliser les expériences vécues ».

ACCOMPAGNER LE CHEMINEMENT VERS L’ACCEPTATION DE LA MALADIE

Il semble être important pour les psychologues d’aider le patient à « repérer où il en est

dans le cheminement de sa maladie chronique ». Ce dernier doit être « accompagné dans

l’acceptation de sa maladie », en ayant la possibilité « d’exprimer ses inquiétudes, ses peurs

des complications, ses révoltes, dénis, ou son incompréhension face à sa pathologie… ». Il

s’agit ici de « mettre du sens sur les résistances ». Cependant, la nécessité d’ « accepter la

temporalité de chacun » et de « ne pas chercher à faire tomber les défenses qui par

définition protègent le sujet », parait primordiale pour ce groupe de psychologues. Il s’agirait

uniquement d’ « ouvrir par la parole » et de « soutenir les patients dans leur légitimité à

33

avancer à leur rythme et ce, en effectuant des compromis qui leur sont acceptables même si

cela n'est pas l'idéal pour les objectifs soignants ».

PARTICIPER AU MAINTIEN DE LA QUALITE DE VIE

Les psychologues ont abordé l’importance de garder à l’esprit, dans leur travail avec

les patients, le maintien d’une qualité de vie acceptable.

TRAVAILLER SUR L’IMAGE DE SOI

L’image de soi est, selon ce groupe, un élément central à travailler avec les patients

vivant avec une maladie chronique. En effet, « renforcer une réappropriation de leur corps »

semble constituer une étape non négligeable dans cet accompagnement.

PRENDRE EN COMPTE LES TROUBLES DE L’HUMEUR

Les psychologues ne dérogent pas, en ETP, à une de leurs missions traditionnelles

qui serait de « prendre en compte l'humeur du patient (syndromes anxio-dépressifs..) ».

ACCOMPAGNER POUR PRENDRE CONSCIENCE ET EXPRIMER SES RESSOURCES ET DIFFICULTES

Lors du suivi d’un programme d’ETP, le patient est amené à prendre conscience et

exprimer ses « difficultés liées à la maladie ». Le psychologue devrait l’aider à identifier les

« freins » et les « résistances » au changement de comportement. Afin de les dépasser, le

psychologue devrait valoriser les « ressources » du patient. « Porter attention à d’autres

aspects de la vie » que les volets médicaux à savoir « ses goûts, projets, vie

relationnelle… » semble crucial pour « oser le changement sans être englouti dans un

sentiment de perte ».

TRAVAILLER SUR LES MOTIVATIONS

Une fois les ressources et difficultés identifiées, le rôle du psychologue serait de

« travailler sur les motivations » en faisant émerger chez le patient « ce qui peut donner

envie d'opérer des changements tout en reconnaissant le prix psychique ».

PERMETTRE AU PATIENT D’ « ETRE ACTEUR DE SA SANTE »

Le rôle du psychologue serait ici d’ « ouvrir une voie parallèle et complémentaire à celle

strictement médicale » pour permette au patient « de se sentir acteur de son avenir ». Le

patient devrait être guidé vers une « prise de conscience » de « la responsabilité de ses

actes » et ce, « non pas pour le culpabiliser mais pour lui ouvrir des pistes de réflexion qui

pourraient l'aider à amorcer des changements profonds dans sa conception de la vie ». Il

34

faut cependant ne pas « risquer de perdre son identité et le goût de vivre ». Il s’agit en fait,

pour le patient, de « Retrouver un certain contrôle sur sa santé et un bien être ».

AMENER A DEVELOPPER DES COMPETENCES PSYCHO-SOCIALES

Conduire le patient vers « un développement de ses capacités d’auto-surveillance,

d’auto soin, d’adaptation et de réajustement de la thérapeutique à son mode de vie » ferait

partie intégrante du rôle de ce professionnel. La « gestion du stress » est également

évoquée.

IMPLIQUER L’ENTOURAGE

La prise en compte de l’entourage se situe à deux niveaux. En premier lieu, cela peut

constituer un véritable appui pour le patient. En effet, son entourage peut l’« aider à repérer

ses compétences ou ses difficultés » pour « trouver ensemble des solutions ». En second

lieu, « faire participer les proches aux ateliers sur le vécu psychologique de la maladie » peut

leur permettre de « partager la façon dont ils font face, eux mêmes à la maladie ». Cela leur

donne ainsi la possibilité de « parler de leur rôle d’aidant, de leurs difficultés, freins et

résistances à l’acceptation de nouvelles adaptations ordonnées par la maladie ».

LIMITES DE SON ROLE ATTENTION A UNE POSTURE TROP EDUCATIVE

Selon ce groupe de participants, le psychologue doit veiller à ne pas adopter une posture

proprement éducative avec les patients. Il ne doit pas « standardiser le patient » et « éviter

l'écueil du bon patient avec un dressage » en lui laissant « toute la responsabilité et donc la

culpabilité en cas d'échec ou de difficultés ». Le psychologue ne doit pas « penser qu'en

terme d'observance ». Il « faut être vigilant quant au sentiment d’insatisfaction ».

4.1.4 VERS UNE DEFINITION COMMUNE : FOCUS GROUP

Nous rappelons que ce focus group a regroupé des membres de chacun des groupes

ainsi qu’une anthropologue de la santé et avait pour objectif, à partir des résultats des

éléments recueillis avec les trois groupes, d’établir une définition commune du rôle du

psychologue en ETP.

Concernant son rôle avec les patients, un consensus s’est établi autour des éléments

suivants :

35

- Ecouter, rassurer, favoriser le bien-être.

- Faire verbaliser aux patients leurs représentations et affects en lien avec leur(s)

maladie(s), déposer leur fardeau, faire le point, mieux se comprendre, les conduire

vers une prise de conscience.

- Elaborer un travail autour de la qualité de vie, l’image de soi, l’estime de soi,

l’acceptation de soi, le respect de soi, la confiance en soi, l’estime personnelle

- Aborder le vécu et l’acceptation de la maladie

- Analyser et prendre en compte l’humeur des patients (dépression, anxiété, mal-

être…)

- Faire ressortir des points forts, donner de la force, permettre de déculpabiliser

- Expliquer et nuancer les messages des médecins

- Amener les patients à exploiter leur énergie et gérer leur stress

- Initier une motivation au changement ainsi qu’un sentiment d’auto efficacité

- Développer des compétences d’adaptation à la maladie pour mieux vivre la maladie.

- Amener le patient à être acteur de sa maladie, à la gérer au mieux et à adopter une

hygiène de vie saine

- Favoriser un soutien psychosocial en prenant en compte l’entourage des patients

Lors de ce temps d’échanges, une psychologue a spécifié que pour elle, « il est difficile

de différencier ce qui est de l’ordre de l’ETP et de nos missions en général » avec les

patients. Il semble que pour elle comme pour beaucoup de psychologues (au sein du forum),

la majorité des éléments ici cités ne sont pas spécifiques à l’ETP mais font partie des

missions traditionnelles du psychologue. Un consensus existe ici sur le fait que parmi ces

aspects, « il existe des compétences à développer chez les autres professionnels

soignants ». L’anthropologue mentionne cependant que le psychologue « doit faire valoir ses

spécificités ».

Plus généralement, alors qu’un diététicien exprime le fait que « ça manque de

psychologues dans les structures », un patient ajoute simplement que « ça manque de

dialogue et de compréhension ! ».

4.2 LE ROLE DU PSYCHOLOGUE AVEC L’EQUIPE

4.2.1 SELON LES PATIENTS

36

UN MEMBRE A PART ENTIERE DE L’EQUIPE

Pour les patients, le psychologue semble bien faire partie intégrante de l’équipe en

ETP. Il n’est donc pas perçu comme un maillon indépendant. L’un d’entre eux explique que

dans ce domaine, « tout le monde doit travailler ensemble » et que « les uns ne vont pas

sans les autres ». Les notions de « complémentarité » et de « cohérence » sont très

présentes dans leurs propos. Pour l’un d’entre eux, « travailler en équipe permet de se

remettre en question ». Ils avouent avoir « besoin de tous dans un même endroit pour mieux

avancer ».

GARANT D’UNE APPROCHE HUMANISTE

Cependant, le psychologue aurait un rôle à jouer auprès de l’équipe. Il garantirait une

« approche plus humaine » et « non dictatoriale » en aidant parfois les soignants à « adapter

le discours » aux spécificités de chaque patient. Il pourrait permettre à l’équipe de «

comprendre des comportements » et de considérer le patient « en tant qu’humain » avec

« un physique mais aussi un psychique ».

4.2.2 SELON LES « EXPERTS ETP»

La présence du psychologue au sein d’une équipe en ETP semble être opportune

pour :

UNE APPROCHE GLOBALE DU PATIENT

Le psychologue, de par son « recul » apporte une « approche globale » du patient. Il

semble alors être davantage considéré comme une personne avec un « vécu », des

« ressentis » et des « perceptions » qui lui sont propres. Ce professionnel saurait « valoriser

la personne » afin que l’équipe puisse s’appuyer sur ses ressources et spécificités. Il

« donne du sens à l'histoire de l'individu, à son parcours de vie avec ou sans maladie ». Un

« expert » raconte « leur présence dans l'équipe a apporté beaucoup d'humanisme dans les

relations et des changements d'attitude progressifs vis à vis des patients ». En effet, un autre

explique que sa présence leur aurait permis de « mieux connaitre les patients, sous des

angles que les soignants "biomédicaux" n'abordaient pas spontanément ».

FAVORISER LA COMMUNICATION ENTRE SOIGNANTS ET SOIGNES

Le psychologue parait également pouvoir favoriser une bonne communication entre

les patients et l’équipe. Il peut « faire le lien avec les patients » ou même « désamorcer des

situations critiques » en « adoptant la bonne attitude ». Il saurait « apporter une expertise

37

dans les échanges » et ainsi « expliquer les conduites du patient » voire « ses problèmes

psychologiques », « ses attentes », « ses projets » ou « son évolution ». Cela enrichit alors

la vision qu’a l’équipe du patient. Il constituerait « une aide précieuse pour optimiser la

relation au quotidien ». Son rôle semble donc se poser comme très « complémentaire » à

celui des autres membres de l’équipe. Cela nous parait incontournable de mentionner que ce

groupe de participants accorde, dans ce même souci de complémentarité, une importance

particulière à la transmission de notes cliniques pour les aider dans leur prise en compte du

patient dans sa globalité et pour pouvoir ajuster leurs pratiques.

SOUTENIR LES EQUIPES DANS LEUR TRAVAIL

Bien que cette position ait été très discutée au cours des échanges, certains attribuent au

psychologue travaillant en ETP, un véritable rôle de soutien pour les équipes. Selon l’un

d’entre eux, « son écoute privilégiée est une ressource pour les soignants ». Une personne

raconte qu’au sein de son équipe, « la vision et le recul du psychologue » auraient aidé « à

la remise en question » et ajoute : « ses qualités nous font dépasser nos doutes ».

AMENER L’EQUIPE A SE QUESTIONNER

A un premier niveau, les participants le considèrent comme une ressource pour

« amener l'équipe à se questionner sur sa pratique pour éviter la routine qui peut entraver la

démarche éducative ». Il « soutiendrait et renforcerait le lien dans les

équipes pluridisciplinaires » et permettrait aux coordonnateurs de programmes « d'interroger

et mieux comprendre les fonctionnements interpersonnels au sein de l'équipe ». Il serait à

même de « mettre en place des groupes de travail sur l’éducation thérapeutique » en

proposant « des temps d’échanges et de réflexions sur les pratiques en ETP, sur l’éthique,

les représentations sociales, la stigmatisation, le poids des normes, etc… ». Enfin, il aiderait

à « travailler sur l’amélioration et le développement des ateliers ». En effet, une personne

explique que la psychologue de son équipe a aidé à « développer de nouvelles compétences

au sein de l'équipe (relationnelles), partager des outils et des façons de faire différentes ».

Une autre regrette « le peu de lien » que le psychologue de son équipe entretient avec ses

collègues soignants. Elle déplore le fait qu’il n’y ait « pas d'enrichissement des compétences

de l'équipe », registre qui dépend de l’initiative de la psychologue.

38

APPORTER UN SOUTIEN PERSONNEL POUR LES MEMBRES DE SON EQUIPE ?

Pour certains, le psychologue apporterait « un soutien » aux membres de l’équipe qui

peuvent être objets « de découragement, d’épuisement ou de vulnérabilité ». Il pourrait

proposer « des temps d’expression et de régulation ou des espaces de parole ».

D’autres considèrent ces éléments comme relevant d’« une prise en charge

supplémentaire faute de compétences des soignants éducateurs ». Il s’agirait pour eux

davantage d’ « une équipe en ETP "multi-compétences", qui avance sur un même chemin

avec le patient, mais avec plusieurs moteurs ». Selon ces derniers, il faut faire « attention à

la confusion des rôles ». « Jusqu'à quel degré le psychologue doit s’impliquer ? ».

4.2.3 SELON LES PSYCHOLOGUES

Les psychologues interrogés situent leur propre rôle avec les équipes en tant que :

GARANT D’UNE APPROCHE HUMANISTE

Le psychologue serait, au sein de l’équipe, le « représentant psychique du patient »

et garantirait une « approche globale ». Sa « déontologie » et son point de vue

« humaniste » placent le patient « au centre de l’ETP ». Il contribuerait à « faire reconnaitre

institutionnellement » « la complexité de l'être humain » et favoriserait alors « la

différenciation de la prise en charge du service vers un programme centré sur l'individu-sujet

plutôt que sur les objectifs ». C’est de ce point de vue que, selon un des psychologues

interrogés, « cela permet aussi de faire émerger une réflexion collective particulièrement

riche et constructive au sein de l’équipe ». Pour appuyer ces propos, une psychologue

explique : « Au fur et à mesure, nous constatons une approche différente du patient par les

équipes, elles mettent du sens sur la non observance du traitement et sont moins dans le

jugement, plus empathiques et plus disponibles ». Les « représentations semblent évoluer »

et décoller du « biomédical ».

MEDIATEUR

Le rôle de ce professionnel serait également de « favoriser la communication entre

les soignants et les patients ». Cela se met en place tout d’abord en ne « transmettant à

l'équipe que ce qui est important dans la compréhension du ressenti du patient ».

« Eclairer l’équipe sur des éléments de compréhension et de questionnement du patient

dans sa globalité (histoire du sujet, famille, couple, profession) » semble se situer au cœur

de sa mission. Il peut alors « aider une équipe à repérer la trajectoire d’acceptation de la

maladie » afin qu’elle puisse « lui proposer » des « objectifs d’ETP qui tiennent compte de

39

ses spécificités ». Cela suppose par exemple le fait d’ « interroger les équipes sur leurs

projections personnelles par rapport à la façon dont on doit s'adapter à sa maladie ».

ACTEUR D’UN TRAVAIL EN COMPLEMENTARITE

De par ses spécificités, le psychologue apporterait donc, des compétences

complémentaires et utiles à son équipe. Il aurait alors, au même titre que les autres, sa place

lors de « la création du programme ». Il pourrait « proposer de nouveaux ateliers ETP en

fonction des attentes et des besoins » repérés chez les patients. Il serait par exemple, apte à

« animer des ateliers spécifiques sur le vécu de la maladie, les représentations ou les

croyances » vis-à-vis de la maladie.

Le psychologue pourrait également partager « l’utilisation d’outils

psychopédagogiques » favorables à la communication, à l’écoute et à la compréhension du

patient et ainsi « sensibiliser les soignants « aux dynamiques de groupes ». Il trouverait donc

sa place dans la « co-animation d’ateliers thématiques ». Son rôle serait alors de veiller à

« l’accueil des patients, au choix des règles de fonctionnement du groupe, à l’expression des

ressentis… ». En effet, il serait « présent, observateur et attentif à tous ».

Les expériences semblent très diverses quant au positionnement du psychologue

dans l’équipe. En effet, l’un d’eux raconte : « c’est très dynamique et riche de travailler au

sein d'une équipe pluridisciplinaire car il y a toujours des idées qui émergent et nous

échangeons beaucoup ». En revanche, un autre explique que « ça n’a pas toujours été facile

de trouver sa place au sein d’une équipe travaillant en ETP ».

LIMITES DE SON ROLE

Une des limites principalement mentionnées par les psychologues quant à leur rôle

avec les équipes est la difficulté « de ne pas empiéter sur la spécialité de chacun ». En

effet, selon eux, « le patient a parfois du mal à s'y retrouver et pose des questions sur les

traitements », « on peut être tenté de répondre » mais il « faut recadrer à cet instant ».

4.2.4 VERS UNE DEFINITION COMMUNE : FOCUS GROUP

Un consensus s’est également établi lors de cette table ronde autour des spécificités

du rôle du psychologue avec et au sein d’une équipe de professionnels soignants travaillant

en ETP. Selon les participants, le rôle du psychologue est ici de :

- Favoriser une approche humaniste en considérant le patient avant tout en tant que

personne

- Permettre à l’équipe de mieux connaitre le patient et ce, dans sa globalité

40

- Permettre à l’équipe de mieux comprendre certains comportements des patients

- Permettre à l’équipe d’adapter parfois son discours et d’utiliser des techniques de

communication

- De renforcer les relations et la communication entre les soignants et les patients

- De formaliser une transmission de données pouvant être utiles à l’équipe dans sa

pratique pour le suivi des patients

- Favoriser au sein de l’équipe une certaine remise en question

Une question fait débat : est-il du rôle du psychologue de mettre en place un soutien et

une régulation avec notamment des espaces de parole pour les soignants quand cela

s’avère nécessaire ?

Au vu des premiers éléments cités ici, une psychologue a partagé le fait que, ce que lui

« apporte l’ETP, c’est la dynamique d’équipe, discuter, échanger… » et ajouté « on construit

tout ensemble ». Cependant un « expert » n’a pas omis de mentionner qu’en ETP, « il peut y

avoir de la multidisciplinarité sans interdisciplinarité ! ».

En revanche, une psychologue et un expert expriment le fait que « pour la régulation

d’équipe, c’est bien que ce ne soit pas du rôle du psychologue de l’équipe ».

Plus généralement, une « experte » a, dans ce cadre de références, « l’impression ici

d’un psychologue tout sauveur ! ».

4.3 LE ROLE DU PSYCHOLOGUE DANS LA DEMARCHE EN ETP

Ces trois sous parties ont pour objectif de situer au cours des différentes étapes de la

démarche le rôle du psychologue à la fois avec les patients et avec les équipes. L’objectif est

donc de mieux visualiser à quels moments le psychologue intervient et sur quelles

thématiques. Tous les éléments évoqués précédemment ne seront donc pas repris pour

éviter trop de répétitions.

4.3.1 SELON LES PATIENTS

EN AMONT DE LA DEMARCHE

Le psychologue pourrait intervenir « dès qu’on décèle la maladie » car « c’est bien joli

une pilule mais ça fait pas tout ! ». Un autre patient explique que « certaines personnes

viennent contraintes et forcées » suivre un programme d’ETP et selon lui, « ça pourrait

débloquer des réticences ».

41

LORS DU DIAGNOSTIC EDUCATIF

Le psychologue pourrait « voir les points à prendre en considération en fonction des

personnes ». Un patient illustre bien cette idée : « pourquoi je vais prendre mes

médicaments si je me dis que ça sert à rien ? » ou « pourquoi je vais faire attention à ce que

je mange si je suis pas conscient du danger ? ». Egalement, en complément d’un autre

membre de l’équipe, le psychologue peut identifier « les motivations ». La notion de

complémentarité est bien présente, « ils pourraient communiquer sur le suivi ».

LORS DE LA CONSTRUCTION DU PROGRAMME ET DES ATELIERS

Il « enrichit » et « aide l’équipe à arborer « une approche plus humaine que

technique ».

LORS DU DEROULEMENT DU PROGRAMME

Les patients souhaitent rencontrer le psychologue en « entretiens individuels » pour

installer « des bases solides ». Egalement, les ateliers de groupes animés par un

psychologue semblent adaptés à des thématiques telles que le vécu et la gestion de la

maladie entre autres et créent du lien entre les patients.

LORS DE L’EVALUATION DES ACQUIS DES PATIENTS

Il aiderait le patient à « mieux appréhender l’impact, les changements qu’un toubib ou

un diététicien » auraient apprécié en veillant à « faire ressortir les points positifs »

notamment.

EN AVAL DES SEANCES D’ETP INITIALES

Enfin, aux côtés d’autres membres de l’équipe, le psychologue pourrait intervenir 3,6

et / ou 12 mois après le programme (selon les programmes) pour « maintenir ou remotiver »

les patients dans une gestion adaptée de leur maladie en fonction des priorités de chacun.

4.3.2 SELON LES « EXPERTS ETP»

EN AMONT

A ce moment précis, le rôle du psychologue serait de déceler et prendre en charge

des patients ayant des problèmes d’ordre psychologique ».

LORS DU DIAGNOSTIC EDUCATIF

C’est bien dans la mesure où ce professionnel serait celui qui « connait le patient »

que le psychologue aurait un rôle à jouer ici. Il serait le plus apte pour aider le patient à

« explorer ses représentations », ses « ressources et difficultés ». Le patient pourrait ainsi

42

plus facilement aborder « son histoire et son vécu de la maladie », ce qui permettrait d’établir

un rapport de confiance et de le situer dans sa globalité. C’est également à ce moment ci

que le psychologue pourrait identifier « le stade d’acceptation de la maladie du patient » et

ainsi aiguiller ses collègues dans leurs pratiques professionnelles. La personne pourrait

exprimer ses aspirations et « ses besoins » et ainsi « fixer ses objectifs d’éducation

propres ». Le psychologue est visiblement perçu comme la personne de l’équipe valorisant

le plus la subjectivité du sujet.

LORS DU MONTAGE DES SEANCES EDUCATIVES

Le psychologue aurait sa place ici, au même titre que les autres professionnels. Il

apporterait « une vision complémentaire » et aiderait alors « les membres de l’équipe à

aborder le patient autrement, se poser d’autres questions, se centrer sur son vécu, ses

ressentis, ses perceptions ». Selon eux, la construction des séances tiendra compte de

certains aspects visant à maintenir un respect des patients dans leur condition d’être humain

et pas seulement de « malades ». Au-delà de cette approche bienveillante, le psychologue

pourra partager avec les autres soignants, ses habitudes et « méthodes de travail », « ses

outils » et ainsi participer au transfert de compétences tant souhaité par ces derniers.

LORS DE L’ANIMATION DES SEANCES EDUCATIVES

Le psychologue pourrait intervenir « seul » avec le patient lors « d’entretiens individuels »

ou lors « d’ateliers de groupe ». C’est alors qu’il peut « être à l’écoute », les aider à

« verbaliser » des éléments « du vécu de leur maladie », les accompagner dans « la prise de

conscience de l’acceptation de la maladie » et bien d’autres choses citées précédemment.

Egalement, c’est lui qui visiblement, « maitrise le plus les entretiens motivationnels » et peut

alors guider le patient dans « la mise en place de stratégies d'adaptation à la chronicité ».

Concernant l’animation de groupes de patients, il semble également souhaité qu’il

intervienne en binôme avec un autre membre de l’équipe « spécialisé » sur le thème abordé.

Le psychologue se chargerait alors de « gérer les émotions exprimées » et de « guider les

échanges vers une évolution favorable » en adoptant « la bonne attitude, le bon discours ». Il

semble être doté d’une « expertise des échanges sociaux ». Son sens de l’ « observation et

son analyse lors d'une séance collective » permettrait de veiller à garder « une place pour

chacun » en adoptant une posture appropriée « (retrait, écoute, réponse, empathie…) ». Les

« experts » soulignent cependant le fait que le psychologue n’aurait « pas sa place, seul, si

la séance aborde des sujets plus spécifiquement de soins ou pathologie ».

43

LORS DE LA PHASE D’EVALUATION DES ACQUIS DES PATIENTS

Selon les « experts », le psychologue pourrait ici « amener l'équipe à se questionner

sur sa pratique ». Egalement, il participerait à la création d’outils d’évaluation en veillant à y

intégrer « les ressentis » et autres éléments subjectifs liés au parcours du patient. Des

critères d’ordre non biomédicaux seraient alors intégrés à « la démarche qualité ».

4.3.3 SELON LES PSYCHOLOGUES

Avec les patients et au sein des équipes pluridisciplinaires en ETP, les psychologues

formalisent et différencient leur travail à différentes étapes de la démarche.

LORS DE LA CONCEPTION DU PROGRAMME

Ils souhaitent « participer à la création du programme avec l’équipe ». Leur approche

« humaniste » apporterait, selon eux, au programme une dimension humaine et une écoute

attentive des patients. Ils peuvent proposer des ateliers en fonction des attentes repérées

des patients comme nous l’avons souligné précédemment.

Par ailleurs, ces professionnels se sentent légitimes et aptes à « coordonner

certaines activités de programmes ».

Comme nous avons pu le comprendre, ils pensent « pouvoir favoriser la réflexion

concernant les outils utilisés » en faveur de la compréhension et du respect des patients.

LORS DE L’ELABORATION DU DIAGNOSTIC EDUCATIF

Le psychologue se chargerait ici « d’accueillir la parole pour soulager et établir une

relation de confiance ». Le patient pourrait alors partager « des choses très personnelles ».

A ce moment précis et crucial pour la suite du parcours, il se placerait en tant que

« représentant psychique du patient » et pourrait alors « pointer son mode de

fonctionnement psychique ». Il porterait une attention particulière à d’autres aspects de la

vie » que les aspects biomédicaux. Le quotidien du patient prend ici tout son poids et son

sens dans son suivi en ETP. Par ailleurs, l’identification du cheminement d’acceptation de la

maladie pourrait permettre à l’équipe de « respecter la temporalité du patient » et une

certaine remise en question concernant les objectifs éducatifs des soignants ».

AU COURS DES ENTRETIENS INDIVIDUELS

Certains psychologues rencontrent « individuellement les patients dès leur arrivée »

pour créer du lien. Ces entretiens seraient, selon eux, souhaitables et envisageables tout au

44

long de la démarche en fonction des patients. En effet, en amont ou en parallèle de la

démarche éducative, « proposer un espace pour dire les deuils et les pertes vécus et subis

que la maladie » provoque s’imposerait et permettrait au patient « de trouver du sens et

d’intégrer par la suite, la possibilité de changement et donc d’adaptation à la maladie ».

AU COURS DES ACTIVITES EDUCATIVES

Les psychologues voient leur rôle en tant qu’élaborateurs d’ateliers spécifiques sur des

thématiques telles que les représentations, les croyances, le vécu de la maladie, les

ressentis….ou l’acquisition de compétences psycho-sociales.

Par ailleurs, la co-animation d’ateliers sur des thèmes spécifiques relevant des

compétences des soignants les intéresse. Selon eux, ils pourraient « faciliter les échanges,

le soutien entre les participants et aider à questionner et écouter autrement ». Le

psychologue installerait « une dynamique » intéressante en complémentarité avec ses

collègues soignants.

AU COURS DE L’EVALUATION DES ACQUIS DES PATIENTS

Cette phase de la démarche suscite beaucoup de questionnements chez les

psychologues. L’une d’entre eux explique que : « l'ETP formalise, cadre, décrit les outils,

procédures et pratiques que nous pouvions déjà avoir » et « oblige le psychologue à évaluer

sa pratique et faire part de ses résultats ». En revanche, certains ne comprennent pas

toujours son intérêt notamment au vu de la façon dont elle semble être amenée par les

instances supérieures. Selon eux, cette phase d’évaluation peut également permettre

« d’orienter les patients vers d’autres structures » alors plus adaptées pour les accompagner

dans leurs problématiques.

Nous notons que le rôle de médiateur entre les soignants et les patients (transmission,

réflexions, remises en questions, discussions…) semble s’établir tout au long de la

démarche et non pas spécifiquement à certaines étapes.

Bien que les psychologues semblent être globalement assez bien intégrés dans cette

pratique de l’ETP sur le terrain, ils perçoivent cependant de nombreuses difficultés et limites

liées à leur rôle tout au long de la démarche.

45

DES LIMITES

UNE RIGUEUR EXAGEREE ?

Tout d’abord, ils ne se sentent vraisemblablement pas toujours très à l’aise avec « le

cadre rigoureux » que requiert cette démarche en ETP. En effet, selon eux, il parait parfois

compliqué notamment lors du diagnostic éducatif de « faire en sorte de ne pas faire rentrer le

patient dans des cases ». De plus, « l’ETP peut parfois être lourd au niveau administratif où

tout doit être noté et évalué ».

UN PSYCHOLOGUE EDUCATEUR ?

Selon ce groupe, il parait « important que le psychologue ne soit pas dans l’éducation

stricte, c'est-à-dire qu’il ne s’agisse pas d’apprendre au patient à réagir de telle manière ». Il

doit, avec le patient, « conserver un apprentissage de compétences psychosociales autour

de l’échange et de la réflexion ». En effet, « si les facteurs cognitifs sont d’une importance

capitales pour l’ETP, ils ne doivent surtout pas être compris séparément des facteurs

émotionnels et comportementaux ».

UN NOMBRE DE SEANCES LIMITE

Il semble tout simplement « difficile de travailler réellement sur la motivation ou sur les

représentations » avec les patients au vu « du nombre de séances souvent limité ».

De plus, « pour des personnes qui sont à la base très résistantes et qui découvrent en

ETP les bienfaits de la parole, la limite est alors de semer des questionnements sans les

accompagner de manière singulière et durable ». En effet, « creuser les problématiques des

patients » sans pouvoir les exploiter ni les contenir n’est pas toujours ni envisageable ni

souhaitable pour leur bien-être futur.

UN TRAVAIL AVEC L’ENTOURAGE DIFFICILEMENT ABORDABLE

Un participant exprime le fait qu’« un travail avec les familles serait intéressant »

notamment pour « faire le lien entre ce qu'a appris le patient pendant le séjour et les

changements dans sa vie quotidienne » mais cela semble s’avérer compliqué par manque

de temps.

DES ATTENTES TROP IMPORTANTES DE LA PART DES EQUIPES ?

« Le psychologue doit être intégré à l’élaboration et mise en place du programme mais

ne doit pas être systématiquement présent à tout ou faire tout ! ». Il semble nécessaire qu’il

soit « intégré à l’équipe » mais doit, « garder sa place, comme tous les autres intervenants ».

46

UN REEL TRAVAIL INTERDISCIPLINAIRE ?

Au-delà du fait que l’ETP implique un travail pluridisciplinaire, de réels échanges entre

les membres de l’équipe sur le suivi des patients semblent difficiles à mettre en place.

Certains psychologues regrettent le manque de « temps hebdomadaires de transmission »

par exemple « pour informer les autres membres de l'équipe des enjeux psychiques de la

maladie » et ainsi « décaler un peu le regard des équipes médicales sur les patients ».

UNE EVALUATION DES ACQUIS DES PATIENTS DIFFICILE A METTRE EN PLACE

Les psychologues relatent des difficultés pour évaluer leurs pratiques. En effet, il leur

semble « plus difficile que pour les autres professionnels de l'équipe » « de quantifier,

mesurer les effets » de leurs interventions. Certains paraissent subir cette phase évaluative

et semblent dans l’incompréhension : « comme s’il fallait traduire le travail

d’accompagnement et de cheminement du patient dans la maladie chronique en terme

d’objectifs psychologiques et donc de compétences à atteindre ».

UNE OBLIGATION DE RESULTATS…

Certains psychologues regrettent le fait qu’on leur « demande toujours de l'objectivité,

du quantifiable, pour prouver l’efficacité du programme et obtenir des financements ». Ceci,

alors que « le fonctionnement psychique d'un individu, son rythme d'intégration, d'évolution

peut prendre du temps ».

4.3.4 VERS UNE DEFINITION COMMUNE : FOCUS GROUP

Ces échanges en groupe ont permis d’obtenir une perception commune du rôle du

psychologue en ETP. Une trame de son intervention a alors été établie et peut être

présentée comme suit.

EN AMONT DE LA DEMARCHE D’ETP

Il semble important que le psychologue puisse rencontrer les patients afin de pouvoir

mieux les connaitre et ainsi évaluer s’ils ont « besoin d’aide » avant d’entamer un travail

éducatif. En effet, une équipe s’était vraisemblablement déjà posé cette question car un

diététicien explique : « c’est vrai qu’à la première séance, on leur sautait dessus !». Sa

collègue psychologue ajoute : « Maintenant, on laisse un espace de parole avant le

diagnostic éducatif ». Pour un patient ayant suivi un programme dans lequel ce temps

n’existe pas, « ça remet tout en question car des bras vont accueillir » le malade. Enfin, pour

un expert, « il s’agit d’une porte d’entrée ».

47

LORS DU DIAGNOSTIC EDUCATIF

Le groupe a identifié ici, des compétences propres au psychologue et d’autres qui

peuvent être sollicitées chez les soignants éducateurs. Le psychologue serait le

« représentant psychique du patient » et l’unique professionnel apte à analyser « son

fonctionnement psychique ». En revanche, à ce stade de la démarche, tous les membres de

l’équipe éducative peuvent explorer des « représentations » et des « réticences » chez le

patient. Ils pourraient également « identifier des freins et des leviers » pour « fixer des

objectifs propres au patient ». Enfin, chacun peut également contribuer au renforcement

« des motivations » du sujet.

Un patient explique que selon lui, l’important « c’est déjà le contact humain » même si

l’idéal à ce stade de la démarche serait de « rencontrer le psychologue avec l’infirmière »,

cela « nous permettrait de nous libérer de nos appréhensions ». Selon l’anthropologue, le

psychologue jouerait ici « un rôle de médiateur ». Un expert approuve vivement cette idée de

la nécessaire complémentarité entre les approches.

LORS DE LA CONSTRUCTION DES ACTIVITES

A cette étape, le psychologue est perçu par le groupe comme « le garant d’une

approche humaniste ». Il « enrichit » et apporte « un autre regard ». Il permet « d’adapter les

ateliers aux besoins des patients ». En outre, il véhicule et partage une « méthode »

complémentaire qui lui est propre au moyen notamment « de techniques d’animation »

adaptées.

Selon un expert, ce qui est central avec ce professionnel, c’est qu’il apporte « sa

façon de faire » qui « n’est pas biomédicale ». Il « recentre sur les besoins des patients ». A

ce titre, un patient dit qu’il « explique et rassure ».

LORS DU DEROULEMENT DES ACTIVITES EDUCATIVES

Tous les membres du groupe sont d’accord pour dire que le psychologue peut

intervenir seul lors d’entretiens individuels ou en groupe sur des thèmes spécifiques. Il ne

s’agit ici pas de faire « une thérapie de groupe » et il est important que la participation des

patients se fasse sur la base du volontariat. En outre, il peut être accompagné d’un soignant

pour animer des échanges en groupes. Son rôle est alors de « gérer les émotions et les

ressentis » des patients. Il peut favoriser l’expression « du vécu de la maladie à travers les

expériences » des participants. Enfin, il est apte à faire passer des messages aux patients et

à favoriser une bonne évolution des échanges.

48

La présence du psychologue lors de l’animation d’activités éducatives est

« importante » selon un « expert ». Une psychologue ajoute que « c’est une occasion pour

revoir individuellement les patients ».

LORS DE L’EVALUATION DES ACQUIS DES PATIENTS

Selon ce groupe, le psychologue peut réaliser une évaluation « qualitative et/ou

quantitative » des « besoins et ressentis » des patients. Par ailleurs, ces professionnels

peuvent mentionner leur « perception des inquiétudes » du malade ainsi que « les points

positifs » à mettre en avant.

Une psychologue avance le fait que leur « rôle est plus neutre du fait du manque de

techniques ». D’un point de vue très concret, un consensus s’établit sur la nécessité que le

patient rencontre « la même personne à l’arrivée et à la sortie » du programme. Un patient

insiste pour que ce soit « une personne qui respecte l’interprétation du patient ».

A DISTANCE DE LA DEMARCHE

Selon le groupe, lorsqu’il s’’agit d’un programme existant sous forme de séjour à

durée limitée, il semble pertinent que le psychologue intervienne, seul ou accompagné par

un collègue éducateur, pour renforcer « les motivations » aux changements de

comportement des patients. Un patient regrette le fait qu’au mieux, « on attende un an », il

faudrait selon lui, « une piqure de rappel à 3 et 6 mois ». L’anthropologue conclut en

avançant que selon elle, « c’est un suivi tout au long du parcours qui est nécessaire », il

faudrait « contacter régulièrement le patient pour faire le point ». Nous ressentons que le

groupe a le sentiment que le patient serait « lâché dans la nature » et que les bénéfices du

programme se verraient alors amoindris.

5. ANALYSE

L’objet de notre étude est d’observer si l’intervention du psychologue au sein

d’une équipe interdisciplinaire a des effets positifs lors des différentes étapes de la démarche

éducative et ce, auprès des patients et des soignants. Afin de vérifier la validité de cette

hypothèse de recherche (théorique), nous allons ici, confronter les résultats obtenus à nos

deux hypothèses opérationnelles. Enfin, nous tenterons d’en analyser leur déclinaison au

cours des différentes étapes de la démarche en ETP pour apporter des perspectives

d’actions construites, plus facilement transférables à un travail de terrain.

49

5.1 VERIFICATION DE L’ HYPOTHESE OPERATIONNELLE N°1

Notre hypothèse opérationnelle n° 1 est : « Le psychologue, de par ses spécificités, a

un rôle à jouer au sein d’un programme d’ETP pour des patients chroniques ». Cette

hypothèse semble se vérifier auprès de notre population d’étude.

Accueillir le malade au sein d’un programme à priori « médical » en lui offrant une

forme d’ « écoute » lui permettant de se « confier librement », en l’absence de tout jugement,

sur des éléments liés ou non à sa maladie, semble essentiel, en particulier pour tenir compte

de ses représentations personnelles liées à sa santé. C’est en cela que le positionnement de

l’ETP semble pouvoir, de par la présence du psychologue, rompre avec une approche

purement biomédicale et ce, pour un suivi de qualité du patient en le considérant « en tant

que personne » et non en tant qu’objet de soins. Etablir « une relation de confiance » parait

représenter une garantie nécessaire au bon déroulement du programme.

Certains patients se retrouvent à suivre un programme d’ETP sans trop savoir

toujours pourquoi, souvent parce que leur médecin généraliste ou leur « spécialiste » le

souhaitent. Se soigner alors que l’on ne sent pas forcément malade n’a pas tellement de

sens. Le psychologue peut alors aider le patient à « cheminer », à sa façon, « prendre

conscience » des enjeux liés à sa santé dans son quotidien, pouvoir faire des liens et/ou

peser le pour le contre… Il faut que le patient puisse se situer dans son « cheminement vers

l’acceptation de sa maladie » pour acter d’un certain intérêt au suivi d’un tel programme et

s’y impliquer activement.

Par ailleurs, avec le psychologue, le patient peut aborder des éléments tout aussi

importants (selon les participants) que la prise en compte des aspects médicaux pour « vivre

au mieux sa maladie ». En effet, le patient va pouvoir travailler sur son « rapport au corps »

(problématique essentielle chez des malades chroniques), « l’image de soi », « le respect de

soi », « la confiance en soi », « son estime personnelle », « le sentiment d’auto efficacité »,

« ses sentiments de culpabilité » ou plus globalement « sa qualité de vie ». Le psychologue

semble être là également pour évaluer et prendre en considérations les éventuels troubles

de l’humeur des patients « qui entraveraient » le bon déroulement des activités. En forgeant

du lien entre les aspects « médicaux » et « psychologiques », une réflexion de fond peut

alors s’envisager et ce, notamment pour une « gestion saine de la maladie » au quotidien et

de façon durable.

Dialoguer avec un psychologue peut alors permettre de prendre de la distance avec

les apports éducatifs reçus, en y mettant du sens, afin de pouvoir mieux les intégrer. En

parallèle, cela donnerait « de la confiance et de la force pour mieux rebondir ». L’attention

50

particulière portée par ce professionnel sur les « ressentis » et « questionnements » des

patients permettrait de mettre « l’accent sur les difficultés », « les points faibles » et en

valorisant « les ressources » et « les points forts ». Le patient se sentirait alors davantage

capable de mettre en action les « recommandations » des soignants. « Renforcer » chez le

patient « sa motivation au changement » en lui donnant envie « de développer des

compétences d’auto soins et d’auto-adaptation » à la maladie parait relever de la mission du

psychologue. Le patient pourrait également « apprendre » à gérer son stress avec ce

professionnel. Il s’agit ici pour le patient de « retrouver un certain contrôle sur sa santé et son

bien-être ». Cela contrebalancerait avec une approche biomédicale dans laquelle le patient

ne serait que l’objet de soins. En ETP, l’objectif est que le patient devienne acteur de sa

propre santé en mettant en action lui-même les compétences qu’il aura élaboré en particulier

avec le psychologue et ce, en fonction des objectifs qu’il se sera fixé lui-même, accompagné

et non dirigé par les soignants.

Le psychologue ferait alors continuellement le lien entre le patient et les soignants

afin, d’expliquer, de relativiser, de donner du sens et d’adapter le programme au patient et

non d’adapter le patient au programme. L’instauration d’une relation de confiance semble, de

ce fait, primordiale pour que la personne se sente à l’aise et puisse bénéficier pleinement de

cette approche « globale » que saurait proposer l’ETP.

Enfin, le rôle du psychologue serait de « veiller à inclure dans son travail l’entourage

du patient » dès que possible. En effet, cela pourrait constituer un « appui pour le patient »

mais également, donner la possibilité aux proches d’aborder « leur propre vécu de la

maladie » et d’exprimer « les difficultés liées au rôle d’aidant ».

5.2 VERIFICATION DE L’HYPOTHESE OPERATIONNELLE N°2

L’hypothèse n°2 de notre travail est : « le psychologue, de par ses spécificités, a un

rôle à jouer avec les équipes au sein du développement d’un travail professionnel

interdisciplinaire ». Cette hypothèse semble également se vérifier au vu des éléments

recueillis par les participants des trois groupes.

Concernant le rôle du psychologue, il est intéressant ici, d’observer un certain

décalage entre les perceptions des patients, les attentes des équipes et les conceptions des

psychologues quant à leur propre rôle.

Pour tous, ce professionnel semble perçu « comme un maillon à part entière » de

l’équipe en ETP. En effet, le psychologue parait relativement bien intégré dans ce type de

programmes, mais est-ce le cas au sein de toutes les structures de soins. Ici, il occupe une

51

place « complémentaire » à celles de ses collègues soignants. Il ne travaille donc pas « à

côté de l’équipe » mais bien « avec l’équipe ».

En effet, c’est dans l’intérêt du patient que l’ETP tente de « combiner » une approche

médicale avec une approche « psychologique et sociale » pour une considération « plus

humaine » et moins « médicale » du patient avec sa maladie chronique. Des ponts sont

censés s’opérer pour travailler en « interdisciplinarité ». Le psychologue est alors apprécié

en tant que « garant d’une approche humaniste » au sein de l’équipe. Son rôle serait de

veiller à ce que le patient ne subisse pas son parcours de soins de façon « dictatoriale » à

travers une démarche « descendante » dans laquelle le patient ne serait pas impliqué

directement mais de veiller à adapter, avec les soignants, une démarche plus

« ascendante » avec un respect des choix des personnes.

Les « experts » et les psychologues sont également d’accord sur le fait que ces

derniers devraient favoriser une « bonne communication entre les soignants et les patients ».

L’ETP, de par sa démarche éducative, conduit les soignants à prendre davantage en

considération des aspects « psychologiques » des patients dans leurs pratiques et ce,

notamment pour fixer des objectifs adaptés et travailler avec des stratégies propres à

chacun. C’est ainsi que le psychologue adopte un rôle de « rapporteur » et/ou de

« médiateur » amenant une meilleure compréhension des « pensées et comportements du

patient » chez les soignants. Ce professionnel « ferait le lien » en « éclairant l’équipe » sur

les « conduites », « attentes » et « les projets » des patients.

En revanche, les « experts » semblent attendre un rôle de soutien pour les équipes

que les psychologues ne mettent pas en avant. En effet, d’un point de vue professionnel,

« son écoute privilégiée » semble constituer « une ressource pour les soignants ». Nous

comprenons que les soignants auraient besoin de la part du psychologue, d’une forme de

« supervision » de leur travail. Selon, eux, le psychologue comprendrait mieux que ses

collègues soignants les fonctionnements et disfonctionnements inter-équipes. Il pourrait alors

susciter chez les soignants une certaine « remise en question » de leurs approches ou

attitudes auprès des patients. Avec lui, leurs doutes pourraient être « dépassés » et les

soignants pourraient alors plus facilement adapter leurs discours et postures auprès des

malades. D’un point de vue plus « personnel », les « experts » (qui sont pour la plupart des

soignants), attendraient également du psychologue, un soutien individuel lors de « périodes

vulnérables » ou en cas d’ « épuisement professionnel » par exemple.

Les psychologues ne semblant pas s’attribuer ce(s) rôle(s) et ces compétences ci,

nous nous questionnons : ne seraient-ils pas conscients de ces compétences qu’ils

52

paraissent posséder ? Ou, ne veulent-ils pas endosser cette « casquette », peut-être pas si

facile à porter au quotidien ? Pour quelles raisons ?

5.3 UN ROLE CONSTRUIT AU SEIN DE LA DEMARCHE D’ETP

Nous avons précédemment pu vérifier le fait que d’une part, le psychologue, de par

ses spécificités, avait un rôle à jouer au sein d’un programme d’ETP pour des patients

chroniques et d’autre part avec les équipes au sein du développement d’un travail

professionnel interdisciplinaire. Au vu de notre hypothèse théorique notamment, il parait

désormais intéressant de préciser ces propos en proposant une vision globale des

participants sur la déclinaison de « ces rôles » aux différentes étapes de la démarche.

Officiellement, la démarche en ETP comprendrait quatre étapes à savoir le diagnostic

éducatif, la construction des activités, le déroulement et l’évaluation. Un des points qui a

attiré notre attention au cours de cette étude est le fait qu’un manque serait décelé face à

cette « méthode ». En effet, selon les patients et les « experts », il serait crucial, pour

l’équipe, à travers le psychologue plus particulièrement, d’intervenir avant d’enclencher une

démarche éducative. En effet, les psychologues eux-mêmes, relèvent ce manque et parlent

de la nécessité d’instaurer un temps « non éducatif » pour « connaitre le patient » avant

toute autre chose. Ces rencontres en amont, aideraient les équipes à se positionner face au

patient pour ajuster leur postures et propos lors du diagnostic éducatif. En outre et de façon

plus générale, les patients regrettent de ne pas toujours avoir la possibilité de rencontrer un

psychologue « dès l’annonce de la maladie ». Ce dernier pourrait également, dans le respect

de la difficulté du moment, faire le lien avec l’ETP en l’informant de son existence.

L’intervention du psychologue semble relativement incontournable lors du diagnostic

éducatif. Il ne devrait pas nécessairement mener cet entretien seul, bien au contraire, mais

sa présence semble indispensable. La notion de complémentarité de son approche

« humaniste » avec celle plus « biomédicale » d’un de ses collègues soignants est avancée

par les trois groupes. Le psychologue prendrait donc en considération des aspects de sa

personnalité, de son état psychologique du moment, de son cheminement par rapport à la

maladie pour « valoriser la subjectivité » de la personne et ne pas opter pour une

standardisation des objectifs en fonction des pathologies.

A propos de la notion de conception, tous affirment que le psychologue, au même

titre que les autres professionnels, aurait sa place, à différents niveaux. Les psychologues

revendiquent le fait d’occuper un rôle au niveau de la conception du programme à son

origine. Ils pourraient alors orienter la réflexion vers le choix de thématiques et de méthodes

d’intervention veillant à considérer le patient « dans sa condition d’humain et non comme un

53

malade », « objet de soins ». Plus spécifiquement, tous accordent une importance

particulière à sa présence pour ce qui est du montage des activités éducatives. Il repérerait

des besoins spécifiques à prendre en compte pour, d’une part que le patient trouve du sens

aux activités auxquelles il participe et se sente « bien » au sein du programme, et d’autre

part, pour faciliter l’intégration d’objectifs éducatifs.

Lors du déroulement, le psychologue semble avoir une place naturelle lors

d’animation d’ateliers de groupe, seul, sur des thèmes qui sont spécifiques à sa discipline et

en binôme avec un soignant spécialisé lorsqu’il s’agit de thématiques « médicales »

auxquelles ses compétences ne suffiraient pas. Il apporterait ses compétences très

complémentaires pour « la gestion des émotions », « l’adaptation du discours »… En

revanche, il est intéressant de constater que les patients et les psychologues insistent sur

l’importance d’instaurer des temps d’échanges individuels et ce, notamment pour aborder

des éléments ne relevant pas d’une démarche proprement éducative. Ces temps n’ont pas

toujours leur place au sein des programmes en ETP. Il s’agit, selon nous, d’un propos de

fond qui remettrait en question la philosophie même de certains programmes d’ETP en tant

que démarche éducative uniquement.

Bien que tous les psychologues ne semblent pas apprécier la phase d’évaluation car

cela les « oblige à évaluer leurs pratiques » au moyen de critères jugés pas toujours

adaptés, les patients et les « experts » y trouvent sa présence opportune. En effet, les

patients paraissent attendre beaucoup de lui ici, car, il permettrait de « faire ressortir des

points positifs », chose pas perçue comme coutumière chez les soignants, et prendre en

compte des « changements » tels que les raisonnements, attitudes… Pour les « experts », le

psychologue « amènerait l’équipe à se questionner sur sa pratique » pour sortir d’une

évaluation exclusivement biomédicale.

Enfin, arrêter la démarche éducative ici ne semble avoir que peu de sens pour les

participants et les patients en particulier qui réclament « des piqures de rappel » et un travail

de « renforcement de la motivation ». Le psychologue serait bien placé pour faire prolonger

cette démarche sur un suivi de plus long terme.

Plus généralement, un fait attire notre attention. Selon tous les groupes de

participants, le psychologue aurait sa place pour évaluer les acquis ou les ressentis des

patients. En revanche, la question de sa place lors de l’évaluation de la pertinence du

programme dans sa conception, son déroulement, son approche … ne semble pas s’être

posée. N’avons-nous pas initié ce débat de par nos questions peut-être trop orientées ? Les

équipes en général et les psychologues en particulier ne sont peut-être pas toujours très

familiers de ce type de démarche. Il semblerait ici, que son approche « humaniste » ou ses

54

compétences spécifiques puisse également prendre tout leur sens pour favoriser une

démarche qualité au service du patient dans sa globalité.

6. DISCUSSION

6.1 AUTOUR DU CHOIX DE LA METHODE

Nous admettons un premier biais de subjectivité dans le choix des participants. En

effet, concernant les « experts » et les psychologues, le CCECQA nous a largement aiguillés

dans notre recherche. Cette association travaille avec de nombreux professionnels de la

région qui sont inscrits dans une démarche de réflexion et d’analyse critique de leurs

pratiques. Il était alors très prévisible qu’ils acceptent, pour la majorité, de participer à ces

temps d’échanges. Nous avons ensuite contacté au hasard, des équipes de la région. Même

si cela a été relativement laborieux de les mobiliser, seuls trois « experts » et un

psychologue ont refusé d’y participer pour des raisons de contraintes de temps ou de

convictions personnelles. Les patients ont été également choisis selon des critères très

« subjectifs ». Certains psychologues rencontrés lors de notre stage nous ont orienté vers

des « patients ressources », très demandeurs pour être consultés sur ce genre de

thématiques. En résumé, nous nous doutions, à priori, que les participants ne seraient pas

ou que très peu « hostiles » à ce type de démarche et s’y impliqueraient assez activement.

Avec les patients, nous avons choisi une méthode classique d’analyse de contenu

d’entretiens semi-directifs enregistrés. Le contenu des propos relatés dans ce document est

donc très fidèle à la réalité, repris intégralement avec les mots des patients. Cependant, ces

propos ont été catégorisés et interprétés par nous-mêmes, nous ne pouvons donc pas

revendiquer une totale objectivité quant à la restitution.

Le choix de la méthode Delphi pour consulter les avis des « experts » et des

psychologues nous a permis de recueillir la parole de deux groupes au moyen de réponses

individuelles très riches et abondantes. Nous recherchions des avis pour identifier des

éléments pertinents sur le rôle du psychologue et tendre vers un consensus de la définition.

La parole de groupe a été privilégiée dans notre étude.

Nous sommes lucides sur le fait qu’avec cette méthode, « la parole du groupe n’est la

parole de personne en réalité », tout au moins, elle ne représente celle d’aucun des

participants individuellement sinon celle de tous à travers le groupe. Cette méthode permet

également, selon nous, de minimiser le pouvoir que certains individus pourraient prendre sur

d’autres s’ils étaient réunis physiquement.

55

Cependant, un « cortège d’opinions » n’est en rien un gage de vérité car tous les

participants peuvent « se tromper » (même si nous n’attendions pas de bonnes réponses) et

un phénomène de contagion peut voir le jour d’autant plus qu’ils disposaient ici d’une culture

professionnelle intra groupe commune. De plus, nous ne pouvons pas, ici, garantir d’une

cohérence dans les réponses. En effet, il semble important de mentionner le fait que cette

méthode fasse appel aux intuitions des sujets. De plus, les participants répondent les uns

après les autres au vu de tous et cela peut engendrer une certaine pression de conformité

difficilement contrôlable.

Nous ne pouvons alors pas parler de rationalité dans l’expression et le traitement des

éléments recueillis ici mais bien d’une « enquête d’opinion » qui a cependant, le mérite

d’avoir consulté l’avis de nombreux professionnels directement impliqués sur le terrain

autour de la thématique de l’étude. A ceci s’ajoute que les opinions « déviantes » sont

relativement écartées de l’analyse de contenu pour obtenir un consensus alors qu’en termes

prospectifs et pour débattre de certains éléments en profondeur, ces opinions seraient, à

priori, fort intéressantes à prendre en compte. Enfin, nous avons nous-mêmes synthétisé les

réponses des sujets à chaque tour puis analyser de façon globale. Le traitement des

données reste alors subjectif dans la mesure il a été guidé par nos propres perceptions,

conceptions, normes et valeurs faisant référence à la thématique étudiée. Il en est de même

pour le focus group.

A ce sujet, nous regrettons de n’avoir pu réunir « que » sept personnes lors du focus

groupe. En effet, en proportion, moins d’un tiers des membres de chaque groupe était

présent. Cela ne contribue donc pas à valider de façon incontestable les propos mentionnés

par chacun des groupes durant l’étude pour arriver à un consensus autour de la définition du

rôle du psychologue en ETP. Tous les participants n’ont donc pas pu valider cette définition.

En outre, cette étude s’est étalée sur une durée de deux mois et demi avec trois tours

de réponses consécutifs. Cela a pu engendrer une certaine lassitude chez certains

participants et a suscité quelques abandons. En effet, chez le groupe des « experts », sur les

quatorze personnes ayant accepté de participé, onze ont répondu au premier tour, dix au

deuxième et six au troisième. Chez les psychologues, sur les quatorze personnes ayant

accepté de participé, onze ont répondu au premier tour, neuf au deuxième et six au

troisième.

56

6.2 PERSPECTIVES AUTOUR DES ENJEUX LIES AU ROLE DU PSYCHOLOGUE

Les diverses réflexions autour de notre démarche nous permettent de distinguer deux

perspectives :

En premier lieu, il semble que nous abordons ici, une perspective quasi

« philosophique » qui traiterait d’un changement de paradigme dans le domaine de la santé.

En effet, avec l’ETP, s’instaurerait un lien nouveau entre le patient et sa maladie, son

traitement, et l’équipe des soignants.

En second lieu, nous distinguons une perspective « métier ». En effet, chaque

membre de l’équipe occuperait un rôle et des fonctions spécifiques à caractère éducatif, ce

qui permettrait de mettre en œuvre le programme d’ETP. Une réelle interdisciplinarité

s’organiserait autour du patient et supposerait que chaque corps de métier puisse

développer et mettre en action ses propres compétences afin que l’ensemble du programme

puisse se dérouler de façon cohérente.

Pour envisager un parcours concluant dans l’accompagnement et le traitement d’une

maladie, les soignants travaillant en ETP attendent et suscitent chez le patient l’adoption

d’une position de « partenaire » et non simplement de « bénéficiaire » de l’offre de soins qui

lui sera proposée.

Pris en compte dans sa globalité, le patient serait alors accompagné dans

l’acceptation et la gestion de sa maladie en étant notamment soutenu sur ses difficultés

psychologiques et sollicité sur ses ressources. Il serait alors conscient de sa responsabilité

et de sa capacité pour « prendre en main » et « gérer » sa maladie chronique. Le malade se

positionnerait alors dans un statut d’acteur, conscient et entreprenant. Cependant, ce

cheminement ne va, à priori, pas de soi et suppose souvent un vrai travail

d’accompagnement dans la durée. La gestion de la relation entre l’équipe et le patient

semble alors au centre de la problématique. L’établissement d’un lien de confiance parait

primordial.

Il ne semble pas nécessairement aisé, pour un patient vivant avec une maladie

chronique, de « s’ouvrir » à une équipe. En outre, autoriser un tiers, psychologue, à

l’accompagner, le questionner sur la globalité de sa personne en favorisant l’expression de

ses faiblesses intimes, de ses ressources et divers éléments de son histoire de vie, semble

assez difficilement envisageable sans cette relation de confiance.

57

La question se pose alors de savoir si cette relation de confiance peut s’opérer dans

un cadre collectif, c'est-à-dire avec l’équipe dans sa globalité ou si elle requiert une méthode

particulière qui serait par exemple inhérente aux compétences du psychologue.

Désigner un référent professionnel comme garant de la « relation de confiance » au

patient n’est-il pas antinomique avec l’esprit même de l’ETP dans lequel le patient serait

acteur des modalités de cet accompagnement. Serait-ce du ressort du psychologue ?

Pour le patient, cette relation avec l’équipe passerait visiblement par l’instauration

d’un lien privilégié, personnalisé et continu avec un de ses membres. Cette attente nous

semble assez naturelle dans la mesure où l’asymétrie qui existe généralement entre un

malade et une équipe de soins est très importante et, seule la relation bilatérale viendrait

rééquilibrer ce rapport d’infériorisation. Il est alors intéressant de noter les fonctions que les

patients associent au psychologue. Nous remarquons qu’elles sont autant référées à des

« savoirs techniques » (accepter, gérer la maladie, déculpabiliser, mieux se connaitre…)

qu’à des « savoirs être » et à des postures (être à l’écoute, pouvoir se confier librement,

pouvoir avoir une relation de confiance, aider à cheminer…). Le patient attend de la part du

psychologue en ETP, une expertise technique traitant du domaine « psychologique » mais

également une relation relevant d’une posture de bienveillance et d’humanité tout au long de

la démarche.

Les psychologues semblent se reconnaitre dans ce profil « double face ». Selon

nous, ces attentes des patients concernant la garantie de relation bienveillante dans le

monde du soin reflèteraient une « déshumanisation » très importante, perdurant (sauf

exceptions) dans le milieu très technicisé de la santé. La nécessité de rendre cet

environnement acceptable et vivable serait alors une priorité pour les patients et le

psychologue semblerait être « le mieux placé » pour y répondre. Nous pouvons cependant

nous demander si ce « savoir-être » relèverait spécifiquement des compétences du

psychologue ou si d’autres professionnels (infirmier, diététicien, médecin et pourquoi pas

aide soignant) ne pourraient pas s’en saisir également pour libérer parfois le psychologue

afin de le positionner davantage sur la technicité et l’originalité de ses compétences. Cette

question reste ouverte.

La contribution du psychologue en ETP vis-à-vis des soignants poserait des

questions comparables. Il est souvent perçu par ses collègues comme étant le référent du

patient, en quelques sortes le garant d’un fonctionnement humanisé dans l’équipe, l’acteur

en capacité d’éclairer et de négocier une réponse pertinente et adaptée à la réalité

psychique du patient. Ici encore, le positionnement du psychologue fait figure d’interface, en

fil rouge, et le renvoie à un statut de tiers facilitateur, de quasi médiateur des relations entre

58

le patient et l’équipe. Cette fonction est-elle compatible avec le référentiel métier qui construit

normalement l’identité professionnelle du psychologue ? Cette fonction n’encouragerait-elle

pas la démobilisation des autres membres de l’équipe sur cette dimension nécessairement

partagée ?

Enfin et à propos de la fonction de supervision attendue par les soignants, il semble

difficile de l’affecter au psychologue travaillant dans l’équipe. Il parait en effet difficile de

trouver une légitimité suffisante pour questionner des pratiques dans lesquelles le

psychologue est lui-même partie prenante. Par ailleurs, en envisageant l’intervention

ponctuelle d’un psychologue tiers non intégré à l’équipe, il va de soi que cette hypothèse

suppose en amont un réel degré de maturité de l’équipe médicale.

Voici autant de questions que notre recherche éclaire et que nous renvoyons au

débat dans les équipes.

7. CREATION ET ANIMATION D’UN ATELIER-DISCUSSION

Après avoir élaboré une définition du rôle du psychologue en ETP avec les patients,

les équipes interdisciplinaires et ce, aux différentes étapes de la démarche, nous avons jugé

opportun de réunir une dizaine de professionnels de santé (cadres de santé, médecins,

infirmiers, psychologues…) impliqués dans une démarche de construction de programme en

ETP. L’objectif était double :

Dans un premier temps, il s’agissait de sensibiliser ces soignants sur le rôle du

psychologue en ETP. Penser un programme en intégrant dès le départ un psychologue dans

l’équipe nous parait pertinent au vu des résultats de notre étude. Nous avions pour ambition

de les aiguiller dans leur réflexion en leur transmettant les éléments de modalités du travail

du psychologue en ETP. Le second était alors de créer ensemble un référentiel sur les

compétences des psychologues et les facteurs favorisant leur intégration dans les services.

Nous souhaitions donner une dimension de terrain à cette rencontre en traitant des éléments

très concrets de notre réflexion.

Sur une durée de trois heures, nous avons présenté les résultats de notre étude sur

power-point, recueilli les perceptions de l’assemblée et animé les échanges de ces

professionnels pour débuter la construction de ce référentiel.

L’assemblée, souveraine dans son appréciation a retenu des compétences et les

facteurs déterminants suivants, liés :

59

AU PSYCHOLOGUE LUI-MÊME:

Sa formation :

o En ETP, idéalement en même temps que l’équipe

o Notions de base sur les pathologies concernées.

La façon dont il se présente :

o Etre ouvert à la discussion avec ses collègues

o Préparer ses interventions

Son positionnement : Signifier au patient :

- « le poids ou l’importance ainsi que la valeur de sa parole »

- « le sens de la démarche »

- « déplacer le savoir des soignants »

- Les règles au cours des ateliers

Sa disponibilité :

o Pour le patient : à différentes étapes

o Avec l’équipe : « un temps de mise en commun »

Sa volonté de travailler en interdisciplinarité et :

o Accepter d’adapter les interventions aux demandes du groupe

o Donner des clés, éclairer les soignants pour comprendre le patient

o Aider à réfléchir sur les conséquences potentielles des pratiques

o Participer à une dynamique de création d’outils et de supports

AUX PATIENTS ET A LEUR ENTOURAGE :

La demande des patients vis-à-vis de ce professionnel

Leur capacité et disponibilité pour se saisir ou non des propositions des soignants et

de pouvoir expliquer leurs choix (et en discuter avec le psychologue)

Leur représentation du rôle du psychologue

Leur positionnement en tant qu’acteur du soin : capacité à choisir et adapter en

fonction de leurs besoins (idée de « responsabilisation »)

Volonté et disponibilité pour participer à des rencontres et échanges entre

« anciens » et « nouveaux » patients animés par le psychologue

A L’ENVIRONNEMENT ET A L’EQUIPE EN PARTICULIER :

Son degré de maturité et les cheminements personnels des soignants

(développement de compétences,…)

60

La reconnaissance de la dimension psychoaffective, sociale et familiale

Sa capacité à pratiquer de l’interdisciplinarité (espaces de communication, …)

Ses représentations du rôle du psychologue, acceptation des approches différentes

des psychologues, prise en compte de ses apports

Des temps communs de réflexion, d’écriture et d’évaluation

Accepter le refus de l’offre par les patients (notamment ceux qui ne souhaitent pas

rencontrer de psychologue)

Capacité de réorienter les patients

Pas de confusion des rôles : psy ETP et psy de l’équipe !!!

Idée : croisement des psys : régulation dans un autre service de la même structure si

possible

Ecriture du projet :

o Stratégie interdisciplinaire

o Coordonnée par une personne compétente et réactualisée

o Notion de transversalité : partenariats et espaces de rencontres entre acteurs

o Avoir un promoteur de projet ETP clair dans ses orientations

o Montrer le rapport coût/ bénéfice de la présence d’un psychologue dans le service

et être force de propositions.

8. CONCLUSION

Le rôle du psychologue en ETP se situerait au carrefour de plusieurs enjeux.

Ce professionnel doit trouver sa place au cœur d’une démarche interdisciplinaire qui

se veut avant tout éducative. Ce statut d’éducateur est-il compatible avec celui de

psychologue ? L’un devrait-il prendre ici le dessus sur l’autre ? Quelle est sa place dans

cette interdisciplinarité ?

Ses multiples compétences lui permettraient d’agir à différents niveaux.

Il userait en effet de « savoirs faire » c'est-à-dire de compétences techniques qui lui

permettraient d’aborder tant l’expression et la gestion des affects, le vécu de la maladie…

que les motivations ou le développement des compétences psychosociales. Ces différents

aspects seraient alors à aborder de façon complémentaire. Les uns ne se justifieraient pas

au détriment des autres. Les « missions traditionnelles » semblent ici avoir alors toute leur

61

place et méritent d’être assumées en tant que telles tout en s’intégrant à la démarche

éducative pour « faciliter » le parcours du patient en le rendant acteur de sa maladie.

Son « savoir-être » occuperait une place tout aussi importante dans son travail en

ETP. En effet, c’est principalement par son approche, particulière dans le monde du soin, sa

posture et sa gestion de la communication qu’il semble jouer un rôle essentiel en ETP. Il

favoriserait le « lien » entre les patients et les soignants pour veiller à un climat général

favorable à l’évolution du patient en garantissant le respect de la personne globale du patient

tout au long du programme.

Parallèlement, un rôle de soutien professionnel auprès des équipes lui serait attribué.

Etablir une forme de régulation ferait alors partie intégrante de son rôle. Il guiderait les

soignants vers une réflexion autour de leurs pratiques. Il semble qu’il serait cependant

judicieux, si cela s’avérait être du ressort du psychologue, que ces échanges soient animés

par un psychologue extérieur à l’équipe.

Par ailleurs, l’avis du psychologue peut constituer un appui utile voire précieux à

toutes les étapes de la démarche éducative, du diagnostic éducatif à l’évaluation, sans

oublier celles de la conception des programmes. Voire lors de l’évaluation de leur pertinence

dans leur contenus et approches ?

Enfin, des multiples sensibilités s’expriment dans notre recherche, ce qui en rend la

forme parfois un peu répétitive mais il semble que cela constitue le « prix à payer » afin de

recueillir la parole de l’ensemble des parties prenantes au débat quant à un sujet d’actualité

dans le domaine de la psychologie de la santé. Consulter et confronter ces différents points

de vue aura d’ailleurs enrichit notre culture professionnelle.

Le CCECQA va vraisemblablement se saisir de ce travail et le prolonger notamment

en complétant la construction du guide référentiel au moyen de rencontres sous forme

d’ateliers-discussion sur cette thématique. Un autre prolongement très intéressant

consisterait à réfléchir autour du rôle d’autres professionnels impliqués dans cette démarche

interdisciplinaire en ETP à savoir le diététicien, l’infirmier, le kinésithérapeute, le médecin et

pourquoi pas l’aide soignant.

62

9. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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enjeu pour l’éducation des patients ! Les cas des adolescents transplantés. UCL Ŕ RESO

Unité d’Education pour la santé, Ecole de santé Publique, 2009

Bourbeau J., Van der Palen J. Promouvoir les programmes d’autogestion pour améliorer les

programmes BPCO. Eur Respir, 2009

Bourguignon O., (2009). « La déontologie des psychologues ». Paris : Editions Armand

Collin

D’Ivernois F-P., Gagnayre R., (2008). « Eduquer le patient ». Paris : Editions Maloine

D’Ivernois F-P., Gagnayre R., IPCEM. Compétences d’adaptation à la maladie du patient.

Sète : EDP Sciences, 2011

Fischer G-N., (2005). « Traité de psychologie de la santé ». Paris : Editions Dunod

Foucaud J., Bury J-A., Balcou-Debussche M., Eymard C. Education thérapeutique du

patient. Modèles, pratiques et évaluation. Saint Denis : Inpes, coll. Santé en action, 2010 :

412 p.

Giordan A., (2002). Des modèles pour comprendre l'apprendre :

de l'empirisme au modèle allostérique.

(http://www.andregiordan.com/articles/apprendre/modeleallosterique.html)

63

Golay A., Diaporama : « Education thérapeutique chez les patients obèses ». Service

d’Enseignement Thérapeutique pour Maladies Chroniques, diabète, obésité Hôpitaux

Universitaires de Genève

Golay A., Lagger G., Giordan A., (2010). « Comment motiver le patient à changer ? ». Paris :

Editions Maloine

Goudet B., (2009). « Développer des pratiques communautaires en santé et développement

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HAS & INPES, « Guide méthodologique : Structuration d’un programme d’éducation

thérapeutique du patient dans le champ des maladies chroniques ». Paris, 2007

HCSP., « Actualités dossier santé publique n° 72 : maladies chroniques ». Paris, 2010

Lacroix A., « Quels fondements théoriques pour l’éducation thérapeutique ? ». Santé

Publique, vol 19. SFSP, 2007

Lacroix A., Assal J-P., (2003). « l’Education thérapeutique des patients, nouvelles approches

de la maladie chronique ». Paris : Editions Maloine

Le Rhun A., « L’accompagnement psychosocial dans l’éducation thérapeutique du patient :

de l’accompagnement soignant/ patient à l’accompagnement formateur / soignant ». thèse

de médecine Nantes, 2008

LOI n°2009-879 du 21 JUILLET 2009 - art. 84 concernant l’éducation thérapeutique du

patient

64

Mazzocato C., Interdisciplinarité des structures de soins. Utopie ou émergence d’une

nouvelle culture ? Médecine & Hygiène : Revue internationale de soins palliatifs, 2003/4 -

Vol. 18 p 161 Ŕ 162

Pineault R., Daveluy C., (1995). « La planification de la santé, concepts, méthodes,

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Perron R., & al. (2006). « La pratique de la psychologie clinique ». Paris : Editions Dunod

Saout C., Charbonnel B., Bertrand D., « Pour une politique nationale d'éducation

thérapeutique du patient ». Rapport pour la ministre de la santé, Paris, 2008

Siksou M., « Psychologie de la santé, psychologie clinique ». Le Journal des psychologues.

Martin Média, 2008

Simon D., Traynard P.-Y., Bourdillon F., Gagnayre R., Grimaldi A. (2009). « Education

thérapeutique, Prévention et maladies chroniques ». Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson

Société française de médecine périnatale. 36es Journées Nationales

de la Société Française de Médecine Périnatale (Biarritz). Quelle place pour les

psychologues ? Rueil-Malmaison : groupe Liaisons, 2006, p : 112-119

Sites :

http://erwan.neau.free.fr/Toolbox/Methode_DELPHI.htm (méthode Delphi)

http://www.pace-aquitaine.com/ ( forum)

65

10. ANNEXES

10.1GRILLE D’ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF INDIVIDUEL DESTINEE AUX PATIENTS

1/ En général, à quoi sert un psychologue?

Et en ETP?

2/ Parlez moi de votre expérience avec les psychologues et tout au long de votre parcours

de soins...

- points positifs

-points négatifs

- ...

3/ S'ils ont une expérience en ETP: A quelles étapes de la démarche le psychologue a t-il sa

place?

- diagnostic éducatifs (priorités...)

- construction du programmes, des ateliers ...

- déroulement du programme: animation, entretiens...

- évaluation

4/ Quelle est sa place dans l'équipe, complémentarité avec les autres professionnels...? Tout

le temps? ...?

5/ Ressentez-vous un manque, un besoin par rapport à son intervention dans le

programme? Que souhaiteriez-vous dans l'idéal?

6/ Propositions de thématiques à aborder avec le psychologue par rapport à la maladie, des

idées d'ateliers...

10.2 COURRIELS ADRESSES AUX « EXPERTS ETP » ET AUX PSYCHOLOGUES

10.2.1 EXEMPLE DE COURRIEL DE SOLLICITATION A L ’ETUDE

Bonjour Monsieur,

Je me permets de vous contacter de la part de…, médecin de santé publique au CCECQA

(Comité de Coordination de l'Evaluation Clinique et de la Qualité en Aquitaine) pour

participer à une recherche sur le rôle du psychologue en Education Thérapeutique du

Patient. Cette recherche s'inscrit dans le cadre de mon mémoire de Master 2 de psychologie

de la santé à Bordeaux II et est encadrée par le CCECQA.

Pour y répondre, des patients, psychologues et coordonnateurs de programmes sont

66

sollicités.

En tant que médecin travaillant en ETP avec des patients souffrant de troubles alimentaires

au sein de …, vous me semblez très bien placé pour échanger à ce sujet.

La diététicienne ainsi que la psychologue de votre service ont accepté d'y participer.

Vous trouverez ci-joint le protocole de la recherche qui vous permettra de mieux comprendre

de quoi il s'agit si cela vous intéresse. Je pense que la participation à cette recherche peut

être constructive pour les personnes qui y répondent dans la mesure où les réflexions seront

partagées. Cela peut également aboutir à la création d'un groupe de travail en ETP si les

participants désirent s'y impliquer.

N'hésitez pas à me contacter par téléphone au …!

En vous remerciant par avance,

Très cordialement,

Marion DITCHARRY

10.2.2 PROTOCOLE JOINT AU COURRIEL DE SOLLICITATION

Objet : solliciter votre participation à une enquête sur le rôle du psychologue en Education

Thérapeutique du Patient

Madame, Monsieur

Le sujet de mon travail de recherche pour l’obtention de mon Master 2 de

Psychologie de la Santé à Bordeaux II porte sur le rôle du psychologue en éducation

thérapeutique auprès des patients et dans une équipe pluridisciplinaire.

Les résultats de ce travail serviront de base pour élaborer des outils et processus

visant à promouvoir le rôle du psychologue dans ce domaine.

Ce travail de recherche est réalisé dans le cadre d’un stage au CCECQA (Comité de

Coordination de l’Evaluation Clinique et de la Qualité en Aquitaine) encadré par un médecin

de santé publique, un ingénieur en éducation thérapeutique, supervisé par une psychologue

de la santé. Une enquête sur les perceptions du rôle du psychologue va être menée d’une

part auprès d’un groupe représentatif de coordonateurs de programmes ETP et de

psychologues ayant une expérience en ETP, et d’autre part auprès d’un groupe de patients

volontaires.

L’enquête sera réalisée en deux temps, d’une part avec le groupe des psychologues

et d’autre part avec les coordonateurs de programmes ETP :

67

- Par Internet (méthode DELPHI) : trois séries de questions ouvertes seront adressées à

chaque personne qui s’est engagée à participer à l’enquête. Les réponses seront à

fournir dans un délai maximum de deux semaines. Chacun pourra voir les réponses des

autres (forum). A chaque « tour » une synthèse des réponses collectées sera rédigée et

aboutira à la formulation d’autres questions plus précises qui vous seront alors envoyées.

Une synthèse finale reprenant toutes les idées des participants vous sera communiquée.

- Deux entretiens de groupes enregistrés (sous forme de table ronde avec chaque groupe

de professionnels qui le souhaitent) permettront de finaliser les échanges amorcés par

internet, voire le cas échéant, la création d’un groupe de travail sur les thématiques

dégagées par cette étude.

Un engagement de votre part sur la durée du processus est indispensable pour la bonne

conduite de cette enquête. Le temps nécessaire à consacrer à chaque tour de questions (x3)

est d’environ 30mn à 1 heure et le focus groupe est prévu sur 2 heures.

Si vous souhaitez vous engager à participer à cette enquête et/ou obtenir des

précisions, n’hésitez pas à me contacter au 06 … ou m’adresser un mail à l’adresse

suivante : [email protected].

Je vous remercie par avance.

Très cordialement,

marion Ditcharry

10.3 SYNTHESES DE LA METHODE DELPHI

10.3.1 TOUR N°1

GROUPE DES PSYCHOLOGUES

LE PSYCHOLOGUE AIDE A REPONDRE A QUELS OBJECTIFS POUR LE PATIENT

Pouvoir « déposer son fardeau », en sachant qu’il sera écouté, accueilli

Situer le psychologue comme faisant partie intégrante de l’équipe soignante

Prendre conscience de l'importance de "rester acteur" de sa santé

Ouvrir aux patients une voie parallèle et complémentaire à celle strictement médicale

qui leur permette de se sentir acteur de leur avenir

Retrouver un certain "contrôle" sur sa santé et un bien être

Développer des capacités d’auto-surveillance, d’autosoin, d’adaptation et de

réajustement de la thérapeutique à son mode de vie, d’intégration des nouveaux

acquis en lien avec la psychologie

DANS QUELS DOMAINES (CHAMPS) D’INTERVENTION ? QUELLE(S) APPROCHE(S) ?

68

Auprès des patients et de l’entourage

Ecoute, accompagnement et soutien des patients :

Ressentis/vécu/perceptions/représentations de la maladie,

Liens entre les évènements de la vie et les répercussions en santé psychique

Cheminement/difficultés/freins/résistances, motivations au changement

Soutien psycho-social, compétences psycho-sociales, gestion du stress

Qualité de vie

Auprès des équipes et dans les activités ETP

Approche globale, humaniste, place du patient au centre de l’ETP

Reconnaissance institutionnelle. Promouvoir la complexité de l'être humain

Favorise la différenciation de la prise en charge du service vers un programme centré

sur l'individu-sujet plutôt que sur les objectifs

Animation d’ateliers : dynamique, fonctionnement de groupe, utilisation d’outils

psycho-pédagogiques ;

Utilisation de techniques de communication,

Pratiques d’entretiens (entretien motivationnel, questionner autrement, écouter

autrement)

AUPRES DE QUI, DE QUOI ?

Des patients

L’entourage

Des équipes de soignants

Le programme, des activités d’ETP

DE LA DISPONIBILITÉ….

« du temps dans la structure »

« Après la session, patients avec des questions ou le désir de reparler de ce qu’ils y

ont vécu . d’offrir un espace de parole à ce moment-là, afin de continuer à élaborer

ce vécu, lui donner du sens afin de lui permettre d’intégrer la vie quotidienne.

s’adapter au besoin de « reformulation » du patient

-permet « d’assouplir » l’aspect parfois rigide du « cadre »

A QUELS MOMENTS, SUR QUELLES ACTIVITES, POUR Y FAIRE QUOI ?

« Le rôle de psychologue en ETP est très varié selon le public concerné, le type de structure

qui l'accueille, les outils d'intervention dont il dispose et les possibilités de travail en

collaboration avec l'équipe médicale et paramédicale »

69

Objectifs/activités du psychologue

PROGRAMME ETP

Conception/création

Coordination

Elaboration, gestion du programme global ETP

Participer à la création du programme avec l’équipe

Coordonner les activités du programme ETP (dans certaines

équipes)

Proposer de nouveaux ateliers ETP en fonction des attentes et

des besoins repérés. »

Etre le garant d’une approche humaniste de l’ensemble de

l’équipe, éclairer cette dimension dans la relation en ETP

Aider le personnel à identifier ses propres représentations

Etre le garant d’une approche déontologique : le patient doit se

sentir en confiance

Elaboration d’ateliers ETP

Favoriser la réflexion concernant les outils utilisés

Aider à la création d'outils en terme de renforcement, processus

décisionnel, mnésique..) »

Former les soignants à mieux comprendre le patient et mieux

communiquer

Sensibiliser les équipes aux dynamiques de groupe

DIAGNOSTIC EDUCATIF

Connaitre le patient

(élaboration)

Accueillir la parole pour soulager et établir une relation de

confiance

Reconnaissance de la souffrance et/ou de la colère du patient

Porter attention à d’autres aspects de la vie : leurs goûts, leurs

projets, leurs inquiétudes, leurs motivations, leur vie relationnelle

Etre attentif aux étapes de la vie que traversent les patients, aux

représentations de la maladie, à l’image de soi, à l’impact de la

maladie sur sa vie relationnelle : famille, amis…

Inviter à se confier, à parler de choses très personnelles

Repérer où en est le patient dans le cheminement de sa maladie

chronique (temporalité)

Repérer l'impact des antécédents familiaux sur la perception de

la pathologie

Etre le représentant psychique du patient : pointer ses

souffrances, ses mécanismes de défense, son mode de

fonctionnement psychique

Mettre du sens sur les résistances du patient

COMMUNICATION

faire le lien entre les

soignants et les

Pour que les soignants comprennent mieux : par exemple lorsque

l'on détecte des incompréhensions du patient par rapport à sa

maladie, son traitement, en faire part au professionnel concerné pour

70

patients

TRAVAIL D’EQUIPE

qu'il éclaircisse ses points avec le patient

Travailler en collaboration avec l'équipe soignante

Aider une équipe pluridisciplinaire à repérer le patient dans sa

trajectoire d’acceptation de la maladie, où en est-il par rapport à

sa maladie ? Que peut-on lui proposer ?

Eclairer l’équipe des éléments de compréhensions et de

questionnements du patients dans sa globalité (histoire du sujet,

famille, couple, profession, ….)

Œuvrer pour que les objectifs d'éducation thérapeutique de

l'équipe tiennent compte de façon singulière de la spécificité pour

chaque patient de son rapport à la maladie

encourager les soignants à ne pas se fixer d'objectifs trop

complexe et

à savoir se contenter de petites avancées pour leur patient sans

sentiment d'échec; cela passe par les aider à être vigilant et en

tous

cas à s'interroger sur leur projection personnelle sur la façon

dont on

doit s'adapter à sa maladie

Transmettre à l'équipe que ce qui est important dans la

compréhension du ressenti du patient

ACTIVITES

EDUCATIVES :

animation

Ateliers de groupe

Co-animer des ateliers thématiques : « le psychologue intervient

lorsqu’il s’agit d’accueillir les patients, choisir les règles de

fonctionnement du groupe, faciliter le dialogue , permettre

l’expression du ressenti, l’échange sur les sujets qui les motivent

en lien avec la maladie. Il anime ou il observe, il est présent,

attentif à tous »

Animer des ateliers spécifiques sur le vécu de la maladie,

représentations, croyances (groupes de parole)

Favoriser l’acquisition de compétences psycho-sociales

Faciliter l’entraide, les échanges, le soutien entre les participants

atteints de la même maladie

Favoriser la circulation de la parole dans les groupes

Aider à questionner et écouter autrement

71

« ATELIERS /

RENCONTRES »

SPECIFIQUES

PSYCHOLOGUE

Mobilisation de

compétences

métier

Avec les patients

Repérer les motivations au changement

Travailler ces motivations à travers l’entretien motivationnel

Faire émerger ce qui peut leur donner envie d'opérer des

changements dans leurs habitudes de vie tout en reconnaissant le

prix psychique de tels changements,

Donner au patient/sujet la responsabilité de ses actes non pas pour

le culpabiliser mais pour lui ouvrir des pistes de réflexion qui

pourraient l'aider à amorcer des changements profonds dans sa

conception de la vie et de ce qu'il a envie d'en faire sans risquer de

perdre son identité et le goût de vivre

S’assurer que des savoirs être n’entravent pas l’acquisition de

savoirs faire ou de savoirs

Ouvrir un espace de pensée pour qu'une expérience vécue devienne

pensable humainement, qu'elle prenne sens pour le patient.

Se mettre en position de pouvoir exercer la fonction contenante qui

permet de penser, de métaboliser les expériences vécues

Proposer un espace de parole pour verbaliser ce qu’est l’expérience

du malade, comment il peut vivre avec et donc quelles ressources il

se sent de mobiliser

Valoriser leurs ressources pour qu'ils puissent oser le changement

sans être englouti dans un sentiment de perte

Repérage des mécanismes de défenses

Accepter la temporalité de chacun, ne pas chercher à faire tomber

les défenses qui par définition protègent le sujet mais simplement

ouvrir, par la parole

L'aider à faire le lien entre les évènements de vie (familiaux, affectifs,

professionnels : séparation, deuil, chômage… et leur répercussion

sur la santé (stress).

Accompagner le patient dans l’acceptation de la maladie chronique,

permettre au patient d’exprimer ses inquiétudes, peur des

complications, révolte, déni, incompréhension face à sa pathologie

soutenir les patients dans leur légitimité à avancer à leur rythme et

en effectuant des compromis qui leur sont acceptables même si cela

n'est pas l'idéal pour les objectifs soignants

Renforcer une réappropriation de leur corps et de leur vie

Prendre en compte l'humeur du patient (syndrome anxio-dépressif)

dans la prise en charge du patient

Renforcer le soutien psycho-social

Trouver ensemble des solutions

Avec l’entourage

72

Aider à repérer leurs compétences ou leurs difficultés dans leur

accompagnement de la maladie chronique

Faire participer aux ateliers, entre autres celui sur le vécu

psychologique de la maladie, de façon à ce qu'ils puissent partager la

façon dont ils font face à la maladie

Donner la possibilité de parler de son rôle d’aidant, de ses difficultés,

de ses freins et résistances à l’acceptation de nouvelles adaptations

(parfois

quotidiennes) ordonnée par la maladie

EVALUATION

de la pratique

en ETP

Evaluer sa pratique quantitativement pour démontrer l'importance du

rôle du psychologue en ETP

Faire évoluer les ateliers et mieux cerner les besoins

Analyser la pratique d’éducation

Réaliser des débriefing des ateliers afin d'améliorer les techniques de

communication : Le niveau de lecture du psychologue apporte un

éclairage complémentaire : les affects, la dynamique de groupe, les

actes manqués, les rôles adoptés par les participants, les attitudes,

ce qui s’est dit et ce qui ne s’est pas dit… »

GROUPE « EXPERTS ETP »

LE PSYCHOLOGUE AIDE A REPONDRE A QUELS OBJECTIFS POUR LE PATIENT

Gérer sa maladie, sa santé, sa nouvelle vie

Développer ses compétences d’adaptation à la maladie chronique (savoir-être), son

sentiment d’auto-efficacité et son estime personnelle.

DANS QUELS DOMAINES (CHAMPS) D’INTERVENTION ?

Auprès des patients et de l’entourage

représentations, vécu de la maladie

adaptation psycho-affective à la maladie chronique

Auprès des équipes et dans les activités ETP

Approche globale

« Son recul permet de faire de l'éducation thérapeutique des personnes avant de faire de

l'éducation thérapeutique des patients et nous sensibilise à prendre en compte la globalité de

la personne. »

« Son écoute privilégiée est une ressource pour les soignants »

73

AUPRES DE QUI, DE QUOI ?

Des patients

Des équipes de soignants

Des activités d’ETP

Son intervention dépend du temps disponible : « un temps très partiel est plus intéressant à

exploiter en soutien d’équipe ». Si disponibilité : exploitation de leurs compétences auprès

des soignants et des patients

« il fait partie intégrante de l’équipe et contribue au développement de compétences, en

apportant et aprtageant son expertise »

A QUELS MOMENTS, SUR QUELLES ACTIVITES, POUR Y FAIRE QUOI ?

Objectifs/activités du psychologue

PROGRAMME ETP

Conception

Conception d’ateliers

DIAGNOSTIC

EDUCATIF

Connaitre le

patient

(élaboration)

Faire émerger lors des entretiens les difficultés et ressources des

patients dans leur adaptation psycho-affective à la maladie chronique

(savoir-être).

Aborder les représentations, vécu de la maladie de façon plus

spécifique et"professionnelle"

Enrichir le diagnostic éducatif : représentations, difficultés

éventuelles, précisions sur son vécu, son histoire (un autre angle de

lecture)

Permettre à la personne de faire des liens avec son état de santé,

amener à des prises de conscience (en faisant ces liens)

identifier les réels besoins du patient et les fixer les objectifs

d'éducation propres au patient, conforter les objectifs ou les réajuster

voire les reformuler.

Identification des freins et leviers à l'éducation, du stade

d'acceptation de la maladie et motivations. »

Identification du stade d’acceptation de la maladie et motivations

COMMUNICATION

faire le lien

entre les

soignants et les

patients

TRAVAIL

Aide précieuse pour les soignants pour optimiser la relation au

quotidien

Enrichir la vision qu’ont les équipes du patient

Soutenir les équipes si elles sont « coincées »

Aider à désamorcer des relations soignant-soigné difficiles »

Expliquer les conduites du patient

Apporter une expertise dans les échanges

Valoriser la personne, l’équipe en s’appuyant sur les ressources et

spécificité de chacun et de manière si naturelle

Rédiger des notes cliniques et rapports d’activités

74

D’EQUIPE Adopter la « bonne attitude », le « bon discours »

ACTIVITES

EDUCATIVES

animation

Observation et analyse d'un groupe lors d'une séance collective :

place de chacun, participation, retrait, écoute, réponse, empathie……

Complémentarité : « un binôme constitué d'un animateur spécialisé

et d'une psychologue me parait le duo idéal pour gérer les émotions

exprimées, aider à la verbalisation des /du patient et son processus

de raisonnement. »

Intéressant en groupe de parole avec ou sans thème de départ car il

permet à chaque patient de s’exprimer librement et à partir de là :

l’échange guidé du groupe de le faire évoluer

Aider les membres de l’équipe à aborder le patient autrement, se

poser d’autres questions sur le patient, se centrer sur son vécu, ses

ressentis, ses perceptions

ATELIERS

SPECIFIQUES

PSYCHOLOGUE

Mobilisation de

compétences

métier

Il peut « être l’écoute »

Maitriser les entretiens motivationnels

« Expertise des échanges sociaux »

Travailler avec le patient sur ses freins possibles à l’ETP :

Psychologiques: Stades d'acceptation de la maladie, dépression,

troubles du comportement alimentaire… Socioculturels : religion,

culture…

Repérer les conflits de vie qui entraveront l’ETP

Renforcer la motivation au changement, la mise en place de

stratégies d'adaptation à la chronicité, le changement de

comportement

Aider à la verbalisation des patients sur leur pathologie »

Aider à la prise de conscience et processus de raisonnement pour

l'expression de ses besoins propres

Prise en charge des patients présentant des problèmes d’ordre

psychologique

EVALUATION

de la pratique

en ETP de

l’évolution des

patients

Equipe

« Amener l'équipe à se questionner sur sa pratique (ce qu'elle dit,

fait…) pour éviter la routine qui peut entraver la démarche

éducative »

Programmes

Créer avec l’équipe les outils d’évaluation et participer à la tenue du

dossier éducatif, l’évaluation formative et sommative.

Participer à la démarche de qualité dans le soin.

Patients

Analyser l’évolution de la personne en ETP, son cheminement

75

SOUTIEN AUX

EQUIPES

Favorise la construction d’une équipe et la définition de la

complémentarité entre les membres

Soutenir et renforcer le lien dans les équipes pluridisciplinaires

Apporter un soutien aux équipes qui peuvent être marquées de

découragement, épuisement, vulnérabilité

Analyser des comportements entres patients et entre soignants-

patients

Proposer des temps de régulation d’équipe, des espaces de parole

pour les soignant/éducateurs et modérer ces temps d’expression et

d’échanges

Aider en cas de difficultés inter équipe

Travail sur des cas cliniques problématiques (aide en cas de

problèmes avec la prise en charge d’un patient)

Mise en place d’un groupe de travail sur l’éducation thérapeutique :

− Proposer un temps d’échange et de réflexion sur les pratiques en

ETP

− Animer des réunions de travail de réflexion sur l’éthique, le choix,

les représentations sociales, la stigmatisation, le poids des normes,

etc…

− Travailler à l’amélioration et au développement des ateliers

d’éducation thérapeutique »

DIFFICULTES POTENTIELLES

« sa place peut être plus difficile à trouver dans les séances collectives dans lequel il ne peut

faire une "thérapie de groupe" ou une "thérapie individuelle en groupe" »

10.3.2 TOUR N°2

GROUPE DES PSYCHOLOGUES

SYNTHESE DE VOS REPONSES : TOUR 2 (GROUPE PSYCHOLOGUES)

REACTIONS SYNTHESES :

CETTE SYNTHESE PERMET DE :

« représente bien le rôle du psychologue en ETP, la diversité de ses missions, de ses champs d'intervention et des publics »

« correspond plutôt bien à ma représentation du métier de psychologue en ETP dans la mesure où elle montre son rôle dans sa globalité »

« confirme l’importance de notre rôle en ETP et plus largement auprès des patients atteint de pathologies chroniques » « également du côté de l'équipe soignante »

Permet de « réfléchir sur notre propre pratique » : certains « travaillent avec les proches des patients, ce qui n'est pas mon cas, je me demande

comment faire pour les intégrer davantage… »

76

« comment communiquer davantage avec l'équipe, j'ai cru comprendre que certaines psychologues formaient les équipes alors je me demande en quoi cela peut consister, ce que je pourrais éventuellement mettre en place »

JE RETIENS/JE PARTAGE :

Intégré dans une équipe interdisciplinaire, le psychologue « doit »

« s’intégrer aux programmes d’ETP pour éviter certaines dérives de l’ETP (travailler sur les

représentations, interpréter les choses d’un point de vue psy, faire du soutien psy…) »

« éclairer les autres soignants sur l’histoire ou le vécu du patient, co-animer ensemble des ateliers, participer au diagnostic pour éviter que les objectifs soient des objectifs des soignants et non ceux du patient, faire en sorte que ces objectifs soient accessibles au patient et validés par lui, … »

MAIS ÉGALEMENT :

« parfois l’impression que le psychologue « acteur en ETP » devient éducateur ». Il faut être vigilant afin qu’il ne devienne pas omnipotent et qu’il conserve la spécificité de son métier »

« Je ne suis pas tout à fait d’accord concernant la rubrique du diagnostic éducatif. Selon moi les items cités révèlent l’essence même du travail du psychologue avec le patient dans une équipe d’ETP mais aussi et surtout dans n’importe quel service de MCO »

LIMITES DE SON ROLE (EXPRIMEES DANS VOS REPONSES EN TERMES DE DIFFICULTES)

« Mission » du

psychologue

« Les consultations psy doivent-elles rester en dehors de l’ETP ? Ou bien on les intègre à la globalité de la prise en charge en ETP ? »

«l 'ETP étant issu des disciplines de la psychologie et ou de l'éducation, font que pour un psychologue travailler sur la globalité, le vécu, les représentations, le développement personnel… recouvre ses missions "traditionnelles" »

Rigueur de la

démarche ETP

« l’ETP demande parfois un cadre assez rigoureux notamment l’étape du diagnostic éducatif (…) faire en sorte de ne pas faire rentrer le patient dans des « cases »

« l'ETP formalise, cadre, décrit les outils, procédures et pratiques que nous pouvions déjà avoir. Elle "oblige" le psychologue à évaluer sa pratique et faire part de ses résultats »

« « l’ETP peut parfois être lourd au niveau administratif où tout doit être noté et évalué »

Respect de la

place de chacun

dans l’équipe

« ne pas confondre son rôle avec celui d'un autre professionnel de la structure. Le patient a parfois du mal à s'y retrouver et pose des questions sur les traitements… (…), on peut être tenté de répondre. Recadrer à cet instant »

« Difficulté de séparer les corps de métiers et de ne pas « empiéter » sur la spécialité de chacun »

77

Positionnement

dans les activités

ETP

« le psychologue doit être intégré à l’élaboration et mise en place du programme mais ne doit pas être systématiquement présent à tout ou faire tout ! Il est intégré à l’équipe et garde sa place de psy comme tous les autres intervenants »

« sur mon rôle en éducation » « dans les ateliers avec les autres professionnels de santé, la notion d'éducation est plus claire je trouve (…) c'est concret. Dans mes ateliers ils ont davantage la parole, et donc je ressens moins la fonction d'éducation (…). Il y a bien l'apprentissage de la relaxation, de techniques de gestion du stress, d'affirmation de soi, mais quand même, il y a une différence en termes "d'éducation" »

« important que le psychologue ne soit pas dans l’éducation stricte, c'est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’apprendre au patient à réagir de telle manière (…) conserver un apprentissage de compétences psychosociales autour de l’échange (…), réflexion »

« je ne fais pas forcément rentrer les consultations psy dans le champ de l’ETP sauf celles en lien avec le projet éducatif du patient »

« Rôle

vigilant » du psyc

hologue

« ne pas standardiser un patient, éviter l'écueil du bon patient avec un dressage, laisser toute la responsabilité au patient et donc la culpabilité en cas d'échec ou de difficultés, ne penser qu'en terme d'observance, s'illusionner sur le fait qu'un patient ayant bénéficié de l'ETP ne rencontrera pas de difficultés d'adaptation ou d'observance »

Lors des ateliers : « le fait ne pas "apprendre" des choses "concrètes" dans l'atelier "gestion du stress" est parfois difficile (…) bien que dans cet atelier nous abordons assez simplement pourtant des notions » Etre vigilant quant au sentiment d’insatisfaction

Suivi des patients

pas de suivi prévu pour accompagner et soutenir un travail de motivation « je rencontre les patients dans un temps limité et au sein d'un programme

chargé : le patient se trouve dans un "espace temps" particulier. Etre vigilant à ce que nous allons faire émerger de ses échanges. Et ensuite? le patient repart avec cela mais n'aura pas forcement la possibilité de reprendre ce qui a été verbalisé avec une psychologue »

« plus difficile que pour les autres professionnels de l'équipe (…) on a plus de mal a quantifier, à mesurer les effets de notre intervention »

« …pourtant une demande de l'équipe, de nos supérieurs et de nos financeurs » « comme si il fallait traduire le travail d’accompagnement et de cheminement du

patient dans la maladie chronique en terme d’objectifs « psychologiques » et donc de compétences à atteindre

Avec certains, il y a un réel travail psychothérapeutique qui se met en place dans un lieu de consultation voué à l’éducation et qui de ce fait nécessite moins de liens avec l’équipe mais qui n’empêche d’apporter à cette même équipe des éléments de compréhensions concernant le patient et son vécu dans la maladie

78

« Evaluation des

pratiques »

chronique, au psychologue de faire le pont »

manque d’autres

opportunités /

possibilités

d’intervention

que les temps

ETP

« le nombre de séances limité est également une difficulté car il est difficile de travailler réellement sur la motivation ou sur les représentations »

« un travail avec les familles serait intéressant (où en sont – ils par rapport à cette maladie chronique ?) pour faire le lien entre ce qu'a appris le patient pendant le séjour et les changements dans sa vie quotidienne »

« lorsqu'un travail de thérapie s'avère utile » « il doit se faire dans un autre cadre or pour des personnes qui sont à la base très résistantes et qui découvrent dans le transfert avec le psy en ETP les bienfaits de la parole, casser ce transfert peut freiner le processus de changement en cours. La limite est alors de semer des questionnements sans les accompagner de manière singulière et durablement »

« pour informer/former les autres membres de l'équipe aux enjeux psychiques de la maladie. Décaler un peu le regard des équipes médicales sur les patients : voir l'aspect positif de la maladie en ce qu'elle constitue une période de crise en elle-même propice aux changements pour peu que ceux-ci ne soit pas perçu par le sujet que comme menaçant son intégrité » « il faudrait qu'il y ait des temps hebdomadaires de transmission »

« "creuser" les problématiques des patients comme je le voudrais car mes ateliers se déroulent en groupe »

« Obligation de

résultats »

« mes chefs demandent toujours de l'objectivité, du quantifiable, pour toujours prouver notre efficacité et obtenir des financements pour le réseau »

« alors que le fonctionnement psychique d'un individu, son rythme d'intégration, d'évolution peut prendre du temps ou évoluer lentement au risque de stigmatiser le patient si l'esprit ou la philosophie de l'ETP n'a pas été bien comprise par l'équipe »

Ne pas « se

laisser happer »

par l’aspect

éducatif

« se détacher de l’aspect psychologique de notre intervention en se laissant « happer » par son aspect éducatif. Si les facteurs » cognitifs sont d’une importance capitales pour l’ETP, ils ne doivent surtout pas être compris séparément des facteurs émotionnels et comportementaux » « le psychologue doit rester à sa place et donc ne pas se placer uniquement en « éducateur » de la même manière que l’infirmière reste infirmière animant par exemple un atelier éducatif »

FACTEURS INFLUENÇANT SA PLACE ET SON ROLE

Caractéristiques

psychologue

« l’approche » « la manière de travailler » « la personnalité »

79

« structure »

« tout dépend de la structure dans laquelle on travaille »

patients

« leur pathologie »

« le fait que les patients viennent de loin pour leur suivi et qu'il est parfois difficile de les faire revenir aussi bien pour des questions humaines que financière s » nécessité de développer des coordinations entre les

différents lieux médicaux où se rendent les patients

« Dynamique

de l’équipe »

« la philosophie de l'équipe et sa sensibilité à la dimension humaine »

« coordinateur ou chef de l'équipe, de leur façon de voir les choses et du rôle qu'ils nous donnent auprès des patients »

« j'apprécie qu'un autre membre de l'équipe se positionne en observateur et échange avec moi à l'issue de la séance »

Peut « utiliser le psychologue pour amener le patient à faire ce que l'équipe souhaiterait de lui, lorsqu'il n'y a pas d'enjeux médicaux vitaux derrière cette demande mais plus une non acceptation de la diversité des réactions, du rythme du patient… »

Moyens

« temps »

« Dépend étroitement du temps accordé aux psy pour accomplir sa mission »

« nous manquons de temps de staff pour échanger et partager! »

« pour accompagner les patients dans leurs changements : « dans certains programmes je ne rencontre qu'une seule fois les patients lors d'un atelier de groupe. J'ai peu de temps pour lire leur dossier et doit ensuite y laisser une trace… difficile d'animer un atelier et de poser ensuite des observations sur des dossiers individuels ! »

80

EXPÉRIENCES :

Rôle

tout au long de la

démarche

élaboration du diagnostic éducatif, du programme rencontrer chaque nouveau patient (et proche) qui arrive recevoir les patients en entretiens individuels animer des groupes, de co-animer des groupes (observatrice) animer des groupes de paroles suivis (vécu de la maladie pour les patients,

vécu et rôle de l’aidant dans la maladie chronique pour les proches) animer /coanimer journées collectives participer à la coordination et à la collaboration du programme création

des outils évaluation du programme suivis courts, d’évaluation et d’orientation vers d’autres professionnels

« proposer un espace pour dire les deuils et les pertes vécus et subis que la maladie impose, d’y donner du sens pour que le patient puisse à un moment (qui sera le sien) intégrer la possibilité de changement et donc d’adaptation à la maladie »

« ce projet d’ETP, (…) permis une dynamique d’équipe très intéressante et enrichissante »

« le travail en équipe est également très enrichissant : essayer de comprendre le patient et de le prendre en charge dans sa globalité »

« la mise en place du programme a amélioré la dynamique de l’équipe, nous échangeons maintenant sur les patients au cours d’un staff toutes les semaines. C’est vraiment très riche d’avoir instauré ce moment qui permet de mieux connaître le patient et son histoire afin d’adapter la prise en charge. L’etp a permis de créer plus d’énergie dans l’équipe ce qui est très motivant au quotidien! »

« très dynamique de travailler au sein d'une équipe pluridisciplinaire, c'est très riche. il y a toujours des idées qui émergent et nous échangeons beaucoup. Il y a un vraie respect de la fonction de chacun, c'est agréable et les rôles sont bien répartis »

« L'ETP a soudé l'équipe, l'a mobilisée autour d'un projet et a permis de développer des liens, de nouer des échanges, mieux faire connaitre le rôle et la place du psychologue, sa façon de travailler et de penser » « L'ETP est moteur dans l'équipe et a permis à certains de développer leur empathie et la prise en compte de la dimension humaine, émotionnelle… »

« Il n'a pas toujours été facile de trouver sa place et de faire entendre la façon dont un psychologue pouvait travailler ni ce que pouvait représenter l'ETP »

81

Avec

l’équipe

« cohésion

Apport du psy

« Il amène une vision subjective du patient (aspect psychosocial). Et au fur et à mesure, nous constatons une approche du patient par les équipes différentes : mettre du sens sur la non observance du traitement par exemple. Les équipes sont moins dans le jugement, sont plus empathiques, plus disponibles. »

«faire évoluer les représentations d’une équipe » (du point de vue biomédical) « afin d’améliorer la prise en charge des patients »

Avec les

patients

rôle(s)

spécifique(s)

interventions collectives « psy » surtout centrées sur la verbalisation du vécu de la maladie et du traitement à travers différents outils

« en individuel (repérer l'histoire de la maladie – représentations- impact des antécédents familiaux…) avec une évaluation de leur humeur (échelle anxiété – dépression)

"atelier motivationnel" ( partage du vécu de l'arrêt du tabac, évoquer les liens entre anxiété et compulsion alimentaire… , consommation d'alcool dans un but anxiolytique »

« mettre en place des séances collectives (entre patients et patients/proches) »

« l'apprentissage de la relaxation, de techniques de gestion du stress, d'affirmation de soi »

De façon générale :

« L’ETP reste une démarche extrêmement intéressante car elle amène le corps médical à adopter une vision

globale du patient, à prendre en compte la personne telle qu’elle est et non pas pour ce qu’elle a. Ce point est

très important pour moi, car je pense qu’il facilite l’intégration du psychologue dans cette démarche ». L’ETP

82

est « continuellement dynamisante pour l’équipe, qui cherche toujours à l’améliorer. Cela permet aussi de

faire émerger une réflexion collective particulièrement riche et constructive »

« les DU en ETP ont permis aux docteurs d'évoluer dans leur représentation et compréhension de l'ETP et de

l'être humain, ainsi le travail fut plus aisé par la suite »

GROUPE DES « EXPERTS »

SYNTHESE DE VOS REPONSES : TOUR 2 (GROUPE EXPERTS)

REACTIONS A LA SYNTHESE DES PREMIERES QUESTIONS

CETTE SYNTHÈSE PERMET DE : confirmer la place définie et nécessaire du psychologue en ETP enrichir nos représentations du rôle de psychologue en ETP clarifier ce qu'une équipe soignante et/ou patient peut attendre de ce professionnel de santé

JE RETIENS QUE / JE PARTAGE :

En général

un rôle multiple : auprès des équipes, des patients, de l’entourage ubiquitaire

ressources professionnelles

nombreuses et mobilisables dans différents domaines

des compétences

polymorphes « comme s'il rassemblait de façon "plus professionnelle" parfois ce que les autres soignants peuvent apporter individuellement et parfois plus "superficiellement" »

écoute et de renforcement positif créer du lien prise de distance positive dans la relation "faire parler" observer la communication non verbale maîtrise parfois mieux les techniques qu'un autre professionnel,

comme l'entretien motivationnel…

une utilité /nécessité

à tout moment du processus éducatif tant pour le patient que pour le soignant éducateur

un travail en interdisciplinarité

au sein d'un travail pluridisciplinaire et non comme un simple relais de consultations sans échanges

au sein du diagnostic éducatif, et ce dans une optique de binôme où la complémentarité entre psychologue d'origine et soignants d'origine ne peut être, à mon avis, que positive car chacun est attentif à des choses différentes

progressivement, il peut faire de la "transmission de compétences" à l'autre membre du binôme (et inversement bien sûr)

auprès du patient

Un vrai rôle de soutien allant d'une place de référent, à celle de membre de binôme avec un

autre soignant

83

En particulier

auprès de l’équipe

un vrai rôle de soutien allant d'une intégration totale dans l'équipe ETP, voire "moteur"

(animation de réunions de réflexion sur l'éthique…) à des places plus "effecteur"

« Le psychologue peut se révéler un élément moteur et de dynamisme du groupe aidant à sa construction, à promouvoir les échanges et propice à l'établissement d'une confiance entre les intervenants. Le psychologue est effectivement plus à même de "prendre en main " guider les échanges et temps de parole au sein d'une équipe »

JE ME RENDS COMPTE QUE/ DE : « Son rôle est multiple et je n'avais pas pensé à autant de domaines d'intervention » « Sa place ne semble pas discutée, celui-ci est parfaitement intégré à l'équipe éducative » « Son rôle dans l'évaluation, je trouve cela très judicieux »

CELA M’ETONNE, ME SURPREND, NE ME PARAIT PAS EVIDENT : Avec les équipes :

l'importance accordée au rôle de soutien On lit "thérapie" dans la synthèse. « Cela ne correspond pas complètement à ce que j'appelle le

rôle du psychologue dans une équipe d'ETP (…) J'imagine plus un psychologue qui travaille dans une collaboration d'équipe ETP à toutes les étapes, en aidant les soignants éducateurs à se sentir capables (en binôme ou plus tard seuls…) d'accéder au domaine psycho-social sans tabou, sans peur.

Pas un psychologue qui aide à identifier les soucis d'ordre psychologique ou du savoir-être, qu'on leur passerait comme une prise en charge supplémentaire faute de compétence des soignants éducateurs, ces derniers restant frustrés, en difficulté relationnelle, etc… Une équipe en ETP "multi-compétences", qui avance sur un même chemin avec le patient, mais avec plusieurs moteurs »

Rédiger des notes cliniques et rapports d'activités, ou encore tenue dossier : pas spécifique du rôle du psychologue en ETP

Aider à la prise en compte du contexte socio-culturel

LIMITES DE SON RÔLE

En général

Il n’a pas sa place

en commission d’éthique, de pratiques : « il est un membre à part entière de l'équipe, sauf bien sûr s'il intervient dans un autre contexte »

« quand ses compétences ne sont pas nécessaires pour répondre aux besoins des patients, des soignants, des proches »

En particulier

avec les patients

« au niveau de la thérapeutique des maladies chroniques de plus en plus ciblée»

« difficile en séance collective seul si la séance aborde des sujets plus spécifiquement de soins ou pathologie. Le mieux, comme cela a été souligné, est de travailler en binôme en complémentarité ou alors en groupe de parole »

avec les équipes Attention à la confusion des rôles ! « Jusqu'à quel degré s'impliquer ? »

« s'il y a des conflits cristallisés: comment "écouter" l'intimité du professionnel collègue ? »

84

FACTEURS INFLUENÇANT SA PLACE ET SON ROLE

Caractéristiques

du programme ETP

approche plutôt biomédicale, globale, humaniste….

du psychologue

approche attitude caractère position par rapport au "pouvoir" « il existe vraisemblablement des approches différentes selon les écoles :

« rien ne devrait être figé puisque chaque patient est différent et demande donc une approche individualisée »

« l'extrémisme » ne permet pas la remise en question et le fait de "mélanger" certaines approches pourraient convenir en fonction de l'instant, du patient (ou de l'équipe), en fonction d'où chacun en est de sa propre réflexion

Attentes, demandes, besoins

de l’équipe Intentions clarifiées sur les rôles de chacun et les complémentarités

des patients

Moyens disponibles

financements malgré le rôle important du psychologue, ce professionnel intègre les

équipes d’ETP tardivement en raison des moyens réduits de financement des programmes. Dommage !!!

temps « Il est difficile de faire du lien lorsque l'équipe n'est pas présente »

organisation travail en binômes…

Représentations

des patients

« le psychologue reste encore associé « aux maladies mentales » et donc les patients peuvent mal vivre son intervention (tabou) si celle-ci est ponctuelle. Il faut donc que le psychologue soit présent tout au long du déroulé du programme et pas uniquement en entretien individuel ou groupe de parole »

IL « FAUDRAIT » QUE LE PSYCHOLOGUE fasse « un effort réflexif sur sa formation initiale et sa pratique afin d'avoir un réel rôle éducatif et non

uniquement de "soutien psychologique" » acquiert « de nouvelles compétences (ou réactualise des anciennes) sur le processus d'apprentissage et

sur l'animation de groupe » « intègre l'équipe éducative dans son esprit et son organisation, et que les messages soient cohérents et

non contradictoires (idem quel que soit le métier en ETP) » « soit présent tout au long du déroulé du programme et pas uniquement en entretien individuel ou

groupe de parole car il reste encore associé « aux maladies mentales » et donc les patients peuvent mal vivre son intervention (tabou) si celle-ci est ponctuelle »

IL « FAUDRAIT » QUE L’ETP: « démontre que les prises en charge évoluent, il faut que les professionnels suivent le même chemin »

EXPÉRIENCES

il me paraitrait impossible de travailler sans ce poste « leur présence dans l'équipe a apporté beaucoup d'humanisme dans

les relations entre les membres de l'équipe, et des changements d'attitude progressif vis à vis des patients »

« mieux connaitre les patients, sous des angles que les soignants "biomédicaux" n'abordaient pas spontanément »

85

Expérience positive

avec l’équipe

« notre psy est à l'origine du programme ETP et sa présence est indispensable aux patients et à l'équipe. Sa vision et son recul aident à la remise en question et ses qualités nous font dépasser nos doutes »

expérience très riche : « elle m'a aidé à trouver une nouvelle approche en ETP » « Contrairement aux autres professionnels de santé, elle n' a pas besoin de prendre du recul, elle donne du" sens" à l'histoire de l'individu, à son parcours de vie avec ou sans maladie »

« elle a été un véritable + pour améliorer ma relation au patient, animation, améliorer mes compétences psycho sociales faibles compte tenu de ma formation initiale ! »

aider à « développer de nouvelles compétences au sein de l'équipe (relationnelles essentiellement), partager des outils, des "façons de faire" différentes »

l'action enrichit le portefeuille de compétences globales d'un seul métier: "l'éducateur", joué par plusieurs personnes, avec une approche globale multi-sourires mais (presque) d'une seule voix, où tout le monde se sent en capacité d'avancer, sans tabou, sans crainte (presque…)

« utiliser les compétences des deux psychologues pour animer des espaces de réflexion au sein de l'équipe »

au coordinateur du programme « d'interroger et mieux comprendre les fonctionnements interpersonnels au sein de l'équipe »

Expérience positive

avec les patients

« j'ai rencontré des patients qui étaient opposants à son intervention, mais son "savoir-communiquer" par des moyens détournés a très souvent permis d'établir le contact et de détendre les freins aux échanges. Dans d'autres cas, le respect clair du refus du patient à participer aux groupes d'ETP a permis un cheminement … et parfois un changement d'attitude »

« la force de l'équipe ETP plurielle est que le patient puisse communiquer avec au moins une personne qu'il choisira dans l'équipe. La position de non-soignant du psychologue est souvent celle-ci dans un premier temps pour accepter la maladie, puis ensuite les autres membres selon ses besoins

86

Expériences moins

positives

des difficultés à trouver sa place dans l'animation de séance car elle

semblait particulièrement plus à l'aise dans le colloque singulier et par la régularité des rencontres + attitude un peu "normative"

CS de psychologie (de qualité) mais peu de lien avec le travail de l'équipe éducative. Pas d'enrichissement des compétences de l'équipe qui reste "dépendante" de la psychologue, alors que l'équipe soignante se sent en besoin de compétences relationnelles auprès de tous les patients pris en charge

« les transmissions écrites manquent trop souvent »

Sans psychologue dans l’équipe

« C'est complexe en terme d'annonce (amputation), de projection dans le futur pour le patient, modification de son image corporelle et dépendance…Mais aussi parfois pour lui dans ses choix: exemple parfois si les douleurs sont trop intenses, le patient peut de lui-même demander une amputation. Si c'est une infection, non maîtrisée, on lui explique qu'il "vaut mieux perdre sa jambe" plutôt que de mourir d'un choc septique »

En ETP, « lorsqu'un psy s'en va, alors le circuit tourne moins bien. C'est indéniablement nécessaire pour le patient, malheureusement l'accès à ces rencontres n'est pas forcément toujours si bien réglé et l'équipe reste seule dans son désarroi et ses échecs sans personne ressource »

10.3.3 TOUR N°3

GROUPE DES PSYCHOLOGUES

SYNTHESE DE VOS REPONSES : TOUR 3 (GROUPE PSYCHOLOGUES)

RÉACTIONS SYNTHÈSES :

JE REMARQUE :

« constats, préoccupations et demandes relativement identiques, alors que nous travaillons dans des

services différents »

CETTE SYNTHÈSE M’ÉVOQUE :

Un travail

d’équipe

« On est assez bien intégrés dans nos équipes »

« une marge de manœuvre assez importante »

« diversité des actions réalisées »

« beaucoup de communication entre les différents professionnels de santé »

« On s'éloigne du tout-médical, pour aller vers un mieux vivre avec la maladie,

87

Un éloignement

du tout médical

avec une qualité relationnelle importante »

« Conversion dans les soins : position beaucoup plus humble, moins toute-

puissante, où la parole du patient a autant de valeur que celle du soignant »

« l’ETP (et les formations) a permis d’améliorer la relation soignant/soigné »

« nouveau regard sur les pratiques »

« beaucoup de réflexions et de remises en question » « certains soignants

comme les diéts ne sont plus dans la prescription stricte des régimes

alimentaires » « les médecins, plus à l’écoute, temps de consult plus

important,… »

L’ETP est

compatible avec

nos missions

traditionnelles

« important de s’intégrer pleinement en ETP et d’y faire rentrer nos

« missions traditionnelles » »

« je garde la spécificité de mon métier de psychologue et enrichi

ma pratique et mes réflexions grâce entre autres à ces formations

(éducateur thérapeutique + tabacologue) »

Un travail délicat

pour le

psychologue

« tentation propre à L'ETP en général de "dresser" des

patients en évaluant leurs moindres comportements,

représentations »

« niveau éthique » : « rester dans une perspective humaniste »

« ne jamais réduire entièrement un sujet à un objet » « part irréductible du

sujet »

« la maladie …chronique, renvoie une vulnérabilité du sujet qui

devrait conduire tout soignant à s'interroger sur la pulsion d'emprise

que cela suscite forcément en lui »

« réaliser que nous avons les moyens de supporter notre impuissance plutôt que

de croire que certaines méthodes ou comportements nous dispenseraient de

questions existentielles »

« accompagner le patient de sorte qu'il puisse "subjectiver" les

multiples recommandations qu'il reçoit, c'est à dire l'aider à

identifier ce qui facilite ou l'empêche d'être observant en fonction de

son histoire, de sa situation actuelle, de ses projets, bref en

fonction de son unicité ». « Cela suppose parfois une temporalité bien

différente des exigences d'un programme d'ETP »

« Cela peut être

thérapeutique quand on décolle des recommandations et qu'il y a un

partage émotionnel sur des questions humaines qui parlent à tous »

88

Une difficulté

pour faire revenir

les patients et

leurs proches

« nous avons souhaité proposer des interventions collectives en dehors des

séances » de dialyse. « Une minorité de personnes se sont inscrites et les inscrits

ne viennent pas toujours… »

« Mais ce qui est intéressant sur ce format, c’est qu’à ce moment là, nous

touchons des personnes intéressées et motivées et que nous offrons la possibilité

de venir avec un proche (ce qui était plus compliqué pendant l’ETP en séance de

dialyse…) ».

NOTRE PARTICIPATION :

REMOTIVE !

« cela fait du bien à l'équipe, la remotive, lui insuffle un nouveau dynamisme, et la rapproche des patients,

considérés chacun dans sa singularité »

EST VALORISANTE :

« nous avons tous beaucoup réfléchi à notre pratique et c'est très intéressant d'avoir pris le temps de l'écrire

noir sur blanc (ce qui est assez rare dans notre pratique!!). C'est du coup valorisant! »

PERSPECTIVES PROFESSIONNELLES INTERESSANTES DE PARTAGER AU VU DES ECHANGES :

« SUR LE TRAVAIL AVEC LES FAMILLES »

Les « moments d’expression sur le vécu de la maladie entre patients, entre proches, & entre proches et les

autres patients sont très riches ». Les patients apprécient ces moments et parfois plus que les moments

purement éducatifs basés sur l’apprentissage ou les connaissances. Une de mes perspectives futures de travail,

serait de proposer des groupes spécifiques aux proches (tout comme certaines psy le font déjà) que j’animerais

en binôme avec un autre soignant ».

PERCEPTION DU REGARD DES AUTRES PROFESSIONNELS DE SANTE SUR NOUS-MEMES :

« Evolution favorable surtout de la part des médecins qui

89

« Intérêt pour une

approche

psychologique »

« Complémentaire »

- tiennent compte de mes synthèses

- me demandent mon avis concernant certaines résistances

- prennent plus en compte la souffrance de certains patients suite à

un évènement de santé

- ont réalisé l'intérêt d'une approche psychologique et évaluation de

l'humeur ».

« très ouverts à mes propositions, sont curieux de ce qui se passe dans les

groupes »

« Considèrent le rôle du psy comme complémentaire aux leurs ». « Ils me voient comme une collègue au même rang que les autres je

pense.

« Ils me sollicitent régulièrement pour avoir mon avis ou des conseils sur

les patients ou sur leurs ateliers, leurs outils » « l'équipe s'intéresse toujours, ils donnent leur avis, et ont toujours un

regard bienveillant sur ce que je veux mettre en place ou modifier et

c'est motivant »

Acceptent une

invitation à la

« métacognition »

« réfléchir à ce qu'on fait : est-ce pour le bien du patient? Cela

correspond-il à ses besoins? Quelle est la manière la plus

adaptée de s'y prendre ? »

« L'équipe a bien compris que mon apport permet de

temporiser parfois l'ETP ; est-ce le bon moment? Le patient

est-il disponible ou ne vaut-il pas mieux travailler avec lui les

freins, les motivations, les dénis…avant de commencer

l'ETP ».

Comprennent-ils

toujours nos

réticences ?

« ils doivent trouver que « j’exagère » quand je me place trop du côté du

patient ». Par exemple, quand je suis réticente à ce que les ateliers psy

soient filmés dans le cadre d’un projet pour une formation, quand on est

trop centré sur les objectifs du soignant et non pas ceux du patient, qu’ils

veulent changer le comportement d’un patient alors que c’est sa manière

de faire face à la maladie, ect ».

« je dois parfois passer pour la rabat-joie » « des remarques désagréables

sur le physique des patients obèses, j'essaie de tempérer, de leur donner

un autre point de vue »

«Ils pensent peut être que je ne laisse pas assez de trace écrite sur les

dossiers ».

90

Influencé par notre

propre

positionnement

« Ils apprécient que je ne me sois pas mise dans ma tour

d'ivoire, et que j'ai bien voulu "plonger" dans cette aventure.

Chaque "point de vue" est valorisé et s'enrichit mutuellement,

et chacune a sa place et sa parole de professionnel ». « la question du statut est toujours centrale dans

l'investissement d'un poste : remplacement » « dépend aussi de mon positionnement et du regard que je porte sur

eux »de ne pas interpréter toutes leurs réactions…, de reconnaître la

qualité de leur travail, leur faire retour des impressions des patients ».

Influencé par leur

représentation du

psychologue

« la chef de service porte un regard bienveillant et confiant dans ma façon

d'animer les groupes de paroles et les entretiens ». « Pour les autres membres de l'équipe, cela dépend du rapport

de chacun plus ou moins défensif avec la représentation du

psychologue. Je pense qu'une image de toute-puissance associée au

fantasme inquiétant que peut-être les psys voient des choses cachées…, il

y a parfois unlong chemin pour désamorcer les inquiétudes générées par

cette place de psy ».

« Perception du

métier pas toujours

très claire »

« leur perception du métier de psychologue n'est pas toujours très claire »

« ils me proposent de travailler avec la diététicienne sur les perceptions du

gout, des sensations, de faire les courses avec les patients et la diet… »

Une diététicienne perçoit, « le métier de psychologue en ETP est perçu

comme un rôle d'éducation, comme le sien, elle ne semble pas faire de

différence entre les 2 », elle dit : « il faut que ce soit concret » sinon « les

orienter vers un CMP »

INTERET PORTE A L’ETUDE : MOYENNE 9/1

« Intéressant » « de pouvoir exprimer notre ressenti sur notre place en ETP »

« d’échanger « virtuellement » sur nos points de vue »

« d'avoir un point de vue global sur des pratiques si singulières »

« utile » « de s'interroger sur le sens de nos pratiques, sur leurs fondements,

leurs objectifs et la diversité des outils de pensée ».

« Pour se rassurer sur les difficultés qu'on avait en commun »

« se donner des idées en comparant nos pratiques »

« réflexion »

« Indispensable »

91

Laborieux « l’écrit reste cependant plus compliqué dans la formalisation des

réponses et demande plus de réflexion »

« Réseau ? » « cela pourrait aboutir à un travail en réseau où on échange, ce qui est

toujours riche ».

GROUPE DES « EXPERTS »

SYNTHESE DE VOS REPONSES : TOUR 3 (GROUPE EXPERTS ETP)

REACTIONS A LA SYNTHESE N°2 :

CETTE SYNTHESE :

« Confirme le rôle

important du psy en ETP »

« rôle important, voire

indispensable d’un psychologue au sein d’un programme d’ETP »

« Permet de réfléchir à la place

de chaque professionnel »

« confronter les représentations » : « Complémentarité: les réponses : nécessité de travailler ensemble, tout en

gardant ses compétences spécifiques Pour que la place de chacun soit « effective, il faut qu'elle soit consciente,

explicitée, et non pas la considérer comme "allant de soi" » Pour cela, il faut : « prendre du temps pour se connaitre, expliquer ce que l'on fait

ou peut faire et de définir/clairifier des objectifs communs dans un projet de soins global. Donner de sens »

« Prendre conscience de la

notion de complémentarité »

pour développer des compétences d'équipe, en enrichissant les compétences individuelles

pour mieux répondre aux besoins complexes des patients (chacun avec ses compétences spécifiques)

92

Relate « l’importance de la

coordination »

« dans l'orientation donnée aux diverses professions » « la pluridisciplinarité et l'importance des échanges »

« l’importance des transmissions du

psy »

Transmission sur le suivi des patients « transmission de compétences psycho-sociales aux autres membres de l’équipe »

« compétences en écoute active »

Permet de « prendre conscience d’autres aspects du rôle du

psy »

Du « rôle multiple : accompagnement équipe/patient, animation et élaboration

des programmes… » « Des compétences à développer comme l’animation de groupes » Que « cette idée de soutien apporté aux patients reste

encore à développer, celle-ci doit prendre toute sa place au sein d’un programme d’ETP »

- pour développer des compétences d'équipe, en enrichissant les compétences individuelles

REMARQUES :

« Il aurait peut-être été intéressant de solliciter et d'interroger des associations de patients (ex : AMOC) et des représentants d'établissements de santé pour connaitre leur avis sur la place du psychologue en ETP »

« Je suis étonnée qu’il n’ait pas sa place en comité d’éthique.. Pourquoi ? »

« Etre le psychologue qui participe à l’analyse de pratique de l’équipe dans laquelle lui est aussi un membre à part entière me semble tendu ».

…Bon, au final cela est aussi pas mal une question de financement de poste, il me semble…

93

INTERET PORTE A L’ETUDE : moyenne 8.5/10

LES QUALIFICATIFS EMPLOYES POUR L’ETUDE : « utile », « très intéressant », « riche/enrichissant ». Ceci

pour les raisons suivantes:

Pour les coordonateurs de

programmes :

« « pour comprendre certaines positions » « l'importance de la place du psy ».

Pour les professionnels

soignants :

Réflexion générale:

Permet de :

- « réfléchir », - « un travail de construction de groupe » - « confirme la place du psy » - « clarifier les rôles du psychologue dans ce domaine en plein

développement »

question de « la formation initiale et continue des psychologues »

Remarques :

« Par manque d'expérience », « il m'était parfois difficile de

répondre à certaines questions par exemple : les limites de

l'intervention du psychologue ».

« En dépit de leur « pertinence » les moyens financiers ne sont pas alloués pour permettre de recruter »

PERSPECTIVES :

« Exercice à étendre à d'autres professions (diététicien, kiné…) qui ont du mal encore dans certaines équipes à trouver leur place »

« Il serait souhaitable de poursuivre ce travail peut être dans des contextes spécifiques comme celui de la médecine de ville ».

10.4 CARTES CONCEPTUELLES : PERCEPTION GLOBALE IMAGEE

10.4.1 DES PATIENTS

94

10.4.2 DES « EXPERTS »

10.4.3 DES PSYCHOLOGUES