QUE RESTE-T-IL DE MAI 68? - VIGOUSSE · «Soyez réalistes, demandez l’impossible» Soyez...

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ALPINISME Les meilleurs raccourcis P. 17 TORONTO Là où le célibat blesse P. 10 ALLAITEMENT Pourquoi le tait-on ? P. 8 SION Et la lumière fuit P. 6 JAA – 1001 Lausanne P.P./Journal – Poste CH SA Vendredi 4 mai 2018 // N o 362 // 9 e année CHF 4.– // Abonnement annuel CHF 160.– // www.vigousse.ch QUE RESTE-T-IL DE MAI 68 ?

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ALPINISMELes meilleurs raccourcis P. 17

TORONTOLà où le célibat blesse P. 10

ALLAITEMENTPourquoi le tait-on ? P. 8

SIONEt la lumière fuit P. 6

JAA – 1001 Lausanne P.P./Journal – Poste CH SA

Vendredi 4 mai 2018 // No 362 // 9e année CHF 4.– // Abonnement annuel CHF 160.– // www.vigousse.ch

QUE RESTE-T-IL

DE MAI 68 ?

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Vigousse vendredi 4 mai 2018 Vigousse vendredi 4 mai 2018

Cinquante ans après, il est temps que je vous

l’avoue : je suis un crétin. J’avais 17 ans

en mai 1968 et je faisais la révolution à

Paris. Avec quelques petits camarades, nous

voulions changer le monde en lançant des

pavés et en montant des barricades. Oui, une sacrée

bande de crétins. Le monde que nous avons changé est

devenu pire. Certes, le pouvoir gaulliste étouffant est

tombé, mais pour être remplacé par un autre pouvoir,

celui du fric. Notre génération est entrée de plain-pied

dans la société de consommation et de l’ultralibéralisme.

Quel progrès pour nos idéaux !

En 1968, je jetais mollement un pavé en direction des

CRS SS en ayant peur de blesser les forces de l’ordre.

J’évitais de brûler la voiture de mon père qui était garée

dans le 16e arrondissement de Paris où j’avais ma base

de repli. Certains de mes camarades, après la fête, sont

devenus ministres, hommes d’affaires et, pire encore,

fonctionnaires.

Alors, oui, 1968 annonçait 2018. Nous y sommes.

L’égoïsme triomphe… Chacun pour soi… Il n’y a plus

de communication en dehors des portables et claviers

d’ordinateurs. Nous sommes tous fichés avec notre

consentement. Certes, la guerre du Vietnam est terminée

mais le napalm est remplacé par des armes chimiques

ignobles dans de nouvelles guerres. Nos enfants sont

devenus chômeurs, de droite, voire d’extrême droite.

Je suis un crétin et fier de l’être, je vous l’affirme. Car ce

crétin a vu émerger la presse satirique avec un journal

de barricades qui s’appelait L’Enragé, qui a donné

naissance à de nouveaux journaux et à une génération

de dessinateurs comme Cabu et Wolinski. Ils sont morts

aujourd’hui comme notre idéal crétin. Mais, ce n’est

qu’un début, continuons le combat.

C ’ E S T P A S P O U R D I R E ! 32 P O I N T V

Les Barriguades de Mai 68

« Soyez réalistes, demandez l’im-possible ! » disait un célèbre slogan. Oui, mais quel genre d’impossible demander, au juste ? Obtenir le bac, un diplôme universitaire, un poste de cadre, un haut salaire et des enfants brillants alors qu’on est soi-même un cancre, par exemple ? Pas de problème, aussitôt dit, aussitôt fait !S’il est une leçon des événements de Mai 68 qui est passée largement inaperçue, c’est bien celle du destin de ces étudiants censés passer leurs examens en cette période de troubles et de bordel généralisé. On pense plus volontiers à la libération des mœurs, la revendication d’un monde meilleur et plus égalitaire, le défi envers les autorités et la tradition, bref, le genre de choses qui au final a bénéficié à tout le monde, y compris aux vieux grincheux qui affirment encore le contraire. Mais de manière plus terre-à-terre, on oublie souvent que le mouvement a commencé dans les

facs et les lycées, et qu’en juin 1968 les étudiants avaient des examens ! Ces épreuves furent même au cœur des négociations entre le gouvernement et la jeunesse, la question étant de savoir si on les annulait ou pas.

Pas question, crièrent les révoltés ! Nous voulons notre bac quand même pour réussir dans votre société de merde ! L’Etat fasciste, oppresseur et patriarcal, de son côté, décida que bon, c’est d’accord. Il ne fallait surtout pas léser cette génération de bolchéviques-bourgeois qui fumaient des pétards et baisaient au lieu de réviser leurs cours, au seul motif qu’ils demandaient un monde meilleur, la fin de la guerre au Vietnam, la fermeture des prisons, l’abolition de la police et Dieu sait quoi d’autre. Les examens furent donc bricolés dans l’urgence, parfois repoussés, mais en tous les cas fortement « allégés ». Le bac fut ainsi réduit aux épreuves orales, toutes

Sous les pavés, les cancresANTISOCIAL, TU ES AUGMENTÉ Ah, Mai 68 ! Ceux qui n’y étaient pas ne comprendront jamais la joie d’obtenir un bon poste et un gros salaire en ne foutant rien.

effectuées le même jour, au terme duquel les résultats furent annoncés à l’arrache.Résultat, 30 % de réussite en plus que pour les examens de 1967 et 1969 ! En toute logique, une bonne proportion de ces étudiants auraient en fait échoué en situation normale. Combien exactement ? Il est impossible de le dire, mais en examinant le destin de la cohorte née en 1948-1949, ceux qui avaient 18-19 ans lors du « joli mois de mai », on peut se faire une idée de l’influence globale de ce relâchement inédit des conditions d’entrées à l’université.Les économistes Eric Maurin et Sandra McNally se sont attelés à cette tâche dans une étude désormais légendaire, et ironiquement intitulée « Vive la révolution ! ». Tu m’étonnes ! Comparés à ceux qui sont nés immédiatement avant ou après, ces « élus », ainsi que le démontre l’analyse des statistiques sur l’emploi et la formation disponibles dans les années 1990, se retrouvent avec des salaires supérieurs de 14 %, et ont 10 % de chances en plus d’avoir un emploi de cadre, et ce pour chaque année supplémentaire passée à l’université, dont les portes devaient en principe rester fermées pour nombre d’entre eux. C’est le cas, en particulier, des étudiants issus des classes moyennes,

étant donné que ceux des classes populaires auraient échoué de toute façon, et ceux des classes supérieures réussi de toute façon.

La révolte de Mai 1968 a donc d’emblée réussi à créer une société plus égalitaire, mais pas pour les raisons généralement invoquées, et seulement pour ceux qui « passaient » leurs « examens » à ce moment ! Mais les mécanismes de « reproduction » sociale tant décriés ont eu bon dos, puisqu’à leur tour les enfants de cette génération – seconde trouvaille grandiose de cette étude – avaient nettement moins de chances de redoubler à l’école !Les morales de cette histoire sont cependant ambiguës. Soit le système est pourri jusqu’au trognon, et il suffit aux cancres d’avoir un diplôme pour réussir dans la vie, soit l’accès facilité aux études supérieures confère réellement un capital intellectuel permettant l’obtention d’emplois rémunérateurs. Mais, dans les deux cas, la preuve est apportée que la révolte, ça rapporte ! Sebastian Dieguez

« Vive la révolution ! Long-term educational returns of 1968 to the angry students », E. Maurin & S. McNally, Journal of Labor Economics, 2008, vol. 26.

COMMÉMORATION Toute la presse tartine sur les 50 ans de Mai 68. Mais franchement, il n’y a pas grand-chose à dire. Pour le prouver, voici une sélection d’affiches et de slogans emblématiques de l’époque, dont on peut voir qu’ils sont encore parfaitement d’actualité, moyennant quelques menues modifications.

Sebastian Dieguez et Stéphane Babey

Des phrases qui durentLes vieux slogans de Mai 68 n’ont besoin que d’un tout petit coup de peinture pour apparaître dans toute leur modernité. Petite sélection.

« Faites l’amour pas la guerre » Faites l’amour en vous protégeant, et pas la guerre trop longtemps !

« Ne perdons pas notre vie à la gagner » Ne laissons pas les losers nous empêcher d’être des winners

« L’imagination au pouvoir ! » Séance de brainstorming à 14 h 30, présence obligatoire

« Soyez réalistes, demandez l’impossible » Soyez réalistes, demandez de l’aide à notre service clientèle

« Il est interdit d’interdire » Il est obligatoire d’interdire

« Jouissez sans entraves » Jouissez avec consentement sans entraves si on est d’accord

« A bas la société de consommation ! » A bas la société de consommation dans les limites du stock disponible !

« Prenez vos désirs pour la réalité » Prenez un crédit pour votre téléviseur

> Une affiche prophétique puisque cinquante ans après 

tous les moutons noirs ont effectivement été expulsés.

< Dieu merci, aujourd’hui la presse ne contient plus de gluten. Surtout depuis qu’elle est gratuite.

Effectivement, ces tire-bouchons obsolètes foutent le bordel. Mais aujourd’hui on a des engins à pression d’air plus efficaces !

Certes, l’ORTF n’existe plus, mais cette affiche illustre à merveille le fait que Darius Rochebin répond à ses propres questions tous les soirs à 19 h 30.

1968 – 2018 : (presque) rien n’a changé

< Oui, il faut fermer ces usines qui polluent et virer tout le monde !

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Vigousse vendredi 4 mai 2018 Vigousse vendredi 4 mai 2018

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« Découvrez la cigarette sans nicotine, sans tabac, sans fumée et sans mauvaise haleine. » Tel est le slogan d’un nou-veau produit qui, comme tant d’autres, promet aux utilisateurs de faciliter l’ar-rêt du tabac.Mais alors, s’il n’y a pas de nicotine, pas de tabac ni de fumée, en quoi la Cij’ – son petit nom – s’apparente-t-elle à une cigarette ? Et bien, Mesdames, Messieurs, ce truc a la forme d’une cigarette. Toute la magie est là.

Contrairement aux clopes électro-niques et autres patchs qui visent à pallier le manque physique de subs-tance nicotinique, Cij’ permet aux fumeurs en phase de sevrage de retrouver le geste si cher à leur cœur. Les concepteurs parlent de « dépen-dance corporelle ». Ah, la douceur de porter à ses lèvres le délicat cylindre de papier, la volupté de sentir entre ses dents le filtre ferme et souple à la fois, la… Stop ! Stop ! La comparaison s’arrête là. En lieu et place de la tiède et réconfortante fumée, c’est un goût d’huile essentielle de menthe fraîche qui envahira la cavité buccale du cow-boy repentant. Goût rappelant, au mieux, le chewing-gum post-clope censé camoufler le méfait, au pire, un rinçage buccodentaire. Autre bizarre-rie, la Cij’ est entièrement comestible, puisqu’elle est composée de fécule

de pomme de terre et garantie sans gluten. Ce qui permet à l’ex-fumeur de découvrir des plaisirs inconcevables avec une vraie cigarette, par exemple de manger son mégot.

En bref, ce produit est révolution-naire à plus d’un titre et répond aux attentes de nombreuses personnes : celles qui préféraient le chewing-gum post-clope à la clope elle-même retrou-veront le goût de menthe fraîche, les nostalgiques de croquettes de pomme de terre farineuses de leur grand-ma-man seront ravis d’avoir toujours sur eux ces madeleines de Proust en tube et les malades cœliaques auront enfin le plaisir de déguster un produit sans gluten dont le goût n’est pas stricte-ment identique à celui d’un bricolage en carton-pâte. Pour 19,90 euros les 40 pièces, ce serait idiot de s’en priver.

Séverine André

C’est le geste qui compte !

C O N S O & C O N S O R T S 5A F F A I R E S E N C O U R T Q U E L L E S E M A I N E !

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Grève charogne !Ça chauffe à Solidarités ! Le parti genevois de gauche de la gauche est empêtré dans une affaire d’« atteinte à la personnalité » sur fond de machisme, au point que quatre de ses membres ont décidé de faire… la grève du parti. Par conséquent : plus d’activité militante, plus de jetons de présence, et refus absolu de remettre de l’eau dans la machine à café tant que persistera « la culture politique machiste présente dans l’organisation », indique, à peu de choses près, un communiqué sur Facebook. On espère juste que ces mutins ne se chamailleront pas entre eux, ils seraient obligés de faire la grève de la grève…

En attendant MoutierEnième rebondissement dans le vote de Moutier. Trois citoyens ont déposé un nouveau recours. Motif : la préfecture du Jura bernois met trop de temps à traiter les innombrables recours contre le rattachement de Moutier au canton du Jura. Un recours supplémentaire devrait en toute logique permettre de traiter plus rapidement les autres recours. Sauf si des imbéciles rajoutent encore des recours, bien entendu.

LE CHIFFRE

62En pourcentage, c’est la

proportion des sondés favorables à la loi sur la surveillance des

assurés. Une majorité des Suisses voit donc d’un bon œil que des détectives, des drones et des traqueurs GPS fliquent les invalides suspects. Il faut

croire que ça les soulagera enfin du travail harassant d’avoir à les dénoncer eux-mêmes.

A la rue« Mobilité piétonne Suisse » lance une pétition pour « sauver le trottoir » qui vise essentiellement les cyclistes et leur fâcheuse tendance à rouler sur les plates-bandes des bipèdes. Un lobby des piétons ? Oui, et les cyclistes, de leur côté, militent pour la « promotion des pistes cyclables », l’initiative vélo qui sera votée dans cinq mois. A ce rythme, les trottinettistes auront bientôt leur parti…

Albert le Vert inspire les écolosLe dernier numéro de Sciences et Avenir traitait de la situation de la pirolle à queue courte de Java, un oiseau rare menacé d’extinction par la déforestation. Un programme de reproduction et d’élevage a été mis sur pied. Pour éviter l’imprégnation humaine, une marionnette a été imaginée pour nourrir les oisillons. Si l’on considère toutes les espèces en voie de disparition, pas sûr qu’il y ait sur Terre assez de chaussettes usagées pour fabriquer le nombre de marionnettes nécessaires.

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Vigousse vendredi 4 mai 2018 Vigousse vendredi 4 mai 2018

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S6

Le spectacle Sion en lumières a illuminé les châteaux de Valère et Tourbillon depuis 2006. A cette époque, 6 à 7 mil-lions de francs avaient été investis dans le projet, dont 4 par la commune de Sion, notamment pour l’achat de 480 projecteurs, 55 haut-parleurs et 35 kilomètres de câble.« Le gros des travaux d’éclairage a été effectué en 2004. L’investissement à la charge de la Ville de Sion pour l’installa-tion d’une régie, pour les projecteurs, le câblage ou l’éclairage de l’Hôtel de Ville et de la rue des Châteaux s’est monté à quelque 4 millions de francs », confirme Judith Mayencourt, chargée de com-munication de la capitale valaisanne.

Sion en lumières coûtant cher, il n’y aura pas de nouveau spectacle cet été, même si l’on ne tire pas complè-tement la prise. L’organisateur pro-pose une reprise des Quatre saisons de Vivaldi, un spectacle déjà présenté en 2009 et 2010 « et qui avait connu un très grand succès », se réjouit Judith Mayencourt. Dès le 19 juillet, du jeudi au samedi soir, c’est donc la version du violoniste Giuliano Carmignola avec le Venice Baroque Orchestra que l’on entendra, exhumée des archives avec les projections lumineuses qui collent aux sons.

Dans Le Nouvelliste (2.10.17), Philippe Varone, président de la Ville de Sion, avançait : « Il n’y aura pas de nouvelle création mais un show sera en principe proposé parmi ceux qui ont déjà été dif-fusés. C’est un peu comme un jukebox, il suffit de changer le disque. » Bien sûr, ça permet de ressortir les anciens enre-gistrements, même si ledit jukebox ne comporte que sept disques. Tant pis pour les Sédunois qui ont déjà goûté

EN VEILLEUSE L’installation technique qui illumine les châteaux de Valère et Tourbillon durant l’été vieillit. L’organisateur, la Ville de Sion, ne reprend plus que des spectacles anciens.

Ombres sur « Sion en lumières »

aux Quatre saisons et qui risquent fort de se lasser de spectacles en conserve.Le problème, pour certains, c’est qu’Energies Sion Région (ESR) a repris en main la gestion de l’installa-tion technique en 2015. Le champion de l’énergie n’aurait pas les connais-sances techniques et encore moins le sens artistique, pestent d’autres. Pourtant, le matériel était prévu pour durer jusqu’en 2025.

Alors, tous ces bons millions parti-ront-ils à la poubelle ? A lire certains commentaires politiques, genre : « vous comprenez, la technologie a évolué », oui il le faudrait. D’ailleurs, les mauvais esprits qui rôdent au pied de Valère et Tourbillon soup-çonnent ESR de vouloir se débarras-ser de l’installation. « Mais aucune échéance n’a été fixée pour le rem-placement de cet éclairage, qui est en effet vieillissant », constate Judith Mayencourt.

Aux nombreuses questions de Vigousse sur l’avenir de Sion en lumières, l’ESR, dans un brillant copier-coller, a systématiquement répondu : « Merci de vous adresser à la Ville de Sion ou à la commission ad hoc. » Et là, ça carbure fort : « La Ville de Sion mène une réflexion glo-bale – énergétique et scénographique – sur l’éclairage de ses bâtiments his-toriques. L’éclairage des châteaux est bien sûr englobé dans cette réflexion. Le Conseil municipal devrait se pro-noncer cette année encore sur un nouveau concept », lance Judith Mayencourt.Pour que Galère et Trublion conti-nuent de recevoir un peu de jus, sans doute. Jean-Luc Wenger

La compagnie ferroviaire BLS aime-rait, après avoir fait du trafic grandes lignes de 1913 à 2004, reprendre ce type d’activité sur trois parcours. Son souhait repose sur l’idée que le monde du chemin de fer doit aussi s’ouvrir à la concurrence. Ainsi les commanditaires de prestations que sont la Confédération et les cantons pourraient choisir l’entreprise qui propose la meilleure offre au niveau des horaires, des tarifs, de la qualité et de la sécurité. Les CFF veulent garder la concession pour eux tout seuls sur les grandes lignes. L’Office fédéral des transports doit trancher et c’est assez cocasse de remarquer que l’organe qui doit décider est en

fait, par l’entité qu’il représente, pro-priétaire à 100 % des CFF. Ceux-ci engrangent 4,28 milliards de francs de produit du trafic et transportent 460 millions de voyageurs par année contre 458,4 millions de francs et 60 millions de voyageurs pour BLS.

Le président de la direction de BLS, Bernard Guillelmon, reconnaît que « la concurrence n’a de sens que si elle améliore tout le système et fait avancer les transports publics suisses ». Il a rai-son. De leur côté, les syndicats SEV et USS mettent en garde contre la pri-vatisation du réseau helvétique. On peine toutefois à voir le danger. BLS n’est pas une entreprise capitaliste

comme Nestlé ou Tamedia qui cherchent la maximisation du pro-fit. Les actions de BLS ne sont qu’à hauteur de 4,65 % en mains privées. Le solde étant détenu pour 55,75 % par le Canton de Berne, 17,24 % par la Confédération, et le reste par d’autres collectivités. Parler dans ce cas de privatisation tient lieu d’abus de langage. BLS comme les CFF sont des entreprises publiques. Quant à savoir ce qu’apporte cette concur-rence aux usagers, il est difficile de le percevoir. Nous n’allons pas choisir telle compagnie ou tel tron-çon parce que certains wagons nous plaisent davantage que d’autres. Les 250 entreprises de transport en

Suisse ont un système unique en Europe qui s’appelle Service Direct et qui fonctionne comme une com-munauté tarifaire nationale. C’est ce qui nous permet de voyager d’un bout à l’autre du pays avec un seul titre de transport. Nous n’avons pas à nous préoccuper de la clé de répartition des recettes entre les dif-férentes entreprises qui nous véhi-culent. Service Direct s’en charge. Et ça marche, les trains « concurrents » sont à l’heure et récupèrent leur dû.

André Draguignan*

* Chef d’entreprise connu de la rédaction

Dur d’oseille

Le train-train des CFF

Yann Lambiel, Frédéric Recrosio, Nathanaël Rochat, Sandrine Viglino, Marc Aymon, Chris Maldah, Mize, Sajadi, Barrigue, Flutsch et toute l’équipe de VigousseEntrée : CHF 80.– Réservations sur vigousse.ch Infos au 021 612 02 50

VIGOUSSE TOUJOURS !

5 JUIN 2018Casino de Montbenon Salle des Fêtes Lausanne, 19h

Soirée de soutien au petit satirique romand

On rit, on chante, on dessine

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Vigousse vendredi 4 mai 2018 Vigousse vendredi 4 mai 2018

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S Q U E L L E S E M A I N E !8 9

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UN SIÈCLE ET DEMI D’EXISTENCE, ÇA SE FÊTE!

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Le Courrier fête ses 150 ans l’esprit alerte et la plume affûtée. À l’heure où la presse traverse d’immenses chamboulements, un tel anniversaire est moins l’occasion de s’autocélébrer que de réaffirmer l’importance de médias diversifiés, vivants et engagés. Alors que d’autres ont disparu, fusionné ou subi d’injustes plans de restructuration, Le Courrier est toujours là, bien vivant!

Sur 100 pages au format magazine, et richement illustrée d’images d’archives, cette publication spéciale anniversaire retrace le chemin parcouru, du journal catholique conservateur au média progressiste et humaniste d’aujourd’hui, sans oublier les thèmes qui font le cœur de ce quotidien engagé et indépendant.

Dieu a crée la femme avec une bonne grosse paire de seins qui, biologique-ment, lui sert à trouver un mari, à grader dans son entreprise et, le cas échéant, à vendre des yaourts allégés et des aspirateurs. Pourtant, force est de constater qu’une part non négli-geable de représentantes du beau sexe en font un usage détourné. Ainsi, il n’est pas rare de voir certaines d’entre elles se servir de ces appendices pour nourrir leur enfant, et en public qui plus est ! C’est sale, immoral et contraire au bon sens. Sans compter encore que c’est une forme de mal-traitance trop souvent tue. Nul besoin de s’attarder très longtemps sur une scène de ce type pour mesurer la souf-france de l’enfant. Il tourne la tête, pleure et se convulse. Ce n’est bien souvent qu’au bénéfice d’un geste ferme et autoritaire que la génitrice en arrive à ses fins.

La presse de cette semaine se faisait l’écho du sujet qui occupe le législa-tif lausannois depuis quelques jours, à savoir l’allaitement dans l’espace public. Des femmes issues des par-tis de gauche prétendent porter la voix des mères lausannoises pour lesquelles cet exercice serait « un véritable chemin de croix », d’après

les termes de 24 heures. Encore heu-reux ! Il ne manquerait plus que ça ! Est-ce que les pédophiles se plaignent, eux, que la police et la justice entravent leur recherche d’un coup d’un soir ? Toute honte bue, les élues préconisent l’élaboration d’un « réseau d’établissements volon-taires » acceptant de mettre à dispo-sition des espaces. Et gracieusement, encore ! Une démarche qui prouve que cette pratique s’apparente à une déviance : à l’instar des toxicomanes qui bénéficient de locaux d’injection, les déviantes réclament leurs propres espaces, les locaux de lactation.

A l’échelle du canton de Vaud, ces perverses étaient déjà parvenues à porter leurs revendications jusqu’aux hautes sphères politiques puisque, depuis 2014, une loi vise non seu-lement à protéger, mais à encoura-ger les travailleuses qui allaitent ! En effet, ladite loi prévoit de « rémuné-rer les pauses allaitement ». C’est un comble ! Vu l’absurdité de ladite loi, les entreprises font évidemment tout leur possible pour ne pas l’appliquer. C’était sans compter sur la socialiste Carine Carvalho, qui vient de déposer un postulat invitant le Conseil d’Etat à garantir sa mise en œuvre.

Au Chili, la pratique abjecte est vigou-reusement combattue dans l’espace public. Mandatée par les déviantes, une agence de communication locale vient de lancer une campagne choc. « Lactancia Libre », c’est son nom, montre une femme allaitant son bébé dans un club de striptease, où il est convenable qu’une femme exhibe ses seins. Assimiler l’instinct le plus naturel de la femme – montrer ses seins pour de l’argent – à cette abjec-tion qui consiste à étouffer un nou-veau-né avec ses mamelles, mais où s’arrêteront-elles ?

Le pape François, bien trop pieux pour saisir ce qu’il y a d’obscène à être entouré de seins, a récemment encouragé les femmes à allaiter en public. Il a même poussé le déni

Pluie d’obus sur LausanneTÉTÉE OÙ ? Le législatif lausannois semble avoir perdu tout sens commun. A en croire la presse romande, l’unique séance d’avril du Conseil communal aurait en effet porté sur la possibilité pour les femmes de s’adonner à l’exhibitionnisme et à la pédophilie sur la place publique. Le terme d’« allaitement urbain » ne trompe personne.

jusqu’à assimiler ce geste à un « mes-sage d’amour ». On connaît la man-suétude de l’Eglise à l’égard des pra-tiques contre-nature incluant des enfants mais là, c’est l’apothéose !Reste que dans cette sordide affaire personne ne s’inquiète des victimes de cette pratique barbare, à savoir les bambins, qui ne sont autres que les hommes et les femmes de demain. Comment concevoir que ceux-ci développent à l’égard du corps fémi-nin un rapport sain et harmonieux quand, dès la naissance, celui-ci lui est imposé de manière si violente et intrusive ? On ne peut que donner rai-son au moraliste Nicolas de Chamfort qui, au XVIIIe siècle déjà, prononçait ces mots lourds de sens : « On ne peut pas être et avoir tété. » Séverine André

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Vigousse vendredi 4 mai 2018 Vigousse vendredi 4 mai 2018

L E F I N M O T D E L ’ H I S T O I R EB I E N P R O F O N D D A N S L ’ A C T U

LES MÉCONTENTS DE LEUR SORT DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : suite à l’attentat commis par un célibataire involontaire au Canada, j’énumère les autres involontaires dangereux qui nous menacent.

Avec l’attentat de Toronto du 23 avril à la voiture bélier qui a fait dix morts, le monde médusé a découvert le mou-vement des « incels », pour « céliba-taires involontaires », dont le tueur se réclame. Ces hommes frustrés qui crachent leur haine des femmes sur le web sont persuadés que leur célibat est entièrement dû à la gent féminine. Ils estiment également que le sexe est un droit fondamental qui leur est dénié par ces sales gonzesses malveil-lantes. Les incels ne sont que le som-met de l’iceberg des personnes qui subissent involontairement un sort funeste et qui envisagent de s’en ven-ger sur les autres. Passons en revue les plus terrifiants.

Les incouples. Exacts opposés des incels, les incouples sont involontai-rement en couple alors qu’ils aspirent au célibat. Pour eux, l’asexualité est un droit fondamental et ils accusent ces sales gonzesses malveillantes de les obliger à avoir des rapports intimes dont ils se passeraient bien. Manipulés, maltraités, contraints

Pitc

h

de partager un appartement avec une femme, les incouples sont des bombes prêtes à exploser.

Les inplombs. Sous ce terme, on trouve les plombiers involontaires, qui n’ont jamais choisi ce métier dégradant qui les force à installer des baignoires et déboucher des tuyaux. Ils aspiraient à devenir médecins, boulangers ou politiciens, mais de scandaleux concours de circonstance les ont menés vers la plomberie.

Les inflûts. Ou flûtistes involon-taires. Ils rêvaient de jouer du piano ou du violon, mais ils ont fini à la flûte traversière pour des raisons diverses et compliquées. Les inflûts sèment la terreur dans les orchestres symphoniques : personne ne veut s’asseoir à côté d’eux en raison de leur instabilité. Plus d’une fois des mélomanes ont été témoins du triste spectacle d’un inflût qui en plein concert se lève pour défon-cer le crâne de ses voisins avec son instrument.

Les infoots. Ces footballeurs professionnels involontaires avaient d’autres ambitions dans la vie. Souvent, il s’agit d’intel-lectuels ou d’artistes paresseux qui n’ont pas réussi leurs études et ont atterri un peu par hasard dans le monde sportif. Côtoyer des abru-tis à longueur de journée les rend marteaux et il n’est pas rare qu’ils interrompent un match crucial pour déclamer des vers, peindre un tableau ou poser les bases d’une nou-velle philosophie sous les quolibets des supporters.

Les inhumos. Ces humoristes invo-lontaires détestent rire et faire rire. Mais dès qu’ils ouvrent la bouche tout le monde se bidonne autour d’eux, alors qu’ils ne veulent qu’une seule chose : qu’on les prenne au sérieux. Souvent forcés de gagner leur vie

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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J’ai vu que vous aviez annoncé votre présence au Grütli pour le 1er Août, Alain. Oui, chef.

Ça va être super !

Vous croyez ? Il y a un début de polémique, pourtant.

Une polémique ? Vous voulez parler

de Bertrand Cantat ?

Hein ? Je ne sais pas qui c’est. Je veux parler de l’extrême droite qui menace de venir manifester.

Pourquoi ? La programmation ne leur plaît pas ?

Ils n’aiment pas trop les discours des socialistes dans un haut lieu du patriotisme.

Un discours ? De qui ?

Mais de vous, pardi !

Ah non, je n’ai pas du tout l’intention de

m’exprimer. Je laisse ça aux artistes.

Des artistes ? Alain, je crains que vous ne confondiez le Grütli avec le Gurten.

Et si jamais vous y voyez des mastards au crâne rasé armés de battes de baseball et de chaînes de vélo, ne vous inquiétez pas : ce sont des fans de « Mad Max ».

Mmh… Oui, c’est ça.

Ah oui, c’est ça, le Gurten ! Je me trompe toujours.

C’est quoi comme festival, le Grütli,

déjà ? Du cinéma ?

dans le stand-up ou les vaudevilles, les inhumos deviennent aigris, ce qui les rend encore plus drôles.

Les infous. Personnes souffrant de troubles mentaux involontaires, les infous subissent une grande souf-france. Ce n’est pas que, comme les autres fous, ils nient êtres fous. Les infous sont parfaitement conscients d’être fous. Leur problème est qu’ils sont fous sans l’avoir voulu, ce qui est bien différent. Pour l’instant, faute d’une meilleure solution, les infous restent enfermés avec les fous normaux. Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

Vous permettrez, chère Kate, qu’à l’instar des 65 millions d’habi-tants qui peuplent le Royaume-Uni on vous appelle Kate. C’est infiniment plus pratique que Son Altesse royale Catherine Elizabeth, duchesse de Cambridge, comtesse de Strathearn, baronne Carrickfergus, et cela nous per-mettra d’aller à l’essentiel : ces 6 heures et 51 minutes qui se sont écoulées entre le moment où vous avez donné naissance à votre troi-sième enfant et celui où, aussi éclatante de beauté qu’une rose Tudor, vous vous êtes présentée, 3,8 kilos de « royal baby » dans les bras, sur le perron de Lindo Wing, la luxueuse clinique où vous veniez d’accoucher. Aussitôt relayées par toutes les chaînes de télévision, ces images ont bien sûr fait le tour du monde. Nombre de vos sujets s’en sont émus et n’ont pas manqué de rele-ver votre admirable empressement à vouloir quitter les lieux pour rejoindre votre modeste résidence de Kensington Palace.Il s’est pourtant trouvé des esprits chagrins pour minimi-ser ce que les tabloïdes britan-niques ont qualifié de « bel exemple pour toutes les futures mères ». Le genre : « Rien de plus fastoche quand l’accouchement a mobilisé plus de vingt personnes, dont deux gynécologues, une demi-douzaine de sages-femmes, un coiffeur, un couturier-retoucheur et une maquilleuse ». Et d’ajouter, perfi-die ultime, que « toutes les femmes du monde ne bénéficient pas de pareilles conditions ».Et puis quoi encore ? Autant inter-dire dès aujourd’hui aux jeunes filles en fleur de rêver au prince charmant…

Roger Jaunin

A KateMère au foyer

LE COURRIER DU CHIEUR

68, mais 68Mai 68 : ce mois-là en France, la rébellion prenait fin. Partie d’un amphi de la capitale au cours du mois de mars, la chienlit n’avait duré que six ou sept semaines. En mai, finie la rigolade : les fauteurs de trouble étaient matés et l’ordre était rétabli.« Qu’est-ce que c’est encore que ces âneries ? », demanderont les rares personnes à n’avoir pas saisi qu’on parle ici de mai 68, non de mai 1968. On leur répondra poliment « fermez-la, bande de crétins ! Vous ne voyez pas que vos interventions débiles coupent le fil du texte et bouffent de la place pour rien ? Vous croyez peut-être qu’il y en a trop, de la place, dans une chronique limitée à 3820 caractères espaces compris ? Vous pensez vraiment qu’on a envie d’en meubler une portion en stupi-dités hors-sujet ? Il s’agit de mai 68, donc mai de l’année 68 après que le petit Jésus eut adopté le régime sans placenta, pas de mai 1968 ! Apprenez donc à lire au lieu de la ramener à tout bout de champ ! »C’est vrai, quoi.

L’amphi, c’était l’amphithéâtre du sanctuaire fédéral de Lugdunum (Lyon, France), qui était la capitale des Gaules (France, France). Tous les ans, ledit amphithéâtre accueil-lait les délégués des peuples gaulois intégrés à l’Empire romain. Ils s’y réunissaient pour célébrer le culte officiel de Rome et de l’empereur, débattre de problèmes d’intérêt com-mun, passer en revue les affaires cou-rantes, écumer les lieux de débauche locaux, se saoûler comme des cochons et se dévergonder comme des porcs avec des créatures faciles

et disponibles à cet effet. Bref, le pro-gramme usuel des congrès, sommets et conférences.

En mars 68 donc, un nommé Caius Julius Vindex, descendant d’aristo-crates celtes et citoyen romain natu-ralisé de la troisième ou quatrième génération, bombardé gouverneur de la province de Lyonnaise, avait convoqué l’assemblée des délégués. Très remonté, il leur débita une dia-tribe virulente contre l’empereur, un individu certes controversé qui régnait depuis quatorze ans sous le surnom de Nero. Révélons-le sans prolonger un douloureux suspense : il s’agissait de Néron.Vindex lui reprochait d’avoir fait assassiner bon nombre de gens dont sa mère, de financer ses folies person-nelles avec les impôts des provinces, de délaisser ses fonctions pour se répandre en pitreries scéniques et s’anonchalir dans la débauche. Au prétexte de ces peccadilles, Vindex appela les délégués des peuples

gaulois au soulèvement. Carrément. « Levez-vous donc enfin, secourez-vous vous-mêmes, secourez les Romains et délivrez l’univers entier ! », gueula-t-il.Si toute la Gaule ne s’y rallia pas, la sédition n’en créa pas moins une mauvaise ambiance qui sentait fort le coup d’Etat. Ce qui poussa des militaires romains cantonnés en Germanie à faire du zèle répressif : ils marchèrent sur la ville rebelle de Vesontio (Besançon, France) et l’as-siégèrent. Ayant levé des troupes, Vindex fonça à sa rescousse. Suivirent des conciliabules et même les pré-mices d’un accord, que la nervosité des soldats romains réduisit à néant : en mai 68, ils chargèrent brutalement les insurgés, faisant 20 000 morts selon les organisateurs. Les CRS d’alors ne plaisantaient pas. Dépité, Vindex se suicida sur le champ. En mai 68 donc, l’insurrection était finie ainsi qu’on l’a dit dès le début, ce qui fait bien plaisir.N’empêche : paniqué par les évé-nements, Néron lança à Rome une purge si sanguinaire qu’il fut desti-tué et condamné à mort. Acculé, il se supprima le 9 juin 68, mettant fin à toute une dynastie.

On en déduit qu’une brève rébellion avortée peut tout de même appor-ter des changements positifs. Avant mai 68, les turpitudes de Néron. Avant mai 1968, le règne d’une morale pudibonde et rigide qui, rap-pelons-le, condamnait jusqu’au fait de vivre « à la colle ». C’est dire si les mouvements de révolte, même éphémères, méritent qu’on y adhère.

Laurent Flutsch

Fig. 1. La tête de l’Etat.

Le strip de Vincent

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« Incel » être vous manque

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Vigousse vendredi 4 mai 2018 Vigousse vendredi 4 mai 2018

C U L T U R EC U L T U R E

Immense humoriste britannique, notamment inspirateur des Monty Python, Spike Milligan est malheu-reusement peu traduit en français. Wombat y remédie en s’attelant à la publication de ses mémoires de guerre dont voici le tome 2, qui contrairement au premier n’avait encore jamais été traduit. Nous avions laissé l’artilleur Milligan en 1943 à son arrivée en Algérie, après plusieurs années de for-mation en Grande-Bretagne. Le voici qui subit son baptême du feu contre l’Afrikakorps de Rommel.

Milligan pratique un mélange des genres assez étrange. Sur une base historique solidement documentée (outre son journal, il dispose de la correspondance de nombreux soldats ainsi que du journal de son bataillon), il pimente les faits d’anecdotes mar-rantes ou retranscrit les dialogues à la manière d’une comédie militaire, comme si, dans le feu de l’action, tous ces soldats avaient été capables des saillies les plus savoureuses. Difficile donc de dire ce qui est réel et ce qui bénéficie d’une reconstruction a pos-teriori de l’humoriste.Ce tiraillement entre document et fic-tion est également présent dans l’ico-nographie. Milligan dessine des gags

ou détourne des illustrations de la guerre des Boers avec des légendes fantaisistes, mais il fournit aussi de véritables photos prises à l’époque par ses camarades ainsi que des cro-quis des positions des troupes durant certaines batailles. Il passe de même de l’humour le plus débridé à la gravité lorsque meurent des amis ou à l’hor-reur lorsqu’il décrit ses cauchemars. Le tout sans aucune transition, parfois même sans changer de paragraphe.Si l’on peut reprocher quelque chose au livre, c’est d’être particulièrement décousu. Milligan égrène ses souve-nirs sans se soucier plus que ça de la construction du récit. Cela n’en constitue pas moins un témoignage très original sur la Deuxième Guerre mondiale, car l’auteur passe autant de temps à décrire les combats que la vie quotidienne des troufions. En ce sens, on pourrait rapprocher Opération Renard du désert de la BD La Guerre d’Alan d’Emmanuel Guibert, qui met-tait en images les souvenirs d’un GI qui avait raté presque tous les com-bats, ou d’Un balcon en forêt de Julien Gracq. Loin de l’aventure héroïque, ce genre d’histoires donne un aperçu de la nature d’une guerre sur la longueur, avec l’ennui et l’attente comme ingré-dients principaux.

Des bouquins

La guerre de Spike

Ce qui est certain, c’est qu’il n’existe pas beaucoup de souvenirs de guerre qui permettent de lire sur une page des vulgarités comme celles-ci : « Une heure plus tard, nous étions couchés et écoutions les exploits du conduc-teur ‘Débouchoir’ Bailey. ‘Débouchoir’ parce qu’il avait une bite de la taille et de la forme d’un débouchoir à évier. » Puis quelques pages plus loin de déguster des considérations poétiques comme celles-là : « Je me retrouvai seul dans un trou en Afrique. A ce moment précis, parmi les nations en guerre, il y avait littéralement des centaines de milliers de petits bonshommes plantés dans des trous, en France, en Allemagne, en Pologne, en Russie. Nous devions avoir l’air d’une belle bande d’idiots ! » Stéphane Babey

Opération Renard du désert, Spike Milligan, Nouvelles Editions Wombat, 256 pages.

C’EST RAPÉ Le collectif République Atypique est de retour avec une drôle de créature hybride, l’OpéRap, un opéra rap baptisé Les Machinistes du fantasme. Et de quoi, par exemple, peut traiter un opéra rap, s’il vous plaît ? D’« un ouvrier industriel qui voudrait poétiser les rouages ». Un peu comme Charlie Chaplin. D’« un scientifique futuriste qui voudrait se rendre immortel ». Un peu comme Elon Musk. Et un spectacle qui parle à la fois de Charlie Chaplin et d’Elon Musk, ça ne se refuse pas ! Au Centre de culture ABC de La Chaux-de-fonds jusqu’au 6 mai, www.abc-culture.ch

GRAND BAIN Jusqu’au 23 mai, l’exposition Arrêtez de m’émouvoir avec toute cette eau est présentée à la galerie Act-Art à Genève. L’artiste André André tentera le pari fou de nous émouvoir avec très peu d’eau. Les plus grands s’y sont cassé les dents. www.act-art.ch

DEMI-TONS La galerie YD, dans le cœur de Neuchâtel, déroule des expositions et organise des concerts de jazz. C’est le cas ce vendredi 4 mai avec le Chromatic Trio. Autour des compositions de la pianiste Mélusine Chappuis, Fabian Kraus à la basse et Xavier Almeida à la batterie assurent une rythmique sensible. www.galerieyd.ch et www.soundcloud.com/chromatic-trio

CHOSE PUBLIQUE Envie d’entrer dans un atelier d’artiste sans risquer une condamnation pour effraction ? C’est chose possible les 5 et 6 mai puisque 73 créateurs ouvrent leur porte au public pour partager avec lui ses créations et, dans le meilleur des cas, un morceau de cake. Aperti, à Lausanne et environs, www.aperti.ch

MINÉRAL La galerie La Briande à Reverolle, au-dessus de Morges, expose les œuvres de deux femmes ayant passé leur enfance dans ce petit village. La peintre Julia Tschanz y montre ses toiles « d’où la lumière des couleurs éclate entre les ombres ». La photographe Aline Henchoz, elle, met en avant les traces laissées par les bisses dans le paysage valaisan. www.alinehenchoz.ch et www.julia-tschanz.squarespace.com

BROUILLON DE CULTURE

Des védés

Money Money Monnaie !

Pour ceux qui sont angoissés. Habile à noyer le poisson, son père papil-lonne d’une femme à l’autre, sa der-nière compagne a donc des cornes. Sa sœur se balade constamment avec une peau d’ours sur le dos. Son frère a le cuir épais, mais il en avale des couleuvres. Ce n’est plus une famille, c’est une ménagerie. Allez vous étonner après cela qu’elle s’oc-cupe… d’un zoo ! Lequel bat de l’aile. De cette famille, de ces cages, Gaspard, malin comme un singe, s’en est éloigné depuis longtemps, mais là, à l’occasion du remariage de son père, il se jette une nouvelle fois dans la gueule du loup. En che-min, il a croisé Laura. Elle est fraîche,

un brin candide, passablement fan-tasque. Pas le mauvais cheval. Alors Gaspard, tout en la dévorant des yeux, l’engage pour jouer sa petite amie le temps de cette drôle de réunion fami-liale. A part la sœur, qui lui vole dans les plumes et l’envoie nourrir les vau-tours, cela ne va pas se passer si mal que ça… Nul besoin de chercher la petite bête, Gaspard va au mariage est une comédie atypique, à l’entrain communicatif, qui a du caractère. Y souffle une petite brise de douce folie bien agréable.

Pour ceux qui sont terrorisés. 1976. Le vol Air France Tel Aviv-Paris a embarqué quatre passagers imprévus,

À VOUS DE VOIR Grâce à Gaspard va au mariage, la comédie française sort enfin de sa cage, avec Otages à Entebbe, il y a du micmac sur le tarmac et, dans Action ou vérité, le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Des films

Tours, détours et vautours

Un spectacle

Exercices imposés

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POSSIBILITÉ DE BILLET COMBINÉ AVEC LA GROTTE AUX FÉES

20 AVRIL AU 11 NOVEMBRE 2018S T - M A U R I C E - V A L A I S

Mardi au samedi de 13h30 à 18h, dimanche de 11h à 17h.

L’avantage, avec les classiques, c’est que cela vous permet de limiter au maximum les risques d’erreur. Prenons, pour l’exemple, la saucisse aux choux-papet de poireaux dans ce bon vieux Pays de Vaud, la lon-geole à l’abri du jet d’eau, ou encore la fondue pur vacherin chez nos amis dzodzets : les convives se régalent et, de plus, ça marche à tous les coups. C’est sans doute ce qu’on dû se dire nos deux Dicodeurs que sont Kaya Güner et Frédéric Gérard, lesquels s’apprêtent à remettre à l’affiche

deux révolution-naires allemands et deux membres du Front populaire de libération de la Palestine. Armés, de flingues et d’idéaux, ils détournent l’avion sur Entebbe, en Ouganda, chez ce « fou » d’Idi Amin Dada. Inflexible, Israël prépare un raid. De ces jours agités, José Padilha, cinéaste sans zèle, tire un film qui manque de ten-sion, même s’il reste intéressant psy-chologiquement, historiquement et politiquement.

Pour ceux qui sont paniqués. La mort a plus d’un mauvais tour dans

son sac. Action ou vérité joue la carte de l’horreur pour ados accros aux réseaux sociaux. Vérité ? Si vous avez plus de 15-16 ans, ce n’est pas la peine… Action ? Refaites-vous plutôt un petit Destination finale en DVD !

Bertrand Lesarmes

Gaspard va au mariage d’Anthony Cordier (1 h 43) ; Otages à Entebbe de José Padilha (1 h 47) ; Action ou vérité de Jeff Wadlow (1 h 40). Tous en salle.

Raymond Chandler est l’un des grands auteurs de polars, c’est indéniable. Son héros, le coriace et acariâtre détective Philip Marlowe, a été immortalisé par Humphrey Bogart dans Le Grand Sommeil et a durablement influencé le genre. Seul problème, personne ne comprend jamais rien aux intrigues ! La complication extrême des histoires et le dédain presque suicidaire de l’auteur pour leur résolution peuvent en décourager certains. C’est donc un régal de retrouver une enquête dans laquelle la trame paraît à peu près maîtrisée. On se contrefout de savoir pourquoi une pièce de monnaie très rare a été volée mais, pour le reste, il y a un héros viril, une femme fatale du meilleur tonneau, des meurtres sordides, un château gothique et des tonnes de méchants dans un noir-blanc impecc’ ! 

Mais c’est dans les perles d’un dialogue au cynisme glacial qu’on reconnaît l’auteur. Sa méchanceté légendaire envers l’entièreté de ses personnages paraît toujours incroyablement moderne aujourd’hui.   Michael Frei, Karloff, films culte, rares et classiques, Lausanne

La Pièce maudite, John Brahm, 1947, Rimini, Vost, DVD, 75 min.

Les Exercices de style inspirés de Raymond Queneau et depuis plus de dix ans devenus chers à La Première.

Petit rappel : « Il est midi, un homme moustachu entre dans l’allée de son immeuble. Il ouvre sa boîte aux lettres, il n’y a pas de courrier, juste de la publicité. En allant prendre l’as-censeur il croise Cécile, la femme du deuxième… » Le jeu, dès lors, consiste à reprendre à l’infini cette même histoire avec, pour compli-quer l’affaire, l’obligation d’intégrer chaque version dans un genre stylis-tique bien particulier.Là, en compagnie de Laura Chaignat et de Julien Opoix, ils seront quatre sur scène. Et nous promettent une bonne quarantaine de sketches. Ça promet ! Roger Jaunin

Les Exercices de style des Dicodeurs (RTS). Au Théâtre Boulimie, Lausanne. Du 9 mai au 2 juin. Réservations sur www.theatreboulimie.ch ou par téléphone au 021 312 97 00.

Bénédicte, Caro & CocoDes filles Vigousse qui en ont dans le crayonMaison du Dessin de PresseRue Louis-de-Savoie 39 – MorgesJusqu’au 20 mai/Entrée libreHoraires sur www.maisondudessindepresse.ch

Autour de l’exposition5 mai (11 h) – Visite guidée de l’exposition avec Caro17 mai (18-22 h) – Dans le cadre de A voir un soir à Morges : rencontre avec les dessinateurs et les chroniqueurs de Vigousse.

Rue Louis de Savoie 391110 Morges, Suisse

Mer-VenSamediDimanche

14h-18h10h-18h14h-18h

Entrée libreOuvert pendantles jours fériés

MORGES, DU 8 MARS AU 20 MAI 2018

mddp.ch

DES FILLESQUI EN ONT DANS LE CRAYON

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Vigousse vendredi 4 mai 2018 Vigousse vendredi 4 mai 2018

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Sebastian DieguezMAGLE CAHIER DES SPORTS

R E B U T S D E P R E S S E14

SKETBALL : Bientôt dans le domaine public, le nom « Magic Johnson » pourra être utilisé par un autre joueur – RUSSIE : Aucun problème de circulation à

VOIX OFF

« Françaises, Français : si vous ne remplissez

pas mes objectifs, je vais devoir vous virer. »

TRIOMPHE

« Mettre devant le fait accompli » élu meilleure stratégie de tous les tempsLe Collège du Génie Stratégique vient d’attribuer le titre de meilleure stratégie de tous les temps, tous domaines confondus. Le grand vainqueur, annonce un communiqué de presse paru ce matin, n’est autre que « mettre devant le fait accompli ». « C’est à notre connaissance la seule stratégie qui a marché à tous les coups depuis les débuts de l’humanité, et nous avons pensé que ça méritait quand même une

sorte de consécration, ce n’est pas rien tout de même », a expliqué le jury composé de militaires, d’entrepreneurs, de politiciens, d’artistes et de criminels, qui ne compte cependant pas s’expliquer

davantage sur cette décision. Preuve

supplémentaire, de fait, que « mettre

devant le fait accompli » est bien une stratégie brillante, et que même s’il se trouve que ce n’est pas la meilleure de tous les temps, eh bien tant pis, c’est comme ça et puis voilà.

FAIL !

Ces prédictions qui ridiculisent leurs auteursOn a beau être un innovateur de génie, parfois on ferait mieux de ne pas se risquer au jeu des prédictions ! Combien, en effet, n’ont pas su anticiper l’avenir, malgré leur indéniable intelligence ? Petit florilège de quelques prophéties manquées.

DÉCOUVERTE

Un stock de plus d’un milliard de capuchons de clés USB a été retrouvéC’est un des plus grands mystères de l’histoire moderne qui vient d’être élucidé. Un homme vient en effet d’être arrêté pour le vol de centaines de millions de capuchons de clés USB, suite à la découverte de son impressionnant stock. C’était lui qui les volait depuis plus de vingt ans. Sommé de s’expliquer, l’individu a même piteusement avoué : « Oui ! Oui c’est moi le gars qui vole les capuchons de clés USB ! Et j’en suis fier ! Essayez seulement de retrouver le vôtre dans le tas maintenant, ah ah ah ! » Visiblement dérangé, l’homme est actuellement sous observation médicale. Les capuchons de clés USB seront remis individuellement à leurs possesseurs sur présentation d’une preuve d’achat, ont annoncé les autorités compétentes.

FONDS DE TIROIR

Alerte Fathi Derder serait introuvable depuis qu’il a tenté de quitter sa zone de confort pour quelques secondes.

Presse Le quotidien Le Temps envisage de lancer une nouvelle opération spéciale qui consistera à payer des professionnels pour conduire des enquêtes et ensuite les rédiger sur des feuilles en papier.

Démocratie Les Suisses devront se prononcer sur le principe d’indétermination de Quine, l’initiative populaire proposée par un groupe de métaphysiciens ayant obtenu le nombre de signatures nécessaires.

« Les partouzes de vieux nains unijambistes dans la boue sur Internet, ça n’existera jamais ! »

Alan Turing, le génial mathématicien anglais dont on dit qu’il a inventé l’ordinateur, doit aujourd’hui se retourner dans sa tombe pour avoir dit une sottise pareille ! La seule existence du site www.partouzesdevieuxnainsunijambistesdanslaboue.com suffit à lui donner tort.

« Ces ‘paires de ciseaux’, je n’y crois pas une seule seconde ! Les dents permettent déjà de tout découper, et c’est gratuit ! »

Pas de chance pour Léonard de Vinci, par ailleurs considéré comme un grand inventeur. Non seulement le succès des paires de ciseaux n’est aujourd’hui plus à démontrer, mais les gens utilisent de moins en moins leurs dents pour découper des choses !

« Personne n’utilisera jamais ces ‘gants’, c’est physiquement impossible d’introduire ses doigts dans les trous en même temps. »

Alexis de Tocqueville était sans doute un brillant observateur de la vie politique mais, en matière d’innovation vestimentaire, quel nul ! C’est une tendance fâcheuse des grands esprits d’estimer trop compliquée une tâche pour le commun des mortels, au seul motif qu’on manque soi-même de dextérité digitale.

« L’homéopathie n’est hélas qu’une mode passagère, à cause de l’éducation les gens ne seront bientôt plus assez stupides pour croire à cette connerie. »

Même Samuel Hahnemann, l’inventeur de l’homéopathie, n’y croyait pas vraiment ! Et pourtant, aujourd’hui les gens sont bel et bien encore assez stupides pour y croire. Comme quoi il faut parfois avoir confiance en ses idées, même quand elles sont complètement débiles !

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Tourner la page de pubDepuis le 26 avril, c’est la débandade à Publicitas, « publicitaire leader en Suisse » comme l’indique encore aujourd’hui le site internet du groupe. En retard dans les paiements, Publicitas s’est fait lâcher avec effet immédiat par Tamedia, Ringier, la NZZ et tous les Alémaniques. Dans la foulée ou presque, tous les éditeurs romands ont suivi.Si Publicitas s’est déclaré surpris par la rapidité de la rupture, les éditeurs avaient prévu le coup et ont pu sortir des solutions des tiroirs. Puisque, à peine le divorce prononcé, un regroupement des éditeurs sur le marché 

de la publicité naissait à Zurich. Romandie Combi, qui regroupe Le Nouvelliste, La Liberté, ArcInfo, Le Quotidien Jurassien et le Journal du Jura, a également cassé le contrat qui le liait à Publicitas. Depuis le 1er mai, la régie publicitaire des « Welsches » est confiée à Gassmann Media, à Bienne. Le groupe que vient de quitter Marcel Geissbühler pour rejoindre Christoph Blocher.Au rythme où Publicitas plonge, la faillite semble inéluctable. Et ça, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la presse écrite. J.-L. W.

A la fin, ils beurrent tousDeux mois après la sortie du dernier livre de Joël Dicker, les médias découvrent une « coquille » qui brouille la compréhension du dénouement. Avant de l’encenser, il aurait effectivement fallu le lire en entier pour découvrir qu’en page 626, ligne 2, le « maire Brown » aurait dû en fait se lire « maire Gordon », sans quoi on n’y comprenait plus rien. Bah, les détracteurs de l’écrivain genevois peuvent bien ricaner, ce genre d’erreur minuscule est très fréquent dans l’histoire de la littérature. Ainsi, dans la première édition du Meurtre de Roger Ackroyd d’Agatha Christie, on pouvait lire que le coupable était « le lecteur », ce qui en a interloqué plus d’un à l’époque. Enorme bourde également chez Edgar Allan Poe, qui concluait son Double assassinat dans la rue Morgue en révélant que le tueur était un « Orangina ». A la lueur de ces grands prédécesseurs, gageons que notre Noël Dickens national se remettra rapidement de cette simple catamaran. S. D.

Les gazettes rasent gratisMarcel Geissbühler deviendra donc le bras armé et commercial

de Christoph Blocher dans son opération « Je rachète tous les

journaux gratuits de Suisse ». Le Biennois de 54 ans dirigera

le groupe Swiss Regiomedia qui possède déjà 27 journaux et

entend bien croquer GHI à Genève et Lausanne Cités.

Si Geissbühler a refusé de parler au Matin Dimanche (29.4),

Tibère Adler – fossoyeur d’Edipresse – qui l’a connu à l’armée,

est convoqué pour tenter de dresser son portrait. Il estime

que le Biennois n’est pas un politique mais qu’il partage une

« culture du travail » avec Blocher. C’est rassurant !

« Parfait bilingue et connaisseur de la presse romande », écrit

l’hebdomadaire dominical. Pourtant, ceux qui, à Neuchâtel,

ont collaboré avec lui pour des suppléments rédactionnels et

publicitaires (surtout) doutent de son flair journalistique et

encore plus de son art du français.

De Gossau (quelque part dans le canton de Saint-Gall) à

Genève, Blocher promet de ne pas utiliser ses canards comme

supports de propagande politique. D’ailleurs, la publicité –

partisane ou non – dans un tout-ménage n’est pas du ressort

de la rédaction, mais bien de la direction commerciale.

Ça tombe bien.

Bienvenue en Suisse romande, Monsieur Geissbühler. J.-L. W.

CROIRECe 1er mai, 48 concurrents se sont élancés sur les routes du Loiret pour y disputer le 19e championnat de France de cyclisme du clergé. Au menu, 15 km contre la montre le matin, suivi de 12 tours d’un circuit de 5 km l’après-midi. Organisée par – cela ne s’invente pas ! – la Roue Libre de Bénédictine de Saint-Benoît, inscrite au calendrier de la très officielle Fédération française de cyclisme, l’épreuve est « strictement réservée aux catholiques », prêtres, diacres, séminaristes, religieux et religieuses.

Pas de soutanes ni de cornettes, encore moins d’aubes ou autres mitres au départ, mais, comme dans une vraie course, des motards suiveurs, ainsi qu’une centaine de volontaires pour boucler les routes et veiller à la sécurité des coureurs et du public, d’autant plus nombreux chaque année que la presse régionale en fait des tonnes. Au total un budget de quelque 10 000 euros, en partie couvert par une subvention, qualifiée d’« exceptionnelle », de la communauté des communes avoisinantes.

A priori rien que de très normal. Sauf que des voix s’étaient élevées pour demander si une telle épreuve respectait bien le sacro-saint principe de la laïcité, tel que le définit la loi du 9 décembre 1905. Réponse : non ! Adieu ladite subvention, merci aux généreux donateurs et autres grenouilles de bénitier d’y aller de leur poche. Ainsi fut-il et tout alla bien dès lors que, selon la devise des participants, « à vélo on court après une ligne d’arrivée, et dans la vie spirituelle on court après Dieu ».

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

P.-S. : On relèvera qu’à l’inverse du Tour de Romandie qui vient de s’achever les organisateurs n’avaient pas cru bon d’inviter des ribambelles d’enfants à venir découvrir les petits plaisirs de la pédale. C’eut été en effet un peu risqué.

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Vigousse vendredi 4 mai 2018

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« Mai 68 je m’en fous, je préfère mes 69. »

T. Ramadan

Il a dit la semaine prochaine

(ou du moins ça se pourrait bien)

« Autoritarisme, esprit militaire, folie des grandeurs et passéisme » : telles sont les formules par lesquelles Le Matin Dimanche (29.04) résume les critiques qui sont adressées au colo-nel Bergonzoli. En cause, la marche au pas, les refrains martiaux, le salut du drapeau et l’appel en chambre que le directeur de Savatan a inté-grés à la routine des aspirants poli-ciers ; des pratiques jugées ineptes dans le cadre de ladite formation. Conséquence, les compétences acquises par les jeunes diplômés seraient en inadéquation avec les besoins du terrain.

Autre motif de plainte, l’imagina-tion et l’inventivité débordante de Monsieur Bergonzoli en matière de chiffons. Se moquant de l’uniforme réglementaire comme de sa première chemise, le directeur, que certains

surnommeraient « le Karl Lagerfeld du Chablais » n’a de cesse d’inventer des parures pour ses petits protégés.Comme tous les grands noms de la mode, Monsieur Bergonzoli a ses sources d’inspiration. Pour Yves Saint Laurent, c’étaient les peintres, pour Paco Rabanne, le cosmos, pour lui, c’est la gendarmerie française : chacun ses références, loin de nous l’idée de juger. Décrypté par le journal domi-nical, le processus créatif qui habite le caporal le pousse à imaginer des accessoires et des badges pour subli-mer le corps et l’esprit de corps des jeunes aspirants : il imagine une cas-quette, une ceinture, un ceinturon, une paire de gants, des bottes de gre-nadier ainsi que divers logos inspirés de différents corps de police, de gen-darmerie ou même de l’armée. Seul problème, l’institution, qui n’est pas habituée à tant de fantaisie. Le fait

qu’il fasse référence à des instances qui n’existent pas, comme « la gen-darmerie suisse » ou la « police suisse » heurte ces esprits étriqués.

Comme tous les précurseurs, Bergonzoli est un incompris. Il faut dire que la vie n’a pas été tendre avec lui. Après avoir été bombardé chef de l’équipe privée de sécurité de l’ambassade de Suisse en pleine guerre civile au Liban à tout juste 24 ans, l’homme est balloté de droite à droite, dans le public, dans le privé, au point qu’il ne sait plus où il habite. Pour lui, la direction de l’Académie de Savatan correspond à une mise au placard. Ne lui restait que deux choix : se donner la mort par inges-tion de naphtaline ou transformer les vieilles nippes de la police en habits de scène. De scène de crime, il va sans dire. Séverine André

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Alain Bergonzoli, un esprit sain dans un esprit de corps malsainPOLICE REMONTÉE Directeur de l’école de police de Savatan, le colonel Alain Bergonzoli essuie depuis quelque temps des critiques acerbes sur sa manière de gérer ladite académie.