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ISBN : 979-10-236-0666-9

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Michele Yenco & Virginie Pisano

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I.

L’OLIVIER ET L’ÉTOILE

Kallys était une île qui se voyait de loin, de très loin…Les passagers des navires de croisières sillonnant cette partie

de l’océan pouvaient l’apercevoir même si leurs bateaux se trouvaient à plus de sept milles marins de distance, soit une bonne dizaine de kilomètres, et cela grâce à sa géographie si particulière. Kallys, recouverte d’une végétation très dense, était constituée d’une seule et unique montagne escarpée, l’Aiguille de Sibilyss, dont le sommet était toujours curieusement enve-loppé de brume quelle que soit la saison.

Accrochée aux flancs de la montagne, près du niveau de la mer, une paisible bourgade, Luksandrou. C’est dans cette petite ville qu’était née Carambole il y a de cela vingt ans. Et aujourd’hui, pour la toute première fois, elle quittait son île à bord de l’un de ces navires de croisières qui la faisaient tant rêver. Il y a seulement trois semaines, elle n’aurait jamais pensé qu’un tel bouleversement allait survenir dans sa vie. Comment aurait-elle pu deviner qu’en si peu de temps elle déciderait de partir à l’aventure à la recherche d’une cité qui, apparemment, n’existait pas – ou qui, tout au moins, ne figurait sur aucune carte !

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Jusqu’à présent, rien d’aussi extravagant ne s’était produit au sein de la famille Olivaros, une famille où les enfants appre-naient de leurs parents à agir raisonnablement en tout. Chez les Olivaros, on était ainsi marin-pêcheur de père en fils. C’était la tradition et il aurait été insensé de ne pas la respecter.

Le père de Carambole, Jean-Baptiste, avait donc pris natu-rellement la suite de l’affaire familiale. À la mort prématurée de ses parents, il avait hérité de la maison où il vécut seul avec son grand-père jusqu’à l’arrivée de Marie.

Jean-Baptiste était un jeune homme dynamique et vaillant, si passionné par son métier qu’aucune tempête ne pouvait l’ar-rêter. Marie comprenait la passion de son mari pour la mer. Elle passait du temps avec le grand-père de Jean-Baptiste, avec qui elle avait de longues et belles conversations, à tel point qu’un lien profond s’était tissé entre eux. Leur complicité réjouissait Jean-Baptiste. Un jour, le vieux marin raconta à Marie l’his-toire de l’étrange olivier qui se cachait au fond du grand jardin aujourd’hui envahi par les broussailles.

Ce très vieil arbre d’une taille impressionnante, était autre-fois vénéré. On lui attribuait des vertus bénéfiques, et les habi-tants de l’île venaient nombreux se recueillir à l’ombre de ses branches noueuses. Mais le majestueux olivier avait subite-ment été délaissé… On disait que l’ancienne propriétaire de la maison, accusée de sorcellerie, aurait, à cause d’un amour perdu, envoûté cet arbre avant de disparaître. La légende racon-tait qu’elle s’était jetée du sommet de l’Aiguille de Sibilyss. Depuis cette disparition, l’olivier portait sur son tronc d’énig-matiques inscriptions, écrites dans une langue incompréhen-sible, que nul n’avait jamais pu décrypter. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle la famille Olivaros avait acquis la propriété pour une bouchée de pain, tant cette histoire avait marqué les esprits.

Après avoir entendu ce surprenant récit, Marie eut une idée lumineuse, elle allait déployer toute l’énergie de sa jeunesse à

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remettre le jardin en état et elle arracherait les ronces noires qui entouraient cet olivier, sans doute centenaire. La tâche s’annon-çait ardue. Elle commença par le verger derrière la maison. Petit à petit, le jardin commençait à retrouver de sa splendeur. Dans la partie la plus ombragée, elle planta un potager et de l’autre côté une roseraie à l’italienne. Lorsque l’olivier fut dégagé, Marie découvrit, enfin, les inscriptions mystérieuses gravées sur le tronc de l’arbre. Elles formaient une longue phrase. Les caractères étaient curieux. Chaque signe était hérissé de piquants comme les ronces qui avaient égratigné les mains de Marie. Ces inscriptions la mettaient un peu mal à l’aise, mais l’arbre lui-même était magnifique, et si accueillant. Elle installa un banc sous l’ombrage… Et cet endroit allait redevenir pour tous un lieu de méditation.

***

À la mort du grand-père, Jean-Baptiste et Marie déci-dèrent de rénover entièrement la maison. Le rez-de-chaussée servait jusqu’alors d’entrepôt pour les filets et autres maté-riels de pêche. Marie proposa de le transformer en restaurant. Devenir restauratrice était son rêve… Les pierres brutes de la maison furent conservées, les vieux volets repeints en bleu, les chambres et les pièces à l’étage réaménagées, les balcons habillés de lavande, donnant ainsi à la façade de superbes reflets bleutés pendant tout l’été. Les tables installées sur la terrasse dallée de vieilles pierres, qui s’étendait sur toute la largeur de la bâtisse, seraient à coup sûr prises d’assaut par les clients dès le début de la belle saison.

À la fin des travaux, Marie et Jean-Baptiste étaient si fiers que pour l’occasion, la maîtresse de maison prépara un magni-fique repas champêtre pour tous ses amis. Et, pour couronner l’évènement, la petite Loli naquit neuf mois plus tard !

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La Cantine devint très vite une table incontournable dans la région. Afin de la seconder Marie pensa naturellement à son amie d’enfance, Paula, orpheline comme elle, avec qui elle avait grandi à l’orphelinat de Luksandrou et qu’elle considérait comme une sœur. Elle lui proposa de s’installer à La Cantine. Ravie, Paula accepta et entra dans la famille pour ne plus jamais la quitter.

***

Un jour de marché, Marie découvrit des fruits venus de loin, qu’elle ne connaissait pas : des caramboles… En tranchant l’un d’eux, elle eut la surprise de découvrir que la découpe du fruit formait une magnifique étoile à cinq branches ! S’ils avaient une autre fille, elle proposerait à Jean-Baptiste de la prénommer Carambole. Pour Marie, ce serait comme un signe du destin : cette enfant deviendrait alors assurément une étoile… une star !

La famille s’agrandit avec l’arrivée simultanée de Carambole et de Marcus. Loli était alors âgée de 5 ans. Marie se retrouvait avec trois enfants pleins de vie, un restaurant à faire tourner et un mari le plus souvent absent. Tâche difficile mais pas insur-montable pour une femme de son tempérament.

L’équilibre était trouvé : un bonheur simple et authentique, qui malheureusement se brisa brutalement le jour de la dispa-rition en mer de Jean-Baptiste. Ce fut une tragédie pour tous et surtout pour Marie, bien sûr. La mer venait de lui voler l’unique amour de sa vie. Malgré sa profonde douleur, elle fit preuve d’un grand sang-froid. À présent, et pour toujours, elle s’emploierait avant tout à veiller à l’épanouissement de ses enfants.

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Bernardin était un vieil ami de la famille de Jean-Baptiste. Veuf depuis longtemps et sans enfant, le berger habitait seul dans une vieille maison de pierre sur les hauteurs de Luksandrou. Il vivait de la production de ses fromages, qui faisaient le régal des clients de La Cantine. Il devint pour Loli, Carambole et Marcus un grand-père idéal, d’une tendresse et d’une patience infinie. Il les emmenait souvent en balade dans les collines, leur expliquait la fabrication des fromages et toutes les merveilles de la nature qui plaisent tant aux enfants.

En grandissant, Marcus oublia le chemin des collines pour emprunter celui des plages où copains et copines l’attiraient davantage que les brebis de Bernardin. Carambole, au contraire, recherchait sans cesse la compagnie du vieil homme, qu’elle allait voir de plus en plus souvent, comme si elle pressentait que cela ne durerait pas éternellement.

Un jour, en arrivant à la bergerie, elle trouva Bernardin assis près de la cheminée, livide, le visage figé par la douleur.

– Tu ne peux plus rester tout seul ici, lui dit Carambole, il faut que tu viennes t’installer à la maison, tu y seras mieux ! Tu me sembles bien fatigué, veux-tu que j’appelle le docteur ?

– Non, non, ma petite fille, pas maintenant ! Viens t’asseoir près de moi, j’ai quelque chose de très important à te dire, lui répondit Bernardin avec difficulté.

– Je t’en prie Bernardin, ne te fatigue pas, tu me parleras plus tard.

Carambole avait du mal à cacher son anxiété. – Mon ange, le temps presse, ne m’interrompts pas, s’il

te plaît. Puisant dans ses dernières forces, il commença son récit : – J’ai reçu en héritage un don très particulier : celui de

parler à mes brebis… Tu sais que je n’ai pas d’enfant, et toi mon ange, tu es un peu ma petite fille, alors ce don c’est à toi

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que je veux le léguer. Mais attention, tu ne devras pas le révéler à qui que ce soit, sinon il se perdra à jamais.

Les yeux écarquillés par la surprise après cette incroyable révélation, Carambole regarda Bernardin se pencher pénible-ment pour attraper un panier en osier recouvert d’un linge posé à ses pieds. Il le souleva délicatement. Carambole découvrit à l’intérieur une petite boule de poils blanche dont on ne distin-guait la tête que grâce à deux grands yeux noirs, un petit chiot.

– Elle s’appelle Mazale, elle est à toi, elle veillera sur toi et sera un guide précieux. Sache qu’avec ce don que je te lègue tu pourras communiquer avec elle comme avec un être humain. La seule personne qui pourra un jour comprendre ce qu’elle te dit sera l’homme qui te vouera un amour éternel, et tu pourras à ton tour transmettre ce don à l’un de vos enfants.

Le souffle de Bernardin s’accélérait. Carambole regardait cet homme qu’elle adorait avec inquiétude et tristesse.

– De quoi parles-tu, Bernardin, tu ne vas pas mourir ! C’est à ce moment que la petite boule de poils sauta sur

les genoux de Carambole et commença à lécher son visage inondé de larmes.

Pour toute réponse, Bernardin prit les mains de Carambole en la fixant intensément dans les yeux. Une lumière éblouis-sante jaillit du bout des doigts de Bernardin. Comme paralysée, elle sentit un fluide traverser tout son corps. Tandis que la pression des mains de Bernardin dans les siennes se relâchait, Carambole perdit connaissance.

Elle fut réveillée par les glapissements de son nouveau compagnon. Comme dans un rêve, elle observa le visage de Bernardin. Il était beau, apaisé, un doux sourire aux lèvres. Elle comprit qu’il était parti pour toujours et se rendit compte en même temps du vide immense qu’allait laisser son absence. Inconsolable, elle serra Mazale contre son cœur, sentant déjà ses ondes d’amour qui l’apaisaient un peu.

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Carambole prit la petite chienne sur ses genoux pour l’embrasser tendrement. Elle acceptait l’ultime cadeau de cet homme qu’elle aimait tant sans se poser de questions, avec une infinie reconnaissance. Elle ne savait pas encore le rôle que cette petite boule de poils allait jouer tout au long de sa vie…

Table des matières

L’olivier et l’étoile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Le messager . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13Tentative désespérée . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23Une seule question . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33L’inoubliable soirée . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41La fin d’une époque . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49Caprices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55Une nouvelle vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65Le domaine des possibles . . . . . . . . . . . . . . . 79Le défi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85L’épreuve de vérité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99Le plus beau des cadeaux . . . . . . . . . . . . . . .107Un mystérieux coup de fil . . . . . . . . . . . . . . .113La mise à l’épreuve . . . . . . . . . . . . . . . . . .121Secret d’État . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .131Ce qui est important . . . . . . . . . . . . . . . . . .141 Course contre la montre . . . . . . . . . . . . . . . .157 Le prix de l’arrogance. . . . . . . . . . . . . . . . .165La colère des éléments . . . . . . . . . . . . . . . . .179De l’ombre à la lumière . . . . . . . . . . . . . . . .191Changement de programme . . . . . . . . . . . . . .209Le moment d’y croire . . . . . . . . . . . . . . . . .217La bonne année . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .235La terrible attente . . . . . . . . . . . . . . . . . . .245La naissance d’une étoile . . . . . . . . . . . . . . .253La surprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .259Le goût du remords . . . . . . . . . . . . . . . . . .263

Désarroi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .273Le complot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .281La force du Mal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .291La vraie magie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .309GLOSSAIRE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .325La Recette de crêpes de Marie . . . . . . . . . . . .329Remerciements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .331

Création de couverture et mise en page : Quentin Lathière Illustration de la couverture : © Alex Ristorcelli

Dépôt légal : septembre 2017

Achevé d’imprimer sur les presses de l’imprimerie CPI