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Publié par la CSST et l’IRSST www.csst.qc.ca www.irsst.qc.ca Prévention Printemps 2005 – Volume 18, n o 2 au travail Employés de bibliothèques Allier ergonomie et conception pour prévenir les troubles musculo-squelettiques RECHERCHE à L IRSST Travailler en eaux sûres Travailler en eaux sûres

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Publié par la CSST et l’IRSSTw w w . c s s t . q c . c aw w w . i r s s t . q c . c aPrévention

Printemps 2005 – Volume 18, no 2 au travail

Employés de bibliothèquesAllier ergonomie et conception pour prévenirles troubles musculo-squelettiques

RECHERCHE à L’IRSST

Travailler en eaux

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e Mot de la rédaction Au fil de l’eau… sûre

Vient de paraître à la CSST

Cherchez l’erreur Les travaux à proximité de l’eau

DossierTravailler en eaux sûresEn tout temps, des travailleurs empruntent les voies navigables pour se rendre à leur lieu de travail. Depuis le décès de plusieurs d'entre eux, la CSST a décidéd'agir et a formé un comité. Des mesures préventives ont été adoptées.

Droits et obligations Le droit de refuser de travailler

Agenda d’ici et d’ailleurs

Recherche à l’IRSSTSommaire en page 17

Les accidents nous parlent Collision frontale… fatale

Santé et sécurité en images

ReportagesLe CHUM – Toute une conversion !

Colloque sst jeunesse Les jeunes et la prévention : il faut que ça frappe !

Prévention des chutes de hauteur – Enfin, la certification ISO !

TAC com – La SST sur les planches

En raccourci Un précieux ABC ; Grand Rendez-vous sst 2004, joli bilan ;formation en toxicologie et en santé au travail.

Perspectives Le travail, la subjectivité, le sujet et l’acteurAttention, ne pas séparer !Une entrevue avec Marie-Claire Carpentier-Roy, sociologue et chercheure.

Un magazine pour qui, pour quoi ?Prévention au travail s’adresse à tous ceux et celles qui ont un intérêt ou un rôle à jouer dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail. Son objectif consiste à fournir une information utile pour prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. Par des exemples de solutions pratiques, de portraits d’entreprises, et par la présentation de résultats de recherche, il vise à encourager la prise en charge et les initiatives de prévention dans tous les milieux de travail.

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3Printemps 2005 Prévention au travail

Au fil de l’eau… sûre

Si une personne vous apprend qu’elle travaille sur l’eau ou encore à proximité, des images plaisantes surgissent immédia-tement. Vous imaginez le beau temps, la verdure, le ramage des oiseaux, un rythme de travail en accord avec la nature. Erreur ! L’eau peut être très froide, agitée, l’embarcation utiliséepar le travailleur en mauvais état, le matériel de sauvetage inexistant ou inapproprié. Avec, pour résultats, des possibilitésd’incidents fâcheux et d’accidents graves, voire mortels. En deuxans, cinq travailleurs ont péri, noyés dans des eaux particuliè-rement houleuses et glaciales du Québec. C’est pour éviter qued’autres morts ne surviennent que la CSST a formé un comitéde spécialistes et réuni, outre des inspecteurs, des ingénieurs et des conseillers de son organisme, des représentants de l’ASPConstruction et de Transports Canada. On a commencé paranalyser les causes des décès avant de s’engager dans une démarche très concrète de prévention. Par la suite, le collectif a préparé un premier document d’information à l’intention des inspecteurs de la CSST, puis une fiche d’information et undépliant destinés aux entreprises (employeurs et travailleurs). Lerôle de Transports Canada, qui a juridiction sur toutes les eauxnavigables du Canada, y compris celles du Québec, a été majeurpendant toute la durée des travaux du comité. L’ASP Construc-tion, partie prenante dès le départ dans le dossier, a fait préparerun cours de formation à l’intention des conducteurs de bateaux,tout en veillant à ce que cette formation soit adaptée aux besoins des entrepreneurs et des travailleurs de la construction.Bref, le comité a bien mené sa barque et colmaté les brèchesafin que la sécurité ne tombe pas à l’eau.

La toujours très attendue section Recherche à l’IRSST propose,à la page 17, un article sur la prévention des troubles musculo-squelettiques. Un projet démontre l’importance de la contri-bution des ergonomes dès la conception des bibliothèques. On y apprend que « l’implication en amont permet de faire véritablement œuvre de prévention. Pour y parvenir, toutefois,l’ergonome doit s’insérer dans un projet dès la rédaction del’appel d’offres et poursuivre sa participation jusqu’à la fin destravaux. » Ce qui sous-tend la collaboration de tous : maîtresd’œuvre, architectes, responsables de bibliothèques et employés.La prévention se prépare, se planifie. C’est à cette conditionqu’elle donne sa pleine mesure.

Mise en gardeLes photos publiées dans Prévention au travailsont le plus conformes possible aux lois et règlements sur la santé et la sécurité du travail.Cependant nos lectrices et lecteurs comprendrontqu’il peut être difficile, pour des raisons techniques, de représenter la situation idéale.

Printemps 2005 | Volume 18, no 2

Le magazine Prévention au travail est publié par les directions des communications de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).

Président du conseil d’administrationet chef de la direction de la CSST,et président de l’IRSSTGérard Bibeau

SECTION CSSTDirecteur des communicationsPierre Benoit

Rédactrice en chefMonique Legault Faucher

Adjointe à la rédactrice en chefJulie Mélançon

Secrétaire de rédactionGisèle Rousseau

CollaborateursJean-François LeBel, Claudette Lefebvre, MikaëlleMonfort, Fanny Provençal, Guy Sabourin, Marc Tison, Lise Tremblay

RévisionTranslatex Communications +

SECTION IRSSTPrésidente-directrice générale de l’IRSSTDiane Gaudet

Directeur des communications Jacques Millette

Rédactrice en chefMarjolaine Thibeault

CollaborateursPhilippe Béha, Mario Bélisle, Dominique Desjardins,Benoit Fradette, Martin Gagnon, Lucie Lebel, Loraine Pichette, André Piché, Claire Thivierge

Direction artistique, production et retouche numérique des photosJean Frenette Design

Validation des photographies et des illustrationsAlain Auger, Daniel Boissonneault, Christine Côté,Patrick Cyrenne, Laurent Desbois, Mathieu Jolicoeur,Yvon Papin, Bernard Paquet, Pierre Sirois, DanielleSt-Laurent, Charles Taschereau, André Turcot

Photo de la page couvertureRobert Etcheverry

ImpressionImprimeries Transcontinental inc.

ComptabilitéDanielle Lalonde, Denis Séguin

DistributionLise Tremblay

AbonnementsAbonnement Québec525, rue Louis-PasteurBoucherville (Québec) J4B 8E7Tél. 1 877 221-7046

© CSST-IRSST 2005La reproduction des textes est autorisée pourvu que la source en soit mentionnéeet qu’un exemplaire nous en soit adressé :

CSST1199, rue De Bleury C. P. 6056Succursale Centre-villeMontréal (Québec) H3C 4E1Tél. (514) 906-3061, poste 2214Téléc. (514) 906-3016Site Web : www.csst.qc.ca

IRSST505, boulevard De Maisonneuve OuestMontréal (Québec) H3A 3C2Tél. (514) 288-1551Téléc. (514) 288-7636Site Web : www.irsst.qc.ca

Dépôt légalBibliothèque nationale du QuébecISSN 0840 7355

Préventionau travail

Mot de la rédaction

La sécurité sur les chantiersen milieu agricole, j’en faismon affaire !DC 900-988 • Affiche43 cm sur 58 cm

DC 100-1127 • Dépliant14 cm sur 21,5 cm

Ces docu-ments des-tinés auxproducteursagricolesvisent à fairela promo-tion de la Semaine dela préventionen agricul-

ture. On y explique aussi lesprincipales mesures de préven-tion à adopter au cours des tra-vaux de construction à la ferme.

Le ceinturon sous la loupe de la préventionDC 900-349 • Affiche43 cm sur 58 cm

Exposé de la situationDC 100-624 • Dépliant21,5 cm sur 28 cm

Les solutionsDC 100-625 • Dépliant 21,5 cm sur 28 cm

L’Associa-tion pari-taire pourla santé etla sécuritédu travailsecteur« affairesmunici-pales »(APSAM),

en collaboration avec la Com-mission de la santé et de la sécu-rité du travail (CSST), a lancédernièrement quatre documentsqui traitent des problèmes liésau port du ceinturon par lespoliciers et les policières. Uneaffiche, une vidéo de sensibili-sation et deux fiches techniquesont été conçues afin de faciliterla prise en charge par le milieupolicier de la prévention destroubles musculo-squelettiques(TMS). La première fiche décritla nature du problème et en explique les causes, tandis quela seconde présente des pistes

de solution. La vidéo résumequant à elle l’informationprésentée dans les deux fichestechniques. La distribution de la vidéo est assurée par l’APSAM.

Journal des BelmineDC 600-410-18 • Magazine21,5 cm sur 28 cm • 12 pages

Magazineaxé sur lapréventiondes acci-dents dutravaildans lesecteurminier. Lenumérode novem-

bre 2004 contient notamment laprésentation du nouveau logodu sauvetage minier, deux inno-vations en matière de santé etde sécurité du travail — un hydroglisseur et un système derefroidissement de l’air —, lachronique de Préventionnixainsi que des jeux.

La sécurité des palettiersFabrication, achat, installation et utilisationDC 200-16147 • Guide21,5 cm sur 28 cm • 114 pages

Ce guide vise à dresser le por-trait des risques que présententles palettiers (ou rayonnages à palettes) et des mesures deprévention à appliquer, tantpour leur conception et leurfabrication que pour leur achat,leur installation et leur inspec-tion. Il contient également destableaux et de nombreuses illustrations, ainsi que des an-nexes pratiques — cahier descharges, grilles d’installation etd’inspection, méthode d’évalua-tion des dommages aux com-posants d’échelles et lexiqueanglais-français des palettiers.

L’entreposage sécuritaire, une idée qui tient debout !DC 900-316 • Affiche43 cm sur 58 cm

Affiche faisant la promotion duguide de prévention La sécuritédes palettiers – Fabrication,achat, installation et utilisation.

Prix innovation en santé et sécurité du travailDC 700-774 • Signet6,5 cm sur 19 cm

Le signet vise à inciter les gensà visiter la rubrique Prix inno-vation en santé et sécurité dutravail dans le site Web de laCSST.

RééditionsInstallation type d’un réseaude captage et de séparationdes poussières de boisMesures de sécurité pouréviter les incendies et lesdéflagrations dans le secteurde la deuxième transforma-tion du boisDC 900-9102-1 • Affichette28 cm sur 43 cm

Captage et séparation des poussières combustiblesGuide de prévention à l’intention du secteur de la transformation du bois 3e éditionDC 200-16277-2 Guide technique28 cm sur 21 cm • 20 pages

Le guide comprend une des-cription des risques, des règlesde prévention, des grilles devérification, des références etdes définitions. Les objectifs du guide? Définir les exigences relatives à l’installation et à l’exploitation sécuritaires dessystèmes de collecte et de sépa-ration des poussières combus-tibles ; prévoir l’aménagementde dispositifs efficaces de cap-tage à la source ; assurer letransport et la séparation despoussières à l’aide de dispositifsefficaces et convenablementprotégés contre les risques d’in-cendie et d’explosion, et enfingarantir la recirculation sécuri-taire de l’air filtré.

Débroussaillage – 2e éditionDC 200-634-4 • Brochure9,5 cm sur 17,5 cm • 73 pages

Voici un guide de prévention des accidents dans lesecteur de la syl-viculture. Il traitedes lésions causéespar des projec-tions d’éclats, destroubles muscu-laires, des chutes,

des blessures aux mains, etc.C’est un ouvrage de référenceindispensable, tant pour le tra-vailleur que pour l’employeur.

RéimpressionsGuide de gestion des risquesbiologiques à l’intention des groupes visés par leprogramme d’interventionintégré sur les risquesbiologiquesDC 200-16086 • Brochure

Tournez le dos à la lombalgieDC 400-1332 • Brochure

Exercices de renforcement et d’assouplissementDC 500-201 • fiche

Que faire lors d’une exposition au sang ? DC 900-333-2 • Pochette

Évaluation sommaire d’une exposition au sangDC 100-476 • fiches

Piqûre d’insecte : chaque minute compte DC 900-341-1 • Pochette

Information à transmettre à l’ambulancier ou au servicemédical consultéDC 100-489 • fiches

Vous pouvez vous procurer cesdocuments au bureau de laCSST de votre région. PT

Fanny Provençal Lise Tremblay

4 Prévention au travail Printemps 2005

Vient de paraître à la CSST

Simulation

5Printemps 2005 Prévention au travailPhot

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Que ne voit-on pas sur la photo ? La prise d’eau d’une centrale hydroélectrique.Mais elle est là, bien cachée dans la paroi de béton immergée et elle est protégée

par une grille qu’il faut nettoyer à l’aide d’une écumoire. L’opération vise à faciliter le passage de l’eau vers la turbine et elle doit être répétée

deux ou trois fois par jour, au printemps. Car, en cette saison, des débris de toutes sortes voguent au gré des courants. Pour notre démonstration,

Carlos a accepté de couper court à ses habituels principes de prudence.Pouvez-vous dire quelles erreurs il a commises ?

Les travaux à proximité de l’eau

Cherchez l ’erreurLes travaux à proximité de l’eau

L’écumoire semble un peu courte, ce qui oblige Carlos à exécuter uneflexion du tronc très périlleuse. Gareaux maux de dos !

Un rien pourrait le faire basculerdans l’eau. Pourtant, il n’utilise au-cun dispositif de retenue.Carlos travaille seul. Est-ce bien prudent ? S’il tombait, personne nepourrait le secourir.Des chaussures sport… Le travailleurcourt au devant des problèmes.On dirait que Carlos accumule à sescôtés les débris qu’il ramasse. Bonnefaçon de trébucher et de se retrouverà l’eau.

Les erreurs1 2

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6 Prévention au travail Printemps 2005

D’abord, pour se protéger des chutes,Carlos utilise un dispositif d’arrêt dechute comprenant un harnais, un ab-sorbeur d’énergie et une longe, le tout

bien ancré à un câble de sécurité hori-zontal. Sans ce dispositif de protectioncontre les chutes, une embarcation destinée au sauvetage des travailleurs

serait indispensable, de même qu’unepersonne désignée pour la conduire. Unplan de sauvetage et des gilets de sau-vetage seraient également nécessaires.Pour en savoir plus à ce sujet, voir ledossier sur les travaux à proximité del’eau en page 7.

L’outil utilisé pour ramasser lesdébris a un manche suffisamment long pour soustraire le travailleur à des torsions exagérées. Et le sol est bien dégagé pour éviter qu’il ne tré-buche. Carlos porte également desbottes de sécurité.

Méthode de surveillanceEnfin, le Règlement sur la santé et la sécurité du travail stipule que « lors-qu’un travailleur exécute seul un travail dans un lieu isolé où il lui est impossible de demander de l’assis-tance, une méthode de surveillance efficace, intermittente ou continue, doitêtre mise en exécution ». C’est pourquoiJean se trouve aux côtés de Carlos, prêt à intervenir, téléphone portable en poche et bouée de sauvetage à proximité. PT

Julie Mélançon

Merci au personnel de Boralex pour sa colla-boration : Denis Aubut, directeur général, divisions hydro et gaz ; Jean Lamoureux, coor-donnateur corporatif santé sécurité au travail, et Carlos Osorio, opérateur, ces deux derniersayant aimablement prêté leur concours commefigurants.

Nos personnes-ressources : Mathieu Jolicœur,ingénieur et inspecteur à la Direction régionalede Longueuil ; Danielle St-Laurent, ingénieure etYvon Papin, conseillers à la Direction de laprévention-inspection, tous trois de la CSST.

Les corrections

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Par Julie Mélançon

Une petite balade en bateauavant de commencer àtravailler, ça vous dirait ?Sûrement, par les bellesjournées d’été qui s’enviennent. Un peu moins sansdoute, pour ne pas dire pas du tout, lorsque le tempsoscille entre le positif et le négatif. Mais bien des travailleurs n’ont pas le choix. Beau temps,mauvais temps, ils doiventemprunter les voies navigables pour se rendre à leur lieu de travail. Et celacomporte bien des risques…

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Travailler en eaux

sûres

Travailler en eaux

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Le 3 décembre 2001, des travail-leurs restaurent les chevêtres, les pi-liers, le tablier et remplacent les appuisdes poutres de béton sous tension dupont de l’île aux Tourtes, qui enjambela rivière des Outaouais entre Vaudreuilet Senneville sur l’autoroute 40. Ce jour-là, une équipe exécute des travaux dedécoffrage à partir d’une barge amar-rée près d’un pilier du pont. À l’heurede la pause-café, les cinq travailleurs prennent place dans une embarcationpour se rendre à une roulotte chauffée.Durant le trajet, des vagues, formées par un vent soutenu depuis quelquesheures et d’une amplitude qu’on estimeà près d’un mètre, envahissent l’embar-cation. À la troisième vague, la proues’enfonce et les travailleurs sautent àl’eau, dont la température est de 6 °C.Sur les cinq ouvriers qui prenaientplace à bord, deux sont repêchés parune autre embarcation naviguant àproximité, alors que les trois autrespérissent dans les eaux glacées de la rivière des Outaouais.

Le 23 août 2002, un reboiseur se noie en tentant de récupérer à la nageun ponton à la dérive sur le réservoir Pipmuacan, au nord du lac Saint-Jean.

Finalement, le 2 octobre 2002, un assistant-arpenteur perd la vie lorsquedes conditions climatiques difficilesprovoquent le naufrage de l’embarca-tion dans laquelle il prenait place à laPointe-Taillon, sur le lac Saint-Jean.

Le comitéÀ la suite de ces cinq décès, la CSST adécidé d’agir et a formé un comité com-posé de représentants de TransportsCanada – Sécurité maritime (TC-SM),de l’ASP Construction et de la CSST.Son but ? Cerner les difficultés liées auxtravaux exécutés à proximité, au-dessus,dans et sur l’eau, dégager des mesurespréventives et élaborer un documentd’information à l’intention des maîtres

(DPI) de la CSST, « le comité devait exa-miner la réglementation et déterminerdes règles et directives en collaborationavec les représentants de TransportsCanada.

« Comme on sait que la procédurepour changer le Code de sécurité pour les travaux de construction (CSTC) et leRèglement sur la santé et la sécurité dutravail (RSST) peut prendre plusieursannées, et qu’on ne pouvait attendre, on a produit des documents. Un pre-mier, pour les inspecteurs, indique lespoints sur lesquels on s’est entendu.Pourquoi ? Parce que les règlements etle code sont très peu bavards en ce qui a trait au transport des travailleurs àproximité de l’eau. On a déterminé lesprincipales causes des cinq décès. Ons’est entendu sur les mesures à prendreavant le début des travaux, les infor-mations relatives aux travaux, ce quedoit comprendre un plan de transportet un plan de sauvetage. »

Les mesures à prendre concernent la compétence du conducteur de l’em-barcation, l’embarcation de sécuritédestinée au sauvetage des travailleurs— différente de l’embarcation de trans-port — le contenu des embarcationsainsi que les situations particulièrescomme le transport simultané de tra-vailleurs et de matériel ou de matièresdangereuses, des travaux exécutés dansl’eau, des travaux en forêt ou en secteurisolé, le transport de nuit ou lorsque la visibilité est réduite. Le document mentionne aussi les travaux exécutés à proximité d’eaux froides (moins de 15 °C) ou dans des conditions clima-tiques difficiles. Il comprend également

8 Prévention au travail Printemps 2005

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Les membres du comitéPaul Brosseau, conseiller à l’ASP Construction ; Guy Rondeau, expertmaritime et responsable du pro-gramme des petits bâtiments pourle Québec, Transports Canada –Sécurité maritime (TC-SM) ; VincentUhel, expert maritime et inspecteurdes navires, TC-SM ; Alain Auger, ingénieur, chef de service Bâtimentet travaux publics, Direction de laprévention-inspection (DPI) ;Danielle St-Laurent, ingénieure,conseillère à la DPI ; Robert Picheralors conseiller à la DPI ; DianeCôté, ingénieure, inspectrice, Direction régionale de Longueuil ;René Labossière, conseiller, Vice-présidence aux relations avec lesclientèles et les partenaires ; GillesLabrecque, inspecteur, Direction régionale de Québec ; Yves Mailhot, ingénieur, Direction Île-de-Montréal–1 ; Michel Parisé, inspecteur, Direction régionale de Saguenay–Lac-Saint-Jean ; ClairePouliot, conseillère, Direction des communications ; Daniel Boissonneault, ingénieur, inspec-teur, Direction Île-de-Montréal–1,tous de la CSST.

Gilet de sauvetageLe gilet de sauvetage(CAN/CGSB-65.7-M88) est requis lorsque les travailleursne sont pas protégés par uneautre mesure de protectioncontre les chutes à l’eau. Cegilet assure une force de flot-tabilité appropriée et permetde soutenir le corps dans uneposition stable dans l’eau, sanseffort des bras, de manière àle redresser et à maintenir latête au-dessus de la surface del’eau, ce que n’assure pas unvêtement de flottaison indi-viduel (CAN/CGSB-65.11-M88).

d’œuvre, des employeurs, des tra-vailleurs et des inspecteurs. D’aprèsDanielle St-Laurent, ingénieure à la Direction de la prévention-inspection

À gauche, Luc Parenteau,directeur des opérations chez

Gestion Pachar inc., porte le giletde sauvetage. À droite, Daniel

Boissonneault, ingénieur etinspecteur à la CSST, porte une

combinaison de travail flottantequi protège contre l'hypothermie.

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un extrait de La survie en eau froide :Rester en vie, publié par TransportsCanada. Y sont présentés les quatrestades (voir encadré) que traverse lecorps humain immergé en eau froideavant de perdre ses moyens, les coor-données des gestionnaires et des inspec-teurs de navires de Transports Canada,la liste des experts maritimes reconnuspar ces derniers pour les visites de bâti-ments transportant 12 passagers au plus,puis une liste des architectes navals etconsultants aptes à vérifier, par exemple,les barges qui ne sont pas des embarca-tions motorisées.

Le comité a également produit rapi-dement une fiche d’information pré-sentée en encart dans la revue Préveniraussi publiée par l’ASP Construction.Cette fiche mentionne les exigences de laCSST concernant les travaux exécutés àproximité de l’eau, particulièrement ce

qui doit être fait avant d’entreprendre lestravaux. « Enfin, un dépliant a été pro-duit et posté à près de 7000 entreprises,employeurs, ministères et associationsen plus de celles du secteur de la cons-truction », conclut Mme St-Laurent.

Une entente, enfin !Est-ce que tout a baigné dans l’eau,oups !, dans l’huile, dès les débuts du

comité ? Gilles Labrecque, inspecteur de la CSST à la Direction régionale deQuébec, s’exclame : « Les inspecteurs sesont tous engagés à fond dans les dis-cussions. Les autres organismes aussi !Les gens étaient de bonne foi, et nevoulaient plus d’accidents mortels ! Ons’est rendu compte qu’on avait tout cedont on avait besoin. En général, toutétait déjà dans la réglementation. Ce quimanque, les inspecteurs peuvent le de-mander sur le terrain dans le cadre duprogramme de prévention. Ils peuventaussi évaluer chaque situation. »

Danielle St-Laurent renchérit : « Cequi a été long dans l’exercice, c’est des’entendre sur jusqu’où on va. S’en-tendre sur les exigences minimales. Certains des règlements de la CSST et de Transports Canada sont complé-mentaires alors que d’autres se che-vauchent. »

La loi et les règlements de Trans-ports Canada ne peuvent pas, bien sûr,tout couvrir. Les inspecteurs de l’orga-nisme doivent dans certains cas faireappel à leur jugement et à leur expé-rience. Mais l’aspect sécurité doit êtrestrict et uniforme, par exemple, pour le matériel de sauvetage (gilet, feux desecours, etc.) sur lequel les lois et rè-glements s’appliquent en fonction de la longueur et du type de bâtiment. Lesspécialistes de Transports Canada –Sécurité maritime (TC-SM) vérifientque l’embarcation et le matériel de basesont conformes à ses règlements. No-tamment, le niveau de flottaison des petits bâtiments commerciaux n’est pasle même que celui des embarcations de plaisance : un travailleur s’en serttous les jours tandis qu’un plaisancierl’utilise une heure par semaine, en géné-ral par beau temps. Par conséquent lerisque n’est pas aussi grand.

9Printemps 2005 Prévention au travail

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Jean-Francis Martel (à gauche), SteveLeblanc et Gérald Lévesque se rendentà leur lieu de travail.

Petits bâtiments commerciauxSur le site WEB de TC-SM, on les définit ainsi : « Les petits bâtiments sontceux, à l’exclusion des bateaux de pêche et des embarcations de plaisance, demoins de 150 tonneaux de jauge brute. Ce sont des bâtiments d’une longueurd’environ 24 mètres. La jauge brute, soit la taille de votre navire, détermineraen partie les règlements et les normes qui s’appliqueront à votre bâtiment. Le tonnage est établi à partir de mesures et de calculs ou peut être établi aumoyen d’une table. »

Embarcations :rôle de Transports CanadaLors de l’accident de l’île aux Tourtes,la CSST a été informée des rôles et res-ponsabilités de Transports Canada –Sécurité maritime. Ainsi, les normes etrèglements applicables aux embarca-tions à caractère commercial et leurmise en vigueur sont sous sa respon-sabilité. Toutes les embarcations utili-sées pour des travaux à proximité del’eau doivent faire l’objet d’une demanded’évaluation et d’inspection auprès de la Direction de la sécurité maritimeavant le début des travaux. Un avis deconformité doit être délivré par un ins-pecteur de la Sécurité maritime pourchaque embarcation. Et c’est ce qui aconduit à une collaboration avec l’orga-nisme fédéral. Transports Canada a ju-ridiction sur toutes les eaux navigables,que ce soit un lac, une rivière, etc.

Au fil des ans, l’organisme fédéral a concentré ses efforts sur les grandsnavires, pétroliers, cargos, paquebotsqui naviguaient dans les zones de traficmaritime. En fait, tout ce qui étaitsupérieur à huit mètres de long. Lenombre des grands navires commer-ciaux a beaucoup diminué au Canadaau cours des dernières décennies. En revanche, celui des petits bâtimentss’est accru d’une façon considérable.TC-SM continue d’adapter ses inspec-tions à un contexte en évolution afin de mieux cibler les secteurs à risque. Il est également arrivé que la Sûreté du Québec ou la GRC ait recours à son savoir-faire pour déterminer ce qui s’était passé lors d’un accident. SelonAlain Auger, ingénieur, chef de serviceBâtiment et travaux publics à la DPI de la CSST, « grâce à la collaborationde TC-SM, ç’a remis les choses sur labonne voie. Les gens savent mainte-nant qu’on ne peut pas utiliser n’im-porte quel bateau, n’importe comment,pour transporter des travailleurs. »

Plus d’exigences pour le commercialLa Loi sur la marine marchande duCanada stipule que le propriétaire al’obligation de faire inspecter les bâti-ments commerciaux qu’il utilisera. Laméthode d’inspection de TC-SM estrigoureuse. Un suivi systématique de la construction est fait et des visites permettent d’assurer la conformité de

chacune des unités. L’organisme vérifiel’application de normes. Par contre,puisqu’il y a 250 inspecteurs pour toutle Canada, il est essentiel de planifierl’inspection des bâtiments commer-ciaux. Par la suite, si les opérations demeurent les mêmes et que l’environ-nement ne change pas, l’auto-inspectionpeut être applicable.

Par ailleurs, si une compagnie ou un entrepreneur achète un bâtiment de plaisance pour usage commercial,Transports Canada doit faire une pre-mière inspection. Et ce bâtiment nerépond pas nécessairement aux exi-gences de l’application commerciale.

Exemple le plus fréquent : la flotta-bilité du navire n’est pas conforme. Le bateau doit garder une « stabilité positive à l’état envahi ». Danielle St-Laurent explique : « Les inspecteursde Transports Canada font des essais,ils enlèvent le moteur et tout ce qui estpérissable ou dommageable. Ils font envahir le bâtiment, le coulent et il doit rester à fleur d’eau, un état de stabilité positif. Il ne faut pas qu’il chavire. Les passagers peuvent être assis dans l’eau, mais ils conservent la capacité d’écoper ou de pomper pour maintenir le plus longtemps pos-sible la flottabilité en attendant les secours. »

L’apport de Transports Canada dans le dossier a été énorme. GillesLabrecque confirme : « Avant, n’im-porte qui prenait n’importe quel ba-teau. Maintenant, avec les spécialistes

10 Prévention au travail Printemps 2005

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1. Informations tirées du Guide de sécurité de TC-SM, du Règlement sur la santé et la sécuritédu travail et du Code de sécurité des travaux deconstruction.

Ce que doit contenir l’embarcation de sécurité1

– Une bouée de sauvetage reliée à un câble flottant de 15 mètres

– Deux rames ou pagaies

– Une ligne d’attrape flottante d’aumoins 15 mètres fixée à un anneauflottant de sauvetage

– Une écope ou une pompe de calemanuelle

– Un extincteur de classe B

– Une trousse de premiers soins incluant une couverture thermique

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1– Un dispositif de signalisation

sonore

– Une lampe de poche étanche

– Un système de communication efficace et protégé de l’eau

– Des signaux pyrotechniques dedétresse

– Une gaffe

– Des équipements supplémentairespourraient être nécessaires selon lasituation.

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qui vérifient, on ne risque presque plusde voir quelqu’un transporter cinq ousix personnes à bord d’un tout petitbateau. Dans l’industrie de la cons-truction, les 310 entrepreneurs nous ont tous appelés. La majorité des inspecteurs devant travailler près de l’eau sont renseignés. À leur tour, ils ont informé les entreprises. On n’a pas de difficulté du tout à faire respecter nosexigences. L’avantage de l’interventionde TC-SM, c’est que chaque bateau estvérifié avant le début des travaux. Ondemande même une évaluation des bâtiments non motorisés, par exempleun ponton ou une barge. Ils ne peuventplus nous échapper. »

Planification des travauxAvant le début des travaux, le maîtred’œuvre ou l’employeur doit préparer etmettre à la disposition de la CSST lesrenseignements relatifs aux travaux, unplan de transport et un plan de sauve-tage. Ces documents doivent égalementêtre présentés à toutes les personnestouchées par les travaux, intégrés auprogramme de prévention, conservés etaffichés sur les lieux de travail.

Danielle St-Laurent soutient que « lestravaux sur l’eau sont à risque élevé,selon le CSTC. La moindre des choses,c’est donc de structurer le travail. »

Les embarcations et les plateformesde travail doivent être identifiées selonleur usage respectif : transport de tra-vailleurs, de matériel, remorquage ousauvetage. Et toutes doivent être éva-luées par TC-SM. « À la CSST, on a laresponsabilité de faire appliquer noslois et règlements, mais on n’a pas l’expérience de Transports Canada pourles petits bâtiments, reconnaît DanielleSt-Laurent. Il faut avoir les lettres deconformité avant d’entreprendre lestravaux. Et c’est là que sont appelés lesreprésentants de Transports Canada.Ces lettres sont valables pour une pé-riode déterminée, pour le plan d’eau enquestion, une hauteur de vagues et desconditions climatiques données. »

Embarquement pour la sstL’embarcation de sécurité doit être distincte de celle destinée au transportdes travailleurs. Elle doit être faci-lement accessible, clairement identi-fiée, d’une dimension qui permette de

prendre tous les travailleurs à son bord et d’utiliser une civière ou uneplanche dorsale pour transporter un blessé en toute sécurité. Danielle St-Laurent explique : « Il y a eu bien desgens pour dire que lors de l’accident de l’île aux Tourtes, si tout le monde avait porté son gilet de sauvetage, rien ne serait arrivé. C’est un peu plus com-plexe. Quand on s’est attaqué à cettequestion, avec le rapport d’enquête en main, on s’est rendu compte que si l’embarcation ayant servi au transportavait été différente de celle du sauve-tage, les choses auraient pu se passerautrement. On a donc écrit d’une façonbien claire qu’il faut distinguer les em-barcations de sécurité de celles servantau transport. » Gilles Labrecque pré-cise : « Si le bateau transporte des ouvriers et que l’un d’eux tombe à l’eau, il n’y a aucune embarcation dis-ponible pour le secourir. »

Quand une embarcation de sécuritédestinée au sauvetage des travailleursest-elle nécessaire ? Danielle St-Laurentrépond : « Lorsque les travailleurs ne

sont pas protégés par une autremesure de protection contre leschutes à l’eau, conformément auRSST ou au CSTC, selon le cas. Ça

veut dire que, si les travailleurssur un pont sont attachés

en permanence avec unharnais conforme et

ne voyagent pas surl’eau, on n’ira pasdemander qu’il yait une embarca-

tion de sécurité.Si on a la certi-tude qu’ils sontprotégés contre

les chutes, parun garde-corpspar exemple, on

11Printemps 2005 Prévention au travail

L'embarcation de sécurité destinée au sauvetage doit être disponible en tout temps.

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Hypothermie et environnementAu Québec, ces travaux se déroulentsouvent à proximité d’eaux froides,c’est-à-dire à moins de 15 °C. Lesrisques d’hypothermie s’ajoutent donc à ceux de noyade. Les gens peuventtomber en choc thermique. L’enca-dré ci-dessous présente les quatre stades que traverse le corps humain immergé en eau froide. Le comité adonc cru bon de souligner que les personnes transportées peuvent porter

12 Prévention au travail Printemps 2005

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des combinaisons de travail flottantesles protégeant contre les dangers del’immersion en eaux froides.

L’environnement dans lequel un bâ-timent est utilisé a beaucoup d’impact.Par exemple, un bâtiment avec un petitfranc-bord pourra servir durant l’été,mais au printemps ou à l’automne, c’estdifférent. Dans certaines conditions, unbâtiment doit donner plus de protec-tion comme plateforme de travail. Et le chargement ne peut être le même.

Stade 1 – Réaction initiale à l’immersion ou état de choc dû au froidLe décès se produit dans les cinq minutes qui suivent l’immersionAu début de l’immersion, le sujet prend une profonde inspiration, ce qui mul-tiplie par quatre le volume d’air dans ses poumons. Ce phénomène, appelé hyperventilation grave, peut entraîner de légers spasmes musculaires et la noyade. Parallèlement, on observe une augmentation marquée du rythme cardiaque et une élévation importante de la tension artérielle. Ces réactions peuvent entraîner la mort. Ces effets durent de deux à trois minutes.

Stade 2 – Immersion de courte durée ou épuisement à la nage Le décès se produit dans les 30 minutes qui suivent l’immersionDans les trois ou quatre minutes suivant l’immersion, le décès se produitlorsque les victimes tentent de nager. Il faut accorder beaucoup plus d’atten-tion à l’épuisement à la nage comme cause de mortalité. Il faut aussi com-prendre que la capacité de nager en eau tiède n’influence en rien la capacitéde nager en eau froide.

Stade 3 – Immersion prolongée ou hypothermie Le décès se produit dans les 30 minutes qui suivent l’immersionLorsque la température du corps baisse, la victime perd conscience. Deux fac-teurs peuvent entraîner le décès — la noyade due à la perte de la capacité deréagir et l’arrêt cardiaque. La mort consécutive à la noyade survient environune heure après l’immersion dans une eau à 5 °C, ou deux heures après im-mersion si la température de l’eau est de 10 °C, ou en l’espace de six heuresou moins si la température de l’eau est de 15 °C. Si la température interne ducorps continue de baisser, le décès survient généralement par suite d’un arrêtcardiaque lorsque la température corporelle tombe en deçà de 24 °C.

Si la personne immergée a survécu aux deux premiers stades de l’immersion,c’est-à-dire le choc dû au froid et l’épuisement à la nage, le dernier obstacle à franchir est l’hypothermie. Le décès se produira entre 3 et 5 minutes pourceux qui n’ont pas enfilé un gilet de sauvetage ou par suite d’épuisement à lanage dans les 30 minutes si les personnes ne sont pas habillées adéquatementet n’endossent pas de gilet de sauvetage.

Stade 4 – Effondrement post sauvetage Le décès se produit au moment du sauvetage ou dans les heures qui suivent.Jusqu’à 20 % des décès attribuables à une immersion surviennent pendant lasortie de l’eau ou dans les heures suivant le sauvetage.

Source : La survie en eau froide – Rester en vie publié par Transports Canada.

Les quatre stades que traverse le corpshumain immergé en eau froide

La société Les PontsJacques Cartier et ChamplainIncorporéeCette société gère, exploite et entretient les ponts Jacques-Cartier etChamplain, l’autoroute Bonaventure,la section fédérale du pont Honoré-Mercier, le tunnel de Melocheville etl’estacade du pont Champlain. Lestravaux sur l’eau, elle connaît. Toutcomme la fiche d’information paruedans le magazine Prévenir aussi sur les recommandations du comité et dela CSST. Cette fiche est d’ailleurs com-prise dans ses devis. Les entreprisesdoivent donc tenir compte dans leurssoumissions du prix du bateau desécurité, par exemple. Comme le mentionne Denis Dauphinais, direc-teur construction et gestion de projet, « nous prenons nos responsabilités et soutenons les gens mandatés pour la surveillance. Si un employeur estdélinquant, nous arrêtons les travaux.Nos efforts sont toutefois principale-ment orientés vers la responsabilisa-tion des entrepreneurs ».

Les travaux du comité ont déjà commencé à porter leurs fruits sur leterrain. Chapeau !

ne l’exigera pas non plus. Par contre, si un inspecteur constate que pour se déplacer d’un endroit à l’autre, le tra-vailleur se détache et se rattache, çaprend une embarcation de sécurité des-tinée au sauvetage des travailleurs. »M. Labrecque insiste dans ce cas sur le rôle de l’inspecteur : « Quand on parlede chutes sous un pont de 75 mètres, on demande en général qu’il y ait un bateau pouvant servir au repêchage.C’est une question de rapidité d’inter-vention. Certains se contentent d’ins-taller un câble en amont. Ce qui estformellement interdit sur les eaux navi-gables, même si cette mesure est inscritedans le CSTC ! »

La formationY a-t-il des exigences concernant lesconducteurs d’embarcation transpor-tant des travailleurs ? Réponse de PaulBrosseau, conseiller à l’ASP Construc-tion : « À la suite des recommandationsdu comité, on a fait préparer un coursde formation. L’ASP Construction s’estengagée dès le départ dans le dossier.Parce qu’on s’est rendu compte que lesconducteurs d’embarcation n’avaientpas souvent la formation nécessaire. Ons’est aperçu aussi que les conducteurs de bateau n’avaient aucune notion de la navigation — par exemple des notionsde lecture d’un plan d’eau. Ils n’avaientaucune compétence lorsqu’on parlait desauvetage en milieu aquatique. C’étaitpréoccupant pour nous. On s’est doncassociés avec la firme Service d’actionsécuritaire internationale incorporée, quiavait l’expérience et le savoir-faire. Cesspécialistes ont conçu une formationadaptée aux besoins des entrepreneurset des travailleurs de la construction.Nous avons rencontré des représen-tants de Transports Canada et différentspartenaires afin d’offrir une formationcomplète répondant aux exigences lé-gales, avec l’objectif d’obtenir une recon-naissance de l’organisme fédéral pourles cartes qui seraient délivrées. La for-mation dure 16 heures : huit heures dethéorie et huit heures de pratique. Unefois les notions apprises, on les met en application. On n’attend plus que la reconnaissance officielle du cours. »

13Printemps 2005 Prévention au travail

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Ce qui ne saurait tarder, selon AlainAuger : « Le contenu du cours a été éva-lué et en partie validé par TransportsCanada. Des représentants de l’orga-nisme doivent assister à un cours pouren faire la vérification et voir s’il rejointles exigences de Transports Canada.Selon l’organisme, le cours de l’ASPConstruction est d’un excellent calibre,tant par la forme que par le fond. Et l’ASP est probablement le seul auCanada à l’offrir. » Actuellement, le cer-tificat de capitaine restreint est le mi-nimum à acquérir en milieu maritime.Il est exigé pour les bâtiments de trans-port de passagers de huit mètres et pluset les bâtiments de travail de dix mètreset demi et davantage. Un capitaine res-treint doit avoir la compétence et les habiletés pour la manœuvre, connaître

les cartes, savoir utiliser un compasmagnétique, communiquer entre bâti-ments, etc. Un « brevet » n’est pas obli-gatoire, mais l’opérateur doit démontrerqu’il est qualifié pour conduire un bâ-timent en toute sécurité. Compétence qui peut être vérifiée par des inspec-tions. Ces dernières portent sur les ma-nœuvres, la connaissance du bâtiment,le changement des filtres à huile, le net-toyage d’un filtre à eau sur des moteurs.Pour le moment, une carte de conduc-teur de bateau de plaisance est requisepour conduire un bateau d’au plus quatre mètres. Elle sera exigée pourtous les bateaux à compter de 2009.Transports Canada estime donc que l’exploitant d’un bâtiment commercialdoit avoir un minimum de connais-sances. C’est pourquoi l’organisme a

Sur ce chantier situé sous un pont,

les travailleurs sont protégés par desgarde-corps lors-

qu'ils œuvrent sur les plateformes.

Un chantier en préparation. On voit bien la bargesur laquelle reposera toutes les installations.

aussi mis au point un contenu de coursqui sera donné par des organismes re-connus.

M. Brosseau note : « En 2004, la formation théorique a été donnée neuf

fois à des groupes d’environ 15 per-sonnes. Et la formation pratique, deuxfois. Cette dernière se déroule sur leslieux des travaux. Les embarcationsutilisées sont celles que l’entrepreneurpossède. Nous avons aussi des exigencespréliminaires pour les conducteurs.

Ceux qui suivent la formation théoriquedoivent avoir suivi la formation de pre-miers soins, premiers secours. Entreautres pour l’hypothermie, parce qu’ilen est question dans la formation théo-rique. Dans le cours pratique, on faitune mise en situation, avec un man-nequin à l’eau et on montre aux candi-dats comment sauver une victime. Çasemble peut-être bien facile, sauf que sion sauve une personne avec un radeaupneumatique, c’est une technique. Avecune chaloupe de cinq mètres, c’en estune autre. Il faut sauver les victimessans leur couper les jambes aupara-vant avec l’hélice ! On leur donne destechniques de pilotage, aussi simplesque “ comment faire une inspection du bâtiment chaque matin ”. Que faut-ilvérifier au départ, en ce qui a trait au moteur, au matériel ? Comment arri-mer l’embarcation au bout du quai pour que l’amarre se défasse rapide-ment si on en a besoin ? C’est réellementpratico-pratique. En ce moment, nousavons un travail de sensibilisation pourfaire connaître le cours dans le milieu.Ça s’en vient. La formation est prête. Et plusieurs entreprises hors du sec-teur de la construction comme Hydro-Québec et la SEBJ ont participé auxformations. »

Gilles Labrecque estime qu’une bonnepartie du travail est déjà faite. « Il y aplus de 300 entrepreneurs en construc-tion au Québec. Si l’on ne considère que les travaux à proximité de l’eau, leur nombre s’en trouve réduit d’autant. Déjà, quelque 150 personnes ont été for-mées. En ce moment, on exige que tousceux qui doivent conduire une embar-cation de sauvetage possèdent, au mini-mum, la carte de conducteur de bateaude plaisance. Tous les gros employeursconnaissent le cours de l’ASP. Actuelle-ment, la collaboration est bonne et lesemployeurs manifestent de l’intérêt. » Undossier piloté avec soin. PT

14 Prévention au travail Printemps 2005

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Pour en savoir plus

Dépliant Pour que personne ne tombe àl’eau, CSST, DC100-490

Site Web de Transports Canada –Sécurité Maritime : www.tc.gc.ca/securitemaritime

Règlement sur la santé et la sécurité dutravail

Code de sécurité pour les travaux de construction

RaftingÀ l’été 2003, un jeune guide de rafting est mort noyé. En traversant la chuted’un rapide de la rivière Jacques-Cartier, il est tombé à l’eau et a été emporté par le courant. L’accident est survenu parce que le guide a été éjecté duradeau pneumatique et qu’il a été retenu immergé par le sac à corde qu’il portait autour de la taille. Pour éviter pareil accident, la CSST a adressé desrecommandations aux 17 entreprises de rafting du Québec et s’est assurée deleur application :1. utiliser un dispositif sûr de retenue reconnu du type cale-pieds, sangle

sans boucle, ou courroie de chevilles tendue serrée, adapté à la position de conduite du guide lorsqu’il y a risque d’éjection de ce dernier hors de l’embarcation, en plus du boudin et de la pagaie ;

2. éliminer les objets que le travailleur porte sur lui, qui pourraient le retenirsous l’eau, tels le sac à corde non muni d’une attache automatique de sécurité ou l’amarre de redressement (flip line) ;

3. prévoir dans la procédure de sauvetage de repêcher le guide le plus rapide-ment possible.

De son côté, Transports Canada envisage d’instaurer un nouveau règlementsur le rafting intitulé Règlement sur les bâtiments à usage spécial. Ce projet de règlement remplacera la Norme concernant les radeaux fluviaux, qui seraabrogée. La principale préoccupation de Transports Canada est la sécurité.Compte tenu de la popularité de la descente en radeau, le besoin de normesde sécurité uniformes à travers le pays ne fait pas l’ombre d’un doute. Sur lesite Web de Transports Canada, on peut voir que le nouveau règlement com-porte des exigences pour l’embarcation, le matériel, le guide et la compagniequi fournit des services. On peut consulter le règlement à l’adresse suivante :www.tc.gc.ca/securitemaritime/NCE/Excursions-fluviales/reglements.htm.

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Étudiant à temps partiel,Xavier travaille depuis quelques moisdans une station de sports d’hiver, la finde semaine et quelques soirs par-ci, par-là. Il est affecté à l’entretien des remonte-pentes. Peu familier avec lemode de fonctionnement de ce typed’appareil, il est supervisé par Louis, un vieux de la vieille aussi âgé que l’appareil.

Son expérience permet à Louis de superviser le travail de son jeune ap-prenti. Ainsi, chaque jour de travail, ilremet à Xavier une liste des tâches à accomplir. Mais voilà qu’un certainaprès-midi de février, l’équipe d’entre-tien composée de Louis et de Xavier estappelée de toute urgence pour remettreen fonction le télésiège principal de la station. Sans cette intervention, lajournée sera perdue pour les skieurs.Louis analyse le problème et conclut que la courroie du vieux remonte-penteest encore coincée. Comme il est affligéde raideurs au dos depuis nombre d’années, Louis décide que Xavier, sonjeune apprenti, résoudra le problème en s’introduisant sous le dispositif depropulsion du télésiège, endroit très exigu où l’espace de manœuvre est limité. Xavier est inquiet. Si jamais la courroie cédait subitement pendant qu’il répare le remonte-pente ? Le jeunehomme craint aussi que l’outil suggérépar Louis, le manche d’une vieille pelle,soit inapproprié dans les circonstances.Xavier s’interroge sur ses droits en tantque travailleur. Il ne veut pas décevoirson supérieur immédiat. Louis insiste : ila déjà fait cette réparation à plusieursreprises. Il ajoute que « ce n’est presquepas dangereux ». Anxieux, Xavier se demande s’il peut refuser d’exécuter letravail.

La Loi sur la santé et la sécurité dutravail (LSST)1 confère aux travailleursle droit de refuser d’exécuter un tra-vail. L’article 12 précise en effet qu’« untravailleur a le droit de refuser d’exé-cuter un travail s’il a des motifs rai-sonnables de croire que l’exécution de ce travail l’expose à un danger pour sa santé, sa sécurité ou son intégritéphysique ou peut avoir l’effet d’expo-ser une autre personne à un semblable danger. » Ce droit de refus ne peut

cependant être exercési le fait de refuserd’exécuter son travailmet en péril immédiat la vie, la santé,la sécurité ou l’intégrité physique d’uneautre personne ou si les conditionsd’exécution de ce travail sont normalesdans le genre de travail qu’il exerce2.

Ainsi, en appliquant le droit au casde Xavier, celui-ci pourrait refuser deprocéder à la réparation du remonte-pente puisqu’il a bel et bien des motifsraisonnables de croire que la courroiedéfectueuse pourrait céder au cours de la réparation et le blesser gravement.De plus, l’utilisation d’un manche depelle pour libérer la courroie n’est pasappropriée. La situation représente unréel danger pour la santé, la sécurité etl’intégrité physique de Xavier. Le jeunehomme devra toutefois aviser son supé-rieur immédiat ou un représentant del’employeur, conformément à l’article 15de la LSST. Si l’exercice du droit de refus crée un litige entre Xavier et sonemployeur ou le représentant de celui-ci, un inspecteur de la CSST pourraitêtre appelé à évaluer la situation.

À la suite du droit de refus de Xavier,son employeur pourra, conformément

à l’article 25 de la LSST, exiger qu’il demeure disponible sur les lieux du travail et affecter temporairementXavier à une autre tâche qu’il est rai-sonnablement en mesure d’accomplir.

Le droit de refus de Xavier n’ayantpas été exercé de façon abusive, l’em-ployeur ne pourra le congédier, le sus-pendre, le déplacer ou exercer à sonendroit des mesures discriminatoires oude représailles ou lui imposer touteautre sanction3.

La santé, la sécurité et l’intégritéphysique des travailleurs, aspects fon-damentaux de la LSST, doivent toujoursprimer lors de l’exécution du travail. La loi ne tolère aucun compromis surces points. PT

Jean-François LeBel

15Printemps 2005 Prévention au travail

Droits et obligations

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Le droit

1. Loi sur la santé et la sécurité du travail, L.R.Q.,c. S-2.1, à jour au 1er janvier 2003.

2. Art. 13 de la Loi sur la santé et la sécurité dutravail.

3. Art. 30 de la Loi sur la santé et la sécurité dutravail.

de travaillerde refuser

3 et 4 mai 2005Saint-Hyacinthe (Québec)Colloque en santé et en sécurité du travailSecteur de la santé et des services sociauxRenseignementsTél. (514) 253-6871 ou 1 800 361-4528Site Web : www.asstsas.qc.ca

3 mai 2005Montréal (Québec)Session de formationHarcèlement psychologiqueen milieu de travail

19 mai 2005Montréal (Québec)Session de formationGestionnaires, résistez àl’épuisement professionnel

RenseignementsDirection générale de la formation continueUniversité LavalCourriel : [email protected] Web : www.ulaval.ca/dgfc/brochure

Du 17 au 19 mai 2005Saint-Hyacinthe (Québec)27e congrès annuel de l’AQHSSTLa sst de la pratique à l’intégration… Un DÉFI !RenseignementsCourriel : [email protected] Web : www.aqhsst.qc.ca

19 et 20 mai 2005Montréal (Québec)Cours – « Ergonomisez » vos postes de travail

6 juin 2005Montréal (Québec)Séminaire – L’assignationtemporaire : un droit pourl’employeur

10 juin 2005Montréal (Québec)Cours – Les contraintes et le confort thermiques

RenseignementsCentre patronal de santé etsécurité du travail du QuébecTél. (514) 842-8401Courriel : [email protected] Web : www.centrepatronalsst.qc.ca

Du 21 au 27 mai 2005Taipei (Taïwan)23e congrès quadriennalSoins infirmiers en marche :connaissances, innovation et vitalitéRenseignementsSite Web : www.icn.ch/congress2005.htm

Du 25 au 27 mai 2005Cannes-Mandelieu (France)28es journées nationales de santé au travail dans le bâtiment et les travauxpublicsRenseignements Tél. 33 04 97 03 85 97Courriel : [email protected]

30 et 31 mai 2005Nancy (France)1er congrès francophone sur les TMS du membresupérieurRenseignementsTél. 33 03 83 50 20 00Courriel : [email protected]

30 et 31 mai 2005Espoo (Finlande)Symposium internationalJeunesse et culture du travail2005RenseignementsCourriel : [email protected] Web : www.ttl.fi/ywculture

2 juin 2005Sept-Îles (Québec)3 juin 2005Baie-Comeau (Québec)Colloque sur la santé et la sécurité du travail

RenseignementsCSST, Direction régionale de la Côte-NordTél. (418) 964-3906Sans frais : 1 800 668-5214Téléc. (418) 964-3959Courriel : [email protected] Web : www.csst.qc.ca

Du 7 au 9 juin 2005Nancy (France)3e conférence internationalesur les risques liés à l’exposition aux vibrationstransmises à l’ensemble du corps humainRenseignementsINRSCourriel : [email protected] Web : www.inrs.fr

Du 14 au 16 juin 2005Nantes (France)SFRP 2005 – Congrèsnational de radioprotectionRenseignementsCourriel : [email protected] Web : www.sfrp.asso.fr

Du 12 au 15 juin 2005Stockholm (Suède)Conférence internationaleOccupational and Environmental Exposures of Skin to ChemicalsRenseignementsTél. (304) 285-6027Courriel : [email protected]

Du 26 au 30 juin 2005Montréal (Québec)1er congrès internationalinterdisciplinaire sur lesurgencesRenseignementsSite Web : www.ciiu2005montreal.com

Du 22 au 27 juillet 2005Las Vegas (États-Unis)11e conférence internationalesur l’interaction homme-ordinateurRenseignementsCourriel : [email protected] Web : www.hci-international.org

Du 18 au 22 septembre 2005Orlando (États-Unis)XVIIe congrès mondial sur lasanté et la sécurité au travailRenseignementsThe National Safety CouncilCustomer Relations DepartmentTél. (630) 775-2056Site Web : www.safety2005.org

23 septembre 2005Québec (Québec)14 octobre 2005Montréal (Québec)Séminaire – Obligationslégales et diligenceraisonnable : de A à… C-45 !

12 octobre 200525 novembre 2005Montréal (Québec)Cours – Conduite préventivedes chariots élévateurs

21 octobre 200518 novembre 2005Montréal (Québec)Séminaire – Le Règlement sur la santé et la sécurité dutravail (RSST)

27 et 28 octobre 2005Montréal (Québec)Cours – « Ergonomisez » vos postes de travail

28 octobre 20054 novembre 2005Montréal (Québec)Séminaire – Bâtir une cultureen sst… Un plus pour l’entreprise !

1er décembre 2005Montréal (Québec)Cours – Alcool, drogues et gestion du risque

13 décembre 2005Montréal (Québec)Séminaire – L’assignationtemporaire : un droit pourl’employeur

RenseignementsCentre patronal de santé etsécurité du travail du QuébecTéléc. (514) 842-9375Site Web : www.centrepatronalsst.qc.ca

16 Prévention au travail Printemps 2005

Agenda d’ici et d’ailleurs

17Printemps 2005 Prévention au travail

L’endroit est calme et ordonné,les clients chuchotent et les employéspressent rarement le pas. Alors, peinard,le travail en bibliothèque ? Pas autantque les apparences le montrent. La na-ture des tâches à accomplir peut cons-tituer un aller-simple vers des troublesmusculo-squelettiques, particulière-ment au niveau du dos et des membressupérieurs.

La position stationnaire prolongée,la manutention de charges et les mou-vements répétés forment un terrain

propice au développement de troublesmusculo-squelettiques. Pour mieuxendiguer les facteurs de risque, il estsouhaitable que les exigences du tra-vail soient considérées dans les plans etdevis d’un projet de construction ou derénovation. C’est ce que soutiennent lesergonomes Marie Bellemare et LouisTrudel, de l’Université Laval, dans leurrécente étude, Intégration de la préven-tion des TMS dès la conception d’unaménagement : le cas des bibliothèquespubliques.

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Employés de bibliothèquesAllier ergonomie et conceptionpour prévenir les troublesmusculo-squelettiques

Intervention en entrepriseAnalyser les gestes posés pour comprendre l’adoption des changements

Cheminées à mineraiMieux les concevoir, les débloquer en toute sûreté

Interprètes en langage visuel Deux interventions aident àdiminuer les troubles musculo-squelettiques

Odeurs des élevages porcinsLes additifs de lisier ne remplissent pas toutes leurs promesses

Boursier : Rabiul AhasanÉcole polytechnique de MontréalDes problèmes avec la positionassise prolongée ?

Nouvelles publications

Recherches en cours

www.irsst.qc.caCliquez recherche

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Rechercheà l’IRSST

Employés de bibliothèques

Allier ergonomie et conception pour prévenirles troubles musculo-squelettiques

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Les différentes activités effectuéespar les préposées au comptoir peuvent entraîner des manipula-tions superflues. Tâcher de réduireces gestes inutiles est important.Par exemple, une surface de comp-toir unie permet de glisser les livresplutôt que de les soulever.

Recherche

Le milieu a d’ailleurs profité de l’occa-sion offerte par l’étude pour remettre lespendules à l’heure. « Dès nos premièresrencontres avec les gestionnaires et les employés, les gens insistaient pour contrer l’idée à l’effet que le travail enbibliothèque n’est pas exigeant », en-chaîne Louis Trudel.

Aussi, afin de limiter les interven-tions correctives subséquentes, les res-ponsables de l’étude privilégient uneimplication en amont, pour faire unevéritable œuvre de prévention. Pour yparvenir, l’ergonome doit s’insérer dansun projet dès la rédaction de l’appel

d’offres, et assurer un suivi jusqu’àla fin des travaux. Ce qui supposela collaboration des différents in-tervenants, du maître d’œuvre àl’architecte. L’enjeu est d’inculquerle souci du travail qui sera accom-pli dans une bibliothèque, au lieude penser les espaces surtout enfonction des usagers. Pour ajoutercette dimension à la conception, la contribution des responsables etdes employés de bibliothèques s’estavérée essentielle. « L’architectealigne ses plans sur une descriptionde tâches donnée, sans aller dans ledétail », constate Marie Bellemare.

Il faut voir également que les gens n’ontqu’une certaine conscience de la des-cription de leur propre travail. Les gestesrépétés sont tellement bien intégrés qu’ilsdeviennent des réflexes. « Il n’est doncpas évident, pour le principal intéressé,de décomposer ces enchaînements, etc’est ici qu’intervient l’ergonome », pour-suit-elle. Tout était à faire, ou presque,le travail de manutention dans ce milieuétant peu documenté.

Rénovation et constructionLa recherche appliquée s’est dérouléedans deux bibliothèques publiques duGrand Montréal. Dans un cas, il s’agis-sait de la rénovation d’un comptoir deservices devenu désuet, dans l’autre,d’une nouvelle construction. Ce der-nier projet était déjà en cours quandl’équipe de recherche est intervenue : le programme destiné aux architectesne contenait pas de spécificité sur lesexigences du travail. Pour pallier cemanque, un court addenda, monté parMarie Laberge, de l’IRSST, et PatrickVincent, de l’Association paritaire dusecteur affaires municipales (APSAM),viendra préciser quelques critères àprendre en compte dans l’élaborationdes esquisses.

« Cette première approche auprès desconcepteurs nous a permis d’introduirela relation entre la dépendance des activités du travail face aux contraintes de l’architecture et de l’aménagement,comme l’emplacement des murs, des es-caliers et la disposition des fonctions »,précise Marie Bellemare.

Les interventions ont été plus signi-ficatives pour le projet de réaména-gement du comptoir de services. Ladernière mise aux normes de cet espaceremontait à 1984. « L’ergonomie n’était

18 Prévention au travail Printemps 2005

à l’IRSST

Conçus pour les usagers ?« Malgré le fait qu’un bâtiment soit bienpensé, on prépare les conditions favo-rables au développement de troublesmusculo-squelettiques si la conceptionest faite à partir d’un préjugé ou d’uneméconnaissance du travail qui y seraaccompli », affirme Marie Bellemare1.

Point de départLes troubles musculo-squelettiques sont fréquents chez les commis des bibliothèques, en raison des posturesstatiques prolongées, des mouvementsrépétés, de l’utilisation d’outils infor-matiques ou de tâches de manutention.Les chercheurs souhaitaient élaborer un modèle d’intervention ergonomiquepour aménager les situations de tra-vail du personnel des bibliothèques demanière à prévenir ces atteintes à leursanté.

ResponsablesMarie Bellemare1, de l’IRSST,Louis Trudel2, du Départementde réadaptation de l’Univer-sité Laval, coresponsables duprojet, Sylvie Montreuil, du Dé-partement de relations indus-trielles, de l’Université Laval, etÉlise Ledoux, de l’équipe Orga-nisation du travail de l’IRSST.

RésultatsLes chercheurs ont établi un lienentre les activités du travail enbibliothèque et de nombreuxfacteurs de risque de troublesmusculo-squelettiques. Ils ont docu-menté l’influence de différents choixfaits pendant le projet d’aménagementd’une bibliothèque sur l’apparition detelles lésions. Les résultats de leur étudesont déjà à la base de publications pra-tiques qui permettent aux administra-teurs des bibliothèques d’effectuer deschoix d’équipements et d’aménage-ment tenant compte de la préventiondes troubles musculo-squelettiques.

Utilisateurs potentielsLes gestionnaires de bibliothèques, lesergonomes et les spécialistes munici-paux en santé et en sécurité du travail.

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1. Mme Bellemare travaille maintenant au Dépar-tement des relations industrielles de l’Univer-sité Laval.

La mise en rayon pouvant nécessiterl’utilisation de plusieurs chariots, l’espace nécessaire à leur maniementdoit être prévu à l’arrière du comp-toir, faute de quoi il peut s’en trouverrapidement encombré.

alors pas une préoccupation. Il fallaitfaire place au nouveau matériel infor-matique, sans nécessairement changerla conception du comptoir. », relateReine Harvey, chef divisionnaire du service au public et bibliothécaire deformation.

Les problèmes de santé rencontrés parson personnel au comptoir du prêt in-citent Reine Harvey à recourir à l’APSAM.Deux groupes de travail sont alors for-més, dont un comité des employés de labibliothèque. La collaboration avec lesergonomes aborde l’ensemble des acti-vités, telles que la mise sur rayon, letraitement des retours, l’utilisation desièges ergonomiques, etc. Un prototypede comptoir est même monté et desmises en situation avec la clientèle sontsimulées. « Nous avons vraiment joué lejeu », affirme la bibliothécaire.

En somme, des critères sont mis aupoint pour donner un avis éclairé sur lesplans et devis. « Il faut bien voir que lesgestionnaires de bibliothèques ne sontpas des habitués des projets de cons-truction, observe Marie Bellemare. Il est donc important d’avoir des outils enmain pour mieux interagir auprès desprofessionnels de la conception. »

Des caractéristiques sont cette fois-ci précisées dans l’appel d’offres.Non seulement l’architecte accepte-t-elle d’emblée de travailler en collé-gialité, mais elle soumet d’autrespropositions d’aménagement qui ouvrent sur de nouvelles possibi-lités. Plutôt que de se limiter au comp-toir, elle propose des changements majeurs qui métamorphoseront la perspective de l’entrée. La durée destravaux, plus longue que prévue au départ, transforme la bibliothèque enun véritable chantier de construction.« Comme nous avons fait la démarcheensemble, un esprit de collaborationhors du commun s’est installé chez les employés, pour passer sans heurt à travers tout ce remue-ménage », assure Reine Harvey.

Deux ans plus tard, les problèmes desanté liés aux troubles musculo-sque-lettiques sont atténués. « La formationavec les ergonomes a de plus induit de bons comportements pour mieux s’approprier l’espace. Le service est plus efficace et la motivation au travail estmeilleure », ajoute la responsable.

Une méthode qui va faire écoleLa difficulté pour l’équipe de rechercheétait d’imager la problématique afind’en faire écho chez les concepteurs. Ladescription exhaustive de l’ensembledes activités du travail a permis la modélisation des déterminants quiprésident à l’apparition des troublesmusculo-squelettiques, spécifiques autravail en bibliothèque.

L’équipe est passée de la théorie àla pratique avec la parution du guideLa bibliothèque publique, un lieu de travail – L’ergonomie appliquée à unprojet d’aménagement de comptoir deservices. « Il n’y a pas de recette mi-racle. Chaque établissement porte sespropres caractéristiques. La nouveauté,c’est que la méthode de travail trans-mise dans ce guide permet désormaisde remettre en question les choix quis’offrent aux concepteurs. La méthodeexplique comment ces choix se tradui-sent, ou non, en facteurs de risque »,conclut Marie Bellemare. PT

André Piché

19Printemps 2005 Prévention au travail

Pour en savoir plus

BELLEMARE,Marie, LouisTRUDEL, ÉliseLEDOUX, SylvieMONTREUIL,Micheline MARIER,Marie LABERGE,Marie-Josée GODI.Intégration de laprévention des TMS

dès la conception d’un aménagement : lecas des bibliothèques publiques, RapportR-395, 210 pages, 16$.

Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

VINCENT, Patrick,Micheline MARIER,Élise LEDOUX,MarieBELLEMARE,Louis TRUDEL,SylvieMONTREUIL.La bibliothèquepublique, un lieu detravail – L’ergonomie

appliquée à un projet d’aménagement decomptoir de services, Montréal, CSST,APSAM, IRSST, 89 pages, gratuite(disponible à la CSST).

La vidéocassette est offerte à l’APSAM,(514) 849-8373 ou 1 800 465-1754, aucoût de 50$.

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L’enjeu : inculquer le souci du travail qui sera accompli, au lieu de penser les espaces

surtout en fonction des usagers.

Recherche

sur cette expérience originale. L’analyse d’interventions menées par des conseil-lers d’ASP est ainsi apparue aux cher-cheurs comme un moyen privilégiéd’entreprendre un questionnement surl’action externe en matière de santé etde sécurité du travail.

Cette étude ne constitue ni un por-trait, ni une mesure des résultats des in-terventions, mais un effort pour mieuxcomprendre l’ensemble des conditionset des mécanismes qui permettent quedes changements visant la préventionsoient effectivement réalisés dans unétablissement.

Sept cas sous la loupeLes chercheurs ont étudié sept cas, dans six établissements, répartis entrequatre ASP, soit l’Association sectoriellefabrication d’équipement de transportet de machines (ASFETM), l’Associationparitaire du secteur affaires munici-pales (APSAM), l’Association pour lasanté et la sécurité du travail du sec-teur affaires sociales (ASSTSAS) etPréventex, l’Association sectorielle pa-ritaire des secteurs du textile et de la bonneterie. Il s’agit, par exemple, de lamise à jour du programme de préven-tion d’un établissement, de la correctiond’aménagements et d’équipements, de la formation des travailleurs, de la miseen place d’un comité de santé et desécurité (CSS), etc.

Après une revue de la littérature, les chercheurs ont observé et écouté, recueillant des données à l’occasion devisites du conseiller de l’ASP à l’établis-sement et d’entrevues avec chacun desacteurs concernés ainsi qu’avec le conseil-ler, tout au long de ses interventions.

Geneviève Baril-Gingras, de l’Univer-sité Laval, explique : « On obtient ainsiune multitude d’informations qu’il fautorganiser si l’on veut comprendre les in-terventions, les comparer et en tirer des

conclusions. De façon imagée, il s’agitde trouver des boîtes dans lesquellesmettre les renseignements recueillispour qu’ils cessent d’être anecdotiqueset révèlent leurs interrelations. » Ainsi,l’équipe a bâti, au fil de ses travaux, un modèle d’analyse (figure ci-contre).Comment se structure ce modèle ? Com-ment permet-il de faire le tour de laquestion ? Suivez le guide…

Un modèle et son utilisationLa case Régulation de la SST décrit lecontexte général en matière de préven-tion au sein de l’établissement. L’objetde l’intervention, qui est en fait le pro-blème de santé et de sécurité du tra-vail, soulève divers enjeux (dispositionsdes acteurs) chez les acteurs de l’entre-prise. Ces enjeux peuvent converger ou diverger selon les gens en présence, et c’est pour cela qu’il faut traiter des relations entre les acteurs. Par ailleurs,d’un établissement à un autre, les capa-cités techniques et politiques des acteursvarient.

Par exemple, on peut avoir ungroupe de travailleurs très cohérent,très qualifié, dont le travail est essentielà la qualité de la production, et forméde gens capables de souligner l’im-portance de la santé et de la sécuritépour eux. Cela constitue un enjeu im-portant pour leur superviseur et pour la direction. Un autre exemple ? Unequestion de santé et de sécurité du travail liée à un dysfonctionnementdans les activités constitue un enjeu majeur, qui va influencer positivementl’implantation d’une solution.

Les chercheurs voulaient aussi que lemodèle aide à déterminer comment les

20 Prévention au travail Printemps 2005

à l’IRSST

Les régimes de santé et de sécu-rité du travail occidentaux accordenttous une place importante à la fonctionde « conseil ». Au Québec, les associa-tions sectorielles paritaires (ASP) ontété créées pour répondre à ce besoin des milieux de travail. Or, l’importancede l’action des ASP, à la fois quant au nombre de secteurs et d’établisse-ments couverts ainsi qu’à la quantitéd’interventions réalisées, contraste avecle peu de connaissances disponibles

Point de départLes associations sectorielles paritaires,comme d’autres intervenants en santéet en sécurité du travail, sont soucieusesde maximiser les retombées de leurs interventions en milieu de travail.

ResponsablesGeneviève Baril-Gingras, de l’UniversitéLaval, Marie Bellemare, de l’IRSST, etJean-Pierre Brun, également de l’Uni-versité Laval.

PartenairesLe personnel de six établissements et les associations sectorielles paritairesdes secteurs Fabrication d’équipementde transport et de machines, Affairesmunicipales, Affaires sociales et Textileet bonneterie.

RésultatsL’équipe a mis au point un modèle d’analyse des interventions et un en-semble de propositions quant à l’in-fluence des modalités et du contexte du milieu de travail sur ces actions et sur les changements réalisés.

Utilisateurs potentielsLes organismes d’intervention en santéet en sécurité du travail et les conseillersen prévention.

Analyser les gestes posés pour comprendre l’adoption des changements

Interventionen entreprise

Il s’agit de trouver des boîtes dans lesquelles mettre

les renseignements recueillispour qu’ils révèlent leurs interrelations.

en entrepriseIntervention

modalités de l’intervention influençaientl’issue des propositions de transforma-tion. Ils ont ainsi classé en trois grandséléments (boîtes) les caractéristiquesprincipales des interventions. Le dispo-sitif d’intervention traite de l’organisa-tion des relations entre le conseiller etses interlocuteurs ainsi qu’entre cesderniers. La boîte activités se rapporte,notamment, au moment de l’existenced’un problème où se passe l’inter-vention, par exemple, le conseiller participe-t-il à l’implantation de laproposition une fois celle-ci élaborée ?Quant à la boîte propositions de chan-gements, elle s’intéresse à la fois à leur forme — plus ou moins opération-nelle — et à leur contenu. Par exemple,y a-t-il des chances qu’une propositionde formation soit acceptée plus facile-ment qu’une autre concernant des amé-nagements ou des procédures ?

Geneviève Baril-Gingras poursuit : « La manière dont l’intervention seramenée dépend des orientations et desressources de l’ASP et du conseiller (orga-nisation et intervention), et concernenttout ce qui se rapporte directement àl’organisation d’où provient le service de conseil et au conseiller lui-même. »

« Finalement, deux grands facteursmodulent le tout, affirme la chercheure.Dans le bas du modèle, d’abord, les

caractéristiques structurelles des éta-blissements, par exemple, le fait qu’il soit syndiqué ou non, le niveau de qua-lification de sa main-d’œuvre, etc., sontautant de facteurs qui vont faire ensorte qu’il sera plus ou moins structuréen matière de prévention et qu’il s’y trouvera des capacités plus ou moinsgrandes à réaliser des changements.Puis, dans le haut, le régime de santé etde sécurité du travail. Par exemple, ici au Québec, l’obligation d’élaborer unprogramme de prévention s’appliquedans certains secteurs, mais pas dansd’autres. Les flèches trajectoires sont làpour rappeler que tous ces élémentsvarient dans le temps. »

Un outil et un résultat« Nous souhaitons, explique Geneviève

Baril-Gingras, transformer les outils d’analyse élaborés en cours de re-cherche en outils d’analyse ou d’aide à la décision à l’intention des pra-ticiens. L’intervention en santé et en sécurité du travail possède un aspectscientifique et technique, mais aussi un aspect social, relationnel ; ça devientpratiquement un art, et en ce sens, dif-ficile à enseigner. Beaucoup de chosess’acquièrent par l’expérience et pourpouvoir les transmettre, il faut un voca-bulaire, des outils, afin de passer de

l’anecdotique au généralisable. Un denos objectifs, c’est que ce que nous avonsfait puisse aider les conseillers à trans-mettre leur expérience. Nous voudrionsaussi voir si le modèle peut être utilepour analyser des interventions réa-lisées par d’autres types d’organisations,par exemple les équipes de santé au travail du réseau public. Nous souhai-tons vérifier la validité des conclusionstirées ici dans des interventions réaliséesdans d’autres contextes, comme celui despetites entreprises. » PT

Loraine Pichette

21Printemps 2005 Prévention au travail

Pour en savoir plus

BARIL-GINGRAS,Geneviève, MarieBELLEMARE,Jean-Pierre BRUN.Intervention externeen santé et en sécurité du travail :un modèle pourcomprendre la production de trans-

formations à partir de l’analyse d’interven-tions d’associations sectorielles paritaires,Rapport R-367, 287 pages, 16,05$.

Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

L e m o d è l e d ’ a n a l y s e

Organisationet intervenant

Contexte de l’établissementRégulation de la santé et de la sécurité

Relations entre les acteurs(convergence – divergence

des enjeux)

Objet de l’intervention

Capacités techniques et politiques des acteurs

Dispositions des acteursEnjeux

Ressources

Intervention

Propositions

Activités

Dispositif

Orientations

Changements(effets intermédiaires)

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E

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E

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G G GCaractéristiques structurelles des établissements

Régime de SST : mesures et mise en œuvre

C C C

Le contrôle de la dimension desmatériaux déversés dans unecheminée peut être laissé auxopérateurs ou effectué par l’instal-lation d’infrastructures, notam-ment les grizzlys et les scalpeurs(photo). Ceux-ci devraient êtreconçus de façon à laisser passer 95% des fragments rocheux issusdes sautages.

Recherche

Comprendre les obstructionsDans la plupart des mines souterraines,la matière extraite est déplacée à traversun réseau d’excavations verticales oufortement inclinées, nommées chemi-nées à minerai ou à stérile. En raisonmême de leur structure, il arrive que cescheminées s’obstruent. Les causes sontmultiples : le matériau en mouvemententraîne des impacts et use les parois en les détériorant, les roches s’empilent les unes sur les autres, empêchant le libre écoulement du minerai. Un enche-vêtrement rocheux ou la formation d’une arche cohésive peut en résulter et obstruer complètement la cheminée.Des problèmes de stabilité peuvent aussiêtre causés par les structures présentesdans le massif rocheux ainsi que par lerégime de contraintes.

Collecter les donnéesC’est avec l’excellente collaboration desemployeurs et des travailleurs de 10 minesdu Québec que MM. Hadjigeorgiou etLessard ont cherché des solutions. Lesinformations sur l’ingénierie des che-minées et les méthodes de déblocageainsi recueillies ont largement aidé les chercheurs. Ajoutée à la recherche documentaire effectuée préalablement,cette démarche leur a permis de mettreà jour les connaissances sur la concep-tion des cheminées et les problèmesopérationnels.

Lister les méthodesLes auteurs ont dressé et évalué une liste des méthodes de déblocage em-ployées dans les mines québécoises. Ilsen recensent deux types : la méthode par ajout d’eau et celle qui utilise des explosifs. Ces procédés font appel à différents mécanismes. Dans le cas d’ajout d’eau, on procède par arrosaged’un point plus haut que l’accrochage ou d’un point plus bas que le blocage,selon des normes très strictes quant à laquantité d’eau permise. Avec les explo-sifs, on procède par forage rapproché

22 Prévention au travail Printemps 2005

à l’IRSST

C’est par des cheminées pra-tiquées dans le roc que sont transférés,par gravité, le minerai et les matièresstériles extraits au cours des opérationsminières. Composantes essentielles del’architecture d’une mine, ces ouver-tures souterraines inclinées se bloquentsouvent. Or, leur déblocage présente des risques importants. Pourquoi cescheminées deviennent-elles obstruées ?Le minerai qu’on y déverse est-il le seul responsable des obstructions ? Laconception de ces cheminées est-elle en cause ? John Hadjigeorgiou et Jean-François Lessard, de l’Université Laval,ont répondu à ces questions et proposédes améliorations pour augmenter ladurée de vie des cheminées et réduire la fréquence des blocages.

Point de départLe déblocage des cheminées à minerai et à stérile est une opération qui peuts’avérer périlleuse pour les travailleursdes mines souterraines. Au Québec, entre 1987 et 1999, la plupart des 60 accidents liés à l’utilisation de che-minées, dont 9 mortels, ont eu lieu dans de telles circonstances.

ResponsablesJohn Hadjigeorgiou et Jean-FrançoisLessard, du Département de génie desmines, de la métallurgie et des maté-riaux de l’Université Laval.

RésultatsLe regroupement et la présentation simple des méthodes de déblocageactuelles ainsi que la proposition d’uneapproche de conception des cheminéesà minerai.

UtilisateursPour les méthodes de déblocage, les travailleurs miniers et les superviseurs.Pour la conception des cheminées, les ingénieurs.

C h e m i n é e s à mMieux les concevoir,

les débloquer en toute

ou par forage éloigné permettant lechargement des explosifs et le sau-tage des blocs rocheux. Un appareil —nommé Spoutnik — qui propulse unecharge explosive à l’aide d’air comprimé,ou des perches sont aussi utilisés.

Le document, s’adressant particu-lièrement aux superviseurs et auxmineurs, indique les limites et les avan-tages de chacune de ces méthodes.

Débloquer les cheminées…« Ce document traite des moyens dedéblocage actuels dans les mines. Il a

C h e m i n é e s à m

contraintes. De plus, il permet de di-mensionner leur diamètre et leur géo-métrie afin de réduire ou d’éliminer lesaccrochages et de diminuer les pro-blèmes d’usure et d’impacts causés parle passage des matériaux. Enfin, il per-met d’évaluer le type de soutènementrequis et d’élaborer une stratégie desuivi de l’état des cheminées. Les cher-cheurs ont aussi élaboré — et validé àl’aide de la modélisation numérique —un outil empirique de dimensionne-ment des cheminées afin de prévenir lesenchevêtrements rocheux.

Répandre l’informationL’Association minière du Québec a déjàorganisé plusieurs rencontres pour in-former ses membres de la disponibilitéde ces outils. L’Association paritairepour la santé et la sécurité du travail du secteur minier a largement diffusé la Liste des méthodes de travail et leGuide de déblocage des cheminées. S’ilssont fiers des résultats concrets de leurrecherche et de l’intérêt manifesté dansle milieu minier, MM. Hadjigeorgiou etLessard sont surtout ravis d’avoir pulivrer des outils pratiques aux travail-leurs et aux gestionnaires des mines,dont les attentes étaient grandes. PT

Benoit Fradette

23Printemps 2005 Prévention au travail

Pour en savoir plus

HADJIGEORGIOU,John, Jean-FrançoisLESSARD. Concep-tion des cheminées à minerai et à stérile,Rapport R-380, 35 pages, 5,35$.

HADJIGEORGIOU,John, Jean-FrançoisLESSARD. Liste des

méthodes de travail reliées aux opérationsde déblocage et de réhabilitation des cheminées à minerai et à stérile, AnnexeRA-380, 25 pages, 5,35$.

LESSARD, Jean-François, John HADJIGEORGIOU. Guide de conceptiondes cheminées à minerai et à stérile,Guide RG1-380, 35 pages, 5,35$.

HADJIGEORGIOU, John, Jean-FrançoisLESSARD. Guide de déblocage des cheminées à minerai et à stérile, GuideRG2-380, 22 pages, 5,35$.

Téléchargeables gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

i n e r a isûreté

été conçu pour éventuellement être utilisé en formation », commente Jean-François Lessard. C’est aussi une syn-thèse des procédés employés dans lesmines québécoises. On y trouve la des-cription de différentes méthodes, leurapplicabilité, leur efficacité et bien sûr, les différents aspects concernant la sécurité. On y fait aussi la distinctionentre les blocages (obstruction dans lazone de soutirage au bas de la chemi-née) et les accrochages (obstruction em-pêchant l’écoulement ailleurs le long de la cheminée). Ce guide pratique estun complément d’information à utiliserconjointement avec les règles et procé-dures spécifiques à chaque mine. Des illustrations appuient les propos des auteurs.

… et mieux les concevoir « Le guide de conception des cheminéescomprend la méthode nécessaire et lesgrandes étapes à suivre afin de trouverle meilleur design possible », préciseJohn Hadjigeorgiou. Ces règles de conception sont basées sur l’analysed’une base de données comportant 153 sections de cheminées à mineraiprovenant des 10 mines souterrainesayant participé à l’étude. Le guide offreaussi des suggestions pour localiseradéquatement les cheminées à mineraiafin d’éviter les problèmes de stabi-lité structurale et les ruptures dues aux

L’une des méthodes utilisées consiste à forer un ou plu-sieurs trous dans les blocsrocheux trop gros pour passer dans les ouvertures afin de les briser ensuite à l’aide d’explosifs. Elle a comme avantage de ne nécessiter quepeu de main-d’œuvre.

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Recherche

de douleurs aux épaules, au cou et dansla région avant-bras-poignets-mains.Leur travail nécessite en outre une attention particulièrement soutenue et comporte une importante charge cognitive. Ces facteurs contribuent austress psychologique, qui peut, lui aussi, accroître la sollicitation muscu-laire de la région du cou et des épaules.Il a d’ailleurs été démontré qu’environla moitié des interprètes présentaient un niveau élevé de détresse psycholo-

gique ; c’est beaucoup plus quedans la population adulte qué-bécoise.

Le cégep du Vieux-Montréal,qui gère le Service d’interprétationen langage visuel pour le réseaucollégial et universitaire de l’ouestdu Québec, s’inquiétait donc de laproblématique vécue par ses inter-prètes. L’IRSST s’est graduelle-ment engagé, à sa demande, pouren venir à définir un projet de re-cherche qui évaluerait l’effet réeld’interventions visant à prévenirles troubles musculo-squelettiqueschez les interprètes.

Modalités d’intervention distinctesSelon Alain Delisle, de l’équipeSécurité-ergonomie de l’IRSST, « il était malheureusement impos-sible, à partir de la documentation

existante, de faire un choix éclairé quantaux interventions à privilégier. Leschercheurs ont donc dû s’appuyer surleur connaissance du milieu de travaildes ILV, de leurs travaux antérieurs et de la documentation pour définir les interventions à mettre en place et à éva-luer ». Ils ont ainsi ciblé deux sphères d’action différentes, la première visant lamodification du style d’interprétation, laseconde portant sur la gestion du stress.

Ainsi, un expert en biomécanique etdeux interprètes expérimentés ont ani-mé des rencontres de groupe sur les notions de risque et sur les stratégies àadopter pour les réduire. Les interprètesont également pu s’observer sur vidéo

24 Prévention au travail Printemps 2005

à l’IRSST

Environ 13 600 gestes du poi-gnet en 50 minutes. Pas étonnantqu’une très forte proportion d’inter-prètes en langage visuel (ILV) souffrent

Point de départUne forte proportion d’interprètes enlangage visuel souffrent de troublesmusculo-squelettiques. Le cégep duVieux-Montréal, qui gère le Service d’interprétation en langage visuel pourle réseau collégial et univer-sitaire de l’ouest du Québec,s’en inquiétait.

ResponsablesA l a i n D e l i s l e 1 e t C h r i s t i a n Larivière2, de l’IRSST, Marie-José Durand3, du Centre derecherche clinique en réadap-tation au travail , et Daniel Imbeau, de l’École polytech-nique de Montréal.

PartenairesLe Service d’aide à l’intégrationdes élèves (SAIDE), les inter-prètes en langage visuel, lesélèves et les enseignants ducégep du Vieux-Montréal ainsique la psychologue Marie-France Coutu, responsable del’intervention en gestion dustress.

RésultatsDeux modes d’intervention ont été éva-lués. Combinés, ils ont permis de réduireles douleurs de quatre des sept par-ticipants. Il appert toutefois que des interventions uniquement centrées surl’individu ne suffisent pas et que des efforts sur le plan organisationneldoivent également être déployés.

Utilisateurs potentielsLes intervenants en santé et en sécuritédu travail, les interprètes en langage visuel et les scientifiques intéressés à l’étude des troubles musculo-sque-lettiques.

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Interprètes en langageDeux interventions aident

les troubles musculo-squelettiquesLes trois quartsdes professeurs

interrogés ontaffirmé que cette

étude les avaitsensibilisés aux

problèmes desinterprètes et

94% d’entre euxse sont dits prêts

à considérerd’autres façons

de faire dansleurs cours pour

aider l’interprète,certains ayantmême modifié

leur débit vocal.

et constater, en parallèle, la variationdes paramètres mesurés par des ins-truments fixés sur leur corps pendantqu’ils travaillaient. On a en effet enre-gistré par électrogoniométrie les anglesformés par les mouvements du poi-gnet (dont on peut déduire la vitesse et l’accélération en fonction du temps) etl’activité musculaire des trapèzes aumoyen de l’électromyographie.

Pendant la seconde intervention, pré-parée par une psychologue, les parti-cipants ont acquis des notions de baseen gestion du stress. Chacun d’eux a ensuite élaboré un plan d’action adaptéà ses besoins et à ses buts personnels.Le programme comptait à la fois desrencontres de groupe et des rencontresindividuelles.

Pour effectuer le suivi de ces in-terventions en milieu de travail, leschercheurs ont adopté une façon defaire peu courante : le protocole expé-rimental à cas unique. Chaque indi-vidu représentait en fait un cas dont on a étudié en détail l’évolution dans le temps à l’aide de toute une série de mesures. Selon Alain Delisle, « ce qui est intéressant, c’est qu’un devis de ce type permet d’explorer des pistes

Au Service d’aide à l’intégrationdes élèves (SAIDE), on avait de plusmis sur pied, à l’automne 2004, uncomité paritaire sur l’organisation du travail dont l’une des préoccu-pations majeures est la planifica-tion des horaires des interprètes. Le côtoiement des scientifiques de l’Institut a confirmé les membres ducomité dans le bien-fondé de cettepréoccupation. De là, ils ont gra-duellement délaissé les démarchesintuitives jusqu’alors utilisées, pourclarifier les principes devant guider

l’établissement des horaires selon desobjectifs de prévention des troublesmusculo-squelettiques. Alain Delisleprécise à cet effet qu’aux fins de l’étudeexploratoire et pour des raisons pra-tiques, on avait choisi de centrer les interventions uniquement sur l’indi-vidu. Mais il est clair pour lui que desmesures prises sur le plan organisa-tionnel peuvent s’avérer aussi très im-portantes. PT

Loraine Pichette

25Printemps 2005 Prévention au travail

visuelà diminuer

Pour en savoir plus

DELISLE, Alain,Marie-JoséDURAND, DanielIMBEAU, ChristianLARIVIÈRE. Suivide deux interventionsvisant la préventiondes troubles musculo-squelettiques auxmembres supérieurs

en milieu de travail, Rapport R-379, 71 pages, 7,49$.

Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

Bien que l’interprétation en lan-gage visuel ne nécessite pas dedéployer de la force sur des objetsexternes, l’amplitude des trapèzesdes interprètes est similaire à cequi est observé dans différentessituations de travail en milieuindustriel étudiées pour leur lien connu avec les TMS dans larégion cou-épaules. Cependant, lenombre de pauses musculaires etle temps de repos sont moindresdans le cas des interprètes.

erreurs. Ils ont intégré l’importance detirer profit de micro pauses et sont plusau fait des conséquences de certainschoix d’interprétation. Selon BrigitteClermont, conseillère pédagogique au-près des interprètes : « Je pense que lesinterprètes sont très contents des résul-tats. Ils ont même mentionné que le climat de travail en avait été amélioré etils trouvent que c’est quelque chose detrès important. » D’un côté plus prag-matique, les chercheurs ont pu constaterune réduction effective de la douleur,liée directement aux interventions, chezquatre des sept participants.

Devant le succès de l’entreprise, l’ad-ministration du cégep a donc décidéd’instituer un programme de préven-tion à l’intention de tous ses interprètes.« Le contenu est semblable, dit BrigitteClermont, dans le sens où nous avonsrepris l’intervention sur la gestion dustress et celle qui porte sur les stratégiesd’interprétation. Nous intégrons aussid’autres outils élaborés aux États-Unis,mais qui convergent avec ce qu’on afait. Nous voulons notamment intro-duire une préparation physique au travail de l’interprète, des exercices deréchauffement, par exemple. »

d’intervention et d’en évaluer les effetsavant de faire des études plus larges sur un programme particulier. Et puis,combiner la mesure instrumentée de l’exposition à la mesure des effets sur lasanté n’avait presque jamais été fait ».

Les résultats de l’étude ne permettentpas d’établir si une intervention est plusefficace qu’une autre pour réduire lesdouleurs. Ils démontrent cependant quela combinaison des deux interventionsconduit à des effets intéressants. Ces résultats cadrent d’ailleurs fort bien avecla conception qu’on a maintenant de ladouleur, une donnée multifactorielle exigeant d’être étudiée selon plusieursmodalités. L’étude vient ainsi renforcerle constat de la recherche actuelle selonlequel les interventions multimodalessemblent plus efficaces pour réduire lestroubles musculo-squelettiques.

Ce qu’ils en disentMais qu’en pensent les principaux in-téressés ? Au dire des interprètes, les interventions ont induit chez eux deschangements d’habitudes sur le plan desméthodes de travail, de la consciencequ’ils ont de leur implication profes-sionnelle et de leur droit de faire des

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os :

Mar

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Recherche

odeurs ne sera socialement acceptableque s’ils les réduisent d’une façon substantielle et ne présentent aucunrisque pour les travailleurs, les animauxet l’environnement.

Agriculture et Agroal imentaireCanada (AAC) a donc entrepris d’éva-luer scientifiquement les conséquencesde ces additifs sur l’environnement et invité l’IRSST à documenter leurs effetssur la santé des travailleurs. L’hygiénisteJacques Lavoie s’est joint à Daniel Massé,Francis Croteau et Lucie Masse de ce ministère pour déterminer si ces pro-duits engendrent de nouveaux risques

26 Prévention au travail Printemps 2005

à l’IRSST

Deuxième production agricoleen importance sur le plan de l’économiequébécoise, l’élevage du porc emploieenviron 12 000 personnes. L’expansionde ce type d’entreprise près des zonesurbaines et l’empiètement de la cons-truction résidentielle sur les régions ru-rales au cours des dernières décenniescausent des conflits de cohabitation,dont la principale raison est l’odeur.

Des additifs comme solution ?Des fabricants ont mis sur le marchédes additifs de lisier supposément efficaces pour réduire l’intensité oul’émission des odeurs en éliminant lescomposés qui en sont responsables. Certains assurent même que leurs produits diminuent sensiblement lesniveaux de gaz toxiques et dangereux,tels que l’hydrogène sulfuré, l’ammo-niac et le méthane, une affirmationjusqu’à maintenant non documentéescientifiquement et qui pourrait créerun faux sentiment de sécurité chez les travailleurs de l’industrie porcine. Une étude exploratoire menée par la CSST, en collaboration avec le CLSC Drummond, n’avait démontré aucuneréduction significative dans les concen-trations d’hydrogène sulfuré. Or, l’uti-lisation de tels additifs pour enrayer les

Les additifs de lisier ne remplissentpas toutes leurs promesses

Pour en savoir plus

LAVOIE, Jacques, Daniel MASSÉ, FrancisCROTEAU, Lucie MASSE. Évaluationde l’impact des additifs de lisier sur l’expo-sition des travailleurs et l’atténuation desodeurs, Rapport R-376, 35 pages, 5,35$.

Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

en augmentant les émissions de gaz, devapeurs et de bioaérosols. Les chercheursont aussi mesuré les odeurs produitespar le lisier afin d’établir si les additifspeuvent effectivement les réduire.

Les additifs au laboratoireLes travaux des chercheurs ont permisd’évaluer en laboratoire un protocoleexpérimental pour vérifier, sur une base scientifique, les affirmations desfabricants d’additifs. Représentatif desconditions existantes à la ferme, ce pro-tocole devait permettre de déterminerl’effet des produits du début à la fin dela période d’entreposage du lisier.

Les résultats obtenus indiquent queles quatre additifs testés pour toute lapériode d’entreposage n’ont eu aucuneinfluence sur les gaz, les caractéristiquesphysicochimiques, les bioaérosols et les odeurs mesurés. Dans certaines conditions, un neutralisant chimique aréduit la dégradation des acides grasvolatils et des émissions d’ammoniacgazeux. Toutefois, la quantité ajoutée au lisier correspondait à 14 fois la doserecommandée sur l’emballage, ce qui aété jugé économiquement inacceptablepour un usage commercial. Les résul-tats indiquent par ailleurs que la confi-guration du système d’entreposage peutavoir un effet sur les additifs.

Jacques Lavoie explique que les pro-cédures d’analyse d’odeurs devront êtreraffinées, de même que les techniques de prélèvement. Malgré cela, il assureque les résultats obtenus par AAC etl’IRSST sont suffisamment fiables pourque les fabricants puissent dorénavantutiliser ce protocole s’ils veulent démon-trer l’efficacité de leurs produits. PT

Marjolaine Thibeault

ODEURSODEURS des élevages porcinsODEURS des élevages porcins

27Printemps 2005 Prévention au travail

du transport aérien, ce phéno-mène est connu sous le nomde syndrome de la classe éco-nomique. Il existe cependantd’autres opinions, selon les-quelles la formation de caillotsne serait pas liée à la positionassise mais à d’autres facteurs,le diabète, par exemple. Larecherche dans ce domaine sepoursuit.

Quant à Rabiul Ahasan et ses collègues, ils évalueront notamment l’effet sur les tensions musculaires de l’angle d’inclinaison du dossier et de l’utilisation d’un repose-pieds conçu spé-cialement aux fins de l’étude. Selon Rabiul Ahasan, « les huit sujets sont restés assis quatre heures sans se lever.On leur a demandé à certains moments de presser sur un repose-pieds monté sur ressorts, afin de donner del’exercice à leurs jambes. On pense que l’activation desmuscles favoriserait la circulation sanguine et contri-buerait à réduire la fatigue et la tension ».

En étroite collaborationLes travaux et l’analyse des données se font en colla-boration avec l’Université Concordia, qui possède le labo-ratoire et les instruments requis. En outre, comme le souligne Rabiul Ahasan, « mon directeur de travaux,Daniel Imbeau, et moi sommes ingénieurs, tandis que lesgens de Concordia sont des ergothérapeutes ou des spé-cialistes de l’activité physique. Nous avons donc besoind’eux pour comprendre l’activité musculaire et tout l’aspectmédical. Nous prévoyons collaborer avec la même équipedans un prochain projet, où nous allons cette fois me-surer la circulation sanguine ». Cette étape subséquente permettra de vérifier encore plus exactement quels paramètres de conception d’un siège, y compris le repose-pieds, favorisent réellement la circulation sanguine. PT

Loraine Pichette

Rabiul Ahasan

École polytechnique de Montréal

Des problèmes avec la position assise prolongée ?

Boursier

Né au Bengladesh, où il fait des études engénie mécanique, Rabiul Ahasan travaille par la suitedans une usine où il s’occupe de la machinerie et ducontrôle de la qualité. Constatant le grand nombre d’accidents et de blessures qui s’y produisent, et désireuxde venir en aide aux travailleurs, il s’intéresse de plusen plus aux questions de santé et de sécurité du travail.« Ils n’avaient personne pour se soucier d’eux et j’ai vuqu’il était possible de les aider par de très simpleschangements, comme l’utilisation de brouettes, ou d’appareils de levage », explique-t-il.

Toutefois, pour compléter des études supérieures dansle domaine, Rabiul Ahasan doit s’installer en Finlande.Il y obtient une licence en génie industriel, puis un doctorat en ergonomie et facteurs humains. Arrivé àMontréal en 2002, il entreprend très vite des études postdoctorales à l’École polytechnique de Montréal. C’estd’ailleurs là qu’il obtient une bourse de l’IRSST pour sonprojet d’évaluation de la position assise prolongée.

Une réponse au syndrome de la classe économique ?L’électromyographie permet la mesure de l’activité élec-trique des muscles à l’aide d’électrodes placées à lasurface de la peau. L’étude entreprise par Rabiul Ahasanet ses collaborateurs vise en fait à déterminer si cettetechnique bien connue, utilisée en conjonction avec uneévaluation de la distribution du poids d’une personnesur un siège, peut contribuer à notre compréhension desinconforts qu’entraîne la position assise prolongée. Cestravaux sont intéressants pour l’ergonomie de la postureassise devant un écran d’ordinateur. Ils pourront aussiavoir une application directe pour la conception de siègesplus confortables, notamment ceux des avions.

Les chercheurs croient en effet que la tension muscu-laire et la fatigue des muscles des mollets et des cuissesfavorisent la formation de caillots de sang. Dans le milieu

Le programme de bourses de l’IRSSTRabiul Ahasan est un des étudiants qui bénéficient du pro-gramme de bourses d’études supérieures de l’IRSST. Celui-civise à former des chercheurs en santé et en sécurité du travail au Québec. Il s’adresse à des candidats de 2e cycle, de 3e cycle ou de niveau postdoctoral dont le programme de recherche porte spécifiquement sur la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles ou surla réadaptation des travailleurs qui en sont victimes.

Pour obtenir des informations sur le programme debourses de l’IRSST, on peut téléphoner au (514) 288-1551, écrireà [email protected] ou visiter le site www.irsst.qc.ca.

Recherche

28 Prévention au travail Printemps 2005

à l’IRSST

Réalisations d’entreprise en prévention : la mise surpied d’un répertoireCHICOINE, Denise, MichèleGERVAIS, Élise LEDOUX,Rapport R-383, 83 pages, 7,49 $

Dans le but de doter son secteurd’un nouvel outil de prévention,l’ASP construction a résolu d’entreprendre, avec le soutiende l’IRSST, la première phase de la mise sur pied d’un répertoirede réalisations en prévention(RREP). L’Institut a concentrésa participation sur la récolte de réalisations éprouvées et surla formalisation de la démarchede collecte et d’approbation desréalisations en prévention envue de leur insertion dans cetinventaire. Les réalisationsrecherchées devaient corres-pondre à des cas concrets etpouvaient impliquer une nou-velle méthode de travail, unnouvel outil, une innovation ; 80 réalisations ont été retenues.Une fiche de réalisation enprévention est issue de cette démarche. Les grilles de collecteet d’approbation des réalisationsen prévention sont présentéesdans cette publication.

Toutes ces publicationspeuvent être commandéespar la poste. Les prix indiqués comprennent lataxe et les frais d’envoi.Elles sont aussi disponiblesgratuitement en versionPDF dans notre site Web.

Modélisation de l’influencedu contrepoids pneumatiquesur le temps d’arrêt du cou-lisseau des presses à frictionet méthode d’équilibrageGIRAUD, Laurent, Serge MASSÉ,Denis TURCOT, Daoud AIT-KADI, Sébastien TANCHOUX,Christophe CRAMPÉ, RapportR-378, 63 pages, 6,42 $

Les presses à métaux à em-brayage à friction sont des machines dangereuses, carl’opérateur doit régulièrementaccéder à la zone de danger,comprise entre les deux ma-trices, pour effectuer les activi-tés de production. L’embrayageà friction permet d’arrêter lemouvement de la presse aucours d’un cycle de la machine,mais l’arrêt du coulisseau n’estpas immédiat et les possibilitésd’accidents existent encore. La protection du personnel est assurée par son éloignement dela machine, cependant les dis-tances nécessaires ne sont pastoujours compatibles avec letravail demandé. La modélisa-tion du comportement statiqueet dynamique du contrepoids apermis aux auteurs de détaillerl’influence de sa pression sur letemps de freinage et sur l’équi-librage de la presse. Un bilandes différentes mesures d’équi-librage des presses a permis deproposer une nouvelle méthode,qui offre la possibilité de faireun équilibrage statique ou dyna-mique selon les besoins. Les résultats de cette étude devraientsensibiliser les industriels et les utilisateurs à la nécessité d’effectuer un réglage appropriédu contrepoids pneumatiquepour chacune des presses etpour chaque matrice utilisée.

Étude pluridisciplinaire visantà mettre au point un outilexpert pour la prédiction ducomportement des remblaisen pâte BENZAAZOUA, Mostafa,Mamadou FALL et SergeOUELLET, Rapport R-390, 28 pages, 5,35 $

Utilisés pour stabiliser les exca-vations souterraines, les remblaisminiers en pâte sont complexesà réaliser et des problèmes desécurité y sont associés. Or, iln’existe actuellement aucuneméthode pour guider la concep-tion des recettes des remblaisen pâte cimentés. À partir d’études expérimentales, les au-teurs ont développé des modèlesmathématiques qui permettentde prédire, avec une assezbonne précision, la résistancemécanique, la consistance, lepourcentage de matière solideet le coût de production duremblai minier cimenté en pâte.Les résultats de la modélisationont permis d’optimiser les pro-priétés des remblais, en tenantcompte de critères importantspour l’entreprise, soit la sécuritédes travailleurs, la faisabilité etla rentabilité de la technique.Validés expérimentalement, lesmodèles développés ont rendupossible la mise au point d’uneversion préliminaire d’un outilexpert d’aide à la fabricationdes recettes de remblais enpâte. Les auteurs poursuiventleurs travaux afin d’améliorerl’outil et élargir ses possibilitésd’utilisation.

Quantification de la variabilité biologique Mise à jour des donnéesHAMELIN, Geneviève, RobertTARDIF, Ginette TRUCHON,Rapport R-387, 53 pages, 5,35 $

Complémentaire à la surveil-lance environnementale, la surveillance biologique vise àmieux documenter et contrôlerl’exposition des travailleurs à

diverses substances chimiques.Dans une activité préalable, leschercheurs ont utilisé la modé-lisation toxicocinétique pourquantifier la variabilité des fac-teurs qui ont une influence surles indicateurs biologiques d’ex-position relatifs aux substancesfigurant dans le Guide de sur-veillance biologique de l’IRSST.Cependant, la norme ou lavaleur de l’indicateur biolo-gique d’exposition de sept deces substances a depuis lors été modifiée et une nouvellesubstance a été ajoutée à laliste. En tenant compte de ceschangements, les scientifiquesont appliqué la même méthodepour élaborer de nouveauxmodèles toxicocinétiques pro-pres aux substances en cause.Ces données mises à jour ontété intégrées dans le guide del’Institut, ce qui permet aux intervenants en santé de mieuxadapter leurs stratégies d’échan-tillonnage aux différents mi-lieux de travail et de favoriserune utilisation plus judicieusede la surveillance biologique del’exposition.

Conception d’un nouvelappareil d’auscultation des couches de béton projetésur les parois des galeries de mines souterrainesHASSANI, Ferri P., MoeMOMAYEZ, Rapport R-389, 83 pages, 7,49 $

La chute de blocs rocheuxcause de nombreux accidentsdans les mines souterraines. Lebéton projeté est une méthodeconnue de soutènement desparois, mais sa pose est souventirrégulière et la mesure de sonépaisseur requiert le carottagede nombreux échantillons. Ilexiste une technologie d’ana-lyse d’ondes sismiques, le MSR Impact-echo, qui permet demesurer l’épaisseur, les proprié-tés dynamiques et les défautsdes couches de béton de plus

Nouvellespublications

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29Printemps 2005 Prévention au travail

de 300 millimètres (mm) defaçon non destructive. Les au-teurs l’ont adaptée à l’ausculta-tion du béton projeté, pour desépaisseurs variant entre 50 mmet 300 mm, et créé un proto-type d’appareil portable à l’intention des compagniesminières, exigeant une interven-tion minimale de l’usager. Cetteméthode rapide, précise et pra-tique permet d’augmenter leniveau de sécurité des mineurs ;des applications ont égalementété démontrées dans l’évalua-tion de la qualité des cellulesd’électrolyse dans des affinerieset dans la localisation des conduits de câbles de hautetension dans la plate-forme des tunnels de métro. Certains aspects doivent être améliorésavant d’entreprendre la com-mercialisation de l’appareil,dont sa miniaturisation.

Évaluation des efforts dans la colonne vertébrale et des risques de blessures des tissus au cours de tâchesindustrielles d’élévation decharges : rôle de la postureSHIRAZI-ADL, Aboulfazl,Rapport R-382, 45 pages, 5,35 $

Le soulèvement de charges a été associé aux troubles musculo-squelettiques du basdu dos, mais la question desbonnes postures à adopter estloin d’être résolue. L’auteurpropose un modèle d’analysedes charges sur la colonnevertébrale occasionnées par lestâches exécutées en posturesneutres ou fléchies, avec ou sanspoids supplémentaire. L’évalua-tion des efforts subis par lacolonne au cours des activitésde manutention permettra dedéterminer plusieurs facteursprimordiaux, tels que les ni-veaux admissibles et la limiteplus sécuritaire des chargespouvant être supportées par lestravailleurs, ainsi que les pos-tures optimales pour la réduc-tion des risques de blessures et

de maux de dos. Cette recherchecontribue à évaluer la distribu-tion des charges entre les élé-ments passifs et actifs ainsi qu’auniveau des tissus biologiques.Les données ainsi recueilliespourraient permettre par lasuite d’évaluer des perfor-mances physiques, d’optimiserles exercices de réadaptation de même que les opérationsthérapeutiques.

Évaluation de la contrainteau dos en milieu de travail :développement préliminaired’une méthode visant àdéterminer la cinématiquetridimentionnelle du corpshumain à l’aide d’unminimum de caméras vidéoDELISLE, Alain, André PLAMONDON, Pierre DESJARDINS, Erik SALAZAR,Denis GAGNON, ChristianLARIVIÈRE, Rapport R-388, 53 pages, 5,35 $

L’estimation du niveau de risquephysique associé aux activités detravail s’appuie essentiellementsur des moyens bidimensionnels,les méthodes tridimensionnellesétant trop complexes pour êtreutilisées en situation réelle. Il est donc difficile de cerner clai-rement l’importance du risquequ’une action peut entraîner. Lesauteurs ont adapté une méthoded’évaluation tridimensionnellebasée sur des enregistrementsvidéo pour permettre son utili-sation éventuelle en milieu de travail avec un minimum decaméras. Ils ont examiné la fai-sabilité d’évaluer la cinématiquetridimensionnelle du corps hu-main à partir d’une seule caméravidéo. Les travaux devront sepoursuivre mais grâce aux résul-tats obtenus jusqu’à maintenant,l’estimation des postures du dosde travailleurs effectuant destâches variées, sans les encom-brer d’instruments de mesure est envisageable avec une seulecaméra vidéo.

Résultats de l’arbre des fautes (ADF)Annexe RA4-381, 37 pages, 5,35 $

Étude par modélisation du glissement d’une semi-remorqueAnnexe RA5-381, 29 pages, 5,35 $

Étude du basculement d’une semi-remorqueAnnexe RA6-381, 25 pages, 5,35 $

Étude par éléments finis de la résistance des barresanti-encastrementAnnexe RA7-381, 22 pages, 5,35 $

Étude préliminaire del’efficacité des cales de rouesutilisées pour contrer lesrisques de départ inopiné et de glissement de la semi-remorque lors des travaux de transbordementAnnexe RA8-381, 31 pages, 5,35 $

Exemple d’application de l’outil d’évaluationAnnexe RA9-381, 20 pages, 5,35 $

Questionnaire de caractérisation contextuelleAnnexe RA10-381, 21 pages, 5,35 $

Description détaillée de la grille d’évaluation de la sécurité et des mesuresde retenueAnnexe RA11-381, 29 pages, 5,35 $

Fiches de mise en œuvre des mesures de retenueAnnexe RA12-381, 54 pages, 6,42 $

Validation de l’outil d’évaluationAnnexe RA13-381, 19 pages, 5,35 $

Guide de surveillancebiologique – Prélèvement etinterprétation des résultats6e éditionDirection des opérationsGuide technique T-03, 94 pages, 14 $

Marjolaine Thibeault

Développement d’un outild’évaluation des mesures de retenue des camions auxquais de transbordement GAUTHIER, François, LaurentGIRAUD, Réal BOURBONNIÈRE,Sylvain BOURNIVAL, Jean-GuyRICHARD, Renaud DAIGLE,Serge MASSÉ, Rapport R-381, 60 pages, 6,42 $

Au cours d’opérations de manu-tention aux quais de charge-ment, il arrive qu’un camionparte inopinément et causeainsi la chute d’un chariot élé-vateur et du travailleur qui leconduit. Une mesure de préven-tion utilisée par les entreprisesconsiste à installer un dispositifde retenue du camion au quai.Plusieurs systèmes ou mesuresde retenue sont offerts sur lemarché mais tous ne sont pasefficaces et fiables. Un premierprojet a déjà mené à la publica-tion d’un inventaire des disposi-tifs d’ancrage existants. Dans ceprojet-ci, les auteurs ont élaboréet validé un outil d’évaluationsystématique de la sécurité dessystèmes et des mesures deretenue selon le contexte parti-culier du quai et de l’établisse-ment. Au moyen d’un rapportde recherche et de 13 annexes,ils rendent compte des résultatsdes différents aspects étudiés,résultats que les lecteurs pour-ront adapter à leur situation.

Grilles de collecte de donnéesutilisées lors des visites sur le terrainAnnexe RA1-381, 50 pages, 6,42 $

Résultats détaillés de la grille« Rétrospective »Annexe RA2-381, 15 pages, 5,35 $

Résultats des analyses AMDEAnnexe RA3-381, 36 pages, 5,35 $

30 Prévention au travail Printemps 2005

Rechercheà l’IRSST

Substances chimiqueset agents biologiques

Évaluation des paramètresde surveillance environne-mentale des travailleursexposés au béryllium(099-303)

Depuis 1999, on constate lamultiplication des réclamationspour des maladies profession-nelles reliées à l’exposition aubéryllium (Be). Les interven-tions que mène actuellement le réseau de la santé dans lesétablissements ciblés, soit lesfonderies et les entreprises del’aéronautique, permettront demieux caractériser cette exposi-tion dans ces milieux et d’esti-mer le nombre de travailleurspotentiellement à risque. C’estdans ce contexte que les cher-cheurs exploreront la possibilitéde suggérer un paramètre de l’exposition au Be mieux relié àla sensibilisation à ce métal quela mesure présentement utilisée.Les opérations dans les secteursprioritaires devraient permettred’y cerner les niveaux d’expo-sition, de caractérisation chi-mique et de distribution du béryllium, ce qui, dans uneautre phase, mènera à la déter-mination d’une corrélation avecses effets sur la santé. En con-tribuant à l’amélioration desconnaissances sur les consé-quences de l’exposition au Be,les résultats de cette étude ren-dront possible la proposition de moyens de contrôle plusadéquats en fonction du typed’exposition, de poste de travailet d’industrie.

Responsables : Chantal Dion etYves Cloutier, IRSST ; AndréDufresne, Université McGill

Concordance interlaboratoiredes tests de proliférationlymphocytaire induite par le béryllium (BeLPT)(099-415)

L’exposition au béryllium peutoccasionner une réaction aller-gène, c’est-à-dire une sensibi-lisation qui précèderait ledéveloppement de la bérylliosechronique. Le test de proliféra-tion lymphocytaire induite parle béryllium (BeLPT) sert àdépister la sensibilisation à cemétal et ses effets sur la santédes travailleurs. Cependant, unemême analyse effectuée dansdifférents laboratoires peut pro-duire des résultats discordants.Cette activité vise principale-ment à documenter la mesurede ces variations entre labora-toires et la concordance du diagnostic. Elle fournira unemeilleure connaissance de cesécarts et permettra de déter-miner des variables ou des facteurs significatifs dans l’in-terprétation de ce test, ce quifavorisera son utilisation pluséclairée.

Responsables : Chantal Dion,IRSST ; Michel Rossignol, Directionde la santé publique de Montréal ;Pauline Brousseau, Biophage inc. ;Bruce Mazer et SéverineAudusseau, Université McGill

Aménagement optimal du camion avec bras assistépour la collecte des orduresménagères(099-383)

Une étude précédente a démon-tré que l’utilisation de camionsavec bras assisté diminuait defaçon importante les principauxrisques biologiques et ergono-miques ainsi que les risquespour la sécurité auxquels sontexposés les éboueurs qui font la collecte conventionnelle desordures ménagères. Cependant,elle a aussi fait état de nou-veaux problèmes reliés à l’amé-nagement de ces camions et àd’autres activités, dont le net-toyage et l’entretien mécanique.Les chercheurs avaient alorsproposé des pistes de solutions,qui n’ont toutefois pas été documentées ni validées. Cettefois, ils valideront leur applica-tion en tenant compte des

contraintes potentielles du fabricant et documenteront lesquestions que soulève l’intro-duction de nouvelles techniquesde mécanisation. La présenced’un bras assisté étant de plusen plus considérée lors del’achat de camions à ordures,les résultats de cette recherchepermettront d’optimiser cesvéhicules en fonction des nou-velles exigences du travaild’éboueur.

Responsables : Jacques Lavoie,IRSST ; Serge Guertin, Ergo-Normeinc. ; Manon Trudel, Asssociationsectorielle paritaire Transport etentreposage ; Michel Filion,Compagnie Labrie

Effets des bioaérosols des porcheries sur la santérespiratoire des travailleurset sur la qualité microbiolo-gique de l’air des régionsavoisinantes(099-389)

L’exposition des travailleurs des porcheries aux bioaérosolsserait relativement constante.Très peu de ces contaminantsse retrouvent dans l’air des régions avoisinantes et les gazaéroportés seraient seuls res-ponsables des odeurs qui cons-tituent une nuisance pour lespopulations voisines. Les scien-tifiques étudieront l’adaptationdes travailleurs des porcheries à leur environnement, caracté-riseront exhaustivement lesbioaérosols contenus dans cesmilieux et examineront l’effetde la présence de ces établisse-ments sur la qualité microbio-logique de l’air environnant.Cette étude permettra de mieuxcomprendre les éléments quiconditionnent l’adaptation res-piratoire des travailleurs, la na-ture et l’effet des contaminantsdes porcheries sur la santé etleur dispersion dans l’atmos-phère ambiante. Ces connais-sances pourront ensuite être extrapolées à d’autres types d’élevages ou de productions.

Responsable : Caroline Duchaine,Université Laval

Recherches en cours

AccidentsÉtude descriptive desconditions d’emploi, de travail et de santé et de sécurité du travail desinfirmières d’agences privéesdans un contexte de pénuriede main-d’œuvre(099-181)

Ce projet s’inscrit dans une programmation de rechercheintégrée. Il se déroule conjoin-tement avec une étude sur l’importance de l’organisationdu travail comme soutien auxstratégies protectrices des auxi-liaires familiales et socialesainsi que des infirmières desCLSC. L’étude en question etune activité précédente démon-trent que les CLSC subissent uneffet de désorganisation décou-lant, entre autres, de leurs rela-tions avec les agences privées(AP) de soins à domicile. Leschercheures analyseront lesconditions de travail et de santéet de sécurité (SST) des infir-mières d’agences qui collaborentavec un des CLSC étudiés. Ellesdécriront les répercussions durecours à ces établissements sur la tâche des infirmières desCLSC et des agences, et brosse-ront un portrait comparatif deleurs conditions de travail et deSST. Cette recherche permettrade mieux cibler les actions prio-ritaires visant à prévenir lesproblèmes de SST des infir-mières, d’indiquer des moyensde prévention pour les AP et de clarifier les enjeux de SSTen cause. Ses résultats pourrontégalement servir de guides àl’action préventive concernantd’autres métiers de service dansdes agences privées.

Responsables : Esther Cloutier,Madeleine Bourdouxhe et ÉliseLedoux, IRSST ; Hélène David,Université de Montréal

31Printemps 2005 Prévention au travail

lombalgiques, à déterminer lesstratégies gagnantes de leur application interdisciplinaire età élaborer une stratégie com-mune pour leur valorisation.Les chercheurs effectueront unrecensement critique de la litté-rature pertinente et feront appelà l’expertise internationale d’ungroupe de spécialistes. Ils vali-deront ensuite les principes deprise en charge ainsi dégagésauprès d’une centaine de prati-ciens de première ligne, soit desmédecins, des physiothérapeuteset des ergothérapeutes. Les connaissances scientifiques ac-quises au cours du projet CLIPet les échanges entre ces profes-sionnels de la santé favoriserontl’harmonisation des pratiquesdes intervenants de premièreligne et, par conséquent, leurpermettront d’améliorer la qua-lité et la continuité des soinsdonnés aux travailleurs atteintsde lombalgies.

Responsables : Michel Rossignol,Université McGill et Direction de la santé publique Montréal-Centre ; Bertrand Arsenault,Université de Montréal ; ManonTruchon et Clermont Dionne,Université Laval ; MichelTousignant et Patrick Loisel,Université de Sherbrooke ; DianeBerthelette, Université du Québecà Montréal ; Pierre Allard, Hôpitalgénéral juif de Montréal

Analyse intégrée des donnéessur le travail des opérateursde métro et sur les vibrationsauxquelles ils sont exposés :étude préparatoire à la réali-sation du troisième volet de la mini programmation(099-369)

Cette étude s’insère dans lamini programmation intitulée « Projets intégrés d’analyse etde conception ergonomique etvibratoire d’un poste de travail :application dans les loges demétro ». Elle vise à préparer les outils et les méthodes requispour procéder à l’analyse conjointe des données sur lesvibrations et sur l’activité desopérateurs de métro. Elle per-mettra également de formulerdes hypothèses de travail etd’enrichir les connaissances surles liens entre l’exposition aux

vibrations et la tâche de ces travailleurs. De plus, elle per-mettra de suivre la réalisationd’un prototype de cabine deconduite, selon des critèresétablis dans une étude préa-lable, et de le mettre à l’essai.Ces développements techniqueset méthodologiques seront nonseulement profitables à l’élabo-ration du troisième volet de lamini programmation, ils pour-ront aussi servir à d’autres pro-jets de recherche, notammentsur l’ergonomie de la conduitede véhicules.

Responsables : Sylvie Beaugrand,Christian Larue, Jérôme Boutin,Marie Bellemare et Paul-ÉmileBoileau, IRSST

Bruit et vibrationsÉtude de faisabilité d’un système mécanique de substitution de sujetshumains pour la détermina-tion des valeurs d’émissionvibratoire d’outils manuelspercutants(099-418)

Les chercheurs qui tentent d’estimer les valeurs d’émissionsvibratoires d’outils manuels vi-brants en laboratoire appliquentdes méthodes requérant la colla-boration de sujets humains pourtenir et utiliser ces outils dansdes conditions bien définies. Or,le recrutement, la disponibilitéet la formation de ces personnes,ainsi que les variations des résultats attribuables à leurs caractéristiques biodynamiquesdifférentes, sont autant de fac-teurs qui rendent difficile laréalisation de tels essais. Cetteactivité vise à évaluer la faisa-bilité de substituer un systèmemécanique à la participation humaine et ainsi, à simplifierl’application du protocole d’évaluation d’un type d’outilspercutants, soit les marteaux-burineurs. Advenant que celas’avère possible, l’étude permettra

de déterminer le degré de repro-ductibilité des résultats de l’utili-sation d’un système mécaniquepour ces essais. La reconnais-sance de la validité de cette nouvelle méthode pourrait contribuer à une révision desnormes internationales actuelles.

Responsables : Jérôme Boutin,Pierre Marcotte et Paul-ÉmileBoileau, IRSST

Bilan de connaissance sur les dispositifs de détection de personnes lors desmanœuvres de recul desvéhicules dans les chantiersde construction(099-422)

Ces dernières années, on adénombré plusieurs accidentsmortels liés à des manœuvresde recul sur des chantiers deconstruction, même lorsque lesvéhicules étaient munis d’aver-tisseurs sonores fonctionnels,conformes aux règlements envigueur. Divers facteurs peuventexpliquer l’inefficacité de cesdispositifs sonores à alerter les travailleurs qui se trouvent à proximité, d’où l’intérêt de considérer des mécanismes indépendants de la perception auditive pour concevoir des systèmes plus sécuritaires. Cebilan de connaissances permet-tra de documenter et d’analyserles techniques actuelles de dé-tection des personnes qui pour-raient être complémentaires àces dispositifs ou s’y substituer,et de déterminer des critères desécurité applicables aux véhi-cules utilisés sur les chantiersde construction. L’analyse destechnologies existantes permet-tra de mieux vérifier les actionsà entreprendre pour contribuerà la prévention ou à la réductiondes accidents mettant en causedes véhicules munis d’avertis-seurs sonores, lesquelles pour-raient également convenir àd’autres équipements mobiles,notamment dans les domainesminier et agricole.

Responsables : Stéphane Blouin et Jérôme Boutin, IRSST

Claire Thivierge

Les horaires rotatifs chez les policiers : étude sur des approches préventivescomplémentaires de réductionde la fatigue(099-234)

Le travail en rotation exerce unplus grand stress sur l’organismeque le travail de nuit, car iloblige l’horloge biologique à seréadapter constamment à unnouvel horaire d’activité et desommeil. Il a donc des consé-quences économiques et socialesqui s’intensifieront vraisembla-blement dans les années à venir,puisqu’il se répand de plus enplus. Le Québec compte quelque750000 travailleurs astreints àces horaires atypiques, lesquelsprésentent des risques pour lasanté et la sécurité. Avec la colla-boration de policiers assujettis àde tels horaires, les chercheusesétudieront les répercussionsd’une approche multiple, soit lamodification de l’horaire de tra-vail et l’adaptation circadienne,combinée à une démarche socio-ergonomique. Il sera ainsi pos-sible de documenter l’efficacitéet l’applicabilité de ces façons defaire pour réduire les difficultésqu’occasionnent les horaires rotatifs. Les programmes de ges-tion de la fatigue et les horairesalternatifs expérimentés pour-raient ensuite être implantésdans d’autres milieux où le tra-vail en rotation est de rigueur.

Responsables : Diane D. Boivin,Université McGill ; MadeleineBourdouxhe, IRSST

Troubles musculo-squelettiquesApplication des principes deprise en charge Clinique deslombalgies interdisciplinaireen première ligne (projet CLIP)(099-315)

Cette activité vise à faire la miseà jour des principes de prise encharge clinique des travailleurs

32 Prévention au travail Printemps 2005

Que s’est-il passé ?Hiver 2003, au Témiscamingue. Ce

jour-là, le temps est ensoleillé et sansnuage. Le chemin forestier qu’em-pruntent les travailleurs d’une compa-gnie forestière est glacé et sans abra-sif. Qu’à cela ne tienne, un travailleurest dépêché au volant d’un camionépandeur d’abrasif pour aller faire un chargement de sable. Il se dirige vers le nord-est. Pendant ce temps, uningénieur forestier et un inspecteur de coupe observent une abatteuse enmarche. Ils décident ensuite de se rendre à un autre secteur de coupe, chacun au volant de sa camionnette respective. Ils circulent en directionsud-ouest. À différentes occasions, lestravailleurs signalent leurs positions et directions respectives à l’aide de leur radio FM 2 mètres. Ce type de radio estefficace dans un rayon de 15 km. Tou-tefois, il y a beaucoup de bavardage sur les ondes, en plus d’interférences, cequi rend l’écoute difficile. Le cheminforestier est étroit par endroits, sinueux,avec de nombreux virages serrés et plu-sieurs pentes abruptes. Il n’y a aucunesignalisation routière. Le camion épan-deur d’abrasif roule à 30 km/h tandisque les camionnettes, en sens inverse,atteignent 60 km/h. À l’entrée d’un vi-rage, les deux conducteurs de camion-nettes aperçoivent un chicot de bouleautombé qui excède le banc de neige en

bordure du chemin, côté droit. Le pre-mier conducteur donne un coup de vo-lant vers la gauche alors que le camionsableur apparaît dans le virage. L’ins-pecteur de coupe n’a pas le temps defreiner et ne peut éviter la collision. Àbord de la camionnette qui le suivait,l’ingénieur forestier freine, mais perd la maîtrise de sa camionnette et le per-cute à son tour. L’inspecteur de coupeest coincé entre le siège et le volant. Lesdeux autres travailleurs constatent queson pouls n’est pas perceptible. Le corpsdu travailleur est dégagé du véhicule et couché sur une civière. Sa conjointeet son enfant ne le reverront plus.

Qu’aurait-il fallu faire ?L’enquête a démontré qu’il y a eu

des déficiences dans les communica-tions. Il doit y avoir une méthode pré-cise pour s’identifier, donner sa positionet la direction de ses déplacements.Bien que l’utilisation de radios FM 2 mètres améliore grandement la sécu-rité routière, elle ne doit jamais servirde garantie de sécurité absolue. La conduite doit s’adapter aux particula-rités des chemins forestiers et respecterla signalisation routière. Qu’il s’agissede travailleurs ou de vacanciers, il estnécessaire de serrer à droite sur les

chemins forestiers, surtout si le champde vision est réduit.

Le Guide de signalisation routière surles terres et dans les forêts du domainede l’État publié par le ministère desRessources naturelles du Québec men-tionne qu’il incombe aux utilisateurs,dont les titulaires de permis et les béné-ficiaires de contrats attribués en vertudes dispositions de la Loi sur les forêts,de veiller à l’entretien, à la signalisa-tion et à l’amélioration des cheminspublics qu’ils empruntent dans le cadrede leurs activités. PT

Julie Mélançon

Nos personnes-ressources : Yvon Papin, conseil-ler, Charles Taschereau, ingénieur forestier, etAndré Turcot, ingénieur, tous trois de la Direc-tion de la prévention-inspection de la CSST.

Les accidentsnous parlent

Une camionnette et un camion sableur qui roulaient en sens contraire sur un chemin forestierfont un face-à-face.

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Collisionfrontale… fatale

Pour en savoir plus

Guide de signalisation routière sur les terres et dans les forêts du domaine de l’État, ministère des Ressourcesnaturelles, Gouvernement du Québec,2001, Bibliothèque nationale du Québec,ISBN : 2-550-37323-5.

33Printemps 2005 Prévention au travail

● Protection personnelle contre les infectionsCote VC-001658 – Durée 12 minutes

Un des risques grandissants les plus importants pour le personnel du milieu des soins de la santé et des soins com-munautaires est l’exposition aux maladies infectieuses. Comment éviter ce risque ? En revoyant les usages de base : l’hygiène des mains, l’emploi de gants, d’un appareilde protection respiratoire, d’une protection oculaire, d’uneblouse, l’élimination des objets pointus, coupants et tran-chants, le nettoyage du matériel et des lieux. Il faut éva-luer chaque situation en fonction des conditions du milieu,du degré de contact et de contamination, du niveau de com-préhension et de coopération de l’usager, etc. La mesurecapitale dans tout ça ? Se laver les mains. Quand ? Entre les contacts directs avec les usagers, avant les interventionsinvasives, avant de prodiguer des soins aux immuno-déprimés, lorsque les mains sont visiblement souillées, aprèsavoir retiré les gants, avant et après l’alimentation d’unusager, avant et après la manipulation de nourriture, aprèsles fonctions corporelles personnelles, bref souvent. La tech-nique du lavage des mains est également présentée. Cettevidéocassette est produite par la Health Care Health andSafety Association de l’Ontario.

● Travailler au pays des oursCote VC-001562 – Durée 22 minutes

Avant de commencer un travail dans une région où viventdes ours, on conseille de faire une visite des lieux en com-pagnie d’une personne ayant de bonnes connaissances desplantigrades. Certains comportements peuvent soit prévenir,soit créer des problèmes avec les ours. Pour mieux com-prendre le comportement des ursidés et éviter leurs attaques,on recommande de visionner Comment se protéger des ours :une approche comportementale pour protéger les humains aupays des ours noirs et des grizzlis (VC-001504). La présentevidéocassette traite quant à elle de la sécurité sur le terrain,de celle du campement, d’un dispositif de détection de laprésence des ours, des armes dissuasives, des armes à feu etdu programme d’intervention en cas de rencontre avec unparent de Yogi. Les travailleurs ont des responsabilités :fournir un itinéraire de la journée avec une heure de départet une heure prévue d’arrivée, utiliser un moyen de commu-nication radio, travailler en équipes de deux, etc. La présenced’un hélicoptère peut également ajouter à la sécurité des travailleurs. Pour le campement, certains emplacements

et configurations sont recommandés. On indique également de quelle façon gérer les matières attirantes pour les ourscomme la nourriture, les combustibles, les eaux usées, etc.Une présentation des membres de la Safety in Bear CountrySociety, de la Colombie-Britannique.

▲ ■ Travailler en sécurité sur les presses plieusesCote VC-001472 – Durée 14 minutes

Le 4 juillet 2000, dans une usine du département du Calvadosen France, un jeune de 19 ans s’installe au poste de presseplieuse pour la première fois. Il y perdra un doigt. Telle est l’introduction de cette vidéocassette. Viennent ensuite lestémoignages au sein de l’entreprise où a eu lieu l’accident :les circonstances, les conséquences pour la victime et le chef de l’entreprise. Sont également abordés les causes des accidents et les problèmes qu’engendrent ces machines.On propose ensuite des solutions sur le plan organisa-tionnel, autour du poste de travail, de la machine et de ses utilisateurs pour réduire les risques d’accidents. Produitepar l’INRS. PT

Julie Mélançon

● Information grand public▲ Information spécialisée■ Avec document ou guide d’accompagnement

Modalités d’emprunt à l’audiovidéothèque de la CSSTLes documents vidéo sont prêtés gratuitement. Il suffit de rem-plir et de signer une demande d’emprunt. Toute personne peutvenir chercher et rapporter les vidéocassettes, pendant lesheures de bureau — 8 h 30 à 16 h 30 —, du lundi au vendredi.Le visionnement peut se faire sur place, moyennant réservationde la salle (capacité de quatre personnes). L’audiovidéothèquepeut aussi expédier les documents à l’emprunteur ; la CSST paieles frais d’expédition mais les frais de retour sont à la chargede l’emprunteur.

Pour obtenir un formulaire de demande, pour réserver lasalle de visionnement ou emprunter une vidéocassette :Téléc. (514) 906-3024 – Tél. (514) 906-3085 ou 1 888 873-3160Courriel : [email protected], rue De Bleury, 4e étage, Montréal (Québec) H3B 3J1

Santéet sécurité en images

Fréquemment, sur un chantier deconstruction, c’est l’entrepreneur qui secharge de la santé et de la sécurité dutravail. Mais cette maîtrise d’œuvre peutêtre exercée par le donneur d’ouvragequi doit alors contrôler l’ensemble destravaux. Cette responsabilité, le CHUMn’en voulait pas. Mais petit à petit, leschoses ont changé…

Serge Girard, conseiller technique ensanté et sécurité du travail au CHUM, a été embauché en 2000 pour trois se-maines, période pour laquelle le CHUMa été reconnu légalement comme maîtred’œuvre, car deux projets se chevau-chaient. À cette époque, un inspecteurest désigné à temps complet sur leschantiers du CHUM. Une première ren-contre a eu lieu entre des représen-tants de la CSST et ceux du CHUM. Ces derniers ont contesté la maîtrised’œuvre et demandé des avis juridiques.Qui ont conclu que le CHUM était belet bien maître d’œuvre. Au début, la jurisprudence n’était pas clairementétablie, mais c’est sur la bonne voie.Depuis, la collaboration avec M. Girardse poursuit.

L’amianteSelon Patrick Cyrenne, inspecteur à laCSST, il y avait beaucoup d’arrêts detravaux à cause de la non-conformité de la gestion de l’amiante. Le CHUM afait appel aux tribunaux. « Un jugementa été rendu à propos des plâtres pourdéterminer leur degré de friabilité et la quantité d’amiante qu’ils contiennent.Le règlement stipule qu’à partir de 0,1 % de concentration, on considèreque ça contient de l’amiante. Que ce soit90 % ou 0,1 %, amiante il y a. Donc, çaa été contesté par le CHUM. Mais la décision de la CSST a été maintenue. Le CHUM a été obligé de se plier à nosexigences. »

Pour M. Girard, il était urgent debâtir un programme de prévention desaccidents pour ces chantiers : « LaCSST, ça faisait peur. Un inspecteur à

l’intérieur des murs du CHUM, c’était lapanique. Nous avions de 70 à 75 mil-lions de dollars de travaux à faire. Il fallait que ça marche. Ne pas se faire arrêter nos chantiers continuellement. À plusieurs reprises, les travaux étaientarrêtés, à cause de la contamination parl’amiante. »

Comment se fait-il que la CSST étaitau courant qu’il y avait de l’amiantedans les murs ? « Les bâtiments cons-truits avant 1980 sont susceptibles d’en contenir, répond M. Cyrenne. Pourtous les bâtiments urbains, aussitôt qu’il y a des travaux de démolition ou de rénovation, c’est une des ques-tions qu’on se pose : est-ce qu’il y a de l’amiante ici ? Avez-vous fait un relevé ? Peut-on le voir ? Y a-t-il des documentsqui existent sur l’amiante ? Sinon, on arrête les travaux et on dit : “ Faites vos devoirs ”. » De plus, les entrepre-neurs spécialisés dans l’enlèvement de l’amiante sont habitués d’envoyer un avisd’ouverture de chantier à la CSST. À lasuite de quoi, l’inspecteur se déplace.

34 Prévention au travail Printemps 2005

Toute une conversion!Le CHUM

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Dans l’ordre habituel : Luc Coulombe, conseiller sst au CHUM, Josée Ouellet, inspectrice à la CSST, PatrickCyrenne, inspecteur à la CSST, GalinaBenzeguir, conseillère en environ-nement au CHUM, Serge Girard, conseiller sst au CHUM et Jean-RochSimard, président de Qualitair.

Chercher et trouverLa collaboration de Galina Benzeguir,conseillère en environnement au CHUM,est sollicitée dans le dossier de la ges-tion de l’amiante. « Je me suis renduecompte que nous ne connaissions pas lanature des structures des bâtiments.Nous ne savions pas où se trouvaitl’amiante. C’était de l’ignorance pure etsimple. Il a fallu prendre assez rapi-dement en charge ce dossier. Nousavons éprouvé plusieurs difficultés : différents matériaux, différents em-placements, des endroits difficiles d’ac-cès où le mode classique des mesures àmettre en place pour tel ou tel risque nes’applique pas à la lettre. Il fallait vrai-ment trouver des méthodes spécifiques.C’était du cas par cas. Nous avions avec

Le CHUM

Par Julie Mélançon

nous des inspecteurs — de la CSST —qui ont beaucoup d’expérience. Au mois d’avril 2003, on s’est entendus surune méthode d’échantillonnage. Labanque de données contient mainte-nant 1600 échantillons. »

Luc Coulombe, conseiller en santé et sécurité du travail au CHUM, en-chaîne : « En 2002, notre équipe arédigé des plans de travail précis concernant les méthodes d’enlèvementde l’amiante, basés sur les méthodespréconisées par la CSST. Les plans detravail ont été élaborés en vertu de dif-férents risques : modéré, élevé allégé,élevé. De gros chantiers commençaientet il y avait de l’amiante partout. Lestravailleurs ont appliqué des méthodesde travail sûres. Par exemple, le cap-tage à la source de l’amiante lors depercements et d’ancrages. M. Cyrennerencontrait régulièrement les gestion-naires de projets du CHUM. »

En mars 2003, des inspecteurs de laCSST ont fait une présentation aux ges-tionnaires et professionnels des servicesde technologie du bâtiment et des ser-vices de santé et sécurité du travail surla gestion de l’amiante lors de projets de construction. La structure de gestionde l’amiante a été mise en place.

M. Cyrenne précise : « La dernièrefermeture date d’avant l’adoption du protocole d’échantillonnage. Le nombred’interventions a diminué considéra-blement parce qu’il y a une bonne colla-boration entre la CSST et le CHUM. Cedernier présente les plans de travail et laméthode d’exécution des travaux. Pourma part, j’en valide le contenu. Une datede début des travaux est arrêtée. Si toutest conforme, je donne le feu vert. Quandje priorise mes chantiers, je sais qu’auCHUM ça va bien. Les visites sont doncplus ponctuelles. »

La santé des usagersEn 1999, la Direction de laplanification stratégique et desservices techniques du CHUMs’est dotée d’une politique decontrôle de la qualité de l’airpendant les travaux de construc-tion. Cette politique ne compre-nait pas les travaux exécutés parle personnel des services techno-logiques du bâtiment. Pourtant, cetype de travaux peut nuire à la qualitéde l’air. Et a un impact direct sur les patients ! Aujourd’hui, la nouvelle po-litique s’applique à tous les travaux deconstruction et d’entretien. M. Girardfait remarquer qu’un grand nombre de

malades hospitalisés ont un système im-munitaire déficient. La présence depoussières en suspension dans l’air peuten effet entraîner des problèmes desanté pour le patient qui vient d’être

greffé, brûlé, pourle cancéreux, etc. Il est donc primor-dial de garder leschantiers en pres-sion négative pourcontrôler les pous-sières.

35Printemps 2005 Prévention au travail

Année 1998 : le nombre de chantiers de construction au centre hospitalierde l’Université de Montréal (CHUM) augmente considérablement.Les visites et les interventions de la CSST aussi.S’ensuivent avis de correction et arrêts de travaux reliés à l’amiante. La mise en place de méthodes de travail sûres et un suivi exhaustif des chantiers ont renversé la vapeur. Aujourd’hui, la CSST et le CHUM sont partenaires pour le meilleur,le pire étant chose du passé…

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Pierre Cantin,journalier auCHUM, est équipépour travailler sur un chantier contenant del’amiante. Il porteune combinaisonappropriée, unmasque, desgants, des couvre-chaussures, deslunettes protec-trices et il pourrase débarrasser des déchets contaminés dansun sac conçu à cet effet.

Il souligne au passage le travail fait àl’interne pour créer des outils. Des dis-positifs de captation de poussières à la source adaptés à des situations par-ticulières, entre autres. Luc Coulomberenchérit : « Sur le plan de la protec-tion environnementale, les services tech-niques de l’Hôpital Saint-Luc du CHUM,en collaboration avec une entrepriseprivée, Qualitair, ont mis au point dif-férents types d’enceintes mobiles. Cesappareils n’existaient pas avant 2002 au Québec. Maintenant, nous utilisonsdes enceintes mobiles qui permettent defaire des travaux dans les murs. »

La formationParallèlement, le CHUM a sensibilisé,formé, informé son personnel et les en-trepreneurs. Pour Claude Pleau, conseil-ler en financement à la CSST, « ce n’est

pas un hasard si ç’a fonctionné. Aucours des trois dernières années, leCHUM a donné 13 680 heures de for-mation en santé et sécurité du travail à plus de 750 personnes, de l’internecomme de l’externe ».

Le programme cadre de préventionfait partie intégrante du cahier descharges. Les chantiers entrepris aprèsfévrier 2002 ont tous les mêmes exi-gences en santé et sécurité du travail.Mme Benzeguir soutient que « la forma-tion chez les entrepreneurs est aussi très importante. Parce qu’on a mis beau-coup de temps à leur faire comprendrepourquoi les mesures de contrôle del’environnement sont capitales dans uncentre hospitalier. »

CollaborationAu printemps 2004, le CHUM a orga-nisé un colloque sur la maîtrise d’œuvredans les chantiers de construction descentres hospitaliers. Plus de 150 partici-pants étaient présents, dont plusieursgestionnaires du réseau de la santé etdes services sociaux. M. Girard soutientqu’il a senti à cette occasion qu’un vraipartenariat s’était établi avec la CSST. « Ce colloque, qui a eu lieu grâce à latrès grande collaboration de la CSST, a eu des retombées positives. Depuis,nous avons reçu des demandes d’aide de centres hospitaliers. Nous avons éga-lement participé à un colloque organisépar l’ASSTSAS à Québec. » D’après M. Cyrenne, « la maîtrise d’œuvre dansles centres hospitaliers, ce n’est pas ac-quis. Il y a encore beaucoup à faire ».

Aujourd’hui, au CHUM, l’inspecteurde la CSST ne fait plus peur : « Une relation de confiance s’est établie, es-time M. Cyrenne, sinon, je viendrais iciencore tous les jours. Au fil du temps,la relation a évolué. On voit le CHUMtravailler et créer certaines choses. Jeconstate une prise en charge par le mi-lieu. Une fois de temps en temps, jeviens faire un tour pour voir commentça va. Ce n’est pas toujours parfait. S’ilsont des questions, je suis là aussi. Jejoue maintenant un rôle de soutien. S’ily a des problèmes particuliers, deszones grises, je les aide à trouver des solutions. À mettre au point de nou-velles méthodes de travail. On a com-mencé par contraindre, ensuite on aconvaincu et maintenant, on soutient !C’est vraiment un travail de concerta-tion et d’échanges. »

Après l’orage, le beau temps. PT

36 Prévention au travail Printemps 2005

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Cette enceinte mobile peut êtreutilisée lors de travaux d’enlè-vement de faux plafonds. Onpeut s’en servir lors de travauxgénérant un faible volume dedébris de matériaux contenantde l’amiante. Elle a été mise au point par les services techniques de l’Hôpital Saint-Luc du CHUM et Qualitair.

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ieu Poussière, poussière !

Depuis 2002, Mme Benzeguir fait descontrôles réguliers de la quantité despoussières à l’extérieur des chantiers.Cette prise de mesures se fait à l’aided’un compteur de particules aéro-portées. Elle explique : « On vérifie la conformité des chantiers en ce qui a trait aux mesures de contrôle despoussières de chantiers. Si on constatequ’il peut y avoir un impact sur les patients ou le personnel, on exige unecorrection immédiate. »

La collaboration avec la CSST de-vient alors un atout. M. Cyrenne pré-cise : « La CSST s’y connaît en matièred’amiante. Cette expérience, on peutl’offrir, la transmettre. Il y a une ou-verture à pratiquer à tel endroit ? On vala planifier pour ne pas avoir de pro-blèmes. Ce travail se fait graduellementet nécessite une collaboration étroiteentre les différents acteurs. Parfois, onfait appel à des consultants pour trou-ver des solutions qui permettront depratiquer une ouverture tout en mini-misant la quantité de poussière. En discutant, on trouve des solutions. »

Dans une vaste salle duCentre des congrès de Québec, près de500 jeunes se sont dispersés commedans une classe : agglutinés à l’arrière,évitant à tout prix le déshonneur de se montrer aux premiers rangs. En cematin du 12 novembre 2003, ces étu-diants en métiers de la construction,provenant des centres de formation pro-fessionnelle des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches, assistaient au 1er colloque jeunesse sur la santé etla sécurité du travail. Cet événement,destiné aux finissants des métiers de la construction, était organisé dans lecadre du 13e colloque de la santé et lasécurité de l’endroit. Des garçons, desfilles, cheveux longs ou courts, quelque-fois teints, arborant tatouages, perçages,d’autres plus sobres. Des jeunes ordi-naires, quoi ! Encore un peu endormis,peut-être, mais contents de faire défaut,pour la journée, à la routine de leursécoles professionnelles.

En introduction, la CSST a tenu àleur rappeler qu’au cours des quatredernières années, le Québec a déploré 50 décès chez les jeunes travailleurs de24 ans et moins. « Il y a à cela plusieursraisons, dont le manque de formation ensst », a souligné l’un des conférenciers. « Mais la CSST a fait des gestes avant de tracer les grandes lignes de son pland’action jeunesse : activités de sensibi-lisation à la prévention au primaire et au secondaire, intégration de la santé etla sécurité dans les cours de formationprofessionnelle et technique, visite de

37Printemps 2005 Prévention au travail

Fany Gosselin

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Par Marc Tison

tournées pour l’émission de rénovationHabitaction. Elles mettaient en vedetteSerge Dion, un inspecteur de la CSSTde la région de Québec, et Monsieur Picole, un sympathique bricoleur va-guement éméché, personnifié par l’hu-moriste François Léveillée. Les futurstravailleurs de la construction ont ri debon cœur devant la photo d’un échafau-dage mobile… installé sur le toit d’unevoiture ou lorsqu’un travailleur a testéla solidité d’un madrier en y installantson affectionnée belle-mère.

Le choc de la réalitéAprès l’humour, l’émotion. Les consé-quences de l’imprudence et de l’insou-ciance se sont personnifiées devant lesjeunes, quand Michel Juteau s’est avancépour prendre la parole. En fauteuilroulant. En 1982, ce travailleur minier afait une chute de 15 mètres dans un

tous les centres de formation où l’équi-pement et les méthodes d’enseignementsont auscultés, prix en santé et sécuritéaux Olympiades des métiers… Quand les jeunes trouvent des solutions, c’est le meilleur gage de succès pour un mi-lieu sûr », a-t-il soutenu. Les images qui ont suivi cette allocution ont eu tôtfait d’imprimer dans les jeunes esprits les conséquences des lacunes que le conférencier venait de dénoncer. Surdeux écrans géants sont apparues les fameuses publicités de la CSST, dans les-quelles des travailleurs de la construc-tion se tuent sous nos yeux. L’auditoiren’a pu retenir un hoquet d’horreur quandun travailleur est tombé dans un trou,heurtant le rebord au passage, avant des’écraser plusieurs mètres en contrebas.Le genre d’image qui frappe déjà à latélé, mais qui prend une autre dimen-sion quand on vous apprend qu’il y a eu 22 900 accidents du travail chez les jeunes salariés en 2002.

Silence mortif ié dans la sal le, donc, quand Gilles Labrecque et DenisBeaulieu, deux inspecteurs de la CSSTdans le secteur de la construction, sontvenus décrire aux jeunes de véritablesaccidents, tous récents. Un travailleurenseveli dans une tranchée. Un autrequi tombe d’un échafaudage mobiledont on n’avait pas bloqué les roues. Unouvrier électrocuté lorsqu’une nacelletouche un fil à haute tension. Questiond’alléger tout de même l’atmosphère, lesdeux inspecteurs ont ensuite montréquelques capsules vidéos humoristiques

Bien de leur temps, les jeunes ! La prévention les préoccupe, mais

la démonstration doit avoir dumordant. Nous les avons suivisdurant toute une journée dans

un colloque sur la santé et la sécurité du travail (sst).

Colloque sst jeunesse

Les jeunes et la prévention :il faut que ça frappe !il faut que ça frappe !

Pour une deuxième année consécutive, la CSST a invité desjeunes des secteurs professionnels à participer à deux acti-vités préparées expressément pour eux. À Québec, dans lecadre du 2e colloque jeunesse, près de 200 garçons et fillesdes métiers de l’automobile ont pu rencontrer BertrandGodin, invité d’honneur de l’événement. M. Godin, chroni-queur et pilote automobile, est venu partager son quotidienavec les jeunes et leur parler de son expérience dans la pratique d’un sport extrême et de l’importance de la sstdans l’exercice d’un métier. Par la suite, Roger Matteau, conférencier, a témoigné de son expérience de vie. Ses propos teintés d’humour et sa conclusion ont laissé les jeunes pantois. Au cours de l’après-midi, des conseillers del’ASP Auto Prévention et des inspecteurs de la CSST ontprésenté les risques reliés à la sst.

À Montréal, pour la première fois dans le cadre du GrandRendez-vous 2004, près de 250 jeunes du secteur de la mécanique industrielle et de l’entretien des machines ontparticipé à des ateliers pratiques et à des démonstrationsmettant l’accent sur les principaux dangers liés aux espacesclos, aux travaux en hauteur, à la sécurité des machines et aux zones dangereuses, à l’exposition aux produits chimiques, etc. Ils ont assisté à une conférence de sensibi-lisation axée sur la sst, donnée avec humour par MarcellinAyotte. Il y avait de l’action dans l’air et le caractère

dynamique de l’événement a été très apprécié tant par lesenseignants que par les étudiants. Le nouveau président duconseil d’administration et chef de la direction de la CSST etprésident de l’IRSST, Gérard Bibeau, était présent aux deuxévénements.

puits. Il s’en est sorti vivant, mais para-plégique. Il avait 26 ans, une femme, unjeune enfant… et aucun doute sur son invulnérabilité. Michel Juteau a racontécomment il est parvenu à surmonter sondésespoir, son abattement, son agressi-vité. Avec humour et sensibilité, il a en-traîné son auditoire à sa suite tout aulong de son long parcours : son désir decourir contre le fameux André Viger, ses premiers entraînements, ses échecs,ses premières victoires… L’histoire tou-chante de son accident, il la racontedepuis quatre ans pour sensibiliser à laprévention. Au travail, les accidents pro-viennent de trois sources, a-t-il énoncé :le manque de communication, la rou-tine, les raccourcis. « Moi, mon acci-dent, c’était un raccourci, a-t-il confié.On est tous tentés de prendre le cheminle plus court. On peut prendre des rac-courcis pendant cinq ans, dix ans. Puis,un jour, ça te pète en pleine face. »

Les jeunes ont écouté dans un si-lence religieux, les regards braqués surMichel Juteau comme sur le plus cap-tivant des jeux vidéo. « Est-ce que lasanté et la sécurité sont une priorité, a-t-il demandé ? Non, elles constituentune valeur. Une priorité peut changer.

Une valeur demeure. Si la sst fait partie de nos valeurs et de nos tripes, on la transmet à nos enfants. Car les accidents n’arrivent pas seulement au travail, ils surviennent partout. » Les applaudissements ont été nourris. Ma-nifestement, le rescapé avait touché descordes sensibles. « Cette fois-là, c’étaitlui, mais une autre fois, ça pourrait êtremoi », a commenté un jeune étudianten électricité de construction.

Durant les pauses et le dîner, les jeunes ont parcouru une exposition où une cinquantaine d’entreprises etd’organisations présentaient équipe-ments de protection, documentation,services et conseils en sst. Grand succèsauprès des jeunes, toujours curieux faceà l’équipement et la technologie.

En après-midi, les élèves se sont ré-partis dans quelques petites salles, oùdes ateliers ont abordé divers thèmes :la sécurité sur les chantiers de cons-truction, l’Association de la construc-tion du Québec et sa vision de laprévention, le soutien donné par laCSST… Les jeunes étaient invités à intervenir mais peu l’ont fait. Opi-nions incertaines sur un sujet qu’ils connaissent encore mal ? Hésitation à

s’exprimer en public ? Timidité au mi-lieu de professionnels en prévention ?La fatigue commençait-elle à faire sonœuvre ? La plupart du temps, en effet,ce sont des personnes expérimentéesqui ont posé des questions, qui ont relancé les conférenciers.

Les jeunes, on le sait, adorent l’action.« Dans la construction, nous sommes davantage des hyperactifs et nous n’ai-mons pas rester assis », a observé SoniaNéron, future peintre en bâtiment, à lasortie des ateliers. Comme la plupart des jeunes, elle est davantage accrochéepar le concret. Il faut des images, desémotions, du réel. Il faut que ça frappe ! « Les pubs de la CSST m’impressionnentterriblement », a-t-elle déclaré. La confé-rence de Michel Juteau l’a égalementbeaucoup marquée. « Ceux qui n’ont pas été touchés par son témoignage neseront jamais touchés par quoi que cesoit, a-t-elle dit, à moins que ça ne leurarrive à eux. »

Ils sont pleins de vie, ces jeunes.Pour les atteindre, le langage de laprévention doit être tout aussi vivant,intensément vivant. En santé et sécuritédu travail, de toute manière, c’est tou-jours de vie qu’il s’agit.

38 Prévention au travail Printemps 2005

Et en 2004…

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Dans le cadre du Grand Rendez-vous 2004, l’inspec-teur Martin Provençal, de la Direction régionale deLongueuil de la CSST, démontre à un groupe de jeunesdiverses façons de se protéger des dangers liés à l’utilisation des machines, à l’aide d’un simulateur.

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Photo prise pendant le 2e colloque jeunesse de Québec.

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Caroline Lapointe, de Pintendre, étudiel’électricité de construction au Centre de formation professionnelle de Lévis. « La formation en sst, on n’en a jamaistrop, insiste la jeune femme de 25 ans.On n’est jamais assez préparé. C’est très bien de se le faire dire souvent etd’avoir davantage de formation. J’es-père qu’ils vont être exigeants, sur leschantiers. » Dans le cadre de son coursen sst, elle utilise un manuel fort épais— elle indique environ cinq centimètresavec ses doigts. « Mais il aurait falluplus de mises en situation, des vidéoschocs comme ce matin », ajoute-t-elle.

Steve Lanneville a entrepris une for-mation en électricité de la construction au collège technique Aviron de Québec. « La prévention, on connaissait ça, maison n’y pensait pas beaucoup. La pub faitréfléchir. Un accident arrive vite. »

Sera-t-il exigeant à l’égard de la sstsur les chantiers ? « Il faut marcherdroit, répond-il. Sur les chantiers rési-dentiels, on est moins porté à être pru-dent qu’au commercial, car on est moinssurveillé. » Comme chez plusieurs nou-veaux travailleurs, son désir d’être ac-cepté par les collègues expérimentéspèsera lourd. « Mon problème, c’est lapeur de devoir refuser de travailler s’ily a danger. »

Michaël Fecteau, Alexandre Mathieu,Pierre-Denis Roy, tous trois âgés de 18 ans, originaires de Beauce, et futurs

plâtriers diplômés del’École des métiers etoccupations de l’indus-trie de la constructionde Québec (EMOICQ).Leur opinion sur la prévention ? « On a des cours, c’est obli-g a t o i r e » , r é p o n dMichaël . Suff isam-ment ? « On pourraiten avoir plus. » De soncôté, Alexandre com-mente la sst avec so-briété : « Ça prend ça. » Même enthou-siasme très pondéréchez Pierre-Denis : « C’est un courscomme un autre. » Il reconnaît néan-moins l’importance de la prévention.Les publicités télévisées l’ont impres-sionné. « Ça fesse ! », avoue-t-il.

Fany Gosselin de Lac-Beauport, 19 ans,étudie à l’École des métiers et occupa-tions de l’industrie de la construction de Québec (EMOICQ) en peinture enbâtiment. Sa formation en préventioncomprenait 20 modules donnés en quatre jours. « J’étais “ tannée ” à la finde la journée, mais on voyait tout. »

David Frigon, 26 ans, futur peintre enbâtiment, lui aussi de l’EMOICQ. Il adéjà travaillé dans des silos, où les conditions de travail lui ont permis dese faire une opinion : « C’est un zoo ! »

Voilà sans doute pourquoi il perçoit ledroit de refuser de travailler dans descirconstances dangereuses comme l’undes plus importants outils de préven-tion à sa disposition. « Je vais m’enservir. Ma santé, c’est crucial. Je n’hé-siterai pas à dénoncer les conditions de travail si elles sont incorrectes. »

Éric Giroux, étudiant en mécanique demontage de vitre au Centre profession-nel Samuel-de-Champlain, à Beauport.Âgé de 27 ans, il est père d’une fille dedeux ans, ce qui l’a rendu davantagesensible à la prévention. « Le colloqueest super intéressant !, s’exclame-t-ilavec enthousiasme. On peut recevoir un feed-back du milieu de la construc-tion. J’ai plus appris ici qu’en un an decours. C’est concret, on voit des choses.Ce n’est pas une journée perdue. »

Sonia Néron, 38 ans, étudie en peintureen bâtiment à l’EMOICQ. « Quand jesuis arrivée dans la classe, j’ai eu desfrissons, assure-t-elle. C’était le coup de foudre. » Elle n’est pas étrangère à la notion de santé et sécurité : descousines travaillent à la CSST. « Ça faitpartie des valeurs de la famille. » Et de poursuivre : « Comme Michel Juteaul’a dit, il faut que la prévention fassepartie de nos valeurs. Elle fait partie desmiennes. » Sonia élève seule un gar-çon de 10 ans. « Qui va s’en occuper s’il m’arrive quelque chose ? », s’inquiètela maman. « Je vais être prudente. Jevais être exigeante. Le droit de refus,oui, je vais m’en prévaloir. » PT

39Printemps 2005 Prévention au travail

La parole aux jeunes

Michaël Fecteau, Pierre-Denis Roy et Alexandre Mathieu

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« Notre expérience, en matièrede prévention des chutes, dépasse large-ment le cadre de la CSST et même celuidu pays », se réjouit Laurent Desbois, ingénieur et conseiller à la Direction de la prévention-inspection de la CSST.

Ce spécialiste, artisan dynamique de la prévention des chutes de hauteur, est aussi répondant québécois au co-mité CSA et président de la délégationcanadienne au comité ISO/TC214. « Les demandes de consultation que nous recevons proviennent maintenant dumonde entier », précise-t-il avec fierté.

Ce sont des années d’efforts de lapart de la CSST et de ses partenairesque vient enfin consacrer la publica-tion d’une norme internationale ISO en matière de plateformes élévatrices. « Nous avons commencé il y a unedizaine d’années, se rappelle le conseil-ler. Nous avons progressé par petits pasdans la lutte contre les chutes. Et notrenotoriété s’est peu à peu établie grâce ànotre expérience, et avec la complicitédes ingénieurs de l’Institut de rechercheRobert-Sauvé en santé et en sécurité du

travail (IRSST) et avec celle des fabri-cants d’équipements de sécurité », ex-plique M. Desbois.

Au fil des ans, Prévention au travail afait sa modeste part en publiant de façonponctuelle des reportages sur la ques-tion (passerelle à triple ancrage dans lemétro, ajustement du harnais, nacelle articulée, câble d’assurance installé à laverticale, construction d’un toit au sol,déneigement des toits plats, etc.).

Lors de la réunion du printempsdernier dans les locaux de la CSST, lecomité de travail international respon-sable de la norme ISO/TC214 visant les plateformes élévatrices réunissaitnotamment l’Afrique du Sud, les Pays-Bas, la Finlande, la Suède, la France,l’Allemagne, les États-Unis et le Canada.

Cette rencontre couronnait six annéesd’efforts et d’échanges et elle s’est soldéepar l’adoption d’une norme internatio-nale relative aux plateformes de travailse déplaçant le long de mâts. « Il ne resteplus qu’à la soumettre pour approbationfinale aux 20 pays membres du comité »,constate Laurent Desbois.

40 Prévention au travail Printemps 2005

En choisissant de tenir sadernière réunion mondiale

à Montréal au cours duprintemps 2004, le comité

ISO/TC214 a incontesta-blement reconnu l’apport

significatif de la métropole,plus particulièrement celui

de la CSST et de ses parte-naires, dans l’élaboration

de normes internationalestouchant la sécurité desplateformes élévatrices.

Une consécration méritée !

Prévention des chutes de hauteurEnfin, la certification ISO!

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Exempled’une plate-forme sedéplaçantle long de mâts.

Par Guy Sabourin

Point d’ancrage solideAu chapitre des plateformes élévatrices,le Québec a patiemment mis au pointune méthode d’essai désormais inté-grée aux normes CSA (canadiennes) eten voie de faire partie des normes ISO. « Nacelles ou plateformes élévatricessont entourées de garde-corps qui éli-minent théoriquement tout risque dechute, explique le spécialiste. Sauf qu’ilfaut parfois retirer les garde-corps pourexécuter certains travaux. Les travail-leurs doivent alors attacher leur équi-pement de protection individuelle à unpoint d’ancrage solide à même la plate-forme élévatrice.

« Ces ancrages existaient dans lepassé, sauf qu’aucun fabricant ne lesavait testés. Personne n’avait encore ana-lysé la capacité structurale de l’appareilà retenir une charge de l’ampleur de lachute d’un corps humain. »

Autre phénomène ayant causé la mortde plusieurs travailleurs partout dans lemonde : l’éjection d’une nacelle quand ily a fouettement du mât. Si la plateformesubit un contrecoup quelconque, le tra-vailleur peut en effet être éjecté, commes’il était à bord d’une catapulte. « C’estpourquoi nous avons demandé que cesappareils soient également munis d’unpoint d’ancrage solide, capable d’absor-ber l’énergie d’une chute, afin que les travailleurs puissent s’y attacher en toutesécurité sans provoquer le renversementde l’appareil. »

On testeAvec la collaboration des fabricantsquébécois, canadiens et américains, lesingénieurs de la CSST et de l’IRSST ontélaboré un test qui consiste à relâcher

une masse — imitant la charge due àl’éjection d’un corps — retenue au pointd’ancrage, histoire de s’assurer que cedernier puisse retenir la charge. « C’estainsi que nous sommes parvenus à éta-blir des normes concernant la résistance

et la sécurité des points d’ancrage, pré-cise M. Desbois. Si bien que, grâce à nos interventions répétées, notre testfait maintenant partie de la norme CSAet on est sur le point de l’intégrer à lanorme ISO. »

Ce savoir-faire aussi technique quespécialisé fait souvent défaut aux ingé-nieurs qui travaillent chez les fabricantsde plateformes. La publication d’unenorme vient donc combler cette lacune.« Outre qu’elle constitue une valeurajoutée à nos propres règlements, lapublication d’une norme sert aussi àtous les organismes préoccupés par la sécurité du travail au Canada, auxÉtats-Unis et dans le monde ! », soutientle conseiller.

Les certifications ISO, ANSI (amé-ricaine) ou CSA des plateformes élé-vatrices garantissent que tout le travaild’ingénierie concernant la sécurité estaccompli. « Les fabricants n’ont pas be-soin de réinventer la roue et de refairetoute la batterie des tests, fait remar-quer M. Desbois. Ils n’ont qu’à se réfé-rer à la norme publiée, qui donne endétail tous les calculs d’ingénierie et le design nécessaires au respect de lanorme. Cette dernière constitue doncun consensus et facilite la fabricationdu matériel de sécurité. »

41Printemps 2005 Prévention au travail

Nombre de fabricants craignaient que leursplateformes n’échouent aux tests menant à la certification en raison de l’impressionnantecharge de 12 à 13 kilonewton que représente l’arrêt brutal d’un corps humain en pleine chute.« Sauf qu’avec l’absorbeur d’énergie, complétantaujourd’hui tout harnais de sécurité qui se respecte — facile à enfiler ! —, l’impact sur lecorps du travailleur et sur l’appareil se trouvelimité à 4 kilonewton. Avec pour résultat quel’impact, moins important, peut être toléré par l’ensemble des plateformes élévatrices »,note Laurent Desbois.

Alain Albert, vice-président à la programmation et à l’expertise-conseilde la CSST (deuxième à gauche), a accueilli les dirigeants du comité detravail international ISO/TC214 ayant trait aux plateformes élévatrices.De gauche à droite, Michel Bourassa, directeur des normes au Conseilcanadien des normes, Paul E. Young, président du comité technique ISO,James Wilkinson, président du comité technique canadien des plate-formes élévatrices, Sara Desautels, secrétaire du comité ISO pourl’American National Standarts Institute (ANSI) et Laurent Desbois,ingénieur et conseiller à la Direction de la prévention-inspection de la CSST et président du comité consultatif canadien.

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Réduire la charge grâce à l’absorbeur d’énergie

En fin de compte, il ne faut pas ou-blier que des vies humaines sont en jeu.En respectant les normes relatives auxplateformes élévatrices, qui sont main-tenant intégrées aux règlements de laCSST, le fabricant garantit que l’appa-reil retiendra le travailleur attaché encas de chute ou d’éjection.

Beau rôle, beau produitCe sont généralement des fabricants quiparticipent aux travaux longs et ardusmenant à l’élaboration d’une norme,parce qu’ils y ont intérêt. « Dans le casde la création de la norme ISO tou-chant les plateformes élévatrices, lacontribution de la CSST a été énorme,soutient Vincent Dequoy, président del’entreprise québécoise Hydro-Mobile,spécialisée dans la fabrication des plateformes à mât. L’expérience et laneutralité de la CSST, qui ne favorisepas un produit plus qu’un autre, ontdonné une crédibilité internationale ànotre démarche. »

Que des avantages« Vendre du matériel a c c o m p a g n é d ’ u n e norme internationaleISO a joute de la va -leur au produit, c’est indéniable ! », constate pour sa part ClaudetteL’Heureux, vice-prési-dente de l’entreprise qué-bécoise Fraco, fabricantde plateformes éléva-trices. Ça nous donne del’énergie pour amélio-rer nos produits et ça lesrend plus attrayants pourles pays étrangers. »

Publier une normes’accompagne immédia-tement de retombéespositives. Les calculsd ’ ingénierie l iés aux différents dispositifs an-tichute ne sont pas for-cément enseignés dansles écoles d’ingénieurs,car il s’agit d’un domaineà la fois pointu et rela-

tivement nouveau. « À l’intention des in-génieurs engagés dans différentsdomaines, il existe désormais un Guidede design CSA-Z259.16-04. Il contientdes équations savantes, facteurs desécurité, en fait tout ce dont a besoinl’ingénieur pour produire du matérieldestiné à la prévention des chutes etconforme à nos codes et à nos règle-ments », assure M. Desbois.

Autre exemple, les systèmes decordes d’assurance horizontale pourretenir les travailleurs sur un chantier.Il n’y a pas si longtemps, ces cordes devaient être conçues et dessinées par un ingénieur, à l’occasion de chaquechantier, à moins que ce dernier ne respecte les critères très stricts et trèscontraignants prévus au code. Aujour-d’hui, on peut acheter ces cordes en kit, dûment approuvées CSA, selon lanouvelle norme Z259.13-04. « Ce quiévite de refaire tous les calculs pourchaque nouveau chantier », estimel’ingénieur de la CSST.

Même scénario pour le matériel an-tichute conçu pour grimper aux poteauxde bois. Jusqu’à tout récemment, il n’était pas normalisé. Chacun faisait sespropres essais et calculs. Mais grâce àla norme Z259.14-01, les fabricants ontnormalisé leurs produits, ce qui garan-tit à des clients comme Hydro-Québecou Bell Canada d’obtenir des produitsconformes pour toutes les conditionsclimatiques, y compris le verglas, et ce, dès leur achat. PT

42 Prévention au travail Printemps 2005

Montréal, rue acha-landée, tôt le matin.Une plateforme bienutilisée n’entrave pasla circulation routièreou piétonnière.

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Une norme pourmettre de l’ordre

Si les plateformes élévatrices qué-bécoises se vendent à l’étranger, il ne faut pas pour autant oublierque du matériel étranger entreaussi au pays. Désormais, impos-sible de fonctionner en vase clos,mondialisation oblige. « Nousavons déployé beaucoup d’effortspour que les fabricants québécoisrespectent une norme, souligneLaurent Desbois. Il arrive, bien sûr,que des produits étrangers entrentsur notre territoire, et semblentparfois plus attrayants en raisonde leur prix. Mais les normes déjàévoquées nous donnent désormaisdes moyens d’assurer la sécuritédes travailleurs.

« L’existence d’une norme in-ternationale, en l’occurrence ISO,qui établit un consensus entre plu-sieurs pays et permet un forumavec les ingénieurs du monde, facilite grandement les bonnes décisions au moment d’acheter du matériel de sécurité », soutient M. Desbois. La vie d’un travailleurn’a pas de prix. Mieux vaut se fierà ISO, même s’il en coûte un peuplus cher à l’achat !

« L’adoption d’une norme ISO signifie que les fabricants dans lemonde devront concevoir leurs pro-duits en s’appuyant sur la mêmenorme, ce qui donnera une unifor-misation de la sécurité et placerales entreprises sur un pied d’éga-lité, se réjouit Vincent Dequoy. Etc’est ça qui compte. »

Les comé-diens André-Jean Grenieret MichelParé, lorsd’une inter-vention sstpréparéepour Olymel,en 1997.

Mario Rose (nom fictif) est repré-sentant à la prévention chez Point Sétia, une entreprise (également fic-tive) spécialisée dans la fabrication de plantes et de fleurs artificielles quiemploie près de 500 travailleurs.

Jeff Boudreault, lui, est comédien àMontréal. Rien ne laissait prévoir queces deux personnes allaient un jour serencontrer et conjuguer leurs effortspour promouvoir la sécurité chez PointSétia. Rien, si ce n’est la compagnieTAC com, qui célébrait son 20e anni-versaire en 2004.

TAC com, c’est, comme le définit Isabelle Champagne, la directrice venteet marketing de l’entreprise, « une boîte de communications qui a recours auxservices de comédiens professionnels,tous membres de l’Union des artistes,pour véhiculer les messages des em-ployeurs ». Ces messages, destinés aux

jeux de rôles, des simulations, des interventions interactives, des confé-rences théâtrales ou encore des jeuxquestionnaires parodiant des jeux télé-visés. Les stratégies d’intervention sesont également diversifiées, car nousfaisons désormais régulièrement appelà la vidéo. Mais, ce qui est constant,c’est que ce sont toujours des comé-diens qui livrent le message ! »

Voici donc que se précise le lienunissant Jeff Boudreault, comédien, etMario Rose, représentant à la préven-tion chargé par le comité de santé et desécurité et par l’employeur d’engagerTAC com.

Le modus operandi de l’entreprise esttoujours le même. Après un premiercontact pour définir le cadre de l’in-tervention, elle délègue un concepteurchargé de recueillir l’information néces-saire. « En général, les concepteurs sontégalement comédiens. Toutefois, tousles comédiens n’ont pas nécessairementles aptitudes nécessaires pour inter-venir en milieu de travail. Il faut biencomprendre que nos comédiens doiventsouvent faire de l’animation de groupesaprès la représentation. Ils doivent aussiconnaître le milieu des entreprises, sescodes et son langage », explique IsabelleChampagne.

Une fois de retour, le comédien-concepteur invente une pièce taillée sur mesure pour les besoins de l’entre-prise. Une telle création exige un mini-mum de trois semaines de travail.

43Printemps 2005 Prévention au travail

Depuis 20 ans, l’entreprisemontréalaise TAC com

propose de promouvoir la ssten envoyant théâtre et

comédiens professionnels à l’usine ! Travailleurs et

employeurs en redemandent !

La SST sur les planchesTAC com

Jeff Boudreault,comédien, et IsabelleChampagne,directrice venteet marketing,tous deux de la compagniemontréalaiseTAC com.

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travailleurs, aux superviseurs, parfoismême aux inspecteurs de la CSST,touchent tous les aspects de la vie d’uneentreprise : la résistance au change-ment, le harcèlement, la discrimina-tion, la circulation de l’information et… la santé et la sécurité du travail (sst) ! « Certes, le mode de transmission desmessages a beaucoup évolué depuis les premières représentations donnéespar TAC com à ses débuts, du temps où l’entreprise s’appelait encore Théâtre àla carte », précise Mme Champagne.

Et d’ajouter : « Au fil des ans, lapalette d’interventions s’est enrichie au point de proposer aux entreprises,peu importe leur secteur d’activité, des

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Par Mikaëlle Monfort

Une question d’attitude« À l’occasion de notre première ren-contre, Mario m’a fait part des at-tentes de l’entreprise », explique JeffBoudreault, le comédien-concepteur desinterventions de TAC com chez PointSétia. « On voulait, bien sûr, rappelerles risques présents dans l’entreprise,risques de nature mécanique, élec-trique ou hydraulique et les risques de coupures, de chutes, de collisions, de maux de dos et de TMS, mais, d’une façon plus large, elle souhaitait

44 Prévention au travail Printemps 2005

1984, création de la compagnieThéâtre à la carte par HélèneBouchard et Christian Poissonneau.

1998, le Théâtre à la carte devientune véritable firme de communica-tions et prend le nom de TAC com.

En 20 ans, TAC com a donné plus de 3300 représentations de 1700 réa-lisations théâtrales écrites pour 1150 clients différents.

Aujourd’hui, TAC com emploie àMontréal 7 employés permanents, 35 comédiens, dont une douzainesont également concepteurs d’inter-ventions.

La firme est également présente àQuébec et à Toronto et compte neufbureaux franchisés (Anvers, Barcelone,Bruxelles, Genève, Londres, Luxembourg, Montpellier, Paris et New York).

Du TAC au TAC com,en quelques chiffres

Pour en savoir plus

TAC com : Montréal, (514) 522-3225 ;Québec, (418) 581-8038.

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inciter gestionnaires, superviseurs et travailleurs à adopter un comportementprudent ! », ajoute Mario.

Le comédien-concepteur a doncconçu et monté une pièce de théâtrequi mettait en scène Cactus, un per-sonnage affublé de toutes les carac-téristiques de l ’employé très peusoucieux de sa sécurité et de celle deses collègues. Cariste, le sieur Cactusest convaincu que les accidents, c’estpour les autres ! Lui, c’est un as, il peutconduire son chariot élévateur commeun bolide, les yeux fermés, les doigtsdans le nez. Si, par malheur, un super-viseur ou un collègue lui rappelle lesconsignes de sécurité, il l’envoie sur les roses. « Évidemment, Cactus étaitun personnage délibérément carica-tural, mais les travailleurs pouvaientparfois reconnaître dans ses compor-tements certains des leurs », précise lecomédien-concepteur.

Le pari du théâtreMario Rose ne cache pas qu’il a eu unpeu peur de la réaction de ses collègues.Accepteraient-ils d’assister à la repré-sentation pendant l’heure du repas ?Trouveraient-ils la pièce moralisatrice ?Jeff Boudreault a calmé ses appréhen-sions en lui expliquant que le scéna-rio ferait largement appel au comiquetraditionnel du théâtre de boulevard et que les personnages colleraient à la réalité des travailleurs del’usine. On ferait dans lesfleurs, dans la couleur, dansla chorale des pots de collechantants, dans les arcs-en-ciel des bacs de teinture !

La représentation a été un franc suc-cès. Tout le monde a adoré. Comédienset musiciens ont été chaleureusementapplaudis.

Au fil des semaines, Mario a constatéque Cactus était devenu la mascottefolichonne des travailleurs. Mieux en-core, travailleurs et employeur ont de-mandé que la compagnie de théâtrerevienne… avec Cactus !

La deuxième pièce leur a réservé unesurprise. D’insouciant et bougon qu’ilétait, M. Cactus est devenu prudent.Très prudent et plein d’attention. « Cettefois-ci, en plus de l’humour toujoursprésent, j’ai voulu insuffler une certaineémotion, montrer qu’autour de la no-tion de la sécurité se jouent des élé-ments essentiels de la vie personnelle et professionnelle », explique Jeff.

En effet, la santé et la sécurité nesont pas des manteaux que l’on enfile enentrant à l’usine et que l’on abandonneà la sortie. Sur la route, à la maison, àla plage, sur l’eau, la prévention a tou-jours sa place. Au cours de la troisièmepièce, déjà commandée à TAC com parl’entreprise, Cactus sera devenu docteuren prévention et proposera des vaccinscontre les accidents. Parions qu’on luilancera des fleurs.

Théâtre et prévention ? Une uniondrôlement réussie. Et qui dure ! PT

Cactus avant

Cactus après

45Printemps 2005 Prévention au travail

Enraccourci

Grand Rendez-vous sst 2004, joli bilan !Oui, on peut parler d’un autre franc succès. Que l’on peut mettre en chiffres,non sans une fierté bien légitime. Près de 6000 personnes ont visité le Salon(une augmentation de 8 % par rapport à l’an dernier). Près de 325 stands ontété occupés par 209 exposants (une augmentation de 11 %). Plus de 300 étu-diants d’établissements de formation professionnelle et technique ont prispart au colloque jeunesse ; 663 personnes ont écouté avec grand intérêt lesconférences inscrites au programme et plus de 500 ont assisté au déjeuner-conférence avec le journaliste Jean-François Lépine ; enfin, plus de 300 per-sonnes ont participé aux lancements qui ont eu lieu pendant l’événement.Une belle effervescence, sous le grand chapeau de la prévention. Qui donnele goût de faire encore mieux l’an prochain. Au fait, près de 60 % des standssont déjà vendus pour 2005. Vous en faites partie ?

N’oubliez pas, le prochain Grand Rendez-vous se déroulera les 6 et 7 octobre 2005, encore une fois au Palais des congrès de Montréal. On vousy attend !

Formation en toxicologie et en santé au travailDepuis 1983, l’Université de Montréal (UdeM) offre un programme d’étudesde 2e cycle dans le domaine de la toxicologie, sanctionné par un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS). Deux options sont offertes : toxi-cologie générale et analyse du risque. Les objectifs ? Former des scientifiquespossédant une connaissance des principes et de la méthodologie propres à latoxicologie, et qui seront capables de reconnaître les problèmes causés par l’exposition à des agents chimiques. D’évaluer les propriétés toxiques de cesagents. De prévoir la portée d’un risque. Et d’intervenir utilement dans la solution des problèmes d’ordre toxicologique. Le programme s’adresse à descandidats travaillant déjà dans un champ d’activités spécialisées (profession-nels des sciences de la santé humaine ou animale, chercheurs en sciencesbiomédicales ou naturelles) ou en voie d’acquérir une formation spécialisée. Il leur permettra d’enrichir leurs connaissances en toxicologie pour d’éven-tuelles applications dans leur spécialité respective. Pour plusieurs candidats,l’admission au programme favorisera une réorientation de carrière vers latoxicologie. Le programme de DESS en toxicologie et analyse du risque per-met le passage à la maîtrise en santé environnementale et santé au travailde l’UdeM. Pour en savoir plus, tél. (514) 343-2280 ; courriel : [email protected] ; site Web : www.mdtrav.umontreal.ca.

Un précieux ABC !Vos droits et vos obligations au tra-vail, les recours possibles en cas deproblème, les connaissez-vous unpeu, beaucoup, pas du tout ? Si vousn’êtes pas syndiqué, peut-être passuffisamment. C’est pour vous, etpour toutes les personnes dans votresituation, que l’organisme Au bas del’échelle, « groupe populaire pour ladéfense des droits des travailleuses et travailleurs non syndiqués », vientde publier un guide intitulé l’ABCdes personnes non syndiquées – Vosdroits au travail.

Le document aborde une foule dethèmes majeurs : normes du tra-vail, dont le nouveau recours contre le harcèlement psychologique au travail, santé et sécurité du travail, contrat de travail selon le Code civil,assurances collectives, syndicalisa-tion, etc. Une bonne liste de ressourcescomplète l’ouvrage. De facture et deformat agréables, ce précieux ABC de144 pages recèle des qualités qui in-citent à la lecture : de chouettes illus-trations signées Jacques Goldstyn,des intertitres bien visibles, des ren-seignements d’ordre juridique vul-garisés et clairs livrés au fil de textesbloqués en 15 chapitres et présentéssur deux colonnes. L’ouvrage coûte10 $ (et les vaut largement) au bureaude l’organisme situé au 6839A, rueDrolet, bureau 305, Montréal. Il fautajouter les frais de poste et de manu-tention lorsqu’on le commande partéléphone. Pour en savoir plus : (514)270-7878.

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Quelques minutes après la cérémonie d’ouverture : au centre, MichelDesprés, alors ministre du Travail, et Gérard Bibeau, président du conseil d’administration et chef de la direction de la CSST, à gauche,écoutent Serge Fradette, conseiller à la Direction des communications de la CSST et responsable du Grand Rendez-vous, leur commenter ladisposition des stands.

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[Prévention au travail] Onvous reconnaît une grande passionqui englobe toutes les questionsde santé mentale au travail…

[M.-C. Carpentier-Roy] Oui !J’ajoute que je trouve stimulant de voirle chemin que nous avons parcouru, ici,en cette matière. On rejette maintenantde plus en plus la vision de l’individuseul responsable de sa santé mentale eton reconnaît que le milieu de travail aaussi une responsabilité en ce domaine.Cela dit, il reste encore beaucoup àfaire. Si nous voulons résoudre les pro-blèmes de santé mentale au travail, dontles manifestations sont maintenant bien

connues, i l faut nous efforcer dechanger le travail et son organisation.Pour moi comme pour mes collègues de l’IPDTQ, cette certitude repose surdes assises solides. Nous avons beau-coup fouillé le terrain et mené desrecherches en santé, en éducation, encommunication, dans les secteurs pu-blic et parapublic. Et enquêté dans lesecteur privé, dans de petites, moyenneset grandes entreprises.

[PT] Un mot sur l’institut ?

[ MCCR] Il y plus de 15 ans, un collectif de chercheurs dont je fais partie s’est formé au Québec. Jean-PierreBrun, de l’Université Laval, et moi avonssenti la nécessité de créer ce collectif afin de soutenir la réalisation d’en-quêtes de psychodynamique du travail et promouvoir l’essor de cette discipline. Notre collectif regroupe des spécialistesde quatre universités : Montréal, Laval,UQAM et UQTR. Et des professionnelsde divers milieux ayant une expérienceen psychodynamique du travail. Aveceux, nous avons formé l’IPDTQ.

[PT] Lors du dernier colloqueorganisé par l’IPDTQ, vous avezdéclaré qu’il fallait redonner à la subjectivité la place qui lui revient. Que vouliez-vous dire par là ?

[MCCR] On a réorganisé le travailselon des logiques économiques qui ontproduit des situations inquiétantes etdes paradoxes évidents. On observe des situations de sous-travail généréespar la tendance à produire des biens etdes services avec de moins en moins de travail humain. C’est le travail sansl’homme, sans la femme, quoi ! À cettesituation d’exclusion et de sous-travail,il s’en ajoute une autre où l’on voit un

nombre croissant de personnes sub-mergées par leurs tâches. Dans les deuxcas, les travailleurs souffrent. On peutcomprendre la souffrance des exclus dutravail, mais ce n’est pas aussi évidentpour ce qui est de celle, psychologique,survenant en situation de surtravail.Travailler beaucoup n’est pas en soicause de souffrance, c’est plus com-plexe… Dans tout travail, il y a tou-jours deux volets contrastés. Celui de la contrainte et de la nécessité, et celuide la création et de la liberté auxquelscorrespondent les deux éléments de l’individu, l’acteur et le sujet. Toute organisation du travail doit donc entenir compte. Elle peut et doit ouvrir les espaces de liberté et de créativiténécessaires à la santé des acteurs-sujetset essentiels à une véritable efficacité au travail. J’ai pu enquêter dans desétablissements où l’on avait mis enplace de vrais systèmes de consulta-tion à travers lesquels compétence etsubjectivité étaient interpellées et re-connues. Ce n’était pas bidon ! On con-sultait ceux et celles qui font le travailet on tenait compte du résultat des consultations. Quand les entreprisesn’ouvrent pas de tels espaces, les travail-leurs s’en créent, ouvertement ou encatimini. La subjectivité, c’est vital !

[PT] Pourquoi ?

[MCCR] Deux éléments composenttoute personne qui travaille. L’acteur etle sujet. Le premier est celui qui agit, quiremplit une fonction. Il est déterminépar les nécessités, les exigences de sontravail. Et le second est le sujet quil’habite, qui cohabite avec lui. C’est l’êtrede désir, de passion, porteur de l’acti-vité créatrice. C’est dans le rapport en-tre ces deux volets du travail que se jouela prise en compte de la subjectivité àl’intérieur de la dialectique acteur-sujet.

46 Prévention au travail Printemps 2005

PerspectivesLe travail, la subjectivité,le sujet et l’acteur

Marie-Claire Carpentier-Royest sociologue et cher-

cheure. Elle est aussi l’undes membres fondateurs de l’Institut de psychody-

namique du travail duQuébec (IPDTQ), auteure du livre Corps et âme et

coéditrice d’un autreintitulé Le travail et ses

malentendus. Elle a signéquantité d’articles faisant

état de ses nombreusesrecherches menées tant en

psychodynamique du travailque dans le champ plus

large de la santé et de lasécurité du travail.

Attention, ne pas séparer !

Le travail, la subjectivité,le sujet et l’acteur

Si la dialectique est opérante, elle conduit au plaisir, à l’investissementsubjectif, satisfaisant, structurant. Si elle est inopérante, elle mène au travaildéstructurant, au clivage acteur-sujet,bref à la dissociation et à la souffrance.Une entreprise qui demande beaucoup àl’acteur ne va pas automatiquement lefragiliser si elle permet au sujet de vivrele travail. Il est ici question de respectdu sujet, de ses affects, de ce qu’il inves-tit subjectivement dans son travail, il estquestion de son désir d’autonomie, deliberté, de dignité humaine au travail.

[PT] Les émotions au travail,on a le droit de faire avec ?

[MCCR] Quand on quitte la maisonpour le bureau, le matin, on ne laissepas derrière soi ses émotions, ses désirs,ses passions. Quand on accomplit sestâches, on le fait toujours avec ce quel’on sait et aussi avec ce que l’on est. On s’investit, que ce soit dans le tra-vail réel ou prescrit. Mais souvent, cet

investissement est nié parl’entreprise. On dira : « Ici,on travaille, il n’y a pas deplace pour les émotions. »Ce n’est pas sans consé-quence. Prenons le cas del’évaluation des travailleurs.L’entreprise a des objectifs,elle doit évaluer le travailaccompli. Mais trop sou-vent elle n’évalue que les résultats, faisant l’impasse sur le processus qui a per-mis ce résultat. Dans mesenquêtes, j’entends parfoisceci : « J’ai servi l’entreprisependant 25 ans, j’ai mis toutmon cœur à l’ouvrage, j’aifait mon possible, maismaintenant, c’est fini. Je meborne à exécuter le boulot,point. » Quand on entendça, on comprend que la personne est déçue de voirson investissement subjec-tif non reconnu. Et, pour

survivre sur le plan psychologique, ellea fait taire le sujet qui l’habite et cédétoute la place à l’acteur. C’est ça, la dis-sociation ! Les milieux de travail doiventcomprendre ça. COMPRENDRE, voilàle mot clé ! Comprendre les comporte-ments, en chercher le sens au lieu dedire : « Ah, encore un autre qui résisteau changement ! » On juge au lieu decomprendre. Ce travail de compréhen-sion ne peut se faire que par un outil,la PAROLE. D’où l’émergence, lors denos enquêtes en psychodynamique du travail, des thèmes de la reconnais-sance, de l’imputabilité.

[PT] Mais comment peut-on « respecter » la subjectivité ?

[MCCR] En redéfinissant les rap-ports de travail, en les réinscrivant dansune véritable éthique, aussi à redéfinir.Pourquoi parler d’éthique ? Parce que si travailler inclut un rapport à soi, il y a forcément un rapport à l’autre et au monde. Travailler veut dire être avecd’autres. Paul Ricœur propose l’imagedes trois pôles pour comprendre la relation éthique. Les pôles JE, TU et IL. Le JE, c’est le sujet en tant qu’êtrelibre. « Ma liberté veut être. » La libertéest le point de départ de la notiond’éthique, mais cette dernière ne prendtout son sens que dans la relation àl’autre. C’est le pôle TU. « J’entre en

relation avec toi. » Toi étant les autres,pairs, subalternes, supérieurs hiérar-chiques. « J’affirme ma liberté, mais j’affirme aussi la tienne, je veux qu’ellesoit. » C’est pas mal plus exigeant ! On voit se dessiner ici l’idée de la coo-pération, du respect, de la confiancedans les relations horizontales et verti-cales de travail, de tout ce que l’autreest comme acteur ET comme sujet.Bien sûr, un rapport égalitaire dans la différence peut et va donner lieu à la confrontation, mais dans le respect.Nous voici au pôle IL. Dans une en-treprise, on ne peut pas fonctionnersans objectifs communs, cela va de soi. Mais la vision des règles et les valeurssont toujours teintées par les intérêts de chacun. Alors, dans une relationéthique, comment concilier libertés individuelles et intérêt commun ? Laseule manière d’y arriver, c’est par laPAROLE. La discussion au sein d’ungroupe peut permettre de dépasser les intérêts individuels et de dégagerl’intérêt commun à partir d’une com-préhension commune que l’on pourraavoir, parce qu’on se sera dit les choses,les uns les autres. Dire ce qu’on vit, cequ’on ressent, c’est écouter et s’entendredire son propre investissement. C’estécouter et entendre celui de l’autre.Cette parole est au cœur des enquêtesen psychodynamique du travail. Elledoit être encadrée, aller plus loin, per-mettre de découvrir ce qui est caché.L’entreprise qui bloque la parole et niela subjectivité empêche aussi d’atteindrel’équilibre mental et tue les aspirationsdes sujets. Ne survivent que les acteursqui subissent les contraintes, vont auboulot à contrecœur et se défendentcomme ils peuvent. Mais il faut être vigilant. Pour que la relation éthiquesoit constructive, il y a un piège à éviter. Celui de l’instrumentalisation. C’est, hélas ! ce qu’on fait parfois avec la reconnaissance. Il ne faut surtout pas en faire un instrument au service de la motivation. La mode, en ce moment,c’est de reconnaître le travail des tra-vailleurs dans le but de les rendre plusperformants. On se trompe. Cette stra-tégie a des effets pervers pour les tra-vailleurs et pour les employeurs. Il fautreconnaître l’investissement du sujet,pas juste les résultats. La motivationviendra après ! Elle sera une consé-quence de la reconnaissance. PT

Monique Legault Faucher

47Printemps 2005 Prévention au travail

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« On rejette de plus en plus lavision de l’individu seul respon-

sable de sa santé mentale et onreconnaît que le milieu de

travail a une responsabilité ence domaine », fait observer

Marie-Claire Carpentier-Roy.