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LE RAB AN Octobre 2011 Publication interne trimestrielle de la Délégation Rhône-Alpes/Bourgogne de Médecins du Monde N°9 Zoom sur la situation des Roms Les Roms de Lyon à Grenoble : entre expulsions violentes, précarité, déplacements et insertion. Retour sur une situation complexe et difficile pour ces populations. EVENEMENT

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LE RABANOctobre 2011

Publication interne trimestrielle de la Délégation Rhône-Alpes/Bourgogne de Médecins du Monde

N°9

Zoom sur la situation des Roms

Les Roms de Lyon àGrenoble : entreexpulsions violentes,précarité, déplacements

et insertion.Retour sur une

situation complexe etdifficile pour cespopulations.

EVENEMENT

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Délégation régionale Rhône Alpes/ Bourgogne

13 Rue Sainte Catherine 69001 LyonTel: 04 78 29 59 14Fax: 04 26 84 78 08

[email protected]

Missions de la délégation

Grenoble : CASO / Mission Hors Centre /AdoptionLyon : CASO / Mission Hors Centre/ AdoptionSaint Etienne :AdoptionLes MIR* : Algérie et Guinée* Missions Internationales Régionales

Ce numéro a été réalisé par la promotion 2011-2012 du Master 2 Communication, Humanitaire et Solidarité de l'Institut de laCommunication, Université Lumière.Les rédacteurs :Armelle A./ Habiba B./ Fallone B./ Kelly B./ Laurie C./ Charlotte C./ Christiane D./ Pierre- Marie D./ PaulinaD./ Azadeh G./ Marianne G./ Yves- René K./ Asiya K./ Noëmie L./ Lucie M./ Deborah M./ Elodie M./ Fernande N./ Zépur O./Kim P./ Laure S./ AudreyT./ NathalieV./ MarionW./ Nuofei ZLes rédacteurs en chef :Camille M./ Elie B.

4 | LYONRuptureS et continuitéDrogues : mieux connaître son produitCASO : bilan de la mise en place de la consultation d'orientationCécile Calas : polyvalente, curieuse, ouverteOpération Nourrissons"Maison de l'adoption" : un projet en construction

7 | DOSSIERNi là-bas, ni ici : le quotidien des RomsRoms du Kosovo et de Macédoine : que sont-ils devenus ?Toi, toi, mon toit

10 | REGIONAL/NATIONALNouvelle activité de prévention au CASO de GrenobleRégionalisation : où en est-on ?Perpignan, un lieu d'exposition pas comme les autresMdM mobilise ses équipes pour 2012

12 | INTERNATIONALMigrants tunisiens àValence : le diagnostic de MdMLa polyvalence, maître-mot du logisticienUne nouvelle mission exploratoire pour MdM en PalestinePresse à briques : toute une histoire

14 | EVENEMENTFlashmob : MdM déroule un tapis rouge...

16 | INFOS PRATIQUESMdM évalue ses besoins en formationAgenda

SOMMAIRE

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Nous avons choisi de mettre au centre de ce numéro un dossier sur les Roms.En effet, ce sujet, passé aux oubliettes médiatiques depuis l’année dernière, esttoujours d’actualité. Partout, que ce soit à Grenoble ou à Lyon, les Roms sontinévitablement les victimes d’un ostracisme ambiant, d’un racisme à peine voilé.Heureusement des solutions existent et Médecins du Monde se bat pour quecette population soit intégrée avec des conditions de vie qui soient dignes etdécentes. Nous avons enquêté à Grenoble et à Lyon afin de vous montrercomment.Les populations défavorisées restent au cœur des activités de MdM. Lesstructures d’accueil de Lyon et Grenoble constatent une augmentation enflèche du nombre des personnes qui frappent à leur porte, essentiellement desmigrants. Ce numéro présente un panorama des différentes actions menéespar MdM en France et à l’étranger. Il a permis à notre équipe du master deCommunication, Humanitaire et Solidarité de découvrir les actions de MdMmenées auprès des populations démunies, mais aussi auprès des futurs parentsadoptifs, ou des personnes concernée par les addictions.Futurs professionnels du secteur de l’humanitaire et de la solidarité, nousavons pris plaisir à découvrir MdM Rhône-Alpes dont le personnel deGrenoble et de Lyon s’est mobilisé pour nous accueillir et répondre à nosquestions. Nous avons donc pris soin, les 28 de notre promo, de vousprésenter un numéro qui se veut original et créatif dans sa forme, et le plusexhaustif possible dans la présentation de l’actualité « MdMienne ». Une

actualité riche qui touche tous les domaines dela santé et plus largement, de l’humanitaire etde la solidarité. L’exercice nous était donc toutparticulièrement destiné.La délégation Rhône-Alpes est active auprèsdes pouvoirs publics et se mobilise avecd’autres associations pour faire respecter lesdroits fondamentaux des Roms et des autresmigrants. Des partenariats efficaces quiengendrent une véritable synergie autour de

thématiques communes. Ainsi, des évènements s’organisent, à l’initiative ouavec la participation active de MdM Rhône-Alpes : le « congrès des 5continents », une flashmob pour la journée nationale du refus de la misère etbien d'autres encore à venir. Une réflexion interne est également en cours ausein de la délégation, notamment sur la formation des bénévoles et l’avenir desCASO.Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à le lire que nous en avonspris à le concevoir, le rédiger, le mettre en page, tout en s’employant à vousapporter la meilleure information possible.

Camille M.

Un nouveau regard sur Médecins du Monde

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Habiba B / Pierre-Marie D

RuptureS et continuitéPionnier dans la réduction des risques liésà l'usage de drogue, MdM transfère sonProgramme d'Echange de Seringues (PES)à l'association lyonnaise RuptureS.

MdM est l’un des premiers àavoir mis en place un PESpour les usagers de droguesqui n’avaient pas accèslégalement à des seringues età du matériel stérile.L’association considère qu’ilest temps d’abandonner sesprogrammes à d’autres :depuis 2004, l’Etat finance lesprogrammes de RdR et lesCAARUD (Centres d’Accueilet d’Accompagnement à la Réduction de risquespour Usagers de Drogues) ont été créés.L'association RuptureS est l'un de ces centres.

Créée en 1994, elle a pour objectif de pallier lesdifficultés d'accès au matériel stérile et à lasubstitution.

Une page se tourne...Cette passation a été possiblegrâce à un contexte favorable,ce qui n'est malheureusementpas le cas pour beaucoupd'autres activités. « Il y a duboulot à faire en matière deRéduction des Risques, maisdifféremment  » estime AurélieNeveu. MdM va se concentrersur des projets novateurs telsque le programme ERLI(Education aux Risques Liés à

l’Injection) et le nouveau projet d’analyse dedrogues.

RuptureS se charge de la distribution des Kit+.

Un nouvel outil va être mis en place à Lyondans une perspective de réduction desrisques : l’analyse de drogues parChromatographie sur Couche Mince(CCM).

L’analyse de drogues vise à améliorer laconnaissance des usagers sur la composition desproduits qu'ils consomment. La CCM est unprocédé chimique utilisé pour déterminer laprésence de produits de coupe dans leséchantillons analysés. Leur collecte s’effectue àl’aide d’un tube contenant une solution qui rendle produit impropre à la consommation. Celaprotège les intervenants sur le plan légal.A partirde janvier, six bénévoles de MdM accompagnerontdeux CAARUD dans leur utilisation de l'outil,pendant six mois d’expérimentation. Les produitsseront envoyés à MdM Paris pour être analysésdans un délai de cinq jours. « On sait qu’il y a des

demandes, car il y a de vrais problèmes avec lesproduits », explique Thomas Rolland, co-responsable du projet.

Des objectifs réfléchisAu-delà de l’analyse, le but est de créer unerelation entre l’intervenant et l'usager centréeautour du produit et non autour du matériel deréduction des risques. Sur un autre plan, lavolonté de MdM est de faire reconnaître par lesautorités la CCM comme outil de réduction desrisques et de le transférer aux partenaires. « Ceprocessus n’a pas pour but d’approuver laconsommation mais bien de faire face à la réalité dela toxicomanie ». Il permet de voir quels produitssont sur le marché et ces données participent auplaidoyer.Pour tout renseignement, contactez Thomas RollandouVincent Daliphard.

Drogues : une démarche innovante

Laurie C/ Paulina D/ Nuofei L

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CASO : bilan de laconsultation d’orientationLe Centre d’Accueil de Soins etd’Orientation fait le point sur la consultationd’orientation expérimentée d’avril à juin2011.

Submergé par le flux et reflux d’une populationdont la précarité s’accroît, le CASO maintient samission d’accueil, de soins et d’orientation.

Pourtant, son désird’améliorer les conditionsd’accompagnement dupatient se voit contraint àun réajustement.Dans son rapportd’activité 2010, le CASOproposait la créationd’une consultationintermédiaired’orientation. Son but  :

permettre à plus de 70% de personnes qui peuventbénéficier d’une couverture médicale d’y accéder.

Dès le premier trimestre 2011, le CASO semobilise pour mettre en place sa «consultation

d’orientation». Début avril, celle-ci devientopérationnelle. Très vite, la coordination avec leréseau extérieur s’avère difficile. Certainsbénévoles se découragent et démissionnent. Il estdécidé de mettre fin à l'expérience.

Malgré les obstacles, le CASO reste fidèle à savocation de «passerelle vers le soin ». Il améliore laqualité de sa consultation initiale « médico-sociale ».

Cécile Calas :polyvalente,curieuse,ouverteStagiaire infirmière àMdM Lyon, CécileCalas a découvert

qu’on pouvait faire de l’humanitaire enFrance.

Cécile est affectée au « Caso » (le centred’accueil de MdM) pour répondre aux besoinsdes personnes les plus précaires, en collaborationavec un médecin, des psychologues et desassistantes sociales. L’essentiel pour elle est deconnaitre le patient dans sa singularité.

Cécile a un parcours original. Après uneformation artistique, elle s’oriente vers la finance.Elle travaille comme conseillère bancaire pendantcinq ans, tout en étant bénévole dans plusieursassociations. Elle quitte ensuite la finance pourintégrer une école d’infirmières en septembre2009.

Elle a participé au tour de France humanitaireorganisé par Bioforce, et c’est par un collègue depromo qu’elle a trouvé son stage à MdM cet été.

"Faire de l’humanitaire c’est quelque part une quêtede bonheur personnel et ce bonheur, c’est l’Autre».

Elle aime rencontrer les gens, et se révèle à larelation à l’autre. Elle écoute les patients et aimeêtre là pour eux.

Le CASO en quelques chiffres- plus de 5300 passages par an- 3700 consultations générales- 231 entretiens pour certificat étrangers malades- 770 consultations psychologiques- 92 consultations gynécologiques- plus 10% de fréquentation au cours des 3 dernièresannées

Jean André, Responsable Missiondu CASO

Armelle A/ NathalieV

Andrée A/ Azadeh G

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Opération NourrissonsEn 2000, MdM initie l’OpérationNourrissons. L’objectif : permettre à desenfants de 0 à 3 ans d’accéder à desproduits de première nécessité. Rencontreavec Thérèse Nandagobalou, bénévole àMdM depuis 16 ans.

Qu’est ce que l'Opération Nourrissons ?Il s’agit de combler la fermeture des associationsd’aide alimentaire en juillet-août pour les famillesen grande précarité qui ont du mal à se procurerdu lait 1er âge.

Comment se déroule cette action ?Lors de permanences tous les mardis etvendredis matin. Chaque famille bénéficiaireremplit une fiche d’information concernant sasituation. Une équipe médicale relève les donnéesdu carnet de santé du bébé et un examenmédical est effectué pour un suivi adapté. Du lait1er âge, des couches et d’autres produits sontdistribués aux familles.

Quels sont les acteurs ?Une coordination alimentaire s’est créée autourde MdM. Elle regroupe la PMI (ProtectionMaternelle et Infantile), les Restos Du Cœur,l’Armée du Salut, la Banque Alimentaire, la CroixRouge.Pour MdM, la santé par l’alimentation est lapréoccupation principale. L’objectif est desensibiliser les parents aux besoins nutritifs d’unnourrisson.

Quel bilan faites-vous ?Cette année, on a vu plus de personnes que l’anpassé, ce qui traduit une inquiétanteaugmentation de la précarité. Une meilleureétude des données permettrait de mieuxprévenir certains problèmes.

Brigitte Quentin, responsable de la missionAdoption MdM à Lyon, parle de ce projetqui devrait se concrétiser en 2012.

Depuis 2009, MdM, le Conseil Général du Rhôneet d’autres OrganismesAutorisés pourl’Adoption (OAA)travaillent à la créationd’une maison del’adoption à Lyon, quisera un espace d’accueil,d’information et dedocumentation pour lespostulants à l’adoption.Chacune des OAAdevrait y assurer des

permanences d’accueil dans des locaux mis àdisposition par le Conseil Général.Le 14 novembre prochain se tiendra une réuniondécisive pour faire le point sur l’avancée duprojet.

D’autre part, l’équipe adoption de Lyon travaille àla mise en place des réunions de préparationà la parentalité en partenariat avec les autresantennes MdM de la délégation Rhône-Alpes (StEtienne, Grenoble et Clermont-Ferrand). Lamutualisation des moyens régionaux permettrad'être plus efficaces et flexibles aux besoins desparents.

Cette préparation à la parentalité "longue" (2jours, contre 2 heures actuellement) estobligatoire. Animée par des psychologuesbénévoles, elle a pour objectif d’apporter unsoutien et un suivi psychologique aux personneséligibles à l’adoption. MdM veut sensibiliser lesfuturs parents aux engagements que l’adoptionimplique, en insistant sur le rôle et les devoirsparentaux auxquels ils feront face.

Maison de l’adoption : un projet en construction

Christiane D/ Habiba B/ Laurie C

Christiane D/ Azadeh G/ Armelle A

Brigitte Quentin, responsable de lamission adoption à MdM

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« En seulement dix minutes,il ne restait plus rien »

Membre du Comité Lyonnais d’Aide à laScolarisation et de Soutien aux Enfants desSquats (CLASSES) et de la Ligue desDroits de l’Homme (LDH), GilberteRenard raconte les expulsions auxquelleselle a assisté le 15 septembre aux squatsde Saint-Gobain et de Saint-Fons.

Quelles ont été les conditions d’expulsion ?150 policiers casqués étaient mobilisés. Mais nousavions prévenu les familles. Lorsqu’ils sont arrivésau squat, il n’y avait plus personne. Une demi-heure plus tard les bulldozers ont tout détruit.Heureusement, les familles n’étaient plus là pourvoir ça. En seulement dix minutes il ne restaitplus rien.

En quoi ces expulsions étaient-ellesviolentes ?La police les a traqués, les forçant à errer desquat en squat. L’objectif était qu’ils ne s’installentpas plus de 48 heures pour ne pas engager deprocédure juridique. On aurait dit un peuple enexode, les passants étaient ahuris. J’ai eu honte dece qu’on leur faisait subir.

Pourquoi les Roms sont toujourscontraints d’occuper des squats ?Pour rester en France ils doivent subvenir auxbesoins de leur famille, avoir une adresse, unecouverture maladie. On restreint leur droit autravail en ne leur donnant accès qu’à152 métiers.Ils doivent parler couramment français. Ledossier doit être étudié par la DirectionDépartementale du Travail, et accepté par lapréfecture. Or, elle reçoit ses ordres dugouvernement Sarkozy. Quand ils sont expulsésils n’ont aucun droit. Voir des familles dormirdans des jardins publics ou des parkings, c’estinadmissible. Le préfet pourrait réquisitionnerdes bâtiments inutilisés mais il ne le fait pas : il neveut pas des Roms.

Ni là-bas, ni ici :le quotidien des RomsLes associations réagissent et dénoncentdes procédures trop souvent arbitrairesenvers les Roms et un accès restreint auxdroits fondamentaux.

Roumains ou Bulgares, des ressortissantseuropéens sont discriminés du seul fait d’êtreroms. Durant ces derniers mois, ils ont étévictimes d’expulsions massives et répétées.Entre mai et septembre, quatorze expulsions onttouché à Lyon 464 personnes, dont 243 enfants.Les associations soulignent certaines pratiquesabusives des forces de l’ordre. Les squats sontparfois évacués sans même que leurs occupantsen soient avertis.

La législation concernant les Obligations deQuitter le Territoire Français (OQTF) n’estmême plus respectée. Les OQTF sont délivréesde façon aléatoire : certains Roms ont étéexpulsés un mois après leur arrivée alors que lalégislation en prévoit trois.

Impossible dans ces circonstances d’assurer unescolarisation ni un suivi médical satisfaisant. Lesassociations regrettent que la portée de leursactions soit entravée par ces déplacementsforcés.

Expulsion à Chassieux

AudreyT/ Marianne G/ MarionW

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Roms du Kosovo et deMacédoine : que sont-ilsdevenus ?Un an après l’arrivée massive à Grenoblede Roms kosovars et macédoniens, il nereste que peu de familles.

« Des Roms en provenance du Kosovo et deMacédoine, on n’en voit presque plus au CASO »,affirme Robert Allemand, responsable del’antenne grenobloise de MdM. Sur 1300demandeurs d’asile recensés en 2010, tous oupresque sont repartis définitivement dans leurpays. Depuis, on ne dénombre pas de nouveauxarrivants.

Deux faits expliquent la vague migratoire massivede 2010 : la levée des obligations de visa pour lesmacédoniens (2009) et la régionalisation qui adirigé tous les demandeurs d’asile de Rhône-Alpes sur Lyon et Grenoble.

Robert Allemand déplore le désengagementinitial de la préfecture : « La mairie et le ConseilGénéral ont dû prendre le relais et fournir deslogements provisoires : CADA1, chambres d’hôtel. » Lapréfecture a finalement accordé des rallongesbudgétaires et un prolongement du dispositifhivernal. Aujourd’hui, l’apport financierquotidiennement alloué à chaque demandeurd’asile est passé de 35€ à 13€, soit le strictminimum.

Un retour contraint

Peu de Roms kosovars et macédoniens se sontvu accorder l’asile, étant originaires de paysreconnus comme sûrs par l’OFPRA2. Les famillesrepartent, découragées par l’attente et lesconditions de vie difficiles, ou contraintes par desOQTF3.A ces facteurs s’ajoute la réglementationeuropéenne qui empêche qu’un requérantdemande plusieurs fois l’asile. Ces migrantsquittent la France de façon définitive, à l’inversedes Roms roumains et bulgares, qui font souventdes allers-retours entre leur pays et la France.

Contrairement à certaines idées reçues, lesRoms du Kosovo et de Macédoine ne sont pashabitués à la mendicité et aux hébergementsprécaires. Certains ont parfois laissé un logementderrière eux. Ils se sont dirigés vers la France,poussés par des raisons économiques ou pourfuir les discriminations. Ils pensaient trouver une« terre d’accueil », ils n’ont trouvé qu’indifférenceet rejet.

1 Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile2 Office français de protection des réfugiés et apatrides3 Obligation de Quitter le Territoire Français

Des clichés qui ont la vie dure

Idée reçue n°1 : Les Roms viennent tous deRoumanieRéalité : Les Roms sont originaires d’Europede l’Est, notamment du Kosovo, de laMacédoine ou encore de la Bulgarie et de laRoumanie.

Idée reçue n°2 : Les Roms parlent tous lamême langueRéalité : Chaque Rom parle la langue de sonpays d’origine.

Idée reçue n°3 : Les Roms sont nomadesRéalité : Les Roms sont majoritairement unepopulation sédentaire et sont à distinguer desgens du voyage.

Kim P/ Charlotte C/ Lucie MCamp de réfugiés dans le parc de l'Alliance, à Grenoble, 2010.

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Toi, toi mon toitInsérer la population rom à Grenoble, c’estla mission que s’est fixé le CCAS1 en cettefin d’année 2011. Son outil : un dispositifd’insertion par l’hébergement.

Ce projet prévoit l’hébergement d’une dizaine defamilles de la communauté rom dans un bâtimentaménagé à cet effet. L’objectif : insérer cettepopulation exclue. Cela passe par la scolarisationdes enfants, l’emploi et le logement : fondementsde l’autonomisation. D’après Robert Allemand,« C’est un projet marqué par un fortaccompagnement social et professionnel, un suiviconstant mais qui reste difficile à concrétiser ». Poursa réussite, le rôle de l’Etat est déterminant : lesassociations comptent sur l’engagement de lapréfecture et de la DIRECCTE2. Leur flexibilitépermettrait d’éviter les OQTF après trois moisde séjour.

Un premier comité de pilotage a rassemblé Etat,collectivités territoriales et associations dontMdM et Roms Action. Les grandes lignes établiesont été affinées lors du dernier comité technique.L’admission des familles se basera sur divers

facteurs : maîtrise de la langue, scolarisation desenfants, respect de la loi, capacité de travailler.Certains critères posent question, tels que lerefus de la mendicité. « On ne peut pas interdireaux Roms de mendier, sans subvenir d’une manièreou d’une autre à leurs besoins », affirme AngéliqueVéré, assistante à MdM.

L’idée de rassembler une communauté dans unmême lieu fait débat. Certaines critiques parlentde ghetto. Robert Allemand répond : « Pourprotéger et soutenir les familles, il ne faut pas lesséparer ». Il est essentiel de maîtriser la présencesur place pour éviter les risques liés à lasurpopulation : mal-logement, manque d’hygiène,vandalisme. Face aux questionnementsidéologiques sur les principes du projet, leresponsable mission admet devoir parfois« abandonner l’idéologie pour agir ».

1 Centre Communal d’Action Sociale2 Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence,de la Consommation, duTravail et de l’Emploi

Sabine Moser : « changer l’image des Roms »La directrice de RomsAction (Grenoble) nous renseigne sur le dispositif d’insertion.

Peut-on parler d’un logement social pour les Roms ?Non. Le but est de proposer un hébergement pour une durée limitée afin de soutenir les Roms dansleur démarche d’intégration. Une fois le processus enclenché, la famille bénéficiaire laissera sa place àune autre pour trouver son propre logement.

Faites-vous une sélection draconienne ?Oui, mais c'est nécessaire pour que le processus d’intégration fonctionne. Les familles les plus prochesde l’insertion, capables de respecter les règles de vie commune seront choisies.

L’Etat est-il un élément clé du projet ?Plus que jamais.A travers la préfecture et la DIRRECTE, l’Etat doit agir pour changer l’image des Roms.

Roms Action a participé à l’intégration de six familles ayant obtenu emploi, logement et permis de séjour.

Elodie M/ Lucie M/ Charlotte C

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Nouvelle activité deprévention au CASO deGrenobleSur le modèle de l'action lyonnaise, leCASO de Grenoble va lancer une activitéde prévention à partir de 2012.

L’objectif principal est d’informer les patients quimanquent de connaissances sur les pathologiesdont ils peuvent être victimes (VIH, tuberculose,IST, Hépatites B et C). La prévention déjàexistante sera renforcée par des entretiensindividuels et des animations collectives.Améliorer l’accès au dépistage des personnes ensituation de précarité est primordial. C’estpourquoi le CASO va développer sespartenariats notamment avec le Centred'information et de Dépistage Anonyme etGratuit.

Depuis le début de l’année 2011, le CASO deGrenoble a reçu 898 patients dont 691 nouveaux.Une cinquantaine de bénévoles, médecins,infirmiers, psychologues et personnels d’accueilsont sontenus par les deux salariées de lastructure. Dans le cadre du programme deprévention, MdM Grenoble espère recruter unequinzaine de bénévoles lors d'une session derecrutement en janvier. Des formations à laprévention seront par la suite proposées à toutel’équipe.

Cette action de prévention devrait contribuer àrendre le service plus complet et garantir à tousles patients les meilleurs soins possibles.

Consultation au CASO de Lyon

Kim P/ Asiya K

Le processus de régionalisation a étélancé en 2008. Il vise à donner plus deresponsabilités et de poids auxdélégations régionales.

Deux ans plus tard, il se concrétise via laprésentation au Conseil Consultatif National(CCN) du premier projet régional, celui de laLorraine. Le 23 septembre dernier, ladélégation Rhône-Alpes a présenté à son tourson projet au CCN.

Le CASO de Grenoble en chiffres c’est :

61% d’hommes et 39% de femmes21,6% de mineurs92% d’étrangers dont :- 31,2% originaires d’Afrique Subsaharienne- 22,9% originaires du Maghreb- 14,3% originaires de l’Union Europénne

Zepur O/ Kelly B

2013 sera l’occasion de faire le premier bilan desprojets créés. L’analyse des résultats et impactsqu’ils auront eu sur les régions permettrad’envisager l’évolution du processus derégionalisation.

Régionalisation : où en est-on ?

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Cette année, les Journées Mission France(JMF) ont pour thématique « pour unsystème de santé solidaire », avec enarrière plan, la volonté de construire leplaidoyer 2012

A la veille des élections présidentielles etlégislatives, les JMF se tiendront le week-end du19 au 20 novembre à Paris. Elles ont pour but depromouvoir les axes prioritaires concernantl’accès aux soins les personnes vulnérables.Elles réunissent tous les deux ans les acteurs del’ONG. Les bénévoles et les salariés ont uneoccasion exceptionnelle de témoigner de leursexpériences et problèmes rencontrés sur leterrain. Les journées sont organisées sous formed’assemblées plénières proposant des approchessociale, politique et anthropologique. Le voletopérationnel est assuré par des ateliers en sous-groupes.

En novembre, l’équipe de MdM va se concertersur les propositions concernant la santé solidaireliée à la politique de l‘Etat. C’est le thème principalde cet événement qui accueillera plus de 200personnes. L’agenda de la rencontre est assezdense, ce qui garantira à chaque participant detrouver un sujet qui l’intéresse : santé, logement,migrants.

Raphaël Rabut, psychologue, bénévole à MdMdepuis trois ans sur une mission de rue,participera aux JMF pour la première fois. Samotivation est significative : « ce genre derencontres enrichit toujours nos pratiques sur leterrain et nous permet d’échanger les contacts ».

Perpignan, un lieud'exposition pas commeles autresL’exposition Exil, Exit ? a été montrée àPerpignan, dans le cadre du festival « Visapour l’Image ». Petit aperçu d’une semainesur place vue par une bénévole, CamilleSalmon.

« Le lieu est un peu étrange, parfois désert, souventenvahi de valises et de voyageurs. Normal pour unévènement qui se tient dans un centre commercial àdeux pas de la gare TGV. Pourtant l'exposition photosd'Olivier Jobard attirera entre 150 et 200 personnespar jour, du 27 août au 4 septembre. Et suscitera denombreuses réactions.

Derrière la photo des migrants en train de pagayersur leur rafiot, des amoureux à valises s'embrassentune dernière fois. Il est très surprenant de voir depetites scènes de la vie quotidienne en total décalageavec les photos choc qui nous entourent. Les gens

sont touchés par les images, les vidéos.

J'ai beaucoup indiqué la direction de la gare routière,et au final, je ne retiens que des conversationspassionnantes avec les visiteurs les plus curieux.L’exposition est une véritable occasion de porter lemessage de MdM : lever le voile sur tous les obstaclesque rencontrent les sans-papiers pour accéder auxsystèmes de santé dans nos pays européens. »

Une image controversée : l’égérie de la publicité Sephora encadre unecabane de la jungle à Calais.

MdM mobilise ses équipes pour 2012

AudreyT/ Fernande N/ Marianne G

Paulina D/ Asiya K/ Nuofei Z

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Benoît Chabaud, logisticien humanitaire, selivre humblement et sincèrement sur sonexpérience hors du commun.

« La première chose à faire sur le terrain, c’est derester humble : se taire et écouter. » L’humilité et lerespect des cultures sont les fondements del’action humanitaire selon Benoît Chabaud.Arrivédepuis un an chez MdM et actif depuis sept anschez MSF, il trouve toujours le temps trop longentre deux missions.

Sa polyvalence fait sa force. Enseignant-chercheurau CNRS et à l’Université de Grenoble, ilparvient à allier activité professionnelle etinvestissement humanitaire. Sa première mission :trois mois en immersion complète au Darfour, en2004.

Cette expérience le forme à la logistique. « Il n’y apas de diplôme pour ce métier, seules la motivationet l’ouverture au monde comptent. Il faut êtredébrouillard », explique-t-il. Sa fonction : acheminer

le matériel qui permet à l’équipe médicale detravailler. Benoît gère notamment la réhabilitationde bâtiments, la recherche d’énergies, la mise encirculation de l’eau et son assainissement, lerecrutement du personnel local.

Il avoue que certaines missions marquentdavantage,comme sonexpérience àAbobo en Côted’Ivoire. Lorsquedes liensprofonds sontcréés, le retourest plus difficile.Un « sentimentd’abandon » est présent. La solution selon lui :retourner travailler pour éviter la « frustration dene pas pouvoir en faire plus ».

La polyvalence,maître mot du logisticien

Depuis plus de six mois, de jeunesTunisienserrent dans les rues de Valence. Uneéquipe de MdM est partie à leur rencontre.

Suite à la révolution tunisienne, de nombreuxjeunes ont profité de la fragilité politique du payspour traverser les frontières. Détenteurs d’unvisa humanitaire de six mois, ces jeunesmajoritairement âgés de 18 à 25 ans, vivent dansdes conditions précaires. Ils sont aujourd’huiestimés entre 100 et 200 dans la ville deValence.

Le 19 septembre, alertés par l’associationCOSA Tunisie1, Marc Blancher, Benoît Chabaudet Paola Baril, se rendent sur place pour évaluerleurs besoins médicaux. Ils rencontrent unevingtaine d’entre eux au Flunch de la ville.L'échange a été facilité par Fadela, françaised’origine tunisienne, inquiétée par la situation de

ses compatriotes. Selon Paola, « bien qu’ils dormentdans la rue, on sent qu’ils sont jeunes, courageux etcostauds. » Leurs besoins médicaux ne nécessitentpas à l’heure actuelle l’intervention de MdM.L’association Entraide Protestante de Valence leurpropose déjà un premier accès aux soins.

De retour à Lyon, MdM réflechit à la possibilitéd'une dotation en médicaments pour pallier leséventuels besoins d’Entraide Protestante. Loind’être optimiste à l’approche de l’hiver, l’équipen’exclut pas une nouvelle évaluation des besoinsdans les mois à venir.

1COLLECTIF DE SOLIDARITE ACTIVE pour la Tunisie

Migrants tunisiens àValence : le diagnostic de MdM

Andrée G/ Deborah M/ Noémie L

Elodie M/ Laure S/ Zepur O

Benoît Chabaud dans les rues de Guangxi, lorsde sa mission en Chine

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La délégation régionale Rhône-Alpesenvisage de s’engager auprès dediabétiques palestiniens. Une premièremission d’évaluation partira bientôt àBethléem…

Dans le cadre d’une coopération décentralisée, leConseil Général de l’Isère a sollicitél’intervention de MdM sur laproblématique du diabète àBethléem. La mission exploratoire,prévue pour début 2012, permettrade recenser les besoins de lapopulation. L’équipe, composée d’unlogisticien et d’un médecin,rencontrera les acteursinstitutionnels et associatifs. Cesdeux semaines devraient permettred’aboutir à un partenariat et dedéboucher sur une Mission InternationaleRégionale (MIR), financée par le département del’Isère.

Les missions exploratoires contribuent à évaluerles possibilités d’actions dans une région selonune thématique définie. Elles permettentégalement d’observer d'autres besoins sanitaireséventuels. Pourtant, selon l'expérience de PaolaBaril, seulement un tiers des missions aboutit àun réel projet.

Cette mission à Bethléem pourraitêtre l’occasion de rédiger unrapport plus complet, afin defavoriser les missions à venir. Lasuite au prochain épisode…

Presse à briques : touteune histoireEn Guinée, la KAD a fait face à unralentissement dans sa production debriques suite à l’usure des machines. Avecpersévérance et patience.

« Il est difficile d’entreprendre des actions ici enGuinée, car l’Etat ne nous aide pas », confie CellouBaldé, co-fondateur de la Kindianaise d’Assistanceaux Détenus (KAD). La KAD, partenaire de MdM,a mis en place des Activités Génératrices deRevenus (AGR) au sein de la prison de Kindia. Lesdétenus participent à des travaux de couture, defabrication de pain et de briques, à la fois dans unbut de formation professionnelle, mais aussi pourdégager des revenus pour les détenus et la KAD.

Pourtant la briqueterie a dû cessé son activité carles deux presses à briques ont cassé, sanspossibilité de réparation ou de rachat sur place.

Cellou s’est alors tourné vers MdM pour trouverune solution de substitution.Commercialisées au Niger, un appel est alorslancé à MdM à Niamey pour trouver une solutiond'acheminement de ces presses vers la Guinée,par la route.

Une solution à portée de main.Finalement en octobre, une entreprise guinéennereprend l’activité de production de presses àbriques. Leur livraison est prévue pour la fin dumois, permettant la reprise du travail.

Une nouvelle mission exploratoirepour MdM en Palestine

Déborah M/Thérése B/Yves-René K

Elie B/ MarionW/Yves-René K

Prototype d'une presse à briques

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Flashmob :MdM déroule un tapis rouge et revendiqueune couverture médicale pour tous !En prélude à la journée internationale contre la misère, MdM se mobilise pour dire « non àdiscrimination en matière de santé » !

Chiffres de la pauvreté et santé publique en 2010

- 7,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France- 98% des patients de MdM vivent sous le seuil de la pauvreté- 88% de femmes reçues en consultation gynécologique à MdM à Lyon sont sans logement ou viventen logement précaire- 11% d’entre elles sont enceintes- 12% des patients reçus par MdM ont moins de 18 ans, la moitié a moins de 7 ans- 6% de la population est sans complémentaire santé- 30% des personnes sans complémentaire santé ont renoncé aux soins

Selon l'enquête de l’observatoire de l’accès aux soins, MdM.

A l’issue de la conférence depresse organisée dans seslocaux lyonnais, MdM investit lecœur de la cité, entre Opéra etHôtel de Ville. Sur la placepublique, une limousineambulance et une équipe debénévoles sont mobilisées pourcette « Flashmob » : MdM lanceun appel à la solidarité.

Parmi les passants, très peus’arrêtent… Indifférence ouignorance ?

Pourtant, la population françaiseest de plus en plus touchée parla pauvreté. Qu’ils soient sansmutuelle, sans domicile fixe,demandeurs d’asile ou populations migrantes, ilssont de plus en plus nombreux à frapper auxportes de MdM. En 2010, on observe uneaugmentation de 10% de patients dans ce cas.Plus de 70% des personnes reçues enconsultation réunissent les conditions nécessairespour être orientées vers le « droit commun ».22% d’entre elles ont un recours tardif aux soinspour des raisons économiques. Ces situations

Vendredi 14 octobre à Lyon, sur le parvis de la place Pradel

risquent d’avoir des répercussions sur le coût dela santé publique. Le danger est inévitable :accentuer les différences en développant unemédecine à deux vitesses. MdM revendiqueégalement des politiques de santé non assujettiesaux politiques d’immigration.

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« 2010 a été une année noire ! Depuis juillet 2011,on assiste en France à une véritable stigmatisationdes populations migrantes », déclare Marc Blancher,médecin bénévole à MdM Grenoble. Lesdifficultés administratives et économiquesrestreignent l’accès aux soins des plus démunis.40 à 50% de la population reçue en consultationn’a pas de logement et vit dans des conditionssanitaires dramatiques : personnes isolées etfamilles se retrouvent en logique de survie.L’urgence devient sanitaire afin d’enrayer larecrudescence des « maladies de la pauvreté » :épidémies de rougeole, gale, tuberculose...

Parmi les demandeurs d’asile, 15% finissent paraccéder à un statut. 85% sont laissés pourcompte dans la plus grande détresse et ontbesoin d’un suivi psychologique. Max Lafont,psychiatre bénévole à MdM Lyon précise : « il estparfois difficile d’orienter certains patients vers ledroit commun [...]. Pour accompagner les personnes,il faut établir une relation de confiance, ce qui peutprendre du temps ». Face à la volonté politique dela préfecture de région de regrouper surGrenoble les demandeurs d’asile, les structuresd’accueil font défaut. Les associations demandentau préfet d’anticiper sur la mise en place d’unplan hivernal d’hébergement. ThérèseNandagobalou, infirmière bénévole au CASO deLyon rajoute : « Vivre dans la rue a desconséquences majeures sur l’espérance de vie, qui sevoit réduite de 20 à 30 ans ».

Pour MdM, pas d’opposition de principe avec lespolitiques, il s’agit plutôt de les alerter sur une« situation catastrophe » et le risque d’une crisehumanitaire pour 2012.

NathalieV/ Fernande NAprès la mise en scène de la flashmob, retour au CASO :femmes et enfants en attente de soins, une réalité duquotidien !

Sur les lieux de la Flash Mob…

Sabine et Guilhem : « L’accès aux soins on l’a,on n’est pas concernés. »

Gérard et Colette : « Nous sommes au courantdes choix actuels des politiques concernant lasanté… l’augmentation des taxes pour lesmutuelles…». Interpellés par le comportementdes passants, ils poursuivent : « les gens sonthabitués ça ne les choque pas ». « Ils n’ont pascompris le message ».

Aristote, Ahmed et Kevin, un grouped’adolescents : « Oui on a compris que c’estpour pouvoir se soigner et oui y’a des gens qui sontà la rue … mais pas ma famille ! »

Gaëlle (avec un bébé en écharpe) : « Pourles gens qui n’ont pas de mutuelle c’est pluspossible de se soigner. Faut interpeller là-dessus, lasanté n’est pas un luxe ! »

Gilberte, avertie de la manifestation : « Lesgens ne sont pas insensibles mais ils vont auboulot…la santé c’est pour tout le monde : riche oupauvre ! »

MdM invite les médias pour une conférence de presse

La santé n’est pas un luxe !

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ressources humaines. Ce projet prévoitégalement le maintien de séminaires thématiques,qui contribuent déjà à une dynamique inter-régionale au sein de MdM.

Le plan de formation se présente comme unenécessité pour gagner en efficacité et renforcerles liens interpersonnels des équipes.

Les besoins en formation repérés :- droit des étrangers- évolution des lois- droit à la santé

Autres voeux de formation :- outils de communication- interculturalité- santé- précarité

MdM a lancé une enquête nationale auprèsde son personnel sur la question de laformation. En voici quelques résultats.

Les résultats font écho aux difficultésrencontrées sur le terrain, dansl’accompagnement des personnes les plusdémunies. Ce besoin de formation s’exprimealors essentiellement autour des questionsjuridiques, soit du « droit commun » et de lagestion / le travail d’équipe.

Bien que les salariés et les bénévoles soient pour62% d’entre deux formés et notamment auxprincipes et valeurs de l’association, certainesattentes persistent concernant la planification etl’organisation des formations localement.

Julie Bellenger, chargée de mission Régionalisation,précise que ce constat conduira à l’élaborationd’un plan de formation par la direction des

MdM évalue ses besoins en formationINFOS PRATIQUES

AGENDAOCTOBRE

15/10 à Lyon : journée de formation des nouveaux bénévoles17/10 à Sciences Po, Grenoble : colloque « Haïti, 2 ans après leséisme, entre crise politique et crise sanitaire ? »21/10 à Lyon : Congrès des 5 continents

NOVEMBRE05/11 à Lyon : journée régionale « MdM : un lieu d’engagementpolitique ? » ANNULEE reportée au 21 janvier 20128/11 à Lyon "Contexte mission Roms" 18h à 19h2014/11 à Lyon : visite du Comité des Donateurs au CASO19-20/11 à Paris : Journées Mission France au siège de MdM

DECEMBRE01/12 à Grenoble : Collège régional06/12 à Lyon : formation évacuation feu

Laure S

Nous remercionschaleureusement l'imprimerieBonn' Impression de sagénérosité.

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