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1 sportsetloisirs.ch S P O RT T E N N I S Photos : L. Chiambretto LE TOUR DU MONDE EN 80 REBONDS Laurent Chiambretto est professeur de tennis à Paris. Ces derniers mois, il a parcouru la planète pour voir comment s’enseignait et se pratiquait son sport favori. Récit d’un carnet de voyage débutant par la Nouvelle-Zélande. Depuis l’instauration en 1968 de l’ère open réunissant ama- teurs et professionnels, le tennis s’est considérablement développé. Ils étaient à peine 91 pays représentés au sein de la Fédération Internationale de Tennis dans les années 70. Ils sont plus de 200 aujourd’hui. Les passionnés de ce jeu sont ainsi de plus en plus nombreux à s’extasier devant les exploits de Federe r, à vouloir imiter les coups droits de Nadal ou à simplement rêver d’un destin de champion. Sur notre sol, les conditions sont souvent réunies pour permet- t re à un enfant doué d’envisager une carrière professionnelle ou simplement lui faire pratiquer ce sport dans des conditions idéa- les. Mais qu’en est-il ailleurs? Comment est vécu et pratiqué ce sport aux quatre coins de la planète? D’Auckland à Buenos Aires en passant par Pékin ou Bamako, venez découvrir et re n c o n t rer le monde de la petite balle jaune! 1. LA NOUVELLE-ZÉLANDE

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S P O RTT E N N I S

Photos : L. Chiambretto

LE TOUR DU MONDE

EN 80 REBONDS

Laurent Chiambretto

est professeur de tennis à

Paris. Ces derniers mois, il

a parcouru la planète pour

voir comment s’enseignait

et se pratiquait son sport

favori. Récit d’un carnet

de voyage débutant par

la Nouvelle-Zélande.

Depuis l’instauration en 1968 de l’ère open réunissant ama-teurs et professionnels, le tennis s’est considérablement développé.Ils étaient à peine 91 pays représentés au sein de la Fédération Internationale de Tennis dans les années 70. Ilssont plus de 200 aujourd’hui.Les passionnés de ce jeu sont ainsi de plus en plus nombre u xà s’extasier devant les exploits de Federe r, à vouloir imiter lescoups droits de Nadal ou à simplement rêver d’un destin dec h a m p i o n .Sur notre sol, les conditions sont souvent réunies pour permet-t re à un enfant doué d’envisager une carr i è re professionnelle ousimplement lui faire pratiquer ce sport dans des conditions idéa-les. Mais qu’en est-il ailleurs? Comment est vécu et pratiquéce sport aux quatre coins de la planète?D’Auckland à Buenos Aires en passant par Pékin ou Bamako,venez découvrir et re n c o n t rer le monde de la petite balle jaune!

1 . LA NOUVELLE-ZÉLANDE

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La pre m i è re étape de ce voyagenous amène dans le Pacifiquesud sur les terres sauvages néo-z é l a n d a i s e s .Dans ce pays écrasé culture l l e-ment par le ru g b y, le tennis ra-masse les miettes. C’est biensimple, dans les quotidiens na-tionaux, neuf pages sport i v e ssur dix sont consacrées au bal-lon ovale. La dern i è re re l a t esuccinctement l’actualité desa u t res disciplines. Cette dispa-rité se re t rouve également dansl ’ o c t roi des crédits financiers.Le rugby se taille la part du lionet il ne reste que des budgetsmodestes alloués par l’Etat auxa u t res fédérations. Et ce n’estque le début du phénomène. Aquelques semaines de la coupedu monde en France, l’ “ovali-sation” des esprits n’a pas finide monter en puissance !La seule lueur d’espoir seraitqu’un champion intern a t i o n a léclose et fasse un peu d’ombreaux omniprésents All Blacks.

Le tennis n’en est malheure u s e-ment pas là. Peu de joueurscompétitifs ou de résultats si-gnificatifs. D’ailleurs, cela faitvingt ans qu’aucun exploit kiwin’est à signaler. Qui se souvientd’ailleurs de Chris Lewis, fina-liste à Wimbledon en 1983 faceà McEnro e ?La fédération nationale bapti-sée “Tennis New Zealand” s’estévidemment posée la questionde savoir ce qui lui faisait stru c-t u rellement défaut par rapportà ses homologues euro p é e n n e sou américaines. Elle a donc en-t repris un gros travail de re m i s een question pour finalementcalquer son organisation intern esur le modèle des grandes na-tions tennistiques avec notam-ment la mise en place d’un ap-p rentissage théorique et prati-que pointu pour les entraîneurs,le lancement de nombre u s e scompétitions jeunes (tourn o i so fficiels, interclubs, champion-nats scolaires) et l’élaboration

NOUVELLE-Z E L A N D E

recherche championdésespérément...

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d’un nouveau système de clas-sement (nommé Top Dog)adapté à tous les niveaux.Malgré cela, le nombre dejoueurs réussissant à percer et àdevenir professionnels reste dé-r i s o i re. Pour beaucoup de mesinterlocuteurs, l’isolement dupays jouerait en défaveur decette éclosion. Il faudrait queles jeunes néo-Zélandais puis-sent aff ronter plus fre q u e m m e n tles meilleurs espoirs mondiaux.M a l h e u reusement, le budget dela fédération permet rare m e n td’envoyer ses meilleurs élé-ments sur le sol européen ouaméricain. A l’inverse des jeunes espoirsSuisses ou Français qui s’ague-rissent dans les plus grandst o u rnois internationaux, la Nou-

velle-Zélande se contente d’or-ganiser annuellement des re n-c o n t res avec son voisin Austra-lien qui, lui-même, peine deplus en plus à trouver des suc-cesseurs à ses légendes d’autre-fois (Rod Laver, Ken Rosewall,Roy Emerson et Marg a re tC o u rt). Leyton Hewitt est ac-tuellement le seul Australien àf i g u rer encore dans la sélectiondes cent meilleurs joueurs auclassement AT P. La Nouvelle-Zélande, elle, n’en compte au-cun. Sportivement parlant, lepays est donc à la traine. En revanche, sous d’autres as-pects, il ferait plutôt figured’exemple. Les grands clubssont en effet très bien armés surle plan commercial. Dans le di-re c t o i re, le responsable sport i f

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p a rtage son pouvoir avec le di-recteur marketing chargé du“business”: Recherche dessponsors, organisation d’événe-ments, gestion du magasin, par-tenariat avec les grandes mar-ques. En outre, ces académiesn’hésitent pas à investir dansdu matériel technologique der-nier cri.Très à la mode dans les séancestechniques, un dispositif vidéoavec caméra et ordinateur estinstallé au bord du terrain. Pre-nons l’exemple d’un atelier“ s e rvice”. Chaque élève sert àtour de rôle. La caméra enre-g i s t re l’action qui sera littérale-ment disséquée par le logicielune minute plus tard. Cela per-met de visualiser à chaud cha-cun des gestes. L’ e n s e i g n a n t ,par le biais de l’image, décom-pose son mouvement et com-munique, avec le support d’ou-tils de dessins, sur les corre c t i f sà apport e r. Il superpose ensuite

sur les mouvements de son élèvecelui d’un grand champion pourcrédibiliser un peu plus son in-t e rvention. Ce système vidéo per-met en effet de facilement com-biner deux évolutions distinctessur la même image.Quelque soit leur niveau de pra-tique, ces entraînements hebdo-m a d a i res captivent vraiment lesplus jeunes qui sont ainsi dansune réceptivité et une concen-tration optimale durant toute laséance. Dans une époque ou leroyaume de l’image (télévision,jeux vidéos, internet) est omni-présent, ce support permet àl’enfant de se re t rouver dans une n v i ronnement qu’il connaît etapprécie. Le travail pédagogiquede l’enseignant s’en trouve boni-fié et du même coup, les joueurssont fidélisés grâce au côté “fun”et à l’originalité de la séance.

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Ces clubs n’hésitent d’ailleurspas à inventer des conceptspour développer leur clientèle.Le tennis “Aerobic” a été ainsiconçu il y a quelques annéespour séduire un nouveau seg-ment de consommatrices. Lesséances se déroulent chaqueaprès-midi durant soixante mi-nutes. Une vingtaine de part i c i-pantes, dont l’âge varie entrequarante et soixante ans, sontréunis sur trois terrains avect rois professeurs diff é re n t s .Rythmés par une sono assour-dissante, les élèves eff e c t u e n tdes gammes de coups sur cha-que atelier de vingt minutes.La priorité est mise sur la répé-tition des gestes, les rotations ra-pides, le rythme soutenu, l’alter-nance avec des mouvements defitness et seulement une ébau-che d’enseignement technique.Ce concept commercial perm e td ’ a t t i rer une nouvelle clientèle

féminine au départ portée sur lac u l t u re du corps et qui pourr aensuite venir grossir les eff e c t i f sdu club. Comme ce public estf o rmé principalement de re t r a i-tées ou de femmes au foyer, celap e rmet également aux ensei-gnants du club de travailler enj o u rn é e .

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Donc, pas de champion en Nou-velle-Zélande, mais beaucoup d’in-novations et de pratiquants! Cettespécificité s’explique peut-être aussipar un cadre de vie vraiment idyl-lique et une culture sportive essen-tiellement basée sur le bien-être etla santé sans notion de compéti-tion ou d’affrontement. Dans cecontexte, le tennis reste considérécomme un joli sport de récréationà pratiquer en famille et seulementpour le plaisir. Un nouveau seigneur de la ballejaune censé décrocher les anneauxde la gloire internationale n’est doncpas près d’arriver !Une gloire qu’aimerait bien toucherdu doigt la Chine, notre prochain re-p o rtage, et les instances du tennislors des prochains Jeux Olympi-ques de Pékin 2008. En effet, tout letravail mis en place depuis quel-ques années sera uniquement jugésur le nombre de médailles rappor-tés au pays !

N o u v e l l e - Z é l a n d eS u p e rficie : 270.534 km24 107 000 habitants8ème sport nationalClassement mondial du meilleur joueur : n°495Classement mondial de la m e i l l e u re joueuse : n°156