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IntroductionL’école fait partie de ces institutions qui ont beaucoup intéressé les sciencessociales. On peut même dire ,par l’activité qui la constitue et la spécifie et lescontradictions qu’elle découvre, que de toutes les institutions sociales, elle est laseule à mobiliser presque toutes les sciences sociales : économie de l’éducation,planification de l’éducation, psychologie de l’éducation, sociologie del’éducation, anthropologie de l’éducation, histoire de l’éducation, pédagogie,etc. La philosophie elle aussi s’est beaucoup intéressée à l’éducation, intérêt quis’est traduit par l’émergence d’une philosophie de l’éducation à l’intérieur delaquelle sont repérables des utopies éducatives avec entre autres : Platon,Campanella, Thomas More.Ce module a pour but de montrer quelques conceptions classiques ensociologie de l’éducation de la fonction de l’école et de l’enseignant (e). Ilsemble alors plus pertinent pour atteindre ce but, d’éviter les généralités enconvoquant systématiquement les auteurs, pour faire voir dans et par la diversitéde leurs analyses les fonctions de l’école et de l’enseignant(e).

2 Partie I : De la définition de quelques conceptsObjectifs spécifiques :Au terme de ce cours, les apprenants seront capables de :- définir adéquatement les concepts de rôle, de statut et de fonction- montrer la différence entre les contenus conceptuelsPar statut, on peut entendre :- « ensemble des attributs qui permettent à l’acteur de jouer un rôlesocial. Position occupée dans la division du travail au sein d’unsystème donné » (G. FERREOL et alii, Dictionnaire desociologie, A. Colin, 1991)- « ensemble des positions sociales occupées par un individu ou ungroupe d’individus dans différentes hiérarchies sociales (revenu,prestige, pouvoir ») (M. GIACOBBI et J.-P. ROUX, Initiation à lasociologie, Hâtier, 1990).- C’est cette définition qu’on retrouve aussi chez HenriMENDRAS : « ensemble des positions d’un individu qui le situedans la hiérarchie sociale » (Eléments de sociologie, A. Colin,1989, p. 242)Ces auteurs ont défini chacun le rôle de la façon suivante :- « configuration de modèles de conduites associées à une positionou fonction dans un système. Aspect dynamique du statut » (G.FERREOL et alii, op. cité)- « ensemble des comportements spécifiques qui sont attendus d’unindividu occupant une position sociale déterminée. Exemple : rôleprofessionnel, rôle familial (père, mère … ) (M. GIACOBBI et J.-P.ROUX, op. cité).

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- Pour Henri MENDRAS, le rôle est un « faisceau des attentes quirèglent le comportement d’un individu dans une position donnée »(Eléments de sociologie, op. cité, p. 241)La fonction est définie :- par G. FERREOL et alii comme « relation entre deux ou plusieurséléments. Caractérisation par le rôle ou la finalité » (op. cité)- et par POSTIC : « on peut … entendre par fonction le rôle assumépar l’ensemble d’actes pédagogiques concourant à atteindre un butprécis » (Observation et formation des enseignants, PUF, 1977)- selon Henri MENDRAS, la fonction est un « rôle propre etcaractéristique joué par un organe dans un ensemble dont les partiessont interdépendantes ». Cette définition permet de comprendre ceque l’on nomme en sociologie fonctionnalisme, c’est-à-dire« courant de la sociologie et de l’ethnologie qui envisage unesociété comme un tout solidaire et cohérent, et recherche l’utilité etl’agencement de chacune de ses parties » (Eléments de sociologie,op. cité, p. 237)activt 1EXERCICE NO 1Je rattache chaque définition au concept correspondant :Concept DéfinitionStatut ensemble d’actes concourant à atteindre unbut précis.Rôle ensemble des attributs qui permettent à l’acteurde jouer un rôle social.Fonction ensemble des positions sociales occupées par unindividu ou un groupe d’individus dans différenteshiérarchies.3 Partie II : Les fonctions de l’écoleObjectifs spécifiques :Au terme de ce cours, les apprenants seront capables de :- dire la fonction de l’école selon la conception des auteurs retenus- montrer les oppositions entre les différentes conceptions étudiéesde cette fonction- distinguer la conception sociologique de la fonction de l’école decelle du sens communPour être concis et donc synthétique, il est préférable d’exposer les fonctionsde l’école selon les positions développées par certains auteurs.2.1. La fonction d’intégration socialeEmile DURKHEIM voit l’école comme une institution d’intégration socialespécifique. Il part de l’idée que la société a deux besoin essentiels :- un besoin d’homogénéité en tant que celle-ci garantit l’existence et laperpétuation d’une conscience collective. L’homogénéité c’est-à-dire lecaractère « un », constitue la condition d’existence de toute société.

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- Un besoin d’hétérogénéité : il existe dans chaque société donnéedifférentes professions indispensables. L’hétérogénéité est doncl’expression de la diversité de la société c’est-à-dire de son caractère« multiple ». Elle constitue la condition d’existence de la coopérationsociale.L’école donne donc des valeurs générales, des caractéristiques générales pourappartenir à une société donnée et des compétences, des savoirs, des savoir-fairespécifiques pour intégrer les milieux spéciaux que constituent les groupesprofessionnels. L’école est donc pour DURKHEIM le moyen par lequel lasociété « prépare dans le coeur des enfants les conditions essentielles de sapropre existence »(Education et sociologie, PUF, Paris, 1977, p. 51). Pour celaelle a une double fonction qui consiste à susciter chez l’enfant :- « 1. un certain nombre d’états physiques et mentaux que la société àlaquelle il appartient considère comme ne devant pas être absents d’aucunde ses membres » : c’est la logique de l’homogénéité.- « 2. certains états physiques et mentaux que le groupe social particulier(caste, classe, famille, profession) considère également comme devant seretrouver chez tous ceux qui le forment » : c’est la logique del’hétérogénéité. (Education et sociologie, op. cité, p. 50).Cette conception se retrouve aussi chez Pitirim SOROKIN qui définit l’écolecomme une « instance d’orientation » dont la fonction est plus déterminante quen’importe quelle autre instance dans les sociétés industrielles. Sa fonction estdouble :- fournir des compétences nécessaires aux sociétés- sélectionner les individus et les orienter vers les positions socialesexistantes (Social and cultural mobility, Glencoe, Illinois, The Free Press,1959).2.2. La fonction d’inculcation idéologiqueLouis ALTHUSSER définit l’école comme un Appareil idéologique d’Etat(AIE), c’est-à-dire un système d’institutions, d’organisations, et de pratiquescorrespondantes où est réalisée la totalité ou une partie de l’idéologie d’Etat. Entant qu’appareil idéologique d’Etat, l’école apparaît ainsi comme un instrumentde cette « machine » de répression qu’est l’Etat lui-même instrument dedomination de la bourgeoisie sur le prolétariat dans les conditions de laformation économique et sociale capitaliste. L’apprentissage scolaire permetdonc de reproduire les rapports de production capitaliste, c’est-à-dire lesrapports d’exploités à exploitants et d’exploitants à exploités. Apprendre cen’est pas seulement s’approprier des connaissances indispensables à l’exerciced’une profession donnée, c’est surtout assimiler l’idéologie qui convient afin dejouer pleinement et docilement son rôle dans la société capitaliste (de classes).Le système d’enseignement est décrit comme des niveaux successifs et qu’àchaque niveau, une masses d’enfants « tombe » dans la production avec desqualifications spécifiques et des rôles également spécifiques dans l’exploitation

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capitaliste (Sur la reproduction, PUF, 1995, p. 175).2.3. La fonction de divisionCh. BAUDELOT et R. ESTABLET reprennent dans leur ouvrage L’écolecapitaliste en France, F. Maspero, 1980 le concept d’Appareil idéologiqued’Etat élaboré par ALTHUSSER. Pour eux l’école reflète et reproduit la sociétécapitaliste caractérisée par l’antagonisme entre deux classes : la bourgeoisie etle prolétariat. C’est pourquoi elle ne possède que deux réseaux fondamentaux :le réseau secondaire-supérieur (S.S.) et le réseau primaire-professionnel (P.P.).La fonction de l’Appareil idéologique d’Etat scolaire est de contribuer à lareproduction des rapports de production capitalistes « c’est-à-dire en définitivela division de la société en classes au profit de la classes dominante » (p. 42)Chaque réseau est caractérisé par des pratiques scolaires spécifiques etexclusives parce qu’il vise spécifiquement la production d’agent pour alimenterla classe correspondante. On comprend alors pourquoi le réseau primaireprofessionnelest dominé par sa base c’est-à-dire l’élément primaire et le réseausecondaire-supérieur par son terme c’est-à-dire l’élément supérieur (p.129).Mais cette différence des pratiques et des destinations ne se traduit pas par unedifférence de l’idéologie inculquée. Partout et toujours c’est la même idéologiequi est a l’oeuvre : l’idéologie capitaliste. Cette idéologie est seulement spécifiéedans chaque réseau de manière à préparer les uns et les autres à assumer desfonctions en cohérence avec leur formation et a avoir des comportementsattendus relativement à leur fonction.Deux réseaux, donc deux destins professionnels différents et antagonistes maisune même idéologie, une même culture : l’idéologie et la culture bourgeoise.L’idéologie et la culture prolétarienne est rejetée comme indigne d’êtretransmise par l’école.2.4. La fonction de reproductionBOURDIEU accepte le postulat marxien : dans une société donnée, la culturedominante est toujours la culture de la classe dominante. Et c’est cette cultureque l’école inculque avec d’ailleurs un certain retard. La culture que l’école apour fonction de transmettre est donc une culture de domination. L’école n’estalors ni neutre, ni indépendant : elle a une autonomie certes mais cetteautonomie n’est que relative. Cela signifie que « l’école est en mesure de fairesubir aux demandes externes une retraduction systématique parce que conformeaux principes qui la définissent en tant que système » (La reproduction, 1970, p.174). La société a un besoin d’autoreproduction. Ce besoin est soumis à l’écoleimplicitement : c’est la demande externe. Mais pour dissimuler la satisfaction decette demande, l’école la retraduit dans sa propre logique de fonctionnement. Etelle le satisfait d’autant mieux qu ‘elle est investie de la fonction traditionnellede conservation et de transmission de la culture dominante (La reproduction, p.174).L’école a donc au moins

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- une fonction sociale de légitimation des différences de classes, mais cettefonction est dissimulée par- une fonction technique de production des qualifications est donc desélection.La fonction propre de l’école est alors la fonction sociale de légitimation desdifférences de classes, c’est la fonction manifeste parce que c’est par elle quel’école satisfait à la demande externe. La fonction technique est manifeste etmanifeste la logique interne du fonctionnement de l’école en tant que cettelogique est mise au service de la fonction externe. Il y a donc une duplicitéfonctionnelle de l’école. Et c’est dans et par cette duplicité que se révèle la véritéobjective de l’école. L’indépendance et la neutralité de l’école ne sont doncqu’une pure illusion.2.5. La fonction de prise de décisionsL’école est un espace d’activités et de stratégies d’agents qui interagissent,agents spécifiés par leur status dans le processus enseignement-apprentissage.C’est donc un espace de choix et de décisions individuels en tant que ces choixet ces décisions sont rendus possibles par la configuration du systèmed’enseignement.R. BOUDON définit le système d’enseignement comme une suite de pointsde bifurcation. Chaque point définit au moins une alternative : s’arrêter oucontinuer. La décision de continuer ou de s’arrêter est prise par l’individu et /ousa famille. La prise de décision suppose que l’individu et / ou sa famille ontévalué le coût, les risques, le bénéfice. C’est ce que BOUDON appelleparamètres de décision. Cette évaluation dépend (varie en fonction ) de laposition sociale de la famille.L’individu se définit donc ici comme un agent économique qui calcule, qui faitdes choix, élabore des stratégies de réussite, prend des décisions les meilleurespour gagner : il sait ce qu’il veut et ce qu’il fait. Il recherche donc toujours, parrapport à sa position sociale, ce qui est avantageux pour lui, ce qui est utile pourlui.Conclusion :On le voit, selon les auteurs la fonction de l’école varie beaucoup. Ce quisignifie que d’un point de vue sociologique, on ne peut pas dire : « la fonctionde l’école c’est ça », parce qu’il n’y a pas une fonction unique sur laquelle toutle monde est d’accord.Act 2 EXERCICE NO 2Je rattache chaque fonction de l’école à l’auteur qui l’a théoriséeFonction AuteurIntégration sociale ALTHUSSEROrientation DURKHEIMDivision BAUDELOTReproduction BOUDONInculcation idéologique BOURDIEU

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Prise de décision ESTABLETSOROKIN4 Partie III : Les fonctions de l’enseignant(e)Objectifs spécifiques :Au terme de ce cours, les apprenants seront capables de :- dire la fonction de l’enseignant (e) selon la conception des auteurs étudiés,- montrer les oppositions entre les conceptions relatives à la fonction del’enseignant (e) des auteurs étudiés,- distinguer la conception sociologique de la fonction de l’enseignant (e) etcelle du sens commun.Comme pour l’école, les auteurs ont des conceptions différentes voireantagonistes de la fonction de l’enseignant(e).3.1. La fonction techniqueC’est M. CHERKAOUI, durkheimien qui insiste sur cette fonction classique.La sélection technique est impliquée dans la logique de fonctionnement del’école. Cette sélection, c’est par l’activité pratique des enseignants(es), dans leslimites de la sélectivité définie du système qu’elle se réalise. Et c’est le seulmoyen dont dispose l’école pour la réaliser.L’enseignant(e) a une position centrale dans la sélection technique : sonjugement est essentiel. C’est lui qui éduque, qui instruit, qui évalue, qui juge, quinote, qui oriente, etc. Cela signifie que le passage en classe supérieure, leredoublement, l’exclusion, dépendent en grande partie, sinon essentiellement delui.La responsabilité de l’enseignant(e) est donc engagée d’une manière ou d’uneautre. Et cette responsabilité se donne à la fois comme déontologique et morale.3.2. La fonction moralePour E. DURKHEIM, l’enseignant(e) doit être « le devoir incarné etpersonnifié » s’il veut être le modèle pour les apprenants. Par cette exigence, ilfait de l’autorité morale la qualité maîtresse de l’enseignant(e). C’est par cettedimension morale de l’autorité qu’elle se trouve privée de la violence pour sedéfinir uniquement comme ascendant moral. La crainte du châtiment associée àla violence est pédagogiquement dérisoire comparée au respect de l’autoritécomme résultat de l’ascendance morale et de l’intériorisation du devoir.L’enseignant(e) ne peut incarner cet idéal que s’il remplit les conditionssuivantes :- avoir la volonté : pour avoir la confiance de l ‘enfant, il doit être sûr delui, maîtriser son propos et prendre des décisions pertinentes- sentir réellement en lui l’autorité dont il doit donner le sentiment, laposséder effectivementD’où l’enseignant(e) tient-il cette autorité ? DURKHEIM répond : « ce n’etpas du dehors que le maître peut tenir son autorité, c’est de lui-même ; elle nepeut lui venir que d’une fois intérieure » (Education et sociologie, 1977, p. 67).L’enseignant(e) doit avoir foi en sa tâche parce qu’ « il est l’organe d’une

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grande personne morale qui le dépasse : la société » (Ibid.).L’enfant soumis à une autorité de cette nature et au régi par le sentiment dudevoir conserve effectivement toute sa liberté. Car il n’y a pas opposition entreliberté et autorité : c’est par son autorité que l’enseignant travaille à former deshommes libres et responsables.3.3. La fonction d’inculcation idéologiqueCette fonction est identifiée par L. ALTHUSSER d’abord Ch. BAUDELOTet R. ESTABLET ensuite. Si l’école est un appareil idéologique d’Etat,l’enseignant ne peut être autre chose que l’agent, le fonctionnaire qui inculquepar sa pratique professionnelle quotidienne cette idéologie aux apprenants.L’idéologie travaille à la conscience. Déjà travaillé à la conscience et grâce àla réussite de ce travail, l’enseignant(e) à son tour travaille les apprenants de lamême manière qu’il a été travaillé. Il reproduit une pratique dont le but est de leconfirmer comme travailleur consciencieux et de produire de futurs travailleursconsciencieux. Car la conscience professionnelle n’est rien d’autre que laréussite du travail idéologique : sans cesse elle interpelle le sujet (icil’enseignant(e)) pour lui rappeler le devoir vis-à-vis d’une institution, les normeset les règles établies.La ponctualité, l’assiduité, la préparation soigneuse des cours, le déroulementdes cours selon les normes pédagogiques, l’évaluation régulière et équitable,manifestent dans la réalité d’une pratique la conscience professionnelle. Lafonction d’inculcation idéologique se dissimule derrière cette imagetechnocratique par laquelle on entretient l’illusion de la neutralité et del’indépendance de l’enseignant(e) et de l’école. Travaillé à accepterl’universalité et la neutralité des normes et des valeurs que l’école inculque,l’enseignant(e) travaille à son tour à la reconnaissance de cette universalité et decette neutralité par les apprenants.L’immense majorité des enseignants(es) « n’ont même pas le commencementdu soupçon du « travail » que le système(qui les dépasse et les écrase) lescontraint de faire, puis, mettent tout leur coeur et leur ingéniosité (les fameusesméthodes nouvelles !) à l’accomplir avec la dernière conscience » (Sur lareproduction, 1995, p. 176).Les enseignants(es), parce que travaillés à cet effet, croit beaucoup à accepterle caractère démocratique et laïque de l’école : elle serait l’institution où tous lesapprenants ont des chances égales de réussir, où la réussite ne dépend que de lavolonté et de l’effort individuel. BAUDELOT et ESTABLET invitent à dissipercette double illusion et à replacer l’enseignant(e) dans un système et àdéterminer les responsabilités qui sont les siennes. : les enseignants sont « uneforce de travail spécialisée » qui les définit comme des « professionnels de ladivision idéologique, eux-mêmes exécutants, « servants » auprès de l’appareilscolaire » (L’école capitaliste en France, 1980, p. 242). Mais il ne faudrait pasoublier qu’ils ne sont que « la dernière pièce, le dernier rouage d’une chaîne » etcette position leur donne un statut de « subordonnés et de privilégiés ». C’est par

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le travail de l’enseignant(e) que se réalise la division en deux réseaux : S.S. etP.P.3.4. La fonction de reproductionChez BOURDIEU, l’enseignant(e) est défini par son statut juridique : il est unfonctionnaire. La définition générale du fonctionnaire est : celui qui exerce unemploi permanent dans un service public et dont le statut est juridiquementdéfini et codifié. Mais aujourd’hui, l’enseignant(e) n’est pas nécessairement unfonctionnaire, il peut simplement être un agent de l’Etat (au Sénégal parexemple, on note l’existence d’enseignants(es) vacataires, contractuels,décisionnaires, etc.).Les enseignants(es)forment un corps spécifique :le corps des enseignants(es),et cultivent un esprit de corps. Ainsi se prévalant de l’homogénéité de leurformation et de leur pratique, ils remplissent la fonction qui leur est confié etqu’ils revendiquent, à savoir être les gardiens de l’orthodoxie dans latransmission de la culture à transmettre. Le corps se transforme en castespécifiée par la formation et la pratique qui ne défend mieux ses intérêtsspécifiques qu’en défendant les intérêts de l’école.Ce que la caste des enseignants(es) reproduit par un seul et même acte estdouble : ils reproduisent le système en reproduisant des reproducteurs de cesystème. Il en est ainsi parce que leur travail scolaire tend à reproduire chez lesnouveaux reproducteurs la formation qu’eux-mêmes ont reçu. De sorte qu’il y aune tendance à l’auto-reproduction parfaite, c’est-à-dire l’inertie (Lareproduction, 1970 , p. 76, axiome 4.1.2.). Les enseignants(es) sont donc « lesproduits les plus achevés du système de production qu’ils sont … chargés dereproduire » (Ibid. p. 233).L’enseignant(e) n’est pas indépendant(e) des classes dominantes. C’est par lemoyen du système d’enseignement qu’il(elle) travaille indirectement à laperpétuation des rapports entre les classes. Ce travail se réalise par une doubleliberté :- le système d’enseignement laisse une certaine liberté àl’enseignant(e) :c’est la meilleure manière d’obtenir de lui qu’il lui serve- la liberté laissée au système d’enseignement est la meilleure manièred’obtenir de lui qu’il serve la perpétuation des rapports établis entre lesclasses (Ibid., p. 159).Les auteurs convoqués ont révélé, chacun spécifiquement par sa conception, quel’analyse sociologique est caractérisée, d’une manière générale, par l’importanceaccordée aux contradictions sociales. Cette caractéristique n’est pas celle deact3EXERCICE N° 3A quelles fonctions de la grille de De Landsheere correspond la fonctiond’encadrement ?EXERCICE N° 4A quelles fonctions de la grille de De Landsheere correspond la fonctiond’information ?

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EXERCICE N° 5A quelles fonctions de la grille de De Landsheere correspond la fonctiond’éveil ?EXERCICE N° 6Le professeur donne des exemples. A quelle fonction de la grille de DeLandsheere renvoie ce comportement ?PARTIE IV : Les fonctions de l’enseignant ( e) en pédagogie4.1. Les fonctions de l’enseignant (e) selon De LandsheereDe Landsheere (1978) distingue neuf (9) grandes catégories ou fonctionssubdivisées en quarante six (46) sous-catégories ou items.Après l’observation de la classe, le décodage est opéré selon ces catégories etpermet d’inventorier et de mesurer l’importance relative de ces différentesfonctions de l’enseignant (e) :1. la fonction d’organisation2. la fonction d’imposition3. la fonction de développement4. la fonction de personnalisation5. la fonction d’évaluation positive6. la fonction d’évaluation négative7. la fonction de concrétisation8. la fonction d’affectivité positive9. la fonction d’affectivité négativei) Fonction d’organisationC’est l’enseignant qui, d’une manière ou d’une autre,1. Règle la participation des élèves2. Organise les mouvements des élèves dans la classe3. Ordonne en :3.1. Fixant la disposition du travail3.2. Indiquant l’ordre, la succession des tâches3.3. Contrôle de façon neutre l’avancement, la compréhension4. Tranche une situation de conflit ou de concurrence.ii) Fonction d’impositionC’est l’enseignant aussi qui1. Impose des informations en1.1. Exposant la matière1.2. Répondant à ses propres questions2. Impose les problèmes en2.1. Posant les questions, formulant les problèmes2.2. Indiquant les tâches, les exercices à faire3. Impose les méthodes de solution, la façon de procéder4. Suggère les réponses en4.1. Fournissant un indice ou en mettant sur le chemin4.2. Posant des questions chargées

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5. Impose une opinion, un jugement de valeur6. Impose une aide non sollicitéeiii) Fonction de développementL’enseignant1. Stimule en1.1. Créant une condition stimulante1.2. Proposant un choix2. Demande une recherche personnelle3. Structure la pensée de l’élève en3.1. Clarifiant l’expression spontanée de l’élève3.2. Invitant l’élève à préciser, compléter, généraliser ou synthétiser sonapport spontané3.3. Proposant un contrôle expérimental3.4. Invitant l’élève à donner son avis4. Apportant une aide demandée par l’élève en4.1. Résolvant lui-même la difficulté4.2. Orientant la recherche de l’élève4.3. Répondant à une demande d’informationiv) Fonction de personnalisationL’enseignant1. Accueille une extériorisation spontanée2. Invite l’élève à faire état de son expérience extrascolaire3. Interprète une situation personnelle4. Individualise l’enseignement4.1. En fonction de la situation personnelle d’un élève4.2. Par des techniques pédagogiques autres que l’interaction verbalev) Fonction d’évaluation positive (Feed back positif)L’enseignant1. Approuve d’une façon stéréotypée2. Approuve en répétant la réponse de l’élève3. Approuve d’une façon spécifique4. Approuve d’une autre façonvi) Fonction d’évaluation négative (Feed-back négatif)L’enseignant1. Désapprouve d’une façon stéréotypée2. Désapprouve en répétant la réponse de façon ironique ou accusatrice3. Désapprouve d’une façon spécifique4. Diffère son évaluationvii) Fonction de concrétisationL’enseignant1. Utilise un matériel1.1. De présentation figurative1.2. De présentation symbolique

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1.3. De construction ou de manipulation2. Invite l’élève à se servir d’un matériel2.1. De présentation figurative2.2. De présentation symbolique2.3. De construction ou de manipulation3. Recourt à des techniques audiovisuelles3.1. Employées par le maître3.2. Employées par l’élève4. Ecrit au tableauviii) Fonction d’affectivité positiveL’enseignant1. Loue, reconnaît le mérite, cite en exemple2. Montre de la sollicitude3. Encourage4. Promet une récompense5. Témoigne du sens de l’humour6. Désigne l’élève d’un mot affectueuxix) Fonction d’affectivité négativeL’enseignant1. Critique, accuse, ironise2. Menace3. Admoneste4. Réprimande5. Punit6. Diffère d’une façon vague7. Rejette une extériorisation spontanée8. Adopte une attitude cynique4.2. Les fonctions de l’enseignant (e ) selon PosticPour Postic (1977), l’enseignant (e ) accomplit auprès des apprenants trois(3 ) grandes fonctions :1. La fonction d’encadrement2. La fonction d’éveil3. La fonction d’informationi) La fonction d’encadrement« Pour assumer sa fonction d’encadrement, le professeur conduit les élèves àinscrire leur activité à l’intérieur d’un cadre de référence qui fixe lesmodalités d’accomplissement du travail scolaire. Cette fonction vise àorganiser le travail, à définir les rapports entre les membres du groupe-classelors de l’exécution, et à contrôler et apprécier les résultats » (Postic, 1977, p.175).ii) La fonction d’éveilElle consiste à « chercher à susciter la motivation cognitive des élèves enréunissant les circonstances favorables au déclenchement de leur activité et à

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l’obtention de leur participation » (Postic, 1977, p. 177)iii) La fonction d’information« Son but est de faire acquérir des connaissances et des habitudes opératoires.Elle a surtout pour objectif de communiquer les éléments qui permettent auxélèves d’établir des faits, de découvrir des relations, d’élaborer unraisonnement » (Postic, 1977, p. 176).4.3. Les rôles de l’enseignant (e ) selon De KétèleDe Kétèle et alii (1989) ont dressé un répertoire de cinq (5) rôles joués parl’enseignant (e ). Il est à la fois- Animateur- Evaluateur,- Modérateur- Observateur- organisateurConclusionLes rôles et fonctions de l’école et de l’enseignant(e) sont divers. Cettediversité vient de la diversité des conceptions et perspectives sociologiques. Ilconvient donc d’avoir toujours présent à l’esprit cet état de fait pour se donnerles conditions d’une meilleure intelligibilité du phénomène.On le voit cependant avec les différentes conceptions que pour lessociologues, ce ne sont pas les méthodes pédagogiques qui sont en causes :celles-ci n’ont pas le pouvoir de changer ou de modifier l’effet des fonctionsrespectives de l’école et de l’enseignant(e). Il y a donc une différence quasiirréductible entre les perspectives sociologique et pédagogique relativement à lathéorisation des fonctions respectives de l’école et de l’enseignant (e).actEXERCICE N° 7- éveilEXERCICE N° 8- communicateur information- Gestionnaire encadrement- Animateur éveilEXERCICE N° 9- Le professeur organise le travail scolaire- Le professeur définit les rapports entre les élèves- Le professeur apprécie et contrôle les résultats des élèvesRéférences bibliographiquesALTHUSSER, (L.), (1995), Sur la reproduction, Paris, PUF.BAUDELOT, (Ch.) et ESTABLET, (R.), (1979), L’école capitaliste en France,Paris, F. Maspero.BOUDON, (R.), (1979), L’inégalité des chances, Paris, A. Colin.BOURDIEU, (P.), et PASSERON, (J.-C.), (1970), La reproduction, Paris, Leséditions de Minuit.CHERKAOUI, (M.), (1979), Les paradoxes de la réussite scolaire, Paris, PUF.

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De KETELE, (J.-M.), et alii, (1989), Guide du formateur, De Boeck, Bruxelles.De LANDSHEERE, (G.), (1978, 3e édition), Définir les objectifs de l’éducation,Paris, PUF.DURKHEIM, (E.), (1977), Education et sociologie, Paris, PUF.FERREOL, (G.) et alii, (1991), Dictionnaire de sociologie, Paris, A. Colin.GIACOBBI, (M.) et Roux, (J.-P.), (1990), Initiation à la sociologie, Paris,Hâtier.POSTIC, (M.), (1977), Observation et formation des enseignants, Paris, PUF.SOROKIN, (P.), (1959), Social and cultural mobility, Glencoe, Illinois, TheFree Press.