Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf ·...

59
Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites : une réflexion sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. INTRODUCTION GENERALE L’objet de mon mémoire est de proposer une réflexion autour de la prise en charge psychomotrice dans le cadre d’un institut de rééducation regroupant des adolescents de 12 à 18 ans dont l’indication d’internat est le trouble des conduites. Parce que ces adolescents rencontrent des difficultés multiples à différents niveaux et que leur mode de fonctionnement prédominant est la conduite impulsive se répercutant sur leur ajustement individuel global, parce que la prise en charge psychomotrice se doit de prendre en compte en priorité les éléments qui font obstacle au bon déroulement du suivi, éléments qui ne sont pas forcément sans rapport avec les troubles psychomoteurs constatés en tant que tels, enfin parce que l’action du psychomotricien se doit de répondre et de s’associer à la demande institutionnelle, l’essentiel de mon travail thérapeutique s’est porté sur les différentes approches des processus impulsifs et les moyens de l’endiguer. Dans un premier temps je décrirai les caractéristiques liées à cette population (éléments se rapportant à la période adolescente, projet institutionnel, éléments concernant le trouble des conduites et de l’adaptation, et énumération des troubles associés les plus fréquemment retrouvés). Puis je m’attacherai à décrire les principaux troubles psychomoteurs rencontrés, et donc définirai d’une façon large le rôle du psychomotricien dans l’établissement. Ceci constituera une introduction générale de mon travail. Dans une seconde partie, ma réflexion s’oriente sur l’impulsivité, trouble d’expression diverse mais rencontré de façon majeure chez ces adolescents. Mon travail s’évertuera à définir d’un point de vue clinique les différentes formes d’impulsivité rencontrées chez cette population, puis de faire le lien entre ces différentes observations et les apports théoriques et considérations actuels : relations entre l’impulsivité et les troubles des conduites, commorbidité des troubles impulsifs, mode de fonctionnement de l’impulsivité au regard des modèles explicatifs neuropsychologiques et psychopathologiques actuels, impulsivité secondaire ou primaire et cadres de définitions de ces différents types, étiologies possibles. Après avoir discuter des difficultés de distinction des différentes formes d’impulsivité décrites, et de ce fait des problèmes diagnostics rencontrés au regard des dossiers et des informations rapportées par l’ensemble de l’équipe, j’exposerai un mode de fonctionnement hypothétique commun à ces différents types d’impulsivité en lien avec les autres caractéristiques pathologiques présentées à un niveau psychomoteur et l’effet possible d’une intervention sur l’impulsivité vis à vis des autres modules 1

Transcript of Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf ·...

Page 1: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites : une réflexion

sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent.

INTRODUCTION GENERALE

L’objet de mon mémoire est de proposer une réflexion autour de la prise en charge psychomotrice

dans le cadre d’un institut de rééducation regroupant des adolescents de 12 à 18 ans dont l’indication

d’internat est le trouble des conduites. Parce que ces adolescents rencontrent des difficultés multiples à

différents niveaux et que leur mode de fonctionnement prédominant est la conduite impulsive se

répercutant sur leur ajustement individuel global, parce que la prise en charge psychomotrice se doit de

prendre en compte en priorité les éléments qui font obstacle au bon déroulement du suivi, éléments qui ne

sont pas forcément sans rapport avec les troubles psychomoteurs constatés en tant que tels, enfin parce

que l’action du psychomotricien se doit de répondre et de s’associer à la demande institutionnelle,

l’essentiel de mon travail thérapeutique s’est porté sur les différentes approches des processus impulsifs et

les moyens de l’endiguer.

Dans un premier temps je décrirai les caractéristiques liées à cette population (éléments se

rapportant à la période adolescente, projet institutionnel, éléments concernant le trouble des conduites et

de l’adaptation, et énumération des troubles associés les plus fréquemment retrouvés). Puis je

m’attacherai à décrire les principaux troubles psychomoteurs rencontrés, et donc définirai d’une façon

large le rôle du psychomotricien dans l’établissement. Ceci constituera une introduction générale de mon

travail.

Dans une seconde partie, ma réflexion s’oriente sur l’impulsivité, trouble d’expression diverse

mais rencontré de façon majeure chez ces adolescents. Mon travail s’évertuera à définir d’un point de vue

clinique les différentes formes d’impulsivité rencontrées chez cette population, puis de faire le lien entre

ces différentes observations et les apports théoriques et considérations actuels : relations entre

l’impulsivité et les troubles des conduites, commorbidité des troubles impulsifs, mode de fonctionnement

de l’impulsivité au regard des modèles explicatifs neuropsychologiques et psychopathologiques actuels,

impulsivité secondaire ou primaire et cadres de définitions de ces différents types, étiologies possibles.

Après avoir discuter des difficultés de distinction des différentes formes d’impulsivité décrites, et

de ce fait des problèmes diagnostics rencontrés au regard des dossiers et des informations rapportées par

l’ensemble de l’équipe, j’exposerai un mode de fonctionnement hypothétique commun à ces différents

types d’impulsivité en lien avec les autres caractéristiques pathologiques présentées à un niveau

psychomoteur et l’effet possible d’une intervention sur l’impulsivité vis à vis des autres modules

1

Page 2: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

considérés. Mon travail pratique s’articulera autour de plusieurs points : Synthèse de la partie théorique

sur l’articulation possible entre troubles présentés et impulsivité constatée et donc axes de travail choisis

de ce fait, précautions à prendre aux vues des spécificités présentées par cette population, évaluations

initiales et projets individuels de prise en charge, séances types et réévaluations.

Une discussion sur les difficultés rencontrées et la place de l’impulsivité dans l’évolution des

prises en charges conclura mon travail, et amènera peut-être à de nouvelles perspectives d’actions futures.

PARTIE THEORIQUE

I - Présentation générale de la population concernée.

Mon travail s’est effectué dans l’institut de rééducation « la convention », situé au cœur de Auch,

dans le gers. Cette structure regroupe 43 adolescents et pré-adolescents âgés de 12 à 20 ans, présentant

des troubles du caractère et du comportement. Les jeunes dont j’ai effectué le suivi sont tous adolescents,

leur moyenne d’âge étant de 15 ans.

Pour mieux comprendre le contexte de travail dans lequel se situe le psychomotricien, il me

semble important de dissocier les comportements et modes de pensée revenant aux différentes pathologies

présentées par cette population, et ceux caractéristiques de la période adolescente.

I-1- La période adolescente.

Elle est arbitrairement comprise entre les âges de 11 à 20 ans. Elle se caractérise par de profonds

changements physiques, psychologiques et sociales. Elle débute à un moment précis, variable en fonction

des individus, déterminé par l’apparition de certaines transformations : accélération rapide de la

croissance du squelette et les débuts du développement sexuel sur le plan physique, accélération du

développement cognitif et la consolidation de la formation de la personnalité sur le plan psychologique,

ainsi que l’élaboration du futur rôle de jeune adulte sur le plan social. Il est important de distinguer la

puberté qui est un processus physique de transformation caractérisé par le développement des caractères

sexuels secondaires, et l’adolescence, qui correspond à l’adaptation de la personnalité à toutes ces

transformations. Ces deux processus sont synchrones généralement mais peuvent exister des décalages

(comme une croissance retardée ou précoce) pouvant entraîner des séquelles psychologiques (sentiment

2

Page 3: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

d’infériorité, faible estime de soi, perte de confiance..) du fait d’une grande dépendance de l’adolescent

envers le regard de ses pairs.

·Transformations hormonales : L’augmentation des hormones sexuelles (oestradiol et

testostérone) est progressive au cours de l'adolescence, avec un pic à 16-17 ans pour se stabiliser ensuite à

l’âge adulte. Ces hormones influent sur le fonctionnement du système nerveux central, notamment sur

l’humeur et le comportement. Des taux élevés de testostérone ont été corrélés à l’agressivité et

l’impulsivité chez certains adultes masculins. Le milieu de l’adolescence est une période où tous les

comportements et expériences sexuels sont possibles.

·D’un point de vue psychologique et cognitif, la pensée devient abstraite, conceptuelle et

orientée vers le futur (stade des opérations formelles et du raisonnement sur un matériel abstrait, d’après

Piaget). Cette période est marquée par une grande créativité (musiques, lectures, écrits, art..), une volonté

d’indépendance en s’opposant fréquemment aux parents. On observe une forme de négativisme où

l’adolescent refuse que lui soient dictés ses conduites, ses choix. Il devient un moyen actif d’exprimer

verbalement la colère. Progressivement, les adolescents intègrent à leur propre système de valeurs

d’autres valeurs et de nouvelles identifications se produisent. Le groupe de pairs est un mode de relation

privilégié, intensifiant le degré de séparation d’avec les parents. Il est généralement constitué de jeunes

d’âge et d’intérêt semblables. Malgré tout, le support social procuré par les parents joue un rôle tampon

dans les situations d’urgence. Les adolescents sont extrêmement sensibles au regard de leurs pairs et tout

écart dans l’apparence, le code vestimentaire, ou le comportement peut entraîner une diminution de

l’estime de soi. L’estime de soi repose sur l’acquisition de la compétence pendant l’adolescence. Un

sentiment de compétence s’acquiert dans l’accomplissement d’une tâche que la société d’aujourd’hui

considère comme importante. L’incapacité de poursuivre une scolarité peut entraîner des difficultés pour

établir une identité professionnelle satisfaisante, et de surcroît, une identité sociale désirable et reconnue.

·Du point de vue du développement moral (partage de certaines valeurs, normes, droits et

devoirs) l’adolescent à ce stade de développement intériorise les principes éthiques et le contrôle de la

conduite. L. Kohlberg (in, Synopsis de Psychiatrie) décrit trois stades de développement du jugement

moral, inspiré des concepts piagétiens : Le premier niveau est la moralité pré-conventionnelle où la

punition et l’obéissance aux parents sont les facteurs déterminants. Le second est la moralité

conventionnelle du rôle où l’enfant essaie de se conformer pour gagner l’approbation et conserver de

bonnes relations avec les autres. Enfin le troisième est la moralité des principes moraux quand l’enfant se

3

Page 4: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

conforme volontairement aux règles sur la base d’un concept de principes éthiques et fait exception aux

règles dans certaines cas.

·Certains comportements à risque peuvent apparaître durant la période adolescente comme

l’utilisation de l’alcool, du tabac, et d’autres substances, l’activité sexuelle désordonnée (particulièrement

dangereuse en raison des risques de contamination virale), et certains comportements augmentant les

risques d’accidents tels que conduire rapidement, pratiquer des sports dangereux. Dans la plupart des

statistiques de mortalité adolescente, les accidents sont les premières causes e mortalité (40% des

accidents sont routiers). Dans une évolution normale, ces comportements régressent vers des prises de

décision plus responsables. L’étude des phénomènes violents montre que les crimes perpétués par les

jeunes sont en augmentation ces dix dernières années. Les homicides sont la deuxième cause de mortalité

chez les sujets âgés de 15 à 25 ans. Le principal facteur favorisant la violence serait l’absence de soutien

paternel ou équivalent (autorité). Les facteurs niveau socio-économique et niveau d’éducation n’entrent

pas comme déterminants dans les résultats d’étude. La famille rapporte peu d’altercations majeures.

Quand ce n’est pas le cas, cet échec peut provenir de troubles mentaux chez l’enfant, des parents, ou les

deux. Environ 20% des adolescents ont un trouble mental qui peut être diagnostiqué. Parmi les

diagnostics les plus fréquents, on retrouve les troubles de l’adaptation, les troubles anxieux et dépressifs,

troubles souvent associés à un comportement délinquant, à un trouble oppositionnel et à l’échec scolaire,

tous susceptibles de contribuer à une dysharmonie familiale (in, Synopsis de Psychiatrie).

On peut déjà comprendre que ces éléments sont importants pour orienter notre approche auprès de

cette population. En effet, la période adolescente est marquée d’une quête d’autonomie, passant souvent

par un discrédit de l’adulte, des oppositions fréquentes (notamment refus d’aide) et un manque d’intérêt

pour ce qu’on peut proposer. Il est donc essentiel pour cette tranche d’âge de cerner les intérêts du jeune,

mobiliser sa motivation et établir une relation d’adulte, même si les comportements qu’ils adoptent

montrent parfois une réelle immaturité.

I-2- Indications pour un institut de rééducation.

La population reçue à l’institut de rééducation de Auch est constituée d’enfants et d’adolescents

présentant des troubles du caractère et du comportement capables toutefois de bénéficier d’un support de

prise en charge classique (scolarité, formation professionnelle, ateliers éducatifs..) et pour lesquels le

projet individuel est orienté vers une réinsertion ou insertion en milieu ordinaire. La tranche d’âge

accueillie permet une intervention modulable de 1 à 5 ans en fonction des diverses problématiques

4

Page 5: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

rencontrées et évolutions de projet. Au sein d’un institut de rééducation comme celui-ci, la fonction d’un

placement est avant tout thérapeutique et propose la mise en place d’un cadre visant à permettre à

l’adolescent d’analyser les conflits qu’il vit au sein du milieu familial et qui limitent ses possibilités de

maturation (in, projet institutionnel). Les enfants et adolescents accueillis ont des personnalités

différentes, certes, mais qui possèdent en commun la caractéristique de s’être exprimées à un moment

donné dans le comportement et notamment dans le passage à l’acte, quel qu’en soit la forme. La

traduction de ce type de trouble trouve tout son retentissement sur l’entourage, familial et scolaire

notamment.

Sur un plan clinique, les troubles du comportement sont variables en fonction de l’âge, du milieu

où ils se produisent et de la tolérance de celui-ci. Aussi, c’est surtout pendant la période scolaire que de

tels troubles sont dépistés. Les symptômes d’appel, relevés par l’enseignant, sont essentiellement :

instabilité, indiscipline, comportements agressifs à l’égard des autres enfants ou des adultes, difficultés

scolaires portant sur les apprentissages ou dans les attitudes à l’égard de l’école : absentéisme, fugues,

école buissonnière, refus.

Dans les populations d’adolescents et pré-adolescents accueillis, ce sont les conduites antisociales

et délinquentielles qui s’additionnent ou relayent les précédentes, telles que les vols, toxicomanies,

incivilités importantes. Sur le plan du contexte psychopathologique, l’admission des jeunes, enfants ou

adolescents, qu’elle soit prononcée à la demande des services sociaux ou institutionnels, est souvent

motivée par la présence des dits troubles. L’admission va prendre en compte différents axes : Famille, et

apports pluridisciplinaires possibles, ainsi que les souffrances psychopathologiques pouvant sous-tendre

ces comportements :

- Anxiété, troubles phobiques, obsessions..

- dépression

- Une nette tendance à l’extériorisation des conflits et un déni de la réalité des troubles.

- Une organisation franchement psychopathique de la personnalité caractérisée par des troubles

donnant lieu à des actes sans contrôle ni retenue, perturbant l’intégration sociale.

Ces différentes pathologies ont permis la composition de groupes de jeunes pré adolescents et

adolescents, structurés selon un objectif précis : Permettre une évolution positive dans un cadre

professionnel offrant un soutien scolaire, psychologique, social, pédagogique, et des prises en charge

diverses adaptées aux difficultés de chacun.

5

Page 6: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

Nous pouvons déjà observer que ces différents constats ne peuvent éclaircir sur le lien causal

possible entre des pathologies psychiatriques et des troubles comportementaux avérés, certains étant le

fruit de l’autre, d’autres étant la cause des uns, parfois plusieurs troubles s’exprimant en agrégats

complexes, se renforçant mutuellement et semblant découler de causes extérieures. La plupart des

dossiers constitués ne peuvent apporter toutes les informations à même de poser un diagnostic clair, et de

plus se limitent à une recherche rétrospective, elle-même ayant ses propres limites d’un point de vue de

l’objectivité, et c’est donc avec toutes ces contraintes qu’il faut agir au mieux pour l’enfant.

I-3- Troubles psychiatriques les plus fréquemment diagnostiqués.

Nous allons développer ces troubles au regard des répercussions les plus fréquemment rencontrées

dans le quotidien du sujet et rappeler les différentes étiologies possibles. Les critères diagnostics sont

répertoriés en annexes (annexe 1,2 et 3).L’ensemble de ces troubles fait partie de l’axe I du DSM IV,

relatif aux troubles cliniques les plus fréquemment retrouvés pendant la première enfance, seconde

enfance ou adolescence, parmi lesquels on retrouve les troubles des apprentissages, les troubles des

habiletés motrices, troubles de la communication, troubles envahissants du développement, troubles

déficitaires de l’attention et comportements perturbateurs, troubles alimentaires et des conduites

alimentaires, troubles anxieux, etc.…

I-3-1- Les troubles du comportement.

Ce trouble regroupe deux pathologies (troubles oppositionnels et trouble des conduites) distinctes

dans les critères diagnostiques mais paraissant intriqués dans leur évolution morbide d’après diverses

récentes études répertoriées ultérieurement. Les problèmes agressifs retrouvés dans les troubles des

conduites, troubles oppositionnels et comportements antisociaux (troubles dits de type externalisé),

touchent environ 25% de la population IR, et 4 à 10% de la population générale (Kazdin, 87).

Le trouble oppositionnel avec provocation est défini comme « un ensemble récurrent de

comportements négativistes, provocateurs, désobéissants et hostiles envers les personnes en position

d’autorité, en l’absence de violations sérieuses des normes sociales ou des droits d’autrui ». En dépit

d’une intelligence adéquate, ils réussissent peu ou échouent à l’école, car ils refusent de participer ou

s’obstinent à résoudre des problèmes sans l’aide de personne. Une faible estime de soi, une faible

tolérance à la frustration, une humeur dépressive et des explosions de colère peuvent être secondaires à

ces difficultés. Souvent le trouble évolue vers un trouble des conduites ou un trouble de l’humeur. Le

6

Page 7: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

sous-type de trouble oppositionnel évoluant vers un trouble des conduites est celui dans lequel

l’agressivité prédomine.

Le trouble des conduites est décrit comme « des conduites répétitives et persistantes dans

lesquelles sont bafoués les droits fondamentaux d’autrui ou les normes ou règles sociales correspondant à

l’âge du sujet ». Sur le plan clinique, ce trouble se traduit essentiellement par de l’impulsivité et de

l’agressivité. On observe chez ces individus une brusquerie avec un aspect répétitif du passage à l’acte.

Devant la moindre frustration, l’enfant agit par des comportements impulsifs, au lieu de réfléchir et de

verbaliser. Les passages à l’acte peuvent être exercés tant contre l’extérieur que contre soi. Les

conséquences ne sont pas envisagées, la fin justifiant les moyens. Ces individus souffrent d’une instabilité

comportementale, affective, scolaire, et professionnelle par la suite. Celle-ci est responsable d’un risque

de marginalisation sociale important. Des conduites de retrait peuvent également être constatées

(désinvestissement, manque d’intérêt, passivité..). D’un point de vue cognitif, le niveau intellectuel est

variable, avec une plus grande fréquence de comportements dits limites (QI entre 50 et 85), un QI verbal

souvent inférieur au QI performance, et peu d’utilisation du langage pour décrire les interactions (in,

cours de psychiatrie, 2ème année).

Pour comprendre et palier aux comportements qualifiés de troubles des conduites et troubles

oppositionnels de nombreux auteurs se sont intéressés à l’étude développementale de patterns

comportementaux s’y rapportant. L’intérêt d’un tel travail est avant tout de repérer les éléments

précurseurs de comportements perturbateurs, et ce afin d’ajuster au mieux les actes préventifs à l’égard de

cette violence sociale et rendre efficace une démarche pas toujours évidente dans l’approche de ces

problèmes. La question de la continuité de comportements agressifs et d’opposition pendant la

première enfance et ceux qualifiés de troubles des conduites et comportements antisociaux à

l’adolescence et à l’âge adulte a posé problème du fait qu’il existe une multitude de comportements

perturbateurs, tant dans leur expression qualitative que quantitative au cours des âges et en fonction des

appartenances sexuelles. Ainsi de toutes les études effectuées sur le sujet, il ressort qu’il existe une

certaine continuité se manifestant par des agressions précoces de forte intensité à mode proactif et des

troubles oppositionnels, jusqu’à un trouble des conduites avéré, plus ou moins manifeste à l’adolescence.

L’évolution vers un comportement antisocial est effective dans 70% des cas à 11 ans, et l’évolution vers

la délinquance dans 55% des cas à 15 ans (White & al, 85).

Les comportements d’opposition avec provocation et les conduites d’agression émergent dans les

premières années de la vie et prennent des formes variées, dont certains types peuvent être prédictifs de

7

Page 8: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

comportements problématiques futurs. Dans l’évolution normale, l’opposition marque les premières

expériences de socialisation et une certaine volonté d’exercer un contrôle de l’enfant envers ses parents

d’abord, puis envers ses pairs. Ces comportements s’accompagnent d’actes agressifs évoluant assez

rapidement vers des résolutions de conflit de type pro social. Leur déclin est progressif entre 3 et 6 ans

voir un peu au-delà. On peut déjà observer pendant cette période des enfants qui se singularisent par la

fréquence, l’intensité et la persistance de leurs actes d’agression. Certains auteurs ont qualifié les enfants

ayant ce type d’attitude dès le plus jeune âge de « tempérament difficile »(Lee & Bakes, 85;Thomas & al,

68). Ils ont mis en relation ce « tempérament difficile » avec un attachement insécurisé mère-enfant mais

ceci reste une hypothèse théorique dont la seule étude empirique n’a pas réussi à prouver son impact sur

les comportements perturbateurs ultérieurs (Renken & al, in ?). Ce tempérament peut en effet être un trait

hérité par l’enfant, l’amenant à réagir de façon inadéquate aux situations de frustration, et créant en retour

un problème de régulation mère-enfant du fait du sentiment d’impuissance et d’incompétence que

peuvent en retirer les parents (Moffit, 93). Les études de Rutter sur l’héritabilité des comportements

antisociaux montre ainsi qu’une part de la variabilité interindividuelle dans ce domaine est attribuable aux

gènes. Un certain nombre de facteurs de vulnérabilité hérités augmenterait le risque de ces individus à

évoluer de façon morbide dans un même contexte donné. Ces dispositions placeraient les enfants dans des

comportements d’opposition dès les premières années de la vie et contribueraient au développement de

relations perturbées avec leurs pairs. Les comportements d’agression favoriseraient un rejet des pairs qui

en retour renforcerait l’agression (Hay, 84;Browner & Bakerman, 91;Caplan & al, 91). Mais l’agression

peut être tant conséquence que source du rejet. Dodge a observé que les enfants victimes de rejet

percevaient plus les intentions d’autrui comme hostiles et possédaient des patterns cognitifs plus restreints

pour résoudre les conflits. Il semble donc que les troubles oppositionnels avec manifestations agressives

soient en rapport avec des troubles ultérieurs de régulation sociale et d’adaptation. L’étude du climat

familial montre également qu’un manque de structure et de support de l’entourage, des processus

éducatifs déficitaires, incohérents ou sous-tendus par des méthodes oppressives ou violentes, peuvent

favoriser des comportements déviants de l’enfant tout comme ils peuvent, au contraire, participer au

maintien et à l’intensification des comportements agressifs par démission parentale en réponse à un

comportement perturbateur persistant. Dans ce cas les échanges deviennent coercitifs, amenant

progressivement l’enfant à un mode de cognition rigide et auto-satisfaisant, (Patterson). Cependant une

simple séparation du milieu familial ne suffit bien souvent pas à enrayer le problème, (Lipsey, 92),

montrant par-là même l’intrication de facteurs génétiques et environnementaux dans le déterminisme de

tels comportements (Huisinga & al, 94). De plus il a été observé que les actes de délinquance les plus

sévères se retrouvaient en présence de troubles des conduites avec hyperactivité, impulsivité et prise de

risque (White & al, 91;Sonuga-Barke & al, 92). Ces caractéristiques individuelles ne sont pas en soi

8

Page 9: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

prédictives de comportements antisociaux ultérieurs, mais c’est le type de relation aux autres qu’elles

impliquent qu’il l’est (Russo, 91). L’anxiété et le sentiment de culpabilité seraient par contre facteur de

protection à de telles évolutions morbides (Dollar & Berkovitz ont montré que les sujets à fort degré

d’anxiété étaient plus à même d’inhiber leurs actes d’agression). Loeber & Hay (94;97) ont également

souligné l’importance des comportements dits de contrôle externe dans la prédiction d’une évolution

morbide : Les personnes dites à « contrôle externe », soit attribuant leurs actes ou leurs conséquences aux

conditions extérieures ayant sous-tendu l’action, seraient également plus engagés dans des agressions

hostiles, comme le soulignent Seligman, en 74, et Rotter, en 72. De plus les individus abandonnant les

premiers dans les conduites d’agression seraient les plus à même de devenir délinquants, ceux persistant

dans le combat semblant plus évoluer vers des conduites déviantes complexes (Haapasalo & Tremblay,

94). Ainsi les conditions familiales, les relations avec les pairs et le type de personnalité et de

fonctionnement cognitif peuvent amener à une limitation de la socialisation positive, et par-là même

renforcer le processus de désadaptation.

Très tôt on observe des différences sexuelles dans l’expression de ces comportements perturbateurs,

différences notamment sous-tendues par une variation des conditions de socialisation pendant l’enfance.

Les deux sexes n’appréhendent pas le monde social de la même façon, ce qui les amène à des expériences

différenciées dans la construction des rôles sociaux (Maccoby). L’âge d’apparition de tels comportements

semble plus tardif chez la fille, et marqué d’indices plus discrets que le garçon tels des comportements de

vol, mensonge, généralement en rapport avec des conflits d’intérêt (Robins, 86;Caplan & al, 91).

A l’adolescence, les troubles sont plus extériorisés et les différences sexuelles plus

marquées. Les garçons se différencient par des actes agressifs plus intenses mais cela ne doit pas aboutir à

une ignorance des signes précurseurs féminins, même s’ils sont plus discrets et plus insidieux (Musk &

Sharpe, 47). La stabilité des comportements perturbateurs semble plus grande chez la fille, mais de

prévalence moindre par rapport aux garçons. Elle semble d’autant plus grande que les symptômes sont

sévères et qu’ils sont marqués d’agression. Les opportunités d’affiliation peuvent aussi jouer un rôle dans

l’exacerbation des symptômes. Le choix de fréquentations déviantes semblerait favoriser plutôt

qu’enrayer les problèmes de conduites et actes délictueux. Ainsi, les enfants placés en foyer ne

bénéficient pas toujours de relations permettant d’offrir des modèles pro sociaux suffisants, ceci

accroissant un comportement perturbateur bien souvent à l’origine de leur placement (Zoccolillo & al,

92). Telle est la problématique actuelle des instituts de rééducation. Cependant, il faut garder à l’esprit

que lors de la période préadolescente les enfants peuvent satisfaire leur opposition aux règles et à

l’autorité parentale en vue d’une démarcation et d’une construction identitaire en se liant temporairement

9

Page 10: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

à des activités de bandes (Moffitt). De plus, certains comportements antisociaux peuvent émerger à

l’adolescence sans jamais avoir eu de signes prédictifs d’une telle évolution (Widom, 95). Ce type

d’attitude peut être également lié à un type de contexte particulier, comme par exemple les quartiers

défavorisés, où les actes d’agression répondent à un désir de progression sociale par l’accès à un statut de

dominant.

Une étude réalisée dans le Missouri souligne que les deux sexes bénéficient du même mode de

structuration des comportements délinquants : problèmes d’ordre scolaire, engagement sexuel précoce,

prise de drogue, indiscipline.. Ainsi on a pu voir que les interactions entre le milieu de vie de l’enfant et

ses dispositions personnelles peuvent déterminer des difficultés d’ajustement social.

A l’âge adulte la continuité de tels comportements peut s’observer dans tous les domaines de la vie.

Les personnes délinquantes rencontrent plus de difficultés à trouver un travail, soit dû au fait de leurs

difficultés scolaires associées et manque de diplôme, soit par leur rapport à la justice leur empêchant

l’accès à certains domaines professionnels, soit enfin par leur faible capacité à choisir des moyens légaux

pour parvenir à leurs fins (Farrington, 89). L’usage de drogue amène des handicaps sociaux semblables,

en favorisant un ralentissement cognitif, l’isolement et le manque, et par là même l’impulsivité et les

comportements antisociaux (Block & al, 90). Ces comportements d’addiction se retrouvent également en

proportion non négligeable dans les instituts de rééducation. Certains symptômes peuvent cependant

décroître en intensité ou se stabiliser. D’autres semblent évoluer vers la criminalité, la violence et une

dysrégulation émotionnelle persistante.

Le pronostic semble donc dépendre de la sévérité et précocité des symptômes, des comportements

typiques ou non de genre (les filles utilisent la force physique plus rarement et ceci est prédictif d’une

évolution morbide), de comportements attribués à une causalité externe ou non, du mode d’agression dans

sa composante émotionnelle (distinction établie par Feshbach en 64), de la présence ou non de traits

antisociaux et psychopathiques et des commorbidités associées (anxiété, troubles de l’humeur,..).

L’association traits psychopathiques et troubles des conduites semble significativement prédictive d’une

évolution vers un diagnostic de personnalité antisociale (Christian & al, 97).

Ainsi, l’intrication de ces différents facteurs fait que la continuité des comportements est

hétérogène, expliquant l’échec de certaines prises en charge. Un travail sur les habilités sociales, sur la

revalorisation de l’action parentale et sur la découverte de nouvelles expériences sociales positives semble

jouer en la faveur d’une décrue des symptômes (Zigler & al, 92). Une intervention précoce peut être

bénéfique sur la continuité des comportements agressifs et délinquants (Offord & Bennett, 94). Il faut

rester cependant prudent quant à l’orientation de la prise en charge, car il existe de nombreuses

10

Page 11: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

pathologies où les troubles du comportement sont associés mais dont l’étiologie semble faire appel à des

facteurs autres que ceux évoqués, comme le trouble déficitaire de l’attention, le retard mental, les

incapacités d’apprentissage non verbal, les syndromes frontaux, certaines maladies cérébrales évolutives..

I-3-2. Autres troubles présentés : troubles des apprentissages, troubles anxio-dépressifs, et

trouble déficitaire de l’attention.

Le trouble des apprentissages se définit par un fonctionnement scolaire inférieur à celui attendu

à l’âge et au niveau intellectuel du sujet concerné. Il se manifeste dans des difficultés d’acquisition

portant sur la lecture et/ou le calcul et/ou l’expression écrite. Il est associé généralement à des

manifestations psychologiques de dépréciation, faible estime de soi, et entraîne des déficits dans les

capacités adaptatives. Ce trouble se retrouve dans 10 à 25% des cas associé à un trouble des conduites,

trouble oppositionnel, trouble déficitaire de l’attention, dépression, dysthymie.. Il est également très

fréquemment associé aux troubles d’acquisition de la coordination »…

Ces constats, issus de la définition DSM IV, montrent encore une fois comme il est difficile de

cerner la position d’un trouble comme étant à l’origine ou conséquente d’un autre. Cependant ce trouble

spécifique engendrant un échec scolaire important ne doit pas être confondu avec le dit échec scolaire, qui

est retrouvé chez la majorité de la population IR du fait de troubles comportementaux ne pouvant être

compatibles avec un apprentissage effectif ou une rigueur disciplinaire exigée à l’école.

Les troubles anxio-dépressifs sont souvent rencontrés dans la population IR, du fait de situations

d’échecs rencontrées de façon répétitive, d’un manque de savoir faire dans le domaine des interactions

sociales et du rejet conséquent de leurs comportements perturbateurs. Ces enfants et adolescents ont des

difficultés importante de gestion émotionnelles et la perception de leur fonctionnement mental et des

situations d’interactions ou de réalisation est souvent distordue, amenant à des troubles plus importants de

type dévalorisation, anxiété, sentiment d’incompétence, peur de l’échec et évitement, réactions de

prestance et agitation. Cependant, les troubles anxieux et dépressifs peuvent eux aussi amener à des

troubles importants du comportement se manifestant par de l’agitation, des difficultés de concentration,

des passages à l’acte auto et hétéro agressifs et de l’irritabilité. Ces mêmes troubles de la concentration se

répercutent sur la fonction mnésique et les processus cognitifs de contrôle et d’élaboration, amenant à un

tableau pseudo démentiel parfois (Rous de Feynerols, cours manuscrits troisième année).

Le trouble déficitaire de l’attention est classifié dans le DSM IV avec les comportements

perturbateurs. Etant un trouble psychomoteur, je le développerai de façon plus concise au chapitre

11

Page 12: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

suivant, qui se rapporte aux troubles psychomoteurs les plus fréquemment retrouvés en IR. Les

manifestations principales, outre les troubles attentionnels associés ou non à de

l’impulsivité/hyperactivité, sont une intolérance à la frustration, des accès de colère, de l’autoritarisme, de

l’entêtement, de l’insistance, une forte labilité émotionnelle, une baisse importante des motivations, un

rejet important des pairs, une faible estime de soi, des résultats scolaires médiocres, un manque

d’application, un refus de responsabilité, et une attitude forte d’opposition. Dans les formes les plus

sévères, les répercussions se font à tous les niveaux : social, scolaire et familial. Une corrélation

importante a été retrouvée avec le trouble des conduites et troubles oppositionnels, les troubles anxieux,

de l’humeur, troubles des apprentissages et de la communication. Le caractère impulsif est fortement

représenté à l’adolescence.

Conclusion : L’ensemble de ces pathologies et constats reflètent de toutes les combinaisons

possibles retrouvées chez les adolescents pris en charge en IR et soulignent ainsi la difficulté d’identifier

ce qui revient à quoi dans les troubles globaux d’adaptation que rencontre cette population. Mc Gee et

collaborateurs (90) décrivent ainsi l’interaction entre les quatre principales catégories de troubles à l’âge

adolescent :

Trouble déficitaire attention

Troubles anxieux Trouble des conduites

Troubles dépressifs

I-4- Troubles psychomoteurs les plus fréquemment retrouvés.

Parmi les troubles psychomoteurs les plus fréquemment retrouvés, nous allons quelque peu

développer les axes suivants : Troubles toniques, troubles spatiaux, troubles des ajustements moteurs fins,

ADHD, troubles perceptifs (et notamment troubles de l’organisation des perceptions), troubles de la

lecture et de la réalisation de patterns expressifs faciaux et gestuels et troubles instrumentaux (écriture). Je

ne décrirai ici que brièvement les principales caractéristiques qui peuvent être propres à cette population.

Ceci n’exclut pas la présence de troubles plus classiques. Il est important de noter qu’aucune étude n’a été

réalisée pour essayer de répertorier les troubles psychomoteurs les plus fréquemment associés aux

12

Page 13: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

troubles du comportement. Les observations qui suivent sont issues d’un travail clinique, ainsi que des

expériences de différents professionnels auprès de ce public.

La plupart des troubles toniques rencontrés ont un lien direct avec les troubles du comportement

et une difficulté de gestion des affects. Les jeunes adolescents d’IR présentent pour la plupart un

développement psychomoteur normal, mais sont dans l’incapacité de produire des ajustements toniques

corrects en situation de stress. La plupart des comportements se font sur un mode impulsif ou au contraire

sur un mode de contrôle excessif, faisant que leurs ajustements posturaux et de rééquilibration sont

étriqués, grossiers, et retardés. S’ils sont au contraire excessifs, la contrepartie est qu’un second

déséquilibre est alors induit, nécessitant de nouveaux réajustements. Ils possèdent généralement une

hypertonie importante avec des paratonies dans les épreuves de chute, résolutives après coup. Leurs

gestes sont brusques et ils ne prennent pas en compte les feed-back que peuvent apporter les différents

composants du mouvement en cours. Ces problèmes d’ajustement tonique se manifestent également

fréquemment au niveau de l’écriture (douleurs au poignet, attitude crispée et irrégularités du graphisme),

des coordinations dynamiques (nécessitant des adaptations vives et une anticipation) ainsi que dans les

tâches de dextérité manuelle (précision et ajustements fins). Tout se passe comme s’ils avaient des

difficultés dans la prise d’information intéroceptive, difficulté qui se retrouve dans l’anticipation d’un

comportement et l’analyse d’une action après coup. On peut se demander si cette tendance à une analyse

« bâclée » et/ou déficitaire ne se répercuterait pas sur la motricité.

Les troubles spatiaux sont très répandus et concernent tant l’organisation spatiale que

l’orientation dans l’espace. Prendre un système allocentrique comme système de référence, leur est

difficile. La construction de plans se fait souvent sur un mode itinéraire, et il existe des difficultés à

extraire des règles communes abstraites régissant les orientations dans le milieu. Outre un problème de

prise de repères qui peut se retrouver lors d’agitation et manque de concentration, ils ont une difficulté à

se décentrer, et agissent dans la précipitation et l’immédiateté pour élaborer des stratégies de

déplacement. De plus ils semblent très dépendants du milieu.

D’un point de vue de l’organisation spatiale, les praxies visuoconstructives sont déficitaires pour

une large proportion d’entre eux, les réalisations et la prise d’information sont bâclées. Ils éprouvent

également des difficultés de prise en compte des différentes orientations des éléments entre eux, et

d’extraction de formes isolées d’un ensemble global structuré. A l’inverse ils agencent mal les différents

éléments d’une figure pour construire un ensemble cohérent présenté en modèle. Les troubles spatiaux

peuvent donc être dévolus à des causes multiples : troubles perceptifs, inattention, troubles spatiaux purs,

impulsivité…

13

Page 14: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

Pour un développement psychomoteur global correct, des difficultés importantes se posent

toujours pour les facteurs vitesse-précision et motricité fine. Celles-ci sont souvent à relier à une

difficulté de concentration et à une mauvaise prise en compte des informations intéroceptives. Sans aller

jusqu’à parler de problème digito-praxique, le déliement digital est souvent problématique et entraîne des

syncinésies importantes, peut-être à mettre en rapport avec une répartition tonique de mauvaise qualité

ou une impossibilité de prise en compte d’informations simultanées. Cela peut s’expliquer par un manque

de disponibilité psychologique (distractibilité forte et inattention en réponse à des préoccupations

psychologiques), un manque de patience ou des comportements impulsifs. Ces difficultés impliquent une

écriture de mauvaise qualité bien souvent.

Les troubles perceptifs se caractérisent par une difficulté à prendre en compte l’information

pertinente. Quelles qu’en soient les causes, la méthode exploratoire est médiocre, les temps d’exploration

insuffisants et les informations proprioceptives souvent peu mentalisées de façon volontaire. Ils sont très

dépendants visuellement et fonctionnent de façon stéréotypée dans la prise d’information, faisant qu’une

partie de l’information est omise et donc que la réalisation perceptivo-motrice est inadaptée à l’originalité

d’une situation donnée.

Comme nous avons commencé à le définir d’un point de vue psychiatrique, le trouble déficitaire

de l’attention, dit ADHD, est fortement corrélé aux conduites déviantes d’opposition et comportements

perturbateurs. Si bien qu’il est bien difficile de faire la part des choses sur la primauté d’un trouble par

rapport à un autre si tous les éléments d’anamnèse ne peuvent être récoltés. D’un point de vue

psychomoteur, ce trouble pose problème dans la prise d’information, son traitement et son organisation.

L’exploration visuelle est inefficace, la performance se dégrade rapidement et l’enfant a des difficultés à

rester concentré sur une tâche. Le traitement d’informations simultanées est déficitaire, les réponses sont

souvent rapides et erronées, et il existe une faible sensibilité aux renforcements, peu de précision dans les

mouvements, ce qui a une répercussion au niveau des ajustements fins. Ce trouble est très fréquent dans la

population IR, mais peu diagnostiqué par le psychiatre. La majorité des adolescents d’IR possède les

caractéristiques du type dominance hyperactivité/impulsivité ou type combiné. Cependant les

manifestations comportementales de type trouble des conduites priment la plupart du temps sur le

diagnostic de trouble déficitaire de l’attention. Les critères de ces différentes catégories sont présents sur

le plan comportemental, quoique plus de l’ordre de l’impulsivité, mais la plupart des tests à disposition du

psychomotricien ne permettent pas d’objectiver complètement la nature étiologique des difficultés

présentées. La plus grosse difficulté revient au fait que ces jeunes adolescents présentent un agrégat de

14

Page 15: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

symptômes divers et appartenant à des tableaux nosologiques différents, faisant que l’on pourrait penser

que certains signes sont en rémission partielle ou qu’ils se sont développés suite aux conséquences

négatives issues de troubles primaires comme le trouble déficitaire. En effet, un comportement d’agitation

peut être tout autant l’expression d’un comportement de fuite face à une tâche incomprise, trop difficile,

qu’une des manifestations TDAH. De ce fait, ce seront les nombreuses investigations cliniques qui

permettront de déterminer le poids de chacun des facteurs en présence et leur lien de causalité.

Les troubles de l’acte graphique sont très fréquents. L’écriture est chaotique, irrégulière, déliée,

et reflète la traduction de composantes toniques, spatiales, mais aussi de réalisations impulsives et non

investies. En effet, bien souvent, l’investissement de l’écrit n’est pas la priorité compte tenu que les

situations scolaires sont fortement connotées par l’échec ou les difficultés majeures d’apprentissage. De

ce fait, les réalisations graphiques ne peuvent s’automatiser en des patterns adéquats, et se fixent comme

telles. On retrouve également des difficultés dans la distinction de sons et l’expression du langage

(syntaxe et vocabulaire), ainsi que des dysorthographies massives relevant d’une prise en charge

orthophonique.

Les adolescents placés en IR ont des difficultés par rapport à l’écoute de leur corps. Ces notions

peuvent rejoindre les troubles perceptifs, mais il semble qu’il existe un trouble de l’image du corps au-

delà des simples perceptions. Généralement, ces adolescents sont brusques, maladroits, et ont une

mauvaise écoute de leurs sensations. La verbalisation de leurs sensations leur est difficile et ils semblent

avoir une faible disponibilité corporelle. Du fait de l’adolescence, l’image sociale revêt plus d’importance

(notion de comparaison et d’identité sociale) et de ce fait leur apparence leur donne accès à un statut. Elle

est donc très contrôlée, tant dans la présentation esthétique que dans les attitudes et gestuelle Les filles

sont peu féminines, les garçons très turbulents. Bien au-delà du trouble des conduites, cette attitude

frustre et étriquée est assimilée à leur propre image et ils ne vont pas plus loin dans l’analyse. Ils ont peu

de conscience corporelle, explorent peu les sensations, prennent peu de distance face aux émotions. De

ce fait, la structuration de l’espace corporel, la structuration temporelle par le rythme, l’engagement

global du corps dans l’action et la régulation comportementale dans les interactions sociales peuvent être

déficitaires, entraînant notamment un trouble de l’acquisition ou de l’utilisation de comportements

prosociaux.

II- Point central, l’impulsivité.

II-1- Petite introduction.

15

Page 16: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

Dans les différents lieux de vie de l’institut de rééducation (scolarité, foyer, prises en charge

individuelles) sont observés et rapportés des comportements de type impulsifs que les différents

professionnels rapportent comme étant des manifestations agressives et violentes, une forte agitation et

une difficulté de maintien attentionnel dans une activité, des comportements perturbateurs, de la

distractibilité. Les échanges sociaux peuvent être brutaux, la motricité de réalisation bâclée et le discours

non structuré, inapproprié, irréfléchi. Les conséquences en sont une répercussion majeure sur l’ensemble

des apprentissages et régulations, et un ajustement décroissant tant au niveau social que scolaire. Etant

donné que ces caractéristiques font obstacle la plupart du temps à la prise en charge psychomotrice des

troubles instrumentaux, et qu’elles jouent un large rôle sur les ajustements individuels et groupaux, il me

paraissait intéressant d’effectuer une recherche approfondie sur ces phénomènes impulsifs et de l’inclure

dans mes investigations de prise en charge.

L’impulsivité est une notion largement employée pour décrire un comportement, mais n’est hélas

reconnue habituellement à un niveau diagnostique par le psychomotricien que dans le trouble déficitaire

de l’attention. Ceci est fort regrettable dans la mesure où le psychomotricien en IR y est sans cesse

confronté, et ne peut s’appuyer sur des mécanismes précis pour agir. Les motifs de prise en charge

concernant l’impulsivité supposent d’identifier à quelles caractéristiques précises du fonctionnement

cognitif ou de la perturbation comportementale elle renvoie, et quelles sont les possibilités d’action du

psychomotricien en fonction de des composantes présentes et identifiables. D’où la nécessité d’un

recensement minutieux des processus en jeu dans le/les comportement/s impulsif/s.

Dall’ava (1997) dit ainsi : « A l’adolescence, la majorité des consultations concerne les troubles

des conduites allant de l’agression à la violence ainsi que les troubles oppositionnels avec provocation…

L’agressivité est essentiellement liée à l’impulsivité. Le défaut de contrôle des impulsions semble être

un dénominateur commun à ces difficultés propres à la psychopathologie des adolescents. L’impulsivité

sous toutes ses formes est certainement la cible thérapeutique première pour le psychomotricien ».

La définition donnée de l’impulsivité dans « le Larousse » est la suivante : « L’impulsivité au sens

le plus commun de la langue définirait une tendance pour un individu à poser des actes spontanés et

irréfléchis. Un élève impulsif lit rapidement un problème, commence irrésistiblement à faire des calculs,

écrit la réponse sans indiquer l’unité appropriée et ne fait pas de retour sur sa démarche. Il ne procède

pas de façon rigoureuse dans la progression de la résolution et les traces de sa démarche sont souvent

entremêlées et réparties aux quatre coins sur sa feuille. Les états associés à l’impulsivité peuvent être

16

Page 17: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

l’impatience, l’inattention, l’inconséquence, l’irréflexion et la précipitation. On y oppose les états de

calme, détente, discernement, réflexion, la maîtrise et la patience.

·Whiteman & Novotni (1995) ont essayé de répertorié les grandes idées actuelles reliées au

concept d’impulsivité. Ainsi pour eux :

- L’impulsivité est vue comme une des caractéristiques les plus importantes du syndrome

déficitaire de l’attention.

- Beaucoup considèrent cette impulsivité comme le problème le plus durable et le plus

sérieux de l’adolescence et de l’âge adulte (Copeland & Love, 91).

- L’impulsivité augmenterait proportionnellement à la décrue des manifestations

hyperactives, comme si elle était une forme plus acceptable de mouvements.

- L’impulsivité est un symptôme prégnant dans le syndrome déficitaire de l’attention, mais

apparaît également dans de nombreux autres syndromes.

· Pour Schachar & Tennock, (93) l’impulsivité fait référence à des actions réalisées trop

rapidement ou dans une direction irraisonnée (dans le sens de non réfléchies), des actions ne pouvant

être soumises à un processus de délibération (analyse des conséquences et de la pertinence de son

application), des actions dirigées vers des gratifications immédiates par rapport à des gratifications à

plus long terme, des actions ne pouvant être stoppées ou modifiées une fois initiées, même si les

conséquences impliquent un effet indésirable pour l’entourage ou non plaisant pour le sujet lui-même.

· Corraze (1985), cite quelques exemples d’emploi se rapportant à ce terme : impulsivité comme

difficulté à mener à bien une tâche, comme difficulté à organiser le présent en fonction du futur, comme

agitation motrice, absence de cohérence interne, difficulté de contrôle des sphincters, problème de

passage à l’acte dans les sociopathies et problème de contrôle des pulsions sexuelles… Quoi qu’il en

soit, l’impulsivité sous-tend toujours un problème de contrôle ne laissant pas un temps possible

d’organiser une action ou de réfléchir à une action.

Etant donné l’étendue de l’utilisation de ce terme, prenant des sens divers selon les contextes dans

lequel il est employé, il est important de poser les bases du type d’impulsivité étudié dans mon travail.

Ainsi dans cette seconde partie, nous allons tenter de définir cette notion à travers des cadres de

références précis : psychopathologie, psychologie cognitive, psychologie sociale, psychologie

différentielle, psychologie évolutionniste et neuropsychologie. A chacun de ces cadres, nous tenterons de

17

Page 18: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

répertorier les principaux modèles théoriques expliquant les processus impulsifs tels qu’ils ont été

envisagés.

II-2- L’impulsivité au regard de la psychopathologie.

Dans l’approche des comportements impulsifs au niveau de la psychopathologie, plusieurs facteurs

sont à prendre en compte : la vitesse de réponse cognitive, le manque de contrôle, la recherche

d’aventure et d’extraversion (notion de Eysenck développée ultérieurement) ainsi que la prise de

risque, notamment observées à l’adolescence à travers le choix de sports à sensation, la prise de toxiques

et des conduites délinquentielles ou le mensonge, l’école buissonnière et les fugues.

Les comportements impulsifs se retrouvent dans le trouble déficitaire de l’attention, la personnalité

antisociale, les troubles obsessionnels compulsifs et états maniaques, les personnalités limites, la

cleptomanie, … Ils ne sont diagnostiqués comme tels que quand ils sont perturbateurs et aboutissent à un

non contrôle des actes, (Albaret et Aubert, 2001).

· Pour Matthys, Cuperus & Van Engeland (99), ce sont les déficits spécifiques dans la

résolution de problèmes sociaux qui entraîneraient de l’agressivité, et des actes impulsifs. Ces déficits

concerneraient des problèmes d’encodage, d’interprétation, de générations de réponses en nombre

suffisant, d’évaluation des réponses et de son efficacité personnelle ainsi que de sélection de la réponse.

Ces difficultés seraient d’autant plus prégnantes que ces troubles seraient associés au trouble déficitaire

de l’attention.

· Une étude a été réalisée par un centre psychiatrique dans le Nebraska pour répertorier

l’ensemble des manifestations impulsives. En effet, la littérature est nombreuse sur l’impulsivité associée

au trouble déficitaire de l’attention ou aux conduites agressives ou violentes. Mais elle ne remplit qu’une

part de la définition de l’impulsivité comme perte de contrôle de soi, ceci ne reflétant pas toutes ses

manifestations. Voici leur point de vue sur la question : « Par impulsivité, il est précisé qu’un individu

échoue à considérer la lecture du comportement qu’engagent ses pulsions. Par exemple dans les

compulsions d’achat, il va acheter impulsivement quelque chose sans regarder s’il en a besoin ou non.

Hormis le fait de s’adonner à des impulsions, la personne impulsive agit toujours dans la précipitation.

Cependant une action réalisée avec précipitation ne peut toujours être qualifiée d’impulsive si elle est

isolée ou rare. » L’impulsivité est donc envisagée dans le cadre d’une conduite et non d’un acte isolé. Par

conduite, sont entendus les versants comportemental et cognitif de toute réalisation individuelle. « La

personne impulsive multiplie les actes précipités comme la prise de décision, conclure, organiser et

18

Page 19: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

planifier une action, se préparer aux situations, attaquer plusieurs activités de front. C’est pourquoi il est

important d’identifier au préalable quel rôle cela joue dans les comportements et l’adaptation du sujet, et

ce qui contribue à développer cette impulsivité… Les comportements addictifs relèvent partiellement de

l’impulsivité. Ils se définissent par l’impossibilité pour l’individu de réfreiner ses pulsions à rechercher un

plaisir immédiat et se retrouvent dans les rapports sexuels violents, non protégés, la prise de substance…

En soi l’impulsivité ne génère pas l’addiction, mais la majore selon la structure de personnalité que

possède le sujet. L’impulsivité peut entraîner un langage désordonné tout comme un débordement de la

pensée peut entraîner une production stérile et impulsive. La distractibilité peut également être source

d’impulsivité. La personne a des problèmes de centration de l’attention sur un sujet ou un objet, et elle est

submergée d’informations, présentant un délai court de focalisation et provoquant une recherche de

stimuli nouveaux. Le comportement qui en découle est un va et vient incessant d’une tâche à une autre.

Cette caractéristique est surtout observée chez les ADHD. Les sujets impulsifs auraient également un

problème de report de délai. Leur empressement affecterait de nombreuses fonctions mentales et

physiques, qui en retour affecteraient le comportement en produisant des dysfonctionnements variables

touchant l’attention, la motivation, les émotions, les conduites, la température corporelle… Il existe de

nombreux traits compensatoires pouvant dissimuler l’impulsivité. Celle-ci est en effet rarement isolée et

interagit avec de nombreux autres traits comme les problèmes de généralisation ou de comparaison

d’information… L’impulsivité a de multiples conséquences négatives comme des difficultés de pensée

individuelle, de mise en place de processus informationnels, au niveau du langage, et de la résolution de

problèmes. La pensée est simpliste, peu développée, abrégée… Parce que l’esprit fonctionne par à coups

brusques, la pensée se déconnecte des autres pensées temporairement. Les sujets impulsifs manquent de

réflexion, et quand ils sont confrontés à la nouveauté, ils ne peuvent organiser l’information en fonction

des acquis préalables. Ils ont des difficultés de prise de décision, de conclusion, car ils ne considèrent pas

l’ensemble des informations à disposition, ils ont des difficultés de planification, manquent de

préparation, ne peuvent rechercher des procédures de façon systématique et progresser étape par étape, et

ne peuvent nommer celles-ci. Leur langage est pauvre, peu élaboré, ils perdent facilement le cours de

leurs idées et manquent d’associations. La solution de rapidité est celle qui est préférée pour résoudre un

problème car ils privilégient l’action à court délai. L’écriture manque de précision. Ils ont un jugement

diminué car ils agissent sans penser et passent trop rapidement à la conclusion, souvent sans préparation.

Ils refont souvent les mêmes erreurs car ils ont une difficulté à analyser après coup ce qui s’est passé et

pourquoi. Cette analyse conditionne l’encodage de procédures pour un nouveau modèle d’action future,

et cette étape est souvent négligée. De plus les impulsifs ont une faible tolérance aux stress

environnementaux qui peut s’expliquer ainsi : Les individus normaux font systématiquement et

méthodiquement leurs actions étape par étape et sont donc mieux protégés d’évènements soudains. Les

19

Page 20: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

impulsifs réagissent dans l’urgence aux évènements soudains, et ne prennent pas le temps de pause

nécessaire pour observer et rechercher les éléments confirmant ou non l’urgence. De ce fait, d’un point de

vue émotionnel, ils ne sont pas à même de gérer leurs émotions dans ce type de contingence. Ils agissent

et réagissent précipitamment, et ont ainsi une faible tolérance à la frustration. »

Boudon (2001), note que l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité sont cliniquement

handicapantes chez un enfant et peuvent être l’expression d’un ADHD, mais aussi de troubles

oppositionnels et du comportement, troubles bipolaires, et plus rarement d’épilepsies et

traumatismes crâniens. Pour lui l’impulsivité serait une perception accélérée du temps qui passe,

associée à un manque de contrôle de soi, résultant de mécanismes différents selon le trouble.

· Dans le trouble déficitaire de l’attention à dominance impulsive « L’impulsivité se

manifeste par de l’impatience, par une difficulté à attendre avant de répondre, le sujet laissant échapper la

réponse avant que la question n’ait été entièrement posée, par une difficulté à attendre son tour, et par une

tendance fréquente à interrompre les autres ou à imposer sa présence, à un point qui crée des problèmes

dans les situations sociales, scolaires ou professionnelles. Les autres peuvent se plaindre de ne plus

pouvoir placer un mot. Typiquement, les sujets atteints de déficit de l’attention/hyperactivité font des

commentaires quand on ne leur en demande pas, n’écoutent pas les consignes, entament la conversation à

tort et à travers, imposent leur présence, arrachent les objets des mains des autres, touchent à ce qu’ils ne

devraient pas, et font le pitre dans leur entourage. L’impulsivité peut être source d’accidents (renverser

des objets, heurter des gens, attraper une casserole brûlante..) et conduire le sujet à se lancer dans des

activités potentiellement périlleuses, sans réfléchir à leur possible conséquence (par exemple faire de la

planche à roulettes sur un terrain extrêmement accidenté). » (Définition DSM IV). Les critères

diagnostiques sont : agitation distale des membres fréquente, agitation inadaptée aux différentes

situations, court et grimpe excessivement dans des situations inappropriées (activité intellectuelle pour les

adolescents ou adultes), problèmes d’engagement dans des occupations de loisir, répond souvent avant la

fin des questions, laisse échapper des réponses, difficulté d’attente dans une file, des jeux ou des

situations sociales.

Ainsi le syndrome déficitaire de l’attention avec manifestations impulsives est associé à un déficit

de contrôle exécutif de l’action, un déficit de l’inhibition de la réponse et des processus de

réengagement de la réponse. L’impulsivité est comparable dans ses défauts de contrôle de l’action à une

classe d’élèves sans enseignant, une compagnie sans dirigeant, une perte du pouvoir de dire non sur ses

actes, un véhicule sans système de freinage (Whiteman & Novotni, 95). Quoi qu’il en soit, la limite entre

ce qui relève de l’impulsivité ou de l’hyperactivité semble flou. Certains auteurs y voient un continuum,

où l’hyperactivité décroîtrait au profil de comportements plus organisés mais encore non soumis à un

20

Page 21: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

contrôle adéquat, l’impulsivité. D’autres enfin y voient un même élément, qui tantôt s’exprimerait sous la

forme hyperactive (notamment dans les situations d’activité libre ou de simple écoute), tantôt

s’exprimerait sous la forme impulsive (notamment dans des tâches de résolution de problème, des tâches

sensori-motrices où le sujet est directement impliqué).

· Les troubles anxieux peuvent également avoir des répercussions majeures sur l’adaptation du

sujet. Chez le sujet anxieux, on peut noter une baisse de concentration entraînant notamment des troubles

mnésiques importants au niveau de la restitution informationnelle, des difficultés attentionnelles (oublis),

une sensibilité importante aux interférences, des difficultés de réalisation de deux tâches simultanées et un

sentiment d’incapacité pour 80% des sujets. Les capacités d’inhibition comportementale et de contrôle

s’en voient fortement diminuées, pouvant entraîner des manifestations impulsives (Rous de Fénerol,

2002).

· L’impulsivité peut être présente dans le cadre du retard mental, se caractérisant par des

explosions de colère, décharges agressives brutales, une forte instabilité, associées à une difficulté de

représentation. Ce déficit dans la représentation, du fait d’une limitation intellectuelle, induit des erreurs

d’attribution sur les réactions de l’entourage et des défauts de verbalisation quant à ses ressentis corporels

(Bénavidès, 97). Isolées de l’arriération mentale, les erreurs d’attribution peuvent être également source

de comportements impulsifs de l’ordre de l’agression chez les adolescents souffrant de troubles des

conduites.

Dans le cadre de l’efficience mentale supérieure, parallèlement, une étude a également été réalisée

dans le Connecticut par Cramond en 1995 : Les individus d’intelligence supérieure présenteraient souvent

(mais pas de façon systématique) des manifestations impulsives, parmi lesquelles des conduites à risque,

avec difficulté de concentration et activité incessante pouvant être diagnostiquée à tort trouble

déficitaire de l’attention. Ces comportements provoquent des désajustements scolaires importants, et

peuvent aboutir à des troubles psychologiques comme les troubles de l’humeur (Hersman & Lieb,

88 ;Jamison, 93). Cependant, alors que les individus souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention

nécessitent un dispositif d’aide pour une résorption des symptômes ou tout du moins une meilleure

adéquation au milieu, les personnes créatives et d’intelligence supérieure progressent d’eux même vers un

ajustement social et académique.

II-3- L’impulsivité au regard de la psychologie cognitive.

21

Page 22: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

·Baron, en 1982, définit des styles cognitifs, qui seraient des modes caractéristiques individuels

de perception et de pensée. Parmi ceux-ci est décrite la dimension réflexion-impulsivité qu’a étudié

Kagan en 1964 dans une épreuve d’appariements d’images, le MFFT. Cette épreuve consiste à associer à

une carte modèle une des 6 cartes présentée dont 5 différent par certains détails. Cette épreuve fait appel à

une recherche visuelle de différences, et à la résolution de problèmes (notion de choix). Le temps mis

pour obtenir la bonne réponse et le temps de première réponse sont mesurés, donnant après différents

calculs quatre profils d’individus : Impulsifs, réfléchis, lents et inefficaces, rapides et efficaces. Ainsi la

définition de l’impulsivité cognitive ne tient qu’à une vitesse de réponse et à nombre d’erreurs faisant

que le sujet agit de façon inefficace. Ce type de test n’apporte pas la raison de cette impulsivité, seules

quelques hypothèses sont émises pour l’illustrer :

1- Les sujets décrits impulsifs suite au test MFFT ne prendraient pas en compte toutes les informations

leur permettant une prise de décision adéquate, soit auraient un encodage des informations déficitaire

(ceci fait appel au concept de traitement dirigé par données, Messer, 1976).

2- Ces sujets répondraient la première réponse s’imposant à eux sans en évaluer les conséquences et la

pertinence, soit auraient un traitement inadéquat des informations (ceci fait appel au concept de

traitement dirigé par concepts, Kagan et Kogan, 1970).

3- Ces sujets éprouveraient des difficultés à différer la réponse, d’où un nombre d’erreurs conséquent,

c’est un problème d’inhibition de la réponse (Messer, 1976).

·L’impulsivité motrice est décrite comme une difficulté ou une incapacité à freiner ou à inhiber

un comportement dans une situation dont les caractéristiques demanderaient ce temps d’arrêt. Dans une

tâche ne demandant pas de contrainte particulière, les sujets impulsifs ont une vitesse de réalisation plus

grande que les autres, à leur grand désavantage, car au détriment de la précision et de l’exactitude. Il y a

incapacité à différer une réponse motrice, ce qui rejoint l’hypothèse avancée par Messer à propos de

l’impulsivité cognitive citée plus haut. Une réponse motrice rapide en effet ne permet pas un temps

suffisant d’analyse des différents paramètres de la situation et donc ne peut être précise si elle n’est pas

automatisée, soit réalisée avec un haut degré d’expertise. Ce temps de réflexion nécessaire, s’il n’est pas

respecté, rejoint alors la définition de l’impulsivité cognitive. La distinction impulsivité cognitive et

impulsivité motrice est loin d’être évidente et l’on peut même se poser la question de l’existence d’une

impulsivité motrice seule. L’impulsivité motrice ne serait alors que l’expression clinique d’un défaut de

procédure cognitif ? L’impulsivité ne serait-elle différentiable que par les domaines dans lesquelles elle

22

Page 23: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

s’exprime ? Pour Barratt (mais aussi White, Moffit, Caspi, Bartusch, Needle & Stouthamer-Loeber, 94),

l’impulsivité est en partie fonction de la méthode de mesure utilisée et elle est jugée avoir deux

dimensions, soit cognitive, soit comportementale de ce fait.

·Hamilton (in Rohrbach, 88) expose l’impulsivité au regard des processus moteurs. Pour lui,

l’action motrice n’est pas forcément superposable aux processus cognitifs. Cette impulsivité se

caractériserait par une forte automatisation et préférence pour des décharges motrices rapides.

Cependant d’autres facteurs sont à prendre en compte, d’un point de vue cognitif, comme le degré de

motivation, l’anxiété, les croyances, habitudes, valeurs, et perception de soi (de ses capacités et déficits).

·D’après les recherches de Witkin et Huteau (85), les individus dépendants du champ perceptif

(soit les sujets ayant plus de difficultés à dissocier un élément de son contexte et à le réutiliser dans un

contexte différent), seraient plus impulsifs, plus réduits dans leurs possibilités de contrôle émotionnel

car plus influencés par leurs perceptions et émotions dans l’analyse des situations. Plus la situation est

concrète et plus ils ont du mal à s’en extraire. Ils seraient de même plus sensibles au stress et aux

interférences et moins autonomes dans les activités ludiques (Bergès et Goldberger, 79). Ainsi

l’impulsivité est plutôt vue ici dans le cadre d’une impossibilité de se soustraire de données

émotionnelles immédiates pour résoudre un problème, un manque d’analyse de la situation et de ses

exigences.

·La littérature est nombreuse en ce qui concerne les défauts de traitement de l’information

sociale, ou distorsions cognitives (les individus ont un point de vue égocentrique de la situation de conflit

interpersonnel), dans les phénomènes de violence chez les délinquants (Novacco & Welsh, 89 ;Serin &

Kuriychuk, 94). La violence est effectivement décrite comme de l’impulsivité, en ce sens qu’elle est une

déficience de maîtrise et d’autocontrôle du comportement. Elle est considérée soit comme l’incapacité à

réfléchir, soit comme l’intervalle entre un événement donné et la réaction de l’individu. L’agression est

associée à l’impulsivité sous divers aspects : activité motrice (agir sans réfléchir), activité cognitive

(prendre des décisions trop rapides), et absence de planification (désintéressement au sujet des

conséquences). Pour maîtriser l’impulsivité ou améliorer l’autocontrôle, il faut reconnaître qu’il y a une

activation accrue des processus de résolution chez ces individus et recourir à des stratégies concurrentes

de prise d’information (Barratt, 94).

Cattell a exposé deux types d’intelligence : l’intelligence fluide et l’intelligence cristallisée. Ce

cadre de référence est actuellement la base de recherches et tests neuropsychologiques sur les processus

23

Page 24: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

de vieillissement cognitif et les signes précurseurs de démence. L’intelligence fluide est définie comme

l’ensemble des capacités permettant de résoudre des problèmes nouveaux, dépendant de la capacité

d’évaluation des situations nouvelles et des capacités de rapidité d’adaptation à cette nouveauté.

L’intelligence cristallisée serait l’accumulation d’expériences et la restitution et l’utilisation des

connaissances permettant un traitement automatisé des informations. Tout dysfonctionnement de

l’intelligence fluide entraînerait des difficultés d’adaptation, avec déficit d’organisation efficiente de

l’information, de perception des traits pertinents et d’inhibition des informations accessoires et

redondantes. Les sujets atteints auraient des problèmes pour changer de stratégie, ou appliquer une

stratégie apprise dans un contexte différent, et utiliseraient préférentiellement des traitements

automatisés par rapport à des modes de raisonnement plus logiques, écologiques et acceptables

socialement. Celle-ci est notamment reliée au niveau d’instruction et au niveau d’efficience mentale.

II-4- L’impulsivité au regard de la psychologie sociale.

Ici est entendue la conduite impulsive comme perte de contrôle dans le passage à l’acte hétéro-

agressif.

·Pour Bandura, auteur de la « théorie de l’apprentissage social », l’apprentissage se fait par

renforcements positifs et négatifs du comportement du sujet. Celui-ci peut acquérir de nouveaux patterns

de comportements impulsifs d’agression par imitation et observation des conséquences du comportement

modèle. L’exposition à des modèles violents favoriserait les passages à l’acte. Les codes normatifs de

l’individu vont régir la légitimité de l’agression dans une interaction donnée (Moser, 87), ces codes étant

le résultat d’une intériorisation des codes des modèles successivement présentés dans le milieu de vie du

sujet.

·Les croyances ont été également analysées comme pouvant être à l’origine de comportements

inadaptés et notamment de conduites agressives. Pelletier & Dionne (99), ont ainsi étudié la relation entre

les attributions causales et les comportements délinquants : les passages à l’acte seraient fortement

déterminés par le style d’attribution du sujet (Mac Kay & Fanning, 91). Ces réflexions découlent de la

théorie de l’attribution de Kelley (67) et Heider (58) où est analysé la façon dont les individus expliquent

leur comportement et celui d’autrui. D’une façon générale, l’individu aurait tendance à attribuer ses

propres succès à des causes internes (ses capacités), et ses échecs à des causes externes (malchance par

exemple). De même, l’idée que le sujet se fait de ses possibilités de contrôle sur les évènements (notion

de « locus of control », introduit par Rotter en 1961), soit contrôle externe, soit interne, influe de façon

massive sur les conduites futures d’adaptation, notamment l’apprentissage de conduites plus adaptées, la

24

Page 25: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

persistance dans une tâche, la notion de perception de responsabilité et de possibilité de changement… et

donc le facteur motivation au changement. Beauvois (94), a insisté sur la nécessité des explications

internes de nos actes dans l’internalisation des valeurs morales sous-tendant les relations sociales. Ce

serait une des composantes à l’inférence causale et donc à une possibilité de mise en relation des

conséquences et causes d’une action en vue d’une adaptation maximale. Ces traits cognitifs cependant

semblent plus intervenir dans les possibilités de changement vers des modes de fonctionnement plus

adaptatifs, plutôt qu’à l’origine de conduites impulsives, mais souligne encore une fois la complexité des

déterminismes de cette pathologie.

·Seligman (75), expose le concept de résignation apprise comme la non-perception par le sujet de

la relation systématique entre ses comportements et leurs conséquences, faisant qu’il y a baisse de

motivation et des performances sociales et donc incapacité de percevoir les conséquences futures de ses

actes, celles-ci permettant un ajustement adéquat des réponses à la situation donnée.

II-5- L’impulsivité au regard de la psychologie différentielle.

·Eysenck, en 85, conceptualise la personnalité en trois traits biologiques de base, dits

tempérament : l’extraversion, le névrotisme et le psychotisme (Théorie de base des traits de personnalité

de Eysenck) :

- L’extraversion est définie comme une personne bavarde, enjouée, possédant des affects positifs,

ayant besoin de stimulations externes. L’auteur relie cette dimension à des mécanismes de l’éveil, où les

sujets possédant ces traits seraient en recherche permanente de stimulations du fait d’un seuil d’éveil

cortical en deçà de celui requis pour des performances optimum. Les personnes impulsives se situeraient

à ce pôle, recherchant sans cesse la nouveauté, la sensation et dépendants de renforcements et de

récompenses dans leur régulation comportementale. Les individus se situant au pôle inverse de cette

dimension, soit les introvertis, auraient au contraire un seuil d’éveil bien supérieur et auraient donc besoin

d’apaisement pour être au maximum de leurs performances.

- Le névrotisme ou dimension émotionnelle, se caractériserait à un pôle névrotisme par des niveaux

élevés d’affects négatifs comme la dépression ou l’anxiété. Pour Eysenck, cette dimension serait en

rapport avec des degrés d’activation du système sympathique responsables des comportements de

fuite/attaque face au danger. Les individus ayant une activation faible auraient des expériences affectives

négatives face à des agents stressants mineurs (forte réactivité). Quand les niveaux d’activation sont

25

Page 26: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

élevés, au contraire (pôle de stabilité émotionnelle), les émotions seraient plus stables et les expériences

affectives négatives ne surviendraient qu’en cas d’agents stressants majeurs.

- Le psychotisme, se caractériserait par des pensées rigides, non conformes, une certaine hostilité et

imprévisibilité comportementale, appelé encore psychopathie. Pour Eysenck, cette dernière dimension

serait liée à des taux hormonaux (testostérone) élevés.

Pour Eysenck, l’impulsivité se rattache à la résultante combinée de quatre habitudes de base (terme

employé pour signifier une collection de comportements) : Une impulsivité variable selon l’approche

motivationnelle, pas de planification, une vivacité, et une prise de risque.

·Gray, en 81, propose quant à lui un modèle bidimensionnel de personnalité où le comportement

impulsif est vu comme un comportement appétant de système d’approche, contrairement à l’anxiété

qui serait basé sur un système d’inhibition comportementale. Les traits impulsifs correspondraient à la

dimension extraversion de Eysenck, alors que l’anxiété serait plus liée à la dimension névrotisme.

·Pour Cloninger, 87, l’impulsivité est un comportement de soustraction aux contraintes

situationnelles (punitions, conséquences négatives d’une action). Y est associé une recherche intense de

stimulations, de nouveauté, et une forte dépendance aux récompenses immédiates.

Quels que soient les auteurs (Eysenck, 85 ;Zuckerman, 84 ;Cloninger, 87), un consensus est

dégagé : L’impulsivité recouvre pour une large part la définition de la recherche de sensations positives,

conduisant à une désinhibition comportementale. De ce fait, la théorie de Eysenck est utilisée pour

mesurer ce trait, par l’intermédiaire des questionnaires de personnalité et inventaires de personnalité. De

plus ce trait semble fortement corrélé à l’abus de substances.

II-6- L’impulsivité au regard de la psychologie développementale.

II-6-1- Notions de langage comme processus d’émergence du contrôle de l’action.

·Le soliloque ou le « parler à haute voix » a été étudié par Vygotsky dans une perspective

développementale. Pour lui, cette fonction serait primordiale pour que l’enfant puisse accéder à une

maîtrise de l’action. Elle accompagnerait, complèterait et renforcerait l’activité motrice. Pour lui, la

socialisation, le langage et l’apprentissage sont étroitement liés. Les aspects de son environnement que

l’enfant est prêt à maîtriser constituent la zone proximale de développement, soit un ensemble de tâches

que l’enfant ne peut accomplir sans l’aide d’un adulte ou d’un autre enfant les maîtrisant déjà. Cette aide

26

Page 27: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

consiste en la transmission de directives et stratégies que l’enfant va progressivement intégrer à son

soliloque pour les utiliser ensuite seul devant la tâche. Au fur et à mesure que l’enfant apprend à se

maîtriser le soliloque s’amenuise pour devenir inaudible (notion de langage intériorisé). Cette

intériorisation se ferait entre les âges de 4 et 6 ans. Des expériences réalisées sur la question montrent que

le soliloque favorise la maîtrise de soi mais n’entraîne pas de bénéfices immédiats. Le soliloque de type

auto-encourageant aide l’enfant à se concentrer sur la tâche, et les enfants qui passent le plus rapidement

d’un langage audible à un langage intériorisé sont ceux qui peuvent le mieux contrôler leur activité

motrice et leur concentration. Il permet progressivement de structurer la pensée et est plus corrélé à

l’apprentissage qu’à la performance immédiate, (Berk, 93). Ces expériences ont permis de développer la

réflexion sur les enfants présentant des troubles des apprentissages et du comportement. Ceux ci

présenteraient des discours audibles plus nombreux et plus longtemps. La transition du discours audible

au discours intériorisé serait plus tardive. Berk insiste sur le fait que ce discours est essentiel à l’enfant

pour se structurer et contrôler son action, et donc qu’il peut être intéressant de créer toutes les

conditions le favorisant. Ici, on peut voir le contrôle de l’action comme son organisation orientée vers

un but défini, ainsi qu’une concentration et donc protection contre les interférences du milieu

environnant. Dans une même perspective, Camp (77) parle d’agressivité comme défaut d’inhibition des

comportements impulsifs du fait d’une médiation verbale inadéquate. Cette idée est à rapprocher de

comportements impulsifs et hyperactifs retrouvés chez certains enfants déficients mentaux. Maîtrisant

mal la fonction langagière, ils ont des difficultés pour structurer l’information et anticiper sur les

situations, faisant qu’ils ne peuvent prévenir les conséquences d’une action, l’issue d’une situation et

développent une forte anxiété, pouvant se traduire comme telle. L’enrichissement des processus de

communication et la transmission de stratégies anticipatoires permet une réduction de ces manifestations

inadaptées. (N. Noack, B. Coustès, in cours manuscrit 3ème année).

Pour Luria (61), il existerait trois stades dans le développement de l’autocontrôle : Le contrôle du

comportement par la verbalisation de l’entourage est la première étape. Progressivement l’enfant utilise

lui-même le contrôle par le langage pour réguler son comportement. Enfin le langage est progressivement

intériorisé. Cette progression rejoint les observations effectuées par Berk ci-dessus. Pour Luria, un déficit

dans l’acquisition de ces étapes peut amener à des régulations inadaptées et des comportements impulsifs.

Ici l’impulsivité est définie comme un défaut de contrôle moteur et cognitif. C’est à partir de ces

constats et postulats théoriques qu’ont été développées les techniques d’auto-instruction, pour reconstituer

ces étapes. Cette technique semblerait pertinente surtout avec les adolescents, associée à des auto-

27

Page 28: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

évaluations, auto-observations et auto-renforcements progressifs appropriés au comportement produit

(Dush et Schroeder, 89).

II-6-2- Les émotions comme précurseurs de la mentalisation et du contrôle de soi.

·D’après Brun et Tremblay (2001), au début du développement des connexions innées entraînent

des réactions affectives globales et indissociées impliquant en même temps un processus d’évaluation,

une représentation expressive et un état émotionnel congruent. La maturation des mécanismes inhibiteurs

et de développement cognitif permettent ensuite à l’enfant d’apprendre progressivement un certain

nombre de stratégies de modulation qui interfèrent dans l’exécution des programmes affectifs

biologiquement déterminés. Enfin, à maturation, les compétences de contrôle moteur permettent à

l’enfant d’initier volontairement des expressions et inhiber des expressions spontanées. Le contrôle facial

permet un contrôle émotionnel et donc des manifestations moins impulsives face aux variations

émotionnelles. La composante expressive du processus émotionnel participe à la réalisation de deux

fonctions adaptatives distinctes : Communiquer son propre état interne et activer ou réguler l’expression

émotionnelle vécue (Frijda & Tcherkassof, 97). Ici c’est la notion d’impulsivité en tant que difficulté de

contrôle des affects qui est avancée. Cette notion, même si elle n’est pas directement reliée à ce qui nous

intéresse, est importante du fait que certaines techniques (décrites plus en aval) de mobilisation de

patterns émotionnels faciaux vont permettre une meilleure catégorisation de ceux-ci et induire un meilleur

contrôle tant émotionnel que comportemental, par identification précoce d’états internes et possibilités

d’action et de modulation anticipatoires.

Cette conception se rapproche de celle exposée par Damasio (cité par Barkley, 97), qu’il nomme

théorie des marqueurs somatiques, que je décrirai dans une perspective neuropsychologique.

II-6-3- L’impulsivité rattachée à la notion de style moteur de stamback (68).

L’auteur envisage le style moteur comme les modalités d’exécution d’un acte moteur associées

aux possibilités motrices d’un individu (habiletés liées à l’équipement neuroanatomique et à l’intégration

neurophysiologique). Des étapes successives du développement vont conduire à la maîtrise progressive

comportementale, amenant à une économie toujours plus grande des mouvements dans l’effort, la

sélection de groupes musculaires intervenant dans le mouvement et l’inhibition des effecteurs inutiles

pour une plus grande efficacité de l’acte moteur. Cette progression se traduit à un niveau psychomoteur à

la disparition des syncinésies, des possibilités de coordination de plus en plus fines, une augmentation de

28

Page 29: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

la vitesse d’exécution. Ces styles moteurs seraient le reflet de l’adaptation tonico-émotionnelle. Ces

différents modes d’exécution peuvent être observés dans la marche, la gestuelle, le langage, les attitudes

spontanées, l’écriture et le tempo. Ces styles sont au nombre de quatre (décrits par Wallon, 32) et l’on

compte parmi eux le style impulsif et instable, qui serait dévolu à un dysfonctionnement à minima d’ordre

supérieur. Le style moteur est donc défini en termes de régulation et de contrôle moteur (synergie,

régulation, inhibition ou activation). Une étude portant sur des adolescents normaux a montré une

corrélation de .45 entre la réussite professionnelle et le style moteur « possibilités de contrôle », contre

seulement .17 entre la réussite professionnelle et les possibilités motrices.

II-7- Le point de vue évolutionniste :La conception de Ohman sur les passages à l’acte

hétéro-agressifs et le type de relations intra familiales d’un point de vue phylogénétique.

·Filley, Nell, Morgan, Weissberg, Kelly (2001), expliquent les comportements impulsifs

d’agression comme étant la base d’un répertoire codifié et essentiel à la survie de l’espèce, des

comportements adaptatifs de type fuite/attaque, qui à un moment donné ne répondraient plus à cette

finalité.

·Pour Ohman et collaborateurs (85), ces comportements sont la résultante d’un programme

génétique concernant l’établissement des hiérarchies et se traduiraient par des pertes de contrôle, comme

réponses inadaptées à la frustration que peut entraîner un modèle parental de soumission-dominance

écologiquement inadapté (comme des parents ayant des problèmes pour imposer un cadre autoritaire, ou

qui oscilleraient entre des attitudes fortement permissives et fortement rigides, de façon non constantes et

donc imprévisibles) . De ce point de vue, le comportement impulsif est vu comme perte de contrôle et

comportement d’agression, en réponse à un type particulier de milieu..

II-8- L’impulsivité au regard de la neuropsychologie.

Les études de neuropsychologie se sont longtemps portées sur les conséquences de lésions

cérébrales au niveau cognitif et comportemental, avant de pouvoir explorer l’activité cérébrale

d’individus sains par le développement des techniques d’exploration (imagerie cérébrale et potentiels

évoqués). Ainsi, la population traumatisée crânienne a permis d’attribuer à des zones corticales

spécifiques des fonctions variées entrant en jeu dans les actes perceptivo-moteurs.

·Ainsi dans les lésions de type frontal, les troubles associés sont complexes, et parmi eux on

peut retrouver l’impulsivité. Les troubles de type frontal sont caractérisés par : des troubles du

29

Page 30: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

mouvement avec désorganisation motrice importante (planification, organisation séquentielle et aspects

temporels du mouvement), une lenteur de traitement, des troubles de l’attention, de la mémoire, de

l’orientation, du décodage des communications non verbales, parfois une héminégligence, des troubles

perceptifs et sensoriels. Sont associées à ces déficits cognitivo-moteurs des troubles neurologiques de

type spasticité, syndrome cérébelleux, troubles de l’équilibre autres, lenteur de réalisation ainsi que des

troubles comportementaux souvent prégnants : désihnibition de type forte impulsivité, violence,

provocations boulimie… entraînant une désadaptation sociale importante. Au contraire, les troubles du

comportement peuvent prendre des formes hypokinétiques, avec réduction de l’initiative et de l’initiation

motrice.

La levée des inhibitions va de paire avec une absence de contrôle de l’action par le langage, et on

peut observer des persévérations motrices importantes. Les sujets victimes de telles lésions sont bien

souvent dans l’incapacité de mener à terme une série d’actes adaptés à une fin. Ces dysfonctionnements

sont dévolus à une atteinte lobaire au niveau du cortex préfrontal, structure responsable des aspects les

plus élaborés du comportement. Ces différentes observations sont à rapprocher de ce qui peut être observé

dans les troubles du comportement où sont notés des comportements stéréotypés (reproduction des

mêmes erreurs et peu d’ajustement à la nouveauté), des difficultés de planification et de correction de

l’action, des comportements agressifs explosifs, un manque de verbalisation de l’action et des affects, un

problème de gestion attentionnelle…

·Les observations et recherches émanant de l’étude des démences montrent également un rôle

prépondérant des structures sous-corticales dans les fonctions exécutives, définies comme les processus

de contrôle et d’élaboration de stratégies de résolution (in, Dr. Voisin, cours manuscrit 3ème année). Le

fait que les fonctions perceptivo-motrices soient la résultante de multiples interactions entre structures

corticales et sous-corticales est un problème pour établir des causes dysfonctionnelles, mais a cet

avantage qu’une certaine récupération reste toujours envisageable.

·Barkley (97), a établi un modèle théorique des processus sous-tendant le contrôle

comportemental et cognitif chez le sujet ADHD (individu ayant les critères DSMIV correspondant au

sous-type trouble attentionnel à dominance impulsivité/hyperactivité). Chez ces individus, l’impulsivité

est variable selon le contexte (présence de l’adulte ou non), la nature de la tâche (jeux vidéo, tâches

complexes ou non, nécessitant de nombreuses contraintes ou non), le niveau de stimulations émanant du

cadre, le moment de la journée. Elle est d’autant plus importante que la tâche est complexe, que la

supervision adulte est réduite, qu’il n’existe aucune conséquence immédiate liée à la tâche, et que les

contraintes augmentent. Pour Barkley, ce syndrome est corrélé de façon significative avec des troubles

30

Page 31: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

cognitifs de type : coordinations motrices et séquentielles, opérations symboliques et mentales,

anticipation et planification, fluence verbale et communication, distribution de l’effort, application de

stratégies organisées, internalisation du langage, régulation émotionnelle, raisonnement moral… Ces

mécanismes relèvent de deux fonctions : les fonctions exécutives et la métacognition, qui seraient en

rapport avec un dysfonctionnement frontal ou préfrontal. Le trouble déficitaire de l’attention est un

syndrome neuro-développemental en relation avec des dysfonctionnements métaboliques, constitutionnels

et génétiques. Dans ce cadre, l’impulsivité se caractérise par une difficulté d’inhibition de la réponse

préférentielle, trop rapide et empêchant une démarche construite, une capacité faible d’élaboration de

stratégies, une mauvaise organisation de la prise d’information et de production de la réponse, un manque

de flexibilité, des difficultés attentionnelles (notamment dans la discrimination auditive, la modification

de son tempo en des rythmes contraints), une dépendance au champ, une difficulté dans la résolution de

problèmes impersonnels et interpersonnels, un état tentionnel fort avec ralentissement du traitement des

données constaté en condition d’interférence, des difficultés de prise en compte des réafférences du fait

d’une absence de temps d’arrêt, nécessaire à la planification d’une tâche. Cette inhibition

comportementale serait possible grâce à la capacité d’auto-contrôle du sujet, capacité qui se développerait

seulement si l’individu a des préférences pour les gratifications à long terme, dans un but de

maximalisation des bénéfices. C’est la zone cortico-frontale qui permettrait d’inhiber et reporter une

réponse, le temps d’organiser le comportement en fonction des contraintes temporelles. L’auto-contrôle et

l’inhibition comportementale permettent une autorégulation individuelle, tant au niveau émotionnel que

cognitivo-comportemental. Le modèle théorique de Barkley peut se conceptualiser en un diagramme,

mettant en interrelation différents déficits cognitifs prédictifs de déficits dans l’inhibition

comportementale chez le sujet ADHD. Ce diagramme, qu’il nomme « modèle hybride des fonctions

exécutives », explique les différents facteurs cognitifs en jeu dans l’impulsivité telle que la définit

Barkley, soit un déficit dans l’inhibition comportementale et l’autorégulation et l’autocontrôle (se

conférer au schéma suivant).

→ Inhibition comportementale (niveau 1) :

- inhibition des réponses préférentielles

- interruption des réponses émergentes

- protection du délai d’inhibition (contrôle des interférences)

Ces trois étapes permettent :

→ Un fonctionnement efficient de la mémoire de travail non verbale (niveau 2) :

- sélection, manipulation et organisation des évènements en rapport avec la tâche

31

Page 32: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

- imitation de séquences complexes de comportements

- fonction rétrospective et prospective

- anticipation

- contrôle de soi

- sens du temps

- établir des règles régissant le comportement

- organisation temporelle du comportement

→ L’internalisation du langage (mémoire de travail verbale) (niveau 2) :

- description et réflexion

- auto-questionnement et résolution de problèmes

- règles verbales régissant le comportement (auto-instruction)

- génération de buts et sous-buts

- compréhension de la lecture

- raisonnement moral

→ Auto-régulation des affects, des motivations et de l’éveil (niveau 2) :

- auto-régulation des affects

- objectivité, et perspectives sociales

- autorégulation des motivations

- autorégulation de l’éveil, au service d’actions orientées vers des buts

→ Reconstitution (pour actualisation) (niveau 2) :

- analyse et synthèse du comportement

- fluence verbale et comportementale (flexibilité)

- créativité et diversité de buts définis

- simulation de comportements

- « Syntaxe comportementale » : planification et agencement

Enfin, le bon déroulement de ces différents modules amène à la maîtrise des domaines suivants :

→ Contrôle moteur, fluence et syntaxe (niveau 3), soit :

- inhibition de réponses inadaptées

- exécution de réponses orientées vers des buts définis

32

Page 33: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

- exécution de séquences motrices complexes et nouvelles

- persistance des buts (maintien des motivations)

- sensibilité aux feed-back en rapport avec la réponse produite

- flexibilité comportementale

- réengagement de la réponse

- contrôle comportemental par internalisation des informations (représentation et abstraction)

Le modèle établi par Barkley est issu d’un travail long et complexe de mise en lien de synthèse de

nombreux autres travaux réalisés dans ce même domaine. Ainsi, ce modèle a pris en compte :

·La théorie de Damasio sur les marqueurs somatiques (in Barkley, 97), qui sous-tend

l’association constante des expériences vicariantes aux expériences émotionnelles. Ainsi, chez les

individus ayant des déficits dans l’autocontrôle, l’information sur les évènements passés serait réactivée

selon les besoins liés à la situation en mémoire de travail. Cependant celle-ci serait dissociée des aspects

affectifs et motivationnels (qu’il nomme aspects somatiques) présents lors de l’encodage initial, et de ce

fait la capacité de décision sur la vie personnelle serait affectée car de telles décisions sont influencées par

les marqueurs somatiques (décisions concernant les issues positives ou négatives de tels choix

comportementaux, à un moment donné). Les individus affectés par cette « dissociation » pourraient

rappeler un événement prévisible mais échoueraient à initier un changement de comportement ou à

motiver des comportements dans de nouvelles perspectives. Ces constats sont issus d’observations sur des

patients souffrants de lésions de la région ventromédiale du cortex préfrontal. Cette région serait

responsable de l’association de sensations émotionnelles, implicites et automatiques, à un stimulus, qui

serait réactivée lors d’une situation présentant un stimulus similaire, et aidant à la prise de décision et à

l’élaboration d’un plan d’action. Ainsi les individus présentant ce type de lésion n’auraient pas de

variations de la réponse électrodermale lors de la présentation de stimuli émotionnels en opposition à un

groupe contrôle, de même lors de la génération d’images mentales sur des évènements personnels chargés

émotionnellement. L’évaluation subjective de cette réponse émotionnelle serait également sous-estimée.

·Les travaux de bronowski (de 1967-7977), qui est un des premiers à exposer un modèle

explicatif du défaut d’inhibition comportementale, amenant à des actes impulsifs et irréfléchis. Pour lui

quatre étapes sont nécessaires au bon déroulement des processus de contrôle de l’action : Un acte réfléchi

ne peut être généré que s’il y a possibilité d’inhibition de la réponse, ce processus sous-tendant la notion

de respect d’un délai dans la réponse, délai pendant lequel il y aura élaboration d’une décision d’action, et

vérification de celle-ci en comparaison avec les attentes du milieu et les buts préalablement définis. Cette

phase de délai permettrait un détachement de la charge émotionnelle liée à la situation amenant à une

33

Page 34: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

prise de décision : Ainsi les réponses émotionnelles responsables de réponses stéréotypées, automatiques,

seraient inhibées, permettant l’accès à une auto-régulation émotionnelle, à un raisonnement et à

l’objectivation. Si l’on s’en réfère à la théorie de Damasio, le délai permettrait de séparer partiellement les

marqueurs somatiques issus d’une situation immédiate de ceux issus de faits intériorisés.

·La conception de Fuster (95), pour qui les aspects temporels et motivationnels sont au premier

plan. L’inhibition de l’action et le contrôle des interférences lors de l’établissement d’un délai de la

réponse conditionnent les fonctions rétrospectives (buts, intentions, expériences et motivations) et

prospectives (organisation temporelle, préparation à l’action, anticipation des évènements, élaboration de

comportements nouveaux et complexes). Le fait de manquer de buts d’accomplissements empêcherait la

création de nouvelles conduites. Les conduites et motivations seraient régies par le même système que

celui gouvernant les émotions (Lang, 95). Les sujets impulsifs seraient alors plus réactifs à un contexte

immédiat et donc moins capables de générer des réponses nouvelles et réfléchies, soient adaptées aux

données issues de la situation du fait de l’impossibilité de définir des buts, conditions de la structuration

temporelle de l’action. L’absence de buts comme précurseur de comportements impulsifs est

cependant à prendre avec précaution, car une étude réalisée par Newman & Wallace (93), sur

l’autocontrôle chez les délinquants, a montré que certains sujets se désinhibaient quand leur

comportement était orienté vers un but. Par contre d’autres avaient ce type de réaction quand ils

subissaient des désordres affectifs ou avaient ingéré des substances illicites.

·Les travaux de Goldman-Rakic (in Barkley, 97), contribuant à la compréhension des mécanismes

anatomiques et neurophysiologiques sous-tendant la mémoire de travail : Ces mêmes expériences ont été

plus tard retrouvées chez l’homme (D’Esposito, 95) : Certains neurones du cortex préfrontal seraient

activés uniquement pendant la période de délai de réponse, et participeraient ainsi à une représentation

visuo-spatiale de l’information, permettant une comparaison des informations pour un ajustement le plus

favorable de la réponse. D’autres, également activés pendant cette période de délai, inhiberaient des

neurones supportant des informations non pertinentes des entrées et sorties possibles. Pour lui, en accord

avec Baddeley (86) sur les processus mnésiques et notamment le rôle de la mémoire de travail, la celle-ci

serait la constitution d’une représentation visuo-spatiale des stimuli émanant du milieu, articulée à un

processus phonologique (rôle du langage), et centrale d’exécution des éléments sélectionnés permettant

un contrôle des processus affectifs, moteurs et motivationnels, eux-même activant en retour les

représentations sensorielles.

·Les études de Quay’s (96), enfin, étudiant le rapport entre le faible contrôle de soi et les

variations émotionnelles. Pour lui, une forte anxiété serait inhibitrice de l’activité cérébrale, et donc

34

Page 35: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

freinatrice des systèmes de contrôle et de sensibilité aux signaux telle la punition. Ceci expliquerait

l’impulsivité et la faible sensibilité aux punitions des sujets ADHD. Cependant d’autres études montrent

au contraire que le facteur anxiété est protecteur de comportements dits externalisés comme l’agression,

l’impulsivité, l’hyperactivité (Dollar & Berkovitz). Mais Taylor avance dans ce cas qu’il s’agit d’une

anxiété particulière, relevant d’une anticipation de la réprobation sociale de la conduite du sujet.

II-9- Impulsivité et neurophysiologie.

·Des études portant sur les rythmes circadiens et le degré d’impulsivité ont été une tentative

d’explication fonctionnelle de l’impulsivité. Anderson & Revelle (1994) ont mesuré cette impulsivité par

l’échelle de Eysenck (inventaire de personnalité, EPI) à différents moments de la journée. De ses études

ressort que si l’impulsivité est élevée, les performances sont altérées. Mais des effets ont été retrouvés

selon le moment de la journée : ainsi le matin, les rythmes d’éveil sont moins élevés que l’après midi,

faisant qu’une forte impulsivité va améliorer les performances (l’étude portait sur des tâches de

reconnaissance mobilisant les capacités d’attention). L’après-midi, l’effet est inversé. L’impulsivité

permettrait donc une médiation dans les changements d’état de l’éveil cortical. Lorsque celui-ci est faible

(le matin), elle permettrait de la réaugmenter et donc aiderait à une meilleure sensibilisation des périodes

attentionnelles. Ces résultats montrent également qu’une impulsivité modérée est bénéfique aux processus

attentionnels car elle permet de réajuster le niveau d’éveil. Passée une certaine limite, elle devient

néfaste. Les individus impulsifs auraient des autorégulations physiologiques leur permettant un éveil

suffisant pour une réceptivité adéquate au milieu. Cette dernière hypothèse est en tout cas applicable aux

individus ayant un trouble déficitaire de l’attention du fait de l’effet positif des psychostimulants sur leur

comportement. Cependant aucun travail de ce type n’a été effectué sur les populations pathologiques

puisque l’expérience décrite prenait en compte des sujets à tendance impulsive, d’après les critères issus

de l’inventaire de personnalité de Eysenck. Des observations cliniques peuvent seulement être avancées

chez les enfants ayant des comportements fortement agités et impulsifs, au regard de ces résultats. En

effet, ils sont vus par la majorité des éducateurs et instituteurs plus calmes le matin et l’agitation va

crescendo pour arriver à son maximum le soir.

·La formation réticulaire joue un rôle central dans les mécanismes de l’éveil. Elle occupe un

certain nombre de structures bien définies en groupements cellulaires (noyaux médians, centraux et

latéraux), au sein du tronc cérébral. Elle est en relation avec l’hypothalamus, l’hippocampe, le cervelet, le

thalamus et l’ensemble du système nerveux central et périphérique. Ses actions facilitatrices et

inhibitrices permettent notamment la préparation à l’action et la facilitation de celle-ci par anticipation.

35

Page 36: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

Elle joue donc un rôle important tant au niveau moteur qu’au niveau cognitif par l’activation ou non des

processus attentionnels et d’anticipation.

·Berthoz (98), développe la notion d’anticipation. L’hippocampe recevrait des messages de toutes

les structures cérébrales intégrant les informations sensorielles et les structures d’action (organisation et

commande). Il mémorise les séquences d’action et de perception, jouant ainsi un rôle crucial dans

l’anticipation. Lorsqu’une seule partie des éléments sont présents, cela peut suffire à engager une réponse

qui avait été mobilisée lors d’évènements antérieurs par ces mêmes stimulations. Ainsi, l’impulsivité

décrite comme action rapide, irréfléchie, non planifiée, pourrait tout aussi bien être une reproduction

automatisée de réponses déjà mobilisées par le passé, relevant d’un excès d’anticipation associée à un

défaut d’évaluation ultérieure de la justesse de celle-ci. Ceci rejoint les propos de Hamilton, cité plus en

amont, sous-tendant l’impulsivité comme un excès d’automatisation empêchant l’émergence de

réponses novatrices. Cette conception semble également rejoindre les propos de Damasio (perte de la

composante émotionnelle comme élément de l’évaluation dans l’élaboration d’une réponse), et de

Barkley (problème de prise d’information pour l’orientation de l’action vers un but) : l’anticipation existe

mais est erronée, car ne prend pas en compte tous les éléments permettant un ajustement maximal de la

réponse.

·Zuckerman, en 84, a étudié les comportements impulsifs chez l’homme et l’animal. Il prend

comme définition de l’impulsivité le trait « recherche de sensation », faisant référence au modèle

hiérarchique de base des traits de personnalité de Eysenck. Ses résultats sous-tendent que les

comportements impulsifs auraient un déterminisme génétique commun biologiquement corrélé : un taux

supérieur d’hormones gonadiques, de monoamines oxydases et des potentiels évoqués corticaux plus

importants seraient retrouvés dans le groupe impulsif.

Dans un même ordre d’idées, Klove (89) sous-tend le fait qu’il existerait un niveau optimal de

stimulation nécessaire au maintien des processus attentionnels. La recherche de stimulation dévolue aux

individus impulsifs, et notamment aux troubles déficitaires de l’attention serait compensatoire d’un

niveau d’activation réticulaire et cortical insuffisant à l’engagement attentionnel. Cette recherche de

stimulation serait à l’origine de prises de risques, d’un haut niveau d’agitation, d’une préférence pour la

complexité, et la créativité.

·Soloff, Lynch & Moss (cités par Choukroun, 2001), évoquent une dysrégulation de la fonction

sérotoninergique dans les phénomènes impulsifs, actes d’agression, troubles comportementaux et

consommation excessive ou addictive d’alcool. Ce dysfonctionnement relèverait d’une contribution

36

Page 37: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

génétique probable. Un fonctionnement affaibli de la fonction sérotoninergique serait associé à un défaut

de dégradation de norépinéphrine et donc entraînerait une désorganisation des systèmes inhibiteurs et

facilitateurs du comportement. Il y aurait intrication de ces systèmes avec les fonctions frontales et

limbiques corticales, entraînant impulsivité et défaut de contrôle (Coccaro & al).

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE :

L’impulsivité est donc définie de façon peu consensuelle, mais il est possible d’en dégager des

éléments communs afin de pouvoir agir dessus. Après une synthèse des éléments qui seront support de la

prise en charge psychomotrice, je vais exposer les implications possibles de l’impulsivité dans les actes

quotidiens, et ce pourquoi le psychomotricien a donc son rôle à jouer.

PARTIE THEORICO-CLINIQUE

I- Synthèse du terme « impulsivité » au travers des recherches et concepts précédents.

· L’impulsivité est donc un trouble rarement isolé, lié à de nombreux syndromes et notamment

de façon importante au trouble déficitaire de l’attention, pouvant se traduire par différents aspects

cognitifs et comportementaux, mais dont le diagnostic engage systématiquement une perturbation de

l’ajustement psychosocial. :

- Manifestations agressives et violentes et notions de passages à l’acte et incapacité de réfreiner

les pulsions, de l’agitation, des comportements d’addiction avec recherche de plaisir immédiat, une faible

tolérance au stress et à la frustration, un manque de contrôle de soi, de la colère, de l’instabilité, des

conduites à risque, une désinhibition comportementale, un style cognitif de traitement de l’information et

de réponse sur l’environnement, considérations qui se rapportent essentiellement aux troubles de la

personnalité et à des traits de personnalité.

- De faibles capacités de persistance dans une tâche donnée, une tendance à poser des actes

spontanés et irréfléchis, sans possibilité de retour sur sa démarche, de la précipitation, une recherche de

gratifications immédiates, une impossibilité à arrêter ou contrôler une action, des difficultés de

concentration avec activité incessante, un défaut de contrôle moteur et cognitif, une inefficacité de

rendement par réponses rapides mais erronées, une incapacité à s’extraire des données perceptives et

émotionnelles immédiates, une impossibilité de se soustraire aux contraintes situationnelles,

37

Page 38: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

considérations essentiellement de l’ordre de dysfonctionnements cognitifs et probablement

développementaux.

· La plupart des explications relatives à l’impulsivité peuvent se répertorier ainsi (au nombre de

12):

- Relative à une perception altérée du temps (Boudon, 2001)

- A un problème d’élaboration des motivations sous-tendant l’action et de planification des

différents actes composant la réponse

- D’un déficit de contrôle dans l’exécution de la réponse et l’inhibition d’interférences

- Comme étant forme plus acceptable de mouvement dans l ‘évolution du trouble déficitaire, telle

une amorce organisationnelle (Whiteman et Novotni, 95)

- Comme problème d’organisation spatiale et temporelle

- Comme recherche d’aventure et d’extraversion

- Comme trouble de personnalité avec débordement de la pensée, faisant obstacle au bon

déroulement de l’analyse et de l’organisation perceptivo-motrice

- Comme problème de report de délai

- Comme trouble de l’élaboration, de la structuration, de la comparaison, de la généralisation et de

l’application de résolution de problèmes.

- Comme trouble de l’éveil

- Comme défaut de langage intériorisé, structurant les actions et les perceptions pour un contrôle de

soi et une meilleure centration sur une tâche

- Comme une difficulté de contrôle des affects ou de mobilisation de ceux-ci pour anticiper les

conséquences d’une action (Damasio).

Ainsi on peut donc facilement imaginer les répercussions possibles de ce trouble sur

l’adaptation générale du sujet tant dans ses actes perceptivo-moteurs que dans son ajustement social. Ces

différentes explications vont s’inclure à la rééducation psychomotrice de façon systématique, et supporter

le travail nécessaire aux troubles spécifiques de chacun des adolescents.

II- Implications sur le quotidien.

· L’impulsivité, en dehors du cadre de syndrome déficitaire de l’attention, peut être notée de façon

clinique dans de nombreuses réalisations motrices et perceptivo-motrices. Les individus produisent des

réponses rapides et souvent erronées, ont une évaluation des durées déficitaire. Le contrôle moteur est non

38

Page 39: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

flexible, avec recherche d’un gain immédiat à l’action sans pouvoir prévoir les conséquences et bénéfices

à long terme de la réponse motrice. Les actions ne peuvent être retardées dans leur production du fait d’un

faible contrôle de soi, également responsable de comportements instables et agressifs du fait d’une faible

régulation émotionnelle propre. Ce déficit amène bien souvent à un désengagement moral (Barnes et col.,

99).

· L’impulsivité au niveau moteur est l’un des éléments les plus remarquables au cours de

l’examen : Le premier mouvement programmé par le sujet est exécuté qu’elles qu’en soient les

conséquences, même si elles peuvent s’avérer dangereuses pour lui. Il n’y a pas prise en compte des

éléments de la situation permettant d’inhiber un acte qui s’avèrerait inadéquat et inadapté. Le sujet répond

rapidement mais n’exécute qu’une partie de la consigne ou bien s’interrompt rapidement pour demander

ce qu’il faut faire. Il parle en premier et pense après. Cette réflexion fait penser à l’ « adage » des adultes

envers les jeunes enfants : « il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler », et peut

nous laisser guider vers la pensée que les personnes impulsives ont une immaturité développementale au

niveau des processus de contrôle de l’action et de la pensée. Un sentiment d’urgence est souvent ressenti,

ils savent qu’ils doivent penser avant d’agir mais oublient ou perdent de vue cette opportunité. Ce sont

des enfants et adolescents décrits comme interrompant souvent la parole ou parlant sans cesse, dans une

production stérile et hors de propos. Ils éprouvent aussi une difficulté à contrôler l’exécution d’une tâche

qui doit être accomplie lentement. La consigne de lenteur ne peut être respectée, et souvent les temps en

réalisation normale puis accélérée sont identiques. Ainsi dans les situations exigeant une adaptation

importante, ces comportements stériles se retrouvent majorés et empêchent les ajustements moteurs et

mobilisations attentives adéquates, entraînant précipitation et irréflexion. Encore faut-il se demander le

rôle que peuvent avoir ces mouvements dans le maintien attentionnel, et s’ils n’ont pas une fonction

adaptative chez des sujets n’ayant à priori pas le même fonctionnement que la majorité d’entre nous. Ces

mouvements, quelque fonction qu’ils puissent servir, ne peuvent s’intégrer à un fonctionnement social

groupal (classe, vie collective) et donc plus généralement dans les structures d’apprentissage classiques

proposées par nos sociétés pour accéder à la connaissance et à un emploi.

· Les temps d’élaboration mentale et le maintien de l’information en mémoire de travail en vue

d’une organisation et d’un traitement nécessaires à la production d’une réponse motrice adaptée aux

exigences du contexte, sont déficitaires et empêchent la prise en compte pertinente des stimuli

environnementaux, ainsi que la mise en lien avec les expériences antérieures et connaissances acquises

pour une évaluation complète et une génération de solutions. Les individus souffrant d’une impulsivité

invalidante éprouvent de ce fait de réelles difficultés au niveau des apprentissages. Le manque

39

Page 40: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

d’anticipation conséquent d’un délai trop bref entre prise en compte des exigences du milieu et réponse

adaptée se répercute de façon globale sur les processus de généralisation et la résolution de problèmes

impersonnels et interpersonnels. A un niveau clinique on peut remarquer chez les sujets dits impulsifs

des difficultés dans l’agencement de buts à long terme. Ainsi, les sujets ont des difficultés de projection

dans l’avenir, de définition de projets professionnels, de visualisation d’évènements et leur classification

temporelle. De ce processus déficitaire découlent également des difficultés à percevoir des délais de

gratification, soit, ils vont s’engager dans une activité apportant un plaisir immédiat mais qui peut à terme

leur être coûteux.

· Au niveau des processus de socialisation et de l’acquisition de compétences sociales, ces sujets

ont également des problèmes particuliers du fait de cette impulsivité. Nous allons développer les

répercussions possibles sur l’affiliation, la popularité, la compréhension des situations sociales, l’émission

des communications non verbales et leur impact sur la maîtrise de l’espace social par l’utilisation

inadaptée du contact visuel, de la distance interpersonnelle, de la gestuelle et des mimiques, de la

prosodie.

· Les troubles dans le décodage et l’expression des communications non verbales sont assez

fréquents et relatent de difficultés dans la prise d’informations, comme exposé ci-dessus, mais aussi dans

l’analyse plus fine des sensations corporelles et l’ajustement dans les interactions sociales. Peu preneurs

des feed-back renvoyés par le milieu ou par leur réalisation motrice, les sujets impulsifs agissent souvent

de façon « stéréotypée » et donc peu adaptée dans des contextes sans cesse en changement, puisqu’il

s’agit d’interactions sociales, chacune d’elle étant spécifique. Ces difficultés sont à relier à ce qui a été vu

précédemment : Problème d’ajustement, de contrôle des affects, de décodage partiel de l’information ou

difficulté de mise en lien et problème d’agencement des informations. Une étude de Barkley a montré que

ces enfants ont des difficultés majeures dans les habiletés sociales d’interaction et souffrent de rejet très

précocement de la part de leurs pairs, or des relations sociales positives seraient facteur protecteur de

stress psychosocial. D’une façon générale, il existe peu de recherches traitant des conséquences du rejet

social sur l’ajustement ultérieur des individus y étant confrontés. Le rejet social peut pourtant avoir des

répercussions majeures sur le développement psychologique, l’ajustement scolaire et social (Barkley, 90).

Il se caractérise par des éléments présents très tôt dans le développement. Dés l’âge préscolaire, l’enfant

victime de rejet a des jeux solitaires, des comportements plus agressifs avec ses pairs, et il initie les

relations sur un mode plus hostile. Son mode de communication est établi sur la domination et

l’opposition, avec peu de coopération et de réciprocité car plus autocentré. Il présente de nombreuses

irrégularités comportementales et une grande immaturité émotionnelle (notamment des difficultés de

40

Page 41: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

gestion de la colère) faisant que les conduites sont imprévisibles. Cette notion d’imprévisibilité est très

importante, car il est courant qu’une personne imprévisible soit rejetée car représentant une menace pour

l’interlocuteur. En effet, l’ensemble des communications non verbales a fonction de régulation des

relations sociales. En permettant de prévoir le comportement d’autrui, soit d’établir des expectations sur

ses intentions, l’individu établit des hypothèses sur les comportements futurs de ses interlocuteurs,

permettant une meilleure adaptation dans l’interaction, et une régulation comportementale (MC. Albaret).

Cette notion d’imprévisibilité est donc rattachée à la notion de rejet social. Ce rejet est d’autant plus

important qu’il est associé à des comportements hyperactifs, une forte distractibilité, des comportements

impulsifs avec prise de risque (White & al, 91), renforçant cette notion d’imprévisibilité et caractéristique

des enfants ADHD (ici est pris en compte le syndrome déficitaire de l’attention tel que le définit Barkley,

soit uniquement les enfants présentant des troubles attentionnels avec impulsivité et/ou hyperactivité, les

autres formes telles qu’elles sont décrites dans le DSM IV ne répondant pas pour lui au même déficit

fonctionnel). Au fur et à mesure du développement, les individus victimes de rejet présentent des

comportements déviants, délinquants, avec violation des règles, des biens, prestance, baisse considérable

des interactions positives, impulsivité sociale et intérêts immatures. Les phénomènes de rejet sont assez

stables dans le temps, le rejet entraînant le rejet (Rutter, 72). Les enfants victimes de rejet se singularisent

par la fréquence, l’intensité et la persistance de tels comportements, ne permettant pas d’intégrer

correctement les lois régissant l’initiation, le maintien et la réciprocité des rapports sociaux, essentiels aux

comportements d’acceptation. Les enfants ADHD sont à haut risque de rejet des pairs car ils ont une

immaturité à user de compétences prosociales, une immaturité dans la gestion des émotions ainsi que des

difficultés importantes sur le plan scolaire du fait de leurs problèmes attentionnels et impulsifs : Il a été

observé que ces individus avaient les mêmes fréquences d’entrée en interaction sociale, mais que c’est

leur mode d’entrée qui serait déficitaire. Ils sont en effet plus intrusifs, prennent peu en compte les

informations en retour de leurs conduites, ont des difficultés d’adaptation du rôle social dans des

contextes changeants, les échanges verbaux sont inappropriés, de même les communications non verbales

sont déviantes ou pauvres. L’enfant impulsif utilise également souvent le contact physique pour

communiquer, privilégiant le canal cutané ce qui peut expliquer certaines manifestations jugées

agressives par l’observateur, mais également le rejet dont il peut faire l’objet de la part de ses pairs à un

âge où les distances interpersonnelles augmentent avec la prise en compte du canal visuel dans les

interactions sociales. De plus leurs réponses aux échanges manquent d’anticipation, d’extension (faibles

possibilités de génération de solutions). Chacun de ces modules renforce le rejet et contribue à un

écartement des normes du groupe. En résultent, une faible estime de soi, de l’isolement, de la dépression,

concourant à un risque de mauvais ajustement ultérieur. D’où la nécessité d’établir un programme visant

à remédier à ces difficultés de la plus haute importance.

41

Page 42: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

·Ils ont une faible tolérance à la frustration, se traduisant par une difficulté à attendre leur tour, des

états chroniques de frustration (se sentent lésés dans de nombreuses situations), et une difficulté

d’adaptation à des situations qui ont commencé sans eux, un problème majeur de flexibilité. Ils

fonctionnent sur un schéma stéréotypé qui peut laisser penser à une limitation intellectuelle, d’où

l’importance de mesurer cette efficience de façon objective.

·On peut supposer au niveau psychomoteur, que les sujets impulsifs vont sacrifier la composante

précision dans nombre de leurs actions et que de ce fait la vitesse de réalisation fera défaut à la qualité du

travail. Alors qu’un individu normal aura dans les tâches de contraintes induisant vitesse et précision, un

ralentissement de sa production au profit d’une meilleure réalisation, le sujet impulsif bâclera cet aspect

du travail. Les copies sont sales, le travail généralement imprécis, les tâches inachevées ou médiocres, et

la motricité fine très .. grossière.

III- Implications psychomotrices.

On comprend en prenant connaissance de ces différents points que l’impulsivité n’est pas

uniquement entendue comme un symptôme du trouble déficitaire de l’attention, mais qu’elle fait

référence à une définition bien plus générale, comme symptôme retrouvé dans d’autres pathologies

psychiatriques et énumérées précédemment : Impulsivité trait, impulsivité comme point central de

l’ADHD, impulsivité secondaire, impulsivité associée et impulsivité isolée (si elle peut exister comme

telle !). L’un des critères d’intervention du psychomotricien est d’agir, si cela lui est possible, sur tout

comportement incompatible à une acquisition spécifique, comme préalable à tout travail. L’impulsivité

sous toutes ses formes est donc certainement la cible première thérapeutique pour le psychomotricien

chez les troubles adolescents (Dall’ava, 97).

Nous allons, dans cette dernière partie, articulant les aspects théoriques et cliniques, développer les

outils à disposition du psychomotricien pour une mesure reproductible de l’impulsivité. Nous décrirons

ensuite brièvement l’implication de celle-ci sur les autres tests appartenant à la batterie du bilan

psychomoteur, les éléments cliniques pouvant aider à une reconnaissance de ces troubles et les modèles

de rééducation déjà existants et considérations types aux vues de cette population bien spécifique.

III-1- Evaluations.

42

Page 43: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

Il existe différents moyens d’évaluation à la disposition du psychomotricien : tests

psychomoteurs, questionnaires ainsi que les observations cliniques en situation contrôlée ou écologique.

Il est extrêmement difficile de séparer, dans les résultats d’examen pratiqués, les effets liés à l’impulsivité

de ceux liés à un déficit attentionnel. D’une part, les épreuves mesurant l’impulsivité font partie d’un

ensemble de tâches qui demandent également un degré d’attention élevé pour une réalisation optimale. De

plus les tests d’attention continue montrent que les erreurs de substitution sont significatives des enfants

considérés comme impulsifs.

·Le test le plus souvent utilisé est celui de Marquet-Dorléac (99) ou test d’appariement d’images.

Les différents critères mesurés sont :

- Le temps de réflexion précédent la première réponse

- Le temps total mis pour l’épreuve

- Le nombre total d’erreurs sur l’ensemble de l’épreuve

- Le nombre total de réussites dès la première réponse

- Un index d’exactitude qui détermine le nombre de réussites à la première réponse en une minute

- Un index d’impulsivité (rapport du nombre d’erreurs commises sur le temps total)

Ces deux derniers critères sont obtenus en manipulant les données précédentes. L’analyse des

résultats permet de mettre en évidence le type de fonctionnement cognitif utilisé par le sujet, selon deux

dichotomies : lent ou rapide, précis ou imprécis. Le type croisé rapide et imprécis étant caractéristique

d’une impulsivité cognitive.

· D’autres tests, utilisés pour mesurer l’attention sélective et soutenue peuvent également

renseigner sur un certain degré d’impulsivité. C’est le cas du test D2, T2B, Stroop. Les erreurs de

substitution sont fréquentes. Le labyrinthe de Portéus renseigne également, par son score qualitatif, sur

une réalisation préférentiellement impulsive. Certaines épreuves de Stamback (pointillage, distribution de

cartes, découpage, manipulation de billes, épreuve des marionnettes) peuvent également remplir ce rôle.

· Enfin, dans chacun des tests utilisés par le psychomotricien en phase d’évaluation, des

caractéristiques propres à l’impulsivité peuvent être retrouvés, et expliquer un résultat incohérent par

rapport aux capacités réelles du sujet soulignées par d’autres mises en situations. Ainsi la difficulté à

isoler un mouvement demandé d’un autre parasite (test des syncinésies) peut renseigner sur la qualité de

réalisation. La tendance à la vitesse plutôt qu’à la précision, au bâclage plutôt qu’à l’application,

l’irrégularité, l’impossibilité de freinage dans une réalisation seront autant d’éléments à prendre en

43

Page 44: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

compte et à confronter aux résultats quantitatifs psychométriques. De même un défaut de stratégie

exploratoire concernant toutes les modalités sensorielles, un non-respect de consignes et d’une façon plus

globale de se plier aux contraintes extérieures (épreuves de rythmes de Stamback, reproduction de

formes, contrainte des couloirs au Frostig..), des problèmes de planification (actualisés à la Tour de

Londres), sont également révélateurs d’une prise en compte inefficace des données (mais n’est pas propre

à l’impulsivité !).

· Ces différents aspects de l’impulsivité peuvent toucher toutes les composantes perceptivo-

motrices et donc se répercuter sur les résultats de l’évaluation du niveau de développement psychomoteur

(Charlop-Atwell, Lincoln) :Un défaut de prise en compte des informations intéroceptives et

extéroceptives et donc des ajustements toniques et posturaux précaires, une difficulté de catégorisation

conséquente et de modulation et maîtrise des différents patterns moteurs correspondant à telle situation.

Cette impulsivité peut donc faire obstacle à des acquisitions psychomotrices de plus en plus fines et

spécifiques. Les coordinations fines peuvent en être affectées. Ce qui semble important, c’est que les

compétences évaluées vont être variables d’un moment à l’autre, et selon l’état du sujet (d’un point de

vue qualitatif). Au niveau visuoconstruction, les premières réalisations peuvent être globalement

déficitaires alors que les rapports spatiaux sont bien perçus. D’un point de vue des phénomènes

anticipatoires, la modification des processus de décision peuvent aller dans le sens d’un échange entre les

composants vitesse et précision : Plus grande fréquence de temps de réponses faibles, pour un

accroissement du nombre d’erreurs. Il sera donc de la plus haute importance de multiplier les mises en

situation pour déterminer la réalité des troubles spatiaux.

· Des questionnaires et échelles d’évaluation peuvent également éclairer sur la nature des troubles

présentés : certains items du questionnaire de Conners déterminent le type impulsif, l’échelle de Werry

Weiss Peters, la liste des comportements pour enfants de Achenbach, l’échelle d’autocontrôle de Kendall

et Wilcox (se conférer aux annexes pour les échelles qui ont étayé la récolte des données, annexe 7).

L’impulsivité peut donc être un élément masquant de réelles capacités chez le sujet, tout comme

elle peut être un obstacle à des modes de fonctionnement plus adaptés et à des acquis perceptivo-moteurs.

Ainsi, on peut s’attendre lors de la rééducation de celle-ci à une modification conséquente des autres

modules déficitaires, soit par actualisation rendue possible de capacités bien réelles, soit par la possibilité

donnée d’effectuer un nouvel apprentissage du fait d’une décrue des symptômes se rapportant à cette

impulsivité. La critique qui peut cependant déjà être émise, est qu’il sera difficile de faire la part des

choses entre des impossibilités d’apprentissage et des impossibilités d’actualisation des apprentissages.

44

Page 45: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

Cependant, l’essentiel reste de répondre à un moment donné à une désadaptation du sujet par une mise en

œuvre efficace de moyens en vue d’accroître son ajustement aux contraintes environnementales. En ce

qui concerne la question posée précédemment, une étude de corrélations entre impulsivité et autres

déficits psychomoteurs sur un grand nombre d’individus permettrait peut-être plus justement d’apporter

une réponse et aider à l’orientation d’une prise en charge de façon plus efficace et rapide.

III-2- Techniques et principes à disposition pour ce type de rééducation.

Les différentes considérations précédentes nous amènent à considérer l’impulsivité dans son

ensemble en tant que déficit quantitatif et/ou qualitatif des processus de contrôle en jeu dans la fonction

perceptivo-motrice ayant des répercussions psychosociales, cognitives et motrices. Ainsi, toutes les

techniques issues de ces différents courants d’étude sont bonnes à prendre.

III-2-1- Principes généraux.

· Le fait que la population concernée présente des troubles des conduites justifie à lui seul

l’utilisation d’une méthode dite intégrative : en cela est entendu que toute stratégie pouvant être

efficace, quelle que soit la méthode thérapeutique à laquelle elle appartient, doit être appliquée. Cela

inclut une intervention à multiniveaux, tant au niveau émotionnel, cognitif que moteur, et la notion

d’alliance thérapeutique (Pelletier & Dionne, 2001). Une analyse fonctionnelle est nécessaire pour établir

les priorités et hiérarchiser les interventions, afin d’optimiser les possibilités de généralisation et atténuer

au plus tôt les conséquences psychosociales relatives à l’impulsivité (Golstein, 97).

· Il est important lorsque l’on travaille avec des jeunes adolescents présentant des troubles des

conduites et notamment de l’impulsivité de bien structurer la séance. Même si le but ultime de toute

démarche psychomotrice est une adaptation plus grande de l’individu à son milieu et surtout aux

variations de l’environnement, pouvoir adapter les conditions de la séance afin de réduire les

comportements perturbateurs et ainsi mener à bien les objectifs initiaux de la prise en charge, favorise :

- Des changements comportementaux du fait d’une variation des conditions du milieu

- L’analyse de ces variations pour un meilleur repérage des situations posant problème à l’individu

- Des renforcements positifs dans un contexte privilégié, aidant à l’émergence de ces

comportements désirés dans des champs d’action de plus en plus large. Cela est d’autant plus important

que les jeunes adolescents, impulsifs et en constante recherche de l’affirmation par la prise d’une position

hiérarchique de meneur, ont bien souvent un champ d’action restreint et stéréotypé, limité à une réponse

45

Page 46: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

agressive à toute injonction adulte ou des pairs. Ce manque de flexibilité peut tant être dû à cette difficulté

à prendre en compte les signaux dans le mode de réponse (mauvaise lecture, distorsion ou bien

négligence) qu’à un besoin d’affirmation d’une identité sociale basée sur la force et les rapports

d’autorité.

- Obtenir une meilleure adhésion du sujet, un meilleur investissement, par la création d’un espace où

l’on peut se tromper sans risque, et surtout réussir. (l’enfant est alors adapté dans la situation créée, ce qui

peut le pousser à récidiver et favorise une estime de soi plus prononcée). (in, cours de psychomotricité,

troisième année, Mme Abeilhou).

- Construire une relation positive, stable, et structurer les actions de ces adolescents toujours dans

l’instable et l’imprévisibilité de ce fait pour les rendre prévisibles, consistantes et supportantes (Young,

93). Rendre un environnement prévisible pour le sujet contribue notamment à une réduction de

l’agression.

III-2-2- Techniques spécifiques.

·Un programme a été développé par les chercheurs du courant des thérapies cognitivo-

comportementales, afin d’optimiser la motivation du sujet dans son suivi thérapeutique (Prochaska & Di

Clémente). Ce programme, appelé le MET (motivation entretien thérapie), est mis en place sur quatre

séances pour la prise en charge des patients alcooliques chez qui on retrouve des difficultés de sevrage et

une motivation très fluctuante. Il peut s’adapter à tout type de population à même d’avoir accès à un

raisonnement cognitif minimum comme l’exige le programme (efficience intellectuelle suffisante). Il est

utilisé lorsque l’on sent, comme c’est le cas des enfants impulsifs, que le patient produit des efforts brefs

et peu persistants, et que la généralisation se veut compromise car la mobilisation des acquis de la séance

reste trop situationnelle. En effet dans le cas qui nous intéresse, l’autocontrôle peut être mobilisé quelques

temps, mais décroît vite car son coût est trop important pour le sujet (un peu comme les individus

entreprennent un régime !). Ce programme permet donc de créer les conditions maintenant l’adhésion au

projet thérapeutique. Les étapes de l’entretien sont les suivantes :

- Délivrer des informations sur les risques encourus du comportement problème

(Feed-back informationnel)

- Responsabiliser au changement (sensibiliser sur les avantages au changement, tout en laissant le

sujet acteur de ses choix futurs) et ainsi souligner les ressources propres du sujet.

- Lister un « menu » d’alternatives possibles médiatrices du changement

- Mobiliser le patient par une empathie adéquate

46

Page 47: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

- Stimuler et faciliter le sens de l’efficacité personnelle et l’optimisme du patient (quelquefois le

patient est motivé à changer, mais la perception de son efficacité personnelle est déficitaire et il ne se sent

pas capable de réussir)(in, « motivation et stratégies de motivation en milieu sportif », Thill, 89).

· Le modèle de Bandura : La tendance à se jeter dans une activité sans réfléchir ou élaborer un

plan d’action est caractéristique des enfants impulsifs. Pour aider au contrôle de cette impulsivité, un

modelage progressif semble plus bénéfique qu’une transmission orale de techniques d’autocontrôle. En

effet, le sujet doit se sentir acteur à part entière et non être passif d’un constat jugeant que l’on effectue à

son sujet. Le modelage découle de travaux et études réalisées par Bandura sur l’apprentissage social.

L’instruction initiale va permettre de focaliser sur les situations spécifiques où l’impulsivité est présente.

Dans cette perspective, les théories systémiques apportent par leur procédure de « prescription de

symptômes » à la population spécifique qu’est l’adolescent sans cesse opposant envers les dires de

l’adulte. Ainsi, les injonctions de type « crie plus fort, je n’entends pas », « sois plus brusque, je ne sens

rien », sont des méthodes fort valides, centrant le sujet sur des attitudes et comportements produits pas

forcément perçus et évitant tout conflit ouvert sous forme de remontrance ou de critique. Bien souvent,

cela surprend les sujets et permet un temps d’arrêt nécessaire au contrôle et à l’évaluation.

· Le programme d’auto-instruction développé par Meichenbaum se résume par : « penser à

haute voix ». C’est un ensemble de procédures pour assister l’enfant impulsif dans le contrôle de son

comportement. Les différentes étapes sont : L’adulte effectue une tâche en commentant chacune des

étapes nécessaires à sa réalisation/ l’enfant effectue la même tâche avec le guidage verbal de l’adulte sur

chacune des étapes de la procédure nécessaires pour atteindre le but désiré/ L’enfant réalise chacune des

étapes en se guidant verbalement. Progressivement, l’enfant réalise l’action en utilisant un langage

intériorisé. Pour Meichenbaum, l’enfant est impulsif car il ne comprend pas les exigences de la tâche du

fait d’une non utilisation de l’auto instruction (langage intériorisé) pour contrôler ses actions. Ils

possèderaient cette production intériorisée, mais échoueraient à le prendre en compte.

· Le programme mis en place par Kendall est plus communément connu sous le nom de « stop &

go ». Ainsi, le contrôle de l’impulsivité et de l’anxiété peut être favorisé par un délai dans l’action :

« Arrête, observe, et réfléchit ! ». Ce programme découle de nombreuses études réalisées par l’auteur sur

les stratégies de résolution de problèmes nouveaux chez des sujets ayant des troubles des apprentissages

et de l’intelligence supérieure. Cette stratégie permettrait de mettre en place des étapes de cheminement

organisé de la pensée. Ces étapes sont les suivantes : Quel est le problème ? Qu’est ce que je suis supposé

faire ?/ Générations d’alternatives : quelles sont mes possibilités d’action ?/Focalisation sur la réponse :

47

Page 48: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

éliminer les éléments distracteurs environnementaux et mentaux/ Choix d’une alternative/ Vérification de

la réponse, et même si ce n’est pas la plus appropriée, penser à répondre plus lentement à la prochaine

tentative : auto-évaluation et critiques. On peut favoriser un temps d’arrêt avant l’action par l’usage de

slogans, d’indices visuels et d’images mentales (Whiteman & Novotni, 1995).

· Golstein (97), insiste également sur les notions d’incitation à la coopération dans toute

procédure d’instruction. Par reformulation, définition des buts et règles, auto-évaluations, identification

des situations problèmes et de leur conséquence, l’individu s’approprie le savoir et devient acteur de son

changement. Cette notion est très importante chez des jeunes qui sont dans le refus de procédures

imposées, et notamment dans des processus de locus externe, soit peu aptes à l’intériorisation de règles

comme étant conséquentes de leur propre action. Cette procédure permet une meilleure compréhension

des inférences causales et devrait augmenter l’effet thérapeutique (Beauvois, 94). Enfin, l’orientation

vers la maîtrise diminue l’anxiété relative à une tâche par focalisation de l’attention sur la tâche à

accomplir et non sur les enjeux de la comparaison sociale (qui amène des comportements d’évitement,

des pensées d’échec et peut être vécu comme situation menaçante pour le sujet) (Laurent & Curry, 95).

Cette notion s’appuie sur la perception de compétence et d’autonomie, fortement déterminantes d’auto-

renforcement et d’une augmentation de la motivation intrinsèque (modèle de Valleyrand, cité par Guillet

& Sarrazin, 97).

· Les programmes d’entraînement aux habiletés sociales se développent depuis une quinzaine

d’années. Une des questions essentielles est le problème de la généralisation de ces apprentissages dans le

milieu écologique. Ils proposent diverses actions possibles pour obtenir des modifications durables dans

le temps de nouveaux patterns comportementaux plus adaptés (développées ultérieurement). Le

programme pensé par Barkley (97) repose sur trois interventions spécifiques : une sensibilisation aux

habiletés sociales de base et leur application par entraînement cognitif et comportemental, une

généralisation en milieu écologique et le développement d’une étroite collaboration avec les pairs, les

deux dernières interventions étant la condition sine qua non d’un changement. Avant toute intervention,

les auteurs recommandent une récolte minutieuse des données, par observation directe, par questionnaires

et échelles de mesure, adressées aux parents et professionnels impliqués dans la sphère de l’enfant, et à

l’enfant lui-même. Cette étape préliminaire a pour but d’évaluer les compétences de l’enfant (points forts

et faiblesses dans l’utilisation et la compréhension des interactions sociales), ses modes de

fonctionnement éventuellement en inadéquation avec les modes de fonctionnement référentiels du groupe

de pairs (anxiété, dépression, réciprocité, engagement dans le groupe comportements antisociaux..), son

degré de stress dans les relations interpersonnelles, identifier le type de rejet. En effet, le rejet peut être de

48

Page 49: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

type retrait social ou rejet actif des pairs. Le premier type est plus caractéristique d’enfants anxieux, le

second plus significatif d’enfants ADHD. De même des comportements externalisés sont plus de l’ordre

des enfants ADHD et corrélés positivement aux actes agressifs et au rejet. Ces différents éléments

permettent donc de dessiner un profil de fonctionnement cognitivo-comportemental à même de mieux

définir les modalités d’action. Les principes généraux sous-tendant l’intervention s’appuient sur un

développement des habiletés de base. L’entraînement doit se faire en groupe, car le groupe va induire

les notions de rôle social, d’approche écologique, des feed-back correctifs et une connaissance positive

des membres du groupe à travers les différentes interactions. Le groupe doit être homogène dans les

pathologies présentées, et il est recommandé qu’il soit unisexe pour les âges inférieurs à 12-13 ans. Le

nombre 6 semble le plus adapté. Les feed-back produits doivent être concomitants ou suivre

immédiatement le comportement désiré actualisé, les séances doivent être structurées, régies par des

règles et agencées par des buts clairs et définis, des sanctions, récompenses, compris par l’ensemble du

groupe. L’intervention en tant que telle a pour contenu : apprendre à entrer dans l’interaction sociale, les

habiletés de conversation (maintien, réciprocité, présentation de soi entre autres), résoudre et repérer des

situations de conflit, et contrôler la colère. L’action se doit d’être enrichie de situations de coopération où

la définition de buts communs permettra une meilleure cohésion de groupe et l’engagement actif de ses

membres, structurée (règles de fonctionnement et supervision adulte), et s’appuie sur des techniques

diverses telle l’instruction verbale, le modelage, les jeux de rôle, le support vidéo, l’auto-évaluation,

le brainstorming, le stop & go.. L’apprentissage s’oriente vers une démarche de recherche systématique

et réfléchie de l’approche d’un problème et de ses alternatives comportementales, avec coordination

adéquate des plans séquentiels nécessaires à sa résolution. Ce sont des méthodes didactiques de

raisonnement et de contrôle des comportements et cognitions. Le programme d’entraînement à la

colère, réalisé par Hinshaw, Henker & Whalen (84) s’appuie sur l’identification d’évènements associés

aux émotions négatives, la prise de connaissance de stratégies de coping et leur application, la relaxation

et l’imagerie mentale (techniques d’inoculation de la colère). Les procédures mises en place pour

augmenter les possibilités de généralisation sont : Obtenir un engagement du sujet par des séances

dynamisantes, les plus proches possibles de problèmes concrets réellement vécus par le sujet, la mise en

situation en dehors des séances, la centration sur des habiletés pertinentes et pivots / Obtenir un support

environnemental par la coopération parentale et leur association au projet, une action uniformisée des

différents acteurs composant les différents lieux de vie de l’enfant (par exemple, augmenter les

comportements souhaités par jeu de renforcements, et non de systèmes punitifs, guider l’enfant dans ses

prises d’initiatives, encourager) / Modifier le statut social et consolider les stratégies de l’enfant par une

action sur le groupe de pairs : En effet, si la modification de patterns comportementaux ne peut engager

de nouveaux rapports sociaux plus positifs et donc plus significativement bénéfiques pour l’enfant, alors

49

Page 50: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

il y a extinction du répertoire nouvellement appris. Cette participation des pairs peut se faire sous un

mode de tutorat, coopération, échange de services, informations sur le rejet et ses conséquences,

guidance structurée de comportements amicaux, développement sous la supervision adulte de groupes de

jeux non compétitifs variés… / Multiplier les situations : en effet les enfants ADHD sont sensibles aux

contingences et donc ont du mal à transposer les acquis à des situations ne réunissant pas tous les

éléments présents lors de l’apprentissage.

En conclusion, ce programme mis en place pour remédier aux déficits au niveau des habiletés

sociales dont sont victimes les enfants ADHD, souligne les précautions à prendre avant son application, et

les éléments à prendre en compte en vue de bénéfices à long terme de ce type d’intervention. Destiné à

l’origine aux enfants ADHD, il peut s’appliquer d’une façon plus large aux enfants présentant des

troubles du comportement avec impulsivité, troubles attentionnels, faible contrôle de soi et difficulté de

soumission aux règles et consignes, car toutes ces caractéristiques peuvent impliquer un défaut

d’ajustement et une difficulté dans les compétences sociales. La récolte préalable des données permet de

cibler l’intervention, les éléments permettant de constater un retrait social plutôt qu’un rejet social

orientant préférentiellement vers une prise en charge sur le facteur anxiété. La méthode exposée est fort

intéressante dans son approche comme dans son contenu. Cependant bien souvent le professionnel doit

agir avec peu d’informations, un engagement mitigé des parents, les contraintes du fonctionnement

institutionnel.. De ce fait tout ne peut être applicable mais ne doit pas être perdu de vue pour la meilleure

action possible sur l’enfant.

·Le modèle de Rourke sur un travail gestuel en vue d’une amélioration des capacités

d’intégration et structuration des modes de pensée paraît également intéressant d’un point de vue

psychomoteur : L’amélioration des communications non verbales chez un sujet va structurer l’ensemble

sous-symbolique des émotions, ce qui améliore la cohérence entre une action et les réactions observées

dans l’environnement, d’où la possibilité d’établir des liens multiples entre les objets et les actions et de

développer une pensée logique.

·Un travail concomitant à celui portant sur les communications non verbales peut également

se faire sur l’expression émotionnelle : ainsi, comme le réalise le comédien, l’induction émotionnelle par

la reproduction de patterns faciaux et modèles effecteurs permet d’évoquer les états émotionnels

correspondants, et par répétition, d’en augmenter la maîtrise et permettre des annulations plus rapides

d’émotions envahissantes (in, sciences et vie « les émotions »).

50

Page 51: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

·Un travail sur l’imagerie semble tout à fait adéquat du fait que la simple représentation

d’une action met en jeu les mêmes centres cérébraux que son exécution. Cette mémoire motrice de

déplacement permet une meilleure structuration spatiale et temporelle de l’acte à venir (in, sciences et vie,

« le cerveau et le mouvement »).

CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE :

De tous ces principes et tentatives d’application se dégagent des domaines de travail sur lesquels

le psychomotricien a son rôle à jouer : Les perceptions, l’autocontrôle, l’organisation

informationnelle et leur articulation perceptivo-motrice. Chacun de ces axes de travail sera développé

au travers de jeux et activités (décrits en annexes 4, 5 et 6). Les moyens d’intervention que j’ai pu

exploiter pour travailler sur les comportements impulsifs, découlant des recherches précédentes, vont être

développés en partie pratique.

LA PARTIE PRATIQUE N’EST PAS COMUNIQUEE

POUR CAUSE DE CONFIDENTIALITE

VI- Conclusion générale.

J’ai accès ce travail sur une réflexion autour de l’impulsivité, et ce dans le cadre de troubles du

comportement chez l’adolescent. La littérature, peu nombreuse hors du champ de l’hyperactivité définie

comme syndrome, m’a permis une prospective de ce terme dans les différents univers théoriques

partenaires à part entière du psychomotricien dans ses démarches hypothético-déductives.

Le but initial de mes recherches était la mise en œuvre de moyens visant à agir sur l’impulsivité,

en tant que trouble majeur de la population adolescente présentant des troubles des conduites, qu’il soit un

constat des divers professionnels ou la conclusion de tests spécifiques, et ce parce qu’il fait obstacle au

suivi individuel et se répercute sur les ajustements psychosociaux.

J’ai considéré comme impulsivité toute anticipation erronée dans une réponse perceptivo-motrice,

qu’elle soit le fruit d’associations et apprentissages rigides, syndrome à part entière, réactions d’évitement

à une situation complexe, résultant de capacités intellectuelles réduites ou d’apprentissages scolaires

51

Page 52: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

déficitaires. J’ai également postulé que cette impulsivité pouvait avoir des répercussions tant dans les

domaines sociaux (par formation de jugements erronés et comportement désadapté en retour), que

psychomoteurs et scolaires. D’une façon générale, elle amènerait peu d’enclin au changement, du fait

d’une prise d’information déficitaire ou distordue. Globalement, j’ai associé l’impulsivité à une

structuration déficitaire des informations ascendantes et/ou descendantes, soit concernant le

psychomotricien à part entière.

Les moyens développés pour réduire cette impulsivité, issus de ma prospection théorique, m’ont

été d’une grande utilité par rapport à ce type de population. Plus qu’une intervention sur les conduites

impulsives, ils ont été pour moi une prise de position sur la façon d’aborder la psychomotricité dans ma

profession future. Cette population, complexe par les nombreux maux qui l’animent, est riche de

réflexions sur la façon d’articuler notre travail au reste de l’équipe, sur la façon d’envisager un cas, de le

cerner dans sa globalité et d’en définir les priorités thérapeutiques.

Le travail perceptivo-moteur effectué a permis une diminution de l’impulsivité et une

augmentations des capacités motrices, par enrichissement qualitatif dans la prise d’information et des

ajustements moteurs en retour. Les anticipations sont moins rigides, les ajustements fins de meilleure

qualité, l’analyse informationnelle mieux structurée, les possibilités de régulation émotionnelle,

comportementale et sociale accrues. Finalement, un travail sur l’impulsivité se résume peut-être à

l’enrichissement des perceptions pour des réalisations de meilleure qualité, des anticipations plus adaptées

et une maîtrise corporelle progressive. Le primordial de ce travail réside plus dans la façon d’envisager et

d’orienter la démarche, plutôt que dans un contenu rigide d’activités. Il est certain en tout cas qu’il a

montré son efficacité pour l’amélioration des capacités du sujet, et ses limites dans l’extension de ces

capacités en contexte plus large. Il semble plus être une base de travail et une amorce vers une

rééducation ensuite plus ciblée sur les déficits purement psychomoteurs.

Dans une autre perspective, ce travail m’a permis une progression constante dans mes réflexions et

j’espère transmettre ces notions sur la façon d’agir sur les comportements impulsifs au reste de l’équipe,

afin qu’elle puisse :

- Mieux comprendre les possibles répercussions de ce trouble sur les apprentissages.

- Connaître les interventions psychomotrices possibles dans ce cadre précis.

52

Page 53: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

ANNEXES

Annexe 1.

Dans le DSM IV, le trouble oppositionnel avec provocation est décrit comme un

ensemble récurrent de comportements négativistes, provocateurs, désobéissants et hostiles

envers les personnes en position d’autorité, en l’absence de violations sérieuses des normes

sociales ou des droits d’autrui. Le trouble dure au moins six mois et se caractérise par des

épisodes fréquents de quatre au moins des comportements suivants : accès de colère ;

contestation avec les adultes ; opposition souvent active ou refus de se plier aux demandes ou

aux règles des adultes ; agissements qui ennuient les autres ; faire porter à autrui la

responsabilité de ses erreurs ou de sa mauvaise conduite ; susceptibilité ou agacement facile

envers les autres ; méchanceté et attitude vindicative. Le comportement doit être plus fréquent

que ce qui est normal pour l’âge ou le niveau de développement et doit perturber la vie

sociale, scolaire, ou professionnelle de façon significative. Le diagnostic n’est pas retenu

lorsque le comportement apparaît au cours d’un trouble psychotique ou de l’humeur, ou

quand le critère de trouble des conduites ou trouble de la personnalité dyssociale sont

retrouvées chez une personne de plus de 18 ans.

Diagnostic différentiel : Un comportement opposant est normal et adapté à certains stades

spécifiques du développement et doit être distingué du trouble oppositionnel avec

provocation. Un comportement similaire peut être retrouvé en réaction à un stress post-

traumatique et doit être diagnostiqué en tant que trouble de l’adaptation. Si les caractéristiques

cliniques du trouble apparaissent au cours de l’évolution d’un trouble des conduites, d’une

schizophrénie ou d’un trouble de l’humeur, le diagnostic ne peut être posé. Elles peuvent

également exister dans le déficit de l’attention/hyperactivité, les troubles cognitifs et le retard

mental.

Annexe 2.

Le trouble des conduites est décrit comme « des conduites répétitives et persistantes

dans lesquelles sont bafoués les droits fondamentaux d’autrui ou les normes ou règles sociales

correspondant à l’âge du sujet ». Ces conduites peuvent être classées en quatre catégories

53

Page 54: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

principales : conduites agressives où des personnes ou des animaux sont blessés ou menacés

dans leur intégrité physique, conduites où des biens matériels sont endommagés ou détruits,

sans agression physique, fraudes ou vols, et violations graves des règles établies. Pour porter

le diagnostic de trouble des conduites, trois comportements caractéristiques ou plus doivent

être présents pendant au moins trois mois et au moins un des comportements pendant six

mois. Le trouble des conduites provoque des perturbations sévères au niveau social, scolaire

et professionnel. Le diagnostic peut être porté chez un sujet de plus de 18 ans si les critères de

trouble de la personnalité dyssociale ne sont pas remplis. Il en existe deux sous-types : type

débutant dans l’enfance, avec un des comportements caractéristique apparaissant avant l’âge

de 10 ans, et type débutant dans l’adolescence avec aucun comportement caractéristique

apparaissant avant l’âge de 10 ans. Le trouble a trois degrés de sévérité : léger, modéré ou

sévère.

L’âge moyen du début des troubles est plus précoce chez le garçon que chez la

fille (11 ans contre 15 ans). Ils expriment de diverses façons leur comportement agressif :

brutalité, agression, cruauté.. Des mensonges répétés, école buissonnière, vandalisme sont

souvent retrouvés. Dans les cas graves il y a fréquemment destruction, vol et violence

physique. A l’adolescence les conduites d’addiction et actes suicidaires sont nombreux. Ce

sont souvent des enfants ayant des relations superficielles, ou très isolés, car ne parvenant pas

à établir des relations interpersonnelles normales.

Diagnostic différentiel : Ces troubles peuvent être retrouvés dans d’autres

troubles psychiatriques de l’enfance, troubles de l’humeur, troubles psychotiques, troubles des

apprentissages… Il est donc important de connaître l’ordre chronologique d’apparition des

troubles pour déterminer si le trouble des conduites est réactionnel ou transitoire. Les troubles

de l’humeur sont cependant fortement associés au trouble des conduites, et certains facteurs

tels les conflits familiaux, des évènements de vie, le degré de supervision parentale et les

relations délinquentielles contribueraient au développement des troubles affectifs et des

troubles des conduites, contrairement au trouble oppositionnel avec provocation. De même,

une corrélation importante est retrouvée avec le déficit de l’attention/ hyperactivité et les

troubles de la lecture. Cependant le déficit de l’attention/hyperactivité peut présenter des

comportements agressifs et impulsifs sans remplir tous les critères du trouble des conduites.

Les abus de substance qui peuvent être source de comportements perturbateurs, sont

également fortement corrélés aux comportements bagarreurs, et interfèrent sur les

54

Page 55: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

performances sociales et la résolution de problèmes qui pourrait faciliter la rémission du

trouble des conduites. De même, les comportements obsessionnels compulsifs se retrouvent

fréquemment, d’où une difficulté diagnostique importante.

Annexe 3.

Le trouble déficitaire de l’attention est classifié dans le DSM IV avec les

comportements perturbateurs. Il est défini en quatre sous-types : A dominance

hyperactivité/impulsivité, combiné, à dominance attentionnelle et les formes résiduelles ou

non spécifiées. Les caractéristiques principales associées aux différents sous-types sont une

intolérance à la frustration, des accès de colère, de l’autoritarisme, de l’entêtement, de

l’insistance, une forte labilité émotionnelle, une baisse importante des motivations, un rejet

important des pairs, une faible estime de soi, des résultats scolaires médiocres, un manque

d’application, un refus de responsabilité, et une attitude forte d’opposition. Deux aspects

diagnostiques sont distingués : Les troubles de l’attention et l’hyperactivité/impulsivité. Il en

découle quatre possibilités diagnostiques énoncées plus haut. Le TDA/H à dominance

inattention doit comporter 6 symptômes sur 9 pour pouvoir être diagnostiqué. Le TDA/H à

dominance hyperactivité/impulsivité doit remplir 4 symptômes sur 6, le type combiné doit

posséder des éléments diagnostiques de l’un et l’autre des types précédents. Quatre conditions

doivent enfin être remplies : Le début des troubles doit se faire avant 7 ans, les symptômes

doivent être présents dans au moins deux situations (maison, école, loisirs..), Doivent

entraîner une inadaptation sociale importante ou détresse significative et ne peuvent être

mieux expliqués par un autre trouble. Le diagnostique ne peut être posé pour un quotient

intellectuel inférieur à 70-80.

Dans les formes les plus sévères, les répercussions se font à tous les niveaux : social, scolaire

et familial. Un e corrélation importante a été retrouvée avec le trouble des conduites et

troubles oppositionnels, les troubles anxieux, de l’humeur, troubles des apprentissages et de la

communication. Le caractère impulsif est fortement représenté à l’adolescence.

Annexe 7.

· questionnaires et échelles utilisées en complément de bilan.

55

Page 56: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

Annexe 8.

·Grille des habiletés sociales et de stratégies supports de la résolution de problème. Annexe 9. Evaluations psychomotrices pré/post prises en charge des communications non verbales et du

discours, d’après une échelle inspirée de celle de Liberman :

Annexe 10. Recueil des données sur les comportements et aptitudes en milieu scolaire, inspiré des « stratégies d’exécution et de support de la résolution de problème » de Audy, et des « catégories d’habiletés sociales » de Morrisson & Sandowicz.

BIBLIOGRAPHIE

American psychiatric association. (1995). Manuel diagnostic et statistique des troubles

mentaux, DSM IV, quatrième édition, Masson (ed).

Anderson, K. J., & Revelle, W. (1994). Impulsivity and time of day : is impulsivity related to

the decay of arousal? Journal of personality and social psychology, 67, 334-344.

Badeford, J. M. (1995). Interactions perceptivo-motrices : un repérage du champ d’action de

la thérapie psychomotrice. Evolutions psychomotrices, 7, 27, 20-25.

Bandura, A. (1976, traduit en 1980). Social learning theory. Paris : Martaga.

Barkley, R. A. (1997). ADHD and the nature of self-control.New York : Guilford Press.

Barkley, R. A. (1990). Social skills and peer relationship training. Attention deficit

hyperactivity disorder, a handbook for diagnosis & treatment, 540-572. New York : Guilford

Press.

Baron. (1993). Distorsions cognitives chez les adolescents : implication pour la thérapie

cognitivo-comportementale de la dépression. Thérapies cognitivo-comportementales, 3, 2, 49-

52.

Berthoz, A. (1998). Le secret du geste : l’anticipation. Sciences et vie, le cerveau et le

mouvement, 204, 68-78.

56

Page 57: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

Blatier, C. (1999). Attribution causale et comportement délinquant. Journal de thérapie

cognitivo-comportementale, 9, 3, 89-93.

Bloch, S. (1989). Emotion ressentie, émotion recréée. Sciences et vie, 168, 68-76.

Bonnet, C., Ghiglione, R, & Richard, J. F. (1990). Cognition, représentation, communication.

Traité de psychologie cognitive III. Paris : Dunod.

Borduin, C. M. (1999). Ultisystemic treatment of criminality and violence in adolescents.

Journal of the american of child & adolescent psychiatry, 38,3, 242-248.

Boudon, E. (2001). Trouble bipolaire, synthèse des connaissances. A:/maniaco-

depression.htm.

Calvin, G., Ramsey, E., & Walker, H. M. (1995). Antisocial behavior in school strategies and

best practices.California : Brooks cole published compagny.Cramond, B., & al. (1995). The

coincidence of attention deficit hyperactivity disorder and creativity. Site Internet.

Ceschi, G., & Schecher, K. (2001). Contrôler l’expression faciale et changer l’émotion. Revue

enfance, 3, 257-270.

Choukroun, B. (2000). L’impulsivité dans la population alcoolique adulte : application et

prise en charge psychomotrice. Mémoire en vue de l’obtention du diplôme d’état de

psychomotricien.

Clément, J., & Gérard, C. (1994). Patrons prosodiques et intention des locuteurs : production

et perception de formes expressives chez l’adulte et l’enfant. Vingtième journée d’étude sur la

parole : Paris.

Corraze, J. (1999). Les troubles psychomoteurs. Marseille : Solal.

Corraze, J. (1997). De la sociobiologie à la pathologie ou de l’agression à la violence.

Evolutions psychomotrices, 37, 115-127.

Cox, W. P., Goodenough, D. R., & Witkin, H. A. (1978). Les styles cognitifs dépendant du

champ et indépendant du champ et leurs implications éducatives. L’orientation scolaire et

professionnelle,7, 4, 299-349.

Cury, F., Fonseca, D., & Rufo, M. (1999). Motivations et difficultés scolaires : mise à

l’épreuve du modèle de l’accomplissement sur les conduites d’inadaptation scolaire. Journal

de thérapie cognitivo-comportementale, 9, 3, 89-93.

Cury, F., & Laurent, E. (2000). Valeur prédictive d’un modèle tridimensionnel des buts

d’accomplissement sur la motivation intrinsèque et l’état d’anxiété cognitive. Science et

motricité, 38/39, 107-108.

57

Page 58: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

Dall’ava, M. C. (1997). Réflexions sur les aspects développementaux, pathologiques et

différentiels des conduites agressives à l’adolescence. Evolutions psychomotrices, 37,142-

147.

Decety, J. (1998). Mouvement réel, mouvement imaginé. Sciences et vie, le cerveau et le

mouvement, 204, 134-142.

Douglas, V.I. (1972). Stop, look and listen : the problem of sustained attention and impulse

control in hyperactive and normal children. Canada journal behavior sciences, 4 (4), 259-

288.

Filley, C. M., & al. (2001). Toward understanding of violence : neurobehavioral aspects of

unwarrented physical agression : aspen neurobehavioral conference consensus statement.

Neuropsychiatry, neuropsychology & behavioral neurology, 14, 1-14.

Golstein, A. P.,& Huff, C. R. (1997). The gang : intervention handbook.British library.

Jover, M. (1993). Etude de la DIC et de ses intérêts en psychomotricité. Etalonnage du

preschool embedded figures test. Mémoire en vue de l’obtention du diplôme d’état de

psychomotricien.

Laborit, H. (1994). La légende des comportements. Paris : Flammarion.

Lapasset, J. A., & Rebelle, S. (1995). Psychomotricité et entraînement aux habiletés sociales.

Evolutions psychomotrices, 7,29.

Léon, P. R. (1976). De l’analyse psychologique à la catégorisation auditive et acoustique des

émotions dans la parole. Journal de psychologie, 3&4,307-324.

Loeber, R. & al. (2000). 10 years research update review : pervasive developmental disorders.

Journal of the american of child & adolescent psychiatry, 39, 9.

Matthys, W., Cuperus, J. M., & Van Hegeland, H.(1999). Deficiant social problem solving in

boys with ODD/CD, with ADHD, and with both disorders. Journal of child and adolescent

psychiatry, 18, 311-321.

Moser, G. (1987). L’agression. Paris : PUF.

Pourpre, F. (1993). De la psychomotricité aux programmes d’entraînement aux processus de

maîtrise en hôpital de jour. Evolution psychomotrice, 21,23-29.

Requin, J. (1980). Anticipation et comportement. Paris : CNRS.

Robaey, P. (1993). Bases expérimentales du comportement hyperactif de l’enfant. Année

pédiatrique, 40, 8, 518-525.

Rohrbach, M. (1988). Impulsivité et psychomotricité : recherche théorique et participation à

l’étalonnage d’un moyen d’évaluation possible de l’impulsivité. Mémoire en vue de

l’obtention du diplôme d’état de psychomotricien.

58

Page 59: Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites ...psychomot.free.fr/mem/pdf/2002-3.pdf · sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent. ... et

59

Rouquies, S. (1996). Utilisation de la vidéo dans le cadre de l’entraînement des

communications non verbales, composante des habiletés sociales. Mémoire en vue de

l’obtention du diplôme d’état de psychomotricien.

Scoot Acton, G. (2002). Measurement of impulsivity in a hierarchical model of global

personality traits : implications for substance use. File://A:/implications of impulsivity for

substances use.htm. University of California.

Service correctionnel du Canada. (2000). Les délinquants (non sexuels) à comportement

violent chronique : programme de réhabilitation. (source Internet : file://A:/impulsivity

2.htm).

Stamback, M. (1968). La motricité chez les débiles mentaux. La psychiatrie de l’enfant, 11, 2,

371-468.

Stanley, B., & al. (2001). Skills training as an adjunctive treatment for personality disorders.

Journal of psychiatric practice, 7, 324-335.

Steiner, H. (1999). Special section : violence. Journal of the american of child & adolescent

psychiatry, 38, 3.

Synopsis de psychiatrie, sciences du comportement, psychiatrie clinique.

Tanguay, P. E. (2000). 10 years research update review : pervasive developmental disorders.

Journal of the american of child & adolescent psychiatry, 39, 9.

Thill, E. (1989).Motivations et stratégies de motivations en milieu sportif. Paris : PUF.

Van De Moortele, V., & Deseint, F. (1999). Neuro-psycho-motricité : complémentarité de la

neuropsychologie et de la psychomotricité auprès de personnes victimes d’un traumatisme

crânien grave. Evolutions psychomotrices, 11, 43, 29-34.

A:/impulsivity.htm.Psychiatric Center of West Omaha (Nebraska).

file://a:/Disorder and creativity.htm

Http://www. Addictions. Net/impulsivity.htm.