Présents : M Excusés : M Françoise Verrier. MM ... · PDF file3 La...

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    Secrtariat : 22 rue Saint-Bernard F-59000 Lille Tl. : 03-59-73-06-00 Fax : 03-20-48-07-67

    SANCE DU LUNDI 27 OCTOBRE 2014

    AUX ARCHIVES DPARTEMENTALES DU NORD

    SOUS LA PRSIDENCE DE PHILIPPE MARCHAND

    Prsents : Mmes Jacqueline Duhem ; Rosine Cleyet-Michaud ; Mayls Jeanson ; Monique Mestayer ; Diana Palazova-Lebleu ; Yvette Henel ; Franoise Bruno ; Christiane Lesage.

    MM. Frdric Faucon ; Philippe Masingarbe ; Pierre Mayeur ; Philippe Guignet ; Henri Guy ; M. Bernard Delmaire ; Philippe Marchand ; Edouard Desplats ; Alexis Donetzkoff ; Dominique Delgrange ; Grard Janssen ; Andr Crasquin ; Herv Passot.

    Excuss : Mmes : Nadine Malle-Grain ; Marie Josphe Lussien-Maisonneuve ; Martine Dumont ; Franoise Verrier. MM. : Ludovic Pesant ; Claude Depauw ; Bernard Schaeffer ; Roger Berger ; Christophe Leduc ; Michel Lekieffre ; Jean-Pascal Vanhove ; Pierre Pouchain ; Jean-Marie Duvosquel ; Pierre Leman ; Michel Delcaut ; Alain Lottin ; Grard Courtecuisse.

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    COMMUNICATION

    Jacqueline DUHEM

    Le massacre d'Ascq de 1944 nos jours : une histoire toujours en chantier

    Jacqueline Duhem est lauteur de louvrage Ascq 1944 - Un massacre dans le Nord. Une affaire franco-allemande, Les Lumires de Lille ditions, 2014, 266 p.

    En 2010, jai t contacte par Frdric Lpinay, diteur des Lumires de Lille.Il stonnait que, depuis 1994, date de sortie du dernier ouvrage du docteur Jean-Marie Mocq sur le massacre dAscq, personne navait effectu de nouvelles recherches et me demandait si de nouvelles archives pouvaient tre consultes. En tant que membre de la Socit Historique de Villeneuve dAscq et du Mlantois qui gre le Mmorial Ascq 1944, je travaillais dj sur ce sujet et javais pu noter des contradictions, voire des erreurs, dans les diffrents ouvrages que javais consults. Lors de mes recherches et de la rdaction du livre, je me suis aperue que lhistoire du massacre dAscq, et de ses rpercussions jusqu nos jours, tait toujours en chantier

    Tout dabord, il est bon de prsenter ce qui fait consensus, aprs la confrontation entre ce qui se dit Ascq et le fruit de mes recherches. Suite au sabotage d'un aiguillage, au cur de la petite ville d'Ascq, par un groupe de rsistants, une explosion a lieu lors du passage d'un convoi transportant des lments d'une division SS en partance pour la Normandie (des tmoins ont reconnu l'insigne sur le col de leur veste). Les dgts matriels sont peu importants mais les officiers et sous-officiers dcident dappliquer l'ordonnance de fvrier 1944 du gnral Hugo Sperrle qui concerne la lutte contre les terroristes : les reprsailles doivent tre collectives mme si cela frappe des innocents. Durant environ une heure trente, une partie des SS, rpartis en quatre commandos, parcourt le bourg et prend en otage des hommes et des femmes de tout ge. Parfois lexcution des hommes a lieu immdiatement mais la majorit de ceux-ci sont amens le long de la voie ferre o ils sont excuts soit la mitraillette soit au pistolet. Le pillage est gnral et les cadavres sont dtrousss. A l'aube, on relve 86 morts, quelques dizaines de blesss dont 11 rescaps de la tuerie et 127 enfants ont perdu leur pre. Certains habitants avaient entendu que le village devait tre brl et quau moins 100 otages devaient tre excuts... Huit rsistants du groupe dAscq sont arrts en avril et mai 1944, dont deux femmes, sept sont condamns mort et les six hommes sont fusills au Fort de Seclin, le 7 juin 1944. Du 2 au 6 aot 1949, plus de cinq ans aprs le drame, un procs s'ouvre Lille afin de juger neuf ex-Waffen-SS, membres du bataillon de reconnaissance de la 12 SS Panzerdivision Hitlerjugend qui se trouvaient dans le convoi draill : huit sont condamns mort par le tribunal militaire, le neuvime 15 ans de travaux forcs.

    Les archives, qui avaient t consultes, taient celles de la prfecture du Nord dans lesquelles se trouvaient les procs-verbaux d'audition de dizaines de tmoins et de nombreux rapports de police. Le docteur Mocq avait dj pu les consulter dans les annes 1960, aux Archives dpartementales du Nord, afin dcrire son premier ouvrage paru en 1971 sous le titre Ascq 1944-La nuit la plus longue. (Cote actuelle : Muse 355). Je me penchais donc sur lensemble de ce dossier et trouvais aussi quelques informations parses dans dautres dossiers des Archives dpartementales. Comme le docteur Mocq, je consultais galement les archives municipales d'Ascq qui se trouvent la mairie de Villeneuve dAscq.

    Mais une question me taraudait : comment avait-on retrouv les neuf ex-Waffen-SS, et seulement eux, sur les 350 400 du convoi ?

    Le nom de la division, laquelle ils appartenaient, fut connu ds novembre 1944, grce deux concours de circonstances exceptionnels. Ds novembre 1944, M. Florack, de Mortagne-au-Perche dans l'Orne, a inform son pre, qui habitait Ascq, que des SS de la 12e Panzerdivision SS Hitlerjugend, stationns dans sa commune avant le dbarquement du 6 juin 44, se vantaient d'avoir particip un massacre dans le Nord, en venant de Belgique. Mais, entre temps, les archives de la 12e SS, qui contenaient les rapports de grads du convoi dAscq, avaient t dcouvertes dans un camion culbut dans un ruisseau Etraupont dans l'Aisne, dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, lors du repli de la 12e SS vers l'Allemagne.

    Llment dterminant, pour savoir comment les neuf ex-Waffen-SS avaient t retrouvs aprs guerre, fut la consultation d'un article de l'historienne allemande Claudia Moisel, publi dans la revue Autrement de 2007, sur Des crimes sans prcdent dans l'histoire des pays civiliss : l'occupation allemande devant les tribunaux franais 1944-2001. Elle y fait rfrence l'existence d'archives du Service de Recherche des Crimes de Guerre Ennemis au niveau national mais aussi rgional. Pour le Nord-Pas-de-Calais, jai pu ainsi les consulter aux Archives Dpartementales du Nord. Jy ai dcouvert un gros dossier sur Ascq et sur laffaire judiciaire qui s'en est suivie.

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    La consultation de louvrage de Jean-Luc Leleu : la Waffen-SS, soldats politiques en guerre Perrin 2007, ma galement appris quun gros dossier sur laffaire dAscq se trouvait dans les archives de la Justice militaire, au dpt de la gendarmerie du Blanc dans l'Indre. Comme huit des inculps de 1949 avaient t condamns mort, je me suis rendue aux Archives Nationales pour consulter les archives de la Prsidence de la Rpublique o jai trouv leur dossier de demande de grce. Il contient un document dactylographi de 121 pages, rdig la demande du prsident Ren Coty, prsident du Conseil Suprieur de la Magistrature, par le secrtaire gnral et annot au crayon bleu par le prsident lui-mme. Il rsume l'affaire, les diffrentes interventions pour demander la grce et lavis du secrtaire sur le degr de culpabilit de chacun des condamns. Enfin, je me suis plonge dans la lecture des Dbats parlementaires pour connatre le contenu des dbats propos de ladoption de la loi dite du 15 septembre 1948 puis de sa suppression en fvrier 1953.

    Toutes ces recherches mont permis de remettre en cause huit ides reues :

    Les SS du convoi venaient du front russe

    Bien que cette ide fausse (que l'on trouve dans le rquisitoire de l'avocat gnral, le lieutenant-colonel de Beauvais, lors du procs) ait t corrige par Jean-Marie Mocq ds son premier ouvrage, elle circule toujours Villeneuve dAscq mais aussi dans la rgion. En ralit, le convoi vient de Turnhout, ville situe 50 kilomtres au nord-est d'Anvers, o logeait le groupe de reconnaissance de la 12e Panzerdivision SS Hitlerjugend. Cette division a t cre en juin 1943 et elle est compose de jeunes recrues, des volontaires mais surtout des incorpors avec anticipation l'ge de 17ans (certains avaient mme 16 ans et demi...). Seuls les officiers et sous officiers ont combattu sur le front russe, la plupart dans la 1e Panzerdivision SS Leibstandarte, commande par Josef Sepp Dietrich, avant de devenir instructeurs. La division commence tre transfre en Normandie, dans l'Eure et Orne, pour remplacer la 10e Panzerdivision SS Frundsberg en partance pour le front russe.

    Parmi les SS, il y avait des Alsaciens, des Wallons, des Flamands voire mme des volontaires russes

    Lide reue est surtout trs vivace propos des Alsaciens, Wallons et Flamands. Elle provient dinterprtations, par des tmoins, des accents de certains SS parlant franais... Ce qui a amen le commissaire Marcel Deruelle, chef du SRCGE de Lille partir de novembre 1946, et ses 2 adjoints perdre beaucoup de temps dans des recherches infructueuses... Pour la prsence d'Alsaciens, cela vient aussi d'une mauvaise interprtation des renseignement collects, en particulier Mortagne, auprs de la population qui a ctoy les soldats de la 12 SS : deux Alsaciens interprtes les avaient menacs de leur faire subir le mme sort que leurs camarades avaient fait subir la population d'Ascq. Quand aux volontaires russes, on nen trouve aucune mention dans les tmoignages de l'poque et dans les recherches effectues...

    On ne sait toujours pas qui taient ces rsistants (ide reue peu dveloppe mais qui est encore prsente dans un ouvrage historique rcent...) et ce groupe visait le convoi de Waffen-SS.

    Aucun doute nest possible sur leur identit : le procs-verbal d'audition, devant le juge d'instruction du tribunal militaire de Metz, du seul rescap du groupe qui a pos la charge, Edouard Lelong, se trouve dans les archives de la Justice militaire. Cette ide reue vient, entre autres, du chef de gare M. Carr qui, interview aprs guerre, dclare qu'il a entendu dire que les six rsistants fusills n'taient pas les auteurs du sabotage, ce qui n'est vrai que pour deux d'entre eux. On retrouve aussi cette interprtation errone dans louvrage de Jean-Marie Fossier Zone interdite, publi en 1977, la page 269.

    Le groupe d'Ascq est organis autour de Paul Delcluse, ouvrier aux Ateliers d'Hellemmes. Il est compos de quelq