Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de...

122
Étude réalisée dans le cadre de la formation « Forêt – Nature – Société » du 12 février au 1 er mars 2008 sous la direction de : Me Maya LEROY Enseignant chercheur en Sciences de gestion M. Sébastien TREYER Enseignant chercheur en Sciences de l’environnement M. Georges SMEKTALA Enseignant chercheur en Sciences forestières Pierre-Marie AUBERT Doctorant en Sciences de gestion Par les étudiants de la formation : Arnaud AUGÉ-SABATIER, Sofian CONCHE, Pierre DEMOUGEOT, Sophie DUTREY, Anne FRAYER, Clotilde LEBRETON, Marianne MARTINET , Judicaël TSOUMBOU, Benjamin YGUEL, Année universitaire 2007-2008 ÉCOLE NATIONALE FO- RESTIÈRE D’INGÉNIEUR Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas Protection de la cédraie marocaine et changement socio-spatial

Transcript of Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de...

Page 1: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Étude réalisée dans le cadre de la formation « Forêt – Nature – Société »du 12 février au 1er mars 2008 sous la direction de :

Me Maya LEROY Enseignant chercheur en Sciences de gestionM. Sébastien TREYER Enseignant chercheur en Sciences de l’environnementM. Georges SMEKTALA Enseignant chercheur en Sciences forestièresPierre-Marie AUBERT Doctorant en Sciences de gestion

Par les étudiants de la formation :Arnaud AUGÉ-SABATIER, Sofian CONCHE, Pierre DEMOUGEOT, Sophie DUTREY,Anne FRAYER, Clotilde LEBRETON, Marianne MARTINET , Judicaël TSOUMBOU,

Benjamin YGUEL,

Année universitaire 2007-2008

ÉCOLE NATIONALE FO-RESTIÈRE D’INGÉNIEUR

Prospectives environnementales deterritoire dans le Moyen AtlasProtection de la cédraie marocaine et

changement socio-spatial

Page 2: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 1 -

TABLE DES MATIÈRES

RESUMÉ........................................................................................................................................................................ 2

LISTE DES ABBREVIATIONS................................................................................................................................. 4

LEXIQUE....................................................................................................................................................................... 5

INTRODUCTION......................................................................................................................................................... 6

PARTIE A. METHODOLOGIE................................................................................................................................. 9

1. DÉFINITION DE LA PROSPECTIVE ............................................................................................................................ 92. DÉROULEMENT DE L’ÉTUDE ................................................................................................................................. 103. LES ACTEURS RENCONTRÉS .................................................................................................................................. 114. RÉALISATION DES ENTRETIENS............................................................................................................................. 125. TRANSCRIPTION ET GRILLE DE LECTURE DES ENTRETIENS .................................................................................. 14

PARTIE B. DIAGNOSTIC........................................................................................................................................ 16

1. LE MAROC : ENGAGEMENTS ENVIRONNEMENTAUX, DÉVELOPPEMENT RURAL ET LUTTE CONTRE LA

PAUVRETÉ.................................................................................................................................................................. 162 LES PROVINCES D’IFRANE ET DE KHÉNIFRA : PRÉSENTATION ET ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX ....................... 20

PARTIE C. LES MICROSCENARIOS................................................................................................................... 27

1. CONSTRUCTION DES MICROSCÉNARIOS................................................................................................................ 272. PRÉSENTATION DES MICROSCÉNARIOS AFFÉRENTS À CHAQUE THÈME ............................................................... 283. CONCLUSION SUR LA CONSTRUCTION DES MICROSCÉNARIOS ............................................................................. 62

PARTIE D. LES MACROSCENARIOS ................................................................................................................. 64

1. CONSTRUCTION DES MACROSCÉNARIOS............................................................................................................... 642. MACROSCÉNARIO « TENDANCIEL »...................................................................................................................... 653. MACROSCÉNARIO « POLITIQUES SECTORIELLES »............................................................................................... 674. MACROSCÉNARIO « MARCHÉ »............................................................................................................................ 705. MACROSCÉNARIO « ENVIRONNEMENT » ............................................................................................................. 756. MACROSCÉNARIO « SOCIÉTÉ CIVILE »................................................................................................................. 797. FRAGILITÉS DES MACROSCÉNARIOS ..................................................................................................................... 82

PARTIE E. DISCUSSIONS....................................................................................................................................... 85

CONCLUSION............................................................................................................................................................ 88

BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................................................... 89

LISTE DES ILLUSTRATIONS................................................................................................................................ 91

TABLE DES MATIÈRE DÉTAILLÉE ................................................................................................................... 92

ANNEXE I.................................................................................................................................................................... 94

ANNEXE II ................................................................................................................................................................ 101

Page 3: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 2 -

RESUMÉ

La cédraie du Maroc, située dans les massifs montagneux de l'Atlas, est un écosystème unique dont ladégradation constatée actuellement semble être provoquée par la surexploitation des ressources qu'ellerenferme : grumes, bois de feu et fourrage. Le changement climatique responsable de nombreux dépé-rissements est aussi un facteur de dégradation.

Une étude de prospective environnementale, à l'échelle de 30 à 50 ans, a été menée par dix étudiantsde l'Ecole Nationale du Génie Rural des Eaux et Forêts de la formation « Forêt-Nature-Société »(AgroParisTech-ENGREF, Montpellier, France, promotion 2008) sur une durée de six semaines. donttrois sur le terrain dans les régions d'Azrou-Ifrane et surtout de Khénifra (Moyen Atlas). Cette étudefaisait logiquement suite à un diagnostic réalisé l'année dernière par leurs prédécesseurs qui a servi debase à une étude bibliographique (thèses, rapports de projets internationaux, documents émanants desadministrations marocaines, cours de spécialistes…) en partie effectuée en France. Sur place, 72 en-tretiens semi-directifs ont été réalisés et recoupés entre eux, dans le but de recueillir une gamme laplus large possible des visions de l'avenir du territoire formulées par les acteurs. Ces visions sont cen-trées sur la cédraie mais restent en lien avec leurs champs d'activités propres.

Six thèmes, couvrant l'ensemble des facteurs exprimés comme déterminants pour l'avenir de la cédraieet présentant des incertitudes quant à leurs évolutions futures, ont été choisis : filière bois, systèmes deproduction agricole, tourisme, organisation sociale du milieu rural, urbanisation et acteurd’environnement.

Sur chacun de ces thèmes, plusieurs microscénarios spécifiques à cette partie du système étudié ont étéélaborés, principalement sur la base des discours et des visions recueillis. Enfin, en s’inspirant de dé-marches fortes et structurantes, des macro-scénarios ont été rédigés, combinant entre eux un microscé-nario sur chacun des thèmes,: ces quatre macroscénarios sont les suivants : « tendanciel », « politiquessectorielles », « marché », « environnement », « société civile ». Pour ces images de l’avenir del’ensemble du système territorial considéré, une plus grande liberté a été prise au-delà de la retrans-cription des images du territoire que montrent les microscénarios. Ces macroscénarios tentent de ra-conter une histoire cohérente poussant jusqu'au bout une logique de base (respectivement « on faitcomme d'habitude », « les projets de l'Etat et des filières économiques structurent l'avenir », « le mar-ché et le libre échange régulent les activités », « l'environnement devient un point central des préoccu-pations », « la société civile se structure et détermine fortement l'évolution du territoire »).

Une analyse des fragilités de ces scénarios et de l'état des ressources naturelles (eau et forêt) qui enrésulte a également été réalisée. Cette démarche aboutit finalement à des macroscénarios qui sont tousdiscutables mais ont tous un degré certain de plausibilité. Ils n’ont pas pour vocation d'être choisiscomme projet pour le territoire, mais au contraire de lancer une discussion entre les acteurs du terri-toire sur la diversité des futurs possibles ou souhaités.

Page 4: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 3 -

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont lancés dans cette étude et sans qui notretravail n’aurait pas pu être possible.

Nous pensons aux enseignants français et marocains qui ont assuré l’encadrement et contribué au bondéroulement de la phase de terrain jusqu’à l’accomplissement du travail, en particulier les professeursde l’Ecole Nationale Forestière d’Ingénieur de Salé, partenaire privilégié de l’AgroParisTech-ENGREF au Maroc.

Nous n’oublions pas non plus les membres des deux projets sur Azrou et Khénifra qui nous ont donnéde leur temps professionnel ou personnel pour nous introduire auprès de structures et nous guider dansnos démarches de recherche de contacts. Nous tenons à remercier Luc BERNARD pour sa précieuseaide tout au long de ces trois semaines.

Nous remercions particulièrement M. Hamid STITOU, responsable du projet MEDA, pour nous avoiraccueillis dans les locaux du projet en nous réservant une salle de travail.

Enfin, nous remercions toutes les personnes qui ont pris le temps de répondre à nos questions et denous exposer leur vision d’avenir. Qu’ils soient institutionnels, professeurs, étudiants, forestiers, agri-culteurs ou bergers, nous leur adressons tous nos remerciements : ils ont fourni la matière première dece rapport.

Page 5: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 4 -

LISTE DES ABBREVIATIONS

AFD : Agence Française de Développement

AGAM : Association de Gestion des Aménagements de Massifs

AGAT : Association de Gestion d’Aménagement du Territoire

AGR : Activités Génératrices de Revenus

ANOC : Association Nationale Ovins et Caprins

AP : Aires Protégées

BTP : Bâtiments de Travaux Publics

CI : Conservation International

CR : Communes rurales

DH : Dirham

DPA : Direction Provinciale de l’Agriculture

DRI : Développement Rural Intégré

DREF : Direction Régionale des Eaux et Forêts

EGAP : Equipe de Gestion des Aires Protégées

DRS : Défense et Restauration des Sols

ENA : Ecole Nationale d’Agronomie

ENGREF : Ecole Nationale du Génie Rurale des Eaux et Forêts

ENFI : Ecole Nationale Forestière d’Ingénieurs Marocains

FNS : Forêt Nature et Société

HCEFLCD : Haut Commissariat des Eaux et Forêts et de la Lutte contre la Désertification

INDH : Initiative Nationale pour le Développement Humain

OCDE : Organisation de coopération et de Développement Economique

OGM : Organismes génétiquement modifiés

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONGE : Organisation Non Gouvernementale pour l’Environnement

PAG : Plan d’Aménagement de Gestion

PMH : Petites et Moyennes Hydrauliques

PNHAO : Parc National du Haut Atlas Oriental

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

RB : Réserve de Biosphère

RN : Ressources Naturelles

SIBE : Site d’Intérêt Biologique et Ecologique

SPEF : Service Provincial des Eaux et Forêts

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UF : Unité fourragère

WWF : World Wildlife Fund

Page 6: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 5 -

LEXIQUE

Agdal : Mise en défens pastorale ou forestière

Azaghar : Zone de plaine du Moyen Atlas

Amazighes : Populations berbères

Bottom-up : Forme de participation où les différentes parties prenantes prennent directe-ment part au processus de décision.

Dahir : Décret royal. Ce texte a valeur de loi

Dir : Versant des montagnes du Moyen Atlas

Dirham : Monnaie marocaine (1 euro = 11.456 dirhams)

Douar : Groupement d’habitats, niveau social traditionnel

Hotspot : Lieu de forte biodiversité (faune et flore)

Jbel : Hauts plateaux du Moyen Atlas

Melk : Terre privée

Melkisation : Privatisation des terres collectives

Mjej : Développement de champignon sur les arbres

Oued : Cours d’eau au régime hydrologique irrégulier

Tamazight : Langue des populations berbères

Page 7: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 6 -

INTRODUCTION

Le Maroc est un pays en pleine mutation, tant sur le plan économique que social. Durant ces dix der-nières années, les filières du tourisme et de la pêche maritime ont connu un essor important. Néan-moins, l’économie du pays est encore essentiellement soutenue par des activités dépendantes des res-sources naturelles comme l’agriculture (15% du PIB), l’artisanat (10% du PIB) et l’industrie minière(10% du PIB) (MADREF, 2001). De grandes disparités existent également entre le Maroc des grandesplaines agricoles et du littoral et le Maroc rural, longtemps considéré comme le Maroc « inutile »(Lecestre-Rollier, 1992). Face à cette situation, le Royaume, soutenu par la communauté internatio-nale, investit dans les infrastructures (routes, électricité…) et les services publics (santé, éducation…)pour accompagner le développement économique du pays et améliorer le niveau de vie de ses sujets.Ces investissements semblent favoriser la modernisation de la société marocaine alors même quel’avènement de sa Majesté Mohammed VI a marqué un tournant dans la vie politique du pays. La tran-sition démocratique qu’il a initiée s’est traduite par la promotion d’un modèle de démocratie partici-pative et la décentralisation des services de l’Etat.

En parallèle de ces évolutions, , dans un contexte de pression internationale pour la sauvegarde de labiodiversité affirmée lors la conférence des Nations Unies de Rio de Janeiro en 1992, Sa Majesté Mo-hamed VI affiche la volonté de préserver le milieu naturel. À cette fin, le « parc national » est au-jourd’hui l’unique outil disponible en matière de conservation de la biodiversité in situ. Défini par unDahir1 publié en 1934 (c’est à dire sous protectorat français), il est censé assurer une protection strictedes écosystèmes et les placer sous la tutelle de l’administration forestière, interdisant notamment« tous les actes de nature à entraîner leur changement, tels que : coupes d'arbres, ouvertures de tran-chées ou de carrières, constructions définitives ou temporaires, pâturage intensif, etc » (Royaume duMaroc, 1934). Leur nombre a augmenté significativement depuis 1995 (passage de 3 à 9 en 10 ans).Cependant, face à des espaces très anthropisés, les mesures de protection ne peuvent ignorer le déve-loppement économique et humain. Les parcs nationaux dans leur forme actuelle ne sont cependant pasen mesure de prendre ces enjeux en considération et une nouvelle loi sur les Aires Protégées devraitvoir le jour d’ici peu2.

Le Moyen Atlas est une région qui réunit à la fois ces enjeux de développement et d’environnement.Plus précisément, la cédraie, milieu emblématique de ces espaces, est à la croisée de préoccupationsécologiques, économiques et sociales. Sa grande biodiversité en fait un patrimoine riche à défendre.La région dispose aussi de nombreuses zones humides qui servent de refuges pour les oiseaux migra-teurs. Elle offre des services écologiques (rétention et filtration d’eau, maintien des sols) qui bénéfi-cient aux populations situées en aval des hauts plateaux. Les ressources qu’elle fournit lui confèrent,d’autre part, des atouts forts qui peuvent ou qui pourraient aider au développement des populationslocales (élevage, vente de produits forestiers, tourisme). La préservation de ces écosystèmes représentedonc un enjeu majeur pour le développement du Moyen Atlas.

1 Le dahir correspond dans le système législatif marocain à une loi française2 Cette législation sur les Aires Protégées est attendue depuis déjà quelques années au Maroc ; elle a été proposé au moinsdepuis la réalisation du Plan Directeur sur les Aires Protégées, en 1994 mais n’a toujours pas pu aboutir.

Page 8: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 7 -

Le contexte humain de la région se définit par une population majoritairement rurale et dispersée dansl’espace. Les principales ressources économiques et alimentaires s’appuient sur l’élevage etl’agriculture. Des projets de développement, financés par différents bailleurs de fonds internationauxet le Royaume du Maroc, se sont focalisés sur l’amélioration des conditions de vie sur ces territoires.Nous citerons, à ce titre, deux projets actuels (avec lesquels nous avons travaillé) : le projet« Aménagement et Protection des Massifs Forestiers de la Province d'Ifrane »3 et le projet de« Développement Rural Participatif dans le Moyen Atlas Central de la Province de Khénifra »4. Dansle cadre de la mise en place des Aires Protégées au Maroc, l’aide publique au développement joue unrôle important dans les mécanismes de gestion environnementale.

La situation est complexe puisque la gestion environnementale de l’écosystème cédraie est intercon-nectée avec un processus de changement social aux niveaux local et national. Suite au travail réalisépar la promotion antérieure révélant la faiblesse des acteurs portant les intérêts environnementaux etune pression accrue sur l’écosystème cédraie (FNS, 2007), la formation FNS de l’ENGREF en parte-nariat avec l’ENFI s’est proposé d’aller un cran plus loin dans l’analyse du territoire du Moyen Atlas.L’objectif est alors de déterminer les processus en cours ou à venir qui pourraient servir de moteur àune stratégie de gestion environnementale de l’écosystème cédraie.

Pour ce faire, nous avons choisi d’utiliser les outils de la prospective, en particulier ceux développésdans le cadre du groupe de Recherche en Gestion sur les Territoires et l’Environnementd’AgroParisTech-ENGREF. La prospective offre, à notre avis, un cadre de discussion qui permet dedépasser les limites de la logique individuelle des acteurs d’un territoire et d’approcher, d’une manièredifférente d’un diagnostic, leurs marges de manœuvre. Pour cela, elle s’attache à faire parler les ac-teurs de ce qui constitue des sources d’incertitude dans leurs représntations de l’avenir , pour soumet-tre ensuite ces éléments à la discussion collective, sous forme de scénarios. La prospective n’est pasune discipline figée dans un cadre méthodologique standardisé, mais elle repose principalement sur lamise en discussion structurée et critique des représentations de l’avenir qui peuvent être mobiliséesautour d’un projet ou d’un territoire. L’objectif de cette analyse prospective était bien de proposer unestructuration de ce débat sur l’avenir du territoire. Parler des futurs possibles, c’est développer unediscussion approfondie qui doit notamment permettre d’identifier des processus clés, qu’ils soienttendanciels ou émergents aujourd’hui, ou bien plus nettement en rupture, et qui pourront impacterfortement demain sur les enjeux environnementaux. Nous avons donc réalisé une prospective environ-nementale dont l’objectif était de relier les enjeux environnementaux à des processus extérieurs à cesenjeux. Ainsi notre travail repose essentiellement sur des informations recueillies et recoupées lorsd’entretiens et sur des données bibliographiques, en s’appuyant notamment sur le travail réalisé par lesétudiants FNS de l’an dernier. Le diagnostic FNS 2007 reposant principalement sur la provinced’Ifrane, nous avons choisi de concentrer nos efforts sur la ville et la province de Khénifra, de manièreà tenir compte ensemble de deux territoires différenciés sur lesquels s’étend la cédraie, et qui serontsoumis demain à des contraintes extérieures similaires.

3 Financement Agence Française de Développement/Fond Français pour l’Environnement Mondial/Royaume du Maroc,2001-2006 avec avenant de 18 mois (jusqu’à mi 2008). Le projet sera dénommé dans la suite du texte « projet AFD ».4 Financement Union Européenne, programme MEDA/Royaume du Maroc, 2001-2007 avec avenant jusqu’à fin 2008. Leprojet sera dénommé dans la suite du texte « projet MEDA ».

Page 9: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 8 -

Après une présentation de la méthode et une mise en lumière de ses limites, nous dérouleronsl’analyse prospective en commençant par les éléments d’un diagnostic poussé des représentations del’avenir mobilisées par les acteurs, qui nous ont permis ensuite de reconstruire des microscénarios àpartir des dires d’acteurs. Puis, à partir des microscénarios et d’éléments généraux de cohérence, nousconstruirons des macroscénarios présentant une vision globale des deux territoires du Moyen Atlas surle long terme. L’enjeu du travail est d’apporter des éléments à mettre en discussion avec les différentsacteurs interviewés, tant dans le cadre d’une restitution organisée sur place en fin de séjour que par ladiffusion du présent rapport qui suscitera, nous l’espérons, de nouvelles réflexions et interrogationspour tous ceux (gestionnaires, paysans, membres d’associations ou administratifs) qui s’intéressent àl’avenir de ce territoire et qui s’y investissent déjà aujourd’hui.

Les parties conclusives de ce rapport ébauchent quelques interprétations stratégiques possibles à partirdes scénarios construits dans cette analyse, mais il ne pouvait pas nous revenir de faire des recomman-dations d’action : nous espérons que ces éléments de structuration du débat permettront qu’une discus-sion entre tous les acteurs ait lieu et qu’elle puisse engager l’élaboration d’une stratégie collective pourle territoire.

Page 10: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 9 -

PARTIE A. METHODOLOGIE

1. Définition de la prospective

L’« attitude prospective », selon G. Berger, consiste à penser les changements possibles et la multipli-cité fondamentale des futurs d’un système. Cela passe par un travail sur la variabilité des systèmes, àla différence d’une réflexion s’en remettant aux seules tendances et aux extrapolations de celles-ci,tout en prenant en compte le fonctionnement global d’un système. Le but est de penser ce ou ces sys-tèmes en termes d’évolution et non d’équilibre (Berger, 1960).

Cependant, on ne peut pas produire une véritable connaissance de l’avenir à long terme, car tropd’incertitudes existent et trop de changements sont possibles. Certes, il faut tenir compte de certainestendances lourdes (phénomènes déterministes) mais tout peut changer, à long terme, car certaines in-certitudes sont irréductibles, telles que les événements extérieurs imprévisibles, des phénomènes decaractère aléatoire résultant du hasard et non de la nécessité. De plus, il faut également prendre encompte les décisions possibles de tous les acteurs du système, de par leur liberté et les marges demanœuvre qu’ils possèdent toujours (Crozier & Friedberg, 1977). Puisque tous ces phénomènes futurssont indéterminés, il apparaît donc indispensable de se focaliser sur l’identification des ruptures ou desbifurcations de ces systèmes qui permettent d’obtenir des futurs différents et de montrer ainsi les mar-ges de manœuvres que l’on possède pour les décisions d’aujourd’hui. La prospective vise donc ainsi àproduire des figures d’évolutions futures plausibles, qui permettent d’éclairer et de discuter des déci-sions prises aujourd’hui.

L’étude présentée ici se focalisera plus particulièrement sur l’étude d’un socio-écosystème territoriali-sé (dont les limites seront présentées un peu plus loin), mobilisant en particulier une approche de typeProspective Environnementale de Territoire (Poux, 2005). Deux enjeux au moins sont à souligner dansun tel travail :

- les enjeux liés à la nature de l’objet territorial. Dans une perspective environnementale, XavierPoux propose de mettre l’accent sur trois aspects du territoire :

o son caractère circonscrit et le fait qu’il intègre des éléments spatialisés ; c’est à dire lanécessité de délimiter le socio-écosystème auquel on s’intéresse sur un plan territorialet de le replacer dans un ensemble spatial plus large5.

o sa double dimension écologique et humaine, qui implique de réfléchir non seulementles interactions socio-système – écosystème mais aussi les interactions – nombreuses– qui existent au sein même du socio-système entre les acteurs.

o la complexité des processus d’évolution, à envisager sur le double plan spatio-temporel.

- les enjeux liés à la nécessité de mobiliser des données d’horizons très variés et d’aborder, du faitde la nature territoriale de l’objet de recherche, des questions d’ordre très différent (écologique,démographique, géographique, historique, agronomique…).

5 La question de l’échelle à laquelle appréhender ce socio-écosystème reste dans tous les cas problématique.

Page 11: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 10 -

Notre utilisation de la prospective

Il existe de multiples façons de faire de la prospective, en se basant sur des matériaux et des dispositifsde nature très variable tels que des ateliers participatifs, des entretiens bilatéraux ou bien encore à par-tir de résultats de modèles formalisés. Les résultats obtenus par ces différents types de prospectivesdivergent par leur nature et leur utilisation : on ne tire pas les mêmes enseignements pour l’actiond’une réunion rassemblant tous les acteurs d’un territoire pour discuter à bâtons rompus de son avenirsque d’un travail basé sur une modélisation technico-économique et écologique des impacts à longterme d’une filière sur l’écosystème.

Dans le cadre de notre étude, nous avons choisi de produire des scénarios ou conjectures, reposant demanière centrale sur la mise en cohérence des visions de l’avenir recueillies en entretien et sur la bi-bliographie mise à notre disposition.

Notre travail s’est alors déroulé en trois étapes. Nous avons, dans un premier temps, réalisé des entre-tiens individuels plutôt qu’en groupe de discussion. Ce choix méthodologique est inverse de celui quiconsiste à miser sur la discussion collective en atelier de travail pour permettre des recompositions desreprésentations de chacun en fonction de l’expression des autres. Nous avons ainsi recherché une cer-taine symétrie (les discours de tous les acteurs ont la même valeur) dans les informations récoltées etlaissé chaque interviewé s’exprimer pleinement, l’objectif étant d’avoir une diversité la plus grandepossible d’opinions et d’images du futur. La méthode que nous avons utilisée pendant les entretiens,sera illustrée de manière plus approfondie dans les paragraphes suivants.

Cette première étape consistant à mener des entretiens en bilatéral, nous a permis d’identifier des pro-cessus par sous systèmes ou secteurs, qui nous ont servi, dans un second temps, à construire des mi-croscénarios pour chacun de ces sous systèmes. Dans un troisième et dernier temps, nous avons com-biné ces microscénarios pour obtenir des scénarios globaux qui prennent en compte chacun des soussystèmes.

La production de ces derniers scénarios consiste à mettre en système différentes opinions individuellessur l’avenir : elle n’a pas pour but de construire des modèles prédictifs, qui permettraient de calculer lameilleure décision à prendre. Il s’agit de trajectoires d’évolutions possibles, qui ne sont pas pour au-tant invraisemblables car construits de façon à être les plus cohérents possible.

L’enjeu est ainsi de mettre en discussion des changements et des incertitudes possibles et plausibles àpartir d’une recherche fondée sur le recueil d’une diversité d’opinions. Ce travail de construction et deprésentation de ces scénarios a surtout pour but de pouvoir mobiliser des acteurs pour les interroger etles faire discuter à partir d’un matériau structuré sur les avenirs possibles du territoire. Il ne conduitnullement à identifier la ou les bonnes stratégies à adopter collectivement, mais constitue une base quiservirait de départ pour une mise en débat.

2. Déroulement de l’étude

Notre étude s’est déroulée en trois phases de travail : une première phase de bibliographie d’une se-maine sur Montpellier suivie par l’étude de terrain de trois semaines dans la province de Meknès-Tafilalet pour conclure par une phase d’analyse et de rédaction d’une durée de deux semaines surMontpellier.

La première phase, réalisée avant le départ, a consisté à analyser à la fois le rapport de diagnostic desprécédents étudiants FNS et la bibliographie existante (thèses, cours de spécialistes, littérature grise

Page 12: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 11 -

émanant des administrations marocaines, documents des projets MEDA et AFD) pour comprendre lesconditions de mise en cohérence des enjeux environnementaux des zones d’études respectives avecl’évolution probable de facteurs socio-économiques dans ces zones.

Ceci nous a permis de commencer à identifier les variables principales affectant le territoire, à mettreen lumière quelques tendances fortes et à s’exercer à la construction d’ébauches de scénarios à partirde variables nous semblant en relation plus ou moins étroite avec la gestion des ressources naturelles.Au cours de ce travail, nous avions listé plusieurs variables majeures : système d’élevage, bois eténergie, liens avec les villes, tourisme, structuration des gestionnaires d’espaces naturels, moded’intervention de l’aide internationale, Etat et collectivités et enfin la variable eau. La pertinence deces choix de variables a été testée et retravaillée avec les acteurs sur le terrain.

La partie terrain s’est décomposée autour de trois étapes : un séminaire de lancement à l’Ecole Natio-nale Forestière d’Ingénieurs (ENFI), une étude de terrain de douze jours et enfin une restitution finaleen présence de certains acteurs du territoire à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Khénifra.

L’étude de terrain proprement dite s’est concentrée sur deux principaux sites d’enquêtes qui sontAzrou/Ifrane et Khénifra. Le projet des étudiants FNS 2007 ayant eu lieu principalement sur Azrou,nous avons décidé cette année de focaliser nos démarches sur la zone de Khénifra (9 jours) plutôt quesur Azrou/Ifrane (3 jours) dans le but de croiser les informations.

3. Les acteurs rencontrés

Le travail de prospective est d’autant plus solide qu’il peut mobiliser de nombreux résultats préala-bles : nous avons donc basé notre travail sur le diagnostic des étudiants FNS 2007. En particulier,nous nous sommes appuyés dans un premier temps sur la liste de contacts établie l’année dernière.Cette liste a constitué une base de référence pour prendre nos rendez-vous au cours de la premièresemaine de terrain. Ce choix méthodologique explique pourquoi l’échantillon final des personnes ren-contrées présente une large part de personnels de l’administration.

Cependant, comme une prospective territoriale nécessite de recueillir les visions d’avenir de plusieurscatégories d’acteurs, nous avons modifié notre démarche pour définir les entretiens suivants. Ayantréussi à déterminer, à partir des entretiens de la première semaine, les principales catégories d’acteursen lien avec des questions environnementales, nous avons choisi de nous investir par binôme sur unethématique correspondant à une catégorie d’acteurs particulière. Six thématiques ont été retenues (fi-lière bois, systèmes de production agricole, tourisme, urbanisation, organisation sociale du milieu ruralet acteur d’environnement) ; ce regroupement a été fait de manière à ce qu’un binôme soit responsabled’une filière ou d’une thématique complète. Afin d’affiner nos listes de contacts par thématiques, nousnous sommes appuyés sur le réseau professionnel des personnes des deux projets MEDA et ADF aveclesquels nous travaillions. Par la suite, le choix des interlocuteurs s’est fait pour une bonne part par« buissonnement » ou « arboresence » : de chaque entretien naissait de nouvelles pistes et de nouveauxinterlocuteurs possibles suggérés directement ou indirectement au cours de l’entretien.

Page 13: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 12 -

Nous avions envisagé de travailler, plus particulièrement, les entretiens auprès des femmes et des jeu-nes car nous pensions que ces deux groupes d’acteurs constituaient un facteur potentiel important dechangement pour l’avenir du territoire. Il a finalement été difficile de mettre en œuvre ces interviews.Seules les visions d’avenir de quelques femmes et quelques jeunes ont pu être recueillies, ce qui alimité la représentativité de ces deux groupes dans notre travail final, mais a constitué cependant unapport important à nos réflexions. Nous avons également réussi à obtenir la vision de personnes habi-tuellement « extérieures » au champ de l’environnement comme les banques ou les entrepreneurs pri-vés, ce qui a enrichi nos données de manière notable. Les acteurs rencontrés sont représentés pargroupe d’acteurs sur la figure 1.

Figure 1 : Répartition des personnes interviewées par "groupes"

D’une manière générale, les acteurs nous ont accordé beaucoup de leur temps : la durée moyenne desentretiens était d’une heure et demie, mais certains entretiens ont duré trois heures. La longueur desentretiens et la densité des informations produites expliquent le nombre de scénarios que nous avonspu proposer au moment de l’analyse finale. Nous avons réalisé soixante douze entretiens sur les sitesde Khénifra, Azrou/Ifrane et Meknès.

4. Réalisation des entretiens

Pour effectuer cette prospective territoriale, nous avions besoin de recueillir les visions d’avenir deplusieurs groupes d’acteurs agissant dans des domaines spécifiques et variés entre eux mais, surtout,ayant des objectifs différents pour le territoire. Ainsi, notre objectif de travail était de rencontrer laplus grande diversité d’acteurs possibles. En plus de comprendre leurs rôles, nous devions aussi com-prendre la logique qui les conduisait à défendre leurs discours et leurs actions. Pour cela, nous avonsconstruit un guide d’entretien (cf. annexe 1) décliné suivant la diversité potentielle des acteurs à ren-contrer (administratifs comprenant les cadres, les responsables, les agents techniques et de terrain, éluset représentants de la population, universitaires et chercheurs, responsables de projets, entreprises,éleveurs et bergers, associations environnementales et associations professionnelles) ; la conduite del’entretien et la formulation des questions étaient alors directement liées à notre interlocuteur. Nousmenions le plus souvent des entretiens bilatéraux pour recueillir le témoignage de chaque acteur. Le

Page 14: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 13 -

cas échant et pour un petit nombre d’entretien, un traducteur nous accompagnait pour favoriser leséchanges et discussions.

Comme chaque acteur interviewé appartenait à l’un des domaines d’action que nous avions identifiés,nous essayions, dans un premier temps, de comprendre clairement sa vision et de le pousser dans salogique avant de le recentrer sur notre problématique d’étude, à savoir l’évolution du territoire et laplace des questions environnementales, notamment la question de la dégradation de la cédraie àmoyen terme. Nous avons choisi une méthode d’enquête basée sur des discussions (ce qui constitue labase de l’entretien semi directif) dans le but de créer une interaction avec les gens en les interrogeantsur :

- leurs activités,

- les changements de tout ordre (écologique, économique, sociétal…) déjà intervenus autour d’euxet ayant modifié leur comportement lors des dernières années,

- les changements qu’ils voient ou souhaiteraient voir se profiler dans les prochaines années,

- les grands changements qui auront une influence sur la région, leurs activités et qu’ils estimentprobables dans les prochaines décennies.

Dans certains cas, les acteurs parlaient d’eux-mêmes des questions environnementales, dans le cascontraire nous avions préparé trois axes de relance dans notre guide d’entretien afin de les amenerprogressivement sur ces questions: parler de certaines prévisions qui voient disparaître la cédraie d’ici20 à 50 ans, parler du fait que l’Etat veut protéger l’environnement et enfin parler des solutions imagi-nables pour limiter la dégradation de la cédraie. Dans certains cas mais cette fois de manière plusanecdotique, nos axes de relance pour aborder la problématique discutée n’ont pas porté leurs fruits :les acteurs ne souhaitant pas s’exprimer sur ce sujet ou d’autres n’y voyant pas la nécessité puisque lacédraie, pour eux, ne se dégrade pas. Les axes de relance pouvaient aussi en fin d’entretien être utilisésen appui pour amener les interviewés sur des éléments contradictoires de leurs discours.

Toutefois, malgré toutes nos précautions et techniques d’entretiens, inévitablement, plusieurs formesde discours ont été recueillies dans le cas où les entretiens se faisaient avec une personne relevantd’une structure (administration, association, coopérative…). Ou bien l’acteur se faisait le représentantde cette structure et exprimait alors un point de vue officiel et quelque peu « préconçu », mais néan-moins important pour comprendre les stratégies des différentes institutions. Ou alors il parlait à titrepersonnel, exprimant son propre positionnement sur la problématique discutée. Les deux discours ontsouvent été extrêmement imbriqués et difficiles à distinguer. Parfois, les interviewés ont souhaité ex-pliciter à quel titre ils parlaient au cours de l’entretien.

Notre approche de terrain s’est donc faite par un travail de fond avec les acteurs, dans le but de re-constituer une image d’ensemble du territoire. Il ne s’agissait pas de rechercher la représentativitéd’une catégorie d’acteurs en particulier mais bien de recueillir les visions de catégories d’acteurs aussivariées que possible, et de souligner l’aspect innovateur de leurs discours ou propositions pour penseret construire l’avenir du territoire à partir de leurs dires.

La difficulté de l’enquête reste le faible nombre de jours dont nous disposions pour étoffer notre paneld’acteurs et lui donner une représentativité effective (en terme du nombre d’acteurs par catégories etde territoires). Toujours du fait du temps qui nous était imparti, il a été aussi difficile de revoir certai-nes personnes interrogées pour éclaircir leur discours ou compléter nos informations.

Page 15: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 14 -

5. Transcription et grille de lecture des entretiens

Les entretiens ayant été réalisés par binôme et par thématique, la mobilisation de l’ensemble des don-nées obtenues au cours de nos entretiens a été rendue possible par la construction d’un tableau à plu-sieurs entrées. Les entretiens ont ainsi été retranscrits dans un premier temps dans leur ensemble (c'est-à-dire sans différenciation des thématiques) puis analysés selon plusieurs axes :

- le diagnostic du territoire d’ensemble proposé par les acteurs ;

- les processus en cours pour gérer les dysfonctionnements (écologiques, économiques ou sociaux) ;

- le positionnement des acteurs dans un réseau social pour répondre aux problèmes soulevés ;

- les prospectives discutées par les acteurs.

Cette solution a permis une mise en perspective de la totalité des entretiens. Dans un deuxième temps,chaque binôme a fait une lecture des éléments mis dans le tableau et en a retiré les informations cor-respondant à son thème en vue de la construction de ses microscénarios. Cette technique de construc-tion de matrice permet de relever ce qui est exprimé le plus fréquemment pour chaque thème, d’unpoint de vue général et par domaine d’activité ensuite. La triangulation de ces données (c’est-à-dire lacomparaison et le recoupement des discours) met en lumière l’importance de certaines variables parthème. Les variables dominantes ont ensuite été reprises pour proposer plusieurs microscénarios diffé-rents à l’intérieur d’un même thème. Il faut souligner cependant qu’aucune analyse statistique n’a étéréalisée : il n’était en effet pas question d’aboutir à une cartographie précise des différentes visions del’avenir présentes sur le territoire et de leur attribuer une représentativité statistique ; le choix métho-dologique fait dans cette étude était au contraire de rechercher la diversité des points de vue, et doncplutôt des visions originales ou marginales mais intéressantes que des visions très répandues mais trèsconventionnelles. Il faut souligner également qu’aucun scénario n’a été construit selon les représenta-tions d’avenir d’un seul type d’acteurs. Les microscénarios présentés dans le rapport sont tous issus ducroisement des discours de plusieurs acteurs rencontrés. Les macroscénarios, eux, constitués commecombinaison de plusieurs microscénarios , ajoutent un degré de complexité et peuvent paraître pluséloignés des discours plutôt réalistes recueillis sur le terrain : leur mode de construction assure cepen-dant qu’ils résultent de la mise en cohérence de plusieurs anticipations partielles de l’avenir du terri-toire, ce qui est à la fois un gage de plausibilité important, et une incitation à mettre en discussion leréalisme de chacune de ces anticipations individuelles ou sectorielles en fonction des autres compo-santes du système avec lesquelles elle devra jouer à l’avenir.

Dans tous les cas, la production de ce type de matériau dense, conçu comme un objet de discussion, apour objectif de reconstituer une image d’ensemble du territoire dans laquelle la proposition de scéna-rios engage la discussion à partir d’une idée forte et structurante qui est à la fois le point de départ et lefil de ce scénario. Pour discuter et contrôler l’efficacité et/ou la pertinence de l’enchaînement des va-riables et leur dynamique interne, notre travail a été proposé à la discussion avec des acteurs mais aus-si auprès de personnes extérieures et ayant une vision réaliste sur l’avenir du territoire au moment dela restitution finale. Cette restitution tenait aussi lieu de lancement de la discussion stratégique entreles acteurs du territoire à partir des scénarios proposés.

Après ces quelques points généraux de méthodologie, nous allons présenter des éléments de contexteet de diagnostic sur la situation actuelle, puis les résultats de l’analyse avec la construction de micros-cénarios par thèmes puis leur combinaison pour obtenir une vision d’ensemble du territoire. La cons-

Page 16: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 15 -

truction des macroscénarios ainsi que les microscénarios choisis pour chacun d’eux, avec leur point dedépart, seront explicités dans les parties C et D du rapport. Avant chaque présentation de microscéna-rios, quelques éléments de contexte par thème seront rappelés.

Page 17: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 16 -

PARTIE B. CONTEXTE ET RAPPEL DU DIAGNOSTIC

1. Le Maroc : engagements environnementaux, développement rural etlutte contre la pauvreté

1.1. Un pays « du Sud »

Pays du Maghreb, pays dit « arabe », le Maroc se classe au 125ème rang mondial par son Indice de Dé-veloppement Humain. Avec quatre médecins pour 10 000 habitants, à peine 50% de tauxd’alphabétisation et une dette extérieure de 14 milliards de dollars US, le Maroc est manifestement unpays « du Sud » selon les critères de l’OCDE (MADREF, 2001, Vassas, 2005).

Il a été placé sous ajustement structurel de 1983 à 1993, dans le but de réduire des déséquilibresmacro-économiques alors importants. Cela a provoqué un désengagement progressif de l’État de tou-tes les activités économiques (processus de privatisation et d’encouragement à l’investissement privé)ainsi que d’une partie du secteur public. Engagé sur la voie de la libéralisation promue par les paysdits « du Nord », l’ensemble du secteur public semble aujourd’hui souffrir d’un manque de moyenschroniques, que ne parviennent pas à combler les nombreuses associations locales ou internationalesqui peu à peu se substituent à l’État.

Le Maroc compte environ 33 millions d’habitants en 2006, avec un taux d’accroissement naturel de1,55% et un taux d’urbanisation de 58% (CIA, 2007).

Selon une étude sur les « populations vulnérables », près de 47 % de la population totale souffrentd’une « vulnérabilité à la pauvreté » et 5,4 % sont « socialement marginalisés » (Banque Mondiale,2004). Un des traits les plus frappants du Royaume reste cependant l’existence d’une « véritable frac-ture sociale » entre l’urbain et le rural (bien que la dichotomie urbain / rural soit extrêmement réduc-trice, les deux mondes étant loin d’être homogènes et certaines plaines ou vallées fertiles n’ayant rienà envier aux bidonvilles de certaines grandes métropoles) (Vermeren, 2001).

Cet état de fait peut en partie s’expliquer par le fait qu’au cours des décennies 60 à 90, le développe-ment du pays s’est basé sur des stratégies desquelles le rural et encore plus la montagne marocaineétaient le plus souvent exclus. Cette dernière ne faisait en effet pas partie du « Maroc utile » (Lecestre-Rollier, 1992) et coûtait aux yeux des développeurs plus que ce qu’elle pouvait rapporter. Mais, à par-tir des années 90, le développement rural est remis à l’ordre du jour, notamment par la prise en comptede son caractère non exclusivement agricole. Le nouveau mot d’ordre est aujourd’hui de redynamiserle rural. Le directeur des aménagements fonciers du Ministère en charge du développement rural ex-prime ainsi cette nouvelle orientation : « un Maroc prospère passe nécessairement par un monde ruralprospère » (Milourhmane, 2006).

1.2. Développement rural au Maroc

Même si le développement rural n’est une priorité que depuis une ou deux décennies, certains pro-grammes ont démarré dès les années 70, concernant le développement agricole, l’électrification desvillages, le développement du réseau routier, l’accès à l’eau potable…

Page 18: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 17 -

Avec le changement de perspective sur le monde rural, les bilans qui sont faits de ces actions de dé-veloppement rural sont souvent plus que mitigés. Les principales lacunes qui sont pointées, et que lesnouveaux programmes doivent combler sont (MADREF, 2001, Milourhmane, 2006) :

- une approche trop sectorielle ;

- un manque de coordination entre les différents acteurs du monde rural ;

- des approches trop centralisées ne répondant que partiellement voire pas du tout aux attentes lo-cales ;

- un manque d’incitation à l’investissement privé au vu de la situation foncière de la plupart desexploitations agricoles.

Dans les différents rapports qu’il produit, le Ministère chargé du Développement Rural répond à cesdifficultés par une série de mots clés tout droit issue de la rhétorique internationale sur le développe-ment durable. Il faut aujourd’hui promouvoir un développement qui soit intégré, participatif6, coopé-ratif, décentralisé et déconcentré, fondé sur des partenariats et la mobilisation de ressources pérennes àcet effet (Milourhmane, 2006).

Pour cela, des programmes « stratégiques » ambitieux sont proposés, qui doivent promouvoir ces nou-velles approches. Un premier plan est arrêté en 1993, complété en 1999 par la « Stratégie 2020 dedéveloppement rural ». Celle-ci vise essentiellement la mise en cohérence des différentes actions sec-torielles en cours ou projetées dans le monde rural, et se fonde sur les principes directeurs suivants :

- intégration des interventions et approche globale de développement rural ;

- territorialisation des interventions modulée selon les potentialités locales ;

- décentralisation des processus de conception et de mise en œuvre des projets ;

- responsabilisation et participation des populations ;

- développement de systèmes de partenariat et de négociation contractuelle ;

- mise en place de mécanismes plus souples de mobilisation des ressources nécessaires.

Cette stratégie est complétée en 2005 par le lancement de « l’Initiative Nationale pour le Développe-ment Humain », ou INDH qui possède sensiblement les mêmes principes directeurs et s’adresse à 360communes rurales et plus de 200 communes urbaines. Présentée comme un « chantier de règne » pourle jeune monarque, l’INDH cherche en particulier à mobiliser toutes les énergies et notamment cellesde la société civile. « Il constitue un référentiel stratégique pour le développement social et uneconsolidation des acquis en matière de démocratie, de décentralisation et de la promotion des condi-tions socio-économiques de la population vulnérable et en situation de précarité » (Royaume du Ma-roc, 2007). Nous verrons dans la suite de ce rapport l’importance de cette initiative.

En sus de ces grands programmes d’initiative nationale, les prêts des bailleurs de fonds permettent lelancement de différents programmes de « Développement Rural Intégré » (DRI), le plus souvent cen-trés sur la mise en valeur d’une ressource naturelle (DRI-Forêt, DRI-gestion des ressources naturelles,DRI-développement de la petite et moyenne hydraulique, DRI-mise en valeur des terres « bours »7), etdont les deux projets qui nous ont accueillis sur le terrain font partie.

6 Il faut ici noter que la croyance selon laquelle la « participation » serait un concept nouveau pour de nouvelles formes dedéveloppement est erronée. Une synthèse bibliographique menée par M. Leroy (2005 : 5) montre bien comment « depuis lesannées 50 […] le « populisme bureaucratique », qui prétend concilier l’efficacité dépersonnalisée de la bureaucratie […] etles vertus de la communauté […], secrète en permanence l’idéologie participative »7 On appelle terres « bours » les terres d’agriculture pluviale, qui ne sont pas irriguées.

Page 19: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 18 -

Deux enjeux majeurs se dégagent donc à travers cette rapide revue des projets de développement ruralmarocain. La fin poursuivie – à savoir le développement économique du rural marocain – semble aumoins aussi importante que les moyens qui seront mis en œuvre pour y parvenir.

1.3. Des indicateurs environnementaux « dans le rouge »

Parallèlement à cet « impératif de développement », le capital naturel – pour parler en terme économi-que – semble concerné par une dynamique de dégradation importante et pas forcément compatibleavec les objectifs de développement affichés. Si la question de la préservation des ressources naturel-les et de l’environnement est souvent un enjeu de ponctuation8 des textes officiels traitant de dévelop-pement rural, elle est rarement traitée autrement que de manière très générale et sans que de véritablesobjectifs ne soient fixés.

Pourtant, quelles que soient les références que l’on prenne, les problèmes auxquels doit faire face leMaroc en terme d’environnement sont bien réels et justifieraient une véritable prise en charge(MADREF, 2001, MATEE, 2004b). Sans compter le fait que le Maroc est aussi signataire des princi-pales conventions internationales en matière d’environnement – Convention sur la Biodiversité, sur leChangement Climatique, sur la Lutte Contre la Désertification, Convention Ramsar sur la protectiondes Zones Humides (MATEE, 2004a). Il est donc tenu de fournir à l’ensemble des secrétariats de cesconventions, des rapports réguliers sur l’état de l’environnement au regard des objectifs affichés parles conventions et sur l’état d’avancement de la mise en œuvre de ces conventions.

Perte de couvert forestier (environ 30 000 ha/an) et des habitats naturels forestiers (MCEF, 2000),dégradation des terres de pâturage et érosion des sols, pollution et assèchement des nappes autour descentres urbains du Sud, espèces animales ou végétales en voie de disparition, destruction des zoneshumides et des écosystèmes littoraux, dégradation accélérée des oasis… Les problèmesd’environnement auxquels doit faire face le Maroc sont multiples et apparaissent surtout de plus enplus urgents. Ils restent, malgré la signature de toutes ces conventions, extrêmement prégnants et pré-occupants.

Comment assurer l’effectivité de ces accords – c’est-à-dire une meilleure prise en charge del’environnement – et de quels outils dispose t-on pour cela ? Comment ces questions environnemen-tales peuvent-elles s’articuler avec les politiques de développement rural précédemment évoquées ?Un bon état de l’environnement n’est il pas une condition du développement économique et socialplutôt que seulement la conséquence de l’atteinte future d’un niveau suffisant de développement éco-nomique ?

Pour bien comprendre ces articulations entre politiques de développement et d’environnement, il fautégalement souligner que pour le Royaume du Maroc, la mise en œuvre des stratégies de développe-ment rural tout autant que la protection de l’environnement, passe par une réorganisation du systèmeadministratif fondée sur trois mots clés : décentralisation, déconcentration et participation9.

8 Le concept de ponctuation, forgé par l’école de Palo Alto, désigne le choix par lequel un observateur, devant un enchaîne-ment continu d’événements (causalité circulaire ou enchevêtrée, par exemple), fonde une ligne particulière d’analyse endésignant l’un des moments de l’enchaînement comme premier (Mermet et al, 2005 : 4).9 Il serait cependant naïf de croire que seuls les objectifs propres du Royaume du Maroc l’ont amené à transformer son admi-nistration. Cette transformation doit beaucoup aux exigences des différents bailleurs de fond et notamment de la BanqueMondiale et du FMI. Il est bon de rappeler que le Maroc a été sous ajustement structurel pendant 10 ans, de 83 à 93. Cf. aussien infra.

Page 20: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 19 -

1.4. Déconcentration, Décentralisation, Participation et mise en œuvredes stratégies de développement rural et de protection del’environnement

« Face à l’incapacité grandissante de l’État central, à faire face à ses engagements vis-à-vis de sespopulations, et aux résultats décevants de ses politiques dirigistes de conduite du développement, lesdécideurs politiques de nombre de pays en développement se sont vus obligés, sous la contrainte desbailleurs internationaux, de procéder à de profondes réformes sur la gestion de leurs nations. Aunombre des objectifs visés dans le cadre des réformes, on compte, entre autres, la responsabilisationdes populations locales dans la gestion de leurs affaires, notamment par le mécanisme de la décentra-lisation. L’un des buts visés à travers la mise en œuvre de la décentralisation, est la promotion dudéveloppement local sur l’espace des collectivités territoriales. Cet enjeu fait appel à de nouveauxmodes de répartition des responsabilités et de conduite des affaires, ce qui fait intervenir la notion degouvernance au plan local » (Vassas, 2005).

Avant de discuter de cette affirmation, il importe de rappeler les définitions des deux termes de dé-concentration et de décentralisation, souvent confondus ou utilisés à mauvais escient.

La déconcentration, ou décentralisation administrative, consiste à transférer certains pouvoirs, respon-sabilités et tâches administratives de l’échelon central à l’échelon administratif local, sans remettre encause les fondements de l’autorité publique. Elle est souvent conduite pour améliorer l’efficacité, laréactivité et le dynamisme des structures étatiques au niveau local (Buttoud, 2000).

Dans le cadre des enjeux de développement rural et de gestion de l’environnement, la déconcentrationconcerne essentiellement les administrations agricoles et forestières. La première est en charge detoutes les composantes de développement agricole, encore majoritaires dans les stratégies de dévelop-pement rural, tandis que la seconde est concernée par la gestion de l’ensemble des milieux naturels : laforêt, bien entendu, mais aussi les divers milieux naturels sous protection (réserves, parcs naturels…).

Si la déconcentration s’est réalisée jusqu’aux échelons régionaux, elle manque pour le moment demoyens ; les principaux indicateurs d’une « bonne » déconcentration, qui doivent être le relais de lamise en œuvre d’une décentralisation réussie, sont pour le moment assez mauvais. Il existe peud’infrastructures couvrant l’ensemble du pays, l’essentiel étant accaparé par la façade atlantique, et leséchelons provinciaux des administrations ne disposent que de peu d’autonomie décisionnelle(MADREF, 2001)

La décentralisation, ou dévolution, consiste en un transfert de responsabilités de la puissance publiquecentrale (l’État) vers une structure régionale ou locale. Elle part du principe que l’efficacité d’une dé-cision publique dépend non seulement du lieu où cette décision est prise mais aussi de l’identité du oudes décideurs (Buttoud, 2000).

Elle est aussi généralement mise en œuvre dans le but de faciliter une prise de décision qui soit plusparticipative, c’est-à-dire dans laquelle soient impliqués les acteurs concernés. Il faut cependant noter,même si on n’entrera pas ici dans le détail, que le terme de « participation » est suffisamment vaguepour être repris par tous sans que personne ne lui donne la même signification10.

La décentralisation au Maroc a commencé dès l’indépendance et s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui.Elle a donné naissance à trois grands niveaux de collectivités territoriales, dont un seule nous intéresse

10 Pour plus de détails sur les différents « niveaux » de participation et sur les différentes acceptions du terme, voir notam-ment Buttoud (2001 : 58)

Page 21: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 20 -

vraiment. Celles-ci sont, dans l’ordre « croissant », les communes rurales et urbaines, la province et larégion.

Les communes rurales sont le lieu de mise en œuvre des processus électoraux et sont censées être lesacteurs privilégiés du développement local. Pourtant, leur création ne s’est pas traduite par une vérita-ble prise en main des populations locales. De nombreuses limites ont ainsi été soulignées : manque deressources propres, méconnaissance par les élus des textes et des procédures importantes…

C’est ainsi dans un espace national marqué par de forts enjeux en matière de développement rural ques’inscrit notre terrain d’étude. Caractérisé à son tour par une richesse écosystémique fabuleuse(HCEFLCD, 2007), nous en présenterons dans le paragraphe qui vient un premier diagnostic environ-nemental.

2 Les provinces d’Ifrane et de Khénifra : présentation et enjeux environ-nementaux

Dans cette partie, outre des éléments de contexte permettant de situer le territoire étudié, nous repre-nons des éléments de diagnostic établis précédemment (FNS 2007, autres sources bibliographiques),complétés parfois par nos entretiens.

2.1. Principaux traits physiques, démographiques et économiques de lazone d’étude

Notre terrain d’étude était localisé sur les provinces d’Ifrane et de Khénifra, dans la région de MeknèsTafilalet (une des seize régions du royaume). En nous focalisant sur la zone de présence du cèdre etdes écosystèmes associés à la cédraie, nous n’avons pas matérialisé de limites territoriales claires ànotre socio-écosystème. Elles correspondent globalement à la délimitation rouge représentée sur lacarte de la figure 2.

Page 22: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 21 -

Figure 2. Carte de la zone d'étude (modifiée d’après (MATUHE, 2001)

Pour comprendre les enjeux futurs du territoire étudié au cours de notre travail de prospective, nouscommençons par rappeler brièvement les caractéristiques démographiques, écologiques et économi-ques.

La province d’Ifrane est comprise entre les altitudes de 800 à 2 000 m, passant progressivement parl’Azaghar, le Dir et le Jbel. La province montagneuse d’Ifrane couvre 355 000 ha dans le Moyen AtlasCentral. Sa population est estimée à 127 700 habitants (dont la langue est le Tamazight) regroupés enhuit communes rurales et deux municipalités (Ifrane et Azrou) avec 53 000 habitants.

La province a une importance nationale par son rôle de « château d’eau » alimentant les bassins duSébou (dont les bassins versants représentent 40% des eaux de surface du Royaume (ABHS, 2006)),de la Moulouya, de l’Oum R’Bia et du Bou Regreg.

Les forêts couvrent 33% de la superficie de la province, soit 116 000 ha. Celles-ci sont réparties endouze massifs comprenant des cèdres et des genévriers en altitude qui cèdent progressivement la placeaux chênes verts en descendant vers le piémont. Les parcours collectifs représentent 32% (114 000 ha)du territoire de la province et la surface agricole utile est évaluée à 83 000 ha soit 23% (on compteenviron 9 000 agriculteurs sur des terres privées dites de melk).

La province de Khénifra est située dans la région Centre-Sud du royaume. Elle couvre une superficieapproximative de 1 341 000 ha. Sur le plan administratif, elle est découpée en 35 communes rurales, 3municipalités (Khénifra, M’Rirt et Midelt) et 655 douars. La population est estimée à 523 000 habi-tants en majorité berbère dont 50% de ruraux.

La superficie forestière a été évaluée à 526 000 ha, ce qui représente 40% de la superficie de la pro-vince. Ces forêts recèlent de sites d’un énorme intérêt biologique et écologique.

Avec plus de 75% de la population active travaillant dans le secteur primaire c’est-à-dire la forêt, lescultures (céréaliculture, arboriculture) et l’élevage (près de 2,3 millions de têtes d’ovins et de caprinssur les deux provinces), ce secteur forme la base principale de l’économie des deux provinces même sil’élevage représente la part majoritaire. Le troupeau a souvent été décrit comme la « caisse

Page 23: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 22 -

d’épargne » des familles berbères ; mais l’élevage apparaît aussi et surtout comme une source de spé-culation extrêmement rentable pour de nombreux investisseurs venus des villes.

Les effectifs sont ainsi tenus pour augmenter constamment. Si les chiffres officiels donnent un cheptelà peu près stable au cours des 10 dernières années, un comptage effectué au cours d’une campagne devaccination à l’automne 2007 donne pour la province de Khénifra le chiffre de 1,25 millions de tête, àcomparer aux estimations officielles qui avoisinent les

Pour faire face à l’augmentation du nombre de têtes sur le Jbel, les projets de développement rurauxsont initiateurs de microprojets dans le but de diversifier les sources de revenus des foyers et dansl’idée de réduire la taille des troupeaux familiaux. Les populations rurales se regroupent donc depuisplusieurs années en associations et développent un type d’activité particulier, les activités génératricesde revenus (AGR). En aval de ces activités rurales, le secteur du tourisme reste marginal car il est peuou pas développé sur la zone malgré un potentiel naturel attractif (FNS, 2007).

2.2. Enjeux environnementaux

Le Moyen Atlas n’est pas une entité homogène en ce qui concerne son milieu physique ; la variabilitédes conditions stationnelles (pluviométrie, température, topographie, pédologie) permet l’existence demilieux écologiques très divers. Ceci explique pourquoi les deux provinces offrent une biodiversitévégétale assez riche, au sein d’un massif marqué par la présence de l’emblème forestier marocainqu’est le cèdre. C’est au cœur de la province d’Ifrane que le couvert forestier offre la plus grande am-plitude sans discontinuité réelle. Pour conserver la biodiversité existante, la création du Parc d’Ifraneet de celui de Khénifra (en projet), vise à répondre à un grand enjeu environnemental avec l’appui del’aide internationale : celui de la protection et de la conservation de la cédraie. De ce fait, la cédraie estau cœur de nombreux tout à la fois scientifiques, sociaux et environnementaux.

L’autre question environnementale majeure, étroitement liée à la protection de la cédraie, est celle dela conservation de la ressource en eau. Celle-ci se dégrade au niveau qualitatif, avec une pression tou-jours plus forte de l’agriculture et l’utilisation d’intrants, et s’épuise au niveau quantitatif, avec dessécheresses à répétition ces dernières années et des prélèvements de plus en plus fréquents générés parle développement de l’arboriculture et de l’urbanisation.

Enfin, comme partout au Maroc, la dynamique des populations animales a été essentiellement régres-sive même si les scientifiques estiment que les données et le suivi de ces populations sont limités etrestent donc à vérifier. Les observations effectuées permettent de classer les principaux mammifèresdu territoire du parc national d’Ifrane et de sa périphérie en quatre catégories :

- les espèces endémiques, qui sont au nombre de trois, avec le singe magot, l’écureuil de Berbérie etle macroscélide de Rozet

- les espèces menacées qui sont au nombre de cinq, avec le singe magot, le chacal doré, le lynx ca-racal, le chat ganté et la loutre

- les espèces remarquables qui sont au nombre de trois, avec la genette, la mangouste ichneumon etle lapin de garenne

- les espèces disparues qui sont le cerf de Berbérie, la gazelle de Cuvier (début du 20ème siècle), lelion de l’Atlas (1932), le mouflon à manchettes (1960), la hyène rayée (1950), le léopard (1996) etle porc-épic (1997).

Page 24: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 23 -

Seuls le singe magot et la loutre sont également menacés de disparition à l’échelle mondiale. Néan-moins, la majorité des espèces présentes dans le Parc d’Ifrane l’est également à l’échelle du Maroc.

Lors de nos entretiens, l’affirmation concernant le risque de disparition des singes n’est pas apparuecomme une évidence pour les populations locales. En effet, certains pensent que « les singes magotssont à l’origine d’une partie de la dégradation de la cédraie ».

Face à ces problématiques de gestion environnementale, nous avons centré notre étude sur les facteursde dégradation de la cédraie.

2.3. Les facteurs de dégradation des ressources naturelles

Il existe une multitude de facteurs ayant une influence sur la ressource forestière. Nous les avons pré-sentés schématiquement dans la figure 3, afin d’avoir une vision simplifiée des différents types depression sur la ressource en général.

Il apparaît deux types d’éléments de dégradation, le premier principalement anthropique avec le pasto-ralisme, les prélèvements de bois énergie et de bois d’œuvre, et le second de cause naturelle notam-ment avec la sécheresse.

Figure 3. Diagramme stock-flux des facteurs utilisant la ressource et fragilisant son renouvellement

La pression sur la ressource est ainsi de plus en plus forte, celle-ci s’amenuisant de jour en jour pour lamajorité des acteurs. Grâce aux différents entretiens, nous avons pu constater que les acteurs perçoi-

Sécheresse

RessourceRégénération

Pâturage

Besoins des hammamset boulangeries

Coupes illégales

Émondage

Chauffage

+ +

++

Utilisation etconsommation- - +

Page 25: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 24 -

vent différemment le dépérissement de la cédraie et qu’ils ont des intérêts variables, ce qui, dans cer-tains cas, peut amener à aggraver le phénomène.

Dans le paragraphe suivant, nous avons essayé de préciser l’impact des différents facteurs identifiéspuis de les hiérarchiser du plus impactant au moins impactant.

Le surpâturage apparaît comme l’une des causes majeures de dégradation de la cédraie. Celui-ci en-traîne le tassement des sols et, de manière indirecte, la mortalité des cèdres aggravée par l’ébranchage.Cette pression excessive des parcours et des pratiques qui leur sont liées ne cesse d’augmenter du faitd’une présence toujours plus importante des troupeaux sur les parcours. L’émondage et la collecte debois de feu sont des activités fortement liées à l’élevage, les éleveurs profitant du temps de pâture. Lesurpâturage constitue effectivement un facteur de déséquilibre puisque le déficit dans ce secteur estd’environ 11 millions d’unités fourragères (UF), soit l’équivalent de 50% des besoins totaux du chep-tel (Qarro, com. pers.). En parallèle, cette surexploitation contribue fortement à une dégradation accé-lérée des sols et provoquent des phénomènes importants d’érosion.

L’exploitation de la forêt est de plus en plus importante. Elle concerne à la fois le bois de feu et le boisd’œuvre.

En matière de bois de feu, la demande est sans cesse croissante. Elle provient tant de la populationriveraine que des populations urbaines, dont les besoins pour les hammams, les boulangeries semblenten augmentation. Environ 130 000 stères de bois sont ainsi prélevés irrégulièrement chaque annéealors que les exploitations régulières sont de l’ordre de 30 000 stères par an (données SPEF Ifrane etKhénifra). On assiste donc à une réduction continue du couvert végétal. En effet, les dégradationsimpliquant la destruction de l’habitat et la disparition des zones « refuges » ont un impact direct sur lafaune sauvage. Cette tendance est par ailleurs amenée à se poursuivre du fait de l’augmentation duprix des énergies fossiles et tant qu’il n’y aura pas de substitution énergétique développée dans la ré-gion et approuvée par habitants.

Concernant le bois d’œuvre, les prélèvements apparaissent également toujours plus importants. Laforte valeur du bois de cèdre dont la demande reste importante tant sur le marché intérieur qu’àl’international conduisent à une forte exploitation pas toujours contrôlé. On estime en effet que près de50% des volumes prélevés sont d’origine illégale, bien que les chiffres manquent pour asseoir une tellehypothèse. Pour la province d’Ifrane, les coupes de bois d’œuvre autorisées concernent ainsi près de30 000 m3 / an (données SPEF), mais on estime à 60 000 m3 le volume « réellement » prélevé (com.pers.). Les réseaux d’exploitation illégale apparaissent extrêmement structurés et leur démantèlementest souvent présenté comme une des priorités de l’administration forestière. Lors de notre présence,une journée spécifique dédiée à cette question était ainsi organisée au SPEF de Khénifra, réunissant laplupart des dirigeants de l’administration et tous les acteurs susceptibles de se saisir de cette problé-matique.

Le faible taux d’encadrement par rapport à l’importance du domaine forestier entraîne la difficultédans la mise en application des plans d’aménagement des forêts existantes. De nombreuses personnespensent qu’il faudrait changer le mode de gestion sylvicole en envisageant une gestion à long terme eten trouvant une alternative aux activités néfastes à la cédraie. La gestion forestière propose actuelle-ment une surface annuelle de reboisement mais ceci n’est pas suffisant pour limiter la dégradation dela forêt car les troupeaux pénètrent dans les mises en défens et la régénération naturelle est inexistante.

Page 26: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 25 -

Les problèmes phytosanitaires avec les pathogènes tels les champignons ou les pourritures (mjej) et lesinsectes, essentiellement la chenille processionnaire, affectent principalement les arbres âgés ou bles-sés.

La sécheresse se caractérise par des périodes de précipitations de moins en moins importantes et parune moindre quantité de neige au sol. Des études ont montré que, durant la période 1980-2005, lahauteur de neige a diminué d’année en année et de façon significative, passant de 120 cm à 60 cm àpeine par an. Ceci combiné à une augmentation des températures durant les mois de mars, mai, juin etseptembre aurait un rôle sur le dépérissement de la cédraie.

Enfin, le dernier point qui ressort pour la dégradation serait l’écorçage de la cime des arbres par lesinge magot. Bien qu’il existe une réelle controverse scientifique autour de cette question, certainespersonnes interviewées n’hésitent pas à désigner le singe magot comme cause de la mort de nombreuxarbres. Les 40 000 individus présents dans la zone d’Ifrane pourraient ainsi être responsables de dégâtsimportants. S’il est vrai que les singes écorcent les jeunes cèdres, provoquant un dessèchement deleurs cimes et souvent leur mort, ce comportement semble essentiellement lié à une diminution desespaces favorables à son développement. L’importance quantitative des dégâts et leur distributiongéographique n’est par ailleurs pas connu avec précision (Ménard, 2006).

2.4. Identification des principaux facteurs de changement

Dans l’objectif de mener une prospective à l’échelle du territoire, nos entretiens nous ont par ailleursconduits à identifier d’autres facteurs d’évolution du territoire qui ont une influence indirecte surl’utilisation de la ressource. Travaillant sur des trajectoires de long terme d’un socio-écosystème,l’ensemble de ces facteurs méritait une attention particulière.

Nous avons été conduits au cours des entretiens à distinguer les facteurs proposés selon deux critèresprincipaux :

- leur caractère moteur dans l’évolution du territoire ou au contraire plutôt dépendant ;

- la possibilité exprimée d’agir ou non sur ces facteurs : ont-ils un caractère « inéluctable » ou aucontraire sont-ils dépendants des choix qui seront faits aujourd’hui et demain ? En d’autres termes,les personnes interviewées estiment-elles possible d’agir sur ces phénomènes (que les actionsviennent d’elles ou qu’elles repèrent d’autres acteurs capables d’agir ?).

À partir de ces deux critères de classification, nous avons pu effectuer un tri dans ces facteurs :

- les facteurs identifiés comme ayant peu de chance d’être des vecteurs de changement ont étéécartés de notre analyse ;

- les facteurs apparaissant comme « certains », c’est-à-dire sur lesquels il ne paraît pas possibled’agir, mais qui auraient un impact fort sur l’évolution du territoire ont été dénommés « tendanceslourdes » (ex. : le changement climatique, l’augmentation du prix des énergies fossiles sur le mar-ché international…) ;

- les facteurs pouvant jouer un rôle moteur mais dont l’évolution future est très incertaine et dépen-dante des choix qui seront faits ont été identifiés comme des « incertitudes critiques ».

Page 27: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 26 -

Le tableau 1 fait le bilan de ces différents facteurs classés entre tendances lourdes et incertitudes criti-ques.

Tendances Lourdes Incertitudes Critiques

Changement climatique Degré de décentralisation

Augmentation du prix des énergies fossiles Essor du tourisme

Diminution des services extérieurs de l’Etat Évolution des systèmes de production agricole

Ouverture des marchés Substitution énergétique

Augmentation du taux d’urbanisation Structuration des gestionnaires d’aires protégées

Tension sur la ressource en eau Paiement pour services environnementaux

Structuration de la société civile

Mode d’intervention de l’aide internationale

Investissements extérieurs privés

Évolution de l’offre et de la demande en bois

Degré de développement des infrastructures so-cio-économiques en milieu rural

Évolution démographique et flux migratoires

Tableau 1. Tendances lourdes et incertitudes critiques

À partir de là, il devenait logique pour nous de garder comme éléments structurants de contexte lestendances lourdes, et nous nous sommes concentrés sur un approfondissement des facteurs identifiéscomme incertitudes critiques. Il s’agissait d’approfondir des thématiques auxquelles nous n’étions pasfamiliers en tant qu’ingénieurs issus majoritairement de formations biotechniques, afin de travaillersur les variations possibles dans le futur de chacune de ces incertitudes.

Page 28: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 27 -

PARTIE C. LES MICROSCENARIOS

Ces incertitudes critiques sont la base de la construction des microscénarios. En effet, en regroupantplusieurs de ces variables, six thèmes ont été choisis, à savoir : filière bois, système de productionagricole, tourisme, organisation sociale du milieu rural, urbanisation et acteur d’environnement11. Pourchacun de ces thèmes, la deuxième phase d’entretiens a permis d’approfondir les données déjà récol-tées et d’obtenir de la matière pour construire plusieurs microscénarios. Par quelle méthode ces mi-croscénarios ont-ils été élaborés ? Et quelles formes et quelles visions décrivent-ils ?

1. Construction des microscénarios

La construction des microscénarios a pour principal objectif de rendre compte de la richesse des don-nées recueillies pendant les entretiens. En effet, les microscénarios sont fondés sur des éléments fac-tuels énoncés par les acteurs rencontrés.

Concrètement, deux démarches ont été adoptées par les étudiants :

- A partir des données de chaque entretien, les éléments de diagnostic, les processus en cours agis-sant sur le thème, les enjeux ayant une influence à plus ou moins long terme, les visions du futurainsi que les acteurs impliqués et leurs relations ont été relevés dans un tableau (cf. annexe 2).Ainsi, l’ensemble de ces données a été la base de création des microscénarios.

- Certains étudiants ont de plus travaillé à l’aide de graphes causaux liant ainsi des éléments de dia-gnostics présents fournis par les acteurs avec leurs impacts actuels et/ou futurs. En exempled’illustration de graphe causal :

Augmentation du chômage en zone rurale

Augmentation des coupes illégales

Diminution des recettes forestières des communes rurales

Dans les deux démarches, chaque thème a été exploré de façon à retirer des représentations singulièresde l’environnement futur. Certaines évolutions majeures se retrouvent dans chaque microscénario d’unmême thème, tandis que d’autres varient plus ou moins graduellement ou radicalement d’un microscé-nario à l’autre. Nous verrons ceci dans les exemples présentés dans le rapport.

Au delà des dires d’acteurs, les images du futur et les processus permettant d’y arriver peuvent égale-ment solliciter l’imagination des étudiants, conditionnée par leurs divers champs de compétences. Par

11 Sont considérés, comme acteurs d’environnement, les acteurs en mesure ou désireux d’orienter leurs actions vers la résolu-tion des problèmes de dégradation ou de surexploitation des ressources (forêt, eau, parcours) (Mermet, 1998).

Page 29: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 28 -

souci de clarté, la source de l’idée de chaque microscénario à savoir dire d’acteurs, élaboration propredes étudiants ou données développées dans la littérature grise, sera précisée au cours du texte.

Seuls les microscénarios concernant l’acteur d’environnement n’ont pas fait appel aux dires d’acteurs,qui ne se sont pas, ou très peu, exprimés sur cette question. L’absence d’un acteur d’environnementfort sur le territoire (FNS, 2007) permet sans doute en partie d’expliquer ce mutisme. Au vu del’objectif de cette étude, il a cependant paru nécessaire de nous interroger sur les modalités de prise encharge concrète des enjeux environnementaux sur le territoire.

2. Présentation des microscénarios afférents à chaque thème

2.1. Filière bois

Éléments complémentaires de diagnostic12

La région du Moyen Atlas constitue la zone de conservation de l’écosystème du cèdre par excellenceet représente 85% de la superficie de la cédraie au niveau national. La cédraie est un enjeu stratégique- autant écologique qu’économique - pour les provinces d’Ifrane et de Khénifra. Elle s’étend sur114 000 ha (133 000 ha au niveau national) dans la zone d’action de la DREF du Moyen Atlas.L’exploitation de cet écosystème sur les deux provinces est principalement réalisée pour la productionde bois d’œuvre de cèdre (85 000 m3/an dont 46 000 pour Khénifra), de bois de feu de chêne vert(138 000 stères dont 87 000 pour Khénifra) et de fourrage. Dans une moindre mesure, une productionmarginale de charbon de bois et une extraction de lichen sont observées.

L’administration des Eaux et Forêts est en charge de proposer annuellement le nombre de lots poten-tiels aux différentes communes rurales, qui peuvent valider ou refuser ces choix. Depuis quelquesannées, le nombre de lots mis en adjudication est en diminution mais la surface de chaque lot atteintjusqu’à 300 ha (contre 30 ha auparavant). Les lots en adjudication sont mis en vente aux enchèresdescendantes ; les coopératives forestières (madriers et charbonniers) en contrat avec les Eaux et Fo-rêts obtiennent un nombre de lots fixe ce qui n’est pas le cas des exploitants forestiers qui peuventacheter plusieurs lots en même temps.

Les exploitants forestiers qui sont presque tous des scieurs se partagent annuellement entre 80 000 et100 000 m3. Le volume disponible par scieur ne dépasse rarement 2 000 m3/an, ce qui est insuffisantpour moderniser les unités de production. Sur les 42 scieries légales du Moyen Atlas, 80% d’entreelles sont considérées comme des unités trop vielles. Seules quelques unités modernes réussissent àabsorber 4 000 m3/an mais avec des rendements de production faibles ne dépassant jamais 40% mêmeaprès tri. Les madriers produits sont classés suivant leur qualité (qualité 1 à 5 qui déterminel’utilisation finale) et leurs prix sortie scierie s’étagent de 12 000 DH/ m3 à 800 DH/ m3. Entre l’achatdes lots et la transformation primaire, le taux de charge pour l’exploitant scieur s’élève à 40% de la

12 L’ensemble des données chiffrées présentées ici proviennent des différents rapports produits par l’administration forestièreet consultable dans les SPEF d’Ifrane et de Khénifra ainsi qu’à la DREF de Meknès.

Page 30: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 29 -

valeur du lot. En contrepartie, le montant des subventions étatiques allouées à la filière bois est trèsfaible ; en 2005 la région a perçu 370 000 DH pour l’ensemble de la filière.

Les produits transformés peuvent être vendus à des grossistes mais on observe que les principauxclients sont directement les menuisiers (5 500 artisans sur la région dont 3 370 sur Khénifra et 287 surIfrane (Haut Commissariat au Plan, 2006)). Les hammams ou boulangeries utilisent soit les chutes descieries soit se fournissent en bois de feu. La consommation mensuelle des hammams serait de 30T/hammam et celle des boulangeries de 2,5 T/boulangerie. Ces deux dernières données sont à prendreavec précaution et devront être mieux triangulées car elles proviennent de données obtenues au coursdes entretiens.

D’un point de vue de l’économie locale, les recettes annuelles moyennes sur les six dernières annéespour les communes de la région du Moyen Atlas sont de l’ordre de 89 000 000 DH dont 73% au profitdes communes. Les exportations de bois brut représentaient 24 700 T (moins de 1% en valeur desexportations du Maroc (Haut Commissariat au Plan, 2006)) pour une valeur moyenne élevée à 14 500DH/T. Les importations de bois brut en 2004 représentaient 770 000 T de bois pour une valeurmoyenne de 2 650 DH/T.

Ces quelques chiffres sont présentés pour donner une image de la filière mais ils ne sont en aucun casune analyse fine de cette filière car il est très difficile d’obtenir des valeurs sûres et systématiquementcohérentes sur une durée limitée.

2.1.1. MICROSCÉNARIO « DÉCAPITALISATION ENCADRÉE PAR LES EAUX ET FORÊTS »

Ce microscénario est entièrement construit à dire d’acteurs en ce qui concerne la première partie alorsque la seconde partie est plutôt une suite probable à ce microscénario tendanciel mais est issu de notrepropre analyse et discussion.

PREMIÈRE PARTIE DU MICROSCENARIO

Les Eaux et Forêts suivent globalement une stratégie axée sur la décapitalisation despeuplements. La région de Meknès Tafilalet connaît des difficultés d’approvisionnementen énergies fossiles et les habitants sont donc contraints de continuer à recourir à la res-source boisée pour se chauffer. Pour freiner cette tendance, les Eaux et Forêts générali-sent activement la démarche participative de gestion des taillis de chênes. La présence depeuplements de chênes verts vieillis soutient cette démarche. La quantité de produits dis-ponibles après dépressage est suffisante pour satisfaire les besoins propres des ruraux etrépondre aux demandes urbaines. La mise en place d’associations sylvo pastorales as-sure le suivi et la répartition des produits de dépressage entre bénéficiaires enregistréssur les listes établies en concertation avec les populations rurales. Les associations degestion, autonomes dans leur fonctionnement, sensibilisent les populations rurales à uneréduction des prélèvements et nomment des gardiens locaux responsables de la surveil-lance des coupes illégales – eux mêmes associés au travail des forestiers.

Mais la décapitalisation des forêts a été trop rapide et trop importante. Le non emploidans les zones rurales conduit les migrants à affluer vers les villes. La demande en boisde feu continue de croître alors que la ressource en bois de feu s’épuise. Malgré un in-

Page 31: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 30 -

vestissement des services énergétiques pour développer ces nouvelles substitutions, lesénergies renouvelables ne trouvent pas leur place dans les foyers urbains. La pressiondes villes incite les foyers ruraux à commettre des coupes illégales de bois de feu enéchange d’un petit revenu. D’un autre côté, la pénurie fait ressurgir les problèmes entreayant-droits et non ayant-droits. L’intensification de la surveillance des zones par les po-pulations locales ou les forestiers n’est plus suffisante pour limiter les coupes illégales decèdre ou de bois de feu.

Devant la dégradation de la ressource en cèdre, les Eaux et Forêts décident de réduire lenombre d’adjudications. Le nombre de lots diminuant, la quantité de bois d’œuvre légaleest aussi en baisse. Les contrats fixes passés entre les Eaux et Forets et les coopérativesforestières n’influent par sur le rythme de travail des coopératives. A l’inverse, le volumedisponible pour chaque scieur tend à diminuer. Les scieurs sont alors d’autant plus tentésde faire appel aux réseaux de délinquants organisés pour approvisionner leurs chaînesde production. En parallèle, les menuisiers choisissent de faire appel aux marchés exté-rieurs : l’importation des bois augmente.

SECONDE PARTIE DU MICROSCÉNARIO

Toujours dans une démarche participative qui a du succès auprès des populations maisqui ne semble que peu infléchir la dégradation de la forêt, les Eaux et Forêts doiventfaire face à une réduction drastique des massifs en bon état ; seuls restent 3 sites de2 000 à 3 000 ha présentant une forte biodiversité.

Du coup le Maroc est sous forte pression internationale pour sauver ses écosystèmes.Mais les forestiers ne voulant pas perdre leur image de développeurs auprès des popula-tions, la gendarmerie royale est chargée de surveiller un nombre de sites restreints. Lespopulations directement concernées par les zones en question sont dédommagées (à peude frais pour l’Etat vu le nombre réduit des bénéficiaires de ces compensations). De cefait, les forêts hors zone sont décimées et des organisations internationales interviennentpour sauver quelques massifs hors zone.

La ressource forestière est donc fortement dégradée à l’issue de ce microscénario. De plus, certainesfragilités de son déroulement peuvent être relevées: l’augmentation de la demande en bois de feu glo-bale, le développement faible de sources d’énergies alternatives, le manque de capacité des Eaux etForêts à réduire les coupes illégales sont des hypothèses qui pourraient être mises en défaut demain.Ceci s’ajoute aux éléments de rupture supposés dans la seconde partie du scénario (intervention de lagendarmerie royale et des aides internationales) qui sont également des hypothèses très fortes.

2.1.2. MICROSCÉNARIO « RÉAPPROPRIATION DES RECETTES FORESTIÈRES PAR LES POPULATIONSLOCALES »

Ce microscénario est surtout construit à partir des dires de deux personnes donnant deux issues possi-bles à un même problème : la redistribution des recettes forestières par les communes. Ainsi suivantles communes, l’un ou l’autre paraîtra plus vraisemblable.

Page 32: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 31 -

Les recettes forestières reçues par les communes, bien ou mal utilisées, sont contestéesdans leur légitimité par les populations locales. En effet, les financements des communesne sont pas toujours visibles et les projets d’infrastructures demandés (électricité, se-guias, pistes, écoles, dispensaires) pas toujours réalisés. Les plaintes à ce sujet et la pres-sion des habitants augmentent et se traduisent par endroit par une opposition systémati-que et organisée à toute action des Eaux et Forêts sur ce qu’ils considèrent comme leursressources.

VARIANTE DE LA CONFIANCE COMMUNALE

Face au risque de généralisation de ces oppositions, l’Etat décide d’intervenir par uncontrôle financier pour moraliser les comptabilités des communes. A cela s’ajoutel’influence des syndicats de commune tendant à exercer une pression morale par rapportà la cohérence et la continuité des budgets communaux.

Petit à petit, la confiance s’instaure entre la commune et ses habitants. Le financement,par la commune, de projets et de microcrédits ajouté à l’électrification presque totale deshabitants, renforce la sensibilisation et la création d’associations permettant par suiteune gestion concertée entre les Eaux et Forêts et les populations locales. Ainsi la dimi-nution des coupes illégales est prise comme objectif et les forestiers sont aidés pour réali-ser une surveillance conjointe des forêts avec les populations locales.

VARIANTE DE LA GESTION PAR LES ASSOCIATIONS RURALES

Le conflit se tend entre les douars, la commune et les forestiers. Les forestiers et les pro-jets par le biais des associations sylvopastorales font directement bénéficier les popula-tions des revenus de la forêt par le bois de feu et le pâturage forestier. Les associationsfortes de leur légitimité locale deviennent des interlocuteurs puissants et incontournables.Suite à des négociations au cas par cas avec les communes, un compromis est trouvépour permettre de reverser directement à ces associations une part des recettes forestiè-res. Ainsi la diminution des coupes illégales est prise comme objectif et les forestiers sontaidés dans leurs contrôles par les associations. La gestion et l’exploitation restent enca-drées par les Eaux et Forêts mais les associations obtiennent la possibilité d’assouplir leplan de gestion en fonction des propositions des Eaux et Forêts et de leurs propres be-soins.

En complément de la description des variantes de ce microscénario, les étapes successives de cons-truction et les liens logiques entre éléments sont rappelés dans le graphique de la figure 4.

Page 33: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 32 -

Légende :

Ressource forestière

Eléments clés et communs aux deux variantes des microscénarios

Intervention incertaine dans le déroulement du microscénario

Etapes de la variante « confiance communale »

Etapes de la variante « gestion par les associations rurales »

Figure 4. Construction du microscénario « Réappropriation des recettes forestières par lespopulations locales »

Ce microscénario envisage une diminution des coupes illégales par une surveillance plus importantedu fait de la participation des populations locales. De ce fait, il aboutirait à un rythme de dégradationralenti. Mais ce lien entre implication des populations locales et diminution effective des coupes illé-gales est une hypothèse forte et constitue une fragilité importante de ce microscénario. L’autre grandefragilité réside dans l’ampleur de la remise en question de la redistribution des recettes forestières etdans la prise en charge de cette question par l’Etat.

Pistes/électricité

écoles/dispensaires

associations

microcrédit/AGR

Confiancecommune-populations locales

Réinvestissementsvisibles

Recettescommunales

Surveillance conjointedes forêts par les

populations locales etles forestiers

Pression despopulations

locales

Opposition auxcoupes

Augmentationdes tensions

Structuration despopulations en

association revendicantles recettes forestières

Réappropriation desressources forestières

Réinvestissementsfaibles ou contestés

Création d ’emplois

et de revenus

Bois d ’œuvreextrait

légalement

Réduction duBois d ’œuvre

illégal

Reversement partiel des recettesforestières aux associations de

gestion de la forêt

Syndicat de communeContrôle financier de l ’EtatRetour des jeunes diplomés

Négociationavec la

commune

Décision de luttercontre les coupes

illégales

Changementlégislatif

Page 34: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 33 -

Filière bois Décapitalisation encadrée parles Eaux et Forêts

Réappropriation des recettes fores-tières par les populations locales

2.1.3. BILAN SUR LES MICROSCENARIOS « FILIÈRE BOIS »

A partir des discours des personnes rencontrées, il est apparu que le problème majeur pour atteindreune bonne gestion des ressources forestières résidait dans l’augmentation des coupes illégales sur leterritoire. Selon elles, il n’y aurait qu’une seule alternative à la gestion actuelle et c’est pourquoi nousavons choisi de présenter deux orientations pour réguler cette pression. La première qui ne remet pasen question la gestion actuelle des Eaux et Forêts et la seconde qui propose une redistribution des rôlesen donnant plus de poids aux structures locales dans la gestion de leurs forêts. Nous n’avons pas prisl’initiative de construire un autre microscénario qui se serait trop éloigné des discours entendus(exemple de la privatisation de la forêt).

Pour récapituler, les microscénarios de la filière bois sont :

2.2. Systèmes de production agricole

Structuration de l’espace

Pour construire les microscénarios agricoles, nous avons dû tout d’abord réfléchir à la structure del’espace rural. En effet, le territoire de notre zone d’étude est très hétérogène et les systèmes de pro-ductions agricoles peuvent varier selon les différents « terroirs ». Notre étude se réalisant sur une du-rée relativement courte, il nous était impossible de déterminer les « terroirs » ou le « finage » du terri-toire étudié et par conséquent nous avons défini une unité géographique représentative de la régionétudiée et pratique à utiliser.

Cette unité géographique seprésente sous la forme d’unetoposéquence composée duJbe l (haut plateau), du Dir(versant) et de l’A z a g h a r(plaine) (cf. figure 5).

Figure 5. Toposéquence de la zone d’étude

Ensuite, il est nécessaire de replacer cette unité géographique dans un espace plus large que nousappelons région. Cette région ne correspond pas à la région administrative Meknes-Tafilet maisreprésente plus la zone d’influence et d’échange autour du Moyen Atlas. Cet espace est inclus dansune zone plus vaste qui comprend le reste du Maroc et les pays internationaux.

Jbel Dir Azaghar

Page 35: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 34 -

Cette structuration de l’espace, présentée par figure6, permettra de mieux visualiser les échanges et lesinteractions entre notre zone d’étude et lesdifférents ensembles géographiques quil’englobent.

Figure 6. Structuration de l’espace

Eléments complémentaires de diagnostic

L’agriculture du Moyen Atlas est fortement marquée par l’élévage et les ovins constituent de loin lapart la plus importante du cheptel. Comme l’explique le rapport de l’année dernière, la filière ovine esttrès structurante et joue un rôle primordial dans l’économie du Moyen Atlas. L’élevage ovin et caprinse pratique de manière extensive dans le Jbel et se base principalement sur les parcours forestiers etsur les fourrages issus de l’ébranchage des chênes verts et des cèdres. Par conséquent, la pressionpastorale sur les ressources forestières est importante et constitue un des points clefs de la gestion duterritoire.

Les autres activités agricoles dominantes sont la céréaliculture et l’arboriculture. La céréaliculture estprésente dans l’Azaghar où les parcelles sont de grandes tailles, et dans le Dir, où les parcelles sontplus petites et souvent situées à proximité des habitations. Les principales cultures sont le blé et l’orgeutilisés pour l’alimentation humaine et animale. De manière générale, les surfaces occupées par lacéréaliculture semblent stables ces dernières années. A titre d’exemple pour la province d’Ifrane, ellessont restées de l’ordre de 50 000 ha au cours des 5 dernières années (DPA Ifrane, 2008).

L’arboriculture connaît un fort développement dans la région que ce soit dans l’Azaghar, le Dir ou leJbel mais les espèces arboricoles varient avec l’altitude. Les oliviers et les amandiers sont surtoutprésents dans l’Azaghar alors que les rosacées fruitières ont été introduites dans le Jbel et dans le Dir.Cette répartition suit une logique climatique car les rosacées fruitières ont besoin d’un hiver froid poureffectuer la vernalisation et rentrer en production alors les oliviers et les amandiers s’adaptent très bienaux conditions de l’Azaghar. L’irrigation est sytématique pour ces cultures et peu d’exploitantspossèdent un système de goutte à goutte.

La diversité des productions agricoles et la complexité de l’espace nous ont amenés à construire cinqmicroscénarios afin de bien rendre compte de la diversité du devenir agricole de la région. Il auraitmême été possible de construire un plus grand nombre de scénarios agricoles mais nous avons décidéde nous restreindre aux éventualités les plus crédibles ou les plus souhaitées sur le territoire.

Jbel

Dir

Azaghar

Région

Maroc et international

Page 36: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 35 -

2.2.1. MICROSCÉNARIO « ARBORICULTURE SUR LE JBEL ET ÉLEVAGE INTENSIF »

La construction de ce microscénario s’appuie principalement sur des dires d’acteurs et a été complétéepar des éléments de notre expertise sur ces sujets. Plusieurs éléments majeurs déterminent ce scénario.D’une part, les ressources fourragères forestières se raréfient à cause des sécheresses répétées et de lapression exercée par l’élevage extensif. D’autre part, les différents services de l’Etat et les projetsd’Ifrane et de Khénifra encouragent le développement de l’arboriculture. L’essor de l’élevage intensifest fortement appuyé par l’ANOC et différentes structures étatiques.

Le Jbel est ainsi progressivement colonisé par des domaines arboricoles de superficie va-riable (et essentiellement centrés sur les rosacées fruitières), réduisant progressivementla surface de parcours pour les éleveurs. Les petits agriculteurs se concentrent cependantsur le Dir, améliorant le revenu des petites exploitations associant maraîchage et petitélevage.

Parallèlement au développement de l’arboriculture, la baisse de la rentabilité del’élevage extensif associée aux nombreuses incitations pour le développement d’un éle-vage intensif (et notamment par les services de l’ANOC) permettent progressivement soninstallation dans la plaine. Son implantation s’accompagne de l’extension des culturesfourragères à Haute Valeur Ajoutée et en irrigué partout où elles peuvent se développer :maïs d’ensilage, luzerne, mélange pois/orge… Ce type d’élevage est surtout le faitd’investisseurs extérieurs qui emploient une main d’œuvre locale abondante dans lesplaines et les villes.

Le développement des supermarchés dans les centres urbains assure un écoulement de laproduction par la mise en place d’accords entre ces derniers et les stationsd’engraissement, les supermarchés devenant un acteur majeur de la filière ovine.

Ainsi, le développement de l’arboriculture et de l’élevage intensif de plaine restel’apanage des investisseurs extérieurs, qui emploient localement une main d’œuvreabondante et bon marché. Le Dir reste un espace généralement peu touché par ces in-vestisseurs de par les contraintes qu’il impose à la production (pente notamment, fai-blesse des superficies disponibles).

Les projets actuels sur les deux provinces d’Ifrane et de Khénifra ont cependant initié unevéritable dynamique sur les systèmes de production « autochtones » : développement decultures mieux valorisables (petite arboriculture, maraîchage), grâce notamment au dé-senclavement des zones de montagne (ouverture et réhabilitation de pistes, création etréhabilitation de périmètre de PMH notamment) qui a renforcé la sédentarisation desagriculteurs / éleveurs sur l’ensemble du territoire.

Malgré le développement des filières ovines intensives qui fournissent directement les su-permarchés, la demande en animaux des souks locaux et des marchés de gros n’est pastotalement satisfaite. Il existe donc toujours des débouchés pour une production animalelocale, notamment autour du caprin qui se développe. L’élevage extensif reste donc inté-ressant même si l’augmentation du prix des aliments l’a rendu moins attractif pour lesinvestisseurs (et en comparaison des investissements aidés par l’agriculture : arbori-culture et intensif).

Par la suite, l’ensemble du cheptel n’augmente pas mais reste constant. Cependant, lessécheresses sur les parcours hors forêts associées à la diminution des parcours sur le

Page 37: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 36 -

Jbel du fait de l’expansion de l’arboriculture cantonnent les troupeaux dans la forêt. Sadégradation lente se poursuit.

Globalement, ce système de production agri-cole génère une exportation de produits agri-coles (fruits et viandes principalement) maisnécessite l’importation d’aliments d’élevage.

En terme d’environnement, ce système deproduction est très néfaste pour les ressourcesen eau (tant en qualité qu’en quantité) mais lacédraie est relativement bien protégée grâce àla diminution de l’élevage extensif en altitude.

Figure 7. Interactions du microscénario « Arboriculturesur le Jbel et élevage intensif »

2.2.2. MICROSCÉNARIO « ELEVAGE SEMI-INTENSIF ET ARBORICULTURE »

La construction de ce microscénario s’appuie principalement sur des dires d’acteurs et a été complétéepar des éléments de notre propre expertise sur ces sujets. Son point de départ est que le système decompensation pour le respect des mises en défens plaît aux éleveurs et commence à se généraliser.

Une très grande partie de l’argent des compensations sert à financer l’achat d’alimentspour la période hivernale et la construction de lieux de stockage dans certains cas. Leséleveurs se rendent compte de l’intérêt d’avoir un stock d’aliments pendant l’hiver car laforêt n’offre plus assez de nourriture pendant toute l’année. L’ANOC encourage cettedynamique et permet de financer la construction de lieux de stockage et de stationsd’engraissement. L’ANOC, voyant que le développement de l’élevage semi-intensif luipermet d’augmenter son nombre d’adhérents auprès des éleveurs de la région, décide delancer plusieurs projets pour améliorer l’alimentation de l’élevage. Parmi les différentsprojets de recherche, deux retiennent particulièrement l’attention des éleveurs :l’amélioration sylvo-pastorale avec plantation de caroubier et l’optimisation del’utilisation des fourrages forestiers (chêne vert et cèdre).

Dans le Dir, le maraîchage et la petite arboriculture se développent dans les sites oùl’accès à l’eau est facile.

Dans l’Azaghar, la céréaliculture diminue légèrement alors que l’arboriculture se déve-loppe. Les gens de l’Azaghar sont au cours de cette période très intéressés par les pro-ductions à bonne valeur ajoutée. La réglementation sur les forages n’est pas respectée etn’empêche aucunement le développement de l’arboriculture.

Ces changements d’utilisation de l’espace rural ont de grandes conséquences sur les res-sources en eau. Le développement de l’arboriculture a provoqué une forte baisse desnappes phréatiques et a contribué à la pollution des eaux superficielles et souterraines.

Arboriculture

É levage extensif

Petite agriculture

Élevage Intensif

Aliment élevage

Aliment élevage

Page 38: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 37 -

Élevage semi-intensif

Petite agriculture

Arboriculture

Céréaliculture

La qualité des eaux devient même un problème majeur pour la région car l’introductionde stations d’engraissement dans le Jbel a provoqué une pollution des eaux de monta-gnes.

Devant cette détérioration qualitative et quantitative des ressources en eau d’une régioncommunément appelée « le château d’eau du Maroc », les associations environnementa-les exercent une pression importante pour l’application de la réglementation sur les fo-rages. Parallèlement à ces mesures, l’augmentation du prix du pétrole entraîne une aug-mentation des intrants agricoles (engrais surtout).

Par conséquent, les changements pour la région vont être les suivants.

L’élevage semi-intensif continue en partie grâce aux programmes de l’ANOC. Les four-rages forestiers (chêne vert et cèdre) ne sont utilisés que l’été, quand les feuillages duchêne vert et du cèdre sont les plus intéressants en terme d’UF. Le respect des mises endéfens continue, le caroubier s’est bien implanté dans le Dir et constitue une ressourceen UF non négligeable. Cependant, l’achat d’aliments reste nécessaire et par conséquentl’élevage semi-intensif du Jbel et du Dir reste en partie dépendant de l’Azaghar.

Le maraîchage et la petite arboriculture sont arrivés à saturation dans le Dir à cause del’accès à l’eau et aux terres utilisables.

Dans l’Azaghar, l’arboriculture ne devient rentable que pour les gros exploitants qui ontune autorisation et le moyen d’utiliser des systèmes en goutte à goutte performants. Avecl’augmentation du prix des matières premières, ils se tournent vers une arboriculture àforte valeur ajoutée et certains décident de se tourner vers le maraîchage à forte valeurajoutée car il existe dorénavant une demande.

Le succès de l’élevage semi-intensif en altitude donne des idées à certains exploitants etcertains investisseurs. Un élevage intensif commence à s’implanter dans la plaine. Unsystème de polyculture élevage commence à se développer avec alimentation de l’élevagepar l’atelier céréales et avec transfert de fertilité entre le pôle élevage et l’atelier céréa-les.

A terme, il y a une concurrence entre l’élevagesemi-intensif et intensif pour les débouchés etdans une moindre mesure pour l’accès auxaliments. En ce qui concerne l’environnement,il existe une légère tension sur la ressource eneau à cause du développement del’arboriculture dans l’Azaghar. La pression surla forêt diminue mais reste loin d’être non-négligeable car l’élevage semi-intensif faitencore appel aux fourrages forestiers.

Figure 8. Interactions du microscénario« Elevage semi-intensif et arboriculture »

Page 39: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 38 -

2.2.3. MICROSCÉNARIO « GÉNÉRALISATION DE L’ARBORICULTURE »

Pour élaborer ce microscénario, appuyé principalement sur des dires d’acteurs et complété par deséléments de notre expertise sur ces sujets, nous considérons que les tentatives d’intensification del’élevage et les systèmes de compensation de mise en défens ont échoué. Le non-respect del’interdiction de faire de nouveaux forages est également une des conditions initiales de ce scénario.

Dans le Jbel, l’élevage extensif perdure mais devient de plus en plus difficile car la forêtet les parcours se dégradent. Par conséquent, les grands éleveurs et les investisseurs setournent vers l’arboriculture de rosacées fruitières. L’introduction de ces vergers néces-site une melkisation des terres collectives et entraîne donc une diminution des terres par-courables par les troupeaux. La diminution de la forêt et des parcours ainsi que la melki-sation des terres collectives entraînent une diminution de l’offre fourragère en montagneet engendrent donc une baisse du cheptel.

Dans le Dir, le maraîchage se développe dans les zones appropriées mais pas la petitearboriculture qui est trop concurrencée par l’arboriculture du Jbel et de l’Azaghar. Lacéréaliculture se maintient bien car elle reste une ressource vivrière et les excédents peu-vent constituer un aliment pour les troupeaux.

Dans l’Azaghar, les investisseurs font le choix de cultures à forte valeur ajoutée. Lagrosse demande sur l’olive incite les investisseurs à faire de grandes oliveraies irriguées.De grandes exploitations maraîchères voient également le jour car il y a une forte de-mande des grandes villes pour ce type de productions.

L’utilisation systématique de la forêt par l’élevage entraîne une disparition quasi com-plète de la forêt. Par conséquent, l’élevage devient une activité minoritaire dans le Jbel etl’arboriculture se généralise. Ces phénomènes engendrent une forte sédentarisation dansle Jbel. Cela pose des problèmes vis-à-vis des ressources en eau.

Dans le Dir, le maraîchage régresse car il n’arrive pas à concurrencer les grosses ex-ploitations de maraîchage et seuls les maraîchers ayant des circuits de commercialisa-tion très ciblés arrivent à persister. L’élevage extensif est également en crise dans cettezone. La céréaliculture est la seule activité viable dans la zone mais elle n’est possibleque dans les zones de faible à moyenne pente. Le Dir devient donc un espace non attractifet les habitants migrent vers le Jbel ou vers l’Azaghar où il y a de fortes demandes enmain d’œuvre.

Dans l’Azaghar, le maraîchage et l’arboriculture continuent à se développer et emploientbeaucoup de main d’œuvre. Les ressources en eau commencent à être limitées et l’Etatfacilite donc l’implantation de stations d’irrigation en goutte à goutte.

Au fur et à mesure des années, les ressources en eau deviennent de plus en plus limitées et de moindrequalité ; et l’augmentation du cours du pétrole entraîne une hausse des prix des intrants. Par consé-

Page 40: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 39 -

Arboriculture

Arboriculture

Maraîchage

Produits Alimentaires

Produits Alimentaires

quent, l’arboriculture et le maraîchage de plaine sont donc en crise et il n’existe pas d’autres alternati-ves dans la région. D’autre part, ce système de production permet d’exporter beaucoup de fruits mais

engendre une importation de produitsalimentaires divers (viandes, céréales…).

L’état des ressources en eau est très préoccupant.Les nappes phréatiques sont très basses etparticulièrement polluées suite à l’utilisationd’intrants pour l’arboriculture.

La cédraie est plutôt en bon état mais ilcommence à y avoir des conflits fonciers entreles exploitants arboricoles et les Eaux et Forêts.

Figure 9. Interactions du microscénario« Généralisation de l’arboriculture »

2.2.4. MICROSCÉNARIO « AGRICULTURE D’EXPORTATION »

Le point de départ de ce scénario, lui aussi principalement basé sur des dires d’acteurs et complété pardes éléments de notre expertise, est l’augmentation du prix des céréales au niveau mondial. En effet,l’augmentation générale du coût des matières premières et la fin des subventions agricoles en Europeet aux Etats-Unis font augmenter le prix des céréales.

Dans le Jbel, l’élevage extensif diminue progressivement avec la raréfaction des ressour-ces fourragères forestières et l’arboriculture d’altitude (pomme, poirier, cerisier…) sedéveloppe avec l’appui d’investisseurs. L’ouverture du marché avec l’application des ac-cords internationaux a pour effet d’amplifier cette tendance. Les pommes marocainessont très concurrentielles sur le marché alors que l’élevage du Moyen Atlas est confrontéà la concurrence venant de pays comme le Brésil, la Nouvelle Zélande…

Dans le Dir, le petit maraîchage se développe dans les zones où c’est possible et la cé-réaliculture se maintient.

Dans l’Azaghar, la céréaliculture se développe fortement. De grandes exploitationsvoient le jour et leurs productions sont en grande partie vouées à l’exportation. La stra-tégie des exploitants de l’Azaghar est de miser sur l’emploi systématique des nouvellestechnologies pour améliorer le rendement (irrigation de précision, OGM…).

.

Page 41: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 40 -

Céréaliculture

Arboriculture

Maraîchage

Fin des subventions agricoles et augmentation du prix des céréales

Petit élevage hors-sol

Viandes

Viandes

A terme, il y a une certaine tension sur la res-source en eau. Le ministère de l’agriculture en-courage l’installation de systèmes d’irrigation engoutte à goutte et lance des programmes de sensi-bilisation à une utilisation « raisonnée » des in-trants agricoles. Cependant, un problème de pol-lution des eaux existe. D’autre part, à long terme,les terres de l’Azaghar s’appauvrissent et la cé-réaliculture se retrouve un peu en crise.

Figure 10. Interactions du microscénario « Agriculture d’exportation »

2.2.5. MICROSCÉNARIO «PAIEMENTS POUR SERVICES ENVIRONNEMENTAUX ET ARBORICULTUREBIOLOGIQUE»

Contrairement aux quatre premiers microscénarios sur les systèmes de production agricole, la cons-truction de celui-ci est très peu basée sur les dires d’acteurs et repose surtout sur notre expertise et surdes évolutions qui nous ont semblé possibles.

Suite à l’émergence d’un acteur d’environnement fort (un parc, par exemple) soutenu par de grandesONGs internationales (WWF, CI,…) et capable d’entraîner des transformations importantes dans lesactivités économiques sectorielles, la stratégie au niveau agricole est de se focaliser sur les productionsles plus respectueuses de l’environnement.

Dans cette optique, l’élevage extensif dans le Jbel continue mais la taille du cheptel estlargement réduite. A l’intérieur de la zone du parc, l’élevage extensif est très réduit etsert principalement à l’entretien des ressources naturelles. Les quelques éleveurs pré-sents dans le parc reçoivent donc des revenus pour paiements pour services environne-mentaux. Dans les zones hors parc du Jbel, la structure parc incite à faire del’arboriculture de qualité (et éventuellement avec quelques pâtures pour la transhumancedes troupeaux).

Dans le Dir, la céréaliculture est remplacée dans les zones de faible pente soit par desprairies et soit par des replantations forestières. Sur les moyennes et fortes pentes, unprogramme de DRS avec des banquettes fruitières est mis en place et des replantationsforestières ont également été réalisées.

Dans l’Azaghar, la céréaliculture diminue peu à peu et l’arboriculture biologique (oliveset amandes) se développe grâce aux incitations du ministère (et de l’acteurd’environnement). L’installation en arboriculture biologique est favorisée et une coopé-rative « olives et amandes de l’Atlas » est créée pour favoriser la commercialisation enproduits équitables. Elle est à la base de la construction de structures de transformation(fabrication d’huile, décorticage des amandes,…). Cette coopérative offre également unsuivi technique (lutte biologique, engrais organiques…) pour les agriculteurs. Même si

Page 42: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 41 -

Élevage extensif contrôlé

Arboriculture DRS

Arboriculture biologique

Produits Alimentaires

Produits Alimentaires

Systèmes deproductions

agricoles

Arboriculture surle Jbel et élevage

intensif

Elevage semi-intensif et arbo-

riculture

Généralisationde l’agriculture

Agricultured’exportation

Paiements pourservices envi-

ronnementaux etarboriculturebiologique

l’olivier et l’amandier ne sont pas des cultures très exigeantes en eau, une irrigationsemble indispensable pour effectuer des rendements intéressants. Mais cette dernière doitêtre très contrôlée. L’irrigation en goutte à goutte est donc obligatoire.

Selon ce microscénario, les ressourcesnaturelles (forêt, eau…) sont bien préservéesmais il peut y avoir un problème d’emplois etil est nécessaire que les anciens éleveurstrouvent une nouvelle activité.

L’économie agricole est très dépendante de laproduction d’huiles et d’amandes et il estnécessaire d’importer un certain nombre deproduits agricoles.

Figure 11. Interactions du microscénario « Paiements pourservices environnementaux et arboriculture biologique »

2.2.6. BILAN SUR LES MICROSCENARIOS « SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE »

Quel que soit le microscénario proposé, il existe toujours une tension sur la ressource en eau qui estplus ou moins prononcée selon le système de production étudié. A l’avenir, il semble donc nécessaired’intégrer cette composante dans le développement agricole du Moyen Atlas et de sensibiliser tous lesacteurs du secteur à la bonne gestion des ressources en eau.

D’autre part, le devenir de l’élevage et la possibilité de substituer cette activité par une autre consti-tuent toujours la trame des microscénarios car cette activité est au cœur de la problématique agricolede la région et qu’elle influe fortement sur l’état des ressources forestières.

Enfin, ces microscénarios sont plus ou moins fragiles ou crédibles selon les hypothèses formulées endébut de scénarios. Les points de départ constituent donc les faiblesses des nos scénarios qui sont donccritiquables à ce niveau de construction.

Pour récapituler, les microscénarios des systèmes de production agricole sont :

Page 43: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 42 -

2.3. Tourisme

Eléments complémentaires de diagnostic

D’après (Chattou, 2005), « la région se présente comme un relais entre les autres villes impérialescomme Fès et Marrakech. C’est donc un espace de transit. La faiblesse de sa capacité d’accueil la dé-favorise dans les stratégies commerciales des opérateurs internationaux ». La situation en 2008 nemontre aucune réelle amélioration par rapport au constat de 2005, malgré une volonté de promouvoirle développement d’activités alternatives qui pourraient être une source de revenus supplémentairepour les populations rurales. La présence de projets de développement sur la zone, comme le projetKhénifra, permet la structuration d’activités touristiques et la diversification des activités (gîtes etAGR) reste minoritaire et très localisée. Pour exemple, les associations d’aménagement et de gestiondes terroirs sur la zone de Khénifra ne rassemblent qu’une minorité de familles décidées et engagées,ne disposant pas de moyens financiers conséquents. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, le secteur tou-ristique et en particulier différentes formes de tourisme bien souvent regroupé sous le terme de« écotourisme » (tourisme rural, agrotourisme,…) n’apparaît pas réellement comme un point d’appuipour le développement du territoire rural.

Cependant, on peut noter une différence entre les deux provinces. La province et la ville d’Ifrane, par-fois surnommée « la petite Chamonix », possédant déjà des infrastructures d’accueil alliées à une poli-tique en faveur du tourisme bénéficient d’une attraction et d’une fréquentation plus fortes que la pro-vince de Khénifra, en terme de tourisme national et international. Cette fréquentation se fait essentiel-lement pendant les périodes estivales et hivernales. Le tourisme international se caractérise particuliè-rement par l’accroissement de résidences secondaires touchant l’ensemble de la province alors que letourisme national se matérialise par une fréquentation plus régulière, pendant les week-ends et lesvacances. On peut rajouter qu’il y a apparition de nouvelles activités comme la chasse ou la pêche, quine sont pas structurées ou encadrées, et qui attirent une certaine classe sociale ne fréquentant qu’unecertaine catégorie d’établissements. Par conséquent, les populations rurales ne bénéficient pas desretombées financières de ces types de tourisme.

Khénifra n’ayant pas de vocation touristique par le manque de mise en valeur de ses sites naturels ouarchéologiques, ne semble pas rentrer dans les politiques touristiques de la région. De ce fait, la fré-quentation y est très ponctuelle. Nous avons constaté le passage régulier de représentants du secteurmédical dans les hôtels de la ville, mais il ne constitue pas un moteur suffisant de développement dusecteur touristique et encore moins pour les populations rurales.

Le schéma de la figure 12 représente l’ensemble des relations existantes entre les différents acteurs dusecteur touristique dans la région. La taille des flèches correspond à la force ou à la faiblesse des rela-tions existantes entre ces acteurs. On peut tirer deux informations fondamentales de ce schéma quisont des points clés de notre analyse. Le premier point est le manque et la faiblesse de communicationentre les acteurs et donc la faiblesse de la mise en réseau du secteur au désavantage des acteurs del’écotourisme et au profit du tourisme de masse des villes impériales. Le second point est le manquede structuration de l’artisanat qui rend indispensable le passage par des intermédiaires, au détrimentdes petites villes et des artisans eux-mêmes.

Page 44: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 43 -

Relations commerciales Relations non marchandes et structurantes

Achat et vente Partenariat

Hébergement Projet et sensibilisation

Contrat Relation dépendant de la ressource

Figure 12. Schéma représentant le réseau d’acteurs du secteur tourisme

La construction des deux microscénarios s’est appuyée sur la mise en relation des différentes visionsdes acteurs du secteur et de leur territoire. Le microscénario « tourisme de passage » correspond à latendance actuelle que nous ont décrite les personnes interrogées sur les deux zones. Le microscénario« écotourisme structuré et associations fortes » est, quant à lui, un scénario basé sur ce à quoi les ac-teurs espèrent aboutir avec la complète réalisation de leurs divers projets.

2.3.1. MICROSCÉNARIO « ECOTOURISME STRUCTURÉ ET ASSOCIATIONS FORTES »

Ce scénario fait l’hypothèse que les ressources, forêt et eau, et les écosystèmes, sont toujours dans unétat suffisamment correct pour attirer l’écotourisme. La seconde hypothèse est que, la présence d’unou plusieurs parcs, qui nécessite la mise en place d’une nouvelle législation, est une source d’attractionforte pour la région. Ces éléments permettent d’attirer l’aide internationale sur ce secteur.

Projet

TouristesNat. Intern .

AssociationArtisans Courtiers

Grandes villes

Boutiquiers

GuidesAgences

Hôtels class és

RAM

GîteursParc

Administration du tourisme et artisanat

Eaux & Forêts

Page 45: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 44 -

Dans ce scénario, l’écotourisme est structuré, aidé et relayé par l’intermédiaire des as-sociations, des agences de tourisme et de la délégation du tourisme. Il y a donc une miseen réseau des acteurs locaux. Les agences réalisent une publicité qui ne repose pas uni-quement sur les grandes métropoles mais aussi sur les zones rurales, avec un engagementde l’Etat possible pour sensibiliser sa population à l’environnement et qui peut mettre enplace des limitations des investissements extérieurs pour l’élevage. S’en suit un dévelop-pement des infrastructures d’accueils et routières ainsi que la mise en valeur de sites tou-ristiques (ruines d’anciens villages berbères par exemple) qui sont des conditions indis-pensables au développement des zones rurales.

La présence des associations de type Association de Gestion et d’Aménagement de Ter-roir (AGAT) met en valeur les terroirs et l’artisanat qui permettent une diversificationdes activités, notamment agricoles, par la mise en place d’Activités Génératrices de Re-venus (AGR). La diffusion et la vente de ces différents produits se feront avec le moinsd’intermédiaires possible afin de maximiser les bénéfices pour les artisans et producteurset afin de poursuivre cette diversification. De même, cet artisanat pourrait être un vec-teur d’attraction supplémentaire sur ce territoire.

Le tourisme de masse, très présent dans les villes impériales, peut permettre de contri-buer aussi à l’écotourisme en drainant des flux à proximité des zones rurales. Des cir-cuits (randonnée, VTT, éco tours….) pourront être réalisés pour éviter une dégradationde l’environnement par ce type de tourisme.

On peut donc voir une augmentation des gîteurs. La chasse et la pêche peuvent de mêmedevenir une source de revenus pour les locaux si ces activités sont structurées, par exem-ple par la location des espaces nécessaires à celles-ci.

En conclusion, ce scénario nécessite une forte structuration du secteur touristique par le biais des ad-ministrations et des agences de tourisme. Ceci doit faire appel à des efforts particuliers en matière decommunication entre les différents services privé et public. L’information doit également être mise àdisposition de la demande pour valoriser, en particulier, le secteur écotouristique.

2.3.2. MICROSCÉNARIO « TOURISME DE PASSAGE »

Ce scénario fait l’hypothèse que la communication reste concentrée sur les villes impériales et dansquelques villes de montagne comme Ifrane qui ont déjà une infrastructure développée.

En effet, les infrastructures restent faibles et favorisent le tourisme de passage dans desvilles comme Khénifra, les touristes ne s’arrêtant seulement une nuit ou une journée pourles circuits.

L’artisanat passe par de nombreux intermédiaires qui vendent la marchandise dans lesgrandes villes impériales avec une forte valeur ajoutée. Une part importante de ces bé-néfices ne revient alors pas aux artisans qui ne peuvent se déplacer pour les vendre euxmêmes notamment à cause de la faiblesse des infrastructures routières et d’accueil. Lessources de revenus générées par l’artisanat et les autres AGR n’ont pas de réel impactsur l’économie rurale. De plus, les associations qui sont peu nombreuses, peu structurées

Page 46: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 45 -

et qui ne bénéficient pas de moyens importants, ne permettent pas en définitive une diver-sification suffisante des activités rurales.

L’écotourisme non structuré majoritaire, ne peut être non plus une source de revenu al-ternative.

A long terme, la pression sur la ressource est toujours présente et les troupeaux aug-mentent pour que les éleveurs aient plus de revenus. La conséquence est directe pourl’environnement, ce qui aboutit à la disparition progressive de l’écotourisme. Le tou-risme alors n’existe plus que dans les villes impériales, ce qui laisse les petites villescomme Khénifra complètement à l’écart. Il n’y a plus d’artisanat en milieu rural, court-circuité et coulé par les intermédiaires qui ont pu prendre leur place grâce à des filièresalternatives de productions industrielles d’artisanat vendues dans les villes impériales.

En conclusion, ce scénario ne présente pas d’amélioration de la structuration et de la communicationentre les différents acteurs du tourisme et surtout de ceux de l’écotourisme. Le tourisme de masse dé-crit dans ce scénario pourrait avoir un impact sur l’environnement par le manque d’infrastructures etd’aménagements dédiés à l’accueil des touristes.

2.3.3. BILAN SUR LES MICROSCENARIOS « TOURISME »

Après les nombreux entretiens effectués pour ce secteur, nous arrivons à la conclusion que quel quesoit le scénario envisageable, le secteur de l’écotourisme ne devrait pas être, de manière tendancielle,une source de revenu suffisante pour entraîner le développement des zones rurales. Le tourisme demasse étant déjà présent sur le territoire, il ne devrait pas diminuer. Nous avons donc construit deuxmicroscénarios qui prennent en compte le tourisme de masse, et où la présence et l’importance del’écotourisme seraient les variables de rupture les plus importantes du secteur.

Pour récapituler, les microscénarios du secteur tourisme sont :

2.4. Organisation sociale du milieu rural

Eléments complémentaires de diagnostic

Face à la précarité marocaine (125ème rang sur 177 pays pour l’indice de développement humain) etpour freiner l’exode rural, des initiatives de développement sont mises en place. Elles diffusent no-tamment des AGR, et soutiennent des projets par des micro crédits. Les principaux acteurs à l’originede ces initiatives sont :

la société civile

Le nombre d’ONGs présentes dans la province est difficilement estimable. L’annuaire des associationsde développement de 2002 en répertorie une trentaine dans des domaines variés tels quel’alphabétisation, l’éducation, l’environnement, les infrastructures, les bienfaisances et l’agriculture.

Tourisme Ecotourisme structuré et asso-ciations fortes

Tourisme de passage

Page 47: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 46 -

D’autre part, il existe des associations de micro crédit : depuis 1993, treize ont vu le jour au Marocavec des échelles d’action allant du local au national (Larmoire, 2007).

l’Etat marocain

Plusieurs programmes stratégiques ont été initiés notamment l’Entraide Nationale qui relève du Mi-nistère des Affaires Sociales, la Promotion Nationale qui relève du Ministère de l’Intérieur etl’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH).

les bailleurs de fonds

Le projet MEDA de Khénifra résulte d’une coopération bilatérale entre l’Union Européenne et leRoyaume du Maroc.

Pour comprendre les évolutions possibles de l’organisation sociale du milieu rural et des migrationsengendrées, nous nous focalisons sur l’impact de ces initiatives et notamment le devenir des AGR etdes micro crédits.

Pour cette étude, nous avons défini les AGR comme des activités de complément dont la rentabilité estdifficile à établir. Elles permettent de générer de l’argent immédiat visant à satisfaire ponctuellementun besoin financier. Il ne s’agit pas d’une source de revenu principale mais plutôt d’un complémentpour des personnes en situation précaire. Ces activités nécessitent peu de financement au démarrage.

Le micro crédit, quant à lui, désigne les programmes qui fournissent des petits prêts et d'autres servicesfinanciers, comme les épargnes, aux gens les plus pauvres pour des activités indépendantes qui produi-sent des revenus, en leur offrant des moyens d'existence pour eux-mêmes et leurs familles(www.microcreditsummit.org, visité le 04/03/2008).

Aujourd’hui, les AGR se développent en zone rurale : les microscénarios ci-après vont explorer defaçon différente l’avenir de ces AGR et leurs impacts. Il est ressorti des entretiens trois scénarios rela-tivement différents.

2.4.1. MICROSCÉNARIO « MARGINALISATION DES ZONES RURALES »

Ce premier microscénario émane essentiellement de dires de plusieurs acteurs. Son point de départ sebase sur la continuité du développement des AGR.

Ce développement se pérennise notamment par opportunisme (distribution du matérielquasi gratuitement) sous l’impulsion des initiatives de développement. Le poids de laculture dans le choix des activités est prépondérant. Par exemple, l’apiculture est consi-dérée comme noble dans le Coran et l’élevage se transmet de génération en génération.La population ne s’implique pas dans les AGR les plus innovantes. En conséquent, lesactivités rurales restent peu diversifiées.

L’impact financier n’est pas la motivation première : le complément de revenus est tropaléatoire car la plupart des AGR n’entraîne pas d’augmentation des revenus. En revan-che, l’organisation en association ou coopérative structure la société et présente un im-

Page 48: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 47 -

pact social non négligeable (dont l’émancipation de la femme) justifiant aussi la pour-suite des AGR.

Seules les personnes les plus entreprenantes peuvent, en particulier grâce au micro cré-dit, développer leurs activités existantes sans toutefois diversifier leurs sources de reve-nus. Il y a une augmentation des revenus pour un nombre restreint de personnes.

Pour les autres, l’augmentation peu significative des revenus ajoutée à la sécheresse etau manque d’infrastructures rurales, n’est pas un frein à l’exode rural actuel. De plus, lecoût de la vie augmente et les revenus de la famille ne sont pas suffisants pour subveniraux besoins de tout le foyer. On observe différents types de migrations :

Migration pendulaire : les gens viennent chercher un complément de revenu en ville,en particulier en période de sécheresse. C’est une stratégie de survie. A long terme,ces migrations entraîneront des migrations définitives car elles nécessitent un fondminimum pour s’installer ou un réseau social.

Migration définitive vers les villes marocaines : un membre de la famille s’installe enville mais, face au chômage, ses revenus ne sont pas suffisants pour renvoyer del’argent au village. Pour les familles qui n’ont pas besoin des AGR pour migrer enville, elles s’installent en périphérie urbaine pour trouver les infrastructures néces-saires à leurs besoins.

Emigration : en possession d’un petit pécule, les jeunes préfèrent émigrer plutôt qued’entreprendre un projet au Maroc. Cependant, ce phénomène sera de plus en pluslimité par un contrôle aux frontières renforcé avec l’aide de la communauté interna-tionale. Le retour financier sera par conséquent diminué pour les familles restées enzone rurale.

En conclusion, la zone rurale se paupérise car les AGR, bien que présentes, n’apportent pas de com-pléments de revenus.

2.4.2. MICROSCÉNARIO « DYNAMIQUE DES AGR ENTRAÎNÉE PAR STRUCTURATION SOCIALE »

Pour ce deuxième microscénario, les dires d’acteurs sont complétés par la littérature grise et plus pré-cisément par les lignes directrices du projet MEDA : « L’organisation paysanne constitue un passageobligé pour le développement rural dans la mesure où elle représente un levier de la dynamisationéconomique et de la mobilisation des acteurs en créant un espace de dialogue, de partage et de capita-lisation de l’expérience » (HCEFLCD, 2006).

Le point de départ de ce scénario reste la continuité des AGR, non motivée par l’impact économiquemais plutôt par opportunisme, par poids de la tradition et surtout par bénéfice social.

En effet, dans ce microscénario, l’organisation en association ou coopérative structure lasociété et présente un impact social plus important que dans le premier microscénario.Ces structures représentent un interlocuteur privilégié avec les différents services del’administration.

Page 49: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 48 -

En parallèle, le nombre des associations environnementales et de développement aug-mente ainsi que leur influence sur la société. Grâce à une sensibilisation et une cons-cientisation (environnementale, politique…) accrues via la médiatisation, la société civiles’implique dans le développement local et permet l’acceptation de solutions innovantes.De plus, l’administration est plus à l’écoute des doléances de la population.

Ces deux phénomènes amènent à une amélioration du dialogue et de la confiance entrel’administration et la société civile : la population s’implique dans les AGR avec une ré-elle volonté de réussite. Les associations et l’administration apportent des formationstechniques et de gestion pour la réussite des AGR. Nous pouvons parler de cercle ver-tueux des AGR.

Les revenus augmentent significativement :

limitant la migration pendulaire : la diversification par les AGR permet de pallieraux baisses de revenus liées aux aléas climatiques ;

permettant une meilleure scolarisation et donc à long terme, une migration définitivedes diplômés vers les villes. Ces nouveaux salaires représentent un complément pourles familles rurales : les enfants envoient une aide financière mensuelle.

Face à cette montée en puissance des organisations, l’initiative individuelle n’est pasmise en avant. Etant donné qu’à l’heure actuelle, seuls 10% des microcrédits sont desti-nés aux projets individuels, l’entreprenariat se développe peu.

La conclusion de ce microscénario réside dans le fait que les populations rurales se sentent de moinsen moins marginalisées. En effet, le réseau entre ville et campagne est développé.

2.4.3. MICROSCÉNARIO « DÉVELOPPEMENT DE L’ENTREPRISE INDIVIDUELLE »

Ce scénario est basé sur des dires d’un seul acteur, contrairement au premier. Sa vision nous a paruintéressante à mettre en discussion même si singulière, c’est pourquoi nous avons conservé son image.

Cette fois, le point de départ est un désintérêt progressif des AGR lié à la fin des grands programmesde développement à cause des faibles revenus engendrés par ces activités. L’impact social n’est passuffisant pour maintenir ces AGR.

L’entreprenariat et les investissements privés sont la principale source de développementéconomique de la zone rurale, impulsés par des flux financiers externes notamment desbanques et des agences de micro crédits. Ces nouvelles entreprises individuelles permet-tent de développer des activités faisant appel à des savoir-faire maîtrisés et de créer desemplois par effet de sillage.

Les revenus augmentent significativement pour une partie de la population :

Intensifiant les mouvements pendulaires pour la commercialisation : les produitsvont de la zone rurale vers les villes. Les infrastructures se seront développées face àl’essor de la zone rurale.

Page 50: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 49 -

Organisationsociale du mi-

lieu rural

Marginalisation dela zone rurale

Développementde l’entrepriseindividuelle

Dynamique desAGR entraînée par

structuration sociale

Entraînant un retour des diplômés en zone rurale pour entreprendre de nouveauxprojets ou reprendre les activités lucratives de leurs parents et qui nécessitent unebonne capacité de gestion.

Les associations de développement se concentrent sur les populations qui ne bénéficientpas des retombées de ce système économique.

La conclusion de ce microscénario est un fossé qui se creuse au sein de la population rurale : les pau-vres restent marginalisés face aux entrepreneurs, sauf pour les personnes bénéficiant d’emplois engen-drés par ce processus.

2.4.4. BILAN SUR LES MICROSCENARIOS « ORGANISATION SOCIALE DU MILIEU RURAL »

Chacun de ces trois microscénarios concernant l’organisation sociale du milieu rural fait des hypothè-ses plus ou moins fragiles en terme de réalisation. De fait, ces scénarios sont alors plus ou moins pro-bables.

Pour les deux premiers, le facteur social est notifié comme l’élément « pérennisateur » des AGR, unehypothèse relativement fragile. Le scénario « Dynamique des AGR par structuration sociale » dépendfortement de la capacité des AGR à structurer la société civile et à l ‘amener à accepter des innova-tions. De plus, la sensibilisation et la conscientisation restent des éléments incertains sur lesquels lemicroscénario s’appuie. Pour le troisième scénario, les postulats majeurs, à savoir l’apport de fluxfinanciers externes et la volonté d’entreprenariat individuel, notamment par les diplômés retournés enzone rurale, restent deux processus relativement fragiles.

Pour récapituler, les microscénarios de l’organisation sociale du milieu rural sont :

2.5. Urbanisation

Eléments complémentaires de diagnostic

La thématique sur l’urbanisation vise à traiter des enjeux de développement de la ville et de ses in-frastructures. Pour ce faire, nous avons défini un certain nombre de paramètres qui ont été soumis à ladiscussion au cours de nos entretiens : les migrations entre la ville et les campagnes ou entre les villesdu Moyen Atlas et les grandes villes royales, les infrastructures de base (route, école, santé…), lesinvestissements, les entreprises, l’emploi et le foncier.

Nous avons rencontré un certain nombre d’acteurs de catégories différentes qui participent plus oumoins au développement urbain. Le réseau d’acteurs représenté sur le diagramme de la figure 13 per-met de mieux cerner leurs interactions.

Page 51: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 50 -

Figure 13. Réseau d’acteurs qui participent au développement urbain.

Le Gouvernement définit les grandes lignes des politiques nationales puis au niveau local, la provinceassure la coordination de ces politiques à travers les administrations et les communes. Les communes,garantes du développement urbain, travaillent en partenariat avec les administrations pour l’exécutionde certains travaux dans la ville.

Les populations sont détentrices d’une partie du foncier urbain soit à titre privé13 soit comme ayantsdroits sur des terres collectives sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur (et de son représentant local,le Gouverneur).

Les investisseurs établissent des contrats soit avec la commune soit avec les propriétaires pour réaliserdes infrastructures.

Au cours de nos discussions, les différents acteurs ont décrit ce qui leur semblait au centre des proces-sus ayant actuellement un impact sur le développement de l’urbanisme.

Les problèmes liés au foncier dans la ville de Khénifra (et notamment l’importance des terres régiespar le dahir de 1919 sur les terres collectives, qui les rend inaliénables et difficiles à mettre en valeur)a été souvent évoquée comme étant un obstacle important dans la réalisation de certaines infrastructu-res dans la ville. Pour exemple, l’inauguration du nouveau souk est retardée actuellement à cause des

13 A dire d’acteurs, les terrains privés représentent près de 80% du foncier dans la ville de Khénifra.

Exécution des travaux Partenariats Urbanisation de la ville

Grandes lignes

P rivés-ayants droits

Gestion des terres collectives

Partenariats

coordination

Grandes lignes

coordination

Infrastructures

Gouvernement

Province

Communes Administrations

Investisseurs et Bailleurs de

fond Populations

Maîtrise du

foncier

Page 52: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 51 -

problèmes fonciers entre la commune urbaine et les propriétaires des terrains qui n’arrivent pas à semettre d’accord sur les mesures d’expropriation et d’indemnisation.

Un autre cas de blocage est illustré dans le quartier « Course » où un grand terrain est actuellementinoccupé pour cause de litiges entre les propriétaires privés et les ayants droits. A dires d’acteurs, ceterrain avait été mis à la disposition des habitants du quartier pour les compétitions de « courses dechevaux » par l’une des grandes familles propriétaires14. Avec l’augmentation du prix du foncier, ceterrain a pris de la valeur ce qui a poussé les propriétaires à vouloir le récupérer mais les habitants duquartier qui pratiquent les courses sur ce terrain, depuis des décennies, se revendiquent désormaiscomme ayants droits. Le terrain est bloqué, et ni la commune, ni la province n’ont réussi à régler ceproblème.

Autre point lié au flou qui entoure les statuts fonciers, le développement des bidonvilles15. Ce phéno-mène s’est accentué ces dernières années suite aux sécheresses répétées qu’a connu le pays. Ces der-nières ont en effet des répercussions sur l’agriculture et l’élevage16, poussant de nombreux petits agri-culteurs des communes rurales à revendre leurs terres aux grands propriétaires. Ils achètent alors desterrains en périphérie de la ville pour y construire des habitats sommaires sans véritable plan de ca-dastre. La scolarisation des enfants et la pauvreté sont également à l’origine de ces migrations vers lesvilles (les lycées et les collèges sont concentrés dans les villes comme Khénifra, Azrou, Ifrane,…).Ces populations s’installent en ville pour faire des petits métiers (scieries, menuiseries, commercesambulants…).

En ville, l’insuffisance des infrastructures de base (les routes, l’adduction d’eau potable,l’électricité…), de santé et d’éducation (les hôpitaux, les universités) ne permet pas un bon dévelop-pement urbain. En plus, le taux de chômage est élevé (près de 30% (Haut Commissariat au Plan,2004)); il manque d’industries dans la région. Cette situation entraîne une forte migration des jeunesvers les grandes villes royales (Fès, Meknès, Rabat, Casablanca, Tanger…) ou vers l’Europe (Espa-gne, France, Italie…). Ces migrants sont à la recherche d’emplois mais néanmoins gardent des lienstrès étroits avec leur province d’origine et leur famille. Ils investissent généralement dansl’immobilier, le cheptel, le petit commerce ou le tourisme.

Pour de nombreux acteurs rencontrés, la province de Khénifra est très en retard par rapport au « Marocutile », ils pensent que cette situation est reliée au manque d’attrait des villes du Moyen Atlas dont lalocalisation géographique dans les montagnes, loin des zones portuaires et de la mer, ajoutée au man-que de routes, de chemin de fer ou d’aéroport rendant ainsi l’accès difficile, n’attirent pas forcémentles investisseurs ou les touristes. Ils notent également le poids de l’histoire du Maroc et du peupleamazigh dans la volonté réelle de l’Etat de s’occuper de cette province.

14 A dires d’acteurs, la majorité des terrains à Khénifra sont aux mains de deux grandes familles depuis un siècle.15 Le taux d’urbanisation est passé de 47% (1994) à 52% (2004) (Haut Commissariat au Plan, 2004).16 Perte de 20.000 emplois dans le secteur agricole en 2007 dans la région Meknès-Tafilalet (Haut Commissariat au Plan,2004).

Page 53: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 52 -

Ces acteurs aspirent à voir une plus grande volonté d’assainissement des finances des communes, dessanctions exemplaires pour lutter contre la corruption et la mise en place d’une véritable stratégie dedéveloppement de la région.

Cependant, selon le discours officiel, de nombreux projets devraient voir le jour. Les autorités maro-caines envisagent à court terme la construction d’une faculté de sciences, l’ouverture d’un grand hô-pital régional et la mise en place d’une petite zone industrielle dans la ville de Khénifra..

A l'issue de ces discussions, à travers les processus qui ont été décrits, il a été demandé à chaque ac-teur de donner sa vision du futur de la ville dans une trentaine d’années, il en est ressorti trois micros-cénarios que nous avons affinés à travers nos lectures, toujours dans une logique de cohérence avec lesdires des acteurs.

Le point focal des deux premiers microscénarios concerne les relations de pouvoirs entre communes etservices de l’Etat sur des problématiques telles que l’accès au foncier. Fréquemment cités dans lesdiscussions, ces scénarios sont les plus proches des dires d’acteurs. Par la suite, sur l’hypothèse que lazone d’étude constitue un attrait pour les investisseurs sur des activités à forte valeur ajoutée, nousavons essayé de reconstruire, autour de points clairement explicités, un scénario basé sur le change-ment des mentalités vers un libéralisme économique.

2.5.1. MICROSCÉNARIO « MANQUE DE FLUIDITÉ SUR LE MARCHÉ DU FONCIER »

Pour ce microscénario, le point de départ est la difficulté de l’Etat à coordonner les actions de ses ser-vices avec les communes.

L’accès au foncier urbain est difficile. Plusieurs groupes revendiquent la propriété d’unepartie des terrains, certains terrains étant revendiqués à la fois par la commune, desayants-droits de terres collectives et des propriétaires privés. Certains projets entreprispar la commune sont bloqués par l’absence de propriétaires bien définis. En parallèle,les petites communes rurales s’appauvrissent et certains habitants se réfugient en villepour accéder à la scolarisation de leurs enfants et aux centres de soins. Cette immigra-tion vient compliquer les tensions politiques entre les communes rurales et la province,les immigrés s’appropriant généralement illégalement les terres pour y habiter et y dé-velopper du maraîchage. Vu le manque de cohérence dans le développement urbain et enl’absence d’infrastructures sociales et de main d’œuvre qualifiée, les investisseurs locauxpréfèrent se diriger vers les grands centres urbains comme Meknès ou Fès. L’immobilierse développe un peu grâce aux personnes originaires de Khénifra et résidant àl’étranger. Mais les problèmes liés au foncier persistent.

En l’absence d’emploi dans l’industrie ou dans le tertiaire et à cause d’une agriculturepeu rentable, Khénifra est une ville de passage reconnue pour son souk aux bêtes. Avecun taux de chômage élevé, de nombreux jeunes partent chercher du travail dans lesgrandes villes. Lié à cette situation, pour la population restante, l’âge moyen du mariageest retardé ce qui réduit la période de fécondité et par conséquent le nombre moyend’enfants par couple. Les infrastructures de développement social ne se développent pas,

Page 54: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 53 -

voire se détériorent et l’accès aux soins est payant. Le résultat est un développementanarchique de la ville. Les bidonvilles sont régulièrement alimentés par des habitants dela campagne. L’espace périurbain se développe au détriment du centre ville où subsistentquelques infrastructures (souk, hôpital, écoles).

Dans ce scénario, le développement urbain est à la fois anarchique et limité. Il se repose sur des pro-blèmes d’accès au foncier qu’on nous a révélés très sensibles. Cependant, il présuppose la non-réussitedes projets de planification urbaine (agence urbaine) et de développement humain (INDH). On peutaussi relever une hypothèse fragile concernant la capacité ou le besoin des gens à migrer (surtout versl’Europe) dans les années à venir et une autre concernant la stagnation du taux d’accroissement de lapopulation.

2.5.2. MICROSCÉNARIO « PLANIFICATION DE LA VILLE »

Pour ce microscénario, le point de départ est la réussite des stratégies de développement de la zoned’étude et de décentralisation qui, par conséquent, engendre une meilleure coordination des servicesde l’Etat et des communes urbaines.

La nouvelle stratégie nationale de développement des provinces de montagne est au cœurdes préoccupations du gouvernement sous l’impulsion du Roi. Pour ce faire, la procédurede décentralisation devient effective et a un réel impact sur le fonctionnement del’administration. Par conséquent, on observe une meilleure coordination entre les servi-ces de l’Etat et les communes. Face aux problèmes du foncier, ils tentent d’assouplir laloi sur la propriété foncière, favorisant ainsi la mise en place des structures administrati-ves comme l’agence urbaine qui joue pleinement son rôle de planificateur et empêche ledéveloppement des constructions non légitimes.

Les communes aidées des services de l’Etat développent les structures de bases commeles écoles, les routes, la santé et des petites zones industrielles afin d’attirer les investis-seurs. Du fait d’un foncier bien aménagé, d’un environnement bien maîtrisé (par exem-ple : la rivière oued srou qui traverse la ville de Khénifra est bien assainie offrant ainsiun cadre de vie meilleur) et de ressources naturelles à exploiter dans la région, les inves-tisseurs arrivent. On assiste à une extension de la ville à travers des quartiers mieuxaménagés et facilement accessibles. Le développement des petites et moyennes entrepri-ses fait baisser le taux de chômage. Les jeunes diplômés attirés par de l’emploi local etpar le cadre familial restent dans la province. Apparemment, on constate une baisse desmigrations des populations vers les grandes villes et vers l’Europe (stabilisation).

Dans ce scénario, le développement urbain est planifié et constant. Il trouve solution dans la combinai-son des intérêts pour le développement de la ville et de la zone d’étude. Cependant, il présuppose laréussite des projets de planification urbaine (agence urbaine) et de développement humain (INDH etProgramme MEDA). Cela dépend aussi d’une certaine élasticité et d’une capacité de l’Etat à réagiraux demandes de la société civile et à lutter contre la corruption. Ensuite, on peut aussi relever une

Page 55: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 54 -

fragilité de ce microscénario concernant les cohérences entre les différentes variables. En effet,l’amélioration de la coordination des services ne sous-entend pas forcément une évolution des statutsfonciers et un déblocage de l’accès au foncier ; l’amélioration du développement urbain ne sous-entend pas forcément l’attrait des investisseurs et le développement des infrastructures et del’industrie.

2.5.3. MICROSCÉNARIO « LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE »

Pour ce scénario, l’hypothèse de départ est qu’avec l’ouverture du marché, régulée partiellement parl’Etat marocain, des investissements principalement en ville viennent débloquer l’économie de la zoned’étude.

Avec la signature des accords de Marrakech, le Maroc s’ouvre progressivement au libreéchange et au marché international. L’Etat régule seulement la vitesse d’ouverture aumarché. La population locale adhère majoritairement à la culture libérale d’entreprise.Elle permet à des investisseurs, soit déjà implantés dans le territoire soit venant d’autresvilles, d’investir dans des filières à forte valeur ajoutée qui tirent l’économie de la pro-vince vers le haut (exemple de l’industrie sidérurgique pour Khénifra et du tourisme demasse pour Ifrane).

Des échanges fréquents avec les grandes villes comme Fès, Meknès ou Casablancaconduisent à développer le réseau routier par des axes bien précis. La réussite des pre-miers investissements favorise le développement de la culture financière et individualiste.Face à ces grands changements, le marché du foncier urbain est ouvert à la spéculation.

Face à l’afflux monétaire et aux nombreuses initiatives innovantes sur le territoire, lesvilles développent leurs infrastructures de base (électricité, adduction d’eau potable, as-sainissement, routes, souk…). Les services de l’Etat et les collectivités locales dévelop-pent d’autres infrastructures comme des écoles, des hôpitaux, des logements sociauxpour les ouvriers, des zones d’activités commerciales et industrielles…

Avec l’amélioration du niveau de vie moyen et l’économie en pleine extension, les inves-tisseurs d’autres villes s’installent dans les villes du Moyen Atlas. Le secteur del’immobilier connaît alors une croissance exponentielle de ses investissements. Les en-trepreneurs urbanisent par blocs des pans entiers de la ville, formant ainsi des îlotsd’urbanisme liés à une certaine condition sociale (ouvriers, fonctionnaires, cadres…).

Néanmoins, des populations pauvres qui n’ont pas pu profiter de l’essor du libéralisme seretrouvent dans des bidonvilles intermédiaires. Cette situation implique l’augmentationde la délinquance dans certaines zones de la ville de Khénifra. D’un point de vue géné-ral, la ville devient moins agréable. Mais la proximité d’un cadre de vie accueillantconduit les plus riches vers des quartiers pavillonnaires et/ou des maisons secondaires deweek-end vers les forêts de Azrou et d’Ifrane. Pour les plus aisés (cadre, industriel, fonc-tionnaire, …), la structure familiale traditionnelle laisse place au foyer (un homme, unefemme, quelques enfants). Le résultat de l’augmentation générale du niveau de vie et le

Page 56: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 55 -

changement de composition de la famille impliquent que la ville augmente en superficieet démographie.

Dans ce scénario, le développement urbain est morcelé et exponentiel. Il trouve solution dans la chan-gement de mentalité vers un libéralisme économique qui permet d’éliminer certaines tensions cultu-relles sur le territoire. Cependant, il présuppose que des investisseurs trouvent de l’intérêt à investirdans des activités à forte valeur ajoutée dans une zone réputée pour l’instant peu attrayante. Cela dé-pend aussi d’une capacité et d’une volonté de l’Etat et de la commune à réagir aux flux monétaires encréant des infrastructures de bases telles que l’électricité, les réseaux d’adduction d’eau potable ou deszones industrielles. Aussi, à travers ce microscénario, il est extrêmement hypothétique que l’Etats’engage à construire des infrastructures de santé et d’éducation alors qu’en lien avec le développe-ment du libéralisme, il se désengage de presque tous les services publics.

2.5.4. BILAN SUR LES MICROSCENARIOS « URBANISATION »

De la discussion avec les différents acteurs, il en ressort que la ville de Khénifra manque d'infrastruc-tures de base (routes, universités, hôpital...). Cette situation serait liée à un manque de volonté évidentdes pouvoirs politiques à développer cette province. La sécheresse qu'a connu le Maroc ces dernièresannées a des conséquences sur le rendement des systèmes de production (agriculture et élevage). Cettesituation, ajoutée au manque d'écoles dans les campagnes, favorise les migrations des populations versla ville pour rechercher de l'emploi et scolariser leurs enfants. La conséquence directe est l'extensionde la ville avec le développement des bidonvilles. Il manque une véritable politique d'aménagement dela ville, ajoutée à d’importants problèmes sur le foncier. La corruption, l'histoire même du Maroc etdes populations amazighes originaires de cette province sont pointés comme les causes du retard dansle décollage économique de la province. Le manque d'industries dans la zone entraîne la fuite des jeu-nes vers les grandes villes royales à la recherche d'emplois.

Les inflexions souhaitées par les acteurs seraient une meilleure lisibilité dans les finances des commu-nes et des administrations, une nouvelle législation sur le foncier, une planification de la ville, le dé-veloppement d'infrastructures de base. C'est donc autour de ces dires d'acteurs que nous avons affinétrois microscenarios pour la ville :

2.6. Acteur d’environnement

Eléments complémentaires de diagnostic

Concernant la gestion de l’environnement, nombreux sont les acteurs qui revendiquent une« préoccupation » pour les problèmes de dégradation ou de surexploitation des ressources (forêt, par-cours, eau). Ils ne sont cependant pour la plupart ni en mesure ni même parfois désireux d’orienterleurs actions vers la résolution de ces problèmes. Si l’ensemble de l’administration forestière a pourmission de conserver les territoires forestiers ou si l’administration agricole tente de veiller à la sauve-

Urbanisation Manque de fluidité sur lemarché du foncier

Libéralismeéconomique

Planificationde la ville

Page 57: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 56 -

garde des parcours et des ressources en eau à travers ses actions, leur action prend rarement la formed’une véritable gestion de l’environnement à laquelle on assignerait un ensemble d’objectifs de natureécologique : conservation de la biodiversité des milieux, maintien du fonctionnement de l’écosystèmecédraie et de son renouvellement…

Seule l’équipe de gestion du projet d’aménagement et de gestion des massifs forestiers de la provinced’Ifrane (financement AFD) et qui prend en charge le parc national d’Ifrane créé en 2004, constitueaujourd’hui un interlocuteur en matière de gestion de l’environnement au sens que nous lui donnonsdans cette étude. Un petit nombre d’associations revendique aussi cette coloration« environnementale », sans avoir les moyens d’agir de manière forte sur le territoire. Notre intérêt s’estainsi focalisé sur le fonctionnement, l’existence et les projets de création d’Aires Protégées, nous réfé-rant dans notre analyse du jeu d’acteurs au concept développé par Émerit (2007) d’Équipe de Gestiondes Aires Protégées (acronyme : EGAP) (Emerit, 2007).

À la différence des cinq autres thèmes traités précédemment, l’état des lieux et la production de mi-croscénarios se sont donc beaucoup moins appuyés sur les discours d’acteurs ; les matériaux mobilisésrelèvent d’une expertise collective de la situation ainsi que d’un travail de réflexion interne sur lesfuturs possibles en matière de gestion des espaces protégés.

Une « cartographie » des acteurs actuellement impliqués et des liens entre eux a été réalisée afin dedonner un aperçu de la situation. Il est apparu également important d’identifier les acteurs qui pour-raient intervenir dans le futur, car ainsi que l’exprime Piveteau dans sa réflexion sur la prospectiveterritoriale, les acteurs d’aujourd’hui ne sont pas nécessairement les acteurs qui seront présents demain(Piveteau, 1995).

Simultanément, il a fallu identifier les variables « clés » pour l’évolution des Aires Protégées du terri-toire. Le croisement de ces deux éléments a ensuite permis de construire cinq images avec des degrésde probabilité différents mais dont les conséquences dans la construction de macroscénarios sont inté-ressantes d’un point de vue analytique.

Quelques variables clés :

- Création ou non du Parc National de Khénifra et échéance à laquelle il est créé ;

- Création ou non de la Réserve de Biosphère de la « cédraie » ;

- Externalisation de la gestion des AP à d’autres entreprises ;

- Moyens dont disposent les EGAP pour assurer la gestion ;

- Publication de la loi sur les AP et à quelle date ;

- Mobilisation de la société civile autour des EGAP et de la gestion des Aires Protégées.

Page 58: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 57 -

Figure 14. Cartographie du jeu d’acteurs

Derrière cette cartographie émerge l’idée que plusieurs acteurs qui n’interviennent pas spécifiquementaujourd’hui pourraient jouer un rôle important à l’avenir en fonction des orientations qui seront prises.Ces rôles seront spécifiés dans la déclinaison des microscénarios. Le contenu de la nouvelle législation

PN Cédraiepar fusion ?

PNI

PNK ?

PNHAO

RBC ?

CR

CR

CR CR

CR

CR

tutelle

Coopèrent ?

Responsable mise en œuvreCBD

Externalise lagestion et /

ou le tourisme?

Appuie ?

Visitent sous différentesformes

Est rattaché à

Finance ?

HCEFLCD

Secrétariat d’État àl’Environnement

Entreprisesprivées

Bailleurs defonds(APD)

ONGEinternationale

Touristes

Gouvernement et1er ministre

Associationsd’environnement

Coalition ?

Font pression ?

Nouvelleloi AP ?

Participe

Sigles et symbolique utilisés

PNI : Parc National d’Ifrane PNK : Parc National de Khénifra

PNHAO : Parc National du Haut Atlas Oriental RBC : Réserve de Biosphère de la CédraieAPD : Aide Publique au Développement CR : Communes Rurales

ONGE : Organisations Non Gouvernementales d’Environnement

HCEFLCD : Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification

Acteurs avec fond de case en grisé : acteurs déjà présents dans le territoire

Première enveloppe verte olive : territoire concerné par l’écosystème cédraie, susceptible d’être placé

sous réserve de biosphère

Enveloppes vert sapin et vert bleu : territoires concernés par les parcs nationaux d’Ifrane (créé en 2004 et

agrandi en 2006) et de Khénifra (études préalables lancées en 2007)

Page 59: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 58 -

en matière d’Aires Protégées, prévue pour 2007 mais toujours pas aboutie, sera également un paramè-tre déterminant des possibilités qui s’offriront aux acteurs et futurs gestionnaires.

2.6.1. MICROSCÉNARIO « PARCS DE PAPIER »

Le Parc d’Ifrane travaille sur une approche concertée des ressources naturelles mais sefait « dépasser par les événements ». Ses moyens ne lui permettent pas d’être réellementefficace en terme de protection de la cédraie. Le parc de Khénifra est créé en 2009 maisavec peu de moyens derrière (type PNHAO). Il n’est pas en mesure d’infléchir les pro-cessus en cours non plus.

À l’horizon 2020, il ne reste plus que quelques noyaux de forêt relictuels dispersés sur leterritoire. La décision est prise de se concentrer sur ces zones, dans une optique toujoursplus ou moins concertée. Les financements nationaux et internationaux manquent cepen-dant pour assurer une réelle gestion du territoire, même à l’intérieur de ce nouveau pé-rimètre réduit. D’une manière générale, les parcs qui restent sous la houlette des E&Fn’ont pas un rôle majeur sur la structuration du territoire (la législation sur les AP sorten 2010 mais les modifications apportées ne sont pas en mesure de changer le rôle nil’action de ces AP).

Les associations d’environnement qui pourraient soutenir le parc ne réussissent pas nonplus à émerger et à se structurer durablement. Elles se cantonnent dans une actiond’éducation à l’environnement, rôle important peut être mais non suffisant.

Un tel microscénario apparaît probablement comme le plus tendanciel. Les structures parcs manquentde moyen et ne sont pas en mesure de lutter contre les processus qui dégradent chaque jour davantagela cédraie. Cela signifie à terme la disparition irréversible d’une partie importante de la cédraie.

2.6.2. MICROSCÉNARIO « PARC NATIONAL DU MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT »

La sortie de la loi sur les AP est encore retardée de plusieurs années. Elle finit par sur-venir en 2012, mais le projet de loi est récupéré par le ministère de l’environnement. Cedernier récupère les compétences en matière d’AP, auparavant gérées par le Haut Com-missariat aux Eaux et Forêts.

Malgré le changement de ministère de tutelle, les structures parcs en place demeurent etse voient confirmées dans leurs missions. Cependant, les territoires des AP sont réorga-nisés en partie.

La détérioration des massifs forestiers au cours des six années précédentes réoriente lagestion. Les deux noyaux durs autour de la forêt d’Ajdir et d’Azrou sont institués commezones centrales d’une nouvelle AP. Le reste des superficies actuellement en zone parcprend le statut de zone périphérique dans le cadre d’une AP de type « parc national ».

La mise en place d’un grand parc national sous la tutelle du ministère de l’environnement permet demettre d’importants moyens pour la sauvegarde d’au moins deux zones forestières de grande qualité

Page 60: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 59 -

environnementale, les forêts d’Ajdir et d’Azrou. La prise en charge des AP par le ministère del’environnement amène aussi une clarification aux yeux des acteurs locaux du rôle de l’administrationforestière sur le territoire, qui cesse d’être tout à la fois gestionnaire de forêt, de milieu naturel, garantdes intérêts de la filière bois et de la protection de l’environnement et agent de développement.

2.6.3. MICROSCÉNARIO « EXTERNALISATION ET VALORISATION TOURISTIQUE PRIVÉE »

Le parc de Khénifra est créé rapidement après 2008. Cependant, la publication de la loisur les Aires Protégées en 2010 ne permet pas de repenser en profondeur les missionsdes Parcs Nationaux. Peinant à mettre en œuvre des mesures concrètes pour améliorerl’état des écosystèmes et notamment enrayer la dégradation de la cédraie, l’optiond’externaliser la gestion à des entreprises privées est prise.

Elle suit en cela un processus déjà entamé au milieu de la décennie 2000, où la surveil-lance des feux de forêts notamment dans la Mâamora avait été de même confiée à desentreprises privées sous contrat.

Les EGAP d’Ifrane et de Khénifra se transforment ainsi en « gestionnaires d’appelsd’offres » et n’interviennent quasiment plus sur le terrain ; leur effectif se trouve alorsextrêmement réduit. Plusieurs types de contrats sont passés, concernant la valorisationtouristique de différents sites (Cèdre Gouraud, sources de l’Oum Er Rbia), la surveil-lance de la cédraie et la remise en état des milieux.

Globalement, la protection des milieux ne s’en trouve pas améliorée car les entreprises qui contractua-lisent ont des impératifs de rentabilité s’ajustant mal aux exigences du terrain.

Les deux microscénarios suivants assument une dimension plus « spéculative » dans la mesure où ilest peu probable qu’ils puissent survenir. Leur portée est donc plus analytique et a pour vocationd’ouvrir le débat sur d’autres formes que pourraient prendre la gestion des aires protégées au Maroc.

2.6.4. MICROSCÉNARIO « PARC NATUREL RÉGIONAL DE LA CÉDRAIE »

À l’issue du plan d’aménagement et de gestion du parc d’Ifrane, en 2012, nombreux sontles objectifs qui n’ont pu être atteints. Malgré les efforts de l’EGAP pour aller dans lesens des préconisations du Plan d’Aménagement et de Gestion, de nombreuses difficultéssurgissent et notamment liées aux relations entre l’EGAP et les communes rurales, quiremettent notamment en cause les contrats passés avec les associations de gestion sylvo-pastorale.

Dans le même temps, la population rurale d’une bonne partie de la province de Khénifra,bien structurée autour des AGAT et des AGAM montées par le projet MEDA, a réussi àéviter la création du Parc National arguant du fait qu’une telle AP ne convenait pas auxproblèmes qui se posaient en matière de gestion des ressources naturelles.

La loi sur les AP, qui devait sortir en 2007, est également modifiée. Dans le projet initial,la gestion et l’administration de l’ensemble des catégories d’AP proposées restaient du

Page 61: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 60 -

ressort de « l’administration compétente » (c’est à dire dans l’état actuel des choses et demanière implicite, de l’administration forestière). La loi finalement adoptée permet auxAP de type Parc Naturel d’être gérées par « toute collectivité ou établissement public dé-signé par le décret en portant création ».

L’ensemble des territoires couverts par le Parc National d’Ifrane et le projet de PN deKhenifra se constitue donc en Parc Naturel géré par un syndicat mixte à l’horizon 2015,sous l’impulsion conjointe des communes rurales et des associations locales. Le syndicatmixte regroupe l’ensemble des Communes Rurales et Urbaines du territoire Parc, les re-présentants des deux conseils provinciaux et du conseil régional, ainsi que des les admi-nistrations et les représentants des associations. Il est doté de compétences obligatoiresen matière de gestion forestière, délégué par les CR, et a la charge d’assurer sur le ter-ritoire du parc la cohérence et la coordination des actions de protection, de mise en va-leur, de gestion, d’animation et de développement menées par les partenaires.

Un tel microscénario confirme et matérialise les orientations prises en matière de délégation de gestionet participation des populations à la gestion territoriale, tant au niveau national qu’au sein même del’administration forestière. De nombreuses difficultés existent cependant pour opérationnaliser cesaspirations, la tâche de coordination sur un territoire aussi vaste pouvant s’avérer extrêmement com-plexe.

Par ailleurs, les hypothèses nécessaires à la réalisation de ce microscénario sont relativement forte, etson intérêt réside plus dans les discussions qu’il permet de provoquer notamment par rapport auxquestions de participation et d’implication des populations rurales que dans sa plausibilité.

2.6.5. MICROSCÉNARIO « PARC DE LA CÉDRAIE, FORT ET STRUCTURANT LE TERRITOIRE »

Le parc d’Ifrane poursuit sa structuration entre 2008 et 2012, date de fin du Pland’Aménagement et de Gestion en cours. Le retrait du projet AFD à l’horizon 2009 signi-fie la fin des financements pour la structure parc, mais ne pose pas de réels problèmescar, dès 2010, de nouveaux financements prennent la relève.

En 2010, le parc de Khénifra voit officiellement le jour mais n’est pas doté de moyenssuffisants. Il reste essentiellement un parc « de papier » : pas d’équipe pour la gestion(un ingénieur détaché du SPEF de Khénifra) et peu de moyens financiers. La coordina-tion entre les deux parcs est faible. Malgré les nombreux efforts assurés à la fois par lesprojets AFD et MEDA et par les programmes nationaux (INDH), la dégradation des mi-lieux et la perte de biodiversité se poursuivent.

Dans le même temps, les associations environnementales parviennent à se structurer enréseau durable et puissant du niveau local au niveau national. Ce réseau comprend desassociations d’éducation à l’environnement (les plus nombreuses), des associations plusactives sur un territoire donné (types Amis du Val d’Ifrane), d’autres associations natio-nales et/ou à fort ancrage régional et centrées sur les questions de gestion et de protec-tion des ressources naturelles (écolo-plate-forme du Nord par exemple).

Débordant aussi à l’international grâce à des personnes relais (Michel Tarrier parexemple), ce mouvement finit par prendre l’allure d’une véritable coalition, qui cherche à

Page 62: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 61 -

médiatiser de plus en plus les problèmes de dégradation de l’environnement au Maroc eten particulier dans la cédraie.

Le réseau national d’associations environnementales parvient à rallier à sa caused’autres ONGE internationales et notamment le WWF, déjà impliqué dans la zone duMoyen Atlas (projet PNUD) entre 2006 et 2010. Les autres ONGE impliquées sont no-tamment CI (qui reconnaît dans la zone Moyen Atlas – Haut Atlas une zone de hotspot àla suite des travaux de Quézel et Médail (Médail, 1997)).

Une coalition verticale se forme, du local à l’international autour du problème« Dégradation de la cédraie ». Celle-ci exerce une pression forte auprès du Roi et despouvoirs publics en général, du Haut Commissariat en particulier, et la cédraie est dé-clarée cause nationale.

Les partenaires internationaux n’acceptent de s’engager que dans la mesure où les parcsd’Ifrane et de Khénifra fusionnent, pour une gestion plus rationnelle de l’ensemble duterritoire et des milieux à forte biodiversité, ce qui est fait à la fin de l’année 2015. Cettefusion permet le renforcement des moyens de la structure « parc de la cédraie », puis laconstitution de la RB « cédraie » avec le PNHAO qui permet à d’autres financementsd’affluer.

Une action plus générale et plus forte de l’acteur « parc » sur le territoire est alors pos-sible. Ce dernier possède la capacité d’influer fortement sur les évolutions du territoire etle travail des autres acteurs du territoire.

L’avènement d’un tel microscénario apparaît comme hautement improbable.

2.6.6. BILAN SUR LES MICROSCENARIOS « ACTEUR D’ENVIRONNEMENT»

Comme on l’a vu, les microscénarios en matière d’acteur d’environnement sont étroitement liés :

- au contenu de la loi sur les Aires Protégées, qui devait paraître en 2007 mais a été retardé, du faitselon certain du changement de législature en septembre 2007 ; les possibilités qui seront offertesen matière de transfert de gestion et vis à vis des compétences respectives du HCEFLCD et du se-crétariat d’état à l’environnement seront déterminantes dans la structuration prochaine des AiresProtégées du territoire, qui apparaisse aujourd’hui comme les seuls acteurs à même de prendre encharge la dimension environnementale de gestion du territoire.

- à la capacité de la société civile de se mobiliser en faveur de la cause environnementale et à laréactivité des pouvoirs publics face à ces demandes.

En tout état de cause, la mobilisation en faveur de l’environnement paraît aujourd’hui très lié, dansl’esprit des personnes enquêtées, à la réalisation d’un certain nombre d’objectifs en matière de déve-loppement socio-économique « de base » : réalisation d’infrastructure routière, santé, accès à l’eau et àl’électricité, à l’éducation.

Atteindre ces objectifs a souvent été citée comme condition nécessaire à la mobilisation des popula-tions – voir parfois à leur prise de conscience – sur les questions d’environnement.

Page 63: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 62 -

Acteurd’environne

ment

Parcs depapier

Parc National duMinistère de

l’environnement

Externalisationet valorisation

touristiqueprivée

Parc NaturelRégional de la

cédraie

Parc de la cé-draie, fort etstructurant le

territoire

Nous nous sommes ainsi majoritairement basé sur nos propres connaissances en matière de gestion desAires Protégées et de dynamique associative pour proposer les cinq microscénarios récapitulés dans leschéma suivant :

3. Conclusion sur la construction des microscénarios

À partir des microscénarios ainsi écrits, il est possible de construire une « matrice » qui présente enligne les différents thèmes explorés au cours de notre travail et en colonne les différents futurs imagi-nés pour chacun de ces thèmes.

La matrice ainsi formée fournit la base de la construction de macroscénarios à l’échelle du territoirepar la combinaison des différentes « cases » entre elles.

Avant de nous lancer dans un tel exercice, qui fera l’objet de la partie suivante, quelques précisionss’imposent :

- l’ensemble des microscénarios n’est pas exhaustif. Sur chaque thème, d’autres images du futurauraient pu être ajoutées notamment des images qui auraient pu laisser plus de place àl’imagination des acteurs ou au contraire plus de place à de l’expertise « probabilisée » ;

- certains points de ces microscénarios auraient mérité plus d’attention, notamment sur les aspectsde démographie, d’urbanisation, de développement social. Mais, comme nous l’avons souligné, laconstruction de microscénarios est fortement assujettie aux champs de compétences de ceux quiles font et au temps disponible.

Il convient donc de souligner que cette matrice doit essentiellement être utilisée comme une proposi-tion de structuration des avenirs possibles du territoire, à partir de laquelle le lecteur est invité à in-venter de nouvelles cases, de nouveaux micro scénarios ainsi que de nouveaux macro scénarios.

Cette matrice, présentée figure 15, a cependant fourni des bases suffisantes pour développer des ma-croscénarios et amener la mise en discussion.

Page 64: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 63 -

Figure 15. Matrice constituée des différents microscénarios afférents à chacun des six thèmes relevés

Développementde l ’entreprise

individuelle

Systèmes deproduction

agricole

Filière bois

Urbanisation

Tourisme

Structurationsociale des zones

rurales

Acteurd ’environnement

Décapitalisation encadréepar les Eaux et Forêts

Réappropriation des recettes forestières par lespopulations locales

Arboriculturesur le Jbel et

élevageintensif

Elevagesemi-intensif

etarboriculture

Généralisationde

l ’arboriculture

Agricultured ’exportati

on

Ecotourisme structuré

Marginalisation des zonesrurales par échec des AGR

Planification de laville

Manque de fluidité sur lemarché du foncier

Dynamique des AGR entraînéepar la structuration sociale

Libéralisme économique

Paiements pourservices

environnementauxet arboriculture

biologique

Parc nationauxdu ministère de

l ’environnement

Parcs«de

papier»

Externalisation etvalorisationtouristique

privée

Parc NaturelRégional de la

cédraie

Parc national dela cédraie fortet acteur du

territoire

Tourisme de passage

Page 65: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 64 -

PARTIE D. LES MACROSCENARIOS

1. Construction des macroscénarios

Les macroscénarios sont construits en partant d’une idée forte qui structure le scénario comme unesorte de fil directeur dont la logique est poussée jusqu’au bout. Ceci permet de faire des choix entre lesdifférents microscénarios de chaque thème tout en respectant une certaine cohérence entre eux. Par-fois, il a été nécessaire d’en modifier ou même d’en inventer de nouveaux pour harmoniser certainsmacroscénarios. En effet, l’objectif était, à partir de l’assemblage des microscénarios qui sont plusissus des processus exprimés directement par les acteurs, de proposer une « image » du territoire dans30 à 50 ans en racontant une histoire. Nos apports ont donc été plus libres pour l’élaboration de cesmacroscénarios.

Le fait de pousser une logique jusqu’au bout rend ces macroscénarios très typés : leur plausibilitérepose sur la cohérence d’ensemble des hypothèses, faites sur tous les secteurs et pour l’ensemble duterritoire, mais leur caractère contrasté peut les rendre un peu moins plausible. Aucun de ces scénariosn’apparaît non plus particulièrement souhaitable, et ceci était voulu pour ne pas tomber dans le piègede mettre les auditeurs ou les lecteurs dans une position où ils voudraient choisir l’un ou l’autre desmacroscénarios.

Ainsi cinq macroscénarios ont été rédigés :

- Scénario « Tendanciel » : Il s’agit d’une association des microscénarios vus par les acteurs commeune prolongation des tendances actuelles, et qui permet de décrire les conséquences qui en décou-lent. Ce macroscénario relève essentiellement de la juxtaposition de logiques parfois difficilementconciliables ou durables, mais exprimées souvent comme les plus probables (« si les choses conti-nuent comme ça »). Il nous a semblé intéressant en tant que reflet de la conscience d’une grandepartie des acteurs d’une dégradation des ressources naturelles qui mènerait à une impasse inéluc-table. Néanmoins, il se projette donc peut-être moins loin dans l’avenir car l’après n’est pas for-cément envisagé ; « Nos enfants devront faire autre chose ».

- Scénario « Politiques sectorielles » : Ce scénario repose sur l’idée que ce sont l’État, grâce à degrands programmes sectoriels et les investissements des filières productives existantes qui structu-rent l’avenir. Ainsi, ce macroscénario est celui de la planification, des mutations au sein des filiè-res et du discours essentiellement porté par les administrations. Ce macroscénario met en évidenceque cette logique peut souffrir du fait que l’État, même s’il essaye, dans la mesure du possible, deparler d’une seule voix présente plusieurs démarches et plusieurs discours influencés par les filiè-res respectives dont il défend en partie les intérêts et qui peuvent parfois être contradictoires entreelles.

- Scénario « Marché » : Il intègre le fait que l’État intervient de moins en moins et laisse le marchéréguler les activités présentes sur le territoire. Ceci va dans la logique des accords de Marrakech,de l’ajustement structurel et d’une ouverture au marché mondial. C’est un macroscénario d’un li-béralisme fort mais qui n’est néanmoins pas extrême, ni complètement caricatural.

Page 66: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 65 -

- Scénario « Environnement » : repose sur l’idée d’une montée en puissance importante et dans tousles secteurs des problématiques environnementales au Maroc. Ceci à la fois par le biais de la so-ciété civile, de l’Etat, de l’aide internationale, des médias…

- Scénario « Société civile » : Il part du principe que la montée en puissance de la société civilestructurera l’avenir du Maroc (alphabétisation, émancipation des femmes, structuration en asso-ciation, liberté d’expression). C’est donc un scénario bottom-up où les transformations viennentdes gens eux-mêmes.

Les macroscénarios « Marché » et « Environnement » sont sans doute ceux qui ont nécessité le plusd’apports de notre part mais s’appuient néanmoins sur une logique exprimée par quelques acteurs.

2. Macroscénario « tendanciel »

Comme le montre la figure 16, ce macroscénario combine les microscénarios suivants :

o Généralisation de l’arboriculture,

o Manque de fluidité sur le marché foncier,

o Tourisme de passage mais logé dans les grandes villes,

o Marginalisation des zones rurales par échec des AGR,

o Parcs de « papier »,

o Décapitalisation encadrée par les eaux et forêts.

Figure 16. Construction du macroscénario « Tendanciel »

Page 67: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 66 -

La région de Meknès Tafilalet connaît des difficultés d’acquisition d’énergies fossiles àcause de l’augmentation des prix de celles-ci, les habitants sont donc contraints de re-courir à des prélèvements internes sur la ressource boisée, notamment en bois de feu. Lapauvreté des foyers ruraux et le fort taux de chômage urbain ne cessent d’augmenter lademande en bois de feu ce qui incite le prélèvement de bois illégal.

Pour freiner cette dérive, les Eaux et Forêts ainsi que l’Etat tentent désespérément de ré-duire la pression sur la forêt (dépressage, augmentation des gardes, mise en défens). LesEaux et Forêts adoptent une démarche active et participative de gestion des peuplementsavec une politique axée sur la décapitalisation de ceux-ci. Cela permet de ralentir le pro-blème momentanément mais des populations rurales continuent d’augmenter ainsi que lapression sur la ressource. De nouvelles mesures sont prises telle que la diminution desadjudications mais ne font qu’accroître les pratiques illégales par une demande cons-tante de la population et des scieurs. On arrive à une très forte diminution du couvert fo-restier où moins de 10000 ha de forêt en bon état persistent. Sous la pression internatio-nale, ces îlots de forêt sont protégés et fortement surveillés.

Le parc d’Ifrane est largement réduit et les Eaux et Forêts tentent de mettre le peu de fo-rêt qui reste en réserve mais ceci n’est présent que sur le papier et attend une forte aideextérieure.

Les associations essayent de sensibiliser la population, mais elles ont peu de moyens etde pouvoir.

L’utilisation systématique de la forêt entraîne une disparition quasi complète de la forêt.Par conséquent, l’élevage devient une activité très minoritaire dans le Jbel ce qui en-traîne les grands éleveurs et les investisseurs à se tourner vers l’arboriculture, d’où unegénéralisation de celle-ci. Ces phénomènes engendrent une forte sédentarisation dans leJbel grâce à l’individualisation des terres collectives. Cela pose des problèmes vis-à-visdes ressources en eau.

Dans le Dir, seuls les maraîchers ayant des circuits de commercialisation très ciblés ar-rivent à persister. L’élevage extensif est également en crise dans cette zone. La céréali-culture est la seule activité viable dans la zone mais elle n’est possible que dans les zonesde pente faible à moyenne. Le Dir devient donc un espace non attractif et les habitantsmigrent vers le Jbel ou vers l’Azaghar où il y a de fortes demandes en main d’œuvre.L’essor de la céréaliculture entraîne une forte érosion.

Dans l’Azaghar, le maraîchage et l’arboriculture continuent à se développer et emploientbeaucoup de main d’œuvre. Les ressources en eau commencent à être limitées et l’Etatfacilite donc l’implantation de stations d’irrigation en goutte-à-goutte.

Au fur et à mesure des années, les ressources en eau deviennent de plus en plus limitéeset de moindre qualité. L’augmentation du cours du pétrole entraîne une hausse des prixdes intrants. Par conséquent, l’arboriculture et le maraîchage de plaine sont en crise et iln’existe pas d’autres alternatives dans la région.

Comme le couvert végétal est totalement dégradé, la communication et la publicité sonttoujours dirigées vers les grandes villes impériales, ce qui laisse les petites villes commeKhenifra complètement à l’écart. De ce fait, l’artisanat produit dans ces zones passe deplus en plus par les intermédiaires qui les revendent dans les villes impériales qui drai-nent le tourisme. L’écotourisme et l’artisanat n’apportant plus assez de revenus, dimi-

Page 68: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 67 -

nuent très fortement et restent très localisés et ne permettent pas de développer assezd’emplois. Ceci se répercute sur les AGR qui n’étaient déjà qu’une source de revenusupplémentaire peu suffisante ayant comme conséquence finale la très forte diminutionde celles-ci. On assiste alors à une marginalisation des zones rurales.

L’accès au foncier urbain est difficile. Plusieurs groupes revendiquent la propriété d’unepartie des terrains. Les projets entrepris par la province et par la commune sont bloquéspar l’absence de propriétaires bien définis. Les travaux de grandes infrastructurescomme par exemple l’hôpital, la faculté, le complexe culturel restent bloqués et ne voientpas le jour. Khénifra reste une ville de passage avec un taux de chômage élevé. Enl’absence d’infrastructures de développement et de main d’œuvre qualifiée, les investis-seurs locaux préfèrent se diriger vers les grands centres urbains comme Meknès ou Fès.Les jeunes se dirigent vers les grandes villes pour des emplois temporaires et reviennentquand ils sont au chômage. Khénifra est une ville qui n’augmente pas en taille. Les bi-donvilles sont régulièrement alimentés par des habitants de la campagne.

Il existe deux types de migrations dans la zone. D’une part, les migrations pendulaires,où les gens viennent chercher un complément de revenu en ville, en particulier en périodede sécheresse. C’est une stratégie de survie. A long terme, ces migrations entraînerontdes migrations définitives car elles nécessitent un fond minimum pour s’installer ou unréseau social. D’autre part, l’émigration touche les jeunes diplômés, qui préfèrent émi-grer plutôt que d’entreprendre un projet au Maroc. Cependant, ce phénomène sera deplus en plus limité par un contrôle aux frontières renforcé avec l’aide de la communautéinternationale. Le retour financier sera par conséquent diminué pour les familles restéesen zone rurale.

Pour conclure, ce scénario s’appuie sur les hypothèses fortes que sont l’augmentation du prix du pé-trole et la pauvreté des foyers. Il se définit selon les impulsions de l’Etat dans les domaines concernés(sylviculture, agriculture, ville, tourisme, environnement et secteur associatif) et lit l’avenir selon lesstratégies sectorielles des différentes composantes de l’Etat et des filières économiques. Par exemple,pour le secteur agriculture, suite à la disparition de la cédraie, l’hypothèse est que les investisseurs setournent préférentiellement vers l’arboriculture au dépend de l’élevage intensif.

3. Macroscénario « Politiques sectorielles »

Dans ce macroscénario, l’Etat reste fort et interventionniste au travers de grands programmes secto-riels. Comme le montre la figure 17, ce macroscénario combine les microscénarios soit où l’Etat estfort, soit portés par le discours des administrations ou des filières :

o Intensification de l’élevage et arboriculture,

o Planification urbaine,

o Tourisme de passage mais logé dans les grandes villes,

o Développement de l’entreprise individuelle (microcrédits et suite des AGR),

o Parcs nationaux sous tutelle d’un grand ministère de l’environnement,

o Gestion concertée des forêts avec les populations locales.

Page 69: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 68 -

Figure 17. Construction du macroscénario « Politiques sectorielles »

En ce qui concerne le secteur agricole, trois éléments sont déterminants pour compren-dre les évolutions du secteur: (1) les sécheresses diminuent la rentabilité de l’élevage, (2)l’arboriculture devient très rentable grâce aux aides de l’Etat et au manque de contrôlesur l’eau, (3) les incitations financières répétées installent un élevage intensif et stabuléen plaine.

L’arboriculture de rente se développe principalement sous deux formes : (1) des investis-seurs extérieurs misent massivement sur l’arboriculture essentiellement dans la zoneNord des deux provinces, aidés en cela par la proximité des marchés et la qualité des mi-lieux, (2) une petite arboriculture, relativement productive mais avec peu de moyens sedéveloppe dans la partie Sud de la province de Khénifra. Les nombreux projets de déve-loppement qui se succèdent sur la zone accompagnent les agriculteurs indépendants

Le Jbel est ainsi progressivement colonisé essentiellement par l’olivier et le cerisier ré-duisant la surface de parcours pour les éleveurs. Sur le Dir, de petits agriculteurs amé-liorent leurs revenus par de la polyculture-élevage. Parallèlement, un élevage intensif estdéveloppé dans la plaine par des investisseurs extérieurs qui emploient une main d’œuvrelocale abondante dans les plaines et les villes. La première station d’engraissement seconstruit autour de Khénifra en 2010, accompagnée de cultures fourragères à HauteValeur Ajoutée (maïs d’ensilage, luzerne, mélange pois/orge…). Le développement dessupermarchés favorisé par la politique des villes assure un écoulement de la productionet les supermarchés deviennent un acteur majeur de la filière ovine.

Les petits agriculteurs du Jbel et du Dir sont aidés par les projets actuels et initient unevéritable dynamique sur les systèmes de production « autochtone » : développement decultures mieux valorisables (arboriculture, maraîchage), grâce notamment au désencla-vement des zones de montagne (ouverture et réhabilitation de pistes, création et réhabi-

Page 70: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 69 -

litation de systèmes d’irrigation) ce qui renforce la sédentarisation des agriculteurs / éle-veurs sur l’ensemble du territoire. Malgré l’augmentation du prix des aliments, l’élevageextensif reste intéressant. L’ensemble du cheptel stagne sur la période 2010-2020. Mais,l’augmentation du prix des aliments, la réduction de la capacité fourragère de la forêt etla réduction des parcours à cause de l’arboriculture conduisent à la non-rentabilité del’élevage extensif à l’horizon 2030.

Malgré le développement naissant des zones rurales, la promotion touristique reste axéesur les villes royales et sur les villes de taille intermédiaire qui possèdent des infrastruc-tures développées, et seul le tourisme de passage apporte des revenus aux membres desstructures associatives. L’artisanat rural est exporté dans les villes, ce qui augmente lenombre d’intermédiaires commerciaux : les zones rurales ne bénéficient pas pleinementdes retombées économiques de leur travail. La faiblesse des infrastructures routières et lemanque de structuration des sites d’accueil ruraux ne permettent pas de réduire ceconstat. Le tourisme de masse dans les grandes villes reste donc prépondérant ainsi quedans les zones d’Ifrane et de Khénifra.

Cette concentration du tourisme de masse sur les villes accompagne un développementglobal de ces dernières du fait d’un assouplissement du marché foncier en ce quiconcerne les terres collectives. En effet, les services étatiques s’appuient sur les commu-nes comme structures relais au sein de la population locale. Ainsi, l’agence urbaine joueson rôle d’assainisseur et de planificateur, empêchant les investissements non légitimes etcontribuant à la disparition des bidonvilles. De ce fait, de grandes infrastructures telsque des zones industrielles, une université, de grands hôpitaux sont mises en place. Cecifacilite un certain afflux d’investisseurs, les villes s’étendent et le chômage régresse.

A l’inverse, les besoins en infrastructures (électricité, seguias, pistes, écoles, dispensai-res) en milieu rural sont très forts mais les projets demandés par les populations ne sontpas toujours réalisés par la commune ; une partie de l’argent issue des recettes forestiè-res disparaît. De ce fait, le fonctionnement est contesté dans sa légitimité par les popula-tions locales. Les revendications et les pressions des habitants deviennent de plus en plusfortes et ces derniers s’opposent de manière presque systématique à toutes actions desEaux et Forêts sur leurs ressources forestières.

Pour répondre à ces agitations sociales croissantes, l’Etat met en place un système decontrôle financier du budget des communes. En parallèle, le développement des syndicatsde communes permet par des regards croisés une meilleure tenue des engagements com-munaux. De plus, de jeunes diplômés n’ayant pas trouvé de travail à la ville reviennentdans les campagnes et renouvellent la vie sociale des communes (nouveaux élus, nouvel-les associations). Ces éléments réussissent dans leur grande majorité à assainir lescomptes des communes à l’horizon 2020. De ce fait et devant la dégradation de la res-source, la diminution des coupes illégales est prise comme objectif de manière consen-suelle par l’ensemble des acteurs. Ainsi, les forestiers sont aidés pour réaliser une sur-veillance conjointe des forêts avec les populations locales.

Page 71: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 70 -

La clarté des comptes communaux ainsi que l’impulsion donnée par des grands projetsde développement (INDH, MEDA…) permettent un développement d’AGR diversifiées enzone rurale. Mais, face aux faibles revenus engendrés, on observe un désintérêt progres-sif pour ces activités. L’entreprenariat et les investissements privés deviennent alors lesprincipaux moteurs du développement. Les microcrédits individuels permettent de déve-lopper des activités faisant appel à des savoir-faire maîtrisés et de créer des emplois. Unfossé se creuse au sein de la population rurale : les pauvres restent marginalisés face auxentrepreneurs, sauf pour les personnes bénéficiant d’emplois engendrés par ce processus.

Entre-temps, se dégage une structure ministérielle regroupant les compétences environ-nementales des autres ministères. La structure parc national a la main mise sur une zoned’action restreinte où des zones centrales réduites et peu peuplées sont très contrôlées. Ily engage des prestataires de service pour l’entretien de ces surfaces (compensationspour les éleveurs de ces zones pour respecter les mises en défens).

Grâce à une sensibilisation et une conscientisation (environnementale, politique…) ac-crues via la médiatisation, la société civile s’implique dans le développement local etpermet l’acceptation de solutions innovantes. Ainsi le parc y participe activement dansdes zones tampons majoritaires où il fait de l’encadrement et de la sensibilisation.

4. Macroscénario « Marché »

Pour ce scénario, l’hypothèse de départ est qu’avec l’ouverture du marché, régulée partiellement parl’Etat marocain, des investissements principalement en ville viennent débloquer l’économie de la zoned’étude.

Comme le montre la figure 18, ce macroscénario combine les microscénarios où le marché régule lesactivités avec peu d’interventions de l’Etat :

o Agriculture d’exportation,

o Libéralisme économique,

o Tourisme de passage mais logés dans les grandes villes,

o Développement de l’entreprise individuelle (microcrédits et suite des AGR),

o Externalisation et valorisation touristique privée,

o Décapitalisation encadrée par les eaux et forêts.

Page 72: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 71 -

Figure 18. Construction du macroscénario « Marché »

Avec la signature des accords de Marrakech (avril 1994), le Maroc s’ouvre progressive-ment au libre échange et au marché international. L’Etat régule seulement la vitessed’ouverture au marché. La population locale adhère majoritairement à la culture libéraled’entreprise. Elle permet à des investisseurs pour partie déjà implantés dans le territoire,pour partie venant d’autres villes d’investir :

- dans des filières à forte valeur ajoutée qui tirent l’économie de la province vers lehaut :

• pour Khénifra

♦ dans l’industrie avec y compris des apports financiers privés (voire inter-nationaux) : la reprise de l’exploitation de minerais comme le cuivre, leplomb, la barytine et le fer permet d’implanter ou de développer des indus-tries sidérurgiques [ministère de l’énergie et des mines].

♦ dans l’agro-alimentaire : de l’élevage hors sol comme les vaches laitières,les veaux d’engraissement ou les poulets avec d’autres productions agri-coles (céréales, pommes) de la province permettent de développer des in-dustries agro-alimentaires en périurbain.

• pour Azrou/Ifrane

♦ dans le tourisme de masse

♦ dans l’industrie de BTP (ex : hôtel, villa, …)

- dans le commerce aux bestiaux, textiles…

- dans l’immobilier.

Page 73: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 72 -

Des échanges fréquents avec les grandes villes comme Fès, Meknès ou Casablancaconduisent à développer le réseau routier pour des axes bien précis. La réussite des pre-miers investissements favorise le développement de la culture financière et individualiste.Face à ces grands changements, le marché du foncier urbain est ouvert à la spéculation.

Face à l’afflux monétaire et aux nombreuses initiatives innovantes sur le territoire, lesvilles développent leurs infrastructures de base (électricité, adduction d’eau potable, as-sainissement, routes, souk, …). Les services de l’Etat et les collectivités locales dévelop-pent d’autres infrastructures comme des écoles, des hôpitaux, des logements sociauxpour les ouvriers, des zones d’activités commerciales et industrielles, …

Avec l’amélioration du niveau de vie moyen et une économie en pleine extension, les in-vestisseurs d’autres villes s’installent ou investissent dans les villes du Moyen Atlas. Lesecteur de l’immobilier connaît alors une croissance exponentielle de ses investissements.Les entrepreneurs urbanisent par blocs des pans entiers de la ville, formant ainsi desîlots d’urbanisme liés à une certaine condition sociale (ouvriers, fonctionnaires, ca-dres…).

Néanmoins, des populations pauvres qui n’ont pas pu profiter de l’essor du libéralisme seretrouvent dans des bidonvilles intermédiaires. Cette situation implique l’augmentationde la délinquance dans certaines zones de la ville de Khénifra. D’un point de vue géné-ral, la ville devient moins agréable. Mais, la proximité d’un cadre de vie accueillantconduit les plus riches vers des quartiers pavillonnaires et/ou des maisons secondaires deweek-end vers les forêts d’Azrou et d’Ifrane. Pour les plus aisés (cadre, industriel, fonc-tionnaire…), la structure familiale traditionnelle laisse place au foyer (un homme, unefemme, quelques enfants). Le résultat de l’augmentation générale du niveau de vie et unchangement socioculturel de composition de la famille implique que la ville augmente ensuperficie et démographie.

En zone rurale, face aux faibles revenus engendrés par les AGR, on observe un désintérêtprogressif de ces activités lié à la fin des grands programmes de développement.

L’entreprenariat et les investissements privés sont les principales sources de développe-ment. Avec l’accès au crédit facilité, le secteur bancaire se développe. Par conséquent, defaçon générale, l’Etat et les collectivités territoriales sur les bases des revenus des impôtset de la TVA développent les infrastructures routières entre ville et campagne. Cepen-dant, leur développement n’est pas planifié et on observe des zones mieux desservies qued’autres.

Les micro-crédits individuels permettent de développer les activités faisant appel à dessavoir-faire maîtrisés et de créer des emplois.

Cependant une partie de la population analphabète ne bénéficie pas des retombées dusystème économique libéral. La population décide de prendre en main la pauvreté et laprécarité en zone urbaine et rurale en créant des associations de développement.

Cette situation a pour conséquence l’augmentation significativement des revenus pourune partie de la population :

- intensifiant les mouvements pendulaires pour la commercialisation. Les infrastructu-res se seront développées face à l’essor de la zone rurale.

Page 74: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 73 -

- entraînant un retour des diplômés en zone rurale pour entreprendre de nouveauxprojets ou reprendre les activités lucratives de leurs parents et qui nécessitent unecapacité de gestion importante.

Les activités principales en milieu rural sont basées sur les systèmes de production desti-née à l’export. En effet, avec l’augmentation générale du coût des matières premières etla fin des subventions agricoles en Europe et aux Etats-Unis, le prix de la céréale aug-mente au niveau mondial. Au niveau national, la demande est forte. Il y a donc un fortintérêt à faire de la céréaliculture.

Dans l’Azaghar, la céréaliculture se développe fortement. De grandes exploitationsvoient le jour et leur production est en grande partie vouée à l’exportation. La stratégiedes exploitants de l’Azaghar est de miser sur l’emploi systématique des nouvelles tech-nologies pour améliorer le rendement (irrigation de précision, OGM, …). Une grandepartie de la production est destinée à l’exportation. Une autre permet d’alimenter les in-dustries agro-alimentaires de la zone.

L’élevage du Moyen Atlas est confronté à la concurrence venant de pays comme le Brésilet la Nouvelle Zélande. En conséquence, dans le Jbel, avec la raréfaction des ressourcesfourragères forestières, les investissements dans l’élevage extensif diminuent progressi-vement pour laisser place à de l’arboriculture d’altitude (pomme, poirier, cerisier…).L’ouverture du marché avec l’application des accords internationaux a pour effetd’amplifier cette tendance. Les pommes marocaines sont très concurrentielles sur le mar-ché en raison du faible coup de la main d’œuvre locale.

Dans le Dir, le petit maraîchage se développe là où c’est possible et la céréaliculture semaintient. A terme, la tension sur la ressource en eau se manifeste et le ministère del’agriculture encourage l’installation de systèmes d’irrigation en goutte à goutte et lancedes programmes de sensibilisation à une utilisation « raisonnée » des intrants agricoles.Cependant un problème de pollution des eaux existe.

Conjointement, on observe aussi une forte demande en bois de cèdre pour le bâti (princi-palement l’ameublement de luxe) par des populations aisées principalement dans les vil-les marocaines mais aussi à travers quelques réseaux internationaux qui recherchent lapréciosité d’un bois qui se fait de plus en plus rare. Le marché très rentable est menémajoritairement par des filières illicites mafieuses. Cette situation engendre une décapi-talisation fulgurante de la cédraie. Les Eaux et Forêts en manque d’effectifs ne peuventenrayer le fléau des coupes illégales de plus en plus nombreuses.

Face à la rapidité de la dégradation, l’Etat est dépassé. Il privatise les forêts restantes enéchange d’initiatives de certification auprès d’exploitants forestiers ou de mise en valeurde la cédraie auprès de porteurs de projets divers comme des parcs de loisirs. Les parcsnationaux d’Ifrane et de Khénifra deviennent alors des gestionnaires d’appel d’offre etsont garants du cahier des charges.

Précisément, l’afflux touristique de masse reste concentré sur les grandes villes commeFès, Meknès et Ifrane qui ont déjà une infrastructure développée. Les touristes s’arrêtentseulement une nuit ou une journée pour des circuits dans des aménagements forestiers

Page 75: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 74 -

type parc de loisir et sur des points focaux du tourisme du Moyen Atlas. En effet, des in-vestisseurs conscients de la richesse du tourisme de vision ou du tourisme cynégétiquequi sont liés à la cédraie relictuelle aménagent des pans de cédraie pour en faire desparcs Nature voués à des activités de loisirs telles que l’accrobranche, la chasse, …..

La plus grande partie de l’artisanat passe par de nombreux intermédiaires qui vendent lamarchandise dans les villes impériales avec une forte valeur ajoutée. Au final, la filièrepeu rentable laisse place à des « boutiques de souvenir » industrialisées. Dansl’ensemble, les sources de revenus générées par l’artisanat n’ont pas de réel impact surl’économie rurale.

A Khénifra, les infrastructures touristiques restent faibles et favorisent le tourisme depassage.

On observe aussi un tourisme national le week-end et les vacances scolaires, plutôt surdes zones facilement accessibles et aménagées (lacs, cascades, vallées...).

Dans l’hypothèse de certains aspects vertueux du libéralisme et des opérations locales dedéveloppement, les populations des communes forestières aidées d’élites de la ville ré-agissent de front avec les ONGs internationales (CI, WWF…) en développant un écotou-risme de luxe (artisanat, guide touristique…) sur des « spots » de forte biodiversité(quelques beaux cèdres, singes, …). Ce tourisme peut se développer dans des zones diffi-ciles d’accès et d’une importance touristique moindre mais intéressante (par exemple :sources d’Oum Erbia). La clientèle visée est une population aisée désireuse de payer leprix pour retrouver l’authenticité de la vie en milieu rural.

Le résultat est une surface de cédraie extrêmement faible souvent hyper aménagée ou quelques foisrelictuelle et instable face à la décapitalisation galopante. »

Dans ce scénario le développement urbain est morcelé et exponentiel. Il trouve solution grâce auxchangements des mentalités qui poussent l’esprit d’entreprenariat vers le libéralisme économique. Lapremière hypothèse faite sur ce scénario est ce changements de mentalités associé à un afflux monétai-res permettent d’éliminer toutes tensions culturelles sur le territoire. De plus, il présuppose que desinvestisseurs trouvent le besoin d’investir dans des activités à forte valeur ajoutée dans une zone ré-putée pour l’instant peu attrayante et que ces activités existent. Néanmoins les études récentes du mi-nistère de l’énergie et des mines sur le territoire montrent la volonté de l’Etat de relancer l’économiede la région (Ministère de l’énergie et des mines, 2005).

Mais ce scénario dépend aussi d’une capacité et d’une volonté de l’Etat et de la commune à réagir auxflux monétaires en créant des infrastructures de bases telles que l’électricité et l’adduction d’eau pota-ble. Aussi il est extrêmement hypothétique que l’Etat s’engage à construire des infrastructures de santéet d’éducation alors que, en lien avec le développement du libéralisme, il se désengage de presque toutles services publiques. De manière général, une des conséquences possibles de ce désengagement del’Etat serait qu’un fossé se creuse au sein de la population : les pauvres étant marginalisés par rapportaux riches. En milieu urbain, la délinquance laisserait place à une forte criminalité qui rendrait la villequasi-invivable. En milieu rural, les pauvres n’accèderaient pas à l’emploi ou à l’entreprenariat et,bénéficiant de mouvements importants entre le milieu rural et la ville, viendrait grossir des bidonvillesde plus en plus précaires.

Page 76: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 75 -

En ce qui concerne les systèmes de production, une hypothèse forte consiste à envisager que l’élevageextensif soit non rentable à moyen terme. Aussi pour ce scénario, la pression sur la ressource en eauliée aux activités agricoles et industrielles très exigeantes, est telle qu’elle pourrait aboutir rapidementsoit à une situation conflictuelle soit à un abandon de la zone par les investisseurs.

Pour la forêt, la fragilité du scénario tient à l’hypothèse d’une forte transformation du parc nationalcomme conséquence à la forte décapitalisation de la forêt de cèdre soit. Ce qui sous-entend une fortehypothèse sur l’intérêt de l’état à privatiser ses forêts en misant sur une forte valeur marchande dutourisme de nature. Parallèlement, même si il est intéressant de supposer que les populations réagissentet tentent de freiner les coupes illégales, il n’est pas certain que leur opposition soit efficace face à unelogique de rentabilité poussée à l’extrême.

L’intérêt de ce scénario est cependant d’apporter des éléments de discussion sur les effets d’une logi-que du libéralisme poussée à bout sur le long terme dans la province de Khénifra.

5. Macroscénario « Environnement »

Comme le montre la figure 19, ce macroscénario combine les microscénarios où l’environnement estau centre des préoccupations:

o Paiements pour services environnementaux et arboriculture biologique,

o Planification urbaine,

o Ecotourisme structuré,

o Dynamique des AGR entraînée par la structuration sociale,

o Parc national de la cédraie fort et acteur du territoire,

o Gestion concertée des forêts avec les populations locales.

Figure 19. Construction du macroscénario « Environnement »

Page 77: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 76 -

Le parc d’Ifrane poursuit sa structuration. Le retrait du projet AFD à l’horizon 2009 si-gnifie la fin des financements pour la structure parc mais ne pose pas de réels problèmescar de nouveaux financements prennent la relève.

Le parc de Khénifra voit officiellement le jour. Cependant, il n’est pas doté de moyenssuffisants et reste essentiellement un parc « de papier » : pas d’équipe parc pour assurerla gestion (un ingénieur détaché du SPEF de Khénifra) et peu de moyens financiers pourmettre en œuvre des actions de gestion sur la zone du parc.

La coordination entre les deux parcs reste cependant faible.

L’ensemble du territoire évolue de façon tendancielle malgré les nombreux efforts assu-rés à la fois par les projets AFD et MEDA et par les programmes nationaux (INDH) :

- les coupes illégales se poursuivent ;

- l’effectif du cheptel conduit en élevage extensif sur le Jbel reste stable ou croît légè-rement (pas de remise en cause de la gratuité de la ressource) ;

- structuration progressive du monde rural par la constitution et la perpétuation :

o d’associations de gestion sylvo-pastorale dans le cadre du projet Ifrane ;

o des AGAT et dans une moindre mesure des AGAM dans la zone du projetMEDA.

Malgré les difficultés liées au fonctionnement de ces structures, ellesparviennent tant bien que mal à se constituer en interlocuteurs stables et« responsables » pour les pouvoirs publics. Le problème des non ayant-droits dans la province d’Ifrane, exclus de fait du fonctionnement de cesassociations, reste cependant une écueil majeur.

- croissance démographique faible à moyenne, avec un exode rural constant, quicoexiste paradoxalement avec une sédentarisation progressive sur le Jbel. Le phéno-mène est d’une certaine manière « encouragé » par l’ouverture des pistes,l’aménagement de la PMH et l’amélioration des conditions de vie là haut. Cette sé-dentarisation se traduit notamment par l’augmentation des défrichements pour miseen culture sur le Jbel et corrélativement une diminution des parcours (repli encoreplus fort de l’élevage sur la forêt).

Cette période est aussi mise à profit par les associations environnementales qui parvien-nent à se structurer en réseau durable et puissant du niveau local au niveau national. Ceréseau comprend des associations d’éducation à l’environnement (les plus nombreuses),des associations plus actives sur un territoire donné (type Amis du Val d’Ifrane), d’autresassociations nationales et/ou à fort ancrage régional et centrées sur les questions de ges-tion et de protection des ressources naturelles (écoloplate-forme du Nord par exemple).

Débordant aussi à l’international grâce à des personnes relais (Michel Tarrier parexemple), ce mouvement finit par prendre l’allure d’une véritable coalition, qui cherche àmédiatiser de plus en plus les problèmes de dégradation de l’environnement au Maroc eten particulier dans la cédraie.

Cette montée en puissance des associations environnementales s’inscrit dans un phéno-mène plus global qui concerne le monde entier. En effet, l’opinion mondiale est de plusen plus sensible aux problèmes environnementaux et la sauvegarde des écosystèmes en-

Page 78: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 77 -

démiques est devenue un enjeu mondial. Dans les médias, l’environnement est devenuune thématique aussi importante que la politique ou l’économie.

L’opinion publique découvre qu’une mafia très organisée effectuait des coupes illégalesde bois de cèdre. L’affaire est dévoilée par un journal marocain qui explique que denombreux notables de la région sont impliqués dans ce réseau, la médiatisation del’affaire est également permise par la pression des nombreuses associations environne-mentales. Ce scandale suscite une vive émotion au Maroc et à l’international. La policemarocaine utilise des moyens conséquents pour arrêter le plus rapidement possible lesresponsables de ce réseau mafieux. Cependant, la cédraie du Moyen Atlas garde uneplace importante dans les médias. De nombreuses chaînes de télévision, marocaines etétrangères, font des reportages télévisés sur l’état de la cédraie en expliquant que lescoupes illégales ne sont pas les seules responsables du mauvais état de la forêt.L’élevage extensif est pointé du doigt. Le Roi, qui s’est montré très touché depuis le débutde l’affaire, fait une allocution télévisée pour expliquer que le maintien et la sauvegardede la cédraie sont dorénavant une priorité nationale et qu’il est vital que le Maroc pro-tège un emblème national comme le cèdre de l’Atlas. Les grandes ONGE internationalessont séduites par le discours du Roi et se disent prêtes à s’impliquer dans un projet desauvegarde de la cédraie à la condition sine qua non qu’un grand parc voit le jour.

Dans les semaines qui suivent, les parcs d’Ifrane et de Khénifra fusionnent pour devenirle parc du Moyen Atlas. Ce dernier se voit doté de moyens importants qui sont fournispar l’Etat marocain, le WWF et CI (la cédraie est incluse dans la politique de hotspot deCI). Les premières actions menées par le parc sont les suivantes :

- Restriction de l’élevage extensif et paiement pour service environnementaux :l’élevage ovin est fortement limité et l’élevage caprin est désormais interdit car il aété jugé qu’il faisait trop de dégâts en forêt. L’activité pastorale a pour butd’entretenir l’espace naturel et notamment de limiter le développement du sous-boisafin de mieux prévenir les risques de feux de forêt. Les éleveurs reçoivent de fortesindemnisations pour cet entretien du paysage. D’autre part, cette forme d’élevageétant particulièrement respectueuse des ressources en eau, les éleveurs (et les habi-tants) reçoivent des contreparties des grandes villes (et des agriculteurs de la plaine).Le paiement pour service environnementaux encourage donc deux actions :l’entretien du paysage et le maintien de la qualité de l’eau.

- Eco-garde : Le parc du Moyen Atlas décide que, pour avoir une bonne protection dela cédraie, il est nécessaire d’employer un nombre conséquent d’éco-gardes. 500personnes habitants dans le Jbel sont embauchées et formées. L’implicationd’habitants du Jbel permet d’avoir l’appui de la population dans la mise en œuvre duparc et d’empêcher les coupes illégales faites par les villageois.

- Développement de l’artisanat : un programme de promotion de l’artisanat est missur pied par le parc incluant la fabrication de tapis et la fabrication d’objet en boisde cèdre.

- Filière éco-certifiée de bois

Page 79: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 78 -

Parallèlement à ces actions, des décisions sont prises en partenariat avec les DPA :

- Incitation à l’arboriculture en DRS dans le Dir : il s’agit d’un programme de ban-quette fruitière afin de limiter l’érosion des versants et de permettre au habitants duDir de diversifier leurs productions. Ainsi, en plus des rosacées fruitières, il seraégalement planter des cognassiers, des abricotiers, des pêchers ;

- une lettre ouverte, signée par le parc et les DPA, incite les investisseurs à participerau développement de l’arboriculture biologique dans l’Azaghar (production d’olivesprincipalement et d’amandes également). La mise en place de cette filière passe parla création d’une structure qui prend en charge la transformation des produits (fa-brication d’huile et décorticage d’amande), le suivi de l’itinéraire technique (taille,lutte biologique, compostage et amendements organiques) et la commercialisationdes produits (mise en place d’une filière de commerce équitable). Cette lettre ouvertevise indirectement les investisseurs du mouton qui cherchent de nouvelles activitésagricoles génératrices de revenus.

L’arboriculture biologique dans l’Azaghar connaît un franc succès notamment grâce àl’huile d’olive biologique qui se vend très bien dans les pays occidentaux. Les investis-seurs locaux, s’étant enrichis avec l’oléiculture biologique, prennent conscience que lerespect de l’environnement peut être source de revenus. Certains d’entre eux décidentdonc de miser sur de nouvelles activités industrielles comme la fabrication à grandeéchelle de bûches écologiques et de panneaux solaires. D’autres investissent dansl’immobilier à haute qualité environnementale et dans un premier temps cette activitéconcerne surtout les structures hôtelières.

Cette dynamique est fortement encouragée par les élus locaux qui décident de mettre enplace des universités et des lycées professionnels spécialisés dans les sciences et techni-ques de l’environnement.

Dans un deuxième temps, des investisseurs étrangers, séduits par le développement d’unerégion où l’environnement est au cœur des activités humaines et du développement,s’impliquent dans les projets industriels et immobiliers du Moyen Atlas.

Enfin, un écotourisme de luxe se développe dans la région. D’une part, il y a del’introduction de nombreux éco-lodges dans la région. D’autre part, des chasses de hautstanding et des safaris photos très élaborés sont mis en place pour une clientèle très ai-sée. Ce tourisme permet à l’artisanat local, qui s’est développé sous l’impulsion du Parc,de générer des profits intéressants. La filière tourisme crée donc un nombre non négli-geable d’emplois directs et indirects.

L’ensemble des actions du parc s’appuie également sur une forte structuration de la so-ciété civile en association.

Page 80: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 79 -

6. Macroscénario « Société civile »

Ce scénario se base sur la montée en puissance de la société civile, par l’augmentation du nombre etde l’influence politique d’associations professionnelles, environnementales et de développement, àdifférentes échelles.

Comme le montre la figure 20, ce macroscénario combine les microscénarios où il y a une forte impli-cation motrice de la société civile :

o Elevage semi-intensif et arboriculture,

o Planification urbaine,

o Ecotourisme structuré,

o Dynamique des AGR entraînée par la structuration sociale,

o Parc Naturel Régional de la cédraie,

o Gestion concertée des forêts avec les populations locales.

Figure 20. Construction du macroscénario « Société civile »

Le développement des AGR visible aujourd’hui continue notamment par opportunisme,sous l’impulsion des initiatives de développement mais sans réelle diversification des ac-tivités.

En revanche, l’organisation en associations ou coopératives structure la société et pré-sente un impact social non négligeable justifiant aussi la poursuite des AGR. Ces structu-res représentent un interlocuteur privilégié avec les différents services del’administration.

Page 81: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 80 -

En parallèle, le nombre des associations environnementales et de développement aug-mente ainsi que leur influence sur la société : les solutions innovantes dont les AGR liéesau tourisme (artisanat, mise en valeur du terroir, gîtes…) sont acceptées.

Ces deux phénomènes amènent une amélioration du dialogue et de la confiance entrel’administration et la société civile. De plus, l’administration est plus à l’écoute des do-léances de la population. Avec les associations, elle apporte des formations techniques etde gestion pour la réussite des AGR : c’est le cercle vertueux des AGR.

Les populations locales maintenant structurées commencent par endroit à s’opposer àtoute action des Eaux et Forêts sur leurs ressources. Elles veulent contrer l’évaporationdes recettes de la commune qui pendant longtemps ne bénéficiaient pas aux populations.Suite à leur pression, l’Etat se voit dans l’obligation de modifier le Dahir de 1976 : lesrecettes forestières sont en partie reversées directement aux associations locales. Pourles recettes conservées par la commune, les associations vont faire pression pourl’assainissement des comptes, au profit de projets d’infrastructures (électricité, seguias,pistes, écoles, dispensaires).

Cette redistribution et la confiance établie entre les communes, les services de l’Etat et lasociété civile, permettent une gestion concertée de la ressource forestière. La diminutiondes coupes illégales est prise comme objectif : la perte d’argent entraînée par ces coupesainsi que la sensibilisation menée par les associations poussent les populations à se mo-biliser. Ainsi, le forestier est aidé par les associations et les populations pour une sur-veillance conjointe.

La meilleure redistribution des recettes forestières permet d’améliorer les conditions devie par les infrastructures et les AGR augmentent significativement les revenus. Ces deuxprocessus limitent la migration pendulaire (la diversification par les AGR permet de pal-lier aux baisses de revenus liées aux aléas climatiques) et permettent une meilleure sco-larisation et donc, à long terme, une migration définitive des diplômés vers les villes. Cesnouveaux salaires représentent un complément pour les familles rurales : les enfants en-voient une aide financière mensuelle.

Le dynamisme rural ainsi que l’arrivée des nouveaux diplômés en ville incitent l’Etat àappliquer sa stratégie nationale de développement des provinces de montagne par unepolitique de décentralisation. Cela entraîne une plus grande coordination entre les servi-ces étatiques et les communes urbaines. On constate plus de souplesse sur le marché dufoncier favorisant la mise en place de structures administratives comme l’agence urbainequi jouerait son rôle d’assainisseur et de planificateur, limitant ainsi les investissementsnon légitimes et l’installation des bidonvilles.

De grandes infrastructures telles que des unités de transformation, des universités, deshôpitaux sont mises en place dans les centres urbains émergents. Ces infrastructures atti-rent des investisseurs qui génèrent de l’emploi pour les jeunes diplômés et ceux qui ont

Page 82: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 81 -

perdu des revenus par les coupes illégales. En conséquence, il y a une diminution des mi-grations vers les grandes villes et vers l’étranger.

Le développement des infrastructures d’accueil et routières permet de drainer, vers lazone rurale, les flux de touristes, présents de façon massive en ville. Le tourisme verts’étend, les touristes étant attirés par les forêts désormais gérées de façon concertée. Cetécotourisme est structuré, aidé et relayé par la mise en réseau des associations, desagences de tourisme et de la délégation du tourisme. Ces dernières réalisent, en plus decelle pour les villes impériales, une promotion des zones rurales avec un engagementpour sensibiliser la population à l’environnement.

Motivée par l’afflux touristique, la création d’un Parc Naturel Régional se révèle êtreune valeur ajoutée. En effet, les associations présentes sur le territoire, ayant renforcéleurs capacités de gestion, s’organisent en fédération et créent, avec les communes et lesEaux et Forêts, un grand parc régional. L’ensemble de ces acteurs se charge de sa ges-tion concertée. Par conséquent, les forestiers des Eaux et Forêts ne sont plus considéréscomme des agents répressifs : le métier de forestier évolue.

Par l’augmentation de la confiance entre les Eaux et Forêts et les populations (via les as-sociations), le système de compensation pour le respect des mises en défens plaît aux éle-veurs et commence à se généraliser. Une très grande partie de l’argent des compensa-tions sert à financer l’achat d’aliments. L’ANOC, voyant que le développement del’élevage semi-intensif dans le Jbel lui permet d’augmenter son nombre d’adhérents, dé-cide de lancer plusieurs projets pour améliorer l’alimentation de l’élevage (dontl’amélioration sylvopastorale avec le caroubier et l’optimisation de l’utilisation des four-rages forestiers).

Dans le Dir, le maraîchage et la petite arboriculture se développent dans les sites oùl’accès à l’eau est facile. Dans l’Azaghar, la céréaliculture diminue légèrement et, pa-rallèlement à ça, l’arboriculture se développe par l’attrait de valeur ajoutée apportée.

Ces changements d’utilisation de l’espace rural ont de grandes conséquences sur les res-sources en eau. Sous pression des associations environnementales, l’Etat prend des me-sures drastiques pour préserver les eaux de surfaces et souterraines (interdiction de toutnouveau forage, destruction de l’ensemble des forages non autorisés…). Par conséquent,dans l’Azaghar, l’arboriculture ne devient rentable que pour les gros exploitants qui ontune autorisation et le moyen d’utiliser des systèmes de goutte à goutte performants. Deplus, le faible accès à l’eau et le manque de terres arables limitent le maraîchage et lapetite arboriculture dans le Dir.

Le succès de l’élevage semi-intensif en altitude donne des idées à certains exploitants. Unélevage intensif commence à s’implanter dans la plaine. Un système de polyculture éle-vage se développe avec alimentation de l’élevage par l’atelier céréales et avec transfertde fertilité.

A terme, il y a une concurrence entre l’élevage semi-intensif et intensif pour les débou-chés et dans une moindre mesure pour l’accès aux aliments.

Page 83: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 82 -

Ce macroscénario amène à une ressource forestière et une ressource en eau relativement bien préser-vées par la présence du parc naturel régional, notamment sa gestion concertée et la surveillanceconjointe de la forêt, et par le système du goutte à goutte.

La réalisation de ce scénario est soumise à plusieurs conditions qui affaiblissent d’autant sa probabilitéd’occurrence. En effet, restent incertains : la capacité des associations à assainir les comptes des com-munes, la volonté des habitants locaux de ne plus faire de coupes illégales, l’adaptation du systèmeéconomique à la diminution de l’offre en bois, l’incitation des populations à ne pas faire de coupesillégales et à surveiller les forêts, la capacité de l’Etat à réagir à la pression de la société civile,l’augmentation des revenus par les AGR, la meilleure scolarisation engendrée par l’augmentation desrevenus, la source d’emplois que représente la ville et la faisabilité législative pour le parc naturel ré-gional…

7. Enseignements des macroscénarios : regard critique sur leurs condi-tions de plausibilité et leur lecture transversale

Les microscénarios et les macroscénarios que nous avons construits sont appuyés sur la base des diresd’acteurs mais aussi d’éléments complémentaires que nous avons mobilisés dans la bibliographie ou lalittérature grise émanant des administrations et enfin d’éléments que nous avons nous-mêmes déve-loppés. Nous travaillons sur des écosystèmes naturels assujettis aux aléas climatiques, à la politiqueintérieure du Maroc, à son développement économique et à des variables sociétales complexes. Cettecomplexité et certaines hypothèses faites par les acteurs ou par nous-mêmes entraînent forcément desfragilités dans les scénarios. Pour chaque macroscénario, nous avons tenté de lister un certain nombrede fragilités (cf. tableau 2) qui limite leur capacité à être réalisé même si certaines d’entre elles serecoupent dans tous les scénarios établis.

Il en ressort que les deux scénarios les plus favorables à l’environnement (Société Civile et Environ-nement) sont également les plus fragiles.

Page 84: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 83 -

Fragilités : liste des hypothè-ses fortes faites dans les scé-narios

ScénarioTendanciel

ScénarioPolitiques

Sectorielles

ScénarioSociétéCivile

ScénarioMarché

Scénario Envi-ronnement

Capacité de l’Etat à réagir auxdemandes de la société civile

X X X X

« Disparition » ou forte trans-formation du parc

X X X

Migrations (zones rurales, vil-les, étranger)

DémographieX X

Capacité des populations à frei-ner les coupes illégales

X X X X

Valeur marchande du tourismede nature

X X X

Capacité des associations àavoir une gestion durable

X X X

Manque de ressources en eau X X X X X

Privatisation des forêts X X

Volonté des investisseurs àinvestir dans la montagne X X X

Non rentabilité de l’élevageextensif à moyen terme

X X X X

Intérêts concurrentiels des pro-ductions locales sur le marché

X X

Mise en place d’une fédérationdes ONG environnementales X

Réduction de la corruption X X

Législation des aires protégées X X X

Evolution des statuts fonciers X X X

Poids économique des AGR X X X

Tableau 2. Fragilités des différents scénarios.

Une autre lecture transversale intéressante pour mettre en discussion ces différents scénarios consiste àconsidérer leurs impacts différenciés sur les différentes ressources.

Page 85: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 84 -

Figure 21. Graphique estimant en abscisse la pression sur la ressource en eau et en ordonnée la pressionsur la ressource forestière, dans la région du Moyen Atlas, suivant les différents scénarios.

Le positionnement des macroscénarios sur le graphique de la figure 21 est fonction à la fois des mi-croscénarios qui ont permis leur construction mais également du fil directeur choisi dans chaque ma-croscénario. Ainsi, la pression sur la ressource en eau est principalement dépendante du microscénariosystème de production agricole (cultures consommatrices d’eau) alors que la pression sur la ressourceforestière est dépendante du microscénario filière bois (surveillance des coupes illicites par les popu-lations) et système de production agricole (élevage extensif ou non).

Dans ce travail, nous ne nous livrons pas à une interprétation stratégique détaillée de ces différentsmicro-scénarios. Nous espérons qu’ils permettront à chaque acteur de s’interroger sur sa propre straté-gie d’action à long terme, et sur ses liens avec les stratégies individuelles ou sectorielles des autresacteurs.

Page 86: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 85 -

PARTIE E. DISCUSSIONS

A travers notre travail de prospective, nous avons essayé de construire avec les acteurs rencontrés, desvisions imaginatives mais plausibles du futur. L’étude réalisée a été une occasion de mettre en discus-sion les avenirs possibles à partir d’un matériau structuré mais elle ne va pas jusqu’à conseiller unestratégie d’action optimale de gestion du territoire. Par conséquent, les scénarios proposés, ne doiventpas être considérés comme des solutions de planification mais comme des éléments de discussion trèsen amont de la prise de décision. Leur intérêt est de mettre en lumière les liens entre les différentesstratégies individuelles et sectorielles et les transformations collectives du territoire qui en résultent.

Un des principaux intérêts de la prospective est qu’elle se construit sur des échanges tout au long deson déroulement. Il y a en effet deux niveaux d’interaction : d’une part lors des interviews, un réeléchange se construit pour définir l’image du futur de la personne interviewée. D’autre part, lors de larestitution, la confrontation entre nos scénarios et les différents points de vue de l’auditoire est unmoment où l’interaction se présente comme indispensable et indissociable à l’étude. Le processus dedialogue ainsi engagé est généralement vu comme un des résultats importants de la prospective.

Le travail réalisé au cours de ce projet repose sur une approche constructiviste. Les thèmes ont étéchoisis en fonction des dires d’acteurs. Les microscénarios décrits ne sont pas fixes. Si nous avionsrencontré d’autres acteurs, les variables auraient été certainement différentes. Les macroscénarioscouvrent un large éventail de futurs possibles car ils ont été élaborés dans le but d’être restitués et desusciter des réactions auprès de notre auditoire. La présentation de ces scénarios très divers a permisde mettre à la disposition de tous les acteurs, les représentations de l’avenir de chacun et de lesconfronter ainsi à leur vision du futur. Cette démarche permet à chaque acteur de donner plus de pers-pective et de profondeur à sa vision de l’avenir et de lui faire prendre conscience de ses liens de cohé-rence et de dépendance avec les visions des autres, voire même de ses propres incohérences et contra-dictions éventuelles lorsque le raisonnement est poussé à long terme.

Une restitution d’une heure, suivie d’un débat de même durée, ont été organisés à la fin des trois se-maines de terrain, à la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Khénifra. Toutes les personnes in-tervenues lors de l’élaboration de notre étude ont été sollicitées mais : parmi eux, une cinquantaineont pu y participer. Des administratifs, des représentants du projet MEDA et du Parc d’Ifrane, ainsique des membres de l’ENFI ont constitué l’essentiel des participants. Il aurait été intéressantd’envisager une restitution en deux temps avec des ateliers de discussions faisant suite à la présenta-tion. Mais la planification de la restitution le vendredi a limité cette possibilité de poursuivre les débatsdans l’après-midi.

Lors du forum, le travail de prospective a été bien accueilli et a suscité un vif intérêt de la part del’auditoire. Plusieurs remarques ont porté sur la méthode du fait du caractère innovant de l’exercice.Une partie de l’assistance a reproché le manque de représentativité de notre échantillonnage. Notreobjectif n’était pas de pondérer les visions de l’avenir en fonction des catégories d’acteurs mais derecueillir des images les plus innovantes possibles. Nous avons essayé de diversifier ces catégories car

Page 87: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 86 -

nos premiers contacts étaient surtout des administratifs. Il a été relevé également que certains thèmescomme l’éducation, la culture, la religion, le foncier (surtout agricole), les plans de gestion forestierset la problématique des investisseurs, n’ont pas été suffisamment abordés au cours de notre étude. Ence qui concernent les trois premiers, le temps imparti et l’approche environnementale choisie pourtraiter cette étude ne nous ont pas permis d’approfondir ces thèmes. En revanche, le foncier, les plansde gestion forestiers et la place des investisseurs dans les différentes filières auraient pu faire l’objetd’une plus grande attention. Le foncier, étant une problématique transversale à chaque thème, n’a pasété étudié en profondeur et a juste était intégré à la réflexion. Le rôle des investisseurs dans la filièreovine a, quant à lui, déjà été largement approfondi l’année dernière. Toutefois, il aurait été pertinentd’aborder ce point dans son ensemble plutôt que par filière. Les plans de gestion forestiers n’ont pasété étudiés car la gestion effectuée par les Eaux et Forêts ne semble pas problématique pour la péren-nité des peuplements, les reboisements compensant les coupes. Les plans de gestion pourraient cepen-dant être analysés plus en détail. Il a été mentionné également que le dysfonctionnement au sein descommunes a bien été identifié alors que les incohérences de l’Etat n’ont pas été mises en évidence enterme de stratégie forestière (l’Etat, lui aussi, exploiterait de façon abusive la ressource forestière pourpouvoir assurer les salaires de ses fonctionnaires).

Concernant les systèmes de production agricoles, il aurait été nécessaire de définir plus précisémentleur localisation sur le territoire, mais le contexte de notre étude a fait que nous avons travaillé avecune unité géographique standard. Avec plus de temps, nous aurions travaillé sur les caractéristiquesdes différents territoires et les scénarios agricoles auraient été beaucoup plus fin et précis.

D’autre part, les techniques et/ou cultures innovantes existantes ont été négligées dans notre étude, carpeu d’acteurs avaient mentionné ces cultures comme véritablement porteuses de changements pro-fonds pour le territoire. Il aurait été pertinent d’étudier la faisabilité des cultures de safran dans le Jbelet des techniques agroforestières dans l’Azaghar (olivier-blé ou olivier-fèves).

Le fait qu’aucun étudiant marocain n’ait participé à nos travaux a été souligné comme une limite denos travaux, puisqu’ils auraient pu nous apporter une autre perspective sur les problématiques de larégion. Cette solution avait été envisagée par l’équipe enseignante française dès le début de notre sé-jour via une collaboration avec les étudiants de l’option « Aires Protégées » de l’ENFI. Malheureuse-ment, pour des raisons d’organisation, la venue de ces étudiants n’a pas été possible.

Le temps consacré aux entretiens ne nous a pas permis d’avoir une vision exhaustive des thématiquescaractéristiques du territoire. En effet, lors de la construction de notre grille de microscénarios, nousnous sommes rendus compte que les interviews menées n’avaient pas permis d’identifier le thème« acteurs d’environnement ». Ainsi, nous avons décidé de traiter le sujet « acteurs d’environnement » àpartir de notre propre analyse.

Le macroscénario « Environnement » a été construit selon la même logique. Une fois les quatre pre-miers scénarios construits, il s’est avéré que la problématique environnementale n’apparaissait pascomme prioritaire dans la gestion du territoire. Il nous a donc semblé nécessaire d’envisager un scéna-rio où la gestion durable de l’environnement serait intégrée dans chaque thème, en rupture avec lesautres scénarios. Cette démarche ne s’appuyant pas sur les dires d’acteurs mais sur notre propre ex-

Page 88: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 87 -

pertise, elle apparaît moins en accord avec les réalités du terrain. Cependant, le contraste entre ce scé-nario et les scénarios construits à dire d’acteurs paraît apporter une mise en perspective intéressante.

Il est évident que nos champs de compétences ont conditionné notre capacité à décrire les microscéna-rios. Les systèmes de production agricole, par exemple, sont beaucoup plus développés quel’urbanisation. Une équipe pluridisciplinaire qui intégrerait des spécialistes de l’urbanisme, par exem-ple, serait plus apte à réaliser une prospective qui intègre toutes les composantes de la gestion du ter-ritoire.

Enfin, à travers cet exercice de prospective, nous avons pu recueillir les avis d’un grande partie desacteurs concernés par la gestion de ce territoire et notamment ceux de personnes rarement pris encompte dans la gestion des ressources naturelles (éleveurs, petits agriculteurs, banquier, coopératives,menuisiers,…). De plus, ce travail a permis de sensibiliser les décideurs à une nouvelle approche degestion du territoire et de les familiariser à un nouvel outil d’aide à la décision. Il serait intéressant quel’ENFI se réapproprie et développe la démarche de prospective au sein de ses activités d’enseignementet de recherches.

Page 89: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 88 -

CONCLUSION

Au sein de la zone d’étude, les processus qui jouent sur les enjeux environnementaux de préservationde la cédraie s’avèrent extrêmement compliqués. Néanmoins, au travers de notre travail de prospec-tive, nous avons pu établir quelques conclusions, d’une part, plus proches d’un diagnostic et d’autrepart, plus proches d’une évaluation de processus clefs.

Tout d’abord, il apparaît que, pour la plupart des interviewés, la diminution de l’écosystème cédraieest un fait établi. De plus, bien que la question environnementale ait été centrale dans nos entretiens,les solutions apportées par les acteurs étaient plus ciblées sur le développement économique et social.Ces deux caractéristiques des représentations des acteurs sont importantes à souligner pour compren-dre quelles sont les éléments de diagnostic qu’ils partagent.

En second lieu, la prospective nous a conduit à repérer six thèmes : la filière bois, les systèmes de pro-duction agricole, le tourisme, l’organisation sociale du milieu rural, l’urbanisation et l’acteurd’environnement. Ces six thèmes ont été abordés comme renfermant des processus ayant directementou indirectement des liens avec les enjeux environnementaux. De là, nous avons recréé des scénariosqui sont plus ou moins plausibles. Cette plausibilité est fondée sur le nombre d’hypothèses et de limi-tes (que l’on a nommées fragilités) nécessaire pour la cohésion de scénarios. Il apparaît ainsi que lesscénarios les plus favorables à l’environnement sont aussi les plus fragiles.

A partir de là, nous avons pu structurer les termes d’une discussion sur les enjeux environnementauxdu territoire. Il en ressort que d’autres thèmes, impactant sur notre problématique, auraient pu êtreabordés pour une analyse plus exhaustive. Malgré les limites de temps imparti pour cet exercice, notretravail a cependant permis d’apporter une vision plus claire des processus liés aux acteurs et de com-prendre leurs marges de manœuvre.

Face aux impasses liées aux articulations environnement/développement (FNS, 2007), la prospectivepermet de révéler que les orientations futures des stratégies des acteurs peuvent être des leviers pour lasauvegarde du patrimoine environnemental du Moyen Atlas.

En effet, cette prospective a mis en relief l’implication, la coordination et l’articulation des acteursdans différentes stratégies. Cet outil donne espoir de voir négocier des processus issus de scénarioscollectifs autour desquels on pourrait planifier l’action des uns et des autres.

Page 90: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 89 -

BIBLIOGRAPHIE

ABHS, 2006. Débat National sur l'Eau - Le Bassin Hydraulique du Sebou. Fèz, Agence du BassinHydraulique du Sebou. 39 p.Banque Mondiale, 2004. Rapport sur la pauvreté : Comprendre les dimensions géographiques de lapauvreté pour en améliorer l'appréhension à travers les politiques publiques. Rabat, Groupe du Dé-veloppement économique et social - Région Moyen-Orient et Afrique du Nord - Banque mondiale.127 p.Berger G., 1960. L'attitude prospective. Prospective, vol 1, pp. 1-10.Buttoud G., 2000. Gérer les forêts du Sud - L'essentiel sur les politiques et l'économie forestière dansles pays du Sud. Paris, L'Harmattan, 255 p.Chattou Z. (Ed.) 2005. Tourisme rural et développement durable. Meknès, École Nationale de l'Agri-culture de Meknès, 166 p.CIA, 2007. The World Factbook - Morocco. Source électronique consulté le 7 mars 2008 -https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/mo.html.Crozier M. & Friedberg E., 1977. L'acteur et le système. Paris, Seuil, 500 p.DPA Ifrane, 2008. État des productions végétales sur les cinq dernières années. Ifrane, Direction Pro-vinciale de l'Agriculture. 3 p.Emerit A., 2007. Les aires protégées gérées. Zonage de l’espace et différenciation des rôles des ac-teurs : conditions d’une gestion intégrée des territoires - Le rôle des équipes des aires protégées alpi-nes dans la gestion du retour du loup et dans la conservation du tétras-lyre. Thèse de Doctorat enSciences de l'Environnement, ENGREF, Paris, 500 p.FNS, 2007. Pertinence et faisabilité d’une réserve de biosphère dans les provinces d’Ifrane et de Khé-nifra ? Mémoire de stage collectif de la formation "Forêt-Nature-Société". Montpellier - Rabat, Agro-ParisTech-ENGREF / ENFI. 172 p.Haut Commissariat au Plan, 2004. Caractéristiques démographiques et socio-économique - RégionMeknès Tafilalet. Meknès, Haut Commissarait au Plan - Direction Régionale de Meknès. 60 p.Haut Commissariat au Plan, 2006. Annuaire Statistique de la Région Meknès Tafilalet. Meknès, HautCommissariat au Plan, Direction Régionale de Meknès. 239 p.HCEFLCD, 2006. Projet Khénifra - Développement Rural Participatif dans le Moyen Atlas Central.Rabat, Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification.HCEFLCD, 2007. Inventaire de la biodiversité du Parc National d'Ifrane. Azrou - Meknès, Projetd’aménagement et de protection des massifs forestiers de la province d’Ifrane. 107 p.Larmoire H., 2007. Contribution a la réflexion sur le système de microcrédit en vue de son améliora-tion pour la réduction de la précarité dans le moyen atlas central. Mémoire de fin d'étude d'Ingénieuren AgroDéveloppement International. Khénifra - Paris, Projet Khénifra - ISTOM 108 p.Lecestre-Rollier B., 1992. Anthropologie d'un espace montagnard. Les Ayt Bou Guemez du Haut Atlasmarocain. Thèse de Doctorat en Anthropologie, Université René Descartes - Paris V, Paris.MADREF, 2001. Programme d'Action National de Lutte Contre la Désertification - Document princi-pal. Rabat, Ministère de l'Agriculture du Développement Rural et des Eaux et Forêts. 136 p.MATEE, 2004a. Liste des Conventions relatives à l’environnement signées et ratifiées par le Maroc.Rabat, Ministère de l’Aménagement duTerritoire de l’Eau et de l’Environnement. 24 p.MATEE, 2004b. Stratégie nationale pour la conservation et l’utilisation durable de la Diversité Bio-

Page 91: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 90 -

logique. Rabat, Ministère de l’Aménagement duTerritoire de l’Eau et de l’Environnement - Secrétariatchargé de l'environnement. 125 p.MATUHE, 2001. Monographie Régionale de l'environnement - Région Meknès-Tafilalt - Plan d'Ac-tion Régional pour la Protection de l'Environnement. Meknès, Observatoire National de l'Environne-ment. 104 p.MCEF, 2000. Inventaire Forestier National - Rapport de Synthèse. Rabat, Ministère chargé des Eauxet Forêts, service de l'Inventaire Forestier National. 38 p.Médail F. & Quézel P., 1997. Hot-Spots anlysis for conservation of plant biodiversity in the Mediter-ranean basin. Annals of Missouri Botanical Garden, vol 84, pp. 112-127.Ménard N., 2006. Étude sur le statut du singe magot dans les massifs forestiers de la provinced'ifrane. Écologie et impact sur le milieu, démographie, génétique. Rennes - Ifrane, Université deRennes 1 - CNRS. 35 p.Milourhmane M., 2006. La stratégie de développement rural au Maroc. Communication au colloque:Politiques de développement rural durable en Méditerranée dans le cadre de la politique de voisinagede l’Union européenne (2007 / 2013), Le Caire, 8 et 9 février 2006.Piveteau V., 1995. Prospective et Territoire : apport d'une réflexion par le jeu. Antony, CEMAGREFEdition, 298 p. Gestion des Territoires n°15.Poux X., 2005. Une approche par la Prospective Environnementale de Territoire (PENTE). In: L.Mermet (Ed.) Étudier des écologies futures. Un chantier ouvert pour les recherches prospectives envi-ronnementales. Bruxelles, P.I.E. - Peter Lang.Royaume du Maroc, 1934. Dahir sur la création des Parcs Nationaux. Parution au JO n° 1148 du 26octobre 1934.Royaume du Maroc, 2007. Initiative Nationale pour le Développement Humain - Programme de Luttecontre la Précarité - Manuel de Procédures. Rabat, Ministère de l'Intérieur - Services de l'INDH. 44 p.Vassas A., 2005. Compréhension et accompagnement des dynamiques territoriales d’un système agro-sylvo-pastoral montagnard. Le cas des Aït Bouguemez (Maroc). Mémoire de Master 2 Recherche «Acteurs et nouvelles territorialités ». Montpellier, Université de Montpellier 2. 70 p.Vermeren P., 2001. Le Maroc en transition. Paris, La Découverte, 262 p.

Page 92: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 91 -

LISTE DES ILLUSTRATIONS

Figure 1 : Répartition des personnes interviewées par "groupes"............................................................................... 12Figure 2. Carte de la zone d'étude (modifiée d’après (MATUHE, 2001)................................................................... 21Figure 3. Diagramme stock-flux des facteurs utilisant la ressource et fragilisant son renouvellement..................... 23Figure 4. Construction du microscénario « Réappropriation des recettes forestières par les populations locales »

............................................................................................................................................................................... 32Figure 5. Toposéquence de la zone d’étude ................................................................................................................. 33Figure 6. Structuration de l’espace............................................................................................................................... 34Figure 7. Interactions du microscénario « Arboriculture sur le Jbel et élevage intensif »........................................ 36Figure 8. Interactions du microscénario « Elevage semi-intensif et arboriculture » .................................................. 37Figure 9. Interactions du microscénario « Généralisation de l’arboriculture » .......................................................... 39Figure 10. Interactions du microscénario « Agriculture d’exportation ».................................................................... 40Figure 11. Interactions du microscénario « Paiements pour services environnementaux et arboriculture

biologique »........................................................................................................................................................... 41Figure 12. Schéma représentant le réseau d’acteurs du secteur tourisme................................................................... 43Figure 13. Réseau d’acteurs qui participent au développement urbain. .................................................................... 50Figure 14. Cartographie du jeu d’acteurs ..................................................................................................................... 57Figure 15. Matrice constituée des différents microscénarios afférents à chacun des six thèmes relevés.................. 63Figure 16. Construction du macroscénario « Tendanciel » ......................................................................................... 65Figure 17. Construction du macroscénario « Politiques sectorielles » ....................................................................... 68Figure 18. Construction du macroscénario « Marché »............................................................................................... 71Figure 19. Construction du macroscénario « Environnement » .................................................................................. 75Figure 20. Construction du macroscénario « Société civile » ..................................................................................... 79Figure 21. Graphique estimant en abscisse la pression sur la ressource en eau et en ordonnée la pression sur la

ressource forestière, dans la région du Moyen Atlas, suivant les différents scénarios. .................................... 84

Tableau 1. Tendances lourdes et incertitudes critiques ............................................................................................... 26Tableau 2. Fragilités des différents scénarios. ............................................................................................................. 83

Page 93: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 92 -

TABLE DES MATIÈRE DÉTAILLÉE

TABLE DES MATIÈRES............................................................................................................................................ 1

RESUMÉ........................................................................................................................................................................ 2

LISTE DES ABBREVIATIONS................................................................................................................................. 4

LEXIQUE....................................................................................................................................................................... 5

INTRODUCTION......................................................................................................................................................... 6

PARTIE A. METHODOLOGIE................................................................................................................................. 9

1. DÉFINITION DE LA PROSPECTIVE ....................................................................................................................... 92. DÉROULEMENT DE L’ÉTUDE ................................................................................................................................. 103. LES ACTEURS RENCONTRÉS .................................................................................................................................. 114. RÉALISATION DES ENTRETIENS............................................................................................................................. 125. TRANSCRIPTION ET GRILLE DE LECTURE DES ENTRETIENS .................................................................................. 14

PARTIE B. DIAGNOSTIC........................................................................................................................................ 16

1. LE MAROC : ENGAGEMENTS ENVIRONNEMENTAUX, DÉVELOPPEMENT RURAL ET LUTTE CONTRE LA

PAUVRETÉ.................................................................................................................................................................. 161.1. Un pays « du Sud » ..................................................................................................................................... 161.2. Développement rural au Maroc ................................................................................................................. 161.3. Des indicateurs environnementaux « dans le rouge »............................................................................... 181.4. Déconcentration, Décentralisation, Participation et mise en œuvre des stratégies de développementrural et de protection de l’environnement .......................................................................................................... 19

2 LES PROVINCES D’IFRANE ET DE KHÉNIFRA : PRÉSENTATION ET ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX ....................... 202.1. Principaux traits physiques et populationnels de la zone d’étude.............................................................. 202.2. Enjeux environnementaux ............................................................................................................................ 222.3. Les facteurs de dégradation des ressources naturelles............................................................................... 23

PARTIE C. LES MICROSCENARIOS................................................................................................................... 27

1. CONSTRUCTION DES MICROSCÉNARIOS................................................................................................................ 272. PRÉSENTATION DES MICROSCÉNARIOS AFFÉRENTS À CHAQUE THÈME ............................................................... 28

2.1. Filière bois .................................................................................................................................................... 282.2. Systèmes de production agricole.................................................................................................................. 332.3. Tourisme........................................................................................................................................................ 422.4. Organisation sociale du milieu rural........................................................................................................... 452.5. Urbanisation ................................................................................................................................................. 492.6. Acteur d’environnement ............................................................................................................................... 55

3. CONCLUSION SUR LA CONSTRUCTION DES MICROSCÉNARIOS ............................................................................. 62

PARTIE D. LES MACROSCENARIOS ................................................................................................................. 64

1. CONSTRUCTION DES MACROSCÉNARIOS............................................................................................................... 642. MACROSCÉNARIO « TENDANCIEL »...................................................................................................................... 653. MACROSCÉNARIO « POLITIQUES SECTORIELLES »............................................................................................... 674. MACROSCÉNARIO « MARCHÉ »............................................................................................................................ 70

Page 94: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas

- 93 -

5. MACROSCÉNARIO « ENVIRONNEMENT » ............................................................................................................. 756. MACROSCÉNARIO « SOCIÉTÉ CIVILE »................................................................................................................. 797. FRAGILITÉS DES MACROSCÉNARIOS ..................................................................................................................... 82

PARTIE E. DISCUSSIONS....................................................................................................................................... 85

CONCLUSION............................................................................................................................................................ 88

BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................................................... 89

LISTE DES ILLUSTRATIONS................................................................................................................................ 91

TABLE DES MATIÈRE DÉTAILLÉE ................................................................................................................... 92

ANNEXE I.................................................................................................................................................................... 94

ANNEXE II ................................................................................................................................................................ 101

Page 95: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

94

ANNEXE I 

Grille d’entretien

I. Présentation de l’activité de l’interviewé (activité au sein de son organisa-tion)

Administratifs : cadres et responsablesQuelle est votre fonction au sein de cette institution ?

Est-ce que vous pourriez nous décrire rapidement votre activité ?

Quels sont les objectifs de votre service ?

Quels sont les projets en cours ?

Comment faîtes vous avancer les choses ?

De manière plus personnelle, comment avez vous l’impression de faire évoluer votre secteur ?

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Administratifs : agents techniques et de terrain

Quelle est votre fonction au sein de cette institution ?

En quoi consiste votre métier ?

Est-ce vous pourriez nous décrire rapidement votre activité ?

Avec quels acteurs êtes vous en contact sur le terrain ?

Quelles sont vos relations avec ces acteurs ?

Comment faites vous pour que les choses se passent bien dans votre travail ?

Comment vous y prenez vous pour que les choses se passent bien dans votre travail ?

De quelle manière et par quels moyens faîtes vous avancer les choses ?

Quelles sont vos démarches pour améliorer les choses ?

Comment vous voyez votre métier ?

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Elus et Représentants de la population

Depuis combien de temps êtes vous élu ?

Depuis combien de temps exercer vous cette fonction ?

Combien d’habitants vivent dans votre commune ?

Combien de communes y a t-il dans le syndicat de communes ?

Comment voyez vous votre fonction ?

Comment faîtes vous avancer les choses ?

Quels sont les sujets sur lesquels vous travaillez en priorité ?

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Page 96: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

95

Associations professionnelles

Quelle est votre fonction au sein de cette filière?

Depuis quand existe votre association ?

Combien d’adhérents comptez-vous ?

En quoi consiste votre travail ?

Quels sont les sujets sur lesquels vous travaillez en priorité ?

Quels sont les projets en cours ?

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

De quelle manière et par quels moyens faîtes vous avancer les choses ?

Associations environnementales

Depuis quand existe votre association ?

Combien de membres comptez-vous ?

En quoi consiste votre action ?

Quels sont les projets en cours ?

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

De quelle manière et par quels moyens faîtes vous avancer les choses ?

Responsables de projets de développement et de conservation et bailleurs de fond

Quelle est votre fonction au sein de cette institution ?

En quoi consiste votre travail ?

Est-ce vous pourriez me décrire rapidement votre activité ?

Quels sont les projets en cours ?

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

De quelle manière et par quels moyens faîtes vous avancer les choses ?

Chercheurs et universitaires

Quels ont été vos travaux sur la zone d’étude ?

Dans quel cadre s’inscrit votre travail ?

Quels sont les projets en cours ?

Dans quelle mesure vos travaux ont une influence sur l’état des écosystèmes ?

Entreprises

Depuis combien de temps l’entreprise existe t-elle?

Combien de personnes faîtes vous travailler ?

Est-ce vous pourriez me décrire rapidement votre activité ?

Quelle est votre place dans la filière ?

Quels sont les projets en cours ?

Page 97: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

96

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

De quelle manière et par quels moyens faîtes vous avancer les choses ?

Eleveurs/agriculteursÊtes vous propriétaire du troupeau ?

Combien de bêtes y a-t-il dans le troupeau ?

Est-ce que vous pourriez me décrire rapidement votre activité ?

Depuis quand avez vous ce troupeau ?

Depuis quand votre famille fait de l’élevage dans cette région?

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

II. Evolution/tendances passées et à venir de son activité sur 5-10 ans

Administratifs :cadres et responsablesEst-ce que vos orientations ont changé ces dernières années ?

Est-ce que vos missions ont changé ces dernières années ?

Est-ce que vos approches ont changé ces dernières années ?

Est ce que vos moyens/missions sont en augmentation ou en diminution ?

Pensez vous que votre service va prendre de l’ampleur ?

Est-ce que vous avez changé votre manière de recruter ?

Les profils que vous recherchez ont-ils changé ?

Êtes vous satisfait des résultats que vous avez obtenus ?

Que reste-t-il à faire ?

Quels moyens faudrait-il pour y arriver?

Administratifs : agents techniques et de terrainEst-ce que vos missions ont changé ces dernières années ?

Est-ce que vos orientations ont changé ces dernières années ?

Est-ce que vos approches ont changé ces dernières années ?

Est ce que vos moyens/missions sont en augmentation ou en diminution ?

Etes vous satisfait des résultats que vous avez obtenus ?

Que reste-t-il à faire ?

Quels moyens faudrait-il pour y arriver?

Elus et Représentants de la population

Quelles sont les nouvelles préoccupations des populations ?

Quels sont les problèmes nouveaux auxquels vous avez à faire face ?

Comment essayez-vous d’apporter des solutions à ces nouveaux problèmes ?

Page 98: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

97

Associations professionnelles

Est ce que votre association/structure grandit ?

Pensez vous que votre association/structure va prendre de l’ampleur ?

Est-ce que vous avez de nouveaux projets à court ou moyen termes?

Est-ce que vos objectifs ont changé ces dernières années ?

Est-ce que vos orientations ont changé ces dernières années ?

Est-ce que vos approches ont changé ces dernières années ?

Êtes vous satisfait des résultats que vous avez obtenus ?

Quels sont vos prochains objectifs ?

Quelles sont les prochaines actions que vous comptez mettre en place ?

Associations environnementalesPensez vous que votre organisation va prendre de l’ampleur ?

Est-ce que vos orientations ont changé ces dernières années ?

Est-ce que vos approches ont changé ces dernières années ?

Êtes vous satisfait des résultats que vous avez obtenus ?

Est-ce que vous avez l’intention d’élargir vos activités dans les années qui viennent ?

Comptez vous vous associer avec d’autres acteurs ?

Quelle est votre stratégie pour influer sur l’état des écosystèmes ?

Quels sont vos prochains objectifs ?

Quelles sont les prochaines actions que vous comptez mettre en place ?

Responsables de projets de développement et de conservation et bailleurs de fond

Est-ce que vos orientations ont changé ces dernières années ?

Est-ce que vos approches ont changé ces dernières années ?

Est-ce que vos missions ont changé ces dernières années ?

Êtes vous satisfait des résultats que vous avez obtenus ?

Quels sont vos prochains objectifs ?

Quelles sont les prochaines actions que vous comptez mettre en place ?

Chercheurs et universitairesEst-ce que vos missions ont changé ces dernières années ?

Quels sont les sujets d’étude sur lesquels vous souhaiteriez travailler ?

EntreprisesDepuis quelques années, comment évolue votre activité ?

Comment voyez vous votre activité dans les 5-10 ans à venir ?

Comment vont les affaires ?

Page 99: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

98

Votre activité a-t-elle augmenté ou s’est-elle réduite ces dernières années ?

Est-ce que c’est votre seule activité ?

Est-ce que vous comptez léguer votre activité à votre fils ?

Est-ce qu’il y a eu des changements techniques ces dernières années ?

Est-ce vous avez changé vos habitudes ces dernières années ?

Est-ce vous avez changé vos manières de faire ces dernières années ?

Est-ce que vous souhaiteriez faire évoluer vos pratiques ?

Est-ce que vous envisager de changer d’activité ?

Est-ce que vous avez été obligé de changer vos pratiques ?

Est-ce vous avez des nouvelles opportunités pour obtenir des revenus?

Etes vous satisfait des résultats que vous avez obtenus ?

Quels sont vos prochains objectifs ?

Quelles sont les prochaines actions que vous comptez mettre en place ?

Eleveurs/agriculteurs

Depuis quelques années, comment évolue votre activité ?

Comment voyez vous votre activité dans les 5-10 ans à venir ?

Comment vont les affaires ?

Votre activité a-t-elle augmenté ou s’est-elle réduite ces dernières années ?

Est-ce que c’est votre seule activité ?

Est-ce que vous comptez léguer votre activité à votre fils ?

Est-ce qu’il y a eu des changements techniques ces dernières années ?

Est-ce vous avez changé vos habitudes ces dernières années ?

Est-ce vous avez changé vos manières de faire ces dernières années ?

Est-ce que vous souhaiteriez faire évoluer vos pratiques ?

Est-ce que vous envisager de changer d’activité ?

Est-ce que vous avez été obligé de changer vos pratiques ?

Est-ce vous avez des nouvelles opportunités pour obtenir des revenus?

Êtes vous satisfait des résultats que vous avez obtenus ?

Quels sont vos prochains objectifs ?

Quelles sont les prochaines actions que vous comptez mettre en place ?

III. Grands changements ressentis (qui transforment son secteur, son terri-toire, les modes de vies, …)

Administratifs : cadres et responsables

Est-ce que vous ressentez des grands changements dans la région qui ont une influence sur vosmissions ?

Et pour les gens d’ici, qu’est ce qui a beaucoup changé ces dernieres années?

Page 100: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

99

Comment est-ce que vous vous adaptez à ces changements?

Quelles mesures avez vous mis en place pour faire face à ces changements?

Administratifs : agents techniques et de terrain

Est-ce que vous ressentez des grands changements dans la région qui ont une influence sur votreactivité?

Et pour les gens d’ici, qu’est ce qui a beaucoup changé ces dernières années?

Comment est-ce que vous vous adaptez à ces changements?

Elus et Représentants de la population

Est-ce que vous ressentez des grands changements dans la région qui ont une influence sur votreactivité?

Et pour les gens d’ici, qu’est ce qui a beaucoup changé ces dernières années?

Comment est-ce que vous vous adaptez à ces changements?

Associations professionnelles

Est-ce que vous ressentez des grands changements dans la région qui ont une influence sur votreactivité?

Et pour les gens d’ici, qu’est ce qui a beaucoup changé ces dernières années?

Comment est-ce que vous vous adaptez à ces changements?

Associations environnementales

Est-ce que vous ressentez des grands changements dans la région qui ont une influence sur votreactivité?

Et pour les gens d’ici, qu’est ce qui a beaucoup changé ces dernières années?

Comment est-ce que vous vous adaptez à ces changements?

Responsables de projets de développement et de conservation et bailleurs de fondQuelles sont les grandes tendances sur le secteur ces 10 dernières années?

Avez vous observé des grands changements dans la perception que les gens ont de vos activités?

Comment est-ce que vous vous adaptez à ces changements?

Chercheurs et universitaires

Quelles sont les grandes tendances sur le secteur ces 10 dernières années?

Avez vous observé des grands changements dans la perception que les gens ont de vos activités?

Comment est-ce que vous vous adaptez à ces changements?

Entreprises

Quelles sont les grandes tendances sur le secteur ces 10 dernières années?

Page 101: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

100

Avez vous observé des grands changements dans la perception que les gens ont de vos activités?

Comment est-ce que vous vous adaptez à ces changements?

Eleveurs/agriculteursQuelles sont les grandes tendances sur le secteur ces 10 dernières années?

Avez vous observé des grands changements dans la perception que les gens ont de vos activités?

Comment est-ce que vous vous adaptez à ces changements?

Axes de relance

Partir du constat que des études prédisent la disparition de la forêt dans 20 à 50 ans, et lui demanderce qu’il en pense: certains disent que si les choses continuent comme aujourd’hui, la forêt auradisparu d’ici 20 à 40 ans.

- Qu’est ce que vous en pensez?

- Est-ce que cela vous paraît crédible?

- Est-ce que cela poserait des problèmes pour la région?

- Comment pourriez-vous vous adapter si cela arrivait?

- À votre avis qu’est ce qui peut être la cause de cette degradation?

- Face à ce risque, comment pensez-vous que les gens pourront modifier leurs activités actuelles?

Partir du constat que l’Etat veut protéger l’environnement et lui demander ce qu’il en pense.

- On nous a dit qu’il y avait une volonté de l’Etat pour protéger l’environnement dans la région, qu’estce que vous en pensez ?

Recherche de solutions pour éviter la dégradation de l’environnement.

- Qu’est ce qu’on pourrait faire pour éviter que la forêt disparaisse?

- Qui voyez-vous comme acteur (s) principal (aux) qui pourrait (ent) tenir un rôle important dans cettedirection?

- Est ce que vous pensez à des gens qui devraient travailler ensemble pour y arriver?

IV. Question sur l’avenir de la région dans 30 ans pour jauger la cohérence entrele future souhaité et les perspectives actuelles.

InstitutionnelsComment vous voyez l’avenir de la région dans 30 ans ?

Terrain

Comment vos enfants vivront à votre avis quand ils seront grands ?

Page 102: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

101

ANNEXE II 

Tableau synthétique des interviews organisé par thème

THEMES Diagnostic Processus Enjeu(x) Prospective(s) Réseau social Acteurs relais etmarges de manœu-vre

Incohérence etManques

Informations com-plémentaires

ORGANISATIONSOCIALE

- Environnementdégradé : forêt- Augmentation duprix du foncier

- Externe zone (cita-dins, marocainsexpatriés) : migra-tion- Passage de 5 à 22chambres- Ceux qui vivent dela ressource dégra-dent- Investisseurs exter-nes développent desréseaux individuels

- Forêt : belle àpréserver

- 2 à 3 ha par fa-mille/ déplacement- Tourisme pas delevier d’action surl’environnementmais pourrait dégra-der (déchets, voiture,sites)- Logique indivi-duelle

- Chercheurs- Touristes- Etrangers- Employés : safamille (origine)- Relais aubergistes,relais guides- Tâche huile est-illeader ?- Les artisans c’estqui ? famille ?

- Etat- Parc Ifraneintermédiation- Agences devoyage ??- E&F replante- Ministère Environ-nemen: érosion- Pas de mise enévidence de partena-riats dans secteurstourisme

- L’agriculture mo-derne/ intensive saplace par rapport à larésolution du pro-blème des bergersqui vivent sur lemilieu ?- contradictionurbanisation qualitépaysagère et envi-ronnement touristi-que

- POS- Schémad’urbanisation- SAFER (régulationfoncière)- promoteurs- Structuration duréseau tourisme- guides touristiques(Routard, LonelyPlanet..)

ORGANISATIONSOCIALE

- Réforme de l’Etat /augmentation per-formance des fonc-tionnaires- Soutien fort à lafilière arboriculturevia subventions- foncier agricole ?-concurrence sur lamain d’oeuvre(entre bâtiment,élevage, arbori-culture)

- Les riches investis-sent sur tout : immo-bilier/ agriculture/élevage/ pépinière(fournisseur/ tou-risme ?- Processus filièrenon territoriale- 90% des petitspropriétaires vendentsur pied- gros avec stockage

- développementagricole- conseil agricole :agriculture raisonnée- infrastructure- récolte maind’œuvre ?- infrastructure destockage ?-

- remplacement de laspéculation surl’élevage versl’arboriculture :Qui ? Les riches ?comment ?- filière élevagepourrait devenirmoins rentable caraugmentation prixaliments- les petits devraitrentrer dans le circuitarboriculture, coopé-rative ?

- - OPA : Associationscréées (règle lesconflits) sur l’amont(organise les petits)- marchés de gros etdes détaillants dontgrandes surfaces :système marché,redistribution quel-ques soient les filiè-res ? export, natio-nal, etc.

- filière amont/avalsur PV ? sur agricolede façon générale- petits en amontavec services agri-coles ?- gros autonomes ?en réseau avecamont ? avec aval ?

Les poids lourdsfinanciers des filiè-res :Agneau engraissé1000Dh/ non en-graissé 600Dh3000 Dh/mois pourle bois

Page 103: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

102

rative ?- transformation del’élevage en plusintensif (bergerie)

ORGANISATIONSOCIALE

-Trafic et délin-quance forestière surle bois d’œuvrecèdre en augmenta-tion.-Sécheresse, chan-gement climatique.- Augmentation desdemandes en menui-serie

- Plus de jeunes enville qui s’installentet qui savent faire dela menuiserie, plusde demande en boisde meuble

- Cédraie meurt- Pas de remontéesur le tribunal, despressions politiques

- Changer les sanc-tions (?)- Renforcer le pou-voir des communes- Les communesdoivent jouer leurrôle : populationlocales, ayants droits- Alternatives pour ledéveloppement :arboriculture/maind’œuvre en ville

- Amont populationlocale pauvre- Spéculateur- Scierie- Menuiserie clan-destine (doublement)- Intervention duMinistère del’intérieur- Culture de projetimportant pourchangement

Poids lourd financierfilière cèdre ?Découpe bois illégal12000 Dh/m36000 Dh/m31 cèdre 1 à 2 m3 : 1an de Smic en unenuit.

ORGANISATIONSOCIALE

- Suivre hors forêt :DPA/ Ministèreintérieur + dans forêtEtat/ E&F ministère- Les plansd’aménagementforestiers ont étéfaits et intègrel’environnement

Faire rentrerl’environnementdans les secteursproductifs et surtoutdans les structuresadministrativesextérieures (appuigouverneur, HC) ycompris les E&F

Faire le recense-ment des ayants-droits : Ministèreintérieur –forestier

- Haut Commissariat- Gouverneur (avecroi en appui)

- via les associations(ANOC) : intervenirpour intégrer envi-ronnement dans lesfilières (eau avecagence de bassin,charge de bétail)

Problème : les fores-tiers ne veulent pass’occuper desayants-droitsMdM : vaccinationAssociations régule-raient la charge ?autre ?

- Aller plus loin surcomment intégrerenvironnement dansles filières- Action du parc surson territoire ?- intégration envi-ronnement dans lesplans de gestionforestiers ?- mise en défens ?- reboisement ?

ORGANISATIONSOCIALE

- Chômage sur ceterritoire mais appelextérieur- Dégradation de laforêt- Spéculation immo-bilière

- pénurie de maind’oeuvre en particu-lier qualifiée- Migration desmarocains versNord/ Arrivée maind’œuvre de l’Afriquenoire

- Désenclavement dela zone : hydrauli-que, pistes, plantesmédicinales, pépi-nière

- Commercialisationpour les nouvellesfilières, plutôt petitesfilières (dont tou-risme avec chasse etpêche, tourismeéquestre, pédestre,plantes médicina-les,… )- BTP (route, irriga-tion,..)

- Clients : adminis-tration, projet Khéni-fra

- Clients déjà dansson réseau, facilitéd’autres relais- Blocages : les E&F,des monopoles

- Ambiguïté sur desinnovations mais quine sont pas non plusdes facteurs de chan-gements lourds

- Compréhensionplus fine des phéno-mènes migratoires etdu problème duchômage.- Urbain/ Rural :vérifier les logiquesdes différentes ad-ministrations parrapport à l’exoderural

Page 104: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

103

- meilleur suivi desentreprises sur reboi-sement- Limitation del’émigration paraction des bailleurset donc aide interna-tionale se maintien-dra et est une op-portunité

ORGANISATIONSOCIALE

- Cédraie belle maisen dégradation- Intérêt pour lacédraie- Diminution dupoids structure tri-bale- Forêt très riche enbiodiversité- De plus en plusd’associationsd’environnement- Pas d’éducation àl’environnementenseignée

- Utilisation desmedia sur les pro-blèmesd’environnementpeut forcer l’état àprendre les choses enmain- Encore structuretribale et droitd’usage. Le chef dela tribu organise lesparcours

- Sensibilisation dela population- Financements- Insister sur l’imagede la femme rurale

- Centre provincialde l’environnement- Mise en place desalles d’activités

- Partenariat avec leParc d’Ifrane et lesPeace Corps

- L’Etat doit agirmais aussi les ONG- Actions sur lesenfants pour fairechanger les familles- Créer des comitésau niveau des tribus- « L’enzyme c’est lasociété civile »

- Comité de tribus ?- Action s de l’Etat ?

ORGANISATIONSOCIALE

- Manqued’associationsstructurées et for-mées

- Accompagner lesassociations localeset les aider à sestructurer (forma-tion, financement deprojet).

- Formation à lagestion desassociations- Développement del’hébergement parles jeunes

- Projet Ifrane - Pérennisation desactions

ORGANISATIONSOCIALE

- Mauvaise gestiondes communes parmanque de qualifi-cation- Question del’environnementpréoccupe l’Etat(HCEFLCD)

- Autonomie etflexibilité des com-munes en terme debudget- Montage de micro-projets, de soutiend’AGR pour dimi-nuer pression.

- Pour bonnegouvernance, il fautparticipation,concertation, travailavec dignité.

- Gestion collectiveet gouvernanceterritoriale- Agriculteurs pro-ches des forêt doi-vent être motivés pardes AGR

- DPA passe parcommunes pouractions avec agri-culteurs

- Etat doit interveniravec AGR- Ne choisit pasbénéficiaires- Médiatisation sur laprotection par lesassociations envi-ronnementales.

- Diminution de lapression grâce auxAGR

Page 105: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

104

préoccupe l’Etat(HCEFLCD)

d’AGR pour dimi-nuer pression.

des AGR associations envi-ronnementales.

ORGANISATIONSOCIALE

- Dégradation forte -Collaboration forteentre la DPA et lesEaux et Forets

- Encadrement - Amélioration desconditions de vie

- DPA- Eaux et Forets

- Encadrement ?

ORGANISATIONSOCIALE

- AGR ne génèrentpas de revenu- Variabilité interannuelle sur la dis-ponibilité en res-source- Difficultés detrouver des terrain ;le terrain actuel estloué pour 5 ans

- Vente sur foireinternationale deMeknes ou du festi-val d’Ifrane

- Former à la gestiondes coopératives,meilleures méthodes

- Projet Ifrane- ADRAR

- Commercialisa-tion ? poids potentielde l’activité parrapport aux activités« traditionnelles »- Réseaud’écoulement

ORGANISATIONSOCIALE

Forêt non menacéepar développementurbain

- Investir dans lemonde social : école,emploi,foyer (femmes,jeunes)en milieu urbain- Cibler les quartierssensibles démunis- AGR pour les gensdémunis- Centre accueil pourenfant scolarisé

lutte contrel’anaphalbétismeprog de lutte contrela pauvreté en milieururaleprog lutte contre laprécarité

Intégration dans lavie active

- Partenariat avecune associationd’artisanat (assis-tance technique soustutelle de ministèrede l’industrie etcommerce)- Services extérieurséducation nationale/agriculture- éle-veurs/E&F/entraidesociale

- Assistance techni-que

Quelle association ?

ORGANISATIONSOCIALE

- Coopératives fi-nancées parl’association dans lecadre du programmePADEF ou par desappuis extérieurs- Initiative féminine

- Séances de suivi,voyage d’études,visites de servicesd’appui- Organisation de lapopulation par lebiais d’associations

- Formation pouraider à la créationd’entreprise, à lagestion d’entrepriseet formations techni-ques- Création d’unréseau marocainéconomique solidairede commerce équita-ble

- Programme PA-DEF- Chambre du com-merce et del’industrie- INDH, Agence dedéveloppementsocial

- Filière économique- Relais aides inter-nationales

Page 106: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

105

réseau marocainéconomique solidairede commerce équita-ble

social- Banque Islamiquede Développement- PNUD - Intermonet Oxfam

ORGANISATIONSOCIALE

- Les sages ont uneinfluence sur lescommunautés.

- Sensibilisation etmise en place desactions en concerta-tion

- Plus de forêt

ORGANISATIONSOCIALE

sensibilisation àl’environnement- Installation infor-matique- Echange culturel

- Ouverture dumonde arabe- Renforcer analysecritique des médias

- Orphelinat chrétien- E&F

- Etat- Développer activi-tés féminines

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Diversitéd’activités (stationservice, élevage,céréaliculture etarboriculture, mou-lin…)

- Retour des tensionsavec les non ayantdroits est inévitable- Engraissement estune nécessité, carplus de place pourles éleveurs

- Arboriculture doitêtre développée- Développer latransformation localedu bois- Partage de la forêtentre une partieréserve et une partieparcours

- Coopératives arbo-riculture vont etdoivent se dévelop-per- Associationsd’irrigation utilespour négocier avecl’Etat- Etat doit limiter lenombre de têtes

- Ailleurs on entendque le problème desnon ayant droit n’estplus d’actualité :pour quelles raisonsne serait ce queconjoncturel ?

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Diminution ducouvert forestierpour de multiplescauses : sécheresse,corruption, exploita-tion illégale…- Chômage

- Disparition de laforêt dans 40 ans :conduira àd’importantes inon-dations en aval

- Communicationtouristique est indis-pensable- Transformationlocale des produits

- L’initiative vientdes associations, pasde l’Etat

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Dégradation de lacédraie : les causesdoivent être éclair-cies

- Diminution dupoids des structurestribales

- Création de comitésde tribus- Activités alternati-ves : écotourisme,plantes médicina-les…- Mise en valeuréconomique de labiodiversité ?

- ONG font pressionsur l’Etat pour fairerespecter les enga-gements internatio-naux- Les associationslocalesd’environnement ontun rôle à jouer.

Page 107: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

106

économique de labiodiversité ?- Augmenterl’information surl’environnement et lenombre d’ONGs

d’environnement ontun rôle à jouer.

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Corruption généra-lisée et mauvaisegestion par l’Etat

- L’accès au créditest une variable clé- Il faut multiplier lenombre de projets

- Tous corrompus

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Les initiatives deregroupement desfemmes augmentent

- Alternatives :apiculture, cuni-culture, confitures,plantes , broderie.. ;- Commerce équita-ble organisé enfilière

- Acteurs d’unefilière commerceéquitable ?- Bailleurs nationauxet internationaux- Les associationssont nécessaires pourconstruire laconfiance avecl’administration

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- AGR = insertion,mettre le pied àl’étrier- Hypothèse forte surl’importance durevenu des femmesen milieu rural

- Pays d’accueiltouristique et Parcnational : jouerensemble aménage-ments et protection- Les associationssont un partenaireessentiel

- L’hypothèse dedéveloppement grâceaux AGR est ellesolide ?

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Activités alternati-ves :- plantes aromatiqueset médicinales :variabilité, faiblerentabilité- Commercialisationen partenariat avecl’écotourisme estnécessaire : il faut unsystème territorial

Page 108: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

107

système territorialSYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Les sources derevenus alternativespermettent d’accéderà davantage de capi-tal

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Recherche devaleur ajoutée àpetite échelle, mi-croprojets

-Activités alternati-ves :apiculture,aviculture, pisci-culture, tissage,accueil touristique- Education àl’environnementcomme produit

SYSTEME SDEPRODUCTIONAGRICOLE

- Surexploitation despâtures et de la forêt

- La fin des aidesinternationales estprévisible- L’Etat se désen-gage du développe-ment : concentrerdavantage les aides

- Cultures alternati-ves et diversificationdes revenus : plantesmédicinales, aman-diers, oliviers, pom-mes locales, chè-vres…

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Organisationsprofessionnelles : àstructurer- ONG environne-mentales plutôt quele Parc

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Il n’y a pas d’exoderural

- Scénario de désen-clavement : écono-mie agricole etdévelopper les in-frastructures et lesservices sociauxdans les petitesvilles. Les marchéssont des nœudsimportants de cemaillage

- Ministère Inté-rieur : finance ledéveloppement rural- Communes : pasbeaucoup de moyens

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Retard du désen-clavement du àmarginalisation de lazone

- ENFI et E&F res-ponsables dégrada-tion

- Concertation doitêtre amorcée parcollectivités loca-leslevier car surtous les secteurs

- Education natio-nale, santé, DPA,collectivités locales

- Collectivités loca-les

Page 109: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

108

PRODUCTIONAGRICOLE

clavement du àmarginalisation de lazone- Déséquilibre auniveau forêt- AGR inefficaces etinadaptées- INDH insuffisant(400 DH/pauvres)- Système éducatifen faillite globale

ponsables dégrada-tion- Incitations finan-cières et non finan-cières pour un meil-leur niveau de vie- Prise de consciencevia associations- Force de change-ment interne dansadministration viadiagnostic commun

être amorcée parcollectivités loca-leslevier car surtous les secteurs- Développer lessavoirs faire locaux- Augmenter leniveau de vie

nale, santé, DPA,collectivités locales- Financement :nationaux et interna-tionaux

les- Création associa-tion focale intermé-diaire pour mobiliserles associationslocales (=bailleur defond local)

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Intervention secto-rielle peu intégrée- Procédure ri-gidefreine actions- Peu de dégradationen terme de surface- Erosion

- Organisation despopulations maisencore fragile- Amorce des ges-tions concertées

- Consolider la ges-tion concertée parpartenariat E&F +ANOC- Renforcer structurejudiciaire

- Pas de changementsignificatif- Pas de parc à Khé-nifra (luxe). SeulIfraneAGR et associationsvont continuer àfonctionner seules- Stabilisation de lapop + augmentationde la valeur ajoutée- Risque si bandi-tisme prend le dessus- Pas de développe-ment des secteurs IIet III- Peut être du BIO

- DPA- E&F,- Associations- UE

- E&F et ANOC - Gestion parc par 3acteurs :fédération des usa-gers, unité de ges-tion, opérateursprivés tourisme

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Apiculture génèrepeu de revenus etdépendante des aléasclimatiques

- Apiculture : activiténoble dans le Coran,ne demande pasbeaucoupd’investissements- Groupe bien orga-nisé

- Diversificationpour gagner del’argent- Création d’unréseau pour transfertd’informations

- Emigration clan-destine ?- Si argent, achat devoiture pour lecommerce

- Coopérative- projet MEDA

- Après projet ?

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Augmentation dessurfaces en fruitiers :protection des sols,amélioration des re-venus, mise en valeurde nouveaux périmè-tres

- Transformation desagriculteurs en entre-preneurs (corollaire :augmentation du ni-veau de vie et duniveau de consom-mation)

- Création de cultu-res à haute valeurajoutée : arbori-culture, maïsd’ensilage, Pommede terre, maraîchageen général

- Appui sur l’ANOC- Appui sur le projetMEDA

- Souhaite alternati-vement plus ou moinsd’aliments subven-tionnés pour le chep-tel

- Prix du quintal decéréale varié (orge,blé…)

Page 110: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

109

AGRICOLE protection des sols,amélioration des re-venus, mise en valeurde nouveaux périmè-tres- Désenclavement quipermet la mise envaleur de zones inex-ploitées- Augmentation de laproductivité de laterre dans les zones àcéréaliculture

preneurs (corollaire :augmentation du ni-veau de vie et duniveau de consom-mation)- Lutte contre la dé-gradation des sols- Satisfaction desbesoins intérieurs encéréales (blé)- Baisse des effectifscheptel ?

ajoutée : arbori-culture, maïsd’ensilage, Pommede terre, maraîchageen général- Création de trou-peaux caprins pourles femmes (AGR)

MEDA- Autres projets (DRI-PMH, BM…)

d’aliments subven-tionnés pour le chep-tel- Création de trou-peaux caprins pour lesfemmes alors quecherche à diminuer lecheptel- Veut augmenterl’arboriculture maissouhaite participer àla couverture desbesoins nationaux encéréales

blé…)- Marchéd’écoulement desproductions en arbo-riculture et en maraî-chage- Qualité des blésnécessaire pour lesminotiers- Importance de laprovince dansl’approche totalenationale en céréale- Investissement pourpasser à des culturesde haute valeur ajou-tée: qui peut le faire,quel appui ?

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Les revenus retirésde la vente des pro-duits de tissage per-mettent d'éviter devendre les têtes debétail au Souk

- Augmentation deson cheptel- Substitution de boisde feu par le butanemais nécessite unebaisse de prix sur lebutane- Développement dutourisme pour déve-lopper l'activité de lacoopérative

- Tourisme développé?- La coopérative s'estagrandie et embaucheles jeunes filles duvillage

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Augmenter la ver-balisation à la foispour le bois illégal etpour la gestion desmoutons

- Baisse des délits,meilleur poursuite desinfractions...

-Développement d'in-dustries agroalimen-taires

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Application de la loicar tout est dedans :mise en défens- Intensification, réor-ganisation des par-cours, action du Naïbsur les terres collecti-ves

- Diminution ducheptel- Lutte contre leseffets de la sécheresse- Enjeu Majeur : pro-tection du val d'Ifrane

- Eaux et Forêts- Michel Tarrier- Province (réseausocial très structuré,connaît beaucoup demonde)

- Eaux et Forêts pourla protection du vald'Ifrane

Page 111: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

110

cours, action du Naïbsur les terres collecti-ves

tection du val d'Ifrane monde)

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

-Élevage intensif :diminution des trou-peaux, label sur laviande de moutonpour l'export- Développement desplantes médicinales etdes lichens- Tourisme- Bagage des trou-peaux- Revenir à la trans-humance

- Arrêt des parcourscar trop de dégrada-tion

- Voit la catastrophearriver- Destruction d'uncapital

- État : attaque lesinvestisseurs ovins- Associations d'envi-ronnement- Éducation des jeu-nes à l'environnement

- Souhaite remettre latranshumance enmême temps que del'élevage intensif- Ne dis pas commentcoupler AGR typePAM/lichen avecl'élevage

- Poids des PAM dansles circuits économi-ques- Usage des lichens etrevenus potentiels

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Créer une filière enaval pour récupérerles agneaux et lescommercialiser dansles supermarchés- Intensification de lafilière ovine, 200 têtesde qualité au lieu de800

- Limiter les grostroupeaux sur le ter-ritoire du Parc et em-pêcher les investis-seurs d'agir

- Une structure parcqui fonctionne- Des troupeaux petitsmais conduits enintensif- Agriculture biologi-que et à forte valeurajoutée et vendueaussi dans les super-marchés

- Exemple des parcsfrançais- Michel Tarrier- Services extérieursde l'état

- Contrat avecl'ANOC pour fairerespecter les aspectsenvironnementaux- Appui du gouver-neur ?

- Pas de certitude(assumée) que l'inten-sification conduiseforcément à la dimi-nution de la charge

- Quel type d'agri-culture biologiquepossible ?- Comment labelliser?- Plus value réelle-ment apportée par AB?- Intérêt des grandessurfaces pour lesproduits AB au Maroc?

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Élevage semi inten-sif sur des terres agri-coles

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Mise en place destations d'engraisse-ment des ovins - Développementd'activités apicoles etavicoles

- Accompagnementdes associations lo-cales : renforcementdes capacités, créationd'AGR

- Pas sûr que le dé-veloppement desAGR et de l'engrais-sement puissent êtreefficace contre l'in-vestissement ovin enforêt

- Poids réel des AGRdans le circuit éco-nomique ?

Page 112: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

111

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Intensification del'élevage (100 têtes aulieu de 200)

- Protection de lacédraie qui passe parune diminution dunombre de tête- Conservation dessols

- Chaque famillepossède 2 ou 3 ha surlesquels elle plantedes arbres, des végé-taux et des fourragespour les animaux

- État doit s'occuperde trouver les terrainsaux familles

- Comment trouver 2-3 ha/famille vue lapression foncière ?(surtout qu'il en parlelui même ?)- Comment une fa-mille peut vivre sur 2-3 ha ?

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Mise en défens etlimitation de l'accèsaux parcours parl'état, développementdes parcours- Regroupement deséleveurs et encadre-ment des agriculteurscomme interlocuteurs- Développementagricole sur les jachè-res et les terres in-cultes

- Les cultures de rentesont développées(arboriculture,Pomme de terre), lestroupeaux ont dimi-nué, la forêt est res-taurée et la céréali-culture est passée auxoubliettes.- Développement desAGR

- Importance des OPA- État doit intervenirpour conservationstricte et imitation ducheptel

- Miser trop sur lescultures de rente =>perte de sécurité ali-mentaire ?- Comment les AGRpeuvent-elles permet-tre de renforcer leséconomies monta-gnardes face à laconcurrence de l'in-vestissement ovin ?

- Quelles sont lesactivités les plus sub-ventionnées ?- Poids économiquedes AGR

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Développementd'une source de reve-nu pour les femmespar la vente de PAM

- Complémentaritéentre PAM et« écotourisme » pardes « étagères solidai-res »- Les PAM assurentune source de revenupour les femmes ru-rales

- Pas de terrain outerrain sans eau pourcultiver des PAM- Pas de bénéficesdégagés pour lesfemmes jusqu'à pré-sent !

- Possibilité réelle derevenu par les PAM ?- Voir d'autres expé-riences éventuelles

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Difficulté à regrou-per les éleveurs- Difficulté à limiterle nombre de tête- Microprojets pourvaloriser et diversifier- Développer les in-frastructures routièrespour écouler la pro-duction

- Trouver un modefixe d'élevage quipermet de limiter lenombre de tête

- Polyculture élevageavec des petites acti-vités rémunératricespour chaque agri-culteur- Cultures de rente :Pomme de Terre,arboriculture et agro-tourisme

- Gros investisseursqui font du biznesssur la cédraie : l'étatdoit arrêter ça

- S'appuyer sur lesOPA- Toute organisationde la société civileserait plus efficaceque l'état- L'état doit organiserune discussion avectout le monde

- Pourquoi faut-il10 000 Dh pour pou-voir s'installer ?

Quel niveau de ten-sion sur la maind'œuvre ?

Page 113: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

112

duction

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Programme de sé-lection (mouton etchèvre)

- Amélioration géné-tique (promotion racelocale)- Amélioration desconditions de vie deséleveurs

- Station engraisse-ment- Elevage intensif- Nouveaux circuitsde commercialisation(boucher, grandessurfaces, …)

Eleveur - Eleveur- Investisseur- Appui de l’Etat(subvention)- Eaux et Forêts- AFD

- Ressources en eau(maïs)- Foncier

- Valeur fourragère(chêne vert, cèdre, …)

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- L’état continued’aider l’arboriculture

-Économie d’eau- Toucher toute laprovince avec lesassociations de pro-ducteurs

- Imaginable pourlui : agrotourismeavec des produitslocaux- Développement del’arboriculture par lesinvestisseurs qui vontplus surl’arboriculture quel’élevage

- Exploitation desPAM- Sensibilisation pourl’introduction decultures plus rentablesque les céréales

- Diversification agri-cole- Intensification desproductions animales(et végétales ?)

- Station engraisse-ment- Label sur les Pom-mes

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Formation en api-culture et cuniculture- Développement desPAM- Développement dela gestion sylvopasto-rale

-EmancipationFemme rurale (auto-nome)

- Projet Ifrane- professeur del’ENFI

- souhaite fertiliser lesparcours

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Réguler le nombrede tête en forêt : re-censement des chep-tels par l’autoritélocale, mise en placede paiement pouraccès aux parcours

- Conserver la forêt - La forêt est détruiteà 20 ans si rien nechange

- Projet MEDA- Associations locales

Page 114: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

113

- Intensification agri-cole : arboriculture enmontagne, aménage-ment des PMH- Intensification ovine

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Interdiction du pâtu-rage en forêt- Engraissement etintensification, « 50têtes » à la place de500 sur le jbel- Développer la trans-formation du boislocale

- Pas de travail dansla région : les jeunesvont partir dansl’avenir- Augmentation del’arboriculture- Augmentation desregroupements encoopérative- Pas de solution pourla reconversion deséleveurs qui n’ont pasde terres dans lesplaines = l’élevagecontinue sur le Jbel- Tensions AD/NADcontinuent

- État et / ou associa-tion doit intervenir :financement des in-trants- État doit résoudreles conflits NAD/AD

- Pas de solution pourl’élevage sur le Jbel

Données surl’engraissement :investissements né-cessaires, alimenta-tion…

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Développer desactivités rémunératri-ces (élevage : escar-got, lapins, chè-vres…)- Développement descompensations pourla mise en défensgrâce au projet ME-DA

- Limiter les coupesillégales- Limiter le chômage(dans son activitéassociative)- Stopperl’immigration

- Le roi doit tranchersur la question desterres collectives- Projet MEDA pourla diversification

- Comment le Roiintervient sur les ter-res collectives ?

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

-disparition de la forêtà 40 ans pour de mul-tiples raisons

- Peu de chose sur leService Provincialdans l’entretien

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Responsabilisationdes usagers, gardien-nage des périmètresde reboisement contrele pâturage

- Lutter contre lapauvreté pour limiterla pression sur lesRN.

- Pas de solution pourle surpâturage = laforêt va à sa perte

- Projet MEDA- DPA- E&F

- Lutte contre la pau-vreté identifiéecomme variable nu-méro 1 sur laquelleagir

Page 115: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

114

AGRICOLE de reboisement contrele pâturage- Passage des céréalesà l’arboriculture et del’extensif à l’intensif- Mettre en place desinfrastructures socio-économiques

RN. - Plus de forêt nid’eau, désertification(plutôt pessimiste)

méro 1 sur laquelleagir

SYSTEMES DEPRODUCTIONAGRICOLE

- Légiférer sur leramassage des PAM- Développer le péri-forestier

- AGR ne peuvent paslimiter la dégradationde la forêt- Diminution del’élevage par moindrerentabilité

- La baisse de la ren-tabilité de l’élevagepeut malgré tout lais-ser l’activité commela plus rentable ?

FILIERE BOIS - Cédraie belle maisdégradée

- Action de sensibili-sation : ateliers àl’ENFI

- Protection de lacédraie

- Faire intervenir lesmédias pour résou-dre les problèmes- Recherched’alternatives au boisde chauffe- Approche partici-pative de la foreste-rie

- Ecole, collèges,lycées et associationd’environnement

- ENFI

FILIERE BOIS - Coupes illicites - Mise en défens,participation desayants droits(concertation)

- Transmission auxgénérations futures(association de jeu-nesse et sport)

- Eaux et forêts

FILIERE BOIS - Suivre hors forêt :DPA/ MinistèreIntérieur +- Dans forêt :Etat/ E&F

- Les plansd’aménagementforestiers ont été faitet intègrentl’environnement

- Faire rentrerl’environnementdans les secteursproductifs et surtoutdans les structuresadministrativesextérieures (appuigouverneur, HC) ycompris les E&F

- Faire le recense-ment des ayantsdroits : MinistèreIntérieur/forestier- Opération sylvico-les : développer lafutaie jardinée

- Haut Commissariat- Gouverneur (avecroi en appui)

- Via les associations(ANOC) : intervenirpour intégrer envi-ronnement dans lesfilières (eau avecagence de bassin,charge de bétail)

- Problème : lesforestiers ne veulentpas s’occuper desayants droits- MdM : vaccination- Associations régu-leraient la charge ?autre ?

- Aller plus loin surcomment intégrerenvironnement dansles filières- Action du parc surson territoire ?- Intégration envi-ronnement dans lesplans de gestionforestiers ?- Mise en défens ?- Reboisement ?

Page 116: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

115

FILIEREBOIS

- Pas de ser-vice sur la protectiondes forêts dans soninstitution, çal’étonne- Manque de gardes,pas de plans desurveillance

- Pland’aménagement forêt

- Protection stricte,gestion collective etgouvernance territo-rialeMédiatisation, asso-ciations environne-mentales

- Communes, eauxet forêts

FILIERE BOIS - Diminution de laforet

- Sécheresse et aug-mentation du prixdes aliments

- DPA et Eaux etforêts

FILIERE BOIS - Pas de menaces carles eaux et forêtsreboisent- Changer les habitu-des énergétiques(gaz, bûche écologi-que)

- Organisation pro-fesseurs- E&F

- Jeunes dans lesadministrations

FILIERE BOIS - Gestion rationnelle- Boulangeries ethammams utilisentbeaucoup de bois

- Reboisement- Bûche écologique- Concertation autourdu bois de feu

- Boulangeries ethammams devraientutiliser seulement leschutes des scieries

- Pas de dégradationde la foret car le parcprotège

- E&F- Collectivités- Gouverneur

FILIERE BOIS - Cédraie diminue - Reboisement - Pas de problème :E&F gèrent

FILIERE BOIS - Energies renouve-lables- Disparition de laforêt si tendanciel

FILIERE BOIS - Ebranchement desarbres par gens avecpeu de revenus- Bois de chauffe

- Substitution éner-gétiques- Concertation

- Concertation,sensibilisation,associations

- HCEFLCD,- Parc,- Associations pro-fesseurs

FILIERE BOIS - Forêt perd 1-2%/an- Replantation

- Pas de problèmecar E&F- Sauf si plusieurssécheresses succes-sives

FILIERE BOIS - Contractualisationdes mises en défens

Page 117: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

116

des mises en défensFILIERE BOIS - Gaz cher et fait

peur- Interdire les pâtu-rages en foret- Développer trans-formation du boislocalement

- Création d’uneusine de meuble

FILIERE BOIS - Sert à riend’investir dans laforêt car gens sontpas sensibilisés

- Energies renouve-lables- Sensibilisation

FILIERE BOIS - Très peu de PVpoursuivis- 95% des techni-ciens volent du Boisd’œuvre- Vols en mafia(bandes organisées)- Les gardes fores-tiers sont des com-merçants- Les sociétés quireboisent échouent

- Patrimoine de laforêt(l’administrationbouge peu)- Les présidents decommune sont ré-munérés donc ils netapent plus dans lessubventions de lacommunes

- Les techniciensdoivent être rémuné-rés

- Eaux et forêts

FILIERE BOIS - Exploitation, cor-ruption, échecs desplantations

- Spoliation desforêts par l’Etat d’oùvengeance des gens

- Il faudrait de grossalaires pour lesforestiers

- Disparition de laforêt dans 40 anscausant des inonda-tions- Améliorer la trans-formation locale

FILIERE BOIS - AGAM en alterna-tive aux forestiers

FILIERE BOIS - Sous-traitance desaménagements pastoujours adaptée- Augmentation descoupes illégales

- Associationsd’environnement quimettent la pressionsur les E&F- Conflits entrepopulation (empêcheE&F de marteler,couper) et commu-nes car manque deréinvestissement

- Changer l’image etla stratégie de ges-tion avec la partici-pation- Prendre en compteles préoccupationssociales

- Pas de privatisationpossible car manquede moyens( ?) etcrainte de mauvaisegestion

Page 118: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

117

réinvestissement- Budget et moyensstables aux Eaux etForêts

FILIERE BOIS - Dynamique démo-graphique

- Limiter la dégrada-tion des sols par desplantations

FILIERE BOIS - Nouvelle généra-tion d’administratifsporte environnementet participation

- Délégation de lagestion forestièreaux communautés(associations etorganisationpaysanne)

FILIERE BOIS - Mise en défens de10 ans compensationde 250 DH/ha/an

- Limitation del’érosion- Augmenter lescompensations

- Partenariat avecl’AGAT- Coopération agrifo-restière- Désertification Energies pas unesolution car il y auratoujours de la pau-vreté

- Etat- Autorités locales- Communes- Populations

FILIERE BOIS - Baisse des incen-dies de forêts grâce àdes mesures deprotection- Cédraie en baisse,augmentation desdélits- Ecimage, ébran-chage causent desdestructions à longterme- Pas de programme,pas de répression(barrage routier etperquisition scierie)

- Réticence despopulations à ac-cepter les chasseurs

- Application dusuivi des PV (em-baucher quelqu’undiplômé en droit)- Sanctions insuffi-santes pour les fo-restiers (ils faut leslicencier)

- Tenter les planta-tions groupées(Chêne Vert et cè-dre)- Gardien responsa-ble des mises endéfens pour unesurface de 100ha- Importer du boisextérieur

FILIERE BOIS - Conscience desproblèmes environ-nementaux

- Utilisation partiellede butane (cuisson)

- Demande au dieude la pluie

Page 119: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

118

nementaux - Possibilité de subs-tituer le bois par dubutane ou del’électricité mais tropcher pour l’instant

FILIERE BOIS - Forêts protègent lessols- Demande en boisde feu qui dégrade laforet

- Aménagement despistes pour uncontrôle des E&F

- Désenclavement - Pas de compétitionfoncière agri-culture/forêt car forêttoujours présente

- Eaux et forêts- Communes- Associations- Gouverneur- Coopératives

SECTEUR TOU-RISME

- Couvert forestierdiminue (manque desuivie des planta-tions, sécheresse,hommes, singes)

- Association deschantiers de jeunessemarocaine (diversprojets)

- Education à envi-ronnement- Préservation

- Forêt aura disparudans 40ans : pro-blème d’inondation- Ministère del’aménagement doitconstruire barrage- Améliorer trans-formation locale dubois- Elevage : qualité aulieu de quantité

- Parc Ifrane- Association fran-çaise- Ecole

- Institutions- Ministère du tou-risme- Médias

SECTEUR TOU-RISME

- Dégradation envi-ronne-ment (chômage,exploitation plantesmédicinales, manquelégislation)- Disparition forêt

- Tourisme,- Désenclavement

- Investisseurs natio-naux/internationaux

SECTEUR TOU-RISME

- Forêt diminue - AGR - Femmes- Associations

SECTEUR TOU-RISME

- Intensification de lapetite arboriculture

- Tourisme de pas-sage- Carrefour

- Développer letourisme au dépendde la forêt si néces-saire

- PN

SECTEUR TOU-RISME

- Ville ne bouge pas- Aucune aide del’Etat

- Mise en place d’unprojet

- Faire bouger lesartisans- Faire venir lestouristes

- Projet hôtelier- Développement deréseaux natio-naux/internationaux

- Relais avecd’autres agences- Touristes- Ancienne activité

- Etat, ministère dutourisme- E&F

- aucun avis sur laressource

Page 120: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

119

SECTEUR TOU-RISME

- Pas de tourisme- Problème : empla-cement de la ville

- Rénovation, RAM- Partenariats- Maisons secondai-res

- Faire venir lestouristes

- Tourisme va sedévelopper maisn’amènera pas plusd’hôtels

- Agences voyages- RAM- Sociétés- Touristes- Internet

- Agences- Sociétés- RAM

SECTEUR TOU-RISME

- Forêt propriétéhumaine

- Sensibilisation- AGR- Montre exemplepour développerécotourisme

- Population- Elèves

- Administration

SECTEUR TOU-RISME

- Forêt dégradéemais réflexe de vie

- Tourisme national- Tourisme local

- Activité en forêtpour éducation- Développer tou-risme rural/villageoissi pas excessif

- Enseignants SVT-lycée

- Etat- ONG : éducationavec ballade en forêt

- Il y a déjà du tou-risme local ou rural

SECTEUR TOU-RISME

- Mise en place del’écotourisme no-tamment par leséleveurs

- Ecotourisme vaavec agriculturebiologique, - Déve-loppement de pro-duits du terroir(culture locale) et lesvendre dans grandessurfaces

- Chercheur et ingé-nieur forestier res-ponsable du projetIfrane

- Gouverneur- HCEFLCD- Administrations(DPA)

SECTEUR TOU-RISME

- Développementinfrastructures rou-tières

- Communes rurales- Gouverneur

SECTEUR TOU-RISME

- Végétation ne tientpas le coup de lasurcharge pastoral

- Conserver forêt - Ayants droits peu-vent se reconvertir- Développer tou-risme rural

- Agriculteurs- Investisseurs

SECTEUR TOU-RISME

- PN et PA touristi-que structure pour letourisme rural soute-nu par EU en parte-nariat avec Maroc

- Conserver lesstructures ruralespour la constructiondu tourisme- Mais action structu-rée (ex circuit pourVTT) sinon dégra-dation besoin amé-nagement

- Collectivités- Populations- Services de l’état- Innovateurs

Page 121: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

120

SECTEUR TOU-RISME

- Développer letourisme à travers leparc. Promotion dela Province par ledéveloppement desactivités en place.- Protection desespaces par les E&F.Nécessité d’êtreferme sur cette ques-tion.

- Femmes rurales- Bailleurs

- Développer tou-risme mais fermetéde même que sur-veillé par E&F quisont déjà débordé

SECTEUR TOU-RISME

- Développer écotou-risme (ex laine)

- Université - Problème de lalaine avec moutonantagoniste

SECTEUR TOU-RISME

- Tourisme de pas-sage vers Marrakech- Touriste cherchegîte chez habitant carpas assez de gîtes carseulement sur mêmepériode

- Manque de circuitsorganisés mais E&ftravaillent dessus- Potentialités pourdévelopper tou-risme :- Agrotourisme :gîtes, produits lo-caux… « Jumelertourisme àl’agriculture »- Forêt et Parc natio-nal-Agriculture diversi-fiée que l’on netrouve pas ailleurs- Carrefour entre lesgrandes villes duMaroc- Patrimoine culturelavec le folkloremarocain

- Population- Usagers

SECTEUR TOU-RISME

- Stagnation dutourisme dans laville, voir diminutiondepuis année 80(guerre du golf)

- Réduire pressionsur forêt

- Développementtourisme notammentpar communication(publicité, prospec-tus), attirés attentiondes décideurs régio-naux (délégationtourisme)

- Personnes del’administrationpassant à l’hôtel

- Etat- Délégation tou-risme régional

Page 122: Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen ......Prospectives environnementales de territoire dans le Moyen Atlas - 2 - RESUMÉ La cédraie du Maroc, située dans les

121

depuis année 80(guerre du golf)

(publicité, prospec-tus), attirés attentiondes décideurs régio-naux (délégationtourisme)

- Groupe de randon-neurs de la province

SECTEUR TOU-RISME

- Pas ou peu detourisme dans laprovince- Poids de la filiationet tribu dans choixdes familles-gîtes

- Création d’AGATpermettant créationde gîtes ruraux

- Développement dela communicationsur tourisme dans laprovince- Après fin du projetplus que de l’argentreversé par com-mune (4000DH/an/AGAT)

- Projet Khénifra - Etat- Délégation dutourisme