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Propos indécents-------------
Recueil de poèmes libres
Pierre Fabène
10.12 536647
----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique
[Roman (134x204)] NB Pages : 116 pages
- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 10.12 ----------------------------------------------------------------------------
Propos indécents
Pierre Fabène
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Nov 2013
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Du même auteur : Trois romans constituant « La trilogie berbère » :
– Le miroir de Marrakech.
– L’enfant perdu dans le désert.
– Inch Allah ou les destins parallèles.
Deux recueils de contes :
– La vieille qui parlait aux abeilles.
– La fontaine calcifiante.
Une pièce de théâtre :
– Les méfaits du net.
Deux romans :
– Les cinq doigts.
– Le vieillard impudique
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Sommaire
« LA VIE » ...................................................................... 7
LE MIRAGE..................................................................... 10
L’éphémère .................................................................. 15
La solitude .................................................................... 17
La fleur ......................................................................... 20
L’oisillon....................................................................... 22
Le héros ........................................................................ 24
La pyromane ................................................................ 26
Le prisonnier ............................................................... 28
Tagonit au Maroc ....................................................... 30
Les amours ancillaires ................................................ 32
Un matin de mars ....................................................... 34
Trois fois rien .............................................................. 36
2 4
Faut pas croire… ........................................................ 38
La mouette voyeuse .................................................... 40
Quel cadeau d’anniversaire ? (Poème loufoque en souvenir de Pierre Dac) ......... 43
L’oiseau migrateur ..................................................... 47
Les doigts ..................................................................... 49
Un jour… .................................................................... 51
Tiroir ............................................................................ 53
La route cahotante ..................................................... 55
Black and white .......................................................... 57
Le naufrage .................................................................. 59
Le téléphone rose ....................................................... 61
Le dernier .................................................................... 64
L’âge adulte ................................................................. 66
La colombe .................................................................. 68
Le T.G.V. ..................................................................... 70
La fille et ma bécane ................................................... 72
Le chant des trépassés ................................................ 75
Le mirage ..................................................................... 77
La déglingue ................................................................ 79
La bête .......................................................................... 84
La ballade des ex ......................................................... 86
2 5
Si un jour… ................................................................. 88
Mon enfant .................................................................. 90
La jeune garce .............................................................. 92
Le vieux chêne et le jeune roseau .............................. 99
Le novice ...................................................................... 101
La passante ................................................................... 103
L’attente........................................................................ 105
La pute de la rue Mouille-pieds ................................. 107
La voleuse ..................................................................... 110
Funérailles .................................................................... 112
Youen… ....................................................................... 114
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« LA VIE »
File en l’air tes idées
T’as pas ta place en cité !
Tu prêches des lubies
Et seuls les murs poussent ton écho.
Tu cherches l’improbable, l’autre,
Qui s’défile comme une raie
Spectre hideux des limbes sacrés
Et ta vie se fait de havres en cahots
Découragé d’écouter les faux apôtres.
Tu erres dans les méandres du temps
Tu es seul tu en baves,
L’espoir coule comme la lave.
Tu dégueules la morale
Et tu sais que tes dérisoires râles
Se perdent dans les étangs,
Eaux glauques des braves gens.
Je réfute les dogmes des prophètes,
Les anciens, les nouveaux, les prochains
Qui vendent pour des parts d’âme, leurs béquilles
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Ô illusoires chimères spirituelles !
Vils marchands des temples, vendeurs de messes,
Troqueurs d’espoirs et de vaines promesses.
T’es margeo, tu vis en parallèle,
Tu fuis les rumeurs qui s’emmêlent,
Spectateur médusé de la comédie humaine – tu observes
Et recherches ta propre sève, celle de ta vie
hors des lois, sans haine ni dépit.
Tu fumes tu dragues,
Tu cherches l’inaccessible, une simple amitié,
En quête d’espoir, de fraternité.
Métèque, tu restes dans l’ombre,
Manchot, tu lèves l’autre bras
Pour montrer que tu es comme les autres
Mais la vieillesse est infâme et tu vois que tu sombres !
Qu’il est long à faire ce chemin solitaire,
Mais qu’il est court quand s’approche la fin
Que ta vie ne semble suivre qu’un destin.
Tu te crois immortel et tu dresses la tête
Puis tu déchantes et tu rampes en fuyant les fêtes.
Viens le jour du bilan.
Qu’as-tu fait de ta vie ?
Des enfants et du fric
Qui passent et qui s’envole.
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Tu es seul t’en es fier, ton unique richesse
Est le dérisoire orgueil qui te reste.
Mais lentement le désespoir est ta détresse
Aux instants du grand jour qui arrive comme une peste.
Tu suis les rails avec les souvenirs
Qui donnent l’angoisse amère de l’avenir.
T’es margeo en cravate
Tu ne vois plus l’intérêt de te battre,
Reconnu retrouvé et admis.
Subtile tromperie !
Puis t’en as marre. C’est bon !
Et une nuit de débine d’alcool et d’insomnie
Tu te dis que c’est con
Et tu gagnes le désert, tu veux être insoumis.
L’oubli, enfin seul, dans l’eau d’un fleuve.
Tu refuses les morales, ces principes dont on s’abreuve.
T’es tranquille apaisé, néant. Tu n’déranges plus.
Et alors on te voit quelques qualités. Trop tard venues !
Mais dans ton trou, tu les emmerdes tous pour l’éternité.
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LE MIRAGE
Isus, un vieux loup isolé, ayant quitté sa meute
Sentait sa fin très proche sans nulle frayeur,
se souvenant des beaux jours, serein, attendait son heure,
certain, n’étant point sot, de ne plus trouver l’Yseult.
Utilisant ses restes de force à parcourir les monts
Il errait près des torrents de vallées en valons
Cherchant sa maigre pitance en des contrées hostiles
Ne demandant pas l’aumône, refusant d’être servile.
Un jour comme les autres qui s’annonçait sans but,
Clopinant avec peine, il contourna une forêt
et aperçut au loin une forme inconnue.
Elle allait altière, humant chaque fourré.
Tora, une jeune louve, au regard insouciant
Folâtrait sans nul doute au hasard des vents.
Ignorant les dangers et les humeurs des temps.
Sous un rayon de soleil, elle posa son séant.
Le vieux loup hésitant se dirigea vers elle,
Ebloui par tant de grâce, il vint à pas feutrés,
Etonné qu’à son âge, il pût s’amouracher.
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Elle le vit, prit peur, et s’enfuit comme ailée.
Il tourna autour des buissons épars
A la recherche d’une piste qui la mènerait à elle.
Hélas, son odorat, sa vue le trahissant, il perdit la belle.
Trop de saisons passées ne lui permettaient plus d’écarts.
Il s’assit, triste, se coucha en poussant un soupir.
A quoi bon se lamenter se dit-il ?
J’ai connu les ours, les hommes ces vampires,
J’ai bien vécu, engendré maintes fois, et connu mille
périls.
Le soir tomba. Alors que le ciel noir déversait ses eaux,
Il entendit une plainte assez forte qui couvrit l’orage.
Etait-ce signe d’espoir ou mauvais présage ?
Un son juvénile venu de nulle part se perdant aussitôt.
Il se leva prestement, fouillant l’obscur horizon
Puis le cri devint chant et baissa d’un ton,
tels les gémissements de louve jouvencelle.
Espérant à nouveau, il se leva d’un coup oubliant ses géhennes.
Et de sa gueule asséchée, émit un son d’espoir.
Qui rebondit de versants en vallées, traversant le soir.
Tora la louve l’entendit et répondit…
Vous ne saviez pas qu’un loup peut pleurer ?
Il ne sut si c’était la pluie ou un bonheur retrouvé.
Il lança une mélodie, la puisant de son cœur,
Puis, harassé, s’endormit en pleine froideur.
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Au matin, une chaleur curieuse empara son corps.
Il crut qu’un soleil bienfaiteur inondait la clairière.
Il était tôt et ne comprit pas ce mystère.
Il y en avait tant eu dans sa vie. Le Mystère, la mort.
Un vent vagabond contourna les buissons
Et c’est alors qu’il huma une présence canine.
D’un bond qui l’étonna, il se mit sur ses pattes,
Puis se blottit contre elle en une pause câline.
Les arbres, de nature sots mais pas méchants
avaient compris, et leurs branches folles aux vents
Ombrageuses, prisonnières des ondes
S’écartèrent afin que le soleil les inonde.
Ils restèrent ainsi un long moment
Chacun donnant sa chaleur à l’autre,
Croyant que cet instant traverserait les temps
Implorant la nature qu’elle se fasse patenôtre.
Un ours hideux et immense, sentant un vieux loup
S’approcha lentement en pensant tout à coup
Qu’un festin l’attendait sans grand effort
Prudent malgré tout, approcha en humant l’odore.
Lorsque les deux loups le virent, ils montrèrent leurs crocs
Et l’ours imbécile tourna talons, s’enfuyant à grand trot !
Une saison passa. Puis deux hivers encore,
L’un et l’autre ne se lassaient de leurs corps.
Le vieux loup rajeuni, à l’acmé de la félicité