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N° d’ordre 2007ISAL0064 Année 2007 Thèse PROPAGATION DE FISSURES DANS LES CERAMIQUES PIEZO-ELECTRIQUES DE TYPE PZT présentée devant L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon pour obtenir Le grade de docteur Ecole doctorale : Matériaux de Lyon Spécialité : Génie des Matériaux par Azeddine HIZEBRY Soutenue le 06 Novembre 2007 devant la commission d’examen J. CHEVALIER Professeur, (INSA de Lyon) B. DURAND Professeur, (CIRIMAT-LCMIE Université Paul Sabatier) G. FANTOZZI Professeur, (INSA de Lyon) A. LERICHE Professeur, (LMP Université de Valenciennes) M. SAADAOUI Professeur, (EMI Rabat, Maroc) Laboratoire MATEIS (Matériaux: Ingénierie et Science), INSA, Lyon

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N° d’ordre 2007ISAL0064 Année 2007

Thèse

PROPAGATION DE FISSURES DANS LES CERAMIQUES PIEZO-ELECTRIQUES DE TYPE PZT

présentée devant L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon

pour obtenir Le grade de docteur

Ecole doctorale : Matériaux de Lyon Spécialité : Génie des Matériaux

par Azeddine HIZEBRY

Soutenue le 06 Novembre 2007 devant la commission d’examen J. CHEVALIER Professeur, (INSA de Lyon) B. DURAND Professeur, (CIRIMAT-LCMIE Université Paul Sabatier) G. FANTOZZI Professeur, (INSA de Lyon) A. LERICHE Professeur, (LMP Université de Valenciennes) M. SAADAOUI Professeur, (EMI Rabat, Maroc) Laboratoire MATEIS (Matériaux: Ingénierie et Science), INSA, Lyon

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A mes parents « Et par miséricorde; abaisse pour eux l'aile de l'humilité; et dis : "Ô mon Seigneur, fais-leur; à tous deux; miséricorde comme ils m'ont élevé tout petit”.» Coran

A ma femme et mes enfants Pour leur soutien, leur patience, leurs encouragements et l’aide précieuse qu’ils m’ont apporté durant ces années de thèse.

A mes frères et sœurs. On se bagarre, on se chamaille, mais pour faire des bêtises on est toujours d'accord ! Fâchés pour un jour… frère et sœur pour toujours !

A mes amies et à tout ce qui vont lire un jour ce manuscrit. Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes, qui l'une et l'autre nous dispensent de réfléchir. « Henri Poincaré »

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REMERCIEMENTS

Il est toujours difficile de terminer une étape, partagé entre la joie d’apercevoir le point d’arrivée, promoteur de nouveaux horizons, de nouvelles expériences et le regret de laisser derrière soi, un parcours souvent éprouvant autant physiquement que moralement mais tellement riche de sensations. La beauté d’un parcours et l’enrichissement personnel que l’on en tire sont dus aux rencontres que l’on peut y faire et au succès qui requiert plusieurs conditions. Dieu Merci d’avoir fait de mon parcours de thèse un parcours réussit et riche grâce à des personnes estimables que j’ai rencontré et que je tiens à remercier ici. Je tiens à exprimer mes plus profonds et sincères remerciements à Monsieur le Professeur G. Fantozzi pour m’avoir accueilli dans le groupe « Céramique et Matériaux Composites » du laboratoire MATEIS de l’INSA de Lyon et pour son soutien sur tous les plans. Il est d’une qualité scientifique et humaine exceptionnelle. J’exprime ma profonde gratitude au Professeur M. Saadaoui de l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs de Rabat, de sa contribution d’une manière extraordinaire à ce travail. Enfin je la remercie pour l’honneur qu’elle m’a fait en acceptant de présider mon jury de thèse. J’adresse également mes remerciements au Professeur J. Chevalier pour ses conseils éclairés, ses remarques très perspicaces dont il m’a fait part tout le long de mon travail. Je remercie vivement le Professeur Anne LERICHE de l’Université de Valenciennes et le Professeur Bernard DURAND de l’Université Paul Sabatier d’avoir accepter la lourde tâche de rapporteur de ce travail et surtout durant les grandes vacances d’été. Je tiens aussi à exprimer ma toute reconnaissance envers Dr El-Mostafa Bourim, chercheur au centre de développement de Samsung en Korè de sud, de m’avoir présenté pour la première fois au groupe et aux innombrables discussions fructueuses qui m’ont toujours aidé à progresser dans mon travail. De même je tiens à remercier Dr Hassan El-Attaoui pour sa contribution à la réalisation de ce travail et son soutien indéfectible. J’associe à ces remerciements tous les membres du laboratoire MATEIS, chercheurs permanents ou non, thésards, stagiaires, techniciens et secrétaires pour leur aide et leur sympathie. Enfin je remercie toutes personnes qui ont de prés ou de loin contribué à ce résultat. Je pense notamment aux Dr A. Benayad, Dr A. Hajjaji, Pr O. Bouattan, Pr M. Ait-Haj et Pr B. Bhrar.

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TABLE DES MATIERES

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INTRODUCTION Chapitre 1 ETAT DE L ’ART

I.1 LES CERAMIQUES PIEZOELECTRIQUES PZT………………………..

I.1.1 Généralités…………………………………………………………………

I.1.1.1 Piézoélectricité, pyroélectricité et ferroélectricité…………………

I.1.1.2 Polarisation et cycle d’hystérésis…………………………………..

I.1.1.3 Applications des matériaux piézoélectriques……………………..

I.1.1.4 Propriétés piézo-électriques, diélectriques et mécaniques…….

I.1.2 Structure des PZT………………………………………………………….

I.1.3 diagramme de phase………………………………………………………

I.1.4 Polarisation et domaines ferroélectriques des PZT…………………….

I.1.5 Dopage des PZT…………………………………………………………...

I.2 COMPORTEMENT A LA RUPTURE DES PZT……………………………

I.2.1 Ténacité……………………………………………………………………..

I.2.1.1 Effet de la composition et de la microstructure……………………

I.2.1.2 Effet de la polarisation : Anisotropie………………………………..

I.2.2 Résistance à la propagation de fissure………………………………….

I.2.2.1 Effet de courbe R……………………………………………………..

I.2.2.3 Mécanisme de renforcement………………………………………...

I.2.2.3.1 Principe et modélisation………………………………………

I.2.2.3.2 Zone d’orientation des domaines……………………………

I.2.2.4 Influence de la microstructure et de la composition………………

I.2.2.5 Effet de la polarisation………………………………………………..

I.2.3 Propagation sous critique…………………………………………………

I.2.3.1 Généralités ……………………………………………………………

I.2.3.2 La croissance sous critique dans les PZT………………………..

I.2.3.2.1 Effet de l’environnement ………………………………….....

I.2.3.2.2 Effet de polarisation sur les courbes V-KI………………….

Conclusion…………………………………………………………………………..

Chapitre 2 ELABORATION ET CARACTERISATION DES PZT II.1. CHOIX DES MATERIAUX ………………………………………………...

II.2. Matières premières…………………………………………………………

II.2.1 Les oxydes de bases……………………………………………………

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II.3. Procédé d’élaboration………………………………………………………

II.3.1 Procédure d’élaboration sans liant…………………………………..

II.3.2 Procédure d’élaboration en utilisant un liant………………………..

II.3.3 Usinage et préparation des échantillons…………………………...

II.4 Caractérisation……………………………………………………………….

II.4.1 Analyse de la structure des phases par diffraction des rayons X

II.4.2 Microstructure des matériaux élaborés……………………………..

II.4.3 Densité………………………………………………………………….

II.5 Mesure des Propriétés Mécaniques……………………………………….

II.5.1 Propriétés Elastiques…………………………………………………

II.5.1.1 Par Analyse du comportement vibratoire … ……………..

II.5.1.2 Par ultrasons…………………………………………

II.5.2 Contrainte à la rupture………………………………………………..

II.5.3 Mesure de la dureté par indentation Vickers ……………………..

II. 6 Mesures des propriétés diélectriques…………………………………….

Conclusion…………………………………………………………………………...

Chapitre 3 TENACITE ET RESISTANCE A LA PROPAGATION DE FISSURES

III.1 TENACITE…………………………………………………………………….

III.1.1 Méthode d’indentation simple………………………………………….

III.1.2 Méthode d’indentation composée……………………………………..

III.1.3 Ténacité des nuances non polarisées………………………………..

III.1.3.1 Méthode SENB…………………………………………………...

III.1.3.2 Indentation Vickers……………………………………………….

III.1.3.3 Résultats expérimentaux……………………………………….

III.1.4 Effet de la polarisation sur la ténacité mesurée par indentation…

III.1.4.1 Méthode Classique d’indentation……………………………….

III.1.4.1.1 Procédure expérimentale………………………………...

III.1.4.1.2 Résultats…………………………………………………...

III.1.4.2 Méthode de suivi de propagation stable : Effet de la

polarisation sur χ …………………………………………………………………...

III.1.4.2.1 Principe et procédure…………………………………….

III.1.4.2.2 Résultats…………………………………………………..

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III.2. Résistance à la propagation de fissures………………………………….

III.2.1. Méthode SENB…………………………………………………………

III.2.1.1. Procédure expérimentale……………………………………….

III.2.1.2. Courbes R………………………………………………………..

III.2.1.2.1 Effet du dopant……………………………………………

III.2.1.2.2 Effet de la polarisation……………………………………

III.2.2. Méthode d’indentation…………………………………………………

III.2.2.1. Principe………………………………………………..………..

III.2.2.2. Contrainte à la rupture et charge d’indentation………………

III.2.2.3. Facteur de forme effectif………………………………………..

III.2.2.4. Courbe KR par indentation……………………………………...

Conclusion…………………………………………………………………………..

Chapitre 4 PROPAGATION SOUS CRITIQUE

IV.1. CROISSANCE SOUS CRITIQUE…………………………………………

IV.1.1 Principe et procédure expérimentale : Double torsion……………..

IV.1.2 Résultats………………………………………….……………………

IV.1.2.1. Effet du dopant………………………..…………………...

IV.1.2.2. Effet de l’environnement (eau)……………………………

IV.1.2.3. Effet de la microstructure………………………………….

IV.1.2.4. Effet de la polarisation……………………………………..

IV.1.2.4.1. Polarisation dans la largeur…………..……………...

IV.1.2.4.2. Polarisation dans l’épaisseur……………..………….

Conclusion…………………………………………………………………………..

CONCLUSION GENERALE ANNEXE REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES………………………………………….

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INTRODUCTION

Les zircono-titanates de plomb dits PZT, de structure pérovskite Pb (Zr1-x Tix) O3, font

partie des céramiques ferroélectriques. Ils possèdent de bonnes caractéristiques

piézo-électriques et un excellent coefficient de couplage électromécanique, ce qui

explique leur rôle important dans le domaine de matériaux adaptatifs. Ils sont utilisés

dans de très nombreuses applications comme les générateurs d’impulsion, les

transducteurs ultrasonores, les capteurs, les actionneurs, les dispositifs de

positionnement ou les moteurs piézo-électriques. La plupart des défaillances de ces

matériaux sont associées à la rupture par propagation de fissures initiée dans des

zones de concentration de champ électrique ou mécanique au voisinage de défauts

(cavité, hétérogénéité ou électrodes pointues). Pour améliorer la fiabilité des

composants, la compréhension du comportement mécanique de ces matériaux,

notamment les mécanismes de propagation de fissures, est primordiale.

Ce travail a pour objet d’étudier le comportement à la rupture des nuances de PZT

élaborées, dopées et non dopées, de composition voisine de la zone morphotropique.

Leur comportement est analysé en termes de courbes R (résistance à la propagation

de fissures), de lois de propagation sous critique V-KI (vitesse de fissure en fonction

du facteur d’intensité de contraintes appliqué), la ténacité intrinsèque et l’anisotropie

induite par la polarisation, et ceci en fonction, notamment, de leur composition

(dopage), leur microstructure et le milieu environnant. Une meilleure connaissance de

ces paramètres ne peut qu’améliorer la fiabilité de ces matériaux.

Le premier chapitre porte sur l’état de l’art des matériaux piézocéramiques (PZT)

d’une façon générale et leur comportement mécanique à la rupture, plus précisément

la résistance à la propagation de fissure et la propagation sous critique.

Dans le chapitre 2, nous présentons les matériaux étudiés, les procédures

d’élaboration et les caractérisations préliminaires. Les nuances élaborées sont une

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PZT au voisinage de la zone morphotropique (Zr :Ti, 54 :46) qui présente des

meilleures caractéristiques piézoélectriques et deux autres nuances de la même

composition dopées : une PZT douce dopée à 2% de niobium et une PZT dure

dopée à 1% de potassium.

Le chapitre 3 est dédié à l’étude de la ténacité intrinsèque des nuances élaborées, et

de leur résistance à la propagation de fissure. On y étudie l’effet du dopage et

l’influence de la polarisation en mettant en évidence, en cas d’effet de courbe R, le

mécanisme de renforcement correspondant.

L’étude de la propagation sous critique de fissure dans les PZT fait l’objet du

chapitre 4. Elle porte sur l’effet du dopage, de la microstructure, de l’environnement

et de la polarisation. Les lois de propagation de fissure sont déterminées à partir du

diagramme V-KI (vitesse de propagation de fissure en fonction du facteur d’intensité

de contrainte).

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Chapitre 1

ETAT DE L ’ART

Nous allons présenter, dans ce chapitre, une étude bibliographique sur les

céramiques ferroélectriques de type zircono-titanate de plomb (PZT) et leur

comportement à la rupture. Sont abordés notamment la ténacité, la résistance à

la propagation de fissure (courbes R), la croissance sous critique et le mécanisme

de renforcement dans ce type de matériaux.

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I.1 LES CERAMIQUES PIEZOELECTRIQUES PZT I.1.1 Généralités Les zircono-titanates de plomb (PZT) sont des céramiques à la fois piézo-

électriques pyroélectriques et ferroélectriques (Figure I.1).

non piézoélectriques

1 non piézoélectriques

non ferroélectriques

ferroélectriques non ferroélectriques

10 pyroélectriques

20 piézoélectriques

10 non pyroélectriques

21 non centrosymétriques

11 centrosymétriques

32 classes cristallines

Figure I. 1 Les différentes classes cristallines. Les PZT se trouvent dans la classe des

matériaux ferroélectriques.

I.1.1.1 Piézoélectricité, pyroélectricité et ferroélectricité

La piézoélectricité est l'aptitude de certains matériaux cristallins à produire une

charge électrique proportionnelle à la contrainte mécanique appliquée. C'est l'effet

piézoélectrique direct et ce phénomène est réversible: l'application d'un champ

électrique externe provoque une déformation mécanique (effet piézoélectrique

inverse). La figure I. 2 montre les deux effets.

Bien que l’effet direct fut observé pour la première fois en 1817 par l’abbé René

JUST HAUY, sa découverte est attribuée aux frères Pierre et Jacques CURIE[1],

qui ont étudié cet effet théoriquement et expérimentalement en 1880. L’effet

inverse fut énoncé par LIPMAN, une année plus tard et confirmé

expérimentalement par les frères CURIE.

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Figure I. 2 Effets piézo-électriques

L'effet piézo-électrique revient à la structure cristalline du matériau. Il résulte

essentiellement de l'existence de dipôles électriques internes. Ces dipôles sont créés

par la séparation à l'échelle de la maille du centre de gravité des charges positives

de celui des charges négatives sous l'effet d'une contrainte externe. (Figure I.3)

Figure I. 3 Une contrainte de compression fait apparaître une polarisation non nulle dans le cas [b]

Parmi les 32 classes cristallines existantes, 20 présentent l'effet piézo-électrique.

Elles sont toutes dépourvues de centre de symétrie. Dix des vingt classes cristallines

piézo-électriques sont polaires, c’est-à-dire présentent une polarisation électrique

spontanée – ou moment dipolaire permanent – en l'absence de contrainte ou de

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champ extérieur. La polarisation est proportionnelle à la température et sa direction

correspond à l'axe polaire du cristal. On les appelle les cristaux pyroélectriques.

Les cristaux ferroélectriques forment un sous groupe des cristaux pyroélectriques

dont leur axe polaire, support d’un dipôle permanent, est mobile dans un réseau

cristallin sous l’influence d’agents extérieurs autres que la température : champ

électrique, contrainte [ ]2 .

Le terme ferroélectricité, fut employé pour la première fois par Muller en 1935 qui a

fait l'analogie entre le comportement hystérésis de la polarisation électrique

macroscopique en fonction du champ électrique appliqué et celle de l'aimantation en

fonction du champ magnétique dans les substances ferromagnétiques.

Un matériau ferroélectrique est divisé en régions dans lesquelles les dipôles sont

orientés de façon unidirectionnelle. Chaque région, appelée domaine ferroélectrique, présente donc une polarisation spontanée homogène et uniforme.

Par contre l’orientation de la polarisation varie d’un domaine à un autre (figure I.4).

La frontière entre deux domaines est appelée paroi ou mur de domaines. Suivant

la structure cristallographique du matériau, les domaines formés peuvent être 180° et

non-180° (90°, 71°, 109°..).

Comme la répartition des domaines est aléatoire, la polarisation globale du matériau

résulte d'une moyenne sur l'ensemble des domaines. En général, dans un matériau

non polarisé, possédant une symétrie sphérique (∞ ∞ m), le moment dipolaire

total est très faible voire nul.

Figure I. 4 Représentation en 2D des domaines ferroélectriques.

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I.1.1.2 Polarisation et cycle d’hystérésis Lorsqu'on applique un champ électrique externe, les domaines dont la direction de

polarisation est voisine de celle du champ vont croître en volume au détriment des

autres domaines moins favorablement orientés. Durant ce processus, appelé

polarisation, on observe un mouvement des murs de domaines. Le matériau

présente alors une polarisation macroscopique. Il devient anisotrope et possède une

symétrie conique (∞ m). La réorientation des domaines dépend donc de leur

configuration initiale.

La figure I-5 illustre le mécanisme d’orientation des différents domaines

ferroélectriques sous l’action d’un champ électrique extérieur E, et montre la

dépendance non linéaire entre la polarisation P et le champ électrique E (forme de

cycle d’hystérésis). En fait, sous l’influence d’un champ électrique externe, les

matériaux se polarisent jusqu’à une valeur de saturation appelée polarisation

spontanée PS, invariante pour l’ensemble des opérations de symétrie dans le cristal.

La polarisation existant pour un champ électrique nul, est dite polarisation rémanente

Pr. Le champ coercitif Ec est le champ électrique externe nécessaire pour la

réorientation des dipôles du cristal.

Figure I. 5 Cycle d’hystérésis P=f(E). Pr : polarisation rémanente, Ps : polarisation de

saturation ; et Ec : champ coercitif [ ]3 .

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I.1.1.3 Applications des matériaux piézoélectriques Les premières applications industrielles du phénomène piézoélectrique ont vu le jour

pendant la première guerre mondiale (1916-1917) lorsque Paul LANGEVIN a mis au

point le générateur d’ondes ultrasonores pour la mesure et la détection sous marine

en utilisant le quartz.

Aujourd’hui, différentes applications sont utilisées telles que la téléphonie,

l’automobile, l’aérodynamique…. Il est possible de distinguer trois grandes classes

d’applications selon qu’il s’agisse de l’effet piézoélectrique direct et/ou inverse

(Tableau I.1).

Tableau I. 1 Applications des matériaux piézo-électriques.

Applications basées sur l’effet piézoélectrique direct

Applications basées sur l’effet piézoélectrique inverse

Applications basées sur les deux effets

Générateurs d’impulsion haute

tension :

• Allumage des explosifs,

• Allumage des gaz,

• Briquets.

Transducteurs ultrasonores de

puissance :

• Perçage et soudage par

ultrasons,

• Nettoyage ultrasonore,

• Projecteur sonar.

Transducteurs

ultrasonores de faible

puissance :

• Contrôle non

destructif,

• Diagnostic médical,

• Lignes à retard.

Capteurs :

• Microphones, hydrophones

• Télécommande,

• Accéléromètres,

• Jauges de dureté, de

contraintes.

Dispositifs de positionnement :

• Contrôle des petits

mouvements en mécanique,

• Actuateurs pour

positionnement des miroirs.

Filtres

électromécaniques

Moteurs piézo-électriques Capteurs sonar

Imprimante jet d’encre

On rencontre les PZT dans les moteurs piézo-électriques, les transducteurs pour

filtres ou lignes à retard, les claviers à touches, les oscillateurs, les transducteurs

pour sonars, les applications électro-optiques, les détecteurs infrarouges…

16

I.1.1.4 Propriétés piézo-électriques, diélectriques et mécaniques

La piézoélectricité est un phénomène de couplage entre l’énergie élastique et

l’énergie diélectrique dans certains cristaux ou solides anisotropes. Les équations

piézo-électriques découlent de considérations thermodynamiques (voir annexe I) qui

montrent qu’ une variable mécanique (déformation S ou contrainte T) est reliée à

une variable électrique (induction D ou champ E). On peut les expliciter par 8

équations (I.1-I.8) reliant les propriétés mécaniques électriques et piézo-électriques

définies dans le tableau I.2.

Grandeurs électriques Grandeurs mécaniques

D = εT .E + d.T (I. 1) S = sE.T + dt . E (I. 2)

E = βT .D – gT (I. 3) S = sD.T + gt.D (I. 4)

D = εs E + e.S (I. 5) T = CE.S – et.E (I. 6)

E = βs.D – h.S (I. 7) T = CD.S – ht.D (I. 8)

Dans ces équations, l’indice (t) indique la transposée et ( )x Indique que la grandeur

considérée est mesurée ou calculée à x constante ou nul. La nomenclature de toutes

ces caractéristiques est donnée au tableau I.2.

Diverses constantes piézo-électriques, diélectriques et élastiques peuvent être

déterminées comme par exemple le coefficient de couplage kp ou le facteur de

qualité mécanique Q (voir Annexe A). Dans le cas tridimensionnel, un coefficient de

couplage (kij) est associé à chaque coefficient (dij) en intégrant la forme de

l’éprouvette et le mode de vibration de celle-ci.

17

Tableau I. 2 Glossaire des symboles dans la piézoélectricité

Abréviations Définitions Type d’énergie

T Contrainte mécanique (Pa) S Déformation relative (m/m)

S Compliance ou susceptibilité élastique (m2/N)

C Raideur ou constante élastique (N/m2)

MECANIQUE

D Déplacement électrique ou induction(C/m2)

E Champ électrique Ε Permittivité électrique (F/m)

Β Constante d’imperméabilité diélectrique (m/F)

ELECTRIQUE

D

Constante piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la charge et la contrainte à champ constant ou nul. (C/N ou m/V)

E

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la charge et la déformation à champ constant ou nul.(C/m2 ou N/V.m)

G

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la contrainte et le champ résultant à induction constante ou nulle (V.m/N ou m2/C)

H

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la déformation et le champ résultant à induction constante ou nulle (V/m ou N/C)

PIE

ZOE

LEC

TRIQ

UE

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I.1.2 Structure des PZT Les PZT, élaborées sous forme de céramiques polycristallines, ont une structure

perovskite de formule générale ABO3. Le nom de la structure vient du minéralogiste

russe L. A. Perovski et la formulation est celle de l’oxyde de calcium et de titane

(CaTiO3). La valence des cations A est comprise entre +1 et +3 et celle des cations B

entre +3 et +6. (La structure est dite anti perovskite si les cations A et B sont de taille

proche).

Ces céramiques PZT ont une formulation chimique générale Pb (Zrx-1 Tix) O3. Le

cation A est Pb2+ de grand rayon et de coordinence douze, le cation B est soit un ion

Zr4+ , soit un ion Ti4+. Huit cations A forment la maille cubique (Figure I.6). Les ions

oxygène sont au centre de chaque face et forment un octaèdre au centre duquel se

trouve le cation B qui doit, de par ce fait, avoir un rayon très faible. Il est tétravalent

et de coordinence six. Ainsi, la structure perovskite est constituée par des octaèdres

BO6 liés par les sommets le long des trois axes cristallographiques, les atomes B

étant placés dans les sites laissés vacants par les octaèdres (Figure I.7). La figure

1.7 (b) présente l’avantage de montrer l’environnement de décaédrique de Pb par

rapport aux oxygènes

Figure I. 6 Structure pérovskite de la maille du PZT

Au dessus de la température de Curie, le matériau est paraélectrique et présente

une symétrie cristalline centrosymétrique ; dans ce domaine de température, le

matériau est non-piézoélectrique. Par contre, en dessous de la température de

Curie, le matériau est non-centrosymétrique. La distorsion de la maille cristalline 19

engendre la déformation des octaèdres BO6, et créent une distance entre les

barycentres des ions positifs et des ions négatifs. Ces centres de masse, ne

coïncidant plus, créent un dipôle électrique élémentaire dans chaque cellule

cristalline. Les ions n’occupent plus respectivement le centre et les sommets de la

maille (Figure I-8) ils sont décalés dans l’une des directions principales du réseau

cristallin ; il en résulte alors la majeure partie de la polarisation spontanée à l’échelle

de la maille, tandis que le reste de la polarisation spontanée est dû au caractère très

covalent des liaisons Pb-O.

cation Ti4+ ou Zr4+

cation Pb2+

anion O2-

(a)

(c)

(b)

Figure I. 7 Structure perovskite cubique (a) avec Ti ou Zr au centre (b) avec Pb au centre

(c) réseau d’octaèdres

20

Figure I. 8 Structure cristalline quadratique de PbTiO3

I.1.3 diagramme de phase Les céramiques PZT sont des solutions solides entre le zirconate de plomb (PbZrO3)

et le titanate de plomb (PbTiO3). La figure I.9 illustre le diagramme de phases

PbZrO3 - PbTiO3. Elles sont obtenues à partir de trois oxydes de base: l'oxyde de

plomb (PbO), l'oxyde de zirconium (ZrO2) et l'oxyde de titane (TiO2).

Le titanate de plomb (PbTiO3) est ferroélectrique à température ambiante. Sa

température de Curie est de 490 °C. Il devient alors cubique à structure non polaire.

En dessous de cette température, sa phase ferroélectrique à structure moins

symétrique est quadratique. Cette quadraticité augmente avec la diminution de la

température.

Le zirconate de plomb (PbZrO3) est un matériau antiferroélectrique à structure

orthorhombique à la température ambiante. Sa polarisation est nulle: deux mailles

adjacentes ont leurs polarisations parallèles mais de sens opposés. Le zirconate de

plomb présente une transition de phase à 230 °C. En dessous de cette température,

la structure est orthorhombique et correspond à l’état antiferroélectrique. Au-dessus,

il devient paraélectrique avec une structure cubique.

Dans les solutions solides PZT, la transition de phase ferroélectrique- paraélectrique

est de type displacif. Lors de la transition de Curie, la maille perovskite subit des

déformations et peut donner naissance à trois phases distinctes en fonction de la

composition de la solution solide PbTiO3 et PbZrO3: quadratique, rhomboédrique ou

21

orthorhombique (Figure I.10). La dissymétrie apparaissant lors du déplacement des

ions, provoque la polarisation spontanée.

La substitution d’ions Zr4+ aux ions Ti4+ dans PbTiO3 réduit la distorsion du réseau

quadratique et provoque l’apparition d’une autre phase ferroélectrique à structure

rhomboédrique.

0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,-200

-150

-100

-50

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

500

0

RHOMBOHEDRAL TETRAGONAL

CUBIC

Jaffe et al. GEM PPM

A (tetr)

A (orth)

FLT(rh)

FHT(rh)

F (tetr)

P (cub)

PbTiO 3PbZrO 3

Tem

pera

ture

(°C

)

x(PbTiO 3)

P Z T 5 0 /5 0

P Z T 5 2 /4 8

P Z T 5 4 /4 6

P Z T 5 6 /4 4

N o h e d a e t a l .

R a g in i e t a l .

M

Figure I. 9 Diagramme de phase des solutions solides PZT [ ]4 , P(cub) : paraélectrique

cubique, FR( HT, LT) : ferroélectrique rhomboédrique (HT :haute température) (LT :basse température), FT :ferroélectrique quadratique, A : antiferroélectrique. M :phase monoclinique.

22

Figure I. 10 Distorsions de la structure perovskite

Sur le diagramme de phases (Figure I.9), la limite entre les phases quadratique et

rhomboédrique constitue une frontière pratiquement verticale et quasiment

indépendante de la température, selon Weston et al.[ ]5 . Cette région, située vers

52,1% de PbZrO3, est appelée « frontière de phase morphotropique » (FMP).

Plusieurs définitions de la FMP ont été proposées [ ]6 7 8 9 . Pour Cao et al. [ ]10 , cette

zone correspond à une composition pour laquelle les énergies libres des phases

adjacentes sont égales. Selon Jaffe et al.[ ]11 la composition morphotropique

correspond à un mélange de phases adjacentes en quantité égale. Cependant deux

types de mélange sont possibles :

mélange de deux phases de compositions différentes dont la quantité est définie

par la règle des mélanges

mélange de deux phases de compositions identiques mais de structures

cristallines différentes.

Les compositions de cette zone présentent une polarisation rémanente importante

du fait de la coexistence simultanée des deux phases (rhomboédrique et

quadratique). Cela explique les propriétés exceptionnelles des céramiques PZT et

23

pourquoi la majorité des applications industrielles se font avec des compositions

chimiques autour de cette zone morphotropique.

Pour expliquer le maximum de l’activation piézo-électrique dans la FMP, plusieurs

auteurs [12 13] considèrent ce maximum comme une conséquence du maximum de la

constante diélectrique associée à une polarisation rémanente importante [14]. En

effet, dans la zone morphotropique, la polarisation est facile sous faible champ

électrique car la polarisation spontanée peut se faire suivant l’une des 14 orientations

permises par la coexistence des deux phases (figure I.11):

6 directions possibles pour la phase quadratique,

8 directions possibles pour la phase rhomboédrique.

3

2

1

b

4

32

1 21 3

45

6

a c

Figure I. 11 Dispositions des axes de polarisation spontanée dans les différents systèmes

cristallins a) Quadratique (6 directions) b) Rhomboédrique (8directions) c) Orthorhombique (12 directions possibles)

Des études récentes, en 2000, montrent que la FMP ne serait pas constituée d'un

simple mélange de phase quadratique et rhomboédrique mais qu'il existe également

une phase monoclinique [11 15] pour une valeur de x comprise entre 0.47 et 0.51 (x

pourcentage de Ti dans la composition Zr/Ti) (Figure I.12).

24

Figure I. 12 Existence de phase monoclinique[15]

I.1.4 Polarisation et domaines ferroélectriques des PZT Pour la plupart des matériaux ferroélectriques soumis à des sollicitations

mécaniques, électriques ou thermiques répétées, les dipôles ne conservent plus leur

orientation initiale au cours du temps. La polarisation rémanente se modifie au cours

du temps et décroît sensiblement suivant les conditions d’utilisation du matériau.

Cependant, dans le cas de solutions solides de PZT, la polarisation du matériau se

stabilise vis-à-vis des sollicitations extérieures.

La polarisation spontanée est limitée aux domaines ferroélectriques, mais la

polarisation spontanée globale d’un cristal ferroélectrique est la somme vectorielle de

la polarisation spontanée de tous les domaines. Généralement dans les PZT, une

polarisation macroscopique est faible voire nulle (Figure I.13 (a)), d’où la nécessité

d’une polarisation artificielle (figure I.13 (b)) permettant d’introduire l’anisotropie

nécessaire à l’existence de la piézoélectricité, c'est-à-dire, la céramique est soumise

à un champ électrique externe intense supérieur au champ coercitif (Ec) sous

certaines conditions spécifiques de température et de durée (figure I.13 (c)).

25

(a) (b) (c)

Figure I. 13 Polarisation d’une céramique pour générer l’effet de piézoélectricité

D'après Berlincourt [ ]16 , dans les matériaux de structure perovskite, le basculement

des domaines à 180° est total car il ne nécessite pas de déformations structurales,

contrairement aux réorientations des domaines à 71°, 90° et 109° dits ferroélastiques

qui entraînent des distorsions de la maille.

M. Demartin [17] précise que les domaines ferroélectriques correspondent au cas où

l'orientation des domaines est d'origine électrique (le sens de polarisation joue un

rôle), alors que les domaines ferroélastiques correspondent au cas où le sens du

dipôle électrique n'intervient pas et quand seule l'orientation de la maille

cristallographique joue un rôle lors de l'application d'une force mécanique (Figure

I.14).

Les domaines ferroélectriques se forment généralement pour minimiser l’énergie

élastique associée aux contraintes mécaniques subies par le matériau lors de la

transition de phase paraélectrique ferroélectrique, et forment entre eux des angles

qui diffèrent selon la phase en présence.

(Les domaines à 90° minimisent l’énergie élastique alors que les domaines à

180°minimisent l’énergie électrique).

26

Figure I. 14 Mouvement des parois de domaines ferroélectriques et

ferroélastiques. Cas d’une maille quadratique. Les domaines à 180° sont uniquement ferroélectriques, les domaines à 90° sont ferroélectriques et

ferroélastiques [17]

Plusieurs modèles existent pour expliquer le mouvement des murs de domaines

notamment ceux fondés sur l’évolution des moments dipolaires [18 19]. Yakunin et al. [18] supposent que l’intensité du moment dipolaire est nulle au plan médian entre

deux domaines ferroélectriques adjacents (Figure I.15(a)), alors que Cao et Cross [19] supposent une rotation du moment dipolaire avec diminution de son intensité

sans pour autant qu’il s’annule dans cette région (Figure I.15 (b)). Le premier modèle

est confirmé par Bourim [ ]20 en montrant par diffraction des rayons X (DRX), qu’aux

environs 2θ = 45, il y a une distance entre (002) et (200) qui représente la largeur

du mur de domaine.

27

Figure I. 15 Exemple de modélisation des murs de domaines à 90°

(a) Yakunin et al. [18] (b) Cao et Cross [19]

I.1.5 Dopage des PZT Les propriétés diélectriques et piézo-électriques remarquables des céramiques PZT

dans la zone morphotropique, peuvent être considérablement modifiées par la

substitution des ions Pb ou (Zr et Ti ) par d’autres ions appelés « dopants », dont la

valence peut être identique ou différente de celle de l’ion substitué. On modifie la

formulation simple des PZT par l’ajout d’un ou plusieurs cations étrangers qui vont

se substituer au Pb2+ en sites-A de la structure perovskite (ABO3) ou au couple

(Zr4+/Ti4+) en sites-B et parfois des anions en remplacement de l’oxygène. Le rayon

ionique du dopant doit être voisin de celui de l’ion auquel il se substitue. Il est à

noter que les substitutions font appel à différentes affinités liées surtout à la

différence de taille entre deux ions (rayon ionique) ou à leur différence

d’électronégativité. La présence d’éléments dopants entraîne l’apparition de

distorsions dans la maille. Il existe deux paramètres principaux qui rendent compte

de la stabilité de la structure perovskite : le facteur de Goldschmidt et l’ionicité des

liaisons.

Les dopants sont généralement classés en trois catégories selon leur valence et

celle de l’ion substitué [11 21] : PZT durs, PZT doux et PZT à dopants isovalents.

28

a) Les dopants de valence inférieure à celle de l’ion substitué (dopants

accepteurs ) : PZT durs

Les dopants rencontrés dans la littérature sont Na+, K+ (site A) ou Fe2+/3+, Mn2+/3+,

Zn2+, Sn2+, Ni2+/3+ (site B). L’électroneutralité du PZT est assurée par l’apparition de

lacunes d’oxygène (figure I.16), entraînant une contraction de la maille perovskite.

Ces lacunes d’oxygène diffusent jusqu’aux murs de domaines où elles sont piègées

ce qui réduit leur mouvement et rend la polarisation ou la dépolarisation de ces

matériaux difficile. C’est pourquoi on les appelle aussi des PZT durs. Le dopage

provoque également une augmentation :

- du facteur de qualité mécanique,

- du champ coercitif,

- de la conductivité

et une diminution : - de la permittivité,

- des pertes diélectriques,

- des coefficients de couplage.

Il est à noter que le mouvement des murs de domaines est réduit sous l'application

du champ, mais leurs caractéristiques restent stables sous un champ élevé ce qui

permet de les utiliser dans des applications de puissance (émission sous-marine,

nettoyage ultrasonore…)

b) Les dopants de valence supérieure à celle de l’ion substitué (dopants

donneurs) : PZT doux

L’excès de charge positive apporté par les dopants donneurs comme La3+ en site A

ou Nb5+, Sb5+ et W6+ en site B est compensé par des lacunes cationiques comme des

lacunes de Pb2+ en site A (figure I.16) ou un changement de valence de Ti4+ en Ti3+.

Les matériaux PZT ainsi obtenus sont dits doux. Ils sont facilement polarisables car

les lacunes de Pb n'interdisent pas le déplacement des parois de domaines

contrairement aux lacunes d'oxygène. Elles entraînent généralement une

augmentation:

29

- de la permittivité,

- des pertes diélectriques,

- des coefficients de couplage,

- de la compliance élastique.

On observe également une diminution:

- du facteur de qualité mécanique,

- du champ coercitif,

- de la conductivité,

- du point de Curie.

Ces céramiques sont utilisées dans les actionneurs et transducteurs de faible

puissance (Contrôle non destructif, échographie médicale, dispositifs de

positionnement…)

c) Les dopants de valences égale à celle de l’ion substitué (dopants

isovalents)

C’est le cas par exemple de Ba2+, Sr2+, Ca2+ en site A et de Ce4+en site B de la

perovskite. Ces dopants augmentent le caractère ionique de la maille, stabilisent la

structure, augmentent la permittivité (ε) et abaissent la température de curie Tc .

On peut aussi avoir des substitutions multiples par plusieurs ions à valences

multiples instables ou plusieurs ions à valence stable. L'influence globale sur les

propriétés dépend de la concentration et de la valence de chaque ion.

De même, on peut substituer l'ion oxygène par l'ion fluor, en associant une

substitution cationique par un ion de valence plus faible, ce qui permet d'obtenir des

matériaux à fort facteur de qualité mécanique (Q) présentant une grande stabilité de

d33 sous contrainte uniaxiale [ ]22 .

30

a) dopage donneur (matériaux doux) b) dopage accepteur (matériaux durs)

Figure I. 16 Défauts créés dans le réseau PZT après substitution par des ions donneurs ou

accepteurs [23]

Le tableau I.3 [ ]24 donne un ordre de grandeur des paramètres essentiels pour une

PZT non dopée (P), une PZT dure (HP) et une PZT douce(SP).

Tableau I. 3 Propriétés diélectriques et piézoélectriques de trois types de PZT (P, HP,SP)[24]

PZT Ceramiques Pb(Zr0.52Ti0.48)O3 PZT dure PZT-4 PZT douce PZT-5

Point de Curie (°C) 386 328 365

Constante diélectrique K * 730 1300 1700

Pertes mécanique * 0,004 0,004 0,02

Constante diélectrique (d 33)

220 289 374

Kp 0,52 0,58 0,60 Facteur de couplage

piezoélectrique K33 0,67 0,70 0,60

PZT-4 :Pb0.94Sr0.06(Zr0.53Ti0.47)O3PZT-5 : Pb0.988(Zr0.52Ti0.48)0.976Nb0.024O3(*) paramètre déterminé pour une fréquence de 1Khz (Voir annexe A pour la définition des différents paramètres)

31

I.2 COMPORTEMENT A LA RUPTURE DES PZT

La plupart des défaillances des PZT sont associées à la rupture fragile. Cette rupture

est souvent initiée aux lieux de concentrations de champs électrique et mécanique :

défauts, cavités, hétérogénéités ou électrodes pointues. L’analyse et la

compréhension de leur comportement à la rupture sont nécessaires pour améliorer

leur fiabilité.

Ce comportement dépend de la microstructure mais la présence des domaines

ferroélectriques complique son interprétation. Notre étude se focalisera sur certains

aspects du comportement à la rupture des PZT : la ténacité, la résistance à la

propagation de fissure (courbes R) et la croissance sous critique.

Il est bien connu que l’énergie de rupture des matériaux PZT est beaucoup plus

élevée dans l'état ferroélectrique que dans l'état paraélectrique où il n’y a pas de

domaines [ ]25 26 .

I.2.1 Ténacité La ténacité (KIc) correspond au facteur d’intensité de contrainte critique pour lequel

une fissure se propage de façon catastrophique ou brutale. Elle lie la résistance à la

rupture, fσ , et la taille du défaut critique, ac, par la relation (I.9) où ψ est un facteur

de correction qui dépend du rapport entre de la largeur de l’échantillon et la taille du

défaut.

= σ ψIC f cK a (I. 9)

La ténacité des matériaux PZT est très faible et varie entre 0,7 et 1,2 MPam1/2 [ ]27 28 .

Elle dépend de plusieurs paramètres tels que la composition qui conditionne la

structure cristalline, la nature et le taux de dopants (donneur, accepteur, mixte), la

taille de grains, et l’état de polarisation (les conditions électriques aux bords,

l'orientation de la fissure par rapport à la direction de la polarisation…).

Le tableau I.4 regroupe les valeurs obtenues par différentes méthodes pour

différents types de PZT.

32

Tableau I. 4 Différentes valeurs de ténacité pour différentes nuances PZT.

Références Matériaux KIC (Indentation) KIC (SEVNB)

63/37 + 4%Nb 0,89

53/47+ 4%Nb 0,78 [17]

43/57+ 4%Nb 1,00

PZT dur 1,1 1,0

PZT 1,2 0,94 [ ]29

PZT doux 1,0 1,02

I.2.1.1 Effet de la composition et de la microstructure La ténacité des matériaux proches de la zone morphotropique est nettement

inférieure à celle des PZT dont la structure est purement orthogonale ou

rhomboédrique. Cet effet de la composition a été constaté par plusieurs auteurs [17,

]30 .

D’autres aspects ont été étudiés tels que l’effet de la taille de grain et l’effet du taux

de dopage. Demartin [17] a montré que la ténacité d’une PZT douce dopée à 2% de

Nb présente un minimum autour des tailles de 3 µm. Et que son augmentation, dans

les deux cas, gros grains et petits grains, est probablement due à la présence de la

microfissuration. Tandis que dans une PZT à structure quadratique, Garg et al. [ ]31

montrent que la ténacité maximale (2,05 MPam1/2) est obtenue pour 2% du dopant

utilisé (Nd+3).

Figure I. 17 Dépendance apparente de la ténacité avec la taille de grain.

(PZT 53/47 2%at Nb) [17].

33

I.2.1.2 Effet de la polarisation : Anisotropie

Une polarisation électrique induit une anisotropie de la ténacité dans les PZT. Cet

effet a d’abord été observé lorsque la ténacité est déterminée à partir de fissures

surfaciques crées par indentation [17, 28, 29]. Dans une PZT non polarisée, une

indentation Vickers crée des fissures surfaciques de même longueur suivant les

diagonales de l’indenteur. Lorsque le matériau est polarisé, les fissures sont plus

courtes dans la direction parallèle à la direction du champ de polarisation (Figure

I.18), ce qui entraîne une ténacité supérieure à celle observée dans la direction

orthogonale. L’expression de KIC est en effet donnée par la relation (I.10).

χ iIC 3/2

PK =c (I. 10)

Dans laquelle Pi représente la charge d’indentation et χ est un facteur caractérisant la

force motrice d’indentation donné par l’expression :

2/1

HE⎟⎠⎞

⎜⎝⎛α=χ (I. 11)

Dans laquelle E est le module d’Young, H la dureté du matériau et α un facteur de

proportionnalité.

Figure I. 18 Anisotropie des longueurs de fissures induites par indentation dans une PZT polarisée dans la direction A [ ]32

34

La figure I.19 illustre l’effet de la polarisation (anisotropie) pour différentes

compositions étudié par Pferner et al. [30], et confirmé par d’autres auteurs [17].

Figure I. 19 Effet de la polarisation pour differentes compositions Zr/Ti (méthode d’indentation) et pour différentes directions de la polarisation : perpendiculaire à la direction de la propagation de fissure ( ⊥), et parallèle à la direction de propagation de fissure (//) [30]

Certains auteurs [ ]33 34 attribuent cette anisotropie à des contraintes internes induites

au refroidissement, d’autres [ ]35 la lient à des contraintes internes dues à la

fragilisation des joints de grains mais l’hypothèse qui semble bien vérifiée, est celle

avancée par Mehta et Virkar [32]. Il s’agit du basculement des domaines

ferroélectriques (voir cf I.2.2.3 mécanismes de renforcements).

En effet, dans le cas d'une polarisation //, le taux de domaines susceptibles de

changer d'orientation augmente : Les domaines initialement orientés dans la

direction du champ électrique basculent dans la direction perpendiculaire sous l'effet

du champ de contrainte engendré en fond de fissure. Par contre, dans le cas d'une

polarisation ⊥ le taux de domaines susceptibles de se réorienter sous contrainte est

plus faible que dans l'état non polarisé.

35

Une anisotropie a également été observée dans le cas où la ténacité est mesurée en

utilisant différents types d’éprouvettes entaillées (SENB, DT, …). Pour évaluer cet

effet, Calderon et al. [27] ont introduit la variation relative de la ténacité ∆K définie par

la relation (I.12) :

−∆ = ICP ICNP

ICNP

(K K )KK (I. 12)

Dans cette relation, KICNP représente la ténacité du matériau non polarisé et KICP

celle mesurée dans le cas d’une polarisation parallèle à la direction de la propagation

de fissure (Figure I.20)

ELèvre de la fissure

Z

Y

X

Direction de propagation de fissure

(a)

Autre sens possible de E

ELèvre de la fissure

Z

Y

X

Direction de propagation de fissure

(a)

Autre sens possible de E

ELèvre de la fissure

Z

Y

X

Direction de propagation de fissure

(b)

ELèvre de la fissure

Z

Y

X

Direction de propagation de fissure

(b)

Figure I. 20 Sens de polarisation (a) polarisation perpendiculaire (b) polarisation parallèle

Le tableau I.5 regroupe les valeurs obtenues par différentes méthodes. Il montre que

l’anisotropie apparaît beaucoup plus importante lorsque la ténacité est mesurée par

la méthode d’indentation (jusqu’à 70%), comparée à celle obtenue avec des

éprouvettes entaillées (de l’ordre de 25%). Cette surestimation est attribuée à un

artefact de mesuré lié à la méthode d’indentation [29]. Elle est due à une modification

du champ des contraintes résiduelles d’indentation non pris en compte dans le calcul

de la ténacité. Nous reviendrons sur ce point dans le chapitre 3.

36

Tableau I. 5 Anisotropie de la ténacité selon différentes méthodes

Technique ∆K Référence 0,15 [ ]36

Double Torsion 0,10 [ ]37

0,25 -1,08 [33]

0,45 – 0,54 [37]

0,23 – 0,53 [37]

0,50 [32]

0,33 – 0,42 [ ]38

Indentation

0,68 [28]

Flexion 4 points 0,20 [37]

I : indentation, DT :double torsion et B : flexion quatre points (SENB)

De même, cette anisotropie est observée dans le cas des PZT dures et douces.

Pour trois types de PZT (non dopée (P), dure (HP) et douce (SP)), Calderon et al. [29], ont étudié l’effet de la polarisation (cf. Figure I.21 et Figure I.22), sur la ténacité

de ces matériaux, en utilisant deux méthodes : SEVNB (éprouvette à entaille à

chevron chargée en flexion 4 points) et l'indentation. Les résultats de cette étude

sont regroupés dans le tableau I.6.

Figure I. 21 Différentes orientations de propagation de fissure par rapport à la direction de la polarisation pour la méthode d’indentation [29]

37

Figure I. 22 Géométrie de l’entaille et direction de la polarisation de l’éprouvette (SEVNB)[29]

Tableau I. 6 Ténacité déterminée par la méthode d’indentation (I) et de SEVNB (B) (PZT non dopée (P), PZT dure (HP) et PZT douce (SP)) [29]

I

1CK (C1) I1CK (C2) I

1CK (C3) B1CK (u) B

1CK (C1) B1CK (u)

PZT dure 1,9 0,7 1,0 1,1 1,1 1,0

PZT 2,0 0,8 1,4 1,2 1,18 0,94

PZT douce 1,4 0,5 1,1 1,0 1,05 1,02

I.2.2 Résistance à la propagation de fissure I.2.2.1 Effet de courbe R La rupture peut s’effectuer de manière contrôlée lorsque la résistance à la

propagation augmente avec l’allongement de la fissure. Cette résistance est due à

des mécanismes absorbeurs d’énergie tels la déformation plastique, la

microfissuration, la transformation de phase, la réorientation des domaines dans le

cas des PZT ou le glissement aux interfaces dans le cas des matériaux composites à

fibres. L’importance de ces mécanismes dépend de l’accroissement de fissure, ∆a.

Ainsi, dans ces conditions, un critère unique KIc est insuffisant pour caractériser le

comportement à la rupture du matériau. On est alors amené à étudier les variations

de la résistance nécessaire à la propagation de fissure, ou du facteur d’intensité de

contrainte, KR, en fonction de ∆a. La courbe qui représente ces variations est

appelée courbe R ou courbe KR (Figure I.23). Elle permet de mettre en évidence la

valeur de facteur d’intensité de contrainte à l’amorçage de la propagation de fissure

KR0 et l’augmentation de la résistance à la propagation de fissure ∆KR (différence

entre KR et KR0). Ces paramètres sont liés par la relation (I.13) qui découle de la

38

mécanique linéaire de la rupture (MLR) et ils sont déterminés à partir d’un essai de

propagation stable de la fissure.

R I R 0K K K K= = + ∆ R (I. 13)

Avec

KI : Facteur d’intensité de contrainte appliqué.

∆KR : Contribution du renforcement qui peut résulter de plusieurs mécanismes.

L’effet de courbe R a été observé dans les PZT par certains auteurs [ ]39 40 41 . Le

facteur d’amorçage KR0 est compris entre 0,4 et 0,7 MPam1/2, et ∆KR peut

dépasser les 100% de KR0 [ ]42 43 . La figure I.23 montre la courbe R obtenue par Chen

et al. [43] dans le cas d’une PZT douce (de composition 65/35 dopée avec 8% de La).

∆KR,Maxi

KR,MAXI ou K plateau

KR0

KR

(M

Pa.m

1/2 )

0,2 0,4 0,6 0,80

0

0,4

0,8

1,2

1

1,6

Accroissement de fissure ∆a (mm)

∆KR,Maxi

KR,MAXI ou K plateau

KR0

KR

(M

Pa.m

1/2 )

0,2 0,4 0,6 0,80

0

0,4

0,8

1,2

1

1,6

Accroissement de fissure ∆a (mm)

Figure I. 23 Courbe R d’une PZT douce (de composition 65/35 dopée avec 8% de La) [43]

La forte amplitude de l’effet de courbe R observé est attribuée au renforcement par

orientation de domaines [ ]44 45 46 . D’autres mécanismes de moindre importance tels

que la transformation de phase rhomboédrique-quadratique sous l’action des

contraintes en pointe de fissure [ ] 47 ou la microfissuration [ ]48 ont également été

évoqués. L’aspect des microfissures dépend de la taille de grain et de l’importance

de contrainte spontanée due à la transition de phase [ ]49 50 .

39

Pour les céramiques ferroélectriques, la résistance à la propagation de fissure est

plus complexe à analyser que dans les autres céramiques. En plus des effets de la

géométrie et du type de chargement rapportés par Munz [ ]51 52 , la courbe R est

influencée par la composition, la microstructure, l’état de polarisation [ 46]53 , le temps

et donc les vitesses de chargement et de déformation.

En outre, les déformations anélastiques sont présentes dans la plupart de ces

céramiques piézoélectriques même pour des faibles efforts.

I.2.2.3 Mécanisme de renforcement 1.2.2.3.1 Principe et modélisation Dans les PZT, les domaines changent d’orientation sous l’effet d’une contrainte

mécanique engendrant une déformation anélastique. Les domaines 90° sont orientés

dans la direction de la contrainte. Dans la phase quadratique, les contraintes internes

sont minimisées par orientation des domaines de telle sorte que les axes c (plus long

que les axes a) soient le plus proche possible de l’axe de contrainte en tension

(Figure I.24).

Orientation aléatoire des domaines ferroélectriques

Fissure

σ

σ

Domaines basculés induisent des contraintes de compression Orientation aléatoire des

domaines ferroélectriques

Fissure

σ

σ

Domaines basculés induisent des contraintes de compression

Figure I. 24 Schématisation de l’orientation sous contrainte des domaines ferroélectriques.

Un modèle basé sur la formation d’une zone active (process zone) a été proposé par

analogie avec le renforcement par transformation de phase de la zircone [32].

1.2.2.3.2 Zone d’orientation des domaines Lors de la propagation des fissures, les éléments déformés par orientation des

domaines se retrouvent dans le sillage de la fissure où ils engendrent des contraintes

de compression qui s’opposent à l’ouverture de fissure. Ces contraintes jouent un

rôle d’écran vis-à-vis de la contrainte appliquée. Ainsi, il est nécessaire d’appliquer

40

un facteur d’intensité de contrainte (FIC) plus important pour un nouvel incrément de

fissure : partie croissante de la courbe R. Ce mécanisme arrive à saturation lors de

la propagation de fissure : plateau de la courbe R (Figure I.25). On attribue cette

saturation au fait qu’à partir d’une ouverture critique de la fissure (δc) les contraintes

de compressions engendrées n’ont plus d’effet.

Figure I. 25 Zone d’orientation de domaines et définition des paramètres [ ]54 .

Le FIC en fond de fissure Ktip, est inférieur à celui engendré par la contrainte

appliquée, KI :

tip I R 0K K K ( a ) K= − ∆ = (I. 14)

KR représente la contribution de l’orientation des domaines qui dépend de la taille de

la zone anélastique. C’est le paramètre qui caractérise la résistance à la propagation

de fissure. Et K0 est la ténacité intrinsèque du matériau (à l’état paraélectrique).

Contrairement au cas de la zircone, l’orientation des domaines ne s’accompagne

d’aucune augmentation de volume. La forme de la zone frontale est par conséquent

différente. La contribution ∆KF, de cette zone au renforcement est constante pour

une intensité de champ électrique (E) donné. La courbe R peut être décrite comme

suit :

41

R F wK ( a ) K K ( a )∆ ∆ = ∆ + ∆ ∆ (I. 15)

Où ∆Kw est la contribution des domaines orientés dans le sillage de la fissure. La

valeur au plateau du renforcement est donnée par : maxwK∆

max 1/2w TK h∆ =α ε (I. 16)

avec

h: largeur de la zone dans laquelle l'orientation de domaines se produit (Figure I.25)

α : constante incluant le module d’ Young

εT : déformation reliée à (c-a)/a, a et c étant les dimensions de la maille quadratique.

La taille de la zone d'orientation est donnée par [ ]55 :

⎛ ⎞= ⎜ ⎟σ⎝ ⎠

2

R0c0

Kh A (I. 17)

où est la contrainte critique pour la polarisation des domaines, appelée aussi

contrainte cœrcitive.

0cσ

Toujours par analogie avec la transition de phase de la zircone, la longueur lp, de la

zone d'orientation des domaines (OD) à saturation (au plateau de la courbe R) est

considérée proportionnelle à h:

∝pl 5h (I. 18)

Les études expérimentales du renforcement par OD sont particulièrement focalisées

sur la mesure des contraintes de compression engendrées dans le sillage sur la

forme de la zone, la distribution de l’orientation des domaines et de l’effet du temps,

i.e la cinétique de l’OD [54].

Généralement la contrainte cœrcitive est de l’ordre de 25 à 220 MPa, la zone

d’orientation des domaines lp est 200µm (polarisée) 650 µm (non polarisée), la demi

largeur de la zone du processus h est environ 60 à 80 µm tandis que le taux de

domaines susceptibles de basculer varie de 1% à 19% (Tableau I.8). Ces résultats

sont généralement obtenus lors des essais de compressions in-situ.

L’OD peut être mise en évidence par diffraction de rayons X (DRX) ou en effectuant

un recuit de dépolarisation.

42

a- Recuit de dépolarisation

Un recuit au-dessus de la température de Curie a pour effet de supprimer la

polarisation induite sous contrainte, lors de la propagation de fissure. Pour la

céramique de type BaTiO3, Meshke et al.[53] montrent qu'après recuit, la propagation

de fissure reprend avec la même valeur initiale KR0, indépendamment de la longueur

de la fissure (analogie avec le renforcement par transformation de phase dans le cas

de la zircone). Le recuit réoriente les domaines dans leur position initiale et supprime

l’effet du renforcement par OD

b- Diffraction des rayons X (DRX)

La DRX permet de distinguer deux effets :

Effet extrinsèque (basculement des domaines ferroélectriques)

Effet intrinsèque (déformation de la maille).

Les deux effets opèrent à une échelle microscopique. En présence d’un effet

intrinsèque, un champ électrique provoque un déplacement des ions d'une maille

PZT et par la suite, modifie la distance dhkl et par conséquent l'angle de diffraction

correspondant. Le basculement des domaines (OD) correspond à un effet

ferroélectrique (effet de texture) qui modifie l'intensité des pics.

L'OD induite sous contrainte peut être mise en évidence en effectuant une analyse

par diffraction des rayons X et en comparant les intensités relatives des raies

associées à un doublet, proportionnelles, chacune au nombre de domaines

correspondant à une orientation précise.

Pour les PZT quadratiques par exemple, on peut utiliser, le doublet (002/200) pour

la phase quadratique (Figure I.26). Pour un matériau non polarisé, les intensités de

ces pics sont dans un rapport I(002)/I(200) proche de 0.5. Ce rapport varie lors du

basculement de domaines sous sollicitations (électrique ou mécanique) de telle

façon que le pic I(002) augmente et I(200) diminue. Et inversement, une

dépolarisation par recuit au-dessus de la température de Curie se traduit par une

diminution de I(002) et une augmentation de I(200).

Pour une fissure se propageant en mode I, l'intensité I(002) correspond au nombre

de domaines polarisés dans la direction perpendiculaire au plan de fissure qui

contribuent au renforcement.

43

Figure I. 26 Diagramme de diffraction des rayons X sur les PZT

(a) avant l’application de la contrainte, (b) après l’application de la contrainte(c) après recuit. [56]

Glazounov et al.[ ] 57 ont étudié comment est l’OD dans des PZT dures et douces de

différentes compositions (Zr/Ti). Les doublets utilisés pour les phases relatives aux

différents rapports Zr/Ti sont précisés dans le tableau I.7. Les auteurs ont déterminé

la contrainte nécessaire à l’orientation des domaines pour ces matériaux et l’ont

corrélée à la courbe R. Ceci leur a permis de conclure que plus le matériau contient

un taux élevé de domaines susceptibles de se réorienter sous contrainte, plus il

présente une forte résistance à la propagation de fissures.

Tableau I. 7 Paramètres des matériaux PZT utilisés pour l’étude de l’orientation des domaines par DRX [51]

Zr/Ti Dopant (mol%) Modification

cristallographiqueRéflections mesurées

Taille moyenne de grains (µm)

60/40 2% La Rhomboédrique )111/()111( et )222/()222( 1,8

45/55 2% La Quadratique )200/()002( 1,6

54/46 0.7% Ag Rhomboédrique )111/()111( 4,8

45/55 0.7% Ag Quadratique )200/()002( 6,0

44

Tableau I. 8 Corrélation entre l’effet de courbe R et les paramètres d’OD : contrainte d’orientation de domaines, et

sS∆ taux de déformations.

Zr/Ti Dopant (mol%)

δ (%)

δ en termes de domaines

réorientables (%)

∆KR (MPa.m1/2)

σc

(MPa) sS∆

(%)

60/40 2% La 14 19 0,56 55 0.8 45/55 2% La 11 17 0,20 120 2.8 54/46 0.7% Ag 3 5 0,16 170 0.7 45/55 0.7% Ag 1 1.5 0,10 220 3.2

( )( )'

1 1R RR R

δ −=+ + ' (I. 19) où R et R’ sont respectivement le rapport de l’intensité des pics (Tableau

I.7 colonne réfections mesurées) après la rupture et après le recuit de 4h à 500°C. Certains auteurs ont recours à la microdiffraction in situ dans le but de déterminer

plus précisément la taille de la zone d’OD et la quantité d’orientation de domaines

tels que Hackmann et al. [39]. Ils ont pu montrer en utilisant la technique de XRD au

cours de l’essai de flexion 4 points, que le rapport d’ordre 5 (relation I.18) entre la

longueur de la zone d’orientation des domaines (lp) et la taille de la zone h, ne peut

être déterminé pour le matériau ferroélectrique étudié (PZT douce PIC 151), car la

longueur de la zone est de 400 µm et la taille du processus de zone est environ

300 µm.

I.2.2.4 Influence de la microstructure et de la composition sur la Courbe R Tous les travaux actuels [39 51] affirment que le renforcement est dû au basculement

des domaines et qu’il est lié à d’autres paramètres tels la composition, la

microstructure, la direction de la polarisation…. Parmi ces auteurs ceux qui essayent

d’apporter des informations quantitatives en faisant recours à des mesures in situ et

à des moyens plus précis que le microscope optique tels que l’AFM [52].

Effet de la nature du dopant et du rapport Zr/Ti Glazounov et al. [51] ont étudié les courbes R de PZT dopées pour différentes valeurs

du rapport Zr /Ti. La figure I.27 (a) correspond à une PZT douce dopée à 2% de La.

Pour ce matériau considéré, l’augmentation de la fraction de Zr n’a pas d’effet sur la

valeur d’amorçage, KR0, mais augmente d’une manière significative la valeur du

plateau, KRmax. Pour le cas d’une PZT dure dopée à 0.7% de Ag (Figure I.27 (b)),

l’augmentation de la fraction de Zr, diminue à la fois les valeurs de KR0 et de KRmax. 45

Figure I. 27 Courbes R de PZT dopées pour différents rapports Zr/Ti

(a) PZT douce dopée en La (b) PZT dure dopée en Ag [51]

Effet de la géométrie et du type de chargement : La figure I.28 montre des courbes R déterminées pour une PZT douce

(commerciale) en utilisant différentes méthodes.

La différence importante entre les trois courbes obtenues peut être attribuée soit

aux différences entre les interactions entre les surfaces de la rupture dans le sillage

de fissure (pontage), soit aux différences entre les états des domaines

ferroélectriques [51]. Il est à noter que les procédures sont celles utilisées

usuellement pour les matériaux idéalement fragiles [41].

Figure I. 28 Courbe R pour trois types d’essais [51].

46

Effet de la taille de grains sur la résistance à la propagation de fissure. La taille de grains a une influence sur les deux mécanismes qui peuvent intervenir

simultanément dans les PZT à savoir le pontage et l'OD (orientation des domaines).

Glazounov et al.[57], ont étudié l’effet de la taille de grains d’une éprouvette CT en

choisissant deux BaTiO3 : H9 et B3, de taille de grains (φ) respectivement égale

15µm et 0.7µm, et une PZT commerciale PIC-151 (PI) pour laquelle φ est égal 7 µm.

En comparant les deux courbes R de H9 et B3 (Figure I.29), on observe que l’effet

de courbe R est plus prononcé dans le matériau à gros grains, pour lequel

l’augmentation de la résistance à la propagation est d’environ 40%. Bien que sa taille

de grains soit plus faible que celle du BaTiO3 à gros grains, le PZT (PI) présente un

renforcement plus important.

Figure I. 29 Effet de la taille de grain sur la courbe R de H9 B3 et PI [57].

D'après Meschke et al. [56], le renforcement augmente avec la taille de grain, φ. L'une

des raisons est que les domaines sont bloqués par les joints de grains dont la

proportion est plus importante dans un matériau à petits grains. Dans ce type de

céramiques les domaines ont plus de difficulté à changer d'orientation sous

contrainte et donc contribuent moins au renforcement.

Pour des PZT commerciales, Karastamatis et al.[58] montrent qu'une faible

augmentation de φ (de 5,2 à 6,4 µm) engendre une augmentation de la déformation

rémanente et du renforcement sous l'effet d'un champ électrique E parallèle.

En somme le mécanisme de renforcement le plus dominant dans les PZT reste le

basculement des domaines.

47

I.2.2.5 Effet de la polarisation L’effet de la polarisation et son orientation par rapport à la direction de la propagation

de fissure sur la courbe R ont été étudiés par certains auteurs [41 45]. La figure I.30

montre les résultats de Lucato et al.[59] : une polarisation parallèle à la propagation de

la fissure augmente à la fois la valeur d’amorçage, KR0, et la valeur du plateau de la

courbe R.

Figure I. 30 Effet de la direction de la polarisation sur les courbes R [59] (X non polarisé, A B

et C représentent les trois cas de figures pour la direction de polarisation, indiqués sur le graphe)

Cet effet est confirmé par les travaux récents de Fett et al.[52] pour une PZT douce

(commerciale) près de la zone morphotropique.

Cependant cet effet n’est pas général. En effet, dans le cas d’une PZT douce,

Hackemann et al.[39] qui confirment l’existence d’un renforcement dû seulement à

l’orientation de domaines ferroélectriques, n’ont observé aucun effet de polarisation

même lorsque sa direction est favorable au basculement de domaines.

Kolleck et al. [54] ont étudié l’effet de l’intensité d’un champ de polarisation parallèle

au front de l’entaille de l’éprouvette CT en choisissant deux céramiques

piézoélectriques de type BaTiO3 (H9 et B3), et une PZT commerciale PIC-151 (PI).

L’augmentation de l’intensité d’un champ de polarisation (Ez) parallèle à l’épaisseur

des éprouvettes (Figure I.31), augmente à la fois la valeur d’amorçage, KR0, et la

valeur du plateau (KRmax). Par contre elle diminue l’extension de la fissure lp avant le

plateau de la courbe R (cf Figure I.25).

48

Figure I. 31 Effet de l’intensité de champ de polarisation parallèle au front de la fissure[54]

I.2.3 Propagation sous critique I.2.3.1 Généralités Il est bien connu que la propagation des fissures dans les céramiques peut

apparaître pour des facteurs d’intensité de contrainte inférieurs à la ténacité. Ce

phénomène est souvent appelé propagation « sous critique » ou propagation lente

des fissures. Il constitue l’une des limitations majeures de la durée de vie des

céramiques.

Ce phénomène est caractérisé par des courbes V-KI (vitesse de fissuration en

fonction du facteur d’intensité de contrainte), souvent décrites par des lois en

puissance (I.20).

= nIV AK (I. 20)

où A et n sont des paramètres dépendants du matériau et de l’environnement.

Deux phénomènes en série interviennent lors de la propagation lente des fissure :

d’abord le transport de molécules corrosives jusqu’au fond de fissure, puis la réaction

chimique entre l’eau et la céramique. Cette réaction se traduit par la rupture des

liaisons fortes de la céramique, et donc la propagation d’une fissure. La séquence

de rupture (FigureI.32) d’une liaison céramique, rompue par les contraintes

appliquées avec le support d’une molécule d’eau, est la suivante :

Une molécule d’eau s’attache à une liaison M-O-M (M représentant l’ion

métallique de l’oxyde, l’ion silicium dans le cas du verre). La molécule d’eau

est alignée par la formation d’une liaison hydrogène avec un oxygène de la

céramique et l’interaction entre l’orbitale libre de l’oxygène de l’eau et l’ion

métallique.

49

Un transfert de proton intervient à partir de l’oxygène de l’eau et l’ion

métallique M, et de l’hydrogène à l’oxygène de la liaison céramique.

La liaison originelle M-O est alors rompue.

Michalske et Freiman [ ]60 ont montré que la présence de l’eau n’est pas

indispensable, mais toute molécule polaire peut jouer le même rôle (c’est le cas de

l’ammoniaque).

S i

O

S i

H

O H

S i

OH

H

O

S i

O

S i

S i

O

HH

(1) (2 ) (3)

Figure I. 32 Mécanisme de corrosion sous contrainte proposé dans le verre [60]

La figure I.33 représente schématiquement un diagramme V-KI. Elle fait apparaître

trois stades correspondant à différents mécanismes intervenant en fond de fissure [61].

Le stade I correspond à des vitesses de propagation des fissures contrôlées par la

vitesse de réaction de l’eau. Un seuil de propagation, noté KI0 peut exister aux faibles

charges. Il correspond à un facteur d’intensité de contraintes en dessous duquel

aucune propagation n’a lieu, ce qui permet de définir un domaine de travail

parfaitement sûr. Dans le stade II, la vitesse de réaction devient plus grande que la

vitesse d’arrivée des espèces corrosives en fond de fissure : c’est donc le transport

de l’eau le long de la fissure qui gère le stade II. Dans le stade III, la charge

appliquée est suffisamment forte pour que la rupture se produise dans les conditions

du vide.

50

Facteur d’intensité de contrainte (MPa√m) ) -Echelle log.

Vite

sse

de p

ropa

gatio

n de

fissu

res (

m/s

) -Ec

helle

log.

KI0 KIC

Vide

Air

Stade IIVitesse contrôlée par diffusion des molécules d’eau.

Stade IVitesse contrôlée par la réaction.

Stade IIIRupture dans les conditions du vide

Facteur d’intensité de contrainte (MPa√m) ) -Echelle log.

Vite

sse

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ropa

gatio

n de

fissu

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m/s

) -Ec

helle

log.

KI0 KIC

Vide

Air

KI0 KIC

Vide

Air

Vide

Air

Stade IIVitesse contrôlée par diffusion des molécules d’eau.

Stade IIVitesse contrôlée par diffusion des molécules d’eau.

Stade IVitesse contrôlée par la réaction.

Stade IVitesse contrôlée par la réaction.

Stade IIIRupture dans les conditions du vide

Stade IIIRupture dans les conditions du vide

Figure I. 33 Propagation lente des fissures dans les céramiques

I.2.3.2 Croissance sous critique dans les PZT

La croissance sous critique de fissure est largement étudiée dans les verres et un

bon nombre de céramiques mais très peu abordée dans les céramiques

piézoélectriques, en particulier les PZT.

Bruce et al.[ ]62 , après Freiman et al.[60], ont étudié ce phénomène dans les PZT pour

des vitesses de propagation comprises entre 10-4m/s et 10-7 m/s, dans différents

environnements. Bruce et al. [63] ont conduit des essais de double torsion dans une

PZT dure dopée au Sr, de structure quadratique, dans deux milieux différents: eau

distillée et toluène.

Dans le premier milieu (eau distillée) seul le stade I a été observé avec un coefficient

égal à 56. Par contre, dans le toluène, les trois stades ont été mis en évidence avec

un coefficient n de 132 pour le stade III. par rapport aux résultats de Freiman et al.

[60]. Ces auteurs notent aussi que le coefficient n, dans l'eau distillée, diminue

lorsque la température augmente entre 15 et 75 °c.

La figure I.34 montre la courbe V-KI d'une céramique commerciale PZT(PI) non

dopée, déterminée sur des éprouvettes CT par Lucato et al. [ ]63 . On retrouve les trois

stades. Le stade I (1,1 à 1,2 MPam1/2) est caractérisé par une forte dépendance

entre V et KI. Le stade II (1,2 – 1,4 MPam1/2) correspond à une dépendance moins

51

importante. La transition du stade III n'est pas bien définie mais on peut la

considérer à partir de 1,4 MPam1/2.

Figure I. 34 Courbe V-KI d’une PZT non polarisée [63]

Différents paramètres sont susceptibles d'influencer les courbes V-KI des PZT tels

que l'environnement, la polarisation et sa direction par rapport à celle de la

propagation de fissure, la microstructure …

I.2.3.2.1 Effet de l’environnement : L’effet de l’environnement sur le seuil de la propagation sous critique (SCC), KI0,

d’une céramique commerciale (PZT –5) polarisée, a été étudié par Wang et al.[64] ,

dans trois environnements différents : eau distillée, méthanol et formiamide. Les

résultats sont indiqués sur le tableau I.9.

Tableau I. 9 Les valeurs de KI0 /KIC et KI0 dans différentes solutions.

Environnement Eau Méthanol Foriamide

KI0/KIC 0,66 0,73 0,75

KI0 0,88 0,98 1,0

52

I.2.3.2.2 Effet de polarisation sur les courbes V-KI

La courbe V- KI dépend de la polarisation et de sa direction.

En général, une polarisation perpendiculaire (⊥) à la direction de propagation de

fissure conduit à une chute des valeurs de KI. Par contre une polarisation parallèle

(//) décale les courbes V- KI vers les valeurs plus élevées de KI [27 17 28] .

Mais très peu d’études ont été menées sur l’effet de la polarisation sur la courbe V-

KI. On cite les travaux de Bourim et al. [65] qui ont été effectués sur deux nuances de

54/46, 52/48 non dopées, en utilisant la méthode de double torsion (figure I.35). Pour

la nuance PZT 52/48 avec une polarisation // au plan de fissure, ils ont observé un

décalage vers les faibles valeurs de KI qui reste inférieur à celui de la polarisation

perpendiculaire. Ils ont attribué cette différence au fait que le PZT 54/46 est plus

facilement polarisable que le PZT 52/48.

Pour une céramique (PZT- 4), Su et al. [66] ont repris les essais présentés dans le

paragraphe ci-dessus, pour étudier l’influence de l’intensité du champ de

polarisation et celle de son signe sur le seuil KI0, noté par ces auteurs KISCC, en

combinant le chargement mécanique et électrique. La figure I.36(a) montre que le

seuil de propagation sous critique sous l’action d’un champ électrique KISCC(E) varie

linéairement avec l’intensité du champ. Il passe par un maximum puis diminue quand

l’intensité du champ augmente. La figure I.36 (b) montre que ce seuil est

indépendant du signe du champ.

Figure I. 35 Effet de la direction de polarisation sur le diagramme V- KI

53

Figure I. 36 L’effet du champ électrique sur le seuil de propagation sous critique dans une solution d’huile de silicone

Il importe de souligner que l’utilisation de l’AFM in situ ouvre de nouveaux horizons.

Elle permet de déterminer de la courbe V - KI pour des vitesses de l’ordre allant à

10-13 m/s ainsi que le seuil des PZT (0,49 MPam1/2). La figure I.37 montre, les

résultats des travaux récents de Felten et al. [52] qui décrivent des courbes V-KI

d’une PZT non dopée, dont les vitesses sont déterminées soit par microscope

optique, soit par AFM.

Figure I. 37 Courbes (V–KI) d’une PZT non polarisée.

54

Conclusion

L’étude bibliographique montre que les propriétés mécaniques des PZT, en

particulier leur comportement à la résistance à la propagation de fissures sont moins

connues que leurs caractéristiques diélectriques et piézoélectriques.

La ténacité, la résistance à la propagation de fissures et la croissance sous critique

des PZT sont influencées par leur microstructure (composition, nature et taux de

dopant, taille de grain…) et leur état de polarisation.

On constate aussi que la polarisation induit une anisotropie. Cette anisotropie est

observée pour les structures rhomboédrique, mixte et quadratique. Dans le cas de la

ténacité, elle est plus grande pour les structures mixte et rhomboédrique que pour la

structure quadratique. Elle dépend aussi de la direction de propagation de fissure

par rapport au sens de la polarisation. Mais la présence des domaines

ferroélastiques complique l’interprétation des comportements.

Le principal mécanisme de renforcement qui intervient dans ces céramiques est le

basculement des domaines mis en évidence soit par DRX soit par un recuit à une

température supérieure à Tc.

La variété de procédures inhérentes d’élaboration des PZT et leurs paramètres,

leurs diverses compositions ainsi que leur comportement anélastique compliquent

l’étude de leur comportement à la rupture, et fait que plusieurs résultats ne sont pas

bien établis.

Dans cette étude, nous présentons une contribution pour éclaircir certains aspects

du comportement à la propagation de fissures des PZT plus précisément l’effet du

dopant et l’influence de la polarisation sur la ténacité, la résistance à la propagation

de fissures et la propagation sous critique.

55

Chapitre 2

ELABORATION ET CARACTERISATION DES PZT

Ce chapitre est consacré aux procédures d’élaboration et à l’ensemble des

techniques expérimentales utilisées pour la caractérisation préliminaire des

matériaux élaborés. Les principaux paramètres physiques et mécaniques seront,

donc, déterminés.

56

II.1. CHOIX DES MATERIAUX

Nous avons choisi une composition de PZT située dans la zone morphotropique

(Zr :Ti = 54 :46) et pour étudier l’effet de dopage nous avons choisi pour la même

composition le Nb comme élément additif pour avoir une PZT douce et le potassium

pour avoir une PZT dure. Les matériaux élaborés (Tableau II.1) par voie solide

répondent aux compositions chimiques suivantes :

Zircono-titanate de plomb non dopé Pb (Zr0.54 Ti0.46)O3 désigné par PZT 54/46. (PZT pur)

Zircono-titanate de plomb dopé au potassium K+ à 1% atomique :

Pb0.99K0.01(Zr0.54 Ti0.46)O3 désigné par PKZT (PZT dur). L’ion potassium

K+ vient se substituer au plomb Pb2+ dans les sites-A de la structure

pérovskite. Son rayon ionique (r K+ = 1.33 Å) est voisin de celui du Pb2+

(r Pb2+= 1.20 Å). L’introduction du dopant potassium augmente la

concentration en lacunes d’oxygène, puisque les ions oxygène quittent

leurs sites pour maintenir l’électro-neutralité perturbée par le déficit de

charges dans les sites-A. Nous savons que ce genre de défauts

ponctuels (lacunes d’oxygène) est une entité très citée dans divers

travaux comme responsable des phénomènes de pertes mécaniques et

diélectriques [ ]67 68 69 par son interaction avec les parois de domaines

ferroélectriques.

Zircono-titanate de plomb dopé au niobium Nb5+ à 2% atomique : Pb

[(Zr0.54 Ti0.46)0.98 Nb0.02] O3 désigné par PNZT (PZT doux). L’ion niobium

Nb5+ vient se substituer au couple zirconium-titane (Zr, Ti)4+ dans les

sites-B de la structure pérovskite. Le rayon atomique (r Nb5+ = 0.69 Å)

est voisin de celui du couple (rZr4+ = 0.79 Å, rTi4+ = 0.68 Å).

L’introduction du niobium dans les sites-B de la structure pérovskite

permet de compenser l’éventuel défaut de stoechiométrie dû à la

création de lacunes de plomb lors du frittage (départ du plomb par

sublimation). Sans la présence du niobium, ce sont les ions oxygène

qui se déplacent pour assurer l’électro-neutralité en laissant derrière

eux des lacunes. Donc l’introduction du niobium diminue la

concentration en lacunes d’oxygène.

57

Tableau II. 1 Composition et désignation des matériaux choisis.

matériaux % atomique en dopant

Formule chimique Désignation

PZT pure 0 %

Pb(Zr0.54Ti0.46)O3 PZT

PZT dopée au potassium K+

1% Pb0.99K0.01(Zr0.54Ti0.46)O3 PKZT

PZT dopée au niobium Nb5+

2% Pb[Zr0.54Ti0.46)0.98Nb0.02]O3 PNZT

Ces nuances ont été choisies en se referant aux matériaux utilisés dans l’étude de

l’effet de dopage sur la dissipation de l’énergie dans les PZT menée par Bouzid et

al.[4] où on montre qu’avec un tel dopage, on arrive à étudier les mouvements des

domaines ferroélectriques.

II.2. Matières premières II.2.1 Les oxydes de base Les matériaux ont été élaborés à partir des oxydes de base suivants : oxyde de

plomb (PbO), dioxyde de zirconium (ZrO2) et dioxyde de titane (TiO2) dont les

caractéristiques sont données dans le tableau II.2.

Tableau II. 2 Références et caractéristiques des oxydes de base.

Caractéristiques PbO ZrO2 TiO2

Fournisseur références

PENARROYA LITHARGE (C)

HULS DYNAZIRCON(F)

DEGUSSA TITANDIOXID P25

Phases cristallographique

MASSICOT (orthorhombique)

BADDDELEYITE (monoclinique)

70 % ANATASE 30% RUTILE (quadratique)

Diamètre moyen des grains (µm)

3,5 0,15 0,26

Densité (g/cm3) 9,5 5,75 Approx. 3,7 Distribution

granulométrique (µm) 0<Ø<4 0<Ø<4 0<Ø<4

Surface spécifique (m2/g)

0,8 67,32 50 ±15

Pureté chimique

99,70% Fe % maxi 0,0025 Cu % maxi 0,0010 Bi % maxi 0,0250 Ag % maxi 0,0020 Zn % maxi 0,0005 Sb % maxi 0,0010 As traces Sn traces

Al2O3 : 0,05

SiO2 < 0,05 TiO2 < 0,005%

Fe2O3 < 0,02 MgO : 0,05 Na2O : 0,03 K2O : 0,01

>99,50% Al2O3 < 0,3% SiO2 < 0,2%

Fe2O3 < 0,01% Hcl < 0,3%

58

Pour le dopage au niobium, on utilise comme poudre de départ Nb2O5 avec comme principales caractéristiques :

- une pureté de 99,9 % - une distribution granulaire 0<Ф<4 µ m.

Pour le dopage au potassium, on utilise K2CO3 avec comme principales caractéristiques :

- une pureté > 98% - une distribution granulaire 0<Ф<4 µ m

II.3. Procédé d’élaboration On distingue communément deux voies d’élaboration des poudres de PZT : la voie

solide conventionnelle [5-7] qui est utilisée industriellement et la voie liquide ou voie

chimique (synthèse et caractérisation des poudres PZT) telle que le procédé sol gel [ ] 70 71 la synthèse hydrothermale [ ] 72 ou la coprécipitation [ ]73 74 .

Nous avons opté pour la méthode d’élaboration par voie solide « dite méthode

classique » qui consiste à faire réagir à haute température (vers 900°C) un mélange

pulvérulent d’oxydes et/ou de carbonates des espèces à introduire. Les réactifs de

départ (ou précurseurs) sont l’oxyde de plomb (PbO), le dioxyde de zircone (ZrO2 ) et

dioxyde de titane (TiO2 ). Elle est facile à mettre en oeuvre et peu coûteuse.

Le procédé suivi pour élaborer les diverses compositions de cette étude est décrit

par l’organigramme de la figure II.1 qui résume les différentes étapes.

Pour étudier l’effet de la microstructure, et afin d’optimiser et de faciliter l’usinage des

échantillons, on a utilisé une deuxième procédure d’élaboration décrite par

l’organigramme de la figure II.2. Il s’agit d’introduire un liant organique sous forme

d’une solution aqueuse d'alcool polyvinylique (PVA) à 1% en masse dans le but de

faciliter le compactage par pressage uniaxial à l’aide d’une matrice

parallélépipédique en acier permettant d’approcher les dimensions finales

souhaitées de la céramique.

59

Ajout de dopant :K2CO3 ou Nb2O5

Oxydes de départ PbO, ZrO2, TiO2 Mélange 3h dans l’éthanol (200tr/min)

Étuvage 12hCalcination

5°C/min 900°C/2h 5°C/min

Broyage 6h dans l’éthanol Etuvage 12h Tamisage

Frittage5°C/min 1250°C/4h 5°C/min

Usinage des échantillons

Tamisage

Pressage isostatique

Ajout de dopant :K2CO3 ou Nb2O5

Oxydes de départ PbO, ZrO2, TiO2 Mélange 3h dans l’éthanol (200tr/min)

Étuvage 12hCalcination

5°C/min 900°C/2h 5°C/min

Broyage 6h dans l’éthanol Etuvage 12h Tamisage

Frittage5°C/min 1250°C/4h 5°C/min

Usinage des échantillons

Tamisage

Pressage isostatique

Figure II. 1. Protocole d’élaboration sans liant des céramiques dopées et non dopées

Ajout de dopant : K2CO3 ou Nb2O5

Oxydes de départ PbO, ZrO2, TiO2 Mélange dans l’éthanol

Etuvage Calcination

900°C

Broyage dans l’éthanol (200tr/min) Etuvage Tamisage

Tamisage

Pressage (uniaxial puis isostatique) Déliantage 500°C 4h

Introduction du liant Tamisage Etuvage

Frittage 1150°C ou bien 1250 /4h

Usinage des échantillons

Figure II. 2. Protocole d’élaboration avec liant.

60

II.3.1 Procédure d’élaboration sans liant 1) Dosage Le dosage des compositions céramiques, se fait selon la loi des mélanges dans des

jarres en agate. La poudre sèche est mise en suspension avec de l’éthanol comme

solvant et des billes d’agate comme médias de broyage. (L’agate, très dure,

évite la contamination des céramiques).

Pour une jarre, on compte donc un volume utile de 80%, dont 25% sont occupés par

la poudre, 25% par de l’éthanol et 50% par des billes de broyage. La quantité de

matière préparée pour chaque composition est 0.5 mole soit environ 160 g. 2) Mélange Le mélange des oxydes dans l’éthanol est effectué dans un broyeur planétaire

pendant une durée de 3 heures à une vitesse de 200 tr/min, afin d’obtenir un

mélange homogène. Le mélange par rotation s’accompagne d’un broyage à l’aide

de billes céramiques. 3) Etuvage Cette étape consiste à sécher le mélange obtenu à une température de 110°C

pendant 12h afin d’évaporer l’éthanol. Le composé est de nouveau sous forme de

poudre. 4) Tamisage On fait passer la poudre successivement à travers des tamis de 200 et 100

µm afin d’avoir une taille de grain de la poudre homogène. Un jeu de billes est prévu

pour briser les agglomérats formés durant l’étuvage. 5) Calcination Elle consiste en un traitement thermique du mélange d’oxydes suivant trois étapes :

une augmentation de la température à une vitesse de 5°C/min jusqu’à 900°C

(température inférieure à celle de frittage pour éviter une densification prématurée),

suivie d’une stabilisation à 900°C pendant 2 heures pour permettre la réaction

chimique puis d’une diminution de la température jusqu’à l’ambiante, suivant la

même pente. 6) Broyage On réalise ce deuxième broyage afin de réduire les agglomérats formés lors

de l’étape de calcination et pour affiner la poudre. Sa durée est de 6 heures à une

vitesse de 200 tr/ min.

61

7) Séchage Le mélange est séché à 110°C pendant une durée de 12h, puis tamisé à travers

des tamis plus fins de 100, 80 et 40 µm successivement. 8) Pressage isostatique Le but du pressage isostatique est d’augmenter fortement la densité des

échantillons élaborés pour les renforcer avant de les soumettre au four de frittage.

La pression est transmise, par l’intermédiaire d’un liquide, aux échantillons

enfermés sous vide dans des sachets étanches (pour plus de sécurité, on utilise

deux sachets par échantillon). Il est important que les sachets ne contiennent ni air,

ni huile, à la fin de l’opération pour être sûr de l’absence d’échange des échantillons

avec le milieu.

L’ensemble est immergé dans l’huile contenue dans l’enceinte de la presse. Les

conditions de pressage sont les suivantes : montée en pression rapide jusqu’à

350MPa, palier de 5 min pour permettre l’homogénéisation de la pression dans

l’échantillon, descente contrôlée afin d’éviter une libération brutale des contraintes

internes qui pourrait provoquer la rupture de l’échantillon cru. 9) Frittage Les comprimés de poudre obtenus par pressage isostatique, sont frittés sous air

selon le cycle de frittage suivant :

Une montée en température à une vitesse de 5 °C/min jusqu’à la température 1250

°C suivie d’un palier de 4 heures, puis une descente jusqu’à l’ambiante à une vitesse

de 5 °C/min. Pour avoir une microstructure différente (taille de grain plus petite) on a

appliqué le même cycle où le seul paramètre modifié est la température de frittage qui

est de 1150°C.

Pour remédier aux pertes de plomb par sublimation lors du frittage, nous effectuons le

frittage dans une atmosphère riche en plomb en utilisant PbZrO3 [ ]75 76 comme lit de

poudre (poudre d’enrobage ou poudre d’atmosphère) pour maintenir une tension de

vapeur en PbO supérieure à celle de la céramique à fritter.

Le dispositif de frittage constitué d’un double creuset et d’un couvercle en alumine

permettant de maintenir une atmosphère sursaturée en plomb est présenté sur la

figure II.3.

62

Figure II. 3. Schéma du dispositif de frittage II.3.2 Procédure d’élaboration en utilisant un liant La démarche est quasiment la même que celle décrite ci-dessus, avec des étapes

supplémentaires relatives à l’ajout du liant et au pressage unixal qui nous permet

d’avoir des dimensions et des formes proches de celle souhaitée pour les

échantillons. On se contente de présenter les dites étapes. 1) Ajout du liant Pour assurer la cohésion de la poudre lors du pressage, il est nécessaire d’ajouter un

liant. Sans cela, les échantillons pressés se briseraient trop facilement. Le liant utilisé

est l’alcool polyvinylique. Ce composé, sous forme solide au départ, est dilué dans de

l’eau distillée.

La quantité de liant à introduire dans la poudre n’est pas une donnée aisée à

déterminer. Seule la pratique nous a permis de trouver les bonnes valeurs. Ainsi, des

échantillons de PZT et de PKZT se brisaient régulièrement au cours du pressage

isostatique. On a donc légèrement augmenté la quantité de liant (0.5%) dans ces

poudres. Il ne faut pas que cette quantité soit trop grande car il y aurait des risques de

rendre le matériau poreux. Les quantités de liant, en pourcentage massique, sont les

suivantes pour chaque nuance de poudre : 1% pour PNZT et 1,5 % pour PZT et

PKZT qui ont nécessité plus de liant pour avoir finalement un matériau plus cohérent.

63

Après avoir mélangé la poudre avec la solution de liant, on place le mélange à l’étuve

pour faire évaporer l’eau. On broie ensuite manuellement les poudres agglomérées et

on réalise un tamisage avec un tamis de 200µm. 2) Pressage Le but du pressage est de compacter la poudre élaborée pour permettre le frittage.

On effectue deux pressages successifs : uniaxial puis isostatique.

Pour le pressage uniaxial, la poudre de PZT est introduite dans une matrice en métal

qui donne une forme de parallélépipèdique à l’échantillon, puis la force est appliquée

dans la direction verticale. Les conditions de pressage sont les suivantes :

montée progressive en pression jusqu’à 40 MPa

palier de 1 min pour permettre l’homogénéisation de la pression dans

l’échantillon

descente progressive 3) Déliantage :

Afin de faire disparaître le liant, on place les échantillons pressés au four pour leur

faire subir le cycle thermique suivant :

une montée en température à une vitesse de 2,5°C/min jusqu’à 500°C

un palier de 4 heures à 500°C

une descente jusqu’à l’ambiante à une vitesse de 2,5°C /min. II.3.3 Usinage et préparation des échantillons Le « lopin » obtenu après frittage est découpé de manière à avoir les échantillons

souhaités tels que les éprouvettes de double torsion ou de flexion.

Les échantillons sont rectifiés aux dimensions finales en laissant quelques dixièmes

de mm pour le polissage pour avoir un état de surface correct et les spécifications

géométriques.

Des contraintes internes ayant pu être engendrées pendant les opérations d’usinage

sont relaxées par un traitement thermique consistant en une montée en température

à 5°C/min, suivie d’un palier de 4h à 500°C précédant une descente à 5°C/min. Cette

température est supérieure à la température de Curie (Tc). Ce traitement sert en

outre à éliminer toute l’histoire thermomécanique.

Le tableau II.3 regroupe les désignations des différentes nuances obtenues par les

deux procédures d’élaboration.

64

Tableau II. 3 Désignation des matériaux étudiés

Température de frittage

Elaboration avec liant Elaboration sans liant

1250°C PZT PKZT PNZT PZT1 PKZT1 PNZT11150°C PZTf PKZTf PNZTf

II.4 Caractérisation II.4.1 Analyse de la structure des phases par diffraction des rayons X Le diffractogramme permet l’enregistrement de l’intensité diffractée en fonction de

l’angle 2 θ, angle entre les faisceaux incident et diffracté des rayons X.

L’analyse des raies obtenues permet d’obtenir un certain nombre d’informations sur

les caractéristiques structurales des échantillons telles que : la nature des phases en

présence, leur proportion, leur structure cristalline, les paramètres de maille, la taille

des cristallites etc…On compare par la suite les raies de diffractions obtenues à

celles des fiches ASTM, empreintes signalétiques, de corps connus, ou celles de la

littérature.

La diffraction est effectuée à température ambiante avec un diffractomètre Rigaku-

Geiger-Flex dont le monochromateur graphite [0002] utilise la radiation CuKα

(λ=1.5418Ǻ). La tension du tube à rayons X est de 40 Kv, l’intensité est de 25 mA.

Les diagrammes de diffraction sur nos poudres calcinées et frittées sont enregistrés

lors d’un balayage de 2θ = 15°- 80° à une vitesse de 1°/min et un pas de 0.05°.

On effectue la diffraction des rayons X sur nos matériaux calcinés et frittés et sur

la poudre PbZr03 calcinée qui va nous servir de poudre d’enrobage pour maintenir

une tension de vapeur en PbO supérieure à celle de la céramique à fritter.

Seuls les diagrammes des matériaux élaborés sans liant sont représentés (figure II.4

et Figure II.5). La Figure II.5 montre qu’il s’agit bien d’une structure pérovskite pour

les différentes nuances. On se focalise sur la présence simultanée d'un doublet de

raies (002)/ (200) et d'une raie simple (200) indiquant la coexistence de deux phases

quadratique et rhomboédrique pour les céramiques non dopées, dopées au

potassium et au niobium ; on confirme donc que l’on est bien dans la zone

morphotropiques pour les trois nuances élaborées.

De même, le triplet de raies présent à 2θ=44° est mieux mis en évidence sur les

diffractogrammes représentant les matériaux frittés suite à l’éclatement des raies

après frittage (Figure II .5) [20 ]77 78 79 . 65

PZT calcinée

15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80

Inte

nsité

(a.u

)

PKZT calcinée

15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80

Inten

sité (

a.u)

PNZT calcinée

15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80

Inten

sité (

a.u)

Figure II. 4 Diagramme de diffraction X après calcination des nuances élaborées PZT1,

PKZT1 et PNZT1 ( sans liant)

66

1

1

1

1

1

1

Figure II. 5 Diagramme de diffraction X après frittage des nuances élaborées PZT1, PNZT1

et PKZT1 (sans liant)

II.4. 2 Microstructure des matériaux élaborés La microstructure des matériaux élaborés (Figure II.6) a été observée par

microscopie électronique à balayage (JOEL 200CX). Un polissage soigné et de plus

en plus fin (métallodisque puis pâte diamantée de granularité décroissante 6, 3,

1 µ m) permet l’obtention d’un état de surface satisfaisant. Une attaque chimique à

l’acide fluoro-silicique (H2SiF6 à 25 %) permet de révéler les joints de grains de la

céramique. Enfin une métallisation sous vide d'une très fine couche d'or évite

les problèmes de charges électriques pendant l'observation au MEB.

(a)

PNZT1 PZT1

67 PKZT1

(b) (Température de frittage : 1250°C ) (Température de frittage : 1150°C)

PNZT PNZTf

PZT PZTf

PKZT PKZTf

Figure II. 6 Microstructures des céramiques élaborées sans liant (a) avec liant (b).

La taille moyenne des grains est obtenue par la méthode d’interception linéaire sur

des micrographies représentatives. Sur le tableau II.5 est indiqué la taille de grains

des nuances élaborées.

68

Tableau II. 4 Taille moyenne des grains des différentes nuances élaborées.

Matériau Température de frittage (°C)

Taille de grains (µm)

PZT1 1250 3,8

PNZT1 1250 2,4

Sans liant

PKZT1 1250 13,7

PZTf PZT

1150 1250

4,4 8,2

PKZTf PKZT

1150 1250

2,4 6,8

Avec liant

PNZTf PNZT

1150 1250

1,1 2,3

On constate que les nuances PNZT présentent des tailles de grains relativement

plus faibles par rapport aux autres nuances et ceci quelle que soit la méthode

d’élaboration utilisée. Le dopage au Nb permet de diminuer la taille de grain et

d’augmenter la densité en particulier pour une solubilité de 2% mol comme le montre

Pereira et al.[ ]80 et le confirme nos observations au MEB. La taille de grain de nuance

PKZT1 est relativement plus grande (13,7 µm) ; une étude plus poussée s’avère plus

concluante.

II. 4. 3 Densité La mesure de la densité se fait sur des échantillons de forme géométrique

parallélépipédique, avec un micromètre et une balance de grande précision (Mettler

AE 100). La méthode utilisée est celle d’Arthur (basée sur le principe d’Archimède).

Son principe consiste à peser l’échantillon dans l’air puis dans l’eau distillée dont on

connaît la densité.

L’échantillon préparé est d’abord pesé dans l’air (ma) et ensuite pesé dans l’eau dont

on relève la température (me). La densité apparente est calculée par la relation

suivante :

(% ) 1 0 0 a

a e t

m ddm m d

= × ×−

e

h (II. 1)

Où d : densité; de : densité de l’eau à la température de l’essai ; dth

ma : la masse de l’échantillon dans l’air ; me : la masse de l’échantillon immergé

dans l’eau. Les valeurs moyennes des densités sont données dans le tableau II.5.

69

Tableau II. 5 Densités des différentes nuances.

Procédure d’élaboration Matériaux Masse volumique

(g.cm-3) Densité relative

(%) PZT1 7,38 94,2

PKZT1 7,35 93,9

procédure sans liant

PNZT1 7,47 95,2

PZT 7,42 94

PZTf 7,29 93

PKZT 7,23 92

PKZTf 7,02 89

PNZT 7,67 97

Procédure avec liant

PNZTf 7,62 97

L’ajout de liant diminue la densité relative du PKZT d’environ de 2%. Par contre,

pour le PNZT, on note une augmentation de la densité qui reste quasiment la même

pour la nuance non dopée.

Ces résultats sont discutables suite à la méthode utilisée pour la mesure de la

densité et à l’existence de la porosité

II.5 Mesure des Propriétés Mécaniques III.5.1 Propriétés Elastiques III.5.1.1 Par Analyse du comportement vibratoire Les valeurs du module d’Young ont été mesurées avec un appareil de type

Grindosonic. Cet appareil permet l’obtention des paramètres élastiques à partir d’une

analyse du comportement vibratoire du matériau. Le module élastique est donné par

la formule :

⎛ ⎞ ⎛ ⎞= ν⎜ ⎟ ⎜ ⎟⎝ ⎠ ⎝ ⎠

32m L wE 0,94 6 4 2 f T ( , )

B w L(II. 2)

avec

+ ν+ νν = + + ν+ ν − −

+ + ν+ ν

2 4

2 2 4

2 4

w8,34(1 0,02023 2,173 )( )w w w LT( , ) 1 6,585(1 0,0752 0,8109 )( ) 0,868( ) wL L L 1 6,338(1 0,14081 1,536 )( )L

(II. 3)

70

où m est la masse de l’échantillon (grammes), f la fréquence de vibration mesurée,

B, L et W respectivement les valeurs en mm de la largeur, longueur et

épaisseur, et T un facteur correctif dépendant du rapport épaisseur /longueur,

valant 1.075 pour la géométrie de nos éprouvettes.

Les résultats obtenus sont donnés au tableau II.6.

Tableau II. 6 Module d’Young, par l’analyse du comportement vibratoire, des différentes

nuances élaborées sans liant

Nuances PZT1 PNZT1 PKZT1

E (GPa) 74,8 66,1 74,9

II.5.1.2 Par ultrasons La caractérisation par ultrasons des matériaux anisotropes est basée sur la mesure

des vitesses de propagation des ondes ultrasonores pour différentes directions de

propagation. Les mesures ultrasonores sont alors effectuées sous incidence en

transmission (Fig. II.7).

Figure II. 7 Mesure de la vitesse en immersion sous incidence; emetteur (E), récepteur (R),

onde longitudinale (OL) et onde tranversale (OT).

Les vitesses de propagation des ondes longitudinales et transversales sont

déterminées par mesure du temps de vol par intercorrélation entrée (signal de

référence)-sortie (signaux de mesure) (Fig. II.7) [ ]81 .

71

Dans le cas d'un matériau isotrope, deux constantes d'élasticité (le module d'Young

E et le coefficient de Poisson ν ) caractérisent le matériau. Pour cela, deux vitesses

de propagation (une longitudinale et l'autre transversale) suffisent alors à identifier

les paramètres mécaniques du matériau.

Nous avons utilisé deux capteurs de type ‘Panametrics’, V10-9 et V15-5. Le premier

pour la mesure des fréquences longitudinales et le second pour les fréquences

transversales. Une tolérance géométrique sévère du parallélisme des deux surfaces

de l’échantillon mises en jeu est exigée. Seule l’épaisseur de l’échantillon intervient

dans le calcul des vitesses de propagation des ondes longitudinales VL et

transversales VT. Elles sont déterminées par Vi=2e/∆t où ∆t est la mesure du temps

de vol par intercorrélation entrée (signal de référence)-sortie (signaux de mesure), e

l’épaisseur de l’échantillon et i correspond soit à l’indice L (longitudinale) soit à

l’indice T (transversale).

Le module d'Young et le coefficient de Poisson d'un matériau isotrope s'expriment

simplement en fonction des vitesses de propagation longitudinale notée VL et

transversale notée VT, qui ne dépendent plus de la direction de propagation :

( )ρ −=

2 2 2T L T

2 2L T

V 3 V 4 VE

V V (II. 4)

( )( )

2 2L T

2 2L T

V 2 V

2 V V

−ν =

− (II. 5)

Le tableau II.7 représente la valeur de module d’Young des 3 nuances ainsi que

leur coefficient de poisson.

Tableau II. 7 Module d’Young et coefficient de Poisson mesurés par ultrasons (des matériaux élaborés sans liant)

Nuances PZT1 PNZT1 PKZT1

E (GPa) 77,6 66,7 77,9

ν 0,33 0,33 0,34

La méthode des ultrasons est plus précise et permet de déterminer en même temps

le coefficient de Poisson.

72

II.5.2 Contrainte à la rupture Les valeurs de contrainte à la rupture ont été mesurées sur une machine de traction

compression universelle hydraulique INSTRON 8502. La méthode utilisée est la

flexion 4 points (Figure II.8). Les entraxes sont respectivement L=35mm et l=10mm ;

B correspond à la largeur de l’éprouvette et w à son épaisseur.

l

L

w

B

Figure II. 8 Géométrie et la mise en position de l’échantillon

Les essais ont été effectués en asservissement du déplacement de la traverse à

vitesse constante égale 5mm/mn. La valeur de la contrainte à la rupture est

déterminée à l’aide de la relation suivante :

( )R 2

P. L l32 B.w

−σ = (II. 6)

Où P est la charge à la rupture en N.

Les valeurs obtenues pour les différentes nuances sont regroupées au tableau II.8.

II.5.3 Mesure de la dureté par indentation Vickers Le principe de cette méthode est d’appliquer un indenteur Vickers à la surface

soigneusement polie de l’échantillon avec différentes charges (la charge est

appliquée pendant 10 secondes). Il crée un système de deux fissures principales

orthogonales. On mesure la longueur des diagonales de l’empreinte et la longueur

de fissure dans les deux directions. Cela permet de déterminer la valeur de la dureté

ainsi que la ténacité qu’on présentera dans le chapitre suivant. La dureté est évaluée

par :

= =V 2F FH 1,8544S d (II. 7)

HV : dureté du matériau, F : charge appliquée d : diagonale de l’empreinte

S : surface de l’empreinte.

73

Tableau II. 8 Caractéristiques mécaniques des différentes nuances de PZT sans liant

Nuance

E (GPa)

σR (MPa)

HV (GPa)

PZT1

77,6 113 2,26

PNZT1 66,7 85,7 2,01 Sa

ns li

ant

PKZT1 77,9 100 1,97

PZT

73 93 2,16

PKZT 67 66 1,79

PNZT

70 59 2,35

Ave

c lia

nt

PNZTf - - 2,66

II. 6 Mesures des propriétés diélectriques

Les matériaux ferroélectriques présentent une polarisation rémanente, que l'on peut

inverser par l'application d'un champ électrique de signe opposé. On rappelle que

cette caractéristique est à l'origine d'un cycle d'hystérésis ferroélectrique. C’est la

variation de la polarisation en fonction du champ électrique appliqué. Le but de cette

étude est:

de déterminer le champ coercitif (Ec), champ pour les trois céramiques

élaborées.

de déterminer la polarisation rémanente (Pr), valeur de la polarisation à

champ nul (E=0) et la polarisation de saturation (Ps) qui est la valeur

maximale de la polarisation que l’on peut atteindre.

de montrer que la nuance PNZT est facilement polarisable (une PZT douce),

tandis que les deux autres nuances PKZT (une PZT dure) et PZT sont plus

difficilement polarisables.

Les mesures du cycle d’hystérésis ont été effectuées sur des échantillons métallisés de dimensions environ égales à 10 x 9x 2 mm3. Les figures II.9 et f II.10 montrent la variation de la polarisation P en fonction de champ électrique E pour les différents

74

matériaux. Les cycles d’hystérésis non symétriques par rapport à l’origine correspondent aux échantillons polarisés avant l’essai. On constate que le PZT et PKZT sont difficilement polarisables alors que le PNZT

est facilement polarisable. On note que Ec pour les PZT douce (PNZT) est moins

important que celui de PZT pure et PZT dure (PKZT).

Des mesures des propriétés électriques ont été réalisées en mode disque (annexe

A) pour différentes nuances. Ces mesures ont permis de déterminer les différents

paramètres piézo-électriques des trois nuances. Les valeurs obtenues pour les

différentes propriétés diélectriques montrent bien que la nuance PNZT correspond à

une PZT douce alors que celle dopée au K est une PZT dure (cf I.1.5 Dopage).

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.4

-0.3

-0.2

-0.1

0

0.1

0.2

0.3

0.4 PNZT

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n (C

/m²)

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.4

-0.3

-0.2

-0.1

0

0.1

0.2

0.3

0.4 PNZTf

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n (C

/m²)

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.25

-0.2

-0.15

-0.1

-0.05

0

0.05

0.1

0.15

0.2

0.25PZT

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n (C

/m²)

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.4

-0.3

-0.2

-0.1

0

0.1

0.2

0.3

0.4 PKZT

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n (C

/m²)

Figure II. 9 Cycles d’hystérésis de PZT élaborées avec liant

75

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.4

-0.2

0

0.2

0.40.4

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n(C

/m²)

PNZT1

Figure II. 10 Cycles d’hystérésis de PNZT élaborées sans liant

Conclusion Les matériaux élaborés (avec ou sans liant) sont des céramiques piézoélectriques.

Ils présentent des bonnes caractéristiques physiques.

Le dopage au niobium conduit bien à une PZT douce. Par contre le dopage au

potassium mène à une PZT dure. L’ajout de liant facilite l’agglomération et permet

d’obtenir des formes des éprouvettes près des dimensions finales. Ceci optimise

énormément le déchet et le temps d’usinage.

En général, l’étude a été réalisée en utilisant essentiellement les matériaux élaborés

avec le liant qui conviennent à la diversité de l’étude. En tous cas on emploie la

désignation mentionnée au tableau II.3.

76

Chapitre 3

TENACITE ET RESISTANCE A LA PROPAGATION DE FISSURES

Dans ce chapitre, on aborde l’étude de la ténacité et la résistance à la propagation de fissures dans les céramiques PZT élaborées : pure, douce et dure.

L’anisotropie de la ténacité induite par une polarisation électrique est quantifiée par différentes méthodes et la contribution des contraintes résiduelles d’indentation est mise en évidence.

D’autre part, l’étude de la résistance à la propagation de fissures est analysée en terme de courbes R en mettant en évidence le mécanisme de renforcement.

77

III.1 TENACITE L’indentation est une méthode très utilisée pour déterminer la ténacité des céramiques piézo-électriques. La ténacité est mesurée soit directement à partir de l’empreinte et des longueurs des fissures radiales (méthode d’indentation) [ ]82 , soit à partir de la contrainte à la rupture après un essai de rupture (méthode d’indentation composée) [ ]83 , soit à partir d’un suivi de propagation stable des fissures induites par indentation au cours d’un essai de flexion [ ]84 .

III.1.1 Méthode d’indentation simple :

Lors d’un chargement, Il y a déformation plastique sous l’indenteur. Cette déformation plastique hémisphérique se fait avec conservation de volume. Le volume de l’indenteur est accommodé par une déformation élastique. Une fois l’indenteur enlevé (déchargement), la zone plastique empêche la relaxation de la déformation élastique. Il en résulte un système de contraintes résiduelles. Lawn et al.[ ]85 montrent que ces contraintes résiduelles sont des contraintes de tension dans la direction tangentielle et de compression dans la direction radiale.

Les fissures créées lors de l’indentation sont donc soumises à cet état de contrainte. Ce sont les contraintes de tension qui agissent sur les fissures radiales et agissent comme une force motrice à la propagation de fissure.

En termes de facteur d’intensité de contraintes appliquées aux fissures radiales, Lawn et al.[85] montrent que ces contraintes sont équivalentes à une contribution résiduelle du facteur d’intensité de contrainte (Kres) donnée par la relation III.1 où C représente la longueur de la fissure radiale (mesurée en surface), P la charge d’indentation et χ une caractéristique intrinsèque du matériau, exprimée par la relation III.2.

res 3 / 2

PKC

= χ ⋅ (III. 1)

2/1

HE⎟⎠⎞

⎜⎝⎛α=χ (III. 2)

avec

E : module d’Young ;

H : dureté du matériau exprimée par Hv= 1,8544*P/a2 (III. 3)

α : facteur de proportionnalité.

78

Figure III. 1 Les paramètres pour la détermination de la ténacité par indentation Vickers

Anstis et al. [82] proposent une calibration pour la détermination de KIC. La longueur des fissures radiales d’indentation correspondent à un équilibre mécanique ; leur longueur est atteinte lorsque Kres= KIC. Elles vérifient donc théoriquement la relation III.3.

IC 3/2PK

cχ ⋅= (III. 4)

III.1.2 Méthode d’indentation composée : Lors d’un chargement, les éprouvettes indentées sont soumises à la contribution de

deux champs de contraintes : les contraintes appliquées et les contraintes résiduelles

d’indentation. Le facteur d’intensité de contrainte total, KI, est donné par la relation

suivante :

Itot I résK K K= + (III. 5)

où Krés est le facteur d’intensité de contrainte résiduel lié à la charge d’indentation P,

et KI le facteur d’intensité de contrainte dû au chargement extérieur. Dans le cas d’une

flexion (la plus utilisée en céramique) KI est donné par :

IK c= ψσ (III. 6)

avec σ : contrainte appliquée,

ψ : facteur géométrique de forme depend de du rapport (a/w),

a : profondeur de fissure, égal à c dans le cas de fissures semi – circulaires.

W : Epaisseur de l’échantillon.

79

⎛ ⎞ ⎛ ⎞ ⎛ ⎞ ⎛ ⎞ψ = − + − +⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟⎝ ⎠ ⎝ ⎠ ⎝ ⎠ ⎝ ⎠

2 3a a a1.99 2,47 12,97 23,17 24,80w w w

4aw

(III. 7)

La propagation de fissure se produit lorsque KI atteint KIC, c.a.d :

3/2Ic iK σ c P c−= ψ + χ ⋅ ⋅ (III. 8)

Que l’on peut mettre sous la forme :

3/2Ic iσ c K P c−ψ = − χ ⋅ ⋅ (III. 9)

Ou encore

3/2Ici

Kσ c P −χ= − ⋅ ⋅ψ ψ

c (III. 10)

La courbe ψσ c =f (P.c-3/2) est théoriquement une droite de pente –χ et d’ordonnée à

l’origine KIC. Il est alors possible de déterminer à la fois KIC et χ à partir de longueurs

de fissures mesurées pour différentes charges d’indentation appliquées, dans un

domaine de longueurs de fissures où la propagation est stable. Il est souvent proposé

de mesurer différents couples (σ, ci(σ)) en réalisant un chargement très rapide jusqu’à

une contrainte donnée, puis déchargement à nouveau très rapide et mesure de la

longueur de fissure ci(σ) sur un microscope optique. Cette procédure est appelée la

méthode de suivi de propagation stable.

La même expression (III.4) est généralement utilisée pour la ténacité avec un facteur

de contraintes résiduelles χ constant indépendamment de l’orientation et de la forme

des fissures.

On procède, dans la suite à l’évaluation de la ténacité des matériaux étudiés polarisés

en étudiant l’effet d’une polarisation sur le facteur χ. Mais dans un premier temps, on

détermine la ténacité par la méthode d’indentation classique (Indentation Vickers) et

la méthode de flexion 4 points pour les trois nuances non polarisées. On utilise la

méthode du suivi de la propagation stable des fissures d’indentation, qui permet une

détermination directe de la ténacité et du facteur χ dans le cas du matériau polarisé et

non polarisé.

80

III.1.3 Ténacité des nuances non polarisées : La ténacité est mesurée par la méthode de l’indentation Vickers, et celle de flexion 4

points (SENB) sur des éprouvettes non polarisées.

III.1.3.1 Méthode SENB C’est la méthode de flexion 4 points utilisée pour la détermination de la contrainte à

la rupture sauf que dans ce cas on introduit dans l’échantillon une entaille de taille

connue a (Figure III.2). On mesure la contrainte à la rupture et on en déduit par

relation III.6, où on pose KI=KIC, le facteur d’intensité de contrainte critique du

matériau en mode I (KIC en MPam1/2). Dans notre cas, les échantillons utilisés de

dimensions (40 x 6 x 4 mm3) ont été entaillés, à l’aide d’une meule diamantée de

largeur de 1,5 mm, jusqu’à une profondeur relative, a/w, de 0,4. La vitesse de

traverse est fixée à 5 mm/min.

Figure III. 2 Essai SENB. Géométrie de l’éprouvette.

III.1.3.2 Indentation Vickers Le principe de cette méthode est d’appliquer un indenteur Vickers à la surface de

l’échantillon soigneusement polie avec différentes charges (la charge est appliquée

pendant 10 secondes). Il crée un système de deux fissures principales orthogonales

On mesure la longueur de fissure dans les deux directions. Cela permet de

déterminer la valeur de la dureté et de la ténacité par les relations respectivement

III.3 et III.4.

81

III.1.3.2.1 Résultats expérimentaux: Le tableau III.1 compare la ténacité mesurée des trois nuances non polarisées

élaborées sans liant, par les deux méthodes présentées ci-dessus.

Tableau III. 1 Caractéristiques mécaniques des différentes nuances de PZT selon la première procédure d’élaboration

Nuances PZT1 PNZT1 PKZT1

Par flexion 1 1,2 0,9

KIC

(MPa

m1/

2 )

Par indentation 1,13 1,32 1,25

On constate que la méthode d’indentation surestime les valeurs de la ténacité par

rapport à la méthode de flexion. En effet les ténacités, par la méthode d’indentation,

des 3 nuances (PZT1 PKZT1 et PNZT1) sont respectivement 1,13 MPam1/2 1,25

MPam1/2 et 1,32 MPam1/2 ; alors que les valeurs par flexion trois points sont

respectivement 1 0,9 et 1,2 MPam1/2. Des résultats similaires existent dans la

littérature [28], surtout pour les PZT dopés.

III.1.4 Effet de la polarisation sur la ténacité mesurée par indentation III.1.4.1 Méthode Classique d’indentation III.1.4.1.1 Procédure expérimentale Pour les trois matériaux PZT, PNZT et PKZT, des éprouvettes ont été découpées et

polies sur une face puis recuites à 500°C et enfin indentées à différentes charges.

Pour chaque nuance, un lot a été polarisé, avant l’indentation, dans la direction 1 en

appliquant un champ électrique de 2KV/mm pendant 30min. La figure III.3 montre

bien le sens de la polarisation et défini les longueurs c1 et c2 qui correspondent

respectivement à une polarisation parallèle (//) et à une polarisation perpendiculaire

( ┴).

La ténacité est calculée, pour les matériaux polarisés ou non, par la relation (III.4) en

considérant les longueurs de fissures radiales d’indentation c1 et c2. Il est à noter que

lorsque ci est plus petit cela se traduit par une augmentation de la résistance à la

propagation de fissures.

82

III.1.4.1.2 Résultats La figure III.4, représente la charge d’indentation en fonction de (c-3/2) pour différentes

nuances de PZT polarisées ou non. La ténacité est déterminée à partir des pentes

des droites d’interpolation linéaire de ces courbes (lignes continues sur les figures) en

tenant compte des propriétés des matériaux et en prenant α = 0,016 (éq. III.2)

Lors que le matériau est polarisé, on observe une anisotropie des longueurs (Figure

III.3) par conséquent de la ténacité. Pour évaluer cette anisotropie, nous avons

utilisé le paramètre ∆K qui représente la valeur apparente de KIC observée dans une

direction, comparé à l’état non polarisé. Ce paramètre est donné par la relation (III.11)

les valeurs correspondantes sont dans le tableau III.2.

( )ICP ICNPapparente

ICNP

K - K K

K∆ = (III. 11)

KICNP : Ténacité de la nuance étudiée non polarisée

KICP : Ténacité de la nuance étudiée polarisée

E

c1

c2

Non polariséPolarisé

c1 c1□ c2 ■ c2

E

c1

c2

Non polariséPolarisé

c1 c1□ c2 ■ c2

c1

c2

Non polariséPolarisé

c1 c1□ c2 ■ c2

Figure III. 3 Définition des fissures d’indentation et de la direction de la polarisation

83

PZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00 3.50

C1 C2

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

Non polarisé PZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00 3.50

C1 C2

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

Non polarisé

Non polarisé

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

PKZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00 3.50 4.00 4.50

C1C2

Non polarisé

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

PKZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00 3.50 4.00 4.50

C1C2

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

PNZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00

C2C1

Non polarisé

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

PNZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00

C2C1

Non polarisé

Figure III. 4 Effet de la polarisation sur les longueurs de fissures radiales d’indentation

pour les trois nuances.

84

Les valeurs de ∆K obtenues dans la direction // sont comprises entre 56% et 77%. Elles sont proches de celles de la littérature et montrent que la méthode basée sur la mesure des longueurs de fissures après indentation conduit à une surestimation de l’anisotropie pour les matériaux polarisés [28].

Ce résultat peut être dû à une modification du champ de contraintes résiduelles

d’indentation, non prise en compte dans les calculs de la ténacité ; il peut aussi

traduire que l’équilibre est atteint sous des champs de contraintes différents dans les

directions parallèle et perpendiculaire à celle du champ électrique.

Tableau III. 2 Anisotropie de ténacité calculée pour les trois nuances

PZT PKZT PNZT KICNP 1,44 1,54 1,5 KICP// (C1) 2,55 2,71 2,33 ∆K (//) 0,77 0,76 0,56 KICP⊥(C2 ) 0,85 0,7 0,93

Inde

ntat

ion

∆K (⊥) -0,41 -0,55 -0,38

KICNP : Ténacité de la nuance étudiée non polarisée

KICP : Ténacité de la nuance étudiée soit parallèle ( // ) soit perpendiculaire ( ⊥)

Dans la suite, nous nous intéresserons à l’anisotropie intrinsèque des PZT en étudiant

l’influence de la polarisation sur le facteur χ, non prise en compte dans la méthode

classique d’indentation.

III.1.4.2 Méthode de suivi de propagation stable : Effet de la polarisation sur χ

III.1.4.2.1 Principe et procédure

Le principe de la méthode de suivi de propagation de fissure, consiste à soumettre

des éprouvettes contenant des fissures créées par indentation à un essai de flexion.

Ces essais sont effectués sur des barreaux de PNZT non polarisés et polarisés dans

le sens de la largeur « B » (figure III.5).

La procédure est d’appliquer une contrainte σ, qu’on augmente progressivement et de

mesurer, pour chaque valeur, la nouvelle longueur de fissure, c, résultant de la

propagation stable. Pour une charge d’indentation donnée, le tracé de KI = ψσ c en

85

fonction de est une droite dont la pente et l’ordonnée à l’origine correspondent

respectivement à χ et K

3/2P c−⋅

Ic.

Les essais sont réalisés sur un équipage de flexion 4 points d’entre axes 35 mm et

10 mm. Après un recuit à 500°C pour tous les échantillons, certains ont été polarisés

par un champ 2KV/mm suivant la largeur « B » (Figure III.5) avant d’être indentés.

Trois indentations équidistantes ont été introduites à la même charge (30N) au centre

de la face polie, de manière à ce que les diagonales de l’empreinte soient orientées

parallèlement aux axes de l’éprouvette. Les longueurs de fissures initiales ont été

mesurées à l’aide d’un microscope optique, puis les éprouvettes ont été centrées par

rapport à l’équipage de flexion (face polie en tension et fissures dans la zone de

contrainte de tension maximale). On applique par la suite une première charge faible

d’environ 15N à une vitesse de 6000 N/min, puis on mesure les longueurs de fissure

relatives à chaque indentation par microscope optique, puis tant qu’on n’a pas la

rupture de l’échantillon, on refait l’essai en incrémentant la charge d’environ 5N. Une

fois que l’éprouvette est rompue suivant l’une des trois indentations, on arrête le test

et on mesure les longueurs de fissure de deux autres indentations. Cette procédure

est détaillée sur la figure III.5.

La contrainte appliquée lors de chaque charge est calculée par la relation suivante :

( )−= 2

3P L lσ

2BW (III. 12)

P : charge appliquée ;

L : grande distance entre – axes ;

l : petite distance entre – axes

B : largueur de l’éprouvette

W : hauteur de l’éprouvette

86

Essai de flexion 4 pointsl

L

w

B

Mise en position de l’échantillon dans le dispositif de flexion à 4 points ;

Choisir les parametres de l’essai : Charge P (choisir une charge minimum possible pour commencer)

Une vitesse de montée et de descend plus rapide V( V= 6000 N/min ).

Indentation

Apres recuit, 3 indentations centrées sur la

face polie espacées de x (x=2,5 mm); Charge d’indentation Pi (Pi=3N) pendant

une durée t (t=10s).

Rupture ?

Rupture suivant l’indentation i ?

Mesurer les longueurs Ck

Incrémenter la charge P= P+ ∆P

Tracer la courbes de kσ c en fonction 3/2kP c −⋅

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

0 2 000 000 0 40 000 000 600 000 00 8 000 00 00 1 00 000 000 1 200 000 00 14 000 000 0 160 000 00 0

Mesurer Cj pour j ≠ i

Essai non valide NON

NON

Figure III. 5 Procédure de la méthode de suivi de propagation stable

87

III.1.4.2.2 Résultats

La figure III.6 montre le tracé de (ψσ c ) en fonction de P*(c-3/2) pour les deux

échantillons de PNZT polarisé et non polarisé. Bien que les deux échantillons se

prêtent au modèle décrit par l’équation (III.9), ils ont un comportement différent. Les

deux graphes montrent que la propagation débute presque à partir du même facteur

d’intensité de contrainte, mais pas pour la même longueur initiale. De même la

linéarisation des deux courbes polarisé et non polarisé ne fournit pas les mêmes

paramètres (KIC et χ ). Le tableau III.3 regroupe les valeurs obtenues pour le matériau

polarisé et non polarisé, en considérant la relation (III.10). On peut remarquer que le

rapport ψ

χ (pente de la courbe) n’a pas la même valeur pour le matériau polarisé et

non polarisé.

Si l’on considère que ψ, facteur générique de forme, ne dépend pas de polarisation,

on constate d’abord que l’anisotropie évaluée par ∆K est très faible relativement aux

valeurs obtenues par indentation. Ensuite le facteur de contraintes résiduelles

d’indentation χ est fortement diminué par la polarisation. On obtient :

χ polarisé = 0,4 χnon polarisé (III. 13)

Ce résultat permet de conclure que l’anisotropie observée par indentation n’est pas

seulement due au basculement de domaines ferroélectriques. Dans la direction où la

fissure s’est le moins propagée, direction parallèle à la direction de la polarisation,les

contraintes résiduelles sont plus faibles (χ est moins élevé que dans le cas non

polarisé). Cette diminution de χ engendre une augmentation apparente de la ténacité

qui s’ajoute aux effets du basculement de domaines. Cependant lors des essais de

chargement, une variation de ψ n’est pas à exclure.

A la suite de ces résultats, nous avons conduit les mêmes essais mais sur des

échantillons indentés d’abord, puis polarisé par la suite dans les mêmes conditions.

On constate que le modèle est toujours vérifié et que le diagramme correspondant

(Figure III.7) débute à la même valeur de la longueur initiale que pour le matériau non

polarisé avec une légère hausse de la valeur de KIC et la linéarisation de la courbe

tend vers une valeur approchée de la ténacité du matériau polarisé puis indenté. ∆K

est de l’ordre de 7% et ∆ χ est 20%.

88

0

0.4

0.8

1.2

1.6

0.E+00 5.E+06 1.E+07 2.E+07 2.E+07

PNZT_NP PNZT_PI

P*c-3/2 (N.m-3/2)

σ * c

-1/2 (M

Pa.m

-1

/2 )

Figure III. 6 Tracé ψ σ c en fonction de pour les PNZT non polarisées (PNZT_NP)

et polarisées puis indentées (PNZT_PI)

3/2P c−⋅

Tabeau III. 3 Les valeurs obtenues de ψ

χ et KIc / ψ

Matériau PNZT

Non polarisé 1,48

Polarisé puis Indenté 1,35

KIc / ψ

Indenté puis Polarisé 1,38

∆Κ (Polarisé puis Indenté) 9%

∆Κ (Indenté puis Polarisé) 7%

Non polarisé 1 E-07

Polarisé puis Indenté 4 E-08

χ/ψ

Indenté puis Polarisé 8 E-08

∆χ (Polarisé puis Indenté) 60%

∆χ (Indenté puis Polarisé) 20%

Avec ( )P NP

NP

- χ χ∆χ =

χ

89

0

0.4

0.8

1.2

1.6

0.E+00 5.E+06 1.E+07 2.E+07 2.E+07

PNZT_NP PNZT_PI PNZT_IP

P*c-3/2 (N.m-3/2)

σ * c

-1/2

(MPa

.m-1/2 )

0

0.4

0.8

1.2

1.6

0.E+00 5.E+06 1.E+07 2.E+07 2.E+07

PNZT_NP PNZT_PI PNZT_IP

P*c-3/2 (N.m-3/2)

σ * c

-1/2

(MPa

.m-1/2 )

0

0.4

0.8

1.2

1.6

0.E+00 5.E+06 1.E+07 2.E+07 2.E+07

PNZT_NP PNZT_PI PNZT_IP

P*c-3/2 (N.m-3/2)

σ * c

-1/2

(MPa

.m-1/2 )

Figure III. 7 Tracé ψ σ c en fonction de pour les PNZT polarisées puis indentées (PNZT_PI), indentées puis polarisées (PNZT_IP) et non polarisées (PNZT_NP)

3/2P c−⋅

90

III.2. Résistance à la propagation de fissures

L’étude de la résistance à la propagation de fissures est analysée dans cette partie

en terme de courbes R déterminées par la méthode de flexion en utilisant :

Des éprouvettes entaillées (SENB) sollicitées en flexions 3 points ;

Des éprouvettes indentées chargées en flexion 4 points

L’étude a été réalisée sur les nuances élaborées (sans liant) : PZT1, PKZT1 et

PNZT1. Seul l’effet de la polarisation a été conduit sur des nuances dopées au Nb

avec ajout du liant (PNZT).

III.2.1. Méthode SENB III.2.1.1. Procédure expérimentale Des essais de rupture contrôlée ont été réalisés en flexion 3 points (Figure.III.8) avec

une distance entre axes de 35 mm. Les éprouvettes utilisées (40×4×3mm3) ont été

entaillées jusqu’à une profondeur relative a/w de 0,4 puis recuites à 500°C afin de

relaxer les contraintes d’usinage et d’assurer l’isotropie du matériau.

Figure III. 8 Schéma d’une éprouvette de flexion 3 point entaillée.

Les essais ont été réalisés en chargement monotone, dans les conditions optimales

permettant de contrôler la propagation de fissure et en asservissement du

déplacement, à vitesse de déplacement constante égale à 3 µm/min. La

détermination de la courbe de résistance à la propagation de fissure se heurte à la

difficulté de réaliser un essai de rupture contrôlée et nécessite la mesure de la

longueur de fissure au cours de l’essai.

Nous avons utilisé la méthode de complaisance qui permet d’avoir la longueur de

fissure à partir de l’expression itérative suivante :

91

( )( )n 1 n n 1n n 1

n

w a c ca a

2c− −

− −= + (III. 14)

an et Cn représentent respectivement la longueur de fissure et la complaisance au

nième point de la courbe charge – déplacement.

Le facteur d’intensité de contrainte (FIC) est calculé en différents points de la courbe

de chargement en utilisant la relation :

R 23P aK L Y

2BW W⎛ ⎞= ⋅ ⋅ ⋅⎜ ⎟⎝ ⎠

a (III. 15)

avec

P : charge appliquée ;

a : longueur de fissure ;

Y : facteur de forme en flexion 3 points ;

L : distance entre – axes ;

B et W : largueur et hauteur de l’éprouvette.

III.2.1.2. Courbes R

III.2.1.2.1 Effet du dopant

La rupture se fait d’une manière contrôlée pour le PZT dopé au niobium (PNZT1)

comme en témoigne l’enregistrement de la courbe charge–déplacement (Figure

III.9). Par contre pour le PZT pur et celui dopé au potassium (PZT1 et PKZT1) la

rupture est brutale malgré toutes les précautions prises lors des essais, ce qui

implique à priori l’absence de renforcement lors de la propagation de fissure.

La courbe KR relative (figure III.10) aux PZT1 et PKZT1, montrent que les deux

nuances ne présentent pas d’effet de courbe R. Ils sont caractérisés par leur

ténacité d’environ 1.1 MPam1/2.

Par contre pour le PNZT1, on observe une augmentation importante du facteur

d’intensité de contrainte au début de l’extension de la fissure à partir d’une valeur

initiale de 1.1 MPam1/2 , suivie d’une saturation autour de 1.8 MPam1/2 pour un

accroissement de fissure de 0.5 mm.

92

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

0

3

6

9

12

15

18

0 0.01 0.02 0.03

PZT1

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

0

3

6

9

12

15

18

0 0.01 0.02 0.03

PZT1

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

PKZT1

0

3

6

9

12

15

0 0.01 0.02

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

PKZT1

0

3

6

9

12

15

0 0.01 0.02

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

PNZT1

0

6

12

18

0 0.025 0.05

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

PNZT1

0

6

12

18

0 0.025 0.05

Figure III. 9. Charge en fonction du déplacement pour les différentes nuances de PZT.

93

0

0,5

1

1,5

2

2,5

0 0,3 0,6 0,9 1,2 1,5Accroissement de fissure ∆a (mm)

K R

(MPa

m 1/

2 )PZTPNZTPKZT

111

Figure III. 10. Courbes KR déterminée en flexion 3 points pour les différentes nuances de

PZT La résistance à la propagation de fissure dans les matériaux PZT est attribuée au renforcement par orientation des domaines ferroélectriques [53 58]. Sous l’effet de la contrainte engendrée en fond de fissure, les domaines changent d’orientation (Figure III.11) entraînant une déformation anélastique au voisinage du front de fissure. Lorsqu’ils se retrouvent dans le sillage de la fissure (à l’arrière du front) les domaines orientés exercent des contraintes de compression qui s’opposent à l’ouverture de fissure (effet d’écran).

Figure III. 11 : Schématisation du renforcement par orientation des domaines

ferroélectriques ; les domaines orientés exercent des contraintes de compression qui s’opposent à l’ouverture de la fissure.

94

Compte tenu de la nature de son dopant, la nuance PNZT1 est douce. Elle est donc

facilement polarisable sous contrainte. Cela explique le renforcement important

observé, lié à la facilité d’orientation des domaines qui intervient à des contraintes

faibles dans ce matériau.

L’origine du renforcement observé dans la nuance PNZT1 a été vérifiée en étudiant

l’effet d’un recuit de dépolarisation sur la courbe de résistance à la propagation de

fissures [ ]86 . Une fissure est propagée jusqu’à ce que le plateau de la courbe R soit

atteint (Figure III.12), puis l’éprouvette est déchargée et subit un recuit à 500°C, qui

a pour effet de dépolariser le matériau (retour de l’orientation des domaines à l’état

initial avant la propagation de fissure). L’essai de propagation est alors repris et la

courbe R déterminée après recuit. Nous observons que la valeur de KR à laquelle la

propagation est amorcée après recuit est identique à la valeur initiale KR0. Cela veut

dire que le recuit a entièrement détruit le mécanisme à l’origine de la résistance à la

propagation de fissures et on peut par conséquent conclure qu’il s’agit bien de

l’orientation de domaines ferroélectriques.

0

0,6

1,2

1,8

2,4

0 0,3 0,6 0,9 1,2

avant recuit après recuit

Accroissement de fissure ∆ a (m m )

K R

(M

Pa.

m

1/2

)

Figure III. 12 Effet d’un recuit sur la courbe R du PNZT1.

95

III.2.1.2.2 Effet de la polarisation

On a réalisé des essais de chargement sur des barreaux de PNZT frittés à 1250°C polarisés et non polarisés. La direction de polarisation est parallèle à l’entaille et donc parallèle à la direction de propagation de fissure (figure III.13). On a appliqué un champ électrique de 2 kV / mm pendant 30 min.

EE

Figure III. 13 Direction de la polarisation par rapport au chargement

Figure III. 14. Charge en fonction du déplacement pour le PNZT

Figure III. 15 Effet de la polarisation sur le PNZT.

96

On observe une rupture contrôlée dans les deux cas (Figure III.14). Cependant, dans le cas de l’échantillon polarisé, le renforcement est relativement plus faible (Figure III.15). En effet la courbe R montre un accroissement d’environ 0.6 pour le cas de PNZT non polarisée alors la PNZT polarisée présente un KR d’environ 0,35 MPam1/2. Cela ne correspond pas à nos attentes puisque la polarisation a orienté les domaines ferroélectriques dans une direction favorable au renforcement. Il est à noter que le même effet est observé lors de l’étude de la propagation sous critique qui fera l’objet du chapitre 4 et où l’on présentera une discussion.

III.2.2. Méthode d’indentation

III.2.2.1.principe

La courbe KR est décrite par l’expression analytique de Krausse qui a proposé une

loi en puissance permettant une analyse simple [ ]87 :

m

R 00

aK Ka

⎛ ⎞= ⎜ ⎟

⎝ ⎠ (III. 16)

Dans un premier temps on suppose que la forme de la fissure est invariante, c'est-

à-dire semi circulaire (a = c) ; la contrainte à la rupture, σ, peut s’écrire sous la

forme :

( )iP −βσ = α (III. 17)

où α et β sont des constantes reliées aux paramètres de la courbe R. En particulier,

la pente logarithmique de la courbe est donnée par :

( )1 3m

2 1− β=

+ β (III. 18)

Et 1/

00

⎛ ⎞α= ⎜ ⎟σ⎝ ⎠ (III. 19)

où 0σ est la contrainte à la rupture du matériau et , la charge d’indentation en

dessous de laquelle la rupture n’est plus initiée à partir des fissures d’indentation.

0P

97

Les essais ont été réalisés sur un équipage de flexion 4 points d’entre axes 35 mm et

10 mm. Trois indentations équidistantes ont été introduites à la même charge au

centre de la face polie (Figure III.16), de manière à ce que les diagonales de

l’empreinte soient orientées parallèlement aux axes de l’éprouvette. Les charges

minimales d’indentation ont été choisies de manière à créer des fissures de

longueur (en surface) au moins égales à deux fois la diagonale de l’empreinte

d’indentation. Cette condition, nécessaire au développement des fissures radiales,

est recommandée pour les mesures de ténacité à partir de fissure d’indentation.

Les longueurs de fissures ont été mesurées à l’aide d’un microscope optique, puis

les éprouvettes ont été centrées par rapport à l’équipage de flexion de manière à ce

que les trois fissures se situent dans la zone de contrainte maximale.

L

l

Figure III. 16. Disposition des fissures d’indentation sur la face en tension

lors d’un essais de flexion.

Nous avons utilisé un essai de chargement monotone : les éprouvettes indentées à

différentes charges (50N – 200N) de dimension 40×4×3 mm3, ont été chargées

jusqu’à rupture, à une vitesse de déplacement de 5mm/min. Pour chaque charge

d’indentation nous avons déterminé la contrainte à la rupture par la relation suivante :

( )m2

3P L l2BW

−σ = (III. 20)

Avec Pm la charge maximale atteinte à la rupture.

Après les essais, les faces indentées ont été observées au microscope optique pour

vérifier que la rupture a bien été initiée à partir d’une fissure d’indentation. Les

longueurs finales des deux autres ont été mesurées, afin d’évaluer la longueur de

fissure au point d’instabilité. Dans le cas où la rupture s’est initiée en dehors des

98

empreintes, la résistance à la rupture intrinsèque du matériau, σ0, a été déterminée à

partir de la charge maximale atteinte.

III.1.2.2. Contrainte à la rupture et charge d’indentation

La détermination des paramètres K0, m et a0 définissant la courbe KR, nécessite une

série de mesure de la contrainte à la rupture σ, pour différentes charges

d’indentation Pi : le tracé de la courbe de log σ en fonction de log Pi, pour Pi > P0 est

une droite dont la pente a l’origine donnent les coefficients β et α. La comparaison de

la pente – β, et de l’ordonnée de la courbe log σ - log Pi avec la droite de pente – 1/3

donne directement une information sur l’effet de courbe R dans le matériau : si β =

1/3, la pente logarithmique, m, de la courbe KR est nulle (équation III.18); par

conséquent le matériau ne présente pas l’effet de courbe R. Pour des valeurs de β

inférieurs à 1/3, le matériau présente un effet de courbe R d’autant plus important

que ce paramètre est faible.

La figure III.17 montre le logarithme de la contrainte à la rupture des éprouvettes

indentées en fonction de la charge d’indentation, Pi, pour les trois nuances des PZT

étudiées. Les rectangles noir définissent la résistance à la rupture, σ0. D’après les

essais effectués, la charge d’indentation, P0, en dessous de laquelle la rupture est

initiée en dehors de la fissure d’indentation vaut 10 N pour les trois nuances et les

contraintes à la rupture valent respectivement : 71 MPa pour le PZT1, 53 MPa pour

le PNZT1 et 50 MPa pour le PKZT1.

Pour le PNZT1 la courbe Log σ en fonction de Log Pi à une pente de – 0,15 donc on

observe un écart par rapport à la droite de – 1/ 3, compatible avec l’existence d’un

effet de courbe R dans ce matériau. Pour les deux autres nuances PZT1 et PKZT1

on trouve des pentes respectivement – 0,41 et – 0,36 ce qui implique que ces deux

nuances ne présentent pas d’effet de courbes R.

99

PZT1β = 0,41

0

0.4

0.8

1.2

1.6

2

0.5 1 1.5 2 2.5log(Pi)

log(

σ)

PKZT1

β= −0,36

0

0.4

0.8

1.2

1.6

2

1.5 1.7 1.9 2.1 2.3log(Pi)

log(

σ)

PNZT1

β = −0,15

1

1.2

1.4

1.6

1.8

2

1.5 1.7 1.9 2.1 2log(Pi)

log(

σ)

.3

Figure III. 17 Contrainte à la rupture en fonction de la charge d’indentation pour les

différentes nuances étudiées.

100

III.2.2.3. Facteur de forme effectif

En réalité la forme de fissure est semi–elliptique (figure III.18), d’où l’intérêt

d’introduire un facteur de forme effectif, ψE, pour déterminer la courbe R de la

nuance PNZT qui présente un effet de courbe R. Ce facteur dépend de la dimension

de la fissure et par conséquent de la charge d’indentation appliquée.

2c

B

2ci

ai

a W

Figure III. 18. Forme de la fissure en surface et en profondeur

Les valeurs de σ seront remplacées dans la relation (III.17) par σ.ψE :

( ) (E ilog log log Pσψ = α − β ) (III. 21)

Les valeurs des coefficients α et β ne sont pas les mêmes que celles définies par la

relation (III.17). La pente logarithmique m de la courbe R est donnée par la même

relation (III.18). La charge minimale d’indentation P0 est donnée par :

1/

00 0

⎛ ⎞α= ⎜ ⎟ψ σ⎝ ⎠ (III. 22)

où ψ0 est la valeur du facteur de forme au point d’instabilité, pour une fissure de taille

initiale c0. En combinant les relations III.17 et III.22, on obtient la contrainte à la

rupture normalisée en fonction de la charge d’indentation, Pi , relation (III.23).

E i

0 0 0

PP

−β⎛ ⎞σψ = ⎜ ⎟σ ψ ⎝ ⎠

(III. 23)

101

La figure III.19 montre les courbes ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

00

logψσ

σψ E en fonction de ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

0

logPPi des trois

nuances. Les résultats confirment l’effet de courbe R dans la nuance PNZT (β est

faible).

PNZT1

β= 0,14

-0.3

-0.2

-0.1

0

0.5 1 1.5log(Pi/Po)

log(

ΨΕσ

/Ψοσ

ο)

PKZT1

β = 0,248

-0.3

-0.2

-0.1

0

0 0.5log(Pi/Po)

log(

ΨΕσ

/Ψοσ

ο)

1

PZT1

β = 0,39

-0.5

-0.4

-0.3

-0.2

0 0.5 1 1log(Pi/Po)

log(

ΨEσ

/Ψοσ

ο)

.5

Figure III. 19 Courbe logarithmique de la contrainte à la rupture normalisée

en fonction de la charge d’indentation.

102

III.2.2.4. Courbe KR par indentation

La valeur initiale de la courbe KR, K0, est calculée par la relation suivante :

( )11/ 2

0 0 0

1K a

β

+ β= σ

β (III. 24)

La figure III.20 montre la courbe KR en fonction de la taille de la fissure pour le

PNZT1. On observe une augmentation de KR qui passe de 1.5 MPam1/2 à 1.9

MPam1/2 pour un accroissement de fissure de 350 µm.

PNZT1

0

0.5

1

1.5

2

2.5

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5Longeur de fissure c (mm)

KR

(MPa

m1/

2 )

PNZT1

0

0.5

1

1.5

2

2.5

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5Longeur de fissure c (mm)

KR

(MPa

m1/

2 )

Figure III. 20 Courbe KR de la nuance PNZT obtenue à partir de la contrainte à la rupture en

utilisant le facteur de forme effectif ψE.

103

Conclusion

Les deux études de la résistance à la propagation de fissures, montrent que le PZT

dopé au Niobium présente un effet de courbe R relativement important. L’ajout du Nb

induit des lacunes de Pb2+ qui facilitent le mouvement des domaines ferroélectriques

et rendent le matériau facilement polarisable comme le montre le cycle d’hystérésis

où le champ coercitif Ec est faible. Ceci nous a amené à attribuer le mécanisme de

renforcement observé, dans cette nuance, au basculement des domaines

ferroélastiques et de prouver cette hypothèse par un effet de recuit.

En revanche aucun renforcement n’a été démontré dans le PZT dur où la présence

du potassium génère des lacunes d’oxygène qui bloquent les domaines

ferroélectriques.

La polarisation induit une anisotropie de la ténacité surestimée par la méthode

d’indentation simple et le facteur de contraintes résiduelles d’indentation χ est

fortement influencé par cette polarisation.

Par contre la valeur de la ténacité du PZT dopée au Nb est sous-estimée et on

pense que dès l’application de la charge d’indentation, les domaines basculent, il y a

fissuration mais pas de renforcement confirmé par la courbe R.

104

Chapitre 4

PROPAGATION SOUS CRITIQUE Dans cette partie, nous présentons les résultats expérimentaux de l’étude de la

propagation sous critique des trois nuances élaborées de PZT. Les lois de

propagation de fissure sont déterminées à partir du diagramme V-KI (vitesse de

propagation de la fissure en fonction du facteur d’intensité de contrainte) à partir de

l’essai de double torsion (méthode de relaxation). Les effets du dopage, de

l’environnement, de la microstructure et de la polarisation sont présentés et

discutés.

105

IV.1. CROISSANCE SOUS CRITIQUE

Les lois de propagation sous critique ont été déterminées par l’essai de double

torsion.

Deux exploitations sont possibles pour cet essai, selon que l’on cherche à mesurer

des vitesses faibles (< 10−6 m/s, essai à charge constante) ou élevées (> 10−6 m/s ,

essai de relaxation).

Dans cette étude, nous avons utilisé la méthode de relaxation. L'intérêt principal de

cet essai est qu'il peut fournir une mesure directe de la longueur de la fissure (la

fissure est visible sur une des faces).

IV.1.1. Principe et procédure expérimentale : Double torsion

Les courbes de propagation sous critique V-KI (vitesse de propagation de fissure en

fonction du facteur d’intensité de contrainte) ont été déterminées par la méthode de

relaxation en double torsion, selon la procédure détaillée dans la référence [ ]88 . La

géométrie des éprouvettes et le mode de chargement sont présentés sur la

figure IV.1.

P

Wm

T=3mm

L = 40 mm

P/2 P/2

20 mm

Figure IV. 1 Géométrie et chargement de l’éprouvette de double torsion.

Le facteur d’intensité de contrainte KI est donné par la formule suivante qui tient

compte de la dépendance de ce facteur avec la longueur de fissure :

106

632

I0

aK H Pa⎛ ⎞= ⋅ ⋅⎜ ⎟⎝ ⎠

(IV. 1)

avec

P : la charge appliquée ;

a : la longueur de fissure ;

a0 : la longueur de l’entaille ;

H : un facteur tenant compte de la géométrie de l’éprouvette et des

caractéristiques intrinsèques du matériau (notamment le coefficient de poisson

ν) donné par :

( ) 1/ 2

m2

3 1WHT W

⎛ ⎞+ ν= ⎜ ⎟ψ ⋅⎝ ⎠

(IV. 2)

avec

π⎛ ⎞ψ = − + ⎜ ⎟⎝ ⎠

2T 2T _ W1 0,6302 1,2 expW W 2T

(IV. 3)

L’essai de relaxation est en fait un essais à déplacement constant durant lequel on

enregistre la charge P(t) en fonction du temps (en effet, la fissure se propageant va

relaxer la charge, qui diminue avec le temps).

L’analyse repose sur l’hypothèse que la complaisance C (déplacement divisé par la

charge P) est une fonction linéaire de la longueur de la fissure a :

yC BaP

= = + D (IV. 4)

Or on travaille à déplacement constant. Donc :

( ) ( )( ) ( )fy Ba D B.a t D P t= + = + (IV. 5)

Pf et af étant la charge à la fin d’essai et la longueur de fissure mesurée après

l’essai. D’où l’expression de la longueur de la fissure en fonction de la charge :

( ) ( )( )

f fP Ba D1a t DB P t⎛ ⎞+

= −⎜ ⎟⎜ ⎟⎝ ⎠

(IV. 6)

107

en dérivant la relation (IV.6) par rapport au temps, on obtient une expression de la

vitesse :

( ) ( )f

f2y

Pda D dPV t adt P t B dt

− ⎛ ⎞⎛= = +⎜ ⎟⎜⎝ ⎠⎝

⎞⎟⎠

(IV. 7)

Enfin, en remplaçant la longueur de la fissure, a, donnée par l’expression (IV.6) dans

l’équation (IV.1), on obtient le facteur d’intensité de contrainte KI (t). Ainsi, pour

chaque point du diagramme P = f (t), on obtient le facteur d’intensité de contrainte et

la vitesse correspondante. On réalise plusieurs essais de relaxation sur la même

éprouvette pour obtenir toutes les parties de la loi V – KI du matériau.

La dite méthode est utilisée pour étudier l’effet de dopage, de la microstructure, de la

polarisation et celui de l’environnement sur les courbes V-KI de céramiques PZT

élaborés.

Les essais ont été réalisés sur des éprouvettes élaborées avec et sans liant, de

dimensions (2x20x40 mm3), polies miroir pour faciliter l’observation des fissures. Une

entaille de longueur a0 ≈ 10 mm est usinée avec une meule d’épaisseur 0.3 mm et

une indentation Vickers est réalisée à une charge de 50 N en fond d’entaille pour

induire une fissure naturelle. Puis une préfissure est créée par un chargement très

lent pour obtenir une fissure de géométrie stable de longueur a1≈ 12 mm. Enfin les

échantillons sont recuits pour éliminer les contraintes résiduelles. Pour les

éprouvettes polarisées, leur polarisation a été réalisée dans un bain d’huile à une

température de 120°C, en appliquant un champ électrique cœrcitif de 2 kV/mm

pendant une durée de 30min.

IV.1.1.2 Résultats IV.1.1.2.1. Effet du dopant

La figure IV.2 présente trois diagrammes V-KI obtenus pour PZT1, PKZT1 et PNZT1.

Seul le stade I a été observé pour les trois nuances mais les courbes sont différentes

et dépendent du type de dopant. Pour PZT1 et PKZT1, elles sont très proches. Par

contre, celle de PNZT1 est décalée vers des valeurs plus élevées de KI. Ce décalage

est en correlation avec la forte augmentation de la résistance à la propagation de

fissures (effet de courbe R) mis en évidence dans la PNZT1 (cf. chapitre 3). On

rappelle ici que cet effet est lié au renforcement engendré par le basculement de

domaines ferroélectriques. Sous l’effet de la contrainte appliquée, les domaines 108

basculent entraînant une déformation anélastique au voisinage du front de fissure.

Lorsqu’ils se retrouvent dans le sillage de la fissure (à l’arrière du front), les domaines

qui ont basculé exercent des contraintes de compression qui s’opposent à l’ouverture

de fissure. Ce phénomène est plus important dans la nuance douce PNZT facilement

polarisable.

Dans ce cas, le facteur d’intensité de contrainte local, en fond de fissure, Ktip (c'est-à-

dire celui qui participe réellement à l’avancée de la fissure) est lié au facteur

d’intensité de contrainte appliqué et à celui qui s’oppose à la propagation par :

tip I RK K K= − ∆ (I. 14)

KItip : facteur d’intensité de contrainte

KI : facteur d’intensité de contrainte appliquée

∆KR : contribution du basculement de domaines. Elle est en fonction de KItip.

Lorsque ∆KR augmente, le facteur d’intensité de contrainte (FIC) apparent augmente.

1,E-08

1,E-07

1,E-06

1,E-05

1,E-04

1,E-03

1,E-02

0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7KI (MPam1/2)

V (m

/s)

PZT1 PKZT1 PNZT1

Figure IV. 2. Effet du dopant sur la propagation sous critique des PZT sans liant.

Les mêmes résultats ont été obtenus par des essais sur des échantillons élaborés

avec liant (figure IV.3). On constate que l’ajout du liant permet aussi d’augmenter la

ténacité de la nuance PNZT, alors qu’il n’en a pas d’effet sur les deux autres nuances

PZT et PKZT. Cela revient à l’augmentation de la densité due à l’ajout du liant.

109

1,E-07

1,E-06

1,E-05

1,E-04

1,E-03

1,E-02

0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 2

KI (MPa.m1/2)

PZT PKZT PNZT

V(m

/s)

Figure IV. 3 Effet du dopant sur la propagation sous critique des PZT avec liant.

Les paramètres de la relation classique V=AKn, déterminés à l’aide des courbes

V-KI des différentes nuances avec ou sans liant, sont donnés dans le tableau IV.1.

Tableau IV. 1 Paramètres de la loi V-KI des différentes nuances

PZT PNZT PKZT

N 22 40 20 KIC 1,09 1,97 1,12

IV.1.2.2. Effet de l’environnement (eau)

Dans le but de comprendre les mécanismes de propagation sous critique, en

particulier le rôle de l’eau, nous avons réalisé des essais, de double torsion, dans

l’eau pour les différentes nuances. Pour limiter la dispersion due à l’effet géométrique,

les essais ont été conduits, pour chaque nuance, sur les mêmes éprouvettes en

commençant par l’essai dans l’air. Les résultats sont comparés à ceux obtenus dans

l’air sur la figure IV.4. Toutes les nuances sont sensibles à la corrosion sous

contrainte par l’eau, comme en témoigne le décalage des courbes V-KI vers les

faibles valeurs de KI en présence d’eau.

110

1,E-08

1,E-07

1,E-06

1,E-05

1,E-04

1,E-03

1,E-02

0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5KI (MPam1/2)

PZT1 PKZT1 PNZT1PZT1-eau PKZT1-eau PNZT1-eau

V (m

/s)

Figure IV. 4 Effet de la présence d’eau la propagation des fissures pour les trois nuances

(PZT1, PNZT1,PKZT1)

IV.1.2.3. Effet de la microstructure

Dans l’optique d’étudier l’effet de la microstructure sur la propagation sous critique, nous avons déterminé des diagrammes V- KI pour les matériaux élaborés avec liant, frittés à deux températures différentes: 1150°C et 1250°C. Nous constatons que les courbes obtenues sont différentes et dépendent de la taille de grain. Lorsque la taille de grains diminue, on note un décalage des courbes vers les faibles valeurs de KI pour les trois nuances, lié par conséquent à une chute du renforcement du facteur d’intensité de contrainte. Ce décalage est d’environ 0,4 MPa.m1/2. Ceci correspond aux prédictions théoriques de Arlt et Pertsev [ ]89 qui indiquent que les parois de domaine des céramiques à grains fins sont moins mobiles que celles des céramiques à gros grains.

111

1,E-07

1,E-06

1,E-05

1,E-04

1,E-03

1,E-02

0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7 1,9

KI (MPa.m1/2)

PZT PKZT PNZT

PZTf PKZTf PNZTfV

(m/s

)

Figure IV.5 Effet de la microstructure pour les trois nuances

IV.1.2.4. Effet de la polarisation

Afin d’étudier l’effet d’une polarisation sur la propagation de fissures dans les PZT,

des essais de relaxation ont été réalisés sur des éprouvettes de double torsion

polarisées de deux manières différentes :

Polarisation ┴ (suivant la largeur de l’éprouvette) : le champ électrique est

perpendiculaire aux surfaces de la fissure et à la propagation de fissures.

Polarisation // (suivant l’épaisseur de l’éprouvette) : le champ électrique est

parallèle au front et aux surfaces de la fissure ainsi qu’à la direction de

propagation de fissure

IV.1.2.4.1. Polarisation dans la largeur

A priori, la polarisation (┴) oriente la majorité des domaines ferroélectriques dans la

direction de la contrainte appliquée (Figure IV.6). Ceux-ci ne peuvent donc pas

basculer sous l’effet de la contrainte, ce qui réduit le renforcement par basculement

des domaines et par conséquent le facteur d’intensité de contrainte apparent.

112

La figure IV.7 montre les résultats expérimentaux obtenus à partir des essais de

double torsion, pour les trois nuances frittées à 1250°C et polarisées dans le sens de

la largeur (┴) avec une tension de 1.5KV/mm pendant 30 min.

Ces résultats sont comparés sur la même figure à des nuances similaires mais non

polarisées. On observe une diminution de KI de l’ordre de 0.7 MPa.m1/2 pour la

PNZT et de l’ordre de 0.1 MPa.m1/2 pour les deux autres nuances PZT et PKZT.

La polarisation dans la largeur diminue donc le renforcement par basculement de

domaines. Ceci est en accord avec la bibliographie et confirment bien l’hypothèse

avancée.

On note aussi que, relativement aux nuances non polarisées, la chute de KI est

faible pour PZT et PKZT alors qu’elle est importante pour PNZT. Mais le décalage

vers les plus grandes valeurs de KI qui est toujours présent entre le PNZT et les PKZT

– les PZT non polarisées, laissent supposer qu’il y a encore du basculement de

domaines pour le PNZT.

E

Polarisation ⊥

Pas de renforcement

s s

EE

Polarisation ⊥

Pas de renforcement

s s

Pas de renforcement

s s

Figure IV.6 Direction de polarisation.( E :champ , s : contrainte). Basculement des domaines ferroélectriques sous contrainte

113

1,E-07

1,E-06

1,E-05

1,E-04

1,E-03

1,E-02

0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 2KI (MPa.m1/2)

PZT PKZT PNZTPZT polarisée ┴ PKZT polarisée ┴ PNZT polarisée ┴

V(m

/s)

Figure IV.7 Effet d’une polarisation ┴ pour les trois nuances.

IV.1.2.4.2. Polarisation dans l’épaisseur

Nous avons réalisé des essais, de double torsion, sur des échantillons (PZT, PKZT et

PNZT), polarisés dans l’épaisseur (polarisation //) en appliquant une tension de 1,5 kV

par mm pendant 30 min.

Les courbes V-KI obtenues sont comparées à celles des nuances non polarisées sur

la figure IV.9. Le PZT et PKZT montrent tous les deux un décalage vers les plus

grandes valeurs de KI de l’ordre respectivement de 0,5 MPa.m1/2 et 0,3 MPa.m1/2.

Ce renforcement est dû au fait que la polarisation a orienté les domaines

ferroélectriques dans la direction perpendiculaire à celle de la contrainte appliquée

(figure IV. 8). Ils sont alors susceptibles de basculer sous l’effet de la contrainte. La

polarisation dans l’épaisseur augmente donc le renforcement par basculement de

domaines. Par contre, pour PNZT on note une diminution KI d’environ 0,4 MPa.m1/2.

Cette chute ne correspond pas aux mécanismes de renforcement attendus.

114

Es s

renforcement

Polarisation //

EE s s

Polarisation //

renforcement

Figure IV. 8 Direction de polarisation (E : champ, s : contrainte). Basculement des domaines

ferroélectriques sous contrainte

1,E-07

1,E-06

1,E-05

1,E-04

1,E-03

1,E-02

0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 2KI (MPa.m1/2)

PZT PKZT PNZT

PZT_polarisée // PKZT_polarisée // PNZT_polarisée //

V(m

/s)

Figure IV.9 Effet de la polarisation (//) sur les trois nuances.

Pour vérifier ces résultats, on a donc réalisé un autre essai sur un échantillon de

PNZT à petits grains, dans les mêmes conditions de polarisation. On regroupe les

résultats pour les deux tailles de grains dans la figure IV.10.

115

1,E-07

1,E-06

1,E-05

1,E-04

1,E-03

1,E-02

1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 1,9 2

KI (MPa.m1/2)

PNZTF PNZT PNZT // PNZTf //

V( m

/s)

Figure IV. 10 Effet de la polarisation (//) sur les trois nuances PNZTf

On assiste encore à une chute du renforcement de 0,3 MPa.m1/2. Ces essais de

double torsion sur les PNZT polarisés dans l’épaisseur sont donc en accord avec la

baisse de renforcement observée lors de l’essai de flexion sur le barreau de PNZT

polarisé (cf Figure III.14).

Donc, dans le cas de la polarisation dans le sens de l’épaisseur, les courbes V- KI du

PZT et PKZT sont décalées vers des valeurs plus élevées de KI, alors que celle du

PNZT est décalée dans le sens inverse. Le comportement des deux nuances PZT et

PKZT, observé par d’autres auteurs, est lié à une possibilité d’orientation des

domaines sous l’effet d’une contrainte, qui a pour effet d’augmenter la ténacité ou la

résistance à la propagation de fissures. Par contre, le comportement du PNZT, dans

lequel le renforcement est plus important, n’était pas prévisible.

Le tableau IV.2 regroupe les résultats expérimentaux de l’effet de la polarisation sur

la ténacité par la méthode de double torsion évaluée par l’expression ∆K donnée par

l’expression (III.11). On constate qu’il y a bien une anisotropie induite par la

116

polarisation et que nos valeurs sont voisines de celles de la littérature dans le cas de

la polarisation ┴ : 0,15 [35] et 0,10 [36].

Tableau IV. 2 Anisotropie due à la polarisation : méthode de double de torsion

∆KIC ┴ ∆KIC//

PZT 0,09 -0,40

PKZT 0,13 -0,25

PNZT 0,35 0,21

Dans la suite de cette partie, nous nous sommes intéressés à l’effet inattendu observé

dans cas de la polarisation //.

En comparant les cycles d’hystérésis des trois nuances, on constate que lors de la

polarisation des PZT et PKZT, on n’atteint pas la polarisation de saturation, alors que

dans le cas du PNZT, on atteint la polarisation de saturation. On a supposé que ceci

peut être à l’origine de cette différence de comportement entre les PZT - PKZT et le

PNZT. En d’autres termes, pour le PNZT, la contrainte appliquée lors de l’essai de

double torsion ne serait alors pas suffisante pour faire basculer les domaines, car la

polarisation est trop importante. Les domaines sont comme « bloqués ». En revanche,

pour le PZT et le PKZT, le basculement peut se produire sous l’effet de la contrainte

appliquée, car ils ne sont pas polarisés jusqu’à saturation.

Pour vérifier cette hypothèse, nous avons conduit des essais pour des échantillons

de PNZT à différentes valeurs de champ.

Les résultats (Figure IV.11) montrent que la courbe V-KI se déplace toujours vers les

plus faibles valeurs de KI, et que le décalage augmente avec l’intensité du champ

électrique.

117

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.4

-0.3

-0.2

-0.1

0

0.1

0.2

0.3

0.4 PNZTf

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n (C

/m²)

1,E-08

1,E-07

1,E-06

1,E-05

1,E-04

1,E-03

1,E-02

1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7

KI (MPa.m1/2)

2KV/mm 1KV/mm 0.5KV/mm 0KV/mm

V(m

/s)

Figure IV. 11 Courbes V-KI de PNZTF polarisé à différentes valeurs de champ électrique

La polarisation peut diminuer le facteur d'intensité de contrainte au début de la

progression de la fissure si les efforts de tension sont présents au fond de la fissure.

D'autre part, l’existence d’une composante de contrainte parallèle à la direction de

propagation de fissure peut réorienter les domaines au sillage de la fissure comme le

décrit Fett et al. [51] et réduire ainsi le facteur d'intensité de contrainte pendant la

propagation de fissure. L'observation de la zone du basculement des domaines

ferroélectriques et la détermination de la distribution de contraintes dans la zone

frontale et au sillage de la fissure seraient utiles d'accomplir l'analyse de l'influence de

polarisation sur les PZT doux en particulier PNZT.

118

Conclusion Pour tous les matériaux étudiés nous avons observé pour les courbes V-KI

uniquement le stade 1.

Un dopage au Nb favorise le renforcement par basculement des domaines

ferroélectriques qui se traduit par un décalage de la courbe V-KI vers des valeurs plus

élevées de KI.

Lorsque la taille de grains diminue, le renforcement du facteur d’intensité de contraint

par basculement de domaines diminue suite à un blocage de domaines

ferroélectriques. (diminution de l’effet de courbe R)

Après une polarisation (┴) , l’orientation sous contrainte des domaines

ferroélectriques est limitée, ce qui a pour effet de décaler les courbes V-KI vers des

valeurs plus faibles de KI. Une polarisation (//), facilite l’orientation des domaines

ferroélectriques sous contrainte, ce qui a pour effet de décaler les courbes vers des

valeurs plus élevées de KI dans le cas du PZT et PKZT. Par contre un effet inverse a

été observé dans la nuance PNZT.

119

CONCLUSION GENERALE

120

Ce travail concerne l’étude du comportement mécanique à la rupture des céramiques

piézoélectriques de zircono-titanates de plomb (PZT), de structure pérovskite Pb (Zr1-x

Tix) O3.

Les matériaux étudiés sont trois nuances élaborées de composition voisine de la

zone morphotropique (Zr :Ti, 54 :46) : non dopée (PZT), dopée à 2% at. de Niobium

(PNZT) et dopée à 1% at. de potassium (PKZT). Deux procédés d’élaboration ont été

utilisés avec et sans liant.

Leur comportement est analysé en termes de courbes R (résistance à la propagation

de fissures), de lois de propagation sous critique V-KI (vitesse de fissuration en

fonction du facteur d’intensité de contraintes appliquées), de ténacité intrinsèque et

d’anisotropie induite de la polarisation, et ceci en fonction, notamment, de leur

composition (dopage), de leur microstructure et du milieu environnant.

Cette étude a montré que le basculement des domaines ferroélectriques contribue au

renforcement du PZT dopé au niobium. Ce renforcement important mis en évidence,

est dû à l’ajout du Nb qui crée des lacunes de plomb. Ces lacunes facilitent le

mouvement des parois des domaines et par conséquent rendent le matériau

facilement polarisable. Un recuit a montré qu’il s’agit bien d’un renforcement par

basculement des domaines (phénomène réversible). Par contre l’ajout du potassium

crée des lacunes d’oxygène qui bloquent le mouvement des murs de domaines et

rendent le matériau difficilement polarisable ce qui explique probablement l’absence

de l’effet de courbe R pour la nuance PKZT.

La polarisation a un effet sur la résistance à la propagation de fissure. La courbe R de

la nuance PNZT non polarisée est au dessus de celle de la nuance PNZT polarisée,

mais les deux courbes ont la même valeur d’amorçage (KR0).

La polarisation induit aussi une anisotropie de la ténacité surestimée par la méthode

d’indentation simple. Cette étude a montré pour la première fois que le facteur de

contraintes résiduelles d’indentation dépend de l’état de polarisation

( χ polarisé = 0,4 χnon polarisé pour PNZT). Il faut par conséquent tenir compte de

sa valeur réelle pour évaluer l’anisotropie intrinsèque de ténacité pour les matériaux

polarisés.

121

Les lois de propagation sous critique V-KI déterminées pour les trois nuances, ont

montré un décalage vers les fortes valeurs de KI pour la nuance PNZT alors que les

deux nuances PZT et PKZT sont presque confondues. Ces résultats sont en

corrélation avec ceux de la résistance à la propagation de fissure.

Ces lois V-KI sont influencées par la polarisation et sa direction. Elles se décalent vers

les faibles valeurs de la ténacité dans le cas d’une propagation perpendiculairement

au sens de la polarisation : les domaines sont déjà orientés dans le sens de la

contrainte.

Mais lorsque la propagation de fissure est parallèle au sens de la polarisation, on

favorise le nombre de domaines susceptibles de basculer sous l’effet de contraintes

traduit par plus de renforcement. Ceci est vérifié pour les nuances PZT et PKZT

mais pas pour la nuance PNZT.

L’effet de la microstructure et de l’eau sur les courbes V-KI a également été étudié.

Lorsque la taille de grains diminue, un décalage vers les faibles valeurs de KI est

observé pour les trois matériaux. Ceci peut être attribué à une chute du

renforcement, due au blocage des domaines ferroélectriques lorsque la taille de

grains diminue. Pour l’effet de l’eau, les trois nuances sont sensibles à l’humidité.

Enfin, il est à noter que la pluridisciplinarité et le temps limité alloué à un travail de

thèse font des résultats obtenus, des résultats partiels. Ils peuvent être complété par :

Etude de la fatigue cyclique pour la nuance présentant l’effet de courbe R

(PNZT),

La détermination du facteur de contraintes résiduelles d’indentation pour les

nuances PZT et PKZT ainsi que la proposition d’un modèle de calcul du dit

facteur pour les céramiques piézoélectriques.

Le calcul de la contrainte de basculement des domaines ferroélastiques en

effectuant des essais mécaniques in-situ pour les trois nuances et en essayant

d’expliquer l’effet du sens de la direction de polarisation.

122

ANNEXE

123

Propriétés piézo-électriques, diélectriques et mécaniques

La piézoélectricité est un phénomène de couplage entre l’énergie élastique et

l’énergie diélectrique dans certains cristaux ou solides anisotropes. Les équations

piézo-électriques découlent des considérations thermodynamiques qui montrent que

piézo-électriques relieront donc une variable mécanique (déformation S ou contrainte

T) et une variable électrique (induction D ou champ E).

Soit G le potentiel Thermodynamique de Gibbs, les quatre grandeurs (S, T, D et E)

peuvent être décrites comme dérivées partielles de celui-ci :

(A. 1) kkijij DETSUG −−=

U est l’énergie interne, T la contrainte mécanique, S la déformation, E le champ

électrique et D l’induction électrique. En négligeant les phénomènes thermiques et

pour une transformation adiabatique et réversible, on a :

(A. 2) kkijij SEdSTdU −=

d’où, (A. 3) kkijij dEDdTSdG −−=

Le développement au 1er ordre du potentiel de Gibbs G donne [3]:

kTk

ij

Eij

dEEGdT

TGdG ⎟⎟

⎞⎜⎜⎝

⎛∂∂+⎟

⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂= (A. 4)

Par identification des équations I.5 et I.6 ona :

Tk

k

Eijij dE

GDetdT

GS ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

⎛ ∂=⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

⎛ ∂−= (A. 5)

En exprimant les dérivées totales de la déformations et de l’induction, on :

kkij

klklij

dEET

GdTTT

GdSij ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂−⎟

⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂−=

22

(A. 6)

nkn

ijijk

k dEEE

GdTTE

GdD ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

⎛∂∂

∂−⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂−=

22

(A. 7)

124

Ainsi, les coefficients pièzoélectriques sont définis comme suit :

Tji

Tij

klij

kijkl

ijkijk EE

GetTT

GSTE

Gd ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂−=⎟

⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂−=⎟

⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂−=

222

,, ε (A. 8)

Les équations peuvent se réécrire :

(A. 9) klEijklnijnijlmklmj

Tijk TsEdSetTdED +=+= ε

Par conséquent on a :

ijkn

ij

ij

n dTES

ETD

=∂∂

=∂∂

(A. 10)

De la même manière, on peut exprimer d’autres couples de variables indépendantes.

Ce qu’on peut l’expliciter par les équations mentionnées dans le chapitre 1 :

Grandeurs électriques Grandeurs mécaniques

D = εT .E + d.T (A. 11) S = sE.T + dt . E (A. 12)

E = βT .D – gT (A. 13) S = sD.T + gt.D (A. 14)

D = εs E + e.S (A. 15) T = CE.S – et.E (A. 16)

E = βs.D – h.S (A. 17) T = CD.S – ht.D (A. 18)

Indice t: indique la transposée ;

( )x Indique que la grandeur considérée est mesurée ou calculée à x

constante ou nul

125

Tableau A-1 Glossaire des symboles dans la piézoélectricité

Abréviations Définitions Type d’énergie

T Contrainte mécanique (Pa) S Déformation relative (m/m)

s Compliance ou susceptibilité élastique (m2/N)

c Raideur ou constante élastique (N/m2)

MECANIQUE

D Déplacement électrique ou induction(C/m2)

E Champ électrique ε Permittivité électrique (F/m)

β Constante d’imperméabilité diélectrique (m/F)

ELECTRIQUE

d

Constante piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la charge et la contrainte à champ constant ou nul. (C/N ou m/V)

e

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la charge et la déformation à champ constant ou nul.(C/m2 ou N/V.m)

g

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la contrainte et le champ résultant à induction constante ou nulle (V.m/N ou m2/C)

h

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la déformation et le champ résultant à induction constante ou nulle (V/m ou N/C)

PIE

ZOE

LEC

TRIQ

UE

En raison de la dépendance directionnelle des propriétés du matériau (anisotropie),

les paramètres des équations constitutives de la pièzoélectricité doivent être

présents par des tenseurs généralement contractés. Par exemple, les Sij et Tij (i et j

de 1 à 3), comme étant Sk et Tk avec k=i si i=j, et k=9-(i+j) si i≠j.

On distingue ainsi trois types de tenseurs : élastique (cij ou sij), électrique (εij ou βij) et

piézo-électrique (dij, eij, gij ou hij).

126

A-1 Les coefficients piézo-électriques : Chacun des tenseurs piézo-électriques (dij, eij, gij ou hij) forme une matrice de 3

lignes et 6 colonnes traduisant le couplage entre les grandeurs électriques et

mécanique. Des équations précédentes, on peut déterminer les relations entre les

coefficients piézo-électriques [6]

Djimjni

Tnmmi

Ejimjni

Snmmi

Djimj

Tnmmi

Ejimjni

Tnmmi

cgeh

cdhe

Shdnig

Segd

==

==

==

==

β

ε

β

ε

(A. 19) avec i, j= 1 à 6 et m,n = 1 à 3

Les deux indices des coefficients piézo-électriques désignent respectivement

la direction de l'axe de polarisation et celui de la déformation de l'échantillon. Les

indices i, j, m et n respectent la notation tensorielle de la Figure A.1.

Figure A.1. Notation tensorielle utilisée dans les équations (I.4) (axe de polarisation suivant l'axe 3).

Ainsi pour une céramique polarisée suivant l’axe 3, la matrice des coefficients piézo-

électriques d (de même pour g e et h) s’écrit :

a) Définition des coefficients piézo-électriques:

La constante de charge d. Elle traduit la proportionnalité entre la contrainte et l'induction électrique à champ nul

ou constant (en C/N ou m/V).

127

La constante de tension g. Elle traduit la proportionnalité entre la contrainte mécanique et le champ électrique à

induction nulle ou constante (en Vm/N ou m2/C).

La constante piézo-électrique e. Elle traduit la proportionnalité entre la déformation et l'induction électrique à champ

nul ou constant (en C/m2 ou N/Vm)

La constante piézo-électrique h. C'est le coefficient piézo-électrique traduisant la proportionnalité entre la déformation

et le champ électrique à induction nulle ou constante (en V/m ou N/C).

b) Quantification du couplage :

A chacune des fréquences d'excitation d'une céramique piézo-électrique est associé

un mode de vibration. La nature de ces modes autrement dit la distribution

géométrique selon laquelle se déforme la céramique considérée, dépend de ses

dimensions, de la direction du champ d'excitation E& et du vecteur polarisation P&

.Les principaux modes sont illustrés dans la Figure A.2.

Figure A.2. Modes de vibrations fondamentaux d'une céramique piézo-électrique.

c) Coefficient de couplage électromécanique

En pratique, au lieu les tenseurs pour caractériser le couplage élasto-électrique, on

préfère un paramètre scalaire que l’on appelle coefficient de couplage [90 5]. Il définit

l’aptitude de la céramique piézoélectrique à transformer l’énergie électrique en

énergie mécanique (ou inversement).Sa définition en accord avec les normes IRE[4 6]

est donnée par :

128

= m

E D

UkU U

(A. 20)

UE l’énergie élastique

UD l’énergie électrique

Um l’énergie d'interaction (ou mutuelle) élastoélectrique

Ce coefficient de couplage est obtenu à partir d'une étude thermodynamique du

système considéré comme linéaire en négligeant les effets thermiques. Ainsi, on

peut quantitativement écrire :

2 = énergietransforméek

énergiefournie (A. 21)

L'expression du coefficient de couplage dépend de la forme de la céramique et de

son mode de vibration.

Le tableau A.2. donne la définition des principaux coefficients de couplage utilisés en

fonction des coefficients élastiques, diélectriques et piézoélectriques.

129

Tableau A-2. Variation du coefficient de couplage en fonction de la forme de vibration de

l’éprouvette

k33 pour la vibration des pièces épaisses suivant la direction de polarisation,

k31 pour la vibration transversale (perpendiculaire à l’axe de polarisation),

kp pour la vibration planaire ou radiale d’un disque mince,

kt pour la vibration des pièces minces suivant la direction de polarisation (suivant

l’épaisseur).

130

d) Le facteur de qualité mécanique Q

Le facteur de qualité mécanique appelé aussi coefficient de surtension mécanique,

traduit les pertes mécaniques dans les céramique. Ce facteur est défini de la façon

suivante :

max sin= énergie imale emmaga ée pendant une periodeQénergie dissipée pendant une periode (A. 22)

En disposant d’échantillons de formes bien déterminées, on a accès à l’ensemble

des caractéristiques en mesurant les fréquences de résonance fs et d'antirésonance

fp et en utilisant les relations inter-matrices des constantes piézo-électriques,

diélectriques et mécaniques [91 92 93]

Ainsi diverses constantes piézo-électriques, diélectriques et élastiques peuvent être

déterminées comme par exemple le coefficient de couplage k ou le facteur de

qualité mécanique Q.

A-3 Différents Coefficients des céramiques élaborés : Le tableau A-3 regroupe les différents coefficients déterminés pour nos céramiques

en mode disque.

131

Tableau A-3 Différents coefficients de nos céramiques déminées en mode disque.

PZT1 PNZT1 PKZT1

Capacité (pF) Cbf 199.80 504.15 75.32

Pertes (%) 0.93 3,47 3,45

Constantes de couplage kp=0.414

K33T=0.429

kp = 0.442

K33T=0.385

kp = 0.273

K33T=0.553

Mode planaire Fmp =194261 Fnp =208821

Fmp = 132369

Fnp= 143898

Fmp= 287173

Fnp = 295982

Fréquences de résonance (Hz) Mode

épaisseur Fm= 1306641

Fn= 1421500

Fm = 1014168

Fn=

1083342

Fm= 1188895

Fn= 1385500

Constantes diélectriques (1e-9F/m)

Eps33T= 3.06

Eps33S =2.07

Eps33T=5,13

Eps33S =

3.51

Eps33T =2.14

Eps33S =1.38

Constantes élastiques (1e10N/m²))

Cd = 13,29

Ce = 10.84

Cd = 12,45

Ce = 10.60

Cd = 12.52

Ce = 8.69

Facteur de qualité Q = 394 Q = 72 x

Constantes piézoélectriques E33 (C/m²)) =

7.12

H33(1e8V/m²)=

34.38

E33 (C/m²)) = 8,05 H33 (1e8V/m²) = 22,89

E33 (C/m²)) =

7.25

H33 (1e8V/m²)

= 52.73

A-2 Température de curie La figure A.3 présente la variation de ε relatif en fonction de la température

respectivement pour PNZT1. Ces mesures ont été réalisées à différentes fréquences

(0.1 KHz, 1 KHz, 10 KHz et 100 KHz), à l’aide d’un analyseur multifréquences LCR

meter (HP4194A) combiné à un four thermolyne. On a présenté que le cas de la

fréquence 1KHz car on n’a pas observé d’effet de relaxation. Ce qui est normal

puisque que les perovskites à base de Pb(Byα+C1-y

β+)O3 présentent dans la grande

majorité un effet relaxeur.

La première variation est due à la transition ferroélectrique – ferroélectrique de la

phase R à la phase T tandis que le maximum correspond un peu près à la

température de Curie environ moins que 10°C.

132

Figure A-3 Variation de ε la en fonction de la température

133

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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