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Promouvoir les oPPortunités d’emPlois verts en Côte d’ivoire

Promouvoir les opportunités d’emplois verts en Côte d’Ivoire

Équipe du Rapport,

Célestin Tsassa, Conseiller Economique, PNUD, Chef d’Equipe

Cédric Lombardo, Spécialiste de l’économie verte, BeDevelopment

Gustave Aboua, Directeur Général du Développement Durable

Ynsa Traoré, Expert du BNETD

Emma Anho Ngoua, Conseiller de Programme Environnement au PNUD,

El Allassane Baguia, Spécialiste OMD, PNUD

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AvertissementLes analyses et conclusions de ce document sont formulées sous la responsabilité de ses auteurs. Elles ne reflètent pas nécessairement le point de vue du PNUD ou de ses institutions partenaires.

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Avant Propos

Les préoccupations environnementales sont au centre du développement humain durable. Les menaces, notamment les changements climatiques et les risques de catastrophes et environnementaux, que font planer nos modes de produire et de consommer actuels sur le devenir de l’humanité comme le soulignent de nombreux spécialistes à l’image du GIEC qui témoigne de l’impératif des changements indispensables dans la manière de mener nos activités économiques et sociales et d’en jouir. L’économie verte s’impose alors, non seulement comme modèle au niveau des activités mais aussi comme une exigence du processus de réduction de notre empreinte écologique. Cette exigence de promouvoir une économie verte, moins polluante et protectrice de l’environnement et du cadre de vie est au centre de la stratégie nationale de développement durable en Côte d’Ivoire.

L’économie verte tout en étant le moteur du développement durable est aussi pourvoyeuse d’emplois verts. C’est ainsi que face aux problèmes de chômage, de sous-emploi et de faible productivité du travail que connait la Côte d’Ivoire, il est apparu nécessaire, à l’instar du livre pionnier du PNUE et du BIT sur les emplois verts publié en 2008, d’explorer les opportunités d’emplois verts en Côte d’Ivoire.

Sous les auspices du PNUD, trois études sur les opportunités d’emplois verts en Côte d’Ivoire dans les énergétiques renouvelables, le reboisement et la gestion des déchets ont été aussi menées. D’autres domaines méritent tout autant de constituer des pistes de réflexion utiles pour la promotion des emplois verts comme l’efficacité énergétique des nouveaux et des anciens bâtiments, les technologies de transport durables et systèmes de transports en commun, les infrastructures écologiques de la terre, l’agriculture durable, y compris biologique.

Les résultats des études pilotes qui constituent la trame essentielle du présent document fournissent des pistes d’actions indispensables pour créer des milliers d’emplois verts en Côte d’Ivoire. Ces emplois s’inscrivent dans la logique de réduction de la pauvreté et de la durabilité.

La promotion des emplois verts se présente comme la voie à privilégier si l’on souhaite concilier les impératifs économiques et sociaux et la nécessaire protection de l’environ-nement. En effet, il s’agit de promouvoir les emplois dans l’agriculture, l’industrie, les ser-vices et l’administration qui contribuent à préserver, restaurer et valoriser la qualité de l’environnement. La promotion des emplois verts s’inscrit dans la démarche volontariste du gouvernement qui consiste à adapter la politique de l’emploi aux défis environnementaux qui combinés au chômage des jeunes constituent les problématiques les plus pressantes de ce siècle.

Une transformation structurelle de l’économie ivoirienne impliquant la création d’un grand nombre d’emplois verts et ayant des effets positifs majeurs sur le développement humain durable est possible. Ce document montre la nécessité de promouvoir des politiques cohé-

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rentes qui intègrent les trois piliers du développement durable : économie, environnement et société.

De nouvelles filières sont à développer et l’économie verte offre de nombreuses opportu-nités d’emplois et de développement de compétences qu’il sera indispensable de promou-voir. Le rôle du secteur privé reste fondamental dans le cadre de partenariats public-privé qui vont au-delà des seules incitations fiscales et réglementaires en visant aussi l’accès à la technologie et aux marchés qui doivent impulser la dynamique économique et celle de l’emploi décent.

Ce document qui est le fruit du partenariat entre le Ministère en charge de l’environnement et du développement durable, le secteur privé et le PNUD renforcera nous l’espérons le dialogue utile sur la manière de réaliser le développement humain durable en Côte d’Ivoire et dans le monde en général.

Ndolamb NGOKWEY

Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies, Représentant Rési-dent du Programme des Nations Unies pour le Développement

Dr Rémi ALLAH-KOUADIO

Ministre de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et

du Développement durable

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Résumé exécutif

Ce livre se propose dans le contexte de la Côte d’Ivoire marqué par le niveau élevé de chômage, le sous-emploi et la faible productivité du travail d’explorer les opportunités d’emplois verts. C’est dans ce sens qu’à l’instar du livre pionnier du PNUE et du BIT sur les emplois verts publié en 2008, le PNUD a appuyé à la réalisation des études sur les oppor-tunités d’emplois verts en Côte d’Ivoire dans les domaines des énergies renouvelables, du reboisement et de la gestion des déchets. Ce document qui synthétise l’ensemble de ces études et explore les opportunités de créations d’emplois verts dans les domaines des énergies renouvelables, du reboisement, de la cacaoculture et de la gestion des déchets. D’autres domaines au potentiel important pour la promotion des emplois verts comme l’efficacité énergétique des nouveaux et des anciens bâtiments, les technologies de trans-port durables et systèmes de transports en commun, les infrastructures écologiques de la terre, l’agriculture durable, y compris biologique pourraient aussi être considérés. On peut estimer que ces autres domaines feront l’objet d’investigations pour en relever le potentiel en termes d’opportunités d’emplois et de développement de l’économie verte.

Ce livre intitulé « Promouvoir les emplois verts en Côte d’Ivoire » souligne que la création des emplois verts relève à la fois des opportunités des niches de valeurs et des stratégies concrètes de développement sectoriel durable fondées sur l’analyse de la situation de chacun des secteurs porteurs d’emplois verts.

Dans le cas des opportunités d’emploi dans les énergies renouvelables, la maitrise des énergies de cuisson est capitale et permettrait d’économiser d’importantes ressources forestières tout en permettant de créer de nombreux emplois. Cela requiert des change-ments de comportements, des équipements adaptés, notamment des fours multifonction-nels, mais aussi le développement des activités de transformation de la biomasse en com-bustibles pour la cuisson. La valorisation des résidus agro-industriels issus d’un processus de transformation de matières premières agricoles locales est non seulement envisagée pour la cuisson des aliments, mais aussi dans la fourniture de l’énergie pour les activités industrielles. La digestion des déchets organiques constitue une source importante de pro-duction de biogaz dont les potentialités de production sont importantes. Le développement de l’activité agricole pour la production des intrants nécessaires à la réalisation des agro-carburants est à la fois une voie pour la création des emplois verts et des combustibles bon marché pour les transports, l’industrie et d’autres utilisations possibles. Le solaire, l’éolien et l’hydro électricité constituent d’autres sources d’énergies renouvelables exami-nées dans ce document qui regorgent des opportunités d’emplois considérables.

Ce document souligne que la foresterie est une importante source potentielle d’emplois verts et d’activités génératrices de revenus, particulièrement dans des activités telles que le reboisement, le boisement, l’agroforesterie et la gestion forestière durable. La foresterie peut aider dans le cas spécifique de la Côte d’Ivoire à restaurer une part importante des

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conséquences de l’exploitation anarchique des ressources forestières et la réduction dras-tique des superficies forestières dans certaines localités.

De plus, la valeur des biens et services non-commerciaux que fournissent les forêts sont considérables et difficilement quantifiables. Le reboisement contribue en effet à l’atté-nuation des effets du changement climatique. Le reboisement permet en outre de : lutter contre la désertification ; améliorer le cadre de vie des populations ; créer des espaces de récréation et de loisirs ; restaurer et conserver les sols; protéger les berges des cours d’eau ; réduire les pressions sur les forêts naturelles ; produire du bois pour la satisfaction des besoins énergétiques des populations rurales et urbaines. Le reboisement procure des revenus aux ménages à travers la rémunération des travaux et la vente des produits issus du reboisement.

Mais l’exploitation forestière ne se fait pas toujours de manière durable et requiert la pro-tection des sites et des paysages à forte valeur culturelle, spirituelle, touristique et de loisirs mais également des activités de foresterie. Toutes ces activités génèrent des em-plois importants qui sont verts pour certains d’entre eux. Nombreux de ces emplois sont informels, s’exercent dans des conditions de travail difficiles et ne bénéficient pas de la protection sociale. La faible productivité de ces emplois induit naturellement des rémuné-rations faibles. Les femmes sont fortement impliquées dans les activités de ramassage et de collecte des graines ou semences et dans la production de plants en pépinière (remplis-sage des sachets, planting, arrosage, etc.) sans qu’elles ne soient en mesure de disposer des mêmes avantages que leurs collègues masculins pour les mêmes tâches.

S’agissant de la cacaoculture, sa transition s’impose au vu du changement des paramètres humains, agricoles et environnementaux, de comme les pluies, les températures, les dé-gradations forestière qui s’accompagnées des migrations humaines. La création d’emplois verts directs de la cacaoculture requiert de savoir former les producteurs et les employés qui accompagneront la transition de l’économie cacaoyère ivoirienne vers un modèle plus durable. Ces emplois visent en priorité l’innovation dans les pratiques agricoles de condui-te des plantations et de traitement post récolte, la recherche et le développement de la cacaoculture durable, la production et la diffusion d’espèces améliorées, la valorisation des déchets de la cacaoculture.

Les opportunités d’emplois verts dans la gestion des déchets sont importantes et couvrent une variété de spécialités. Cependant la qualité des emplois dans la gestion des déchets est à améliorer. L’emploi y est souvent précaire, et comporte d’importants risques de sé-curité et de santé publique. Ces emplois sont aussi faiblement rémunérés. La promotion des emplois verts dans la gestion des déchets requiert un engagement politique d’écologi-sation des modes de production et de consommation. Ce processus de « verdissement » des politiques sectorielles repose sur deux axes fondamentaux : le développement des compétences et l’adéquation formations-emplois. Mais ce développement des compéten-ces et les besoins de formation professionnelle ne sont pas propres à ce domaine, mais concerne l’ensemble des filières vertes.

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Les pouvoirs publics ont un rôle important pour inciter à plus de valorisation des déchets grâce à une réglementation adaptée et en contribuant à investir dans des solutions indus-trielles de tri et de valorisation des matières ou de l’énergie. Dans ce sens, il est indis-pensable de promouvoir la construction de décharges contrôlées dans les grandes villes, d’encourager la promotion des produits dérivés des déchets plastiques (fibro-plastique), de créer les conditions économiques favorables à la gestion des déchets.

De nouvelles filières sont à développer et l’économie verte offre de nombreuses opportu-nités d’emplois et de développement de compétences qu’il sera indispensable de promou-voir. Le rôle du secteur privé reste fondamental dans le cadre de partenariats public-privé qui doivent aller au-delà des seules incitations fiscales et réglementaires en visant aussi l’accès à la technologie et aux marchés qui doivent impulser la dynamique économique et celle de l’emploi décent.

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Liste des abréviations et acronymes

ADERCI : Agence pour le Développement des Energies en Côte d’IvoireAIE : Agence International pour l’ÉnergieANADER : Agence National d’Appui au Développement RuralANASUR : Agence Nationale de Salubrité UrbaineAZITO : Centrale Thermique d’AZITOBIT : Bureau International du TravailBNETD : Bureau National d’Etudes Techniques et développementCIAPOL : Centre Ivoirien Anti PollutionCIE : Compagnie Ivoirienne d’ElectricitéCIPREL : Compagnie Ivoirienne de Production d’électricitéCIRAD : Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique

pour le DéveloppementCNRA : Centre National de Recherche de l’AgricultureCNTIG : Centre National de Télédétection et d’Information GéographiqueCTF : Coopératives des Travailleurs ForestiersEECI : Energie Electrique de Côte d’IvoireENV : Enquête sur le Niveau de Vie des ménagesFEPSUCI : Fédération des Pré-collecteurs et de Prestations des services UrbainsFFPSU : Fonds de Financement des Programmes de Salubrité UrbaineFMI : Fonds Monétaire InternationalFNDE : Fonds National de l’EnvironnementGIEC : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du ClimatGIZ : Coopération AllemandeIDEFOR : Institut des ForetsIDH : Indice de développement HumainMACOM : Mission d’Appui à la Conduite d’Opérations MunicipalesMPD : Mécanisme pour le Développement Propre de KyotoOCDE : Organisation de Coopération et de Développement EconomiqueOIPR : Office Ivoirien des Parcs et RéservesOIT : Organisation International du TravailOMD : Objectif du millénaire pour le développement

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ONG : Organisation Non GouvernementaleOPF : Organisations Professionnelles ForestièresPAS : Programme d’Ajustement StructurelPETROCI : Société Nationale d’Opérations Pétrolières de la Cote d’IvoirePIB : Produit Intérieur BrutPISA IMPEX : Production Indudtrielle et Services Annexes Import ExportPFNL : Produits Forestiers Non LigneuxPME : Petite et Moyenne EntreprisePNUD : Programme des Nations Unis pour le DéveloppementPNUE : Programme des Nations Unis pour l’EnvironnementRNDH : Rapport National sur le développement HumainSANIA : Filiale du groupe SIFCA spécialisée dans le raffinage de l’huile de palmeSATMACI : Société d’Assistance Technique pour la Modernisation de l’Agricul-

ture en Côte d’IvoireSIC OR : Société Ivoirienne de Coco RâpéSIFCA : Société Immobilière et Financière de la Côte AfricaineSITRADE : Société Ivoirienne de Traitement de DéchetsSODEFOR : Société de Développement des ForêtsSODESUCRE : Société pour le Développement du SucreTEOM : Taxe d’Enlèvement des Ordures MénagèresTHANRY : Société industrielle de transformation du boisTRITURAF : Usine spécialisée dans la trituration des graines oléagineuses d’ori-

gine végétaleUFEPCI : Union Fédérale des professionnelles de la pré- collecte en Côte

d’IvoireUNEP : United Nations Environment programWCF : World Cocoa Foundation

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Table des matières

Avant Propos .......................................................................................................................i

Resumé exécutif ................................................................................................................ iii

Liste des abréviations et acronymes .................................................................................vi

Chapitre i : Introduction: L’économie verte, une oppourtunité de création d’emplois ..11.1. La création d’emplois en Côte d’Ivoire, un défi mesuré............................................ 11.2. Les emplois verts, un concept et des technologies innovantes................................ 21.3. La définition d’emplois verts et décents.................................................................... 51.4. La nécessité de créer des emplois verts .................................................................. 8

Chapitre ii : Les emplois verts dans le secteur des énergies renouvelables .......... 13

2.1. Les énergies propres, moteurs du développement durable .................................. 13 Energie et développement ................................................................................... 13 Energie durable pour tous .................................................................................... 15

2.2. Le secteur énergétique ivoirien .............................................................................. 17 Le mix électrique ivoirien 1952-2012 ................................................................... 17 Une stratégie hydrocarbure persévérante ........................................................... 18 Les enjeux de la cuisson domestique .................................................................. 19

2.3. Les énergies renouvelables.................................................................................... 20 Une biomasse – électricité sous exploitée ........................................................... 20 Les agro-carburants, problème ou opportunité ? ................................................. 22 Hydroélectricité, des opportunités de développement local ................................. 23 L’éolien, des études insuffisantes ........................................................................ 24 Le solaire, transfert de technologies et optimisation des charges ....................... 24

2.4. Stimuler le développement des énergies renouvelables et la création d’emplois verts ................................................................................. 25

Concilier risques d’entreprenariat, motivations et exigences de service public ... 25 Formuler un cadre lisible pour les investisseurs .................................................. 26 Répondre aux freins perçus par les investisseurs ............................................... 27 Lever les barrières non technique ni économiques .............................................. 27

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Formuler une stratégie nationale par une consultation publique des acteurs ...... 28 Formuler un cadre dynamique mais régulé .......................................................... 29 Explorer les mécanismes de soutiens financiers directs et indirects ................... 31 Déjouer l’avenir incertain des crédits carbones ................................................... 31

2.5. Conclusion ............................................................................................................. 33

Chapitre iii : Les emplois verts dans la filière des déchets ........................................ 34

3.1. La filière des déchets.............................................................................................. 34 Système de gouvernance des déchets ............................................................... 34 Les risques liés au secteur des déchets .............................................................. 36

3.2. Le gisement d’emplois verts dans le domaine des déchets ................................. 36

Domaines porteurs d’emplois dans la filière des déchets .................................... 36 La pré-collecte, le stockage et la collecte ............................................................ 36 Transport des déchets .......................................................................................... 37 Recyclage des déchets ........................................................................................ 37 Le compostage des déchets ................................................................................ 38 Elimination des déchets ....................................................................................... 38 La dépollution des déchets .................................................................................. 39 Le management des déchets ............................................................................... 39 Le financement des déchets ................................................................................ 39 Recherche et Développement dans l’univers des déchets .................................. 39 Renforcement des capacités/ Formation dans l’univers des déchets .................. 40

3.3. Les contraintes de promotion des emplois verts dans la gestion des déchets....... 41

3.4. Stratégies de développement des emplois verts dans la gestion des déchets ...... 41 Le développement des compétences .................................................................. 42 L’adéquation formation-emplois et insertion ......................................................... 42 Adapter les formations existantes aux enjeux de l’économie verte ..................... 43 Encourager le recyclage et la valorisation des déchets. ..................................... 43 Promouvoir la construction de décharges contrôlées dans les grandes villes ..... 44 Encourager la promotion des produits dérivés des déchets plastiques (fibro-plastique) ............................. 44 Créer les conditions économiques favorables à la gestion des déchets .............. 45

3.5. Conclusion .............................................................................................................. 45

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Chapitre iV : Les emplois verts dans la filière du reboisement ................................. 47

4.1. Situation du domaine forestier ................................................................................ 47 Evolution de la couverture forestière .................................................................... 47 Opportunités offertes par la forêt.......................................................................... 48 Gouvernance du secteur ...................................................................................... 48 Gestion des forêts naturelles dans le domaine rural ............................................ 48 Gestion forestière dans les forêts classées et les Parcs Nationaux et Réserves (PNR) ........................................................ 49 Gestion des reboisements ................................................................................... 49 Agroforesterie ....................................................................................................... 49 Transformation, commerce et consommation des produits forestiers .................. 50

4.2. Emplois verts dans le secteur du reboisement ....................................................... 51 Emplois liés à la foresterie et au reboisement ..................................................... 51 Rôle des femmes ................................................................................................. 52

4.3. Niches d’emplois dans la filière du reboisement .................................................... 52

4.4. Niches d’emplois verts et activités d’aménagement ............................................... 52 Cartographie ........................................................................................................ 52 Aménagement des forêts naturelles .................................................................... 53 Reboisement et mise en place et conduite de plantations forestières ................ 53 Tableau : Synthèse des niches d’emplois verts ................................................... 55 Niches d’emplois connexes /Activités de production, de transformation et de commercialisation des produits forestiers .................... 56 Activités de production forestière ......................................................................... 57 Bois d’œuvre ...................................................................................................... 57 Perches, piquets ................................................................................................ 57 Charbon de bois et bois de chauffe ................................................................... 57 Produits forestiers non ligneux (PFNL) .............................................................. 57 Activités de transformation de bois d’œuvre ........................................................ 58 Activités de commercialisation des produits forestiers ......................................... 58 Commercialisation des produits secondaires .................................................... 58 Commercialisation des produits usinés ............................................................. 58 Activités d’appui ................................................................................................... 58

4.5. Stratégies de développement des emplois verts .................................................... 58

4.6. Conclusion .............................................................................................................. 61

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Chapitre V : Les emplois verts dans la filière cacao ................................................... 62

5.1. La cacaoculture, le gisement d’emplois verts de la Côte d’Ivoire ........................... 62 La cacaoculture, premier employeur de Côte d’ivoire .......................................... 62 Un modèle de développement non durable. ........................................................ 62 Le défi de la transition verte ................................................................................. 64

5.2. Les retours d’expériences du développement cacaoyer ........................................ 65 Les premières stratégies ..................................................................................... 65 « Quel avenir pour le cacao ? » ........................................................................... 66 A la recherche d’une économie cacaoyère durable ............................................. 67

5.3. Des emplois verts pour bâtir une économie cacaoyère durable ............................. 70 Des emplois verts pour innover dans les itinéraires techniques en milieu rural .................................................... 70 Des emplois verts pour la recherche et le développement de la cacaoculture durable ................................................. 72 Des emplois verts pour produire, diffuser et planter des espèces améliorées ..... 73 Des emplois verts pour former et encadrer les cacaoculteurs verts ................... 74 Des emplois verts pour valoriser les déchets de la cacaoculture ....................... 76

5.4. Conclusion ................................................................................................................ 77

Chapitre VI : Conclusion Générale ............................................................................... 79

Bibliographie .................................................................................................................... 82

Liste des figures Figure 1 : Augmentations des températures et densité des populations en Côte d’Ivoire – 1970-2006 ................................................................................... 9 Figure 2 : Hauteurs pluviométriques moyennes interannuelles en mm par an 1950 - 2000 ..................................................................................... 10 Figure 3: Contribution sectorielle aux émissions de gaz à effets de serre anthropiques en Côte d’Ivoire 2000........................................................................ 12 Figure 4 : « Mix électrique ivoirien 2003-2010 »..................................................... 15 Figure 5 – Evolution de l’adéquation des zones de cultures du cacao au Ghana et en Côte d’Ivoire, 2010-2050 .............................................................. 64 Figure 6 : Evolution de la production mondiale et ivoirienne de fèves sèches de cacao, du broyage et des stocks des broyeurs en fin de saison de 1980 à 2011 . 69

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Figure 7 : Evolution des surfaces cultivées de cacao des principaux pays producteurs 1961 – 2007 ............................................................................... 69

Liste des encadrés Encadré 1 : Les agro-carburants, retours d’expérience règlementaires Ouest Africains ....................................................................................................... 30 Encadré 2 : Emplois verts du Programme National de Reboisement .................... 56

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Chapitre i - Introduction : L’économie verte, une oppourtunité de créa-tion d’emplois

Au moment où les consultations Post 2015 mettent en avant la réalisation des objectifs de développement durable, l’économie verte et ses corolaires ne peuvent que se trou-ver renforcés La Côte d’Ivoire a élaboré une feuille de route pour promouvoir l’économie verte dont les retombées en termes de promotion de l’activité basée sur des technologues peu polluantes constitue un changement. Cette feuille de route est en cohérence avec le document issu de Rio+20 intitulé «l’avenir que nous voulons» qui souligne l’importance de l’économie verte qui doit être au centre des changements fondamentaux dans la façon dont les sociétés produisent et consomment pour réaliser un développement durable à l’échelle mondiale. Dans le contexte de la Côte d’Ivoire marqué par le niveau élevé du chô-mage, le sous-emploi et la faible productivité du travail, l’économie verte apparait comme l’un des champs d’investigation dans la recherche des solutions à l’emploi. C’est dans ce sens que cette étude explore les opportunités de créations d’emplois verts.

1.1. La création d’emplois en Côte d’Ivoire, un défi mesuréDès son indépendance, la Côte d’Ivoire s’est affichée comme une locomotive économique d’Afrique de l’Ouest francophone, pourvoyeuse d’emplois pour sa population et les com-munautés régionales et internationales. Les deux premières décennies, qualifiées de « miracle ivoirien », ont été caractérisées par des performances économiques exception-nelles. La croissance du Produit Intérieur Brut par habitant en dollars US constant de 2000 a été multipliée par deux entre 1960 et 1980. Le développement et la création d’emplois bénéficiaient d’importants financements étrangers (emprunts et investissements directs), et d’une main d’œuvre venue des pays voisins.

L’essentiel des revenus de la Côte d’Ivoire provenait de son agriculture d’exportation, do-minée par le binôme café-cacao. Le choc pétrolier de 1979 et la chute des cours des matières premières viendront affecter ces revenus de l’Etat. Leur baisse mettra à jour des dysfonctionnements dans la gestion de l’Etat et des sociétés à capitaux publics. La crise des finances publiques était aggravée par la crise de l’endettement, ce qui a conduit à la mise en place de Programmes d’Ajustements Structurels (PAS) au début des années 1980. Ceux-ci devaient rétablir les équilibres financiers du pays et assurer une reprise de sa croissance, laquelle ne redémarrera réellement qu’avec la dévaluation du franc CFA en 1994. La reprise économique de la Côte d’Ivoire sera compromise par le coup d’Etat de 1999, puis la partition du pays en 2002. Dix années plus tard, la population ivoirienne espère que la réconciliation ivoirienne favorise un retour de la croissance économique et de la création d’emplois. La croissance économique est déjà là avec un taux de 9,8% en 2012,contre -4,7% en 2011 année marquée par la crise postélectorale. Mais l’emploi man-que encore au rendez-vous en dépit de la volonté affichée par les pouvoirs publics.

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Les atouts dont dispose la Côte d’Ivoire pour y parvenir sont nombreux : un réseau na-tional d’infrastructures diversifié, (réseau routier, énergie, télécommunications, etc.), des ressources naturelles agricoles et minérales importantes, un secteur des banques et assu-rances dynamique solide, des cadres qualifiés et une population croissante essentielle-ment jeune. La rapidité avec laquelle la Côte d’Ivoire à récupéré de la crise postélectorale souligne la résilience de sa population aux crises politiques.

Toutefois, la situation de l’emploi s’est fortement détériorée au fil des années, avec une hausse de la précarité et de l’informalité comme conséquence de l’instabilité sociopolitique du pays. L’Enquête sur le niveau de Vie des Ménages (ENV) de 2008 a mesuré le défi de l’emploi ivoirien. Le taux de chômage était estimé à 15,7% en 2008. Le chômage des jeunes est le plus important, avec un taux de 24,2% chez les 15-24 ans et de 17,5% chez les 25-34 ans. Le chômage est plus important en milieu urbain qu’en milieu rural, et la ville d’Abidjan présente le plus fort taux de chômage affectant près de 33,2% de sa population active.

Les résultats de l’enquête de l’Agence d’étude et de promotion de l’emploi (AGEPE) en Côte d’Ivoire (AGEPE) qui indiquent un taux de chômage de 9,4% en 2012 pourrait constituer une note d’espoir si l’emploi n’était pas à dominante informelle, à faible productivité et dans un contexte où une personne sur deux vit au dessous du seuil de pauvreté. Le rapport natio-nal sur le développement humain 2013 fournit une analyse axée le caractère décent de l’emploi, PNUD, RNDH 2013. Mais la situation de l’emploi dans le monde est tout aussi préoccu-pante sous l’effet de la crise économique de 2008 et de la compétition internationale.

Depuis la déclaration de Stockholm en 1972, la Côte d’Ivoire s’est toujours inscrite dans la lignée des accords pris par les Etats Membres des Nations Unies afin d’organiser la transition des modèles de développement vers un modèle qualifié de durable. Elle est signataire des principales conventions internationales sur la biodiversité, la désertifica-tion ou les changements climatiques. Elle en a incorporé des instruments institutionnels comme l’Agence Nationale de l’Environnement, et règlementaires comme les Mécanismes de Développement Propres. Ces textes et structures posent les fondamentaux suffisants pour que la Côte d’Ivoire engage une réflexion profonde sur les opportunités d’emplois verts dans sa stratégie de développement et de création d’emplois. Cette capacité d’enga-gement reste attachée à une vision de développement qu’il faut maintenant renforcer pour créer les activités, les emplois et les revenus attendus.

1.2. Les emplois verts, un concept et des technologies innovantes

Le concept d’emploi vert fait l’objet de multiples définitions aux contours divers. Les nom-breuses études publiées par l’Union Européenne, l’OCDE ou les organisations des Na-tions Unies ont permis d’élaborer un cadre conceptuel commun, entre 2006 et 2010. Celui ci a été particulièrement harmonisé par les publications du Programme des Nations Unies

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pour l’Environnement (PNUE) et de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) en 2008 et 20091.

Les emplois verts résultent de l’économie verte qui peut être considérée comme une éco-nomie de niche lorsqu’elle n’est pas attendue. Elle devient tout autre, un réel processus de transformation structurelle lorsqu’elle induit des changements majeurs du mode de produire et de consommer. Mais l’économie verte soulève quelques questions liées à ses caractéristiques, ce qui la distingue du reste de l’économie.

L’économie verte concerne des activités et modes de consommation qui induisent des dégradations limitées sur l’environnement et dont la poursuite ne peut compromettre la vie dans le cadre considéré. Elle est faiblement polluante et peu émettrice de gaz à effet de serre tandis que certaines activités vertes (le reboisement notamment) peuvent même contribuer à absorber partie des gaz à effet de serre émis. Quelques réserves sont aussi soulevées en ce qui concerne notamment l’intégration du nucléaire ou des agro-carbu-rants parmi les filières vertes. D’autres filières vertes sont encore jeunes et manquent de retour d’expérience garantissant la performance des stratégies économiques proposées. Or s’il faut créer des emplois verts, il faut aussi les préserver. Ceci implique de s’assurer de leurs viabilités, donc de celles des systèmes de production et de consommation qui seront mis en œuvre. De même, la création d’emplois verts ne doit pas entrainer la destruction d’emplois existants ; au pire elle doit organiser leurs transitions vers de tels emplois par des stratégies de formation et/ou de reconversion. Ceci requiert une analyse de la transi-tion des équipements industriels pour leur substituer des technologies moins polluantes, et la diffusion de nouveaux savoirs faires pour que les salariés disposent de formations permettant de recourir à ces nouvelles pratiques et technologies.

Les emplois verts et décents s’inscrivent dans un cadre de préservation de l’environne-ment. Ils répondent directement à deux objectifs du millénaire pour le développement : ré-duire l’extrême pauvreté et la faim, et assurer un environnement durable. Plus largement, les nouveaux emplois verts décents permettront à ceux qui en disposent de subvenir aux charges de leur ménage, incluant celles relatives à la santé et à l’éducation. Les emplois verts créés en grand nombre contribueraient à réduire le chômage élevé frappant par-ticulièrement les jeunes et les femmes, et à réduire la dégradation de l’environnement affectant la disponibilité des ressources aux générations futures.

Ces emplois verts portent sur des activités innovantes, qui deviendront tôt ou tard la norme de développement des entreprises. Ces mouvements sont déjà engagés avec de nom-breuses normes technologiques ou professionnelles, à l’instar des normes ISO 14.000 ou de la certification de produits agricoles, posant des exigences en faveur des travailleurs et de l’environnement.

1 « Emplois verts : Pour un travail décent dans un monde durable, à faibles émissions de carbone », PNUE & OIT 2008 « Rethinking the Economic Recovery : A Global Green New Deal », E. Barbier, PNUE – Avril 2009.

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Des innovations proposent de nouveaux équipements, de nouveaux modèles économiques, de nouvelles pratiques professionnelles pour satisfaire des besoins en énergie, en transport, en gestion des déchets, en traitement des eaux, etc. Ces technologies, particulièrement dé-veloppées depuis les années 1970, si elles restent parfois encore confidentielles, deviennent économiquement plus accessibles. Leurs performances sont régulièrement améliorées.

D’autres technologies vertes ne bénéficient pas encore d’économies d’échelles en réduisant les coûts d’acquisition. Elles sont difficilement compétitives face à des filières développées depuis la révolution industrielle. Les coûts additionnels générés par ces technologies ne sont pas négligeables sur les cadres de vie des hommes et de développement de leurs sociétés: le coût du pétrole ou du charbon de bois ne reflète pas leurs conséquences économiques sur la santé humaine ou la dégradation des facteurs de production environnementaux. Les technologies vertes sont développées pour éviter ces coûts et ces atteintes à la qualité de la vie, et peuvent connaître, pour certaines, un déficit apparent de compétitivité lorsque leurs prix plus élevés reflètent des caractéristiques technologiques qui réduisent justement ces coûts environnementaux et sanitaires futurs.

La création des emplois verts est à la fois la condition du développement durable et un béné-fice de cette stratégie en vue de lutter contre les changements environnementaux, de gérer durablement les ressources d’un pays dont la population augmentera significativement d’ici quelques décennies.

La demande de travailleurs ayant des compétences « vertes » sera plus recherchée dans les années à venir. Il faut l’anticiper et identifier les secteurs d’activités et les métiers concernés, les volumes de création d’emplois et leurs années probables d’éclosion. Des travailleurs formés à ces nouveaux outils seront alors opérationnels pour engager la transition vers une économie verte.

Le concept d’emplois verts nécessite donc une définition précise, avant d’en étudier les champs sectoriels d’application. Cette définition est le premier pas vers l’organisation d’un cadre efficace d’analyse des expériences développées dans le monde. Ils permettent de comprendre les modalités de mise en œuvre d’une économie verte, les mécanismes, les métiers et les hommes qui animeront cette transition2.

La création d’emplois verts requiert d’identifier et de proposer des stratégies concrètes de développement durable. Les composantes vertes des plans de relance des pays du G20 de 2009 sont riches d’enseignements (tableau 1). Les efforts d’investissements des pays du G20 se sont surtout orientés vers le transport, l’énergie, l’eau et l’assainissement. D’autres secteurs peuvent être encouragés dans les pays en développement, tels que l’agriculture, la foresterie, le traitement des déchets, etc.

En 2009, le PNUE a recommandé d’injecter un stimulus mondial de 3,1 trillion dollars amé-ricainsdans un New Deal Vert3. Une partie substantielle est orientée vers cinq principaux domaines :

2 « Assessing green jobs potential in developing countries » - A. Jarvis et al, OIT - 2011.3 « Rethinking the Economic Recovery : A Global Green New Deal », op.cit.cit.

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i L’efficacité énergétique des nouveaux et des anciens bâtiments ;ii Les technologies de production d’énergies renouvelables (éolien, solaire, géo-

thermie, biomasse, etc.) et les systèmes intelligents de transport d’électricité ;iii Les technologies de transports durables et systèmes de transports en commun ; iv Les infrastructures écologiques de la Terre (eaux douces, forêts, sols et récifs

coralliens), etv L’agriculture durable, y compris la production biologique.

Le PNUE souligne également la nécessité d’engager des réformes nationales et interna-tionales pour soutenir ces investissements contribuant à la transition vers une économie verte4 :

i Un investissement de 1% du PIB national pour réduire la dépendance aux énergies fossiles,

ii Un investissement de 1% du PIB national pour améliorer l’accès à l’eau potable, les systèmes d’assainissement, les systèmes d’éducation et de sécurité sociale pour les pauvres ;

iii La suppression des subventions et incitations supportant artificiellement leurs prix ;iv L’introduction de mesures réglementaires orientant les stratégies de développe-

ment durable ;v La création d’incitations positives encourageant les systèmes de production

durable, et révisant les mécanismes de distorsion de marché soutenant des pratiques non durables ;

vi L’amélioration de l’utilisation des terres et des politiques de développement urbain ;vii L’accord de la communauté internationale pour encourager et développer des mé-

canismes de financements innovants au sein d’un accord mondial sur le climat ;viii La prise en considération de l’économie verte par l’Organisation Mondiale du Com-

merce, pour réduire les freins du développement durable : subventions à la fertili-sation chimique, soutien à la pêche intensive, protectionnismes agricoles, etc.

1.3. La définition d’emplois verts et décentsLes emplois verts sont des emplois décents qui s’inscrivent dans la transformation des économies, des entreprises, des lieux de travail, des lieux publics ou privés, vers une économie durable faiblement polluante5. Ces emplois permettent de réduire l’impact des activités de l’homme sur Terre, pour le ramener à des niveaux viables en contribuant à :

4 « Assessing green jobs potential in developing countries » - A. Jarvis et al, OIT - 2011.5 « Emplois verts : Pour un travail décent dans un monde durable, à faibles émissions de carbone »,

PNUE & OIT 2008.« The Global Green New Deal – Policy Brief», PNUE 2009.

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i optimiser la consommation de matières premières et de ressources naturelles grâce à des stratégies d’amélioration des rendements ;

ii minimiser ou éviter toutes formes de déchets et de pollution, avec en priorité urgente la réduction des émissions de gaz à effets de serre ;

iii protéger et restaurer les écosystèmes et l’environnement.

Les emplois verts peuvent être créés dans tous les secteurs d’activités économiques. Ils peuvent faire l’objet d’une transition verte à des degrés différents. Il faut identifier les tech-nologies nécessaires à cette transition, leurs coûts de mise en œuvre, leurs performances de production et de rentabilité. Une faisabilité financière doit confirmer la faisabilité tech-nique. Si un déficit de compétitivité s’observe face à une technologie polluante, l’analyse financière doit aussi permettre au régulateur de mettre en perspective certaines de ses stratégies de soutien. En 2010 les subventions aux énergies fossiles avaient augmenté de 30% en un an pour atteindre 409 milliards US6 ; ces mécanismes de subvention baissent artificiellement les prix des hydrocarbures et pénalisent les investissements dans les tech-nologies énergétiques vertes.

Les chaines de valeurs de chaque filière doivent être analysées. Plus une chaine de valeur concoure directement au développement durable, plus ses métiers constitueront des em-plois verts. Le secteur nucléaire fait cependant exception puisque, bien que ne produisant pas directement de gaz à effets de serre, cette filière en émet des volumes importants lors des phases d’extraction et d’enrichissement d’uranium.

Les activités composant les différentes étapes d’une filière peuvent être étudiées pour déter-miner le potentiel, direct et indirect, d’emplois verts. Ce processus doit permettre d’identifier les compétences vertes recherchées en matière de formation, de recherche, d’ingénierie, de construction, d’opération etc. Des fiches de postes peuvent être élaborées, par secteur éco-nomique, par filière, par type de compétences, pour des missions professionnelles définies dont les bénéfices attendus justifient leurs qualifications d’emplois verts7.

L’analyse sectorielle des opportunités d’emplois verts est indispensable à l’émergence d’une économie verte. Elle doit être accompagnée d’une analyse des barrières à son déve-loppement, et des facteurs de risques qui freinent la prise de décision des investisseurs. Le développement d’un nouveau secteur d’activité fait l’objet d’un cycle spécifique de crois-sance. La création d’emplois intervient au terme de la phase de développement, lorsque la réunion des facteurs régulateurs et productifs permet d’entrer en phase opérationnelle. Une filière est un écosystème dont le paramétrage des multiples facteurs rendra ou non un projet économiquement viable. Il faut identifier ces facteurs, leurs conditions d’assemblage

6 « OECD and IEA recommend reforming fossil-fuel subsidies to improve the economy and the envi-ronment » – Agence Internationale de l’Energie 04/10/2011.

7 « Assessing green jobs potential in developing countries », op. cit.

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et d’évolution le long d’un cycle de croissance jusqu’à l’entrée en phase opérationnelle, celle générant le véritable volume d’emplois attendus.

Il est cependant difficile d’établir un bilan net de création d’emplois. La transition verte ne doit pas détruire plus d’emplois qu’elle n’en créera. Ce risque est plus faible dans un pays en développement où le niveau de création d’emplois reflète les opportunités à dévelop-per. La transition vers une économie verte doit aussi préserver la productivité des facteurs et la rentabilité des activités envisagées.

Une définition des emplois verts se focalisant uniquement sur les qualités environnemen-tales d’un emploi serait limitative. L’Organisation International du Travail et les organisa-tions internationales de défense des travailleurs soutiennent que les emplois verts doivent être décents et tendre vers une justice sociale. Les piliers en sont une juste rémunération, une protection sociale et un dialogue social. Ces progrès sociaux intègrent ainsi les pré-occupations sociales traditionnelles du travail : rémunération, sécurité d’emploi, sécurité au travail, etc.8

Il existe trop d’écarts entre les sociétés humaines pour retenir une norme mondiale d’emploi décent. Mais des critères communs s’imposent : offrir des moyens de subsistance adéquats au contexte social, garantir les droits et la dignité des salariés, la liberté d’accès au travail et l’égalité de traitement. Le travail est le premier instrument de lutte contre la pauvreté. Il doit offrir une juste rémunération du salarié, celle-ci s’appréciant en tenant compte des salaires minimums prévus par la loi et des systèmes d’assurance santé ou de retraite mis en place pour protéger les salariés et leurs familles face à certaines adversités.

Les emplois verts offrent également un potentiel d’amélioration des revenus grâce à l’amé-lioration des compétences. Plusieurs études indiquent que les emplois verts induisent de hautes formations et des rémunérations élevées. Cette analyse est correcte, mais elle doit être pondérée. La majorité des emplois verts dans la gestion des déchets et du traitement de l’eau de l’OCDE sont essentiellement des emplois manuels9. Les emplois verts sont polarisés entre emplois hautement et peu qualifiés. La rémunération des « cols verts » reflétera les pratiques des « cols blancs » ou « bleus ».

L’amélioration des conditions de travail est incontestable. Les outils et les méthodes sont respectueux de l’environnement, de la santé et de la sécurité des travailleurs. Un autre avantage de la transition verte est d’encourager la formalisation des économies et des emplois. De nouvelles réglementations et de nouvelles technologies constituent un levier pour sortir des activités économiques de l’informel. Elles conduiront les entrepreneurs à mieux formaliser leurs structures juridiques et leurs capacités d’accès aux financements

8 « Working towards a Balanced and Inclusive Green Economy : A United Nations System-wide Pers-pective », UN Environment Management Group - 2011.

9 « Future skill needs for the green economy », CEDEFOP - 2009.

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pour entrer sur ces marchés régulés. La transition verte peut ainsi stimuler la qualité des emplois, en améliorant les conditions de travail et de protection sociale.

La création des emplois verts favorise le renforcement du dialogue social. Tout d’abord au niveau des entrepreneurs, formels ou informels, pour qu’ils orientent leurs activités en vue de contribuer à une économie verte. Le développement durable peut impliquer une déci-sion de changer certains objectifs de l’entreprise, des outils et/ou des méthodes de travail. Le dialogue sera également renforcé avec les travailleurs, car ce sont eux qui vivront les modifications apportées à leurs tâches de production. Une modification des conditions de travail est plus évidente à mettre en œuvre quand elle est partagée par la population sala-riale. Un dialogue devrait également être engagé vers les consommateurs, pour favoriser de nouvelles pratiques de consommation réduisant leur impact environnemental.

1.4. La nécessité de créer des emplois vertsLes activités industrielles et énergétiques de l’homme contribuent au réchauffement plané-taire, facteur de changements climatiques caractérisés par la hausse des températures, la variation des régimes pluviométriques et l’accroissement des catastrophes climatiques10. La modification des variables climatiques modifie ensuite les systèmes bioclimatiques en proie aux changements environnementaux intersectoriels et multisectoriels. Un change-ment pluviométrique affectera les systèmes agricoles et hydroélectriques, il constituera un vecteur de génération de maladies dans des zones jusque là préservées. Ces chan-gements obéissent à des dynamiques régionales, elles s’observent sur tout le continent africain et en Côte d’Ivoire. Leurs conséquences sont toujours locales, résultant d’une conjonction unique de plusieurs facteurs environnementaux et humains.

Les changements environnementaux se manifestent depuis plus d’un demi-siècle en Côte d’Ivoire. Ce pays a subi une importante modification des régimes de températures et de précipitations d’eau. L’occupation de ses terres a profondément changé avec l’agriculture et la déforestation.

i L’élévation de la température en Côte d’Ivoire, mesurée sur la période 1970-2006, se situe entre 0,5° et 1° Celsius selon les régions de Côte d’Ivoire (figure 1)11. Depuis 1987, les températures enregistrées sont supérieures aux normales ivoi-riennes12.

ii L’évolution des hauteurs pluviométriques moyennes interannuelles de 1950 à 2000 affiche toujours un déficit depuis les années 1970, marqué par un pic de séche-

10 « Bilan 2007 des changements climatiques : Rapport de synthèse », Groupe d’experts intergouver-nemental sur l’évolution du climat - 2008.

11 « Livelihood Security: Climate Change, Migration and Conflict in the Sahel », PNUE - 2011.12 Sodexam – Société d’Exploitation et de Développement Aéroportuaire, Aéronautique et Météorolo-

gique), Direction de la Météorologie Nationale - 2010.

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resse en 1983 et un raccourcissement des saisons, tandis que la pénétration des climats Baouléens et Soudaniens dans les zones forestières humides modifie pro-fondément les services rendus par ces écosystèmes à l’économie ivoirienne13.

Figure 1 :Augmentations des températures et densité des populations en Côte d’Ivoire 1970-2006

Source : « Livelihood Security : Climate Change, Migration and Conflict in the Sahel » PNUE 2011

Le succès de la Côte d’Ivoire repose toujours sur l’agriculture, premier employeur et contri-buteur au PIB : ce secteur « représente entre 25 et 35% du PIB, entre 40 et 70% des

13 « Variabilité climatique, déforestation et dynamique agrodémographique en Côte d’Ivoire», Univer-sité d’Artois, T. Brou - 2010.

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recettes d’exportations selon les années, offre 2/3 des emplois et induit les 3/4 de la crois-sance économique du pays »14. Or, les changements sont rapides : la carte et le calendrier agricole ivoiriens évoluent plus vite que la capacité d’adaptation des planteurs (figure 2). Une spéculation agricole se choisit selon des critères bioclimatiques précis dont la stabilité préfigure les projections de revenus et d’emplois. La modification des calendriers trans-forme la saisonnalité des emplois agricoles. Le modèle agricole ivoirien fut ainsi la pre-mière victime de sa stratégie de développement : la déforestation a modifié les contrastes thermiques entre le continent et l’océan, altérant le fonctionnement de la mousson ouest africaine, la pluviométrie et les performances agricoles.

La stratégie énergétique ivoirienne fut impactée de la même manière par les change-ments environnementaux. Le mix électrique ivoirien était majoritairement hydroélectrique en raison du réseau fluvial national et des chocs pétroliers de 1973 et 1979. Mais le déficit pluviométrique observé depuis 1950 en Afrique de l’Ouest s’est répercuté sur le débit utile des barrages hydroélectriques, avec pour point d’orgue la grande sécheresse en 1983 qui occasionna un délestage massif sur le pays. Afin de recouvrer une sécurité éner-gétique indépendante des aléas climatiques, la Côte d’Ivoire a plus que doublé sa capacité installée de production électrique en recourant aux hydrocarbures, lesquels contribuent cependant au réchauffement planétaire et à l’altération des régimes pluviométriques. Ces exemples agricoles et électriques sont de simples témoins de l’interaction entre le climat et l’économie, et de la mise en place d’une spirale de dégradation de l’environnement où les choix effectués pour échapper aux contraintes environnementales les aggravent en réalité.Figure 2 : Hauteurs pluviométriques moyennes interannuelles en mm par an 1950 - 2000

1950 – 1960 1970-1980 1990 - 2000

Source : Telesphore Brou, Université d’Artois - 2010

Les causes et les conséquences du changement climatique peuvent être répertoriées et cartographiées. Ces informations indiquent les activités économiques subissant et/ou contribuant au changement climatique, les emplois concernés et leurs localisations géo-graphiques. Elles permettent d’identifier des perspectives stratégiques sectorielles, les

14 Ministère de l’Agriculture de Côte d’Ivoire, 12 septembre 2011.

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transitions à apporter et les opportunités de développement issues de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique.

Le Rapport Stern est l’un des premiers rapports d’un économiste sur le changement cli-matique15. Publié en 2006, il fut rédigé à la demande du gouvernement britannique qui souhaitait identifier par secteur économique les émissions de gaz à effets de serre et le coût d’opportunité à lutter contre le changement climatique. Stern, ex-vice président de la Banque Mondiale, y conclut que « Les coûts et les risques globaux du changement climatique seront équivalents à une perte d’au moins 5 % du PIB mondial chaque année », par contre, « les coûts de l’action (…) pour éviter les pires conséquences du changement climatique, peuvent se limiter à environ 1 % du PIB mondial chaque année ». Ces coûts « sont importants mais ils sont gérables ; un retard serait dangereux et bien plus coûteux ».

La Côte d’Ivoire a réalisé deux inventaires nationaux des émissions de gaz à effets de serre pour les années 1994 et 200016 et deux études sectorielles17. L’inventaire de 2000, publié en 2010, identifie les principaux secteurs ayant émis ou absorbé des gaz à effet de serre (Figure 3) :

i L’agriculture est le premier secteur émetteur de Côte d’Ivoire avec 194,507 mégatonnes équivalent CO2 (MtCO2-eq). Ces émissions sont essentiellement attribuées aux sols agricoles ;

ii L’énergie vient en deuxième position avec 66,585 MtCO2-eq répartis entre l’électricité (86,5 %), le pétrole et le gaz naturel (8,6 %) et le transport (3,3 %). La biomasse et le charbon de bois ne sont pas comptés.

iii Les déchets représentent le troisième secteur, avec 9,916 MtCO2-eq.iv Le secteur forestier est le seul à absorber des gaz à effets de serre, absorbant

18,375 MtCO2-eq. Mais ce chiffre est inférieur de 17% à celui de 1994, mar-quant les effets de la déforestation

15 « Stern Review : the economics of Climate Change » - N. Stern et al., Ministère de l’économie, Royaume Uni 2006.

16 « Première Communication National, inventaires des gaz à effet de serre Année 1994 », Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts de Côte d’Ivoire – 2000.

« Seconde Communication National, inventaires des gaz à effet de serre Année 2000 », Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts de Côte d’Ivoire - 2010.

17 « Renforcement des capacités pour l’amélioration de la qualité des inventaires des gaz à effets de Serre – Secteur forestier » ET « Renforcement des capacités pour l’amélioration de la qualité des inventaires des gaz à effets de Serre – Secteur agriculture », Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts de Côte d’Ivoire – 2007.

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Total = 252,571 MtCO2-eq (MT = Mégatonne)

Figure 3 : Contribution sectorielle aux émissions de gaz à effets de serre anthropiques en Côte d’Ivoire 2000

Source : C. Lombardo, BeDevelopment - 2010 d’après « Seconde Communication Nationale, inventaire des gaz à effet de serre Année 2000 », Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts de Côte d’Ivoire - 2010

Ces inventaires sont restreints par leurs moyens de mise en œuvre. Ils n’identifient pas pré-cisément les activités économiques en cause et la répartition géographique des émissions de gaz à effets de serre. Leurs auteurs ont également rencontré des difficultés de collecte et de consolidation de certaines données. Malgré ces limites, ils permettent d’identifier les grands secteurs dans lesquels des activités d’atténuation du changement climatique peuvent être entreprises, et de créer des emplois verts. Il serait judicieux d’approfondir ces travaux pour étudier, filière par filière les facteurs d’émissions, le potentiel d’adaptation, les activités induites, leur volume économique et celui de la création d’emplois.

Dans ce rapport quatre secteurs ont l’objet d’analyses pour y examiner les opportunités de création d’emplois verts. Il s’agit des domaines des énergies renouvelables, du reboise-ment et de la gestion des déchets et de la cacaoculture qui la filière dominante du secteur agricole en Côte d’Ivoire. Les sections qui suivent analyses les opportunités d’emplois verts dans chacune de ces filières.

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Chapitre ii : Les emplois verts dans le secteur des énergies renouvelables

2. 1. Les énergies propres, moteurs du développement durable

Energie et développementLe modèle énergétique actuel est à la fois le moteur du développement économique, et celui du changement climatique18. Si « le changement climatique est la principale menace pour l’humanité » 19 notre modèle énergétique constitue de ce fait une menace forte pour l’humanité.

Le double défi énergétique est résumé par l’Agence Internationale de l’Energie, gardienne de la sécurité énergétique des Etats membres de l’OCDE. D’une part, un investissement annuel global de 40 milliards de dollars US20 doit être fait dans la production d’énergie jusqu’en 2030, les deux tiers dans les pays en voie de développement21. D’autre part la création de toute infrastructure énergétique utilisant des énergies fossiles, de 2011 à 2017, contribuera à ce que le « monde perde pour toujours la possibilité d’éviter un changement climatique dangereux »22.

Le développement des services énergétiques dans le monde est indispensable à la réa-lisation des objectifs de développement du millénaire. Plus de 1,4 milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité, tandis que 2,7 milliards de personnes cuisinent au bois et/ou charbon23 prélevés sur le stock forestier. Cette pauvreté énergétique est un frein au développement social et économique.

Ces populations doivent pouvoir accéder aux services énergétiques de base issus de sys-tèmes de production durable. Les Nations Unies ont fait de l’année 2012, l’année inter-nationale de l’énergie durable24 afin de promouvoir les nombreuses solutions existantes.

La Côte d’Ivoire est confrontée à un double défi : accélérer son développement en vue de devenir un pays émergeant d’ici 2020 ; améliorer l’accès à l’énergie tout en contribuant à l’atténuation des changements environnementaux. Elle doit maximiser l’exploitation des énergies propres. Elle dispose d’un potentiel hydroélectrique, solaire, éolien ou géother-

18 4e rapport du Groupe International d’Etudes sur le Changement Climatique - 2007.19 B.K. Moon, Secrétaire Général des Nations Unies - 2007.20 « Energy security : looking towards uncertainty », Agence internationale de l’Energie – 8 mars 2012.21 Discours de clôture de la conférence des ministres de l’Energies des Etats membres de l’Agence

internationale de l’Energie – 18 octobre 2011.22 Fatih Birol, ,Économiste en chef, Directeur du bureau de l’analyse économique de la politique éner-

gétique, Agence Internationale de l’Energie - 9 Nov. 2011.23 « Energize the Base of the Pyramid », C. Gradl et al. Endeva -2011.24 http ://www.sustainableenergyforall.org/.

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mique appréciable. La biomasse offre des gisements de valeurs ajoutées locales, et l’effi-cacité énergétique des gisements d’économies.

Certaines de ces ressources sont affectées par le changement climatique. Les écoulements d’eau du barrage de Kossou, mis en service en 1972 sur le Bandama, perdirent jusqu’à 40% de leurs eaux dans les années 198025, avec des arrêts de production lors de la sèche-resse de 1983. Le mix électrique ivoirien de 2003 à 2010 (figure 4) reflète encore cette fragilité : une baisse de production hydroélectrique en 2005, compensée par une hausse de production à partir du gaz naturel. Dès 1991, des tensions furent aussi identifiées quant à l’usage du bois énergie et du charbon26 ; à cette date la biomasse représentait 68% de la consommation d’énergie finale, pour 10 millions de tonnes équivalentes bois, soit 4 fois les volumes annuels de la filière de bois œuvre. Tenant compte du déficit pluviométrique, des feux de brousse et de la croissance démographique, ces projections de 1991 anticipaient qu’à partir de 2005 les écosystèmes ne parviendraient plus à renouveler le stock de bois prélevé : c’est un déficit écologique de production. En reliant les prévisions nationales de croissance de la population, et ceux de déboisement et de déforestation, le prélèvement de bois énergie devait représenter 24 millions de tonnes pour 2010. En 1991, à l’exception des quelques zones du Sud Ouest ivoirien, la Côte d’Ivoire faisait face à un déficit de bois-énergie, en 2012 cette situation n’a pu que s’aggraver. Cette étude, la plus approfondie, concluait déjà que le rôle de l’énergie dans la déforestation était largement sous estimé.

25 « Impact de la variabilité climatique et de la dynamique des états de surface sur les écoulements du bassin béninois du fleuve Niger ».

26 Plan National de l’Energie – secteur Biomasse Volume IV-3, Bureau National des Etudes Techniques et du Développement (ex DCGTX) - 1991.

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Figure 4 : « Mix électrique ivoirien 2003-2010 »

Source : C. Lombardo, BeDevelopment, d’après Agence Nationale de Régulation de l’Electricité – 2011

La disponibilité de sources d’énergies est indispensable au développement humain. De nouveaux choix énergétiques doivent être faits pour ne pas compromettre ce développe-ment. Depuis, ce constat admis en 1972, la recherche et le développement ont amélioré les performances techniques et économiques des technologies dans le domaine des éner-gies renouvelables. Les premiers résultats des plans de relance verte mis en œuvre après la crise de 2008 offrent une expérience identifiant les potentiels de développement et leurs principales barrières, des ratios d’emplois par type et par quantité d’énergie créée, et des mécanismes incitatifs accélérant leurs réalisations.

Energie durable pour tousLa production et l’accès à des sources d’énergie durable sont une condition sine qua non du développement durable. En faisant de l’année 2012 l’Année Internationale de l’Energie Durable pour Tous27, les Nations Unies ont rappelé l’enjeu de répondre aux besoins éner-gétiques de la croissance mondiale en réduisant les conséquences néfastes des systèmes énergétiques sur l’environnement.

Pour y parvenir, trois objectifs interdépendants ont été fixés : assurer l’accès universel aux services énergétiques modernes, doubler le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique, et doubler la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial.

27 http ://www.sustainableenergyforall.org/.

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Le marché de l’énergie en Afrique est immense : les populations vivant avec moins de 8 US$ par jour y consomment 26,6 milliards US$ de services énergétiques28. Ce marché bé-néficie directement de la croissance démographique et les opportunités sont importantes : son taux d’accès à l’électricité est le plus bas du monde de 24% de la population, ramené à 8% en milieu rural29, tandis que le défi énergétique s’accroit en 2010, année marquée par une hausse de la facture pétrolière de l’Afrique atteignait 2,2 milliards US$30.

Son mix énergétique est dominé par les énergies renouvelables, mais il n’est pas durable. Le bois-énergie peut atteindre 85%31 de l’énergie consommée. L’Afrique sera, en 2030, le premier consommateur mondial de bois avec 900 millions de consommateurs32. La part des autres énergies renouvelables ne dépasse pas 2% du mix33. Pourtant le Centre Commun de Recherche de l’Union Européenne estime son potentiel hydroélectrique à 17 millions de gigawatheures, dont 5% est exploité alors que 57,9% serait financièrement exploitable. Le potentiel éolien est estimé à 40 millions de gigawatheures, pour les seuls sites situés à moins de 35 kilomètres du réseau offrant plus de 3,5 mètres par seconde de vent. Le potentiel solaire par kilomètre carré varie de 1,6 à 2,8 mégawatheures par région, pouvant doubler les rendements par rapport à une implantation technique similaire en Europe34.

La réalisation de l’objectif d’une énergie durable pour tous nécessite d’identifier et de quan-tifier les sources d’énergies propres technologiquement et économiquement réalisables, pour les assembler en une stratégie de production nationale. Une énergie durable pour tous requiert de concevoir un mix de production assurant différents services énergétiques (électricité, transport, cuisson, etc.), accessibles aux populations grâce à des infrastructures de transports (réseau électrique, routier, etc.) et des logistiques de distribution (compteurs, stations services, etc.). Les choix technologiques seront fondés sur plusieurs critères, dont :

– la nature et la localisation des ressources : biomasse, cours d’eau, soleil, vent, marées, etc.;

– les dégradations environnementales et les déchets résultant de l’utilisation des ressources par les technologies choisies : gaz à effets de serre, déchets nucléaires, dégradation forestière, etc. ;

– l’efficience des systèmes de production, de transport, de distribution et de consommation d’énergie, incluant la réduction des fraudes ;

28 A parité de pouvoir d’achat ajustée - « Energize the Base of the Pyramid », op.cit.29 «Financing renewable energy in developing countries : drivers and barriers for private finance in

sub-Saharan Africa », PNUE, février 2012.30 «Energy for all, financing access for the poor » – Agence Internationale de l’Energie, octobre 2011.31 « Financing renewable energy in developing countries : drivers and barriers for private finance in

sub-Saharan Africa », - op. cit.32 « Energy for all, financing access for the poor » – op. cit.33 « Energy for all, financing access for the poor » – op. cit.34 « Renewable energies in Africa » - op.cit.

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– le prix des services énergétiques offerts aux entrepreneurs et aux consomma-teurs, qui est un déterminant majeur eu égard aux rôles sociaux et économiques de l’énergie.

2.2. Le secteur énergétique ivoirienLe mix électrique ivoirien 1952-2012La Côte d’Ivoire a toujours intégré l’énergie au cœur de sa stratégie de développement, innovant par son cadre régulateur. Dès 1952, la société publique Energie Electrique de Côte d’Ivoire (EECI) avait la concession d’un monopôle intégré sur les trois segments de marchés que sont la production, le transport et la distribution de l’électricité. Avec un ratio de 605 kilowattheures (kWh) par agent et de 105 abonnés par salarié, l’EECI figurait parmi les plus performantes sociétés énergétiques d’Afrique Subsaharienne35. La sécheresse de 1983 et la crise financière publique post choc pétrolier de 1979 mirent à jour certaines limites de la gestion publique de l’électricité. La loi de 1985 encadra alors la concession in-tégrée de l’EECI, en prévoyant l’entrée de producteurs indépendants. En 1988 la conces-sion de l’EECI est cédée à la Compagnie Ivoirienne d’Electricité, opérateur privé ayant un monopôle de transport et de distribution de l’électricité. En 1994 la Compagnie Ivoi-rienne de Production d’Electricité (CIPREL) signent la première convention portant sur la construction, l’exploitation et la rétrocession (BOOT) d’une centrale thermique. Le modèle économique retenu prévoit que la fourniture du combustible est à la charge de l’Etat, qui doit le mettre à disposition de CIPREL. Cette dernière est seulement responsable de sa transformation en électricité. La production annuelle est garantie par un contrat « Take or Pay ». Le second producteur indépendant, AZITO Energy, fera son entrée en 1997 pour l’implantation d’une centrale thermique, avec un modèle économique sensiblement iden-tique. Le troisième opérateur, AGREKKO, entrera sur le marché à l’occasion du délestage électrique de 2010, qui conduira l’Etat à contracter la location de capacités thermiques36. De 1960 à 1983, l’Etat aura déployé une capacité installée de 668 mégawatts à 90% hydroélectrique, puis une capacité de 990 mégawatts exclusivement thermique de 1984 à 2012, dont 890 mégawatts par les producteurs indépendants d’électricité, en incluant les capacités signées en 2012. Il resterait encore 68 centrales thermiques isolées du réseau totalisant 7,8 mégawatts37..

Le réseau de transport est de 4 390 km en 2010. Le nombre de localités électrifiées était alors de 2 777 sur 8 513 localités que compte la Côte d’Ivoire, soit un taux de couverture national de 32,6%. Le nombre d’abonnés était de 1 045 000 en 2009. Le réseau ivoirien fut interconnecté avec le Ghana en 1983, suivi d’une interconnexion avec le Togo et le Bénin

35 « Privatisation de l’électricité en Côte d’Ivoire : évaluation et interprétation des premiers résultats », P. Plane – Université d’Auvergne, CNRS 1997.

36 « Production d’électricité en Côte d’Ivoire : la convention Aggreko prorogée »- Ministère des Mines du Pétrole et de l’Energie, 15/02/2012.

37 Ministère des Mines et de l’Energie, 2009.

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en 1994 et le Burkina Faso en 2001. L’interconnexion est maintenant attendue avec le Libéria, la Guinée et le Mali.38

Une stratégie hydrocarbure persévérante Après la découverte de sables bitumeux, les forages réalisés entre 1952 et 1963 se révé-lèrent infructueux. L’exploration reprit en 1970. En 1977, le gisement pétrolier IVCO-4 est confirmé au large de Grand Bassam et mis en exploitation sous le nom de « Bélier » en 1980. La découverte de « Espoir » sera annoncée en 1979, suivi de « Foxtrot » en 1981 qui alimentera les centrales thermiques de CIPREL et AZITO. En 1988, l’exploitation de « Bélier » s’épuise. L’année 2001 marque un tournant avec la découverte de « Baobab », exploité en 2005. Fin 2011, une découverte est annoncée à 4,1 km de profondeur39, suivie d’une autre en juin 201240. Une autre découverte en 2012 dans les eaux profondes de Sierra Leone conforte les espoirs des gisements pétroliers du Golfe de Guinée41.

La Côte d’Ivoire s’est rapidement dotée d’une capacité dans l’exploration, l’exploitation, le raffinage, le stockage et la distribution de produits pétroliers, consolidée par le biais de sa holding d’intervention la PETROCI42, créée en 1975.

La production de Côte d’Ivoire couvre théoriquement ses besoins. Sa production de gaz naturel, combustible des centrales électriques thermiques, semble équivalente à sa consommation : 1,6 milliards m3 par an en 200943. En 2005, sa consommation nationale de produits pétroliers était de 811 000 tonnes avec un rapport de consommation de 129 991 m3 de super pour 529 687 m3 de gazole44.

Les réserves prouvées étaient de 339 millions de barils et 1 240 milliards de pieds cubes de gaz naturel45. Toutefois, la Côte d’Ivoire n’aurait disposé, en 2007, que de 2246 ans de réserves de gaz pour sa consommation. Les arriérés cumulés de l’Etat envers les four-nisseurs de gaz et les producteurs indépendants d’électricité atteignaient 0,5 % du PIB fin 2011. La subvention de l’Etat au secteur de l’électricité est passée de 0,4 % du PIB en 2009 à 1,2 % du PIB en 2011. Le FMI avait recommandé une réévaluation des tarifs de

38 Agence Nationale de Régulation de l’Electricité, 2010.39 « Hydrocarbures : la Côte d’Ivoire monte progressivement en puissance », Fraternité Matin – 9/12/1140 « Côte d’Ivoire(mer) : découverte de pétrole », Agence Française de Presse 07/06/12.41 « Tullow Oil Drops Most in Month on Sierra Leone Well Result », Bloomberg – 21/02/12.42 PETRROCI représente aujourd’hui l’Etat au capital de la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR -

1962), la Société Multinationale de Bitumes (SMB - 1976), et la Société de Gestion des Stocks de Sécurité (GESTOCI - 1983).

43 CIA World Factbook estimation 2009 – US Central Intelligence Agency 2012.44 Société Ivoirienne de Contrôle Techniques Automobiles et Industriels (SITCA) - Direction Générale 200845 Ministère des Mines et de l’Energie 2009.46 « Sécurité de l’Approvisionnement de la Côte d’Ivoire en gaz naturel et en électricité » - Ministères

des Mines et de l’Energie 2007.

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l’électricité pour assainir financièrement le secteur. L’Etat a, avant tout, commandé une étude d’impact sur le niveau de vie des populations47.

Les enjeux de la cuisson domestiqueEn 1991, la consommation de bois énergie, composée de bois de feu et de charbon, dépassait 10 millions de tonnes équivalent bois en 1990, soit 4 à 5 fois le volume annuel de la filière bois d’œuvre. Le charbon représentait 600 000 tonnes, soit près de 5 millions de tonnes équivalentes bois, du fait de la faible performance des techniques de carboni-sation utilisées. Ce charbon est principalement consommé par le monde urbain pour 64% des volumes. Le monde rural favorise le bois de feu, gratuit, qu’il prélève en forêts, lors de défrichements agricoles ou sur des jachères48.

Les projections de 1991 considéraient qu’en 2005, le prélèvement effectué serait supérieur aux capacités de renouvellement naturelles, avec un prélèvement de 24 millions de tonnes équivalentes bois en 2010 et 29 millions en 2015. Cette étude a conduit l’Etat, à partir de 1993, à lancer une campagne en faveur d’une transition du bois et du charbon de bois vers le gaz. Malgré les coûts d’acquisition du réchaud et des bonbonnes de gaz, la consomma-tion des ménages passera de 18 674 tonnes de gaz en 1995 à plus de 70 000 tonnes en 200449. Ce succès reste cependant limité au milieu urbain et péri-urbain, où la distribution est plus accessible aux populations.

Toute réflexion sur le bois-énergie doit conduire à une gestion durable de cette ressource. La première porte sur la gestion d’un stock renouvelable de bois-énergie. Des parcelles forestières dégradées peuvent être proposées en plantations industrielles d’essences locales à croissance rapide ou de taillis à courte rotation. Des plantations villageoises de bois énergie peuvent reproduire ce modèle ou préférer des haies vives encadrant les plan-tations vivrières50. Un « parc à bois de chauffe51 » pour 100 000 habitants représenterait 1 125 emplois : pépinière, plantation et entretien, vente sur chantier.

La deuxième réflexion vise des solutions de substitution aux combustibles. La principale voie suivie pour lutter contre le charbon de bois fut le gaz naturel52. Les techniques de car-bonisation utilisées récupérant rarement plus de 22% de l’énergie contenue dans le bois53,

47 « Première revue de l’accord au titre de la Facilité élargie de crédit, demande de modification de critères de réalisation et revue des assurances de financement » - FMI, Avril 2012.

48 « Plan National de l’Energie, Rapport Final », Volume II-3, III-IV et V-3, DCGTX 1991.49 « Exploitation optimale dynamique d’une ressource naturelle épuisable : cas du gaz naturel en Côte

d’Ivoire » - J.E. ASSI, Université de Cocody-Abidjan – Mémoire DEA-PTCI Economie 2005.50 « Projet MAKALA : Gérer durablement la ressource bois énergie en RDC » - CIRAD, 2009.51 « Communautés Locales Et Gestion Durable Des Energies en Afrique- Cas de la Côte d’Ivoire » - C.

N’Goran, 2009 PNUD/UNOPS/GEF, 2006.52 « Plan National de l’Energie Vol IV-3 : Secteur Biomasse / Optimisation technico économique de

l’adéquation offre - demande », DCGTX –1991.53 « Plan National de l’Energie Vol III-3 : Secteur Biomasse / Evolution de l’Offre et de la demande »,

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il faut ainsi jusqu’à 5 kilos de bois pour 1 kilo de charbon. Plusieurs technologies peuvent améliorer la carbonisation tout en évitant l’émission de gaz à effet de serre54. Des systèmes permettent de valoriser des déchets agricoles (paille et son de riz, tige et rafle de maïs, etc.) pour la production de charbon55. La production de 70 000 tonnes de charbon par une pyro-lyse améliorée représente un potentiel moyen de 1 000 emplois56. Une autre voie est la valo-risation des déchets d’exploitation de bois, palettes de transport, cartons, etc. sous forme de briquettes granulés facilitant le stockage, le séchage et le transport du combustible. Leurs modèles économiques doivent stimuler l’usage de foyers améliorés. Ces stratégies sont particulièrement adaptées en milieu urbain et périurbain, où bois de feu et charbon ayant un coût d’achat, ces produits de substitution offriront une compétition salvatrice.

Une troisième réflexion encourage l’amélioration des comportements de consommation énergétique. Le foyer traditionnel « trois pierres » offre un rendement énergétique de 5% du bois de feu utilisé, pouvant être multiplié par trois dans un fourneau amélioré « trois pierres » en terre avec une seule ouverture de cuisson. Une étude ivoirienne présente aussi des fourneaux à double foyer en terre et des fourneaux en béton permettant d’écono-miser jusqu’à 50% de la consommation du bois de feu à service énergétique équivalent57. La production annuelle de 100 000 fourneaux représenterait 450 emplois de production, hors administration et commercialisation.

2.3. Les énergies renouvelablesUne biomasse – électricité sous exploitéeL’énergie contenue dans la biomasse peut aussi être libérée pour produire de l’électricité. Les procédés les plus éprouvés sont la production d’électricité et la cogénération par com-bustion/ vapeur ou gazéification/vapeur de ressources ligneuses et de résidus organiques.

La première stratégie est la valorisation des résidus agro-industriels issus d’un processus de transformation de matières premières agricoles locales. Ces résidus sont déjà utilisés comme combustibles à des fins d’autoproduction de vapeur et d’électricité réservées aux processus industriels. L’agro-industrie ivoirienne en a une longue expérience58 : ex SODE-SUCRE (04 sucreries utilisaient la bagasse pour produire 50 mégawatts), ex PALMINDUS-TRIE (12 huileries utilisant les déchets de palme pour produire 25 mégawatts), TRITURAF (utilisant les coques de graine de coton pour produire 2 mégawatts, THANRY (production

DCGTX –1991.54 « Plan de développement du Centre d’Innovation Rurale : Vol.4 Biochar», C. Braun, BeDevelopment/

PNUD 2009.55 « Sustainable biochar to mitigate global climate change », J. Lehman & al, Nature – 2010.56 D’après les performance du Pyro 6 développé par l’ONG Pro Natura et utilisé à Ross Bethio, Séné-

gal. C. Braun, BeDevelopment/PNUD 2009, op. cit.57 C. N’Goran PNUD/UNOPS/GEF, 2006 op.cit.58 « Mines et Energies : Bilan de 1960 à 2010 – Perspectives » - op.cit. 2010.

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de 1,5 mégawatt avec des résidus forestiers) et SICOR, (production de 1 mégawatt en brûlant les résidus de coco). Aujourd’hui, SANIA, filiale de SIFCA, développe un projet carbone MDP de 1,2 mégawatts utilisant des résidus de graines de palme et d’hévéa tout en évitant l’émission de 316 000 tonnes équivalent CO2 en 7 ans59.

Une seconde stratégie valorise les résidus organiques issus des déchets urbains de la ville d’Abidjan. En 2009, la Côte d’Ivoire fut le premier pays africain à enregistrer un projet aux mécanismes de développement propre de Kyoto (MDP), pour transformer ces déchets en énergie60. Le biogaz produit par digestion anaérobique des matières organiques est canalisé vers une unité de production électrique de 3 mégawatts, qui évitera l’émission de 71 000 tonnes équivalentes CO2 par an. A cette occasion, 220 emplois seront créés par la SITRADE, dont le cœur de métier est la valorisation de tous déchets. Plus de 5 villes ivoiriennes affichent un volume de déchets supérieur à 200 000 tonnes par an61. Non valorisé, sa décomposition à l’air libre produit des gaz à effets de serre. Valorisé, il pourrait créer 1 100 emplois, 18 mégawatts d’électricité en évitant l’émission de 350 000 tonnes équivalent CO2 par an.

La Côte d’Ivoire dispose d’un gisement de biomasse mésestimée, principalement issue de ses déchets agricoles. La production de 1,5 millions de tonnes de fèves sèches de cacao en 201162 a donné lieu à plus de 10 millions de tonnes de cabosses humides non valorisées63. Les circuits de collecte des filières agricoles peuvent acheminer, dans des conditions économiquement viables, une fraction des résidus des filières cacao, palmier ou coton produits en Côte d’Ivoire. Depuis l’an 2000, l’Inde et la Chine ont respectivement cumulé une capacité de production biomasse-électricité de 1 gigawatt64 et de 3 gigawatts65 valorisant des déchets agricoles. Ces centrales électriques restent raisonnables dans leurs dimensions, le plus souvent une capacité installée de 20 à 30 mégawatts. La maîtrise de ces projets repose sur celle de leur biomasse : nature, volume, localisation et disponibilité. L’analyse de coût est un facteur majeur : la valorisation inattendue de ces sous produits peut créer une bulle spéculative, avec des exemples en Chine où le coût « entrée cen-trale » de la biomasse a pu passer de 12 000 à 24 000 FCFA la tonne66. Leurs chaines de valeur sont fortement créatrices d’emplois, grâce aux activités de collectes, manutention et transport requérant une forte main d’œuvre. C’est là que se trouve un gisement d’emplois

59 « ecosur afrique registers a fuel switch project in Côte d’Ivoire with SIFCA Group and Tricorona », Avril 2011.60 « MDP : Abidjan décroche le premier projet africain » - Les Afriques 30/09/2009 et SITRADE, Direc-

tion Générale - 2010.61 Société Ivoirienne de Traitement des Téchets, 2011.62 « Ivory Coast Cocoa Sent to Ports Reaches 1.5 Million Tons », Bloomberg 11/10/2011.63 « Conservation des grains en régions chaudes, techniques rurales en Afrique » 2nde éd. - Ministère

de la Coopération et du Développement français 1988, où les fèves humides représentent 25% du poids d’une cabosse et les fèves sèches 44% du poids des fèves fraiches.

64 « Unleashing the Potential of Renewable Energy in India», Banque Mondiale 2010.65 « China Chases The Mirage of Biomass-To-Electricity » Ernegy Tribune, 05/01/2010.66 « China Chases The Mirage of Biomass-To-Electricity » op. cit + 1 US$ = 500 FCFA.

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et de revenus en milieu rural : la National Bio Energy de Chine opère ainsi 40 centrales biomasses pour 1 gigawatt de capacité, consomme 10 millions de tonnes de résidus agri-coles ayant rapportés 254 milliards FCFA de revenus annuels aux agriculteurs et généré 50 000 emplois67.

Les agro-carburants, problème ou opportunité ?La hausse du prix du pétrole et les faibles hausses de production de produits pétroliers font des agro-carburants une réflexion impérative et controversée. Ces enjeux croisent l’indé-pendance énergétique, la souveraineté alimentaire, l’industrialisation, le développement économique et la préservation de l’environnement. Une étude de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) portant sur 800 champs pétroliers, représentant 75% de la production mondiale, indique un taux de déclin annuel passé de 3,7% en 2007 à 6,7% en 2009. La découverte de nouveaux champs pétroliers conventionnels et une meilleure exploitation des champs existants maintiendraient un plateau de production jusqu’en 203568. Les agro-carburants apparaissent alors comme une innovation nécessaire, mais des exemples de développements déraisonnés ont levé des réserves69.

La Côte d’Ivoire est un leader Africain de l’agro-industrie, du raffinage et de la distribution de produits pétroliers. Elle a des compétences dans toutes les chaînes de valeurs agro-carburants à développer. Mais de nombreuses pratiques remettent en cause les bénéfices économiques et/ou environnementaux attendus. Les risques sociaux et environnemen-taux sont tout autant identifiés par le FMI70, la Banque Mondiale71 et les ONG72 : inflation des denrées alimentaires, détournement des terres arables, déforestation, bilan carbone mitigé, etc. Ils imposent des choix préalables quant aux finalités et aux modèles de déve-loppement qui ne peuvent se faire hors d’un cadre réglementaire.

Les agro-carburants sont un potentiel de développement rural qui ne peut être balayé du revers de la main, mais qui doit être soigneusement encadré. Toute stratégie d’agro-carburant doit identifier au minimum les besoins énergétiques, les marchés pertinents, les matériaux végétaux, les terres cultivables, les risques de compétition alimentaire, les technologies de production/consommation, les circuits de distribution, les facteurs socio-économiques et environnementaux. Elle doit s’inscrire dans un cadre incitatif et régulateur guidant les opérateurs économiques et les producteurs ruraux.

67 www.nbe.cn + 1 CNY = 79 FCFA le 10.04.2012.68 World Energy Outlook - IEA 2009 + « Peak oil : what does the data say ? », The Guardian 09/11/09.69 « Biofuel Demand Pushes Up Food Prices »Département de recherché du Fonds Monétaire Inter-

national Octobre 2007 + « Biofuels : the promise and the risks» -Banque Mondiale Juillet 2007.70 « Impact of High Food and Fuel Prices on Developing Countries » - Fonds Monétaire International,

Mars 2012.71 « Biofuels : the promise and the risks » – Banque Mondiale, 2008.72 « Africa : up for grabs. The scale and impact of land grabbing for agrofuels » Friends of the Earth 2010.

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Les agro-carburants sont exigeants en main d’œuvre : plusieurs tâches ne sont pas méca-nisables. Le nombre d’emploi varie selon les spéculations agricoles : au Brésil, la récolte d’huile de ricin mobilise 0,3 emploi par hectare, 0,25 pour le jatropha, 0,2 pour l’huile de palme et 0,07 pour le soja73. Une production locale pour un usage local pourra s’appuyer sur des tailles variables de plantations villageoises, destinées à l’alimentation locale de moteurs statiques (électrification) ou à la mécanisation agricole. Le modèle économique sera essentiellement celui de coopératives et/ou de PME fournissant des services éner-gétiques en milieu rural. Les cycles industriels longs pourront alors être envisagés. L’élec-trification du village de Garalo, Sud du Mali à l’huile de jatropha a vu les planteurs se regrouper en une coopérative de cultivateurs de surfaces de 0,5 à 1 hectare plantées en association avec du vivrier. Ce système intégré comporte 1 000 hectares de plantations, des équipements d’extraction et de filtrage de l’huile, une centrale de 0,3 mégawatt, et 15 kilomètres de réseau électrique pour 10 000 habitants74. La Jatropha Mali Initiative, âgée de 5 ans pourrait devenir un exemple plus prometteur75.

Hydroélectricité, des opportunités de développement localLe potentiel hydroélectrique total de la Côte d’Ivoire serait supérieur à 2 524 mégawatts de capacité installée, répartie en 31 sites Il existe donc un potentiel théorique de 26 barrages en plus des 5 déjà construits en Côte d’Ivoire76. Les effets environnementaux et sociaux des grands projets hydroélectriques doivent être pris en considération. Une approche intégrée dans la gestion des ressources en eau et la planification du développement hydroélectrique en coopération avec d’autres secteurs utilisant l’eau sont d’autres éléments clés de l’éva-luation de leurs avantages et de leurs impacts77. De l’important potentiel de petite hydroé-lectricité mis en exergue par cette liste, seul le barrage de Grah (5 mégawatts) fut réalisé.

La création de petites centrales hydroélectriques d’une puissance inférieure à 10 mé-gawatts, transformant l’énergie hydraulique d’un cours d’eau en énergie électrique s’ins-crit dans une stratégie de développement local et d’aménagement territorial valorisant les opportunités d’agriculture, d’élevage et d’électrification offertes par les cours d’eau. Ces petites unités peuvent être connectées ou non au réseau national. La distribution de cette électricité sur un réseau local décentralisé apporterait aux zones éloignées l’énergie nécessaire à leur développement78.

73 « Green Jobs : Towards Decent Work in a Sustainable, Low-Carbon World » - op. cit.74 Mali Folkcenter Nyetaa, 2011.75 http ://www.eco-carbone.com/eco-carbone.php ?Firstlevel_ID=4&Secondlevel_ID=16&lang=en.76 “Plan directeur de l’Energie, EECI”, d’après “Gestion intégrée des Ressources en Eau, Bilan & Pers-

pectives“ Projet de rapport pays 2003, Ministère des Eaux et Forêts 2003.77 « Hydropower Essentials » - Agence Internationale de l’Energie, OCDE/IEA 2010.78 « Smal Hydro, Mechanical equipment » - H. Brekke, Agence Internationale de l’Energie, O C D E /

IEA 2000.

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Les contraintes sociales et environnementales des grands barrages, l’amélioration des coûts de la petite hydroélectricité, un nombre d’emplois sensiblement équivalents au mégawatt installé, et leurs contributions à un développement rural décentralisé justifient d’étudier l’érection d’une somme de petits barrages complétant les grandes unités implan-tées. Dont l’analyse de coût doit aussi intégrer le déplacement des populations, la perte de terres productibles et la recherche de terres d’accueils.

L’éolien, des études insuffisantesDe prime abord, la Côte d’Ivoire se prêterait peu à l’énergie éolienne, si l’on se réfère à une étude de la Banque Africaine de Développement (2004) proposant une carte des vents sur le continent, à une vitesse supérieure à 4 mètres par seconde à une hauteur de 50 m79. Le Nord Est et le Sud Ouest de la Côte d’Ivoire affichent des zones de vents de 5 mètres par seconde, suggérant d’approfondir l’étude du potentiel. Dans le Sud Ouest, les particularités du relief montagneux peuvent favoriser la formation de vents dynamiques. Il est également fait référence à des vents de 4 à 6 m/s à des fréquences de 20 à 40% à Korhogo, Bouaké et en zone côtière80.

Les rares données témoignent avant tout de l’insuffisante exploration du potentiel éolien ivoirien. Une campagne de mesure des vents dans les zones citées, intégrée dans un sys-tème d’information géographique, constituerait un premier pas vers la formalisation de ce potentiel. En cette attente, le seul projet référencé par le ministère en charge de l’énergie est celui d’une éolienne destinée au pompage hydraulique installée à Korhogo, en février 1986, sur un forage de 85 m de profondeur81.

Le solaire, transfert de technologies et optimisation des chargesLe potentiel solaire ivoirien varie de 1 400 à 2 200 kilowattheures par m2. Le maximum est enregistré dans la région de Touba, au Centre Ouest, et le minimum entre Abengourou et Bondoukou au Centre Est. Ce potentiel est en moyenne plus important au Nord Ouest de la Côte d’Ivoire, au dessus de 2 000 kWh/m2. Les technologies photovoltaïques et les concentrateurs de puissance solaires s’adaptent à la diversité de ces potentiels.

La Côte d’Ivoire a toujours affiché une volonté de s’engager dans le solaire, avec un trans-fert des technologies d’assemblage et de maintenance. L’économie du solaire, maintenant caractérisée par une abondance d’offre et des instruments financiers innovants semble plus accessible. Les acteurs de la filière, confinés dans des projets modestes, mettent en exergue une fiscalité lourde, créant des distorsions entre les filières solaires et fos-siles. Si les panneaux solaires sont exempts de droits de douane, la fiscalité cumulée à

79 « Strategic Study of Wind Energy Deployment in Africa » - Banque africaine de développement, 2004.80 Ministères des Mines, du Pétrole et de l’Energie de Côte d’Ivoire, 2011.81 « Mines et Energies : Bilan de 1960 à 2010 – Perspectives » - op.cit. 2010.

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l’importation sur tous les équipements d’une installation peut atteindre 40,5%. Parmi les recommandations exprimées figurent celles de bénéficier, à l’échelle d’un système tech-nologique, du traitement fiscal octroyé aux entreprises de la filière « Pétrole et Mines »82.

Le potentiel d’énergies renouvelable ivoirien est certain, mais sa connaissance partielle. Le coût de production des projets observés en Côte d’Ivoire, particulièrement dans les filiè-res électricité et cuisson, est rarement le facteur limitant. Même en connaissant tout le po-tentiel ivoirien, la possibilité de le réaliser et de créer les emplois verts associés ne relèvera que d’une réelle stratégie nationale, stimulée par une concertation publique et proactive des décideurs publics et des opérateurs privés. La mise en œuvre de telles stratégies se traduira alors par des mécanismes régulateurs incitant à la réalisation des objectifs.

2.4. Stimuler le développement des énergies renouvelables et la création d’emplois verts

Concilier risques d’entreprenariat, motivations et exigences de service publicLa contribution majeure du secteur énergétique à l’émission de gaz à effets de serre anthro-piques, combinée au nombre croissant de technologies énergétiques sobres en carbone, font de l’énergie la pierre angulaire des politiques d’atténuation du changement climatique. Ces innovations induisent une prise de risque des entreprises entrant sur le marché des énergies renouvelables. Elles vont rechercher, outre des signaux forts des régulateurs, un retour sur investissement pouvant absorber une éventuelle dérive des nouveaux modèles économiques. Si certaines technologies n’offrent pas d’économies d’échelles, les entre-prises pourront être réticentes à les mettre en œuvre. C’est donc durant la phase de tran-sition verte que les mécanismes incitatifs sont les plus importants83.

Les mécanismes économiques et financiers visent principalement à atténuer les barrières techniques et économiques des énergies renouvelables. Celles ci, à l’exception de l’hydro-électricité, dispose d’un déficit structurel de recherche et développement, de construc-tion et d’opération face aux énergies fossiles ou nucléaires. Les industries hydrocarbures peuvent avoir plus d’un siècle d’expérience, la jeune industrie du nucléaire est supportée par des programmes de recherche civile et militaire conséquents, les énergies renouve-lables ne semblent émerger que vraiment quelques décennies.

Les mesures prises par les gouvernements en vue de soutenir le développement des éner-gies renouvelables font apparaître trois principales motivations : la sécurité énergétique, le développement économique et la préservation de l’environnement84. La sécurité éner-

82 Rencontre des acteurs de la filière solaire, Janvier 2012.83 « The Economics of Transition in the Power sector », W. Blyth, Oxford Energy associates - Interna-

tional Energy Agency - OECD/IEA 2010.84 « Policy considération for deploying renewables » Agence internationale de l’Energie, OECD/IEA 2011.

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gétique cherche à garantir des approvisionnements énergétiques disponibles, abordables et durables. Le développement économique ne peut être entravé par des prix élevés : les énergies renouvelables doivent être compétitives ou soutenues jusqu’à être compétitives ; leurs prix ne peuvent être incertains du fait d’une mauvaise quantification des sources d’énergies dans le temps ou dans les coûts. La préservation de l’environnement et de la santé des populations sont un critère d’orientation vers les énergies renouvelables : la qualité de l’air devient aussi un enjeu majeur dans les pays en développement où les cuis-sons domestiques au bois-énergie causent 1,5 millions de décès par an85. Le PNUD (2011) dans le rapport sur le développement humain86 renchérit que «chaque année, la fumée à l’intérieure des habitations émanant des combustibles solides est responsable d’environ 2 millions de décès, dont à peu près 36% surviennent dans les pays à IDH faible.»

L’équilibre entre ces trois motivations est déjà difficile dans des pays en développement. Il faut maintenant ajouter le coût d’absorption des hausses de prix des hydrocarbures et le soutien aux énergies propres en accompagnant dans le pays les projets éligibles selon des standards internationaux.

Formuler un cadre lisible pour les investisseursLa loi de 1985 portant code de l’électricité ne vise pas spécifiquement le développement des énergies renouvelables. Elle prévoit que les sources d’énergie doivent être autorisées par l’Etat (article 3). Seul l’article 15 mentionne la possibilité d’une « production faisant appel à l’énergie nucléaire, ou à toute forme nouvelle d’énergie », auquel cas une régle-mentation adéquate serait prise. Cette loi visant spécifiquement le secteur de l’électricité, aucune disposition ne permet par exemple de soutenir directement la filière cuisson do-mestique ou de réguler la filière agro-carburant.

Il faudra attendre 1996 et la loi n° 96-766 portant Code de l’Environnement, pour que le développement des énergies renouvelables soit visé par la législation ivoirienne : so-laire, biomasse, éolienne, géothermie et hydroélectricité sont expressément mentionnés. D’autres dispositions s’appliquent aux énergies renouvelables, issues des éléments de droit commun en vigueur pour toute entreprise industrielle et commerciale. Les mécanis-mes financiers et réglementaires spécifiques sont identifiés dans des conventions privées passées avec l’Etat, dont le Ministre de l’Economie et des Finances est cosignataire aux côtés de celui de l’Energie. Elle contient plusieurs dispositions financières et fiscales, et hypothèses économiques visant l’équilibre économique du projet, au cas par cas. Le cadre réglementaire ivoirien ne contient pas encore de réels mécanismes incitatifs en faveur des énergies renouvelables en Côte d’Ivoire.

85 « Facilité Energie ACP-UE, Document de position sur la Biomasse» - Europaid - 2004.86 PNUD, 2011, Rapport sur le développement humain,, p 56-57.

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Répondre aux freins perçus par les investisseursUne étude réalisée sur le financement des énergies renouvelables en Afrique subsaha-rienne, publiée par le PNUE Finance Initiative en février 2012, met en évidence les fac-teurs considérés comme préjudiciables au développement des énergies renouvelables87. Le classement de ces réponses met en exergue le rôle fondamental que joue l’expression d’un cadre régulateur transparent et incitatif, bien devant le prix des énergies renouve-lables ou les subventions accordées aux énergies fossiles.

Lever les barrières non technique ni économiquesCes barrières sont les obstacles non technologiques freinant le développement écono-mique des énergies renouvelables. Trois familles sont relevées88 :

– Les obstacles et les incertitudes politiques liés aux aspects réglementaires, ins-titutionnels et administratifs. Les premiers visent des politiques énergétiques inadéquatement formulées ou interrompues, le manque de transparence et de concertation dans la formulation et l’application des réglementations. Les bar-rières institutionnelles et administratives peuvent se manifester par le manque d’institutions fortes et dévouées à leurs missions, une répartition des rôles et des responsabilités confuses entre les structures étatiques, la complexité, la lenteur ou l’opacité entachant les procédures de sélection, d’autorisation ou de suivi.

– Les barrières économiques sont principalement composées de limites de mar-ché et financières. Les premières résultent le plus souvent des structures de tarifications (des prix) de rachat de l’électricité en faveur des énergies fossiles, des subventions aux combustibles fossiles pouvant constituer une distorsion de concurrence, ou de la position dominante d’opérateurs privés pouvant freiner l’arrivée de nouveaux entrants. Les barrières financières se manifestent par la difficulté d’accéder à des financements adéquats (rareté du crédit, taux d’inté-rêt, sûretés bancaires, etc.) et certains services financiers (couverture du risque pays, risques climatiques, etc.).

– Les barrières capacitaires peuvent être levées en renforçant les capacités hu-maines et les infrastructures. Dans le premier cas, il s’agira surtout de formuler des outils d’aide à la décision des acteurs économiques et politiques sur les choix énergétiques stratégiques. Assurer la formation d’un personnel qualifié dans les technologies d’énergies renouvelables est également indispensable à la conception et à la réalisation de leur déploiement. La présence d’infrastructure logistique est importante, permettant d’accéder aux sites de construction ou col-

87 « Financing Renewable Energy in Developing countries -Drivers and barriers for private finance in sub-Saharan Africa» - UNEP Finance Initiative 2012.

88 « The Economics of Transition in the Power sector » - Agence Internationale de l’Energie 2010.

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lecter une biomasse énergétique, ainsi que celle d’infrastructures énergétiques (raffinage / distribution, évacuation / transport / distribution d’électricité, etc.).

Formuler une stratégie nationale par une consultation publique des acteursLa première attente des développeurs de projet est la formulation d’une stratégie nationale de développement des énergies renouvelables89. Tous les autres mécanismes incitatifs en découleront automatiquement, suivant une analyse au cas par cas.

L’Agence Internationale de l’Energie recommande que ces objectifs soient formulés au travers d’une consultation publique ouverte. Les Etats connaissent leurs préoccupations énergétiques et peuvent formuler les questions d’une consultation en s’inspirant de leur expérience de développement. Le processus public de cette consultation permettra à tous les acteurs se sentant concernés par le développement des énergies renouvelables de répondre aux questions posées et de manifester leur intérêt. Le caractère ouvert de cette consultation inclut la publication des réponses reçues. Cette méthode réduit les biais de réponse en raison de leurs caractères officiels.90.

La formulation d’objectifs dont le potentiel est avéré encouragera leurs développements : la mise à jour d’un actif économique conduit toujours à l’analyse de sa valorisation. Fin 2011, plus de 25 pays en voie de développement avaient déjà formulé des objectifs de développement des énergies renouvelables. Parmi ces pays, 8 font partie de l’Afrique Subsaharienne, hors Afrique du Sud, dont quatre sont en Afrique de l’Ouest : le Cap Vert a fixé un objectif de 50% d’énergies renouvelables d’ici 2020, le Ghana et le Niger de 10% à 2020 et le Nigeria de 7% à 202591.

La formulation de ces objectifs peut être plus rigoureuse, donnant lieu à la spécification de quotas nationaux. L’Etat élabore un portefeuille d’énergies renouvelables à développer, fixe des objectifs de production par énergie que les entreprises du secteur auront l’obli-gation de remplir. Ces modèles sont assortis de certificats d’obligations renouvelables ou crédits d’énergies renouvelables négociables. Les opérateurs du secteur ont l’obligation de produire ensemble un volume d’énergies renouvelables, ceux-ci ne disposant d’aucune production renouvelable pour remplir cet objectif achèteront alors ces certificats auprès de producteurs renouvelables. Ils compensent leur non production d’énergies renouvelables en finançant celles produites par leurs compétiteurs.

89 « Financing Renewable Energy in Developing countries » - op. cit.90 « Renewable Energy: Policy Considerations for Deploying Renewables », Agence Internationale de

l’Energie 2011.91 « Financing Renewable Energy in Developing countries» - op. cit.

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Formuler un cadre dynamique mais réguléLa formulation d’une règlementation est également impérative pour libérer les potentiels ou au contraire les encadrer face à des dérives connues. Dans le secteur de l’électricité, la Côte d’Ivoire a mis un terme à son monopole de production, mais pas à celui du trans-port et de la distribution de l’électricité. Les capacités de production sont implantées pour une injection dans le réseau national. Une réglementation dite « off-grid » encourage-rait le développement de capacités locales de production d’électricité pour des services énergétiques locaux, indispensable à la meilleure valorisation des ressources localement produites. Ces capacités et réseaux décentralisés peuvent ultérieurement s’étendre et être raccordés au réseau ivoirien.

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Encadré 1 : Les agro-carburants, retours d’expérience règlementaires Ouest Africains

Les agro-carburants sont un autre exemple d’une régulation rigoureuse nécessaire pour réussir une stratégie énergétique locale et durable. Ce cadre régulateur doit être fort et lisible pour orienter les positions des opérateurs économiques en garantissant un équilibre entre les intérêts énergétiques, alimentaires, environnementaux et sociaux. L’Afrique de l’Ouest offre plusieurs retours d’expérience dans le développement de filières orientées vers un marché national et régional. Des dispositions régulatrices fon-damentales se dégagent pour encourager un développement raisonné92 :

3 La cartographie et l’encadrement de l’accès aux terres cultivables ; 3 L’identification des espèces végétales et l’organisation de la diffusion des prati-

ques et matériaux agricoles ; 3 L’optimisation des ressources environnementales consommées et des rejets

agroindustriels ; 3 La normalisation technique des produits agricoles, des agro-carburants et des

mélanges commercialisés ; 3 La définition d’un objectif de pourcentage d’agro-carburants consommés sur le

volume national de carburant ; 3 L’identification des modalités logistiques de transport/stockage/distribution du

réseau de commercialisation ; 3 L’organisation géographique de zones productives, diminuant aussi l’énergie

consommée sur l’énergie produite ; 3 La définition de mécanismes d’agrément et de concession de services publics

énergétiques adaptés aux modèles économiques : production de combustible, transport et distribution d’électricité en réseau local, etc. ;

3 La proposition de mécanismes financiers et fiscaux incitatifs, s’inspirant des exonérations du Code des Investissements, de la fiscalité de -s produits pétro-liers etc., encourageant in fine la fixation de prix compétitifs.

92 « Stratégie Nationale de développement des Biocarburant » - Mali, ANADEB, 2010 ; « Étude pour la mise en place d’un cadre juridique et règlementaire pour la promotion et le développement des biocarburants dans l’espace UEMOA » - UEMOA, 2008 ; « Bioénergie et développement durable dans les pays membres de l’UEMOA » - UEMOA, 2009 ; « Bioenergy Policies, achievements and need » - National Biodiversity Committee of Ghana, 2010.

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Le développement des énergies renouvelables requiert aussi une coordination multisecto-rielle résultant des nombreuses sources d’énergies renouvelables. Plusieurs recomman-dations visent la mise en place d’un mécanisme de coordination institutionnel. D’autres plaident pour la création de structures institutionnelles fortes et dévouées à leurs tâches.

Explorer les mécanismes de soutiens financiers directs et indirectsPour l’électricité, la fixation des tarifs de rachat est le mécanisme financier économique le plus usité. Il se définit par trois caractéristiques clés : la garantie des prix d’achat de l’électricité, la garantie d’accès au réseau national ou d’opération d’un réseau local, dans un cadre contractuel à long terme assurant l’amortissement des investissements. Cette stratégie s’accompagne également d’une obligation de rachat de la puissance fournie par les opérateurs de réseau de transport électrique à des tarifs fixés règlementairement. Cette obligation bénéficie aux entreprises ou particuliers ayant une capacité de production d’énergie qu’ils injectent dans le réseau national. Les tarifs fixés peuvent bénéficier d’une prime aux énergies renouvelables, proposant un prix de rachat au kilowattheure supérieur à celui pratiqué pour des énergies non renouvelables. Une péréquation est effectuée pour atténuer ou éviter la répercussion sur le consommateur final.

D’autres mécanismes permettent aux Etats d’intervenir sur le prix final des énergies re-nouvelables : les exonérations fiscales, les paiements d’avance et les subventions direc-tes. Les premiers visent particulièrement des réductions douanières et fiscales baissant le coût d’acquisition des actifs industriels. Ils permettent de réduire les coûts d’opération en allégeant la fiscalisation des opérations et/ou des bénéfices. Les derniers mécanismes sont plus simples à formuler et plus directs à mettre en œuvre, par opposition aux crédits d’impôts et incitations par déductions fiscales. Ils demandent toutefois une capacité de financement certainement difficile pour l’Etat Ivoirien, qui pourra dans certains cas étudier un rôle de garantie. A ces dispositifs de droit communs accessibles à tous les opérateurs, les conventions entre l’Etat et les opérateurs peuvent contenir des clauses privées portant aménagement du régime fiscal de construction et/ou d’exploitation des actifs.

Déjouer l’avenir incertain des crédits carbonesLes crédits carbones MDP sont un mécanisme international relativement simple : chaque tonne de gaz à effet de serre qu’un projet d’énergie propre développé dans un pays en développement peut être transformée en un titre financier cessible contre rémunération. Ces crédits sont certifiés, chaque projet devant suivre une méthodologie de conception et de validation rigoureuse assurant l’intégrité financière de la transaction. Les conditions de commercialisation sont encadrées par des règles visées des autorités des marchés finan-ciers pour garantir des conditions saines d’échanges commerciaux. Ces crédits carbones deviennent ainsi un revenu supplémentaire pour les développeurs de projets énergétiques propres en Côte d’Ivoire.

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Avec cinq projets MDP enregistrés, la Côte d’Ivoire est le leader des crédits carbones issus du Protocole de Kyoto sur l’UEMOA. Le projet SITRADE de la Société Ivoirienne de Trai-tement des Déchets93 est le premier projet enregistré dans l’UEMOA, en juillet 2009, suivi par quatre autres projets : SANIA, AKOUEDO/ADERCI, BIOKALA et AZITO. Les barrières au développement des projets carbones restent élevées : seul SANIA est en phase de construction94, les projets SITRADE et AKOUEDO/ADERCI ont connu un développement lent comparativement aux trois autres. SANIA et BIOKALA sont des filiales du Groupe SIFCA, leader Ouest Africain agroindustriel, AZITO est une filiale des groupes GLOBELEQ et IPS, tous ayant des compétences et les capacités de financement leur permettant de lever les barrières à l’entrée.

Cependant, la prorogation du Protocole de Kyoto et des Mécanismes de Développement Propre, ou projets carbones Kyoto, ne permettra pas à la Côte d’Ivoire de développer de nouveaux projets dans des conditions normales. L’Union Européenne est le premier ache-teur de crédits carbones, absorbant à elle seule plus de 90% des volumes émis95. Or si le principe de continuité des Mécanismes de Développement Propre est acquis de par la prorogation du Protocole de Kyoto, l’Union Européenne ne maintiendra son marché ouvert aux projets développés que pour les pays les moins avancés jusqu’en 201596. Les pays à revenus intermédiaires dont la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigéria en seraient exclus, sauf changement de position de l’Union Européenne. Les portes ne sont pas fermées aux négociations bilatérales par lesquelles un pays à revenus intermédiaire pourrait solliciter que les projets carbones Kyoto développés sur son territoire puissent toujours commercia-liser leurs crédits carbones sur les marchés de l’Union Européenne.

Face aux incertitudes des crédits carbones Kyoto, d’autres types de crédits carbones peuvent être utilisés dans le secteur énergétique, à l’image des systèmes de crédits carbones volon-taires qui suivent des principes de certification et d’échange aussi étayés que les crédits Kyoto. Le Ghana a ainsi enregistré un projet de 250 000 crédits carbones Gold Standards annuels, la plus importante opération réalisée sous ce label, au travers d’un programme de foyers améliorés évitant l’émission de 250 000 tonnes métriques de CO2 par an97.

93 « MDP : Abidjan décroche le premier projet », Les Afriques 29 juillet 2010.94 « Ecosur afrique registers a fuel switch CDM project in Côte d’Ivoire » Reuters, 21 Avril 2011.95 « Carbon Market : State & trends 2011 » Banque Mondiale 2012.96 http ://www.ieta.org/index.php?option=com_content&view=article&id=352 :list-of-questions-on-eligi-

bility-rules-for-offsets-in-euets&catid=24 :position-papers&Itemid=91.97 « Barclays, Jaguar Buy Ghanaian CO2 Credits » Bloomberg 07 février 2012.

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2.5. Conclusion Cette section vient d’explorer les opportunités de développement des énergies renouve-lables en Côte d’Ivoire. Elle synthétise les cadres d’actions technologiques, économiques ou règlementaires ayant permis de créer des emplois, notamment en Afrique de l’Ouest.

Son caractère sectoriel, couvrant plusieurs filières des énergies renouvelables, ne permet pas d’adresser chaque filière selon ses spécificités. Ce contexte est également limitatif pour énumérer toutes les solutions envisageables et les approfondir. Le caractère local des solutions observées, toutes adéquates à leur contexte local, ne permet pas la trans-cription identique de leurs innovations technologiques, réglementaires ou financières en Côte d’Ivoire, ni de quantifier les emplois attendus.

Elle espère offrir une meilleure compréhension de solutions déployées dans le monde, de constats élaborés sur le secteur énergétique africain, à la lumière d’un modèle énergétique ivoirien riche de plus de soixante ans d’expériences. Elle montre aussi la nécessité de poursuivre ces investigations, dans une vision de marché, pour établir le potentiel techni-co-économique de chaque filière : biomasse, hydraulique solaire, éolien, océan, etc., et la création d’emplois associés.

A défaut de pouvoir quantifier le nombre d’emplois verts par filière énergétique et d’en proposer une évaluation pour la Côte d’Ivoire, l’un des objectifs fut d’identifier les facteurs freinant le développement du secteur et les mécanismes pouvant les lever, libérant ainsi le potentiel de création d’emplois. Ces facteurs et mécanismes observés en Afrique sont cohérents avec le contexte ivoirien.

La connaissance de ces mécanismes et du secteur énergétique ivoirien suffisent pour organiser la consultation publique de ses acteurs. Cette méthodologie issue des pratiques de bonne gouvernance permettra d’identifier les freins et opportunités du secteur, les don-nées sectorielles, les expressions d’intérêts et les recommandations opérationnelles. La base de données résultant de cette consultation méthodique, analysée au regard des mis-sions de services publics énergétiques et des services sociaux sous jacents, constituerait une ressource sans précédent pour formuler une stratégie nationale des énergies renou-velables, faisant reposer chaque choix sur des équilibres mesurés.

Même s’il n’est que partiellement connu, le potentiel d’énergies renouvelables de la Côte d’Ivoire est important. L’étude des facteurs économiques de plusieurs projets, dont peu sont en cours de réalisation, souligne leurs compétitivités technico-économiques. Les prin-cipaux freins au développement de ces énergies, et des emplois qu’elles créeraient, sont avant tout le manque de localisation et d’analyse des sources énergies renouvelables : le privé n’ose pas les explorer seul, en l’absence de stratégie nationale incitant à leur déploiement.

Face aux compétences nationales et à la volonté des acteurs ivoiriens, fussent-ils privés ou publics, ces barrières peuvent être levées. Le secteur est mature, le potentiel prêt à être libéré. Un seul déclic permettrait de catalyser le tout : une concertation méthodologique, transparente et proactive des acteurs. L’Etat et les partenaires au développement seraient heureusement surpris des résultats obtenus.

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Chapitre iii : Les emplois verts dans la filière des déchets

3.1. La filière des déchetsLa question des déchets en Côte d’Ivoire ne cesse de défrayer la chronique depuis des dé-cennies. Elle est considérée comme l’un des fardeaux urbains qui connaît des proportions alarmantes compte tenu de ses impacts sur la vie socioéconomique et environnementale. La problématique des déchets est inhérente au processus d’urbanisation accélérée et dé-sarticulée en Côte d’Ivoire qui compte 21 991 170 d’habitants avec un taux de croissance annuelle de 2,68 % et une densité de 68,19 habitants/km298. La population abidjanaise est estimée à 4 118 613 d’habitants (INS, 2010).

La forte urbanisation rapide génère une production considérable des déchets compte tenu de l’évolution des modes de production et de consommation. Selon le Code de l’Environ-nement ivoirien99, est défini comme déchet « tout résidu d’un processus de production, de transformation, ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement, tout bien meuble abandonné ou que son détenteur destine à l’abandon » Le déchet devient ainsi toute substance ou objet dont on se débarrasse après usage. Mais plusieurs catégo-ries de déchets peuvent être considérés : des déchets ménagers aux déchets industriels, agropastoraux, en passant par les déchets médicaux et miniers.

Système de gouvernance des déchets Depuis 2007, le décret n° 2007- 456 du 07 Avril 2007 consacre la création d’un Ministère en charge de la salubrité devenu par la suite du décret n° 2007- 458 du 20 Avril 2007, l’autorité de tutelle de la question de la salubrité. L’ANASUR, structure opérationnelle du ministère en charge de la salubrité urbaine aura en charge la régulation et la gestion des déchets de toute nature, à l’exception des déchets médicaux. De manière spécifique, l’ANASUR est responsable de :

– la concession du service public de nettoiement et de propreté des villes, com-munes et districts de Côte-d’Ivoire ;

– la concession du traitement et de la transformation des déchets ; – le contrôle du bon fonctionnement des infrastructures concédées par l’Etat à

des tiers ou à des collectivités pour le transfert, le tri et la transformation des ordures et déchets ;

– l’organisation et la gestion des opérations d’urgence ; – la lutte contre l’insalubrité et les nuisances en milieu urbain.

98 INS (Institut National de la Statistique), 2010. 99 Loi N°96-766 du 3 octobre 1996 portant Code de l’environnement.

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L’ANASUR qui est devenu le maître d’ouvrage des opérations de déchets passe des conventions avec le secteur privé, les mairies et les groupements d’intérêt économique pour assurer la pré-collecte, la collecte et la mise en décharge.

La pré-collecte, ou la collecte primaire est l’opération visant à ramener les déchets de la source de production aux lieux de regroupement. Cette activité reste informelle dans la plupart des communes et elle est pratiquée en majorité par les jeunes du quartier en contrat avec les sociétés privées et les mairies. Cependant, le matériel de pré-collecte reste rudimentaire : « pousse pousse »100. Le coût pour la pré collecte proposé par les ménages dans le district d’Abidjan varie entre 500 et 4 000 francs CFA, voire plus en fonc-tion du standing des ménages et des zones d’habitation.

Dans les villes de l’intérieur du pays, l’activité de pré- collecte est réalisée de manière informelle lorsqu’elle existe et a lieu même dans les zones accessibles aux véhicules et dans presque tous les quartiers.

La collecte est l’opération qui consiste à ramasser les déchets des bacs à ordures ou des lieux de regroupement vers la décharge autorisée ou le lieu de valorisation. La collecte et le transport ne sont encore pas optimisés car le taux d’enlèvement des déchets aujourd’hui est en deçà de la moyenne (68,68% de taux de collecte en 2009) alors que le taux préco-nisé est de 90%.

Douze entreprises couvrent le district d’Abidjan : LASSIRES, CLEAN-BOR ; KRAFF-CI ; INTERCOR, INTERSIFRET, INTERGETICI, VILLERS, SIMKO, MBH, EIDA, SI2E, ZOOMLION.

Les points de regroupement ou postes de transit sont des points de rupture de charge, des lieux de stockage provisoire et parfois de traitement des déchets. En raison des diffi-cultés, très peu de villes, en Côte d’Ivoire, disposent aujourd’hui de points de rupture de charge fonctionnels et appropriés. Ceux-ci sont plutôt assimilables à des mini-décharges non contrôlées.

Le District d’Abidjan dispose d’un seul centre de transfert situé au Nord du district, le centre de transfert de WILLIAMSVILLE. Dans les autres villes du pays, l’enlèvement et l’élimination des ordures ménagères est du ressort exclusif des communes dont les ser-vices techniques municipaux assurent la collecte et la mise en «dépôt» des ordures. On notera toutefois que dans certaines villes et communes, cette gestion est concédée à des entreprises privées. C’est le cas pour les communes de YAMOUSSOUKRO, BOUAKE, KORHOGO qui collaborent avec ANASUR à travers la signature de contrats entre celles-ci et les entreprises privées sur une base forfaitaire.

100 Petite charrette à bras et à deux roues servant à porter des fardeaux. Elle est poussée, voire tirée par un homme.

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Les risques liés au secteur des déchetsLe système actuel de gestion des déchets comporte des risques potentiels et réels pour les acteurs, notamment les pré-collecteurs, récupérateurs/chiffonniers qui ne disposent pas d’équipements et de protection adéquats. Le travail se fait à mains nues souvent avec des tiges métalliques qui leurs servent d’instrument de fouille. Ils marchent pieds nus dans les tas de déchets que déversent quotidiennement les camions ou les pousses-pousses (charrettes des pré-collecteurs). Les ramasseurs de déchets et d’articles de récupération sont exposés aux risques physiques, tels que les blessures causées par les brisures de verre, les chocs et les chutes pendant le chargement ou le déversement ou le soulèvement des matériaux lourds. Les risques chimiques sont liés à la manipulation de produits chimi-ques dangereux (toxique, irritant, nocif, corrosif, etc.), les résidus provenant des peintures, les aérosols et autres produits corrosifs affectent la santé des ramasseurs qui travaillent sans équipement de protection.

La gestion des déchets présente donc des risques élevés au travail par manque d’équi-pements appropriés. Des précautions doivent être prises pour prévenir les effets négatifs sur leur santé. De même, les travailleurs doivent disposer des équipements appropriés (uniformes, bottes, des gants et des « cache-nez ») pour les protéger des odeurs et gaz monoxyde et de dioxyde de carbone, hydrogène sulfuré et ammoniac) et accidents divers.

Malgré ces risques, l’univers des déchets offre des emplois verts que l’on doit valoriser par la mise en valeur des ressources humaines ainsi que des conditions techniques, techno-logiques et sociales. L’amélioration des conditions de travail dans l’univers des déchets constitue un vecteur de développement durable.

3.2. Le gisement d’emplois verts dans le domaine des déchetsLe système de gestion des déchets considère toutes les étapes de la génération à la mise en décharge et implique différents acteurs allant des producteurs, fabricants, vendeurs, consommateurs et les organisations opérant dans la collecte, le recyclage ou l’élimination finale. La gestion des déchets est porteuse d’emplois verts pouvant contribuer significati-vement à régler simultanément les questions globales environnementales (mitigation aux changements climatiques, prévention des pollutions) et celle de la lutte contre la pauvreté.

Domaines porteurs d’emplois dans la filière des déchets

La pré-collecte, le stockage et la collecteCe sont des étapes cruciales dans la gestion des déchets. Elles comprennent le balayage, le curage des caniveaux, le porte à porte des ramasseurs d’ordures auprès des ménages, le stockage dans les bacs ou dépôts communaux. Généralement, elles sont le fait des communes ou villes qui passent des contrats avec le secteur privé et les particuliers. Les

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prestataires de services s’organisent souvent en Coopératives ou en Groupement d’In-térêt Economique (GIE) ou en ONG et signent des conventions ou des contrats avec la commune qui détermine les zones d’intervention spécifiques. D’autres signent directement des contrats avec les Sociétés de ramassage des ordures ménagères. Ainsi chacune des douze sociétés de ramassage des ordures domestiques dispose au moins d’une succur-sale assurant le balayage, la pré-collecte et le stockage dans les communes.

Au niveau du balayage, l’on peut dénombrer au moins trois mille emplois101 sur l’étendue du territoire à travers les sociétés de ramassage. De même, les jeunes pré-collecteurs se sont organisés en coopératives regroupés dans plusieurs fédérations dont : l’UFEPCI : Union fédérale des Professionnelles de la Pré-collecte en Côte d’Ivoire et la FEPSUCI : Fédération des Pré-collecteurs et de Prestation de Services Urbain.

Ces deux fédérations peuvent générer au moins onze mille emplois au niveau du district d’Abidjan. Dans le cadre du projet d’adaptation aux changements climatiques de construc-tion d’une usine de tri et de compostage, le groupe Ehoulee fait l’expérimentation de l’amé-lioration de la pré-collecte avec le tri à la source. Six centres de gestion sont créés avec plus de 600 unités mobiles. Le nombre d’emplois qui seront créés est estimé à cinq mille emplois.

Transport des déchetsLe transport reste le domaine des douze sociétés prestataires de services agréées par l’ANA-SUR. Chaque société dispose de personnels techniques et de bureau. Le personnel tech-nique s’occupe de l’entretien des dépôts de transit et du matériel roulant (camions, engins tasseurs, les tricycles, etc.). Quant au personnel de bureau, il est responsable de la gestion quotidienne de l’entreprise : Management, employés, comptabilité, marketing, etc.

Chacune des sociétés dispose d’au moins trois cent cinquante personnes pour opérer sur les zones qui leur sont confiées par l’ANASUR sur l’étendue du district, voire les grandes villes de l’intérieur. Par conséquent, au niveau du transport des déchets on dénombre au moins quatre mille emplois avec toutes les sociétés en activité.

Recyclage des déchetsC’est l’un des secteurs les plus porteurs d’emplois, bien que la plupart de ces emplois ne rencontrent pas les critères d’emplois décents comme définis dans le chapitre premier de ce document (travail des enfants, hygiène et santé au travail, protection sociale, etc.). Cependant, les emplois de la chaîne du recyclage et de la valorisation constituent une source de revenus importants pour les travailleurs qui sont généralement analphabètes et très pauvres.

101 Suivant les données de notre enquête. La majorité des employés sont les femmes à l’image de la société SI2E.

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Des études ont démontré que ce secteur des déchets emploie des millions de personnes à travers le monde et génère des revenus considérables. En Chine, on dénombrait plus de 10 millions de travailleurs dans le recyclage des ordures (UNEP, 2008). Au Brésil, par exemple, c’est autour de 1,78 millions $ que produisent les fouilles des décharges (Medina 2008). En Côte d’Ivoire, même si les études n’ont pas encore dénombré exactement le nombre de travailleurs dans le tri de la décharge à Akouédo, ce nombre s’est accru eu égard à l’impact économique et social de la récente crise politico militaire. On peut avancer le nombre de cinq à mille personnes qui œuvrent dans ce secteur.

Le compostage des déchetsLe processus de compostage se réalise en plusieurs phases dont la première est la fer-mentation : une dégradation rapide de la matière organique fraîche et facilement biodé-gradable en molécules moins complexes comme les sucres ou les polymères. La seconde phase, la maturation, plus lente, correspond à la mise en jeu des processus d’humification. Les procédés de compostage consistent à optimiser l’activité des microorganismes en régulant les paramètres principaux (température, humidité, aération) et en améliorant la qualité du substrat à composter.

Différentes techniques de compostage sont possibles, mais dépendent de la nature, la quantité et de la disponibilité des déchets, ainsi que du coût de production incluant main d’œuvre, l’énergie et l’eau. La méthode la plus répandue dans les pays en développement est le compostage en andains couverts ou non. Cependant, la promotion du compost doit être soutenue par une demande locale en termes de marché plus accessible pour les agriculteurs ivoiriens.

Des expériences pilotes de compostage sont réalisées par des ONG et l’Université Nangui Abrogua (ex Abobo-Adjamé). La réussite des ces projets pilotes démontrent la maîtrise de la technologie et la création d’emplois au niveau local. La vulgarisation à grande échelle nécessitera des financements conséquents.

Elimination des déchetsUne décharge sauvage à ciel ouvert sert aujourd’hui de site d’élimination des déchets en Côte d’Ivoire. Une amorce de contrôle avec le pesage à l’entrée par PISA IMPEX, la MACOM et l’ANASUR en vue d’évaluer le tonnage réel des déchets à l’exclusion du sable et du gravier souvent mélangés aux déchets par les transporteurs. PISA IMPEX est chargé de la réception des déchets puis de leur étalement sur le site sans traitement préalable. En termes d’emplois cette structure dispose d’une cinquantaine d’employés, machinistes et gestionnaires inclus.

Le Gouvernement envisage la création de sites d’enfouissement technique qui pourraient promouvoir la valorisation énergétique des déchets. Par ailleurs, on peut mentionner des initiatives privées comme les projets ADERCI qui s’inscrivent dans cette perspective en mettant en exergue la promotion de l’emploi.

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La dépollution des déchetsLa dépollution est fortement pourvoyeuse d’emplois et cela s’est manifesté lors de la crise des déchets toxiques en 2006 où d’énormes efforts tant en matériels qu’en techniques ont été déployés pour décontaminer les sites pollués. Les structures comme le CIAPOL, le SIIC et les prestataires de services techniques privés fournissent de l’expertise dont les ressources humaines sont importantes.

Le management des déchetsLes structures de direction qui ont pour missions de définir, élaborer et mettre en œuvre la stratégie de l’organisme en fonction de l’évolution de la réglementation environnemen-tale et de la demande sociale (responsabilité d’un agent économique, d’un groupe, d’une collectivité par rapport aux conséquences sociales et environnementales des activités) sont fortement riches en termes d’emplois. L’on peut citer, entre autres, les fonctions de directeur environnement, directeur de la salubrité, directeur du développement durable, directeur de bureau d’études, directeur d’association environnementale. Aussi, les respon-sables techniques et commerciaux peuvent-ils faire partie du management : responsable de l’exploitation, les ingénieurs, les conseillers techniques.

Le financement des déchetsL’univers du financement des déchets n’est pas négligeable en matière d’emplois. Les animateurs du Fonds de Financement des Programmes de Salubrité Urbaine (FFPSU), du FNDE (Fonds National de l’environnement), de la Taxe d’enlèvement des ordures ména-gères (TEOM), du bilan / crédit carbone peuvent générer des emplois. De même que les ONG internationales et les organisations de la société civile intervenant dans la sauve-garde de l’environnement.

Recherche et Développement dans l’univers des déchetsLa recherche et le développement sont à la base de la préservation de l’environnement car constituant les ferments et le carburant de l’innovation technologique. La proposition de solutions et d’alternatives aux problèmes et nuisances de l’environnement sont le fait des études, de la recherche et développement. « Rien ne peut se faire » sans recherche et développement environnement. C’est pour cela que diverses activités relevant de ce domaine sont exercées aussi bien en entreprise, en bureau d’études, dans les organismes publics, les laboratoires de recherche universitaires et privées, les collectivités territoriales, les associations. En termes d’emplois, la recherche et développement est fortement repré-sentative car elle répond aux besoins croissants en nouveaux produits, à l’amélioration des produits existants ou à la mise en place de nouveaux procédés adaptés aux problé-matiques environnementales.

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Renforcement des capacités/ Formation dans l’univers des déchetsLa gestion des déchets nécessite un système de valorisation des capacités des différents acteurs du processus de la chaîne de valeur. A cet égard, les ressources humaines, de même que les capacités organisationnelles et opérationnelles des acteurs doivent être améliorées sans cesse afin de mieux exécuter les fonctions qui sont les leurs. Le but d’en-semble du renforcement des capacités, dans le cadre d’une gestion intégrée des déchets est d’assurer les fonctions des divers stades (de la pré-collecte à l’élimination) : concep-tion, exécution, coordination et suivi.

Le renforcement des capacités comprend les éléments suivants : – Ressources humaines : perfectionner les compétences et employer de manière

efficace le personnel de gestion, ainsi que le personnel spécialisé, technique et bénévole.

– Organisations et types de gestion : comment les organisations, leurs styles de culture et de gestion influencent l’utilisation, le rendement et le maintien en place des ressources humaines qualifiées.

– Contexte des institutions du secteur public : comment les cadres politique et ins-titutionnel affectent les activités de la fonction publique et des administrations pu-bliques et quels en sont les effets sur le secteur privé et les associations.

– Réseaux et liaisons : alliances et réseaux plurisectoriels dans les secteurs public et privé pour faire le meilleur emploi possible des ressources et élargir la portée des actions.

– Capital social et participation communautaire : le capital social concerne les rap-ports entre les individus pour établir des réseaux, des normes et la confiance so-ciale ; la participation communautaire signifie l’implication de tous au niveau des communautés et la complémentarité des actions et le renforcement des systèmes de responsabilisation et de plaidoyer.

– Contexte : cadres socioéconomique, culturel et politique qui favorisent ou entravent la capacité fonctionnelle des individus ou des organisations.

Comme tel, le renforcement des capacités est un ferment d’emplois allant de la formation, l’éducation permanente, aux établissements de formation et de recherche, à la consul-tance, à l’assistance technique et à l’enseignement. Cependant, de tels emplois ne sont pas seulement symptomatiques des déchets. Ce sont des emplois existants, convention-nels qui concourent à l’éclosion des emplois décents du domaine des déchets.

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3.3. Les contraintes de promotion des emplois verts dans la gestion des déchets

L’univers des déchets est fortement pourvoyeur d’emplois verts comme le témoignent les pages précédentes. Les emplois verts pourraient devenir un facteur de croissance durable en Côte d’Ivoire si le gouvernement initie des mesures idoines pour stimuler l’écologisation des activités de production et de consommation des populations. L’écologisation indique la promotion des technologies vertes qui ont des incidences majeures sur les secteurs de l’économie en termes de réduction des émissions et d’amélioration des conditions de vie. Cela implique également, un changement dynamique du marché du travail.

Au nombre des emplois verts déclinés dans l’étude sur les déchets figurent des emplois de niveau des gestionnaires, des scientifiques et des techniciens, mais l’essentiel est destiné à la population qui en a le plus besoin, à savoir les jeunes, les femmes, les populations rurales et les habitants des bidonvilles. En effet, la contribution des emplois verts à une croissance économique propre, au développement et à la réduction de la pauvreté dépendra en fin de compte de la qualité de ces emplois. L’on constate qu’un grand nombre d’emplois existants dans la gestion des déchets sont de médiocre qualité et que ceux situés dans les secteurs du recyclage et de la valorisation matière par exemple, sont souvent de caractère informel. L’emploi dans ce secteur est souvent précaire et implique des risques graves de sécurité pu-blique et de santé et génère des salaires et des revenus inférieurs au coût de la vie. S’il existe à l’évidence des contraintes, le potentiel offert pour les emplois verts reste appréciable.

Parmi les contraintes de promotion des emplois verts, il faut souligner l’appréciation néga-tive des emplois liés aux déchets dans l’imaginaire collectif et la lenteur de développement des filières support des emplois verts. De plus, la progression des initiatives informelles, compte tenu de la crise, inhibe les efforts de création des emplois décents de bonne qua-lité pour les jeunes, les femmes, les segments pauvres des populations ivoiriennes. Par ailleurs, il faut mettre en relief le poids de l’analphabétisme qui alimente le secteur de l’informel en Côte d’Ivoire.

Une analyse des besoins du marché de l’emploi s’avère opportune pour dépister les axes d’écologisation du travail en vue de promouvoir une transition vers l’économie verte. De même, les exigences de financement de la filière déchet doivent couvrir la chaîne de ges-tion c’est-à-dire de la production à l’élimination en mettant l’accent sur le recyclage et la valorisation.

3.4. Stratégies de développement des emplois verts dans la gestion des déchets

La promotion des emplois verts dans les déchets doit être soutenue par un engagement politique d’écologisation des modes de production et de consommation. Ce processus de « verdissement » des politiques sectorielles repose sur deux axes fondamentaux : le développement des compétences et l’adéquation formation-emplois.

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Le développement des compétencesLa gestion intégrée des déchets connaît une évolution dans les techniques et méthodes de travail qui tiennent compte des impacts sur l’environnement et du social à travers la création d’emplois décents. Elle exige de nouvelles normes, de nouvelles fonctions et de nouveaux profils de travailleurs. Il s’agit ici non seulement de la modernisation des emplois qui existent surtout au niveau du recyclage, mais également d’en créer de nouveaux avec l’implantation de nouvelles technologies notamment au niveau de la pré-collecte, de la valorisation et de l’élimination. Cela nécessite l’apport des renforcements des capacités et l’appui de l’éducation et de la formation professionnelle.

L’apport de la Recherche et le Développement est décisive à ce stade en termes d’inno-vations technologiques et de savoirs-faires spécialisés dans la gestion des déchets. Les nouvelles compétences sont donc nécessaires à tous les stades de la chaîne de ges-tion des déchets. De la production à l’élimination, l’adaptation et la création de nouveaux emplois répondant aux critères de la décence102 s’imposent. Cela nécessite la création de nouveaux modules de formation et de nouveaux curricula pour la promotion des emplois dans les déchets. Des sessions d’alphabétisation compléteront le système de formation compte tenu de l’importance des acteurs non scolarisés dans différents stades de la filière.

L’adéquation formation-emplois et insertionL’objectif principal visé est d’amener l’ensemble des acteurs de la filière à disposer des rudi-ments de savoir au niveau des domaines spécifiques de la gestion des déchets. L’ingénierie de la formation facilitera le passage à une économie désormais sensible à l’environnement par le biais des acteurs maîtrisant les arcanes du savoir-faire du système de gestion intégrée des déchets. Il ne s’agira plus de transmettre des connaissances générales sur les déchets mais plutôt faciliter la maîtrise des outils et du savoir liés à la pré-collecte, à la collecte, à l’élimination par exemple. Une sorte de reformatage de l’univers de la cognition des acteurs afin de les transformer en expert ou en spécialiste de son champ d’action.

Ainsi, des stratégies de préformation, formation initiales, formation qualifiante, formation des formateurs et des processus de reconversion en emploi seront utilement mis à contri-bution dans le système scolaire et professionnel ivoirien.

102 « Le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail - leurs aspirations à accéder à un emploi et à une juste rémunération, à jouir de droits, de moyens d‘expression et de recon-naissance, de justice et d’égalité entre les sexes. Ces diverses dimensions du travail décent sont les fondements de la paix dans les communautés et la société » UNEP, ILO, IOE,ITUC (2008a), «Green Jobs – Towards Decent Work in a Sustainable, Löw-Carbone

World», report produced by Worldwatch Institute and commissioned by UNEP, ILO, IOE, ITUC, Nairobi.

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Adapter les formations existantes aux enjeux de l’économie verteL’urgence aujourd’hui est d’encourager la transition vers l’économie verte par la consti-tution d’une masse critique de travailleurs aux nouvelles compétences et exigences de la gestion intégrée des déchets. Des sessions de formation et de reconversion seront nécessaires et cela constituera une opportunité pour la compétitivité et pour la promotion de l’emploi en Côte d’Ivoire.

L’univers des déchets est un tremplin pour les emplois durables lorsque l’on analyse la professionnalisation de la filière des déchets solides et assimilés.

En effet, la pré-collecte, qui consiste à sortir les déchets solides des ménages et à les acheminer vers des centres de groupage, évolue dans un cadre non réglementaire. Elle est majoritairement l’œuvre des jeunes en quête d’emploi et se réalise avec des moyens matériels très modestes et rudimentaires, notamment des charrettes à traction humaine, des pelles et des râteaux.

L’utilisation de ce matériel a pour conséquence le déversement le plus souvent des déchets ménagers en pleine ville, c’est-à-dire, dans les lieux autres que les centres de groupage. Par ailleurs, la diversité des acteurs et l’implication d’un nombre important de structures et d’organisations dans cette filière appellent à une identification et à une modernisation de la pré-collecte.

Encourager le recyclage et la valorisation des déchetsCette filière constitue une source de réduction des importations de matières premières et d’énergie qui doit être développée. L’approche de la gestion des déchets connaît une rup-ture majeure depuis quelques années. Considérés auparavant comme une contrainte dont il fallait minimiser l’impact, les déchets représentent désormais une ressource économique et stratégique. Réduire la production de déchets et augmenter les taux de recyclage et de valorisation énergétique présentent des avantages certains sur les plans environnemental et économique. A cet égard, les projets de mise en place d’unités de compostage pour le traitement des déchets organiques dans les districts doivent être encouragés. Le but de ces projets est de mettre en œuvre un plan de gestion des déchets verts dans les agglo-mérations urbaines du pays.

Les pouvoirs publics doivent à moindre coût inciter à plus de valorisation grâce à une réglementation adaptée et en contribuant à investir dans des solutions industrielles de tri et de valorisation matière ou énergie. Il faut par conséquent :

– encourager la promotion d’une labellisation globale, contrôlée, et promouvant la collecte sélective et le tri ;

– lancer une politique de prévention/communication de grande ampleur pour en-courager la réduction de la production des déchets et le recyclage ;

– créer les conditions économiques favorables au développement de la valorisa-tion énergétique.

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Promouvoir la construction de décharges contrôlées dans les grandes villesL’augmentation de la production de déchets et leur prolifération dans les villes ivoiriennes constituent un véritable défi pour les responsables locaux. La conjonction de plusieurs facteurs comme l’accroissement démographique, l’urbanisation de plus en plus croissante, le développement des activités socio-économiques et les mutations des modes de vie et de consommation, engendrent des accumulations de déchets de plus en plus importants. Outre, le problème de la collecte de ces déchets, la question de leur destination finale se pose avec acuité. En effet, dans la plupart de ces villes ivoiriennes, la principale filière d’élimination des déchets reste à ce jour la mise en décharge brute. Ces décharges, ex-ploitées de manière confuse et non appropriée constituent des menaces sérieuses pour l’environnement et partant pour le cadre de vie des populations.

L’image de telles décharges non contrôlées est caractérisée par l’entreposage de déchets de toute nature n’obéissant à aucun schéma d’aménagement précis et favorisant des nui-sances de plusieurs ordres. Il importe de déployer des stratégies de gestion locale des dé-chets ménagers qui visent à éliminer les dépôts sauvages et à gérer de manière moderne et efficiente les déchets ménagers.

Encourager la promotion des produits dérivés des déchets plastiques (fibro-plastique)La valorisation des déchets plastiques pourra se concrétiser dans le projet de formation des jeunes pour la construction des embarcations en fibro-plastique dans la perspective de lutter contre l’érosion côtière et le changement climatique. En effet les zones du littoral sont en proie à une forte érosion côtière sous l’effet conjugué des changements climatiques et l’impact négatifs des activités anthropiques. Parmi les facteurs moteurs de l’érosion côtière se trouve la coupe accélérée des mangroves qui servent de barrages naturels à l’érosion.

Les mangroves sont utilisées comme bois de chauffe et comme matériaux de fabrication des pirogues et des pinasses, moyen des transports traditionnels des populations du lit-toral. Les pirogues et pinasses traditionnelles sont sources de pollution constante des lagunes et de la mer. La promotion des embarcations en fibro- plastique103 constitue un facteur de lutte contre l’érosion mais également un élément de protection des mangroves, zones de reproductions des espèces maritimes, et de lutte contre la pollution des écosys-tèmes marins côtiers.

103 Le fibro-plastique est un matériau composite ou un assemblage d’au moins deux matériaux non miscibles (mais ayant une forte capacité d’adhésion). Le fibro-plastique possède des propriétés que chaque élément seul ne possède pas. Ce phénomène permet d’améliorer la qualité de la matière face à une certaine utilisation (légèreté, rigidité à un effort, etc.). Le fibro- plastique est un matériau composite constitué d’une ossature appelée renfort qui assure la tenue mécanique et d’une protec-tion appelée matrice qui est généralement une matière plastique -résine thermodurcissable.

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La promotion des embarcations ou des pirogues en fibro-plastiques vise à : – accroitre la valeur ajoutée dans la valorisation des déchets plastiques ; – préserver les écosystèmes marins et côtiers ; – promouvoir la pêche et le transport durable au niveau du littoral ; – sensibiliser et former les jeunes au matériau composite comme la fibro-plastique ; – créer des emplois jeunes.

Créer les conditions économiques favorables à la gestion des déchetsLa rationalisation de l’exploitation rationnelle des déchets nécessite un encadrement finan-cier approprié de la part de l’Etat. En plus des mesures fiscales incitatives, l’idée de créa-tion d’une bourse de déchets plastiques avec récupération dans les kiosques s’impose davantage au District d’Abidjan. Mais en termes de collecte des déchets, de leur transfert vers la décharge publique, de leur traitement et de leur valorisation, des défis majeurs restent encore à relever.

En effet, les efforts concertés de salubrité montrent quelques fois des limites dans le cadre de la valorisation des déchets solides notamment les déchets plastiques. Elle ne dispose d’aucune politique véritable en termes de collecte et de recyclage. Cet état de fait conduit à l’envahissement de l’espace public par ces déchets plastiques, qui sont massivement utilisés par la population. Non seulement ils sont visibles, mais ils créent de véritables désagréments. Pourtant, les déchets plastiques sont une matière première récupérable avec une valeur économique, et il est possible de transformer ce problème d’insalubrité en une opportunité de création d’activités génératrices de revenus et par conséquent, d’emplois pour les populations les plus pauvres.

L’objectif principal ici est de débarrasser les communes des déchets plastiques en vue de leur revalorisation. De manière spécifique il s’agira de : améliorer les mécanismes de collecte des déchets ; moderniser les équipements de la collecte dans les communes avec l’installation de kiosques à sachets ; encourager le recyclage des déchets ; créer des emplois durables.

3.5. ConclusionLa gestion des déchets représente, sans aucun doute, une source potentielle d’emplois et d’activités génératrices de revenus qui reste à exploiter en Côte d’Ivoire. Cela nécessite un réel engagement politique des différents acteurs afin d’asseoir les règles nécessaires permettant d’organiser le secteur des déchets, de le sortir du domaine de l’informel et d’en limiter la dangerosité. Il importe, pour ce faire d’encourager les investissements dans la filière en vue de la transformer en secteur économique porteur, qui contribue à la création de richesses, d’activités génératrices de revenus, et d’emplois verts pour les jeunes.

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Certes, les emplois du secteur des déchets (surtout la pré-collecte, collecte, stockage et recyclage) sont loin d’être décents car les conditions de travail ne réunissent pas le minimum de conditions en termes de salubrité et de prévention de risques en milieu pro-fessionnel. L’emploi dans ce secteur tend à être précaire et les rémunérations sont faibles. Une formalisation éventuelle et progressive pourrait sans doute améliorer les capacités dans ce domaine et l’accès au travail décent.

La gestion des déchets en Côte d’Ivoire représente, sans aucun doute, un puits inépui-sable et des opportunités nouvelles pour la création d’emplois verts pour les jeunes, non diplômés et diplômés, des universités et des écoles supérieures qui peuvent être respon-sables de la gestion des centres de traitement-élimination des déchets.

La perspective semble prometteuse en Côte d’Ivoire où une frange importante de la popu-lation est analphabète et l’autre frange, moyennement ou hautement diplômée, mais peine à trouver des emplois.

La gestion adéquate de déchets constituera une source de création d’emplois et d’activités génératrices de revenus et de richesses à la seule condition de l’engagement des diffé-rents acteurs concernés, à savoir le gouvernement, les départements ministériels concer-nés, les collectivités et les autorités locales, le secteur privé, les secteurs producteurs des différents types de déchets (industries, mines, secteur agroalimentaire, industries chimiques, hôpitaux et centres de soins publics et privés, industrie pharmaceutique…) le transport, etc. Dans ce sens, asseoir une bonne stratégie de gestion écologiquement rationnelle des déchets nécessite inéluctablement un certain nombre d’actions dans le contexte technologique que humain.

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Les empLois verts dans La fiLière des déchets

Chapitre iV : Les emplois verts dans la filière du reboisement

4.1. Situation du domaine forestier

Evolution de la couverture forestièreLa Côte d’Ivoire disposait d’un couvert forestier de 16 millions d’hectares en 1900, soit environ 50 % du territoire national. La couverture forestière était de 12 millions d’hectare en 1960. Cette forêt, jadis primaire, est aujourd’hui très dégradée dans son ensemble et remplacée, par endroits, par la forêt secondaire, les plantations industrielles, les cultures vivrières et les friches. La croissance économique enregistrée jusque dans les années 1980 s’est faite au détriment de ses ressources forestières. Actuellement, la zone fores-tière apparaît comme une mosaïque où alternent lambeaux de forêts secondaires, de jachères, de plantations agricoles villageoises et industrielles etc. Le bilan de l’occupation du sol indique que les forêts couvrent 3 157 000 ha, soit environ 10 % du territoire national (BNETD/CCT 2005).

Le système traditionnel de cultures itinérantes sur brûlis, l’implantation d’établissements humains dans les massifs forestiers, le développement agricole en général, la coupe de bois pour les besoins domestiques, les feux de brousse, l’exploitation forestière minière, l’urbanisation, les barrages hydroélectriques, etc. sont les principales causes de la des-truction du patrimoine forestier et faunique de la Côte d’Ivoire. Le développement des plantations de palmier à huile, d’ananas, de coton, de canne à sucre, d’hévéa, de fruits et légumes, de café, de cacao, etc. sont pratiquées sur de grandes surfaces, soumettant les massifs forestiers (forêts classées et aires protégées comprises) à des pressions sans cesse croissantes qui mettent en péril leur existence.

La déforestation s’est toutefois ralentie depuis une dizaine d’années mais reste toujours largement supérieure aux possibilités de régénération de la forêt naturelle. En outre, le bois couvre une partie des besoins en énergie des ménages. L’utilisation domestique de combustibles ligneux augmente avec l’accroissement de la population.

La Côte d’Ivoire dispose d’un réseau de parcs nationaux, de réserves et de forêts classées constituant le domaine forestier de l’Etat. Il s’élève à 6,38 millions d’hectares composée de 4,2 millions d’hectares représentant 231 forêts classées fortement dégradées, de 198 244 (année 2010) hectares de plantations forestières et de 2 millions d’hectares d’aires proté-gées. Ces aires protégées sont composées de 8 parcs nationaux, 3 réserves naturelles intégrales, 2 réserves de faune, 2 réserves de faune et de flore, 17 réserves botaniques, 4 jardins botaniques, 1 parc zoologique et 1 centre national de floristique.

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Opportunités offertes par la forêtLes forêts assurent la conservation de la diversité biologique, le captage et le stockage du carbone, avec comme corollaire l’atténuation des changements climatiques à l’échelle planétaire, la conservation des sols et de l’eau, la création d’emplois et de loisirs, l’amélio-ration des systèmes de production agricole, l’amélioration des conditions de vie urbaine et périurbaine, la protection des patrimoines naturels et culturels.

Le secteur forestier constitue un pilier pour l’économie du pays. Ce secteur crée de nombreux emplois qui font vivre des familles entières. Souvent installés dans des régions éloignées des infrastructures et des zones peuplées, les chantiers d’exploitation et les unités industrielles du bois créent des pôles d’activités qui quadrillent et structurent des espaces quasi occupées.

Gouvernance du secteurLe ministère en charge des Eaux et Forêts et celui en charge de l’Environnement et du Développement Durable, à travers leurs services techniques et structures sous tutelle, sont chargés de la gestion et de la protection des forêts, parcs et aires protégées de Côte d’Ivoire. Concernant spécifiquement le reboisement, le secteur privé, quelques ONG et les populations locales interviennent en grande partie, bien que l’Etat se réserve les fonctions d’encadrement, de suivi et de contrôle de toutes les activités.

Au niveau juridique, la gestion du patrimoine forestier est régie par les lois n°65-425 du 20 décembre 1965 portant code forestier, n°65-255 du 4 août 1965 relative à la protection de la faune et à l’exercice de la chasse et n°2002-102 du 11 février 2002 relative à la créa-tion, à la gestion et au financement des parcs nationaux et des réserves naturelles. Ces lois précisent, entre autres, les procédures de classement des forêts, les droits d’usage, la gestion de la faune, les espèces à protéger, ainsi que la réglementation en matière de reboisement, d’exploitation forestière et de la chasse. Les autres textes de loi touchant au secteur forestier sont : la Loi n°96-766 du 3 octobre 1996 portant Code de l’environnement et la Loi n°98-750 du 23 décembre 1998 relative au domaine foncier rural telle que modi-fiée par la loi n°2004-412 du 14 août 2004.

Gestion des forêts naturelles dans le domaine ruralLes coupes de grumes et prélèvements de bois de feu et charbon de bois proviennent en majorité (90%) des forêts naturelles situées dans le domaine rural. Mais ces ressources restent insuffisantes pour alimenter les unités de transformation. De plus, le secteur fo-restier rencontre de grandes difficultés notamment l’exploitation de façon minière dans la zone rurale, le manque de moyens de l’administration pour réaliser un contrôle effectif sur le terrain et assurer un développement durable de la forêt.

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Gestion forestière dans les forêts classées et les Parcs Nationaux et Réserves (PNR)LA SODEFOR et l’OIPR sont en charge respectivement de la gestion des Forêts classées et des PNR. Mais ces deux structures, du fait des difficultés de fonctionnement et de finan-cement, ont du mal à mettre en œuvre leurs politiques de sauvegarde, de gestion et de développement du couvert forestier ivoirien.

Gestion des reboisementsL’article n°8 du projet de cahier des charges annexé à l’arrêté d’attribution des périmètres d’exploitation forestière fait obligation aux exploitants forestiers de participer à la restau-ration du couvert forestier national. Les superficies à reboiser sont proportionnelles aux volumes autorisés à l’exploitation (1 ha pour 250 m3 exploité en zone forestière et 1 ha pour 150 m3 exploité en zone pré-forestière). Les reboisements effectués par les attribu-taires doivent être entretenus pendant trois ans. Entre 1996 et 2010, 88 412 ha ont été reboisés dans le cadre de cette réforme (dont 66 740 ha dans le domaine rural et 24 276 ha dans les forêts classées). Il n’existe pas de données sur l’état et le suivi des 66 740 ha de plantations du domaine rural, dont probablement une partie n’existe plus en raison du manque de suivi des reboisements (manque d’entretien des parcelles, défrichements agricoles et feux de brousse). Dans les forêts classées, 200 000 ha environ ont été réalisés par la SODEFOR qui en assure leur gestion.

Le rythme annuel actuel de reboisement peut être estimé à 5 000 ha en moyenne. Le Pro-gramme National de Reboisement, élaboré et adopté en 2005, prévoit une moyenne de 15 000 ha de plantations forestières par an, sur 10 ans. Le reboisement répond à un objectif économique principal auquel se greffent des objectifs accessoires (environnemental, orne-mental, etc.). En 1999, l’analyse économique des plans d’aménagement des forêts gérées par la SODEFOR a montré que seules les forêts où existent des gisements importants en plantations artificielles et singulières du teck étaient économiquement rentables. Le reboi-sement est donc considéré de fait comme un investissement nécessitant des soins particu-liers dans l’exécution des différentes opérations de création d’une plantation forestière.

AgroforesterieLe terme agroforesterie désigne le système d’utilisation des terres combinant délibéré-ment, sur une même unité d’aménagement des terres, la culture d’arbres et de plantes non ligneuses et l’élevage, suivant un certain arrangement spatial ou système de rotation (Lundgren et Raintree, 1982). L’association d’arbres, de cultures agricoles et d’animaux sur une même terre est une pratique ancienne, mais depuis les années 1970 plusieurs facteurs ont favorisé un regain d’intérêt pour l’agroforesterie, notamment l’aggravation de la situation économique dans de nombreuses régions du monde en développement ; l’accélération de la déforestation tropicale ; la dégradation des sols et la pénurie de terres

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résultant de la pression des populations ; et l’intérêt croissant pour les systèmes agricoles, les cultures intercalaires et l’environnement (Nair, 1993).

Parmi les principales pratiques agroforestières, on peut citer les jachères améliorées, le système taungya (plantation de cultures annuelles pendant les premières années qui suivent l’établissement d’une plantation forestière), les jardins familiaux, les cultures en bandes alternées, la culture d’arbres et d’arbustes polyvalents dans les fermes, les plan-tations de bordures, les bois agricoles, les vergers ou les jardins d’arbres, les systèmes mixtes boisements/cultures, les bandes de protection, les brise-vent, les haies pour la conservation des sols, les banques fourragères, les haies vives, les associations arbres-pâturages et l’apiculture (Nair, 1993 ; Sinclair, 1999).

L’agroforesterie présente de nombreux avantages dont les principaux sont : – Substitution des produits achetés : De nombreux agriculteurs apprécient l’agrofo-

resterie, car elle procure des revenus en espèces grâce à la vente des produits des arbres. Elle fournit aussi des produits que l’agriculteur devrait normalement acheter, ce qui constitue une source de revenus complémentaires. Par exemple, les agriculteurs substituent des plantes fixatrices d’azote aux engrais minéraux, des arbustes fourragers à des farines coûteuses pour nourrir les vaches laitières, et du bois d’œuvre et de cuisson des aliments au bois acheté en dehors de l’exploitation.

– Renforcement de la biodiversité et réduction des risques : L’agroforesterie renforce la diversité biologique végétale et contribue à la diversification des activités. Cette dernière réduit les risques et permet aux agriculteurs d’atténuer les périodes de pointe saisonnières, de gagner de l’argent toute l’année et d’étaler sur différentes périodes les avantages qu’ils perçoivent (court, moyen et long termes). Souvent aussi, les agriculteurs apprécient les arbres parce qu’ils demandent relativement peu d’entretien et peuvent être vendus à tout moment pour procurer de la trésorerie.

– Complément de la gestion des forêts naturelles : il est démontré que lorsque les agriculteurs bénéficient d’incitations pour planter des arbres et ont accès à l’in-formation et à du matériel végétal, ils sont moins tributaires des forêts voisines et risquent moins de les endommager. Des politiques et des programmes de vul-garisation rationnels, ainsi que des mécanismes de gestion des forêts efficaces, peuvent renforcer considérablement l’impact de l’agroforesterie sur la protection des forêts.

Transformation, commerce et consommation des produits forestiersL’industrialisation de la filière bois en Côte d’Ivoire a été encouragée par le Gouvernement à travers les différentes politiques mises en place depuis 1960. Toutefois, certains facteurs tels que la raréfaction du bois et les crises socio politiques ont entraîné la réduction du nombre d’usines en activité.

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La production de biomasse (bois de feu et charbon de bois), de produits secondaires de la forêt et Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL), et l’écotourisme sont également des activités importantes dans le secteur forestier. Cependant, des données fiables et récentes relatives à ces activités ne sont pas toujours disponibles.

4.2. Emplois verts dans le secteur du reboisement

Emplois liés à la foresterie et au reboisementLes forêts sont une source importante d’énergie et de subsistance pour les communautés locales, offrant des produits alimentaires, médicaux, et des matériaux pour l’énergie et le logement. Elles offrent aussi des emplois dans la constitution des plantations forestières, dans l’abattage des arbres et la conservation des forêts, et viennent en appui à d’importants secteurs comme l’agriculture et la transformation du bois. L’exploitation forestière durable crée une opportunité pour la protection des sites et des paysages à forte valeur culturelle, spirituelle, touristique et de loisirs. Par ailleurs, la foresterie est caractérisée par un impor-tant secteur informel notamment dans les activités liées au reboisement (récolte et condi-tionnement des semences, layonnage, piquetage, pépinière, trouaison, planting, entretiens, éclaircies, travaux sylvicoles, exploitation, etc.). La foresterie génère également des em-plois importants dans les activités liées à l’exploitation et à la commercialisation des produits issus des forêts. Cependant, le secteur de l’emploi dans la foresterie se caractérise par :

– des conditions de travail difficiles, le manque de sécurité sociale (protection de l’emploi, de la santé et la sécurité au travail) ;

– les sites de travail généralement temporaires et dispersés, et le mouvement conti-nu des installations rendant difficile l’établissement de normes et l’évaluation des conditions de travail ;

– la généralisation de l’informel ; – la dangerosité des travaux forestiers en général liée à une mauvaise organisation

et supervision des travaux, au manque d’outils et équipements adéquats, aux capa-cités limitées des travailleurs et des superviseurs de la filière ;

– le faible niveau des salaires qui sont généralement inférieurs à ceux des autres secteurs, y compris les secteurs de la transformation du bois ;

– les pratiques de sous-traitance qui entraînent la précarité et l’instabilité de l’emploi.

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Rôle des femmesLa collecte et la commercialisation des PFNL est une activité qui se développe depuis la fin des années 1980. Avec la chute des cours des matières premières vers la fin des années 1980, dans un contexte de crise économique accentuée, l’intérêt envers les PFNL s’est ac-cru. Aujourd’hui, plusieurs ménages en dépendent pour s’assurer une alimentation saine et diversifiée, un revenu et un niveau de vie acceptables. Pour les ruraux dont les cultures du cacao, du café et du coton représentaient des sources par excellence de revenus, les PFNL sont devenus une source additionnelle et importante de revenus.

L’exploitation des PFNL est étroitement liée aux rôles et responsabilités des différents membres du ménage. Les femmes sont les plus impliquées dans la collecte des res-sources végétales alimentaires. Les femmes et les enfants sont des acteurs majeurs dans la collecte et la transformation des graines de karité par exemple maîtrisant mieux les techniques d’extraction de l’huile.

Les femmes sont fortement impliquées dans les activités de ramassage et de collecte des graines ou semences et dans la production de plants en pépinière (remplissage des sachets, planting, arrosage, etc.). Toutefois, il existe une forte discrimination à l’égard des femmes dans les activités forestières. En effet, les femmes sont en général sous-repré-sentées dans la gestion des parcelles et la prise de décisions. Elles reçoivent des salaires plus bas que ceux des hommes pour des tâches équivalentes.

4.3. Niches d’emplois dans la filière du reboisementDeux grands axes peuvent être identifiés. Les activités d’aménagement forestier qui cor-respondent aux niches d’emplois verts, et les activités de production, de transformation et de commercialisation des produits forestiers, niches d’emplois connexes. Il importe de citer également les activités annexes de support : l’encadrement, la conception, la planifi-cation, le renforcement des capacités et la sensibilisation.

4.4. Niches d’emplois verts et activités d’aménagement

CartographieLes activités liées à la cartographie (identification des zones de plantation, relevés d’in-formations sur le terrain et report sur fond de carte, prospection pédologique, élaboration de cartes thématiques, etc.) sont généralement réalisées par des structures étatiques (BNETD, CNTIG, SODEFOR, OIPR, etc.) ou par des cabinets privés de géomètres ou de topographie. Ces structures emploient des ingénieurs, des techniciens ou des agents spécialisés en système d’information géographique, cartographie ou topographie.

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Aménagement des forêts naturellesDes travaux sont réalisés dans les forêts naturelles pour la bonne conduite des peuple-ments. Les principales activités sont : ouverture de layons d’inventaire, rafraichissement de layons, comptage (inventaire), inventaire faune, etc. Ces activités sont conduites par des manœuvres encadrés par des techniciens ou ingénieurs des eaux et forêts, des bio-logistes ou des universitaires spécialisés, aidés par les populations locales qui sont rému-nérées pour leurs appuis.

Reboisement et mise en place et conduite de plantations forestières Les délimitations peuvent être manuelles ou mécaniques : les délimitations ma-nuelles consistent à ouvrir les limites de la forêt ou des parcelles à reboiser à la machette par des ouvriers ; les délimitations mécanisées permettent d’ouvrir les limites de la forêt ou des parcelles à reboiser avec un engin motorisé. Cette activité est précédée d’un layon-nage initial à la machette. Des pistes parcellaires ou interparcellaires peuvent être créées par les engins mécanisés. Cette activité implique des conducteurs et des aide-conducteurs d’engins.

Les activités liées à la production de plants sont les suivantes : identification de semen-ciers par des prospecteurs (ouvriers spécialisés) ; récolte de graines ; conditionnement et conservation (tri et séchage des semences) ; production de bouture en milieu naturel ; multiplication in vitro des pousses de plants à partir d’organes jeunes d’un plant disposant des qualités que l’on veut conserver. Ces types de production de jeunes pousses se ter-minent toujours par une phase de pépinière en milieu naturel. La multiplication in vitro est assurée par des laboratoires spécialisés et équipés en conséquence. Le bouturage est souvent pratiqué dans les pépinières de la SODEFOR par des techniciens formés à cet effet. Il requiert un équipement d’arrosage spécifique (motopompe, système d’arrosage par brumisation). Les plants sont mis en sachets en repiquage et traités jusqu’au moment du planting. Les femmes sont fortement impliquées dans cette activité.

L’activité de planting implique des actions en amont et en aval, notamment : la préparation de terrain (abattage d’arbres, rabattage d’herbes, brûlis, piquetage, trouaison) ; la mise en place des parcelles et la création des pistes d’accès ou de pistes entre les parcelles ; le planting effectif des plants. Toutes ces activités sont conduites par des ouvriers sous l’encadrement des agents techniques forestiers.

S’agissant de la sylviculture, plusieurs activités sont conduites comme : – le démariage/dépressage consistant à éliminer les herbes gênantes ; – le délianage pour éliminer les lianes dans une parcelle ; – l’élagage et la taille de formation pour éliminer à la machette les petites bran-

ches basses et plantes rampantes ; – le griffage pour marquer les arbres à éliminer pour éclaircir la plantation ;

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– l’éclaircie non commerciale pour éliminer à la tronçonneuse les arbres portant les marques de griffes. L’éclaircie favorise la croissance des arbres ;

– l’installation de placettes et inventaire : Il s’agit d’installer des placettes échan-tillons et d’y faire l’inventaire des arbres. L’inventaire peut avoir un objectif d’exploitation. Dans ce cas, les ouvriers mesurent tous les arbres susceptibles d’être exploités. Ces arbres sont alors marqués à la peinture ;

– la coupe définitive (abattage des arbres marqués) ; – la patrouille de détection des attaques parasitaires (consiste à marcher dans les

parcelles de reboisement pour identifier les éventuelles attaques parasitaires) ; – le traitement des parcelles attaquées à l’aide de produits phytosanitaires ; – le panneautage des parcelles pour fabriquer et poser des panneaux d’identifica-

tion des parcelles aux différents coins de celles-ci.

Toutes ces activités sont conduites par des ouvriers sous l’encadrement des agents tech-niques forestiers.

Au titre des entretiens, plusieurs activités sont menées : entretien de limites de la forêt afin qu’elles soient visibles en permanence et dissuader des défrichements ou coupes illicites. D’autres activités s’y ajoutent : reprofilage et réhabilitation de pistes inter parcellaires ; entretien manuel des accotements ; entretien des parcelles par la coupe des mauvaises herbes ; lutte contre les incendies de forêts.

Toutes ces activités sont conduites par des ouvriers ou par les populations riveraines des parcelles sous l’encadrement des agents techniques forestiers. La lutte contre les défrichements illicites est conduite dans les forêts classées et les parcs nationaux par les agents de la SODEFOR et de l’OIPR.

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Tableau : Synthèse des niches d’emplois verts

Axes de la filière Activités à mener Opportunités d’emplois Activités d’aménagementCartographie - Identification des zones de plantation ; Relevés d’in-

formations sur le terrain et report sur fond de carte ; Prospection pédologique ; Elaboration de cartes thématiques.

Ouvriers spécialisés, ingénieurs et techniciens spécialisés en cartogra-phie ou topographie, Etudes.

Aménagement des forêts naturelles

Ouverture de layons d’inventaire ; Rafraichissement de layons ; In-ventaire flore ; Inventaire faune.

Ouvriers encadrés par des techniciens des Eaux et Forêts, Chercheurs, techniciens, ingénieurs, assistant de recherche.

Délimitation - Délimitation manuelle ; Délimitation mécanisée. Ouvriers, conducteurs et aide-conducteursd’engins, mécaniciens.

Production de plants - Identification de semenciers ; Récolte de graines ; Conditionnement et conservation ; Production de bouture ; Multipli-cation in vitro ; Production des plants en sachets.

Prospecteurs (ouvriers spécialisés), techniciens, laborantins.

Planting et entretien - Préparation de terrain ; Mise en place des parcelles et création des pistes d’accès ; Planting ; Reprise ; Regarnis.

Ouvriers, ingénieurs et techniciens forestiers.

Sylviculture - Démariage/Dépressage ; Délianage ; Elagage et Taille de formation ; Griffage pour éclaircie ; Inventaires, Travaux dendro-métriques ; Eclaircie non commerciale ; Installation de placettes et inventaire ; Coupe définitive ; Patrouille de détection des attaques parasitai-res ; Traitement des parcelles attaquées ; Panneautage des parcelles.

Ouvriers, agentstechniques forestiers.

Entretiens des reboisements et des forêts naturelles

- Entretien de limite ; Reprofilage et Réhabilitation de pistes inter parcellaires ; Entretien manuel des accotements ; En-tretien des parcelles ; Lutte contre les incendies de forêts ; lutte contre les défrichements illicites.

Ouvriers, techniciens forestiers, agentsd’encadrement.

Activités d’appuiEcotourisme Aménagement de circuits ; Marketing ; Gestion des touristes. Ingénieurs, techniciens

touristiques, hôteliers, guides touristiques, commerciaux

Etudes Conception et planification des projets Ingénieurs forestiersRecherche etdéveloppement

Recherche ; Vulgarisation. Chercheurs, techniciens, ingénieurs, laborantins, assistants de recherche, agents d’encadrement, vulgarisateurs,moniteurs.

Renforcement des capacités/ Formation/ sensibilisation

Formation initiale et continue ; Formation qualifiante ; sensibilisa-tion.

Formateurs, consultants, agents de sensibilisation, communicateurs, agents d’encadrements, vulgari-sateurs, moniteurs.

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Encadré 2 : emplois verts du Programme National de ReboisementLe secteur des forêts absorbe un nombre important de la main d’œuvre non quali-fiée notamment pour les opérations de reboisement. Après estimations faites à partir des rendements et des superficies à reboiser et/ou à entretenir, les besoins en main d’œuvre pour les emplois verts dans le domaine du Reboisement, en 2012, s’élèvent à 294 400 hommes-jours environ pour le programme de plantation et à 422 500 hom-mes-jours environ au titre des entretiens des parcelles plantées de 2009 à 2011. Au total, 5 000 ha environ de plantations prévus en 2012 et les entretiens génèreront 3 000 emplois environ.

L’estimation a été faite sur la base de 3 191 ha à reboiser par les concessionnaires de périmètres d’exploitation forestière et 2 000 ha de reboisement à exécuter par la SODE-FOR, auxquels s’ajoutent 12 000 ha de plantations forestières à entretenir (sylviculture, entretiens manuels, activités de sensibilisation, lutte contre les incendies).

Le Programme National de Reboisement (PNReb) prévoit 15 000 ha/an en moyenne de plantations forestières, ce qui correspond à un potentiel de 9 000 emplois par an dans le domaine du reboisement.

La SODEFOR, gestionnaire des forêts classées alloue annuellement, dans le cadre de ses missions, 3 (trois) milliards de FCFA en moyenne aux activités de reboisement. Quant aux concessionnaires de périmètres d’exploitation forestière, ils investissent en moyenne 1,5 milliard FCFA dans le reboisement (estimations faites à partir des quotas de reboisement et du coût du reboisement).

Dans le domaine rural, une pénalité est appliquée aux concessionnaires de périmètres d’exploitation forestière qui n’exécutent pas convenablement leurs programmes de re-boisement (quotas imposés non réalisés ou mal réalisés). Cette pénalité est de 300 000 F/ha de reboisement non réalisé. Les fonds collectés à travers ces pénalités contribuent à alimenter un fonds de reboisement logé à la SODEFOR et destiné à financer les acti-vités liées au reboisement par les structures de l’Etat et ses démembrements.

Niches d’emplois connexes /Activités de production, de transformation et de commercialisation des produits forestiersLes emplois connexes sont des emplois potentiels générés par l’activité de reboisement. Ce ne sont pas des emplois verts.

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Activités de production forestière

Bois d’œuvre

Le personnel présent sur un périmètre d’exploitation forestière ou une parcelle d’exploita-tion de reboisement peut être estimé à 12 personnes. Pour rappel, 263 périmètres d’ex-ploitation forestière ont été autorisés en 2010. Par ailleurs, une quarantaine de forêts clas-sées sont sous convention de partenariat avec le secteur privé et font l’objet d’exploitation forestière (pour la plupart d’entre elles). De plus, l’exploitation des produits de reboisement se déroule aussi bien dans les forêts classées (Téné, Séguié, Sangoué, Mopri, Irobo, Soungourou, Bouaflé) que dans le domaine rural. Il importe enfin de souligner que le nom-bre de personnes par poste de travail est modulable en fonction de l’organisation voulue et des réalités du terrain.

Perches, piquets

La production et le façonnage de perches et de piquets sont réalisés par des ouvriers dans les forêts classées et appartenant à des structures informelles et par les populations locales qui disposent d’un droit d’usage sur ces produits forestiers.

Charbon de bois et bois de chauffe

Le secteur bois énergie, informel dans son ensemble, est un grand pourvoyeur d’emplois dans et autour des centres urbains, surtout au niveau de la production. Les bûcherons ex-ploitent le bois dans les forêts. Ils conditionnent le bois selon le souhait des transporteurs de bois (stère, fagots, débités en vrac, etc.). Leur nombre est variable et localement est fonction de la disponibilité de la ressource (production à l’occasion de l’activité agricole de défriche des champs, utilisation de rébus de l’exploitation forestière de bois d’œuvre, etc.).

Le charbon de bois est généralement produit de façon artisanale avec des fours. Les charbonniers sont installés à leur propre compte ou sont parrainés financièrement par des commerçants grossistes de charbon de bois.

Produits forestiers non ligneux (PFNL)

Ils font généralement l’objet de récolte par les populations locales qui disposent d’un droit d’usage sur ces produits. Cependant certaines catégories de populations se sont spécia-lisées dans la collecte et le conditionnement de certains produits (plantes médicinales, plantes alimentaires, escargots, etc.) destinés à la commercialisation. Ils procurent alors des revenus à ces populations.

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Activités de transformation de bois d’œuvreL’industrie du bois procure aussi une multitude d’emplois : ouvrier de scierie ou opérateur de débit bois, conducteur de grumier, scieur-affûteur Chef d’équipe de parc à bois ayant dans l’équipe (des scieur de tête, des scieurs de reprise, de conducteur de séchoir res-ponsable de scierie ou contremaître de scierie). En plus de ces emplois spécialisés, de nombreux ouvriers interviennent dans diverses activités (préparation des billes, colisage, entretien, etc.).

Activités de commercialisation des produits forestiers

Commercialisation des produits secondairesOn distingue les commerçants grossistes et les détaillants. Les commerçants grossistes transporteurs sont des acteurs très influents de la commercialisation des produits secon-daires de la forêt. Ils constituent les intermédiaires pour l’achat du bois en vue de l’ache-miner vers un centre de consommation. Les détaillants de charbon de bois ou bois de chauffe sont des commerçants qui achètent le charbon de bois auprès des grossistes transporteurs pour le mettre à la disposition des consommateurs. Le commerce des PFNL est principalement le fait de femmes. Le commerce des produits forestiers secondaires se déroule en grande partie sur le marché local et se fait dans l’informel. En 2010, 253 com-merçants de produits forestiers secondaires ont été recensés avec un chiffre d’affaires de 6 354 276 689 F CFA. (Source DPIF)

Commercialisation des produits usinésCette activité est généralement conduite par les unités de transformation du bois. Elles disposent alors en leur sein d’un service commercial qui gère toutes les activités liées à la vente des produits usinés.

Activités d’appuiA ces grands axes, s’ajoutent les emplois générés par les activités suivantes : Sensibi-lisation des populations riveraines (autorités administratives, cadres forestiers, etc.) ; Recherche scientifique (chercheurs, techniciens, etc.) ; Formation (enseignants, cadres forestiers, etc.) ; Ecotourisme (cadres forestiers, hôteliers, guides touristiques, etc.).

4.5. Stratégies de développement des emplois vertsLe développement des emplois verts dans le secteur forestier, en général, et dans le re-boisement, en particulier, passe par la promotion du reboisement au niveau des acteurs institutionnels (autorités politiques et administratives, collectivités locales, communautés locales, populations, secteur privé, ONG, bailleurs de fonds, etc.). En effet, les emplois dans le reboisement sont liés à l’initiation et la mise en place des programmes ou projets

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de reboisement et à l’appropriation de l’activité de reboisement par les communautés ou populations locales.

Les facteurs clés favorables aux initiatives de reboisement sont les suivants : – La disponibilité du capital foncier et sa sécurisation dans le domaine rural : La

mise à disposition des terres est un facteur clé pour la mise en œuvre de toute initiative de reboisement. Afin d’encourager les propriétaires fonciers à mobi-liser leurs terres pour le reboisement, des actions de sensibilisation doivent être conduites à leur endroit. Par ailleurs, sur le plan réglementaire, l’attribution de la propriété des reboisements aux propriétaires terriens coutumiers devrait inciter les populations rurales à adopter l’activité de reboisement. Les termes de l’accord de partenariat (entre propriétaire foncier coutumier et entité de re-boisement) doivent indiquer l’impossibilité de modifier l’affectation du terrain au reboisement avant terme par une des parties.

– La promotion de l’agroforesterie et des systèmes agrosylvicoles et agrosylvo-pastoraux.

– L’appui aux systèmes de subsistance des populations rurales, principalement par l’utilisation des essences à croissance rapide (pour la production de bois énergie), des arbres fruitiers et des arbres à usages multiples qui fournissent une variété de produits consommables, de matériaux de construction ou de produits destinés à la vente.

– Le renforcement des capacités des acteurs (formation et équipements): La plu-part des intervenants dans les activités du reboisement sont dans l’informel et n’ont pas de formations spécifiques. Cette action devrait contribuer à rendre les emplois verts dans le secteur plus décents (réduction de la pénibilité et de la précarité des emplois par la formation aux techniques modernes, fourniture d’équipements de travail adéquats, meilleur encadrement des activités, sensi-bilisation, etc.).

– Le développement de partenariats et de concertation entre les services fores-tiers et les collectivités territoriales (Communes, conseils généraux, commu-nautés locales ou villageoises), les ONG, les associations (notamment fémini-nes) dans le but de leur meilleur encadrement et implication dans les actions de reboisement et mieux soutenir les actions de reboisement.

– La mobilisation des ressources communales et départementales en faveur des actions de reboisement.

– La promotion de la foresterie rurale ou communautaire à travers l’incitation aux plantations forestières et l’implication des communautés dans la gestion des ressources forestières de leurs terroirs. Les communautés rurales sont les prin-cipaux consommateurs directs de biens et services tirés des forêts, notamment

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de produits autres que le bois. En même temps, elles sont les principales cau-ses directes de déboisement et autres formes de dommages écologiques. Les bénéfices que les communautés locales retirent de la forêt sont si considéra-bles, et leur bien-être et leur développement sont si intimement liés à la forêt, qu’il est de leur propre intérêt de participer à la protection, à l’aménagement et à gestion durable des forêts. A cet égard, les communautés rurales se consi-dèrent traditionnellement comme des parties prenantes importantes et comme les dépositaires du patrimoine constitué par les forêts et leurs ressources. Les avantages d’une participation des communautés aux activités de reboisement sont la réduction des frais de gestion pour l’Etat ou le secteur privé, la création de revenus et d’emplois dans les communautés locales, et un meilleur entretien, une meilleure protection et une meilleure gestion des ressources forestières.

– La promotion et le renforcement des capacités des Coopératives des Tra-vailleurs Forestiers (CTF) par la formation des membres, la facilitation de leur accès au crédit, leurs équipements, etc. L’accès au crédit devrait favoriser l’auto emploi dans le secteur. Le deuxième type de structure concerne les Cen-tres de Formation Professionnelle ayant des options « Métiers du bois ». Ces centres forment aux métiers de la menuiserie, d’ébénisterie et d’affûtage. Par ailleurs, la SODEFOR, des ONG ou des OPF (Organisations Professionnel-les Forestières) offrent des formations spécifiques à certains métiers liés au Reboisement (Techniques de pépinières, Techniques d’élagage et d’entretien des plantations forestières, Techniques de griffage des plants, Techniques de dépressage, Techniques d’éclaircies, etc.). Il importe donc de rendre accessible les formations aux employés non qualifiés et semi-qualifiés du secteur, de créer des programmes de formation qui ciblent les emplois à faibles qualifications en vue d’améliorer la productivité et la sécurité des travailleurs et d’élaborer des supports de formation sur les questions techniques, de politique et de gestion afin de les mettre à la disposition des entrepreneurs, des travailleurs et des institutions de formation.

– La promotion et/ou la mise en place de pépinières au niveau des administrations forestières déconcentrées, des collectivités locales, des populations locales.

– La promotion des droits des femmes en combattant les stéréotypes sexistes, en proposant des formations spécifiques aux femmes, leur permettant ainsi d’obte-nir des postes de gestion et de prise de décision.

– La promotion des réseaux nationaux de femmes dans la foresterie. – La mise en place des pépinières et la vente des plants qui en sont issus peuvent

générer des revenus substantiels pour les populations. – L’instauration d’un système d’incitation au reboisement à travers la motivation

(Prix, décoration, etc.). En effet, pour initier et pérenniser les actions de reboi-

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sement et les rendre profitables pour les populations locales, il faut instituer un mécanisme de motivation.

– La conduite de campagnes d’information, de communication et de sensibilisa-tion des populations pour une bonne réussite des actions à entreprendre.

– La recherche de financement durable aux activités de reboisement.

Enfin, il faudra s’assurer que le dialogue social inclut les questions liées à la stabilité des em-plois, aux salaires, à la couverture sociale, à la sécurité et à la santé des travailleurs forestiers.

4.6. ConclusionLa décennie de crise qu’a traversée la Côte d’Ivoire a eu des impacts majeurs sur le sec-teur forestier. En effet, la mauvaise gouvernance forestière qu’elle a engendrée a eu pour conséquences l’exploitation anarchique des ressources forestières et la réduction drasti-que des superficies forestières dans certaines localités. Aussi, afin d’annihiler les effets de la crise sur le secteur forestier, des actions de reboisement doivent-elles être initiées pour une reconstitution du couvert forestier. La foresterie est une importante source potentielle d’emplois verts et d’activités génératrices de revenus, particulièrement dans des activités telles que le reboisement, le boisement, l’agroforesterie et la gestion forestière durable.Par ailleurs, la foresterie se caractérise par un important secteur informel notamment dans les activités liées au reboisement (récolte et conditionnement des semences, layonnage, piquetage, pépinière, trouaison, planting, entretiens, éclaircies, travaux sylvicoles, etc.). La foresterie génère également des emplois connexes importants dans les activités liées à l’exploitation, à la transformation et à la commercialisation des produits issus des forêts. La SODEFOR, gestionnaire des forêts classées alloue annuellement, dans le cadre de ses missions, 3 (trois) milliards de FCFA en moyenne aux activités de reboisement. Quant aux concessionnaires de périmètres d’exploitation forestière, ils investissent en moyenne 1,5 milliard FCFA dans le reboisement. Ces investissements génèrent des emplois verts et, à travers les revenus perçus, contribuent à lutter contre la pauvreté dans les zones rurales.De plus, la valeur des biens et services non-commerciaux que fournissent les forêts sont considérables et difficilement quantifiables. Le reboisement contribue en effet à l’atténua-tion des effets du changement climatique.Le reboisement permet en outre de : lutter contre la désertification ; améliorer le cadre de vie des populations ; créer des espaces de récréation et de loisirs ; restaurer et conserver les sols ; protéger les berges des cours d’eau ; réduire les pressions sur les forêts naturelles ; produire du bois pour la satisfaction des besoins énergétiques des populations rurales et urbaines.Le reboisement procure des revenus aux ménages à travers la rémunération des travaux et la vente des produits issus du reboisement.Le reboisement est donc un moyen important de lutte contre la pauvreté et les change-ments climatiques.

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Chapitre V : Les emplois verts dans la filière cacao

5.1. La cacaoculture, le gisement d’emplois verts de la Côte d’ivoire

La cacaoculture, premier employeur de Côte d’ivoireLe cacao, symbole du miracle ivoirien, est le gisement d’emplois verts de la Côte d’Ivoire. Il a permis à la Côte d’Ivoire, un pays en développement, de décrocher les rangs de premier producteur mondial depuis 1977 et de second transformateur mondial depuis 2009. Pour-tant, peu de matières premières agricoles illustrent aussi bien les enjeux et opportunités de l’économie verte.

Activité à très haute intensité de main d’œuvre par définition, l’agriculture ivoirienne est le premier employeur de Côte d’Ivoire, et le cacao est le produit majeur. En 2012, le Ministère de l’Agriculture de Côte d’Ivoire estimait que cette filière générait à elle seule environ 30 % des recettes d’exportation et participait à plus de 10 % au Produit Intérieur Brut104.

Ce succès est le fruit de l’énergie collective d’un tiers de la population ivoirienne, des mains du pépiniériste en bout de piste à celle du manutentionnaire au port. L’identification formelle des cacaoculteurs ayant été reportée par la crise ivoirienne, l’estimation de leur nombre varie de 600 000 à 1 000 000 planteurs selon les estimations. Il ressort des diffé-rents échanges et études105 qu’en moyenne le cacao représente 1 million d’emplois directs et plusieurs milieux d’emplois indirects.

Un modèle de développement non durableL’analyse de cette filière pointe l’urgence de sa transition verte. Fin 2012, ses principaux acteurs se sont réunis pour dresser une « feuille de route pour parvenir à une économie cacaoyère mondiale durable » 106. Celle ci expose, dès la première ligne, qu’au cours des dernières décennies «le secteur cacaoyer mondial a fonctionné en général d’une manière non durable, faisant naître des préoccupations au sujet de son avenir » 107.

104 « Rentabilité économique des techniques de réhabilitation et de replantation des vieux vergers de cacaoyers (Theobroma cacao L.) en Côte d’Ivoire », Assiri (CNRA), Journal of Animal & Plant Sciences, 2012.

105 Conseil Café cacao 2010, Centre National de Recherche en Agriculture (CNRA) 2010, World Cocoa Foundation 2012, FairLabor 2012, producteurs et exportateurs 2009-2012.

106 Agenda global du cacao pour la conférence mondiale sur le cacao 2012 : feuille de route pour parvenir à une économie cacaoyère mondiale durable », ICCO 2012.

107 « Feuille de Route de la Conférence Mondiale sur le Cacao pour parvenir à une économie cacaoyère mondiale durable » - ICCO 2013.

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La richesse de cette filière n’est cependant pas celle de ses producteurs. Les cacaocul-teurs ont subit, sur les 20 dernières années, une baisse de plus de 50% de leur pouvoir d’achat108. Sans partage de richesse en amont de la filière, les cacaoculteurs ne peuvent financer le développement de leurs actifs, ni créer de valeur ajoutée. Ce qui affecte à la fois la productivité et la qualité des produits..

La demande mondiale est à même de supporter cette stratégie, et les industriels s’in-quiètent quant à la régularité future de leurs approvisionnements. Le marché a besoin d’un volume de production annuel et additionnel équivalent à celui de la Côte d’Ivoire d’ici à 2021109. Les vergers cacaoyers ivoiriens sont arrivés à maturité, la prédation forestière n’est plus possible, les sols s’appauvrissement et les traitements phytosanitaires se raré-fient, la croissance des surfaces plantées stagnent110 . Plus de 60% des vergers plantés ont plus de 16/20 ans, 20% sont en cycle de maturité, déjà dépassé par 40% des vergers qui sont phase de vieillissement. A l’âge de 16/20 ans, le cacaoyer ivoirien connaît son pic de production à 631 kilo kg/ha/an an, pour décliner à une production moyenne de 244 kilo kg/ha/an à l’âge de 36/40 ans.

Cette fragilité des planteurs et des plantations s’accorde mal face au changement cli-matique. Les impacts en sont observés depuis 40 ans, et des vergers âgés sont plus sensibles aux variations climatiques. Les projections scientifiques inquiétantes (figure 5) : d’ici à 2030, le Ghana et la Côte d’Ivoire pourraient perdre 40% des zones géo-climatiques éligibles à la culture du cacao, et 70% d’ici à 2050111.

108 « Etude sur le revenu et les investissements des producteurs de café et de cacao en Côte d’Ivoire », François Ruf et Jean-Luc Agkpo, Union Européenne 2008.

109 Directeur Innovation, Barry Callebaut, 2011110 CNRA 2009 - 2012111 « Predicting the Impact of Climate Change on the Cocoa- Growing Regions in Ghana and Cote

d’Ivoire » - International Center for Tropical Agriculture, 2011.

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Figure 5 – Evolution de l’adéquation des zones de cultures du cacao au Ghana et en Côte d’Ivoire, 2010-2050

Source : Centre International pour l’Agriculture Tropicale 2011

Le défi de la transition verteLes itinéraires techniques ne sont plus adaptés aux facteurs sociaux et environnementaux de la production. La filière offre des opportunités de création d’emplois notamment pour la régénération et la replantation des vergers, mais le véritable potentiel vise la transition des emplois existants en emplois verts.

Les planteurs ivoiriens sont majoritairement âgés et analphabètes, complexifiant la tâche de leurs reconversions vers une cacaoculture durable. Les structures d’encadrement et les organisations paysannes n’ont pas de ressources à la hauteur des tâches: assurer la relève paysanne, former les cacaoculteurs pour mieux régénérer les vergers et les adapter la production aux changements environnementaux.

Si les diagnostics sociaux, économiques et environnementaux, pourraient paraître préoc-cupants, ils ont le mérite d’avoir été posés suffisamment tôt pour que des initiatives soient développées en réponse. Les centres scientifiques ivoiriens et internationaux, des indus-triels responsables ont conduit des recherches et des applications, offrant de précieux outils pour une transition de la cacaoculture vers un modèle soutenable.

L’intensité de la transition verte et des emplois verts qui la conduiront se mesure aux défis du rajeunissement des vergers : combien d’emplois formés et de ressources faut il, dans la décennie à venir, pour produire plus de 600 millions de cacaoyers et les planter en des systèmes agricoles productifs et résistant au changement climatique ?

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5.2. Les retours d’expériences du développement cacaoyerL’étude du cacao sur le XXème siècle montre la croissance et le déclin de la production de deux pays voisins, le Ghana d’abord puis la Côte d’Ivoire. Le Ghana a dépassé cette phase de déclin, pour amorcer depuis le milieu des années 1990 sont retour, et dont cer-tains estiment même qu’il pourrait ravir la place de premier producteur mondial d’ici 2020. La production ivoirienne Côte d’Ivoire n’a pas atteint la phase de déclin, mais elle est au coeur de sa phase de maturité. Cette période est l’opportunité d’une renaissance ou d’une crise, selon un modèle cyclique s’inspirant de l’évolution des grandes économies cacaoyères aux XIXème et XXème siècles112.

Les premières stratégies La culture du cacao en Côte d’Ivoire se repartit en trois zones. La première boucle du cacao est la première zone historique de culture à l’Est / Sud-Est, maintenant caractérisée par un verger sénescent et une dynamique de diversification vers d’autres cultures de rente. La seconde boucle est la zone du Centre-Ouest ivoirien, marquée par l’arrêt des extensions cacaoyères, le vieillissement du verger et la baisse de la fertilité des sols. La troisième boucle du cacao occupe la zone de l’Ouest / Sud-Ouest ivoirien, elle constitue le cœur du boom de plantation des années 1980/1990 qui fait d’elle la première zone de production ivoirienne.

Après la seconde guerre mondiale, l’économie cacaoyère ivoirienne dispose des bases qui seront poursuivies à l’indépendance. En 1955, la «Caisse de Stabilisation» (Caistab) est créée pour stabiliser les prix du cacao et du café. Elle intervient sur la fixation des prix du cacao pour garantir les revenus des producteurs, avec des règles de libre entreprise pour la commercialisation nationale et à l’export. Elle prélève des taxes à l’exportation pour financer les travaux de l’Etat colonial dans le secteur.

L’encadrement continu des cacaoculteurs sera structuré. La Société d’Assistance Tech-nique pour la Modernisation de l’Agriculture en Côte d’Ivoire (SATMACI) est créée en 1957, sur un triptyque recherche, application et dissémination. Elle assure la formation des agents de vulgarisation, la promotion de groupements de producteurs, facilite l’ac-cès aux équipements et aux intrants, initie les premières opérations de régénération des vergers dès 1962 et organise la lutte phytosanitaire aux premières apparitions d’attaque de mirides. Elle sera dissoute en 1994 avec la création de l’Agence Nationale d’Appui au Développement Agricole (ANADER), société d’économie mixte, qui reprendra ses activités de vulgarisation agricole.

La recherche scientifique intervient dans le secteur cacaoyer dès 1946, avec la création, par le Centre de Recherche Agronomique de Bingerville, de la Station Expérimentale d’Abengourou. Sa priorité : répondre au swollen shoot encore confiné au Ghana voisin. En

112 « Booms et crises du cacao. Les vertiges de l’or brun » - François Ruf, , Edition Karthala, 1995.

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1959, l’appui scientifique se consolide avec l’Institut Français de Café et du Caco (IFCC) qui deviendra l’Institut des Forêts (IDEFOR) au début des années 1980, repris par le Cen-tre National de Recherche de l’Agriculture (CNRA).

En 1977, la Côte d’Ivoire ravit le rang de premier producteur mondial au Ghana dans le contexte des premiers chocs pétroliers de 1973 et 1979, entrainant une baisse des cours. Progressivement, l’Etat ne pourra plus protéger les producteurs de la baisse des prix113, ni de la période de sécheresse de 1983 à 1986 marqué par une baisse de la production et une mortalité des cacaoyers.

L’économie cacaoyère sera marquée par une grande cassure en 1988/1989 avec un prix au kilo passant sous la barre des 400 francs CFA. Face à l’échec des stratégies de consti-tution des stocks et autres stratégies envisagées,114 la Côte d’Ivoire fut contrainte d’enta-mer un processus de libéralisation marqué par la disparition de la Caistab en 1999.

« Quel avenir pour le cacao ? »Cette question est posée par le CIRAD en 1999, qui identifiait trois scénarios mondiaux, selon l’évolution de la production, l’encadrement des planteurs, le négoce et l’industrie, la recherche scientifique et la consommation115. Les deux scénarios extrêmes imagent les facteurs de risques et de succès pour le développement d’une économie cacaoyère durable et, in fine, le profil des emplois et des organisations pour la conduire. Le premier scénario réunit les conditions pour un développement optimiste de la cacao culture. La production reste le fait de petits producteurs moins prédateurs des forêts, qui se sédenta-risent et initient une amélioration de la productivité et de la qualité. La production de tout venant domine, mais la production de cacao aromatique, cacao d’origine et cacao d’agri-culture durable se renforcent.

Des associations de producteurs et des organismes privés encadrent les producteurs. Ils contribuent à l’amélioration des facteurs de production, soutiennent la fourniture d’intrants et de plants, appuient les producteurs et le contrôle de la qualité. Les producteurs parti-cipent à l’organisation du marché avec les négociants et les transformateurs, contribuant aux orientations du marché. Les industriels poursuivent leurs intégrations verticales dans la transformation et le négoce, dans les pays producteurs. Ils se rapprochent des pro-ducteurs pour assister les programmes de replantation. Un effort particulier est mis sur la recherche. Les travaux conjointement menés par les acteurs de la filière identifient et diffusent des variétés résistantes aux parasites et aux maladies. L’augmentation de la

113 « Malédiction cacaoyère, une difficile diversification des revenus en Cote d’Ivoire », F. Ruf et R. Tanoh -2009.

114 « La guerre du cacao. Histoire secrète d’un embargo » Jean-Louis Gombeaud, Corinne Moutout, Stephen Smith, Edition Calmann-Lévy 1990.

115 « Les Mondes du cacao » - CIRAD (Coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), 1999.

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demande de cacao, particulièrement en Asie et en Europe de l’Est, est l’un des moteurs du développement de ce scénario.

Le second cumule naturellement la somme des cas pire .Les organisations paysannes et les organismes privés n’ont pas pris en charge les fonctions d’appui, de fourniture d’in-trants et de contrôle de la qualité malgré le retrait observé des organismes étatiques. La production chute, victime des pressions parasitaires, la lutte phytosanitaire étant trop chère ou indisponible et les variétés insuffisamment résistantes. Une grave crise économique et sociale a alors lieu dans les pays dont l’économie dépend fortement du cacao.

Les industriels concentrent alors leurs efforts de recherche sur les arômes et produits de synthèse pour pallier à la dégradation de la qualité. Le marché s’adapte à cette nouvelle production. Un petit marché subsiste dans les chocolats fins, mieux rémunérés. Après quelques années de crise, des petits agriculteurs se lancent dans un cacao de qualité moyenne dans de nouvelles zones. La production mondiale reprend, la demande reste faible, les consommateurs sont habitués à d’autres confiseries.

A la recherche d’une économie cacaoyère durableIl est encore tôt pour statuer sur l’orientation de la production cacaotière. Les observateurs confirment quand même une situation critique de la production ivoirienne. Si la tendance d’une hausse de la production semble plus ou moins régulière sur le plan mondial, celle de la Côte d’Ivoire l’est moins. Entre les campagnes 1997/98116 et 2007/08117, la production mondiale de fèves sèches est passée de 2,6 à 3,6 millions de tonnes, soit une hausse de 41% en 10 ans. La production Ivoirienne est passée de 1,1 à 1,4 millions de tonnes, soit une hausse de 19%, deux fois inférieur au potentiel mondial. L’analyse des trois cam-pagnes suivantes de 2008 à 2011 semble témoigner d’un plateau de la production ivoi-rienne.

Avec des pluies peu clémentes, les campagnes 2008/09 et 2009/10 ont été moyennes pour le cacao ivoirien : 1,234 millions de tonne pour la campagne 2008/09 ( + 2,3% par rapport à 1997/98) et 1,184 millions de tonne pour la campagnes 2009/2010 (-1,3% par rapport à 1997/98)118. A l’opposé, la campagne 2010/11 enregistre un niveau record avec 1,668 millions de tonnes (+39% par rapport à 1997/98), grâce aux pluies généreuse de La Nina, phénomène inverse de El Nino, sur le littoral Ouest Africain. Ce record de la produc-tion ivoirienne 2010/11 entraine aussi un record de la production mondiale qui atteindra 4,197 millions de tonnes de fèves sèches119.

116 CIRAD 1999, op cit.117 « Cocoa Market Update », World Cocoa Foundation, Mars 2012.118 World Cocoa Foundation, Mars 2012, op.cit.119 World Cocoa Foundation, Mars 2012, op.cit.

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De tels écarts sur quatre campagnes successives rendent nécessaire d’étendre les obser-vations sur une base plus longue. Plusieurs séries temporelles remontant jusqu’en 1980 ont été trouvées. Mais il est difficile d’obtenir des données publiques homogènes, conso-lidant selon une même méthodologie de calcul et sur une longue série temporelle des paramètres tels que la production, les surfaces plantées, les productivités à l’hectare par nombre de producteurs, etc. Une même donnée peut varier de 15-20% selon l’auteur. Les publications des organismes internationaux sont privilégiées aux données pays plus sou-vent confidentielles. L’assemblage de données hétéroclites sur une série longue contient donc des marges d’erreurs, mais elle reste un indicateur des tendances reflétées par la figure 6 ci-après, sur lesquelles les sources s’accordent même si leurs chiffres divergent.Figure 6 : Evolution de la production mondiale et ivoirienne de fèves sèches de cacao,

du broyage et des stocks des broyeurs en fin de saison de 1980 à 2011

Source : ICCO 2010, FAOSTAT 2010 et WCF 2012

Entre 1981 et 2010, les données utilisées font apparaître une croissance de la produc-tion mondiale de fèves sèches de cacao de plus de 110%. Les capacités de production semblent croitre avec une relative égalité, faisant apparaître un taux moyen de croissance annuel de 3,1% sur la période. Il faut cependant observer 11 années de production néga-tives, avec la plus forte chute de 12% enregistrée lors de la campagne 1983/1984 reflétant la grande sécheresse120.

Sans intégrer le record ivoirien de la campagne 2010/11, la compilation des données de production fait apparaître un taux moyen annuel de croissance de la production ivoirienne de 8,4% sur la période 1981-1995 et de seulement 0,7% sur la période 1996-2010. Depuis

120 ICCO 2010 et FAOSTAT 2010.

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la fin des années 1990, la production ivoirienne semble se trouver dans un tunnel situé en 1,2 et 1,6 millions de tonnes par an, soumise à des fluctuations plus marquées par les aléas climatiques que la croissance des surfaces plantées ou l’amélioration de la produc-tivité des cacaoculteurs.

Une autre donnée conforte l’idée d’une production ivoirienne entrée sur un plateau de production : la faible croissance des surfaces plantées en Côte d’Ivoire. La figure 7 montre, en violet, le boom de plantation des années 1970-1990 en Côte d’Ivoire. Mais depuis 1995, les surfaces cultivées de Côte d’Ivoire plafonnent. Il en résulte deux corolaires immédiats. Tous les cacaoyers plantés avant cette date ont maintenant plus de 16 ans, sont matures et leur production déclinera sensiblement avec l’âge. Il y a une désaffection du cacao chez les planteurs, qui se détourne vers d’autres cultures : palmier à huile, hévéa, etc.

Ce phénomène n’est ni nouveau, ni inéluctable. Le volume des surfaces cultivées au Gha-na, en bleu, a subit une baisse quasi continue pendant trente années, avant de reprendre elle aussi en 1995 pour rejoindre, d’après cette série, le volume des surfaces plantées en Côte d’Ivoire. Cette inversion des courbes ente la Côte d’Ivoire et le Ghana reflète avant tout des stratégies politiques différentes qui ont démotivé ou au contraire motivé les producteurs. Il est également intéressant d’observer qu’à cette période les deux pays préparent la libéralisation de leur filière cacao ; ils mettront encore en œuvre des stratégies politiques différentes dont on peut sans doute mesurer le succès aujourd’hui121. Figure 7 : Evolution des surfaces cultivées de cacao des principaux pays producteurs

1961 – 2007

Source : Pro-AT, M. Jouenne d’après FAOSTAT 2009

121 « Libéralisation, cycles politiques et cycles du cacao : le décalage historique Côte d’Ivoire - Ghana », Cahiers Agricoles vol. 18, n° 4, juillet-août 2009.

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Au vu de ces paramètres humains, agricoles et environnementaux, la World Cocoa Confe-rence 2012 en Côte d’Ivoire a conclu sur la nécessité de fixer un agenda global pour une transition de la cacaoculture vers un modèle de développement durable. Cet agenda identifie les principaux problèmes des producteurs : « pauvreté élevée et rémunération insuffisante des cacaoculteurs, déficit d’organisation des exploitants, compétences com-merciales limitées, manque d’information sur les ressources cacaoyères existant sur le terrain, pertes dues aux nuisibles et aux maladies, vieillissement des arbres, dégradations des terres et des sols, usages fonciers concurrents, sécurité alimentaire, changement cli-matique, manque d’accès à des crédits abordables et d’intrants adéquats et finalement, le fait que les jeunes générations s’éloignent de la cacaoculture et de la vie rurale en générale »122.

5.3. Des emplois verts pour bâtir une économie cacaoyère durableTous les acteurs s’accordent sur la tâche à accomplir. L’industrie est prête a s’engager dans une responsabilité sociale, la recherche scientifique est mature, des acteurs ivoiriens solides commencent à émerger. Les marchés des cacaos fins et certifiés peuvent financer une économie cacaoyère durable en augmentant la valeur ajoutée créée par les produc-teurs. Pour mettre en œuvre la transition verte, il faut intervenir tout le long de la chaine de valeur, former plus d’un million d’emplois aux innovations qui orienteront chacune de ses étapes vers plus de durabilité.

Des emplois verts pour innover dans les itinéraires techniques en milieu rural Des innovations techniques, économiques, sociales, financières et réglementaires sont disponibles pour conduire cette transition verte. Les emplois qui les mettront en œuvre seront des emplois verts et qualifiés, augmentant la valeur ajoutée des itinéraires agricoles et commerciaux connus.

Des innovations agricoles peuvent être proposées dans le cadre d’une plantation/replan-tation ou d’une réhabilitation/régénération d’une cacaoyère. Ces itinéraires techniques proposent la mise en œuvre et l’entretien d’agroécosystèmes cacaoyers s’inspirant de ses écosystèmes naturels, bénéficiant de cacaoyers améliorés, utilisant des techniques natu-relles pour prévenir les risques de nuisibles et maladies, améliorer la structure des sols et leur fertilité. De nouvelles spéculations agricoles sont introduites pour former des agroéco-systèmes aux différents âges de la cacaoyère : bananier, manioc, papaye, bois forestier à croissance courte et rapide, etc. Cette polyculture accompagne la production cacaoyère, génère des revenus additionnels tout en optimisant les services éco-systémiques de son microenvironnement. Une main d’œuvre qualifiée est indispensable à l’installation, à la

122 « Agenda global du cacao pour la conférence mondiale sur le cacao 2012 : feuille de route pour parvenir à une économie cacaoyère mondiale durable », ICCO 2012.

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conduite, à l’entretien et à la récolte des plantations, pour garantir la productivité et la qualité attendues des innovations agricoles mises en œuvre.

Les innovations des opérations de récoltes et post récoltes passent par une optimisation du traitement du cacao en milieu rural. L’organisation et les choix techniques encadrant les opérations d’écabossage, de fermentation et de séchage, permettront de libérer les qualités aromatiques et physiques du cacao. Des innovations sont également attendues lors des opérations d’ensachage et de stockage des fèves sèches, favorisant l’intégrité de la qualité produite et sa traçabilité jusqu’au consommateur.

La chaine de valeur peut être étendue à la valorisation des déchets agricoles cacaoyers. Les cabosses offrent un potentiel bioénergétique, le volume localement disponible déter-minera la possibilité d’en faire du biogaz pour une combustion domestique ou de la bioé-lectricité pour un usage communautaire. La production de biofertilisants enrichis, à volume et performances comparables, peut être envisagée pour les vergers ou l’agriculture locale, selon les stocks traités.

La mise en œuvre d’innovations agricoles et post récolte appellent à innover dans les infrastructures. Les innovations locales post récoltes requièrent de petites infrastructures dont les équipements créent de la valeur ajoutée tout en bénéficiant d’économies d’échel-les. Ces techniques et technologies seront animées par des experts contribuant au meilleur encadrement des petits producteurs, à l’organisation de la main d’œuvre et à l’optimisation des itinéraires techniques.

Des innovations entrepreneuriales sont aussi possibles. Celles des agriculteurs, avec une nouvelle génération qui saura valoriser les actifs familiaux et s’associer autour de nou-veaux modèles productifs. Celles de nouveaux acteurs en milieu rural, société de services agricoles au cœur de la filière, ou producteurs de bioénergie ou de biofertilisants en pé-riphérie. Tous contribuant à des activités économiques locales génératrice de revenus et d’emplois, plus résilientes aux chocs environnementaux et économiques.

La mise en œuvre de ces innovations dépend d’innovations économiques et normatives qui permettront de les financer. Tout d’abord le développement des marchés de cacao fin et certifié, tiré par la qualité, où le prix des fèves est assorti d’un premium rémunérant l’ef-fort productif des cacaoculteurs, finançant leur développement durable. Le processus de certification établit des normes de développement durable que la filière s’engage à respec-ter, labélisant la valeur ajoutée économique, sociale et environnementale du producteur au consommateur. La traçabilité garantit les valeurs partagées par les acteurs de cette chaine, dans un modèle d’intégration améliorant l’accès des producteurs aux marchés, et le transfert de technologies et de savoir faire en milieu rural.

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Des emplois verts pour la recherche et le développement de la cacaoculture durable Le développement du cacao en Côte d’Ivoire est indissociable de celui de la recherche scientifique et technique qui lui ait associée. Le nombre d’études témoigne de l’intensité des travaux appliqués à la cacaoculture. Les itinéraires techniques majoritairement préconisés, et pratiqués avec intensité, se retournent contre les planteurs : les millions d’hectares de cacaoyers plantés sur un précédent forestier ont contribué à l’altération de la pluviométrie ivoirienne, les cultures en plein soleil contribuent à accélérer le vieillissement des vergers, les pratiques de monoculture ont facilité la propagation des parasites et des maladies. La recherche étudie maintenant de nouvelles stratégies agricoles conciliant cacaoculture et environnement, tout en améliorant les revenus et les conditions de vie des planteurs.

Il s’agit d’identifier comment placer le cacaoyer au cœur d’agroécosystèmes constituant une biodiversité favorable à la productivité du verger. Les grands principes de ces sys-tèmes sont identifiés : ils utilisent les ressources environnementales au service de la pro-ductivité, visent la protection des ressources naturelles en les intégrant dans des systèmes agricoles. Des travaux ciblés sur l’agriculture cacaoyère organique ont amélioré la com-préhension de l’agroécologie des plantations, pour conduire des luttes intégrées contre les parasites et parasites du cacao en utilisant leurs ennemis naturels123. Des exemples associant ou non l’agroforesterie ont été développés par l’ANADER et la GIZ dans le dé-partement d’Abengourou124. Il faut ensuite élaborer des techniques culturales adaptées à la richesse des écosystèmes locaux différents d’Est en Ouest de la Côte d’Ivoire.

La recherche s’accorde sur le besoin d’études locales, seules à même de déterminer les valeurs de conservation de la biodiversité, les services économiques qu’elle rend, et les techniques de culture durable du cacao adaptées au contexte local125.

Les premiers emplois associés à ces pratiques visent l’élaboration, la conduite et le traite-ment d’enquêtes et d’inventaires de terrain. Ils permettent de comprendre les facteurs en-vironnementaux et humains, d’identifier les ressources environnementales adéquates à la conduite d’agroécosystèmes cacaoyers locaux. Viennent ensuite les métiers qui établiront les techniques agricoles adaptées aux écosystèmes locaux, partant de l’installation des cacaoyères dans des écosystèmes appropriés à leur conduite en des agroécosystèmes

123 « Agriculture durable projet de stabilisation des systèmes de production agricole » : caractérisation, évaluation des performances et valeur de conservation pour la biodiversité des agro forêts à cacao du centre ouest de la Côte d’Ivoire durable » - Centre Suisse de Recherche Scientifique / Programme d’Appuis Stratégique à la Recherche Scientifique – ANADER & GIZ 2008.

124 « Culture durable du cacao, guide de formation des facilitateurs »– CABI Bioscience 2003.125 « Production durable du cacao ivoirien : caractérisation, évaluation des performances et valeur de

conservation pour la biodiversité des agro forêt à cacao du centre ouest de la Côte d’Ivoire durable » - Centre Suisse de Recherche Scientifique / Programme d’Appuis Stratégique à la Recherche Scien-tifique - ADOU Yao Constant.

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productifs. Les métiers de l’information géographique étudieront les données environne-mentales selon des itinéraires techniques agricoles identifiés. Ils produiront des cartes agricoles géolocalisant les facteurs environnementaux de production et les services éco-systèmiques mobilisables pour réaliser des systèmes cacaoyers durables.

Des emplois verts pour produire, diffuser et planter des espèces amélioréesLes emplois visant la maîtrise des techniques d’amélioration des espèces agricoles et de leur diffusion sont importants. Ces améliorations permettent d’obtenir des espèces plus productives en volume, de développer les qualités des productions par leurs arômes ou leurs bienfaits, ou de sélectionner des espèces plus résistantes aux aléas climatiques ou aux attaques de nuisibles et maladies. Une diversité d’espèces doit être proposée pour maintenir un parc cacaoyer performant et hétérogène, dont la diversité offrira différents comportements de réponses face aux aléas phytosanitaires ou environnementaux. Le ré-cent échec Indonésien, où des centaines de milliers de plants améliorés distribués se sont avérés défectueux, rappelle l’importance des travaux de sélection et surtout de diffusion.126

Le verger cacaoyer ivoirien vieillissant offre de nombreuses opportunités de création d’em-plois dans les secteurs de la production, la diffusion et la plantation de nouveaux plants, adaptés à une culture sur des précédents non forestiers et aux changements climatiques. En 2009, la Direction Générale des Eaux et Forêts de Côte d’Ivoire estimait à 2,7 millions d’hectares la surface plantée des cacaoyers sur précédent forestier, tandis que le CNRA retenait que 46% des vergers avaient plus de 20 ans et qu’au moins 40% des plantations étaient conduites en plein soleil, ce qui accélère le vieillissement du verger. Si l’on retient une densité de plantation de 1 500 pieds par hectare dans les vergers de plus de 20 ans, 1,6 milliards de cacaoyers représentant la fin du boom de plantation 1970-1990 sont entrés en phase de vieillissement127. Ceux plantes en plein soleil nécessiteront d’être renouvelées plus vite si les producteurs souhaitent optimiser leurs outils de production. Ce sont ainsi plus de 600 millions de plants de cacaoyers qui devraient être produits dans les quinze années à venir.

Le Centre National de Recherche Agronomique ivoirien a été impliqué dans le décryptage du génome du cacaoyer, premier arbre fruitier tropical de longue génération à avoir été séquencé. Les résultats ouvrent le champ de nombreuses études qui permettront d’amé-liorer son adaptation aux conditions environnementales, sa résistance aux maladies et ses qualités aromatiques. Ils facilitent aussi la création de variétés productives permettant de développer une cacaoculture durable en réduisant l’utilisation de pesticides et l’usage de terres forestières128. Il est également attendu de ces travaux une diminution de la du-

126 « Indonesia’s “Frankentrees” turn cocoa dream into nightmare » - L. Pardomuan and M. Taylor Reu-ters 15/10/2012.

127 Assiri – 2009, op. cit.128 « Le décryptage du génome du cacaoyer : une avancée majeure pour la compréhension de la biolo-

gie et l’amélioration de cette espèce » CIRAD - 2010.

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rée des programmes de sélection, le cycle de sélection étant normalement estimée à 15 pour une plante pérenne. De nouvelles variétés plus performantes seront disponibles aux producteurs, comme l’ont été avant eux le célèbre «plant Mercedes», développé par le CNRA, mais dont la distribution semble être inférieure aux attentes des planteurs.

Conscient de l’enjeu du rajeunissement du verger cacaoyer ivoirien, le Groupe Nestlé a ouvert en Côte d’Ivoire un centre de recherche et développement, dont l’un des objectifs vise la production de 12 millions de plants de cacaoyers en 10 ans129. Afin de réduire la variabilité intra-famille des plants et assurer la diffusion des cacaoyers les plus remar-quables par leurs performances, il a été décidé de recourir à la création de plants par embryogenèse somatique à partir de pièces florales. Plusieurs emplois sont alors générés par ces pratiques, allant de la phase laborantine donnant naissance à la plante, sa mise en pot dans un substrat approprié puis sa conduite sous serre générant le climat idéal à sa croissance, jusqu’à ce que la plante ait la résistance nécessaire pour être transportée vers des zones de distribution où elle sera mise à disposition des planteurs.

La chaîne de valeurs et les emplois créés par le CNRA et le Centre de R&D de Nestlé peuvent être multipliés par 50 si l’on veut permettre aux producteurs ivoiriens d’accéder des espèces améliorées en un volume et dans des délais cohérentes des enjeux précités. La sélection de ces espèces n’interdit pas la conduite de différents types de plantations, qu’il s’agisse d’agroforesterie, d’agriculture organique ou raisonnée, étant encore précisé que les performances en plantation dépendent toujours du respect des pratiques identi-fiées par la recherche dans des stations de travail. Ceci indique donc l’importance de la formation et de l’encadrement des producteurs dans la mise en œuvre de ces nouvelles pratiques agricoles, un autre gisement d’emplois qui se mesure alors au nombre d’hecta-res dont il faut encadrer la plantation.

Des emplois verts pour former et encadrer les cacaoculteurs verts L’encadrement des cacaoculteurs est un point crucial pour leur permettre d’acquérir les convictions et les compétences pour s’engager dans de nouvelles pratiques. Le cacao n’est pas originaire d’Afrique, l’acquisition du rang de premier producteur mondial témoigne que la Côte d’Ivoire a su encadrer ses planteurs. De 1958 à 1993, l’assistance agricole était confiée à la société d’assistance et de modernisation de l’agriculture de Côte d’Ivoire (SATMACI), chargée du conseil agricole, de la diffusion du matériel végétal, des intrants et du crédit auprès des agriculteurs. Elle était le lien entre les centres de recherche et les ca-caoculteurs. En 1993, une restructuration a unifié l’encadrement agricole, donnant lieu à la création de l’Agence Nationale d’Appui au Développement Agricole (ANADER). Première structure active dans l’encadrement des cacaoculteurs130, elle est de fait sollicitée pour la plupart des programmes de cacaoculture durable mis en œuvre avec des partenaires

129 « The Cocoa Plan » Nestle - 2012.130 « Etude sur la vulgarisation agricole en Côte d’Ivoire » -, Daniel Glounaho, FAO 2000.

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au développement tels que la GIZ ou la World Cocoa Fundation. Par son réseau et ses ressources humaines disposant des compétences appropriées, elle est un acteur incon-tournable pour accompagner les producteurs dans de nouveaux itinéraires techniques.

Les services de l’ANADER permettent d’identifier deux principaux métiers à développer pour soutenir une cacaoculture durable. Le Conseil de gestion, qui est outil d’orientation de l’exploitant et d’analyse technico-économique des opportunités agricoles de l’exploitation. Le conseiller de gestion relève et enregistre des données précises sur les cacaoyères qui seront travaillées pour identifier des modèles d’exploitation durables, les itinéraires techniques appropriés au contexte, les choix de mise en œuvre et les perspectives de ren-tabilité envisagées. Le Conseil Spécialisé, principalement orienté vers la petite irrigation ou le petit élevage, doit pouvoir se renforcer en cacaoculture durable, car la mise en place de nouveaux itinéraires techniques nécessite les conseils d’un technicien spécialisé, chargé d’accompagner les producteurs dans la maîtrise de nouvelles pratiques.

Des formateurs doivent être formés aux nouvelles pratiques pour former à leur tour d’autres formateurs. La tâche est telle que l’ANADER ne peut l’assumer seule. Le secteur privé et associatif doivent s’engager en formant des organisations paysannes, des associations ou des sociétés privées de services agricoles. Ces structures juridiques sont indispensables pour investir dans les équipements techniques et développer une main d’œuvre experte pour garantir aux producteurs des modèles durables, productifs et rémunérateurs.

La World Cocoa Fundation (WCF) est l’exemple d’une organisation non gouvernementale réunissant les principaux acteurs de l’industrie cacaoyère. Elle est chargée de développer des programmes soutenant l’effort des producteurs s’engageant dans une cacaoculture du-rable. Le WCF Cocoa Livelihoods Program fait partie des programmes mis en oeuvre pour augmenter les revenus des agriculteurs en renforçant la capacité des services locaux.

Trois principaux objectifs guident ce programme : améliorer l’efficacité du marché et renfor-cer les capacités des agriculteurs et des organisations paysannes, améliorer la production et la qualité des plantations, améliorer les revenus des producteurs par la mise en place d’exploitations diversifiées. Il facilite l’accès des producteurs aux intrants et au matériel végétal amélioré, encourage l’agriculteur dans une démarche de formation professionnelle et promeut la création de centres de services.

En 2012, 36 organisations paysannes et plus de 106 000 producteurs ont pu avoir accès à ce programme dans les pays africains où il a été engagé. Le modèle de champ école a été retenu pour former les producteurs à des pratiques innovantes associant des spéculations agricoles autour du cacao, augmentant les profits tirés du cacao et d’autres cultures diver-sifiées, enseignant une approche intégrée de gestion agricole. Ce programme a permis la création de 13 centres de services agricoles sur la base d’un partenariat public-privé131.

131 « Cocoa Livelihoods Program », World Cocoa Fundation - 2012.

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Ces centres de services préfigurent des activités économiquement viables que le secteur privé doit utiliser pour accompagner la transition verte cacaoyère.

Les organisations paysannes et des sociétés privées de services agricoles doivent pren-dre conscience des opportunités économiques, pour bâtir des projets économiquement viables réunissant opérateurs et investisseurs. Des acteurs doivent prendre en charge des services agricoles qui soutiendront la transition verte de la cacaoculture. La mise en œuvre des innovations proposées requiert la mise en place de financements et de techno-logies auxquels les petits producteurs et petites coopératives ont accès difficilement Les cacaoculteurs ou prestataires de services devront innover en constituant des véhicules juridiques communautaires ou des société de service pour acquérir, organiser les ressour-ces humaines et techniques, et mettre en œuvre les innovations attendues sous forme de prestations de services.

Des emplois verts pour valoriser les déchets de la cacaoculture La professionnalisation des producteurs, en des modèles sociétaux permettant de ratio-naliser les ressources engagées pour améliorer la productivité et les revenus des produc-teurs, est indispensable à l’émergence d’autres activités économiques locales. Ceci en périphérie ou dans la chaîne de valeur de l’agriculture cacaoyère. Les déchets cacaoyers rendus disponible par ces modèles offrent des volumes de sous produits qui seront diffé-remment valorisables, selon que les volumes des produits transformés et leur économie permettent d’adresser une consommation locale ou régionale.

De nombreux exemples de valorisation énergétique, agricole ou alimentaire sont propo-sés. La production de biogaz à partir de la fermentation de ces déchets répondra à un usage individuel ou communautaire, allant d’une cuve de biogaz domestique ou commu-nautaire, à l’embouteillage de bouteilles à gaz. Une combustion directe des cabosses dont le pouvoir calorifique aura été améliorée, ou leur carbonisation par pyrolyse pour produire un charbon vert sont d’autres modèles de production d’énergie. Les applications peuvent viser la cuisson domestique, la production de vapeur ou d’électricité.

Les sous produits peuvent aussi entrer dans la production agricole, l’alimentation humaine ou l’élevage ; il s’agira alors de restituer et d’enrichir les éléments nutritifs qu’ils contiennent pour les réintégrer dans les cacaoyères ou d’autres spéculations agricoles, de valoriser les déchets pour l’élevage ou au contraire d’extraire certains compléments nutritionnels pour l’alimentation humaine.

Ces sous produits sont longtemps restés non valorisés, le contexte économique et/ou technologique favorisant difficilement cette valorisation. Les technologies et les savoirs-faires sont maintenant matures, plus efficaces et moins coûteuses. La hausse des prix des principales matières premières alimentaires, énergétiques ou minérales à laquelle nous

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assistons depuis 2002 permet à ces technologies et à leurs productions de trouver leur point de compétitivité132.

Il faut maintenant identifier les métriques qui permettront de valoriser les sous produits disponibles selon les technologies et les marchés éligibles, les facteurs logistiques et les volumes disponibles. De manière bien plus large, la filière cacao de Côte d’Ivoire offre de nombreuses opportunités de création d’emplois verts. On peut ajouter à ces emplois verts tous les autres emplois indirects générés par ce secteur sur toute la chaîne de valeur de production : récolte, logistique et transport, transformation ou exportation. Cette chaîne de valeur fera l’objet d’une longue transition, mais il est important de noter qu’elle a déjà commencé. De nouveaux métiers sont ainsi apparus dans le secteur de la certification du cacao durable, ces certifications privées ont entrainé des travaux sur une normalisation nationale ivoirienne ou une norme Union Européenne. D’autres entreprises exportatrices, transformateurs ou chocolatiers ont initié une démarche de responsabilité sociétale, tra-vaillant sur des sujets aussi diversifiés que la production de plants améliorés, la conduite de pilotes agroforestiers, l’encadrement de producteurs ou la lutte contre le travail des enfants. Les phases de logistique et de transport sont certainement celles où des efforts doivent être initiés, trop peu d’acteurs ayant recherché à mettre en œuvre une démarche de durabilité. Mais progressivement, plusieurs acteurs s’intégreront sur tout l’ensemble de la chaîne de valeur pour former une filière durable intégrée à chacune des étapes. Au delà de la volonté des acteurs et de leur prise de conscience, une réglementation du secteur sera un véritable accélérateur en orientant les efforts du secteur privé.

5.4. ConclusionAu vu de ces paramètres humains, agricoles et environnementaux, il n’est pas exagéré de considérer que la transition de la cacaoculture vers une économie durable est deve-nue urgente, avant que vergers et producteurs ne soient trop âgés. Le cacao ivoirien se situe aujourd’hui au seuil de la croisée des cycles et booms qui ont parsemé l’histoire du cacao133. Les paramètres environnementaux de culture ont changé, les pluies, les tempé-ratures, les forêts ne sont plus ces ressources parfaites qui, accompagnées des migrations humaines, ont soutenu le miracle cacaoyer ivoirien.

Les petits producteurs restés fidèles à cette culture sont contraints dans un modèle écono-mique d’autosuffisance, les difficultés d’accès au marché et au crédit freinent tout dévelop-pement. Majoritairement âgés et analphabètes, ils n’ont pas accès aux savoirs permettant d’améliorer les itinéraires techniques de culture, récolte et post récolte. Leurs revenus ne permettent pas d’acheter les intrants et de nouvelles variétés de cacao qui amélioreront

132 « The Times for abundant resources is over », GMO Finance 2011.133 « Booms et crises du cacao. Les vertiges de l’or brun » - François Ruf, Edition Karthala, 1995.

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leur productivité, d’engager des travailleurs agricoles. La scolarisation des enfants devient de plus en plus aléatoire et ces derniers peuvent alors travailler dans les cacaoyères.

Les vergers ivoiriens sont aussi « fatigués » que leurs producteurs. Leurs caractéristiques agronomiques laissent penser qu’ils ne sont pas adaptés aux défis environnementaux et sanitaires à venir. Ces faiblesses sont essentiellement caractérisées par des vergers âgés, des sols appauvris, l’insuffisance d’entretiens des plantations, un matériel végétal essentiellement «tout venant».

Face à ces défis, tous les éléments sont en place pour organiser la transition verte de l’économie cacaoyère ivoirienne : les travaux de la recherche scientifique ivoirienne et internationale, la prise de conscience politique aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en Europe ou aux Etats Unis, l’inquiétude des exportateurs et industriels mesurant l’importance d’abor-der leur responsabilité sociétale d’entreprise, une consommation en croissance aussi bien pour des produits d’entrée de gamme que pour les cacaos fins et/ou certifiés.

Cette transition ne pourra se faire sans des producteurs ayant à cœur de poursuivre cette culture et sans création d’emplois pour répondre aux défis de la replantation et de l’adap-tation au changement climatique. La création d’emplois verts directs de la cacaoculture requiert de savoir former les producteurs et les employés qui accompagneront la transition de l’économie cacaoyère ivoirienne vers un modèle plus durable. Ces emplois visent en priorité l’innovation dans les pratiques agricoles de conduite des plantations et de traite-ment post récolte, la recherche et le développement de la cacaoculture durable, la produc-tion et la diffusion d’espèces améliorées, la valorisation des déchets de la cacaoculture.

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Chapitre Vi : Conclusion Générale

Ce document explore les opportunités de création d’emplois verts dans quelques filières, telles les énergies renouvelables, le reboisement, la gestion des déchets et la cacaocul-ture. La création des emplois verts est à la fois la condition du développement durable et un bénéfice de cette stratégie. Ils participent aux changements du mode de produire que requiert l’économie verte. La création des emplois verts relève à la fois des opportunités des niches de valeurs et des stratégies concrètes de développement sectoriel durable. Ces stratégies fondées sur l’analyse de la situation de chacun des secteurs porteurs d’emplois verts définiront les interventions nécessaires pour révéler les différents défis et favoriser le développement des activités dans les domaines identifiés.

Dans le cas des opportunités d’emploi dans les énergies renouvelables, la maitrise des énergies de cuisson est capitale et permettrait d’économiser d’importantes ressources forestières. Cela requiert des changements de comportements, des équipements adap-tés, notamment des fours multifonctionnels, mais aussi le développement des activités de transformation de la biomasse en combustibles pour la cuisson. La valorisation des résidus agro-industriels issus d’un processus de transformation de matières premières agricoles locales est non seulement envisagée pour la cuisson des aliments, mais aussi dans la fourniture de l’énergie pour les activités industrielles. La digestion des déchets organiques constitue un source importante de production de biogaz dont les potentialités de production sont importantes. Le développement de l’activité agricole pour la production des intrants nécessaires à la réalisation des agro-carburants est à la fois une voie pour la création des emplois verts et des combustibles bon marché pour les transports, l’indus-trie et d’autres utilisations possibles. Le solaire, l’éolien et l’hydro électricité constituent d’autres sources d’énergies renouvelables examinées dans ce document qui regorgent des opportunités d’emplois considérables.

Le développement des emplois verts dans les énergies renouvelables requiert de disposer d’une information suffisamment large sur le plan géographique et assez approfondie en qualité pour évaluer les possibilités de créations d’activités dans ce secteur. Des straté-gies spécifiques peuvent ainsi être mieux définies sur la base desquelles des partenariats publics privés et avec les communautés locales peut être mieux définis.

Pour stimuler le développement des énergies renouvelables et la création d’emplois verts dans ce domaine, il semble important de concilier risques d’entreprenariat et motivations d’exigence de service public, disposer d’un cadre lisible pour les investisseurs suffisam-ment incitatif, répondre aux freins perçus par les investisseurs qui peuvent être non tech-niques ni économiques comme les aspects réglementaires, institutionnels et administratifs.

Le développement des énergies renouvelables requiert aussi une coordination multisecto-rielle résultant des nombreuses sources d’énergies renouvelables. Plusieurs recomman-dations visent la mise en place d’un mécanisme de coordination institutionnel. D’autres

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plaident pour la création de structures institutionnelles fortes et dévouées à leurs tâches. S’agissant des mécanismes de financement directs et indirects la fixation des tarifs de rachat est à considérer en garantissant entre autres les prix d’achat de l’électricité, l’accès au réseau national ou d’opération d’un réseau local, ainsi que d’un cadre contractuel à long terme pour assurer l’amortissement des investissements. Cette stratégie requiert l’obliga-tion de rachat de la puissance fournie par les opérateurs de réseau de transport électrique à des tarifs fixés règlementairement. La Côte d’Ivoire devra aussi déployer l’énergie néces-saire pour bénéficier des opportunités disponibles .

Les opportunités d’emplois verts dans la gestion des déchets sont importantes et couvrent une variété de spécialités. Cependant la qualité des emplois dans la gestion des déchets est de médiocre qualité. L’emploi y est souvent précaire, et comporte d’importants risques de sécurité et de santé publique. Ces emplois sont aussi faiblement rémunérés.

La promotion des emplois verts dans la gestion des déchets requiert un engagement politique d’écologisation des modes de production et de consommation. Ce processus de « verdissement » des politiques sectorielles repose sur deux axes fondamentaux : le développement des compétences et l’adéquation formation-emplois. Mais ce développe-ment des compétences et les besoins de formation professionnelle ne sont pas propres à ce domaine, mais concerne l’ensemble des fières vertes Les pouvoirs publics doivent à moindre coût inciter à plus de valorisation des déchets grâce à une réglementation adap-tée et en contribuant à investir dans des solutions industrielles de tri et de valorisation des matières ou de l’énergie. Dans ce sens il est indispensable de promouvoir la construction de décharges contrôlées dans les grandes villes, d’encourager la promotion des produits dérivés des déchets plastiques (fibro-plastique), de créer les conditions économiques fa-vorables à la gestion des déchets.

Dans le domaine de la gestion des forêts, il est à noter que les forêts assurent la survie des populations par les activités qui y sont déployées. Mais l’exploitation forestière ne se fait pas toujours de manière durable et requiert la protection des sites et des paysages à forte valeur culturelle, spirituelle, touristique et de loisirs mais également des activités de fores-terie. Toutes ces activités génèrent des emplois importants qui sont verts pour certains d’entre eux. Nombreux de ces emplois sont informels, s’exercent dans des conditions de travail difficiles et ne bénéficient pas de la protection sociale. La faible productivité de ces emplois induit naturellement des rémunérations faibles. Les femmes sont fortement impli-quées dans les activités de ramassage et de collecte des graines ou semences et dans la production de plants en pépinière (remplissage des sachets, planting, arrosage, etc.) sans qu’elles ne soient en mesure de disposer des mêmes avantages que leurs collègues masculins pour les mêmes tâches.

Des niches d’emplois verts se dégagent dans toutes les activités d’aménagement dont notamment celui des forêts naturelles, le reboisement et la mise en place et la conduite de plantations forestières. Le reboisement tout en générant de emplois et des revenus permet en outre de : lutter contre la désertification ; améliorer le cadre de vie des populations ;

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créer des espaces de récréation et de loisirs ; restaurer et conserver les sols ; protéger les berges des cours d’eau ; réduire les pressions sur les forêts naturelles ; produire du bois pour la satisfaction des besoins énergétiques des populations rurales et urbaines.

S’agissant de la a cacaoculture, celle-ci se révèle une source importante d’emplois verts à travers sa transition vers une économie durable pour remplacer les vergers trop âgés. A travers cette transition, il s’agira de réaliser la culture du cacao en tenant compte de para-mètres environnementaux de culture modifiés en termes de pluviométrie, de températures, de disponibilités de forêts et de ressources humaines.

Cette cacaoculture devrait se faire en phase avec les exigences de l’adaptation au chan-gement climatique. La création d’emplois verts directs dans la cacaoculture requiert la formations des producteurs et employés aux nouveaux systèmes et techniques.

Le développement des emplois potentiels dans chacun des domaines examinés néces-sitent un développement des compétences et des techniques nouvelles auxquelles les nouveaux employés devront se familier. Les emplois verts constituent par conséquent une source de développement des compétences requérant des filières de formation spéci-fiques, un processus de transferts de technologie mais également de leur appropriation. Le rôle de l’Etat est fondamental pour le façonnage des technologies et métiers. Son rôle est tout aussi important pour assurer les adaptations réglementaires que requièrent le développement de tout domaine de l’économie verte. Les politiques sectorielles devraient dans ce sens veiller à ce qu’elles comportent des normes de l’économie verte en assurant notamment la transition vers la réalisation des activités moins polluantes.

Les emplois verts à promouvoir sont des emplois décents et devraient intégrer tous les pré requis en termes de normes sociales obéissant aux principes de décence. Des efforts sont reconnus nécessaires pour permettre aux emplois qui ne sont pas décents de le devenir progressivement. Cela contribuera à plus de responsabilité entre acteurs engagés dans le développement des emplois verts. Promouvoir les emplois verts constitue un engagement vers plus de responsabilité sociétale dont on ne pourrait se passer.

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Promouvoir les oPPortunités d’emPlois verts en Côte d’ivoire

17. « Production durable du cacao ivoirien : caractérisation, évaluation des perfor-mances et valeur de conservation pour la biodiversité des agrofôrets à cacao du centre ouest de la Côte d’Ivoire durable » - Centre Suisse de Recherche Scienti-fique / Programme d’Appuis Stratégique à la Recherche Scientifique - ADOU Yao Constant.

18 « The Cocoa Plan » Nestlé - 2012.19. « The Times for abundant resources is over», GMO FinAnce 2011.

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Promouvoir les oPPortunités d’emPlois verts en Côte d’ivoire

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