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LANGUAGE : FRANÇAIS ORIGINAL : FRANÇAIS

Profil Genre du Burundi

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    Ce rapport a été préparé par Mme Zéneb TOURÉ, experte genre ORQR4 (Poste 3861), deux consultantes internationales, expertes en genre et développement, Mme Aïssé DIARRA et Mme Fatoumata TRAORÉ, à la suite d’une mission effectuée au Burundi, en octobre et novembre 2010.

Pour toute question concernant ce document, veuillez-vous adresser à :

M. Simon MIZRAHI, Directeur, ORQR, Poste 20 66 Mme Ginette U. YOMAN, Chef de Division, ORQR4, Poste 21 19 Mme Zéneb TOURÉ, Chargée principale de la SCO, ORQR4, Poste 38 61

GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT

© Banque africaine de Développement

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Profil Genre du Burundi

Tunis, novembre 2011

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Sommaire

Sigles et abréviations 7 Résumé analytique 11 I. Introduction 13 1.1. Contexte et justification du Profil Genre Pays 13 1.2. Objectifs et résultats attendus 15 1.3. Méthodologie 15 1.4. Structure du rapport 16 II. Le contexte socio-économique 17 2.1. Données générales sur le Burundi 17 2.2. Genre et profil socioculturel 18 2.3. La situation « Post conflit » et « d’État fragile » et les relations hom-

mes / femmes 19 III. Les cadres institutionnel, politique et juridique 21 3.1. Le cadre institutionnel 21 3.2. Le cadre politique du genre 23 3.3. Le cadre juridique du genre 25 IV. Analyse genre par secteur 29 4.1. Genre, agriculture et développement rural 29 4.2. Genre et éducation 32 4.3. Genre et santé 35 4.4. Genre et infrastructures (transports et énergie) 37 4.5. Genre, eau et assainissement 40 4.6. Genre, économie et emploi 42 4.7. Genre et gouvernance 45 V. Genre et thèmes transversaux 47 5.1. Genre et participation à la prise de décision 47 5.2. Genre, environnement et changement climatique 48 5.3. Genre et violence basée sur le genre 50 5.4. Genre et VIH/Sida 52 5.5. Genre et sécurité 54 VI. Recommandations et actions prioritaires 59 6.1. Recommandations au Gouvernement 59 6.2. Recommandations aux partenaires au développement 62 6.3. Domaines d’intervention prioritaires 63 VII. Conclusion 65

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Annexes 67 1. Glossaire des termes et concepts 69 2. Termes de référence de l’étude Profil Genre du Burundi 73 3. Bibliographie 79 4. Les personnes rencontrées 83 5. L’appui des Partenaires au Développement dans le domaine du Genre au

Burundi 87 Liste des encadrés Encadré 1 17

Encadré 2 28

Encadré 3 34 Liste des graphiques Graphique 1. Population active par sexe dans le secteur agricole 27  

Graphique 2. Évolution de la fréquentation scolaire au niveau du primaire 32

Graphique 3. Nombre de personnes dépistées par catégorie sociale en 2009 51

Graphique 4. Pourcentage d’hommes et de femmes dans l’armée 52

Graphique 5. Répartition des femmes dans l’armée selon les grades 53

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Sigles et abréviations

ABFJO Association burundaise des Femmes journalistes ABUTIP Agence burundaise des travaux d’intérêt public ADDF Association pour la Défense des Droits des Femmes AEPA Adduction en eau potable et assainissement AFAB Association des Femmes Entrepreneurs du Burundi AFJB Association des Femmes Juristes du Burundi AGR Activités génératrices de Revenus ARV Antirétroviraux ASBL Association sans but lucratif ASS Afrique subsaharienne BAD Banque africaine de Développement BINUB Bureau intégré des Nations unies au Burundi BM Banque mondiale BV Bureau de vote CAFOB Collectif des Associations féminines et ONG du Bu-

rundi CCEM Caisse coopérative d’épargne et de crédit mutuel CDC Comité de Développement communautaire CDF Centre de Développement familial CECI Commission électorale communale indépendante CEDEF Convention sur l’Élimination de toutes les formes de

Discrimination à l’égard des Femmes CEEAC Communauté économique des États de l’Afrique centra-

le CENI Commission électorale nationale indépendante CEPGL Commission économique des états des Grands Lacs CEPI Commission électorale provinciale indépendante CIDA Canadian International Development Agency CIRGL Conférence internationale sur la Région des Grands

Lacs CNCA Conseil national de Coordination des Aides CNDD-FDD Conseil national pour la Défense de la Démocratie -

Forces pour la Défense de la Démocratie CNLS Conseil national de Lutte contre le Sida COMESA Marché commun pour les États de l’Afrique de l’Est et

du Sud COSOME Collectif de la Société civile pour le Monitoring des

Élections CSCP Cadre stratégique de Consolidation de la Paix CSLP Cadre stratégique de Lutte contre la Pauvreté CTP Coopération technique belge DFID Department for International Development DNS Direction nationale de la Santé DSP Document de Stratégie Pays DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté EAC East African Community FAO Food and Agriculture Organisation

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PROFIL GENRE DU BURUNDI 8  

FAWE Forum africain pour l’Éducation de la Femme FBU Franc burundais FNUAP Fonds des Nations unies pour la Population FNL Front national de Libération FORCE Fonds pour la Relance, les Conseils et les Échanges de

Micro-Finance GED Genre et Développement GTG Groupe thématique Genre GTZ Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit / Coo-

pération technique allemande HCR Haut Commissariat pour les Réfugiés IEC Information, Éducation et Communication IMF Institutions de micro-finance IPC Integrated Food Security Phase Classifisation / Cadre

stratégique de classification de la sécurité alimentaire IST Infection sexuellement transmise ISTEEBU Institut des Statistiques et des Études économiques du

Burundi ISV Initiative Seruka pour les Victimes de Viol ITEKA Ligue burundaise des Droits de l’Homme MEEATU Ministère de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménage-

ment du Territoire et de l’Urbanisme MEM Ministère de l’Énergie et des Mines MICS Multiple Indicator Cluster Survey MINAGRIE Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage MSNDPHG Ministère de la Solidarité nationale, des Droits de la Per-

sonne humaine et du Genre MST Maladie sexuellement transmissible NORAD Norvegian Agency for Development Cooperation OAG Observatoire de l’Action gouvernementale OCDE Organisation de Coopération et de Développement

économique OEV Orphelins et enfants vulnérables OLUCOME Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Mal-

versations économiques OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement OMS Organisation mondiale de la Santé ONG Organisation non gouvernementale ONU Femmes Fonds des Nations unies pour la Femme - UNIFEM OPJ Officier de Police judiciaire OSC Organisation de la Société civile OUA Organisation de l’Unité africaine PAFE Police de l’air, des frontières et des étrangers PAM Programme alimentaire mondial PBF Fonds de Consolidation de la Paix PDIP Personne déplacée à l’intérieur du pays PF Planning familial PGP Profil Genre Pays PIB Produit intérieur brut PNG Politique nationale Genre

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PNLS Programme national de lutte contre le sida PNSAD Programme national de Sécurité alimentaire durable PNUD Programme des Nations unies pour le Développement PPTE Pays pauvre très endetté PROSEC-EAU Programme sectoriel Eau PTF Partenaires techniques et financiers PTME Prévention de la Transmission Mère Enfant RDC République Démocratique du Congo REFES Réformes économiques et sociales REGIDESO Régie de production et de distribution de l’eau et de

l’électricité RIM Réseau des Institutions de Micro-Finance au Burundi RTNB Radio Télévision nationale du Burundi SICI Service d’Inspection des finances et du contrôle interne SIDA Syndrome de l’Immunodéficience acquise SNEB Stratégie nationale de l’Environnement au Burundi SONUB Soins obstétricaux et néonataux d’urgence et de base TDR Termes de référence UE Union européenne UNDAF United Nations Development Assistance Framework /

Plan Cadre des Nations unies pour l’Aide au Dévelop-pement

UNESCO United Nations Educational, Scientific and Cultural Or-ganization / Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture

UNICEF Fonds des Nations unies pour l’Enfance USAID United States Agency for International Development VBG Violence basée sur le Genre VIH Virus d’Immunodéficience humaine WISE Women’s Initiative for Self Empowerment

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Résumé analytique Pendant plus d’une décennie, le Burundi a connu une crise sociale et politi-co-militaire avec des conséquences désastreuses sur la population, en particu-lier sur les couches vulnérables (femmes, enfants, handicapés, minorités ethni-ques). Les impacts de cette situation sur les rapports entre hommes et femmes sont : le développement de la violence basée sur le genre, l’augmentation du nombre de femmes chefs de ménage, la pauvreté, les déplacements massifs et forcés des populations vers les camps de réfugiés, les problèmes de santé avec une féminisation du VIH/Sida et l’exacerbation des violations des droits hu-mains. En 2005, le pays s’est engagé dans un processus de transition vers un sys-tème politique multipartite. À la suite des élections présidentielle et législative de 2010, un gouvernement consensuel a été mis en place avec plus de 30 % de femmes aux postes ministériels et au niveau des deux chambres parlementaires (Assemblée nationale et Sénat). Malgré le retour progressif à la stabilité, le Bu-rundi présente, aujourd’hui, les caractéristiques d’une nation fragile et pauvre, avec un revenu par habitant dépassant à peine 137 dollars américains. L’économie est centrée essentiellement sur l’agriculture et le pourcentage de la population rurale est estimé à 90 %, avec des indicateurs sociaux très bas. Comme tout pays à l’issue de plusieurs années de conflits armés, le Burundi se trouve confronté à des défis énormes où toutes les actions de développement sont prioritaires. Les disparités de genre, exacerbées par la crise, ont eu un effet disproportionné sur les femmes et les filles, soumises à la précarité économi-que, aux pesanteurs socioculturelles et aux violences liées au genre. Bien que la Constitution prône l’égalité des sexes, la discrimination fondée sur le genre persiste dans les pratiques sociales, mais aussi au niveau de certains textes législatifs (la Constitution de 2005, le Code électoral, le Code pénal de 2009 et le Code des Personnes et de la Famille de 1993) et réglementaires (no-tamment sur les régimes matrimoniaux, les successions et les libéralités) qui restent encore régis par la coutume. Sur le plan institutionnel, le ministère de la Solidarité nationale, des Droits de la Personne humaine et du Genre a été créé. Une Politique nationale relative au genre et un Plan d’action relatif à la ques-tion ont été élaborés en 2003. Malgré la faiblesse des ressources humaines et financières dédiées à la promotion du genre, des points focaux genre ont été désignés dans les ministères et de nombreux agents ont été formés sur les rela-tions entre genre et développement. En vue d’accompagner les efforts du gouvernement, des organisations de la société civile (OSC) et des partenaires techniques et financiers (PTF) se sont engagés pour la prise en compte du genre dans les projets et programmes de

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développement. Le Profil Genre Pays (PGP) réalisé par la Banque mondiale en 2004 est dépassé et nécessite donc d’être actualisé. Le présent PGP a pour objectif principal d’identifier les problématiques de genre et de faire des recommandations pertinentes pour la réduction de la pau-vreté, qu’il convient de traiter et d’intégrer dans les interventions du Groupe de la Banque, du gouvernement du Burundi et d’autres partenaires au développe-ment. Il souligne l’importance de prendre des dispositions nécessaires pour que le ministère en charge des questions de genre puisse jouer un rôle de catalyseur et de coordonnateur des actions de promotion du genre à tous les niveaux et dans tous les secteurs. Les principales actions prioritaires identifiées sont : le renforcement des capacités de l’institution chargée du genre, l’application de la Politique nationale Genre, la collecte et l’harmonisation des statistiques natio-nales éparses et souvent contradictoires ainsi que la mise en œuvre d’une stra-tégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre, la mise en place d’un mécanisme de suivi et d’évaluation sur le genre et l’appui à l’institution-nalisation de la budgétisation sensible au genre. Ce PGP propose des données récentes sur la situation du genre au Burundi et facilite donc le recentrage des interventions autour des vraies priorités natio-nales. Il doit être intégré au prochain Document de Stratégie Pays (DSP 2012-2014) et constituer un outil de plaidoyer auprès de tous les partenaires pour la prise en compte effective du genre dans l’appui budgétaire.

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I. Introduction  

1.1. Contexte e t just i f i cat ion 1.1.1. À partir de novembre 1993, le Burundi a connu une crise sans précé-dent, avec des conséquences désastreuses sur la population. Les impacts de cet-te situation sur les rapports entre les hommes et les femmes sont : le dévelop-pement de la violence basée sur le genre (y compris les violences sexuelles), l’augmentation du nombre de femmes chefs de ménage, les charges de travail supplémentaires pour les femmes (les hommes étant engagés dans la guerre), la pauvreté, les déplacements massifs et forcés vers les camps de réfugiés, les problèmes de santé et l’exacerbation des violations des droits humains fonda-mentaux à l’égard des couches vulnérables (femmes, enfants, handicapés, mi-norités ethniques). 1.1.2. Avec la mise en place des institutions de la République, en 2005, le Burundi s’est engagé dans un processus de transition vers un système politique multipartite. Un gouvernement de large coalition a été formé en novembre 2007. Les femmes burundaises ont joué un rôle important dans la résolution du conflit, en faisant des propositions de sortie de crise à la conférence d’Arusha, en 2000. En 2010, à la suite des élections présidentielle et législative, un gouvernement multipartite a été mis en place avec plus de 30 % de femmes aux postes ministériels ainsi qu’au niveau des deux chambres parlementaires (Assemblée nationale et Sénat). 1.1.3. Le Burundi est caractérisé par une grande pauvreté, aggravée par la guerre civile. La proportion de la population vivant en dessous du seuil de pau-vreté s’est accrue, passant de 35 % en 1993 à 67 % en 2006. Le revenu par ha-bitant est de 137 dollars américains en 2008. Les indicateurs sociaux du pays sont faibles. Les estimations de 2009 et 2010 donnent une espérance de vie à la naissance de 51 ans pour les femmes et 49 pour les hommes. Le taux de morta-lité infantile a enregistré une légère baisse, passant de 176 ‰ en 2006 à 169 ‰ en 2009. Pour les enfants de moins de cinq ans, il était de 225 ‰ en 2005 (MICS) et de 168 ‰ en 2009. La mortalité maternelle reste élevée : 615 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2009 (MICS 2005). Le taux d’accouchement assisté est de 56,3 % en 2009. Jusqu’en 1997, le taux de préva-lence contraceptive était de 4 %. Il est de 13,4 % en 2009. Le taux de séropré-valence du VIH/Sida, au niveau national, est de 2,9 %, avec 4,5 % en zone ur-baine et 2,8 % en zone rurale. On observe une tendance à l’augmentation de ce taux en milieu rural. En 2008, 90 % des 13 000 personnes ayant fait le dépista-ge volontaire sont des femmes. En cas de séropositivité, elles sont exposées à

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la stigmatisation et à l’exclusion. La sous-alimentation affecte 63 % de la popu-lation, chiffre à comparer avec le taux de 44 % en 1992, c’est-à-dire avant le conflit. Bien que le taux d’utilisation de latrines soit de 93,8 %, seulement 36,3 % de ces équipements sont en bon état 1. 1.1.4. Le Burundi présente aujourd’hui les caractéristiques d’une nation pauvre, à en juger par la faiblesse du revenu par habitant (137 dollars améri-cains), le pourcentage de la population rurale (90 %) et une économie centrée essentiellement sur l’agriculture. Avec la guerre, le pays est confronté au pro-blème de réinstallation et de réintégration de milliers de réfugiés et de quelques 150 000 déplacés à l’intérieur du pays (PDIP), dont une majorité de femmes et d’enfants, qui sont répartis entre 160 camps. 1.1.5. Le gouvernement reconnaît l’importance de la prise en compte du genre comme levier important du développement ; la Constitution nationale de 2005, la loi électorale de 2010 et le Code pénal contiennent des dispositions favorables à l’égalité des sexes. Dans le cadre de l’atteinte des Objectifs du Mil-lénaire pour le Développement, des activités ont été menées et des progrès en-registrés dans les domaines de l’éducation primaire pour tous (Objectif 2), l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (Objectif 3), la lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies (Objectif 6). Le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP 2006) met l’accent sur la priorité à accorder aux questions de genre dans le processus de développement et de transition. Néanmoins, les défis à relever en matière d’égalité des sexes sont encore importants. 1.1.6. Le profil genre du Burundi, réalisé par la Banque mondiale en 2004, compare ce pays aux autres pays de l’Afrique subsaharienne (ASS) dans le do-maine du développement économique et d’autres indicateurs relatifs à la santé et à l’éducation. L’étude a fait ressortir que la performance économique du pays est en deçà de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne. Ainsi, les données désagrégées par sexe fournies par la Banque mondiale couvrant la pé-riode 1970 à 2000 sont essentiellement focalisées sur les écarts en matière de genre au niveau de la représentativité des femmes dans le gouvernement, l’état nutritionnel des enfants, l’espérance de vie à la naissance, l’accès à une source d’eau potable, le taux d’infection du VIH dans la population adulte (ces taux sont faibles par rapport à la moyenne de l’Afrique subsaharienne), le nombre d’adultes alphabétisés (qui est au-dessus de la moyenne) et le taux d’enrôlement des enfants au niveau du primaire (le même que dans les pays de l’ASS) 2.

                                                                                                                         1 République du Burundi, vice-ministère chargé de la Planification, Enquête nationale d’évaluation des conditions de vie de l’enfant et de la femme au Burundi-2005, Rapport défini-tif, Agence d’Exécution : Institut de Statistiques et d’Études économiques du Burundi, IS-TEEBU, Enquête réalisée avec le soutien technique et financier de l’UNICEF en collaboration avec le FNUAP et la Banque mondiale, Bujumbura, décembre 2008, 114 p. + annexes. 2 Cf. http ://siteresources.worldbank.org/EXTAFRREGTOPGENDER/Resources/burundi.pdf.

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1.1.7. Ce PGP offre l’opportunité d’avoir des données récentes et détaillées sur les disparités de genre au Burundi. L’actualisation du PGP est nécessaire pour faire l’état des lieux de la situation du genre dans un contexte où le Do-cument de Stratégie Pays (DSP) du Burundi signé avec la BAD a pris fin en 2011 et qu’un nouveau DSP doit être élaboré pour la période 2011-2013. Cet exercice va permettre au gouvernement burundais, à la Banque et aux autres partenaires au développement de disposer d’une base de données récentes sur les questions de genre pour mieux programmer leurs actions. Le PGP permet-tra également d’évaluer dans quelle mesure des résultats mesurables et réalistes relatifs à la prise en compte des questions de genre ont été atteints dans les domaines prioritaires pertinents du groupe de la Banque et d’identifier des ac-tions d’intervention prioritaires. Le document doit informer les chefs de pro-jets sur les questions liées au genre qui seront à prendre en compte dans la conception et la mise en œuvre des programmes et projets. Il servira aussi de document de travail pour le ministère chargé du Genre, les départements des ministères sectoriels et les partenaires/donateurs au Burundi pour l’élaboration des politiques et projets de développement.     1.2. Objec t i f s e t résul tats at tendus 1.2.1. L’objectif principal du PGP est d’identifier, à court, moyen et long termes, les problématiques de genre pertinentes pour la réduction de la pauvre-té, qui doivent être traitées et intégrées aux interventions du groupe de la Ban-que, du gouvernement du Burundi, ainsi que d’autres partenaires au dévelop-pement. De manière spécifique, le PGP a pour objectifs : (i) d’analyser les questions de genre qui affectent le développement économique et social du pays ; (ii) de faire une analyse des enjeux de genre dans divers secteurs afin d’identifier les disparités persistantes ; (iii) d’évaluer les politiques et stratégies sectorielles ainsi que la capacité de l’institution nationale chargée du genre pour promouvoir l’égalité des sexes ; (iv) d’identifier des exemples de bonnes prati-ques et des insuffisances à travers l’examen des facteurs socioculturels et éco-nomiques qui entravent les efforts en faveur de l’égalité des sexes dans le pays et (v) de faire des recommandations pour accélérer les progrès réalisés dans le but de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.      1.3. Méthodolog ie 1.3.1. Le document de Profil Genre Pays du Burundi a été élaboré selon une approche participative impliquant à la fois le gouvernement, les partenaires au développement présents au Burundi, les organisations de la société civile (ONG, associations), le secteur privé, les personnes ressources travaillant sur le genre. Des documents de différentes sources ont ainsi été analysés.

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1.3.2. La difficulté de trouver les personnes ressources appropriées au ni-veau de certains ministères (Enseignement supérieur, Finances, Fonction pu-blique, etc.), la non-disponibilité de données récentes désagrégées par sexe dans certains secteurs et le manque d’information sur les indicateurs de genre consti-tuent les contraintes majeures de cette étude. Les données utilisées dans ce rapport sont tirées principalement du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2008, de l’enquête emploi, de l’ISTEEBU (Institut de Statistiques et d’Études économiques du Burundi) 1, en 2008, de l’enquête na-tionale d’évaluation des conditions de vie de l’enfant et de la femme au Burun-di de 2005, des documents cadres, notamment l’UNDAF, le bilan cadre du CSLP I, etc. Cependant, au niveau de certains ministères (Santé, Éducation, Eau et Environnement, etc.) et des partenaires au développement, des statisti-ques actualisées de 2009 et 2010 sont disponibles. 1.4. Structure du rapport Le Rapport est structuré autour de sept chapitres. Le premier présente le contexte, la justification, les résultats attendus et la méthodologie utilisée pour rédiger le document. Le second est consacré au contexte socio-économique qui influe sur les rapports de genre. Le troisième traite des cadres institutionnel, politique et juridique du genre au Burundi. Dans le quatrième chapitre, il est question de l’analyse du genre par secteur, à savoir : l’emploi et les activités économiques, l’agriculture y compris la sécurité alimentaire et le foncier, l’éducation, la santé, les infrastructures, l’eau et assainissement. Le cinquième chapitre traite de la question du genre et des thèmes transversaux, notamment le genre par rapport au processus de prise de décision, aux violences basées sur le genre, à la gouvernance, à l’environnement, au VIH/Sida, à la sécurité et au changement climatique. Dans le sixième chapitre, sont formulées des recom-mandations ainsi que des propositions d’actions prioritaires à entreprendre. Le dernier chapitre tire les principales conclusions de cette étude.

                                                                                                                         1 Cf. http ://isteebu.org/index.php?option=com_content&view=article&id=31&Itemid=69.

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II. Le contexte socio-économique 2.1. Données générales sur l e Burundi 2.1.1. Avec une superficie de 27 834 km², le Burundi est un pays enclavé, à cheval entre l’Afrique du centre et de l’est. Il est composé de 17 provinces, 129 communes, 575 zones et 2 908 collines/quartiers 1. En raison de la petite su-perficie du pays, la densité de la population, estimée, à la mi-2009, à 296 per-sonnes par km2, est la plus élevée dans cette région de l’Afrique, après celles du Rwanda et des Comores. Cette forte densité de population devrait encore augmenter, ce qui risque d’augmenter encore lourdement la pression sur le sec-teur agricole et les écosystèmes. 2.1.2. En 2009, la population était estimée à 8,8 millions (DSP/BAD, sep-tembre 2009). Elle se compose de 51,1 % de femmes 2, dont plus de 50 % ac-tives 3 ; elle est majoritairement jeune, avec 46,1 % de moins de 15 ans, près de 20 % de moins de 20 ans et seulement 5,4 % de 60 ans et plus. Les femmes en âge de procréer (15-49 ans) constituent 22,6 % de la population totale et envi-ron 94 % d’entre elles vivent en milieu rural. La croissance démographique est de 2,7 %, avec une fécondité moyenne de 6 enfants par femme 4. La popula-tion pourrait doubler au cours des 70 prochaines années 5. Le christianisme est pratiqué par plus de 80 % de la population, l’animisme par 11 % et l’islam par 2 %. Les deux langues officielles sont le kirundi et le français. Toutefois le swahili est parlé et compris par la majorité de la population. 2.1.3. L’économie nationale repose sur le secteur primaire qui constitue plus de 45 % du PIB et 80 % des recettes d’exportation. Les principales cultu-res de rente sont le café et le thé. L’huile de palme et la canne à sucre com-mencent à prendre de l’importance et l’élevage et la pêche se font de manière intensive. Soumis à de fortes contraintes d’ordre structurel en raison de sa si-tuation géographique, de sa faiblesse économique, de son endettement, de son instabilité politique et de sa forte croissance démographique, le Burundi a connu une croissance négative de -1,8 % à partir de 1993. Depuis 2000, on

                                                                                                                         1 République du Burundi, Troisième Recensement général de la population et de l’habitat de 2008, Bujumbura, 5 avril 2010. 2 République du Burundi, Troisième Recensement général de la population et de l’habitat de 2008, Bujumbura, 5 avril 2010. 3 République du Burundi, 2ème vice présidence, SE/REFES, Analyse de la prise en compte du Genre dans le CSLP I, Bujumbura, juillet 2010. 4 Ministère de la Santé publique, Plan stratégique de la réponse du secteur de la santé face au VIH Sida et aux IST au Burundi pour la période 2010-2015, Bujumbura, novembre 2009, Burundi. 5 John F. May, Rapid Population Growth in Burundi, World Bank, October 2009.

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constate la reprise de l’activité économique : le taux de croissance est passé de 3,6 % en 2007 à 4,5 % en 2008. Toutefois, en 2009, les performances escomp-tées n’ont pas été atteintes. Le PIB a baissé à 3,2 %, le taux d’inflation a dépas-sé 12,9 % 1 et la croissance des exportations est passée de 18,3 % en 2008 à -5 % en 2009 2. Bien que l’état des sols et du climat soient favorables à l’agriculture, ce secteur a montré ses limites, avec la déliquescence de l’économie rurale en proie à l’excédent d’une main-d’œuvre croissante, la pres-sion démographique, la dégradation des écosystèmes et l’insuffisance des moyens. 2.1.4. Le Burundi reste, par ailleurs, fortement dépendant de l’aide interna-tionale qui a représenté 51 % de ses ressources budgétaires en 2009. Il est clas-sé 176e sur 183 pays selon l’indice de la Banque mondiale « Doing Business 2010 » 3. Le Burundi est membre de grands ensembles sous-régionaux, no-tamment : le marché commun pour les États de l’Afrique de l’est et du sud (COMESA), la communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la communauté économique des pays des Grands Lacs 4 (CEPGL). 2.1.5. De plus en plus, le pays se tourne vers la reconstruction de son éco-nomie affectée par plus d’une décennie d’une guerre civile qui a eu des consé-quences désastreuses sur la nomenclature politique, le tissu économique, le climat social, les valeurs culturelles et la vulnérabilité des femmes et des autres couches défavorisées de la population. 2.2. Genre e t pro f i l soc iocul ture l   2.2.1. L’éducation de l’enfant, dès son plus jeune âge, est considérée com-me essentielle pour lui transmettre toutes les valeurs, d’où le dicton : « Igitikigororwa kikiri gito » qui se traduit par : « il faut redresser l’arbre avant qu’il ne soit grand ». Ainsi, la communauté jouait un rôle important dans l’éducation de l’enfant, surtout par rapport au respect des règles et des traditions. Dans la so-ciété traditionnelle burundaise, les rapports sociaux sont dominés par des rela-tions tantôt égalitaires (Urugo ni babiri, un ménage est à deux) tantôt inégalitai-res : urugo ni umugabo : le ménage appartient à l’homme 5. Toutefois, les prati-ques sociales fondées sur des relations inégalitaires demeurent ancrées dans la mentalité populaire, car la culture perpétue un partage de rôles fondé sur des

                                                                                                                         1 Selon le FMI, le taux d’inflation est de 22 % et les réserves en devises ne dépassent pas trois mois. 2 Banque africaine de Développement (BAD), Profil statistique du Burundi (CStP), Bujum-bura, juillet 2010. 3 BAD, Revue à mi-parcours du Document de Stratégie Pays (DSP) 2008-2011, septembre 2010. 4 La CEPGL regroupe le Rwanda, la République démocratique du Congo et le Burundi. 5 Ministère de la Promotion de la Femme et de l’Action sociale/PNUD/UNIFEM, La Poli-tique nationale Genre, (Culture et traditions, p. 28), Bujumbura, 2003.

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inégalités. Ces pratiques, encore tenaces de nos jours, ont une influence négative sur la société 1. Au niveau de la communauté, la gestion des conflits et des violations de règles de bonne conduite revient à l’homme à travers l’institution traditionnelle dénommée « Bashingantahe », qui est très respectée et engagée dans la médiation de conflit), mais exclut les femmes. Ainsi, les rôles donnant lieu à l’ouverture au monde extérieur (pouvoir, décision, parole en public) sont confiés au jeune garçon qui reçoit une éducation le préparant à assumer de telles responsabilités.   2.2.2. La société traditionnelle est caractérisée par le système patriarcal où le pouvoir de décision au sein du ménage revient à l’homme, promu chef de ménage 2. La femme est exclue de l’héritage. L’accès aux ressources se limite au droit d’usufruit. La femme ne peut aliéner ou hypothéquer un bien quel-conque sans l’autorisation de son époux. Dès son plus jeune âge, la fille reçoit une éducation spécifique. En effet, les tâches ménagères (domestiques), les activités de production (agriculture, maraichage) et de reproduction (soins et éducation aux enfants) lui sont réservées.   2.2.3. Même si la Constitution prône l’égalité des sexes, la discrimination fondée sur le genre persiste dans les pratiques sociales et certains textes législa-tifs et réglementaires, notamment les régimes matrimoniaux, les successions et les libéralités restent encore régis par la coutume. Les insuffisances juridiques constatées au niveau de plusieurs lois importantes (Code pénal, Code la famil-le) sont de nature à exacerber les inégalités de rôles et de responsabilités des hommes et des femmes, tant au niveau du couple qu’au sein du ménage et de la communauté. 2.3. La s i tuat ion « post - conf l i t » e t « d ’État f rag i l e » e t l e s re la-

t ions hommes /femmes 2.3.1. En plus des situations traumatisantes dont souffrent les hommes et les femmes, en temps de guerre (famines, épidémies, migrations forcées, me-naces, intimidations, etc.), les femmes et les enfants sont souvent la cible de                                                                                                                          1 Ministère de la Promotion de la Femme et de l’Action Sociale/PNUD/UNIFEM, La Poli-tique nationale Genre, Bujumbura, février 2003. 2 Article 122 du Code des personnes et de la Famille du Burundi.

Encadré 1

La mise en œuvre satisfaisante des réformes macroéconomiques soutenues par les institutions de Brettons Woods (FMI et Banque mondiale) a permis au Burundi d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) en janvier 2009.

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violences particulières, notamment celles fondées sur le genre, comme le viol, la grossesse non désirée, la séquestration, l’esclavage sexuel, l’enlèvement, qui les exposent d’avantage à la pauvreté et à la maladie (VIH/Sida, IST). La guer-re a augmenté le nombre de pauvres (69 %) et celui des femmes chefs de mé-nages, qui a atteint 21,3 % 1. Selon le HCR, 85 % des réfugiés sont des femmes et des enfants, une population très vulnérable aux différents types de violence. Si la guerre a favorisé l’aide humanitaire d’urgence en faveur des populations vulnérables (ONG, PTF, etc.) et la prise de conscience sur les rôles et responsabilités des femmes, elle a aussi provoqué la perte des valeurs culturel-les de partage et de solidarité qui prévalaient au niveau de la société. Cette situation peut constituer un facteur de risque pour l’unité nationale et la cohésion sociale qui reposent sur la confiance mutuelle.   2.3.2. Le statut fragile du Burundi tire son origine de son pouvoir économique affaibli certes, mais aussi de son contexte sécuritaire qui doit permettre la démilitarisation des anciens combattants, la gestion du rapatriement des déplacés et des réfugiés, l’intégration sociale et économique des personnes sinistrées, qui sont en majorité des femmes et des enfants. Comme tout pays sortant de plusieurs années de conflits armés, le Burundi est confronté à des défis majeurs comme l’insécurité, les crises économiques chroniques et les tensions sociales. Il s’agit donc d’asseoir les bases d’une sta-bilité politique consensuelle et de parvenir à une paix durable, au renforcement de l’appareil d’État et de sa recevabilité et à l’amélioration de la sécurité. Cela passe par la prise en compte des questions liées à la protection des droits hu-mains et à la consolidation de l’économie nationale qui doivent permettre à tous les citoyens (hommes/femmes) de participer au développement et de bé-néficier de l’égalité de chances et de traitements au sein de la société. Le PGP d’un État fragile comme le Burundi devrait permettre que tous les axes du dé-veloppement soient traités au regard de l’engagement international en faveur des États fragiles 2, qui vise à « promouvoir la non-discrimination comme fondement de sociétés stables et sans exclus ».

                                                                                                                         1 UNICEF-Burundi, Analyse de la situation de l’Enfant et de la femme, Bujumbura, mai 2009. 2 OCDE, Suivi des Principes d’engagement international dans les États fragiles et les situations précaires, Rapport Global 2010, Paris, OCDE, 2010, 90 p.

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III. Les cadres institutionnel, politique et juridique 3.1. Le cadre inst i tut ionnel 3.1.1. La prise en compte de la question de la promotion de la femme a été une préoccupation pour le gouvernement burundais qui a créé, en 1982, le mi-nistère de la Condition féminine et celui des Affaires sociales, avec comme mission la promotion et la défense des droits de la femme. En 1991, les deux ministères fusionnent en un seul département intitulé « ministère de l’Action sociale et de la Promotion de la Femme », lequel intègre dans son champ de compétence la question des droits de la personne humaine en 1993. Le conflit armé a entrainé le démembrement des institutions de la République et il a fallu attendre 2005 pour voir ce département réapparaitre sous l’appellation de « ministère de la Solidarité nationale, des Droits de la Personne humaine et du Genre ». La scission de 2007 a donné naissance à deux ministères : le ministère de la Solidarité nationale et le vice-ministère chargé des Droits humains et du Genre. La dernière fusion d’août 2010 crée le « ministère de la Solidarité natio-nale, des Droits de la Personne humaine et du Genre ». L’organigramme du ministère comporte quatre directions générales, dix départements (avec des conseillers et des conseillères) et dix-sept centres de développement familial (CDF), au niveau des provinces, mis en place en 1982 pour la prise en charge de la situation des femmes rurales. Entre 2004 et 2006, des points focaux gen-res ont été désignés dans la plupart des ministères et services techniques pour une meilleure prise en compte du genre au niveau national.   3.1.2. L’analyse institutionnelle du ministère chargé du genre fait ressortir les insuffisances et les contraintes liées à son évolution en général et à l’intégration du genre en particulier. L’instabilité des responsables du ministère (de 1989 à 1994, six ministres se sont succédés), le changement constant d’appellation, la fréquence des scissions et des fusions n’ont pas permis la mise en œuvre des plans d’action de la politique genre. Par ailleurs, le budget alloué au ministère en charge de la question du genre est insignifiant, au vu de la mis-sion qui lui est dévolue et des actions à entreprendre pour parvenir à l’équité des sexes. De 2007 à 2010, le budget a même connu une légère régression, pas-sant de 0,05 % à 0,04 % 1. Les centres de développement familial (CDF), qui sont les structures décentralisées du ministère dans les provinces, ne sont pas adaptés à la prise en charge des questions de genre, car ils ont été créés pour répondre aux besoins pratiques des femmes rurales. Ces centres sont au-jourd’hui confrontés au manque de personnel qualifié et de ressources finan-cières pour le suivi des activités et la prise en compte des questions de genre, de droits humains et d’assistance aux victimes de VBG. Ils connaissent fré-                                                                                                                          1 Entretien avec le personnel du ministère du genre, le 27 octobre 2010.

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quemment des démissions et des déperditions du personnel qualifié. Il est question de la révision de l’organigramme du ministère pour l’adapter aux contraintes de l’intégration du genre dans les programmes et plans sectoriels de développement.   3.1.4. La collaboration du ministère en charge du genre avec les autres mi-nistères semble se limiter, souvent, à la participation aux cérémonies d’ouverture / clôture, de lancement de projet, de célébration de journées commémoratives, etc. Dans le mécanisme d’allocation des ressources budgétai-res, le gouvernement tient compte de la transversalité du genre qui concerne plusieurs départements (ministères en charge de la Santé, de l’Éducation, de l’Agriculture, du Commerce, etc.). Il revient donc au ministère en charge des questions de genre de mettre en place un mécanisme de suivi de l’allocation budgétaire aux niveaux national et sectoriel et de s’assurer que les aspects liés au genre sont financés et réalisés, conformément aux octrois d’allocations bud-gétaires.     3.1.5. La mise en place de politiques effectives permettant de résoudre les problèmes urgents des femmes est une priorité de l’État qui doit mettre l’accent sur la sensibilisation et la formation des responsables du ministère des Finances en budgétisation sensible au genre. L’adoption et la mise en œuvre de la politique nationale du genre peuvent être un créneau favorable à la budgéti-sation selon le genre. Les lacunes et les possibilités d’intégration de la dimen-sion genre dans les budgets nationaux doivent être étudiées aussi bien par l’État que par les OSC et les PTF.   3.1.6. Des ONG et associations féminines travaillent dans les domaines des intérêts stratégiques, mais aussi des besoins et intérêts pratiques des fem-mes. C’est au cours des années 1980 que les premières associations et ONG féminines ont été créées : elles ont été renforcées avec la crise de 1993, avec leur dénombrement au niveau des collines. Dans le but de conjuguer leurs ef-forts, les associations féminines ont créé des collectifs et des réseaux suscepti-bles de permettre la coordination de leurs actions dans des domaines précis. Le mouvement féminin peut être compris comme une dynamique active au-tour des revendications pour l’égalité en droits entre l’homme et la femme. Ce-la suppose, au préalable, l’élimination des inégalités, des injustices et des dis-criminations à l’égard des femmes, la réduction de la pauvreté et la satisfaction de certains besoins pratiques et stratégiques. On compte un nombre important d’organisations faîtières comme le collectif des associations et ONG féminines du Burundi (CAFOB), l’ABFJO, l’association des femmes juristes (AFJB), la Ligue ITEKA, le centre Seruka, l’OLUCOME, la FAWE, etc. De nombreuses associations traditionnelles féminines ont également été créées au niveau des communes et collines pour l’entraide et la solidarité communautaires. Elles sont informelles et ne bénéficient pas souvent d’appui des CDF qui ne dispo-sent pas de moyens financiers et humains adéquats.

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3.1.7. Les organisations de la société civile sont cependant confrontées à des difficultés qui limitent leurs actions, comme la prééminence de certains fac-teurs culturels, l’analphabétisme prononcé chez les femmes, la culture politique de résignation, etc. La collaboration des OSC avec le ministère en charge des questions du genre se limite à la participation à des activités ponctuelles et dis-parates (ateliers et lancement de projets). La faiblesse du budget dudit ministè-re, la collaboration encore faible entre les associations féminines, le manque de concertation entre les femmes engagées dans la politique et celles de la société civile, la concentration des associations formelles et fonctionnelles au niveau des villes et la dépendance des associations vis-à-vis des bailleurs de fonds constituent aussi des insuffisances du mouvement associatif féminin. La dé-pendance financière des PTF peut être un frein à l’intégration du genre. Les OSC reconnaissent les limites de la politique genre au Burundi et les insuffi-sances du ministère en charge de la question ; c’est pourquoi elles préconisent l’application de la politique nationale de genre et surtout la mise en place des organes prévus pour l’opérationnalisation de cette politique. 3.1.8. L’État et les OSC ont bénéficié de l’appui de plusieurs partenaires techniques et financiers (PTF) dans le domaine du développement en général et de la prise en compte du genre en particulier. Il s’agit des organisations du système des Nations unies, des ONG internationales et de la coopération bila-térale, qui ont renforcé les capacités du ministère en charge du genre, en fi-nançant des programmes et projets de promotion et de défense des droits de la femme. Les PTF ont contribué à mieux positionner les OSC actives dans la promotion de la femme en les rendant aptes à exercer un plaidoyer en faveur de la reconnaissance des droits des femmes, à procéder à la relecture de cer-tains Codes (Code pénal et Code de la famille), l’acceptation de quotas dans les instances de décision (parlement, sénat, gouvernement et communes). La créa-tion du groupe thématique genre et développement (GT-GED) a permis d’élargir la participation des PTF en vue d’assurer une meilleure représentativi-té. 3.1.9. Les avancées observées en matière d’équité des sexes sont les résul-tats des actions combinées de l’État, des OSC et des partenaires techniques et financiers, ainsi que des leaders œuvrant avec le souci de la justice et de la paix. Cependant, les financements octroyés par les PTF sont ponctuels et ne cou-vrent pas les besoins exprimés par les partenaires nationaux à cause de la forte demande et de l’ampleur de certains problèmes à résoudre : VBG, analphabé-tisme, pauvreté, santé et VIH, énergie, etc. 3.2. Le cadre po l i t ique du genre 3.2.1. Des réformes de politique du pays dans le domaine du genre ont été entreprises dans le but de parvenir à un développement harmonieux tenant compte de l’égalité des sexes. Dans le cadre de la consolidation de la paix re-

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trouvée et de la relance de la reconstruction socio-économique du pays, le gou-vernement s’est doté de trois instruments importants : le cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP I) en 2006, le cadre stratégique pour la consolidation de la paix (CSCP) en 2007 et « la Vision Prospective Bu-rundi 2025 ». Cela était nécessaire dans un pays post-conflit et fragile, où toutes les actions de reconstruction nationale sont prioritaires. Dans le CSLP I de 2006, le gouvernement a retenu quatre axes d’intervention : (i) l’amélioration de la bonne gouvernance et de la sécurité ; (ii) la promotion d’une croissance du-rable et équitable ; (iii) le développement du capital humain et (iv) la lutte contre le VIH/Sida. 3.2.2. Le CSLP constitue le cadre de politique nationale contenant les gran-des réformes du pays en vue de réduire la pauvreté et d’accélérer la croissance économique. L’analyse du CSLP I a montré qu’il n’y a pas d’axe spécifique concernant la promotion de l’équité du genre et l’autonomisation de la femme et que le genre n’apparait pas non plus de manière transversale au niveau des différents axes. Cette insuffisance est préjudiciable à la réalisation de certaines politiques sectorielles sensibles au genre. Pour pallier l’absence d’axe sur l’équité du genre, l’ONU Femmes et le Secrétariat permanent des réformes économiques et sociales (SP/REFES) ont entrepris en 2010 l’analyse du CSLP

I pour appuyer le gouvernement à mieux prendre en compte les questions d’égalité de genre, des droits humains des femmes et de leur autonomisation dans le CSLP II, dont l’élaboration est prévue en 2011.   3.2.3. Le cadre stratégique pour la consolidation de la paix (CSCP) définit cinq domaines prioritaires où les actions de consolidation de la paix doivent être orientées, à savoir : la promotion de la bonne gouvernance, le secteur de la sécurité, la justice, la promotion des droits de l’homme et la lutte contre l’impunité, la question foncière et le relèvement économique. L’analyse du CSCP a par ailleurs établi que l’intégration du genre n’apparaît qu’en marge. Ainsi, un seul objectif sur six porte sur l’intégration du genre dans le processus de consolidation de la paix. Mais, grâce aux PTF, trente-sept organisations fé-minines ont créé le cadre de coordination des organisations féminines pour la consolidation de la paix et identifié les priorités des femmes en la matière ; ce qui dénote d’une prise de conscience des défis en matière de participation des femmes dans le processus de consolidation de la paix. 3.2.4. En septembre 2003, le gouvernement a adopté une politique nationa-le genre (PNG) assortie d’un plan d’action 2004-2008. L’objectif visé est de doter, pour cette période, le gouvernement et ses partenaires d’un instrument servant de cadre d’orientation institutionnel pour tous les secteurs de la vie na-tionale, tant publique que privée, en vue de corriger les déséquilibres liés aux inégalités de genre dans les domaines suivants : la pauvreté, l’emploi, l’agriculture, la santé, la culture, les traditions, la sécurité, la paix, l’éducation, les droits humains, la prise des décisions, l’information et la communication. Cette politique est présentée comme un outil important permettant de faire

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pression sur tous les intervenants en matière d’égalité des genres pour éradiquer la discrimination et d’autres disparités liées au genre. La PNG prévoit un cadre institutionnel pour la mise en œuvre des actions définies avec des organes comme le conseil national genre (qui sera présidé par le président de la République), le comité technique chargé de la mise en œuvre de la politique nationale et le secrétariat exécutif permanent. Un Secrétaire exécutif permanent devra coordonner le travail des experts par secteur. Cependant, les institutions et organes prévus dans la PNG n’ont pas été mis en place. C’est pourquoi le ministère de tutelle a décidé, avec l’appui du PNUD, d’évaluer, de manière par-ticipative, les activités menées et de réactualiser la politique pour la période 2010-2014. 3.3. Le cadre jur idique du genre 3.3.1. L’égalité entre les femmes et les hommes tire sa légitimité d’un en-semble d’instruments juridiques et législatifs nationaux et internationaux. Pour concrétiser la volonté politique de prise en compte du genre, le gouvernement a adopté des législations nationales pour promouvoir les droits des femmes et le renforcement de l’égalité des sexes. On peut citer, parmi ces innovations, la Constitution de 2005, le Code électoral, le Code pénal de 2009 et le Code des personnes et de la famille de 1993. 3.3.2. La Constitution de la République du Burundi garantit le principe de l’égalité des deux sexes :

« Tous les Burundais sont égaux en mérite et en dignité. Tous les citoyens jouissent des mê-mes droits et ont droit à la même protection de la loi. Aucun Burundais ne sera exclu de la vie sociale, économique ou politique de la nation du fait de sa race, de sa langue, de sa reli-gion, de son sexe ou de son origine ethnique ».

L’article 19 indique que la CEDEF fait partie intégrante de la Constitution, à l’instar de toutes les conventions qui reconnaissent les droits fondamentaux. Cependant, elle n’est pas entièrement respectée et appliquée, car les textes de loi d’application ne sont pas révisés. La femme burundaise subit encore des discriminations aux niveaux juridique, politique et socio-économique et cela au nom de la coutume et en toute impunité, etc. 3.3.3. Le décret-loi n° 1/024 du 28 avril 1993 a promulgué la réforme du Code des personnes et de la famille pour mettre fin aux dispositions anachro-niques qui discriminent la femme. Ce document renferme encore des inégalités qui violent l’esprit de la CEDEF, ratifiée par le gouvernement. On peut citer parmi elles : l’article 38 relatif à la déclaration de naissance, l’article 122 qui dé-signe le mari comme chef de famille, l’article 145, alinéa 6, relatif au mariage d’un impubère, etc. Malgré les réactions des OSC et des PTF, ce Code régit encore la vie des femmes et des hommes.

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3.3.4. Le 22 avril 2009, un nouveau Code pénal a été voté par l’Assemblée nationale et promulgué pour renforcer la répression des violences sexuelles, des violences domestiques, du harcèlement sexuel (art. 560) et interdire la polyga-mie (art. 530). La plupart des femmes parlementaires se sont mobilisées pour imposer des modifications relatives aux violences faites aux femmes. Les insuf-fisances signalées à ce niveau sont en particulier le manque de dispositions rela-tives à la protection juridique des femmes en garde à vue ou incarcérées. 3.3.5. La loi n° 1/22 du 18 septembre 2009, portant révision de la loi no 1/05 du 20 avril 2005 portant Code électoral, précise, dans certains articles, les modalités de participation des femmes dans les structures de gouvernance, dans la vie politique aux niveaux local et national. En ce qui concerne les élec-tions législatives, le Code précise que « les listes doivent avoir un caractère multiethni-que et tenir compte de l’équilibre de genre. Pour trois candidats inscrits à la suite sur une lis-te, deux seulement peuvent appartenir au même groupe ethnique et au moins un sur quatre (1/4), doit être une femme 1 ». Il est exigé qu’au moins 30 % de femmes soient élues au suffrage universel ou au moyen des mécanismes de cooptation dans le cas où le suffrage ne reflète pas ce pourcentage (art. 164). La même représenta-tion est exigée pour le Sénat, conformément à l’article 180 de la Constitution. Il en est de même du Conseil communal qui, selon l’article 181 du Code électoral, doit disposer d’au moins de 30 % de femmes sur les quinze membres. 3.3.6. L’article 33 de la loi sur les partis politiques prévoit qu’aucun organe dirigeant d’un parti politique ne peut comprendre plus de trois quarts des membres provenant du même sexe. Pour le respect de l’application des textes ci-dessus mentionnés et une grande visibilité des femmes lors des élections de 2010, le ministère en charge des questions du genre et les OSC ont mené des actions en faveur de l’application du Code électoral.

Selon les observateurs de l’Union européenne, les élections de 2010 ont tenu compte du genre dans les structures de conduite du processus. La partici-pation des femmes a été effective à tous les niveaux (CENI, CEPI, CECI et membres des BV). Les femmes étaient également très nombreuses parmi les mandataires politiques, les observateurs nationaux et les électeurs. Le taux d’enregistrement des femmes sur les listes électorales a même été supérieur à celui des hommes (51,4 %) et le pourcentage de femmes élues a atteint plus de 30 %. Mais au niveau des communes et des collines, la représentation était fai-ble en raison de l’idéologie patriarcale dominante dans ces zones. 3.3.7. Le nouveau Code pénal reconnait différentes formes de violences basées sur le genre : le viol conjugal, les mutilations génitales féminines, le viol ou les violences sexuelles par une tierce personne, le viol sur mineur, le rapt de

                                                                                                                         1 Article 127 de la loi n° 1/22 du 18 septembre 2009 portant révision de la loi n° 1/15 du 20 avril 2009 portant Code électoral.

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femmes, le mariage des enfants, le mariage forcé (par exemple le lévirat) 1, la maltraitance des veuves, le harcèlement sexuel sur les lieux de travail et dans les établissements d’enseignement et la traite des femmes. Des dispositions punis-sant ces différentes infractions existent dans les articles 554 à 559 du Code. Leur application pose problème, car ces lois ne sont pas connues du public. Les femmes victimes de violence ne font pas recours à la police ni à la justice, par manque de confiance. Ainsi, les statistiques sur les violences restent in-complètes. 3.3.8. La République du Burundi a ratifié, sans réserve, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CE-DEF) par le décret-loi n° 1/006 du 4 avril 1991, considérée comme une oppor-tunité pour l’amélioration des conditions juridiques des femmes. Le Burundi a été félicité à la 813e et à la 814e session des Nations unies pour avoir pris en compte la CEDEF dans la Constitution de 2005, mis en place un Comité de Pilotage de la résolution 1325 et signé le Protocole facultatif se rapportant à la Convention, en novembre 2001. Des observations et recommandations relati-ves aux dispositions discriminatoires dans les différents Codes ont été faites par des sessions de l’ONU. Elles ont mis l’accent sur l’égalité des sexes en ma-tière de succession, de régimes matrimoniaux et de libéralités, la fourniture des services d’assistance juridique aux femmes victimes de violence (qui n’arrivent pas à se faire entendre au niveau des services de sécurité et de la justice), l’organisation de campagnes de sensibilisation et d’information à l’intention des femmes et des hommes sur tous les textes relatifs au genre et l’allocation de ressources humaines et financières adéquates, de manière à permettre la mise en œuvre de la politique nationale genre et de son plan d’action. 3.3.9. Malgré les difficultés politiques et socioéconomiques auxquelles le pays fait face depuis des décennies, des efforts ont été déployés par les pou-voirs publics et les OSC pour appliquer les droits protégés par la Convention. Les facteurs favorisant cette situation sont : la volonté politique qui se manifes-te par la création et le fonctionnement d’un ministère en charge du genre, la présence de nombreuses associations de défense des droits de la femme et l’engagement de partenaires techniques et financiers auprès des acteurs natio-naux. Sur le plan politique et juridique, les textes adoptés mettent en exergue la nécessité de la prise en compte du genre à tous les niveaux. Ces facteurs ont eu des résultats fort appréciables dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’emploi, de la prise de décision, etc. 3.3.10. Les femmes ont accédé à des postes de responsabilité élevés, avec un quota de plus de 30 % au Parlement et au gouvernement. Au niveau des mécanismes institutionnels chargés de la promotion des droits de la femme, la

                                                                                                                         1 Lévirat signifie l’obligation pour un homme d’épouser la veuve de son frère mort (Petit La-rousse 2009). Sororat signifie que la sœur cadette de l’épouse décédée vient remplacer celle-ci auprès du mari (Petit Larousse 2009).

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synergie de diffusion de la CEDEF a permis une meilleure connaissance des droits de la femme. Cela explique leur présence beaucoup plus importante lors des différentes élections de 2010. Cependant, des facteurs défavorables à la pri-se en compte du genre existent. Le droit coutumier, par exemple, continue d’être reconnu par l’État, ce qui a des répercussions néfastes sur les droits des femmes en matière de succession, de régimes matrimoniaux et de libéralités. En cas de plaintes de la femme, les jugements rendus en sa faveur ne sont, en général, pas exécutés. L’insuffisance de statistiques sur des plaintes déposées dans ce sens est une contrainte majeure. Un projet de loi portant sur la succes-sion, les libéralités et les régimes matrimoniaux a été élaboré en 2004 par des OSC (AFJB, CAFOB, etc.). Il a été examiné par le gouvernement en 2006 et le Conseil des ministres a décidé de le soumettre à un référendum. 3.3.11. Les organisations de défense des droits de la femme constatent, avec préoccupation, que les juges, les avocats, les procureurs, et les femmes ne sont pas suffisamment informés des dispositions de la Convention ni de ses recommandations générales. La persistance des comportements patriarcaux et des stéréotypes ancrés depuis des siècles dans les usages, les pratiques et les coutumes s’explique par l’acceptation des croyances considérées comme des normes sociales justifiées qu’il convient de maintenir. L’adoption de la politi-que nationale relative au genre par le conseil des ministres, en décembre 2003, n’a pas été suivie par la mise en place des mécanismes de suivi prévus, notam-ment le Conseil national genre, le Comité technique genre et le Secrétariat exé-cutif permanent du Conseil national genre.

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IV. Analyse genre par secteur 4.1. Genre , agr i cu l ture e t déve loppement rural 4.1.1. Le Burundi vit essentiellement de la production agropastorale, qui réalise plus de 50 % du PIB. Les statistiques ont montré que 94,3 % de la po-pulation dépendent de l’agriculture de subsistance. Le secteur agricole emploie environ 60 % de la population active, dont 77 % sont des femmes. Le pour-centage de femmes actives dans les activités de culture et de maraichage reste élevé. Dans le domaine de l’élevage et de la pêche, les données statistiques ne sont pas disponibles, mais il est établi que les femmes sont surtout actives dans la production et la transformation des sous-produits de l’agriculture et de l’élevage. Cependant, elles sont moins présentes au niveau de la commerciali-sation. Le sous-secteur de la pêche demeure encore l’apanage des hommes.      

Graphique 1. Population active par sexe dans le secteur agricole    

   

Source : UNICEF, Analyse de situation de la Femme et de l’Enfant au Burundi, 2009.       4.1.2. La forte densité d’occupation des sols et l’exploitation agricole de petite échelle, dominée par la culture de rente, ont amenuisé les revenus de nombreux ménages qui vivent désormais en situation d’insécurité alimentaire prononcée. Ces conditions de vie difficiles que connaissent les zones rurales ont un impact direct sur la pauvreté des femmes qui ne bénéficient pas d’encadrement agricole adéquat, d’approvisionnement en intrants et d’accès

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aux infrastructures agricoles. Pour toutes ces raisons, les femmes rurales agri-cultrices n’ont pas accès aux crédits agricoles.   4.1.3. Suite à l’infertilité graduelle du sol, à la pression démographique et aux effets du changement climatique, la production vivrière (haricot, manioc, patate douces) a chuté d’environ 20 % pendant ces dix dernières années. En 2008, le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage a adopté une “Stratégie na-tionale agricole” assortie d’une politique sectorielle agricole qui trace les gran-des lignes du développement agricole à savoir : (i) l’accroissement durable de la productivité et de la production agricole ; (ii) la promotion des filières et de l’agrobusiness ; (iii) l’appui à la professionnalisation des producteurs et le déve-loppement des initiatives privées ; (iv) le renforcement des capacités de gestion et de développement du secteur agricole. Outre ces orientations politiques, les moyens (humains, matériels, financiers) mis à disposition restent faibles dans un contexte où la problématique genre n’est pas toujours perçue comme une entrave au développement de la filière. Cette stratégie du gouvernement tarde cependant à avoir les effets souhaités, compte tenu de la conjoncture écono-mique, des aléas climatiques, du déficit budgétaire et du faible niveau de la ré-ponse nationale.   4.1.4. Bien que les potentialités agricoles soient énormes au Burundi 1, le secteur agricole n’a bénéficié entre 2001 et 2007 que de 1,6 % du budget na-tional. L’analyse du secteur agricole révèle des disparités de genre quant à la volonté affichée du gouvernement de le promouvoir et au niveau d’application des principes directeurs de la dite politique (budget alloué, axes, etc.). Le genre n’est pas perceptible au niveau des axes stratégiques, alors que les femmes constituent la principale main-d’œuvre.  

                   

4.1.5. Le régime foncier est dominé par la gestion patriarcale qui ne permet pas aux femmes de devenir facilement propriétaires. À cela s’ajoute la démo-graphie galopante, les conflits récurrents et la conjoncture économique qui fa-vorisent l’émergence de nouveaux propriétaires terriens et exacerbent les ris-

                                                                                                                         1 En 2007, la FAO a estimé la surface des exploitations agricoles à 22 950 km2 sur une super-ficie totale de 27 834 km2.

Encadré 2

Le FAO avait adopté une stratégie genre centrée sur les femmes agri-cultrices qui bénéficiaient d’intrants et d’équipements agricoles, mais compte tenu de l’accaparement des biens par leurs conjoints, cette politique a dû être révisée et désormais orientée vers l’approche « ménage » profitant à l’ensemble de la famille.  

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ques de tension. La loi portant Code foncier de 1986 distingue les terres do-maniales des terres non domaniales (non enregistrées). Ainsi, les terres non domaniales appartenant à des particuliers sont régies par le droit coutumier et transmises de père en fils ; ce qui exclut d’office les femmes et les filles de la propriété foncière. La question foncière demeure un défi majeur pour les femmes non seulement du fait de la non-résolution des conflits fonciers qui sont exacerbés par le retour massif des refugiés, mais aussi de leur faible accès à la terre en tant que personnes vulnérables (veuves, orphelines), sans compter la gestion obsolète des ressources foncières par l’État et les institutions tradi-tionnelles de gestion du foncier agricole. 4.1.6. En effet, les perturbations et la destruction des bases de la produc-tion agricole, la crise financière internationale, la réduction des activités des secteurs secondaire et tertiaire et l’accroissement du nombre de personnes vulnérables (sinistrés, déplacés, refugiés, handicapés) ont réduit les possibilités d’accès des femmes à la terre. Les conflits liés à la terre sont fréquents et la proposition des organisations de la société civile concernant le vote d’une nouvelle loi plus égalitaire rencontre de vives résistances. Même le « Bashingantahe » demeure impuissant face aux problèmes relatifs à la gestion du foncier. L’élaboration de la lettre de politique foncière et la mise en place d’un comité technique élargi pour la révision du domaine foncier sont des ac-tes majeurs posés par le gouvernement. Cette initiative est suivie de près par certaines associations et ONG (OLUCOME, CAFOB, OAG, AFJB, Ligue ITEKA, etc.) qui ont fait de la question de la terre leur cheval de bataille. 4.1.7. Le cadre stratégique pour la réduction de la pauvreté (CSLP I) a pré-vu plusieurs actions pour réduire les risques de conflits fonciers nés de la guer-re, sans pouvoir traiter, de façon explicite, la problématique de l’accès des femmes aux terres. Les femmes propriétaires de terre ne sont pas nombreuses et sont surtout concentrées en milieu urbain où elles peuvent acquérir des lots à usage d’habitation. La femme peut aussi bénéficier de la terre en cas de force majeure (décès du conjoint, situation de fille unique, etc.). En zone urbaine où vivent seulement 8 % de la population, la coutume demeure vivace et la plu-part des femmes se trouvent obligées, pour sauver leur couple, de mettre leurs biens immobiliers au nom de leur conjoint. 4.1.8. En 2005, une étude conjointe de la FAO, du PAM et de l’UNICEF a classé 84 % des ménages parmi les groupes à risque d’insécurité alimentaire ; 16 % en insécurité chronique, 11 % faiblement vulnérables et seulement 5 % sans problème d’insécurité alimentaire. Les femmes enceintes et allaitantes, les adolescentes et les enfants âgés de 12-59 mois sont à fort risque de malnutri-tion 1. L’enquête nutritionnelle réalisée par l’UNICEF a montré que le taux

                                                                                                                         1 République du Burundi, vice-ministère chargé de la Planification, Enquête nationale d’évaluation des conditions de vie de l’enfant et de la femme au Burundi-2005, Rapport défi-nitif, Agence d’Exécution : Institut de Statistiques et d’Études économiques du Burundi, IS-

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moyen de malnutrition chronique est passé de 46 % en 2007 à 60 % en 2010 1. Selon la classification mondiale sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle ré-alisée sur 163 pays, le Burundi fait partie des trois derniers pays et se classe juste avant l’Afghanistan et la RDC. Pour améliorer la sécurité alimentaire, dif-férentes actions ont été entreprises par le gouvernement avec l’appui des par-tenaires au développement. Le gouvernement a fait une analyse de la sécurité alimentaire et nutritionnelle (IPC) à la suite d’un atelier qui s’est déroulé à Gi-tega, du 9 au 14 août 2010, en vue d’éradiquer les risques d’insécurité alimen-taire qui touchent particulièrement les femmes, principales pourvoyeuses de vivres alimentaires. 4.1.9. Les recommandations suivantes sont proposées en leur faveur : faciliter l’accès au crédit et la commercialisation des produits agricoles, appuyer finan-cièrement les femmes dans les activités connexes notamment la pêche, former les monitrices agricoles et promouvoir les emplois agricoles, former les fem-mes aux techniques de transformation et de conservation des produits agrico-les, appuyer la modernisation des pratiques agricoles, favoriser l’acquisition des intrants et matériels agricoles et le financement des alternatives à l’agriculture (artisanat, tourisme et commerce). 4.2. Genre e t éducat ion 4.2.1. Le système éducatif burundais comprend l’éducation formelle (prés-colaire, primaire, secondaire et supérieure) et l’éducation non formelle (éduca-tion familiale, le Yaga Mukama 2, l’alphabétisation, l’apprentissage professionnel et l’éducation spéciale). La Constitution adoptée en 2005 stipule l’équité et la participation populaire à la gouvernance au Centre des droits des citoyens et des obligations de l’État : « Tout citoyen dispose d’un droit égal à l’instruction, à l’éducation et à la culture. L’État a le devoir d’organiser l’enseignement public. Toutefois, le droit de créer des écoles privées est garanti dans les conditions fixées par la loi » (art. 34). 4.2.2. L’engagement de l’État à l’atteinte de l’objectif 2 des OMD « Assurer l’éducation primaire pour tous d’ici 2015 » s’est traduit dans le CSLP I et vise à parvenir à : l’achèvement de l’éducation primaire de qualité pour tous les enfants en 2015, la parité de genre dans l’éducation primaire et secondaire 3. La prise en compte du genre au sein de l’enseignement formel remonte à la réforme de 1973 qui a

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     TEEBU, Enquête réalisée avec le soutien technique et financier de l’UNICEF en collabora-tion avec le FNUAP et la Banque mondiale, Bujumbura, décembre 2008, 114 p + annexes. 1 Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage (MINAGRIE), Situation de la sécurité alimentaire au Burundi, Bujumbura, novembre 2010. Voir aussi : FAO, Représentation de la FAO au Burundi, Unité de Coordination des opérations agricoles d’urgence et de réhabilitation, FAO/Burundi, Plan d’action 2010/2011, Bujumbura, 2008, 54 p. 2 Une forme d’éducation destinée aux jeunes, Étude UNICEF, mai 2009. 3 Projet de Plan sectoriel de développement de l’éducation et de la formation 2009-2016, Bu-jumbura, juin 2009.

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permis l’adaptation des systèmes d’apprentissage aux réalités du pays, avec l’introduction de la « kirundisation » (langue locale) au primaire. Ces mesures ont impliqué une discrimination positive pour améliorer l’accès des filles à l’enseignement secondaire : la moyenne qui permettait aux filles de passer vers le secondaire, légèrement inférieure à celle des garçons, a été instituée à travers le programme d’éducation des filles (AGE) dans le cadre de « l’éducation pour tous ». 4.2.3. L’éducation est un axe important d’intervention de l’État qui lui consacre 46 % de son budget. La gratuité de l’éducation au primaire, introdui-te en 2006 par le gouvernement, a permis d’augmenter le taux brut de scolari-sation. En juillet 2009, le gouvernement s’est également doté d’une politique nationale de l’éducation des filles. À la rentrée scolaire 2008/2009, le taux de scolarisation était de 130 % (contre 81,1 % en 2005). Le taux brut de scolarisa-tion des filles a été de 119,1 % 1 contre 126,3 % pour les garçons. Au niveau du primaire, le taux net de scolarisation est en hausse, passant de 44 % en 2000 à 59,8 % en 2005 pour atteindre 89,7 % en 2009. La parité filles-garçons a également évolué avec un taux net de scolarisation de 77,9 % dont 77,1 % pour les filles en 2008. Entre 2005 et 2009, la parité filles-garçons a passé de 0,86 à 0,97 tandis que le taux d’achèvement varie de 34,7 % à 46 %. Le taux d’abandon des classes a régressé de 19,5 % en 2005 à 3,83 % en 2009. Au ni-veau national, le ratio élèves-maîtres est passé de 49 élèves par enseignant en 2005 à 51,9 en 2009. Toutefois, ce ratio présente des disparités selon les pro-vinces et varie de 33 à 76 élèves par enseignant. 4.2.4. La parité 2 filles/garçons est garantie au niveau des garderies scolai-res, avec un taux de 50-50 et les écoles maternelles, avec 49,4 % de filles ; le taux d’achèvement est très élevé dans ces structures. Pour l’enseignement non formel, l’analphabétisme touche 59,4 % avec, au plan national, un taux de 67,3 % d’hommes et de 52,2 % de femmes. Le taux d’analphabétisme des femmes/filles âgées de 15-49 ans est de 56,8 % 3. Toutefois, en 2009, le taux d’alphabétisation des adultes est monté jusqu’à 78 % pour les 15-24 ans 4. Le personnel enseignant a évolué positivement, passant de 82,7 % en 2000 à 92,6 %, dont 49,2 % de personnel féminin en 2009.

                                                                                                                         1 Ministère de l’Enseignement primaire et secondaire, Bureau de la planification de l’éducation Indicateurs 2006/2007 et 2007/2008 de l’Enseignement au Burundi, février 2009, Bujumbura. 2 Professeur Joseph Ndayisaba et M. Fortunat Ntafatiro, Bujumbura, 2003. 3 Données de 2010, UNICEF, Bujumbura. 4 République du Burundi [Ministère du Plan et de la Reconstruction], Programme des Na-tions unies pour le Développement, Rapport Burundi 2010 sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement, Bujumbura, juillet 2010, 89 p.

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Graphique 2. Évolution de la fréquentation scolaire au niveau du primaire 1

 Source : Bilan cadre du CSLP I, Performance et impact sur la période 2007-2009, Bujumbura novembre 2010. 4.2.5. L’analyse genre du système formel de l’éducation révèle que les dis-parités entre filles/garçons apparaissent au fur et à mesure que le niveau d’études augmente. Au primaire, les filles représentent 89,7 % des effectifs, mais dans l’enseignement secondaire général et supérieur elles correspondent seulement à 41 %, 28 % des inscriptions et 32 % des effectifs dans l’enseignement technique. Ces taux varient en fonction des filières : 70 % des effectifs des filles dans les filières tertiaires et 15 % dans les filières agro-industrielles et industrielles. En 2010, les filles représentent à peine 25 % au niveau de l’enseignement supérieur. Ces chiffres sont la conséquence des fac-teurs multiformes qui ont une influence négative sur les performances scolai-res des filles. Les indicateurs de rendement interne montrent des écarts impor-tants entre les filles et les garçons. Le taux d’abandon des classes, par les filles, est élevé et s’explique par diverses raisons : grossesses non désirées (70 % des cas rapportés), mariage précoce, harcèlement sexuel et chantage par certains enseignants ainsi que la réticence des parents (milieu rural). Les questions de genre ne sont pas prises en compte dans les pratiques pédagogiques et les ma-

                                                                                                                         1 République du Burundi, Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP I. 2007-2009), Évaluation de la performance et de l’impact, Bujumbura, octobre 2010, 85 p. + annexes.

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nuels scolaires sont inadaptés aux besoins pratiques des filles (stéréotypes gen-re). 4.2.6. À l’inadéquation des programmes et des matériels didactiques et à l’absence d’un cadre propice à la promotion de la fille (poids de la tradition, etc.), s’ajoutent l’insuffisance des infrastructures et équipements scolaires, la faible qualification des enseignants face aux nouveaux défis des TIC ainsi qu’un environnement social, économique et juridique défavorable aux filles. Si des actions sont menées par les pouvoirs publics, les PTF (UNICEF, UNES-CO, coopérations bilatérales, etc.), les ONG et associations comme FAWE en vue de promouvoir l’éducation des enfants et de réduire les écarts de genre dans le secteur de l’éducation, force est de reconnaitre que les inégalités de sexes 1 perdurent dans le système éducatif. 4.2.7. Les recommandations suivantes ont été faites pour faire face à cette situation : améliorer la qualité de l’enseignement et adapter les supports péda-gogiques et didactiques aux besoins pratiques des filles et des garçons, favori-ser l’éducation des filles en tenant compte des paramètres que sont : la vulné-rabilité liée à la pauvreté, le nombre d’enseignantes, la grossesse ou mariage précoce, la distance à parcourir, les VBG, le VIH, l’appartenance ethnique, la situation des parents (disparus, un seul parent). Il importe donc de créer un environnement propice à l’éducation des enfants et d’augmenter les infrastruc-tures scolaires et les ressources (humaines, matérielles et financières), les dé-penses budgétaires en faveur de l’enseignement secondaire, supérieur et la re-cherche scientifique tout en mettant l’accent sur l’enrôlement des filles. Il est aussi question de mettre en place des mécanismes spécifiques pour promou-voir l’éducation des filles et des enfants en situation difficile (pauvres, orphe-lins, handicapés, déscolarisées et analphabètes) et de multiplier les programmes d’alphabétisation, tout en favorisant les activités d’IEC à l’endroit de la popu-lation pour une meilleure appréhension et intériorisation du genre. 4.3. Genre e t santé 4.3.1. Le profil épidémiologique du Burundi révèle un tableau très sombre, au regard des taux de mortalité et de morbidité. Le taux de morbidité en fonc-tion du sexe est de 41,6 % avec 21,9 % pour les femmes et 19,6 % pour les hommes. Les indicateurs de santé révèlent une disparité de genre liée à l’accès aux soins de santé, mais aussi à l’inadéquation de la politique sanitaire aux be-soins pratiques des femmes (suivi PTME, personnel médical, ressources, hu-maines et matérielles, etc.). Selon le rapport EPISTAT 2009, l’accès aux infras-tructures sanitaires, dans un rayon de 5 km, est de 12 039 habitants pour un

                                                                                                                         1 Selon l’Enquête Intégrée auprès des Ménages (ELIM 2006), l’analyse relationnelle des taux de scolarisation 2002-2006 donne des écarts respectifs de 21,67 % et de 20 % ; en 1995, cet écart était de 15,6 %.

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centre de santé. Au niveau national, le nombre de décès maternels représente près de 40 % de l’ensemble des décès chez les femmes en âge de procréer. La mortalité maternelle demeure très élevée, avec 615 décès pour 100 000 nais-sances vivantes, tandis que le taux de mortalité néonatale est de 42 pour 1000 naissances vivantes 1. Le taux de mortalité infantile est estimé à 120 pour 1000 naissances vivantes. Le taux de mortalité juvénile (-5 ans) est de 176 pour 1000 naissances vivantes.

4.3.2. La gratuité des soins de santé a été appliquée suite au décret prési-dentiel n° 100/136, du 16 juin 2006, portant subventions des soins aux enfants de moins de 5 ans et des accouchements dans les structures de soins publiques et assimilées. Le taux d’accouchement dans les centres de santé a atteint 56,3 % en 2009 2, tandis que le taux d’accouchement assisté par une personne qualifiée n’intervenait que dans 20,6 % des cas. En 2009, le taux de couverture contraceptive a été porté à 13,4 % contre 9,4 % en 2007 ; mais la disparité en-tre zones rurales et urbaines reste forte ; par exemple, il est de 41,4 % à Bu-jumbura-Mairie et 5,5 % dans la province de Mwaro. Avec la distribution gra-tuite des moustiquaires, le nombre de femmes enceintes dormant sous mous-tiquaires passe de 13,2 % en 2005 à 38,8 % en 2007. Le taux de couverture en moustiquaires imprégnées a atteint 28 % chez les femmes enceintes et le nombre de femmes dormant sous moustiquaires imprégnées a varié de 7,1 % à 29,6 %. Pour ce qui est du taux de séroprévalence au VIH/Sida, il est de 4,02 % chez les femmes pour une moyenne nationale de 2,9 %. Les profes-sionnelles du sexe, les enfants et les déplacés sont les couches les plus expo-sées. 4.3.3. L’accès des femmes aux soins obstétricaux et néonataux d’urgence et de base (SONUB), l’assistance médicale par un personnel qualifié, l’existence                                                                                                                          1 Ministère de la Santé et de la Lutte contre le VIH/Sida : Plan stratégique de la réponse du secteur de la santé face au VIH/Sida et aux IST au Burundi pour la période 2010-2015, Bu-jumbura, novembre 2009. 2 Ministère de la Santé publique, Programme national de la santé de la reproduction : bilan des activités, exercice 2009, Bujumbura, août 2010.

Encadré 3

La gratuité des soins instituée en mai 2006 a été certes une initiative salutaire pour les populations les plus pauvres, mais cette mesure est contraire aux principes de la santé de la reproduction (planning fami-lial), dans un contexte où la qualité des soins et la pérennisation des fonds (90% proviennent de l’aide internationale) posent problème.

 

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d’équipements et le système de permanence médicale restent encore très limi-tés. En effet, 40 % des centres de santé ne disposent pas de maternité, avec une forte disparité entre les provinces. Sur les 685 centres de santé publics, privés, agréés et fonctionnels, 78, soit 69,7 %, offrent des services de planning familial (PF). La mortalité maternelle a reculé de 855 en 2002 à 615 en 2009. Le taux de couverture vaccinale a atteint 83,9 %. Le taux de fréquentation des hôpitaux et des centres de santé à l’intérieur du pays est resté inférieur à 50 % 1 en 2007 (41,1 %) et a atteint 56,3 % en 2009. 4.3.4. Pour ce qui est de l’accès des femmes/filles aux soins de santé de ba-se, des efforts remarquables ont été enregistrés avec la gratuité des soins de santé primaires instituée par le gouvernement à partir de 2006. La suppression des frais d’accouchement, y compris pour les césariennes, dans les centres de santé, a eu un impact immédiat sur le nombre d’accouchements assistés par un médecin ou une sage-femme, passant ainsi de 27,7 % en 2000 à 41 % en 2006, pour atteindre 56,3 % en 2009. Cette mesure a aussi favorisé l’accès des popu-lations les plus démunies, surtout les femmes, aux services de santé. En 1999, le taux de mortalité infantile était de 800 pour 100 000 naissances vivantes ; aujourd’hui il est tombé à 120 pour 100 000 naissances. Toutefois, l’objectif visé dans le document du Cadre stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP I) n’a pas été atteint. 4.3.5. L’insuffisance des infrastructures sanitaires, le manque de personnel qualifié et suffisant dans les centres de santé, l’éloignement des établissements sanitaires de certaines zones rurales, la pauvreté couplée à la fragilité des fem-mes enceintes et allaitantes déterminent l’accès des femmes aux services de santé et montrent la faible adéquation des politiques aux réalités du pays. Il en résulte une stagnation du taux d’accouchement assisté depuis 2008, d’où l’intérêt de réfléchir sur d’autres déterminants d’un accouchement assisté, au-delà de l’accessibilité financière promue avec la politique de gratuité des soins. Une réflexion sur les mécanismes d’amélioration de la qualité des soins au ni-veau des structures et de la population s’avère nécessaire pour un changement de comportement et un meilleur accès aux soins de santé, surtout chez les femmes et les filles ayant des besoins spécifiques (grossesse, accouchement, avortement, saignement, IST, fistule, excision, etc.). 4.4. Genre e t in frastructures ( transports e t énerg ie )   4.4.1. Les années de conflit armé ont sérieusement affecté le réseau routier qui est relativement pauvre. En raison de l’insuffisance des routes et de l’insécurité sur celles qui existent, les femmes productrices en milieu rural                                                                                                                          1 République du Burundi, ministère de la Santé publique, Plan national de développement sanitaire 2006-2010, Bujumbura, 13 décembre 2005 ; République du Burundi, ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le VIH/Sida, Orientations stratégiques sur la santé communautaire au Burundi, Bujumbura, janvier 2012, 34 p.

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avaient du mal à acheminer leur production vers les marchés. La période post-conflit, à partir de 2006, a été marquée par le retour des partenaires financiers pour le développement des infrastructures. Aujourd’hui, le réseau routier a une longueur de 12 322 kilomètres 1 dont seulement 11,3 % (1 401 km) de routes modernes bitumées et plus de 5 800 kilomètres de routes latéritiques et environ 6 600 km de pistes non latéritiques. Dans le cadre de la mise en œuvre de sa stratégie de développement économique et de réduction de la pauvreté, l’État a défini un programme d’amélioration du réseau routier, afin de stimuler les sec-teurs de production. Des dispositions pour la prise en compte du genre adop-tées dans le cadre de ce programme apporteront des améliorations à la condi-tion de la femme. 4.4.2. En 2009, l’Agence burundaise des travaux d’intérêt public (ABUTIP) a été créée. Plusieurs partenaires interviennent dans le financement des routes, des transports et des bâtiments publics. La BAD apparait comme un partenaire de taille dont les financements servent à l’extension et à la réhabilitation des infrastructures électriques, à l’aménagement agricole (des bassins versants, du Lac Tanganyika) à la réalisation des infrastructures hydrauliques rurales, à la construction de routes vitales pour l’économie du pays. L’État a défini des priorités dans ce secteur (réhabilitation, modernisation et bitumage) qui per-mettraient une véritable relance économique. En plus des routes, l’État prévoit l’extension et la modernisation du transport aérien et fluvial, dans le but de dé-velopper l’économie. 4.4.3. Dans le secteur des infrastructures, les appels d’offre encouragent les candidatures féminines ; au niveau de l’emploi pour les travaux à haute intensi-té de main-d’œuvre, on note de plus en plus de femmes sur les chantiers com-me manœuvres ou spécialistes. En 2009, l’ABUTIP a créé 922 000 emplois hommes/jour décomposés ainsi : 183 300 féminins et 738 700 masculins 2. Le revenu généré par le secteur en 2009 s’élève à plus de 2 milliards de francs CFA dont un pourcentage, non défini, pour les femmes. Aucune étude n’a encore été menée, sur le plan national, pour déterminer l’impact du financement des routes sur le genre en termes de création d’emploi et d’essor des activités éco-nomiques des femmes et des hommes. Cependant, cette question est une pré-occupation des responsables qui ont proposé aux partenaires l’augmentation de l’enveloppe financière destinée aux infrastructures, au renforcement des capaci-tés des agents en charge de la conception, de la planification et du contrôle des réalisations et de l’étude d’impact des routes sur le genre. 4.4.4. L’amélioration des transports ruraux permettant de relier les zones de production aux zones de consommation et d’assurer l’accès aux services so-ciaux de base permet de réduire les contraintes que connaissent les femmes et

                                                                                                                         1 BAD, Revue à mi-parcours du DSP, septembre 2010. 2 Entretien avec le conseiller technique du ministère des Transports, des Travaux publics et des Équipements.

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les hommes dans les zones rurales. Les femmes rurales rencontrent beaucoup de difficultés pour accéder aux services sociaux de base comme les marchés et les centres de santé. Il est donc important, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de genre, de porter une attention particulière au développement des moyens de transport adaptés aux besoins des hommes et des femmes. 4.4.5. Malgré l’important potentiel hydroélectrique du pays, le taux d’accès à l’électricité est de 2,1 % en moyenne entre 2007 et 2010, l’un des plus bas du monde et la consommation moyenne ne dépasse guère 23 kWh/habitant/an. À cause de ce faible taux d’accès, le bois consommé principalement à des fins de cuisson, constitue et constituera encore, pendant longtemps, la principale sour-ce d’énergie pour les ménages aussi bien ruraux qu’urbains pauvres. En effet, la grande majorité de la population vit en milieu rural et consomme essentielle-ment du bois brut comme source d’énergie domestique. En plus du bois, les habitants des zones urbaines et périurbaines consomment surtout du charbon de bois pour la cuisson et un peu d’électricité. L’approvisionnement de la fa-mille en bois est assuré par la femme et la fille, ce qui leur prend énormément de temps, car elles parcourent de longues distances pour le trouver. L’accès des femmes à l’électricité leur permettra de gagner du temps pour des AGR viables et de l’utiliser pour des activités plus rentables. L’énergie domestique peut faci-liter les activités des femmes comme la mouture des céréales, la production de l’huile de palme, etc. Elles pourront augmenter ainsi leurs revenus et contribuer davantage au bien-être de la famille. 4.4.6. Le gouvernement juge qu’une grande priorité doit être accordée à l’électricité, condition indispensable d’un développement accéléré et équilibré de l’économie du pays, porteur de croissance pour tous les autres secteurs (agriculture, industrie, artisanat, commerce, services, télécommunications, transports, mines et habitat). L’électrification du monde rural est aussi une priorité, compte tenu du rôle que la population rurale joue dans l’économie. C’est pourquoi un plan d’action visant l’objectif d’un taux de couverture d’au moins 25 % a été défini. Il met aussi l’accent sur l’amélioration du réseau de communications internationales dans une perspective régionale. La Banque mondiale, la BAD et l’Union européenne sont les principaux partenaires dans le domaine de l’énergie. Pour permettre à la REGIDESO d’asseoir un bon sys-tème de gestion, le gouvernement a pris diverses mesures, dont l’augmentation des tarifs d’eau (de 17 %) et d’électricité (de 23 %) en juillet 2007. Aucune ana-lyse genre n’existe dans le secteur de l’énergie. On ne dispose donc pas de chif-fres exacts sur le nombre d’hommes et de femmes travaillant dans ce secteur. Le taux d’accès à l’énergie électrique n’est pas désagrégé par sexe et pourtant des documents mentionnent que dans certains ménages, ce sont les femmes qui payent la facture d’électricité. 4.4.7. Il importe d’améliorer les infrastructures de transports et les services de fourniture de l’énergie, afin de mieux cibler les pauvres en général et les fem-mes en particulier pour réduire la pression sur les ressources végétales. La prise

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en compte de la dimension genre permettra une plus grande participation des communautés et des utilisateurs finaux (hommes et femmes utilisant l’énergie à des fins productives) à rationaliser au mieux les avantages tirés du secteur de l’énergie. Il est nécessaire de disposer des données désagrégées sur l’accès et l’utilisation de l’énergie dans les villes et les villages pour une bonne planifica-tion, une diffusion de technologies appropriées et le renforcement des capaci-tés des hommes et des femmes. L’État doit adopter une politique de diversifi-cation des sources d’énergie propres et renouvelables (éolien, solaire, hydrauli-que) et vulgariser les foyers améliorés pour diminuer la consommation de bois et de charbon de bois, surtout en milieu rural. 4.5. Genre , eau e t assainissement 4.5.1. Pendant la crise traversée par le pays durant plus de 12 ans, les sys-tèmes sociaux se sont effondrés et l’infrastructure de l’eau a été délibérément détruite. Dans ces conditions, les couvertures d’accès à l’eau potable ont beau-coup chuté en milieu rural, amenant les femmes à utiliser de l’eau insalubre ou à parcourir de longues distances pour trouver une source d’eau. C’est dans le contexte de reprise économique et dans le souci de répondre aux engagements internationaux auxquels le Burundi a souscrit que le gouvernement, avec l’appui de ses partenaires au développement, a entrepris un vaste programme de mise en valeur des ressources en eau. Le secteur de l’eau est confié au MEEATU. L’approvisionnement en eau potable et le service d’assainissement de base sont assurés par le ministère de l’Énergie et des Mines, le ministère de la Santé publique et le ministère de l’Intérieur. En 2009, le cadre légal est ré-formé avec l’élaboration de politiques précises concernant les questions suivan-tes : la politique nationale de l’eau, la politique nationale de l’hygiène et l’assainissement et le Code de l’eau (en projet). Le document de politique na-tionale de l’eau comporte des dispositions pour la prise en compte du genre dans le secteur. Il s’agit de l’implication des femmes dans la prise de décision, du renforcement de leurs capacités et de leur participation dans la planification et la mise en œuvre des projets hydrauliques et d’assainissement. 4.5.2. Dans le cadre des réformes du secteur de l’eau et de l’assainissement, le ministère de l’Énergie et des Mines (MEM), en collaboration avec la coopé-ration technique allemande, dans le cadre du programme sectoriel eau (PRO-SEC-EAU), a effectué un inventaire national eau et assainissement (INEA) en milieu rural, de septembre 2007 à octobre 2008.

Cet inventaire dégage un état des lieux des ouvrages hydrauliques et systè-mes d’assainissement de base en milieu rural sur l’ensemble du territoire ainsi que des ressources non aménagées. Les types d’infrastructures d’eau réalisés et utilisés sont : les AEP, les sources aménagées, les puits et forages (pompes à main), le branchement privé et les systèmes de récupération des eaux de pluie. Des comités de gestion villageois, composés d’hommes et de femmes, veillent

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sur la maintenance des infrastructures. Les statistiques de 2009 1 montrent que 83 % de la population urbaine ont accès à une source d’eau potable contre 55 % en milieu rural. Le taux de couverture en assainissement de base est de 35 % en province, 49 % en milieu urbain et 46 % en zone rurale. Il s’agit no-tamment des blocs de latrines vidangeables publiques, familiales et scolaires, des latrines à compost, des fosses à déchets, des puits à ordures pour les dé-chets des hôpitaux. L’évacuation des ordures ménagères est une tâche qui re-vient à la femme. 4.5.3. En milieu urbain, la population est desservie par les services munici-paux ; seuls 10,5 % utilisent des fosses à ordures et 48,3 % les jettent près de leurs propriétés. Dans les camps de déplacés, les infrastructures d’eau potable sont très souvent en panne et les femmes sont obligées de s’approvisionner à des sources ou rivières non aménagées, s’exposant ainsi à des maladies liées à l’eau non potable, aux conditions d’hygiène insuffisantes et de surcroît, aux violences sexuelles. Les latrines et toilettes sont rares dans les camps de dépla-cés. En milieu rural, la situation est relativement bonne : 61,1 % de la popula-tion déposent les ordures ménagères dans des fosses simples ou pour compos-tage, tandis que 31,5 % les jettent aux alentours de l’enclos. Les équipements modernes de gestion des ordures n’ont pas encore allégé le travail des femmes qui s’investissent plus que les hommes dans l’assainissement. 4.5.4. La femme joue un rôle central dans l’approvisionnement en eau et l’assainissement de base ; c’est pourquoi des dispositions sont prises dans les politiques publiques relatives à l’eau et à l’assainissement pour son implication dans les activités de gestion. Elles sont membres des comités de gestion des points d’eau (2 femmes sur 5), des comités d’assainissement et des régies communales de l’eau (5 femmes sur 14 gèrent le patrimoine hydraulique d’une commune). Cependant, dans la pratique, elles sont peu impliquées dans la pla-nification, la gestion, la formulation des politiques sectorielles d’utilisation de l’eau, la conception et la gestion des projets hydrauliques pour pouvoir en tirer bénéfices (les fontainiers sont en majorité des hommes) et l’éducation environ-nementale par la promotion de l’assainissement et de l’hygiène de l’eau. 4.5.5. Le coût élevé de l’eau potable dans les zones urbaines et, plus parti-culièrement, dans les provinces, ne permet pas aux ménages pauvres d’y accé-der. Les femmes utilisent encore des sources d’eau insalubre pour les besoins domestiques. L’accès à l’eau potable a un impact sur la vie des femmes et amé-liore leur bien-être et celui de leur famille. La réalisation des points d’eau à proximité des villages et des habitations présente des avantages pour les fem-mes et les filles en termes de prévention contre les violences, de rétention des filles à l’école et d’utilisation des garçons pour la corvée d’eau. Au niveau colli-naire, les femmes ne sont ni consultées ni impliquées dans la gestion de l’eau, à

                                                                                                                         1 Inventaire national en Eau et Assainissement (INEA) réalisé par le Programme Sectoriel Eau (PROSECEAU) en 2009.

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cause de la tradition. Malgré l’existence des textes, elles ne sont pas bien prises en compte dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. Les rapports produits n’évoquent pas la question du genre, qui n’est pas discutée au cours des revues annuelles conjointes du secteur « eau et assainissement ». Les besoins différen-ciés selon le genre ne sont pas définis et il n’existe pas de données désagrégées permettant de définir une politique d’intégration du genre dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. Le positionnement des femmes, pourtant principa-les bénéficiaires de l’accessibilité à l’eau, n’est pas l’objet d’une attention suffi-sante, malgré leur représentation dans les organes de gestion.     4.5.6. Les principales contraintes à l’intégration du genre dans le secteur de l’eau sont : la faible présence de femmes spécialistes au niveau des structures administratives et des directions, le maintien des femmes dans le rôle de sim-ples utilisatrices au niveau collinaire. Cela explique la non-implication des fem-mes dans le choix des ouvrages et surtout leur lieu d’implantation dans le villa-ge. Cependant, le projet de Code de l’eau offre l’opportunité de corriger les in-suffisances, s’il est adopté et vulgarisé. L’un des défis majeurs du secteur de l’eau est l’accès des femmes et des hommes à une source d’eau potable et la capacité de gestion des points d’eau par les acteurs concernés.     4.5.7. Les femmes peuvent jouer un rôle capital, car elles sont les principa-les pourvoyeuses de l’eau pour les ménages. C’est pourquoi leur adhésion dans les comités de gestion d’eau et leur participation au choix des ouvrages et de leur lieu d’implantation doivent être le préalable au financement des projets d’eau et d’assainissement par les PTF en général et la BAD en particulier. Le renforcement de leurs capacités dans la prise de décision devrait être l’un des objectifs du projet. Les radios de proximité peuvent être utilisées pour diffuser des émissions relatives à l’eau potable, à l’hygiène et à la santé. L’instauration d’un « tarif social » de l’eau tenant compte du revenu des femmes permettrait de faciliter l’accès et le contrôle du secteur de l’eau. Les partenaires au dévelop-pement et le Conseil des sages peuvent agir, de manière concertée, pour aug-menter le nombre de femmes fontainières qui pourront mieux gérer les res-sources et veiller au maintien des équipements hydrauliques.    4.6. Genre , é conomie e t emploi     4.6.1. La participation des femmes et des hommes dans l’emploi formel et informel est notable dans tous les secteurs : 19 % des femmes sont des sala-riées de la fonction publique contre 27 % dans le parapublic et 28 % dans le secteur privé. Elles sont plus de 70 % dans le secteur informel 1. Les femmes responsables seraient nombreuses dans le ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale (chefs de départements, directrices et mem-bres des comités interministériels). Cette disposition est en conformité avec le                                                                                                                          1 Entretien avec Directrice de la Promotion de la Femme et de l’Égalité du genre le 12 no-vembre 2010.

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Code du travail qui intègre les principes d’égalité de chance et de traitement dans l’emploi. Un point focal genre a été nommé en 2006 au sein du ministère dans le but de faciliter la prise en compte du genre dans les plans d’action et les projets. 4.6.2. Toutefois, l’accès des femmes à l’emploi reste problématique, même si la Constitution affirme fortement des principes égalitaires et prône des prati-ques fondées sur la nécessité de corriger les déséquilibres et d’assurer une large représentation des femmes 1. Mais aucune mesure d’ordre législatif ou régle-mentaire n’existe pour permettre une mise en application effective de cette rè-gle constitutionnelle et l’article 6 du Code du travail dit : « La loi assure à chacun l’égalité de chances et de traitement dans l’emploi et dans le travail, sans aucune discrimina-tion basée sur le sexe, l’ethnie, la religion, l’opinion politique, l’activité syndicale… ». Les nominations aux postes de responsabilité ne sont pas faites sur la base de critè-res objectifs. Par exemple, dans le système éducatif, 84 % des fonctionnaires du secteur ont déclaré que les nominations de cadres sont faites sur la base de critères politiques 2.   4.6.3. Les femmes burundaises sont nombreuses, surtout dans le secteur de l’agriculture où elles représentent 90 % de la main-d’œuvre. En général, elles travaillent gratuitement sur les exploitations familiales et une minorité pratique le petit commerce de légumes, de fruits et d’autres denrées alimentaires. Cer-taines se sont lancées dans les micro-entreprises de lait, la poissonnerie, l’artisanat, l’agroalimentaire, etc., domaines où les hommes sont plus nom-breux. Cela montre que la majorité des femmes économiquement actives sont engagées dans les secteurs primaire (agriculture) et secondaire (artisanat). L’autorisation maritale, jadis exigée pour l’exercice d’un commerce, n’est plus d’actualité. Les obstacles à leur présence dans les secteurs d’emplois structurés et au niveau des postes de responsabilité résident dans le faible niveau d’instruction, les freins socioculturels et la faible industrialisation du pays.   4.6.4. En 1992 est née l’Association des femmes entrepreneurs du Burundi (AFAB) dont la mission est de promouvoir l’entreprenariat féminin. Elle compte 430 membres, dont 250 régulières. Les activités ciblées sont relatives aux femmes membres ou non-membres, aux associations féminines, aux orga-nisations professionnelles du secteur privé à qui elles donnent des informations et formations en gestion et développement d’entreprise. L’AFAB apporte aussi l’assistance juridique, administrative ou technique et mobilise des ressources financières pour faciliter l’accès des femmes au crédit. C’est pourquoi elle a créé une institution de micro-finance appelée WISE avec l’appui financier de ONU Femmes. Des crédits sont octroyés aux groupes solidaires de femmes

                                                                                                                         1 Article 143 de la Constitution. 2 République du Burundi, Ministère à la Présidence chargé de la bonne Gouvernance, de la Privatisation, de l’Inspection générale de l’État et de l’Administration locale, étude diagnosti-que sur la gouvernance et la corruption au Burundi, Rapport d’enquête, Bujumbura, mai 2008.

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rurales avec des facilités, comme le taux d’intérêt à 10 % au lieu de 18 % pour les autres IMF. En juin 2008, WISE a offert à 1 237 femmes un montant de 142 230 074 FBU. 4.6.5. Il existe actuellement vingt-deux institutions de micro-finance au Bu-rundi, dont 16 sont membres du réseau des institutions de micro-finance (RIM) créé en 2002. Sa mission est de contribuer au développement des servi-ces financiers viables et efficaces en faveur de la population démunie ou à fai-bles revenus n’ayant pas accès aux services bancaires classiques, en appuyant les institutions membres à atteindre leurs objectifs. Placées sous la tutelle du ministère des Finances, les IMF offrent des services aux hommes et aux fem-mes organisés en groupes solidaires. Parmi les 22, trois (TURAME Community Finance Women’s Initiative for Self Empowerment (WISE), la Caisse coopéra-tive d’épargne et de crédit mutuel [CCEM]) se sont spécialisées dans la fourni-ture de services aux femmes à faibles revenus qui éprouvent des difficultés à travailler avec les institutions financières traditionnelles. Les conditions d’octroi sont faciles pour les femmes qui n’ont pas de garantie à offrir. Les activités menées avec les prêts sont : le petit commerce, l’agriculture, les crédits de consommation, les crédits scolaires, l’amélioration du logement, les soins de santé, etc. Des mesures assez souples ont permis à des femmes d’augmenter leur pouvoir économique ; d’où leur contribution aux dépenses de la famille. Cependant, il n’existe pas de statistiques confirmant cette contribution. 4.6.6. Les entretiens avec les acteurs des IMF ont montré que les femmes ne s’intéressent pas vraiment aux services financiers. En effet, elles sont plus nombreuses dans l’agriculture dans laquelle elles investissent peu parce qu’elles ne sont pas propriétaires de lopins de terre. Malgré l’existence de fiches désa-grégées de suivi et d’évaluation des caisses, le RIM ne possède pas de données sexospécifiques. Certains promoteurs ne voient pas l’intérêt de la désagrégation des données. Le plan d’action du RIM ne contient aucun module relatif au genre. 4.6.7. L’entreprenariat féminin est confronté à des difficultés. En milieu rural, le nombre de femmes entrepreneurs est faible. Celles qui le sont investis-sent dans des activités traditionnelles, génératrices de faible revenu, comme la transformation des produits alimentaires, l’artisanat, etc. Les entreprises fémi-nines n’arrivent pas à créer d’emplois permanents à cause de l’insuffisance des ressources (humaines, matérielles et financières). Le budget d’État de 2010 prévoit un appui de 400 millions de FBU aux opérateurs économiques 1 sans préciser la part allouée à l’entreprenariat féminin. L’AFAB doit intensifier la sensibilisation des femmes pour la mobilisation de l’épargne et aussi leur accès au fonds de crédit afin d’arriver à la création de micro-entreprises.

                                                                                                                         1 Entretien avec la directrice du budget, du contrôle financier et de la solde, le 27 octobre 2010.

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4.6.8. La promotion du secteur privé passe par la création d’un environne-ment propice à l’entreprenariat privé. L’État, comme les acteurs au dévelop-pement, doivent encourager les femmes à se regrouper et à s’organiser pour renforcer leur position au sein de leurs communautés et leur apporter un appui conséquent en vue de leur autonomisation économique. Le renforcement des capacités de gestion et de production des femmes est un préalable pour la réus-site d’une telle politique. Les entreprises féminines en gestation doivent bénéfi-cier de l’accompagnement et de facilités nécessaires à leur implantation et à leur gestion. Pour ce faire, elles doivent bénéficier de sites pour la production, d’allègements fiscaux, d’équipements et d’intrants nécessaires, de compétences en commerce et d’informations sur l’ensemble du processus de commercialisa-tion des produits. Les organismes d’appui des IMF, tels que le RIM, FORCE, etc., doivent inclure des formations et informations sur le genre dans le plan d’action et sensibiliser leurs membres pour la fourniture de données sexospéci-fiques. La présence d’IMF spécialisées dans la fourniture de services en milieu rural, l’existence d’un cadre institutionnel et d’un code de déontologie offrent des possibilités d’amélioration de l’octroi de crédit aux femmes en général et à celles du milieu rural en particulier. 4.7. Genre e t gouvernance 4.7.1. La faiblesse de la gouvernance au Burundi s’explique par la succes-sion des crises que le pays a connues, la forte centralisation de l’exécutif et l’exclusion de la grande majorité de la population en général et des femmes en particulier des processus décisionnels. Une étude sur la gouvernance menée en mai 2008 a montré que plusieurs secteurs sont touchés par la corruption et la malversation financière. Pour la gouvernance économique, des textes (par exemple le Code des marchés publics) ont été élaborés et des structures (Inspection générale de l’État, la brigade anti-corruption,) mises en place pour une gestion saine des ressources de l’État. Quant à la gouvernance politique et démocratique, le gouvernement a ratifié des Conventions internationales et africaines. Il s’emploie aussi à mettre en conformité son droit interne avec les engagements découlant de son adhésion aux instruments juridiques internatio-naux et nationaux. Les difficultés de ce domaine sont : le manque de ressources humaines compétentes et de ressources matérielles, l’absence de mesures puni-tives dans les services publics et la dépendance du ministère des bailleurs de fonds, etc. 4.7.2. Au niveau national, certains textes législatifs et réglementaires pren-nent en compte le genre. L’État et certains partenaires techniques et financiers (PNUD, ONU Femmes, UNICEF, etc.) ont entrepris des activités de renfor-cement des capacités des institutions nationales chargées de la promotion de la bonne gouvernance pour une participation des femmes au processus décision-nel. Un contre-rapport ou rapport alternatif, qui est une réaction de la société civile à l’application de la CEDEF, a été produit en octobre 2007 et envoyé aux

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Nations unies. Les femmes ont été prises en compte pour leur véritable impli-cation dans les échéances électorales de 2010. Grâce à un financement du PNUD, la CAFOB a travaillé pour l’octroi de la carte d’identité nationale à des femmes afin qu’elles soient des électrices informées et des candidates motivées. Un million de Burundais, dont 54 % de femmes, auraient eu des cartes d’identité pour faciliter leur participation au processus électoral. Le manuel d’évaluation de la performance des communes 1 considère le genre comme un élément important de performance. Les critères n° 17 et 18 portent sur les investissements qui s’adressent en particulier aux femmes et les entreprises qui emploient la main-d’œuvre féminine. 4.7.3. Dans le domaine de la gouvernance économique, des institutions du secteur public comme la Cour des Comptes, les services d’Inspection des finances et du contrôle interne (SICI) ont été appuyées par la BAD. Des agents de l’administration ont vu leurs capacités renforcées. Toutes ces mesures ont contribué à l’amélioration de la gouvernance économique et au fonctionnement des principales institutions. En août 2006, a été créée la Brigade spéciale anticorruption, avec pour mandat la moralisation de la vie publique à travers la sensibilisation, la prévention, la dissuasion et la répression. La Cour anticorruption a vu le jour en décembre 2006, conformément à la Convention de l’Union africaine que le Burundi a ratifiée. Le genre n’apparaît cependant pas dans les différents documents stratégiques. Ainsi, le ministère de la bonne Gouvernance et de la Privatisation n’a pas encore pris de mesures visant l’intégration du genre dans ses activités. 4.7.4. Les défis à relever restent nombreux dans le domaine de la bonne gouvernance. Les citoyens n’ont pas confiance en la justice ; l’insécurité demeure un obstacle de taille au développement du pays ; la corruption mine tous les services publics ; les Codes existants ne sont pas vulgarisés ; l’impunité est une pratique courante. Les femmes n’ont pas été considérées comme des combattantes au moment de la démobilisation. Elles n’ont pas bénéficié d’indemnités, malgré l’intervention de certains partenaires et leur intégration reste difficile, car certaines ont été rejetées par leurs conjoints et familles. Pour une meilleure prise en compte du genre, le ministère de la bonne Gouvernance doit recruter des femmes et leur donner les mêmes formations qu’aux hommes en gouvernance politique et démocratique et en gouvernance économique. Les hommes et les femmes formés doivent suivre les dépenses des ministères et s’assurer qu’elles sont exécutées conformément à la loi des finances. Les compétences des femmes et des hommes des structures internes et externes devront également être renforcées en programmation et budgétisation selon le genre.

                                                                                                                         1 Ministère de la Décentralisation et du Développement communal : Manuel de performance des communes, p. 8.

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V. Genre et thèmes transversaux 5.1. Genre e t part i c ipat ion à la pr ise de déc i s ion 5.1.1. La participation de la femme à la prise de décision est diversement appréciée. La loi burundaise reconnaît et accorde à la femme une place pré-pondérante dans les institutions. Cela est vérifié à travers la Constitution de la République, la loi sur le fonctionnement des partis politiques, le Code électoral et l’administration communale. Le quota de 30 % a été adopté en 2005 pour corriger les déséquilibres dans la représentation des femmes au sein des institu-tions (Assemblée nationale et Gouvernement) comme l’ont demandé les ren-contres d’Arusha lors des négociations de paix en 2000. L’article 38.3 de la loi électorale de 2010 a étendu le quota aux communes : « Les listes de candidature doivent tenir compte de l’équilibre homme-femme… Un candidat sur quatre doit être une femme ». Les lois ci-dessus mentionnées reconnaissent à la femme le droit à la participation politique à tous les échelons, au même titre que tout autre citoyen, et des clauses existent pour la sauvegarde de la représentativité de la femme au sein du gouvernement, de l’administration publique et des instances électives, comme le parlement, notamment par voie de la cooptation. 5.1.2. Au niveau de l’Assemblée nationale et du Sénat, le quota de 30 % a été respecté. La loi sur le fonctionnement des partis politiques exhorte ces der-niers à s’engager par écrit contre toute discrimination fondée spécifiquement sur le genre. Des formations ont été données aux femmes par des OSC pour leur permettre d’être des candidates et des électrices aux élections de 2010. Des résultats impressionnants ont été obtenus à l’issue de ces élections. Les femmes constituent 32 % des élus à l’Assemblée nationale, 46 % au Sénat, 34 % au ni-veau des communes et 20 % au niveau des collines. Par ailleurs, 43 % des mi-nistres sont des femmes. Ces taux en hausse par rapport à ceux de 2005 placent le Burundi au deuxième rang mondial après la Bolivie. Ainsi, le droit dévolu par la Constitution est pris en compte par les élections organisées en 2010. Par contre, les femmes ne sont pas assez représentées dans les organes dirigeants des partis politiques, d’où leur faible influence sur la composition des listes électorales. Pour obtenir 30 % de femmes au niveau des conseils communaux, les CEPI ont dû recourir à la cooptation. Dans certains cas, cela a conduit au remplacement d’hommes élus par des femmes ; ce qui a été un facteur de ten-sions au sein des partis politiques, surtout quand des femmes insuffisamment qualifiées étaient cooptées ou lorsqu’un parti ne disposait que d’un élu. 5.1.3. Les difficultés liées à la participation des femmes à la prise de déci-sions sont nombreuses. Après les élections de 2005, sur les cinq premières per-sonnalités de l’État burundais, deux étaient des femmes ; cependant, en 2007,

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elles ont été remplacées par des hommes. À la veille des élections de 2010, sur 44 partis politiques agréés, seuls deux sont dirigés par des femmes. Les ministè-res dits sociaux (Santé et Éducation) n’intègrent pas suffisamment le genre. Même si le premier responsable de la santé est une femme, les directions et les hôpitaux sont entre les mains des hommes. De même, les antennes des CDF au niveau provincial sont tenues par des hommes. Le manque de confiance des femmes en elles-mêmes, la culture (qui confine les femmes à certains rôles) et l’analphabétisme sont aussi des contraintes majeures. Aucune sanction n’existe dans les textes punissant les partis qui n’appliquent pas le quota prévu par la loi électorale. Le PNUD a décidé d’accompagner les femmes parlementaires et ministres pour un bon exercice de leurs fonctions afin qu’elles participent au développement durable. Les femmes élues ont besoin d’une formation en « renforcement des capacités » (« Empowerment ») pour éviter les échecs et les critiques des hommes et pouvoir se maintenir grâce aux résultats obtenus. 5.2. Genre , environnement e t changement c l imatique 5.2.1. La période post-conflit a été marquée, sur le plan institutionnel et po-litique, par l’élaboration des documents de politiques sectorielles. La révision des documents (la stratégie nationale de l’environnement, le Code forestier et le Code de l’environnement) serait une opportunité d’intégration du genre dans le domaine de l’environnement et du changement climatique. Les données statis-tiques de 2001 à 2009 indiquent que le bois, le charbon de bois et les déchets végétaux représentent environ 97 % de la consommation totale. La femme consacre énormément de temps à la recherche du bois de cuisson. Ainsi, par exemple, dans le Mumirwa (Commune Muhuta), les femmes et les enfants pas-sent un à trois jours par semaine à l’extérieur de la maison à la recherche du bois de chauffage.

Ce sont surtout les couches démunies en général et les femmes en particu-lier qui dépendent, de façon disproportionnée, de l’environnement pour leur subsistance. Les femmes contribuent à la protection de l’environnement à tra-vers l’éducation des enfants (transmission des pratiques de bonne gestion des ressources naturelles et des règles d’hygiène et d’assainissement du milieu). El-les sont garantes de l’hygiène du ménage et de la salubrité du milieu. 5.2.2. La gestion de l’environnement et des questions de changement climatique relève, aujourd’hui, du ministère de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme. Face à la destruction des for-mations naturelles, le gouvernement du Burundi, avec l’appui des partenaires financiers, a réalisé un vaste programme de reboisement en vue d’assurer la production en plus de la protection. Les femmes ont été ciblées comme des actrices du reboisement et de la protection de certains plants. Bien qu’il y ait des projets et programmes qui vulgarisent les thèmes ayant trait à la gestion de l’environnement et de la forêt, la participation des femmes est encore faible.

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Elles ne sont pas prises en compte dans les actions et la recherche de solutions pour l’adaptation et l’atténuation des effets du changement climatique ; c’est pourquoi des projets et programmes de protection de l’environnement tentent de corriger cette faiblesse. 5.2.3. La place de la femme dans la préservation de l’environnement doit être envisagée par rapport aux programmes et aux politiques globales en la ma-tière. La stratégie nationale pour l’environnement au Burundi (SNEB) consiste en un développement intégral du niveau de vie des citoyens par la gestion ra-tionnelle des ressources et la définition des normes environnementales telles que la salubrité du milieu, l’exploitation des ressources naturelles, la qualité des produits fabriqués. À ce niveau, la femme peut devenir une force de change-ment dans la mesure où son rôle est mis en évidence. Les partenaires comme la BAD, la FAO et le PNUD/FEM interviennent de plus en plus dans la gestion des ressources naturelles (espaces, eaux, terres, forêts, bassins versants, etc.) et exigent l’implication des hommes et des femmes dans les activités. 5.2.4. Le ministère est engagé dans des activités comme le suivi environne-mental à travers l’étude d’impact environnemental et l’audit environnemental des projets antérieurs. Le programme national de reboisement, portant sur 5 400 ha, démarré en 2010, est placé sous la responsabilité des entités commu-nales. Les associations féminines constituent plus de 50 % des cibles de ce programme, compte tenu de leur rôle dans la protection de l’environnement. Les autorités burundaises sont aujourd’hui conscientes de l’importance de la prise en compte du genre dans les projets environnementaux. Au niveau du ministère, deux femmes sur cinq sont directrices générales. Environ trois sur dix sont chefs de département et deux femmes sont coordinatrices de projets. Au niveau communautaire et collinaire, les femmes sont à 90 % dans l’assainissement et les associations féminines. Elles sont très actives dans le sec-teur de la pêche des étangs et la pisciculture. Malgré les problèmes et contrain-tes, la femme est un atout pour la protection de l’environnement. En effet, son importance numérique par rapport à la population globale, sa fonction d’éducatrice et d’utilisatrice des ressources naturelles sont des éléments favora-bles aux changements en matière d’environnement et de développement, si l’on en tient compte dans le processus de développement. 5.2.5. Les recommandations suivantes sont faites dans le secteur : la relec-ture des différents textes régissant la gestion de l’environnement constitue un préalable à la prise en compte du genre. Il importe aussi d’informer et de sensi-biliser les femmes sur les effets du changement climatique, de vulgariser et d’utiliser des foyers améliorés pour diminuer la consommation de bois et de charbon, de promouvoir l’utilisation de la fumure organique. Par ailleurs, il est important de changer les comportements et les habitudes de gestion de l’eau, de préservation de l’environnement, d’utilisation de l’énergie renouvelable. Cela suppose le renforcement des capacités des femmes sur les mécanismes liés aux changements climatiques ; l’amélioration des échanges entre les femmes rurales

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pour une meilleure diffusion des bonnes pratiques. Les décideurs et les parte-naires doivent informer et sensibiliser, dans les langues et langages adaptés, les femmes rurales sur les contenus des Conventions, les lois et les effets du chan-gement climatique. 5.3. Genre e t v io l ence basée sur l e genre 5.3.1. La violence basée sur le genre (VBG) est définie comme tout acte nuisi-ble/préjudiciable perpétré contre le gré de quelqu’un, et qui est fondé sur des différences socia-lement prescrites entre hommes et les femmes 1 . Au Burundi, les violences faites aux femmes (VBG) ont été exacerbées par les conflits armés qui ont diffusé une culture de la violence qui a eu des impacts désastreux sur les couches vulnéra-bles, notamment les femmes, les handicapés, les OEV 2 et les minorités ethni-ques. Malgré la fin de la guerre, le nombre de cas de violences sexuelles et d’autres violences basées sur le genre (même s’il n’est en rien comparable à ce qui existait durant la guerre) reste élevé. Les criminels opportunistes ont pris la relève des rebelles et troupes en uniformes, créant ainsi un traumatisme pro-fond au sein de la population. Les femmes, les jeunes et même les enfants sont quotidiennement victimes de violences sexuelles et domestiques. Les VBG se situent à deux niveaux : la violence domestique et le viol. Les autres formes de violences peuvent avoir trait à l’expropriation, l’abandon, la stigmatisation, les coups et blessures et le renvoi du domicile conjugal. 5.3.2. Au Burundi, la violence domestique touche pratiquement une femme sur deux. Les statistiques recueillies par le centre Seruka révèlent un doublement des cas de viols entre 2003 (983) et 2006 (1 930) 3. Ce chiffre est en perpétuelle augmentation (1 490 cas en 2009). Une étude menée par la ligue ITEKA révèle que 42 % des femmes ayant répondu aux questions, à Bujum-bura, avaient déjà subi des violences domestiques. Parmi les victimes, 91 % des femmes se sont plaintes de violence domestique et 49 % des filles de viol. Le centre Seruka reçoit en moyenne 124 victimes par mois, dont 95 % de femmes et de filles. Environ 61 % des agresseurs mentionnés sont des civils connus de la victime (membres de la famille, voisins, domestiques, etc.). La majorité des victimes sont des mineurs de moins de 12 ans et parfois des nourrissons.

                                                                                                                         1 Ministère de la Solidarité nationale, des Droits de la Personne humaine et du Genre, Straté-gie nationale de lutte contre les VBG, Bujumbura, janvier 2009. 2 Orphelins et enfants vivant avec le VIH. 3 CAFOB, UNIFEM, Rapport alternatif sur la mise en application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard de la femme, Bujumbura, octo-bre 2007.

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5.3.3. La situation post-conflit a augmenté les cas de violences 1, car les femmes font les frais du mariage forcé /précoce, du divorce au bon vouloir du conjoint et de viols répétitifs. La CIRGL 2, dans son protocole sur la préven-tion et la répression de la violence sexuelle (publié en 2004), dira à ce sujet : « la prévalence accrue de la violence sexuelle contre les femmes et les enfants dans la région des Grands Lacs est due à la culture de l’impunité qui entoure ces crimes… ». Cette re-crudescence de la violence est due non seulement à la situation de guerre, qui a marqué les esprits, mais aussi à la pauvreté croissante des populations dure-ment éprouvées par des années de privation et au poids de la tradition. La dé-pendance économique des femmes, le taux de chômage élevé et l’alcoolisme sont, entre autres, des facteurs aggravant la violence qui affecte particulière-ment les femmes et les filles. Une étude a montré que les femmes les plus démunies constituent 65 % de celles ayant subi des violences domestiques. 5.3.4. À l’inégalité de droit (délit d’adultère et droit à l’héritage) s’ajoute celle de la coutume qui veut qu’une femme violée cache sa souffrance 3. Cette situation rend les femmes encore plus vulnérables. Les femmes victimes de violences déposent rarement des plaintes à la police, surtout en cas de viol. En plus d’être longue, la procédure peut également être humiliante pour la femme qui s’expose parfois aux propos désobligeants du juge (homme). L’absence de confidentialité au moment de l’enregistrement des plaintes est un obstacle supplémentaire pour les victimes de violence basée sur le genre. Le traitement superficiel des questions liées à la VBG, le risque de récidive ainsi que la fragi-lité économique des femmes constituent un frein à la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles. Les risques de réprobation, d’exclusion ou de discrimination dont peuvent souffrir les victimes des VBG sont le résultat du mode de fonctionnement patriarcal, fondé sur les disparités de genre, qui structure les comportements et agissements traditionnels. 5.3.5. De nombreuses associations et ONG, soutenues par des partenaires au développement, interviennent dans le domaine de la violence basée sur le genre. Le centre Seruka est actif avec son programme « Initiative contre les violences sexuelles (ISV), l’association des femmes juristes, à travers ses clini-ques juridiques et la soumission d’un avant-projet de loi sur les VBG, la ligue ITEKA, attentive au respect des droits humains, l’UNICEF avec l’appui du SNU à travers le centre d’accueil des victimes des VBG, qui sera basé à Gite-ga, l’ONU Femmes, avec sa politique d’autonomisation des femmes et le FNUAP, qui a mis en œuvre sa stratégie nationale de lutte contre les VBG. Toutefois, de nombreux défis restent à relever, en raison des contraintes mul-tiples liées à la prise en compte du genre dans les activités. Il s’agit, entre au-

                                                                                                                         1 En 2010, dans la province de Makamba, une femme mariée s’est vu couper les deux bras par son mari pour avoir mis au monde uniquement des filles. Sa prise en charge médicale a été assurée par l’association ADDF. 2 La Conférence internationale de la Région des Grands Lacs. 3 CEDEF, Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, La violence contre les femmes au Burundi, OMCT, Genève, janvier-février 2001, 34 p.

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tres : de la faible coordination des interventions relatives à la question du gen-re, de l’inadéquation du cadre institutionnel aux réalités culturelles, du faible taux de couverture des projets dans les zones à risque, du manque de ressour-ces pour les interventions de lutte contre ces violences, du faible niveau d’accueil et de traitement des victimes des cas de violences, du manque d’information des femmes et de l’inapplication des lois. 5.4. Genre e t VIH/Sida 5.4.1. Le Burundi est l’un des pays les plus fortement touchés par le VIH/Sida qui représente la première cause de décès chez l’adulte et de morta-lité infantile. La féminisation de l’épidémie est notable car, dans tous les grou-pes d’âges, le taux de séroprévalence est de 1,9 % fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes 1. Cette vulnérabilité du sexe dit faible est due à une combinaison de facteurs biologiques, comportementaux, culturels et économiques. Déjà, en 2001, les données du PNLS/MST contenues dans le bulletin de l’épidémiologie sur le VIH/Sida montraient que sur 390 000 per-sonnes vivant avec le VIH/Sida, 190 000 étaient des femmes (soit 56 %) et 55 000 des enfants 2. L’enquête nationale de séroprévalence de l’infection à VIH/Sida a confirmé la plus grande vulnérabilité de la femme. La prévalence est de 3,8 % chez la femme et de 2,6 % chez l’homme. La séroprévalence est respectivement de 13 % chez la femme et de 5,5 % chez l’homme en zones urbaines, de 13,7 % et de 6,8 % en zone semi urbaine et de 2,9 % et 2,1 % 3 zone rurale. 5.4.2. En 2009, le taux de séroprévalence du VIH/Sida, au niveau national, est de 2,9 % avec une disparité entre zones rurales et urbaines. En milieu ur-bain, le taux est de 4,5 % tandis qu’en milieux semi urbain et rural, il est res-pectivement de 4,4 % et de 2,8 % 4. Le nombre de personnes dépistées a évolué de 89 178 en 2005 à 308 827 en 2009. Selon les données de suivi, le taux de prévalence du VIH parmi les femmes enceintes varie entre 16 et 25 % ; toutefois, le milieu rural est moins touché avec un taux de 4 %. Quant à la séroprévalence du VIH/Sida, elle est estimée chez les femmes en consultations prénatales à 18,6 % en milieu urbain et 7,5 % en milieu rural.

                                                                                                                         1 FNUAP, Plan d’action de programme pays 2010-2014, 2009. 2 Politique nationale Genre du Burundi, p. 36. 3 Politique nationale Genre du Burundi, p. 36. 4 République du Burundi et PNUD, Stratégie intégrée d’appui des Nations unies au Burundi 2010-2014, Consolidation de la paix et relèvement communautaire, Bujumbura, avril 2009, 60 p. + annexes.

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Graphique 3. Nombre de personnes dépistées par catégorie sociale en 2009

Source : Rapport Bilan Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté CSLP I, Burundi 2009. 5.4.3. Les risques de transmission de la mère à l’enfant sont élevés. La prise en charge, au niveau du Programme transmission mère-enfant (PTME), n’est que de 10 % et une majorité de personnes vivant avec le VIH/Sida n’a pas ac-cès aux soins antirétroviraux (ARV). Parmi les raisons qui pourraient expliquer la séroprévalence élevée chez la femme par rapport à l’homme, on peut citer : le statut social peu favorisé de la femme, sa vulnérabilité économique (pauvre-té) et sa grande réceptivité vis-à-vis de l’homme (choix du préservatif). Malgré la forte mobilisation du gouvernement et des ONG/ASBL dans la lutte contre le Sida, les hommes et les femmes ne changent pas sensiblement de compor-tement vis-à-vis de la propagation du VIH/Sida et des autres maladies sexuel-lement transmissibles (MST). Les femmes sont plus touchées par ce phéno-mène. Par ailleurs, la pratique de l’inceste, de l’adultère et la contamination mère-enfant demeurent fréquentes. 5.4.4. Les jeunes filles sont plus exposées, du fait de rapports sexuels non protégés répétés. Elles présentent des risques élevés de contracter le virus, surtout dans les milieux scolaires où elles sont l’objet de harcèlement sexuel et usent souvent de leur sexe pour obtenir les revenus nécessaires à leur survie. Les femmes sont également vulnérables du fait de leur faible statut économique qui limite leurs capacités à bénéficier d’autres indicateurs de bien-être et de prendre en main la santé de la reproduction (port du préservatif par exemple). Du fait qu’une partie importante de leur temps est consacrée aux soins aux malades, à la prise en charge des OEV et du rôle de chef de ménage (veuve) en cas de disparition de leur conjoint, les femmes sont doublement

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vulnérables ; en cas d’infection de membres de la famille, elles sont aussi affectées.

Par ailleurs, le dépistage volontaire préconisé à travers la politique de PTME facilite certes la prise en charge de la mère et de l’enfant, mais il expose davantage les femmes à la discrimination en tant que premières dépistées, sans que le partenaire ne soit soumis au même exercice. 5.5. Genre e t sé cur i t é

5.5.1. La guerre ininterrompue pendant plus de dix ans a eu des consé-quences désastreuses sur les progrès réalisés jusqu’en 1993. La persistance des clivages ethniques et de l’insécurité grandissante constituent un handicap ma-jeur à la mise en application des textes de lois et des programmes de dévelop-pement. Si l’on se réfère à l’analyse de la pauvreté non monétaire, la question de la sécurité s’étend à l’exposition des femmes aux violences (en temps de guerre comme en temps de paix) et de la vulnérabilité des ménages aux fac-teurs environnementaux (lois sur la succession, l’accès à la terre, etc.). Dans le CSLP I, l’amélioration de la gouvernance et de la sécurité a été retenue com-me un axe stratégique majeur à travers l’amélioration de la sécurité, le renfor-cement de l’État de droit, la gestion des contentieux liés au passé et la promo-tion de la bonne gouvernance, aux niveaux politique, économique et adminis-tratif 1. 5.5.2. Les femmes sont soumises à des violences physiques et psychologi-ques qui, sans une adéquate prise en charge par les forces de sécurité, les pla-cent dans des conditions précaires : risques de violence, de mépris, de corrup-tion et de pauvreté. Au Burundi, la question genre est faiblement prise en compte au sein des forces de sécurité où peu de femmes ont été recrutées (à partir de 1993 dans l’armée et 2004 à la police). Cette situation a des répercus-sions directes sur la prise en charge des femmes victimes de violations de leurs droits (viol, violence, divorce, etc.). L’analyse genre selon les postes, les grades et les niveaux de responsabilités présente une disparité flagrante. Les femmes les plus gradées sont des commandants. Il n’existe pas de femme ayant le grade de général ou d’officier supérieur dans l’armée. À ce jour, l’armée burundaise compte 128 femmes sur un effectif de 27 427, soit 0,4 %.

                                                                                                                         1 Rapport final sur l’analyse genre dans le CSLP I, p. 27.

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Graphique 4. Pourcentage d’hommes et de femmes dans l’armée

Source : Interviews croisées des responsables de la section Security Reform (SSR) du BINUB et de la police nationale du Burundi, novembre 2010. La nomination de points focaux genre au niveau des ministères de tutelle, en 2006, a permis de relancer la problématique genre consacrée par la Constitution. Cette initiative a été soutenue par les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux notamment le PNUD, le BINUB, la coopération néerlandaise et la coopération allemande (GTZ). Les contraintes au sein de l’armée et les défis à relever sont nombreux. L’obtention de grades est une contrainte majeure car les deux premières femmes ont été recrutées il y a moins de 20 ans (1993). Le schéma qui suit présente le nombre de femmes selon les grades. Les femmes deviennent moins nombreuses au fur et à mesure qu’on monte dans la hiérarchie.

Graphique 5. Répartition des femmes dans l’Armée selon les grades

Source : Point focal genre, ministère de la Défense nationale et des anciens Combattants, octobre 2010 Les représentations relatives à l’armée assimilent cette institution à la brutalité et à la violence. Elles dévalorisent la femme militaire et la

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discriminent dans son rôle social et son engagement patriotique. Les hommes, plus nombreux dans cette institution, sont réfractaires à l’idée de partager le pouvoir avec leurs collègues femmes minoritaires. Dans ces conditions, ces dernières arrivent difficilement à faire passer leurs doléances et ont une emprise réduite sur les prises de décisions au sein de l’armée. 5.5.3. La police nationale burundaise a été créée en 2004, suite à la fusion de la police de sécurité intérieure et de la police de l’air, des frontières et des étrangers (PAFE). Le PAFE était sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, la police judicaire et pénitentiaire relevait du ministère de la Justice et du ministère de la Sécurité publique et, enfin, la gendarmerie était sous le contrôle du ministère de la Défense nationale. La police actuelle est constituée de ces différents corps et d’une partie des ex-combattants pour prendre en charge la sécurité des personnes et des biens. Les femmes policières représentent 2,9 % de l’effectif, soit 479 policières (0,47 %) sur un total de 16 529 1. Il n’existe pas de politique de promotion du genre en tant que tel au sein du ministère de la Sécurité publique, malgré la nomination des points focaux genre. 5.5.4. Les problèmes que les femmes policières rencontrent tiennent tout d’abord à leur effectif réduit et à l’impossibilité de bénéficier des traitements différenciés liés à leur statut de femme. Le manque de budget alloué aux activités et la non-prise en compte des doléances faites régulièrement par les policières se manifestent à travers : l’insuffisance et l’inexistence d’infrastructures propres aux femmes policières (la police fonctionne avec les infrastructures laissées par la gendarmerie, qui étaient destinées aux hommes uniquement) ; les tenues inadaptées pour les femmes et l’absence de bureau d’accueil des victimes de VBG 2 (les locaux actuels ne garantissent pas la confidentialité indispensable au traitement d’un sujet aussi sensible). Au niveau des postes de police, on note l’absence d’espace dédié aux enfants durant les jours de garde de la mère. L’absence de frais d’entretien des policiers (brigadiers et agents) les oblige souvent à loger en-dehors des casernes. D’autres difficultés sont liées à l’insuffisance de personnel féminin qualifié. Les formations dispensées aux policiers, avec l’appui des partenaires financiers et techniques, se sont limitées à l’harmonisation des comportements (déontologie) au détriment de la formation technique et qualifiante.

                                                                                                                         1 Ces chiffres sont issus d’un document du Point focal genre, Ministère de la Sécurité publi-que, novembre 2010. Les policiers sont au total 18 000, si l’on ajoute les ex-combattants et démobilisés, selon le département en charge de la « Security Sector Reform (SSR) », Bureau intégré des Nations unies au Burundi (BINUB), Bujumbura, novembre 2010. 2 Les locaux de l’unité en charge des VBG se trouvent dans l’enceinte du bâtiment de la poli-ce judiciaire. Ils sont très fréquentés et accueillent d’autres types de victimes. Il arrive que des agresseurs viennent écouter la déclaration de leurs victimes et versent ensuite un pot de vin pour ne pas être inquiétés.

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5.5.5. Avec l’apport conjugué du système des Nations unies et d’autres PTF tels que l’Allemagne, la Hollande et sur la base des résolutions 1325, 1820 et 1888 du Conseil de sécurité de l’ONU, différentes formes d’appui destinées aux forces de sécurité prennent en compte la dimension genre. La section SSR du BINUB apporte son appui à l’armée et à la police à travers son programme de promotion du genre au niveau de ces corps. Les activités réalisées dans le cadre de cet appui sont : les formations en faveur des femmes policières sur les violences basées sur le genre (VBG), la réhabilitation du rôle des femmes dans les missions de maintien de la paix, le plaidoyer pour l’adoption d’un nouvel organigramme du ministère de la Sécurité publique, l’appui à la création du réseau des femmes policières, l’installation et la création de points focaux genre. Le plan stratégique de la police 2007-2017 prévoit l’atteinte d’un taux de 10 % de policières d’ici 2017. Les actions menées ont été réalisées grâce à l’appui des partenaires techniques et financiers. La politique de la Banque mondiale, qui exige la réduction du nombre de policiers à 15 000, est en contradiction totale avec les accords d’Arusha et de cessez-le-feu qui avaient prévu 20 000 policiers supplémentaires. Le BINUB, bien que promouvant le genre, à travers une section consacrée à la réforme de la sécurité (SSR), prévoit la réduction des effectifs de l’armée ; ce qui a des conséquences sur les possibilités et les chances de recrutement des femmes. La validation de la Politique nationale genre et la Stratégie genre de la police et de l’armée peuvent contribuer à la prise en compte effective du genre dans le secteur. 5.5.6. Le système pénitentiaire est caractérisé par une saturation des maisons d’arrêt. En effet, les effectifs dépassent le double de ses capacités d’accueil. La situation carcérale, au 30 octobre 2010, révèle la situation suivante : la population pénitentiaire est de 9 624 pour une capacité d’accueil de 4 050 prisonniers. Les effets de la crise ont augmenté le pourcentage d’occupation des prisons : 197 % en 2005 à plus de 245 % en 2010. Sur les onze prisons que compte le pays, dix sont des prisons mixtes. Une seule prison, dans la province de Ngozi, est réservée aux femmes. Les infrastructures de cette prison ne sont pas adaptées aux femmes qui accouchent sur place et sont obligées d’y allaiter leurs bébés. Le nombre de femmes prévenues est de 172 sur 5 350 et le nombre de condamnées atteint 160 sur 3 573. Les filles sont au nombre de 19 prévenues contre 237 garçons. Parmi les condamnés on compte sept filles et 106 garçons. Les nourrissons vivant avec leur mère sont au nombre de 74, dont 43 de sexe féminin et 31 de sexe masculin. 5.5.7. Dans les prisons, aucune stratégie n’est mise en place pour pallier les disparités de genre, pourtant cruciales. Les cellules 1, les toilettes et le service médical sont adaptés aux besoins spécifiques des hommes. On note l’absence de gynécologue et de kit d’hygiène pour les femmes. Tous les gardiens de                                                                                                                          1 Certaines cellules pour les femmes sont trop proches de celles des hommes. Il n’existe pas de quartier séparé entre les hommes et les femmes à la prison de Mpimba, une prison mixte qui accueille cependant plus de femmes.

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prisons sont encore des hommes qui y dorment souvent. Cette situation augmente les risques de vulnérabilité des femmes (violence, faveurs sexuelles, viol, infections au VIH/Sida, grossesse non désirée, etc.). Du point de vue des loisirs et du divertissement, des disparités de sexe subsistent : les activités proposées s’adaptent aux hommes plus qu’aux femmes. Certains partenaires interviennent à travers des programmes de renforcement de capacités et des activités de réinsertion sociale destinées aux femmes incarcérées. Des séances d’apprentissage de métiers (tricotage, vanneries, couture) sont privilégiées ; le BINUB compte lancer un projet de savonnerie pour les prisonnières. 5.5.8. Des recommandations pour une meilleure intégration du genre au niveau des forces de sécurité ont été faites lors de l’atelier de restitution : (1) budgétiser la prise en compte des femmes dans le budget de l’armée et de la police ; (2) revoir les textes (statuts et règlement intérieur) qui régissent la police et appliquer le plan stratégique 2007-2017 ; (3) adapter les infrastructures et équipements aux besoins des femmes (infrastructures et tenues) ; (4) prévoir des activités de renforcement des capacités et favoriser les visites d’échanges d’expériences entre pays ; (5) nommer et valoriser des femmes au sein de l’armée ; (6) décentraliser les réseaux d’échanges des femmes au niveau des provinces et communes.

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VI. Recommandations et actions prioritaires Certes, des progrès ont été enregistrés au Burundi dans le domaine du gen-re. Cependant, des efforts sont encore nécessaires pour une meilleure intégra-tion du genre dans le développement. Les recommandations sont faites aux niveaux suivants. 6.1. Recommandations au Gouvernement • La mise à disposition du ministère en charge du Genre d’un bâti-

ment multifonctionnel. La mise à disposition d’un bâtiment multifonc-tionnel équipé (mobiliers, outils informatiques y compris la connexion internet et les matériels de reprographie, les projecteurs, etc.) garantira une certaine stabilité, en mettant fin aux déménagements répétés, à cha-que changement de ministre. Les directions et départements y seront lo-gés pour faciliter les concertations et la coordination des activités. La ré-novation et l’équipement des bâtiments abritant les centres de dévelop-pement familial au niveau des provinces (outils informatiques, réseau in-ternet, etc.) et leur dotation en personnel humain compétent et salarié sont une priorité pour assurer la visibilité du ministère et la prise en compte du genre et des questions de violences faites aux femmes au ni-veau des communes et des collines.

• La relecture des textes et l’adaptation de l’institution aux questions du genre. Pour que l’intégration du genre soit érigée en priorité, le mi-nistère chargé du Genre doit avoir une mission et des objectifs précis. Pour cela, il faut un ministère chargé du Genre dissocié de celui de la So-lidarité nationale et des Droits humains qui, d’ailleurs, bénéficient de plus d’attention de la part du gouvernement, si l’on se réfère aux allocations budgétaires dédiées aux trois volets en 2009.

• Le renforcement des capacités des acteurs. Le renforcement des ca-pacités des agents du ministère et des CDF est une priorité pour l’intégration du genre et son suivi. Pour cela, des formations doivent être données aux hommes et aux femmes, en analyse sociale selon le genre, en intégration du genre dans les projets et programmes, en suivi-évaluation selon le genre et en budgétisation sensible au genre. Il faut former et recruter des spécialistes des questions de genre pour l’appui à apporter aux autres ministères en matière d’élaboration des indicateurs et de formulation des politiques sectorielles. Les formateurs en genre du ministère chargé de la question pourraient aider les autres.

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• La coordination des actions de prise en compte du genre au niveau sectoriel. La coordination des actions menées au niveau des ministères pour la prise en compte du genre permettra de mettre fin aux débats sur l’enveloppe financière allouée par le gouvernement au ministère en char-ge de la question du Genre. Pour certains acteurs, des ministères clés (Éducation, Santé, Environnement, etc.) reçoivent des fonds destinés aux activités de prise en compte du genre. Celui en charge de la question du Genre doit bénéficier du soutien de tous les autres ministères et des institutions gouvernementales pour être capable de réaliser sa mission de coordonnateur des actions transversales, à travers la capitalisation des budgets sectoriels, des activités et des résultats atteints. Des outils seront élaborés pour faciliter la coordination et des rapports périodiques seront produits et ventilés pour une bonne information sur l’allocation budgé-taire en faveur de l’équité du genre.

• Le suivi-évaluation de l’intégration du genre dans les programmes et plans de développement. La formation en suivi et évaluation selon le genre est un moyen de capitaliser les activités des ministères et de me-surer le niveau de prise en compte du genre en termes de budget et d’activités. Le suivi-évaluation est un maillon très important de l’intégration du genre.

• L’intensification des campagnes d’information, d’éducation et de communication sur le genre. Le ministère en charge des questions du genre et les OSC œuvrant pour la promotion du genre doivent entre-prendre une vaste campagne d’information des communautés rurales et urbaines sur le GED (affiches, livrets, messages radiophoniques, théâtres populaires, etc.) en langues nationales et en français. Des cassettes au-diovisuelles seront disponibles en langues nationales pour sensibiliser les hommes et les femmes analphabètes.

• La révision et la mise en œuvre effective des différentes politiques sectorielles. Il s’agit notamment des politiques comme celle de l’Éducation nationale, de la Santé, de la politique genre, de l’Eau et de l’Assainissement, etc. ainsi que des différents textes de lois et Codes qui doivent être analysés par des spécialistes pour y intégrer la dimension genre. Les communautés tant rurales qu’urbaines doivent être associées à cette analyse. Au niveau des secteurs, les points focaux doivent être rem-placés par des cellules GED dont les membres auront les compétences nécessaires pour l’intégration du genre et le suivi des indicateurs de genre au sein de leurs départements. Ils doivent former le personnel en genre, développer des outils de prise en compte du genre dans le secteur et col-laborer étroitement avec l’équipe du ministère chargé du Genre, en échangeant périodiquement sur l’état de prise en compte du genre. Des missions seront définies pour la cellule et des critères seront élaborés pour le choix de ses membres au sein du ministère du genre.

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• L’implication de tous les ministères dans la mise en œuvre effecti-ve de la politique genre. Les différents départements sectoriels doivent être renforcés dans leurs missions et dans leurs capacités d’appréhension et de traitement de cette problématique par des personnes ressources compétentes maîtrisant les vrais enjeux. Il est nécessaire de former le personnel en charge de la gestion des ministères, en budgétisation tenant compte du genre et de veiller à leur application. Des outils de suivi bud-gétaire selon le genre doivent être mis à la disposition du personnel.

• La vulgarisation des lois nationales et des Conventions internationales. Cela passe par leur traduction en langues nationales/locales. Elles doivent être expliquées aux femmes et aux hommes pour une compréhension commune. Dans les communautés, les formations et les campagnes d’IEC doivent aboutir à une bonne compréhension des politiques tenant compte des réformes législatives en vue de supprimer les articles et les pratiques discriminatoires. Cela éviterait la victimisation des femmes. Ces dernières pourraient évoquer les dispositions de la CEDEF en faveur de l’égalité de genre. Les CDF renforcés doivent veiller à une application correcte des lois favorables à l’égalité du genre (Code électoral, CEDEF, etc.) surtout au niveau des communes et des collines où le quota de 30 % n’est pas respecté. La lutte contre les violences faites aux femmes, qui est une activité des CDF, ne pourra aboutir que si les communautés comprennent le bien-fondé du mouvement des OSC dans ce domaine et adhèrent à l’activité en se référant aux us et coutumes qui n’acceptent pas de telles violences. Les hommes et les femmes doivent être capables de faire connaître leurs revendications aux niveaux local et national. Le mouvement de revendication aura des résultats s’il vient aussi de la base. Ainsi, les femmes instruites ne seront pas stigmatisées.

• La collecte et l’harmonisation des statistiques nationales éparses et souvent contradictoires. L’ISTEEBU doit être renforcé dans sa mis-sion, ses structures et ses ressources. Les données statistiques varient en fonction des institutions qui les produisent. Cette situation entraîne une mauvaise évaluation des problèmes et des besoins et entache la crédibili-té des données fournies. Apporter un appui à l’ISTEEBU pour la collec-te et le traitement de données afin de lui permettre de fournir des statis-tiques nationales fiables et désagrégées est un moyen important de pro-motion de l’analyse genre. Les indicateurs de genre contenus dans le rap-port d’analyse du CSLP I pour la collecte de données désagrégées dans tous les secteurs du développement peuvent être utilisés par les ministè-res.

• La mise en place d’une politique nationale de lutte contre les vio-lences sexuelles et la création d’un fonds pour le dédommagement des victimes et la réparation. Les OSC, les PTF et l’État doivent continuer les actions de formation/sensibilisation en genre et en lutte

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contre la violence contre les femmes et les enfants. Ces formations concerneront précisément les parlementaires, le personnel judiciaire (ma-gistrats et police judiciaire), les cadis, les notables, les membres des orga-nisations de la société civile. Le gouvernement doit promulguer une loi réprimant les violences. En attendant, il doit renforcer les capacités des centres de prise en charge des violences et les OSC (exemple de la CA-FOB), le « Conseil de sages, les notables », etc. La situation des ex-combattantes devra être analysée en vue de leur permettre de bénéficier des mêmes avantages que les hommes.

6.2. Recommandat ions aux partenaires au déve loppement Les recommandations à la Banque africaine de Développement et aux par-tenaires au développement sont les suivantes : • apporter un appui technique et financier au ministère chargé du Genre

pour le renforcement de la capacité de son personnel en intégration de genre, analyse socio-économique selon le genre et en suivi-évaluation se-lon le genre ;

• faciliter l’accès du ministère aux fonds de la Facilité pour États fragiles. Il s’agira d’une forme d’appui institutionnel pour la formation, l’équipement et le recrutement d’un statisticien, l’acquisition de logiciels d’analyse de données et l’élaboration de textes pour le fonctionnement efficace des CDF ;

• faciliter la mise en place du Centre national de recherche et de documen-tation sur la femme, le genre et la consolidation de la paix, en apportant un appui financier, matériel et surtout l’expertise pour la gestion d’un tel centre. Un statisticien appuyé par l’ESTA peut faciliter la désagrégation des données existantes ;

• aider à la mise en œuvre des plans d’action dérivés de la politique natio-nale genre, doter les structures engagées d’outils de formation (boîte à images, livrets, affiches, etc.), mettre en place un dispositif de suivi-évaluation selon le genre et opter pour une budgétisation sensible au genre ;

• intégrer ce profil genre à l’élaboration du prochain DSP (2011) ; • mener un plaidoyer auprès de tous les donateurs pour la prise en compte

du genre dans l’appui budgétaire. La Banque peut initier cette stratégie auprès des autres partenaires ;

• élaborer un document sur la planification et la budgétisation selon le genre et former les responsables et agents du ministère des Finances en planification et budgétisation selon le genre ;

• apporter un appui à l’entreprenariat féminin après une analyse du domai-ne et l’identification des AGR porteuses de revenus. L’octroi d’un fonds de garantie à l’AFAB permettra d’élargir le fonds d’investissement de WISE.

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6.3. Domaines d ’ intervent ions pr ior i ta ires Les interventions prioritaires proposées ici tiennent compte de l’analyse de la situation du genre faite dans le présent PGP, des domaines prioritaires d’intervention de la BAD et des propositions faites à l’atelier de synthèse. Action prioritaire 1. Le renforcement institutionnel du ministère de la Solidarité nationale, des Droits de la Personne humaine et du Genre • impliquer le ministère du Genre dans l’élaboration du prochain DSP et

dans les autres opérations de la Banque ; • prendre en compte les indicateurs genre dans la composante suivi-

évaluation des projets, notamment au moment des activités de supervi-sion par la BAD lors des missions où la présence d’une experte genre est obligatoire ;

• faire l’audit institutionnel et organisationnel du ministère de la Solidarité nationale, des Droits de la Personne humaine et du Genre dans le but de réviser les objectifs, les missions et l’organigramme, en vue de renforcer les capacités des ressources humaines pour une meilleure intégration du genre ;

• analyser les objectifs et les missions des centres de développement fami-lial en les adaptant à l’intégration du genre et en y mettant des ressources humaines capables de répondre aux attentes des communautés dans le cadre de la lutte contre les violences et pour une meilleure représentativi-té des femmes au niveau des communes et collines ;

• développer et vulgariser les textes législatifs et réglementaires, les politi-ques et les programmes en faveur de l’égalité des genres, tout en préci-sant les mécanismes d’application ;

• produire un guide pratique d’intégration du genre. Cet outil sera expliqué et utilisé par les ministères avec l’appui du ministère en charge des ques-tions de Genre.

Action prioritaire 2. La mise en place d’une base de données sur le genre • accorder une priorité à la désagrégation des données par sexe au niveau

de tous les ministères et départements sectoriels et renforcer les capacités des agents chargés de la statistique ;

• promouvoir les activités de renforcement des capacités en genre du per-sonnel clé de tous les ministères et favoriser aussi la formation continue sur les enjeux du genre ;

• soutenir les besoins de renforcement des capacités des OSC et du secteur privé en collecte de données désagrégées.

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Action prioritaire 3. L’appui aux institutions de micro-finance (IMF) à l’entreprenariat féminin et aux ONG/associations • renforcer les capacités des femmes rurales comme urbaines pour qu’elles

deviennent plus entreprenantes afin de tirer profit des AGR ; • mettre à la disposition de l’AFAB un fonds de garantie pour accorder

plus de crédit aux femmes et renforcer les capacités de cette association pour assurer la formation des femmes en gestion des activités et élabora-tion de bilans ;

• négocier avec la BAD un appui pour le Réseau des institutions de micro-finance chargé de la formation des IMF membres du Réseau (thèmes à identifier à la suite d’un diagnostic) et aussi le financement d’une vaste campagne d’information et de sensibilisation sur l’accès des femmes aux services offerts par les institutions de microcrédit.

Action prioritaire 4. Le soutien à la lutte contre les violences basées sur le genre et d’autres formes de violence (au niveau économique par exemple) • élaborer une politique nationale de lutte contre les violences basées sur le

genre ; • assurer la promotion et la protection des droits fondamentaux des fem-

mes ; • mettre en place un système de coordination des actions de tous les inter-

venants dans le domaine des violences basées sur le genre et inclure des indicateurs sur les violences dans le système d’information sanitaire.

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VII. Conclusion 7.1. La réalisation de ce profil genre pays est intervenue à la suite d’une requête adressée à la Banque africaine de Développement par le gouvernement du Bu-rundi, dans le but d’analyser les questions de genre qui affectent le développe-ment économique et social du pays. Elle a permis d’analyser les enjeux du gen-re et les nombreux défis à relever dans les secteurs clés du développement.   7.2. Cette étude s’est penchée sur les politiques sectorielles de prise en compte du genre pour détecter les insuffisances liées aux facteurs socioculturels et éco-nomiques qui entravent l’équité et l’égalité entre les sexes dans le pays. L’analyse de la capacité institutionnelle du ministère en charge des questions de genre et l’évaluation de la contribution de la société civile et des autres parte-naires au développement engagés dans la promotion des droits humains et l’autonomisation des femmes ont permis de formuler des recommandations pour accélérer l’intégration du genre dans les domaines économique, social et politique et permettre au pays de sortir du cycle vicieux de la mal-gouvernance. 7.3. La prise en compte du genre demeure une préoccupation majeure du gou-vernement. Ce dernier a mis en place une institution en charge de la question, nommé des points focaux genre au sein de chaque ministère (2006), adopté des textes de lois (Constitution nationale, Code électoral de 2010, nouveau Code pénal) et instauré le système de quotas et même de cooptation. En ratifiant la CEDEF et d’autres instruments internationaux, le Burundi a accepté de fournir aux Nations unies des rapports d’évaluation périodique de la mise en œuvre des politiques en faveur de la protection des droits de l’homme et a franchi ain-si un grand pas dans la prise en compte de l’équité du genre dans les program-mes et plans de développement. Des résultats encourageants ont été enregistrés depuis 2000, notamment en termes d’augmentation du pourcentage des fem-mes au niveau de l’Assemblée nationale, du gouvernement, du Sénat, des Conseils communaux et collinaires, d’amélioration de la couverture sanitaire, de réforme du système éducatif, de prise en charge du VIH/Sida et d’affermissement des libertés individuelles et collectives (associations, ONG, médias, etc.). 7.4. L’élaboration d’un document de politique nationale genre depuis 2004 dé-note aussi de la volonté des autorités publiques de faire de la promotion des couches vulnérables une priorité. Cependant, l’analyse situationnelle a révélé que la dimension genre est faiblement prise en compte dans les politiques sec-torielles de développement et dans la pratique quotidienne des populations, du fait des pesanteurs socioculturelles. Les insuffisances liées à l’instabilité institu-tionnelle du ministère chargé du Genre, le manque d’infrastructures et de res-sources humaines compétentes et suffisantes, le budget insignifiant alloué au

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ministère, ainsi que la faible capacité d’intervention des organismes de promo-tion des droits humains constituent un frein à l’intégration du genre tant prô-née. Ainsi, la non-adoption de la politique nationale genre est l’une des consé-quences des insuffisances constatées. Dans un contexte où subsistent des tex-tes juridiques inégalitaires sur les droits de succession, les régimes matrimo-niaux et les libéralités, et où restent des situations de pauvreté, de VBG et de vulnérabilité des femmes/filles, les facteurs socioculturels constituent un poids supplémentaire qui annihile les efforts de partage équitable des rôles et des res-ponsabilités au sein de la société. Aussi longtemps que les textes nationaux (Code de la famille, Code pénal, etc.) contiendront des dispositions discriminatoires et tarderont à s’aligner sur les instruments internationaux ratifiés et tant que les politiques et stratégies nationales ne s’adapteront pas aux changements sociaux, l’égalité de genre ne sera pas une réalité. Si la problématique genre bénéficie de l’attention de plu-sieurs bailleurs de fonds comme le PNUD, l’ONU Femmes, l’UNICEF, le FNUAP, le BINUB, International Alert, les institutions de coopération bilaté-rale (GTZ, UE, CTB, etc.), les ONG nationales et internationales, l’État doit demeurer l’acteur central pour coordonner et capitaliser les efforts consentis, tout en définissant les orientations stratégiques claires que les autres inter-venants devront prendre en considération. 7.5. L’État burundais doit saisir l’opportunité de la prise de conscience généra-lisée de toutes les parties prenantes sur la nécessité d’intégrer le genre dans les activités de développement, afin de parvenir au relèvement socio-économique et politique du pays. Le PGP peut devenir un outil de travail efficace et une première réponse à la capitalisation de données sur le degré de prise en compte du genre au niveau national, une évaluation du volume d’activités et d’actions entreprises et une identification des défis à relever. Le PGP aura également à favoriser la connaissance des besoins pratiques liés aux inégalités de genre, à faciliter la programmation/planification efficiente de la réponse nationale et à assurer un meilleur ciblage des objectifs de développement soucieux de l’équité du genre au Burundi.

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Annexes

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Annexe 1

Glossaire des termes et concepts Activité procréatrice : ensemble de tâches liées à la procréation et au maintien de la vie des ressources humaines, ce qui comprend l’entretien de la maison, de la famille, de la collectivité – ramassage du bois de chauffage, alimentation de la maison en eau, préparation des repas, soins des enfants (et peut-être des person-nes âgées) – l’éducation, l’hygiène et les obligations sociales déterminées par la collectivité (activités liées aux naissances, aux mariages et aux funérailles). Ces ac-tivités ne sont généralement pas rémunérées. En conséquence, très souvent, elles ne sont pas prises en compte dans les chiffres et les revenus de l’emploi, parce qu’elles sont considérées comme des activités non économiques.

Analyse des sexospécificités : évaluation systématique des politiques et prati-ques touchant les femmes et les hommes respectivement, ainsi que les rapports sociaux et économiques existant entre eux. L’application d’un point de vue axé sur le genre à la question de développement qu’on traite exige une analyse de la division du travail selon le genre, l’identification des besoins et des priorités des femmes et des hommes, celle des chances et des obstacles qui existent dans la voie de la réalisation des objectifs de développement, ainsi que le choix d’une stratégie d’intervention appropriée.

Avantage : revenu, bien matériel ou aliments pour la consommation ou la vente, mais aussi statut, pouvoir, respect et reconnaissance.

Besoin des femmes et des hommes : besoin tenant à la situation relative des femmes (et des hommes) par rapport à la division du travail selon le genre. Habi-tuellement, les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes besoins. Par exemple, il existe deux types de besoins pour les femmes :

Besoins pratiques : ils sont liés à la division traditionnelle du travail et propres à des groupes de femmes en particulier. Ils renvoient à des nécessités immédiates perçues (nourriture, logement, revenu) et sont spécifiques à un contexte. Les pro-jets visant à répondre à ces besoins comprennent des programmes d’octroi de crédit, de production de revenu d’appoint, de moulins à grains, de services de san-té, d’adduction d’eau et d’assainissement. Ils font participer les femmes à titre de bénéficiaires et de participantes et influent sur leurs conditions.

Besoins stratégiques : besoins à long terme, qui mettent en cause la réparti-tion du travail selon le genre et l’absence d’égalité entre les femmes et les hom-mes. Les projets qui répondent à ces besoins comprennent les droits juridiques, l’acquisition de compétences et la formation au leadership. Ils font participer les femmes à titre d’agents et ont une incidence sur la position des femmes par rap-port aux hommes.

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Budget sensible au genre : il s’agit de prendre en compte l’incidence que le budget d’une administration publique ou d’une organisation a sur les femmes et les hommes, les filles et les garçons, des groupes de femmes et d’hommes et des groupes de filles et de garçons. Il ne s’agit ni d’un budget séparé ni de la recherche de ressources supplémentaires pour les femmes.

Développement : processus par lequel les membres d’une société augmentent leurs capacités personnelles et institutionnelles de collecte et de gestion de res-sources en vue d’améliorer la qualité de leur vie de façon durable et équitable.

Discrimination fondée sur le genre : traitement différent des personnes se-lon le genre. Discrimination systématique et structurelle à l’égard des femmes en matière de répartition des revenus, d’accès aux ressources et de participation à la prise de décision. La discrimination systémique est l’enracinement de nor-mes sociales, culturelles et physiques dans les processus et les pratiques d’une organisation. Elle se manifeste lorsqu’une organisation adopte des pratiques qui ont une incidence négative ou différenciée sur les femmes ou sur les hom-mes. Il y a discrimination structurelle lorsque le système de discrimination fon-dée sur le sexe d’une société est appliqué par des institutions publiques ou so-ciales. Ce type de discrimination devient plus enraciné s’il est maintenu par des règlements administratifs et des lois, plutôt que simplement par la coutume et la tradition.

Division du travail selon le genre : système social global dans lequel les fem-mes et les hommes jouent des rôles séparés. Cette division n’est pas fondée sur les aptitudes, mais sur le genre des personnes. L’inégalité en matière de division du travail selon le sexe s’entend d’une situation où un genre porte le gros du far-deau du travail et où la répartition des récompenses est inégale selon le genre.

Données désagrégées selon le genre : collecte de données et analyse des résul-tats selon le genre, c’est-à-dire des données sur le statut et les rôles socioéconomi-ques des différents groupes de femmes et d’hommes ou des données fondées sur les caractéristiques biologiques des femmes et des hommes.

Égalité entre les femmes et les hommes : jouissance à part égale par les fem-mes et les hommes des biens, des chances, des ressources et des récompenses tenus en considération dans la société. Pour réaliser cette égalité, il faut modifier les pratiques institutionnelles et les relations sociales par lesquelles les disparités sont renforcées et alimentées.

Équité en matière de genre : répartition équitable des avantages et des récom-penses entre les hommes et les femmes.

Formation aux questions de genre : fourniture d’un enseignement formel et de connaissances visant à accroître les aptitudes à l’analyse des sexospécificités et la sensibilisation aux questions de genre. Ces aptitudes sont mises à contribution pour la définition et le traitement des questions de genre dans la mise au point de programmes.

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Genre : personne de genre féminin ou masculin dans une société donnée. Mais aussi caractéristiques et chances sur les plans social, politique et culturel liées au statut d’homme ou de femme. Cette définition varie d’une société à l’autre ; elle est associée à une époque.

Indicateur de sensibilisation au genre : chiffre, fait ou perception visant à in-diquer à quel degré et de quelle façon un programme ou un projet de développe-ment réalise les objectifs fixés et enregistre des résultats au plan de l’équité en ma-tière de genre.

Indifférence aux sexospécificités : inaptitude à reconnaître que les rôles et les responsabilités ne sont pas les mêmes pour les femmes et les hommes et, par conséquent, à se rendre compte que les politiques, les programmes et les projets peuvent ne pas avoir la même incidence sur les femmes et sur les hommes.

Planification selon le genre : formulation de stratégies spécifiques visant à donner des chances et des avantages égaux à la fois aux femmes et aux hommes.

Planification sensible au genre : planification tenant compte de l’incidence que les politiques et les programmes ont sur les femmes et sur les hommes.

Point de vue tenant compte des sexospécificités : perception des problèmes, des obstacles, des besoins, des intérêts et de leur importance relative du point de vue des femmes ou des hommes.

Politique : répartition du pouvoir au double plan des ressources et de l’influence.

Prise en compte des questions de genre : processus d’identification, de prise en compte intégrale et d’intégration des besoins et des intérêts des femmes et des hommes dans les politiques, les stratégies, les programmes et les activités adminis-tratives et financières. Cela comprend la reconnaissance et l’examen des relations de collaboration et de conflit entre les femmes et les hommes. L’analyse des sexospécificités est utilisée par les intervenants du domaine du développement pour cerner les opportunités et les obstacles pour chaque genre et pour détermi-ner si les politiques et les programmes mis en œuvre offrent des chances égales aux femmes et aux hommes. La prise en compte des questions de genre vise éga-lement à faire participer les femmes, dans la plus grande mesure possible, aux processus de décision concernant le développement.

Question de genre : cas d’inégalité reconnu injuste. Le fait que le taux d’analphabétisme des femmes est plus élevé que celui des hommes est une ques-tion de genre qui devrait être prise en compte dans un projet exigeant des aptitu-des de lecture et d’écriture. Autres exemples : les mutilations génitales féminines, la violence faite aux femmes, la discrimination à l’endroit des hommes dans les services de planning familial, etc.

Renforcement d’autonomie : prise en main de sa propre vie par des choix étendus. Ce processus englobe l’autonomie et la confiance en soi et est lié de fa-

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çon intrinsèque à la connaissance et à l’aptitude de se faire entendre. C’est une fonction de l’initiative personnelle que favorise l’évolution des institutions.

Rôle selon le genre : système social, plutôt que biologique, de classification des rôles. Par exemple, si l’éducation des enfants est classée comme un rôle réservé aux femmes, cela devient un rôle selon le genre, et non un rôle assumé par une personne de sexe féminin. L’éducation des enfants peut être assurée également par les hommes et par les femmes. Le rôle selon le genre s’oppose au rôle selon le sexe, qui ne peut pas être assumé indifféremment par les hommes et par les fem-mes.

Sensibilisation aux questions de genre : reconnaissance des différences au ni-veau des intérêts, des besoins et des rôles des femmes et des hommes dans la so-ciété et de la façon dont cela donne lieu à des disparités au niveau du pouvoir, du statut et des privilèges. Aussi, aptitude à cerner les problèmes provoqués par l’inégalité et la discrimination fondées sur le genre.

Sensibilité aux questions de genre : aptitude à reconnaître les besoins des femmes et des hommes et les obstacles auxquels ils font face. Il s’agit aussi de la capacité à reconnaître la différence entre leurs perceptions et leurs intérêts tenant à leur statut différent dans la société.

Sexe : caractéristique biologique de l’homme et de la femme.

Stéréotypie des rôles selon le genre : présentation constante (dans les médias ou l’enseignement) des femmes et des hommes jouant certains rôles selon la divi-sion du travail et le comportement sanctionnés par la société.

Travail productif : travail lié à la production de biens et services destinés au marché.

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Annexe 2

Termes de ré f é rence de l ’ é tude

Profil Genre Pays du Burundi

1. Contexte e t just i f i cat ion 1.1. Le Burundi est engagé dans un processus de transition vers un système politique multipartite. Néanmoins, depuis 2005, les avancées réalisées au plan politique sont mitigées. En 2007, un clivage apparu au sein du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, a fait perdre à celui-ci la majorité parlementaire, déclenchant une crise politique qui pa-ralysa le fonctionnement du Parlement et compromit la mise en œuvre du programme législatif du Gouvernement. Suite à un accord conclu entre les principaux partis politi-ques, un gouvernement de large coalition a été formé en novembre 2007. 1.2. Le contexte social est caractérisé par une grande pauvreté que le conflit intervenu dans ce pays a aggravée. La proportion de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté s’est accrue, passant de 35 % en 1993 à 67 % en 2006. La combinaison de ce facteur avec les indicateurs ci-après, permet de comprendre les carences concernant la qualité de vie et les immenses défis à relever : espérance de vie : 49,6 ans (moyenne des pays en développement : 65,4 ans), mortalité infantile : 169 ‰ (81 ‰ dans les pays en développement), analphabétisme des adultes : 44 % (27 % dans les pays en développement). Le Burundi présente aujourd’hui les caractéristiques d’une nation pauvre, à en juger par la faiblesse du revenu national et le niveau de développement humain du pays. L’indice du développement humain du PNUD pour 2007/2008 clas-se en effet le Burundi au 167e rang sur 177 pays. En outre, le Burundi est confronté au problème de réinstallation et de réintégration de milliers de réfugiés et de quelques 150 000 déplacés à l’intérieur du pays (PDIP) répartis dans 160 camps. Depuis 2001, 450 000 personnes ont été rapatriées de Tanzanie et les 100 000 réfugiés qui s’y trou-vent encore, à en croire les estimations, seront progressivement rapatriées 1. 1.3. Le Gouvernement reconnaît l’importance de la prise en compte du genre comme levier important du développement. En 2005, il a mis en œuvre une politique d’éducation primaire gratuite et en 2006, il a supprimé les frais de services de santé de base pour les moins de 5 ans et pour les femmes enceintes pendant l’accouchement. Cependant, du fait de l’immensité de la demande ainsi que des infrastructures, équi-pements et ressources humaines disponibles, le Gouvernement a eu des difficultés à assurer ces services de manière adéquate. Bien que le Burundi n’ait enregistré que de faibles progrès dans la réalisation des OMD, tout porte à croire qu’il atteindra seule-ment trois des sept objectifs d’ici à 2015. Il s’agit, entre autres, des suivants : éducation primaire pour tous (objectif 2) et égalité des sexes et autonomisation des femmes (ob-jectif 3), dont l’un des buts, à savoir « présence des femmes au Parlement », est déjà atteint. Des progrès honorables ont également été réalisés en matière de lutte contre le

                                                                                                                         1 BAD, DSP Burundi 2008-11.

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VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies (objectif 6), le taux de prévalence du VIH dans le pays en 2007 étant de 4,8 %. 1.4. Le Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP 2006), met l’accent sur la priorité à accorder aux questions de genre dans le processus de développement et de transition. Un Profil du Genre du Burundi a été élaboré par la Banque mondiale en 2004, dans lequel il ressort que la performance générale du pays en la matière était en deçà de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne. 1.5. Dans le contexte actuel, où le DSP du Burundi a pris fin en 2011, l’actualisation du Profil Genre Pays (PGP) devient un impératif afin de permettre au gouvernement et à la Banque d’améliorer les connaissances et la base de données sur les questions de genre. Le PGP permettra également d’établir dans quelle mesure les résultats mesura-bles et réalistes relatifs à la prise en compte des questions de genre ont été atteints dans les domaines prioritaires pertinents du Groupe de la Banque, et d’identifier des actions d’intervention prioritaires dans le domaine du genre. 1.6. Les principales conclusions et recommandations du PGP serviront de base aux discussions avec le gouvernement et les autres intervenants sur les actions sexospécifiques souhaitables dans leurs politiques et interventions respectives. Par ailleurs, au niveau de la Banque, le Profil Genre Pays sera largement distribué aux chefs de projet afin de les informer sur les questions liées au genre qui doivent être prises en compte dans la conception et la mise en œuvre des programmes et projets. Il sera mis sur le site web de la Banque pour une distribution plus large. Le Profil Genre Pays sera en outre distribué dans le pays pour la sensibilisation, l’élaboration de politiques et la conception de projets. Il servira de document de travail pour le ministère chargé du Genre et les ministères sectoriels, ainsi qu’aux partenaires et donateurs au Burundi.    2. Objec t i f s 2.1. Le principal objectif du PGP est d’identifier à court, moyen et long terme les pro-blématiques de genre pertinentes pour la réduction de la pauvreté et doivent être trai-tés et intégrés au niveau des interventions du Groupe de la Banque, du gouvernement du Burundi, ainsi que d’autres partenaires au développement. 2.2. De manière spécifique, le PGP du Burundi a pour objectif d’analyser les questions de genre qui affectent le développement économique et social du pays. Le PGP est une étude analytique qui fournira au Burundi et à la Banque des données fiables et dé-sagrégées par sexe. Il devrait :

• analyser les enjeux de genre dans divers secteurs et identifier les disparités liées au genre ;

• évaluer les politiques sectorielles et les stratégies à partir d’une perspective sexospécifique et identifier les bonnes pratiques et les insuffisances ;

• examiner les facteurs socioculturels et économiques qui entravent les efforts de l’égalité des sexes dans le pays ;

• évaluer la capacité institutionnelle de l’institution nationale chargée du genre et la société civile pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes au Burundi ;

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PROFIL GENRE DU BURUNDI 75  

• faire des recommandations pour accélérer les progrès en vue de faire avancer l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes dans les domaines économi-que et social et leur participation au processus décisionnel.

3. Descr ipt ion des act iv i t és Une mission sera organisée au Burundi pour la réalisation du PGP. Elle collectera des données pour une analyse des disparités entre les sexes dans les secteurs d’intervention prioritaires de la Banque. De manière spécifique, la mission terrain de-vrait permettre de faire les analyses suivantes :  3.1. Contexte social et culturel    

• examiner les normes sociales et les pratiques culturelles qui ont une incidence positive ou négative sur les droits des hommes, femmes, filles ou garçons ;  

• identifier les différents rôles, responsabilités, normes traditionnelles qui dé-terminent les rapports entre les hommes et les femmes dans la société burun-daise, leur accès et le contrôle des ressources ainsi que leur bien-être et ce dans les différents groupes culturels ou ethniques ;

• déterminer comment l’expérience du conflit a eu un impact sur les disparités entre les sexes et la vulnérabilité des femmes et des filles, des hommes et des garçons ;

• évaluer la prévalence des violences fondées sur le genre dans le pays et exami-ner les causes possibles ainsi que les mesures prises par différents intervenants pour lutter contre ce fléau.  

 3.2. Les cadres institutionnel, politique et juridique du genre  

• analyser le cadre d’allocation des ressources budgétaires aux niveaux national et sectoriel et identifier les lacunes et les possibilités d’intégration de la dimen-sion Genre dans les budgets nationaux ;  

• évaluer les efforts du gouvernement pour améliorer l’attention accordée à l’égalité entre les sexes dans tous les secteurs et identifier les bonnes pratiques, les principales lacunes et contraintes ;  

• examiner la Politique nationale Genre si elle existe et l’état de sa mise en œu-vre ;  

• faire une analyse du cadre politique, institutionnel et juridique (réformes de politique du pays) dans le domaine du genre ;

• évaluer la capacité du mécanisme national chargé du genre et ses possibilités d’influer sur l’égalité des sexes dans les autres ministères ;

• fournir un aperçu des législations nationales adoptées pour promouvoir les droits des femmes, le renforcement et l’égalité des sexes et aussi évaluer l’état de leur mise en œuvre ;  

• évaluer la participation des femmes dans les structures-clés de gouvernance, y compris leur participation à la vie politique aux niveaux local et national ;  

• examiner la manière dont la société civile agit pour renforcer le plaidoyer sur les questions de genre, analyser les principales résistances ;  

• évaluer les formes de vie associative chez les femmes et leurs effets sur l’amélioration de leurs conditions et de leur position dans la société ;  

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• examiner les actions entreprises dans le domaine du genre par les partenaires de développement (Banque mondiale, Union européenne, Agences des Na-tions unies, etc.) et présenter ces actions sous forme de fiche de projets.  

 3.3. Promotion économique    

• examiner le régime foncier et le système de la propriété et l’impact sur l’accès des femmes à la terre à des fins agricoles et évaluer la situation des droits de propriété des femmes et les efforts du gouvernement pour améliorer la sécu-risation foncière des femmes ;  

• évaluer la participation des femmes et des hommes dans l’emploi formel et in-formel dans tous les secteurs, et discuter des opportunités et des défis ;

• évaluer le niveau de développement de l’entreprenariat des femmes et la parti-cipation des hommes et des femmes dans des activités non traditionnelles ;  

• analyser l’accès des femmes au crédit et les possibilités d’amélioration ; • au niveau sectoriel, analyser les secteurs suivants selon l’équité de genre : agri-

culture et développement rural, éducation, santé, infrastructures (transports, eau et assainissement, énergie, TIC), gouvernance et processus de prise de dé-cision, violence sexospécifique, environnement et changement climatique, VIH/Sida, sécurité, etc. ;

• au niveau de l’éducation, examiner la situation des filles et des garçons quant à l’accès à l’éducation à tous les niveaux et les niveaux de réalisations et analyser les facteurs qui influent sur leurs résultats scolaires à différents niveaux (pri-maire, secondaire, professionnel, supérieur) ;  

• évaluer également la participation des filles dans l’enseignement scientifique et technologique et l’enseignement professionnel ;  

• au niveau de la santé, examiner l’accès différencié aux services de santé et les facteurs qui influent sur les progrès accomplis ;  

• au niveau de l’AEPA, évaluer l’accès à l’eau potable et l’assainissement et identifier les possibilités de maximiser le revenu des femmes de la fourniture de services d’eau et d’assainissement.

• identifier les obstacles sexospécifiques à l’accès aux services et l’accès aux res-sources productives ;

• analyser la dimension genre dans les domaines identifiés comme prioritaires et considérés comme pouvant apporter une plus grande contribution à l’égalité entre les hommes et les femmes et la prise en compte des questions de genre dans les projets et programmes.

3.4. Recommandations

• Faire des recommandations et proposer des axes d’intervention à l’attention du gouvernement, des partenaires au développement et du groupe de la Ban-que africaine de développement.

4. Méthodolog ie 4.1. Une équipe, composée d’une experte genre de ORQR4, d’une consultante inter-nationale et d’une consultante nationale conduira une mission de deux semaines au Burundi. L’équipe organisera des réunions avec les ministères sectoriels et discutera du plan de travail et des TDR avec le ministère de tutelle, le ministère chargé du Genre,

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ainsi que le groupe de travail genre des donateurs et d’autres parties prenantes. Le ministère chargé du Genre sera la structure gouvernementale d’ancrage de la mission. Il sera chargé de la coordination des rencontres et de l’atelier de restitution 4.2. La mission se fondera sur une approche participative avec tous les partenaires au développement. Elle sera fondée sur la consultation des différentes composantes de la société (gouvernement, société civile, organisations traditionnelles et religieuses, jeu-nes, organisations de femmes, universitaires, etc.), les échanges et discussions, la col-lecte des données et des informations sur les études sur le genre. L’équipe mènera aus-si des entretiens et des discussions de groupe avec le groupe des donateurs en particu-lier la Banque mondiale, les agences du système des Nations unies, l’Union européen-ne, la Banque africaine de Dévelopement. 4.3. Un atelier servira de synthèse à la mission ; il aura pour objectif de présenter et d’examiner les premières conclusions, de valider les données, de fournir des informa-tions supplémentaires, de favoriser le débat sur les questions essentielles et d’expliquer les étapes suivantes et les activités de suivi. 5. Calendrier/délai   Une mission de terrain de deux semaines sera conduite au Burundi à partir de mi octobre 2010.    

Activ i t é s Pér iode Observa t ions    

Élaboration des TDR Juillet 2010 Évaluation des pairs Août 2009 Réunion de l’équipe pays pour l’examen des

TDR 16 septembre 2010 Recrutement des consultants Septembre-octobre 2010 Mission de terrain Mi-octobre 2010 Soumission du 1er draft du rapport au Gender

Helpdesk Mi-novembre 2010 Réunion équipe pays pour examen du rapport Fin novembre 2010 Validation du rapport par le gouvernement du

Burundi 10 décembre 2010 Soumission du rapport au Board 20 décembre 2010      6. Produits   Les consultants devront soumettre à la Banque africaine de Développement deux rapports sur le Profil Genre Burundi, dont un rapport détaillé et un résumé de 20 pa-ges maximum pour le Board. Le rapport devrait contenir une analyse de la situation

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actuelle, les lacunes, les défis et les opportunités et les actions recommandées. Les consultants devront aussi identifier les groupes d’intervenants pertinents et faire des recommandations sur les rôles possibles qu’ils pourraient jouer individuellement ou collectivement afin de promouvoir l’égalité des sexes dans le pays.   7. Compétences requises des consul tants 7.1. Il sera fait appel à un/e consultant/e international/e pour deux mois calendaires de travail dont 15 jours sur le terrain. Il/elle devra avoir plus de cinq années d’expérience confirmée de travail dans le domaine du genre et une bonne connaissan-ce des problématiques genre et de l’approche participative. Il/elle possèdera d’excellentes aptitudes de communication, ainsi que des capacités analytiques et rédac-tionnelles. 7.2. Il sera fait aussi appel à un/e consultant/e local/e pour apporter son appui à l’élaboration de ce Profil Genre pour une durée d’un mois calendaire. Le/la consul-tant/e national/e travaillera sous la supervision de l’experte Genre de la Banque, et d’un/e consultant/e international/e. Le rôle spécifique du/de la consultant/e natio-nal/e sera de faciliter la mission au Burundi et d’appuyer le/la consultant/e interna-tional/e dans l’élaboration du PGP. Le/la consultant/e local/e sera chargé/e principa-lement d’appuyer le travail d’identification des questions de genre spécifiques aux dif-férents secteurs et de collecter des informations indispensables à l’élaboration du Pro-fil Genre Pays pour le Burundi. Il/elle devra avoir au moins cinq années d’expérience dans le domaine du développement social et/ou du genre.

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Annexe 3

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Présidence de la République, SE/REFES, Bujumbura, Burundi, juillet 2010. République du Burundi [Ministère du Plan et de la Reconstruction], Programme des Nations

unies pour le développement, Rapport Burundi 2010 sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement, Bujumbura, juillet 2010, 89 p.

République du Burundi et PNUD, Stratégie intégrée d’appui des Nations Unies au Burundi 2010-2014, Consolidation de la paix et relèvement communautaire, Bujumbura, avril 2009, 60 p. + annexes.

République du Burundi, Cabinet du Président, Décret n° 100/02 du 29 août 2010 portant no-mination des membres du Gouvernement, septembre 2010.

République du Burundi, Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté - CSLP, Bujumbura, septembre 2006, 122 p.

République du Burundi, Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté - CSLP, Rapport de la première année de mise en œuvre, Bujumbura, novembre 2008, 108 p. + an-nexes.

République du Burundi, Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP I. 2007-2009), Évaluation de la performance et de l’impact, Bujumbura, octobre 2010, 85 p. + annexes.

République du Burundi, Ministère à la Présidence chargé de la bonne Gouvernance, de la Pri-vatisation, de l’Inspection générale de l’État et de l’Administration locale, étude diagnosti-que sur la gouvernance et la corruption au Burundi, Rapport d’enquête, Bujumbura, mai 2008.

République du Burundi, Ministère de l’Action sociale et de la Promotion de la Femme, Docu-ment de politique nationale Genre (PNG), Bujumbura, 2003.

République du Burundi, Ministère de l’Enseignement primaire et secondaire, Document de Politique nationale de l’Éducation des filles au Burundi, Bujumbura, juillet 2009.

République du Burundi, Ministère de la Planification du Développement et de la Reconstruc-tion, Institut de Statistiques et d’Études économiques du Burundi, ISTEEBU, Enquête na-tionale d’évaluation des conditions de vie de l’enfant et de la femme au Burundi, (Enecef-Burundi 2000), Rapport final, Bujumbura, mars 2001, 38 p.

République du Burundi, Ministère de la Santé publique, Plan national de développement sani-taire 2006-2010, Bujumbura, 13 décembre 2005.

République du Burundi, Ministère de la Santé publique et de Lutte contre le sida, Orientations stratégiques sur la santé communautaire au Burundi, Bujumbura, janvier 2012, 34 p.

République du Burundi, Troisième Recensement général de la population et de l’habitat de 2008, Bujumbura, 5 avril 2010.

République du Burundi, UNICEF, Étude nationale sur la situation de l’enfant et les disparités au Burundi, Bujumbura, juin 2009, 94 p.

République du Burundi, Vice-Ministère chargé de la Planification, Enquête nationale d’évaluation des conditions de vie de l’enfant et de la femme au Burundi-2005, Rapport dé-finitif, Agence d’Exécution : Institut de Statistiques et d’Études économiques du Burundi, ISTEEBU, Enquête réalisée avec le soutien technique et financier de l’UNICEF en colla-boration avec le FNUAP et la Banque mondiale, Bujumbura, décembre 2008, 114 p + an-nexes.

Sentamba Elias, Étude sur la Gouvernance au Burundi, Bujumbura, mai 2005. Système des Nations Unies au Burundi, Plan Cadre des Nations unies pour l’aide au dévelop-

pement du Burundi (2005-2007), Les défis du processus de la transition, Bujumbura, 46 p., 30 mars 2004.

UNICEF, Burundi, Analyse de la situation de l’enfant et de la femme au Burundi, Bujumbura, mai 2009.

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Annexe 3

Liste des personnes rencontrées

N° Noms e t Prénoms Struc tures E-mai l 1 Nijebriko Beatrice, Coordinatrice

nationale FAWE (Forum For African Women Educationalists, Burundi)

[email protected] [email protected]

2 Kanyoge Céline, Chargée PTME Ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le VIH/Sida

[email protected]

3 Antoinette Macumi, Directrice Générale des Forêts et de l’Environnement

Ministère de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme

[email protected]

4 Ndikumugisha Kibungere Fabien Chef du Service de Promotion de l’Action environnementale

Ministère de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme

[email protected]

5 Jean Claude Muenda Kabisayi Nyanguila, Représentant ONU Femmes

ONU Femmes [email protected], jean.muenda@ONU Femmes.org

6 Christian Asse, Assistant Technique Ministère de l’Enseignement de base et secondaire, de l’Enseignement des Mé-tiers, de la Formation professionnelle et de l’Alphabétisation

[email protected]

7 Bararunyeretse Prudence VicePrésident

Observatoire de Lutte contre les Malver-sations économiques

[email protected] www.olucome.bi

8 Joseph Mujiji, Président CHOVIFFE Kiremesha [email protected] 9 Daniel Kagimbi

Program Assistant VIH/RH-Youth/UN- FNUAP

FNUAP C/O BINUB Gatumba Road BP 6899, Bujumbura

[email protected]

10 Anne Bariyuntura Assistante au Programme Genre- FNUAP

FNUAP C/O BINUB Gatumba Road B : 6899, Bujumbura

[email protected]

 

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11 Nsabiyuva M. Louise Directrice générale

Caisse d’Épargne et de Crédit Mutuel « CECM »

[email protected]

12 Awa Ndiaye Diouf Conseillère principale Genre

Programme des Nations unies pour le Développement « PNUD »

[email protected] www.bi.undp.org

13 Gérard Niyongabo, Chef de Cabinet Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, (MINAGRIE)

[email protected] [email protected]

14 Sandrine Inakabondo, Représentante légale de l’ISV

Centre Seruka [email protected], [email protected]

15 Hatorimana Terence, Chargé de Pro-gramme Santé

Bureau de la Coopération suisse au Bu-rundi

[email protected] www.cooperation-suisse.admin.ch/grandslacs

16 Salvator Ruhurambuga, Coordonnateur du Projet de Renforcement des Capaci-tés institutionnelles

Ministère du Plan et du Développement communal

[email protected] [email protected]

17 Eric Mabushi, Économiste Résident PREM3, Région Afrique

Banque mondiale [email protected], www.banquemondiale.org

18 Félicité Rukundo, Conseiller et Point focal Genre

Ministère de la Justice et Garde des Sceaux

[email protected]

19 Stella Rwajekera, Conseiller au cabinet Ministère de la Justice et Garde des Seaux

[email protected]

20 Jean Marie Ntihirageza, Directeur géné-ral décentralisation et mobilisation pour auto-développement

Ministère de la Décentralisation [email protected]

21 Ngenze Buhoro, Emmanulla Conseillère et responsable du secteur Eau

Ministère de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme

[email protected]

22 Gahungu Christophe, Conseiller du sec-teur Eau

Ministère de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme

[email protected]

23 Bakary Sogoba, Chief Child Protection UNICEF [email protected] 24 Lucia Soleti, Child Protection Officer UNICEF [email protected]

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25 Barbara Jamar, Child Protection Officer UNICEF [email protected]

26 Hashazinka Mary Jeanine, Point focal Genre

Ministère du Plan et du Développement communal

[email protected]

27 Nicodene, Ntirandekura, Conseiller technique

Ministère des Finances

28 Dr Véronique, Baramkemyereye, Char-gée du Programme PTME

Ministère de la Santé et de la Lutte contre le VIH/Sida

[email protected]

29 Dr Nduwayo Gilbert, Chargé de pro-gramme

Ministère de la Santé et de la Lutte contre le VIH/Sida

[email protected]

30 Anatolie Ndayishimiye, Membre Collectif des Associations féminines et ONG du Burundi « CAFOB »

[email protected]

31 Angèle Barumpozaka, Vice-présidente CAFOB [email protected] 32 Aline Minyabandi, Chargée de pro-

gramme CAFOB [email protected]

33 Niyonzima Elizabeth, Assistante admi-nistrative

OAG [email protected]

34 Commissaire Generose Mgendamgamya Directeur adjoint

Ministère de la Sécurité publique [email protected]

35 Ernest Ngendakuriyo, Directeur Réseau des Institutions de Micro-Finance au Burundi « RIM »

[email protected] [email protected]

36 Ancilla Ndalingeze, Chargé de pro-gramme genre

Bureau intégré des Nations Unies au Burundi « BINUB »

[email protected]

37 SPES Caritas Barahkariza, Directrice du Département Égalité du genre

Ministère de la Solidarité nationale, des Droits de la Personne humaine et du Genre « MSNDPHG »

[email protected]

38 Ntirampe Peba Sckolastique, Directrice de la Promotion féminine

Ministère de la Solidarité nationale, des Droits de la Personne humaine et du Genre « MSNDPHG »

[email protected]

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39 Aboubacar Siriki Diakité, Police adviser BINUB -IMHQ - Gatumba Road, P.O. Box 6899, Bujumbura - Burundi

[email protected]

40 Patience Naa, Oboshie Sai, Corrections Advisor

BINUB IMHQ - Gatumba Road, P.O. Box 6899 Bujumbura - Burundi

[email protected]

41 Domitien Minani Ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale

[email protected]

42 Régine Kankidi, Point focal Genre & Directrice du département de la Sécurité sociale

Ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale

[email protected]

43 Ruhotora Papien, Chef de cabinet Ministère de la bonne Gouvernance et de la Privatisation

[email protected]

44 M. Joseph Ntirandekua, Directeur de cabinet

Ministère des Finances [email protected]

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Annexe 4 L’appui des Partenaires au Développement dans le domaine du Genre au Burundi

Nom de l ’ in s t i tu t ion Les pro j e t s/programmes in t égrant l e g enre ONU Femmes o Leader du Groupe Thématique Genre

o Autonomisation des femmes o Lutte contre les Violences faites aux Femmes

FNUAP o Promotion des lois égalitaires dans le domaine de la santé de la reproduction o Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) en 2008 o Lutte contre les Violences faites aux Femmes

BINUB o Soutien à l’achèvement des programmes DDR/SSR o Promotion de la consolidation de la paix et la bonne gouvernance démocratique, o Promotion et protection des droits de l’Homme, ceux de la femme et l’enfant o Soutien au Gouvernement dans la conclusion réussie de la dernière phase du processus de la paix et la

conduite d’élections libres PNUD o Équité des sexes et autonomisation des femmes

o Réduction des violences faites aux femmes et aux enfants et lutte contre l’impunité o Participation des Femmes au processus électoral de 2010

UNICEF o Promotion du droit de la personne humaine et de la démocratie o Mise en œuvre de programme conjoint orienté sur les VBG o Lutte contre l’impunité et la protection des orphelins et victimes de Sida (OEV) o Plaidoyer pour une loi spécifique contre les VBG et la prise en compte de l’enfant au niveau institutionnel o Renforcement de capacités des Centres de Développement familial (CDF) o Mise en œuvre des résolutions 1612 contre les graves violations des droits de l’enfant

Banque mondiale o Réformes économiques et institutionnelles o Développement des infrastructures et équipements o Réalisation du Profil Genre Pays (2004)

Coopération suisse o Promotion de la santé et de la politique o Lutte contre les Violences faites aux femmes o Sensibilisation des femmes sur la gestion foncière communautaire, o Sensibilisation du corps politique et judiciaire pour un changement de mentalité.