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Diplôme Inter-Universitaire de Pédagogie Médicale
Profil et motivation des inscrits et apport pédagogique de l’enseignement
Pr Lobna OULDAMER
Service de Gynécologie, 2 Boulevard Tonnellé, 37044 Tours
Directeur de mémoire
Dr Sofiane Bendifallah Service de Gynécologie-Obstétrique, Université Pierre et Marie Curie, 4 rue de la Chine,
75020 Paris
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Résumé
Objectif : Evaluer l’apport pédagogique du DIU de pédagogie médicale ainsi que le profil et
la motivation des inscrits.
Méthodes : Un questionnaire a été mis en ligne. Les inscrits au DIU entre les années
universitaires 2012/2013 et 2016/2017 ont été sollicités par mail pour y répondre à l’aide
d’une liste fournie par la secrétaire du DIU : madame Le Boursicaud Rozenn. Les différents
items concernaient : la démographie, le type d’exercice des inscrits, leur activité
complémentaire, leur niveau scientifique global, leurs motivations lors de l’inscription et
l’apport de l’enseignement sur leur pratique ainsi que leur ressenti sur l’impact de leur
parcours sur leur vie privée.
Résultats : Nous avons recueilli 142 questionnaires, soit 35,8 % de réponses. 77,5% des
diplômés ont modifié leur pratique d’enseignement en utilisant des méthodes enseignées au
cours du DIU. Ils ont estimé être devenus meilleurs enseignants pour 67,6% d’entre eux et
avoir plus de plaisir à enseigner dans 58,4% des cas. Presque la moitié des inscrits
souhaitaient palier à un défaut de leur formation. En effet, 34,5% ont effectué ce DIU en
complément de leur formation initiale et 23,9% pour combler un déficit de formation initiale.
41,6% souhaitaient valoriser des compétences qu’ils considéraient déjà acquises. La majorité
(91,5%) a estimé que ce DIU répondait à leur attente tout en soulignant dans 73,2% l’impact
négatif des nécessités du parcours académique sur la vie privée.
Conclusion : Ces résultats soulignent l’apport de la formation pédagogique dans le cadre de
la formation initiale des futurs enseignants et l’intérêt de développer ce type de formation au
cours du cursus des études médicales.
Mots clés : enseignement ; outils, pédagogie ; questionnaire
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1. Introduction
Médecine et pédagogie entretiennent depuis des siècles des rapports étroits. L’éducation
médicale concerne la formation initiale et continue des médecins. Depuis Hippocrate et
l’école de Cos, les médecins considèrent en effet que l’efficacité de la médecine est
directement liée à la compétence des praticiens, c’est à dire à la qualité de la formation qu’ils
reçoivent (1). La formation des étudiants constitue par ailleurs un devoir inscrit dans le
serment d’Hippocrate. Il est actuellement reconnu que l’éducation médicale « didactique » est
née de la réflexion menée dans les années vingt aux États-Unis sous l’impulsion d’Abraham
Flexner autour de la proposition d’un enseignement moderne de la médecine avec le
développement de méthodes actives de formation et d’éducation médicale (2).
La pédagogie médicale s’intéresse aujourd’hui plus particulièrement à la problématique de
l’apprentissage de notions complexes et multidisciplinaires, au développement du
raisonnement diagnostique et de la décision chez les étudiants (3). Les personnels hospitalo-
universitaires qui partagent leur activité entre l’hôpital et la faculté et qui assument les trois
missions de soins, de recherche et d’enseignement, ne bénéficiaient, jusqu’à il y’a un peu plus
d’une décennie, d’aucune « formation pédagogique » (4). Des mouvements convergents ont
abouti à la mise en place progressive de formations à l’échelon de la faculté ou de la région, le
plus souvent dans le cadre d’un diplôme universitaire (DU) ou inter-universitaire (DIU), ayant
le point commun de diffuser la culture pédagogique et qui visent à mieux préparer les futurs
cadres hospitalo-universitaires à leurs responsabilités professionnelles et en particulier aux
messages qu’ils peuvent transmettre aux étudiants en médecine. Il est même actuellement
considéré que participer à ces formations est un pré-requis obligatoire pour pouvoir obtenir un
poste hospitalo-universitaire.
Dans le cadre du mémoire de validation de ce DIU qui réunit les facultés de médecine des
universités Paris V, Paris VI, Paris XI et Paris XII, nous avons réalisé un travail portant sur
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l’ensemble des inscrits depuis 2012/2013. Nous avons évalué l’apport pédagogique de cette
formation ainsi que le profil et la motivation des inscrits.
2. Matériel et méthodes
L’objectif principal et secondaire de ce travail était respectivement de déterminer l’apport
pédagogique du DIU de pédagogie médicale et d’évaluer le profil et la motivation des inscrits.
Ce travail avait fait l’objet d’un premier mémoire en binôme (Drs Bendifallah et Leconte)
soutenu en 2012 et le présent mémoire est une suite de ce travail. Pour répondre à ces deux
objectifs, il avait été élaboré un questionnaire comportant 43 items auxquels nous avons
rajouté d’autres items structurés en plusieurs parties selon le plan suivant :
2.1 Profil des inscrits
• Démographie : sexe (1), âge au moment du DIU (2), situation maritale (3), nombre
d’enfants (4), spécialité (5), année de validation du diplôme (6)
• Activité actuelle du diplômé : type d’exercice (7), région d’exercice (8), titre
académique (9), année de nomination à ce titre (10), score SIGAPS à la nomination à
ce titre (11), répartition du temps de travail entre activité clinique (12), activité de
recherche (13) et activité d’enseignement (14), direction d’une structure de recherche
nationale, européenne ou internationale (15), direction d’étudiants en master (16) et
en thèse d’université (17), nombre de publications annuelles dans une revue
internationale (18), activité d’enseignement délivrée (19), membre de la commission
de pédagogie (20), membre de la commission de docimologie (21), participation à la
rédaction des sujets d’ECN (22), participation à des congrès nationaux en tant
qu’orateur (23) et/ou organisateur (24), participation à des congrès internationaux en
tant qu’orateur (25) et/ou organisateur (26)· Activité de l’inscrit au moment du DIU :
titre académique (27), formation complémentaire (28).
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2.2 Motivation
Raison du choix de cette formation (29), mode de connaissance du DIU (30).
2.3 Apport pédagogique du DIU
Satisfaction de l’enseignement délivré au cours du DIU (31), légitimité apportée par
l’obtention du DIU auprès des collègues (32), modification de la pratique d’enseignement
(33), utilisation des méthodes enseignées (34), sensation d’être meilleur enseignant (35),
plaisir à enseigner accru (36), mémoire de DIU publié (37), thème enseigné le plus intéressant
(38), thème enseigné ayant le plus apporté pour la pratique (39), thème non abordé manquant
(40), enseignement dispensé : bon reflet des principes de pédagogies enseignés (41), DIU
conseillé (42).
2.4 Organisation du DIU
Modalités d’enseignement adaptées à l’activité professionnelle (43).
2.5 Biais
Biais de déclaration lié au questionnaire (44).
2.6 Questions « personnelles »
Impact du parcours académique sur la vie privée (45), est ce que le parcours académique est
perçu comme plus simple pour un homme ?(46)
Selon la question, la réponse attendue pouvait être à choix simple, à choix multiple ou une
réponse libre. Pour les réponses quantitatives à choix multiples, nous avons utilisé une échelle
à 5 paliers sauf pour les items « répartition du temps de travail entre activité clinique, activité
de recherche et activité d’enseignement » où 11 réponses étaient possibles par tranche de 10%
entre 0 et 100%.
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Un mailing a été réalisé auprès des 396 inscrits au DIU de pédagogie médicale depuis
2012/2013 jusqu’à 2016/2017. Celui-ci a été obtenu par le biais de la secrétaire du DIU :
madame Le Boursicaud Rozenn. Ce courrier électronique comportait un lien vers un site
dédié présentant le questionnaire. Deux relances ont été effectuées.
Les réponses étaient anonymes. Le temps estimé nécessaire pour répondre au questionnaire
était inférieur à 5 minutes.
3. Résultats
3.1 Données démographiques
Nous avons obtenu 142 réponses sur les 396 questionnaires envoyés (soit un taux de réponse
de 35,8%). Cinq questionnaires étaient incomplètement remplis. Le nombre d’inscrits au DIU
de Pédagogie médicale par année depuis 2012/2013 jusqu’à l’année universitaire 2016/2017
et la répartition du nombre de réponses selon l’année d’obtention du DIU sont représentés sur
la Figure 1.
Figure 1 - Nombre d’inscrits au DIU de pédagogie médicale et nombre de répondants
Les répondants avaient 38 ans en moyenne (25-56) au moment du DIU et étaient
majoritairement des hommes (54.2%). 13,5% étaient célibataires. 78,7% avaient au moins un
0102030405060708090100
Inscrits
Répondants
7
enfant dont 37,8 trois enfants ou plus. Les spécialités les plus représentées étaient la médecine
clinique (37%), la chirurgie (20,5%), et l’anesthésie-réanimation (11,6%). On note 6,8% de
médecins généralistes et 1,4% de chercheurs issus d’un parcours scientifique (Figure 2).
Figure 2- Répartition des spécialités des répondants
3.2 Activité actuelle du diplômé : type d’exercice
La majorité des diplômés (76,8%) exercent dans un CHU d’île de France et ont le titre de
CCA (12,7%), PH (31,7%) ou de MCU-PH (30,9% avec un SIGAPS moyen de 508
(extrêmes : 103-1412) à la nomination et dont 63,6% sont des femmes). Nous comptons 19
PU-PH (13,4% avec un SIGAPS moyen de 1043 (extrêmes : 350-2900) à la nomination, et
dont 6 (31,6%) sont des femmes).
Parmi eux, deux ont validé leur DIU la même année que leur nomination à ce titre et deux
autres avec une nomination au titre de PU-PH antérieure à la validation du DIU (Figure 3).
Anapath
Anesthésie-réanimation
Biologie
Chirurgie
Gynécologie-obstétrique
Médecineclinique
MédecineGénérale
Pharmacie
Psychiatrie
Radiologie
8
Figure 3 - Titre académique des répondants au moment du DIU et actuellement
Les activités cliniques, de recherches et d’enseignement des diplômés représentent
respectivement 0 à 100 %, 0 à 100 %, et 0 à 50% de leur temps de travail (Figure 4).
Figure 4- Répartition de l’activité professionnelle des diplômés
Au titre de leur activité de recherche 8,4% dirigent une structure de recherche, 57,7% dirigent
au moins un étudiant par an en master, 34,5% dirigent au moins un étudiant par an en thèse
d’université. Pour 70,4% d’entre eux, le nombre de leurs publications dans une revue
0
10
20
30
40
50
60
AumomentduDIU
Aujourd'hui
9
internationale est de 1 à 5 par an et pour 9,1% il est à plus de 10 par an. Tous les diplômés
sauf trois dispensent un enseignement. Cet enseignement s’adresse aux étudiants en deuxième
cycle d’études médicales (82%) ou en troisième cycle majoritairement sous la forme d’un
DU/DIU (72%) mais aussi dans le cadre d’un DES (69%) et/ou d’un DESC (34,5%). La
majorité des diplômés ne font pas parti de la commission de pédagogie de leur établissement
(78,2%), ni de la commission de docimologie (88%) et n’ont jamais participé à la rédaction
des sujets de l’ECN (70,4%). 94,4% des diplômés sont orateurs dans des congrès nationaux,
au moins une fois par an dont 12% en moyenne 4 fois par an ou plus et 74,6% sont orateurs
dans un congrès international au moins une fois par an dont 13,2 plus de 3 trois fois par an. La
majorité n’organisent pas de congrès nationaux (73,9%) ou internationaux (92,9%).
3.3 Activité de l’inscrit au moment du DIU
Au moment du DIU la plupart des inscrits étaient CCA (23,9%), PH (42,9%) ou MCU-PH
(19,7%) (Figure 3). Dans la grande majorité des cas, ils possédaient une formation
complémentaire telle qu’un master 2 (85,2%), une thèse d’université (46,5%), ou une HDR
(14,8%).
3.4 Apport pédagogique du DIU
La majorité des inscrits (91,5%) ont estimé que ce DIU répondait à leurs attentes (Figure 6).
Parmi eux, 23,2% se sont déclarés très satisfaits et 7% complètement satisfaits avec un
enseignement estimé être un bon reflet des principes de pédagogie enseignés.
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Figure 6 - Satisfaction des inscrits
A la suite de cette formation, 77,5% des diplômés ont modifié leur pratique d’enseignement
en utilisant des méthodes enseignées au cours du DIU. Ces méthodes étaient essentiellement
La simulation, les jeux de rôle et l’Apprentissage de Raisonnement Clinique et
l’Apprentissage Par Problème, avec une mise en avant de l’interactivité lors des
enseignements. Certains déclarent même avoir complètement arrêté de faire des cours
magistraux au profit des nouvelles méthodes. Les diplômés déclarent avoir amélioré leur
présentation orale avec un travail de clarification afin de transmettre des messages simples
centrés sur les objectifs pédagogiques et avoir amélioré la présentation de leurs diaporamas.
Certains ont introduit un système d’évaluation de l’enseignement qu’ils dirigent.
Les diplômés ont estimé être devenus meilleurs enseignants dans 67,6% des cas et avoir plus
de plaisir à enseigner dans 58,4% des cas. Le DIU de pédagogie leur a donné une vision
différente de l’enseignement impliquant une remise en question de leurs pratiques mais aussi
une vision générale des innovations en pédagogie. Beaucoup se sont sentis plus sensibilisés
aux attentes des étudiants pour lesquels ils se sont rendus plus disponibles, plus accessibles et
plus à l’écoute. 90,1% des diplômés conseilleraient à leurs collègues de faire ce DIU. Un peu
0 10 20 30 40 50 60 70
Complètement
Beaucoup
Modérement
Unpeu
pasdutout
11
plus de la moitié des diplômés (52,8%) considèrent que cette formation leur apporte une
légitimité au sein de leur équipe. Seulement 16,2% des diplômés ont publié leur mémoire de
DIU de pédagogie médicale. Beaucoup de diplômés regrettent de ne pas avoir eu de
conférence sur les principes théoriques de la pédagogie, la recherche en pédagogie, la
publication dans des journaux de pédagogie, les aspects légaux (droit d’auteur et propriété
intellectuelle), l’encadrement des étudiants hospitaliers et des internes sur le terrain de stage et
la gestion d’éventuels conflits lors d’un cours. D’autres auraient aimé avoir des cours plus
interactifs et pratiques de mise en situation sous la forme d’ateliers pratiques (simulation par
exemple).
3.5 Motivation des inscrits
Les inscrits avaient eu connaissance du DIU par le biais de leurs collègues (71,1%) et/ou à la
suite de démarches personnelles (25,3%). Six inscrits (4,2%) déclarent en avoir eu
connaissance par le biais de la liste des pré-requis demandés par le CNU. Pour trois inscrits
(2,1%), c’était par le biais de leur école doctorale (enseignement validant, thèse/HDR).
Plus de la moitié des inscrits souhaitaient palier à un défaut de leur formation. En effet 34,5%
ont effectué ce DIU en complément de leur formation initiale et 23,9% pour combler un
déficit de formation initiale. 41,6% considéraient néanmoins avoir déjà acquis ces
compétences puisqu’ils recherchaient une validation universitaire d’une compétence déjà
acquise et reconnaissent s’être inscrit dans le but de valider un diplôme nécessaire au parcours
universitaire (mettre une croix dans la case).
3.6. Organisation du DIU
Sur le plan pratique la majorité (90,1%) étaient satisfaits des modalités d’enseignement c'est-
à-dire 10 séminaires par année universitaire toute la journée du vendredi.
3.7. Biais de déclaration
12
Un biais de déclaration est reconnu par 63,4% des répondants.
3.8. Questions plus « personnelles »
96,5% des répondants ont fourni des réponses à ces questions : 73,2% reconnaissent un
impact négatif de leur parcours académique sur leur vie privée. Pour beaucoup, charge de
travail importante en amplitude horaire et travail soir et week-end avec un équilibre difficile à
trouver entre travail et vie privée, l’absence de projection au vu de l’instabilité des postes
proposés, un sacrifice financier, des déménagements, une diminution des activités de loisir,
une prise de poids, un choix professionnel modifié pour le conjoint, une difficulté à planifier
les grossesses et surtout un stress engendré reconnu par plusieurs répondants dont quatre
reconnaissent ouvertement une séparation directement liée aux implications du parcours. Un
répondant déclare avoir été pris en charge pour Burn Out.
66,4% des répondants perçoivent le parcours académique comme étant plus simple lorsqu’on
est un homme.
4. Discussion
Le cursus de préparation aux fonctions d’enseignant hospitalo-universitaire ne comportait pas
officiellement d’entité stage, module, ou séminaire spécifiquement dédiée à fournir le bagage
pédagogique minimal aux futurs enseignants des facultés de médecine. Une part importante
des notions qui sont habituellement présentées dans un cours de pédagogie ont longtemps été
considérés comme des notions de bon sens, disponibles ailleurs et facilement transposables
dans un contexte d’enseignement. La mémoire des étudiants est habitée par le souvenir
d’excellents enseignants, le cas échéant, à l’origine de vocations professionnelles. Les choses
sont bien différentes aujourd’hui avec des formations organisées à l’échelon des facultés ou
de la région souvent dans le cadre du Diplôme Universitaire ou Inter Universitaire. Les
formations qui sont offertes sont très variées à la fois dans leur format et dans leur contenu et
doivent veiller à ne pas s’abimer dans la pédagocratie et le jargon. Des pédagogues médicaux
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comme G Miller et S Abrahamson ont prôné l’adoption pour la formation médicale d’une
approche systémique (3), dans laquelle la définition des objectifs pédagogiques et leur
évaluation ont une grande importance. Au cours des vingt dernières années, l’éducation
médicale ou « Pédagogie » est devenue une discipline universitaire. Des efforts importants ont
été accomplis au cours de la dernière décennie pour créer une formation à la communication
médecin-malade, mais il existe encore un déficit reconnu de l’enseignement médical en
sciences humaines en particulier en psychologie, sociologie, anthropologie et éthique.
Dans ce travail de mémoire nous avons proposé une évaluation de la population à qui
s’adresse la formation à la pédagogie médicale au travers de l’étude du profil des inscrits au
«DIU de pédagogie médicale» et de leur motivation à suive cet enseignement. Le
questionnaire nous a semblé être un outil adapté à la réalisation de cette enquête en raison de
ses nombreux avantages théoriques notamment l’anonymat qui augmente la proportion de
réponses franches et honnêtes, la rapidité d’exploitation des données et la facilité de mise en
place.
Le taux de réponses obtenu (35,8%) est apparu faible et nous a semblé surprenant auprès d’un
public aussi spécifique mais il bien supérieur au taux de réponse du premier travail qui avait
été réalisé en 2012 qui était de 16,5%. Notre taux est assez proche de celui attendu dans la
littérature avoisinant 40% comme cela est rapporté dans la littérature dans ce type d’enquête
(5). Nous pouvons par ailleurs remarquer que plus de la moitié des répondants avaient validés
le DIU récemment, pour la plupart en 2016 et 2017, tandis que les autres étaient répartis sur
les années précédentes signifiant probablement une diminution d’intérêt et/ou des
changements d’adresses courriel.
On peut noter une proportion significative de femmes (45,8%) versus 35% à l’époque du
premier mémoire qui évaluait la période 2003-2011, reflet de la féminisation de la profession
qui s’étend également aux carrières hospitalo-universitaires.
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On peut noter qu’au moment de l’inscription au DIU, les praticiens hospitaliers étaient
majoritaires (39,4%). Après validation du diplôme, il existait une recrudescence du nombre de
PU-PH et de MCU-PH avec une proportion de PH (31,7%) et de MCU-PH (30,9%)
équivalente et une diminution parallèle du nombre de CCA (12,7% versus 20,4%) et PHU
(2,8% versus 7%). L’évolution de cette démographie peut s’expliquer en partie par le
changement de statut des diplômés qui ont acquis un titre académique supérieur. Par ailleurs,
la forte proportion de praticiens hospitaliers, même si certains d’entre eux seront amenés à
faire une carrière universitaire, reflète la part d’enseignement inhérente à l’exercice en CHU
(concernant 76,8% des inscrits) indépendamment du statut.
Ce DIU principalement ouvert aux (futurs) enseignants a été réalisé pour combler un défaut
de formation initiale (23,9% des répondants) et pour compléter une formation initiale jugée
insuffisante par 34,5% des inscrits. Ces chiffres soulignent la carence d’une formation
pédagogique médicale dans le cadre de la formation initiale des études médicales.
La majorité (91,5%) a estimé que ce DIU répondait à leur attente. Une grande part des
répondants au questionnaire déclare en effet avoir modifié leur pratique d’enseignement
depuis l’obtention du DIU de pédagogie médicale et 77,5 % d’entre eux disent utiliser des
méthodes enseignées au cours du DIU pour améliorer leurs cours.
Par ailleurs, 73,2% reconnaissent un impact négatif de leur parcours académique sur leur vie
privée et 66,4% des répondants perçoivent ce parcours comme étant plus simple lorsqu’on est
un homme.
En Conclusion, cette enquête donne une toujours vision très positive du DIU de pédagogie
médicale. Ce diplôme semble très apprécié par les répondants qui considèrent qu’il leur a
apporté un plus dans leur pratique quotidienne. Les inscrits recherchent essentiellement un
complément de formation ou un élargissement de leur champ de compétence. Cependant, cela
15
souligne la carence de formation pédagogique dans le cadre de la formation initiale des futurs
enseignants et l’intérêt de développer ce type de formation au cours du cursus des études
médicales.
Remerciements
Je remercie madame Rozenn Le Bouriscaud pour l’aide qu’elle m’a apportée en m’envoyant
les courriels des inscrits au DIU de pédagogie médicale depuis 2012/2013.
Références
1- Masquelet A.C ; 1997. " De l’épistémologie à l’éthique : la modernité d’Hippocrate " in le
Serment d’Hippocrate, Paris, Maloine.
2- Ivernois (d’) J.-F ; 1977, Former les médecins, Paris, Encyclopaedia Universalis,
supplément -Universalia.
3- Abrahamson S., Miller G.E., Cohen S., Graser H.P. 1962, Teaching and learning in
medical schools, Harvard University Press.
4- Bordage G., 2000, La recherche en pédagogie médicale en Amérique du Nord : tour
d’horizon et perspectives, Pédagogie Médicale, novembre 2000, vol. 1, n° 1, 9-12.
5-Perbet S, Eisenmann N, Constantin JM, Colomb S, Soummer A, Jaber S, et al. Evaluation
des motivations de choix et de leur cursus d’apprentissage par les internes d’anesthésie-
réanimation : enquête nationale. Ann Fr Anesth Reanim 2010; 29:93–103.